Skip to main content

Full text of "Bulletin de la Société archéologique et historique du Limousin"

See other formats


Google 


This  is  a  digital  copy  of  a  book  thaï  was  prcscrvod  for  générations  on  library  shelves  before  it  was  carefully  scanned  by  Google  as  part  of  a  project 

to  make  the  world's  bocks  discoverablc  online. 

It  has  survived  long  enough  for  the  copyright  to  expire  and  the  book  to  enter  the  public  domain.  A  public  domain  book  is  one  that  was  never  subject 

to  copyright  or  whose  légal  copyright  term  has  expired.  Whether  a  book  is  in  the  public  domain  may  vary  country  to  country.  Public  domain  books 

are  our  gateways  to  the  past,  representing  a  wealth  of  history,  culture  and  knowledge  that's  often  difficult  to  discover. 

Marks,  notations  and  other  maiginalia  présent  in  the  original  volume  will  appear  in  this  file  -  a  reminder  of  this  book's  long  journcy  from  the 

publisher  to  a  library  and  finally  to  you. 

Usage  guidelines 

Google  is  proud  to  partner  with  libraries  to  digitize  public  domain  materials  and  make  them  widely  accessible.  Public  domain  books  belong  to  the 
public  and  we  are  merely  their  custodians.  Nevertheless,  this  work  is  expensive,  so  in  order  to  keep  providing  this  resource,  we  hâve  taken  steps  to 
prcvcnt  abuse  by  commercial  parties,  including  placing  lechnical  restrictions  on  automated  querying. 
We  also  ask  that  you: 

+  Make  non-commercial  use  of  the  files  We  designed  Google  Book  Search  for  use  by  individuals,  and  we  request  that  you  use  thèse  files  for 
Personal,  non-commercial  purposes. 

+  Refrain  fivm  automated  querying  Do  nol  send  automated  queries  of  any  sort  to  Google's  System:  If  you  are  conducting  research  on  machine 
translation,  optical  character  récognition  or  other  areas  where  access  to  a  laige  amount  of  text  is  helpful,  please  contact  us.  We  encourage  the 
use  of  public  domain  materials  for  thèse  purposes  and  may  be  able  to  help. 

+  Maintain  attributionTht  GoogX'S  "watermark"  you  see  on  each  file  is essential  for  informingpcoplcabout  this  project  and  helping  them  find 
additional  materials  through  Google  Book  Search.  Please  do  not  remove  it. 

+  Keep  it  légal  Whatever  your  use,  remember  that  you  are  lesponsible  for  ensuring  that  what  you  are  doing  is  légal.  Do  not  assume  that  just 
because  we  believe  a  book  is  in  the  public  domain  for  users  in  the  United  States,  that  the  work  is  also  in  the  public  domain  for  users  in  other 
countiies.  Whether  a  book  is  still  in  copyright  varies  from  country  to  country,  and  we  can'l  offer  guidance  on  whether  any  spécifie  use  of 
any  spécifie  book  is  allowed.  Please  do  not  assume  that  a  book's  appearance  in  Google  Book  Search  means  it  can  be  used  in  any  manner 
anywhere  in  the  world.  Copyright  infringement  liabili^  can  be  quite  severe. 

About  Google  Book  Search 

Google's  mission  is  to  organize  the  world's  information  and  to  make  it  universally  accessible  and  useful.   Google  Book  Search  helps  rcaders 
discover  the  world's  books  while  helping  authors  and  publishers  reach  new  audiences.  You  can  search  through  the  full  icxi  of  ihis  book  on  the  web 

at|http: //books.  google  .com/l 


Google 


A  propos  de  ce  livre 

Ceci  est  une  copie  numérique  d'un  ouvrage  conservé  depuis  des  générations  dans  les  rayonnages  d'une  bibliothèque  avant  d'être  numérisé  avec 

précaution  par  Google  dans  le  cadre  d'un  projet  visant  à  permettre  aux  internautes  de  découvrir  l'ensemble  du  patrimoine  littéraire  mondial  en 

ligne. 

Ce  livre  étant  relativement  ancien,  il  n'est  plus  protégé  par  la  loi  sur  les  droits  d'auteur  et  appartient  à  présent  au  domaine  public.  L'expression 

"appartenir  au  domaine  public"  signifie  que  le  livre  en  question  n'a  jamais  été  soumis  aux  droits  d'auteur  ou  que  ses  droits  légaux  sont  arrivés  à 

expiration.  Les  conditions  requises  pour  qu'un  livre  tombe  dans  le  domaine  public  peuvent  varier  d'un  pays  à  l'autre.  Les  livres  libres  de  droit  sont 

autant  de  liens  avec  le  passé.  Ils  sont  les  témoins  de  la  richesse  de  notre  histoire,  de  notre  patrimoine  culturel  et  de  la  connaissance  humaine  et  sont 

trop  souvent  difficilement  accessibles  au  public. 

Les  notes  de  bas  de  page  et  autres  annotations  en  maige  du  texte  présentes  dans  le  volume  original  sont  reprises  dans  ce  fichier,  comme  un  souvenir 

du  long  chemin  parcouru  par  l'ouvrage  depuis  la  maison  d'édition  en  passant  par  la  bibliothèque  pour  finalement  se  retrouver  entre  vos  mains. 

Consignes  d'utilisation 

Google  est  fier  de  travailler  en  partenariat  avec  des  bibliothèques  à  la  numérisation  des  ouvrages  apparienani  au  domaine  public  et  de  les  rendre 
ainsi  accessibles  à  tous.  Ces  livres  sont  en  effet  la  propriété  de  tous  et  de  toutes  et  nous  sommes  tout  simplement  les  gardiens  de  ce  patrimoine. 
Il  s'agit  toutefois  d'un  projet  coûteux.  Par  conséquent  et  en  vue  de  poursuivre  la  diffusion  de  ces  ressources  inépuisables,  nous  avons  pris  les 
dispositions  nécessaires  afin  de  prévenir  les  éventuels  abus  auxquels  pourraient  se  livrer  des  sites  marchands  tiers,  notamment  en  instaurant  des 
contraintes  techniques  relatives  aux  requêtes  automatisées. 
Nous  vous  demandons  également  de: 

+  Ne  pas  utiliser  les  fichiers  à  des  fins  commerciales  Nous  avons  conçu  le  programme  Google  Recherche  de  Livres  à  l'usage  des  particuliers. 
Nous  vous  demandons  donc  d'utiliser  uniquement  ces  fichiers  à  des  fins  personnelles.  Ils  ne  sauraient  en  effet  être  employés  dans  un 
quelconque  but  commercial. 

+  Ne  pas  procéder  à  des  requêtes  automatisées  N'envoyez  aucune  requête  automatisée  quelle  qu'elle  soit  au  système  Google.  Si  vous  effectuez 
des  recherches  concernant  les  logiciels  de  traduction,  la  reconnaissance  optique  de  caractères  ou  tout  autre  domaine  nécessitant  de  disposer 
d'importantes  quantités  de  texte,  n'hésitez  pas  à  nous  contacter  Nous  encourageons  pour  la  réalisation  de  ce  type  de  travaux  l'utilisation  des 
ouvrages  et  documents  appartenant  au  domaine  public  et  serions  heureux  de  vous  être  utile. 

+  Ne  pas  supprimer  l'attribution  Le  filigrane  Google  contenu  dans  chaque  fichier  est  indispensable  pour  informer  les  internautes  de  notre  projet 
et  leur  permettre  d'accéder  à  davantage  de  documents  par  l'intermédiaire  du  Programme  Google  Recherche  de  Livres.  Ne  le  supprimez  en 
aucun  cas. 

+  Rester  dans  la  légalité  Quelle  que  soit  l'utilisation  que  vous  comptez  faire  des  fichiers,  n'oubliez  pas  qu'il  est  de  votre  responsabilité  de 
veiller  à  respecter  la  loi.  Si  un  ouvrage  appartient  au  domaine  public  américain,  n'en  déduisez  pas  pour  autant  qu'il  en  va  de  même  dans 
les  autres  pays.  La  durée  légale  des  droits  d'auteur  d'un  livre  varie  d'un  pays  à  l'autre.  Nous  ne  sommes  donc  pas  en  mesure  de  répertorier 
les  ouvrages  dont  l'utilisation  est  autorisée  et  ceux  dont  elle  ne  l'est  pas.  Ne  croyez  pas  que  le  simple  fait  d'afficher  un  livre  sur  Google 
Recherche  de  Livres  signifie  que  celui-ci  peut  être  utilisé  de  quelque  façon  que  ce  soit  dans  le  monde  entier.  La  condamnation  à  laquelle  vous 
vous  exposeriez  en  cas  de  violation  des  droits  d'auteur  peut  être  sévère. 

A  propos  du  service  Google  Recherche  de  Livres 

En  favorisant  la  recherche  et  l'accès  à  un  nombre  croissant  de  livres  disponibles  dans  de  nombreuses  langues,  dont  le  français,  Google  souhaite 
contribuer  à  promouvoir  la  diversité  culturelle  grâce  à  Google  Recherche  de  Livres.  En  effet,  le  Programme  Google  Recherche  de  Livres  permet 
aux  internautes  de  découvrir  le  patrimoine  littéraire  mondial,  tout  en  aidant  les  auteurs  et  les  éditeurs  à  élargir  leur  public.  Vous  pouvez  effectuer 
des  recherches  en  ligne  dans  le  texte  intégral  de  cet  ouvrage  à  l'adressefhttp:  //book  s  .google .  coïrïl 


I 


"TirxrWftlciHtDtlNNlKG  1 

ÉBEQUESr 
JNlVERSrrV  .rMICHIGAN 
GENEBAL  LIBRARY  _.,J 


411 


*l 


j 


BULLETIN 


DE   I.A    SOCIÉTÉ 


ARCHÉOLOGIQUE  ET  HISTORIQUE 


DU  LIMOUSIN 


BULLETIN 


DE  LA  SOCIÉTÉ 


ARGHÉOLOGIOUE 


ET  HISTORIQUE 
DU  LIMOUSIN 


TOME  XIII 


LIMOGES 

CH  APOULAUD  FRÈRES ,  IMPRIMEURS  DE  LA  SOCIÉTÉ 

Rue  Montant- Maniffne ,  7 

4863 


LES  ÉMAUX  D'ALLEMAGNE 


ET 


LES  ÉMAUX  LIMOUSINS 


MÉMOIRE 


KN    lîKPtJMnK, 


A  M.  LE  COMTE  F.  DE  LASTETRIE 


Messieurs, 

Lorsque  j'ai  été  amené,  de  concert  avec  M.  le  baron  de 
Qaast,  à  exposer  au  Congrès  de  Limoges  les  idées  que  M.  le 
comte  Ferdinand  de  Lasteyrie  m'a  fait  Thonneur  de  venir 
critiquer  devant  vous,  j'étais  surtout  inspiré  par  le  désir  de 
vous  faire  connaître  de  récentes  découvertes,  encore  à  peu  près 
ignorées  en  France ,  et  qui  me  paraissaient  devoir  être  prises 
en  sérieuse  considération  par  les  historiens  futurs  de  cet  art  des 
émaux  qui  a  jeté  tant  d'éclat  sur  votre  ville.  J'arrivais  d'Alle- 
magne depuis  quelques  mois  à  peine,  et  il  me  restait  bien  peu 
de  temps  pour  me  préparer  à  traiter  les  questions  posées  publi- 
quement par  le  programme  du  Congrès.  Jusque  là  les  émaux 
m'avaient  principalement  intéressé  par  le  côté  qui  touche  aux 
influences  byzantines.  Je  n'avais  rien  écrit  avant  la  réunion  de 


LES   ÉMAUX    D'ALLEMAGNE 


septembre  4860,  et  j'étais  loin  d'avoir  lu  tout  ce  qu'il  était  utile 
et  presque  indispensable  de  connaître  sur  cette  matière. 

Si  mon  savant  ami  M.  l'abbé  Texier  avait  encore  vécu, 
j'aurais  certainement  laissé  à  sa  haute  expérience  et  à  sa 
loyauté  le  soin  de  faire  une  juste  part  aux  émaux  d'Allemagne. 
J*ai  cru  continuer  son  œuvre,  et  faire  ce  qu'il  aurait  fait 
lui-même,  en  demandant  à  M.  de  Quast  des  renseignements 
aussi  complets  que  possible  sur  les  trésors  de  Ck)logne,  de 
Trêves,  d'Essein,  de  Brunswick,  etc.,  et  en  disait  franchement 
toute  ma  pensée  sur  l'ancienneté  relative  de  quelques-uns  des 
reliquaires  émaillés  qu'on  y  conserve  et  sur  la  rare  beauté  de 
quelques  autres. 

Dans  ces  conditions,  je  devais  nécessairement  omettre  beau- 
coup de  choses  essentielles.  Aussi ,  depuis  le  Congrès  de  Limoges, 
mon  opinion  s'est-elle  sensiblement  modifiée.  Quoique  ce  ne  soit 
pas  dans  le  sens  que  m'indique  aujourd'hui  M.  de  Lasteyrie, 
je  ne  l'en  remercie  pas  moins  de  m'avoir  fourni  une  bonne 
occasion  de  compléter  et  de  rectifier  ma  précédente  notice ,  de 
façon  à  pouvoir  l'opposer  avec  plus  de  confiance  à  de  redoutables 
adversaires. 

S'il  est  vrai,  et  je  n'y  fais  aucune  opposition,  que  M.  le  comte 
de  Laborde  soit  a  l'homme  le  plus  compétent  qu'il  y  ait  en 
matière  d'émaux  »  (4),  je  me  trouverais  à  l'autre  bout  de 
réchelle,  et  le  moins  compétent  des  connaisseurs,  ou,  à  coup 
sûr,  le  dernier  venu  de  tous.  Mais  cela  ne  me  décourage  pas  : 
j'ai  du  moins  sur  M.  de  Laborde  et  sur  M.  de  Lasteyrie  l'avan- 
tage d'avoir  vu  une  grande  quantité  d'émaux  byzantins  et 
d'émaux  allemands  ainsi  que  d'émaux  français  avant  de  prendre 
parti  dans  la  discussion.  Je  me  flatte  donc  d'y  avoir  apporté  un 
esprit  plus  libre  de  préventions,  et  assez  exercé  cependant  aux 
problèmes  archéologiques  de  ce  genre. 

Du  reste  il  ne  s'agit  pas  d'être  cru  sur  parole,  mais  de  donner 
des  preuves.  Je  reprends  donc  mon  système  en  le  rectifiant,  afin 
que  le  public  impartial  puisse  l'envisager  dans  son  ensemble ,  et 
décider  après  s'il  ne  résiste  pas  mieux  aux  objections  que  celui 
de  M.  de  Lasteyrie. 

Négligeons  les  premiers  essais  tentés  par  les  Égyptiens  dans  la 
haute  antiquité  pour  commencer  l'histoire  de  l'émaillerie  avec  le 

(1)  Bulletin  de  la  Société  Àrcliéologique  du  Urnousiu,  T.   XII,  2«  11  vr* 
de  1802,  p.  102, 


ET  LES   éMAi;\  LIMOUSINS.  7 

texte  célèbre  de  Philostrate.  Cet  érudit  en  parle  comme  d'une 
chose  toute  nouvelle  et  inconnue  à  Tart  romain  :  mais  il  ne 
savait  pas  encore  au  juste  oti  se  faisaient  les  émaux  sur  cuivre, 
ni  comment  ils  se  faisaient.  En  effet,  il  avance  que  les  couleurs 
étaient  disposées  sur  Vairain  brûlant,  de  façon  néanmoins  à 
conserver  leur  dessin.  Or  elles  se  posent  à  froid,  et  sont  fixées 
ensuite  par  un  feu  précisément  assez  vif  pour  fondre  le  verre 
sans  fondre  le  cuivre.  Si  nos  modernes  émailleurs  s'avisaient  de 
prendre  à  la  lettre  les  indications  de  Philostrate,  assurément  ils 
ne  feraient  rien  qui  vaille. 

Ces  émaux  impossibles  étaient  fabriqués,  nous  dit-on,  par  les 
barbares  de  VOcéan,  et  M.  de  Lasteyrie  nous  rappelle ,  à  ce  sujet, 
que  les  peuples  barbares  avaient  leurs  noms  particuliers  comme 
ceux  de  Tempire.  Cela  est  vrai  :  on  ne  les  a  pas  désignés  plus 
clairement,  parce  qu'on  n'en  savait  pas  davantage.  Si  l'on  nous 
montrait  par  d'autres  textes  de  Philostrate  ou  de  ses  contem- 
porains que  l'on  traitait  couramment  de  barbares  les  populations 
civilisées  de  la  Gaule ,  et  que  la  capitale  des  Lémoviques  était 
considérée  comme  voisine  de  la  mer,  je  comprendrais  qu'on  vînt 
nous  dire  ensuite  que  ce  même  Philostrate,  à  propos  d'émaux ,  a 
pu  vouloir  désigner  le  Limousin  entre  tant  d'autres  régions  plus 
barbares  et  plus  voisines  de  l'Océan.  Ce  serait  seulement  peu 
probable  ;  car,  de  ce  qu'une  chose  n'est  pas  tout-à-fait  impossible, 
il  ne  s'ensuit  pas  pour  cela  qu'elle  soit  démontrée.  Mais,  jusqu'à 
nouveaux  renseignements,  le  fait  dont  s'autorise  M.  de  Lasteyrie 
ne  me  paraît  ni  probable  à  un  degré  quelconque  ni  possible. 

Maintenant  quels  étaient  les  véritables  inventeurs  de  l'émail? 
—  Des  Celtes  si  l'on  veut,  mais  des  Celtes  barbares,  ceux  de  la 
Bretagne,  du  pays  de  Galles,  de  l'Ecosse  ou  de  l'Irlande.  Tel 
est  du  moins  le  sens  naturel  du  texte  de  Philostrate.  Les 
Germains,  qui  bordaient  aussi  l'Océan,  quoi  qu'on  en  dise, 
car,  si  j'ouvre  une  carte  du  monde  romain,  j'y  distingue  1  océan 
Atlantique,  Tocéan  Britannique,  l'océan  Germanique,  et  tout 
cela  c'est  pour  moi  l'Océan,  —  de  sorte  que,  si  j'ai  réellement 
commis  un  lapsus  calami,  comme  on  me  le  reproche,  je  l'aggrave 
en  y  persévérant;  —  les  Germains,  dis-je,  auraient  moins  de 
titres  à  faire  valoir  s'il  est  vrai  qu'on  ne  trouve  en  Allemagne, 
et  notamment  sur  les  côtes  de  la  Frise,  aucun  spécimen  de 
lémaillerie  primitive.  M.  de  La  borde  disait  seulement  que  les 
découvertes  de  ce  genre  étaient  très-rares  au-delà  du  Rhin. 
WvÀ::  M.   lie  Quasi,  dont  M.  de  Lasteyrie  ne  récusera  pas  cette 


8  LES   ÉMAOl   D'ALLEUAGNV 

fois  le  témoignage,  m*écrit  qu*il  n*en  connaît  aucune  abso^ 
lument. 

En  définitive,  cela  est  sans  importance,  car  personne  ne 
prétend  rattacher  directement  les  émaux  d'Allemagne  du  x*  et 
du  XI"  siècle  aux  émaux  barbares.  Au  contraire,  on, s'accorde  à 
faire  dériver  de  Byzance  Técole  allemande  des  bords  du  Rhin ,  et 
M.  de  Lasteyrie  lui-même  n'est  pas  d'un  autre  avis. 

Quant  à  la  première  découverte ,  toutes  les  chances  resteraient 
aux  îles  Britanniques,  où  les  émaux  antiques  sont  incontesta- 
blement plus  abondants  que  partout  ailleurs.  Ces  contrées ,  qui 
produisaient  le  cuivre  en  grande  quantité,  auront  commencé  les 
premières  à  le  décorer  d'incrustations  en  émail.  Ainsi  j'ai  vu 
récemment  au  musée  d'York  huit  émaux  primitifs  trouvés  dans 
la  même  sépulture,  et  qui  paraissent  avoir  appartenu  à  un 
personnage  de  l'époque  romaine.  Le  BriHsh  Muséum  conserve 
aussi  neuf  fibules,  bagues  et  autres  objets  analogues,  tous 
émaillés,  qui  ont  été  découverts  ensemble  à  Barly-Heath 
(Surrey).  Une  autre  trouvaille,  moins  abondante,  et  dont  la 
même  collection  a  profité,  a  été  faite  à  Eerby  (Westmoreland). 
A  Londres  même,  on  a  trouvé,  dans  les  boues  conservatrices  de 
la  Tamise  un  beau  bouclier  incrusté  d'émail  rouge,  et  une  pièce 
singulière,  la  plus  importante  qu'offre  jusqu'à  présent  rémail- 
lerie  primitive.  Je  ne  saurais  en  préciser  l'usage,  à  moins  que 
ce  ne  soit  un  ex-voto  ou  une  hache  de  sacrifices*  Elle  a  la  forme 
générale  et  les  dimensions  d'une  grande  hache  celtique;  elle 
s'aiguise  même  au  sommet ,  qui  est  sensiblement  évasé  ;  mais  il 
n'y  a  pas  trace  d'un  manche.  Elle  est  entièrement  couverte 
d'ornements  émaillés  très-finis  et  vraiment  élégants.  On  y  voit 
tantôt  des  lions,  tantôt  des  griffons  affrontés  devant  des  vases. 
On  y  distingue  aussi  un  fronton.  En  un  mot,  l'influence  des  arts 
romains  s'y  fait  nettement  sentir,  quoique  le  fond  de  cette  orne- 
mentation reste  indigène  et  breton.  C'est  le  seul  spécimen  de 
l'émaillerie  primitive  qui  donne  lieu  à  pareille  observation ,  et  il 
n'est  pas  moins  remarquable  à  d'autres  points  de  vue  par  l'har- 
monie et  la  variété  des  couleurs ,  par  la  grâce  des  rinceaux  et  la 
bonne  conservation  de  l'émail. 

Je  néglige  quantité  d^autres  émaux  primitiâ  trouvés  aussi  en 
Angleterre;  mais  c'en  est  assez  pour  conclure.  —  Lorsque  les 
produits  d'un  art  mystérieux  s'offrent  si  multipliés  et  se  groupent 
de  cette  manière,  il  est  évident  que  l'on  approche  des  points  de 
fabrication  et  des  ateliers  principaux.  Cela  ne  veut  pas  dire  que 


ET   LES   ÈVLKVX  LIMOUSINS.  9 

ces  ateliers  ne  se  sont  pas  déplacés  :  ils  ont  pu ,  par  exemple , 
depuis  Philostrate,  passer  des  Bretons  barbares  aux  Bretons 
gouvernés  par  les  Romains  ;  mais  ils  ont  dû  rester  à  Técart  des 
grands  centres  de  la  civilisation  et  de  Tart  antique. 

On  trouve  aussi  en  France  des  émaux  primitifs.  Selon  M.  de 
Lasteyrie  lui-môme,  il  y  en  a  «  quelques-uns  »  seulement  en 
Limousin ,  tandis  qu'on  en  possède  a  beaucoup  »  en  Angleterre 
et  «  un  bon  nombre  »  dans  les  provinces  françaises  qui  bordent 
la  Manche.  Il  y  a  donc,  pour  tout  le  Limousin,  une  ou  deux 
fibules  g*rossiërement  émaillées;  il  y  a  surtout  le  vase  de  La 
Ouierce.  J'aurais  dû  en  parler  au  Congrès  de  Limoges  ;  car  je 
possédais  ,  grâce  à  Tobligeance  de  M.  Maurice  Ardant,  la  bro- 
chure oii  il  est  dessiné  et  décrit ,  et  je  Tavais  lue  à  son  apparition 
avec  rintérôt  qu'excitent  toutes  les  œuvres  de  notre  digne  vice- 
président  (1).  Mais  il  y  avait  de  cela  cinq  ou  six  ans,  je  ne 
m'étais  ^uère  opcupé  d'émaux  dans  l'intervalle ,  et  le  fait ,  aus>i 
important  qu'il  puisse  sembler  aujourd'hui ,  n'avait  pas  laissé  de 
traces  dans  ma  mémoire.  C'est  M.  le  comte  Alexis  de  Chas- 
teignier  qui  me  l'a  rappelé  peu  de  temps  après  le  Congrès;  et 
bientôt  nous  eûmes  l'occasion  de  demander  ensemble  de  nou- 
veaux détails  sur  le  trésor  de  La  Guierce  à  M.  de  Chassay,  qui 
en  a  acquis  une  partie.  Le  vase  émaillé ,  lorsqu'il  a  été  déterré 
au  village  de  La  Guierce,  commune  de  Pressignac,  non  loin  de 
Chassenon,  sur  les  anciennes  limites  du  Limousin  et  de  l'An- 
goumoifi,  était  réellement  rempli  de  monnaies  romaines  de  petit- 
bronze,  et  accompagné  de  bijoux  et  d'ustensiles  évidemment 
romains.  On  Toffrit  alors  à  M.  de  Chassay  au  prix  de  50  fr., 
ce  qui  exclut  toute  idée  de  falsification,  et  M.  John  Bolle, 
d'Angoulême,  dont  la  famille  le  possède  encore.  Ta  acheté  pour 
cette  somme.  On  n'a  malheureusement  pas  examiné  toutes  les 
pièces  qu'il  renfermait;  mais  M.  Maurice  Ardant  en  a  vu  une 
assez  grande  quantité  pour  qu'il  soit  extrêmement  probable  que 
le  trésor  avait  été  enfoui  avant  la  fin  du  iir  siècle ,  pendant  les 
désordres  qui  marquèrent  la  chute  de  Tetricus  et  l'avènement 
de  Probus.  Au  moins  les  nombreuses  médailles  envoyées  à 
M.  Ardant  ont-elles  toutes  été  frappées  de  253  à  370  ,  et  il 
en  est  de  même  de  celles  que  M.  de  Chassay  a  bien  voulu 
me  donner. 

Ainsi  le  vase  de  La  Guierce  est  positivement  de  Tépoque 

'.1)  Émaillcurs  et  ÉmaiUerie  de  Limoges,  in- 12, 1855,  page  8. 


10  LES   ÉMAUX    D*ALLP.MAGNe 

romaine,  et  il  est  non  moins  positivement  analogue,  par  la 
physionomie  générale,  par  le  procédé  de  fabrication,  par 
l'usage  domestique  auquel  il  était  destiné ,  à  ces  «  œuvres  de 
Limoges  »  que  le  commerce  répandait  partout  au  xiii*  siècle. 
Mais,  s'il  a  appartenu  à  un  Gallo-Romain,  est-il  bien  de  fabri- 
cation gallo-romaine?  —  A  défaut  de  figures,  je  désirerais, 
pour  lui  reconnaître  ce  caractère,  ou  des  rinceaux,  ou  des 
grecques,  ou  des  palmettes,  en  un  mot,  quelqu'un  de  ces  nom- 
breux motifs  dont  se  parent  habituellement  nos  plus  modestes 
poteries  du  iir  siècle.  Au  lieu  de  cela,  je  ne  vois  qu'un  dessin 
barbare ,  et  tel  que  pourraient  encore  le  tracer  des  artistes  de  la 
Nouvelle-Zélande. 

N'oublions  pas  que  les  productions  de  ce  genre  deviennent 
facilement  un  objet  de  négoce,  et  que  par  conséquent  le  vase  de 
La  Guierce  a  pu  être  fabriqué  au  loin  par  des  barbares,  et 
être  recherché  par  des  Romains  pour  son  aspect,  original ,  pour 
son  bas  prix,  pour  l'harmonie  et  Téclat  de  ses  grossières  enlu- 
minures, comme  on  recherche  à  présent  ces  bols  russes,  en  bois 
peint  et  doré,  tels  que  j'en  vois  sur  ma  table  de  travail. 

Si  l'on  aime  mieux  croire  que  la  décadence  des  arts  du  dessin 
était  déjà  aussi  avancée  sous  Tetricus  ,  au  moins  dans  quelques 
villes  secondaires  des  Gaules,  qu'elle  le  fut  plus  tard  sous  les 
Mérovingiens;  si  Ton  admet  que  le  vase  de  La  Guierce  a  été  fait 
à  Limoges  par  cela  seul  qu'il  a  été  trouvé  à  quinze  lieues  de 
cette  ville,  il  conviendra,  je  pense,  de  procéder  de  la  môme 
manière  à  l'égard  d'autres  objets  parfaitement  analogues  décou- 
verts sur  d'autres  points  de  l'Europe,  par  exemple,  pour  les 
émaux  de  Londres,  qui  ont  une  valeur  artistique  bien  plus 
grande,  et  pour  le  vase  d'Ambleteuse ,  qui  est  au  moins  l'équi- 
valent de  celui  de  La  Guierce.  Si  ce  dernier  suflSlt  à  prouver  l'exis- 
tence d'une  fabrique  d'émaux  à  Limoges  (1)  pendant  le  m*  siècle, 
le  vase  qui  a  été  trouvé,  comme  je  le  disais,  à  Ambleteuse,  sur 
les  côtes  du  Pas-de-Calais,  et  dont  le  Musée  Britannique  a  fait 
lacquisition ,  prouve  aussi  qu'il  a  existé  une  école  d'émaillerie 
^allo-romaine  à  Arras.  Sans  doute  les  émaux  incrustés  de  ce 
vase  d'Ambleteuse  sont  en  très-mauvais  état,    mais   on    les 


(1)  M.  Maurice  Ardant  disait  du  vase  de  La  Guierce,  p.  8  de  sa  bro- 
chure :  «  Je  n'ose  l'attribuer  précisément  aux  ouvriers  de  Limogres  ». 
Kt  en  effet  rien  n'est  plus  douteux  que  cette  attribution,  dont  M.  de 
Lastevrie  fait  la  base  de  fc^on  sA'stème. 


ET   LES   EMAUX   LIMOUSINS.  11 

reconnaît  avec  certitude.  A  cela  près,  il  vaut  mieux  que  celui 
(le  La  Guierce ,  car  il  est  plus  élégant ,  sinon  plus  romain. 

Bretons  ou  geulois,  les  émaux  primitife  n'étaient  pas  encore- 
parvenus  jusqu'à  Philostrate;  car  il  en  parle  par  oui-dire,  il 
faut  le  bien  constater  [facri  roue  h  Oxéecvu  Bip^apovç).  Le  commerce 
commençait  &  peine  à  introduire  dans  les  états  soumis  à  Septime- 
Sévëre  quelques  productions  de  Témaillerie  naissante.  Ce  qui 
explique  le  vague  et  la  flagrante  inexactitude  des  renseigne- 
ments recueillis  à  cette  époque.  Mais  déjà  ces  œuvres  grossières 
attiraient  à  bon  droit  l'attention  des  Romains.  11  y  avait  là  un 
germe  fécond  qui  devait  se  développer  tôt  ou  tard.  Cependant ,  à 
en  juger  par  les  monuments  ,  il  ne  parait  pas  que  les  progrès  de 
rémaillerie  aient  été  bien  sensibles  ailleurs  qu'en  Angleterre. 

Quand  les  Byzantins  se  mirent  à  leur  tour  à  faire  des  émaux , 
ce  fut  avec  un  bien  autre  succès.  Dès  le  ix'  siècle ,  et  probable- 
ment dès  le  vv  siècle,  ils  ont  représenté,  par  ce  procédé,  les 
sujets  les  plus  compliqués ,  et  obtenu ,  au  dire  des  historiens ,  des 
effets  de  décoration  tout*à-fait  remarquables.  Ils  ont  certainement 
créé  les  émaux  du  genre  le  plus  parfait  :  ce  sont  les  émaux  cloi- 
sonnés à  fond  d'or  ou  de  vermeil ,  qui  ne  laissent  rien  à  désirer, 
ni  pour  la  finesse,  ni  pour  Téclat,  ni  pour  la  durée.  Ils  n'ont 
qu'un  tort ,  mais  un  seul ,  celui  de  ne  convenir  qu'aux  riches. 

Les  artistes  byzantins  ont-ils  mis  li  profit  pour  cette  création 
les  émaux  incrustés  sur  fond  de  cuivre  d'origine  barbare  ou 
bretonne?  Cela  n'aurait  rien  d'invraisemblable.  Le  progrès 
conduit  naturellement  des  émaux  champlevés  aux  émaux 
cloisonnés,  comme  les  besoins  d'économie  ramènent  des  émaux 
cloisonnés  aux  émaux  champlevés.  Peut-être  auFsi  les  premiers 
émailleurs  byzantins  se  sont-ils  inspirés  surtout  des  mosaïques  à 
fond  d'or  qui  tapissaient  leurs  églises.  Pour  la  matière  em- 
ployée, comme  pour  l'aspect,  l'analogie  est  grande,  en  effet, 
et  Ton  pourrait  dire  sans  paradoxe  qu'un  émail  cloisonné  n'est 
autre  chose  qu'une  mosaïque  en  miniature ,  fixée  par  le  feu ,  et 
adaptée  à  l'orfèvrerie. 

Les  émaux ,  comme  les  mosaïques ,  ne  sont  que  des  verres  de 
couleur  avec  une  légère  addition  d'étain,  qui  les  rend  opaques , 
mais  qui  n'est  pas  toujours  faite. 

Pour  la  première  fois ,  les  Byzantins  ont  fait  de  l'émaillerie  un 
art  qu'ils  exercent  avec  la  même  supériorité  au  xii%  au  xi*  et  au 
X*  siècle.  Déjà ,  sous  Justinien ,  des  pierres  précieuses  liquéfiées 
leiuiioiit,  dit-on,  une  place  considérable  dans  Tornemeutation 


12  LES   ÉMAUX    D'aLLEMAGNB 

de  la  table  d'autel  de  Sainte-Sophie;  et,  comme  des  pierres 
précieuses  ne  sauraient  se  fondre ,  il  s'agit  nécessairement  ici  de 
la  matière  dont  on  fait  les  fausses  pierreries ,  c'estr-à-dire  de 
véritables  émaux.  D*ailleurs  il  existe  dans  le  trésor  de  Saint- 
Marc  un  tableau  en  vermeil,  décoré  d'émaux  cloisonnés,  d'une 
finesse  exquise ,  qui  porte  le  nom  de  l'empereur  Justinien ;  et, 
en  admettant  qu'il  s'agisse  de  Justinien  II,  cela  reporte  encore 
l'exécution  de  ce  monument  à  la  fin  du  vir*  siècle  ou  au  com- 
mencement du  VIII*  siècle.  De  même,  une  couronne  votive, 
conservée  à  Saint-Marc,  et  ornée  de  médaillons  émaillés,  est 
signée  de  l'empereur  Léon  le  Philosophe  dans  la  seconde  moitié 
du  IX*  siècle.  En  ne  comptant  pour  rien  ces  deux  monuments , 
révélés  depuis  peu  par  M.  Julien  Durand  dans  sa  description 
si  savante  et  si  complète  du  trésor  de  Venise  (4),  ni  l'Allemagne, 
ni  le  Limousin,—  je  ne  parle  plus  de  l'Angleterre,  —  n'ont 
rien  à  comparer  en  4  405 ,  à  la  Palord'oro  de  Saint-Marc  ;  en  4078 , 
à  la  couronne  royale  de  Hongrie,  don  de  l'empereur  grec  Michel 
Ducas;  en  959,  au  splendide  reliquaire  de  Limburg,  œuvre 
authentique  s'il  en  fut  jamais,  qui  date  du  règne  de  Constantin 
Porphyrogénète  et  de  Romain ,  son  fils. 

Ces  émaux  du  x*  siècle,  faits,  il  est  vrai,  pour  la  plus  haute 
destination,  c'est-à-dire  pour  renfermer  le  bois  de  la  vraie 
croix,  et  pour  rester  dans  le  palais  impérial,  sont  déjà  si 
excellents ,  si  parfaits  môme  ,  qu'ils  supposent  un  long  exer- 
cice de  rémaillerie  ;  à  bien  plus  forte  raison  que  les  premiers 
émaux  limousins  connus  au  xii*  siècle. 

Du  reste,  si  les  émailleurs  byzantins  ont  parfois  envoyé  des 
produits  de  leur  art  dans  les  autres  régions  de  l'Europe  chré- 
tienne, comme  on  vient  d'en  avoir  pour  la  Hongrie  un  éclatant 
exemple  ;  si  leurs  exportations  ont  eu  pour  effet  naturel  de 
déterminer  ou  d'activer  les  progrès  de  Témaillerie,  il  faut  bien 
se  garder  de  leur  attribuer  un  monopole  quelconque.  Pas  plus 
que  les  Limousins,  ils  n'y  sauraient  prétendre,  môme  en  fait 
d'émaux  cloisonnés. 

Au  contraire,  les  émaux  chrétiens  primitifs  se  montrent  sur 
des  points  si  divers,  à  des  dates  si  reculées,  et  le  plus  souvent 
avec  de  tels  caractères  d'incorrection  et  de  rudesse  qu'ils  pa- 


(1)  Ann,  arch.,  1860  et  1861,  quatre  articles  publiés  à  part  chez  V. 
Didron. 


VJ  LES   i^MAUX   LIMOUSINS.  13 

raiflseBt  bien  plutôt  les  produits  spontanés  de  ces  germes  ré- 
pandus partout  par  les  émaux  barbares  ou  romains. 

M.  de  Lasteyrie  croyait  avoir  proufvé  que  Panneau  d^Âlfred  le 
Grand  est  de  provenance  byzantine;  mais  j'imagine  que  cette 
preuve  lui  semble  insuflSsante  depuis  son  dernier  voyage  en 
Angleterre,  oii  il  a  dû  voir,  ainsi  que  moi,  beaucoup  d'autres 
émaux  cloisonnés  qui  peuvent  passer  avec  toutes  sortes  de  raisons 
pour  des  produits  de  Fart  saxon.  Il  y  a  notamment  un  autre 
anneau,  celui  d'Ethelwulf  (859),  conservé  au  Musée  Britannique; 
il  y  a  surtout ,  dans  la  même  collection ,  deux  larges  fibules  en 
émail  cloisonné  d'or,  dont  Tune  représente  un  personnage  à 
mi-corps,  aussi  grossier  de  dessin,  aussi  barbare,  aussi  saxon 
que  possible.  Le  catalogue  se  contente  de  la  qualifier  de  possibily 
anglo-saxon;  mais,  si  cette  fibule,  trouvée  en  Angleterre,  et 
qui  remonte  au  xi'  siècle  pour  le  moins,  n'est  pas  saxonne,  je 
ne  sais  pas  trop  ce  qu'elle  peut  être.  J'ai  vu  assez  d'émaux 
byzantins  et  d'ouvrages  byzantins  de  toute  espèce  pour  affirmer 
avec  confiance  qu'elle  n'a  pas  été  faite  par  un  Grec.  D'ailleurs 
n'y  a-t-il  pas  au  Musée  Ashmoléien  d'Oxford  un  autre  émail 
cloisonné,  sorte  de  pomme  de  sceptre,  connu  sous  le  nom  de 
bijou  d'Alfred,  qui  porte  en  toutes  lettres  :  Alfkbdvs  mb  fbcitî 

Je  trouverais  dans  les  émaux  d'Irlande ,  exposés  en  si  grand 
nombre  à  South-Kensigton , .  une  autre  preuve  que  les  émaux 
bretons  se  sont  perpétués  sans  le  secours  de  Byzance.  Il  est 
difficile  de  préciser  à  quelle  date  remontent  les  plus  anciens  ; 
mais  ils  existent  à  une  époque  où  l'art  irlandais  s'abstient 
rigoureusement,  même  en  architecture,  de  toute  imitation 
étrangère,  ou,  si  l'on  veut,  de  tout  détail  roman.  Ces  émaux 
d'Irlande ,  encadrés  par  des  entrelacs  que  l'on  nomme  runiques , 
sont  du  reste,  jusqu'au  xii*  siècle ,  d'un  aspect  tout  particulier  : 
les  couleurs  ne  sont  point  séparées  par  des  filets  de  métal  ré- 
servés ou  rapportés  :  elles  sont  juxtaposées  comme  dans  une 
mosaïque  dont  les  cubes  auraient  été  soudés  par  le  feu. 

Sans  doute,  dans  tous  ces  ouvrages  saxons  et  irlandais, 
l'émail  ne  produit  pas  des  effets  comparables  à  ceux  qu'on 
obtient  à  Byzance;  mais,  relativement  à  la  dimension  de  cer- 
taines pièces,  il  joue  un  rôle  aussi  important. 

Des  sujets  émaillés ,  entièrement  analogues,  par  la  conception 
générale  et  par  le  procédé  d'exécution ,  aux  émaux  de  Constan- 
tinople,  apparaissent  bientôt ,  non  pas  précisément  en  Italie,  où 


14  LES    BMAUX   D'aLLBMAGNB 

M.  de  Laborde  assure  (4)  que  les  Grecs  les  ont  introduits  sans 
qu'ils  aient  pénétré  plus  loin ,  mais  sur  les  bords  du  Bhin  et  dans 
la  France  centrale.  —  Inutile  de  dire  que  ce  sont  des  émaux 
cloisonnés  I  Ceux  d'Allemagne  sont  bien  connus  depuis  quelques 
années,  grâce  à  M.  Labarte  et  à  M.  de  Quast.  Les  belles  recher- 
ches de  M.  A.  Darcel  sur  le  trésor  de  Conques  ont  révélé  l'exis- 
tence des  autres.  Ces  derniers,  dont  on  ne  parle  pas,  et  dont  je 
ne  m'étais  pas  souvenu  moi-môme  en  4  859 ,  sont  cependant  du 
plus  grand  intérêt  pour  moi  ;  car  ils  démentent  radicalement , 
sur  un  point  essentiel ,  les  allégations  de  mon  savant  contra- 
dicteur, en  justifiant  tout-à-fait  les  miennes. 

En  présence  de  ces  découvertes  successives ,  qui  modifient  si 
profondément  l'état  de  la  question,  M.  de  Laborde  et  M.  de 
Lasteyrie  pourront  s'en  tenir  à  dire  que  les  émaux  cloisonnés , 
en  quelque  endroit,  sous  quelque  forme  et  en  si  grande  quantité 
qu'on  les  rencontre,  son^  tous  de  fabrication  byzantine.  —  C'est 
un  reste  vivace  de  ce  vieux  préjugé  qui  attribuait  tout  aux 
Byzantins,  jusqu'au  portail  royal  de  Chartres.  On  y  a  renoncé, 
faute  de  preuves,  pour  l'architecture,  la  scuplture  et  la  pein- 
ture :  on  finira  bien  aussi  par  y  renoncer  pour  les  émaux.  — 
Discutons-le  en  attendant.  —  Donc  tous  les  émaux  cloisonnés 
seraient  d'origine  byzantine.  D'origine  indirecte  1  c'est  possible , 
quoique  bien  douteux  parfois;  mais,  pour  l'origine  directe, 
dont  il  s'agit  ici ,  c'est  autre  chose. 

Je  ne  sais  s'il  y  a  jamais  eu  des  émailleurs  grecs  établis  en 
Allemagne,  ainsi  que  l'admet  hypothétiquement  M.  de  Quast, 
mais  je  suis  parfaitement  d'accord  avec  lui ,  et ,  je  l'espère ,  avec 
tous  ceux  qui  se  donneront  la  peine  d'aller  étudier  sur  les  lieux 
les  monuments  originaux,  pour  déclarer  que  les  trois  croix 
d'Bssen  «  restent  loin  de  la  délicatesse  de  dessin  et  de  la  vivacité 
de  couleur  qui  distinguent  les  émaux  byzantins  ».  Bien  plus, 
le  caractère  même  de  ce  dessin  ofire  toute  la  naïveté,  toute  la 
gaucherie,  toute  la  rudesse  que  l'on  est  en  droit  d'attendre,  h 
cette  époque,  d'artistes  germaniques,  et  que  des  artistes  grecs 
n'auraient  point.  D'ailleurs ,  les  costumes  sont  allemands  comme 
l'iconographie.  Enfin  les  inscriptions  sont  en  latin ,  et  les  lettres 
romaines. 

Une  fois  seulement,  pour  l'Évangéliaire  à  couverture  émaillée 
donné  à  la  cathédrale  de  Bamberg  par  l'empereur  Henri  II 

(1)  Notice  des  éinaux  du  Loutre. 


ET   LKS   ÉMAUX    LIMOUSINS.  15 

t<00î-4024),  les  inscriptions  sont  en  grec,  mais  incorrectes  :  on  y 
lit,  par  exemple,  Dav^oç  pour  nauXoç.  Nos  artistes  occidentaux 
n'écrivent  en  grec  que  le  nom  du  Christ ,  quelquefois  celui  de  la 
sainte  Vierge.  L'influence  byzantine  est  donc  ici  plus  forte  qu'à 
Tordinaire ,  et  il  en  est  un  peu  de  môme  dans  une  autre  œuvre 
de  l'empereur  Henri,  le  fameux  rétable  de  Bftle,  oii  des  mots 
grecs  se  trouvent  mêlés  de  la  façon  la  plus  singulière  à  des  ins- 
criptions latines.  Néanmoins  le  dessin  des  figures  de  l'Évangé- 
liaire  de  Bamberg  est  très-grossier,  et  M.  de  Quast  juge  qu'il  a 
été  tracé  par  des  Allemands. 

Mais ,  quant  aux  croix  d'Ëssen,  il  n'y  a  réellement  de  byzantin 
que  le  procédé  d'exécution  ;  et  un  simple  modèle ,  à  défaut  de 
maître ,  pouvait  très-bien  l'enseigner  à  des  gens  qui  savaient 
déjà  tant  bien  que  mal  teindre  le  verre  et  travailler  l'or. 

H.  de  Lasteyrie  se  plaint  donc  mal  à  propos  de  ce  qu'on  en  est 
réduit  à  une  simple  affirmation  de  M.  de  Quast  pour  établir 
que  les  Allemands ,  au  temps  deThéophanie,  ont  fait  des  émaux 
analogues  à  ceux  deByzance,  même  pour  l'étui  du  bftton  de 
saint  Pierre,  que  l'on  cite  en  première  ligne,  parce  qu'il  est  daté 
de  980.  M.  de  Quast  avait  eu  soin  d'expliquer  que  les  émaux  de 
ce  reliquaire,  très-inférieurs  de  tout  point  aux  vrais  émaux 
byzantins  que  renferme  aussi  le  trésor  de  Limburg,  ont  été  faits 
pour  un  besoin  imprévu,  pour  une  destination  tout-à-fait 
spéciale,  comme  l'atteste  une  longue  inscription  latine.  —  Que 
désirer  de  plus,  à  moins  que  ce  ne  soit  une  série  de  bonnes 
gravures,  dont  nous  ne  serons  pas  long-temps  privés  sans 
doute ,  gT&ce  au  zèle  et  à  l'activité  des  antiquaires  allemands? 

Ces  gravures  existent  pour  les  émaux  cloisonnés  de  Conques , 
et  elles  sont  excellentes ,  comme  l'exactitude  bien  connue  des 
dessins  de  M.  Darcel  permettait  de  les  faire.  Elles  se  trouvent 
non-seulement  dans  le  livre  publié  par  ce  savant  (4) ,  mais  dans 
les  Annales  Arcbéologiques  (â).  Comment  M.  de  Lasteyrie  ne  les 
connaît-îl  pas?  et,  s'il  les  connaît,  comment  y  voit-il,  avec  cette 
évidence  qui  dispense  de  toute  discussion ,  des  émaux  byzantins 
faits  par  des  Grecs  et  en  Orient? 

Presque  tout  le  trésor  de  Conques  est  l'œuvre  de  l'abbé  Bégon 
(1099-4448),  qui,  au  dire  des  cbroniques,   a  reUquias  in  auro 

il)  Trésor  de  Conques,  in-4  de  80  pages,  avec  15  planches  et  plusieurs 
crravures  sur  bois;  Paris,  1861,  libr.  de  Victor  Didron. 
2)  Ann.  areh.,  volumes  XVI  et  XIX. 


16  rj:S    EMMX    \)KUMtlKGSE 

posuit  »,  et  qui  d'ailleurs  a  prodigué  sur  les  reliquaires  de 
Tabbaye  les  inscriptions  à  son  nom  :  Me  fieri  jussit  Bego  dément 
eut  Dofninus  sit.  —  Abbas  sanctorum  Bego  partes..,.  —  Abbas 
formavit  Bego  reliquiasque  lo[cavit].  —  Ces  derniers  mots  se  lisent 
sur  la  tranche  d'un  reliquaire  sing'ulier  connu  sous  le  nom  d'A  de 
Charlemagne.  II  a  en  effet  la  forme  d'un  A  majuscule,  et,  sauf 
la  traverse  en  pièces  de  rapport  qui  est  venue  postérieurement 
réunir  et  consolider  ses  deux  jambages,  il  paraît  complètement 
homogène. 

Malgré  les  doutes  qui  se  sont  élevés  à  ce  sujet,  quelle  appa- 
rence y  a-t-il  que  le  revêtement  primitif,  si  bien  conservé  sur 
la  face  antérieure  et  sur  la  face  postérieure,  se  fût  perdu  en 
entier  sur  la  tranche  des  jambages,  et  quMl  se  soit  trouvé,  à 
point  nommé ,  pour  le  remplacer,  une  inscription  de  rebut,  ni 
trop  large  ni  trop  étroite,  entre  ses  bordures  de  grenetis? 
D'ailleurs  le  même  ornement  quadrillé  qui  se  voit  sur  toute  la 
tranche  intérieure  et  autour  de  la  tête  de  l'A  se  retrouve  iden- 
tique sur  un  reliquaire  de  la  vraie  croix ,  œuvre  incontestée  de 
l'abbé  Bégon.  Puis  l'inscription  est  complète  d'un  côté,  sauf  les 
cinq  dernières  lettres,  que  l'on  restitue  aisément,  et,  avec  ces 
cinq  lettres,  elle  remplit  exactement  le  jambage  de  droite  ;  enfin 
elle  forme  un  seul  vers  d'un  sens  parfaitement  clair.  —  De  l'autre 
côté,  l'inscription  se  continuait  avec  les  mêmes  caractères,  et 
présentait  un  second  vers;  seulement  elle  est  plus  endommagée  : 
elle  a  perdu  ses  bordures,  et  est  tronquée  au  commencement  et 
à  la  fin.  Tous  ces  reliquaires  de  Conques  sont  usés,  et  parfois 
rapiécés  comme  des  habits  de  mendiant,  tant  les  feuilles  d'or 
dont  ils  étaient  couverts  sont  minces  et  se  détachent  facilement  I 
Néanmoins  on  comprend  que  la  deuxième  partie  de  l'inscription 
donnait  l'indication  de  la  relique  renfermée  dans  la  tête  de  TA. 
On  entrevoit  même  de  quelle  relique  il  était  question. 

Malgré  la  tradition  pittoresque  d'après  laquelle  Charlemagne 
aurait  envoyé  vingt-deux  reliquaires  affectant  chacun  la  forme 
d'une  des  lettres  de  l'alphabet  à  autant  d'abbayes  fondées  par 
ses  soins,  en  réservant  le  premier  au  monastère  de  Conques; 
malgré  le  bon  goût  relatif  des  filigranes  de  l'A ,  et  peut-être  à 
cause  de  ce  bon  goût,  M.  Darcel  ne  devrait  donc  pas  hésiter,  comme 
il  le  fait,  à  rendre  ce  reliquaire  à  son  véritable  donateur,  et  à  le 
réunir  à  toutes  les  autres  œuvres  de  l'abbé  Bégon.  Comment 
nulle  abbaye  ne  revendique-t-elle  la  lettre  B  ou  une  lettre 
quelconque  de  cet  alphabet   carlovingien?  La   tradition  n'a 


ET  LES   éMAUX   UUOCSINS.  17 

d^auUe  fondement  que  la  forme  originale  du  reliquaire,  et  le 
désir  de  glorifier  l'abbaye  de  Conques  ;  et  le  «  Ubet  mirabilis  », 
qui  Ta  recueillie  étourdiment  vers  la  fin  du  moyen  âge,  ne 
mérite,  sous  tous  les  rapports,  qu'une  confiance  très-limitée. 

Or,  i>endant  que,  au  sommet  de  TA,  une  lentille  de  cristal, 
destinée  à  laisser  voir  la  relique,  est  enchâssée  sur  la  face 
antérieure,  un  large  médaillon  décoré  d'émaux  cloisonnés 
garnit  la  face  postérieure. 

A  la  vérité,  ce  sont  de  ces  chatons  que  l'empire  d'Orient,  selon 
H.  de  Lasteyrie ,  était  en  possession  de  fournir  à  l'Allemagne ,  et 
dont  «  il  inondait  l'Europe  occidentale  ».  Mais  n'y  a^t-il  pas  là 
une  de  ces  affirmations  sans  preuves  que  l'on  ne  doit  passer  ni 
à  H.  de  Quast  ni  à  personne?  —  Ce  qui  est  positif  c'est  que  let? 
émailleurs  de  Constantinople ,  à  en  juger  par  leurs  œuvres 
authentiques,  n'employaient  guère  pour  leur  propre  compte 
cette  marchandise,  réservée  à  l'exportation.  Il  n'est  pas  moins 
certain  que  Théophile  divulguait  minutieusement  l'art  de  la 
fabriquer  et  de  la  disposer. 

«  Deinde  percate  aurum  gracile  et  longum,  et  trahe  Inde  fila...  Toile 
quoque  fila  subtilia...  deinde  subtili  forcipe  oomplicabls  et  formabls 
opus  quodcunkque  volueris  in  electris  facere,  sive  circulost  si  va  ayes, 
site  bestias,  sive  imagines  (1).  » 

c  Bats  et  étire  de  l'or  de  manière  &  le  convertir  en  fils,  dit 
Théophile;  prends  les  plus  fins  de  ces  fils,  et  ton  outil  subtil 
s'en  servira  pour  dessiner  tout  ce  que  tu  voudras  exécuter  en 
émail,  soit  des  cercles,  soit  des  oiseaux,  soit  des  botes,  soit  des 
images  humaines.  » 

Voilà  bien  tout  le  secret  des  chatons  et  des  émaux  cloisonnés  ; 
car,  si  M.  de  Lasteyrie  a  nettement  prouvé,  contre  M.  La- 
barte  (S) ,  que  le  mot  ekctrum  signifiait  anciennement  un  alliage 
d'or  et  d'argent,  tout  le  monde  reconnaît  que,  au  temps  de 
Théophile,  on  l'appliquait  seulement  aux  émaux. 

Maintenant  Théophile  écrivait-il  vers  la  fin  du  xii'  siècle ,  et 
en  Allemagne ,  comme  ses  derniers  éditeurs ,  M.  Guichard ,  M.  le 
comte  de  L'Escalopier,  et,  après  eux,  M.  l'abbé  Texier,  en  ont 
donné  d'assez  bonnes  raisons?  Était-ce  au  contraire  au  x*  siècle, 

(1)  Mamél  detomsUs  Arts, 

(2)  IHssertatûm  fur  félectram. 


18  LES   ÉMAUX   D*ALLBMA6NK 

et  en  Italie,  ainsi  que  M.  de  Lasteyrie'se  propose  de  le  démontrer 
un  jour?  Cela  est  ici  sans  intérêt  (4) ,  car  plus  tôt  a  été  donné  cet 
enseignement,  et  plus  il  a  eu  de  chances  de  se  répandre 
partout. 

Au  surplus,  il  n'y  a  pas  seulement  des  chatons  émaillés  dans 
le  trésor  de  Conques ,  mais  aussi  des  émaux  à  personnages.  Il 
s'y  trouve  deux  autels  portatifs  :  Tun,  daté  de  4400,  et  décoré 
de  nielles,  qui  n'étonnent  gniëre  moins  que  des  émaux;  l'autre 
sans  date,  mais  de  même  style  que  les  nombreux  ouvrages 
signés  par  Bégon.  Sur  le  premier,  sainte  Foy,  patronne  de 
Conques,  figure  à  la  gauche  du  Christ  comme  la  Vierge  &  sa 
droite.  Viennent  ensuite  sainte  Cécile,  saint  Vincent,  et,  en 
dernier  lieu ,  les  apôtres  et  les  évangélistes ,  parmi  lesquels 
prennent  place  saint  Etienne  et  saint  Caprais,  patrons  de  l'an- 
cienne et  de  la  nouvelle  cathédrale  d'Agen.  Sainte  Foy,  dont  les 
reliques  avaient  aussi  été  possédées  par  la  ville  d'Agen  avant 
d'être  transférées  à  Conques,  sainte  Foy  porte  le  même  costume 
et  les  mêmes  attributs  que  .la  sainte  Vierge ,  notamment  une 
couronne  triangulaire,  sur  laquelle  je  reviendrai  tout  à  l'heure. 

Sur  le  second  autel  portatif,  le  Christ  est  au  sommet,  et 
l'Agneau  divin,  au  bas  de  l'encadrement;  les  symboles  des 
évangélistes,  aux  quatre  angles;  à  droite  par  rapport  au 
Christ,  sainte  Foy,  avec  cette  inscription  :  S.  FIDES;  à  gauche, 
la  sainte  Vierge,  avec  l'inscription  S.  MARIA.  Au-dessous,  deux 
saints  inconnus,  probablement  les  saints  de  l'Agenais.  Dans 
les  intervalles,  de  petits  chatons  émaillés  alternent  avec  des 
pierreries ,  conformément  aux  prescriptions  de  Théophile.  L'un 


(1)  Cette  question  est  d'ailleurs  très-intéressante  par  eUe-même.  Les 
chapitres  relatifis  h.  rarchitecture,  qui  auraient  levé  tous  les  doutes, 
manquent  malheureusement  aux  manuscrits  qui  se  sont  conservés 
jusqu'à  nous.  Mais  Théophile,  en  distribuant  les  spéciaUtés  à  chaque 
nation,  de  manière  à  réserver  la  meilleure  part  &  r Allemagne,  attribue 
k  la  Toscane  une  certaine  supériorité  en  fait  d'émaux  et  de  nielles.  Pour 
les  nielles,  la  Toscane  y  a  réellement  excellé ,  et  c'est  un  de  ses  orfèvres 
qui  en  a  tiré  Fart  de  la  gravure.  Pour  les  émaux,  dans  ce  pays  où  tout 
se  conserve,  on  n'en  connaît  d'aucune  espèce  Jusqu'à  la  seconde  moitié 
du  xm*  siècle:  alors  seulement  les  orfèvres  de  Sienne  se  distinguent  par 
leurs  émaux  translucides  sur  reliefs.  Il  ne  me  paraît  pas  impossible  que 
Théophile,  s'il  écrivait  eu  Allemagne,  ait  résumé  l'art  roman  dans  un 
siècle  gothique,  c'est-à-dire  en  plein  xui«  siècle.  Cest  du  moins  le 
temps  des  autres  grandes  encyclopédies  du  moyen  âge. 


ET  LES   ÉMAUX   LIMOUSINS.  19 

d^eux  offre  identiquement  le  mdme  motif  que  cinq  des  chatons 
de  l'A ,  une  croix  échiquetée. 

Gomme  les  chatons ,  les  dix  sujets  principaux  sont  en  émail 
cloisonné  d'or,  d'un  dessin  rude  et  d'une  exécution  très- 
médiocre.  Ainsi  que  dans  Torfëvrerie  d'Essen ,  ou  n'y  distingue 
aucun  trait  du  style  grec,  ancun  des  caractères  si  tranchés  de 
l'iconographie  hyzantine.  Seulement  la  couronne  triangulaire  de 
sainte  Foy  et  de  la  sainte  Vierge  se  transforme  en  un  nimbe 
en  losange,  ce  qui  indiquerait  tout  au  plus  nne  influence 
italienne  si  ce  détail  signifie  autre  chose  qu'une  imitation  des 
figures  niellées. 

Tel  est  du  moins  l'avis  de  M.  Darcel,.qui  d'ailleurs  incline 
c  à  croire  que  les  émaux  de  Conques  sont  sortis  d'un  atelier 
limousin  (4)  ».  J'admets  aussi  que  Témailleuret  le  nielleur  de 
Bégon  se  rattachaient  à  la  grande  école  limousine.  Mais ,  pour 
composer  aussi  singulièrement  leurs  sujets,  pour  mettre  aussi 
hardiment  la  Vierge  de  Conques  en  pendant  de  la  sainte  Vierge , 
avec  la  même  couronne  ou  le  même  nimbe,  avec  les  mêmes 
habits,  les  mêmes  ornements,  et,  qui  plus  est,  à  la  place 
d'honneur,  il  fallait  qu'ils  travaillassent ,  non  à  Constantinople 
ou  à  Florence ,  où  11  était  réellement  peu  commode  de  faire  des 
commandes  de  cette  nature,  non  pas  même  à  Limoges,  mais  à 
Conques ,  sous  les  yeux  de  Bégon ,  et  avec  les  dévotions  pas- 
sionnées des  moines  de  Tabbaye. 

On  n'a  pas  la  date  précise  de  cet  autel  émaillé  de  Conques  : 
il  n'est  complet  que  sur  sa  fiace  antérieure.  La  face  postérieure 
et  les  tranches,  qui  auraient  pu  offrir  quelque  inscription,  ont 
disparu ,  et  sont  remplacées  par  des  feuilles  de  tôle.  Depuis  que 
l'autel  portatif  ne  sert  plus ,  et  qu'il  est  redressé  de  manière  à 
garnir  l'armoire  aux  reliques,  on  a  refondu  ou  employé  à 
réparer  d'autres  reliquaires  plus  précieux  les  plaques  d'or  qui 
complétaient  celui-ci  ;  mais  je  ne  crois  point  qu'il  soit  antérieur 
à  Bégon,  ni  qu'il  remonte  même  aux  premières  années  de  son 
administration. 

Une  remarque  m'a  frappé  quand  j'ai  vu  le  trésor  de  Conques, 
car  j'ai  tenu  à  contrôler  sur  les  lieux  les  observations  de 
M.  Darcel ,  c'est  que  les  reliquaires  de  Bégon  sont  d'un  mérite 
très-inégal,  selon  l'artiste  auquel  on  s'est  adressé,  et  qu'ils 
semblent  progresser  avec  le  temps.  —  Le  premier,  fait  en  4  4  00 , 

(1)  Trésor  de  Conques,  p.  10. 


20  LES   ÉMAUX   D'aLLGMAGNG 

après  que  le  pape  Pascal  II  a  reçu  des  croisés  une  partie  de  la 
vraie  croix,  et  en  a  détaché  une  parcelle  en  faveur  de  Tabbaye 
de  Conques ,  est  d'une  forme  très-simple  et  d'un  dessin  très- 
imparfait;  il  a  peu  de  filigranes,  et  les  plaques  d'argent  naturel 
ou  de  vermeil  dont  il  se  compose  ne  présentent  encore  ni  nielles 
ni  émaux.  —  Dans  la  même  année,  lorsque  Bégon  se  fait  faire 
un  autel  portatif,  que  consacre,  le  6  des  calendes  de  juillet , 
Pons,  ancien  moine  de  Conques  et  évéque  de  Barbastre  en 
Espagne ,  Torfèvre  de  Conques  est  devenu  bien  plus  habile ,  ou , 
pour  mieux  dire ,  on  en  emploie  un  autre  dont  les  nielles  étaient 
la  spécialité.  Il  y  a  beaucoup  de  finesse  et  de  netteté  dans  les 
figurines,  et  elles  sont  niellées  avec  une  perfection  qui  dénote 
un  artiste  très-versé  dans  ce  procédé  d'orfèvrerie. 

Le  reliquaire  de  saint  Vincent  est  déjà  plus  recherché  dans  sa 
forme  générale ,  qui  rappelle  le  clocher  de  Saint-Froint  dans  le 
dessin  et  la  composition  de  ses  bas-reliefs  en  argent  repoussé  et 
doré  par  places.  D'ailleurs  il  n'a  pas  de  date  positive  :  on  sait 
seulement  qu'il  est  de  Bégon. 

Les  émaux  arrivent  avec  l'A  de  Bégon;  ils  se  développent 
avec  l'autel  portatif  en  or,  et  se  montrent  encore  dans  la  statue , 
aussi  en  or,  de  sainte  Foy  ;  la  matière  est  plus  riche ,  et  Tart  plus 
avancé.  Il  n'est  pas  invraisemblable  qu'un  émailleur  proprement 
dit  ait  été  appelé  dans  l'atelier  de  Conques ,  ou  que  ses  anciens 
orfèvres  soient  allés  dans  l'intervalle  s'instruire  à  de  nouvelles 
méthodes,  et  se  perfectionner  dans  d'autres  ateliers,  par 
exemple  à  Limoges. 

En  général  les  émaux  sur  Vot  et  le  vermeil  doivent  avoir 
été  exécutés  dans  l'abbaye  même  où  ils  se  trouvent.  Aussi 
éloignés  que  fussent  les  artistes  en  renom  ^  il  était  plus  raison- 
nable et  plus  facile  d'en  appeler  un  que  d'envoyer  au  loin  des 
métaux  précieux  dont  on  ne  pouvait  contrôler  l'emploi. 
Quoi  qu'il  en  soit,  comme  l'abbè  Bégon  est  mort  en  4  449 ,  on  est 
sûr  qu'un  an  moins  des  reliquaires  émaillés  n'est  pas  postérieur 
à  cette  date,  et  il  ne  doit  pas  être  antérieur  à  4  4  40. 

J'avais  dit,  en  oubliant  la  publication  commencée  dans  les 
Annaks  archéologiques  (4),  puis  interrompue  par  M.  Darcel,  qu'il 
ne  subsistait  pas  en  France  d'émaux  cloisonnés,  mais  que,  si  les 
reliquaires  en  or  et  en  vermeil  de  l'ancien  trésor  de  Saint-Martial 
s'étaient  conservés  jusqu'à  nous,  on  y  aurait  trouvé  proba- 

(1)  Ann,  arch,,  1856 ,  p.  77. 


BT  LES   ÉMAUX   LIMOUSINS.  31 

blement  des  émaux  de  cette  nature.  —  De  son  côté,  M.  de  Las- 
teyrie  affirmait  que  a  les  Limousins,  dans  le  principe,  n'ont 
jamais  pratiqué  que  la  taille  d'épargne  »;  de  sorte  qu'ils  ne 
sauraient  être  les  élèves  des  Grecs  ou  des  Vénitiens,  lesquels 
n*ont  jamot^  fait  que  des  émaux  cloisonnés  (4). 

On  voit  qui  se  rapprochait  le  plus  de  la  vérité  ;  car,  pour  M.  de 
Lasteyrie ,  tout  émail  trouvé  au  Mans  où  &  Chartres  est  réputé 
limousin  :  à  plus  forte  raison  en  serait-il  ainsi  des  émaux  faits 
pour  l'abbaye  de  Conques. 

Aussi  bien,  si  Ton  ne  possède  pas,  en  Limousin  et  dans  les 
provinces  voisines,  plus  d'émaux  cloisonnés,  c'est  qu'on  y  a 
détruit  avec  un  soin  tout  particulier  les  vieux  reliquaires  en  or. 
S'il  n'y  reste  pas  plus  de  nielles  analogxies  à  celles  de  Conques, 
c'est  qu'on  a  détruit  de  même  les  reliquaires  en  argent.  L'exci- 
pient de  l'émail  exerce,  on  ne  saurait  trop  le  redire,  une 
influence  décisive  sur  le  procédé  d'exécution.  Aussi  les  émaux 
champlevés  à  personnages  peuvent-ils  parfaitement  être  imités 
des  émaux  cloisonnés,  dont  ils  ne  sont  qu'une  simplification 
très-économique.  Pour  souder  une  mince  lame  d'or  selon  toutes 
les  inflexions  du  dessin  le  plus  compliqué ,  il  faut  une  application 
et  une  main  très-habile  ;  mais ,  en  revanche ,  le  précieux  métal 
qui  fournit  le  fond  est  réduit  à  une  feuille  aussi  légère  qu'on  le 
veut.  —  Avec  le  travail  champlevé,  qui  donne  le  môme  résultat 
et  le  même  effet,  Tépaiesenr  du  métal  est  aussitôt  doublée  ou 
triplée,  ce  qui  est  désormais  sans  inconvénient;  mais,  une  fois 
le  dessin  décalqué  sur  le  cuivre,  une  opération  purement  méca- 
nique, et  qui  peut  être  confiée  à  de  simples  ouvriers,  suffit  pour 
creuser  les  fonds.  C'est  de  la  gravure  sur  bois ,  avec  cette  diffé- 
rence que  les  parties  réservées  ne  sont  pas,  à  beaucoup  près, 
aussi  multipliées  et  aussi  fines.  11  y  a  donc  là  pour  l'émaiUerie 
un  puissant  moyen  de  vulgarisation ,  une  grande  cause  d'ex- 
tension et  de  succès. 

M.  de  Lasteyrie  va  me  reprocher  encore  de  tomber,  avec 
M.  Labarte  et  M.  de  Quast ,  dans  cette  «  éternelle  confusion  »  qui 
consiste  à  ne  pas  a  séparer  nettement  »  les  émaux  cloisonnés  des 
émaux  à  taille  d'épargne.  11  serait  simple  en  effet  d'attribuer  en 
toute  occasion  les  uns  aux  Byzantins,  les  autres  aux  Limousins 

(1)  M.  J.  I>urand  a  signalé  dans  la  PàUir-d*ùro  remploi,  très-excep- 
tionnel au  surplus,  du  travail  champlevé.  [Trésor  de  SaM-Marc^  p.  12 
du  tirage  à  part).  Le  saint  Démétrius  de  Hanovre  n*est  pas  non  plus  un 
émail  cloisonné,  mais  bien  plutôt  un  émail  sur  relief. 


32  LES   ÉMAUX  D'ALLEMAGNE 

OU  à  leurs  imitateurs.  Mais  comment  accepter  cette  prétendue 
règle  lorsqu^on  voit  si  clairement  en  Allemagne,  sur  une 
nombreuse  série  de  monuments,  Tun  des  deux  genres  naître  de 
Tautre,  et  s'essayer  timidement,  d'abord  comme  une  simpli- 
fication, puis  comme  une  évidente  économie;  lorsqu'on  les 
trouve  souvent  réunis  sur  la  même  pièce  d'orfèvrerie;  lorsque, 
jusqu'à  la  fin  du  xir  siècle,  jusqu'à  la  châsse  des  trois  Rois, 
l'emploi  de  l'or  appelle  naturellement  les  émaux  cloisonnés? 

Les  Allemands,  nous  dit-on,  sont  arrivés  «  plus  tard  »,  et 
«  par  transition  »,  à  la  taille  d'épargne;  ils  ne  l'ont  guère 
essayée  avant  le  milieu  du  xi«  siècle,  et  ne  l'ont  employé*? 
couramment  que  vers  le  commencement  du  xii*  siècle.  Sous 
quelle  influence?  Il  n'est  pas  difficile  de  le  deviner,  quoiqu'on 
n'ose  pas  encore  nous  le  dire.  Mais  sait-on  si  les  Limousins  n'ont 
pas  suivi  la  même  voie ,  et  s'ils  étaient  plus  avancés  aux  mêmes 
dates?  Chez  eux,  la  transition  manque;  et  c'est  un  titre  en 
faveur  des  Allemands  ;  mais  le  point  de  départ  fourni  par  les 
émaux  de  Conques  est  identique. 

A  cela  près',  il  n'y  a  pas  d'émaux  limousins  au  x«  ni  au 
XI*  siècle,  et  aucun  texte  n'indique  même  qu'on  en  ait  fait 
pendant  cette  longue  période.  Depuis  le  règne  de  Tetricus 
jusqu'à  celui  de  Louis  VU,  l'éclipsé  de  cet  art  national  est 
complète  :  M.  de  Lasteyrie  n'insiste  pas  sur  les  émaux  de  saint 
Éloi;  et  réellement,  s'il  n'est  pas  impossible  qu'il  y  en  ait  eu 
d'une  certaine  façon ,  tels ,  par  exemple ,  que  ceux  du  reliquaire 
mérovingien  de  Saint-Maurice,  assurément  il  n'y  en  a  plus.  La 
petite  châsse  de  Solignac  que  l'on  attribuait  à  l'illustre 
fondateur  de  cette  abbaye  est  du  xiii*  siècle  ;  et ,  quant  à  la 
boîte  qui  a  été  trouvée  par  M.  Maurice  Ardant  dans  les  fouilles 
de  Saint-Martial ,  elle  n'a  pas  plus  été  fabriquée  par  saint  Éloi 
qu'elle  n'a  appartenu  à  Waifre.  Du  moins  elle  offre  un  de  ces 
sujets  de  galanterie  si  communs  au  xiii*  siècle ,  et  ne  saurait 
s'éloigner  beaucoup  de  cette  date ,  car  les  figures  y  sont  dorées 
sur  fond  d'émail ,  ce  qui,  selon  M.  de  Lasteyrie,  n'a  commencé  à 
se  faire  que  vers  la  fin  du  xir  siècle. 

Je  croyais  la  crosse  de  Bagenfroy  aussi  décriée  que  les  émaux 
de  saint  Éloi.  Cependant  M.  de  Lasteyrie  nous  demande,  et  ce  ne 
doit  pas  être  sans  but ,  a  s'il  ne  serait  pas  bien  extraordinaire 
que,  en  ouvrant  la  tombe  de  Ragenfiroy  un  ou  deux  siècles 
seulement  après  sa  mort,  on  se  fût  amusé  à  en  retirer  sa  crosse 
pour  lui  en  substituer  une  autre  pour  le  moins  aussi  riche  ».  — 


ET  LES  ÉMAUX   LIMOUSINS.  23 

Non ,  on  ne  s'est  pas  amusé  à  cela.  Willemin  s'est  trompé  ou  a 
été  trompé  :  voilà  tout.  J'ignore  sous  quels  indices  il  se  croyait 
certain  d'avoir  gravé  la  crosse  de  Ragenfroy  plutôt  que  celle  de 
tout  autre  évêque  de  Chartres;  mais,  sans  aller  visiter  la 
collection  Meyrick,  sa  gravure  me  suffit  pour  me  prononcer, 
après  tant  d'autres  juges  compétents,  sur  Tftge  bien  postérieur 
de  cet  émail.  D'ailleurs  M.  Darcel  a  vu  récemment,  à  Texposition 
de  Manchester,  la  crosse  dont  il  s'agit,  et  il  a  écrit  qu'elle 
pourrait  bien  être  du  xii'  siècle,  d'autant  mieux  que  les  figures 
sont  en  partie  a  réservées  »  sur  fond  d'émail  (4).  Le  savant 
conservateur  du  Musée  Britannique ,  M.  A.  W.-Franck,  qui  se 
connaît  en  émaux  presque  aussi  bien  que  M.  de  Laborde,  ajoute 
que  la  prétendue  crosse  de  Ragenfroy  lui  paraît  appartenir  à 
l'école  allemande  :  du  moins  il  me  l'a  dit. 

Au  reste ,  si ,  par  impossible,  une  crosse  émaillée  avait  été 
trouvée  à  Chartres  dans  une  tombe  du  x«  siècle ,  serait-ce  là  une 
bonne  preuve  de  l'ancienneté  de  l'émaillerie  limousine?  —  Cela 
était  de  mise  lorsque,  d'un  commun  accord,  on  réservait  à  la 
seule  ville  de  Limoges  le  monopole  de  cette  industrie  :  alors  tout 
était  bon  pour  en  suivre  la  trace  jusque  dans  les  siècles  les  plus 
reculés.  Mais,  quand  il  est  reconnu  qu'on  faisait  très-ancien- 
nement des  émaux  à  Cologne,  à  Trêves,  à  Verdun,  à  Paris,  au 
Mans;  quand  il  s'agit  précisément  de  rechercher  à  quelle  époque 
Limoges  en  a  fait  aussi,  je  ne  vois  pas  trop  ce  que  prouverait  un 
émail  découvert  à  Chartres  sans  autre  indication  d'origine,  lors 
même  qu'il  remonterait,  contre  toute  vraisemblance,  à  Ra- 
genfroy et  à  944. 

Nous  arrivons,  en  suivant  l'ordre  des  dates,  à  la  bague 
émaillée  de  l'évêque  Oérard  de  Limoges,  mort  en  4022.  Je  n'ai 
jamais  prétendu  qu'elle  avait  pu  «  être  achetée  à  Cologne  >. 
Bien  plus,  il  n'y  a  pour  moi  aucune  invraisemblance  à  ce  qu'elle 
ait  été  fabriquée  à  Limoges  même,  puisque  j'ai  toujours  supposé 
que  l'émaillerie  limousine  débutait  un  peu  avant  cette  époque. 

Je  m'étais  seulement  demandé  si  une  bague  décorée  d'un 
simple  filet  bleu  était  bien  un  émail  digne  de  ce  nom ,  et  si 
Gérard  n'avait  pas  pu  se  le  procurer  dans  une  autre  ville  que 
Limoges,  par  exemple  à  Poitiers,  oii  il  figurait,  lors  de  son 
élection ,  parmi  les  dignitaires  de  Saint-Hilaire.   N'oublions  pas 


(1)  lâè  ArU  industriels,  revue  française  du  h*  juin  1857,  p.  32 du  tirage 
à  part  publié  par  V.  Didron. 


24  LES  éuAux  d'allbhagnb 

que,  d'après  M.  deLaborde,  et  surtout  d'après  M.  Didron,  les 
('maux  se  trouvent  et  se  sont  faits  a  un  peu  partout  ».  Celui  dont 
on  s'occupe  ici  est  certainement  moins  avancé  que  la  plupart 
des  spécimens  de  Témaillerie  antique  mérovingienne  ou  saxonne; 
par  exemple,  Tanneau  d'Ethelwulf  ne  dépasse  pas  la  mesure 
de  ce  que  Ton  peut  attendre  de  Torfèvre  le  plus  ordinaire  dans 
toutes  les  grandes  villes  de  l'Occident  et  à  toutes  les  époques  du 
moyen  âge.  Du  reste ,  comme  cet  anneau  est  massif,  et  n'offre , 
môme  au  chaton,  que  des  surfaces  arrondies,  il  ne  pouvait  guère 
être  cloisonné.  Il  ne  prouve  donc  rien  contre  Texistenèe  de  ce 
genre  d'émaillerie.  S'il  n'avait  pas  appartenu  à  un  prélat 
limousin,  il  n'aurait  par  lui-même  que  peu  d'intérêt;  et,  pour 
adopter  la  supposition  faite  avec  tant  de  confiance  par  M.  de 
Lasteyrie,  «  si  un  bijou  pareil  était  trouvé  dans  la  tombe  d'un 
évêque  aux  bords  du  Bhin  » ,  Dieu  sait  que  personne  ne  s'en 
prévaudrait,  et  n'y  donnerait  d'attention,  car  les  antiquaires 
allemands,  heureusement  pour  eux,  n'ont  que  l'embarras  du 
choix  entre  les  titres  de  leur  émaillerie  nationale ,  et  en  citent 
par  douzaines  des  exemples  plus  anciens,  plus  authentiques  et 
infiniment  plus  importants. 

Cette  bague  de  l'évêque  Grérard,  avec  les  émaux,  perdus 
aujourd'hui ,  qui  décoraient ,  au  xvi«  siècle ,  le  tombeau  de  saint 
Front  sculpté,  en  4077,  par  un  moine  de  La  Chaise-Dieu ,  mais 
remanié,  au  xiii*  siècle ,  par  l'évêque  P.  de  Saint-Astier  et,  au 
XV*  siècle,  par  le  cardinal  de  Bourdeilles,  voilà  tout  le  bagage  de 
l'émaillerie  limousine  au  xi'  siècle.  —  Je  me  trompe  :  il  y  a  aussi 
un  petit  orfroi  de  chape  possédé  par  M.  de  Lasteyrie  après 
M.  Maurice  Ardant ,  et  qui  représente  un  agneau  pascal  fort 
grossièrement  dessiné,  avec  une  inscription  oii  M.  Léopold 
Delille  a  reconnu  les  caractères  en  usage  au  commencement  du 
XI*  siècle.  Sans  contredire  un  paléographe  et  un  historien  aussi 
justement  renommé  que-  M.  Delille,  je  pourrais  objecter  que 
l'épigraphie  limousine  est  souvent  en  retard  d'après  les  obser- 
vations spéciales  du  savant  abbé^Texier  ;  de  sorte  que  les  carac- 
tères du  commencement  du  xi*  siècle  peuvent  se  montrer  encore 
à  la  fin  du  même  siècle  ou  dans  les  premières  années  du  siècle 
suivant  (4).  Mais  pourquoi  troubler  sans  nécessité  les  illusions 

(1)  Manua  d'épigraphie,  p.  50.  «  Les  inscriptions  d'orfèvrerie,  ajoute 
M.  Texier,  se  ressentent  de  leur  procédé  d'exécution.  »  Les  lettres 
épatées,  carrées ,  à  formes  droites,  sont  celles  que  trace  plus  facilement 
le  burin ,  ou  que  le  ciselet  poinçonne  plus  commodément.  Ce  sont  aussi 
celles  qui  paraissent  les  plus  anciennes. 


ET  LBS  ÉMAUX  LIMOUSINS.  25 

d'un  heureux  collectionneur?  Je  me  bornerai  à  répéter  que 
j'admets  l'existence  de  rémaillerie  limousine  dès  le  commen- 
cement du  XI*  siècle,  et  que  l'extrême  grossièreté  de  l'œuvre 
s'explique  plus  naturellement  par  rinexpérieuce  d'une  école 
toute  nouvelle  que  par  la  maladresse  exceptionnelle  d'un 
artiste. 

Quoi  qu'il  en  soit,  M.  de  Lasteyrie  ne  comprend  pas  comment 
j'ai  pu  dire  que,  jusqu'au  xii*  siècle,  jusqu'au  xv*  siècle  peut- 
être,  on  ne  connaît  aucun  émail  limousin  à  date  certaine^ 
J'espère  que  nos  lecteurs  ne  partageront  pas  cet  étonnement 
quand  ils  auront  va  ce  qui  précède.  J'avais  dit,  pour  plus  de 
clarté,  qu'on  n'avait  aucun  émail  limousin  qui  fût  daté  d'une 
manière  précise.  Il  me  semble  que  cela  est  exact,  au  moins 
ju.^qu'au  XII*  siècle,  et  nous  allons  voir  qu'il  en  est  ainsi  par  la 
suite.  —  Un  monument  à  daté  certaine,  celui  qui  sert  à  dater 
les  autres,  doit  aussi  avoir  une  date  précise;  et,  s'il  consiste  en 
un  objet  portatif ,  sa  provenance  ne  doit  pas  être  douteuse  le 
moins  du  monde.  —  En  fait  d'émaux  limousins ,  M.  de  Lasteyrie 
en  connaît-il  réellement  beaucoup  qui  répondent  à  ces  condi- 
tions? —  Nous  aussi  nous  connaissons  un  assez  grand  nombre 
d'émaux  que  des  analogies  générales  de  style  et  des  raisons  de 
voisinage  permettent  d'attribuer  au  xn*  ou  au  xiii*  siècle  et  aux 
ateliers  .de  Limoges. 

Ce  ne  sont  pas  là  cependant  des  émaux  limousins  à  date 
certaine  ni  à  date  précise,  et  la  preuve  c'est  que,  si  M.  de 
Lasteyrie  se  hasarde  à  citer  des  exemples ,  il  se  trouve  qu'ils 
portent  tous  à  fiaux  sans  exception. 

Ainsi  Éléonore  d'Aquitaine  a  donné ,  en  H  37 ,  à  Louis  YII  un 
vase  en  cristal  dont  le  pied  est  décoré  aujourd'hui  d'armoiries  en 
taille  d'épargne,  et  M.  de  Lasteyrie  de  s'écrier  que  ces  émaux- 
là  ne  venaient  pas  d'Allemagne  !  —  Non ,  ils  n'en  venaient  point; 
mais  venaient-ils  davantage  de  Limoges  ?  —  D'abord  beaucoup 
de  gens  croient  que  les  quatre  écussons,  tous  aux  armes 
de  France ,  du  vase  d'Éléonore  ont  été  ajoutés  après  coup ,  par 
exemple  au  xiv*  siècle,  pour  remplacer  autant  de  pierres 
précieuses  employées  à  un  autre  usage.  On  s'explique  ainsi  la 
forme  inusitée  des  écussons,  qui  sont  arrondis,  celle  des  fleurs 
de  lis,  qui  est  relativement  récente,  et  enfin  l'absence  des 
armoiries  de  la  donatrice. 

Hais  tenons  un  moment  les  émaux  dont  il  s'agit  pour  des 
œuvres  authentiques  du  xn*  siècle.   —  Le  vase   d'Éléonore, 


S6  LES  éttAUX  DALLBMAGNB 

que  coufierve  le  musée  des  Souverains ,  après  avoir  été  donné  par 
un  certain  Métadol ,  —  quelque  émir  d'Espagne ,  —  à  un  duc 
d'Aquitaine ,  et  par  Éléonore  h  son  mari ,  fut  cédé  par  ce  dernier 
à  Tabbaye  de  Saint-Denis.  C'est  Tabbé  Suger  qui  a  fait  faire  la 
monture  en  métal  où  se  voient  les  écussons  émaillés,  car  c'est  lui 
qui  parle  dans  l'inscription  qui  y  est  gravée,     x 

—  Or  Suger,  à  cette  époque,  avait  à  son  service  sept 
émailleurs  lorrains.  —  C'était  par  pur  caprice,  nous  dit-on, 
puisqu'il  connaissait  Limoges  et  l'incontestable  supériorité  de 
ses  artistes.  Mais ,  aussi,  restreinte  que  l'on  se  figure  la  région 
désignée  au  xii*  siècle  par  le  mot  de  Lorraine,  toujours  est-il  que 
le  grand  abbé  de  Saint-Denis  avait  emprunté  ses  émaux  à  l'art 
germanique;  car,  pendant  toute  la  période  romane,  la  Lorraine 
entière,  et,  en  particulier  la  province  française  qui  porte 
aujourd'hui  ce  nom ,  appartient  sans  partage  au  style  allemand. 
Depuis  le  congrès  archéologique  de  Metz ,  c'est  un  fait  admis  par 
tout  le  monde. 

M.  de  Lasteyrie  chercherait  à  Trêves  plutôt  qu'à  Cologne ,  et  à 
Verdun  plutôt  qu'à  Trêves,  le  lieu  de  naissance  de  ces  artistes 
lorrains. 

En  effet ,  l'église  de  Trêves ,  comme  M.  de  Roisin  (4  )  Ta  montré , 
était  en  possession  de  fournir  des  émaux  à  celle  de  Reims,  a  sa 
sœur  »,  et  le  fameux  calice  attribué  à  saint  Remy  (2)  n'a  proba- 
blement pas  d'autre  provenance.  Verdun  a  produit  aussi  des 
émailleurs  excellents  que  les  déplacements  n'effrayaient  point. 
M.  Didron  vient  de  retrouver  à  Tournay  (3)  la  trace  de  ce  Nicolas 
de  Verdun  qui  avait  doté  l'abbaye  autrichienne  de  Kloster- 
nenbourg  de  son  beau  rétable  émaillé.  Déjà,  en  4184,  selon 
M.  Darcel  (4)  et  selon  M.  de  Lasteyrie  lui-même,  il  était  en 
avance  sur  les  émailleurs  limousins,  car  à  Klosternenbourg 
toutes  les  figures  sont  «  réservées  »  et  dorées  sur  fond  d'émail , 
ce  qui  ne  se  fait  généralement  qu'un  peu  plus  tard.  A  Tournay, 
en  4S05,  sa  manière  s'est  transformée  encore  pour  obéir  à  la 
mode  la  plus  nouvelle.  Dans  la  châsse  de  Notre-Dame,  due 
à  Nicolas  de  Verdun ,  et  que  la  cathédrale  de  Tournay  conserve 
à  côté  de  celle  de  Saint-Éleuthère ,  plus  belle,  mais  plus  récente , 

(1)  La  Cathédrale  de  Trêves,  par  le  liaron  F.  de  Roisin,  p.  66. 

(2)  Am.  arch. ,  T.  U ,  p.  813. 

(3)  Nicolas  de  Verdun,  émaiUewr  du  XII*  siècle,  par  M.  Didron  :  Ann, 
arch. ,  T.  XXU ,  p.  200. 

(4)  Bœcursûm  artistique  m  Allemagne ,  par  A .  Daral ,  Paris ,  1862 ,  p.  20 


ET   LBS   ÉMAUX    LIMOUSINS.  27 

tous  les  personnages  sont  en  relief  sur  un  fond  de  métal  : 
rémaillerie  ne  sert  plus  qu'aux  bordures,  et  s'efface,  selon  l'usage 
allemand  du  xiir  siècle,  devant  les  progrès  de  l'orfèvrerie 
sculptée. 

C'était  sans  doute  un  artiste  laïque  que  notre  émailleur,  et  il 
paraît  s'être  fixé  définitivement  à  Tournay,  car  dans  la  suite  , 
en  4947 ,  les  registres  municipaux  disent  qu'un  certain  Golars  de 
Verdun  fut  reçu  bourgeois  à  taux  réduit  comme  fils  de  bourgeois. 
Ce  devait  être  le  fils  de  l'émailleur,  car  il  a  le  même  nom  et  le 
même  prénom  au  diminutif.  Seulement  sa  profession  a  un 
peu  changé.  Comme  l'émaillerie  s'en  va,  le  fils  de  Nicolas 
de  Verdun  s'est  fait  verrier,  un  des  métiers  qui  se  rapprochent  le 
plus  de  celui  d'émailleur. 

Quoi  qu'on  puisse  penser  des  derniers  chapitres  de  cette 
curieuse  biographie  d'artiste ,  Verdun ,  qui  envoyait  des 
émailleurs  à  Elostemenbourg,  a  pu  tout  aussi  bien  en  envoyer  à 
Saint-Denis,  où  ils  auraient  eu  sur  d'autres  Lorrains  l'avantage 
de  se  faire  comprendre  facilement  de  ceux  qui  les  employaient  et 
de  ceux  qui  les  secondaient  dans  leurs  travaux.  Mais ,  bien  que 
Nicolas  de  Verdun  parlât  un  dialecte  français,  bien  que  nous 
devions  aujourd'hui  nous  intéresser  h  lui  comme  à  un  com- 
patriote ,  il  appartenait ,  répétons-le ,  à  l'école  allemande  ;  et ,  les 
émailleurs  de  Suger  eussent-ils  eu  exactement  la  même  origine , 
la  signification  naturelle  de  l'appel  qui  leur  fut  fait,  c'est 
assurément  de  témoigner  en  faveur  de  l'ancienneté  et  de  la 
supériorité  relative  de  l'émaillerie  germanique. 

Peu  de  temps  après  la  construction  de  Saint-Denis,  on 
émaille  l'admirable  plaque  de  Geoffroy  Plantagenet  conservée 
au  musée  du  Mans,  et,  selon  M.  deLasteyriè,  ce  n'est  pas  du 
premier  coup  que  l'école  limousine  arrive  à  de  telles  œuvres. 
Cette  fois  toutes  les  vraisemblances  étaient  en  faveur  de 
Limoges,  puisque  Geof&oy  d'Anjou  est  mort  en  4  454 ,  précisément 
un  an  avant  que  son  fils  épous&t  Éléonore  d'Aquitaine ,  et  deux 
ans  avant  qu'il  allftt  se  faire  couronner  dans  l'abbaye  de 
Saint-Martial.  Bien  m'en  a  pris  cependant  de  dire  qu'il  était 
seulement  «  probable ,  et  non  certain ,  »  que  la  tombe  émaillée  de 
Geoffix>y  avait  été  faite  à  Limoges.  Au  lieu  de  m'avertir  qu'il 
n'y  avait  plus  à  hésiter,  M.  Hucher  du  Mans  m'aurait  saisi  en 
flagrant  délit,  comme  M.  Labarte,  qui  avait  cru  pouvoir 
attribuer  la  plaque  de  Geoffroy  aux  dernières  années  du 
xir  siècle,  comme  M.  le  comte  Clément  de  Ris,  qui  était  allé 


28  LES   ÉMAUX   D*ALLEMAGNB 

jusqu'au  commencement  du  xiir  siècle.  M.  Hucher  n'a  pas 
seulement  prouvé,  conformément  aux  prévisions  de  M.  de 
Lasteyrie ,  «  qu'on  se  plaisait  à  rajeunir  ce  monument  en  con- 
testant bien  arbitrairement  son  authenticité  »  ;  il  a  montré  de 
plus,  par  des  textes  contemporains  aussi  clairs ,  aussi  concluants 
que  possible,  qu'il  était  l'œuvre,  non  du  roi  Henri,  mais  de 
l'évoque  du  Mans  Guillaume  de  Passavant.  Le  moine  Jean  de 
Marmuntiers  dans  sa  <r  Chronique  de  Geoffroy  ]> ,  dédiée  à  ce 
prélat  lui-même ,  dit  en  effet  :  a  II  fut  inhumé  dans  la  très- 
sainte  église  de  Saint-Julien  du  Mans,  dans  un  très-noble 
mausolée  que  l'évoque  Guillaume,  de  pieuse  mémoire,  avait 
élevé  à  sa  noblesse.  On  y  voit  l'image  révérée  du  comte ,  honora- 
blement imprimée  en  or  et  en  pierreries,  dans  l'attitude  d'un 
prince  qui  semble  vouloir  abattre  l'orgueil  des  superbes,  et  faire 
grâce  aux  humbles  (4).  —  L'évoque  établit  à  perpétuité  et  dota 
suffisamment  un  chapelain ,  qui  fut  chargé  d'offrir  tous  les  jours 
pour  Geoffroy  le  divin  sacrifice  à  Tautel  du  Crucifix,  près  duquel 
cet  excellent  comte  repose ,  afin  que  le  Dieu  bon  et  miséricor- 
dieux daigne  avoir  pitié  de  ce  prince  si  miséricordieux  lui- 
même.  » 

Je  n'irai  pas  jusqu'à  dire ,  avec  M.  Hucher,  que  le  tombeau 
émaillé  de  Geoffroy,  dont  la  plaque  conservée  au  musée  n'était 
que  la  pièce  principale,  avait  été  élevé  «  du  vivant  de  ce 
prince  »  :  les  expressions  du  chroniqueur  ne  me  semblent  pas 
assez  formelles  pour  cela.  Préparer  la  sépulture  d'un  homme  de 
quarante  ans  plein  de  vie  et  de  santé,  ce  serait  un  excès  de 
prévoyance  qui  n'est  pas  présumable,  et  que  les  empereurs 
romains  auraient  qualifié  de  lèse-majesté.  Mais  on  conciliera 
tout  en  admettant  que  les  restes  de  Geoffroy  Plantagenet  furent 
déposés  provisoirement,  selon  l'usage,  ou  sous  le  pavé  ou 
partout  ailleurs  que  dans  le  mausolée  destiné  à  les  recevoir 
après  le  temps  strictement  nécessaire  à  son  achèvement.  — -  Il 
nous  suffit  de  savoir  que  le  tombeau  de  Geoffroy  fut  conçu,  et 
probablement  exécuté ,  avant  le  couronnement  d'Henri  II,  par 
l'évêque  seul ,  dont  il  est  l'œuvre  personnelle.  Henri  II  lui-môme 

(1)  «  Humatus  est  autem  in  sanctissima  beati  Juliani  CœnomanensiB 
ecclesia,  in  nobilissimo  mausolée  quod  ei  nobilitati  episcopus  piœ  recor- 
dationis  Guillielmus  nobiliter  exstruxerat.  Ibi  siquidem  effigiati  comitis 
reverenda  imago  ex  awro  et  lapidilnu  impressa  ^  superbis  ruinam 
humilibus  gratiam  distribuere  videtur.  n  —  Cest  la  paraphrase  de  Tins- 
cription. 


4ST   LES   ÉMAUX   LIMOUSINS.  29 

nV  prit  aucune  part,  et  laissa  à  Guillaume  le  soin  de  le  doter 
d'un  service  quotidien.  Ce  ne  fut  qu'en  4  464  que  ce  prince 
songea  à  fonder  deux  autres  messes  &  célébrer  chaque  jour 
devant  le  sépulcre  de  son  père,  dont  il  constate  l'existence  sans 
réclamer  Thonneur  de  l'avoir  élevé  (4).  Du  reste  l'inscription  de 
la  plaque  émaillée  confirme  le  témoignage  des  chroniques,  et 
conserve  au  tombeau  de  Geoffroy  le  caractère  d'une  création 
ecclésiastique.  Entre  toutes  les  qualités  du  défunt,  celle  qu'on 
exalte  devait  être  particulièrement  appréciée  par  un  évêque  : 

Bnse  tno  princeps  predonum  turba  fagatur 
Ecclesiisque  quies  paoe  vigente  datar. 

M.  de  Lasteyrie  ne  connaît  pas  encore  ces  documents,  tant  la 
publicité  est  lente  en  archéologie;  mais  il  lui  sufSra  pour  les 
consulter  d'ouvrir  le  tome  XXYI  du  Bulletin  monumental  (2).  Dans 
un  autre  volume  du  même  recueil  (3),  il  se  convaincra  de  plus 
que,  dans  le  premier  domaine  des  Plantagenets ,  la  tombe 
de  Geoffroy  n'offrait  pas  le  seul  ni  le  plus  ancien  exemple  d'une 
efiOlgie  émaillée  de  médiocre  dimension  incrustée  dans  un  grand 
sépulcre.  La  tombe  de  l'évêque  d'Angers  Fulger,  mort  en  4449, 
est  décisive  à  cet  égard ,  et  se  trouve  dessinée  avec  ses  vives 
couleurs  dans  la  collection  Gaignières,  ainsi  que  plusieurs 
autres  tombes  émaillées  d'Angers  et  du  Mans,  mais  plus  récentes. 
H.  de  Caumont  en  a  donné  d'excellentes  gravures. 

En  4449,  pas  plus  qu'en  4454 ,  le  Maine  et  l'Anjou  n'avaient 
rien  de  commun  avec  le  Limousin.  Au  contraire,  ces  deux 
provinces  accueillaient  déjà  le  style  ogival ,  propagé ,  sinon  créé, 
par  Suger  et  son  abbaye.  Aussi  la  tombe  de  Fulger  a-t-elle  ses 
arcatures  en  ogive  :  chose  sans  exemple  à  cette  époque  en 
Limousin  I  II  ne  reste  donc  aucune  raison  de  faire  honneur 
à  l'école  de  Limoges  de  la  plaque  émaillée  de  Geoffroy.  Elle  se 
rattacherait  plutôt  à  l'école  allemande  naturalisée  à  Saint-Denis, 
ce  que  confirmerait  la  prédominance  des  tons  verts  que  j'y  ai 
remarqués.  Quand  on  se  rappelle  ce  crucifix  colossal,  ces  candé- 
labres et  toutes  ces  œuvres  des  émailleurs  lorrains  de  Saint- 
Denis;  quand    on  songe  qu'une  prébende  avait  été    affectée 

(1)  Bulletin  monumental,  1860,  T.  XXYI,  p.  695. 

(2)  L'émail  de  Geoffroy  Plantagenet ,  par  M.  B.  Hucher,  p.  669-696. 

(3)  Rapport  sur  des  statues  tombales  en  métal,  par  M.  de  Caumont  : 
Bua,  monum.,  T.  XXI,  p.  460. 


30  LBS   ÉMAUX   D'aLLRMAGNE 

à  perpétuité  à  l'artiste  chargé  de  les  entretenir,  il  est  impossible 
de  ne  pas  croire  qu'on  a  été  tenté  parfois  de  les  imiter  dans 
le  voisinage.  Du  moment  où  Ton  admet  la  pluralité  des  écoles , 
on  peut  donc  très-bien,  sans  contester  à  T Allemagne  le  titre  qui 
résulte  pour  elle  du  livre  de  Suger,  dire  que  la  France  du  Nord 
a  eu  aussi  son  école ,  importée  ou  native ,  mais  vivace  et  féconde. 
Les  belles  crosses  trouvées  par  M.  Godard-Faultrier  dans  les 
fouilles  de  Tabbaye  de  Tous-les-Saints  à  Angers ,  les  admirables 
tombeaux  émaillés,  d'un  style  si  noble  et  si  pur,  desHinés  par 
Gaignières,  à  Braisne,  par  exemple,  aussi  bien  qu'à  Angers  et  au 
Mans,  en  relèveraient  logiquement;  et,  s'il  fallait,  en  l'absence 
de  toute  indication  historique,  essayer  dans  les  provinces  du 
Nord  un  triage  de  ce  qui  provient  de  Limoges,  ce  serait,  je  suis 
fâché  de  l'avouer,  au  dessin  plus  raide ,  plus  roman  de  certaines 
effigies  émaillées  du  xiii»  siècle  qu'il  faudrait  leur  reconnaître 
cette  origine,  notamment  pour  ces  statues  de  deux  enfants 
de  saint  Louis  transportées  de  Royaumont  à  Saint-Denis  (4), 
qui  retardent  si  visiblement  sur  leur  date ,  comme  le  font  en 
général  les  édifices  et'  les  sculptures  gothiques  du  Limousin , 
jusqu'au  moment  oii  fut  commencée  par  des  architectes  du  Nord 
la  cathédrale  de  Saint-Étienne. 

Indépendamment  de  ces  importations  allemandes  et  limou- 
sines ,  les  germes  de  l'émaillerie  paraissent  avoir  existé  très- 
anciennement  dans  la  région  dont  Paris  est  le  centre  artistique. 
Une  remarque  nous  porterait  du  moins  à  l'avancer  :  il  y  avait  à 
Saint-Germain-des-Prés ,  et  il  y  a  encore  à  Saint-Denis ,  une 
dalle  où  Frédégonde  est  représentée  en  mosaïque.  D'après  M.  le 
baron  de  Guilhermy,  si  bon  juge  en  pareille  matière ,  cette  tombe 
a  été  refaite,  avec  plusieurs  autres,  vers  le  commencement 
du  XI*  siècle  ;  mais ,  dans  tous  les  cas ,  elle  est  très-ancienne.  Or 
le  mosaïste ,  impuissant ,  dans  sa  maladresse ,  à  rendre  par  des 
cubes  de  verre  ou  de  marbre  le  dessin  de  cette  effigie  de 
Frédégonde,  a  imaginé  de  marquer  tous  les  contours,  tous  les 
plis  intérieurs  du  vêtement,  par  de  minces  filets  de  cuivre  doré. 
—  N'est-ce  pas  un  emprunt  non  équivoque  aux  procédés  de 
l'émaillerie  cloisonnée  ? 

Au  XIV»  siècle ,  plusieurs  émaux,  notamment  le  piédestal  d'une 
statue  de  la  sainte  Vierge  donnée  par  la  reine  Jeanne,  et 
conservée  au  musée  des  Souverains ,  offrent  tous  les  caractères  de 

(1)  Voyez  la  Monographie  de  Saint-Denis,  par  M.  de  Guilhermy,  p.  164. 


ET  LBS  ÉMAUX   LIMOUSINS.  31 

l'art  du  nord  de  la  France  ;  d'ailleurs  dans  la  liste  des  orfèvres 
parisiens  il  se  trouve  sept  artistes  qui  tiraient  leur  surnom  de  la 
ville  de  Limoges  (4).  Pourquoi  auraient-ils  oublié  le  secret  des 
émaux  en  changeant  de  résidence?  Il  y  a  aussi  des  émaux 
anglais  indépendamment  des  émaux  saxons. 

Dès  la  première  moitié  du  xir  siècle ,  Tévêque  de  Winchester 
Henri  de  Blois ,  frère  du  roi  Etienne ,  fait  exécuter  un  bassin 
émaillé,  de  forme  oblongue ,  dont  les  extrémités ,  semi-circu- 
laires, sont  conservées  au  musée  Britannique.  Le  donateur  y  est 
représenté  tenant  Tobjet  qu'il  offre  à  l'église ,  avec  l'inscription 
d'Henricus  episcopus.  Son  nom  est  encore  répété  dans  les  vers  qui 
bordent  le  bassin  sur  deux  lignes  concentriques....   Dona  dot 
Henricus  vivus  in  œre  Deo...  —  On  y  fait  d'ailleurs  des  vœux  pour 
l'Angleterre,  et  l'on  vante  môme  l'art  des  émaux....  i4tiro  gemmis- 
que  frriar.  Tout  en  évitant  de  se  prononcer  positivement  sur  la 
provenance  de  ce  curieux  émail,  qui  a  dû  être  fait  de  4439  à 
4446,  M.  Franck  inclinerait  à  penser  qu'il  est  Limousin  par  la 
seule  raison  que  Tévêque  Henri  de  Blois  était  Français.  Cepen- 
dant le  comté  de  Chartres  et  de  Blois  n'avait  encore,  de  4439  à 
4446 ,  que  bien  peu  de  relations  avec  le  Limousin ,  tandis  qu'il 
touchait  à  Paris ,  à  Saint-Denis ,  oti  Henri  a  dû  prendre  à  la  fois 
rémaillerie  et  l'architecture  ogivale,  dont  le  chœur  de  l'église  de 
Sainte-Croix,  bâti  par  lui  à  Winchester,  est  le  plus  ancien 
spécimen  en  Angleterre.  Je  ne  prétends  donc  pas  rattacher 
rémail  de  Henri  de  Blois  aux  émaux  saxons ,  —  il  ressemble  trop 
pour  cela  à  certains  émaux  du  continent;  —  je  crois  qu'il  a  été 
fait  par  un  artiste  de  l'école  allemande  ou  franco-allemande, 
mais  en  Angleterre  et  sous  les  yeux  du  donateur.  Dans  tous  les 
cas ,  il  rappelle  moins  les  émaux  limousins  que  ceux  de  l'Anjou 
et  surtout  de  l'Allemagne,  dont  il  reproduit  les  tons  clairs  et 
doux,  011  le  vert  prédomine,  ainsi  que  l'intarissable  faconde. 
Autant  en  effet  les  émaux  limousins  sont  sobres  d'inscriptions , 
autant  les  émaux  de  l'école  allemande  en  sont  prodigues.  Ainsi , 
au  Musée  Britannique ,   cinq  émaux ,  qui  sont  donnés  comme 
allemands,  sont  couvert  d'inscriptions  en  lettres  toutes  pareilles 
à  celles  du  bassin  d'Henri  de  Blois ,  tandis  que  les  émaux  limou- 
sins, au  nombre  de  dix,  sont  complètement  muets. 

Lorsque  l'émaillerie,  déjà  pratiquée  depuis  plus  ou  moins 
long-temps  par  des  la'îques,  devient  un  art  industriel;  lorsque 

vl)  Texier,  Dict.  d'orfèvrerie,  p.  991. 

* 


32  LBS   ÉMAUX   DALLEMAGNB 

les  émaux,  au  lieu  de  se  faire  su;r  commandes,  donnent  lieu  à 
un  commerce  régulier,  TAngleterre  en  achète  à  Limoges  en  assez 
grande  quantité  pour  que  le  mot  d'csuvre  de  Limoges  désigne 
clairement  un  objet  émaillé:  Mais  le  premier  achat  de  ce  genre 
qui  soit  constaté  historiquement  se  rapporte  à  Texil  de  Thomas 
Becket  en  France,  probablement  à  sa  rentrée  en  Angleterre, 
c'est-à-dire  à  4  469.  Les  faits  analogues  se  multiplient  dans  le 
commencement  du  ziii*  siècle,  car  ils  étaient  très-rares  jusque  là, 
et  il  n'y  en  a  que  trois  pour  toute  l'Europe  jusqu'à  4200. 

Plus  tard,  dans  la  seconde  moitié  du  xiii'  siècle,  les  artistes 
de  Limoges  exécutent  des  tombeaux  émaillés  pour  des  prélats  et 
des  seigneurs  anglais.  Ils  n'étaient  pas  les  seuls  et  n'avaient  pas 
été  les  premiers  à  en  faire.  Nous  avons  vu  que  les  tombes  de 
Fulger  et  de  Geoffroy,  qui  affectent  encore  la  forme  d'une 
grande  châsse,  étaient  incontestablement  les  plus  anciens 
temples.  Nous  allons  voir  bientôt  que  la  tombe  d'Henri  de 
Champagne,  où  il  y  avait  une  statue  couchée  dans  une  châsse  à 
jour,  vient  après.  Les  premières  tombes  émaillées  dont  il  soit 
question  en  Limousin  sont  celles  d'un  évêque  de  Cahors  et  d'un 
archevêque  de  Lyon  (4)  qui  vinrent  mourir  à  Grandmont  sous  le 
pontificat  d'Innocent  III;  mais,  au  xiii*  siècle,  les  tombes 
émaillées  continuaient  à  être  d'un  usage  général  dans  le  nord  de 
la  France,  particulièrement  à  Angers  et  au  Mans.  Les  Allemands 
seuls  paraissent  n'en  avoir  jamais  fait. 

A  notre  avis ,  les  tombes  émaillées  de  Limoges  se  distinguaient 
des  autres,  au  xiii*  siècle,  par  un  procédé  particulier,  le  travail 
au  repoussé ,  appliqué  au  cuivre  ;  car,  pour  l'or  et  l'argent ,  il  est 
d'un  usage  plus  général.  Formées  d'un  assemblage  de  petites 
feuilles  de  cuivre ,  elles  employaient  infiniment  moins  de  métal 
que  les  statues,  coulées  d'un  seul  jet,  du  nord  de  la  France; 
comme  les  châsses  de  pacotille  et  les  autres  œuvres  de  Limoges, 
elles  se  recommandaient  par  l'économie ,  cause  bien  prosaïque 
mais  bien  puissante  de  succès. 

Aussi  nous  voyons,  en  4277,  les  exécuteurs  testamentaires  de 
Gauthier  de  Merthon,  évêque  de  Rochester,  payer  une  certaine 
somme,  assez  faible,  40  liv.  sterling;  à  Jean  de  Limoges,  pour 
le  prix  d'une  tombe,  non  compris  les  frais  de  voyage  de  l'aide 

(1)  ÉmaiUerie  de  Limoges,  p.  84.  Gauthier  de  Merthon  était  chancelier 
d'Angleterre,  et  il  avait  dû  venir  k  Limoges  avec  Edouard  !•'  en  12^4. 
V.  Bickman,  édition  de  1862,  p.  319.  . 


ET   LBS   ÉMAUX   LIMOUSINS.  33 

qui  vient  la  poser,  et  les  honoraires  d'un  certain  homme  de 
confiance  chargé  d'arrêter  le  plan  et  d'en  surveiller  l'exécution. 
Ce  monument  n'existe  plus  par  malheur  :  peut-être  seulement 
retrouve-t-on,  à  l'extrémité  du  chœur  de  Rochester,  le  socle,  en 
marbre  noir,  qui  supportait  la  statue  de  Gauthier  de  Merton.  — 
Pour  avoir  une  idée  de  ces  tombeaux  de  Limoges,  il  faut  recourir 
à  celui  d'Aymar  de  Valence,  comte  de  Pembroke,  à  Westmins- 
ter. Cette  fois ,  il  n'y  a  point  de  texte ,  mais  toutes  les  circons- 
tances concourent  à  révéler  un  produit  distingué  de  l'émaillerie 
limousine.  D'abord  ce  comte  de  Pembroke  neveu  du  roi  Henri  III 
était  non-seulement  un  Français,  mais  un  Aquitain,  car  il 
descendait  de  l'illustre  maison  de  Lusignan.  Son  père,  Guillaume 
de  Valence ,  troisième  fils  du  comte  de  la  Marche  et  d'Isabelle 
d'Angoulême,  avait  été  sénéchal  du  Limousin  pour  Edouard  I"" 
et  seigneur  de  la  ville  limousine  de  Bellac.  Il  joint  lui-même 
sur  son  sceau  à  ses  titres  anglais  celui  de  seigneur  de  Montignac 
(sur  Charente).  Enfin  il  portait,  ainsi  que  plusieurs  membres  de 
sa  famille,  le  prénom  héréditaire  des  vicomtes  de  Limoges,  dont 
il  était  le  proche  parent.  Aymar  de  Pembroke  avait  donc  toutes 
sortes  d'afltoités  et  de  relations  avec  le  Limousin ,  où  quelques- 
uns  de  ses  ancêtres  avalent  choisi  leur  sépulture.  Il  était  tout 
simple  que  le  talent  des  émailleurs  de  Limoges  fût  connu  et 
apprécié  dans  cette  famille. 

La  statue  d'Aymar  de  Pembroke  se  trouve  dans  une  des 
chapelles  méridionales  du  chœur  de  Westminster.  Elle  est  cou- 
verte d'une  armure  complète,  et  repose  sur  un  socle  en  bois 
décoré  d'une  arcature,  et  exhaussé  lui-même  sur  un  autre  socle 
en  pierre  sculptée.  La  statue  est  aussi  de  bois  revêtu  de  feuilles 
de  cuivre  travaillées  au  repoussé ,  et  assez  adroitement  assem- 
blées pour  que  les  points  de  raccord  soient  encore  aujourd'hui 
peu  apparents.  Il  n'y  a  d'émaillé  que  le  coussin  sur  lequel 
s'appuie  la  tête,  le  bouclier,  placé  immédiatement  sur  la 
poitrine ,  le  ceinturon  et  les  attaches  des  éperons  :  le  reste  est 
doré;  mais  ces  émaux  sont  exécutés  avec  beaucoup  de  finesse,  et 
ils  sont  répartis  avec  goût,  de  manière  à  produire  un  excellent 
effet.  Le  même  système  de  décoration  avait  été  appliqué  au 
coffre  en  bois  qui  supporte  la  statue.  Il  était  aussi  revêtu  de 
feuilles  de  cuivre ,  et ,  dans^le  champ  des  arcatures ,  des  figu- 
rines sur  fond  d'émail  représentaient  probablement  les  parents 
ou  les  officiers  du  comte  Aymar,  ou  simplement  des  c  pleu- 
reurs 9 ,  tandis  que  des  écussons  aux  couleurs  des  Lusignans 


34  LES  éUAUX  d'allemagnb 

garnissaient  les  tympans  des  arcades.  Mais  ce  revêtement  a  été 
enlevé  presque  en  totalité,  surtout  sur  la  face  qui  regarde  le 
bas-côté  de  Téglise.  On  ne  voit  plus  guère  aujourd'hui  que  des 
lettres  et  autres  points  de  repère  gravés  profondément  sur  le 
bois  du  sarcophage,  dans  chaque  arcade  feinte  et  dans  chaque 
tympan.      » 

J'ai  relevé  avec  soin  toutes  ces  marques,  analogues  aux 
marques  d'appareilleurs;  mais  il  y  aurait  peu  d'utilité  à  les 
reproduire  ici  :  il  suffît  de  les  signaler,  et  de  les  donner  pour 
preuve  de  la  provenance  lointaine  du  monument.  —  Évidem- 
ment le  maître  qui  avait  conçu  et  exécuté  les  plaques  émaillées 
ne  devait  pas  les  mettre  lui-même  en  place  lorsque  toutes  les 
pièces  du  tombeau  seraient  arrivées  à  leur  destination.  Cîomme 
pour  révêque  de  Rochester,  un  artiste  moins  relevé,  un  aide 
restait  chargé  d'accompagner  Tœuvre  à  Westminster,  et  de  la 
reconstituer  pièce  à  pièce ,  après  lui  avoir  épargné  les  accidents 
qu'un  long  voyage  en  chariot  aurait  infailliblement  occasionnés 
sans  cette  précaution.  ^ 

Je  trouve  une  autre  preuve  de  Torigine  du  tombeau  d'Aymar 
de  Pembroke  dans  les  différences  singulières  que  l'on  remarque 
entre  les  écussons  émaillés  et  les  écussons  sculptés  sur  la  pierre. 
Ces  derniers  sont  burelés  de  sept  pièces,  comme  le  sceau 
d'Aymar;  les  autres  sont  burelés  de  onze  pièces,  ainsi  que 
l'usage  s'en  était  établi  en  France  pour  les  derniers  Lusignans. 
De  môme  les  merlettes  qui  servent  de  brisure  sont  au  nombre 
de  neuf  dans  les  écussons  sculptés  et  dans  le  sceau ,  tandis  que, 
SUT  le  bouclier  du  comte,  elles  sont  portées  au  nombre  de  vingt. 
L'émailleur  a  de  plus  fait  courir  un  léger  et  élégant  rinceau  sur 
les  étroites  bandes  d'azur  qui  alternent  avec  des  bandes  d'or 
dans  l'écusson  burelé  des  Lusignans;  mais  je  ne  vois  dans  cette 
licence  qu'un  caprice  de  l'artiste  et  un  ornement  de  fantaisie. 

Un  artiste  anglais,  M.  Burges,  dont  on  se  rappelle  les 
succès  au  concours  de  Lille,  m'a  indiqué  à  Westminster  un 
autre  tombeau  très-mutilé,  dans  lequel  il  croit  reconnaître  les 
caractères  d'une  œuvre  de  Limoges.  La  statue  est  en  bois  en 
effet,  et  a  été  revêtue  de  feuilles  de  cuivre ,  enlevées  maintenant 
en  entier.  Mais  on  ne  comprend  pas  comment  ce  revêtement 
pouvait  être  émaillé ,  car  le  costume  est  celui  d'un  simple  moine. 
D'ailleurs  on  ignore  le  nom  du  religieux  de  haute  naissance 
auquel  cette  tombe  a  été  élevée,  ou  du  prélat  qui  a  voulu  par 
humilité  être  ainsi  représenté.  Ce  pourrait  être,  ce  me  semble, 


ET   LES    ÉMAUX   LIMOUSIN.  35 

un  autre  Aymar  de  Valence,  évêque  de  Winchester  en  4  460  (4), 
et  le  propre  frère  de  Henri  III ,  si  le  lieu  de  sa  sépulture  n'est  pas 
positivement  connu.  Ce  qui  est  certain,  c'est  que  c'était  un 
grand  personnage ,  car  il  a  été  enterré  à  une  place  plus  hono- 
rable qu'Aymar  de  Pembroke ,  dans  l'enceinte  môme  du  chœur, 
entre  les  deux  piliers  qui  sont  le  plus  à  l'est  ;  et  aujourd'hui  les 
Anglais ,  toujours  respectueux,  se  gardent  bien  de  déplacer  cette 
statue  informe  d'un  inconnu. 

A  côté  de  ces  productions,  plus  ou  moins  authentiques,  de 
l'école  limousine,  il  y  a  à  Westminster  d'autres  tombeaux 
en  métal  de  la  même  époque ,  mais  d'un  genre  tout  différent  et 
d'origine  purement  anglaise,  qui  sont  loin  de  me  paraître 
inférieurs  à  ceux  que  nous  venons  d'étudier.  Telle  est  la  statue 
de  la  reine  Éléonore ,  épouse  d'Edouard  I*^,  qui  a  dû  être  faite, 
comme  celle  du  comte  de  Pembroke,  dans  les  dernières  années 
du  xiTi*  siècle.  Elles  sont  correctes  l'une  et  l'autre  ;  mais  quelle 
différence  dans  la  grâce ,  l'expression ,  le  mouvement  et  l'élé- 
vation du  style  de  ces  statues  I  La  raideur,  la  sécheresse  de 
l'image  de  Pembroke  tiennent  sans  doute  en  partie  au  procédé 
d'exécution,  quoique  les  mêmes  défauts,  bien  plus  choquants 
dans  les  statues  de  Royaumont,  le  soient  bien  moins  dans 
certains  ouvrages  au  repoussé  faits  en  plein  xiv  siècle  ;  mais 
l'éclat  des  émaux  ne  les  compense  qu'imparfaitement  :  il  n'est 
personne  qui  ne  préfère  la  statue  d'Éléonore ,  coulée  en  bronze 
d'un  seul  jet,  et  uniformément  dorée.  Elle  a  coûté  plus  cher, 
parce  que  la  matière  première  y  est  employée  en  quantité  dix 
ou  vingt  fois  plus  considérable  ;  mais  aussi  comme  l'artiste  a  été 
plus  à  l'aise  pour  réaliser  l'idéal  qu'il  avait  en  vue  I  Comme  il  a 
créé  une  œuvre  plus  solide  et  plus  durable  I 

En  résumé ,  la  statue  de  Pembroke ,  qui ,  je  n'en  doute  pas ,  a 
été  faite  à  Limoges ,  se  rapporte  à  un  procédé  exceptionnel , 
singulier,  ingénieux ,  brillant  si  l'on  veut.  La  statue  d'Éléonore 
révèle  en  Angleterre  un  art  plus  mftle ,  plus  sûr  de  lui-même , 
et,  pour  tout  dire  en  un  mot,  plus  avancé. 

De  ce  que  remailler ie  limousine  a  envoyé  en  Angleterre,  dans 
la  seconde  moitié  du  xiii'  siècle,  deux  ou  trois  tombeaux  pour 
des  personnages  dont  l'un  au  moins  était  plus  Limousin 
qu'Anglais,  il  ne  faut  pas  conclure  que  tous  les  monuments  fu- 

(1)  Selon  Corlien,  il  résigna  son  évêché  à  un  de  ses  neveux,  nommé 
aussi  Aymar. 


36  LES   ÉMAVX    D'AIXGMAGNB 

néraires  oii  rémail  tient  une  place  quelconque,  aussi  petite  qu'on 
la  suppose,  sont  Tceuvre  de  nos  émailleurs.  On  avait  fait  des 
émaux  en  Angleterre  avant  que  Tabbaye  de  Wutgam  eût  reçu 
de  Limoges  des  couvertures  d'évangéliaires.  On  en  a  fait  aussi 
depuis  Gautier  de  Rochester  et  Aymar  de  Pembroke.  A  toutes 
les  époques,  un  art  si  simple,  et  qui  n'avait  rien  de  secret,  a  dû 
se  propager  dans  une  certaine  mesure.  Ainsi,  quand  nous  ren- 
controns à  Warwick  quelques  écussons  émaillés,  quatorze,  je 
crois,  employés  à  varier  le  soubassement  en  bronze  doré  d'un 
tombeau  magnifique,  et  tel  que  ni  le  Limousin  ni  la  France 
entière  n'en  ont  point  d'aussi  beau  au  xiv»  siècle,  pourquoi  nous 
figurer  qu'on  a  eu  besoin  de  faire  venir  de  Limoges  ces  menus 
accessoires,  malgré  la  guerre,  malgré  la  politique?  Lorsque, 
dans  le  tombeau  du  prince  Noir,  &  Cantorbéry,  nous  trouvons, 
outre  les  écussons  émaillés ,  un  ceinturon  égayé  par  quelques 
émaux ,  comment  le  détacher  de  la  statue  avec  laquelle  il  fait 
corps ,  statue  évidemment  anglaise  comme  Tarchitecture  de  son 
soubassement?  —  Il  suffit  de  savoir  que,  en  blason,  émail  est 
synonyme  de  couleur  pour  comprendre  que  les  armoiries  émail- 
lées  se  faisaient  à  peu  près  partout.  D'ailleurs  il  existe  au 
xîv«  siècle  une  espèce  d'émail  qu'on  appelle  à  Paris  «  émail 
d'Angleterre  ».  Pour  créer  un  genre  particulier  ne  fallait-il  pas 
commencer  par  faire  de  l'émaillerie  ordinaire? 

Revenons  aux  tombeaux  limousins  à  date  certaine.  On  sait 
qu'il  en  fut  fait  deux  pour  la  Bretagne  après  l'époque  où  la 
vicomte  de  Limoges  fut  portée  par  un  mariage  dans  la  maison 
ducale  de  ce  pays  ;  mais  ces  monuments ,  élevés  à  la  duchesse 
Blanche  (4)  et  à  Jeanne  d'Avaugour,  ne  sont  plus  connus  que  par 
des  textes  :  on  n'en  a  pas  même  de  descriptions. 

M.  de  Lasteyrie  nous  dit  que  «  les  tombes  des  comtes  de 
Champagne,  ces  voisins  immédiats  de  la  Lorraine,  et  presque 
de  l'Allemagne ,  étaient  ornées ,  on  le  sait ,  d'émaux  exécutés  à 
Limoges  (2)  ».  Il  y  a  dans  cela  quelque  chose  de  vrai;  car, 
en  4267,  le  jour  de  l'octave  de  saint  Luc,  Gui,  prieur  de 
Grandmont ,  écrivait  à  Thibaud  V ,  comte  de  Champagne  et  roi 
de  Navarre,  pour  le  prier  de  payer  à  Jean  Chatelat,  bourgeois 
de  Limoges,  le  prix  du  tombeau  de  Thibaud  IV,  son  père  (3)  ». 

(1)  Il  résulte  d*un  document  publié  par  M.  le  baron  de  Wismes  que 
cette  tombe  coûta  450  livres. 

(2)  Bulletin  Archéologique  du  Limousin,  T.  XII,  p.  114. 

(3)  ÉmaiUeurs  de  Limoges ,  p.  83. 


ET   LES  ÉMAUX   LIMOUSINS.  37 

il  y  a  aussi  des  erreurs  que  j'ai  contribué  moi-même 
à  propager.  —  Il  existait  &  Saint-Étienne  de  Troyes  deux  splen- 
dides  tombeaux  des  comtes  de  Champagne ,  et  ce  sont  les  seuls 
qui  soient  célèbres ,  les  seuls  que  Ton  connaisse  par  de  minu- 
tieuses descriptions ,  les  seuls  enfin  dont  Ton  sache  positivement 
qu'ils  étaient  décorés  d'émaux. 

Le  premier,  qui  renfermait  la  dépouille  mortelle  du  comte 
Henri  P'  le  Libéral ,  avait  l'aspect  d'une  grande  châsse  à  jour, 
dans  l'intérieur  de  laquelle  se  trouvait  une  statue  couchée.  Cette 
statue  était  en  bronze  doré  comme  l'ensemble  du  tombeau ,  mais 
le  deasus  de  la  châsse  offrait  deux  statuettes  :  l'une,  de  Henri  P'; 
l'autre,  de  saint  Etienne,  en  demi-relief  et  en  argent.  Elles  se 
trouvaient  de  chaque  côté  d'une  grande  croix  dont  le  sommet 
portait  un  sujet  émaillé  tiré  des  prophéties  dlsa'ie  et  quelques 
figurines  aussi  en  argent.  Tous  les  autres  émaux ,  disposés  par 
petites  plaques,  alternaient  sur  les  frises  avec  des  ornements 
ciselés ,  comme  dans  la  châsse  des  Trois-Rois  à  Cologne.  Aucun 
doute  n'est  possible  à  cet  égard,  car  on  a  de  ces  tombeaux  non- 
seulement  leur  description ,  mais  un  ancien  dessin  trës-étudié , 
dont  M.  Gaucherel  a  tiré  une  belle  gravure  (4).  On  a  ainsi  con- 
servé les  inscriptions ,  dont  Tune  nous  apprend  que  le  tombeau 
d'Henri  I"  avait  été  élevé  par  sa  veuve  Marie,  fille  de  Louis  VII  : 

Principis  egregios  actus  Maria  révélât , 
Dum  sponsi  cineres  tali  velamine  velat. 

Henri  le  Libéral,  ou  le  Large,  mourut  en  4480.  Selon  toute 
apparence,  sa  tombe  fut  commencée  immédiatement  après,  et, 
chose  remarquable ,  pendant  que  la  comtesse  Marie  s'occupait  de 
ce  monument,  sa  mère,  la  reine  Adèle,  en  élevait  un  pareil, 
dans  l'abbaye  de  Barbeau ,  à  la  mémoire  de  Louis  YII,  mort  en 
4480.  On  sait  du  moins  qu'il  était  en  cuivre  et  en  argent,  et 
qu'il  avait  été  fait  arte  nova,  ce  qui  paraît  se  rapporter  à  l'em- 
ploi des  émaux. 

Le  second  tombeau  de  Saint-Étienne  de  Troyes  était  celui  de 
Thibaud  III,  mort  en  4204.  Sa  forme  générale,  plus  rapprochée 
du  type  qui  prévalut  dans  les  derniers  siècles  du  moyen  âge, 
était  celle  d'un  sarcophage  massif,  surmonté  d'une  statue  cou- 
chée ,   et  entouré  de  statuettes  disposées  dans  des  niches.  Les 

(1)  Anm.  arch.,  T.  XX,  p.  BO. 


38  LES   ÉMAUX   D'ALLEMAGNE 

métaux  précieux  y  étaient  employés  en  bien  plus  forte  quan- 
tité ,  car  non-seulement  la  grande  statue  du  comte ,  mais  les  dix 
statuettes  du  sarcophage,  le  fond  des  niches  et  une  partie  de 
Tornementation  étaient  en  argent.  Du  reste,  Tanalogie  était 
évidente  entre  les  deux  tombeaux  de  Saint-Étîenne ;  et,  par 
exemple,  les  émaux  en  petites  plaques  alternaient  à  Tallemande 
avec  des  feuillages  sculptés,  et  ne  jouaient  qu'un  rôle  de  plus  en 
plus  secondaire.  Le  statuaire  et  le  sculpteur  d'ornement  faisaient 
presque  tous  les  frais  de  la  décoration ,  qui  était  merveilleuse- 
ment riche  par  le  dessin  comme  par  la  matière. 

Tel  était  le  splendide  monument  dont  M.  Tabbé  Texier  avait 
voulu  faire  honneur  à  Técole  limousine  et  à  Témailleur  Jean 
Chatelat.  Les  cendres  de  Thibaud  IV,  disait-il  (1),  avaient  été 
réunies  dans  la  même  tombe  à  celles  de  Thibaud  III ,  et  Thi- 
baud V,  fils  de  Tun  et  petit-fils  de  Tautre,  n'avait  acquitté 
qu'en  4267  ce  double  tribut  de  piété  filiale. 

En  effet,  l'eflîgie  de  Thibaud  IV  se  voyait  sur  le  tombeau  de 
son  père ,  —  et  c'est  la  seule  explication  que  je  puisse  trouver  & 
l'évidente  confusion  dans  laquelle  était  tombé  M.  Texier  ;  —  mais 
il  était  représenté  en  petit  enfant  avec  sa  sœur  Marie,  et  dans  la 
même  niche ,  au  même  titre  que  Louis  VII ,  Henri  Plantagenet  et 
Sanche  le  Fort,  c'est-à-dire  comme  membre  de  la  famille  du 
défunt.  Aussi  l'inscription  qui  accompagne  les  deux  enfants  est- 
elle  ainsi  conçue  : 

Pat  pro  pâtre  duos  Deus  bos  flores  adolere 

Ut  tibi  ver  pacia,  Campania,  constethabere  (ji). 

D'ailleurs  une  autre  inscription  attribue  expressément  à  Blanche^ 
de  Navarre  j  veuve  de  Thibaud  III ,  l'exécution  du  tombeau  : 

Hoc  tumnlo  Blancha,  Navarrœ  regibus  orta, 
Dmn  comitem  velat ,  qui  ferveat  igné  révélai. 

C'est  la  môme  formule  que  pour  le  tombeau  d'Henri  I",  comme 
c'est  la  même  origine  et  le  même  style  d'émaillerie.  M.  de  Las- 
teyrie  n'hésitera  donc  pas  à  reconnaître  que  nous  nous  égarions 
tous  les  deux  sur  les  pas  de  M.  l'abbé  Texier.  Aussi  bien  il  était 


(1)  Dictiomaire  éP orfèvrerie ,  p.  1400. 
^2)  Ann.  areh.,  T.  XX ,  p«  94. 


RT   LES   KMAUX    LIMOUSINS.  89 

vraiment  incroyable  qu'un  émailleur  quelconque  eût  été  assez 
riche  pour  faire  Tavance  du  prix  d'un  tombeau  d'argent.  Cela  se 
conçoit  au  contraire  pour  un  tombeau  de  cuivre,  comme  était 
probablement  celui  de  Thibaud  IV  (4) ,  et  encore  l'artiste  atten- 
dait-il impatiemment  la  restitution  de  ses  déboursés. 

Du  reste  je  suppose  volontiers,  avec  M.  de  Lasteyrie ,  que  cette 
tombe  de  Thibaud  IV  était  rehaussée  d'émaux;  néanmoins  nous 
ne  le  savons  pas  positivement.  J'ignore  môme,  pour  ma  part,  où 
elle  avait  été  érigée  et  ce  qu'elle  est  devenue.  Enfin  je  me 
demande  si,  au  lieu  de  se  trouver  à  Troyes  «  dans  le  voisinage 
immédiat  de  l'Allemagne  » ,  elle  n'était  pas  à  Pampelune  avec 
celles  des  autres  rois  de  Navarre;  car  c'est  dans  cette  capitale  que 
Thibaud  IV  mourut  en  4253.  Dans  ce  cas,  il  était  naturel 
que  Thibaud  V  s'adressât  de  préférence  aux  émailleurs  d'une 
ville  où  il  passait  fréquemment,  etoiiil  revint,  en  1269,  lorsqu'il 
apporta  aux  moines  de  Grandmont  les  reliques  de  saint  Macaire. 
Le  texte  de  4267  ne  prouverait  donc  rien  pour  l'origine  des 
magnifiques  tombeaux  élevés  à  Troyes,  soixante  et  quatre-vingts 
ans  auparavant,  dans  des  circonstances  tout  à  fait  différentes.  Ils 
se  rattacheraient  plutôt,  sinon  à  l'école  germanique ,  qui 
ne  faisait  pas  de  tombeaux,  du  moins  à  l'école  franco-allemande 
de  nos  provinces  du  nord. 

Parmi  tous  les  émaux  cités  par  M.  de  Lasteyrie,  on  voit 
qu'il  n'en  est  réellement  aucun  qui  soit  daté  d'une  manière 
précise  et  certaine.  Quand  nous  avons  un  texte,  le  monument 
s'est  perdu ,  et,  quand  nous  possédons  des  monuments ,  ce  sont  les 
textes  qui  manquent. 

M.  de  Lasteyrie  veut-il  mieux  savoir  ce  que  j'entends  par  un 
émail  limousin  h  date  certaine?  Enfin  j'en  connais  un,  mais 
depuis  bien  peu  de  temps.  C'est  M.  Jules  de  Verneilh ,  mon  frère, 
qui  l'a  découvert ,  l'hiver  dernier,  dans  la  sacristie  de  Nexon.  On 
lui  avait  recommandé  d'y  voir  un  coffret  sans  date,  mais 
remarquable  par  ses  figurines  en  relief,  et  néanmoins  émaillées. 
n  aperçut  dans  le  fond  de  la  même  armoire  un  buste  d'évêque, 
de  grandeur  naturelle,  dont  les  émaux  étaient  peu  apparents 
à  distance,  mais  qui  avait  tout  l'air  d'une  bonne  sculpture 
gothique.  En  effet,  sur  le  revers  du  collet  était  gravée  une 

(1)  Thiteud  y  avait  mis  si  peu  de  zèle  li  élever  le  tombeau  de  son  père 
qu'U  ne  devait  point  avoir  imité  les  prodigalités  de  Marie  de  France  et 
de  Blanche  de  Navarre. 


40 


LES   ÉMAUI    D'ALLEMAGNE 


curieuse  inscription,  que  personne  n^avait  lue  depuis  des  siècles , 
et  dont  on  ignorait  le  sens  à  Nexon  même,  quoique  ses  abré^ 
viations  soient  faciles  h  comprendre,  ainsi  que  le  montrera 
le  fac-similé  suivant: 


W' 


|ri5:cvïDo:ï>^:èfty(?6RlJl:p 

fo:FC(<(ll&:FJ[eRï:LeSî  JioC'ï 
<lAFVt:li\honoRe:Bl':F€[RFÎ' 

Su  ;p  01?  xmai  +  eco  :  yiy 
'jRXCvs.'ARmni:  hvrifa  * 

B€(a:l}€(:</AS^Ro;LC[P:F€lcn[ 
L£o:ciC0XL  :  S€(X^o    idq^i_ 


•^•■'^iiiiii'?  viu 


SIETRICW 


On  voit  que ,  si,  à  la  difPërence  des  Allemands,  les  monuments 
émaillés  des  Limousins  sont  «  des  œuvres  modestes  où  toute  per- 
sonnalité s'efPace  devant  Dieu  (4)  d  ,  la  règle  souffre  d^assez  nota- 
bles exceptions.  L'émailleur  Aymeric  de  Chrétien,  dans  son  naïf 
orgueil,  dit  tout  haut  son  nom;  il  répète  deux  fois  celui  du 
donateur  Guy  de  La  Brugière ,  et  trois  fois  celui  de  sa  ville  de 
Limoges. 

On  remarquera  que  notre  émailleur  met  un  I  pour  un  E  dans 
son  nom  d'Àymeric ,  et  qu'il  commence  son  surnom  de  Chrétien 
par  deux  lettres  grecques,  comme  on  le  fait  pour  Christus.  Dans 
le  mot  de  dicH,  à  Tavant-dernière  ligne,  certain  signe  d'abrévia- 


(1)  BuUetin  Archéologique  du  Limousin,  T.  XII ,  p.  109. 


m 


ET  LES   éMAUX   LIMOUSINS.  41 

tion  est  tracé  de  telle  sorte  que  le  le  C  barré  devient  par 
mégarde  un  E  incontestable. 

L'ancien  nom  latin  de  Nexon  est  Anexonium,  on  en  a  d'autres 
preuves.  La  paroisse  de  Saint-Martin-le-Vieux ,  dont  il  est  ques- 
tion dans  rinscription ,  est  à  huit  kilomètres  au  nord-ouest  de 
Nexon.  A  l'aide  des  cartes  de  Cassini,  on  constate  qu'il  s'y 
trouve  un  hameau  de  La  Brugiëre ,  ancien  domaine  ou  lieu  de 
naissance  du  curé  donateur.  Ck)mment  le  chef  de  saint  Ferréol , 
évêque  de  Limoges  au  rv  siècle ,  était-il  possédé  par  une  église 
de  campagne?  C'est  ce  qu'explique  très-bien  un  passage  du 
père  Bonaventure  de  Saint- Amable.  A  l'époque  oii  les  reliques 
fuyaient  les  grandes  villes  devant  les  invasions  normandes,  et 
se  retiraient  dans  les  châteaux  les  plus  forts  du  pays,  le 
seigneur  de  Lastours  se  chargea  de  protéger  contre  les  profana- 
tions le  chef  de  saint  Ferréol,  qu'il  garda  ensuite,  et  que  ses 
descendants  finirent  par  donner  à  l'église  de  Nexon,  la  plus 
importante  qu'offrît  leur  baronnie. 

Après  le  texte,  examinons  le  monument.  —  M.  Jules  de 
Yerneilh  l'a  dessiné  avec  le  plus  grand  soin ,  de  face  et  de  profil , 
et  s'est  plu  à  le  graver  sur  cuivre.  On  pourra  donc  juger  du 
talent  d'Aymeric  de  Chrétien  :  il  n'avait  pas  fait  précisément 
un  chef-d'œuvre  :  la  tête  de  saint  Ferréol  ressemble  plutôt  au 
portrait  de  quelque  jeune  évêque,  un  peu  mondain,  du 
xrv  siècle  qu'à  l'image  idéale  d'un  saint.  Ses  moustaches  sont 
retroussées ,  et  sa  barbe  frisée  avec  trop  de  recherche.  La  figure 
me  paraît  courte,  et  la  physionomie  singulière.  Mais  le  buste 
est  modelé  au  repoussé  avec  beaucoup  de  précision ,  et  retouché 
au  oiselet  avec  une  grande  finesse.  Il  faut  louer  aussi  la  forme 
originale  du  plateau  sur  lequel  repose  le  chef  de  saint  Ferréol  : 
elle  serait  digne  d'être  imitée ,  car  elle  s'adapte  parfaitement  & 
l'ovale  de  la  poitrine ,  et  ne  manque  pas  d'élégance.  On  remar- 
quera que  la  croix  pectorale  du  saint  évêque  s'étale  sur  une  des 
ogives  saillantes  du  plateau.  La  mître,  ornée  de  cabochons  et  de 
riches  ciselures ,  est  mobile ,  et  s'enlevait  pour  laisser  voir  le 
crftne  du  saint,  que  l'église  de  Nexon  conserve  toujours,  mais 
dans  un  autre  reliquaire  en  argent,  d'origine  assez  récente.  En 
regardant  à  l'intérieur  de  la  tête ,  on  observe  qu'elle  est  formée 
de  plusieurs  pièces  de  cuir  jaune ,  assemblées  et  soudées  avant 

la  dorure. 

Quant  aux  émaux,  ils  se  réduisent  &  l'inscription,  dont  tous 
les  creux  sont  remplis  d'émail  vert ,  et  aux  quatre-feuilles  tracées 


42  LES  imKV%   D'ALLEMAGNE 

SUT  le  devant  et  sur  le  derrière  de  la  mître.  Les  fonds  de  ces 
quatre-feuilles  sont  aussi  de  couleur  verte,  avec  quelques  points 
rouges  noyés  dans  la  p&te.  Il  est  est  de  même  des  nimbes  et  des 
terrains,  dont  la  nuance  est  seulement  un  peu  plus  claire.  Les 
figures  sont  réservées  dans  le  métal,  et  tous  les  traits  sont 
rehaussés  d'émail  rouge,  comme  c'est  l'usage  au  xiv*  siècle.  A 
cela  près,  la  méthode  suivie  par  Aymeric  de  Chrétien  n'a  pas 
varié  depuis  cent  cinquante  ans.  Il  n'a  nullement  essayé,  par 
exemple,  de  faire  des  émaux  translucides,  ainsi  qu'on  en  faisait 
alors  en  Italie  et  à  Paris  :  les  siens  sont  parfaitement  opaques,  et 
même  assez  ternes  de  ton. 

Le  chef  de  saint  Ferréol  n'en  est  pas  moins  une  œuvre  très- 
précieuse  à  tous  égards ,  et  vous  vous  féliciterez ,  Messieurs , 
qu'elle  ait  été  conservée  dans  l'église  même  pour  laquelle  elle 
avait  été  faite.  Elle  a  plus  de  prix  à  Nexon  que  partout  ailleurs, 
et  vous  direz  avec  moi  qu'elle  doit  y  rester  toujours.  Elle  est  en 
assez  bon  état  pour  reprendre  sa  première  destination;  mais,  en 
fût-il  autrement,  la  fabrique  devrait  encore  la  garder,  quelque 
prix  qu'on  en  offre.  C'est  un  modeste  trésor  que  celui  de  Nexon  ; 
mais,  grâce  au  chemin  de  fer,  il  aura  ses  visiteurs  comme  ceux 
de  Conques  et  d'Essen,  et  il  fera  honneur  à  la  paroisse  qui  le 
possède. 

Le  désir  de  vous  décrire  des  monuments  à  peu  près  inconnus, 
qui  tous  intéressent  l'histoire  de  Témaillerie  limousine,  vient 
encore  de  m'entraîner  dans  trop  de  détails;  mais  cette  di- 
gression sera  la  dernière. 

Je  résume  en  ses  points  essentiels  et  je  me  hftte  d'achever  ma 
réponse  à  M.  de  Lasteyrie. 

Les  émaux  primitifs ,  autant  qu'il  est  permis  de  préciser  leur 
origine ,  ont  pris  naissance  dans  la  partie  des  îles  Britanniques 
qui  restait  étrangère  à  la  domination  romaine,  et  se  sont 
surtout  propagés  dans  la  Grande-Bretagne.  Le  commerce  s'en 
est  emparé  bientôt ,  et  les  a  répandus  sur  une  foule  de  points , 
mais  plutôt  dans  le  nord  que  dans  le  sud  de  la  Gaule ,  plutôt  sur 
les  côtes  que  dans  l'intérieur.  Il  s'en  est  trouvé  trois  exemples, 
dont  un  seul  important ,  jusque  dans  la  région  qui  avoisine 
Limoges;  mais  rien  n'autorise  à  afElrmer  que  cette  ville  était  un 
des  centres  de  la  fabrication.  La  France  mérovingienne  et  carlo- 
vingienne  conserve  l'idée  des  émaux,  mais  sans  en  tirer  parti. 
Elle  se  borne ,  à  en  juger  par  les  monuments  et  par  les  inscrip- 
tions anciennes ,  à  des  incrustations  grossières  de  verre  coulé  ou 


ET   LES   EMAUX  LIMOUSmS.  43 

à  des  incrustations  de  verre  taillé  pkié  grossières  encore  (4). 
ByzanCe  seule  fait  de  rémaillerie  un  art  si  fécond ,  si  avancé , 
qu'il  n'y  a  désormais  rien  de  mieux  à  faire  que  Timiter  dans  la 
mesure  du  possible.  Les  émaux  cloisonnés  sur  fond  d'or,  les 
émaux  à  personnages ,  créés  depuis  long-temps  par  les  Byzan- 
tins, apparaissent  en  Allemagne  vers  la  fin  du  x"*  siècle  et  sous 
des  influences  byzantines.  Un  peu  plus  tard,  à  la  fin  du 
XI*  siècle ,  ils  se  montrent  en  Aquitaine  avec  le  même  aspect , 
les  mêmes  caractères  et  probablement  les  même  influences.  Là 
aussi  le  contact  des  Byzantins  semble  raviver  et  féconder,  sinon 
créer  rémaillerie ,  dont  les  procédés  sont  d'abord ,  dans  tous  les 
cas ,  pleinement  analogues  à  ceux  des  artistes  grecs. 

Les  émaux  sur  cuivre  et  en  taille  d'épargne  viennent  après, 
dès  le  milieu  du  xi'  siècle  en  Allemagne,  au  xii*  siècle  en 
Limousin.  Jusqu'aux  premières  années  du  xiii*  siècle,  l'école 
allemande  garde  l'avantage  pour  la  priorité  des  inventions , 
pour  l'abondance  et  la  perfection  des  produits  ;  mais  bientôt , 
avec  l'avènement  du  style  gothique,  elle  se  restreint,  et  s'efface 
devant  l'orfèvrerie  sculptée ,  puis  elle  disparaît  tout  &  fait  ; 
tandis  que  l'école  limousine,  appuyée  sur  l'industrie  et  sur  le 
commerce,  devient  plus  prospère,  plus  féconde  et  plus  popu- 
laire que  jamais.  Elle  est  même  alors  la  seule  qui  ait  un  nom , 
la  seule  dont  parlent  les  inventaires  et  les  lettres  familières , 
parce  que,  en  étendant  singulièrement  les  applications  de 
rémail ,  elle  a  ajouté  aux  grands  reliquaires  et  aux  rétables , 
faits  sur  commande,  et  plus  souvent  sur  place,  une  foule  de 
menus  objets  destinés  à  l'exportation,  parce  qu'elle  constitue 
pour  1b  première  fois  vn  art  industnel. 

Au  XIV*  siècle,  l'école  limousine  s'attarde,  et  s'éclipse  sans 
s^éteindre ,  comme  l'art  français  tout  entier.  Je  ne  crois  pas ,  par 
exemple,  que  Limoges  puisse  disputer  à  la  Toscane  l'invention  de& 
toiaux  translucides  sur  relief;  mais ,  pour  les  émaux  sur  apprêt , 
pour  la  vraie  peinture  en  émail ,  qui  débute  dans  la  seconde 
moitié  du  xv*  siècle,  pour  briller  du  plus  vif  éclat  à  la 
Renaissance I  Limoges  jouit  réellement  d'un  monopole  complet. 
Alors  vos  artistes  remplissent  toute  la  France  de  leur  légitime 
renommée.  Ils  travaillent  pour  l'Allemagne  elle-même ,  et,  chose 

(1)  Ce  sont  seulement  ces  incrustations  qui  sont  grrossières,  car  Tor- 
lèrrerie  est  parfois  d'une  étonnante  perfection,  comme  le  montre  le 
magnifique  ouvrage  de  M.  Baudot  sur  les  sépultures  mérovingiennes. 


44  LES  éMAUX  D'ALLEMAGNE 

incroyable  si  elle  n'avait  pas  été  établie  par  M.  Maurice 
Ardant  (4)  1  lorsqu'un  de  vos  émaiileurs  les  plus  célèbres, -Pierre 
Raymond  ou  Rexmond,  fait  des  envois  à  certains  riches  né- 
gociants de  Nuremberg,  il  donne  à  son  nom  une  désinence 
germanique,  en  signant  P.  Rexman. 

Si  ces  opinions  finissent  par  prévaloir,  sinon  dans  tous  leurs 
détails,  du  moins  dans  leur  ensemble,  comme  je  n'en  doute 
guère ,  le  mécompte  qu'éprouveront  les  savants  du  Limousin 
sera-t-il  donc  si  douloureux?  Il  me  semble,  Messieurs,  que 
l'Allemagne,  l'Angleterre  et,  parmi  nos  provinces  françaises, 
la  Normandie  en  ont  supporté  de  plus  graves  à  mesure 
que  l'histoire  de  l'architecture  chrétienne  s'est  éclaircie. 
Pourquoi  mettrions-nous  seuls  de  l'amour-propre  à  nous  obstiner 
dans  des  prétentions  qui  ont  paru  long-temps  fondées,  mais  qui 
ne  le  sont  plus ,  et  qui  du  reste  nous  avaient^  été  suggérées  par 
des  archéologues  étrangers  à  notre  province?  Les  émaux  limou- 
sins eurent  autrefois ,  et  M.  de  Lasteyrie  convient  que  c'était  à 
tort,  «  le  monopole  de  la  célébrité  d.  On  n'en  connaissait ,  on  n'en 
voyait  pas  d'autres.  Depuis  on  s'est  aperçu  successivement 
qu'il  existait  à  Venise ,  puis  dans  l'Allemagne  méridionale,  puis 
dans  l'Allemagne  du  Nord ,'  puis  dans  l'Anjou  ,  l'Ile-de-France 
et  l'Angleterre,  beaucoup  d'émaux  datés,  qui  paraissaient 
plus  anciens  et  plus  beaux  que  les  premiers  émaux  limousins , 
tous  sans  date  positive.  11  fallait  bien  en  venir  à  se  demander  si 
ces  diverses  écoles  d'émaillerie  étaient  indépendantes*  les  unes 
des  autres,  malgré  l'analogie  de  leurs  procédés  et  la  res- 
semblance de  leurs  produits;  si,  en  cas  de  parenté,  l'école 
limousine  avait  réellement  donné  naissance  aux  autres.  Or  il 
se  trouve  que,  en  fait  d'émaux  incrustés,  les  seuls  dont  il 
s'agisse  ici ,  ceux  de  Venise ,  ou ,  pour  mieux  dire ,  de  Byzance , 
sont  à  la  fois  les  plus  vieux  et  les  plus  parfaits  de  tous.  A 
la  vérité ,  ils  sont  tous  cloisonnés  sur  or  et  sur  vermeil ,  sauf 
quelques  exceptions  relativement  modernes;  mais  ce  procédé 
d'exécution  règne  aussi  au  début  de  l'émaillerie  allemande  et  de 
l'émaillerie  limousine  ou  française.  C'est  peu  &  peu ,  et  pour  per- 
mettre de  vulgariser  les  émaux  que  le  cuivre  doré  se  substitue 
à  l'or,  et  le  travail  champlevé  au  travail  cloisonné. 

Voilà,  je  le  répète,  comment  la  question  se  présente  pour 
ceux  qui  tiennent  à  faire  de  l'archéologie  avjec  les  monuments. 

(1)  BvUetin  de  la  Société  Archédogiqm  du  Lvnumsin,  T.  XII ,  p.  119. 


ET   LES   ÉMAUX   LIMOUSINS.  45 

Cela  ne  veut  pas  dire  qu'on  se  passera  du  secours  des  textes, 
mais  que  Ton  commencera  par  découvrir  et  par  étudier  des 
monuments  avant  de  les  confronter  avec  les  textes.  L'expression 
est  consacrée  dans  ce  sens,  et  elle  caractérise  très-bien  la 
méthode  qui  prévaut  aujourd'hui  dans  toutes  les  branches  de 
l'archéologie.  Ces  principes,  qui  doivent  être  ceux  de  M.  de 
Lasteyrîe ,  ne  l'ont  pas  empêché  de  retracer  l'histoire  de  Témail- 
lerîe  limousine  pendant  une  période  de  huit  siècles  qui  n'a 
laissé  ni  monuments  ni  textes.  Moi-môme  je  m'étais  permis 
pareille  hardiesse,  mais  seulement  pour  un  siècle  ou  deux. 
Peut-être  aurait-il  été  plus  logique  de  dire,  ainsi  que  M.  Darcel 
Ta  fait  depuis  (1) ,  que  les  émaux  limousins  avaient  dû  imiter 
les  émaux  champlevés  de  l'Allemagne.  Car,  en  trente  ans  comme 
en  cent  ou  cent  cinquante,  une  industrie  peut  à  la  rigueur 
s'importer,  se  développer,  se  spécialiser,  et  dès  lors  le  mot  de 
tablettes  de  Limoges ,  employé  pour  la  première  fois  vers  4  4  70 ,  à 
propos  d'un  objet émaillé  envoyé  en  Angleterre,  n'enlevait  guère 
de  son  importance  au  grand  emprunt  artistique  que  Suger  à 
fait  à  l'Allemagne. 

La  présence  d'une  colonie  vénitienne  &  Limoges  et  quelques 
autres  indices  m'avaient  engagé  à  recourir,  pour  les  émaux 
limousins  comme  pour  les  émaux  allemands ,  à  une  influence 
byzantine  directe ,  et  déjà  l'étude  du  trésor  de  Conques  nous 
permet  de  reculer  de  cinquante  ans  au  moins ,  c'est-à-dire  bien 
au-delà  des  travaux  de  Suger,  l'existence  authentique,  sinon  à 
Limoges,  au  moins  en  Aquitaine ,  d'une  école  d'émaillerie ,  toute 
française  par  l'iconographie  et  le  dessin ,  toute  byzantine  par  le 
procédé  d'exécution  et  le  travail  cloisonné. 

Le  parallélisme  est  donc  complet  entre  l'école  limousine  et 
l'école  allemande;  mais,  dans  toutes  ses  évolutions,  cette 
dernière  conserve  une  incontestable  priorité.  Pour  l'ancienneté 
relative  de  ses  émaux  cloisonnés,  pour  le  retour  au  procédé  des 
barbares  ou  travail  champlevé ,  pour  la  substitution  des  figures 
réservées  en  métal  sur  fond  d'émail  aux  figures  en  émail  sur 
fond  doré,  l'Allemagne  est  toujours  en  avance.  Mais,  comme  ces 
changements ,  loin  d'être  dus  au  caprice  ni  au  hasard ,  tiennent 
à  des  causes  sérieuses  et  à  des  déductions  logiques  (2] ,  les  deux 
écoles  restent  parfaitement  indépendantes. 

(1)  Bxcwrswi^  artistique  en  Allemagne,  par  A.  Darcel  :  Paris,  1S62»  chez 
V.  Didron ,  p.  206. 

(2)  Les  Arts  industriels,  p.  33  et  suivantes. 


46  LES  iMAUX  d'allemagnb 

D'ailleurs  Tantériorité  de  Témaillerie  allemande  est  si  posi- 
tive que  presque  tous  ses  produits  sont  de  style  roman ,  tandis 
qu'il  reste  très-peu  d'émaux  de  Limoges  qui  ne  soient  de  style 
gothique,  ou  tout  au  moins  de  style  de  transition  ;  et  cependant 
la  transition  et  le  style  gothique,  en  fait  d'architecture,  ne 
commencent  pas  plus  tôt  pour  le  Limousin  que  pour  l'Allemagne. 

11  me  reste  à  me  disculper  d'un  reproche,  qui  me  serait  très- 
sensible  si  on  le  trouvait  fondé,  et  auquel  je  viens  de  m'ex- 
poser  plus  que  jamais ,  celui  d'avoir  manqué  aux  devoirs  du 
patriotisme  provincial.  «  Qui  se  serait  attendu  » ,  s'écrie  M.  de 
Lasteyrie  dans  une  sorte  d'indignation ,  «  à  ce  que  Limoges , 
resté  jusque  là  si  impassible  au  milieu  de  ces  contestations,  dût 
les  voir  bientôt  se  reproduire  dans  son  sein,  et  s'y  formuler 
même  d'une  façon  plus  absolue  qu'elles  ne  l'avaient  fait 
jusque  là?  C'est  pourtant  ce  qui  a  eu  lieu  naguère  aux  assises 
que  messieurs  de  l'Institut  des  Provinces  sont  venus  tenir  dans 
cette  ville,  et  encore  cette  attaque  est-elle  venue  d'un  savant 
que  le  Limousin  est  presque  en  droit  de  considérer  comme  un  de 
ses  enfants,  d'un  voisin  bien  proche,  d'un  fils  de  cette  province 
sœur  que  la  Société  Archéologique  de  Limoges  s'est  toujours  plu 
à  embrasser  dans  le  cercle  de  ses  travaux  (4)1» 

Vous  le  savez  tous,  Messieurs ,  les  liens  qui  m'attachent  au 
Limousin  sont  plus  étroits  encore  que  ne  le  croit  M.  de  Lasteyrie , 
et  je  reconnais  que  mes  obligations  patriotiques,  pour  se 
partager  entre  deux  provinces ,  ne  sont  diminuées  envers  aucune 
d'elles.  Cependant  je  crois  n'avoir  rien  à  me  reprocher  à  cet 
égard.  Si  j'ai  été  plus  a  absolu  au  Congrès  de  Limoges  que 
M.  Labarte  ne  Tavait  été  dans  son  livre  » ,  c'est  que  je  con- 
naissais les  émaux  d'Essen  ;  si  aujourd'hui  je  suis  plus  absolu 
encore,  c'est  que  je  connais  mieux  les  émaux  primitifs  de 
Londres  et  les  émaux  cloisonnés  de  Conques.  Fallait-il  vous 
dissimuler  ce  que  je  crois  être  la  vérité  la  plus  évidente?  — 
Mais,  quand  on  pose  publiquement  une  question  dans  un  congrès 
scientifique ,  apparemment  on  la  considère  comme  douteuse ,  et 
on  doit  s'attendre  à  ce  qu'elle  soit  envisagée  sous  plus  d'une  face, 
même  par  les  gens  du  pays.  M.  de  Lasteyrie  pourtant  ne  leur 
reconnaît  pas  ce  droit ,  et ,  d'un  autre  côté ,  il  exclut  aussi  les 
étrangers,  pour  peu  qu'ils  aient  chez  eux  des  émaux;  car  il 
récuse  d'avance  l'opinion  de  M.  de  Quast  sur  l'antériorité  des 

(1)  BvUeti'^  f^Aia  FioriJté  Arrhéoloçiçue  du  Limousin,  T.  XII,  p.  111. 


ET  LES   ÉMADX   LIMOUSINS.  47 

émaux  allemands,  en  le  félicitant  de  ne  l'avoir  pas  exprimée. 
Il  ne  resterait  donc  pour  juges  que  les  indifférents,  ceux 
qui  ne  sont  pas  &  portée  d'étudier  la  question,  et  qui  le  plus 
souvent  la  connaissent  à  peine. 

Pour  moi ,  je  n'exclus  et  je  ne  récuse  personne.  Il  n'y  a 
qu'une  archéologie  :  chaque  pays  ne  peut  avoir  la  sienne  ;  tout 
se  tient ,  tout  se  lie  en  pareille  matière  :  il  faut ,  pour  chaque 
grande  question,  constater  un  à  un  tous  les  faits,  en  quelque 
lieu  qu'ils  se  soient  produits.  Avant  de  placer  une  opinion 
quelconque  en  dehors  et  au-dessus  de  la  discussion,  il  faut  avoir 
recueilli  tous  les  témoignages,  sans  égard  aux  barrières  de 
douanes.  En  archéologie,  le  patriotisme  de  bon  aloi  consiste, 
selon  moi ,  à  rechercher  patiemment  les  titres  artistiques  de  son 
pays ,  de  sa  province ,  puis  à  les  mettre  en  lumière  le  plus 
possible,  et  je  doute  que  cette  préoccupation  soit  plus  constante 
dans  les  écrits  de  M.  de  Lasteyrie  que  dans  les  miens.  —  Mais 
fermer  les  yeux  sur  les  titres  d'autrui,  sur  les  gloires  des 
autres  nations  et  des  autres  provinces,  c'est  ce  qu'on  ne  doit 
pas  faire  et  ce  que  je  tâche  d'éviter  pour  mon  compte. 

Il  y  a  plus  de  bonne  foi  parmi  nous  que  ne  le  suppose 
M.  de  Lasteyrie.  «  Ce  n'est  pas  à  un  Anglais,  dit-il ,  que  l'on 
s'adresserait  s'il  s'agissait  de  consacrer  l'antériorité  des  décou- 
vertes de  Denis  Papin  ou  de  Salomon  de  Gaux.  »  —  Et  pourquoi 
non?  Moi,  j'ai  l'esprit  ainsi  fait  que  les  droits  de  nos  compa^ 
triotes  à  l'invention  de  la  vapeur  me  paraîtront  bien  plus 
sérieux  quand  ils  seront  reconnus  dans  le  pays  de  Watt. 

N'oublions  pas  que  les  Allemands  nous  ont  donné  l'exemple 
de  la  loyauté  la  plus  scrupuleuse  dans  l'archéologie  interna- 
tionale. Sur  une  question  bien  autrement  importante  que  celle 
de  l'antériorité  des  émaux  du  Rhin ,  et  à  une  époque  où  on  ne 
croyait  guère  en  France  à  l'origine  française  de  l'architecture 
ogivale,  M.  Mertens,  de  Berlin,  nous  accordait  cette  gloire,  ou, 
pour  mieux  dire,  il  nous  l'offrait.  Parmi  les  savants  qui  ont 
contribué  depuis  à  faire  connaître  dans  tous  ses  développements 
ce  grand  fait ,  si  flatteur  pour  notre  amour-propre  national ,  car 
il  est  vraiment  capital  dans  l'histoire  de  l'art,  on  compterait 
autant  d'Allemands  que  de  Français ,  M.  Schnaase  et  M.  de  Quast, 
par  exemple.  Un  des  ouvrages  de  ce  dernier  (4)  est  spécialement 

(1)  Die  enticicUnmg  der  KirMichen  Baukunst  des  Mittdàlters  :  Berlin , 
1858,  chez  Emst  et  Kom. 


48  LES   ÉMAUX    D^ALLEMAGNE,    ETC. 

destiné  &  montrer  par  son  texte  et  par  ses  gravures  que  les 
sources  auxquelles  a  puisé  Tarchitecte  de  la  cathédrale  de 
Cologne  ne  se  trouvent  point  en  Allemagne,  mais  qu'elles 
remontent,  par  Amiens,  Soissons  et  Paris,  jusqu'à  Saint-Germer, 
cette  pauvre  abbaye  du  département  de  TOise. 

Après  cela,  je  ne  vois  pas  pourquoi  nous  ne  permettrions  pas 
&  M.  de  Quast  d'avoir  une  opinion  sur  les  émaux  limousins, 
comme  on  m'a  permis  en  Allemagne  d'en  avoir  une  sur  le  dôme 
de  Cologne.  Chacun  de  nous  a  ses  préventions,  et  je  ne  croîs 
pas  que  M.  de  Quast  en  soit  exempt  tout  à  fait;  mais,  toutes  les 
fois  qu'il  s'agira  de  juger  en  pleine  connaissance  de  cause 
les  titres  dé  gloire  de  l'art  français  au  moyen  âge,  qui  est  en 
même  temps  l'art  chrétien  par  excellence,  pour  les  contester 
sans  passion,  ou  les  admettre  de  bonne  grâce,  je  me  fierais 
plutôt  à  M.  de  Quast  qu'à  la  plupart  des  membres  de  l'Institut, 
fussent-ils  à  la  fois,  comme  M.  Beulé,  des  deux  académies 
des  Inscriptions  et  des  Beaux-Arts. 

Je  regrette.  Messieurs,  de  ne  pas  reconnaître  par  plus  de 
déférence  Thonneur  que  M.  le  comte  de  Lasteyrie  nous  a  fait  à 
tous ,  et  la  courtoisie  dont  il  a  usé  envers  moi  ;  mais  je  ne  saurais 
me  défendre  à  demi ,  ni  abandonner  sur  aucun  point  essentiel 
l'opinion  que  j'avais  embrassée,  lorsque  les  faits  qui  se  décou- 
vrent de  jour  en  jour  viennent  tous  la  confirmer.  Je  vous  avais 
conseillé,  non  pas  durement,  ce  me  semble,  mais  franchement, 
de  ne  plus  croire  à  l'antériorité,  à  l'universalité  des  émaux 
limousins,  et  de  vous  borner  à  soutenir  qu'ils  sont  indépendants 
de  l'école  allemande ,  ce  qui  ne  serait  pas  déjà  sans  difiicultés. 

C'est  ce  que  je  vous  conseillerais  encore  avec  une  conviction  de 
plus  en  plus  assurée  si  vous  n'aviez  pas  reçu  dans  un  autre 
sens  des  avis  plus  autorisés  et  plus  agréables  que  les  miens. 
Conservez  donc  vos  anciennes  prétentions ,  et ,  ce  qui  sera  plus 
méritoire ,  efforcez- vous  de  les  faire  accepter  comme  des  droits 
par  le  public  archéologique,  qui  paraît  de  moins  en  moins 
disposé  à  les  accueillir.  Personne  ne  se  réjouira  plus  sincèrement 
que  moi  de  vos  succès.  Qu'il  me  soit  permis  seulement  de  ne  pas 
vous  suivre  dans  une  entreprise  que  je  juge  impossible  1 

F.  DE  VERNEILH. 


Enlttln  A,.I,t=W,,„ 


LA 


JURIDICTION  DRUIDIQUE 


DB 


LA  VILLE  RUINÉE  DE  BRETH. 


A  un  kilomètre  de  La  Souterraine ,  petite  ville  située  sur  le 
parcours  de  la  ligne  de  fer  entre  Limoges  et  Ârgenton,  se 
trouvent  de  vastes  champs  couverts  de  débris  et  de  ruines.  Il 
n'existe  pas  en  France  de  coin  de  terre  plus  riche  en  fragments 
de  briques  romaines.  Le  buis  y  pousse  &  grand  renfort  de  végé- 
tation entre  les  murs  enfouis  d'une  cité  dont  la  destruction 
remonte ,  suivant  toute  probabilité ,  au  v«  siècle  de  Tère  chré- 
tienne. 

Là  repose ,  depuis  plus  de  treize  cents  ans ,  une  ville  qui  dut 
être  grande  et  riche.  Chose  étrange  I  nos  chroniques  sont  restées 
muettes  à  son  égard  :  aucun  auteur  n'en  a  parlé;  on  fouille  en 
vain  César,  Pline ,  les  écrivains  profanes ,  les  écrivains  du 
moyen  ftge  :  nulle  part  ce  nom  de  Breth  n'est  prononcé. 

Cependant ,  à  travers  les  siècles ,  malgré  le  silence  de  l'histoire 
écrite ,  la  tradition  a  conservé ,  comme  une  précieuse  épave ,  le 
nom  de  cette  cité  disparue  du  monde,  et  Cassini ,  recueillant  les 
éléments  de  son  admirable  carte  de  la  France ,  y  a  consigné  en 
son  lieu  le  nom  de  Breth ,  ville  ruinée. 

Quelques  auteurs  modernes  ont  écrit  sur  elle  de  vagues  et 

4 


50  JURIDICTION   DRUIDIQUE 

insignifiants  renseignements.  Jouilleton  publiait  en  4844  une 
histoire  de  la  Marche  et  du  pays  de  Ck)mbrailles,  et  consacrait  à 
notre  cité  les  quatre  lignes  suivantes.  Après  avoir  signalé 
l'existence  d'un  camp  romain  auprès  de  La  Souterraine ,  il 
ajoutait  :  a  Non  loin  de  ce  camp ,  on  voit  des  décombres  qu'on 
présume  être  ceux  d'une  ville  appelée  Brède,  dans  laquelle  se 
sont  trouvées  des  médailles  romaines,  qui  ne  remontent  pas 
au-delà  de  Trajan  ».  Cette  note  est  à  la  fois  incomplète  et 
inexacte  :  les  découvertes  faites  depuis  Jouilleton  ont  mis  au  jour 
des  médailles  d'empereurs  qui  sont  de  beaucoup  postérieurs  à 
Trajan. 

Enfin ,  en  4  859  ,  un  Congrès  scientifique  s'ouvrit  à  Limoges  : 
il  y  fut  question  de  beaucoup  de  choses,  et  entre  autres  de  la  ville 
qui  fait  le  sujet  de  ce  mémoire.  Cette  fois  l'orthographe  différait 
encore  :  Cassini  avait  écrit  jBrel/t  ;  Jouilleton  ,  Brède  :  le  Congrès 
écrivit  Bré. 

Le  procès-verbal  contenait  la  courte  note  qui  suit  : 

«  Â  l'occasion  de  Bré ,  située  près  de  La  Souterraine ,  et  que 
M.  Ârbellot  classait  parmi  les  simples  villas,  MM.  Bonnin  et 
Ârdant ,  qui  l'ont  visitée,  attestent  qu'il  faut  la  classer  parmi  les 
villes ,  à  cause  de  la  grande  étendue  qu'occupent  les  vestiges.  On 
y  a  trouvé,  dit  M.  Ârdant,  une  statue  d'Hercule  en  granit  et  un 
Amour  en  bronze.  » 

Voilà  tous  les  renseignements  recueillis  sur  cette  ville  infor- 
tunée, dont  cependant  les  ruines  occupent  une  étendue  de 
2  kilomètres!  Essayons  d'ajouter  quelques  nouveaux  détails, 
que  j'ai  puisés  sur  les  lieux,  et  qui  jetteront  peut-être  quelque 
jour  sur  une  cité  depuis  si  long-temps  oubliée  et  disparue  de 
la  terre. 

Des  traces  bien  reconnues  d'une  voie  romaine  qui  mettait  en 
communication  Aitgiistoritum  avec  Argentomagus  par  le  Prœtorium 
de  la  table  de  Peutinguer  se  retrouvent  au  nord  et  au  sud  de 
Breth. 

Des  découvertes  intéressantes  ont  été  faites  au  milieu  des 
décombres.  Les  cultivateurs  d'un  village  voisin ,  appelé  Bridiers, 
ont  l'habitude  de  se  fournir  de  pierre  de  taille  dans  cette  grande 
nécropole  toutes  les  fois  qu'ils  ont  besoin  de  se  construire  une 
habitation.  Quelques-uns  ont  mis  à  découvert  des  murs  recou- 
verts de  stucs  très-fins  comme  en  savaient  faire  les  Romains.  Les 
enduits,  de  couleur  bleue,  rouge  ou  noire,  peints  à  la  manière 
de  ceux  de  Pompéi ,  étaient  relevés  par  de  gracieuses  arabesques 


DE  LA   VILLB   RUlNéE   DE  BRBTH.  51 

d'un  coloris  très-bien  conservé.  On  attribua  à  un  archéologue 
distingué  de  Paris ,  académicien  plein  de  charme  et  d'esprit ,  une 
étymologie  de  notre  cité  qu'il  est  bon  de  rappeler  :  selon  lui , 
Breth  signifiait  ville  peinte.  C'était  la  cité  où  fleurissaient  les  arts, 
et  où  la  polychromie  était  en  honneur.  On  ajoutait  que  cette 
traduction  de  Breth  se  trouvait  écrite  tout  au  long  dans  le 
Glossaire  de  du  Gange.  Pour  ma  part,  j'ai  cherché  à  vérifier  le 
fait  :  je  n'ai  rien  trouvé  dans  le  Glossaire  de  relatif  à  la  question. 

Continuons  la  nomenclature  des  découvertes  faites  au  milieu 
des  ruines.  Il  faut  mentionner  les  deux  statues  THercule  en 
granit  et  l'Amour  en  bronze  dont  il  a  été  parlé  déjà.  Chaque 
année  le  hasard  fait  découvrir  de  nouvelles  médailles  romaines 
de  bronze,  d'or  et  d'argent.  En  4862,  en  labourant  un  champ 
tout  couvert  de  pierres  et  de  briques ,  un  cultivateur  a  trouvé , 
dans  un  vieux  pot  de  terre ,  deux  cents  monnaies  gauloises  bien 
anthentiques  et  d'une  belle  conservation.  Si  ce  qui  m'a  été  dit  est 
vrai,  une  de  ces  monnaies  portait  inscrit  le  nom  de  Vergasillaunus , 
qui  fut  le  compatriote  et  le  lieutenant  de  Vercingétorix. 

XJn  grand  nombre  de  ces  médailles  ont  été  vendues ,  et  sont 
aujourd'hui  sorties  du  pays  ;  un  certain  nombre  est  resté  dans 
les  collections  de  deux  hommes  qui  aiment  et  pratiquent  l'ar- 
chéologie :  M.  Montaudon,  membre  du  conseil  général  de  la 
Creuse,  et  M.  Yves  Fesneau ,  chef  dlnstitutiou  à  La  Souterraine. 

Puisque  j'ai  prononcé  le  nom  de  M.  Fesneau ,  qu'il  me  soit 
permis  de  rendre  un  juste  hommage  &  son  zèle  et  k  son  mérite 
d'antiquaire.  C'est  lui  qui  m'a  fourni,  en  grande  partie,  les 
éléments  de  ce  mémoire;  c'est  lui  qui ,  étudiant  longuement  l'em- 
placement et  les  environs  de  la  ville  de  Breth ,  a  cru  y  retrouver 
le  siège  d'une  juridiction  druidique.  M.  Fesneau  a  fait  dans  Breth 
une  ample  moisson  d'antiques  de  toute  nature.  Les  jours  de  fête, 
il  se  rend  avec  ses  élèves  dans  les  champs  recouverts  de  buis  :  les 
enfants  arrachent  ces  arbustes,  et  quelquefois  dans  la  terre  qu'en- 
traînent les  racines  séculaires  il  se  trouve  quelque  bijou 
précieux ,  une  bague ,  une  médaille ,  une  lampe  en  bronze ,  etc. 

Quelles  conséquences  faut-il  tirer  de  ce  que  je  viens  de  dire?  Il 
faut  reconnaître  :  4  <»  que  Breth  n'est  pas  de  création  romaine ,  et 
qu'elle  a  une  origine  gauloise;  2**  qu'elle  a  dû  être  fort  belle 
et  fort  riche,  puisque,  malgré  le  pillage  qui  a  dû  suivre  sa 
destruction,  sans  fouilles  et  sans  recherches  coûteuses, il  se  dé- 
couvre tant  de  richesses  enfouies  dans  son  sol.  On  peut  dire  sans 
trop  d'hyperbole  que  Breth  est  l'Herculanum  et  le  Pompéi  du  Li- 
mousin. 


52  JURIDICTION   DRUIDIQUB 

Ceux  qui  ont  visité  ce  triste  emplacement,  où  il  ne  reste  plus 
pierre  sur  pierre,  et  où  la  guerre  a  passé  sans  pitié  sa  formidable 
charrue,  s^accordent  à  reconnaître  une  ville  détruite  par  les 
Vandales.  —  Vers  Tannée  407 ,  les  Vandales ,  unis  aux  Alains  et 
aux  Suèves,  firent  dans  les  deux  Aquitaines  de  terribles  ra- 
vages :  lorsqu'ils  prenaient  de  force  une  ville ,  ils  la  détruisaient 
de  fond  en  comble,  renversant  sans  pitié  édifices,   églises  et 
maisons,  a  II  semblait,  dit  saint  Jérôme,  qu'un  océan  tout 
entier  eût  débordé  dans  les  Gaules.  »  La  France  a  flétri  d'un 
inefi^açable  stigmate  cette  abominable  manière  de  ravager  et  de 
détruire ,  en  faisant  du  mot  de  vandalisme  le  synonyme  d'une 
dévastation  furieuse  et  irréfléchie.  On  ne  saurait  douter  que  les 
Vandales  n'aient  porté  en  Limousin  le  fer  et  la  flamme.  Bien 
d'autres  villes  ont  été  détruites  comme  Breth  :  il  faut  citer 
Prœtorium,  qui  se  trouve  cité   dans  la  carte  de  Peutînguer 
comme    la   première  station   de    la    route   A^Augustoritum    à 
Augustonometum,  Toutes  les  traditions  locales  le  placent  sur  le 
Puy "dévouer,  Podium;  et  on  y  retrouve  les  mêmes  façons  d'agir, 
la  même  méthode  de  destruction  qu'à  Breth.  Il  faut  en  dire.de 
même  d'une  localité  de  la  Corrèze  qui  fut  importante  sous  les 
Romains,  Tintignac.  Là  aussi  existait,  à  l'époque  gallo-romaine, 
un  centre  important  de  population  :  on  y  retrouve  des  arènes  et 
des  édifices  en  ruines  qui  ont  dû  être  considérables. 

Cette  destruction ,  qui  procède  de  la  même  manière;  le  silence 
que  gardent  nos  chroniques  du  moyen  âge  sur  ces  villes  ;  les 
médailles  des  derniers  empereurs  romains  qu'on  découvre  dans 
les  décombres;  l'absence  de  monnaies  mérovingiennes,  tout  ce 
faisceau  de  preuves  démontre  que  Breth  fut  la  victime  des 
Vandales,  et  qu'elle  périt  au  commencement  du  v*  siècle. 

Qu'était  donc  cette  cité ,  qui  semble ,  comme  un  sphynx , 
vouloir  cacher  son  secret  dans  les  entrailles  de  la  terre? 
M.  Fesneau  croit  avoir  soulevé  une  partie  du  voile  qui  pa- 
raissait impénétrable,  et  je  suis  tout  disposé  à  partager  son 
opinion. 

Nous  allons  faire  passer  sous  vos  yeux  l'explication  et  la 
reconnaissance  de  certaines  localités  voisines  de  Breth,  et  les 
inductions  que  l'on  peut  tirer  de  certains  noms  et  de  certains 
monuments  celtiques. 

Dans  une  aride  bruyère ,  qui  porte  le  nom  de  Mas-Février, 
située   au  nord  de  Saint-Priest- la-Feuille ,  où  se  trouve  un 


DE   LA   VILLE   RUINÉE   DE   BRETH.  53 

magnifique  ddmen,  au  sud  d'un  lieu  qui  s'appelle  Le  Dru , 
nom  significatif,  M.  Fesneau  et  bien  d'autres  avant  lui  avaient 
observé  un  groupe  de  pierres  rangées  symétriquement,  et 
affectant  la  forme- de  sièges.  Une  de  ces  pierres,  plus  haute  que 
les  autres ,  et  placée  au  centre  du  groupe ,  semblait  marquer 
que  là  était  le  siège  principal  ;  une  autre ,  aplanie  par  un  travail 
grossier,  paraissait  avoir  servi  de  table;  enfin  une  pierre 
arrondie  par  le  bas  en  forme  de  cône  renversé ,  portant  également 
le  caractère  d'un  granit  façonné  grossièrement ,  et  présentant  à 
sa  partie  supérieure  une  légère  excavation  ,  se  dressait  auprès 
du  siège  le  plus  élevé.  Plus  loin ,  un  peu  en  dehors  du  groupe , 
une  autre,  creusée  en  forme  d'auge,  comme  pour  recevoir  le 
sang  d'une  victime ,  complétait  cet  ensemble  de  roches  sinistres 
qui  se  dressait  dans  ce  lieu  sombre,  entouré  de  bois  et  de 
teillis.  H.  Fesneau  crut  reconnaître  dans  cette  réunion  de  pierres 
les  sièges  d'un  tribunal  de  druides  appelés  à  juger  des  affaires 
civiles  et  criminelles  de  la  circonscription  de  Breth.  La  pierre  en 
forme  de  dé  avait  dû  être,  selon  lui,  destinée  à  recevoir  les  votes, 
et  la  table  de  pierre  avait  dû  servir  à  les  compter,  et  à  prononcer 
le  jugement.  Dans  les  cas  emportant  la  peine  capitale,  le  cou- 
pable pouvait  être  exécuté  séance  tenante ,  et  son  sang  était 
recueilli  dans  la  pierre  creusée  en  forme  d'auge. 

Si  ces  suppositions ,  si  bien,  autorisées  par  la  forme  et  la  dispo- 
sition du  groupe  de  pierres ,.  étaient  fondées,  nous  aurions  appris 
quelque  chose  de  relatif  au  Limousin  sur  cette  religrion  des 
Gaulois  dont  nous  avens  des  notions  si  incomplètes. 

A  ce  propos,  qu'il  nous  soit  permis  de  citer  un  texte  de  César, 
l'historien  qui  nous  a  donné  le  plus  de  détails  sur  le  druidisme. 
César  dit  au  livre  VI  de  ses  Commentaires  :  a  Les' druides 
prennent  connaissance  de  tous  les  démêlés,  tant  publics  que  par- 
ticuliers :  s'il  se  commet  quelque  meurtre ,  s'il  s'élève  quelque 
contestation  entre  des  héritiers,  si  l'on  dispute  sur  les  bornes 
d'un  champ  ,  ce  sont  eux  qui  en  jugent...  Tous  les  ans  ils  s'as- 
semblent en  une  certaine  saison  sur  les  frontières  du  Pays- 
Chartrain ,  qui  passe  pour  être  le  milieu  de  la  Gaule ,  et  cela 
dans  un  lieu  consacré  à  ces  assemblées.  Là  tous  ceux  qui  ont 
quelque  différend  se  rendent  de  toutes  parts ,  et  acquiescent  à 
leur  jugement.  » 

Les  druides  avaient  donc  entre  leurs  mains  la  puissance 
judiciaire  :  ils  connaissaient  des  crimes  et  sans  doute  des  délits. 
Juges  civils ,  ils  réglaient  les  contestations  entre  héritiers  ;  sïl  y 


54  JURIDICTION  DRUIDIQUE 

avait  quelque  difficulté  sur  les  bornes  de  deux  champs  limi- 
trophes ,  ils  en  fixaient  les  limites.  Dans  cette  double  juridiction 
criminelle  ou  civile,  ils  rendaient  des  arrêts  d'autant  plus 
respectés  qu'à  leur  qualité  de  juge  se  joignait  le  principe  de  la 
religion.  Cette  réunion  annuelle  dans  le  Pays-€hartrain  avait 
pour  objet  de  régler  les  différends  qui  n'avaient  pu  être  jugés  en 
dernier  ressort  par  les  assemblées  druidiques  des  provinces  ;  car, 
dans  un  pays  aussi  vaste  que  la  Qaule ,  la  seule  assemblée  du 
Pays-Ghartrain  n'aurait  pu  suffire  à  juger  tous  les  criminels  et 
à  vider  tous  les  débats  civils.  César  malheureusement  ne  parle 
pas  de  la  manière  dont  la  justice  était  rendue  chez  les  divers 
peuples  de  la  Gaule;  mais,  de  toute  nécessité,  chaque  cité 
gauloise  devait  avoir  son  organisation  judiciaire,  ses  assises 
pour  connaître  des  crimes  ou  délits,  et  pour  décider  des  contes- 
tations entre  particuliers.  J'ai  lu  dans  un  vieil  historien  du 
XVII'  siècle ,  dans  Charron  (  Histoire  universelle  des  Gaulois  et 
François),  que  les  druides  a  s'assembloient  tous  les  ans ,  à  certains 
jours ,  à  Paris ,  Chartres,  Autun ,  et  autres  villes ,  et  aussi  bien 
souvent  sur  la  montagne  de  Mont-Javout  et  lieux  plus  remar- 
quables de  chacune  promnoe,  pour  y  rendre  justice  à  chacun  ».. 

Et  M.  Henri  Martin,  dans  le  4^'  volume  de  son  Histoire  de 
France,  dit,  en  parlant  du  Pays-Chartrain  :  «  Les  procès  qu'on 
y  juge,  on  le  sent  bien,  ne  sont  pas  des  procès  vulgaires  :  ce 
sont  les  causes  majeures ,  peut-être  les  appels  des  tribunaux 
druidiques  locaux  ». 

Ce  point-là  ne  saurait  faire  de  doute.  On  se  demande  donc  si 
ce  nom  de  la  localité  que  je  signale,  le  Mas-Février,  ne  pourrait 
pas  fixer  une  des  époques  où  les  druides  se  formaient  en 
tribunal.  Nous  sommes  si  peu  renseignés  sur  tout  ce  qui  touche  à 
l'organisation  judiciaire  de  nos  aïeux  qu'il  faut  bien  se  rattacher 
à  tous  les  indices. 

Hais  continuons  notre  exploration  archéologique  autour  de 
Breth. 

A  quelques  kilomètres  du  Mas-Février,  non  loin  de  la  station 
de  Fromental ,  il  existe  une  série  de  monuments  druidiques  fort 
remarquables,  tels  que  dolmens ,  cromlechs ,  menhirs ,  qui ,  par 
leur  orientation ,  sont  dignes  de  fixer  l'attention  des  antiquaires. 

Citons  d'abord  la  pierre-levée  de  Bagnol ,  dont  il  est  inutile  de 
vous  donner  les  proportions  et  la  grandeur.  A  peu  de  distance 
de  Bagnol ,  se  trouve  un  tertre  étendu ,  au  sommet  duquel  on 


DE  LA   VILLE  RUINÉE  DE  BRETH.  55 

arrive  par  une  pente  presque  insensible.  Du  point  culminant  la 
vue  embrasse  un  magnifique  horizon  :  on  aperçoit  La  Souter- 
raine au  nord  et  Tancien  emplacement  de  Breth  ;  au  sud ,  Folles 
et  toute  la  ligne  des  montagnes  de  Lauriëre.  Ce  qui  frappe 
surtout  la  vue  c'est  la  singulière  multiplicité  et  Textrème  rap- 
prochement des  monuments  celtiques,  qui  s'étendent,  sur  la  rive 
droite  de  la  Gartempe ,  sur  un  espace  de  près  de  deux  lieues.  Ce 
point  de  la  Haute- Vienne  est  peut-être  aussi  curieux  à  visiter, 
aussi  étonnant  à  parcourir  que  le  célèbre  Camac  de  la  Bretagne. 
Là  le  druidisme  a  imprimé  les  traces  ineffaçables  de  son  passage. 
Le  lieu   est  bien  choisi  :  il  y  règne  comme  une  empreinte  reli- 
gieuse et  farouche ,  qui  fait  songer  Tarchéologue  et  rêver  le 
poète.  Un  passage  suspendu  sur  des  pierres  d'une  grandeur 
prodigieuse  se  reconnaît  encore  :  c'est  là  sans  doute  que  le  col- 
lège des  prêtres  de  Tentâtes  accomplissait  ses  lugubres  mystères. 
Élevé  sur  cette  plate-forme  grossière ,  il  apparaissait  aux  regards 
d'une  multitude  immense,  attirée  par  la  pompe  du  spectacle 
étrange  et  monstrueux  des  sacrifices  humains.  On  reconnaît 
sans   peine    les  pierres   destinées  à  recueillir  le  sang.   Tous 
ces  monuments  sont  exactement   orientés  de  l'est  à  l'ouest. 
La  localité  sur  laquelle  ils  se  trouvent  porte  le  nom  de  MiM- 
Jaurde.  Chose  singulière  I  à  la  porte  de  Paris ,  elle  attirerait  de 
nombreux  visiteurs ,  et  elle  est  presque  inconnue  en  Limousin. 
Bevenons  au  point  central  du  Mas-Péwrier  et  du  MarU-Jourde , 
c'est-à-dire  à  Breth.    Il  semble  en  quelque  sorte  logique  de 
reconnaître  que  Breth  est  le  chef-lieu  de  ces  deux  natures  de 
monuments  druidiques.  Un  fait  philologique  d'une  importance 
qu'il  est  impossible  de  méconnaître  est  produit  par  H.  Fesneau. 
Nous  trouvons  dans  les  Commentaires  de  César  un  mot  qui  cor- 
respond à  Breth  :  t  Qtiem  veroobbbtum  aippeUant  jEdui,  qui  creatur 
annuus ,  et  vUœ  nedsque  in  suos  habet  potestatem  :  les  Éduens  donnent 
à  ce  magistrat  le  nom  de  vergobrèU;  il  est  annuel,  et  a  droit 
dévie  et  de  mort  sur  ses  administrés  >.  Ce  nom  de  vergobrète  n'était 
pas  particulier  aux  Éduens  :  M.  Monin ,  celtiste  français,  décrit, 
dans  son  livre  intitulé  Monuments  et  anciens  idiomes  gaulois,  une 
pièce  de  monnaie  qui  a  quelque  intérêt  pour  notre  thèse.  Son 
inscription  est  celleHsi  : 

KISIAMBOS  câttos  vbrqobreto; 

et,  sur  le  revers  : 

SIMISSOS  PUBLICOS  LIXIVIO. 


56  JURIDICTION   DRUIDIQUE 

Voilà  donc  une  monnaie  des  Lieuvains ,  peuple  que  César  et 
Ptolémée  placent  sur  les  côtes  de  la  Normandie ,  qui  porte  inscrite 
le  nom  de  vergdbrète.  Le  mot  est  donc  bien  k  racine  celtique , 
et  il  s^agplt  de  découvrir  sa  valeur  et  sa  si^ification.  Nous 
rappelons  ici  ce  que  nous  avons  dit  de  Breth  :  c'est  une  ville 
gauloise  ;  on  y  a  découvert  deux  cents  monnaies  de  l'époque 
celtique. 

D'après  le  dictionnaire  de  LepeUetier,  Breith,  Breut,  Brawd , 
signifient ,  en  langue  bretonne ,  jugement  I  Lepelletier  est  un 
savant  bénédictin  de  la  congrégation  de  Saint-Maur  qui  publia 
un  dictioimaire  de  langue  bretonne  en  475â.  Il  nous  serait  assez 
difficile  de  dire  quel  est  le  degré  de  confiance  qu'il  faut  lui 
donner  ;  maie ,  chose  rare  t  deux  hommes  spéciaux  qui  s'occupent 
de  retrouver  l'idiome  celtique ,  MM.  Monin  et  Zeusz ,  un  lin- 
guiste français  et  un  linguiste  allemand ,  donnent  au  mot  Breith 
la  môme  signification  que  le  dictionnaire  Lepelletier.  Ces  deux 
savants  se  rencontrent  pour  traduire  vergobrète  par  efficace  juge. 

Je  sais  combien  il  faut  se  garer  des  étymologies  celtiques.  Les 
archéologues  qui  ont  tenté  de  reconstituer  la  langue  primitive  de 
la  Gaule  ont  été  trop  souvent  le  jouet  de  mystifications  de  toute 
nature.  Nous  nous  souvenons  d'avoir  lu  quelque  part  qu'un 
savant  celtiste  payait  à  beaux  deniers  comptants  les  noms  extra- 
ordinaires qu'il  plaisait  à  d'ingénieux  inventeurs  de  lui  débiter. 
Aujourd'hui  MM.  de  Longpérier  et  de  La  Saûssaye,  Zeusz, 
Jacob,  Grimm,  Adolphe  Pictet  de  Genève,  Cardin  etBogetde 
Belloguet  ont  essayé  de  débrouiller  les  obscurités  du  celtisme , 
et  de  retrouver  les  règles  d'une  langue  qui  dérive  d'une  foule 
d'autres ,  peut^tre  même  du  sanscrit.  Ces  nobles  esprits  ont-ils 
été  plus  heureux  que  leurs  prédécesseurs ,  et  leurs  appréciations 
sont-elles  plus  certaines  que  celles  que  nous  a  données  Bullet  ? 
Nous  ne  sommes  pas  compétent  pour  résoudre  cette  question 
délicate  ;  cependant  nous  sommes  très  -  disposé  à  admettre 
l'étymologie  donnée  par  MM.  Zeusz  et  Monin.  Le  nom  de  la 
ville  de  Breith  ou  Br^  serait  donc  le  synonyme  celtique  d'une 
juridiction  druidique  du  Limousin ,  et  ce  fait,  s'il  était  confirmé 
par  de  nouvelles  preuves,  constituerait  une  reconnaissance 
intéressante  pour  l'histoire  du  Limousin. 

Parmi  leis  pierres  déposées  au  palais  des  Thermes  à  Paris  ,  il 
s'en  trouve  une  qui  porte  l'inscription  suivante  : 

SBNANI6  EILOM, 

que  M.  Monin  traduit  :  senanié  ouveilom. 


DE  U   VlUfi  RUINBK  DE  BRETH.  57 

EUe  86  trouve  au-dessous  d*un  bas-relief  qui  représente  des 
vieillards  couronnés  de  branches  de  chêne.  Ces  vieillards  ne 
sauraient  être  autre  chose  que  des  druides.  M.  Monin  a  traduit 
cette  inscription  par  sénat  de  druides. 

Oumlom  n'était  pas  la  traduction  exacte  du  mot  druide  :  traduit 
littéralement ,  il  signifiait  de  ceux  à  Vauf,  Quels  sont  les  per- 
sonnages que  cette  expression  pourrait  désigner?  M.  Monin 
invoque  un  passage  de  Pline  l'Ancien  assez  singulier  et  original 
pour  que  nous  le  transcrivions  ici.  On  peut  apprécier  par  là 
quelles  difficultés  présentent  les  études  celtiques,  et  quels 
étranges  problèmes  se  dressent  devant  ceux  qui  cherchent  à 
reconstituer  cet  idiome ,  qui  offre  si  peu  de  monuments  de  son 
existence. 

•  <  Il  est  une  espèce  d'œuf ,  dit  Pline ,  très-renommé  dans  les 
Gaules,  et  dont  les  Grecs  n'ont  pas  parlé.  En  été ,  il  se  rassemble 
une  multitude  innombrable  de  serpents,  qui  s'enlacent,  et 
restent  collés  les  uns  aux  autres  tant  par  la  bave  qu'ils  jettent 
que  par  l'écume  qui  transpire  de  leur  corps.  Il  en  résulte  une 
boule  appelée  œuf  de  serpent.  Les  druides  disent  que  cet  œuf  est 
lancé  en  l'air  par  les  sifflements  de  ces  reptiles  ;  qu'il  faut  alors 
le  recevoir  dans  une  saie  sans  lui  laisser  toucher  la  terre  ;  que  le 
ravisseur  doit  s'enfuir  à  cheval,  attendu  que  les  serpents  le 
suivent  jusqu'à  ce  qu'une  rivière  mette  une  barrière  entre  eux 
et  lui;  qu'on  reconnaît  cet  œuf  s'il  flotte  .contre  le  courant, 
même  alors  qu'il  est  entouré  d'un  cercle  d'or.  »  —  Pline  ajoute 
qu'il  a  vu  un  de  ces  œufs  chez  les  druides. 

Ces  prétendus  œu&  n'étaient  autre  chose  que  des  oursins 
pétrifiés. 

Si  l'on  admet  que  l'inscription  senanié  ouveiUm  signifie  sénat  de 
druides,  on  pourrait  bien  moins  encore  contester  la  signification 
de  Breth.  Il  est  vrai  que  nous  n'avons  pas  à  notre  disposition 
d'inscription  de  ce  genre  ;  mais  nous  retrouvons  les  traces  par- 
lantes du  druidisme,  et  les  monuments  du  Mas-Février  et  du  Mont- 
Jourde  ont  pour  nous  autant  de  valeur  et  d'autorité  que  la 
pierre  déposée  au  palais  des  Thermes. 

En  résumé,  Breth  a  dû  être  le  centre  d'une  juridiction  drui- 
dique ;  dans  cette  cité  a  dû  vivre  une  agglomération  de  la  caste 
sacerdotale ,  caste  riche ,  éclairée  et  puissante. 

On  peut  conjecturer,  sans  trop  donner  à  l'imagination ,  que, 
après  la  conquête  romaine  et  la  persécution  de  la  religion  nationale 
sous  l'empereur  Claude ,  les  druides  ont  abandonné  peu  à  peu 


58  JURIDICTtON   DRUIDIQUE 

leur  existence  retirée  et  solitaire  au  sein  des  vastes  forêts  de 
chênes ,  et  se  sont  laissé  prendre  aux  douceurs  de  la  civilisation 
romaine. 

A  ce  moment,  Breth  s^est  embellie  et  agrandie  de  riches  et 
élégantes  habitations ,  dignes  de  la  fortune ,  de  la  naissance  et 
de  rintelligence  d'une  caste  puissante,  qui*avait ,  pendant  tant  de 
siècles ,  exercé  une  si  haute  influence  sur  le  génie  et  sur  les  des- 
tinées de  la  Gaule. 

Certainement  tout  cela  peut  encore  paraître  à  Tétet  d'hypo- 
thèse, et  le  système  de  M.  Fesneau  peut  sembler  appuyé  sur  des 
conjectures  plutôt  que  sur  des  preuves. 

Toutefois  l'esprit  ne  saurait  se  montrer  difficile  lorsque  les 
questions  dont  on  cherche  la  solution  sont  dominées  par  le  silence 
et  Tobscurité  des  temps.  L'archéologie ,  suivant  en  cela  les  ins- 
pirations de  Cuvier  etLeibnitz,  procède  aujourd'hui  à  la  façon  de 
la  paléontologie.  Remontent  aux  premiers  ftges  du  monde,  la 
paléontologie  est  parvenue  à  constituer  une  théorie  sérieuse  et 
réfléchie  des  révolutions  de  la  terre  et  des  différentes  créations 
qui  se  sont  succédées.  Cette  science  ne  peut  étayer  ses  données 
sur  des  bases  certaines  ou  sur  des  monuments  authentiques , 
car  nul  autre  que  le  Créateur  n'a  assisté  à  toutes  les  révolutions 
de  notre  globe  ;  et  cependant  l'induction  est  parvenue  peu  à  peu 
à  débrouiller  le  chaos,  et  les  théories  savantes  ont  reçu  une 
éclatonte  affirmation.  La  découverte  des  fos»les  a  consacré 
définitivement  le  génie  de  Cuvier.  De  nos  jours  le  doute  n'est 
plus  possible  :  l'homme  a  touché  encore  une  fois  à  ce  fruit  de 
la  science  qui  fut  jadis  cause  de  sa  perte ,  mais  qui  le  relève 
aujourd'hui  devant  Dieu,  parce  qu'il  l'a  acquise  à  la  sueur  de 
son  ttont  et  par  le  travail  long  et  réfléchi  de  son  intelligence. 

Il  en  est  de  même  de  l'archéologie.  Désormais  nos  yeux  ont 
acquis  l'habitude  de  voir  avec  une  netteté  comparative  à  travers 
les  brouillards  de  l'antiquité  ;  et  là  encore  nos  déductions ,  sans 
dtre  infaillibles ,  néanmoins  ne  sont  pas  beaucoup  plus  sujettes  à 
l'erreur  que  sur  tout  ce  qui  touche  aux  théories  ordinaires,  fon- 
dées sur  des  prémisses  en  apparence  plus  manifestes.  C'est  au 
moyen  de  l'induction,  cette  admirable  faculté  de  l'esprit  humain, 
que  l'observation  a  fait  découvrir  les  âtés  Lacustres ,  qui  depuis 
tant  de  siècles  étaient  ensevelies  au  fond  des  lacs  de  la  Scandi- 
navie,  de  l'Irlande  et  de  la  Suisse. 

Cette  méthode  a  été  appliquée  à  Breth  par  M.  Fesneau ,  et  j'ai 
Tespoir  que  des  fouilles  pratiquées  dans  les  ruines  amèneront  la 


DE  LA   VILLB  RUINÉE  DB  BRETH.  59 

'  découverte  de  médailles  et  de  monuments  lapidaires  qui  con- 
firmeront ses  inductions. 

Je  ne  saurais  terminer  ce  mémoire  sans  parler  d'une  illustre 
adhésion  qui  encourage  ses  recherches.  Cet  archéologue ,  dans 
le  but  d'attirer  Tattention  de  TEmpereur  sur  la  cité  qu'il  ex- 
plore ,  et  de  lui  signaler  la  destruction  regrettable  des  dolmens 
et  pierres  druidiques  par  les  entrepreneurs  de  chemins  vicinaux , 
a  adressé  plusieurs  pétitions.  Sa  Majesté,  toujours  bienveil- 
lante, et  qui  accorde  une  protection  si  éclairée  à  tout  ce  qui  touche 
à  l'archéologie ,  a  cru  devoir  envoyer  un  de  ses  aides  de  camp 
à  La  Souterraine  pour  lui  rendre  compte  des  ruines  de  Breth. 
Sans  doute  cette  ville  n'a  ni  l'éclatante  renommée  ni  le  reten- 
tissement d^Alesia;  mais  l'obscurité  qui  entoure  son  existence  et 
ses  ruines  remarquables  méritaient  à  plus  d'un  titre  de  fixer  l'at- 
tention de  Sa  Majesté. 

Notre  Société  doit  6tre  fière  de  cette  précieuse  marque  d'intérêt , 
et  ce  sera  pour  elle  un  illustre  encouragement  pour  ses  travaux 
et  pour  ses  recherches  à  venir.  Espérons  que  cette  protection 
toute-puissante  nous  permettra  de  faire  un  jour  des  fouilles  sur 
notre  sol  limousin,  si  riche  en  monuments  et  en  souvenirs 
historiques.  Quel  sol  fut  plus  riche  en  ruines  gallo-romaines?  S'il 
faut  en  croire  nos  chroniques,  Limoges  fut  surnommée,  à  l'é- 
poque des  premiers  empereurs ,  secundaRoma,  une  seconde  Bome, 
et  sur  son  sol  jadis  glorieux  s'élevèrent  les  splendides  palais  et 
le  théâtre  de  Duratius.  Des  fouilles  habilement  dirigées  pro- 
duiraient certainement  des  résultats  intéressants.  Breth ,  le  Puy- 
de-Jouër,  la  villa  d'Antone,  etc.,  seraient  dignes  de  nos 
recherches.  Malheureusement  notre  Société,  comme  la  plupart 
des  sociétés  de  France ,  n'a  pas  les  ressources  sufikanteâ  pour  de 
teUes  entreprises.  Qu'il  me  soit  donc  permis  de  formuler  un  vœu , 
et  de  faire,  en  terminant,  un  appel  à  la  bienveillance  de  l'État  et 
à  ses  généreux  encouragements  1 

E.  BUISSON  DE  MAYEBONIEB. 


STATUTS 


DES  FONDEURS  DE  LIMOGES 


EN  4593. 


Extrait  des  lettres  patentes  accordées  par  Sa  Majesté  en  faveur 
des  M**  fondeurs  de  la  ville ,  dté  et  faubourgs  de  Limoges , 
y  compris  t enregistrement. ,  ensemble  les  statuts  et  les  noms  des 
iH"  qui  sont  présentement  dans  la  ville  »  dté ,  faubourgs 
et  banlieue. 

Louis  (Henri)  (4) ,  par  la  grrftce  de  Dieu  roy  de  France  et  de 
Navarre ,  à  tous  presans  et  aduenîr  salut.  VeU  en  nostre  conseil 
les  articles  presantez  par  nos  chers  et  bien  aymés  les  m'V  fondeuis 
de  nostre  uille  de  Lymoges,  afin  que,  suyuant  iceux,  led. 
mestier  soit  juré,  et  que  lesd.  articles  soint  gardez  comme 
statu  dud.  mestier.  Ordonnance  du  senechal  du  Lymosin  ou 
son  lieutenant,  portant  que  lesd.  articles  seront  communiquez 
aux  consuls  de  lad.  ville  de  Lymoges  pour  donner  leurz  aduis , 

(1)  Le  scribe  de  cette  pièce,  à  laqueUe  nous  avons  conservé  son  ortho- 
graphe, n*était  pas  fort  sur  la  grammaire ,  comme  on  peut  le  voir  ;  il  fit 
sans  doute  cette  copie  après  la  mort  de  Henri  IV,  et,  comme  Louis  XIII 
régnait,  U  crut  devoir  mettre  le  nom  de  ce  monarque  à  la  place  de  celui 
du  roi  son  père. 


STATUTS   DES  FONDEURS   DE  LIMOGES.  61 

Taduis  d'iceux  consuls  ,  ensemble  celuy  du  lieutenant  et  nostre 
procureur  en  laditte  seneschaussée  de  Lymousin;  qu'il  est 
expédient  pour  lebien  publiq  que  led.  mestier  soit  juré,  et  que 
lesd.  articles  soint  gardez  comme  status  d'icelluy  mestier,  et, 
pour  cet  effect ,  que  lesd.  m"»  fondeurs  se  retitreront  [sic]  par 
deuers  nous ,  pour  leur  ^tre  pourueti ,  ce  qu'ils  nous  ont  très 
humblement  supplié  et  recquis  Sçavoir  faissons  que,  nous 
inclinants  libéralement  à  la  req.  desdicts  fondeurs ,  auons ,  de 
Taduis  de  nostre  conseil,  de  nostre  certaine  science,  plaine 
puissance  et  aucthorité  royalle ,  approuué ,  aucthorisé  et  emo- 
logué ,  approuuons,  aucthorisons  et  emologuons  lesd.  articles  cy 
attachez  sous  nostre  contrescel  ;  voulons ,  ordonnons  et  nous 
plait  qu'ils  soint  gardez,  obseruez  et  entretenus  jnuiolablement 
selon  leur  forme  et  teneur,  sans  qu'il  y  soit  aulcunement 
contreuenu  sur  les  peines  portées  par  yceux ,  qui  seront  déclarées 
exécutoires  contre  les  contreuenans.  Tous ,  et  insy  que  sy  lesd. 
artides  estoint  cy  particulièrement  déclarés  et  spésifi&i,  aux 
quels  lesd.  suppliant  pouroint  recourir  et  s'en  ayder,  sy  donnons 
en  mandement  aud.  sénéchal  de  Lymosin  ou  son  lieutenant 
que  ces  présentes  et  lesd.  articles  il  fasse  enregistrer  au  greffe 
dud.  siège ,  garder,  obseruer  et  entretenir  de  point  en  point  selon 
leur  forme  et  teneur,  cessant  et  fesant  cesser  tous  troubles  et 
empeschements  au  contraire ,  car  tel  est  nostre  plaisir,  nonobstant 
quelconque  ordonnance,  restriction,  mandement,  deffances  et 
autres  à  ce  contraires ,  et ,  afin  que  ce  soit  chose  ferme  et  stable 
à  toujours  ,  nous  auons  fait  mettre  nostre  scel  à  ces  présantes , 
sauf  nostre  droit ,  et  autres  choses  et  auctruy  en  toutes.  Donné  à 
Chastres,  au  mois  d'octobre  lan  de  gr&ce  mil  cinq  cent 
quatre-vingt-treize  et  de  nostre  règne  le  cinquiesme.  Signées  sur 
le  replis ,  par  le  roy  en  son  conseil  :  db  Uilloutbet  ,  et  scellées  du 
grand  scel  dud.  sire  en  cire  uerte  sur  lacs  de  soye  uerte  et  rouge. 

Martial  Lamy ,  con*'  du  roy  nostre  sire ,  et  lieutenant  par- 
ticulier en  la  seneschaussée  de  Lymosin  et  siège  présidial  de 
Lymoges ,  sçauoir  faissons  que ,  sur  la  req.  à  nous  cy  douant 
présentée  par  lesd.  m*"**  fondeurs  de  la  pûte  uille ,  contenant 
qu'ils  estoint  en  uolonté  de  faire  ajurer  led.  mestier  de  fondeur, 
et  à  ces  finsauoir  dressé  les  articles  y  attachez,  nous  req.  aux 
fins  de  se  pouruoir  deuers  Sa  Majesté  pour  obtenir  les  patentes 
à  ce  requises  et  nécessaires ,  donner  aduis  et  ordonner  aussy  que 
le  procureur  du  roy  et  consuls  de  la  pûte  uille  bailheront  aduis 


62  STATUTS  DBS  FONDEURS  DB  LIMOGES. 

sur  lesd.  articles  comme  estant  le  profit  et  interest  du  publiq. 
Nous  aurions  ordonné  dez  le  dernier  jour  de  may  dernier  qu'il 
seroit  monstre  au  procureur  du  roy  et  consuls ,  aprfes  auoir  veû 
laditte  req.  et  articles  y  attachez,  par  leurs  responces  contenues 
au  pied  d'iceux  auront  fait  déclaration  parlant  par  la  bouche  de 
Hugues  Bourbon  (4),  Tun  desd.  consuls  et  prévost,  auons 
conféré  ensemble ,  et  donné  aduis  que  led.  mestier  de  fondeur 
doit  estre  juré ,  et  lesd.  articlez  observez  pour  le  bien  du  publiq , 
comme  pareillement  led.  procureur  du  roy,  à  la  signifficSon  a 
luy  faitte  de  laditte  requeste ,  et ,  après  auoir  veû  les  articlez 
attachez,  auroit  donné  semblable  aduis  que  led.  mestier  de 
fondeur  doit  estre  juré  pour  le  bien  profit  du  publiq,  et  lesd. 
articlez  obseruez;  nous  req*  aussy  donner  sur  ce  nostre  aduis; 
occasion  de  quoy ,  nous,  lieutenant  susd.,  après  auoir  veû  les 
susd.  articlez ,  déclarations ,  et  aduis  donné  par  led.  procureur 
du  roy  et  consuls  de  la  pfite  ville ,  donnons  semblable  aduis 
estre  nécessaire  pour  le  bien  publiq  que  led.  mestier  de  fondeur 
soit  juré ,  et  lesd.  articles  obseruez  pour  le  bien  du  publiq ,  et 
que  à  ces  fins  lesd.  m*"**  fondeurs  se  doiuent  pouruoir  deuers 
Sa  Majesté  pour  obtenir  les  patentes  requises  pour  cet  effet.  Fait 
à  Lymoges  par  douant  nous,  lieutenant  susdit,  le  cinquiesme  jour 
de  juillet  mil  cinq  cents  quatre-uingt-treize.  Sensuyt  l'enregis- 
trement des  lettres  patentes  obtenues  par  Sa  Majesté. 

Martial  Lamy ,  con*'  du  roy  nostre  sire,  et  lieutenant  par  en 
la  cour  de  la  seneschaussée  de  Lymosin  et  siège  présidial  de 
Lymoges,  sçauoir  faissons  qu'aujourd'huy  soubsescript  par 
douant  nous  ont  comparus  François  BouUand,  Jean  Trotier, 
Léonard  Roussaud ,  Helie  Famest,  fils  d'autre  Hélie  Farnest, 
Jean  Nantiat,  Helie  Leychanaud ,  Léonard  Chastenet ,  Pierre 
Freyssinaud  dict  Sardine,  etHelie-MathiasNogeaud,  m'**fondeurs 
de  la  présante  ville  en  leur  personne,  auec  Bonin  ,  leur  pro- 
cureur, lesquels,  en  présance  du  procureur  du  roy,  comparant 
sire  Ardant  et  Cibot ,  nous  ont  dit  et  remonstré  auoir  obtenu 
lettres  patentes  du  roy  par  lesquelles  le  mestier  de  fondeur  en  la 
présante  uille  est  juré,  et  ordonnons  que  les  articles  y  attachez 
seront  gardez  et  obseruez  comme  on  fait  apparoir  par  lesdittes 
lettres-pattantes  illec  exhibées,  données  à  Chastres  au  mois 
d'octobre  dernier,  signées  sur  le  reply  :  Par  le  rov  en  ''"•> 

(1)  BarbouCn 


STATUTS  DBS  FONDEURS  DB  LIMOGES.  63 

conseil ,  de  Uilloutbbys  ,  et  scellées  du  grand  scel  dad.  S^  en 
cire  nerte  sur  lacs  de  soye  uerte  et  rouge. 

Lesquelles  ils  ont  communiqué  aud.  procureur  du  roy ,  requén 
uouloir  ordonner  qu'elles  seront  présentées,  leûes  et  enregistrées 
au  greffe ,  aux  fins  que  personne  n'en  prétende  cause  d'igno-<- 
rance ,  néantmoins  qu'ils  jouiront  de  Teffet  d'icelles ,  suiuant 
l'ordonnance  de  Sad.  Majesté  ;  led.  procureur  du  roy  a  dit  auoir 
veil  lesd.  lettres  patentes  obtenues  par  lesd.  m'*'  fondeurs ,  par 
lesquelles  Sa  Majesté  a  voulut  led.  mestier  de  m'*  fondeur  estre 
juré  en  la  pûte  ville,  et  n'auoir  moyen  pour  empescher.  Ains 
requiert  lecture  en  estre  faitte,  et  icelles  lettres  soint  enregistrées 
au  greffe,  et  que  lesd.  m^'  fondeurs  jouissent  de  l'effect  d'icelles  ; 
parquoy,  après  que  lecture  a  été  judiciellement  faitte  desd. 
lettres-patantes ,  auons  concédé  acte  et  ordonné  qu'elles  seront 
enregistrées  au  greffe ,  aux  fins  que  personne  n'en  prétende 
cause  d'igniorance ,  et  que  lesd.  m'*'  fondeurs  jouiront  de  l'effect 
d'icelles  suiuant  la  volonté  de  Saditte  Majesté. 

Fait  à  Limoges ,  en  l'auditoire  royal  de  laditte  Cour,  pardeuant 
nous,  lieutenant  susd.,  le  cinquesme  jour  du  mois  de  januier 
mil  cinq  cents  quatre-vingt-quatorze.  Signé  :  Lamy  ,  lieutenant 
particulier,  et  Ardant  ,  procureur  du  roy,  et  Guy  ,  greffier. 

Les  m''*  fondeurs  de  la  uille  de  Lymoges ,  pour  le  bien  publiq 
entendant  faire  jurer  led.  mestier  de  fondeur,  et  foire  garder  et 
obseruer  les  articles  qui  s'ensuyuent  : 

<•  Premièrement,  que  nul  ne  sera  reçu  m"  dud.  mestier  qu'il 
nayt  fait  son  apprentissage  et  demeure  apprentif  le  temps  de 
trois  ans. 

i"*  Pour  son  essay  et  chef  d'œuure  deuant  estre  receu ,  sera 
tenu  de  faire  un  paire  de  chandaliers  planieus  de  toumierie  et 
bonne  ord^"* ,  un  autre  payre  de  chandaliers  ouurés,  bons  et  bien 
faits,  sans  aulcune  soudure  ni  faute,  plus  un  paire  d'estriest , 
une  payre  desperont  et  une  paire  de  boussettes ,  le  tout  bien 
ouuré  en  couleur  d'ort. 

3<»  Lequel  chef  d'œuure  serat  fait  en  la  maison  de  l'un  des 
m'~  dud.  mestier,  qui  sera  lors  garde  et  députté  pour  cet  effect, 
en  présance  de  deux  des  autres  m'^  qui  seront  nommez. 

k"  Ledit  chef  d'œuure  ayant  esté  jugé  valable  par  lesd. 
desputtez,  celuy  qui  l'aura  fait  serat  reçu  à  ladjtte  maitrisse  en 
fesant  le  serment  d'obseruer  les  status  de  laditte  frairie,  en  payant 


64  STATUTS  DES   FONDEURS   DE  LIMOGES. 

deux  escus,  qui  seront  mis  dans  la  boette ,  et  employez  aux 
fraix  du  seruice  diuin  qui  se  fait  chaqun  an. 

5»  Les  enfans  des  m'^^'*  dud.  mestier  qui  voudront  estre  receiis 
après  le  déceds  de  leurs  perre  ne  seront  tenus  faire  de  chef 
d'œuvre,  si  ce  n^est  une  des  susdittespiesces  qu'il  pourra  choisir, 
et  en  prestant  le  serment  de  garder  les  status  dud.  mestier. 

6*  Les  veufues  desd.  m'"  pendant  leur  uiduité  pourront  tenir 
boutique ,  et  jouiront  des  priuilleges  dud.  mestier  durant  leur 
uiduitté ,  seulement  ayant  un  personnage  idoine  et  bien  uersé 
aud.  mestier. 

7»  Ne  pouront  lesd.  m"»  et  ouuriers  trauailler  ny  faire 
trauailler  leurs  serviteurs ,  ouurir  leurs  boutiques ,  ny  faire 
aucunne  uente  les  jours  de  dimanches,  jours  et  festes  de 
N'*  Dame,  ny  des  Apostres ,  et  cesseront  led.  travail  les  uigilles 
desd.  dimanches  et  d'austres  festes  à  Theure  de  six  heures  du 
soir,  à  peine  de  deux  escus  pour  chaqune  contrevention ,  Tun 
desquels  sera  mis  dans  la  boette ,  et  l'autre  sera  gaigné  aux 
beyle  et  garde  dud.  mestier. 

8*  Ne  pouront  lesd.  m'^  travailler  ny  faire  travailler  aud. 
mestier  de  fonte  pour  landiers  (4)  et  chandeliers ,  en  chaussestes , 
hamois,  garnitures  de  chenal  ou  autres  piesces  qui  en  dépendent 
dud.  mestier  dans  la  ditte  uille  de  Lymoges ,  faubourgs,  citté , 
banlieue ,  qui  ne  soit  fonte  de  bonnes  matières ,  et  dont  le  tout 
soit  bon  et  marchand  au  dire  des  autres  m'**  à  peine  de 
confîscdon. 

9°  Ne  fairont  lesd.  m"*  aucun  ouurage  nécessaire  au  mestier 
de  Ceinturier  tant  de  laton  (2)  blanc  que  de  gaune,  qui  ne  soist 
bien  leine,  poly  et  apreste,  aux  mesmes  peines. 

40<»  Pouront  lesd  m'"  fondre  des  poids,  timons,  boussettes  et 
garnitures  des  poids  pour  les  m'**  trébuchiers ,  pourueii  qu'ils 
soint  bien  fondus  de  bonne  matière  et  marchande  ,  et ,  sy  n'est 
trouuée  bonne  marchande  et  loyale ,  serat  aussy  confisquée. 

4  4°  Ne  pourront  lesd.  m"*  vendre  aucun  ouurage  de  fonte  qui 
ne  soit  paracheué ,  exposé  et  vendu  en  leurs  boutiques ,  bons  et 
marchands ,  aux  mesmes  peines. 

42«  Tous  chandaliers  de  salle,  chandaliers  de  table  et  landiers 


(1)  Chenets. 

(2)  Laiton. 


STATUTS  DES  PONDEURS  DB  LIMOGES*  65 

seront  faits  de  bonne  matierre ,  bien  fondue,  taillez  et  tournez, 
bons  et  marchands ,  à  peine  de  confiscation. 

43«  Aucun  m'*  ne  pourrat  prandre  et  receuoir  qu'un  seul 
apprantif ,  et  le  prandra  en  presance  de  deux  des  autres  m'«*  ; 
lequel  apprantif  demeurera  en  la  compaignie  dud.  m'*  trois  ans 
entiers  et  consecutifis,  sans  (4)  excuse  légitime;  et,  si  led. 
apprantif  s'en  va  de  la  compagnie  dud.  m'* ,  cessant  lad.  excuse 
légitime,  aucun  des  autres  m^*  ne  le  pourront  prandre  ny 
recevoir;  et,  si  led.  apprantif  pandant  led.  temps  s'en  alloitaux 
champs ,  et  qu'il  retournât  dans  quelque  temps ,  aucun  des 
autres  m'**  ne  le  pourrat  receuoir  à  trauailler  qu'il  nay  satisfait 
et  payé  son  premier  m'*  des  dommage  et  intérest ,  à  peine  de 
trois  escus  et  un  tiers  pour  chaqune  faute  ou  contreuention , 
dont  la  moytié  serat  misse  dans  la  boette ,  et  Tautre  moytié 
acquise  aux  gardez  et  beyles  dud.  mestier . 

4 4"» Outre  ce,  chaqun  apprantif  serat  tenu ,  au  commencement 
de  son  apprantissage ,  bailler  trois  liures  cire  aux  beyles  dud. 
mestier  pour  le  seruice  diuin ,  dont  les  m^'*  qui  prendront  led. 
apprantif  demeureront  responsables. 

4  5"»  Les  m'^*  dud.  mestier  ne  pouront  prester  le  serment  en 
aucun  autre  mestier,  ny  en  user  ;  et ,  sy  aucun  desd.  m'**  fait  le 
contraire,  en  demeureront  priuez  sans  y  pouuoir  reintrer  ;  et ,  sy 
aucun  desd.  m'**  délaisse  le  mestier  qu'il  fait  pour  aller  trauailler 
à  un  autre  mestier ,  et  qu'il  fasse  aucune  besoigne  dud.  mestier 
de  fondeur,  serat  confisquée ,  et  luy  condamné  à  une  amande 
qui  serat  arbitraire. 

46"  Nuls  estrangers  ny  autres  m''*  dud.  mestier  ne  pourront 
leuer  boutique  qu'ils  n'ayent  auparauant  demeuré  en  lad.  ville 
un  an  antier,  et  fait  attestaSn  de  leur  uie  et  mœurs ,  religion 
catholique ,  et  qu'il  aye  apparu  aux  dits  députez  qu'ils  sont 
8uf9zants  pour  estre  maistre  dud.  mestier,  et  fait  led.  essay 
chef-d*œuvre ,  et  qu'ils  sont  m'*«  jurez,  à  peine  de  trois  escus, 
appliquable  comme  dessus. 

47*  Aussy  ne  pouront  lesd.  m'*»  ny  leurs  ueufues  tenant 
boutique  porter  ou  enuoyer  et  interposer  personne  a  vendre 
aulcune  marchandise  dud.  mestier  ez  logis  hostellerie  de  la 
pfite  uille ,  faubourgs ,  cité  et  banlieue ,  ny  en  autres  lieux  à 

(1)  Je  crois  qu*il  faut  lire  ia«/au  lieu  de  lafw. 


66  STATUTS  DBS  FONDBUBS  DB  UMOGBS. 

ca<diett6,  aias  seront  tenus  la  uendre  en  leur  bouptique  et 
ouurerie,  afin  qu'il  ne  se  oommette  fraude,  et  que  lad. 
marchandise  soit  loyalle ,  à  peine  de  confiscaticm. 

iS^  Aucuns  m^"  ny  leurs  ueufues  tenant  bouptique  ne 
pourront  bailler  besoigne  a  trauailler  qu'à  ceuz  dud.  mestier 
qui  auront  fait  leur  apprantiaaage  chez  lesd.  mr*^  à  peine  de 
dix  liures,  dontserat  mis  moytié  aux  pauures,  et  l'autre  moytié 
à  la  boôte. 

4  Q*"  Ne  pouront  acheter  de  maichandisse  estrangerre ,  comme 
landier,  chandalier,  lampe ,  ny  mesme  faire  canter  auicunnes 
d'icelles  pour  les  exposer  en  Tenthe  à  autres  personnages 
bassinierset  autres  que  ceux  dud.  mestier  de  fondeur,  pouront 
acheter  desd.  m'**  fondeurs,  et  non  d'autres,  à  peina  de  confis* 
quation  et  amande. 

f  0"*  Et  ne  pouront  aucun  homme  d'ilee  estât  faire  aucuns 
fourneaux  pour  fondre  en  l'art  dud.  mestier  qui  ne  soit  reçu 
m**,  à  peine  de  dix  liures  et  arrazement  de  fourneaux ,  et  oe ,  à 
cause  que  la  diuinité ,  la  majesté  et  le  public  en  ponroint  estre 
ofifancez. 

SI*  Lesd.  m*^'  chaqune  année  esliront  deux  on  trois  d^entre 
eux  pour  visitter  la  marchandise  quiserat  faittetant  par  eux  que 
les  estrangers  sy  aucuns  en  y  a ,  afin  de  garder  qu'il  ne  s'en 
expose  aulcunne  en  venthe  qui  ne  soit  bonne ,  loyalle  et  mar* 
chande ,  et,  pour  faire  ladite  uisite,  seront  tenus  les  autres  m'** 
et  ceux  dud.  mestier  qui  en  useront  faire  ouuertures  de  kum 
maisons  ouureries  et  coffres  touttes  fois  et  quantes  qu'ils  en  seront 
sommés  et  requis ,  et  les  exhiber  et  communiquer,  tous  tes  m^ 
ensembles ,  les  estrangers ,  celles  qu'ils  apportent  uendre  en  la 
pâte  uille  ,  soit  qu'ils  l'apportent  en  une  hostellerie  ou  ailleurs, 
et  s'ils  s'en  trouuent  qui  ne  soint  de  la  qualitté  susdite ,  la 
prendre  de  leur  authoritté ,  et  l'apporteront  dépositer  entre  les 
mains  de  quelque  marchand  pour  estant  ueUe  et  jugée  des 
autres  dud.  mestier  y  estre  pourueU,  et  se  ferat  lad.  élection 
dud.  beyle,  le  vingt  sixiesme  novembre.  Enfoy  de  ce,  auons 
signez  les  presantz  articlez.  Signé  Bolland,  A.  GAïQNAjKn, 
Chatemet  ,  N.  Dandaud  et  Mabicaud. 

S'en  suit  les  noms  des  m"»  fondeurs  qui  sont  presantement 
dans  la  uille,  citté,  faubourgs  et  banlieue  de  Limoges  : 
premièrement ,  Léonard  Ricaud ,  Martial  CShatenent ,  Jean  et 


STATUTS  DIS  FONDBUBS  DE  LIMOGES.  67 

Léonard  Boutaudon  perre  et  fils ,  Ânthoine  Dutreix ,  Léonard  et 
Jean  Roche  perre  et  fils ,  Jacques  Chatenet ,  Pierre  Bregefort 
laisné ,  Nicolas  Chatenet ,  fils  dud.  Martial^  Jean  Bicquard,  fils 
dud,  Léonard,  Pierre  Bregefort  jeune,  la  ueufue  de  feu 
François  Rolland  dit  Lansamant ,  la  ueufue  de  Chatenet  Vieux  , 
la  ueufue  de  feu  Joseph  Guytard  ,  la  ueufue  de  feu  Jacquet ,  la 
ueufue  de  feu  Chatenet. 


Cette  copie ,  fidèlement  collationnée  sur  le  manuscrit  des 
archives,  liasse  64§5 ,  renferme  déjà  quelques  noms  défendeurs, 
auxquels  je  crois  devoir  joindre  la  liste  suivante,  formée  d'après 
divers  documents  et  actes  de  familles  déposés  aux  mêmes 
archives  de  la  Haute-Vienne. 


FONDEURS  ET  MOULEURS  EN  MÉTAUX. 


Années. 

JoHAN  d'Eyjaux U40. 

Lagorcb 1507. 

Granaub,  Mathurin 4520. 

Promeyrat,   Martial 1551. 

RoLLAiiD,  François,  dit  Lansemant. 1560. 

Balon 1575. 

Delauzb,  Joseph,  cousin  et  héritier  de  Jehan  Cour- 

TBTS,  émailleur 1586. 

Tboutier  ,  Jehan 1597. 

Clavaud,  mouleur  ou  modeleur 1610. 

TsuLiER ,  mouleur 1617. 

Bbbsoirb  ,  Jean ,  )  ,  .  ^  . 

BBBSOiEB.Pien;,       |  ™o»l«"rs UU. 

ÂEDiLiEE,  Pierre ,  fondeur 1626. 

Chenaud 1640. 

Dbnouveau  dit  Caillaud  ,  Jean 1640. 

GuTTABD  ,  Joseph 1668. 


68  STATUTS  DES  FONDEURS  DE  LIMOGES. 

Années. 

Lagorcb  ,  Henry,  modeleur 1B77. 

MoNTAUDON,  Jean,  fondeur 4682. 

Lachbnaud  ,  Jean 1694. 

RoCHB avant  4700. 

CouTAUD ,  Etienne. 1756. 

Chatbnbt,  Barthélémy 4758. 

Ghatbnbt,  Guillaume ,  son  fils 4758. 

Chatbnbt,  Pierre 4758. 

Maurice  ABDANT, 

AnhivisU  de  !•  Uaiila-Vicnne. 

Limoges,  le  6  août  1862. 


Les 


Fanavx  en  Limovsin. 


S.liéonap<l,arron,disseineTU  de  Limoges  (//"  Vi»Dncj 


Monlpol-Sénard,  arrondisscmeTiL  de  Bf-11ac  /.'/"  \':-mri. 


>■■ 


Oradour- Saint -Genesl, arrondissement  de  b&Wsc  (ff'"  Vienne) 


Oradour- sur -Glane,  arrondisseTnent  de  ^oc^ecnouarW^/sn.-!!  ) 


s!  Barbant,  Arrondisscmenl.  de  Bcllac  (a' 


Biennal ,  arrondissement,  de  Rochcchouarl  /ïA  r,.nnsj 


Cognac,  arrondissement  de  Rochechouart  |'w''V/mne/ 


Coussac-Bonneval,  arrondissemeni  de  S  ami -Yrieix.f'/f  "vienne; 


s.  Léonard,  arrondissement  de  Limogea  (H"  V^'mnej 


'J 


Montrol-Senard,  arr'ondissr.ment  de  Bnllac  ■■.'/"  \---!r-i. 


>■ 


Oradour-Saint-Genest, arrondissement  de  Bellac  (//'"V/enne) 


Ox'adour- sur -Glane,  arrondissement  de  RocKecliouart^ff?/?^^.' 


Saint-Viclurnien,  arrondi.sscmcnl  df:  Rochechouart 


Rançon  ,  arrondissemeni  de  Bcllac '/i"'i';ff).w/ 


Fellelin  ,  arrondissement  d'Aulusson  (Cre 


m 


1 

1 

1 

1 

1 

»4. 

V 

i^ 

°       R 

î 

Face  méridionsle  ^^'':■'  "'■"ii^l-. 

Sainl-Goussaud,  ArroTidisseinenl  de,  Botir^aneuf  fi^fuce 


o 


La    Souterraine,  arrondissement  de  Guéret /'Creuse;, 


Vcrcillat, arrondissement  de  Gucrcl  (Vrcu-ie). 


LES  FANAUX  EN  LIMOUSIN. 


Bans  quelques  anciens  cimetières  de  France ,  on  trouve  un 
monument  particulier  qui  mérite  de  fixer  Tattention  des  archéo- 
lo^es,  et  qui,  signalé  par  quelques  rares  auteurs  (1),  est 
depuis  peu  mieux  €onnu  par  leslJdescriptions  qu'en  a  données 
M.  de  Gaumont.  C'est  une  espèce  de  grosse  colonne  cylindrique , 
carrée  ou  polygonale ,  se  terminant  en  lanterne.  Cette  dernière 
partie  lui  a  fait  donner  le  nom  de  lanterne  des  morts  ou  de 
fanal. 

Tous  nos  monuments  de  ce  genre  paraissent  dater  du  xi* , 
du  XII*  ou  du  XIII'  siècle.  J'admire  la  naïveté  de  certains  auteurs 
discutant  sérieusement  si  on  doit  les  ranger  au  nombre  des 
monuments  gaulois ,  ou  les  signalant  simplement  comme  tels 
(AUou,  Cancalon  ,  Beaumesnil,  etc.).  Long- temps  leur  paisible 
lumière  a  éclairé  le  champ  des  morts  ;  mais,  depuis  1793,  elle 
semble  éteinte  pour  toujours. 

Dans  nos  cimetières ,  ces  fanaux  occupent  presque  partout  la 
même  position.  On  voit  que  nos  ^pères  ont  voulu  les  placer 
tout  à  la  fois  et  au  centre  pour  éclairer  également  tous  les  tom* 
beaux,  et  sur  le  point  le  plus  élevé  pour  qu'ils  soient  vus  de  plus 
loin.  Si  on  en  rencontre  quelques-uns  hors  des  cimetières,  comme 
à Saint-Goussaud  (Creuse),  c'estgque  l'esprit  moderne,  ennuyé 


(1)  Tels  sont  MablUon  effM ont&ucon  sur  la  fin  du  xvii*  siècle  ;  mais ,  dès 
le  xii«  f  Pierre  le  Vénérable  en|  avait  donné  une  exacte  description  en 
ftôsant  connaître  son  usage  :  a  Obtinet  médium  cœmeterii  structura 
qasdam  lapidea  »  habens  in  sununitate  sui  quantitatem  unius  lampadis 
capaœm,  quse,  cà  reverentiam  Jtdélium  ibi  quiesceniiwtn ,  totis  noctibus 
fulgore  sao  locum  illum  sacratum  Ulustrat.  Sunt  et  gradus  per  quos  illuc 
asoenditnr,  supraque  spatium  dnobus  vel  tribus  ad  standum  vel  sedendum 
hominibus  sufficiens,  etc....  »  {Apud  Mubcier  ,  Sépuit.  chrét.,  146.) 

6 


70  LES  FANAUX   BN  UMOUSIN. 

de  voir  trop  souvent  cette  dernière  demeure  qui  nous  fait  penser 
à  une  autre  vie,  s'est  empressé  de  porter  la  cendre  des  morts 
dans  un  lieu  moins  exposé  à  nos  regards.  Gela  explique  comment 
quelques-uns  de  ces  monuments ,  laissés  dans  le  lieu  ob  ils  ont 
été  construits,  se  trouvent  aujourd'hui  sur  des  places  qui 
étaient  autrefois  des  cimetières.  Dans  certaines  contrées ,  on  les 
signale  assez  souvent  sur  le  bord  des  grands  chemins;  mais  cette 
position  s'explique  facilement  par  ce  que  rapporte  Sponde 
[Les  Cimetières  sacrés,  p.  HO  )  :  «  Saint  Augustin,  dit-il,  nous 
enseigne  que  les  sépulcres  sont  appelés  monuments,  d'autant  qu'ils 
admonestent  les  hommes  de  prier  pour  les  morts.  —  Et  de  le  les 
cimetières  sont  maintenant  colloques  auprès  et  devant  les 
églises ,  et  l'étoient  anciennement  devant  les  portes  des  villes  et 
sur  Us  grands  chemins ,  afin  que  par  ce  moyen  les  passants  et 
ceux  qui  entrent  ou  sortent  des  églises  ou  des  villes  se  ressou- 
viennent de  prier  pour  ceux  qui  y  sont  enterrés.  » 

A  l'exception  de  celui  de  Saint-Léonard,  qui  n'existe  plus , 
nos  fanaux  sont  généralement  d'une  simplicité  d'architecture 
inspirée  par  l'époque  qui  les  a  vu  construire  et  par  l'usage  auquel 
ils  étaient  destinés.  Les  uns  sont  de  forme  ronde ,  comme  à 
Rançon;  les  autres  sont  carrés,  comme  à  Cognac,  Saint- 
Goussaud ,  Oradour-sur-Glane  ;  d'autres  sont  hexagones ,  comme 
à  La  Souterraine  ;  un  plus  grand  nombre ,  octogones ,  comme 
à  Felletin,  Saint-Barbant,  Coussac-Bonneval ,  Oradour-Saint- 
Genest. 

Ils  sont  presque  tous  placés  sur  une  plate-forme  que  trois  ou 
quatre  escaliers  élèvent  au-dessus  du  terrain.  Leur  hauteur  varie 
peu.  Celui  d'Oradour-Saint-Genest,  qui  est  peut-être  le  plus 
élevé ,  atteint  8  mètres  86  centimètres. 

Le  nombre  des  fenêtres  qui  forment  la  lanterne  correspond  le 
plus  souvent  au  nombre  des  côtés  du  monument.  Sa  toiture , 
pyramidale  ou  conique ,  est  surmontée  d'une  croix  en  pierre. 
L'intérieur,  qui  est  creux  ,  livrait  un  passage,  quelquefois  bien 
étroit,  pour  monter  jusqu'à  la  lampe.  On  y  parvenait  au  moyen 
de  trous  disposés  dans  la  paroi ,  de  manière  à  pouvoir  facilement 
y  placer  les  pieds,  ou  partout  autre  moyen  inconnu  aujourd'hui. 
Au  bas,  une  porte,  le  plus  souvent  carrée,  fermait  cette  entrée. 

Des  auteurs  ont  dît  que  cette  porte  regardait  toujours  l'orient  : 
c'est  en  effet  le  cas  le  plus  général  ;  mais  il  n'en  est  pas  toujours 
ainsi,  et  nous  possédons  bien  des  exemples  du  contraire. 

Voici,  je  crois,  ce  qui  explique  l'orientation  de  cette  porte  : 


LES   FANAUX    EN   LIMOUSIN.  71 

la  plupart  des  fanaux ,  et  presque  tous  les  nôtres ,  sont  accom- 
pagné» d'un  autel  d^né  aux  cérémonies  des  funérailles,  et 
probablement  aussi  à  la  célébration  du  saint  sacrifice  de  la 
messe.  Or  c'est  cet  autel  qui  a  été  soigneusement  orienté ,  et  non 
pas  la  porte  en  question.  La  liturgie  veut  en  effet  que  le  prêtre 
étant  à  l'autel  ait  le  visage  tourné  au  levant  ;  car,  outre  que  la 
coutume  de  tous  les  peuples  est  de  se  tourner  de  ce  côté  pour  prier, 
l'Église  a  encore  une  autre  raison  d'en  agir  ainsi  :  sur  la 
montagne  du  Calvaire,  Jésu&-Ghrist ,  selon  plusieurs  anciens 
auteurs ,  avait  le  dos  tourné  vers  Jérusalem  et  à  l'orient  : 
il  regardait  donc  la  partie  occidentale  ;  à  sa  droite  était  le  nord  ; 
à  sa  gauche ,  le  midi.  Telle  est  la  position,  des  autels  sur  lesquels 
se  renouvelle  ce  sacrifice  de  notre  rédemption.  Alors  qu 'est-il 
arrivé?  On  a  voulu  cacher  le  plus  possible  aux  yeux  du  prêtre  et 
des  fidèles  cette  porte,  qui  n'est  pas  un  ornement,  et  on  Ta 
placée  du  côté  de  l'est,  qui  est  opposé  à  l'autel. 

Nous  avons  des  exemples  de  cette  porte  placée  ailleurs  qu'à 
l'est  :  à  Oradour-Saint-Genest ,  l'autel  est  orienté ,  mais  la  porte , 
au  lieu  d'être  placée  derrière,  a  été  mise  sur  la  droite  :  alors  elle 
regarde  le  nord  ;  à  Coussac-Bonneval ,  on  Ta  mise  au-dessus  de 
l'autel ,  et  eUe  fait  face  au  couchant  ;  à  Bancon  ,  elle  regarde  le 
nord ,  et,  quoiqu'il  n'y  ait  pas  actuellement  d'autel ,  on  voit  que 
la  marche  circulaire  qui  entoure  le  pied  du  fanal  est  entaillée 
du  côté  du  couchant  pour  recevoir  un  portatif. 

Dans  plusieurs  villes  de  l'ouest  de  la  France ,  outre  la  célé- 
bration du  saint  sacrifice  de  la  messe  ,  il  y  avait  encore  un  office 
de  nuit,  dont  une  partie  était  célébrée  au  cimetière  même.  Je 
n'ai  pas  encore  pu  constater  si  cela  se  pratiquait  chez  nous. 

M.  Murcier  (SépuU,  chréL,  p.  448)  ne  s'explique  pas  à  quoi 
servait  une  pierre  en  saillie  à  côté  de  l'autel  du  fanal  de  Ciron 
(Sarthe).  J'en  ai  rencontré  une  semblable  à  celui  de  Saint* 
Barbant ,  et  j'ai  cru  y  reconnaître  une  crédence  pour  déposer 
les  burettes  ou  autres  objets  nécessaires  pour  la  sainte  messe. 

n  est  difficile  de  déterminer  les  époques  auxquelles  nos 
fanaux  étaient  allumés  ;  et  la  difficulté  est  d'autant  plus  grande 
que  la  plupart  du  temps  cela  dépendait  d'une  fondation  parti- 
culière. Ainsi,  sur  nos  limites ,  à  Mauriac  (Cantal),  un  curé  du 
lieu  fit,  au  xm*  siècle,  une  fondation  pour  qu'on  éclairât  tous 
les  samedis  la  lanterne  qu'il  avait  fait  élever  au  milieu  du 
cimetière  de  sa  paroisse.  —  En  4  487 ,  Bernard  de  Radulphe  de 
Sécheira,  avec  sa  femme  et  ses  enfants,  laissèrent  six  livres  pour 


72  LES  FANAUX   EN  LIMOUSIN. 

entretenir  une  lampe  durant  la  mdt  au  cimetière  de  Dalon 
(Corrèze).  (P.  Bonav.,  T.  III,  p.  449.)  —  A  Saint-Goussaud  ,  on 
faisait  une  quête  à  la  messe  pour  l'entretien  du  fanal.  —  En 
parlant  de  celui  de  Saint-Mîchel-de-Pistorie  à  Limoges,  le 
P.  Bonaventure  nous  dit  encore  que  «  on  y  mettait  des  lampes 
allumées  aux  vigiles  qu'on  célébrait  ».  (T.  III,  p.  482.)  —  Tout 
le  monde  s'accorde  à  dire  que  ces  monuments  étaient  éclairés 
le  2  novembre  pour  la  fête  de  la  Commémoration  des  morts. 

D'après  ces  détails,  on  peut  facilement  voir  que  nos  fanaux 
n'étaient  pas ,  comme  Vont  dit  certains  auteurs ,  des  lanternes 
destinées  à  éclairer  les  voyageurs.  Ce  qui  leur  a  fait  émettre 
cette  opinion,  c'est  peut-être  parce  qu'ils  ont  trouvé  assez 
souvent  des  fanaux  au  bord  des  grands  chemins  ;  mais  j'ai  déjà 
fait  remarquer  que  c'était  la  place  choisie  anciennement  pour  les 
cimetières.  D'autres  ont  vu  dans  cet  éclairage  des  cimetières 
a  une  précaution  tendant  à  rassurer  les  esprits  crédules  contre 
les  apparitions  des  revenants.  On  gratifie  là  nos  pères  d'une 
attention  au  moins  étrange.  Mabillon  pense  que  la  lumière  de 
ces  fanaux  servait  à  éclairer  ceux  qui  allaient  prier  à  l'église 
pendant  la  nuit  :  cela  peut  être  vrai  des  fanaux  aussi  élevés 
que  ceux  d'Évraultet  des  Saints-Innocents  à  Paris  (4),  mais  il 
s'en  faut  qu'ils  aient  tous  cette  hauteur;  et  puis  l'église  était 
souvent  assez  éloignée  du  cimetière  pour  rendre  ce  secours 
inutile.  »  (Murcibb,  Sépult.  chrét.,  p.  449.) 

Sans  discuter  ces  opinions  et  plusieurs  autres  analogues  ; 
sans  nier  que  des  fanaux  aient  pu  avoir  une  destination 
différente  de  ceux  que  conserve  notre  province,  je  ne  puis  voir 
dans  cette  lampe  entretenue  par  la  piété  des  fidèles  en  l'honneur 
des  morts  qu'un  symbole  de  la  foi  chrétienne  veillant  sur  les 
tombes  et  les  protégeant.  Les  paisibles  rayons  qui  en  sortaient , 
se  répandant  silencieusement  sur  les  tombeaux  du  cimetière, 
semblaient  veiller  sur  eux  ;  ils  allaient  aussi  frapper  au  loin  les 
regards  du  pieux  voyageur,  et  cette  vue  provoquait  souvent 
quelques  salutaires  souvenirs  et  quelque  bonne  prière  pour  les 
morts. 

Dans  mes  recherches  sur  le  Limousin ,  j'ai  rencontré  vingt  et 
un  fanaux.  L'existence  de  plusieurs  n'était  pas  encore  connue 
des  archéologues,  et  je  suis  persuadé  qu'il  en  reste  d'autres  à 

(1)  Ce  dernier  avait  41  pieds;  la  tour  d*Éyrault  en  avait  80. 


LES  FANAUX   EN   LIMOUSIN.  73 

signaler.  Ce  nombre  relativement  considérable  s'explique  parfai- 
tement par  le  grand  respect  pour  les  morts  que  professent  les 
habitants  de  nos  contrées. 

C'est  encore  ce  même  sentiment  qui  couvre  aujourd'hui  le 
cimetière  de  Limoges  de  plus  de  quatre-vingts  chapelles  où  Ton 
célèbre  de  temps  en  temps  la  sainte  messe,  sans  compter  un 
nombre  infini  de  monuments  de  tous  genres. 

De  nos  vingt  et  un  fanaux  quinze  appartiennent  à  la  Haute- 
Vienne.  De  ce  nombre  sept  sont  détruits  :  les  huit  autres  existent 
encore  presque  tous  en  bon  état. 

La  Creuse  en  a  eu  au  moins  cinq ,  dont  quatre  sont  encore  bien 
conservés. 

Je  n'ai  trouvé  pour  la  Corrèze  que  la  mention  d'un  seul  ; 
mais  tout  porte  à  croire  qu'il  y  en  a  d'autres  à  signaler. 

HAUTE-VIENNE. 

4*Satat*BtirbaBt9  petite  commune  du  canton  de  Mézières, 
située  sur  la  limite  ouest  du  département,  peut  avoir  eu 
quelque  importance  au  xii'  siècle  et  au  xiii*,  au  moins  au  point 
de  vue  religieux.  Son  église  semble  dater  de  cette  première 
époque ,  et  son  autel  en  pierre  est  la  reproduction  exacte  de  celui 
qu'on  voit  dans  la  crypte  du  Dorât  (4075).  Un  très-joli  fer, 
destiné  à  la  fabrication  des  pains  pour  la  sainte  messe,  se 
conserve  encore  dans  cette  paroisse  depuis  le  xiii*  siècle  Enfin 
le  cimetière  renferme  un  fanal  dont  j'ai  à  m'occuper  ici ,  et  qui , 
je  crois,  n'était  pas  encore  signalé. 

A  peu  près  au  centre  du  cimetière ,  s'élève  ce  gracieux  monu- 
ment,  dont  la  toiture  n'existe  malheureusement  plus.  (Voir  pi.  L) 
11  semble  avoir  été  abandonné ,  et  il  ne  conserve  déjà  plus  sa 
position  verticale.  Cela  est  d'autant  plus  à  regretter  que  c'est  un 
des  plus  beaux  de  notre  diocèse.  Les  arêtes  qui  séparent  ses  huit 
côtés  ont  été  taillées  en  forme  de  colonnettes,  qui  le  décorent 
dans  toute  sa  longueur.  Chaque  face  dans  la  partie  inférieure 
a  0  m.  35  c,  et  la  circonférence  est  de  2  m.  85  c,  tandis  que 
dans  la  partie  la  plus  élevée  elle  est  de  S  m.  55  c. 

  l'extrémité  supérieure ,  au-dessous  de  la  corniche  qui  devait 
porter  les  fenêtres,  on  a  ôté  une  pierre  à  chacun  des  quatre  côtés 
regardant  les  points  cardinaux  ;  ce  qui  a  formé  quatre  ouver- 
tures pouvant  tenir  lieu  des  fenêtres  elles-mêmes.  Au  bas ,  à 


74  LES  FANAUX   EN  LIMOUSIN. 

4  m.  40  c.  du  sol  actuel ,  est  un  très-gracieux  autel ,  formé  d'uite 
seule  pierre  engagée  dans  la  maçonnerie.  Il  est  parfaitement 
orienté.  Sur  la  gauche  de  cet  autel ,  c'est-à-dire  au  midi ,  une 
pierre ,  sortant  également  du  fanal ,  a  dû  servir  de  crédence 
pour  recevoir  les  objets  nécessaires  au  saint  sacrifice ,  ou  sim- 
plement l'eau  bénite  lorsqu'on  chantait  l'office  des  morts.  Du 
côté  opposé  à  l'autel ,  se  trouve  la  porte  qui  servait  à  pénétrer 
dans  l'intérieur  :  elle  a  0  m.  75  c.  de  haut  sur  0  m.  45  c.  de 
large. 

L'administration,  ou  quelque  généreux  particulier,  pourrait, 
avec  peu  de  frais,  réparer  convenablement  un  de  nos  plus 
élégants  fanaux ,  et  assurer  ainsi  son  existence  menacée. 

2*  BleuBAt.  (Voir  pi.  IL }  —  Si  le  fanal  de  Saint-Barbant 
menace  ruine,  celui  de  Biennat,  après  être  resté  long-temps 
dans  un  état  semblable ,  vient  enfin  de  disparaître  totalement. 
Biennat,  situé  aux  portes  de  Rochechouart ,  vit  consacrer  son 
église  le  4  juillet  4263.  Tison  de  Cramaud  y  fondait  une  chapelle 
en  4244  ;  celle  du  cimetière  existait  en  4245.  La  construction  du 
fanal  doit  être  de  la  même  époque.  Il  avait  la  forme  d'une 
colonne  octogone ,  haute  de  7  à  8  mètres ,  terminée  par  une 
lanterne  de  pierre  dont  les  ouvertures  regardaient  les  quatre 
points  cardinaux. 

La  planche  II  est  tirée  des  cartons  trop  vantés  que  M.  Allou 
avait  pr^arés  pour  servir  d'album  à  son  volume.  Ce  dessin  est 
emprunté  à  Beaumesnil ,  dont  l'inexactitude  n'est  plus  douteuse. 

S*"  Cognae,  commune  de  l'arrondissement  de  Rochechouart, 
et  du  canton  de  Saint^LaurentHSur-Grorre ,  possède  un  fanal  que 
je  n'ai  vu  signalé  encore  par  aucun  auteur.  (Voir  pi.  m.  )  Il  est 
carré ,  décoré  sur  ses  angles  de  quatre  colonnettes  dont  les 
chapiteaux  supportent  la  toiture.  Au-dessous  de  cette  dernière 
s'ouvre  sur  chaque  face  une  fenêtre  plein-cintre.  Il  est  formé  de 
douze  assises  de  pierre  de  hauteurs  inégales,  et  élevé  au-dessus 
du  sol ,  ainsi  que  l'autel  qui  l'accompagne ,  sur  une  plate-forme 
haute  de  quatre  marches. 

4*"  CoiMMMie-Boiiiieval ,  canton  de  Saint-Trieix,  nous  offre 
aussi  son  fanal  octogone.  (Voir  pi.  IV.)  Huit  fenêtres  à  plein- 
cintre  légèrement  brisé  forment  la  lanterne.  Sa  base,  à  la 
hauteur    de   l'autel ,   est   quadrangulaire.    Cet   autel ,    bien 


LBS   FANAUX   EN   LIMOUSIN.  75 

orienté,  est  placé  du  côté  du  couchant,  afin  que  le  prêtre, 
lorsqu'il  y  est  monté ,  regarde  l'orient,  comme  le  veut  la  liturgie. 
C'est  ainsi  que  sont  tournés  les  autels  de  tous  nos  fanaux.  Mais 
la  porte  qui  sert  à  pénétrer  dans  Tintérieur  de  celui-ci  a  été 
placée  au-dessus ,  et  se  trouve  ainsi  tournée  à  Toccident.  Alloii 
lui  donne  6  mètres  de  haut.  Ce  même  auteur  a  entendu  dire  que 
ce  monument  avait  été  construit  vers  le  xrv'  siècle,  à  l'occasion 
d'une  peste  qui  ravageait  le  pays. 

S""  •alBt-LéoBard.  (Voir  pi.  V.  )  —  Si  le  dessin  qu'a  publié 
Tripon ,  et  qui  vient ,  je  crois ,  de  Beaumesnil ,  est  exact ,  et 
non  pas  inventé  par  ce  dernier,  le  fanal  qui  existait  en  4750 
dans  le  cimetière  de  Saint-Léonard  était  sans  contredit  le  plus 
beau  de  ceux  de  notre  diocèse ,  et  peut-être  de  France.  Sur  une 
terrasse  très-élevée  se  dressait  majestueusement  cette  belle 
colonne  hexagone  ;  un  bon  nombre  de  marches  conduisaient  à 
l'esplanade  où  elle  était  posée.  Une  porte  pour  pénétrer  à 
l'intérieur  était  pratiquée  sur  le  derrière.  A  la  hauteur  des 
fenêtres ,  chacun  des  six  angles  était  orné  d'une  niche  ren- 
fermant la  statue  d'un  saint.  Des  nervures  partant  des  dais  qui 
recouvraient  ces  niches  allaient  des  deux  côtés  former  de 
gracieuses  arcades  sous  lesquelles  on  apercevait  les  fenêtres 
trilobées.  La  toiture  en  pyramide  hexagone  était  surmontée 
d'une  boule  ;  elle  était  accompagnée  de  six  clochetons  terminés 
de  même  y  occupant  les  six  angles  de  la  corniche. 

Je  ne  sais  pas  à  quelle  époque  a  été  détruit  ce  monument , 
mais  aujourd'hui  il  n'en  reste  pas  la  moindre  trace. 

lilmogcs,  qui  avant  1793  possédait  treize  paroisses,  avait 
aussi  un  bon  nombre  de  cimetières.  C'est  dans  ceux-ci  qu'exis- 
taient les  cinq  fanaux  dont  le  P.  Bonaventure  de  Saint-Amable 
nous  a  gardé  le  souvenir. 

6*  9aint*Cc«MiteiiP*  —  Peu  après  la  mort  de  saint  Cessateur, 
évéque  de  Limoges  (vers7U),  on  consacra  une  église  en  son 
nom  dans  la  banlieue  de  sa  ville  épiscopale.  C'est  dans  le 
cimetière  de  cette  dernière  église  que  fut  construit  plus  tard  le 
fanal  signalé  par  le  P.  Bonaventure  (T.  m,  p.  482).  Il  n'existait 
plus  en  1785. 

7*"  Salnt-Ciérald.  —   L'hôtel-de-ville  de  Limoges  occupe 


76  LES  FANAUX  BN  UHOUSIN. 

aujourd'hui  les  bfttiments  de  Tancien  prieuré  de  Saint-Géraldfy 
fondé  en  4458  par  Gérald  Hector  de  Cher  ,  évoque  de  Limoges. 
Lor&  de  cette  fondation ,  Téglise  paroissiale  existait  déjà.  Son 
cimetière  a  possédé  un  fanal,  détroit  avant  1785.  (Bonay.^ 
T.  III,  p.  182.) 

S"*  Salnt-Paiil»  —  Le  môme  auteur  nous  signale  encore  un 
fanal  dans  le  cimetière  de  Téglise  de  Saint-Paul  (plus  tard  Saint- 
Paul-Saint-Laurent).  Il  était  démoli  en  4785.  C'est  dans  cette 
église  que  saint  Ferréol ,  mort  en  597,  et  saint  Asclep ,  éTêque  de 
Limoges ,  choisirent  leur  sépulture.  En  construisant  la  gare  do 
chemin  de  fer,  on  vient  de  faire  disparaître  les  derniers  restes  de 
ce  cimetière. 

9^  Saini-Illartial,  dont  on  admirait  encore  au  siècle  dernier 
la  magnifique  église  et  les  beaux  clottres,  avait  aussi  un  fanal 
dans  son  cimetière.  Il  était  encore  debout  en  4785,  et,  au  dire  du 
P.  Bonaventure ,  c'était  le  plus  beau  de  ceux  de  Limoges.  Peut- 
être  datait-il  de  4  095 ,  époque  à  laquelle  Urbain  II  consacra 
l'église  construite  par  l'abbé  Adémar. 

40*  Saini-Hlehel-de-PiiteiHle  était  un  monastère  fondé, 
en  548,  par  Jocundus,  père  de  saint  Trieix.  Il  fut  deux  fois 
détruit,  d'abord  en  763  ,  puis  en  848  ,  pendant  les  guerres  qui 
affligèrent  le  Limousin.  Devenu  plus  tard  une  des  paroisses  de 
la  ville,  on  voyait,  en  4785,  a  dans  son  cimetière,  devant 
l'église ,  une  pyramide  faite  en  clocher  è^  la  pointe ,  dans  lequel 
on  mettoit  anciennement  des  lampes  allumées  aux  vigiles  qu'on 
célébroit  ».  (Bonav.,  T.  III,  p.  482.) 

44 «  montrol  «  Senard,  commune  de  l'arrondissement  de 
Bellac  et  du  canton  de  Mézières ,  a  aussi  sa  lantome  des  morts. 
Celle-là  est  d'une  forme  particulière.  [Voir  pi.  VI.)  Dans  l'état 
où  elle  est  aujourd'hui ,  on  a  besoin  que  la  tradition  conserve  le 
souvenir  de  ce  qu'elle  a  été ,  car  sans  cela  on  n'y  verrait  qu'une 
chapelle  d'une  construction  assez  extraordinaire.  Primitivement 
c'étaient  quatre  piliers ,  disposés  en  carré,  réunis  par  des  arcades 
ogivales ,  et  supportant  une  lantome  en  pierre  qui  était  proba- 
blement de  grande  dimension.  Mais  aujourd'hui  la  lanterne 
proprement  dite  n'existe  plus  :  une  toiture  ordinaire  recouvre  la 


LBS  FANAUX  EN  UMOUSIN.  77 

partie  inférieure  de  ce  monument ,  et  un  mur,  percé  de  fenêtres 
et  de  portes,  construit  sous  chaque  arcade,  en  a  totalement 
changé  l'aspect.  Il  est  facile  de  reconnaître  le  travail  du 
xnv  siècle  aux  chapiteaux  qui  décorent  les  piliers,  et  Tosil  le 
moins  exercé  ne  les  confondra  jamais  avec  les  murs,  d'une 
époque  bien  postérieure.  Un  autel  en  pierre  existe  encore  à  l'ex- 
térieur, et  montre  clairement  qu'on  y  a  célébré  le  saint  sacrifice 
de  la  messe. 

La  tradition  du  pays  dit  qu'on  y  allumait  chaque  soir  un 
fanal  d'une  forte  dimension ,  pour  l'entretien  duquel  l'huile  était 
fournie  par  les  villages  voisins. 

Plusieurs  croix  du  cimetière  et  des  environs  accusent  le  xir  siè- 
cle ou  le  XIII*  ;  mais  elles  sont  toutes  à  moitié  détruites.  On  voit 
sur  quelques-unes  que  le  ciseau  du  sculpteur  n'a  pas  été  effrayé 
de  la  dureté  de  notre  granit  pour  tirer  du  même  bloc  la  statue 
de  Notre-Seigneur  Jésus-Christ  et  la  croix  à  laquelle  il  est 
attaché  I 

42*  OradeuHiiiiBt-C^iicftt ,  petite  commune  située  auprès 
du  Dorât ,  existait  depuis  le  x"  siècle  sous  le  nom  d^Oratorium. 
Son  cimetière  actuel  a  d'abord  été  celui  des  BécoUets ,  dont  le 
monastère  était  à  quelque  pas.  A  peu  près  au  milieu,  et 
dans  la  partie  la  plus  élevée,  est  placé  un  joli  fanal  du 
xir  siècle.  (Voir  pi.  YII.)  Ce  monument  est  une  colonne  octo- 
gone ,  creuse  intérieurement ,  ofErant  à  la  partie  supérieure  huit 
ouvertures  qui  forment  la  lanterne.  Sa  toiture  conique  était 
autrefois  surmontée  d'une  croix  en  pierre ,  remplacée  par  une 
de  fer.  Au  bas ,  une  ouverture  rectangulaire  sert  d'entrée  pour 
monter  dans  la  lanterne.  On  y  arrive  au  moyen  de  trous  prati- 
qués entre  chaque  assise  de  pierre.  Cette  ouverture ,  tournée  à 
peu  près  au  nord ,  conserve  les  traces  de  la  porte  qui  la  fermait. 
On  voit  par  cet  exemple  qu'il  ne  faut  pas  appliquer  à  tous 
les  fanaux  ce  que  le  Bulletin  monumental  a  dit  de  ceux  qu'il  a 
signalés  :  «  Les  ouvertures  de  chacun  d'eux  regardent  l'orient. 
On  ne  voit  dans  leur  intérieur  aucun  moyen  pour  s'élever 
jusqu'aux  fenêtres.  » 

La  partie  inférieure  est  un  socle  de  même  forme ,  mais  d'un 
diamètre  plus  grand.  Il  est  accompagné ,  du  côté  de  l'ouest,  d'un 
petit  autel  qui  a  4  m.  de  haut.  Le  tout  est  élevé  sur  quatre 
marches  à  la  hauteur  de  0  m.  70  c. 

La  hauteur  totale  de  ce  gracieux  monument ,  sans  y  com- 


78  us  FANAUX  EN  LIMOUSIN. 

prendre  la  croix  qui  le  termine,  est  de  8  m.  86  c,  ainsi 
répartis  :  Om.  70  c.  pour  les  marches,  4  m.  pour  l'autel  et  7  m. 
46  c.  pour  la  colonne.  (  Il  n'a  donc  pas  45m.,  comme  l'ont  publié 
le  Btdletin  de  la  Société  Archéologique  et  le  Guide  du  Voyageur,) 

Ce  monument  est  parfaitement  conservé.  Un  nouveau  ciment 
est  venu  garnir  ses  joints  entr'ouverts ,  et  lui  assurer  une 
existence  prolongée. 

Ces  lampes ,  que  nos  pères ,  après  avoir  passé  une  partie  du 
Jour  à  prier  sur  la  cendre  des  morts,  laissaient  à  leur  place 
pendant  la  nuit;  ces  lampes,  dis^je,  sont  éteintes  depuis  long- 
temps. On  ne  trouve  plus ,  comme  au  moyen  ftge ,  de  fondations 
pour  les  entretenir.  Mais  celle  d'Oradour^Saint-Genest ,  sous  les 
inspirations  d'un  homme  admirateur  des  pieux  usages  des 
temps  passés ,  a  montré  de  nouveau  son  éclat  pour  annoncer  aux 
fidèles  la  fête  de  la  Commémoration  des  trépassés.  Pourquoi  tant 
d'autres  paroisses  ne  suivent-elles  pas  cet  exemple  ? 

43''  OradoiiiN-mip-i;iaiie,  paroisse  de  l'arrondissement  de 
Rochechouart  et  du  canton  de  Saint^Junien ,  s'appelait  aussi 
Oratorium  dès  le  x*  siècle.  Son  cimetière  renferme  un  fanal  de 
forme  carrée. 

Au  premier  coup  d'ceil  on  est  surpris  de  voir  ce  fanal  terminé , 
sans  lanterne,  par  une  pyramide  assez  irrégulière  ,  sur  laquelle 
la  croix  de  pierre  est  placée  ;  mais  les  registres  de  la  paroisse  font 
mention  d'une  particularité  qui  explique  ce  qu'on  y  voit 
d'extraordinaire  : 

En  4773,  ce  fanal  fut  transporté  de  l'ancien  cimetière  dans 
celui  où  il  est  aujourd'hui.  En  le  reconstruisant  au  milieu  de  ce 
dernier,  les  baies  supérieures  formant  la  lanterne  ne  furent  pas 
refaites  :  peut-être  en  avait-on  brisé  les  pierres  en  les  trans- 
portant; et,  à  leur  place,  on  entassa,  sans  beaucoup  d'ordre , 
les  moellons  qui  portent  actuellement  la  croix. 

Tel  qu'il  est  aujourd'hui  (voir  pi.  VIII) ,  sa  hauteur  totale  est 
de  6  m.  50  c.  Il  est  de  forme  carrée,  de  4  m.  âO  c.  de  côté.  Les 
petites  colonnes  taillées  dans  les  angles  aident  à  faire  dispa- 
raître ce  que  la  vue  y  trouve  de  trop  lourd.  Sa  corniche ,  à  5  m. 
55  c.  du  sol ,  est  ornée  sur  chaque  côté  de  douze  crochets  sculptés 
en  forme  de  feuille ,  dans  le  goût  du  xiv  siècle.  La  porte  plein- 
cintre,  tournée  au  levant,  mesure  0  m.  80  c.  de  haut  sur  0  m. 
50  c.  de  large.  Elle  laisse  voir  à  Tintérieur  les  trous  nombreux  oîi 
Ton  plaçait  les  pieds  pour  monter  au  sommet.  L'autel ,  qui ,  dans 


LES  FANAUX  EN   UMOUSIN.  79 

la  reconstruction  de  4773,  a  été  placé  du  côté  de  l'entrée  du 
cimetière ,  est  tourné  au  midi.  Sa  table  a  4  m.  35  c.  sur  0  m.  60  c. 

44*  SaiBt*Tletiiraleii  est  un  bourg  du  canton  de  Saint- 
Junien,  formé  sur  l'emplacement  qu'a  sanctifié  un  pieux 
solitaire  de  ce  nom.  Il  avait  quitté  TÉcosse ,  et  était  venu , 
pendant  le  vix*  siècle ,  cacher  ses  vertus  dans  les  bois  arrosés  par 
la  Tienne.  Après  sa  mort,  son  tombeau  devint  un  de  ces  lieux 
de  pèlerinage  que  la  foi  de  nos  pères  aimait  tant  à  visiter. 

Parmi  les  monuments  qui  rappellent  la  piété  de  ces  contrées  on 
peut  citer  le  fanal  qui  existe  encore  dans  le  cimetière  de  cette  pa- 
roisse. (Voir  pi.  IX.  )  II  a  environ  7  mètres  de  haut.  Posé  sur  une 
marche  carrée  de  S  m.  40  c,  il  est  orné  d'une  colonnetteà  chacun 
de  ses  quatre  angles.  L'ouverture  inférieure,  de  0  m.  55  c.  sur 
0  m.  38  c,  est  tournée  au  N.-E.  Chaque  côté  mesure  0  m.  90  c. 
Quatre  grandes  ouvertures  forment ,  dans  le  haut ,  la  lanterne 
cil  la  lampe  était  allumée  ,  et  une  croix  tréflée  surmonte  sa 
toiture  à  quatre  versants.  Quoiqu'il  ne  menace  pas  ruine,  son 
état  de  conservation  laisse  cependant  à  désirer. 

4  5«  BABCon  a  certainement  été  habité  par  les  Romains  : 
plusieurs  inscriptions  en  font  foi.  Une  en  particulier,  transportée 
de  Puy-Hartin,  fief  de  la  paroisse  de  Blanzac,  nous  fait 
connaître  le  nom  d'une  peuplade  gauloise  fixée  dans  ces  lieux 
avant  la  conquête  romaine.  Ces  peuples ,  qui  étaient  les  Andeca-- 
mulenses ,  élevèrent  un  temple  à  Pluton.  Ce  sont  ces  circons- 
tances qui  ont  servi  à  Beaumesnil  pour  expliquer  le  monument 
gaulois  qu'il  a  trouvé  dans  le  cimetière ,  et  qui  n'est  autre  que 
notre  fanal ,  dont  il  a  changé  la  toiture  dans  un  dessin  reproduit 
par  Âllou. 

D'après  le  témoignage  de  M.  Texier,  ce  fanal  n'est  pas 
antérieur  au  xii'  siècle.  (Voir  pi.  X.)  Sa  forme  est  ronde  ;  il  a 
3  m.  45  c.  de  circonférence  (4).  Dans  la  partie  supérieure, 
six  fenêtres  étroites  et  à  plein-cintre  servaient  au  passage  de  la 
lumière.  Sa  toiture,  conique,  formée  seulement  de  trois  assises , 
est  surmontée  d'une  croix  en  quintefemille.  Au  bas ,  une  porte  de 
0  m.  68  c.  sur  0  m.  88  c.  s'ouvre  au  nord  pour  faire  commu- 
niquer avec  l'intérieur,  qui  a  0  m.  50  c.  de  diamètre.  Deux 

(1)  M.  Roy  de  Pierreûtte  lui  donne  6  m.  66  c.  de  hauteur. 


80  LES  FANAUX  EN  LIMOUSIN. 

marches  de  0  m.  15  c.  de  baut ,  dont  Tune  est  ronde  et  Taatre 
carrée,  supportent  la  colonne ,  qui  mesure  4  m.  05  c.  depuis  la 
base  de  la  toiture  jusqu'à  ce  soubassement.  L'entaille  pratiquée 
du  côté  du  couchant  dans  la  marche  circulaire  n'est  autre  chose 
qu'une  place  pour  l'autel  portatif  qu'on  y  ajoutait. 

Les  habitants  prétendent  avec   raison   qu'on   y  allumait 
autrefois  des  lampes  la  veille  de  certaines  fêtes. 

CREUSE. 


J'ai  indiqué  cinq  fanaux  pour  le  département  de  la  Creuse; 
quatre  existent  encore  :  on  n'a  du  cinquième  qu'un  simple 
souvenir. 

46°  Velletin.  (Voir  pi.  XI.)  —  Le  Bulletin  mmumerUal 
(année  1840)  donne  la  description  suivante  du  fanal  de  Felletin  : 

«  C'est  un  prisme  octogone ,  surmonté  d'un  toit  pyramidal  de 
la  hauteur  totale  de  25  pieds.  A  12  pieds  à  partir  de  la 
deuxième  marche  circulaire  qui  l'environne  à  sa  base ,  est  une 
légère  corniche  sur  laquelle  reposent  huit  croisées ,  d'environ  2 
pieds  de  haut ,  à  plein-cintre.  Une  seule  ouverture ,  percée  à  2 
pieds  de  la  même  base ,  et  ayant  presque  3  pieds  de  hauteur 
sur  15  pieds  de  largeur,  laisse  pénétrer  dans  l'intérieur,  qui  est 
absolument  vide.  » 

17*"  Sidiit-C^awaiid*  —  Saint  Groussaud,  né  un  peu  avant 
le  milieu  du  vu*  siècle ,  a  laissé  son  nom  à  la  montagne  qu'il 
choisit  pour  solitude,  et  à  la  ville  qui  s'est  formée  autour  de 
son  tombeau.  Cette  commune ,  de  l'arrondissement  de  Bourga- 
neuf  et  du  canton  de  Bénévent ,  renferme  le  fanal  dont  j'ai  à 
m'occuper. 

Placé  autrefois  dans  le  cimetière ,  depuis  le  changement  de 
celui-ci  il  se  trouve  sur  une  petite  place  au  milieu  du  bourg. 
(Voir  pi.  XIL)  Sa  base  quadrangulaire,  portée  sur  une  marche 
de  0  m.  15  c,  a  1  m.  18  de  haut,  et  forme  un  autel  du  côté  du 
couchant.  Au-dessus  et  par-derrière  l'autel ,  c'est-à-dire  à  l'est , 
s'ouvre  une  porte  plein-cintre  de  0  m.  33  c.  sur  0  m.  55  c.  Au 
haut,  quatre  fenêtres,  aussi  plein-cintre,  de  0  m.  48  c.  de 
hauteur  sur  0  m.  15  c.  de  largeur,  reposent  sur  une  corniche 


LBS  FANAUX  EN   LIMOUSIN.  81 

sans  ornements.  Sa  toiture  pyramidale   mesure  0  m.  85  c. 
de  hauteur  verticale. 

Autrefois  on  faisait  dans  Téglise  une  quête  pour  l'entretien  de 
la  lampe  du  fanal.  Depuis  que  le  cimetière  ne  Tentoure  plus , 
cette  lampe  a  cessé  de  brûler  ;  mais  la  quête  est  toujours  conti- 
nuée ,  et  son  produit  sert  au  luminaire  de  l'église  même. 

48*'  Manmge.  —  Cette  petite  ville  de  l'arrondissement  de 
Boussac  avait ,  au  moyen  âge ,  un  fanal  dont  l'existence  nous 
est  signalée  par  le  passage  suivant  :  a  II  appert  par  une  petite 
pyramide,  fabriquée  en  forme  quadrangulaire,  qui  est  dans  les 
dits  lieux  près  du  cimetière,  l'antiquité  de  cette  ville  (Jarnage), 
au-dessus  de  laquelle  est  une  lanterne  pour  tenir  les  feux  de 
nuit  pour  le  g^et.  »  (Hist.  de  VatUique  viUe  d'Ahun,  p.  25.) 

L'auteur  de  cette  Histoire  nous  dit  seulement  que  cette  pyra^ 
mide  était  a  près  du  cimetière  » ,  et  non  pas  à  l'intérieur  ;  il 
ajoute  encore  que  la  lanterne  était  destinée  à  «  tenir  les  feux  de 
nuit  pour  le  guet  ».  Il  pourrait  se  faire  alors  que  ce  fût  autre 
chose  qu'un  fanal  à  destination  religieuse ,  comme  tous  les  autres 
dont  il  est  ici  question. 

49"*  La  SMiiemiliie.  —  Lorsqu'on  a  changé  de  place  le 
cimetière  de  La  Souterraine ,  on  a  eu  la  bonne  idée  de  transporter 
aussi  les  restes  du  fanal ,  et  d'en  faire  l'ornement  du  nouveau  en 
le  reconstruisant  presque  totalement.  (Voir  pi.  XIII.]  Mais,  dans 
cette  reconstruction,  on  n'a  pas  assez  tenu  compte  du  style , 
quoiqu'on  eût  tout  auprès  celui  de  Vercillat ,  qui  était  un  bon 
modèle.  On  n'a  pas  continué  les  nervures  qui  ornent  ses 
angles  jusque  sur  les  arêtes  de  la  toiture,  ce  qui  aurait  été 
bien  plus  régulier ,  et  aurait  fait  disparaître  ce  que  l'oeil  trouve 
de  trop  massif  dans  cette  dernière  partie. 

Tel  qu'il  est  aujourd'hui ,  c'est  u^e  très-jolie  colonne  hexagone 
dont  chaque  arête  est  ornée  d'une  nervure  ronde  en  saillie ,  qui 
se  termine  à  l'origine  de  la  toiture.  Six  fenêtres  plein-cintre 
forment  la  lanterne,  dans  laquelle  on  pénètre  par  une  porte, 
tournée  à  Test ,  de  0  m.  87  c.  sur  0  m.  35  c.  Sa  circonférence 
est  de  3  m.  65  c.  Deux  marches  relèvent  au-dessus  du  sol.  Le 
sommet  est  terminé  par  une  croix  ancrée  en  pierre. 

20*  Tepcillat*  (  Voir  pi.  XIY.)  —  Cette  paroisse  du  canton  de 
La  Souterraine  possède  un  fanal  qui,  d'après  un  dessin  de 


82  LES  FANADX  EN  LIMOUSIN. 

» 

M.  Fesneau,  est  un  des  plus  beaux  du  département  de  la 
Creuse.  C'est  un  magnifique  hexagone ,  dont  chaque  arête  est 
ornée  d'une  colonnette  ronde ,  qui ,  sous  la  corniche  supportant 
les  fenêtres ,  se  termine  en  cariatide.  Ces  fenêtres  sont  à  plein- 
cintre  ,  et  la  toiture ,  toujours  ornée  des  six  colonnettes ,  est 
surmontée  d'une  boule  portant  aujourd'hui  une  croix  de  fer.  Une 
porte  carrée ,  un  peu  élevée  au-dessus  du  sol ,  permettait  de 
pénétrer  à  l'intérieur. 


CORRàZB. 


â4"  MdoB*  —  Je  n'ai  encore  que  très-peu  étudié  la  partie  du 
Limousin  qui  comprend  le  département  de  la  Corrèze  :  aussi  n'y 
ai-je  trouvé  jusqu'à  présent  qu'un  seul  fanal ,  et  c'est  le  P.  Bona- 
venture  de  Saint-Amable  (T..  m,  p.  449)  qui  nous  le  fait 
connaître  :  «  L'an  4  487,  Bernard  deBadulphe  de  Bécheira,  avec 
sa  femme  Âiceline  et  ses  enfants  Bernard  de  Radulphe  et 
Foucaud ,  laissèrent  six  livres  pour  entretenir  une  lampe  durant 
la  nuit  au  cimetière  de  Dalon  » . 

Dalon,  paroisse  de  Saint -Trié,  était  un  monastère  fondé, 
en  4  4  4  4 ,  par  Oérald  de  Salis ,  et  qui  devint  dans  la  suite  chef 
d'une  congrégation. 

A.  L. 


NOTE 
SUR  L'OPPIDUM  GAULOIS 


DE  COURBEFY. 


La  Vie  de  saint  Waast ,  écrite  par  un  anonyme  à  la  fin  du 
VI*  siècle  y  s'exprime  ainsi  (4)  pour  désigner  le  lieu  où  naquit  le 
grand  évêque  d'Arras  qui ,  de  concert  avec  saint  Bémy,  avait 
instruit  devis  dans  la  foi  chrétienne  : 

«...  Maintenant,  ainsi  que  nous  l'avons  annoncé  plus  haut , 
nous  nous  occuperons  de  l'origine  de  saint  Waast.  —  L'Aqui- 
taine offre  une  montagne  qui  partage  presque  par  moitié  la 
distance  de  Périgueux  à  Limoges.  Cette  montagne  est  grande , 
et  occupe,  en  long  et  en  large,  un  vaste  espace  de  terre, 
pénétrant  presque  dans  les  nuages  lorsqu'ils  sont  lourds  et  bas. 
Sur  son  sonmiet  il  est  incertain  s'il  a  existé  dans  les  anciens 
âges  soit  une  cité ,  soit  un  chftteau ,  dont  la  grandeur  et  les 
magnifiques  fortifications  sont  assez  révélées  par  les  indices  des 
ruines  et  par  une  masse  de  décombres  qui  montrent  quelle  chose 

(1)  M.  rabbé  Arbellot ,  qui  avait  donné  en  abrégé ,  dans  son  Onide  en 
UmouHn,  le  texte  relatif  à  rorigine  de  saint  Waast ,  a  bien  voulu  âiire 
les  recherches  qui  me  permettent  de  le  publier  avec  tous  ses  curieux 
développements.  Le  voici,  sans  y  rien  changer,  si  ce  n*est  la  ponctua- 
tion, qui  est  moderne  et  parfois  fautive  : 

€  ...  Nunc,  sicut  superius  memoravimus,  unde  originem  duxerit 
(B.  Vedastus)  ratum  ducamus.  —  Âquitania  montem  habet  qui  sequa- 
libus  pêne  spatiis  Petragoricam  et  Lemovicam  civitates  dirimit.  Mons 
iUe  magnas,  et  sui  quantitate  multum  terrse  occupans  longe  lateque, 
altitudine  fere  nubes  penetrans  si  graves  sint.  Super  cacumen  ejus , 
antiquis  et  prœteritis  œtatibus,  incertum  an  civitas  an  castrum  fuit, 
cujus  enormitatem  et  munitissimam  magoiûcentiam  ruinarum  indida 


84  NOTE  SUB   l'oppidum    GAULOIS 

remarquable  ce  fut  jadis.  Autrefois ,  comme  aujourd'hui ,  cette 
montagne  s'est  appelée  Leucus,  et  le  château  en  a  pris  son  nom; 
mais  les  habitants  eux-mêmes  de  cette  région  se  nomment  aussi 
Leudy  et  c'est  la  plus  grande  partie  de  l'Aquitaine  jusqu'à 
l'Océan.  La  renommée  constante  et  plusieurs  écrits  sont  témoins 
que  toutes  ces  choses  étaient  ainsi  nommées.  Le  bienheureux 
Vedastus  fut  donc  originaire  des  Leuci ,  de  parents  nobles  sans 
doute ,  et  d'une  race  non-seulement  libre ,  mais  assez  illustre  et 
fameuse  par  l'affluence  des  biens  territoriaux  et  l'abondance  des 
richesses  pour  que  rien  ne  manqu&t  au  saint  du  côté  de  la 
gloire  du  siècle.  » 

En  effet ,  ces  ruines  dont  parle  la  biographie  de  saint  Waast 
étaient  à  la  fois  celles  d'une  forteresse  et  d'une  ville ,  c'est-à-dire 
d'un  opfidum  gaulois,  et  eUes  existent  encore  à  peu  près  dans  le 
même  état  que  lorsqu'elles  frappaient  d'étonnement  l'écrivain 
duYi*  siècle.  MM.  Nivet-Fontaubert  et  Edouard  Boudet,  avec 
lesquels  j'ai  eu  le  plaisir  de  faire  mon  excursion ,  long-temps 
projetée,  à  Courbefy,  en  sont  persuadés  ainsi  que  moi,  et 
d'autres  membres  de  la  Société  Archéologique  du  Limousin 
pourront  aisément  contrôler  nos  observations;  car  Gourbefy,  qui 
était  demeuré  jusqu'à  présent  à  l'écart  des  grandes  voies  de 
communication ,  se  trouve  à  trois  kilomètres  de  la  station  de 
Bussière-Oaland ,  et  sa  montagne  taillée  s'impose  en  quelque 
sorte  à  l'attention  des  voyageurs. 

On  a  confondu  jusqu'à  ce  jour  ces  ruines  celtiques  de  Gourbefy 
avec  celles  du  ch&teau  féodal  qui  s'est  élevé  plus  tard  sur  le 
même  emplacement  ;  mais  il  est  facile  de  les  en  distinguer. 

et  moles  dinitœ  satis  demonstrant  quanta  fuerit  res  ipsa.  Nomen 
mentis  ex  tuno  et  nunc  Leucus  est;  ex  nomine  mentis  castrum  illud 
nomen  sortitum  est;  sed  et  populus  regionis  illius  Leuâ  sunt  dicti, 
maxima  pars  AquitansB  ad  Oceanum.  Testes  sunt  perpétua  &ma  et 
plures  scripturœ  quod  illa  omnia  ita  nuncupabantur.  De  Leucis  ergo 
B.  Vedastus  oriundus  fuit,  nobUibus  procul  dubfo  natalîbus,  prosapia 
sicut  ingenua  ita  insigni  et  feunosa  prsediorum  affluentia  et  abundantia 
divitiarum  locupletissimis  ut  nihil  de  secnlari  defaerit  gloria.» 
{Âcta  SS,,  T.  l/i^ruar.,  p.  794.) 

Bans  FHistoire  littéraire  de  la  France  »  D.  Rivet  assigne  cette  Vie  à  la 
fin  du  Yi«  siècle  :  «  Elle  est  ancienne,  puisqu'il  n*y  est  point  parlé  de  la 
translation  du  saint,  qui  se  fit  au  vu*  siècle.  Elle  ne  parait  cependant 
écrite  que  long-temps  après  la  mort  de  saint  Waast,  qui  arriva  en 

539 Alcuin,  en  son  temps,  la  retoucha,  ou  plutôt  en  prit  occasion 

de  composer  une  nouvelle  Vie  de  saint  Waast  dont  nous  parlerons 
ailleurs.  »  (Eût.  lUtér,,  T.  III,  p.  409.) 


DE   COURBEFY.  85 

Les  chftteaux  gaulois  sont  aussi  nombreux  que  ceux  du 
moyen  ftge.  Il  y  en  avait,  pour  ainsi  dire ,  un  par  commune  (4). 
Dans  la  région  qui  avoisîne  Courbefy,  j'en  citerais  aux  Rudéles, 
commune  de  Dournazac,  aux  Eaux-Joignantes ,  commune  de 
Pensol,  au  Chalard,  commune  de  Marval ,  au  Château-Manqué , 
commune  de  Saint-Barthélémy,  etc.  En  général  ils  sont  situ^ 
sur  des  mamelons  isolés,  aussi  hauts,  aussi  escarpés  que  la  con- 
figuration du  pays ,  couvert  de  collines  arrondies ,  sans  falaises 
de  rochers,  pouvait  en  offrir.  D'autres  fois  ils  se  trouvent  au 
confluent  de  deux  ruisseaux.  Des  relevés  de  terre  et  de  pierres 
brutes,  précédés  de  fossés  quand  cela  était  possible,  et  couronnés 
sans  doute  par  des  palissades,  composaient  ces  défenses  primi- 
tives, et  venaient  en  aide  à  la  force  naturelle  du  lieu. 

Ces  chftteaux  gaulois,  assez  analogues  à  nos  chftteaux  du 
X'  siècle ,  en  diffèrent  surtout  par  la  situation  générale  et  par  la 
plus  grande  barbarie  de  leurs  fondateurs.  Comme  ils  devaient 
être  principalement  défendus  avec  des  pierres  que  Ton  lançait 
de  haut  ou  que  Ton  faisait  rouler  sur  les  assaillants,  on  re- 
cherchait pour  les  emplacements  les  sommets  à  pentes  rapides , 
pendant  que  les  seigneurs  francs  préféraient  élever  des  buttes 
artificielles  au  milieu  d'une  plaine  ou  d'un  marais,  de  manière 
à  entourer  leurs  remparts  de  bois  de  fossés  pleins  d'eau. 

C'est  ce  que  l'on  voit  très-bien  à  Lastours,  où  le  chftteau 
celtique  couronne  une  hauteur  dépourvue  de  puits  et  d'eau , 
tandis  que  la  motte  carlovingienne,  où  se  voit  encore  l'église 
paroissiale,  s'élève  de  vingt-cinq  mètres  au  milieu  d'une 
prairie  marécageuse,  à  quelque  distance  du  chftteau  actuel , 
déplacé  au  xii«  siècle,  et  rebftti,  à  l'exception  du  donjon,  vers 
la  fin  du  XV*  siècle. 

Les  petites  forteresses  gauloises  se  distinguent  encore  des 
chftteaux  francs  par  l'absence  de  toute  pierre  taillée ,  de  tout 
débris  de  tuiles  et  de  mortier  de  chaux.  Quelques-unes  cependant, 
comme  Le  Chalard  de  la  commune  de  Romain ,  ont  continué  à 
servir  de  lieu  de  refuge  au  v*  siècle,  et  ont  vu  alors  s'élever  des 
constructions  assez  soignées,  à  en  juger  par  les  pierres  calcaires 
incrustées  de  ciment  rougefttre  que  l'on  découvre  en  certain 
nombre  dans  cette  localité ,  et  qui  m'ont  rappelé  le  système  de 

(1)  Vcfyez  dans  les  premières  livraisons  de  la  OuimM  militaire,  magni- 
fique et  exceUent  ouvrage  de  M.  Léo  Drouyn,  le  plan  et  la  description 
de  beaucoup  de  châteaux  de  ce  genre. 

7 


86  NOTE   SUR   l/OPPIDUM    GAULOIS 

décoration  de  Téglise  normande  de  Saint-Sanisonnsur-Rille. 
D'autres  fois,  ainsi  qu^à  Montbrun,  Téglise  d^un  chftteau 
roman,  fondé  en  4478,  recouvre  des  silos  celtiques,  et  il  en  est 
un  peu  de  même  &  Nontron,  à  Rochechouart,  forteresses  natu- 
relles s'il  en  fut ,  comme  Turenne. 

Des  retraites  plus  humbles,  mais  peut-être  plus  sûres,  étaient 
ménagées  sous  le  sol  même,  et  je  suppose  qu'elles  remontent 
également  à  Tëre  celtique.  A  Pensol ,  non  loin  du  fort  gaulois 
dont  j'ai  déjà  parlé ,  et  qui  porte  sur  le  cadastre  le  nom  de 
redoute  de  l'amiral  CoUgny,  probablement  parce  que  les  protestants 
y  campèrent  en  allant  de  Jarnac  à  La  Boche-r Abeille,  de  vastes 
logements  étaient  creusés  dans  le  tuf,  non-seulement  pour  le 
blé,  mais  pour  les  hommes. 

Pour  en  revenir  aux  chftteaux  gaulois ,  il  ne  faut  pas  croire 
quMls  eussent  conservé  leur  destination  et  leur  utilité  jusqu'à  la 
conquête  romaine.  La  plupart  se  rapportent  à  une  époque  anté- 
rieure à  rhistoire  écrite  et  à  un  état  de  civilisation  assez  pareil 
à  ce  qu'il  fut  au  x'  siècle,  mais  incomparablement  plus  im- 
parfait et  plus  rude  encore,  oii  tous  les  points  du  territoire 
étaient  exposés  à  chaque  instant  à  être  ravagés  par  de  petites 
bandes  armées.  Alors  il  fallait  bien  que  chaque  groupe  de 
population  rurale  pût  se  retirer  pour  quelques  jours  dans  des 
lieux  de  refuge  pour  laisser  passer  le  danger,  ou  s'en  défendre 
avec  plus  de  succès.  N'oublions  pas  qu'il  s'agissait  de  repousser 
un  assaut  donné  par  des  sauvages  à  d'autres  sauvages ,  nulle- 
ment de  loger  un  chef  féodal ,  ni  de  se  mettre  en  mesure  de 
résister  avec  lui  à  un  siège  en  règle,  oii  la  provision  d'eau  aurait 
bientôt  manqué. 

Dans  la  suite ,  lorsque  les  premiers  habitants  de  la  France 
parvinrent  à  former  des  peuples  occupa*nt  toute  l'étendue  d'un 
de  nos  diocèses,  des  fortifications  de  la  même  nature,  mais 
conçues  sur  une  plus  grande  échelle,  furent  élevées  aux  fron- 
tières de  ces  petits  états,  dans  les  situations  les  plus  avanta- 
geuses. 

Les  ruines  de  Courbefy  semblent  avoir  appartenu  à  un 
oppidum  de  cette  espèce ,  bien  inférieur  du  reste  en  importance 
à  ces  villes  de  guerre,  comme  Alise,  Gergovie,  Uxellodunum , 
que  les  populations  gauloises ,  organisées  en  confédération,  dé- 
fendirent dans  leur  lutte  suprême  contre  César. 

Au  point  culminant  de  la  montagne  de  Courbefy,  celle  qui 
mérite  le  mieux  ce  nom  dans  le  pays ,  car  c'est  la  plus  isolée  et 


DE  COUBBEFT.  87 

la  seule  qui  dépasse  550  mètres  au-dessus  du  niveau  de  la  mer , 
deux  fossés  concentriques  ont  été  creusés  de  manière  à  laisser 
entre  eux  un  agger  haut  de   18  à  20  mètres,  dont  le  profil 
primitif  s'est  merveilleusement  conservé  grâce  &  la  stérilité 
du  sol  et  au  manteau  de  bruyères  dont  il  est  revêtu  depuis 
les  temps  celtiques  à  ce  que  je  crois.  Les  pentes  sont  encore  & 
45  deg^rés ,  et  c'est  à  peine  si  deux  personnes  peuvent  marcher 
de  front  sur  le  sommet  de  ce  retranchement.   En   le  com- 
plétant  par   la   pensée    au   moyen   d'une  rangée  de  troncs 
d'arhres profondément  enfoncés,  et  fournissant  en  même  temps 
un  parapet  à  l'intérieur,    un  mur  d'escarpe  au  dehors,  on 
obtient  un  obstacle  vraiment  redoutable  à  toutes  les  époques, 
mais  surtout  quand  il  fallait  l'escalader  à  découvert ,  sans  aucune 
des  ressources  dont  l'art  d'attaquer  les  places  fortes  s'est  succes- 
sivement composé. 

Les  déblais  du  fossé  inférieur  étaient  rejetés  au  dehors  de 
façon  à  présenter  un  talus  rapide ,  prolongé  au  loin  par  les 
pentes  de  la  montagne.  Là  se  trouvait  sans  doute  une  autre 
enceinte  palissadée,  que  l'on  pouvait  défendre  facilement  en 
faisant  rouler  des  pierres  sur  les  assaillants.  —  Quant  aux  déblais 
du  fossé  supérieur,  ils  avaient  été  en  grande  partie  rejetés  en 
dedans ,  et  présentaient  un  réduit  en  forme  de  losange  arrondi 
aux  angles. 

C*est  dans  ce  réduit,  long  de  70  mètres  seulement  et  large  de 
60  mètres,  qu'a  été  construit  le  chftteau  du  moyen  âge  dont  les 
tours  font  saillie  sur  le  fossé.  Primitivement  il  formait  la  cita- 
delle de  l'oppidum  gaulois;  et  peut-être  était-il  alors  protégé 
par  un  mur  bftti  sans  chaux,  comme  tous  ceux  de  l'époque 
celtique.  Une  garnison  plus  nombreuse  pouvait  camper  dans  le 
creux  des  fossés  et  sur  des  plates-formes  ménagées  au  nord ,  là 
oti  les  pentes  sont  si  rapides  qu'il  n'y  avait  guère  à  redouter 
d'attaque.  Mais  les  taillis ,  entrelacés  de  ronces ,  qui  remontent 
jusqu'à  cette  partie  des  fortifications,  permettent  difficilement 
de  bien  comprendre  leur  plan.  Il  est  certain  néanmoins  que  les 
plates-formes  empiétaient  sur  le  fossé  inférieur,  dont  elles  dé- 
rangent la  régularité. 

Au  sud-est ,  où  le  plateau  de  Courbefy  se  prolonge  en  s'abais- 
sant  insensiblement,  une  fortification  avancée,  de  forme 
semi-circulaire ,  avait  été  ajoutée.  Plus  loin  encore,  on  remarque 
les  restes  d'une  grande  enceinte ,  où  s'abritaient  les  cabanes  de 
la  ville  gauloise.  Elle  est  bien  marquée,  d'abord  par  des  amon- 


M  NOTE   SUR   l'oppidum   GAULOIS 

cellements  de  pierres  brutes,  et  ensuite  par  un  fossé  très- 
apparent.  C'est  elle  qui  contribue  le  plus  &  donner  &  Courbefy  le 
caractère  d^un  oppidum.  Si  le  château  du  moyen  âge,  au  lieu  de 
s'établir  au  milieu  de  fortifications  toutes  faites,  les  avait  créées 
lui-môme  (\),  on  ne  verrait  point  en  effet  cette  enceinte,  qui 
s'étend  à  près  de  400  mètres  de  la  citadelle  proprement  dite. 
D'ailleurs  le  fossé  intérieur  serait  creusé  à  ^fond  de  cuve,  selon 
Tusage  du -moyen  âge,  et  le  fossé  extérieur  serait  précédé,  ainsi 
q<ue  cela  a  toujours  lieu,  d'une  esplanade  et  d'une  escarpe  en 
maçonnerie,  qui  aurait  laissé  quelques  traces,  ne  fût-ce  que 
des  morceaux  de  mortier. 

Au  centre  de  Voppidum,  le  hameau  moderne  et  l'église  de 
Courbefy  indiquent  l'emplacement  de  l'habitation  gallo-romaine 
où  naquit  saint  Waast ,  et  dont  il  ne  reste  rien ,  si  ce  n'est  des 
fragments  de  tuiles  à  rebords.  Il  y  avait  lit  et  au  dehors,  dans 
la  direction -de  l'est,  quelques  terres  labourables;  il  y  eut 
toujours  aussi  une  exploitation  agricole,  appartenant  &  des 
-maîtres  plus  ou  moins  riches;  mais,  pour  y  résider,  il  ne  fallait 
guère  avoir  le  choix  des  maisons  de  campagne.  Saint  Waast  y 
naquit  cependant,  et  Bernard  Ouidonis  (2) ,  chroniqueur  estimé 
du  xiv^  siècle ,  le  dit  expressément.  C'^st  donc  tout  à  fait  mal  & 
propos  que  certains  auteurs  modernes  placent  &  Toul  en  Lorraine 
le  berceau  du  saint  évêque  d'Arras  (3). 

L'histoire  du  château  gothique  de  Courbefy  est  assez  obscure. 
Je  pense  qu'il  fut  fondé  par  les  vicomtes  de  Limoges;  mais,  dès 
le  commencement  du  xiv  siècle,  des  alliances  l'avaient  fait 
passera  une  grande  maison  féodale,  celle  de  Sully.  En  4336,  il 
vint  en  la  possession  du  vicomte  de  Rochechouart  par  son 
mariage  avec  Jeanne  de  Sully,  fille  de  Henri,  grand-bouteiller 
de  France ,  et  de  Jeanne  de  Vendôme  (4).  Depuis ,  il  changea 
souvent  de  mains;  mais,  bâti  dans  un  but  purement  militaira, 
c'était  bien  la  résidence  la  plus  incommode  que  l'on  puisse 
imaginer  :  aussi  ne  fut-il  Jamais  habité  d'une  manière  suivie,  et 
il  n'a  donné  son  nom  &  aucune  famille  seigneuriale.  Il  fut 

(1)  Le  même  fait  a  eu  lieu  k  Puy-Normand,  emplacement  que  je  crois 
celtique  malgré  son  nom,  comme  la  redoute  de  Tamiral  Colignj»  et 
.qui  ressemble  vraiment  à  Courbefy  dans  de  moindres  proportions. 

{Omenm  militaire,  introd.,  p.  18.) 

(2)  Voyez  le  Guide  en  Limousin  de  M.  Tabbé  Arbellot:  Courbe/y. 

(3)  Tiouveau  Dictionnaire  historique ,  T.  VI,  p.  774  :  Caen,  1779. 

(4)  Nobiliaire  de  Nadaud ,  p.  492. 


DE   COlîRBËFY.  89 

assiégé  et  pris  plusieurs  fois ,  notamment  par  le  connétable  Du 
Guesclin  (1).  Néanmoins  il  n'a  joué  qu'un  rôle  très-secondaire 
dans  riiistoire  du  Limousin. 

Les  constructions  actuelles  du  château  féodal  de  Courbefy 
n'offrent  rien  qui  paraisse  antérieur  au  xiir  siècle.  C'étaient  des 
tours  rondes,  et  non  des  tours  carrées  à  contreforts  plats,  qui 
flanquaient  les  courtines.  Celle  de  Test,  autrement  et  plus  soli- 
dement construite,  était  octogone.  Elle  servait  de  cfonjon,  et  ses 
deux  étages  supérieurs,  voûtés  comme  des  fours,  forment 
autant  de  blocs  gigantesques  depuis  que  la  mine  les  a  couchés 
sur  le  sol ,  non  des  fossés ,  mais  de  Tintérieur  de  la  place.  Cette 
destruction  eut  lieu  sous  Louis  XIV,  après  les  troubles  de  la 
Fronde ,  parce  que  le  château  avait  été  récemment  occupé  par 
des  brigands  (%).  11  disparut  donc  au  moment  même  où  il  allait 
cesser  d'offrir  des  dangers  pour  la  sécurité  publique,  et  cela  est 
d'autant  plus  regrettable  que  sa  situation  en  ferait  aujourd'hui 
le  principal  ornement  de  la  contrée  sauvage  où  il  se  trouve. 

L'église  de  Courbefy  fut  détruite  avec  le  château ,  et  renversée 
par  la  poudre ,  à  en  juger  par  des  pans  de  murs  tombés  tout 
d'une  pièce.  On  la  rebâtit  dans  le  courant  du  xvip  siècle,  mais 
dans  le  style  le  plus  misérable.  —  Ce  serait  lui  faire  trop  d'hon- 
neur que  de  la  comparer  à  une  grange.  —  Avant  la  révolution, 
un  prêtre  y  vivait  en  ermite,  sansdtmes,  sans  portion  congrue , 
c'est-à-dire  du  travail  de  ses  mains,  comme  un  moine*  du 
moyen  âge  (3).  On  raconte  encore  que,  à  défaut  de  clocher  et  de 
cloche,  il  convoquait  les  fidèles  avec  une  bargw,  l'instrument 
dont  les  paysannes  du  Limousin  se  servent  pour  broyer  le 
chanvre. 

Maintenant  faut-il,  à  propos  de  Courbefy,  discuter  les  idées 
d'un  de  nos  confrères  les  plus  distingués,  de  celui  qui  a  fait  cer- 
tainement l'étude  la  plus  approfondie  de  l'histoire  et  de  la 
géographie  anciennes  du  Limousin  dans  leur  ensemble?  Faut-il 
dire  en  quoi  les  opinions  de  M.  Deloche  sont  confirmées  ou  dé- 
menties par  les  observations  archéologiques  que  l'on  vient 
d'exposer? 

—  D'abord  rien  ne  prouve  que  le  Castrum  Lçucus  ou  Leud  fût 
le  chef-lieu  d'une  peuplade  particulière  appelée  Lçuci,  Le  blo-». 

(1)  ffUtoire  d'Âqmtaine ,  T.  III,  p.  ^.. 

(2)  Quide  en  Limousin  :  Courbefy. 

(3)  BisMre  éTAquUaine,  T.  Ul,  p.  235. 


90  NOTE  SUR   L*OPPiDUM   GAULOIS 

graphe  de  saint  Waast  ne  le  dit  nullement  :  il  constate  tout  au 
plus,  entre  la  montagne,  le  château  et  les  habitants,  non-seule- 
ment du  voisinage ,  mais  de  la  plus  ^ande  partie  de  T Aquitaine, 
une  singulière  communauté  de  noms ,  qu'il  n'entreprend  point 
d'expliquer.  Une  tradition  locale,  que  nous  avons  recueillie, 
ajoute- que  Gourbefy  fut  autrefois  une  ville  capitale  nommée  de 
Lébret;  mais  je  ne  vois  là,  pour  ma  part,  qu'une  explication 
populaire  de  ce  grand  ensemble  de  fortifications  indépendant  du 
ch&teau  gothique,  et  un  souvenir  confus  de  la  maison  d'Albret(4), 
qui  posséda  la  vicomte  de  Limoges  au  xv«  siècle. 

Dans  tous  les  cas,  ce  n'est  plus  à  Chalus,  à  40  kilomètres  de 
Gourbefy,  qu'il  faut  placer  le  mont  Leucus ,  et  notre  savant  col- 
lègue de  la  Corrèze ,  s'il  avait  mieux  connu  le  pays ,  n'aurait 
pas  écrit  que  «  entre  Limoges  et  Périgueux  on  remarque  un 
massif  montagneux  au  sommet  duquel  est  l'ancien  castrum  de 
Chalus;  que  c'est  là,  et  qu'on  le  chercherait  vainement  ailleurs, 
le  mons  Leucus  (3)  '.  —  La  ressemblance  des  noms  est  ici  bien 
trompeuse ,  car  Chalus  peut  venir  de  castelluUum ,  diminutif  de 
castrum,  comme  Chatelus  et  Carlus,  aussi  naturellement  que  des 
anciens  Leud.  D'ailleurs,  la  description  donnée  dans  la  Vie  de 
saint  Waast,  et  que  je  crois  faite  par  un  étranger  jaloux  de 
mettre  en  lumière  tout  ce  qui  peut  ajouter  à  l'importance  de  son 
sujet,  mais  par  un  étranger  bien  informé  s'il  n'avait  pas  voulu 
voir  lui-môme  les  lieux  illustrés  par  la  naissance  de  son  héros  ; 
cette  description  ne  s'applique  pas  du  tout  à  Chalus,  où  Ton  est 
plus  rapproché  de  Limoges ,  plus  éloigné  de  Périgueux ,  oii  il 
n'y  a  pas  de  vestiges  celtiques,  et  surtout  pas  de  grande  mon- 
tagne qui  se  couvre  parfois  de  nuages,  et  qui  prenne  son  chapeau, 
selon  Texpression  du  pays.  Le  château  qu'assiégea  Richard 
Cœur-de-Lion  est  situé  au  bord  de  la  Tardoire ,  sur  un  mamelon 
médiocrement  élevé  et  dominé  de  toutes  parts. 

Au  contraire,  la  description  des  Acta  Sanctorum  s'applique  de 
tous  points  à  Courbefy,  oti  d'ailleurs  la  tradition  constante  du 
Limousin  fait  naître  saint  Waast,  et  elle  ne  conviendrait  à  aucun 
autre  lieu  du  voisinage.  L'épithète  de  magnifique  est  de  trop,  il 


(1)  Henri  IV  et  sa  sœur,  comme  représentants  de  cette  maison ,  ven- 
dirent Courbefy  en  1600.  U  était  donc  revenu  aux  vicomtes  de  Limoges. 
Voyez  dans  le  Chroniqueur  du  Périgord ,  T.  I ,  un  article  de  M.  Ârdant 
sur  cette  vente. 

(2)  Congrès  sdentijlque  dfi  Limoges ,  T.  II,  p.  399. 


DK  COURBBFY.  91 

est  yrai ,  bien  qu'elle  ne  se  rapporte  qu'aux  travaux  de  fortifi- 
cation [tniaûtissimain  magnificentiam).  Gourbefy,  avec  son  site 
désolé ,  envahi  comme  autrefois  par  des  bruyères  et  des  buissons 
que  Ton  ne  coupe  jamais,  avec  ses  immenses  fossés  et  ses  rem- 
parts, d'ob  la  vue  plane  sur  tout  le  Limousin  et  le  Périgord 
depuis  les  montagnes  de  Grandmont  jusqu'au  Cantal ,  jusqu'aux 
coteaux  du  Bordelais  et  de  la  Saintonge*,  Gourbefy  est  gran- 
diose, imposant  môme;  mais  dire  qu'il  y  a  là,  le  paysage  à 
part,  quelque  chose  de  magnifique,  c^est  exagérer  un  peu,  ce 
qui  n'est  pas  sans  exemple  parmi  les  agiographes. 

Le  mot  de  Leuci,  dont  M.  Deloche  a  tiré  des  conséquences  si 
ingénieuses  et  si  étendues,  paraîtrait  un.  nom  générique, 
commun  à  plusieurs  peuples  et  à  plusieurs  fractions  de  peuples, 
selon  les  circonstances  topographiques.  Les  étymologies  ont 
toujours  quelque  chose  de  périlleux  ;  mais  celle  que  M.  A.  Re- 
gnault  a  opposée  à  M.  Deloche  dans  le  Bulletin  de  la.  Sodéié 
Archéologique  et  Historique  du  Limousin  (4)  me  semble  assez  plau- 
sible. De  bicus,  qui  veut  dire  bois  en  latin,  à  notre  Leucus,  il  n'y 
a  pas  bien  loin  :  toute  la  différence  est  peut-ôtre  dans  la  pronon- 
ciation. Dès  lors  le  mot  pouvait  &  la  fois  s'appliquer,  ainsi  que* 
le  dit  M.  Regnault ,  à  toute  montagne  boisée  comme  l'est  encore 
celle  de  Ck)urbefy  (Montluc,  Montluçon ,  Montlieu  ) ,  au  château 
situé  sur  cette  montagne ,  et  aux  habitants  de  la  région  mon- 
tueuse  et  boisée  qui  va  de  l'Auvergne  à  VOcéan.  Souvenons-nous 
du  Bocage  vendéen.  Dans  tout  l'Ouest  jusqu'en  Normandie,  la 
même  dénomination  a  été  usitée  par  opposition  aux  plaines 
découvertes  :  ^  CU  del  bocage  et  dl  del  plain  »,  nous  dit  le  roman 
de  Wace.  Son  équivalent  en  latin  ou  en  patois  gallo-romain 
convenait  particulièrement  au  Limousin  et  à  la  plus  grande 
partie  de  l'Aquitaine,  surtout  dans  les  granits  de  l'Ouest  Jusqu'à 
la  mer.  Peut-ôtre  n'a-t-il  pas  été  bien  compris  au  vi«  siècle  par 
le  biographe  de  saint  Waast,  qui  aura  voulu  en  tirer  quelque 
chose  d'honorable  pour  le  grand  évoque  d' Arras ,  et  qui ,  nous 
l'avons  vu ,  faisait  des  conjectures  comme  un  antiquaire. 

Quoi  qu'il  en  soit,  son  témoignage  est  indivisible ,  et ,  si  on  ne 
préfère  pas  l'interprétation  moins  patriotique  de  M.  Regnault  à 
celle  de  M.  Deloche ,  il  faut  croire  résolument  que  ces  Leuci  ^  dont 
aucun  autre  texte  n'a  parlé,  et  qui  établiraient  une  sorte  de 
trait  d'union  entre  les  Lémovices  de  l'intérieur  et  ceux  de 

(1)  T.  VII,  p.  142. 


92  NOTE  SUR  L*OPPIDlIM   GAULOIS  DE  COURBBPT. 

TArmorique,  remplissaient  en  outre  plus  de  la  moitié  de  TAqui* 
taine. 

Sur  d'autres  points  je  me  rangerais  plus  volontiers  à  l'avis  de 
M.  Deloche.  Il  m'a  convaincu,  par  exemple,  que  la  station  de 
Fines  n'était  ni  àCourbefy,  sommet  abrupte,  où  il  serait  d'ail- 
leurs déraisonnable  de  faire  passer  une  route  quelconque,  nia 
Firbeix ,  où  il  n'y  avait  guère  plus  de  motifs  de  détourner  la 
voie  de  Périgueux  à  Limoges  avant  que  les  châteaux  gothiques 
de  Chalus  et  d'Aixe  eussent  amené  la  formation  d'autant  de 
petites  villes,  mais  entre  Firbeix  etCourbefy,  ou  plus  à  l'est,  et 
peut-être  plus  au  sud.  Il  y  aurait  en  effet  quelques  raisons  de 
penser  que  la  délimitation  des  anciens  diocèses  n'était  pas  exac-^ 
tement  sur  ce  point  celle  des  cités  gallo-romaines;  car  les 
évêques  de  Limoges  au  vr  siècle  ont  revendiqué,  sinon  possédé, 
la  circonscription  religieuse  dont  Jumilhac  a  été  le  centre. 

Mais,  avant  de  reporter  la  frontière  du  Limousin  jusqu'à 
Thiviers,  et  même  jusqu'à  La  Coquille,  à  moitié  chemin  des 
deux  villes  épiscopales,  je  voudrais,  avec  M.  le  vicomte  de 
Gourgues  (i) ,  savoir  si  aucune  des  quatre  versions  contradic^ 
toires  de  la  Table  théodosienne  et  de  l'Itinéraire  d'Antonin 
mérite  une  entière  confiance  <)uant  à  la  distance  de  Fines  à 
Limogpes.  Je  voudrais  aussi  connaître  au  moins  la  direction 
générale  de  la  voie  romaine  dont  il  s'agit,  et  jusqu'à  présent  on 
n'a  nulle  part  retrouvé  ses  traces.  On  prétend  bien  dans  le  pays 
qu'elles  se  reconnaissent  distinctement  de  La  Coquille  à  La 
Tranche,  entre  Bussière-Galand  et  les  ruines  de  Courbefy;  mais 
nous  ne  les  avons  point  vues ,  et  c'est  une  vérification  qui  reste 
réservée  aux  futurs  visiteurs  de  Courbefy. 

(1)  noms  anciens  de  limes  du,  département  de  la  Dordogne  :  Bardeaux ,. 
1861 ,  p.  8^. 

F.  DE  VERNEILH. 


LES  MARBREAUX 


9  ^ 


CELEBRES  ORFEVRES   LIMOUSINS 


Le  docte  et  infatigable  abbé  Nadaud ,  curé  de  Teyjac,  rédigea 
pour  Tabbé  d'Expilly  une  Notice  historique  du  Limousin  en 
quatre  grandes  pages  d'une  écriture  très-serrée,  qui  dut  être 
fort  utile  à  l'auteur  du  Dictionnaire  géographique  des  Gaules. 

Je  possède  ces  précieuses  pages,  oii  sont  renfermées,  dans  un 
cadre  étroit ,  des  notions  sur  la  géographie ,  l'histoire  civile  et 
religieuse  de  notre  province ,  les  belles-lettres ,  arts  et  sciences , 
la  noblesse,  et  jusques  aux  qualités  du  pays. 

Ces  pages  mériteraient  d'être  publiées  in  extenso ,  ainsi  que  les 
intéressants  mémoires  composés  à  la  même  occasion  par  le 
chanoine  Devoyon  et  le  curé  de  Saint-Léonard  du  Mabaret.  Je 
me  bornerai  &  en  extraire  aujourd'hui  ce  qui  concerne  des 
ouvriers  très-renommés  de  leur  temps  dans  l'art  de  l'orfèvrerie 
et  du  monnayage. 

Avant  de  remonter  aux  sources  où  le  savant  abbé  a  puisé ,  je 
crois  convenable  de  citer  les  fragments  des  naïfs  récits  de  nos 
chroniques  manuscrites  oii  il  est  question  des  Marbreaax,  en 
ran  4605  : 

«  A  ladite  porte  (Montmalhier)  le  roy  (Henry  IV)  receut  les 
clefs  de  la  ville ,  qui  luy  furent  pntées  par  un  jeusne  enfant 
nommé  Jean-André  Yidaud ,  descendant  dans  une  nue ,  de  la 
valleur  (les  clefs)  de  cinq  cents  liures  [h)  ». 

Le  P.  Bonaventure  de  Saint- Amable  a  ainsi  développé  ces 
détails  :  «  Or,  comme  le  roy  étoit  sur  le  premier  pas  de  l'entrée 

(I)  Il  parait  assez  évident,  d*apr?)s  ce  fait,  qae  nos  bouchers  n*eurent 
pas  le  privilège  de  présenter  les  clefs  de  Limoges  àkenry  IV,  et  que  c*est 
k  tort  qu*il8  y  font  allusion  aux  promenades  du  bœuf  gras. 


94  LES   MARBREAUX. 

de  ce  portail,  on  vld  eleuer  une  nue  clairement  espaisse,  qui 
vint  comme  fondre  &  s^entrouurir  aunleuant  de  Sa  Majesté,  de 
laquelle  sortit  un  beau  jeune  enfant  portant  Thabit  et  le  maintien 
d*un  ange,  lequel  présenta  au  roy  les  clefs  de  la  ville  faîtes 
d*argent  doré,  autour  desquelles  se  voyoient  deux  serpents 
entrelassés  auec  beaucoup  d'artifice  ;  on  auoit  aussi  empreint  là 
les  armes  du  roy  &  et  de  la  reyne,  de  Mgr  le  dauphin  &  de  la 
ville.  Cet  ouurage  reuenoit  à  plus  de  cinq  cents  liures.  Le  roy 
receut  ces  clefs  avec  grand  contentement ,  &  les  remit  à  même 
temps  au  sieur  de  La  Fare,  capitaine  des  gardes.  » 

Les  mêmes  Annales  manuscrites  continuent  en  ces  termes  : 

a  Et  le  lendemain  (22  octobre  1605),  les  consulz  furent  aueq 
leurs  marques  consulaires  luy  (au  roi)  porter  deux  médagles  d'or 
pezans  deux  marcz;  et,  daultant  quelles  estoient  imparfaictes , 
n'ayant  eust  le  temps ,  le  roy  les  remist  pour  les  faire  para- 
cheuer  et  les  luy  enuoyer,  et  furent  faictes  par  les  Masbareaux , 
enfans  de  Lymoges,  estantz  les  meilheurs  mâîstres  du  temps;  et 
pour  ce  furent  appeliez  pour  aller  demeurer  aux  Thuîlleries  du 
Louure  &  Paris.  Ilz  ont  faîct  les  plus  belles  pièces  du  siècle ,  en 
or,  argent,  cuiure,  assier,  fert,  iuoire,  esbenne,  &• ,  métaux  et 
bois,  gravures,  estampes,  coings  pour  faire  médagles.  » 

Le  Père  de  Saint-Amable  a  mal  lu  ce  manuscrit,  puisqu'il 
donne  le  poids  de  douze  marcs  d'or  à  cesdites  médailles  au  lieu 
àedeux,  c'est-à-dire  qu'il  le  sextuple.  Voici  son  récit,  où  nous 
trouvons  la  descriptions  des  deux  médailles  : 

c  Le  lendemain ,  pour  l'entier  accomplissement  de  cette  céré- 
monie, les  consulz  furent  tous  ensemble,  vêtus  de  leurs  robes 
et  de  leurs  livrées,  qui  sont  des  chaperons  de  damas  cramoisy, 
présenter  à  Sa  Majesté  deux  grandes  médailles  d'or  du  poids  de 
douze  marcs,  burinées  et  gravées  avec  tant  d'artifice  qu'on  ne 
sçauroit  par  la  plume  suivre  le  burin  du  maistre  qui  s'estoit  sur- 
monté luy-même  dans  ces  pièces. 

En  la  première,  on  voyoit  le  pourtraict  du  roy,  armé  de  toutes 
pièces,  monté  à  cheval,  qui  sembloit  bondir  à  trauers  une 
grande  armée,  battrez  abattre  tout  ce  qui  se  présentoit  deuant 
luy  pour  s'opposer  à  son  triomphe,  &  droit  à  Topposite  de  Sa 
Majesté  estoit  un  bel  écusson  gravé  des  armes  de  France  &  de 
Navarre,  &  sur  le  bas ,  &  presqu'aux  pieds  de  Sa  Majesté ,  y  avoît 
un  autre  écusson  gravé  des  armes  de  la  ville ,  &  autour  de  la 
circonférence  de  cette  première  médaille,  on  pouvoit  lire  ces 


LES  MARBREAUX.  95 

mots  :  c  Hbnbico  IV  reoi  christianis.  Heroi  fortis.  invictis. 
•  Clbmbntis  SPQL  Lemovic  advenibnti  D.  D.  4605  ». 

9  II  y  auoit  une  autre  médaille  consacrée  à  Mgr  le  dauphin.  On 
y  uoyoitson  pourtraict,  qui  auoit  un  pied  sur  la  terre  &  l'autre 
fiur  la  mer,  porté  et  soutenu  par  un  dauphin  marin ,  qui  sem- 
bloit  s'égayer  le  long  du  bord  de  son  océan ,  pour  porter  cette 
douce  charge ,  qui  le  rendoit  glorieux  parmy  les  autres  poissons 
qui  se  uoyoient  à  sa  suite.  On  auoit  aùssy  mis  dans  la  main  de 
Tenfant  une  palme  verdoyante,  présage  de  ses  victoires;  deux 
anges  par-dessus  posoient  doucement  un  double  diadème,  & 
plus  haut  une  aigle  suspendue  en  Tair,  sortant  d'une  nuée, 
luy  laissant  tomber  sur  son  chef  une  couronne  impériale.-  Le 
circuit  de  la  seconde  médaille  avoit  ces  deux  vers  pour  devise  : 

• 

m  JaM  CŒLUM  IMPERIl  DIQNUM  TE  SIGNAT  HONORE  : 

»  NUSQUAM  ABERO  ET  TUTUM  PATRIA  TE  SEDE  LOCABO.  » 

9  Le  graueur  (Masbareau]  n'auoit  pas  eu  le  temps  d'acheuer 
son  ouvrage.  Comme  le  roy  estoit  sur  son  départ ,  les  consulz , 
prosternez  avec  soumission,  luy  oflFrirent  ce  présent,  &  messire 
Jean  Martin ,  prévost ,  l'accompagna  de  ces  paroles  :  <  Le  peu 
9  que  nous  offrons  à  Vostre  Majesté  est  encore  défectueux  par  la 
»  faute  de  l'ouvrier  &;  du  peu  de  temps  qu'il  a  eu  :  nous  aman- 
9  derons.  Dieu  aydant,  les  fautes  ». 

9 Le  roy,  après  auoir  vu  &  admiré  ces  deux  belles  mé- 
dailles, les  fit  voir  aux  princes  &  grands  seigneurs  qui  estoient 
auprès  de  sa  personne ,  &  par  après  les  remit  es  mains  des 
consulz,  leur  disant  :  «  Faites  les  paracheuer,  &  me  les  enuoyez  au 

9   pluStôt     » 

Ceci  était  écrit  moins  de  soixante  ans  après  le  passage  du 
roi ,  et  les  souvenirs  devaient  être  encore  bien  vivaces. 

M.  Éd.  Sénemaud ,  notre  confrère  d'Ângoulême ,  et  l'un  de  mes 
plus  affectueux  correspondants,  m'a  indiqué  le  texte  d'un  itiné- 
raire latin  de  la  France,  au  xvir  siècle,  connu  sans  doute  de 
Tabbé  Nadaud  [  page  96  )  : 

«  Lemotidwn,  Urbs  hsec  Lemovicii,  valgo  Limosin,  caput  est  regionis 
qu8B,  vicecomitatus  nomine  insignis ,  Biturigibus,  Borboniis,  Arvemis, 
Petroooriis  et  Piotonibos  ainbitur.  Asperior  est  aliis  hactenus  visis; 
vinum  prodacit,  sed  ignobUius;  ex  frugibus,  imprlmis  siliginis,  ferax 
est,  née  tamen  ubique  fructus  alios  fert  immitiores;  castaneis 
mbundat. 


96  LES   MARBKEAUX. 

»  InoolSB  minus  sunt  culti;  fœminœ  déformes  et  laudatœ  castitatis; 
nec  eo  est  libertas  Juvenibus  cum  puellis  conversandi  quœ  alibi  in 
Gallia  y  ut  sœpe  matrimonio  Jungantur  qui  nunquam  ante  sermonem 
miscuenmt.  Hic  invenies  hominesotium  détestantes,  sobrios  etiam,  nec 
deliciarum  avidos  atque  inde  macroHaus,  Linguam  loquuntur  hor- 
ridam ,  et  quamvis  intelligat  e  média  Gallia  oriundus.  » 

J'abrège  cette  citation,  qui  me  prouve  que  le  vieux  voyageur 
était  difficile  pour  le  vin  et  la  beauté  des  femmes.  La  Fontaine, 
juge  plus  compétent,  a  rendu  justice  aux  Limousines  et  aux 
Limousins. 

Quant  à  notre  idiome,  s'il  le  trouvait  horrible,  c'est  qu'il  ne  le 
comprenait  pas  :  nos  troubadours  l'avaient  su  rendre  agréable 
aux  hommes  éclairés  de  leur  siècle,  et  leurs  œuvres  sont  encore 
en  honneur. 

On  peut  lire  dans  le  texte  ce  qu'il  dit  des  villes  du  Haut  et  du 
Bas-Limousin  (il  prend  cette  dernière  province  pour  la  Marche), 
des  monuments  et  des  maisons  de  bois  qui  lui  rappellent  celles, 
de  la  Basse-Saxe. 

A  la  page  97,  on  lit  : 

«  Csesaris  œvo,  una  ex  magnis  et  potentibus  fuit  urbs  Lemovicium,. 
igitur  vulgo  Limoges,  superioris  Lemovicii  metropolis,  urbs  mercurialis 
et  populosa,  inter  colles  vitiferos  prope  Vigennam  sita  ». 

Limoges  est  là  appelée  ville  de  Mercure,  c'est-à-dire  commer- 
çante, comme  Toulouse ,  la  ville  de  Minerve  : 

«  Lemovicibus  exquisitissima  fl*atrum  {les  Mabreaux)  dictorum  ad-* 
miraberls  opéra,  etc.  » 

Et,  dans  son  avis  au  lecteur,  il  s'explique  plus  longuement  : 

«  Vidimus  hic  et  salutavimus  artifices  duos  incomparabiles ,  les  Me^ 
hreaux  fratres ,  qui  credi  nequit  quam  subtilia  conflciant  opéra.  Inter 
alla,  vidimus  par  cultrorum  subtilissime  elaboratum,  uti  tamenligni 
aliquid  scindere  i)osses,  cum  vagina  duorum  receptaculorum,  et  cate- 
nula  aurea  centum  viginti  orbiculorum,  ponderis  duorum  granorum. 
Vir  quidam  nobilis,  cum  de  veterum  quadriga  muscœ  ala  obtecta  retu- 
lissét,  alteri  honim  qusBsi visse  se  dicebat  ecquo  pretio  illam  œsti- 
maret?  Quatuor  millibus  coronatorwn  respondenti  regesserat  si  mille 
coronatos  sibi  promitteret,  sese  similem  fiicturum,  nec  nisi  opère  per- 
fecto  obvium  postulaturum.  » 

Ce  latin  est  facile  à  comprendre  :  reste  à  expliquer  \%  mot 


LES  MARBBBAUX.  97 

eorono/t.  Les  rois  Louis  XII  et  François  I"^  firent  frapper  des 
monnaies  de  billon  qu'on  appela  coronats.  Les  écus  d'or  à  la  coth 
renne  portaient  le  même  nom  dans  les  écrits  des  savants, 
coronati  :  il  est  à  croire  que  ce  fut  mille  écus  d'or  que  demanda 
l'un  des  Marbreaux  pour  prix  d'un  chef-d'œuvre  plutôt  que 
mille  coronats  de  billon.  De  plus,  ce  géographe  Jodocus  Sincerus, 
dont  le  savant  bibliographe  M.  Ed.  Sénemaud,  nous  révèle 
le  véritable  nom,  Zinzerling ,  étant  d'origine  allemande, 
devait  être  plus  familier  avec  les  coronats  d'or  des  ducs  de  Bour- 
gogne et  des  comtes  de  Flandres. 

Inspiré  de  la  lecture  de  nos  Annales  et  de  Yltinerarivm  de 

.Jodocus  Sincerus,  Nadaud  adressa  à  l'abbé  d'Expilly  cette  note, 

.  qui  résume  nos  recherches  :  a  Les  nommés  Marbreaux  excel- 

loient,  en  4649,  à  Limoges,  pour  mettre  l'or  en  ouvrage  :  de 

deux  grains  ils  faisoient  une  paire  de  couteaux  propres  à  couper 

du  bois  une  gaine,  et  une  chaîne  de  cent  vingt  anneaux.  On  n'y 

•  connoît  point  à  présent  de  si  habiles  ouvriers.  » 

Nos  chroniques  manuscrites  les  appellent  Masbareaux;  Zin- 
zerling le  Turingien ,  Mabreaiux,  et  Nadaud,  Marbreaux,  Nous 
adoptons  cette  dénomination ,  et ,  calculant  qu'ils  étaient  très- 
habiles  dans  leur  art  dès  4605,  et  que  leur  réputation  ne  s'était 
pas  amoindrie  en  4649,  nous  concluons  que  leur  carrière  fut 
aussi  longue  qu'honorable. 

Maueice  ARDANT, 

Ardiivista  d«  dépwtonent  de  k  Hatttt- Vienne. 


.LimogM,  le  15  juillet  1862. 


VOIRIE  ROMAINE  EN  LIMOUSIN 


FIXATION 


DE  LA  STATION  DE  PRiETORIUM 


La  commission  de  la  carte  des  Gaules  se  préoccupe  de  la 
fixation  de  Prœtorio ,  qu'elle  croit  devoir  placer  à  Sauviat ,  sauf  à 
s'en  référer  &  une  détermination  plus  convenable  s'il  y  a  lieu. 
Dans  le  doute,  elle  fait  appel  aux  lumières  de  la  Société 
Archéologique  et  Historique  du  Limousin ,  qui ,  mieux  que  toute 
autre ,  est  en  position  de  lui  fournir  des  renseignements  certains. 

La  question  est  des  plus  controversées,  et  mérite  d'être 
éclaircie.  Je  vais  tenter  moi  aussi  de  la  traiter,  et  de  lui  donner 
une  solution. 

Aucun  auteur  ancien  ni  du  moyen  âge  ne  s'est  occupé  du 
Prœtorio  des  Lémoviques.  Ptolémée,  Pline,  Pomponius  Mêla, 
Solinus,  sont  muets.  L'existence  de  cette  ville  gallo-romaine 
nous  fut  dévoilée  pour  la  première  fois  par  la  carte  de 
Peutinger.  Prastorio  se  trouve  itidiqué  sur  cette  carte  comme 
étant  la  première  station  à'Aumto  à  ArgerUomago  et  à  At^gtàS" 
Umemeto  :  c'est  donc  un  point  de  bifurcation  destiné  &  fournir  à 
la  fois  un  chemin  au  nord  et  à  l'est  de  la  Gaule. 

De  grandes  difficultés  se  sont  présentées  dès  l'abord  pour 
la  fixation  de  la  distance  qui  se  trouve  marquée  sur  la  carte 
de  Peutinger. 


VOIRIE  ROMAINE  EN   LIMOUSIN.  99 

Le  chiffre  xiiii  qui  est  marqué  entre  Atisrito  et  Prœtorio 
indiquait-il  le  nombre  de  lieues  gauloises  qui  existait  pour  aller 
à  Casrinomago,  ou  bien  marquait-il  la  distance  de  Prœtoriot  Telle 
fut  la  première  difficulté.  Depuis  les  travaux  de  Vesseling  et 
ceux  plus  modernes  du  baron  de  Walckenaër  et  de  MM.  Parthey 
et  Pinder,  la  question  paraît  définitivement  tranchée.  Le 
chiffre  xnii  se  rapporte  définitivement  à  la  distance  qui  existe 
entre  Ausrito  et  Prœtorio. 

Quel  est  donc  le  nom  de  lieu  qui  convient  à  ce  chiffre  de 
xiiii  lieues  gauloises?  Les  commentateurs  n^ont  pas  manqué  : 
malheureusement  la  plupart  diffèrent  d'opinion,  et  le  Prœtorio 
est  fixé  diversement  en  des  points  assez  distants  les  uns  des 
autres. 

Le  savant  géographe  d'Anville  fixe  Texistence  de  la  cité  gallo- 
romaine  au  Mont  de  Jouer,  où  se  trouve  une  ville  détruite  depuis 
trës-long-temps.  Le  Puy  de  Jouer  est  une  montagne  située  à  un 
kilomètre  environ  de  Saint-Goussaud ,  dans  la  Creuse.  Cassini  a 
inscrit  sur  sa  carte  :  n  Mont  de  Jouer,  ville  ruinée  ». 

La  carte  géographique  de  M.  Cornuau,  éditée  &  un  fort  petit 
nombre  d'exemplaires  en  4782 ,  fixe  également  Prœtorio  au  Puy 
de  Jouer.  Cette  carte  prend  à  nos  yeux  une  valeur  d'autant  plus 
grande  que  M.  Cornuau  a  laissé  des  travaux  de  géographie  sur  le 
Limousin  aussi  bien  étudiés  et  aussi  certains  que  ceux  de 
rimmortel  Cassini.  On  dit  même  qu'il  collabora  avec  l'illustre 
géognraphe.  Dans  tous  les  cas,  pour  exécuter  ses  travaux 
relatife  aux  cartes  du  diocèse  et  de  la  généralité ,  M.  Cornuau 
avait  visité  toutes  les  localités  du  Limousin,  et  avait  relevé 
toutes  les  traces  encore  subsistantes  des  anciennes  voies 
romaines,  et  il  avait  fait  un  tracé  fort  exact  de  la  route 
qui ,  partant  de  Limoges ,  se  dirigeait  sur  Ârgenton  et  sur  Âhun , 
puis  sur  Clermont.  Cette  direction ,  qui  fixe  Le  Puy  de  Jouer 
comme  ayant  été  l'ancien  Prœtorio,  n'a  pas  été  suffisamment 
remarquée ,  et  nous  la  mentionnons  dès  l'abord  comme  faisant 
autorité  dans  la  question. 

Deux  hommes  spéciaux  se  sont  occupés  dans  le  xviii*  siècle  de 
la  direction  des  chemins  romains  :  l'abbé  Nadaud,  curé  de 
Teyjac,  et  son  ami  l'abbé  Legros.  L'abbé  Nadaud  était  né 
à  Limoges  le  13  mars  4742,  et  il  est  mort  le  5  octobre  4775. 
n  fut  nommé,  vers  4748 ,  à  la  cure  de  Saint-Léger-la-Montagne. 
Son  goût  pour  l'antiquité  lui  fit  faire  des  recherches  et  des  études 
sur  tout  ce  que  le  Limousin  présentait  de  curieux  et  de  digne 


100  VOIlUfi   ROMAINE   EN    LIMOUSIN. 

d*être  remarqué;  il  consignait  dans  ses  notes  le  frait  de  ses 
observations  archéologiques.  Sa  cure,  voisine  de  la  voie 
romaine  se  dirigeant  sur  Argenton  et  sur  Glermont  ;  lui  per- 
mettait de  faire  des  promenades,  et  de  suivre  en  quelque  sorte  à 
la  piste  les  traces  encore  existantes  de  ce  chemin.  Le  résultat  de 
ses  observations  fut  que  le  Prœtorio  devait  être  fixé  au  Puy  de 
Jouer.  —  L'abbé  Legros  mit  en  ordre  ces  notes,  et  consigna  dans 
une  publication  fort  rare  aujourd'hui ,  l'Indicateur  du  diocèse,  les 
constatations  faites  par  Tabbé  Nadaud.  On  voit  donc  que  les 
traces  bien  conservées  d'une  voie  romaine  se  dirigeant  vers 
Prœtorio  ont  été  observées  au  xviii*  siècle,  et  ce  point  là  ne 
saurait  être  le  sujet  d'une  discussion  sérieuse. 

Faut-il  donc  reconnaître  avec  d' Anville ,  avec  Cornuau ,  avec 
les  abbés  Nadaud  et  Legros,  que  le  Prœtorio  de  la  Table  doit-être 
définitivement  fixé  au  Puy  de  Jouer?  Cette  conclusion  peut 
paraître  naturelle  et  logique  en  présence  d'une  tradition  locale 
qui  paraît  constante ,  et  d'observations  faites  par  des  antiquaires 
du  pays ,  qui  n'ont  pas  dû  se  tromper  à  l'inspection  des  traces 
restées  existantes  de  la  voie  militaire  romaine. 

Cependant  ce  système  ne  semble  pas  avoir  prévalu  jusqu'ici , 
et  nous  ne  devons  pas  nous  étonner  que  les  auteurs  qui  ont  écrit 
sur  l'emplacement  de  cette  station  romaine  sans  avoir  recours  à 
ces  traditions  locales,  sans  avoir  visité  les  lieux,  aient  pu  avoir 
de  ces  divergences  d'opinion  qui  sont  malheureusement  de 
nature  à  discréditer  la  science  archéologique.  Citons  quelques- 
unes  des  nombreuses  localités  que  certains  commentateurs  ont 
indiqué  à  diverses  époques  comme  étant  l'emplacement  du 
Prœtorium  de  la  Table.  Dans  son  mémoire,  lu  le  7  août  4746 ,  à 
l'Académie  des  Inscriptions  et  Belles-Lettres,  l'abbé  Belley, 
cherchant  la  direction  du  chemin  romain  de  Limoges  à  Clermont, 
fixe  le  Prœtorium  aux  environs  de  l'abbaye  de  Grand-Mont.  Une 
seule  réponse  suffit  à  renverser  ce  système  :  les  montagnes  qui 
avoisinent  l'ancien  emplacement  de  l'abbaye  sont  presque  inac- 
cessibles, et  jamais  on  n'a  constaté  de  ce  côté  les  traces  d'une 
voie  quelconque. 

Le  baron  de  Walckenaër,  membre  de  Tlnstitut,  fixait  Prœtorio  à 
Pourrioux.  Ce  nom  de  lieu ,  qui  avait  quelque  rapport  avec  celui 
de  la  station  romaine,  a  évidemment  égaré  M.  de  Walckenaër. 
Pourrioux  est  une  petite  paroisse  située  au  nord  de  Sauviat, 
dans  l'arrondissement  de  Bourganeuf;  le  Pouillé  de  Nadaud 
la  mentionne  comme  étant  un  bénéfice  appartenant  aux  religieux 


V0IK1E   ROMAINE   EN   LIMOUSIN.  101 

du  Ch&tenet.  Il  n'existe  aucune  trace  de  construction  ancienne , 
aucune  ruine  qui  témoigne  de  l'existence  des  Romains  dans 
cette  localité.  Dès-lors  on  ne  peut  admettre  Pourrioux  comme 
le  représentant  de  l'ancien  Prœtorium.  Du  reste  nous  prouverons 
plus  loin  qu'au  xviii*  siècle  nos  antiquaires  ont  reconnu  les 
traces  d'une  route  romaine  qui  traversait  la  forêt  du  Dognon  et 
la  partie  méridionale  du  bois  d'Épagne,  h  une  distance  de  plus 
de  3  kilomètres  de  Pourrioux.  G^  raisons  nous  forcent  &  ne  pas 
accepter  la  fixation  de  M.  le  baron  de  Walckenaër. 

Ce  que  nous  avons  dit  de  Pourrioux  doit  s'appliquer  à  plus 
forte  raison  à  Sauviat ,  choisi  par  la  commission  comme  l'ancien 
Prœtùrium  de  la  Table.  Ce  lieu  est  relativement  moderne  :  le  plus 
ancien  titre  où  il  est  question  de  Sauviat ,  SalviQfmn^  remonte 
au  XII'  siècle  (4  495).  Ce  titre  conférait  &  Saint-Léonard-de»-Noblac 
la  collation  du  bénéfice  de  cette  paroisse.  On  n'a  signalé  qu'à 
trois  kilomètres  de  Sauviat  des  traces  d'une  voie  romaine  qui 
traversait  la  forât  d'Épagne,  se  rendant  &  Bourganeuf.  Nous 
parlerons  plus  loin  de  cette  voie. 

Nous  ne  pouvons  donc  admettre  ni  Pourrioux  ni  Sauviat 
comme  étant  l'anci^i  Prœkrium. 

Il  nous  faut  encore  signaler  Topinion  de  M.  Grellet^Dumazeau , 
en  son  vivant  conseiller  à  la  cour  impériale  de  Limoges.  Dans 
le  Bulletin  de  la  Creuse,  en  4857,  il  portait  la  station  de  la 
voie  romaine  au  cbftteau  du  Chalard ,  entre  les  communes  de 
Peyrat  et  de  Saint-Julien-le-Petit.  Pour  arriver  à  ce  résultat, 
M.  Grellet-Dumazeau  lisait  xvii  lieues  gauloises  au  lieu  de  xiiii 
pour  chiffre  des  distances  entre  Aumtê  et  Prœtorie. 

Nous  n'avons  pas  à  parler  de  Breth  près  La  Souterraine ,  que 
H.  de  Beaufort  prétend  convertir  en  Bretorium  et  Prœtorium, 
Cette  opinion  ne  saurait  être  l'objet  d'une  discussion  quelque 
peu  sérieux. 

Nous  sommes  presque  embarrassé  de  cette  divergence 
d'opinions  et  de  ces  contradictions  perpétuelles.  Nous  soute- 
nons que  c'est  le  manque  de  méthode  et  le  défaut  d'obser- 
vation qui  ont  induit  en  erreur  tant  de  bons  esprits. 

Quelle  sera  notre  manière  de  procéder  ?  Pour  retrouver  l'em- 
plac^nentde  Prcetoriumy  nous  nous  adresserons  à  la  tradition  ; 
nous  adjoindrons  à  ce  travail ,  comme  pièces  à  l'appui ,  tous  les 
documents  anciens  qui  ont  été  publiés  sur  la  direction  des  voies 
romaines  ;  puis  nous  nous  proposons ,  dans  un  mémoire  supplé- 
mentaire ,  de  publier  le  résultat  de  nos  recherches  personnelles. 

ë 


102  VOIRIE   ROMAINE   EN   LIMOUSIN. 

Nous  visiterons  Sauviat,  Pourrioux,  Le  Puy  de  Jouer;  nous 
ferons  pratiquer  des  fouilles  dans  ces  diverses  localités;  nous 
chercherons  notamment  si  à  Puy  de  Jouer  il  ne  se  trouve  pas 
trois  routes  :  Tune  se  dirigeant  vers  le  nord  sur  Argenton  ; 
l'autre  se  dirigeant  vers  Ahun  et  Clermont,  et  la  troisième 
vers  Limoges.  Dès  l'abord ,  et  préalablement  à  toute  investiga- 
tion, nous  dirons  hardiment  que  la  tradition  constante,  certaine, 
place  au  Puy  de  Jouer  le  Prœtorium  de  la  Table.  Nous  Talions 
démontrer  tout  à  Theure ,  l'Indicateur  du  diocèse  à  la  main. 

La  voie  romaine  sortait  d'Ausrito  par  la  paroisse  de  Saint- 
Christophe.  Cette  paroisse  était  située  à  cinquante  pas  environ 
de  Tabbaye  de  Saint-Augustin-lez-Limoges.  Elle  se  dirigeait  en 
droite  ligne  ^ers  le  Puy-Imbert ,  suivant  une  direction  en  quel- 
que sorte  parallèle  au  chemin  de  fer  de  Limoges  à  Paris.  Auprès 
du  Puy-Imbert,  j'ai  remarqué  deux  voûtes  qui  semblent  être  un 
reste  de  la  voie  romaine  ;  j'ai  également  constaté  la  présence  de 
deux  chapiteaux  de  granit  supportant  une  table  en  pierre  qui 
portent  le  caractère  de  l'art  gallo-romain. 

Au  xviir  siècle ,  on  apercevait  encore  des  tronçons  de  voie 
ferrée  qui  passaient  près  de  Juliac.  Nadaud  et  Legros  consta- 
tent cette  reconnaissance.  Juliac  fut,  suivant  toute  probabilité, 
sous  la  domination  romaine ,  une  villa  romaine  qui  appartenait 
à  une  famille  Jidia. 

De  Juliac  la  voie  se  continuait  en  ligne  droite  sur  le  bourg  du 
Palais.  En  faisant  une  rectification  de  la  route  de  Saint-Priest^ 
Taurion,  les  ouvriers  ont  mis  à  découvert  un  ancien  pavé 
agglutiné  dans  le  ciment  qui  faisait  partie  de  l'ancienne  voie 
romaine. 

Autrefois,  s'il  faut  en  croire  nos  chroniques,  il  a  existé  sur  les 
bords  de  la  Vienne  une  villa  romaine  qui  portait  le  nom  de  Jo- 
cundiacum.  Des  titres  qui  datent  du  ix'  siècle  mentionnent  la 
présence  des  empereurs  carlovingiens  à  Jocondiac.  Dans  un 
champ  proche  de  l'église ,  on  a  trouvé  des  briques  à  rebord  et 
quelques  antiques  substructions. 

Du  Palais  la  voie  se  dirigeait  sur  la  forêt  de  Saint-Priest- 
Taurion  ;  on  voyait  des  restes  de  chaussée  au  Mas-Lebraud  ,  à 
La  Croix-de-Fressignac;  puis  elle  traversait  sur  un  petit  pont  le 
ruisseau  du  Ri  valet,  et  gagnait ,  par  une  pente  raide ,  les  hau- 
teurs où  se  trouve  le  village  du  Mas-Maynard.  De  là  on  retrou- 
vait ses  traces  à  La  Maisonnette ,  aux  Loges ,  puis  au  Coussat , 
à  Sirieix  ;  elle  se  retrouvait  dans  le  bois  des  Égaux,  paroisse  des 


VOIRIE   ROMAINE   EN   LIMOUSIN.  103 

Biltanges,  puis  dans  le  village  de  Millemilanges,  nom  signifi- 
catif, qui  doit  indiquer  une  borne  mîlliaire  ;  enfin  elle  passait  au 
village  de  Redondesaigne,  puis  entre  les  villages  de  La  Feyte  et 
de  La  Ribière,  pour  aboutir  au  Puy  de  Jouer,  près  le  bourg  de 
Saint-Goussaud . 

Tels  sont  les  renseignements,  aussi  précis  que  possible,  que 
donne  l'Indicateur  du  diocèse.  On  ne  saurait  avoir  de  doute  sur 
leur  exactitude  ;  car  ils  sont  contrôlés  et  certifiés  par  les 
reconnaissances  de  M.  Comuau. 

Quelle  était  donc  cette  première  station  d'Ausrito  à  Augus- 
ionemeto ,  et  quelle  signification  fautr-il  attriber  à  ce  mot  Prm" 
Unio? 

Si  Ton  consulte  d'Anville ,  on  voit  qu'il  mentionne  un  certain 
nombre  de  localités  de  Tempire  romain  qui  portaient  le  nom  de 
Prœtofrium,  En  voici  la  nomenclature  : 

Prœtorium  in  Aquitania^  Mont  de  Jouer  ; 

Prœtoriwn  Agrippinœ ,  Roomburg  (  ce  Prœtorium  est  marqué 
sur  la  carte  de  Peutinger ,  mais  je  n'ai  pu  trouver  Roomburg 
sur  nos  cartes  modernes  )  ; 

Prœtorium  inDalmatia,  Traû-Vecchio; 

PrtBtorium  in  Savia,  Kraljova-Velika  ; 

PrcBtorium  in  Dada,  Ruska  ; 

Prœtorium  in  Dada,  Isola  ; 

PrcBtorium  Latovicorum ,  Thurn  ^ 

PrcBtorium ,  Patrington. 

Il  signale  encore  Prœtoria  Augusta,  qui  est  devenue  Aoste,  en 
Italie,  et  une  autre  Prœtoria  Augusta,  qu'il  a  trouvée  dans  la 
géographie  de  Ptolémée ,  et  qu'il  place  au  confluent  de  la  Mol- 
dawa  et  du  Siret. 

C'est  donc  en  tout  huit  localités  portant  le  nom  de  Prcetorium , 
et  deux  autres  portant  celui  de  Prœtoria  Augusta,  Toutes  ces 
localités  sont  évidemment  d'origine  romaine.  Pline  nous  donne 
un  renseignement  précieux  sur  la  fondation  d^ Augusta  Prœtoria, 
Cette  ville  fut  fondée  sous  Auguste  (4)  en  souvenir  d'une 
victoire  remportée  sur  les  Salasses.  La  France  elle  aussi  présente 
l'exemple  d'une  ville  qui  porte  le  nom  de  son  fondateur  :  après 
avoir  apaisé  les  Vendéens,  Napoléon  créa  Napoléonville.  L'exis- 
tence d'une  grande  administration  au  sein  d'une  population  qui 

(1)  Peut-être  le  Prtetorium  d'Aquitaine,  le  seul  qui  existe  en  Gaule, 
a  t-il  été  fondé  par  César  en  souvenir  de  sa  victoire  sur  les  Arvemes. 


104  VOIBIB   ROMAINE   BN    LIMOUSIN. 

était  toujours  prête  k  prendre  les  armes,  était  un  moyen  de  la 
contenir  d&ns  le  devoir.  C'est  la  même  politique  qui  guida  les 
Romains  :  les  localités  portant  le  nom  de  Prœtorium  furent  des 
points  d'observation  et  sans  doute  de  compression.  Il  existait  dans 
ces  places  de  guerre  une  force  militaire  suffisante  pour  surveiller 
le  pays,  et  comprimer  au  besoin  les  soulèvements. 

C'est,  presque  un  titre  de  noblesse  pour  notre  Limousin  de 
posséder  un  de  ces  anciens  Prœtorium.  De  ce  point  il  était  possible 
aux  Romains  de  se  porter  sur  la  population  de  TAuvergfne , 
toujours  vaincue ,  mais  toujours  remuante,  et  d'acheminer  sur 
elle  au  besoin  les  troupes  du  nord  et  de  l'ouest.  Prœtorium  fut 
donc  un  point  assez  important ,  et  nous  devrions  retrouver  dans 
ses  ruines  des  fondations  d'œuvres  importantes.  Le  Puyde  Jouer, 
dans  la  limite  de  nos  faibles  crédits,  sera  fouillé  par  nous,  et  nous 
dira  peut-être  ce  qu'il  recèle  I 

Ainsi  nous  croyons  avoir  fait  une  démonstration  aussi  complète 
que  possible.  Les  traditions  locales,  l'observation  des  traces  de 
voies  romaines  conservées  au  xviii*  siècle ,  portent  au  sommet  du 
Puy  de  Jouer  l'emplacement  de  Prœtorium, 

Nous  allons  essayer  de  démontrer  que  ce  point  concorde 
parfaitement  avec  la  Table  de  Peutinger  et  avec  les  chiffres 
qu'elle  indique.  L'inspection  de  la  Table,  seul  monument 
romain  qui  est  parvenu  jusqu'à  nous ,  nous  montre  à  Prœtorio  une 
bifurcation  qui  se  dirige  sur  Argentomago,  avec  le  chilBre  xxiiii. 
C'est  une  direction  qui  s'élève  vers  le  nord.  Une  autre  ligne 
rejoint  Adtodunum,  Fines,  Ubinum,  Augustonemelo ,  et  prend, 
en  s'inclinant,  la  route  de  l'Ouest.  La  position  du  Puy  de 
Jouer  paraît  cadrer  très-exactement  avec  la  remarquable  bifur- 
cation qui  est  indiquée  sur  la  Table. 

La  question  la  plus  délicate  est  celle  des  distances.  Examinons 
si  elles  concordent  avec  le  chiffre  de  xnii  lieues  gauloises  :  nous 
nous  proposons  de  le  démontrer.  Il  s'agit  d'abord  de  se  fixer  sur 
la  longueur  de  la  lieue  gauloise  :  ce  premier  point  présente 
quelques  difficultés.  Dans  la  dernière  session  du  Congrès  scien- 
tifique de  Saumur,  en  4863,  M.  Godard-Faultrier  s'exprimait 
ainsi  :  «  La  lieue  gauloise  vaut  environ  â,300  mètres,  je  dis 
environ,  car  la  mesure  de  cette  lieue  laisse  encore  à  désirer 
sur  son  exactitude  :  M.  PistoUet  de  Saint-Fargeau  la  porte 
à  2,445  mètres;  d'autres,  à  S, 468  mètres  33  centimètres; 
plusieurs,  à  4,450  toises.  Il  y  a  donc  quelque  difficulté  sur  la 
véritable  longueur  à  donner  à  la  lieue  gauloise.  » 


VOIRIB   ROMAINE  EN   LIMOUSIN.  105 

'  Panni  tous  les  auteurs  anciens  qui  ont  écrit  sur  la  lieue  an- 
cienne gBuIoise,  nous  citerons  Jornandës,  qui  dit,  dans  son 
livre  De  Reb  Goth.  :  «  Leuga  autem  gaUica  miUe  et  quinquagintorum 
passmm  quantitcUe  metitur  » .  Si  Ton  prend  à  la  lettre  cette  défi- 
nition, et  si  Ton  admet  Tévaluation  du  mille  faite  par  d'Anville 
à  765  toises,  la  lieue  gauloise  serait  de  2,295  mètres.  Admettons 
ce  chiffre,  et  mesurons  avec  le  compas  la  distance  de  Limoges 
au  Puy  de  Jouer.  Je  trouve  une  distance  de  34  kilomètres.  Si 
je  calcule  xiiii  lieues  gauloises  en  les  évaluant  au  chiffre  que 
nous  avons  indiqué,  j^arrive  à  32  kilomètres  430  mètres.  Il 
y  a  un  supplément  de  parcours  de  4,430  mètres,  qui  s'explique 
par  les  détours,  les  montées  et  les  descentes.  La  démonstration 
ne  saurait  être  plus  précise  et  plus  concluante. 

La  seconde  station  indiquée  dans  la  Table  est  Adtodunum  :  elle 
est  marquée  du  chiffre  xviii.  Cetie  station  se  trouve  être  Ahun. 

Recourons  à  l'Indicateur  du  diocèse ,  car  la  carte  de  M.  Gornuau 
s'arrête  au  Puy  de  Jouer.  De  ce  point  élevé  la  voie  romaine 
prenait  une  double  direction  :  Tune  se.  dirigeait  sur  Argenton, 
passant  par  Aresnes  [Arem] ,  dont  le  nom  est  latin  ;  Breth,  ville 
détruite  dont  nous  avons  donné  la  description  ;  Versillac,  oii  se 
sont  trouvés  des  urnes  de  verre  et  divers  objets  gallo-romains  ; 
Le  Fay ,  Celon ,  Argenton. 

L'autre  voie  partait  du  Puy  de  Jouer,  descendait  sur  le  village 
deSéjoux;  puis  on  signalait  ses  traces  sur  l'étendue  de  la  com- 
mune de  Châtelus-le-Marcheix.  On  la  retrouvait  au  Masmillier, 
oii  devait  exister  une  borne.  De  là  la  voie  touchait  à  L'Estrade, 
nom  voyer  significatif  ;  puis  elle  continuait  à  descendre,  en  s'in- 
clinant  vers  l'est,  jusqu'à  Bourganeuf.  L'Indicateur  signale 
l'existence  d'un  pavé  ancien ,  nommé  chemin  ferré,  qui  se  diri- 
geait vers  Pontarion  en  passant  par  le  village  de  La  Courrière , 
paroisse  de  Mainsat,  oii  se  trouvent  des  urnes  sépulcrales  de 
pierre  brute  et  des  restes  de  mosaïque;  puis  la  voie  passait 
à  Pontarion.  Pour  franchir  le  Taurion ,  se  trouvait  un  pont  en 
pierre,  dont  on  voit  les  vestiges  affleurer  l'eau  comme  le  fonte 
Rotto  de  Rome.  Ce  pont  est  certainement  de  construction  gallo- 
romaine. 

La  voie  passait  ensuite  par  Ghaussidoux ,  dont  le  nom  peut 
être  regardé  comme  synonyme  de  Cakea,  par  La  Chapelle-Saint- 
Martial,  par  Chaussadet,  autre  nom  voyer,  et  par  le  bois 
d'Ahun,  jusqu'à  Adtodunum, 

Si  nous  mesurons  au  compas  la  distance  que  la  tradition  nous 


106  VOtBIE   ROMAINE   ES   UUOVSÏS. 

a  fait  parcourir  avec  une  minutieuse  exactitude,  nous,  trouvons 
40  kilomètres  :  48  lieues  gauloises,  à  2,295  mètres,  font  une 
distance  de  44  kilomètres  340  mètres.  Le  résultat  est  aussi  exact 
que  possible. 

Delà  station  d'Acitodunum,  la  route  se  continue  sur  Fines  (4). 
D'après  la  Table ,  le  Pù^es  est  marqué  à  xx  lieues  gauloises 
d'Acitodunum  :  c'est  la  plus  longue  station  que  nous  ayons  à 
parcourir.  Aussi  trouve-t-on  quelque  difficulté  à  fixer  ce  point. 

Suivant  l'abbé  Belley,  en  sortant  d'Ahun,  la  route  passait  dans 
la  vallée  de  Creuse  jusqu'auprès  d'Aubusson.  On  reconnaît,  dit- 
il,  le  passage  de  l'ancienne  chaussée  au  lieu  nommé  Gbaussade, 
au  nord-est  d'Aubusson.  De  là  elle  traversait  la  montagne,  et 
conduisait  au  Fines,  à  20  lieues  gauloises  d^Adtodunum,  Cette 
distance  tombe  au-delà  de  Crocq,  près  Faydet,  sur  le  territoire 
d'Auvergne.  Cette  direction  ne  saurait  prévaloir,  et  nous  pensons 
que  cette  route  ne  peut  concorder  avec  les  vingt  lieues  gau- 
loises marquées  sur  la  carte. 

Le  baron  de  Walckenaër  place  Fines  à  Crasacoigne  sur  le 
ruisseau  Mérinchal. 

Nous  préférons  Monteil-de-6elat,  indiqué  par  Nadaud.  La 
voie  se  reconnaît  encore  par  quelques  noms  voyers  :  après  avoir 
passé  à  La  Chaussade  près  Saint-Alpinien ,  nous  rencontrons 
L'Estrade  près  Sermur-le-Chaury ,  nom  significatif,  et  Chau- 
chadix ,  autre  nom  voyer.  Puis  la  voie  aboutit  à  Monteil-de- 
Gelat,  qui  est  exactement  la  limite  des  diocèses  de  Limoges  et  de 
Clermont. 

Vingt  lieues  gauloises  font,  à  notre  compte,  44,900  mètres. 
Ce  chiffre  concorde  exactement  avec  la  distance  qui  sépare 
Ahun  de  Monteil-de-Gelat. 

Là  doivent  s'arrêter  nos  recherches  :  notre  tâche  est  accomplie  ; 
celle  de  l'Auvergne  commence. 

Mais  nous  devons  relever  une  seconde  voie,  qui  joignait  Au- 
gusioriium  à  Augustonemetum.  Cette  voie  ne  s'appuie  sur  aucun 
document  romain  :  elle  ne  se  trouve  ni  dans  les  itinéraires  ni 

(1)  D'après  l'Indicateur,  d*accord  avec  Joullietton,  qui  semble  ravoir 
copié,  cette  voie  avait  laissé  des  traces  de  son  passage  dans  la  paroisse 
de  Saint-Médard  en  Combrailles,  entre  les  villages  de  Courbarioux  et  de 
Villemigoux. Elle  montait  par  Las  Randas,  passait  à  Perpirolles;  de  là, 
le  long  d'un  bois  taillis  qui  se  trouve  entre  les  villages  de  Pâlies  et 
Chadiéras ,  et  allait  aboutir  à  la  tombe  appelée  de  Romioux  ;  de  là ,  a 
Va  Chaussade,  près  de  Saint-Alpinien. 


VOIRIB   ROMAINE   EN   LIMOUSIN.  107 

dans  la  Table  ;  mais  ses  traces  ont  été  étudiées  par  Cornuau , 
Nadand,  Legros,  etc.  De  plus  elle  a  laissé  des  traces  ineffaça- 
bles de  son  passage  par  le  grand  nombre  de  noms  voyers  qui  se 
trouvent  attester  son  existence.  Qu'il  nous  soit  permis  de  cons- 
tater le  premier  un  fait  qui  ressort  de  l'inspection  de  la  carte  de 
Cassini  :  il  n'existe  guère  de  pays  en  France  qui  aient  conservé 
tant  de  noms  voyers  que  le  Limousin.  Ce  pays  montagneux , 
boisé,  où  se  trouvaient  avant  l'époque  gallo-romaine  de  grands 
marécages,  a  gardé  pieusement  le  souvenir  du  passage  des 
routes  construites  par  les  Romains.  Les  noms  de  L'Estrade,  Extrade, 
Trastrade,  de  La  Chatissade,  de  ChauMer ,  de  Chaussadie,  de 
Chawserie,  sont  très-multipliés  dans  notre  pays.  Si  quelques  sa- 
vants trouvaient  des  difficultés  à  croire  que  l'on  puisse  baser 
l'existence  d'une  voie  romaine  sur  de  si  fragiles  indices,  je 
répondrais  que  celle  que  je  vais  décrire  se  présente  avec  un  en- 
semble de  preuves  telles,  et  de  reconnaissances  si  bien  étayées  et 
si  bien  concordantes  avec  les  noms  voyers ,  que  le  doute  n'est 
pas  possible. 

Notre  première  preuve  s'appuie  sur  la  carte  de  M.  Cornuau.  Il 
avait  reconnu  l'existence  d'une  voie  romaine  qui  partait  de  Li- 
moges par  le  côté  de  la  Cité,  traversait  la  Vienne  sans  doute  par 
le  pont  Saint-Étienne ,  et  se  dirigeait ,  le  long  de  la  rive  gauche 
de  Vienne,  sur  Bonnefonds  et  la  commune  de  Saint-Just.  L'année 
dernière,  les  ouvriers,  ouvrant  une  nouvelle  route  sur  cette 
commune,  ont  retrouvé  un  ancien  pavé  qui  avait  tous  les  carac- 
tères d'une  voie  romaine.  Cornuau  ne  s'était  donc  pas  trompé 
dans  ses  appréciations  :  la  route  qu'il  signalait  traversait  la 
Vienne  à  quelque  distance  de  Saint-Priest-Taurion.  Là  s'arrê- 
tent ses  indications  ;  mais  nous  retrouvons  dans  la  commune  du 
Dognon  un  nom  voyer,  La  Chaussade,  ce  qui  prouve  que  la  voie 
se  continuait  dans  cette  direction. 

Allou ,  dans  sa  Description  des  monuments  du  Limousin,  s'exprime 
ainsi  sur  cette  route  :  a  Une  autre  route  conduisait  encore  de 
Limoges  à  Clermont  et  à  Lyon ,  sans  passer  par  Prœtorium  ou  Le 
Puy  de  Jouer.  Elle  traversait  les  châtaigneraies  de  Bonnefonds, 
et  côtoyait  les  montagnes  de  Saint-Just  le  long  de  la  Vienne. 
De  là  cette  route  se  dirigeait  au  nord  de  Saint-Priest-Taurion, 
traversait  le  bois  d'Épagne  dans  la  commune  de  Sauviat,  et 
passait  au  village  de  La  Courrière  près  Bourganeuf ,  où  l'on 
trouve  beaucoup  de  restes  d'antiquités.  La  même  voie  arrivait 


i08  VOIBIE   ROUAINË   EN    LIMOUSm. 

enfin  à  Âhun ,  où  l'on  en  voit  des  fragments  d*une  assez  grande 
étendue. 

Suivant  Duroux  (Essai  historique  sur  la  sénatorerie  de  Limoges) , 
la  voie  se  reconnaissait:  h""  dans  la  châtaigneraie  de  Bonne- 
fonds  ;  a°  dans  le  bois  des  Villettes  ;  3»  dans  la  forêt  du  Chatenet- 
du-Dognon. 

Ce  que  constatent  Duroux  et  Allou  prouve  clairement  Terreur 
que  commettrait  la  Commission  de  la  carte  des  Gaules  en  pla- 
çant à  Sauvîat  lePrœtorium,  et  celle  du  baron  de  Walckenaër,  qui 
le  fixe  à  Pourrioux.  Cette  seconde  voie  passait  auprès  de  ces  deux 
localités ,  mais  ne  les  traversait  pas. 

Elle  prouve  une  autre  chose  :  c'est  que ,  après  avoir  dépassé 
le  lieu  qui  porte  le  nom  de  La  Chaussade ,  elle  se  dirigeait  sur 
Bourganeuf ,  où  elle  se  soudait  avec  la  voie  indiquée  par  la 
Table ,  et  arrivait  ainsi  à  Ahun.  Elle  continuait  à  emprunter  la 
route  militaire  jusqu'à  La  Chaussade  (commune  de  Saint- 
Alpinien),  puis  là  elle  se  bifurquait  de  nouveau.  La  route  mili- 
taire descendait  directement  vers  Clermont  en  allant  à  Mon- 
tel-de-Gelat  (Fines)  ;  la  seconde  voie  passait .  par  la  plaine ,  et 
descendait  vers  Aubusson.  Là  les  renseignements  abondent,  et 
les  noms  vojers  se  multiplient.  L'Indicateur  du  diocèse  est  fort 
obscur ,  fort  indécis  ;  mais  il  n'y  a  qu'à  claisser  les  renseignements 
certains  qu'il  donne,  et,  avec  l'aide  de  la  carte  de  Cassini,  on 
retrouve  le  passage  précis  et  certain  de  la  voie.  Malheureuse- 
ment Nadaud  n'avait  pas  à  sa  disposition  la  carte  de  Cassini  : 
c'est  ce  qui  explique  son  indécision.  Suivons  donc  pas  à  pas  la 
direction  de  cette  route. 

Descendant  vers  Aubusson ,  qu'elle  ne  touchait  pas ,  la  route 
passait  : 

A  Chaussidoux,  nom  voyer  ; 

A  Pairat ,  qui  pourrait  indiquer  une  borne  ; 

Au  Chauchier  près  Saint-Pardoux-le-Neuf ,  nom  voyer  signi- 
ficatif ; 

A  autre  Chauchier,  près  Neoux  ; 

A  Londeix  :  on  lit  sur  Londeix  cette  observation  de  Jouilletoa 
(Histoire  de  la  Marche)  :  «  La  voie  césarienne  passait  à  peu  de 
distance  de  Crocq.  En  plusieurs  endroits,  elle  est  parfaitement 
conservée ,  notamment  au-dessus  d'un  village  appelé  Londeix  , 
en  la  commune  de  Saint-Avit-sur-Tardes.  » 

Au  nord  de  Saint-Pardoux,  nous  trouvons  encore  un  nom 
voyer,  La  Chaussade.  L'Indicateur  du  diocèse  signale  des  traces 


VOIRIB  ROMAINE   EN   LIMOUSIN.  109 

à  Arfeuille  et  à  Monteîl-Guîllaiime.  Tout  auprès  de  cette  localité, 
nous  trouvons  La  Chaussade.  L'Indicateur  et  Jouilleton  désignent 
des  restes  de  chemin  ferré  à  Salesse,  à  Giat  (1),  et  enfin  nous 
trouvons,  tout  auprès  de  Tancîenne  route  de  Clermont,  et  près 
de  Voîngt ,  un  lieu  appelé  La  Chaussade.  Cette  route  se  raccor- 
dait avec  la  route  romaine  d'Herment  à  Tintignac ,  dont  nous 
parlerons  plus  tard ,  et  se  dirigeait  sur  Augustonometum. 

Voilà  donc  une  route ,  dont  Texistence  et  la  direction  ne 
sont  pas  discutables ,  qui  reliait  Augustoritum  à  Augtistonemetum. 
Elle  se  trouve  distincte  de  la  voie  qui  se  trouve  décrite  dans  la 
Table,  et  elle  a  été  la  cause  de  bien  des  confusions. 

A  quoi  servait  cette  voie?  Elle  servait  probablement  au  trans- 
port des  dépêches  et  à  la  course  publique.  C^est  ce  que  Ton  peut 
induire  d'un  rescrit  de  Constantin  à  Acyndius,  préfet  du  prétoire. 
Ce  rescrit  fait  une  distinction  entre  les  voies  militaires  et  les  gran- 
des routes.  Il  est  bon  de  le  rapporter  ici ,  car  il  est  fort  peu  connu. 
Constantin,  frappé  des  inconvénients  qui  résultaient  de  Tabus 
que  faisaient  quelques  dignitaires  de  Tempire  en  se  servant  de 
chevaux  de  poste  sans  en  avoir  obtenu  l'autorisation  impériale , 
déclare  par  un  rescrit  qu'il  retire  aux  gouverneurs  des  provinces, 
aux  receveurs,  aux  préposés  des  vivres  et  aux  fournisseurs  de 
fourrages  la  permission  de  se  servir  des  chevaux  ordinaires  de 
la  poste  e^  des  paraveredi,  afin,  dit-*il ,  que  ses  sujets  ne  subissent 
pas  de  Réquisitions  exagérées.  Il  ajoute  :  «  Quant  à  vous,  en  cas 
de  be^in ,  vous  vous  servirez  des  relais  partout  oii  ils  seront 
étaJiTis.  Si  les  affaires  demandent  que  vous  vous  détourniez  de  la 
gfandjt  route  dans  quelques  voies  militaires  où  la  course  n'existe 
pas ,  vous  vous  servirez  de  chevaux  de  poste  discrètement.  » 

Cette  distinction  entre  les  grandes  routes  et  les  voies  militaires 
n'a  peut-être  pas  été  sufllsamment  étudiée,  et  nous  la  sou- 
mettons aux  investigations  des  savants  archéologues. 


(1)  Dans  sa  carte  monumentale  sur  TÂuvergne,  M.  Bouillet  signale 
des  restes  de  voie  romaine  qui  sont  exactement  la  suite  de  la  nôtre.  A 
partir  de  Giat,  ces  traces  se  dirigent  sur  Sauvagnac,  passent  près  de 
Perol ,  près  de  Gelle  ou  Giele  et  d*01by,  suivent  le  flanc  méridional  du 
Puy-de-Dôme ,  passent  par  Chamaliëre,  et  entrent  dans  Clermont  jmr 
Tendes  des  Hospices,  où  l'on  a  découvert  un  pavé  bien  conservé  en 
faisant  des  fouillés  pour  le  jardin  de  M.  Bravy .  La  route  se  trouve  ainsi 
complétée  jusqu*h  Clermont. 


110  VOIRIB   BOMAINE   EN   LIMOUSIN. 


CONCLUSION. 


Telle  est  la  première  partie  d'un  travail  que  je  me  pro- 
pose de  continuer  sur  la  voirie  romaine.  La  méthode  que  j'ai 
employée  me  semble  être  prudente  et  logique.  Elle  ne  présente 
rien  d'hypothétique  :  elle  se  fonde  en  premier  lieu  sur  des  ob- 
servations antérieures  et  sur  les  travaux  des  savants  du  siècle 
dernier.  J'ai  employé  comme  moyen  de  contrôle  la  recherche 
des  noms  voyers,  et  ces  noms  voyers  ont  exactement  cadré  avec 
la  direction  indiquée  par  Nadaud ,  Legros  et  Cornuau  ,  et  ont 
donné,  suivant  nous,  un  éclatant  témoignage  à  leurs  observa- 
tions. Tout  mon  travail  s'est  borné  à  classer,  à  coordonner  les 
recherches  de  mes  devanciers.  Le  perfectionnement  de  la  carto- 
graphie m'a  été  fort  utile  dans  cette  circonstance.  Je  serai 
heureux  de  voir  les  membres  de  la  Société  discuter  et  contrôler  ce 
mémoire,  qui  cherche  à  rectifier  l'opinion  de  la  commission  de  la 
carte  des  Gaules. 

J'espère  que,  avec  votre  concours,  la  lumière  se  fera  enfin,  et 
que  nous  obtiendrons  des  résultats  certains ,  qui  ne  laisseront 
subsister  aucun  doute  sur  ces  questions  si  difficiles  et  si 
embrouillées. 


EXCURSION  AU  MONT  DE  JOUER. 


Le  mont  de  Jouer,  une  des  montagnes  les  plus  élevées  et  les 
moins  connues  du  Limousin,  a,  d'après  la  carte  de  l'État- 
Major,  une  hauteur  de  697  mètres  au-dessus  du  niveau  de  la 
mer,  c'est-à-dire  2,091  pieds  d'altitude.  Comme  on  y  arrive  par 
une  succession  de  pitons,  la  montagne  tout  d'abord  paraît  être 
d'un  abord  assez  facile. 

La  question  qui  me  semblait  la  plus  importante  pour  trancher 


EXCURSION   AU   MONT   DR  JOUËB.  111 

la  (lifiBculté  en  ce  qui  nous  occupe  était  de  retrouver  les  traces  de 
voies  romaines  que  j'avais  indiquées ,  et  cette  remarquable  bifur- 
cation qui  ressort  de  Texamen  de  la  carte  de  Peutinger. 

Voici  les  constatations  que  j'ai  pu  faire  :  j'ai  trouvé,  à  Test  de 
Crocq ,  petit  village  qui  se  cache  dans  une  vallée  auprès  du 
bourg  de  Jabreilles,  des  traces  de  pavé  romain  qui  sont  parfai- 
tement reconnaissables.  Les  dalles  qui  le  recouvrent  sont  très- 
larges  ,  et  forment  des  assises  si  puissantes  et  si  imperméables 
qu'il  ne  pousse  pas  un  brin  d'herbe  dans  les  interstices,  bien 
qu'il  n'y  passe  que  quelques  troupeaux  conduits  par  les  pâtres. 
J'ai  suivi  cette  route  pavée  jusqu'à  un  petit  village  désigné  par 
Nadaud ,  le  village  de  La  Fayte.  Au  pied  de  ce  village ,  le  Mont 
de  Jouer  commence  à  s'élever. 

J'ai  reconnu  en  outre  la  continuation  de  la  route,  signalée  par 
Nadaud ,  qui  redescendait  vers  Séjoux  et  Chfttelus-le-Marcheix , 
pour  gagner  Bourganeuf.  La  reconnaissance  des  lieux  ne  pouvait 
présenter  une  plus  complète  affirmation  des  observations  faites 
au  siècle  dernier.  Du  reste ,  dans  ces  lieux  reculés  et  peu  en 
progrès  sous  le  rapport  de  l'agriculture ,  la  surface  di^sol  ne 
s'est  guère  modifiée.  Les  chemins  anciens  ont  été  respectés  :  on 
continue  à  s'en  servir  comme  par  le  passé. 

Constatons  également  la  reconnaissance  faite  par  nous  d'une 
route  paoée  qui  descend  de  la  partie  septentrionale  de  la  montagne 
de  Jouer,  et  qui  est  bien  certainement  la  voie  romaine  qui  mon- 
tait sur  Argenton.  Nous  avons  dit  déjà  que  cette  reconnaissance 
de  la  bifurcation  des  trois  routes  prouvait  de  la  manière  la  plus 
complète  l'existence  de  Prœtorium  au  Puy  de  Jouer.  Nous  n'in- 
sistons donc  pas  davantage  :  une  plus  longue  démonstration 
deviendrait  oiseuse. 

Parlons  maintenant  des  ruines  qui  se  trouvent  sur  la  mon- 
tagne. L'existence  d'une  ville  romaine  n'est  pas  contestable  :  j'en 
ai  porté  la  preuve  bien  authentique.  Les  briques  à  rebord  que 
j'ai  recueillies  sur  le  sol  au  milieu  des  pierres  amoncelées  seront 
déposées  au  Musée.  L'apparence  que  présentent  les  ruines  est  de 
tout  point  semblable  à  ce  qui  se  voit  à  Breth.  Partout  les  ha- 
bitants ont  enclos  leur  terrain  avec  les  pierres  qui  se  trouvent 
en  énorme  quantité  dans  leurs  champs.  Cependant  ces  champs 
De  sont  couverts  que  de  bruyères  et  de  genêts.  Les  pâtres  et  les 
cultivateurs  appellent  ces  ruines  la  ville  de  J<mër,  c'est-à-dire  la 
ville  de  Jupiter.  Le  curé  de  Saint-Goussaud  m'a  montré  une 
pierre  énorme  dont  il  faut  que  je  donne  la  description  :  elle  était 


112  EXCURSION   AU   MONT  DB  JOUER. 

renversée  sur  un  petit  mur;  sa  base  présentait  une  moulure  assez 
finement  travaillée.  Il  m'a  semblé  que  c'était  un  siège  colossal. 
Il  serait  important  pour  la  Société  d'acheter  ce  beau  monolithe , 
afin  de  le  mettre  h  l'abri  des  injures  des  maçons  ou  des  entre- 
preneurs de  chemins  vicinaux. 

Quelle  était  l'étendue  de  la  ville  de  Jouer?  n  serait  difficile  de 
le  dire  sans  avoir  pratiqué  quelques  fouilles;  mais  ici  la  ville 
n'a  été  que  l'accessoire  :  elle  a  dû  naître  et  grandir  h  cause  du 
voisinage  et  pour  fournir  aux  besoins  d'un  chftteau-fort  qui 
existait  sur  la  partie  orientale  de  la  montagne.  Mes  prévisions 
au  sujet  de  Prœtorium  était  bien  fondées  :  c'est  bien  réellement 
un  château-fort  qui  se  trouvait  sur  le  Mont  de  Jouôr.  Je  suppose 
qu'il  a  dû  être  détruit  par  la  mine. 

Sur  la  partie  la  plus  découverte  de  la  montagne  j'ai  trouvé 
d'immenses  abattis  de  pierres  de  taille.  C'est  un  amoncellement 
monstrueux  de  granits  travaillés  à  la  main,  qui  provient  de 
l'éboulement  soudain  d'une  ou  plusieurs  tours.  C'est  un  fait  à 
étudier.  Cette  masse  de  pierres,  en  s'écroulant,  a  eflbndré  le 
sol ,  et  s'est  probablement  engloutie  dans  le  boyau  de  la  mine , 
qu'elle  a  comblé.  Yégëce  nous  apprend  la  manière  de  faire 
écrouler  les  murailles  :  «  Il  y  a,  dit-il,  une  manière  sourde  et 
rusée  de  prendre  les  places  :  ce  sont  les  mines.  On  emploie  un 
grand  nombre  de  travailleurs  à  ouvrir  la  terre,  comme  font  les 
Besses,  peuple  industrieux  à  fouiller  les  mines  d'or  et  d'argent, 
et  l'on  conduit  vers  la  ville  une  galerie  souterraine.  Cet  ouvrage 
a  deux  usages  :  ou  les  assiégeants  le  poussent  sous  le  corps  de  la 
place,  s'y  introduisent  la  nuit  sans  que  les  assiégés  s'en  aper- 
çoivent, ouvrent  la  porte  à  leurs  gens,  et  égorgent  les  habitants 
dans  leurs  maisons;  ou  du  moins,  quand  leurs  mineurs  sont 
arrivés  aux  fondements  de  la  muraille,  ils  la  sapent  sur  une 
grande  étendue  ,  et  Tétaient  avec  des  bois  secs,  qu'ils  entourent 
de  sarments  et  de  différentes  matières  combustibles.  Après  avoir 
disposé  les  troupes  pour  l'assaut,  on  met  le  feu  aux  étais ,  et  la 
muraille ,  qui  s'écroule  tout  d'un  coup  ,  fait  une  large  brèche.  » 

C'est  vraisemblablement  ainsi  qu'a  péri  le  château  de 
Prœtorium. 

Ce  lieu  élevé  et  découvert  avait  été  admirablement  choisi  par 
les  Romains.  La  vue  embrasse  un  immense  horizon. 

On  aperçoit  le  château  de  Marsac,  Bénevent,  Le  Puy  des 
Trois-Cornes  près  de  Saint-Vaulry,  Le  Puy  de  Graudy,  qui 
domine  Guéret.  Plus  à  l'est,  on  entrevoit  Bourganeuf,  Tout  au 


EXCURSION    AU   MONT   DR  JOUER.  113 

bout  de  rhorizon,  apparaît,  comme  une  sorte  de  nuagre  vaporeux 
et  grisâtre,  le  Puy  de  Dôme,  situé  à  60  kilomètres  du  Puy 
de  Jouer.  Par  un  temps  calme  et  serein ,  on  peut  môme  aper- 
cevoir le  sommet  du  Pic  de  Sancy.  Vers  le  sud ,  on  voit  le  Mont 
Gargan  et  les  Monadières.  Vers  Touest ,  on  entrevoit  Limoges. 
C'est  à  coup  sûr  le  point  de  vue  le  plus  étendu  et  le  plus  magni- 
fique du  Limousin.  Les  bourgs,  les  villages,  les  châteaux,  y 
apparaissent  entourés  de  flots  de  verdure/La  nature  s'y  montre 
avec  cette  richesse  de  végétation  et  de  fraîcheur  qui  est  parti- 
culière à  notre  pays.. Le  curé  de  Saint-Goussaud ,  charmé  de  me 
faire  les  honneurs  de  sa  montagne,  me  disait  que  je  pouvais  de 
là  apercevoir  onse  départements. 

Cette  montagne  n'était-elle  pas  admirablement  choisie  entre 
toutes  pour  y  établir  un  point  d'observation?  Un  feu  allumé  sur 
le  haut  du  Puy  de  Dôme  pouvait  en  un  instant  faire  connaître 
aux  Romains  Tétat  de  TÂuvergne.  Des  signaux  partis  de 
Prasiorium  pouvaient  déterminer  une  rapide  concentration  de 
troupes. 

Je  n'ai  pas  eu  le  temps  d'examiner  le  cadastre ,  et  de  vérifier 
certains  noms  conservés  par  la  tradition  qui  seraient  de  nature  à 
nous  éclairer  ;  mais,  sur  la  pente  septentrionale  du  Mont  de  Jouer, 
il  existe  un  lieu  qui  s'appelle  L'Hùpital,  Ce  nom  correspond  à  celui 
d^ Hospitivm ,  sorte  d'hôtellerie  oii  logeaient  les  voyageurs. 

Dans  'son  mémoire  sur  la  fixation  à'Augustoritum,  Tabbé 
Belley  s'exprimait  ainsi  :  «  En  suivant  ces  deux  déterminations, 
Ton  voit  que  le  Prœtorium  éloigné  de  quatorze  lieues  gauloises  de 
Limoges  tombe  sur  la  rive  droite  de  la  rivière  de  Taurion ,  aux 
environs  de  l'abbaye  de  Grandmont.  Je  ne  connais  aucun  lieu  qui 
ait  conservé  le  nom  ancien.'  Au  reste  les  cartes  que  nous  avons  de  ce 
pays-là  sont  très-imparfaites.  On  pourra  dans  la  suite  avoir  une 
connaissance  de  ces  lieux  plus  détaillée  et  plus  exacte.  » 

L'abbé  Belley  était  de  bonne  foi.  Il  avouait  son  impuissance  à 
déterminer  l'exacte  position  du  Prœtorium  aquitanique;  il  ne 
pouvait  consulter  que  des  cartes  imparfaites,  et  n'avait  pas  le 
loisir  de  voyager  en  Limousin  ;  mais  il  faisait  un  appel  aux 
savants  du  pays ,  et  leur  traçait  un  plan  de  recherches. 

Ce  travail  devait  être  fait  par  l'abbé  Nadaud  et  par 
M.  Comuau.  Ces  deux  modestes  savants  devaient  noter  soi- 
gneusement les  traces  de  la  voie  romaine ,  et  décrire  pas  à  pas 
la  direction  vers  le  Mont  de  Jouer. 

Ce  sont  eux  qui  les  premiers  reconnurent  sur  le  terrain  la 


114  EXCURSION   AU   MONT   DE   JOUEU. 

véritable  position  de  Prœtorium,  C'est  ce  fait ,  qui  n'est  pas  sans 
quelque  gloire,  que  je  suis  heureux  de  signaler  k  la  Société 
Archéologique  et  Historique  du  Limousin. 

Il  nous  reste  à  parler,  avant  déterminer  ce  mémoire,  d'une 
pierre  sculptée  que  j'ai  trouvée  à  la  sortie  du  bourg  de  Jabreilles. 
Elle  est  placée  contre  un  mur ,  sur  une  sorte  d'autel ,  et  reçoit 
les  adorations  des  fidèles.  Je  l'ai  examinée  avec  quelque  atten- 
tion ,  et  je  crois  qu'elle  mérite  d'être  étudiée.  Il  paraît  que  les 
habitants  viennent  la  révérer  parce  qu'ils  croient  y  voir  la  re- 
présentation de  saint  Martin  :  ils  disent  qu'elle  provient  d'un 
ancien  oratoire  dédié  à  ce  saint  personnage.  Je  suis  surpris  de 
l'erreur  de  ces  braves  gens  :  la  pierre  me  paraît  païenne.  Elle 
représente  un  homme  nu  ,  qui  tient  de  la  main  droite  un  cheval 
sans  harnais.  Dans  sa  main  gauche  il  porte  une  sorte  de  thyrse 
ou  de  massue.  Sur  les  deux  côtés  de  la  pierre,  on  voit  un  homme 
dans  un  état  complet  de  nudité.  On  le  comprend,  cette  pierre  ne 
saurait  être  chrétienne.  Ce  qui  autorise  l'adoration  inintelligente 
des  habitants  de  Jabreilles,  c'est  qu'elle  provient  réellement  d'un 
ancien  oratoire  ruiné  dédié  à  saint  Martin  de  Tours ,  cité  par 
Nadaud  dans  son  pouillé  ;  mais  elle  date  évidemment  de  l'épo- 
que gallo-romaine.  Peut-être  provenait-elle  du  Mont  de  Jouôr. 
Je  crois  être  le  premier  à  avoir  signalé  son  existence. 


Après  cette  lecture ,  la  Société  a  voté  la  proposition  suivante  : 
Une  somme  de  cent  francs  sera  envoyée  à  M.  le  curé  de  Saint- 
Goussaud  pour  pratiquer  des  fouilles  dans  la  ville  de  Jouer,  an- 
cien Prœtorium, 
La  Commission  des  fouilles  est  chargée  de  diriger  ces  travaux. 

E.  BUISSON  DE  MAVEBGNIEB. 


BIBLIOGRAPHIE  LIMOUSINE 


APPENDICE  (1). 


PAPETERIES. 


I.  —  lasToraQUE. 

Rien  de  plus  varié  que  les  substances  qui,  chez  les  différents 
peuples,  ont  servi  à  écrire  :  les  trois  règnes  de  la  nature  ont  été 
successivement  mis  à  contribution.  Il  restait  à  trouver  une  ma- 
tière subjective  très-commune  pour  permettre  à  Timprimerie  de 
se  développer;  car  à  quoi  aurait-elle  abouti  sans  un  papier 
économique?  Mais,  si  Ton  est  généralement  d'accord  sur  cet 
axiome ,  on  ne  Test  guère  sur  le  lieu  et  sur  Tépoque  de  cette  dé- 
couverte simple  et  féconde;  et  bien  des  maîtres  n'ont  encore  pu 
trancher  cette  question  historique  autrement  qu'en  faveur  de 
chacun  de  leur  pays  ! 

L'aveu  d'une  telle  ignorance  de  la  part  des  auteurs  spéciaux 
est  bien  plus  convenable  qu'une  partialité  systématique.  (  Didot, 
Enq/dopëdie  moderne  ;  Laboulaye,  Dictionnaire  des  arts  et  manufao- 
/ures;  Turgan,  Les  grandes  Usines  de  France,  p   450;  etc.,  etc.) 

M.    P.   Lacroix,   considérant  que  les  documents  écrits  au 

(1)  Le  Comité  de  rédaction  a  décidé,  dans  sa  séance  du  7  Juin  1862, 
que  cet  article  de  notre  regrettable  collègue  M.  Poyet ,  qui  fait  suite  à 
celui  inséré  dans  le  T.  XI  du  Bulletin,  serait  inséré  dans  ce  numéro. 

(2)  Celles  de  Nuremberg  ne  datent  que  de  1390.  (Turgan ,  les  çrandes 
Usines  de  Fra^e,) 


116  BIBLIOGRAPHIE   LIMOUSINE. 

xiv  siècle  sur  papier  de  chifFe,  voire  même  de  coton  ,  sont  assez 
rares  dans  les  archives  de  famille,  et  surtout  dans  les  dépôts 
publics,  pense  que  Tinvention  du  papier  n'a  précédé  que  de  moins 
d'un  siècle  celle  de  la  typographie ,  «  ce  don  que  Dieu  donna  au 
monde  dans  les  premières  années  du  xv  siècle  ».  Ce  môme  biblio- 
phile savait  pourtant  que  Raymond-Guillaume,  évêque  de  Lo- 
dève,  concéda  le  droit  d'ériger  plusieurs  moulins  à  papier  sur 
l'Hérault  en  4189,  et  que  l'Europe  eut  bientôt  des  papeteries 
nombreuses  et  importantes. 

Il  n'y  a  donc  pas  lieu  dorénavant  de  s'étonner ,  par  exemple , 
que,  dès  1315,  Joinville  ait  pu  adresser  à  Louis  le  Hutin  une 
lettre  sur  papier  de  linge,  et  que,  vingt-trois  ans  après,  les 
TJssellois  en  aient  fait  autant  pour  rédiger  une  première  cédule 
d'appel  contre  un  ordre  du  roi  Philippe  VI.  Cette  particularité 
d'un  acte  écrit  sur  papier,  àUssel  (Corrèze) ,  en  1338,  a  été  juste- 
ment appréciée,  en  1856,  par  M.  Paul  Huot,  dans  son  excellent 
mémoire  sur  les  archives  municipales  de  cette  ville. 

Il  ressort,  d'autre  part,  de  V  Inventaire  des  titres  du  comté  de  Forez, 
publié  en  4860  par  mon  compatriote  A.  Chaveraudier,  que  l'em- 
ploi du  papier  était  très-répandu  dès  4324  au  moins  dans  notre 
province,  oti  l'antique  fabrication  du  papier  à  la  main  s'est 
maintenue  parallèlement  aux  procédés  mécaniques. 

En  France ,  les  usines  de  Troyes  et  d'Essonne  florissaient  vers 
1340,  et  celles  d'Angoulême,  à  partir  de  1350.  (Quénot,  StaUs- 
tique  du  département  de  la  Charente,  1818.)  Guttenberg  pouvait 
donc  venir! 

Le  prix  du  papier  ne  tarda  pas  à  augmenter  par  suite  d'une 
fabrication  insuffisante,  eu  égard  aux  nouveaux  besoins.  Ainsi 
une  main  de  papier,  pour  récriture  probablement ,  coûtait  : 
En  1 431,   1  sol    6  deniers,  soit  45  centimes  d'aujourd'hui  ; 
En  1536,  9        4  4  deniers ,  soit  âO      id.  id.; 

En  1572,  3  sols  »  soit  55      id.  id.; 

En  1594,  4 sols  »  soit  60      id.  id.; 

Et,  si  elle  avait  coûté ,  en  4447,  7  sol  6  deniers,  soit  2  fr.  70  c. 
de  notre  monnaie ,  c'est  qu'il  s'agissait  là  d'un  papier  de  luxe , 
d'après  A. -A.  Monteil.  [Histoire  de  France  aux  cinq  derniers  siècles  : 
tome  II,  page  459,  et  note  447.) 

Cet  ouvrage  nous  apprend  aussi  que,  à  la  fin  du  xv  siècle,  les 
papiers  d'impression  valaient  environ  4  livres  (22  francs  actuels) 
la  rame  de  20  mains,  quantité  qu'un*  imprimeur  de  Trévoux 
estimait ,  vers  4670,  3  livres  5  solsà  4  livres  40  sols,  faisant  seule- 


BIBLIOGRAPHIE   LIMOUSINE.  117 

taent  6fr.  45  c.  à  8  fr.  de  nos  jours,  suivant  les  calculs  de  M.  N. 
de  Wailly.  (A  Bernard ,  Notice  sur  V Histoire  de  Beaujolais  de  P.  Lm- 
M,  4854,  pages  6  et  7.) 

Dès  le  principe ,  les  produits  de  toutes  les  papeteries  se  distin- 
guaient entre  eux  par  des  ornements  divers ,  dont  le  nom  sert 
encore  à  désigner  chaque  sorte ,  suivant  sa  destination,  son  for- 
mat et  sa  qualité  :  ce  n'est  donc  pas  parce  que  chaque  fabrique 
ne  produisit  guère  d*abord  qu'une  sorte  de  papier.  En  outre ,  ces 
marques  transparentes  dans  la  pâte  étant  celles  du  fabricant  et 
non  de  l'imprimeur,  ne  peuvent  que  fort  rarement  déterminer 
l'origine  des  livres  qui  nous  sont  parvenus  sans  autre  indication. 

On  a  voulu  aussi  attribuer  à  Jacques  Cœur  la  fabrication  de 
certains  papiers  découverts  dernièrement  à  Bourges ,  et  marqués 
d'un  cœur  ou  d'une  coquille,  sous  le  prétexte  que  ces  objets  sont 
les  armes  parlantes  du  célèbre  argentier  du  xv*  siècle.  Jusqu'ici 
on  ne  nous  avait  peint  en  lui  que  le  négociant ,  l'armateur,  le 
financier,  l'administrateur,  le  diplomate  et  le  métallurgiste  : 
c'était  nous  le  présenter  encore  comme  manufacturier.  Mais  il 
nous  faut  renoncer  à  ce  séduisant  système ,  à  la  suite  d'une 
savante  dissertation  de  M.  Périmé ,  insérée  dans  le  Compte^endu 
des  travaux  de  la  Société  du  Berry  :  Paris ,  4860-64,  pages  462- 
470. 

D'ailleurs  nous  avons  vu  que,  depuis  long-temps,  des  pape- 
teries existaient  dans  le  centre  de  la  France  :  «  Autrefois,  dit 
Monteil,  on  ne  connaissait  que  les  papiers  de  Troyes  [d'Essonne 
et  d' Angonlôme  ]  ;  puis  vinrent  ceux  de  Thiers,  de  Clermont,  de 
La  Rochelle,  d'Avignon;  et,  .au  xvir  siècle,  ce  fut  le  tour  de 
ceux  d'Ambert  et  de  Limoges  ».  [Loc.  cit.,  passim.). 

Cependant,  dès  le  xiv*  siècle,  on  rencontre  en  Limousin  môme 
des  traces  positives  de  cette  industrie.  Elles  n'échappèrent  pas  à 
M.  Ley marie  lorsqu'il  énumérait,  en  4846,  les  matières  qu'on 
importait  jadis  dans  cette  province.  En  effet,  la  pancarte  des 
péages  établis  à  Limoges  par  les  consuls  de  4377  dit  formellement 
que  «  la  charge  de  vieux  linge  [linssols  vieille]  paie  d'entrée  un 
denier  ;  si  elle  passe  par  la  ville  sans  être  vendue ,  elle  sera 
quitte  après  avoir  payé  l'entrée  ci-dessus;  si  on  l'achète  dans  la 
ville ,  elle  paiera  un  denier  (c'est-à-dire  moins  de  cinq  cen- 
times] ».  —  [Histoire  du  Limousin,  la  Bourgeoisie,  T.  I,  p.  392 
et  T.  II  p.  49.) 

Aucune  mention  do  redevance  analogue  ne  figure  dans  les 
vieilles    coutumes  de   quelques    localités   voisines    comprises 

9 


It8  BIBLIOGRAPHIE   LIMOUSINE. 

actuellement  dans  les  départements  de  la  Corrëze  et  de  la 
Creuse,  telles  qu'Égletons  en  4270,  Neuvic  en  4345,  Ussel  en 
4  457,  Àubusson  en  4566  ;  et,  si,  dans  la  charte  des  franchises  de 
la  ville  de  Ghénérailles  de  4265,  confirmée  en  4279,  on  lit  en 
patois  auvergnat  : 

tt  Le  peiaires  dona  la  lesda  ij  massas  de  peia  », 

il  faut  voir  là  un  texte  curieux  sans  doute,  mais  relatif  unique- 
ment à  l'antique  commerce  de  la  poix  minérale  que  cultivent 
encore  les  pqaires  ou  péjarvtAX,  industriels  presque  toujours  ori- 
ginaires de  l'Auvergne ,  pays  volcanique ,  oti  existe  Le  Puy-de- 
la-Poix  [peja)y  qui  se  dit  gemo  en  Limousin. 

Quant  aux  coutumes  elles-mêmes  de  Limoges,  eu  vieux 
langage  vulgaire,  éditées  avec  les  traductions  latine  et  française 
par  Achille  Leymarie,  partie  en  4  839  dans  son  Linumsin  historique, 
XI'  livraison,  partie  en  4846  dans  son  Histoire  de  la  bourgeoisie, 
T,  I ,  p.  370 ,  elles  nous  fournissent  l'occasion  de  constater  que , 
dès  le  xin'  siècle  au  moins ,  le  greffier  des  consuls  de  Limoges 
s'appelait  le  derc  du  papier. 

Nous  y  relèverons  aussi  un  passage  qui  ne  concerne  pas  les 
foulons  ou  les  tailleurs  de  draps ,  mais  les  fripiers  ou  revendeurs 
de  vêtements,  pelUers  o  sarddors  de  draps;  car,  si  fuUones  signifie 
ceux  qui  foulent  les  draps ,  le  sens  général  de  l'article  xlii  montre 
bien  qu'il  ne  s'agit  ici  que  de  chiffonniers,  ou  marchands  de  vieux 
habits  de  laine ,  dont  le  commerce  avait  jadis  bien  plus  d'exten- 
sion qu'aujourd'hui ,  par  des  raisons  très-connues ,  surtout  ici 
où  se  fabrique  la  renaissance.  J'afmême  remarqué ,  p.  44,  T.  II , 
du  premier  des  ouvrages  précités,  recueil  trop  tôt  interrompu , 
cette  rédaction  de  l'article  vi  des  Statuts  des  argentiers  de  Idmoges 
du  20  février  4389  :  «  Item,  que  per  vaissella  esmallada  Ion  no 
meta  lîmalha  ou  do  popier,....  » ,  etc. 

Il  ne  s'agit  pas  là  simplement  de  papier  ordinaire ,  comme  l'a 
traduit  Leymarie,  mais  bien  de  paillon  ou  clinquant,  ainsi  que 
l'a  expliqué  M.  l'abbé  Texier,  p.  93  de  son  Essai  sur  les  ar- 
gentiers-émaiUeurs  de  Limoges,  in-8,  Poitiers,  4843. 

Ce  mot  de  papier,  employé  dès  le  xrv*  siècle  pour  signifier  des 
feuilles  d'or  ou  d'argent ,  n'est  pas  seulement  important  à  si- 
gnaler au  point  de  vue  philologique  :  il  montre  en  outre  que  le 
papier  proprement  dit  était  déjà  si  commun  en  Limousin  que 
son  nom  s'appliquait,  au  figuré,  à  toute  espèce  de  corps  minces, 


BIDLlOGliAPHIE  LIMOUSINE.  119 

à  moins  que  Ton  ne  voie  dans  l'article  des  Statuts  reproduit  plus 
haut  de  véritables  feuilles  de  papier  saupoudrées  de  limaille  d'or 
ou  d'argent ,  comme  l'avait  d'abord  admis  M.  Texier,  p.  87  de 
son  Essai. 

Bien  que  le  laminoir  n'ait  été ,  dit-on ,  appliqué  eç.  France  que 
depuis  4638,  il  n'en  est  pas  moins  certain  que  l'art  de  laminer 
les  métaux  précieux  est  trèi^ancien ,  sans  le  faire  remonter  à 
l'âge  de  bronze,  comme  M.  Fournet  l'a  essayé,  p.  109  de  son 
Mineur,  in-8,  4862;  ni  sans  parler  des  Chinois,  qui,  depuis 
avant  l'ère  chrétienne,  font  brûler  des  feuilles  d'or  dans  leurs 
cérémonies  religieuses.  En  effet,  dès  4395 ,  on  savait  réduire  l'or 
en  feuilles  minces  pour  les  travaux  de  broderie  (Francisque 
Michel ,  Recherches  sur  les  étoffes  de  soie,  d'or  et  d'argent  pendant  le 
moyen  âge ,  T.  II ,  p.  578 ,  note).  —  Pourtant  il  ne  faut  pas  voir 
dans  l'or  branlant  ou  tremblant ,  cité  en  4  427  et  4  455  dans  le  Petit 
Glossaire  de  M.  de  Laborde,  4853 ,  des  feuilles  branlantes  de 
métal  ou  de  clinquant ,  mais  des  franges  d'or  que  le  moindre 
ébranlement  faisait  mouvoir  et  reluire. 

Enfin  M.  Bosvieux,  archiviste  à  Guéret,  m'a  également 
signalé  l'existence  probable  d'une  papeterie,  au  xvr  siècle,  à 
Bourganeuf  (Creuse),  d'après  cet  extrait  de  la  page  4  43  du  T.  I 
du  PcmUé  de  Nadaud  :  «c  Louis  Chabrol ,  dit  Paret ,  papetier  de 
cette  ville  de  la  Marche  limousine,  aurait  fondé  une  vicairie 
dans  l'église  de  L'Arrial,  aujourd'hui  Larrier,  par  acte  reçu 
PowmMi ,  et  antérieur  au  4  *'  juillet  454  3 ,  époque  à  laquelle  cette 
œuvre  fut  spiritualisée  d.  (Mss  du  grand  séminaire  de  limoges,  ) 

Quel  rapport  ce  fait  unique,  rapproché  du  commerce  des 
chiffons,  qui,  dans  cette  province,  remonte  positivement  à 
près  de  deux  siècles,  peut -il  avoir  avec  les  fiers  chevaliers  de 
Malte,  seigneurs  de  Bourganeuf?  Je  me  garderai  bien,  ainsi 
qu'on  l'a  essayé  en  vain  pour  Jacques  Cœur,  de  leur  attribuer 
l'honneur  d'avoir,  en  haine  des  Vénitiens,  importé  d'Orient, 
dans  notre  pauvre  pays,  cette  industrie,  qui  de  là  se  serait  pro- 
pagée dans  les  environs  ;  mais  je  déduirai  du  rapprochement  de 
toutes  ces  circonstances  que  le  Limousin ,  comme  le  Dauphiné ,  le 
Vivarais,  le  Forez,  l'Auvergne,  l'Angoumois,  etc.,  parvint  de 
boniie  heure  à  utiliser  sur  place  ses  peilles  ou  drilles ,  et  que 
cette  tendance  universelle  favorisa  puissamment  la  vulgarisation 
d'une  des  plus  précieuses  conquêtes  de  la  civilisation ,  en  pro- 
curant l'abondance  du  papier  et  partant  des  livres  à  bon 
marché. 


120  BIBLIOGRAPHIE  LIMOUSINE. 

De  4544  à  4588  au  moins,  les  imprimeurs  anglais  s^ adres- 
sèrent, par  La  Rochelle  et  Bordeaux,  aux  fabricants  d^Angou- 
lôme  (et  de  Limoges  probablement) ,  les  mômes  qui  fournirent 
si  long-temps  les  Elzeviers  de  leurs  meilleurs  produits.  [Livre 
d'or,  passinx.^  Cependant  les  Pays-Bas  produisaient  depuis  long- 
temps du  papier  d'impression,  et  M.  A.  Bernard  en  a  rapporté 
un  exemple  du  xv«  siècle  [Histoire  de  Vimprimerie ,  T.  I,  p.  48). 
Malgré  cela ,  jusqu'en  4658,  les  Hollandais  tirèrent  annuellement 
de  France  pour  plus  de  deux  millions  de  florins  (équivalant  à 
3,600,000  fr.  actuels)  de  papier  de  toutes  sortes,  fait  en  Nor- 
mandie ,  Champagne ,  Auvergne ,  Poitou  et  Limoustn.  (P.Clément , 
Histoire  du  système  protecteur,  etc.,  in-8,  4854,  p.  257.) 

Ainsi  les  premières  papeteries  hollandaises  ne  furent  que  per- 
fectionnées et  non  fondées,  à  la  suite  de  la  révocation  de  Tédit  de 
Nantes(4685),  parles  protestants  deTAngoumois,  qui  adaptèrent 
leurs  méthodes  aux'nécessités  locales,  et  acquirent  rapidement  une 
grande  célébrité;  mais  il  n'en  est  pas  moins  constaté  que  les 
papiers  de  la  généralité  de  Limoges  continuèrent  à  être  préférés 
pour  les  publications  importantes.  Par  exemple,  nous  lisons  : 
4"  dans  le  Mercure  de  France  du  22  février  4783  que  «  le  papier  de 
Limoges  est  mis  au  rang  des  meilleurs  pour  l'édition  de  l'Ency- 
clopédie par  ordre  de  métiers  »  ;  —  2°  dans  le  Discours  historique 
sur  les  prindpcdes  éditions  des  Bibles  polyglottes ,  par  Lelong ,  en  4743, 
que  «  le  papier  a  manqué  audit  Lejay  (l'éditeur)  l'espace  de 
quatorze  à  quinze  mois  à  cause  de  la  peste  survenue  en  Li- 
mousin, et  du  brûlement,  par  ordonnance  de  police,  des 
magasins  d'étoffes  dont  on  fait  le  papier  ». 

L'abbé  Legros ,  qui  débute  par  ces  deux  données  dans  un  de 
ses  précieux  manuscrits ,  indiqué  par  moi ,  T.  XI,  p.  204,  note  de  la 
4'^  partie ,  et  dans  sa  Contintmlion  des  Anncdes  du  Limousin ,  p.  288 , 
en  conclut  que,  si  l'époque  de  l'établissement  des  papeteries  de 
Limoges  lui  est  inconnue,  et  n'est  pas  fort  ancienne,  le  papier 

limousin  est  employé  au  moins  dès  4630 

II  aurait  pu  étayer  bien  mieux  cette  timide  déclaration  par  un 
fait  presque  contemporain  :  a  Le  26  juin  4626 ,  à  Aixe,  un  orage 
emporta  six  moulins,  dont  cinq  à  papier!  »  (P.  Laforest, 
Limoges  au  xvii*  siècle,  p.  48,  d'après  le  P.  Bonaventure,  T.  III, 
p.  835.) 

Mais,  pour  l'intelligence  de  la  seconde  preuve  ci-dessus,  «  il 
faut  savoir  que  la  peste  régna  à  Limoges  de  4628  à  4632,  et 
qu'il  s'étoit  élevé  un  procès  entre  le  sieur  Lejay,  éditeur  de  la 


BIBLIOGRAPHIE    LIMOUSINE.  121 

grande  Bible  polyglotte  en  dix  volumes,  format  d'atlas,  et  le 
sieur  Vitré,  son  imprimeur,  d'une  part,  contre  le  sieur  Gabriel 
de  Sion,  dit  Sionita,  Maronite  de  nation,  professeur  et  inter- 
prète royal  des  langues  orientales  à  Paris,  qu'ils  avoient  em- 
ployé à  cette  édition,  d'autre  part.  —  Celui-ci  réclamoit  son 
paiement,  que  les  autres  lui  disputoient,  et  ce  passage  est 
extrait  du  mémoire  que  Sionita  publia  contre  eux  vers  4640.  » 
(Legros,  foc.  cit.) 

Antoine  Vitré  ayant  commencé  à  imprimer  en  mars  4628  cette 
Bible  in-fol.,  qui,  sur  tous  les  volumes,  porte  la  date  de  4645, 
mit  par  conséquent  dix-sept  années  à  achever  ce  livre.  (Encyda- 
fédie moderne,  Typographie,  col.  8Î0.) 

Cette  superbe  publication ,  que  Richelieu  aurait  bien  désiré 
voir  entreprendre  sous  son  nom,  à  l'instar  du  cardinal 
Ximénës ,  se  fit  entièrement  aux  frais  de  Guy-Michel  Lejay, 
riche  avocat  de  Paris,  qui  ne  voulut  rien  y  épargner,  et  s'y 
ruina. 

On  fabriqua  même  un  papier  particulier,  qui  parut  si  beau 
qu*onlui  donna  le  nom  decartatmpertob'^,  suivant  M.  À.  Bernard 
dans  sa  brochure  sur  Antoine  Vitré.  Mais  ce  bibliographe 
n'aurait  pas  dû  laisser  entendre,  d'après  Lelong,  que  ce  papier, 
fabriqué  peut-être  pour  la  première  fois  en  Limousin ,  fut  inventé 
exprès  pour  Lejay;  car  il  était  connu  bien  auparavant,  en 
Languedoc ,  sous  le  non  de  papier  de  chanoine,  d'après  Le  Duchat, 
au  mot  Canonicus  :  aussi  Rabelais  lui  donne-t-il  le  nom  de 
Canonge,  et  ce  serait  le  même  que  Vives  désigne  par  charta 
grandis,  augustana  seu  imperialis,  qui  me  paraissent  autant  de 
sortes  différentes,  contrairement  à  l'opinion  de  M.  P.  Lacroix. 
{lÀvre  d'or,  p.  95.) 

Des  deux  dossiers  sur  les  papeteries  de  la  généralité  de 
Limoges  qui  existent  encore  aux  archives  de  la  Haute- 
Vienne  (4  )  dans  le  fonds  de  l'intendance  ,  celui  coté  A  6496  ne 
renferme  que  les  trois  pièces  suivantes ,  imprimées  : 

4»  Arrêt  du  conseil  d'État  portant  règlement  pour  la  fabri- 

(1  M.  Maurice  Ârdant ,  conservateur  de  ce  riche  dépôt,  a  en  outre  relevé 
la  mention  de  Pierre  Mesnagier,  cartonnier,  rueCrouchadour  (Cruchedor), 
qui  payait  une  rente  à  la  confrérie  des  Pauvres-à-vètir  de  1682  k  1687. 


132  BIBLIOGRAPHIE  LIMOUSINE. 

cation  du  papier  en  Limousin,  du  4î  décembre  1730,  renda 
exécutoire  par  ordonnance  de  M.  de  Tourny  du    40  mars  4734; 

2«  Autre  arrêt  réglementant  les  différentes  sortes  de  papiers 
qui  se  fabriquent  dans  tout  le  royaume,  du  27  janvier  4739  , 
publié  à  Limoges,  le  45  mars  suivant,  par  le  susdit  intendant; 

3""  Ordonnance  du  même,  du  40  septembre  4740,  accordant 
un  nouveau  délai  de  six  mois  aux  papetiers  de  cette  généralité 
pour  se  conformer  au  précédent  règlement  de  4739. 

Ce  dernier  document  n^a  pas  été  inséré  en  4789  à  la  suite  de 
VArt  de  la  papeterie  (4) ,  qui  a  reproduit  ou  au  moins  cité 
tous  les  actes  royaux  sur  les  fabriques  de  papier ,  le  commerce 
des  chiifons  et  la  police  des  ouvriers ,  depuis  l'arrêt  du  Î4  juillet 
4674  jusqu'à  celui  du  26  février  4777. 

On  y  trouve  encore  les  observations  de  M.  Desmarest ,  ancien 
inspecteur  des  manufactures  du  Limousin,  sur  le  tarif  des 
différentes  sortes  de  papiers ,  prescrit  par  les  arrêts  du  conseil 
du  42  décembre  4730  et  du  4  8  septembre  4744.  Ces  observations 
ressemblent  beaucoup  à  celles  manuscrites  du  second  dossier  des 
archives  départementales ,  coté  A-284 ,  et  qui  est  sans  contredit 
le  plus  intéressant  des  deux  dossiers  que  possèdent  les  archives 
de  la  préfecture. 

Ce  manuscrit,  non  signé,  est  intitulé  :  Mémoire  sur  la  nécessité 
d'abroger  plusieurs  articles  des  règlements  de  4739  et  de  4744  sur  les 
papeteries.  Il  fut  envoyé  de  Paris  par  M.  d'Invau  le  24  février 
4769  à  M.  de  Turgot  [sic),  intendant  de  Limoges,  pour  qu'il 
eût  à  l'examiner  avec  soin ,  et  à  donner  son  avis  le  plus  tôt 
possible,  après  en  avoir  conféré  avec  les  principaux  fabricants  et 
négociants  de  la  généralité. 

Malheureusement  le  rapport  de  Turgot  manque  :  nous  y  sup- 
pléerons en  reproduisant  les  considérations  générales  placées  en 
tête  du  mémoire  susdit  par  Desmarest  lui-même,  dont  les 
tendances  libérales  en  fait  d'économie  politique  (  chose  vieille 
si  le  mot  ne  l'est  pas]  sont  bien  connues  :  c'est  ce  qui  m*a 
démontré  que  celui  qui  avait  signé  les  observations  de  4789 
avait  dû  écrire  le  mémoire  de  4769. 

a  L*art  de  la  papeterie ,  inventé  dans  le  xiii*  siècle ,  aban- 
donné à  lui-même  pendant  plus  de  400  ans,  avait  fait  alors  en 
France  les  plus  grands  progrès  :  c'est  ce  royaume  qui*fournissoit 

(1)  Cet  ouvrage  de  racadémicicn  Desmarest  est  extrait,  en  1788.  de 
\ Encyclopédie  méthodique ,  in-4,  T.  VI,  pages  463  à  592,  avec  planches. 


BIBL106R.4PHIR  LIMOUSINE.  123 

des  papiers  à  TEurope  [entière].  L'exemption  des  droits  et  la 
liberté  soit  de  la  fabrication,  soit  de  commerce,  étoient  les 
seuls  encouragements  que  recevoit  alors  ce  genre  d'industrie.  En 
4633,  Louis  XIII  établit  des  offices  de  marqueurs ,  visiteurs  de 
papiers,  etleur  assigna  des  droits  (4).  Hs  furent  considérablement 
augmentés  dans  les  premières  années  de  Louis  XIY ,  supprimés 
en  4648,  rétablis  en  465$,  modifiés  par  différents  arrêts  en 
4669  ,  4670  et  4674 ,  et  rendus  uniformes  pour  tout  le  royaume 
en  4680. 

»  En  4674 ,  on  imagina  pour  la  première  fois  de  faire  des 
règlements  sur  les  papeteries.  Ces  premiers  règlements  furent 
assez  simples,  et  ne  contenoient  que  seize  articles.  On  remarque , 
entre  autres  choses,  que  Ton  proposa  dès  lors  de  fixer  les 
dimensions  et  poids  du  papier,  mais  que  cet  article  fut  rejeté 
comme  inutile. 

9  A  ce  règlement  général  ont  succédé  des  règlements  parti- 
culiers pour  chaque  province.  Enfin  ,  en  4739  ,  on  a  fait  un 
règlement  général  pour  toutes  les  papeteries  du  royaume.  Ce 
règlement  contient  un  très-grand  nombre  d'articles,  dont 
plusieurs  ont  été  abrogés  par  un  arrêt  de  4744  et  autres  arrêts 
postérieurs. 

»  C'est  précisément  à  Tépoque  oii  Ton  a  établi  des  droits  et 
dressé  des  règlements  qu'a  commencé  en  France  la  chute  des 
papeteries ,  tandis  qu'elles  s'établissoient  en  Angleterre  et  en 
Hollande ,  oîi  l'art  a  été  porté  à  un  point  de  perfection  que  nous 
ne  pouvons  pas  encore  atteindre. 

0  Soit  qu'on  doive  en  attribuer  la  cause  aux  droits,  aux 
règlements,  à  la  révocation  de  l'édit  de  Nantes,  ou  à  ces  trois 
objets  à  la  fois ,  l'effet  n'en  existe  pas  moins ,  et  nous  avons  à 
peine  la  moitié  des  moulins  qui  existoient  au  xvii*  siècle. 

>  C'esl  en  vain  qu'on  a  voulu  ranimer  cette  branche  d'industrie 
par  l'augmentation  des  droits  d'entrée  sur  les  papiers  et  des 
droits  de  sortie  sur  nos  chiffons ,  ou  même  par  la  prohibition 
entière  de  leur  sortie  :  ces  petites  ruses  politiques,  dont  tant 
d'exemples  devroient  avoir  démontré  l'insuffisance ,  n'ont  pu  ni 

(1)  A  Farges,  en  juin  1633,  création  d'un  office  «de  controoleur, 
visiteur  et  marqueur  de  papiers  en  chacune  ville,  bourg  ,  bourgade  et 
hameau  où  se  fait  le  papier.  »  —  Ces  lettres-patentes  furent  enregistrées 
k  Paris .  a  la  Gourdes  aydes,  le 8  mai  1634.  (Guénois ,  TiOle chronologique, 
p.  175.) 


124  BIBL10GBAPHI€  LIMOUSINE. 

détruire  les  papeteries  étrangères,  ni  rétablir  les  nôtres  :  la 
supériorité  des  papiers  de  Hollande  a  maintenu  leur  débit  malgré 
l'augmentation  du  prix,  et  la  contrebande  a  su  braver  la 
prohibition  et  les  droits  prohibitifs. 

»  Il  paroît ,  d'après  ce  court  exposé ,  que  nous  n'avons  pas 
choisi  les  moyens  les  plus  propres  à  favoriser  les  progrès  de  la 
papeterie;  et  Ton  seroit  même  tenté  d'en  conclure  qu'il  faut 
prendre  le  contre-pied  de  ce  qu'on  a  fait  Jusqu'ici ,  c'est>-à-dîre 
supprimer  les  droits  et  règlements. 

»  A  l'égard  du  premier  objet ,  il  n'est  personne  qui  doute  que 
la  suppression  des  offices  et  l'exemption  de  tous  droits  sur  les 
papiers  nationaux  ne  fût  avantageuse  à  nos  fabricants.  Ainsi  on 
se  bornera  à  examiner  si  l'abrogation  des  règlements  de  4739  et 
4741  seroit  utile  ou  non  à  l'accroissement  de  nos  fabriques. 

»  Les  arrêts  et  règlements  sur  les  papeteries  roulent  sur  deux 
objets  :  la  fabrication  et  le  commerce ,  etc.  » 

En  résumé ,  l'auteur,  qui  était  alors  inspecteur  des  manufac- 
tures de  la  généralité  de  Limoges,  et  qui,  depuis  4769,  avait , 
d'après  les  ordres  de  Trudaine,  étudié  avec  soin  les  procédés 
français  et  étrangers,  conseillait  l'établissement  d'une  école 
publique  de  papeterie  dans  un  des  moulins  du  Limousin  ou  de 
l'Auvergne,  pour  y  former  des  élèves  praticieijs  sous  la  direction 
d'un  homme  versé  dans  la  pratique  des  Anglais  et  des  Hol- 
landais (4). 

Non-seulement  ce  projet  fut  repoussé,  mais  encore  l'abbé 
Terray,  dont  la  fâcheuse  influence  pendant  son  court  ministère 
a  été  si  bien  exposée,  en  4859,  par  M.  d'Hugues,  p.  476  et  suiv. 
de  son  Essai  sur  V administration  de  Turgot  y  fit  rendre  deux  arrêts 
plus  prohibitifs  et  plus  réglementaires  encore,  les  24  août  4774 
et  24  juin  1772,  dont  l'application  dans  l'Angoumois  surtout 
souleva  de  vives  plaintes.  —  Cela  ressort  de  plusieurs  pièces  qui 


(1)  Il  résulte  de  la  lettre  de  M.  Desmarest  reproduite  plus  loin  que 
si,  dans  son  rapport  écrit  à  la  même  époque,  ce  dernier  proposa  de 
fonder  cette  institution  en  Auvergne,  dans  le  moulin  à  papier  d'un 
sieur  Gonin,  libraire  de  Clermont,  c'est  qu'il  n'espérait  plus  voir  se 
réaliser  un  projet  concerté  avec  M.  Barbou ,  imprimeur  à  Limoges ,  qui, 
pour  sa  sécurité,  sollicitait  l'octroi  préalable  de  quelque  privilège:  sans 
ces  retards ,  l'ccole  pratique  de  papeterie  aurait  sans  doute  été  installée , 
près  de  Limoges,  dans  un  propriété  cédée  par  Turgot,  les  Courrières, 
transformée  en  papeterie  l'année  suivante,  comme  nous  le  dirons 
bientôt. 


BIBLlOGBAPillE  LIMOUSINE.  125 

fi<?nreut  au  dossier  A-784,  telles  que  :  4°  deux  lettres  de  Terray 
h  Turgot  des  12  septembre  1774  et  25  février  4772  pour  lui 
reprocher  sa  nonchalance  à  exécuter  lesdites  déclarations  royales; 
2»  d'un  rapport  du  28  janvier  4772  par  le  sieur  de  Pommeaiï 
père,  directeur  des  aides,  et  partant  chargé  de  visiter  les 
magasins  des  papiers  et  cartons  d^Angoulême  ;  3<>  d'une  pétition 
du  4  4  août  4773 ,  signée  des  chefs  des  principales  maisons  d'An- 
goulême,  MM.  Emmanuel  Sazerac,  J.~L.  Dervaud  et  les  frères 
Henry,  F.-R.  Gilbert,  N.  etV*«  Tremeau. 

En  adressant  cette  humble  requête  à  Turgot ,  M.  de  Bois- 
bedeuil ,  son  subdélégué  dans  cette  élection ,  après  avoir  rappelé 
rimportance  de  la  fabrique  et  du  commerce  d'Angoulême  pour 
le  port  de  Rochefort ,  surtout  en  présence  de  la  continuation  des 
mauvaises  récoltes  de  vin  et  de  la  diminution  du  débit  des  eaux- 
de-vie  par  suite  de  la  concurrence  de  celles  d'Espagne,  osa 
ajouter  :  «  Si  tous  ces  échecs  combinés  et  réunis  ne  réduisent  pas 
cette  province  à  la  mendicité,  je  serai  obligé  de  convenir  qu'elle 
a  des  ressources  inépuisables,  et  qu'on  a  bien  fait  de  lui  faire 
supporter  le  double  et  même  le  triple  des  impositions  qui  se 
lèvent  sur  les  taillables  des  généralité  voisines  d  . 

En  effet ,  le  commerce  du  papier  était  tout  près  de  sa  chute  : 
les  fabriques  de  Saint-Junien  étaient  déjà  tombées;  celles  de 
Saint-'Léonard  et  de  Limoges  épuisaient  leurs  approvisionne- 
ments pour  cesser  ensuite.  Mais  les  quatre  régisseurs  des  nou- 
veaux droits  écrivirent  de  Paris,  le  24  septembre  4773 ,  à  M.  de 
Pommeau  de  passer  outre,  et  celui-ci  signifia,  le  29,  cet  ordre  à 
M.  de  Boisbedeuil,  en  le  priant  de  signer  les  registres,  et  de 
recevoir  enfin  le  serment  de  son  fils,  commis  par  lui  h  cet 
exercice  :  ce  qui  eut  lieu. 

Turgot,  devenu  ministre  à  son  tour  en  4774,  et  voulant  relever 
les  papeteries  du  royaume,  demanda  des  renseignements  sur 
leur  situation.  Sa  lettre  du  26  avril  4776  fut,  suivant  l'usage, 
communiquée ,  le  3  mai ,  par  le  nouvel  intendant  de  Limoges,  au 
géomètre  Cornuau  (4),  afin  qu'il  eût  à  y  répondre.  Celui-ci  com- 
mença de  suite  une  enquête ,  à  laquelle  les  fabricants  se  refusèrent 
dès  que  la  chute  de  Turgot  fut  connue  à  Angoulême,  le  47  du 
même  mois  de  mai. 

Cependant  Cornuau  leur  fit  entendre  raison ,  et  son  travail 

(1)  Cet  iDgénieur  a  joué  un  rôle  considérable  dans  cette  généralité  :  on, 
regrette  de  voir  son  nom  absent  des  biographies  locales. 


126  BIBLIOGRAPUIE   LIMOUSINC. 

put  être  transmis  par  l'intendant  au  nouveau  contrôleur  général 
le  4"  juillet  suivant. 

Il  existait  alors  mille  cinquante-six  cuves  en  France,  et 
mille  deux  cents  en  4789. 

Je  n'affirmerai  pas  que  VÉtat  (anonyme)  des  moulins  à  papier 
existants  dans  la  généralité  de  Limoges  qui  se  trouve  dans  la 
liasse  A-S84  soit  la  copie  de  celui  de  4776  par  Cornuau  :  ce 
manuscrit  sans  date,  étant  annoté  en  marge  de  la  main  de 
Turgot  lui-même,  n'a  pu,  d'après  les  faits  précédents,  être 
connu  de  ce  ministre  ;  partant  ce  travail  avait  dû  lui  être  remis 
avant  4769,  lorsqu*il  était  encore  intendant  du  Limousin,  par 
Desmarest,  auquel  Turgot  avait  confié  dès  4764  l'inspection  des 
manufactures  de  sa  généralité.  En  effet ,  il  n'y  est  pas  question 
de  la  papeterie  des  Courrières ,  ouverte  par  le  sieur  Barbou  de  La 
Valette  en  4770,  ainsi  que  Ta  déclaré  l'abbé  Legros  (loc.  a7.),  et 
ainsi  que  cela  résulte  de  la  teneur  d'une  lettre  écrite  de 
Clermont,  sans  doute  par  Desmarest,  à  Turgot.  Gomme  ce 
dernier  document  est  très-important  pour  l'histoire  des  sciences 
et  des  arts,  je  le  donnerai  ici  en  entier  : 

«Ce  27  juin  1769. 

9  Monsieur  , 

»  Je  crois  devoir  vous  faire  observer  que  la  mort  de 
M.  de  Bacalan  (4)  retardera  beaucoup  la  signature  des  deux  arrêts 
de  M.  Barbou  si  vous  ne  prenez  pas  cette  affaire  en  considé- 
ration. 

0  Je  ne  vois  pas  sans  peine  ces  délais  successifs,  qui  retarderont 
la  construction  d'un  moulin  dont  j'ai  besoin  pour  y  faire  exé- 
cuter toutes  les  opérations  projetées,  et  par  conséquent  les 
avantages  qui  peuvent  résulter  de  ces  expériences. 

»  J'ose  vous  recommander  cette  affaire ,  qui  roule  actuellement 
sur  vous,  maintenant  que  M.  de  Bacalan  n'y  est  plus.  11  avoit  pris 
fort  à  cœur  toute  cette  affaire  et  bien  d'autres  qui  ou  n'auront 
pas  d'exécution  ou  languiront  long-temps.  Pour  celle-ci ,  elle  est 
trop  avancée  :  cependant  la  réforme  de  la  rédaction  des  deux 
arrêts,  qu'a  entreprise  M.  Bruyard  (2),  pourrait  apporter  de 
nouveaux  obstacles  à  la  signature  si  vous  ne  daignez  demander 

(1)  Inspecteur  général  des  manufactures  de  France  sous  Trudaine. 

(2)  Premier  commis  de  M.  Trudaine,  chef  de  radministration  des  ponts- 
ct-chaussées ,  c*est-à-dire  du  bureau  du  commerce  et  des  manufactures. 


BIBLIOGRAPHIE  LIMOUSINE.  127 

vous-même  un  rendez-vous  à  M.  Trudaine  pour  terminer  tout,  et 
lever  les  difficultés. 

»  Je  vais  visiter  cette  semaine  les  papeteries  de  l'Auvergne ,  qui 
sont  moins  parfaites  que  celles  de  TÂngoumois  :  les  opérations  de 
rhistoire  naturelle  me  retiendront,  je  pense,  presque  tout  le 
mois  de  juillet  :  ainsi  je  ne  compte  aller  en  Vivarais  que  dans  le 
mois  d*août ,  et  visiter  en  même  temps  les  mines  de  charbon  de 
Forest ,  et  parcourir  tous  les  environs.  Au  reste,  je  me  rendrai  le 
plus  tôt  qu'il  sera  possible  h  Limoges  dès  que  je  saurai  que  vous 
y  êtes  rendu.  J'ai  déjà  fait  quelques  courses  avec  M.  de  Monthion 
sur  les  montagnes,  et  nous  allons  aujourd'hui  à  Yolvic.  Si  vos 
excursions  en  Limousin  peuvent  vous  entraîner  vers  le  Mont-d'Or 
[fie] ,  je  serai  très-aise  de  vous  servir  de  cicérone  pour  la  visite  de 
toutes  ces  merveilles. 

9  J'ai  l'honneur  d'être  avec  respect,  Monsieur,  votre 
très-humble  serviteur, 

»  Dbsmarbst. 

>  P.  S.  —  Je  vous  prie  de  faire  remettre  à  la  petite-poste  la 
lettre  ci-jointe.  > 

m.  —  STATISTIQUE. 

Quel  que  soit  l'auteur  de  VÉtat  des  papeteries  de  l'intendance  de 
Limoges  en  4769,  cette  vieille  statistique  m'a  servi  à  dresser  le 
tableau  final  suivant,  qui  montre  combien  l'industrie  des 
papiers  était  développée  dans  ce  pays  il  y  a  moins  d'un  siècle. 
Je  terminerai  par  quelques  considérations  générales ,  puisées  h 
la  même  source,  et  par  des  détails  sur  un  de  ces  inventeurs 
obscurs  dont  les  services  ne  doivent  pas  rester  ignorés  plus 
long-temps. 

La  décadence  manifeste  de  nos  papeteries  n'est  pas  moderne  si 
l'on  compare  la  situation  ancienne  que  je  lui  assigne  avec  celle 
qu'elle  avait  déjà  en  4808 ,  d'après  la  Statistique  du  département  de 
la  Haute-Vienne,  oii  se  trouve  un  travail  synoptique,  analogue  au 
nôtre ,  mais  seulement  pour  les  trois  arrondissements  de  Limoges, 
Bellac  et  Rochechouart.  On  n'y  comptait  plus  que  33  moulins,  ou  47 
cuves,  produisant  l'une  dans  l'autre  4 ,300  rames  de  papier,  soit  par 
an,  pour  l'ensemble,  61 ,400  rames,  du  poids  moyen  de  7  kîl.  4/2 
chacune.  On  devra  encore  comparer  ces  résultats  avec  ceux 
publié^!  par  les  auteurs  de  la  Statistique  de  la  France  en  48H . 


BIBLIOGRAPHIE   LIMOUSINE. 


1 

!  i 

S; 
1 

S 

S   1      ! 

1 

îM 

s 

Il 

!  Il 

S 

11  i 

§ 

(A 

4 1  »  m 

'   l%\  151 

s   II    1     .1   ijC 

ll!liiJ!i!9 

iiill 

é  Jiili 

fini 

s.  ss  ss 

•SSAIID 

-5. 

« 

— 

fi 

il 

II 

si||lll^jëï 

j  i  II i j 

Il  hll 

J 

ilÉ 

MMmmAmiÏjMœœojMà 

(cœ     wcccnoj 

È 

AAiS,   i,i 

SOKTXSia 

- 

-sss-  sï- 

-                      .-.S-S" 

i 

il 

2S 

"    lise 

s 

! 

s 

Mis  il 

§  • 

^       i    :i  : 

g  s 

s              7       o|    1 

i        H    1^  - 

ë 

ï 

t 

p 

BlltUOCnAFIllK   LIMOUSINE. 


Ê    I 

^    I  !  I 


^    •ëlif^i' 


Mlz 


Ï.BSa 


■s    Sg-S-gS    s    ssS 


l-i  I 
"2   a  _ 
&  8  g. 


IS2     S" 


&wK,    b    z«! 


"""S-î-  S-  S-S-  S'S'^  ■*•  ^ 


4 


s    (DOt- 


î.  "«.n;.      3 


ill^ïîl  itii  I  li  IP 


Sis 


BIBLlOr.BAPHIE    LIMOUSINE. 


fi 
I 

i 

ili 

s* 


sa 


59*       S^C 
-ES     sis 

— ■         .Q      «     S  "^  5  " 'g  !«  ^  H  a. 

if  lifi|i=lïMI 


iS  la? 


I  !  1  i!  |ffl?i  I  e?^«  1  1?? 


551-  &  '•" 


I   :  1  II  lll  I  I  ||.  s 
§  i  é  II  S3ê  3  I  eis    i 


-2» 

8  Sa 


É| 


BIBLIOGRAPHIE  LIMOUSIN». 


131 


0 


'S 

g 


S 

> 

o 

OQ 

'O 

H 

O 
H 


0 


9 


^ 


< 
o 

•H 


00  00         i-H 


C9 


s   -^ 


Oi  r^ 


o 

o 


H 

7 


CQ 


o 

"9 


I 

il 


!3 


< 


i 

O 

n 


02 
H 


:8 

1-3 


g 

< 

1 


H 


H 

a 

§ 

< 


132  BIBLIOGRAPHIE  LIVOISINE. 


OBSERVATIONS. 

(0)  Élection  de  Limoges,  —  Les  papeteries  des  environs  de  cette 
ville  indiquées  au  tableau  précédent  étaient  établies  sur  les 
bords  de  la  rivière  de  Vienne,  depuis  le  moulin  Moreau  ou  de 
Pabot.  M.  Romanet  du  Caillaud,  ancien  maire  de  Limoges,  en 
avait  une  considérable  dans  son  fief  du  Caillaud ,  paroisse  d'Isle. 

D'après  les  notes  de  Legros ,  évidemment  postérieures  à  celles 
de  Desmarest,  retouchées  par  Turgot,  on  distinguait  encore  les 
moulins  des  sieurs  Foumier  et  Brunier,  et  de  M.  Devoyon  du 
Buisson ,  trésorier  de  France  :  a  Mais ,  ajoute  Legros ,  ce  n*est  pas 
les  seules  ni  même  les  principales  :  celle  qui  a  le  plus  d'activité 
est  établie  sur  un  ruisseau,  près  de  TAurance,  au  lieu  des 
Courrières ,  à  une  lieue  de  Limoges.  Elle  appartient  au  sieur 
Barbou  de  La  Valette,  imprimeur  du  ro;  (4),  qui  n'a  rien 
épargné  pour  lui  donner  toute  Tactivité  possible.  Il  tâche  même 
de  régaler  aux  belles  papeteries  d'Angoulême,  dont  on  trouvera 
une  description  exacte  dans  les  Observations  sur  VAngoumois  de 
M.  Etienne  Munier ,  inspecteur  des  ponts-et-chaussées  (8) ,  en 
S  vol.  in-8,  4779  ».  —  Enfin,  pour  clore  ce  qui  concerne  les 
papeteries  du  Limousin  proprement  dit ,  je  rappellerai  l'annonce 
de  la  formation ,  par  le  sieur  Oudart ,  fabricant  de  papier  à 
Limoges,  d'une  société  pour  le  même  objet,  conjointement  avec 
MM.  Laplaigne  et  Limousin ,  marchands  et  fabricants  de  papier 
marbré  dans  cette  même  ville.  {FeuiUe  hebdomadaire  de  4776 , 
no  48.) 

(b)  Élection  de  Boufganeuf.  —  Grâce  à  la  paille ,  dont  on  prive 
ainsi  l'agriculture,  cette  localité  a  vu  renaître,  il  y  a  5  à  6  ans, 
une  vieille  industrie,  qui  y  remonte  peut-être  au  commence- 
ment du  XVI*  siècle,  d'après  le  Fouillé  de  Nadaud,  cité  plus 
haut. 

(c)  Élection  du  Tulle,  -^  Les  ruisseaux  qui  font  aller  les  moulins 

(1)  Barbou  (Martial  III)  dit  de  La  Valette,  puis  des  Courrières  en  170i  » 
fut  imprimeur  à  Limoges  de  1749  à  1789. 

(2)  La  Bibliothèque  Impériale  possède  cet  ouvrage ,  qui  est  une  bonne 
Rtatlstique  de  TAngoumois.  Le  T.  I,  p.  282  k  289,  traite  du  commerce  du 
papier,  et  le  T.  Il,  p.  345  à  383,  de  la  composition  d'une  papeterie,  etc., 
d'après  Desmarest. 


BIBLIOGRAPHIE  LIMOUSINE.  133 

de  rarrondissement  de  Tulle,  suivant  le  rapport  de  4769,  sont 
souvent  troublés  par  les  inondations ,  et  sujets  à  manquer  d'eau 
dans  Tété  :  aussi  chaque  cuve  n'est-elle  fournie  de  pftte  que  par 
5 ,  7  ou  8  piles. 

Les  fabricants  sont  obligés  de  louer  des  magasins  à  Tulle  pour 
y  déposer  leurs  papiers ,  attendu  le  peu  de  bfttiments  qu'il  y  a 
dans  chaque  moulin  (4). 

Hais  les  papiers  reçoivent  tous  leurs  apprêts  dans  chacun  des 
moulins  de  la  généralité  de  Limoges ,  sans  qu'il  soit  nécessaire 
de  les  transporter  ailleurs  pour  achever  de  les  préparer. 

On  remarquera  qu'il  n'y  a  pas  de  papeterie  dans  l'élection  de 
Brive,  et  que  celle  de  Felletin  fut  créée  par  M.  de  Miomandre. 
[Voir  le  linumsin  monumental  de  Tripon.)  Cette  ville  en  possédait 
deux  en  181 0  d'après  le  Mémorial  administratif  de  la  Creuse ,  n*  du 
42  mai. 

[d)  Élection  d'Angouléme,  —  Avant  la  révocation  de  l'édit  de 
Nantes,  on  comptait  dans  cette  province  environ  70  cuves,  ré- 
duites à  30  en  1779,  suivant  Munier.  Dix  ans  avant  lui, 
d'après  Tauteur  du  précédent  état ,  a  on  estimoit  dans  les  moulins 
de  l'Ângoumois  le  produit  de  chaque  cuve  à  environ  1 ,200  rames 
de  papier  carré,  pesant  1,800  livres,  à  raison  de  15  à  la  rame; 
mais  cette  évaluation  ne  peut  être  qu'approximative ,  car  on  ne 
peut  la  faire  soit  en  rames,  soit  en  poids,  parce  que  : 

»  1"  Ce  qu'on  nomme  cuve  varie  pour  le  travail  :  il  y  a  des 
cuves  servies  par  6 ,  10  et  12  piles  ; 

»  2*»  L'eau  de  la  rivière ,  selon  qu'elle  est  plus  ou  moins  abon- 
dante, peut  faire  mouvoir  la  machine  plus  ou  moins  avantageu- 
sement pour  la  trituration  de  la  peille  ; 

»  3**  Les  chiflFons,  suivant  les  sortes,  sont  plus  ou  moins 
facilement  triturés  :  la  pâte  du  papier  iBn  n'est  pas  si  tôt  triturée 
que  celle  du  papier  moyen  et  du  bulle; 

»  k^  11  entre  une  quantité  de  pâte  bien  différente  dans  les 
différentes  sortes  de  papiers:  or,  comme,  dans  le  courant  d'une 
année,  on  fabrique  plusieurs  sortes  dont  on  ne  peut  pas  avoir  la 
quantité  exacte,  on  ne  peut  pas  donner  au  juste  le  résultat  de 
cette  quantité  de  pâte  :  ainsi ,  dans  un  moulin  oti  l'on  fabrique 
de  grandes  sortes  de  papier,  on  emploie  beaucoup  plus  de  pâte 
que  dans  un  moulin  oii  l'on  ne  fabrique  que  de  petites  et 


(l)  Cette  dernière  phrase  a  été  biffée  par  Turgot. 

10 


134  BIBLIOGRAPHIE  LIMOUSINE. 

moyennes  sortes  :  on  ne  peut  donc  évaluer  la  quantité  de  la  pftte 
employée  dans  un  moulin  que  lorsqu'on  n'y  fabrique  que  d'une 
seule  sorte  de  papier  ;  et  un  moulin  qui  travaillerait  bien ,  et 
dont  la  cuve  serait  fournie  de  pftte  par  40  à  42  piles,  ce  qui  est 
rare,  pourrait  faire  48  à  20  milliers  de  papier  canré,  pesant  46  à 
47  livres  par  rame ,  en  supposant  qu'il  travaille  toute  Tannée , 
et  qu'il  n'arrive  pas  d'accident  ; 

»  5«  Or  les  accidents  sont  très-fréquents  :  il  faut  souvent 
réparer  les  moulins ,  il  faut  les  blanchir  tous  les  six  ans ,  ce  qui 
suspend  les  travaux  pendant  deux  ou  trois  mois  de  l'été ,  qui 
est  la  saison  la  plus  favorable  pour  la  fabrication;  car  on  ne 
peut  travailler  pendant  l'hiver  lorsqu'il  gèle,  et  lorsque  l'eau  est 
trop  basse,  ce  qui  arrive  fort  souvent  aux  environs  d'An- 
goulême.  » 

On  peut  consulter  encore  les  mémoires  des  intendants  de  la 
généralité  de  Limoges ,  notamment  celui  de  M.  de  Bemages  de 
4698  ou  4700 ,  etc.,  etc.,  et  comparer  avec  les  statistiques  dépar- 
tementales de  la  Creuse,  de  la  Haute-Vienne  et  de  la  Corrèze, 
insérées  en  4844  dans  la  grande  Statistique  de  la  France. 

En  4828,  M.  J.-P.  Quénot,  avocat,  a  publié  une  Statistique 
de  la  Charente,  in-4,  fig.,  qui  renferme  un  bon  article  sur  les 
papeteries  de  ce  département  depuis  4789.  Dans  un  tableau , 
p.  479,  oii  l'auteur  rappelle ,  je  ne  sais  d'après  quelles  preuves , 
les  dates  de  création  des  30  manufactures  existant  encore ,  on 
voit  que  les  trois  plus  anciennes  seraient  celles  de  Cdas,  Baril- 
Ion  et  L'Abbaye,  remontant  respectivement  à  4350 ,  4375  et  4400. 
Rien  d'étonnant  dès  lors  que  nous  trouvions  des  indices  du  com- 
merce des  chiffons  dans  le  voisinage,  en  Limousin,  dès  4377. 

IV.  ~  AFFAmE  DUPOVTY. 

Si  les  Hollandais  ont  la  gloire  d'avoir  inventé  les  cylindres 
pour  déchirer  les  chiffons,  ce  n'est  point  à  Essonne,  près  de 
Corbeil ,  que  furent  établis  en  France  les  premiers  appareils  de 
ce  genre  par  H.  L'Écrevisse ,  mécanicien  hollandais  (  Turgan , 
hc.  cit.,  p.  454],  mais  à  Langlée,  près  de  Montargis,  en  4738, 
puis  à  Etampes  en  4746,  par  le  sieur  Dupouty,  originaire  de 
Puymoyen  en  Angoumois,  oti  il  se  retira  sur  ses  vieux  jours, 
après  avoir  fondé  la  papeterie  de  Montbron-sou^Ângoulême  de 
concert  avec  M.  le  marquis  de  Montalembert.  [Archives  de 
Limoges,  A-284.) 


BIBLIOGRAPHIE  LIMOUSINE.  135 

Quoique  peu  fortuné,  Dupouty  vivait  tranquille  dans  sa 
patrie,  avec  sa  femme,  Catherine  Lavauz,  qui  s'occupait  de 
médecine,  et  dont  la  charité  était  connue  de  Turgot,  lorsqu'il 
reçut,  vers  4760,  les  deux  lettres  suivantes,  que  je  crois  iné- 
dites, et  dont  rimportance  n'échappera  pas  à  mes  lecteurs.  Je 
les  reproduis  en  entier  d'après  les  copies  conservées  dans  le  fonds 
de  l'intendance,  et  jointes  par  le  sieur  Dupouty  à  la  suite  d'un 
deuxième  mémoire  adressé  àTurgot  le  46  décembre  4765  ou 
4766,  pour  lui  exposer  toutes  ses  inventions,  et  appuyer  la 
demande  d'une  pension  réversible  sur  sa  femme  en  cas  de  sur- 
vivance, et  prise  sur  les  tailles  ou  autres  impositions  de  l'élec- 
tion d'Angouléme. 

Nous  dirons  ensuite  pourquoi  il  n'obtint  pas  cette  faible 
récompense  pour  ses  nombreux  services  rendus  à  l'industrie  et 
partant  à  l'État. 

«  Copie  des  kUres  de  P Académie  royale  des  Sciences,  écrites  au  sieur 
DupoîUy,  par  monsieur  de  La  Lande ,  Vun  de  ses  membres ,  dont  k 
sieur  Dupouty  a  les  originauœ. 


I. 


Monsieur, 


»  L'Académie  des  Sciences  ayant  reprid  avec  plus  d'ardeur  que 
jamais  le  travail  de  la  description  générale  des  arts  et  métiers 
que  monsieur  de  Bomur  (Réaumur)  avoit  cru  pouvoir  seul  ter- 
miner, et  qui  est  en  effet  très-avancé ,  je  me  suis  trouvé  chargé 
de  la  description  du  papier  (4). 

»  L'Académie  s'est  rappelé ,  Monsieur,  que ,  dans  le  premier 
établissement  de  la  manufacture  de  Montargis  [en  4738] ,  vous 
aviez  fait  une  multitude  de  réflexions  utiles,  de  projets  vastes, 
de  découvertes  intéressantes  sur  cette  belle  partie  des  arts;  que 
vous  en  aviez  même  communiqué  une  partie  à  l'Académie 
[en  4719]. 

(1)  Les  biographes  de  cet  astronome  ont  oublié  ce  fait  intéressant,  et 
la  collaboration  de  Joseph  de  La  Lande  à  la  grande  Encyclopédie  n^est 
mentionnée  que  par  ses  initiales  D.  J.  en  tète  de  Tartide  Papeterie, 
complété  par  Louis-Jacques  Goussier  (T.  XI ,  p.  3S4,  et  T.  I ,  p.  xlvj ). 


136  BIRLIOGHAPHIB   UMOVSINR. 

»  En  conséquence,  TÂcadémie  m'a  chargé ,  Monsieur,  d'avoir 
rhonneur  de  vous  écrire  pour  vous  engager  à  coopérer  avec 
nous ,  et  à  nous  communiquer  ce  que  vous  aurez  de  plus  inté- 
ressant. Vous  pouvez  être  assuré  de  notre  fidélité  à  vous  en  faire 
honneur,  de  notre  promptitude  à  le  publier,  de  notre  reconnoîs- 
sance  et  de  celle  du  public. 

»  M.  de  Châteaubrun ,  votre  ami ,  m'a  fait  espérer  qu'il 
joindroit  ses  sollicitations  aux  miennes  :  c'est  luy  qui  m'a  appris 
dans  quelle  retraite  vous  aviez  caché  des  talents  si  dignes  de  la 
capitale,  et  qui  nous  a  inspiré  la  confiance  avec  laquelle,  tout 
inconnu  que  je  sois  pour  vous ,  j'ai  pris  la  liberté  de  vous  écrire. 

»  Supposé  que  vous  vouliez  bien  déférer,  Monsieur,  aux  invi- 
tations de  l'Académie  et  à  mes  prières,  et  qu'il  vous  faille 
quelque  temps  pour  rassembler  vos  idées ,  je  vous  prie  de  m'ap- 
prendre  en  attendant  ce  que  je  dois  espérer;  et,  si  vous  aviez 
heureusement  quelque  paquet  considérable  à  nous  adresser,  je 
vous  prie  d'y  mettre,  outre  mon  adresse,  une  seconde  enve- 
loppe à  monsieur  de  Maleslierbes ,  premier  président  de  la  cour 
des  aides  et  président  de  l'Académie  royale  des  Sciences. 

»  Je  suis  avec  un  profond  respect ,  Monsieur,  votre  très- 
humble  et  très-obéissant  serviteur. 

»  Signé  :  de  La  Lande,  de  l'Acad.  roy.  des  Se. 
»  A  Paris,  place  de  la  Croix-Rouge,  le  19  juin  1760.  » 


IL 


«  Monsieur, 

»  La  lettre  dont  vous  m'avez  honoré  le  5  juillet  (<)  m'a  donné 
des  espérances  infinies  :  je  l'attendois  avec  impatience  ,  et  je  ne 
doutois  pas  que  votre  zèle  pour  l'Académie  ne  répondît  k  sa 
confiance  pour  vous  :  aussi  avois-je  suspendu  l'impression  de 
VArt  de  la  papeterie ,  que  je  regardois  comme  fini,  parce  que  je 

(l)  Cette  réponse  du  S'  Dupouty  manque;  mais  la  suite  de  ceU^-ci 
montre  que,  des  cette  époque,  il  croyait  avoir  des  droits  à  une  subven- 
tion nationale  :  il  est  probable  que  cette  idée  lui  avait  été  suggérée 
par  les  compliments  de  notre  académicien. 


BIBLIOGRAPHIE   LIMOUSINE.  137 

comprenois  assez  qu'une  personne  aussi  consommée  que  vous 
l'êtes  ne  pourroît  manquer  de  m'apprendre  des  choses  que 
l'Académie  entière  peut  ignorer. 

>  Je  connois ,  Monsieur,  et  les  services  que  vous  avez  rendus 
à  l'État  dans  cette  partie,  et  le  peu  de  fruit  que  vous  en  avez 
retiré  ;  j'avois  ouï  faire  Téloge  de  votre  zèle  soit  dans  l'Académie, 
soit  à  Montargis ,  ob  j'ai  admiré  vos  succès  :  aussi  vous  ne 
devez  pas  douter  que  tout  le  monde  ne  s'intéresse  pour  appuyer 
vos  propositions  auprès  du  ministre  dès  que  le  temps  sera  devenu 
un  peu  plus  favorable  pour  le  faire.  Mais  ,  dans  ce  moment , 
Monsieur,  vous  connoissez  les  misères  de  l'État  :  elles  sont  telles 
que  ceux  d'entre  nous  qui  n'ont  que  leurs  pensions  pour  vivre 
sont  à  l'extrémité ,  et ,  assiégeant  tous  les  jours  les  ministères ,  ne 
peuvent  se  faire  entendre. 

»  n  est  de  votre  générosité ,  Monsieur,  pour  le  bien  des  arts  de 
ne  point  mettre  une  condition  si  difficile  aux  bienfaits  que  nous 
attendons  de  vous. 

>  Daignez ,  Monsieur,  me  dire  en  substance  sur  quels  objets 
ont  roulé  vos  expériences  dans  l'art  du  papier.  Est-ce  sur  le 
choix  des  matières ,  sur  la  qualité  de  l'eau  (4) ,  sur  le  degré  de 
fermentation,  sur  celui  d'affinage?  Ces  quatre  articles  me 
paroissent  renfermer  presque  tout  l'art ,  et  je  voudrois  bien  avoir 
votre  avis ,  en  abrégé ,  tant  en  ce  qui  se  pratique  que  sur  ce  qui 
devroit  se  pratiquer. 

»  J'ai  été  enchanté  de  la  bonté  du  papier  imité  [de  celui] 
de  Hollande  que  vous  avez  envoyé ,  et  qui  est  votre  ouvrage.  Il 
me  semble  que,  dans  le  vrai ,  il  est  d'une  meilleure  qualité  que 
le  papier  de  Hollande  ;  mais  pourquoi  aime-t-on  mieux  celui 
de  Hollande  ,  qui  est  plus  cassant  et  qui  a  un  œil  bleuâtre?  Si 
vous  aviez  voulu  donner  ces  deux  deffauts  (sic)  au  vôtre, 
comment  vous  y  seriez-vous  pris?  Tout  ce  que  j'ai  vu  en  grand 
papier  à  Montargis  avoit  le  défaut  de  goder  dans  le  milieu  , 
parce  qu'on  n'avoit  pas  eu  la  précaution  de  l'étendre  à  plat ,  et 
qu'on  avoit  mis  au  contraire  chaque  feuille  sur  une  corde  à  la 
manière  ordinaire.  On  ne  songe  même  pas  h  rendre  marchande 
cette  belle  espèce  de  papier,  parce  qu'elle  est  trop  difficile  à  bien 
faire  (2). 

(1)  On  s'imaginait  alors  que  l'eau  de  mer  influait  sur  la  supériorité  du 
papier  hollandais ,  etc. 

(2)  De  La  Lande  a  fait  l'éloge  des  pilons  de  Montargis  inventés  par 


138  BIBLIOGRAPHIE  LIMOUSIPTE. 

»  Je  vous  prie  aussi  de  me  dire  si  vous  n'auriez  point  connn 
un  M.  Gonin ,  libraire  en  Auvergne,  qui  a  beaucoup  travaillé 
sur  le  papier  (4). 

»  Je  finis  en  vous  assurant ,  Monsieur,  de  la  fidélité  que  nous 
tturons  à  vous  renvoyer  tous  les  manuscrits,  mémoires,  échan- 
tillons ,  que  vous  pourriez  nous  communiquer,  et  à  vous  faire 
honneur  dans  Timpression  des  bontés  que  vous  aurez  eues  pour 
nous. 

»  Monsieur  de  Malesherbes  ,  qui  me  remit  votre  paquet,  est 
actuellement  absent  :  je  vous  prie  d'adresser  à  M.  de  Saint-Flo- 
rentin (2)  ce  que  vous  pourriez  avoir  encore  à  me  communiquer, 
et  de  mettre  sur  mon  adresse  :  Mémoire  pour  V Académie ,  afin  que 
ce  seigneur  sache  que  nous  ne  nous  servons  de  son  cachet  que 
pour  le  bien  des  sciences. 

»  Je  suis  avec  un  profond  respect,  Monsieur,  votre  très- 
humble  et  très-obéissant  serviteur. 

»  Signé  :  Db  Là  Landb. 
»  A  Paris ,  place  de  la  Croix-Rouge ,  le  23  juiUet  1760.  » 

Malgré  toutes  ces  précautions,  tous  ces  ménagements,  il  ne 
paraît  pas  que  le  sieur  Dupouty  se  soit  rendu  aux  désirs  de 
TAcadémie ,  car  son  nom  n'est  pas  prononcé  une  seule  fois  par 
de  La  Lande.  Loin  de  là  :  on  y  lit,  à  la  suite  de  quelques  mots 
sur  la  papeterie  de  Langlée  près  Montargis,  cette  déclaration 
formelle  : 

«  Nous  devons  à  M.  Prévost,  directeur  de  cette  nMinufacture, 
les  éclaircissements  qui  nous  ont  mis  en  état  de  composer  cet 
article.  »  (Encyclopédie^  in-fol. ,  T.  XI ,  p.  384  et  suiv.) 

En  présence  de  ce  mauvais  vouloir  de  1760 ,  et  de  la  conduite 
maladroite  de  Dupouty  en  4765  et  4766,  on  comprend  que  Tad- 

Dupouty  et  de  son  grand  papier  de  six  pieds  que  les  ingénieurs  recher- 
chèrent pour  leurs  cartes;  Péronnet  s'en  servit  pour  dresser  le  plan  de 
Montignis,  etc.  —  Voir  dans  l'Art  du  papier,  imprimé  à  Paris  en  1765, 
Tarticle  de  la  Rom  et  des  Maillets ,  n»  38  et  suiv. 

(1)  Il  en  est  question  dans  le  rapport  de  Desmarest  en  1769»  comme 
nous  Tavons  rappelé  ci-dessus. 

(2)  Le  comte  de  Saint-Florentin  était  ministre  de  la  maison  du  roi 
Louis  XV. 


BIBLIOGRAPHIE  UMOIJSINE.  139 

ministration  ait  cherché  à  être  éclairée  par  des  personnes  moins 
intéressées.  Or,  parmi  ses  agents,  elle  ne  pouvait  faire  un 
meilleur  choix  que  celui  de  Desmarest.  En  effet  il  fut  chargé, 
dès  4767,  par  Trudaine,  c  dont  on  connoît  le.zèle  pour  la  perfec- 
tion des  arts  »,  d'aller  étudier  les  procédés  flamands  et 
hollandais  ;  et  ce  furent  ses  conseils  qui ,  adoptés  par  la  plupart 
des  fabricants  français,  rétablirent  Tancienne  réputation  de  nos 
papiers  d'impression  surtout.  Desmarest  vulgarisa  ses  observa- 
tions sous  toutes  les  formes  ;  mais ,  si  Ton  ne  connaissait  les  faits 
précédents,  relatife  au  rôle  négatif  de  Dupouty,  on  n'y  saisirait 
nullement  maintes  allusions  que  l'auteur  se  permet  avec  un 
peu  trop  de  rancune  personnelle  contre  ceux  qui  s'étaient 
occupés  de  l'introduction  des  cylindres  en  France ,  etc.  Enfin , 
son  impartialité  reprenant  le  dessus,  il  plaça  au  bas  de  la 
page  48  de  son  second  Mémoire,  lu  à  l'Académie  en  4774,  et  im- 
primé en  4788,  la  note  suivante,  qui  clora  cette  étude;  car  le 
surplus  intéresse  plus  l'Angoumois  que  le  Limousin  :  a  Les 
reproches  que  je  me  permets  en  général  méritent  d'être  admis  et 
modifiés  ;  j'en  fais  volontiers  ici  la  remarque  et  l'aveu  :  j'ai  fort 
à  cœur  que  tout  ce  que  m'inspire  le  désir  de  perfectionner  cet 
art  dans  ma  patrie  ne  paraisse  dicté  par  un  zèle  outré ». 


P.  POYET. 


Limoges,  le  24  Juin  1802. 


CORRESPONDANCE. 


Nous  recevons  la  lettre  suivante,  que  nous  nous  faisons  un 
plaisir  de  publier  : 

«  MoNsiEUB  LK  Président, 

»  J*ai  lu  avec  un  vif  intérêt  dans  le  Bulletin  de  votre  Société 
le  Mémoire  consacré  par  M.  Pérathon  aux  tapisseries  des  ma- 
nufactures royales  d'Aubusson  et  de  Felletin. 

»  Mais  ce  travail  n'embrasse  que  le  côté  purement  historique 
de  la  question.  Ne  serait-il  pas  à  propos  de  le  compléter  en  envi- 
sageant maintenant  le  côté  archéologique? 

»  Or,  sous  ce  nom  d'archéologie,  j'entends  Finv  en  taire  des 
tapisseries  fabriquées  à  Aubusson  et  Felletin ,  avec  l'indication 
des  sujets  représentés  et  des  principaux  caractères  qui  dis- 
tinguent ces  tapisseries,  puis  le  relevé  de  tous  les  noms  de 
maîtres  qui  ont  signé  leurs  œuvres  sur  la  lisière  bleue  ou  brune 
de  chaque  pièce. 

»  Si  la  Société  que  vous  dirigez ,  Monsieur  le  Président ,  ouvrait 
ses  Bulletins  aux  communications  de  ce  genre,  et  faisait  appel 
à  la  science  et  à  la  bonne  volonté  des  archéologues  qui  s'oc- 
cupent en  France  do  tapisseries,  je  crois  que  la  lacune  que  je 
constate  serait  bientôt  remplie. 

»  Permettez- moi  donc,  Monsieur,  d'appeler  Tattention  de  la 
Société  Archéologique  du  Limousin  sur  ce  point  important 
d'archéologie  locale,  et  de  lui  adresser,  pour  commencer,  une 
liste  de  signatures  et  quelques  notes  qui  me  sont  personnelles. 

»  Je  saisis  avec  empressement  cette  occasion  pour  faire  part  à 
la  Société  de  sept  inscriptions  limousines  que  j'ai  recueillies  à 
Rome  l'année  dernière. 

»  Si  la  Société  me  fuit  Thonneur  dinsérer  ces  notes  et  ces  ins- 


CORRESPONDANCe.  141 

criptioDS  dans  son  Bulletin ,  je  lui  saurais  gré  de  vouloir  bien 
m'adresser  un  exemplaire  de  la  livraison  qui  les  contiendra. 

9  Veuillez  agréer,  monsieur  le  Président,  Tassurance  de 
tous  mes  sentiments  respectueux  et  dévoués. 

»  X.  Babbirb  db  Montault  , 

•  ChanuÎHcdc  b  basilique  d'Aïugiii. 

»  Poitiers,  le  3  mai  1863.  » 


SIGNATURES  DE  QUELQUES  TAPISSERIES. 

inafecture  d*Aaboaaon« 


l""  Joseph  vendu  par  ses  frères  (à  la  cathédrale  d'Angers) 

A  #  B 
M  B«  DAVBVSSON 

S"*  Joseph  sur  un  char  de  triomphe  (ibidem)  : 

A  «B 

B  M  DAVBVSSON 

3»  Verdure  (PoiHers,  rue  St-Patd)  : 

L  B«  M.  R.3  DAVBVSSON 

4*  Verdure  (Mdem)  : 

M.  R.  DAVSSON.  L  B 

5»  Verdure  (ibidem)  : 

M.  R.  DAVBUSSON.  L.  B 

G"*  Verdure  (cathédrale  d^ Angers)  : 

M.  R.  DAVBVSSON.  DE.  L.* 


<  Michel  Barbât,  vers  1605. 

*  Louis  Boffinet ,  vers  1732. 
^  Manufacture  royale. 

*  De  Landriëve  (J.),  vers  1665. 


142  CORBBSPONDANCE 

l""  Chinoiserie-verdure  (iftûfem)  : 

M.  R.  DAVBVSSON.  MACÉ.  RT.  PIOON* 

8"  Verdure  [ibidem]  : 

.  DE.  L  M,  R.«  DAVBVSSON 

9*  Mythologie  (caAédtvle  d'Angers)  : 

A  «  B3 

40"  Mythologrie(t6Mfem): 

A.  B  4 

44<>  Mythologie  (ibidem)  : 

A.  B# 

42"  Mythologie  [ibidem]  : 

A  4  B 

4  3"  Mythologie  (  ibidem  )  : 

A.  B  |. 

44"  Mythologie  [ibidem)  : 

A.  B 

45"  Sujet  champêtre  [chdteau  de Moris ,  Vienne)  : 

VTTRA.*  M.  R.  DAVBVSSON 

4  6**  Scène  champêtre  (  ibidem  ]  : 

M.  R.  DAVBVSSON.  VITRA 

47"  Scène  champêtre  [ibidem)  : 

ITRA.  M.  R.  DAVBVSSON 

48"  Sujet  historique  (à l'église  de  La  Daguenière ,  Maine-et-Loire)  : 

M  »  ROYALLK  *  DAVBVSSON 

49"  Verdure  [à  Angers,  chez  M,  Huet]  : 

'C.»  M.  R.  DAVBVSSON 


1  Jean-FranQoia  Picon ,  de  1748  à  1760. 
^  De  la  ManufiBkCture  royale. 
3  Antoinette  Barbât,  vers  1722. 
*  Jean  de  Vitract,  vers  1697. 
«  Chemeton?  vers  1746. 


COBRESPONDANGB.  143 

SO»  SoDge  de  Joseph  (à  Angers,  chez  M.  Legris)  : 
21"*  Joseph  dans  la  citerne  (t'Mdem)  : 

H.  G.  MR  DAVBUSSON 

^^  Joseph  vendu  par  ses  frères  (ibidem)  :     \ 

H  GOV....«  M.  R  DAVBVSSON 

SS"*  Explication  du  songe  de  Pharaon  [ibidem)  : 

M  *  R  *  DA(V)BVSSON.  H.  0« 

S 4"  Coupe  retrouvée  (ibidem)  : 

M.  R.  DAVBVSSON.  H.  G 

25''  Triomphe  de  Joseph  (ibidem)  : 

0N5  »  H  G 

26"  Zacharie  au  temple  (hôpital St-^Jean ,  à  Angers)  : 

P  M  RD* 

27«  Baptême  de  N.-3.  (ibidem)  : 

P.  Gfi  M.  R.  DAVBVSSON. 

28"*  Décollation  de  saint  Jean  (ibidem)  : 

P.  GRELLET.  M.  R.  DAVBVSSON. 

29^  Saint  Jean  huvant  du  poison  (  ibidem)  : 

.  P.  G.  M.  R.  DAVBVSSON. 

SÙ^  Saint  Jean  à  la  porte  Latine  (ibidem)  : 

.  p.  G.  M.  R.  DAVBVSSON. 

34*  Verdure  (chapelle  des  Pénitentes,  à  Angers  (xvir  s.)  : 

M.  R  DAVBVSS0NIM6 


<  Goubert? 

*8ic. 

3  Mannâu^ture  royale  d*Aubu8Son. 

*  Pierre.  Manufacture  royale  d*Aubus8on. 

5  Pierre  GreUet,  vers  1769. 

6  Jean  Maillât ,  vers  1696. 


144  COBBfiSPONDANGE. 

32°  Verdure  [à  Poitiers,  chez  tm  fripier)  : 

M  E  DÂVSON 

33»  Verdure  (ibidem)  : 

IDAVBVSON 

0IÊmnutm9iîmre  de  Felletin. 

Verdure  [à  Lasse,  Maine-et-Loire)  : 

M  RI  DE  FELETIN  P.  MIGOT* 


INSCRIPTIONS  LIMOUSINES  A  ROME. 

4. 

Inscription  commémorative  du  retour  du  saint  siège  à  Rome ,  sous  le 
pontificat  de  Grégoire  XI,  moulée  en  stuc  doré ,  dans  une  des  chambres 
Borgia,  par  les  soins  de  Léon  X ,  au  Vatican  : 

GBBOORIVS  XI 

CVBIAM 

B  GALLIIS 

BOMAM 

RBDYXIT 


Inscription  peinte  au-dessous  d'une  fresque  de  Vasari  dans  la  salle 

ducale  au  Vaticwi  [xvv  siècle)  : 

GRBGORIVS.  XI.  PÂTRIÂ.  LEMOVICBNSIâ.  ADMIRÂDILI. 
DOCTRINA.  HVMANITATE.  ET.  INNOCENTIA.  VT.  ITALIAE. 
SBDITIONIBYS.   LABORANTI. 

MEDBRETUE.  ET.  POPVLOS.  AD.  ECCLESIÂ.  CREBRO. 
DESILIENTE8.  AD.  OBEDIENTTAM.  REVOCARET.  SEDEM. 
PONTIFICIAM.   DIVINO.    NVMINE. 


I  Manufacture  royale. 
«  Pierre  Migot,  vers  1745. 


COBRBSPONDANCe.  145 

PEBMOTYS.  AYENIONB.  ROMAM.  POST.  ÂNNOS.  LXXI. 
TRANSTVLIT.  SVI.  PONTIFICATVS.  ANNO.  SEPTIMO.  HV- 
MANAB.   SALVTIS.   M.   CGC   LXXVI. 

3. 

Epitaphe  de  Grégaire  XI,  gravée  sur  son  tombeau,  par  ordre  de  la  mu- 
mdpaiité  romaine ,  dans  V église  de  Ste-Prançoise ,  au  Forum  (4584)  : 

CHR.  SAL.^ 

ORBGORIO  XI  LBMOVICBNSI 

HYMANITATB  DOCTRINA  PIBTATBQ^  ADMIRABILI 

QYI  TT  ITALIAB  SBDITIONIBYS  LABORANTI  MBDBRBTUR 

SBDBM  PONTIFICIAM  AVBNIONI  DIY  TRANSLATAM 

DITINO    AFFLATYS    NVMINB    HOMINYMQ    MAXIMO    PLAYSV 

POST  ANNOS  SEPTYAGINTA   ROMAM  FELICITER  REDYXIT 

PONTIFICATYS  SYI  ANNO  Yll 
S  P  Q  r'  TAtlTAB   RBLIGIONIS    ET    BENBFICII  NON    IMMBMOR 
QRBGOBIO  XIlI  PONT  OPT  MAX^  COMPROBANTB 
ANNO    AB    ORBB    RBDEMPTO    QIC    lûLXXXIIlI    POS^ 

lOANNE  PBTRO  DBACO 

CTRIACO  MATTHABIO  COSS® 

10^  BAPTISTA  ALBBBO 

THOMA  BVBALO  DB  CONCELLARIIS  PRIORB 

4. 

Epitaphe  d' Etienne  Limousin ,  gravée  sur  une  daUe  effigiée  et  armoriée  : 

de làux  ciseaux  de  ,  dans  l'église  de  la  Trinité-des- 

Monts  (1549)  : 

.  D.   0.  M.^ 
HIC.    lACBT.   STBFANO.   LEMOSININO 


«  Christo  Salvatori. 

>  Pletateque. 

3  Senatus  populuaqne  romanus. 

*  Pontifioe  optimo  maximo. 

5  Posuere. 

«  Consulibas. 

7  Joanne. 

<  Deo  optimo  maximo. 


146  CORRESPONDANCE. 

QALLO    QVI    VIXIT.    AN.*  XXXinl   OBIIT 

OCTAVA  MAETir.   M.   IJ.   XLVIIlI. 

LVCBBTI^*  DB  YACHIS  VXOR  B.  M.'  LTOBNS.   P.^ 


5. 


Éfdtaipke  et  fondation  d'Antoine  Muret ,  dans  V église  de  la  Trinité-des-- 

Monts  (1585). 

D  0  M  ss 

M.6  ANTONIYS.  MYEBTVS.   LEMOYIX 

AD.    DBI.    MISBBicX)BDIAM.    OBTINBNDAM 

PIOEVM.  PRBCIBYS.  ADIYYARI.  CYPIBNS 

COBPVS.   SYYM.   POST.  MORTBM.   HOC.   LOCO 

SEPBLIRI.   lYSSIT 

ADTBIBYTIS.   MILLE.  SCYTATIS.   HYIYS 

MONAST.    SODALIB.     IMPOSITOQ.''     ONERE 

PEBPBTYI  AMNIYERSARII 

NICOLAYS.     DE.    PBLLEYE.    GARD.     SENONEN^ 

TESTAM.   EXBCVT.*  PONI.   MAND*^ 

YIXIT.   ANN."   LTX.    MEN."  II.   OBIIT.  PRID.    NON.  IYN" 

CIO  lOLXXXV 

{Armoiries  :) 

■ 

De à  une  fasce  de accompagnée  en  chef  d'une  étoile 

de et  en  pointe  de  trois  feuilles  de  houx  de S  et  1. 


«  Ànnis. 

*Sic. 

3  Bene  merenti. 

*  Posait. 

5  Deo  optimo  maximo  sacrum. 

6  Marcus. 

7  Monasterli  sodalibua  (les  Minimes),  impositoque. 
9  Cardinalis  Senonensis. 

9  Testamenti  exécuter. 

*o  Mandavit. 

il  Annis. 

<s  Mensibus. 

*'*  Pridie  nonas  junii. 


CORRBSPON  D  A  NCE .  1 47 

Sur  la  même  dalle  est  gravée  Vépitaphe  de  M.-Ant.  Muret,  neveu  du 

précédent,  et  mort  en  4586  : 

M.   ANT.*  MYBETO.   MAGNI    HVIVS  MVRBTI 

FRATRIS.   FILIO.   AETATE  QYIDBM.   ET 

NOMINIS    CELEBRIT.3    MTNOEI.     SPE.     AYTEM 

ET.   EXPECTATIONB.   PEOPB.   PABB 

.  IMMATYBA.  MOETB.  PRABRBPTO 

LVDOVICVS.   BIVALDVS.   LEMOVIX.   ET 

M.    ANT.'   LANPRANCVS    VERONEN.*    EIVS 

TBSTAMENTO  AD  PIAS  CAYSAS  FACTO 

SCRIPTI.   BXBCy TORES  POSS* 

VIXIT.   ANN.    XVI.   MEN.   V.   OBIIT.  PBID  NON.   OCT* 

CIO  lOLXXXVI 


6. 

Éfritaphe  de  François  de  Rodiechouart  de  Mortemart,  mort  en  4592, 
à  l'âge  de  9%  ans,  dqns  V église  de  St^Loms-^des-Prançais  : 

D  0  m"' 

FBANCISCO   BYPISOABDO 

MOBTEMABTO  ADOLBSCBNTI 

QALLO  N0BILI8S.  ET  OPT.^ 

QYBM  PIA  MATER  lOANNA 

DB  SAYLX  A  TAYANNES 

EX  CIYILIYM  BELLORYM 

FLAMMIS   BREPTYM    ROMAM 

AD  PEBDISCBNDAS  PACIS 

BELLIQ9  ARTBS  MISBRAT 

S^YA    PLEYRITIDB    ABSYMTO 


*  Maroc  Antonio. 

*  Celebritate. 

3  Maicus  Antonins. 

4  VeronensiB. 
B  Posuere. 

6  Pridle  nonas  octobris. 

7  Deo  optimo  maxime. 
9  Nobilissimo  et  optimo. 
»  Belliqne. 


148 


CORRRSPONDANCB. 


7. 


Anathème  lancé  par  Grégaire  XI  contre  les  violateurs  du  monastère  des 
OUvitaini ,  à  Ste-Prançoise^Romaine ,  au  Forum  : 

(Cette  inscription,  en  majuscules  de  la  fin  du  xy«  siècle,  doit  repro- 
duire une  inscription  plus  ancienne.) 

ANATHEMA  QRBQOBII 

PAPB.    XI.    IN   IVDCIO.    NO* 

EESVEGAT.    DANATVS* 

MALB   PBRBAT    CV'   lYDA 

INIQYO  PARTE^  HABBAT 

SI  QVIS   HVNC  LOCV*^ 

QVO  VISM0D06  SIYB 

INOENIO.  VIOLABB 

PRBSYMPSERIT 

A.    D.'  M.   DCCXXI.* 


<  Judicio  non. 
s  Damnatus. 
3  Cum. 
*  Partem. 
^  Locum. 

6  Sic. 

7  Ànno  Domini. 

s  Cette  date  1721  indique  seulement  Tépoque  à  laquelle  cette  inscrip- 
tion a  été  placée  près  la  porte  d*entrée  du  monastère  :  son  écriture  est 
différente. 


ETOFFES  D'OR  ET  D'ARGENT 


FABRIQUÉES  A  LIMOGES. 


M.  Â.  Fabre,  président  du  tribunal  de  première  instance 
de  Chambéry,  a  adressé  à  M.  le  secrétaire  général  de  la 
Société  Archéologique  la  lettre  suivante  : 

MOKSIBUS , 

Je  m'occupe  h  mes  rares  instants  perdus  d'un  travail  sur  le 
trésor  de  la  Sainte-Chapelle  de  Chambéry,  que  je  dois  lire  à 
TAcndémie  impériale  de  Savoie.  Je  voudrais  que  ce  travail  fût 
aussi  complet  que  possible  :  c'est  un  tribut  de  reconnaissance 
que  je  voudrais  payer  à  mes  nouveaux  compatriotes  pour 
l'accueil  bienveillant  qu'ils  m'ont  fait  lorsque  je  suis  venu  de 
France  ep  Savoie  à  l'époque  de  Tannexion. 

Dans  ce  riche  trésor  se  trouvent  beaucoup  d'étoffes  d'or  et 
d'argent  couvertes  d'ornements  fabriqués  à  Limoges. 

Les  ouvrages  que  j'ai  consultés  parlent  bien  des  ceuvres  de 
Limoges,  telles  qu'émaux,  orfèvrerie,  argenterie,  tapisseries; 
mais  je  n'ai  vu  nulle  part  que  votre  ville  se  livrât  à  la  fabrica- 
tion des  étoflRes  d  or  et  d'argent,  ou  plutôt  aux  passementeries. 

Je  vous  serais  bien  reconnaissant  de  me  transmettre  quelques 
renseignements  sur  ce  point.  Je  vous  copie  textuellement  les 
passages  latins  de  l'inventaire  sur  lesquels  j'ai  besoin  d'éclaircis- 
sements. Vous  devez  avoir  à  Limoges  une  académie  et  des 
hommes  versés  dans  la  connaissance  des  faits  sur  lequels  j'ap- 
pelle votre  attention  :  je  suis  certain  qu'ils  ne  me  refuseront  pas 

leur  concours. 

44 


150  ÉTOFFBS   d'or   ET   D'aRGCNT 


a  Extrait  de  l'inventaire  du  trésor  de  la  Sainte-ChapeUe  de  Chamihéry, 

dressé  en  4 183.  » 

Sous  le  chapitre  intitulé  :  a  Tuellib  altaris  t,  qu'il  faut 
traduire  par  twwiUea  ou  coivoertures  d'autel,  on  trouve  : 

«  Una  pala  îimogiata  auro  et  cyrico  »  : 

a  Nappe  ou  couverture  d'autel  Umogée  d'or  et  de  soie  »  :  telle 
est  la  traduction  que  je  propose. 

«  Una  pala  ad  coperiendum  altare,  fi&cta  cum  oertîs  rigriis  auri  et  cyrici 
rubei ,  sine  limogeriis  »  : 

Je  traduis  :  a  Une  nappe  pour  couvrir  l'autel,  rayée  d'or  et 
de  soie  rouge ,  sans  Umousineries ,  ou  faite  avec  des  bandes  d*or  et 
de  soie  ».  —  Il  s'agit  ici  de  ces  étoffes  rayées  âont  l'usage  fut  si 
fréquent  aux  xiv%  xv*  et  xvi*  siècles. 

«  Alla  pala ,  facta  dediversis  limogiis  per  totum  longum,  de  diversis  colo- 
ribus  cyricorum,  et  aliquibus  parvis  limogiis  auri,  Irrictioraliis  »  : 

Je  traduis  :  <  Une  nappe  faite  dans  toute  sa  longueur  de 
diverses  limoges  de  soies  de  diflférentes  couleurs  et  d'autres  pe- 
tites limoges  d'or,  ladite  nappe  moins  régulière  que  les  autres?...  » 

—  Irrictior  pour  irreclior  :  reclus,  irrectus,  irrégulier î 

«  Alla  pala  de  tela  alba,  Iimogiata  in  extremitatibus  cum  oerto  opère 
£acto  cum  acu .  more  Cypri  »  : 

tt  Une  nappe  de  toile  blanche,  limogée  à  ses  extrémités  d'un 
certain  travail  fait  à  l'aiguille,  suivant  la  mode  de  Chypre.  » 

—  Les  étoffes  de  Chypre  étaient  très-renommées. 

«  Alla  pala  de  tela  alba,  Iimogiata  in  extremitatibus  de  limogia  nlgra, 
fringata  fringiis  persis  et  viridibus  »  : 

«  Une  nappe  ou  couverture  de  toile  blanche,  limogée  aux  extré- 
mités de  limoges  noires,  et  frangée  de  franges  bleues  et  vertes.  » 

Une  autre «  Limogiata  in  extremitatibus  de  cyrico  nigro  ».  —  •  Li- 
mogée de  soie  noire.  » 


FABRiOUéES   A  UMOGËS.  151 

Une  autre  en  bonne  toile  limogée  de  la  même  toile,  presque  rousse: 
^  Umogiata  eadem  tela  quasi  ru^iea  ». 

4t  Unun  gremiale  de  tela,  cum  octo  rigiis  limogiatis  auri  bene  ope- 
ratum.  » 

«  Un  grémial  en  toile  avec  huîl  raies  limogées  d'or,  ledit  gré- 
mial  en  beau  travail,  t 

Autre  citation  plus  intéressante  : 

«  Due  tuellie  de  tella  urtioarum ,  cum  sex  îmogialuris  multum  bene 
operatis  de  auro ,  in  quarum  duabus  sunt  imagines  leonum ,  leopardi  et 
cervl »  : 

c  Deux  touBilles  en  toile  d'ortie  (  étofPe  rare  ) ,  avec  six  Umoges 
d'or  bien  travaillées,  dans  deux  desquelles  sont  des  lions,  etc.  » 

Évidemment  on  faisait  à  Limoges  soit  des  étoffes  d'or  ou  d'ar- 
gent et  de  soie,  soit  des  ornements  ou  passementeries  qui  s'ap- 
pliquaient Pur  les  ornements  sacerdotaux. 

Veuillez,  Monsieur,  être  assez  bon  pour  me  répondre,  et  au 
besoin  pour  communiquer  ma  lettre  soit  &  votre  académie  ou 
société  savante,  soit  aux  hommes  compétents  de  votre  ville  :  vous 
m'obligerez  infiniment. 

Francisque  Michel ,  dans  son  excellent  ouvrage  sur  la  fabrica- 
tion des  étoffes  d'or,  d'argent  et  de  soie  au  moyen  âge ,  ne  parle 
que  des  tapisseries  de  Limoges  en  quelques  lignes. 

De  Linas,  dans  son  travail  sur  les  vêtements  sacerdotaux  et 
anciens  tiisus ,  ne  parle  pas  de  Limoges. 

Agréez,  Monsieur,  etc. 

A.  FABRE. 


Chambéry,  15  Juillet  1863. 


152  ETOFFES  d'or  ET  D* ARGENT 


M.  Ferdinand  de  Lasteyrie,  membre  de  llnstitut,  et 
membre  honoraire  de  la  Société  Archéologique ,  à  Texamen 
duquel  avait  été  renvoyée  la  communication  de  M.  Fabre, 
nous  a  adressé  les  deux  lettres  suivantes  : 

Le  Saillant ,  26  août  1863. 


Monsieur  le  secrétaire  général  , 

Je  me  tiens  pour  très-honoré  de  la  communication  que  vous 
avez  bien  voulu  me  faire  au  nom  de  la  Société  Archéolog'ique  du 
Limousin,  et  j'ai  le  plus  grand  désir  de  répondre  convenable- 
ment à  se  confiance. 

Mais  je  ne  puis  vous  dissimuler  que ,  pour  le  moment ,  je  m'en 
trouve  assez  embarrassé.  D'abord  la  question  renvoyée  à  mon 
examen  ne  laisse  pas  que  d'être  assez  difficile  à  résoudre ,  et , 
bien  que  j'aie  vu  en  ma  vie  bon  nombre  d'étoffes  anciennes,  je 
n'ai  jamais  fait  de  recherches  bien  spéciales  sur  cette  matière. 
Puis,  ce  qui  augmente  singulièrement  mon  embarras,  je  me 
trouve  actuellement,  et  pour  tout  le  reste  de  la  belle  saison, 
dans  un  pays  perdu,  sur  les  bords  de  la  Yézère,  loin  de  mes 
notes,  loin  de  toutesbibliothèques,  et  par  conséquent  de  tous  les 
moyens  de  recherches. 

Ne  voulant  pourtant  point  laisser  trop  long-temps  sans  ré- 
ponse la  question  que  mes  confrères  de  la  Société  de  Limoges 
m'ont  fait  l'honneur  de  me  renvoyer,  je  me  suis  adressé ,  de  mon 
côté ,  pour  suppléer  à  l'insuffisance  de  mes  propres  informations, 
je  me  suis  adressé  à  l'extrême  obligeance  d'un  homme  bien 
connu  par  ses  excellents  travaux  sur  les  étoffes  du  moyen  âge, 
M.  Ch.  de  Linas. 

Grftce  à  lui,  je  puis  aujourd'hui  vous  transmettre  quelques 
indications  fort  curieuses ,  qui  contribueront  peut-être  à  fixer  nos 
confrères  sur  le  sens  et  la  valeur  des  textes  que  leur  a  commu- 
niqués M.  Fabre. 

Vous-même,  Monsieur,  aviez  déjà  parfaitement  traduit  tous 
les  passages  cités  de  l'inventaire  du  trésor  de  la  Sainte-Chapelle 
de  Chambéry.  Après  vous,  il  ne  restait  plus  à  fixer  que  la  valeur. 


FABRIQUiiBS   A   LIMOGES.  153 

de  ces  deax  mots  Umogeriœ  et  limogicUus,  dérivés  Tun  et  l'autre  du 
Dom  de  raDcienn&  capitale  de  notre  province. 

a  Évidemment,  vous  a  écrit  M.  Fabre,  on  faisait  à  Limoges 
soit  des  étoffes  d'or  ou  d'argent  et  de  soie,  soit  des  ornements 
en  passementerie  qui  s'appliquaient  sur  les  ornements  sacer- 
dotaux. > 

Et  en  effet  les  textes  découverts  par  lui  dans  l'inventaire  de 
Chambéry  paraissent  bien  au  premier  abord  devoir  être  compris 
ainsi.  C'est  d'étoffes  employées  à  des  usages  sacrés  qu'il  s'agit 
dans  tous  ces  passages.  Les  limogeries  concourent  à  leur  ornemen- 
tation, semblent  en  faire  partie  intégrante,  et,  dans  un  des 
textes ,  elles  sont  même  indiquées  comme  un  travail  à  l'aiguille, 
certo  opère  facto  cum  acu. 

D'après  ces  premières  données,  j'avais,  moi  aussi,  cherché 
d'abord  dans  cette  voie  l'explication  des  mots  sur  l'interprétation 
desquels  j'étais  consulté.  Leur  formation  même  semblait  être 
un  indice  ;  Umogiœ  et  limogiatus,  ce  substantif  et  ce  participe 
dérivés  du  nom  d'une  ville,  et  appliqués  à  l'industrie  qui  s'y 
pratiquait ,  rappellent  pour  ainsi  dire  inévitablement  damas  et 
damassé ,  les  deux  seuls  mots  de  forme  et  d'origine  analogues  que 
nous  ayons,  je  crois,  en  français,  et  qui  s'appliquent  préci- 
sément à  une  industrie  textile. 

Mais  cependant,  en  bonne  critique,  il  faut  bien  le  dire, 
de  semblables  analogies  dans  la  forme  des  mots,  quelque  in* 
génieux  qu'en  puisse  être  le  rapprochement,  ne  prouvent  pas 
grand'chose  quant  au  fond.  D  ailleurs  l'application  qu'on  serait 
tenté  d'en  faire  dans  le  cas  présept  rencontre  tout  d'abord  une 
objection  très-grave. 

Limoges  avait,  dèslexir  siècle,  une  réputation  européenne 
pour  la  fabrication  des  émaux.  Mais  jamais  on  n'a  entendu  dire 
qu'il  s'y  fabriquât  des  étoffes  d'une  espèce  particulière.  Il  fau- 
drait pourtant  bien  qu'il  en  eût  été  ainsi ,  et  même  que  cette 
fabrication  eût  joui  d'une  grande  réputation ,  pour  que  les  pro- 
duits eussent  porté  jusqu'au  fond  de  la  Savoie  le  nom  du  lieu 
de  fabrication.  Or  comment  s'imaginer  que,  si  une  industrie 
si  célèbre  à  l'étranger  avait  réellement  fleuri  à  Limoges,  et 
cela  à  une  époque  aussi  rapprochée  que  le  xv*  siècle,  il 
n'en  fût  resté  aucune  trace;  qu'aucun  des  documents  encore  si 
nombreux  de  cette  époque  n'en  fît.la  moindre  mention?  La  fabri- 
cation de  l'émail,  seule  connue  jusqu'ici  sous  le  nom  d'opus  Umo- 
vicense,  remonte  à  une  époque  bien  plus  reculée,  et  pourtant  la 


154  i^TOPFes  d'or  et  d  argent 

trace  s'en  retrouve  sans  cesse  dans  les  anciens  documents.  Corn- 
ment  s'expliquerait-on  qu^une  autre  gloire  du  même  genre  et 
de  date  plus  récente  n'eût  laissé  »bsolament  aucun  souvenir? 

Mais,  puisque,  au  su  de  tout  le  monde,  Limoges  avait  donné 
son  nom  aux  émaux,  pourquoi  ne  pas  attribuer  de  préférence  à 
cette  industrie  les  objets  que  nous  trouvons  aujourd'hui  men- 
tionnés sous  une  forme  analogue?  Gela  serait  évidemment  plus 
rationnel.  Pourtant  une  difficulté  se  présente  ici  :  c'est  d'étoffes,  de 
parements  d'autel,  qu'il  s'agit  incontestablement  dans  l'inventaire 
de  Chambéry.  Or  on  ne  se  représente  guère  ce  que  pourrait  être 
une  étoffe  émaillée. 

Devant  cette  objection  je  me  sentais  arrêté  tout  court  lorsque 
l'expérience  spéciale  de  M.  de  Linas  est  venue  fort  à  propos  k 
mon  aide. 

M.  de  Linas  n'admet  pas  qu'on  puisse  donner  au  mot  Umogiœ 
ou  Umogeriœ  le  sens  d'une  étoffe  damassée  ou  tiflsée  spécialement 
fabriquée  à  Limoges.  Selon  lui,  c'est  bien  d'émaux,  ou  tout  au 
moins  d'imitation  d'émaux,  qu'il  s'agit  dans  l'inventaire  de 
Chambéry.  Et,  à  l'appui  de  cette  opinion ,  il  cite  l'exemple  d'un 
monument  fort  curieux  découvert  par  lui  dans  la  cathédrale 
de  Palerme  :  c'est  un  antipendium  ou  parement  d'autel ,  monté 
sur  châssis,  en  soie  brodée  et  striée  de  raies  verticales,  lesquelles 
sont,  ainsi  que  les  bandeaux  qui  les  entourent ,  ornées  d'aigles 
émaillés  et  de  petits  émaux  eloîsonnés  circulaires. 

Chose  remarquable  !  c'est  à  un  prélat  français ,  l'archevêque 
Jean  de  Carondelet ,  qu'est  dû  cet  antipendium,  N'eussé-je  obtenu 
que  la  révélation  d'un  fait  aussi  curieux,  je  me  féliciterais  encore 
d'avoir  fait  appel  aux  connaissances  spéciales  de  M.  de  Linas. 

Voilà  donc  l'émail ,  les  émaux  de  j^que  ou  d'applique^  comme 
on  les  appelait  alors,  précisément  employés  à  l'ornementation 
des  étoffes.  Ces  petits  médaillons  ronds  sont  bien  ceux  que 
Limoges  fabriqua  en  si  grande  abondance  pendant  les  xrv'  et 
XV*  siècles.  On  y  retrouve  au  besoin  jusqu'à  l'indication  des 
médaillons  émaillés  sur  fond  noir  (de  Umogia  nigra)  que  tous 
les  amateurs  connaissent. 

Dans  le  gremiale  cum  octù  regiis  limogiatis  auri  M.  de  Linas  voit 
des  raies  ornées  d'émaux. 

Dans  les  deux  touailles  de  tella  urticarum  cum  sex  limogiaturis 
muUum  bene  operatis,  il  croit  reconnaître  une  étoffe  tissée  sans;^ 
doute  avec  la  filasse  de  la  bramie  (  urticautilis),  et  ornée  de  six. 
émaux. 


PABRIQUBES   A    LIMOGES.  155 

Cependant  cette  interprétation  ne  pouvait  s'appliquer  que  fort 
difficilement  à  Fun  des  textes  communiqués  par  M.  Fabre  :  AUa 
pala  de  Ula  alba,  Umogiata  in  extremitatibus  cum  certo  opère  facto  cum 
acu,  more  Cypri.  11  n'est  guère  possible  de.reconnaître  là  un  véri- 
table émail.  Mou  docte  correspondant  en  a  été  frappé  lui-môme  : 
aussi  pense-t-il  que  Tauteur  de  l'inventaire  pourrait  bien 
n'avoir  voulu  désigner  par  ces  mots  qu'une  simple  imitation 
d'émaux  faite  à  l'aiguille. 

Cette  fois  encore ,  M.  de  Linas  cite  à  l'appui  de  son  opinion  un 
monument  du  plus  grand  intérêt,  qu'il  est  le  premier,  je  crois, 
à  faire  connaître  :  un  magnifique  paîiotto  donné  par  Boniface  YIII 
à  la  cathédrale  d'Anagni.  Ce  parement  d'autel  est  entouré, 
dit-il ,  d'une  bordure  de  médaillons  circulaires  imitant  tout- 
à-fait  les  émaux  champlevés.  Vopus  factum  cum  ocu,  more  Cypri, 
pourrait  bien  être  quelque  chose  du  même  genre. 

Comme  résumé  de  ces  précieuses  indications  M.  de  Linas 
pose  la  question  en  ces  termes  : 

c  Le  mot  limogia,  Umogeria ,  signifie-*t-il  ici  émail  ^  ou  bien 
exprime-t-il  simplement  une  imitation  d'émail  en  broderie?  Je 
n'ose  me  prononcer,  '  quoique  je  sois  disposé  à  pencher  vers  la 
seconde  opinion.  » 

Le  sentiment  de  M.  de  Linas  doit  être  pris  en  trèsrgrande  consi- 
dération. Je  l'ai  rapporté  ici  fort  en  détail ,  non-seulement  en 
raison  de  l'autorité  que  ce  laborieux  archéologue  s'est  acquise 
dans  cette  spécialité,  mais  aussi  pour  bien  étaTblir  ce  que  j'ap- 
pellerai ses  droits  d'auteur  sur  les  faits  très-curieux  et  trèsr- 
nouveaux  qu'il  a  bien  voulu  me  communiquer.  Nos  confrères 
s'associeront,  je  n'en  doute  pas,  à  tous  mes  sentiments  de  gra- 
titude envers  lui. 

Maintenant,  Monsieur,  insîsterez-vous  pour  connaître  mon 
propre  sentiment?  Le  voici,  tel  du  moins  que  je  puis  le  formuler 
dans  les  conditions  oii  je  me  trouve. 

Je  ne  crois  pas  plus  que  M.  de  Linas  que,  dans  les  textes  cités , 
il  puisse  s'agir  d  une  fabrication  d'étoffe  spéciale  à  notre 
Limousin.  Encore  une  fois,  il  me  semble  impossible  d'admettre 
que  Limoges  ait  excellé  dans  une  fabrication  de  ce  genre  au 
point  de  lui  donner  son  nom ,  et  cela  à  une  époque  aussi  récente 
que  le  xv  s?iècle,  sans  qu'il  en  soit  resté  jusqu'à  ce  jour  la 
moindre  trace. 

S'agit-il  d'émail?  Cela  serait  rigoureusement  possible,  comme 
on  vient  de  le  voir,  d'après  l'exemple  qui  nous  est  aujourd'hui 


156  ETOFFES   D'OB   ET   d' ARGENT 

sigrnalé  de  Vantipendium  de  Palerme;  mais ,  par  cela  même  qtie 
cet  objet  constitue  une  si  curieuse  rareté ,  dont  hier  encore  nous 
ne  connaissions  pas  la  pareille,  il  me  semble  difficile,  impossible 
même ,  de  supposer  que,  dans  le  seul  trésor  de  la  Sainte-Chapelle 
de  Cbambéry,  il  8*en  trouvât,  au  xv*  siècle,  huit  ou  neuf  de 
semblable  nature. 

Reste  la  dernière  hypothèse  posée  par  M.  de  Linas,  celle  vers 
laquelle  il  déclare  pencher,  c'est-à-dire  «  une  imitation  d'émail 
en  broderie  ».  Cette  interprétation  est  celle  qui  me  paraît  se 
rapprocher  le  plus  de  la  vérité  probable.  Je  ne  saurais  dire 
qu'elle  me  satisfasse  encore  complètement ,  mais  je  m'en  suis  em- 
paré comme  d'une  précieuse  indication ,  et ,  guidé  par  elle,  je 
suis  arrivé  à  une  interprétation  plus  facilement  applicable ,  ce 
me  semble,  aux  divers  textes  communiqués  par  M.  Fabre. 

Si  Ton  s'en  tient  à  leur  acception  primitive,  les  mots  Umogia 
et  UmogicUus  ont  toujours. voulu  dire  émail  et  émaillé  :  pourquoi 
donc  se  trouvent-ils  d'une  application  à  peu  près  impossible 
dans  les  textes  qui  nous  occupent?  J'en  rappelle  quelques-uns 
en  leur  donnant  ce  sens  :  Umogiatus  auro  et  serico  [émaillé  d'or 
et  de  soie)  ;  JUmogiata  de  serico  nigro  (émaillée  de  soie  noire)  ;  cum 
odoregits  Umogiatis auri  (avec  huit  raies  émaiilées  d'or)  ;  et  enfin, 
et  surtout  :  Ltmogiata  cum  certo  opère  facto  cum  acu  (  émaillée  d'un 
certain  travail  fait  à  l'aiguille),  sont  autant  de  passag'esqui  ne 
présenteraient  évidemment  aucun  sens  si  l'on  voulait  se  ren- 
fermer dans  l'acception  étroite  de  limogiatus  (émaillé).  Il  me 
semble  donc  évident  que  ce  mot  a  reçu  ici ,  par  extension  ,  une 
application  nouvelle. 

M.  de  Linas  est  porté  à  croire  qu'il  s'agit  d'un  travail  de  bro- 
derie en  couleur  fait  à  Taiguille,  comme  l'indiquerait  un  des 
passages  cités,  et  destiné  à  imiter  les  chatons  d'émail.  J'ai  men- 
tionné plus  haut  l'exemple  fort  curieux  cité  par  lui  :  ce  magni- 
fique parement  d'autel  qu'il  a  vu  et  dessiné  dans  la  cathédrale 
d'Anagni. 

Mais  ici  se  rencontre  encore  l'objection  tirée  de  l'extrême 
rareté  des  objets  de  cette  nature.  Il  serait  bien  étonnant  que  la 
Sainte -Chapelle  de  Chambéry  en  eût  possédé  un  si  grand  nombre 
lorsqu'on  en  connaît  à  peine  quelques  exemples  ailleurs. 

Et  puis  cette  interprétation  ne  me  paraît  pas  même  absolu- 
ment applicable,  elle  non  plus,  à  tous  les  passages  de  l'inven- 
taire dont  nous  cherchons  le  sens.  Cum  octo  rcgiis  Umogiatis 
Quri .•  ce  n'est  pas  avec  des  raies  brodées  d'or  qu'on  aurait 


PABBlQUéBS   A    LIMOGES.  t57 

pu  imiter  rémail;  cum  aliquibus  parvis  limogiis  (mri .-  ce  n'est 

pas  non  plus  avec  quelques  petites  broderies  d'or  qu'on   eût 
atteint  ce  but. 

L'explication  proposée  y  si  ingénieuse  qu'elle  soit,  laisse  donc 
à  désirer.  C'est  par  une  autre  voie  que  nous  arriverons ,  j'ose 
Fespérer,  à  la  solution  que  Fon  cherche. 

Reportons-nous  pour  cela  à  remploi  de  l'émail  lui-même  dans 
l'ornementation  des  étoffes  jadis  affectées  au  service  de  l'autel. 
Comment  s'y  trouvait-il  appliqué?  La  réponse  est  facile  :  c'était 
à  l'état  d'orfroi.  Or  ne  pourrait-on  pas  admettre  que,  par  suite 
de  cet  usage  même,  les  orfrois  d'autre  nature  par  lesquels 
on  suppléa  bientôt  à  la  rareté ,  à  la  cherté  des  émaux ,  ont  fini 
par  être  désignés  à  leur  tour  sous  le  même  nom  qu'un  long 
usage  avait  consacré  aux  émaux? 

Tout  bien  considéré,  je  ne  crois  pas  qu'il  y  ait  rien  d'exagéré 
dans  cette  extension  donnée  aux  mots  limogia,  Umogeria,  limo- 
giatura  et  Umogiatus,  et  j'incline  d'autant  plus  à  la  tenir  pour 
fondée  que,  ainsi  entendus,  ces  mots  présentent  un  sens  parfai- 
tement clair  et  logique  dans  tous  les  passages  de  l'inventaire  de 
Chambéry  que  vous  avez  bien  voulu  me  communiquer. 

On  se  trouverait  ainsi  amené  à  les  traduire  de  la  manière 
suivante  : 

4.  —  Una  pala  limogiata  auro  et  cyrico  (un  parement  d'autel  à 
orfrois  d'or  et  d'argent  ) . 

2.  —  Una  pala  ad  coperiendtMn  dtare ,  fada  c^jon  certis  auri  rigiis  et 
cyriâ  rvbei,  sine  Umogeriis  (  une  nappe  d'autel  à  raies  d'or  et  de  ' 
soie  rouge ,  sans  orfrois). 

3.  —  AUa  pala  facta  de  diversis  limogiis  per  totum  longum,  de 
diverns  cohribus  qfricorum  et  diquibtts  parvis  limogiis  auri ,  irrictior 
aliis  (  un  autre  parement  d'autel  se  composant ,  dans  toute  sa 
longueur,  d'orfroisen  soie  de  diverses  couleurs,  avec  quelques 
orfrois  d'or  plus  petits  (1)  ). 

4.  —  Àlia  pala  de  tela  alba ,  limogiata  in  eœtremitatibus ,  cum  cerUh 
opère  fado  cum  acu,  more  Cypri  (un  autre  parement  de  toile 
blanche,  orné  sur  ses  bords  de  certains  orfrois  brodés  à  l'aiguille , 
à  la  façon  de  Chypre). 


(1)  Je  laisse  ici  Virrictior  alUs ,  barbare  locution  d'une  signification. 
douteuse,  et  sans  intérêt  pour  la  question  qui  nous  occupe. 


158  ÉTOPifBS   D*OR   ET   D'aBGENT 

5.  —  ÀUa  pala  UmogicUa  in  exlremitattbus  de  limogia  riigra ,  fungata 
fungits  persis  et  viridibus  (  un  autre  parement  portant  à  ses  bouts 
des  orfrois  noirs,  et  frangé  de  franges  bleues  et  vertes). 

6.  —  AUa UmogicUa  in  extremitatibm  de  cyrico  nigro  (un 

autre orné  aux  deux  bouts  d'orfrois  de  soie  noire). 

7.  —  AUa Umogiata  eadem  tda quasi  ruffia  (  un  autre,  égale- 
ment à  orfrois ,  et  de  la  même  taille ,  presque  rousse). 

8.  —  Unum  grenUale  de  tda,  cum  octo  rigiis  Umogiaiis  auri ,  bene 
operatum  (un  grémial  en  toile,  avec  trois  raies  à  orfrois  d'or  d'un 
beau  travail  ]. 

9.  —  Due  tuelle  de  tella  urticarum,  cum  six  Umogiaturis  muUum 
bene  operatis ,  in  quarum  sunt  imagines  leonum,  kopardi  et  cerut.... 
(deux  touailles  en  toile  d'ortie,  avec  six  orfrois  d'un  beau 
travail,  oii  sont  représentés  des  lions ,  un  léopard  et  un  cerf). 

Je  ne  sais  si  la  Société  admettra  la  valeur  que  j'attribue  ici 
aux  mots  en  question  :  du  moins  reconnaîtra-t-elle,  je  pense, 
que ,  en  les  interprétant  ainsi ,  on  arrive  à  donner  un  sens  vrai- 
semblable à  tous  les  textes  précédents. 

Peu1>-être  fera-t-on  observer  la  diflFérence  des  substantifs 
Umogiœ,  Umogeriœ,  Hmogiaturœ,  employés  tour  à  tour  dans  l'inven- 
taire de  Chambéry,  et  peut-être  sera-t-on  tenté  d'y  voir  une 
nuance  intentionnelle,  d'y  reconnaître,  par  exemple,  l'exis- 
tence simultanée  dans  le  même  trésor  d'étoflFes  à  orfrois  en  émail 
[Umogiœ)  et  d'autres  en  simple  imitations  d'émail  [Umogiaturœ) , 
répondant  aux  deux  variétés  dont  M.  de  Linas  nous  cite  des 
exemples.  Cela  nest  pas  impossible.  Toutefois  il  me  paraît 
moins  hasardé  d'y  voir  tout  simplement  des  variantes  du  même 
mot,  comme  on  en  trouve  tant  dans  les  textes  du  moyen  &ge, 
variantes  employées  indifféremment  pour  exprimer  une  seule  et 
même  chose,  comme  vitrariœ,  vitrintje ,  verreriœ,  dans  le  sens  de 
verrières,  ou  (pour  prendre  un  exemple  encore  plus  immédiat) 
comme  les  mots  opus  lemovicum ,  lemovicense ,  Limogiœ,  également 
usités  pour  désigner  de  l'émail. 

Ce  nom,  donné  aux  émaux  pendant  une  grande  partie  du 
moyen  âge ,  est  connu  et  accepté  de  tous  les  archéologues.  La 
question  aujourd'hui  est  donc  uniquement  de  savoir  si,  par 
extension ,  il  a  pu  être  attribué  également  aux  ornements  de  soie 
ou  d'or  appelés  à  jouer  le  môme  rôle  que  les  émaux  eux-mêmes 
dans  la  décoration  des  parements  d'autel  et  autres  linges  sacrés. 


PABRIQUÉES   A    LIMOGES.  159 

L'étymologie  du  mot  Hmogia  ainsi  employé  n'aurait,  selon  moi, 
rien  de  plus  forcé  que  celle  du  mot  orfroî  lui-môme ,  auquel  il  a 
fallu  évidemment  donner  également  en  français  une  singulière 
élasticité  pour  en  être  venu  à  dire  «  un  orfroi  en  soie  brodée  ». 

Ajoutons  que ,  ainsi  compris ,  le  mot  Umogiatus  caractérise  toute 
une  nature  de  tissus  du  moyen  âge,  ces  ornements  de  toile 
blanche  à  bordure  ou  dessins  en  couleur ,  dont  Tusage  a  été 
depuis  abandonné  par  nos  églises,  et  que ,  à  ma  connaissance ,  on 
ne  trouve  désignés  dans  les  anciens  textes  par  aucun  autre  mot. 

Voilà ,  Monsieur  et  cher  confrère ,  par  quelle  somme  de  motifs 
je  me  suis  trouvé  conduit  à  penser  que,  dans  les  divers  passages 
de  l'inventaire  de  Chambéry,  il  fallait  tout  simplement  traduire 
Umogia  par  orfroi.  Ce  n'est  cependant  pas  sans  quelque  méfiance 
que  je  vous  soumets  cette  interprétation.  Elle  peut  rencontrer 
bien  des  objections.  Comme  je  vous  l'ai  dit  en  commençant, 
je  n'ai  sous  la  main  aucun  des  livres,  aucune  des  notes,  aucune 
des  sources  d'informations  oti  j'aurais  voulu  chercher  des 
preuves  à  l'appui  de  mon  opinion.  Peut-être  serai-je  conduit 
moi-même  plus  tard  à  y  renoncer,  soit  par  les  objections  qu'on 
y  fera ,  soit  par  le  résultat  de  mes  propres  recherches. 

En  m'excusant  de  l'insuffisance  du  petit  travail  que  je  vous 
adresse,  je  prie  la  Société  Archéologique  de  vouloir  bien  ne  le 
considérer  que  comme  un  témoignage  de  l'empressement  que  je 
mettrai  toujours  à  remplir,  autant  qu'il  dépendra  de  moi ,  ses 
intentions.  Je  m'estimerais  heureux  si  néanmoins  elle  pouvait 
trouver  quelque  chose  de  bon  à  glaner  dans  cette  lettre,  et 
surtout  si  l'honorable  président  du  tribunal  de  Chambéry  pouvait 
en  tirer  quelque  parti  pour  élucider  les  textes  fort  intéressants 
dont  il  a  entrepris  la  publication. 

F.  DE  LASTEYRIE. 


Paris ,  le  26  novembre  1863. 


Monsieur  le  secrétaire  général  , 

Je  viens  de  recevoir  de  M.  de  Linas  une  lettre  qui  contient 
un  nouveau  renseignement  relatif  au  sujet  sur  lequel  je  l'avais 
consulté.  Je  copie  ce  passage  : 


160       ÉTOFFES  d'or  ET   D'aRGBNT  FABRIQUéBS  A  LIMOGES. 

a  Pendant  un  récent  voyage  que  j'ai  fait  en  Prusse,  m'écrit 
M.  de  Linas,  j'ai  eu  roccasion  de  causer  avec  mon  ami  le  cha- 
noine Bock  du  sujet  dont  vous  m'aviez  entretenu.  Ce  savant , 
dont  le  nom  fait  autorité  dans  toute  l'Allemagne  en  matière  de 
mobilier  liturgique,  m'a  assuré  avoir  vu  dans  le  trésor  de  la 
cathédrale  d'Halberstadt  des  tobaleœ  (  touaillesou  nappes  d'autel) 
en  linge,  brodées  et  enrichies  d* émaux  champlevés.  Il  n'y  a  donc 
plus  de  doute  sur  la  valeur  des  termes  limogia,  limogiatura ,  etc., 
etc.,  de  rinventaire  de  Chambéry  ». 

Ce  renseignement  m*a  paru  curieux.  Je  vous  le  transmets 
immédiatement  afin  que  vous  puissiez ,  si  vous  le  jugez  con- 
venable, le  communiquer  à  la  Société  Archéologique.  Quant  à 
moi,  je  le  trouve  pourtant  moins  décisif  que  M.  de  Linas  ne 
paraît  le  croire,  et  il  ne  suffit  pas,  ce  me  semble,  pour  infirmer 
mon  système.  Les  touailles  ornées  d'émaux  sont  chose  si  rare 
que  les  hommes  les  plus  spéciaux  en  cette  matière  ne  sont  par- 
venus encore  à  en  découvrir  que  trois  ou  quatre  exemples  dans 
toute  l'Europe.  Comment  donc  admettre ,  à  moins  de  preuves , 
que  le  trésor  très-secondaire  de  Chambéry  en  réunît  à  lui  seul 
une  dizaine? 

N'est-il  pas  bien  plus  probable  qu'il  s'agit  de  quelque  imitation 
à  laquelle  se  sera  abusivement  étendu  le  nom  de  limogiatura, 
ainsi  que  j'en  exprimais  la  pensée  dans  ma  réponse  du  mois 
d'août? 

Quoi  qu'il  en  soit,  j'ai  voulu  ne  laisser  ignorer  à  nos  confrères 
f^ucun  des  faits  qui  pouvaient  les  aider  à  se  former  une  opinion. 

Recevez ,  etc. 

F.  DK  LASTEYBIE. 


LES  PONGET,  ÉMAILLEUttô. 


Les  archives  de  Limoges ,  si  riches  en  documents  concernant 
les  aurifabri  et  les  argentarii  de  cette  ville ,  sont  pauvres  en  ce 
qui  concerne  la  famille  Poncet. 

Les  seuls  titres  anciens  que  je  connaisse  font  mention ,  l'un , 
de  Ricardiu$  Poncetiu ,  co/ncarius,  rwB  Veteris  Monetœ,  anno  4375  :  il 
travaillait  sur  le  cuivre;  son  état  s'appelait  en  vieux  français 
condner  et  basHnier;  Tautre,  de  Petrw  Poncet,  canddarius,  rue  du 
Chidiier  (Clocher),  Tan  4  483.  Ce  qui  semble  prouver  que  l'in- 
dustrie de  la  fabrication  des  cierges  et  chandelles  se  continua 
dans  cette  famille ,  c'est  ce  que  nous  lisons  dans  le  registre  de  la 
confrérie  du  Saint-Sacrement  de  Saint-Pierre-du-Queyroix ,  & 
Tannée  4648,  sur  les  fournitures  de  François  Poncet,  ciergier. 
Un  Léonard  Poncet ,  aussi  cirier,  exerçait  son  industrie  hors  la 
porte  Montmallier,  entre  le  cimetière  des  Arènes  et  le  chemin  de 
Mont-Jovis. 

Philippe  Poncet,  descendant  de  Pierre  (Petrus)^  que  je  crois 
avoif  été  le  père  d'Hélie,  avait  son  domicile  dans  la  rue  du 
Clocher;  il  se  nommait,  étant  jeune,  Philippon  (4553).  Il  était 
mort  vers  4597,  année  oii  sa  veuve,  Paule  Peyrat,  se  remaria 
avec  rimprimeur  Martial  Barbou. 

H.  PONCET. 

Lorsque  je  fis  la  découverte  d'émaux  signés  H.  Poncet, 
artiste  jusqu'alors  inconnu,  je  lui  donnai  le  nom  d^Hmry,  ce 
qui  fut  répété  dans  d'autres  écrits.  Ayant  constaté  par  la  suite* 
que  Philippe  Poncet  avait  donné  successivement  ce  prénom 
dHélie  à  deux  de  ses  fils  ;  et,  suivant  l'avis  amical  de  M.  Au- 
guste Du  Boys ,  qui  fouilla  les  registres  de  l'état  civil  de  Limoges 


162  LES  PONCBT,    ÉMAILLEURS. 

et  y  remarqua  la  rareté  du  nom  d*Henry  &  cette  époque,  j'ai 
cru  devoir  donner  à  cet  émailleur  le  nom  d*Hélîe  Poncet, 
perpétué  par  les  enfants  de  Philippe  Poncet ,  qui ,  à  mon  avis ,  ont 
été  ses  petits-fils.  Sans  ces  considérations  on  pourrait  aussi  dire 
Hierosme,  prénom  porté  par  des  orfèvres  et  argentiers  de  ce 
temps. 

M.  J.  Labarte,  au  n""  784  dn  catalogue  de  la  collection 
Debruges,  décrit  douze  plaques  de  cuivre  de  48  centimètres  de 
haut  sur  4  4  de  large.  H.  Poncet  y  a  peint ,  en  grisaille  rehaussée 
d*or  sur  fond  noir,  les  douze  Césars  à  cheval;  ses  initiales  sont 
placées  au  bas  des  figures  de  Jules-César  et  d'Auguste. 

A  la  page  492  de  son  bel  ouvrage,  M.  J.  Labarte,  en  com- 
parant ses  émaux  avec  ceux  de  Jehan  II  Limosin,  suppose  que, 
suivant  toute  apparence ,  H.  Poncet  était  son  contemporain.  Les 
girouettes  d'émail  de  Solignac  peintes  par  Jean  II  Limosin, 
émailleur  de  roi,  et  datées  de  4649 ,  décrites  dans  notre  biogra- 
phie des  Limosins,  viennent  confirmer  cette  hypothèse.  M.  J.  La- 
barte reconnaît  que  H.  Poncet  a  laissé  quelques  bons  ouvrages. 

J'ai  vu  chez  des  amateurs  d'Angoulême  dix  médaillons  des 
Césars  couronnés  de  laurier  d'un  vert  éclatant  :  il  manquait 
pour  compléter  la  douzaine  Jules-César  et  Domitien.  Le  revers 
ou  contre-émail  est  couleur  lie  de  vin  clair. 

J'ai  retrouvé  cette  couleur  verte  et  ces  couronnes  de  laurier 
dans  les  ornements  d'actes  sur  parchemin  ,  professions  de  foi , 
prises  de  possession  de  bénéfices  ecclésiastiques,  qu'il  a  pu  être 
chargé  de  décorer. 

M.  le  comte  Léon  de  Laborde  est  plus  sévère  envers 
H.  Poncet  :  il  trouve  sa  manière  dure,  Taspect  de  ses  émaux 
sombre  et  triste,  et  conclut  à  une  absence  complète  de  golit  et 
au  manque  de  talent,  justifiés  par  les  demi-teintes  monotones  et 
la  lourdeur  de  ses  contours  ;  il  parle  en  ces  termes  de  ses  douze 
Césars  &  cheval  :  «  Il  n'y  a  rien  à  dire  de  la  tournure  de  ces 

empereurs,  qui  est  grotesque,  et  du  dessin,  qui  est  ridicule ; 

ils  sont  assez  bien  traités  sous  le  rapport  de  l'émail  ».  J'ai  été 
moi-même,  à  la  première  vue  des  œuvres  de  cet  émailleur, 
frappé  de  leur  éclat  et  de  leur  grande  translucidité.  On  lit  sous 
les  pieds  des  chevaux  HP.  F.,  les  deux  premières  lettres  liées; 
la  troisième  est  l'abrégé  du  mot  fedt. 

Le  premier  quaït  du  xvir  siècle  fut  témoin  d^un  grand  évé- 
nement ,  qui  donna  de  l'occupation  à  nos  émailleurs  :  nous 
voulons  parler  de  la  canonisation  des  saints  Ignace  de  Loyola  et 


LES   PONCET,    ÉMAILLBURS.  163 

François-Xavier,  fondateurs  de  la  compagnie  de  Jésus.  Léonard  II 
et  Jehan  II  Limosin  exécutèrent,  en  Tbonneur  de  cette  solennité, 
des  émaux  dont  nous  avons  fait  mention.  Les  jésuites,  qui 
avaient  pris,  en  4599,  la  direction  du  collège  de  Limoges,  et 
avaient,  vingt  ans  après ,  douze  cents  élèves  et  vingt-cinq  mille 
livres  de  rente ,  firent  de  nombreuses  commandes  à  nos  émail- 
leurs.  H.  Poncet  eut  aussi  part  à  ces  travaux.  Il  peignit  en 
couleur  un  émail  carré  long  de  9  centimètres  4/3  de  large  sur 
43  4/2  de  hauteur,  que  M.  Didier  Petit  de  Lyon  décrit  au  n*"  87 
(le  son  catalogue  ;  on  y  voit  saint  Ignace ,  revêtu  d^une  chasuble, 
tenant  en  main  un  livre  ouvert  dans  lequel  on  lit  :  Ad  majorem 
Dei  ghriam;  au  bas  est  écrit  :  S.  IgnaUus  de  Loyola;  sur  le  revers , 
H.  PonceL  J'ai  eu  Toccasion  d'en  voir  une  copie  réduite  { 84  mil- 
limètres de  haut,  54  de  large).  Cet  émail  a  changé  quatre  fois 
de  maître  en  un  jour,  à  Limoges,  par  suite  de  spéculations. 
Le  brocanteur  ne  m'a  laissé  que  le  temps  d'y  jeter  un  coup  d'œil 
rapide.  La  tête  du  saint  est  entourée  de  rayons  dorés;  elle  est 
chauve  sur  le  devant;  le  reste  de  la  chevelure  et  la  barbe  sont 
noirs.  Saint  Ignace  est  revêtu  d'une  chasuble  de  couleur  olive, 
avec  des  galons  vert  et  or;  les  manches  blanches  de  son  aube 
paraissent  au-dessous  de  la  chasuble;  de  ses  deux  mains  il 
soutient  un  livre  ouvert.  Mêmes  inscriptions  qu'au  précédent 
émail  de  M.  D.  Petit;  signature  H.  Poncet  sur  un  revers 
incolore. 

La  couleur  olive  de  la  chasuble  est  contraire  aux  usages  de  la 
liturgie,  toujours  respectée  par  nos  émailleurs,  et  qui  ne 
reconnaît  que  le  blanc ,  le  noir,  le  rouge ,  le  vert  et  le  violet  pour 
les  vêtements  sacerdotaux.  Cela ,  joint  à  l'ensemble  de  l'émail , 
dont  le  dessin  ne  ressemble  en  rien  aux  autres  œuvres  de 
H.  Poncet ,  m'a  laissé  du  doute  sur  l'ancienneté  de  sa  fabrication. 
Le  brocanteur  m'a  dit,  en  me  quittant,  qu'il  connaissait 
d'autres  émaux  du  même  auteur,  entre  autres  une  sainte  Thé- 
rèse et  une  sainte  Madeleine  vêtue  de  bleu. 

La  collection  A.  Le  Carpentier  conserve  un  émail  en  couleur. 
Ce  même  saint  Ignace  y  est  vu  de  trois  quarts  jusqu'à  mi- 
jambes;  il  est  signé  sur  le  revers,  incolore,  H,  Poncet;  435  mill. 
de  hauteur,  97  mill.  de  largeur. 

Cette  même  collection  possède  un  saint  Pierre  en  grisaille , 
peint  à  genoux ,  écoutant  le  chant  du  coq  ;  il  est  tourné  vers  la 
gauche;  au  bas,  à  droite,  les  initiales;  revers  incolore; 
437  mill.  de  hauteur;  405  de  largeur. 


164  LES    PONCET^    ÉMAILLEURS. 

On  voyait  parmi  les  objets  d'art  de  M.  d'Arjuzon  une  coupe 
peinte  en  grisaille;  dans  Tintérieur,  des  nymphes  au  bain;  à 
l'extérieur,  des  fleurs  sur  paillon  et  des  rinceaux  d'or,  le  tout 
se  détachant  sur  un  fond  noir  ;  dans  la  concavité  de  la  coupe , 
H.  P.  F. 

Un  portrait  en  buste  de  saint  Ignace  de  Loyola  porte  sa  si- 
gnature ainsi  tracée  :  HPoncet  (initiales  liées). 

Deux  médaillons  en  couleur,  le  Christ  et  sa  sainte  Mère , 
portent  la  date  de  4605  et  un  monogramme  formé  des  lettres 
H  et  P  liées  ensemble  sur  un  revers  rouge  pâle ,  très-ressem- 
blant  à  la  couleur  du  cuivre  neuf. 

Cette  même  signature  m'a  fait  attribuer  à  cet  émailleur  un 
coflEret  décoré  d'émaux,  représentant  la  chute  de  Phaéton:  c'est 
sans  contredit  son  meilleur  ouvrage,  puisqu'on  l'avait  cru  peint 
par  Pape  l'émailleur. 

On  voit  quelquefois  la  lettre  H  surmontée  d'une  fleur  de  lis , 
ce  qui  fait  supposer  que  Poncet  avait  pu  mériter  le  titre  de 
peintre  émailleur  du  roi ,  comme  Jehan  II  Limosin ,  son  contem- 
porain. 

Sur  quatre  petits  éxnaul  octogones  de  cet  artiste,  que  j'ai  vus 
au  commencement  de  mes  études ,  deux  ne  sont  pas  restés  à 
Limoges  :  l'un  était  un  saint  Pierre  encadré  de  guirlandes  de 
fleurs;  l'autre,  un  saint  Ignace;  tous  les  deux  peints  en  grisaille. 
Je  déposai  les  deux  autres  au  musée  de  Limoges.  Ils  sont  en 
couleur.  Le  plus  remarquable  est  un  Ecoe  Bomo,  L'exécution  de 
ce  sujet  justifie  l'originalité  de  mauvais  goût  que  reproche  à 
Hélie  Poncet  M.  le  comte  Léon  de  Laborde.  Le  visage  et  le 
corps  du  divin  Sauveur  sont  couverts  de  sang  et  de  plaies  ; 
Pontius  Pilatus,  fonctionnaire  romain  à  Jérusalem,  est  coiffé,  à 
la  mode  orientale,  d'un  turban  jaune  à  calotte  pointue;  lourd 
bourrelet,  très-avancé  sur  le  front  ;  il  a  la  barbe  noire  et  pointue 
des  Jui&;  son  vêtement,  bleu ,  à  collet  rabattu ,  ressemble  plutôt 
au  balandras  de  nos  grands-pères  qu'à  la  toge  des  maîtres  du 
monde;  il  montre  du  doigt  le  Christ,  couronné  d'épines,  debout 
près  d'une  colonne,  tenant  un  roseau  vert,  et  les  reins  couverts 
du  manteau  pourpre.  Pilate  tient  de  la  gauche  un  long  bâton 
à  branches  tailladées.  Au  bas  du  médaillon,  en  majuscules 
dorées  :  ECCE  HOMO. 

Le  second  médaillon  représente  saint  Léonard  en  dalmatique 
bleu  de  ciel,  semée  de  fleurs  de  lis  d'or,  et  en  aube,  vêtements 
des  diacres.  Il  tient  en  main  des  menottes  de  fer;  sa  tête  est 


LRS    POXCET,    ÉMAILLEURS.  165 

entourée  d*une  auréole  d*or.  On  voit  à  droite  une  prison  dont  la 
porte  et  la  fenêtre  sont  grillées,  et  les  lignes  architectoniques 
dorées ,  une  prison  d'or!  Un  captif  en  chemise,  les  mains  jointes, 
à  genoux  devant  le  Saint ,  semble  implorer  de  lui  sa  liberté ,  ou 
plutôt  le  remercier  de  l'avoir  obtenue.  A  gauche,  ciel  bleu 
lointain,  arbres,  maisons,  verdure;  au  milieu  du  paysage, 
rémailleur  a  sans  doute  voulu  indiquer  le  lever  de  Taurore  avec 
du  jaune  et  du  blanc. 

Je  ne  ferai  pas  la  guerre  à  H.  Poncet  sur  les  fleurs  de  lis  de 
la  dalmatique  :  il  a  partagé  une  tradition  erronée  qui  faisait 
Léonard  parent  du  roi  de  France  :  or  les  rois  mérovingiens  ne  se 
paraient  pas  de  fleurs  de  lis  :  les  abeilles  d'or  trouvées  dans  le 
tombeau  de  Childeric  étaient,  de  l'avis  des  savants,  l'ornement 
de  son  manteau  royal.  Au  bas  du  médaillon,  S.  Léonard;  au 
revers ,  H.  Poncet. 

En  résumé ,  cet  émaflleur  signe  0es  œuvres  en  toutes  lettres, 
ou  lie  ses  deux  initiales  en  monogramme  suivi  d'un  F,  ma- 
juscule ou  minuscule,  qui  signifie  fecii,  11  n'y  a  pas  moyen  de 
confondre  ce  monogramme  avec  le  I.  P.  de  Jehan  Penicaud.  Un 
de  ses  émaux,  daté  de  4605,  et  les  sujets  qu'il  a  traités  de  pré- 
férence, fixent  aux  vîngt-cinq  premières  années  du  xVii*  siècle 
l'époque  où  il  exerçait  son  industrie. 

PHILIPPE  PONCET. 

Les  dates  des  actes  s'accordent  assez  pour  qu'on  puisse  re- 
garder comme  probable  que  Philippe  Poncet  dit  Philippon,  qui 
vivait  en  4353 ,  et  laissa  veuve  sa  femme  Paule  Peyrat  en 
mourant,  vers  4596,  fut  le  père  d^Hélie,  et  que  celui-ci  eut 
pour  fils  autre  Philippe  P&ncetp  émoiUevr  ;  nos  archives  conservent 
un  plan  fait  par  lui  daté  de  4653;  il  perdit,  en  4668  et  4669, 
deux  enfants  qu'il  avait  fait  baptiser  sous  le  prénom  d'Hélie;  il 
devait  une  renie  aux  jésuites  stir  sa  maison,  rue  du  Clocher,  et 
sa  vigne  du  clos  d'Aureil  près  les  Carmes;  il  payait,  en  4625, 
quatre  livres  de  taille,  et  son  frère  Simon,  trente  sous. 

Le  prénom  de  Philippe  était  encore  porté,  en  4738,  par 
l'avocat  Poncet,  domicilié  aw  môme  clos  d'Aureil. 

Je  ne  connais  aucun  émail  de  Philippe  Poncet.  M.  Alexandre 
Lenoir  cite  un  peintre  de  ce  nom  dont  il  ignore  la  patrie.  Comme 
Pierre  Penicaud,   l'émailleur  et  peintre   verrier,    signait   des 

M 


166  AUBIFABRI    BT   ARGENTARll    LIMOUSINS. 

mômes  initiales,  un  examen  approfondi  par  un  connaisseur 
exercé  pourra  peut-être  lui  faire  attribuer  celles  des  œuvres  de 
ce  Pénicaud  qui  ont  entre  elles  des  différences. 

De  nos  jours,  un  descendant  des  Poucet  a  épousé  une  Courteys, 
alliant  ainsi  deux  familles  d'émailleurs.  11  existe  encore  à 
Limo«res  d^autres  branches  :  les  Poucet  des  Nouailles ,  les  Poncet 
des  Rieux ,  et  un  ancien  fabricant  de  porcelaine  de  ce  nom.  Le 
savant  bénédictin  dom  Poncet  est  celui  qui  a  jeté  le  plus  d^éclat 
sur  c(*tte  famille. 


LISTE 

ÏÏAurifabri  et  ArgerUarii  limousins,  dont  quelques-uns  ont 
exercé  l'émaillerie  jusqu'à  la  fin  du  xv*  siècle. 

Des  découvertes  récentes  m'ont  permis  de  modifier  la  première 
liste  que  je  publiai  il  y  a  quelques  années  :  après  celle-ci ,  je 
donnerai  la  liste  des  orfèvres  et  argentiers  des  xvi%  xvii«  et 
xviir  siècles,  et  celle  des  émailleurs,  augmentée  de  noms 
inédits  recueillis  dans  des  titres  authentiques  de  nos  archives. 

vir  siècle.  —  Abbon,  maître  de  saint  Éloi  ;  Elîgius (saint  Éloi). 

vu*  et  VIII*  siècles.  •—  Tillo,  Theau,  son  élève;  Baudricus  ou 
Baudericus,  idem, 

XIII*  siècle.  —  G.  Alpaïs  (\)  ;  Bernard  I«'  Vitalis,  père  de  Jean. 

4335-  —  Aymericus  Petrus. 

4346.  —  Christiani  Aymericus. 

4347.  —  Johannes  I*'  Vitalis;  Petrus  Vitalis. 
4348  et  4352.  —  Johannes  Gregory. 

4356.  —  Bartholus  (Bartholomeus)  Vitalis,  jusqu'à  4378-4380. 

4362.  —  Leonardus  Vitalis. 

4368.  —  Johannes  et  Petrus  Vitalis. 

43S5.  _  Bernard  Buat. 

4389.  —  Bernard  II  Vitalis;  Jehan  Texier. 

4396.  —  Petrus  Merceriî,  messire  Peyr. 


(1)  Propriétaire,  avant  1931,  de  la  terre  de  las  Lessat ,  près  le  pré 
Vicomtal. 


AIJRIFABRI   ET   ARGENTARIl    LIMOUSINS.  167 

4IH,  —  Johannes  Mercerii. 

U27.  —  Sire  Jehan  Boyol  ou  Boyoul, 

1430  —  Jehan  II  Vitalis. 

4453.  —  Jehan  Mathcou ,  Mathieu, 

4453.  —  Jehan  Ardentis. 

4464.  —  Jehan  II  Mercerii. 

4468.  —  Stephanus  Joubert;  Chabessier  dit  Marotaud, 
Jacques. 

4470.  —  Sire  Martial  Vitalis. 

4  474 .  —  Johannes  III  Vitalis. 

4472.  —  Jean  et  Pierre  de  Bosto  père  et  fils, 

4  473.  —  Martial  Tabalho. 

U74.  —  Martial  Guitbert;  Pierre  Brunet. 

4477,  —  Jean  II  Grégory. 

4480.  —  Pierre  Veyrler. 

4484.— Pierre  Montgeorge  (de);  Johannes  Peyrocha,  fils 
d'àimericus  ;  Aymeric  et  Pierre  Guimbertus ,  orfèvres  de  Tabbaye 
de  Saint-Martial. 

U82.  —  Martial  Meyze. 
'  4483.  —  Gav.  Ardent;  Dyonisius  de  Crozilla,  fils  de  Jean 
Albertus  Arditi. 

4485.  —  Johanna  Argentiua  (?) 

4486.  —  Nicolas  Jabessier. 

4487.  —  Stephanus  Rodulphi  ;  Guillelmus  de  Molendinis; 
Jehan  Bonnelli  ;  Michaël  Rossati. 

4489.  —  Jehan  Chouzy. 

4490.  —  Martial  Peyroche,  fils  de  Jehan. 

4495.  —  Léonard  dit  Nardou  Pénicaud. 

4496.  —  Mérigot  Guimbert  et  Pierre,  JeanGranier,  argentiers. 

4497.  —  Guillaume  Granier,  son  fils. 

4500.  —  Leonardus  de  Bosco;  Petrus  Hardy ;  Guillaume 

Varacheau  et  Jean,  son  fils;  Guillermus  Solompnhat;  Martial 
Chatard,  sans  date;  La  Vincenda,  argenteria  (?) 

Léonard  Vitalis,  campsor  (changeur),  4367. 

Maurice  ARDANT, 

Archiviste  de  \é  Haate-Vlenne  ,  officier  d'acadëmle. 


Limoges,  le 22  avril  1863. 


MONNAIES  D'ARGENT 


DE  CARLOMAN  II  ET  DES  ROIS  D'AQUITAINE. 


L'acquisition  que  je  viens  de  faire  d'un  denier  &  fleur  de  coin 
de  ce  monarque ,  denier  frappé  à  Limoges ,  m'a  fourni  Toccasion 
de  quelques  études  sur  les  rois  carlovingiens  dont  les  monnaies 
portent  le  nom  de  Limoges,  si  diversement  écrit.  J'ai  pensé  que 
cette  dissertation,  qui  intéresse  notre  histoire  provinciale,  serait 
accueillie  par  vous  avec  quelque  indulgence. 

J'ai  consigné  dans  une  Monographie  numismatique,  ou  His- 
toire monétaire  du  Limousin  et  delà  Marche,  des  extraits  de 
nos  chroniques  manuscrites,  fortifiées  par  plusieurs  écrivains, 
que  Limoges  avait  été  regardée  comme  la  capitale  de  l'Aqui- 
taine; qu'un  certain  nombre  des  souverains  de  ce  royaume  y 
avaient  été  sacrés,  et  que  plus  tard  leurs  successeurs,  les  ducs 
d'Aquitaine  ou  de  Guienne ,  y  avaicDt  reçu  la  couronne  ducale; 
j'ai  publié  même  in  extenso  le  cérémonial  de  hi  solennité  de  ce 
sacre,  avec  les  prières  du  clergé.  Je  ne  puis  affirmer  que,  pour 
tous  les  rois  aquitains,  les  monnaies  frappées  à  Limoges  Taient 
été  pour  être  jetées  au  peuple  comme  largesses  lors  du  cou- 
ronnement :  Textrôme  rareté  des  pièces  qui  sont  venues  jusqu'à 
nous  contredirait  <;ette  assertion.  On  ne  peut  conjecturer  avec 
quelque  probabilité  de  pareilles  distributions  qu'au  sacre 
d'Eudes,  dont  on  a  découvert  et  on  découvre  chaque  jour  tant  de 
deniers  d'argent  portant  ces  mots  :  Lemovicas  civis.  Je  me  bor- 
nerai donc  à  donner,  par  ordre  chronologique ,  les  légendes  des 
monnaies  carlovingiennes  oii  figure  le  nom  de  Limoges  avec 
toutes  ses  variétés. 

Les  monétaires  ou  monnayeurs  mérovingiens  n'avaient  em- 
preint sur  leurs  triens  ou  tiers  de  sou  d'or  que  les  trois  forme» 


MONNAIES   D'aEU;ENT   De   GARLOMAN  II,    ETC.  169 

suivantes  du  nom  de  Limoges  :  Limovicas,  lÂmaoecas  et  Lermvecas, 
et  les  abréviations  Lemo  et  Lem.  Il  est  à  croire  que  la  première 
dénomination  était  la  meilleure,  puisqu'elle  a  été  gravée  par 
Abbon ,  maître  de  la  monnaie,  et  cehii  qui  enseigna  Tart  moné- 
taire &  Ëligius  (saint  Éloî)).  On  lit  aussi  Umodecas  sur  une 
monnaie  d'Ansoinalls,  qui  paraît  toucher,  d'après  sa  fabrication, 
à  répoque  carlovingienne.  Le  mot  de  Ummasius  du  trions  décrit 
par  Petau,  et  que  Lelewel  attribue  à  Poitiers  (LemoHum)  ^  me 
semblerait  convenir  davantage  au  Limousin. 

Charlemagne,  après  la  défaite  par  son  père  du  duc  d^ Aqui- 
taine Waiffre ,  dernier  descendant  des  rois  mérovingiens,  frappa 
à  Limoges  une  monnaie  d'argent  avec  son  monogramme.  On  y 
voit  l'abréviation  LEM ,  avec  une  hallebarde  ou  francisque. 

On  connaît  une  monnaie  d'argent  au  monogramme  de  Carlo- 
man,  composé  des  lettres  KARLMS;  autour  d'une  croix,  la 
légende  f  H  LEMOVIX  CIVIS.  L'I  dans  le  mot  Lemotnx  est  placé 
entre  les  jambages  du  V.  —  La  lettre  H ,  qui  précède  le  même 
mot,  est-elle  là  pour  marquer  l'aspiration,  comme  devant 
celui  de  Ludovicus,  qu'on  prononçait  Cklodovicus,  ou  bien  marque- 
t-elle  une  suprématie  de  la  ville  de  Limoges  comme  le  C  plar.é 
devant  les  mots  hildericus,  lodoicus,  ariberius,  hilpericus,  lotarim, 
abréviations  d'un  terme  franc  équivalent  à  celui  de  roi  ou  de 
chef?  Je  ne  puis  l'afElrmer.  Carloman ,  frère  de  Charlemagne , 
fut  roi  d'une  partie  de  l'Aquitaine,  et  la  monnaie  que  nous 
décrivons  peut  lui  être  attribuée,  vu  surtout  l'emploi  du  K.  et 
la  forme  de  ses  légendes,  plus  ancienne  et  très-différente  de 
celles  de  Carloman  11;  mais  tous  les  numismates  ne  sont  pas 
d'accord  sur  cette  attribution.  Carloman  I"  n'ayant  régné  que 
trois  ans,  ses  monnaies  sont  d'une  grande  rareté. 

Louis  le  Pieux  ou  le  Débonnaire  fut  fait  roi  d'Aquitaine  à  su 
naissance  par  Charlemagne,  son  père,  l'an  778;  il  fut  sacré  h 
Limoges,  l'an  781 ,  par  le  pape  Adrien  I"  ;  il  y  séjourna 
souvent ,  et  tint  les  états  d'Aquitaine  à  son  palais  de  Jocondiac  (  I  ) 
et  dans  celui  de  Ladric ,  suivant  VArt  de  vérifier  les  dates,  JS'os 
chroniques  font  mention  de  sa  dévotion  à  saint  Martial ,  à  qui  il 
éleva  une  église.  J'ai  trouvé  dans  les  ruines  de  cette  basilique 
des  monnaies  de  ce  monarque,  celles  au  revers  du  Temple,  et 
celles  au  revers  portant  les  instruments  pour  frapper  la  monnaie. 

(1)  La  mumetapalatina  fut  peut-être  frappée  dans  Tun  de  ces  palais  :  cô 
nom  de  Palais  est  resté  à  la  commune  dans  laquelle  il  était  situé.. 


170  MONNAIES    D'aRCwENT 

Louis,  devenu  roi  de  France,  fit  roi  d'Aquitaine  son  fils 
Tepin  I".  Nous  avons  des  deniers  d'argent  de  ce  prince  sur 
lesquels  on  lit  le  nom  de  ce  royaume  en  latin  et  en  patois  : 
AQVITANIA  et  AQVITAINA  f  H  PIPINVS  REX  avec  la  lettre 
aspirative  H  et  les  noms  de  Limoges  LIMODICAS  et  LIMOVIX. 
Ces  monnaies  ont  été  trouvées  à  Limoges  en  divers  lieux  de  cette 
ville;  on  lit  aussi  sur  certaines  pièces  :  Aquitaniorum  et  Equi- 
taniorum  rex.  Pepîn  I*'  mourut  avant  son  père  ;  il  avait  marié 
une  de  ses  filles  à  Ratier,  comte  de  Limoges. 

Pépin  II ,  fils  de  Pépin  I",  fut  proclamé  roi ,  Tan  839,  par 
quelques  seigneurs  d'Aquitaine ,  qui  préféraient  lui  donner  la 
couronne  plutôt  qu'à  Charles  le  Chauve,  fils  de  Judith.  M.  de 
Longpérier  a  décrit  une  rare  monnaie  de  ce  jeune  prince, 
portant  son  monogramme,  et  la  légende  f  PIPINVS  REX 
EQuitoniort^m.  Il  mourut  en  865. 

Louis  le  Débonnaire ,  dominé  par  Judith ,  sa  seconde  femme , 
vint  d'Auvergne  à  Limoges  faire  prêter  serment  à  tous  les 
seigneurs  d'Aquitaine,  ainsi  que  foi  et  hommage  à  son  fils 
Charles,  surnommé  plus  tard  le  Chauve,  au  préjudice  de 
Pépin  II ,  fils  de  Pépin  I",  fils  de  sa  première  femme  Hermen- 
garde.  Charles,  couronné  roi  d'Aquitaine  à  Limoges  ,  y  fit  forger 
des  deniers  à  son  nom ,  dit  Leblanc;  on  y  lit,  autour  du  mono- 
gramme de  Karolus  :  GRATIA  DI  REX;  au  revers,  f  LIMOVICAS. 
MM.  F.  Fougères  et  Combrouze  en  ont  publié  un  qui  porte 
t  LIMODICAS.  Charles  convoqua  les  états  de  ce  royaume  d'A- 
quitaine, en  848,  à  Limoges.  Charles  le  Chauve  fit  sacrer  roi 
d'Aquitaine,  l'an  855,  Charles,  son  fils  puîné  du  premier  lit  de  sa 
femme  Hermentru de.  Il  régna  huit  ans.  On  lit  AQ VIT ANIX  dans 
leohamp  d'un  de  ses  deniers ,  et  AQVI-TANIA ,  AQVI-TANA  sur 
deux  oboles. 

Louis  le  Bègue ,  l'aîné ,  frappa  aussi  des  monnaies  comme  roi 
d'Aquitaine;  il  fut  couronné  l'an  867,  ayant  survécu  à  son  frère 
Charles  IL  J'ai  recueilli  au  Doyenné,  près  du  palais  épiscopal  de 
notre  ville,  une  obole  sur  laquelle  on  lit  f  LVDOWIC  d'un  côté, 
et  de  l'autre  AQVITANIA. 

Carloman  II  partagea  avec  Louis  III ,  son  frère ,  les  états  de 
Louis  le  Bègue,  leur  père.  Il  fut  d'abord,  en  880,  roi  d'Aqui- 
taine, et  l'atelier  monétaire  de  Limoges  mit  en  circulation  des 
monnaies  à  son  nom,  dont  on  connaît  deux  variétés  :  autour 
d'un  monogramme  réunissant  les  lettres CAROMS:  Carlomanrex; 
au  revers,  f  LIMOVIX.  CI VI.,  et  le  beau  denier,  à  la  légende 


I. 

h 


DE  CARLOMAN    II   ET   DES   ROIS   d'AQUITAINE.  171 

bizarre,  devenu  ma  propriété.  Autour  d'une  croix  inscrite  dans 
un  cordon  de  perles  on  lit  :  f  GARNOMÂN.  REX ,  légende  com- 
mençant par  un  C ,  et  dont  TO  est  très-petit.  —  Revers  :  autour 
du  monogramme  de  Carloman  :  f  LEMOVX  CIV8;  un  très-petit 
I  entre  les  jambages  du  Y;  TO  de  cette  légende  est  aussi  très- 
petit. 

Un  troisième  denier  n'offre  d'autre  variété  que  dans  le  mono- 
gramme. Sur  un  denier  frappé  à  Arles,  on  lit  :  Carlemanus  rex; 
sur  les  nôtres  :  Carloman  et  Camoman;  dans  les  chartes  latines  : 
Cardomannus.  Ce  latin  des  chartes  est  sur  des  pièces  de  fabrique 
barbare  :  Herlimans,  Carlaman ,  Careman ,  Carlemadoi,  Carlenarim, 
Nos  chroniques  manuscrites  partagent  Terreur  d'autres  écrivains 
qui  traitent  d'illégitimes  Louis  III  et  Carloman,  parce  qu'ils 
étaient  fils  d'Ansgarde ,  que  leur  père  Louis  le  Bègue  avait 
épousée  contre  la  volonté  de  Charles  le  Chauve,  et  qu'il  fut 
contraint  de  répudier  :  «  Louis ,  filz  bastard  de  Louis  le  Balbe 
[Balbus)^  fust  roy  auecq  Carlomand.  Du  commencement,  ces 
deux  se  portèrent  vaillans  contre  les  Normans  &  Danois ,  lesquelz , 
auecq  grande  puissance  et  forte  armée ,  gastoyent  la  France ,  & 
ces  deux  frères  enfin  moururent  par  fortune  :  l'un  fut  tué  par 
son  cheval ,  l'autre  en  poursuy  vaut  un  sanglier,  après  quatre 
ans  d«  règne  ;  mais  Carloman ,  pour  ce  qu'il  estoit  l'aisné,  tient 
le  rang  des  roys  par  sus  l'autre.  »  Le  Promptuaire  des  médailles , 
Gaguin ,  le  Dictionnaire  de  Juigné ,  disent,  après  avoir  parlé  de 
Carloman  :  «  Auxquels  succéda  son  fils,  quelque  deux  ans 
après  environ,  l'an  de  grâce  884  ».  Gaguin  le  nomme  Ludovicus 
nihil  faciens. 

On  lit  dans  nos  chroniques  manuscrites  :  «  Couronnement 
d'Eude  ?"••  du  nom  à  Lymoges,  soubz  Louis  &  Carloman,  roys 
de  France,  l'an  884. 

»  Le  roy  Raymond  de  Provence  ayant  fait  retirer  lempereur 
Richard ,  qui  lui  estoit  venu  donner  secours,  auecq  sa  fille  &  sou 
filz  Charles,  en  Vienne,  qu'il  tenoit  paisiblement  à  cause  de 
Bistride,  sa  feme,  le  pays  de  Sauoye  &  Prouence  auecq  la  plus 
part  de  Bourgougne,  tant  pour  raison  de  ses  prédécesseurs  que 
de  la  comtesse  Jue ,  fille  de  Richard ,  duc  de  Bourgougne ,  que 
son  filz  Eudeauoit  espousée,  lequel  tenoit  la  comté  d'Angiers 
auecq  la  plus  part  des  douze  comptes  d'Aquittaine,  que  le  roy 
Pépin  auoit  donné  en  appanage  à  Griffon,  son  frère,  dont  ledit 
royaume  estoit  descendu.  Pour  ceste  cause,  ledit  Raymond 
enuoyat  son  filzEude  gouuerneur  d^Aquitaiue,  lequel  fust  receu 


172  MONNAIES   r/ARGENT    DE  GARIjOMAN   11  ,    ETC. 

par  les  princes  &  barrons  du  pays,  &  appelé roy  d^Aquittaine ,  et 
coronné  à  Lymoges  par  Rodulphe,  arcbesuesque  de  Bourges,  qui 
depuis,  par  sa  saincteté  de  vie,  fust  mis  au  cathalogue  des 
Sains ,  resplandissant  par  miracles. 

»  Eude,  qui  fust  monarque  de  France  (plus  tard),  fist  battre 
monnoie  de  son  nom  &  armoiries  tant  &  Lymoges  qu*ailheurs, 
jouyssant  entièrement  du  royaume  de  France ,  qu'il  restitua  à 
Charles  le  Simple.  Il  gouverna  l'Aquitaine  unze  ans.  9 

Les  monnaies  d'Eudes  frappées  à  Limoges  ont  été  long-temps 
rares  :  on  en  a  découvert  une  certaine  quantité  de  nos  jours.  On 
lit  sur  les  deniers  d'argent  :  ODO  dans  le  champ  :  les  0  sont  cru- 
ciformes, ainsi  que  sur  les  monnaies  de  Turenne;  en  légende: 
GRATIA  DI.  -Au  revers:  LEMOVICAS  ou  LEM0DICA8  CI  VIS  ; 
sur  la  maille  ou  obole  :  LEMOVICAS.  Il  y  a  des  pièces,  mal 
frappées,  où  TO  cruciforme  est  remplacé  par  une  croisette ,  et  les 
mots  défigurés. 

Suivant  nos  chroniques,  «  l'an  920,  Charles  le  Simple  vouUut 
recouurer  les  terres  d'Aquittaine,  parquoy  vint  &  Lymoges  ou 
sy  fist  couronner  roy  par  Oauttier,  archeuesque  de  Sens ,  dont 
s'esmeut  grand  guerre,  qui  dura  deux  ans.  Allors  fust 
supprimée  la  comté  de  Lymoges,  &  unie  à  la  couroune  de  France 
par  la  rébellion  du  vassal  contre  son  seigneur,  et  depuis  ny  a 
eust  de  comte.  » 

Un  auteur  du  xi*  siècle  donne  à  Eudes  un  fils  nommé  Amoul , 
qui  prit ,  après  la  mort  de  son  père,  le  titre  de  roi  d'Aquitaine, 
mais  qui  lui  survécut  peu. 

Mauricb  ARDANT, 

Archiviste  de  la  Haate-Vlenne  ,  ofBcler  d'académie. 


Limoges»  le  31  octobre  1862. 


PLOMBS  HISTORIÉS 


TROUVES  DANS  LA  SEINE 


ENSEIGNES  DE  PÈLERINAGES 


MEREAUX  DE  CORPORATIONS 


INTÉRESSANT  DES  SAINTS  LIMOUSINS 


M.  Arthur  Forgeais,  président  de  la  Société  de  Sphragistique 
de  Paris ,  dont  j'ai  eu  Thonneur  d'être  un  des  membres  fonda- 
teurs ,  a  publié ,  en  deux  gros  et  beaux  volumes ,  les  descriptions 
de  plombs  historiés  trouvés  dans  la  Seine.  J'ai  cru  pouvoir  lui 
emprunter  ceux  qui  ont  rapport  à  nos  deux  Saints  limousins 
Éloi  et  Léonard. 

Page  <0.  —  Plaque  carrée  représentant  EUgius  forgeant  sur 
une  enclume,  et  recevant  une  bougie  roulée  d'un  personnage 
placé  devant  lui.  Près  de  l'enclume,  un  cheval.  Notre  Saint 
était  invoqué  pour  les  maladies  des  chevaux-  :  dans  l'ancien 
missel  d'Amiens,  on  lit  cette  strophe  d'une  prose  du  jour  de  sa 
fête  : 

Qui  non  negas  opem  brutis , 
Auge  nobis  spem  salutis. 

Cette  enseigne  peut  remonter  à  la  fin  du  xiii*  siècle.  Nous 
avons,  dans  l'histoire  de  notre  pays,  des  exemples  de  ces 
longues  bougies  fabriquées  en  des  temps  malheureux  pour 
être  offertes  aux  églises:  une,  entre  autres,  faisait  le  tour  des 


174  PLOMBS  uisToiués 

murailles  de  la  ville,  assiégée  par  Henry  le  Vieux,  roi  d'Angle- 
terre. On  lit  au  haut  de  cette  plaque  :  ELIGIVS. 

Page  42.  —  Autre  plaque  carrée  plus  grande,  et  surmontée 
d*un  fer  à  cheval  au-dessous  duquel  on  lit  la  légende  SIGI-N.Vm 
SanCtl  ELIGII.  Les  personnages  sont  placés  sur  ce  plomb  dans 
une  disposition  différente  :  le  Saint,  à  gauche,  frappe  sur 
Tenclume;  celui  qui  lui  oflFre  la  bougie  roulée  est  au  milieu;  le 
cheval ,  sellé,  est  à  droite;  au-dessus,  du  même  côté ,  un  ange 
informe  présente  un  vase  ou  un  encensoir.  Trouvée,  en  4850,  au 
pont  Saint-Michel. 

Page  43.  —  Plaque  plus  petite,  carrée,  avec  des  anneaux 
adhérents  aux  quatre  coins  pour  fixer  l'enseigne  [signum).  Les 
caractères  de  la  légende,  par  la  maladresse  du  graveur,  sont 
empreints  à  l'envers  :  f  ELIGIVS.  Un  autel  est  placé  au  milieu 
du  champ,  et,  dessus,  un  calice  de  forme  antique  avec  une 
hostie;  adroite,  notre  Saint,  en  habits  pontificaux,  la  mitre  en 
tête,  tenant  la  crosse  d'une  main  et  un  rameau  de  l'autre;  à 
gauche,  le  personnage  qui  offre  la  bougie  roulée;  devant  lui, 
deux  béquilles.  C'est  une  grossière  représentation  du  miracle 
que  fit  saint  Éloi  à  l'abbaye  de  Saint-Denis  en  guérissant  un 
homme  perclus  de  tous  ses  membres;  miracle  raconté  dans  sa 
Vie  par  saint  Ouen.  —  Trouvée  au  Petit-Pont  en  4856. 

Page  89,  2*  volume.  —  Méreau  rond  du  xiv*  siècle,  trouvé, 
en  4858,  au  pont  Notre-Dame.  Saint  Éloi,  mitre,  revêtu  d'orne- 
ments épiscopaux,  assis,  bénit  de  la  droite,  et  tient  un  marteau 
de  la  gauche;  dans  le  champ,  une  clef.  Au  revers,  un  fer  k 
cheval  percé  de  six  trous;  autour,  trois  étoiles  et  une  fleur  de 
lis.  La  clef  semble  indiquer  une  association  des  serruriers  avec 
les  maréchaux  ferrants. 

Les  maréchaux  de  Limoges  avaient  pris  saint  Éloi  pour  leur 
patron  à  cause  de  l'enclume  et.  du  marteau,  instruments  qui 
leur  sont  communs  avec  les  orfèvres,  et  par  suite  de  nombreuses 
légendes.  L'auteur  de  cet  article  possède  une  peinture  sur  vélin, 
de  4618,  représentant  ce  Saint,  et  la  liste  des  maîtres  maré- 
chaux (de  4646  à  4633)  de  Limoges. 

Page  90.  —  Variété  du  même  plomb.  Le  Saint  est  assis,  la  tête 
nimbée,  et,  au  revers,  un  fer  achevai  d'une  forme  particulière, 
percé  de  cinq  trous  carrés,  accompagné  d'un  ciseau  de  maréchal 
ferrant.  Ce  méreau  du  xv  siècle,  trouvé,  en  4859,  au  Pont-au- 
Change,  n'offre  aucune  trace  de  légende. 


TROUVÉS   DANS   LA    SEINE.  175 

Page  420.  —  Médaillon  rond.  D*un  côté,  saint  Éloi  debout, 
tenant  une  balance;  la  tête  entourée  d'une  auréole  :  on  lit 
autour  :  S.  ELOT;  à  ses  pieds,  adroite,  une  selle;  au  revers,  le 
même  Saint,  taillant,  avec  une  berminette,  un  collier  de 
cheval  posé  sur  un  billot ,  et  la  légende  Aulx  Maîtres  et  Compa- 
gnons selliers.  —  De  la  fin  du  xv*  siècle.  —  Trouvé,  en  4855,  au 
Petit- Pont.  C'est  une  traduction  fautive  du  mot  sella,  siège,  qui 
a  fait  regarder  saint  Éloi  comme  sellier. 

Page  423.  —  Le  môme  Saint,  en  chasuble,  mitre,  tenant 
d'une  main  un  marteau ,  avec  la  légende  saint  Éloi.  Au  revers , 
deux  clefs  liées  par  un  cordon.  —  Plomb*du  xvi*  siècle,  trouvé  , 
en  4858,  au  Pont-au-Change.  Corporation  des  serruriers  de 
Paris  :  ceux  de  Limoges  ont  saint  Pierre  pour  patron. 

Page  4  58.  —  Variété  d'un  travail  barbare.  Saint  Éloi ,  assis 
sur  un  siège  antique,  la  tête  couronnée,  frappe  d'un  gros 
marteau  une  petite  enclume  ;  la  bougie  roulée  lui  est  présentée 
par  un  homme  à  cheval ,  dont  la  coiffure  tient  du  nimbe  et  de 
la  casquette.  On  lit  en  légende  :  SCS.  ELIGIUS.  —  Plomb  du 
commencement  du  xiv*  siècle,  trouvé,  en  4862 ,  au  pont  Notre- 
Dame. 

Page  459.  —  Plaque;  variété  d'un  travail  moins  barbare. 
Saint  Éloi,  assis,  frappe  avec  un  marteau  un  fer  à  cheval  placé 
sur  une  enclume;  à  gauche,  un  personnage,  dçnt  on  ne  voit 
que  le  haut  du  corps,  présentant  le  rouleau  de  bougie ,  dont  le 
commencement  est  déroulé;  au  dessous,  un  petit  cheval.  Lé- 
gende :  S.  ELIGIUS.  —  Plomb  du  xiv  siècle ,  trouvé ,  en  4  860 , 
au  pont  Notre-Dame. 

Page  460-  — Plaque  avec  fronton;  variété  qui  représente 
saint  Éloi  revêtu  des  ornements  épiscopaux,  avec  la  mitre  et  la 
crosse,  bénissant  delà  droite;  au  milieu,  un  calice  de  forme 
antique  sur  un  bloc  de  bois;  à  gauche,  agenouillé  sur  un 
marche-pied  où  se  voient  trois  clous ,  le  personnage  offrant  la 
bougie  déroulée  en  partie ,  dans  un  sens  différent  de  celle  de  la 
précédente  plaque  ;  profil  d'une  tête  de  cheval  ;  sur  le  fronton , 
en  caractères  rétrogrades,  la  légende  SIGNUm  SCI  ELIGIL  — 
Plomb  de  même  date  que  le  précédent, ^trouvé  au  même  lieu 
en  4862. 

Page  464.  —  Même  composition  que  celle  de  la  page  460.  La 
plaque  est  plus  grande,  et  le  dessin  en  est  moins  grossier. 
Mêmes  détails  que  dans  le  dernier  article. 


176  PLOMBS   HISTORIÉS 

Page  162.  —  Plus  petite  plaque,  surmontée  d'un  fer  à  cheval. 
Au-dessus  de  la  légende  S.  ELOVIS  ou  ELOUIS,  le  Saint  forge 
un  fer  achevai  sur  Tenclume;  un  pèlerin,  à  gauche,  présente 
une  torche  à  plusieurs  mèches;  dans  le  bas,  petit  cheval  sellé  et 
bridé.  Ce  plomb ,  du  xiv  siècle ,  fut  trouvé  ,  en  4862 ,  au  Pont- 
au-Change. 

Page  463.  —  Fragment  de  plaque.  Les  personnages  y  sont 
dans  un  ordre  opposé.  Le  Saint,  à  gauche,  forge  une  coupe.  Le 
pèlerin,  à  droite,  offre  la  bougie  roulée,  et  le  cheval  touche  au 
bloc  de  bois. 

Page  164.  —  Sachet  tond,  avec  deux  anneaux  à  son  orifice. 
D'un  côté,  le  Saint,  assis,  forgeant,  etThomme  à  la  bougie 
roulée;  le  tout  entouré  d^une  bordure  ronde;  au  revers,  le 
Saint  debout,  avec  sa  mitre  et  sa  crosse,  bénissant  de  la  droite 
l'homme  à  la  bougie,/que  suit  un  cheval  dont  on  ne  voit  que  la 
tête.  —  Œuvre  deja  fin  du  xiv  siècle,  trouvée,  en  1862,  au 
pont  d'Arcole. 

Page  165.  —  Variété  de  la  plaque  où  le  Saint  guérit  un 
boiteux.  On  lit  en  légende  :  f  ELIGIUS;  empreinte  à  rebours. 
—Enseigne  du  xiv*  siècle ,  trouvée,  en  1856  ,  au  petit  pont  Saint- 
Charles. 

Page  166.  —Fragment  d'une  plaque  où  on  lit  :....  IGGIVS. 
On  y  voit  la  tête  du  pèlerin  et  la  bougie  déroulée. 

Page  167.  — Plaque  ornée  de  trois  pointes  au-dessus  de  la 
légende  S.  ELIGIUS.  C'est  encore  la  guérison  du  boiteux ,  placé 
entre  deux  béquilles,  coiflFé  d'un  chapeau  très-singulier,  et 
offrant  la  bougie  déroulée  en  partie  ;  entre  lui  et  le  saint  évoque, 
le  billot,  l'enclume  et  un  fer  à  cheval;  saint  Éloi,  mitre  et 
tenant  la  crosse,  donne  la  bénédiction  delà  main  droite.  —Plomb 
du  XIV*  siècle,  trouvé  au  pont  d'Arcole  en  1862. 

Page  168.  —  Plaque  carrée,  autre  variété  d'un  travail  meil- 
leur.fLe  saint  évêque  est  beaucoup  mieux  dessiné.  Au  milieu , 
un  autel,  sur  lequel  est  placée  une  custode  d'où  sort  une 
hostie;  une  femme  boiteuse  avec  deux  béquilles,  et  coiffée  d'un 
chapeau  à  la  mode  des  Bourbonnaises,  présente  la  bougie 
roulée  ;  légende  :  f  ELIGIUS  :  la  seconde  lettre  est  renversée.  Il 
reste  un  anneau  èi  l'angle  inférieur  de  cette  plaque  endom- 
magée, qui  date  du  xiv*  siècle,  et  qui  fut  trouvée,  en  1860,  au 
pont  Notre-Dame. 


TROUVÉS    DANS   LA    SKINE.  177 

Page  1C9.  —  Variété  du  même  sujet,  exécuté  en  sens  con- 
traire. Le  saint  évêque  dépose  une  hostie  dans  la  custode  placée 
sur  Tautel  ;  la  femme  boiteuse,  entre  ses  deux  béquilles,  offre  le 
cierge  roulé  ;  sa  coiffure ,  mal  rendue  sans  doute ,  ressemble  à 
deux  cornes.  La  légende  barbare  EILEL..  est  coupée  en  deux 
par  une  gerbe.  —  Enseigne  de  la  fin  du  xiv«  siècle,  trouvée,  en 
4862,  au  pont  d'Arcole. 

Page  470.  —  Plaque  carrée ,  plus  grande,  et  offrant  de  singu- 
lières combinaisons.  La  légende  est  inscrite  dans  le  cadre  de 
renseigne;  on  lit  :  f  NUM  (pour  signum)  SANCTI  ELIQII 
NOVIOMENSIS;  et,  malgré  le  nom  de  Noyon,  qui  rappelle  sa 
Tille  épiscopale,  le  Saint  est  représenté  assis  dans  son  atelier,  et 
frappant  Tenclume  de  son  gros  marteau.  Le  boiteux,  tête  nue, 
presque  chauve,  conserve  une  mèche  de  cheveux  en  aile  de 
pigeon,  mal  rendue  dans  les  autres  plombs.  Il  tend  sa  main 
droite  vers  la  gauche  du  Saint.  Devant  lui ,  deux  béquilles 
croisées;  derrière,  le  cheval  bridé,  dont  les  oreilles  se  portent  en 
avant.  La  porte  de  Tatelier  est  ouverte,  et  un  objet  ressemblant 
à  un  vêtement  plié  dont  une  manche  s^échappe  est  attaché  au 
mur.  —  Plomb  du  XI v«  siècle ,  trouvé ,  en  4862 ,  au  pont  d'Arcole. 

Enfin  une  statuette  de  bois,  malheureusement  endommagée 
(  le  bras  gauche  manque) ,  représente  notre  Saint  vu  de  face , 
assis,  la  mitre  en  tête,  et  revêtu  des  ornements  sacerdotaux.  Un 
grand  fer  à  cheval ,  percé  de  six  trous,  est  placé  à  sa  droite  sur 
son  siège  ,  et  sa  main  tient  un  rouleau.  Le  marteau  était  proba- 
blement dans  la  main  cassée. 

On  voit  par  toutes  ces  enseignes,  qui  intéressent  la  paléo- 
graphie comme  la  numismatique,  que  les  maréchaux  de  Paris 
étaient  plus  dévots  à  saint  Éloi  que  les  orfèvres  de  cette  capitale , 
dont  on  n'a  trouvé  aucun  médaillon.  Peut-être  faut-il  recon- 
naître que  les  maréchaux  étaient  plus  nombreux,  ou  que,  les 
orfèvres  n'employant  que  des  métaux  précieux,  leurs  œuvres, 
mises  au  creuset,  ont  disparu. 

De  nombreuses  corporations  d'orfèvres ,  et  nos  émailleurs,  qui 
exerçaient  aussi  l'orfèvrerie,  ont  représenté  saint  Éloi  en  évêque, 
tenant  une  crosse  et  un  marteau.  Quelques-uns  y  ont  joint  des 
balances.  La  corporation  de  Cambrai  a  surenchéri  sur  toutes  les 
autres  dans  ses  armes  :  le  saint  évêque  apparaît  au  milieu  d'une 
gloire  avec  ses  attributs  ;  au  bas  de  l'écusson ,  une  table  élé- 
gante est  couverte  de  vases  sacrés  et  d'une  aiguière  entre  un 
fourneau  portatif  et  deux  maillets. 


178  PLO!^iBS   HISTORIES 

Les  peintres  sur  verre  et  les  enlumineurs  de  parchemins  ont 
consacré  leur  talent  à  retracer  des  faits  de  la  vie  de  notre  Saint. 
Je  vous  fais  grâce  de  la  légende  peinte  sur  un  vitrail  allemand , 
légende  apocryphe ,  répétée  dans  une  miniature,  par  laquelle  |i 

saint  Éloi  aurait  été  puni  d*un  excès  d'amour-propre  par  une 
leçon  que  lui  donnèrent  Jésus-Christ  en  personne  et  saint 
Georges.  Je  ne  dirai  qu'un  mot  de  son  apothéose,  peinte  il  y  a 
environ  sept  cents  ans.  Le  saint  évêque  y  est  représenté  debout 
entre  deux  moines  de  Solignac  à  genoux;  une  main  céleste 
semble  l'inviter  èi  quitter  la  terre. 

En  résumé,  saint  Éloi  fut  monétaire,  aurifaber  ou  orfèvre  et 
émailleur;  qb  a  joint  à  ses  talents  ceux  du  sculpteur  et  du 
ciseleur,  utiles  à  Torfèvrerie,  Les  corporations  de  maréchaux ,  et 
par  suite  celles  de  vétérinaires ,  l'ont  pris  pour  patron ,  en  se  fondant 
sur  des  légendes ,  ainsi  que  les  selliers,  comme  je  l'ai  dit ,  par  une 
explication  abusive  du  mot  latin  seUa,  qui  signifie  siège.  Le 
fameux  fauteuil  ou  la  chaise  de  Dagobert,  qui  fit  tant  d'honneur 
à  son  habileté  comme  à  son  désintéressement,  en  est  sans  doute 
la  cause. 

Ces  légendes  du  reste  eurent  d'autant  plus  de  créance  que 
l'Église  les  adopta  en  les  insérant  dans  les  proses  de  ses  offices. 
En  voici  un  exemple  : 

Oriundus  Lemovicis 
Agens  fabricœ  studium , 
Omnem  vlcit  auriflcis 
Sculpturam  et  ingenium . 

Miramur  in  Bllgio 
Pastorem ,  fabrum ,  medicum  ; 
In  triplici  mysterio 
Tria  commandant  unicum. 

Nous  ajoutons  à  ces  deux  strophes  un  distique  latin  où^ 
malgré  la  concision  qui  lui  est  imposée ,  se  trouvent  réunis  tous 
les  titres  de  gloire  de  notre  illustre  Eligius  : 

Aurifaber,  prœsul ,  divus,  struit»  instruit,  implet, 
Vasa,  gregem,  terras,  celte,  docendo  bonis. 

Je  dois  indiquer,  en  terminant ,  à  ceux  qui  voudront  faire  en 
grand  l'iconographie  de  l'immortel  artiste,  que  j'ai  à  peine 


TROL'VKS    DANS    LA    SEINE.  179 

esquissée,  ie  tryptîque  en  bois  de  Téglise  de  Crocq,  où  Ton  voit 
la  vie  de  saint  Éloi  peinte  en  plusieurs  tableaux ,  accompa^és 
de  quatrains  explicatifs,  ainsi  que  le  poème  sur  les  miracles  de 
saint  Éloi,  illustré  de  curieuses  miniatures,  publié  par  notre 
correspondant  de  Noyon  M.  Peigné  de  La  Cour. 

Je  remets  à  une  autre  séance  la  description  des  plombs  et 
médaillons  frappés  en  Thonneur  de  saint  Léonard. 

Maurice  ARDANT, 

Archiviste  de  la  Haute- Vienne,  officier  d'acadëmie. 


Limoges,  le  31  juillet  1B63. 


ENSEIGNES 
DE  CORPORATIONS  OU  DE  PELERINAGES 


AGNUS  DEI 


ET  MÉDAILLES  BRACTÉATES  LIMOUSINES  (1) 


Jo  continue,  Messieurs,  grâce  à  quelques  obligeantes  com- 
munications ,  de  vous  entretenir  de  ce  que  j'appelle  les  opuscules 
de  nos  orfèvres. 

Sur  un  petit  carré  de  cuivre,  entouré  d'une  bordure,  est 
inscrit  un  cercle  en  grainetis,  au  milieu  duquel  est  gravé  en 
repoussé  saint  Léonard  vu  de  face,  la  tête  ceinte  du  nimbe  ou 
auréole  des  Saints.  Il  tient  un  livre  d'une  main  et  un  fruit  de 
Tautre;  deux  personnages  sont  placés  à  sa  droite  et  à  sa  gauche, 
dont  l'un  tient  deux  menottes;  sous  les  pieds  du  Saint,  qui  sont 
recouverts  par  sa  tunique ,  un  très-petit  écusson. 

Médaillon  rond,  de  travail  aussi  ancien,  et  même  métal  : 
saint  évoque  tenant  une  croix  processionnelle,  et  bénissant  de 
la  droite  ;  une  femme  agenouillée  devant  lui ,  dont  la  tête , 
coupée,  est  portée  entre  les  deux  mains;  fleurons  à  droite  et  à 
gauche  dans  le  champ.  Autour,  en  belle  écriture  gothique, 
cette  légende  :  Sancte  MariiaUs,  ara  pro  nobis. 

Un  autre  médaillon  de  même  grandeur,  également  bractéate , 
représente  le  même  saint  Martial,  en  buste  de  face,  au  milieu 
du  champ;  un  léger  nimbe  entoure  sa  mitre,  et  cinq  fleurons 
remplissent  le  vide  du  champ.  —  Autour,  la  légende  gothique 

a)  Voir  T.  XII,  p.  159. 


ENSEIGNES  DB  CORPORATIONS,    ETC.  181 

Sancte  Marcialis  (sic) ,  ora  pro  fwbis.  —  Ces  deux  pièces  ont  été 
dorées. 

Après  ces  trois  pièces ,  dont  les  caractères  des  légendes  accu- 
sent une  haute  antiquité,  je  signalerai  une  médaille  ovale 
frappée  du  poinçon  de  Léonard  Penicaud  dit  Nardou  Témail- 
leur,  le  monogramme  formé  des  lettres  L.  et  P.,  Léonard 
Penicaud.  11  représente  un  évoque  mitre  vu  de  face;  un  grand 
nimbe  entoure  sa  tête;  il  tient  sa  crosse  de  la  gauche.  Le  travail 
en  est  si  grossier  qu'on  ne  peut  dire  si  ce  sont  des  béquilles 
croisées,  ou  son  étole,  qui  sont  figurées  sur  sa  poitrine; 
à  gauche ,  une  bourse  ou  un  vase  informe.  Ce  pourrait  être  saint 
Loup,  évoque  de  Limoges.  Cet  Agnus  Dei  serait  de  la  fin  du 
XV'  siècle. 

Un  autre  médaillon ,  rond  et  plus  grand,  découpé  à  jour,  re- 
présente ,  dans  le  champ ,  un  guerrier  armé  de  toutes  pièces  , 
montant  un  cheval  couvert  de  fer.  11  foule  aux  pieds  de  son 
coursier  un  dragon,  quMl  perce  de  sa  lance;  une  guirlande, 
formée  de  lis  et  de  quintefeuilles ,  encadre  élégamment  cette 
composition ,  dédiée  à  saint  Georges. 

Petits  médaillons  ronds  :  variétés  des  saints  Gaucher  et 
Faucher,  prieurs  d'Aureil. 

Variété  de  la  sainte  Face. 

Trophée  des  instruments  de.  la  Passion. 

Buste  en  profil  de  la  sainte  Vierge. 

Denier  d'argent  bractéate  de  la  ville  de  Limoges. 

Médaillon  rond ,  présentant  une  tête  de  face  à  longue  barbe  et 
longue  chevelure ,  qui  ne  peut  être  que  celle  du  Père  éternel  : 
cette  pièce  est  inédite  et  rare. 

Agnm  Dei  ovale,  bractéate,  sur  lequel  on  voit  un  moine  tenant 
d'une  main  une  crosse ,  et  de  l'autre  un  oiseau  ;  sa  tête  est  ceinte 
du  nimbe  circulaire;  dans  le  haut,  un  mot  peu  lisible  :  saint 
Fiacre  (?) ,  patron  des  jardiniers. 

Grand  médaillon ,  variété  du  saint  Roch  :  un  ange  touche  la 
plaie  de  son  genou. 

Petit  médaillon  rond  :  un  saint  moine  y  est  agenouillé ,  la  face 
tournée  vers  une  lumière  céleste,  les  mains  tendues.  Les  initiales 
S.  F.  nous  font  penser  que  c'est  saint  François  d'Assise,  sous  l'in- 
vocation duquel  était  une  église  de  Récollets  à  Limoges ,  où  se 
réunissait  la  corporation  des  chirurgiens  de  cette  ville. 

Médaillon  o\ aie  bractéate,  oii  est  empreint  l'agneau  de  saint 

43 


l^i2S  ENSEIGNES  DE  CORPORATIONS 

Jean-Baptiste,  avec  la  croix  et  la  bannière.  C'était  remblème 
favori  des  pénitents  blancs  de  Limoges. 

Variété  de  saint  Léonard  :  le  Saint  est  seul ,  tenant  des  menotes. 

Médaillon  ovale,  représentant  une  sainte  martyre  portant  une 
palme. 

Un  des  plus  remarquables  de  ces  Agnus  Dd  bractéates  est 
celui  qui  donne  le  dessin  d'un  ostensoir  ou  Saint-Sacrement,  de 
forme  antique  :  il  est  placé  sur  un  pied  très-bas  ;  Thostie  sainte 
est  enfermée  dans  un  cadre  carré,  tandis  qu'il  est  rond  de  nos 
jours  ;  il  rappelle  celui  qui  fut  sculpté  sur  une  des  façades  de 
réglise  de  Saint-Pierre-du-Queyroix  en  souvenir  de  la  célèbre 
confrérie  du  Corps-de-Dieu  de  cette  paroisse,  dont  nous  possé- 
dons un  si  curieux  livre  de  comptes,  enluminé  par  nos  plus 
habiles  émailleurs  vers  le  milieu  du  xvi«  siècle. 

Je  pourrais  ajouter  à  cette  liste  d'enseignes  de  confiréries  deux 
jolis  médaillons  en  émail  fond  blanc,  sur  lequel  l'artiste  a  peint 
deux  pénitents  feuille-morte,  à  genoux,  et  tournant  leurs 
regards  vers  leur  patronne ,  sainte  Madeleine ,  environnée  d'une 
gloire  céleste.  Au  revers,  un  diacre  tenant  une  croix  (saint 
Etienne  de  Muret?)  :  le  nom  de  Témailleur  n'y  est  pas  inscrit.  — 
Deux  médaillons  de  forme  semblable  sont  en  ferblanc  peint; 
on  y  voit  deux  pénitents  bleus  prosternés  devant  saint  Jérôme , 
patron  de  leur  confrérie. 

Quant  aux  statuettes  ou  figurines  en  demi-relief,  j'ai  re- 
marqué un  saint  moine  évêque,  dont  la  tête  manque,  avec  les 
lettres  S.  Â.  saint  Amand,  ou  sairU  Aurélien,  ou  scàtU  Yrieix 
(Areditis);  un  saint  Sébastien  ,  dont  le  corps,  dépouillé  de  ses 
vêtements,  est  percé  de  flèches,  et  qui  était  invoqué  avec  saint 
Koch  en  temps  de  peste.  Cette  figurine  est  d'un  dessin  conforme 
à  la  statue  de  saint  Sébastien  qu'on  voyait  sur  une  des  façades 
de  Saint-Pierre,  paroisse  de  la  confrérie  des  saints  Roch  et 
Sébastien. 

Figurines  de  sainte  Susanne ,  mère  de  sainte  Valérie,  les  mains 
jointes;  au  bas  S.  S. 

Figurine  d'un  saint  martyr  :  S.  C. 

Autre  variété  de  saint  Roch ,  tenant  un  bouclier  et  une  lance  : 
—  sancte  Roche. 

Saint  Christophe  portant  l'enfant  Jésus.  Ce  Saint  avait  une 
église  paroissiale  à  Limoges  sous  l'invocation  de  saint  Jacques 
ou  saint  James  et  saint  Christophe.  Une  léproserie  ou  maladrerie, 
près  du  ruisseau  d'Aigueperse  aux  Casseaux,  portait  ce  nom. 


ou  DE  PÈLERINAGE.  183 

Enfin  une  croix  en  demi-bosse ,  avec  Tinscription  INRI  et  la 
couronne  d'épines ,  le  tout  découpé  à  jour  :  c'était  l'emblème  des 
pénitents  noirs,  fondés  à  la  fin  du  xvi*  siècle  par  Bernard 
Bardon  de  Brun.  Leur  chapelle  était  au  bas  de  la  ville ,  dans  une 
exposition  au  midi ,  et  les  vignes  qui  l'entouraient  avaient  une 
réputation  parmi  les  habitants  de  Limoges. 

Je  conclus  de  ces  recherches,  qu'on  trouvera  peut-être  minu- 
tieuses, que  les  orfèvres  de  Limoges  avaient  un  grand  débouché 
de  ces  petits  ouvrages  dont  on  ornait  les  chapelets  des  dévots  et 
des  pénitents. 

Cette  industrie  de  l'orfèvrerie  était  considérable  h  Limoges , 
comme  nous  le  prouverons  par  une  nouvelle  liste  de  ceux  qui 
Texerçaient  au  xvi*  et  au  xvii'  siècle  ;  nous  publierons  cette  liste, 
dont  les  noms  ont  été  recueillis  dans  les  actes  de  nos  archives,  et 
nous  terminerons  cette  notice  par  un  proverbe  patois ,  qui ,  té- 
moignant de  l'orgueil  de  nos  artistes ,  ridiculisait  ceux  de  leurs 
confrères  étrangers  moins  favorisés  de  la  fortune  :  «  Loû  orfwrey 
de  Bourges  ne  chaoumein  mâs  faouto  d'eytoffo  ». 

Maurice  ABDÂNT, 

Archiviste  de  la  Haute-Vienne ,  Officier  d'acaddmJe. 


Limoges,  le  27 novembre  1863. 


TERRIER 

DE  L'ÉGLISE  DE  BEAUMONT 


PRES  PEYRAT 


M.  Pinot  de  Moira,  avocat  à  la  cour  impériale  de  Limoges, 
possède  et  a  bien  voulu  me  communiquer  un  manuscrit  qui  m'a 
semblé  mériter  l'attention  de  la  Société  Archéologique  et  Histo- 
rique du  Limousin ,  et  dont  Tinsertion  au  Bulletin  de  cette 
Société  a  été  autorisée.  C'est  un  terrier  de  la  petite  église  de 
Beaumont  près  Peyrat-le-Château ,  que  presque  tous  nos  anna- 
listes ont  passée  sous  silence,  et  dont  l'abbé  Nadaud  [Pouillé , 
mss.  du  grand  séminaire  de  Limoges  )  nous  dit  seulement  que 
c'était  une  cure  de  trois  cent  soixante-dix  communiants ,  dépen- 
dant de  l'archiprêtré  d'Aubusson,  au  revenu  de  402  livres,  et  à 
la  collation  de  l'évêque  de  Limoges  en  4563,  du  chapitre  d'Ey- 
moutiers  en  4558,  4563,  4588,  4629,  4653,  4660,4690,4746, 
4727, 4762.  Il  ajoute  que  l'église  était  consacrée  à  saint  Pierre 
apôtre. 

J'avais  d'abord  le  projet  de  n'éditer  que  les  deux  transactions 
de  4207  et  4444;  mais  il  a  paru  au  comité  de  publication  que  le 
surplus  du  terrier  présentait ,  par  les  noms  de  lieux  qu'il  in- 
dique, un  intérêt  suflisant  pour  en  justifier  l'impression.  Je 
donne  donc  le  manuscrit  dans  son  entier  (4). 

(1)  J*ai  donné  en  note,  autant  que  cela  m*a  été  possible,  les  noms 
actuels  des  mas  et  borderies.  Étranger  au  canton  d'Eymoutiers,  je  n'ai 
pu  faire  ce  travail  qu'à  l'aide  de  la  carte  et  des  tableaux  de  recensement. 
Lorsque  ces  docunients  m'ont  fait  défaut ,  soit  que  les  lieux  cités  aient 
disparu,  soit  que  les  noms  des  hameaux  et  villages  aient  été  trop  large- 
ment défigurés  ,  je  me  suis  abstenu. 


TBRRIBB   DE  L'ÉGLISE  DE  BEÀUMONT.  18«S 

Il  est  sur  vélin,  et  comprend  huit  feuillets  de  34  centimètres 
de  hauteur  sur  26  de  largeur,  écrits  au  recto  et  au  verso.  L'écri- 
ture est  une  minuscule  gothique  accusant  le  xv*  siècle.  Les 
lettres  initiales  des  alinéas  sont  alternativement  bleues  et  rouges, 
en  majuscules  gothiques.  La  lettre  S  qui  commence  le  manuscrit 
est  soigneusement  ornementée,  et  enluminée  vermillon,  bleu  et 
or.  La  lettre  S  qui  commence  la  deuxième  partie  du  terrier  est 
bleue  et  rouge,  et  porte  à  l'intérieur,  en  minuscules,  le  nom 
Stephanus  de  Campis. 

J'ai  cru  devoir  respecter  l'orthographe ,  très-souvent  vicieuse , 
du  terrier  et  ses  nombreuses  fautes  de  latinité.  J'ai  seulement, 
pour  la  commodité  des  lecteurs ,  rendu  la  ponctuation  un  peu 
plus  abondante  qu'elle  ne  l'est  sur  le  manuscrit ,  et  supprimé  les 
abréviations. 

Joseph  BRUNET. 

Norembre  18C3. 


Sequitur  terrarium  reddituum,  provenctuiim  et  decitnarum  ecclesic 
Bellimontis  prope  Peyracum  (1) ,  factum  in  tempère  domini  Stephani  de 
Campis,  capeUani  ejusdem  ecclesie  Bellimontis ,  notarii  publici;  de  quibus 
redditibus,  censibus,  proventibus  et  decimis  fuit  in  bona  possessione  et 
sazina  tempore  et  ante  tempus  ex  que  fecît  ûeri  priscus  terrarium  et  per 
xcem  annos  ante  quod  scriptum  die. 

Et  primo  est  et  fuit  in  possessione  bona  paciôca  ecclesia  prcdicta  de 
BeUomonte,  et  capellanus  ejusdem.,  levandi  décimas  inferius  declaratas 
racione  ecclesie  sue  Bellimontis  presenti  anno ,  et  eciam  per  tempera  prcte- 
rita  quo  fuit  capeUanus  dominus  Stephanus  de  Campis. 

Bt  primo  omnes  décimas  de  Vergnotz ,  omnium  bladorum  excresencium 
in  eampis ,  et  eciam  lane  spectat  ut  supra  ecclesie  omnino. 

Item,  in  duobusmansis  de  Vergnotz,  unum  sextarium  frumenti  ren- 
dualem,  ad  mensuram  de  Pcyraco,  racione  décime  ortorum,  et  cum 
predicto  sextario  frumenti  tenenciarii  mansorum  predictorum  de  Vergnotz 
non  tenentur  solvere  ecclesie  neque  capellano  decimam  fructuum  excres- 
oeDoium  in  ortis. 

Item ,  décima  mansi  de  La  Chapela  Talhafer  (2)  existcntîs  in  pcrtinenciis 
mansi  deÂxiol,  omnium  bladorum,  siliginis,  frumenti  et  aveue,  et  eciam 


(1)  Les  noms  de  lieux  D*ont  pas  de  majuscules  au  manuscrit. 

(2)  Peul-élre  La  Chapellc-Taillefer.  chef-liru  de  commune  dans  la  (rcusii, 
d*abnrd  simple  vicairic,  cl  plus  lard  {VM\)  siège  d'une é|»Iise  colli^gial»*.  Toutes  mes 
recherche»  eu  ce  qui  concerne  Axiol  sonl  reslôos  uifruriueuses. 


186  TERRIER  DE  L'BGLISE  DE  BEAUHONT. 

lano.  Johannes  de  Chasteauoort  tenet  dlctum  mansum  de  la  Chapela 
Talhafer  cum  omnibus  pertinenciis  suis. 

Item,  décima  videlicet  medietas  mansi  de (1),  siliginis  .  frumenti 

et  avene,  et  medietatem  eciam  lane. 

Item,  décima  mansi  de  Chavan,  omnium  bladorum,  siliginis,  fru- 
menti etavene  »  nec  non  lane,  de  qua  quidam  (2)  décima  fuit  debatum  in 
curia  domini  officialis  inter  dictum  capellanum  et  Petrum  Medici ,  tenen- 
darium  dicti  mansi  de  Cbayan ,  et  fuit  prolata  sentencia  per  dictum  offi- 
cialem  contra  dictum  Medici  et  ad  utilitatem  ipsius  capellani  et  cj^iB 
eodesie  prima  die  juridica  post  festum  pasche,  anno  domini 
ii«»  cccc»  xixo. 

Item ,  décima  mansi  deou  Mas  Oublanc,  omnium  bladorum  eciam  cum 
lana.  Recognicionem  premissorum  fecit  Johannes  Fabri,  tenciarius  predicti 
mansi ,  coram  domino  Johanni  Pichardi,  canonico  Ahenti  monasterii  CS) , 
BOtario  apoetolico  et  inperiali. 

Item ,  décima  de  Bellomonte,  duarum  bordariarum  deux  Rochafortz  et 
deux  Meges,  eciam  est  ecclesie  predicte  de  Bellomonte,  quia  de  predicta 
décima  eciam  fuit  prolata  sentencia  per  dominum  ofGlcialem  lemovi- 
eensem  contra  Petrum  Medici ,  tenenciarium  predictarum  bordariarum  » 
ad  utilitatem  capellani  predicti  et  ejus  ecclesie,  die  et  anno  predictis. 

Item,  omnis  décima  mansorum  de  La  Varelha  (4],  item  de  La  Viatà, 
per  integrum  omnium  bladorum  et  lane. 

Item,  medietatem  décime  diyemals  (5),  omnium  bladorum,  lane  et 
frumenti. 

Item,  in  manso  deu  Pogol,  sito  in  pertinenciis  de  Villamoguana  (6). 
Tidelicet  inter  dictum  locum  de  Villamoguana,  ex  una,  et  mansum  deu 
Boueyt,  totam  decimam  bladorum  et  lane  per  integrum. 

Item,  in  manso  de  Villamoguana ,  decimam  lane  per  integrum. 

Item ,  in  mansis  de  Pers  (7) ,  lo  sobra  e  lo  sotra ,  totam  decimam  lane. 

Item ,  in  manso  de  Fumoza  (8) ,  totam  decimam  lane. 

Item ,  in  manso  dou  Mazals  (9),  totam  decimam  lane. 

Item,  in  manso  de  Cbampainhac  (10) ,  videlicet  in  campo  qui  est  supra 
guanam  (11)  de  Planchaneyro,  decimam  medietatem  campi  predicti  a 
tribus  arboribus  versus  guanam  predlctam,  ratione  novaliorum,  quod  est 


(I)  Ce  nom  de  lieu  a  été  soigneasement  gratté  au  maoïuerit. 

(S)  11  ftut  éridemment  quidem  ou  quondam;  mais  le  maDUScrit  porte  bien 
quidam. 

(3)  Eymoutiers. 

(4)  La  Vareilie,  commune  de  Beaumont. 

(5)  Hivernaud ,  commune  de  Beaumont. 

(6)  Villemonjeanne ,  commune  de  Beaumout. 

(7)  Perl ,  commume  de  Beaumont. 

(8)  Fumeuse ,  commune  de  Beaumont. 

(9)  Le  Maieau,  commune  de  Beaumont. 

(10)  Ghampagnat,  commune  de  Beaumont. 

(II)  Gane  est  un  mot  tout  limousin  :  il  signiGc  d'habitude  un  marais ,  la  queue 
d'uD  étang,  un  vivier,  etc. 


TERRIER    DE   L'ÉGLISE   DE    BEAUMONT.  187 

Andrée  de  Champainhac ,  lllii  quondam  Pétri  de  May,  et  fuit  in  bona 
pofisecione. 

Item,  omnesdedmas  novaliorum,  podlorom  et  pratorum  tocius  nostre 
parrochie  BeUimontis. 

Item,  in  manso  de  Villamogaana,  novalia  nemorum.  Item  podii  qui 
est  subtus  levatam  a  parte  podii  de  Barenta. 

Item ,  in  et  super  quarterio  magme  décime  Johannis  Quintini ,  m  sexta- 
rics  et  eminam  siliginis  renduales. 


Notum  sit  omnibus,  universis  et  singulis,  capellanis  seu  rectoribus 
ecclesie  BeUimontis  atque  parrochianis  ejusdem  quod  cum  debatum  et 
questionis  materia  verteretur  inter  dilectum  in  Christo  dominum  Petrum 
Ousudre ,  rectorem  dicte  ecclesie  de  Bellomonte  et  canonicum  Ahenti  (1) , 
et  parrochianos  dicte  parrochie  de  et  super  literis  matrimoniorum . 
nubciis,  sepulturis,  terracgiis,  extrema  unxione,  aniversariis,  atque 
baptismis,  die  bodiema  infra  scripta  talis  compositio  intervenit  et  fuit 
&cta  ad  evitandum  questionem  et  debatum  in  futurum  :  yidelicet  quod 
capellanus  débet  et  tenetur  tradere  licteram  matrimonii,  sive  licentiam , 
cuilibet  filie  quum  recedit  a  parochia,  cum  xii  denariis.  Item,  quum 
fllius  alicujus  dicte  parrochie  recedit  exira  dictam  parrochiam  pro  se 
maritando,  cappellanus  in  litera  sive  licencia  talis  parrochiani  levât  et 
levare  débet  ad  voluntatem  ipsius  cappellani.  Item ,  quum  nubcie  fuerint 
intn  (2)  dictam  parrochiam ,  in  burgo  BeUimontis.  vel  extra,  cappellanus 
recipit  jure  nubciali  quatuor  morteas  (3) ,  quatuor  pintas  vini  et  duas 
tibias  porchi,  yidelicet  unam  de  primis  et  reliquam  de  ultimis.  Item ,  de 
xm  denariis  medietatem.  Item,  in  extrema  unnxione  recipit  très  solides, 
I  denarium.  Item,  in  sepulturis,  de  terracgio  (4),  très  solides,  i  denarium. 
Item,  de  vigiUis  (5),  xin  denarios.  Item,  de  exaudis  (6),  xm  denarios. 
Item,  duplioem  libacionem.  Et  cum  hoc  tenetur  cappellanus  dicere  alte 


(i)  Eymoalien. 

(2)  infra  s'est  quelquefois  employé  en  basse  latinité  pour  inlra.  [Gloss.,  v' 
Infra.) 

(3)  Mortea,  en  français  mortreux,  sorte  de  bouillie  qui  se  faisait  de  pain  et  de 
lait.  (Do  CâKGB,  Glass»  el  supplém.fV"  Mortea.)  9i  Apres  ont  chacun  une  ribelette 
de  lart  routi  sur  legreil,  est-il  dit  dans  une  charte  de  1450,  chacun  une  esculée 
de  morireux  fait  de  pain  et  de  leit,  et  à  boire  tant  quHls  veulent  cidre  ou  cer-- 
voise,»  —  «/pso  die,  portent  les  coutumes  du  monastère  de  Fleury-sur-Loire ,  in 
refectorio,  ad  prandium,  morteas,  générale piscium , mortariola •  pitaneiam  de 
opiimo  vino  debemus  habere ,  et  ad  cœnam  iruias. 

(4  et  0}  Terragiutn,  pour  inkumatio,  «sodium,  pour  exequiœ,  étaient  peu  usités. 
Le  second  de  ces  roots  paraît  s'appliquer  à  la  cérémonie  qui  se  fait  dans  Téglise, 
.  tandis  que  terragium  veut  dire  Tenterrement  au  cimetière. 

(5)  Office  des  morts.  Vraisemblablement  celui  qu'on  appelle  aujourd'hui 
nocturne,  et  qui  se  psalmodie  dans  la  plupart  des  enterrements  (sans  être  obli* 
^atoire). 


188  TERRIER  DE   l'ÉGLISE   DE   BEAUMONT. 

missam  mortuorum  et  remenbrancias  (1)  mortuorum  consuetas.  Item ,  in 
omnibus  aniversariis,  eciam  dupplicem libacionem.  Item,  pro oferta,  casu 
quo  fiât,  ad  yoluntatem  parcium.  Item,  cappellanus  potest  insequi  quo- 
libet corpus  sive  heredes  ipsius,  ipso  corpore  sepulto ,  usque  ad  duas 
]ibras  cere ,  casu  quo  luminaria  non  valeret  dictas  duas  libras  cere.  Item, 
pro  turibulo  sive  ensecier  (2),  vi  denarios.  Item,  enchanselis  (3)  pro  ter^ 
racgio,  duos  solidos  casu  quo  cappellanus  tradat  candelas,  et,  si  parro- 
chiani  tradant,  xviii  denarios.  Item,  in  baptisimo,  quatuor  denarios,  et 
clericus  unum  denarium.  Item ,  post  pascham ,  primus  baptizandus  débet 
solvere  crismam  (4).  Testes  liujus  rei  fuerunt  Stephanus  Lolergier  de  La 
Varelha,  Petrus  Jonica,  Johannes  Fabri ,  Petrus  Gobiani ,  presbiter,  cap- 
pellanus Belliloci  (5),  etGuillelmus  de  Orto.  Die  xxiii  mensis  januarii, 
anno  Domini  mo  cccco  xt». 


Stbphànus  de  Campis.  S(6]equitur  redditus  bladi  debiti  racione  man- 
sorum,  videlicet,  in  quolibet  manso,  unum  sextarium  siliginis,  et,  in 
qualibet  bordaria,  unameminam  siliginis,  ad'mensuram  de  Peyraco.  De 
quibus  redditibus  fuit  in  bona  possecione  levandi  anno  Domini  millesimo 
quadragrintesimo  xxv». 

Et  primo,  sequitur  bladum  siliginis  et  frumenti. 

Et  primo,  in  manso  Âlbo,  unum  sextarium  siliginis  et  quartam  frumenti 
et  totam  decimam  omnium  bladorum  et  lane. 

Item,  in  bonis  Guillelmi  Rochafort,  eminam  siliginis  rendualem.  Item 
xxti  denarios  renduales. 

Item,  in  manso  de  Ghavan,  unum  sextarium  siliginis  rendualem.  Item 
V*  solidos  quos  legavit  Goni  Sounier  de  Peyraco,  dondnus  dicti  loci  de 
Ghavan,  in suo  ultimo  testamento,  renduales,  pro  aniversario  suo. 

(1)  Cette  locution  signiflait  quelquefois  les  anniversaires  des  morts.  Elle  voulait 
aussi  dire  Tappel  fait  au  pr6ne  des  noms  des  défunts  pour  lesquels  on  demandait 
plus  particulièrement  les  prières  des  fidèles.  (  Dd  Gange  ,  Gloss.,  v"  Remembrant 
tium,)  Ici ,  je  pense  qu'on  a  voulu  dire  -.  les  offices  ordinaires  des  morts ,  les  prières 
des  morts  accoutumées. 

(2)  Ce  mot  n'est  pas  au  Glossaire,  mais  on  a  évidemment  oublié  de  placer  sur  Ye 
une  abréviation  qui  ferait  ensentier.  (  Encensoir  :  V.  le  Glosiaire  français  de 
Carpentier.) 

(3)  Ce  mot  n'est  pas  au  Glossaire.  On  disait  ordinairement  eandelabrum ,  et  plus 
rarement  eandelaria  (candélabre  ,  chandelier  ). 

(4)  Chrisma,  Le  saint  Chrême,  mélange  d'huile  et  de  baume  consacré  solennel- 
lement le  Jeudi-Saint  par  l'évéque,  et  dont  le  les  curés  se  pourvoient  chaque  année 
à  Tévéché  :  il  sert,  avec  les  saintes  huiles  consacrées  le  même  jour,  aux  céré- 
monies du  baptême. 

(5)  Probablement  Beaulieu ,  commune  de  Peyrat ,  aujourd'hui  simple  village , 
autrefois  cure  sous  le  nom  de  Beaulieu-près-Peyrat,  Beaulieu-prés-Eymoutiers. 
(Nadaud,  PouiUé  mss.) 

(6)  C'est  dans  la  panse  de  celle  lettre  S  que  se  trouve  écrit  iephanus  de  Campis^ 
la  lettre  elle-même  servant  d'initiale  à  Stephanus, 


TEBRIER  DB  LEGLISE  DE  BEAUMONT.  189 

Item,  in  duobas  mansis  de  PetrafLxa  (1).  cum  bordaria de  Petraâxa, 
II  sistarios. 

Item ,  in  daobus  mansis  de  Yergnotz,  ii  sistarios  siliginis  renduales. 

Item ,  in  duobus  mansis  de  Vassivieyra  (2) ,  ii  sistarios  siliginis  ren- 
duales. 

Item,  in  mansis  dabzols,  quondam  Pétri  Chaucherii,  m  eminas  siliginis 
renduales. 

Item,  in  manso  de  Capella  Talhafer,  unum  sistariam  siliginis. 

Item,  in  teneinciario  de  La  Fouria,  eminam  siliginis  rendualem. 

Item,  in  manso  de  Varelha,  unum  sistarium  siliginis.  Item  plus,  in 
ipso  manso,  eminam  frumenti,  ratione  et  ex  causa  décime  ortorum. 

Item,  in  manso  de  La  Vilata  (3),  unum  sistarium  siliginis  rendualem  et 
très  quartas  frumenti  racione  predicte. 

Item,  in  duobus  mansis  deyvernauls  (4) ,  ii  sistarios  siliginis.  Item  plus, 
m  quartas  frumenti  racione  predicte. 

Vilata  tenet. 

Item ,  in  manso  de  La  Yarelheta  (5) ,  unum  sistarium. 

Item,  in  manso  de  Fomols,  alias  de  La  Yarelheta  Roeyres,   unum 
sistarium  siliginis. 

Item,  in  duobus  mansis  de  Las  Temas  (6),  superiorem  et  inferiorem, 
II  sistarios  siliginis. 

Item,  in  mansis  deu  Coffeyn  (7) ,  eminam  siliginis. 

Item,  in  manso  deFumoza,  m  sistarios  eminam. 

Item,  in  manso  deu  Mazaux  (8) ,  unum  sistarium. 

Item,  in  manso  de  Champanah  (9),  qui  est  una  bordaria,  eminam  sili- 
ginis rendualem. 

Item ,  in  manso  superiori  de  La  Yirola  (10) ,  unum  sextarium  siliginis 
rendualem. 

Item,  in  manso  inferiori ,  qui  est  bordaria,  eminam  siliginis  rendualem. 

Item,  in  duobus  mansis  de  Yichers   (11),  in  superiori  et  inferiori, 
II  sextarios  siliginis. 

Item ,  in  manso  deu  Boueyt ,  unum  sextarium  siliginis. 

Item,  in  bordaria  de  Bisacge,  eminam  siliginis. 

Johannes  4e  Champanahac  tenet. 

Item,  in  mansis  de  Yillamoguana  et  dou  Poyol,  ii  sextarios  siliginis 
renduales. 


(1)  PierreGUe ,  commune  de  Beau  mon  t. 
't)  Vassiviére ,  commune  de  Ccaumont. 

(3)  La  Vilatte ,  commune  de  Heaumont. 

(4)  Hy vernaad ,   commune  de  Beaumonl. 

(5)  La  Varlictle,  commune  de  Beaumont. 

(6)  Les  Thèmes,  commune  de  Beaumonl. 

(7)  Coufeix,  commune  de  Beaumont. 
(S)  Le  Mazeau,  commune  de  Beaumont. 

(9)  Champagnat .  commune  de  Beaumont 

(10)  fji  Virolle,  commune  de  Beaumont. 
'  W)  Vicbez,  commune  de  Beaumont. 


190  TERRIER  DE  L'ÉGLISE  DE   BEAUMONT. 

Item»  in  duobus  mansis  da  Pers,  superiorem  et  inferiorem ,  ii  sextarlos 
siliginls. 

Item,  in  villa  de  Bellomonte,  m  eminas  siliginis,  pro  tribus  bordariis, 
renduales. 

Item,  in  manso  d*Ardena,  i  sextarium  siliginis  et  quartam  frumenti. 

Item,  possidet  quodam  solare  domus  situm  in  loco  de  Bellomonte, 
subtus  ecclesiam ,  quod  assensavl  Leonardo  de  La  Yirola,  primo  Yiitem  so- 
lidos  et  sex  denarios  renduales,  inter  domum  deux  Rochafortz,  ex  una , 
et  domum  Johannis  Fabri,  ex  alia,  et  ortum  dicti  Johannis  Fabri,  ex 
altéra. 

Item,  pratum  dicte  ecclesie. 

Item,  unum  ortum  vocatum  de  La  Cisterna,  contiguum  dicti  prati 
capellanie,  quem  ortum  Stephanus  deCampis,  capellanus,  atquisivita 
Petro  Medici ,  de  Bellomunte. 

Item,  ortum  clausum  lapidibus,  situm  in  pertinenclis  cimiterii  magni 
Bellimontis,  rétro  caminatam  exuntem. 

Item ,  molendinum  cum  stagiio  et  levatis  prout  aqua  labitur. 

Item,  super  orto  Guillelmi  Rochafort,  posito  subtus  ecclesiam,  inter 
ortum  de  La  Mostonaria  et  pratum  de  manso  Oublanc ,  et  insuper  aliis 
duobus  ortis  Pétri  Medici  de  Bellomonte,  eminam  siliginis  rendualem. 
ratione  décime,  et  cum  predicta  emina  siliginis  renduale  non  tenentur 
dicti  tenenciarii  qui  nunc  sunt  yel  pro  tempore  erunt  decimarum  fructus 
dictorum  ortorum. 

Item ,  Johannes  Fabri  débet  ii  denarios  renduales  in  et  super  pecia  terre 
sua  sita  a  Planchaneyro. 

Item,  in  quodam  orto  qui  fuit  Pétri  Medici,  sito  in  terrario  de  campo 
Fabri,  Âhenti  monasterii,  viii  denarios  quos  legavit  uxor  dicti  Pétri. 

Item,  in  et  super  bonis  Stephani  Fejdeti,  vi  denarios  renduales. 

Item,  Petronilla,  uxor  sua,  legavit  ecclesie  Bellimontis  v*  solidos  quos 
ascedit  în  et  super  quadam  domo  Guillelmi  (1)  Varelhaudi ,  sita  in  rua  de 
Naunis  (2) ,  ville  Âhenti  monasterii.  Modo  est  dicta  domus  Guillelmi 
Romaneti. 

Item,  xn  denarios  in  manso  de  Sarutz  Labontat  (3),  parrochie  de 
Aneta  (4). 

Item,  in  bonis  Pétri  Barriera,  de  Aneta,  vm  denarios  renduales. 

Item,  in  et  super  quodam  pratro  heredem  quodam  (5)  Guillelmi  Melhac, 
ville  Ahenti  monasterii ,  situm  in  tratorio  (6). 

(7)  xviii  denarios  renduales ,  quos  assedit 

(i)  Il  y  a  GuilMmus  dàus  le  manuscrit,  mais  c'est  une  erreur  évidente. 
(V)  AucuDC  des  rues  actuelles  d'Eymoutiers  ne  rappelle  ce  uom. 

(3)  Il  existe  on  village  du  nom  de  Serru ,  Serut  (recensemeut  de  1851  et  carte  de 
Tétat-major) ,  ou  Sarrut  (carte  de  Grignard  )  dans  la  commune  de  Nedde. 

(4)  Nedde. 

(5)  Il  faut  évidemment  prato  heredum  quondam, 

(6)  Si  tratorium  est  ud  nom  commun  ,  il  ne  se  trouve  pas  au  Glossaire;  s'il  est 
un  nom  propre,  il  ne  répond  aujourd'hui  à  aucun  nom  des  quartiers  ou  faubourgs 
d'Eymouliers.  • 

(Tj  Le  cummencement  de  cet  alinéa  a  élé  loissé  en  blanc  au  manuscrit. 


TERRIKR   DE  L'EGUSE   DE   BEAUMONT.  191 

dominus  Joliannes  Gursaudi ,  capellanus  sive  rector  eodesie  de  Bello- 
monte. 

Item ,  unum  sextarium  siliginis  rendualem,  qtiod  assedit  et  assigmavit 
Johannes  Vialata ,  tenenciarlus  mansorum  de  La  Yarelha,  dyreriials  et 
de  La  Yiata ,  in  et  super  (1)  omnibus  suis  mobilibus  et  inmobilibus 
quibuscumque. 

Item,  in  et  super  bonis  Johannis  Marinot,  alias  Beoubi,  de  Pheli- 
tinio  (2),  unam  quartam  frumenti  rendualem,  quam  assedit  et  assignavit 
dictus  quondam  Johannes  Marinot  in  et  super  domum  suam  sitam  in 
barrio  (3)  Phelitinii ,  deversus  ecclesiam  parrochialem  Bellimontis  (4). 


Item  ecclesia  de  Bellomonte  non  débet  procurationem  (5)  domino  Lemo- 
vicensi  episcopo ,  ut  constat  per  litteram  cujus  ténor  hic  est  insertus  : 

«  Johannes  (6) ,  Del  gratia  Lemovicensis  episcopus,  omnibus  has  litteras 
iuspecturis  in  perpetuum  :  notum  sit  presentibus  et  futuris  quod  cum 
nos  in  castellarl  (7)  nostro  apud  Âhent  (8)  hediûcare  vellemus  et  cano- 
nici  Ahentenses  ne  id  faceremus  inhibuissent,  tandem  in  ter  nos  et  pre- 
positum  et  canonicos  ipsius  ecclesie  talis  compositio  intervenit  ut  liceret 
nobis  et  successoribus  nostris  illud  hediûcare  castellare  pro  voluntate 
nostra,  pariter  et  munire.  Verum  si  ibidem  stagnum  construeretur  atque 
molendinum ,  stagnum,  pices  ad  nos ,  et  molendinum  ad  ipsos  canonicos 
pertineret,  recompensatis  terris  hominibus,  ad  condilium  bonorum 
virorum  Tille ,  que  per  stagnum  vel  molendinum  fuerint  occupate  (9).  Ad 

(1)  Le  maottscrit  porte,  par  une  erreur  évidente ,  suis  au  lieu  de  super. 

(2)  Fellelin  (Creuse). 

(3)  Barriunit  faubourg,  et  parfois  mur  d'enceinte.  Certains  quartiers  de  nos 
Tilles  s'appellent  encore  Us  ^arrts  (Saint- Yrieix,  Eymoutiers,  Âiie ,  etc.). 

(4)  Beaumoot  de  Kelletin. 

(5)  Taxe  pécuniaire  représentative  du  droit  que  les  évéques  avaient  d*étre  logés, 
eux  et  leur  soite,  chez  les  curés  dont  ils  visitaient  les  églises.  A  Torigine,  ce  droit 
était  perçu  en  nature  :  il  fût  plus  tard  converti  en  argent. 

(6)  Jean  de  Teyrac ,  prévôt  du  chapitre  de  Sainl-Junien,  fut  élu  évéque  de 
Limoges  en  1198,  et  siégea  jusqu'en  12i8.  Il  mourut ,  le  2  décembre  de  cette  même 
année,  à  Acre  en  Palestine  ,  où  il  fut  enterré.  (Madacd  ,  Tableau  des  évéques  de 
Limoges.) 

(7)  Castellare  signifiait  plus  exactement  Tenceinte  fortifiée  protégeant  un  castel 
que  le  château  lui-même.  (Gloss.  et  supplem.,  v'  Castellare,) 

(H)  Eymoutiers. 

(9)  Dans  quelques  pays  de  droit  coutumier,  les  étangs  étaient  Tobjet  d'une 
faveur  singulière,  et  certaines  coutumes  admettaient  que  le  seigneur  de  fief,  en 
Ciisanl  construire  un  étang ,  pouvait  y  enclore  les  terres  de  ses  sujets  moyennant 
récompense.  Ce  droit  était  en  viguenr  à  Eymouliers,  noire  texte  eu  fait  foi.  Cette 
ville  était  cependant  de  droit  écrit  ;  mais  il  faut  remarquer  que  le  pays  environnant 
était  en  partie  régi  par  la  coutume  de  la  Marche.  (F.,  sur  ce  droit  d'expropriation , 
dans  le  Coutumier  général,  Coutume  de  la  Marche,  art.  cccx  ;  —  art.  308  dans 
Couturier  de  Fournoue.) 


192  TERRIER  DE  LEGLISE  DE  BEATJMONT. 

hec ,  cum  inter  nos  et  ipsos  super  procurationem  ecclesiarum  deBeumon , 
de  Sancto  Juliano  de  Laront  (1),  de  Sancto  Prejecto  (2)  et  de  Sancto 
Amando  (8)  questio  mota  fuisset ,  questionem  illam  imperpetuum  remi- 
simur.  Additum  eciam  fuit  ut  liceret  nobis  in  castello  nostro  oratorium 
construere,  ita  quod  in  oratorio  illo  nulla  prorsus  parochialia  exerceantur 
et  proventus  parochianorum  eorum  reddantur  eisdem.  Insuper,  canonici 
facient  si  voluerint  fortaliciam  (4)  in  sua  majori  ecclesia  vel  in  mota  (5)  , 
salvojure  nostro  et  successorum  nostrorum ,  videlicet  quod  a  nobis  forta- 
licias  si  quas  fecerint  habeant,  teneant  et  reddant  sicut  tenentur  qum- 
cumque  a  nobis  vel  mandato  nostro  fuerint  requisiti.  Huic  autem  compo- 
sitioni  interfuerunt  socii  et  concanonici  nostri  Am(aldns]  de  Montelh , 
Eustorgius  Esquint,  A.  Saune,  magister  Petrus  Sarpeun,  Ebolus  de 
Ceirat,  noti  viri.  Ipsis  autem  canonicis  présentes  litteras  concessimus  ad 
majorem  roborem ,  ûrmitatem  sigilli  munimine  consigrnatas.  Actum  apud 
Ahenti  monasterium ,  in  ipsorum  coro  canonicorum ,  anno  incarnati 
Verbi  millésime  ce*  vu©.  » 

(1)  Saint-Jalien-le-Petit. 

(2)  SaÎDt-Priest-Palos  (Creuse). 

(3)  SaiDt-ÂmaDd-Ie-Petit  (succursale),  commuDe  de  Peyrat-le-C bateau.  Il  existe 
dans  la  Haute- Vienne  et  dans  la  Creuse  plusieurs  autres  paroisses  du  nom  de  Saint- 
Priest  et  du  nom  de  Saint-Âmand  ;  mais  les  deux  que  j'indique  étaient  les  seules  de 
ces  noms  à  la  collation  du  chapitre  d'Eymoutiers.  Il  ne  peut  donc  y  avoir  d'erreur. 

(4)  Fort,  forteresse.  (DuCange,  Glo$s.,  v*  Forialicia.) 

(5)  Mota,  éminence ,  butte ,  le  plus  souvent  de  main  d^homme,  sur  laquelle  on 
établissait  des  travaux  de  défense.  On  trouve  dans  deux  lettres-patentes  de  Charles  V 
les  deux  mentions  suivantes,  intéressantes  pour  Limoges  ;  Et  quadam  mota  $ive 
platêa  $ita  êuper  duo  stangna  dicte  ville  (28  décembre  1371.  —  Ord,  des  rois  de 
France  de  la  3'  race,  T.  Y,  p.  439).  —  La  mote  qui  est  sur  les  deux  étangs  du 
ehastel  de  Limoges  (2  janvier  1371.  —  L9C.  cit.,  p.  444.)  —  F.  aussi  Bonav.  de 
Saint-Âmable ,  T.  III,  p.  662,  et  Leymarie,  Limousin  hist.,  T.  I,  p.  652. 

Ces  deux  passages  ont  fait  supposer  à  du  Cange  et  à  Carpcnticr,  son  conlinuateor 
(Gloss,  et  suppl.,  %f  Mota),  que  mota  pouvait  quelquefois  désigner  les  mottes  de 
terre  servant  à  établir  la  chaussée  d'un  étang;  mais  le  texte  me  paraît  résister  à 
cette  interprétation  ou  tout  au  moins  à  l'application  qui  en  est  faite.  Ce  n'est  pas 
sur  Tétang,  mais  bien  à  sa  partie  inférieure,  que  se  trouve  la  chaussée  destinée  à 
retenir  les  eaux.  Il  arrivait  souvent  au  contraire  que  les  buttes  fortifiées  dominaient 
des  étangs  qui  leur  servaient  eux-mêmes  de  défense  en  rendant,  au  moins  par  un 
côté,  leur  abord  difficile.  C'est  en  outre  un  fait  constant  qu'un  fort  a  autrefois 
existé  sur  notre  place  actuelle  de  la  Motte.  La  place  (platea)  prit  plus  tard  son 
nom  du  fort  qui  la  dominait  [Mota),  et  ce  nom,  elle  le  porte  encore  aujourd'hui. 
C*e8t  donc  mal  h  propos  que  quelques  personnes  et  même  la  municipalité  de 
Limoges  orthographient  Motke  au  lieu  de  Motte.  Ccsi  également  par  erreur  que 
quelques  étymologistes  (vid.  Ducourtieux,  Almanach  limousin ,  1860,  p.  151  > 
font  venir  le  nom  de  cette  place  de  relui  de  M.  de  La  Molhe, 


STATUTS 


DES  MAITRES  FOURBISSEURS 


(1578) 


Siméon  Dubois ,  con'  du  Roy  nostre  sire  &  lieutenant  général 
en  la  sénéchaussée  de  Limousin  &  siège  présidial  de  Limoges, 
sçavoir  faisons  que,  sur  la  req»"  h  nous  présentée  par  les  four- 
bisseurs  de  la  ville  de  Limoges ,  citté  &  fauxbourgs  d*icelle , 
contenant  que  combien  que  led.  mestier  méritte  d'estre  juré 
autant  que  tout  autre  que  seocibre  dans  lad*  ville  pour  le  danger 
que  peut  aduenir  aux  hommes  lors  que  les  espées  &  dagues  ne 
sont  montées  comme  elles  doivent  estre,  sy  est  ce  toutes  fois  que 
lesdits  suppliants  &  leurs  prédécesseurs  par  le  peu  de  moyen 
qu'ils  ont  eu  cy  deuantwen^  faict  jurer  led.  mestier;  désirant  à 
presant  de  le  faire  pour  le  bien  &  profflt  des  habitans  de  la 
susd'  ville  &  du  payssuyuant  les  articles  y  attachés,  n'ayant  le 
voulu  entreprendre  sans  nostre  aduis  sur  la  commoditté  &  profit 
de  faire  jurer  led.  mestier  sous  les  qualittés  portées  par  les 
articles  &  autres  quil  nous  plaira  corriger  ou  adiouter  sy  besoin 
estoit,  &  auoir  nostre  déclaration,  sur  laquelle  requeste  vous 
auriez  ordonné  quelle  seroit  mostrée  au  procureur  du  roy  & 
conseil  de  lad*  ville,  fait  à  Limoges  le  quatriesme  jour  du  mois 
d'aoust  mil  cinq  cent  septente  huit ,  laquelle  veue  par  led.  pro- 
cureur du  roy,  a  dit  nempêcher  lad*  requeste  auec  ses  articles  y 
attachés  pour  estre  renuoyé  deuers  le  roy  pour  y  estre  pourueu 
comme  il  plaira  à  Sa  Maiesté;  signé  Ardent;  &  lad*  requeste 
aussy  monstrée  auxdits  consuls,  qui  ont  dit  qu'ils  consentent 
que  lesd.  supplians  fassent  jurer  led.  mestier  de  fourbisseur 


194  STATUTS    DES    MAiXRES  FOURBISSEURS. 

soubz  les  qualittés  portées  &  contenues  par  les  articles,  signé 
Desflottes,  prévost  consul  ;  surquoy  veu  par  nous,  lieutenant 
général  susd.,  la  déclaration  du  procureur  du  roy&  consul, 
déclarons  estre  expédiant  que  led.  mestier  soit  juré,  &  à  ces  fins 
ordonnons  que  lesd.  supplians  se  pouruoîront  par  le  roy.  Fait  à 
Limoges,  le  5*  jour  du  mois  d^aoust  mil  cinq  cent  septante  huit. 
Signé  Dubois  &  de  Douhet.  Ce  sont  les  articles  concernant  lad' 
mestrise  du  mestier  de  fourbisseur,  desqud  et  duquel  habitant  en  la 
ville  &  fauxbourg  de  Limoges,  lesquels  nous  Pierre  Sire  dit 
Bigné;  Pierre  Bouchier,  demeurant  en  la  Citté;  Léonard  Belat; 
Léonard  Fournier;  Martial  Bellat;  FiStienne  Pinardeau;  Jacques 
Gautier;  Mathieu  Lamy;  Jean  Joncque;  Bernard  Emeril  & 
Pierre  Longard,  exersant  led.  mestier  en  lad*  ville,  citté  & 
fauxbourg ,  auons  promis  &  juré  de  garder  &  obseruer  inuiola- 
blement  de  point  en  point  en  la  forme  cy  après  contenue  soubz 
le  bon  plaisir  de  la  maiesté  du  roy. 

<*».  —  Premièrement  celluy  qui  voudra  par  cy  après  passer 
mestre  dud.  mestier  de  fourbisseur  sera  tenu  de  demeurer 
apprentif  auec  Tun  desdits  maistres  pour  le  temps  &  terme  de 
cinq  ans ,  sans  pouuoir  estre  receu  en  lad*  mestrise  qu'il  n'aye 
monstre  par  escript  du  temps  de  son  aprentisage ,  &  ne  poura 
quitter  cellui  qui  faira  son  apprentissage  soubz  maistre  pendent 
led.  temps  sans  grande  &  urgente  cause,  de  laquelle  il  fera  re- 
monstranse  aux  baisles  dud.  mestier,  presant  sond.  maistre ,  pour 
obtenir  leurs  prouisions  d'aller  parachener  son  apprentissage  en 
une  autre  boutique ,  &  sy  par  les  'baisles  la  cause  dud.  ser- 
uiteur  n'est  trouuée  légitime,  ledit  apprentif  continuera  son 
apprentissage  à  payne  de  vingt  escus,  &  ne  pourra  aucun 
desd.  maistres  tenir  dans  sa  boutique  plus  que  d'un  apprentif. 

2^  —  Que  tous  maistres  dud.  estât  ne  pourront  soustraire  un 
apprentif  durant  le  temp  dud.  apprentissage,  ne  l'appeler  à  soy 
que  le  temps  ne  soit  passé,  comme  aussy  ne  pourra  faire  aucun 
compagnon  ne  seruiteur  demeurant  en  seruice  dautres  maistres 
que  se  ne  soit  par  le  vouloir  &  consentement  dud.  maistre  ou  le 
compaignon  demeurera ,  &  que  le  temps  de  sa  promesse  ne  soit 
expiré  &  ou  aucun  viendra  au  contraire  payera  deux  escus  qui 
seront  pour  estre  mis  dans  sa  bouette,  &  employés  en  honneur  & 
prières  à  la  discrétion  des  bailles. 

30,  _  Tout  apprentif  ou  compaignon  qui  sera  trouué  en  faute 
notable  de  larcin  ou  autre  crime  en  la  maison  de  son  mestre  ne 
poura  prendre  le  décret  ny  estre  receu  maistre  dud.  mestier. 


STATUTS   DES  MAItBES  FOURBISSEURS.  195 

i**.  —  Tout  apprentîf  ou  compaîgiion  auant  que  passer  maistre 
en  la  présent  ville ,  citté  &  fauxbourgs  seront  tenus  de  monstrer 
des  breuets  &  certificats  desdits  bailles  dudit  mestier  de  leur 
apprentissage  &  deuoir  estre  receus  compaignon  juré  en  d^autres 
villes  capitales  de  ce  royaume  par  certificat  des  maistres  jurés 
desd"  villes. 

5*».  —  Que  les  enfants  des  maistres  jurés  de  la  présent  ville , 
citté  &  fauxbourgs  seront  adonnés  à  lad'  mestrise ,  s'ils  veulent 
estre  dud.  estât  sans  faire  chef  d'hœuure,  sy  ce  n'est  un  essay,  & 
quant  à  ceux  qui  ne  seront  fils  de  maistre,  &qui  voudront  estre 
receus  audit  mestier,  seront  tenus  faire  chef  d'hœuvre,  et  ce  en  la 
maison  de  Tun  des  bailles  qui  seront  nommés  par  les  maistres. 
Pour  chef  d'hœuure  doiuent  prendre  une  lame  neufue  &  large 
darmet  &  rompre  la  soye  à  deux  points  de  doigt  du  talion ,  &  la 
souderont  lad*  saye  sans  apparance  d'aucune  soudure,  &  ce  fait 
rompront  la  pointe  de  lad*  lame  de  la  longueur  de  trois  pointes 
de  doigt,  &  seront  tenus  ceux  qui  voudront  estre  receus  à  la 
mestrise  faire  autre  pointe  de  mesme  fason  à  tulle  &  des  mesmes 
proportions  que  le  surplus  de  lad*  lame ,  sans  faire  aucune  fosse 
sur  lad*  pointe ,  la  faire  en  fason  quelle  soit  au  contantement  des 
bailles  et  des  maistres  dud.  mestier. 

6*».  —  Et  outre  ce  seront  tenus  fourbir  lad*  lame  sans  qu'il 
paroisse  aucun  trait ,  &  que  la  fourbissure  soit  nette. 

6*»  bis.  — Celluy  qui  fera  son  chef  d'hœuure  incontinant  rapor- 
tera  deuant  lesd.  bailles  qui  seront  nommés  une  garde  &  pom- 
meau neuf  estant  h  toutes  mains  en  croix  pardessous  sans 
aucune  limeure,  ains  seulement  comme  elle  viendra  de  la  forge, 
&  sera  tenu  celluy  qui  faira  ledit  chef  d'hœuure  de  le  limer,  &  que 
ce  soit  en  la  bouttique  de  l'ung  desd.  bailles,  et  d'aduantage 
forg-era  le  bout  de  sa  main  &  le  limera  à  la  façon  de  la  garde 
&  pommeau ,  &  ce  faict  montera  lespée  de  tout  pointif  &  faira  la 
poignée  &  un  foureau  de  cuir  de  veau  sur  bois  d'atelle  bien 
ouuré  &  fasouné,  &  faira  ledit  chef  d'hœuure  dans  un  mois. 

7**.  —  Pendant  le  temps  que  se  faira  led.  chef  d'hœuure,  les 
maistres  dud.  mestier  y  pouront  aller  quand  bon  leur  semblera 
pour  voir  trauaiiler  celluy  qui  voudra  estre  receu  maistre. 

go.  —  Sera  tenu  celluy  qui  aura  faict  son  chef  d'hœuure  de 
déclarer  aux  bailles  qu'il  a  parfaict  icelluy  &  le  vu  &  pn*^ 
suppliera  les  deux  bailles  assembler  tous  les  maistres  dud.  estât , 
&  tel  jour  qu'il  sera  aduisé  en  la  maison  de  l'un  des  bailles,  h  dix 
heures  du  matin;  led.  chef  d'hœuure  sera  porté  en  la  maison  & 


196  STATUTS   DES   MAÎTRES   FOURBISSEURS. 

présenté  aux  bailles  &  maistres  dud.  estât  par  icelluy  qui  laura 
faict,  &,  s'il  se  trouue  bien  faict  par  les  bailles  &  maistres,  qui 
seront  pfits,  icelluy  qui  laura  faict  sera  receu  par  lesd.  bailles  & 
maistres  comme  estant  tous  de  mesme  aduis  &  déclaration,  &,  ce 
faict,  luy  sera  permis  de  tenir  boutique  comme  les  autres 
maistres  oii  bon  luy  semblera,  en  ville,  citté  &  fauxbourgs,  & 
pour  son  entrée  payera  douze  liures,  qui  seront  employées  à 
celluy  des  maistres  qui  sera  nécessiteux ,  compaignon  ou  ap- 
prentif ,  et  ou  led,  chef  d'hœuuresera  trouué  jmparfaict  par  la 
maistrise,  par  des  bailles  et  maistres,  cellui  qui  laura  présenté 
le  refferra  tout  de  nouueau. 

9°.  —  Ne  sera  permis  à  aucun  maistre  de  vandre  aucune  lame 
despée  cassée,  ny  rompue,  ny  aussy  aucune  garde  brazée,  ny 
aussy  aucun  foureau  de  mouton  ,  ny  pareillement  d'aller  par  les 
logis  ny  par  les  hostelleries  corrales  sans  estre  appelés  par  ceux 
qui  voudront  fayre  trauailler,  à  payne  dun  escu. 

\Q\  —  Qu'il  ne  sera  permis  ny  loisible  à  aucuns  habittans  de 
la»  pût  ville ,  citté  &  fauxbourgs  daler  achepter  aucune  lame 
despée,  dague,  garde  &  fourreau  nécessaire  aud.  estât  que  seul- 
lement  aux  maistres  jurés  dud.  mestîer  dejfourbisseur,  & ,  en  cas 
que  lad*  marchandise  fust  vendue  à  dautres ,  lesd.  maistres  la 
pourront  auoir  pour  le  mesme  prix  quelle  aura  esté  vendue,  affln 
de  pouuoir  vacquer  à  leur  estât  &  seruir  à  la  république. 

44°.  —  Tout  fils  de  maistre  ne  sera  tenu  de  faire  aucun  chef- 
d'hœuvre  durant  la  vie  du  père ,  mais  après  comme  dit,  est,  ains 
seulement  de  bien  garnir  une  espée  de  tout  point  comme  il  luy 
playra.  Ledit  essay  sera  tenu  toutefois  présenter  aux  bailles  & 
maistres,  lesquels  le  receuront  maistre  comme  estant  fils  de 
mestre,  &  payera  pour  son  entrée  un  escu  en  la  boitte,  appli- 
cable comme  dessus. 

42».  —  Le  père  estant  maistre  dud.  estât  ayant  un  ou  deux  ou 
trois  enfants  ou  plusieurs  trauaillant  dlcelluy,  ne  pouront  iceux 
enfants  faire  aucun  essay  ny  estre  receus  maistres  ny  tenir  bou- 
tique soubz  la  compaignie  du  père  tant  quil  viura,  sy  ce  n'est  du 
consentement  du  père. 

43».  —  Toute  veufue  de  maistre  dudict  mestier  demeurant  en 
viduité  poura  tenir  boutique  ouuerte  par  seruiteur  ou  com- 
paignon  de  huun,  et  besoigne  de  laquelle  elle  répondra  sy  elle 
n'est  trouuée  marchande  &  bonne ,  &  s'il  sy  trouue  fautte , 
laquelle  payera  les  droits  comme  les  autres  maistres  pour  entre- 
tenir lad.  mestrise,  &  ou  lad**  veufue  se  marieroit  auec  un  com- 


STATUTS  DES  MAITBES  FOURNISSEURS.  197 

paignon  dud.  estât,  il  faira  sou  chefdœuure  &  payera  tous  les 
droits  susdits ,  &oii  elle  se  remarieroit  auec  autre  dautre  vocar- 
tion,  neluy  sera  permis  de  tenir  aucune  bouttique,  ains  la 
fermer. 

4  V.  —  Tout  marchend  estranger  menant  de  marchendîses  de 
fourbisseur  pour  débitter  en  la  pût  ville,  lesd.  bailles  estant 
aduertis  de  cette  marcbendise  le  fairopt  sçavoir  h  tous  les  autres 
maistres  fourbisseurs  dud.  estât.  Les  maistres  jront  en  la  maison 
diid.  marchend  ;  ayant  veu  lad'  marcbendise ,  tous  les  maistres 
qui  sy  trouueront  auront  leur  part  de  lad'  marcbendise  que  un 
ou  deux  ou  trois  auront  achepté,  &  chacun  du  plus  ou  moins. 

45°.  —  Ne  sera  permis  à  aucun  personnage  de  la  pnt  ville  , 
citté  &  fauxbourgs  n'estant  maistre  dud.  estât  vendre  ou 
débitter  en  bouttique  ou  en  chambre  ou  faire  trafit  d'aucune 
espée  &  dague  neufue  garnie  ni  pareillement  daucun  foureau ,  à 
payne  de  confisca**''  &  amende. 

46'.  —  Pour  effectuer  ce  que  dessus  tous  les  maistres  nom- 
meront deux  bailles  chacun  jour  &  faiste  de  monsieur  saint 
Paul,  &  que  lesditsdeux  bailles  fairont  visitte  chez  les  autres 
maistres  chacun  mois  du  moins.  Lorsqu'ils  arriueront  en  les 
boutiques  &  verront  lesdits  bailles  toutes  les  marchendises  qu'ils 
auront  &  où  en  trouueront  aucune  lame  cassée  ou  rompue ,  la 
garde  brdzée  &  aud.  ouurages  mal  faits,  sera  led.  ouurage  & 
celluy  qui  laura  mis  à  la  discrétion  desdits  bailles,  qui  ne 
pouront  toutefois  excéder  &  monter  plus  haut  d'un  escu,  &  où 
jl  aura  fautte  notable,  lesdits  bailles  se  pouruoyront  par  les 
remèdes  de  la  justice.  Signé  du  Bois,  &  de  Douhet ,  &  Beaubrun , 
bailles;  Pinardeau ,  baille  ;  Pierrelin  de  Bigon,  E.  Beaubrun,  & 
Nicolas,  lieutenant  général. 

Henry,  par  la  grâce  de  Dieu  roy  de  France  et  de  Pologne ,  à 
tous  mes  ornés  salut.  Scauoir  faisons ,  nous  auons  receu  humble 
suppliquation  des  bailles  des  maistres  de  fourbisseurs  en  nostre 
bonne  ville  de  Limoges ,  contenant  qu'ils  ont  présenté  requeste 
an  senechal  de  Limosin  ou  son  lieutenant  aud.  Limoges  affin 
que  leur  mestier  fust  juré ,  laqjaelle  requeste  aurolt  esté  com- 
muniquée à  nostre  procureur  &  aux  consuls  d'icelle  ville,  qui  ont 
baillé  leur  consentement,  &  partant  led.  sénéchal  a  déclaré  estre 
expédient  que  led.  mestier  de  fourbisseur  soit  juré,  &  a  renuoyé 
les  exposants  par  deuant  moy  pour  leur  pouruoir  auec  les 
articles  qu'ils  ont  dressé  sur  le  fait  de  leur  dite  mestrise  &  pour 
le  règlement  d'jcelluy  y  attaché  soubz  nostre  contrescel ,  les- 

44 


198  STATIITS  DBS  MAItRES   FOUBBISSBUBS. 

quels  nous  auons  fait  voir  en  nostre  conseil,  et  par  ladnis 
d'icelliiy  auons  dit  &  déclaré,  disons  &  déclarons  que  led. 
mestier  de  fourbisseur  en  nostre  ditte  ville  de  Limoges  sera  dors 
en  auant  juré  pour  y  estre  réglé  suyuent  lesdits  articles  y 
comme  dit  est  attachés ,  lesquels  à  ces  fins  nous  auons  vallidés 
&  authorisés,  vallidons  &  authorisons  par  ces  présentes  par 
lesquelles  donnons  en  mandement  aud.  sénéchal  de  Limousin 
ou  son  lieutenant  quenen  prnt  audict  et  déclarent  ensemble 
lesdits  articles,  il  fasse  lire  &  enregistrer,'garder  &  obseruer  & 
entretenir  par  lesd.  fourbisseurs  qui  sont  de  présent  &  leurs 
successeurs  en  jcelluy  mestier  sans  qu'il  y  soit  aucunement 
contreuenu,  &  ceux  qui  seront  maistres  aud.  mestier  jouir  des 
mesmes  prérogatives  dont  jouissent  les  autres  mestiers  &  non 
villes  esqueUes  jls  sont  jurés ,  contraignant  à  ce  faire ,  souflFrir  & 
obeyr  tous  ceux  qu'il  appartiendra  par  toutes  voyes  et  ma- 
nières deues  et  raisonnables ,  nonobstant  oppositions  ou  appella- 
tions quelconques,  sans  préjudice  d'icelles,  pour  lesquelles  ne 
voulons  estre  différé ,  car  tel  est  nostre  plaisir.  Donné  à  Fon- 
tesnebleau  au  mois  de  septembre  l'an  de  grâce  mil  cinq  cens 
soixante  dix-huit  &  de  nostre  règne  le  cinquiesme.  Signé  par  le 
roy  en  son  conseil  Potier  ^  Verthamont.  —  En  jmarge  :  Statuts  des 
maîtres  fourbisseurs. 


LISTE 

D'anciens  Armuriers,  Fourbisseurs  (fépée ,  etc.,  limousins r 
(Paprès  des  titres  des  archives  départementales. 

Jehan  Portau ,  en  l'année  4  433. 

Guillelmus  Tharau ,  scuturarius,  fabricant  de  boucliers  (écus), 
armurier,  en  1 468. 

Matheus  Millenaud ,  brigandinarius ,  brigandinier,  fabricant  de 
brigandines,  armures  du  temps  du  roi  de  France  Charles  VII, 
U68. 

Mathieu  Malinvaudi  (4),  brigandinier,  4475. 

(1)  Ce  Mathieu  Malinvaud,  dit  Mathivotus,  est  signalé  dans  le  vieux 
t«aTier  comme  grand  buveur,  potator  egregius. 


STATUTS  DES   MAItRBS  POURBISSEURS.  199 

Johannes  Ruau,  brigandinier,  U82. 

PasquetuB,  brigandînier,  mort  avant  4483. 

Stephanus  Pasquetus,  brigandinier,  mort  avant  4183. 

Johannes  Thomas  et  Martialis  Navieras,  et  autre  Johannes, 
armuserii,  en  4483.  Ce  qui  peut  donner  une  idée  de  la  richesse  de 
la  langne  latine  à  cette  époque,  ce  sont  les  mots  armuserius, 
ormurerius,  armurarius ,  armeurarius  et  armeator,  pour  dire  ar- 
murier. (Du  Gangb.) 

Bernard  Longeau ,  4564. 

Hélie  Famé,  fourbisseur,  4570, 

Le  Moulard,  fourbisseur,  4570. 

Johan  Mosnier  dit  le  Pelau,  fourbisseur,  4600. 

Léonard  Charbonnier,  François  Lavaudour,  arbalestriers. 

Léonard  Belat,  fourbisseur,  4600. 

Jehan  Petit ,  fourbisseur,  4606. 

Pierre  Valette,  fourbisseur,  4658. 

Pierre  Foumier,  armurier,  4660. 

Estienne  Bezonnaud  dit  Villebout ,  fourbisseur  et  éperonnier, 
1667. 

Bartholomé,  mort  en  4669. 

Matheou  Léonard,  armurier,  4674. 

Léonard  Bardounaud,  fourbisseur,  4672. 

Joseph  Guytard,  fourbisseur,  4680. 

Jean  Malissen  et  son  fils  Jean,  armuriers,  4680. 

Jean  Lachenaud ,  fourbisseur,  4694. 

Pinardeau ,  4736. 

Tharaud,  arquebusier,  4750. 

Jacques  Vergniaud,  de  4749  à  4756. 

Maurice  ARDANT, 

ArchivUte  de  U  Hante- Vienne ,  officier  d'ac«déml«. 


Limoges ,  le  20  janvier  1868. 


ÉMAILLERIE. 


ANCIENNETE 


DE  L'ÉMAILLERIE  LIMOUSINE^*^ 


Un  Grec  nommé  Philostrate ,  qui ,  après  avoir  enseigrné  la 
rhétorique  à  Athènes ,  était  venu  se  fixer  à  la  cour  de  Vimpéra- 
trice  Julie,  femme  de  Septime-Sévère,  a  laissé  dans  ses  écrits 
cette  phrase,  dont  il  n'a  pas  pressenti  ^importance  :  «  On  dit 
que  lies  barbares  qui  habitent  près  de  TOcéan  étendent  des 
couleurs  sur  de  Tairain  brûlant  ;  qu^elles  y  adhèrent ,  deviennent 
aussi  dures  que  la  pierre ,  et  que  le  dessin  qu^elles  représentent 
se  conserve  ».  [Icon.,  lib.  I,  c.  XXVIÏI  :  Philostr,  quœ  supersunt 
omnia,)  —  Quels  sont  ces  barbares  qui  habitent  pr^  de  TOcéan? 
Si  Tancien  professeur  de  rhétorique  avait  daigné  les  nommer, 
nous  ne  nous  disputerions  pas  aujourd'hui  cette  qualification  de 
barbares,  et.  Français,  Allemands  ou  Anglais,  nous  ne  reven- 
diquerions pas  comme  un  titre  d'honneur  le  terme  de  mépris  du 
professeur  grec  devenu  courtisan  romain. 


(1)  Cet  article  est  un  dç  ceux  que  M.  le  comte  de  Viel-Castel  a  pubUés, 
en  1868,  dans  le  journal  la  France,  au  sujet  de  rExpositlon  des  Beaux- 
Arts  appliqués  à  Tindustrie.  Le  Comité  de  rédaction  de  la  Société 
Archéologique,  en  présence  des  controverses  auxqueUes  a  domié  lieu, 
dans  ces  derniers  temps,  la  question  des  origrines  de  l'émalUerie  limou- 
sine, a  cru  ne  pouvoir  mieux  faire  que  de  reproduire  cette  étude  d*un 
homme  dont  tout  le  monde  reconnaît  la  haute  compétence. 


ANCIBNNné  DE  L'ÉMAILLERIE  LIMOUSINE.  SOI 

M.  Maurice  Ardant  et  M.  le  comte  de  Lastejnrie  prétendent 
que  ces  barbares  ne  pouvaient  être  que  les  Celtes ,  qui  habitaient 
sur  les  bords  de  TOcéan,  et  que  Pline  dit  être  cantonnés  entre  la 
Seine  et  la  Garonne.  M.  F.  de  Vemeilli,  inspecteur  divisionnaire 
de  la  Société  française  d'Àrchéologfie,  n'admet  pas  cette  expli- 
cation du  texte  de  Pbilostrate,  et,  dans  une  réponse  au  mémoire 
lu  par  M.  de  Lasteyrie  à  la  Société  Archéologique  du  Limousin 
en  486S ,  il  s'exprime  ainsi  : 

ft  Celtes  si  l'on  veut,  mais  des  Cultes  barbares,  ceux  delà 
ftetafirne ,  du  pays  de  Oalles ,  de  l'Ecosse  ou  de  l'Irlande ,  et  les 
Oennains  qui  bordaient  aussi  l'Océan.  (Les  Émaux  français  et  les 
Émauao  étrangers,  par  M.  de  Yeraeilh.) 

MM.  de  Lasteyrie  et  Ardant  veulent  que  Limoges  ait  été  du 
nombre  des  villes  gauloises  habitées  p^r  les  Celtes ,  qu'un  cour- 
tisan de  la  femme  de  Septime-Sévère  rangeait  parmi  les  pays 
barbares,  et  ils  s'appuient  sur  les  Commentaires  d'Olearius, 
dans  son  édition  de  PhUostrate  :  «  Celtas  inteUigtt  per  barbares  in 
Oœoiw  »  9  et,  comme  le  prouve  le  mémoire  de  M.  Deloche,  cou- 
ronné par  l'Académie  des  Inscriptions  et  Belles-Lettres ,  sur  c  les 
Lémovices  de  l'Armorique  d  ,  une  branche  de  TArmorique  se 
prolongeait  jusqu'aux  marches  du  Limousin. 

MM.  Ardant ,  de  Lasteyrie  et  de  Yemeilh  ont  négligé  un  autre 
texte  de  Philostrate  qui  pourrait  bien  avoir  une  certaine  im- 
portance dans  la  question  dont  il  s'agit  ;  je  le  prends  daos  la 
Vie  de  PoUmon  :  <  Il  se  faisait  traîner  sur  un  char  attelé  de  deux 
chevaux  aux  freins  d'argent  celtiques  ou  phrygiens  ».  [Vitast^., 
apud  Çkarivm ,  T.  II ,  p.  533.) 

Ici  Phi)<Qstrats  nomme  tes  Celtes  ;  il  dit  des  freins  cdtiques ,  et 
non  ffgs  des  freins  barbares;  les  barbares  qui  étendent  sur 
Tairain  brûlant  des  couleurs  aussi  dures  que  la  pierre  ne  seraient 
ni  les  Lémovices  de  MM.  Ardant  -et  de  Lasteyrie ,  ni  les  Celtes 
de  la  Bretagne,  du  pays  de  Oallea,  de  l'Ecosse  ou  de  l'Irlande, 
qii'énamère  M.  de  Yemeilh;  et  le  titre  de  barbare  désignerait 
plutftt  les  Germains,  qui  bordaient  aussi  l'Océan. 

MM.  Labarte,  diO  Yerneilh  et  le  barcm  de  Quast,  inspecteur 
général  des  monuments  historiques  de^la  Prusse,  s'efforcent 
d'établir  que  les  Byzantins  ont  été  nos  initiateurs  dans  l'art  de 
l'émaillerie  ;  que  les  émaux  cloisonnés  de  Byzance  ont  servi  de 
base  aux  émaux  chrétiens  du  moyen  &ge.  La  Pala  d'Oro  fut  com- 
mandée, vers  976,  par  le  fondateur  de  la  basilique  de  Saint- 
Marc  ,  le  doge  Pierre  Orseolo ,  aux  orfèvres  de  Constantinople. 


202  ANClENNGTé  DB  L'ÉMAILLBBIB  LIMOUSINE. 

L'évangéliaire  acquis .  par  le  duc  de  Gotha  du  dernier  abbé 
d'Etchemach,  dans  le  Luxembourg,  est  une  œuvre  d'émaillerie 
allemande  suivant  la  manière  byzantine ,  et,  comme  cette 
couverture}  d*évangéliaire  porte  pour  inscription  :  oto  rex  bt 
THBOPHANA  iMPERATBix ,  il  faut  bien  convenir  que  rémaillerie 
était  déjà? pratiquée  en^Allemagne'dès  le  x*  siècle. 

Est-ce  à  dire  cependant  que  les  émailleûrs  de  Limoges  n'aient 
été  que  des  tard-venus,  des  imitateurs  au  second  degré  de  Tart 
byzantin,  et  quHls  aient  attendu',  avant  de  se  livrer  à  la  fabri- 
cation de  rémail,  ainsi  que  le  prétend  M.  Labarte  dans  ses 
Recherches  sur  la  peinture  en  émail  dans  Vantiqmté  et  le  moyen  âge , 
que  l'abbé  Sugerjeût  tfaitj  venir  sept  orfèvres  de  la  Lotharingie 
pour  omer^d'émaux  Téglise  de  Saint-Denist  Je  ne  le  pense  pas. 
M.  Labarte  avance  que,  à  la  fin  du  x*  siècle  seulement,  les 
émaux  s'introduisirent  |en  France ,  et  que ,  «  m  quelques  bijoux 
émaillés,  en  bien  petit  nombre  d'ailleurs,  se  trouvaient  entre 
les  mains  des  princes,  ils  provenaient,  à  coup  sûr,  de  Gonstan- 
tinople,  où  l'art  del'émaillerie,  au  ix' et  au  x*  siècle,  avait 
atteint  sa  perfection  »,  et  il  assigne  la  date  de  4470  à  la  plus 
ancienne  mention  qui  soit  faite  des  émaux  de  Limoges. 

Une  lettre  d'un  moine,  nommé  Jean,  rapportée  par  Duchesne 
[Uist.  Franc,  script.,  T.  IV,  p.  567),  et  adressée  au  prieur  du 
monastère  de  Saint- Victor  de  Paris ,  qui  lui  avait  accordé  l'au* 
torisation  de  suivre  en  Angleterre  Thomas  Becket,  archevêque 
de  Cantorbéry,  rappelé  dans  son  pays  après  plus  de  six  ans 
d'exil ,  porte  ce  qui  suit  : 

« Je  vous  rappelle  que  je  vous  ai  montré  dans  l'infirmerie 

une  couverture  d'évangéliaire  de  Vceuvre  de  Limoge  [opère  temo- 
vidno)  que  je  voulais  envoyer  à  l'abbaye  de  Vutgam 
(Wingham)  ». 

Or,  je  le  demande,  est-il  supposable  que ,  vingt-cinq^ ans  après 
l'arrivée  des  orfèvres  lorrains  à  Saint-Denis  (44  45),  l'art  de  l'é- 
maillerie  ait  pu  faire  de  tels  progrès  en  France  que  les  émaux 
eussent  reçu  le  nom  d'opu^  lemovicense,  et  que  des  présents  de 
couvertures  d'évangéliaires  émaillées,  sorties  des  ateliers  de 
Limoges,! fussent  jugés  dignes  d'être  envoyés  en  présent  à 
l'abbaye  de  Wingham  en  Angleterre ,  oii  l'émailierie ,  suivant 
M.  de  Verneilh,  était  pratiquée  depuis  les  temps  les  plus 
reculés?  Je  ne  me  sens  pas  disposé  à  faire  si  bon  marché  des 
titres  de  Limoges  à  l'ancienneté  de  sa  fabrication  d'émaux ,  et  je 
pense  qu'il  serait  injuste  de  ne  l'admettre  qu'en  troisième  ligne , 


ANCIENNETÉ  DB  L'ÉMAILLBRIE  LIMOUSINE.  203 

c'est-à-dire  comme  dérivant  de  rémaillerie  allemande,  dérivée 
elle-même  de  Témaillerie  byzantine. 

Je  trouve  en  effet  dans  un  petit  livre  publié  par  M.  Maurice 
Ardant /vice-président|de  la  Société, Archéologique  du  Limousin , 
que  le  plus  ancien  monument  de  bronze  émaillé  qui  soit  par- 
venu jusqu'à  nous  est  un  vase  découvert  dans  le  pays  des 
Lémoviques ,  entre  Rocheohouart  et  Chassenom ,  mansion  gallo- 
romaine,  Cassinomagus.  <  Je  n'ose,  ajoute  le  savant  antiquaire, 
l'attribuer  précisément  aux  ouvriers  de  Limoges,  qui  trouvaient 
dans  leurs  fontaines  une  eau  si  favorable  pour  donner  de  l'éclat 
aux  couleurs  qu'ils  employaient ,  quoiqu'il  ait  été  découvert  si 
près  de  cette  vieille  cité  gauloise.  On  ne  peut  contester  son 
origine  gallo-romaine ,  puisquMl  était  accompagné  de  bracelets 
d'argent  massif,  de  bagues  et  d'anneaux  d'or  et  d'argent  évi- 
demment fabriqués^  Ipar  desj  ouvriers  gaulois Ce  vase  de 

bronze,  émaillé  par  incrustation  d'après  le  procédé  appelé  taille 
d'épargne,  est  donc  une  preuve  que  les  Gaulois,  si  renommés 
pour  leur  habileté  à  manier  les  métaux ,  ont  su  faire  sur  le 
cuivre  cette  sorte  de  marqueterie  métallique...  Les  émaux 
incrustés  ou  champlevés  ont  donc  été  connus  en  Gaule ,  et  fa- 
briqués long-temps  avant  que  les  Grecs  de  Byzance  les  aient 
imités,  t  [ÉmaUleurs  et  Émaillerie  de  Limoges,  par  Maurice 
Ardant.) 

Ce  vase  contenait  un  grand  nombre  de  médailles  des  em- 
pereurs Gallien,  Claude  le  Gothique,  Quintillius,  et  des  tyrans 
Victorin,  Tetricus  père  et^ls  et  Lœlianus,  qui  ont  régné  de  253 
à  no  de  Jésufr-Christ. 

Quoi  qu'il  en  soit,  le  Grec  professeur  de  rhétorique  à  Athènes, 
devenu  courtisan  de  l'impératrice  Julie,  femme  de  Septime- 
Sévère ,  ne  connaissait  pas  l'émaillerie. 

M.  de  Yerneilh  cite  dans  son  mémoire  un  grand  nombre 
d'objets  de  cuivre  émaillé  trouvés  en  Angleterre ,  et  entre  autres 
un  beau  bouclier  incrusté  d'émail  rouge,  retiré  récemment  des 
boues  conservatrices  de  la  Tamise  :  il  en  conclut  que  l'Angle- 
terre, qui  produit  du  cuivre  en  grande  quantité ,  aura  commencé 
la  première  à  le  décorer  d'incrustations  en  émail  :  a  Lorsque  les 
produits  d'un  art  mystérieux  s'oflFrent  si  multipliés,  dit-il ,  et  se 
groupent  de  cette  manière ,  il  est  évident  que  l'on  approche  des 
points  de  fabrication  et  des  ateliers  principaux».  [Les  Emaux 
français  et  les  Émaux  étrangers.) 

Cela  nous  ramène  aux  Celtes  du  pays  de  Galles  ,  de  l'Ecosse  , 


204  ANCIENNETÉ   DB  L'ÉMAILLËRtE   LIMOUSINE. 

de  rirlande  et  de  la  Bretagne ,  et  ne  nous  éloigne  nullement  des 
Lémovices  ;  car,  selon  Pline ,  les  Celtes  occupaient  dans  les  Gaules 
les  provinces  comprises  entre  la  Seine  et  la  Garonne.  Le  vase 
découvert  entre  Rochechouart  et  Chassenom  a  une  date  certaine, 
que  lui  assignent  les  médailles  romaines  qu'il  contenait  (  270  de 
J.-C.).  Le  bouclier  trouvé  dans  la  Tamise  est-il  d'une  fabrication 
antérieure  ou  postérieuret  Rien  ne  l'indique. 

Le  tnidi  de  la  Gaule  était  renommé,  des  les  époques  les  plus 
reculées ,  pour  ses  artistes  et  pour  ses  orfèvres  :  Strabon  et  Dio- 
dore  de  Sicile  rapportent  que ,  Jde  leur  temps ,  les  Gaulois 
s'étaient  tellement  perfectionnés  dans  la  fabrication  de  l'orfè- 
vrerie, qu'ils  avaient  cessé  d*être  tributaires  des  orfèvres 
étrangers.  (Strabo,  lib.  IV,  p.  <90-<92  ;  —  Diodor.  Slcul.,  lib.  IV, 
c.  Il ,  T.  1.  )  Sous  le  règne  de  Néron ,  alors  que  les  arts  étaient 
encore  cultivés  à  Rome  avec  éclat ,  et  que  les  travaux  des  artistes 
de  la  Grèce ,  entassés  dans  la  ville  éternelle  ^  avaient ,  en  quelque 
sorte,  fait  de  Rome  le  musée  du  monde,  un  Auvergnat,  Ztoo- 
dore ,  après  avoir  exécuté  dans  sa  patrie  une  statue  colossale  de 
Mercure ,  fut  appelé  h  Rome  pour  faire  une  statue  colossale  de 
Néron.  Zénodore  était  non-seulement,  au  dire  de  Pline,  un 
grand  sculpteur,  mais  nul  ne  le  surpassait  dans  l'art  de  modeler 
des  vases  précieux  :  Sdenlia  fingendi  ccdandique  nuUi  veterum  post- 
fHmebatur.  (  Plin.,  lib.  XXXIV,  c.  VIII.) 

Sidoine- Apollinaire  nous  apprend  que  Théodoric ,  roi  des  Vi- 
sigoths,  régnant  à  Toulouse ,  prince  magnifique  et  ami  des  arts, 
étalait  avec  orgueil  sur  sa  table  une  grande  quantité  de  vais- 
selle d'or  et  d'argent ,  parce  qu'elle  était ,  disait-il ,  toute  fa- 
briquée dans  le  pays  même.  (Sidon.  ApoUin.,  lib.  I,  epist.  IL) 

D'où  je  conclus  que,  si  Témaillerie  était  encore,  en  270  de 
J.-C,  une  industrie  pratiquée  par  les  habitants  de  Limoges,  il 
est  impossible  de  croire  que  cette  industrie  ait  été  abandonnée , 
ait  cessé  d'être  en  honneur  dans  le  midi  de  la  Gaule ,  alors 
surtout  que  l'orfèvrerie  s'y  trouvait  toujours  florissante ,  et  que 
les  invasions  des  barbares  d'outre-Rhin  n'en  ralentissaient  point 
la  fabrication.  Les  fils  de  Cîovis,  comme  le  roi  des  Visigoths 
Théodoric,  montraient  avec  orgueil,  en  opposition  aux  vases  et 
grands  plats  d'orfèvrerie  exécutés  par  les  orfèvres  de  Constan- 
tinople,  les  vases  et  les  plats  d'or  fabriqués  par  les  ouvriers 
francs  ou  gaulois,  et  les  récits  de  Grégoire  de  Tours  nous  font 
connaître  le  luxe  prodigieux  d'argenterie  de  tous  les  rois, 
généraux  ou  leudes  mérovingiens. 


ANCIENNETÉ   DE   L*éMAILLERIE   LIMOUSINE.  205 

Au  septième  siècle  et  au  huitième ,  la  renommée  d*AbboD , 
orgenHer-'^Tkmndyeur,  celle  d'Eligîus  (saint  Éloi )  et  celle  de  Théau 
(Thillo),  son  disciple,  étaient  grandes;  et,  si,  à  côté  de  ces 
noms,  il  est  impossible  de  citer,  pendant  plus  de  quatre  cents 
ans,  aucnn  émailleur  limousin,  je  ne  pense  pas  qu'il  faille  en 
induire  que  l'art  de  l'émaillerie  ne  fût  plus  pratiqué  'k  Limoges. 

Personne  ne  soutiendra  qu'avant  JohannesLemovicensis,  qui, 
en  1î87,  fut  chargé  d'émaîller  le  tombeau  de  Walter  Merton , 
évéque  de  Rochester,  et  Aymerîc  de  Chrétien ,  qui  a  signé  les 
émaux  qui  ornent  le  buste  d'évêque  découvert,  en  4861,  par 
M.  Jules  de  Vemeilh,  dans  la  sacristie  de  Nexon,  aucun 
émailleur  n'exista  en  Limousin  ;  personne  ne  donnera  les  dates 
de  4267  ou  de  4340  pour  les  commencents  de  l'émaillerie  limou- 
sine (4). 

La  gloire  de  Limoges  ne  saurait  être  altérée  par  ces  discus- 
sions archéologiques  sur  Fancienneté  de  sa  fabrication  d'émaux. 
Que  cette  fabrication  lui  vienne  directement  des  Celtes,  ou  qu'elle 
soit  empruntée  aux  ouvriers  lorrains  employés  par  l'abbé  Suger 
à  la  décoration  de  l'église  de  Saint-Denis ,  il  lui  restera  toujours 
«  quelque  chose  de  plus  glorieux  que  le  hasard  d'une  invention , 
que  la  jalouse  possession  d'une  recette  secrète ,  qu'un  monopole 
enfin  :  —  c'est  d'avoir  vaincu  sur  le  terrain  de  l'art  industriel  «ne 
cité  aussi  riche  et  aussi  éclairée  que  Cologne  ;  c'est  d'avoir  conquis 
contre  de  dignes  rivaux  une  réputation  réellement  universelle , 
qui ,  après  s^être  maintenue  pendant  un  siècle  et  demi ,  puis 
éclipsée ,  s'est  encore  renouvelée  avec  le  même  éclat  pendant  la 
Renaissance ,  et  à  laquelle  les  musées  d'Allemagne  rendent  au- 
jourd'hui si  complète  justice.  »  {Les  Émaux  d'Allemagne  et  les  Émaux 
Umousins.  — Communications  de  M.  le  baron  de  Quast  et  de  M.  de 
Vemeilh,  membres  de, l'Institut  des  provinces  de  France.) 

Ce  dont  tous  les  archéologues  conviennent ,  c'est  que ,  à  la  fin 
du  XII*  siècle,  les  fabriques  de  J^imoges  prirent  un  énorme 
développement ,  et  qu'elles  obtinrent  une  si  immense  renommée 
pour  leurs  émaux  sur  cuivre  qu'elles  éclipsèrent  celles  de 
l'Allemagne,  dont  le  souvenir  s'éteignît  à  tel  point  en  France 


(l)  La  crosse  de  Tiron,  trouvée,  en  1842,  dans  une  sépulture  des  anciens 
abbés  de  ce  monastère,  derrière  le  sanctuaire  de  réglise,  mérite  de  fixer 
l'attention  des  archéologues.  Ce  petit  monument  date ,  k  ce  que  Ton  croit 
généralement,  de  l'année  1109,  époque  de  la  fondation  de  Tabbaye,  et  il 
est  inÛabitablement  im  produit  de  Fart  français. 


306  ANCIENNETÉ   DE   L'ÉHAILLBRIB  LIMOUSINl. 

que  leurs  productions ,  il  y  a  peu  d'années  encore ,  passaient 
pour  provenir  de  Limoges.  Mais  ce  fut  surtout  à  Tépoque  de  la 
Renaissance  que  les  émaux  limousins  n'eurent  plus  de  rivaux. 
Les  noms  des  émailleurs  qui  illustrèrent ,  au  xvi»  siècle ,  Tan- 
cienne  capitale  des  Lémovices  sont  restés  européens.  Les  œuvres 
de  Pénicaud ,  de  Léonard  Limosin ,  peintre  et  valet  de  chambre 
de  François  I",  de  P.  Raymond ,  de  P.  Courteys ,  décorateur  du 
château  de  Madrid  au  bois  de  Boulogne,  ont  été  placées  dans 
tous  les  grands  musées  d'Europe. 

Alexandre  Lenoir,  dans  le  texte  de  son  Musée  des  Monuments 
français,  s'exprime  ainsi  au  sujet  de  Léonard  Limosin  :  «  Cet 
émailleur  a  réuni  dans  ses  tableaux,  que  Ton  place  k  côté  des 
ohefe-d'œuvre  de  nos  plus  grands  maîtres,  deux  choses  extrê- 
mement rares  à  allier  dans  les  arts  dépendants  du  dessin  :  c'est 
l'art  d'unir  à  une  conception  vraiment  sentimentale  un  dessin 
gracieux  et  expressif,  un  travail  correct  et  soigné  ».  Léonard 
Limosin ,  auquel  François  ?'  envoyait  des  carions  du  Primatice , 
de  Jules  Romain,  de  Jean  Cousin,  du  Rosso  et  d'Andréa  Solario, 
élèves  de  Léonard  de  Vinci ,  conserva  toujours  dans  ses  pein- 
tures le  caractère  français,  et,  «  tout  en  imitant,  mêlant, 
assimilant  et  confondant  avec  goût  9 ,  comme  le  dit  M.  Maurice 
Ardant,  a  les  compositions  italiennes  et  allemandes,  il  créa 
comme  un  système  particulier  à  Limoges  9 . 

M.  le  comte  Léon  de  Laborde,  dans  sa  Notice  sur  les  émaux  du 
Louvre,  constate  que  les  peintres  éminents  du  Limousin  firent 
sortir,  au  xvi«  siècle,  l'émaillerie  de  son  berceau.  Pierre 
Courteys ,  qui  aimait  surtout  à  fabriquer  les  grands  émaux ,  et 
qui  fut  employé  par  les  rois  François  I"  et  Henri  II,  était 
l'auteur  de  la  principale  décoration  du  château  de  Madrid ,  dont 
la  façade  était  tellement  riche  par  ses  dehors  de  terre  émaillée 
et  d'émaux  qu'eUe  ressemblait,  dit  Audrouet  du  Cerceau,  à  un 
immense  vaisselier. 

Entre  l'époque  de  la  plus  grande  gloire  de  l'émaillerie  de 
Limoges,  je  veux  dire  celle  qui  vit  naître  la  révolution  qui 
substitua  la  peinture  en  émail  ou  émail  moderne  à  l'émaillerie 
au  champkvé ,  et  l'époque  de  sa  décadence  et  de  l'extinction 
totale  de  cette  belle  industrie  d'art ,  nous  comptons  à  peu  près 
trois  cents  ans.  Léonard  Limosin  naquit  vers  4505 ,  et  J.-B. 
Noualhier,  le  dernier  des  émailleurs ,  mourut  le  â  novembre 
4804;  mais  depuis  long-temps  déjà  l'émaillerie  de  Limoges 
n'était  plus  qu'une  chose  de  commerce,  et,   à  vrai  dire,  la 


ANCIENNETÉ   DE   L'éMAlLLERIB   LIMOUSINE.  207 

grande  école  fille  de  la  RenaissaDce ,  après  avoir  produit  les 
habiles  artistes  dont  les  chefs-d'œuvre  sont  aujourd'hui  si  re- 
cherchés, n'eut  pas  une  durée  de  plus  d'un  siècle.  Les  émail- 
leurs  qui  succédèrent  aux  Léonard  Limosin ,  aux  Pénicaud ,  aux 
Courteys,  aux  Pierre  Raymond,  etc.,  etc.,  devinrent  de  moins 
en  moins  artistes,  et  les  derniers  Laudin,  ainsi  que  le  dernier 
des  Noualhier,  fabriquaient  de  Témail  pour  le  commerce ,  sans 
consulter  les  cartons  qui  avaient  si  bien  inspiré  leurs  devan- 
ciers. Les  derniers  Noualhier  ne  s'élevèrent  pas  au-dessus  de  la 
médiocrité,  et  ne  semblèrent  pas,  dit  M.  le  comte  de  Laborde, 
«  avoir  cherché  autre  chose  dans  Témaillerie  qu'un  gagne-pain , 
qu'ils  n'obtenaient  qu'en  appliquant  leur  art  aux  objets  usuels 
et  ordinaires  de  la  vie  privée  j>.  La  famille  des  Noualhier  compte 
de  nombreux  émailleurs ,  depuis  Jacques,  qui ,  en  4670,  se  qua- 
lifiait de  marchand  émailleur,  jusqu'à  Jean-Baptiste,  le  bossu, 
pauvre  petit  maître  de  dessin,  qui  mourut  en  4804;  mais  entre 
eux  tous  le  niveau  du  talent  était  descendu  si  bas  qu'il  est 
impossible  d'établir  des  degrés. 

Déjà  Bernard  de  Palissy  déplorait,  dans  ses  Mémoires  sur  l'ari 
du  potier,  les  émaux  et  le  feu ,  d  que  les  émailleurs  de  ce  siècle, 
faute  de  garder  secrètes  leurs  inventions,  ayent  laissé  devenir 
leur  art  si  vil  qu'ils  ont  peine  à  gagner  leur  vie  aux  prix  qu'ils 
donnent  leurs  œuvtes.  —  J'ai  vu  donner,  dit-il ,  pour  trois  sols 
la  douzaine ,  des  figures  d'enseignes  qu'on  porte  aux  bonnets , 
quoique  très-bien  élabourées ,  et  leurs  esmaux  très-bien  par- 
fondus  sur  le  cuivre,  et  de  peintures  plaisantes  par-dessus  tout, 
non-seulement  une  fois ,  mais  cent  mille ,  ainsi  que  les  aiguières , 
salières  et  vaisseaux  divers,  et  histoires  qu'ils  faisoient,  chose 
fort  regrettable  1  » 

Ainsi ,  dès  le  temps  de  Bernard  de  Palissy,  la  concurrence  et 
l'esprit  mercantile  s'étaient  emparés  de  la  fabrication  de  Li- 
moges; la  décadence  de  l'émail  commençait;  les  artistes  avaient 
peine  à  vivre  de  leur  art,  et  ces  causes  expliquent  comment 
l'oeuvre  élevée  si  haut  par  Léonard  Limosin  put  tomber  aux  mains 
des  Noualhier.  Limoges,  qui,  pendant  tant  de  siècles,  avait  joui 
d'un  si  grand  renom  par  ses  orfèvres  et  par  ses  émailleurs,  vit 
peu  à  peu  décroître  son  illustration,  parce  que  les  artistes  s'é- 
loignèrent de  ses  murs,  et  qu'elle  ne  comprit  pas  que  toute 
industrie  que  l'art  abandonne  est  frappée  de  mort. 

Les  Florentins,  depuis  le  xnr  siècle  jusqu'au  xvr,  furent 
d'admirables  orfèvres ,  parce  que  le  statuaire  Donatello  ne  dé- 


208  ANCIENNBTÉ  DE  LÉMAILLBBIB   LlMODSiNB. 

daignait  pas  de  faire  œuvre  d'orfèvrerie  ;  que  Philippe  Brunel- 
leschi ,  André  Yerochio ,  mattre  du  Pérugin  et  de  Léonard  de 
Vinci ,  étaient  orfèvres  ;  qu'Antoine  Pollaiolo ,  l'un  des  maîtres 
de  Michel-Ânge,  l'était  également;  que  Marc- Antoine  Baimondi 
et  le  Pérugin  travaillèrent  long- temps  à  l'orfèvrerie,  et  que 
Laurent  Ohiberti ,  qui  exécuta  les  magnifiques  portes  du  baptis- 
tère de  8aint-Jean-Baptiste,  était  orfèvre. 

L^art  de  l'émaillerie ,  privé  de  grands  artistes ,  disparut  de 
Limoges ,  et  ne  fut  bientôt  plus  en  France,  comme  dans  le  reste 
de  l'Europe,  qu'une  industrie  assez  vulgaire.  Partout,  et  dans 
presque  toutes  les  industries,  au  nom  d'une  prétendue  loi  de 
progrès,  le  mécanisme  se  substitua  au  travail  de  Thomme;  les 
grands  artistes  s'éloignèrent ,  et  le  goût  s'anéantit.  Les  émail- 
leurs  n'eurent  plus  de  nom  ;  ils  fabriquèrent  des  bonbonnières , 
des  boîtes  de  montre ,  des  médaillons  ;  ils  furent  des  ouvriers  de 
l'industrie  de  l'émail ,  mais  non  des  artistes. 

Aujourd'hui ,  malgré  les  envahissements  toujours  croissants  de 
la  mécanique,  malgré  la  tendance  de  plus  en  plus  manifeste  de 
substituer  la  machine  à  l'homme,  la  combinaison  mathéma- 
tique à  l'intelligence  humaine,  je  note  avec  satisfaction  un 
retour  de  l'industrie  vers  l'art.  Les  conseils  d'Aîmeric  David 
auront  peut-être  été  compris ,  du  moins  j'en  ai  l'espérance  : 

«  Bougeons  aux  manufactures  dont  la  perfection  dépend  de 
celle  des  beaiix-arts.  Cette  source  de  richesse  est  grande  et  im- 
portante ;  c'est  la  nation  la  plus  industrieuse  qui  met  les  autres 
à  contribution.  Dans  tout  ce  qui  tient  aux  arts,  si  nous  n'avons 
pas  la  prééminence  du  goût ,  nous  n'aurons  pas  celle  du  com- 
merce. 

9  Multiplions  les  rapports  qui  doivent  exister  entre  l'artiste  et 
le  manufacturier.  Mettons  celui-ci  à  portée  de  connaître  les 
artistes  de  premier  ordre ,  et  de  trouver  au  moins  dbez  eux  des 
modèles  pour  diriger  ceux  qu'il  peut  employer.  » 

(  MiLSée  dympique  de  l'école  des  BeaiiX'Arts.) 

L'émaillerie  renaît  :  V Exposition  même  des  beaua>-arts  afppUqués 
à  l'industrie  en  fournit  la  preuve  ;  je  ne  parle  pas  de  cette  émail- 
lerîe  associée  à  la  bijouterie,  œuvre  encore  trop  exclusivement 
industrielle;  mais  de  l'émaillerie  d'art ,  de  celle  qui  fut  pratiquée 
à  Limoges  à  l'époque  de  la  Renaissance,  de  l'émaillerie  que 
Léonard  Limosin  a  illustrée.  Les  artistes  de  cette  émaillerîe  sont 
encore  peu  nombreux  :  je  ne  pense  pas  que  Limoges  en  ait 


ANCIENNRTÉ   DE   L'ÉMAIU^BBIE   LIMOUSINE.  209 

produit  un  seul ,  Limog'es  ne  fabrique  que  de  la  porcelaine  ;  elle 
n'a  point  jugé  convenable  de  la  soumettre  au  jury  de  TExpo- 
sition.  Je  n*ai  donc  à  me  préoccuper  en  première  ligne  que  de 
deux  exposants,  tous  deux  véritablement  artistes,  tous  deux 
nourris  des  saines  traditions  du  grand  art ,  de  Tart  qui  cherche 
ridéalisation  de  la  forme,  comme  celle  de  la  pensée,  et  qui  croit 
que  le  réalisme  que  cherchent  à  mettre  en  honneur  tant  de  demi- 
talente  conduirait  à  la  pire  des  décadences. 

Pour  ravancement  des  arts  d'industrie  commerciale,  la  théorie 
du  beau  doit  être  soigneusement  enseignée ,  et ,  quand  je  dis  la 
théorie  du  beau,  j'entends  renseignement  qui  considère  la 
beauté  non-seulement  dans  le  corps  de  l'homme,  mais  dans 
tous  les  êtres ,  dans  les  animaux,  dans  les  paysages,  dans  l'ar- 
chitecture, dans  les  vases,  dans  les  différents  meubles,  dans 
l'ensemble  de  tout  corps  et  dans  les  détails  de  chacune  de  ses 
parties. 

Les  émaux  de  M.  Claudius  Popelyn  et  ceux  de  M*'  Apoil  mé- 
ritent un  examen  attentif;  je  leur  consacrerai  une  étude  spéciale; 
mais  je  dois  dès  à  présent*  signaler  l'envoi  peut-être  un  peu 
tardif  que  vient  de  tnire  H.  Claudius  Popelyn  d'une  série  de 
plats  de  fa'lence  décorés  avec  une  verve  et  une  facilité  dignes 
des  artistes  italiens  du  xvi*  siècle,  et  dessinés  avec  une  vigueur 
et  une  fantaisie  qui  les  placent  parmi  les  meilleures  productions 
de  la  céramique. 

Comte  H.  db  Yibl-Oastbl. 
(La  France.) 


CATALOGUE 

Des  Manuscrits  déposés  dans  la  malle  de  la  bMiothèque  du 
Séminaire ,  et  qui  ont  été  achetés  pour  cette  maison  après 
la  mort  de  (abbé  Legros  (1). 


Mémoires  pour  l'histoire  du  diocèse  de  Limoges,  par  Nadaud:  pouillé, 

2  vol.  in-fol.,  reliés. 
Mémoires  pour  Thistoire  du  diocèse  de  Limoges,  par  Nadaud  :  nobiliaire , 

2  ¥0l.  in-fol.,  reliés. 
Histoire  du  Limousin,  par  Nadaud ,  in-^foL,  parchemin. 
Mélanges  :  recueil  de  pièces  justificatives  pour  servir  à  Thistoire  du 

diocèse  et  de  la  province  du  Limousin ,  3  vol.  in-fol.,  parchemin. 
Mémoire  du  Limousin ,  par  Nadaud ,  3  vol.  in-4o,  parchemin. 
Histoire  de  Grandmont,  par  Nadaud,  grand  in-4o,  parchemin. 
Notice  de  Thistoire  de  Limoges,  en  forme  de  dictionnaire,  par  Nadaud, 

grand  in-4o,  parchemin. 
Manuscrits  de  Nadaud  sur  l'histoire  du  Limousin ,  in-4o,  parchemin. 
Table  chronologique  ecclésiastique  du  diocèse  de  Limoges ,  in-fol.,  parch. 
PouiUé  du  diocèse  de  Limoges.  —  Cures ,  1  (ou  2]  vol.  in-fol.,  parchenûn. 
Mémoires  pour  servir  à  l'histoire  des  abbayes  du  diocèse,  in-fol.,  parch. 
Dictionnaire  historique  des  grands  hommes  du  Limousia  avec  des  tables 

chronologiques  de  l'histoire  de  Limoges,  in-fol.,  parchemin. 
Mémoires  pour  les  chapitres  du  diocèse  de  Limoges,  in-fol.,  parchemin. 
Table  chronologique  civile  de  Limoges ,  in-fol.,  parchemin. 
Curés  du  diocèse  de  Limoges,  in-fol.,  parchemin. 


Abrégé  des  Annales  du  Limousin  jusqu'à  l'an  1682,  grand  in-4o,  relié. 
Continuation  des  Annales  du  Limousin  depuis  16B2  jusqu'en  1790,  grand 

in-4o,  relié. 
Ordinarium  ecclesise  Lemovicensis,  in-4o,  1630,  relié. 

(1)  Nous  avons  trouvd  dans  les  papiers  de  la  bibliothèque  de  Limoges  la  note  ci -dessus , 
remise  par  M.  AUou  &  un  de  nos  préddeesseurs.  Nous  croyons  utile  de  la  reproduire. 

E.    RUBSK. 


CATALOGUE   DES   MANUSCRITS  DU    SEMINAIRE.  Sli 

Essai  historique  sur  Limoges,  )n'4o,  relié. 

Recueil  d'épitaphes»  inscriptions  et  autres  antiquités  de  Limoges ,  in-4o, 

relié. 
Sanctoral  limousin,  5  vol.  petit  in-4o,  parchemin. 
Vies  des  Saints  du  Limousin  :  les  3  premiers  vol.,  in-4o,  parchemin. 
Dissertation  sur  saint  Martial ,  petit  in-4o,  parchemin. 
Mémoires  pour  servir  à  Thistoire  des  évoques  de  Limoges ,  petit  in-4o, 

parchemin. 
Traité  de  la  république  des  Hébreux,  par  Sigonius,  traduit  en  français , 

petit  in-4o,  cartonné, 
calendrier,  2  vol.  in-ë»,  parchemin. 
Martyrologe  du  diocèse  de  Limoges,  1790,  broché. 
Supplément  aux  Vies  des  Saints  par  Godescard ,  4  vol.  in-6o,  brochés. 
Inventaire  des  titres  de  la  vicairie  du  Gantiers ,  in-4o,  relié. 
Terriers  de  plusieurs  notaires  depuis  1552  Jusqu'en  1620,  in-4o,  parch. 
Compilation  manuscrite  des  antiquités  de  Grandmont ,  in-4o ,  parchemin. 
Tractatus ,  petit  in-fol.,  parchemin. 
Extrait  des  registres  de  la  cour  royale  de  Limoges  et  autres  manuscrits, 

petit  in-fol..  parchemin. 
Mémoire  sur  les  familles  de  Limoges ,  grand  cahier. 
Notaires  de  Limoges,  grand  cahier. 
Caractères  des  différents  siècles ,  cahier. 

Fondation  de  Limoges  àTimitation  de  la  Gaule  celtique,  grand  cahier. 
Epilogue  des  mutations  de  Limoges,  grand  cahier. 
Remarques  sur  le  propre  des  Saints  du  Bréviaire  de  Limoges ,  cahier. 
Nécrologe  des  prêtres  de  Limoges  morts  depuis  1752  Jusqu'en  1801,  grand 

cahier. 
Mémoires  pour  servir  li  Thistoiro  du  cardinal  Dubois,  cahier. 
Mémoires  pour  Thistoire  du  prieuré  de  La  Drouille-Blanche,  grand  cahier. 
Mémoires  pour  Thistoire  du  collège  de  Sainte-Catherine,  grand  cahier. 
Mémoires  pour  Thistoire  de  la  prévôté  de  Chambon,  grand  cahier. 
Mémoires  pour  Thistoire  du  prieuré  de  N.-D.  des  Termes,  grand  cahier. 
Bpître  de  saint  Martial  aux  Bordelais,  grand  cahier. 
Partie  des  Annales  du  royaume  de  France,  2  petits  cahiers. 
Abrégé  de  Thistoire  de  Chartres ,  cahier. 
Mémoires  sur  les  guerres  des  protestants  dans  le  Limousin. 
Dissertation  sur  saint  Martial ,  cahier. 
Extrait  du  P.  Amable  pour  l'histoire  dejBrive ,  cahier. 
Extrait  des  Mémoires  de  Nadaud  pour  la  même ,  cahier. 
Mémoires  pour  l'histoire  de  Brive ,  cahier. 
Limousin  ecclésiastique,  in-fol.,  à  relier. 
Calendrier  perpétuel ,  en  7  feuiUes. 
Essai  sur  la  politique  du  clergé  de  France,  avec  des  notes,  in-12  sans 

reliure. 
Mémoire  sur  M.  de  La  Fayette ,  cahier. 
Mélanges,  cahier. 


NOUVELLES  SCIENTIFIQUES, 


On  \ient  de  retrouver  tout  récemment  dans  le  pays  un  petit  sceau  de 
bronze  oxydé  par  le  temps,  chargé  d*un  écusson  à  trois  lions  léopardés. 
deux  et  un;  autour  est  gravée ,  en  écriture  gothique ,  cette  légende,  pré- 
cédée d'une  étoile  :  *  C&ntra  iiçUlum  canceUarie  tncecomitatm  LemaoUensU, 
avec  quelques  abréviations. 

Ce  contre-scel  n*a  pas  la  grandeur  du  vrai  sceau ,  et  ne  porte  pas  le  nom 
du  prince  ou  seigneur  dont  il  représente  Tautorité.  On  Tappliq^ua^t,  k  la 
gauche  des  lettres  scellées ,  suf  un  titre  qui  attachait  toutes  les  pièces 
passées  au  sceau  :  SigUlum  siffiUo  ix  adverso  positwn,  ou  adversum  sigïUo 
sigiUwn  appoHtum.  On  pourrait  employer  un  terme  de  numismatique,  et 
rappeler  revers  du  sceau. 

La  légende  qui  nous  apprend  que  c'est  le  contresed  de  la  chancdUrie  d€ 
la  iricomté  de  Ùmoges  ne  dit  pas  auquel  de  nos  vicomtes  il  a  appartenu. 

Il  est  antérieur  à  l'année  1275,  époque  du  mariage  d'Artur  de  Riche- 
mont,  duc  de  Bretagne,  avec  Théritière  de  notre  vicomte,  Marie  de 
Limoges.  Artur  adopta  sur  les  deniers  limousins  qu'il  ût  frapper  les  armes 
de  la  maison  de  Bretagne  &  la  place  des  trois  lions  léopardés,  écusson  des 
vicomtes  ses  prédécesseurs.  Ainsi  donc  ce  contrenscel  a  pu  être  gravé,  au 
plus  tard ,  de  1230  &  1263 ,  pendant  la  vicomte  de  Guy  VI  dit  le  Preux  ou 
le  Probe,  époux  de  la  trop  célèbre  Marguerite  de  Bourgogne. 

—  Il  nous  a  passé  dernièrement  sous  les  yeux  un  manuscrit  en  par- 
chemin, du  format  in-16 ,  commençant  par  un  calendrier  ou  martyrologe 
où  figurent  les  noms  des  Saints  du  Limousin ,  et  celui  de  saint  Louis,  roi 
de  France,  ce  qui  aiderait  à  en  fixer  la  date  approxii^ative  si  l'on  n'y 
trouvait  pas,  après  des  hymnes  et  des  prières,  le  nom  de  Réginald  de  La 
Porte,  chapelain  du  pape  et  évêque  de  Limoges.  Ce  nom  est  inscrit  en 
tête  des  Statuts  synodaux  de  son  épiscopat,  qui  dura  vingt-deux  à  vingt- 
trois  ans,  de  1295 à  1317. 

A  la  fin  de  ce  manuscrit  on  lit  le  couplet  suivant,  qui  porte  le  cachet 
du  temps  : 

Ce  llnare  Icy  se  me  semble 
Lautre  iour  Ion  poortoit  vandre 
Que  le  achoptis  argent  content 
Cinq  ardlz  que  raUent  treys  Mancs  ; 
Vous  pryant  qnl  les  tronmeres 
Ponrtes  les  moy  a  MoinnalUes 
le  vous  donré  gracleasemeut 
Ung  pot  de  Tin  ou  de  laargent 

P.  Chaboudie. 


Maurice  ARDANT, 

Archiviste  de  la  Haute-Vienne ,  officier  d'acaddmlo. 


NUMISMATIQUE  LIMOUSINE. 


Gomme  on  s'est  demandé  si  les  peuples  de  la  Graule  nommés 
Lémoviques  avaient  une  ville  capitale ,  je  me  suis  demandé  ausëi 
si  leurs  chefs  avaient  frappé  des  monnaies  autonomes. 

Jules  César,  dans  ses  Commentaires,  en  nous  transmettant  le 
chiffre  des  contingents  militaires  envoyés  à  Vercingétorix  par 
les  diverses  provinces  gauloises ,  nous  fournit  une  base  pour 
apprécier  l'importance  de  leurs  populations,  et,  ne  m'occupant 
que  de  la  question  numismatique ,  je  prends  pour  point  de  com- 
paraison les  SanUmes,  qui  mirent  plus  d'hommes  sous  les 
armes  que  les  Lémoviques  et  les  Turones,  qui  en  mirent  moins; 
j'ai  été  amené  à  conclure  que,  si  ces  deux  peuples  gaulois 
avaient  frappé  des  monnaies ,  les  Lémoviques,  avaient  dû  avoir 
leur  atelier  monétaira 

Je  demandai  &  M.  de  La  Saussaye,  un  des  maîtres  de  la 
science,  quelques  renseignements  sur  le  type  des  monnaies 
gallo-lémoviques  :  il  me  répondit  avec  bienveillance  qu'il  ne 
l'avait  pas  découvert ,  et  m'engagea  à  le  rechercher,  me  pré- 
disant qu'avec  de  la  persévérance  j'arriverais  à  le  connaître. 

Après  cinquante  ans  d'études  sur  toutes  les  médailles  re- 
cueillies sur  le  sol  de  l'ancien  et  vaste  diocèse  de  Limoges ,  si 
riche  en  monuments  de  la  numismatique ,  j'espère  être  arrivé 
au  but  si  désiré ,  et  je  viens  vous  communiquer  les  détails  qui 
m'ont  amené  à  la  découverte  du  type  gallo-lémovique. 

Lorsque  j'achetai  le  médaillier  de  M.  de  Lépine,  après  qu'il 
eut  été  dépouillé,  en  faveur  du  cabinet  de  Paris,  de  ses  plus 
importantes  et  précieuses  médailles ,  parmi  celles  qui  restaient , 
je  reconnus  quelques  gauloises  ,  toutes  au  type  uniforme  de  la 
tête  aux  cheveux  bouclés  vue  de  profil ,  et  du  cheval  libre 
allant  de  droite  à  gauche,  surmonté,  près  de  la  croupe,  d'uue 
figure  informe ,  dont  la  tête  seule  était  bien  caractérisée  ;  la 

45 


214  NUMISMATIQUE  LIMOUSINE. 

plus  grande  partie  des  gauloises  du  trésor  de  1814  de  La  Jante 
près  Compreignac  présentaient  les  mêmes  empreintes.  La 
cinquantaine  de  monnaies  celtiques  de  la  fontaine  de  Bénévent 
que  j'ai  pu  examiner  avec  attention  offraient  le  même  type  :  il 
se  reconnaît  encore  sur  la  pièce  d'or  trouvée  au  Dorât, 
décrite  par  Nadaud ,  et  celle  d'electrum,  achetée  a  Bussière-Bofly 
par  notre  collègue  M.  du  Taya  :  tous  les  enfouissements  des  coins 
opposés  de  notre  diocèse  nous  révélaient  ce  type  dominant. 

Je  soumis  mes  observations  aux  numismatistes  de  PÂngou- 
mois,  de  l'Auvergne,  du  Bordelais  et  du  Poitou  réunis  au 
Congrès  scientifique  de  Limoges,  et,  après  longue  et  mûre 
discussion,  ils  acceptèrent  et  adoptèrent  pour  les  monnaies 
gàllo-lém<mques  ce  type  du  cheval ,  par  analogie  à  celui  du  sus 
galUcus  des  provinces  couvertes  de  chênes  et  riches  en  glandées , 
ne  doutant  pas  que  les  Lémoviques  n'aient  élevé  dès  les  temps 
anciens  dans  leurs  verdoyants  pâturages  ces  nobles  coursiers 
qui  ont  joui  de  tant  de  célébrité.  Nous  avons  des  actes  des  iv  et 
xir  siècles  qui  constatent  que  des  évêques  de  Limoges  donnaient 
à  d'autres  prélats  des  chevaux  en  présent. 

La  dernière  trouvaille  d'un  denier  d'argent  gaulois  vient 
confirmer  de  plus  en  plus  cette  attribution  :  elle  a  été  faite  à 
Chftteau-Chervy ,  au  sud  de  Limoges ,  l'ancien  Castrum  Servii 
de  l'époque  romaine ,  et  le  Caro  Vico  du  moyen  âge ,  dont  un 
triens  mérovingien  porte  ce  nom  inscrit  en  légende.  J'ai  reconnu 
sur  cette  médaille  tous  les  détails  du  type  des  autres,  et  de  plus 
une  sorte  de  monogramme ,  composé  d'un  L  et  d'un  E ,  initiales 
du  nom  de  Limoges ,  Lemovicum  :  sous  les  pieds  du  cheval  on 
voit  une  petite  plante  à  trois  feuilles.  Je  ne  veux  pas  faire  les 
Lémoviques  plus  ingénieux  qu'ils  n'étaient  sans  doute ,  et  ne 
relève  pas  ce  trèfle  comme  un  emblème  choisi  à  dessein  parmi 
les  herbes  fourragères  :  je  me  borne  à  conclure  que  ce  mono- 
gramme >  joint  aux  autres  détails  des  monnaies  gauloises  sem- 
blables ,  rend  incontestable  mon  système  sur  le  type  gallo- 
lémovique.  (V.  la  planche  n^  1.) 

Je  n'avais  pas  encore  fait  d'études  suivies  des  médailles 
gauloises  lorsque  je  publiai,  en  1836-1837,  un  spécimen  de 
numismatique  limousine  dans  VHistorique  monumental  de 
M.  Tripon.  Cet  éditeur  y  consacra  quatre  planches  lithogra- 
phiées  du  format  in-4°.  Ce  n'était  qu'un  abrégé  d'une  mono- 
graphie monétaire  du  Limousin  et  de  la  Marche,  où  sont  décrites 
plus  au  long  les  médailles  deSédulix  et  de  Durât;  celles  du  trésor 


NUMISMATIQUE   LIMOUSINE.  215 

de  Comprifdacum ,  où  a  été  £rappé  an  triens  méroringien  ;  celles 
de  Secunddetag  (Bénévent);  celle  de  Schotoritm,  Le  Dorât;  celle 
de  Buasière-Boffy  près  de  Ccnfluentum,  à  la  suite  desquelles 
prendra  la  place  d'honneut*  celle  de  Castrum  Servii  ou  Castrum 
Vicum,  qui  est  venue  si  heurensement  donner  à  mon  hypothèse 
un  caractère  de  certitude. 

J'ai  fait  Tacquieitiôn  d'un  tiers  de  sou  d'or  très-pftie  de 
l'époque  mérovingienne ,  recueilli  d'un  tas  de  sable  péché  dans 
la  Vienne  près  du  Palais.  La  légende  du  côté  de  la  tête 
t  GâMBâRISI.  ressemble  beaucoup  au  nom  de  la  capitale  de  la 
Savoie;  mais,  comme  Chambéry  s'appelait  sous  les  Romains 
Lemeneum,  il  n'est  pas  probable  qtie,  sous  la  première  race  de 
nos  rois,  cette  ville  eût  abandonné  déjà  cette  appellation ,  qui  se 
chang;ea  plus  tard  en  Cameriacum  ;  ce  ne  peut  ôtre  non  plus 
Cambria,  la  principauté  de  Galles,  ni  Cametacum,  Cambrai. 
J'attribue  donc ,  faute  de  mieux ,  cette  précieuse  monnaie  à  une 
modeste  localité  limousine ,  à  Chcanba/ris ,  dépendance  de  la  ietre 
de  Saint-Brice,  à  la  maison  de  Carbonnières ,  en  attendant 
qu'elle  soit  revendiquée  par  Chambrais  près  de  Bemay  en 
Normandie ,  Chambray  dans  le  pays  Messin ,  ou  Chambrey  en 
Champagne,  diocèse  de  Reims,  dont  j'ignore  les  noms  latins. 
La  tête  de  profil,  et  à  longue  chevelure,  est  sans  diadème  ;  ses 
traits  ont  du  rapport  avec  ceux  des  têtes  gauloises.  Revers , 
croix  paltée  à  branches  égales ,  avec  quatre  points;  autour,  la 
légende  t  LEOWLFOMONITA.  Un  triens  du  monétaire  Ubon 
présente  la  même  tête.  Je  crois  celui-ci  des  premiers  temps  de  la 
monarchie.  (  N*  2  de  la  planche.) 

Une  monnaie  bien  plus  précieuse  à  mes  yeux ,  moins  par  la 
plus  grande  pureté  du  métal  que  par  la  tête  royale  et  le  nom 
A'BUgitis  qui  y  sont  empreints ,  a  été  découverte  dans  les  fouilles 
d'un  chemin  de  fer  sur  la  frontière  de  notre  département.  D'un 
côté ,  tête  d'homme  barbu ,  ceinte  du  diadème ,  vue  de  profil ,  de 
gauche  à  droite  ;  buste  revêtu  d'uu  manteau  mal  dessiné  ; 
légende  :  f  PÂRISlS.  Ce  ne  peut  être  que  la  tète  de  Clotaire  II  < 
premier  protecteur  de  saint  Éloi ,  et  qui  mourut  l'an  698  de 
notre  ère.  Au  revers,  croix  pattée  à  branches  inégales ,  surmontée 
d'un  large  oméga.  On  lit  autour  :  f  ELIGVIVS.  M.  C'est  le  nom 
du  célèbre  argentier  et  monnoyeur ,  enfant  de  Limoges ,  quoique 
né  à  Chaptelat,  villa  de  ses  parents  Ëucharius  et  Ferrugia.  Le 
V  qui  semble  dénaturer  son  nom  n'est  autre  chose  que  Talpha 
placé  au-dessous  de  la  croix  en  opposition  avec  l'oméga ,  et  qui 


216  NUMISMATIQUE   LIMOUSINE. 

signifient  ensemble  prindpium  et  finis,  expression  consacrée  sur 
des  monnaies  de  l'époque  mérovingienne.  Nous  devons  donc  lire 
en  toute  certitude  :  Eligius  monetarii^.  Ce  tiers  de  sou  d'or  est 
une  des  meilleures  œuvres  de  ce  saint  monétaire ,  soit  par  Téclat 
du  métal ,  soit  par  la  perfection  relative  du  monnayage.  (  N*  3 
de  la  planche.) 

Je  passe  sans  transition  à  la  série  de  nos  monnaies  vicomtales , 
qui  s'est  enrichie  d'une  maille  ou  obole  inédite  d'Artur  de 
Bretagne ,  comte  de  Richemond  et  vicomte  de  Limoges ,  par  son 
mariage,  en  l'an  1275,  avec  Marie  de  Limoges,  fille  de  Guy  VI 
dit  le  Preux  et  de  Marguerite  de  Bourgogne,  unique  héritière  de 
la  vicomte  de  Limoges.  D'un  côté,  croix  à  branches  égales, 
pattée  et  inscrite  dans  un  chapelet  de  perles ,  cantonnée  d'un 
besant  aux  premier  et  quatrième  quartiers ,  et  d'un  M  gothique 
au  deuxième.  Légende  :  f  ARTVRI.  VICEC;  au  revers,  suite  de 
cette  légende  :  f  LEMOVICENSIS.  Écusson  à  trois  pointes,  mi- 
parti  Bretagne,  Dreux  et  Bourgogne.  Comme  cette  obole  noire 
n'a  pu  être  frappée  qu'à  Limoges,  et  qu'il  n'y  avait  pas  dans  la 
province  une  ville  dont  l'initiale  fût  le  M.  qui  eût  un  atelier  mo- 
nétaire, on  est  réduit  aux  conjectures  pour  expliquer  cette 
initiale.  Ârtur  voulut-il  au  premier  temps  de  son  mariage 
mettre  la  première  lettre  du  nom  de  sa  femme ,  Marie  de  Li- 
moges, sur  ses  monnaies?  ou  sa  belle-mère,  la  vicomtesse 
douairière,  régente  de  la  vicomte,  Marguerite  de  Bourgogne, 
aurait-elle  voulu  encore  continuer  sa  domination  en  faisant 
graver  sur  les  monnaies  de  son  gendre,  avec  les  armes  de  la 
Bourgogne ,  l'initiale  de  son  nom  de  Marguerite,  qui  Tétait  aussi 
de  celui  de  sa  fille?  (  N^"  4  de  la  planche.) 

(  N<>«  5  et  6  de  la  planche.)  Deux  autres  monnaies  vicomtales, 
deux  deniers  noirs,  ont  été  trouvées  dans  la  Cité ,  près  de  l'église 
de  Saint-Domnolet  :  elles  sont  de  Jean  l"  (Jean  III,  due  de 
Bretagne),  vicomte  de  Limoges,  fils  d'Artur  et  de  Marie  de 
Limoges.  Le  premier,  un  peu  fruste,  présente  l'écusson  pré- 
cédent; d'un  côté  on  lit  :  I.  BMTANNIE.  DVX  autour  d'une 
croix  cantonnée  d'un  6;  au  deuxième  quartier,  marque  de 
l'atelier  monétaire  de  Quingamp  ;  autour  de  l'écusson  :  VICE 
Crnies ,  LEMOVICEfWi*.  Cette  monnaie  est  de  pur  cuivre  rouge. 
Ce  duc  de  Bretagne  eut  trois  femmes  :  Isabeau  de  Valois,  sœur 
de  Philippe,  roi  de  France;  Isabelle  de  Castille ,  fille  du  roi  don 
Sanche  IV,  et  Jeanne  de  Savoie;  il  mourut  en  1344.  —  Le  second 
denier  est  encore  plus  fruste.  L'écusson,  de  même  forme  que 


NUMISMATIQUE  LIMOUSINE.  217 

celui  de  l'autre  pièce ,  porte  au  premier  quartier  de  Bretagne , 
et  aux  trois  autres  de  Dreux,  autant  qu'on  en  peut  juger.  La 
croix  est  cantonnée  au  deuxième  quartier  d'un  E ,  marque  de 
l'atelier  monétaire  d'Evran. 

Ces  deux  deniers  faisaient  partie  d'un  petit  dépôt  composé  de 
trois  deniers  noirs  d'Alphonse  IV  dit  le  Brave,  roi  de  Portugal, 
époux  de  Béatrix ,  fille  de  Sanche  lY,  roi  de  Gastille ,  et ,  par  son 
mariage,  beau-frère  de  notre  vicomte  Jean  P';  d'un  denier 
tournois  de  Philippe  de  Yalois  ;  d'un  gros  tournois  d'argent  ; 
d'un  double  de  Charles  Y,  et  autres  menues  pièces. 

L'église  près  de  laquelle  ces  monnaies  étaient  enfouies  s'ap- 
pelait dans  le  principe  Saint-Grégoire  :  on  y  déposa  le  corps  du 
comte  Dampniolenus ,  tué  en  défendant  Limoges  contre 
Théodebert,  l'an  574. 

Jean  I",  vicomte  de  Limoges,  n'ayant  point  eu  d'enfants, 
maria  sa  nièce  Jeanne ,  fille  de  Guy  YII ,  son  frère ,  comte  de 
Bichemond  et  de  Penthièvre  et  vicomte  de  Limoges ,  à  Charles 
de  Blois  ,  fils  puîné  de  Guy  de  Chatillon  ,  comte  de  Blois ,  et  de 
Marguerite  de  Yalois,  sœur  de  Philippe  YI,  roi  de  France; 
Jean  I«'  le  fit ,  par  ce  mariage ,  vicomte  de  Limoges ,  en  atten- 
dant son  entière  succession. 

Le  second  denier,  qui  est  le  plus  fruste ,  pourrait  bien  être  de 
Jean  II  de  Montfort,  fils  d'Ârtur  et  de  sa  seconde  femme, 
Yolande  de  Dreux,  veuve  du  roi  d'Ecosse  Alexandre  III,  qui 
rendit  la  vicomte  de  Limoges  à  Jeanne  de  Penthièvre  après  le 
traité  de  Guérandes.  Les  armes  de  Dreux  du  revers  me 
paraissent  fortifier  cette  hypothèse. 

On  découvrit,  il  y  a  déjà  long-temps,  à  Saint- Yrieix ,  une 
imitation  du  tournois  français  du  roi  Jean.  C'est  un  jriedfort  de 
billon,  faiblement  argenté  ;  il  pèse  42  grammes  i  décigramme. 
On  lit  autour  d'une  croix  pattée ,  cantonnée  d'un  besant  au 
premier  quartier  et  au  quatrième  :  f  K.  DYX  BRITANNIE,  et 
au  revers,  autour  du  chastd:  f  TVRONYS  LEMOYIC.  La  dernière 
lettre,  mal  empreinte,  peut-être  prise  pour  un  X  ou  un  K. 
(N»7de  la  planche.) 

Ce  tournois  Umousin  de  Charles  de  Blois,  vicomte  de  Limoges, 
comme  époux  de  Jeanne  la  Boiteuse ,  et  duc  de  Bretagne  par 
arrêt  du  parlement,  tué  à  la  bataille  d'Auray  l'an  4364  ;  ce 
tournois  dut  être  frappé  vers  4361,  époque  des  dernières 
émissions  des  monnaies  du  roi  Jean ,  qui  mourut  la  même  année 
que  Charles  de  Blois. 


218  NUHISMATIQUB  LIMOUSINE. 

Dans  un  trésor  de  pièces  d'or  françaises  trouvées  à  Balledent 
(Haute^Yienne) ,  j'en  ai  remarqué  une  qui  mérite  d'être  décrite  : 
c'est  une  imitation  des  royaux  de  France.  Buste  vu  de  face  et 
couronné;  il  est  revêtu  d'un  manteau  ,  et  tient  de  la  droite  une 
épée  nue  au  milieu  d'un  encadrement  orné  de  neuf  rosettes;  un 
petit  vaisseau  placé  sur  la  têt^  couronnée  et  une  étoile  indi- 
quent le  commencement  de  la  légende  :  EÂROLYS  DVX  ^ 
A.  QVITANIB.  Revers  :  croix  fieuronnée,  et  cantouA^e  des  lis  de 
France  et  des  lions  d'Aquitaine,  et,  pour  légende,  le  cri  de 
guerre  des  croisés  :  ChrUtus  vindt,  régnât,  itnperat^  précédée, 
comme  l'autre,  d'un  petit  navire.  Charles,  fils  putné  de 
Cb  arien  VII  et  de  Marie  des  Deux-Biciles,  duc  de  Berry ,  et  mort 
duc  d'Aquitaine  en  U7S ,  frappa  ce  royal,  qu'on  pourrait  appder 
aquitain,  tout  semblable  à  ceux  de  son  père,  sauf  les  lions  de 
deux  cantons  de  la  croix.  (N""  8  de  la  planche.) 

Je  parlerai,  e^  terminant,  des  remarques  faites  par  moi 
sur  environ  deux  cents  barbarins  trpuvés  entre  Chanteloube  et 
Bazès.  Sur  un  grand  nombre  de  ces  deniers ,  les  abbés  de  Saint- 
Martial,  dans  la  légende  S.  E.  S.  MARCIAL ,  que  je  traduis, 
tigntJim  ecdesiœ  sancti  MarUaUs,  ont  donné  au  Ë  et  au  L  final  la 
forme  d'une  croix ,  comme  sur  les  deniers  de  l'église  de  Lyon , 
afin  que  cette  légende  présentât  un  caractère  plus  religieux 
autour  de  la  tête  du  saint.  La  légende  du  revers ,  l^movincensis , 
que  j'ai  lue  sur  une  seule  pièce  Lemovinoensis,  n'a  pas  leL.  croisé. 
L'observateur  attentif  reconnaîtra  des  différences  sur  la  forme 
des  yeux,  les  cheveux  et  le  nombre  des  perles  de  la  chape  du 
saint  évêque  de  Limoges. 

Je  consigne  ici  l'expression  de  ma  reconnaissance  envers  M.  le 
vicomte  Raoul  de  La  Girennerie ,  capitaine  au  8*  hussards,  dont 
la  complaisance  égale  le  talent  :  son  crayon  exercé  a  dessiné  les 
médailles  qui  figurent  sur  la  planche  jointe  à  cette  notice. 

Maurice  ABDANT, 

Archiviste  de  la  Haate- Vienne,  ofllcierd'a««ddmlc. 


Limoges ,  le  dl  juin  1863. 


RAPPORT 


SUR  LES 


FOUILLES  DU  MONT  DE  JOUER. 


Messieurs, 

Les  fouilles  pratiquées  au  mont  de  Jouer  ont  produit  d'inté- 
ressants résultats,  et  elles  ont  mis  au  jour  les  importantes 
fondations  d'un  édifice  grallo-romain  qui  paraît  être  la  station 
romaine  de  Prœtorium,  ou  Pretorio  suivant  l'orthographe  de  la 
Table  de  Théodose. 

Ainsi  la  grande  controverse  engagée  sur  la  fixation  de  ce  point 
fort  obscur  de  la  géographie  limousine  semblerait  avoir  enfin 
trouvé  une  solution  qui  repose  sur  quelque  chose  de  plus  sérieux 
et  de  moins  incertain  que  d'ingénieuses  hypothèses.  Sous  les 
bruyères  d'une  montagne  inculte,  à  une  profondeur  d'un 
mèlre  et  demi,  les  fouilles  ordonnées  par  la  Société  Archéolo- 
gique et  Historique  du  Limousin  dans  la  séance  du  30  octobre 
1863  ont  fait  retrouver  les  fondations  d'un  vaste  établissement 
romain  qui  étaient  restées  enfouies  depuis  quinze  siècles  en- 
viron, et  que  personne  n'avait  encore  pu  découvrir.  C'est  là 
sans  doute  un  fait  archéologique  qui  n'est  pas  sans  intérêt  I 

Je  ne  m'étais  pas  dissimulé  toutes  les  difficultés  de  recherches 
à  faire  sur  une  montagne  d'une  longueur  de  plus  de  trois  kilo- 
mètres ,  présentant  à  son  sommet  quatre  mamelons  dont  le  plus 
élevé  atteint ,  s'il  faut  en  croire  la  carte  soigneusement  étudiée 
de  l'état-major,  une  hauteur  de  697  mètres  au-dessus  du  niveau 
de  la  mer,  dont  les  versants  sont  très-étendus ,  couverts  de 
bruyères  et  de  terrains  sans  valeur,  oti  se  rencontrent  à  chaque 
pas  des  agglomérations  de  pierres  et  de  roches,  qui  est  inhabitée 
parce  qu'elle  est  exposée  à  tous  les  vents.  J'assumais  une  grande 
responsabilité  en  acceptant  la  mission  de  diriger  les  recherches , 
et  je  tremblais  d'épuiser  sans  succès  la  somme  que  vous  aviez 
votée. 

Le  hasard  sans  doute  m'a  bien  servi ,  et  les  restes  de  construc- 


220  FOUILLBS  DU   MONT  DE  JOUER. 

tioDS  que  nous  avons  si  heureusement  retrouvées  sont  bien 
certainement  d'origine  gallo-romaine.  Je  vais  plus  loin ,  je  me 
crois  autorisé  à  penser  par  de  sérieuses  et  solides  raisons  que  ce 
sont  bien  réellement  les  restes  de  la  station  de  Prastorium, 

J'ai  examiné  avec  une  attention  nouvelle  la  direction  des 
cbemini?  qui  se  rajxordent  sur  un  des  versants  du  mont  de 
Jouer,  et  je  persiste  à  croire  que  Tabbé  Kadaud  et  M.  Gornuau , 
qui  avaient  étudié  avec  exactitude  la  direction  de  ces  voies 
romaines ,  ne  s'étaient  point  trompés. 

J'ai  suivi  cette  fois ,  pour  me  rendre  à  Saint-Ooussaud ,  l'an- 
tique voie  qui  descendait  du  mont  de  Jouer,  et  passait  par 
Sejoux  et  la  eommune  de  Chatelus-le-Marcheix  pour  gagner 
Adtodunum  (Ahun)  et  Augusto-Nemetum  (Clermont).  Les  vestiges 
du  passage  d'une  voie  romaine  sont  encore  très-apparents  et 
facilement  reconnaissables. 

On  les  retrouve  près  d'Arènes  se  dirigeant  vers  Argentomagus 

'  (Argenton).  Au  mois  de  juillet  dernier,  j'avais  exploré  la  voie 

qui  descendait  vers  AugtAstoritwn ,  Ausrito  de  la  Table  (Limoges). 

Sans  doute  ces  chemins,  depuis  les  dix-huit  siècles  qu'ils 
existent,  ont  dû  subir  des  réparations  et  même  des  reconstruc- 
tions partielles.  Les  habitants  ont  presque  partout  enlevé  les 
énormes  pierres  qui  formaient  Vagger  :  elles  avaient  dû  à  la 
longue  se  disjoindre,  et  rendre  la  route  impraticable.  Les 
riverains  les  ont  arrachées ,  et  s'en  sont  servis  pour  former  leurs 
murs  de  clôture ,  qui  offrent  un  aspect  presque  monumental  sur 
le  parcours  de  la  voie.  Puis ,  cherchant  à  imiter  la  construction 
romaine,  ils  ont  réparé  la  route  suivant  le  mode  antique,  et 
l'ont  rendue  praticable  pour  les  charrettes. 

Ces  chemins,  qui  tous  convergent  vers  le  mont  de  Jouer, 
affectent  à  peu  près  la  forme  d'un  Y,  qui  se  trouve  conforme 
aux  indications  de  la  Table  de  Théodose. 

Au  xviii^  siècle ,  l'abbé  Nadaud  et  M.  Comuau  les  avaient 
trouvés  dans  un  état  de  conservation  plus  complet.  Leurs  obser- 
vations ne  peuvent  laisser  aucun  doute  sur  leur  origine  et  sur 
leur  direction.  Je  n'ai  donc  rien  à  changer  à  ce  que  j'ai 
consigné  dans  un  précédent  mémoire  sur  la  fixation  de  Prœ- 
torium. 

C'est  en  vue  du  Puy-de-Dôme  et  du  Mont-Dor,  dont  les 
sommets  étaient  couverts  de  neige ,  près  de  la  voie  de  Séjoux  h 
Saint-Goussaud ,  que  j'ai  fait  pratiquer  les  fouilles.  Mais,  avant 
de  parler  des  résultats  qu'elles  ont  produit ,  il  faut  que  je  dise 


FOUILLES   DU   MONT  DE  JOUER.  221 

un  mot  sur  les  recherches  que  j^ai  faites  en  fouillant  le  cadastre 
de  la  commune  de  Saint-Ooussaud. 


LES  CHAMPS  DE  PRATAURT. 

M.  Bosvieux ,  archiviste  de  la  Creuse,  avait  trouvé,  dans  une 
trop  courte  excursion  faite  à  Saint-Ooussaud ,  certaines  par- 
celles de  terrain  sur  le  mont  de  Jouer  désignées  sous  le  nom  de 
Prataury.  11  avait  fait  faire  quelques  recherches  dans  cet  endroit, 
et  elles  n'avaient  produit  aucun  résultat  satisfaisant. 

Ce  nom  a  une  ressemblance  frappante  avec  Prœtorium,  et, 
frappé  de  cette  analogie  tout  au  moins  étrange ,  M.  Bosvieux 
l'avait  communiquée  à  ceux  qui  s'occupent  d'archéologie. 

Je  cherchai  dans  les  registres  du  cadastre,  et  je  trouvai  que 
djx-«ept  champs  de  nature  diverse ,  appartenant  à  des  proprié- 
taires différents ,  portaient  le  nom  de  Prataury. 

Ces  parcelles  sont  placées  dans  les  dépendances  du  mont  de 
JouSr  et  en  face  du  village  de  Frialouse.  Ds  sont  sur  un  plan 
si  incliné  que  la  première  inspection  des  lieux  démontre  qu'il  n'a 
pu  y  exister  à  aucune  époque  un  établissement  de  quelque  im- 
portance. Pour  y  faire  des  fondations  et  construire  des  murs , 
les  Romains  auraient  dû  pratiquer  de  larges  tranchées  dans  la 
montagne ,  et  il  ne  reste  aucune  trace  d'un  travail  de  cette 
nature. 

Néanmoins ,  pour  ne  laisser  aucune  prise  à  l'incertitude ,  je  fis 
faire  des  sondages ,  et  je  fis  ouvrir  quelques  tranchées  qui  ne 
produisirent  pas  de  résultat.  Nous  ne  trouvâmes  ni  pierres 
taillées  ni  briques  romaines.  Je  constatai  en  outre  que  les 
chemins  par  lesquels  on  pouvait  arriver  aux  champs  de  Prataury 
n'étaient  que  des  sentiers  sans  largeur,  et  qu'il  n'apparaissait 
nulle  part  d^agglomérations  de  pierre. 

Le  Pretorio  de  la  Table  de  Théodose  n'avait  donc  pu  exister 
dans  cette  partie  de  la  montagne  ;  mais  le  nom  de  ces  champs 
était  à  mes  yeux  une  présomption  très-grande  de  la  présence 
sur  le  mont  de  Jouer  de  l^  station  de  Pretorio ,  car  la  tradition 
avait  pieusement  conservé  ce  nom  de  parcelles  dépendant  de 
rancienne  station,  et  ce  mot  de  Prataury  semblait  faire  revivre 
celui  de  Prceurriim. 

Certes  la  vague  ressemblance  d'un  nom  ne  saurait  toute  seule 
suffire  à  éclaircir  les  points  obscurs  de  la  géographie  antique. 


222  FOUILLES  DU  MONT  DB  JOUEB. 

Je  saiâ  qu'il  faut  se  méfier  de  cee  analogies,  qui  peu  vent  tromper 
les  meilleurs  esprits.  Souvent ,  en  matière  d'archéologie ,  Fima- 
gination  est  une  mauvaise  conseillère  :  elle  nous  entraîne  à  des 
conceptions  qui  reposent  sur  des  raisons  sans  valeur,  et  se 
basent  sur  des  données  indécises  qui  n'ont  aucun  fondement 
sérieux. 

Mais  il  me  semble  que  les  circonstances  qui  ont  accompagné 
la  découverte  dont  il  me  reste  à  voqs  parler  ne  sont  pas  purement 
accidentelles;  qu'elles  ne  sont  pas  le  simple  produit  d'un  hasard 
plus  ou  moins  heureux.  Nous  avons  procédé  suivant  la  théorie 
la  plus  rigoureuse.  Le  travail  de  l'esprit  a  précédé  et  guidé  le 
travail  manuel ,  et  nos  recherches,  en  quelque  sorte,  ont  procédé 
d'une  manière  algébrique.  Nous  cherchions  à  dégager  l'inconnu 
par  le  connu.  La  théorie  n'a  pas  cessé  un  instant  d'éclairer  la 
marche  et  de  guider  la  direction  de  nos  travaux  !  Depuis  le 
xvm*  siècle,  les  savants  archéologues  du  Limousin  s'appli- 
quaient à  retrouver  la  fixation  du  PrcBlorium,  sas  vestiges 
s'étaient  perdus  depuis  près  de  quinze  siècles.  Aucun  autre  mo- 
nument historique,  si  ce  n'est  la  Table  de  Théodose ,  n'en  parlait 
et  n'en  déterminait  la  position  certaine  :  une  tradition  locale  le 
présentait  comme-  enterré  dans  les  flancs  du  mont  de  Jouer. 
Cette  opinion  avait  été  soutenue  par  d'Anville,  par  l'abbé 
Nadaud ,  par  M.  Oornuau.  Ces  deux  derniers  avaient  décrit  avec 
une  admirable  précision  la  voie  qui  i'Aumto  montait  au  mont 
de  Jouer,  et  continuait  sa  direction  par  une  double  bifurcation 
sur  Argentomago  et  sur  Augusto-Nemetum.  Mais  sur  quel  point  du 
mont  de  Jouer  se  trouvaient  les  fondations  de  la  station?  La 
question  n'était  pas  définitivement  tranchée,  et  le  baron  de 
Walcken&er  le  plaçait  àPourrioux;  la  commission  de  la  Carte 
des  Oaules,  devant  l'autorité  de  laquelle  il  faut  s'incliner,  la 
fixait  à  Sauviat;  d'autres  archéologues  la  trouvaient  près  de 
Grandmont  (4  ) ,  à  La  Jonchère  (9) ,  à  Arènes ,  au  Ghalard  (3) 
près  Peyrat-le-Chftteau ,  à  Breth  (4). 

En  retrouvant  sur  les  flancs  du  mont  de  Jouer  les  champs  de 
Pratory,  pouvaia-je  ne  pas  me  prévaloir  d'un  nom  aussi  signi- 
ficatif, et  ne  pas  en  tirer  cette  conséquence  naturelle  que  c'était 

(1)  L*abbé  BeUey. 

(2)  M.  Allou. 

(3)  M.  GreUet-Dumasi^eau. 

(4)  M.  de  Beaufort. 


P0U1U.E8  DU   MONT  D^  J0U6B*  233 

une  traduction  presque  textuelle  et  sans  corruption  de  la  station 
de  Prœtoritan?  que  ce  u'e$t  pas  un  de  ces  mots  vagues  et  indé- 
terminés qui  pourraient  signifier  pour  les  incrédules  le  pré  om 
rvitseau  par  exemple?  J'ai  cru  devoir  aller  aux  reoselgo^nâats , 
et  demander  aux  employés  de  la  direction  des  contributions 
directes  et  du  cadastre  de  la  Haute^Vienne  ai  çettQ  expression 
était ,  en  quelque  sorte ,  un  nom  banal ,  et  s'ils  avaient  eu  Toc- 
casion  de  le  voir  appliqué  comme  désignant  une  prairie  arrosée 
par  un  petit  cours  d'eau.  Ils  m'ont  répondu  n'avoir  pas  vu  de 
nom  de  lieu  semblable. 

Qu'on  ne  nous  demande  pas,  pour  obtenir  une  entière  et  pl«s 
complète  conviction,  soit  une  n^onnaie  trouvée  dans  les  fouilles 
avec  le  nom  de  PraUorium,  soit  une  inscription  lapidaire.  Il 
n'exista  jamais,  que  je  sache,  de  monnaies  portant  le  nom 
d'nne  station  gauloise  d'importance  secondaire.  Une  station 
n'eut  jamais  l'insigne  honneur  de  porter  à  son  fronton  sa  dési- 
gnation comme  une  enseigne.  Nous  ne  pouvons  espérer  de  re^ 
trouver  un  semblable  mode  de  conviction  pour  démontrer  son 
identité. 

Les  stations  romaines  étaient  des  établissements  impériaux 
que  l'empereur  faisait  construire  aux  frais  de  l'empire  romain. 
Elles  devaient  présenter  des  conditions  de  solidité ,  de  grandeur 
et  de  commodité  pour  le  repos  momentané  des  soldats  ;  rien  de 
plus  !  leur  nom  est  signalé  dans  les  itinéraires  et  dans  la  Table. 
Les  itinéraires  sont  muets  sur  Prœtorium,  mais  ce  nom  est  signalé 
dans  la  Table  de  Théodose.  Pourquoi  donc  ne  pourrions-nous 
pas  nous  prévaloir  de  cette  appellation ,  si  heureusement  re*- 
trouvée,  de  champs  de  Prataury?  Ce  serait  de  notre  part  un 
oubli  inexcusable  de  nos  devoirs  d'archéologue  et  de  toutes  les 
règles  d'une  saine  critique.  Je  ne  pense  pas  que  ceux  qui 
placent  cette  station  ailleurs  qu'au  mont  de  Jouer  puissent  op^ 
poser  un  argument  de  cette  valeur  I 

Mais  toutes  ces  présomptions ,  qui  sont  déjà  par  elles-mêmes  si 
sérieuses ,  si  précises  et  si  concordantes ,  vont  recevoir  un  degré 
de  certitude  plus  incontestable  encore  par  les  découvertes  de 
ruines  gallon-romaines  que  nous  avons  trouvées  enfouies  profon- 
dément dans  les  flancs  incultes  d'une  montagne  inexplorée,  sur 
le  versant  du  mont  de  Jouer,  qui  est  situé  en  face  de  cette  noble 
et  vaillante  terre  d'Auvergne  qui  un  moment  balança ,  grftce  à 
l'épée  de  Vercingétorix ,  la  fortune  et  le  génie  de  Jules  César. 

Les  ruines  gallo-romaines  que  nous  avons  retrouvées  sont  de 


224  FOUILLES  DU  MONT   DB  iOUBR. 

nature  à  faire  tomber  les  dernières  hésitations ,  et  Vesprit  le 
moins  porté  à  la  crédulité,  convaincu  par  un  faisceau  de  preuves 
sérieuses,  doit  ôtre  forcé  d'admettre  que  le  résultat  des  fouilles 
faites  au  nom  de  la  Société  est  réellement  la  résurrection  des 
ruines  enfouies  de  la  station  de  PrcBiorium. 

Vous  aviez  admis  l'année  dernière  cette  opinion,  et,  pour  la 
faire  prévaloir,  vous  n*aviez  pas  hésité  à  voter  une  somme  des- 
tinée à  faire  des  fouilles  sur  le  mont  de  Jouer. 

Le  succès  a  prouvé,  Messieurs,  une  vérité  aussi  éclatante  que 
le  soleil.  L'esprit  domine  la  matière  !  La  nature,  quelque  impéné- 
trable et  cachéefqu'elle  soit,  finit  par  être  connue  de  l'homme 
qui  pense  et  qui  raisonne  :  les  choses  du  passé ,  quelque  obscures 
qu'elles  apparaissent,  peuvent  être  reconnues  quand  on  s'ap- 
plique à  les  chercher  I  II  n'existe  pas  de  mystères  si  profonds ,  de 
problèmes  si  obscurs ,  de  vestiges  si  secrets  et  si  bien  cachés 
qui  puissent  échapper  à  nos  yeux  mortels,  faibles  et  débiles, 
quand  ils  sont  illuminés  par  la  raison  et  par  la  théorie. 

Revenons  aux  champs  de  Praiaury.  Puisqu'il  ne  s'y  trouve  pas 
de  ruines  gallo-romaines,  il  faut  en  conclure  que  le  nom  qu'ils 
portent  n'est  qu'un  souvenir  de  PrtBtorium.  Us  étaient  une  dé- 
pendance de  l'établissement  romain.  Leur  nom  s'est  conservé  à 
travers  les  siècles  ! 

LES  FOUILLES. 

Le  jeudi  3  mars|,  je  parvins,  non  sans  peine,  à  me  procurer 
des  ouvriers.|Je  dirigeai  les  fouilles  sur  le  versant  du  mont  de 
Jouer  qui  regarde  l'Auvergne ,  et  près  du  chemin  de  Séjoux  à 
Saîntr-Goussaud .  Une  vieille  croix  de  bois  placée  sur  le  chemin 
m'inspira  le  désir  de  faire  commencer  les  recherches  presque  à 
ses  pieds.  Suivant  l'antique  tradition  des  habitants  de  Saint- 
Goussaud ,  c'était  là  qu'était  l'emplacement  de  la  ville  de  Jouer. 
Il  est  difficile  d'apprécier  avec  quelque  exactitude  par  la  carte 
de  Cassîni  la  position  des  fouilles.  Le  point  où  il  signale  les 
restes  d'une  ville  ruinée  ne  me  paraît  pas  ôtre  celui  ob  les 
ouvriers  se  mirent  à  l'œuvre.  Ce  n'était  pas  sur  le  versant  qui 
regarde  La  Fayte  et  La  Ribière  :  c'était  sur  le  versant  opposé 
faisant  face  à  Saint-Goussaud ,  le  Puy-de-Dôme  et  le  Monlr- 
Dor. 

Une  première  tranchée|,  de  15  à  20  mètres  de  long  et  de  1  mètre 
50  cent,  de  profondeur,  nous  fît  reconnaître  de  la  terre  mêlée  de 
silice  et  de  chaux  qui  paraissait  provenir  de  décombres.  Les 


FOUILLES  DU  MONT  DE  JOUER.  225 

ouvriers  trouvèrent  de  grandes  quantités  de  briques  romaines 
brisées,  mais  d'une  belle  conservation,  et  des  pierres  de  petite 
dimension ,  pierres  dites  d'échantillon ,  qui  formaient ,  je  crois , 
chez  les  Romains,  les  constructions  de  petit  appareil.  Nous 
retrouvions ,  du  premier  coup  de  pioche ,  les  traces  évidentes 
d'un  édifice  gallo-romain  enfoui  depuis  des  siècles.  Il  était  dans 
une  position  tout-à-fait  exceptionnelle,  exposé  aux  vents  du 
nord  et  de  Test. 

La  seconde  tranchée  ne  produisit  aucun  résultat  intéressant. 

Hais  la  troisième  fut  fructueuse.  Nous  trouv&mes  des  quan- 
tités considérables  de  grandes  briques  destinées  à  la  toiture ,  dont 
quelques-unes  étaient  percées  d'un  trou  qui  servait  h  les 
fixer,  des  pierres  d'échantillon  comme  dans  la  première 
tranchée ,  et  un  nombre  infini  de  clous  ainsi  qu'un  anneau  de 
fer.  Tous  ces  objets  étaient  fort  rouilles,  et  se  trouvaient  enfouis 
à  4  mètre  50  cent,  de  profondeur.  Les  ouvriers  trouvaient  des 
gisements  formés  par  un  charbon  fort  menu ,  qui  se  rencontrait 
sur  tout  le  parcours  de  la  tranchée.  Ce  charbon  de  bois  de  châ- 
taignier me  prouvait  que  la  partie  de  l'édifice  ob  se  faisaient 
les  fouilles  avait  été  détruite  par  un  incendie,  allumé  sans  doute 
par  les  peuples  barbares  qui  durent  s'en  emparer  vers  le 
V*  siècle.  Joullietton  pense,  dans  son  Histoire  de  la  Marche,  que 
les  Vandales  détruisirent  Prcetorium  après  avoir  pillé  et  ruiné  la 
riche  ville  de  Breth.  Nous  serions  tenté  d'adopter  cette  opinion. 

Les  clous  et  l'anneau  de  fer,  la  disposition  du  terrain ,  me  font 
penser  que  l'emplacement  était  un  lieu  couvert ,  une  sorte  de 
vaste  hangar  pour  abriter  peut-être  les  chevaux  de  la  cavalerie 
romaine.  Les  personnes  qui  ont  vu  l'anneau  ont  pensé  qu'il  était 
destiné  à  attacher  la  longe  d'un  cheval. 

Quoi  qu'il  en  soit ,  il  reste  bien  démontré  que  la  station  a  été 
incendiée  :  un  fait  chimique  le  démontre ,  il  est  bon  de  le  si- 
gnaler. Parmi  les  clous  fort  rouilles  que  les  ouvriers  retirèrent 
des  fouilles,  il  s'en  est  trouvé  quelques-uns  d'une  très-belle 
conservation;  un  surtout  paraissait  encore  presque  neuf. 
Surpris  de  ce  phénomène,  je  l'examinai  avec  attention;  il  était 
couvert  d'une  sorte  de  couleur  rouge  semblable  à  celle  que  les 
Romains  employaient  pour  peindre  leurs  murailles.  Je  pensa; 
qu'il  fallait  attribuer  sa  conservation  à  la  présence  de  cette 
couleur.  Je  désirai  la  fiure  analyser,  et  je  portai  le  clou  à 
M.  Astaix.  Cet  habile  chimiste  reconnut  que  ce  que  je  prenais 
pour  de  la  couleur  n'était  autre  chose  que  de  l'oxyde  de  fer 


326  POtJILLÈS  Du   MONT   t)B  JOUER. 

anhydife  qui  allait  été  pwdttli  par  Tefifet  d'une  tfêô-violente 
chaleui*.  Ici  la  sdeuce  vient  donc  à  l'aide  de  Tarchéologie ,  et  le 
doute  ne  semble  plus  possible. 

Toutes  ces  découvertes  étaient  Intétessantes  et  curieuses ,  mais 
je  désirais  trouver  des  fondations.  Je  fis  ouvrir  une  quatrième 
tranchée ,  et ,  dèô  le  mercredi  i^oîr,  les  ouvriers  trouvèrent  une 
énorme  pierre  de  taille  d'une  longueur  de  4  mètre  20  cent. 
Quand  apparut  ce  magnifique  commencement  d'une  fondation , 
tous  les  cœurs  furent  émus ,  et  les  travailleurs  forent  encouragés 
par  cette  découverte  inattendue.  Nous  avions  rencontré  un  des 
côtés  de  l'établissement  gallo-romain  î  nous  avions  dès-lors 
toute  facilité  pour  découvrir  le  reste.  Dès  le  lendemain ,  à  neuf 
heures  du  matin ,  les  ouvriers  avaient  déterré  le  mur  de  pierre 
de  granit  :  il  était  d'une  longueur  de  8  mètres  30  cent.  A  cette 
première  assise ,  qui  devait  être,  suivant  toute  probabilité,  un 
banc  pour  les  soldats ,  était  adossée  une  très-longue  construction 
faite  en  pierres  de  petit  appareil.  Les  ouvriers  en  avaient  fouillé 
une  longueur  de  plus  de  20  mètres ,  et  ils  n'en  avaient  encore 
mis  à  nu  qu'une  extrémité.  A  cette  extrémité ,  bornée  par  une 
grosse  pierre  cubique,  nous  trouvâmes  un  second  mur,  perpen- 
diculaire au  pwmier,  et  qui  devait  former  un  des  côtés  du  vaste 
appartement  qui  était  devant  la  voie  romaine.  Ce  second  mur 
côtoyait  le  point  où  je  supposais  l'existence  d'un  vaste  hangar. 
Les  ouvriers  crurent  avoir  trouvé  le  pavé  de  cette  chambre.  Là 
cessent  mes  observations 

Certainement  II  eût  été  fort  intéressiant  d'exhumer  tout  en- 
tière d'un  sol  vierge  et  inexploré  une  station  romaine ,  d'en 
reconnaître  les  fondations ,  les  appartements  et  les  dépendances , 
d'en  dresser  le  plan.  L'archéologie  n'en  a  pas  fait  encore ,  que  je 
sache ,  une  reconnaissance  complète  t  elle  s'est  bornée  au  vague 
domaine  de  la  théotie. 

Mate  fouilkrr^  firvec  le  peu  de  londs  qui  restaient  à  ma  dispos! - 
tion ,  un  aussi  vasOô  établissement ,  me  semblait  chose  impos- 
sible. J'avais  passé  quatre  jours  à  Saint^Oôussaud  ,  recevant  de 
M.  le  curé  de  ceitte  paroisse  une  bienvdllante  hospitalité.  Je  ne 
pouvais  rester  plus  longtemps  :  il  me  fallut  donc ,  à  mon  grand 
i^gret,  abandonner  ces  fouilles  (^  heureusement  commencées ,  et 
qui  présentaient  tant  d'intérdt.  Mais  j'avais  la  conviction  d'avoir 
accompli  la  miasion  que  vous  m'aviea  donnée  :  Prcetoritan  était 
retrouvé. 

Il  ne  me  reste  plus  qu'à  ajouter  quelques  détails  à  ce  rapport, 


FOUILLES  DU  MONT  DE  JOUER.  2S7 

et  à  vous  parler  des  choses  intéressfttites  qui  existent  à  Tentour 
de  la  station.  A  400  mètres  entirons  des  fouilles  oh  nous  avons 
reconnu  les  fondations  qui  regardaient  la  Voie ,  existe  un  ancien 
puits  que  nous  avons  retrouvé  avec  quelque  difficulté.  Il  est 
creusé  sur  un  des  penchants  de  la  montagne  et  à  une  très-grande 
hauteur;  il  est  comblé  de  pierres.  Nos  travaux  se  sont  bornés  à 
reconnaître  son  ouverture.  Il  est  maçonné  avec  des  pierres  de 
petit  appareil  de  même  grandeur  que  celles  des  murs  de  la 
station.  Sa  largeur  est  beaucoup  plus  grande  que  celle  du  puits 
qui  a  été  retrouvé  dernièrement  à  la  villa  d'Antone.  Les 
habitants  se  souviennent  d^avoir  vu,  Il  y  a  trente  ans,  une 
margelle  qui  surmontait  son  ouverture. 

n  paraît  qu'il  existe  encore  des  sortes  de  souterrains  ou  de 
caves. 

A  gauche  du  puits ,  j*ai  remarqué  un  aqueduc  qui  sert  à 
conduire  les  eaux  d'un  point  plus  élevé  de  la  montagne.  Ces 
eaux  se  rendent  dans  une  pêcherie.  Je  n'ai  pu  vérifier  la  cons- 
truction de  Taquedac  :  les  habitants  estiment  qu'elle  est  de  la 
même  époque  que  les  autres  édifices  de  la  montagne*  C*était 
peut-^tre  un  antique  abreuvoir. 

Au-dessus  de  cet  aqueduc ,  et  presque  sur  la  cime  du  mont,  se 
trouve  un  grand  amoncellement  de  larges  pierres  qui  s'étend 
sur  un  espace  d'environ  20  mètres  carrés.  Ces  pierres  ne  m'ont 
pas  paru  être  une  agglomération  naturelle  et  fortuite*  Dans 
mon  travail  précédent.  J'avais  pensé  que  c'étaient  les  ruines  d'un 
castdlum  ou  d'une  tour  à  signaux.  De  là  on  pouvait  è  la  fols 
correspondre  avec  le  nord  et  l'est.  Je  ne  saurais  dire  si  lês 
stations  romaines  avaient  ou  non  des  sortes  de  télégraphes  afin 
de  se  prévenir  entre  elles  du  passage  des  troupes.  Cette  hypo- 
thèse ne  serait  pas  improbable.  J'avais  le  désir  de  faire  pratiquer 
des  fouilles  dans  cet  amas  de  pierres  ;  mais  il  a  fallu  abandonner 
ce  projet,  qui  présentait  des  difficultés  très-sérieuses  :  les  res- 
sources mises  par  vous  à  ma  disposition  n'auraient  pas  suffi ,  et 
le  temps  m'a  manqué. 

Je  vous  avais  entretenus ,  dans  un  mémoire  précédent ,  d'un 
fauteuil  colossal  de  granit  dont  je  vous  avais  proposé  l'acquisi- 
tion. Le  transport  malheureusement  offrirait  de  grandes  diffi- 
cultés. Le  bloc  de  pierre  a  un  diamètre  de  4  m.  30  c. ,  et  une 

(1)  Sa  présence  prouve  Texistence  d'un  temple  de  Jupiter  qu*il  sera 
possible  de  retrouver. 


228  FOUILLES  DU   MONT   DE  JOUBB. 

hauteur  de  4  m.  43  c. ,  non  compris  le  doBsier ,  qui  est  peu 
élevé  et  d'une  forme  arrondie.  Il  m'a  paru  être  un  siège  vrai- 
ment colossal,  qui  peut-être  a  soutenu  un  Jupiter  olympien , 
d'où  vient  la  tradition  de  la  ville  de  Jouer  ;  mais ,  pour  trans- 
porter eette  masse,  dont  le  poids  peut-être  de  7  à  8  milliers,  il 
faudrait  disposer  d'un  «hariot  particulier  :  la  distance  de  Saint- 
Goussaud  à  la  gare  de  Laurière  est  de  41  kilomètres.  Vous  aurez 
à  prendre  une  décision  sur  cette  entreprise  difficile  et  coûteuse. 

J'espère  être  plus  heureux  pour  la  petite  pierre  païenne  que 
j'ai  signalée  à  Jabteilles,  et  pouvoir  un  jour,  moyennant  un  prix 
raisonnable ,  la  faire  figurer  dans  notre  musée  lapidaire ,  déjà 
si  riche  en  monuments  de  ce  genre. 

Depuis  la  publication  de  ce  rapport,  j'ai  reçu  la  lettre  suivante, 
qui  m'a  été  adressée  par  M.  Alexandre  Bertrand ,  secrétaire  de 
la  Commission  de  topographie  des  Graules  : 

a  MONSIBUR, 

»  Son  BxceUence  a  communiqué  k  la  Commission  de  la  topographie  des 
Gaules  vos  lettres  des  10  février  et  7  mars  relatives  &  la  station  de  Prm- 
tcHwn. 

»  La  Commission  a  lu  ces  communications  avec  intérêt.  Les  arguments 
que  VOUS  feiites  valoir  en  faveur  du  mont  de  Jouër  lui  paraissent  avoir 
une  réelle  valeur  ;  et  elle  a  décidé  que  deux  de  ses  membres  iraient ,  au 
mois  d'avril  prochain ,  visiter  les  lieux,  et  élaborer  la  solution  sur  le  ter- 
rain en  pirenant  vos  indications  pour  point  de  départ.  Les  membres  de  la 
Commission  chargés  de  ce  soin  ne  manqueront  pas  de  se  mettre  en  commu- 
nication avec  vous.  Je  suis  chargé,  en  attendant,  de  vous  remercier  de 
vos  savantes  communications. 

»  Veuillez  agréer,  Monsieur,  Texpression  de  ma  considération 
la  plus  distinguée. 

»  ÂLSXAMDRB  BERTRAND . 
1)  Secrétaire  de  la  Commiaalon.  » 

Ed.  buisson  de  MAYEBONIER. 


SAINT  ËLOI  ORFÉVRE-ÉMAILLEUR 


(BZIGIUS  AURIFABBR  INCIUSORIU&) 


Messieurs  , 

Comptant  un  peu  sur  votre  patriotique  admiration  pour  les 
grandes  eélébrités  de  notre  province ,  je  viens  vous  commu- 
niquer quelques  notes  que  j'ai  recueillies  au  sujet  du  monastère 
de  Solignac,  dont  j'ai  entrepris  le  cartulaire.  Je  vous  parlerai 
moins  de  cette  antique  abbaye  de  Solempniacum  que  de  son 
fondateur  :  encore  me  suis-je  attaché  plus  particulièrement  à 
rechercher  dans  Eligius  ce  qui  est  relatif  à  Vaurifaber,  et  j'ose 
dire  VémaiUeur. 

Je  citerai  en  première  ligne  VHôtel-^-  Ville  et  la  Bourgeoisie  de 
Paris,  par  P.  Bittiez,  page  20  : 

c  Nos  conquêtes  en  Italie  nous  procuroient  de  For  et  des 
pierreries.  La  France  pratiquoit  l'art  de  l'orfèvrerie  avec  succès 
sous  les  règnes  de  Clotaire  II  et  de  Dagobert,  qu'on  vit,  en 
628,  s'asseoir  sur  un  trône  d'or  massif.  Un  pauvre  apprenti 
orfèvre  devint  l'homme  le  plus  marquant  de  son  siècle,  et  mé- 
rita par  ses  vertus  d'être  évêque,  et  d'être  placé  au  rang  des 
saints. 

»  Limoges,  en  ce  temps,  étoit  le  centre  principal  de  l'orfè- 
vrerie :  c'étoit  dans  cette  ville  que  florissoit  Abbon ,  orfèvre  et 
monétaire,  chez  lequel  fut  placé  le  jeune  Éloi.  L'apprenti  eut 
bientôt  surpassé  son  maître;  il  fut  appelé  à  la  cour  de 
Clotaire  II ,  et  entra ,  nous  dit  la  Chrouique  anonyme  de  Saint- 
Denis,  dans  l'atelier  de  l'orfèvre  qui  faisoit  ouvrage  pour  le  roi. 
Il  arriva  que  le  roi  voulut  avoir  une  selle  d'or  [sella)  couverte  de 
pierreries  précieuses.  Il  s'adressa  à  son  maître  orfèvre,  qui  lui 
dit  qu'un  sien  ouvrier  étoit  très-capable  de  lui  confectionner 

46 


230  SAINT   éLOl  ORFéVRB-ÉMAILLEUR. 

cette  5eI2e  tout  enrichie  de  pierreries  ;  et  «  aussitôt,  suivant  une 
9  chronique  du  temps,  le  roi  bailla  toute  une  grande  masse  d'or 
»  à  celuy  maître  à  saint  Éloi ,  lequel  en  fit  deux  très-belles 
»  selles,  et  en  présenta  une  au  roi,  et  retint  Tautre  vers  lui. 
»  Quand  le  roi  vit  cette  selle  tant  belle ,  lui  et  tous  ses  gens 
»  s'en  émerveillèrent  moult ,  et  lui  remercia  le  roi  moult  lar- 
»  gement,  et  après  saint  Éloi  lui  représenta  Tautre  selle,  lui 
»  disant  quMl  Tavoit  faite  du  remanant  de  For,  dont  le  roi  fut 
»  plus  émerveillé  que  devant.  Il  lui  demanda  comment  il  avoit 
»  pu  faire  ces  deux  selles  tout  du  môme  poids  qui  lui  avoit  été 
»  baillé;  saint  Éloi  lui  répondit  que  bien  par  le  plaisir  de 
»  Dieu  ». 

»  C'est  ainsi  que  Jean  de  Vignay  raconte ,  d'après  Vincent  de 
Beau  vais ,  le  miracle  des  deux  selles  de  saint  Éloi ,  qui  devint 
orfèvre  et  monétaire  du  roi ,  et  fixa  sa  demeure  vis-à-vis  du 
palais  royal.  «  On  montrait  encore,  nous  dit  le  bibliophile 
9  Jacob  dans  son  Histoire  des  rues  de  Paris,  page  82,  au 
0  xiii''  siècle ,  dans  la  rue  de  Saint-Éloi ,  la  maison  aurfévre,  qu'on 
»  disait  être  la  sienne ,  que  l'incendie  de  900  avait  respectée.  » 

»  Aiidoenus ,  saint  Ouen  ,  qui  a  écrit  la  Vie  de  saint  Éloi ,  et  le 
moine  historien  de  Saint-Denis  [Gesta  Dagoberti) ,  ap.  Dudhesne 
(T.  I,  p.  372),  nous  ont  laissé  l'énumération  de  ses  ouvrages 
d'art.  Les  principaux  sont  :  une  grande  croix  d'or  rehaussée  de 
pierres  fines  pour  la  basilique  de  Saint-Denis  ;  le  mausolée  de 
cet  apôtre,  dont  le  toit  de  marbre  étoit  couvert  d'or  et  de 
pierreries  ;  la  châsse  de  sainte  Greneviève ,  celle  de  saint  Grermain , 
et  surtout  la  châsse  en  or,  d'un  travail  merveilleux ,  qu'il  fit 
pour  renfermer  la  dépouille  de  saint  Martin ,  évêque  de  Tours. 
(AuDOBNUS,  in  Vita  sancti  Eligii ,  T.  V,  p.  484.  ) 

»  Avant  4790,  un  grand  nombre  d'églises  et  de  monastères 
possédoient  de  ces  pièces  d'orfèvrerie.  Leur  disparition  ou  leur 
destruction  est  une  grande  perte  pour  l'art.  Cependant  il  existe 
encore  dans  la  sacristie  de  Saint-Denis  un  siège  en  bronze  gravé 
et  doré ,  qu'on  regardoit ,  dès  le  xii*  siècle ,  comme  ayant  été 
fabriqué  pour  Dagobert  ;  mais  on  pense  généralement  aujourd'hui 
que  la  partie  inférieure  de  ce  siège  est  une  chaise  curule  an- 
tique, et  que  le  dossier  à  jour  et  les  bras  seuls  ont  pu  être 
ajoutés  dans  le  cours  du  x*  et  du  xv  siècle.  » 

Cette  chaise  curule,  en  latin  sella  cwrulis,  doit  ôter  toute  équi- 
voque sur  le  mot  sella:  on  dit  encore  en  patois  limousin  sello, 


SAINT  ÉLOI  ORPéYRB-éklAlLLËtJR.  231 

9eUoui  Une  selle  d'or  serait,  par  la  dureté  du  métal ,  aussi  in-^ 
commode  au  coursier  qu'au  cavalier. 

«  Saint  Éloi  fut  placé  sur  le  sîégre  de  Noyon  l'an  640  :  il  dut 
alors  renoncer  par  lui-môme  à  l'exercice  de  l'art  qui  avoit  été 
la  cause  première  de  son  élévation ,  et  ce  fut  sans  doute  ce  qui 
l'engagea  à  fonder  le  monastère  de  Solîgnac ,  oii  furent  réunis 
des  moines  habiles  dans  tous  les  arts ,  sunt  et  ibi  arHfices  diver-- 
sarum  artium  periti  (Audobnus,  liv.  I ,  chap.  XVI) ,  qui  se  char- 
gèrent de  perpétuer  les  enseignements,  et'  de  pratiquer  les 
diverses  industries  artistiques,  principalement  alors  la  pro- 
duction des  instruments  du  culte  et  de  la  liturgie.  Thillo,  connu 
sous  le  nom  de  saint  Theau,  élève  de  saint  Éloi ,  habita  quelque 
temps  le  monastère  de  Solignac  pour  y  diriger,  on  l'assure  du 
moins,  les  jeunes  moines  destinés  à  Torfévrerie.  o 

C'est  de  ce  coin  du  Limousin  ,  banlieue  en  quelque  sorte  de 
Limoges,  que  sortirent  les  sculpteurs,  vitriers,  architectes  et 
autres  artistes,  qui  y  conservèrent  le  feu  sacré  des  arts  au 
milieu  des  ténèbres  de  la  barbarie  qui  couvrait  le  reste  de  la 
France  et  de  l'Europe.  Saint  Éloi  fonda  plusieurs  autres  abbayes, 
églises  et  monastères.  M.  Pigné  de  La  Court ,  membre  corres^ 
pondant  de  notre  Société ,  a  présenté  à  celle  des  Antiquaires  de 
France  le  dessin  d'une  croix  consécrative ,  peinte  en  rouge ,  et 
sculptée  sur  une  pierre,  qu'il  regardait  comme  contemporaine  de 
saint  Éloi  :  elle  provient  de  l'oratoire  construit  par  ce  Saint ,  en 
642  y  à  OuTScamp ,  dont  les  matériaux  furent  employés  à  l'édifi- 
cation de  l'abbaye  du  même  nom. 

Il  était  bien  établi,  d'après  Audoenus  et  le  Gesta  Dagoberti,  et 
les  triens  frappés  par  Eligius ,  que  notre  Saint  était  un  habile 
orfèvre  et  monétaire;  on  ne  lui  accordait  pas  avec  la  même 
unanimité  le  titre  d'émailleur,  qui  résultait,  en  quelque  sorte, 
du  genre  de  travail  de  Vaurifaber  dans  Tornementation  des 
croix,  calices,  ch&sses  et  autres  objets  où  la  ciselure  ne  pouvait 
représenter  les  sujets  religieux.  Il  semble  en  efiFet  que  Torfévrerie 
ancienne,  comme  celle  de  nos  jours,  en  imitant  les  pierres 
précieuses  avec  du  verre  fondu,  ne  faisait  qu'un  des  arts  de 
r&nailleur  et  de  Torfévre.  Les  œuvres  ornées  d'émaux  de  saint 
Éloi,  étant  perdues  ou  détruites,  firent  douter  qu'il  en  eût 
exécuté. 

M.  Eug.  Grésy ,  de  la  Société  des  Antiquaires  de  France, 
dans  une  notice  oii  il  résume  les  discussions  sur  l'origine  de 
Témaillerie  à  Limoges,  se  range  du  côté  de  MM.  de  Lasteyrie 


232  SAINT   ÉLOI   ORFéVBB-ÉUAILLRU». 

et  de  Laborde  contre  MM.  Labarte  et  de  Yemeilh ,  et  apporte  un 
puissant  argument  en  faveur  des  ouvriers  limousins  par  la 
description  d'un  calice  fait  par  saint  Éloi ,  et  conservé  long- 
temps à  Tabbaye  de  Chelles,  fondée  par  la  reine  Bathilde,  sa 
contemporaine.  Les  détails  qu'il  donne  sur  ce  calice  dissipent 
tous  les  doutes;  et,  si  saint  Éloi  a  exercé  Témaillerie,  il  n^a  pu 
apprendre  cet  art  que  d'Abbon ,  son  maître  en  orfèvrerie  et  en 
monnayage.  Abbon  dut  avoir  aussi  un  maître,  ce  qui  nous 
reporte  peu  à  peu  au  temps  de  Pbilostrate,  qui  vivait  Tan 
200  de  J.--C.,  et  dont  le  texte,  se  rapprochant  de  celui  de  Jules- 
César,  parle  de  barbares ,  voisins  de  l'Océan,  qui  étendaient  des 
couleurs  sur  le  cuivre  ardent,  lesquelles  y  adhérant,  unies  et 
solides,  devenaient  aussi  dures  que  la  pierre.  Jules-César,  pro- 
longeant le  territoires  des  Lémoviques  jusqu'à  l'Océan,  Oceanum 
aUingunt,  semble  rendre  la  même  idée  que  Pbilostrate.  M.  Eug. 
Grésy,  dans  le  paragraphe  intitulé  saint  Éloi  a-t^il  pratiqué  l'or- 
fèvrerie, combat  M.  Labarte  par  des  raisonnements  victorieux, 
citant  Jean  de  Marmoutiers;  la  plaque  émaillée  de  Geoffiroi 
Plantagenet ;  des  inventaires,  des  comptes  de  dépenses  au  sujet 
de  l'origine  du  mot  émail;  les  pierres  précieuses  liquéfiées  de 
la  table  d'autel  de  Sainte-Sophie  sous  Ju^rtinien;  les  gemmœ 
vitreœ  de  Pline  et  les  émaux  antiques  que  j'ai  recueillis;  le  texte 
d'Àudoenus;  l'inventaire  du  trésor  de  Saint-Denis,  oii  il  est 
question  de  verres  ressemblant  à  jacinthes,  grenats ,  saphirs , 
émeraudes,  et  enfin  l'auteur  anonyme  des  Ge$ta  Dagoberti,  qui, 
en  parlant  de  la  grande  croix  faite  par  saint  Éloi  pour  Saint- 
Denis  ,  désigne  l'art  de  l'émailleur  par  ces  mots  :  HtgtiSce  modi 
tamen  gemmarii  et  indusoris  subtUitate.  L'abbé  Suger  caractérise 
en  ces  termes  mirificum  indusorio  opère  sancti  Eligii  le  genre  dans 
lequel  excellait  notre  immortel  artiste,  l'incrustation  des  émaux. 
M.  Labarte  lui-même  avait  reproduit  cette  citation  impor- 
tante, défigurée  par  une  faute  d'impression. 

M.  Grésy  produit  les  textes  d'inventaires  authentiques  de 
l'abbaye  de  Chelles,  fondée  par  Bathilde,  épouse  de  Clovis  II, 
qui  conserva  une  vénération  telle  à  saint  Éloi ,  son  directeur 
spirituel,  qu'elle  suivit  éplorée  la  pompe  de  ses  obsèques,  et 
voulut  faire  transporter  son  corps  à  Chelles.  Le  chef  de  ce  Saint, 
le  calice,  œuvre  de  ses  mains,  dont  il  se  servait  pour  célébrer 
le  saint  sacrifice,  furent  donnés  par  la  pieuse  reine  aux  reli- 
^euses  de  cette  abbaye ,  qui  les  mirent  au  rang  des  reliques. 

André  du  Saussay  vint  admirer  ce  calice  en  4651  ;  il  en  fit 


SAINT   éLOl   ORFéVBE-éMAILLKUB.  233 

un  dessin  de  grandeur  naturelle  dans  sa  PanopUa  sacerdotaUs , 
ouvrage  très-rare.  Il  emploie,  en  le  décrivant,  pour  rendre 
refPet  des  émaux  fondus ,  ces  expressions  latines  :  Encaustoque 
artificiosi  diquato  infusoque  coruscans.  Dom  Martène  et  Tabbé 
Lebeuf  ont  parlé  de  ce  calice  de  visu» 

«  L'ornementation  toute  mérovingienne  du  calice  de  saint  Éloi 
est  d'une  simplicité  grave  et  imposante  (4);  le  travail  d'émail 
n'accuse  guère  un  art  plus  avancé  que  celui  des  émaux  gaulois. 
Des  guirlandes  de  rhombes  disposés  en  feuilles  de  fougère, 
dont  rémail  rouge  divise  verticalement  les  compartiments 
précédents ,  rappellent ,  par  le  dessin  et  la  couleur,  les  incrus- 
tations des  fourreaux  d'épées  de  Childéric  et  de  Théodoric  et  de 
la  couronne  de  Ouarrazar.  Les  filets  de  perles  ciselées  de  sa 
coupe  se  retrouvent  sur  les  calices  de  Gourdon  et  de  Nancy,  et 
sur  la  petite  chftsse  mérovingienne  de  Saint-Maurice  en  Valais , 
monument  inédit  qu'a  fait  connaître  M.  de  Lasteyrie;  une 
charmante  petite  ceinture  d'orfèvrerie  décore  le  nœud  du  calice  : 
elle  est  rehaussée  d'émaux  rouges  et  verts,  en  losange  et  en 
damier,  qui  n'ont  pu  être  exécutés  qu'avec  des  fondants. 

9  Du  moment  ofa  nous  avons  sous  les  yeux  un  monnment  à 
date  précise  et  de  provenance  certaine,  dit  en  terminant 
M.  Grésy,  monument  qui  établit  que  saint  Éloi  a  fait  des  œuvres 
d'orfèvrerie  émaillées ,  la  cause  de  l'industrie  limousine  n'est-elle 
pas  gagnée?  »  Il  apporte  la  preuve  que  l'industrie  de  Limoges  est 
antérieure  de  plus  de  trois  siècles  h  l'école  allemande  ;  et  plus 
loin  il  dit  :  t  C'est  donc  à  juste  titre  que ,  depuis  douze  siècles ,  la 
renommée  de  l'artiste  mérovingien  n^a  rien  perdu  de  son  éclat. 
A  lui  toujours  le  sceptre  de  l'orfèvrerie  française ,  et  à  lui  la 
gloire  d'abriter  sous  son  patronage  cette  vaillante  légion  d'ar- 
tistes qui,  dans  mille  ans  encore,  seront  orgueilleux  et  fiers 
de  blasonner  leurs  marteaux  sous  la  bannière  du  grand  Saint  !  » 

Maueicb  ÂRDANT, 

ArchWUte  de  U  Haute- Vienne ,  officier  d'Académie. 

Limoges ,  le  26  février  1863. 

(1)  On  est  firappé,  quand  on  a  les  deux  dessins  sous  les  yeux ,  de  la  res- 
semblance ,  pour  la  disposition  de  romementation ,  entre  le  vase  antique 
émaillé  trouvé  près  de  Rochechouart ,  décrit  dans  mon  livre  De  rSmaUlerie 
limousine ,  et  le  calice  de  saint  Éloi  :  mêmes  compartiments  dans  le  sens 


I  vertical. 


PROCÈS-VERBAUX  DES  SEANCES. 


SÉANCE  DU  30  JANVIER  <863. 


Présidence  de  M.  ilaurtce  AJftDAlVX*  Vlcse-Présldent» 

Sont  présents  :  MM.  Maurice  Ârdant,  AUélix,  Tabbé  Ârbellot, 
Bonnin ,  Buisson  de  Mavergnier,  Brisset ,  Alfred  Chapoulaud, 
Roméo  Chapoulaud,  Desfray,  Garig^ou-Lagrange ,  Lansade, 
Leviel  de  La  Marsonnière,  Nivet-Fontaubert,  E.  Ruben. 

Le  procès-verbal  de  la  dernière  séance  est  lu  et  adopté. 

Lecture  est  donnée  des  dons  faits  au  musée  et  à  la  Société. 
(Y.  la  liste  à  la  fin  du  volume.) 

M.  Dessalles,  avocat  à  Limoges ,  présenté  à  la  dernière  séance, 
est  proclamé  membre  résidant  de  la  Société.  —  MM.  Maurice 
Ardant  et  Bonnin  présentent  comme  membre  correspondant 
M.  Léon  Mongenot,  de  Nancy. 

M.  Buisson  de  Mavergnier,  nommé  rapporteur  tie  la  commis- 
sion du  budget,  fait,  sur  les  comptes  de  Texercice  4862  et  sur  le 
budget  de  4863,  un  rapport  duquel  il  résulte  que,  pendant 
Texercice  4860 ,  l'excédant  des  dépenses  sur  les  recettes  a  été  de 
368  fr.  45  c. ,  ce  qui  a  réduit  l'encaisse  de  4864  à  720  fr.  95  c. 

Le  rapporteur  propose  de  fixer  comme  suit  le  budget  de  4  863  : 

îr,    c. 

Recettes  ordinaires 4 ,220    » 

Recettejj  extraordinaires 900    » 

Total 2,420    » 


PROCàs*VERBAUX  DBS   SÉANCES.  285 

fp.    C. 

Dépenses  ordinaires 2,324  80 

Dépenses  extraordinaires 400    » 

Total 2,424  80 

Excédant  de  dépenses 304  80 

L'exposé  de  la  situation  financière  de  la  Société  donne  lieu  à 
une  discussion  à  laquelle  prennent  plus  particulièrement  part 
MM.  Bonnin,  Lansade,  E.  Ruben.  M.  le  rapporteur  propose  de 
faire  peser  la  réduction  des  dépenses  sur  les  frais  d'impression  et 
notamment  sur  le  Nobiliaire, 

M.  Ruben  expose  que  Timpression  du  Nobiliaire ,  admise  en 
principe ,  se  poursuit  avec  activité.  L'augmentation  des  dépenses 
destinées  à  cette  impression  ayant  été  consacrée  l'année  dernière 
par  un  vote  en  séance  générale,  il  n'est  guère  possible  de 
revenir  sur  ce  qui  a  été  décidé. 

M.  Bonnin  ,  après  avoir  fait  ressortir  très-clairement  que  le 
musée  appartient  tout  à  la  fois  au  département ,  à  la  ville  et  à 
la  Société,  et  que  le  but  de  la  Société  est  principalement  d'en- 
courager les  études  et  les  productions  archéologiques  et 
historiques,  demande  que  les  réductions,  s'il  est  possible  d'en 
faire,  portent  plutôt  sur  les  fonds  affectés  aux  acquisitions 
destinées  au  musée  que  sur  les  publications,  qui  sont  la  mani- 
festation de  l'existence  de  la  Société. 

M.  Lansade  expose  que  la  somme  de  100  fr.  affectée  aux 
fouilles  est  insuffisante,  et  demande  que  cette  somme  soit  élevée 
à  200  fr. 

Plusieurs  membres  prennent  part  à  la  discussion,  et  l'as- 
semblée décide  r 

4»  Que  les  acquisitions  pour  le  musée  seront  réduites  à 
300  fr; 

2''  Que  la  somme  affectée  à  l'impression  du  Bulletin  et  du 
Nobiliaire  sera  fixée  à  \  ,200  fr.  ; 

3<*  Que  la  somme  affectée  aux  fouilles  archéologiques  sera 
portée  à  200  fr.  ; 

Ce  qui,  d'accord  avec  la  commission ,  établit  le  budget  comme 
il  a  été  dit  plus  haut. 

Il  est  en  outre  décidé  qu'il  sera  fait  des  démarches  pour 
obtenir  du  Gouvernement  u»e  allocation  dont  la  Société  a  été 


236  PROCès-VBBBAUX   DBS  séANCES. 

privée  Tannée  dernière ,  ce  qui  explique  en  partie  le  déficit  dans 
lequel  se  trouvent  ses  finances. 

M.  Leviel  de  La  Marsonniëre  a  la  parole.  Il  reprend  la  pro- 
position par  lui  faite  à  la  dernière  séance;  il  développe  les 
arguments  qu'il  avait  déjà  donnés,  et  demande  que  le  règle- 
ment soit  modifié  en  ce  sens  que  le  comité  de  publication  soit  à 
l'avenir  composé  de  six  membres,  y  compris  le  président,  qui  en 
aura  la  présidence ,  et  le  secrétaire  général ,  qui  en  sera  le 
secrétaire. 

M.  le  secrétaire  général ,  tout  en  acquiesçant  à  la  proposition 
de  M.  de  La  Marsonnière,  demande  si,  parmi  le  président  et  les 
deux  vice-présidents,  il  sera  nommé  un  président  ad  hoc  du 
comité  de  rédaction ,  ou  si  la  présidence  de  ce  comité  sera 
dévolue  hiérarchiquement.  Il  craint  que,  dans  ce  dernier  cas,  le 
comité,  vu  Page  du  président  et  les  fonctions  de  Tu n  des  deux 
vice-présidents,  ne  soit  souvent  exposé  à  n'être  pas  présidé,  et  il 
propose  de  nommer  ensemble  membres  du  comité  de  rédaction 
.  le  président  et  les  deux  vice-présidents,  qui  occuperont  la  pré- 
sidence selon  Tordre  hiérarchique. 

Cette  proposition  est  mise  aux  voix  et  adoptée,  et  Tart.  22  du 
règlement  est  modifié  ainsi  qu'il  suit  : 

ART.  22.  —  Un  comité  de  publication,  composé  de  huit  membres,  y 
compris  le  président,  les  deux  vice-présidents,  le  secrétaire  général ,  qui 
en  font  partie  de  droit ,  est  chargé  de  composer  le  BuUetin ,  et  d*en  sur- 
veiller Timpression.  U  donne  son  avis  sur  les  publications ,  autres  que  le 
Bulletin,  qui  pourraient  être  âdtes  aux  tnla  de  la  Société,  et  en  surveille 
l'impression  après  qu'elles  ont  été  autorisées  en  assemblée  générale. 

Le  comité  est  présidé  par  le  président  de  la  Société  ou,  à  son  défaut , 
par  Tun  des  vice-présidents,  suivant  Tordre  de  nomination.  Le  secrétaire 
général  de  la  Société,  ou ,  à  son  défaut,  un  des  deux  autres  secrétaires,  eat 
de  droit  secrétaire  du  comité. 

Aucun  manuscrit  n'est  admis  à  Timpression  sans  le  visa  du  président. 

La  Société  n'entend  du  reste ,  etc. 


Sur  la  proposition  de  M.  Ruben ,  Tassemblée  nomme  M.  Guil- 
lemot ,  professeur  d'histoire  au  lycée ,  membre  de  la  commission 
des  fouilles  en  remplacement  de  M.  Poyet,  qui  a  quitté  notre 
ville. 

M.  Maurice  Ârdant  lit  un  document  appartenant  aux  archives 


FAOCàs-VBRBAUX  BBS  SÉANCES.  237 

de  la  Haute-Vienne  et  relatif  à  la  connétablie  de  La  Rochelle. 
—  Renvoi  au  comité  de  rédaction. 

  9  heures  et  demie ,  la  séance  est  levée. 

Le  secrétaire  général , 
E.  RUBEN, 


'mm0  O' 


SÉANCE  DU  27  FÉVRIER  4863. 


IH-ê*ldenra  d«  M.  Maurloe  AltDAlinr»  Vl<;e-Présldent« 

Sont  présents  :  MM.  Maurice  Ârdant,  Brisset,  Buisson  de 
Mavergnier,  Alfred  Chapoulaud ,  Desfray,  Garigou-Lagrange , 
Hervy,  Levieîl  de  La  Marsonnière,  Nivet-Fontaubert,  E.  Ruben. 

Le  procès-verbal  de  la  dernière  séance  est  lu  et  adopté.  Lecture 
est  aussi  donnée  des  dons  faits  soit  au  musée ,  soit  à  la  biblio- 
thèque de  la  Société  (V.  la  liste].  Des  remercîments  sont  votés 
aux  donateurs  ;  une  mention  toute  particulière  doit  être  faite 
pour  le  Missel'  limousin ,  manuscrit ,  offert  à  la  bibliothèque  de  la 
Société  par  M.  de  Voyon  de  La  Planche.  Ce  Missel  est  renvoyé  è 
Texamen  de  MM.  Maurice  Ârdant  et  Garigou-Lagrange. 

La  Société  vote  également  des  remercîments  à  M.  le  directeur 
du  musée  et  à  M.  Nivet-Fontaubert,  conservateur  des  objets 
d*art ,  pour  Tacquisition  qu'ils  ont  faite  de  certains  objets  en 
porcelaine  et  en  faïence  destinés  au  musée  céramique.  La 
Société  volt  avec  plaisir  cet  emploi  intelligent  de  ses  fonds. 

M.  Ruben  rappelle  que  la  création  du  musée  céramique  est 
due  à  rinitiative  de  M.  Migneret ,  ancien  préfet  de  la  Haute- 
Vienne,  et  remonte  à  Tannée  1850.  Dans  sa  séance  du  S6  dé- 
cembre de  cette  même  année,  la  Société  Archéologique  fut 
chargée  de  l'organisation ,  de  la  classification  et  de  la  conserva- 
tion de  ce  musée,  par  M.  le  préfet,  qui,  à  cet  effet,  nomma  une 
commission  composée  de  MM.  Alluaud  aîné,  Mazard  père, 
Fayette,  VabbéTexier,  Perdoux  et  Dubois,  fabricant  de  perce- 


1 

1 


238  PllOCàS-VERBAUX  DES  SB/kNCES. 

laine.  Vers  la  même  époque,  Son  Exe.  M.  le  ministre  de  Tagri- 
culture,  du  commerce  et  des  travaux  publics,  dans  le  but 
d'encourager  les  efforts  de  la  Société,  donnait  au  nouveau 
musée  une  certaine  quatité  de  vases  et  de  pièces  provenant  de 
la  manufacture  de  Sèvres.  Ces  objets  ont  été  déposés  au  musée 
général ,  et  sont  admirés  tous  les  jours  par  les  visiteurs.  Mal- 
heureusement, par  un  concours  fâcheux  de  circonstances,  en 
tête  desquelles  il  faut  placer  le  manque  d'un  local  et  le  départ 
de  M.  Migneret,  aucune  suite  n'a  été  donnée  à  l'organisation  du 
musée  céramique,  et  la  commission  n'a  pas  fonctionné;  de  sorte 
que,  à  l'exception  d'une  collection  de  poteries  algériennes, 
offerte  par  M.  Géry,  ancien  préfet  d'Alger,  notre  compatriote, 
les  choses  sont  actuellement  à  peu  près  dans  l'état  oii  elles,  se 
trouvaient  en  4850.  Cependant  notre  industrie  porcelainière  a 
fait  de  grands  progrès,  et  l'organisation  définitive  du  musée 
céramique  est  réclamée  journellement.  M.  Buben,  en  terminant, 
propose  à  la  Société  d'émettre  un  vœu  à  cet  égard. 

La  Société  charge  une  commission  composée  de  MM.  le  pré- 
sident, le  secrétaire  général,  le  directeur,  et  de  MM.  Astaix  et 
Perdoux,  de  se  rendre  auprès  de  M.  le  préfet  de  la  Haute- 
Vienne  et  de  M.  le  maire  de  Limoges,  et  de  faire  valoir  auprès 
d'eux  toutes  les  raisons  qui  militent  en  faveur  de  l'organisation 
définitive  du  musée  céramique. 

M.  Mongenot,  de  Nancy,  présenté  à  la  dernière  séance,  est 
proclamé  membre  correspondant  de  la  Société.  —  MM.  Nivet- 
Fontaubert  et  Astaix  présentent  comme  membre  résidant 
M.  Maquart,  demeurant  à  Limoges. 

Lecture  est  donnée  d'une  lettre,  en  date  du  \6  février,  dans 
laquelle  Son  Exe.  M.  le  ministre  de  l'instruction  publique  invite 
le  président  de  la  Société  à  lui  faire  connaître  ceux  des  membres 
qui  désireront  assister  à  la  distribution  solennelle  des  prix 
accordés  aux  sociétés  savantes,  et  faire  quelques  lectures  devant 
le  comité  des  sociétés  savantes,  qui  tiendra  trois  séances  extraor- 
dinaires les  8,  9  et  40  avril. 

M.  Buisson  de  Mavergnier  demande  la  parole. 

11  expose  qu'il  est  l'auteur  de  quelques  mémoires  archéolo- 
giques, notamment  d'un  petit  travail,  qu'il  a  lu  dernièrement, 
sur  les  ruines  de  Bret  et  d'un  mémoire  plus  considérable  sur  les 
voies  romaines  en  Limousin ,  duquel  il  donne  lecture.  Comme 
fies  affaires  l'appellent  à  Paris,  il  désirerait  que  la  Société  le 
chargeât  de  la  représenter    auprès*    du    comité    des   sociétés 


PROCte-VBBBAUX   DBS  SÉANCES.  239 

savantes,  et  lui  indiquât  celui  de  ses  mémoires  dont  elle  pré- 
férerait qu'il  donnât  lecture  au  comité. 

M.  Ruben  répond  que,  quant  à  la  première  demande,  il  est 
persuadé  que  la  Société  ne  saurait  être  mieux  représentée  que 
par  M.  Buisson  de  Mavergnier,  mais  que,  quel  que  soit  le 
mérite  de  ses  travaux,  il  n^appartient  à  la  Société  d'en  pa- 
tronner aucun  officiellement,  et  qu'il  convient  au  contraire 
de  rester  dans  les  termes  de  Tart.  â^  du  règlement,  et  de  laisser 
à  chacun  la  responsabilité  personnelle  de  ses  oeuvres. 

La  Société  en  conséquence  prie  M.  Ârdant,  son  président,  de 
vouloir  bien  donner  à  M.  Buisson  de  Mavergnier  une  lettre  pour 
Son  Exe.  M.  le  ministre  de  Tinstructiou  publique,  et  d'indiquer 
tout  simplement,  dans  cette  lettre,  les  sujets  que  se  propose  de 
traiter  l'honorable  membre  de  la  Société. 

11  est  ensuite  procédé  à  Télection  de  deux  membres  du  comité 
de  rédaction  en  remplacement  de  MM.  Buisson  de  Mavergnier 
et  Talabot,  membres  sortants. 

Nombre  de  votants  :  H . 

Pour  M.  Astaix ,  9  voix 

Pour  M.  Brunet,  9 

Pour  M.  Guillemot,  â 

Pour  M.  Nivet-Fontaubert ,  2 

En  conséquence,  MM.  Âstaix  et  Brunet  sont  proclamés 
membres  du  comité  de  rédaction  pour  Tannée  4863. 

M.  Buisson  de  Mavergnier  lit  la  première  partie  de  son  travail 
sur  les  voies  romaines  du  Limousin  :  ce  travail ,  plein  d'éru- 
dition, est  renvoyé  au  comité  de  rédaction. 

A  <0  heures  et  demie,  la  séance  est  levée. 

Le  secrétaire  général, 
E.  RUBEN. 


240  PROGÈS-VBRBAUX   DBS  SÉANCES. 


SÉANCE  DU  27  MARS  4863. 


Présidenee  de  M.  Maurice  AROAWT,  Vloe-Pi-é«ldent. 

Sont  présents  :  MM.  Âllélix,  Ârdant,  Âstaix,  Brisset,  Alfred 
Chapoulaud,  Desfray,  Garigou-Lagrange,  Hervy,  Nivet-Fon- 
taubert,  E.  Ruben. 

Le  procès-verbal  de  la  dernière  séance  est  lu  et  adopté. 

M.  Maquart,  présenté  à  la  dernière  séance,  est  proclamé 
membre  résidant  de  la  Société.  MM.  Nivet-Fontaubert  et 
E.  Ruben  présentent  comme  désirant  faire  partie  de  la  Société 
en  qualité  de  membres  résidants  MM.  Ferru,  artiste  statuaire; 
Amédée  Alluaud,  fabricant  de  porcelaine,  etÉIie  Lemas,  pro- 
fesseur de  rhétorique  au  lycée  de  Limoges.  MM.  Maurice  Ardant 
et  Ghapoulaud  présentent  comme  membre  correspondant 
M.  Firmin  Delor,  de  Péronne. 

Plusieurs  dons  ont  été  faits ,  depuis  la  dernière  séance,  soit  au 
musée  soit  à  la  bibliothèque  de  la  Société.  —  Remercîments  aux 
donateurs. 

M.  le  président  rend  compte  de  la  réception  faite  par  M.  le 
maire  à  la  commission  envoyée  auprès  de  lui  pour  lui  parler  de 
Torganisation  du  musée  céramique.  Depuis  la  nomination  de 
cette  commission ,  on  avait  appris  le  don  fait  à  la  ville  par  Son 
Exe.  M.  le  ministre  d*État  de  quelques  pièces  provenant  de  la 
collection  Campana.  Ces  pièces  étaient  réclamées  par  la  chambre 
de  commerce  de  Limoges,  qui,  disait-elle,  voulait  créer  un 
musée  industriel.  M.  Othon  Péconnet,  maire  de  la  ville  et 
membre  de  la  Société,  a  fait  le  plus  bienveillant  accueil  à  la 
commission,  et  lui  a  donné  l'assurance  que  les  pièces  annoncées, 
étant  uniquement  artistiques  et  historiques ,  et  devant  dès  lors 
n'avoir  aucune  raison  d'être  placées  dans  un  musée  industriel , 
seraient  envoyées  au  musée  actuel;  que,  quant  à  l'édification 
d'un  monument  pour  le  musée,  il  fallait  attendre,  mais  qu'il 
pensait  que  le  musée  céramique  pourrait  très-bien  être  installé 
provisoirement  dans  une  des  salles  du  local  actuel,  notamment 
dans  la  salle  qui  fait  suite  à  celle  des  séances. 


PROCàs-VERBAlIX   DBS  SÉANCES.  241 

La  Société  remercie  la  commissiou,  et  prie  M.  ]e  président  de 
vouloir  bien  transmettre  à  M.  le  maire  Texpression  de  toute  sa 
gratitude. 

M.  Alfred  Chapoulaud,  pour  M.  Maurice  Ârdant,  lit  une  pièce 
concernant  les  statuts  des  fourbisseurs  de  Limoges.  —  Berner- 
cîments,  et  renvoi  au  comité  de  publication. — M.  Ruben  lit,  pour 
M.  Audouin ,  un  manuscrit  intitulé  Mes  Souvenirs.  La  lecture  de 
cette  autobiographie ,  pleine  de  détails  historiques  d'un  grand 
intérêt,  est  écoutée  avec  attention  par  rassemblée,  qui  prie  M.  le 
président  de  vouloir  bien  transmettre  ses  remercîments  à 
M.  Audouin. 

M.  Kivet-Fontaubert,  pour  H.  de  Yemeilh,  lit  un  mémoire 
sur  Voppidum  gaulois  de  Courbefy.  —  Bemerclments,  et  renvoi  au 
comité  de  rédaction. 

M.  Garigou-Lagrange  lit  un  rapport  sur  les  Mémoires  de  la 
Société  des  AfUiquaires  de  l'Ouest ,  année  1860-64.  Le  rapporteur, 
dans  un  style  net  et  concis ,  fait  ressortir  avec  bonheur  tous  les 
faits  qui  peuvent  intéresser  le  Limousin ,  et  la  Société  écoute 
avec  le  plus  grand  plaisir  la  lecture  de  cet  excellent  rapport. 

M.  Ruben  propose  à  l'assemblée  de  voter  un  crédit  de  50  fr. 
pour  reliure  d'ouvrages  dont  les  livraisons  détachées  seraient 
exposées  à  être  perdues.  La  Société  accorde  le  crédit  demandé. 

A  40  heures,  la  séance  est  levée. 

Le  secrétaire  général, 
E.  RUBEN. 


SÉANCE  DU  4"  MAI  4863. 


Ihréftidence  de  M.  Maurice  ARDAUTT»  Vlee-I^ré«ldent« 


Sont  présents  :  MM.  Maurice  Ardant,  Astaix,  Brisset,  Buisson 
de  Mavergnier,  Dessalles,  Desfray,  Henry,  Maquart,  Nivet- 
Fontaubert,  E.  Ruben. 

Lecture  et  adoption  du  procès-verbal  de  la  dernière  séance. 


S42  PROCès-VERBAUX  DBS  SÉANCES. 

M.  le  président  annonce  la  perte  que  la  Société  vient  de  faire 
dans  la  personne  d'un  de  ses  membres  les  plus  zélés  et  les  plus 
distingués,  M.  le  baron  Gay  de  Vernon,  mort  à  Saint-Léonard 
le  S&  avril  4863.  M.  le  président  engage  quelqu'un  des  membres 
de  la  Société  k  rédiger  une  notice  biographique  sur  notre  regret^ 
table  collègue. 

MM.  Amédée  Alluaud ,  fabricant  de  porcelaine  ;  Ferru ,  artiste 
statuaire ,  et  Élie  Lemas ,  professeur  de  rhétorique  au  lycée , 
sont  proclamés  membres  résidants  de  la  Société.  M.  Firmin 
Delor,  de  Péronne,  est  proclamé  membre  correspondant.  — 
MM.  Ardant  et  É.  Buben  présentent  comme  membre  résidant 
M.  Éléonore  Fontaneau ,  ancien  officier  de  marine. 

La  Revue  de  Bordeaux  propose  l'échange  de  ses  publications 
avec  celles  de  la  Société.  Cette  proposition  est  acceptée. 

Depuis  la  dernière  séance,  le  musée  a  reçu  l'envoi  fait  par 
Son  Exe.  M.  le  ministre  d'État,  au  nom  de  l'Empereur,  de 
soixante-cinq  pièces  provenant  du  musée  Gampana.  On  remarque 
parmi  ces  pièces  une  figure  d'archer  en  marbre  blanc,  deux 
bustes  également  en  marbre  blanc ,  deux  grands  vases 
étrusques  et  huit  majoliques.  La  Société  prie  M.  le  directeur  du 
musée  de  vouloir  bien  faire  parvenir  à  Son  Exe.  M.  le  ministre 
d'État  Texpression  de  toute  sa  reconnaissance.  —  Plusieurs 
autres  dons  ont  été  faits  soit  au  musée,  soit  à  la  bibliothèque  de 
la  Société.  (V.  la  liste  à  la  fin  du  volume.) 

M.  le  président  transmet  à  la  Société  l'offre  faite  par  M.  Vi- 
gnaud  de  Saint-Florent,  agent-voyer  en  chef,  de  profiter  des 
travaux  de  voirie  qu'il  doit  faire  exécuter  sur  l'ancien  champ 
de  bataille  de  La  Roche-rAbeille  pour  faire  faire  quelques 
fouilles  archéologiques  aux  lieux  indiqués  par  la  Société.  La 
Société  remercie  M.  Yignaud  de  son  offre  bienveillante,  et  le  prie 
de  vouloir  bien  faire  faire  les  fouilles  au  lieu  dit  La  Chapelle- 
Saint-Laurent.  Tout  porte  à  croire  que  des  travaux  sur  ce  point 
amèneront  de  bons  résultats. 

Lecture  est  donnée  d'une  lettre  dans  laquelle  M.  Joseph 
Audouin ,  membre  résidant  de  la  Société ,  demande  l'abrogation 
du  §  3  de  l'art.  2  du  règlement,  portant  que  la  Société  s'interdit 
de  traiter  aucune  matière  historique  postérieure  à  1790.  La 
Société,  s'en  référant  aux  motifs  de  haute  prudence  qui  ont  pré- 
sidé à  la  rédaction  du  paragraphe  incriminé,  passe  à  l'ordre  du 
jour. 

M.  Buisson  de  Mavergnier,  pour  M.  Maurice  Ardant ,  donne 


PnOCÈS-VRRBAUX   DES  SÉANCfiS.  243 

lecture  de  la  liste  des  aurifabri  dressée  par  le  savant  archiviste. 
—  Renvoi  au  comité  de  rédaction 

M.  Nivet-Fontaubert  dépose  sur  la  table  une  copie,  colla- 
tîonnée  par  M.  Bosvieux,  archiviste  de  la  Creuse,  membre 
correspondant  de  la  Société ,  de  parchemins  concernant  Thistoire 
du  Limousin.  Ces  pièces,  qui  ont  été  achetées  à  Toulouse,  sont 
intitulées  :  «  Privilèges  de  la  ville  de  Limoges.  —  Vidimus 
général  donné  par  le  roi  Henri  II  à  Saint-Oermain-en-Laye 
au  mois  de  juillet  4555  ».  M.  Nivet-Fontaubert  donne  lecture 
des  passages  les  plus  intéressants.  —  Bemerclments ,  etraivoi 
au  comité  de  publication. 

M.  Buisson  deM^vergnier  rend  compte  de  sa  mission  à  Paris,  à 
la  réunion  des  sociétés  savantes.  Il  dit  qu*il  a  été  très-bien 
accueilli,  et  qu*il  a  pu  lire  son  travail  sur  les  ruines  de  Breth, 
qui  a  été  écouté  avec  intérêt.  M.  Buisson  s'est  ensuite  enquia  au 
ministère  de  l'instruction  publique  du  sort  du  DicHonnaire  du 
Limousin  rédigé  par  M.  Grignard ,  et  proposé  à  Son  Esc.  M.  le 
ministre  avec  le  patronage  de  la  Société.  Au  ministère  on  a 
trouvé  le  travail  de  M.  Grignard  beaucoup  trop  considérable  et 
pas  assez  châtié .  Quant  à  la  demande  d'un  secours  pour  la  Société 
Archéologique  et  Historique  du  Limousin ,  il  a  été  répondu  à 
M.  Buisson  que  ce  n'est  plus  le  ministre  qui  distribue  ces 
secours  ;  qu'il  a  chargé  de  cette  distribution  le  comité  des  sociétés 
.savantes  (4). 

L'assemblée  remercie  M.  Buisson  de  Mavergnier  de  toutes  ses 
démarches. 

  40  heures,  la  séance  est  levée. 

Le  secrétaire  général, 
E.  RUBEN. 

(1)  Par  lettre  du  7  mai  1863,  on  a  accordé  SOO  fr.  à  la  Société. 


244  FROCàs-*VERBAUI  DES  SÉANCBS. 


SÉANCE  DU  29  MAI  «863. 


La  séance  est  ouverte  à  7  heures  et  demie.  Sont  présents  . 
MM.  Bonnin,  Buisson  de  Mavergnier,  de  Lamarsonniëre , 
Talabot,  Brisset,  Nivet-Fontaubert ,  Reculés,  Dessalles, 
Maquart ,  Oarigou-Lagrange ,  Astaix ,  Ardant  du  Masjambost , 
Ferru ,  Desfray . 

M.  Roméo  Ghapoulaud  remplit  les  fonctions  de  secrétaire  en 
Tabsencede  M.  Ruben,  empêdié. 

Lecture  est  donnée  du  procès-verbal  de  la  séance  du  4-''  mai, 
qui  est  approuvé ,  sauf  une  rectification  en  ce  qui  concerne  la 
statue  du  musée  Campana  offerte  par  M.  le  ministre  d'État. 
Cette  statue  est  indiquée  comme  représentant  un  archer  :  c'est 
Apollon  décochant  un  trait  au  serpent  Python  :  le  corymbe  dont 
la  tête  est  ornée ,  et  qui  était  attribué  à  Apollon  comme  à 
Bacchus ,  le  fait  d^ailleurs  suffisamment  reconnaître. 

M.  Corblet,  directeur  de  la  Bévue  de  l'art  chrétien  h  Amiens, 
écrit  qu'il  rend  compte  de  temps  à  autre  dans  sa  Revue  des 
articles  insérés  dans  notre  Bulletin.  Il  sollicite  Thonneur  d'être 
inscrit  au  nombre  de  nos  correspondants.  —  M.  le  secrétaire 
général  est  chargé  de  lui  faire  connaître  à  quelles  conditions  il 
peut  être  admis  d'après  le  règlement. 

M.  Barbier  de  Montault,  chanoine  de  la  basilique  d'Anagni, 
annonce  qu'il  a  lu  avec  intérêt  le  mémoire  consacré  par  M.  Pé- 
rathon ,  dans  notre  Bulletin ,  aux  tapisseries  d'Aubusson  et  de 
Felletin  ;  mais  ce  mémoire  est  purement  historique ,  et  il  serait  à 
propos  de  le  compléter  en  envisageant  le  côté  archéologique.  Si 
Ton  adoptait  son  opinion,  les  matériaux  ne  manqueraient  pas; 
il  envoie  lui-même,  à  Tappui  de  ce  qu'il  avance,  un  certain 
nombre  de  documents.  —  Cette  lettre  sera  communiquée  au 
comité  de  rédaction  avec  les  notes  qui  l'accompagnent. 

M.  le  ministre  de  l'instruction  publique  informe  le  président 
que,  par  arrêté  du  3  mai  courant,  il  a  accordé  à  la  Société  une 
allocation  de  300  fr.  —  M.  le  secrétaire  général  est  prié  d*a- 


I^ROCÈS-veRBADX   DGS  SÉANCitS.  345 

ilfesser  une  lettre  de  remercîments  h  M.  le  ministre,  et  une 
seconde  lettre ,  pour  le  musée  Campana ,  à  notre  compatriote 
M.  de  Cardailhac. 

M.  le  trésorier  remplira  les  formalités  nécessaires  pour  toucher 
la  somme  accordée  par  Son  Excellence.  M.  Brisset  saisit  cette 
occasion  pour  informer  la  Société  qu'il  a  reçu  une  somme  de 
500  francs,  allouée  par  le  conseil  général  dans  sa  session  du 
mois  d'août  1862.  —  I/assemblée  remercie  M.  le  préfet  d'avoir 
bien  voulu  faire  élever  Tallocation  à  ce  chiffre. 

La  liste  des  ouvrages  arrivés  dans  le  courant  du  mois  est 
communiquée  à  la  Société.  Une  fontaine  en  terre  cuite,  produit 
de  la  fabrique  de  folience  de  Limoges,  a  été  acquise. 

M.  Fontaneau,  présenté  à  la  dernière  séance^  est  admis  à 
l'unanimité. 

MM.  Maquart  et  Nivet  présentent  comme  candidat  au  titre  de 
membre  résidant  M.  Adrien  Duboucbé ,  propriétaire  à  Yerneuil  ; 
MM.  Nivet  et  Ferru,  au  même  titre  ^  M.  Fournier,  photographe. 

Un  membre  fait  la  proposition  de  substituer,  pour  jour  de 
séance  mensuelle,  le  mercredi  au  vendredi.  Ce  jotir-là^  plusieurs 
membres  sont  empêchés,  et  ils  ne  le  seraient  pas  le  mercredi. 
Au  nombre  de  ceux-ci  est  notre  ancien  secrétaire  général 
M.  l'abbé  Arbellot,  curé  de  Rochechouard. 

Avant  d'agiter  cette  question,  la  Société  invite  M.  le  secrétaire 
général  à  demander  &  M.  Arbellot  si,  dans  le  cas  où  le  chan- 
gement aurait  lieu,  il  assisterait  de  temps  en  temps  à  nos 
séances. 

M*  Maquart ,  qui  s'était  chargé  d'analyser  les  mémoires  de  la 
Société  Archéologique  de  Chftlons-sur-Saône ,  lit  quelques 
extraits  d'une  biographie  de  Jehan  Germain ,  évêque  de  cette  * 
ville  en  1436,  protégé  du  duc  de  Bourgogne,  dont  il  fut  le 
secrétaire  et  l'ami.  Il  entre  dans  quelques  détails  au  sujet  d'un 
groupe  en  bois  sculpté  qui  se  voit  dans  une  église  de  Ch&lons ,  mais 
évidemment  postérieur  au  xv*  siècle.  Il  extrait  encore  une  note 
sur  un  vœu  de  la  ville  de  Châlons  èi  pro'pos  de  la  peste  de  1629, 
et  un  travail  important  sur  des  études  égyptiennes,  et  sur 
plusieurs  inscriptions  ,  dont  une  est  relative  aux  mines  d'or  de 
Nubie  et  d'Ethiopie. 

»  La  Société  impériale  des  Antiquaires  de  France,  dit  M.  De- 
salles,  s'occupe  quelquefois  de  questions  archéologiques  ayant 
trait  à  notre  ville.  L'année  4858  a  surtout  appelé  l'attention  de 
cette  Société.  Nos  voies  romaines,  nos  inscriptions,  ont  fourni 

17 


246  PROCES-VERBAUX   DES  SÉANGES. 

matière  à  Texamen  de  M.  deLongpérier,  coofieryateur  dm  an- 
tiques au  musée  du  Louvre.  Ce  savant  propose  de  rétablir  ainsi  : 
a  D.  M.  E.  MEMORIAE  SV.  ORIGANIONw  {Diis  manUm  et 
memoriœ  Sulpicii  OriganiofUs)  »  la  fameuse  inscription  que  tout  le 
monde  connaît,  et  qui  a  toujours  été  lue  : 

a  lABSV  ORIGANIONIS  ». 

M.  de  Longpérier  signale  encore  une  inscription  du  xi'  siècle 
gravée  sur  un  fragment  de  serpentine  verte ,  venue  d'Uzerche , 
et  qui  a  appartenu  à  un  tombeau  où  figure  le  mot  de  satrape, 
étonné  sans  doute  de  servir  de  qualification  à  un  fonctionnaire 
limousin;  mais  on  connaît  d^autres  exemples  de  cette  étrange 
désignation,  a  La  lecture  de  la  Bible,  dit  M.  de  Longpérier 
après  M.  Tabbé  Texier,  avait  probablement  donné  aux  princes 
de  l'occident  Tidée  assez  singulière  de  faire  usage  du  titre  que 
nous  lisons  sur  le  tombeau  de  serpentine.  » 

Dans  les  années  suivantes,  M.  Desalles  ne  trouve  qu'une  seule 
note  relative  au  Limousin.  Elle  est  de  M.  Vergniaud-Bomagnesi, 
sur  un  émail  attribué  à  Barthélémy  Yergniaud ,  émailleur,  vers 
4627,  à  Limoges.  Cet  émail  provient,  dit-on,  du  château  d*Anet. 

La  lecture  de  M.  Desalles  donne  lieu  à  un  incident  tout  pa- 
triotique. M.  Talabot  vient  de  parcourir  le  dernier  n»  du 
Bulletin.  Il  a  remarqué  avec  peine  Tespèce  de  parti  pris  par 
M.  de  Verneilh  dans  sa  réponse  à  M.  de  Lasteyrie  de  refuser  au 
Limousin  l'ancienneté  dans  la  fabrication  des  émaux ,  lorsqu^il 
voit  cet  art  pratiqué  dans  une  foule  d'autres  contrées  de  la 
France  et  de  l'étranger;  et  cependant  il  ne  lui  conteste  pas  le 
nom  d'opu5  lAmogiœ  consacré  par  le  temps  et  par  tous  les 
peuples.  —  M.  de  Lasteyrie  fera  sans  doute  justice  des  asser- 
tions de  M.  de  Verneilh,  que  nous  avons  toutefois  été  heureux 
de  consigner  dans  notre  Bulletin ,  mais  que  contredisent  une 
foule  de  documents.  L'incident  se  termine  par  une  vive  et 
intéressante  discussion  à  laquelle  plusieurs  membres  prennent 
part. 

M.  le  secrétaire  lit  une  note  de  M.  Maurice  Ardant  sur  un 
Missel  manuscrit  offert  par  M.  de  Voyon  à  la  Société.  Notre  ho- 
norable président  signale  des  lacunes  regrettables  dans  ce  livre 
où  ont  été  lacérées  plusieurs  pages,  surtout  celles  qui  conte- 
naient des  lettres  ornées  de  peintures  et  de  la  musique  notée. 
«Ce  manuscrit  est ,  ajoute-t-il  en  terminant,  une  belle  ruine, 


PROCès-VERBAUX  BBS   SÉANCES.  247 

(ligne  d'être  Tobjet  de  soins  conservateurs,  et.  nous  devons  des 
remercîments  au  donateur  ». 

L'ordre  du  jour  appelle  une  lecture  de  M.  Buisson  de  Ha- 
vergnier  sur  la  situation  de  la  ville  de  Praetorium.  Ce  mémoire 
captive  à  un  haut  degré'  l'attention  de  la  Société ,  qui ,  d'un  accord 
unanime,  le  renvoie  au  comité  de  publication.  L'insertion  au 
Bulletin  aura  probablement  lieu  :  nous  sommes  donc  dispensé 
d'analyser  cet  important  travail ,  qui  du  reste  aura  une  suite. 

La  séance  est  levée  à  9  heures  et  demie. 

Le  secr^tcdre^archiviste , 
R.  CHAPODLAUD. 


SÉANCE  DU  25  JUIN  4863. 


Présidence  de  M.  Maurlee  ARDAIVX^  Vice-Président. 

Sont  présents  :  MM.  Maurice  Ardant,  Brisset,  Buisson  de 
Mavergnier,  Alfred  Chapoulaud ,  Ferru ,  Talabot ,  E.  Ruben. 

Le  procès-verbal  de  la  dernière  séance  est  lu  et  adopté. 

MM.  Adrien  Dubouché  et  Fournier,  présentés  &  la  dernière 
séance,  sont  proclamés  membres  titulaires.  MM.  Maurice  Ardant 
et  Buisson  de  Mavergnier  présentent  M.  Théophile  Font-Réaux, 
de  Saint-Junien,  qui  demande  à  faire  partie  do  la  Société. 

Depuis  la  dernière  séance,  plusieurs  dons  ont  été  faits  soit  au 
Musée,  soit  à  la  bibliothèque  de  la  Société.  (Y.  la  liste  à  la  fin 

du  vol.) 

Lecture  est  donnée  d'une  lettre  adressée  à  M.  le  président,  et 
dans  laquelle  M.  Desfray ,  après  s'être  excusé  de  ne  pouvoir 
assister  à  la  séance ,  prie  la  Société  de  vouloir  bien  statuer  sur 
une  demande  par  lui  faite  il  y  a  deux  mois,  et  tendant  à  ob-^ 
tenir  le  titre  de  photographe  de  la  Société  Archéologique  du 

Limousin. 

Après  une  courte  discussion,  l'assemblée,  consultée,  accorde 
à  M.  Desfray  le  titre  qu'il  demande. 

M.  Ruben,  secrétaire  général,  est  autorisé  à  acheter  pour  la 


248  PROCàS-VERBAUX   DES  SÉANCES. 

bibliothèque  de  la  Société  la  Bibliothèque  de  Labbe.  M.  Buisson  de 
Mavergnier,  directeur  du  Musée,  est  autorisé  h  acquérir  deux 
émaux.  L'assemblée  accorde  en  outre,  sur  la  demande  de 
M.  Buisson,  à  la  commission  des  fouilles  400  fr.  destinés  à  faire 
des  recherches  au  Puy-de-Jouër. 

M.  Buisson  de  Mavergnier  lit  un  travail  sur  les  ruines  d'une 
villa  romaine  et  d'un  château-fort  découverts  au  sommet  du 
Puy-de-Jouër.  —  M.  Chapoulaud,  pour  M.  Ardant,  donne  lec- 
ture d'un  travail  sur  la  numismatique  limousine.  —  Remercî- 
ments,  et  renvoi  au  comité  de  publication. 

La  séance  est  levée  à  neuf  heures. 

Le  secrétaire  général, 
B.  RUBEN. 


SÉANCE  DU  34  JUILLET  4863. 


I»ré»lde«ice  de  M.  Maurice  AADAIVX»  Vice«Présldént« 

Sont  présents  :  MM.  Maurice  Ardant,  Brisset,  Brunet,  Fon- 
taneau,  Alfred  Chapoulaud,  Maquart,  Astaix,  Talabot,  Hervy, 
É.  Ruben. 

Lecture  est  donnée  du  procès-verbal  de  la  dernière  séance. 
M.  Brunet  s'étonne  que  M.  Adrien  Dubouché  ait  été  proclamé 
membre  titulaire  de  la  Société,  puisque  sa  résidence  est  hors  du 
département.  Il  demande  que  sa  protestation  soit  insérée  au 
procès-verbal.  M.  le  président  répond  à  M.  Brunet  que  M.  Adrien 
Dubouché  a  plusieurs  domiciles,  dont  l'un  est  à  Limog-es, 
l'autre  dans  la  commune  de  Verneuil ,  où  il  possède  une  pro- 
priété; qu'il  est  une  grande  partie  de  l'année  dans  notre  dépar- 
tement, et  qu'ainsi,  en  le  nommant  membre  titulaire,  on  n'a 
nullement    enfreint    le    règlement.    L'assemblée,    consultée, 
considérant  que  M.  Adrien  Dubouché  a  une  de  ses  résidences 
à  Limoges  et  dans  le  département,  adopte  le  procès-verbal,  et 
passe  à  l'ordre  du  jour. 

■ 

Le  secrétaire  général  communique  à  l'assemblée  une  lettre  à 


PROCès-VBRBAUX   DBS  SÉANCES.  249 

lui  adressée  par  M.  A.  Fabre,  président  du  tribunal  de  pre- 
mière instance  de  Chambéry,  et  dont  voici  la  teneur  : 

«  Mbssibubs  , 

»  Je  m'occupe  &  mes  rares  instants  perdus  d'un  travail  sur 
le  trésor  de  la  Sainte-Chapelle  de  Chambéry,  que  je  dois  lire  à 
TAcadémie  impériale  de  Savoie.  Je  voudrais  que  ce  travail  fût 
aussi  complet  que  possible  :  c'est  un  tribut  de  reconnaissance 
que  je  voudrais  payer  à  mes  nouveaux  compatriotes  pour 
l'accueil  bienveillant  qu'ils  m'ont  fait  lorsque  je  suis  venu  de 
France  en  Savoie  lors  de  Tannexion. 

»  Dans  ce  riche  trésor  se  trouvent  beaucoup  d'étoflFes  d'or  et 
d'argent  couvertes  d'ornements  fabriqués  à  Limoges. 

9  Les  ouvrages  que  j'ai  consultés  parlent  bien  des  œuvres  de 
Limoges,  telles  qu'émaux,  orfèvrerie,  argenterie,  tapisseries; 
mais  je  n'ai  vu  nulle  part  que  votre  ville  se  livrât  à  la  fabri- 
cation des  étoffes  d'or  et  d'argent,  ou  plutôt  aux  passementeries. 

X»  Je  vous  serais  bien  reconnaissant  de  me  transmettre 
quelques  renseignements  sur  ce  point.  Je  vous  copie  textuel- 
lement les  passages  latins  de  l'inventaire  sur  lesquels  j'ai  besoin 
d'éclaircissements.  Vous  devez  avoir  à  Limoges  une  académie 
et  des  hommes  versés  dans  la  connaissance  des  faits  sur  lesquels 
j'appelle  votre  attention  :  je  suis  certain  qu'ils  ue  me  refuseront 
pas  leur  concours. 

<  Extrait  de  l^inventaire  du  trésor  de  la  Sainte-Chapelie  de  Chambéry, 

dressé  en  1483. 

»  Sous  le  chapitre  intitulé  :  «  TuELLiiS  âltaris  »•,  qu'il  faut 
traduire  par  touailles  ou  couvertures  d'autd,  on  trouve  : 

«  Una  pala  limopata  auro  et  cyrico  »  : 

«  Nappe  ou  couverture  d'autel  limogée  d'or  et  de  soie  »  :  telle 
est  la  traduction  que  je  propose. 

«  Una  pala  ad  coperiendum  al  tare,  fleu^ta  cum  certis  rigiis  auri  et  cyrici 
B  rubel ,  sine  Hmogeriis  »  : 

»  Je  traduis  :  «  Une  nappe  pour  couvrir  l'autel ,  rayée  d'or  et 
»  de  soie  rouge,  sans  limousineries ,  ou  faite  avec  des  bandes  d'or 
9  et  de  soie  ».  —  11  s'agit  ici  de  ces  étoffes  rayées  dont  l'usage 
fut  si  fréquent  aux  xiv,  xv-  et  xvr  siècles. 


250  PROCÈS-VERBAUX   DES  SEANCES. 

«  Alia  pala,  facta  de  diverais  UmoçUs  per  totum  longrum  de  diversis  C(h 
9  loribus  cyriconim  et  alSqaibus  parvis  Hmoffus  auri  irrictior  aliis  »  : 

»  Je  traduis  :  «  Une  nappe  faite  dand  toute  sa  longueur  de 
»  diverses  Umoges  de  soies  de  différentes  couleurs  et  d'autres 
>  petites  limoges  d'or,  ladite  nappe  moins  régulière  que  les  au- 
9  très  (?) ...»  Irrictior  pour  irrecUor  :  reclus;  irredus,  irrégulier? 

«  Alia  pala  de  tela  alba,  limogiata  in  extremitatibus ,  cum  certoj  opéré 
»  fbcto  cum  acu  more  Cypri  »»  : 

«  Une  nappe  de  toile  blanche  limogée  à  ses  extrémités  d'un 
»  certain  travail  fait  à  Taiguille  suivant  la  mode  de  Chypre.  » 
—  Les  étoffés  de  Chypre  étaient  très-renommées. 

«  Alia  pala  de  tela  alba  limogiata  in  extremitatibus  de  limoffia  nigra, 
»  fringata  fHngriis  persis  et  viridibus  9  : 


» 


«  Une  nappe  ou  couverture  de  toile  blanche,  limogée  aux  extré- 
mités de  Umoges  noire,  et  frangée  de  franges  bleues  et  vertes.  » 

«  Une  autre «  Limogiata  in  extremitatibus  de  cjriconigro  ».  — 

«  limogée  de  soie  noire.  » 

«  Une  autre  en  bonne  toile  limogée  de  la  même  toile ,  presque 
»  rousse  :  «  Limogiata  eadem  tela  quasi  ruffea  », 

«  Unum  gremiale  de  tela ,  cum  octo  rigiis  Umogiatis  auri  bene  ope- 
»  ratum.  » 

«  Un  grémial  en  toile  avec  huit  raies  limogées  d'or ,  ledit  gré- 
»  mial  en  beau  travail,  o 

Autre  citation  plus  intéressante  : 

«  Due  tuellie  de  tella  urticarum  cum  sex  limogiaturis  multum  bene 
»  operatis  de  auro  in  quarum  duabus  sunt  imagines  leonum»  leopardi  et 
»  cervi  »  : 

»  Deux  touailles  en  toile  d'ortie  (étoffe  rare),  avec  six  Umoges 
9  d'or  bien  travaillées ,  dans  deux  desquelles  sont  des  lions ,  etc. . .  » 

»  Évidemment  on  faisait  à  Limoges  soit  des  étoffes  d'or  et  d'ar- 
gent et  de  soie ,  soit  des  ornements  ou  passementeries  qui  s'ap- 
pliquaient sur  les  ornements  sacerdotaux.... 

»  Francisque  Michel ,  dans  son  excellent  ouvrage  sur  la  fabri- 
cation des  étoffes  d'or ,  d'argent  et  de  soie  au  moyen  âge ,  ne 
parle  que  des  tapisseries  de  Limoges  en  quelques  lignes,  etc.  ». 


PROCès-VERHAUl  DBS  SÉANCES.  351 

L'assemblée  remercie  M.  A.  Fabre  de  son  intéressante  com- 
munication, et  renvoie  m  lettre  à  Texamen  de  M.  Ferdinand  de 
Lasieyrie. 

M.  Font-Réaux ,  de  Saint- Junien ,  présenté  h  la  dernière  ^nce, 
est  proclamé  membre  titulaire  de  la  Société. 

Plusieurs  dons  sont  laits  soit  au  Musée,  soit  à  }^  biblothèque 
de  la  Société  (voir  la  liste  à  la  fin  du  vol.).  Parmi  les  dons  faits 
à  la  bibliothèque,  il  faut  mentionner  deux  cartes  géographiques 
du  diocèse  et  de  la  généralité  <jle  Limoges  offertes  par  M.  Nadaud, 
premier  président  honoraire  de  la  cour  de  Grenoble ,  un  des 
membres  correspondants  les  plus  nâlés  de  notre  Société. 

M.  Brunet  offre  h  la  Société  Tempreinte  d'un  contre-scçl  de  la 
chaDeellme  du  vicomte  de  L4moges,  appartenant  k  M.  Bardy. 
Bemerdoiants  è  M,  Brunet  et  ^  M*  Bardy  pour  la  communica- 
ti(m  qu'il  a  bien  voulu  faire.  M.  Bru^çt  dpnu^  leoture  d'un  ma- 
nuscrit sur  vélin  appartenant  à  M.  Pinot  de  Moira.  C^est  un 
terrier  de  Téglise  de  Beaumont  {Hrès  Peyrat.  I^  Société  remercie 
M.  Pinot  de  Moira  de  cette  communication ,  et  U,  Bruinet  de  sa 
lecture. 

Renvoi  au  comité  de  publication  d'un  travail  de  M*  M.  Ardant 
sur  les  coutumes  de  Limoges. 

A  9  heures ,  la  séance  est  levée. 

Le  secrétaire  général , 
É.  RUBEN. 


SÉANCE  DU  28  AOUT  1863. 


Prê^deaoe  de  M.  llaurloe  ARDANT,  Vlce-Pré«ldent. 

Sont  présents  :  MM.  Bonnin,  vice-président;  Desfray,  Garri- 
gou-Lagrange ,  Fontaneau,  Lansade,  Tabbô  Leclerc,  Hervy, 
Brisset. 

Le  procès-verbal  de  la  séance  précédente  est  lu  et  adopté. 

M.  Brisset,  remplissant  les  fonctions  de  secrétaire  en  rempla- 
cement de  M.  Emile  Ruben,  secrétaire  général ,  absent,  donne 


252  PBOCèS-VERBAUX   DBS   SEANCeS. 

lecture  de  deux  lettres  :  la  première,  de  M.  É.  Ruben ,  qui  annonce 
son  indisposition ,  et  s*excuse  de  ne  pouvoir  assister  à  la  séance  ; 
la  seconde,  de  Son  Exe.  M.  le  ministre  de  riustruction  publique, 
qui  avise  M.  le  président  qu*une  allocation  de  350  fr.  a  été  faite 
à  la  Société  Archéolog^ique  et  Historique  du  Limousin,  et  Tinvite 
à  lui  faire  connaître  au  nom  de  quelle  personne  elle  doit  être 
mandatée. 

M.  le  président  se  charge  de  transmettre  ce  renseignement  à 
Son  Exe.  en  même  temps  que  les  remercîments  de  la  Société. 

Il  est  ensuite  donné  connaissance  des  dons  faits  à  la  biblio- 
thèque et  au  Musée. MM.  Maurice  ArdantetLansadesechargrent, 
pour  en  faire  un  rapport  à  une  prochaine  séance  :  le  premier» 
du  Bidletin  de  l'Union  des  Arts  de  Marseille,  8%  9*  et  40*  livraisons, 
T.  P%  4863;  le  second,  du  Catalogue  méthodique  de  la  bMiothèque 
communale  de  la  viUe  de  Limoges  :  Sciences ,  — Arts,  dressé  par 
M.  Emile  Ruben. 

Cet  ouvrage  est  offert  à  la  Société  par  Tauteur.  —  L'assemblée 
lui  Yote  des  remercîments. 

M.  Lagrange  veut  bien  se  charger  de  faire  un  rapport  sur  un 
parchemin  offert  à  la  Société  par  M.  Malès,  conseiller  à  la  cour. 

MM.  Lagrange  et  Brisset  donnent  successivement  lecture  d'un 
travail  de  M.  Maurice  Ardaut  sur  les  plombs  historiés  pê(Aés 
dans  la  Seine. 

Ce  travail  est  divisé  en  deux  parties  : 

Dans  l'une ,  il  est  principalement  question  des  plombs  sur  les- 
quels saint  Éloi  est  représenté;  dans  l'autre,  de  ceux  qui  se  rap- 
portent à  saint  Léonard. 

Envoi  au  comité  de  publication  du  travail  de  M.  Maurice  Ar- 
dant. 

Après  cette  lecture ,  l'ordre  du  jour  étant  épuisé ,  la  séance  est 

levée  h  9  heures. 

Le  secrétair&'trésorier, 

F.  BRISSET. 


^ .  ..-.*»» 


PROCès-VERBAUX   DBS  SÉANCES.  253 


SÉANCE  DU  30  OCTOBRE  ^863 


Préaldeiioe  de  M.  BOBY  DK  E.A  <»iAI»BE.I^B  ,  Préfet 

de  la  Hante-Vienne. 


Sont  présents  :  MM.  Ârdant  (Maurice),  Bonnin ,  Brisset,  Oari- 
gou-Lag^ange ,  de  Font-Réaux,  Perdoax,  Cbapoulaud  (Alfred), 
Reculés,  Astaîx,  Talabot,  Nivet-Fontaubert ,  Hervy,  Maquart, 
Buisson  de  Maver^nier. 

M.  Cbapoulaud  (Roméo) ,  Tun  des  secrétaires ,  tient  la  plume 
en  remplacement  de  M.  Ruben,  secrétaire  général,  empêché 
pour  cause  de  maladie. 

M.  le  préfet  ouvre  la  séance  par  quelques  paroles  qui  font 
connaître  toute  sa  bienveillance  pour  la  Société ,  à  laquelle  il 
promet  son  concours  en  tout  ce  qui  sera  en  son  pouvoir. 

M.  Alfred  Cbapoulaud  donne  communication  d'une  lettre  do 
U.  Combet,  d'Uzerche,  qui  s'excuse  de  ne  pouvoir  assistera  la 
réunion  de  ce  jour,  son  travail  sur  la  situation  d'Uxellodunum 
n'étant  pas  encore  terminé. 

Le  même  membre  lit  aussi  une  réclamation  de  M.  Roy  de  Pierre- 
fitte ,  chargé  de  la  publication  du  Nobiliaire  de  Nadaud ,  au  sujet 
de  l'élimination  que,  dans  le  supplément  à  la  lettre  C,  le  comité 
a  faite  de  deux  articles  concernant  la  famille  Cornudet  et 
Mgr  l'évêque  de  Coëtlosquet,  comme  n'appartenant  pas  à  la 
province. 

II  appelle  à  la  Société  de  la  décision  du  comité. 

Un  membre  fait  observer  que,  les  noms  dont  il  s  agit  n'exis- 
tant pas  dans  le  manuscrit  de  l'auteur,  on  a  dû  agir  pour  les 
deux  articles  comme  on  l'avait  fait  pour  d'autres  dans  une  si- 
tuation analogue. 

Renvoi  au  comité  de  publication  de  la  lettre  de  M.  Roy. 

M.  de  Saint-Genis  donne  sa  démission  du  titre  de  membre 
correspondant.  —  Expression  des  regrets  de  la  Société. 

M.  Regnault,  architecte  de  la  commune,  fait  hommage  d'un 
important  ouvrage  sur  les  autels ,  tabernacles  ,  monuments  sé- 
pulcraux des  XIV*  et  xv*  siècles  à  Rome. 

Une  lettre  de  remercîment  sera'adre&àée  h  M.  Regnault. 


254  PROCès*VERBAUX   DBS  SÉANCES. 

M.  Buisson  de  Mavergnier,  directeur  du  Musée,  annonce  te  don 
que  vient  de  faire  TEmpereur  à  cet  établissement  de  deuK  pla- 
ques de  porcelaine  peintes  par  M"»  de  Cool  :  l'Amour  et  Psyché 
d'après  Gérard ,  et  un  portrait  d'après  Rembrandt. 

Le  secrétaire  est  invité  à. adresser  à  Son  Bxc.  M.  le  ministre 
d'État  une  lettre,  avec  prière  de  vouloir  bien  être  auprès  de  Sa 
Majesté  l'interprète  des  sentiments  de  reconnaissance  de  la  So- 
ciété. 

M.  A.  Leclerc,  professeur  au  Dorât,  envoie  le  plan  de  l'église 
du  Chalard.  Cet  édifice  renferme  le  tombeau  du  célèbre  Gouffier 
de  Lastours  et  celui  de  saint  Geoffroy,  premier  abbé  du  lieu.  Les 
reliques,  dit  notre  honorable  confrère ,  sont  dans  une  châsse  qui 
n'est  pas  sans  intérêt.  L'église,  consacrée  en  4400,  a  perdu  sa 
nef  dans  un  siège  qu'elle  soutint  en  4449.  On  voit  encore  des 
restes  de  mâchicoulis.  La  belle  coupole  qui  recouvre  l'église  est 
lézardée  par  suite  du  mauvais  état  de  deux  contreforts ,  qui  me- 
nacent  de  s'écrouler. 

M.  le  secrétaire  communique  une  lettre  de  M.  de  Lasteyrie,  à 
qui  avait  été  renvoyé  l'examen  d'une  question  intéressante  pour 
notre  cité. 

En  faisant  l'inventaire  de  la  sainte  chapelle  de  Obambéry, 
M.  le  président  du  tribunal  civil  de  cette  ville  avait  trouvé  di- 
verses étoffes  de  soie  qui  portaient  des  inscriptions  pouvant  faire 
croire  que  ces  étoffes  avaient  été  fabriquées  k  Limoges.  Il  a 
donné  connaissance  à  la  Société  de  cette  découverte.  Aucun  des 
membres  ne  se  jugeant  compétent  pour  décider  la  question,  on 
s'adressa  à  notre  savant  confrère  M.  le  comte  de  Lasteyrie,  qui  a 
accompagné  sa  lettre  d'un  mémoire  dont  la  Société  a  écouté  la 
lecture  avec  le  plus  vif  intérêt.  —  Le  manuscrit  est  renvoyé  au 
comité  de  publication ,  ainsi  qu'une  note  de  M.  de  Fonl^-Béaux 
sur  un  tumulus  et  un  monument,  ou  plutôt  sur  les  débris  d'une 
tour  dite  la  tour  du  Bar,  sis  au  village  du  même  nom ,  commune 
de  Saint-Martin-de-Jussac ,  sur  la  voie  romaine  qui  conduisait 
de  Limoges  à  Chassenon. 

Par  une  lettre  dont  M.  Buisson  de  Mavergnier  donne  lecture , 
M.  le  curé  de  Saint-Goussaud  accuse  réception  d'une  somme  de 
cent  francs  qui  lui  a  été  adressée  pour  faire  exécuter  des  fouilles 
au  Puy-de-Jouër,  et  s'excuse  de  ne  pas  avoir  mis  encore  la  main 
à  l'œuvre;  mais  il  va  s'en  occuper  prochainement  d'une  manière 
active. 

M.  Nivet  annonce  qu'on  lui  a  signalé ,  près  de  Saint-Léger-la- 


PHOCÈS-VBKBAt'X   DES  SEAiNCËS.  â55 

Montagne,  l'existence  d'une  pierre  tombale  curieuse  au  point  de 
vue  épigraphique. 

M.  le  secrétaire  priera  M.  le  curé  de  cette  commune  de  vouloir 
bien  transcrire  l'inscription,  et  la  transmettre  à  la  Société. 

La  séance  est  levée  à  9  heures. 

R.  CHAPOULAUD. 


SÉANQE  DU  27  NOVEMBRE  1863. 


W^rémiAewkC^  de  M.  Iteiirioe  AUDAlMT,  Vio0-t»ré*ldent* 


Sont  présents  :  MM.  Âllélix;  Bonnin;  Bosvieux,  archiviste  de 
la  Creuse;  Brisset;  Buisson  de  Mavergnier  ;  €hapoulatid  (Alfred); 
Desalles;  de  Lamarsonniëre  ;  Lansade;  Maquart;  Nivet-Fon- 
taabert;  Recules;  Talabot. 

M.  Chapoulaud  (Roméo),  Tnn  des  secrétaires,  remplace 
M.  Ruben,  dont  la  santé  ne  s'est  pas  améliorée. 

Lecture  est  donnée  dn  procës-verbal  de  la  dernière  séance.  Ce 
procès-verbal  est  adopté,  avec  cette  addition  que  M.  le  préfet 
promet  son  concours  pour  les  fouilles  proposées  ou  les  travaux  à 
faire  à  la  tour  du  Bar,  au  Chalard  ou  dans  d'autres  localités  sur 
lesquelles  l'attention  de  la  Société  est  appelée. 

Liste  des  ouvrages  reçus  dans  le  courant  de  novembre. 
M.  AUélix  se  charge  de  Texamen  du  Recueil  des  notices  et  mé- 
moires archéologiques  de  Gonstantine. 

M.  le  préfet  écrit  qu'il  regrette  qu'une  indisposition  l'empêche 
d'assister  à  la  séance. 

Un  membre  propose  d'adresser  une  lettre  de  félicitations  à  notre 
concitoyenne  M"«  de  Ck)ol ,  auteur  des  deux  beaux  tableaux  sur 
porcelaine  que  notre  Musée  doit  à  la  munificence  de  l'Empereur. 
— ^  Adopté. 

M.  Ardant  annonce  que  de  nouvelles  fresques,  représentant  les 
Travaux  d'Hercule  avec  légendes,  ont  été  découvertes  au  château 


256  PROGÈS-VËBBAUX   DES  SÉANCES. 

de  Rochechouard ,  et  que  des  soins  sont  donnés  à  leur  conser- 
vation. 

M.  ÉlieRoudaud,  de  Pierre-Bufflère ,  propriétaire  d'une  partie 
de  remplacement  qu'occupait  la  viUa  dArUone,  écrit  que  les  se- 
mences, qui  déjà  sont  faites  dans  son  terrain,  ne  permettent  pas 
la  continuation  des  fouilles  sur  ce  point  avant  le  mois  d'août 
prochain.  Il  espère  que  ce  retard  n'occasionnera  aucun  préjudice 
aux  recherches  qu'on  se  propose  d'effectuer. 

M.  Lansade,  chargé  de  la  direction  des  fouilles,  donne  sur 
cette  lettre  des  explications  satisfaisantes;  il  ajoute  que  les  tra- 
vaux peuvent  marcher  sans  que  le  terrain  de  M.  Roudaud  soit 
entamé.  Quant  à  M.  Sey vaud ,  propriétaire  contigu ,  des  arran- 
gements qui  donnent  toute  latitude  ont  été  faits  avec  lui.  Les  ou- 
vriers sont  à  l'œuvre  sous  l'œil  d'un  chef  cantonnier  intelligent. 
Les  résultats  sont  plus  heureux  qu'on  n'osait  l'espérer  :  on  a  dé- 
couvert des  salles  entières,  dont  les  murs,  encore  assez  élevés, 
sont  ornés  de  peintures  polychromes  parfaitement  conservées. 
Ces  débris  d'antiquités  romaines  sont  sans  contredit  les  plus  pré- 
cieux qui  aient  été  découverts  dans  ce  département. 

La  commission  se  rendra  sur  les  lieux  dimanche  prochain,  et 
fixera  la  Société  sur  l'opportunité  d'ouvrir  un  crédit  plus  consi- 
dérable si  elle  le  juge  à  propos. 

M.  le  comte  de  Lasteyrie  écrit  de  Paris  qu'il  vient  de  recevoir 
de  M.  de  Linas  de  nouveaux  renseignements  au  sujet  des 
touailles  ou  nappes  d'autel  enrichies  d'émaux  chanïplevés  con- 
nues sous  le  nom  de  Urmgiœ,  limogiaturœ,  et  que  son  avis  est 
qu'il  n'y  a  plus  de  doute  sur  la  provenance  des  objets  de  même 
nature  trouvés  à  Chambéry.  —  M.  de  Lasteyrie  ne  partage  pas 
complètement  l'opinion  de  M.  de  Linas:  il  croit  que  les  touailles 
ornées  d'émaux  sont  chose  si  rare  qu'on  n'a  pu  jusqu'à  présent 
en  découvrir  que  quatre  iians  toute  l'Europe.  Comment,  dit-il, 
eu  existerait-il  une  dizaine  à  Chambéry,  ville  dont  le  trésor  est 
très-secondaire?  Il  s'agit  de  quelque  imitation  à  laquelle  se  sera 
exclusivement  étendu  le  nom  de  limogiaturœ. 

M.  de  Lasteyrie  exprime  le  regret  que  des  affaires  pressantes 
ne  lui  aient  pas  permis,  en  retournant  à  Paris,  de  s'arrêter  à 
Limoges  pour  prendre  part  à  une  de  nos  séances. 

M.  Ardant  annonce  l'envoi  par  M.  Bosvieux,  qui  en  propose 
l'acquisition ,  d'un  Manuscrit  épigraphique  d'inscriptions  limousines. 
Un  membre  pense  que  ce  recueil  doit  faire  double  emploi  avec  le 
livre  publié  par  l'abbé  Texier.  —  La  proposition  n'a  pas  de  suite. 


PBOGÈ&-VEHBAUX   DBS  SÉANGBS.  257 

M.  Buisson  de  Mavergiiier  lit  un  article  plein  d'intérêt  sur  les 
voies  romaines  de  notre  province  ;  il  entre  dans  de  long«  détails 
sur  ces  débris  de  la  grandeur  du  peuple-roi.  Il  établit  que  Dura- 
tius,  prince  gaulois,  dont  nos  vieilles  chroniques  retracent  les 
actes,  sans  malheureusement  citer  leurs  sources,  était  bien 
réellement  un  chef  lémovice  fils  de  Sédulius.  Il  aurait  été, 
suivant  Tusage,  livré  en  otage  par  son  père  à  César,  qui  l'au- 
rait traité  comme  un  fils,  et  qui,  pour  récompenser  sa  fidélité 
aux  Romains ,  lui  aurait  fourni  les  moyens  d'embellir  Lemovicum 
de  magnifiques  édifices  dont  il  existait  encore  des  restes  au 
XYV  siècle,  et  qui  avaient  valu  à  cette  ville  le  titre  de  seconde  Rome. 
C'est  à  cette  époque  que  les  artistes  grecs  ou  romains  apportèrent 
à  Limoges  les  traditions  de  l'art  antique;  c'est  à  ce  moment  que 
commence  à  fleurir  l'orfèvrerie  limousine.  M.  Buisson  cite  à 
l'appui  de  cette  opinion  un  mémoire  fort  remarquable  de 
M.  l'abbé  Poquet,  curé  de  Berry-au-Bac  (Aisne).  Ce  mémoire, 
lu  en  1864  au  congrès  de  la  Société  Archéologique  de  l'Aisne, 
qui  sort  d'un  homme  étranger  au  Limousin,  est  d'une  grande 
importance ,  et  ses  conclusions  méritent  d'être  consignées  dans 
notre  procès-verbal.  «  On  est  autorisé ,  dit  M.  l'abbé  Poquet ,  à 
croire  que  les  trois  cents  liassîns  d'or  que  le  roi  des  Wisigoths 
Àstolphe  offrit  à  sa  fiancée  Placidie,  fille  d'Honorius,  et  le 
missorium  ou  plat  d'or  enrichi  de  pierreries  que  le  général  romain 
Aëtius  donna  à  Chorismund ,  roi  des  Wisigoths,  sortaiefni  des  ate- 
liers de  Limoges ,  cette  cité-mère  des  orfèvres ,  et  à  laquelle  on  doit  la 
plupart  des  grands  ouvrages  d^or  qui,  pendant  deux  ou  trois  siècles, 
excitèrent  la  surprise  et  Vadmiration  des  contemporains,  et  k  laquelle 
il  suffirait  pour  sa  gloire  d'avoir  eu  un  artiste  comme  saint  Éloi, 
dont  la  réputation  et  la  probité  artistique  égalèrent  le  zèle  et  la 
sainteté  épiscopale. 

M.  Buisson  justifie  Duratius  des  imputationâ  qui  lui  oùt  été 
adressées  d'avoir  trahi  son  pays  pour  servir  la  cause  de  l'étran- 
ger. La  médaille  Durat-Julios  prouve  l'estime  toute  particulière 
de  Jules-<3ésar ,  qui  lui  accorda  une  sorte  d'adoption  en  lui  per- 
mettant de  joindre  le  grand  nom  de  Jules  à  celui  de  Duratius. 
En  vain  quelques  critiques  font-ils  de  Duratius  un  prince  des 
Pictones  :  c'était  bien  réellement  un  chef  lémovice ,  ou ,  si  l'on 
veut,  un  proconsul  romain,  à  qui  Jules-César  aurait  donné  en 
plus  le  gouvernement  de  la  province  des  Pictones. 

M.  Buisson  parle  ensuite  particulièrement  de  la  voie  ancienne 
qui  passait  à   Cromac,  à  Bonnat,   etc.^  reconnue  par  M.  de 


258  PROCès-VBRB%UX  BBS  SÉANCES. 

Beaufort.  Quoiqu'elle  ne  soit  pas  construite  suivant  les  prin- 
cipes généralement  adoptés  par  les  Romains  pour  ces  sortes 
d'ouvrages,  cette  voie  lui  paraît  être  l'œuvre  de  ce  i)euple. 

M.  Lansade  dit  en  avoir  retrouvé  des  traces  dans  la  forêt  de 
Veyrac. 

M.  Ardant  croit  qu'une  voie  de  cette  importance ,  si  elle  exis- 
tait réellement,  aurait  abouti  h  Limoges,  qu'elle  laisse  à  une 
distance  de  deux  lieues. 

M.  Bosvieux  ne  partage  pas  l'opinion  de  M.  Buisson,  qui  croit 
que  les  Romains  avaient  des  routes  de  constructions  diverses, 
suivant  les  diverses  catégories  dans  lesquelles  elles  étaient  ran- 
gées. Jusqu'à  preuve  contraire ,  on  doit  considérer  comme  voies 
romaines  celles  seulement  dont  la  construction  présente  le  type 
connu. 

Nulle  autre  lecture  n'étant  à  l'ordre  du  jour ,  la  séance  est 
levée  à  9  heures  ^/i. 

Le  secrétaire-archiviste, 
R.  CHAPOULAUD. 


»o<&« 


SÉANCE  DU  30  DÉCEMBRE  4863. 


t*^éstdeno<s  de  M.  litfittrloe  AKtDiUirr,  Vlee-Présldent. 

Sont  présents  :  MM.  Astaix,  Lansade,  Desfray  et  de  La  Mar- 
sonniëre. 

Les  secrétaires  étant  absents ,  M.  de  La  Marsonniëre  se  charge 
de  recueillir  les  éléments  du  procès-verbal ,  et  d'en  faire  la  ré- 
daction. 

La  lecture  du  procàs-verbal  de  la  dernière  séance  donne  ma- 
tière à  deux  observations  :  ^^^  M.  Ardant  appelle  l'attention  de  la 
Société  sur  la  rédaetion  suivante  :  c  M.  Ardant  annonce  l'envoi 
par  M.  Bosvieux,  qui  en  propose  l'acquisition ,  d'un  manuscrit 
épigraphique  d'inscriptions  limousines.  Un  membre  pense  que 
ce  recueil  doit  faire  double  emploi  avec  le  livre  publié  par  l'abbé 


PRÛCÈS-VBRBAliX   DBS  SÉANCES.  259 

Texier.  —  La  proposition  n'a  pas  de  suite,  v  M/  Ardant  fait  re- 
marquer que,  sur  ce  point,  le  procès-verbal  rend  imparfaite- 
ment compte  de  la  résolution  prise  par  la  ^ciété  ;  que  la  propo- 
sition faite  par  M.  Bosvieux  n'a  point  été  rejetée  ;  qu'on  a  seule- 
ment suspendu  toute  décision  jusqu'après  Texamen  du  manus- 
crit dont  M.  Bosvieux  annonce  l'envoi  :  cette  observation  de 
M.  Ardant  est  reconnue  fondée  »  et  la  Société  est  d'avis  qu'il  y  a 
lieu  de  rectifier  à  cet  égard  la  rédaction  du  procès-verval. 

2""  Le  procès-verbal ,  en  rendant  compte  du  travail  de  M.  Buis- 
son de  Mavergnier  sur  les  voies  romaines  du  Limousin ,  fait 
dire  à  M.  Lansade  qu'il  a  retrouvé  dans  la  forêt  de  yeyrac  des 
traces  de  la  voie  romaine  qui  passait  à  Cromac  i  Bonnat ,  etc. 
M.  Lansade  fait  remarquer  qu'il  est  loin  d'avoir  été  aussi  expli- 
cite ;  qu'il  n'a  point  entendu  déterminer  la  ligne  à  laquelle  ap- 
partenaient les  vestiges  observés  par  lui  dans  la  forêt  de  Yeyrac, 
et  qu'il  a  voulu  simplement  signaler  dans  cette  forêt  les  traces 
d'une  voie  romaine  sans  rien  conjecturer  et  surtout  sans  rien 
affirmer  sur  sa  direction. 

Une  rectification  conforme  à  l'observation  de  M.  Lansade  est 
ordonnée  par  la  Société. 

MM.  Maurice  Ardant  et  Alluaud  présentent  à  la  Société  comme 
membre  résidant  M.  Edouard  Boudet. 

MM.  Maurice  Ardant  et  de  La  Marsonnière  présentent  à  la 
Société  comme  membre  résidant  M.  Choppin  d'Amouville, 
avocat  général  près  la  cour  impériale  de  Limoges. 

M.  le  président  donne  lecture  : 

4«  D'une  lettre  par  laquelle  M.  le  docteur  Laborderie  se  démet 
du  titre  de  membre  de  la  Société  ; 

2«  D'une  lettre  de  M.  le  préfet  de  la  Haute-Vienne,  qui  ex- 
prime ses  regrets  de  ne  pouvoir  assister  à  la  séance  ; 

S*"  D'une  lettre  du  secrétaire  de  la  Société  Archéologique  de 
l'Orléanais,  qui  envoie  un  bon  pour  retirer  ses  mémoires; 

4»  D'une  lettre  de  M.  Brunet,  qui  s'excuse  de  ne  pouvoir 
assister  à  la  séance,  et  qui  exprime  le  regret  de  ne  pouvoir  s'as- 
socier utilement  à  une  proposition  qui  doit  être  faite  par 
MM.  Ruben  et  Guillemot. 

M.  Ardant  informe  la  Société  d'un  avis  qui  lui  a  été  adressé 
par  M.  le  maire  de  Sussac  de  la  découverte  d'une  urne  funéraire 
contenant  des  ossements  calcinés  et  une  médaille  qu'on  croit 
être  gauloise.  M.  Ardant  annonce  que  cette  découverte  sera 
Tobjet  d'une  communication  plus  explicative  et  plus  détaillée. 


260  PROCàs-VfiitBADX   DBS  séANCGS. 

Les  comptes  du  trésorier  pour  Tannée  1863  sont  déposés  sur  le 
bureau.  M.  Astaix  se  charge  de  Vexamen  de  ce  compte  et  du 
rapport. 

H.  Lansade  lit  une  note  sur  les  fouilles  pratiquées  par  ses 
soins  à  la  villa  d^Ântone.  Les  résultats  obtenus  sont  déjà  consi- 
dérables. «  Jamais,  dit-il,  ruines  gallo-romaines  ne  se  sont  pré- 
sentées en  Limousin  avec  autant  de  grandeur  dans  leur  ensem- 
ble. 9  11  annonce  l'arrivée  à  Limoges  d'une  caisse  renfermant 
divers  objets  provenant  de  ces  fouilles,  et  notamment  de  beaux 
fragments  de  marbre  blanc  représentant  des  bases ,  fûts  et  cha- 
piteaux de  colonne ,  des  corniches  et  carrelages  en  marbre  blanc , 
et  portions  d'une  statue  en  terre  rouge ,  se  composant  du  buste, 
du  bras  droit  et  de  la  main  avec  ses  phalanges. 

La  Société  remercie  M.  Lansade  du  dévoûment  qu'il  apporte  à 
l'accomplissement  du  mandat  qu'elle  lui  a  confié ,  et  de  la  direc- 
tion intelligente  qu'il  a  donnée  aux  travaux.  A  la  prochaine 
séance,  il  sera  procédé  &  l'ouverture  de  la  caisse  et  h  Texanien 
de  la  question  relative  au  vote  des  fonds  nécessaires  pour  la  con- 
tinuation des  travaux. 

M.  Lansade  lit  un  rapport  sur  le  Catalogue  de  la  bibliothèque 
communale  de  Limoges ,  et  donne  à  ce  travail  de  justes  éloges. 

M.  Maurice  Ardant  donne  lecture  d'une  notice  sur  des  brac- 
téates. 

La  séance  est  levée. 

Pour  le  secrétaire  général  et  pour  les  secrétaires  absents  : 

Le  membre  délégué , 
LEVIEIL  DE  LA  MARSONNIÈRE. 


LISTE 


Des  dùiin  faits  au  Musée  et  à  la  Bibliothèque  de  la  Société 

pendant  tannée  1863. 


DONS  FAITS  AU  MUSÉE. 

Par  M.  BouRGOiN-MéussB  :  bois  scidpté ,  la  main  droite  de  saint  Chris^ 
tophe,  de  Véglise  de  Saint-Junlen  (Haute- Vienne)  ;  —  verre  peint. 

Par  M.  Alluaud  (Âmédée)  :  un  lagopède  ou  tétras. 

Par  M.  Auguste  Dârnault,  négociant  èi  Limoges,  place  Toumy  :  trois 
médaillons  giUvanqplastiques ,  inscrits  au  catalogue  sôus  les  n^  144,  145  et 
146,  faits  par  lui. 

Par  M.  Jules  de  Vernon  ,  chef  d*escadrons  au  2»  chasseurs  :  un  fragment 
de  das-^élie/ sculpté  rapporté  d'Algérie. 

Par  M.  Thenàde  :  un  pic^peiche  empaillé. 

Par  S.  M.  l'Empereur  :  soixante-cinq  pièces  du  musée  Campana;  -^ 
Psyché  et  VAmowr,  diaprés  Gérard,  et  un  portrait  d'après  Rembrant, 
peinture  sur  porcelaine  de  M««  de  Cool. 

Par  M.  Brunet,  une  empreinte  du  sceau  de  la  sénéchaussée  du  vicomte  de 
Limoges. 
Par  M.  M.  Ardânt  :  Antéflxe  romain^ 

Par  M.  Buisson  de  Mâyergnibr  :  des  débris  de  fresques  romaines ,  trouvés 
à  La  Souterraine;  —  débris  de  briques  provenant  du  mont  de  Jouer 
{Prmtoriwn)» 

Par  M.  Billet  (Gabriel)  :  une  maindemomie  rapportée  d'Egypte;  —  trois 
fragments  de  sculpture  trouvés  k  Paphos,  et  nn  fragment  trouvé  au  tombeau 
de  Mausole. 

Par  M.  Peret  (Martial)  :  \mt  pierre  trouvée  dans  la  Vienne. 

Par  M.  Lanxadb  ,  pharmacien  :  un  oiseau  (le  plongeur). 

Par  M.  Bachellerie,  de  Blond  :  winéraua  trouvés  èi  Périgueux. 

Par  M.  le  capitaine  Berthet  (Alix)  :  onze  pièces  de  monnaie. 

Par  M.  Mbsnard  :  une  pièce  brésilienne  de  1,000  reis ,  1860. 

Par  M"»»  FoRNERY  :  une  pièce  russe  de  25  hoppechs ,  1838. 

48 


26!2         DONS   FAITS    AU    MUSEB  ET   A    LA    BIBLIOTHÈQUE. 


OUVRAGES  OFFERTS  A  LA  BIBLIOTHÈQUE  DE  U  SOCIÉTÉ. 


DONS  DE  SON  EXC.  M.    LE  MINISTRE  DE    L'INSTRUCTION  PUBLIQUE. 

Dictionnaire  topoçraphigue  du  département  de  la  Mewrthe ,  par  M.  Henri 
Lepagb.  —  Paris ,  impr,  imp,,  1852 ,  iii-4. 

Mémoires  lus  à  la  Sordonne  :  histoire ,  pJUldogie  et  sciences  moraks,  — 
Paris,  1863,  iii-8. 

Béwmn  générale  des  sociétés  savantes  :  compte-^endu ,  feuilles  de  1  à  9.  — 
ln-8. 

Liste  des  Sociétés  savantes  des  départements,  —  In-8,  1862. 

Mémoires  lus  à  la  Sorbonne,  séances  (i«f  21 ,  22  et  23  novembre  1861.  — 
Jmpr,  imp.,  1863,  in-8. 

DONS  DIVERS. 

Deuxième  mémoire  sur  l'importance,  pour  l'histoire  intime  des  communes  de 
France,  des  actes  notariés  antérieurs  à  1790,  par  M.  Gustave  Sàint-Joavnt, 
âvoeat.  —  18f3,  in-4o.  --  Pon  de  Fauteur. 

Portraits  des  mmbres  du  parlement  de  Paris  et  des  maitres  des  requêtes 
vers  le  milieu  du  xvii«  siéde ,  publiés  et  annotés  par  M.  Dulâu.  —  Paris , 
1863 ,  in-8.  —  Don  de  Taut^ur. 

Missale  lemovicense,  manuscrit  in-^fol.  —  Doui^iq  jfif^  B((.  ps  Voton  D8  La 
Planche. 

Qiikdques  réjleœions  sur  la  détention  préventive.  Par  L.  Desallbs.  — 
Paris,  1863,  in-8.  —  Don  de  Fauteur. 

De  remptacâment  de  la  nouvelle  église  paroissiale  de  la  ViHe-VimUe  ei  du 
type  architectonigue  qui  devrait  obtenir  la  préférence  à  Nancy,  (  Par  M.  Uos^ 
QiNOT,  de  Nancy.)  —  Nancy,  1861 ,  in-^  -^  Dop  de  Fauteur. 

De  la  conservation  de  la  porte  Sainte-Nicolas  de  Nancy,  (  Par  M.  Monoinot.] 
—  Nancy,  1859,  in-8.  —  Don  de  Fauteur. 

Congrès  archéologiques  de  France  :  xxix*  session,  tenue  à  Saumur,  à  I^an , 
au  Mans,  à  Blbe^fet  à  Dives  en  1862.  -^  Paris,  1868,  in-8. 

Copie  et  traduction  de  la  charte  donnée  à  la  ville  de  Péronne  par  le  roi 
Philippe-Auguste  l'an  1209.  —  Brochure  in-fol. 

Alesia ,  extrait  de  la  Bévue  de  la  France  littéraire.  —  Toulouse,  1863,  bro- 
chure in-8  de  28  pages.  —  Don  de  Fauteur. 

La  forêt  royale  de  Ligurio ,  mentionnée  dans  le  capitulaire  de  Chcrsy 
{an  877) ,  par  M.  le  vicomte  Alexis  de  Gourgues.  —  Brochure  in-8  de 
18  pages.  —  Don  de  Fauteur. 

Par  M.  Nadaud  (Léon),  premier^président  honoraire  de  la  cour  de 
Grenoble  :  lo  Totius  lemovid  et  conjlnium  provinciarum  quantum  ad  dUecesin 
Lemovicensem  spedant  novissima  et  Jldelissima  descriptio,  auct,  J.  Faqano. 
'  Casarodum  Turonwm ,  1594.  —  2«  £d  diocèse  de  Limoges,  divisé  en  ses  dix- 
huit  archiprêtrés  et  les  gouvernements  de  la  Marche  et  du  Limousin ,  dédié  à 


DONS  FAITS   AU   MUSÉB  ET   A    LA   BIBLIOTHÈQUE.         263 

Monseigneur  Antoine  de  Charpin  de  Genétines,  évêque  de  Limoges  et  abbé 
dePiperac  (s.  d.).  —  In-fol.  piano.  —  8«>  Za  généralUé  de  limoges  divisée  en 
ses  cinq  élections  de  Limoges,  de  Brive,  de  Tulle»  de  Bourganeu/et  d'Angou- 
lime.  —  Paris ,  1715,  chez  le  sieur  Jallot ,  in-fol.  piano. 

Par  M.  J.-B.-P.  Brun^échaud  :  Études  complémentaires  sur  la  loi  du 
travail  appliquée  au  traitement  de  r aliénation  mentale  :  troisième  mémoire.  — 
Limoges,  impr.  de  Chapoulaud frères ,  18d3,  brochure  in-8  de  44  pages. 

Par  M.  rabbé  Roy  de  PîttttftEFittB  î  Histoire  et  archéologie  sur  le  canton  de 
Bdlegarde.  —  Impr.  et  lithographie  dIA.  Bouyet,  à  Aubusson,  1863,  bro- 
chure in-8  de  22  pages. 

Catalogue  méthodique  de  la  IntHiothèque  communale  de  la  vUle  de  Umoges, 
dressé  par  M.  Emile  Rubbn.  —  {Sciences.  —  Arts.)  —  Limoges,  impr.  de 
Chapoulaud  frères,  1868,  In-^.  —  Don  de  Tauteur. 

Histoire  du  canton  et  de  la  viUe  d^Uterche,  par  M.  Coubbt,  suite  de  la 
iv«  livraison,  1868.  —  In-8.  —  vi«  feuille  d^impression.  -^  TuUe,  1863. 
in-8.  —  Don  de  Vauteur. 

Rouleau  de  parchemin,  manuscrit  de  1348,  contenant  les  reeettes  faites 
dans  la  Guienne  en  1342  et  1343  pour  la  perception  du  droit  de  fouage 
imposé  par  le  roi  de  France  pour  subvenir  aux  frais  de  la  guerre.  —  Offert 
par  M.  Malâs  ,  conseiller  k  la  cour  de  Limoges. 

Dissertation  sur  la  légende  VIRQINI PARITURJS.  Par  M.  S.-A.  Morin. 

—  Paris,  impr.  de  Martinet,  1863,  in-8.  ^  Don  de  l'auteur. 

Le  calice  de  CheUes,  OBuvre  de  saint  Éloi.  Par  M.  Bugène  Grést.  —  Paris , 
impr.  Ch.  Lahure,  brochure  in-8  de  28  pages.  —  Don  de  Fauteur. 

Par  M.  Rbgnault,  architecte  de  la  ville,  un  volume  intitulé  :  Autels, 
tabernacles  et  monuments  sépulcraux  des  xiv*  et  xv»  siècles,  existant  à  Rame . 
par  MM.  Thosi  et  Bbcchio  —  1  vol.  grand  in-fol..  1843. 

Par  M.  Bardbmat  (de  Crochas)  :  Plan  de  Paris,  commencé  Vannée  1734 
sous  les  ordres  de  messire  Michel-Etienne  Turgot,  etc.,  achevé  de  graver  en 
1739 ,  dessiné  par  Louis  Bretez. 

Par  M.  le  docteur  Dépéret-Muret  :  La  théorie  et  la  pratique  en  médecine. 

—  Umoges,  typogr.  de  J.-B.  Châtras ,  1862,  in-8  de  26  pages. 

Ussd ,  —  UxeUodunvm ,  —  Fontaine  d^UxélltMunvm ,  —  Terrasse  et  Kuniculi, 

—  Mines  de  César.  Par  H.  de  B.  —  Usseî,  impr.  d'Adrien  Faure,  in-8  de 
7  pages.  —  Don  de  Fauteur. 

Biàtiothèque  et  cours  populaires  de  OuèbvDiller,  par  Jean-Jacques  Bourcart. 

—  Impr.  de  J.-B.  Jung ,  1864 ,  in-8  de  48  pages.  —  Don  de  Fauteur. 


LISTE 


t        f 


DES  MEMBRES  DE  LA  SOCIETE 


POUR  L'ANNÉE  4863. 


BUREAU. 

• 

PrésidefU-iié.  —  M.  Boby  de  La  Chapelle,  O  ^,  préfet  de  la  Haute-Vienne. 

Président.  —  M.  Alluaud  aîné,  0  ^. 

Vice-Présidents.  —  MM.  Maurice  Ardant  et  Bonnin,  ^. 

Secrétaire  général.  —  M.  É.  Ruben. 

Secrétaire-àibUothécaire  et  archimste.  —  M.  Chapoulaud  (Roméo). 

Secrétaire-trésorier.  —  M.  F.  Bbisset. 

Directeur  du  Musée.  —  M.  Buisson  de  Mavbrgnibr. 

MEMBRES  DU  CONSEIL. 

MM.  Tixieb-Lachassagne  ,  C  ^,  premier  président. 
Armand  Noualhibr,  ^ ,  député  au  Corps  législatif. 
Le  docteur  Babdinbt,  directeur  deTÉcole  de  médecine. 

COMITÉ  DE  PUBLICATION. 

Secrétaire  général.  —  M.  É.  Ruben. 

MM.  Brunbt,  Astaix,  Alfred  Chapoulaud.  Talabot,  de  La  Marsonnibrb. 

CONSERVATEURS. 

Archives.  —  MM.  Roméo  Chapoulaud  ,  É.  Ruben. 
Tableaux.  —  M.  Ardant  du  Masjambost. 
Pierres  sculptées.  —  M.  Regnault. 
Sculpture  sur  bois.  —  M.  Fayette  fils. 
Médailles  et  sceaux.  —  M.  Maurice  Ardant. 
Zoologie,  ornithologie,  papillons.  —  M.  Astaix. 
Minéralogie ,  géologie ,  reptiles.  —  MM.  Alluaud  et  Astalk. 
Armes ,  objets  d'art.  —  M.  Nivet-Fontaubbrt. 

« 

COMMISSION  DU  MUSÉE  CÉRAMIQUE. 
MM.  Alluaud,  Ardant  du  Masjambost,  Fayette  et  Perdoux. 


MEMBRES  RÉSIDANTS. 

ALLéux    (Joseph),    négociant,    à  bre  de  Tlnstitut  des  Provinces  et 

Aixe.  de  plusieurs  autres  sociétés  sa- 

Alluaud  aîné,  0  ^  .  ancien  maire  vantes,  président  de  la  Société 

de  Limoges  et  membre  du  Conseil  d'Agriculture  de  la  Haute- Vienne, 

général  de  la  Haute- Vienne ,  mem-  Alluaud  (Amédée),   fabricant    de 


LISTE  DBS   MBHBRES   DE   LA    SOCIÉTÉ.  265 

porcelaine»  secrétaire  de  la  Société  Defayb  fils,  pharmacien  ,  à  Saint- 

des  Amis  des  Arts  du  Limousin.  Junien. 

Arbbllot,  curé-archiprètre  de  Ro-  Desfrat  (Antoine),  photoffraphe. 

chechouart,    correspondant   des  Desalles  (Louis),  juge  de  paix,  à 

comités  historiques.  Ambazac. 

Abda)<t  (Bngène),  imprimeur.  Dubois  ,  fabricant  de  porcelaine. 

Ardant  (Louis),  ^,  ancien  maire.  Dubouché  (Adrien) ,  négociant. 

Ardant  (Maurice) ,  archiTiste  de  la  Ducourtieux  (Henri) ,  imprimeur* 

Haute- Vienne,    membre   de    la  libraire. 

Société  impériale  des  Antiquaires  Du  vert  ,  de  La  Gable,  propriétaire. 

de  France.  Fayette  père ,  architecte. 

Ardant  du  Masjaubost  ,  professeur  Fayette  fils ,  architecte  du  départ. 

de  peinture.  Fbrru  (Félix) ,  artiste  statuaire. 

AsTAix ,  professeur  à  Técole  de  mé-  Fizot-Lavergne  ,    avoué    près    la 

decine.  Cour. 

A uDouiM  (Joseph),  ancien  maire  de  Fontaneau,  *|^,  ancien  officier  de 

Limoges.  marine. 

Bardinet  (Alphonse),  directeur  de  Font-Réaulx  (Théophile  de),  pro- 

récole  de  médecine.  priétaire,  &  Saint-Junien^ 

Barny  (Alexis),  professeur  à  Técole  Fougeras-Lavbrgnolle,    adjoint 

de  médecine.  au  maire  de  Limoges. 

Baron-Dutaya,  à  Bussière-Bolfy.  Fougères  (Léopold) ,  directeur  mé- 

Blanchard  ,  docteur  en  médecine ,  k  decin  de  Tasile  des  aliénés. 

Limoges.  Fournier,  ^,  conseiller  h  la  Cour. 

BoBY  DE  La  Chapelle  ,  O  ^ ,  préfet  Fournier  (E.) ,  photographe. 

de  la  Haute-Vienne.  Qarrigou-^Laorange,  avoué. 

BoMKEVAL  (le  marquis  de),  C  !^,  (Soujaud    fils,    ornithologiste,    ii, 

maréchal-de-camp.  Bellac. 

BONNiN,  * ,  inspecteur  d'académie.  Grave  (de)  ,  propriétaire. 

Boudet  (Edouard),  propriétaire.  Guillemot  (Albert),  directeur  du 

BouBDBAU  DE  Lajudib  père,  ancien  ■  Courrier  du  Centre. 

député.  Hbrvy  (Emile) ,  notaire. 

BouROOiN  -  MÉLISSE ,    propriétaire,  La  Bastide  (le  baron  Hubert  de), 

à  SaintrJunien.  ^ ,  capitaine  d*état-major. 

Bebuilh,  aypcat.  Labonnb    (de),    propriétaire,    au 

Brissbt  (Frédéric) ,  juge  au  tribunal  ch&teau  de  Montbrun. 

dvil  de  Limoges.  Lamy  de  Lueet  (Edouard),  banquier. 

Beunbt  (Joseph) ,  vic&-président  du  Lansadb,  agent-voyer. 

tribunal  civil  de  Limoges.  Laporte  (Brnest) ,  négociant. 

Buisson  DE  Mavbronibr (Edouard),  Leclbrc    (André),  professeur   au 

directeur  du  Musée.  petit-«éminaire  du  Dorât. 

Chapoulaud  (Roméo) ,  propriétaire.  Lbmas  (Elle),  professeur  de  rhéto-* 

Chapoulaud  (Alfred) ,  imprimeur.  rique  au  lycée. 

Charbbirb  (Paul) ,  organiste  de  la  Levieil  de  La  Marsonniâre  ,  # , 

cathédrale.  premier  avocat  général. 

Choppin  d*Arhouville,  avocat  gé-  Mallbvebone,    *,  président    de 

néral.  chambre. 

Cluzblaud,  architecte -adjoint  de  Maqu  art  ,  propriétaire. 

la  ville  de  Limoges.  Nivet-Fontaubert  ,  négociant. 


266  LISTB  DES  MEMBRCS  DE  LA   SOClÂré. 

KouALHiER  (Armand),  ^ ,  député  au  Ruben  (Emile) ,  eonaervateur  de  Is 

Corps  légrlslatif.  bibliothèqua. 

Parant  (ArtlLur)  »  négociant.  Talabot  (Auguste).  4f ,  président 
PBCiONNBT  (Othoa),  avocat,  maire      lionoraire  aa  tribunal   dvil  de 

de  Limoges.  Limoges. 

Pbrdoux  (B.).  professeur  de  mode^  Tandbau  im  Massao  (Fabbé)»  ▼!* 

lage.  caîre  de  Sain^Pierre. 

PouTAT  (Emile)  »  4t ,  négociant.  Tarhbaud  (Firmln) ,  banquier. 

Rattier  ,  avoué.  TARMEAun  (Prédérie)  »  propriélaire. 

Reculés  (Prançola),  propriétaire.  Tixi]!R--l4ACBA8aAX»iB,  C  ^»  pre- 
Regnault  •  ^ ,  arehiteete  de  la  Tille.      mier  président. 

RoGUBS  DE  FuRSAC  (Viotor),  aTocat.  Truol  DR  Bbauuw  ,  t^^  banquier. 

RouoBRiB  (rabbé),  professeur  au  Vbrqniaud  (Léonce),  prepriéUira. 

petit-fiéminaire  du  Dorât. 

MBMBRB8  HOMOBAIRBS. 
MM. 

Cruveilhibr,  0  if,  professeur  à  récoledemédeoine  de  Paris. 

De  Mbntqvb,  0  ^ ,  sénateur,  ancien  préfet  de  la  Haute-Vienne. 

MosisoT  (Tiburce),  0  ^ ,  anciea  préfet  de  la  Haute-Vienne»  fondateur  du 

Musée. 
Saint-Marc-Girardin  ,  0  ifi* ,  membre  de  Tlnstitut. 
MiONERBT,  ^,  préfet  du  Bas-Rhin. 
Mgr  Bertbaud  .  évêque  de  Tulle. 
Dalesmb,  g  0  a,  général  de  division  du  géxûe. 
Mgr  CoussSAUD,  évéque  d^Angoulême. 
De  Caumont  .  0  % ,  fondateur  de  la  Société  Française  ,  à  Caen. 
Michel  Chevalier,  O  ^,  sénateur,  membre  de  Tlnstitut. 
Le  vicomte  B.  db  Kbrckovb-Warbi^t  ,  président  de  la  Société  ArchéolO' 

giquede  ]3elgique. 
Le  général  de  Moi>îTBéAL ,  G  0  ifi^.  sénateur. 
Le  comte  F.  db  Lastbyrib  ,  membre  de  l'Institut. 

MEMBRES  CORRESPONDANTS. 

BiAL  (Paul) ,  capitaine ,  professeur  à  Técole  d*artillerie  de  Besançon. 

BoNNAPOUx,  conservateur  de  la  bibliothèque  de(}iiéret. 

BoNNéUE  (François) .  bibliothécaire  k  Tulle. 

BosviBux  (Auguste) ,  archiviste  à  Agen  (Lot-et-Garonne). 

Cardaillac  (le  comte  de)  ,  ohef  de  division  an  mlnialëre  de  la  maison  de 

FEmpereur. 
Combet,  avocat,  à  Uzerche  (Cerrèze.) 

CORNUDBT  (le  vicomte  Alfred  de)  ,  membre  du  oooseil  iénéral  de  la  Cteoae. 
Delochb  (Maximin),    4^,  chef  de  bureaa  au  ministère  des  travaux 

publies. 
Dblob  (Firmin) ,  k  Péronne  (Somme.) 

DoRLRAC,  directeur  des  minée  de  Montigné ,  h  LaYal  (Majrenne,) 
DuLEAU ,  numismate,  k  Orléans. 

Gay  de  Vernou  (le  baron) ,  chef  d*ei3cadroBB  au  0*  régiment  de 
GÉRY  (Charles) ,  préfet  de  la  Corse,  k  AJaccio. 


LISTE  DBS  MEMBRES  DB  LA   SOCléré.  267 

Qrionabd  (Emile) ,  directeur  du  chemin  de  fèr  de  Lyon  à  Sathoni^. 
JuiLLAG  (le  vicomte  Gustave  db)  ,  secrétaire  de  la  Société  Archéologique 

du  Midi ,  à  Toulouse. 
Labordbrib,  dooteur-médecin.kPompadour. 
Laoabdb  (Henri  db)  ,  docteur-médecin,  à  Confolens  (Charente). 
Lapobtb  (Armand  db)  aide-major  de  Tartillerie  de  la  garde ,  &  Versailles. 
Larotjveradb  (de),  conseiller  honoraire  k  la  cour  de  Bordeaux,  k  Tulle. 
MoNGiNOT  (Léon),  à  Nancy  (Meurthe). 
Nadaud  (Léon),  premier  président  honoraire  de  la  cour  de  Grenoble,  & 

Charvleux  (Isère). 
Kadault  de  Buffon,  procureur  impérial,  à  Rennes. 
Nalbbbt  ,  sculpteur,  à  L'l8le-<I*Bspagnac  (Charente). 
PÉBATHON  (Cyprien),  négociant,  à  Aubusson  (Creuse). 
Rancoonb  (Gustave  db),  archiviste  de  la  Charente,  k  Angoulême. 
Rbnomd  (l'abbé) ,  professeur  au  petit-séminaire  d*Ajain  (Creuse). 
Roy  db  Piebbbfittb  (Vabbé),  curé-doyen  deBéllegarde  (Creuse). 
Sbnemaud  ,  archiviste  du  département  des  Ârdennes ,  k  Mézières. 
Suf on-Clémbmt  ,  Juge  suppléant ,  à  Tulle. 
TouvBMiM ,  membre  de  la  Société  de  Thistoire  de  France ,  à  Paris. 
Vbbnbilh  (Félix  db),  au  ch&tçau  de  Puyrazeau,  par  Nontron  (Dordogne). 


LISTE 

DES  SOCIÉTÉS  COBRESPONDANTES. 


Société  Archéologique  du  Midi ,  à  Toulouse. 

Société  Archéologique  du  Midi,  à  Montpellier. 

Société  Archéologique  de  TOrléanais,  k  Orléans. 

Société  Archéologique  de  Béziers  (Hérault). 

Société  Archéologique  et  d'Histoire  de  la  Charente,  à  Angoulême. 

Société  d'Archéologie  et  d'Études  scientifiques  de  Draguignan. 

Académie  d'Archéologie  de  Belgique ,  k  Anvers. 

Société  des  Antiquaires  de  l'Ouest,  k  Poitiers. 

Société  des  Antiquaires  de  France ,  k  Paris. 

Société  des  Antiquaires  de  Picardie,  k  Amiens. 

Société  d'Émulation  du  Doube ,  k  Besançon. 

Société  d'Émulation  de  l'Allier,  k  Moulins. 

Société  d'Émulation ,  k  Montbelliard  (Doubs). 

Société  des  Sciences  naturelles  et  archéologiques  de  la  Creuse,  k  Guéret. 

Société  des  Sciences  et  Lettres  de  Blols. 

Société  des  Sciences ,  de  l'Agriculture  et  des  Arts,  k  Lille. 

Société  des  Sciences»  Belles-Lettres  et  Arts  du  département  du  Var,  k 

Toulon. 
Société  Scientifique  et  Littéraire  du  Lim bourg ,  k  Tongres. 
Société  Scientifique  des  Deux-Sèvres,  k  Niort. 


I 


268  LISTE  DBS   MBMBBBS   DE    LA    SOCIÉTÉ. 

Société  de  THistoire  de  France ,  k  Paris. 

Commission  historique  du  Cher,  à  Bourges. 

Académie  des  Sciences ,  Belles-Lettres  et  Arts  de  Bordeaux. 

Commission  Archéologique  de  Maine-et-Loire,  à  Angers. 

Société  Académique  de  l'Oise ,  à  Beauvais. 

Société  Littéraire  et  Scientifique  de  Castres  (Tarn). 

Société  de  TUnion  des  Arts,  k  Marseille. 

Société  Archéologique  et  Scientifique  de  Soissons  (Aisne). 

Société  Hàvraise  d*études  diverses,  au  H&vre  (Seine-Inférieure). 

Société  des  Sciences  naturelles  et  historiques  de  T Yonne,  k  Auxerre. 

Société  d'Histoire  et  d* Archéologie  de  Chalons-sur-Saône. 

Société  Savoisienne  d'Histoire  et  d'Archéologie ,  k  Chambéry. 

Société  Archéologique  de  la  province  de  Constantine. 

Société  Archéologique  de  la  Touraine ,  k  Tours. 


TABLE  DES  MATIÈRES- 


PROCÈS-VERBAUX  DES  SÉANCES. 

Page 

Séance  générale  du  90  Janvier  l9fSQ 234 

—  du  27  février  1863 237 

—  du  27  mars  1863 240 

—  dul^mai  1863 241 

—  du  29  mai  1863 244 

—  du25juinl863 247 

—  du  31  juillet  1863 248 

—  du28aoûtl863 251 

—  du  30  octobre  1863 252 

—  du  27  novembre  1863 255 

—  du  30  décembre  1863 258 


MEMOIRES. 

Les  émaux  d'Allemagne  et  les  émaux  limousins,  par  M.  Félix  de 

Verneilh 4 

La  juridiction  druidique  de  la  ville  ruinée  de  Breth ,  par  M.  E.  Buiâ- 

SON  DE  MAVERONIBR 49 

Lesfianaux  en  Limousin,  par  M.  Tabbé  Rougbrie 69 

Notice    sur    Toppidum    gaulois  de   Courbefy,    par    M.    Félix  de 

Verneilh 83 

Les  Marbreaux .  célèbres  orfèvres  limousins,  par  M.  Maurice  ârdant  93 
Voirie  romaine  en  Limousin  :  fixation  de  la  station  de  Prsetorium , 

par  M.  B.  Buisson  de  Mavbronier 98 

Bibliographie  limousine,  par  M.  P.  Poybt.. 115 

ÉtolTesd'or  et  d'argent  fabriquées  à  Limoges,  par  M.  de  Lasteyrie  149 

Les  Poncet  émailleurs ,  par  M*  Maurice  Ardant 161 

Monnaies  d  argent  de  Carloman  II  et   des  rois  d*Aquitaine,   par 

M.  Maurice  Ardant 173 

Enseignes  de  corporations  ou  de  pèlerinages ,  Affntts  Dei  et  médailles 

bractéates  limousines,  par  M.  Maurice  Ardant 180 


270  '     TABLB   DES  MATIÈRES. 

P»ge 

Émaillerie.  ^  Ancienneté  de  rémaillerie  limousine,  par  M.  le  comte 

DE  Viel-Casts. 200 

Numismatique  limousine ,  par  M.  Maurice  Ardant 213 

Rapport  sur  les  fouilles  du  mont  de  Jou8r,  par  M.  B.  Buisson  de 

Mâvebgnieb 219 

Saint  Éloi  orfévre-émailleur,  par  M.  Maurice  Ardant 229 

DOCUMENTS. 

Statuts  des  fondeurs  de  Limoges  en  1593,  par  M.  Maurice  ardant.  .  58 
Terrier  de  Téglise  de  Beaumont  près  Peyrat,  par  M.  Joseph  Brunet  184 
Statuts  des  maîtres  fourbisseurs  de  Limoges  en  1^8,  par  M.  Maurice 

Ardant 193 

Catalogue  des  manuscrits  déposés  dans  la  malle  de  la  bibliothèque 
du  séminaire,  et  qui  ont  été  achetés  pour  cette  maison  après  la 
mort  de  Tabbé  Legros 210 

CHRONIQUE. 
Nouvelles  scientifiques,  par  M.  Mi^urice  ArdanT 212 

COBRESPONDANCB. 

Lettre  de  M.  Tabbé  X.  Barbier  de  Mofltaolt,  relative  k  des  signatures 
de  tapisseries  d*Aubusson  et  de  Felletin  et  k  des  inscriptions  li- 
mousines recueillies  k  Rome 140 

Dons  faits  au  musée  et  k  la  bibliothèque  de  la  Société 261 

Liste  des  membres  de  la  Société 264 


UMOGKS.   —  INP.    CHAl'On.AUn    FRilBfc»  . 

iiw  Montant^Hiinigiie ,  7. 


1 


BULLETIN 


t)R  LA   société 


ARCHÉOLOGIQUE  ET  HISTORIQUE 


DU  LIMOUSIN 


BULLETIN 


Db  la  société 


A.RGHÉOLOGIQUE 


ET  HISTORIQUE 


DU   LIMOUSIN 


TOME  XIV 


LIMOGES 


CHAPOULAUD  FRÈRES ,  IMPRIMEURS  DE  LA  SOCIÉTÉ 

nue  Montant-Manigno ,  7 

4864 


BULLETIN 


DE  LA  SOCIÉTÉ 


ARCHÉOLOGIQUE 


ET  HISTORIQUE 


DU   LIMOUSIN 


TOME  XIV 


LIMOGES 


CHAPOULAUD  FRÈRES ,  IMPRIMEURS  DE  LA  SOCIÉTÉ 

Rue  Montant-Manigno ,  7 

4864 


VOIRIE  ROMAINE  EN  LIMOUSIN  ^'^ 


VOIE 


D'AUGUSTORITUM  A  AVARIGUM 


L'existence  de  cette  voie  romaine  ne  peut  être  révoquée  en 
doute:  Jouilleton,  dans  son  Histoire  de  la  Marche,  en  a  signalé  les 
vestiges  dans  la  Creuse.  Nous  trouvons  sur  la  carte  de  Cassini , 
partie  relative  au  Limousin,  des  noms  voyers  qui  attestent 
hautement  son  passage.  Âu-del&  du  Limousin ,  des  vestiges  d'une 
grande  étendue,  que  signale  Cassini  sous  le  nom  de  chaussée  de 
César,  démontrent  sa  continuation  vers  Bourges.  Le  milliaire 
trouvé  &Allichamp,  et  décrit  parle  coigte  de  Caylus,  nous 
donne  les  distances  de  Mediolano  h  Avaricum,  Toutes  ces  raisons 
à  elles  seules  démontreraient  matériellement  l'existence  de  la 
voie  romaine  d'Adtodumtm  à  Avaricum. 

Ajoutons  que  le  baron  de  Walckenaër,  dans  son  m'  volume 
de  Géographie  des  Gaules,  mentionne  la  direction  de  ce 
chemin  comme  figurant  sur  la  Table  de  Théodose.  Voici  ce  qu'il 
en  dit  : 


(l)  Voir  T.  XllI,  liage  98. 


0  VOIBIB   ROMAINE   RN   LIMOUSIN. 

N"  126.  Itinéraire  de  la  route  d*AugMlorUuni  i^imogcs) 

k  Avarictm  (Bourges). 

Ausrito,  —       Limoges. 


\  Ptttorio,       XIV,       PourriouK. 


Table  ThéodosieAne  :  segment  I  <  AcUoéumm,  xviii,    Ahun. 

/   Mediolimo,    xxiv,     Montmeillan. 
Avaricwn,    xxvui,  I^ourges. 

J'ai  vérifié  les  deux  exemplaires  de  la  Table  Théodosienne  que 
possède  la  Bibliothèque  impériale,  celui  qui  se  trouve  dans 
i'Ânnuaire  des  Antiquaires  de  France,  et  celui  qui  a  été  publia 
i:éce];nment  par  la  Revue  Archéologique,  et  je  n^ai  trouvé  sur 
aucune  dç  ces  copies  Tindicatioix  dont  parle  M.  de  Walckenaër. 
Cependant  je  serais  porté  à  reconnaître  comme  exacte  l'indi- 
cation donnée  par  le  savant  membre  de  l'Institut  ;  car,  entre 
l'assertion  de  M.  de  Walckenaër  et  l'omission  que  je  signale  sur 
les  divers  eî^emplaires  de  la  Table,  je  suis  porté  à  suppose?  une 
inexactitude  des  copistes  de  la  Table  de  Vienne.  Du  reste  je 
signale  cette  di^iculté  à  Tattentipn  î\\\  moçide  savant  i  ma  cçii- 
viction  s'appuierait  au  besoin  sur  la  découverte  si  curieuse  du 
miiliaire  d'ÂlHchamp,  dont  il  sera  parlé  plus  loin,  et  qui  dér- 
montre  l'existence  d'une  voie  sur  A%^aricum,  qui  n'existe  sur 
aucune  des  copies  de  la  Table. 

Cela  dit,  étudions  les  yestiges  de  la  voie,  en  nous  coçforman^ 
à  la  méthode  que  nous  avonâ  employée  jusqu'ici.  Nous  avons 
déjà  donné  le  trac^  de  la  voie  jusqu'à  Âdlodunum  (Âhunj.  Â 
partir  de  ce  poiat,  le  chemin  se  séparait  de  la  voie  qui  A^AuguLS- 
toriium  descendait  vers  A^ugusUmemetum  (Glermont)  ;  elle  passait; 
au  Moûtier-d'Ahun,  à  Peyrat-rla-Nouière ,  qui  pourrait  indiquer 
une  borne  antique,  puis  elle  s'élevait  vers  le  noçd.  Jouilleton 
signale  ses  traces  daxjis  la  commupe  de  Saii\t-Julien-Ch$tel ,  dans 
celles  de  Tardes  et  de  Lussat.  Il  signale  encore  ses  tiraces  dans  la 
commune  d'Auge,  d'oii  elle  s  élevait  vei^  Vern^eige.  Là  deux 
noms  yoyers  semblent  marquer  exactement  son  pasçage.  Nous 
signalons  La  Çhanssacle ,  petite  localité  qui  se  trouve  sur  la  rive, 
gauche  de  la  petite  rivièro  de  Verneigette.  Plus  haut  se  trouve 
^a  Çhamsa^e- Blanche,  qui  aura  pris  son  nom  de  la  nature 
calcaire  des  matériaux ,  qui  commencent  à  remplacer  le  granit. 
Nous  touchons,  sur  ce  point  c^xtrêmc,  au  Berry,  et  notre  tâche 
vbt  finie  pour  le  Limousin. 


VOIRIE  ROMAINE  EN   LIMOUSIN.  7 

La  voie  montait  presque  en  ligne  droite,  et  atteignait  la 
station  de  Mediolanum.  Il  est  difficile  de  penser  que  cette  station 
n'est  pas  Château-Meillant.  Grégoire  de  Tours,  parlant  de 
Château-Meillant,  la  nomme  UediolanenseCastrum;  les  martyro^- 
loges  rappellent  Castrum  Medidanum,  par  abréviation  Castrum 
Melanum,  Deux  routes  romaines  passaient  par  cette  loealité  : 
celle  qui  montait  d^Augwtoritum  à  Avaricum^  celle  qui  descendait 
û' Argenlomagtis  vers  Augustonemetum.  Les  savants  qui  ont  étudié 
la  position  de  Mediolanum,  le  comte  de  Gaylus  et  d'Ânville,  n'ont 
pas  hésité  à  reconnaître  Tidentité  de  Ch&teau-Meillant  avec 
Mediolanum. 

Cependant  le  baron  de  Walckenaër  a  donné  diverses  indica- 
tions qui  se  contredii?ent  dans  sa  Géographie  des  Gaules.  Medio- 
lano  devient  tour  à  tour  Chftteau-Meillant,  Vallon-en-Sully,  ou 
Montmeillanl.  La  commission  de  topographie  des  Gaules  la  fixe 
à  Cullan  (page  23  sur  les  voies  romaines). 

L'inspection  de  la  carte  de  Cassini  semble  démontrer  surabon- 
damment que  Mcdiolano  doit  être  placé  à  Château-Meillant.  A  u- 
dessus  de  cette  petite  ville,  nous  trouvons  des  noms  voyers  qui 
nous  paraissent  être  significatifs  :  k  Moulin  de  Charasse ,  Charasse, 
Goursac,  Le  Carouer^  àoni  les  racines  sont  évidemment  cat*n«5, 
earrucQ.  La  voie  semblerait  se  diriger  sur  la  voie  romaine  dite 
chaussée  de  César  que  Cassini  a  relevée  sur  sa  carte.  Peut-être  se 
raccordait-elle  avec  cette  voie,  qui  allait  à  Néris.  C'est  une  re- 
connaissance qui  serait  facile  à  faire  par  les  savants  du  Berry, 
et  que  je  me  borne  à  signaler  en  tant  que  conforme  à  une 
théorie  philologique  qui  me  paraît  fondée. 

Le  chifl're  des  distances  entre  Ahun  et  Château-Meillant 
semble  concorder  avec  la  mesure  de  24  lieues  gauloises  donnée 
par  la  Table.  La  voie  se  dirigeait  ensuite  sur  Bourges. 

Il  n'est  peut-être  pas  sans  intérêt  de  parler  ici  du  milliaire 
trouvé  &  Allichamp.  Sa  description  a  été  donnée  par  le  comte  de 
Caylus. 

Entre  Bourges  et  Château-Meillant  se  trouve  la  petite  ville 
d'Allichamp.  Au  dernier  siècle,  des  fouilles  mirent  à  découvert 
ime  colonne  de  six  pieds  de  haut  et  d'un  pied  neuf  pouces  de 
diamètre,  qui  avait  été  creusée  en  forme  d'auge  ou  plutôt  de 
tombe.  Un  reste  important  d'inscription  attira  l'attention  doii 
savants.  M.  le  comte  de  Caylus  l'a  imbliée  dans  son  recueil  d'au- 
tiquités. 

Voici  cette  inscription  : 


8  VOIRIE   ROMAINE   EN   LIMOUSIN. 

FBLICI   AVG.   TRIB.    COS  III 

PP  PBOC  AVARL  (1)  Xini 

MBDI   XII   NEBI  XXV 

Cette  pierre  est  sans'  aucun  doute  une  borne,  et,  bien 
qu'elle  fût  destinée  à  indiquer  la  distance  de  Néris  &  Château- 
Meillant  et  à  Bourges,  elle  nous  est  utile  pour  déterminer  la 
continuation  de  la  voie  d^Adtodunum  à  Avaricum.  Les  distances 
qu'elle  signale  ne  concordent  pas  avec  celles  que  nous  donne  la 
Table  de  Théodose.  D'après  cette  dernière,  la  distance  de  Medio- 
lano  k  Avaricum  est  de  xxyiii  lieues.  Suivant  la  pierre  d^AUi- 
champ,  elle  ne  serait  que  de  xxvi  lieues.  Où  se  trouve  Terreur, 
et  quel  est  le  document  le  plus  sérieux?  Nous  n'hésiterions  pas  à 
préférer  la  pierre  d'AUichamp.  Il  faut  recx)nnaître  que  le  copiste 
qui  nous  a  transmis  la  seule  carte  géographique  qui  nous 
vient  des  Romains  n'a  pas  coUationné  avec  une  exactitude 
rigoureuse  tous  les  chiffres  des  distances.  C'est  là  une  source  de 
tourments  pour  l'archéologue. 

Au-dessus  d'AUichamp  se  trouvent  des  traces  de  voie  romaine 
que  Cassini  a  relevées  dans  sa  carte  de  France  sous  le  nom  de 
chemin  de  César, 

Telle  est  la  direction  de  la  voie  à'Augmtoriium  à  Avaricum,  car 
il  est  difficile  d'admettre  une  seconde  voie  indiquée  dans  la  carte 
qui  accompagne  l'ouvrage  de  M.  le  baron  de  Walckenaër,  et  qui 
monterait  directement  de  Medidano  sans  passer  par  Allichamp.- 
On  ne  saurait  admettre  qu'il  ait  existé  deux  stations  portant  le 
nom  de  Mediolano  dans  la  cité  des  Bituriges.  Quoi  qu'il  en  soit , 
nous  ne  savons  si  des  traces  bien  observées  confirment  ces  hy- 
pothèses ;  ce  serait  une  chose  &  vérifier.  Nous  ne  pouvons  en- 
treprendre une  recherche  de  cette  nature ,  qui  ne  peut  être 
faite  que  par  les  archéologues  du  pays. 

(l)  M.  Léon  Renier  a  lu  avahi. 


VOUUE    ROMAINE    EN    LIMOUSIN.  0 


VOIE    D'AUGUSTORITUM 


A  MEDIOLANUM  SANTONUM. 


Une  voie  partant  d'Augustoritumse  dirig'eait,  versTouecit,  sur  le 
pnys  des  Santones,  et  aboutissait  h  Mediolanum  Santonum. 

Pour  connaître  les  distances  des  stations  jusqu'à  Avedofiaco, 
nous  ne  pouvons  consulter  que  les  chiffres  de  la  Table  Théodo- 
sienne  :  or  nous  savons  que  ces  chiffres  sont  souvent  fautifs  par 
suite  des  erreurs  et  de  l'inintelligence  du  copiste  de  qui  nous  la 
tenons.  Ces  chiffres,  erronés  ou  insuffisants,  jettent  la  plus  grande 
incertitude  sur  la  direction  de  la  voie  que  nous  avons  à  décrire. 

Voici  les  stations  que  nous  relevons  sur  la  Table,  avec  les  dis- 
tances qui  paraissent  y  être  marquées  : 

Ausrito  à  Cassinomago,  xvii  lieues  gauloises. 
Cassinomago^Ser  anicomago,  x.ii.,  chiffre  qui  paraît  incomplet. 
Ser  anicomago  h  AvedonacOt  xni  ou  viii. 

Atedonacoli  Mediolanum  Sanitmum ,  xni,  rectifié  àxvi  par  ruiné- 
raire  d*Antonin. 

L'inspection  de  ces  chiffres  soulève  de  grosses  difficultés.  La 
distance  entre  Ausrito  et  Ccasinomago  a  été  lue  par  l'abbé  Belley 
avec  le  chiffre  de  xini  lieues  gauloises  ;  par  M.  de  Walckenaër  et 
les  éditions  modernes,  avec  le  chiffre  xvii ,  qui  nous  semble  être 
le  véritable.  La  vérification  des  distances  réelles  ne  peut  laisser 
aucun  doute  à  cet  égard.  La  station  de  Chassenon  correspond  à 
Cassinomagus.  Voilà  donc  une  première  difficulté  tranchée. 

Le  chiffre  de  la  seconde  station  est  plus  difficile  à  déterminer. 
Elle  est  inscrite  sous  le  nom  de  Ser  anicomago.  L'abbé  Belley  et 
Duroux  la  transforment  en  Sermanicomago.  Le  copiste  a-t-il  oublié 
réellement  la  lettre  qu'ils  ajoutent  à  ce  nom?  La  question  est  au 
moins  douteuse.  Le  baron  de  Walckenaër  écrit  Seranicomago. 
Nous  adoptons  cette  lecture,  qui  paraît  conforme  à  la  Table. 
Quant  aux  chiffres  des  distances,  le  doute  devient  plus  sérieux 
encore.  Le  copiste  paraît  avoir  hésité.  Cette  hésitation  se  traduit 
par  deux  points  placés  entre  les  chiffres.  Le  baron  de  Walckenaër 


10  VOinil-:   ROMAINE   EN    LIMOUSIN. 

adopte  néanmoins  le  chiffre  de  xii  lieues  gauloises  ;  mais  Tabbé 
Belley,  qui  place  la  station  àChermès,  lit  le  chiffre  xvii,  qui 
serait  insuflaisant  pour  aller  jusqu'à  Chermès. 

De  Seranicomago  la  route  conduit  à  Avedonaco.  Cette  station 
paraît  concorder  assez  avec  Aunay  ;  mais  encore  le  chiffre  de  la 
distance  est  loin  d'être  déterminé  d'une  façon  certaine.  L'abbé 
Beliey  lit  le  nombre  xiii  ;  mais  ce  nombre  paraît  appartenir  à  la 
distance  qui  sépare  Brtgiosum  d^ Avedonaco,  Sans  doute  le  savant 
nbbé  s'y  est  trompé,  et  a  supposé  que  le  v  était  un  x  mal  fait. 
Le  baron  de  Walckenaër  mentionne  le  chiffre  xxix ,  que  rien  ne 
semble  autoriser. 

Enfin ,  en  déterminant  la  distance  entre  Avedofiaco  et  Mediolcmum 
SanUmum^  la  table  marque  xiii  lieues  gauloises;  mais  nous  pou- 
vons rectifier  cette  erreur  de  copiste  avec  l'itinéraire  d'Antonin 
de  Burdigala  h  Augustodunum ,  qui  indique  la  distance  de  xvi 
lieues. 

Dans  l'embarras  oii  nous  laissent  des  chiffres  si  variés ,  conti- 
nuons notre  méthode  d'investigation  sur  le  terrain,  et  tâchons 
de  retrouver  la  direction  dé  la  voie  par  les  vestiges  qui  ont  été 
signalés  et  reconnus. 

L'Indicateur  du  diocèse,  d'accord  avec  la  carte  de  M.  Cor- 
nuau ,  nous  donne  très-exactement  la  direction  que  suivait  le 
chemin. 

Elle  sortait  à'Augustoritum  par  le  côté  des  Arènes,  et  prenait  à 
peu  près  la  direction  de  l'ancienne  route  d'Angoulême.  Elle 
côtoyait  le  clos  des  Carmes,  traversait  la  petite  rivière  de  TAu- 
rance,  passait  par  Les  Vases,  dans  la  commune  deVerneuil,  sur 
la  droite  de  Félix ,  sur  la  gauche  de  La  Merlhie,  chez  Caillaud, 
arrivait  sur  la  rive  de  la  Vienne,  près  des  moulins  de  La  Boi- 
lerie,  en  un  lieu  appelé  LaOabie.  M.  Alluaud,  notre  président, 
a  cru  reconnaître  les  tranchées  anciennes  qui  ont  été  faites  dans 
la  montagne  pour  faciliter  l'accès  du  pont.  L'abbé  Nadaud  a 
vu ,  en  4775,  des  traces  de  culée.  Aujourd'hui  les  pierres  encom- 
brent le  cours  de  la  Vienne  dans  cet  endroit,  et  paraissent  pro- 
venir de  l'ancien  pont  romain.  Une  fois  la  rivière  traversée,  la 
route  se  bifurquait  :  une  partie  se  dirigeait  vers  le  midi,  et  for-r 
mait  le  chemin  qui  descend  vers  Périgueux;  l'autre  continuait 
sa  direction  vers  Saintes.  Cette  curieuse  bifurcation ,  qui  se 
montre  encore  sur  le  sol ,  est  une  confirmation  du  tracé  quo 
nous  donne  la  Table  de  Théodose. 

Après  avoir  dépassé  la  Vienne ,  la  voie  de  Saîates  contiuuait 


VOIBIB  ROMAINE   EN   LlMOtSKN.  11 

m  direction  vers  Touest  en  passant  à  La  Ribière,  aux  Richards, 
à  la  tuilerie  de  Lavergne,  à  Airain  près  Cognac ,  à  La  Guerillerie 
ou  Ouérinerie  et  au  village  de  Julia  ou  Juliac,  commune  de 
Biennat;  puis,  après  avoir  passé  au  nord  de  Rochechouart,  elle 
sortait  du  département  de  la  Haute-Vienne,  gagnait  une  loca- 
lité appelée  Lonja ,  et  arrivait  à  la  station  de  Camnomagus,  qui 
n'est  autre  que  Ghassenon.  Les  fouilles  faites  à  Chassenon  ont 
fait  découvrir,  dans  ces  derniers  temps,  un  théâtre  et  un  temple 
gallo-romains.  Ainsi  Cassinomagus  est  une  de  ces  stations  qu'on 
ne  saurait  contester  :  c'est  de  tout  le  parcours  le  point  le  plus 
certain.  Nous  avons  suivi,  en  quelque  sorte  pas  &  pas,  ses  ves- 
tiges sur  toute  la  longueur  de  notre  département.  La  voie  était 
directe  vers  Touest ,  et  ne  faisait  pas  de  ces  longs  détours  de  nan 
ture  à  allonger  le  parcours  d^une  route.  Cette  certitude  d'avoir 
retrouvé  la  station  romaine  nous  engage  à  traiter  incidemment 
la  question  débattue  de  la  longueur  de  la  lieue  gauloise. 

Une  grande  difficulté  se  présente  pour  appliquer  aux  voies 
romaines  les  distances  marquées  sur  les  itinéraires  ou  sur  la 
Tablé.  LMnspection  des  lieues  gauloises  semble  présenter  un 
singulier  paradoxe,  et  la  science  archéologique  se  voit  presque 
dans  Tobligation  de  reconnaître  que  ta  distance  réelle  de 
quelques  stations  bien  certaines  ne  concorde  pas  aussi  exacte-r 
ment  quH)n  pourrait  le  désirer  avec  les  distances  marquées  sur 
les  documents  romains.  Le  président  de  la  Société  Archéolo- 
gique deLangres,  M.  Pistollet  de  Saint-Ferjeux ,  a  constaté 
que,  dans  le  pays  des  Lingons,  la  lieue  gauloise  avait  une 
longueur  de  3,445  mètres.  M.  le  marquis  de  La  Grange,  chaigé 
par  Son  Exe.  le  ministre  de  l'instruction  publique  de  présider  la 
réunion  des  sociétés  savantes  des  départements,  s'exprimait,  le 
44  avril  4863,  en  ces  termes  :  a  Un  fait  capital  a  été  démontré 
par  M.  Pistollet  de  Saint-Ferjeux,  c'est  que  le  pas,  unité  de  la 
césure  itinéraire,  n'a  point  été  partout  de  la  même  dipiension  ». 
Ce  que  disait  M.  le  marquis  de  Lagrange  avait  été  signalé  déjà 
par  Pline,  a  II  y  a  le  plus  souvent,  dit  Pline,  de  grosses  erreurs 
dans  lesmesureç,  soit  pour  l'Italie,  soit  pour  les  provinces,  par 
suite  de  Taugmentation  ou  de  la  diminution  que  l'on  donn^  à  la 
longueur  du  pas  (4).  » 

Cette  difficulté    avait    paru   très-sérieuse   aux  savants  du 

(1)  Magnos  errores  computatione  mensunc  sœpius  paret,  alibi  pro- 
vinciarum  modo,  alibi  itinerum  auctis  aut  diminutis  passibus. 


12  VOIUIE   nOMAlNR   BN   LIMOUSIN. 

xviir  siècle.  Ne  trouvant  pas  que  les  distances  de  deux  points 
parfaitement  connus  concordassent  avec  la  désignation  des 
milles  signalés  dans  les  itinéraires,  quelques-uns  en  avaient 
conclu  que  les  Romains  n'avaient  pas  d'unité  de  mesure  itiné- 
raire. Nous  ne  saurions  admettre  ce  système.  En  théorie,  nous 
serions  disposé  h  reconnaître  le  principe  que  la  lieue  gauloise  ne 
doit  avoir  que  2,220  mètres  ou  1,500  pas:  c'est  la  longueur 
légale;  mais  il  ne  paraît  pas  que  la  pratique  se  soit  toujours 
conformée  très-exactement  &  cette  mesure  légale. 

Je  crois  qu'il  n'y  a  rien  de  plus  difficile  à  détruire  par  le  rai- 
sonnement qu'un  fait  matériel  qui  se  touche,  qui  se  voit,  qui 
peut  se  mesurer.  Ce  qui  s'est  produit  dans  le  pays  des  Lingons, 
cette  exception  à  la  longueur  légale  observée  par  le  président  de 
la  Société  Archéologique  de  Langres,  se  reproduit  également 
dans  le  pays  des  Lémovikes.  Nous  allons  le  démontrer. 

La  distance  d'Augustoritum  k  Cassinomagus  est  marquée ,  dans 
la  Table  de  Théodose,  par  le  chiffre  xvii.  Il  ne  peut  y  avoir 
d'incertitude  sur  cette  distance  :  elle  est  admise  dans  toutes  les 
éditions  modernes  qui  ont  reproduit  les  distances  de  la  Table.  Or 
la  route  est  directe  vers  l'ouest;  seulement  il  faut  faire  la  part 
des  inégalités  de  terrain,  des  descentes  et  des  montées,  qui  ne 
sont  pas  rares  dans  notre  pays. 

En  faisant  avec  le  compas  le  mesurage  &  plat  sur  la  carte  de 
l'état-major  nous  avons  trouvé  38,700  mètres.  Or  38,700  mètres 
divisés  par  xvii  donnent  à  la  lieue  gauloise  une  longueur  de 
plus  de  2,276  mètres,  non  compris  les  inégalités  de  terrain  et 
les  détours  du  chemin  ;  ce  qui  lui  ferait  dépasser  2,300  mètres. 

La  démonstration  nous  paraît  complète  :  la  lieue  matérielle 
dépasse  la  lieue  légale.  Nous  nous  bornons  à  constater  le  fait, 
qui  contredit  la  théorie,  et  nous  regardons  comme  sensées  les 
paroles  prononcées,  en  4863,  au  Congrès  archéologique  de 
Saumur  par  M.  Godard-Faultrier  :  «  La  lieue  gauloise  vaut 
environ  2,300  mètres  :  je  dis  environ,  car  la  mesure  de  cette 
lieue  laisse  encore  à  désirer  sur  son  exactitude.  M.  PistoUet 
de  Saint-Ferjeux  la  porte  à  2,445  mètres,  et  d'autres  à 
2,468  mètres  33  cent.  ». 

Ainsi  admettons  la  théorie  de  la  lieue  gauloise ,  qui  devrait 
être  d'une  longueur  de  2,220  mètres  :  il  est  possible  qu'il  en 
existe  de  cette  longueur;  mais  ajoutons  qu'il  peut  en  exister  de 
2,415  mètres,  et  qui  dépassent  même  ce  chiffre. 

Comment  est-il  possible  d'expliquer  cette  étrange  diflFérence"? 


VOIRIE   ROMAINE   EN    LIMOUSIN.  13 

Nous  trouvons  ingénieuse  l'hypothèise  de  M.  Quîcherat ,  récem- 
ment nommé  membre  de  Tlnstitut  :  elle  est  indiquée  dans  la 
Bemie  du  Comité  impérial  des  trwaux  historiques  et  des  sociétés 
savantes.  Dans  un  article  intitulé  Nouvelles  observations  sur  la  lieue 
gauloise,  M.  Quicherat  paratt  avoir  donné  la  solution  du  pro- 
blème. Dans  les  temps  modernes ,  quand  les  agents-voyers 
veulent  faire  placer  les  bornes,  ils  emploient  pour  le  mesurage 
des  chaînes  de  fer,  qui  prennent  le  nom  de  décamètre.  Il  peut 
sans  doute  se  glisser  quelques  oublis  dans  la  pratique  ;  mais  ce 
mode  de  mesure  offire  des  garanties  sérieuses  pour  fixer  les  dis- 
tances. Nous  pensons,  avec  M.  Quicherat,  que  les  Romains  ne  se 
servaient  pas  de  chaînes  :  il  est  assez  présumable  qu'un  soldat 
choisi  dans  la  cohorte  faisait  un  certain  nombre  d'enjambées  qui 
faisaient  la  longueur  du  mille.  Ce  système  était  vicieux ,  car  les 
enjambées  peuvent  varier  de  longueur.  Il  est  bon  de  rapporter 
ici  l'expérience  qui  a  été  faite  par  M.  Quicherat  :  «  Je  m'assurai , 
dît-il,  du  pas  de  marche.  Je  constatai  que,  si  l'on  prenait  pour 
le  pas  le  mouvement  qui  porte  le  corps  deux  fois  en  avant,  on 
obtiendrait  fréquemment,  suivant  la  taille  du  marcheur,  des 
railles  de  1,480  ou  de  1,610  mètres,  par  conséquent  des  lieues 
deS,^0  ou  de  3, 41  â  mètres  ».  Les  différences  dans  les  lon- 
gueurs s'expliqueraient  ainsi  naturellement,  et  mettraient 
d'accord  les  partisans  des  deux  systèmes,  qui  semblent  se 
contrarier. 

Une  fois  arrivé  à  Chassenon ,  la  voie  romaine  dépasse 
les  limites  de  notre  département.  Notre  tâche  serait  donc  ter-* 
minée;  mais  nous  croyons  qu'il  est  utile,  pour  la  reconnais- 
sance des  stations  suivantes,  de  mentionner  les  vestiges  re-* 
connus  et  signalés  par  l'abbé  Nadaud  et  par  M.  Cornuau; 
car  nous  ne  nous  dissimulons  pas  les  difficultés  qui  exis- 
tent  pour  retrouver  la  station  de  Seranicomagus,  La  voie  passait 
donc  dans  le  bois  de  Péladie  et  sur  la  paroisse  du  môme 
nom,  pénétrait  dans  le  bois  de  Sangle,  dans  la  paroisse  de  La- 
pleau,  à  La  Péruse,  passait  au  pont  Ghaban,  qui  se  trouve 
plus  bas  que  le  pont  Sigoulan ,  h  Nieuil ,  &  Lussac ,  h  Celle- 
frouin  et  à  Mansle.  Ici  paraissent  s'arrêter  les  traces  que  constate 
M.  Cornuau.  L'abbé  Belley  prétend  que  la  voie  passait  à  Chermès, 
qui  serait  l'ancien  Seranicomago.  Suivant  son  mémoire ,  Sermom^ 
comagoy  car  c'est  ainsi  qu'il  l'appelle,  a  pris  par  abréviation  le 
nom  de  Sermagus  à  l'époque  du  moyen  âge.  Or  Chermès  semble 
la  traduction  de  Sermagm.  Il  cite  une  charte  remontant  à  1 17? 


H  VOIRIE   ROMAINE   EN    IJMOtjSlN. 

qui  démontre  qu'une  voie  romaine  passait  par  Chermès  :  Usque 
nu  Defes ,  et  deu  Defes  ad  viam  quœ  nomncUw  La  Chaucada,  Cette 
localité  est  toute  voisine  de  Chermès,  SoUus  (Salles),  JulUacum 
JuUi,  par  où  passait  la  voie  environnant  Chermès.  Il  semble 
donc,  si  Ton  admet  Topinion  de  Tabbé  Belley ,  que  la  voie  des 
Santons ,  après  avoir  gagné  Mansle ,  montait  jusqu'à  Chet^mès. 
Elle  devait  en  effet  remonter  jusqu'à  Avedonaco,  que  Ton  fiie 
généralement  à  Âunay.  D'Âunay  la  voie  montait  pat  Briou 
[Brigiosum)  et  par  Rom  (Rauranum)  à  Poitiers.  L'autre  branche 
devait  descendre  d'Âunay  vers  Limoges.  Ce  raisonnement  de 
Tabbé  Belley  a  bien  quelque  valeur  ;  mais  il  ne  suffit  pas  pour 
entraîner  une  certitude.  Aussi  nous  trouvons  une  opinion  diffé- 
rente dans  la  fixation  faite  par  le  baron  de  Walckenaër,  qui  dé- 
termine Seranicomagus  à  Saint-Jean^de^Ceris  ou  Manigossy.  Les 
chiffres  qu'il  admet  sont  xii  lieues  gauloises;  mais  ce  chiffre 
de  la  Table  ne  me  semble  pas  complet.  La  commission  de  la  topo- 
graphie des  Gaules  lit ,  à  la  manière  de  Tabbé  Belley,  Sefinanico- 
magus,  et  traduit  Chasseneuil  ?  avec  un  point  d'interrogation  il  est 
vrai  1  Devant  des  éléments  aussi  incertains ,  il  nous  est  imposible 
de  rien  affirmer.  Notre  seul  désir  était  de  faire  connaître  la  direc- 
tion de  cette  voie  par  ceux  qui  en  examinèrent  au  xviir  siècle 
les  vestiges. 

E.  BUISSON  DE  MAVERGNIEB. 


PLOMBS  HISTORIÉS 


TtlOUVés  DANS  LA  SEINB 


ENSEIGNES  DE  PÈLERINAGES 


MEREAUX  DE  CORPORATIONS 


INTÉRESSANT  DES  SAINTS  LIMOUSINS 


Suivant  un  Vieux  légendaire  de  Noblac,  le  saiiit  anachorète 
Léonard  ou  Liénard  aurait  échappé  par  la  fuite  au  massacre  de 
toute  sa  famille,  qui  était  du  sang  royal,  et  lui,  voulant  vivre 
inconnu  loin  des  hommes,  se  serait  retiré  en  Limousin  dans 
une  forêt  appelée  Panatensis.  Ayant  rendu  la  santé  par  ses 
prières  à  la  femme  du  seigneur  du  lieu,  Toparcha,  mourante 
par  suite  de  couches  difGlciles ,  il  obtint  des  deux  époux  tout  le 
terrain  qu'il  pourrait  parcourir  pendant  un  jour,  monté  sur  un 
ftne,  et  y  bfttit  des  maisons  pour  y  recevoir  les  nombreux  pè- 
lerins. Ce  fut  ainsi  que  comniença  la  ville  de  Noblac.  Léonard  y 
fonda  un  monastère ,  oii  il  était  invoqué  par  les  captifs ,  les  pri*^ 
sonniers  et  les  gens  chargés  de  chaînes.  Après  sa  mort,  l'église 
qui  renfermait  ses  reliques  était  remplie  d'ea^-t^oto ,  et  ses  murs 
couverts  de  toutes  les  variétés  de  chaînes  dont  l'auteur  latin  fait 
le  recensement  :   vincula,    ferrea,   manica,    torques,   compedes, 


16  PLOMBS   HISTORIÉS 

catenœ,  etc.  Saint  Léonard  était  donc  le  libérateur  des  prison- 
niers, et  les  femmes  en  couches  lui  étaient  particulièrement 
dévotes  :  aussi  voit-on  saint  Léonard  représenté  par  nos 
émailleurs  entre  une  femme  grosse  et  un  homme  enchaîné,  tous 
les  deux  à  genoux.  Il  est  revôtu  d'une  dalmatique  bleue,  semée 
de  fleurs  de  lis  d'or,  et  tient  à  la  main  des  menottes. 

Nous  conservons  dans  les  vitrines  de  notre  musée  une  enseigne 
de  ce  Saint  :  c'est  M.  Deleau ,  notre  correspondant  d'Orléans,  qui 
l'en  a  enrichi.  Cette  enseigne,  de  style  roman ,  représente  notre 
Saint  devant  un  b&timent  crénelé ,  encadré  des  deux  côtés  par 
deux  espèces  de  potences,  qui  servent  d'anneaux  pour  le  haut; 
il  y  a  deux  anneaux  ronds  dans  le  bas.  Saint  Léonard  semble 
relever  un  homme  nu  prosterné  à  ses  pieds;  de  grandes  menottes 
sont  attachées  au  mur.  Au-dessous  des  créneaux,  on  lit  : 
S.  Léonard. 

Avant  de  venir  en  Limousin ,  saint  Léonard  passa  quelque 
temps  à  Orléans  avec  son  frère  Lifard. 

Plaque  du  même  genre,  mutilée  dans  la  partie  gauche.  La 
crosse  du  Saint  partage  le  champ  en  deux.  Léonard ,  vu  de  face, 
a  la  tête  nimbée  et  le  corps  revêtu  d'ornements  sacerdotaux  ; 
d^evant  lui,  un  homme  à  genoux,  les  mains  jointes.  A  la  mu- 
raille sont  suspendues  des  chaînes  et  des  menottes.  Au-dessous 
des  créneaux,  chargés  d'ornements  très-simples,  on  lit  : 
Leonardi.  —  Trouvé  au  pont  d'Arcole,  en  4862,  à  Paris. 

Plaque  plus  étroite  et  plus  maltraitée  par  le  temps.  Le  Saint 
est  à  gauche,  avec  une  sorte  de  mitre  en  tête  et  une  étole;  il 
tient  la  main  gauche  élevée  ;  le  prisonnier  lui  tend  la  droite  ; 
dans  le  fond,  menottes,  chaînes,  ceps,  etc.  On  Vit  Léonard  sur 
une  bande  plate  entre  deux  filets.  —  Ce  plomb,  du  xv  siècle, 
a  été  trouvé  au  pont  Notre-Dame  en  1862. 

Des  personnes  plus  coxnpéten.t^  quQ  moi  em  architecture  voient 
dans  ces  enseignes  le  style  et  l'^rt  roman  sur  des  œuvres  limou- 
sines; elles  croient  y  reconnaître  des  é^li^es  fortifiées,  système 
de  construction  qui  se  prolongea  plus  long-temps  dans  nos  pro- 
vinces méridionales,  souvenirs  de  l'art  romain,  abandonné  beau- 
coup  plus  tôt  dai;ui  les  provinces  de  la  langue  d'oil.  Mon  opinion  est 
que  l'artiste,  un  peu  barbue,  a  voulu  simplement  représenter 
un  donjon  ou  une  prison.  La  délivrance  de  Richard  Cœur-de- 
Lion ,  captif  en  Autriche ,  célébrée  dans  nos  annales  comme  due 
à  l'intercession  de  saint  Léonard,  dut  augmenter  le  nombre  des 
dévots  à  ce  patron  des  prisonniers. 


TROUVÉS   DANS   LA   SEINE.  17 

Ce  n'est  pas  ici  le  lieu  de  faire  de  la  controverse,  et  je  suis  un 
pauvre  hagiographe  :  je  relèverai  pourtant  en  passant  les  con- 
tradictions des  légendaires.  Les  uns  font  massacrer  toute  la  fa- 
mille de  Léonard  par  Clovis,  à  la  fureur  duquel  il  n'échappe  que 
par  la  fuite  ;  les  autres  le  représentent  comme  parent  du  roi 
franc,  et  tout-puissant  à  sa  cour. 

Les  fruitiers  de  Paris  avaient  choisi  notre  saint  Léonard  pour 
patron  de  leur  corporation,  concurremment  avec  saint  Chris- 
tophe. 

Page  68 ,  médaillon  de  plomb.  —  Le  Saint  s'y  tient  debout,  la 
tête  nimbée,  brisant  les  chaînes  de  deux  captifs  prosternés  à  ses 
pieds  ;  dans  le  champ,  les  initiales  S.  L.,  et  un  fruit  suspendu 
au  bout  d'une  branche  et  ressemblant  à  une  orange  ;  au  revers  : 
dans  le  champ,  saint  Christophe,  armé  d'une  grande  branche 
d'arbre,  traverse  uq  torrent,  portant  l'Enfant  Jésus  sur  ses 
épaules;  à  droite,  un  homme  à  genoux  tient  une  lanterne;  à 
gauche,  une  aiguière  :  les  initiales  S.  X.,  signifient  Sanctus 
Xristophorus.  —  Ce  plomb,  du  xvi«  siècle ,  a  été  trouvé  au  Petit- 
Pont  en  1850. 

Les  fruitiers  de  Paris  célébraient  les  fêtes  de  ces  deux  patrons 
à  réglise  Saint-Bustache. 

Variété  du  même  médaillon.  —  Saint  Léonard,  la  tête  nimbée, 
vêtu  d'une  dalmatique,  tient  de  la  droite  les  fers  de  deux  captifs 
agenouillés  devant  lui;  les  initiale  S.  et  L.  Au  revers,  saint 
Christophe  seul ,  portant  le  Christ  enfant  et  les  initiales  S.  X. 

Méreau  du  xvi«  siècle,  trouvé  au  pont  Saint-Charles  en  4852. 

Page  70,  variété  du  même  médaillon.  -^  Saint  Léonard  tenant 
un  livre  et  un  fruit  entre  deux  captifs  agenouillés  ;  initiales  S. 
et  L.  —  Revers  :  saint  Christophe  portant  Jésus-Christ  ;  à 
gauche,  personnage  agenouillé >  et  les  initiales  S.  X.  —  Plomb 
du  xvr  siècle,  trouvé  au  pont  Saint-Michel  en  4852. 

Page  74,  médaillon  dentelé.  '—  Saint  Léonard,  la  tête  ceinte 
d'une  auréole ,  tient  un  livre  de  la  main  gauche,  et ,  de  la  droite , 
les  chaînes  dB  deux  prisonniers;  des  deux  côtés  de  la  tête  du 
saint  I  des  menottes.  —  Au  revers ,  saint  Christophe,  avec  sa  pré- 
cieuse charge ,  au  milieu  d'arabesques.  —  Plomb  du  même  siècle, 
trouvé  au  Pont-au-Change ,  en  4854. 

Un  très-beau  sceau  du  chapitre  de  Saint-Léonard  représente 
cet  anachorète  avec  les  menottes  dans  la  main  droite,  et  son 
livre  de  prières  pressé  sur  son  cœur.  Il  est  dans  une  niche  go- 


18  PrX)MBS  HISTORIÉS 

thique,  au-dessous  de  laquelle  se  voit  un  écussonaux  armes  des 
Dalesme. 

Nous  ne  croyons  pas  nous  éloigner  beaucoup  de  notre  sujet  en 
signalant  de  petits  ouvrages  d'argent  de  nos  orfèvres  limousins, 
statuettes  en  demi-bosse  avec  un  anneau  pour  les  suspendre  aux. 
chapelets.  Saint  Léonard  est  représenté  tenant  des  menottes 
d'une  main  et  un  fruit  de  l'autre. 

J'ai  vu  aussi  des  menottes  d'argent  très-finement  travaillées , 
surmontées  d'un  S.  et  d'un  L.  séparés  par  une  fleur  de  Us. 

Ces  jolies  figurines  d'argent  étaient  surmoulées  en  plomb 
pour  les  dévots  sans  fortune.  Nous  avons  sous  les  yeux  une 
sainte  Vierge  avec  l'enfant  Jésus;  plusieurs  saint  Pierre  portant 
les  clefs  du  paradis;  un  saint  Oérald,  comte  de  Limoges ,  suivant 
certaines  chroniques,  fondateur  du  prieuré  de  ce  nom,  l'an  4087; 
saint  Domnolet ,  aussi  comte  de  Limoges,  armé  de  pied  en  cap, 
avec  les  initiales  S.  A.  sur  son  bouclier,  son  nom ,  changé  en  celui 
d^Anolet,  étant  devenu  plus  familier  au  peuple  de  Limoges; 
saint  Loup,  ou  Lopèç,  gardien  du  sépulcre  de  saint  Martial  et 
son  ^G""  successeur;  saint  Gessateur  ou  Cessadre,  Ï9'  évêque  de 
Limoges;  sainte  Âffre,  martyre,  à  qui  on  dédia  une  église  en 
cette  ville  vers  le  vi'  siècle ,  chapelle  des  pénitents  blancs  et 
prieuré-cure  de  Saint-Julien-Sainte-AflFre  ;  saint  Roch  et  saint 
Sébastien,  sous  l'invocation  desquels  fut  fondée  une  confrérie, 
pendant  les  ravages  de  la  peste  ;  saint  François  de  Sales ,  les  bras 
ouverts,  fondateur  de  la  Visitation  :  à  la  base  on  lit  S.  FRS.; 
saint  Paul,  à  qui  une  église,  Saint-Paul-Saint-Laurent,  fut 
élevée  au  vi*  siècle,  qui  vient  d'être  démolie. 

J'ai  retrouvé  de  nombreux  médaillons  en  demi-bosse  exécutés 
en  argent  plein ,  ou  ciselés  à  jour  et  en  filigrane;  on  y  remarque 
des  saintes  faces  sur  un  fond  découpé  en  arabesques  ;  les  deux 
initiales  de  V Ave  Maria  en  monogramme  découpé  à  jours,  chargé 
d'une  couronne ,  et  orné  d'une  fleur  de  lis ,  des  saint-esprits , 
des  croix  de  formes  diverses. 

Monseigneur  saint  Martial ,  patron  de  cette  ville,  comme  di- 
sent les  vieux  titres,  figure  eu  diverses  façons  sur  ces  œuvres 
essentiellement  limousines. 

Grand  médaillon,  buste  du  saint,  mitre,  entouré  d'une  gloire 
et  d'une  légende  découpée  sur  le  fond  :  Sande  Martialis^  ora  pro 
ncbis. 

Autre  plus  petit:  même  buste,  dans  une  couronne,  ciselé  à 
jour;  les  cinq  pains  et  les  deux  poissons,  sons  légende,  etc.; 


TBOUVÉS    DANS   LA   SËINË.  19 

médaillon  plein,  buste  d'évêque  mitre,  vu  de  face;  initiales 
S.  A.  :  saint  Aurélien,  successeur  de  saint  Martial. 

Autre  :  saint  Boch,  debout,  avec  ses  attributs. 

Autre  :  buste  de  moine,  tête  ceinte  d'une  auréole,  initiales 
S.  F.,  que  j'explique  par  le  nom  de  saint  Faucher,  compagnon 
de  saint  Gaucher,  fondateur  du  prieuré  d'Aureil  vers  la  fin  du 
XI*  siècle,  comme  on  peut  le  voir  au  cartulaire  conservé  aux  ar- 
chives départementales  :  trois  pages  de  ce  cartulaire  ont  été 
écrites  par  saint  Gaucher. 

Une  dame  âgée ,  qui  possède  une  collection  d'Agnus  Dei  et  de 
divers  bractéates  d'argent  limousins,  a  eu  Tobligeance  de  me 
la  confier,  et  m'a  permis  de  remplir  la  lacune  causée  dans  mon 
travail  précédent  par  le  mauvais  procédé  du  détenteur  d'une 
collection  semblable. 

Denier  rond  :  dans  le  champ ,  voile  de  sainte  Véronique  relevé 
de  chaque  côté  par  un  ange;  la  sainte  face  est  empreinte  au  mi- 
lieu; autour,  quintefeuilles,  lis,  etc. 

*  Petit  carré  loDg ,  arrondi  par  le  haut,  dont  une  croix  occupe 
tout  le  champ  ;  ses  trois  bras ,  ornés  de  fleurs  de  lis ,  comme  sur 
certaines  monnaies  royales,  sont  inscrits  dans  un  cercle;  le  long 
de  la  croix,  les  branches  d'une  étole,  ou  d'un  scapulaire  orné 
de  petites  croix. 

Agnas  Dei  ovale  :  Jésus  sur  la  croix,  la  tête  penchée;  à  ses 
pieds ,  sa  sainte  Mère  et  Jean ,  son  disciple  bien-aimé.   ' 

Idem,  saint  Jean  TÉvangéliste  tenant  un  calice  à  la  main. 

Idem  y  plus  petit  :  dans  le  champ ,  l'agneau  de  saint  Jean- 
Baptiste,  patron  des  pénitents  blancs,  avec  une  croix  à  la 
quelle  est  suspendue  une  banderole. 

Idem,  saint  Martial,  debout,  mitre,  et  tenant  la  crosse  d'une 
main,  bénit  de  l'autre  sainte  Valérie  agenouillée  devant  lui; 
près  de  la  tête  du  saint,  les  initiales  S.  M.  [sancita  MariinUs)  \ 
près  de  celle  de  la  sainte,  8.  V.  (sonda  ValeiHa]  ;  à  côté  de  saint 
Martial,  une  table  sur  laquelle  est  un  cierge  allumé  dans  un 
chandelier. 

Autre  :  évêque  debout,  mitre,  crosse,  bénissant  de  la  droite; 
légende  :  Sa/ncte  Aureliane, 

Autre  plus  grand  :  variante  de  VAgnus  Dei  de  saint  Roch  :  le 
saint,  vêtu  en  pèlerin ,  grand  chapeau ,  grand  bftton  ;  un  ange 
touche  la  plaie  de  son  genou ,  et  son  chien  saute  en  flairant  sa 
panetière. 

Deux  variétés  de  saint  Léonard  dans  un  champ  semé  de 
fleurs  de  lis  ;  il  tient  des  menottes  et  un  fruit. 


âO  PLOMBS   HISTORIÉS 

Médaillon  rond ,  que  je  crois  rare  :  écu8son  des  armes  de  Id 
ville;  légende  en  majuscules:  domine  goncbrya  [sic)  nos  m 

PAGE. 

Autre,  muet:  les  cinq  pains  et  les  deux  poissons. 

A  la  collection  de  la  dame  est  joint  un  véritable  Agnus  Dd  des 
premiers  temps  :  il  est  en  cire,  de  la  largeur  d^un  écu  de 
cinq  francs.  Dans  le  champ,  un  buste  d'évéque,  entre  deux 
poissons;  autour,  les  cinq  pains  ronds;  le  tout  en  fort  relief  : 
jolie  petite  croix  de  Malte. 

Comme  bractéate  inédite ,  j^en  ai  remarqué  une  qui  porte 
cette  légende ,  autour  d'un  Saint-Esprit  :  Venit  santé  SfdrittÂS , 
pour  VenifSancte  SpirittAS. 

Un  denier  très-mince  porte  une  croix  à  branches  égales ,  ter- 
minées par  des  fleurs  de  lis;  les  quatre  angles  sont  cantonnés 
chacun  par  un  cœur,  et,  en  légende,  deniers  pour  épouser,  en- 
tourés d'un  grainetis. 

Ces  petits  ouvrages  d'orfèvrerie  ne  sont,  en  quelque  sorte, 
que  des  opuscules  auprès  des  grands  travaux  de  nos  orfèvres 
des  XVI*  et  xvir  siècles ,  les  Blanchard ,  Boisse ,  Brun ,  Cailhe , 
Guimbert  ou  Guibert,  Jehan  Indot,  les  Mouret,  Le  Maget  et  Le 
Massis,  Pinchaud,  Pinot,  Poche,  les  Reymond,  Roumanet, 
Teyssandier,  les  Tillet,  Yvert,  Jean,  etc.,  dont  les  riches 
joyaux,  les  croix,  calices,  custodes,  candélabres,  bourdons, 
encensoirs,  panonceaux  furent  pourtrcdts  de  la  main  des  émail- 
leurs,  leurs  confrères,  sur  les  pages  en  velin  du  livre  de 
comptes  et  recettes  de  la  confrérie  du  Saint^acrement  de 
Sai  n  t-Pierre-  d  u-Quey  roi  x . 

Tous  ces  chefs-d'œuvre  ont  disparu  :  il  reste  encore,  entre  les 
mains  de  M.  Eugène  Ârdant,  un  grand  panonceau  d'argent 
repoussé  et  ciselé ,  sur  lequel  figurent  deux  anges  adorateurs 
devant  un  Saint-Sacrement.  Les  détails  en  sont  fort  curieux  : 
on  y  lit  la  légende  Sola  fides  sufficit,  et  la  date  4602,  au  bas  de 
l'écusson  de  l'orfèvre  qui  le  fit.  Cet  écusson  est  composé  d'un 
chevron  entre  deux  roses  quintefeuilles ,  et  d'un  cœur  placé 
au-dessous  ;  deux  palmes  en  forment  les  supports. 

Ces  petits  ouvrages,  dirons-nous,  n'en  sont  pas  moins  des- 
monuments historiques  des  usages  et  coutumes  du  Limousin,  et 
des  habitants  de  Limoges  en  particulier. 

Si  l'on  pouvait,  comme  on  l'a  fait  à  Paris  dans  la  Seine,  et  an 
lac  du  Bourget  près  Chambéry,  faire  fonctionner  une  machine  à. 
draguer  dans  la  Vienne,  seulement  entre  le  pont  Saint-Étienne 


TROUVÉS   DANS   LA   SEINE.  21 

et  le  pont  Saint-Martial ,  je  ne  doute  pas  qu'on  ne  recueillît 
bien  des  objets  précieux  ;  mais ,  la  Société  ne  pouvant  faire  cette 
dépense,  l'administration  municipale  n'en  ferait  pas  les  frais, 
parce  qu'il  n'y  aurait  là  qu'un  intérêt  purement  scientifique. 

Maubicb  ABDâNT, 

ArchiTistc  de  la  Uaate- Vienne ,  officier  d'acad<5inic. 


Limoges ,  le  12  août  1863. 


PRIVILÈGES 


DE    LA  VILLE    DE     LIMOGES 


VIDIMUS  GÉNÉRAL 


DONNÉ  PAR  LE  ROI  HENRI  II 


AU  MOIS  DE  JUILLET  1555 


A   SAINT-GERMÀIN-EN-LAYE    i 


{Extrait  de  la  MHiothèque 4$  M.  Nivet-^Faniaubert.) 


Henry,  par  la  grâce  de  Dieu ,  roy  de  France ,  à  tous  presens 
et  à  venir  salut.  Savoir  faisons  nous  avoir  receu  Thumble  sup- 
plication de  noz  chers  et  bien  amez  les  consuls,  manans  et 
habitans  de  nostre  ville  de  Limoges,  contenant  que  nos  anciens 
prédécesseurs  roys  de  France ,  pour  bonnes ,  justes  et  raison- 
Ci)  Cette  pièce  a  été  communiquée  par  M.  Nivet-Fontaubert ,  dont  la 
bibliothèque,  précieuse  surtout  au  point  de  vue  limousin,  contient  une 
foule  de  documents  en  partie  inédits.  La  plupart  des  pièces  qui  se 
trouvent  rapportées  ici  ont  été  imprimées  ailleurs ,  notamment  dans  le 
Recueil  des  ordonnances  des  rois  do  la  3«  race<  Il  a  paru  néanmoins  utile 
de  les  réunir  dans  le  Bulletin  de  la  Société. 

(  Note  du  Comité  de  rédaction.) 


PRIVILEGES   DB   LA   VILLE   DE  LIMOGES.  23 

nables  causes,  leur  oroient  octroyé  et  successivement  confirmé 
plusieurs  beaux  privilèges,  exemptions,  libertez,  preeminances, 
auctoritez  et  autres  facultez  à  plain  contenues  es  Chartres  sur  ce 
décernées,  lesquelles  feu  nostre  très  honnoré  seigneur  et  père  le 
roy  dernier  decedé  leur  auroit  confirmées ,  et  ieelles  faict  trans- 
cripre  et  insérer  dedans  ses  lettres  de  confirmation  sur  ce 
décernées  en  forme  de  chartre ,  lesquelles  auroient  après  este 
deuement  entérinées ,  et  depuis  nostre  advcBement  à  la  couronne 
par  nous  confirmées  et  auctorisees ,  comme  plus  à  plain  il  est 
contenu  tant  en  noz  lettres  de  confirmation  que  en  certaines 
autres  lettres  de  déclaration  sur  ce  par  nous  décernées  ausd. 
supplians ,  que  aussi  es  actes  et  procédures  faictes  sur  l'entéri- 
nement de  nosd.  confirmation  et  déclaration  :  et  parce  que  lad. 
chartre  de  nostred.  feu  S**  et  père  en  laquelle  sont  transcriptes  les 
autres  anciennes  Chartres  de  nosd.  prédécesseurs  commance  estre 
fort  ancienne,  et  pour  avoir  este  ci-devant  pour  les  affaires 
qu'on  en  a  eu  souvent  ouverte  et  maniée ,  le  parchemin  d'icelle 
en  est  tellement  aflFoibîy  qu'il  se  pourroit  facilement  rompre  en 
plusieurs  endroitz ,  et  que  aussi  il  est  et  pourra  encore  cy  après 
estre  besoing  et  nécessaire  ausd.  supplians  exhiber  et  produire 
en  plusieurs  jugemens  et  autres  divers  lieux,  lesd.  Chartres  se 
pourroient  en  ce  faisant  effacer,  déchirer,  rompre  et  autrement 
gaster  en  façon  que  la  preuve  desd.  privilèges,  libertez, 
exemptions,  authoritez  et  autres  facultez  desd.  supplians 
pourroit  périr  à  leur  très  grand  préjudice  si  par  nous  ne  leur 
estoitsur  cepourveu.  Nous,  à  ces  causes,  désirant  les  Chartres 
par  nosd.  prédécesseurs  à  iceulxd.  supplians  octroyées  sortir 
perpétuellement  leur  plain  et  entier  effet,  et  sur  ce  leur 
pourveoir  de  remède  convenable  pour  la  conservation  de  la 
preuve  d'icelles,  avons  lesd.  Chartres,  confirmations,  déclara- 
tion et  entérinement  d'icelles  et  autres  procédures  sur  ce  inter- 
venues faict  transcrire  et  de  mot  à  mot  insérer  es  présentes  en  la 
teneur  que  s'ensuyt  : 

François,  par  la  grâce  de  Dieu  roy  de  France,  savoir  faisons 
à  tous  presens  et  à  venir  nous  avoir  receu  l'humble  supplication 
de  noz  chers  et  bien  amez  les  consulz ,  bourgeois ,  manans  et 
habitans  de  nostre  ville  et  chastau  de  Limoges,  contenant  que 
par  ci-devant  et  despieca,  pour  plusieurs  bonnes,  justes  et 
raisonnables  causes,  en  consideracion  mesmement  des  grandz, 
bons ,  loiaux  et  agréables  services  que  lesd.  supplians  ont  faictz 
à  noz  prédécesseurs  roys  de  France ,  et  pour  la  grande  amour 


24  PRIVILÈGES  db;  la  ville  de  limoges. 

et  fidélité  qu'ilz  leur  ont  toujours  portée ,  iceulx  noz  prédéces- 
seurs leur  ont  donne  et  octroie  plusieurs  beaux  privilèges, 
costumes,  libertez,  exemptions  et  franchises  pour  le  bien, 
avancement  et  augmentation  de  leurd.  ville  et  château ,  et 
iceulx  leur  ont  faict  expédier  lettres  patentes  en  forme  de 
Chartres ,  desquelles  la  teneur  s'ensuyt  : 

Karolus,  Del  gracia  Franeorum  rex,  notum  facimus  universis  presenti- 
bus  et  futuris quod  nos,  attendantes  quod  villa seii  castrum  Lemovicensis 
quam  dilecti  et  fidèles  nostri  consules  et  habitatores  ejusdem  qaantum  ad 
superioritatem  et  ultimum  ressortum ,  in  eisdem  habita  noticia  nostri juris 
et  Justicie ,  nostre  obediencie  submiserunt ,  sue  fidelitatis  constanciam  erga 
nos  ostendentes»  in  nostris  fronteriis  situantur,  ex  quibus  gracia  et  favore 
regiis  dignes  censemus  eosdem;  quapropter,  cum  opporteat  prefatos  con- 
sules et  habitatores  onera  multa  subire ,  tam  propter  reparationem  clau- 
sure,  fortificationis  etcustodie  ejusdem  ville  quam  propter  reparationem 
pontium  viarumque ,  itinerum  ac  fonctium  et  alianim  necessitatum  com- 
munium  dicte  ville,  que  absque  régis  provisione  supportare  nequirent, 
eisdem  concessimus  et  donamus  atque  concedimus  perpétue  de  nostri  spé- 
cial! gratia,  authoritate  regia  et  nostre  potestatis  plenitudine,  ut  ipsi 
consules  et  habitatores  modemi  et  sui  sucoessores  qui  pro  tempore  fue- 
rint,  soquetwn  vifd,  videlicet  duodecimam  partem  totius  vini  quod  ven- 
detur  ad  detalium  in  oastro  predicto  et  castellania  (^'usdem,  necnon  et 
impositionem  quatuor  denariorum  prolibra  ex  quibuscumque  mercimoniis 
et  rébus  emendis  et  vendendis,  vel  minori  summa  prorata,  ibidem  im- 
ponere,  levare  et  percipere  possint  et  valeant  perpétue  paciflce  et  quiète, 
quotiens  et  dum  eis  plaoaerit,  prodictis  oneribus  supportandis  et  aliis 
nécessitât ibus  communibus  dicte  ville,  ex  ampiiori  gratia  volentes  et 
concedentes  eisdem  et  suocessoribus  eorumdem  ut  quamquam  a  percep- 
cione  dicti  soqueti  et  imposttionis  vel  alterius  eorumdem  per  aliqua  tem- 
pora  cessaverint  seu  cessare  contingerint,  ipsi  tamen  consules  et  habita- 
tores et  eorum  sucoessores  possint  soquetum  et  impositionem  hujosmodi 
sua  propria  authoritaté  et  absque  ulteriori  réquisitions  nostre  licencie 
vel  successorum  nostrorum  vel  consensus,  insimul  vel  vicissim,  prout  ab 
ipsorum  perceptione  cessaverint ,  iterum  imponere  et  levare  ad  sue  bene- 
placitum  voluntatis  ;  nos  igitui:,  pro  nobis  et  successorlbus  nostris ,  licen- 
tiam  imponendi  et  levandi  dictum  soquetum  et  impositionem  nunc  et  post 
cessationeset  interruptiones  levationis  eorumdem  quotiens  et  prout  eis  et 
eorum  suocessoribus  plaeuerit ,  ex  nunc  concedimus  de  gracia  et  autho- 
ritaté predicta,  -decernentes  ex  liberiori  nostra  gracia  quod  si  de  oneribus 
seu  necessitatibus  predictis  unun^  vel  plures  cessaient  aliqualiter  in  futu- 
rum,  nichilominus  prefati  consules  et  habitatores  et  eorum  sucoessores 
nostra  presenti  gracia  uti  valeant  perpétue  pacifiée  et  gaudere  prout  ante, 
nonobstantibus  quibuscumque  litteris  in  contrarium  impetratis  seu  etiam 
impetrandis  quas  ex  nunc  decemimus  esse  nullius  efflcacie  seu  valoris , 
nolentes,  quinimo  flrmiter  inhibentes  perpétue  pro  nobis  et  suocessoribus 
nostris  ipsos  consules,  habitatores,  présentes  et  futuros,  seu  eorum  ali- 


PRIVILKGKS   DR   LA    VILLB   DE    LIMOGES.  25 

qucm  ad  reddendum  de  commodis  et  emolumentis  dictorum  soqueti  et 
impositionis  compotum  quamcumque  compelli,  neque  compotuxn  de  pre* 
dictis  nobis  aut  successoribus  nostris  aliqualiter  reddere  teneantur. 
Qaapropter  damua  tenore  presentium  in  mandatis  omnibus  et  singulîs 
justiciariis  et  offlciariis  nostris  presentibus  et  futuris  et  eorum  locate- 
nentibus  et  eorum  cuilibet,  ut  ad  eum  pertinuerit,  quatenus  dictes  con* 
suies  et  habltatores  et  eorum  successores  nostra  presenti  gratia  utl 
fociant  et  gaudere  perpetuo  pacifiée  et  quiète ,  non  molestantes  seu  mo- 
lestari  permittentes  eosdem  in  contrarium  aut  turbari ,  volentes  ex  ve^ 
riori  nostra  gratia  transcriptoautentiquo  seu  copie  presentium  litterarum 
fidem  plenariam  in  judiciis  et  extra  sicut  et  originalibus  adhiberi.  Quod 
ut  firmum  et  stabile  perpetuo  perseveret ,  sigillum  nostrum  his  presen- 
tibus litteris  duximus  apponendum.  Datum  Parisiis,  vicesima  sexta  die 
mensis  decembris,  anno  Domini  millésime  trecentesimo  septuagesimo 
primo ,  et  regni  nostri  octave. 

Ainsi  ngné  sur  le  reply  desd.  lettres  :  Per  regem  :  Tabari. 

Karolus,  Del  gratia  Francorum  rex.  Regalis  providentia  ad  subditorum 
tranquilitatem  et  pacem  deducens  sue  consideracionis  intuitum ,  propter 
utîlitAtem  rei  publioe  quam  private  censet  utique  preferendam,  recte 
existimat  aliqua  quandode  ileri  que  essent  alias  non  factura.  Notum 
itaque  facimus  universis  presentibus  et  futuris  quod  cum  dilecti  nostri 
consules  et  habitatores  ville  seu  castri  et  castellanie  Lemovicensis,  quos 
dare  memorie  charissimus  dominus  genitor  noster  per  tractutum  con- 
cepte  concordie  in  ter  Ipsum,  ex  parte  una,  et  Edward  u  m  Ânglie,  ex 
altéra,  dicti  Edwardi  obedientie  et  subjectionisubmisit,  qui ,  rupto  fédère 
pacis  et  concordie  juramento  vallate,  guerram  nobis  noviter  suscitavit, 
habita  per  eosdem  consules  et  habitatores  noticia  nostri  juris  et  justicie 
in  hujusmodi  facto  guerre,  se  et  villam  seu  castrum  et  castellaniam  pre- 
dictos  nostre  submiserunt  obediencie ,  nobis  et  nostris  successoribus  ut 
fidèles  subditi  servituri,  desiderabiliter  affectantes  sub  nostro  imme- 
diato  dominio  perpetuis  temporibus  remanere,  nos,  attendentes  laude 
dignum  dictorum  consulum  et  habitatorum  in  hoc  parte  proposttum 
processisse  ex  fervore  dilectionis  et  amoris  quos  ad  nos  et  predecessores 
noetros  decursis  tempOribus  habuerunt,  considérantes  insuper  quod  ex 
submissione  predicta  immeixsa  nobis  et  reipublice  regni  nostri  provenit 
utilitaa  et  adhoc  rebelem  vicinam  patriamaquirendam,  facultas,  aliis- 
que  justis  consideracionibus  utilitatem  ejusdem  reipublice  concernentibus 
excitHti ,  cupientes  suo  desiderlo  complacere  ut  ferventius  in  suo  fidelitatis 
coDstancta  persévèrent,  villam  seu  castrum  et  castellaniam  predictam 
cum  omnimoda  jnrisdictione  alta,  média  et  bassa,  mero  et  mixto  imperio, 
universisque  et  singulis  censibus,  redditibus,  peagiis,  domibus,  molen^ 
dinis  et  quadam  mota  sive  flatea  sita  super  duo  stagna  dicte  ville ,  nec 
non  aliis  proprietatlbus  rebusque  aliis  uuiversis  quos  et  quas  charissima 
eonsanguinea  nostra ,  Johauna ,  ducissa  Britaûnie ,  uxor  quondam  charis- 
sima consanguinti  nostri,  Karoli  de  Blesis,  ducis  Britannie,  in  predictis 
dieit  et  asserit  se  habere ,  dominio  nostro  et  corone  nostro  Francie  immé- 
diate unimus  annectimusct  adjungimus,  unitasque  et  annexas  perpetuo 


26  PRIVILÈGES   DE   LA   VILLE   DE   LIMOGE^. 

tenore  presentium  esse  decemimus  et  etiam  ordinamus,  pro  nobis  et 
successoribus  nostris  in  futurum,  ex  nostris  certascientia,  authoritatc 
regia  et  nostre  potestatis  plenitudine  et  gratia  spécial! ,  efficientes  dictos 
consules  et  habitatores  modernes  pariter  et  futures  nostros  et  successo- 
mm  nostrorum  immédiates  subditos  perpétue ,  absque  eo  quod  ab  eodem 
dominio  seu  corona  Francie  et  immediata  ipsius  subjectione  et  dominio , 
titulo  donationis,  partagii,  translationis  seu  transport!  in  quacumque 
persona  cujusque  conditionis  aut  status,  aut ratione  reformande  pacis  vel 
alterius  cujuscunque  tractatus  alio  vel  quovis  titulo,  necessitate  vel 
commodo,  possit  aut  valeat  uUo  unquam  tempore  disjungi ,  amoveri  seu 
etiam  separari ,  dictosque  consules  et  habitatores  et  eorum  sucoessores 
ad  versus  quoscunque  petentes  vel  petituros  Jus  aliquod  immédiate 
subjectionis,  Juridictionis,  meri  et  mixti  imperii  et  obediencie  ac  omnium 
et  singulorum  premissorum  in  eosdem  defendimus  nostris  propriis 
sumptibuset  expensis,  et  ex  nunc  protunc  onus  defensionis  hujusmodi 
in  nos  pro  nobis  et  successoribus  nostris  assumimus  per  présentes ,  eo 
tamen  adhibito  moderamine  quod  dictis  consulibus  habitatoribus  et 
eorum  successoribus  propter  unionem  et  adjunctionem  hujusmodi,  in 
eorum  Juridictione,  franchisiis,  consuetudinibus  ac  libertatibus  et  aliis 
Juribus  quibuscunque  nuUum  prejudicium  glgnetur,  recompensationem 
debitam  Juris  hujusmodi,  siquid  prefateconsanguinee  nostre  pertinuerit, 
impensarii  de  hommagii  insuper  dicte  ville  seu  castri  et  castellanie  quod 
religiosi  abbas  et  conventus  ecclesie  sancti  Marcialis  Lemovicensis  pre- 
tendunt  ad  eamdem  ecclesiam  pertinere,  recompensationem  congruam 
faciemus,  prout  ratio  suadebit,  sic  quod  dicti  consules  et  habitatores 
superiorem  alium  prêter  nos  cognoscere  non  habebunt,  sed  de  his 
omnibus  remanebunt  perpétue  paciflci  et  securi.  Que  omnia  et  singula 
premissa  tenere  et  teneri  et  compleri  facere  perpétue  promittimus  bona 
fide  et  Juramus  tactis  sacrosanctis  evangeliis,  et  ad  ea  tenenda  firmiter 
et  inviolabiliter  observanda  nos  et  successores  nostros  teneri  volumus ,  nos 
que  et  Ipsos  obligamus  per  présentes  cunctis  temporibus  dnraturas. 
decernentes  ex  nunc  pro  tune  quicquid  per  nos  aut  ipsos  vel  eorum 
alterum  secus  factum  fuerit  viribus  omnlno  carere ,  volentes  ex  uberiori 
nostra  gratia  transcripto  autentiquo  seu  copie  presentium  litterarum 
Ûdem  plenariam  in  Judiciis  et  extra  sicut  et  originalibus  adhiberi.  Quod 
ut  Ûrmum  et  stabile  perpétue  perseveret,  nostrum  presentibus  litteris 
fecimus  apponi  sigillum.  Datum  Parisiis,  in  hoepitionostro  juxta  sanctum 
Paulum,  xxviiia  decembris,  anno  Domini  millésime  trecentesimo  septua- 
gesimo  primo,  et  regni  nostri  octave. 

Ainsi  signé  sur  le  reply  desd.  lettres  :  Per  regem  :  Tâbary. 


Charles,  par  la  grâce  de  Dieu  roi  de  France,  savoir  faisons  à 
tous  présens  et  à  venir  que  Nous ,  qui  très  grandement  nous 
reputons  estre  tenuz  à  nos  amez  et  feauls  les  consulz  et  habitans 
de  nostre  chastel  de  Lymoges  pour  les  bons,  loiaulx  et  agréables 
services  qu'ilz  ont  faictz  à  nos  prédécesseurs  et  à  nous  au  temps 
passe  et  pas  cspccial  naguercs;  car,  pour  cause  de  la  souve- 


PRIVILEGES   DE   LA   VILLE   DE   LIMOGES.  37 

raineté  et  ressort  que  nous  avons  eu  la  duché  de  Guyenne,  ils 
se  sont  submis  en  nostre  obéissance,  et  nous  ont  recogneu  à 
leur  souverain  seigneur,  et  espérons  aussi  quMlz  nous  facent  un 
temps  advenir  de  bien  en  mieulx ,  et  aussi  pour  le  profict  et 
bien  publicque,  en  sur  ce  très  grand  ad  vis  et  très  bonne  déli- 
bération de  ceulx  de  nostre  lignaige  et  autres  de  nostre  condeil , 
avons  ausd.  consulz  et  habitans  de  notre  chastel  de  Lymoges  et  h 
leurs  successeurs  donné,  octroie  et  délaissé,  donnons,  octroion» 
et  délaissons  par  ces  présentes,  de  nostre  authorite  royale  et 
plaine  puissance ,  de  grâce  spéciale  et  certaine  science ,  à  tou- 
jours, héritai lement  et  perpétuellement  le  chnstel  et  chastellenie 
de  Lymoges  et  toutes  ses  appartenances  et  appendences,  juris- 
dictions  haute ,  basse  et  moienne ,  mère  et  mixte ,  impere ,  cens , 
rentes,  revenuz,  péages,  maisons,  molins  et  la  mote  qui  est  sur 
les  deux  estangs  du  chastel  de  Lymoges,  et  autres  proprietez, 
droîctz ,  debvoirs  et  autres  choses  que  nostre  très  chère  et  amee 
cousine  Jehanne,  duchesse  de  Bretagne,  jadiz  femme  de  nostre 
très  cher  cousin  Charles  de  Bloys,  duc  de  Bretagne,  et  ses  en- 
fans  ou  autres  ayans  cause  d*eulx  ou  d'aucun  d'eulx ,  ayent  ou 
pourroient  avoir,  demander  ne  réclamer  en  aucune  manière  aud. 
chastel  et  chastellenie  de  Lymoges  et  leurs  appartenances  et 
contre  les  consulz  et  habitans  d'icelle  ville  de  Lymoges,  sans  y 
rien  retenir;  et  parmy  ce  led.  chastel  et  chatellenye,  ensemble 
toutes  ses  appartenances  et  appendences  dessusd.,  leur  avons  dé- 
livré et  délivrons  par  ces  présentes,  et  pour  ce  leur  avons  promis 
et  jure  sur  les  sainctes  évangiles  de  Dieu,  promettons  et  jurons 
que  par  nous  et  nos  successeurs  ne  demanderons  ou  reclame- 
rons, ferons  demander  ou  reclamer  avoir  aud.  chastel  et  chas- 
tellenye  ne  autres  choses  dessusd.  ou  aucunes  d'icelles  autrement 
que  dict  est ,  mais  les  garentirons  et  défendrons  envers  tous  et 
contre  tous,  et  par  especial  envers  nostred.  cousine,  sesd.  en- 
fants ou  autres  aians  cause  d'eulx ,  de  tous  empechemens,  dom- 
maiges,  destourbiers,  pour  guerre  ne  autrement  en  quelque 
manière  que  ce  soit ,  et  des  maintenant  pour  lors  et  pour  lors 
des  maintenant  nous  en  deschargeons  lesd.  consulz  et  habitans, 
et  nous  chargeons  de  la  tuition  et  défense  fere  entièrement  à  noz 
propres  coutz ,  frais,  mission  et  dépens;  et  d'abondant  les  choses 
dessusd.  et  chacune  d'icelles  tout  en  la  forme  et  manière  que  dé- 
claré est  nous  promettons  fere  ratifier  toutefois  que  besoing  sera 
et  requis  en  gérons  par  lesd.  consulz  et  habitans  de  lad.  ville  à 
nostred.  cousine  et  à  ses  onfans,  et  sur  ce  ausd.  consulz  et  habi- 


28  PRIVILÈGES  DB  LA    VILLE  DE  LIMOGES. 

tans  ou  à  leurs  successeurs fere  octroyer  lettre  par  notred.  cousine 
ou  sesd.  enfans  ou  successeurs,  ou  autres  qui  d^eulx  auront  cause 
ou  aucun  d^eulx.  Et,  pour  ce  fere  et  accomplir  de  poinct  en 
poinct  selon  ce  que  dessus  est  dict ,  sans  enfraindre  en  quelque 
manière  que  ce  soit,  nous  promettons  et  jurons  sur  sainctes 
évangiles  de  Dieu,  pour  nous  et  noz  successeurs,  tenir  les 
choses  dessusd.  fermes  et  estables  à  toujours  perpetuelement.  Si 
donnons  en  mandement  par  ces  présentes  à  nos  amez  et  feaulx 
les  gens  de  nos  comptes  à  Paris ,  à  nostre  seneschal  de  Lymosin 
qui  est  ou  sera  pour  le  temps,  et  à  tous  autres  justiciers, 
officiers  et  subjectz  de  nostre  royaume  presens  et  advenir,  et  à 
chascun  d'eulx  ou  à  leurs  lieuxtenans  que  contre  la  forme  et 
teneur  de  ces  présentes  ne  procèdent  ou  se  ingèrent  de  procéder 
eu  aucune  manière  au  contraire.  Ausquelles,  pour  ce  que  ce  soit 
ferme  chose  et  estable  à  tousjours,  nous  avons  faict  mectre 
nostre  grand  seel,  et  les  avons  faict  bailler  ausd.  consulz  et 
habitans.  —  Donne  à  Paris,  en  nostre  hostel  de  Sainct-Pol,  le 
second  jour  de  janvier  l'an  de  grâce  mil  trois  cens  soixante 
unze  et  de  nostre  règne  le  huictiesme. 

Ainsi  signé  sur  le  reply  desd.  lettres  :  Par  le  roy  :  Tabart. 


Karolufi,  régis  Francorum  ÛliuSi  regnum  regens,  Delphlnus  Vien^ 
nensis,  dux  Bicturie  et  Turonie,  comesque  Pictavie,  notum  fbcimus 
universis  presentibus  et  futuris  quod  cum  nuper  ad  Aquitanie  portes  nos 
duxerimus  transferendos  et  apud  castrum  Lemovloense  noviter  advene- 
rimus,  loci  consulum  et  habitanttum  virtutem  animosantque  industriam 
et  fidelitatis  famam  eo  prestantius  anime  concepimus,  cum  Yidimus 
coulis  variisque  testimoniis  eorum  constantia  apud  nos  efficaciter  extitit 
comprobata  manef  gestorum  memoria  dicta  que  confirmât  efféctus  (sic)  : 
nam  et  illud  memorabile  eastnun,  olim  famosissimum ,  nunc  vero 
pristine  virtutis  conservateque  virilltatis  non  dégénérât  a  tramite,sed 
habitantium  titulis  perseveranter  insignitum  sub  regali  obedientia  cens- 
tantissime  perduravit,  et  cum  guerrarum  incursibus  undique  constrin- 
gantur  exterius,  pacem  tamen  interius,  communem  defensionem  et  ordi- 
natissima  sue  communitatis  gubemacula  soliciti  pcrquirunt ,  induxerunt 
hec  et  alla  magnanimitatis  opéra  felicis  recordationis  avum  nostrum  . 
Karolum,  regem  inclitum,  ut  castre  illi  singulariter  afficeretur,  sed 
causam  specialem  adjecit  commendabilis  operis  exhibicio  et  Ûnnate 
subjectionis  sincera  soliditas,  cum  enim  regio  jussu  manibus  exteris  se 
submisissent,  proprio  visu  patriam  régi  ditioni  iterum  submiserunt  : 
meruit  tanta  Ûdes  inviolabile  premium  quod  etiam  regia  liberalitas  non 
fraudavit  cum  castrum  illud  régie  corone  majestas  regia  sentiit  insepera- 
biliter  adjungendum,  ipsosque  consules  et  cohabitatores  tanta  preroga- 
tiva  donavit  ut  justiciam  inter  sucs  burgcnscs,  cohabitatores  et  eoncas-» 


PlUVILÉGES   I)B   LA    VILLB   DE   LIMOGBS.  Sd 

tellanos,  sub  régla  potestate,  sui  tamen  authoritate  consulatus,  exer-^ 
cerent ,  quod  adeo  in  tanta  diligentia  publicisque  affectibus  ministrare 
curaverunt  ut  locus  ille  insignis  ab  hostibus  circumvîcinis  preservatus 
sit  slcque  prosperavit  et  Domino  concedente  prosperetur  [sic).  —  Hoc 
intuentes  Tironimque  consulum  animos  volentes  per  amplius  ad  virtutis 
opéra  stimtilare,  nostre  ]iberalitatis  aliquod  preclpuum  munus  elsdem 
duximus  reliquendum.  Ideo  voluimus  et  concessimus  »  yolumusqae  et 
concedimus  de  gratla  speciali  et  authoritate  régla  qua  fungimur,  eisdem 
consulibus  preteritis,  presentibus  et  futuris»  in  decus  augmentumque 
honoris  ipsius  consulatus  et  loci ,  burgrensium  et  cohabitantium  favorem , 
ut,  velut  quod  {sic  :  quoddam?)  noblUtatis  signo  per  nos  ipsîs  relicto, 
quicumque  eodem  in  Castro  consulatus  officio  fUerant,  sunt  et  erunt 
insigniti ,  feoda  nobilia  quecumque  possint  acquirere»  possidere  pariter  et 
tenere  velut  nobiles ,  libère  et  absque  reprehensione  aut  redemptione  seu 
difficultatequacumque,  quos  ad  hoc  tenore  presentium  ex  nostra  certa 
scientia  habillltatimus,  illique  offlcio  consulatus  hunC  addiclmus  honorem 
ut  ipsius  adeptione  prerogativa  predicta  consulibus  ipsis  absque  alio 
titulo,  processa  aut  declaratione  protimus  advenlat,  indultoque  hujus-^ 
modi  perpetuis  temporibus  gaudeant  et  utantur  :  quam  quidem  conces- 
sionem  ad  feoda  acquisita  et  aoquirenda  dedaramus  extendi  cancellario 
regio  dilectisque  et  âdelibus  consiliariis  domini  mei  et  nostris  gentibus 
presens  parlamentum  tenentibus  et  qui  futura  tenebunt,  gentibus  corn- 
potorum,  seneschallo  Lemovicensi  ceterisque  justicîariis  et  offlciàriis 
domini  mei  et  nostris,  presentibus  et  futuris,  et  cuilibet  eorumdem, 
prout  ad  eum  pertinuerit ,  tenore  presentium  damus  in  mandatisquatenus 
nostro  présent!  Indulto  ipsos  consules  castri  Lemovicensis  présentes, 
preteritos  et  futuros,  uti  et  gaudere  faciant  et  permittunt  perpétue  ûrmi- 
tatis  robur  obtineant ,  presentem  curtamnostri  sigilli  Jussimus  appensione 
muniri.  Datum  apud  castrum  Lemovicense,  pfedicttim  mense  Januariî, 
anno  Domini  millésime  quadringentesimo  vicesimo  prima. 

Ainsi  signé  sur  le  reply  desd,  lettres  :  Per  dominum  regentem 
delphinum,  mareschallo  ejusdem  domini,  domino  Mirandolii  et 
aliis  presentibus  :  Alan.  (Alain,  au  vidimus  de  Louis  XL) 

Loys,  paîlagfaCe  de  Dîeti  roy  de  France,  ao  seneschal  de 
Lyiuosin  ou  son  lieutenant,  salut.  Receue  avons  Thumble  sup-» 
plicacion  de  noz  cherd  et  bien  ame2  les  consuls,  manans  et 
hnbitansde  nostre  ville  de  Limoges  contenant  qne,  combien  que 
par  privilèges  à  eulx  octroîez  par  noz  prédécesseurs  roys  de 
France  et  parnous  confirme^,  lesd.  suppliaus  puissent  tenir 
noblement  fiefz,  et  que,  nonobstant  les  fiefz  et  autres  choses 
nobles  qu'ilz  tiennent,  Hz  contribuent  à  noz  tailles  et  deniers, 
sans  quelque  difficulté,  &  bien  grande  somme  de  deniers,  par 
quoy  raisonnablement  ilz  ne  doivent  estre  contrainctz  à  eulx 
armer  ne  suivre  les  armes ,  neantmoins  nostre  amé  et  féal  Loys 
Gasce,  chevalier,  qui  nagueres  a  este  en  Lymosin  de  par  nous 


30  PRIVILÈGES   DB   LA   VILLB   DB   LIMOGES. 

pour  faire  mectre  sur  les  gens  de  noz  ban  et  arriereban ,  a  voulu 
contraindre  lesd.  habitans  de  Lymoges  qui  tiennent  noblement 
de  eulx  armer,  et  leur  a  faict  commandement  de  par  nous  à 
certaines  peines  qu'ilz  aillent  en  nostre  armée,  et  pour  ce  qu'ilz 
lui  ont  allégué  et  monstre  leursd.   privilèges  et  qu'ilz  sont 
contribuables  ausd.  deniers,  tendans  à  fin  qu'ilz  ne  feuseent 
eontrainctz  h  aller  en  nostre  service,  icelluy  Gasce  a  mis  en 
nostre  main  leurs  fiefz  et  autres  biens ,  de  laquelle  main  mise  et 
autres  tortz  et  griefz  à  eulx  faictz  et  donnes  lesd.  supplians  ou 
aucuns  d'enlz  ont  appelé  à  nous  et  à  nostre  cour  de  parlement , 
et  leurd.   appel  n'ont  encores  relevé  combien    qu'ilz  soient 
encores  dedans  les  trois  mois  à  ce  introduîctz,  en  nous  humble- 
ment requérant  qu'il  nous  plaise  îcelle  appellacion  mectre  au 
néant  sans  amende  et  sur  tout  leur    impartir  nostre  graco. 
Pourquoy  nous,  ces  choses  considérées  et  mesmement  que  lesd. 
supplians  payent  la  taille  et  contribuent  à  nos  deniers,  ayant 
aussi  consideracion  à  ce  qu'il  est  bien  nécessaire  que  les  gens 
notables  de  nostre  ville  y  demeurent  pour  la  garde  d'icelle  en 
temps  d'emynent  péril,  lad.  appellacion  interjectee  par  lesd. 
supplians,  et  non  relevée,  avons  mise  et  mettons  du  tout  au 
néant  de  grâce  especial  par  ces  présentes,  sans  amende  et  sans 
ce  qu'ilz  soient  tenuz  icelle  relever  ne  poursuivre  en  aucune 
manière,  et  avec  ce  avons  octroie  et  octroions  ausd.  consulz  et 
habitans  de  Lymoges  supplians  qui  payent  la  taille  et  noz 
autres  deniers  qu'ilz  soient  exemptz  de  venir  ni  envoyer  en 
nostred.  armée,  et  de  ce  les  avons  exemptes  et  exemptons  de 
grâce  spécial  par  ces  présentes.  Si  vous  mandons  et  commettons 
par  ces  présentes  que  de  nostre  présente  grâce,  exemption  et 
octroy  vous  les  faictes.  et  souffrez  joir  et  user  paisiblement  en 
leur  mettant  ou  faisant  mectre  leursd.  biens  pour  ce  empêchez 
à  plaine  délivrance,  et  lesquelz  nous  y  avons  mis  et  mettons  par 
cesd.  présentes,  nonobstant  quelque  mandement  qui  ait  este 
sur  ce  faict  de  par  nous  par  manière  de  ban  et  arrière  ban ,  en 
quoy.  ne  voulons  lesd.  habitans  de  Lymoges  contribuables  et 
payans  tailles  estre  comprins  ne  entenduz,  et  quelzconques 
ordonnances ,  mandemens  ou  défenses  à  ce  contraires.  Donne  à 
Chartres,  le  quatriesme  jour  de  novembre,  Tan  de  grâce  mil 
quatre  cens  soixante  sept,  et  de  nostre  règne  le  septiesme. 

Ainsi  signé  :  Par  le  roy  en  son  conseil ,  Dblalobrb. 
Ausquelles  lectres  y  a  une  attache  dont  la  teneur  s'ensuyt  : 


PRIVILÈGES   DR   t\   VILLE   I)B   LIHOGËS.  31 

Mathcus  Bothini,  in  legibua  licentlatos,  locnm  tenens  gencralia  nobilis 
et  potentis  domini ,  domini  senescalli  Lemoyioensis  regii ,  et  commissarius 
regius  in  hac  parte  authoritate  regia  specialiter  deputatus,  primo  ser- 
vientî  regio  super  hoc  requirendo  salutem.  Visis  licteris  domini  nostri 
régis,  ejusdem  Bigillo  in  cera  alba  impendente  sigillitatis ,  commissionem 
nostram  continentibus ,  nobis  pro  parte  venerabilium  virorum ,  consulum , 
manentium  et  habitantinm  castri  Lemovlcarum  in  eisdem  licteris  regiis 
mentionatis  (ne:  mentionatorum)  exhibitls  et  presentatis,  quibus  hec 
nostre  présentes  litere  sunt  ad  inyicem  atachate,  et  requisiti  pro  parte  qua 
supra  quathenus  ad  interinacionem  sive  exeeutionem  dictarum  literarum 
regiarum  dictam  nostram  commissionem  continentium  procedere  et  in- 
tendere  vellemus  :  quapropter  nos  yolentes,  ut  tenemur,  literis  et  man- 
datis  regiis  possetenus  obedire,  vobis  ex  parte  regia  precipimus  et 
mandamus,  committendo  si  sit  opus,  quatenus  eosdem  supplicantes  su- 
pranominatos  dono,  gracia  et  exemptione  de  quibus  in  eisdem  literis 
regiis  fit  et  habetur  mentio,  per  dictum  dominum  nostrumregem  eisdem 
supplicantibus  factis,  datis  et  concessis,  uti  et  gaudere  faciatis  pacifiée 
et  quiète,  quos  nos  exnunc  uti  et  gaudere  fetcimus  et  volumus  per 
présentes ,  bonaque  ipsorum  supplicantium  quecumque  sint  propter  hoc 
impedita  ad  plenam  liberationem  ponendo.  quibuscunque  bannis  seu  ban* 
norum  literis  in  contrarium  factis  et  impetratis  nonobstantibus  et  aliis, 
prout  dictus  dominus  noster  rex  vult  et  mandat  per  suas  dictas  patentes 
literas, dictam  nostram  commissionem  continentes.  Datum  Lemovicis,  sub 
sigillo  dicte  senescalli  Lemovicensis,  die  penultima  menais  novembris, 
anno  Domini  millesimo  occc  sexagesimo  septimo. 

Ai$iH  Hgné  :  Per  prefatum  dominum  locumtenentem ,  âlbiac. 

Ludovicus,  Dei  gracia Francorum  rex,  notum  facimus  universis  presen- 
tibus  et  futuris  nos  literas  felicis  et  inclite  recordationis  avi  nostri  vidisse 
formam  que  sequitur  continenentes  : 

Karolus,  Dei  gracia  Francorum  rex,  notum  facimus  universis,  tam 
presentibus  quam  futuris,  nos  literas  extradas  de  registris  in  thesauro 
cartarum ,  registrorum  et  privilegiorum  nostrorum  existentibus  vidisse 
formas  que  sequantur  continentes  : 

Karolus,  Dei  gracia  Francorum  rex,  notum  focimus  universis ,  tam  pre- 
sentibus quam  futuris,  quod nos ,  ad  requestam  habitantium  ville, castrie 
et  castellanie  Lemovicensis  extrahi  facimus  de  registris  in  thesauro  car- 
tarum, registrorum  et  privilegiorum  nostrorum  existentibus,  literas 
formam  que  sequitur  continentes  : 

Karolus,  Dei  gracia  Francorum  rex.  Regalis  providentia 

(Suivent  les  lettres  du  roi  Charles  V  du  28  décembre  4374,  qui 
fartent  que  la  ville  et  la  chûteUenie  de  Limoges  seront  unies  insépara- 
blement à  la  couronne,  p.  4-7.) 

In  cujus  extractus  visionis  testimonium,  sigiUum  nostrum  istis  pre^ 
sentibus  literis  et  appositum.  Datum  Parisiis,  mense  maii,  anno  Domini 
millesimo  cocc  quinto  et  regni  nostri  vicesimo  quinto.    In  quarum 


Bâ  PRIVILÈGES   DE  LA    VILLE   DÉ   LIMOGEA. 

litterarum  margine  inferiori  sic  habebatur  :  «  Bxtractum  de  preccpiû 
Vestro,  et  facta  est  collatio  cum  registro  literarum  superius  Inseï*- 
larum  ».  J.  Chanteprime. 

Item  aliorum  literarum  forma  sequitui"  sub  his  verbis  : 
Karolus,  Dei  gracia  Francomm  rex.  Notum  facimus  unive^is,  tam 
presentibus  quam  futuriB,  quod  nos,  ad  requestam  habitantium  ^ille, 
castri  et  castellanie  Lemovicensis ,  extrahi  fecimus  de  registris  in  thesauro 
cartarum»  registrorum  et  privilegiorum  nostrorum  eiistentibus.  literas 
formam  que  sequitur  continentes  : 


Charles ,  par  la  grâce  de  Dîeu  roy  de  France 


(Suivent  les  lettres  du  roi  Charles  V  du  2  janvier  4374  (v.  s  , 
4372  ) ,  cédant  aux  consuls  et  aux  habitants  de  Limoges  tous  les  droits 
qu'il  at>ait  sur  les  château  et  châtellenie  de  ladite  viUe,) 

In  eu  jus  extractus  visionls  testimonium,  sigillum  nostrum  istis  pre- 
sentibus  literis  est  appositum.  Datum  Parisiis,  mense  mail ,  anno  Domini 
millesimo  quadringentesimo  quinto  et  regni  nostri  vicesimo  quinto.  In 
quarum  literarum  margine  inferiori  sic  habetur  :  «  Bxtractum  de  precepto 
vestro ,  et  at  facta  collatio  cum  registro  literarum  superius  insertarum. 
J.  Chanteprime.  » 

Quas  quidem  literas  superius  insertas,  ac  omnia  et  singula  in  eis  con- 
tenta nos  gratas ,  ratas  pariter  et  acceptas ,  seu  rata ,  grata  et  accepta 
habentes  ac  teneri  et  inviolabiliter  observari  volentes,  laudamus,  appro-^ 
bamus  ac  ratiûcamus ,  et  de  spécial!  gracia  ac  noâtre  potestatis  plenitu- 
dine  Conflrmamus  per  présentes.  Quocirca  nos  dilectis  et  fidelibus  gentibus 
nostris  presens  nostrum  ac  futura  Parisiis  tenentibus  pariamenla,  nec 
non  seiiescallo  nostro  Lemoyicensi  ceterisque  justiciariis  nostris  presen- 
tibus  et  fUturiSy  aut  eorum  looum  tenentibus,  et  cuilibet  îpsorum,  prout 
adeum  pertinuerit,  districte  precipiendo  mandamus  quatenus  consules  et 
habitatores  ville  nostre ,  seu  castri  Lemovicensis  in  eisdem  literis  nomi^ 
natos,  modemos  pariter  et  futuros  contentis  in  ipsis  literis  preinsertis 
titi  et  gaudere  paciflce  faciant  et  permittant,  quinimo  facta,  attentata 
seu  innovata  in  contrarium  ad  statum  pristinum  et  debitum  sine  diffi^- 
tsultate  quacumque  reducant  aUt  reduci  faciant  indilate.  Quod  ut  pet^ 
petuo  stabilitatis  robur  obtineat,  nostfum  presentibus  literis  Jussimus 
apponi  sigillum.  —  Datum  Parisiis,  mense  maii,  anno  Domini  millesimo 
quadringentesimo  quinto,  et  regni  nostri  vicesimo  quinto.  —  Sic  signa-^ 
tum  :  Per  regem,  ad  relationem  consilii,  J.  Le  BkiuE. 

Quasquidem  literas  superscriptas  et  omnia  in  eidem  contenta  ratas  et 
gratas,  rataque  grataque  habentes,  eas  et  ea  laudamus  approbamus, 
authoritateque  nostra  regia  et  plena  potestate  conflrmamus.  Quocirca 
seneschallo  nostro  Lcmovicensi  ceterisque  justiciariis  nostris,  aut  eorum 
locum  tenentibus,  presentibus  et  futuris,  tenore  presentium  damus  in 
nmndatis  quatenus  supra  dictos  consules  et  habitatores  dicte  notre  ville  » 


PIUVILÉGES    DE   LA    VILLE    DE   LIMOGES.  33 

seu  castri  Lemovicensis ,  nostris  presentibusratiâcationeet  confirmacione 
uti  et  gaudere  faciant  et  permittant,  nallam  molestiam  sive  impedimen- 
tum  éis  in  contrarium  inferentes,  seu  inferi  permittentes  quoquomodo  : 
quod  si  illatum  foret ,  illud  ad  statum  prislinum  et  debitum  reducant  seu 
reduci  faciant  indilate.  Quod  ut  flrmum  et  stabile  permaneat  in  futurum, 
nostris  présent ibus  jussimus  apponi  sigillum,  nostro  tamen  in  ceteris  et 
alieno  in  omnibus  juribus  semper  salvis.  Datum  apud  villam  Sancti 
Juniani,  mense  julii,  anno  Domini  millesimo  quadringentesimo  sexage- 
simo  tertio,  et  regni  nostri  secundo. 

Ainsi  signé  :  Per  regem.  domino  du  Tau.  magistro  Georgio  Havart 
et  aliis  presentibus  :  Le  Prévost. 

Charles ,  par  la  grâce  de  Dieu  roy  de  France ,  savoir  faisons  à 
tons  presens  et  à  venir  nous  avoir  receu  l'humble  supplicacion 
de  noz  chers  et  bien  amez  les  consulz,  bourgeois ,  manans  et 
habitans  de  nostre  ville  etchastel  de  Lymoges,  contenant  que  jà 
pieca  feu  de  bonne  memoyre  le  roy  Charles  septiesme,  nostre 
ayeul,  leur  octroia  certain  priviîiege  qui  depuis  leur  futralifie 
par  feu  nostre  très  cher  seigneur  et  père  ,  que  Dieu  absoîlle,  par 
ses  lettres  patentes,  desquelles  ont  dict  la  teneur  estre  telle  : 

Ludovicus,  Del  gracia  Francorum  rex.  Notum  facimus  universis  pre- 
sentibus et  futuris  nos  literas  charissimi  domini  et  progenitoris  nostri,  in 
cera  viridi  sigillo  suo  sigillatas  y  bene  dilectis  et  fidelibus  consulibus  et 
habitantibus  ville  nostre  Lemovicensis  concenas  vldisse,  formam  que 
sequitur  continentes  : 

Karolus ,  régis  Francorum  filius , 

(Suivent  les  lettres  du  régent,  plus  tard  Charles  VII,  en  date  de 
Limoges,  au  mois  de  janvier  H2h  (v.  st.],  qui  accordent  aux  consuls 
de  Limoges  l'exemption  du  droit  de  francs-fiefs ,  p.  9-11.) 

Quasquidem  literas  suprascriptas  et  omnia  in  eisdem  contenta  ratas  et 
gratas,  rataque  et  grata  habentes,  eas  et  ea  laudamus,  approbamus  au- 
thoritateque  nostra  regia  plena  potestate  conflrmamus  per  présentes. 
Quocirca  dilectis  et  fidelibus  consiliariis  nostris.  gçntibns  nostrum  pre- 
sens et  que  futura  tenebunt  parlamenta.  seneschallo  Lemovicensi  cete- 
risque  justiciariis  nostris,  seu  eorum  locum  tenentibus,  presentibus  et 
futuris.  et  cuilibet  eorumdem  prout  ad  eum  pertinuerit  tenore  presen- 
tium  dam  us  in  mandatis  quatenus  supradictos  consules  et  habitatores 
predicte  ville  Lemovicensis  nostris  presentibus  ratificatione.  confirma- 
cione et  concessione  uti  et  gaudere  faciant  et  permittant.  nullam 
molestiam  sive  impedimentum  in  contrarium  inferentes  seu  inferri  pa- 
tientes quoquomodo.  Quod  ut  futurum  (m':firmura)  et  stabile  permaneat 
in  futurum  .  nostrum  presentibus  jussimus  apponi  sigillum,  nostro 
tamen  in  céleris  et  alieno  in  omnibus  juribus  semper  salvis.  Datum  apud 

3 


34  PRIVILÈGES   DE   LA    VILLE   DE   LIMOGES. 

villam  Sancti  Juniani,  mense  julii,  anno  Domini  millesimo  qnadringen- 
tesimo  sexagesimo  tertio,  et  r^mi  nostri  secundo.  —  Sic  aignatum  supra 
plicam  :  Per  regem ,  domino  du  Lau ,  maglstro  Georgio  Havart  et  aliis 
presentibus  :  Lb  Prktost.  —  Visa,  Contenter  :  Gauvigneâu. 


Leequelz  bourgeois,  manans  et  babitans  nous  ont  humblement 
supplie  et  requiz  que  nostre  plaisir  soit,  attendu  le  long  temps 
qu'il  y  a  que  led.  priviliege  leur  fut  octroie  par  nostred.  ayeul, 
et  les  causes  justes  et  raisonnables  qui  à  ce  le  meurent  con- 
tenues et  déclarées  en  sesd.  letres  dessus  transcriptes  en  lad, 
ratification  de  nostred.  feu  s''  et  père,  il  nous  plaise  leur  pareil- 
lement ratifier,  louer,  approuver  et  confirmer  led.  privilège  et 
%ur  ce  leur  impartir  nostre  grâce  :  pourquoy  nous,  ces  choses 
tonsiderees,  inclinant  libéralement  à  la  supplication  et  requeste 
lesdictz  consulz,  bourgeois,  manans  et  habitans,  lesd.  letres 
dessus  transcriptes  et  le  tout  contenu  en  icelles,  en  tant  et 
pourtant  que  eulx  et  leurs  prédécesseurs  en  ont  deuement  joy  et 
use  le  temps  passé,  avons,  par  Tadvis  et  deliberacion  des  princes 
et  seigneurs  de  nostre  sang  et  autres  gens  de  nostre  grand 
conseil,  louées,  ratifiées,  approuvées  et  confirmées,  louons, 
ratifions ,  approuvons  et  confirmons  par  ces  présentes. 

Et  en  oultre,  pour  ce  que  lesd.  snpplians  nous  ont  semblable- 
ment  faict  remonstrer  que,  combien  de  toute  ancienneté  ilz 
eussent  acoustume  de  fere  et  élire  chascun  an  douze  consulz  en 
lad.  ville  et  chastel  des  douze  plus  notables  d'entre  eulx  qui 
av oient  la  garde  des  clefz  d'icelle,  par  le  sens  et  bonne  conduite 
desquelz  et  des  conseillers  de  lad.  ville  tous  les  affaires  com- 
muns d'illec  eussent  tousjours  acoustume  d'estre  regiz,  gou- 
vernez et  administrez,  et  que  aucun  destourbier  ou  empesche- 
ment  ne  leur  deust  avoir  este  faict,  mis  ou  donne  en  la 
jouissance  dud.  consulat  ne  admînistracion  des  deniers  com- 
muns, neantmoins  puis  certain  temps  en  ça  Fransois  de 
Pontbriant,  qui  n'estoit  aage  ne  expérimente  en  faict  et  admi- 
nistra cion  de  chose  publique,  tendant  à  son  singulier  profict , 
feit  tant  et  pourchassa  par  convoytise  envers  nostred.  feu  S'  et 
père  que  par  importunite  ou  autrement  il  fut  par  luy  faict  et 
crée  maire  de  lad.  ville  et  chastel  sa  vie  durant,  à  Toccasion  de 
laquelle  creacion  luy  ou  son  lieutenant  en  lad.  mairie  ont 
tousjours  depuis  pris  et  attribue  à  eulx  la  garde  desd.  clefz,  et 
n'ont  este  esleux,  mis  et  ordonne  ne  establiz  aud.  consulat 
aucuns  personnaiges  sinon  du  consentement  et  volonté  dud-  de 


PRlYIliGES   DE   lA   VILLE   DE  LIMOGES.  35 

PoDtbriant,  lequel  a  attribuez  et  applicquez  à  son  singulier 
profict  les  deniers  communs  de  lad.  ville  ou  la  pluspart  dMceulx , 
dont  à  ceste  cause  plusieurs  appellations  ont  este  de  la  part  desd. 
supplians  interjectees ,  lesquelles,  obstant  le  port  [sic]  et  faveur 
que  led.  de  Pontbriant  avoit  envers  nostred.  feu  S^  père,  ilz 
n'ont  peu  relever  comme  ilz  nous  ont  fait  apparoir  par  les  pre- 
sentacions  enregistrées  au  doz  des  lectres  qu'ilz  ont  faict 
diligence  d'obtenir  sur  ce,  tant  en  nostre  chancellerie  que  en 
nostre  cour  de  parlement,  soubz  umbre  de  laquelle  mairerie  se 
sont  à  ceste  cause  meuz  et  intentez  en  lad.  ville  plusieurs 
differans,  questions  et  debatz  entre  aucuns  desd.  habitans,  à  la 
grande  charge,  foulle,  oppression  et  dommage  de  lad.  chose 
publique,  et  pourroient  encores  fere  si  lad.  mairie  n*estoit  sup- 
primée, efiteinte  et  abolie,  requérant  à  ceste  cause  sur  ce  nostre 
grâce  et  provision.  Pourquoy  Nous,  ces  choses  considérées, 
desirans  de  tout  nostre  cueur  les  entreprises  et  mutations,  de- 
sordres et  inquietacions  fêtes  sur  les  bonnes  villes  de  nostre 
royaume  estre  réprimées,  et  le  faict  et  estât  d'icelles  estre 
restably  et  remis  en  si  bon  ordre  et  police  que  leurs  affaires 
communs  soient  doresnavant  regiz  par  si  bonne  police  que 
toutes  manières  de  noises ,  questions  ,  discordz  et  debatz  soient 
rejectez  et  pacifiez,  et  que  lesd.  habitans  puissent  vivre  en 
bonne  paix,  repos  et  tranquilite  soubz  nostre  obeisiiiance ,  led. 
office  de  mairie  avons,  par  Tadvis  et  deliberacion  que  dessus, 
supprime,  aboly  et  estainct,  supprimons,  abolissons  et 
estaignons,  et  mettons  du  tout  au  néant  par  cesd.  présentes.  Et 
avons  voulu,  ordonne  et  octroie,  voulons,  ordonnons  et 
octroions  que  lesd.  habitans  puissent  doresnavant  élire  chascun 
an  telz  douze  consulz  en  lad.  ville  que  bon  leur  semblera  ,  et 
jouir  et  user  dud.  consulat  et  desdroictz,  prérogatives,  libertez 
et  franchises  qui  y  appartiennent  tout  ainsi  qu^ilz  faisoient  et 
avoient  acoustume  de  fere  paravant  lad.  création  et  jour  de 
Tempeschement  à  eulx  ainsi  faict  «et  donne  en  la  jouissance  de 
leursd.  priuilegez  et  mairie  de  lad.  mairie  (sic),  nonobstant  l'in- 
terruption d'icelle  joissance  ensuyvie  à  Toccasion  d'icelle 
mairie,  que  ne  leur  voulons  pour  le  temps  advenir  prejudicier 
en  quelque  manière  que  ce  soit.  —  Si  donnons  en  mandement 
par  cesd.  présentes  à  noz  amez  et  feaulx  conseillers,  les  gens  de 
nostred.  cour  de  parlement  à  Bourdeaulx,  au  seneschal  de 
Lymosin,  et  à  tous  noz  autres  justiciers  et  officiers  ou  k  leurs 
Ueutenans  presens  et  advenir,  et  chascun  d'eulx  comme  à  luy 


3G  PIUVILÉGES   DE   LA    VI^E   DE   LIMOGES. 

«appartiendra,  que  de  nos  presens,  grâce,  ratification,  appro- 
bation, abolition,  ordonnance  et  octroy  ilz  facent,  seuffrent  et 
laissent  lesd.  consulz,  bourgeois  et  habitans  présens  et  advenir 
joyr  et  user  plainement  et  paisiblement  sans  leur  fere  ne  souflFrir 
ostre  faict,  ores  ne  pour  le  temps  advenir  aucun  destourbier  ou 
erapescbement  au  contraire ,  en  faisant  ou  faisant  fere  inhibicion 
et  défense  de  par  nous  aud.  de  Pontbriani ,  à  son  lieutenant  ou 
commis  et  à  tous  autres  qu'il  appartiendra,  et  dont  ilz  sont 
requi»  sur  certaines  et  grandes  peines  à  nous  appliquer,  que 
doresnavant  ilz  ne  se  meslent  ne  entremettent  du  faict  et 
exercice  de  lad.  mairie,  et  commandement  exprès  de  par  nous 
qu'ilz  rendent  compte  et  reliqua  es  mains  desd.  consulz  à  ce 
appelez,  led.  seneschal  ou  sond.  lieutenant,  de  tout  ce  qu'ils  ont 
prins  et  usurpe  desd.  deniers  communs  et  autres  biens  de  lad. 
ville  depuis  la  création  de  lad.  mairie,  et  à  Toccasion  d'icelle 
jusques  à  présent,  ou  que  lesd.  consulz  ou  leur  receveur  ou  amis 
en  eussent  peu  prendre,  cueillir  et  lever  si  ne  feust  lad.  usur- 
pation ,  pour  iceulx  deniers  estre  convertiz  et  emploiez  es 
aflFaires  communs  de  lad.  ville  et  chastel,  et  non  ailleurs,  et,  en 
cas  de  refus  ou  delay,  les  contraignent  ou  facent  contraindre 
par  prise  et  exploitacion  de  leurs  biens  d'aucuns  en  ont  à  ce 
suflasan,  sinon  par  arrest,  détention  et  emprisonnement  de 
leurs  personnes  et  par  toutes  autres  voyes  deues  et  raisonnables, 
nonobstant  oppositions  et  appellations  quelconques.  Et,  afin 
que  ce  soit  chose  ferme  et  estable  à  tousjours,  nous  avons  fait 
mettre  nostre  scel  à cesd.  présentes,  sauf  nostre  droict  et  Tautruy 
en  toutes.  Donné  à  Beaugency,  du  moys  de  novembre,  Tan  de 
grâce  mcccciiii**  trois ,  et  de  nostre  règne  le  premier. 

Ainsi  signé  :  Par  le  Roy,  le  duc  d'Orléans,  comte  de 
Clermont  et  de  Dunoys,  les  evesques  d'Alby,  de  Cons- 
tances et  de  Périgueux,  les  S""»  de  Dampmartîn ,  de 
Torcy,  du  Lau ,  de  Vaten  et  de  Lisle  et  autres  presens. 
Charbonnier.  Visa.  Contentor  :  Duban. 

Ausquelles  letres  a  une  attache  dont  la  teneur  s'ensuit  : 

Pierre  Charreyron ,  licencié  es  loix  et  bachelier  en  decretz , 
conseiller  du  roy  nostre  sire,  lieutenant  gênerai  de  noble  et 
puissant  S*"  monseigneur  le  gouverneur  et  seneschal  de  Lymosin, 
commissaire  par  le  roy,  nostred.  S*"  en  ceste  partie  commis  et 
ordonné,  veuesles  lettres  patentes  dud.  S**  scellées  de  son  scel  en 


PRIVILEGES   DE   LA   VILLE   DE    LIMOGES.  37 

cire  verd  sur  lacz  de  soye,  contenans  nostred.  commission,  im- 
petrees  et  à  nous  présentées  et  baillées  de  la  partie  des  consulz , 
bourgeois  ,  manans  et  habitans  de  la  ville  et  chastel  de  Lymog*es 
données  à  Beaugency  au  mois  de  novembre  dernier  passé, 
signées  sur  le  reply  :  «  Par  le  Roy,  le  duc  d'Orléans,  comte  de 
Clermontetde  Dunoys,  les  evesques  d'Alby,  de  Constances  et 
dePérigueux,  les  S"  de  Dampmartin,  de  Torcy,  du  Lau ,  de 
Vaten  et  de  Lisle  et  autres  presens.  Visa.  Contentor  :  J.  Duban  , 
A.  Charbonnier.  »  Aûsquelles  ces  présentes  sont  attachées  soubz 
le  scel  de  la  seneschaucée  de  Lymosin,  Nous,  pour  les  causes 
contenues  esd.  lettres,  avons  permis,  souflFert  et  laissé,  et,  par 
cesd.  présentes,  permettons,  soufTrona  et  laissons  joyr  et  user 
plainement  et  paisiblement  lesd.  consulz,  bourgeois,  marchans, 
manans  et  habitans  d'icelle  ville  et  chastel  de  Lymoges  presens 
et  advenir  des  ratification,  approbation,  permission,  abolition, 
ordonnance  et  octroy  dont  es  lettres  de  nostred.  commission  est 
faicte  mention ,  sans  leur  fere  ne  souffrir  estre  faict  ores  ne  pour 
le  temps  advenir  aucun  destourbier  ou  empeschement  au  con- 
traire. Et  avons  consenty  et  consentons  par  la  teneur  de  cesd. 
présentes  à  l'entérinement  et  accomplissement  desd.  lettres 
selon  leur  forme  et  teneur,  et  que  led.  S'  veult  et  mande  par 
icelles.  En  tesmoin  de  ce,  nous  avons  mis  et  apposé  à  cesd. 
présentes  le  scel  de  lad.  seneschaucée  de  Lymosin.  Donné  à 
Aixe,  le  cinquiesme  jour  de  décembre  Tan  mil  quatre  cens 
quatre  vingtz  et  trois. 

Ainsi  signé  :  P.  Charrbtron,  lieutenant  gênerai  et  com- 
missaire susd.,  et  par  mond.  S' le  lieutenant  et  commis- 
saire :  DB  Bb&««b. 


Loys,  par  la  grâce  de  Dieu  roy  de  France,  au  gouverneur 
seneschal  de  Lymosin,  ou  à  son  lieutenant,  salut.  Receu  avons 
l'humble  supplication  de  noz  chers  et  bien  amez  les  consulz , 
manans  et  habitans  de  nostre  ville  de  Lymoges,  contenant  que  , 
combien  que,  par  privilieges  àeulx  octroiez  par  noz  prédéces- 
seurs roys  de  France  et  par  notis  confirmez,  lesd.  siipplians 
puissent  tenir  noblement  fiefz,  et  que,  nonobstant  lesd.  fiefz  et 
antres  choses  nobles  qu'ilz  tiennent,  ilz  contribuent  à  noz  tailles 
et  deniers  sans  quelque  diflaiculté  à  bien  grandes  sommes  de 
deniers,  parquoy  raisonnablement  nedeussent  estre  contrainctz 


38  PRIVILEGES   t)E    LA    VILLB   DE   LIMOGES. 

à  eulx  armer  ne  suivre  les  armes,  neantmoins  soubz  ombre  de 
certaine  commission  à  vous  adressant  pour  fere  mettre  sus  les 
gens  de  noz  ban  et  arriere-ban,  vous  avez  voulu  contraindre 
lesd.  habitans  qui  tiennent  noblement  de  eulx  armer  en  leur 
faisant  commandement  de  par  nous  sur  grosses  peines  qu'ilz 
eussent  à  aller  en  nostre  armée  estant  en  Guienne,  et,  combien 
quMlz  vous  eussent  remonstré  leursd.  privilieges,  et  qu'ilz  sont 
contribuables  à  nosd.  deniers,  et  par  ce  exemptz  de  nosd.  ban 
et  arriere-ban,  neantmoins  les  avez  voulu  contraindre  aller  ou 
envoler  ausd.  ban  et  arriere-ban,  qui  seroit  enfraindre  leursd. 
privilieges,  dont  aucuns  d'eulx  se  sont  portez  pour  appelans, 
et  à  ceste  cause  se  sont  tirez  devers  nous,  en  nous  humblement 
requérant  qu'il  nous  plaise  lesd.  appellations  mettre  au  néant 
sans  amende,  et  sur  ce  leur  impartir  nostre  grâce.  Pourquoy 
nous,  ces  choses  considérées,  et mesmement que  lesd.  supplians 
paient  la  taille  et  contribuent  à  noz  deniers,  en  faveur  aussi 
et  cotisideracion  de  la  bonne  amour  et  loyaulté  en  laquelle  lesd. 
supplians  se  sont  maintenue  envers  nous  et  noz  predeeesseurs , 
1 1  quMl  est  nécessaire  que  les  notables  de  lad.  ville  y  demeurent 
en  temps  d'eminent  péril  pour  la  garde  et  tuition  d'icelle,  lesd. 
appellations  interjectees  par  aucuns  desd.  supplians  et  non 
relevées,  avons  mises  et  mettons  au  néant,  sans  amende,  de 
grâce  spécial  par  ces  présentes,  sans  ce  qu'ilz  soient  plus  tenuz 
icelles  poursuivre  ne  relever  en  aucune  manière,  et  avec  ce 
avons  octroie  et  octroions  ausd.  consulz  et  habitants  de  Limoges 
supplians  qui  paient  tailles  et  noz  autres  deniers  pour  raison  de 
leursd.  héritages  nobles  qu'ilz  soient  exemptz  de  venir  et  envoier 
en  noz  ban  et  arriere-ban  de  noz  guerres,  et  de  ce  les  avons 
exemptez  et  exemptons  de  grâce  spécial  par  ces  présentes.  Si 
vous  mandons  et  commettons  par  cesd.  présentes  que  de  nostre 
presante  grâce,  exemption  et  octroy  vous  les  faictes,  souffrez 
et  laissez  joyr  et  user  plainement  et  paisiblement,  en  leur  met- 
tant ou  faisant  mectre  leursd.  biens  pour  ce  empêchez  à  plaine 
délivrance,  et  lesquelz  nous  y  avons  mis  et  mettons  de  grâce 
spécial  par  ces  présentes ,  nonobstant  quelque  mandement  qui  ait  esté 
sur  ce  fait  de  par  nous  par  manière  de  ban  et  arriererban ,  en  quoy 
ne  voulons  lesd.  habitans  de  Lymoges  supplians,  contribuables 
et  paians  taille  pour  raison  desd.  choses  nobles,,  estre  compris  ne 
entenduz,  et  quelconques  ordonnances,  mandemens  ou  défenses 
à  ce  contraires,  poumeti  que  lesd.  suppHans  se  tiendront  suffisamment 
armes  pour  la  tuition  et  défense  de  lad.  ville.  —  Ponné  à  Bloys ,  le 


I^RIVILéGES  DK   LA   VILLB   DE   LIMOGES.  39 

deuxiesme  jour  de  mars,  Tan  de  grâce  m  v«  et  douze,  et  de 
Dostre  règne  le  quinziesme. 

Ainsi  signé  :  Par  le  roy  :  Robertet. 

Germain  de  Bonneval ,  chevalier,  S'  dudit  lieu ,  de  Blanchefort, 
de  Chevoultonne ,  et  baron  de  Courraze,  conseiller  et  chambellan 
ordinaire  du  roy  nostre  sire,  seneschal  et  gouverneur  de  Lymosin, 
aux  commissaires  qui  sont  ou  seront  commis  et  ordonnez  à 
mettre  sus  et  fera  assembler  le  ban  et  arriere-ban ,  et  à  tous  les 
justiciers,  oiBciers  et  subjectz  du  roy  nostred.  S%  salut.  Veues 
par  nous  les  lettres  patentes  du  roy  nostred.  S"^  par  luy  octroiees 
aux  consulz,  manans  et  habitans  de  la  ville  de  Lymoges  cy 
attachées  soubz  nostre  scel,  par  lesquelles,  et  pour  les  causes 
contenues  en  icelles,  le  roy  nostred.  S*  a  mis  et  mect  au  néant 
certaines  appellations  interjectees  de  nous  par  lesd.  manans  et 
habitans  sans  amende,  et  avec  ce  a  octroie  icelluy  S'  ausd. 
manans  et  habitans  qui  paient  taille  et  autres  deniers  pour  raison  de 
leurs  héritages  nobles  (gwj'ilz  ne  soient  tenuz  aller  ne  envoyer  aud. 
ban  et  arriere-ban,  et  duquel  ban  et  arriere-ban  le  roy  nostred. 
seig*^  les  a  exemptez  ainsi  quMI  est  plus  à  plaire  contenu  et 
déclaré  esd.  lettres,  consentons  en  tant  que  à  nous  est  et  qu'elles 
sont  à  nous  adressantez,  comme  dit  est ,  Tenterinement  d'icelles, 
et  que  lesd.  manans  et  habitans  en  joissent  et  usent  selon  leur 
forme  et  teneur,  et  tout  ainsi  que  le  roy  nostred.  S*"  le  veult  et 
mande  par  icelles.  Donné  soubz  le  scel  de  nos  armes,  le  premier 
jour  de  may  Tan  mil  cinq  cens  et  treize. 

Ainsi  signé  :  Bonneval  et  Lb  Flamanc,  par  le  com- 
mandement de  mond.  S'. 

Tous  lesquelz  priviliegee,  libertez,  exemptions  et  franchises, 
ensemble  le  contenu  esd.  Chartres  leur  ont  depuis  esté  consécu- 
tivement confirmées  par  les  roys  de  France  à  leur  advenement  à 
la  couronne ,  soubz  la  vraye  obéissance  desquels  iceulx  supplians 
se  sont  montrez  vrais  subjectz  en  obéissant  feablement  tant  en 
temps  de  guerre  que  de  paix ,  au  moien  de  quoi  ilz  ont  toujours 
joy  et  usé  desd.  privilieges,  franchises  et  libertez  paisiblement 
sans  aucune  contradiction  avec  des  droictz  de  consulat  et  com- 
munauté jusques  au  jour  du  trespas  de  feu  nostre  très  cher  S'  et 
beau^pere  le  roy,  que  Dieu  absoille,  qui,  deceadverti,  des 
^ns  et  bonne  conduicte  des  conseillers  de  lad.  ville,  direction  et 


40  PBïViii(;rs  T)k  la  ville  de  limoges. 

administration  de  la  chose  publicque,  qui  ce  moiennant  e^toit 
venue  à  grant  augmentation,  leur  en  donna  ses  lettres  en  forme 
deue,  lesquelles  sont  cy  attachées  soubz  le  contrescel  de  nostre 
chancellerie,  nous  humblement  requerans  qu'il  nous  plaise,  à 
nostre  nouvel  et  joyeulx  advenement  à  la  corone,  les  entretenir 
en  leursd.  prîvilieges,  franchises,  libertez  et  exemptions,  et 
iceulx  confirmer,  rattifier  et  approuver,  et  leur  en  permectre 
joyr  et  user  tout  ainsi  que  ont  faict  nosd.  prédécesseurs. 
Pourquoy  Nous,  ces  choses  considérées,  désirons  de  tout  nostre 
cneur  que  les  bonnes  villes  de  nostred.  royaume  soient  entre- 
tenues en  bon  ordre  et  police ,  à  ce  que  les  habitants  d'icelles 
puissent  vivre  en  bonne  paix  et  tranquilité  soubz  nostre  obéis- 
sance, en  obtempérant  à  la  très  instante  prière  et  requeste  que 
nostre  très  chère  et  très  amee  dame  et  mère  nous  a  faictes  d'en- 
tretenir tous  et  chacuns  nos  subjectz  en  leurs  prîvilieges  et 
coustumes,  avons  ausd.  consulz,  bourgeois,  manans  et  habitans 
supplians  iceulx  leurs  privilieges,  franchises,  libertez,  exemp- 
tions et  coustumes,  ensemble  tout  le  contenu  desd.  lettres  dessus 
escriptes,  à  eulx  concédez  par  nosd.  prédécesseurs,  confirmez, 
louez,  ratifiez  et  approuvez,  confirmons,  louons,  ratifions  et 
approuvons  de  grâce  spéciale,  plaine  puissance  et  authorité 
royale,  par  ces  preswites,  pour  en  joyr  par  eulx  et  leurs  suc- 
cesseurs plainement  et  paisiblement,  tout  ainsi  que  eulx  et 
leursd.  prédécesseurs  en  ont  par  ci-devant  joy  et  usé,  joissent 
de  présent  justement  et  deuement.  Si  donnons  en  mandement 
par  ces  mesmes  présentes  à  noz  amez  et  feaulx  conseillers,  les 
gens  tenans  nostre  court  de  parlement  à  Bourdeaulx,  au 
seneschal  de  Lymosin  et  juge  du  pariage  de  la  cité  de  Lymoges 
et  à  tous  noz  autres  justiciers  et  officiers  ou  à  leurs  lieutenans 
et  commis  presens  et  advenir,  et  à  chacun  d'eulx  si  comme  à 
luy  appartiendra,  que  de  noz  presens  confirmacion,  ratifica- 
tion, approbation  et  octroy  ilzfacent,  seuffrent  et  laissent  lesd. 
consulz,  bourgeois,  manans  et  habitans  supplians  et  leurs 
successeurs  joyr  et  user  plainement  et  paisiblement  et  perpe- 
tuelement,  sans  leur  fere  ne  souffrir  estre  faict,  ores  ne  pour  le 
temps  advenir,  aucun  destourbier  ou  empeschement  au  contraire, 
mais  si  aucune  chose  leur  estoit  faicte  au  contraire ,  le  reparent 
et  mettent,  ou  facent  reparer  et  mettre  incontinant  et  sans  delay 
au  premier  estât  et  der.  Car  tel  est  nostre  plaisir.  Et,  afin  que 
ce  soit  chose  ferme  et  estable  à  tousjours,  nous  avons  faict 
mectre  nostre  scel  à  cesd.  présentes,  sauf  en  autres  choses  nostre 


PRIVlLBr,ES    DE    LA    VICXE    DE    LCMOGES.  M 

droict  et  Tautruy  en  toutes.  Donné  à  Paris,  au  mois  de  janvier, 
Tan  de  grâce  m.  cinq  cens  et  quatorze,  et  de  nostre  règne  le 
premier.  —  Constat  en  rasure  :  «  Upar  ci  devant  joy  et  usé , 
joissent  de  présent  justement  et  deuement  ».  Hurault.  —  Sans 
préjudice  du  droict  prétendu  par  le  roy  de  Navarre  et  du  procès 
pendant  en  la  court  de  parlement.  Aurillot. 

Signé  sur  le  reply  :  Par  le  roy  :  du  Tillet,  et  au  bout  : 
Visa  et  scellé  du  grant  scel  en  cire  verd  sur  lacz 
de  soye. 

Germain  de  Bonneval ,  cfievalier,  Sg""  dud.  lieu  de  Bonneval  et 
de  Blanchefort,  baron  de  Corraise  et  de  Chef  boutonne ,  con- 
seiller et  chambellan  du  roy  nostre  sire  et  son  gouverneur  et 
seneschal  de  Lymosin ,  commissaire  royal  en  ceste  partie.  Veues 
les  lettres  patentes  du  roy  nostre  sire,  scellées  de  son  grand 
scel  en  cire  verd  sur  laczde  soye,  contenans  nostre  commission, 
împetrees  et  à  nous  présentées  de  la  partie  des  consulz,  manans 
et  habitans  de  la  ville,  chastel  et  chastellenye  de  Lymoges, 
données  à  Paris  ou  mois  de  février  [sic]  dernier  passé,  signées  sur 
le  reply  :  «  Par  le  roy,  du  Tillet  :  visa  » ,  ausquelles  ces  présentes 
sont  attachées,  Nous,  pour  les  causes  en  icelles  contenues, 
avons  faict,  permis,  isouffert  et  laissé,  et  par  ces  présentes 
faisons,  laissons,  permettons  et  souffrons  joyr  et  user  plaine- 
ment  et  paisiblement  lesd.  consulz ,  manans  et  habitans  d'icello 
ville,  chasteau  et  chastellenye  de  Lymoges,  presens  et  advenir, 
des  ratification,  confirmation,  approbation  et  permission  des 
privilieges  ordonnes  et  octroies  par  led.  S'  esd.  consvlz,  manans 
et  habitans,  et  dont  esd.  lettres  de  nostred.  commission  est  faicte 
mention,  sans  leur  fere  ne  souffrir  estre  faict,  ores  ne  pour  le 
temps  advenir,  aucuns  destourbier  ou  empeschement  au  con- 
traire, et  avons  consenty  et  consentons  par  la  teneur  de  ces 
présentes  en  tant  que  à  nous  est  à  Tinterinement  et  accomplis- 
sement desd.  lettres  selon  leur  forme  et  teneur,  et  que  led.  S""  le 
veult  et  mande  par  icelles.  Et,  en  tesmoin  de  ce,  avons  signé 
ces  présentes  de  nostre  seing  manuel ,  et  faict  seeller  du  scel 
de  noz  armes,  le  vingt  septiesme  de  mars  Tan  mil  cinq  cens 
et  quinze. 

Ainsi  signé  :  Bonneval.  Par  commandement  de  mond. 
S^  Flequart. 


4â  PlilVlLÉGËS   DE   LA    VILLE   DE  LlMOÛBS. 

Henry,  par  la  grâce  de  Dieu  roy  de  France ,  à  tous  presens  et 
advenir  salut.  Savoir  faisons  nous  avoir  receu  Thumble  suppli- 
cation de  nos  chers  et  bien  amez  les  consulz,  bourgeois,  manans 
etbabitansde  nostre  ville  de  Lymoges,  contenant  que,  pour 
bonnes  causes  et  consideracions ,  leur  ont  de  longtemps  par  nos 
prédécesseurs  roys  esté  donnez  et  octroiez  plusieurs  beaux  pri- 
vilieges,  octroiz,  franchises  et  libertez,  iceulx  confirmez  et 
continuez  de  règne  en  règne ,  mesmes  encores  par  le  feu  roy 
nostre  très  honnoré  S^  et  père,  que  Dieu  absoille,  et  desquelz 
lesd.  supplians  ou  leurs  predecesseujrs  ont  joy  et  usé  jusques  à 
présent  sans  aucun  contredict  ;  touteffois ,  au  moien  du  trespas 
denostred.  feu  8^  et  père,  îlz  se  doutent  à  Tadvenir  y  estre 
empêchez.  A  ceste  cause  nous  ont  tres-humblement  faict  supplier 
et  requérir  leur  impartir  sur  ce  noz  grâce  et  libéralité  :  pour  ce 
est-il  que  nous,  libéralement  inclinant  à  la  supplicacion  et 
requeste  desd.  supplians,  et  en  consideracion  de  la  bonne  amour 
et  fidélité  quMlz  ont  toujours  portées  h  la  corone  de  France,  les 
voulant  pour  ce  entretenir  en  tous  et  chacuns  leursd.  privilèges, 
octroiz,  franchises  et  libertez,  iceulx  leur  avons  continuez  et 
confirmez,  continuons  et  confirmons  de  noz  certaine  science, 
plaine  puissance  et  authorité  royale  par  ces  présentes,  pour  en 
joyr  par  eulx  et  leurs  successeurs  doresnavant  tant  et  si  avant  et 
par  la  forme  et  manière  quMlz  en  ont  cî^devant  deuement  et 
justement  joy  et  usé  et  joissent  encore  de  présent.  Si  donnons  en 
mandement,  par  cesd.  présentes,  à  noz  amez  et  feaulx  con- 
seillers ,  les  gens  tenans  nostre  court  de  parlement  à  Bourdeaulx , 
seneschal  de  Lymosin ,  juge  et  garde  de  noz  scelz  aud.  pays  de 
Lymosin  et  à  tous  noz  autres  justiciers  ou  à  leurs  lieutenans 
.  presens  et  advenir,  et  à  chascun  d'eulx ,  si  comme  à  luy  appar- 
tiendra que  de  noz  presens  continuacion  et  confirmacion  ilz 
facent,  seuffrent  et  laissent  lesd.  supplians  joyr  et  user  plaine- 
ment  et  paisiblement,  sans  en  ce  leur  fere  mettre  ou  donner, 
ne  souffrir  estre  faict,  mis  ou  donné  ores  ne  pour  le  temps 
advenir  aucun  empeschement  au  contraire ,  et  lequel ,  si  faict , 
mis  ou  donné  leur  avoit  esté,  ilz  reparent,  remettent  ou  facent 
reparer  et  mectre  incontînant  et  sans  delay  au  premier  estât  et 
deu.  Car  tel  est  nostre  plaisir.  Et,  afin  que  ce  soit  chose  ferme 
et  eslable  à  tousjours,  nous  avons  faict  mettre  nostre  scel  à  cesd. 
présentes ,  sauf  en  autres  choses  nostre  droict  et  Taultruy  en" 
toutes.   Donné  à  Fontainebleau,  au    moys  de   mars.  Tan  de 


PRlViliGES   m   LA    VIIXK    DE   LIMOGES.  il^ 

grâce  mil  cinq  cens  quarante  sept ,  avant  Pasques ,  et  de  nostre 
règne  le  premier. 

Ainsi  signé  sur  le  reply  :  Par  le  roy,  Mathieu.  Visa. 
Contentor  :  Cobffibr.  Et  scellée  du  grand  scel  en  cire 
verd  sur  lacz  de  soye. 

Gaultier  Bermondet,  S'  de  Sainct-Laurens-sur-Gorre  et  de 
La  Quintane ,  conseiller  du  roy  no^tre  sire ,  lieutenant  gênerai 
en  la  seneschaucee  de  Lymosin  au  siège  de  Lymoges ,  commis- 
saire royal  en  ceste  partie.  Savoir  faisons  que  nous  seans  en 
jugement  de  la  partie  desconsulz,  bourgeois,  manans  et  ha- 
bitans  de  la  ville  de  Lymoges,  comparans  par  M*  Simon  Des- 
coustures,  licentié  ez  droictz,  advocat  an  présent  siège  et  Tun 
desd.  consulz,  tant  pour  luy  que  pour  ses  autres  consulz  de  lad. 
ville,  lequel,  en  présence  des  advocat  et  procureur  du  roy  en  la 
présente  seneschaucee,  c'est  assavoir  de  honnorables  M'*  Joseph 
de  Beaunc,  advocat,  et  Pierre  Ardent,  procurer  dud.  8%  a  pré- 
senté les  lettres  du  roy  nostre  sire  à  présent  régnant  en  forme  de 
chartre  et  edict  de  confirmacion  des  beaulx  privilieges,  octroiz, 
franchises,  libériez  et  exemptions  donnez  et  concédez  ausd. 
consulz,  bourgeois,  manans  et  habitans dud.  Lymoges,  donnée» 
à  Fontainebleau  au  mois  de  mars  m.  v<^  quarante-sept,  signées  : 
«  Par  le  roy,  Mathieu  »  ;  scellées  en  cire  verde  sur  lacz  de  soye 
avec  le  visa  et  contentor  :  Coeffieb;  et  icelluy  a  requis  la  lecture 
et  publicacion,  afin  qu'on  n'en  puisse  prétendre  cause  d'igno-* 
rance,  et  ûeantmoins  l'exécution  d'icelias,  comme  par  lesd. 
lettres  nous  est  commis  et  mandé  :  lesquelles  lettres  par  nous 
veues  avons  ordonné  estre  leues  et  publiées ,  ce  que  a  esté  à 
haulte  et  intelligible  voix  par  le  commis  du  greffier^  et  inter- 
pellez lesd.  advocat  et  procureur  du  roy  sMlz  ont  causes  pour 
empescher  l'exécution  desd.  lettres,  colntne  par  icelles  est 
contenu ,  lesquelz  ont  dict  avoir  yeu  les  privilèges  contenuz  et 
describez  [sic]  es-lettres  et  chartre  de  feu  bonne  mémoire  le  roy 
t'rançois  dernier  decedé ,  et  lesd.  lettres  de  confirmacion ,  et  con-^ 
sentent  à  l'interinement  selon  le  bon  plaisir  et  vouloir  du  roy 
déclaré  et  contenu  en  icelles.  Parquoy,  veu  par  nous  lesd.  lettres 
de  confirmacion  ausquelles  ces  présentes  sont  attachées,  avons 
concédé  acte  de  la  lecture  et  publicacion  d'iceles.  Et,  par  les 
causes  y  contenues,  avons  fait,  permis ,  soufffert  et  laissé  ,  et  par 
ces  présentes,  faijjons,  laissons  et  permettons  joyr  et  user  plaine- 


44  PRIVILÉCiKS    DE   LA    VILLB   DE    LIMOGES. 

ment  et  paisiblement  lesd.  consulz,  bourg'eois,  manans  et 
habitans  de  la  ville  de  Lymoges  presens  et  advenir  des  privi- 
liege,  octroiz,  franchises  et  libertez  dont  esd.  lettres  de  confir- 
macion,  continuacion  et  approbacion  est  fête  mention,  sans  leur 
faire  ne  souffrir  estre  faict ,  ores  et  par  le  temps  advenir,  aucun 
destourbier  ou  empeschement  au  contraire;  et  inhibition  .et 
défense  à  tous  les  subjectz  du  roy  n'y  contrevenir,  à  peine 
d'amende  arbitraire  aud.  S"^  applicquer.  Et  donnons  en  man- 
dement au  premier  sergent  royal  sur  ce  requis  signifier  à  tous 
ceulx  qu'il  appartiendra  et  de  ses  exploictz  fere  deue  relation. 
Donné  et  faict  judiciairement  à  Lymoges,  en  l'auditoire  royal 
de  la  court  de  le  seneschaucée  de  Lymosin ,  le  neufiesme  jour  du 
moys  d'avril  Tan  mil  cinq  cens  quarante-huit. 

Signé:  Bermondet,  et  Desvignes,  commis  du  greffier. 

François  de  Pontbriant,  chev",  S»^  de  Montréal  et  de 
Chapdueil,  capitaine  pour  le  roy  du  chasteau  de  Bregeirac, 
conseiller  et  chambellan  dud.  S',  son  gouverneur  et  seneschal 
de  Lymosin.  A  tous  qu'il  appartiendra,  salut.  Savoir  faisons  que 
le  jourduy  soubzescrîpt,  les  advocat  et  procureur  du  roy  en  la 
seneschaussee  de  Lymosin ,  comparans  en  leurs  personnes ,  ont 
requis  estre  par  nous  ordonné  que  les  consulz,  manans  et 
habitans  de  ceste  ville  de  Lymoges  monstrent  et  enseignent  des 
privilieges,  si  aucuns  en  ont,  par  lesquelz  ilz  prétendent  estre 
exemptz  du  service  ou  contribution  de  ban  et  arriere-ban  du 
hault  pays  de  Lymosin ,  et,  à  default  de  en  monstrer,  estre  donné 
default  contre  eulx  et  chacun  d'eulx  o  le  profict  de  l'ordonnance. 
Surquoy  et  par  advis  de  Mess"^»  Chantoys,  lieutenant  criminel , 
Lamy,  lieutenant  particulier,  avons  ordonné  que  lesd.  consulz , 
manans  et  habitans  de  Lymoges  monstreront  et  enseigneront  de 
leursd.  privilieges,  si  aucuns  en  ont,  dans  dimenche  prochain, 
en  la  ville  de  St-Junian,  ou  cependant  autrement  et  à  default  de 
ce  fere,  a  esté  donné  default  contre  eulx  avec  mainmise, 
suyvant  les  ordonnances  du  roy.  Et  leur  sera  signifié  par  le 
premier  sergent  royal  sur  ce  requis  auquel  a  esté  donné  en 
mandement  de  ce  fere.  Fait  à  Lymoges,  le  neufiesme  jour 
d'octobre  l'an  m.  v^  quarante-huict.  Et  led.  jour,  ce  que  dessus 
a  esté  signifié  ausd.  consulz  en  la  maison  commune  de  consulat 
de  lad.  ville,  parlant  à  M' Simon  Descoutures,  Léonard  Des- 
champs, Jehan  Veyner  [sic]  (tt  Pierre  Thomas,  consulz  de  lad. 


PRIVILKGES    DR   TA    VILLE   DE    LIMOGES.  45 

ville,  qui  ont  faict  responce  qu'ilz  porteroient  présentement 
leurs  privilieges,  comme  Jehan  Reynier,  sergent  royal ,  nous  a 
rapporté  par  son  exploict.  Et  tost  après  ont  comparu  par  devant 
nous  lesd.  qui  ont  présenté  et  exibé,  en  présence  desd.  advocatz 
et  procureur  du  roy,  leurs  privilieges  à  eulx  baillez  et  octroiez 
par  les  feuz  roys  de  France ,  et  confirmez  par  le  roy  moderne , 
mesmes  la  confirmacion  du  feu  roy  en  laquelle  sont  inserez  lesd. 
privilîeges  de  lad.  ville  données  à  Paris  au  moys  de  janvier  Tan 
mil  vc  quatorze,  avec  les  lettres  d^attache  et  exécutoires  de  lad. 
confirmacion ,  aussi  la  confirmacion  du  roy  donnée  à  Fontaine- 
bleau ,  au  mois  de  mars,  Tan  m.  vc  quarante-sept ,  avec  Tacte  de 
la  publication  et  exécution ,  presens  messieurs  les  gens  du  roy 
en  la  présente  seneschaussee ,  desquelz  ont  toujours  joy  et  usé 
paisiblement,  sans  jamais  on  soit  venu  au  contraire;  nous 
requérant ,  iceulx  veuz,  estre  par  nous  déclarez  exemptz  de  fere 
service  et  contribuer  aud.  ban  et  arriere-ban.  Parquoy,  veu 
leur  dire  et  pièces  exhibées,  et  oyz  lesd.  advocat  et  procureur 
du  roy,  qui  n'ont  insisté ,  que  lesd.  privilieges  ne  soient  tenuz 
comme  par  lesd.  consulz  a  esté  requiz;  à  ceste  cause,  Nous, 
suivant  lesdictz  privilieges,  avons  lesd.  consulz,  manans  et 
habitans  de  lad.  ville  de  Lymoges  déclarez  exemptz  d'aller  et 
contribuer  aud.  ban  et  arriere-ban  pour  ceste  fois.  Faict  à 
Lymoges,  led.  jour,  m.  v<=  quarante-huit. 

Signé  :  Pontbriant.  Par  commandement  de  mond.  S' le 
gouverneur  :  Biays,  greABer. 

François  de  Pontbriant,  chevalier.  S'  de  Montréal  et  de 
Chapdueil ,  capitaine  pour  le  roy  du  chasteau  de  Bregeyrac,  son 
gouverneur  et  seneschal  de  Lymosin ,  à  tous  quMl  appartiendra 
sâlut.  Savoir  faisons  que,  veue  la  requeste  à  nous  présentée 
par  les  consulz,  manans  et  habitans  de  la  ville  de  Lymoges  aux 
fins  de  déclarer  exempz  et  priviliegiez  de  service  et  contribu- 
tion du  ban  et  arriere-ban  pour  raison  des  fiefz  nobles ,  cen- 
sives  et  autres  choses  noblement  tenues  par  eulx  et  chacun 
d'eulx,  attendu  que,  par  priviliege  royal  confirme  par  le  roy 
moderne  sont  privilégiez  et  exemptz,  et  estre  desenrollez  et 
raiez  des  roUes  d'icelluy,  et  neantmoins  estre  inhibé  de  les 
fatiguer  et  molester  pour  cause  de  ce  en  aucune  manière,  et 
veuz  aussi  leurs  privilèges  et  confirmations  d'iceulx,  tant  du 
feu  roy  données  à  PariB  au  moys  de  janvier  m.  v^  quatorze,  et 


46  PIUVILÉGES   DE   U    ViLLB   t)B   LiMOGBS. 

autre  confirraacion  du  roy  moderne  donnée  à  Fontainebleau  a\i 
moys  de  mars  m.  v<=  quarante-sept,  avec  l'acte  de  la  publicacion 
et  execucion ,  et  oys  sur  ce  les  advocats  et  procureur  du  roy,  qui 
ont  consenty  que  lesd.  supplîans  soient  déclarez  exemptz  et  pri* 
yilegiez  au  service  dud.  ban  et  arriere-ban  et  contribution  à 
icelluy,  suivant  leursd.  privili^ges,  avons,  par  Tadvis  de 
M'*  Gaultier  Bermondet ,  lieutenant  gênerai  ;  Maurice  Chantois , 
lieutenant  criminel  ;  François  Lamy,  lieutenant  particulier,  et 
Pierre  Martin,  conseiller  au  siège  de  Lymoges,  déclaré  lesd. 
consulz,  manans  et  habitansde  lad.  ville  de  Lymoges  privi- 
liegiez  et  exemptz  de  service  et  contribution  aud.  ban  et  arriere- 
ban,  poutceste  fois,  le  tout  soubz  le  bon  plaisir  du  roy  etjusques 
autrement  par  luy  en  sera  ordonné.  Donné  et  faict  à  Lymoges  le 
vingt-fiixiesme  jour  de  novembre,  Tan  m.  v«  cinquante-un. 

Signé  :  Pontbriant.  Par  mond.  S'  :  Biays,  greffier. 

Henry,  par  la  grâce  de  Dieu  roy  de  France,  à  tous  qui  ces 
présentes  lettres  verront ,  salut.  —  Les  bourgeois ,  manans  et 
habitans  de  nostre  ville  de  Lymoges  nous  ont  faict  remonstrer 
que,  combien  que  par  privîlieges  exprès  à  eulx  octroiez  et  con- 
cédez par  nos  prédécesseurs  roys  et  par  nous  confirmez,  ilz 
soient  francz,  quites  et  exemptz  du  faict,  paiement  et  contribu- 
tion d.e  noz  ban  et  arriere-ban  pour  raison  de  biens  nobles  et 
autres  par  eulx  tenuz  et  possédez  subjectz  ausd.  ban  et  arriere- 
ban,  et  que  lad.  exemption  ilz  ayent  tousjours  par  ci-devant 
joy  et  usé  paisiblement  sans  qu'ilz  ayent  esté  appelez  ne  enrôliez 
au  roUe  dud.  ban  et  arrière  ban  de  la  seneschaucée  dud. 
Lymosin  ,  et  que  par  ecdit  nous  avons  voulu  et  ordonne  que  les 
manans  et  habitans  des  bonnes  villes  de  nostre  royaume  ayans 
droict  de  bourgeoisie  et  exemption  de  nosd.  ban  et  arriere-ban 
ne  seront  tenuz  comparoir  ne  contribuer  à  iceulx,  sinon  que  pour 
très  grande  et  urgente  cause  et  nécessité  évidente  il  eust  esté 
advisé  et  conclud  par  Tadvis  et  deliberacion  des  princes  de 
nostre  sang ,  auquel  cas  ilz  seroient  tenuz  comparoir  pour  celle 
foys  et  sans  préjudice  de  leursd.  privilèges.  Neantmoins  ceste 
présente  année  François  de  Pontbriant ,  seneschal  de  Lymosin , 
auroit  enrollé,  taxé  et  quotisé  plusieurs  desd.  bourgeois,  ma- 
nans et  habitans  de  lad.  ville  au  faict  de  nosd.  ban  et  arriere- 
ban,  et  s'efforce  les  contraindre  au  payement  desd.  taxes, 
cottisacions  et  services,  surquoy  lesd.  exposans  Nous  ont  très* 


\ 


PRlVlLËr.i:S    DE   LA    VILLE   BB   LIMOGES.  47 

humblement  fait  supplier  et  requérir  leur  pourveoir.  Nous ,  à 
ces  causes,  et  après  qu^avons  faict  veoir  en  nostre  privé  conseil 
lesd.  privilèges  par  nosd.  prédécesseurs  et  nous  octroiez  et  con- 
firmez à  lad.  ville  de  Lymoges,  voulant  à  icelle,  comme  à  l'une 
des  bonnes  anciennes  villes  de  nostre  royaume,  conserver  et  entretenir 
iceulx  privilieges,  avons,  en  suivant  nostred.  ecdit,  dict  et 
déclaré,  et,  de  noz  certaine  science,  plaine  puissance  et  autho^ 
rite  royale,  disons  et  déclarons  que  nous  avons  entendu  et  en* 
tendons  que  lesd.  manans  et  habitans  de  nostred.  ville  de 
Lymoges  aient ,  tant  en  gênerai  que  particulier,  joy  et  joissent 
desd.  privilieges,  sans  qu'ilz  ayent  esté  ne  soient  comprins, 
quotisez,  taxez. ne  contribuables  au  faict,  service  et  contribution 
de  nosd.  ban  et  arriere-ban  en  quelque  façon  et  manière  que  ce 
soit.  Ains  voulons ,  entendons  et  nous  plaist  qu'ilz  en  demeurent 
francs ,  qoictes  et  exemptz  comme  ilz  ont  faict  jusques à  présent, 
sans  qu'ilz  soient  ne  puissent  estre  contrainctz  y  comparoir  ne 
contribuer,  sinon  es  cas  contenus  par  nostred.  ecdit,  nonobstant 
que  par  les  commissions  décernées  pour  le  faict,  convocation  et 
assemblée  de  nosd.  ban  et  arriere-ban  soit  mandé  comprendre 
tous  priviliegiez  et  non  priviliegiez ,  exemptz  et  non  exemptz. 
En  quoy  nous  n'avons  entendu  ne  entendons  comprendre  lesd. 
exposans;  ains  les  avons,  pour  les  causes  que  dessus,  exceptez 
et  reservez,  exceptons  et  reservons  par  ces  présentes,  par 
lesquelles  donnons  en  mandement  à  noz  amez  et  feaulx  les  gens 
tenans  le  siège  presidial  par  nous  estably  en  la  ville  de  Lymoges 
et  aux  commissaires  par  nous  commis  et  à  commettre  pour  le 
faict  desd.  ban  et  arriere-ban  et  à  tous  noz  autres  justiciers  et 
officiers  qu*il  appartiendra  que  de  noz  presens  déclarations  et  de 
tout  le  contenu  cy-dessus  ilz  facent,  souflFrent  et  laissent  lesd. 
bourgeois,  manans  et  habitans  joyr  et  user  plainement  et  pai^ 
siblement ,  sans  en  ce  leur  fere  mectre  ou  donner  ne  souffrir  estre 
faict,  mis  ou  donné  aucun  trouble  ou  empeschement  au  contraire. 
Et,  si  lesd.  bourgeois,  manans  et  habitans  ou  aucun  d'eulx 
av oient  esté  contrainctz  paier  lesd.  cottisacions,  ou ,  pour  raison 
dMcelles,  aucunes  de  leurs  terres,  seigneuries,  fiefz  ou  autres 
biens  avoient  estésaisiz,  arrestez  ou  autrement  empeschez,  leur 
facent  rendre  et  restituer,  et  lever  et  oster  lesd.  saisies  et  empes-- 
chements ,  et  le  tout  mectre  incontinant  et  sans  delay  à  plaine 
et  entière  délivrance  et  au  premier  estât  et  deu ,  en  contraignant 
à  ce  fere  et  souflMr  tous  ceulx  qu'il  appartiendra  par  toutes 
voyes  et  manières  deues  et  raisonnables ,  nonobstant  opposition 


4s  PKlVlliGES   DE   LA    VILLE    DE   LIMOGES. 

OU  appellation  quelzconques,  et  sans  préjudice  d'icelles,  pour 
lesquelles  ne  voulons  estre  difTeré  ;  car  tel  est  nostre  plaisir, 
nonobstant  quelzconques  ordonnances,  restrinctions ,  mande- 
mens,  defences  et  lettres  à  ce  contraires.  En  tesmoin  de  quoi, 
nous  avons  faict  mectre  nostre  scel  à  cesd.  présentes.  Donné  à 
Laon,  le  quinziesme  jour  de  juing,  Tan  de  grâce  mil  cinq  cens 
cinquante-quatre ,  et  de  nostre  règne  le  huictiesme. 

Ainsi  signé  :  Par  le  roy  en  son  conseil  :  de  Laubbspinb  ,  et 
scellé  du  grand  scel  en  double  queue  de  cire  jaulne. 

Toutes  lesquelles  pièces  cy-devant  transcriptes  sont  attachées 
soubz  nostred.  contrescel. 


Les  gens  tenans  le  siège  presidial  estably  et  ordonné  par  le 
roy  nostre  sire  en  la  ville  de  Lymoges,  savoir  faisons  que  huy, 
soubz  escript  en  jugement ,  se  sont  comparuz  par  devant  nous 
lesconsulz  de  la  ville  de  Lymoges  en  personne,  avec  Petiot, 
assistant  Barny,  leur  conseil ,  lequel ,  en  présence  des  advocat  et 
procureur  du  roy,  a  présenté  les  lettres-patentes  du  roy  données 
à  Laon  le  quinziesme  juin  dernier,  signées  :  a  Par  le  roy  en  son 
conseil,  De  Laubespine  »,  et  scellées  à  double  queue  du  grand 
scel  dud.  S""  en  cire  jaulne,  contrescellees  en  plusieurs  et  divers 
endroictz,  et  attachées  à  certains  anciens  privilieges  exprès 
octroiez  et  concédez  par  les  prédécesseurs  roys  de  France  par 
lesd.  lettres  à  présent  confirmées,  par  lesquelles  les  manans  et 
habitans  de  la  présente  ville  de  Lymoges  sont  francs ,  quictes  et 
exemptz  de  faire  le  service ,  paiement  ne  contribucion  du  ban  et 
arriere-ban  pour  raison  des  biens  nobles  et  autres  par  euîx 
tenuz  et  possédez  subjectz  aud.  ban  et  arriere-ban ,  requérant 
lecture  judiciaire  en  estre  faicte,  et  lesd.  lettres  estre  interinees 
selon  leur  forme  et  teneur,  et  icelles  interinant ,  inhibicion  estre 
faicte  au  receveur  commis  par  M"^  le  gouverneur  de  les  molester 
pour  raison  du  taux,  rolle  et  quotisacion  faict  par  led.  S'  gou- 
verneur, et  main  levée  leur  estre  baijleeet  leurs  biens  estre  mis 
à  plaine  délivrance ,  et  déclarez  exemptz  à  l'avenir  dud.  ban  et 
arriere-ban  suivant  leursd.  privilieges.  Maledent,  pour  le  pro- 
cureur du  roy,  a  dit  avoir  veu  lesd.  privilieges,  et  n'avoir 
causes  pour  empêcher  l'interinement  :  parquoy,  aians  fait  lire 
et  publier  lesd,  lettres  patentes  contenans  confirmacions  desd. 
privilieges  y  attachez,   avons  ordonné  que  seront  enregistrées 


PRIVILÉGBS   DB   LA   VILLE   DE   LIMOGES.  49 

es  registres  du  présent  siège,  et  avons  faict  et  faisons  inhibi- 
cions  et  défenses  au  S*"  Du  Mas  et  à  tous  autres  qu'il  appartiendra 
de  contrevenir  au  vouloir  et  déclaration  du  roy  contenuz  esd. 
lettres;  et,  si  aucun  trouble  ou  empêchement  leur  avoit  faict  et 
donné ,  quMlz  le  remettent  incontinant  au  premier  estât  et  deu , 
et  inhibé  désormais  de  les  enroller  aud.  ban  et  arriere-ban,  çt 
de  les  empêcher  en  leur  libertez  et  privilèges;  le  tout  selon  et 
en  suivant  lesd.  lettres-patentes.  Faict  à  Lymoges,  aud.  siège 
presidial ,  le  cinquiesme  de  décembre  mil  cinq  cens  cinquante- 
quatre. 

Signé  par  mesd.  S"  ;  Rogier;,  commis  du  greffier. 

Extraict  des  registres  de  la  court  de  la  seneschaucee  de 
Lymosin.  Entre  les  consulz  de  ceste  ville  de  Lymoges,  deman- 
deurs et  requerans  que  eulx  et  autres  habitans  de  lad.  ville 
soient  maîntenuz  et  gardez  en  leurs  privilèges  et  libertez,  et 
déclarez  exemptz  et  non  contribuables  au  ban  et  arriere-ban  de 
la  seneschaucee  de  Lymosin,  suivant  îeursd.  privilèges,  d'une 
part,  et  le  procureur  du  roy  en  lad.  seneschaucee,  défendeur, 
d'autre;  veuz  les  privilèges  octroiez  ausd.  consulz,  manans 
et  habitans  de  lad.  ville  de  Lymoges  par  les  feuz  roys,  confir- 
macion  d'iceulx  faicte  par  le  feu  roy  nostre  sire  à  présent 
régnant,  sentences  sur  ce  intervenues  par  plusieurs  gouverneurs 
et  seneschaulx  dud.  pays  de  Lymosin,  et  mesmes  par  messire 
François  de  Pontbriant,  gouverneur  et  seneschal  dud.  pays,  en 
date  des  neufîesme  d'octobre  m.  v<'  quarante  huict  et  vingt 
sixiesme  de  novembre  m.  v«  cinquante  vu  (sic),  acte  de  la  procé- 
dure faicte  pardevant  nous  le  septiesme  jour  du  présent  mois  de 
juing,  contenant  déclaration  des  advocat  et  procureur  du  roy 
qu'ilz  ne  veulent  soubstenir  Tappoinctement  donné  par  led.  de 
Pontbriant  contre  lesd.  consulz,  et  qu'ilz  n'ont  causes  pour 
empescher  que  les  habitans  dud.  Limoges  ne  joissent  desd.  pri- 
vilèges confirmez  par  le  roy,  ains  requièrent  lesd.  privilegez 
estre  gardez  suivant  le  vouloir  dud.  S',  avec  l'appoinctement 
pour,  communication  faicte  au  conseil ,  en  estre  ordonné  comme 
de  raison  :  le  tout  considéré ,  par  advis  du  conseil.  Avons  main- 
tenu et  maintenons  lesd.  consulz,  manans  et  habitans  de  lad. 
ville  de  Lymoges  en  Ieursd.  privilèges,  franchises  et  libertez, 
suivant  la  forme  et  teneur  desd.  privilèges,  et  les  déclarons  non 
subjectz  au  service  dud.  ban  et  arriere-ban  de  Lymosin,  ne  à  la 

4 


50  PRIVILÈGES   DE   LA    VILLE   DE   LIMOGES. 

contribucion  d'icelluy;  le  towt  soubz  le  bon  plaisir  et  vouloir  du 
roy  ;  et  sera  la  présente  sentence  signîfflee  h  tous  ceulx  qu'il 
appartiendra.  Ainsi  signé  :  a  Bermondet,  F.  Lamy,  de  La  Borke, 
DE  LoMÉNiE,  Sddutraud,  DE  Grandchaud  ».  Et  plus  bas  est 
escript  :  Taxé  pro  visitaoione  et  consilio  quatre  escus.  —  Prononcé 
en  l'auditoire  royal  de  la  court  de  la  seneschaucee  de  Lymosin 
pôr  mons'  Bermondet,  lieutenant  gênerai  en  absence  desd. 
parties,  ausquelles  est  ordonné  que  sera  signifié  le  vingtiesme 
jour  de  juing  Tan  mil  cinq  cens  cinquante-quatre.  —  Et,  led. 
jour  mesmes,  a  esté  lad.  sentence  monstree  et  signifiée  au  pro- 
cureur du  roy,  qui  a  faict  responce  qu'il  n'approuvoit  la  qualité 
de  défendeur,  car  n'avoit  jamais  défendu  ne  empesché  que  lesd. 
consulz  et  habitans  de  la  présent  ville  de  Lymoges  joissent  de 
leurs  privilieges,  requérant  réparation  de  lad.  instance;  autre- 
ment proteste  icelle  fere  reparer.  Presena  honorable  M*  Joseph 
de  Beaune,  lieutenant  et  juge  magistrat  criminel,  et  Helias 
Chounyer,  sergent  royal.  Et  aussi  a  esté  signifiée  à  Char- 
taignac,  procureur  desd.  consulz,  qui  l'a  acceptée. 

Ainsi  signé  :  de  Douhet. 

Sur  la  requeste  présentée  le  premier  jour  de  may  mil  cinq  cens 
cinquante-cinq  à  nous,  Gaultier  Bermondet,  S'  de  Saint- 
Laurens  et  de  La  Quintane,  conseiller  du  roy  nostre  sire,  lieu- 
tenant gênerai  en  la  seneschaucee  de  Lymosin^  au  siège  pre- 
sidiâl  de  Lymoges,  par  les  consulz,  manans  et  habitans  de  la 
ville  de  Lymoges ,  contenant  que,  de  tout  temps  et  ancienneté, 
par  privilèges  à  eulx  donnez  par  les  roys,  ilz  sont  exemptz  pour 
les  fiefz  nobles  et  rentes  censives  qu'ilz  tiennent  et  possèdent, 
de  venir,  envoyer  ou  contribuer  au  ban  et  arriere-ban  ordonnez 
en  la  seneschaucee  de  Lymosin  sur  le  faict  des  guerres  ;  et ,  pour 
ce  que  aucuns  y  voulurent  autreffbis  mectre  empeschement,  le 
feu  roy  Loys  douziesme  cassa  et  adnulla  par  ses  lettres-patentes 
ce  qu'avoit  esté  faict  contre  led.  priviliege  et  exemption,  et 
d'abondant  le  leur  confirma,  comme  appert  par  lesd.  lettres- 
patentes  du  XII*  mars  m.  v^  et  unze,  exécutées  par  feu  messire 
Germain  de  Bonneval,  lors  gouverneur  et  seneschal  de  Ly- 
mosin ,  le  premier  jour  de  may  m.  v^  treize,  ce  que  depuis  auroit 
esté  confirmé  par  le  feu  roy  François  premier  de  ce  nom, 
comme  amplement  est  contenu  par  ses  lettres-patentes  en 
forme  de  chartre  données  au  mois  de  janvier  mil  v^^  quatorze,  et 
signées  :  •  Par  le  roy,  du  Tillet  » ,  et  scellées  du  grand  scel  du 


PaiVlLÉGKS  DE   LA    VILLE   DE   LIMOGES.  51 

roy  en  cire  verd  à  lacz  de  soye  :  suivant  lezquelz  privilèges  ilz 
ont  joy,  usé  de  lad   exemption ,  et  sont  esté  déclarez  exemptz 
par  les  senescîiaulx   de    Lymosin,   et    mesmes   par    messire 
François  de  Pontbriant,  gouverneur  et  seneschal  à  présent,  oys 
sur  ce  les  advocat  et  procureur  du  roy,  et  depuis  lesd.  privi- 
lèges leur  ont  esté  confirmez  et  approuvez  par  le  roy  nostre  sire 
à  présent  régnant ,  qui  en  a  semblablement  décerné  ses  lettres- 
patentes  au  mois  de  mars  mil  v^  quarante-sept,  signées  :  «  Par 
le  roy,   Mathieu   o,  qui  auroient  esté  par  nous  vérifiées  et 
entérinées  le  neufiesme  d^avril  m.  y^  quarante-huict  ;  touteffois, 
aians  esté  advertiz  que  led.  gouverneur  moderne  les  auroit  de 
nouveau  indeuement  quotisez  à  la  contribution  dud.  ban  et 
arriere-ban ,  en  contrevenant  ausd.  privilèges ,  se  seroient  retirez 
devers  le  roy  nostre  sire,  qui,  aiant  fait  veoir  k  son  conseil 
privé  lesd.  privilèges,  de  sa  certaine  science,  plaine  puissance 
et  authorité  royale ,  a  dict  et  déclaré  entendre  et  son  vouloir 
estre  que  lesd  supplians,  tant  en  gênerai  que  en  particulier, 
joissentdesd.  privilèges,  sans  qu'ils  feussent  contrainctz,  taxez, 
quotisez  ne  contribuables  au  faict  et  service  dud.  ban  et  arriere- 
bau  en  quelque  manière  que  ce  fust,  voulant  quMIz  en  demeu- 
rassent francs,  quictes  et  exempta,  comme  est  contenu  en  lad. 
déclaration  et  lettres-patentes  du  quînziesme  de  juing  m.  v*^  cin- 
quante-quatre ,  signées  :  «  Par  le  roy  en  son  conseil ,  de  Laubes- 
ï>iNB  9  :  ce  qui  auroit  esté  vérifié  et  exécuté  le  cinquiesme  de 
décembre  m.  y^  cinquante-quatre  par  les  gens  tenans  le  siège 
presidial   à  Lymoges,   et  par  nous  aussi,   par   sentence  du 
vingtiesme  de  juing  m.  v«  cinquante-quatre,  oyz  les  gens  du 
roy,  feurent  maintenuz  en  leursd.  privilèges  :  ce  nonobstant,  le 
vîngt-quatriesme  jour  du  moys  d'avril  dernier  et  autres  jours 
subsequans,  lesd.  supplians  ou  aucuns  d'eulx  tenans  fiefz  nobles 
furent  appeliez  ausd.  ban  et  arriere-ban,  où  ilz  presentarent 
leurs  dîctz  privilèges  et  lettres  en  présence  desd.  advocat  et 
procureur  du  roy  et  de  la  noblesse  illec  assistant;  et,  pour  ce 
que  de  leurs  dictz  privilèges  appertz  notoirement  et  quMlz  sont 
en  possession  d'en  joyr,  ont  requis,  veu  ce  que  dessus,  estre 
déclarez  exemptz  dud.  arriere-ban  en  exécutant  lesd.  lettres- 
patentes  et  nostred.  sentence,  et,  suivant  lesd.  privilèges,  les 
rayer  desroUes  dud.  arriere-ban,  et  les  déclarer  d'abondant  et 
par  tant  que  besoin  seroit  deschargez  et  exemptz  du  service  et 
contribution  aud.  ban  et  arriere-ban ,  et  inhiber  à  tous  de  les 
plus  enroller  ne  molester  pour  raison  de  ce.  Oys  sur  ce  les 


52  PRiViLÉGES  DE  LA   VILLE  DE   LIMOGES. 

advocat  et  procureur  du  roy,  qui  ont  dict  n'empescher  l'enteri- 
nement  de  ladite  requeste,  veuy  lesd.  privilèges  et  plusieurs 
autres  sentences  sur  ce  intervenues  de  plusieurs  gouverneurs  et 
seneschaulx  de  Lymosin  et  leurs  lieutenans,  ny  que  lesd. 
sentences  et  mesmes  la  moderne  ne  soit  exécutée,  par  ce 
d^abondant ,  le  tout  veu  et  considère ,  avons  ordonné  et  or- 
donnons que  lesd.  supplians  seront  desenroUez  du  rolle  dud. 
arriere-ban  suivant  leursd.  privilèges  et  sentences  sur  ce  inter- 
venues jusques  autrement  en  sera  ordonné  par  le  roy.  Fait  à 
Lymoges,  lehuitiesme  jour  de  may  m.  v^  cinquante-cinq. 

Signé  :  Bbrmondet.  J.  Cabas,  commis  du  greffier. 

Les  originaux  desquelles  Chartres,  confirmacion,  attaches,  enté- 
rinements et  autres  procédures  et  pièces  cy  devant  transcriptes  et 
insérées  nous  avons  fait  veoir  et  visiter  en  nostre  conseil,  où  ilz 
ont  esté  trouvez  sains  et  entiers  et  sans  vices,  faultes  ou  suspicion, 
à  cause  de  quoy  nousavons  faiet  à  iceulx  conférer  et  coUationner 
lesd.  transcriptions  et  insertion ,  et,  parce  qu'elles  ont  esté  trou- 
vées conformes  et  de  mot  à  mot  concordants  ausd.  originaulx, 
nous  les  avons  autentiquees  et  authorisees  et,  de  noz  certaine 
science,  pleine  puissance  et  authorité  royalle ,  autentiquons  et 
authorisons ,  voulons  et  nous  plaist  qu'elles  facent  perpétuel- 
lement plaine  et  entière  foy  en  tout  et  partout,  ainsi  que 
lesd.  originaux  seroient  ou  pou rroient  faire,  et  sans  que  lesd. 
supplians  soient  aucunement  tenuz  monstrer  ne  faire  apparoir 
desd.  originaulx  en  première  figure  ne  autrement  que  par  la 
seule  teneur  et  exhibition  des  présentes  et  du  vidimus  deuement 
fait  et  coUationné  à  icelles  —  Et,  afin  que  ce  soit  chose  ferme 
et  estable  à  toujours,  nous  avons  faict  mettre  et  apposer  notre 
scel  à  cesd.  présentes,  sauf  en  autres  chose»  nostre  droit  et 
Vautruy  en  toutes.  Donné  à  Saint-Germain-en-Laye,  au  mois 
de  juillet  de  Tan  de  grâce  mil  cinq  cent  cinquante-cinq,  et  de 
nostre  règne  le  neufiesme. 

Ainsi  signé  :  Visa.  Par  le  Roy ,  M*  Pierre  de  Saint-Martin, 
M*  des  requestes  ordinaires  de  Thôstel ,  présent.  — 
BuRGENsis,  et  plus  bas  :  de  Saint-Martin.  Et  scellé  du 
grand  scel  dud.  S"^  àlacz  de  soye  verte  et  rouge  pendant 
avec  le  contrescel  dud.  S^ 

Collation  a  esté  faicte  à  Toriginal  susdit  par  moy,  notaire  et 
secrétaire  du  Roy. 

De  Prouiikt  (de  Douhet?  ) ,  avec  paraphe. 


GONNÉTABLIE  DE  LA  ROCHELLE 


SIMON    DE    ROGHEGHOUART 


GONNKTABL.E 


VICOMTE     DE  4306    A    43i6 


Od  donnait  autrefois  le  nom  de  connétablies  à  des  bandes  et 
compa^ies  de  gens  de  guerre.  Froissard  appelle  ainsi  des 
escadrons  et  bannières  de  cavaleries  :  constabularia ,  jurisdictio 
amnestabilis.  —  ConnétabUe  est  aussi  le  nom  de  la  charge  de  celui 
qui  commande  ces  compagnies  et  bandes,  cohortes,  turmœ. 

On  fait  dériver  le  nom  de  connétable  du  celtique  konincs  staphel, 
qui  signifie  garde  du  roi,  ou  du  latin  de  moyen  &ge  cornes  stabuU, 
et  cuneus  stabilis.  Anne  Comnène,  dans  Thistoire  de  son  père 
l'empereur  grec  Alexis  Comnène,  parle  de  connétables;  Pa- 
cbymère  en  fait  aussi  mention. 

Le  roi  Jean  de  Valois  ordonna  que  ces  connétablies  seraient 
composées  de  vingt-cinq  à  trente  hommes,  Tan  1354. 

Un  vieux  document  de  nos  archives  départementales  prouve 
qu'on  avait  établi  en  Limousin  cette  organisation  près  d'un 
demi-siècle  avant  la  réglementation  royale. 


54  CONNBTABME   DB   LA    ROCHELLE. 

G*est  une  longue  et  étroite  bande  de  parchemin,  où  Simon  de 
Rochechouart ,  connétable  de  La  Rochelle,  sorte  de  gouverneur, 
écrit  en  latin  et  en  caractères  très-difficiles  à  lire,  un  état 
ou  liste  des  chevaliers,  écuyers  et  hommes  d'armes  qui  com- 
posaient sa  connétablie.  Il  n'y  a  point  de  date;  mais  j'en  ai 
trouvé  une  approximative  dans  l'histoire  de  la  maison  de  Roche- 
chouart  publiée  par  le  général  comte  de  ce  nom,  à  qui  j'ai 
emprunté  quelques  détails  sur  le  vicomte  Simon. 

Simon,  vicomte  de  Rochechouart,  fils  d'Aimeryetde  Jeanne 
de  Tonnay-Charente ,  naquit  en  4262.  Foucaud,  son  frère  ^  était 
plus  jeune  que  lui.  Âgé  de  onze  ans ,  et  quoique  aîné  de  famille 
noble ,  il  entra  dans  l'ordre  des  Dominicains ,  où  il  resta  trois 
ans,  et  en  sortit  avant  d'avoir  quinze  ans  révolus.  Le  pape  le 
releva  de  cet  ordre  monastique  après  les  investigations  d'une 
commission  dont  faisaient  partie  Jourdain  Tisoni,  prévôt  de 
Rochechouart,  Âmédée  de  Mont-Ck)cu  {Monscuculli) ,  Almode  de 
Marcillac,  et  autres  chevaliers  et  damoiseaux.  Après  avoir  quitté 
le  froc ,  Simon  prit  le  titre  de  seigneur  de  Saint-Laurent ,  terre 
que  son  père  lui  avait  assignée,  et  embrassa  avec  ardeur  la 
carrière  des  armes;  il  servit  son  roi  et  son  pays  avec  autant  de 
zèle  et  de  dévoûment  que  d'intelligence.  Les  titres  qu'il  obtint 
en  récompense  de  ses  services  sont  adressés  à  messire  Simon  ^ 
de  Rochechouart ,  chevalier  du  roi  de  France ,  comme  il  l'écrivit 
au  présent  parchemin  :  Simon  ne  voulait  pas  être  le  chevalier  du 
roi  d'Angleterre,  mais  bien  de  son  seigneur  suzerain. 

Il  fut  nommé  par  le  roi  de  France  Philippe  le  Bel  son  conestabk 
de  La  Rochelle,  l'an  4303,  pour  avoir  empêché  le  transport  des 
grains  à  l'étranger,  et  notamment  à  l'Espagne.  Dans  ses  lettres- 
patentes  ,  ce  monarque  lui  donne  des  témoignages  de  sa  con- 
fiance en  sa  fidélité. 

Simon  suivit  Philippe  le  Bel  avec  tous  les  chevaliers  des 
provinces  qui  le  choisirent  pour  chef,  et  prit  avec  eux  une  part 
glorieuse  à  la  bataille  de  Mons-en-Puelle ,  gagnée  par  le  roi  de 
France  l'an  4304. 

Il  épousa,  cette  même  année,  Laura,  fille  de  Jourdain  III ^ 
prince  de  Chabanais,  et  d'Alix  de  Montfort,  veuve  de 
Raymond  IV,  vicomte  de  Turenne. 

Il  mourut  en  4316,  et  voulut  être  enterré  dans  l'église  des 
Dominicains  de  Saint-Junien. 

Le  roi  de  France  reçut  un  legs  de  trois  centslivres ,  comme  un 
des  exécuteurs  de  son  testament. 


CONNéTABLIE    DB   LA    ROCHELLE.  55 

Simon  avait  succédé ,  en  4306,  à  la  vicomte  de  Rochechouart , 
après  la  mort  d'Aimery  IX,  son  neveu,  qui  avait  affranchi  les 
habitants ,  et  constitué  la  commune  de  Rochechouart  ;  son  parent 
Foucaud  fut  gouverneur  de  La  Rochelle. 

Je  transcris  le  texte  latin  de  cette  pancarte,  en  développant 
les  abréviations,  et  je  traduis  en  français,  en  suppléant  par  des 
équivalents  aux  mots  effacés  ou  aux  lacunes. 


Fresenda  militum  et  scutiferorum 
existerUium  in  muntide  (4)  et 
stabiUta  RupeUe  in  secacestre  (2) 
domini  Symonis  de  Ruppecct- 
vareU,  nUUtis  domini  régis 
Prancomm  et  constabularii  ejus- 
dem  RupeUe. 


Chevaliers  et  écuyers  présents  au 
fort  et  à  la  garnison  de  La  Ro- 
cheUe  à  la  suite  de  messire 
Simon  de  Rochechouart,  che- 
valier du  seigneur  roi  des 
Français  et  son  connétable  à  La 
Rochelle. 


Idem  constabularius. 
Gaucelinus  de  Melhac  (3),  scutifer. 
Fulcandus  de  Rupecavardi,  scu- 
tifer. 
Amelios  Davidis(4) ,  armiger. 

P.  Dompnho  (5) ,  scutifer. 

DcM  Lori  (6) ,  scutifer. 

JordanusTlso  (7),  scutifer. 

P.  Tethfont  (7  Ms),  scutifer. 

GuiUelmos  de  Sto-Laùrentio  (8), 
scutifer. 

Hugo  Fulcandi  (9) ,  scutifer. 

Présentes  sunt  de  hospitio  domini 
constabularii  : 

Dominus  GuiUelmus  de  Rupe  (10) , 
miles. 

HeyrauduB  Chadens,  scutifer. 

Girard  de  Preunh  (11)  (biffé). 

Ademarus  Bechada  (12). 

Fuloonetus  de  Chastelluz  (13). 

Isti  sunt  de  societatre  (14)  dicti  do- 
mini Guillelmi  de  Rupe. 


Ledit  connétable.     . 
Gaucelin  de  Meilhac,  écuyer. 
Foucaud  de  Rochechouart ,  écuyer . 

Amelius  de  David,  jeune  écuyer, 
homme  d'armes. 
P.  du  Dognon,  écuyer. 
Dominique  de  Lori  »  écuyer. 
Jourdain  Tison ,  écuyer. 
P.  Tethfont,  écuyer. 
Guillaume  de  St-Laurent ,  écuyer. 

Hugues  de  Foucaud,  écuyer. 

Sont  présents  au  logis  (hôtel)  du 
seigneur  connétable: 

Messire  Guillaume  de  La  Roche , 
chevalier. 

Heyraud  Chadens,  écuyer. 

Effacé  Gérard  de  Preunh. 

Adémar  Béchade. 

Foulquet  de  Cbastellux. 

Font  partie  de  l*escouade  du  sus- 
dit seigneur  Guillaume  de  La  Roche. 


Habuitdictus  dominus  GuiUelmus  Ledit  seigneur  Guillaume  reçut 
pro  se  et  scutiferis  predictis  vm^x  pour  lui  et  les  écuyers  susdits  huit 
vn  libras  xl  solides  xi  denarios.         vingt-sept  livres  quarante  sols  onze 

deniers. 


56 


CONN ÉTABLIE   DE   LA    ROCHELLE. 


Dominus  Guldo  Bruni  (15) ,  miles. 

Constantinus  Mâches  (16),  scu- 
tifer. 

Geraldus  Ruffo  (16  Ms),  scutifer. 

GeraldusRotberti,  scutifer. 

Isti  sunt  de  secacestre  dicti  do- 
mini  Guidonls. 

Habuit  idem  dominus  Guido  pro 
se  et  scutiferis  suis  ix^^c  Ubras  li  so- 
lides iiij  denarios. 

Guillelmus  de  Maruelh  (17),  scu- 
tifer, baro. 

Guillelmus  de  Maruelh,  ejus  û- 
lius,  scutifer. 

Bemardus  Chabrou  (18) .  scutifer. 

Relias  de  La  Vautta  (19),  scutifer. 

P.  Chat  (20). 

Habuit  dictus  Guillelmus  de  Ma- 
ruelh pro  se  et  scutiferis  suis  ccx 
libras. 

Guilhotus  Le  Breton,  scutifer,  ha- 
buit xxxiii  libras  xviii  solides. 

Thomas  Sj^monis  (20  M; ) ,  scutifer, 
habuit  XVI  libras  v  solides. 

Rotbertus  Seguini  (20  ter),  scutifer, 

Perrotus  Theobaldi ,  scutifer, 

Scolin  Rigau  (21),  scutifer,  habue- 
runt  cix  libras. 

Guillelmus  Seguini ,  scutifer. 

J.  Malerant  (22),  scutifer,  habuit 
xKXii  libras  v  solides. 

J. Joli vet,  scutifer,  habuit  x libras. 

Guillelmus  Yigerii ,  scutifer,  ha- 
buit XIX  libras  xt  solides. 

Sequuntur  expensa  de  nunciis 
transmissis  pro  negociis  domini 
régis  Francorum. 

In  primis  sunt  D»"»  W.  de  Rupe , 
miles  :  ivît  de  Fce  et  die  veneris  in 
festo  sancti  Thomœ  apostoli ,  et  ex- 
pendit,  eundo,  et  redeundo,  et  fa- 
ciendo  moram  ad  curiam  (23), 
XXX VIII  libras  et  x  solides. 

ICem  die  veneris  post  Cineres, 
dominus  magister  Johannes  fuit 
transmissus    in   Fra,   et   expendU 


Le  seigneur  Guy  de  Brun,  che- 
valier. 
Constantin  Mâches,  écuyer. 

Gérard  Roux,  écuyer. 

Grérard  de  Robert .  écuyer. 

Ceux-ci  sont  de  Tescouade  dudit 
seigneur  Guy. 

Ledit  seigneur  Guy  a  reçu  pour 
lui  et  ses  écuyers  neuf  vingts  livres 
cinquante-un  sols  quatre  deniers. 

Guillaume  de  Mareuil ,  écuyer  et 
baron. 

Guillaume  de  Mareuil,  son  fils, 
écuyer. 

Bernard  Chabrou ,  écuyer. 

Hélie  de  La  Voutte,  écuyer. 

P.  Chapt  (î). 

Ledit  Guillaume  de  Mareuil  a  reçu 
pour  lui  et  ses  écuyers  deux  cent 
dix  livres. 

Guillaume  Le  Breton,  écuyer,  a 
reçu  trente-trois  livres  dix-huit 
sols. 

Thomas  de  Symon ,  écuyer,  a  reçu 
seize  livres  cinq  sols. 

Robert  de  Séguin ,  écuyer, 

Perrot  de  Thibaud ,  écuyer. 

Colin  Rigau ,  écuyer,  reçurent  cent 
neuf  livres. 

Guillaume  de  Seguin ,  écuyer. 

J.  Malerant ,  écuyer,  reçut  trente- 
deux  livres  cinq  sols. 

J.  Jolivet ,  écuyer,  reçut  dix  livres. 

Guillaume  de  Vigier,  écuyer,  reçut 
dix-neuf  livres  quinze  sols. 

Suivent  les  dépenses  des  messa- 
gers expédiés  pour  les  affaires  du 
sire  roi  des  Français. 

Des  premiers  sont  le  seigneur 
Guillaume  de  La  Roche,  chevalier  :  il 
alla  en  France  le  vendredi  avant 
la  fête  de  saint  Thomas  apôtre,  et 
dépensa  en  allant,  revenant,  et  sé- 
journant à  la  cour,  trente-huit  livres 
et  dix  sols. 

/^«m  le  vendredi  après  les  Cendres, 
le  seigneur  messire  Jean  fut  envoyé 
en  France,  et  dépensa  en  allant  et 


CONNÉrABLlE   DB   LA    ROGHELLB.  57 

eundo  et  redeundo,  et  faciendo  mo-  revenant .  et  séjournant  k  la  même 

ram  ad  eamdem ,  l  solidos.  cour,  cinquante  sols. 

Item  die  veneris  post  OcvUmeii^)^  Item  le  vendredi  après  Oculi  met, 

fuit  dictus  dominus  Guillelmus  de  ledit    seigrneur    Guillaume    de   La 

Rupe,  miles,  i vit  in  FrA°  pro  nego*  Roche,  chevalier,  alla   en   France 

cils  domini    régis  Franoorum   il-  pour  les  affaires  du  sire  illustre  roi 

lustris,  et  expendit  eundo   et  re*  des  Français,  et  dépensa  en  allant 

deundo,  et  faciendo  moram  ad  eu-  et  revenant,  et  séjournant  à  la  cour, 

riam ,  xxxiii  libras  xiii  denarios.  trente-trois  livres  treize  deniers. 

Item  die  lunœ  post  Latare ,  Jeru-  Item .  le  lundi  après  Latare,  lerth- 

salem  (25),  dominus  constabularius  salem,  le  seignieur  connétable  paya 

sol  vit  et  deputavit  Yvonet  Vogerin.  et  envoya  Yvonet  Vogerin,  barbier, 

barbi  tonsoremetejus  fratrem:xso-  et  son  frère  :  dix  sols  leur  furent 

lidos  pro  labore  quem  sustinuerunt  comptés  pour  la  peine  qu'ils  prirent 

ad  capiendum  Chalop  Stœ-Mariss  de  dans    la    capture    de    Chalop    de 

Fontearabise.  Sainte-Marie  de  Fontarabie. 

I/em  XL  solidos  Thomee  Baco  ei-  Item    quarante ,  sols  à  Thomas 

dem  ca  et  pro  eo  qui  prœparavit.  Bacon  pour  le  même  travail  et  pour 

celui  qui  Taida. 

Item ,  die  jovis  sequente ,  viii  libras  Item ,  le  jeudi  suivant ,  huit  livres 

Nicholao  Berengier,  pro  eo  qui  equi-  à  Nicolas  Bérengier,  pour  celui  qui 

tavit  et  prœparavit  quod  Michelyres  chevaucha  et  facilita  le   Flament 

le  flament  caperet.  dans  la  prise  de  Michelyres. 

Item,   die   martis    post    festum  Item,  le  mardi  après  la  fête  de 

Paschee,    dominus    constabularius  Pâques,  le  seigrneur  connétable  en- 

misit  in  Fr^m  ad   Liedis  (26)  do-  voya  k  Liedis  en  France  le  sieur 

minum  Penot  Rouffet  pro  negociis  Penot  Rouffet  pour  les  affaires  du 

domini  régis ,  et  expendit  eundo  et  sire  roi ,  et  il  dépensa  en  allée ,  re- 

redeundo ,  et  faciendo  moram ,  xxv  tour  et  séjour,  vingt-cinq  sols  et 

solidos  et  xiii  denarios.  treize  deniers. 

Dictus  Penot  ivit  post  festum  Pen-  Ledit  Penot  alla  après  la  fête  de  la 

tecostes  Par....,  et  expendit  xv  so-   Pentecôte  k    Par ,   et    dépensa 

]idos.  quinze  sols. 

Item Âmelius  Davidis,  qui  cum  eo  Item,  Amelius  de  David ,  qui  Tac- 

ivit  ultro  Par...,  et  expendit  xv  11-    compagna  volontairement  k  Par 

bras.  dépensa  quinze  livres. 

o«c  iiiix»  et  XV   libras   et  x  so-  Sept  cent  quatre-ving-quinze  li- 

lldos  (27).  vres  et  dix  sols, 

11  est  vraiment  à  déplorer  que  le  temps  soit  venu  augmenter 
par  ses  ravages  les  imperfections  de  cette  pièce,  qui  offrirait 
d'intéressants  détails  sur  le  salaire  des  hommes  d'arm  s,  les 
frais  de  voyage,  etc.,  au  commencement  du  xiv  siècle.  Le 
connétable  Simon  de  Rochechouart  la  rédigea  sans  doute  de  sa 
main  au  milieu  du  bruit  des  armes,  et  n'y  épargna  ni  les  ra- 
tures, ni  les  abréviations,  ni  les  mots  mal  écrits,  et  par  suito 
mal  lus.  J'ai  dû  tâcher  d'approcher  du  sens  de  cet  état  militairo 


58  CONNélABLlE   DB   LA    ROCHELLE. 

en  employant  quelques  équivalents  :  ainsi,  aux  renvois  4  et  2  du 
préambule,  j'ai  rendu  le  mot  muntide,  à  cause  de  sa  ressem- 
blance avec  munitione,  par  le  fort  de  La  Rochelle;  mais  le  mot 
secacestre  m'a  présenté  plus  de  difficultés  :  je  n'ai  trouvé  ni  Tun 
ni  Tautre  dans  aucun  dictionnaire;  et,  procédant  par  analogie , 
j'ai  choisi  le  mot  escouade,  partie  d'une  compagnie  :  escouade 
dérive  du  vieux  mot  escu,  bouclier;  le  terme  grec  kestre  signifie 
petit  bouclier,  Sequax,  sequus  et  sequa,  pedisequus  et  pedisequa,  sont 
composés  d'un  adjectif  qui  veut  dire  volontaire,  homme  qui  suit 
de  bonne  volonté;  et,  comme  cette  troupe  consiste  en  cinq  ou 
^ix  hommes  (nombre  qui  formait  les  escouades) ,  et  tous  écuyers, 
je  ne  crois  pas  m'éloigner  trop  de  l'intention  de  l'écrivain.  Si  ce 
mélange  de  grec  et  latin  ne  paraît  pas  convenable,  le  mot  latin 
cestrum  signifie  arme  pointue  :  alors  notre  escouade  serait  com- 
posée d'hommes  armés  de  piques.  Simon  a  écrit  sociétaire  pour 
societate,  ce  qui  permet  de  croire  qu'il  n'était  pas  toujours 
correct. 

(3)  Le  nom  de  Meilhac  est  celui  d'une  seigneurie  limousine. 

(4)  Celui  de  David  est  très-ancien  en  Limousin  :  les  David  de 
Las  Tours,  les  David  des  Étangs,  etc.  Àmelius  de  David,  che- 
valier, figura  dans  des  actes  de  4304  et  4307. 

(5,  6 ,  7,  7  U^^  8  et  9)  Dognon,  Lori,  Tison  (souche  de  la  famille 
des  Cramaud) ,  Teyfon ,  aujourd'hui  Barbe-Teyfon ,  Saint-Lau- 
rent et  Foucaud ,  du  Limousin. 

(40)  Oui  de  La  Roche,  le  père  ou  le  parent  de  celui  qui 
défendit  si  vaillamment  la  cité  de  Limoges. 

(14)  Girard  de  Preunh,  d'une  famille  attachée  aux  Roche- 
cbouart. 

(42  et  43)  Béchade  de  Chalucet,  de  Chastellus,  de  la  Marche. 

(44)  Societate  serait  peut-^tre  mieux  traduit  par  «  compagnie  »  ; 
mais  elle  n'est  pas  plus  forte  qu'une  escouade. 

(45 ,  46  et  46  bis)  Les  Brun  de  Luzignan ,  comtes  de  la  Marche 
et  d'Angouléme ,  rois  de  Chypre  et  de  Jérusalem  ;  —  Macheix , 
seigneurie  en  Ba*-Limousin  ;  —  Roux  de  Romain  et  de  Château- 
Rocher,  limousins. 

(47)  Mareuil,  une  des  quatre  baronnies  du  Périgord  :  les 
Beynat,  Biron  et  Bourdeille. 

(48)  Chabrou  de  Lespinasse  :  un  damoiseau  de  ce  nom  figure 
dans  un  acte  de  4307. 


CONN ÉTABLIE    DE   LA    ROCHELLE.  59 

(19  et  20)  De  LaVoulte,  fils  du  duc  de  Levi  Ventadour; 
Chapl  de  Rastigfnac  (?) ,  l'un  limousin ,  Tautre  périgourdin. 

(20  bis)  11  y  a  encore  des  Simon  à  Rochechouart. 

(ÎO  ter)  Des  familles  Séguin  sont  connues  en  Limousin  comme 
en  Angoumois. 

(Î4  etâî)  Rigaud,  famille  de  SW union  ;  Perry  de  Malérant, 
famille  d'Angoumois. 

(t3)  J'ai  traduit  curiam  par  «  la  cour  » ,  sans  pouvoir  fixer  oii 
elle  était,  le  roi  dans  ces  temps  de  guerre  changeant  souvent  de 
résidence.  L'abréviation  permet  à  la  rigueur  de  lire  in  Pranciam; 

mais  le  lieu  commençant  par  Pa n'est  pas  assez  bien  écrit 

pour  adopter  Paris  :  Poitiers  conviendrait  mieux. 

(24  et  25)  Les  S""  et  4*  dimanche»  de  carême. 

(26)  Liedis  n'a  pu  s'expliquer. 

(27)  Il  y  a  trop  de  lacunes  pour  pouvoir  vérifier  si  le  total  des 
sommes  est  juste  :  je  me  bornerai  à  rappeler  que  le  marc 
d'argent  valait  6  fr.  en  1303,  et  qu'il  redescendit  à  3  fr.  environ 
trois  ans  après.  Si  l'on  pouvait  donc  prendre  pour  base  la  valeur 
du  marc  d'argent  à  cette  époque,  et  la  nôtre  au  taux  de  48  fr. 
actuel,  notre  monnaie  vaudrait  trois  fois  celle  portée  au  ma-^ 
nuscrit,  et  ses  huit  cents  livres  environ  représenteraient 
4  2, SCO  fr. 

Maukice  ARDANT, 

Arcbiviite  de  la  Hmite-Vienne ,  Officier  d'acadëmte. 


Limoges,  le 26  décembre  1862. 


TABLE 

DES  NOMS  DE  LIEUX  ET  DE  PERSONNAGES 

Inscrits  sur  les  Monnaies  mérovingiennes  du  Limousin ,  daprès 
la  description  de  ces  Monnaies  par  M.  Maximin  Deloche. 


NOMS  DE  LIEUX. 


NOM  LATIN. 


ÂManaco  (1)  (dans  le 
champ,  Lemo) 

Peut-être  le  même 
qvL^Apriaiico, 


Amàaciaco 

Analiaco 

Aprianco 

Peut-être    le    même 

(^M'Abrianaco, 

Argenta  vie 

Artonaco 

Artunaco  vico 

BaracUlo 

Le  même  que  BricUloo 

Barro  Castro 

Biaenate  pago 

Blatomago 

BlatonuhSci  Mart  {ini) 
Boneculias  ou  Bonecvr 

lius 

Bredaco   (pour  Ber- 

daco). 

BriciUoo 


BnUiaco 

Briona 

Brvoa  vico 

Cabanisio 

CcMriaco  vico 

Cabrianeco 

Cantriaco  vico 

Pour  Cabitiaco  vico  ?. 


NUMÉROS 

des  pièces 

snr  les  planches 

et  dans  le  texte 

de  l'oarragc 
de  M.  Deloche. 


» 


80 
80,  81 
27 
37 


87 
98 
112 
28,  29,  111 
108,  109,  110 
88 
68 
73,  74,  75 
76 

86 

128 

108,  109,  110 

85 

32 

62,  63 

46 

54 

35,  36 
55 


[ 


POSITION  DK  L'ATELIER. 


Abriac  (Corrèze)  ? 


Ajain  (Creuse). 
Ambazac  (Haute-Vienne). 
Naillac  (Creuse). 
Abriac  (Corrèze). 


Argentat  (Corrèze)  î 
I  Arnac-Pompadour  (Corrèze). 

j  Brilliau-Fa  (Creuse), 

Bar-sur-Correze  (Corrèze). 
Beynat  (Corrèze). 
Blon  ou  Blond  (Haute-Vienne). 
Blonou  Blond  (Eglise  de)  Hte- 

Vienne). 
Bonœil  (Indre). 
Berchat   (Corrèze)   ou    Bersac 

(Haute-Vienne). 
Voir  plus   haut    BaraciUo,   le 

même  que  BriciUoo, 
Brillac  (Charente). 
Brionne  (Creuse). 
Brive-la-Gaillarde  (Corrèze). 
Chabanais  (Charente). 
(  Chabrac  (Corrèze)  .Voi  r  Cantriaco 
l      no  55  et  Curisiaco  n»  56. 
Chabrignac  (Corrèze). 

Voir  Cabiriaco, 


(1)  Deux  tiers  de  sou  appartenant  a  M  le  comte  de  Chastei/^ner,  de  Bordeaux  ,  portent 
cette  inscription  en  légende.  Comme  M.  Deloclie  n*en  a  pas  eu  les  empreintes  H  sa 
disposition ,  il  n'a  pu  ni  les  drcrirc  ni  les  faire  graver  snr  ses  planches.  Il  les  indique 
d'après  le  Compte-rendu  du  Connrèf  sriniUfif/uc  de  France  (session  de  18.'iî);,  T.  T 
p.  273. 


irr 


NOM  LATIN. 


Carovicus 

Cese  monte  [In)  ?, 

Choisssr 

Ciciaco , 

CeifUiniaco , 


Cintinaco j 

Cociaco 

Conpriniaco 

ComUio  Castro 

CurUiaco  vico 

Danacohi  vie,  (DaM^ 

naco) 

Bburio  Castro  (B.   R. 

daos    le    champ , 

Bcdesûg  ratio) 

Bgalo 

Bsandone 

Bspaniaco 

Le  même  que  Spa~ 

niaco 

Btira  vico 


NUMÉROS 

des  pièces 

•ar  les   pUncbas 

et  dans  le  texte 

de  TouTrage 
de  M.  Deloche. 


Femtciaco 

Le  môme  que  Firru- 

ciac 

Oemdiaco 

Le  même  que  Gani- 

îiaco 

Glanonno 

In  Ces  entrante  ?) 

Lemovecas 

[Le]  movicis. 

Litn dvi 

Umoiecas 

et 

Limovegas 

Lgmovia(Ratio  Bdisia) 

Loco  Sancto 

Le  même  que   Loco 

Sancto 

et 

Loco  Samto «. 

Mardaco 

Mauçonaco 

Mediamocta 

Montiniaco 

Honironu    ou    Non^ 

troniî 

Novoantru 

lioto  vico  (2) 

Palativm      {JScl%s[ia] 

Ratio) 


18 

89 

125 

124 

88 

PUcea  décrites 

d'après  Conbroase 

34 

11 

64,  114 

56.C?7,  58 

104 


58 

121 

115 

70 

71 
61 
82.83 

84 
16,90,99 

14.  15 

126 

89 

5,  6,7,  8  (1) 

10 

4 

9 

122 

1 

23 

24.  101 

22,  102, 108 

20,  105 

19 

17 

7» 

91 

120 

77.  78.  123 

21 


POSITION  DE  L'ATELIER. 


.1 


! 
î 


Chervix  (Haute-Vienne). 
Voir  In  Cese  m{onié)t 
Lieu  inconnu  du  Limousin. 
Cissac  (Corrëze). 

Chigrnac  (Corrèze). 

Coussac-Bonneval  (Hte-Vienne). 
Compreignac  (Haute- Vienne). 
Cornil  (Corrèze). 
Cursac  (Haute- Vienne). 

Dagnac  ou  Dignac  (Corrèze)  T 

Byburie  (Corrèze). 
Eyjeaux  (Haute-Vienne). 
Yssandon  (Corrèze). 

Bspagnac  (Corrèze). 

Lieu  inconnu  du  Limousin,  dans 
le  voisinage  de  Naves  (Corrèze). 

Fursac  (Creuse). 


Jumilach  (Grand-)  (Dordogne). 

Glanne  (Lot)  ou  Glény  (Corrèze). 
Montceix  (St-Nicolas-de-)  (Corr.)î 


Limoges  (Haute- Vienne). 


Limoges  (Eglise  de). 


Lieu  inconnu  du  Limousin. 


Marsac  (Creuse). 
Magnac-Bourg  (Haute-Vienne). 
Maisonnais  (Charente). 
Montignac  (Creuse). 

Nontron  (Dordogne)  t 

Nouhant  (Creuse). 

Nouïc  ou  Novic  (Haute-Vienne). 

Le  Palais  (Haute- Vienne). 


(1)  II  existerait  en  outre,  d'apite  le  témoignage  de  MM.  Conbrtnse  et  OulUemot .  deux 
triens  de  Lrmoreras  qol  ne  sont  pas  gravés  dans  les  planches  de  M.  Deloche. 

('2)  Il  existe  une  qnatrlime  piëce  de  Nonic  {Novoieico)  signée  du  même  monétaire  qne 
les  n- 1 77  ,  78 .  et  1?3  et  décrite  par  Conbromse  {Âtlat  des  tnonn.  nat.  méroring.). 


NOM  LATIN. 


Paoiiaco 

Paticaso  vigo 

Le  même  que  Patigaso 

Pttfttjtcttt,  ••...•••.• 

Pino 

Potento 

Sacio  AeclU'L.B,M.O. 

Bodo  Aeciasme  (lisez 
Aedisia) 

Ratio  AediS'Lemoviw. 

R,B  {Bado  BccliHœ) 

Rico  Dwiin 

Rixdnum  (?) 

Rn/lacu 

SagUione  ou  Sugilione 
vico 

Sagraciaco 

Le  mên»  que  Saraciaco 

Sagraciaco  (?) 

Douteux  qu*il  soit  le 
même  que  Sara- 
ciaco  

Sa...co  (SoUiaco?)  (1). 

Saltiacoe 

Saraciaco 

Le  même  que  Sagra- 
ciaco  

S,„.maco  [Samniaco 
ou  Seîaniaco 

Sd  Mart(ini)  Slalomo 

ScoAredio 

Le  même  que  Sco  Aro- 

dio{2) 

SHaniaco 

Se^^fMmauro  (8) 

Serùiennwn 

Sero^no 

et 
Sironno 

SHaniaco 

Sol...eno/oviLonc..Jos 

Spaniaco 

Le  même  que  Sspa- 

niaco 

Sugilione  ou  SagUione 

vico 

Taîilo  Castro 

[Toyinna 


Userca. 


Userca  eastrwn 

Ussalia   (castrum),,, 

Vallaria  vico  (4) 

.„L,.Je 


KUMÉROS 

des  pièces 

sur  les  planches 

et  dans  le  texte 

de  rouvrais 
de  M.  Deloche. 


92 
98 
94 
25 
106,  107 
95 
2 

8 

1 
53 

45 

65 

117 

61 

40 

» 

96 


» 

66 
26 
89 

40 

41 
76 
42,  4S 

44 
33,  127 
12 
18 
69 

100 
97 

116 
71 

70 

81 

60 

67 

47,48.49,50, 

52,  119.  119 

et  180 

51 

59 

72,  118 

113 


Pauliac  (Corrèze)T 

Pageas  (Haute-Vienne)  t 

Peyrafiche  (Haute-Vienne). 
Pineau  (Haute-Vienne). 
Chàteau-Ponsat  (Hte-Vlenne). 

Eglise  de  Limoges- 

Voir  Sburio. 

Rieu  près  Dun  (Creuse). 

Lieu  inoonnu  situé  dans  la  Corr. 

Roufflac  (Cantal). 

Voir  SngUione, 

Voir  Saraciaco. 


Seilhac  (Corrèze). 
Sauviac  (Haute^Vienne). 

>  8arazac  (Dordogne). 

t  Savignac  (Dordogne)  ou  Sala> 
(  gnac  (Corrèze).  Voir  Sdaniaco, 
]  Eglise  de  Blon  ou  Blond.  Voir 
Rlatomago, 

Saint-Yrieix  (Haut^Vienne). 

Salagnac  (Corr.).  Voir  i9....nid^. 
Sénard-lilontrol  (Hte-Vlenne). 

Sarrou  (Corrèze). 


f  Lieu  étranger  au  Limousin,  pro- 
^      bablement  en  Orléanais. 
[  Localité  du  Limousin  encore  in- 
connue. 

Voir  BspaniacOi 


Lieu  inconnu  du  Limousin. 
Teillol  (Corrèze). 
Turenne  (Corrèze). 

Uzerche  (Corrèze). 

Ussel  (Corrèze). 

Vallière  (Creuse). 

Lieu  inconnu  du  Limousin. 


(1)  La  Bibliothèque  impériale  possède  un  second  trions,  décrit  dans  le  texte  do  M.  Deloche. 

il)  Il  y  a  aussi  une  pièce  )i  la  Kfgende  Scus  Arêdi .  décrite  d'après  Bouteroue. 

(3)  Un  deuxième  trions .  décrit  dans  la  texte ,  est  absent  de  nos  planches 

^4'  Il  existe  au  cabinet  des  médailles  un  troisième  trions  arec  la  même  légende 


NOMS  DE  PERSONNAGES. 


Nota.  Sauf  le  nom  Clodovius,  InBcrit  sur  les  n^  4  et  67,  et  qui  désigne  le 
roi  Cloyis  II ,  tous  les  noms  de  personnages  doivent  être,  suivant  nous, 
considérés  comme  étant  ceux  de  monnayeurs. 


NOMS 

DBS  PKB80NNAOBS. 


NUMEROS 

des  pfèce« 

sur  lea  plaacheB. 


Abwidantius 

Aeoienut 

Acu.,.v<m  so? 

Addemanu 

Ado 

Aegul/os 

Ansotnaus 

Ansainius 

ArvUordus 

Ascaricus 

Audoàldus 

Audobodug 

Ausanitu 

AiUkarius 

AvOMus 

Baidenus 

Boêdianus 

BoHlianus 

Btmdeffiêdut 

et 

BaudiffUdus 

BaudoUtfius  {!è) 

Baudoletmi 

Bdto 

BMolus 

Bodo 

Bonoaldug 

Botwt 

BosiliMU  (3) 

Boso 

Bosolenus 

CadoUJlus  [gravé  à 
tort  sur  les  plan- 
ches pour  Baudole- 

Jf^)j 

Ceranius 

Charvaricus 

Clodoveus,  rex 

Clodoveus 

Co$ta.„ianu$    {ConS'- 

tantianus) 


97(1 

76 

81 

116 

128 

29 

9 

122 

8 

7 

33 

27 

14 

85.  36,  37 

91 

54,  55,  56 

50 

40 

100 

13  et  69 

43 

42 

83 

80 

39 

34 
64,114 

» 

10 

66 


43 

20,  105 

32 

4 

67 

87 


NOMS 


DBS  PBRSOKNAOES. 


CiidofxUdus 

Cundovaldut  ou  dun- 

dovaldM  .Voir  Gun- 

d&vàldus 

Dacoàldus 

^Daco]àldut  (?) 

Dacovàldus 

Daocdwn 

Daulfus 

Deorricilut 

Diacioaldio  ponr  Dor- 

coàldo 

DomiU/u9 

B.,dechml%s 

Elian[us]? 

Blici    pour    Sligius 

dans  le  champ. . 

Sodul/us 

Sosevius 

Speriniu 

B...udrius    ou   F.,. 

udrius 

Fàlco 

FlanyJ/us  (4) 

Flavifus 

Fravardus 

iJavio 

OondoUnos 

CrueUus  ou  €frueUo. . 

GundoMus 

Oufidovàld 

6Hmd(waldus  ou  Citn- 

dowUdus 

lUaiU/us  {pour  FlaïU- 

/us?) 

Hdebodut 

Iterius  (?) ,.... 

Zatmecu 

Ledegusduê 

Leodardui 


NUMiBOS 

des  pl^cet 

sur  les  planches. 


124 


17 

23.24,  102 

103 

101 

59 

5 

94 

22 

2 
126 
113 

4 

79,  120 

96 

85 

44 
63 

77.  78,  123  et 

peut-être  86 

57,  68 

72,  118 

70 

61 

83,  84 

92 

17 

86 
106,  107 
41 
95 
115 
89 


(1)  Cette  pièce  ii*a  pu  été  frappée  en  Limousin.  (Voir  dans  la  table  des  noms  de  lieux, 
an  mot  SUaniaeo). 
(S)  On  a  gravé  CadotefluM ,  mais  k  tort. 

(3;  Plbce  décrite  dans  le  texte  ,  mais  non  grarée  sur  les  planclies. 
(4)  Pièce  décrite  dans  le  texte ,  mais  absente  des  planches. 


NOMS 


DBS   PERSONNAGES. 


Leodesius 

LMdo 

LeodvXfus 

Maddinus 

Mawui 

MaHaius 

Marinianus 

Mariuceos 

Maurus 

Modérâtes 

Mod,..uus  (corrompu 

de  Moderatuf). ... 
Naitioal (iVm- 

toald?) 

Nectarius 

Notadicnus(') 

Omacius 

Passenciuê 

Passincius 

Plooridus 

Bacnulfus 

EidiU/us 

Satornus 


NUMÉROS 

des  pibces 

sur  les  planches. 


28. 


16 


117 

52 

46 

26 

48 

98 
1 

88 

51 
108.  109 

111 

104 
,90,  99 

21 
3 

90 

31 

65 

93 

53 

12 


NOMS 


DES  PERSONNAGES. 


Satumus 

Saeelo 

Seco 

Telaius  ou  Tdqfus,., 

Teodoaldus 

Teodolenus 

Teodul/as 

TeudavcUdiAS 

Theodolenus 

Thibaius 

Thiàaius  (1) 

Tirienindus 

Ugo 

Ursio 

Ursnl/us 

Ursus 

UrI 

Vedoîenus  (2) 

Vinoald(S) 

miM  mon 

îilus 

.it.oaldus 

ndui 


NUMÉROS 

des  places 

sur  les  planches. 


6.  11 
73,  74,  121 

68 

129,  lao 

82 
18.  40 

19 

124 

45 

125 

» 

71 

47 

62 
128 

15 

119 

» 

» 

25 

60 
110 
112 


(1 ,  2  et  3)  Pièces  mentionnées  dans  le  tcxie  de  M.  Deloche ,  mais   absentes  de  ses 
planches. 


MONOGRAPHIE 


DU  CANTON  D'AIXE-SUR-VIENNE. 


A  Momieur  le  Vke-Préndmt  de  la  Société  Archéologique 
et  Hiitorique  du  Limounn. 

Monsieur  > 

Je  vous  envoie,  d'après  le  désir  que  vous  avez  bien  voulu 
manifester,  la  Monographie  du  canton  d'Aiœe,  En  récrivant ,  je  ne 
me  suis  proposé  qu'un  but,  celui  d'exposer  en  peu  de  mots,  et 
sans  rester  dans  la  sécheresse  d'une  simple  nomenclature,  tout 
ce  que  j'ai  cru  devoir  être  agréable  au  lecteur.  Je  n'ai  même 
pas  reculé  devant  certaines  observations  d'un  intérêt  purement 
local  ;  car,  si  Ton  écrit  pour  tout  le  monde,  il  faut  le  faire  un 
peu  aussi  pour  ceux  dont  on  décrit  la  demeure  et  les  mœurs. 

J'avoue  que  je  n'ai  pas  été  sans  scrupule  en  voyant  l'étendue 
de  mon  travail  ;  mais  j'ai  retranché  peu ,  en  considérant  qu'il 
représentait  au  moins  la  vingtième  partie  de  l'ouvrage  que  se 
propose  la  Société,  beaucoup  deoBUtons  étant  loin  d'offrir  le 
même  intérêt. 

Le  plan  que  j'ai  suivi  devra  nécessairement  être  modifié,  en 
donnant  plus  d'extension  à  ce  qui  fait  la  physionomie  propre 
de  chaque  localité.  Le  voici  : 

L  —Aspect  général  da  canton. — Accidents  principaux  du  sol.  —  Rivières. 
—  Nature  du  sol  ;  éléments  qu'il  fournit  èi  Tindustrie.  —  Productions 
naturelles.  —  Agriculture.  —  Langage.  —  Mœurs.  —  Commerce.  —  In- 
dustrie. 

5 


66  MO!«OGBAPHIE 

II.  —  Description  particulière  de  chaque  commune  : 

1»  Aixe.  —  Situation  et  description  de  la  ville  et  du  château.  —  Institua 
lions.  —  Voies  de  communication. 

Monuments.  —  L*église.  ^  La  chapelle  d*Ârliqaet.  —  La  chapelle  des 
Pénitents.  —  L*abbaye  de  Tarn.  —  La  chapelle  du  Dognon.  —  Le  pont. 

Sowvenirs  histùriçnes.  — Époque  gauloise.  —  Époque  romaine.  ^  Époque 
du  moyen  Age.  —  Époque  moderne. 

2»  Verneuil.  —  9»  Saint-Priest^-Sous-Aixe.  —  5»  Beynac  et  Bosmie.  — 
6o  Jourgnac.  —  7»  Burgnac.  —  8»  Saint-Martin-le-Vieux.  —  9»  Séreilhae. 

Veuillez,  Monsieur  le  Vice-Président ,  si  votre  indulgence  ne 
Ten  juge  pas  indigne,  communiquer  ce  travail  aux  membres 
de  la  Société  Archéologique,  et  les  prier  de  vouloir  bien  Tagréer 
comme  une  marque  de  ma  profonde  sympathie,  et  du  vif  regret 
que  j*éprouve  de  ne  pouvoir  assister  à  leurs  savantes  réunions. 

L'abbé  ROUGEME. 


CANTON  D'AIXE-SUR- VIENNE. 


i%.ftpect  s^néral  du  pays.  ^  Le  canton  d'Âixe  fait 
suite,  au  sud--ouest,  à  celui  de  Limoges.  Traversé  ou  côtoyé  par 
la  Vienne  depuis  le  pont  de  TÂiguille  jusqu'à  Saint- Victumien , 
il  s'incline  légèrement  avec  elle  vers  le  couchant.  La  rive  droite, 
avec  ses  coteaux  exposés  aux  rayons  du  midi ,  fournit  a  Limoges 
des  primeurs  et  des  fruits  en  abondance;  la  rive  gauche,  un 
peu  moins  précoce,  est  généralement  plus  boisée. 

Rivière».  —  Dix  communes  forment  ce  canton.  Elles  se  dé- 
roulent sur  les  plateaux  accidentés  que  contournent  les  pentes 
des  vallées  profondes  où  courent  la  Vienne  et  ses  tributaires  la 
Briance,  l'Aixette  et  TAiirance.  De  nombreux  petits  ruisseaux 
arrosent  les  vallons.  Toutes  ces  eaux  serpentent  sur  la  roche 
primitive,  qu'elles  ont  dénudée. 


bu  CANTON  d'aixk-sur-vienne.  6? 

IVature  du  sol$  élémento  cfU^fl  fburtilt  h  Pln- 
duAtrie.  ^  La  base  du  sol  est  formée  de  plusieurs  variétés  de 
ïnicaschistes,  excellents  pour  les  constructions,  ou  d'un  granit 
grossier,  que  traversent  de  nombreux  filons  de  quartz  et  de 
feldspath ,  dont  quelques-uns  sont  utilisés  pour  Témail  à  por-^ 
celaine.  Au-dessus  est  une  couche  sédimentaire ,  blanche  ou 
grise,  fréquemment  rouge  et  grasse,  qui  supporte  la  terre  végé- 
tale. Sur  les  bords  de  la  nouvelle  route  d'Âixe,  ces  dépôts 
contiennent  de  nombreux  galets  et  plusieurs  couches  de  sable  ; 
près  de  Pagnac ,  ils  sont  utilisés  dans  la  fabrication  des  gazettes , 
et  on  exploite  leurs  sables  réfiractaires;  aux  Betoules,  près  de 
Séreilhac ,  ils  entretiennent  de  nombreuses  tuileries. 

iProdufto  naturels  du  sol.  —  Sur  les  bords  de  touteà 
les  eaux  croissent  en  abondance  Taulne  et  le  peuplier.  D'excel- 
lentes prairies  naturelles  tapissent  d'une  verdure  ininterrompue 
le  fond  et  les  premières  pentes  de  toutes  les  vallées.  Les  pentes 
rapides  sont  couvertes  de  taillis  ou  de  grands  arbres,  parmi 
lesquels  abondent  le  hêtre,  le  chêne  et  le  chfttaignieir.  Les  pla- 
teaux et  les  terrains  légèrement  inclinés  produisent  le  froment , 
le  seigle ,  le  blé  noir,  la  pomme  de  terre ,  le  tnals  et  des  four- 
rages artificiels.  La  vigne ,  qui  se  trouve  çà  et  là  dans  des  replis 
de  terrain,  est  plus  fréquente  autour  deVemeuil.  Le  sol ,  extrê^ 
mement  divisé)  surtout  dans  la  commune  d'Âixe,  n'oifre  qu'un 
petit  nombre  de  grandes  propriétés.  Des  soins  intelligents  en  ont 
amélioré  la  culture,  qui  commence  à  employer  les  engrais 
artificiels  :  la  chaux  n'y  a  fait  que  de  rares  et  timides  appa- 
ritions. 

La  fertilité  du  sol ,  les  nombreux  accidents  de  teirrain  et  la 
beauté  du  paysage ,  qui  ont  mérité  à  ce  canton  le  tit)re  de  Petite 
Sîdsse  intérieure  y  l'ont  fait  couvrir  de  riantes  habitations  d'été ,  oii 
un  grand  nombre  de  familles  viennent  passer  la  belle  saison. 

WjBkXà^wk^e.  -^  Le  patois  limousin  est  la  langue  familière  des 
artisans  et  des  cultivateurs  :  c'est  un  dialecte  très-accentué ,  qui 
diffère  peu  de  celui  de  Limoges.  Ébranlé  dans  Aixe ,  où  Ton  com- 
mence à  prendre  la  bonne  habitude  de  parler  français  aux  jeunes 
enfants,  il  règne  en  souverain  dans  tout  le  reste  du  canton. 

Hioeiini.  —  Il  s'était  conservé  dans  Aixe  une  certaine  simpli' 
cité,  dernier  vestige  des  anciennes  mœurs,  qui  disparaît  peu  à 


68  MONOGRAPHIE 

peu  devant  le  luxe  et  la  recherche.  Les  sentiments  religieux  ont 
de  profondes  racines  dans  le  cœur  de  cette  population  laborieuse, 
et  il  y  a  peu  de  paroisses  où  Téglise  soit  plus  fr^uentée. 

Ck>inmereo.  —  Presque  tout  le  monde  se  livre  à  l'industrie 
ou  au  commerce,  quia  pris  un  développement  considérable.  Les 
veaux,  les  bœufs,  les  chevaux,  les  vins  du  Périgord  et  les 
grains  sont  les  principales  branches  de  ce  commerce,  qui  roule 
presque  tout  entier  sur  les  objets  de  première  nécessité.  De 
nombreux  magasins  d^épicerie,  de  quincaillerie  et  de  nouveauté 
pourvoient  aux  besoins  de  la  ville  et  des  campagnes  voisines, 
dont  la  population  s'y  transporte  en  grand  nombre  chaque 
dimanche.  Aixe  en  est  le  centre  d'approvisionnement ,  comme 
aussi  le  principal  débouché. 

Industrie.  —  Les  branches  d'industrie  les  plus  impor- 
tantes sont  la  minoterie,  les  filatures,  la  préparation  de  Témail 
et  de  la  pftte  à  porcelaine,  les  cuirs,  le  carton,  les  toiles.  Il  s'y 
fabrique  aussi  un  pain  bien  connu  dans  toutes  les  fréries  et  dans 
toutes  les  foires  du  pays  sous  le  nom  de  ridortdi;  il  fait  les 
délices  des  paysans,  et  un  certain  nombre  d'habitants  d'Aixe 
vont  le  vendre  à  d'assez  grandes  distances. 

g^Ituation  et  deeeriptlon  dte  la  ville.  —  Aixe,  ap- 
pelée Axia  dans  la  Chronique  de  Saint-Martial  au  xiir  siècle ,  est 
située  au  confluent  de  la  Vienne  et  de  T  Aixett« ,  près  de  celui  de 
l'Aurance.  On  a  cru  voir  dans  ce  nom  une  étymologie  caracté- 
ristique de  cette  abondance  des  eaux  qui  arrosent  son  territoire. 

Une  longue  rue,  divisée  en  deux  branches  pour  contourner 
l'église,  forme  la  ville  proprement  dite,  où  se  faisaient  remar- 
quer jadis  des  portes,  des  fenêtres  ogivales  et  de  curieoses  char- 
pentes en  saillie  sur  les  rues.  Chaque  année  emporte  ces  sonve- 
nirs  du  vieux  temps.  Bourg-Neuf,  sur  la  rive  droite  de  TAixette, 
et  Outre-Vienne,  dont  le  nom  indique  la  situation,  sont  deux 
faubourgs  unis  à  la  ville  par  le  double  pont  de  la  Vienœ  et  de 
l'Aixette. 

Sa  position  aux  abords  de  Limoges ,  ses  ponts  sur  deux  ri- 
vières, firent  toujours  d'Aixe  une  place  importante  pour  qui- 
conque eut  h  inquiéter  ou  &  défendre  la  capitale  du  Limousin  : 
c'est  ce  qu'attestent  ses  souvenirs.  Elle  était  ceinte  d'une  mu- 
raille que  dessinent  aujourd'hui  le  ravin  de  l'Aixette,  le  petit 


DU   CANTON    DAIXK-SUA-VIENNE.  69 

chemin  des  Fossés,  devenu  champ  de  foire,  etla  route  impériale 
de  Paris  à  Barég^es.  L'entrée  de  la  route  des  Gars  a  conservé  le 
nom  de  Porte-aux-Roux.  Au  centre,  Téglise,  avec  ses  épaisses 
murailles,  ses  mâchicoulis  et  ses  meurtrières,  pouvait  servir 
de  forteresse. 

caiAteau*  •—  Entre  les  deux  ponts,  une  porte  surmontée 
d*une  tour  commandait  le  passage.  À  peu  de  distance,  sur  la 
pointe  d'un  rocher  à  pic  qui  domine  le  confluent  de  la  Vienne  et 
de  TAixette,  se  dressaient  les  murailles  du  chftteau ,  commandées 
elles-mêmes  par  un  donjon  élevé,  hftti,  en  4206,  parOuy  III, 
fils  d'Aymar  V,  vicomte  de  Limoges,  et  péniblement  démoli  vers 
4809  pour  en  tirer  de  la  pierre  à  b&tir.  Des  jardins  entourés  de 
précipices  ont  remplacé  la  forteresse,  dont  il  reste  à  peine  au- 
jourd'hui quelques  pans  de  murailles,  que  foit  disparaître  peu  à 
peu  le  pic  du  carrier,  en  détruisant  le  roc  qui  leur  sert  de  fonde- 
ment. Du  côté  de  Bourg-Neuf,  on  voit  par  Torifice  d'un  puits  la 
voûte  d'une  vaste  citerne  qui  alimentait  le  ch&teau  ;  à  quelques 
pas  de  là  s'ouvrait  un  souterrain  où  pouvait  passer  facilement  un 
homme  tout  armé,  et  qui,  d'après  la  tradition,  débouchait,  à 
une  assez  grande  distance,  près  du  ruisseau  de  Lapeyrière. 

Près  du  ch&teau ,  et  peut-dtre  dans  la  même  enceinte ,  était 
le  fief  du  Barry ,  possédé  par  la  famille  de  Beaupoil  de  Sainte-Au- 
laire,  qui  était  venue  s'y  établir  à  la  suite  des  guerres  de  la  suc- 
cession de  Bretagne ,  où  elle  avait  vaillamment  combattu  pour 
la  cause  de  Charles  de  Blois. 

Le  poDt  de  Malassert,  dont  il  ne  reste  que  le  cintre  d'une  arche 
ogivale,  donnait  un  second  passage  sur  l'Aixette  près  de  la 
Porte-aux-Boux. 

liwf  Itutlons.  —  Aixe  est  le  chef-lieu  du  canton  civil  et  du 
doyenné  ecclésiastique.  Sa  population  agglomérée  compte 
4,700  ftmes,  et  sa  population  éparse  4,400.  Il  y  a  un  curé,  deux 
vicaires,  une  justice  de  paix,  un  receveur  d'enregistrement, 
deux  notaires,  un  bureau  de  poste  et  une  brigade  de  gendar- 
merie. L'instruction  est  donnée  aux  enfants  par  deux  institu- 
teurs, une  institutrice  et  une  communauté  de  religieuses,  qui  a 
des  pensionnaires ,  des  externes  et  une  école  gratuite.  Il  est  re- 
grettable  que  le  conseil  municipal  n'ait  pas  étendu  le  bienfait 
de  l'enseignement  à  la  partie  la  plus  intéressante  de  ses  admi- 
nistrés, en  acceptant,  au  prix  d'un  léger  sacrifice,  une  salle 


70  MONOGRAPBIB 

d'asile  pour  laquelle  M.  le  préfet  et  la  communauté  des  reli- 
gieuses avaient  généreusement  pris  l'initiative. 


Voies  de  eommunic^ation.  —  La  communication  avec 
Limoges  est  facilitée  par  deux  routes,  Tune  de  40  kilomètres^ 
montueuse  et  peu  fréquentée  ;  Tautre ,  de  4  3  kilomètres ,  toujours 
unie ,  tantôt  serpentant  côte  à  côte  avec  la  Vienne  et  le  chemin 
de  fer  de  Limoges.à  Périgueux,  tantôt  s'écartant  de  la  rivière, 
sans  jamais  la  perdre  de  vue.  L'œil  y  est  sans  cesse  attiré  par  des 
ouvrages  d'art  ou  des  coteaux  accidentés  et  par  les  flots  tour  à 
tour  paisibles  ou  impétueux  qui  font  mouvoir  d'importantes 
usines,  et  se  jouent  autour  des  tlots  entre  deux  rives  boisées.  La 
route,  aussi  animée  que  le  paysage,  est  presque  toujours  couverte 
de  promeneurs,  de  voitures  légères,  de  chariots  pesamment 
chargés;  et,  huit  fois  par  jour,  les  omnibus  d'Aixe  viennent 
prendre  leur  part  de  cette  incessante  activité.  Plusieurs  routes 
secondaires  facilitent  les  communications  avec  tout  le  pays 
environnant. 

Hionumeiito.  -^  L'église  de  Sainte-Croix  est  un  édifice 
roman  dont  il  est  fait  mention  pour  la  première  foison  U40. 
Son  plan  est  un  carré ,  au-dessus  duquel  quatre  piliers  ronds  et 
.un  peu  lourds  soutiennent  une  voûte  ogivale  renforcée  de 
nervures.  Au  midi  sont  accolées  trois  chapelles  latérales  en  style 
flamboyant  du  XV*  siècle.  Les  murs,  d'une  remarquable  épaisseur, 
résistent  sans  contreforts  à  la  poussée  des  voûtes.  —  Cet  édifice 
garde  le  souvenir  des  époques  orageuses  qu'il  a  traversées.  Sous 
la  toiture  sont  ouvertes  de  petites  fenêtres  carrées  et  des  meur- 
trières; la  porte  principale  est  dominée  par  des  mâchicoulis,  du 
haut  desquels  on  pouvait  écraser  les  assaillants.  Le  clocher,  qua- 
drangulaire  à  la  base ,  octogone  dans  la  partie  supérieure ,  est 
percé  de  baies  ogivales.  Jusqu'à  la  révolution ,  cette  église  ne 
fut  qu'une  annexe,  et  on  la  désignait  dans  les  actes  sous  la 
qualification  i'église  d'Aixe^  paroisse  de  Tarn. 

CliApelle  d*i^rll<iuet«»  —  La  chapelle  d' Arliquet ,  sur  les 
bords  de  TAurance ,  et  dans  un  délicieux  vallon,  a  été  enrichie 
de  nombreuses  indulgences  par  un  bref  du  6  novembre  4855. 
C'est  un  lieu  de  pèlerinage  cher  aux  habitants  d'Aixe  et  des 
paroisses  voisines.  De  nombreux  moyens  de  transport  en  faci- 
Utent  Taccès  aux  personnes  étrangères,  qui  viennent  en  foule  à 


DU   CANTON   D'AI\E-SUR-VIENNB.  7t 

certaines  époques  de  raarnée  prier  Notre-Dame  d'Arliquet.  Les 
principales  fêtes  sont  la  Nativité  (8  septembre)  et  le  mercredi  de 
Pâques.  11  a  été  publié  une  notice  sur  le  pèlerinage  et  sur  les 
indulgences  attachées  à  ce  sanctuaire,  dont  Texistence  est 
signalée  pour  la  première  fois  en  460S. 

La  chapelle  des  pénitents  est  une  construction  moderne,  qui 
appartient  à  la  compagnie  dont  elle  porte  le  nom. 

Il  ne  reste  plus  de  traces  de  Tancienne  abbaye  de  Tarn ,  fondée 
en  4902  par  Âymeric  Martel.  L'église,  remarquable  par  la 
hardiesse  de  ses  Toutes ,  fut  démolie  au  commencement  de  ce 
siècle. 

La  chapelle  du  Dognon,  détournée  à  des  usages  profanes 
depuis  la  révolution,  est  de  4330;  elle  était  entourée  d'un 
cimetière. 

Le  pont  de  la  Vienne  est  eomposé  de  sept  arches.  Sa  physio- 
nomie était  jadis  celle  des  ponts  Saint-Étienne  et  Saint-Martial 
de  Limoges.  Elle  changea  lorsqu'il  fut  élargi  par  les  arceaux 
qui  en  masquent  les  deux  faces.  Le  cintre  en  ogive  paraît 
néanmoins  au-dessous  des  arcades.  Il  est  animé  par  une  circu- 
lation très-active. 

Souvenirs  blstorttiueA.  —  Le  canton  d'Âixe  n'a  gardé 
aucun  souvenir  de  l'époque  gauloise. 

La  domination  romaine  n'y  a  laissé  d'autre  vestige  que  les 
tronçons  dégradés  de  la  voie  romaine  qui  allait  de  Clermont  à 
Saintes  par  Limoges  et  Chassenon.  Descendant  les  coteaux  de 
Vemeuil ,  elle  passait  la  Vienne  sur  le  pont  de  Piles  y  et  traversait 
une  partie  de  la  commune  de  Saint-Priest  avant  de  pénétrer 
dans  celle  de  Cognac. 

Aixe  paraît  pour  la  première  fois  dans  les  chroniques  en  982  : 
Bernard  de  Ck)mborn ,  abbé  de  Solignac ,  y  construisit  quelques 
chapelles,  avec  le  consentement  de  Hildegard,  évoque  de 
Limoges.  Biles  furent  acquises  vers  4456  par  l'abbé  de  Saint- 
Martial. 

En  4082,  le  chftteau  d'AJxe  est  assiégé  en  même  temps  que  la 
ville  de  Limoges  par  Guillaume  VI,  duc  d'Aquitaine,  qui  fait 
la  guerre  à  Aymar  II,  vicomte  de  Limoges;  mais  le  comte  d'An- 
goulême,  Foulques  Taillefer,  l'oblige  à  lever  ces  deux  sièges,  et 
à  s'enfuir  du  Limousin. 

Vers  4480,  pendant  les  divisions  qui  arment  les  enfants 
d'Henri  II  Plantagenet,  Aymar  V,  vicomte  de  Limoges,  parcourt 


72  MONOGRAPHIE 

]e  Limousin  avec  ses  troupes  pour  le  soumettre  &  Tobéissance  du 
jeune  HenH ,  quil  a  reconnu  pour  duc.  Il  prend  la  ville  et  le 
château  d'Âixe,  où  il  laisse  une  garnison  de  1,300  Basques,  et 
va  mettre  le  siège  devant  Saint-Laurent-sur-Oorre.  Mais  bientôt, 
apprenant  que  le  duc  Richard  (Cœur  de  Lion)  vient  sur  lui 
d'Ângouléme,  il  lève  le  siège,  et  se  replie  en  toute  h&te  vers 
Limoges.  A  Saint-Prlest-sous-Aixe ,  son  infanterie,  atteinte  par 
les  troupes  de  Richard ,  est  mise  en  déroute,  et  perd  beaucoup 
de  monde.  Le  vainqueur,  poursuivant  sa  route,  arrive  à  Aixe,* 
s'en  empare,  fait  crever  les  yeux  à  quatre-vingts  de  sesdéfen- 
seuT«,  et  tuer  ou  noyer  les  autres  dans  la  Vienne. 

En  4206 ,  Ony  III ,  vicomte  de  Limoges ,  relève  les  murailles 
et  la  tour  du  château  d'Aixe,  pour  s'en  faire  une  place  de  dé- 
fense contre  le  roi  Jean  sans  Terre ,  qui  s'empare  néanmoins  du 
château  en  42 U  ;  mais  Guy  le  reprend  trois  ans  après.  —  Le  châ- 
teau fut  encore  enlevé  par  Louis  le  Gros ,  fils  de  Philippe-Au- 
guste ,  après  la  confiscation  des  propriétés  de  Jean  sans  Terre, 
dont  II  faisait  partie. 

Le  4  4  mars  4266 ,  les  hommes  d'armes ,  les  bourgeois  et  tous 
les  habitants  de  la  ville  d'Aixe  assiégèrent  dans  le  château  Adhé- 
mar  de  Maulmont ,  qui  en  était  gouverneur,  ses  frères  et  sa  fa- 
mille ,  à  cause  des  vexations  dont  ils  prétendaient  avoir  à  se 
plaindre.  L'intervention  du  sénéchal  de  France  en  Limousin  fit 
accepter  un  compromis,  qui  délivra  les  assiégés.  A  peine  libres , 
ils  oublient  les  conventions ,  se  fortifient  dans  le  château ,  le 
munissent  de  vivres ,  percent  des  meurtrières ,  et  commencent  à 
inquiéter  les  habitants  à  coups  de  pierres  et  de  traits.  Ceux-ci 
entourent  de  nouveau  la  place ,  et  en  font  le  siège.  A  cette  nou- 
velle, la  vicomtesse  Marguerite ,  propriétaire  dn  château ,  appelle 
au  secours  ses  vassaux  de  Bourgogne ,  vient  camper  à  Beynac 
avec  son  armée ,  et  fait  tous  ses  efforts  pour  délivrer  le  gouver- 
neur et  pour  détruire  la  ville.  Après  divers  incidents ,  et  grâce 
à  Tintervention  du  doyen  de  Tours,  du  bailli  d'Orléans,  députés 
par  le  roi ,  et  de  l'évêque  de  LinK)ges ,  on  se  donna  des  garanties 
mutuelles,  et  les  habitants  d'Aixe  restèrent  en  paix  pour  œUe 
fois ,  dît  le  chroniqueur. 

Cette  même  vicomtesse  Marguerite,  fille  du  duc  de  Bour^ 
gogne ,  voulant  se  venger  des  bourgeois  de  Limoges,  qui  avaient 
refusé  de  la  reconnaître  pour  suzeraine ,  fit  frapper  à  Aixe,  en 
1274 ,  une  monnaie,  qui  reçut  le  nom  de  Limousine  [Lemoria). 
Les  bourgeois  refusèrent  de  la  recevoir,  et  ce  litige  fut  longue- 


DU   CANTON   D*A1XË-SLR-VIRNNB.  73 

ment  plaidé  an  tribunal  du  roi  de  France,  qui  les  contraignit  de 
Taccepter,  par  cette  considération  qu'ils  Taraient  eux-mêmes 
reconnue  conforme  à  la  monnaie  courante. 

Bn  1272,  Marguerite  voulut  recommencer  la  guerre  contre 
Limoges  ;  mais  le  roi  l'en  empêcha.  Néanmoins  elle  entretenait 
à  Aixe  et  à  Ghalusset  des  hommes  d'armes  qui  interceptaient  les 
approvisionnements  de  la  ville,  s'emparaient  de  ce  qui  appar- 
tenait aux  bourgeois ,  répandaient  le  blé,  coupaient  les  oreilles  et 
la  queue  des  animaux  employés  aux  charrois,  afin  de  détourner 
les  paysans,  et  commettaient  toutes  sortes  d'avanies.  Ils  furent 
excommuniés  par  le  chapitre  de  Limoges  pendant  la  vacance  du 
«iége« 

Sur  ces  entrefaites,  les  bourgeois  de  Limoges,  ayant  eu  le 
malheur  de  prêter  serment  de  fidélité  au  roi  d'Angleterre, 
virent  se  tourner  contre  eux  le  roi  de  France,  Philippe  III  le 
Hardi.  Ce  prince  fit  rendre  les  gens  de  la  vicomtesse  qui  avaient 
été  faits  prisonniers,  et  refusa  d'écouter  les  bourgeois,  et  de  s'in- 
terposer pour  leurs  propres  captifs,  pendant  que  les  Aixois,  en- 
couragés, portaient  le  pillage  et  la  dévastation  jusque  sous  les 
murs  de  la  ville.  Aussi  il  fut  décidé  qu'on  ferait  contre  eux  une 
expédition.  Le  lendemain  de  la  saint  Martin,  44  novembre  4272, 
une  armée  ifmùmbrabk,  dit  le  chroniqueur,  sortit  de  Limoges,  et 
marcha  sur  Aixe.  Elle  fit  beaucoup  de  mal  à  la  ville  et  aux  en- 
virons, et  plusieurs  de  ses  hommes  furent  prix  ou  tués. 

Peu  après,  le  roi  d'Angleterre  et  sa  femme,  étant  venus  à 
Limoges,  furent  comblés  d'honneurs  par  les  habitants,  qui  dé- 
siraient les  attacher  plus  étroitement  à  leur  cause.  Edouard  se 
laissa  gagner,  et  il  les  fit  soutenir  par  son  sénéchal ,  qui  rem- 
porta une  grande  victoire  sur  l'armée  de  la  vicomtesse.  Il  y  eut 
une  foule  de  blessés  et  de  prisonniers,  et  un  certain  nombre  de 
morts;  une  bannière  fut  prise,  et  plusieurs  chevaux  restèrent 
sur  la  place.  Excités  par  la  reconnaissance ,  les  bourgeois  prê- 
tèrent de  nouveau  serment  de  fidélité  au  roi  d'Angleterre,  qui 
fit  signifier  à  la  vicomtesse  d'avoir  à  cesser  les  attaques;  mais 
elle  n'en  voulut  rien  faire. 

En  4273,  quelques  jours  après  la  Sainte-Croix  (mi-septembre) ^ 
la.  garnison  d'Aixe  fit  irruption  contre  les  vendangeurs  de 
Limoges  près  de  Balezis  (commune  d'Isle).  A  cette  nouvelle, 
ceux  de  la  ville  accourent  en  armes,  et  les  poursuivent  jusqu'à 
Aixe ,  oli  ils  brûlent  plusieurs  pressoirs  et  plusieurs  maisons  dans 
le  faubourg.  Enorgueillis  de  cette  victoire,  ils  sortent  le  dU 


74  MONOGRAPHIB 

manche  suivant  avec  des  tambours ,  des  trompettes  et  des  ins- 
truments de  musique,  poussent  jusqu^à  Aixe,  passent  la  Vienne 
à  gué ,  livrent  aux  flammes  le  bourg  de  Saint-Priest ,  mettent 
l'église  au  pillage,  et  maltraitent  indignement  le  prêtre  qui  se 
disposait  à  célébrer  la  messe.  En  revenant  sur  Âixe ,  ils  mettent 
le  feu  à  deux  faubourgs,  et  s'avancent  jusqu'aux  portes.  Mais 
là  s'arrêtent  leurs  exploits.  Saisis  tout  h  coup  d'une  terreur 
panique,  et  poursuivis  par  la  garnison,  ils  se  dispersent  dans 
la  campagne,  et  perdent  trente-sept  hommes  égorgés,  une 
foule  de  prisonniers,  deux  bannières,  un  grand  nombre  de 
boucliers  et  plusieurs  machines  de  guerre.  A  son  tour,  la 
vicomtesse  envoie  ses  gens  exercer  des  représailles  :  ils  s'a- 
vancent jusqu'au  pont  Saint-Martial ,  incendiant  les  pressoirs, 
et  détruisant  les  vignes;  puis  ils  se  replient  vers  le  faubourg 
Mont-Jovis,  d'où  on  ne  parvient  à  les  chasser  qu'après  leur 
avoir  tué  quelques  hommes  et  quelques  chevaux. 

Après  ces  événements,  le  roi  d'Angleterre  fit  appel  à  la  justice 
du  roi  de  France  en  faveur  des  habitants  de  Limoges.  Pour  toute 
réponse,  il  reçut  ordre  de  les  délier  du  serment  de  fidélité  quïls 
lui  avaient  prêté,  et  de  les  remettre  sous  la  juridiction  de  la 
vicomtesse.  Néanmoins  la  guerre  continua  encore  en  4274  sous 
les  gens  d'Edouard ,  qui ,  de  Limoges,  oii  on  le  comblait  d'hon- 
neurs et  de  témoignages  de  soumission,  sollicitait  toujours 
auprès  du  roi ,  par  ses  messages ,  qu'un  arrêt  vînt  mettre  fin  à 
la  guerre  en  faveur  de  ses  protégés. 

Malgré  toutes  ces  démarches ,  la  ville  eut  beaucoup  à  souffrir, 
et  les  gens  de  la  vicomtesse  allèrent  jusqu'à  La  Souterraine 
piller  les  biens  des  habitants  de  Limoges.  Enfin  Edouard  se 
rendit  en  personne  auprès  du  roi ,  qui  ne  lui  avait  pas  fait  de 
réponse,  et  il  laissa  dans  la  ville  une  garnison  considérable,  non 
pour  faire  la  guerre  (car  il  avait  reçu  ordre  de  s'abstenir),  mais 
pour  la  défendre  en  cas  d'attaque. 

En  4274 ,  pendant  l'octave  de  Saint-Martial  {premiers  jours  de 
juillet),  le  seigneur  de  Valence,  appelé  par  sou  neveu  le  roi 
d'Angleterre,  vint  au  secours  de  Limoges  avec  deux  barons 
anglais  et  plusieurs  hauts  personnages.  L'armée  de  la  ville  se 
mit  alors  en  campagne  avec  deux  cents  Anglais  revêtus  de 
cuirasses.  Elle  fit  de  grands  ravages  dans  les  blés  et  dans  les 
vignes,  et  rentra  après  avoir  eu  quelques-uns  de  ses  hommes 
atteints  de  projectiles,  mais  assez  légèrement. 

Peu  après,  le  45  juillet,  le  sénéchal  du  roi  d'Angleterre  et  le 


D!3   CANTON   D'aIXB-SUR-VIISNNE.  75 

seigneur  de  Valence  vinrent  assiéger  la  ville  d^Âixe  avec 
Tannée  de  Limoges.  Un  ingénieur  du  roi  qui  les  assistait  avait 
construit  plusieurs  machines,  qu'on  transporta  devant  les  mu- 
railles avec  tout  leur  matériel.  Elles  lançaient  du  soufre  et  des 
projectiles  enflammés  pour  incendier  la  place,  qui  se  trouva 
vivement  pressée.  Alors  survint  un  exprès,  du  roi  de  France  avec 
des  lettres  qui  faisaient  défense  de  continuer  la  guerre ,  et  qui 
assignaient  les  parties  à  comparaître  devant  le  roi  pour  ter- 
miner judiciairement  toute  TafFaire.  On  mit  le  feu  aux  machines, 
et  le  siège  s'arrêta  le  S4  juillet,  après  neuf  jours  d'inutiles 
efforts. 

Un  arrêt  survint  qui  évinça  le  roi  d'Angleterre  de  ses  préten- 
tions, et  soumit  les  habitants  de  Limoges  à  la  justice  de  la 
vicomtesse.  Marguerite  prit  solennellement  possession  de  la 
ville,  et  fit  arborer  ses  bannières  sur  les  quatre  portes  prin- 
cipales. 

Cette  même  année ,  des  experts  du  roi  de  France  firent  une 
enquête  à  Âixe  sur  les  dommages  causés  durant  le  siège  ;  et , 
après  quelques  discussions,  le  roi  d'Angleterre  fut  condamné  à 
payer  23,643  livres  3  sols  et  8  deniers  aux  habitants.  Ainsi  fut 
terminée  cette  guerre  de  la  vicomte,  dont  un  moine  de  l'abbaye 
de  Saint-Martial  tenait  fidèlement  le  journal.  Quoiqu'elle  ait 
couvert  presque  toute  la  campagne  de  ruines,  le  temps  en  a 
presque  entièrement  effacé  le  souvenir  chez  les  habitants  du 
pays. 

Les  vignes  et  les  pressoirs ,  que  les  deux  parties  détruisaient 
avec  acharnement,  ont  disparu  des  environs  de  Limoges,  et  il 
n'en  reste  plus  à  Aixe  qu'une  faible  quantité.  Les  routes  du  Péri- 
gord  et  de  la  Saintonge  n'ont  pas  été  étrangères  à  ce  résultat , 
en  facilitant  le  transport  de  vins  qui  ont  fait  oublier  ceux  des 
coteaux  de  la  Vienne. 

En  4304,  il  tomba  subitement  dans  la  vallée  de  l'Aurance  une 
telle  quantité  de  pluie  que  les  moulins  furent  presque  entière- 
ment détruits. 

En  4364,  le  prince  de  Galles  reçut  à  Aixe  une  députation  des 
bourgeois  de  Limoges. 

Vers  4422,  la  comtesse  de  Penthièvre  habitait  le  château 
d'Aixe. 

En  4  428 ,  le  sieur  de  L'Aigle ,  profitant  de  l'absence  de  Pon- 
thon  de  Xaintrailles ,  se  fortifia  dans  le  ch&teau  d'Aixe,  et  de  là 
il  fit  long-temps  la  guerre  aux  habitants  de  Limoges. 


76  MONOGRAPHIE 

Le  48  décembre  4529,  les  eaux  de  la  Vienne  s'élevèrent  à 
plus  d'une  toise  au-dessus  du  pont  d'Aixe. 

En  4  569,  pendant  les  guerres  de  religion ,  Goligny  marcha  de 
Ghalus  sur  Âixe,  et  s'en  empara.  Pour  le  reprendre,  le  duc 
d'Anjou  accourut  de  Ck)uzeix ,  établit  son  quartier  général  à  Isle, 
et  fit  mettre  le  feu  aux  faubourgs.  Après  un  combat  vigoureux, 
Aixe  fut  enlevé  aux  religionnaires ,  et  leur  armée  se  retira  en 
désordre  vers  Saint-Junien. 

Écrfvaliifli  et  homme»  <^fêl>re«*  —  «  Le  territoire 
d'Aixe  a  vu  naître  :  Pierre  de  Barry ,  abbé  de  Saint-Martial , 
personnage  d'une  grande  piété,  qui  succéda  à  Pierre  de  Gluny, 
et  mourut  en  4474;  —  Yictorin  Tarneaud,  récollet,  provincial 
de  Toulouse  en  4659,  auteur  d'un  ouvrage  de  controverse  inti- 
tulé :  Le  Glaive ,  bouclier  des  cathoUqîâes  ;  —  Salomon  Goy raud  , 
autre  récollet,  auteur  de  plusieurs  ouvrages,  mort  en  4746.  ^ 
C'est  au  château  du  Barry,  près  du  pont  d'Aixe,  qu'est  né  le 
poète  académicien  de  Beaupoil  de  Sainte-Aulaire.  »  (  L'abbé  âr- 
BBLLOT  :  Guide  de  Uétranger  en  Limousin.  ) 


COMMUNES  DU  CANTON  D'AIXE. 

VBRNBUIL. 

La  commune  de  Verneuîl  est  située  sur  la  rive  droite  de  la 
Vienne  :  elle  compte  2,432  habitants.  Quelques  fragments  de  la 
voie  romaine  de  Limoges  à  Chassenon  se  voient  près  du  village 
des  Vazeix.  Elle  traversait  la  Vienne  au  pont  de  Piles  ^  où  Ton 
aperçoit,  à  l'époque  des  basses  eaux,  quelques  traces  des  fonda- 
tions. 

Le  château  de  Pennevayre ,  où  Louis  XI  et  son  frère  le  duc 
de  Berry  s'arrêtèrent  en  revenant  de  Bayonne  à  Limoges,  a 
disparu. 

8AINT-PRIB8T-S0US-AIXE. 

A  Saint-Priest-sous-Aixe ,  sur  la  rive  gauche  de  la  Vienne,  et 
vis-à-vis  de  Verneuil ,  le  pays  est  très-boisé  :  la  forêt  d'Aixe  en 
Qccupe  une  partie  considérable. 


DU  CANTON   D'aIXB-SUR-VIBNNE.  77. 

La  voie  romaine,  en  montant  du  pont  de  Piles,  passait  au 
village  des  Richards:  on  en  retrouve  les  traces  près  des  villages 
de  Leygnac  et  d^Airain. 

8aint  Martin  des  Àrades,  confesseur  de  Charles  Martel, 
mourut  en  passant  à  Saînt-Priest,  et  y  fut  enterré  en  726.  —  Il 
y  eut  une  bataille  en  4180,  et  le  i)OUrg  fut  incendié  en  1273. 
(  Voyez  ÂiXE.) 

S  AINT-YRIEIXtSOUS-A  ixb. 

Saint-Trieix-«ous-Aixe ,  sur  la  rive  gauche  de  la  Vienne ,  a 
658  habitants.  L'église  fut  restaurée  en  4496. 

BBTNAC  BT  B06MIE. 

Ces  deux  communes ,  réunies  en  une  seule  paroisse,  occupent 
la  rive  gauche  de  la  Briance  et  de  la  Vienne  au-4esB0fl  d'Aixe. 
Elles  comptent  904  habitants. 

La  compagnie  du  chemin  de  fer  de  Limoges  k  Périgueux  a  : 
établi  dans  la  commune  de  Beynac  une  station ,  principalement 
destinée  au  service  d'Aixe ,  qui  en  est  éloignée  de  6  kilomètres. 

Jean  du  Puy  de  Noix ,  général  des  dominicains  à  la  fin  du 
XIV*  siècle,  et  qui  joua  un  grand  rôle  au  concile  de  Constance, 
était  de  Beynac. 

JOURGNAC. 

Jourgnac,  sur  la  rive  gauche  de  la  Briance,  a  684  habitants. 
Le  chAteau  de  La  Béchadie  joua  un  rôle  pendant  les  guerres  de 
la  ligue.  Il  fut  pris  en  1589  par  les  ligueurs.  L'année  suivante, 
le  vicomte  de  Pompadour  y  mit  en  déroute  les  troupes  royales, 
qui  venaient  de  prendre  Ladignac. 

BURGNAC. 

Burgnac  est  une  commune  de  400  ftmes,  traversée  par  le 
chemin  de  fer  de  Limoges  à  Périgueux,  dont  les  stations  les 
plus  rapprochées  sont  celles  de  Beynac  et  de  Nexon.  Elle  a  une 
église  romane,  mentionnée  en  1 101  dans  un  acte  oii  elle  est  mise 
sous  la  dépendance  du  prieuré  d'Aureil. 


78  MONOGRAPHIB   DU   CANTON   D'aIXE-SUR-V(BNNË. 

SAINT-MARTIN-LB-VIBUX. 

Saint-Martin^le-Vieux ,  dont  le  territoire  est  situé  sur  les  deux 
rives  de  rÂixette,  a  une  population  de  878  habitants.  Son 
église,  bfttie  sur  le  plan  de  celle  de  Burgnac,  fut  restaurée 
en  4490. 

8ÉREILHÂC. 

La  commune  de  Séreilhac ,  arrosée  par  de  petits  affluents  de 
la  Vienne  et  de  VÂixette,  est  traversée  par  la  route  impériale  de 
Paris  k  Baréges.  C'est  après  Âixe  la  commune  la  plus  impor-- 
tante  du  canton  :  elle  compte  2,494  habitants.  Le  sanctuaire  de 
son  église  est  roman ,  et  la  nef  gothique. 

Il  y  a  une  chapelle  &  Texon. 

Le  village  des  Betoules  possède  des  tuileries  importantes  » 
dont  les  produits  s'écoulent  sur  Limoges. 

Les  sieurs  de  Lascaux  et  de  Bochefort  se  sont  fait  remarquer 
sur  les  champs  de  bataille  du  règne  de  Louis  XIY. 


ABBAYE  DE  DALON 


Dans  rancienne  paroisse  de  Saiut-Trié  ou  Trojan  (1) ,  jadis  du 
diocèse  de  Limoges,  et  qui  garde  encore  son  administration 
communale ,  quoique  unie  pour  le  spirituel  &  la  paroisse  de 
Boisseuil  du  diocèse  de  Périgueux  ;  au  milieu  d^une  large  vallée 
oii  coule  le  ruisseau  de  Dalon ,  affluent  de  la  Lauvezère  (  non 
de  la  Yezère),  et  d'ob  surgissent  divers  mamelons;  vallée 
humide  pourtant,  dont  les  bois  et  les  pâturages  font  la  richesse, 
se  dressent,  à  côté  de  superbes  ruines,  qui  dessinent  le  plan 
vaste,  simple  et  commode  des  anciens  monastères,  un  corps  de 
logis  en  magnifiques  pierres  de  taille  :  il  a  35  mètres  de  long 
sur  40  de  large  :  c'est  ce  qui  reste  de  Tabbaye  de  Dalon. 

De  ce  site  Ton  aperçoit ,  au  milieu  d'une  foule  de  hameaux , 
les  bourgs  de  Segonzac,  de  Saint-Bobert  et  de  Teillot,  puis  le 
chftteau  de  Puy-Lavayne.  Si  des  religieux  avaient  pu  s*y 
réinstaller  au  commencement  de  ce  siècle ,  la  belle  église  abba- 
tiale serait  encore  debout,  formant  une  croix  latine  avec  sa 
flèche  élancée  et  ses  deux  bas-côtés ,  dont  il  ne  reste  que  deux 
chapelles  ;  les  vastes  dépendances  de  la  maison  n^auraient  pas 
non  plus  disparu.  L'isolement  de  ce  lieu  l'avait  protégé  contre 
les  passions  révolutionnaires,  et  l'acquéreur  national  n'était 
point  hostile.  Hais  ces  vandales  qu'on  a  justement  nommés 
bande  noire,  comme  quelque  chose  de  hideux ,  ces  hommes  qui 
prennent  plaisir  à  supputer  les  centimes  de  bénéfice  produits 
par  les  carrés  de  pierre  et  les  charretées  de  moellon  d'un  monu-* 
ment,  ont  abattu  l'église.  Les  misérables  I  ils  n'ont  pu  faire  du 
moellon  que  50  cent,  la  charretée.  Heureusement  il  y  avait  plus 


U)  Et  non  dans  la  paroisse  de  Saint^ylvestre  de  TeiUoux ,  quoi  qu'en 
dise  l'auteur  du  Gallia  christiana  nova. 


80  ABBATB   DK   DALON. 

de  bénéfice  à  conserver  le  corps  de  logis  principal  :  il  est  de 
4777  (4). 

Dalon  est  le  troisième  des  sept  monastères  d'hommes  qu'on 
attribue  d'ordinaire  à  Géraud  de  Salis.  Avant  de  lire  les  faits 
qui  se  rattachent  à  cette  maison,  on  prendra  sans  doute  plaisir 
à  connaître  la  vie  de  son  fondateur.  La  voici  diaprés  un  ano- 
nyme du  xiir  siècle  qui  paratt  être  un  moine  de  Cbastelliers  »  oii 
Ton  conservait  le  manuscrit  original  : 

I. 

<  Géraud  naquit  en  Périgord ,  au  bourg  {in  vico)  de  Salis.  Son 
père  se  nommait  Foulque  {Fulco)  y  et  sa  mère  Adeardii ,  Tun  et 
Tautre  de  famille  distinguée,  riche,  chrétienne  et  pieuse  (indyU 
et  locupletaU^,  Ils  avaient  trois  fils,  qui  furent  trois  flambeaux  de 
la  vie  religieuse  :  Géraud,  Grimoard  et  Foulque.  Quelqu'un  a 
dit  de  Géraud  : 

Gyraudus,  g^ente  generosus,  corpore,  mente, 
Petragorœ  page  falslt  quia  lucis  imago. 

9  Tout  jeune  encore,  Géraud  fut  envoyé  dans  les  écoles,  oh  il 
étudia  les  belle&-lettres.  A  la  maison,  sa  très-pieuse  mère  lui 
apprenait  à  craindre  Dieu ,  et  à  s'abstenir  du  péché.  L'enfant 
délibéra  de  bonne  heure  de  s'attacher  à  la  seule  chose  néces- 
saire, et,  après  bien  des  luttes  secrètes,  résolut  de  vivre  dans  la 
solitude,  et  d'éviter  le  gouffre  de  la  damnation. 

9  A  cette  époque ,  vivait  Hobert  d'Arbrlssel ,  un  homme  de 
Dieu,  vénérable,  méprisant  les  choses  caduques  et  périssables, 
et  n'ayant  soif  que  de  son  salut.  Entre  autres  grandes  œuvres, 
il  institua  à  Fontevrault  un  fervent  monastère  de  filles.  H  parlait 
des  choses  de  Jésus-Christ.  Les  foules  l'écoutaient ,  et  admi- 
raient la  grftce  qui  découlait  4e  ses  lèvres.  Géraud  plaça  sa  jeu- 
nease  sons  la  férule  de  cet  habile  maître,  et,  par  son  conseil, 


(1)  }L  Itespiot,  ciuré  de  B^goaaac»  a<ea  la  b€iité  û»  me  fournir  des  rea* 
saignements  sur  Tétat  actuel  de  TabbayjB  de  Dalco.  Mon  vénérable  aiat 
M.  Pierre  Laforest,  auteur  du  bel  ouvrage  Limoges  au  xvii»  sUde,  a  pris 
la  peine  d'analyser,  à  mon  intention,  dans  Martène  (Amplissima  coHeclio^ 
T.  VI,  col.  969-1006)  ia  Vie  de  Géraud  de  Salis.  Je  dcmne  textuellement 
son  travail. 


ABBAYE   DK   DALON.  81 

se  consacra  à  Dieu  sous  Thabit  de  chanoine  régulier  dans  le  cou- 
vent  de  Saint- Avit  [monasterio  Sancti  Aviti).  Ce  couvent  n'était 
pas  éloigné  du  bourg  de  Salis.  Les  parents  de  Géraud ,  vrais 
serviteurs  de  Dieu  y  se  réjouirent  de  la  détermination  de  leur 
fils:  ils  ne  s*abandonnërent  point  aux  larmes  comme  ceux  qui 
n'ont  point  d'espérance. 

j>  Géraud  se  fit  remarquer  dans  le  couvent  par  la  pratique  de 
toutes  les  vertus  de  la  vie  religieuse.  Peu  à  peu  ses  supérieurs 
rengagèrent  dans  les  ordres  sacrés,  et  il  fut  élevé  à  la  dignité 
de  diacre,  contre  sa  volonté;  car  la  sublimité  du  sacerdoce 
effrayait  son  humilité. 

»  Après  avoir  ainsi  long-temps  vécu  hors  du  monde,  sous  la 
discipline  de  la  règle,  Géraud,  arrivé  à  Tâge  viril,  résolut  de 
tenter  des  choses  plus  difficiles,  et,  de  Tavis  de  son  religieux  et 
illustre  maître  [religiosum  et  famosum)  Robert  d'Arbrîssel ,  em- 
brassa la  vie  érémitique,  et  se  livra  à  toutes  les  austérités  de  ce 
genre  de  vie.  11  pratiqua  surtout  de  rigoureuses  abstinences, 
disant  :  a  Adam  a  été  chassé  du  paradis  terrestre  pour  avoir 
»  mangé  :  il  faut  reconquérir  le  paradis  terrestre  par  le  jeûne  » . 
»  Et,  parce  qu'il  était  entièrement  crucifié  au  monde,  son 
âme  était  fréquemment  ravie  en  de  sublimes  contemplations. 
Que  de  nuits  entières  passées  en  extase  devant  vous,  bon  Sei- 
gneur Jésus  1  Ce  que  d'autres  apprennent  par  l'étude  et  la  médi- 
-tation  de  la  loi  divine,  votre  esprit,  Seigneur,  le  lui  suggérait. 
La  nature  extérieure,  les  bois,  les  arbres,  lui  parlaient  devons; 
car  toute  créature  crie  :  «  Dieu  m'a  fait,  Dem  me  fedtl  » 

9  Ainsi  doué  de  la  science  acquise  et  aussi  de  la  science  infuse, 
Géraud  se  sentit  inspiré  par  l'esprit  de  Dieu  de  porter  le  nom  de 
Jésus  devant  tout  peuple  et  toute  nation  [coram  omni  natione  et 
génie).  Il  brillait  comme  une  escarboucle  (1)  (carbunculus) ,  comme 
un  feu,  comme  un  astre.  Sa  charité  se  répandait  parfumée, 
pénétrante,  active,  embrasée  et  bouillonnante (supere6i//hente).  Il 
semait  ainsi  par  tout  pays  la  parole  de  Dieu ,  et  ne  se  lassait  pas 
de  jeter  le  filet.  Il  faisait  office  d'évangéliste,  et  nul  n'était  privé 
de  sa  chaleur  [nec  erat  qui  absconderet  se  a  cabre  ejus). 

»  La  réputation  de  Géraud  se  répandit  au  loin,  parmi  les 
évêques.  Le  seigneur  Pierre,  évêque  de  Poitiers,  homme  de  vie 
et  de  science  illustre,  lui  serra  la  main  à  jamais  (deœlram  dédit 

(1)  Ou  comme  un  petit  charlK)D;  carlntnculus  a  les  deux  sens. 

6 


82  ABBAYK   DR   DAI.ON. 

et  ifUermnabilis  caritatis),  et  Ini  confia  le  soin  d'administrer  à  sa 
place,  lui  déléguant  son  autorité  ordinaire.  Plusieurs  évêqnes 
rhonorèrent  d'une  confiance  toute  pareille. 

»  En  même  temps,  beaucoup  de  particuliers  convertis  par 
lui  commencèrent  à  lui  offrir  des  terrains  et  des  domaines,  et  le 
prièrent  d'y  bâtir  des  monastères  pour  les  hommes  et  pour  les 
femmes.  Le  premier  de  ces  monastères  fut  Cadoîn  ou  Cadouin 
(Caduinum);  le  deuxième,  Orandselve  [Grandis  S^vam);  le  troi- 
sième, Dalon  [DaUmem);  le  quatrième,  Bournet  {Bometian)\  le 
cinquième,  Alodia;  le  sixième,  Absiam  Gatiniœ;  le  septième, 
Chastelliers  (Castellaria). 

7>  C'est  là,  c'est  à  Chastelliers  qu'il  est  enseveli.  Il  semble 
que,  ayant  tmvaillé,  il  se  soit  reposé  de  toutes  ses  œuvres  le 
septième  jour. 

»  11  avait  fondé  deux  autres  monastères,  Ttdhnem  et  Bibio- 
nem  pour  des  reli^enses  [ad  nwnialium  regionem  (4)  ). 

9  A  Tutione,  d'accord  avec  son  très-saint  maître  Robert  d'Ar- 
briî'sel ,  il  mit  des  religieuses;  et  il  voulut  que  cette  maison  fût 
chef  d'ordre  [matrem  et  captif  ordinis)^  et  que  Fontevrault 
(Pontem  Ebraldi)  fût  la  fille  de  Tutionis;  ce  qui  dura  quelque 
temps,  jusqu'au  jour  oii,  faute  d'eau,  les  TuHonenses  furent 
contraintes  de  changer  de  domicile,  et  d'entrer  à  Fontevrault, 
et  de  fille  qu'elle  était  la  maison  de  Fontevrault  alors  devint 
mère.  La  maison  de  Bibicne  fut  l'objet  des  complaisances  parti- 
culières du  fondateur.  La  pauvreté  de  cette  retraite  la  lui 
rendait  chère ^  et  il  s'y  réfugiait  souvent.  Les  maisons  par  loi 
fondées  en  engendrèrent  d'antres,  et  eurent  ainsi  les  honneurs 
de  la  maternité.  Il  institua  dans  tous  ces  monastères  la  pure 
règle  de  Saint-Benott.  Cette  règle  fut  pratiquée  sans  augmen- 
tation, sans  diminution  ni  omission,  ni  aucune  modifica- 
tion (9).  Mais  venons  à  l'histoire. 


(1)  Dans  ses  Vies  des  Saints  du  Poitou  ^  M.  Ch.  de  Cherté  attribue  h 
Géraud  de  Salles  un  plus  grand  nombre  de  fondations,  car  il  dit  k  la 
page 232  :  «  Outre  Tabbaye  de  Cadouin,  Giraud  de  Salles  fonda  œUes  de 
Grandselve,  au  diocèse  de  Toulouse;  do  Gondom,  au  diocèse  d'Agen; 
d*  Allonne  (  lisez  de  Dalon  ) ,  au  diocèse  de  Limoges  ;  de  Bournet  •  an  diocèse 
d*Angoulême;  deFont-Douce  et  de  Châtres,  au  diocèse  de  Saintes;  de 
L*Absie,  du  Pin,  des  Chastelliers  et  de  Bonnevaux ,  au  diocèse  de  Poitiers, 
etc.,  etc.  R.-P. 

(2)  L'abbé  Nadaud  fait  remarquer  que  Fauteur  cité  par  dom  Ifartène  est 
ici  dans  Ternir,  puisque,  d*après  le  cartulaire  de  Dalon,  Géraud  de  Salis 


ABBAYE   DE   UALON.  83 

»  Foulque,  père  de  Géraud,  aprèd  avoir  long-temps  vécu 
dans  le  monde,  fit  au  eiëcle  ses  adieux,  et,  ayant,  dans  sa 
dernière  maladie,  revêtu  Thabit  religieux,  il  mourut  jeune 
encore ,  plein  de  mérites.  8a  veuve ,  par  le  conseil  de  Géraud , 
embrassa  la  vie  religieuse. 

t  Grimoald,  frère  de  Géraud,  ayant  quitté  les  livrées  du 
siècle ,  fut  chapelain  près  de  Tustonium  (  professus  est  cum  cappel- 
lanita  aipud  Tustoniwn),  puis  prieur  à  Castellarium  ;  apr^  la 
mort  de  son  frère ,  il  fut  élu  abbé  de  Sainte-Marie-des-Âlleus 
{de  AUodiis)^  au  diocèse  de  Poitiers.  Plus  tard,  il  fut  fait 
érvéque  de  Poitiers;  mais  il  mourut  la  même  année.  11  mourut 
le  6  des  calendes  d'août  (le  millésime  n'est  pas  indiqué] ,  et  fut 
enseveli  chez  les  religieuses  de  Fontevrauli 

»  Foulque ,  l'autre  frère  de  Grimoald ,  prit  l'habit  d'ermite 
à  Boscaivium,  et  fournit  une  longue  carrière  de  bonnes  œuvres. 
Il  fut  enterré  dans  le  chapitre  de  Boscavium.  Après  beaucoup 
d'années  (post  muUum  temporis),  son  corps,  objet  d'une  grande 
vénération,  fut  transféré  dans  l'église.  Le  corps,  au  moment 
de  la  translation ,  fut  trouvé  intact ,  sans  aucune  lésion  ni  aucun 
signe  de  putréfaction ,  parfaitement  conservé.  —  Revenons  à 
Géraud. 

»  Géraud  mourut  l'an  de  N.-S.  4190  {miUesimo  cerUesimo  vige- 
simo).  Il  fut  le  contemporain  de  saint  Bernard ,  qui  fut  nommé 
abbé  de  Clairvaux  en  14U.  Géraud  conduisit  Tabbé  de  Clair- 
vaux  à  Cadouin  [Cadtnnum);  mais  les  religieux  de  Cadouin 
refusèrent  d'embrasser  la  règle  de  Cîteaux,  et,  se  moquant  du 
saint  abbé,  coupèrent  la  queue  de  son  cheval  (et  apposuerunt 
adhuc  sando  peccare,  rondnum  quo  vehebatur  cauda  truncare). 

»  Les  religieux  de  Grandselve,  chez  qui  Géraud  conduisit 
Bernard ,  accueillirent  saint  Bernard  avec  plus  de  respect  :  ils  le 
saluèrent  comme  un  ange  de  Dieu ,  et  se  placèrent  sous  sa  dis- 
cipline. {Le  narrateur  se  trompe  :  c'est  seulement  en  1 U5,  long- 
temps après  la  mort  de  Géraud ,  que  le  monastère  de  Grandselve 
se  donna  à  Tordre  de  Cîteaux.  —  Note  des  éditeurs,) 

»  Géraud  mourut  à  Chastelliers  (  CasteUarias  ) ,  Tan  de  grâce 


n*as8ujettit  ees  religieux  à  a/ucun  ardre  ni  à  auewm  prqfluHm ,  tes  laissant 
passer  leur  vie  dans  la  simplicité  évangéliqne.  D'après  la  même  80Qrc«»  ce 
fut  seulement  après  la  mort  du  fondateur,  arrivée  en  1120,  que  ces  reli- 
gieux prirent  Fhabit  monacal  et  la  règle  de  Saint-Benoit,  k  Fimitation 
des  Cisterciens.  R.-P. 


84  ABBAYK    DE    DAM)N. 

4120  (1),  le  13  des  calendes  de  mai,  c'est-à-dire  le  20  avril ,  à  la 
pointe  du  jour  (2),  au  milieu  des  siens,  plein  de  jours  et  de 
vertus. 

9  L'évêque  de  Poitiers ,  Guillaume  II ,  du  nom  d' Adelenius 
[Adeknius  nominé) ,  assista  aux  obsèques. 

jy  Géraud  fut  enterré  dans  le  monastère  de  Chastelliers,  dans 
la  chapelle  de  la  sainte  Vierge,  au  côté  gauche  de  l'autel  (3). 

i»  Eu  4249,  Tabbé  Thomas,  aidé  de  quelques-uns  de  ses 
frères ,  creusa  le  tombeau ,  et ,  à  sa  grande  joie ,  retrouva  les 
restes  vénérés  du  serviteur  de  Dieu.  Il  déposa  la  tête  en  un 
petit  vase  doré,  et  le  corps  en  un  tombeau  de  marbre,  fabriqué 
en  forme  d'arche ,  et  posé  sur  six  colonnes  de  pierre ,  sur  le 
local  du  tombeau  primitif.  — (Col.  4006.)  » 


II. 


D'après  le  cartulaire  de  Dalon ,  dont  on  trouve  dœ  extraits 
dans  le  Gallia  christiana  de  Denis  de  Sainte-Marthe  (T.  II,  instru- 
menta, col.  201-203),  Géraud  de  Salis  vint  établir  des  religieux 
à  Dalon  Tan  4114,  et  non  en  4447,  4149,  4120  ni  4  424,  comme 
l'ont  dit  Robert  (GoUm  christiana,  p.  567),  les  deux  frères  de 
Sainte-Marthe  [Gallia  christiana  vêtus,  T.  IV,  p.  326)  et  dom 
Martène  (Thésaurus  anecdotarum ,  T.  III,  col.  126). 

Géraud  de  Las  Tours  et  Goulfier,  son  frère ,  avaient  donné  en 
perpétuelle  aumône,  pour  le  salut  de  leur  âme  et  pour  celles 
de  leurs  parents,  à  Dieu,  à  la  bienheureuse  Marie  et  au 
vénérable  Père  Gérald  de  Salis ,  tout  ce  qui  pouvait  leur  appar- 
tenir dans  la  forêt  de  Dalon ,  ainsi  que  les  droits  de  dîxme  et 
autres  droits  seigneuriaux  sur  toutes  ces  terres  et  sur  celles  que 
les  religieux  acquerraient  des  feudataires  desdits  Géraud  et 
Goulfier.  Ceux-ci  recommandaient  en  outre  h  leurs  descendants 
non-seulement  de  n'inquiéter  en  rien  les  disciples  présents  ou 
futurs  de  Géraud  de  Salis,  mais  encore  de  protéger  Dalon  contre 
tout  agresseur.  De  son  côté,  Géraud  de  Salis,  acceptant  la  do- 

(1)  Hlsconcinlt  chronicon  Malleacense,  apud  Labbeum  :  BiUioth.  nova. 

(2)  M.  de  Chargé  dit,  je  ne  sais  d'après  quel  auteur,  le  9  août  1127. 

R.-P. 
(8)  Le  texte  dont  ces  lignes  donnent  Tanalyse  est  contenu  dans  les  co- 
lonnes 989-1008  du  T.  VI  de  VAmplissima  CdUctio  de  dom  Martène. 


ABBAYIC    DE    DAIX)N.  85 

tiatix)!!  y  la  consacra  à  Dieu,  de  telle  sorte  que,  mettant  à  part  les 
droits  du  Saint-Siège  et  ceux  de  Tévôque  diocésain,  toujours 
réservés,  personne  ne  dut  prétendre  en  faire  sa  propriété,  ou  y 
avoir  juridiction.  Les  témoins  de  cet  acte  furent  Etienne,  alors 
prêtre  de  Boessent,  qui  devint  prieur  à  Dalon;  Pierre,  abbé  de 
Castres,  au  diocèse  de  Périgueux,  et  Bernard  Gauberti,  prêtre 
de  Segonzac  (1). 

(1)  IN  NOMINE  DOMINI  JESU  CHRISTI.  AMEN. 

INCIPIT   LIBER    FUKDATIONIS    ET  DONATIONUM   ABBATI.Ë 

B.    MAHTiS  DALONIS. 

Anne  ab  incarnatione  Domini  uostri  Jesu  Christi  m.  c.  xiv,  indic- 
tlone  VII,  epacta  xli.  domno  Paschali  romano  pontifice  féliciter  régente . 
Bustorgioepisoopo  Lemovicensi  sedi  présidente,  régnante  Ludovico,  rege 
Franoorum,  superstite  Ademaro,  vicecomite  Lemovicensi,  domnus 
Geraldus  de  Salis  eremum  quse  ab  homlDibus  Dalonium  dicebatur  expetiit , 
atque  ad  servitium  omnipotentis  Dei  quosdam  de  fratribus  suis  ibidem 
constituit.  Geraldus  siquidem  de  Turribus  et  Golferius,  frater  ejus,  qui 
eremi  illiusdominium  jure  hèredltario  possldebant.  ab  omni  ssecularium 
dominatîone  et  calumpnia  liberam  et  quietam  fieri  decreverunt,  et  Dei 
famulo  hujusmodi  testamentum  fecerunt  : 

«  Ego  Geraldus  de  Turribus,  et  ego  Golferius,  animaram  nostrarum  et 
omnium  parentum  uostrorum  utilitati  providentes,  donamus  Dec,  et 
B.MarisB,  et  venerabili  patri  Geraldo  de  Salis,  in  perpetuam  eleemosinam, 
quidquid  babebamus  vel  babeie  poteramus,  vel  aliquis  de  nobis  babebat, 
in  nemore  quod  vulgo  Dalonium  nuncupabatur  ;  atque  successoribus 
nostris,  cum  omni  testificatione ,  prohibemus  ne  illius  dîscipulis  tam 
prsesentibus  quam  futuris,  usque  in  flnem  ssBCuli,  ibidem  Dec  deser- 
vientibus,  aliquam  tyrannidem  seu  dominationem ,  vel  aliquam  vexa- 
tionem  inferre,  prœsumant  ;  sed  ipsum  Dalonii  locum  ab  aliorum  incursibus 
seu  molltionibus  prœcipimus  ut  quantum  potuerint  défendant.  Donamus 
etiam  supradictis  fratribus  terras  quas  de  fenalibus  suis  acquirere  po- 
terunt,  et  décimas  terrarum  quas  terras  a  nobis  seu  ab  aliis  hominibus 
acquisicrunt ,  et  quse  Juris  nostri  erant.  Tum  venerabilis  msirgister  sic 
prosecutus  est  :  Ego  Geraldus,  Dei  gratia  servorum  Dei  minister,  quam  via 
indignus,  constitue,  et  inviolabili  décrète  confirme  quod  totus  prœsens 
locus  ecclesise  videlicet  Dalonensis,  ab  omni  ecclesiastica  vel  sœcularl 
subjectione  sit  libéra,  et  quasi  propria  Christi  caméra ,  insignibus  subli* 
metur,  salvo  apostolico  Jure  et  diocesani  pontificis  dignitate.  Porro  si 
aliquis,  externus  sive  donaesticus,  proprise  libertatis  dignitate  eam 
frustrarc  tentavit,  tanquam  decretorum  temerarium  violatorem,  nostra 
bodalitate  indignum.  a  corpore  atque  socictate  nostrse  fraternitatis 
alienum  esse  decrevimus.  Huic  rei  tune  interfuerunt  Stephanus,  tune 
sacerdos  de  Boessent ,  postea  Dalonensis  prier  ;  domnus  Petrus ,  abbas 
ra8trensi8;Bernardus  Gauberti,  sacerdos  de  Segonzac ,  etc.  »  [Gallia  rhis»- 
iiana  notât  T.  II  :  instrumenta ,  col.  201. . 


86  ABBAYB   DE   DALON. 

Cependant  les  moines  de  Tourtoirac  en  Périgord  reven- 
diquèrent la  propriété  de  Dalon ,  et,  sur  la  demande  de  Géraud 
de  Salis,  Eustorge,  évêque  de  Limoges,  réunit  à  Dalon  mômey 
pour  décider  ce  différend  ,  Guillaume ,  évêque  de  Périgueux  ; 
Maurice,  abbé  de  Solignac;  Guy,  abbé  de  Tourtoirac;  Âdémar, 
vicomte  de  Limoges;  Gérald  et  Goulfier  de  Las  Tours;  Itier  de 
Bom,  et  plusieurs  autres,  tant  ecclésiastiques  que  laïques. 
Devant  cette  vénérable  assemblée,  un  moine  de  Tourtoirac 
nommé  Constantim  vint  dire  que  le  territoire  de  Dalon  lui 
appartenait  {et  locum  Daionis  ut^e  in  sua  pertinentia  amsUtutwrè 
calumniavit).  Les  vieillards  du  voisinage,  appelés  en  témoignage, 
affirmèrent  qu'ils  n'avaient  jamais  vu  cultiver  cette  solitude,  ni 
dire  qu'on  Teût  jamais  cultivée.  Ils  ignoraient  même  à  qui  elle 
appartenait.  Ils  ajoutèrent  qu'un  paysan,  nommé  Robert  de 
Lage,  ayant  défriché  une  parcelle  de  la  forêt ,  en  avait  donné  ia 
dtme  audit  moine  Constantin ,  qui  en  ce  moment  même  faisait 
opposition  à  Géraud  de  Salis;  mais  les  décimateurs  de  Segonzac, 
Pierre  et  Gérald ,  son  frère ,  et  Aimeric  de  La  Bue ,  vicaire  »  en 
ayant  eu  connaissance ,  avaient  fait  un  procès  au  paysan  pour 
avoir  donné  au  moine  Constantin  une  dîme  qui  leur  revenait. 
Le  paysan ,  mal  défendu  par  son  patron  Couistantin ,  qui  avait 
abusé  de  sa  confiance,  avait  dû  payer  aux  décimateurs  légi- 
times,  pour  indemnité  et  dommages,  trente  sous  et  six  deniers 
[prœdiclis  decimariis  triginta  solidas  ei  sex  mmimQH  pro  aJbUUa  dedma 
^Dolvii),  Le  paysan  Robert  de  Lage  étant  venu  confirmer  par 
son  aveu  la  déposition  des  vieillards,  l'assemblée  décida  una- 
nimement que  l'évêque  Eustorge  devait  maintenir  Gérald  de 
Salis  dans  sa  possession,  et  en  effet,  séance  tenante,  l'évêque 
rédigea  Tacte  de  maintenue. 

Cette  même  année  4444,  en  présence  d'Eustorge,  évêque  de 
Limoges;  d'Audebert,  doyen  de  Saint-Trieîx ;  de  Geoffroy, 
archiprôtre  de  Lubersac  ;  d'Elie  d'Ayen  ;  de  Pierre  de  Cam- 
pants; d'Hier  de  Bom;  de  Sicard  de  Rasa;  de  Geoffroy,  et 
Gérald  de  Tellol ,  Bernard  dej  Burg  et  ses  frères  Gérald  ei 
Etienne,  ainsi  que  les  deux  frères  Arcbambauld  et  Adémar  de 
Fêlez ,  Pierre  de  Feleas  et  Aimeric  de  Fêlez ,  tous  les  sept  ayant 
droit  de  forestage  (forestarit)  dans  la  forêt  de  Dalon,  cédèrent 
à  Dieu,  à  la  bienheureuse  Marie,  à  maître  Géraud  de  Salis  et  à 
ses  successeurs,  ce  droit  et  tous  ceux  qu'ils  pouvaient  avoir 
dans  ladite  forêt,  en  perpétuelle  aumône  (in  perpettêam  eleemo- 
sinam  forestagium    et  omne  aliud  ex   intégra  qttod    habebanitis  vcl 


AUBAYË   DE   DAIjON.  87 

reqtUreie  poleramus).  Pierre  Gaufridi  et  Guy  Garini  cédèrent  de 
même  tous  leurs  droits. 

En  4  474,  le  6  des  ides  de  mai,  Hugues,  comte  de  Rodez, 
donna  encore,  en  perpétuelle  aumône,  à  Dieu ,  à  la  bienheureuse 
vierge  Marie  et  aux  frères  présents  et  futurs  de  Dalon ,  dans 
toutes  ses  terres  et  forêts ,  droit  de  pacage  pour  leurs  animaux 
de  toutes  espèces,  et  de  plus  pour  les  animaux  dont  ils  au- 
raient la  surveillance  (pascua  omnium  ammalium  cujusUbet  generis 
fuerint,  et  qaœ  nA  eorum  custodia  vd  protectione  permanseritU).  Lq 
comte  réservait  toutefois  le  droit  des  frères  du  Loc^Dieu  du 
diocèse  de  Rodez ,  car  ils  avaient  aussi  droit  de  pacage  dans 
ses  terres  pour  les  animaux  qui  leur  appartenaient.  Cette 
donation  était  faite  à  Guillaume  de  Tineria ,  abbé  de  Dalon ,  son 
parent  [in  manu  fratris  met  domni  WiUdnU,  Dalonensii  abbatis)^  en 
présence  de  Pierre  de  Chamlazac  et  d^Étienne  de  Mont-Olivier 
(de  Monte  OUvi) ,  tous  deux  moines,  et  de  Pierre  de  La  Boaria, 
frère  convers.  Etaient  témoins  Gérald  de  Panath  et  Raustits. 

Par  acte  expédié  le  94  novembre  4478,  ÂrcbambaudV,  vi- 
comte de  Combom;  Jourdaine  de  Périgord,  sa  femme,  et 
Ârchambaudy  leur  fils,  accordèrent  à  Tabbaye  Texemption  des 
droits  seigneuriaux  dans  toutes  leurs  terres.  Le  8  janvier  4498, 
Ardiambaud  VI  accorda  d'autres  privilèges.  L'abbé  Âmelius 
reçut  pour  Dalon  de  Pierre  Fulcaldi ,  de  Valérie  sa  femme ,  et  de 
Garrens,  sœur  de  Valérie,  la  moitié  de  la  terre  Mainil.  Raymond, 
vicomte  de  Turenne,  lui  donna  aussi  le  mas  de  Las  Treillas,  et 
Talairan ,  gendre  du  vicomte ,  ratifia  cette  donation ,  à  Marte) , 
en  < 4 67.  Du  reste,  divers  autres  seigneurs enricblrent  Da}on ,  et 
le  t&noignage  de  leurs  bienfaits  se  trouve  inscrit  dans  le  cartu- 
laire  de  Tabbaye  jusqu'à  Tan  4247,  époque  oii  il  se  termine  (4). 

Au  dernier  siècle ,  l'abbaye  de  Dalon  était  taxée  en  cour  de 
Borne  à  450  florina,  et  elle  valait  à  l'abbé  5,000  livres  exemptes 
de  toute  charge. 


(1)  Le  père  Le  Long  dit  {MiàUotMquâ  historique  de  France,  n»  12»4H6)  que 
la  Bibliothèque  du  roi  avait  dans  les  manuscrits  de  M.  de  Caignièrea  une 
copie  et  des  extraits  de  ce  cartulaire ,  la  seule  pièce  digne  d*attention  des 
archives  de  Dalon,  dont  les  anciens  livres  de  chœur,  le  martyrologe,  le 
néerdoge,  etc.,  étaient  perdus. 


88  ABBAYE   DE   DALO>r. 


IlL 


Voici  les  quelques  faits  qui  se  détachent  dans  Thistoire  modeste 
de  Dalon. 

Denis  de  Sainte-Marthe  fait  de  Oéraud  de  Salis  le  premier 
abbé  de  Dalon  [GalUa  christiana  nova,  T.  II,  col.  624];  mais, 
comme  il  Tavait  dit  déjà  (ibid,  T.  I'',  col.  26^),  jusqu'à  la  mort 
de  ce  saint  homme  ses  disciples  avaient  vécu  en  ermites.  Ce  titre 
ne  lui  couTient  donc  pas ,  comme  le  fait  remarquer  Nadaud  ;  et 
d^ailleurs  lui-même  il  ne  se  qualifia  jamais  abbé  :  celui  qui  le 
premier  eut  cette  dignité  à  Dalon  doit  donc  être  Roger,  qne  ses 
disciples  choisirent  parmi  eux  (4  420),  en  présence  d'Eustorge , 
évêque  de  Limoges ,  de  plusieurs  religieux  et  de  personnages 
distingués,  tous  priés  d'assister  à  cette  importante  cérémonie. 

Connu  bientôt  au  loin  par  ses  vertus,  Roger  fut  appelé  à 
fonder  plusieurs  monastères,  entre  autres,  le  42  des  calendes 
d'avril  4423  (4  424),  le  Loc^Dieu  [Locum  Dei),  au  diocèse  de  Rodez. 
Ce  monastère,  ainsi  nommé  avec  dessein,  avait  été  jusqu'alors 
un  lieu  de  refuge  pour  les  voleurs,  et,  souillé  par  plusieurs  ho- 
micides, il  resta  soumis  à  Dalon  jusqu'en  4477  seulement;  car, 
cette  môme  année  ^  Arbert  en  étant  devenu  abbé ,  aux  calendes  de 
décembre,  l'en  sépara,  et  l'unit,  pendant  un  an,  à  Pontigny, 
dont  les  moines  ne  crurent  pas  pouvoir  le  relever  et  le  conserver, 
tant  ses  dettes  étaient  considérables  ;  ce  qui  fît  que  ledit  Arbert 
dut  le  soumettre  au  monastère  de  Bonneval;  mais  le  Loc*Dien 
s'est  peu  à  peu  relevé,  et  l'ordre  y  a  régné  jusqu'à  la  fin  du 
dernier  siècle. 

Avant  d'avoir  uni  son  monastère  à  Tordre  de  Cîteaux ,  saint 
Etienne  d'Obasine,  désirant  formera  la  vie  monacale  les  disciples 
accourus  près  de  lui ,  demanda  à  son  ami  Robert ,  premier  abbé 
de  Dalon,  quelques-uns  de  ses  moines.  Ceux-ci  furent  agrégés 
à  Cîteaux  seulement  après  4462 ,  sous  l'abbé  Amelius,  et  déjà  ils 
avaient  le  chant  et  les  usages  de  Cîteaux.  Les  religieux  qu'on 
envoya  à  Obasine  étaient  pourtant  des  hommes  d'une  austérité 
peu  charitable;  car  ils  déconcertèrent  par  leurs  dures  répri- 
mandes les  timides  enfants  de  Saiut-Étienne ,  sans  doute  animés 
du  zèle  ordinaire  aux  âmes  qui  entrent  dans  le  service  de  Dieu, 
mais  par  cela  même  encore  très-sensibles  dans  leur  amour- 
propro.  Pour  iip  pas  voir  détruire  son  œuvre  naissante,  saint 


ABaWE    DE   DALOX.  89 

Etienne  dut  laisser  rentrer  à  Dalon  des  maîtres  qui  ne  savaient 
pas  compatir  aux  faiblesses  de  sa  jeune  famille. 

Dalon  n'était  point  agrégea  Cîteaux,  lorsque,  en  1938,  Tabbé 
Robert  envoya  une  colonie  fonder  un  monastère  à  Aubignac , 
qui  est  resté  jusqu'à  la  restauration  du  culte  dans  Tarchiprêtré 
d'Ârgenton,  au  diocèse  de  Bourges,  et  qui  a  passé  depuis  au  dio^ 
cèse  de  Limoges,  avec  la  paroisse  de  Saint-Sébastien  (Creuse) , 
sur  le  territoire  de  laquelle  il  est  situé. 

Le  pape  Innocent  II  accorda  un  privilège  à  Téglise  de  Dalon 
pendant  un  voyage  que  Tabbé  Roger  fit  à  Rome,  et  le  pape 
Luce  II  en  concéda  un  autre.  J'ignore  en  quoi  consistent  ces  pri^ 
viléges. 

Le  Père  Estiennot  dit  qu'à  l'occasion  de  l'abbaye  de  Beuil ,  qui 
désirait  s'unir  à  Cîteaux  en  14S3,  l'abbé  Roger  écrivit  à  saint 
Bernard ,  dans  un  langage  sévère ,  pour  l'engager  à  refuser  cette 
union,  faite  au  préjudice  de  Dalon ,  dont  Beuil -était  la  fille.  La 
lettre  eut  son  effet,  car  saint  Bernard  n'accepta  pas.  Estiennot 
n^a  pu  pourtant  trouver  cette  lettre  ni  à  Dalon  ni  à  Beuil.  La 
réputation  de  sainteté  de  l'abbé  Roger  fut  si  grande  que  Bernard 
Guidonis  l'a  mis  dans  son  catalogue  des  saints  du  Limousin. 

D'après  la  chronique  de  Geoffroy  de  Vigeois,  Amelius  se 
trouvait  le  28  août  H  63  à  Arnac  (Aruac-Pompadour)  pour  l'en- 
terrement d'Almodis,  femme  d'Olivier  de  Las  Tours,  avec  neuf 
abbés,  qui  lui  étaient  soumis,  et,  dans  le  l**^  volume  du  Gallia 
christiana  nova,  on  dit  que  sa  piété  et  celle  de  ses  moines  les 
portèrent  à  agréger  Dalon ,  ainsi  que  tous  les  monastères  qui  en 
dépendaient,  à  Tordre  de  Cîteaux,  parla  deuxième  fille  de 
Cîteaux ,  fondée  en  41U,  àquatre  lieues d'Auxerre,  Pontigny  (1), 
dont  les  abbés,  avec  ceux  de  La  Ferté,  de  Clairvaux  et  de 
Morimond,  avaient,  en  leur  qualité  des  quatre  premiers  pères  de 
Vordre,  droit  de  visite  à  Cîteaux,  quoique  Tabbé  de  cette  der- 
nière abbaye  fût  général  et  chef  de  tout  l'ordre.  Du  reste  les 
abbés  de  ces  quatre  premières  filiations  étaient  eux-mêmes 
généraux  dans  leur  propre  filiation.  Ainsi  Dalon  devint  la 
troisième  des  dix-sept  filles  de  Pontigny. 

En  ces  temps  6or6are5;   oii.  pratiquer  l'hospitalité  était   une 


(1)  (c  Tempère  que  Arnaldus  regrebat  abbatiam  (Loci  Dei)  D.  Amelius  « 
abbas  Dalonis ,  et  ceteri  abbates  qui  ab  eo  pendebant  ob  fervorem  ordinia 
tradiderunt  se  ordini  Cisterciensi  et  domui  Pontiniaecnsi.  »  (Gallia  chriS'* 
iiananova  T.  I,  col.  263.) 


90  ABBAYE   DB   DALON. 

vertu  généralement  aimée,  et  où  chaque  monastère  servait 
d'hôtellerie  )  les  pauvres,  estimés  membres  souffrants  de  Jésus- 
Christ,  n'étaient  jamais  oubliés,  et  Ton  distribuait  à  Dalon , 
comme  ailleurs,  chaque  jour  d'abondantes  aumftnes.  Bertrand 
de  Born  et  son  fils  Bertrand  firent,  le  4  des  calendes  de  juillet 
de  Tan  4189,  sous  Tabbé  Qéraldde  Miraumont,  une  fondation, 
afin  que  chaque  jour  on  distribuât ,  en  leur  nom ,  à  la  porte  du 
monastère,  pour  l'expiation  de  leurs  péchés  et  pour  celle  des 
péchés  de  leurs  ancêtres,  l'équivalent  du  revenu  nécessaire  pour 
nourrir  un  moine.  Ainsi  une  pensée  de  foi  vivifiait  toutes  les 
œuvres  de  nos  pères.  Un  motif  de  sensibilité  humaine  n'inspirait 
pas  seule  leur  aumône  :  ils  savaient  que  Taumône  rachète  les 
péchés  dont  on  se  repent. 

Alors  les  fanfarons  d'împîété  n'étaient  pas  non  plus  réputés 
beaux  esprits,  et,  pour  rappeler  à  tous  que  l'âme  survit  à  la 
destruction  de  son  enveloppe  de  chair,  en  M87,  Guillaume  de 
Tournon  avait  donné  six  livres,  qu'on  devait  employer  à  entre- 
tenir, pendant  la  nuit,  un  luminaire  dans  le  cimetière  de  Dalon. 
Or  l'abbé  Gérald,  touché  de  cette  pensée  pieuse,  réunît  immé- 
diatement les  moines  en  chapitre ,  et  fit  décider  qu*à  cette  somme 
on  ajouterait  annuellement  le  prix  de  six  setiers  de  froment, 
afin  que  le  luminaire  brûlât  jour  et  nuit.  Ces  siècles  avaient 
leurs  abus,  je  lésais  bien;  il  a  fallu  long-temps  auchristianisme 
pour  discipliner  les  descendants  des  bandes  sauvages  sorties  des 
forêts  de  la  GeriHanîe,  et  habituées  à  se  faire  justice  elles- 
mêmes;  mais  du  moins  partout  on  proclamait  le  droit,  et  la 
vérité  n'était  pas  insultée  ;  en  sorte  que ,  tôt  ou  tard ,  quand  la 
passion  s'était  calmée,  on  s^empressait  de  réparer  ses  injustices. 
Ainsi,  sous  l'abbé  Jean  II,  en  4196  et  4  498,  Archambaud, 
vicomte  de  Comborn,  accorda  à  Dalon,  pour  réparer  des 
exactions  commises  contre  le  monastère,  les  droits  de  maré- 
chaussée et  des  prévôts  de  moissons,  convives,  etc.,  sur  le  tè- 
nement  d'Ubert.  Bertrand  de  Born  et  Itier,  son  frère,  font  sous 
ce  même  abbé,  en  4200,  des  donations  pour  indemniser  l'abbaye 
des  dommages  qu'ils  lui  avaient  causés  pendant  la  guerre  (pro 
damnis  et  injuriis  quas  m  fecerant,  urgentilms  guerris)^  peut-être 
en  4468,  quand  les  barons  de  T Aquitaine  et  de  la  Bretagne  se 
soulevèrent  contre  Henri  II,  ou  en  4476^  quand  ces  mêmes 
barons  d'Aquitaine  furent  en  guerre  contre  Richard  Cœur  de 
Lion.  Sous  l'abbé  Bernard,  en  mars  4224,  Bertrand,  Itier  et 


XMxW:  DB   DAION.  91 

autre  Bertrand  dQ  Born ,  tous  trois  chevaliers ,  réparent  encore 
par  des  dons  des  injustices  commises  au  préjudice  de  Dalon. 

Bernard  de  Ventadour  mourut  moine  à  Dalon  au  commence- 
ment du  xiir  siècle.  Ce  poète  limousin ,  né  vers  4 1 30 ,  était  âls 
d^nn  domestique  et  archer  du  chftteau  de  Veutadour,  oh  sa 
mère  était  aussi  servante  de  peine,  s'il  faut  en  croire  Pierre 
d^ Auvergne  9  dans  une  satire  contre  les  troubadours  ;  ce  qui  doit 
être  vrai ,  car  Hugues  de  Saint-Cyr  donne  aussi  pour  père  au 
même  Bertrand  un  simple  domestique  chargé  du  four  du 
château,  Bernard  de  Ventadour,  doué  d'une  riche  imagination 
et  d'un  vrai  talent  poétique ,  s'attira  par  son  esprit  léger  et 
romanesque ,  —  d'abord  au  chftteau  de  Ventadour,  puis  à  la  cour 
du  duc  de  Normandie,  qui  devint  roi  d'Angleterre  sous  le  nom 
de  Henri  II,  et  enfin  à  la  cour  de  Raymond  V,  comte  de 
Toulouse,  —  des  mésaventures  d'amour,  qui  l'engagèrent  à  se 
faire  moine.  Quoiqu'il  semble  avoir  écrit  h  Dalon  n^me  des  vers 
qui  sentent  l'idolâtrie  d'une  femme  absente  qu'il  idéalise,  ce 
pauvre  cœur  malade  guérit  pourtant ,  car  il  a  écrit  :  «  L'amour 
est  une  folie  dont  je  suis  guéri  b.  Que  l'homme  soit  innocent, 
ou  plein  d'illusions,  ou  désenchanté,  ou  même  flétri,  le  silence 
et  le  repos  de  la  solitude  lui  sont  salutaires. 

Alors  aussi  les  fils  des  meilleures  famillt»  étaient  fiers  de  se 
consacrer  à  Dieu  :  ainsi ,  sous  ce  même  abbé  de  Colonges ,  on 
trouve  à  Dalon  Etienne  de  Turenne,  frère  convers;  Arnaud  de 
Montinac  et  Adémar  de  Rinac,  ces  deux  derniers  célériers  du 
monastère;  Hélie  et  Gérald  de  Malafayde,  etc.  Or  la  vie 
religieuse  n'était  pas  encore  dans  un  état  de  relftchement  :  se 
faire  moine  c'était  prêcher  l'amour  des  mortifications,  car  l'on 
vivait  d'abstinence.  Les  friandises  que  devait  fournir  à  Dalon 
pour  les  aliments  l'une  des  g^nges  qui  en  dépendait,  sous 
Jean  de  Colonges,  c'étaient  une  certaine  quantité  de  vin  bon  et 
largement  mesuré,  mille  œufs,  du  pain  blanc  et  du  poisson, 
avec  des  fromages  pour  compléter  la  quantité  du  poisson. 
Aujourd'hui  c'est  partout  un  amour  effréné  du  bien-être  «  qui 
laisse  peu  supposer  l'espérance  d'une  vie  meilleure  par-delà  la 
tombe. 

L'abbaye  de  Dalon  a  été  incendiée  deux  fois;  et,  vers  4230 , 
Tabbé  Guy  de  Malafayde  fut  tellement  effrayé  de  ses  dettes  qu'il 
se  démit.  Or  elle  ne  paraît  pas  s'être  bien  relevée,  puisqu'en 
4439  il  fallut  lancer  une  bulle  contre  les  détenteurs  des  biens  du 
monastère;  puis,  dès  le  commencement  du  xvi*  siècle,  comme 


92  AbBATK   DE  DAlON. 

les  antres,  pour  prendre  le  style  naïf  du  Père  Bonaventure, 
a  elle  se  vît  déchoir,  et  tomber  en  comraende ,  pour  servir  de  curée 
à  ceux  qui  cherchent  plus  les  biens  de  l'Église  que  le  service  de 
rÉglise.  »  Dalon  débuta  même  fort  mal  dans  ce  nouveau  genre 
d'administration;  car  son  premier  abbé  commendataire  fut  un 
homme  que  recommandaient  peu  les  titres  acquis  par  la  faveur 
de  son  nom,  et  qui  osa  afficher  sa  honte  en  faisant  légitimer 
le  fruit  de  ses  désordres.  Du  reste,  si ,  comme  je  le  crois,  il  est  le 
même  que  le  dernier  abbé  régulier,  il  faudrait  dire  à  Thonneur 
de  Dalon  que,  après  des  débuts  meilleurs  dans  la  vie  religieuse, 
ses  instincts  grossiers  le  mettant  mal  à  Taise  dans  cette  maison , 
il  dut  en  sortir  pour  les  laisser  libres.  Après  cela  faut-il  s'é* 
tonner  que  sous  son  gouvernement  il  n  y  eut  que  sept  religieux 
à  Dalon,  d'après  le  terrier  qu'il  fit  faire?  Qui  n'a  pas  l'esprit  de 
Dieu  ne  saurait  le  communiquer,  et  la  durée  ou  l'importance 
de  chaque  institution  est  en  rapport  des  services  qu'elle  rend. 

François  de  Las  Tours ,  qui  fut  deuxième  abbé  commenda- 
taire, et  siégea  au  moins  pendant  dix  ans  à  partir  de  4535,  fit 
reconstruire  le  chœur  de  l'église,  avec  un  retable  remarquable 
en  ce  que,  contrairement  à  l'usage,  il  était  en  pierre.  Sous 
Charles  de  Rochefort  (mai  1628-4634),  tous  les  bâtiments  du 
monastère  tombaient  en  ruine.  Ils  ont  été  relevés,  peut-être 
par  l'excellent  évêque  François  de  La  Fayette,  et  pourtant  en 
4756  il  n'y  avait  que  quatre  moines.  C'est  que  l'esprit  de  Dieu 
est  la  vie  véritable  des  institutions  chrétiennes.  Un  monastère 
peut  être  florissant  en  abritant  par  de  simples  cloisons  de  bois 
grossier  les  âmes  d'élite  qui  le  composent  :  on  l'a  vu,  par 
exemple,  à  Fontevrault,  â  l'institution  de  cet  ordre  ;  et  au  con- 
traire des  constructions  splendides  peuvent  n'abriter  que  la 
mort.  Certains  malades  aussi  sont  privés  de  la  faculté  de  se 
mouvoir,  malgré  leur  embonpoint  digne  d'envie  et  leur  teint 
brillant  de  fraîcheur. 

Voici,  d'après  Nadaud,  la  liste  des  abbés  de  Dalon.  Il  a  rec- 
tifié et  complété  certaines  choses  du  GaUia  christiana  nova  de  Denis 
de  Sainte-Marthe ,  qui  compte  seulement  vingt-quatre  abbés, 
en  y  comprenant  Géraud  de  Salis. 


ABBAYE   DE    DALON.  93 


LISTE  DES  ABBÉS. 


I.  —  Roger,  né  en  Limousin,  homme  instruit  et  très-expé- 
rimenté dans  les  affaires,  nommé  en  4V20,  assista,  le  24  dé- 
cembre 1U3,  à  Tulle,  à  Tenterrement  de  Boson,  vicomte  de 
Turenne.  II  fit  avec  Pierre,  abbé  de  Castres,  une  association 
de  prières,  dit  le  cartulaire.de  Dalon.  La  charte  de  société 
entre  ces  deux  abbés ,  citée  par  Denis  de  Sainte-Marthe  (  GalUa 
christiana  nova,  T.  1  :  instrumenta,  p.  43),  est  remarquable  par  la 
piété  et  la  charité  chrétienne  des  deux  abbés,  comme  le  dit  le 
savant  bénédictin.  C'est  non-seulement  une  association  de 
prières ,  mais  encore  un  acte  de  société  fraternelle,  par  lequel  les 
contractants  s'envisagent  à  recevoir  les  religieux  des  deux  mo- 
nastères comme  s'ils  étaient  de  la  même  maison  (fratres  igitur 
utriti$que  monasterii,  fion  sicut  hospitibus  et  peregrinis,  sed  sicut 
fratribus  et  domesticis,  8$$e  invicem  in  lUroque  monasterio  fmantur, 
et  nuUus  stuper  alterum  temere  superextendat ,  seu  in  terris  acqui- 
rendis,  seu  aUis  quibuslibet  mdestiis  faciendis);  puis,  du  consen- 
tement de  ses  moines,  Roger  donne  à  ceux  de  Castres  la  terre 
du  Puy-Auriol  [de  Podio  Auriol),  et,  d'autre  part,,  avec  l'agré- 
ment des  religieux  de  Castres ,  l'abbé  Pierre  donne  à  Dalon  trois 
parts  d'une  certaine  forêt  qu'il  ne  nomme  pas  [très  partes  cujus- 
dam  nemoris)^  faisant  remise  de  8  deniers  dus  à  la  forest  (quos 
ncbis  debebant  a  là  forbst),  et  de  8  deniers  sur  Le  Puy  de  La 
Yaissa  ;  de  plus  promettant  sur  Le  Puy-Auriol  8  deniers  de  cens 
annuel ,  payables  à  perpétuité ,  le  jour  de  la  fête  de  Saint- 
Michel. 

L'abbé  Roger  et  Hélie ,  abbé  de  Tourtoirac  en  Périgord ,  par 
une  charte  conservée  dans  le  Cartulaire  de  Dalon ,  f**  xxxiii ,  et 
datée  de  l'an  4454,  réglèrent  une  contestation  qu'ils  avaient  sur 
la  terre  de  Casetas,  les  moines  de  Tourtoirac  renonçant  à  tous 
leurs  droits  et  à  leurs  prétentions  sur  cette  terre  moyennant 
45  sous  barbarinsou  d'une  valeur  équivalente ,  payables  annuel- 
lement, le  jour  de  la  fête  de  saint  Thomas  (4),  à  Tourtoirac   Ce 

(1)  Qttinqve  solidis  de  barbaris.  On  appelait  barbarins  les  monnaies  où 
était  frappée  une  tête  barbue,  et  plus  particulièrement  la  monnaie  de 
Limoges»  où  Ton  voyait  le  buste  de  saint  Martial  avec  une  longue  barbe. 


94  ABBATR   DB   DALON. 

n'était  pns  le  temps  des  titres  pompeux,  et  ces  bons  abbés  étaient 
bien  humbles  :  dans  la  première  charte ,  ils  se  disent  serviteurs 
inutiles  du  souverain  et  vrai  Père  de  famille  (serves  swnmi  et  vert 
Patrisfamilias ,  Ucet  inutiles ,  nos  esse  sdenles);  dans  la  seconde , 
ils  se  reconnaissent  encore  serviteurs  inutiles  et  abbés  tels  quels 
[nos  servi  Ckristi  intUiles  et  qualescumque  abbates). 

Au  commencement  du  n*  III ,  j*ai  dit  les  œuvres  les  plus  im- 
portantes de  l'abbé  Roger,  qui  s'endormit  en  paix  dans  le 
Seigneur  le  34  mai  4459,  après  avoir  gouverné  trente-neuf  ans 
Dalon,  oii  il  repose.  Au  dernier  fiiècle,  on  ne  connaissait  plus  le 
lieu  de  sa  sépulture.  Nadaud  fait  remarquer  que  dans  tout  le 
monastère  on  ne  voyait  pas  une  inscription ,  et  que  le  seul 
tombeau  remarquable ,  placé  dans  une  crypte  de  la  chapelle 
septentrionale,  était  celui  d'une  femme. 

II.  —  Nadaud  Cite,  d'après  le  Père  Slmpliclen  (T.  VU,  p.  349), 
mais  sans  lui  donner  un  rang,  et  le  regardant  comme  supposé, 
puisque  Roger  fut  nommé  en  4  480,  un  abbé  de  Dalon  nommé 
Hbnri,  auquel,  en  4424,  on  auraitdonné  le  mas  de  Disnerade, 
paroisse  d'Âles.  Denis  de  Bainte-Harthe  ne  fait  point  mention 
de  cet  Henri. 

II  bis.  -^  B......  abbé  en  4463,  d'après  le  cartulaire  de  Dalon. 

IIL  -^  ÂMBLius,  que  Denis  de  Sainte-Marthe  donne  pour 
remplaçant  de  Roger  en  4459 ,  sans  tenir  compte  du  précédent, 
que  sans  doute  il  ne  connaissait  pas.  Il  venait  du  Loc-Dieu , 
dont  il  était  le  deuxième  abbé,  et  où  il  fut  nommé  le  5  de 
juillet  en  4444.  D'après  le  cartulaire  de  Dalon,  il  siégeait 
encore  en  4467. 

IV.  —  Guillaume  1"'  de  Tineria  ,  frère  de  Hugon  II ,  comte 
de  Rodez ,  siégeait  en  4  410  et  4  474 .  D'après  Geoffroy  de  Vigeois, 
il  s'était  démis  en  4483,  lorsqu'il  alla  à  Martel  en  Quercy  voir 
Henri  le  Jeune  roi  d'Angleterre,  alors  malade,  et  ce  prince  fit 
sa  confession  le  7  juin ,  devant  lui,  devant  Gérald ,  évêque  de 
Cahors ,  et  le  prieur  de  la  Chartreuse. 

V.  —  Jean  I*',  frère  du  comte  de  Rodez  et  parent  du  vicomte 
de  Yentadour,  bienfaiteurs  du  monastère,  siégeait  en  4474.  Il  fit 
diverses  acquisitions ,  et  figure  dans  des  actes  do  4477 ,  4478,  du 
6  juillet  4479,  et  février  4479  vieux  style  (4 «80). 


ABBAYE  DE   DALON.  95 

VI.  — >  OéBALD  DB  MiBAUMONT,  Que  Toii  tfouve  dstis  Labbe 
abbé  en  4479  vieux  style,  c'est-à-dire  en  4480^  siégea  jus- 
qu'en 4499,  année  oh  il  reçut  une  donation  de  Bertrand  de 
Bom  et  de  Itier  son  frère,  nouvellement  créés  chevaliers.  Il 
faut  donc  mettre  un  O  pour  initiale,  au  lieu  d'un  B,  au  nom 
de  Tabbé  de  Dalon  qui  fit,  en  4480,  la  sépulture  de  Ooiilfier 
de  Las  Tours,  d'après  le  chroniqueur  de  Vigeois.  Baluze  rapporte 
dans  son  Histoire  de  Tulle  (col.  489-492] ,  d'après  le  cartulaire  de 
Dalon,  un  acte  de  transaction  passé  à  Tulle  en  4  480,  et  ménagé 
par  l'abbé  de  Tulle  et  Sébrand,  évêque  de  Limoges,  entre  lui 
et  Isambert,  abbé  de  Saint-Martial  de  Limoges.  Il  augmenta 
beaucoup  les  biens  de  son  monastère,  et  il  figure  dans  divers 
actes  de  448t,  4  482,  4  486, 4487,  4488,  4489.  OnlitdansMartène 
(Anecdbt.j  T.  IV,  col.  426?)  que,  au  chapitre  général  tenu  &  Cl- 
teaux  en  4490,  pour  avoir  consenti  &  laisser  faire  un  cimetière 
dans  une  grange  ou  ferme  régie  par  des  moines,  l'abbé  de 
Dalon  et  les  dignitaires  de  sa  maison  furent  condamnés  &  six 
jours  de  pénitence,  c'est-ànlire  de  jeûne ,  car  l'un  d'eux  devait 
être  fait  au  pieiin  et  &  l'eau.  Pour  cette  faute  légère ,  Gérald  de 
Miraumont  n'avait  rien  perdu  de  l'estime  de  ses  frères,  car,  dans 
le  môme  chapitre  (Hartène,  ibidem,  col.  4269],  il  fut  commis 
pour  aller,  pendant  l'octave  de  l'Epiphanie ,  terminer  quelques 
affaires  de  l'ordre  à  Chaley,  grange  dépendante  de  Pontigny. 

VIL  —  PiEBBB,  qu'on  trouve  en  4  492  et  4493.  —  Denis  de 
Sainte -Marthe  pense  que  cet  abbé  pourrait  être  Pierre  de 
Brenac,  qui  était  prieur  à  Dalon  en  4483. 

VUL  ^  ÂRBBBT  avait  été  abbè  de  Notre-Dame  du  Palais 
près  Bourganeuf ,  comme  le  constate  un  acte  de  donation  fait 
par  Bernard  de  Pairac,  en  4  494 ,  dans  l'abbaye  même  du  palais. 
Il  faut  donc  dater  de  la  même  année,  avec  Bonaventure  de 
Saint-Âmable  et  Nadaud,  l'acte  de  donation  de  la  dîme  du 
Mas-Ubert  faite  à  Arbert,  comme  abbé  de  Dalon  par  Oaubert 
deSouillac,  abbé  de  Solignac,  et  que,  d'après  Denis  de  Sainte- 
Marthe,  j'ai  rapporté  à  Tannée  4493.  (Voir ma  Notice  sur  Soli- 
gnac, p.  30.)  Il  figure  encore  comme  abbé  de  Dalon  dans  une 
charte  d'Âimeric  Bruni ,  en  4496.  Le  Père  Bonaventure  dit  qu'il 
mourut  en  4496. 

IX.  —  Jean  II  de  Colongbs  ,  auquel ,  en  janvier  4496,  Ar- 


9G.  ABBAYE   DE   DALON. 

chambaiid ,  vicomte  de  Comborn ,  accorda  des  privilèges  pour 
Dalon.  Ed  4198,  Agnès  de  Las  Tours,  abbesse  de  La  Règle,  à 
Limoges,  lui  donna  quelques  terres  pour  Dalon.  En  1204,  le 
chapitre  général  de  Cîteaux  le  commit  pour  régler  des  affaires 
de  Tordre.  Dans  le  cartulaire  de  Dalon ,  on  le  retrouve  encore  en 
4209;  et,  dans  le  même  cartulaire,  on  trouve  aussi  le  suivant 
pour  Tannée  4209. 

X.  —  Guillaume  II,  4209.  Par  une  lettre  du  43  juin  4243,  le 
pape  Innocent  III  le  chargea,  avec  Girard  de  Gros,  archevêque 
de  Bourges,  et  Jean  de  Veirac,  évêque  de  Limoges,  de  faire 
exécuter  la  sentence  des  délégués  du  Saint-Siège  qui  confirmait 
Télection  de  Bernard  V  de  Ventadour,  abbé  de  Tulle.  En  4242, 
Guy  de  Galle  lui  fit  don  de  42  deniers  de  cens,  en  présence 
d'Etienne  de  Baissac ,  prieur  de  Dalon.  D'après  le  cartulaire , 
Guillaume  II  siégeait  encore  en  4224. 

XL  —  Bernard,  que  le  Père  Bonaventure  surnomme  de 
HoussiLLON,  et  qui ,  d'après  Denis  de  Sainte-Marthe,  se  nommait 
Gaudini,  aurait  été  prieur  de  Dalon  en  4218  et  4220,  et  reçut  le 
titre  d'abbé  en  4223.  Jean  d'Excideuil  concéda,  en  4224,  à  cet 
abbé,  pour  son  monastère,  le  droit  de  pacage  dans  toute 
Tétendue  de  ses  terres.  C'est  apparemment  lui  que,  en  4225,  le 
chapitre  général  de  Cîteaux  chargea  de  terminer  quelques 
différends  entre  l'abbé  de  Guitmon  et  celui  de  Grandselve. 

XII.  —  Guy  De  Malafatde,  d'une  maison  distinguée  du 
Limousin,  avait  été  prieur  de  Dalon  en  4224  et  4224;  il  y 
siégeait  comme  abbé  en  4228  et  4229.  Il  se  démit,  car,  dans  un 

acte  passé  en  4230  en  faveur  du  suivant,  B ,  il  est  dit  que 

Guy,  son  prédécesseur,  était  présent;  et,  dans  un  autre  acte 
passé  en  4234  à  la  fête  de  sainte  Lucie,  vierge,  acte  de  conci- 
liation entre  B ,  abbé  de  Dalon,  et  Ébrard  de  Telhol,  ce 

même  Guy  est  dit  jadis  abbé,  et  il  sert  d'arbitre  avec  Adhémar 
deRinhal,  prieur,  et  G.  de  Banhac,  frère  convers. 

XIII.  —  B ,  que  Nadaud  croit  être  Bernard  Gaudini,  et 

que  le  Père  Bonaventure  surnomme  ainsi,  4230,  4234, 4234,  ne 
siégea  pas  jusqu'en  4240,  comme  le  rapporte  Denis  de  Sainte- 
Marthe  ;  car 

XIV.  —  P ,  que  Bonnaventure  nomme  Pierre  II,  figure 


ABBATB   DB   DAIjON.  97 

dans  un  acte  en  4238,  à  moins  que,  au  lieu  d'un  P,  il  faille 
lireB;  et,  en  effet,  en  1239  et  1240,  on  retrouve  Tinitiale  B. 
Cependant,  avec  Nadaud,  je  maintiens  ces  deux  rangs,  que 
Denis  de  Sainte-Marthe  a  supprimés. 

XV. —B ,  4239-1240. 

XVI.  —  Jean  III  db  UMaass,  prieur  en  1242,  figure  comme 
abbé  le  45  février  4244  et  en  4247. 

XVII.  —  Guillaume  III,  4254. 

XVm.  —  Martin,  1256.  —  Est-ce  lui,  dit  Nadaud,  qui  fut 
commis  par  le  chapitre  général  de  Cîteaux  eu  1258  pour 
quelques  affaires  de  Tordre? 

XIX.  —  Guillaume  IV,  en  1278,  vendit  aux  frères  de  Notr&* 
Dame  de  La  Peyrouse  en  Périgord  2  sous  de  rente ,  qu'il  avait 
sur  une  maison  située  au  Puy-de-Saint-Pront.  Son  nom  se  trouve 
dans  un  manuscrit  de  Dalon  pour  Tannée  4284 . 

Le 24  août  1285,  Simon  de  Beaulieu,  archevêque  de  Bourges, 
faisant  la  visite  du  monastère,  y  fut  reçu  processionnellement , 
et  y  consacra  deux  autels,  Tun  en  Thonneur  de  saint  Bar- 
thélémy, Tautre  en  Thonneur  des  apôtres  saint  Simon  et  saint 
Jude.  Il  y  entendit  la  messe,  donna  la  confirmation  et  la  ton- 
sure, puis  y  coucha  aux  dépens  de  Tabbaye(1]. 

XX.  —  Piebbe  III ,  qu'un  manuscrit  de  Dalon  mentionne  en 
1314,  et  que  le  Père  Bonaventure  a  trouvé  dans  un  autre  ma-* 
nuscrit  du  monastère  siégeant  en  1326. 

XXI.  —  Baymond  I«',  en  1362,  d'après  un  manuscrit  de  Dalon. 

XXII.  —  Aymbrib  donna  commission,  en  1374,  pour  faire  la 
visite  du  monastère  de  Notre-Dame  du  Palais. 


(1)  «  Die  veaeris  sequenti,  in  festo  beati  Bartholomœi,  venit  Dominus 
apud  Dalon,  abbatiam cisterciensem ,  ubi  reoeptus  fuit  processionaliter  ut 
supra.  Et  duo  altaria  in  ecclesia  dicti  loci  consecravit,  unum  in  honore 
B.  Bartholomsei ,  et  aliud  in  honore  apostolôrum  Simonis  et  Judse.  Audivit 
missam ,  oonfirmavit ,  et  fecit  tonsuras ,  et  pernoctavlt  ibidem ,  ad  ex- 
pensas  abbatiœ.  Non  fuit  computatum  de  expensis.  »  (Baluze,  MisceUa- 
nearum.  T.  IV,  p.  288.) 

7 


98  ABBATB  DR  DALON. 

XXIII.  —  Raymond  II,  officiai  de  Tévêque  de  Limoges,  puis 
abbé  de  Beuil  au  môme  diocèse  en  1379 ,  et  avec  cette  qualité  et 
le  nom  de  Regnadld,  commissaire  général  de  Tévèque  de 
Limoges  en  4386.  Nommé  abbé  de  Dalôn  en  4387 ,  son  procureur 
reconnut,  le  43  janvier  444  4  vieux  5tyfe(4442),  que  le  monastère 
de  Dalon  devait  annuellement  50  sous  à  l'abbé  de  Saint-Martial 
de  Limoges. 

XXIV.  —  Etienne  fit,  en  4435 ,  un  accord  avec  Hélie,  abbé 
de  Notre-Dame  de  Gros-Bos,  au  diocèse  d*Angoul6me.  D'après 
un  manuscrit  de  Dalon,  il  obtint,  en  4439,  une  bulle  contre 
les  détenteurs  des  biens  du  monastère. 

XXY.  —  Maffbbdus  commit,  en  4457,  deux  ecclésiastiques 
du  diocèse  de  Limoges  pour  faire  la  visite  dans  les  monastères 
de  sa  dépendance. 

XXVI.  —  Freno  Hblib  db  Ck)LONGEs,  abbé  en  4463,  fit  faire 
des  reconnaissances  en  4474  et  4  480.  Quoique  Nadaud  lui  donne 
un  r^ng  spécial,  il  pense  qu'il  est  la  même  personne  que  le  sui- 
vant ,  premier  abbé  commendataire  :  pour  mon  compte ,  je  n'en 
doute  pas,  parce  que  Jean  ne  fut  nommé  premier  abbé  com- 
mendataire qu'en  4 482  :  or,  d'après  un  titre  communiqué  par 
M.  Sanson  de  Royère  à  Legros,  un  Jean  Hélie  était  abbé  de 
Dalon  le  5  novembre  4479,  époque  oii  noble  Louise  de  Royère 
donna  procuration  au  curé  de  Royère  près  La  Roche-F Abeille 
et  à  deux  de  ses  parents  pour  percevoir  en  son  nom  la  somme 
de  800  livres  due  par  cet  abbé,  et  déposée  entre  les  mains  de 
Barthélémy  de  Dinxande ,  sieur  du  Guilhe. 

Abbés  commendataires. 

XXVI  bis.  —  Jean  IV,  Hélie  de  Colonges,  fils  d'Antoine  Hélie 
de  Colonges ,  chevalier,  seigneur  de  Chabrignac,  et  d'Isabelle  de 
La  Goublaye,  dame  de  Piégut  et  du  Bourdeix  sur  le  diocèse  de 
Limoges,  mais  dans  la  province  de  Périgord ,  licencié  en  décrets, 
protonot^ire  du  Saint^ége,  prieur  d«  Bussière-Badll  au  diocèse 
de  Limoges,  aujourd'hui  canton,  arrondissement  de  Nontron 
(Dordogne),  et  deMontberon  au  diocèse  d'Angoulênxe  en  4  484 , 
chanoine  de  la  calhédraJe  de  Limoges  ei  de  oelle  d' Angoulême , 
fut  Qommé,  en  4  482,  abbé  commendataire  d«  Dalon,  oii  il  fit 
faire  un  terrier.  Le  25  septembre  4540,  Jean,  roi  de  Navarre, 


ABBAYE   DR   DALON.  99 

lui  permit  de  faire  bàtlr  une  maison  forte  à  Foilhade  au  diocèse 
d'Aûgoulême.  Il  acheta  le  fief  de  Belleville  dans  le  môme 
bourg  en  <5U,  et  cduî  de  Maisonnaîs  près' le  château  de  La- 
vauguyon.  On  le  trouve  abbé  de  Saint-Pierre  de  Tourtoirac  en 
Périgord  en  U89,  4  498  et  4  430,  et  Denis  de  Sainte-Marthe  dit 
qu'on  lui  réproche  d'avoir  laissé  en  confidence  ladite  abbaye  de 
To'uftoîrac,  en  4547,  à  deux  domestiques  de  MM.  de  Sedières, 
Orlat  et  Bûche. 

P.r  acte  du  4  septembre  4530,  reçu  La  Jamme,  il  avait  fondé 
quatre  vîcairies  dans  Téglîse  de  Bussière-Badil.  Par  son  testa- 
ment du  6  avril  4534,  il  demande  à  être  enterré  dans  la  cha- 
pelle de  la  Sainte-Vierge ,  qu'il  a  nouvellement  fait  bâtir  dans 
réglise  de  Bussière-Badil  ;  puis  qu'on  appelle  pour  sa  sépulture 
cinq  cents  prêtres;  pour  la  messe  ùq requiem,  chantée  le  45*  et 
le  40'  jour,  sept  cents,  et  pour  l'anniversaire,  treise  cents.  Il 
paraît  que,  en  Périgord  surtout,  il  n'était  pas  impossible  de 
réunir  un  si  grand  nombre  de  prêtres  ;  car,  à  cette  occasion , 
Nadaud  ajoute  que,  par  son  testament  du  22  mars  4523,  Louise 
Pastoureau ,  femme  d'un  marchand  de  Nontron,  qui  est  à  deux 
fortes  lieues  de  Bussière-Badil ,  demande  trois  cents  prêtres  à  son 
enterrement  et  aux  cérémonies  du  7'  jour  et  du  bout  de  Tan. 
Jean  Hélie  de  Colonges  ne  mourut  qu'en  4537;  mais ,  dès  4533,  il 
est  dit  ancien  abbé  de  Dalon. 

XXVIL  —  François  db  Las  Tours,  qu'on  trouve  dans  des  ma- 
nuscrits  de  Dalon,  siégeait  en  4535  et  4544.  Il  était  prieur  du 
Chalard  près  Saint-Yrieix-la-Perche,  et  curé  de  Nexon,  aussi  en 
Limousin,  en  4537  et  4543,  et  prévôt  de  Saint-Vaulry  près 
Guéret  en  4537.  Il  était  également  protonotaire,  et  on  dit  qu'il 
fit  faire  le  chœur  de  Dalon.  11  revenait  d'un  pèlerinage  à  Notre- 
Dame  de  Rocamadour,  dit  la  chronique  des  Frères  Mineurs  de 
Limoges,  lorsque,  près  de  Vignols,  on  lui  tira  un  coup  d'arque- 
buse, dont  il  mourut  le  42  juin  4548. 

XXVin.  —  Mathieu  Lévôque  ,  nommé  db  Marconkay  d'après 
le  registre  des  insinuations  ecclésiastiques  du  diocèse  de  Limoges, 
était  chanoine  de  Saint-Hilaire  de  Poitiers,  où  il  demeurait,  et 
aumônier  ordinaire  du  roi.  On  le  trouve  abbé  de  Dalon  en  4564, 
et,  le  5  juin  4588,  il  se  démit  en  faveur  du  suivant  moyennant 
une  pension  de  300  écus  d'or. 

XXIX.  —  SiMOK  DE  Moussy,  prôtre,  religieux  de  Notre-Dame 


->/ 


100  ABBATB  DB    DALON. 

des  AUeus,  abbaye  de  Tordre  de  Saint-Benoît,  et  fondée  par 
Giraud  de  Salis  au  diocèse  de  Poitiers,  obtint  ses  bulles  le 

47  décembre  4584,  et  prit  possession  personnellement  le  9  mai 
4585. 

XXX.  —  LÉGER  MÉALBT,  fils  de  noble  Gaspard ,  du  lieu  de 
Peyrou,  paroisse  de  Siginhac  au  diocèse  de  Limoges,  fit,  le 

48  août  4585,  sa  profession  religieuse  à  Bonnaigae,  abbaye  de 
Tordre  de  Cîteaux ,  dans  la  paroisse  de  Saint-Frigeon-le-Riche 
près  d'Ussel  ;  il  fut  tonsuré  en  4595,  et  ordonné  prêtre  en  4596. 
11  obtînt  ses  bulles  pour  Tabbaye  de  Dalon  le  42  juin  4600, 
et  prit  possession ,  par  procureur,  le  8  septembre  suivant.  Il 
mourut  en  4604. 

XXXL  —  Claude  Méalet,  frère  du  précédent,  et  aussi 
religieux  profès  de  Bonnaigue,  obtint  ses  bulles,  pour  Dalon,  le 
43  novembre  4604,  et  ne  prit  possession  que  le  4"  juin  4609.  En 
4628,  il  se  démit  en  faveur  du  suivant  moyennant  une  pension 
de  mille  livres. 

XXXIL  —  Chables  de  Rochefobt,  du  diocèse  d'Agen ,  fils 
du  seigneur  de  Saint-Ângel  en  Limousin,  obtint,  sous  la  pro- 
vision, pro  cufdente  profiteri,  le  prieuré  dudit  Saint-Angel  en 
4628  seulement,  et  non  en  4645  comme  le  dit  Denis  de  Sainte- 
Marthe,  qui  se  trompe  également  en  faisant  céder  par  celui-ci 
Tabbaye  de  Dalon  au  précédent  Claude  Méalet,  qui,  d'après  lui 
encore,  Taurait  cédée  à  François  de  La  Fayette,  qui  suit,  tan- 
dis que  François  de  La  Fayette  obtint  Dalon  en  4634  par  la 
démission  que  Charles  de  Rochefort  fit  en  sa  faveur. 

Charles  de  Rochefort  était  clerc  seulement  lorsqu*il  eut  ses 
bulles,  datées  du  47  mai  4628,  et  il  prit  possession  le  27  août 
suivant.  Sous  son  administration ,  les  bfttiments  du  monastère 
tombaient  tous  en  ruine.  S'étant  démis  en  4634,  dans  un  acte  de 
4638  il  est  simplement  qualifié  de  ci-devant  abbé  de  Dalon. 

XXXllI.  —  François  Motier  de  La  Fayette  ,  fils  de  Claude , 
seigneur  de  La  Fayette,  et  de  Marie  d*Alègre,  prieur  d'Ha- 
licourt  au  diocèse  de  Reims,  premier  aumônier  de  la  reine 
Anne  d'Autriche,  conseiller  d'État  en46S7,  chanoine  et  comte  de 
Lyon ,  fut  sacré,  le  49  mars  4628,  évêque  de  Limoges,  où  il  vint 
le  25  août  suivant;  il  devint  abbé  de  Dalon  en  4634  par  la  dé- 
mission de  Charles  de  Rochefort  en  sa  faveur,  et  en  prit  pos- 


ABBAYB   DB   DALON.  101 

session  par  procureur  le  2  février  4635.  Cette  môme  année  4635, 
le  pape,  pour  défendre  le  prieuré  de  Saint-Ângel  contre  les 
confidentiaires,  lui  donna  encore  ce  bénéfice,  où,  en  4657,  U 
introduisit  la  réforme  de  Saint-Maur,  et  qu'il  résig'na,  en  46^3, 
au  cardinal  de  Bouillon.  —  Il  mourut,  âgé  de  quatre-vingt-six 
ans,  le  3  mai  4676,  s'étant  montré  excellent  évoque. 

XXXIV.  —  Louis  de  La  Fatbttb  ,  fils  de  François ,  chevalier, 
comte  de  La  Fayette  et  seigneur  de  Nades,  et  de  Marie-Made- 
leine ,  neveu  du  précédent,  né  en  Poitou ,  et  prieur  de  Grodet ,  fut 
nommé  le  4  i  août  4676  &  Dalon,  ob  il  siégeait  encore  en  4742. 11 
était  en  même  temps  abbé  de  La  Orenetière  au  diocèse  de 
Luçon ,  et ,  dès  4  670 ,  de  Valmon  au  diocèse  de  Rouen ,  oii  il 
introduisit  les  Bénédictins  de  le  congrégation  de  Saintr-Maur. 

XXXV.  —  Pibrbb-Chablbs-Au0ustb  db  Boulbnne-Vignaud, 
d'une  famille  distinguée  du  diocèse  d'Évreux ,  docteur  en  théo- 
logie, vicaire  général  de  Châlons-sur-Marne ,  fut  nommé  à 
l'abbaye  de  Dalon  en  mai  4729,  étant  âgé  de  quarante-deux 
ans,  et  ne  fut  proposé  en  consistoire  que  le  24  mai  4734.  Il  eut 
ses  bulles  le  24  septembre  de  cette  dernière  année,  et  prit  pos- 
session, par  procureur,  le  45  novembre  suivant. 

XXXVI.  —  Jban  Certain,  du  diocèse  de  Châlons-sur- 
Marne,  docteur  de  Sorbonne,  théologien  du  roi  auprès  de 
l'ambassadeur  à  Rome,. vicaire  de  la  stipendie  de  Sainte-Ma- 
deleine dans  l'église  de  Meaux  et  de  Saint -Corneille  au 
diocèse  de  Soissons,  obtint  ses  bulles  le  42  avril  4734,  et  prit 
possession,  par  procureur,  le  49  décembre  suivant.  Il  mourut 
en  4783. 

XXXVII.  — DE  RoTÈBE,  aumônier  de  M"*  Adélaïde  de 

France,  nommé  le  4  novembre  4784,  figure  encore  dans  le 
Calendrier  de  limoges  four  1794. 

Soubces  :  Geoffroy  de  Vigeois,  apud  Labbe,  p.  345,  325, 
337.  —  Bernard  Ouidonis,  apud  Labbe,  Bibliotiieca  nova,  T.  I, 
p.  638.  —  Martène,  Amplissima  cMectio,  T.  VI,  col.  989-4006; 
Anecdolarum,  T.  III,  col.  426,  995.  4266;  T.  IV,  coL  4267,  4269, 
434  4,  4344.  — »  Estiennot,  AntiquiUUes  benediciinœ  diœcesis  Engo- 
lismensis,  p.  420;  GaUia  christiana  de  Claude  Robert,  p.  567; 
Gattia  chrisliana  velus,  T.  IV,  p.  326;  GaUia  christiana  nova. 


102  ABBATfi  DE   DALON. 

T.  I,  col.  262,  263;  T.  11,  col.  847,  280,  de  623  à  628,  631, 
4424,    U34,   4496,    4497;  T.  III,  aux   additions,  pour  Tabbè 
Mat.  Levêque;  T.  V,  eux  additions,  col.  xxxviii.  —  Bonaventure 
de  Saint- Amable,  Histoire  de  saint  Martial,  T.  III,  p.  446-450. 
—  Simplicien,  Histoire  des  grands  officiers  de  la  couronne,  T.  Vil, 
pour  Tabbé  Henri.  —  Fleury,  Histoire  eocUsiasH^e,  L.  LXVl, 
n*»  45.  —  Nain,  Essai  historique  sur  l'ordre  de  CiteauXj  T.  Il, 
p.   464.   —  Les  Bolandistes,  Acta  Soiietorum,  T.  I  de   mars, 
p.  804.  —  Baluze,  Miscellanea,  édition  in-8,  T.  IV,  p.  95,  414, 
420,  288;  Historia  Tuteknsis,  p.  444,  447,  475,  489;  Histoire  gé- 
néalogique de  la  maison  d'Auvergne  ,T.  I ,  p.  299.  ^  Justel ,  Histoire 
de  la  maison  de  Turenne,  aux  preuves,  p.  64,  65.  —  Hugues  de 
Saint-Cyr,  Manuscrits  de  la  Bibliothèque  impériale.  —  Le  Long, 
Bibliothèque  historique  de  France,  n*"  42,468.  —  Innocent  III,  Regest,, 
L.   111,    45;  Epist.,   425.  —  Moreri ,   édition  de  4759,  T-  HI, 
p.  853,  col.  2.  —  Registre  des  insinuations  ecclésiastiques  du 
diocèse  de  Limoges.  —  Nadaud ,  Mémoires  manuscrits  pour  l'his- 
toire du  diocèse  de  Limoges,  T.   I^  p.    4  44,  etc.;   T,  III,  p.  284; 
Fouillé  rayé,  p.  467  et  477.  —  Legros,  Mémoires  pour  les  abbayes 
du  diocèse  de  Limoges. 

J.-B.  L.  ROY  DE  PIERREFITTE. 


Dellegarde .  le  ^  juin  1863. 


SIMON  DE  GRAMAUD 


PATRIARCHE  D'ALEXANDRIB 


La  question  du  lieu  où  fut  inhumé  Simon  de  Cramaud  éleva 
dans  le  sein  de  notre  Société  dressez  vives  discussions,  et  la 
renommée  de  ce  prélat  fut  si  répandue  que  nous  avons  cru 
devoir  recueillir  tout  ce  qui  Tintéresse.  Simon  de  Cramaud  fut 
en  effet  maître  des  requêtes,  chancelier  de  Jean  de  France 
duc  de  Berry  et  de  Poitou,  évoque  d'Agen,  de  Béziers,  d'Avi- 
ron, de  Poitiers  et  de  Carcassonne,  archevêque  de  Reims, 
patriarche  d'Alexandrie  et  cardinal  ;  il  fut  chargé  de  missions 
auprès  des  rois  d'Angleterre  et  d'Espagne ,  assista  à  des  assem- 
blées de  tètes  couronnées  et  de  prélats,  et  s'y  distingua  par  son 
savoir  et  son  éloquence,  notamment  l'an  4406;  il  fut  député  de 
l'université  de  Paris  en  1394;  il  mourut  Tan  U89. 

Nous  nous  empressons  donc,  Messieurs,  de  vous  communiquer 
deux  actes  de  donation  de  cet  illustre  prélat^  inscrits  l'un  dans 
un  beau  missel  &  Tusage  du  diocèse  de  Limoges ,  l'autre  sur 
une  plaque  de  cuivre  de  l'église  de  Saint-Junien.  Ces  actes 
donnent  les  noms  de  quatre  parents  de  Simon  Tisoni  de  Cra- 
maud y  et  pourront  présenter  des  dates  certaines  pour  la  généa- 
logie ou  la  biographie  de  ce  grand  dignitaire  de  l'Église. 

Yoilà  les  inscriptions ,  dont  je  rétablis  les  mots  abrégés ,  et 
traduis  le  texte  latin  en  français  (1)  : 

Reverendus  in  Cbristo  pater  do-       Révérend  père  en  Jésus-Christ  le 
minus  Sjmon  de  Cramaôdo»  loco    sei^eur  Symon  de  Cramaud,  lieu 

(1)  La  première  de  ces  Inscription»  a  été  relevée  avec  soin  sur  l'original ,  qui  est  ma  pro- 
ptWlé  :  ella  aratritéjli  été  kmêtéa  pu  M.  A«g.  Da  Boys  due  m  moprapHU  «matMina  ;  raotec 
aélé  ftt^Uée  4an»  les  B^ùmnetdM  hittorifUà*  snr  Saini^Jumiit*  ,  par  M.  Veikbé  Artellol,  et 
d«jia  le  Rccwtil  4*<fU^j^<aA4  <}g  M.  l'abbé  Texler.  J'ai  cru  devoir  néanmoins  lea  reproduire 
dans  le  Bulletin  k  cause  do  Tintérêt  qu'elles  offrent  et  de  la  similitude  de  rédaction  qu'on  y 
remarque.  —  M.  A. 


104  SIMON   DE   CRAMAUD, 

Juxta  Rupem  Cavardi ,  ex  nobilibus  près  de  Rochechouard,  fils  de  nobles 

pâtre  Petro  de  Cramaudo  et  matre  personnes  Pierre  de   Cramaud   et 

Martha  de  Sardena,  ville  Solem-  Marthe  de  Sardëne,  de  la  ville  de 

pniaci,  diocesis  Lemovicensis ,  ge-  Solignac,  diocèse  de  Limoges,    a 

nitus ,  dédit  istud  missale  eoclesie  donné  ce  missel  à  Téglise  cathédrale 

cathedrali  Sancti  Stephani  Lemovi-  de  Saint-Étienne  de  Limoges  pour 

censis,  ad  honorem  Dei  et  predicti  honorer  Dieu  et  ce  premier  martyr, 

prothomartyris,  orationibus  minis-  se  recommandant  humblement  aux 

trorum  predicte  eoclesie  se  et  pa-  prières  des  ministres  de  ladite  église 

rentes  suos  humiliter  recommen-  ainsi  que  ses  parents.  La  donation 

dans.  Donatio  autem  facta  fuit  die  en  fut  fkite  le  vingt-sixième  Jour 

xxvj  mensis  decembris,  anno  Do-  de  décembre  de  Tan  de  gr&ce  mil 

mini  millesimo   quadringentesimo  quatre  cent  cinq, 
quinto. 

Cette  donation  était  importante  alors,  vu  la  rareté  des  livres. 
Celui-ci  est  un  magnifique  manuscrit,  grand  in-i""  de  plus 
de  deux  cents  feuillets  de  beau  vélin,  enrichi  de  douze 
vignettes  peintes  en  couleurs  éclatantes,  où  Ton  peut  étudier 
la  forme  des  vêtements  sacerdotaux  de  Tépoque ,  des  autels,  etc.  ; 
il  est  orné  en  outre  de  fleurons  dorés  et  de  lettres  majuscules 
élégantes  presque  &  toutes  les  pages,  et  de  la  musique  notée  de 
ces  siècles  reculés.  Sa  conservation  ne  laisse  rien  &  désirer. 

Une  apostille  écrite  sur  un  des  feuillets  attachés  à  la  couver- 
ture en  bois  peut  donner  une  idée  approximative  de  la  valeur 
de  ce  missel.  On  y  lit  que  le  chanoine  Jehan  de  Jullien,  pour 
en  devenir  propriétaire,  l'échangea  avec  un  calice  d'or  pesant 
six  marcs  d'or  et  six  onces ,  la  patène  comprise ,  et  que  Mathieu 
de  JuUien ,  son  neveu ,  en  hérita ,  avec  l'autorisation  du  cha- 
pitre cathédral.  Au  cours  du  marc  d'or  au  xv*  siècle ,  ce  poids 
représente  de  sept  à  huit  cents  francs,  sans  compter  la  façon. 
Par  un  hasard  singulier,  ce  beau  missel  a  été  estimé  tout  ré- 
cemment, à  Paris,  cette  même  somme  de  huit  cents  francs. 
Certaines  expressions  de  la  dernière  prière  de  ce  livre  semblent 
indiquer  qu'il  a  été  écrit  au  monastère  de  Solignac  :  on  sait 
que  ses  moines  étaient  tous  des  artistes  et  habiles  ouvriers. 

L'autre  inscription  se  trouve  dans  l'église  de  Saint-Junien , 
sur  le  pilier  placé  à  gauche  de  la  porte  du  chœur,  à  l'entrée  : 

ReverendissimuB  in  Christo  pater  Révérendisslme    père    en   Jésus- 

dominus  Symon  de  Cramaudo,  loco  Christ    le     seigneur    Symon    de 

quodam  parochie  de  Bianaco  Le-  Cramaud,  lieu  dans  la  paroisse  de 

mouicensis     diocesis,     patriarcha  Biennac,  diocèse  de  Limoges,  pa- 


PATRIARCHE    D'ALEXANDRIE.  105 

Alexandrinus ,  dédit  huic  eoclesie  triarche  d'Alexandrie,   a  donné  à 

bona  queqne  uti  solebant  tenere  in  cette  église  tous  les  biens  possédés 

villa  et  territorio  Sancti  Junlani  et  suivant  la  coutume  dans  la  ville  et 

aliquibus    locis    aliis    vicinis,    et  territoire  de  Saint-Junien  et  quel- 

quedam  dominia  sita  in  villa  Sancti  ques  autres  lieux  voisins ,  et  certains 

Junlani  qu»  vocantur  deu  Brigoul-  domaines  situés  dans  la  ville  de 

laus  et  ultra  centum  francos.  Bt  Saint-Junien  appelés  du  Brigoul- 

Almodia  de  Collibus ,  uxor  quondam  laus ,  et  en  outre  cent  francs.  Bt 

domini  Pétri  de  Cramaude ,  militis ,  Almodie  des  Côtes ,  Jadis  épouse  du 

firatris  domini  patriarchi  predicti,  seigneur  Pierre  de  Cramaud,  che- 

ducentosscutos,  utperpetuo  in  ipsa  valier,  frère  du  seigneur  patriarche 

ecdesia,  in  die  cujuslibet  mensis,  susdit,  deux  cents  écus,  afin  qu'à 

celebreturunamissasolempniscum  perpétuité,  dans  ladite  église,  un 

pulsatione  campanarum  pro  sainte  jour  de  tel  mois  que  ce  soit ,  il  soit 

animarum  suarum  et  parentum  ac  célébré  une  messe  solennelle  au  son 

benefoctorum    ipsorum   patriarche  des  cloches  pour  le  salut  de  leurs 

et  Almodie.  Bt  ad  fEtciendum  pre-  Ames,  celles  de  leurs  parents,  et 

dictum  sernidwn  et  distribuendum  mômedesbienfititeursdu  patriarche 

in  qualibet  missa  canonids,  capel-  et  d' Almodie.  Pour  fhire  face  aux 

lanis  et  seruitoribus  ecclesie,  tri-  frais  dudit  service  et  à  la  distribu- 

ginta  solides  turonenses  ;  et  capi-  tion  à  chaque  messe  aux  chanoines, 

tulum  hujus  ecdesie  est  bene  obli-  chapelains  et  serviteurs  de  l'église, 

gatum.  Scripta   hic  fuerunt    hec  trente  sous  tournois  ;  et  le  chapitre 

anno  Domini  millésime  quadrin-  de  cette  église  en  contracte  réguliè- 

gentesimo  sexto,  mensejunii.  rement  l'obligation.  Les  termes  de 

cette  donation  ont  été  inscrits  ici 
l'an  de  notre  Seigneur  mil  quatre 
cent  six,  au  mois  de  juin. 

(Bibliothèque  impériale,  mannacrUs,  S.  F.,  50^ ,  p.  174.) 

Ou  voit  donc  par  ces  deux  donations ,  faites  &  six  mois  de 
distance  Tune  de  Tautre,  que  le  patriarche  d'Alexandrie  Simon 
de  Cramaud  était  fils  de  Pierre  de  Cramaud  et  de  Marthe  de 
Sardène,  native  de  Solignac,  et  que  son  frère,  Pierre,  chevalier, 
avait  épousé  Almodie  de  Coux  (de  Collibus). 

Maubicb  ÂBDANT, 

Archiviate  de  la  Hante- Vienne ,  officier  d'académie. 


Limoges,  le  24  mai  1864. 


TOMBE 


DE  L^GLISE  DE  SAINT-PARDOUX-D'ARNAC 


PRÈS  LB  CHATEAU  DE  POMPADOUR 


Je  viens  vous  signaler»  Messieurs,  un  des  demi«rs  monoments 
de  rémaillerie incrustée  limousine,  de  Vapus  indusoris,  suivant 
l'expression  de  Suger,  si  notre  confrère  M.  Bosvîeux  ne 
s'est  pas  trompé  en  lisant  dans  la  description  des  écussons 
de  cette  tombe  les  couleurs  du  blason. ,  et  en  les  regao'd^Qt 
comme  de  véritables  émaux  »  lorsque  chacun  sait  que  lea  Qoa- 
leurs  s'expriment  en  gnravure  par  des  lignes  de  convention.  Je 
réserve  mon  opinion  jusqu'après  information  auprès  de  per- 
sonnes qui  auraient  pu  voir  cette  tombe  si  elle  n'existe  plus  , 
ou  après  renseignements  certains  si  elle  existe  encore. 

L'inscription  de  cette  tombe  a  été  relevée  par  un  auteur  in- 
connu ,  et  conservée  aux  manuscrits  de  la  Bibliothèque  impé- 
riale, S.  F.  5024,  P.  475. 

Cet  auteur  mêle  dans  sa  description  le  latin  et  le  français. 
Ce  tumidiis  cupreus,  placé  contre  le  grand  autel,  représentait  un 
évêque  revêtu  des  ornements  pontificaux.  On  lisait  (m  drcuitu 
leguntur)  l'inscription  dont  je  transcris  le  texte,  sans  m*arrêter 
aux  abréviations.  Cette  expression  de  tt*mulus  cupreus  indique- 
t-elle  une  tombe  de  cuivre  ou  seulement  la  plaque  qui  la  cou- 
vrait ?  L'auteur  n'a  pas  été  assez  explicite. 

CY  eÎT  BÉYÉREND  PÈRE  EN  OIBU  MESSIRB  GEOFFROY 
DE  POMPADOUR,  ÉVÊQUE  DU  PUT  EN  AUVERGNE, 
COMTE  DE  VELAT,  LICENCIE  EN  CHACUN  DROIT, 
GRAND  AUMÔNIER  DE  FRANCE,  PREMIER  PRÉSIDENT 
DES     COMPTES,     CONSEILLER     DES     ROIS     LOUIS     XI, 


TOMBE   DE  SAINT -PARDOUX-DARNAC.  107 

CHABLBS  YIII  BT  LOUIS  XII ,  PLBIN  DE  PRUDENCE , 
SCIENCE  ET  AUTRES  VERTUS;  LEQUEL,  APRÈS  AVOIR 
VÉCU  LXXXIV  ANS  MOINS  HUIT  JOURS,  TR]6PASSA 
LE    VIII*    JOUR    DE    MAT     L*AN     MDXIV.     PRIEZ     DIEU 

POUR  SON  AME. 

Il  y  a  quatre  écussons,  écartelés,   au   <*'  et  au  4%  d'azur, 

trois  tours  d'argent ,   deui  besans  d (orf),  au  dextrochëre 

de soulevant  une  épée  nue  droite  de 

Maurice  ÂRDANT, 

Arcbivistc  delà  Haute- Vienne ,  oflBcier d'aoaddmic. 


Limoges,  le  28  juin  1864. 


PRIVILEGES 

DE  LA  VILLE  DE  SATNT-LÉONARD 


1601-1602. 

HENRY,  PAB  LA  QRACB  DE  DlBU  ,   ROT  DE  FRANCE  ET  DE  NA- 
VARRE ,  A  TOUS  PRESENTS  ET  ADVENIR  SALUT. 

Nos  chers  et  bien  amés  les  consuls ,  manans  et  habitans  de 
nostre  ville  et  parroisse  de  Saintr-Léonard  de  Noblac  en  Limousin 
nous  ont  faict  très-humblement  remontrer  que ,  par  nos  lettres 
pattentes  données  à  Mantes  le  douzième  jour  d'avril  mil  cinq 
cent  quatre-vingt-onze,  pour  nous  conformer  à  la  volonté  des 
roys  nos  prédécesseurs  nous  leur  avvions  par  icelles  continué  et 
confirmé  les  anciens  privilèges  et  franchises  concédés  par  Clovis , 
premier  roy  chrestîen ,  au  benoist  saint  Léonard ,  leur  patron , 
son  proche  parent ,  pour  sa  saincteté  et  miracles ,  et  successive- 
ment confirmés  auxdicts  habitants  pour  les  mesmes  considéra- 
tions par  tous  les  roys  nos  prédécesseurs ,  de  règne  en  règne , 
avecq  exemption  de  toutes  tailles ,  fouages,  impôts,  gabelles, 
subsides,  impositions  et  contributions  quelconques  mises  et  à 
mettre  sur  pour  quelques  causes  que  ce  soit ,  dont  ils  ont  tou- 
jours jouy  paisiblement;  que  néantmoins  les  commissaires  par 
nous  députés  sur  les  règlements  des  tailles  en  la  généralité  de 
Limoges,  procédant  &  Texécution  de  leur  commission,  les  avoient 
taxés  &  la  somme  de  trois  cents  escus,  sur  ce  que,  par  nostre  édict 
du  moys  de  janvier  mil  cinq^cent  quatre-vingt-dix-huit  pour 
les  causes  mentionnées  en  iceluy ,  Nous  avions  revocqué  tous  pri- 
vilèges et  exemptions  de  nos  villes ,  en  quoy  touttefois  n'avions 


PRlVlLéceS  DE  JA    VILLB  DB  SAfNT-LioNARD.  109 

entendu  comprendre  ceulx  desdicts  habitants,  pour  les  susdictes 
considérations  contenues  en  Textraict  desdicts  privilèges  cy 
attaché  sous  le  contre-scel  de  nostre  chancellerie,  faict  par  Tun 
des  commissaires ,  sur  le  renvoy  par  nous  à  nostre  Conseil  or^ 
donné  à  icelluy,  le  46  febvrîer  mil  cinq  cent  quatre-vingt-dix 
neuf,  auxdictes  fins  pour  nous  donner  advis,  lequel  porte  soubs 
nostre  bon  plaisir  que  lesdicts  habitants  doivent  estre  maintenus 
et  conservés  en  leurs  franchises,  libertés  et  privilèges.  Sur  quoy, 
nous  ayant  tres-humblement  supplié  et  requis  leur  vouloir 
pourvoir  de  nos  lettres  à  ce  requises  et  nécessaires  :  à  ces  causes, 
et  de  Tadvis  de  nostre  Conseil ,  affin  de  ne  desroger  à  Tintention 
de  tant  de  rois  nos  prédécesseurs  et  à  la  nostre ,  et  pour  les 
mesmes  considérations  qui  les  ont  mus,  d'accorder  auxdicts 
habitants  lesdicts  privilèges  pour  la  dévotion  qu'ils  avoient 
audict  saint  Léonard ,  yssu  de  la  maison  de  France ,  et  mesme- 
ment  pour  la  singulière  dévotion  que  la  royne  notre  tres-chere 
et  bien  amée  espouse  et  compaigne  a  audict  benoist  saint  Léonard, 
auquel  elle  est  vouée  et  recommandée  particulièrement  à  ses 
prières,  et  ayant  aussy  esgard  audict  advis;  nous  avons  dict  et 
déclaré ,  disons  et  déclarons  par  les  présentes ,  signées  de  nostre 
main ,  que  nostre  intention  n'a  esté  de  comprendre  en  nostre 
édict  du  moys  de  janvier  mil  cinq  cent  quatre-vingt-dix-huit 
les  habitants  de  nostre  ville  et  paroisse  de  Saint-Léonard  de 
Noblac  ;  ains  les  avons  exceptés  et  réservés,  exceptons  et  réser- 
vons par  ces  présentes  et  en  tant  que  besoing  seroit,  leur 
avons  continué  et  confirmé ,  continuons  et  confirmons  tous  et 
chascuns  leurs  privilèges  et  exemptions  de  toutes  tailles ,  im- 
positions et  contributions  quelconques  à  eux  concédés  par  nous 
et  nos  prédécesseurs  roys  par  les  Chartres ,  déclarations  et  con- 
firmations portées  par  ledict  extraict ,  pour  en  jouirfpleinement 
et  paisiblement ,  et  en  la  mesme  forme  et  manière  qu'ils  en  ont 
de  tout  temps  bien  et  deument  jouy  et  eussent  pu  jouir  si  la- 
dicte  révocquation  n'eust  esté  par  nous  faicte ,  et  sans  y  estre 
troublés  et  empeschés  en  quelque  façon  et  manière  que  ce  soyt, 
et  sans  que ,  pour  le  fruict  et  jouissance  de  ce ,  il  leur  soict 
besoing  obtenir  de  nous  autres  provisions  et  déclarations  que 
ces  présentes.  Sy  donnons  en  mandement  à  nos  amès  et  féaux 
conseillers  les  gens  de  nostre  cour  de  parlement  &  Bourdeaux , 
chambre  de  nos  comptes  à  Paris ,  cour  des  aydes  de  Monferrand , 
trésoriers  généraux  de  France  à  Limoges ,  esleus  et  controlleurs 
sur  le  faict  des  aydes  et  tailles  audict  Limoges ,  &  tous  autres 


1 10  PBIVILÉGSS 

nos  officiera  quil  appartiendra  que  ces  présentes  nos  lettres  ils 
fassent  lire  et  enregistrer,  et  du  contenu  jouir  et  user  pleine- 
ment et  paisiblement ,  lesdicts  habitans  et  chascun  d^eux ,  sans 
permettre  qu'il  leur  soyt  sur  ce  donné  aucun  trouble  ny  em- 
peschement.  Et ,  si ,  au  moyen  de  ladîcte  révocquatîon ,  ils  se 
trou  voient  taxés  et  compris  es  roi  les  dfe  nos  tailles  et  imposi- 
tions ,  quelles  que  ce  soient ,  les  en  faire  rayer  et  efiFacer,  tenir 
quitte  et  décharger  envers  les  receveurs  de  nos  tailles  audict 
Limoges,  nonobstant  nostredict  édîct  du  ïnoys  de  janvier  et 
quelconques  ordonnances,  restrictions,  défenses  et  lettres  à  ce 
contraires ,  auxquelles  nous  avons  pour  ce  reguard  seulement 
desrogé  et  desrogeons  à  là  desrogatoire  de  la  desrogatoire 
contenue,  et,  d'autant  que  de  ces  présentes  ils  pourroîent  avoir 
affaire  en  plusieurs  et  divers  lieux ,  nous  voulons  qu'au  vidimus 
d'iceîle,  deument  collationné  par  l'un  de  nos  amés  et  féaux 
conseillers  nottairee  et  secrétaires ,  foy  soit  adjouttée  comme  au 
présent  original;  car  tel  est  nostre  plaisir.  Et,  affin  que  ce  soit 
chose  ferme  et  establie  à  toujours ,  nous  avons  faict  mettre  notre 
scel  à  ces  présentes*  Donné  à  Saintr-Germain-en-Laye  ,  au  moys 
de  novembre.  Tan  de  grâce  mil  six  cent  un,  et  de  nostre  règne 
le  treizième.  Signé  :  Hbi^y. 

Scellé  du  grand  scel  en  cire  verte ,  en  soye  rouge  et  verte.  Et 
sur  le  replict  est  escript  :  a  Par  le  Roy  :  signé  kvz&  ».  Registre  en 
la  chambre  des  comptes ,  ouy  le  procureur  général  du  roy ,  pour 
jouir  par  les  impétrans  de  Teffect  et  contenu  en  icelles,  comme 
ils  en  ont  cy-devant  bien  et  deument  joui.  Le  quinzième  jour  de 
décembre  mil  six  cent  un.  Signé  Daves.  Registre  en  la  cour  des 
aydesde  Mont-Ferrand ,  ouy  sur  ce  le  procureur  général  du  roy, 
pour  jouir  par  les  impétrans  de  l'effect  et  contenu  en  iceltes, 
comme  ils  en  oitt  bien  et  deument  joui  cy-devant,  suivant 
rarpestdeladicte  cotrr  de  ce  jourd'hui  treizième  febvrîer.  Signé 
Dumas.  Registre  suivant  Tarreât  de  la  cour  pour  jouir  en  paix 
lesdicfs  impétrans  de  Teflfect  et  contenu  en  îcelles,  comme  ils 
en  ont  cy*devant  bien  et  deument  joui.  A  Bourdeaux,  en 
parlement,  le  dix-huit  d'avril  mil  six  cent  deux.  Signé  de 
Pontac.  Et  plus  bas  est  escript:  or  Collationné  ez  originaux  dont 
!és  coppies  sont  cy-dessus  transcrîptes  ètt  la  maison  commune 
de  ladicte  ville  de  Saint-Léonard  de  Noblac ,  exhibés  par  les 
sieurs  consuls  d'icdle,  et  eux  requesrant  nos  lettres  royaux 
soubssigttés.  Leefdicts-  originaux ,  après  la  collation  faicte ,  ont 
estes  remis  et  délaissés  par  lesdicts  sieurs  consuls  dans  le  trésor, 


DE   LA   VILLE   DE  SAINT-LÉONARD.  Itl 

cejourd'htiy  premier  juin  mil  six  cent  deux.  Signé  :  Gaston, 
nottaipe  royal ,  et  Raux  ,  nottaire  royal.  > 

Signé  :  Lbvassor. 


1604. 


HENRY,  ï»Aa  Là  GRACB  DE  Dieu,  rot  m  Franck  et  d*  Na- 
varre,  A   NOS   AMES    BT    VITAUX  CONSEILLERS   LES    OENS  DE    NOS 

COMPTES  A  Paris  et  trésoriers  oéNÉRAux  de  France  establis 
A  Limoges  ,  sALtT.  Ayant  faict  veoîr  en  nostre  conseil  la  te- 
qneste  à  tious  présentée  paf  nos  chers  et  bien  amés  les  consuls 
et  habitans  de  nostre  ville  et  paroiôse  de  Saint-Léonard  de 
Noblac  en  nostre  pays  de  Limousin ,  à  ce  que,  attendu  que  par 
nos  lettres-patentes  du  moys  d'aoust  mil  cinq  cent  quatre- 
vingtr-onze ,  nous  leur  avions  accordé  ta  confirmation  de  leurs 
privilèges  et  exemptions  de  touttes  tailles,  subsides  et  impo- 
sitions pour  la  mesme  considération  qui  avait  meu  nos  prédé- 
cesseurs de  leur  accorder  lesdicts  privilèges  et  exemptions  en 
faveur  de  saint  Léonard,  ysseu  du  sang  de  France,  leur 
patron ,  aussy  que  nous  les  avions  excepté  de  Tédict  du  moys 
de  janvier  mil  cinq  cent  quatre-vingt-dix-huit,  en  faveur  de 
la  reyne  nostre  tres-chere  compaigne  et  espouze ,  pour  la  sin- 
gulière dévotion  qu'elle  a  audict  saint  Léonard ,  il  nous  pleust  les 
décharger  du  paiement  de  la  somme  de  quatre  cent  cinquante 
livres ,  à  laquelle  ils  ont  esté  taxés  par  vous,  trésoriers  généraux 
de  France  y  pour  leur  part  de  la  somme  de  douze  mil  livres 
ordonnée  estre  levée  sur  les  villes  franches  et  abonnées  de 
ladicte  généralité,  et  les  descharger  encores  des  impositions 
qui  se  lèvent  sur  les  hostelleries  dudict  lieu.  Nous,  de  Fadvis  d« 
nostre  conseil ,  qui  a  veu  aussy  les  anciens  privilèges  desdicts 
habitans ,  confirmation  dUceux  et  nos  lestres  de  déclaration  par 
eux  obtenues  depuis  nostre  édict  du  moys  de  janvier  mil  cinq 
cent  quatre-vingt-dix-huit,  avons,  suivant  Tarrest  cq'ourd'bui 
donné  en  nostredict  conseil ,  dont  Textraict  est  cy  attaché  soubs 
le  contre-scel  de  nostre  chancellerie ,  quitté  et  deschargé ,  quit- 
tons et  deschargeons  par  ces  présentes  lesdicts  consuls  et 
habitans  de  nostre  dicte  ville  et  paroisse  de  Saint-Léonard  de  la 
somme  de  quatre  cent  cinquante  livres,  à  laquelle  ils  ont  esté 
taxés  pour  leur  part  de  la  somme  de  douze  mille  livres  or- 


112  PRIVILEGES 

donnée  estre  imposée  en  Tannée  mil  six  cent  deux  sur  lesdictes 
Tilles  franches  et  abonnées  de  ladicte  généralité  de  Limoges ,  et 
TOUS  mandons  et  ordonnons,  et  expressément  enjoignons  que, 
faisant  jouir  lesdicts  habitants  de  ladicte  remise  et  décharge, 
TOUS  ayez  à  les  faire  tenir  quittes  de  ladicte  somme  de  quatre 
cent  cinquante  liTres  euTers  celuy  des  receveurs  de  nos  tailles  en 
Teslection  de  Limoges  qu'il  appartiendra,  et  eux  envers  le 
receveur  général  de  nos  finances  à  Limoges  et  tous  autres,  par 
lesquels  receveurs  rapportant  ces  présentes  avec  verrification 
desdits  habita ns  d'avoir  jouy  de  ladicte  remise  et  descharge, 
nous  voulons  les  susdictes  sommes  estre  passées  et  allouées  en  la 
despence  de  leurs  comptes  respectivement  par  vous,  gens  de 
nosdicts  comptes.  Vous  mandons  ainsy  ce  faire  sans  difficulté, 
car  tel  est  nostre  plaisir.  Donné  à  Paris ,  le  seizième  jour  de 
mars ,  Tan  de  grâce  mil  six  cent  quatre ,  et  de  nostre  règne  le 
quinzième.  Signé  :  a  Par  le  Boy  en  son  conseil  :  L'Huillieb  ». 

Collationné  à  Toriginal  :  Lbvâssob. 


1604. 

Extrait  des  registres  nu  conseil  d'État.  —  Sur  la  re- 
queste  présentée  par  les  consuls  et  habitans  de  la  ville  et 
paroisse  de  Saint-Léonard  de  Noblac  en  Limousin ,  à  ce  que , 
attendu  que,  par  lettres^patentes  du  moys  d'aoust  mil  six  (4} 
cent  quatre-vingtK)nze,  la  confirmation  de  leurs  privilèges  et 
exemptions  de  toutes  tailles  subsides  et  Impositions  leur  estre 
accordée  par  le  Roy  pour  la  mesme  considération  qui  avait 
meu  ses  prédécesseurs  de  leur  accorder  lesdicts  privilèges  et 
exemptions  en  faveur  de  Saint-Léonard,  yssu  du  sang  de 
France,  leur  patron,  et  de  leur  fidélité,  ainsy  que  Sa  Majesté, 
par  autres  ses  lestres-patentesj^u  moys  de  novembre  mil  six 
cent  un,  pour  la  singulière  dévotion  que  la  royne  a  audict 
saint  Léonard ,  les  avait  exceptés  de  l'édict  du  moys  de  janvier 
mil  cinq  cent  quatre-vingt-dix-huit,  qui  révocque  tous  privi- 
lèges, il  pleust  àjladicte  Majesté  les  descharger  du  paiement  de 
la  somme  de  quatre  cent  cinquante  livres,  à  laquelle  ils  ont 
été  taxés  par  les  trésoriers  généraux  de  France  à  Limoges  pour 

(1)  Erreur  de  copie  :  lire  mil  cinq  cent  quatre-vingt-onze. 


DB   LA    VILLE  DB  SAINT-LKONARD.  113 

leur  panri  de  la  Mnrnne  de  douze  mille  litres  ordannée  estre  levée 
sur  les  viUeis  fraûdheè  et  abonnées  de  ladicte  généralité,  et  les 
descharger  aussy  des  impositions  qui  se  lèvent  sur  les  boetet- 
leries  dudict  lieu.  Yeu  les  copjries  côllationfrées  des  anciens 
privilèges  des  suppliants,  confirmation  dlceux,  faicte  par  Sa 
Majesté,  ^  lettres  de  déclaration  par  eux  obtenues  depuys 
ledict  édict  du  moys  de  janvier  mil  cinq  cent  quatre-vingt-dix- 
huit,  LE  Roy  en  son  conseil  a  ordonné  et  ordonne  que  lesdicts 
consuls  et  habitans  de  ladicte  ville  et  paroisse  de  Saint- 
Léonard  seront  tenus  quittes  et  deschargés  de  la  somme  de 
quatre  cent  einquante  livres,  à  IiT^uelle  ils  ont  été  taxés  pour 
leur  part  de  la  somme  de  dotsze  mille  livres  ordonnée  estre  im- 
posée en  l'année  mil  six  cent .  deux  ssr  les  villes  franches  et 
abcMinées  de  la  généralité  de  lixto^ei^.  Faict  au  conseil  d'Bstat 
du  royy  tenu  à  Paris  ^  le  seizième  jour  de  mars  mil  six  cent 
quatre.  Signé  :  L'Huillibè. 

Coliàtionnè  à  l'original  :  Signé  :  Lkvassob. 

Yeu  PiKB  hk  eHAMBSB  vSb  LBfitaÈs^ATTBNTEs  Tfv  RoY,  don- 
nées à  Paris  y  le  smieœe  jour  de  marsf  derdîer,  cognées  par  le 
roy  en  son  conseil  :  L'HuilIibb;  oMemzœ  piÉr  lee  consuls  et 
habitans  de  la  i?ille  et  paroisse  de  Saint-LéoniJPd  de  Noblac  àtf 
pays  de  limouzin,  par  lesquellee  Sa  Mlqesté,  de  Fadvis  4e 
sondict  conseil,  qui  a  veu  les  anoren»  privilèges  deedictâr 
habitans,  confirmaition  d'iceux  et  lettres  de  déclaracioû 
par  eux  obtenues  depuys  ledict  sajoye  de  janvier  (mil  einq  teûi) 
quatre-vingt-dix-huit,  les  »  quittés* et  deschatgés  de  ta  soâttde 
de  quatre  eent  cinquante  livres  y  à  lêiqudlé  il9  ovkt  été  taxés  pour 
leur  part  de  la  somme  de  douze  mille  livres  ordonnée  estre'  im- 
posée en  Tannée  mil  six  eent  deux  sur  les  villes  flranchels  et 
abonnées  de  la  généralité  de  Limoges,,  et  mande  à  ladicte 
chambre  que,  les  faisant  jouir  de  ladicte  remise  et  descharge,  elle 
ayt  à  les  faire  tenir  q^uittes  de  la  somme  de  quatre  cent  cin- 
quante Irvpes  envers  eeluy  des  reéeveiirs  des  taiDés^  dadict 
Limoges  qu'il  appartiendra ,  et  eux  envers  le  receveur  général 
et  touB  autres  ainsy  que  contienne  {aie)  let^ietes  lettres.  Veu 
ainsy  ledict  arrest  du  conseil  y  attaché  soube  le  Contre-sdel , 
requeste  présentée  au  roy  par  les  impétrans  «flain  de  vérifi- 
cation desdictes  lettres,  conclusione  du  procureur  général  da 
roy,   et  tout  cotisidéré,  la  chambre  en  enthérinaût  leédictes 

8 


114  PRIVILécES 

lettres ,  a  ordonné  et  ordonne  <iue  les  impétraos  jouiront  de  la 
décharge  portée  par  icelles.  Faict  le  ving^t-huitieme  jour  d'avril 
mil  six  cent  quatre. 
Extraict  des  registres  de  la  chambre  des  comptes. 

Signé  :  Le  Prévost. 


1610.  -  (Louis  XlII.) 

LOUIS,  PAR  LA  ORAGE  DE  DlETJ,  ROY  DE  FRANCE  ET  DE  NA- 
VARRE, A  TOUS  PRésENS  ET  ADVENIR,  SALUT.  Nos  chers  et  bien 
amés  les  consuls ,  manans  et  habitans  de  nostre  ville  et  pa- 
roisse de  Sainct-Léonard  de  Noblac  en  Limouzin  nous  ont  faict 
remonstrer  qu'il  a  pleust  aux  roys  nos  prédécesseurs ,  mesme  à 
nostre  tres-honoré  seigneur  et  père ,  leur  octroyer  et  confirmer, 
au  moys  de  novembre  mil  six  cent  ung ,  leurs  privilèges ,  fran- 
chises ,  immunités  et  exemptions  dont  l'extrait  et  copie  colla- 
tionnée  est  cy-dessus  attachée  sous  notre  contre-scel ,  desquels 
ils  ont  du  depuis  jouy  et  usé.  Toutesfoys  ils  craignent  que,  s'ils 
n'avoient  confirmation  de  nous ,  ils  y  peussent  estre  troublés  à 
l'advenir,  pour  à  quoy  remesdier  ils  nous  ont  tres-humblement 
supplié  leur  confirmer  et  continuer.  Nous,  à  ces  causes,  ayant 
considéré  les  justes  et  pieuses  considérations  qui  ont  meu  le  feu 
roy  nostre  tres-honoré  seigneur  et  père  à  concéder,  octroyer  et 
confirmer  auxdicts  exposans  lesdicts  privilèges ,  franchises  et 
immunités,  exemptions,  pour  les  mesmes  raisons  nous  les  avons 
iceux  confirmés  et  continués ,  et  de  nostre  grâce  spécialie,  pleine 
puissance  et  authorité  royalle ,  continuons  et  confirmons  pour 
en  jouir  par  les  exposans  et  leurs  successeurs  pleinement, 
paisiblement  et  perpétuellement,  tout  ainsi  en  la  forme  et 
manière  qu'il  est  contenu  et  déclaré  es  dictes  lettres  de  nostre 
feu  seigneur  et  père,  et  comme  ils  en  ont  bien  et  deument  jony 
et  usé,  jouissent  et  usent  encore  de  présent,  sans  qu'en  ce  il  leur 
puisse  estre  faict  ou  donné  générallement  ou  particulièrement 
aucun  trouble  et  empeschement ,  ores  et  à  l'advenir.  Sy  donnons 
en  mandement  à  nos  amés  et  féaux  conseillers  tenant  nos 
cours  de  parlement  de  Bordeaux ,  chambre  des  comptes  à  Paris, 
cour  des  aydes  à  Monferrand ,  trésoriers  généraux  de  France  à 
Limoges ,  président,  lieutenant,  eslus  et  conseillers  sur  le  faict  de 
nos  ayde:?  et  tailles  audict  Limoges,  et  autres  nos  jiisticîers  et 


DE   LA    VII  LE   DE  SAlNT-LÉONARD.  115 

officiers  qu'il  appartiendra  que  du  contenu  cy-dessus  ils  fassent , 
souffrent  et  laissent  iceux  exposans  et  leurs  successeurs  jouir  et 
user  pleinement,  paisiblement  et  perpétuellement,  sans  leur 
faire  ne  souffrir  leur  estre  faict  ou  donné  ores  ne  pour  ladvenir 
aucun  trouble  ou  empeschement  contraire,  lequel,  sy  faict, 
mis  ou  donné  leur  estoit,  ils  le  fassent  mettre  incontinent  et  sans 
délay  au  premier  estât,  et  de  ce  nonobstant  toutes  ordonnances , 
édicts  et  règlements  à  ce  contraires ,  car  tel  est  nostre  plaisir. 
Donné  &  Paris,  au  moys  de  juin.  Tan  de  grâce  mil  six  cent  dix 
et  de  nostre  resgne  le  premier.  Signé  Louis ,  et  sur  le  replict  : 
a  Par  le  Roy  :  la  reyne  régente ,  sa  mère ,  présente  :  signé  PiU- 
peaux  >.  Et  sur  ledict  replict  est  escript  :  «  Registre  en  la  chambre 
des  comptes ,  ouy  le  procureur  général  du  roy,  pour  jouir  par 
les  supplians  de  Teffect  et  contenu  en  icelles  selon  leur  forme  et 
teneur,  à  la  charge  que  les  eslus  en  feront  mention  en  leurs 
assiettes,  et  tireront  ladicte  ville  au  néant  à  cause  de  leurs  pri- 
vilèges. Le  quinzième  jour  de  juin  mil  six  cent  dix.  Signé 
Contentor,  Bourlon  et  de  Lafoti,  Et  à  costé  est  escript  visa,  et  sur 
ledict  replict  est  escript  :  «  Registre  en  la  cour  des  aydes  de 
Monferrant,  ouy  sur  ce  le  procureur  général  du  roy,  pour 
jouir  par  les  consuls ,  manans  et  habitans  de  ladicte  ville  et 
paroisse  de  Saint-Léonard  de  Noblac  du  contenu  en  icelles  selon 
leur  forme  et  teneur,  suivant  Tarrest  de  ladicte  cour  de  ce  jour- 
d'hui  vingt-deux  jour  de  novembre  mil  six  cent  dix.  Signé 
MofUartier,  avec  pi^raphe.  » 

1636,  -  (Louis  Xlll.) 

Louis,  PAR  LA  QBACB  DE  DlBU ,  ROT  DE  FRANCE  ET  DE  Na- 

VABRB,  A  TOUS  PRiâsBNS  ET  ADVENIR,  SALUT.  Nos  chers  et  bien 
amés  les  consuls  et  habitans  de  nostre  ville  et  paroisse  de 
Saint-Léonard  de  Noblac  en  Limouzin  nous  ont  faict  tres-hum- 
blement  remonstrer  que,  par  nos  lettres-patentes  données  à 
Paris  au  moys  de  juin  mil  six  cent  dix,  pour  nous  conformer  à  la 
volonté  de  notre  tres-honoré  seigneur  et  père,  et  des  roys  nos 
prédécesseurs,  nous  leur  avions  par  icelles  continué  et  con- 
firmé les  antiens  (m)  privilèges  et  franchises  concédés  par 
Clovis ,  premier  roy  crestien ,  au  benoist  sainct  Léonard ,  leur 
patron ,  son  proche  paran ,  pour  sa  saincteté  et  miracles ,  et  suc- 
cessivement confirmés   auxdicts   habitants  pour   les    mesmes 


116  PRIVILEGES 

coDsidératioDd  de  leur  fidélité  par  tous  les  roysnos  prédécesseurs, 
de  rei^een  reigne,  aveq  exemptioa  de  touttes tailles,  fouages, 
imposts,  gat)elle8,  subside^,  impositions  et  coDt?ibutloQs  quel- 
conques mise^  et  à  mettve  sus,  pour  quelque  cause  que  ce  soît, 
dont  ils  ont  tcFUsjours  jouy;  que  néaotmcnngs  les  esleus  de 
Limoges  les  avoiant  taxés  à  la  somme  de  sq^  mil  neuf  cens 
cinquante^ept  livres  sur  ce  que ,  par  nostre  édict  du  moys  de 
janvier  mil  six  cens  trente-quatre ,  pour  les  causes  mentionnées 
en  ieellui ,  nous  avions  révoqué  tous  privilèges  et  exemptions  de 
nos  villes  en  qu&y  touttesroys  navions  entendu  comprendre 
ceux  desdicts  habitants  pour  les  susdictes  considérations  con- 
tenues en  l'extraict  desdicts  privilèges  sy  attaché  f^ubs  1« 
fontre-scel  de  nostre  chancelerie ,  sur  quoy  nous  ayant  très- 
humblement  suplié  et  requis  leur  vouloir  pourvoir  de  nos 
lettres  à  ce  requises  et  nécessaires,  -r-  A  cbs  câvses,  de 
Tadvis  de  nostre  conseil,  affin  de  ne  desroger  à  Tintention  de 
tant  de  roys  nos  prédécesseurs,  à  celle  de  nostre  tres-honorè 
.^eigneur  et  pore  et  à  la  n6tre ,  et  par  les  mesmes  considéf atioas 
qui  les  murent  d'accorder  auxdicts  habitans  lesdicts  privilège» 
pour  la  dévotion  qu'ils  avoient  audict  saint  Léonard ,  yssu  de 
la  maison  de  France ,  Koors  avons  dict  et  déclaré ,  disons  et 
déclarons  par  les  présentes,  signées  de  nostre  main ,  que  nostrcr 
intention  n'a  esté  de  comprendre  en  notre  édict  du  moys  de 
janvier  mil  six  cent  trente-quatre  lesdicts  habitans  de  nostre 
ville  et  paroisse  de  Saint-Léonard  de  Noblac  ;  ains  les  avons 
exemptés,  réservés,  exemptons  et  reservons  par  lesdictes 
présentes,  et,  en  tant  que  besoing  seroit,  leur  avons  continué 
et  confirmé ,  continuons  et  confirmons  tous  et  chascuns  les  pri- 
vilèges et  exemptions  de  touttes  tailles,  impositions  et  contri- 
butions quelconques  à  eux  concédées  par  nostre  tres-hgnoré 
seigneur  et  pare,  nous  et  nos  prédécesseurs  roys,  par  les 
Chartres,  déclarations  et  confirmations  portées  par  ledict 
extraict  pour  en  jouir  plainement  et  paisiblement,  et  en  la 
mesme  forme  et  n^aniere  qu'ils  en  ont  de  tous  tams  bien  et 
deument  jouy  et  eussent  peu  jouir,  sy  ladiote  révoquation  n'eut 
esté  par  nous  faicte,  sans  y  estre  troublés  et  empeschés  en 
quelques  façon  et  manière  que  ce  soict,  et  à  ce  moyen  voulons 
que  par  nos  eslus  dudict  Limoges  lesdicts  suppliants  soient 
déchargés  des  sommes  es  quelles  ils  les  avoient  taxés  et 
cotizés  par  les  rooUes  desdictes  tailles,  et  ce  taqt  envers  le 
receveur  d*icelles  et  autres,  comme  de  faict  nous  les  en  avons 


DE   LA   VILLE   De  8Â1MT-LB0NARD.  117 

deBchargés  et  deschaFg^ons  p^r  lesdietes  présentes ,  et  sans  que 
|X)ur  Teffect  et  jouissanee  de  ce  il  leur  soict  beeoing  obtenir  de 
nous  autres  provisions  et  déclarations  que  lesdietes  présentes. 

S;  donnons  eo  mandement  h  nos  amés  et  téeniTL  conseillers  les 
gens  de  nos  comptes  à  Paris  et  de  nostre  cour  de  parlement  de 
Bourdeaux,  cour  des  aydes  à  Clermont-Ferrand ,  trésoriers  de 
France  à  Limoges  et  eslus  et  controUeurs  sur  le  faict  des  aydes 
et  tailles  audict  Limoges  et  autres  nos  officiers  qu'il  appar- 
tiendra ,  chascun  en  droict,  soyt  que  les  présentes  nos  lettres  ils 
fassent  lire  et  enregistrer  et  du  contenu  en  icelles  jouir  et  user 
pleinement  et  paisiblement  lesdicts  habitans  et  chacun  d'eux , 
sans  permettre  qu'il  leur  soict  sur  oe  donné  aucun  trouble  et 
empeschement ,  nonobstant  nostre  édiet  du  moys  de  jauTier  mil 
six  cent  trente^uatre,  quelques  ordonnances  et  restrainctions, 
deifenses,  lettres,  arrêts  et  taxes  &  ce  contraires,  auxquelles 
nous  avons  pour  ce  regard  seulement  desrpgé  et  desrogeona  à 
la  desrogatoire  y  contenue ,  et  d'autant  que  de  ces  présentes  ils 
pourront  ayoir  affaire  en  plusieurs  et  divers  lieux,  nous 
voulons  qpe  au  vidfmus  dMcelles ,  deuement  coUationné  par  un 
de  nos  amés  et  féaux  eonseillers  nottaireç,  sincère  foy  soit 
adjouttée  comme  au  présent  original  ;  car  tel  est  nostre  plaisir. 
Et ,  affln  que  ce  soit  chose  ferme  et  establie  et  à  tous  jours ,  nous 
avons  faict  mesl^e  nostre  scel  à  ces  dictes  présentes,  données  & 
Chantilly  au  moys  d'aoust,  lan  de  grâce  mil  six  cent  trente** 
cinq,  et  de  nostre  règne  le  vingt^sixieme.  Signé  Louis,  et  sur 
le  replict  :  «  Par  le  roy,  PiUpeaux  ».  Et  scellé  sur  lacs  de  soye  du 
grand  scel  de  cire  verte,  plus  sur  le  replict  est  escrit  :  c  Regis- 
trées  en  la  chambre  des  comptes ,  ouy  le  procureur  général  du 
roy,  pour  jouir  par  les  impétrans  de  Teffect  et  contenu  en 
icelles  oomme  ils  en  ont  cy*devant  bon  et  duement  jouy  et  usé, 
jouissent  et  usent  encore  à  présent,  le  trente  et  uniesme  et 
dernier  d'aoust  mil  six  cens  trente-cinq.  Signé  BourUm  ».  Et  à 
costé  est  escript  :  wsa.  Plus  sur  ledict  replict  est  escript  : 
a  Registrées  en  la  cour  des  aydes  de  Clermontr-Ferrand ,  ouy  Iç 
procureur  général  du  roy,  pour  jouir  par  les  impétrans  de 
re£Bèct  et  contenu  en  icelles  comme  ils  en  ont  cy-devant  bien 
et  duement  jouy  et  usé ,  jpuissent  et  usent  eneo^e  à  présent , 
saivant  l'arrêt  de  ladiote  coup  de  ce  jourd'hui  vingt-rquatrieme 
septembre  mil  six  oent  trentei-cinq.  ^igné  Montorner^  9 .  Et  sur 
ledict  replict  est  escript  :  «  Enregistrées  es  registre  du  bureau  des 
finances  à  Limoges,  suivant  Tordinaire  et  attasse  de  messieurs 


118  PiilVILéGE«S 

les  trésoriers  à  eux  délivré  la  coppie  signée  des  susdicts  trésoriers 
greffiers,  le  troisième  décembre  mil  six  cent  trente-cinq  ,  faîct 
le  cinquième  dudict  moys  et  an.  Signé  Mauplan  ».  Et  sur  ledict 
replict  est  escript  :  «  Registre  es  registres  de  la  cour  de  Teslection 
du  hault  Limovsin,  à  Limoges,  suivant  la  seutence  de  messieurs 
les  esleus  en  icelle ,  ce  jourd'huy  dernier  décembre  mil  six  cent 
trente-cinq.  Signé  :  db  Maqn^in  ,  greffier.  9 


1643.  -  (Louis  XIV.) 

Louis,  pâb  lâ  grâcb  de  Dieu,  roy  de  France  et  de  Nâ-- 
VARRE ,  A  tous  présbns  ET  ADVENIR ,  SALUT.  Nos  chers  et  bien 
amés  les  consuls,  manans  et  babitans  de  nostre  ville  et  paroisse 
de  Saint-Léonard  de  Noblac  en  Limousin  nous  ont  faict  re- 
monstrer  que  les  roys  nos  prédécesseurs  leur  ont  donné  plusieurs 
privilèges,  dons,  octroys,  concessions,  exemptions,  libertés 
et  coustumes,  ainsi  qu'il  est  spécifié  es  lestres  qui  leur  ont 
esté  accordées  et  confirmées  successivement  de  temps  depuys 
Clovis,  premier  roy  chrestien  ,  qui  a  octroyé  lesdicts  privilèges 
en  considération  de  la  saincteté  et  miracles  de  saint  Léonard , 
leur  patron ,  son  proche  parant,  lesquels  privilèges  leur  avoient 
esté  confirmés  par  le  feu  roy  nostre  tres-honoré  seigneur  et 
père,  que  Dieu  absolue,  par  ses  lettres  du  moys  de  juin  mil 
six  cent  dix,  et  au  moys  d'aoust  mil  six  cent  trente-cinq.  En 
vertu  desquelles  ils  ont  toujours  jouy  desdicts  privilèges, 
exemptions,  dons,  octroys,  libertés,  concessions  et  coustumes , 
jusques  à  présent  que  craignant  d'y  estre  troublés,  ils  nous  ont 
supplié  leur  accorder  nos  lestres  de  continuation  et  confir- 
mation sur  ce  nécessaires.  A  ces  causes,  voulant  favorablement 
traiter  lesdicts  consuls,  manans  et  babitans  en  considération 
des  mérites  dudict  saint  Léonard ,  duquel  ils  envoyèrent  des 
reliques  à  la  royne,  nostre  tres-honorée  dame  et  mère,  durant 
qu'elle  estoit  grosse  de  nous,  sçavoir  faisons  que,  de  l'advis  et 
recommandation  de  nostre  dicte  dame  et  mère,  nous  avons 
auxdicts  consuls,  manans  et  babitans,  de  nostre  grâce spécialle, 
pleine  puissance  et  authorité  royalle,  confirmé  et  confirmons  par 
ces  présentes ,  signées  de  nostre  main ,  tous  et  chascun  lesdicts 
privilèges ,  dons ,  octroys ,  libertés  et  coutumes ,  pour  en  jouir 
par  lesdicts  consuls,  manans  et  babitans  de  la  ville  et  pa- 
roisse de  Saint-Léonard  et  leurs  successeurs  tous  ainsy  qu'ils 


DE   LA    VILLE   DE   SAINT-LEON  A  RO.  119 

en  ont  cy -devant  bien  et  deument  jony  et  usé,  jouissent  et 
usent  encore  de  présent.  Sy  donnons  en  mandement  à  nos 
amés  et  féaux  conseillers  les  gens  tenant  la  chambre  des 
comptes  à  Paris,  cour  du  parlement  de  Bourdeaux,  cour  des 
aydes  à  Clermont-Ferrand ,  trésoriers  généraux  de  France  à 
Limoges,  président  et  lieutenant  et  esleus  en  Teslection  dudict 
Limoges  et  à  tous  nos  autres  officiers  et  justiciers  qu'il  appar- 
tiendra que  de  nos  présentes  lettres  de  continuation  et  confir- 
mation ils  fassent,  souffrent  et  laissent  jouir  lesdicts. consuls, 
manans  et  babitans  et  leurs  successeurs,  paisiblement  et  per- 
pétuellement, et  d'autant  que  de  ces  présentes  ils  pourroient 
avoir  affaire  en  plusieurs  et  divers  lieux,  nous  voulons  qu'au  vi- 
dimus  d'icelles,  deument  collationné  par  un  de  nos  amés  et  féaux 
conseillers,  nottaires,  secrétaires,  foy  soit  adjouttée  comme  au 
présent  original,  car  tel  est  nostre  plaisir,  nonobstant  tous 
édicts,  déclarations,  ordonnances,  arrests,  deffenses  et  lettres 
auxquelles  nous  avons  desrogé  pour  ce  regard  seulement ,  sans 
tirer  à  conséquence  ;  et ,  affin  que  ce  soit  chose  ferme  et  establie 
à  toujours ,  nous  avons  faict  mettre  nostre  scel  à  ces  dictes  pré- 
sentes. Donné  à  Paris,  au  moys  de  décembre,  l'an  de  grâce 
mil  six  cent  quarante-trois,  et  de  nostre  règne  le  premier. 
Signé  Louis,  et  sur  le  replict  :  c  Par  le  roy  :  la  royne  régente  sa 
mère  présente  :  Letellier  ».  Et  sur  ledict  replict:  «  Registre  en  la 
chambre  des  comptes,  ouy  le  procureur  du  roy,  pour  jouir  par 
les  impétrans  de  l'effect  contenu  en  icelles  ainsy  qu'ils  en  ont 
«:y-devant  joui  et  usé,  jouissent  et  usent  de  présent,  le  93*  jour 
de  décembre  mil  six  cent  quarante-trois.  Signé  Bourloni»,  Et  sur 
le  replict  :  «  Lesdictes  lettres  ont  esté  registrées  au  greffe  de  la 
cour  des  aydes  de  Clermont-Ferrand ,  suivant  l'arrest  de  ladicte 
cour,  ce  jourd'hui  sixième  mars  mil  six  cent  quarante-quatre. 
Signé  MorUorlier  ».  Et  scellé  d'un  grand  sceau  en  cire  verte  à 
doubles  lacs  de  soye  rouge  et  verte. 

Collationné  &  l'original  :  Signé  :  Lbvassor. 

Retirés  lesdicts  privilèges  de  monsieur  Christophe  Tessiers  par 
messieurs  maistres  Jean  Le  Bloys,  Léonard  de  La  Chassagne, 
Léonard  Veyrier,  Etienne  Beaure ,  Louis  Beaure ,  Jean  Olaudet , 
consuls  en  charge  l'année  1691. 


120  PRlVILI^fîES   De   I.A    YFLLB   DE  SAlNT«LBOflARD. 


Nous  Bveri»  parlé  dand  mitre  Vie  de  sednt  Léonard  (  p.  266)  des 
anciens  privilèges  de  la  ville  dé  Noblltc.  Nous  en  atons  în-^ 
diqué  Torigitie^  et  mnàs  avons  lâontré  qtie,  depuis  lé  règne  de 
Philippe  I"  Jusqu'à  celui  de  Louis  XV,  des  dipl&mes  rojaux 
garantissaient  aux  habitants  la  jouissance  de  ces  privilèges. 
Une  première  atteinte  y  avait  été  portée  en  4660 ,  comme  on  le 
voit  par  lîn  arrêt  du  Conseil  d'État  porté  sous  le  rëgjie  de 
Lomis  XY  :  il  était  dit  dans  cette  ordonnance  (  éb  date  du 
6  février  47il5)  ^n»  les  habitstnte  «  jotrîroiéut  à  Favetâr  de 
rexemption  de  toutes  taillei^  et  cttle^  y  jointes,  dé  quelque 
natufe  et  qualité  qu'elles  pussent  être,  i/  l'exception  dé  la 
capitatif«Ma,,  et  en  payant  par  e»:i  anniiellemént  1«  somme  de 
mille  Hvres,  pour  leiin'  tenir  lien  de  toute  taille;  et  en  outre  en 
conltibufeint  pa?  eux  à  proportion  ati  paiement  déé^  autréi^ 
sommes  qui  lèwr  séroient  demandées  poUr  le  quartier  d'hiver, 
fodrtage  et  usténmk^,;  ainsi  qu'Us  y  mit  eonirUnêé  onmtelkmeiU 
depuis  Vantiée  mil siss- cent  soiccante  (4)  ». 

Loui»  XVI  te  saà«tk)ùna  pas  les  privilèges  de  la  ville  de 
Neblae.  NoûS'  ne  savotis  pa^  si  les  habitante  fofnmlèrent  letkr 
demande  acoontumée;  mais  tend  sfeosmés  certain  que  l'in- 
tendant Turgot  ^  précurseur  dé  89,  éùtécAVté  leur  réclamation 
par  une  fin  de  non-rocevoir.  Du  restée  deu>  ane  après  le  départ 
deTurgol,  en  4777,  l'abbé  du  Mabaret  écrivait  dans  la  ville  de 
Saint-*LéoiMLrd  lée  lignes  suivantes  :  «  Cette  ville  jouisBait  de 
plusicfare  beaux  privitégés  :  es^nption  de  taillé  f  franeUse  de 
logeaient  des  gens  de  guerf«  ;  ^^  il  ne  lui  en  rei^  guère  que  le 
80Uli?nir  (2)  ir. 

L'abbé  A^fiBBLLOT. 


(1)  Vie  de  saùU  Léonard,  p.  269. 

(2)  Rémion  ms.  duDictùmnairede  TrétowCf  art.  SAiNT-LéONABD. 


BIOGRAPHIE 


DB 


M.  LE  BARON  GAY  DE  VERNON. 


Messieurs  , 

L'année  dernière ,  au  mois  d'avril ,  mourait  à  Saint-Léonard 
Tun  des  membres  fondateurs  de  notre  Société,  M.  le  baron  Gay 
de  Vernon.  De  4846  à  4863,  il  n'avait  jamais  cessé  d'éclairer 
de  ses  conseils  et  de  soutenir  de  son  travail  cette  Société ,  qu'il 
pouvait  un  peu  regarder  comme  sa  fille.  En  effet  il  l'avait  vue 
naître ,  il  l'avait  vue  grandir,  et,  parmi  les  quarante-six  fonda- 
teurs qui  s'engagèrent  à  la  faire  marcher  droit  sur  le  chemin 
difficile  de  l'archéologie,  il  n'en  est  peut-être  pas  un  qui  ait 
tant  tenu  à  justifier  son  double  titre  de  père  et  de  parrain. 

N'était-il  donc  pas  juste  qu'au  mois  d'avril  4863  une  voix 
s'élevftt  dans  cette  enceinte  pour  célébrer  le  vieux  soldat, 
l'écrivain  patriotique ,  le  collègue  aimable  et  bon  ?  L'homme 
qui  a  écrit  la  vie  de  Jourdan ,  de  Gay-Lussac ,  de  Vergniaud 
et  de  Bonneval  devait-il  manquer  d'un  biographe  ? 

Le  biographe  fut  choisi;  mais  la  maladie  l'arrêta,  et,  par 
une  négligence  que  nous  déplorons  tous ,  un  an  se  passa  sans 
qu'on  songeât  à  lui  choisir  un  successeur. 

Aujourd'hui ,  Messieurs ,  désigné  par  vous ,  je  viens  prendre 
la  place  de  M.  Buben,  et  remplir  une  t&che  qui  m'est  agréable  à 
deux  titres  :  et  d'abord  il  m'est  doux  de  parler  d'un  écrivain 
sérieux ,  dans  la  poitrine  duquel  battait  un  vrai  cœur  limousin  ; 

9 


124  BIOGKAPHIE 

mère  aux  tragique»  événements  qui  rendront  impérissables  les 
dernières  années  du  siècle  dernier,  il  portait*  en  lui-môme  tout 
un  trésor  de  souvenirs,  et  l'ouvrait  à  ses  amis  avec  la  bonnç 
grâce  d'un  gentilhomme  et  la  profusion  d'un  vieillard  qui  loue 
le  temps  passé. 

II. 

Maintenant,  Messieurs,  que  je  vous  ai  fait  connaître  l'homme 
aussi  complètement  que  je  l'ai  pu ,  il  est  temps  d'arriver  au 
littérateur  et  à  Técrivain. 

M.  Gay  de  Vernon  débuta  dans  la  carrière  littéraire  par  un 
roman  intitulé  Ibrahim,  qui  fut  publié,  vers  1830,  chez  Marmi- 
gnon ,  libraire  à  Limoges.  C'était  un  épisode  de  nos  guerres  en 
Egypte,  et  l'auteur,  avec  sa  bonhomie  et  sa  franchise  habi- 
tuelle, regardait  cet  ouvrage  comme  un  péché  de  jeunesse. 

J'arrive  donc  sans  plus  tarder  au  Mémoire  sur  les  opérations 
militaires  des  généraux  Custine  et  Bouchard  pendant  les  années 
«92  et  1793. 

Ce  livre  fut  composé  d'après  les  notes  et  les  documents  que 
M.  de  Vernon  trouva  dans  les  papiers  de  son  père,  le  compa- 
gnon et  l'ami  de  Custine  et  de  Houchard  :  aussi ,  avec  une  piété 
filiale  qui  l'honore,  il  déclare,  dans  sa  préface,  n'avoir  pas 
d'autre  ambition  que  de  faire  passer  ce  mémoire  pour  une 
œuvre  posthume  de  son  père.  Quoi  qu'il  en  soit,  la  lecture  en 
est  difficile.  C'est  un  ouvrage  précis,  exact,  mais  où  l'intérêt  a 
été  trop  souvent  sacrifié  à  la  partie  technique.  Et  cependant 
quelle  époque  et  quels  hommes!  Nous  plaindrions-nous  si 
l'auteur,  laissant  parfois  la  stratégie  de  côté,  nous  eût  peint 
avec  le  langage  pittoresque  et  familier  du  soldat  ces  volontaires 
de  92  aux  habits  bleus  «  par  la  victoire  usés  » ,  et  qui ,  ser- 
gents la  veille  ,  généraux  le  lendemain,  se  trouvaient  grands 
capitaines  sans  s'en  douter?  Ce  n'est  pas  quMl  ne  leur  ait  rendu 
pleine  justice  ;  mais  on  regrette  qu'à  ces  moments-là  le  style 
reste  toujours  froid ,  net  et  sec  comme  une  figure  de  géométrie  (4  ) . 

La  Vie  du  maréchal  Gouvion-Saint-Cyr  est  le  maître  ouvrage  de 
M.  de  Vernon  :  j'entends  pour  le  travail  et  l'étendue.  11  va  sans 
dire  que  cette  Vie  est  ce  qu'elle  devait  être,  un  panégyrique. 

(1)  Cet  ouvrage  valut  à  M.  de  Vemoa  la  croix  de  chevalier  de  la 
Légion-d-Honneur. 


DE  M.    LE  BABON  G  AT   DE  YEBNON.  125 

GouTion-Saint-Cyr,  comme  je  Tai  déjà  dit,  avait  servi  à  Tarmée 
du  Rhin  sous  les  ordres  de  l^adjudant  général  de  Vernon.  Devenu 
maréchal  et  ministre,  il  n'oublia  pas  son  vieil  ami,  dont  il  prit 
le  fils  pour  aide  de  camp.  Bien  donc  d'étonnant  à  ce  que  M.  de 
Yernon  entreprît  comme  un  gieux  devoir  de  raconter  les  hauts 
faits  de  son  protecteur.  Ajoutons  qu'il  a  bien  choisi  son  héros. 
Sans  avoir  réclat  militaire  de  Masséna,  de  Ney  ou  deDavoust, 
Gouvion-Saint-Cyr  fut  un  des  plus  remarquables  capitaines  de 
la  république  et  de  Tempire. 

C'est  Topinion  non-seulement  de  son  panégyriste ,  mais  c'est 
aussi  celle  de  M.  Thiers  et  de  tous  les  écrivains  qui  ont  parlé 
des  guerres  de  ce  temps-là.  Malheureusement  il  y  a  une  ombre 
au  tableau  :  M.  de  Yernon  l'a  fait  disparaître ,  parce  qu'il  met 
son  héros  en  pleine  lumière,  et  Tenveloppe  d'une  auréole; 
mais  M.  Thiers  est  plus  sévère  ,  faut-il  dire  plus  juste?  Il  nous 
le  représente  «  excellent  quand  il  était  seul ,  dangereux  quand 
il  avait  des  voisins ,  qu'il  secondait  toujours  mal  ;  mais  capitaine 
habile,  profond  dans  ses  combinaisons,  et  le  premier  des 
militaires  de  son  temps  pour  la  guerre  méthodique.  Napoléon, 
bien  entendu,  demeurant  hors  de  comparaison  avec  tous  les 
généraux  du  siècle  »  (1). 

M.  Thiers  ajoute  plus  loin  :  c  On  est  honteux  ,  en  lisant  les 
mémoires  si  remarquables  d'ailleurs  du  maréchal  Saint-Gyr  sur 
sa  campagne  de  Catalogne ,  des  petitesses  qui  s*y  rencontrent 
à  côté  de  vues  saines  et  profondes....  L'empereur  n'aimait  pas 
le  caractère  insociable  du  maréchal  Saint-Cyr;  mais  il  rendait 
justice  à  ses  qualités  éminentes  ,  et  n'en  était  pas  jaloux  *^  (2). 
Il  dit  encore  au  sujet  de  la  campagne  de  4813  :  «  Nous 
honorons  fort  dans  le  maréchal  Saint-Cyr,  outre  beaucoup 
d'esprit,  une  grande  indépendance  de  caractère;  nous  regrettons 
seulement  qu'elle  ait  été  gâtée  par  un  penchant  excessif  à  la 
contradiction,  qui  lui  a  fait  commettre  plus  d'une  faute  dans  sa 
carrière,  d'ailleurs  si  glorieuse  »  (3). 

En  lisant  ces  mots  il  me  semble,  Messieurs,  entendre  la  voix 
de  l'histoire ,  de  l'histoire  qui  juge  les  rois,  et  à  plus  forte  raison 
les  maréchaux.  Certes  ce  n'est  plus  la  voix  de  Tami;  mais 
croyons  bien  cependant  que  M.  de  Vernon  n'en  a  pas  voulu  à 

(1)  Histoire  du  Consulat  et  de  VEmpire,  T.  IX,  1.  xxxiu,  p.  483. 

(2)  Jlnd. ,  T.  IX,  1.  xxxni,  p.  484. 
{2)im.,  T.  XVI.l.  L,  p.  417. 


126  BI06RAPHIR 

M.  Thiers,  pas  plus  que  M.  Tliiers  n*en  a  voulu  à  M.  de  Vernort. 
Chacun  d'eux  a  suivi  la  route  quMl  devait  suivre ,  et  juger 
rhomme  comme  il  devait  le  juger. 

Cette  critique  faite ,  je  dirai  que  la  Vie  du  maréchal  de  SaifU'Cyr(i  ) 
est  intéressante  en  général,  bien  écrite,  et  pleine  de  rensei- 
gnements précieux.  On  peut  y  remarquer  par  exemple  cette 
campagne  de  Catalogne  qui  fut  un  chef-d'œuvre  de  stratégie, 
le  récit  de  la  bataille  de  Polotsk  en  4812,  la  défense  de  Dresde 
en  1813;  mais  tout  cela  ne  vaut  pas  à  mon  avis  la  dernière 
partie  du  livre  :  nous  y  retrouvons  Saint-Cyr  ministre  de  la 
guerre  en  1815  et  en  1847,  et  tâchant,  dans  ces  temps  troublés 
et  dangereux,  de  réconcilier  le  présent  avec  le  passé.  Il  tentn 
cette  œuvre  impossible  avec  un  courage,  un  désir  de  bien  faire 
et  une  abnégation  vraiment  admirables.  Le  spectacle  de  ce  sage 
citoyen  luttant  contre  les  passions  et  les  colères  des  partis  a 
inspiré  de  belles  et  bonnes  pages  à  l'écrivain.  C'est  sur  elles 
qu'un  admirateur  de  Saint-^yr  pourrait  s'appuyer  pour  montrer 
que,  si  le  capitaine  fut  insociable  et  jaloux,  l'homme  d'État  mit 
au  service  de  la  France  un  patriotisme  éclairé,  un  caractère 
«l'une  forte  trempe  et  une  vie  toujours  pure. 

îll. 

La  Vie  du  maréchal  Gouvion-Saint-Cyr  était  sans  aucun  doute 
l'œuvre  de  prédilection  de  M.  de  Vernon ,  celle  où  il  avait  mi» 
tout  ce  qu'il  avait  d'expérience  littéraire  et  d'habileté  de  plume. 
A  quel  rang  plaçait-il  ses  biographies  de  Gay-Lussac ,  de 
Yergniaud,  de  Jourdan ,  de  Bonneval  et  des  Volontaires  de  la 
Haute-Vienne?  Au  dernier  peut-être,  et  voilà  qu'aujourd'hui 
elles  sont  montées  au  premier.  On  en  parle  encore,  on  les  lit, 
on  les  aime,  tandis  que  les  deux  ouvrages  dont  j'ai  déjà  parlé 
sont  un  peu  tombés  dans  l'oubli. 

Est-ce  manque  de  goût  de  notre  part?  Non ,  Messieurs  :  ce» 
biographies  sont  certainement  ce  que  M.  de  Vernon  a  fait  de 
mieux.  Courtes,  vives,  lestement  tournées,  entremêlées  d'a- 
necdotes familières  et  de  pensées  élevées,  elles  ont  tout  ce  qui 
charme  et  tout  ce  qui  retient  un  lecteur. 

Ici  c'est  Bonneval-Pacha ,  avec  sa  grande  mine ,  son  impétueux 

(1)  Quarante  exemplaires  de  cet  ouvrage  furent  déposés  K  la  Bibliothè- 
que impériale  par  ordre  de  S.  Exe.  le  maréchal  Vaillant,  ministre  de 
la  guerre,  1856. 


DE   M.    LU   BARON    GAY    DE   VlîRNON.  iH 

courage,  ses  hautes  qualités  militaires,  mais  aussi  avec  son 
esprit  déréglé,  sa  triste  morale  et  sa  rage  d'aventures;  là 
c'est  Jourdan,  type  limousin  par  excellence,  calme,  honnête, 
froid  et  fin ,  très-bon  marchand  et  très-bon  soldat.  Voici  encore 
Gay-Lussac,  Tintrépide  savant,  l'infatigable  travailleur,  et 
Vergniaud  ,  dont  la  puissante  figure  fait  craquer  le  cadre  un 
peu  étroit  où  Tauteur  Ta  enserrée.' 

Nous  ne  voulons  pas ,  dans  cette  brève  énumération ,  oublier 
la  Haute-Vienne  militaire,  liste  rapide  et  complète  des  soldats 
qu'a  vus  naître  notre  département.  L'auteur  s'y  est  fièrement 
placé  entre  son  père  et  son  fils,  à  côté  de  son  frère  (1). 

Encore  quelques  lignes  ,  Messieurs,  et  je  termine. 

Les  Gay  de  Vernon  furent,  comme  vous  le  voyez,  une  famille 
vraiment  militaire,  qui  date  de  4792,  et  qui,  Dieu  merci!  n'a 
pas  encore  dit  son  dernier  mot.  Mai^  chez  eux  ce  n'est  pas 
seulement  le  goût  des  armes  qui  est  héréditaire  :  le  goût  des 
lettns  s'y  transmet  comme  un  bien  précieux,  comme  un  legs 
^acré.  Le  petit-fils  est  soldat,  parce  que  son  aïeul  l'a  été;  il 
écrit,  parce  que  son  aïeul  a  écrit.  N'est-ce  pas  curieux? 
n'est-ce  pas  touchant? 

Vous  vous  rappelez  tous ,  Messieurs ,  quelle  devise  prit  un 
capitaine  illustre  qui  savait  aussi  bien  cultiver  la  terre  que 
battre  les  Arabes  :  c'était  le  vrai  type  du  soldat-laboureur  : 
Enseet  aratro.  Il  n'y  aurait  qu'un  mot  à  changer  pour  faire  aux 
Gay  de  Vernon  une  devise  très-vraie  et  très-fière  elle  aussi  : 
£nse  et  caUimo  :  a  une  plume  et  une  épée  ». 

A.  GUILLEMOT. 

Limogea  ,  le  3&  décembre  1864. 

(1)  Je  dois  citer,  pour  que  ce  travail  soit  complet,  deux  autres  ouvrages 
de  M.  Gay  de  Vernon,  dont  J'ai  eu  connaissance  trop  tard  pour  en  faire 
Vanalyse.  L*un  est  intitulé  :  Des  moyens  d'étalflir  à  Saint-Léonard  une 
annexe  du  dépôt  de  remonte  de  Ouéret ,  mars  1842.  L'autre  a  iwur  titre  : 
Considération  sur  les  chevaux  limousins,  sur  les  causes  de  la  destruction 
presque  totale  de  cette  race^  et  sur  les  moyens  de  la  reproduire  pour  le  service^ 
des  remontes  militaires;  Limoges,  1829. 


ÉMAILLERIE  LIMOUSINE, 


Avant  de  vous  faire  la  description  d'un  émail  curieux  par 
son  ancienneté ,  je  ne  crois  pas  hors  de  propos  de  vous  donner 
lecture  d'un  titre  de  nos  archives,  daté  de  Tan  4233 ,  écrit  en 
langue  limousine^  et  remarquaUe  sous  trois  rapports  : 
l*"  comme  monument  de  cette  langue  dans  la  première  moitié 
du  xiir  siècle;  2*  parce  qu'il,  intéresse  le  plus  ancien  membre 
connu  de  la  famille  d'émailleurs  du  nom  de  Vitalis  ou  Vidal  : 
Bernard  était,  je  crois,  le  grand-père  de  Barthélémy  ;  3°  enfin  en 
ce  qu'il  mentionne  la  monnaie  de  Limoges  et  la  maille  d'or ,  la 
môme  chose  que  l'obole  d'or  du  temps  du  roi  Philippe-Auguste, 
laquelle  valait  un  peu  plus  que  la  moitié  du  besant  [bisantius] , 
c'est-à-dire  cinq  sous  de  la  monnaie  de  ce  temps. 

<r  .^L  toz  seus  quj  veyran  aquestas  lettras ,  Germana  Humiels  ? 
baella  deu  mostier  middpt  S.  Maria  de  la  Régla  de  Lemotges , 
salut  en  nostre  Senhor. 

»  Sapchan  sil  ^  son  e  4  seran  4|  vol  aguardat  lo  profiech  de 
nostre  mostier  p  cummunal  cosseil  e  voluntat  de  nostre  couen* 
las  maisos  nostras  que  eran  a  lachanal  entre  la  maiso  q  fost 
domie  entre  la  wina  de  la  Chabana  de  lachanal  de  la  ciptat  de 
Lemotges.  Auein  acessat  a  toz  cePs  deu  cossols  e  au  cuminal  de 
la  ciptat  de  Lemotges,  p  xx  sols  redeus  chasque  an  a  Nadal, 
de  la  moneda  de  Lemotges,  e  una  mealha  daur  dachaptam  en 
randamen  0  en  la  mort  de  las  baellas  de  nostre  mostier  e  en 
randameu  0  en  la  mort  deus  achaptadors  ^  H  cossol  a  lo  cuminal 
vedran  e  au  nos  redut  a  sempres  en  B.  Vidal  p.  achaptador  $ 
acheptet  de  nos  e  auein  agut  nostre  grat  de  vi  vins  Is  de  la 
moneda  de  Lemotges  q  vos  doneron  d  intratge  e  p  remembransa 
daisse  e  p  maor  fermetat  douein  las  aquestas  lettras  de  nostre 
sacu  saeladas.  Aûo.  Dni.  in»,  ce  trîcesimo  tertio.  » 


ihuiIXERlli:   LIMOUSINE.  129 

Permettez-moi  maintenant,  Messieurs,  de  vous  communiquer 
l^heureuse  découverte  que  j'ai  faite  d'un  monument  de  notre 
ancienne  émaillerie,  œuvre  de  transition  entre  les  émaux  in- 
crustés et  les.  émaux  peints.  C'est  une  plaque  de  cuivre  très- 
épaisse,  très-lourde  et  légèrement  bombée,  haute  de  495  milli- 
mètres et  large  de  2^0. 

Ce  petit  tableau  est  composé  de  huit  personnages  symétri- 
quement placés,  et  représentant  la  mise  au  tombeau  du  corps 
de  Notre-Seigneur  Jésus-Christ,  et  rappelle  exactement  les 
dispositions  de  statues  sculptées  et  souvent  peintes  des  scènes 
semblables  qu'on  désignait  par  le  nom  de  Monuments;  il  y  en 
avait  dans  plusieurs  églises  du  diocèse,  et  notamment  dans 
celle  des  Salles-la-Vauguyon. 

Cet  émail  a  été  peint  aux  premiers  temps  de  la  renaissance, 
car  on  y  reconnaît ,  parmi  les  femmes  qui  entourent  le  tombeau , 
des  têtes  empruntées  à  la  numismatique  romaine,  celles  de 
Marcia  et  d^Aurelia,  aïeule  et-  mère  de  Jules-César,  qui  sont 
gravées  dans  un  livre  intitulé  :  lUustrium  imagines,  imprimé  à 
Lyon,  l'an  4524,  chez  Antoine  Blanchard ,  calcographe,  corrigé 
par  Andréas  Fnlvius. 

L'exécution  de  cette  peinture  annonce  un  travail  pénible  et 
tourmenté;  les  couleurs  des  vêtements,  le  bleu  surtout,  sont 
posées  en  couches  épaisses  formant  relief;  le  rouge  pourpre,  le 
jaune  brun ,  le  gris,  le  vert  et  le  bleu  de  roi  y  dominent.  Des 
filets  d'or  brillent  dans  les  nimbes,  les  plis  et  les  ornements  des 
étoffes,  les  lignes  des  édifices  et  des  murs  de  Jérusalem,  les 
tiges  et  les  feuilles  des  fleurs  et  des  plantes. 

Au  plan  supérieur,  sur  un  ciel  d'un  gris  bleu  terne,  se 
dessinent  huit  tours  renforçant  les  remparts  de  Jérusalem; 
au-dessous,  une  rangée  de  seize  arbres,  plantés  sur  un  sol 
tantôt  d'un  jaune  brun,  tantôt  couvert  de  verdure. 

Nous  trouvons  dans  le  Nouveau-Testament  l'explication  du 
sujet  de  cet  émail  :  Marie-Madeleine,  Marie  mère  de  Jacques  et 
de  Joseph  et  la  mère  des  fils  de  Zébédée  n'abandonnèrent  pas 
Jésus-Christ,  et  se  joignirent  à  la  sainte  Vierge  pour  assister 
à  l'ensevelissement  de  son  corps.  Un  homme  riche  d'Arimathie, 
noble  décurion,  honnête  et  juste,  nommé  Joseph,  disciple  secret 
de  Jésus-Christ,  eut  le  courage  de  demander  ce  corps  précieux 
à  Pilate,  qui  le  lui  accorda.  11  l'emporta,  et  acheta  un  linceul 
dont  il  l'enveloppa,  puis  le  déposa  dans  un  sépulcre  neuf,  qu'il 


130  ÉyAILLERlE  LIMOUSINE. 

avait  fait  tailler  pour  lui-même  dans  une  roche  au  milieu  d^un 
jardin. 

Joseph  d'Ârimathie  fut  assisté  dans  ce  pieux  devoir  par  Nico- 
dème,  un  des  principaux  Juifs  [princeps)  et  pharisiens,  rabbin 
et  sénateur  du  grand  Sanhédrin ,  celui  qui  vint  visiter  Jésus- 
Christ  la  nuit.  C'est  dans  cet  entretien  que  l'Homme-Dieu  lui 
dit  qu'il  fallait  renaître  pour  voir  le  royaume  de  Dieu.  Nico- 
dème  demanda  comment  un  homme  déjà  vieux  pouvait  renaître. 
Jésus  le  lui  expliqua,  en  ajoutant  :  «  Nicodème,  tu  es  maître 
[magister)  en  Israël,  et  tu  ignores  ces  choses?  »  Les  paroles  du 
Seigneur  ont  été  la  cause  du  ridicule  attaché  à  son  nom ,  ridi- 
cule qui  s'est  perpétué  dans  notre  Limousin,  oii  Ton  appelle 
encore  grand  nicodème  un  homme  trop  naïf  et  trop  simple;  on 
désignait  aussi  sous  le  nom  de  nicodémiles  des  amis  suspects, 
dont  le  zèle  exagéré  faisait  plus  de  mal  qu'une  inimitié  dé- 
clarée. En  remontant  à  la  lxxiv»  olympiade,  nous  trouvons  que , 
la  seconde  année,  483  ans  avant  Jésus-Christ,  un  Nicodème  était 
archonte  d'Athènes  lorsque  Aristide  fut  envoyé  en  exil.  Un  Ni- 
comédas  fut  vainqueur  aux  jeux  olympiques  l'an  404  avant 
Jésus-Christ ,  olympiade  clxix. 

Quoi  qu'il  en  soit ,  Tauteur  de  cet  émail  en  a  fait  le  héros  de 
son  tableau ,  et  lui  a  donné  la  place  d'honneur.  Peut-être  vou- 
lait-il réhabiliter  sa  mémoire.  Au  reste,  Nicodème  apporta  à 
Joseph  d'Arimathie  une  mixture  d'aloës  et  de  myrrhe  du  poids 
d'environ  cent  livres;  ils  entourèrent  tous  les  deux  le  corps  de 
Jésus-Chriift  de  bandelettes  et  d'aromates ,  selon  la  coutume  des 
Juifs. 

Nicodème,  sur  la  partie  la  plus  en  vue  du  tableau,  est  re- 
présenté d'une  taille  double  de  celle  des  autres  personnages,  en 
exceptant  Joseph  d'Arimathie;  sa  tête  est  coiffée  d'un  grand 
bonnet  doctoral  bleu ,  terminé  par  un  bouton  d'or,  et  retroussé 
de  filets  du  même  métal.  Le  rebord  de  ce  bonnet  est  rehaussé 
sur  le  cou,  et  se  prolonge  en  longue  visière  sur  le  front.  Il 
reste  quelques  traces  de  lettres  d'or,  entre  autres  un  N,  qui 
indiquaient  le  nom  de  ce  docteur.  Son  visage  présente  un  nez 
fort  long,  une  bouche  et  une  oreille  fort  grandes;  sa  barbe,  à 
poils  châtains],  descend  sur  le  collet  de  fourrure  blanche  d'un 
manteau  bleu.  Je  ne  puis  dire  que  ce  soit  une  fourrure  d'her- 
mine dont  le  peintre  a  cru  devoir  gratifier  son  docteur  de  la  loi 
juive,  puisque,  au  lieu  de  mouchetures,  ce  sont  des  larmes 
noires  qu'il  y  a  semées.  La  tunique,  d'un  pourpre  foncé,  est 


ËMAILLRRIK   UMOUSINK.  I3l 

brodée;  des  rosaces  en  quintefeuilles  d'or  brillent  dans  la 
partie  que  ne  recouvre  pas  le  manteau.  Cette  tunique  est  res* 
serrée  sur  les  reins  par  une  petite  ceinture  bleue  ornée  de  perles 
et  de  filets  d'or.  Les  pieds  de  Nicodëme  reposent  sur  un  gazon 
émaillé  de  fleurs  rouges,  bleues  et  jaunes;  d'autres  fleurs  à 
hautes  tiges ,  des  margueriles ,  sont  plantées  entre  le  cadre  et  le 
docteur. 

Nicodëme  soutient  de  ses  deux  mains,  à  Taide  d'un  linceul 
grisâtre,  la  tête  de  Jésus-Cbrist,  encore  couronnée  d'épines. 
Les  traits  du  visage,  souillé  de  sang,  sont  contractés,  et  sa 
barbe  brune  fait  ressortir  l'extrême  blancheur  ou  pftleur  de  ses 
membres  ;  le  côté ,  les  bras  et  les  pieds  présentent  des  plaies 
sanglantes.  Le  corps,  maigre  et  raidi  par  la  mort,  repose  sur  un 
tombeau  de  marbre  gris  veiné  de  violet  de  bleu ,  et  d'un  peu 
de  noir  :  quatre  anneaux  y  sont  attachés  au-dessus  du  soubas- 
sement indiqué  par  une  longue  bande  blanche;  quelques  filets 
d'or  rehaussent  les  lignes  de  ce  tombeau  ;  on  en  voit  dans  la 
barbe  du  Seigneur  et  dans  les  plis  du  linge  qui  ceint  ses 
reins. 

L'émailleur  a  déployé  plus  de  talent  dans  l'expression  des 
autres  assistants  à  cette  triste  scène.  Une  femme  âgée ,  dont  la 
tête,  enveloppée  d'un  voile  blanc,  est  couronnée  d'un  nimbe 
d'or,  semble,  par  ses  gestes  et  son  attitude,  sympathiser  à  la 
douleur  de  la  sainte  Vierge.  Cette  première  sainte  femme  est 
vêtue  d'une  robe  d'un  rouge  sombre  ou  violet  pourpré  et  d'un 
grand  manteau  bleu  rehaussé  d'or.  L'auréole  ou  nimbe  de  sa 
tête  est  brodée  en  arabesques.  Marie  mère  de  Jésus-Christ  porte 
un  manteau  pareil,  qui  lui  recouvre  la  tête  ornée  d'un  nimbe 
rayonnant.  Son  visage  et  ses  yeux  fermés  témoignent  un  ex- 
trême désespoir;  ses  deux  mains  sont  jointes;  un  voile  blanc 
recouvre  son  cou  et  sa  poitrine  ;  sa  robe  est  de  couleur  gris  clair. 
L'apôtre  saint  Jean  appuie  sa  main  gauche  sur  l'épaule  de  la 
sainte  Vierge  pour  la  soutenir  dans  sa  faiblesse;  ses  traits  ex- 
priment la  compassion  et  la  désolation  ;  sa  tête ,  blonde ,  est  en- 
cadrée par  un  nimbe  arrondi  dont  la  circonférence  extérieure 
est  dorée,  par  opposition  à  celui  de  Marie  mère  de  Jésus ,  qui  est 
d'or  éclatant  coupé  de  rayons  circulaires.  Le  disciple  bien-aimé 
a  une  tunique  verte  et  un  manteau  de  pourpre  sombre  doublé 
de  blanc  ;  les  étoffes  sont  rehaussées  de  filets  d'or.  Près  de  lui ,  une 
deuxième  sainte  femme,  coiffée  à  l'orientale  -.  une  sorte  de  tur- 
ban blanc  sans  calotte,  à  plis  dorés,  derrière  lequel  apparaît  un 


132  éMAILLERIE   LIMOUSINE. 

simple  nimbe  :  même  voile  que  les  deux  autres  femmes. 
Sa  robe  est  bleue  ;  son  manteau ,  de  la  couleur  de  ce  jaune 
bronze  prodigué  dans  le  fond  de  ce  petit  tableau.  Elle  tient  de 
la  main  droite  un  vase  rouge  orné  d*or  à  couvercle  verdfttre , 
et  présente  de  la  gauche  à  Marie-Madeleine  une  boule  grise 
renfermant  sans  doute  des  parfums,  et  semble  en  conversation 
avec  cette  dernière.  Marie-Madeleine  est  décorée  aussi  du  nimbe 
d'or  simple  :  son  costume  est  moins  sévère  que  celui  des  autres 
saintes  femmes;  ses  longs  cheveux  noirs  laissent  son  front  dé- 
couvert ;  point  de  voile  sur  son  cou;  sa  robe  est  d'un  violet 
foncé  sous  un  riche  manteau  rose  pftle  et  chamarré  dans  le 
goût  oriental,  qui ,  descendant  deVépaule  gauche,  se  relève  élé- 
gamment sous  le  bras  droit  de  la  sainte.  Madeleine  tient  à  deux 
mains  un  vase  brun,  déforme  allongée  comme  une  bouteille  mo- 
derne ;  elle  paraît  écouter  avec  attention  les  avis  de  sa  voisine. 
Dans  la  broderie  du  manteau  on  lit  les  lettres  ADEL,  fragment 
de  son  nom. 

Joseph  d'Arimathie  est  le  dernier  acteur  de  cette  scène  k 
droite  du  tableau  touchant  au  cadre.  Il  relève  de  ses  deux 
mains  les  pieds  et  le  corps  de  son  divin  Maître,  qui  paraît  plus 
long  que  son  tombeau.  Son  costume  est  aussi  singulier  que 
celui  de  Nicodème.  A  son  visage  refrogné  semble  attachée  une 
barbe  postiche  brune  et  peignée  avec  quelque  soin.  Un 
chapeau  blanc  et  pointu,  terminé  par  une  cocarde  à  quatre 
couleurs,  rouge,  blanc,  bleu  et  jaune,  est  relevé  sur  le  front, 
et  orné  d'une  rosace  à  six  feuilles  dont  le  milieu  est  rouge.  Ce 
chapeau  est  rehaussé  d'or,  et  on  y  lit  :  ARIMAT.  Sa  tunique, 
bleue,  est  ornée  dans  le  bas  d'arabesques  brodées  d'or.  Un 
brassard  d'étoffe  d'or  est  émaillé  de  quinze  perles  ou  turquoises; 
une  pierre  fine  rouge  est  placée  au  centre.  Son  manteau,  de 
pourpre  foncé,  est  doublé  d'une  fourrure  blanche  semée  de 
larmes  noires;  il  est  attaché  à  la  hauteur  de  ses  reins  par  une 
ceinture  verte  et  or.  Derrière  lui,  des  arbres  et  de  grandes 
fleurs.  Ce  Joseph,  suivant  Bède,  fut  l'apôtre  de  l'Angleterre. 

Dans  les  rares  intervalles  du  fond  de  la  scène  de  ce  tableau , 
entre  les  huit  spectateurs,  on  aperçoit  un  ruisseau  ou  torrent 
à  flots  bleus,  et  des  sentiers  de  terre  jaune  tracés  parmi  les 
fleurs,  la  verdure  et  les  arbres;  il  y  règne  partout  une  certaine 
symétrie  jusque  dans  l'agencement  des  personnages.  Saint 
Jean  occupe  le  milieu,  ayant  à  sa  droite  et  à  sa  gauche  deux 
saintes  femmes. 


ÉMAll.LËRIR    MMOISINE.  133 

Le  revers  du  contre-émail  est  empâté  d'une  matière  très- 
épaisse,  noirâtre,  mate  dans  certaines  parties  et  brillante 
dans  d'autres,  sans  aucune  transparence.  L'œil  exercé  de 
M.  Âstaix ,  notre  confrère,  y  a  remarqué  des  traits  de  burin 
mis  dans  le  but  de  faciliter  Tadhérence  de  Témail  sur  le  cui- 
vre; ce  qui  n'a  pas  empêché  sa  chute,  car  le  cuivre  reparaît 
parfois,  soit  oxydé ,  soit  avec  sa  couleur  roug'e.  La  surface  ,  qui 
n'est  ni  plane  ni  polie,  offre  plusieurs  boursouflures:  j'y  ai 
cherché  en  vain  les  traces  d'un  poinçon. 

Malgré  ses  défauts,  ce  petit  tableau  est  digne  d'intérêt;  il 
offre  dans  les  têtes  des  ressemblances  avec  la  manière  de 
Nardou  Pénicaud,  et,  s'il  n'est  pas  plus  ancien  que  l'époque  de 
ce  maître,  il  doit  être  de  son  école.  Il  est  d'un  travail  plus 
barbare  que  l'émail  de  M.  de  Montbas,  et  je  le  crois  de  la 
deuxième  moitié  du  xv«  siècle.  Je  regrette  de  n'avoir  pu  faire 
une  étude  comparative  avec  des  émaux  de  ce  temps  qui  enri- 
chissent la  collection  de  M.  de  Marpon.  J'espère ,  nu  retour  de 
notre  honorable  receveur  général  des  finances,  visiter  en  sa 
compagnie  ses  trésors  scientifiques,  dont  il  fait  les  honneurs 
avec  une  si  exquise  politesse.  Ce  sera  le  sujet  d'une  ample 
description  de  chefs-d'œuvre  qu'il  possède. 

Mauricb  ARDANT, 

Arrhivitte. 

Limoges ,  le  28  octobre  1864. 


NOTE  SUR  LA  TOUR  DE  BAR. 


Messieurs  , 

Récemment  odmis  à  Thonneur  de  faire  partie  de  votre 
Société,  je  suis  heureux  de  payer  ma  dette  de  reconnaissance  à 
la  mémoire  de  celui  qui ,  par  ses  nombreux  travaux ,  ses  savan- 
tes recherches ,  a  occupé  un  des  premiers  rangs  dans  la  Société 
archéologique  du  Limousin. 

Élève  du  très-regrettable  abbé  Texier,  j'ai  eu  plus  que  per- 
sonne occasion  de  m'aflEliger  de  sa  mort  :  nuit  et  jour  je  l'ai  vu 
à  Vœuvre,  et  son  grand  désir  de  faire  progresser  la  science  à 
laquelle  il  s'était  voué  lui  avait  inspiré  Theureuse  idée  d'ensei- 
gner les  connaissances  qu'il  avait  acquises.  Il  avait  encouragé 
mes  premiers  pas,  et,  dans  un  concours  général,  il  avait 
accordé  à  mon  travail  le  premier  grand  prix  d'archéologie. 

Puisse  le  souvenir  de  mon  très- vénérable  maître  votre  ancien 
collègue  entretenir  en  nous  tous  l'ardeur  pour  l'archéologie, 
afin  que  nous  soutenions  dignement  le  rang  qu'occupe  notre 
Société  Archéologique  et  Historique  parmi  les  sociétés  savantes 
de  France. 

Aujourd'hui ,  Messieurs,  je  me  propose  de  vous  dire  quelques 
mots  sur  la  tour  de  Bar. 

En  suivant  une  ligne  droite  de  Limoges  à  Cassinomagitë  (Chas- 
senon),  on  passerait  au  village  de  Bar,  commune  de  Saint- 
Martin-de-Jussac,  canton  de  Saint-Junien. 

Dans  ce  lieu  se  trouvent  des  ruines  sur  lesquelles  personne 
n'a  pu  me  donner  de  détails  ayant  une  apparence  de  vérité.  La 
vue  est  frappée  particulièrement  par  un  tumulus  d'une  circonfé- 
rence de  420  mètres  k  la  base ,  de  20  mètres  de  diamètre  au 
sommet  et  d'une  hauteur  de  40  mètres  environ.  Ce  tumulus 
est  entouré  de  flaques  d'eau  alimentées  par  une  fontaine  dont 
la  source  est  très-abondante. 

A  200  mètres  du  tumultÂS  appelé  dans  le  pays  la  tnote,  sont 
des  ruines  beaucoup  plus  vastes,  en  grande  partie  labourées  ; 
ce  lieu  se  nomme  La  Tour. 

Les  anciens  du  village  racontent  qu'ils  ont  aidé  à  démolir  les 


LA   TOUR   DE   BAR.  135 

quelques  vestiges  de  ce  monument  :  de  tout  temps ,  paraît-il , 
on  en  a  extrait  des  fragments  de  bois  carbonisé ,  des  pierres  de 
taille,  des  briques,  des  verroux,  des  portes  en  bois  ;  et  encore, 
pour  peu  que  Ton  fouille,  on  y  découvre  à  chaque  instant  des 
débris  de  constructions  anciennes. 

Il  serait  très-intéressant  de  rechercher  et  de  mettre  à  nu  les 
fondations  de  cette  tour  pour  en  avoir  les  dimensions  et  les 
dispositions. 

Au  bas  de  la  page  464  du  tome  VIII  du  Bulletin  de  la  Société 
Archéologique  et  Historique  du  Limousin ,  dans  un  article  signé 
par  notre  savant  confrère  M.  Roy  de  Pierrefitte,  nous  lisons 
une  note  indiquant  que,  vers  4384,  les  Anglais  gardaient  leurs 
prisonniers  dans  les  trois  forts  suivants  :  la  tour  de  Bar, 
paroisse  de  Saint-Martin-de-Jussac,  MorteroUes  et  Le  Palais 
près  Limoges. 

Qui  donc  avait  construit  cette  tour  de  Bar?  A  qui  appartenait- 
elle?  Comment  a-t-elle  été  détruite?  Nous  Tignorons,  et  jus- 
qu'à ce  jour  nos  recherches  ont  été  infructueuses. 

Toutefois  d'un  manuscrit  (4)  du  siècle  dernier  ayant  pour 
titre  :  Tableau  géographique  et  historique  du  diocèse  de  Limoges, 
dimsé  en  ses  archiprétrés  :  où  l'on  y  a  désigné  tous  les  bénéfices ,  soit 
abbayes,  chapitres,  cures,  prieurés,  vicairies,  tant  en  patronage 
laïque  que  ecclésiastique ,  soit  encore  les  commtAnautés  d'hommes  et  de 
religieuses,  hCfpitaux,  collèges,  etc..  autant  exactement  qu'il  a  été 
possible  et  selon  les  mémoires  que  l'wi  a  pu  se  procurer,  nous  avons 
extrait  le  passage  suivant ,  page  33  : 

a  Saint-Martin-de-Jussac,  à  6  lieues  de  Limoges,  arch.  de 
Saint-Junien,  prieuré-cure  rég.  à  la  nomination  du  prieur  de 

Saint-Jean-d'Ecole ,  etc Sur  ladicte  paroisse  étoit  autrefois 

une  chapelle  de  dévotion  de  la  fondation  des  seigneurs  des 
Gars,  située  au  village  de  Bars,  fameux  dans  les  Commentaires 
de  Coesar  sous  le  titre  de  la  Tour  de  Bars,  v 

Nous  n'avons  pu  contrôler  complètement  le  sens  et  la  véracité 
de  cette  note,  ni  ce  qu'elle  peut  contenir  d'apocryphe.  En  tout 
cas ,  il  ne  serait  point  impossible  que  le  fort  de  La  Tour  de  Bar 
(ou  Bars  ou  Bare,   de  barum,   barrium  ou  barra)  [i]  eût  été 

(1)  Ce  manuscrit ,  dont  Fauteur  est  inconnu,  se  trouve  à Saint-Junien 
entre  les  mains  de  M.  Bourgoin-Mélisse,  membre  de  la  Société  Archéo- 
logique. 

(3)  L*étymologie  de  Bar  est  très-controyersée  :  on  suppose  que  ce  de- 
vait être  une  barrière  ou  forteresse.  —  11  existe  un  grand  nombre  de 


136 


I.A    TOUH    DK    BAR. 


construit  par  les  Romains  pour  commander  leur  route  de  Lemo- 
vices k  la  villa  Cassinomagus ,  d'autant  mieux  que  ce  lieu,  à  peu 
près  à  égale  distance  de  Tune  et  de  Tautre  ville  romaine,  do- 
mine la  vallée  de  la  Vienne ,  qui  coule  non  loin ,  et  paraît  occuper 
une  forte  position  stratégique  à  fîSI  mètres  au-dessus  du  niveau 
de  la  Vienne. 

A  trois  cents  mètres  environ  du  lieu  non  labouré  de  la  tour 
de  Bar,  dans  un  jardin  du  village,  on  voit  encore  le  pavé  de  la 
chapelle  dont  il  est  question  dans  la  note  ci-dessus  transcrite  : 
il  ne  reste  aucune  autre  trace  de  cette  chapelle ,  qui  fut  démolie 
en  4742  par  ordre  de  Jean-Gilles  de  Coëtlosquet,  évoque  de 
Limoges.  (PouiUé,  page  Slî.) 

J^aurais  dû  peut-être  attendre  d'avoir  découvert  quelque 
document  important  sur  la  tour  de  Bar  pour  en  faire  l'objet 
d'une  communication  ;  mais  une  circonstance  particulière  m'a 
obligé  à  vous  dire  sur-le-champ  le  peu  que  j'en  savais. 

Le  conseil  municipal  de  la  commune  de  Saint-Martin-de- 
Jussac  a  voté  la  vente  des  terrains  communaux  sur  lesquels  se 
trouvent  : 
4«  Ce  qui  reste  de  la  tour  de  Bar; 
2"^  Le  tumulfis. 

Toutes  les  formalités  ont  été  remplies  pour  parvenir  à  la  vente 
administrative ,  et  les  pièces  sont  actuellement  à  la  préfecture. 

Nous  avons  prié  M.  le  commissaire  enquêteur  d'avoir  égard  à 
ces  ruines ,  et  de  ne  pas  les  mettre  en  vente  :  il  nous  a  promis 
de  tenir  compte  de  nos  observations  dans  son  rapport;  mais  il 
serait  nécessaire,  si  vous  le  jugez  à  propos,  de  faire  une  dé- 
marche près  de  M.  le  préfet  pour  qu'il  décidftt  que  ces  veftiges, 
intéressants  au  point  de  vue  de  la  reconstruction  des  cartes 
géographiques  anciennes ,  reconstruction  encouragée  par  l'État, 
ne  fussent  pas  vendues  pour  disparaître  à  jamais  sous  la 
charrue. 

Vous  nommerez,  Messieurs,  si  vous  le  jugez  utîte,  une  com- 
mission qui  sera  chargée  de  suivre  cette  affaire,  et  s'occupera  au 
besoin  des  fouilles  qui  pourraient  aider  à  découvrir  ce  qu'était 
cette  tour  de  Bar. 

Théophile  DE  FONT-RÉADLX. 

yiUesdu  même  nom,  telles  que  Bar-le-Duc,  Bar-sur-Aube ,  BaxHSur- 
Seine ,  Bar  département  du  Vup»  Bar  à  une  lieue  N.  de  Tulle  (Oorrèze) , 
—  Bar  en  Pologne ,  ville  trèa*forte  de  la  Podolie. 


LES  RELIGIEUX 


DE  SAINT  FRANÇOIS  D'ASSISE 


DANS  LA  MARCHE  ET  LE  LIMOUSIN. 


a  II  serait  difficile  de  trouver ,  en  parcourant  les  glorieuses 
annales  de  TEglise ,  une  époque  où  son  influence  sur  le  monde 
et  sur  la  race  humaine  dans  tous  ses  développements  fut  plus 
vaste,  plus  féconde,  plus  incontestée  qu'au  xiii*  siècle.  Jamais 
peut-être  TÉpouse  du  Christ  n'a  régné  avec  un  empire  si  absolu 
sur  la  pensée  et  sur  le  cœur  des  peuples  »  ,  comme  le  fait  remar- 
quer le  savant  auteur  de  THistoire  de  sainte  Elisabeth  de  Hon- 
grie, M.  de  Montalembert  (introduction). 

Cependant  la  fin  du  xii*  siècle  (époque  où  naquit  saint  François) 
était  loin  de  faire  bien  augurer  du  siècle  suivant,  c  La  funeste 
bataille  de  Tibériade,  la  perte  de  la  vraie  croix  et  la  prise  de 
Jérusalem  par  Saladin  (4  487)  avaient  montré  TOccident  vaincu 
par  rOrient  sur  le  sol  sacré  que  les  croisades  avaient  racheté. 
Les  débauches  et  la  tyrannie  de  Henri  II  d'Angleterre ,  l'assassi- 
nat de  saint  Thomas  Becket ,  la  captivité  de  Richard  Cœur-de-Lion , 
les  violences  de  Philippe-Auguste  contre  sa  femme  Ingerburge, 
les  atroces  cruautés  de  l'empereur  Henri  VI  en  Sicile ,  tous  ces 
triomphes  de  la  force  brutale  n'indiquaient  que  trop  une  certaine 
diminution  de  la  force  catholique ,  tandis  que  les  progrès  des 
hérésies  vaudoise  et  albigeoise  et  les  plaintes  universelles  sur  le 
relâchement  des  clercs  et  des  ordres  religieux  dévoilaient  un  mal 
dangereux  au  sein  même  de  l'Église  ;  mais  une  glorieuse  réac- 
tion ne  devait  pas  tarder  à  éclater.  »  (M.  de  Montalembert,  ibid.) 
Cette  réaction ,  Dieu  la  préparait  en  plaçant  sur  la  chaire  de 

40 


138  LKS   FRANCISCAINS 

Saint- Pierre  l'illustre  Innocent  III,  pour  qui  Tamour  de  la  jus- 
tice et  de  la  religion  était  tout,  puis  en  donnant  à  TÉglise 
de     grands    saints    comme    François    d'Assise,    Dominique, 
Elisabeth  de  Hongrie  et  beaucoup  d'autres. 

Quand  j'entrepris  de  publier  mes  Études  historiques  sur  les  mo- 
fuistères  du  Litnousin  et  de  la  Marche,  je  ne  pensais  m'occuper  que 
de  Tordre  de  Saint-Benoît.  J'ai  pourtant  introduit  dans  ce  !•' 
volume  quelques  simples  communautés  dont  on  m'avait  prié 
d'écrire  Thistoire,  et  aussi  un  Tableau  des  maisons  de  l'ordre  de 
Saintr-Dominique  dans  le  diocèse  de  lÀnioges  :  cette  dernière  notice 
était ,  ainsi  que  l'indique  la  qualification  ajoutée  à  ma  signature 
qui  la  termine,  un  témoignage  de  gratitude. 

Puisque  les  Enfants  de  saint  François ,  autrefois  si  répandus 
dans  la  Marche  et  le  Limousin,  sont  revenus  k  Limoges  depuis 
4854,  je  désire  clore  mon  I""  volume  par  un  tableau  qui  résume 
ce  qu'a  fait  cet  ordre  dans  notre  diocèse.  Ce  sera  du  moins  utile 
comme  renseignement  historique,  puisque  je  vais  réunir  en 
quatre  ou  cinq  pages  les  faits  disséminés  dans  les  Annales  du 
Limousin  du  P.  Bonaventure  de  Saint-Amable  et  dans  le  PouiUé 
du  diocèse  de  Limoges,  manuscrit  du  docte  abbé  Joseph  Nadaud, 
qui  est  la  propriété  des  prêtres  de  Saint -Sulpice  de 
Limoges. 

Voici,  par  ordre  alphabétique,  ce  que  j'ai  pu  recueillir  sur 
les  divers  couvents  du  diocèse  de  Limoges.  J'y  joins  aussi  ce  qui 
regarde  Tulle,  parce  que  ce  dernier  diocèse,  détaché  du  nôtre 
au  XIV* siècle,  est  aussi  du  Limousin. 

AUBUSSON. 

M.  Victor  Maingonat,  juge  au  tribunal  civil  d'Aubusson ,  qui 
a  vu  l'église  et  le  couvent  des  RécoUets  de  cette  ville ,  a  bien 
voulu  me  faire  passer  :  l»  un  croquis  k  vol  d'oiseau  de  ce  cou- 
vent et  de  cette  église,  croquis  extrait  d'un  vieux  dessin  de  la 
ville  d'Aubusson,  et  qui  donne,  dit-il,  une  idée  très-exacte  de 
la  façade  extérieure  des  deux  édifices  et  de  l'emplacement  de 
l'ancien  pont  ;  2°  un  plan  par  terre  de  l'église  et  du  rez-de- 
chaussée  du  couvent.  L'église  des  bons  Pères,  orientée  du  nord 
au  sud ,  se  trouvait  à  la  place  qu'occupe  aujourd'hui  le  tribu- 
nal, et  la  porte  regardait  l'ancien  pont,  mais  en  dehors  de  Taxe 
de  cette  dernière  construction ,  située  un  peu  en  amont  du  nou- 


BN   LIMOUSIN.  139 

veau  pont ,  dit  pont  Neuf,  et  terminé  en  4846.  Le  couvent  était 
à  la  droite  de  l'église,  sur  remplacement  occupé. aujourd'hui 
(4  863]  par  la  caserne  et  la  prison ,  et  la  place  Villeneuve  était 
jadis  le  jardin  des  religieux. 

«  Au  rez-de-chaussée  du  couvent,  la  porte  située  au  nord 
ouvrait  sur  un  corridor  dit  cloître,  et  qui  longeait  l'église  à 
l'est  et  la  cour  à  Touest;  au  nord,  étaient  le  parloir  et  la 
bibliothèque;  au  sud,  l'escalier,  le  réfectoire,  la  cuisine  et  les 
décharges.  Au-dessus  de  ce  rez-de-chaussée ,  se  trouvaient ,  au 
premier  étage,  quatre  vastes  corridors,  sur  trois  desquels 
ouvraient  les  portes  des  diverses  cellules  des  frères.  Le  corridor 
au-dessus  du  cloître,  voûté  en  arceaux,  était  le  seul  qui  n'eût 
pas  de  cellules,  parce  que  le  mur  de  refend  de  l'église  n'avait 
pas  permis  qu'on  en  établît  de  ce  côté.  On  voit  aujourd'hui  dans 
l'église  paroissiale  d'Aubusson  l'autel  de  l'église  des  Récollets , 
ainsi  que  les  colonnes  corinthiennes  qui  dépendaient  de  cet 
autel. 

»  Ce  fut  au  commencement  duxvii*  siècle,  vers  4 6U  ou  4645, 
que  les  Pères  Récollets  vinrent  s'établir  à  Aubusson,  et  qu'ils 
commencèrent  à  y  construire  leur  église  et  leur  maison.  La  cer- 
titude de  cette  date  nous  est  révélée  par  un  testament  d'Annet 
de  La  Roche-Aymon,  seigneur  de  Saint-Maixent ,  Lavaud  et 
Lafarge  dans  la  Marche,  sous  la  date  du  46  avril  4645,  dans 
lequel  ce  seigneur  terminait  ses  dispositions  par  un  legH  au  pro- 
fit du  couvent  des  pères  Récollets  de  la  ville  d'Aubusson,  pour 
leur  aider  à  bâtir  leur  église  et  leur  maison.  » 

Les  frères  mineurs  Récollets  établis  en  464  4  (4)  sont  huit 
prêtres,  quatre  étudiants,  quatre  convers,  dépendants  de  la 
province  du  Saint-Sacrement  dite  de  Toulouse. 

A  cette  note  par  trop  sommaire,  prise  dans  le  Fouillé  ma- 
nuscrit de  Nadaud,  j'ajouterai  les  détails  suivants,  tirés  des 
papiers  du  couvent  déposés  aux  archives  de  la  Creuse. 

La  délibération  consulaire  qui  appelle  les  Récollets  à  Aubus- 
son est  du  43  novembre  4644;  l'autorisation  épiscopale  pour 
l'établissement  du  couvent  est  du  45  du  même  mois. 

La  chapelle  des  Récollets  fut  consacrée,  le  5  septembre  4651 , 


(1)  La  partie  du  PouUlé  du  diocèse  de  Limoges  relative  à  la  Creuse 
n^est  pas  actueUement  à  ma  disposition.  M.  Boavieux,  ancien  archiviste 
de  la  Creuse,  aujourd'hui  archiviste  du  Lot-et-Garonne,  a  bien  voulu 
me  fournir  les  notes  suivantes  sur  Aubusson  et  Guéret.  R.-P, 


140  LES   FKANCISCATNS 

par  Je;  n  de  Mareveau  (ou  Mallevaud] ,  é^èque  d'Olonne ,  8uf- 
fragant  du  siège  de  Clennont,  délégué  par  Tévèque  de  Limoges. 
L'église  fut  dédiée  à  Notre-Dame  de  Recouvrance.  Le  gardien 
était  alors  frère  Timothée  Cheyron. 

Une  relique  de  saint  Raymond  fut  donnée  au  couvent,  en 
4662,  par  frère  Fulgence  Lamothe,  provincial  de  la  province 
de  Toulouse.  Le  maître-autel  du  couvent  fut  érigé  en  autel 
privilégié  par  diflFérents  brefe  des  papes  Innocent  X ,  Alexan- 
dre VII,  Innocent  XI  et  Innocent  XII,  en  4647,  4655,  4678, 
4685,  4699. 

BOIS-FERRU 

(paroisse  de  Linard  ou  Linas-le- Pauvre  (1  ). 

La  légende  de  la  contrée  raconte  ainsi  l'origine  de  ce  couvent  : 
Une  dame  de  Malval ,  madame  d'Abain ,  eut  un  jour  la  cruelle 
fantaisie  de  manger  un  enfant  à  la  mamelle.  Si  la  noble  châte- 
laine avait  ces  instincts  de  cannibale,  Tofflcier  de  bouche  qui 
devait  la  servir  dans  son  crime  était  un  homme  juste  et  humain. 
Saisi  d'horreur  à  un  pareil  ordre,  il  n'osa  cependant  s*y  refu- 
ser, et,  usant  de  ruse,  il  substitua  à  Tenfant  une  génisse  qui 
venait  de  naître.  Le  mets  tout  naturellement  fut  trouvé  détes- 
table. Ce  repas  terminé.  M"'  d'Abain,  se  promenant  sur  les  rem- 
parts de  son  château ,  entendit  les  mugissements  de  désespoir  de 
la  malheureuse  mère  :  ils  étaient  si  déchirants  qu'elle  s'euquit 
auprès  de  son  intendant  du  sujet  de  ces  cris.  L'officier  répondit 
qu'on  avait  retiré  à  cette  pauvre  bête  la  génisse  qu'elle  venait 
de  mettre  au  monde.  Alors  l'énormité  de  son  crime  apparut  dans 

toute  son  horreur  à  la  coupable  châtelaine  :  elle  comprit  à  la 
douleur  de  l'animal  la  douleur  de  la  mère  gémissant  sur  la  perte 

de  son  enfant  ravi  et  immolé ,  et ,  dans  son  repentir ,  elle  fonda 

le  couvent  de  Bois-Ferru  pour  que  ses  religieux  implorassent 

du  Ciel  son  pardon. 
Telle  est  la  légende  ;  mais,  comme  toute  légende,  elle  n*a  souci 

(1)  La  notice  suivante  sur  le  couvent  de  Bois-Ferru  est  rédigée  par 
M.  de  Cessac,  président  de  la  Société  des  Sciences  naturelles  et  d*Ârchéo- 
lo^e  delà  Creuse. 


KN    LIMOUSIN.  141 

ni  de  la  vraisemblance  ni  de  la  chronologie.  L'illustre  famille 
des  Chasteigner ,  barons  de  La  Roche-  Posay ,  seigneurs  d'Abain , 
ne  posséda  la  coseigneurie  de  Malval  qu'un  siècle  environ  après 
la  fondation  de  ce  couvent.  En  4  400 ,  la  baronnie  de  Malval  était 
possédée  par  Marguerite  de  Malval ,  femme  de  Pierre  de  Brosses , 
dont  les  armes,  d'azur  à  trais  brosses  d'or  liées  de  gueules,  se  voient 
sculptées  sur  un  écusson  de  granit  ménagé  en  relief  dans  le 
meneau  central  de  la  fenêtre  du  chevet  de  la  chapelle.  Mais  tout 
ne  se  borne  pas  à  une  erreur  de  nom  et  de  date.  L'histoire  nous 
raconte  cette  fondation  :  elle  n'a  rien  de  dramatique ,  et  l'odieux 
heureusement  est  tout  de  fantaisie.  Cependant  ne  pourrait-on  pas 
voir  dans  cette  stupide  et  ridicule  légende  un  écho  affaibli  et 
tronqué  des  faits  dont  la  contrée  fut  à  cette  époque  le  thé&tre  »  et 
que  nous  ne  pouvons  malheureusement  raconter  ici ,  tout  inté- 
ressants qu'ils  sont,  car  ils  nous  entraîneraient  au-delà  des  limites 
que  nous  devons  nous  imposer.  Hais  avant  tout  un  souvenir  à 
cette  mâle  et  énergique  Marguerite  de  Malval  la  dernière  de  sa 
race.  Ce  fut  d'ailleurs  de  son  temps  que  Bois-Ferru  fut  construit. 

Mère  du  maréchal  de  Boussac,  tutrice  de  ses  enfants,  les  docu- 
ments historiques  que  nous  avons  nous  la  montrent  poursuivant 
et  faisant  condamner  l'amiral  de  Culant ,  qui  lui  avait  enlevé 
l'aîné  de  ses  petits-flls.  Pour  lui  résister  lorsqu'il  vint  attaquer 
le  château  de  Boussac  après  avoir  pris  celui  de  Malval ,  elle  n'hé- 
sita pas  à  faire  mettre  le  feu  aux  maisons  du  bourg  du  Pont,  oh 
l'ennemi  faisait  moudre  son  grain.  Déjà  elle  avait  fait  châtier 
par  ses  gens  le  commandeur  de  Morterolles ,  qui  avait  à  plusieurs 
reprises  empêché  les  habitants  de  cette  paroisse  de  faire  le  gué  au 
château  de  Bridiers ,  qui  appartenait  à  ses  petits-enfants ,  les  fils 
du  maréchal  de  Boussac.  Le  commandeur  et  ses  gens  s'étant , 
dans  cette  circonstance,  retirés  dans  une  église  et  une  maison 
attenante,  d'où  ils  incommodaient  fort  a  les  aucuns  gens  de  ladite 
dame  » ,  ceux-^i  «  mirent  des  botteaux  de  paille  ardents  de  feu 
à  la  porte  de  ladite  église  :  au  moyen ,  ils  les  enfumèrent ,  et 
par  cest  moyen  se  rendirent,  sans  que  ladite  église  fût  brûlée, 
combien  que  la  dite  maison  le  fût  9. 

Telle  était  Marguerite  de  Malval.  Cette  énergie  et  cette 
décision  de  caractère  ne  sont-elles  pas  le  meilleur  démenti  qu'on 
puisse  donner  au  f^it  rapporté  par  la  tradition  ? 


142  LES   FRANCISCAINS 


§«. 


Bois-Ferrru  n'a  pas  d'histoire  :  les  pauvres  couvents  de  cet 
ordre  ne  peuvent  en  avoir.  Les  chroniques  du  pays  se  bornent  h 
raconter  sa  fondation;  les  archives  de  la  Creuse  conservent  le 
procès-verbal  de  sa  clôture  en  4790;  dans  l'intervalle,  quelques 
donations  faites  aux  religieux,  quelques  messes  fondées,  voilà 
tout  ce  que  l'historien  peut  recueillir. 

Nadaud  nousapprend  que,  en  4396,  Louis,  seigneur  deMalval, 
LaForest,  Chastel-Clop,  Éguzon  et  Genouillac,  et  Galienne,  sa 
femme,  donnèrent  le  tenement  de  Bois-Ferru  aux  Cordeliers  (4)^ 
Bonaventure  de  Saint-Âmable  nous  rapporte  de  la  manière 
suivante  la  fondation  du  couvent  que  ces  derniers  y  établirent  : 

«  En  Tannée  4400,  les  RR.  PP.  Cordeliers  de  Limoges,  qui 
avoient  un  hospice  et  chapelle  que  leur  avoient  donnés  autrefois 
Louys  de  Malval,  chevalier,  et  Oaiienne,  sa  femme,  au  lieu 
du  Repaire  ou  du  Buy-Ferru  dans  la  Marche  limousine,  pré- 
sentèrent requeste  à  Jacques  de  Bourbon ,  comte  de  la  Marche, 
seigneur  de  Leuse  et  de  Carenchy,  par  frère  Jean  Coulon, 
maître  en  théologie ,  Cordelier,  afin  de  bâtir  un  couvent  au  lieu 
susdit,  lequel  fut  appelé  Notre-Dame  du  Repaire;  ce  qu'il  leur 
accorda  par  ses  lettres  du  dernier  de  juin  4400,  à  condition  de 
chanter  tous  les  ans  pour  luy  et  ses  parens  une  grande  messe 
de  morts  au  jour  de  saint  Jacques  apôtre,  ce  qui  fut  ac- 
comply  (2)  ». 

Ce  couvent  de  frères  mineurs  Cordeliers  dépendant  de  la  pro- 
vince de  la  Petite-Aquitaine,  était,  d'après  Nadaud ,  habité 
par  trois  prêtres  et  trois  frères  mineurs.  Nous  verrons  par  les 
détails  qui  suivent  que  ce  nombre  n'a  pas  dû  être  toujours  fixe. 

Le  fonds  de  ce  couvent ,  conservé  aux  archives  de  la  Creuse ,  et 
que  nous  avons  pu  compulser  grâce  à  l'obligeance  de  M.  l'archi- 
viste Richard,  ne  contient  malheureusement  que  des  pièces  insi- 
gnifiantes :  elles  nous  ont  permis  cependant  de  dresser  une  liste 
de  ses  gardiens  depuis  le  milieu  du  xvii'  siècle  ,  incomplète  sans 
doute,  mais  utile  cependant,  puisqu'il  n'en  existe  pas  encore. 

Elles  fournissent  de  plus  quelques  renseignements  sur  plu- 
sieurs dignitaires  de  l'ordre  ou  du  couvent,  sur  les  fonctions  qui 

(1)  Nadaud,  Fouillé  manuzcrit  du  diocèse  de  Limoges. 

(2)  Bonav.  de  Saint-Âmable ,  T.  III,  p.  681. 


EN    UV.OliSIN.  143 

y  existaient,  sur  les  fondations  qui  y  furent  faites.  Nous  nous 
contenterons  de  citer  ce  qui  nous  a  paru  présenter  quelque 
intérêt. 

Messire  Silvain  Ajasson lègue,  en  4669 ,  50  livres  de  rente  aux 
religieux  de  Boîs-Ferru.  Messire  François  du  Breuil,  chevalier 
seigneur  de  Lourdoueix-Saint-Pierre,  leur  constitue  également 
une  rente  le  46  avril  4744.  Le  marquis  de  Saint-Germain,  gou- 
verneur de  la  Marche,  donna,  par  son  testament  de  4751  et 
4752,  six  setiers  de  blé  seigle.  Damoiselle  Oabrielle  du  Breuil, 
veuve  de  Gabriel  de  La  Celle ,  sieur  de  Souvole ,  lègue  également 
une  rente,  le  26  juillet  4665,  qui  est  acceptée  de  la  manière 
suivante  :  «  Nous,  provincial,  père  de  province,  custode  des 
custodies  etdifflniteur  de  Tordre  des  frères  mineurs  de  la  grande 
province  d*Âquitaine  des  Réformez,  canoniquement  assemblez 
dans  notre  couvent  de  Brive  en  temps  de  notre  congrégation 
intermédie,  avons  vu  et  lu  le  présent  contrat  de  fondation, 
faite  à  notre  couvent  de  Boifférut  par  Gabrielle  Dubreuil , 
lequel  dit  contrat  avons  alloué,  ratifié  et  approuvé » 

Un  grand  nombre  de  personnes  fondent  des  obituaires.  Le 
S6  février  4648,  damoiselle  Françoise  Delagilie,  veuve  d'A.ntoine 
de  La  Marche,  écuyer,  sieur  de  Foy  et  de  Puiguillon,  donna  h 
Bois-Ferru,  présent  Révérend  Père  François  Gays,  Tun  des  reli- 
gieux, la  somme  de  400  livres  tournois,  à  la  condition  qu'on 
dira  pour  elle  et  les  siens  deux  messes  chaque  semaine.  MM.  de 
LaBastide,  de  Chamborand,  de  Mornay,  de  La  Roche-Âymon , 
Bertrand,  baron  deMalval,  Chauvelin  de  Richement,  etc.,  en 
font  autant. 

Enfin  le  couvent  donna  en  rente  quelques  sommes  à  Margue- 
rite Boiry,  veuve  de  messire  François  de  Biencourt ,  chevalier, 
seigneur  de  Paizat,  La  Fortilesse,  du  Moutier-Malcar;  à 
Marie  Paillon,  veuve  de  noble  Jacques  Josse,  sieur  de  La  Pom- 
merée,  qui  déclare  avoir  reçu  de  Simon  Aubardat,  religieux 
cordelier ,  docteur  en  théologie  et  provincial  de  la  grande  pro- 
vince d'Aquitaine ,  demeurant  au  couvent  de  Bois-Ferru,  diocèse 
de  Limoges,  3  septembre  4690,  le  principal  de  cette  rente  de 
26  livres  tournois.  Le  25  septembre  4693,  le  même  religieux , 
nommé  Aubarède,  est  dit  religieux  Cordelier,  docteur  en  théo- 
logie, provincial  ancien  de  la  grande  province  d'Aquitaine. 

Une  transaction  du  4 ••"  juillet  4666  entre  messire  Yves  Bertrand, 
chevalier,  seigneur  de  LaVillate,  et  le  syndic  des  Cordeliers, 
nous  fournit  les  noms  suivants  :  a fait  et  passé  du  consente- 


144  LES  FBANCISCAINS 

ment  de  révérend  père  Joseph  Légier ,  gardien ,  prédicateur  au^ 
dit  courent,  et  du  révérend  père  Biméon  Âubarède,  docteur  en 
théologie ,  et  premier  père  de  province ,  et  frère  Gabriel  Gobin 
et  Jacques  Lafont ,  religieux ,  prédicateur  et  confesseur  audit 
couvent.  » 

La  pièce  suivante  est  trop  importante  pour  que  nous  ne  la 
transcrivions  pas  tout  entière.  Elle  montre  d'abord  la  simpli^ 
cité  toute  monasHque  de  ces  pauvres  religieux ,  et,  par  son  ton  si 
mesuré,  la  sympathie  des  populations  d'alentour  pour  cecou" 
vent,  qui  allait  disparaître  pour  toujours  d'au  milieu  d'eux. 


tnverUaire  de  la  communal  de  Bw-Perru. 


«  Aujourd'hui  30*  jour  du  moy  de  may  mil  sept  cent  quatre- 
vingt-dix,  en  vertu  des  Lettres-patente  du  roy  sur  un  décret 
dés  l'assemblés  nationales  concernant  les  religieux ,  donnés  à 
Paris  le  26  mars  4790 ,  lesquelles  nous  ons  Etez  remisé  le  Si  dudil 
mois  de  may ,  et  publié  le  lendemain  35  par  monsieur  le  curé 
aux  proné  de  la  messe  paroissialle  et  à  la  sorty  de  la  messe, 
par  nous,  officiers  municipaux  de  la  communautée  de  Linard  à 
Tabsencée  du  maire  qui  est  à  Gueret  à  l'assemble  des  électeur, 
pour  procéder  a  la  nomination  des  membres  du  département 
et  de  distiris,  nous  somme  transporte  aux  couvent  dubois  fe- 
rust  ordre  des  frères  mineurs  conventuel  de  saint  Fransois  ordi- 
nairement appelés  Cordeliez  réuny  depuis  longs  tems  au  couvent 
de  Limoges  pour  inventoriez  tant  les  effets  dudit  couvent  que 
ceux  de  l'égleisé,  oux  estant  arrive  nous  orions  trouve  le  révè- 
rent père  Pôl  Puynesges  supérieur  dudit  couvent  agez  de  54  ans 
et  frère  Pierre  Fabrièz,  en  religions  dit  frère  Jéromée  agez  de 
79  ans  seul  religieux  du  dit  couvent  qui  nous  ons  représentée 
les  registres  dêrecetée  et  de  dépensée  que  nous  avons  ftrestée 
et  nous  avons  trouve  que  la  recette  de  deux  ans  pendant  les- 
quelles le  révérant  père  Pôl  Puynesges  supérieur  actuelle  a 
administrer  laditte  maisons  semonte  a  la  somme  de  huit  cent 
quatre  vingt  dix  livre  et  la  dépense  à  celle  de  onzée  cent  quatre 
vingt  dix  liures  six  sous.  En  conséquence  la  dépense  excédant 
la  recette  de  trois  cent  livres  six  sous  le  dit  révérant  père  nous 
a  déclare  et  certifie  en  avoir  fait  l'avance  aux  dépens  dequelleque 
reserve  qu'il  s'est  fait  pendant  six  ans  de  vicariast  oux  pour 


EN   LIMOUSIN*  145 

autre  fonccions  de  sons  ministerée  laquelle  somme  ille  nous  a 
dit  vouloir  luy  estre  remisée. 

»  De  plus  ledit  révérant  père  nous  a  exposzez  que  les  revenu 
du  dit  couvant  consistez  en  fons  depres  terre  chaume ,  et  bois 
afferme  par  acte  passe  pardevant  notaire  la  somme  de  deux  cent 
quarante  livrés  souse  une  reserve  quille  estime  à  soixante  livrés 
en  susse. 

1»  %""  En  vne  rentée  constituée  du  revenu  de  trante  livres  du  par 
H.  le  marquis  de  Bien  Cour  le  huit  mars  de  chaque  année. 

»  S""  En  vnée  rente  constituée  sur  monsieur  prevost  deigxirande 
le  jeune  du  revenu  de  cinquante  livres  payables  le  8  mars  de 
chaque  année. 

>  l^"  En  vné  rentée  constituée  du  revenu  de  50  livres  dus  par 
M.  Blondet  de  Lourdouée  st  pierre  qui  échois  le  46  avril  de 
chaque  année. 

»  5*"  En  vne  rentée  constituée  du  revenu  de  45  livres  du  par 
M.  Tiziers  de  la  ville  degfurande  le  douze  novembrée  de  chaque 
année  de  toutes  lesquelles  rente  Les  titré  sont  en  bonne  formée. 

1»  Quant  aux  effest  de  la  sacristy  quj  consistés  en  vn  calice 
avecque  sa  patennée  vn  soleil  et  vne  custodée  le  tout  en  argent 
trois  mauvaise  aubée  et  vn  vieux  surplis ,  dix  ornements  tant 
bons  que  mauvais  de  différente  coulleur  avecque  deux  dalma- 
tiques  passablement  bons  d'autre  petit  lingez  depeux  de  valeur 
lesquelles  effest  sont  constenue  dans  vn  vestiérée  forre  mauvais , 
point  de  bibliotequé  ni  livre  ni  manuscrié  ni  médaillé  ni  argen- 
t^ry  de  tables. 

»  Pour  ce  qui  est  du  mobiliez  de  la  maisons  le  plus  précieux 
consiste,  en  quatre  vieux  mauvais  lit  dons  deux  ons  pour  gar- 
niture chaque  vnée  palliasse  vn  matelas  de  leuneet  vn  traver- 
saint  et  vn  lit  de  plume  et  des  rideaux  de  ras  bleus,  et  les  deux 
autres  ons  seullement  chaque  vn  matelas  des  quelles  matelas 
deluy  quj  est  aux  lit  alusagé  dureverant  père  luj  appartien 
comme  layant  fait  faire  a  sest  dépens,  plus  dix  draps  délit,  plus 
quatre  nape  de  table  plus  saize  servieste. 

»  Pleusieur  movaisée  tables  quatre  armoire  tant  grande  que 
petite. 

9  Plus  à  la  cuisiné  nous  avons  trouve  deux  grand  chenois 
de  fers. 

»  Plus  huit  plas  et  vingt  assiestée ,  le  tout  detains  quj  sont  dans 
vn  vesseliez. 

>  Labateri  de  cuisine  est  de  peux  de  valeur,  les  maisons  et  les 


146  LBS   FRANCISCAINS 

autres  batimens  en  depéndans  sons  en  mauvaisée  état  ayant 
etez  de  plus  longstemps  etez  négligez.  Jl  est  du  a  la  maisons 
depuis  le  premier  avril  de  la  présente  année  pour  deux  année 
de  rentrée  aubituaires  la  somme  de  trois  cent  vingt  livres  dons 
la  capitalle  est  placé  sur  lautelle  de  ville  de  paris.  Jl  est  deux 
ala  maisons  lasomme  de  dix  liures  de  rente  aubituaire  echueux 
depuis  la  noel  dernier,  dons  le  principale  est  affecté  sur  les 
biens  jouy  par  les  représentant  dedeffuntes  damoiselle  jeanœ 
nivaux  dubourgt  de  linard  les  autres  fondations  dons  ledit 
révérant  père  a  fourni  le  détaille  dons  la  déclarations  quille  a 
adresse  a  lassemblee  nationale  ons  etez  acquittez  a  leur 
echéancée. 

>La  maison  doit  a  deux  particulier  de  la  ville  degurande  dons 
lun  nome  roùdos  et  lautre  fergons  anvirons  sept  cent  quatre 
vingt  livres  les  susdit  creaniers  ens  fait  vne  arengement  par 
acte  passe  pardevant  notaire  ille  ij  ft  quelle  que  année  par  le 
quelle  elle  ons  consenty  de  recevoir  jusqua  final  payement  les 
deux  rente  constitué  sur  mm.  prevost  jeune  et  tiziers  de  la  ville 
degurande  dons  ille  a  etez  parlé  cydevant  plus  vn  particulier  de 
la  châtre  nomée  roiile  reclame  vne  anciennée  creansé  pour  la 
quelle  ille  a  fait  saisire  la  ferme  des  fous  de  la  maisons  et  le 
revenu  dune  rente  aubituairée  établis  par  monsieur  demontazay 
sur  la  terre  de  Bauvais  paroisse  de  BonÂt  de  laquelle  sesis  le 
révérant  père  nous  a  représente  les  actes. 

0  Les  dits  révérant  père  paul  Puynesagez  de  51  ans  supérieur 
de  ce  couvant  et  frère  pierre  Fabriez  dit  frère  jerome  agez  de 
79  ans  profes  tous  deux  affiliiez  a  la  maisons  de  Limoges  decla* 
rant  que  leur  ijntention  est  de  sortir  delordre  et  profitez  delà 
libertée  que  leur  offre  les  représentant  de  la  nation. 

»  Enfin  jile  existe  vne  vielle  orloge  dans  la  maison  dons  la 
cloché  quil  luij  servoist  de  timbre  a  été  preste  par  le  devansiez 
du  supérieur  Actuelle  à  monsieur  le  marquis  Depouliny  pour 
estre  plasser  a  sont  chataux  de  Richemont  paroisse  de  Lourdouée 
Saint  Pierre  lors  du  pasage  de  Monseigneur  Tarclievesqne  de 
Bourgée  ille  j  à  environs  six  ans  pour  sonner  Les  repas  Laquelle 
Cloche  Le  sieur  Marquis  de  Pouliny  avois  promis  de  faire  re- 
conduire Et  remettre  a  sa  plasée  sequille  na  peu  Exécuté  pas  ce 
quille  a  Etez  surpris  par  La  morts  Et  Le  Supérieur  actuelle  ne 
pouvant  Le  représente  nous  â  rais  En  mains  vne  déclarations  par 
laquelle  sons  dit  devanciez  sertifie  navoir  voudu  ny  an^agez 
Laditte    Clochée   Laquelle   Déclarations  signez    P.    Léonard, 


KN   LIMOUSIN.  147 

Puynesgé  Et  datte  du  douze  feuvriez  4789  de  toutes  Lesquelles 
choses  cij  dessus  nous  avons  fait  clos  Et  arreste  Le  présent  pro- 
cès verbal  En  présence  desdit  père  pol  puynesgé  supérieur  Et 
frère  jerome  a  la  charge  Et  garde  desquelles  nous  avons  Laissée 
Les  objets  Enoncée  Et  ancore  En  présence  de  MM.  jean  Morain 
fransois  Rataux  soussignez ,  siluain  Moriats ,  hanry  poiriez  Et 
Jacques  redons  quy  Déclare  ne  savoir  signer  tous  cinq  officiers 
De  nostre  municipalitez  De  Linard  signez  à  la  minute  f.  pol 
puynesgé  supérieur,  jean  morain ,  françois  rataux.  Pour  copie 
à  MM.  Les  officiers  de  la  municipalité  de  Linard  au  village 
Dusaudrain  le  neuf  octobre  De  Lannée  mil  sept  cent  quatre  vingt 
Dix.  Nadaud  segraitere  greffiez  de  la  communautezDe  Linard.  » 

Les  noms  suivant"?  des  gardiens  de  Bois-Ferru  sont  venus 
jusqu'à  nous  :  nous  les  donnons  avec  la  date  des  actes  où  ils  sont 
nommés  : 

François  DBS  Champs,  S6  juillet  4665. 

Révérend  Père  frère  Joseph  Légier,  gardien  prédicateur  audit 
couvent,  4" juillet  1666. 

Révérend  Père  Etienne  Lacheze,  20  mars  4682. 

Bernardin  Chastaignion ,  prêtre,  digne  religieux  et  gardien 
de  Bois-Ferru ,  46  juillet  4709^. 

Révérend  Père  Pi  erre  Ardent,  religieux  et  gardien,  8mars4735. 

Révérend  Frère  Jacques  Romanet,  prêtre,  religieux  et  gardien 
de  Bois-Ferru ,  49  décembre  4752.  —  Le  4  4  mars  4752 ,  ce  gardien 
porta  le  poêle  aux  obsèques  du  dernier  Foucault  de  Saint-Ger- 
main en  compagnie  de  Charles  de  Gamoury;  Silvain  de  La 
Celle,  abbé  de  Bouéry;  François  de  La  Celle,  de  Château  clou; 
Gabriel  de  La  Marche  de  Puyguillon  et  Silvain  de  Saint-Maur, 
seigneur  de  Vervy.  Nous  avons  vu  que  ce  marquis  de  Saint- 
Germain  était  un  des  bienfaiteurs  de  ce  couvent. 

P.  Bernard,  4  4  février  4789. 

Pol  Puynesgé,  30  mai  4790,  dernier  gardien  du  couvent. 


§3. 

Bois-Ferru  était  bâti  sur  un  repli  de  terrain,  dans  une  gorge 
étroite  et  profonde,  n'ayant  qu'une  seule  échappée  de  vue  sur 
le  mont  Bernage  de  Saint-Vaury.  Des  bois  recouvrent  les  colline» 
qui  Teuserrent  :  aussi  y  arrîve-t-on  sans  Tavoir aperçu,  et  l'effet 


146  L¥JS   FRANCISCAINS 

est-il  magique  quand,  descendant  le  chemin  qui  y  amène  du 
bourg  de  Linard,  on  aperçoit,  au  milieu  des  arbres,  cette  belle 
fenêtre  qui  éclaire  la  chapelle  dessinant  ses  capricieuses  ara- 
besques sur  Tazur  du  ciel.  Une  longue  allée  s'étendait  au-devant 
de  la  porte  d'entrée,  et  de  là  on  aperçoit,  au  milieu  des  bran- 
ches des  arbres,  au  sommet  d'une  des  deux  collines,  le  château 
de  Beaumont,  grande  maison  sans  caractère,  qui  appartenait 
autrefois  aux  Bertrand  marquis  de  Poligny. 

La  chapelle,  sous  le  vocable  de  Notre-Dame  des Ânfifes  (4), 
est  encore  entière,  sauf  la  voûte,  qui  a  été  démolie.  Elle  est 
de  moyenne  graudeur,  ajourée  au  chevet  d'une  belle  fenêtre  de 
cinq  mètres  environ  de  hauteur,  séparée  verticalement  par 
trois  meneaux  supportant  des  arcades  trilobées,  surmontées 
elles-mêmes  de  deux  quatre-feuilles  et  d'une  rosace.  Cette 
fenêtre  était  autrefois  ornée  de  vitraux  bleu  uni.  Sur  le  me- 
neau central ,  un  écusson  ménagé  en  relief  porte  les  armes  des 
Brosses.  Cette  place  d'honneur  indique  que  ce  sont  celles  du  fon- 
dateur de  cet  élégant  morceau  d'architecture  du  xv*  siècle.  La 
chapelle  au  surplus  est  la  seule  partie  encore  debout  du  cou- 
vent qui  présente  quelque  caractère  architectural  :  le  reste  était 
d'une  simplicité  toute  monacale,  et  en  parfait  rapport  avec  le 
pauvre  mobilier  décrit  dans  Tin ven taire  rapporté  ci-dessus. 

Ce  couvent,  acheté  révolutionnairement  en  4794  par  le  paysan 
qui  rhabitait  encore  en  4853,  fut  démoli  par  lui.  Il  parlait  avec 
regret  des  travaux  inouïs  qu'il  fut  obligé  de  faire  exécuter  pour 
détruire  la  voûte  de  la  chapelle,  et  des  trois  francs  par  jour, 
somme  exorbitante  pour  l'époque,  qu'il  donnait  aux  démolis- 
seurs, tant  rédifîce  était  solidement  construit. 

Que  Dieu  lui  fasse  miséricorde  ! 


BORT. 


Les  frères  Minimes  s'établirent  à  Bort,  aujourd'hui  chef-lieu 
de  canton  dans  Tarrondissement  d'Ussel  (Gorrèze),  le  26  juillet 
4665,  grâce  à  la  générosité  de  Sébastienne  Geneix,  femme  de 
Michel  Chaudizon. 


(1)  Nadaud ,  PouUîé  manuscrit,  à  la  bibliothèque  du  graud-séminaire  de 
Limoges. 


KN   IJM4)US[N.  149 


BRIVE. 


La  ville  de  Brive  a  eu  deux  maisons  de  Tordre  de  St-François  : 
Tune  de  Cordeliers  et  l'autre  de  RëcoUets.  La  première ,  qui  était  de 
la  province  de  la  Petite- Aquitaine,  fut  fondée  en  4S37  par  saint 
Antoine  de  Padoue,  en  Tbonneur  duquel  on  érigea  une  chapelle 
près  d'une  grotte  éloignée  de  la  ville ,  et  où  le  saint  se  retirait 
souvent.  Près  de  la  chapelle ,  on  bâtit  aussi  un  hospice,  dit  Nadaud. 
J'emprunte  la  page  suivante  à  VHisloire  du  Bas-IÀmousin  de  M.  F. 
Marvaud  (Tulle,  Destoumelles ,  4842,  S  vol.  in  8]  : 

«  Antoine  de  Padoue  émut  vivement  le  peuple  par  ses  prédi- 
cations ,  comme  s'il  eût  espéré  sauver  l'avenir  par  de  rigoureu- 
ses mortifications.  Victime  expiatoire  des  erreurs  du  monde ,  on 
le  voyait  sortir  des  manoirs  où  les  maîtres  riaient  peut-être  de  ses 
prédications,  et  se  retirer  dans  les  lieux  les  plus  déserts  pour 
y  nourrir  sa  douleur  en  reposant  sa  tête  sur  la  pierre  froide  et 
solitaire.  On  le  vit  souvent,  égaré  sur  les  collines,  chercher,  le 
soir,  la  chartreuse  de  Olandier  ouTabbaye  d'Obazine,  dont  les 
religieux  sympathisaient  avec  lui.  Souvent  aussi ,  après  de  lon- 
gues courses,  il  venait  près  de  Brive  pleurer  et  prier  sous  un 
rocher,  où  les  souvenirs  du  peuple  et  de  la  religion  lui  ont  consa- 
cré un  autel.  Les  prêtres  ont  abandonné  le  vieux  temple  :  mais 
le  peuple  y  vient  encore  visiter  l'asile  de  l'apôtre,  et  la  source 
où  il  se  désaltérait  attire  encore  de  nombreux  pèlerins.  Dans 
cette  grotte ,  où  l'eau  limpide  et  fraîche  remplit  de  petits  bas- 
sins dans  le  roc,  et  où  l'antiquité  païenne  eût  placé  la  demeure 
d'une  naïade  endormie  sur  son  urne ,  le  catholicisme  raconta 
long-temps  de  nombreux  miracles.  Aujourd'hui  les  voûtes  ne 
retentissent  plus  de  chants  sacrés;  mais  quelques  vieillards  vous 
diront  encore  avec  la  simplicité  de  leurs  croyances,  avec  leur 
besoin  de  prodiges  :  «  Chaque  nuit  veille  de  Saint-Antoine, 
l'apôtre  vient  laver  ses  pieds  poudreux  dans  la  fontaine ,  qu'il 
bénit  avec  des  paroles  que  ses  lèvres  murmurent,  et  que  l'oreille 
n'entend  pas.  Souvent  on  l'a  vu,  ombre  blanche  et  silencieuse, 
cheminer  lentement  de  la  grotte  à  l'autel ,  s'y  prosterner,  et  dis- 
paraître à  travers  la  fente  du  rocher.  »  (T.  II ,  p.  403-104.) 

Le  couvent  des  Cordeliers  de  Brive  fut  ruiné ,  dit  Nadaud ,  en 
1575  ;   mais  il  fut  rétabli,  et  son  dernier  gardien  a  été  Jean-* 


150  Lt:S  FRANCISCAINS 

Baptiste  Oallet,  né  à  Brive  le  27  août  4746.  Il  résidait  encore 
dans  la  même  ville  en  4802;  en  4803,  après  avoir  refusé  la 
cure  de   Venarzal  (canton    de  Donzenac,    arrondissement  de 
Brive),  il  fut  nommé  aumônier  des  Ursulinesde  Tulle. 
Les  Récollets  s'établirent  à  Brive  en  4643. 

LA  CELLETTB. 

La  Cellette  {ceUa  beatœ  Mariai) ,  située  sur  la  paroisse  de  Mones- 
tier  près  Merlines  (autrefois  du  diocèse  de  Limoges ,  aujourd'hui 
du  Puy-de-Dôme),  avait  un  prieuré  fondé,  en  4444,  par  un 
moine  de  Tabbaye  de  Marsac  en  Auvergne.  En  4  448 ,  on  céda 
ce  prieuré  aux  frères  mineurs  Corddiers. 

SAINT-MICHEL  PRÈS  œNFOLKNS. 

Les  Récollets  s'établirent  en  4646  à  Confolens  (aujourd'hui 
Charente) ,  qui  alors  faisait  partie  du  diocèse  de  Limoges.  Ils 
dépendaient  de  la  province  de  la  Conception-Immaculée,  et 
avaient  pour  fête  patronale  Notre-Dame-de-Consolation.  Leur 
maison  se  composait  à  la  fin  du  xviii'  siècle  de  cinq  prêtres  et 
d'un  frère  convers. 

DONZENAC. 

Wading  rapporte  à  l'année  4230  l'établissement  des  frères 
mineurs  Cordeliers  à  Donzenac,  aujourd'hui  chef-lieu  de  canton , 
arrondissement  de  Brive  (Corrèze),  qu'il  nomme  Donzenachuin , 
et  que  d'autres  nomment  mal  aussi  :  DocuzdC,  Dcudmad,  Douse- 
nachi  et  CouciruUi.  D'après  cet  auteur,  le  fondateur  du  couvent 
serait  le  vicomte  de  Comborn,  c'est-à-dire  Archambaud  VI, 
fondateur  de  la  chartreuse  de  Glandier,  ou  bien  peut-être,  sui- 
vant le  même  auteur,  un  seigneur  de  Malemort,  qui  alors 
me  paraîtrait  devoir  être  Gérald  de  Malemort ,  chevalier-baron 
de  Donzenac,  qui  figure  dans  un  acte  de  4^234  comme  faisant  un 
legs  au  monastère  de  Yigeois.  Cette  qualification  de  baron  de 
Donzenac  me  parait  même  indiquer  le  vrai  fondateur.  Nadaud , 
qui  cite  Wading,  incline  &  faire  remonter  la  fondation  à  4227, 
époque  où  saint  Antoine  de  Padoue,  allant  de  Brive  à  Limoges, 
dut  trouver  Donzenac  sur  sa  route.  Cette  raison  ne  paraît  pour- 


RN    LIMOUSIN.  151 

tant  pas  concluante  :  pour  fonder  il  faut  avoir  des  éléments , 
et  alors  étaient-ils  à  la  disposition  de  saint  Antoine? 

Wading  dit  encore  que  le  couvent  de  Donzenac  était  le  qua- 
trième de  la  custodie  de  Limoges  en  4400.  Nadaud  ajoute  qu'il 
dépendait  de  la  province  de  la  Petite-Aquitaine ,  et  se  composait 
de  six  prêtres  et  de  deux  frères  convers.  L'abbé  Legros  termine 
rarticle  du  PouiUé  en  disant  que,  en  4786,  il  ne  restait  qu'un 
prêtre  dans  ce  couvent. 

LE  DORAT. 

Simon  Chesne,  lieutenant  particulier  au  siège  du  Dorât 
{aujourd'hui  chef-lieu  de  canton,  Haute-Vienne) ,  ayant  donné, 
par  acte  du  42  mai  4647,  l'ermitage  de  Notre-Dame-de-Recou- 
vrance  près  Le  Dorât  aux  frères  mineurs  Récollets,  ces  religieux 
s'y  établirent  en  4648;  et,  quand  ils  eurent  construit  une  église 
convenable,  Jean  de  Mallevaud,  évêque  d'Olonne,  né  à  Bellac, 
la  bénit  le  24  août  4654.  Ces  religieux,  qui  appartenaient  à  la 
province  de  la  Conception-Immaculée ,  étaient  quatre  prêtres  et 
un  convers. On  célébrait  dans  leur  église,  comme  patronale,  la 
fête  de  Notre-Dame-de-Recouvrance  et  celle  de  saint  François- 
d'Assise. 

GUÉRET  (1). 

Les  frères  mineurs  Bécollets,  établis  en  4646  ,  sont  huit  prê- 
tres, six  étudiants  et  deux  frères,  se  rattachant  à  la  province  de 
la  Conception-Immaculée. 

Les  notes  suivantes  sont  extraites  des  archives  municipales  de 
Ouéret  et  de  celles  du  département  : 

«i  L'établissement  des  Récollets  avait  été  autorisé  par  délibéra- 
tion consulaire  du  28  décembre  4645  ;  la  première  pierre  du  cou- 
vent fut  posée  le  2  avril  4646. 

»  Les  principaux  bienfaiteurs  du  nouveau  couvent  furent  : 
Guillaume  Reydier ,  archiprêtre  de  Saint-Sulpice-le-Ouérétois 
(ou  d'Anzôme),  et  son  neveu  Jean  Reydier,  lieutenant  général 
de  la  sénéchaussée  de  la  Marche,  qui  firent  construire  à  leurs 
frais  le  grand  autel  de  l'église.  Des  aumônes  en  argent  furent 
faites  aussi,  en  4635,  par  Catherine  de  Verthamont,  femme 
d'Antoine  de  Seiglier,  écuyer,  seigneur  du  Terrail,  président  à 

(1)  L*article  Guérit  est  de  M.  Tarchiviste  Bosvieux. 


152  LKS    FRANCISCAINS 

rélection  de  Ouéret;  en  4643,  par  Marguerite  FayoUe ,  femme 
de  François  Ceysson ,  sieur  de  Busserolles,  conseiller  au  présidial 
de  la  Marche  ;  en  4  670 ,  par  Joseph  Rougrier ,  sieur  de  La  Vallette  ; 
en  4699,  par  Marguerite  Seiglier,  veuve  de  messire  Dénia  de 
Sédoin,  chevalier,  seigneur  et  vicomte  du  Monteil.  » 


SAINT-JUNIKN. 

Le  couvent  des  frères  mineurs  Cordeliers  de  Saint-Junîen 
(aujourd'hui  chef-lieu  de  canton ,  Haute-Vienne) ,  fut  fondé , 
d'après Maleu, en  4252  ou  4253,  car  le  P.  Estiennot  met,  d'après 
la  même  chronique,  4253.  —En  éditant  cette  chronique  de  Maleu, 
M.  Arbellot  dit,  avec  Estiennot,  dans  le  texte,  4253{p.  74],  etplus 
loin  (p.  460) ,  4252.  Wading,  désignant  fort  mal  ce  couvent  sous 
le  nom  de  S.  Juraonum,  recule  sa  fondation  à  l'année  4230,  et 
indique  comme  fondateur  le  très-riche  comte  ùpriscobaldensium. 
Qui  reconnaîtrait  dans  ce  dernier  nom  le  vicomte  de  Roche- 
chouard ,  comme  le  fait  remarquer  Nadaud ,  qui  préfère  avec 
raison  la  date  4252 ,  Maleu  étant  presque  contemporain  du  fait? 
Ce  couvent  se  trouvait  au  nord-est  de  Saintr-Junien,  en  dehors 
de  l'enceinte  fortifiée  :  aussi  fut-il  dévasté  par  l'armée  calviniste 
en  4569. 

Quant  aux  Récollets  de  Saint-Junien ,  je  prends  dans  les 
DocumerUs  historiques  sur  la  ville  de  Saint-Junien  de  M.  l'abbé 
Arbellot  le  récit  de  leur  fondation,  qu'il  a  emprunté  lui- 
même  à  une  Notice  historique  sur  la  fondation  des  Récollets 
en  Guienne  : 

<  Le  P.  Mathurin  Marsaut  étant  custode  pour  la  seconde  fois 
fut  envoyé  à  St-Junien  pour  y  prêcher  le  carême  ;  il  s'acquitta 
de  cet  emploi  avec  tant  d'édification  que  les  habitants  sonhaitè- 
rent  avoir  des  Récollets  dans  leur  ville.  Les  consuls  et  les  nota- 
bles s^assemblèrent  pour  délibérer  lèi-deasus  :  ils  résolurent  de 
placer  des  Récollets  près  l'église  de  St-Amand ,  sous  le  bon  plai- 
sir de  Mgr  l'évêque  de  Limoges ,  qui  est  seigneur-baron  de  St- 
Junien« 

»  En  effet,  le  5  juillet  4598 ,  l'évêque  se  trouvant  à  St-Junien , 
ils  lui  proposèrent  leur  dessein.  L'évêque  l'agréa.  Les  chanoines 
de  la  collégiale  cédèrent  tous  les  droits  qu'ils  avaient  sur  cette 
église  :  le  service  de  la  paroisse  fut  transporté  ailleurs,  et  les 
Récollets  prirent  possessicm  la  même  année  4598. 


EN   LIMOUSIN.  153 

»  On  leur  fit  b&tir  uq  petit  logement  dans  Tendroit  même 
que  saint  Amand  avait  consacré  par  sa  pénitence,  et  près  Téglise 
qui  renferme  son  tombeau.  MM.  Jean  et  Martial  Montjon  en 
firent  la  principale  dépense  :  ils  s'y  étaient  engagés  dans  les 
délibérations  de  la  maison  de  ville,  et  ils  tinrent  parole. 

»  Mais  ce  lieu  n'était  pas  propre  pour  construire  des  lieux 
réguliers,  convenables  à  une  communauté  :  des  rochers  aflFreux 
et  escarpés  dominaient  ce  couvent  ;  la  rivière  roulait  ses  eaux 
sur  d'autres  rochers  avec  un  bruit  eflProyable.  Ce  qui  épouvantait 
le  plus  les  religieux  c'est  la  grande  quantité  de  vipères  qu'on 
voit  dans  cet  endroit.  Lorsqu'on  revenait  de  l'office ,  on  en  trou<-- 
vait  dans  les  cellules,  quelquefois  même  dans  les  couvertures 
des  lits. 

»  Pour  remédier  ë  ces  inconvénients,  on  forma  le  projet  de 
placer  le  couvent  sur  le  sommet  de  la  montagne,  de  b&tir  une 
seconde  église  sur  les  voûtes  de  celle  de  Saint-Âmand ,  et  de 
joindre  par  une  arcade  la  montagne  avec  l'église.  M.  Martial 
Montjon,  conseiller  au  parlement  de  Bordeaux,  posa  la  pre* 
mière  pierre  le  28  avril  4637.  Trois  ans  après,  le  corps  de  logis 
fut  achevé,  et  le  P.  Urbain  Ville,  provincial,  en  fit  la  bénédic* 
tion  solennelle  le  40  septembre  4640. 

»  Le  P.  Séraphin  Céaux ,  auteur  de  ce  nouveau  plan ,  avait  été 
gardien  six  ans  par  privilège  spécial.  Après  trois  ans  de  vacan- 
ces, il  fut  remis  en  place,  et  il  entreprit  de  bâtir  une  nouvelle 
église  sur  les  voûtes  de  l'ancienne.  La  première  pierre  en  fut 
posée  par  M.  Montjon,  sieur  du  Bourg-Dieu,  le  40  avril  4646. 
L'année  suivante,  4647,  le  24  août,  le  R.  P.  Augustin  Esmier, 
provincial ,  en  fit  la  bénédiction. 

D  Un  mémoire,  signé  du  provincial,  de  plusieurs  gardiens  et 
autres  religieux,  rapporte  que,  pour  rendre  cette  bénédiction 
plus  solennelle,  on  avait  obtenu  du  pape  Innocent  X  une  orai- 
son de  quarante  heures  ;  qu'il  y  eut  une  affluence  de  peuple 
extraordinaire  ;  environ  dix  mille  personnes  y  communièrent  ; 
il  y  eut  quatorze  sermons  pendant  les  trois  jours  dans  la  haute , 
dans  la  basse  'église,  quelquefois  sous  les  arbres  de  l'avenue  ;  il 
s'y  trouva  cinquante  religieux,  tous  les  ecclésiastiques  de  la 
ville  et  des  environs  avec  la  noblesse  du  pays. 

B  Depuis  ce  temps ,  le  concours  a  toujours  été  grand  dans  cette 
église.  On  y  vient  des  paroisses  les  plus  éloignées  pour  y  prendre 
de  l'eau  de  la  fontaine  de  saint  Amand ,  qui  est  dans  la  basse 
église  ;  il  s'y  est  fait  souvent  des  guérisons  miraculeuses. 

3 


154  LES    FKAMCISGAINS 

0  Ce  couvent,  quoique  solitaire,  a  bien  des  agréments  et  est 
très-régulier  ;  le  P.  Séraphin  Céaux  y  ajouta  un  corps  de  logis 
pour  les  infirmeries.  On  doit  à^ce  religieux  tout  ce  qu'il  y  a  de 
bien  et  de  commode.  » 

SAINT-LÉONARD. 

Les  frères  mineurs  Récollets  furent  établis  à  Saint-Léonard 
(Haute- Vienne]  par  délibération  des  consuls  et  habitants  de  la 
ville  du  22.  février  4594,  et  grâce  aussi  aux  dons  généreux  de 
Jean  Duverdier,  S'  d'Arfeuille  ou  de  La  Bastide,  trésorier  de 
France  et  premier  consul  de  Saint-Léonard ,  et  de  sa  femme , 
Barbe  Chenaud.  La  première  pierre  fut  posée  le  18  mai  4594  par 
Jean  Duverdier,  et  Téglise  fut  consacrée  le  24  novembre  1 595  par 
Henri  deLa  Marthonie ,  évêque  de  Limoges.  L'abbé  de  Grandmont, 
qui  avait  apporté  des  reliques,  était  présent  à  la  cérémonie.  Le 
couvent  dépendait  de  la  province  de  La  Conception-Immaculée; 
ses  bâtiments  sont  aujourd'hui  convertis  en  fabrique  de  porcelaine. 

Voici,  d'après  Nadaud,  Tépitaphe  que,  par  reconnaissance, 
les  Récollets  laissèrent  graver  au  milieu  de  letir  église  en  l'hon- 
neur de  la  femme  de  Jean  Duverdier,  auquel  elle  avait  sans 
doute  suggéré  Tidée  de  la  fondation  : 

CI  GIST  DAMOUELLE  BARBB  CHENAUD,  DAME  D*ARFEU1LHB, 
LAQUELLE  DÉcéDA  LE  15'  JOUR  DU  MOIS  DE  JUILLET,  L*AN  DE 
GRACE  1597.   PRIEZ  DIEU  POUB  ELLE  ET    SA  POSTéRlTÉ. 

Arrête-toi ,  passant ,  contemple  cet  ouvrage. 

De  ton  cœur,  oraison,  sors;  larme,  de  tes  yeux. 

De  madame  Verdier  ici  tu  vois  T  image. 

Son  corps  est  ici-bas;  mais  Vâme  est  dans  les  cieux. 

Dame  de  grand* vertu,  femme  du  sieur  d*Arfeuilhe, 

De  ce  grand  thrésorier  auteur  de  ce  couvent. 

Sus  donc,  bons  religieux  1  priez  Dieu  qu'il  ne  veuille 

Avec  elle  en  courroux  entrer  en  jugement. 

LIMOGES. 

Quelques  manuscrits  rapportent  à  Tan  1225,  date  généralement 
adoptée,  la  fondation  du  couvent  des  frères  mineurs  CardéUers 
de  Limoges,  d^abord  fixés  près  de  la  fontaine  des  Menudeis,  près 


EN   LIMOUSIN.  155 

le  faubourg  Boucherie,  et  transportés,  en  4243,  près  de  la  rue 
Palevezi  (manuscrit  de  la  Bibliothèque  impériale ,  ancienne  5452) 
là  oii  ils  sont  restés  jusqu'en  1794 ,  à  remplacement  occupé 
presque  jusqu'à  ce  jour  par  la  maison  Pouyat,  qui  avait  eu  le 
bon  goût  de  respecter  les  cellules,  autant  qu'elle  avait  pu,  au 
premier  étage.  Cet  emplacement  se  trouve  partager  presque 
(aujourd'hui  4863)  l'espace  qui  sépare  la  rue  des  Tanneries  de 
la  statue  du  maréchal  Jourdan.  Ce  couvent  donnait  son  nom  à 
la  troisième  custodie  de  la  province  d'Aquitaine,  composée  des 
couvents  de  Saint-Junien,  Nontron,  DonzenacetBrive.  Wading, 
qui  défigure  le  nom  de  Limoges  en  ceux  de  Leacœiices  eiLamovi- 
oarum,  recule  à  tort  cette  fondation  jusqu'à  l'année  4228,  époque 
oii  saint  Antoine  de  Padoue  vint  à  Limoges  avec  huit  religieux. 
Saint  Antoine  y  était  venu  en  4227,  mais  il  n'y  avait  fait 
qu'un  court  séjour.  Le  terrain  occupé  par  les  Cordeliers  jusqu'à 
la  fin  du  dernier  siècle  appartenait  aux  moines  de  Saint-Martin- 
lez-Limoges,  et  avait  été  cédé  par  l'intervention  de  saint 
Antoine  de  Padoue.  Or  les  chroniques  racontent  que,  douze  ans 
après  la  mort  du  saint,  en  ^243 ,  cette  donation  occasionna  une 
émeute  contre  les  moines  de  Saint-Martin ,  qui  voulaient  rester 
propriétaires  et  maintenir  certains  droits  de  leur  église.  Le  peu- 
ple et  les  consuls  prirent  fait  et  cause  pour  les  Cordeliers ,  et 
défendirent  aux  ouvriers  de  prêter  leur  concours  aux  moines 
pour  la  construction  des  voûtes  de  leur  monastère.  Cependant, 
grâce  à  l'intervention  de  Philippe  Beyruyer,  archevêque  de 
Bourges,  qui  vint  à  Limoges  en  visitant  sa  province,  les  consuls 
furent  forcés  de.  remettre  au  jugement  de  l'évêque  la  disposition 
du  terrain  contesté,  que  les  Cordeliers  durent  céder  aussi  tempo- 
rairement ,  et  les  ouvriers  reprirent  leurs  travaux  à  Saint-Martin- 
lez-Limoges.  Ces  contestations  bientôt  apaisées ,  les  Cordeliers 
reprirent  possession. 

Les  BécoUels  ont  eu  simultanément  deux  couvents  à  Limoges  : 
d'abord,  l'Oratoire,  bâti,  dit-on,  à  l'emplacement  où  sainte 
.  Valérie  eut  la  tête  tranchée,  et  dont  il  est  fait  mention  dès  520, 
oratoire  aujourd'hui  détruit,  et  .remplacé  par  un  jardin  à 
quelques  mètres  seulement  au-dessous  de  la  caserne  de  cavale- 
rie. Le  46  novembre  4564 ,  les  calvinistes  de  Limoges  s'emparè- 
rent de  cette  chapelle  pour  y  faire  leurs  réunions;  mais,  avant  la 
fin  du  même  mois,  ils  furent  obligés  de  la  rendre ,  et ,  par  décla- 
ration du  20  juin  4596,  le  chapitre  de  la  cathédrale  la  céda  aux 
Pères  Récollets,  qui  en  prirent  possession  le  4'^  août  suivant. 


156  LES   FRANCISCAINS 

Comme  il  n'y  avait  aucun  bfttiment  près  de  cette  église ,  les 
Pères  logèrent  provisoirement  dans  le  prieuré  de  Saint-Gérald 
(aujourd'hui  hôtel-de-ville  de  Limoges)  ;  mais,  grâce  à  d'abon- 
dantes aumônes,  bientôt  ils  eurent  un  vaste  couvent,  qui  servit 
de  premier  noviciat  à  leur  réforme ,  dit  Nadaud ,  et  où  ils  réunirent 
plus  de  quatre-vingts  religieux.  Ils  étaient  de  la  province  de 
rimmaculée-Conception . 

L'hospice  ou  petit  couvent  de  Saint-François,  dont  le  gardien 
du  grand  couvent  des  Récollets  de  Sainte- Valérie  était  supérieur, 
fut  livré  aux  Récollets  le  U  avril  4644.  L'édifice,  nommé  d'abord 
le  Bâtiment,  et  où  Charles  VII  avait  été  reçu  en  4438,  servit 
pendant  la  révolution  de  salle  de  spectacle,  d'où  est  venu  à  la 
me  adjacente  le  nom  de  rue  de  V Ancienne-Comédie,  La  fête 
patronale  de  ce  petit  couvent  était  celle  de  saint  François 
d'Assises. 

NONTRON. 

Les  frères  mineurs  CordeUers  s'établirent  à  Nontron ,  alors  du 
diocèse  de  Limoges,  aujourd'hui  de  celui  de  Périgueux,  en 
4S67.  Ce  couvent  était  de  la  province  de  la  Grande-Aquitaine, 
et  le  troisième  de  la  custodie  de  Limoges  en  4400.  Wading,  qui 
défigure  son  nom  en  le  nommant  Nantrodunum  et  Nitnmii,  dit, 
sans  désigner  Tannée  (d'après  Castel ,  en  4  569}  qu'il  fut  détruit  par 
les  huguenots,  qui  tuèrent,  en  haine  de  la  religion  catholique, 
frère  Mathieu  de  Montfalon,  prédicateur  célèbre ,  qui  en  était 
gardien  et  custode  de  la  custodie  de  Limousin,  et  aussi  frère 
Jean  Berserian  et  frère  Brossière  ou  plutôt  La  Brousse.  Le  cou- 
vent subsista  pourtant  jusqu'à  la  révolution. 

SAINT-PROJET. 

t  Dès  4  488 ,  Louis ,  comte  de  Ventadour ,  marquis  de  Sterella 
(Escorailles)  et  seigneur  de  Roussilhe ,  et  Catherine  de  Beaufort , 
sa  femme,  avaient  obtenu  du  pape  (4)  permission  de  bfttir  un 
couvent  pour  les  frères  mineurs  Observantins  dans  la  paroisse 
de  Neuvic  près  Peyroux  [i)  au  diocèse  de  Limoges.  Ils  le  fondèrent 

(l)Dan8  son  PcmUlé   Nadaud  dit,  d*aprës  Castel,  que  la  bulle  est  du 
28  avrn  148L  R.-P. 
(2)  NcuYic,  chef-lieu  de  canton  (Corrèïe).  R.-P. 


EN    LIMOUSIN.  157 

en  effet  Tannée  suivante  sur  le  bord  de  lu  Dordogne ,  et  oa 
rappelle  Saint-Projet.  Un  évêque  suffragant  de  Clermont  sacra 
réalise  en  Thonneur  de  la  sainte  Vierge  le  34  aoÙt  1505.  Ce  lieu 
est  fort  solitaire,  dans  un  vallon  très-profond.  Catherine  de 
Beaufort  y  repose  dans  un  très-beau  sépulcre,  d  (Nadaud ,  mé-^ 
moires  manuscrits,  T.  !•',  page  205.) 

TURBNNB. 

Les  frères  mineurs  Capucins  furent  établis,  en  4644,  à  Turenne 
(Corrèze)  par  Frédéric-Maurice,  duc  de  Bouillon.  A  la  fin  du 
dernier  siècle,  ils  étaient  cinq  prêtres  et  deux  frères  convers, 
dépendants  de  la  province  d'Aquitaine. 

USSBL. 

Les  frères  mineurs  RécoUets  d'Ussel  (Corrèze)  furent  fondés ,  le 
7  octobre  4 «04,  par  Marie  de  La  Guiche,  veuve  de  Charles  de 
Lévi ,  duc  de  Ventadour.  Les  religieux ,  qui  étaient  six  prêtres  et 
quatre  convers,  appartenaient  à  la  province  du  Saint^Sacrement. 
Leur  fête  patronale  était  celle  de  Notre-Dame-des-Neiges. 

SAINT-YRIEIX. 

Les  frères  mineurs  RécoUets  furent  établis  dans  la  ville  de  Saint- 
Yrieix-la-Perche  (chef-lieu  d'arrondissement,  Haute-Vienne) 
en  4613. 

Nota.  ^  D*aprè8  Wading,  saint  Antoine  de  Padoue  aurait  établi,  en 
1227,  près  de  Brive^  un  couvent  différent  de  celui  de  la  grotte  où  il  se 
retirait,  et  Nadaud  pense  que  ce  serait  dans  la  paroisse  d*USSAC;  mais 
il  n*eQ  est  fait  mention  nulle  part  ailleurs. 


Afin  d'être  complet,  je  donne  ici  la  liste  des  religieux  de  Tor-^ 
dre  de  Saint-François  distingués  de  la  foule  et  nés  dans  la 
Marche  ou  le  Limousin  (4]  : 

(1)  Jusqu'à  la  lettres  Inclusivement,  ces  docaments  sont  pris  dans  la 
Biographie  limousine  de  MM.  du  Boys  et  ArbeLM  pour  les  lettres  sui- 
vantes, en  ce  qui  ooncerne  la  Haute-Vienne,  dans  la  Rwue  archéologique 
de  M.  Arbellot  ;  pour  la  Creuse  et  la  Corrèze,  Je  dois  les  notesà  robligeance 


158  t.ES    FHANCISC\INS 

Brive  (Martial  de),  né  à  Briveetmort  vers  4656,  capucin,  qui 
consacra  à  des  sujets  pieux  son  talent  pour  la  poésie.  Un  de  ses 
confrères,  le  P.  Zachariede  Dijon,  recueillit  tout  ce  qu'il  put  de 
ces  œuvres,  dont,  par  modestie,  le  P.  Martial  n'avait  pas  même 
f^eivàé  copie,  et  il  les  publia,  sous  le  titre  de  Parnasse  séraphi- 
que  et  les  derniers  Soupirs  de  la  mtASe  du  R.  P.  Martial  de  Brive, 
capucin,  du  vivant  de  l'auteur,  et  à  son  grand  mécontentement. 
Dupuis  en  avait  fait  paraître  une  partie  à  Lyon ,  chez  Alexandre 
Fumieux,  4655,  in-4*. 

Chassaing  (le  P.  Bruno),  né  à  Égletons  en  4590,  mort  à 
Bordeaux  le  28  juillet  4669.  II  fit  profession  chez  les  Récollets  de 
Limoges  le  4'*^  août  4608,  et  exerça  avec  lionneur  les  diverses 
charges  de  son  ordre.  Estimé  comme  canoniste,  il  fut  péniten- 
cier de  Grégoire  XV  et  d'Urbain  VIII  dans  l'église  de  Latran. 
On  a  de  lui  :  4°  Privilégia  regularium,  quitus  apet^te  demonstratur 
regtdares  ab  omni  ordinariorum  poteslaie  exemptas  esse,  etc.  :  Bor- 
deaux ,  4648,  in-folio,  réimprimé  à  Paris,  chez  fcouterot,  en 
4653;  — ^^  Prœlatus regularis ,  etc.  :  Bordeaux,  Mongiron-Millan- 
ges,  4654 ,  in  8°  ;  Paris,  4655  ;  —  3" S.  Fraticiscus redivivus  :  Paris, 
Couterot,  in-46.  —  Le  clergé  de  France  condamna  ce  dernier 
ouvrage  en  4650. 

Cherdon  (Michel-Ange),  capucin  de  Limoges,  a  composé 
le  bon  Malade,  le  bon  Mourant,  ou  la  Conduite  de  la  vie  chrétienne: 
Paris. 

CiBOT  (Pierre),  de  Limoges,  Cordelier,  composa  ro/*/îce  de  ta 
Conception  de  la  Vierge.  Cet  office  fut  chanté  pour  la  première 
fois  par  le  chapitre  de  Saint-Etienne  de  Limoges  le  3  juillet  4535. 

Crouzbil  (Pierre-Séraphique),  né  à  Limoges  en  4664,  mort 
à  Nontron  le  43  juillet  4740.  Entré  chez  les  Observants,  il  fut 
nommé  deux  fois  provincial.  Le  P.  Alexandre  le  qualifie  d'habile 
docteur  de  Sorbonne.  Il  fut  chargé  par  le  définiteur  général  des 
Cordeliers  de  composer  en  l'honneur  du  roi  de  France  une  thèse 
destinée  à  être  lue  à  Rome  dans  le  chapitre  général.  Cette  thèse , 

de  M.  Maublanc,  premier  vicaire  à  Saint-Pierre  de  Limoges,  qui  les  a 
recueillis  k  mon  intention  dans  le  Dictionnaire  des  hommes  illustres  du 
Limousin,  deTabbé  Legros,  conservé  au  grand-séminaire. 


KN    LIMOL'SIX.  159 

dont  le  texte  est  :  Qui  pasdtur  inter  lilia,  fut  admirée  à  Rome  et 
à  Paris,  et  k Mercure  Galant  en  fit  un  pompeux  éloge.  Outre  la 
thèse,  on  a  de  lui  \*  Essais  de  paix  entre  les  théclogiens  catholiques 
sur  la  matière  de  la  Grâce,  Cologne ,  4706 ,  in-46,  sans  nom  d'au- 
teur; —  2°  Suite  des  Essais  de  paix,  etc.,  1707,  brochure  in-46. 

EsNAUD  (Joseph] ,  né  à  Limoges,  où  il  mourut  le  22  mai  1724. 
H  occupa  chez  les  Cordeliers  diverses  charges ,  entre  autres  celle 
de  grand-custode.  Il  a  écrit  une  Viede  saint  Antoine  de  Padoue. 

GoTRAND  (Salomon),  Récollet,  né  h  Aixe  près  Limoges,  mort 
en  1746.  Il  a  écrit  plusieurs  ouvrages. 

Grandis  (le  P.  Sylvestre),  né  à  Limoges  le  15  juin  1603, 
Récollet,  d'une  piété,  d'une  science  et  d'un  mérite  rares.  En 
1632,  il  fut  nommé  provincial,  et  depuis  il  exerça  plusieurs 
fois  les  fonctions  de  commissaire  général.  Il  mourut  à  Sarlat, 
et,  après  sa  mort,  son  corps  gHvds long-temps  la  souplesse  qu'a 
le  corps  d'un  enfant.  (Legros,  Dictionnaire  des  grands  hommes  du 
Limousin,  inédit,  p.  132.) 

La  Mothe  (Fulgence),  Récollet,  né  à  Pierre-Bufflère ,  provin- 
cial de  Toulouse  en  1662,  et  auteur  d'un  ouvrage  de  spiri- 
tualité dédié  à  la  duchesse  de  Ventadour. 

LiRis  (Léonard  du),  né  à  Ëymoutiers,  se  fit  Récollet,  et  fut 
quelque  temps  gardien  du  couvent  de  Saint- Amand  près  Saint- 
Junien.  Ce  fut  à  son  retour  d'un  voyage  au  Canada  qu'il  composa 
ses  divers  ouvrages  sur  la  marine,  et  entre  autres  :  la  Théorie  et 
la  Pratique  des  Longitudes.  Il  est  mort,  à  La  Rochelle  en  1656, 
après  cinquante-trois  ans  de  profession  religieu.se. 

Mallevaud  (Jean  de),  né  à  Bellac,  capitale  de  la  Basse- 
Marche.  D'abord  Récollet  sous  le  nom  de  P.  Chérubin,  il  devint 
coadjuteur  de  Joachim  d'Estain ,  évêque  de  Clermont  en  Auver- 
gne, avec  le  titre  d'évôque  d'Olonue.  Il  consacra  au  Limousin 
diverses  églises  de  Récollets,  et  mourut  le  4  mai  4682  à  Aix  en 
Provence,  où  l'archevêque  de  cette  ville  Tavait  appelé  pour  la 
visite  de  son  diocèse.  Par  son  testament  il  fondait  à  Bellac  une 
maison  des  sœurs  de  Rouen  ,  qui  s'y  installèrent  le  30  avril  4683. 

Martial  (le  Père^,  Capucin,  né  en  Limousin,  célèbre  prédi- 


160  LES    FRANCISCAINS 

cateur  du  xvn*  siècle.  On  a  de  lui  un  petit  poème  intitulé: 
Saint  Martial  triomphant.  C'est  la  description  de  la  procession 
solennelle  des  reliques  qui  se  fait  le  mardi  de  Pâques  à  Limogres- 

MoNTcoDRKiER  (le  P.  AuréHcn),  né  à  Uesel  (Corrèze),  prit 
rhabit  des  Récollets  au  couvent  de  Sainte-Valérie  à  Limog-es  le 
28  octobre  1624.  Son  ardente  charité  le  porta  à  demander  at?ec 
larmes  &  ses  supérieurs  la  grâce  d'aller  soigner  les  i>esliférés  dan» 
rhospice  de  Saint-Michel  à  Bordeaux.  On  lui  accorda  ce  qu'il 
demandait  avec  tant  d'instance.  Il  mourut  le  jour  même  de  son 
entrée  dans  cet  hôpital ,  étant  jeune  encore. 

Peytour  (le  P.  Léonard),  né  à  Bourganeuf  (Creuse),  avait 
pris  l'habit  de  Récollet  à  Limoges  le  24  mai  4640.  Il  mourut  en 
odeur  de  sainteté ,  à  Libourne ,  en  soignant  les  pestiférés. 

PouLiHOT  (Victorien),  Récollet,  né  à  Saint-Junien,  renommé 
pour  ses  prédications,  et  auteur  de  plusieurs  ouvrages  de  contro- 
verse contre  les  calvinistes.  Il  mourut  fort  âgé,  à  La  Rochelle, 
en  4652. 

Tarneaud  (Victorin),  né  à  Aixe  près  Limoges,  était,  en 
4659,  provincial  des  RôcoUets  de  la  province  de  Toulouse.  Il  est 
auteur  du  livre  de  controverse  le  Glaive-BoucUer  des  catholiques. 

Vareilles  (le  P.  Yves),  né  à  Alassac  (Corrèze)  en  4595,  prît 
rhabit  des  Récollets  à  l'âge  de  vingt  ans.  Devenu  supérieur  du 
couvent  de  Pons  en  Saintonge,  il  s'y  distingua  par  son  zèle  à 
convertir  les  hérétiques,  et  il  convertit  toute  la  paroisse  de  Lon- 
zac  en  cette  province.  Pendant  la  peste  qui  sévit  à  Pons,  il  fit 
aussi  preuve  de  zèle  et  d'un  grand  dévoûment. 


Les  Pères  Franciscains  installés  le  48  avril  4854  près  du  cime- 
tière de  Limoges  (Louyat)  afin  d'y  servir  d'aumôniers  des  der- 
nières prières,  et  en  môme  temps  de  missionnaires  pour  le  dio- 
cèse, n'étant  d'aucune  réforme,  appartiennent  aux  frères  mi- 
neurs conventuels  plus  spécialement  nommés  en  France  Cordeliers. 
Venus  d'Espagne,  ils  ont  actuellement  dans  notre  patrie  cinq 
couvents,  qui  forment  la  province  de  Saint-Louis  évoque.  Ces 


fiN   LIMOUSIN.  ISt 

couvents  sont  :  Saint-Palais  (Basses-Pyrénées) ,  où  ils  sont  venua 
en  4850,  mais  où  leur  érection  canonique,  sous  le  vocable  de 
rimmaculée-Conc«ption-de-Marie ,  n'a  eu  lieu  que  le  42  juin 
4854  ;  Amiens  (Somme),  où  le  cardinal  Wisemann,  archevêque 
de  Westminster ,  présidait  leur  installation  le  25  août  4852; 
Limoges  (48  avril  4854);  Bourges  et  Branday  près  Castillon-sur- 
Dordogne  (Gironde).  Les  gardiens  du  couvent  de  Limoges  jusqu'à 
ce  jour  ont  été  : 

LeR.  P.  Emmanuel  Beovide,  depuis  le  80  avril  4854,  jour  de 
rinstallation,  jusqu'au  mois  d'août  4856  ; 

Le  R.  P.  Jean-Pierre  d'Alcantara  (né  Jean  Peyre) ,  depuis  août 
4856  jusqu'en  novembre  4860  ; 

Le  R.  P.  Jean  de  Saint-Étienne ,  depuis  novembre  4860  jusqu'en 
486... 

Le  R.  P.  Michel ,  gardien  actuel. 

Le  luice  qu'étale  chaque  classe  de  la  société  est  porté  au  der- 
nier excès,  et  il  épouvante  dans  leurs  heures  sérieuses  tous  les 
chefs  de  famille,  dont  beaucoup  ne  savent  plus  sur  quoi  baser 
l'avenir  de  leurs  enfants.  Aussi  inspire-t-il  aux  jeunes  gens  ré- 
fléchis et  peu  fortunés  une  espèce  de  répulsion  pour  le  mariage, 
institution  indispensable  à  la  moralité  sociale.  D'autre  part, 
toute  la  littérature  et  la  fausse  philosophie  s'entendent  depuis 
long-temps  pour  prêcher  comme  bien  suprême  la  satisfaction  des 
sens,  a  Chacun  chez  soi,  chacun  pour  soi;  —  travaillez  pour 
jouir  plus  tard  »,  ont  dit  sur  tous  les  tons  les  prétendus  sages. 
«  La  société  est  mal  organisée  et  tyrannique  :  le  penchant  natu^ 
rel  doit  être  la  grande  loi  des  hommes,  car  il  est  faux  qu'ils 
soient  nés  avec  un  penchant  au  mal  »,  disent  tous  les  romans  et 
les  feuilletons-romans;  et  ces  sottises,  répétées  chaque  jour ,  ont 
perverti  tant  d'âmes  que  l'on  passe  pour  un  ennemi  du  progrès 
et  des  pauvres  quand  on  prêche  que  le  paradis  n'est  pas  sur 
terre,  puisque  les  roses  n'y  fleurissent  ni  toujours  ni  partout.  La 
fièvre  du  plaisir  prolonge  un  peu  l'oubli  des  maux ,  soit  ;  mais 
les  tristes  réalités  de  la  vie,  le  travail ,  la  maladie,  la  mort ,  ap-« 
paraissent  bientôt,  d'autant  plus  hideux  à  voir  qu'ils  sont  plus 
redoutés.  Et  d'ailleurs  l'égolisme,  toujours  sans  entrailles,  ne  fait* 
il  pas  des  victimes  autour  de  lui?  Tandis  que  la  jeunesse  folâtre 
boit  dans  la  coupe  trompeuse  du  plaisir,  combien  de  parents 
paient  ces  folies  par  là  ruine  de  leur  fortune  ou  par  le  déshon- 
neur de  leurs  cheveux  blancs  ! 

Jouir  c'est  l'unique  préoccupation  du  grand  nombre,  comme 


162  LKS   llUNCISCAINS    KN    UMOLSIN. 

autrefois  celle  des  Romains  au  temps  de  leur  décadence  ^  panem 
et  circences!  C'est  toujours  le  môme  cri.  Aussi ,  comme  alors,  quoi 
qu'en  disent  des  hommes  intéressés  à  soutenir  le  contraire,  les 
caractères  sont  généralement  amoindris.  Est-ce  que  la  prudence 
n'eng'age  pas  à  sacrifier  un  peu  de  fierté  quand  on  a  besoin  de 
tendre  la  main  ?  Malheureusement  les  hommes  déclassés  et  hai- 
neux, Tarmée  de  Catiliua,  sont  plus  nombreux  encore.  Nos 
révolutions  sans  nombre  le  prouvent. 

Laissez  donc  passer  librement,  saluons  tous  avec  respect 
ces  hommes  qui ,  renonçant  à  des  positions  honorables  et  lucra- 
tives auxquelles  ils  pouvaient  prétendre  puisquMls  sont  instruits, 
ont  revêtu  la  livrée  de  la  pauvreté.  Ils  ont  accepté  librement 
d'être  classés  parmi  les  petits  pour  être  plus  en  droit  de  con- 
soler et  de  catéchiser  ceux  qui  subissent  forcément  cet  état  d'hu- 
miliation. Contents  en  vivant  de  peu,  ils  apprennent  à  Thomme 
que  régler,  borner  ses  désirs  est  le  plus  sûr  moyen  d'être  heureux. 
Vivant  d'aumônes  au  jour  le  jour,  ils  savent  partager  leur  pain 
avec  tous  ceux  qui  frappent  à  leur  porte  :  c'est  que  Ton  peut 
toujours  donner  la  partie  que  l'on  se  retranche.  Mais  aujourd'hui, 
comme  on  Ta  dit,  le  superflu  est  devenu  nécessaire. 

Les  enfants,  par  ignorance  et  par  légèreté,  les  libertins,  par 
passion,  riront  sans  doute  des  sandales  et  de  la  robe  grise  du 
Franciscain;  mais  tout  homme  sérieux  ,  ne  fût-il  pas  chrétien, 
doit  voir  en  cet  homme  un  excellent  prédicateur. 

Sources  :  Wading  ?  Annales  des  frères  mineurs  Cordeliers ,  année  1227 , 
n-  17  et  18;  année  1230,  n»  22;  année  1260,  d^  14;  année  1400,  no  8  ; 
preuves,  p.  xliv.  —  Castel,  Annales  des  frères  Mineurs,  T.  1,  p.  205  et 
282;  T.  Vil,  p.  132  et  140.  —  Gallia  christiana  nota,  T.  H,  col.  537.  —  Ma- 
nuscrit de  la  Bibliothèque  impériale ,  ancien  n»  5452.  —  Bonaventure  de 
Saint-Amable,  Histoire  de  saint  Martial,  T.  II ,  p.  198,  col.  2;  T.  111,  p. 
550.  col.  2;  824,  col.  l.—  Nadaud,  Pouillé  manuscrit ,  aux  divers  articles 
sus-indiqués;  Mémoires  manuscrists^  T.  I*',  p.  203-205.  —  Legros,  Liste 
manuscrite  des  anciens  prêtres  du  diocèse  de  Limoges  vivants  en  1803.  — 
Marvaud,  Histoire  politique,  cimle  et  religieuse  du  Bas-Limousin,  T.  II, 
p.  104.  ^  Arbellot.  Chronique  de  Maleu,  suivie  de  documents  historiques 
sur  la  ville  de  Saint-Junien  :  Paris,  Didron ,  1847,  p.  74,  160,  214,  215, 
223,  23k,  238,  258.  ^ Revue  archéologique  et  historique  de  la  Haute-Vienne  ; 
Limoges,  Ducourtieux,  IS^ ,  passim.  —  BiograpJiie  des  hommes  illustres  du 
Limousin ,  publiée  avec  le  concours  d*  Auguste  DuBoys  :  Limoges ,  ArdlUier» 
1854,  passim.  —  Calendrier  ecclésiastique  et  civil  du  Limousin, 

Bellegarde,  8  décembre  1863. 

J.-B.  L.  ROY  DE  PIERREFITTE. 


CONSULTATION 


D'UN  AVOCAT   LIMOUSIN 


AU  XV'  SIECLE 


Cktrdon  aanl taire  à  Meymac 

—  Affném  la  eordonnlère  et   lea  conaul»  de  Meymac.  — ' 

Conflit  avec  le  comte  de  Veittadour. 


Les  archives  communales  de  la  ville  de  Meymac  (Corrèze)  ne 
possèdent  qu'un  petit  nombre  de  pièces  antérieures  à  1790.  Ce 
sont ,  pour  la  plupart ,  des  procès  relatifs  à  des  communaux  ou 
à  des  terrains  en  litige  entre  les  consuls,  représentants  de  la 
ville ,  et  certains  habitants  ou  propriétaires  du  voisinage.  Dans 
le  nombre  cependant  il  en  est  une  qui  ne  manque  pas  dMntérôt  : 
c'est  une  consultation  donnée ,  vers  Tannée  H60 ,  par  un  avocat 
nommé  Rigault  (elle  est  signée  très^lisiblement,  mais  non  datée). 
Une  consultation  d'avocat  ayant  quatre  cents  ans  de  date  n'est 
pas  chose  commune  :  ces  sortes  de  documents  ne  durent  pas  en 
général  plus  long-temps  que  le  procès  auquel  ils  se  rapportent; 
ils  ne  font  pas  partie  du  dossier,  et  ne  survivent  guère  aux  plai- 
doiries ,  qui  n'en  sont  le  plus  souvent  que  la  reproduction  ou 
le  développement  :  celui-ci  en  outre  contient  des  renseigne- 
ments historiques,  des  détails  de  mœurs  et  des  expressions  qui 
méritent  peut-être  d'être  mis  sous  les  yeux  des  hommes  spé- 
ciaux. Nous  croyons  donc  devoir  la  reproduire  textuellement, 
en  y  joignant  une  traduction  que,  vu  la  matière,  nous  nous 
sommes  efforcé  de  faire  plus  littérale  que  littéraire  : 


164  CONSlilTAtlON 

TEXTE.  TllADUCTIOS. 

Casus  talis  est  :  Le  cas  est  td  : 

la  villa  de  Meymaco  Lemovioensis  Dans  la  ville  de  Meymac ,  diocèse 

diocesis  sunt  et  esse  consueverimt  ab  de  Limogres ,  existent  et  ont  accou- 

antique  plures  franchesie  et  liber-  tumé  d*exister,  de  temps  ancien, 

tates  eidem  ville  et  habitantibus  in  plusieurs  franchises  et  libertés  con- 

eadem  per  dominum  tune  viceco-  cédées  à  cette  époque  à  ladite  ville 

mitem  (1)  Yenthadorensem ,  doml-  et  k  ses  habitants  par  le  sire  alors 

num  de  Meymaco  tune  concesse.  vicomte  de  Ventadour,  selgnear  de 

Meymac. 

Item  in  eadem  villa  de  Meymaco  Item ,  dans  ladite  ville  existent  et 

8unt  adesse  consueverunt  et  annua-  ont  accoutumé  d*exlster,   et  sont 

tim  eliguntur  quatuor  consules  pro-  annuellement  élus  quatre  consuls 

bi   viri  eiusdem  ville  qui  gerunt  prud'hommes  de  ladite  ville,   qui 

négocia  communia  eiusdem  ville  et  gèrent  les  affaires  communes ,  et 

tenent  exercicium  personnale  Juri-  possèdent  Texercice  personnel  de  la 

dictionis  quam  iidem  consules  habe-  Juridiction  qu'avalent  les  consuls  en 

bantln  eadem  villa  et  nichilhominus  ladite  ville,  et  notamment  conser- 

tenent  custodiunt  et  tenere  cousue-  vent  et  gardent  et  ont  accoutumé 

verunt   claves  Januarum    eiusdem  de  garder  les  clefs  des  portes  de 

ville.  ladite  ville. 

Item  et  d ictus  dominus  vicecomes  Item,  ledit  sire  vicomte  dans  la 

in    concessione   dictorum    privile-  concession    desdits     privilèges    et 

giorum    et  libertatem    inter    alia  libertés,  entre  autres  choses,  par  ces 

eisdem  consulibus  per  easdem  liber-  mêmes  libertés  a  concédé  auxdits 

tates  conoesslt  privilegium  et  liber-  consuls  le  privilège  et  droit  de  punir 

tatem  puniendi  omnes  improbantes  tous  contradicteurs  ou  détracteurs 

aut  detrahentes  indebite  dictis  con-  qui  résisteraient  indûment  auxdits 

sulibus  aut  eis  nolentes  obedire ,  consuls  ou  refuseraient  de  lu!  obéir, 

prout  in  qiiodam  articulo  earumdem  selon  qu*il  est  contenu  en  un  certain 

libertatum  continetur,  cuius  ténor  article  desdites   libertés,  dont  la 

talis  est  :  teneur  est  telle  : 

Tewtus  libertatum  :  «  Item  oonce*  l}Mste  des  libertés  :  «  Item,  nous 

i>  dimus  quod  si  quls  de  dicta  villa  »  concédons  que  tout  contradicteur 

»»  improbabit    aut   detrahit    dictis  »  ou  détracteur  desdits  consuls  qui 

»  consulibus  indebite  vel  eis  noluerit  »  leur  résistera  indûment   ou    ne 

»  obedire  in  quibus  debebit  seu  in  »  voudra  pas  leur  obéir  en  choses 

M  quibus  est  eis  a  nobis  concessum  »  pour  lesquelles  il  leur  est  par  nous 

»  quod  possint  eum  punire  secun-  »  concédé  de  se  faire  obéir,  puisse 

»  dum  quod  eis  videbitur  expedire  »  être  par  eux  puni  selon  qu'il  leur 

»  rationaliterdoneccumipsisconsu-  »  paraîtra  raisonnablement  appar-* 

»  libus  venerit  ad  emendam.  »  »  tenir,  jusqu'à  ce  qu'il  soit  venu  k 

X  composition  avec  lesdits  consuls.» 

Item  est  verum  quod,  anno  ab  Ifem,  il  est  constant  que,  Tan  de 

incamatione  Domini  M«  ccc*LVM»,  l'incamation    du    Seigneur    1466i 

.Il   l.n  francliiscs  de   Mr^mw  rt.iii'iit  iltinc   iu  riHnmeneeniciil  du  ut'' sicrb* ,  les  Vcntodour  n'ajani 
prit  Iv  tUr«  de  coni'rs  qu'en  1517. 


d'un    avocat   limousin    au   XV*    SIÈCLE.  165 

fùerunt  légitime  creati  et  conflrmati  furent  légitimement  créés  et  établis 

consules  dicte  ville,  magister  Léo-  consuls    de   ladite   ville    :   maître 

nardus  Planeti.  notarlus  publlcus,  Léonard  de  Planet,  notaire  public, 

Leodgarii  de  Pinat ,  Leodgarius  de  Léger  de  Pinat ,  Léger  de  Mirambel 

Mirambel  (1)  et  Johannes  de  Her-  et  Jehan  de  Herment,  et  pour  tels 

mens  (2),  et  pro  talibus  tanti  habîti  tenus,  reconnus  et  réputés  ou  ver* 

et repputatl  palam  et  publiée,  noto-  tement    et    publiquement,    notoi- 

rie  et  manifeste.  rement  et  manifestement. 

Item  est  verum  quod  propter  em-  Item ,  11  est  constant  que,  à  raison 

pidimiam  que  eodem  anno  lviiio  erat  d'une  épidémie  qui  en  cette  année  58 

in  patria  Alvemhie  (8)  per  dictos  régnait  dans  le  pays  d'Auvergne ,  il 

eonsuleseiusdem  annate  et  maiorem  fut,  par  les  consuls  de  ladite  année 

et  saniorem  partem  eiusdem  ville  et  la  majeure  et  plus  saine  partie  de 

eodem  anno  fuit  sta  tu  tum  quod  tene-  ladite  ville,  arrêté,  ladite  année, 

rentur  custodie  in  januis  eiusdem  qu'il  serait  établi  des  gardes  aux 

ville  ne  aliqui  venientes  de  loco  portes  de  ladite  ville,  de  peur  qu'au* 

empedimoso  ibidem  intrare  valerent  cuns  venant   de    lieu   infecté   ne 

et  quod  unus  portanellus  eiusdem  pussent  y  entrer,  et  qu'une  poterne 

ville  nominatus  de  Prinel  maneret  de  ladite  ville,  appelée  de  Prinel, 

clausus  continue  donec  dicta  empi-  resterait  continuellement  close  jus« 

dimia  cessasset.  qu'à  ce  que  ladite  épidémie  eût  cessé. 

Item  quadam  die  dominica  mensis  Item ,  un  certain  dimanche  du  mois 
septembris  eodem  anno  quedam  de  septembre  de  ladite  année,  une 
Agnes  de  Tregojte  uxor  Benedicti  de  certaine  Agnes  de  Tregojte ,  femme 
Tregoyte  Autoris  eiusdem  ville  in  de  Benoit  de  Tregoyte,  cordonnier 
platea  publica  de  Meymac  dicto  eius  en  ladite  ville,  sur  la  place  publique 
marito  présente  habuit  lites  et  jur-  de  Meymac.  en  présence  de  son  dit 
gia  cum  dicto  magistro  L^onardo  mari ,  eut  débat  et  dispute  avec  ledit 
Planeti  notario  publico  uno  ex  con-  maître  {.éonard  de  Planet ,  notaire 
SQlibus  eiusdem  ville  eiusdem  anni  public,  un  des  consuls  de  ladite  ville 
pro  eo  quod  idem  consul  noluerat  pour  ladite  année,  k  raison  de  ce  que 
sibi  tradere  davem  dicti  portanelli  ledit  consul  n'avait  pas  voulu  lui 
taliter  quod  post  plures  iniurias  livrer  la  clef  de  ladite  poterne,  tel- 
verbales  inter  Ipsos  habitas  pro  tra-  lement  que,  après  plusieurs  injures 
ditione  dicte  davis  dicta  Agnes  maie  verbales  échangées  entre  eux  au 
mota  semél  bis  et  pluries  eum  png-  sujet  de  la  livraison  de  ladite  clef, 
gno  pereassit  et  verberavit  dictum  ladite  Agnès,  mal  inspirée,  lésa  et 


(1)  Qiwiqae  l'a  en  mot  Wnbd  ne  loit  pM  iarmoalé  du  tigna  qui  tonvant  rcnpliee  la  laltra  m ,  nooa 
«rojana  qaa  tit  mol  déaigm  la  lian  da  Mirombei^  nliné  à  q«ali|uea  kiloièliaa  au  nofd  dUaael. 

(S)  HamcBl,  chaC-liau  daeantun  de  l'arroadiasamaot  da  Clarmom  (Puy-de-Dùone) ,  pen  éloigné  de  la 
lifliîla  ovienlala  de  ranrieo  duché  da  Veotadour. 

(5)  Mcymaa  aat  one  des  TÎllaa  de  l'aDeiao  duché  let  plus  éloignées  da  l'Auvergne  (40  kilomètres  environ)  ; 
mais  elle  «  dû  avoir  da  tout  temps  ,  comme  elle  a  encore  ,  des  rapports  fréquenu  avec  cette  province  :  elle 
lett  da  point  de  passage  rt  de  repos  aux  nomhreu  bestiaux  et  muleu  qui  sont  coodulu ,  à  diflSirentes  épo* 
«pMs  da  Taiwéa,  d'Auvergne  an  Poitou  ;  en  outre  noua  venons  da  voir  qu'un  daa  aonauls  de  1458  était 
originaire  d'Harmeni  :  peuiréire  availnl  rafu  dea  lellraa  meationaaM  TépidéMia  qui  avail  native  la 
cordon  sanitaire  étahii  pour  piésetvai  la  villa  de  la  contagion. 


166  CONSULTATION 

consulem  tam  in  facie  quam  in  pec-    frappa  de  son  poing  k  une,  deux ,  et 
tore.  plusieurs    reprises,    ledit    consul, 

tant  au  visage  qu*k  la  poitrine. 
Item  et  cum  idem  consul  verbe-  Ilem,  comme  ledit  consul  battu  et 
ratus  et  alii  consules  élus  socii  de  les  autres  consuls  ses  collègues,  k 
injuriaet  offensa  consulatus  et  totius  raison  de  Tinjure  et  offense  faite  en 
oommunitatis  dicte  ville  in  per-  sa  personne  au  consulat  et  à  toute  la 
sonam  dicti  consulis  verberati  facta  communauté  de  ladite  ville,  vou- 
vellentagere contra  dictamÂgnetem  laient  agir  contre  ladite  Agnès  de 
de  Tregoyte  dictus  Benedictus  eius  Teregoyte,  ledit  Benoit  son  mari, 
pro  dicta  eius  uxore  de  emenda  pro  volontairement,  agissant  pour  sadite 
eadem  offensa  eisdem  consulibus  femme ,  fit  son  affaire  personnelle  de 
facta  suum  fecit  principale  debitum  la  réparation  due  pour  ladite  offense, 
erga  dictos  consules  présentes  et  de  et  se  soumit  vis-k-vis  desdits  consuls 
taxatione  eiusdem  emende  se  sup-  présents  à  la  fixation  de  ladite  répa- 
posuitetsubmisittotaliteretomnino  ration,  s*en  remettant  absolument 
dicte  ordination!  et  esgardio  eorum-  et  complètement  au  règlement  et 
dem  consulum  et  volenter  concessil  évaluation  qu*ils  en  feraient ,  et 
idem  Benedictus  de  Teregoite  pro  se  voulut  et  concéda  ledit  Benoit  de 
et  suis  quod  ipsi  consules  eamdem  Teregoyte ,  pour  lui  et  les  siens , 
emendam  possint  taxare  et  Ipsum  que  lesdits  consuls  fissent  fixer 
Benedictum  et  eius  uxorem  punire  ladite  amende  et  punir  ledit  Benoît 
quodeisvidebiturexpediensetoppor*  et  son  épouse  selon  qu'il  leur  pa- 
tunum  pro  arbitrio  suœ  voluntatis  raitrait  expédient  et  opportun ,  k  la 
pro  ut  per  eorum  lil)ertates  facere  discrétion  de  leur  volonté,  selon  que 
possunt  et  debent  sub  certis  pena  et  par  leurs  franchises  ils  ont  pouvoir 
juridictione  ut  constat  instrumente  de  faire,  sous  certaines  peines  et 
quod  dicta  eius  uxor  rattificavit,  juridiction,  ainsi  qu*il  résulte  d'un 
laudavit  certior  facta  instrument! .       acte  que  ladite  épouse  a  ratifié  et 

approuvé  après  en  avoir  pris  con- 
naissance. 
Item  respectu  interesse  et  offense  Item ,  quant  k  l'intérêt  et  offense 
magistri  Léonard!  consulis  verberati  dudit  maître  Léonard,  consul  firappé, 
fuit  etiam  passatum  compromissum  il  fut  aussi  passé  un  compromis , 
et  idem  Benedictus  eidem  magistro  et  ledit  Benoit  promit  de  donner  satis- 
Léonard!  taxare  promisit  ad  esgar-  faction  audit  maître  Léonard  selon 
dium  aliorum  trium  consulum.  Tévaluation  des  trois  autres  consuls. 

Item voluit et concessit idem Bene-  Item,  voulut  et  concéda  ledit 
dictus  de  Teregoyte  quod  informatio  Benoît  de  Teregoyte  que  Tinforma- 
secreta  super  promissis  facta  per  tion  secrète  faite  sur  ce  qui  précède 
magistrum  Philipum  Matheum  com-  par  maître  Philippe  Mathieu ,  com- 
missum  et  juratum  curie  domini  missaire  juré  de  la  cour  de  monsieur 
offlcialisLemovicensisperinde  valere  l'offlcial  de  Limoges,  eût  la  même 
eorum  quibuscumque  judicibus  et  valeur  vis -k- vis  tous  juges  et 
persouis  ac  si  per  judicem  compe-  personnes  quelconques  que  si  elle 
tentem  et  post  litis  contestationem  eût  été  faite  par  juge  compétent, 
et  testium  productionem  parte  pre-  après  débats,  production  de  témoins, 
sente  et  aliis  juris  sollemnitatibus  parties  présentes,  et  avec  toutes 
signatis  facta  fuisset.  solennités  de  droit. 


d'un    avocat    LIMOISIN    Al)    XV'    SlÈCLK.  167 

Item  et  voluerunt  et  concesserunt  Item  lesdites  parties  voulurent  et 
ipse  partes  eumdem  compromissum  coccédèrent  que  ledit  compromis  fût 
durare  bine  ad  tuncproximum  fes-  valable  jusqu'à  la  fête  de  tous  les 
tum  omnium  sanctorum.  saints  alors  suivante. 

Item  et  eodem  notario  prudentes      /i^^m.  devant  le  même notairelesdits 
memorati    Leodegrarius    de    Pinat,    prud'hommes  Léger  de  Pinat .  Léger 
Leodegarius  de  Mirabel  et  Johannes    de  Mirambel  et  Jehan  de  Herment, 
de  Herment  consules  dicte  ville  socii    consuls  de  ladite  ville,   collègues 
dicti  magistri  Léonard!  habito  ma-    dudit  maître  Léonard ,  après  conseil 
turo   et    deliberato   consilio   in  ter    mûrement  délibéré  entre  les  parties , 
partes,  prout  factorum  expositione    ainsi  qu*il  résulte  de  l'exposé  qu'ils 
que  adhuc  habent  in  scriptis  patet    ont  encore  par  écrit,  voulant  user 
volontés    uti  duabus    potestatibus    des  deux  pouvoirs  qui  leur  appar- 
suis  videlicet  una  que  est  privile-    tenaient,  l'un  en  vertu  des  privilèges 
giorum  prius  notatorum  et  ex  arti-    précités  et  de  l'article  de  Tacte  ci- 
culo  superioris  instrument!  per  quem    dessus  par  lequel  lesdits  consuls  peu- 
ipsi  consules  possunt  punire  detra-    vent  punir  leurs  détracteurs  et  ceux 
hentes  sibi  et  improbantes  acta  et    qui  blâment  leurs  actes,  et  l'autre 
aliaque  est  vigor  dicti  compromissi    résultant  dudit  compromis  et  du 
et  potestatem  per  partem  adversam    pouvoir  keux  attribué  par  leur  par- 
attribute  ambas  potestates  cumu-    tie  adverse,  cumulant  ces  deux  pou- 
lando    omnibus    visis    taxaverunt    voirs,  tout  bien  considéré,  fixèrent 
emendam  ad  centum  solidos  monete    l'amende  à  cent  sous  de  monnaie 
currentis  communitati  dicte  ville    courante,  applicables  à  la  commu- 
applicandos  per  eumdem  Benedictum    nauté  de  ladite  ville,  et  payables 
de  Teregoyte  et  eius  uxorem   sal-    par  ledit  Benoit  de  Teregoyte  et  sa 
vandos   eidem  communitati    infra    femme  avant  la  fête  de  Pâques  lors 
tune  proximum  festum  Pasche  con-    prochaine,    lesdits   époux   dûment 
jugibus  débite  vocatis  et  presentibus    appelés  et  présents  k  ladite  fixation , 
et  qui  citra  non  provocaverunt  nec    dont   ils  n'ont  appelé  ni  avant  le 
appellaverunt  expost.  terme  ni  depuis. 

Item  respecta  interesse  partis  me-  Item  en  ce  qui  touche  Tintérêt  de 
morate  iidem  consules  concorda ve-  la  partie  susnommée,  lesdits  consuls 
runt  partes,  adeo  et  taliter  quod  pro  accordèrent  les  parties  de  telle  sorte 
omni  injuria  interesse  et  propos!-  que,  pour  tous  préjudice,  dommages- 
'  tioneidem  Benedictus  eidem  magistro  intérêts  et  composition ,  ledit  Benoit 
Leonardo  dédit  et  solvere  promisit  audit  maître  Léonard  accorda  et 
quatuor  scuta  nova  admodum  auri  promit  de  payer  quatre  écus  nou- 
et  ad  hoc  se  obligavit  in  bonna  forma  veaux  entièrement  d*or,  et  s'y  obligea 
ex  propositions.  en  bonne  forme  selon   sa   propo- 

sition. 

Item  adveniente  die  decimo  nono  Item,  advenant  le  dix-neuvième 
mensisjuniiannoDominimoccccLXo  jour  du  mois  de  juin  l'an  du  Sei- 
procurator  flscalis  domini  comitls  gneur  1460  le  procureur  fiscal  de 
Venthadorensis  in  assisiis  de  Mey-  Monseigneur  le  comte  de  Ven- 
maco  eadem  dio  tentis  et  expeditis  thadour,  aux  assises  de  Meymac 
movit  causam  et  processum  contra  tenues  et  expédiées  ledit  jour,  intro- 
Joannem  de  Simandon,  Joannem  duisit  une  demande  et  procès  contre 
dal  Beynal,  Jeraldum  de  Sente  et    Jehan    de    Simandon,    Jehan    dal 


168  CONSULTATION 

Petrum    Droux    consules   eiusdem  Beyual,  Qirault  de  Sente  et  Pierre 

Tille  pro  eodem  anoo  lx»  contra  Droux ,  consuls  de  ladite  ville  pour 

quos  proposuit  idem  procurât  or  Û3-  ladite  année  60,  et  exposa   contre 

calis  quod  ad  notitiam  dicti  domini  eux  ledit  procureur  fiscal  qu*il  était 

comitis  pervenerat  quod  a  tribus  venu  à  la  connaissance  dudit  sei- 

annis  citra  fuit  ortum  debatum  in  gneur  comte  que ,  trois  ans  en  ^ , 

villa  de  Meymaoo  inter  magistrum  s'était  élevé  un  débat  en  la  ville  de 

Leonardum  Planeti,  notarium  pu-  Meymac  entre  maître  Léonard  de 

blicum  eiusdem  ville,  et  Agnetem,  Planet,  notaire  public  en  ladite  ville, 

uxorem  Benedicti  de  Teregojte ,  ita  et  Agnès,  femme  de  Benoît  de  Tere- 

et  taliter  quod  dicta  Agnes  maliciose  goyte ,  tant  et  tellement  que  ladite 

verberavit  dictum  magistrum  Léo-  Agnès  avait  méchamment  frappé 

nardum  de  quo  verberamento  dicti  ledit  maître  Léonard ,  à  Toocaslon 

consulea ponendo/alcem  suant  in  mes-  desquels  coups  lesdits  consuls,  por^ 

sem  alienam  in  se  susceperunt  eau-  tant  lenrfava  sur  la  moisson  d^ autrui , 

sam  et  cognitionem  cause  et  te-  s'étaient  attribué  la  connaissance  du 

nuerunt  curiam  per  ipsoe  in  eadem  procès,  et  avaient  tenu  cour  par  eux- 

villa  occupando  justiciam  dicti  do-  mômes  en  ladite  ville,  usurpant  la 

mini  comitis  et  Jus  suum  indebite  justice  dudit  seigneur  comte ,  et  son 

iniuste  et  abeque  causa  rationabili  droit,   indûment,    injustement  et 

quod  facere  non  debebant,  et  tenendo  sans  cause  raisonnable ,  ce  qu'ils  ne 

curiam  in  eadem  villa,  occupando  devaient  faire,  et  en  tenant  cour  en 

Justiciam  dicti  domini  comitis  et  Jus  ladite  ville  ,  en  usurpant  la  justice 

suum  condempnaverunt  per  vanam  dudit  seigneur  comte  et  son  droit, 

sentenciam  dictam  Agnetem  ad  sol-  avaient  condamné  par  vaine  son- 

vendum  eidem  magistro  Leonardo  tence  ladite  Agnes  à  payer  audit 

Planeti  tria  scuta  auri  pro  injuria  maître  Léonard  de  Planet  trois  écus 

et  Ipsis  consulibus  seu  communitati  d*or  pour  son  injure  personnelle,  et 

eiusdem  ville  quatuor  scuta  auri  pro  quatre  écus  d'or  aux  consuls  eux- 

emenda  que   compromissione    per  mêmes ,  ou  k  la  communauté  de 

ipsos  consules  facta  fuerat  facta  in  ladite  ville,  pour  la  composition  fiûte 

magnum   preiudicium  ipsius  dicti  par  un  compromis  imposé  par  lesdits 

domini  comitis  etjuris  et  Justicie  sic  consuls  au  grand  préjudice  dudit 

lesionem  qua  petiit  eosdem   con-  seigneuroomte.et  au  mépris  de  son 

suies  retineri  in  emendam  centum  droit  et    de  sa  Justice;  pourquoi 

librarum    et   petiit   responderi   et  il  demandait  que  lesdits   consuls 

adbuc  pendet  tempus  ad  respon-  fussent  tenus  en  cent  livres  d'à- 

dendum.  monde ,  et  qu'ils  répondissent  h  sa 

demande;  et  le  délai  pour  répondre 
est  encore  pendant. 

Etideovisisadlongumdictispri-  Cest  pourquoi,  après  avoir  lon- 

vilegiis  et  libertatibus  eiusdem  ville  guement  considéré  les  privilèges  et 

seu  eorum  vidimus  et  instrumente  libertés    de  ladite   ville    ou   leurs 

submissionis  facte  per  dictum  Bene-  iddimus  et  l'acte  de  la  soumission 

dictum  de  Teregoy  te  et  eius  uxorem  faite  par  ledit  Benoît  de  Teregoy  te  et 

et  Informatione  super  hec  facta  et  sa  femme,  et  rinformiation  sur  oe 

condempnatione  et  taxatione  facta  faite,  et  la  condamnation  et  règle- 

per  eosdem  consules  de  dicta  emenda  ment  fait  par   lesdits  consuls  de 

requirunt  consules  dicte  ville  per  laditeamende,  requièrent  les  consuls 


D*UN  AVOCAT   LIMOUSIN   AU   XV'    SIÈCLR.  169 

consllium   sibi   ad   longum   tradi  de  ladite  ville  que  par  le  oonseil 

iosuperreeponsionempereosfacien-  leur  soit  donnée  tout  au  long  la 

dam    peticioni   dicti    procuratoris  réponse  quelle  doivent  faire  &   la 

quam  uuam  videbitis  ad  longum  in  demande  dudit  procureur,  dont  vous 

acto  dicte  curie  de  Meymaco  per  en  verrez  une  tout  au  long  dans  un 

quam  volunt  et  assentiunt  iidem  acte  de  ladite  cour  de  Meymac,  par 

conaules  eorumjuridictionemetjus  laquelle  ils  veulent  et  prétendent 

exercere    procurationem   privilegii  exercer  leur  juridiction  et  leur  droit, 

sibi  concessi  deffendere  et  vindicare  et  défendre  et  revendiquer  en  Justice 

in  jure  omni  via  et  ratione  cum  in  le  bénéfice  du  privilège  k  eux  con- 

eadem  concessione  idem  dominus  cédé  par  tonte  voie  et  moyen,  at- 

viceoomes  in  eodem  articule  nihil  tendu  que,  dans  Tacte  de  concession, 

sibi  reservavit.  ledit  seigneur  vicomte  ne  s'est  rien 

réservé  sur  cet  article. 

Item  et  si  dictus  procurator  vellet  Item ,  et  si  ledit  procureur  voulait 

allegare  quod  nunquam  consules  alléguer  que  jamais  les  consuls  de 

dicte  ville  cognoverint  de   talibus  ladite  ville  n'ont  jamais  connu  de 

casibus,  est  adiiciendum  quod  nun-  tels  cas,  on  doit  ajouter  que  jamais 

quam  similis  casus  accidit  in  eadem  pareil  cas  n*était  advenu  en  ladite 

villa.  ville. 

Item  et  est  beneinspiciend  us  ténor  Item,  il  faut  examiner  avec  soin 
submissionis  prius  notate  per  quam  la  teneur  de  la  soumission  ci-<lessus 
unam  dicti  consules  et  quicumque  visée,  laquelle  seule  donnerait  aux 
alii  supponendo  quod  nullam  aliam  consuls  et  k  tout  autre,  en  suppo- 
haberent  facultatem  prout  ymo  ba-  sant  qu'ils  ne  Teussent  pas  comme 
bent  poterant  procedere  ad  taxatio-  ils  Tout ,  le  pouvoir  de  procéder  au 
nem  quam  fecerant.  règlement  qu'ils  ont  fait. 

Item  dicatur  etiam  supponendo  //^m,  dire  ausM,  en  supposant  que 
quod  dictum  compromissum  non  ledit  compromis  n'eût  pas  été  passé , 
fùisset  passatum  nec  fuisset  facta  et  qu'il  n'eût  été  fait  aucune  soumis- 
submissio  aliqua  si  dicti  consules  sion,  si  lesdits  consuls,  pour  leur 
per  eorum  libertatem  antedictam  liberté  susdite  et  vu  lesdites  liber- 
visis  dictis  Hbertatibus  poterant  et  tés  et  franchises,  pouvaient  et  de- 
debebant  facere  quod  fecerant  et  valent  faire  ce  qu'ils  ont  fait  ainsi 
prout  superius  est  expressum  vide-  qu'il  est  ci-dessous  ex  primé,  c*est-à- 
licet  dictam  taxam  in  emendam  re-  dire  retenir  ladite  amende,  en  fixer 
tinere  et  eamdem  emendam  taxare  le  montant ,  et  l'appliquer  à  la 
et  communitati  applicare  aut  non  communauté,  ou  non,  sans  perdre 
attento  quod  non  citra  unquam  de  vue  que  jamais  auparavant  pareil 
casus  similis  accidit.  cas  ne  s'était  présenté. 

C'est  à  dessein  que  nous  avous  intitulé  cette  pièce  :  ConsuUa- 
Ucn  d'un  avocat  limousin,  et  non  :  Considtation  d'un  avocat  de 
Meymac.  En  effet  elle  présente  des  écritures  d'une  main  et  d'une 
encre  différentes  :  tout  ce  qui  précède,  ainsi  que  Tavant-dernier 
paragraphe,  que  nous  verrons  plus  loin,  nous  semble  Toeuvre 
d'un  homme  de  loi  de  Meymac  qui  rappelle  minutieusement 

U 


170  CONSUÎ.TAtroN 

tous  Us  faits,  qui  pose  les  questions  auxquelles  le  conseil  doit 
répondre.  Et  en  effet,  à  la  suite  des  principaux  paragraphes,  il 
existe  des  blancs  dont  quelques-uns  tiennent  une  demi-page,  et 
qui  semblent  attendre  une  réponse.  Cet  exposé  a  dû  être  envoyé 
ou  porté  à  un  avocat  d'Ussel ,  peut-être  même  de  Limoges  :  à  la 
suite  du  paragraphe  qui  précède ,  celui-ci  a  consigné  sa  réponse 
en  ces  termes  : 


«  Potuerunt  emeudam  retiaere  et  «  Ils  ont  pu  fixer  et  retenir  Ta- 

eam  taxare  communitatique  appli-  monde  et  l'appliquer  à  la  commu- 

care  et  cum  nunquam  casus  acciderit  nauté,  et,  comme  le  cas  ne  s'était 

non  est  locus  ob  hoc  prescriptioni  pas  présenté ,  il  n'y  a  pas  lieu  k  la 

ymo  potuerunt  ex  quo  casus  evenit  prescription;  bien  plus  ils  pouvaient, 

in  personam  unius   ex  consulibus  le  cas  a*étant  produit  envers  la  per- 

tanquam  commissus  in  consulem  et  sonne  d'un   des  consuls ,  le  punir 

non  aliter  puuire  ac  dictam  ream  comme  commis  sur  un  consul  et  non 

tanquam    improbam    in   emendam  autrement,   et  taxer  et  condamner 

condempnare  quatenus  tangit  con-  l'inculpée  à  Tamende  comme  coupa- 

sulatum  seu  communitatem  et  non  ble  envers  le  consulat  et  la  commu- 

aliter  sicuti  episcopus  potest  punire  nauté  et  non  autrement  (1) ,  de  même 

pro  propria  iniuria  cum  tangit  ec-  qu'un  évêque  peut  punir  une  iujure 

clesiam  et  cum  veniam  non  obtinuit  personnelle  lorsqu'elle  intéresse  TÉ- 

improbus   est   vel  improba  dicitur  glise;  et.  si  le  coupable  n'obtient  pas 

sceleratus  vel  scelerata  ut  aït  Papy-  son  pardon,  il  est  déclaré  coupable. 


(i)  L'avocat  consullè  rveonnalt  1«  droit  qu'aTiient  Ica  consuls  de  punir  un  d^lil  d'ordre  public  ;  il  leur 
refuaa  implieileaMOl ,  par  cea  aaou  mm  aliter^  celui  de  condamner  à  dea  dommages-iniéréls  ePren  lear 
rollègna  baïui  t  aussi  ne  ravaicni-ib  pas  fai(.  Il  résulte  da  l*expos4  que  Ica  dommagea-inlèrébi  alloués  à 
■'  Léonard  éiaieot  le  résultai  d'une  transaction  (rmrrof^iwrintl)  qoi ,  en  ca  qui  le  concernait,  était  toute 
d'intérêt  privé ,  et  qui  semble  avoir  été  réglée  par  «n  acte  aéparé.  C'est  donc  à  tort  que  le  proeurenr  dn 
Comte  reprochait  aux  consuls  «  d'avoir  randuami  (oondempnavcrunt  per  vanam  aententiaaa)  Agnès  a 
indemniser  celui  qu'elle  avait  battu  ».  En  ce  qui  concerne  le  compromis  passé  avec  les  cooaula 
ettjt-mèmes ,  la  thè*e  du  comte  était  plus  aautenable  ;  dn  moins ,  en  droit  abaolu ,  peut-on  aoutenir  qu'un 
délit  d'ordre  puMte ,  comme  eelui  d*avoir  frappé  un  magistrat  à  l'occasion  de  ses  fonctions  (et  c'ruil  le  eu  , 
c'était  évidMnmant  comme  oonaul  que  M*  Léonard  détenait  la  clé  de  la  poterne),  ne  peut  être  l'objet  d'uoe 
tranaaeli«n  tendant  à  éteindre  raation  publique.  De  nos  jours  ,  par  exemple ,  un  magistrat  qui  aora  été 
frappé  pourra ,  si  sa  cupidité  lui  fait  oublier  *  ce  p«»int  sa  dignité ,  tranaiger  sur  les  dnasmagaa  im^t  éis  qu'il 
pourrait  obtenir  en  se  portant  partie  civile,  et  la  transaction  sera  valable;  maia  aea  coll»s«cs  ne 
pourraient  à  coup  sûr  stipuler  avec  le  coupable  qu'il  paiera  aoit  à  la  ville  ,  soit  aux  pauvres ,  me  soaac 
de...  mojennant  quoi  il  ue  aéra  pas  pourauivi.  Vaia  il  n'en  était  pas  ainsi  au  moyen  Age  :  laaéparatioo, 
si  aba<rftta  dana  nos  lois  modernes ,  entre  Taction  privée  et  l'action  publique  éuit  loin  d'être  trancbée  ;  la 
irtMi^MMoM  *  ).rix  d*argent,  rcete  dca  légialalions  borbarea  ,  éUU  généralement  admise ,  et  le  texte  dra 
franchiaea  de  Mc|mae  l'admettait ,  en  diaant  que  laa  oonanla  pourraicm  pauff  ce«x  qni  leur  ééanbéirainK 
jusqu'à  ce  qu'ils  vinssent  4  composition  {doimc  ventril  ad  emutdam:  — einutdm^  otoemde^  lQn<|u'aUe 
était  infligée  ;  composition  ,  lonqn'clle  éuit  le  résulut  d*un  accord  entre  l'offienaeur  et  roflensé).  ftestaii 
à  aavoirjuaqu'à  quel  point  le  fait  d'avoir  frappé  on  consul  pouvait  éUe  asaimilé  *  la  désabéîaaanee  i  on 
ordre  dca  consuls.  C'était  lA  b  véritable  difilcullé,  que  l'avocat  consulté  élude  plut^  qu'il  ne  la  i^oiM.II  j 
voit  un  délit  d'ordre  public.  C'est  précisément  à  ce  point  de  vue  que  la  prétention  du  comte  était  surtout 
soutenable. 


d'un  avocat  limousin  au  xv«  siècle.  171 

riu8.  Nam  legres  facte  8UDt ut  eorum  scélérat  ou  scélérate,  comme   dit 

metu  humana  coerceatur  audacia  Papyrius.  Car  les  lois  sont  faites 

tutaque  sit  inter  improbos  inno-  pour   que    Thumaine   audaee   soit 

centia  et  in  ipsia  improbia  formi-  contenue,  et  que  rinnocence  soit  en 

dato  supplicio  refrenetur  audacia  sûreté  au  milieu  des  méchants,  et 

et  nooendi  facultas.  Item  dioendum  que  chez  ces  méchants  eux-mômes 

de  dictia  franchesiis  et  libertatibas  l'audace  et  la  pouvoir  de  nuire  soient 

eximprobitate  perpetrata  in  eonsu-  retenus  par  la  crainte  du  supplice, 

lem  potttit  et  debuit    puniri   per  Autant  doit  être  dit  desdites  tnn- 

consules   ut  oeteris  traderetur   in  chises  et  lilMrtés  et  de  la  violence 

exemplum  et  hoc  fuit  et  e^t  exem-  commise  sur  un  consul  :  elle  a  pu  et 

plum  expédions  rei  publiée  et  cum  dû  être  punie  par  les  consuls  pour 

.oasus  non  fuit  amplius  in  acto  et  servir  d'exemple  aux  autres,  et  un 

non  fuit  fiicta  imquam  talis  puni-  tel  exemple  est  et  fut  utile  k  la  chose 

tio  absitque  ex  hoc  fuerit  prescrip-  publique;  et,  bien  que  le  cas  ne  se 

tum  in  dictis  franchesiis  quinymo  fûtpasencore  présenté,  et  que  jamais 

potuerunt  et  poterunt  taies  impro-  pareille  punition  n'eût  été  pronon- 

bitates  si  facta  fuerint  in  futurum  cée,  et  que  ce  point  ne  soit  pas  expli- 

punire.  »  que  dans  lesditee  franchises ,  ils  ont 

pu  et  pourront  punir  de  tels  actes 
s'ils  se  reproduisent  k  l'avenir,  t> 

Ici  reprend  la  première  écriture  : 

Item  et  est  adiieiendum  quod  Item ,  il  est  bon  d'ajouter  que  les- 
dicti  consules  si  fleri  possit  nolunt  dits  consuls,  si  faire  se  peut,  no 
habere  processum  cum  dicto  domi-  voudraient  pas  avoir  procès  avec 
no  cum  trynio  affectant  brevius  leur  dit  seigneur,  désirent  sortir  de 
exire  quod  fieri  poterit  et  sunt  oppi-  cette  impasse  (le  texte  dit  :  tryvio, 
nionis  si  per  consilium  videatur  carrefour,  mais  l'expression  frau- 
de dicendo  in  proximis  assisiis  et  çaise  la  plus  rapprochée  au  figuré 
respondendo  quod  omnia  que  consu-  nous  semble  être  celle  d'impasse)  le 
les  fecerunt  bene  et  débite  fecerunt  plus  tôt  possible,  et  sont  d'avis,  si  le 
et  facere  potuerunt  visis  eorum  li-  conseil  l'approuve ,  de  dire  et  répon- 
bertatibus  et  rationibus  Juris  super  dre,  aux  prochaines  assises  que 
hoc  sciendis  et  cum  hoc  expresse  tout  ce  qu'ont  fait  les  consuls  ils 
sunt  parati  stare  ordini  domini  ju-  l'ont  fait  et  pouvaient  faire  bien  et 
dicis  et  ideo  inspiciendum  si  esset  dûment ,  vu  leurs  franchises  et  les 
sufficiens  responsio  vel  si  idem  do-  raisons  de  droit  k  invoquer  sur  ce 
minus  Judex  poterit  compellere  point,  et,  cela  dit,  sont  prêts  à  se 
dictos  consules  ad  aliam  responsio-  soumettre  aux  ordres  de  monsieur 
nem  faciendam.  le  juge  :  c'est  pourquoi  il  faut  exa- 

miner si  la  réponse  serait  suffisante , 
et  si  mondit  monsieur  le  juge 
pourrait  forcer  lesdits  consuls  k  en 
faire  une  autre. 

Sur  ce  point  le  conseil  répond  : 


172  CONSULTATION   D'UN    aVOCAT   LIMOUSIN. 

«  Suflieiens  est  tesponsio  et  grata  «  La   réponse   est    suffisante   et 

et  non  credo  quod  reifatetur  et  si  bonne,  et  Je  ne  crois  pas  qa*on  la 

non  admittatur  talis  responsio  seu  réfate;  et,  sieUen'estpasaocaeillie, 

oblatio ,  et  procurator  petat  respon-  et  qne  le  procureur  réclame  qu*il 

deri  peticioni  seu  dicatur  et  obiicia-  soit  répondu  à  sa  demande,  dire  et 

tur  quod  dicta  peticio  est  generalis  objecter  que    ladite  demande    est 

coDfusa  et  incerta  impertinens  et  générale,  confuse,  vague,  ni  perti- 

inadmissibilis  et  non  est  ei  respon-  nente  ni  admissible,  et  qu*il  n^ya 

dendum   et  si  condicatur  petatur  pas  lieu  d*7  répondre;  si  Ton  en 

interloquium  et  si  ordinetur  in  con-  tombe  d*accord,  demander  interlo- 

trarium  appelletur  que  appellatio  cutoire,  et,  si  on  le  refuse,  appeler, 

erit  bona  si  appelletur  in  scriptis  et  l'appel  sera  valable  s*il  est  fUt 

nam  peticio  est  inepta  et  non  exci-  par  écrit,  car  la  demande  est  absurde 

pienda.  —  Rioaldus»  salvo  ocmsilio  et  non  recevable.  —  Rioault,  sauf 

meliori.  »  meilleur  avis.  » 


Il  est  probable  que  cette  affaire,  comme  beaucoup  d'autres, 
n^aura  pas  eu  de  solution.  Tout  ce  qu'il  en  reste,  c'est  cet 
exposé,  suivi  de  la  consultation  de  maître  Rigault.  Malgré  sa 
prolixité ,  il  nous  a  paru  devoir  être  conservé. 

Paul  HUOT. 


CHRONIQUE. 


Mbssibubs  , 

Je  me  fais  un  devoir  de  vous  communiquer  le  résultat  de  mes 
études  sur  le  produit  des  fouilles  de  la  place  des  Arbres  de 
Saint-Martial. 

Accompagné  de  notre  illustre  confrère  M.  le  comte  de  Las> 
teyrie  du  Saillant,  j'ai  reconnu  un  cippe  en  granit  d'un  mètre 
de  hauteur  sur  soixante  centimètres  de  largeur  à  sa  base  et 
quarante  à  la  pointe  de  la  pyramide.  Ce  cippe,  terminé  par  une 
boule  ou  pomme  de  pin,  a  beaucoup  d'analogie  avec  celui  qu'on 
voit  derrière  le  chevet  de  la  cathédrale ,  et  qui  servait  de  limite 
à  la  juridiction  de  l'abbaye  de  la  Règle.  Je  n'y  ai  découvert 
aucune  inscription,  et  il  est  tout  couvert  de  terre;  peut-être 
un  examen  plus  prolongé  après  qu'il  aura  été  lavé  permettra- 
t-il  d'en  trouver  une. 

Un  énorme  bloc  de  pierre  carré  présente  d'un  côté  une 
ouverture  de  forme  extraordinaire  :  peut-être  est-ce  le  dessus  du 
tombeau  ou  de  la  cuve  de  Séros ,  dont  je  vous  ai  entretenus.  Le 
poids  de  cette  pierre  ne  m'a  pas  permis  de  la  retourner 
afin  de  la  comparer  avec  la  tombe  de  Séros ,  qui  est  déjà  enfouie 
dans  les  nouvelles  constructions. 

Le  sceau  de  Barthélémy  Audier,  dont  j'ai  conservé  l'empreinte, 
appartenait  à  l'abbé  de  Saint-Martial  de  ce  nom,  qui  passa, 
Tan  4497,  du  prieuré  de  Dunet  au  siégé  abbatial  de  cette  collé- 
giale. 

Un  autre  sceau  plus  petit,  avec  armoiries,  porte  le  nom  de 
Pierre  Baile  :  il  avait,  dit-on,  un  contre-scel  oii  se  voit  gravé  un 
aigle  à  deux  têtes  aux  ailes  éployées. 

Si  ce  petit  sceau  était  seul,  il  devrait  provenir  d'un  étranger 
natif  de  quelqu'une  des  puissances  allemandes  dont  cet  aigle  est 
l'enblême. 


174  CHRONIOtR. 

Deux  membres  du  Conseil  général,  MM.  des  Monstiers- 
Mérinville  et  des  Termes,  maire  de  Bellac,  m'ont  communiqué 
des  spécimens  de  nombreuses  monnaies  trouvées  au  Fraysse 
près  Bellac.  J'y  ai  reconnu  des  pièces  d'argent  grandes  et  petites 
de  Ferdinand  et  d'Isabelle,  roi  et  reine  d'Espagne,  des  blancs 
douzains  et  deniers  tournois  des  rois  de  France  François  I'% 
Henri  II  et  Charles  IX  :  c'est  du  moins  ceux  dont  les  légendes 
figurent  sur  le  peu  de  ces  monnaies  qui  ont  passé  sous  mes 
yeux.  On  présume  que  ce  dépôt  remonte  à  l'époque  oh  fut 
construit  le  château  du  Fraysse ,  et  que  ce  serait  le  petit  trésor 
d'un  des  ouvriers  qui  y  travaillèrent. 

Maurice  âRDANT, 

ArcliiTltt*  d«to  HMito-Vianac,  oActer  4'MMléiiito. 


rROGÈS-VERBAUX  DES  SÉANCES 


^#>rv>r  -w  v^v  «p^^^^^-^is/w  w^rv* 


SÉANCE  DU  29  JANVIER  4864. 


Prêttldence  do  BI.  Blanrloe  ARDAIVX*  Vlce*Pi*ê«ldent. 

Sont  présents  :  MM.  Buisson,  Roméo  Chapoulaud,  Brunet, 
Lansade ,  Garîgou-Lagrange ,  Hervj',  Brisset ,  E.  Raben ,  Astaîx , 
Nivet-Fontaubert,  Maquart,  Dessales,  de  Graves,  Amédée 
Alluaud,  Ferru.  Ces  deux  derniers  membres,  arrivés  trop  tard, 
n'ont  pas  pris  part  au  vote  pour  le  renouvellement  partiel  du 
comité  de  publication. 

Le  procès-verbal  de  la  dernière  séance  est  lu  et  adopté. 

MM.  Edouard  Boudet  et  Choppin  d'Arnouville,  présentés  à  la 
dernière  séance,  sont  proclamés  membres  titulaires. 

Lecture  est  donnée  : 

4<»  D'une  lettre  dans  laquelle  Son  Exe.  M.  le  ministre  de 
l'instruction  publique  annonce  à  M.  le  président  qu'il  a  accordé 
une  somme  de  300  fr.  à  la  Société  Archéologique  du  Limousin 
(exercice  4863); 

2"  D'une  lettre  dans  laquelle  M.  le  préfet  de  la  Haute-Vienne 
informe  M.  le  président  qu'il  vient  de  décider  que  l'indemnité  de 
1  fr.  par  jour  accordée  aux  cantonniers  employés  aux  fouilles 
de  la  villa  d'Antone  sera  prise  sur  les  fonds  du  service  des  che- 
mins vicinaux. 

La  Société  prie  M.  le  président  de  vouloir  bien  transmettre  à 
Sou  Exe.  M.  le  ministre  et  à  M.  le  préfet  de  la  Haute- Vienne 
l'expression  de  sa  gratitude. 

11  est  procédé  à  l'élection  de  deux  membres  du  Comité  de  pu- 
blication en  remplacement  de  MM.  Levieil  de  La  Marsonnière  et 
Alfred  Chapoulaud ,  membres  sortants. 


176  PBOCÈS^-VRKBAUX    DES   séANCBS. 

Le  dépouillement  du  scrutiu  donne  les  résultats  suivants: 

Nombre  des  votants U 

M.  Garîgou-Lagrange 43  voix. 

M.  Guillemot M 

En  conséquence,  MM.  Oarigou-Lagrange  et  Guillemot  sont 
proclamés  membres  du  comité  de  publication  pour  Tannée  1864. 

Émus  de  certaines  critiques  adressées  journellement  au  musée 
et,  par  suite,  à  la  Société  Archéologique,  sur  laquelle  Topinion 
publique  fait  retomber  toute  responsabilité,  MM.  Brunet  et 
Ruben  examinent  ce  qu'il  y  aurait  à  faire  pour  rendre  le  musée 
plus  sérieux  et  plus  digne  d'une  grande  ville.  Après  une  dis- 
cussion à  laquelle  prennent  part  MM.  Buisson  de  Mavergnier, 
Maquart,  Amédée  Alluaud,  Lansade,  la  Société  renvoie  à  l'una- 
nimité rétude  de  la  question  à  une  commission  de  sept  membres. 
Au  premier  tour  de  scrutin ,  sont  nommés  : 

MM.  Brunet,  Ruben,  Buisson,  Alluaud; 

Au  second  et  au  tioisième  tour  : 

MM.  Astaix,  Nivet-Fontaubert,  Guillemot. 

M.  Astaix,  chargé  de  l'examen  des  comptes  de  4863 ,  a  la  pa- 
role. Il  dit  que,  dans  la  séance  du  29  mai,  M.  le  trésoriers 
annoncé  par  erreur  qu'il  avait  reçu  du  département  la  somme 
de  4,000  fr.  pour  la  Société  :  sur  cette  somme,  500  fr.  étaient 
affectés  à  la  Société  des  Amis  des  Arts.  U  propose  ensuite  d'a- 
dresser des  remercîments  à  M.  le  trésorier,  et  d'approuver  les 
comptes  de  4863  ainsi  qu'il  suit  : 

/   Chapitre  I" .  .      837  95  \ 

Recettes  effectuées \        Id.      II...  4,270  25  [  3,308  20 

(        Id.      III..   4,200     »  ) 

(   Chapitre  I"...  2,692  25  )  ^  ^_ 
Dépenses  effectuées...  j        j^       jj^        436  46  1  ^'^^  *^ 

En  caisse  au  34  décembre  4863 479  80 

La  Société  vote  des  remercîments  à  M.  le  secrétaire-trésorier, 
approuve  le  compte  ci-dessus ,  et  charge  une  commission,  com- 
posée de  MM.  Astaix ,  Brisset  et  Hervy,  de  la  présentation  du 
budget  de  4864. 

La  séance  est  levée  à  9  heures  et  demie. 

Le  secrétaire  gétiéral, 
É.  RUBEN. 


PROCÈS-VERBAUX   DES   SBANCBS.  177 


SÉANCE  DU  34  FÉVRIER  1864. 


Pirëttldenee  de  M.  Maurice  ARDAIVT«  Vloe-Présldent.* 

Sont  présents  :  MM.  Maurice  Ârdant,  Bonnin,  Brunet, 
Buisson  de  Mavergnier,  Alfred  Chapoulaud ,  Choppin  d'Amou- 
Tille,  de  Graves,  de  La  Marsonnière,  Lansade,  Maquart, 
Nivet-Fontaubert,  Brisset,  Garigou-Lagrange. 

Le  secrétaire-trésorier,  en  Tabsence  du  secrétaire  général  et 
du  secrétaire-archiviste,  donne  lecture  du  procès-verbal  de  la 
dernière  séance.  Ce  procès-verbal  est  adopté ,  avec  cette  obser- 
vation que  les  critiques  formulées  contre  Torganisation  du 
musée  par  MM.  Brunet  et  Ruben  leur  sont  toutes  personnelles, 
rassemblée  n'ayant  point  été  appelée  à  s'y  a.ssocier  par  son  vote, 
mais  en  ayant  simplement  renvoyé  Texamen  à  une  commission. 

M.  Nivet-Fontaubert  offre  à  la  Société ,  au  nom  de  M.  Four- 
nier,  photographe,  une  vue  de  Téglise  de  Saint-Léonard.  La 
Société  charge  le  secrétaire  de  transmettre  à  M.  Fournier  l'ex- 
pression de  sa  gratitude. 

Il  est  ensuite  procédé  au  dépouillement  de  la  correspondance , 
qui  comprend  : 

^^^  Une  lettre  de  M.  Tabbé  Védrine  :  démission  comme  membre 
correspondant  ; 

S<>  Une  lettre  de  M.  É.  Ruben,  secrétaire  général,  par  laquelle 
il  s'excuse  de  ne  pouvoir,  pour  cause  de  santé,  assister  à  la 
séance  ; 

3«  Une  circulaire  de  M.  de  Caumont,  par  laquelle  il  prie 
M.  le  président  de  lui  faire  parvenir  la  liste  des  délégués  de  la 
Société  au  Congrès  centrcd  des  délégués  des  sociétés  savantes  et  des 
comices  agricoles; 

4"*  Une  lettre  delà  Société  Uavraise,  par  laquelle  cette  Société 
remercie  M.  le  président  de  renvoi  de  nos  bulletins; 

6«  Enfin  une  dépêche  de  M.  le  ministre  de  l'instruction  pu-- 
blique  relative  à  la  troisième  réunion  des  sociétés  savantes  à 
la  Sorbonne  (concours  de  1863 ,  précédé  de  trois  jours  de  lectures 
publiques). 


178  PROrfes-VKRBAUX    DES   SEANCKS. 

M.  Buisson  de  Mavergnier  propose  à  la  Société  de  le  délég-iier 
à  cette  réunion.  11  annonce  qu'il  se  propose  d'y  lire  un  travail 
sur  les  fouilles  du  Puy  de  Jouer. 

M.  Brunet  fait  observer  qu'il  serait  convenable  et  utile  de 
convoquer  une  réunion  extraordinaire  dans  le  but  de  choisir  les 
délégués  qui  devront  assister  à  cette  réunion  des  sociétés 
savantes,  dans  le  but  aussi  de  connaître  les  lectures  qu'ils  se 
proposent  d'y  faire.  La  Société ,  dit-il ,  a  le  plus  grand  intérêt  à 
connaître  d'avance  et  à  pouvoir  approuver  ou  improuver  les 
lectures  qui  seront  faites  en  quelque  sorte  en  son  nom. 

L'assemblée  adopte  cet  avis,  et  il  est  décidé  qu'une  convocation 
extraordinaire  aura  lieu  le  11  mars  prochain  pour  y  choisir  les 
délégués  de  la  Société  à  la  réunion  des  sociétés  savantes  à  la 
Sorbonne,  et  recevoir  communication  des  travaux  qu'ils  se  pro- 
posent d'y  lire. 

M.  le  secrétaire  général  est  prié  de  faire  les  convocations  pour 
cette  réunion.  (Les  lettres  adressées  à  MM.  les  sociétaires  devront 
indiquer  l'objet  spécial  de  cette  réunion.) 

MM.  Levieil  de  La  Marsonniëre  et  Choppin  d'Âruouville  pré- 
sentent à  la  Société,  comme  membre  titulaire,  M.  deMarpônt, 
receveur  général  des  finances  de  la  Haute- Vienne. 

M.  Alfred  Chapoulaud  donne  ensuite  lecture  d'un  travail  de 
M.  Maurice  Àrdant  sur  saint  Éloi  orfèvre  émailleur.  —  Envoi 
au  comité  de  publication. 

Après  cette  lecture,  M.  Nivet-Fontaubert  demande  qu'il  soit 
donné  communication  à  la  Société  d'un  travail  de  M.  Grizi, 
travail  dans  lequel  on  démontre  que  l'industrie  des  émaux  à 
Limoges  est  antérieure  de  plus  de  trois  siècles  à  l'école  allemande. 
(Ce  travail  est  cité  par  M.  Ardant.) 

M.  Brunet  fait  observer  que,  chaque  membre  étant  libre  de 
faire  à  la  Société,  en  se  renfermant  dans  les  limites  du  règle- 
ment, toutes  les  lectures  qui  lui  conviennent,  il  n  y  a  pas  lieu 
de  consulter  l'assemblée,  et  que  M.  Nivet  peut,  s'il  le  veut, 
lire  le  travail  de  M.  Grizi  à  une  séance  prochaine.  L'incident 
n'a  pas  d'autre  suite. 

Lu  parole  est  donnée  à  M.  Buisson  de  Mavergnier.  L'assemblée 
entend  la  lecture  d'un  travail  sur  les  voies  romaines.  —  Envoi 
au  Comité  de  publication. 

L'ordre  du  jour  étant  épuisé ,  la  séance  est  levée  à  neuf  heure» 

et  demie. 

U  secrétaire-trésorier. 

F.  BRISSET. 


PROCèS-VKRBALX   DES   SBANCBS.  179 


SÉANCE  DU  9  MARS  4864. 


Présidence  de  M.  Bfeurice  AItDA!VX«  Vlce-Préttident. 

Sont  présents  :  MM.  Ardant,  Bonnin,  Brunet,  Buisson  de 
Mavergnîer,  Lagrange,  de  La  Marsonnière,  Choppin  d*Arnou- 
ville,  É.  Ruben,  Maquart,  Nivet-Fontaubert ,  Brisset  et  de 
Font-Réaulx. 

Le  procès-verbal  de  la  dernière  séance  est  lu  et  adopté. 

M.  de  Marpont,  receveur  général,  présenté  k  la  dernière 
séance ,  est  proclamé  membre  titulaire. 

I/ordre  du  jour  est  la  nomination  de  membres  délégués  à  la 
réunion  générale  des  sociétés  savantes ,  présidée  à  la  Sorbonne 
par  Son  Rxc.  M.  ]e  ministre  de  Tinstruction  publique  les  30  et 
31  mars  et  4*^  avril  prochains.  L'assemblée  délègue  MM.  Buisson 
de  Mavergnier,  É.  Ruben,  Levieil  de  La  Marsonnière  et  de 
Font-Réaulx,  qui  déclarent  n'avoir  pas  de  lectures  à  faire  à 
la  réunion. 

M.  Buisson  de  Mavergnier  lit  un  travail  sur  un  commencement 
de  fouilles  faites  au  Puy  de  Jouer  sous  sa  direction  et  en^Com- 
pagniede  M.  le  curé  de  Saint-Goussault.  L'auteur  croit  avoir 
découvert  des  vestiges  de  l'ancienne  ville  de  Prétorium ,  et  a 
rapporté  de  son  excursion  un  certain  nombre  de  clous  et  un 
anneau  de  fer  qu'il  croit  être  gallo-romains.  L'assemblée  adresse 
ses  remercîments  à  M.  Buisson  de  Mavergnier,  et  renvoie 
Texamen  de  sou  mémoire  au  Comité  de  publication. 

Depuis  la  dernière  séance,  plusieurs  dons  ont  été  faits  soit  au 
musée,  soit  à  la  bibliothèque  de  la  Société.  (Voir  la  liste  à  la  fin 
du  volume.) 

Le  secrétaire  général  ^ 
É.  RIBEN. 


180  PROCÈS-VKHBAltX    DtS   SI^.ANOKS. 


SÉANCE  DU  30  AVRIL  1864. 


Idence  de  M.  Maurice  JkRDAJVT«  Vloe-Pr^éaldent.. 


Sont  présents  :  MM.  Allélix,  Astaix,  Brisset,  Buisson  de  Ma- 
vergrnier,  Brunet,  Chapoulaud (Roméo) ,  Cboppin  d*Arnou ville, 
Ferru,  Hervy,  Lagrange,  Lansade,  Nîvet-Fontaubert,  Emile 
Ruben,  Talabot. 

Le  procès-verbal  de  la  dernière  séance  est  lu  et  adopté. 

M.  le  président  annonce  que  M.  Tabbé  Arbellot,  curé-archi- 
prêtre  de  Rocbechouart,  membre  résidant  de  la  Société,  met  à 
la  disposition  du  Comité  de  publication  des  chartes  de  Henri  IV, 
Louis  XIII  et  Louis  XIV,  accordant  des  privilèges  à  la  ville  de 
Saint-Léonard.  La  Société  accepte  avec  reconnaissance  VoStq 
qui  lui  est  faite. 

M.  Paris,  par  l'intermédiaire  de  M.  Bosvieux,  membre  corres- 
pondant de  la  Société,  offre ,  en  échange  d'un  nombre  de  volumes 
du  Bulletin  de  la  Société  s'élevant  à  la  somme  de  70  fr.,  la 
copie  d'un  recueil  d'inscriptions  limousines,  coté  sous  le 
n*»  5,024  des  manuscrits  de  la  Bibliothèque  impériale  (supplément 
français),  renfermant  le  texte  de  87  inscriptions,  les  dessins  de 
43  tombeaux  et  d'un  bas- relief  et  d'un  pareil  nombre  de  tombes 
plates  ou  de  plaques  de  cuivre  ciselées ,  et  enfin  de  1 46  écussons. 

L*assemblée  accepte  l'offre  fait  par  M.  Paris,  et  remercie 
M.  Bosvieux  de  son  zèle  pour  les  intérêts  de  la  Société  et  de  la 
communication  qu'il  a  faite  de  la  description  détaillée  du  ma- 
nuscrit. 

M.  Sarrette,  lieutenant-colonel  du  86%  fait  hommage  à  la 
Société  d'un  mémoire  intitulé  :  Guerres  d'Arioviste  contre  les 
Éduens  et  contre  César,  et  écrit  de  Belfort,  le  26  avril,  à 
M.  Alluaud,  président,  pour  engager  la  Société  à  diriger  ses 
recherches  et  ses  études  vers  Ussel ,  qu'il  croit  être  Uxellodunum. 
L'auteur  de  la  lettre  cite  à  l'appui  de  son  opinion  quelques  pas- 
sages de  César.  La  Société  remercie  doublement  M.  le  lieutenant 
colonel  Sarrette,  et  renvoie  l'examen  de  la  question  à  une  com- 


PBOCàS-VEHBAUX    DES  séANGES.  181 

tnission  composée  de  MM.  Maurice  Ârdant,  Brunet,  de  La 
Marsonnière ,  Talabot  et  Choppin  d'Arnouville. 

Le  Comité  central  de  publication  des  inscriptions  funéraires  et 
monumentales  de  la  Flandre  orientale  propose  rechange  de  ses 
publications  et  de  celles  de  la  Société  Archéologique  du 
Limousin.  —  La  proposition  est  acceptée. 

M.  Brunet,  pour  M.  l'abbé  Roy  de  Pierrefitte ,  donne  lecture 
djune  lettre  adressée  à  ce  dernier  par  M.  de  Montalembert. 
Après  une  courte  discussion ,  la  Société  décide  que  la  lettre  sera 
reproduite ,  non  en  tête  du  second  volume  du  Nobiliaire ,  mais 
au  procès-verbal  de  la  séance.  Voici  la  teneur  de  cette  lettre  : 

c  Monsieur  le  Doyen  , 

>  Je  vous  félicite  d'avoir  pu  terminer  le  premier  volume  du 
Nobiliaire  de  Nadaud  ;  mais  permettez-moi  de  vous  exprimer  le 
vif  désir  que  cette  publication  soit  continuée,  et ,  si  c'est  possible, 
terminée  par  vous.  J'aurais  voulu  que  les  notices  de  Nadaud, 
rectifiées  et  complétées  dans  votre  nouvelle  édition ,  eusseot  été 
continuées  jusqu'à  nos  jours  pour  les  familles  qui  subsistent 
encore.  Mais,  même  dans  leur  forme  incomplète  et  mutilée,  les 
recherches  de  Nadaud  offrent  un  sérieux  intérêt.  Nul  ne  mé- 
connaît aujourd'hui  l'utilité  de  la  généalogie  et  de  la  biographie 
pour  rétude  de  l'histoire;  et  l'histoire  des  familles  nobles  et 
anciennes  paraîtra  elle-même  d'autant  plus  originale  et  inté- 
ressante que  la  noblesse  aura  passé,  comme  institution,  à  l'état 
de  souvenir  historique  ou  de  monument  artistique,  comme  les 
tableaux  d'anciens  maîtres  qui  ornent  nos  musées,  et  qui  ne 
peuvent  être  ni  reproduits  ni  remplacés  par  des  mains  modernes. 
Cette  vérité  doit  être  surtout  sentie  dans  une  contrée ,  comme  le 
Limousin,  qui  a  vu  surgir  dans  son  sein  les  Âubusson,  les 
Bochechouart ,  lesNoailles,  lesBonneval,  c'est-à-dire  quelques- 
unes  des  plus  illustres  races  de  notre  histoire. 

»  Agréez  donc.  Monsieur  le  Doyen,  mes  vœux  les  plus 
sincères  pour  l'achèvement  de  votre  œuvre,  avec  la 
nouvelle  assurance  de  ma  respectueuse  considération. 

B  Comte  DB  MOMTALBMBBRT. 

»  Paris ,  21  février  1864.  » 


182  PROCfes-VKKBAUX    DES   S^ANCeS. 

Relativement  au  Nobiliaire,  M.  le  président  fait  part  h  la 
Société  d'un  désir  manifesté  par  un  de  ses  membres  correspou- 
dants,  M.  Nadaud,  premier  président  honoraire  de  la  cour  de 
Grenoble,  et  M.  Nadault  de  Boffon ,  de  voir  insérer  dans  le 
Nobiliaire  la  généalogie  de  la  famille  de  Tabbé  Nadaud. 

Quelque  regret  qu'elle  éprouve  de  ne  pouvoir  rendre  cet  hom- 
mage à  la  mémoire  d'un  homme  qui  a  rendu  tant  de  services  à 
la  science, 

Considérant  qu'elle  a  chargé  l'abbé  Roy  d'éditer  le  Nobiliaire; 
qu'elle  a  institué  un  Comité  chargé  de  veiller  sur  les  publi- 
cations ,  et  que  la  décision  de  cette  question  appartient  dès  lors 
à  l'abbé  Roy  et  au  Comité, 

L'assemblée  passe  à  l'ordre  du  jour. 

M.  Astaix,  rapporteur  de  la  commission  du  budget,  donne 
lecture  du  projet  de  budget  pour  4864.  Après  une  courte  dis- 
cussion, les  dépenses  sont  fixées  ainsi  qu'il  suit  : 

fr. 

Livres  et  reliures 200 

Émaux 400 

Numismatique 25 

Dépenses  extraordinaires 130 

Dépenses  du  musée 20 

^     .„      (  Villa  d'Antone 300 

Fouilles  jpuyd^j^uer 400 

M.  Buisson  de  Mavergnier  donne  lecture  d'une  lettre  dans 
laquelle  M.  de  Kreuly,  membre  de  la  commission  de  la  carte 
des  Gaules ,  lui  annonce  son  arrivée  à  Limoges  pour  le  8  mai. 
M.  de  Kreuly  et  un  de  soa  collègues  doivent  visiter  l'empla- 
cement du  Puy  de  Jouer. 

On  fait  observer  à  ce  sujet  que ,  si  la  commission  de  la  carte 
des  Gaules  décide  qu'il  y  a  lieu  de  faire  des  fouilles  ou  Puy 
de  Jou^r,  elle  en  fera  certainement  tous  les  frais,  et  qu'il  de- 
vient dès  lors  superflu  de  voCer  une  somme  de  100  fr.  Si  au 
contraire  les  membres  de  cette  commission  décident  après 
examen  qu'il  n'y  a  pas  lieu  de  faire  des  fouilles ,  la  Société  fera 
bien  d'abandonner  son  projet. 

Malgré  cette  observation,  le  projet  du  budget  est  maintenu 
comme  dessus. 

M.  Nadaud,  premier  président  honoraire  à  la  cour  de  Gre- 
noble, a  offert  à  la  Société  un  lot  de  médailles,  dont  quelques- 
unes  assez  curieuses.  Plusieurs  autres  dons  ont  été  faits  soit  à 
la  Société,  soit  au  nuiî-ée.  [Voir  la  liste  à  la  fin  du  volume.) 


PUOGBS-VEiiBAUX    DES   SÉANCES.  183 

M.  Ruben  donne  lecture  d'au  travail  de  l'abbé  Rougerie  in- 
titulé :  Monographie  du  canton  d'Aixe.  —  Remercîmenta  et  renvoi 
au  Comité  de  publication. 

La  séance  est  levée  à  9  heures  et  demie. 

Le  secrétaire  général, 
É.  RUBEN. 


SÉANCE  DU  27  MAI  4864. 


PrÔAldciice  de  lf«  Blaurloe  ARDAMT*  Vlce*Pré«ldent. 

Sont  présents  :  MM.  Bonnin,  Allélix,  Astaix,  Ferru,  Fon- 
taneau ,  Lagrange,  Maquart,  Nivet-Fontaubert,  É.  Ruben, 
Talabot. 

Le  procès-verbal  de  la  dernière  séance  est  lu  et  adopté. 

A  roccasion  du  procès-verbal,  un  membre  demande  si  la 
Société,  par  lorgane  du  président  ou  du  secrétaire,  s'est  mise 
en  rapport  soit  avec  le  général  de  Kreuly,  soit  avec  la  com- 
mission de  la  carte  des  Gaules,  relativement  au  Puy  de  Jouer. 
On  répond  que  la  Société,  n'étant  encore  qu'à  l'étudo  sur  celte 
question,  n'a  donné  à  aucun  de  ses  membres  mandat  d'entrôi* 
en  communication  avec  personne  à  ce  sujet,  et  qu'on  ignore 
complètement  ce  qui  a  pu  être  fait  en  dehors  de  la  Société.  Sur 
ces  explications,  l'assemblée  passe  à  Tordre  du  jour. 

Un  autre  membre  demande  des  renseignements  sur  le  don 
d'une  momie  fait  au  musée  par  M.  Bonnet,  négociant  à  Paris. 
A-t-on  remercié  le  donateur  ?  Sur  la  réponse  que  rien  d'ofBciel 
n'est  encore  parvenu  à  la  Société,  l'assemblée  décide  que  M.  le 
directeur  du  musée  sera  prié  de  vouloir  bien  donner  quelques 
explications  à  la  prochaine  séance. 

Lecture  est  donnée  d'une  lettre  de  M.  Théophile  de  Font- 
Rëaulx,  un  des  délégués  à  la  réunion  des  sociétés  savantes. 
L^honorable  membre  s'excuse  de  ne  pouvoir  se  rendre  à  la 
séance,  et  donner  quelques  détails  sur  ce  qui  s'est  passé  à  la 
réunion  de  Paris,  Ces  détails,  dit-il ,  ains*  que  les  lectures  faites 


184  PROCÈS-VKRBAUI   DBS   SBANCKS. 

à  cette  assemblée  I  seront  reproduits  dans  le  compte-rendu  qui 
8*imprime  actuellement  par  les  soins  de  Son  Bxe.  M.  le  ministre 
de  l'instruction  publique. 

M.  Maquart,  dans  un  intéressant  trarail,  fait  ressortir  ce 
quMl  y  a  de  plus  saillant  dans  le  tome  XVI  du  Bulletin  de  la 
Société  Archéologique  de  Soissons. 

M.  Maurice  Ardant  donne  lecture  d'un  document  appartenant 
aux  archives  de  la  Haute -Vienne  concernant  l'organisation 
municipale  de  Limoges  avant  4790. 

A  9  heures  et  demie ,  la  séance  est  levée. 

Le  secrétaire  général, 
É.  RUBEN. 


^/WV«M^M^M^^MAA/^^«^MA^A^/^A^/V\MMAAAM 


SÉANCE  DU  4*^  JUILLET  4864. 


iPrésMenoe  de  ■■•  Maorlcse  ARDAlirr»  VIoe-PriéAldent. 

Sont  présents  :  MM.  Astaix,  Brisset,  Brunet,  Chapoulaud 
(Alfred),  Dubouché,  Ducourtieux,  Ferru,  de  Graves,  Hervy, 
Garigou-Lagrange ,  Nivet-Fontaubert ,  É.  Ruben,  Talabot. 

Le  procès-verbal  de  la  dernière  séance  est  lu  et  adopté. 

M.  Buisson  de  Mavergnier,  directeur  du  musée,  s'excuse  par 
lettre  de  ne  pouvoir  assister  à  la  séance.  Le  coup  qui  vient  de 
le  frapper  dans  la  personne  de  sa  fille  est  encore  trop  récent  pour 
qu'il  ait  le  courage  d'assister  aux  travaux  de  la  Société.  L'as- 
semblée s'associe  pleinement  à  la  douleur  de  l'honorable  membre. 

M.  Ruben  communique  à  la  Société  la  Table  des  noms  de  lieux 
et  de  personnages  inscrits  sur  les  monnaies  mérovingiennes  du 
Limousin  d'après  la  description  de  ces  monnaies  par  M.  Maximin 
Deloche. 

M.  Brunet  donne  communication  d'un  travail  de  M.  l'abbé 
Roy  de  Pierrefitte  sur  l'abbaye  de  Dalon.  —  M.  Lagrange,  pour 
M.  Maurice  Ardant,  lit  une  note  sur  le  lieu  d'inhumation  de 


PROCfes-VBBBADX   DBS  SÉANCES.  185 

Simon  de  Cramaud,  patriarche  d'Alexandrie.  —  Renvoi  de  ces 
trois  travaux  au  Comité  de  publication. 

Une  conversation  scientifique  s'engage  relativement  à  la  dé^ 
couverte  de  tombeaux  et  de  monnaies  faite,  pendant  les  travaux 
de  la  place  Royale,  sur  l'emplacement  de  Tancienne  abbaye  de 
Saint-Martial.  M.  Maurice  Ardant  fera  plus  tard  un  rapport 
détaillé  à  ce  sujet. 

M.  Joseph  Brunet  parle  de  six  tombeaux  de  plomb  découverts 
à  Arnac ,  et  qu'il  croit  être  ceux  des  seigneurs  de  Lastours.  Les 
squelettes,  parfaitement  conservés,  ont  les  pieds  tournés  vers 
l'autel ,  selon  l'usage  adopté  pour  les  laïques.  Du  reste  la  chro-^ 
nique  de  Geoffroy  de  Yigeois  doit  donner  à  ce  sujet  d'utiles 
renseignements. 

M.  Brunet  parle  ensuite  d'une  découverte  qu'il  a  faite  à  Saint* 
Hilaire  -  Bonneval  d'un  carrefour  où  venaient  se  rencontrer 
trois  canaux  souterrains.  Chacun  de  ces  canaux  avait  une 
chambre.  La  première,  dans  le  tuf,  était  parfaitement  ronde ^ 
avec  une  calotte  sphérique.  Dans  la  paroi  de  cette  chambre ,  un 
trou  circulaire  donnait  immédiatement  dans  la  seconde  chambre, 
également  ronde  et  très-régulière.  Chacune  de  ces  chambres 
peut  avoir  i  mètres  de  hauteur.  La  troisième  est  carrée,  mais 
également  voûtée  dans  le  haut.  Elle  a  7  mètres  de  hauteur  sur 
3  mètres  de  largeur.  Le  tout  est  à  5  mètres  50  c.  au-dessous 
du  sol. 

M.  de  La  Marsonnière  dit  que  c'est  peut-être  un  de  ces  sou- 
terrains-refuges que  M.  de  Longuemar  a  si  bien  décrits. 

La  discussion  étant  épuisée ,  on  présente  à  la  Société  un  sceau 
du  chapitre  de  Saint-Junien.  M.  Astaix  est  autorisé  à  en  faire 
l'acquisition  au  moyen  d'un  crédit  supplémentaire  voté  à  cet 
effet. 

A  40  heures,  la  séance  est  levée. 

Le  Sicrétaire  générai, 
É.  RUBEN. 


186  PROCBS-VBKBAUX   DBS    séANCES. 


SÉANCE  DU  28  JUILLET  1864. 


Sont  présents  :  MM.  Bonnin,  Astaix  ,  Vabbé  Arbellot,  Hervy, 
Nivet-Fontaubert ,  Guillemot,  Maquart,  É.  Ruben. 

Le  procès-verbal  de  la  dernière  séance  est  lu  et  adopté. 

M.  Rattier  écrit  pour  donner  sa  démission  de  membre  ttitulaire 
de  la  Société. 

Il  est  donné  lecture  des  ouvrages  oflFerts  à  la  bibliothèque  de 
la  Société.  Des  remercîments  sont  adressés  aux  donateurs ,  et 
particulièrement  à  M.  Guillemot ,  pour  sa  Promenade  au  salon 
de  Limoges  en  4864,  et  à  M.  Maquart,  pour  ses  dessins  des 
dalles  de  Téglise  Saint-Remi  de  Reims. 

M.  l'abbé  Arbellot  lit  une  intéressante  notice  biographique  sur 
Tabbé  du  Masbaret,  de  St-Léonard ,  qui  vivait  au  dernier  siècle , 
et  fut  un  des  collaborateurs  des  Bénédictins  de  Saint-Maur  pour 
VHittoire  littéraire  de  la  France,  et  de  Tabbé  Goujet  pour  la 
Bibliothèque  française,  —  Remercîments ,  et  renvoi  au  Comité  de 
publication. 

M.  Ruben ,  pour  M.  Maurice  Ardant ,  lit  nne  notice  sur  le» 
découvertes  archéologiques  faites  dans  les  travaux  de  la  place 
Royale. 

A  9  heures  et  demie ,  la  séance  est  levée. 

Le  secrétaire  général, 
É.  RUBEN. 


PROCàs-VERBAUX   DES  SÉANCES.  187 


SÉANCE  DU  26  AOUT  4864. 


Présidence  de  M.  Maurice  ARDAIVXf  Vlce-Préaldent. 

Sont  présents  :  MM.  Maurice  Ardant,  Bonnin,  Ferru,  Hervy, 
Maquart,  Ducourtieux  et  Frédéric  Brisset. 

M.  le  président  invite  M.  Brisset  à  remplacer  M.  le  secrétaire 
général,  que  sa  santé  empêche  d'assister  à  la  réunion,  et  qui 
s'est  excusé  par  une  lettre. 

Le  procès-verbal  de  la  dernière  séance  est  lu  et  adopté. 

M.  le  président  rappelle  une  observation  faîte  par  lui  à  la 
dernière  séance  :  M.  Tabbé  du  Masbaret ,  dont  une  notice  biogra- 
phique a  été  lue  par  M.  Tabbé  Arbellot  &la  séance  du  48  juillet 
dernier,  était  le  correspondant  de  M.  Tabbé  Expilly,  auteur 
du  Dictionnaire  géographique  des  Gaules. 

Il  est  ensuite  donné  lecture  de  la  liste  des  dons  faits  à  la  biblio- 
thèque et  au  Musée.  (Voir  cette  liste  &  la  fin  du  volume.)  M.  le 
président  se  charge  de  transmettre  à  Sa  Mnjesté  TEmpereur  le 
témoignage  de  la  reconnaissance  de  la  Société. 

M.  Duleau,  numismate  à  Orléans,  a  relevé  dans  le  NobiUaife 
une  inexactitude  en  ce  qui  touche  les  armoiries  de  Tévêque  du 
Chastel.  A  Tappui  de  son  opinion ,  il  a  remis  &  M.  Ardant  une 
note  et  une  empreinte  du  sceau  de  ce  prélat.  II  en  résulterait 
que  les  armes  de  Tévêque  de  Tulle,  au  lieu  d'être  une  croix 
ancrée,  consistent  en  un  écusson  présentant  un  lion  grimpant 
surmonté  d'un  lambel. 

L'assemblée ,  consultée ,  est  d'avis  que  l'examen  de  cette  ques- 
tion doit  être  envoyé  au  Comité  de  publication. 

M.  Brisset,  pour  M.  Ardant,  lit  une  notice  pleine  d'intérêt 
sur  les  découvertes  archéologiques  faites  dans  les  travaux  de  la 
place  Royale. 

A  la  suite  de  cette  lecture,  M.  Ardant  propose  de  voter  une 
somme  pour  indemniser  le  directeur  de  ces  travaux,  M.  Che- 
naud,  des  sommes  qu'il  a  données  aux  ouvriers  pour  obtenir  la 
remise  des  objets  qu'ils  avaient  trouvés,  et  pour  les  encourager 


188  PIIOCBS-VERBAUX   l>tiS   SKANGKS. 

à  lui  remettre  fidèlement  les  objets  qu'ils  pourraient  trouver  h 

l'avenir. 

Cette  proposition  est  accueillie:  rassemblée  charge  MM.  Ardant 
et  Astaîx  de  s'entendre  à  cet  égard  avec  M.  Chenaud;  une 
somme  de  30  fr.  est  mise  à  leur  disposition. 

M.  Ducoartieux  demande  ensuite  la  parole  ;  il  entretient  la 
Société  d'une  découverte  archéologique  faite  par  lui  dans  les 
décombres  de  Tincendie  du  45  août  :  il  s'agit  d'un  petit  cha- 
piteau antique  d'un  travail  assez  curieux. 

M.  Ducourtieux  fera  tous  ses  efforts  pour  que  cet  objet  d'art 
vienne  enrichir  notre  musée  lapidaire. 

L'ordre  du  jour  étant  épuisé,  la  séance  est  levée  à  9  heures. 

Le  secrëtaire-'lrésorier, 
F.  BRISSET. 


SÉANCE  DU  28  OCTOBRE  4864. 


Présidence  de  M.  Maurice  ARD/IlIVX»  VIce-IH'^Aldeiit. 

Sont  présents  :  MM.  Bonnin,  Chapoulaud  (Alfred) ,  Guillemot^ 
Hervy,  Maquart,  LaBorderîe,  Nivet-Fontauberl  et  É.  Ruben. 

Le  procès-verbal  de  la  dernière  séance  est  lu  et  adopté. 

M.  Ruben  fait  une  observation  relative  au  renvoi  au  Comité 
de  publication  d'une  demande  en  rectification,  adressée  par 
M.  Buleau,  d'Orléans,  au  sujet  d'une  erreur  qui  se  serait  glissée 
dans  le  Nobiliaire  de  l'abbé  Nadaud.  M.  Ruben  doute  qu'il  soit 
réellement  dans  les  attributions  du  Comité  de  publication  de 
relever  les  erreurs  du  NMUaire,  et  prétend  que  le  Comité  ne  doit 
pas  s'immiscer  dans  les  questions  si  délicates  qui  intéressent  les 
personnes  et  les  familles.  Les  erreurs,  s'il  y  en  a,  appartiennent 
à  l'abbé  Nadaud  et  à  l'abbé  Roy  de  Pierrefitte,  son  éditeur. 
Dans  tous  les  cas,  il  est  bon  de  laisser  à  chacun  sa  res- 
ponsabilité. 

L'assemblée,  consultée,  décide  que  la  réclamation  de  M.  Duleau 


PROCfes-VEUBAUX   DES   SÉANCES.  189 

fiera  renvoyée  à  M.  Tabbé  Roy  de  Pierrefitte,  qui  sera  prié  d'y 
faire  droit  sMl  y  a  lien. 

Son  Exe.  M.  le  ministre  de  Tinstruction  publique  a  daigné , 
par  lettre  du  42  août,  accorder  comme  encouragement  à  la 
Société  une  somme  de  350  fr.  L'assemblée  prie  M.  le  président  de 
vouloir  bien  faire  parvenir  à  Son  Exe.  Texpression  de  toute  sa 
gratitude. 

Un  membre  fait  remarquer  que  cette  somme  ne  saurait  veuir 
plus  à  propos ,  au  moment  où  le  budget  de  la  Société  vient  d'être 
fortement  grevé  par  les  fouilles  faites  &  la  villa  d'Antone  près 
Pierre-Bufflère.  M.  Nivet-Fontaubert  demande  oii  en  sont  les 
fouilles,  et  propose  une  excursion  archéologique  à  ces  ruines 
romaines.  Plusieurs  membres  s'inscrivent  séance  tenante. 

MM.  Maurice  Ardant  et  É.  Ruben  proposent  comme  membre 
correspondant  de  la  Société  :  M.  E.  Bombai ,  d'Argentat 
(Corrèze),  et  M.  Juge,  de  Tulle,  ancien  juge  de  paix  et  maire, 
chevalier  de  la  Légion-d'Honneur,  demeurant  à  Paris,  rue  Saint- 
Florentin,  U. 

MM.  Ruben  et  Guillemot  proposent  comme  membre  résidant 
M.  Alphonse  Bardinet,  avocat  à  Limoges. 

M.  le  président  fait  part  à  l'assemblée  de  la  mort  de  M.  Félix 
de  Verneilh,  enlevé,  dans  la  force  de  l'âge  et  du  talent,  à  la 
science  archéologique,  dont  il  était  une  des  gloires,  et  à  la 
Société  Historique  du  Limousin,  dont  il  était  un  des  membres  les 
plus  dévoués.  L'assemblée  prie  M.  A.  Guillemot  de  vouloir  bien 
lui  présenter,  dans  une  de  ses  prochaines  séances,  une  notice 
sur  la  vie  et  les  travaux  de  M.  de  Verneilh. 

M.  É.  Ruben  expose  que,  il  y  a  un  an ,  il  fut  chargé  de  rédiger 
une  notice  concernant  la  vie  et  les  travaux  de  M.  le  baron  Gay 
de  Vernon.  Une  longue  maladie,  dont  il  ressent  encore  les 
atteintes,  ne  lui  a  pas  permis  de  s'acquitter  de  ce  devoir.  M.  le 
président  prie  M.  Guillemot  de  vouloir  bien  se  charger  des  deux 
notices,  en  commençant,  bien  entendu,  par  celle  de  M.  Gay  de 
Vernon. 

M.  Guillemot  accepte  cette  double  mission. 

M.  Maurice  Ardant  donne  lecture  d'un  travail  sur  l'émaillerie 
limousine.  —  Remerctments ,  et  renvoi  au  Comité  de  publication. 

A  9  heures  et  demie,  la  séance  est  levée. 

Le  secrétcUn  général  • 
É.  RUBEN. 


190  FROCès-VKRnALX    T)i:s   S^ANCRS. 


SÉANCE  DU  25  NOVEMBRE  4864. 


Présidence  de  M.  Maorlce /kltOANT,  Vlce-Préaldent. 

Sont  présents  :  iMM.  Ardant,  Allélix,  Astaix,  Buisson  de 
Mavergnier,  Guillemot,  Hervy,  Levieil  de  La  Marsonnière, 
Maquart,  Perdoux  et  É.  Ruben. 

Relativement  au  procès- verbal  de  la  dernière  séance,  qui  du 
reste  est  adopté ,  M.  Guillemot  expose  qu'il  eût  été  très-heureux 
de  faire  la  biographie  de  M.  de  Verneilh,  dont  la  Société  l'avait 
chargé,  mais  que,  ayant  appris  que  la  famille  du  regrettable 
archéologue  avait  déjà  confié  ce  triste  honneur  à  notre  savant 
collègue  Tabbé  Arbellot,  il  a  dû  s'occuper  uniquement  de  la 
biographie  de  M.  Gay  de  Vernon. 

MM.  E.  Bombai,  d'Argentat  (Corrèze),  et  Juge,  de  Tulle,  pré- 
sentés à  la  dernière  séance ,  sont  proclamés  membres  correspon- 
dants de  la  Société.  M.  Alphonse  Bardinet,  avocat  à  Limoges, 
est  proclamé  membre  titulaire.  —  MM.  Bardinet,  médecin,  et 
Desfray,  artiste  photographe,  donnent  leur  démission. 

MM.  Levieil  de  La  Marsonnière  et  É.  Ruben  présentent  à  la 
Société,  comme  membre  titulaire,  M.  Jupile-Larombière,  prési- 
dent de  chambre  à  la  cour  impériale  de  Limoges. 

M.  le  secrétaire  général  donne  lecture  d'une  longue  lettre, 
adressée  à  M.  le  président,  dans  laquelle  M.  Roy  de  Pierrefitte  , 
éditeur  du  Nobiliaire  deNadaud,  reconnaît  Terreur  relevée  par 
M.  Duleau ,  d'Orléans  ,  relativement  aux  armoiries  dé  l'évêque 
de  Chastel.  M.  l'ubbé  Roy-Pierrefitte  propose  de  renvoyer  la  rec- 
tification de  cette  erreur  à  la  fin  du  T.  11  du  Nobiliaire.  M.  le 
président  fait  observer  que  ce  délai  menace  d'être  très-long.  La 
^^ociété  renvoie  la  question  au  Comité  de  publication. 

M.  Ruben  annonce  que,  sur  la  demande  de  la  Commission  de 
la  carte  topographique  de  la  Gaule,  il  s'est  dessaisi ,  sur  une  reçu 
de  M.  Anatole  de  Barthélémy,  secrétaire  de  cette  Commission  , 
de  la  carte  dressée  par  M.  Bonnat,  et  appartenant  à  la  Société. 
Ce  document  sera  réintégré  aussitôt  que  possible. 

Relativement  à  une  demande  d'acquisition  pour  le  musée, 
M,  Ruben  fait  observer  que  le  local  devient  de  jour  en  jour  plus 


PROCès-VERBALX    DES   séANCRS.  191 

insuffisant  :  il  est  urgent  de  prendre  des  mesures  pour  son 
agrandissement.  M.  Ruben  propose  donc  de  porter  la  salle  des 
séances  de  la  Société  dans  la  pièce  attenante,  actuellement  inoc- 
cupée, et  d'établir  le  musée  céramique  dans  la  salle  qu'on  aban- 
donnerait. La  communication  entre  cette  dernière  et  le  musée 
actuel  aurait  lieu  au  moyen  d'une  large  ouverture  cintrée,  pra- 
tiquée au  milieu  de  la  muraille,  de  manière  à  ce  que  la  sur- 
veillance devînt  facile.  La  proposition  de  M.  Ruben  est  prise 
en  considération.  M.  le  président  et  M.  le  directeur  du  musée 
céramique  sont  priés  de  vouloir  bien  faire  auprès  de  M.  le  préfet 
des  démarches  afin  d'obtenir  cette  réparation. 

M.  Guillemot  lit  un  remarquable  travail  sur  M.  Oay  de  Vernon. 
—  Remercîments,  et  renvoi  au  Comité  de  publication. 

A  dix  heures,  la  séance  est  levée. 

Le  secrétaire  général, 
É.  RUBEN. 


SÉANCE  DU  30  DÉCEMBRE  4864. 


■■résidence  de  M.  Maurice  AltDAMT,  Vlo<»-I»réaldent. 

Sont  présents  :  MM.  Allélix,  Astaii,  Buisson  de  Mavergnier, 
Chapoulaud  (Alfred),  Garigou-Lagrange,  Lansade,  Nivet- 
Fontaubert,  É.  Ruben. 

Au  sujet  du  dernier  procès-verbal,  dont  la  rédaction  est  du 
reste  adoptée,  M.  le  pr^ident  propose  d'insérer  dans  le  procès- 
verbal  de  la  présente  séance  la  réclamation  de  M.  Duleau  relative 
aux  armes  de  l'évèque  de  Tulle.  La  Société  renvoie  la  solution 
définitive  de  cette  question  au  Comité  de  publication. 

M.  Astaix  dépose  sur  le  bureau  divers  objets  trouvés  par 
M.  Chenaud,  entrepreneur  des  travaux  de  la  place  Roy  nie,  sur 
remplacement  de  l'ancienne  abbaye  de  Saint-Martial ,  et  entre 
autres  le  sceau  de  Barthélémy  Audier,  abbé  de  cette  abbaye. 
M.  Astaix  fait  aussi  hommage,  en  son  nom  personnel,  d'un 
sceau  également  trouvé  place  Royale.  La  Société,  à  l'unanimité, 
vote  des  remercîments  à  M.  Astaix. 


192  PROCÈS-VKRBAUX    DES    SEANCRS. 

M.  Albert,  éditeur  d'un  ouvrage  ayant  pour  titre  les  Grands 
hommes  de  la  Corrèze ,  prie  par  lettre  la  Société  de  vouloir  bien 
souscrire  à  cette  utile  publication.  La  Société  souscrit  pour  un 
exemplaire. 

MM.  Mallevergne,  Dessales  et  Blanchard  donnent  leur  démis- 
.sion  de  membres  de  la  Société.  —  MM.  Maurice  Ârdant  et 
É.  Ruben  présentent,  comme  désirant  faire  partie  de  la  Société 
à  titre  de  membres  correspondants  :  MM.  Mandat  de  Grancey, 
capitaine  adjndant-major  de  chasseurs  à  Clermont-Ferrand , 
et  M.  Dru  ,  pharmacien  au  Dorât. 

La  Société  académique  de  Boulogne-sur-Mer  propose  rechange 
de  ses  publications  avec  celles  de  la  Société  du  Limousin.  —  Cette 
proposition  est  acceptée. 

M.  Ardant,  vice-président,  et  M.  Buisson  de  Mavergnier, 
directeur  du  musée,  rendent  compte  de  la  démarche  qu'ils  ont 
faite  séparément  auprès  de  M.  le  préfet,  président-né  de  la 
Société  Archéologique ,  relativement  au  projet  d^agrandisse- 
ment  du  musée  au  moyen  d'une  large  ouverture  cintrée  entre 
le  musée  actuel  et  la  salle  des  séances.  M.  le  préfet  a  daigné 
promettre  qu'il  ferait  étudier  la  question  par  M.  l'architecte  du 
département.  —  La  Société  remercie  M.  le  préfet  de  tout  l'in- 
térêt qu'il  porte  aux  études  archéologiques. 

M.  Lansade  rend  compte  de  l'état  des  fouilles  pratiquées  &  la 
villa  d'Antone.  Tous  les  jours  on  fait  de  nouvelles  découvertes, 
et  l'on  aura  sous  peu  un  plan  d'ensemble  détaillé  et  complet  ; 
mais  les  dépenses  se  sont  élevées  à  85  fr.  au-delà  des  prévisions 
du  budget.  La  Société  approuve  cette  dépense,  et  prie  M.  Lansade, 
vu  le  mauvais  état  de  la  saison,  de  vouloir  bien  faire  arrêter 
momentanément  les  travaux.  M.  Lansade  est  également  prié  de 
vouloir  bien  présenter  à  la  prochaine  séance  un  état  général  de 
toutes  les  dépenses  faites  pour  les  fouilles.  Du  reste  la  Société 
remercie  M.  Lansade  du  zèle  et  du  dévoûment  qu'il  a  apportés 
dans  la  direction  des  travaux. 

M.  Maurice  Ardant  fait  une  lecture  sur  un  bloc  de  monnaies 
trouvées  à  Limoges.  Il  fait  l'historique  de  cet  intéressant  trésor, 
et  demande  à  être  autorisé  à  acheter  quelques-unes  de  ces  mon- 
naies pour  une  valeur  de  25  fr.  La  Société  remercie  son  prési- 
dent de  cette  communication ,  et  accorde  le  crédit  demandé. 

A  9  heures  et  demie,  la  séance  est  levée. 

Le  secrétaire  général, 
É.  RUBEN. 


LISTE 


Des  dont  failt  au  Musée  et  à  la  Bibliothèque  de  la  Société 

pendant  r année  1864. 


DONS  FAITS  AU  MUSEE. 


DONS   DB  8.  M.  L*BMPBREUR. 

Vn paysage  (bords  du  Tarn] ,  par  H.  Nazon»  né  li  Réaima  (Tarn) .  éleva 
de  M.  Glayre. 

La  Vierge  àllaUant  VSn/ant  Jésus,  peinture  sur  porcelaine,  par 
C.  Turgan  ,  1851 ,  d'après  Andréas  del  Solario. 

DONS  DIVBRS. 

Par  M.  Brunbt,  vice-président  au  tribunal  civil,  deux  ammonites, 
trouvées,  en  1851 ,  k  Sermaize  (Marne)  dans  les  déblais  du  chemin  de  fer 
de  Paris  à  Strasbourg. 

Par  M.  BouDBT  (Edouard),  une  seiUptwre  en  htUs  :  la  Vierge  et  rSnftint 
Jésus. 

Par  M.  LÉPiNARD,  une  enraie,  empaillée  par  lui. 

Par  M.  BONNBT  fils,  divers  oijets  égyptiens  trouvés  à  Thëbes  par 
M.  Frédéric  Caillaud. 

Par  M.  Nadaud,  vingt  médaiUes. 

Par  M.  Brunbt,  dUeraes  médailles. 

Par  M.  le  docteur  BovujLîiD ,  unpolypier  dépouillé  de  ses  parties  molles. 

Par  M.  Galatrt,  un  bloc  de  plâtre  représentant  Venlèvement  de  Déjanire;; 
—  un  autre,  les  martyrs  Eudore  et  Cymodocée;  —  un  médaillon;  —  un 
groupe  de  deux  buses. 

Par  M.  Tabbé  Lbclbr,  moulures  en  plâtre  ù^^  deux  poignards  gaulois  en 
silex* 

Par  M.  MoGNiAT-DucLOS,  censeur  au  lycée,  une  médaille  frappée  a  Toc^ 
casion  de  Téreetion  de  la  statue  du  duc  d*Orléans  ii  Alger. 

Par  M»«  Pradbaux,  propriétaire  ii  Limoges,  un  taseen  terre. 


194         DONS   FAITS   AU   MUSÉK    ET   A    I.A    BIBLIOTHÈQUE. 


OUVRAGES  OFFERTS  A  LA  BIBLIOTHEQUE  DE  LA  i>OCIETE. 

Notes  swr  un  projet  de  chemin  de  fer  direct  de  Lyon  à  Bordeaux.  —  Paris , 
Dwnod ,  éditeur,  1863 ,  in-4  de  16  pages  et  uoe  planche.  Par  Mongini  (L.). 

Département  du  BMne,  Conseil  d'arrondissement  :  session  de  1863.  Séance  du 
21  juUîet,  Chemin  de  fer  direct  de  Lyon  à  Bordeaux,  —  Lyon ,  typ,  de  J.  Vigan , 

1863 ,  in-8  de  52  pages. 

Annuaire  du  département  de  la  Haute-Vienne  pour  1864.  —  In-8.  —  Doù 
de  Fauteur,  M.  Dumont. 

Société  des  Amis  des  Arts  du  Umousin,  Rapport  sur  les  travaux  de  la  Société 
et  sur  Vexposition  de  1862.  Par  M.  Amédée  Alluaud.  —  In-8  de  11  pages. 

Vue  photographique  de  l'église  de  Saint^Léonard ,  offerte  k  la  Société  par 
M.  FouRNiEB,  photographe. 

Par  M.  DE  La  Mabsonnibrb  père  :  Le  tabac,  lu  k  la  Société  d'Agriculture, 

Sciences  et  Arts  de  Poitiers Par  M.  Leyibil  de  La  MARSONMiàRE, 

docteur  en  médecine.  —  Poitiers,  1864.  —  Brochure  de  16  pages  in-8. 

Les  voies  romaines  en  Gaule;  voies  des  itinéraires.  Par  Alexandre  Ber- 
trand. —  Paris,  bureaux  de  la  Bévue  Archéologique,  1864.  —  Brochure 
de  64  pages  in-8. 

Carte  de  la  Gaule  sous  le  proconsulat  de  César.  Par  le  général  Ki^euly.  — 
Paris,  bureaux  de  la  Bévue  Archéologique,  1864.  —  In-8. 

Les  psetuUhcritiques  de  la  Gazette  des  Beaux-Arts.  Réponse  à  un  système 
d'attaques  combinées  contre  la  seconde  édition  du  Guide  de  V  amateur  des  faïences 
et  porcelaines.  Par  M.  Aug.  Dbmmin.  —  Paris,  impr.  de  P. -A.  Bourdier, 

1864.  —  ln-8  de  16  pages. 

Jamac  en/erré  par  lui-même.  Réponse  à  M.  S.  Levasseur  à  propos  du 
Catéchisme  d'économie  politique.  Par  M.  A.  Humbert.  —  Paris,  B.Dentu, 
1864.  —  ln-8  de  16  pages. 

Études  historiques  et  critiqua  sur  le  Bas-Umousin ,  publiées  de  1860  à 
1864.  Par  M.  de  Larouvbraoe,  conseiller  honoraire  à  la  oour  impériale  de 
Bordeaux,  chevalier  de  la  L^on-d*Honneui-.  —  Tulle,  typogr,  d^Bugène 
Crauffon,  in-8. 

Annuaire  de  V Institut  des  Provinces ,  des  Sociétés  Savantes  et  des  Congrès 
scientifiques.  —  xvi*  volume  de  la  collection,  1864.  —  In-8. 

Guerres  d'Arioviste  contre  les  Éduens  et  contre  César.  Par  A.  Sarrbttb, 
lieutenant-colonel  au  86«  de  ligne.  —  Besamçon,  1864,  in-8.  —  Don  de 
Tauteur. 

Congrès  archéologique  de  France  :  xxx*  session.  Séances  générales  tenues  à 
Rodez,  à  Albi  et  au  Mans  en  1863  par  ta  Société  Française  d^ Archéologie.  — 
Paris ,  Derache ,  1864,  —  ln-8. 

Par  M.  COMBET  :  Histoire  de  la  ville  et  du  canton  d*Userche{l*  et  8«  feuilles 
d'impression  ).  -*  Tulle ,  1864. 

Par  M.  Maquart  :  Saint^Remi  de  Reims  :  dalles  du  xm»  siéde.  —  Reims, 
typ.  de  Assy  et  C^;  1827.  —  8  feuilles  de  texte  et  6  planches ,  dessinées  et 
gravées  sur  pierre  par  M.  J.-J.  Maquart.  —  In-f».  —  Don  de  Tauteur. 

Promenades  au  salon  des  Beaux- Arts  :  peinture,  sculpture,  dessin,  giature 


DONS  FAITS   AU   MUSEE   ET   A    \.\    OIBLIOTIlèoUB.  195 

H  ouvrages  d*art  en  porcelaine.  Par  M.  A.  Guillpmot.  —  Typ.  de  Châtras 
et  Cî«,  1864,  in-8.  —  Don  de  l'auteur. 

Société  des  Antiquaires  de  Picardie  :  rapport  sur  le  concours  de  1863.  Par 
M.  Tabbé  Corblbt.  —  Ami&iis,  Lemer  aine,  imprimeur,  1864.  —  ln-8.  — 
Don  de  Vaateur. 

Par  M.  VBRaNAUD-ROMAGNBSi  :  Notice  sur  le  cabinet  de  Jeanne  d^Arc  à 
Orléans.  —  Brochure  in-8  de  12  pages  et  2  planches. 

les  dessins  de  /.  NataUs.  Par  M.  Jules  Cobblbt.  —  Arras  et  Paris,  — 
Brochure  in-8  de  16  pages.  —  Don  de  Tauteur. 

Mémoires  lus  à  la  Sorbonne  dans  les  séances  extraordinaires  tenues  les  S,  9 
et  10  avril  1863  (Archéologie).  —  Paris ,  impr.  Impériale .  1864.  —  1  vol.  in>8. 

Même  ouvrage  (Histoire»  Philologie  et  Sciences  morales).  —  Paris ,  impr. 
Impériale,  1864.  -  1  vol.  in-8. 

Turin ,  Florence  ou  Rome  :  étude  sur  la  capitale  de  V  Italie  et  sur  la  question 
romaine.  Par  Rodolphe  Rby.  -^  Paris,  B.  Dentu,  1864. ^  Brochure  de 
36  pages.  —  Don  de  Tauteur. 


LISTE 

DES  MEMBRES  DE  LA  SOCIÉTÉ 


POUR  L'ANNÉE  4864. 


BUREAU. 


Président-^.  —  M.  Bobt  de  La  Chapelle,  O  ^,  préfet  de  la  Haute- Vienne. 

Président.  —  M.  alluaud  aîné,  O  '^. 

Vice-Présidents.  —  MM.  Maurice  Ardant  et  Bonmin,  iH^. 

Secrétaire  général,  —  M.  É.  Rubbn. 

Secrétaire-bibliothécaire  et  archiviste,  —  M.  Chapoulaud  (Roméo). 

Secrétaire  trésorier.  —  M.  F.  Brissbt. 

Directeur  du  Musée.  —  M.  Buisson  de  Maveeonieb. 

MEMBRES  DU  œNSEIL. 

MM.  Tixibr-Lachassagne,  C  iH^  ,  premier  président  honoraire. 
Armand  Noualhibr,  iH^,  député  au  Corps  législatif. 
Le  docteur  Bardinet,  ^ ,  directeur  de  TÉcole  de  médecine. 

COMITÉ  DE  PUBLICATION. 
Présidents.  ^  MM.  Alluaud,  Maurice  Ardant,  Bonnin. 
Secrétaire  général.  —  M.  E.  Rubbn. 

MM.  BRUNET,  ASTAIX,  GARIQOU-LAQ RANGE  et  GUILLEMOT. 

CONSERVATEURS. 

TaUeaux.  ~  M.  Ardant  du  Masjambost. 

Pierres  sculptées.  —  M.  Reqnault. 

Sculpture  sur  hais.  —  M.  Fayette  fils. 

Médailles  et  sceaux.  —  M.  Maurice  Ardant. 

Zoologie,  ornithologie,  papillons.  —  M.  Astaix. 

Minéralogie,  géologie,  reptiles,  —  MM.  Alluaud  et  Astaix. 

Armes,  objets  d^art.  —  M.  Nivet-Fontaubert. 

COMMISSION  DU  MUSÉE  CÉRAMIQUE. 
MM.  Alluaud,  Ardant  du  Masjambost,  Fayette  et  Perdoux. 


MEMBRES  RÉSIDANTS. 

Allélix    (Joseph),    négociant,    à  bre  de  rinstitut  des  provinces  et 

Aixe.  de  plusieurs   autres  sociétés  sa- 

Alluaud,  aîné,  O  1^,  ancien  maire  vantes,   président  de  la  Société 

de  Limoges  et  membre  du  Conseil  d'Agriculture  de  la  Haute-Vienne, 

général  de  la  Haute-Vienne ,  mem-  Alluaud    (Amédée) ,    fabricant   de 


LISTÉ   DES   MEMBRES   DB   LA    SOCllh'é.  197 

porcelaine ,  secrétaire  de  la  Société  Despbay  (Antoine) ,  photogrraphe. 

des  Amis  des  Arts  du  Limousin.  Dbssalbs  (Louis),  Jugre  de  paix,  à 
Arbbllot,  curé-archiprêtre  de  Ro-       Ambazac. 

chechouart,    correspondant    des  Dubois,  fabricant  de  porcelaine. 

comités  historiques.  Dubouché  (Adrien) ,  négociant. 

Abdant  (Eugène) ,  imprimeur.  Ducourtibux    (Henri) ,  imprimeur- 
Abdant  (Maurice),  archiviste  de  la       libraire. 

Haute-Vienne,    membre    de    la  Duvert,  de  La  Gabie,  propriétaire. 

Société  impériale  des  Antiquaires  Fayette  père,  architecte. 

de  France.  Fayette  fils,  architecte. 

Ardant  du  Masjaiibobt,  professeur  Ferbu  (Félix),  artiste  statuaire. 

de  peinture.  Fizot-Lavehgnb  ,    avoué    près    la 
ASTAix ,  professeur  èi  Técole  de  mé-       Ck>ur. 

decine.  Fontanbau,  ^.  ancien  officier  de 
AuDOUiN  (Joseph) ,  ancien  maire  de       marine. 

Limoges.  Font-Réaulx (Théophile  de),  pro- 
Babdinbt  (Alphonse) ,  !)^ ,  directeur      priétaire ,  k  Saint-Junien. 

de  récole  de  médecine.  Fougeras-Laveronolle  ,  adjoint  au 
Barny  (Alexis) ,  professeur  à  l'école       maire  de  Limoges. 

de  médecine.  Fougàres  (Léopold) ,  directeur  mé- 
Baron-Dutaya  ,  à  Bussière-Bofly.  decin  de  Tasile  des  aliénés. 

Blanchard  ,  docteur  en  médecine ,  k  Fournibr  ,  ^ ,  conseiller  k  la  Cour. 

Limoges.  Fournibr  (E.).  photographe. 

BOBY  DB  La  Chapelle,  O  ^ ,  préfet  Garigou-Lagrangb,  avoué. 

de  la  Haute-Vienne.  Goujaud    fils,    ornithologiste,     k 
BoNMBVAL  (le  marquis  de)  ,  C.  !}^ ,       Bellac. 

maréchal  de  camp.  Grave  (de)  ,  propriétaire. 

BoNNiN,  ^,  inspecteur  d'académie.  Guillemot    (Albert),    rédacteur  en 
Boudbt  (Edouard),  propriétaire.  chef  du  dmrrier  du  Centre. 

BouRDEAU  DE  Lajudib  père,  ancien  Hbbvy  (Emile),  notaire. 

député.  La  Bastide  (le  baron  Hubert  de), 
BouRGom-  Mbussb  ,    propriétaire ,       iH^ ,  capitaine  d*état-maJor. 

k  Saint-Junien.  Labonkb     (de),     propriétaire,     au 
Brbuilh  ,  avocat.  ch&teau  de  Montbrun . 

Bbisset  (Frédéric) ,  Juge  au  tribunal  Lamy  de  Lurbt  (Edouard),  banquier. 

civil  de  Limoges.  Lansadb  »  agent-voyer. 

Bbunbt  (Joseph),  ^ ,  vice-président  Laporte  (Ernest) ,  négociant. 

du  tribunal  civil  de  Limoges.  Leclbr  (André),  curé  de  Saint- 
Buisson  de  Mavbbokibr  (Edouard) ,       Symphorien. 

directeur  du  Musée.  Lbmas  (Élie) ,  professeur  de  rhéto- 
Chapoulaud  (Roméo) ,  propriétaire.       rique  au  lycée. 

Chapoulaud  (AlAred) ,  imprimeur.  Lbvieil  de  La  MARSONNiàRE,  {^, 
CHARRmRE  (Paul) ,  organiste  de  la       premier  avocat  général. 

cathédrale.  Mallevergnb,    '^^  président    de 
Choppin  d'Arnouvillb,  avocat  gé-      chambre. 

néral.  Maquart,  propriétaire. 

Cluzelaud,    architecte-adjoint   de  M arpont  (de),  receveur  général. 

la  ville  de  Limoges.  Nivbt-Fontaubert,  négociant. 
Dbfayb  fils,  pharmacien,  k  Saint-    Noualhier  (Armand),  *,   député 
Junien.  au  corps  législatif. 


198  LISTE   DES   MEMBRES  DR    I.A   SOClérii. 

PÉcoNNBT  (Othon),  1^,  avocat,  Talabot  (Augaste),  4tt,  président 
maire  de  Limoges.  honoraire  du   tribunal    civil  de 

Perdoux  (E.) .  professa  de  modelage.       Limoges. 

PouTAT  (Emile),  ^,  négociant.  Tandbau  db  Marsac  (Fabbé),  cha- 

Rattibr  ,  avoué.  noine  honoraire. 

Rbculàs  (François),  propriétaire.  Tarnbaud  (Firmin),  banquier. 

Rbqnault  ,  ^ .  architecte  de  la  ville.  Tabnbaud  (Frédéric) ,  propriétaire. 

RoouBs  DB  FURSAC  (Victor) ,  avocat.  Tixibr-Lachassaone  •    C  ^.  pre- 

RouGBRiB    (rabbé) .    professeur  au      mier  président  honoraire, 

petit-séminaire  du  Dorât.  Truol  db  Bbaulibu  ,  i^ ,  banquier. 

RuBBN  (Emile),  conservateur  de  la  Vbroniaud  (Léonce),  propriétaire, 
bibliothèque. 

MEMBRES  HONORAIRES. 
MM. 
Cruvbilhibr  ,  O  4( ,  professeur  à  Técole  de  médecine  de  Paris. 

Db  Mentqub,  ^,  sénateur,  ancien  préfet  de  la  Haute- Vienne. 

MoRisoT  (Tiburce) ,  O  4f  •  ancien  préfet  de  la  Haute- Vienne,  fondateur  du 
Musée. 

Saint-MaroGirardin  ,  0  ^ ,  membre  de  rinstitut. 

Mionbrbt,  préfet  du  Bas-Rhin. 

Mgr  Bbrteaud,  évêque  de  Tulle. 

Dalbsub,  g  O  4e,  général  de  division  du  génie. 

Mgr  CoussBAUD,  évéque  d'Angoulème. 

DbCaumont,  g  #,  fondateur  de  la  Société  Française,  à  Caen. 

Michel  Chbvalibr,  O  ^,  sénateur,  membre  de  rinstitut* 

Le  vicomte  E.  db  Kbrckovk-Warent  ,  président  de  la  Société  Archéolo- 
gique de  Belgique. 

Le  général  db  MontbIUl,  G  O  ^ .  sénateur. 

Le  comte  F.  db  Lastbtrib  ,  membre  de  rinstitut. 

MEMBRES  œRRBSPONDANTS. 

BoNNAFoux,  conservateur  de  la  bibliothèque  de  Guéret. 

BONNÉUB  (François) ,  bibliothécaire  à  Tulle. 

BosviBux  (Auguste),  archiviste  k  Agen  (Lot-et-Garonne). 

Cardaillac  (le  comte  db),  chef  de  division  au  ministère  de  la  maison  de 

TEmpereur. 
CoiiBBT,  avocat,  h  Userohe  (C2orrèze). 

GORNUDBT  (le  vicomte  Alflred  db)  ,  membre  du  conseil  général  de  la  Creuse. 
Dblochb  (Maximin),   ^,  chef  de  bureau  au  ministère   des  travaux 

publics. 
Dblor  (Firmin) ,  à  Péronne  (Somme.) 

DoRLHAC»  directeur  des  mines  de  Montigné»  k  Laval  (Mayenne). 
DuLBAU ,  numismate ,  k  Orléans. 

Gat  db  Vernon  (le  baron),  chef  d'escadrons  au2«  régiment  de  chasseurs. 
GÉRY  (Charles) ,  préfet  de  la  Corse ,  à  Ajaccio. 
Grignard  (Emile),  directeur  du  chemin  de  fer  de  Lyon  k  Sathonay. 
JuiiXAC  (le  vicomte  Gustave  db)  ,  secrétaire  de  la  Société  Archéologique 

du  Midi ,  à  Toulouse. 
Labordrrib,  docteur-médecin,  à  Pompadour. 


LISTB   DBS   MEMBRES   DK   LA  SOClÉTli.  199 

Laoardb  (Henri  de),  docteur-médecin,  à Confolens  (Charente). 
liAPORTB  (Armand  de],  aide-major  de  Tartillerie  de  la  garde ,  k  Versailles. 
Larouyerade  (de)  ,  conseiller  honoraire  à  la  cour  de  Bordeaux .  k  Tulle. 
Nadaud  (Léon) ,  premier  président  honoraire  de  la  cour  de  Grenoble ,  h 

Chnryieux  (Isère). 
Nadault  de  Buffon,  procureur  impérial,  k  Rennes. 
N ALBERT,  sculpteur,  k L*lsle-d*B8pagnac  (Charente). 
PâRATHON  (Cyprien),  négociant, k  Aubusson  (Creuse). 
Rancoone  (Gustave  de),  archiviste  de  la  Charente,  k  Angouléme. 
Renond  (rabbé) ,  professeur  au  petit-séminaire  d*Ajain  (Creuse). 
Rot  de  Pibrrefitte  (Vabbé),  curé«>doyen  de  Bellegarde  (Creuse). 
SÉNEMAUD,  archiviste  du  département  des  Ardennes ,  k  Mézières. 
Simon-Clément  ,  procureur  impérial  k  Chambon  (Creuse). 
TouvENiN ,  membre  de  la  Société  de  Thistoire  de  France,  k  Paris. 
Vbrnexlh  (Félix  de),  au  ch&teau  de  Puyrazeau  par  Ncntron  (Dordogne). 


LISTE 

DES  SOCIÉTÉS  CORRESPONDANTES. 


Société  Archéologique  du  Midi ,  k  Toulouse. 

Société  Archéologique  du  Midi ,  k  Montpellier. 

Société  Archéologique  de  TOrléanais,  k  Orléans. 

Société  Archéologique  de  Bézlers  (Hérault). 

Société  Archéologique  et  d'Histoire  de  la  Charente,  k  Angouléme. 

Société  d*Archéologie  et  d*Btudes  scientifiques  de  Dragulgnan. 

Académie  d* Archéologie  de  Belgique,  k  Anvers. 

Société  des  Antiquaires  de  TOuest,  k  Poitiers. 

Société  des  Antiquaires  de  France,  k  Paris. 

Société  des  Antiquaires  de  Picardie,  k  Amiens. 

Société  d'Émulation  du  Doubs,  k  Besançon. 

Société  d'Émulation  de  l'Allier,  k  Moulins. 

Société  d'Émulation ,  k  Montbtlliard  (Doubs). 

Société  des  Sciences  naturelles  et  archéologiques  de  la  Creuse,  a  Guéret* 

Société  des  Sciences  et  Lettres  de  Blois. 

Société  des  Sciences,  de  l'Agriculture  et  des  Arts,  k  Lille. 

Société  des  Sciences,  Belles-Lettres  et  Arts  du  département  du  Var,  k 

Toulon. 
Société  Scientifique  et  Littéraire  du  Limbourg ,  k  Tongres. 
Société  Scientifique  des  Deux-Sèvres ,  k  Niort. 
Société  de  l'Histoire  de  France ,  k  Paris. 
Commission  historique  du  Cher,  k  Bourges. 
Académie  des  Sciences,  Belles-Lettres  et  Arts  de  Bordeaux. 
Commission  Archéologique  de  Maine-et-Loire  ,  k  Angers. 


200  MSTE   DRS   IIEIIBRF.S   DE   LA   SOCtl^é. 

Société  Académique  de  TOiee ,  à  Be&uvais. 

Société  Littéraire  et  Scientifique  de  Castres  (Tarn). 

Société  de  l*Union  des  Arts,  à  Marseille. 

Société  Archéologique  et  Scientifique  de  Soissons  (Aisne). 

Société  H&vraise  d*études  diverses,  au  H&vre  (Seine-Inférieure]. 

Société  des  Sciences  naturelles  et  historiques  de  l'Yonne ,  à  Auxerre. 

Société  d'Histoire  et  d* Archéologie  de  Chalon-sur-Saône. 

Société  Savoisienne  d'Histoire  et  d'Archéologie  ,  k  Chambéry. 

Société  Archéologique  de  la  province  de  Constantine. 

Société  Archéologique  de  la  Tounûne ,  ii  Tours. 

Société  Archéologique  de  Sens  (Yonne). 

Société  Académique  de  Boulogne-sur-Mer. 


TABLE  DES  MATIÈRES. 


PROCÈS-VERBAUX  DES  SÉANCES. 

PaRe 

Séance  générale  du  29  janvier  1864 175 

—  du  24  février  1864 177 

—  du    9  mars  1864 179 

—  du  30  avril  1864 IgO 

—  du  27  mai  1864 183 

—  du  1er  juillet  1864 184 

—  du  28  juillet  1864 18fi 

—  du  26  août  1864 187 

—  du  28  octobre  1864 188 

—  du  25  novembre  1864 190 

—  du  30  décembre  1864 191 


^MÉMOIRES. 

Voirie  romaine  en  Limousin.  —  Voie  ù" Augustoritvm  k  Avaricum  , 

par  Éd.  Buisson  de  Mavergnier 5 

Plombs  historiés  trouvés  dans  la  Seine,  enseignes  de  pèlerinages, 
méreaux  de  corporation  intéressant  des  saints  limousins,  par 

M.  Maurice  Ardant 15 

Connétablies  de  La  Rochelle.  -~  Simon  de  Rochechouart ,  conné- 
table, vicomte  de  1306  k  1316  »  par  M.  Maurice  ârdant 53 

Table  des  noms  de  lieux  et  de  personnages  inscrits  sur  les  mon- 
naies mérovingiennes  du  Limousin,  d*aprës  la  description  de  ces 

monnaies,  par  M.  Maximin  Deloche 60 

Monographie  du  canton  d* A ixe-sur- Vienne ,  par  M.  l'abbé  Rougerib     65 

Abbaye  de  Dalon,  par  M.  Vabbé  Rot  de  Pierrefitte 79 

Simon  de  Cramaud,  patriarche  d*Alexandrie,    par  M.   Maurice 

Ardant 103 

Tombe  de  l'église  de  Saint-Pardoux-d*Arnac  ,    par  M.   Maurice 

Ardant 106 

Biographie  de  M.  le  baron  Gay  de  Vernon ,  par  M.  A.  Guillemot.  .    124 

Émaillerie  limousine,  par  M.  Maurice  Ardant 128 

Note  sur  la  tour  de  Bar,  par  M.  Théophile  de  Font-Réaulx 134 


202  TABLE    DBS   BIATltiiRKS. 

Les  religieux  de  Sain  t-François-d' Assise  daûs  la   Marche   et  le 
Limousin,  par  M.  Tabbé  Roy  de  Pibrbefittb 137 


DOCUMENTS. 

Privilèges  de  la  ville  de  Limoges.  —  Vidimus  général  donné  par 
le  roi  Henri  II  au  mois  de  juillet  1555,  à  St-Oermain-en-Laye.  .     22 

Privilèges  de  la  ville  de  Saint  -  Léonard .  communiqués  par 
M.  Tabbé  Arbellot 108 

Consultation  d*un  avocat  limousin  au  xv«  siècle»  par  y.  Paul  Huot    163 

CHRONIQUE. 
Nouvelles  scientifiques  par  M.  Maurice  Ardant 173 


Dons  faits  au  musée  et  k  la  bibliothèque  de  la  Société 193 

Liste  des  membres  de  la  Société 196 


LIMOCKS.   — •  IMPRIMIEIS   SI   CnAPOUU&CD   FUIEKS 

rue  Moutant-Maufgne  ,  7. 


BULLETIN 


DE   LA    SOCIÉTÉ 


ARCHÉOLOGIQUE  ET  HISTORIQUE 


DU  LIMOUSIN 


I 


BULLETIN 


DE  LA  SOCIETE 


ARCHÉOLOGIQUE 

ET  IIISTOUIQUE 

DU    I.INfOUSIN 


tOME  XV 


LIMOGES 

CHAPOULAUD  FRÈRES ,  IMPRIMEURS  DE  LA  SOCIÉTÉ 

Ru6  Montant-Manigne ,  7 
1865 


FÉLIX  DE  VERNEILH 


NOTICE  BIOGRAPHIQUE 


I. 


.  Messieurs, 

J^ 'avais  trop  présumé  de  mes  propres  forces  en  me  chargeant 
d'écrire  la  biographie  de  M.  Félix  de  Verneilh.  Les  sentiments 
de  haute  estime  que  sa  science  et  son  talent  m'inspiraient ,  la 
sincère  amitié  que  j'éprouvais  pour  un  si  noble  caractère,  les 
rapports  que  l'archéologie  avait  établis  entre  nous  depuis  près 
de  vingt  ans ,  m'avaient  fait  accepter  avec  empressement  d'être 
son  biographe;  mais,  quand  j'ai  voulu  mettre  la  main  à 
l'œuvre,  je  me  suis  aperçu  que  je  m'étais  fait'  illusion,  et 
qu'il  me  serait  difficile  d'être  à  la  hauteur  de  mon  sujet.  —  Sans 
doute  je  pourrai  donner,  d'une  manière  plus  ou  moins  complète , 
le  catalogue  méthodique,  chronologique,  de  ses  ouvrages  et 
des  nombreux  mémoires  qu'il  a  publiés  dans  diverses  Revues 
savantes;  —  mais,  pour  apprécier  dignement  ses  écrits  et 
l'influence  qu'il  a  exercée  dans  le  mouvement  archéologique 
contemporain  ,  je  sens  mon  impuissance,  et  j'avoue  humblement  . 
ma  trop  grande  infériorité.  Je  suis  contraint  toutefois  de  passer 
outre  ;  et ,  après  cet  aveu  indispensable ,  que  me  dicte  la  cons- 
cience ,  et  que  je  dois  à  la  vérité ,  je  vais  m'eflForcer  d'esquisser 
la  vie  académique  de  notre  illustre  et  regretté  collègue. 

II. 

Félix  DE  Ve.bneilh  naquit  au  château  de  Puyraseau  près 
Nontron  (Dordogne)  le  21  octobre  1820.  Il  était  fils  du  baron  de 
Verneilh-Puyraseau  et  de  dame  Chassaignac  de  LaBerthonie.  Sa 
famille ,  originaire  du  Limousin ,  tire  son  nom  du  village  de 
Verneilh,  situé  dans  la  commune  de  Nexon    Ilaute-Viennel. 


6  FÉLIX    DE   VKRNeiLU. 

t'n  de  ses  ancêtres,  Jean  de  Verneilh  était,  en  1600,  sieur  de 
L'Age  et  co-seigneur  de  Nexon.  Son  aïeul ,  le  baron  Joseph  de 
Verneilh ,  alla  s'établir  près  de  Nontron  (1  )  par  son  mariage  avec 
Christine  de  L&  Vallade ,  héritière  du  domaine  de  Puyraseau. 
Après  avoir  été  député  de  la  Dordogne  à  sept  législatures ,  préfet 
de  la  Coirèze  et  du  Mont-Blanc ,  président  de  chambre  à  la  Cour 
royale  de  Limoges  ;  après  avoir  rédigé  un  projet  de  code  rural , 
la  Statistique  du  Mont-Blanc ,  M.  de  Verneilh-Puyraseau  avait 
cohfeacré  les  dernières  années  de  sa  vie  à  écrire,  en  trois 
Volumes  pleins  d'érudition,  l'Histoire  et  la  Description  de 
l'Aquitaitie.  M.  Félix  de  Verneilh  avait  hérité  des  goûts  savants 
de  son  aieul. 

Il  fit  «es  étudies  au  lycée  de  Limoges,  et  Itôs  termina- à  Paris. 
A  {sei^  ans ,  ij  suivait  les  cours  de  l'école  de  droit ,  et  en 
même  temps  il  cultivait  et  développait  le  goût  inné  et  le  })en- 
chant  héréditaire  qui  le  portaient  aux  travaux  historiques  et 
archéologiques.  En  1839 ,  entre  deux  examens  de  l'école  de  di-oit, 
il  entreprit  seul  «on  premier  pèlerinage  archéologique  à  Amiens 
et  à  Beauvais  ,  pour  y  étudier  ces  monuments  célèbres  dont  il 
^  eu  souvent  loccasioii  de  s'occuper  depuis; 

C'est  dans  le  journal  l'Univers,  alors  rédigé  par  Louis 
Veuillot,  que  M.  de  Verneilh  fit  imprimer  ses  premiers  essais. 
11  y  publia  quelques  feuilletons  archéologiques,  dans  lesquels 
son  talent  précoce  con[imençait  à  se  révéler.  Il  n'avait  alors  que 
dix-neuf  ans  ! 

Vers  cette  époque  ,  il  contractai  aVec  MM.  Didron  et  le  baron 
de  Guilhermy  une  liaison  qui  ne  fit  que  se  resserrer  par  la 
suite  :  c'est  avec  eux ,  avec  le  regrettable  M.  Laséus,  qu'il  fit 
beaucoup  d'excursioqs  du  même  genre,  d'abord  à  Paris  et  aux 
environs ,  puis  à  Reims ,  à  Chartres ,  à  Rouen ,  à  Senlis ,  à 
Soissons ,  Laon ,  etc. 

Avec  de  pareils  guides,  avec  des  si)écîn:\ens  au.ssi  complets  de 
l'art  chrétien,  M.  de  Verneilh  fut  bientôt  initié  à  la  terminologie 
et  i  la  science  archéologiques,  et  il  y.  fit  de  rapides  progrès. 
L'archéolqgie  avait  d'autant  plus  d'attrait  qu'elle  était  alors  à 
Hon  berceau  :  tout  était  neuf  dans  ce  vaste  champ  ouvert  aux 
intelligence^.  ]\  çà'éprit  pour  cette  science  nouvelle  d'un  zèle  et 
d'uue  aitteur  qui  ne  se  sont  jamais  ralentis. 

[])  Nontron  faisait  partie  de  la  province  du  Limouhin  avant  la  n^vo- 
^nîfon. 


Feux    DB   VERNRiLH. 


III. 


Dès  cette  époque  ,  M.  de  Verneilh  ,  qui  utilisait  ses  séjours  en 
province  par  des  études  archéologiques  sur  les  monuments  du 
voisinage ,  fut  frappé  de  la  ressemblance  qu'offrait  Saint-Front 
de  Périgueux  avec  les  gravures  qui  représentent  Saint-Marc  de 
Venise.  Il  reconnut  également  l'existence  dans  la  Dordogne  et 
les  départements  voisins  de  toute  une  série  de  monument*? 
byzantins  à  coupoles.  L'idée  mère  de  l'ouvrage  le  plus  consi- 
dérable qu'il  ait  publié  germa  dès  lors  dans  son  esprit  :  il  prit 
acte  de  ses  premières  découvertes ,  et  exposa  le  plan  d'un  ou- 
vrage étendu  sur  l* Architecture  byzantine  en  France  dans  une 
Notice  adressée  au  Comité  des  Arts  et  Monuments  ,  et  imprimée, 
en  4840,  dans  le  premier  volume  du  Bulletin  publié  par  ce 
Comité. 

A  partir  de  ce  moment ,  et  pendant  qu'il  remplissait ,  grâce  à 
de  petits  voyages ,  parfois  infructueux ,  le  programme  qu'il 
s'était  tracé ,  M.  de  Verneilh  fit  diverses  communications  au 
Comité  des  Arts ,  dont  il  fut  correspondant  jusqu'à  sa  réorga- 
nisation, en  4848. 

Lorsque  M.  Didron  créa,  en  1844,  les  Annales  archéohgiqttes , 
M.  de  Verneilh,  tout  jeune  encore,  se  trouva  parmi  les  fon- 
dateurs de  cette  savante  revue  (4  ), 

IV, 

11  y  a  publié  de  nombreux  mémoires,  formant  deux  séries 
distinctes. 

La  première  est  relative  à  l'origine  française  de  l'architecture 
ogivale  (2).  Il  faut  y  rattacher  deux  articles  «ur  la  véritable  signi- 
fication du  mot  ogive  (3),  et  sur  les  épures  ou  dessins  de  grandeur 
d'exécution  gravés  sur  les  terrasses  de  !a  cathédrale  de  Li- 
moges (4).  Les  mêmes  idées  ont  été  appliquées  à  l'histoire  du  plus 
glorieux  monument  de  l'Allemagne,  dans  une  étude  archéologique 


(1)  Nous  avons  puisé  nue  partie  des  détails  qnl  pi'écëdent  dans  VAn^ 
mmre de  r Institut  des  Provinces,  année  1861.  p.  489. 

(2)  Annales  archéologiques  ,T,  III,  p.  1  et  156. 
;3)  Tbid^T.  I.  p.  2()8. 

(4;  làid.,  T.  VI .  p.  139. 


8  PÉLIl   DE   VeRNElLH. 

sur  la  cathédrale  de  Cologne ,  ou  M.  de  Vemeilh  établit  nettement 
la  parenté  de  cet  édifice  non-seulement  avec  la  cathédrale 
d'Amiens ,  mais  avec  celle  de  Beauyais  et  avec  la  Sainte-Chapelle 
de  Paris  (<). 

Ce  travail,  complété  par  deux  lettres  de  M.  le  baron  de  Roisin 
et  de  M.  S.  Boisserée,  a  été  tiré  à  part ,  et  forme  sous  ce  titre  : 
la  Cathédrale  de  Cologne,  une  splendide  brochure  de  80  pages 
în-4^,  avec  plusieurs  gravures  sur  acier  (2). 

Dans  cet  ouvrage ,  M.  Félix  de  Vemeilh  a  mis  en  relief  une 
importante  conclusion  :  c'est  que  le  système  ogival  est  né  à 
Paris,  ou  près  de  Paris,  dans  l'Ile-de-France,  vers  le  dernier 
tiers  du  xii*  siècle.  Par  cela  même  il  a  réduit  les  étrangers  à 
leur  rôle  de  copistes  ou  d'imitateurs.  «  Grand  nombre  d'écri- 
vains, d'après  un  savant  illustre,  M.  Boisserée ,  voulaient  voir 
daps  la  cathédrale  de  Cologne  le  prototype  ,  le  modèle  inspira- 
teur des  édifices  en  ogive.  Cet  édifice  colossal  a  été ,  malgré  son 
étendue ,  replacé  à  un  rang  secondaire.  Son  chœur ,  la  partie 
ogivale  la  plus  ancienne,  reproduit  la  disposition  et  même 
l'ornementation  des  chœurs  d'Amiens,-  de  Beauvais,  de 
Limoges,  et  ces  édifices  leur  sont  presque  tous  antérieurs  (3).  » 

Parallèlement  à  ses  recherches  skur  l'architecture  ogivale 
religieuse ,  M.  de  Verneilh  publia,  de  4846  à  1848 ,  une  seconde 
série  d'articles  sur  l'architecture  civile  du  moyen  âge  dans  le 
sud-ouest  de  la  France ,  et  notamment  sur  les  villes  neuves  du 
xiii*  siècle  à  plans  réguliers  et  uniformes  qui  se  trouvent  en  si 
grand  nombre  dans  cette  région  de  la  France  (4). 

Cette  série  s'était  successivement  accrue  et  complétée  en  4856  et 
1 860  par  quatre  articles  sur  les  ponts ,  les  fontaines  et  autres 
travaux  d'utilité  publique  (5).  M.  F.  de  Verneilh  se  proposait  de 
réimprimer  ces  articles  avec  des  documents  et  des  dessins 
inédits,  et  d'en  faire  un  volume  de  200  pages,  entièrement 
consacré  à  Tarchitecture  civile  du  sud-ouest  de  la  France. 

Dans  les  Annales  archéologiqites ,  M .  de  Verneilh  a  publié  plus  tard  : 

Un  compte-rendu  du  grand  ouvrage  de  M.  le  comte  Melchior 
de  Vogué  sur  les  églises  de  la  Terre-Sainte  (6)  ; 

(î)  Annales  archfivlogiqMii ,  T.  VII,  p.  57  et  225  ;  —  T.  VIII,  p.  117. 

(2)  Paris,  chez  Didron  ,  1848. 

(3)  L*A9Bé  Texier  ,  Bullet,  archéoL,  T.  IV.  p.  22. 

(4)  AniialM  archéologiques,  T.  IV,  p.  171-174;  —T.  VI,  p.  71-88;  —  T.  X, 
p.  270;  —  T.  XI ,  p.  335;  —  T,  XII.  p.  24. 

(5)  Ibid,,  T.  XVI .  p.  21)2;  —  T.  XX.  p.  98  et  142. 
1<5)  Ibid.y  T.  XX  .  p.  21. 


FÉLIX    DE   VKHNEILH.  0 

La  Style  ogival  en  Italie  (1)  :  cet  article  devait  avoir  une  suite, 
qui  n'a  pas  été  imprimée  ; 

L'Art  du  moyen  âge  et  des  causes  de  sa  décademe;  réponse  à 
M.  Renan  (2)  :  cet  article  a  été  tiré  à  part ,  et  un  savant  rédac- 
teur du  journal  fe  Monde ,  M.  Léon  Gautier ,  en  a  fait  un  compte- 
rendu  dans  le  nun^éro  du  1 4  octobre  1862  ; 

Le  premier  des  Monuments  gothiques  (3)  ; 

Le  Style  ogival  en  Angleterre  et  en  Normandie  (4)  :  une  série  d'arti- 
cles sur  ce  sujet  a  continué  de  paraître ,  après  sa  mort ,  dans  les 
Annales  archéologiques. 


V. 


Nous  avons  énuméré ,  pour  n'avoir  pas  à  revenir  sur  ce  point , 
les  divers  mémoires  qu'il  a  publiés  pendant  vingt  ans  dans  les 
Annales  archéologiques  depuis  1844  jusqu'à  sa  mort.  Reprenons 
maintenant  les  choses  de  plus  haut. 

En  4847,  une  circonstance  heureuse  vint  imprimer  une  nou- 
velle activité  à  son  zèle,  et  donner  à  son  savoir  un  plus  grand 
relief  et  un  théâtre  plus  étendu. 

Cette  année ,  M.  de  Caumont  présida  pendant  quelques  jours 
les  séances  d'un  congrès  à  Angoulême  et  à  Limoges. 

Vqus  connaissez ,  Messieurs ,  l'influence  que  M.  de  Caumont  a 
exercée  sur  le  développement  des  études  scientifiques  en  pro- 
vince. Ce  sera  une  des  gloires  du  père  de  l'archéologie  contem- 
poraine d'avoir  donné  la  première  impulsion  à  ce  mouvement , 
qui  a  e\\  de  si  féconds  résultats,  et  qui  va  croissant  tous  les  jours. 
C'est  à  lui  qu'un  grand  nombre  d'archéologues  doivent  leur 
vocation  ;  c'est  lui  qui ,  en  stimulant  les  savants  de  la  province  ; 
en  donnant  de  la  publicité  à  leurs  œuvres,  de  la  renommée  à 
leurs  écrits ,  de  l'éclat  à  leur  nom  ;  en  dirigeant  leur  activité 
vers  un  but  commun;  en  les  mettant  en  rapport  les  uns  avec 
les  autres  dans  ces  tournois  pacifiques  de  la  science  qu'on 
appelle  des  congrès ,  a  contribué  à  faire  naître  et  fleurir  dans  la 
plupart  de  uos  dépai*tements  des  sociétés  historiques  et  archéolo- 

(1)  Annales  archéologiques ,  livraison  mars-avril  186L 

(2)  IHd.,  livraison  mai-juin  1862. 

['3)  Ibid.,  janvier-février  et  mai-juin  18(53. 

^i)  Ibid,,  septembre-octoljire  1864  et  livraisons  .suivantes. 


10  PKLIX    DE   VËRNIilLH. 

giques,  où  figurent  de  vrais  savants,  qui,  sans  son  initiative, 
auraient  consumé  inutilement  leur  vie  dans  l'oubli  et  Toisiveté. 

M.  de  Verneilh  parut  avec  honneur  dans  les  Cong'rès  d*An- 
goulême  et  de  Limoges ,  où  sa  science  précoce  fut  justement 
remarquée  :  c'est  là  qu'il  se  lia  d'une  étroite  amitié  avec  M.  de 
Caumont  et  MM.  Charles  des  Moulins  et  Léo  Drouyn,  de  Bor-.- 
deaux.  C'est  à  partir  de  cette  époque  que,  devenu  inspecteur 
divisionnaire  de  la  Société  Française  d'Archéologie  pour  la 
Haute-Vienne  et  la  Creuse ,  puis  membre  de  l'Institut  des  Pro- 
vinces ,  il  prit  une  part  active  à  la  rédaction  dti  Bulletin  monu- 
vvenlal  publié  par  M.  de  Caumont.  Nous  donnerons  plus  loin  la 
liste  des  savants  mémoires  qu'il  a  insérés  dans  cet  important 
l'ecueil. 

M.  de  Verneilh  a  publié,  dans  le  compte-rendu  du  Congrès 
de  Limoges ,  une  étude  archéologique  fort  remarquable  sur  le 
château  de  Chalusset,  C'est  lui  qui  servit  de  guide  et  de 
cicérone  aux  membres  du  Congrès  dans  la  visite  qu'ils  firent  à 
ces  magnifiques  ruines;  c'est  ce  jour-là  que  nous  eûmes  l'hon- 
neur de  lier  connaissance  avec  notre  regretté  collègue  et  avec 
M.  Jules  de  Verneilh,  l'habile  dessinateur  qui  a  enrichi  les 
ouvrages  de  son  frère  de  gravures  ri  remarquables  par  l'élégance 
et  la  fidélité, 

VI. 

L'ouvrage  capital  de  M,  Félix  de  Verneilh ,  son  titre  le  plus 
glorieux  aux  yeux  de  la  postérité ,  c'est  l'Architecture  bymntine  en 
France, 

C^est  en  <852  que  parut  ce  livre,  auquel  il  travaillait  depuis 
dix  années. 

Cet  ouvrage  «e  divise  en  deux  parties  :  la  preniière  est  une 
monographie  complète  de  Saint-Front  de  Périgueux  ;  la  seconde 
renferme  une  statistique  de  nos  églises  à  coupoles  sur  pendentifs 
sphériques  analogues  à  celles  de  l'Orient ,  et  donne  des  notions 
sur  une  variété  curieuse  du  style  ogival  qui  paraît  être  née  en 
Anjou  sous  l'influence  des  coupoles  de  Fontevrault.  M.  de  Ver- 
neilh y  précise  et ,  par  suite ,  y  réduit  considérablement  la  part 
faite  jusqu'à  lui  aux  influences  orieiitales  dans  les  origines  de 
notre  architecture  nationale. 

Voici ,  du  reste  ,  l'énoncé  des  chapitres  : 


FKIJX    DE    VKRNKiLII.  H 

1»  Monographie  de  Saint-Front.  —  Analogie  Je  Paint-Front  de  Péri- 
gueux  et  de  Saint- Marc  de  Venise.  —  Description  de  Saînt-Front.  —  Clo- 
cher et  porche.  —  Construction  et  décoration.  —  Sculptures  et  peintures. 

—  Sépulcre  de  saint  Front.  —  Éplise  latine  de  Saînt-Front.  —  Cloître  et 
monastère.  —  Ancienneté  <.e  Saint*Front  et  colonie  vénitienne  à  Limoges. 

—  Restauration  de  Sajnt-rFront. 

2o  Églises  a  coupoles.  —  Considérations  générales.  —  Saint-Étienne  et 
Saint-Silain  de  Périgueux.  —  Monuments  k  coupoles  du  Périgord  :  ab- 
bayes, prieurés ,  églises  pnroissiales.  —  églises  k  coupoles  de  T  Angoumois 
et  de  la  Saintonge  :  cathédrale  d*Angoulême.  Saint-Liguaire  de  Cognac, 
église  de  Bourg-Charente ,  cathédi-ale  de  Saintes,  etc.  —  Églises  a  coupoles 
d^  Cahors,  Souillno,  Solignac ,  Saint-Émilion.  —  Églises  èi  coupoles,  mais 
non  byzantines,  du  Puy-en-Velay,  deSaint-Hilairede  Poitiers,  de  Loches. 

Style  plantagenet.  —  Églises  à  coupoles  de  Fonlevrault,  de  Saint- 
Maurice  d'Angers.  —  Conclusion. 

Permettez-moi ,  Messieufs ,  de  vous  citer  le  jugement  que  l'abbé 
Texier  porta  sur  ce  livre  au  moment  de  sa  publication  : 

«  Notre  coUèfi^ue  et  compatriote  M.  Félix,  de  Verneilh  vient 
de  publier  un  de  ces  ouvrages  qui  font  époque  dans  Thistoire  de 
la  science,  Déjà  ùa  des  maîtres,  M.  de  Cauraont,  proclame 
que  cette  publication  ,  la  plus  importante  qui  ait  été  faite  depuis 
l)lusieurs  années  par  son  sujet  et  sa  forme,  est  un  événement 
archéologique.  Nous  venons  de  relire  ce  travail  coïisidérable ,  dont 
npus  connaissions  déjà  le  progrès  et  les  conclusions  :  nous 
sera-t-îl  permis  d'en  signaler  à  l'avance  les  résultats?... 

*  M.  F.  de  Verneilh  aura  ce  bonheur  de  fixer  le  sens  du  mot 
hyzdtilin  appliqué  à  Tarchitecture. . . 

»  Le  nom  de  byzantin  sera  désormais  uniquement  attribué  aux 
édifices  évidemment  inspirés  de  Byzance  ou  de  Sainte-Sophie. 
On  les  reccmnaîtra  aux  caractères  suivants  :  1"  voûtes  uni- 
quement formées  de  coupoles  sphériques  inscrites  dans  des 
carrés  rachetés  par  des  i)endentifs  qui  sont  eux-mênïes  des  por- 
tions de  sphère;  i°  absence  d'appui  extérieur;  3°  rareté  de 
rornementation  sculptée,  remplacée  presque  toujours  par  des 
|)eintures. 

»  Ces  édifices ,  peu  nombreux ,  forment  uue  école  qui  a  son 
centre  et  son  imnt  de  déi)art  près  de  nous ,  à  Périgueux ,  et 
dont  nous  avons  un  type  voisin  à  Solignac.  Nous  ne  saurions 
en  quelques  lignes  analyser  convenablement  le  travail  profond 
et  patient  qui  amène  cette  conclusion  en  300  pages  remi)lies  de 
faits  précis  et  d'études  aussi  profondes  (lu'étendues.  M.  Félix  d(^ 
Verneilh  recherche  le  jwint  de  départ  de  cette  école  orientah» , 


12  FÉLIX    DE    VKBNEILH. 

et  décrit  sa  filiation.  Saint-Front  de  Périgueux ,  merveilleuse 
copie,  en  matériaux  français ,  de  Saint-Marc  de  Venise ,  reproduit 
sa  disposition ,  toutes  ses  formes  et  jusqu'à  ses  dimensions ,  le 
pied  italien  se  trouvant  traduit  en  pied  français.  Il  faut  lire  dans 
l'ouvrage  môme  les  indications  au  moyen  desquelles  notre  pa- 
tient collègue  suit  rinfluence  de  ce  type ,  et  le  montre  dégénérant 
d'âge  en  âge  jusqu'au  xnr  siècle,  et  survivant  encore  en 
quelques  monuments  à  travers  les  formes  ogivales. 

»  Grâce  à  ce  travail  remarquable ,  on  saura  donc  désormais  : 

»  1*  Ce  qu'il  faut  entendre  par  style  byzantin  ; 

»  2®  En  quoi  le  style  byzantin  diffère  du  style  roman  ; 

»  3"  Comment  une  école  byzantine  d'architecture  s'est  établie 
en  France  ;  —  à  quelle  époque  ;  — ^  quel  est  son  point  de  départ  ;  — 
quelle  est  l'étendue  de  son  action. 

»  Pour  arriver  à  des  conclusions  si  précises,  une  immense  lec- 
ture n'a  pas  suffi.  Les  monuments  de  notre  Aquitaine  ont  été 
analysés  sur  place  par  M.  Félix  de  Verueilh  avec  la  patieiice 
d'un  anatomiste.  Peu  d'architectes ,  même  parmi  les  plus  ins- 
truits, ont  pénétré  si  avant  dans  les  lois  de  la  construction  à 
tous  les  âges.  Et  tous  ces  résultats  si  patiemment  obtenus  se 
produisent ,  avec  les  qualités  toutes  françaises  d'une  grâce  et 
d'une  urbanité  exquises,  en  un  style  aussi  rapide  qu'élégant. 
Nous  ne  disons  rien  des  côtés  matériels  de  cette  publication  :  le 
papier,  l'impression  ,  le  tirage  ,  rivalisent  avec  les  plus  magni- 
fiques publications  étrangères ,  et  sur  plusieurs  points  leur  sont 
supérieurs.  Tout  le  monde  sait  que  Mackensie  venait  en  Franc© 
animer  ses  magnifiques  dessins  par  des  bonshommes  dus  au 
crayon  de  l'antiquaire  Langlois.  Les  planches  nombreuses  dues 
à  la  collaboration  fraternelle  de  M.  Jules  de  Verneilh  et  au 
crayon  brillant  de  M.  Gaucherel  n'ont  pas  besoin  d'un  secours 
étranger  :  on  y  trouve  unies,  à  un  rare  degré,  la  fidélité 
archéologique  des  détails,  la  finesse  du  burin  et  une  légèreté 
spirituelle  qui  n'appartiennent  qu'à  notre  pays  (1),  » 

Au  mois  de  juillet  1852 ,  M.  de  Verneilh  nous  écrivait  à  propos 
de  cet  ouvrage  :  «  J'ai  eu  l'avantage  de  trouver  un  sujet  com-^ 
plètement  neuf  et  d'une  importance  réelle  ;  c'est  sans  doute  un 
avantage  aussi  que  de  l'avoir  laissé  dix  ou  douze  ans  sur  le 
métier,  tantôt  pour  faire  tel  ou  tel  voyage,  tantôt  pour  attendre 
mes  dessins,  puis  mes  gravures.  J'ai  eu  ainsi  tout  le  temps  de 

(1)  Bidkiln  archéologique ,  T.  IV.  p,  20-24, 


veux    DK   VEKNEIIH.  13 

la  réflexion;  et,  quoique  mes  recherches  n'aient  pas  été  parfai- 
tement complètes  J'espère  ne  m'ôtre  pas  trompé  sur  les  points  prin- 
cipaux. J'aurai ,  dans  ce  cas  ,  rendu  un  vrai  service  à  la  science 
archéologfique  en  montrant  Tinfluence  byzantine  là  oii  elle  est. 
M.  Albert  Lenoir  lui-même,  qui  connaît  &  fond  Tart  de  TOrient , 
voyait  cette  influence  là  oii  elle  n^eM  guère,  et  à  la  fois  plus  grande 
et  plus  vague  qu  elle  ne  Test.  Pour  lui  elle  existait  surtout  dans  les 
rotondes,  comme  Ta  prouvé  le  dernier  numéro  des  Annales  (4).  » 
Un  membre  de  l'Académie  Française,  M.  Vitet,  fit  paraître, 
dans  le  Journal  des  Savants  (2),  une  série  d'articles  d'une  critique 
très-bienveillante ,  mais  très-sérieuse  et  très-approfondie ,  sur  ce 
livre  de  l'Architecture  byzantine  en  France ,  dont  il  n'adoptait  pas 
les  principales  conclusions.  — •  En  réponse  à  ses  observations , 
M»  de  Yemeilh  publia ,  en  4854,  dans  les  Annales  archéologiques , 
trois  articles ,  qui  ont  été  tirés  à  part ,  et  forment  une  brochure 
considérable  sous  ce  titre  :  Des  Influences  byzantines  :  lettre  à 
M.  Vitet  j  de  V Académie  Française  (3). 

VII. 

Nous  avons  dit  déjà  que,  en  48i7,  au  Congrès  archéologique 
d^AngoulêmQ  et  de  Limoges,  M.  de  Yerneilh  avait  brillé  par  sa 
science  précoce  et  ses  aperçus  ingénieux.  Dans  la  suite ,  il  prit  une 
part  active  aux  travaux  de  ces  assises  périodiques  de  la  science. 

En  4855,  dans  les  Conférences  archéologiques  internationales 
convoquées  à  Paris ,  il  traita  avec  M.  le  baron  de  Quast  d'in- 
téressantes questions  ;  il  disserta  notamment  sur  la  date  précise 
des  cathédrales  de  Périgueux  et  d'Angoulôme,  contestée  par 
M.  le  baron  de  Quast  et  par  M.  Parker  (4).  Ce  dernier  ne  se  tint 
pas  pour  battu,  et,  dans  une  lettre  adressée  à  M.  de  Caumont 
l'année  suivante ,  il  soutint  ses  premiers  dires  relativement  à  la 
cathédrale  de  Périgueux  (5). 

En  4858,  M.  de  Vemeilh  prépara,  en  qualité  de  secrétaire 
général ,  le  Congrès  archéologique  de  Périgueux ,  et  présida  à  la 
publication  des  procès-verbaux  des  séances.   Il  prit  la  parole 


(1)  Puyraseau ,  30  Juillet  1852. 

(2)  Cahiers  de  Janvier,  février  et  mai  1858. 

(3)  Paris ,  chez  Didron ,  1866. 

(4)  BvUet.  mofUMfi.,  T.  XXII,  p.  521. 

(5)  /d.,  T.  XXIII .  p.  146. 


14  FICIIX    DK   VKUNEIÎ.ÎÎ. 

dans  la  plupart  des  discussions,  et,  dans  les  questions  Relatives 
aux  monuments  du  pays ,  la  toitr  de  Vésonne ,  l'église  de  Saint- 
Front,  il  montra  quelle  était  l'étendue  de  son  savoir,  la  nou- 
veauté de  ses  aperçus  et  la  sûreté  de  son  coup  d'oeil  archéolo- 
gique. 

L'année  suivante,  au  Congrès  scientifique  de  Limogés  (sei>- 
tembre  1859),  il  fut  élu  président  de  la  section  d'Archéologie 
à  l'unanimité  des  suffrages.  Vous  vous  souvenez,  Messieurs, 
de  la  part  brillante  qu'il  prit  aux  discussions.  Vous  Vous  rap- 
pelez l'impression  profonde  que  produisit  sa  Notice  historique 
sur  Tabbé  Texier.  Son  opinion  sur  les  émaux  d'Allemagfne  et 
les  émaux  limousins  ne  fut  alors  contestée  par  personne;  mais, 
depuis ,  M.  Ferdinand  de  Lasteyrie  a  soutenu  la  thèse  contraire, 
plus  honorable  pou^  notre  province  et  plus  favorablement  ac- 
cueillie par  l'opinion. 

Voici  comment  s'exprimait  le  Bulletin  monitmenlal  dans  le 
compte-rendu  du  Congrès  de  Limoges.  «  L^éminent  archéologue 
M.  de  Verneilh  présidait  la  section  d'Archéologie,  et  sa  parole 
donnait  à  toutes  les  discussions  un  intérêt  extraordinaire.  Com- 
bien d'à jperçus  judicieux  ,  d'idées  neuves  ^  M.  de  Verneilh  a  émis 
dans  les  discussions  de  sa  section  I  Combien  il  a  su  intéresser 
par  le  récit  des  richesses  qu'il  venait  d'observer  en  Allemagne , 
accompagné  du  baron  de  Quast,  inspecteur  général  des  monu- 
ments de  Prusse!...  Les  précieux  documents  donnés  oralement 
par  M.  de  Verneilh  sur  les  églises  à  voûtes  domicales  observées 
par  lui  en  Allemagne ,  sur  diverses  églises  de  France ,  notam- 
ment sur  celle  de  Saint-Léonard  (Haute-Vienne^  j  ont  été  aussi 
avidement  accueillis  (i)  ». 

M.  de  Verneilh  ne  manquait  jamais  l'occasion  de  paraître 
dans  ces  tournois  intellectuels^  oii  il  figurait  toujours  avec  hon- 
neur. En  1860,  au  Congrès  scientifique  de  Cherbourg,  il  fut 
encore  élu  président  de  la  section  d'Archéologie;  il  prit  une 
glorieuse  part  aux  savantes  discussions  qui  eurent  lieu ,  notam- 
ment sur  l'origine  parisienne  du  style  ogival. 

En  18G1  ,  il  fit  partie  de  la  commission  chargée  de  préparer 
le  Congrès  scientifique  de  Bordeaux ,  et  il  fut  nommé  secrétaire- 
chef  pour  la  section  d'Histoire  et  d'Archéologie.  Nous  nous  souve- 
nons des  savants  aperçus  qu'il  donna  au  Congrès  sur  les  bastides 
du  Sud-Ouest,  c'est-à-dire  sur  ces  villes  neuves,. à  plan  régu- 

'(1)  Bulletin  monmiental ,  T.  XXV,  p.  743. 


FKlJ.X    DE    VERNKtI.It.  15 

lier  et  uniforme ,  qui  se  sont  élevées  au  xiii'  siècle  dans  le  bassin 
de  la  Garonne  (T.  Il ,  p.  313).  Il  fit  remarquer,  contre  Topinion 
rommune,  que  l'influence  anglaise  était  à  peu  près  nulle  sur 
nos  monuments  d'Aquitaine  (T.  Il,  p.  325).  Il  traita  savamment 
cette  question  posée  au  Congrès  :  «  La  vraie  date  du  cloître  de 
MoissaC  et  de  Saint-Sernin  de  Toulouse  est-elle  connue?  »  (T.  Il, 
p.  345),  et  il  a  publié,  dans  le  tome  IV  du  Congrès,  un  mé- 
moire SUT  ce  sujet  (p.  653).  Il  lut  un  court  mémoire  sur  cette 
autre  question  :  a  Existe-t-il  au  nord  de  la  Loire  et  au  sud  de  la 
Garonne  Une  seule  ég'lise  à  série  de  coupoles?  »  (T.  Il,  p.  347), 
mémoire  qu*il  destinait  à  son  second  volume  sur  ^architecture 
byzantine.  Il  traita  encore  la  question  de  Tétat  pritiiitif  de  la 
nef  de  la  primatiale  de  Bordeaux  (p.  348).  Le  Qongrès  accueillit 
favorablement  le  vœu  qu'il  formula  en  faveur  du  déblaiement 
de  l'amphithéâtre  ou  palais  Gallien ,  et  de  la  conservation  de  la 
porte  du  Cailhau  ,  menacée  par  un  alignement  et  une  rue  pro- 
jetés. 

L'année  suivante  (1 862),  on  retrouve  M.  de  Verneilh  au  Congrès 
de  Saumur.  11  présida  une  des  sé^ces  (4  juin),  et  il  fit  une 
conférence  sur  les  influences  byzantines  en  Anjou ,  conférence 
qui  se  termina  par  une  triple  salve  d'applaudissements 
(p.  308-317). 

Vlll. 

Tout  le  monde  comprend  que ,  dans  l'archéologie  monumen- 
tale surtout,  led  voyages  sont  la  condition  indispensable  d'une 
science  approfondie.  Grâce  à  sa  position  indépendante  et  k  sa 
fortune  personnelle,  M.  de  Verneilh  avait  pu  faire  de  fréquents 
voyages  ;  il  avait  pu  observer  sur  place  les  nombreux  monu- 
ments dont  il  parlait  j  et  dojit  Tétude  servait  de  base  à  ses 
théories  scientifiques.  11  ne  s'était  pas  borné  &  visiter,  dans  nos 
diverses  provinces ,  les  églises  ou  édifices  civils  du  moyen  âge  et 
des  époques  antérieures  :  il  avait  voyagé  dans  les  pays  étrangers, 
prenant  partout  des  notes,  des  mesures,  des  croquis.  En  1845,  il 
visitait  Londres,  Cantorbéry  et  une  partie  de  l'Angleterre,  com- 
parant le  style  ogival  anglais  et  le  style  ogival  parisien.  En 
1847,  il  parcourait  la  Belgique  et  les  bords  du  Rhii^,  et  étudiait 
surtout  cette  magnifique  cathédrale  de  Cologne  s\it  laquelle  il 
a  écrit  un  travail  si  remarquable;  en  1855  et  1856,  il  voyait 
Constantinople ,   Athènes  et  l'Italie.  En  face  des  coupoles  de 


16  IKI.IX    DE   VILUNBlLlI. 

Sainte-Sophie  de  Byzaiice  et  de  Saint-Marc  de  Venise,  types  de 
Saint-Front  de  Périg-ueux  ,  il  recueillait  des  notes  pour  le  secoutl 
volume  de  son  Architecture  byzanthw,  que  la  mort  ne  lui  a  pas 
permis  de  publier;  en  4859,  il  visitait  la  Westphalie  et  TAlle- 
magne  du  Nord,  en  compagnie  de  M.  le  baron  de  Quast, 
inspecteur  général  des  monuments  historiques  de  la  Prusse  j 
qui  lui  montrait  les  riches  collections  des  émaux  allemands. 
Nous  nous  souvenons  que,  à  son  retour  d'un  de  ces  lointains 
voyages ,  en  lui  écrivant  pour  le  féliciter,  ûous  lui  faisions  Tap- 
plicatîon  de  ces  paroles  qu'un  écrivain  sacré  dit  du  véritable 
sage  :  «  11  passera  dans  le  pays  des  nations  étrangères  «  étudiant 
chez  tous  les  hommes  le  bien  et  le  mal  :  In  terram  aliemgenarvm 
geniium  pertransiet  :  bona  enim  et  mcda  inhomirUbus  terdabit,  »  [EccU,, 
XXXIX,  5.) 

IX. 

Dans  le  Bulletin  monumental,  dirigé  par  M.  de  Caumont  ^  M»,  de 
Verneilh  a  publié,  depuis  4847  jusqu'à  Tannée  qui  a  précédé  sa 
mort,  de  nombreux  et  savî^pts  mémoires  : 

4**  Une  Note  sur  les  églises  à  coupoles  du  Périgord  (4)  ; 

2"  Une  Notice  sur  le  château  de  Châlus  et  sur  les  circonstances 
de  la  mort  de  Richard  Cœur-de-Lion  (2)  ; 

3"  Le  compte-rendu  d*une  visite  à  la  Sainte-Chapelle  (3)  ; 

K°  Une  Lettre  à  M.  de  Caumont  sur  s?a  Statistique  monumentale 
du  Calvados  (4)  ; 

5°  Un  Mémoire  sur  les  origines  de  Tart  ogival  et  de  Tart 
roman ,  en  réponse  aux  questions  posées  par  M.  Parker  (5)  ^  dans 
lequel  il  établit  que  le  style  ogival  est  né  dans  la  région  de  Paris, 
et  non  en  Angleterre  ou  en  Normandie  ; 

6**  Une  Dissertation  sur  les  dates  précises  des  cathédrales  de 
Périgueux  et  d'Angoulême ,  contestées  par  le  baron  de  Quast  et 
par  M.  Parker  dans  les  conféi-ences  archéologiques  internatio- 
nales convoquées  h.  Paris  en  4855  (6)  ; 

7*»  Un  Mémoire  sur  les  fortifications  romaines ,  byzantines  et 
génoises  de  Constantinople ,  avec  plans  et  dessins  (7)  ; 


(1)  Bulletin  monumental,  1847,  p.  543. 

(2)  IM.,  1848,  p.  426, 

(3)  iHd.,  1850,  p.  141. 

(4)  IMd.,  1850,  p.  413. 

(5)  im. ,  1855,  p.  105. 
(6j  Ilnd.,  1856,  p.  521. 
(7)  md.,  1858,  p.  361. 


veux  DE   VERNËILH.  17 

8*  Une  Étude  sur  les  émaux  d'Allemagne  et  les  émaux  limou- 
sins en  collaboration  avec  M.  le  baron  de  Quast,  inspecteur 
général  des  monuments  historiques  de  la  Prusse ,  étude  lue  au 
Congrès  scientifique  de  Limoges  au  mois  de  septembre  1859  (1), 
et  dont  les  conclusions  ont  été  combattues  par  M.  Ferdinand 
de  Lasteyrie  ; 

9°  Un  article  sur  Touvrage  de  M.  de  Roisin  intitulé  :  la 
Cathédî^ale  de  Trêves  (2)  ; 

4  0"  Les  Émaux  français  et  les  Émaïkx  étrangers ,  mémoire  en  ré- 
ponse à  M.  le  comte  F.  de  Lasteyrie  ,  lu  à  la  séance  de  la  Société 
Archéologique  de  Limoges  le  28  novembre  4868  (3). 


X. 


M.  de  Verneilh  était  un  des  fondateurs  du  Chroniqueur  du 
Périgord,  revue  mensuelle  consacrée  à  la  littérature  et  &  la 
science.  Nous  allons  indiquer  divers  articles  qu'il  y  a  publiés  : 

4®  Colonie  vénitienne  de  Limoges  (4)  ; 

2*  Les  Bastides  du  Périgord  (5)  ; 

S'*  Lettres  à  M,  de  Siorac  sur  les  monuments  de  Périgueux  (6)  ; 

4"  Promenades  en  Périgord  (7)  ; 

5°  Note  sur  divers  objets  découverts  dans  la  restauration  de  Sainte 
Front  (8)  ; 

6*»  Peintures  murales  du  diâteau  de  Rochediounrt  (9)  ; 

7"  Des  abords  de  Saint-Fro^U  (40). 

Voici  maintenant  la  liste  des  Mémoires  qu'on  trouve  dans  le 
Bulletin  de  la  Société  Archéologique  du  Limousin  : 

4*'  Maisons  anciennes  du  Limousin  (4  4),  emprunté  slmx  Annales 
archéologiques  (42); 

(1)  Bulletin  monumental,  1860,  p.  109  et  205. 

(2)  IMd. ,  1861 .  p.  634. 

(3)  IMd.,  1863.  p.  113  et  225. 

(4)  Chronig.  du  Périgord ,  année  1853 ,  T.  I ,  p.  19. 
(o)Ibid..  T.  I,  p.  46.  52. 

(6)/ôirf..  T.  I.  p.  84. 

(7)  Ibid,,  T.  I.  p.  117, 161  (article  de  M.  Jules  de  Verneilh). 

(8)  Ibid. .  T.  I ,  p.  264. 

(9)  Ibid. ,  année  1854 ,  T.  II .  p.  253. 

(10)  Ibid. .  année  1855 ,  T.  III.  p.  49. 

(11)  Bulletin  archéologique,!!.  I.  p.  170. 
\}2)  Annales  archéologiques,  T.  IV,  p.  165. 

2 


18  FÉLIX  DB  VERNEILH. 

2*  Peintures  murales  du  château  de  Rochechouart  (4),  emprunté  au 
Chroniqueur  du  Périgord  ; 

3°  Notice  biographique  sur  l'allé  Texier  (2)  ; 

4°  Les  Emaux  d'Allemagne  et  les  Emaux  limousins,  mémoire  en 
réponse  à  M.  le.  comte  de  Lasteyrie  (3)  ; 

5°  Notice  sur  V oppidum  gaidois  de  Courbe fy  (4) ,  oppidum  qu'a 
découvert  M.  de  Verneilh. 

XI. 

a  Le  style  c'est  Thomme  »,  a  dit  BuflPon,  et,  en  donnant 
cette  définition  ,  il  n'a  fait  que  reproduire  une  pensée  d'un 
Père  de  l'Église  :  «  La  parole  de  l'homme  est  le  miroir  de  son 
âme  :  Sermo  enim  viri  mentis  est  spectdum  (5)  ».  Le  style  de  M. de 
Verneilh ,  «  d'une  pureté  classique ,  d'une  g^ravité  magistrale 
et  d'une  exquise  distinction ,  qui  n'était  que  la  traduction  des 
habitudes  de  son  langage  et  de  sa  vie ,  son  style ,  quand  le 
sujet  s'y  prêtait ,  savait  revêtir  tous  les  charmes  de  l'élégance  et 
du  goût.  On  ne  lira  pas  ses  ouvrages  uniquement  pour  appren- 
dre :  on  les  lira  aussi  pour  le  plaisir  de  les  lire  ,  et  c'est  pourquoi 
ils  resteront.  Ils  resteront,  parce  qu'ils  sont  les  fruits  d'une 
vie  consacrée  tout  entière  au  travail  consciencieux ,  parce  qu'ils 
portent  l'empreinte  d'un  travail  sérieux ,  et  qu'ils  sont  les  pro- 
ductions d'une  âme  souverainement  honnête ,  dont  tout  ce  qui 
est  faux  et  mauvais  excitait  la  répulsion  franche  et  sévère ,  dont 
tout  ce  qui  est  estimable  et  vrai  avait  conquis  les  chaudes  et 
constantes  sympathies  (6).  » 

XII. 

x^près  avoir  parlé  des  grandes  qualités  du  savant  et  de 
l'écrivain,  pourrions-nous  passer  sous  silence  les  qualités  de 
l'homme  privé?  Que.  dirons-nous  de  la  bienveillance  de  son 
caractère  ,  qui  le  faisait  aimer  de  tous ,  et  qui  l'avait  rendu  si 
populaire  dans  sa  contrée?  Que  dirons-nous  de  cette  urbanité 

(1)  Bulletin  archéologique»  T.  V,  p. 262. 

(2)  7Wrf..  T.  XI  .  p.  107. 
(3)/Wrf.,T.  XIII.  p.  1. 

{4)7Wtf„T.  xiii.  p.  as 

(5)  Raint  Paulin  de  Nole  :  Epistol,  Xlll  ad  Pammarh, 

(6)  Charles  des  Moulins  ,  Guienne  du  12  octobre  1864. 


Feux   DE   VERNEILH.  19 

exquise  qu'il  apportait  dans  les  discussions ,  et  le  faisait  estimer 
de  ses  adversaires?  On  peut  lui  appliquer  les  paroles  qu'il 
disait  de  Tabbé  Texier  :  «  Ce  confrère  modeste  et  bon  qui ,  dans 
le  monde  irritable  des  antiquaires,  n'a  jamais  perdu  un  ami  (4)  ». 

M.  Félix  de  Yerneilh  ne  s'était  pas  marié  :  il  aimait  à  dire 
que ,  ayant  deux  compagnes ,  Tarcbéologie  et  l'agriculture  ,  il 
ne  pouvait  prendre  charge  d'une  troisième  (2).  On  comprend 
que ,  avec  cette  passion  pour  la  science  et  les  voyages  archéo- 
logiques, le  célibat  lui  laissait  plus  d'indépendance  et  de 
liberté;  et  d'ailleurs  il  retrouvait  les  joies  de  la  famille  au 
château  de  Puyraseau. 

C'est  peut-être  cette  passion  pour  l'étude  qui  a  occasionné 
cette  maladie  de  langueur  dont  l'issue  devait  être  si  funeste.  En 
vain  tous  les  secours  lui  furent  prodigués  :  des  symptômes 
étranges  et  contradictoires  déconcertaient  la  science,  et  rendaient 
inutiles  les  soins  les  plus  intelligents  et  les  plus  affectueux. 


XlII. 


En  terminant ,  Messieurs ,  permettez-moi  de  me  souvenir  du 
caractère  dont  je  suis  revêtu ,  et  de  dire  que  M.  de  Verneilh  a  di- 
gnement couronné  cette  vie  savante  et  laborieuse  par  une  mort 
chrétienne. 

Quand  nou^  avons  annoncé,  dans  le  journal  le  Mande  (3),  la 
mort  prématurée  de  notre  savant  collègue ,  nous  disions  :  a  A 
une  haute  intelligence  et  un  vaste  savoir,  rehaussés  par  une  mo- 
destie sincère ,  M.  de  Verneilh  unissait  une  bienveillance  et  une 
douceur  de  caractère  qui  lui  conciliaient  (toutes  les  affections. 
Dans  la  force  de  Tâge  et  du  talent ,  il  a  été  enlevé  à  une  noble 
famille  dont  il  faisait  la  joie  et  l'orgueil.  Après  deux  mois  de 
cruelles  souflFrances ,  il  a  rempli  ses  devoirs  de  chrétien  avec  un 
calme ,  une  sérénité  d'âme  et  une  ferveur  admirables.  La  veille 
de  sa  mort,  il  reçut  le  Saint-Yiatique  et  TExtrême-Onction  ,  ré- 
pondant lui-même  aux  prières  du  prêtre ,  et  édifiant  par  sa  piété 
les  assistants,  qui  fondaient  en  larmes.  Le  lendemain  (  28  sep- 
tembre 1864),  il  s'éteignait  sans  agonie.  Les  d  rniers  devoirs  lui 
ont  été  rendus ,  le  29  septembre ,  dans  Téglise  de  Pluviers  (Dor- 

(1)  Congrès  de  Limoges,  T.  I,  p.  417. 

(2)  Cu.  DES  Moulins  .  Quienne  ,  12  octobre  1864. 

(3)  Monde,  8  octobre  1864. 


20  FÉLIX   DE  VERNEILH. 

dogne).  Tout  le  pays,  sans  exception  ,  avait  tenu  à  honneur  de 
raccompag-ner  à  sa  dernière  demeure.  Le  clergé  de  quinze  pa- 
roisses était  venu  spontanément  mêler  ses  prières  et  ses  larmes 
à  celles  de  sa  famille  désolée,  et  rendre  un  suprême  hommage  au 
savant  qui  avait  réhabilité  Tart  chrétien ,  et  qui  pouvait  dire  avec 
le  psalmiste  :  «  Seigneur,  j'ai  aimé  la  beauté  de  votre  maison!  » 
(Ps.  XXV,  8.) 

XIV. 

La  Société  Française  d'Archéologie,  qui  perdait  en  lui  un  de 
ses  dignitaires  et  un  de  ses  membres  les  plus  distingués,  avait 
eu  d'abord  la  pensée  de  recueillir  dans  son  sein  une  souscription 
pour  élever  un  monument  sur  la  tombe  du  savant  archéologue 
dans  rhumble  cimetière  de  campagne  oii  il  est  inhumé.  Cette 
idée  avait  été  accueillie  avec  empressement,  et  M.  de  Caumont 
s'en  était  fait  l'organe.  Quand  on  a  annoncé  que  la  chapelle  du 
château  de  Puyraseau,  à  la  construction  de  laquelle  M.  de  Ver- 
neilh  avait  présidé  avec  M.  Jules  de  Verneilh,  son  frère,  recevrait 
plus  tard  ses  dépouilles  mortelles,  la  Société  Française  a  dû  re- 
noncer à  ce  projet. 

Mais  cette  année,  pendant  le  Congrès  des  délégués  des  Sociétés 
savantes,  réuni  à  Paris  au  palais  de  la  Société  d'Encouragement, 
les  nombreux  amis  de  M.  de  Verneilh  ont  proposé  d'ériger  un 
buste  à  sa  mémoire  dans  le  musée  de  Périgueux,  auprès  de  cette 
cathédrale  de  Saint-Front  qu'il  a  fait  connaître  au  monde  archéo- 
logique. Cette  proposition  a  été  chaleureusement  accueillie ,  et 
une  souscription  a  été  ouverte  immédiatement. 

M.  de  CoëflFard ,  un  des  auteurs  du  nouveau  fronton  de  la 
Bourse  de  Bordeaux,  et  lauréat  de  l'Académie  de  cette  ville,  a  été 
chargé  par  le  Comité  de  sculpter  ce  buste  en  marbre  blanc  de 
Carrare. 

La  Société  -Archéologique  du  Limousin  ne  pouvait  manquer  de 
payer  son  tribut  à  la  mémoire  de  Félix  de  Verneilh.  Elle  s'est 
associée  par  une  souscription  à  l'érection  de  ce  monument.  Mais 
les  œuvres  du  savant  écrivain  seront  un  monument  plus 
durable  (4). 

L'abbé  ARBELLOT. 

(1)  Nous  espérons  que  M.  Jules  de  Verneilh  publiera  les  précieux  ma- 
nuscrits qui  sont  entre  ses  mains. 


MONUMENTS  DRUIDIQUES 


DU  miOUSIN  ET  DE  LA  MARCHE. 


Les  monuments  druidiques  du  Limousin  et  de  la  Marche 
servaient-ils  de  bornes  aux  anciennes  peuplades  gauloises? 

Dans  une  Note  sur  les  dolmens  et  les  menhirs  du  Poitou,  M.  de 
Long'uemar  faisait  remarquer  au  Congrès  scientifique  de 
Limoges,  en  4859,  que  <t  la  disposition  de  ces  monuments  en 
série  orientée,  et,  &  peu  de  chose  près,  parallèle  à  la  plus 
grande  partie  du  cours  du  Clain ,  pouvait  faire  penser  qu'elle 
indiquait  une  frontière  sacrée  de  la  Gaule  primitive,  posée 
entre  deux  tribus  importantes,  et  que  la  restitution  de  ces 
chaînes  de  pierres  druidiques  sur  nos  cartes  locales  pourrait , 
dans  cette  hypothèse,  amener  la  reconstruction  de  la  plus 
ancienne  carte  nationale  de  France  ». 

C'est  à  cette  intéressante  question  que ,  depuis  cette  époque , 
et  sous  la  direction  de  Thabile  archéologue  poitevin ,  M.  Tabbé 
Rougerie  et  moi  avons  consacré  de  longues  et  nombreuses  re- 
cherches. Retrouver  le  territoire  qu'occupaient  ces  peuplades  à 
peines  connues,  le  circonscrire  dans  ses  véritables  limites,  et 
dresse»  ainsi  une  carte  de  la  Gaule  antérieure  à  notre  ère  était 
un  bien  beau  projet ,  capable  de  faire  supporter  les  excursions 
les  plus  difiiciles. 

Dès  le  début,  le  succès  sembla  nous  sourire  :  aussi  M.  le  pré- 
sident de  la  Société  des  Antiquaires  de  l'Ouest  m'écrivait-il  le 
41  février  4860  :  a  Courage  donc  et  persévérance!  Nous  arri- 
verons ,  comme  une  glorieuse  pléiade ,  à  l'extrémité  de  notre 


22  MONI'MENTS   DRUIDIQUES. 

orbite  si  le  bon  sens  peut  fermer  les  courbes  que  nous  allons 
décrire.  » 

Nous  nous  sommes  partagé  le  travail ,  et  chacun  de  nous  a 
pris  en  particulier  un  département  pour  y  faire  Tessai  de  ce 
nouveau  système. 

M.  Tabbé  Rougerîe,  le  premier,  a  publié ,  dans  le  tome  X  du 
Bulletin  de  la  Société  Archéologique  du  Limousin ,  des  Recherches 
sur  les  limites  des  peuplades  gavluises  dans  la  Uavte-Vienne ,  travail 
qui  serait  assurément  ce  qu'il  y  aurait  de  plus  décisif  dans  cette 
question  si  les  matériaux  qui  lui  ont  été  fournis  par  nos  histo- 
riens et  nos  géographes  étaient  de  bon  aloi. 

J'avais  fait  un  semblable  travail  pour  le  département  de  la 
Creuse.  En  utilisant  tous  les  monuments  druidiques ,  tous  les 
noms  de  lieux  significatifs;  en  m'aidant  des  accidents  du 
terrain ,  j'étais  parvenu  à  circonscrire  le  pays  qu'auraient 
habité  les  Cambioviscenses ,  dont  Chambon  serait  le  centre; 
Bourganeuf  et  Soubrebost ,  avec  ses  magnifiques  rochers ,  oc- 
cupaient^ le  centre  d'une  seconde  peuplade ,  et  tout  le  nord-ouest 
du  département  en  était  une  troisième. 

Comme  j'avis  promis  ce  travail ,  je  fus  obligé  de  le  donner.  11 
a  été  communiqué  à  la  Société  des  Antiquaires  de  l'Ouest;  mais 
je  le  terminais  en  faisant  observer  qu'il  était  loin  de  me  satis- 
faire, et  que  j'hésitais  encore  entre  une  conclusion  aflîrmative 
ou  négative.  La  principale  raison  qui  portait  ainsi  Tindécision 
dans  mon  esprit  était  que  lès  monuments  en  question ,  et 
surtout  les  noms  de  lieux  qui  indiquaient  des  limites,  se  trou- 
vaient également  répandus  sur  toute  la  surface  du  pays. 

Les  nombreuses  recherches  et  les  nouvelles  décourvertes  que 
j'ai  faites  depuis  dans  nos  contrées  n'ont  fait  que  me  confirmer 
dans  cette  idée  que  les  monuments  dont  il  s'agit  ici  sont  inèuf- 
fisants  pour  retrouver  les  limites  des  anciens  habitants  de  la 
Gaule.  Aussi  les  conclusions  de  la  thèse  imprimée  au  tome  X 
du  Bulletin  de  notre  Société  se  trouvent^ïnaintenant  inexactes  : 
4  «  par  la  découverte  de  plusieurs  monuments  druidiques  qui 
n'étaient  pas  alors  signalés;  2«  par  la  certitude  acquise  que 
plusieurs  des  monuments  indiqués  par  différents  auteurs,  et 
qui  ont  servi  de  bases  pour  former  ces  conclusions,  n'ont 
jamais  existé  ;  3^  parce  que  les  noms  de  lieux  emportant  avec 
eux  l'idée  de  limite  sont  également  répandus  sur  toute  la  sur- 
face du  pays. 

M.  de  Longuemar,  qui  le  premier  avait  émis  cette  idée  certai- 


MONUMENTS  DRUIDIQUES.  23 

nexnent  attrayante,  a  dît  ensuite  au  Congrès  scientifique  de 
Bordeaux  :  a  IJn  certain  nombre  de  monuments  et  de  lieux  dits , 
parmi  lesquels  il  faut  ranger  les  dolr.en^,  les  nunhirs,  les  ttjmvH, 
les  oppida  et  les  plus  vieux  souterrainS'rrfuijcs,  ne  nous  ont  pas 
paru  s'assujettir  d'une  manière  suffisante  aux  plus  anciennes 
limites  que  Thistoire  ou  la  tradition  nous  ont  permis  de  distin- 
guer dans  notre  contrée  ». 

Aujourd'hui  la  question  paraît  donc  résolue  négativement. 

Qu'il  faille  totalement  abandonner  cette  idée  de  retrouver  les 
limites  des  peuplades  gauloises  en  se  servant  des  monuments 
druidiques  et  des  noms  significatifs  que  certaines  localités 
conservent  encore ,  je  ne  le  crois  pas  ;  mais  d^abord  il  y  a  un 
triage  essentiel  à  faire. 

Ces  monuments  sont  de  deux  sortes  :  les  dolmens  et  les 
merdiirs.  Le  dolmen ,  énorme  pierre  en  forme  de  table  portée 
par  un  nombre  plus  ou  moins  grand  de  supports,  recouvre 
toujours  un  tombeau  (4)  ;  le  menhir,  pierre  longue,  solidement 
fichée  en  terre  par  une  de  ses  extrémités ,  et  portant  souvent  de 
nos  jours  le  nom  de  borne,  haute-borne,  etc.,  ne  recouvre 
jamais  de  tombeau  (2). 

J'ai  dit  à  dessein  que  les  monuments  druidiques  étaient  de 
deux  sortes ,  car  ce  qu'on  a  souvent  apj^lé  demi-rdolmen  n'est 
autre  chose  qu'un  dolmen  dont  un  des  supports ,  brisé ,  a  laissé 
pencher  la  table  jusqu'à  terre,  ou  encore ,  ce  que  j'ai  rencontré 
plusieurs  fois,  c'est  un  monument  naturel. 

Quant  aux  pierres  branlantes ,  elles  sont  généralement  le 
résultat  de  dénudations  diluviennes,  qui  ont  détruit  la  partie 
friable  qui  formait  la  base  de  la  roche .  aujourd'hui  mobile.  Il 
faut  remarquer  au  sujet  de  ces  sortes  de  roches  que  le  druidisme 


(1)  Tous  les  dolmens  explorés  par  les  membres  de  la  Société  des  Anti- 
quaires de  rouest  (  de  Lonoubuâr  ,  Notice  swr  une  série  de  ddmens) . 
52  dolmens  fouUlés  par  M.  Delpon  de  Livernon  dans  le  Quercy  (Richard 
etHoquart,  QvÂde  de  V étranger),  ceux  que  j*al  fouiUés  moi-même  en 
Limousin.  n*ont  pas  encore  fourni  d^exception. 

(2)  Le  menhir  d'Aigny  (Côte-d*Or)  passe  dans  tout  le  pays  pour  une 
très-ancienne  limite.  (Richard  bt  Hoquart.)  —  Le  menhir  de  Lafolie, 
même  département ,  porte  le  nom  de  Grande-Borne.  {Idem.)  —  Cest  encore 
ce  nom  de  Grande-Borne  qui  désigne  un  menhir  situé  au  carrefour  des 
Quatre-Chemius ,  dans  la  Charente-Inférieure ,  aux  confins  des  Santones  et 
des  Petrocorii.  {Idem,)  —  Dans  le  Calvados,  on  indique  comme  limite  du 
Bocage  deux  menhirs  situés  vers  Leffard  et  Saint-Germain.  {Idem.) 


24  MONUMENTS  DRUIDIQUES. 

a  pu  les  adopter,  en  leur  attribuant  une  origine  merveilleuse, 
et  par  suite  une  intervention  de  la  divinité  ;  mais  on  ne  peut 
pas  les  ranger  parmi  les  monuments  érigés  de  main  d'homme. 

De  ce  qui  précède  on  peut  conclure  que  les  menhirs  seuls 
sont  de  véritables  bornes  pouvant  servir  à  retrouver  les  limites 
des  anciennes  peuplades  gauloises  dans  nos  contrées.  Mais  ils 
sont  malheureusement  en  trop  petit  nombre  pour  fournir  des 
indications  précises,  et  encore  plusieurs  de  ceux  que  Ton 
trouve  marqués  sur  nos  cartes  et  dans  quelques  auteurs  n'ont 
jamais  existé. 

Cette  conclusion ,  développée  devant  les  membres  du  Congrès 
scientifique  de  France  réunis  h  Guéret ,  a  obtenu  Tassentiment 
général. 

L'opinion  de  la  Commission  de  la  Topographie  des  Gaules  est 
encore  d'une  grande  valeur  dans  cette  question.  La  voici  for- 
mulée dans  une  lettre  que  j'ai  reçue  au  mois  de  juin  dernier  : 
«  Nous  sommes  convaincus  comme  vous  que  la  distribution  des 
dolmens  sur  la  surface  de  la  Gaule  n'a  aucun  rapport  avec  les 
limites  des  peuplades  gauloises.  C'est  une  opinion  qui  a  pu  être 
émise  un  instant,  mais  qui,  aujourd'hui  qu'un  plus  grand 
nombre  défaits  sont  connus,  est  insoutenable.  11  est  certain  au 
contraire  qu'un  certain  nombre  de  menhirs  sont  des  bornes 
limitantes;  mais  comment  les  reconnaître?  car  beaucoup 
d'autres  n'ont  pas  ce  caractère,  en  sorte  que,  en  suivant  sur 
une  carte  la  distribution  des  menhirs  signalés  jusqu'ici,  on 
n'arrive  encore  à  aucun  résultat.  Sous  ce  rapport ,  il  faut  savoir 
attendre  avant  de  rien  affirmer (1)  ». 

Il  m'avait  paru  utile ,  pour  me  prononcer  gur  cette  question , 
de  visiter  tous  les  monuments  druidiques  de  l'ancien  Limousin 
pour  les  dessiner,  les  décrire  minutieusement,  recueillir  les 
légendes  qui  s'y  rattachent,  indiquer  leur  position  sur  une 
carte ,  en  un  mot  faire  l'histoire  complète  de  tous  les  monu- 
ments de  ce  genre  qui  existent  encore ,  sans  négliger  ceux  qui 
ont  été  détruits  par  une  aveugle  cupidité. 

Au  lieu  de  reproduire  ici  les  longues  descriptions  et  les  lé- 
gendes qui  doivent  accompagner  les  dessins  de  ces  monuments , 
je  me  contente  d'en  dresser  une  simple  liste ,  oii  j'insère  toutefois 
les  localités  qui  portent  le  nom  de  Pierrefitte  ou  Pierrelevée , 

.(1)  Lettre  de  M.  Alexandre  Bertrand,  secrétaire  de  la  Commission. 


MONUMENTS   DRUIDIQUES,  25 

car  c'est  Tindice  presque  certain  qu'un  menhir  ou  un  dolmen  a 
existé  dans  ce  lieu. 

lIaute*Vienne. 

Arrondissement  de  Bellac. 

Blond Pierre  branlante. 

Peyrat Village  de  Pierrefitte. 

—  Dolmen  (?)  de  Pierre-Sou pesse  (petrasuspensa), 
Bessines Village  de  Pierreflche. 

Folles Dolmen  entre  Monjourde  et  Lavaud. 

Bazês Pierre  branlante  au  village  de  Lavaud-Bourgoin. 

Fromentaï Dolmen  de  Bagnol. 

—  Village  de  Pierrefolle. 
St^ylvestre Pierre  branlante  (?). 

Rançon Il  existait  autrefois  une  pierre  droite  appelée 

Quenouille  des  fées. 

Atat-le-Rh Dolmen  détruit  vers  1850. 

La  Croix Dolmen  de  Montaumar. 

Montrd-Senard Village  de  Pierrelevade. 

St-Martial Dolmen  détruit  par  M .  de  LatoucUe. 

Rerneutl Deux  dolmens  k  La  Borderie. 

Breuilaufa Dolmen. 

—  Restes  de  deux  autres  dolmens. 
deux Menhir  au  village  de  Ceinturât. 

—  Pierre  branlante  au  village  de  Beauearthu. 
Arnac-Aor-Poste Dolmen. 

Cromac Pierre  branlante  k  La  Maison-aux-Martes. 

—  Dolmen  au  village  de  Baunes. 
Jouac Menhir  au  village  des  Bastides. 

—  Village  de  Pierrefolle. 

Mailhac Dolmen  renversé  près  le  village  de  La  Vaudelle. 

—  Autre  dolmen  près  le  Peux-de-la-Tâche. 

Si'Martin-le-Mault Menhir  au  village  de  La  Paulme  (7). 

St''Sulpice''leS'Feuilles.  .  Dolmen  au  village  de  Virvalais. 

M.  de  Beaufort  en  signale  encore  aux  villages 
de  Zacou,  de  Ber lande,  de  Peuchaud  et  de 
Meillassou. 

Arrondissement  de  Limoges, 

Beaum(mt Village  de  PierrefoUe. 

Bymoutiers Village  de  Peyrade. 

St-Léger-^a^Montagne . .  •  Pierre  branlan  te. 

—  Dolmen  près  la  route  de  Razès. 

St'Just Village  de  Pierrefitte. 

St-Bonnet'kh'Rivière. . .  •  ViUage  de  Pierreflche. 


26  MONUMENTS   DRUIDIQUES. 

St^Pavl, . . .% Menhir  au  village  dé  Méta3^ers. 

BybotUeuf Dolmen  k  Poujol. 

Arrondissement  de  Rochcchouart, 

Rochechouart Village  de  Pierrefolle. 

—  Pierre  branlante  (détruite). 

Cognac Dolmen. 

Javerdai Menhir  au  village  du  Pic. 

St-LauretU-sur-Oorre, , ,  Dolmen  au  village  de  Pierrelevée. 

Arrondissement  de  Saint-  Yrieix. 

Bussiére-Oalant Pierrefolle. 

La  Roche-V Abeille Dolmen  au  village  de  Pierrelevée. 

CJiâieau-Chervis Dolmen  lî)  au  village  de  Fayat. 

Cot^ssac-Bonneval Village  de  Pierreflche. 

St'Yrieix Dolmen  (?j  dans  le  lx>is  de  Grandmont. 


•  ' 


Arrondissement  de  Guéret, 

Ahun %  Village  de  Pierrefltte. 

Pionnat Village  de  Pierrelevée. 

Bonnat Village  de  Pierrecou  verte. 

Dun Dolmen. 

NaiUac Menhir. 

Fresselines Village  de  Pierrefolle. 

Chamborand Menhir  (?). 

St-Pierre-de-Fursac Dolmen  au  village  de  Chiron. 

Azerahles Menhir  (?). 

St-Aig^ian-^e-VerHllat . .  Village  de  Pierrefltte. 

St-Etienne-de-VersUlai, .  Dolmen  (en   partie   détruit)    au  village  de 

Chadrolle. 
St'-Oermmn-BeaupTé.  . . .  Village  de  Pierrefltte. 

St-Priest-la-FeuUle Dolmen. 

—  Menhir  (?)  au  village  de  Rebeyrolles. 

Arrondissement  de  Boussac. 
Pierre^fiite, 

Arrondissement  de  Bourc^aneuf. 

St-Martin-Ste-'Catherine  Dolmen  de  Marlhiac,  connu  sous  le  nom  de 

dolmen  de  Sauviat. 


MONUMENTS   DEIIDIQUES,  27 

St^Priest-Palus Dolmen  de  La  Gardelle. 

Soubrebost Pierre  branlante  de  Nadapeiras. 

Mouriouw Deux  dolmens. 

Bénétent Dolmen  (?) 

Marsat Dol tnen. 

Janaillat Village  de  Pierrefltte. 

Arrondissement  d'Aubusson, 

St'Pardoua^es-Cars Pierre  branlante. 

Blessac Dolmen. 

La  Serre-Bussiére- Vieille  Dolmen. 
St'Merd-4a-Broeille,  , ..  Village  de  Pierrefltte. 

Crocq Dolmen  du  bois  d"Urbe. 

St'Âlvard Dolmen  (?). 

Mérinchal Dolmen  détruit  en  1826  par  M.  Sapin. 

St'Bard Dolmen  (?). 

Felletin Dolmen. 

St-Q^entin Menhir  de  Pierrefltte. 

Poussanges. .,/. Village  de  Pierrefltte. 

Ars Village  de  Pierrelevade. 


Corrèze. 

Arrondissement  de  Ttdle. 

Sie-Fortunade Trois  dolmens. 

Pierrefltte, 

Treignac Dolmen  (?). 

Chameyrac Village  de  Peyrelade. 

St-Maiœant Village  de  Peyrelade. 

Espagnac '. Village  de  Pey-Aigude. 

St'Paul Village  de  Pierrefltte. 

ÂffuvLX Pierre  branlante  au  Puy-d'Allogne. 

Arro/nOissemet  d'UsseL 

Peyréletade, 

Bort Château  de  Pierrefltte. 

Veyrières Pierre  branlante. 

Outre  les  trois  départements  que  nous  venons  de  parcourir, 
le  Limousin  comprenait  encore  quelques  parcelles  des  dépar- 
tements voisins,  oii  Ton  trouve  les  monuments  ci-après  : 


28  MONUMENTS  DRUIDIQUES. 


Charente. 

Arrondissement  de  Confolens, 

Ssse Menhir  du  Repaire. 

—  Village  de  Pierreflxe. 

Nanot Dolmen  (?). 


ïlordogne. 

Arrondissement  deNontron, 

St-Bsiêphe Pierre  branlan  te. 

—  Autre  pierre  branlante  à.  La  Francberie. 

St-ParcUmahia-Riviêre . . .  Dolmen. 

L'abbé  A.  LECLEB. 


Salnt-Symphorien ,  le  25  août  1665. 


DOCUMENTS 


BELATIFS 


A  L'HISTOIRE  DU  LIMOUSIN, 


On  a  souvent  reproché  à  la  Société  Archéologique  de  ne  pas 
donner  assez  de  place  dans  son  Bulletin  aux  documents  ayant 
rapport  à  l'histoire  du  pays.  Si  pendant  quelques  années  le 
reproche  a  pu  être  fondé,  il  serait  injuste  aujourd'hui  de  ne  pas 
tenir  compte  des  efforts  faits  pour  entrer  dans  la  voie  indiquée  : 
chacun  peut  du  reste  en  juger  par  soi-même.  La  publication  des 
Registres  consulaires  de  la  ville  de  Limoges  est  commencée  :  nous  en 
joignons  les  premières  feuilles  à  ce  numéro ,  et  les  lecteurs  du 
Bulletin  sauront  certainement  gré  de  leur  peine  à  ceux  des 
membres  de  la  Société  qui  ont  entrepris  ce  travail  si  ingrat  et 
si  difficile ,  mais  en  même  temps  si  intéressant  pour  Thistoire  de 
Limoges  pendant  une  période  qui  s'étend  de  4504  à  4794. 

Une  période  de  quatre  siècles  pendant  laquelle  celui  qui 
s'occupe  de  travaux  historiques  peut  suivre  pas  à  pas  tout  ce 
qui  s'est  dit  ou  fait  dans  un  pays  est  déjà  assez  curieuse  à 
étudier;  mais  l'histoire  de  notre  ville  ne  commence  pas  en  4504 
seulement  :  Limoges  est  une  des  villes  les  plus  anciennes  de 
France,  et,  par  cela  même  qu'elle  est  très-ancienne,  il  doit 
exister,  on  ne  peut  le  mettre  en  doute ,  dans  les  bibliothèques , 
soit  publiques ,  soit  privées ,  des  papiers  qui  ont  échappé  aux 
désastres  de  93 ,  et  qui  ont  trait  à  cette  partie  peu  connue  de 
nos  annales.  Malheureusement ,  si ,  d'un  côté ,  nous  n'avons  pas 
sous  la  main  les  pièces  éparses  dans  les  diverses  bibliothèques 
publiques ,  d'un  autre ,  les  particuliers  qui  sont  assez  heureux 


30  DOCUMENTS 

pour  posséder  dans  leurs  rayons  poudreux  de  pareils  documents 
ou  les  gardent  comme  un  avare  garde  ses  pièces  d'or,  ou 
souvent  aussi ,  il  faut  le  dire ,  n'en  connaissent  pas  toute  la 
valeur. 

Hâtons-nous  cependant  d'ajouter  qu'il  y  a  à  cette  dernière 
catégorie  des  exceptions  très-honorables  sinon  très-nombreuses , 
et  signalons  tout  d'abord  parmi  les  collections  particulières  dans 
lesquelles  il  nous  a  été  permis  de  puiser  à  diverses  reprises , 
abstraction  faite  bien  entendu  de  la  Bibliothèque  communale  et 
des  Archives  de  la  mairie  et  du  département;  signalons,  disons- 
nous  ,  la  bibliothèque  du  grand-séminaire ,  qui  renferme ,  entre 
autres  manuscrits  remarquables,  ceux  des  abbés  Legros  et 
Nadaud,  et  adressons  des  remercîments  à  MM.  les  Sulpicîens 
directeurs  de  cet  établissement ,  à  la  bienveillance  desquels  nous 
avons  dû  de  pouvoir  publier  le  Nobiliaire,  et  de  commencer  l'im- 
pression du  Pouillë  (lu  diocèse,  interrompue  par  la  mort  du  re- 
grettable abbé  Texier  ;  mentionnons  ensuite  la  bibliothèque  de 
notre  ancien  secrétaire  général  M.  Joseph  Brunet;  citons  encore 
celle  de  M.  Auguste  DuBoys,  dont  nous  avons  tous  déploré  la 
mort  prématurée. 

A  ces  noms  nous  devons  joindre  celui  de  notre  collègue 
M.  Ch.  Nivet-Fontaubert.  M.  Nivet-Fontaubert  possède  des 
manuscrits  d'une  grande  valeur,  et  il  est  heureux  de  pouvoir 
faire  à  chacun  les  honneurs  de  sa  collection.  La  pièce  qu'il  veut 
bien  nous  communiquer,  et  dont  nous  publions  le  texte,  est 
écrite  sur  une  magnifique  feuille  de  parchemin  de  58  centi- 
mètres de  haut  sur  50  centimètres  de  large. 'C'est  une  réunion 
de  lettres  des  rois  de  France  Louis  VIIl  et  saint  Louis  et  des  rois 
d'Angleterre  Henri  III  et  Edouard  I",  relatives  aux  privilèges  de 
la  ville  de  Limoges,  et  dont  la  première  remonte  à  Tannée 
1224.  Nous  avons  placé  en  regard  de  chaque  pièce  quelques 
mots ,  imprimés  en  petit  caractère ,  qui  lui  servent  comme  de 
sommaire;  et  rien  qu'en  parcourant  ces  additions  marginales 
le  lecteur  peut  se  convaincre  de  l'importance  du  manuscrit  que 
nous  reproduisons.  Mais  nous  ne  pouvons  nous  empêcher  d'en- 
gager ceux  que  le  latin  n'effraierait  pas  trop  à  le  lire  en  entier  : 
ils  y  trouveront,  entre  autres  pièces  très-curieuses,  la  formule 
du  serment  de  fidélité  prêté  par  les  consuls  de  Limoges  au  roi 
d'Angleterre  ;  ils  y  rencontreront  un  des  noms  les  plus  anciens 
de  notre  province ,  encore  honorablement  porté  aujourd'hui  par 
un  de  nos  membres  correspondants,  celui  de  Bertrand  de  Car- 


RELATIFS   AU   UMOISIX.  31 

dailhac ,  sénéchal  de  Limogea ,  Caliors  et  Périgueux  pour  le  roi 
d^Angleterre  ;  ils  y  liront  des  détails  intéressants  et  peu  connus 
sur  la  guerre  que  se  firent  la  commune  de  Limoges  et  la 
fameuse  vicomtesse  Marguerite  ;  ils  seront  surtout  frappés  d'un 
fait  auquel  nos  mœurs  actuelles  nous  ont  peu  habitués ,  nous 
voulons  parler  de  la  ténacité  avec  laquelle  nos  ancêtres  dé- 
fendirent envers  et  contre  tous  les  privilèges  qu'ils  avaient  su 
conquérir. 

Félicitons  donc  M.  Nivet  d'avoir  su  dérober  quelques  instants 
îi  ses  nombreuses  occupations  pour  recopier  d'un  bout  à  l'autre 
et  avec  le  plus  grand  soin  ce  précieux  mais  presque  indéchif- 
frable manuscrit  ;  remercions  notre  collègue  M.  Auguste  Bos- 
vieux,  archiviste  du  Lot-et-Garonne,  d'avoir  mis.  ses  connais- 
sances paléographiques  au  service  de  M.  Nivet  pour  lui  aider  à 
coUatiouner  scrupuleusement  son  texte  sur  l'original,  et  en- 
gageons les  personnes  qui  pourraient  posséder  de  pareils  trésors 
à  les  communiquer  à  la  Société  Archéologique  :  elle  sera  heu- 
reuse de  les  publier  dans  son  Bulletin ,  et  de  poser  ainsi  peu  à 
peu  les  jalons  d'une  bonne  histoire  limousine,  ouvrage  qui  est 
encore  à  faire. 

Alfred  CHAPOULAUD. 


^  ^  «^A  ^^y^  <rp^^  A  ^ 


VIDIMUS,  soiLS  les  sceaux  du  chantre  et  de  V officiai  de 
Limoges,  de  plusieurs  lettres  des  rois  de  France 
Louis  VIII  et  Louis  /l,  et  des  rois  d'Angleterre 
Henri   III  et  Edouard  r\  relatives  aux  privilèges 

* 

de  la  commune  de  Limoges, 

Universis  présentes  litteras  inspecturis,  cantor  et 
offlcialis  Lemovicenses ,  salutem  in  Domino.  Sequentes 
litteras ,  sigillo  predecessoris  nostri  îmmediati ,  can- 
tons Lemovicensis ,  et  sigillo  Lemovicensis  curie 
sigillatas ,  noû  rasas ,  non  cancellatas ,  non  abolitas , 
nec  in  aliqua  parte  sui  viciatas ,  nos  vidisse  et  dili- 


32  DOCUMENTS 

genter  inspexisse ,  ac  de  verbo  ad  verbum  presentibus 
inscribi  fecîsse ,  incipientes  in  hec  verba  : 

Universis  présentes  lîtteras  inspecturis,  cantor  et 
offlcialis  Lemovicenses  salutem  in  Domino.  Sequentes 
litteras  felicis  recordacionis  Ludovici,  Deî  gracia 
régis  Francorum ,  non  cancellatas  sigilloque  ipsius 
sigillatas ,  vidimus  sub  hac  forraa  : 
Lettre  de  Louta      Ludovicus ,    Dei   gTacia    Francorum  rex ,  dilectis 

Vni       récla-         .  ' 

mut  le  ser-  SUIS  cousulibus  et  univcrsls  burffensibus  Lemovicensis 

ment  de  fldë-  .  ^ 

iitë  k  lui  dû  castn,  salutem  et  amorem.  Noverit  univereitas  vestra 

par   les    con- 

mi.  ~  ^**  ^  Johannes ,  quondam  rex  Anglie ,  communi  et 
concordi  judicio  parium  et  aliorum  baronum  Francie, 
fuit  abjudicatus  in  perpetuum  de  tota  terra  quam 
ipse  tenuit  citra  mare  Anglie  de  karissimo  genitore 
nostro  Philippo,  quondam  rege  Francie,  priusquam 
Henricus ,  qui  nunc  dicitur  rex  Anglie,  natus  esset ,  et 
ex  tune  tota  terra  illa  cessit  in  jus  dicti  patris  nostri. 
Inde  est  quod  nos  qui ,  tamquam  rectus  hères  de 
novo,  in  universum  jus  patris  nostri  successimus, 
vobis  mandamus  et  vos  requirimus  et  submonemus 
quatinus  ipsa  die  instantis  Nativitatis  beati  Johannis 
Babtîste  ,  sitis  ad  nos  Turonis  facturi  erga  nos  quic- 
quid  facere  debetis  erga  dominum  vestrum,  pro 
certo  habentes  quod^  nisi  hoc  faceritis,  nos  qui  ad 
adquirendum  jus  nostrum  accingimus,  in  totis 
viribus  curabimus  ensendare ,  et  tam  de  rébus  quam 
de  personis  vestrîs  omnibus  quod  jus  curie  nostre 
dictaverit  faciemus.  Actum  Lorraci ,  anno  Domini  m* 
ce*  xxiiij  mense  majo. 

Lettre  de  Louis         Itcm  et  SliaS  '. 

un  *dé?l^ë      Ludovicus,  Dei  gracia  Francorum  rex,  dilectis  et 

eux     consuls    *%  y   ft  •      i.  «i  x  n*    t  •  • 

pour  recetoir  fidelibus  SUIS  burgeusibus  castelli  Lemovicensis ,  sa- 
de"dluté!*—  lutem  et  dilectionem.  Mittimus  ad  vos  dilectum  et 
fidelem  clericum  nostrum  Reginaldum,  latorem 
ptesencium,  pro  accipienda  fidelitate  universitâtis 
burgensium  castelli  nostri  ex  parte  nostra,  et  vo- 
lumus  ut  dictam  fidelitatem  coram  ipso ,  lôco  nostri , 


RELATIFS   AU   LIMOUSIN. 

faciatis,  sub  fonna  quam  vobis  dicet.  Actum  in 
castris  apud  Rupellam ,  anno  Domini  millesimo  ducen- 
tesimo  xxiii°,  mense  julio. 

Item  alias  : 

Ludovicus ,  Dei  gracia  Francorum  rex ,  dîlectis  et 
fidelibus  suis  burgensibus,  consulibus  et  pro  his  homi- 
nibus  Lemovicensibus ,  salutem  et  dilectionem.  Mitti- 
mus  ad  vos  dilectiim  et  fidelem  militera  nostrum  P.  de 
Roe(a),  latorem  presencium,  vobis  mandantes  quatinus 
eidem  in  hiis  que  vobis  ex  parte  nostra  dixerit  super 
Castro  Turenne  et  aliis  castris  cum  eorum  pertinenciis 
vicecomitatus  Turenne  indubitanter  credatis  et  fa- 
ciatis. Actum  Parisiis ,  anno  Domini  m*»  cc°  quadra- 
gesimo ,  mense  februario. 

Item  alias  : 

Ludovicus ,  Dei  gracia  Francorum  rex ,  dilectis  suis 
abbati  Sancti  Marcialis,  consulibus  et  universitati 
castri  Lemovicensis ,  salutem  Mandamus  vobis  et  vos 
requirimus  quatinus  karissimo  consanguineo  nostro, 
H.  régi  Anglie  illustri ,  domino  Hybernie  et  duci 
Aquitanie,  fideli  nostro,  fidelitatem  qualiter  nobis 
solebatis  facere  faciatis.  Actum  Vernoni,  anno 
Domini  m*»  ce*»  1"  nono ,  mense  januario. 

Item  alias,  sigillo  Domini  Bertrandi  de  Cardalhac, 
militis,  senescalli  H(enrici) ,  Dei  gracia  régis  Anglie, 
sigillatas  vidimus  sub  bac  forma  : 

Universis  présentes  litteras  inspecturîs ,  Bertrandus 

de  Cardalhac,    miles,   senescallus  domini  Henrici, 

Dei  gracia  régis  Anglie ,  domini  Hybernie  et  ducis 

Aquitanie ,  in  diocesibus  Lemovicensi ,  Petragoricensi 

et  Caturcensi ,  salutem  in  Domino.  Litteras  excellen- 

tissimi  viri,    Domini   régis    Francie  illustris,    non 

abolîtas,   non  cancellatas  nec  in  aliqua  parte   sui 

viciatas  nos  vidisse  et  récépissé  noveritis  sub  hac 

forma  : 

Ludovicus,  Dei  gracia    Francorum    rex,  dilectis 

3 


33 


Lettre  de  MUnt 
Lonls  en- 
Toyant  aux 
consuls       un 

•  comnitnaire 
chargé de  leur 
transmettre 
ses  ordres  au 
sujet  d'une 
affaire  qui 
concernait  la 
vicomte  de 
Turenne.  — 
Février  1240 
(v.  st.  1241). 


Lettre  de  saint 
Louis  Invitant 
les  consuls  à 
prdter  ser- 
ment de  fidé- 
lité au  roi 
d'Angleterre. 
—  Janvier 
1259  (v.  st. 
12G0). 


Vidlmns  du  sé- 
néchal de  Li- 
moges, Ci^hors 
et  Péri  gueux , 
Bertrand  de 
Cardallhac , 
relatant  des 
lettres  de 
saint  Louli 
qui  invitent 
les  prélats,  les 
nobles  et  les 
communautés 
des  diocèses 
de  Limoges , 
de  Périgueux 
et  de  Cahors . 
par  lui  cédés 
au  roi  d'An- 
gleterre ,  k 
obéir  fidèle- 
ment k  leur 
nouveau  sei- 
gneur. — 
Pontolse ,  16 
mars  1269  (v. 
st.  1260). 


34  DOCUMENTS 

suis  prelatis,  capitulis  ecclesiarum ,  necnon  baro- 
nibus ,  militibus ,  vassallis  ac  communitatibas 
villarum  et  aliis  universis ,  in  Petragoricensi ,  Le- 
movicensi,  Caturcensi  civitatibus  et  diocesibus 
constitutis  ad  quos  lictere  présentes  pervenerint, 
salutem  et  dîlectionem.  Cum  per  pacem  et  composi- 
cionem  nuper  inter  nos  et  dilectum  consanguineum 
nostrum,  H.,  regem  Anglie,  dominum  Hybernie  a<5 
ducem  Aquitanie ,  fidelem  nostrum ,  initam ,  donaveri- 
museidem  totum  jus  quoi  habebamuset  tenebamus  in 
Lemovicensi ,  Petragoricensi  et  Katurcensi  civitatibus 
et  diocesîbus  suprascriptis ,  salvo  homagio  fratrum 
nostrorum ,  si  quid  in  eisdem  tenent  unde  nostri 
fidèles  existant,  et  salvis  hiis  que  extra  manum 
nostram  ponere  non  valemus  per  litteras  nostras  seu 
antecessorum  nostrorum,  et  idem  rex  homagium 
ligium  nobis  fecerit  de  premissis,  mandantes  vobis 
precipimus,  et  vos  requirimus  et  rogamus  quatinus 
eidem  régi ,  tamquam  domino  vestro ,  vai  ejus  man- 
dato ,  ex  nunc  deinceps  bbediatis  et  intendatis  fideliter 
ac  dévote  in  hiis  que  per  pacem  predictam  eidem  a 
nobis  donata  sunt,  sicut  predictum  et  superius,  et 
concessa  :  ita  quod  ex  inde  fidelitatem  vestram  ac 
devocionem  nos  et  ipse  commendare  non  inmerito  de- 
beamus.  Actum  Pontisare,  anno  Domini  m"  cc°  1" 
nono,  die  martis  ante  festum  beati  Thome  apostoli. 

In  cujus  inspectionis  testimonium,  nos,  dictus 
Bertrandus,  presens  transcriptum  fecimus  sigilli 
nostri  munimine  consignarî.  Datum  die  lune  post 
dominicam  qua  cantatum  fuit  Letare  Jherusalem, 
anno  Domini  m*'  ce*  1"  nono. 

Lettres  de  Louis      Itcm  alias  sîgillo  prefati  domini  Bertrandi  sigillatas 
•uxconsuisde  quc  tales  sunt  : 

wiift ^Urbaî^  Ludovicus,  Dei  gracia  Francorum  rex,  dilectis  et 
vaf"  pour  fidelîbus  suis  burgensibus  castelli  Lemovicensis , 
•itfgrde  ïï  salutem  et  dilectîonem.  Mandam us  vobis  et  vos  attente 

Aocbelle.    —  ..  ..  ,..  fit      »  • 

Au  cunp  de-  rogamus  quatinus ,  visis  presentibus    htteris ,   sme 

s 


RELATIFS  AU   LIMOUSIN. 

dîlacîone  mittatîs  ad  nos,  apud  Rupellam,  quam 
obsedimus,  viginti  balistarum  équités  bene  hernefiatos 
de  armîs  et  equitaturis,  ita  quod  hoc  servie!  um 
vestrum  gratum  habere  debeamus  in  hac  necessitate 
nostra,  et  lubenter  propter  hoc  ad  grates  libéras 
teneamur.  Actum  in  castris  apud  Rupellam,  anno 
Domini  m"  ce*  xxiiij%  mense  julii. 

Item  alias  sîgillo  prefati  Bertrand!  de  Cardalhac 
sîgillatas  que  sequntuj  in  hoc  verba  : 

Universis  présentes  litteras  inspecturis ,  Bertrandus 
de  Cardalhac,  miles,  senescallus  domini  Henrici, 
Dei  gracia  régis  A'nglie  illustris ,  domini  ttybernie  et 
ducis  Aquitanie ,  in  diocesibus  Lemovicensi ,  Petrago- 

0 

ricensi  et  Caturcensi,  salutem  in  Domino.  Licteras 
predicti  domini  régis  non  abolitas,  non  cancellatas, 
nec  in  aliqua  parte  sui  viciatas ,  nos  vidisse  et  récé- 
pissé noveritis  sub  hac  forma  :  ' 

Henricus ,  Dei  gracia  rex  Anglie ,  dominus  Hybemîe 
et  dux  Aquitanie ,  dilectis  suis  prelatis  et  capitulis 
ecclesîarum,  nec  non  baronibus,  militibus,  vassallis 
ac  communitatibus  villarum  et  aliis  universis  iû 
Petragoricensi ,  Lemovicensi  et  Caturcensi  civitatibus 
et  diocesibus  constitutis  ad  quos  présentes  lictere  per- 
venerint,  salutem  et  dilectionem.  Cum  in  forma  pacis 
inter  illustrem  regem  Francie  et  nos  inita  contineatur 
ut  vos  ac  successores  vestfi  fidelitates  ac'alia  jura 
que  eidem  régis  faciebatis  et  facere  debeatis  ,  nobis  et 
successoribus  nostris  per  integrum  faciatîs,  quod  de 
vestra  bonitate  confisi  speramus  voluntarie  vos  fac- 
turos,  scilicet  ut  eo  nos  credatis  vobis  specialius 
obligatos ,  sicut  et  erimus  si ,  receptis  super  hoc  prius 
precibus  nostris,  spontanée  feceritis  antedicta,  et, 
quod  non  nocet,  amisso  subdere  calcar  equo,  univer- 
sos  vos  et  singulos  attencte  exoramus  quatinus  man- 
datis  memorati  régis  per  exhibicionem  vobis  presen- 
cium  presentandfis)  super  predictis  taliter  compleatis 
quod  de  facili  exaudicione  mandati  sui  et  voluntaria 


35 


▼snt  La  Ro- 
chelle ,  Juillet 
1224. 


Lettres  d'Henri 
lU  .InTitont 
les  consnls  k 
lui  rendre  vo- 
lontairement 
les  devoirs 
auxquels  ils 
étaient  tenus 

précédem- 
ment envers 
le  roi  de 
France ,  et 
leur  annon- 
çant qu'il  a 
commis  pour 
la  garde  de 
leurs  privi- 
lèges son  féal 
Bertrand  de 
Cardaillae.  — 
Paris.  24  dé- 
cembre 1259. 
—  15  mars 
1259  (v.  st. 
1260). 


38  DOCUMENTS 

pertinenciis  ipsius ,  et  quod  riuUi  alii  quam  nobis  et 
heredibus  nostris  fidelitatem  inde  facere  teneantur, 
sicut  nec  antea  alteri  quam  predecessoribus  nostris 
regibus  Anglie,  dum  fuerint  in  manu  sua,  eteciam 
postea  reg'ibus  Francie ,  dum  fuerint  in  manus 
ipsorum,  facere  tenebantur.  In  cujus  rei  testimonium 
bas  licteras  nostras  fieri  fecimus  patentes.  Teste  me 
ipso.  Apud  turrem  Londonensem,  xiiij"  die  julii, 
anno  regni  nostri  xl*  vij. 

Lettres  d'É-  Iteiu  alias  sigillis  Guidonis  de  Leziniaco ,  domini  de 
"^^mmettant'  Compubac ,  et  Eschivati ,  comjtis  Biguorie,  domini  de 
ri^ai? r  sgr  Cabanisio  ,  sigillatas ,  quarum  ténor  sequitur  in  hec 

de     Cognac,  , 

et  Ecwvat  de  veroa  : 

comte  de* Bi-      Eduuardus ,    Dei    gracia    rex    Anglie,    dominus 

S^lvôir  ^^lé  Hybernie ,  dux  Aquitanie ,  dilectis  et  fidelibus  suis 

scmiGDt  de  fi~    V 

d^itédescon-  abbati  Sancti  Marcialis  Lemovicensis ,  consulibus  et 

suis  de  Llmo-  ..    x«  •  «x   x«    i      •       •       j  i    a 

ges,  et  char-  communitati  seu  universitati  loci  ejusdem  salutem. 
^conimiMaireB  Ad  recipiendum  nostro  (sic)  fidelitates  alia  que  nobis 
paix  entre  la  Facione  ducatus  nostri  Aquitanie ,  tam  a  vobis  quam 

vtMM  MariD^e- 

rttcetiacom-  ab  aliis  in  Castro  seu  loco  predicto  et  ejusdem  perti- 

mune.         — 

Sainte»,    27  neuciis  débitas,  nobiles  viros.   &uidonem  de  Lezi- 

août  1273.  .  ' 

niaco,  Patruvm,  et  Echivatum  de  Cabanisio,  comitem 
Bigorre ,  fidèles  nostros ,  ad  partes  vestras  transmitti- 
mus,  vobis  mandantes  quantinus  eisdem  nobilibus 
homagium,  recognicionem  seu  adveacionem,  fidelî- 
tates  et  deveria  predicta ,  loco  nostri ,  faciatis ,  licteras 
nostras  patentes  super  recognicione  omnium  predic- 
torum  et  illorum  que  ad  nos  in  dicto  Castro  pertinent 
distincte  (?)  et  aperte  ut  per  eosdem  vobis  transmissuri. 
Nos  enim  eisdem  nobilibus  injunximus  ut  nobilem 
mulierem  Margaritam ,  vicecomitissam  Lemovi- 
censem ,  aliosque  adversarîos  vestros  ex  parte  nostra 
moneant  et  requirant  quod  ab  inquîetacione  seu 
molestacîone  vestra  omnîno  désistant,  quodque 
eidem  nobiles  ad  quietem  et  pacem  vestram  inten- 
dant, prout  eorum  discrecioni  videbîtur  oportunum. 
Insuper  vobis  et  aliis   fidelibus  nostris  et  subditis 


RELATIFS   AU   LIMOLSIX.  39 

injunximus   per  présentes    quod  eisdem    nobilibus 
super  hiis  enteadatis.  Datum  Xanchonensi ,  xxvij**  die 
augusti,  anno  vegni  nostri  primo,  — Hujus  igitur  Acte  donne  par 
auctontate  mandati ,  ad  castrum  Lemovicense  perso-    saires  cwe»- 

,..  .  ,  ,.  V     •         x.1.      •  *"    désigné» 

naliter  accessimus ,  et  vocatis  coram  nobis  m  abbacia    de  la  preau- 
Sancti  Marcialis  Lemovicensis  consulibùs,  hospitali ,     mentfaitepar 

.le»  consala  de 

coramumtate  et  singulis  de  ipsa  communitate ,  die.    umoges.  — 

.  "  ^  ,,  '  8     septembre 

dommica  ante  festum  Nativitatis  béate  Marie ,  a  pre-     i«78. 
diçtis  consulibùs ,  universis  et  singulis  de  communi- 
tate  predicta,  juramentum.  fidelitatis  recepimus ,  loco 
et    nomine  dicti    domini    nostri    excelsi   principis 
Eduuardi ,  régis  Anglie ,  ducis  Aquitanie  iUustris ,  sub 
forma  que  sequitur  :  Ego  ,Helias  Boyol  ,  burgensîs  et  Fomrniednser- 
consul  castri  Lemovicensis ,  juro  ad  hec  sancta  Dei     pa"  lea  'eon- 
evangelia    quod    ego    serenissimo    domino    nostro 
Eduuardo,  Dei  gracia  régi  Anglie,  duci  Aquitanie, 
etheredibus  suis  ducibus  Aquitanie,  corpus  et  membra 
eorumdem  custodiam ,  et  consilium  eorumdem  secreto 
custodiam ,  et  dampnum  ipsorum  cum  ad  nôticiam 
meam  pervenerit  eisdem  revelabo ,  et  armorum  auxi- 
lium,  prout  consuetum  est^  eisdem  faciam,  et  jura 
ipsorum  sive  deveria  eisdem ,  vel  eorum  mandate, 
cum  ad  nôticiam  meam  pervenerint,  revelabo.  Sic  me 
Deus  adjuvet  et  hec  sancta  Dei  evangelîa.  Salvo  do- 
minio  illustrissimi  domini  régis  Francie  et  composi- 
cione  olim  inita  inter  dominum  regem  Francie  ex 
una  parte ,  et  dominum  regem  Anglie  ex  altéra ,  et 
salvis  et    retentis    nobis~  et  successoribus   nostris, 
juribus ,  usagiis ,  libertatibus  et  franchiziis  nostris , 
nobis   concessis    et    conlSrmatis   olim    per    serenis- 
simum  principem  Henricum ,   felicis   recordationis , 
regem  Anglie,  et  per  predictum  domrnum  nostrum 
Eduuardum ,  et  hoc  promitto  vobis  nobilibus  viris 
domino  Guidoni   de    Leziniaco,   domino    de  Comp- 
nihac,    et    domino   Echivato,    comiti    Bigore,   do- 
mino de  Cabanisio,  presentibus,    soUempniter    sti- 
pulantibus   et   recipientibus   nomine    et    loco    dicti 
domini  Eduuardi,  ducis  Aquitanie  :   qua  fidelitate 


iO  nociMEMS 

recepta  ab  nniversis  ac  singnlis  de  commanitate  pre- 
dicta ,  nos ,  predicti  Guido ,  dominus  de  Compnhac , 
et  Eschivatus,  cornes  Bigore ,  promittimus  consulibus 
et  communitati  predictis  quod  nos  procurabimns  pro 
pos^se ,  bona  fide,  quod  predictus dominus  Eduuardus, 
Dei  gracia  rex  Anglie,  dux  Aquitanie,  concédât  eisdem 
consulibus  et  communitati  castri  predicti  litteras  suas 
testimoniales  in  quibus  promittet  eisdem  et  concedet 
quod  ipse  custodie  et  defendet   easdem,  tamquam 
burgenses  suos,  liberos  in  judicio  et  extra  ab  omni 
homine,  quantum  erit  de  jure,  et  quod  ipse  non 
ponet  ipsos  in  manu  inferiori  quam  sit  manusdomini 
ducis    Aquitanie,  et   quod   ipse  privilégia  que  ipsi 
consules  et  communitas  habent  et  olim  obtinuerunt 
tam  ab   ipso  quam  a  felicis  recordacionis   domino 
Henrico,  genitore  suo,  super  juribus,  usagiis,  con- 
suetudinibus  et  libertatibus  suis  ratificabit  ;  innovabit 
et  eciam  confirmabit.  In  cujusrei  testimonium,  nos, 
predicti  Guido  de  Leziniaco ,  dominus  de  Compnhac  , 
et  Eschivatus,  comes  Bigore  et  dominus  de  Cabanisio , 
ad  justam  consul um  et  communitatis  et  universiratis 
dicti  castri  Lemovicensis ,  sîgilla  nostra  presentibus 
litteris  duximus  apponendum.  Datum  et  actum  Le- 
movicis,  in  dicto  Castro,  in  claustro  Sancti  Marcialis, 
die  dominica  ante  festum  Nativitatis  béate  Marie , 
anno  Dominî  m*»  ce"  Ixx"**  tercio. 

lettre» de  .aint      Item  alias  sigillo  Lemovicensis  curie  sigillatas  que 

Louis     enjol-        -  , 

gnant  s  son  taies  sunt  : 

"aume^du^puy      Uuiversls  prcscntes  litteras  inspecturis offlcialis 

hi^Tomme«  curic  Lemoviccnsis  salutem  et  dilectionem.  Litteras 
!f"«  *^"ordre!  seQuentcs  excellentissimi  domini  régis  Francie  non 

d'aider  le  v««        ^  ,,    ^  ...  .     ^^^^ 

de    Limotccs  abolîtas ,  non  cancellatas ,  nec  m  aliqua  sui  parte 

danslaçiK'rre  .  _.  .-,.,.  x        •  •  ^    -x', 

qn-ii  fait  h  la  vicîatas ,  nos  vidisse  et  diligenter  inspexisse  noveritis , 

coniniune.   — 

Avril  1262.     quarum  ténor  talis  est  : 

Ludovicus ,  Dei  gracia  Francorum  rex ,  Guillelïfep 
de  Podio ,  servienti  suo ,  salutem.  Cum ,  sicut  inteP- 
leximus ,  in  guerra  quam  vicecomes  Lemovicensis 
movet  burgensibus  castri  Lemovicensis ,  quod  quidem 


RELATIFS   XV   LIMOUSIN .  il 

castrum  carissimus  consanguineus  noster  Henricus , 
rex  Ânglie ,  tenet  a  nobis ,  quidam  homines  et  fidèles 
nostri  de  tua  senescallia  auxilium  ipso  vicecomiti  et 
succursum  impendant ,  mandamus  tibi  quatinus  ipsis 
hominibus  et  fidelibus  nostris  de  tua  sen^escallia) 
inhibeas  ex  parte  nostra,  quoCiens  opus  fuerit  et  a 
senescallo  régis  ejusdem  super  hoc  fueris  requisitus, 
ne  ipsi  in  guerra  hujusmodi  vim  aut  subsidium 
aliquod  prestent  viceèomiti  supradicto.  Actum  apud 
sanctum  Germanum  in  Laja ,  anno  Domini  m®  ce*  Ix® 
secundo,  mense  aprilis.  In  ci\jus  inspectionis  testi- 
monium ,  nos ,  dictus  offlcialis ,  presens  transcriptum 
fecimus  sigillo.  Lemovicensis  curie  sigillarl.  Datum 
kalendas  maii ,  anno  Domini  m*  ce*  Ix®  secundo. 

Item  et  alias  sigillo  prefati  domini  Eduuardi  sigil-  Lettres     d-É- 

latas ,  quarum  ténor  sequitur  in  nec  verba  :  «'engageant  h 

Eduuardus,    Dei    gracia    rex    Anglie,   dominus    i*  commune 

'  .  ,  ,  *•      Limoge» 

Hybernie  et  dux  Aquitanie ,  omnibus  ad  quos  pre-  '  •<>«»  «««  »^' 
sentes  littere  pervenerint,  salutem.  Noveritis  quod    nenrekceiic 

*  *  du   duc  d'A- 

nos ,  pro  nobis ,  heredibus  et  sûccessoribus  nostris     q«it*'n«-   — 

'    *  '  18  septembre 

ducibus  Aquitanie,  promittimus  dilectis  et  fidelibus  i^^^- 
nostris  consulibus  et  communitati  castri  nostri 
Lemovicensis,  et  heredibus  seu  successoribus  eorum- 
dem ,  quod  nos  non  ponemus  eos  in  inferiori  manu 
quam  sit  manus  ducis  Aquitanie,  quodque  ipsos 
tamquam  homines  nostros  in  judicio  et  extra  ab 
omni  homine  deffendemus  quantum  de  jure  fuerit 
faciendum.  In  cujus  rei  testimonium  has  nostras 
litteras  fieri  fecimus  patentes.  Datum  ôpud  Lobi- 
niacum,  xvîij®  die  septcmbris,  anno  regni  nostri 
primo. 

Item  alias  : 

Eduuardus,  Dei  gracia  rex  Anglie,  dominus  Lettre»  d-É- 
Hybernie  et  dux  Aquitanie,  Vasconensi  et  Lemovicensi  manduit  k^I 
senescallis suis,, dilectis  et  fidelibus  suis  Turenensi  et  cwo^"  tt 
Ventedorensi    vicecomitibus ,    salutem.    Mandamus    efanxvt'^'dê 

i_.  ..  .      .  ...  11*  1*         .      VentadouT  et 

Tobis  quatinus ,  si  vicecomitissam  vel  aliquem  alium    de    Turenne 


M  DUCIMENTS 

de  porter  mî-  buiffciisibus  ct  fidelibus  nostris  castri  Lemovicensis 

cours         ftox  •-^ 

Limoff?*'  îu  êTwerram  facere ,  rel  gravamen  seu  molestîam  inferre 
tu'riurjîul*  contigerit,  vos  et  quilibet  restrum  cum  armis,  vel 
tobreT2fs.***^  sine  armis,  nomine  nostro  juvetis,  custodiatis  et 
deffendatis  eosdem ,  quociens  opus  fuerit  et  ab  eisdem 
fueritis  requisiti ,  quousque  a  nobis  aliud  receperitis 
in  mandatis.  Datum  Salci,  xxiy  die  octobris,  anno 
regni  nostri  primo. 

In  cujus  visionis  testimonium,  nos,  dictus  cantor, 
sigillo  nostro ,  et  nos ,  dictus  ofBcialis ,  sigillo  Lemo- 
vicensis   curie    presentibus    duximus  apponendum. 
Datum  quinto  kalendas  decembris ,  anno  Domini  mil- 
lesimo  ducentesimo  octageî>imo quarto.  Et  nos,  dictus 
cantor,  sigillum  nostrum ,  et  nos ,  dictus  officialis , 
sigillum  curie  Lemovicensis  in  testimonium  visionis 
et   inspectionis  dictarum  litterarum  sigillo  predicti 
nostri  cantoris  Lemovicensis  et  sigillo  curie  Lemovi- 
censis    sigillatarum ,    presenti    transcripto    earum 
Date  du  ndi-  duximus  appouendum.  Datum  xj*»  kalendas  februarii , 
Tier  1288^*°'  ^i^T^o    Domini    millesimo    ducentesimo    octogesîmo 
•t.  1289).        octavo.  Constat  de  interlinariis  :  Maniî  inspexisse.  Et 
sunt  sub  sigillis  (1).  Datum  ut  supra. 


Au  dos  de  ce  Vidimus,  se  trouvent  les  difiFérents  titres  qui 
suivent  : 

Écriture  du  xiv  siècle  : 

a  Letras  vielhas  sobre  lo  sagrament  de  feutat  fach  au  roy 
d'Angleterre.  » 

Écriture  du  xv  siècle  : 

a  Super  juramento  âdelitatis  facto  régi  Anglie.  » 


(1)  En  effet,  les  mots  manu ,  inspexisse,  écrits  en  interligne  dans  le 
corps  de  racte ,  sont  reproduits  sur  les  deux  lacs  de  parchemin  qui  sou- 
tenaient les  deux  sceaux ,  aujourd'hui  disparus. 


RELATIFS  AU   UMOUSIN.  43 

Écriture  du  xvi*  siècle  : 

a  Hommaige  faict  par  messieurs  les  consulz  au  roy  d'An- 
gleterre. » 

Écriture  du  xvii»  siècle  : 

a  Serementz  de  âdélité  prestez  par  les  habitans  de  Lymoges 
au  roy  d'Angleterre.  » 

N®  xxj. 

Écriture  du  xtiii*  siècle  : 

«  Prestation  de  serment  de  fidélité  par  les  consuls  et 
habitans  de  Limoges  au  roy  d'Angleterre,  qui  confirme 
leurs  privilèges  en  date  du  11  des  calandes  de  février 
1288.  » 

L.  L. 

No  470. 

Écritilre  du  xvii*  siècle  : 

«  Touchant  le  serment  de  fidélité.  » 

Copie  certiflée  conforme  à  VoriginaU 

A.  BOSVIBUX. 


PROCÈS-VERBAUX  DES  SÉANCES, 


^  *  t^^i^W  ^^^r  V  ^  w  <■  . 


SÉANCE  DU  27  JANVIER  4865. 


Présidence  de  M.  Maarlce  i^RDANT,  irice-Préaldent. 

Sont  présents  :  MM.  Bonnin ,  Buisson  de  Mavergnier,  Fréd. 
Brisset,  Larombière,  LaBorderie,  Lemas,  Ardant  du  ^asjam- 
bost ,  Fayette  fils,  Bardinet  fils,  Alfred  Cliapoulaud,  Dubouché, 
Nivet-Fontaubert ,  Maquart,  Lansade,  Hervy,  É.  Ruben. 

Le  procès-verbal  de  la  dernière  séance  est  lu  et  adopté. 

M.  Mandat  de  Grancey,  capitaine  adjudant-major  de  chas- 
seurs en  garnison  à  Clermont ,  présenté  à  la  dernière  séance  ^ 
est  élu  membre  correspondant  de  la  Société.  M.  le  président  est 
prié  de  vouloir  bien  prévenir  M.  Dru ,  pharmacien  au  Dorât , 
que ,  habitant  le  département ,  il  ne  peut ,  aux  termes  du  Règle- 
ment, faire  partie  de  la  Société  qu'en  qualité  de  membre 
titulaire. 

M.  le  baron  Edouard  de  Septen ville  demande  à  faire  partie 
de  la  Société  en  qualité  de  membre  correspondant  :  MM  Ardant 
et  Ruben  patronnent  sa  demande. 

M.  le  secrétaire-trésorier  dépose  les  comptes  de  Tannée  4864. 

Renvoi  de  ces  comptes  à  une  commission  composée  de 
MM.  É.  Ruben ,  Astaix  et  Nivet-Fontaubert. 

M.  Félix  Lesme  écrit  pour  proposer  à  la  Société  la  cession  d'un 
certain  nombre  de  pièces  de  son  musée  céramique. 

Renvoi  de  la  proposition  à  une  commission  composée  de 
MM.  Buisson  de  Mavergnier,  Maquart  et  Nivet-Fontaubert. 

M.  Ruben  propose  de  modifier  l'article  20  du  Règlement,  en 
ce  sens  que  le  directeur  et  les  conservateurs  seraient  remplacés 


PROCÈS-VERBAUX    DES   SEANCES.  45 

par  un  comité  administratif  de  trois  membres.  Cette  proposition 
est  renvoyée  &  Texamen  d'une  commission  composée  de 
MM.  Bonnin,  Ardant  du  Masjambost,  Larombière,  Brunet, 
É.  Ruben. 

M.  Lansade  annonce  à  la  Société  que  M.  le  préfet  a  reçu  de 
M.  Roudaud  fils  une  lettre  dans  laquelle  ce  dernier  s'oppose 
à  la  continuation  des  fouilles  de  la  villa  d' Antone ,  et  demande 
que  les  tranchées  déjà  faites  soient  remblayées.  M.  Lansade 
s'est  rendu  sur  les  lieux,  a  vu  M.  Roudaud  père,  seul  pro- 
priétaire ,  qui  Ta  autorisé  &  continuer  le  travail.  M.  Fayette  fils 
dit  qu'il  écrira  à  M.  Roudaud  fils ,  et  qu'il  espère  aplanir  toute 
espèce  de  difficulté.  M.  Lansade  demande  s'il  doit  faire  continuer 
les  travau:^.  La  Société  vote  à  M.  Lansade  un  crédit  de  200  fr. 
pour  cet  objet. 

On  va  procéder  &  l'élection  triennale  du  bureau  lorsque 
M.  Ruben  communique  à  la  Société  le  résultat  d'une  visite  qu'il 
a  faite  à  son  honorable  et  savant  iwrésident,  M.  AUuaud. 
M.  Alluaud  a  exprimé  le  reèret  que  son  âg'e  avancé  ne  lui 
permît  plus  de  suivre  les  travaux  de  la  Société  autrement 
que  de  cœur  :  il  serait  heureux  que  l'assemblée  voulût  bien 
lui  confier  le  titre  de  président  honoraire.  M,  Alluaud  est 
nommé ,  par  acclamation  et  k  l'unanimité ,  président  honoraire 
de  la  Société. 

Le  dépouillement  du  scrutin  pour  la  nomination  des  autres 
membres  du  bureau  donne  les  résultats  suivants  : 

4*'  scrutin.  Nombre  de  votants  ,16. 

Président  :  M.  Bonnin ,  1 4  suffrages  ; 
Vice-présidents  :  M.  Maurice  Ardant,  15  suffrages; 

M.  de  Marpont,  9  suffrages. 

2*  scrutin.  Nombre  de  votants,  16. 

Secrétaire  général  :  M.  Ruben ,  1 5  suffrages  ; 
Secrétaire-archiviste  :  M.  Guillemot,  9  suffrages;  * 
Secrétaire-trésorier  :  M.  Brisset,  14  suffrages. 

Scrutin  pour  le  renouvellement  partiel  du  comité  de  publica- 
tion, en  remplacement  de  MM.  Brunet  et  Astaix,  membres 
sortant  de  droit  : 

MM.  Hervy  et  Larombière. 

M.  Bonnin  prend  place  au  fauteuil.  11  remercie  la  Société  de 


46  PKOCÈS-VERBAUX   DES  SÉANCES. 

rhonnenr  qu'elle  vient  de  lui  faire,  honneur  qui  revient  en 
partie  à  Son  Exe.  M.  le  Ministre  de Tinstruction  publique,  dont 
il  est  le  représentant  dans  le  département ,  et  termine  eu  disant 
qu'il  ne  négligera  rien  pour  entretenir  au  sein  de  la  Société  le 
goût  des  études  archéologiques  et  historiques ,  et  donner  la  plus 
grande  impulsion  &  ses  travaux.  Cette  courte  et  cordiale  allo- 
cution est  vivement  applaudie  par  l'assemblée. 

M.  de  La  Borderie  communique  à  la  Société  quelques  aquarelles 
représentant  un  château-fort  appartenant  à  la  maison  de  Bré, 
commune  de  Coussac-Bonneval ,  et  quelques  sites  et  châteaux, 
aux  environs.  M.  de  La  Borderie  donne  quelques  détails  sur  la 
forteresse  qui  a  appartenu  à  la  maison  de  Pompadour.  La 
Société  écoute  avec  intérêt  les  paroles  de  M.  de  La  Borderie,  et  M.  le 
président  le  remercie  de  la  communication  qu'il  a  bien  voulu 
faire. 

A  40  heures,  la  séance  est  levée. 

Le  secrétaire  gér^éra^, 
K  RUBEX. 


SÉANCE  DU  24  FÉVRIER  1865. 


t^réfildènce  de  M.  BOIVIVIIV,  Président* 

Sont  présents  :  MM.  Maurice^Ardant ,  Ardant  du  Masjambost, 
Astaix,  Bardinet  fils,  Brisset,  Choppin  d'Arnonville,  Ferru, 
Guillemot,  Garigou-Lagrange ,  Her\^,  Lansade,  Lemas, 
Maquart,  Nivet-Fontaubert ,  É.  Ruben. 

Le  procès-verbal  de  la  dernière  séance  est  lu  et  adopté. 

M.  le  baron  Edouard  de  Septen ville,  présenté  à  la  dernière 
séance,  est  proclamé  membre  correspondant  de  la  Société. 
M.  Aloïs  Dru,  pharmacien  au  Dorât,  présenté  à  Tavant-der- 
nière  séance  comme  membre  correspondant,  et  dont  l'élection 
avait  été  ajournée,  est,  sur  sa  demande,  proclamé  membre 
titulaire. 


PROCÈS-VERBAL X   DES   SEANCES.  47 

MM.  Guillemot  et  Nivet-Fontaubert  présentent,  comme 
désirant  faire  partie  de  la  Société  en  qualité  de  membre  titulaire, 
M.  Gabriel  Debort,  négociant  à  Limoges. 

Lecture  est  donnée  à\me  lettre,  en  date  du  31  janvier  <865, 
dans  laquelle  Son  Exe.  M.  le  Ministre  de  Tinstruction  publique 
invite  M.  je  président  à  lui  faii*e  connaître  les  noms  des 
membres  de  la  Société  qui  se  proposeraient  de  donner  lecture  de 
notices  ou  mémoires  inédits  à  Tune  des  trois  sections  du  Comité 
des  Sociétés  savantes,  dont  la  réunion  aura  lieu  à  la  Sorbonne 
les  19,  20,  ^A  et  22  avril.  L'assemblée  décide  que,  indépen- 
damment des  sociétaires  qui  pourraient  aller  à  Paris  en  qualité 
de  lecteurs,  elle  déléguera  dans  sa  prochaine  séance,  comme 
elle  Ta  fait  Tannée  dernière,  un  certain  nombre  de  membres 
chargés  de  la  représenter  aux  réunions  de  la  Sorbonne. 

M.  .le  président  prend  la  parole.  11  rappelle  l'article  2  du 
Règlement ,  relatif  au  but  de  la  Société ,  qui  est  «  de  rechercher, 
de  décrire  et  de  classer  les  monuments  écrits  ou  figurés  existant 
soit  dans  les  archives  publiques  ou  particulières ,  soit  à  la  sur  - 
face  ou  à  l'intérieur  du  sol  »,  et  se  demande  si  jusqu'à  présent 
l'organisation  de  la  Société  a  permis  d'imprimer  aux  recherches 
une  activité  suffisante ,  et  de  centraliser  les  résultats  obtenus. 
Selon  lui ,  il  n'y  a  pas  eu  d'unité  parce  qu'il  n'y  avait  pas  d'or- 
ganisation du  travail.  Cette  organisation  serait  possible  au 
moyen  de  comités.  Ainsi  on  pourrait  créer  un  comité  pour  faire 
des  recherches  dans  les  archives  publiques  ou  privées,  un 
autre  pour  la  recherche  des  monuments  qui  se  trouvent  à  la 
surface  ou  à  l'intérieur  du  sol.  En  outre,  un  questionnaire 
serait  adressé  à  toutes  les  personnes  capables,  de  fournir  des 
renseignements,  aux  curés,  aux  instituteurs,  etc.,  et  les  maté- 
riaux recueillis  pourraient  être  mis  en  œuvre  par  les  comités. 

La  Société  approuve  les  vues  de  M.  le  président,  et  renvoie 
l'étude  de  la  question  à  une  commission  composée  de  MM.  Mau- 
rice Ardant,  Ruben,  Guillemot,  Nivet-Fontaubert  etGarigo'u- 
Lagrauge. 

M.  Maurice  Ardant  communique  à  la  Société  une  lettre  dans 
laquelle  M.  Mandat  de  Grancey,  élu  à  la  dernière  séance ,  re- 
mercie la  Société  de  l'honneur  qu'elle  lui  a  fait  en  le  nommant 
membre  correspoiidant ,  proteste  de  son  zèle ,  et  prie  la  Société  de 
vouloir  bien  lui  désigner  un  sujet  d'études.  L'assemblée,  dans 
l'ignorance   des  aptitudes  particulières  et  des  goûts  de  M.  de 


48  PR0CÎ5-VEHBAI X    DES  SEANCES. 

Grancev,  lui  laifise  pleine  et  entière  liberté  dans  le  choix  de 
ses  travaux. 

M.  Astaix ,  rapporteur  de  la  commission  du  budget ,  lit  son 
rapport  sur  le  compte  de  1864.  La  Société,  après  avoir  remercié 
M.  Astaix ,  renvoie  à  une  des  prochaines  séances  le  vote  définitif 
sur  le  compte  de  1864  et  le  projet  de  budget  de  1865. 

M.  Maquart  propose ,  à  ce  sujet ,  d  acquérir,  toutes  les  fois  que 
Toccasion  s'en  présentera,  les  dessins,  photographies,  etc.,  des 
monuments  et  des  faits  remarquables  qui  intéressent  le 
Limousin.  L'assemblée  adopte  l'idée  en  principe,  mais  en 
renvoie  l'application  à  la  commission  du  budget. 

A  10  heures,  la  séance  est  levée. 

Le  secrétaire  général, 
É.  KCBEN. 


0^-^'m   -   W^l»  ^y^>0  ^-^ 


SEANCE  DU  31  MARS  1865. 


■^résidence  de  M.  BOnnmv,  Pré»ldeat 


Sont  présents  :  MM.  Maurice  Ardant,  Bninet,  Buisson  de 
Mavergnier,  Alfred  Chapoulaud,  Ducourtieux,  Ferru,  Garigou- 
Lagrange,  Guillemot,  Hervy,  Nivet-Fontaubert,  É.  Ruben. 

Le  procès- verbal  de  la  dernière  séance  est  lu  et  adopté. 

M.  Maurice  Ardant,  vice-président,  dépose  sur  la  table  la 
réponse  au  questionnaire  de  Son  Exe.  M.  le  Ministre  de  Tinstruc- 
tîon  publique  (Comité  historique  des  Arts  et  Monuments]  pour  les 
communes  de  Chamboret  et  de  Saint-Mathieu,  département  de 
la  Haute-Vienne ,  et  deux  feuillets  de  la  main  de  l'honorable 
vice-président  concernant  le  projet  général  du  questionnaire 
pour  la  Gaule.  —  Remercîments,  et  renvoi  à  la  commission  de 
réorganisation  des  travaux  de  la  Société. 

M.  Gabriel  Debort ,  négociant  à  Limoges ,  présenté  à  la  der- 
nière séance ,  est  proclamé  membre  titulaire  de  la  Société. 

Lecture    est    donnée    d'une    lettre    dans    laquelle    M.     de 


PROCÈS-VERBAUX    DES  SÉANCES.  49 

Caumont,  directeur  de  Tlnstitut  des  Provinces  et  de  la  Société 
française  d'Archéologie ,  invite  la  Société  à  envoyer  un  certain 
nombre  de  délégués  au  Congrès  des  Sociétés  savantes  qui  se 
tiendra  à  Paris  du  20  au  27  avril ,  rue  Bonaparte ,  44. 

L'assemblée ,  consultée ,  remercie  M.  de  Caumont,  et  décide 
qu'il  n'y  a  pas  lieu  d'envoyer  des  délégués. 

L'ordre  du  jour  est  la  nomination  de  représentants  à  la 
réunion  des  Sociétés  savantes ,  présidée ,  à  la  Sorbonne ,  par  Son 
Exe.  M.  le  Ministre  de  l'instruction  publique. 

L'assemblée  désigne  MM.  Buisson  de  Mavergnier,  directeur 
du  musée ,  et  Félix  Ferru ,  statuaire ,  lesquels  sont  chargés  d'as- 
sister aux  séances ,  et  de  faire  un  rapport  sur  les  choses  intéres- 
sant le  pays  qui  y  auront  été  dites. 

M.  Joseph  Brunet  se  plaint  de  quelquies  errçurs  qu'il  a  re- 
marquées dans  la  rédaction  du  procès- verbal  du  l*""  juillet  1864. 
Ainsi  on  lui  fait  dire  qu'un  des  souterrains  qu'il  a  découverts  à 
Saint^Hilaire-Bonneval  avait  7  mètres  de  hauteur.  C'est  une 
erreur  :  le  souterrain  n'a  que  2  mètres  de  haut  et  7  mètres  de 
long.  —  M.  Ruben,  secrétaire  général,  répond  que,  lorsqu'un 
membre  fait  une  communication  compliquée  de  détails,  il  est 
d'usage ,  afin  d'éviter  des  erreurs  toujours  faciles ,  de  donner 
une  note  explicative  au  rédacteur  du  procès-verbal  ;  qu'il  re- 
grette que  cette  note  ne  lui  ait  pas  été  fournie ,  mais  que ,  au 
surplus ,  la  rectification  sera  insérée  au  prochain  procès-verbal. 
M.  Brunet  rappelle  ensuite  la  mort  du  regrettable  abbé  Roy 
de  Pierrefitte ,  éditeur  du  Nobiliaire  de  Nadaud,  IL  demande  à  la 
Société  : 

4«  Si  elle  est  dans  l'intention  de  continuer  la  publication  du 
Nobiliaire  ; 

2°  Si  elle  a  jeté  les  yeux  sur  une  personne  -  capable  de  se 
charger  de  ce  travail. 

Sur  la  première  question ,  l'assemblée ,  consultée ,  décide  que 
la  publication  du  Nobiliaire  sera  continuée  aux  conditions  an- 
térieures. 

En  ce  qui  concerne  le  choix  de  l'éditeur,  M.  le  président  dit 
qu'il  sera  bon  d'avertir  la  personne  chargée  du  travail  qu'il 
existe  à  la  Bibliothèque  de  l'Arsenal  un  autre  Nobiliaire  du 
Limousin,  le  Manusait  de  des  Coutures,  qui  pourrait  fournir  d'utiles 
renseignements. 

M.  Brunet  indique  un  membre  de  la  Société  qui  pourrait 
peut-être  accepter  la  succession  de  l'abbé  Roy  de  Pierrefitte. 

4 


50  PROCÈS-VERBAUX   DES  SÉANCES. 

M.  le  secrétaire  général  donne  lecture  d'une  lettre  dans 
laquelle  M.  Tabbé  Lecler,  curé  de  Saint-Symphorien ,  oflFre  à  la 
Société  une  Table  des  noms  propres  disséminés  dans  le  manuscrit 
de  Nadaud ,  Table  qu'il  avait  confiée  à  l*abbé  Roy ,  et  qui  doit  se 
trouver  dans  ses  papiers-  La  Société  accepte  avec  reconnaissance 
l'offre  de  M.  Tabbé  Lecler.  —  M.  Brunet  déclare  retirer  la  pro- 
position qu'il  a  faite ,  ^t  l'assemblée  décide  que  M.  le  secrétaire 
général  écrira  à  M.  Tabbé  Lecler  pour  lui  demander  si ,  au  cas 
où  la  Société  le  désignerait,  il  voudrait  se  charger  du  travail. 

La  Société  charge  enfin  M.  Brunet  de  Téloge  de  M.  Tabbé 
Roy  de  Pierrefitte. 

M.  Buisson  de  Mavergnier  lit  un  travail  de  géologie  sur  le 
Limousin  anté-historique.  ^ 

A  \0  heures ,  la  séance  est  levée. 

Le  secrétaire  général, 
É.  RUBEN. 


SEANCE  DU  28  AVRIL  4865. 


PrésIdMice  de  M.  M aarlee  ARDAIVX,  Vloe-Présldent. 

Sont  présents  :  MM.  Maurice  Ardant  et  Buisson  de  Mavergnier. 

Après  l'ouverture  de  la  séance ,  arrivent  successivement 
MM.  Maquart ,  Talabot  et  Guillemot. 

En  l'absence  de  M.  Ruben ,  M.  Guillemot  remplit  les  fonctions 
de  secrétaire. 

Le  procès-verbal  de  la  dernière  séance  est  lu  et  adopté. 

M.  Guillemot  donne  lecture  d'une  lettre  de  M.  l'abbé  Lecler , 
qui  accepte  la  proposition  qui  lui  a  été  faite  de  continuer  le 
Nobiliaire  du  Limousin,  mais  à  la  condition  de  ne  pas  ouvrir  de 
correspondance  avec  tous  les  descendants  plus  ou  moins  directs 
des  familles  dont  Nadaud  a  esquissé  la  généalogie ,  pour  y  faire 
figurer  leurs  titres  ou  leurs  prétentions. 

La  collaboration  de  M.  Lecler  est  acceptée  avec  la  condition 
ci-dessus  désignée. 


PROCES-VERBAUX    DES   SEANCES.  51 

M.  Guillemot  donne  ensuite  lecture  d'une  lettre  de  M.  Bos- 
vleux ,  archiviste  du  département  de  Lot-et-Garonne ,  qui  engage 
la  Société  à  acquérir  du  libraire  Claudin  trois  articles  com- 
prenant plusieurs  pièces  importantes  concernant  Thistoire  du 
Limousin. 

L'assemblée  vote  à  l'unanimité  un  crédit  de  soixante  francs 
I)our  l'acquisition  de  ces  pièces. 

M.  Maurice  Ardant  communique  à  la  Société  une  lettre 
de  M.  Mandat  de  Gransey,  qui  a  découvert  à  La  Chaise-Dieu  les 
tombeaux  et  les  armoiries  de  deux  papes  limousins,  Clément  VI 
et  Grégoire  XL  M.  Mandat  de  Gransey  n'a  pas  pensé  qu'il 
y  eût  lieu  de  faire  un  travail  à  ce  sujet  :  il  se  contente  de 
signaler  cette  découverte  à  la  Société. 

A  neuf  heures ,  la  séance  est  levée. 

Le  secrétaire-archiviste, 
GUILLEMOT. 


f*^s^^^  -^s^^  «^w  ^/^/^^'«^^«^ 


SÉANCE  DU  26  MAI  i865. 


I»ré»ldenee  de  M.  BOIVIVIIV,  Président. 

Sont  présents  :  MM.  Maurice  Ardant,  Brisset,  Buisson,  Alfred 
Chapoulaud,  Debord,  Hervy,  Guillemot,  Lagrange,  Lansade, 
Larombière,  Ducourtieux,  Nivet-Fontàubert,  Reculés,  Astaix, 
É.  Ruben. 

Le  procès-verbal  de  la  dernière  séance  est  lu  et  adopté. 

M.  Maurice  Ardant  réclame  contre  une  omission  faite  au 
procès-verbal  de  la  séance  du  27  janvier  dernier.  Il  rappelle 
que ,  à  la  suite  de  l'élection  des  membres  du  bureau , 
M.  Lansade  lui  adressa  quelques  paroles  pour  le  remer- 
cier, au  nom  de  la  Société,  du  zèle  qu'il  n'avait  cessé  d'apporter 
dans  l'exercice  de  ses  fonctions ,  ce  dont  il  n'est  nullement 
fait  mention  dans  le  procès-verbal  de  ladite  séance.  —  M.  le 
président ,  tout  en  faisant  observer  que  le  procès-verbal  dont 
il  s'agit  a  été  adopté ,  ordonné  que  mention  de  la  réclamation 


52  PROCÈS-VERBAUX   DES  SEANCES. 

de  M.  Ardant  sera   insérée  au  procès-verbal  de  la   présente 
séance. 

M.  Guillemot ,  secrétaire-archiviste ,  donne  lecture  d'une 
lettre  dans  laquelle  M.  Claudin,  libraire  à  Paris,  annonce  qu'il 
a  acheté ,  pour  le  compte  de  la  Société ,  au  prix  de  56  frl ,  les 
diverses  pièces  manuscrites  concernant  l'histoire  du  Limousin 
dont  il  a  été  question  à  la  dernière  réunion.  Ces  pièces  intéres- 
santes ,  que  M.  Guillemot  dépose  sur  la  table  des  séances ,  seront 
mises  aux  archives  et  catalog^uées. 

M.  Ruben  présente  les  deux  ouvrages  suivaûts,  offerts  à  la 
Société  par  M.  Deloche ,  membre  cwrespondant  : 

4«  Études  sur  la  géographie  historique  de  la  Gatde,  et  spécialement 
sur  les  divisions  territoriales  du  Limousin  au  moyen  ôge ,  ouvrage 
couronné  par  TAcadémie  des  Inscriptions  et  Belles-Lettres  : 
Paris ,  imprimerie  Impériale ,  4864,  \  vol.  in-4; 

2"  Description  des  monnaies  mérovingiennes  du  Limousin  : 
Paris,  4863,  \    vol.in-8. 

M.  le  président,  au  nom  de  la  Société,  remercie  M.  Deloche, 
et  charge  M.  Guillemot  de  vouloir  bien  faire  un  rapport  sur 
Touvrage  concernant  les  divisions  territoriales  du  Limousin. 

La  Société  Archéologique  de  Melun  adresse  à  la  Société 
Archéologique  du  Limousin  le  4"  volume  de  ses  mémoires,  et 
demande  la  réciprocité.  —  Cette  demande  est  accordée. 

Lecture  est  donnée  par  M.  le  secrétaire  général  d'une  lettre, 
en  date  du  6  mai ,  adressée  à  M.  le  président ,  et  dans  laquelle 
M.  Lorgne,  instituteur  à  Montrol-Sénard ,  rend  compte  de  la 
découverte  d'un  souterrain  qui  vient  d'être  faite  près  de  cette 
localité.  La  lettre  de  M.  Lorgue  contient  le  passage  suivant  : 

«  Des  bûcherons  venaient  d'arracher  un  chêne  lorsqu'ils 
s'aperçurent  quelle  terrain  s'affaissait  sous  leurs  pas.  Bientôt  ce 
fut  une  sarte  de  gouffre  qui  s'offrit  à  leurs  yeux.  Munis  d'une 
lumière,  ils  descendirent  dans  le  souterrain  pour  l'explorer... 
Ce  matin,  je  me  suis  rendu  sur  les  lieux,  où.  M.  l'adjoint  du 
maire  n'a  pas  tardé  à  me  rejoindre.  J'ai  d'abord  distingué  une 
sorte  de  chambre  circulaire ,  dont  le  sommet  devait  se  trouver  à 
peu  de  distance  du  sol ,  et  sous  le  chêne  même  abattu  par  les 
bûcherons.  Malheureusement  la  terre  s'est  affaissée ,  et  couvre 
le  sol  de  cette  chambre  jusqu'à  une  certaine  hauteur.  Par  suite 
de  cet  éboulement  accidentel ,  le  souterrain  va  en  descendant 
d'une  manière  très-sensible.  A  trois  ou  quatre  mètres  au-dessous 
du  sol ,  une  étroite  galerie  s'est  offerte  à  nos  yeux.  A  la  pre- 


PROCÈS-VERBAUX   DES  S1^.ANCES.  53 

mière  inspection,  j'ai  reconnu  que  le  terrain  a  été  creusé  dans 
une  roche  très-tendre ,  ou  plutôt  dans  un  tuf  silico-arg-ileux.  Le 
percement  a  dû  être  facile;  mais  il  n'en  a  pas  été  de  même  du 
transport  des  matériaux ,  à  cause  de  la  profondeur  et  du  peu  de 
largeur  du  souterrain.  Ce  qui  m'a  paru  singulier  c'est  que  je 
n'ai  pu  reconnaître  avec  quelle  sorte  d'instrument  a  été 
pratiqué  le  percement.  Ce  n'est  pas  avec  la  pioche ,  les  entailles 
étant  trop  étroites  ;  ce  n'est  pas  avec  le  pic  non  plus  :  c'est  sans 
doute  avec  un  instrument  dont  on  ne  se  sert  plus  de  nos  jours  ; 
ce  qui  me  porterait  à  croire  que  le  souterrain  doit  remonter  à 
une  très-haute  antiquité.  Cet  instrument  devait  avoir  une  arête 
tranchante  très-aiguë  et  une  face  de  moyenne  largeur. 

»  A  quelques  pas  de  là ,  une  nouvelle  galerie  s'offre  à  droite. 
Elle  a  seulement  quelques  mètres  de  long,  et  tourne  subitement 
à  angle  droit,  pour  s'arrêter  tout  à  coup,  et  ménager  une  sorte  de 
niche ,  comme  pour  mieux  cacher  la  présence  d'une  personne  à 
ceux  qui  se  seraient  introduits  dans  le  souterrain.  Nous  sommes 
donc  forcés  de  revenir  sur  nos  pas  pour  continuer  l'exploration  de 
la  première  galerie.  Celle-ci,  à  peu  de  distance ,  se  rétrécit  tout  à 
coup  :  c'est  une  sorte  de  porte ,  ne  pouvant  livrer  passage  qu'à 
une  personne  à  la  fois ,  qui  vient  s'offrir  à  notre  vue.  Nous  fran- 
chissons cette  porte ,  et  nous  remarquons  une  odeur  toute  parti- 
culière :  cette  odeur  me  rappelle  une  description  des  cata- 
combes, bien  qu'assurément  nous  ne  soyons  pas  dans  un 
pareil  lieu.  Nous  cherchons  vainement  des  vestiges  de  l'habi- 
tation de  l'homme.  Les  siècles  ont  jonché  le  sol  de  tuf,  et  il  est 
des  endroits  où ,  pour  avancer  ,  nous  sommes  obligés  de  marcher 
sur  nos  genoux.  Mais  la  galerie  éloigne  ses  parois  :  plusieurs 
personnes  peuvent  marcher  de  front  sans  se  gêner  ;  seulement 
les  ravages  du  temps  sont  de  plus  en  plus  visibles,  le  plafond 
naturel  est  de  plus  en  plus  effondré ,  et  nous  sommes  obligés  de 
nous  arrêter  sans  avoir  atteint  l'extrémité  du  souterrain 

»  Vous  me  demanderez  peut-être,  monsieur  l'Inspecteur,  quelle 
est  la.  forme  de  la  voûte.  Cette  dernière  semble  affecter  une 
forme  ogivale.  On  a  dû  adopter  cette  forme  pour  la  solidité  du 
souterrain.  Le  terrain  n'offrant  que  peu  de  résistance,  la  pluie 
en  eût  compromis  la  solidité. 

»  Il  est  à  désirer,  monsieur  l'Inspecteur ,  que  l'administration 
ait  connaissance  de  la  chose  :  elle  pourrait  faire  dégager  la  ga- 
lerie des  matériaux  qui  l'obstruent.  Cet  enlèvement  de  terres 
serait  peut-être  de  nature  à  amener  des  découvertes  précieuses 


54  PRGCÈS-VERBALX  DES  SEANCES. 

à  Tarchéologie  et  à  l'histoire  du  pays.  Ce  souterrain  a  d'autant 
plus  de  prix  à  mes  yeux  que  ,  à  peu  de  distance ,  se  trouvent  des 
camps  dits  de  César,  dont  Tun  est  parfaitement  conservé.  Ce 
dernier ,  situé  à  4  ou  5  kilomètres  seulement ,  se  trouve  dans  la 
commune  de  Montrollet  (Charente).  A  peu  près  à  la  même  distance 
se  trouve  aussi  un  menhir  appelé  pierre-levée,  qui  a  5  à  6  mètres 
de  hauteur.  » 

M.  Buisson  de  Mavergnier  donne  communication  d'une 
lettre  dans  laquelle  M.  de  Cessac  l'engage,  ainsi  qiie  les 
membres  de  la  Société  Archéologique  de  Limoges ,  à  assister  au 
Congrès  de  Guéret.  L'assemblée ,  tout  en  remerciant  M.  Buisson 
de  Mavergnier  de  la  communication  qu'il  a  bien  voulu  faire , 
décide  que ,  n'étant  pas  Saisie  régulièrement ,  elle  ne  peut 
prendre  aucune  décision ,  et  que  la  question  est  du  reste  toute 
personnelle. 

M.  Larombière ,  rapporteur  de  la  commission  de  réorganisation 
du  musée,  lit  son  rapport  au  milieu  de  l'attention  générale  (4). 
M.  Buisson  de  Mavergnier  fait,  en  ce  qui  le  touche,  une  observa- 
tion à  laquelle  M.  le  rapporteur  répond  en  rendant  hommage  à 
l'administration  actuelle  et  à  l'honorable  directeur  du  musée. 

M.  Guillemot  demande  de  quelle  manière  on  procédera  à 
rélection  du  directeur.  —  M.  le  rapporteur  répond  que  le  règle- 
ment nouveau  est  parfaitement  conforme  à  l'idée  de  faire 
nommer  le  directeur  par  l'assemblée. 

M.  Nivet-Fontaubert  fait  observer  qu'on  n'a  pas  statué  sur 
une  proposition  antérieure  tendant  à  laisser  le  musée  à  la 
ville.  —  M.  Brisset  répond  que  l'une  des  propositions  ne  détruit 
pas  l'autre  :  il  s'écoulera  toujours  un  certain  temps  entre, 
la  proposition  faite  à  la  ville  et  la  cession  définitive ,  et 
il  importe  que  le  musée  soit  bien  administré  pendant  cet  inter- 
valle. —  M.  le  président  demande  à  M.  Nivet  s'il  a  une  proposi- 
tion à  faire  à  ce  sujet.  M.  Nivet  répond  qu'il  a  seulement  voulu 
demapder  un  éclaircissement.  —  M.  Maurice  Ardant  croit  qu'il 
serait  bon  de  ne  pas  voter  d'enthousiasme ,  et  de  renvoyer  le 
vote  à  la  prochaine  séance.  —  M.  le  président  demande  à  l'hono- 
rable membre  s'il  veut  faire  une  proposition  formelle  à  cet  égard. 
M.  Maurice  Ardant  déclare  retirer  sa  proposition.  —  Le  projet  de 
règlement,  voté  d'abord  par  paragraphe,  est  ensuite  adopté  dans 
son  ensemble. 

(1)  Voir  ce  rapport  à  la  suite  des  procte-verbaux. 


PROCfes-VERBAUX    DES  SEANCES.  55 

M.  Garrigou-Lagrange ,  rapporteur  de  la  commission  pour 
Torganisation  des  travaux  de  la  Société ,  donne  lecture  de  son 
rapport.  Après  plusieurs  observations,  auxquelles  répond  M.  le 
président  »  l'assemblée  renvoie  la  discussion  du  rapport  à  la 
prochaine  séance. 

M.  Buisson  de  Mavergnier ,  délégué  de  la  Société  au  Congrès 
des  Sociétés  savantes  ,  qui  s*^est  tenu  à  la  Sorbonne  au  mois 
d'avril  dernier,  lit  une  relation  des  faits  qu'il  a. cru  dignes 
d'être  communiqués  à  l'assemblée.  M.  le  président  remercie 
M.  Buisson  de  Mavergnier,  et  déclare  la  séance  levée. 

Le  secrétaire  général, 
É.  RUBEN. 


i'»*"^^»  " 'V'»/»^^^A«/WV«^^^^>«^A /^*^A^«^*\>*iA*» 


SEANCE  DU  30  JUIN  4865. 


Pjpésldenoe  de  M.  BOMIVIIV ,  Président* 

I 

Sont  présents  :  MM.  Maurice  Ardant ,  Ardant  du  Masjambost , 
Bardinet ,  Buisson  de  Mavergnier ,  Alfred  Chapoulaud ,  Du- 
courtieux,  Garrigou-Lagrange ,  Guillemot,  Hervy,  Lansade, 
Larombière,  É.  Ruben  ,  et  MM.  Talabot  et  Lemas ,  qui  n'arrivent 
qu'après  le  vote  pour  le  directeur  du  musée. 

Le  procès-verbal  de  la  dernière  séance  est  lu ,  et  adopté  après 
quelques  explications  entre  MM.  Maurice  Ardant,  Buisson  de 
Mavergnier  et  Guillemot. 

Depuis  la  dernière  séance ,  quelques  dons  ont  été  faits  soit  au 
musée ,  soit  à  la  bibliothèque  de  la  Société.  (Voir  la  liste  à  la  fin 
du  volume.)  —  Remercîments  aux  donateurs. 

L'ordre  du  jour  est  l'élection  de  MM.  les  directeur  et  sous- 
directeurs  du  musée.  Conformément  à  la  décision  prise  à  la 
dernière  séance ,  il  est  arrêté  qu'il  y  aura  deux  scrutins  :  le 
premier ,  pour  l'élection  du  directeur  du  musée  ;  le  second , 
pour  l'élection  des  quatre  soua-directeurs.  On  procède  à  l'élection. 


56  .  PROCÈS-VERBAUX  DES  SEANCES. 

Le  dépouillement  du  scrutin  pour  la  nominaton  du  directeur 
donne  les  résultats  suivants  : 

<''  tour.  —  Nombre  des  votants  :  15. 

Voix  obtenues  : 

M.  Dubouché. ; 6 

M.  Buisson  de  Mavergnier 4 

M.  Maquart. ^ . .   .  2 

M.  Maurice  Ardant 2 

M.  Larombière ^ 

2*  tour.  —  Nombre  des  votants  :  15. 

Voix  obtenues  : 

M.  Dubouché H 

M.  Buisson  de  Maverg'nier 4 

En  conséquence,  M.  le  président  proclame  M.  Dubouché 
directeur  du  musée. 

Il  est  ensuite  procédé  à  l'élection  des  quatre  sous-directeurs  du 
musée. 

M.  Buisson  de  Mavergnier  prie  les  membres  qui  auraient 
rintention  de  lui  donner  leur  voix  de  vouloir  bien  les  reporter 
sur  d'autres  candidats. 

Nombre  des  votants  :  M. 

Voix  obtenues  : 

M.  Nivet-Fontaubert M 

M.  Astaîx \o 

M.  Maurice  Ardant 42 

M.  Maquart. \Q 

'   M.  Ardant  du  Masjambost 8 

La  majorité  absolue  étant  de  9 ,  M.  le  président  proclame 
sous-directeurs  'du  musée  MM.  Nivet-Fontaubert,  Astaîx, 
Maurice  Ardant  et  Maquart. 

M.  le  président  prend  la  parole.  Il  dit  qu'à  la  dernière  séance, 
lors  de  la  lecture  du  rapport  de  M.  Garrigou-Lagrange  sur 
l'organisation  à  donner  aux  travaux  de  la  Société,  il  a  cru 
remarquer  que  cette  question  soulevait  de  nombreuses  objections  ; 
il  persiste  à  croire  que  la  mesure  était  bonne  ;  mais ,  comme  il 
n'a  voulu  avant  tout   que   donner   une  impulsion   nouvelle 


PROCÈS-VERBAUX  DES  SEANCES.  57 

* 

aux  travaux  de  la  Société ,  réservant  la  question  des  voies  et 
moyens,  comme  il  pense,  d'un  autre  côté,  que  la  discussion 
n'amènerait  aucun  résultat ,  il  déclare  retirer  sa  proposition , 
attendant  les  propositions  nouvelles  qui  pourront  être  faites  sur 
un  sujet  aussi  importan-t.  En  conséquence,  il  propose  Tordre  du 
jour ,  qui  est  adopté. 

M.  Ruben ,  secrétaire  général ,  demande ,  au  nom  de  M.  Tabbé 
Arbellot,  curé-archiprêtre  de  Rochechouart\  que  dorénavant  le 
jour  des  réunions  soit  fixé  au  dernier  mardi  de  chaque  mois , 
jour  oii   M.    Tabbé    Arbellot  pourrait   assister  aux  séances. 

M.  Talabot  propose  le  mercredi ,  au  cas  oii  M.  Tabbé  Arbellot 
serait  libre  pour  ce  jour.  Il  est  décidé  que  la  prochaine  séance 
aura  lieu  le  dernier  mardi  du  mois  de  juillet,  et  que  ce  jour-là 
on  prendra  l'avis  de  M.  l'abbé  Arbellot. 

Sur  la  proposition  de  M.  Nivet-Fontaubert ,  la  Société  vote, 
pour  l'érection  du  buste  du  regrettable  Féli^  de  Verneilh ,  une 
gomme  de  50  fr. ,  qui  sera  versée  entre  les  mains  de  M.  le 
trésorier  de  la  Société  pour  la  Conservation  des  Monuments 
historiques,  dont  M.  de  Verneilh  était  un  des  membres  les 
plus  distingués  et  les  plus  dévoués. 

M.  le  président  donne  la  parole  à  M.  Buisson  de  Mavergnier 
pour  la  lecture  de  la  suite  de  son  travail  sur  les  origines 
du  Limousin.  M.  Buisson  de  Mavergnier  répond  qu'il  se  trouve 
un  peu  souflFrant ,  et  prie  la  Société  de  vouloir  bien  renvoyer 
cette  lecture  &  une  prochaine  séance. 

A  40  heures,  la  séance  est  levée. 

Le  secrétaire  général, 
É.  RUBEN. 


■w\rwv^^v«<w^wwww>/wvws«>«www>^ws> 


SÉANCE  DU  25  JUILLET  <865. 


Pv«*Meiioe  de  M.  BOMNIN.  Pr««tdeat. 

Sont  présents  :  MM.  l'abbé  Arbellot ,  Bardinet  fils ,  Brisset , 
Alfred  Chapoulaud,  Debord,  Dubouché,  Guillemot,  Garrigou- 
Lagrange,  Hervy,  É.  Ruben. 

Le  procès-verbal  de  la    dernière   séance  est  lu  et  a^dopté. 


58  PROCè^VEBBAtX   DES   SEANCES. 

La  Société  fixe  définitivement  le  jour  de  ses  séances  au 
dernier  mardi  de  chaque  mois. 

Lecture  est  donnée  d'une  lettre  par  laquelle  M.  Âstaix, 
nommé  sous-directeur  du  musée  à  la  dernière  séance ,  s^excuse , 
vu  ses  nombreuses  occupations,  de  ne  pouvoir  accepter  Vhonneur 
qui  lui  est  fait ,  et  prie  la  Société  de  vouloir  bien  pourvoir 
à  son  remplacement.  L'assemblée  manifeste  tout  le  regret 
qu'elle  éprouve,  et  décide  qu'à  la  prochaine  séance  il  sera 
procédé  à  la  nomination  d'un  sous-directeur  du  musée  en 
remplacement  de  M.  Astaix. 

M.  Emile  Grignard ,  membre  correspondant  de  la  Société , 
écrit  à  M.  le  président  pour  réclamer  contre  une  phrase  insérée 
au  procès-verbal  de  la  séance  du  4  ''  mai  4  863  ,  et  relative  à  son 
Dictionnaire  géographique  du  Limousin.  M.  Grignard  oflFre  en  même 
temps  à  la  Société  la  carte  exacte  qu'il  a  dressée  des  arron- 
dissements ,  cantons,  et  communes  du  département  de  la  Haute- 
Vienne.  La  Société  accepte  avec  reconnaissance  l'oflFré  de 
M.  Emile  Grignard.  Quant  &  la  phrase  incriminée ,  la  Société 
déclare  qu'elle  n'est  que  l'expression  exacte  de  ce  qui  a  été 
rapporté  par  son  délégué  au  Cîongrès  des  Sociétés  savantes, 
et  que,  le  procès-verbal  ayant  été  approuvé ,  il  n'y  a  pas  lieu  d'y 
revenir. 

M.  Cyprien  Pérathon  ,  d'Aubusson ,  écrit  pour  donner  sa  dé- 
mission de  membre  correspondant  de  la  Société. 

M.  le  comte  A.  d'Héricourt,  par  lettre-circulaire  du  4 «•"  juillet 
4865 ,  prie  la  Société  de  vouloir  bien  lui  adresser,  pour  V Annuaire 
des  Sociéiés  savantes ,  des  renseignements  relatifs  à  la  composition 
de  son  bureau ,  à  son  histoire  ,  à  ses  travaux ,  aux  questions 
mises  au  concours  pour  l'année  4866  ou  les  années  suivantes. 
La  Société  souscrit  pour  un  exemplaire  de  V Annuaire,  et  charge 
son  secrétaire  général  d'envoyer  à  M.  le  comte  d'Héricourt  les 
renseignements  demandés. 

M.  le  docteur  de  La  Porte,  médecin  de  l'artillerie  de  la 
garde  à  Versailles ,  membre  correspondant  de  la  Société , 
se  plaint  de  la  lenteur  avec  laquelle  se  fait  la  publication 
du  Nobiliaire  de  Nadaud.  L'assemblée  charge  M.  le  secrétaire 
général  de  faire  connaître  à  M.  de  La  Porte  la  mort  du  regret- 
table abbé  Roy  de  Pierrefitte ,  éditeur  du  Nobiliaire ,  des  retards 
que  cette  mort  a  dû  nécessairement  entraîner  et  de  la  conti- 
nuation prochaine  de  l'œuvre  par  M.  l'abbé  Lecler ,  curé  de 
Saint-Symphorien. 


PROCÈS-VERBAUX    DES*  SEANCES.  59 

M.  Ruben  demande  la  parole.  Il  explique-  comment  les 
pertes  éprouvées  depuis  quelques  années  par  la  Société  dans  la 
personne  de  ses  membres  les  plus  savants  et  les  plus  actifs  ont  dû 
nécessairement  amener  une  sorte  de  disette  dans  les  productions 
historiques  et  archéologiques.  Il  rappelle  que  le  Bulletin  de 
4865  n^est  pas  encore  commencé,  et  dit  que  le  moment  est 
venu  de  mettre  à  exécution  un  projet  dont  il  a  été  souvent 
question  au  sein  de  la  Société  :  il  veut  parler  de  la  publication 
des  Registres  consulaires  de  h  ville  de  Limoges ,  déposés  à  la  biblio- 
thèque publique.  Ces  registres,  dont  quelques  parties  ont  été 
publiées  par  M.  Achille  Leymarie  dans  son  Limousin  historique, 
contiennent  des  renseignements  importants  et  pleins  d'intérêt 
non-seulement  pour  l'histoire  de  Limoges,  mais  encore  pour 
l'histoire  du  Limousin  tout  entier  pendant  les  xvr,  xvir  et 
xviir  siècles.  M.  Ruben  propose  donc  à  la  Société  de  décider  en 
principe  la  publication  immédiate  de  ces  manuscrits ,  et  de 
nommer  une .  commission  chargée  de  faire  un  rapport  sur 
le  mode  de  publicatioa  le  plus  convenable. 

Après  quelques  explications ,  la  Société  adopte  la  proposition 
de  M.  Ruben,  et  charge  MM.  Ruben,  Alfred  Chapoulaud, 
Guillemot,  Hervy,  Lagrange  et  Debord  d'étudier  la  question 
dans  ses  détails,  et  de  faire  un  rapport  à  ce  sujet  dans  la  pro- 
chaine séance.  Elle  engage  en  même  temps  ^es  membres  portés 
de  bonne  volonté  à  se  joindre  à  la  commission  pour  l'aider  dans 
une  tâche  aussi  longue  et  aussi  pénible. 

M.  l'abbé  Arbellot  donne  lecture  d'une  remarquable  notice 
biographique  et  bibliographique  sur  M.  Félix  de  Vemeilh. 
—  Remercîments ,  et  renvoi  au  Comité  de  publication. 

M.  Adrien  Dubouché  remercie  la  Société  de  l'honneur  qu'elle 
a  bien  voulu  lui  faire  en  le  nommant  directeur  du  musée.  Il  fera 
tous  ses  efforts  pour  se  mettre  à-  la  hauteur  de  la  tÂche  qui  lui  est 
donnée,  et  pour  obtenir  du  gouvernement,  du  département 
et  de  la  commune  des  secours  plus  en  harmonie  avec  la  popu- 
lation et  les  besoins  d'une  grande  ville  industrielle. 

M.  le  président ,  après  avoir  exprimé  à  M.  Dubouché  tout 
Tespoir  que  la  Société  fonde  sur  son  zèle  éclairé,  déclare  la 
séance  levée. 

Le  secrétaire  général, 
É.  RUBEN. 


60  PROCès-VEHUBALX  DES   SEANCES. 


SEANCE  DU  29  AOUT  4865, 


PréAldeoce  de  M.  BOWMIIV ,  Prê«ldeiit. 


Sont  présents  :  MM.  Bardinet ,  Alfred  .Chapoulaud ,  Debcurd , 
Dubouché ,  Brisset ,  Hervy ,  Tabbé  Lecler ,  l'abbé  Tandeau  de 
Marsac,  Garrigou-Lagrange ,  Maquart,  Lemas,  Nivetr-Fontau- 
bert,  É.  Ruben. 

Le  procès-verbal  de  la  dernière  séance  est  lu  et  adopté. 

Il  est  donné  lecture  d'une  lettre  par  laquelle  Son  Excellence 
le  Ministre  de  l'instruction  publique  annonce  à  M.  le  président 
qu'il  vient  d'accorder  à  la  Société  une  allocation  de  350  fir.  La 
Société  charge  le  secrétaire  général  de  faire  parvenir  à  Son 
Excellence  l'expression  de  sa  gratitude. 

M.  B.  Ruben ,  au  nom  de  la  commission  chargée  d'examiner 
la  question  d'opportunité  de  l'impression  des  Registres  con- 
sulaires ,  lit  son  rapport ,  duquel  il  résulte  que  la  commission 
propose  l'impression  immédiate  des  registres,  avec  une  pagi- 
nation spéciale ,  de  telle  sorte  qu'il  puisse  y  avoir  tous  les  deux 
ans  un  volume,  pour  le  Bulletin  tel  qu'il  est  composé  actuellement 
et  un  volume  pour  les  Registres  consulaires  (i).  —  L'assemblée 
adopte  à  l'unanimité  les  conclusions  de  la  commission ,  sous  les 
conditions  énumérées  au  rapport. 

M.  l'abbé  Lecler ,  curé  de  Saint-Symphorien  ^  lit  un  mémoire 
sur  les  monuments  druidiques  de  la  Marche  et  dn  Limousin. 
-^  Remercîments,  et  renvoi  au  Comité  de  publication. 

M«  Ruben  demande  à  M.  l'abbé  Lecler  où  en  est  la  question 
de  la  continuation  du  Nobiliaire  »  de  Nadaud ,  dont  l'honorable 
membre  avait  été  chargé.  —  M.  l'abbé  Lecler  répond  qu'il  est 
toujours  en  instance  auprès  de  M.  le  supérieur  du  grand- 
séminaire  de  Limogés  pour  obtenir  que  les  manuscrits  de 
Nadaud  lui  soient  confiés. 

(1)  Voir  ce  rapport  à  la  suite  des  procès-yerbaux . 


PROCÈS-VERËAUX    DES   SEANCES.  61 

On  proc5ède  à  rélection  d'un  sous-directeur  du  musée  en 
remplacement  de  M.  Astaix ,  non  acceptant.  Le  dépouillement 
du  scrutin  donne  les  résultats  suivants  : 

Membres  présents  et  votants  :  1 4. 

M.  Ruben 11  voix. 

Voix  perdue 1 

En  conséquence,  M.  Êuben  est  proclamé  sous-direoteup  du 
musée. 

M.  Bonnin,  président,  lit  un  remarquable  travail  sur  la 
situation  des  esprits  avant  la  guerre  des  Albigeois.  —  Cette 
lecture  est  écoutée  avec  le  plus  vif  intérêt. 

A  40  heures ,  la  séance  est  levée. 

Le  secrétaire  général, 
É.  RUBEN. 


SEANCE  DU  31  OCTOBRE  1865. 


Sont  présenta  :  MM.  Dubouché ,  Hervy ,  Maquart,  Nivet- 
Fontaubert ,  Lemas ,  Guillemot. 

En  Tabsence  de  M.  Bonnin  ,  président ,  et  de  M.  Ruben , 
secrétaire  général,  M.  Guillemot,  secrètaire-ai;chivîste ,.  lit 
le  procè&*verbal  de. la  dernière  séance. 

Lç  procès-verbal  est.  lu  et  adopté. 

MM.  Bonnin  et  Nivet-Fontaubert  présentent ,  le  premier  par 
lettre ,  le  second  en  personne ,  M.  Linard  comme  membre 
résidant. 

Sur  la  proposition  de  MM.  Dubouché  et  Nivet-Fontaubert, 
rassemblée  décide  à  Tunanimité  qu'on  enverra  à  M**  de  Marpon 
une  lettre  de  condoléance.,  et  charge  son  secrétaire  général 
d'en  rédiger  les  termes. 

M.  Dubouché,  interpellé  sur  les  dépenses  du  musée,  répond 
qu'il  n'a  pu  encore  réunir  les  comptes  des  fournisseurs  ;  que ,  à  la 


62  PROCÈS-VERBAUX    DES   SÉANCES. 

séance  de  fin  d'année ,  il  s'empressera  de  donner  à  la  Société 
les  renseignements  les  plus  complets  sur  ce  sujet;  que,  du 
reste,  il  est  en  instance  près  du  Conseil  municipal  pour 
avoir  une  forte  subvention  ;  qu'il  a  lieu  de  croire  au  succès 
de  sa  demande ,  et  qu'enfin  il  prie  ses  collègues  de  se  joindre 
à  lui  pour  appuyer  ses  démarches. 

M.  Nivet-Fontaubert  propose  qu'on  nomme  une  commission 
chargée  de  se  présenter  devant  Mgr  l'Évêque  de  Limoges  pour 
obtenir  de  lui  les  pierres  tombales  qui  se  trouvent  déposées 
actuellement  dans  la  cour  de  la  cathédrale. 

L'assemblée ,  consultée ,  approuve  la  proposition  de  M.  Nivet- 
Fontaubert  ,  et  nomme  pour  former  cette  commission  MM.  La- 
rombière ,  Maquart,  Hervy  et  Nivet-Fontaubert. 

Un  membre  signale  la  disparition  regrettable  d'une  partie 
d'un  précieux  vitrail  représentant  saint  Michel  terrassant  le 
démon ,  et  placé  à  la  cathédrale  dans  la  chapelle  contiguë  au 
baptistère. 

Il  témoigne  le  désir  que ,  dans  la  restauration  des  vitraux  de 
la  cathédrale ,  un  grand  nombre  de  morceaux  soient  conservés 
ou  transportés  au  musée  de  Limoges. 

MM.  Dubouché  et  Nivet-Fontaubert  demandent  à  l'assemblée 
si  elle  sait  ce  que  sont  devenues  les  remarquables  tapisseries  qui 
ornaient  le  chœur  de  la  cathédrale.  Sur  la  réponse  négative  de 
l'assemblée ,  la  commission  ci-dessus  désignée  est  chargée  de 
s'occuper  de  cette  question. 

M.  Guillemot  donne  ensuite  lecture  d'une  lettre  de  M.  le  prési- 
dent qui  avertit  la  Société  que,  par  suite  de  la  mort  de  M.  de 
Marpon  et  de  la  démission  de  M.  Maurice  Ardant,  la  Société 
aura  dans  la  prochaine  séance  deux  vice-présidents  à  élire. 

A  9  heures  1  /2 ,  la  séance  est  levée. 

,    Le  secrétaire-archiviste, 
GUILLEMOT. 


PROCÈS-VERBAUX    DES  SEANCES.  63 


SÉANCE  DU  28  NOVEMBRE  1865. 


IPréAidence  de  M.  BONNUV,  Préiildent. 

Sont  présents  :  MM.  Arbellot ,  Brisset ,  Alfred  Chapoulaud , 
Debord ,  Hèrvy ,  Garrigou-Lagrange  ,  Tabbé  Lecler,  Maquart, 
Tabbé  Tandeau    de  Marsac  ,  É.  Ruben  ,  Guillemot. 

MM.  Lemas  et  Bardinet  arrivent  après  le  vote. 

Le  procès-verbal  de  la  dernière  séance  est  lu  et  adopté. 

MM.  A.  Chapoulaud  et  É.  Ruben  présentent  comme  dési- 
rant faire  partie  de  la  Société  en  qualité  de  membre  titulaire 
M.  Charles  Le  Sage,  ingénieur  civil,  adjoint  au  maire  de  Limoges. 

MM.  Arbellot  et  Tandeau  de  Marsac  présentent  comme  désirant 
faire  partie  de  la  Société  en  qualité  de  membre  correspondant 
M.  le  marquis  de  Coustin  du  Masnadaud. 

MM.  Tandeau  de  Marsac  et  É.  Ruben  présentent  comme 
désirant  faire  partie  de  la  Société  en  qualité  de  membre  corres- 
pondQ.nt  M.  Gabriel  Tandeau  de  Marsac ,  notaire  à  Paris. 

M^  "d^sMarpon  écrit  pour  remercier  la  Société  de  la  marque 
de  sympathie  qu'elle  lui  a  donnée  à  l'occasion  de  la  mort  de 
M.  de  Marpon ,  vice-président  de  la  Société. 

M.  Tabbé  Arbellot  exprime  le  vœu  qu'une  commission 
recherche  et  puisse  recueillir  au  musée  la  pierre  romaine 
connue  sous  le  nom  de  cippe  d'Origanion ,  ainsi  nommée  à  cause 
de  l'inscription  qu'elle  porte  : 

lAE  SV 
ORIGANIONIS.    . 

«  Cette  inscription ,  dit-il ,  était  restée  îninterprétée  jusqu'à 
nos  jours.  En  1838,  M.  Adrien  de  Longpérier,  membre  de 
rinstitut ,  qui  accompagnait  le  prince  Napoléon  à  l'exposition  de 
Limoges ,  me  proposa  l'interprétation  suivante  : 

[D.  M.  ET.] 
[MEMOR]IAE  SU  [LPITII] 
ORIGANIONIS. 

»  (Aux  dieux  mânes  et  à  la  mémoire  de  Sulpice  Origanîon).  » 


64  PROCRWERBAL'X   DES  SEANCES. 

M.  l'abbé  Arbellot  voudrait  aussi  que  Ton  s'occupât  de  re- 
chercher une  autre  pierre  trouvée  dans  des  fouilles,  près  de 
remplacement  de  la  porte  Saint-Jean ,  au  nord  de  la  cathédrale. 
Cette  pierre  portait  une  inscription   mutilée,  où  on  lisait  ces 

mots  :  RITI  CI VI...,  probablement  Augustorili  civiias,  nom 

que  la  ville  de  Limoges  portait  sous  Auguste.  Elle  fut  déposée 
dans  la  maison  provisoire  de  Tarchitecte  de  la  cathédrale  avec 
deux  autres  inscriptions  romaines  trouvées  sous  les  combles. 

M.  le  président  propose  que ,  pour  arriver  à  un  but  pratique 
spécial ,  on  éteùde  tout  simplement  les  pouvoirs  de  la  commission 
nommée  à  la  séance  précédente ,  et  chargée  de  se  rendre  auprès 
de  Mgr  TÉvêque  de  Limoges  pour  tacher  d'obtenir  de  Sa 
Grandeur  les  pierres  tombales  qui  se  trouvent  actuellement 
dans  la  cour  de  la  cathédrale.  Cette  commission  est  composée  de 
MM.  Larombière ,  Maquart ,  Hervy  et  Nivet-Fontaubert. 

La  proposition  de  M.  le  président  est  adoptée. 

M.  Linard,  présenté  à  la  dernière  séance,  est  proclamé 
membre  titulaire  de  la  Société. 

On  procède  à  Télection  de  deux  vice-présidents  en  remplace- 
ment de  M.  de  Marpon,  décédé,  et  de  M.  Ardant,  démis- 
sionnaire. 

Le  dépouillement  du  scrutin  donne  les  résultats  suivants  : 

Nombre  de  votants ,  12. 

M.  Larombière 42  voix. 

M.  Tabbé  Arbellot H  voix. 

En  conséquence ,  MM.  Larombière  et  Arbellot  sont  proclamés 
vice-présidents  de  la  Société. . 

M.  Tabbé  Arbellot  remercie  la  Société  de  Thonneur  qu'elle 
vient  de  lui  faire. 

M.  Alfred  Chapoulaud  lit  une  notice  sur  la  publication-  des 
Registres  consulaires.  Cette  publication,  qui  se  poursuit  a.ctive-- 
ment,  sera  desphis  intéressantes. 

M.  Maquart  offre  à  la  Société  une  vue  des  ruines  'dû  couvent 
des  Jacobins  de  Limoges,  dessinée  par  M.  Albert.  L'honorable 
membre  exprime  le  vœu  que  Ton  forme  un  album  de  toutes  les 
reproductions  gravées  ou  photographiées  des  édifices  de  notre 
ville.  Cette  proposition  est  acceptée. 

M.   Tabbé  Arbellot  lit  le  commencement  d'une   intéressante 


PROCÈS-VERBAUX    DES  SEANCES.  65 

notice  sur  Adhémar.  —  Bemercîments ,  et  renvoi  au  Comité  de 
publication. 
A  10  heures ,  la  séance  est  levée. 

Le  secrétaire  général, 
t.  RUBEN, 


^<S^VrfVAi»WWS/VWWV>/»*WWX.^»»WVN»« 


SÉAKCE  DU  26  DÉCEMBRE  1865. 


Ppéftldence  de  M.  É.  MJBEN»  «ecrétalre  général* 

Sont  présents  :  MM.  A.  Dubouché,  Charreire,  A.  Chapoulaud, 
Lemas,  Linard,  Nivet-Fontaubert ,  Hervy.  Maquart,  É.  Ruben, 
A.  Guillemot. 

En  Tabsence  de  M.  le  président  Bonnin  et  de  M.  Tabbé 
Arbellot,  vice-présidents ,  empêchés ,  le  premier  par  une  indis- 
position ,  le  second  par  les  devoirs  de  sa  cure  ;  en  Tabsence 
également  de  M.  le  vice-président  Larômbière ,  M.  le  secrétaire 
général  prend  place  au  fauteuil. 

M.  Lemas  est  prié  de  vouloir  bien  tenir  la  plume  en  Tabsence 
de  M.  A.  Guillemot ,  non  encore  arrivé. 

Le  procès-verbal  de  la  dernière  séance  est  lu  et  adopté. 

Sont  proclamés  : 

Membre  titulaire  :  M.  Le  Sage,  ingénieur  civil,  adjoint  au 
maire  de  Limoges  ; 

Membres  correspondants  :  M.  Tandeau  de  Marsac,  notaire  à 
Paris ,  et  M.  le  marquis  de  Coustin  du  Masnadaud. 

On  procède  à  l'élection  d'un  quatrième  sous-directeur  du 
musée. 

Le  dépouillement  du  scrutin  donne  les  résultats  suivants  : 

Kombre  de  votants  :  1 1 . 

Voix  obtenues  par  M.  Linard  :  10. 

En  conséquence  ,  M.   Linard   est  proclamé  sous-directeur  du 

musée. 

».♦ 


66  PROCÈS-VERBAUX  DES  SÉANCES. 

M.  Dubouché  lit  le  rapport  de  la  direction  du  musée  sur  les 
travaux  effectués  et  les  dépenses  faites  pour  la  réorganisation 
de  ce  dépôt  (1).  Ce  rapport  conclut  à  ce  que  la  Société  approuve 
les  travaux  et  les  dépenses,  et  vote  un  crédit  de  3,232  fr.  02  c.  pour 
couvrir  ces  dernières. 

La  Société  adopte  à  Tunanimité  les  conclusions  du  rapport ,  et 
vote  des  remercîments  à  la  direction. 

M.  le  directeur  du  musée  propose  ensuite  à  la  Société  de  voter 
un  crédit  supplémentaire  de  100  fr. ,  alloués  au  sieur  Dulac, 
garde-musée,  pour  travaux  exceptionnels  et  multipliés  faits 
pendant  les  réparations  et  la  réorganisation.  La  Société  vote  le 
crédit  demandé.  M,  le  directeur  annonce  de  plus  que ,  lors  de  la 
présentation  du  budget  de  4866 ,  la  direction  se  propose  de  de- 
mander que  les  appointements  du  garde-musée  soient  élevés  à 
300  fr. ,  et  que  la  Société  approuve  le  marché  passé  entre  la 
direction  et  le  sieur  Dulac  relativement  au  cirage  et  au  frottage 
des  appartements.  La  somme  annuelle  convenue,  sauf  l'approba- 
tion de  la  Société,  a  été  fixée  à  180  fr. 

M.  le  directeur  du  musée ,  alléguant  l'importance  du  travail 
qu'exigera  la  rédaction  d'un  livret,  propose  d'adjoindre  deux 
nouveaux  membres  à  la  direction  actuelle  du  musée. 

Après  quelques  explications ,  la  proposition  est  adoptée,  et  l'on 
procède  à  l'élection  des  deux  nouveaux  membres. 

Sont  élus  MM.  Guillemot  et  Lemas  par  9  voix  sur  1 0  votants. 

M.  Linard  se  plaint  de  l'obscurité  du  salon  d'histoire  na- 
turelle ,  et  demande  à  être  autorisé  à  faire  enlever  les  volets 
qui  masquent  les  fenêtres  donnant  sur  la  rue  des  Prisons.  —  On 
fait  droit  à  la  demande  de  M.  Linard ,  qui  est  chargé  de  faire 
tout  ce  qui  sera  convenable  à  cet  égard. 

A  9  heures ,  la  séance  est  levée. 

Pour  le  secrétaire  général, 
GUILLEMOT. 


(1)  Voir  ce  rapport  à  la  suite  des  procëa-verbaux. 


ANNEXE 


AUX 


PROGÈS-YERBAUX  DES  SÉANCES. 


RAPPORT 


SUR  L'ORG^ISATION  DU  MUSÉE, 


LU   PAR  M.   LAROMBIERE 


DANS  LA  SÉANCE  DU  26  MAI   1865. 


Messieurs  , 

A  Tune  de  vos  dernières  séances ,  et  sur  la  proposition  de  Tun 
des  membres  de  la  Société ,  vous  avez  nommé  une  Commission 
chargée  d'examiner  s'il  ne  conviendrait  pas  d'apporter  quelques 
modifications  aux  dispositions  qui  régissent  la  direction  et 
la  conservation  de  notre  musée.  Je  viens  aujourd'hui ,  comme 
rapporteur,  vous  rendre  compte  de  son  travail. 

Il  importe  avant  tout  de  rappeler  les  termes  du  règlement  que 
vous  avez  voté  le  28  janvier  1859 ,  puisqu'il  s'agit  de  le  réformer, 
partiellement.  Son  art.  20  est  ainsi  conçu  :  «  Le  directeur,  du 
musée  est   chargé  de  recueillir  tous  les   objets  donnés  à  la 


.  68  RAPPORTS. 

Société  ou  acquis  par  elle  pour  faire  partie  du  musée ,  d'en  tenir 
le  livre  d^entrée ,  et  d'en  faire  la  distribution  aux  conservateurs 
de  section.  —  Il  lui  est  adjoint  autant  de  conservateurs  de  sec- 
tion que  la  composition  du  musée  peut  le  rendre  nécessaire. 
—  Chacun  d'eux  tient  le  catalogue  particulier  de  sa  section ,  et 
exécute ,  d'accord  avec  le  directeur ,  les  marchés ,  travaux  et 
achats'  relatifs  à  sa  section ,  dans  la  limite  des  crédits  ouverts 
à  cet  effet  au  budget.  —  A  la  fin  de  chaque  année  ,  le  directeur 
fait  un  rapport  à  la  Société  sur  l'état  du  musée  et  les  besoins 
généraux  de  cet  établissement.  » 

Au  premier  abord ,  cette  disposition  paraît  présenter  toutes  les 
garanties  désirables  d'une  bonne  administration  :  un  direc- 
teur du  musée  préposé  à  Tacquisition ,  au  classement,  à  la 
garde  des  choses  de  toute  nature  et  également  intéressantes  qui 
composent  notre  collection  ;  à  côté  et  au-dessous  de  lui ,  des 
conservateurs  de  section ,  chargés ,  chacun  suivant  son  aptitude 
spéciale,  de  développer,  d'entretenir ,  de  coordonner  une  portion 
déterminée  de  nos  richesses  scientifiques.  Cette  double  institu- 
tion, avec  des  attributions  ainsi  définies,  semble  en  effet 
répondre  à  l'idée  d'une  excellente /Organisation,  en  combinant, 
sous  le  contrôle  incessant  de  la  Société ,  l'initiative  et  la  respon- 
sabilité individuelles ,  sans  lesquelles  on  ne  fait  rien  ou  l'on  fait 
mal ,  avec  le  sentiment  d'amour-propre  et  d'émulation  qui 
anime  et  féconde  le  travail  divisé. 

Cependant  un  examen  un  peu  réfléchi  ne  tarde  pas  à  y 
révéler  quelques  vices  .graves ,  sur  lesquels  nous  devojis  appeler 
votre  attention ,  et  il  a  fallu  que  votre  commission  ait  été 
singulièrement  frappée  de  leur  gravité  pour  proposer  la 
modification  de  statuts  qui  ne  remontent  qu'à  l'année  4859. 

Dans  le  principe ,  et  lors  de  l'établissement  de  notre  Société , 
en  1845,  il  devait  être  nommé  un  conservateur  du  musée  : 
c'était  le  seul  fonctionnaire  auquel  fût  confiée  la  conservation 
de  nos  collections  ;  mais  on  comprit  tout  de  suite  que,  à  raison  de 
leur  variété  et  du  nombre  toujours  croissant  des  objets  qui  les 
composent ,  une  pareille  tâche  était  au-dessus  des  force»  d'un 
seul  homme ,  qui  ne  pouvait  d'ailleurs  réunir  toutes  les  connais- 
sances et  toutes  les  aptitudes  :  aussi  divisa-t-on  le  musée  en 
sept  sections  différentes ,  et  il  y  eut  sept  conservateurs  au  lieu 
d'un  seul. 

Pour  les  points  de  détail ,  d'ordre  et  de  classement ,  c'était  un 
progrès  réel  ;  mais,  au  point  de  vue  plus  élevé  de  l'administra- 


RAPPORTS.  69 

tion  générale  de  notre  établissement ,  la  mesure  était  insuffi- 
sante. On  s'aperçut  en  effet  bientôt  que,  en  constituant  ces  nom- 
breuses conservations,  on  les  avait  complètement  séparées 
les  unes  des  autres  ;  qu'elles  ne  se  rattachaient  entre  elles  par 
aucun  lien  commun,  et  que,  manquant  d'un  chef,  la  direction 
du  musée  manquait  de  force  et  d'unité. 

On  songea  donc,  en  1859,  à  remédiera  ce  double  inconvé- 
nient ,  et  le  règlement  fut  modifié  uans  le  sens  que  Texpérience 
indiquait.  On  maintint  les  sept  conservations ,  et  on  nomma  un 
directeur  du  musée ,  dont  les  attributions  et  les  rapports  avec 
les  autres  fonctionnaires  furent  déterminés  par  l'art.  20.  Nous 
eussions  été  trop  heureux  si  d'emblée  nous  étions  arrivés  à  la 
perfection  ;  mais  la  pratique ,  qui  est  la  grande  épreuve ,  a 
démontré  que  les  pouvoirs  du  directeur  et  des  conservateurs 
n'avaient  pas  été  alors  suffisamment  pondérés  dans  ces  justes 
conditions  d'équilibre  qui  sont  essentielles  dans  les  petites 
comme  dans  les  grandes  sociétés.  Tse  soyons  point  surpris  du 
reste  que,  dans  la  préoccupation  dominante  du  mal  dont  on 
souffre ,  on  exagère  parfois  un  peu  le  remède. 

La  Société  elle-même ,  nous  devons  le  supposer ,  était  encore , 
comme  au  temps  de  ses  débuts,  surtout  animée  du  désir 
d'agrandir  et  de  multiplier  ses  possessions.  C'est  cette  pensée 
sans  doute  qui  fit  attribuer  au  fonctionnaire  directeur  du  musée , 
substitué  à  l'ancien  conservateur  unique,  une  situation  à 
peu  près  indépendante ,  et ,  dans  tous  les  cas  ,  prépotente  par  le 
titre  et  l'autorité.  Mais  d'une  direction  ainsi  constituée,  dans  les 
conditions  à  coup  sûr  les  meilleures  pour  acquérir  et  acquérir 
beaucoup ,  on  peut  dire  aujourd'hui  qu'elle  a  fait  son  temps , 
et  qu'elle  dépasse  le  simple  intérêt  de  conservation  auquel  doit 
principalement  se  restreindre  l'administration  actuelle  du 
musée.  Nous  pe  serons  nous-même  que  juste  à  son  égard 
en  ajoutant  que  c'est  elle-même  qui,  par  son  zèle  et  son 
activité ,  a  supprimé  sa  raison  d'être  à  force  de  nous  enrichir. 
Bn  effet.  Messieurs,  par  suite  du  développement  et  de 
Topulence  du  musée,  la  Société  semble  entrer  dans  une  pé- 
riode nouvelle ,  et  le  moment  est  venu  surtout  de  distribuer , 
de  classer ,  d'épurer  même  s'il  y  a  lieu ,  les  collections  accu- 
mulées, et  de  préparer  des  cadres  aux  acquisitions  futures 
avec  le  discernement  méthodique  et  sévère  de  la  science, 
qui  en  est  aussi  l'élégance  et  le  bon  goût.  Ce  travail  difficile  et 
délicat  revient  de  droit  aux  conservations  :  il  importe  donc  de 


70  RAPPORTS. 

les  réorganiser  sur  des  bases  nouvelles ,  qui  leur  assurent  les 
moyens  de  le  bien  accomplir.  Elles  sont  Tâme  et  la  vie  de  notre 
musée  ;  du  moins  elles  devraient  Têtre ,  et  cependant  elles  sont 
réduites ,  par  la  constitution  actuelle ,  à  une  condition  subor- 
donnée et  presque  passive.  Dépourvues  de  toute  action  com- 
binée ,  elles  ne  se  rapprochent  que  par  le  lien  intermédiaire 
de  la  direction,  qui  les  absorbe  sans  les  réunir.  Cette  absence 
de  collaboration  et  de  concert  est  une  cause  nécessaire  de  con- 
fusion et  de  désordre  dans  l'ensemble  comme  dans  le  détail  de 
nos  collections.  Le  sentiment  même  de  leur  isolement  et  de  leur 
faiblesse  est  bien  fait,  dans  Tétat  présent  des  choses,  pour 
paralyser  l'œuvre  des  conservations ,  qui ,  par  leur  trop  grand 
nombre  même ,  sont  aussi  indécises  sur  leur  pouvoir  q^e  sur 
leurs  limites;  et ,  si  jusqu'à  présent  il  n'y  a  eu  de  leur  part  ni 
inaction,  ni  apathie  ou  indifférence,  ni  conflits  d'attributions, 
ce  qui  serait  un  moindre  mal ,  on  «peut  dire  qu*on  ne  le  doit  pas 
aux  dispositions  qui  les  régissent. 

Tels  sont  les  vices  essentiels  qui  oift  frappé  la  Commission 
dans  l'examen  de  notre  règlement ,  et  elle  est  unanime  pour 
vous  en  proposer  la  réforme ,  voici  dans  quel  sens  ;  mais  il  sera 
plus  court  de  lire  tout  de  suite  le  projet  d'article  destiné  à 
remplacer  l'art.  20  : 

—  «  Le  musée  comprend  deux  divisions. 

»  La  première  division  contient  trois  sections  : 

1  »  Peinture  et  sculpture  ; 

2°  Émaux ,  médailles  et  sceaux  ; 

3*  Histoire  naturelle. 
»  La  deuxième  division  contient  deux  s^tions  : 

4  «  Céramique  ; 

2*  Objets  d'art  et  d'industrie. 

»  Il  est  nommé ,  en  nombre  égal  à  celui  des  sections ,  un 
directeur  et  des  sous-directeurs  du  musée. 

»  Le  directeur  du  musée  est  chargé  de  recueillir  tous  les 
objets  donnés  à  la  Société  ou  acquis  par  elle  pour  faire  partie  du 
musée ,  d'en  tenir  le  livre  d'entrée ,  et  d'en  faire  la  distribution 
entre  les  sections. 
»  Le  directeur  et  les  sous-directeurs  se  partagent  entre  eux  la 
conservation  des  sections. 

»  Chacun  d'eux  tient  le  catalogue  particulier  de  sa  section. 

»  Les  marchés,  travaux  et  achats  relatifs  aux  diverses  sections, 


RAPPORTS.  71 

ainsi  que  toutes  autres  mesures  intéressant  le  musée ,  ne  sont 
exécutés,  dans  la  limite  des  crédits  spécialement  ouverts,  que 
sur  délibération  prise  entre  le  directeur  et  deux  au  moin^^s 
sous-directeurs. 

»  En  cas  de  partage ,  la  voix  du  directeur  est  prépondérante. 

»  Chaque  année ,  à  la  séance  de  décembre ,  le  directeur  fait 
un  rapport  h  la  Société  sur  Tétat  du  musée  et  les  besoins  géné- 
raux de  rétablissement.   » 

Peu  de  mots  suffiront  pour  expliquer  le  sens  et  la  portée  des 
dispositions  nouvelles. 

La  Commission  a  d'abord  pensé  que  les  sections  actuelles  du 
musée  étaient  trop  nombreuses ,  que  leur  nombre  même  était 
un  principe  de  confusion.  C'est  pour  cela  qu'elle  propose  de 
réunir  sous  le  titre  de  Peinture  et  sculpture  les  trois  sections  des 
tableaux ,  des  pierres  sculptées  et  des  gravures  sur  bois  ;  —  sous 
le  titre  d'Histoire  naturelle,  les  deux  sections  de  minéralogie,  de 
zoologie,  etc..  ;  —  de  comprendre  enfin  les  émaux  nominative- 
ment avec  les  sceaux  et  les  médailles.  —  A  la  section  des  Armes 
et  Objets  d'art  elle  a  substitué  celle  des  Objets  d'art  et  d'industrie, 
dont  les  termes  ont  une  compréhension  plus  étendue. 

Mais  sa  proposition  la  plus  importante  se  réfère  à  la  section  de 
Céramique ,  qui  a  déjà ,  en  fait ,  un  commencement  d'existence , 
et  h  laquelle  il  ne  manque  que  la  consécration  d'un  classement 
définitif  pour  acquérir  bientôt  le  développement  qu'elle  mérite 
pour  elle-même  et  pour  l'honneur  de  l'industrie  locale. 

Il  y  aura  ainsi  un  directeur  et  quatre  sous-directeurs,  au 
total  cinq  fonctionnaires ,  nombre  correspondant  à  celui  des 
sections  du  musée;  et,  comme  ils  sont  appelés  désormais  à 
délibérer  en  commun ,  nous  ajoutons  que  ce  nombre  de  cinq 
nous  a  paru  tout  à  la  fois  assez  élevé  et  assez  restreint  pour 
l'autorité  comme  pour  la  facilité  de  leurs  délibérations. 

Le  directeur  sera,  comme  auparavant,  par  la  nature  de 
ses  attributions  et  la  supériorité  de  son  titre ,  le  représentant 
immédiat  de  la  Société  en  ce  qui  concerne  le  musée.  Il  aura 
l'initiative ,  l'action  et  une  responsabilité  personnelle  propor- 
tionnée à  l'étendue  de  ses  pouvoirs.  Le  rapport  qu'il  est  obligé  de 
faire  chaque  année  soumet  enfin  son  administration  à  notre 
contrôle.  Ce  sont  autant  de  garanties  élémentaires  d'une  bonne 
gestion ,  trop  précieuses  pour  ne  pas  être  maîntepues. 

À  la  différence  de  ce  qui  se  passe  sous  le  rég'ime  actuel ,  il  aura 


72  RAPPORTS. 

à  se  charger  lui-même  de  la  conservation  d'une  section  du 
musée,  concurremment  avec  les  sous-directeurs,  qui  seront 
aussi  conservateurs  chacun  d'une  section  particulière.  La  com- 
mission a  pensé  que  cette  collaboration  effective  du  directeur 
dans  Tœuvre  commune  Tidentifierait  davantage  avec  les  intérêts 
qui  lui  seront  confiés.  Il  aura  du  reste  à  s'entendre  avec  les 
sous-directeurs  pour  faire  entre  eux  et  lui  la  distribution  des 
différente-:  sections.  Si  nous  ne  laissons  pas  à  la  Société  le  soin  de 
nommer  individuellement  les  conservateurs  de  telle  et  telle 
sections ,  c'est  que  nous  avons  considéré,  outre  la  compétition  de 
plusieurs  scrutins ,  le  danger  possible  d'une  nomination  faite  en 
dehors  des  vocations  et  des  connaissances  spéciales.  Nos  cinq 
fonctionnaires  en  seront  entre  eux  les  meilleurs  juges. 

La  modification  la  plus  importante  consiste  dans  les  rapports 
que  le  nouvel  article  20  établit  entre  le  directeur  et  les  sous- 
directeurs.  Tandis  que  le  règlement,  tel  qu'il  existe,  détache 
les  conservateurs  du  directeur,  et  les  confine  dans  leurs 
sections  respectives  en  ne  leur  laissant  qu'une  part  d'action 
insufllsante  ou  même  nulle  dans  l'administration  générale  du 
musée,  l'article  que  nous  avons  l'honneur  de  vous  proposer  les 
réunit,  en  quelque  sorte,  en  ministère^  en  corps  de  gou- 
vernement, et  assure  à  tous  une  participation  réelle  aux 
mesures  et  aux  actes  qui  peuvent  être  accomplis. 

Leur  gestion  devient  ainsi  collective ,  cointéressée ,  au  lieu 
d'être  isolée  et  parfois  peut-être  indifférente.  Appelés  à  dé- 
libérer ensemble  sur  les  marchés,  les  travaux,  les  achats, 
en  un  mot  sur  tout  ce  qui  peut  concerner  notre  établisse- 
ment, sans  distinction  de  sections,  ils  prendront  naturellement 
à  l'ensemble  de  l'administration  un  intérêt  solidaire  et  d'autant 
plus  vif  qu'ils  y  seront  plus  intimement  associés. 

Il  ne  fallait  pas  compliquer  les  rouages  :  aussi ,  prévoyant  le 
cas  oîi  un  ou  deux  sous-directeurs  ne  pourraient  prendre  part  à  la 
délibération,  nous  avons  admis  le  directeur  à  délibérer  avec 
deux  au  moins  des  sous-directeurs ,  en  lui  accordant ,  en  cas  de 
partage,  voix  prépondérante;  privilège  dont  le  bon  accord 
entre  collègues  rendra  certainement  l'usage  inutile. 

Ce  mécanisme  est  beaucoup  trop  simple  pour  affecter  l'initia- 
tive et  l'action  du  directeur.  Dans  le  concours  même  des  sous- 
directeurs,  il  trouvera,  au  besoin,  un  point  d'appui  et  une 
force  de  résistance  que  l'on  n'a  pas  toujours  seul  dans  les  circons- 
tances délicates  oii  l'on  est  exposé  à  froisser  des  intérêts  ou  des 


RAPPORTS.  73 

susceptibilités.  Cette  garantie ,  fort  importante  dans  la  pratique , 
manque  dans  notre  règlement ,  qui  a  le  tort  de  trop  découvrir 
la  personne  du  directeur.  Nous  avons  donc  essayé  de  la  cons- 
tituer en  établissant  une  direction  oii  la  puissance  collective  se 
combine  avec  Inactivité  individuelle. 

Si  vous  admettez ,  Messieurs ,  le  nouvel  article  20 ,  il  de- 
viendra nécessaire  de  modifier  aussi  l'article  19  :  «  Les  pièces 
justificatives,  dit  cet  article,  doivent  être  signées....  par 
le  directeur  du  musée  et  par  le  conservateur  de  la  section  lorsqu'il 
s'agit  du  musée.  »  —  Comme  il  n'y  aura  plus ,  du  moins  sous 
cette  dénomination ,  de  conservateurs  de  section ,  et  qu'il  y  aura 
des  sous-directeurs,  il  convient  d'appropier  le  texte  de  l'article 
à  ce  changement. 

Mais  la  Commission  s'est  demandé  si  la  signature  seule  du 
directeur  du  musée  ne  suflirait  pas,  quand  l'article  19  se 
contente  de  la  signature  du  secrétaire  général  ou  du  secré- 
taire-archiviste. Elle  a  pensé  que  c'était  une  garantie  suffisante , 
alors  surtout  que  désormais  tout  sera  fait  en  conséquence  d*une 
délibération  prise  par  le  directeur  et  les  sous-directeurs.  Elle 
propose  donc  de  supprimer  purement  et  simplement  ces 
mots  :  «  Et  par  le  conservateur  de  la  section  ù. 

Aux  observations  que  nous  avons  eu  l'honneur  de  vous 
présenter  nous  ajouterons  cette  seule  réflexion  :  c'est  qu'il 
appartiendra  aul  honorables  directeurs  que  vous  aurez  nommés 
de  prouver,  comme  leurs  devanciers  l'ont  déjà  fait,  que  les 
règlements,  si  imparfaits  qu'ils  puissent  être  dans  leurs 
dispositions  écrites,  peuvent  devenir  meilleurs  dans  l'exé- 
cution ,  suivant  les  hommes  qui  sont  chargés  de  les  appliquer , 
et  cette  réflexion  contient  tout  à  la  fois  des  remercîments 
pour  le  passé,  des  espérances  pour  l'avenir. 


RAPPORT 


SUR  LB  PROJET  DB  PUBLICATION 


DES  REGISTRES  CONSULAIRES 


DE  LA  VILLE  DE  LIMOGES , 


LU  PAR  M.  t   RUBEN 


A  L.A  s  ÉANGE  D  U  20  AOUT  1865. 


Messieurs  , 

La  Commission  que  vous  avez  nommée  à  la  dernière  séance 
a  examiné  avec  attention  ce  qu  il  conviendrait  de  faire  pour 
la  publication  des  Registres  consulaires  déposés  à  la  bibliothèque 
publique. 

Ces  Registres ,  qui  forment  trois  gros  volumes  in-folio,  con- 
tiennent ,  année  par  année ,  Thistoire  politique ,  civile  et  reli- 
gieuse non-seulement  de  la  ville  de  Limoges ,  mais  encore  de  la 
province  du  Limousin ,  pendant  une  période  de  près  de  trois 
cents  ans ,  c'est-à-dire  pendant  les  xvi* ,  xvii*  et  xviir  siècles. 

Le  premier  volume  part  de  Tannée  4  504 ,  et  va  jusqu'à  Tannée 
1584  ;  il  contient  464  feuillets. 

Le  second,  qui  ne  contient  que  239  feuillets,  raconte  les 
événements  accomplis  de  1 592  à  1 662. 

Le  troisième,  de  411  feuillets,  comprend,  sauf  quelques 
lacunes,  notre  histoire  à  partir  de  Tannée  4662  jusqu'à 
Tannée  4794. 

Votre  Commission  a  tout  d'abord  reconnu  que ,  dans  l'intérêt 
des  études  historiques ,  il  est  utile  et  urgent  de  livrer  à  la 
publicité  des  manuscrits  qui ,  quoique  surveillés  avec  le  plus 


RAPPORTS.  75 

grand  soin ,  sont  soumis  à  toutes  les  vicissitudes  de  ce  monde. 
Elle  s'est  ensuite  posé  diverses  questions  que  je  vais  vous  faire 
connaître. 

Et  d'abord ,  plusieurs  des  pièces  contenues  dans  les  Registres 

consulaires  ayant  été  reproduites  soit  dans  le  Limousin  historique 

de   nôtre  regretté  collègue  M.  Achille  Ley marie,   soit  dans 

diverses  autres  recueils ,  doit-on  se  borner  à  ne  donner  que  les 

'  parties  complètement  inédites  ? 

Votre  Cpmmission  a  pensé  que ,  les  Registres  consulaires  n'étant 
qu'une  sorte  de  journal ,  on  s'exposerait ,  en  omettant  certains 
faits ,  à  briser  le  lien  des  événements  ;  elle  a  pensé  en  outre  que  les 
exemplaires  des  différents  recueils  oîi  ces  pièces  ont  été  pu- 
bliées,  et  peut-être  inexactement  reproduites,  sont  nécessairement 
en  petil;  nombre,  et  disparaissent  de  jour  en  jour;  que  par 
conséquent  il  serait  très-difflcile ,  quelquefois  même  impos- 
sible ,  de  se  procurer  les  pièces  omises  dans  la  publication  que 
vous  vous  proposez  de  faire ,  et  elle  conclut  à  ce  que  les 
manuscrits  soient  donnés  in  extenso. 

Après  avoir  décidé  la  reproduction  complète  des  Registres 
consulaires ,  votre  Commission  s'est  demandé  si  cette  reproduc- 
tion devait  être  scrupuleuse ,  sous  le  rapport  de  l'orthographe 
bien  entendu.  Après  discussion ,  on  a  reconnu  que,  dans  l'igno- 
rance oii  l'on  se  trouve  des  véritables  règles  orthographiques  de 
l'époque,  il  convenait  de  conserver  aux  Registres  leur  physio- 
nomie pittoresque ,  et  de  se  borner ,  pour  faciliter  la  lecture  du 
texte ,  à  rétablir  la  ponctuation ,  les  abréviations ,  et  à  accentuer 
les  voyelles  suivant  les  règles  actuelles.  Toutefois,  quant  à 
l'accentuation,  il  serait  peut-être  prudent  d'étudier  plus 
mûrement  la  question  (4). 

Enfin ,  pour  compléter  ce  qui  a  trait  à  la  i^édaction ,  il  a  été 
décidé  que,  tout  en  conservant  aux  Registres  consulaires  leur 
Intégrité  et  leur  physionomie ,  de  manière  à  donner  au  public 
une  sorte  de  fac-similé  de  ces  Reg  istres ,  il  serait  de  temps  en 
temps  indispensable  de  joindre  au  texte  quelques  notes  expli- 
catives ,  soit  historiques ,  soit  grammaticales.  Aussi  votre  Com- 
mission  vous  propose  de  donner  h  ce  sujet  plein  pouvoir  à  la 
Commission  :  soyez  sûrs  qu'elle  n'abusera  pas  de  cette  liberté. 

Arrivons  maintenant  au  mode  de   publication.  Votre  Com- 

(1)  Le  Comité  de  publication  a  décidé  depuis  qu'il   n*y  avait  pas  lieu 
de  rétablir  raccentuation. 


76  RAPPORTS. 

missîoa  s'est  appliquée  à  concilier  deux  intérêts  :  4»  le  droit 
des  abonnés  au  Bulletin  ;  4°  le  droit  de  ceux  des  membres  de 
la  Société  qui  pourront  produire  des  travaux  jugés  digues 
d'être  publiés. 

Il  ne  faut  pas  se  dissimuler  que ,  si  de  nouvelles  recrues  nous 
permettent  d'espérer,  dans  un  temps  peu  éloigné,  assez  de  bons 
travaux  pour  alimenter  notre  Bulletin ,  la  mort  nous  a  enlevé 
une  partie  de  nos  membres  les  plus  actifs  et  les  plus  distingués  ; 
de  sorte  que  nos  provisions  sont  actuellement  épuisées ,  et  que 
nous  vivons  au  jour  le  jour.  Cependant  il  faut  produire  tous 
les  ans  un^volume  :  nos  membres  titulaires  et  surtout  nos  mem- 
bres correspondants  y  ont  droit.  Voici  donc  la  combinaison  que 
votre  Commission  croit  devoir  vous  proposer. 

On  continuera  à  donner  chaque  année  le  nombre  de  feuilles 
d'impression  dont  se  compose  ordinairement  notre  Bulletin; 
mais  le  volume  sera  divisé  en  deux  parties  ayant  chacune  un 
titre  et  une  pagination  spéciale.  La  première  partie  sera  réservée 
aux  mémoires ,  documents  divers ,  nouvelles  scientifiques , 
procès-verbaux,  etc.,  absolument  comme  il  a  été  fait  jusqu'à 
ce  jour  ;  la  seconde  sera  tout  entière  consacrée  à  la  repro- 
duction des  Registres  consulaires.  Chacune  de  ces  parties  ne 
formera  nécessairement  pas  un  volume  tous  les  ans  ;  mais 
le  Comité  de  publication  s'arrangera  de  manière  à  pouvoir 
donner  tous  les  deux  ans  un  volume  pour  le  Bulletin  et  un 
volume  pour  les  Registres  consulaires. 

Ce  dernier  volume  aura,  comme  je  l'ai  dit,  son  frontispice 
et  sa  pagination  distincte.  Il  sera  publié  par  une  Commission 
spéciale ,  sous  la  direction  de  celui  que  vous  jugerez  le  plus 
digne.  Les  noms  des  collaborateurs  seront  inscrits  en  tête  de 
l'ouvrage.  Votre  Commisssion  a  jugé  qu'il  était  convenable  de 
ne  pas  faire  d'exclusion ,  et  d'appeler  h  elle  tous  les  membres 
de  la  Société  résolus  à  donner  un  concours  efficace  à  l'œuvre 
commune.  Il  fout  avant  tout  des  lecteurs  et  des  copistes  :  le 
travail  manuel  est  considérable,  et  nous  sommes  convaincus 
que  l'on  ne  ^  fera  inscrire  que  si  l'on  se  seùt  le  courage  de 
travailler. 

En  faisant  de  cette  publication  une  œuvre  collective,  votre 
Commission  a  pensé  que  c'était  le  seul  moyen  de  la  rendre 
active  et  durable.  Les  travaux  de  cette  nature ,  entrepris  par 
une  seule  personne,  sont  exposés  à  être  retardés  ou  arrêtés 
par  l'absence ,  la  maladie  ou  la  mort  de  Téditeur.  D'un  autre 


RAPPORTS,  77 

côté  I  les  Registres  consulaires,  déposés  à  la  Bibliothèque  publique, 
sont  toujours  à  la  disposition  de  tous;  de  sorte  que  le  travail 
sera  toujours  possible,  et  pourra  se  poursuivre  sans  interruption , 
quand  bien  même  des  événements  imprévus  viendraient  à  nous 
priver  de  quelqUes-uns  de  nos  collaborateurs. 

Votre  Commission  vous  propose  donc  de  décider  la  publica- 
tion des  Registres  consulaires  dans  la  forme  et  sous  les  conditions 
ci-dessus  énoncées. 


rw^rWV^WVWWX  ^rf"«»>«» 


RAPPORT 


SUR  LBS  TRAVAUX  EFFECTUÉS  ET  LES  DÉPENSES  FAITES 


POUR  LA  RÉORGANISATION  DU  MUSÉE, 


LU  PAR  X.  ADRIEN  DUBODCHÉ 


A  LA  SÉANCE  DU  26  DÉCEMBRE  1865. 


Messieurs  , 

Lorsque,  sur  la  proposition  de  M.  Ruben,  voua  décidâtes  qu'il 
y  avait  lieu  de  modifier  Torganisation  du  musée;  lorsque  le 
projet  de  règlement  proposé  à  ce  sujet  par  une  Commission 
spéciale  fut  adopté  y  et  que  nous  eûmes  Thonneur  d'être  nommé 
à  la  direction  de  ce  dépôt ,  nous  crûmes  comprendre  que  le 
désir  de  la  Société  était  de  nous  voir  agir  énergiquement ,  dé- 
truire les  abus  et  suivre  le  mouvement  intellectuel  qui  s'affir- 
mait autour  de  nous  d'une  éclatante  manière. 

Dans  cette  pensée,  nous  prîmes  notre  tâche  à  cœur.  Nous 
étions  entoura  de  difficultés  de  toutes  sortes  ;  mais  nous  nous 


78  RAPPORTS. 

sentions  forts  de  notre  bon  vouloir  d'abord  ,  ensuite  et  surtout 
de  votre  bienveillant  appui. 

Vous  sembliez  nous  dire  :  Allez  !  Nous  nous  sommes  mis  à 
rœuvre. 

La  première  difficulté  qui  se  dressait  devant  nous  était 
relative  au  local  du  musée.  Depuis  bien  des  années ,  Texistence 
même  de  ce  local  semblait  menacée ,  et  Ton  s'attendait  à  un 
prochain  déménagement;  ce  qui  paralysait  toute  velléité  de 
réforme  et  les  élans  de  la  générosité  publique  et  privée.  Nous 
recevions  peu  du  gouvernement ,  encore  moins  des  particuliers, 
sous  réternel  prétexte  d'un  manque  d'espace. 

D'un  autre  côté ,  les  hommes  de  goût  ne  nous  épargnaient 
pas  leurs  critiques  à  propos  de  l'entassement  pittoresque  des 
divers  objets  du  musée.  Bien  des  fois  on  avait  essayé  de  porter 
remède  à  cet  état  de  choses,  et  M.  Ruben  avait  souvent,  à 
propos  de  la  création  d'un  musée  céramique,  demandé  que,  au 
moyen  d'une  large  ouverture  cintrée,  on  agrandît  le  local  en  y 
joignant  la  salle  des  séances;  la  question  n'était  pas  encore 
résolue  lorsque  furent  nommés  les  nouveaux  directeurs  du 
musée. 

A  ce  moment,  l'existence  du  bâtiment  dans  lequel  il  se 
trouvait  semblait  ne  plus  tenir  qu'à  un  fil  :  dès  le  commen- 
cement de  Tannée  ,  le  Conseil  général  avait  approuvé  le  projet 
d'échange  conclu  entre  M.  le  maire  de  Limoges  et  M.  le  préfet 
de  la  Haute- Vienne ,  et  décidé  qu'il  serait  construit  un  nouvel 
hôtel  de  préfecture  sur  les  terrains  de  la  place  d'Orsay. 

En  conséquence  de  ce  projet,  le  bâtiment  dans  lequel  nous 
nous  trouvons  devait  être  rasé  afin  de  dégager  l'église  de  Saint- 
Michel. 

Cependant  des  difficultés  administratives  surgissaient  rela- 
tivement à  ce  projet  ;  le  courant  de  l'opinion  publique  semblait 
changer  sa  direction. 

Votre  Commission ,  l'histoire  h  la  main  -,  se  demanda  si  le 
provisoire  n'est  pas  très-souvent  ce  qui  dure  le  plus,  et  si  le 
statu  quo  ne  pouvait  pas  subsister  encore  quelques  années  ;  puis , 
après  avoir  attentivement  examiné  quelle  pourrait  être  la  dépense 
à  faire  pour  une  installation  convenable  du  musée  dans  le 
local  actuel  et  la  création  d'un  musée  céramique,  et  avoir 
trouvé  qu'en  aucun  cas  cette  dépense  ne  serait  bien  considérable, 
elle  se  dit  qu'il  était  urgent  de  donner  satisfaction  non  plus 
seulement  à  la  curiosité  des  visiteurs  du  dimanche ,  mais  au 


RAPPORTS.  79 

besoin  intellectuel  des  masses  ;  qu'il  fallait  faire  résolument  un 
premier  pas  dans  les  réformes;  que  les  résultats  artistiques 
seraient  bons ,  quels  que  fussent  les  résultats  financiers. 

Cela  posé ,  elle  trouva  que  le  projet  d'annexé ,  émis  si  souvent 
par  M.  Ruben,  n'était  pas  assez  radical ,  et  qu'il  fallait,  en  un 
mot,  aflTecter  au  nouveau  musée  tout  le  local  dont  nous  pourrions 
disposer.  Nous  avons  agi  d'après  ces  idées  :  vous  avez,  Messieurs, 
le  résultat  sous  les  yeux. 

Notre  pensée  dominante  a  été  la  création  de  ce  musée  céra- 
mique constamment  réclamée  depuis  dix-huit  ans  et  constam- 
ment ajournée.  Nous  avons  cru  que  ce  musée  devait  être  tout  à 
la  fois  une  partie  de  nos  archives  historiques  et  le  conservatoire 
de  notre  industrie  porcelainiëre  ;  mais  pour  cela  il  ne  fallait  pas 
le  confondre  avec  les  autres  objets  artistiques ,  scientifiques  et 
historiques  :  il  fallait  qu'il  eût  une  existence  à  part  :  une  salle 
spéciale  devait  donc  lui  être  destinée. 

C'est  c^que  nous  avons  fait  en  empiétant  un  peu  sur  le  grand 
salon.  Ce  musée  n'^st  certainement  pas  bien  vaste ,  mais  enfin 
il  nous  permet  d'atteildre  des  temps  meilleurs,  quoique  ce- 
pendant ,  grâce  à  l'empressement  des  fabricants  de  Limoges  et 
de  Paris,  les  vides  se  remplissent  avec  une  grande  rapidité. 
Nous  serions  ingrats ,  Messieurs ,  de  ne  pas  signaler  en  passant 
les  personnes  intelligentes  et  généreuses  qui  se  sont  empressées 
de  concourir  à  l'œuvre  commune. 

C'est  donc  avec  une  profonde  gratitude  que  nous  remercions 
de  leurs  splendides  envois  MM.  Ardant  et  C'* ,  Gibus  et  C'« , 
Jouhanneaud  et  Dubois  j  Faure,  Thomas  et  C'*.  Nous  exprimons 
aussi  notre  reconnaissance  à  MM.  Âlluaud  aîné,  Chabrol  et 
Toustain ,  Guerry  et  Delinières ,  Haviland ,  Julien ,  Latrille  et 
Jean  Pouyat  des  promesses  qu'ils  ont  bien  voulu  nous  faire. 

Mais,  de  même  que  l'industrie  porcelainiëre  ne  peut  se 
développer  sans  le  secours  d'écoles  fortement  constituées,  de 
même  elle  ne  peut  vivre  sans  l'attentive  étude  des  œuvres  de  la 
peinture.  C'est  pourquoi  nous  avons  réservé,  à  la  suite  du 
musée  céramique ,  le  grand  salon  libre  de  tout  obstacle.  Il  est 
uniquement  affecté  aux  tableaux ,  et  est  disposé  de  manière  à  ce 
que  toutes  les  toiles  puissent  être  commodément  examinées. 
Un  règlement  intérieur  permet  aux  artistes  de  venir  les  copier 
tous  les  jours,  sauf  le  dimanche,  réservé  au  public.  Cette 
mesure  a  déjà  produit  de  bons  résultats  et  quelques  artistes  sont 
déjà  au  travail ,  malgré  la  rigueur  de  la  saison.  * 


80  RAPPORTS. 

Nos  médaillers  ont  été  réunis  dans  la  salle  actuelle  de  nos 
séances;  Thistoire  naturelle  a  son  cabinet  attenant  à  la  même 
salle;  les  pierres  sculptées  et  les  inscriptions  sont  restées 
où  elles  étaient  précédemment;  enfin  nous  avons  cherché  à 
mettre  de  Tordre,  et  nous  sommes  heureux  de  voir  que  nos 
salons  peuvent  encore  recevoir  bien  des  richesses. 

Telles  sont,  Messieurs,  les  réparations  que  nous  avons  cru  devoir 
faire.  Arrivons  maintenant  à  la  partie  budgétaire  de  cç  rapport. 

Il  résulte  du  mémoire  fourni  par  M.  Bignaud ,  entrepreneur  , 
que  la  dépense  totale  faîte  pour  les  réparations  s'élève  à  la 
somme  de  3,231  fr.  02  c. 

Pour  pay^r  cette  dette ,  car  nous  ne  l'avons  pas  encore  payée , 
nous  avons  : 

4  *  Du  Conseil  général ,  pour  4  866  :  fr.  c. 

Allocation  annuelle 500    » 

Allocation  supplémentaîre'pour  le  musée  céramique       400    » 
2«  Du  Conseil  municipal ,  pour  4866  : 

Allocation  annuelle 400     » 

Allocation  supplémentaire  pour  le  musée  céramique    2,000    » 


Total 3,300    » 

D'oîi  un  excédant  de  recettes  de 69  fr.  98  c. 

Ce  n'est  pas  tout.  Comme  le  musée  n'a  pas  fait  d'achats  cette 
année  ni  même  l'année  précédente  ;  que  les  autres  dépenses  de  la 
Société  ont  été  restreintes ,  il  se  trouve  que  nous  avons  actuelle- 
ment, c'est-à-dire  en  1865,  un  encaisse  de  2,336  fr.  85  c. ,  et, 
selon  les  prévisions  de  M.  le  secrétaire-trésorier  ,  les  recouvra 
ments  qui  restent  encore  à  faire  couvriront  amplement  les  dé- 
penses ordinaires,  fr.  c. 

Ajoutons  à  cette  somme  celle  de. 69  98 

Nous  aurons  l'année  -prochaine ,  toutes  les  dépenses 
du  musée  payées ,  un  encaisse  de 2,336    » 


Total 2,405  98 

Vous  le  voyez ,  Messieurs ,  malgré  les  frais  de  réorganisation 
qu«  nous  avons  cru  devoir  faire  pour  l'honneur  de  la  Société  qui 
en  a  pris  l'initiative,  et  grâce  au  concours  bienveillant  du  Conseil 
général ,  et  surtout  grâce  à  la  générosité  éclairée  du  Conseil 
municipal,  notre  situation  financière  est  satisfaisante.  Nous 
serions  heureux  que  vous  voulussiez  bien  donner  votre  appro- 
bation à  tout  ce  qui  a  été  fait  en  votant  pour  la  création  du 
musée  le  crédit  nécessaire  de  3,231  fr.  02  c. 


RAPPORTS.  81 

C'est  la  première  fois ,  Messieurs  ,  que  je  suis  appelé  à  Thon- 
neur  de  vous  présenter  mon  rapport  :  je  serais  heureux  que  vous 
voulussiez  bien  en  agréer  les  conclusions,  et  je  vous  remercie 
d'avance  de  m'avoir  mis  en  position  de  faire  le  bien.  Je  remercie 
également  mes  collègues ,  avec  lesquels  je  n'ai  eu  que  des  rela- 
tions pleines  de  bienveillance ,  et  qui  m'ont  prêté  un  si  utile  con- 
cours. Enfin  je  terminerai ,  ou  plutôt  nous  terminerons  en  vous 
donnant  l'assurance  que  la  nouvelle  administration  fera  tout 
pour  se  montrer  digne  de  la  confiance  que  vous  lui  avez  té- 
moignée. 


NÉCROLOGIE. 


M.  François  Alluaud  aîné ,  président  honoraire  de  la  Société 
Archéologique  et  Historique  du  Limousin,  est  décédé  le  18  fé- 
vrier 1866  ,  à  Tâge  de  quatre-vingt-huit  ans. 

Les  lecteurs  du  Bulletin  apprendront  avec  plaisir  que  notre 
collègue  M.  Othon  Peconnet  s'occupe  de  recueillir  des  matériaux 
pour  la  biographie  de  M.  Alluaud,  et  qu'il  espère  donner 
lecture  de  son  travail  à  une  des  prochaines  séances  de  la  Société. 

Qu'il  nous  soit  permis ,  en  attendant ,  de  rappeler  en  peu 
de  mots  les  titres  de  cet  homme  éminent  au  souvenir  de  ses 
concitoyens. 

On  sait  quelle  puissante  impulsion  M.  Alluaud  donna  dans 
sa  jeunesse  à  la  fabrication  de  la  porcelaine ,  et  quels  progrès 
fit  faire  à  cette  industrie  son  habileté  manufacturière  jointe  à 
ses  vastes  connaissances  scientifiques  :  aussi  ne  tarda-tr-îl  pas 
à  attirer  sur  lui  l'attention  de  tous. 

Membre  de  la  Société  d'Agriculture ,  des  Sciences  et  des  Arts 
depuis  son  rétablissement  dans  les  premières  années  de  ce  siècle , 
il  fut ,  bien  jeune  encore ,  l'un  des  secrétaires  généraux  de  cette 
Ck)mpagnie ,  et ,  après  quarante  ans  d'exercice ,  il  en  devint  le 
président.  En  acceptant  ces  fonctions  ,  il  en  assuma  toutes  les 
charges ,  dont  il  s'acquitta  avec  autant  de  zèle  que  de  capacité. 
Les  Bulletins  de  la  Société  contiennent  de  lui  une  foule  de 
travaux  dans  lesquels  on  ne  peut  s'empêcher  de  reconnaître 
une  haute  intelligence  des  besoins  du  pays. 

Mais  depuis  quelques  temps  le  développement  que  prenait 
l'agriculture  dans  notre  contrée  forçait  les  membres  de  l'ancienne 


NÉCROLOGIE.  83 

Société  à  restreindre  le  cercle  de  leurs  études ,  et  à  ne  s'occuper 
que  de  questions  purement  agricoles.  M.  Morisot ,  alors  préfet 
de  la  Haute-Vienne  ,  comprit  qu'il  devait  y  avoir  place  à 
Limoges  pour  des  travaux  de  différents  ordres  :  il  fit  appel  aux 
hommes  de  dévoûment ,  et ,  en  1845,  la  Société  Archéologique 
et  Historique  du  Limousin  fut  fondée.  Ancien  maire  de  Limoges, 
membre  du  conseil  général  de  la  Haute- Vienne,  correspondant 
de  plusieurs  sociétés  savantes ,  M.  Alluaud  en  fut  élu  président. 
Son  travail  sur  les  vases  murrhins  ,  qu'il  publia ,  en  1846  ,  dans 
notre  Bulletin  ,  fait  regretter  que  ses  occupations  ne  lui  aient 
pas  permis  de  faire  davantage,  pour  cette  publication. 

A  la  même  époque  fut  créé  le  Musée  de  Limoges ,  expression 
du  mouvement  intellectuel  de  notre  province.  M.  Alluaud  en 
fut  un  des  plus  généreux  donateurs. 

On  n'a  pas  oublié  que  ce  fut  lui  qui  occupa  le  fauteuil  de  la 
présidence  aux  Congrès  scientifiques  qui  eurent  lieu  à  Limoges 
en  1847  et  en  1859  ,  et  que  là,  comme  à  la  Société  d'Agricul- 
ture et  à  la  Société  Archéologique ,  il  traita  avec  talent  toutes  les 
questions  que  la  spécialité  de  ses  études  lui  permit  d'aborder. 

Chevalier  de  la  Légion-d'Honneur  depuis  plusieurs  années , 
M.  Alluaud  fut  créé  ofllcier  à  la  suite  de  Texposition  de  Limoges 
en  1858. 

Le  vide  que  laisse  notre  savant  Confrère  sera  difficilement 
comblé.  En  attendant  le  travail  de  M.  Peconnet ,  nous  résume- 
rons la  biographie  de  M.  Alluaud  en  deux  mots  :  il  fut  homme 
de  mérite  et  homme  de  bien. 


LISTE 

Des  dons  faits  au  Musée  et  à  la  Bibliothèque  de  la  Société 

pendant  l'année  1865. 


DONS  FAITS  AU  MUSEE. 


DONS   DE  S.  M.  l'empereur. 

Sn  pénitence ,  tableau  par  M.  Lobrichoo. 

Les  bords  de  la  Creuse  à  Oargilesse,  tableau  par  M.  Castan. 

DONS  DIVERS. 

Par  M.  Lanxade,  pharmacien  :  un  pic-^pêche  en  peau. 
Par  M.  le  docteur  Gaudeix-Laborderib  :  une  hache  gauloise  et  minerais. 
Par  M.  Stender:  un  billet  delà  Banque  autrichienne,  10  kreutzers. 
Par  M.  Justin  Lépinard  : 

1«»  Une  buse  ; 

2»  Un  geai  ; 

3°  Une  perdrix  rouge; 

4»  Une  chouette. 
Par  M .  Bourgoin-Mélïsse  ,  un  morceau  de  bois  sculpté, 
Pierre  de  jaspe  talcaire  susceptible  d'être  polie,  trouvée  k  Sain t-Gervais 
(Savoie),  et  donnée  par  M.  Chalus,  conseiller  près  la  Cour  impériale  de 
Limoges. 
Par  M.  Chiboys,  architecte  :  un  chapiteau. 

Par  M.  Acault  (Ed.) ,  confiseur  :  deux  bengalis  ;  —  une  pie  (variété). 
Par  M:  Betoulle  :  un  Christ  en  hois ,  trouvé  au  château  de  Montaig-u 
(Creuse). 
Par  M.  Rage  (Léonard)  :  cinq  pièces  de  monnaie. 
Par  M.  Montaudon  (Alexandre)  :  une  couleuvre. 
Par  M.  Maquart  :  Vue  d^une  ruine  des  Jacobins  de  Limoges, 
Par  M™*  veuve  Vacherie  :  une  chouette  empaillée. 
Par  M.  E.  Fournier,  photographe  :  une  tue  de  Vincendie  du  ;5  aoiU  1864. 


DONS   FAITS    AL    MISEE   ET  A  LA    BlBLIOTllÈQLE.  85 


DONS  FAITS   AU  MUSEE   CKRAMIQUE. 

Par  M.  Ardant  (Henri)  :  une  écueîle ,  fabriquée  par  Baignol ,  h  La  Seynie 
(près  Sa,int-Yrieix)  Tan  iv  de  la  république  ;  —  une  écuelU  et  son  couvercle. 

Par  M.  Paul  Besse  :  une  tasse  et  sa  soucoupe  (fabrique  Baignol). 

Par  M.  Latrille,  à  Solignac  :  le  buste  oi  porcelaine  de  Mgr  Du  Bourg,    . 

Par  M.  RouARD  Dfî  Card  :  une  tasse  et  sa  soucoupe. 

Par  M.  TixiER.  architecte  :  \in^  petite  plaque  otale  porceïaiîie  (un  bergère 

Par   M.    Baignol   cadet   :    une  carafe  œuf,    fabriquée    en    1806    par 
M.  Etienne  Baignol  ,  et  décorée  par  le  donateur. 

Par  M.Cheygurat  (Eugène)  ;  cafetière  %i  assiette  creuse  décorée,  marquées^ 
C.  I).  ,  provenant  de  la  Manufacture  rojale  de  Limoges. 

Par  MM.  Jouhanneaud  et  Dubois  :  deux  aiguières  florentines;  —  \inpot 
à  bière  flamand. 

Par   MM.   Henri  Ardant  et  Gî«  :  divers  objets  qui  seront  ultérieure- 
ment désignés. 

MM.  GiBOS  et  0«  :  divers  objets  qui  seront  ultérieurement  désignés. 


86  DONS   FAITS   AU   MUSÉE   ET   A    LA    BIBLIOTHÈQUE. 


OUVRAGES  OFFERTS  A  LA  BIBLIOTHÈQUE  DE  LA  SOCIÉTÉ. 

Découtertes  et  conquêtes  du  Portugal  dans  les  deux  Mondes,  Par  M.  le 
baron  Edouard  de  Septenville.  —  Paris ,  E.  Dentu ,  18Ô3.  —  In-18.  — 
DoQ  de  Tauteur. 

Victoires  et  conquêtes  de  V Espagne  depuis  l'occupation  des  Maures  jusqu'à 
nos  jours.  Par  le  même.  —  Paris,  Ferdinand  Sarlorius,  1862.  —  In-8.  — 
Don  de  l'auteur. 

L'intention  de  V Angleterre  «il863.  Par  le  môme.  — Pam,  E,  Dentu,  1863.— 
In-8  de  42  pages.  —  Don  de  Tauteur. 

Comment  la  Russie  et  la  Perse  peuvent  anéantir  Vinjluence  anglaise  en  Asie. 
Par  le  même.  —  Paris,  Librairie  centrale,  1863.  —  in-8de  16  pages.  —  Don 
de  Fauteur. 

Bappott  au  nom  de  la  Commission  des  antiquités  de  la  France,  Par 
M.  B.  Hauréau,  1864.  —  In-4.  —  Don  de  Tauteur. 

Inscriptions  du  musée  de  Narbonne,  —  Brochure  de  30  pages  Par 
M.  TouRNAL.  —  Caen,  A.  Hardel,  1864.  —  In-8.  —  Don  de  Tauteur. 

Allocution  prononcée  par  M.  Gustave  Babdy  au  concours  du  comice  de 
V Isle-^ourdain ,  le  4  septembre  1864.  —  Une  brochure  de  8  feuilles  in-8.  — 
Don  de  l'auteur. 

Société  des  Antiqmires  de  l'Ouest  :  Rapport  sur  les  travaux  de  la  Société 
pendant  1863.  Par  M.  Ménard,  secrétaire.  —  Brochure  de  12  pages  in-12. 

—  Don  de  l'auteur. 

Discours  prononcé  par  Sofi  Exe.  M.  le  ministre  de  l'Instruction  publique  à 
la  réunion  des  Sociétés  savantes  .  le  22  avril  1865.  —  In-4  de  12  pages. 

M.  Maximin  Deloche  :  Descriptions  des  monnaies  mérovingiennes  du  Li- 
mousin. —  Paris,  1863.  —  In«8.  —  Don  de  l'auteur. 

M.  Maxlmin  Deloche  ;  Etudes  sur  la  géographie  historique  de  la  Gaule,  et 
spécialement  sur  les  divisions  territoriales  du  Limousin  au  moyen  âge, --Paris  , 
imprimerie  Impériale,  1864.  —  ln-4.  —  Don  de  l'auteur. 

De  l'utilité  des  documents  originaux  en  matière  héraldique.  Par  M.  A. 
DuLEAU.  —  Paris ,  Dumoulin ,  1864.  —  In-8 ,  brochure  de  48  pages.  —  Don 
de  Tauteur. 

Les  archives  départementales  eSfiommunàles.  Par  Gustave  Saint-Joannt, 
avocat.  —  Paris ,  Paul  Dupont.  —  In-8 ,  brochure  de  12  pages.  —  Don 
de  l'auteur. 

Bernard  Palîssy,  sa  vie  et  ses  œuvres.  Par  M.  F.  de  Lasteyrie.  —  1865. 

—  Don  de  l'auteur. 

M.  B.  Haurbau  :  Rapport  au  nom  de  la  Commission  des  antiquités  de  la 
France.  —  In-4.  —  Don  de  l'auteur. 

Notice  sur  un  sceau  peu  connu  de  l'ancienne  église  collégiale  royale  de  Saint- 
Aignan  d'Orléans.  Par  M.  Vergnaud-Romagnési.  —  Orléans,  1865.  —  In-8 , 
brochure  de  8  pages.  —  Don  de  l'auteur. 


DONS   FAITS  AU   MUSEE   ET   A   LA   BIBLIOTHÈQUE.  87 

Recherches  sur  V origine  des  armoiries.  Par  M.  le  vicomte  de  Juillac- 
ViGNOLES.  —  1864,  —  In-4  de  3*2  pages.  —  Doq  de  l'auteur. 

Catalogue  des  inscriptions  du  musée  gallo-romain  de  Sens.  Par  M.  G. 
JuLLiOT.  —  Impr,  de  Ch.  Duchemin  (s.  d.).  —  In-8  de  40  pages.  —  Don  de 
Tauteur, 

M.  A.  DE  Laporte  :  l»  Un  artiste  du  \u*  siècle,  Eligius  Aurifaber,  saint 
Eloi,  patron  des  ouvriers  en  métaux,  —  Librairie  de  L,  Lffort  (s.  d.).  —  In-8. 
—  2o  Etudes  archéologiques  sur  les  familles  du  nom  de  La  Porte,  —  Chez  Dur- 
moulin ,  lUfraire.  —  Paris,  1865.—  Deux  brochures  in-8.—  Dons  de  Tauteur, 


LISTE 


/       f 


DES  MEMBRES  DE  LA  SOCIETE 

POUR  L'ANNÉE  1865. 


BUREAU. 

Pr^sideiU-n^.  —U.  Bobt  de  La  Chapelle,  O  ^,  préfet  de  la  Haute- Vienne 

Président-honoraire.  —  M.  ALLUAUDaîné,  0  î^. 

Président.  —  M.  Bonnin  ,  *|it. 

Vice-Présidents.  —  MM.  Larombière,  î^  ,  Arbbllot. 

Secrétaire  général,  —  M.  É.  Ruben. 

Secrétaire^liothécaire  et  archiviste,  —  M.  Guillemot. 

Secrétaire-trésorier,  —  M.  F.  Brisset. 

MEMBRES  DU  CONSEIL. 

MM.  Tixier-Lachassagne,  C^^,  premier  président  honoraire. 
Armand  ^oualhibr  ,  # ,  député  au  Corps  législatif. 
N 

COMITÉ  DE   PUBLICATION. 

Présidents.  —  MM.  Alluaud,  Maurice  Ardant,  Bonnin. 

Secrétaire  générât.  —  M.  ft.  Rubkn. 

MM.  Garriqou-Lagrange ,  Guillemot,  Hervy  et  Larombière,  *^'. 

DIRECTION  DU  MUSÉE  (1). 

Directeur.  —  M.  Dubouché  (Adrien). 
SauS'directeurs  :  MM.  Maquart. 

—  Nivet-Fontaubert. 

—  Ruben  (Emile.) 

—  LlNARD. 

MM.  MEMBRES  RÉSIDANTS. 

ÂLLÉLix    (Joseph),    négociant,    k  bre  de  T Institut  des  provinces  et 

Aixe.  de  plusieurs   autres  sociétés  sa- 

ÂLLUAUD ,  aine ,  0  ^ ,  ancien  maire  vantes ,    président  de  la  Société 

de  Limoges  et  membre  du  Conseil  d'Agriculture  de  la  Haute- Vienne, 

généralde  la  Haute-Vienne,  mem-  Alluauo    (Âmédée) ,    fabricant    de 


(1)  Par  ddciBlon  du  26  mal  1865,  le  masëe  a  4t4  réorganise,  et  le  rote  pour  le  renouTellenient 
4ei  membres  de  la  Commission  a  eu  lieu  dans  la  séance  du  30  Juin  suiTant. 


LISTE   DES  MEMBRES   DE   LA  SOCIETE.  89 

'  porcelaine,  secrétaire  de  la  Société  Ducourtieux   (Henri),  imprimeur- 

des  Amis  des  Arts  du  Limousid.         libraire. 

Arbellot,  curé-archiprêtre  de  Ro-  Du  vert,  de  La  Gabie,  propriétaire. 

chechouart,    correspondant    des  Fayette  père,  architecte. 

comités  historiques.  Fayette  fils,  architecte. 

Ardant  (Eugène) ,  imprîmenr.  Ferru  (Ftlix),  artiste  statuaire. 

Ardant  (Maurice),  archiviste  de  la  Fizot-Lavergne ,    avoué    près    la 

Haute-Vienne,     membre    de    la       Cour. 

Société  impériale  des  Antiquaires  Fontaneau,     ancien     officier    de 

de  France.  marine. 

Ardant  DU  Masjambost,  professeur  Font-Réaulx  (Théophile  de),  pro- 

de  peinture.  priétaire,  èiSaint-Junien. 

Astaix,  professeur  à  Técolede  mé-  Fougeras-Lavbrgnollb,  adjoint  au 

decine.  maire  de  Limoges. 

Audouin  (Joseph) ,  ancien  maire  de  Fougères  (Léopold) ,  directeur  mé- 

Limoges.  decin  de  Tasile  des  aliénés. 

Bardinet  (Alphonse),  avocat.  Fournier,  ^,  conseillera  la  Cour. 

Barny  (Alexis) ,  professeur  k  l'école  Fournier  (E.).  photographe. 

de  médecine.  Garrigou-Lagrange,  avoué. 

Baron-Dutaya  ,  à  Bussière-Bofty.  Grave  (de)  ,  propriétaire. 

BoBY  DE  La  Chapelle,  0  #,  préfet  Guillemot  (Albert),    rédacteur  en 

de  la  Haute-Vienne.  chef  du  Courrier  du  Centre. 

Bonneval  (le  marquis  de)  ,  C.  ^ ,  Hbrvy  (Emile) ,  notaire. 

maréchal  de  camp.  La  Bastide  (le  baron  Hubert  de), 
BoNNiN,  ^  ,  inspecteur  d*académie.       #,  capitaine  d*état-migor. 

BouRDEAU  de  Lajudie  père,  ancien  Labonne    (de),    propriétaire,    au 

député.  château  de  Montbrun. 

BouRGoiN- MÉLISSE ,    propriétaire,  Lamy  de  Luret (Edouard), banquier. 

k  SainWunien.  Lansadb  ,  agent-voyer. 

Breuilh  ,  avocat.  LAROiiBiàRE ,  ^ ,  président  de  cbam- 
Brissbt  (Frédéric) .  Juge  au  tribunal       bre. 

civil  de  Limoges.  Laporte  (Ernest) ,  négociant. 

Brunbt (Joseph),  ^,  vice-président  Leclbr  (André),  curé  de  Saint* 

du  tribunal  civil  de  Limoges.  Sympborien. 

Buisson  de  Maveronier  (Edouard).  Lbmas  ^filie) ,  professeur  de  rhéto- 
Cbapoulaud  (Roméo) ,  propriétaire.       rique  au  1  jcée. 

Chapoulaud  (Alfred) ,  imprimeur.  Le  Sage  (Charles) ,  ingénieur  civil, 
Charrbirb  (Paul) ,  organiste  de  la      adjoint  au  maire  de  Limoges. 

cathédrale.  Linard  (A). 

Choppin  d*Arnou ville,  avocat  gé-  Maquart,  propriétaire. 

néral.  Marpont  (de)  ,  receveur  général. 

Cluzelaud,    architecte-adjoint   de  Nivet-Fontaubert,  négociant. 

la  ville  de  Limoges.  Noualhier  (Armand),  *,   député 
Dbbord  (Gabriel) ,  négociant.  au  Corps  législatif. 

Depaye  fils,  pharmacien ,  à  Saint-  Péconnet    (Othon),     #,    avocat, 

Junien.  maire  de  Limoges. 

Dru  (Aloïs) ,  pharmacien  au  Dorât.  Pbrdoux  (E.) .  professe  de  modelage. 

Dubois,  fabricant  de  porcelaine,  Pouyat  (Emile) ,  '^ ,  négociant. 

DuBOUCHÉ  (Adrien) ,  négociant.  RscuLès  (François) ,  propriétaire. 


90  LISTE  DES  MEMBRES  DE  LA  SOCIETE. 

Rbonault,  *,  architecte  de  la  ville.  Tandeau  db  Mabsac  (rabbéj,  cha- 

ROGUES  DE  FuRSAC (Victor),  avocat.  BOine  bonoraire. 

RouGERiE    (l'abbé) .    professeur  au  Tarneaud  (Firmln) ,  banquier. 

petit-séminaire  du  Dorat.  Tarneaud  (Frédéric),  propriéuire. 

Ruben  (Emile),  conservateur  de  la  Tixier-Lachassaone,   C   #,  pre- 

bibliothèque.  mier-président  honoraire. 

Talabot  (Auguste),  'f^,  président  Verqniaud  (Léonce),  négociant. 

honoraire  du   tribunal    civil   de 

Limoges. 

MEMBRES  HONORAIRES. 
MM. 

Cru  VBILHIBR  »  0  ^ ,  professeur  à  Técole  de  médecine  de  Paris. 

De  Mentque,  ^ ,  sénateur,  ancien  préfet  de  la  Haute- Vienne. 

MoRisoT  (Tiburce) ,  0  ^ ,  ancien  préfet  de  la  Haute-Vienne,  fondateur  du 
Musée. 

Saint-Marc-Oirardin  ,  0  {j^ ,  membre  de  Tlnstitut. 

MiONERET,  préfet  du  Bas-Rhin. 

Mgr  Berteaud  ,  évêque  de  Tulle. 

Dalesme,  0  0^,  général  de  division  du  génie. 

MgrCoussEAUD,  évêque  d'Angoulême. 

De  Caumont,  0  ^ ,  fondateur  de  la  Société  Française ,  à  Caen. 

Michel  Chevalier,  0  ^,  sénateur,  membre  de  Tlnstitut. 

Le  vicomte  E.  de  Kerckove-Warbmt  ,  président  de  la  Société  Archéolo- 
gique de  Belgique. 

Le  général  de  Montréal,  G  O  {j$^  »  sénateur. 

Le  comte  F.  de  Lasteyrie  ,  membre  de  Tlnstitut. 

MEMBRES  CORRESPONDANTS. 

Bombal  ,  à  Argentat  (Corrèze). 

BONNAFOUX,  conservateur  de  la  bibliothèque  de  Guéret. 

BONNéLiE  (François) ,  bibliothécaire  à  Tulle. 

BosviEUX  (Auguste),  archiviste  à  Agen  (Lot-et-Garonne). 

Cardaillac  (le  comte  de)  ,  chef  de  division  au  niinistère  de  la  maison  de 

TEmpereur. 
CoMBET,  avocat,  à  Uzerche  [Corrèze). 

Cornudet  (le  vicomte  Alfred  de)  ,  membre  du  conseil  général  de  la  Creuse. 
CousTiN  DE  Manadaud  (le  marquis  de)  .  au  ch&teau  de  Sazerat. 
Delochb   (Maximin),   ^,  chef  de  bureau   au  ministère  des  travaux 

publics. 
Delor  ^Firmin) ,  li  Péronne  (Somme). 

Doelhac,  directeur  des  mines  de  Montigné ,  à  Laval  (Mayenne). 
DuLEAU,  numismate ,  à  Orléans. 

Gay  de  Vbrnon  (le  baron) ,  chef  d^escadrons  au  2«  régiment  de  chasseurs. 
GARY  (Charles),  ^,  préfet  de  la  Corse,  à  AJaccio. 
Grignard  (Emile) ,  directeur  du  chemin  de  fer  de  Lyon  h  Sathonay. 
JuoE  (de  Tulle),  le  docteur  Louis-Théodore,  Paris. 
JuiLLAC  (le  vicomte  Gustave  de)  ,  secrétaire  de  la  Société  Archéologique 

du  Midi  t  à  Toulouse. 
Labobdbrib,  docteur-médecin ,  à  Pompadour. 


LISTE   DES   MEMBRES   DE   LA   SOCIÉTÉ.  91 

Laoardb  (Henri  de)  ,  docteur-médecin .  à  Confolens  (Charente). 
Laportb  (Armand  de)  ,  aide-major  de  Tartillerie  de  la  garde,  à  Versailles. 
Larouvbrâde  (de)  ,  conseiller  honoraire  k  la  cour  de  Bordeaux ,  à  Tulle. 
Mandat  de  Grancet»  capitaine  adjudant-major  au  5«  chasseurs. 
Nadaud  (Léon),  O  ^,  premier  président  honoraire  de  la  cour  de  Gre- 
noble, h  Charvieux  (Isère). 
Nadault  de  Buffon,  procureur  impérial ,  k  Rennes. 
Nalbbrt  .  sculpteur,  k  VIsle-d'Espaguac  (Charente). 
Pkrathon  (Cyprien),  négociant,  k  Aubusson  (Creuse). 
Rancogne  (Gustave  de)  ,  archiviste  de  la  Charente,  k  Angoulême. 
Renond  (Kabbé),  professeur  au  petit-séminaire  d* A jain  (Creu^:e). 
Roy  de  Pierrbfittb  (Fabbé) .  curé-doyen  de  Bellegarde  (Creuse). 
SÉNEMAUD.  archiviste  du  département  des  Ardennes,  k  Méziëres. 
Septen VILLE  (le  baron  Éd.  de)  .  ch&teau  de  Lignières,  par  Poix  (Somme). 
Simon-Clément  ,  procureur  impérial  k  Auch  (Gers). 
Tandbau  de  Marsac,  notaire,  k  Paris. 

Thou VENIN ,  membre  de  la  Société  de  Thistoirede  France,  k  Paris. 
Verneilh  (Félix  de)  ,  au  ch&teau  de  Puyrazeau  par  Nontron  (Dordogne). 


LISTE 

DES  SOCIÉTÉS  CORRESPONDANTES. 


Société  Archéologique  du  Midi ,  k  Toulouse. 

Société  Archéologique  du  Midi ,  k  Montpellier. 

Société  Archéologique  de  l'Orléanais ,  k  Orléans. 

Société  Archéologique  de  Béziers  (Hérault). 

Société  Archéologique  et  d*Histoire  de  la  Charente,  k  Angoulême. 

Société  d* Archéologie  et  d'Etudes  scientifiques  de  Dragulgnan. 

Académie  d'Archéologie  de  Belgique ,  k  Anvers. 

Société  des  Antiquaires  de  l'Ouest,  k  Poitiers. 

Société  des  Antiquaires  de  France ,  k  Paris. 

Société  des  Antiquaires  de  Picardie ,  k  Amiens. 

Société  d*Émulation  du  Doubs,  k  Besançon. 

Société  d'Émulation  de  l'Allier,  k  Moulins. 

Société  d'Émulation ,  k  Montbelliard  (Doubs). 

Société  des  Sciences  naturelles  et  archéologiques  de  la  Creuse ,  k  Guéret. 

Société  des  Sciences  et  Lettres  de  Blois  (Loir-et-Cher). 

Société  des  Sciences,  de  l'Agriculture  et  des  Arts,  k  Lille. 

Société  des  Sciences,  Belles-Lettres  et  Arts  du  département  du  Var,  k 

Toulon. 
Société  Scientifique  et  Littéraire  du  Limbourg,  k  Tongree  (Belgique). 
Société  Scientifique  des  Deux-Sèvres,  k  Niort. 
Société  de  l'Histoire  de  France,  k  Paris. 


9i  LISTE   I>£S  MEMBRES   DE   LA   SOClérÉ. 

Commission  historique  du  Cher,  li  Bourges. 
Académie  des  Sciences ,  Belles-Lettres  et  Arts  de  Bordeaux. 
Commission  Archéologique  de  Maine-et-Loire ,  à  Angers. 
Société  Académique  de  l'Oise,  à  Beauvais. 
Société  Littéraire  et  Scientifique  de  Castres  {Tarn). 
Société  de  TUnion  des  Arts,  à  Marseille. 
Société  Archéologique  et  Scientifique  de  Soissons  (Ai.sne^. 
Société  H&vraise  d'études  diverses,  au  Havre  (Seine-Inférieure). 
Société  des  Sciences  naturelles  et  historiques  de  l'Yonne,  à  Auzerre. 
Société  d'Histoire  et  d'Archéologie  de  Chalonnsur-Saône. 
Société  Savoisienne  d'Histoire  et  d'Archéologie ,  kChambéry. 
Société  Archéologique  de  la  province  de  Constantine. 
Société  Archéologique  de  la  Touraine  ,  a  Tours. 
Société  Archéologique  de  Sens  (Yonne). 
Société  Académique  de  Boulogne-sur^Mer. 

Société  des  inscriptions  funéraires  et  monumentales  de  la  Flandre  Orien- 
tale (Gand). 
Société  d'Archéologie,  Sciences,  Lettres  et  Arts  de  Melun  (Seine-et- Manie). 
Société  Polymatique  du  Morbihan  (Vannes).     . 
Société  Historique  et  Archéologique  de  Château-Thierry  (Aisne). 


TABLE  DES  MATIÈRES. 


PROCÈS-VERBAUX  DES  SÉANCES. 

Séance  générale  du  27  Janvier  1865 44 

—  du  24  février  1865 46 

—  du  31  mars  1865 48 

—  du  28  avril  1865 50 

—  du  26  mai  1863 51 

—  du  30  juin  1865 55 

—  du  25  juillet  1865 57 

—  du  29  août  1865 60 

—  du  31  octobre  1865 61 

—  du  28  novembre  1865 63 

—  du  26  décembre  1863 65 


ANNEXE  AUX  PROCES-VERBAUX  DES  SÉANCES. 

Rapport  sur  l'organisation  du  musée,  lu  par  M.  LAROMBiàRE  dans 
la  séance  du  26  mai  1865 67 

Rapport  sur  le  projet  de  publication  des  Registres  consulaires  de  la  ville 
de  Limoges ,  lu  par  M.  E.  Rubbn  k  la  séance  du  29  août  1865 74 

Rapport  sur  les  travaux  effectués  et  les  dépenses  faites  pour  la  réor- 
ganisation du  Musée»  lu  par  M.  Adrien  Dubouché  à  la  séance  du 
26  décembre  1865 77 

MÉMOIRES. 

L*abbé  ârbellot.  —  Félix  de  Vemeilh ,  notice  biographique 5 

L*abbé  Lecler.  *-  Monuments  druidiques  du  Limousin  et  de  la  Marche    21 

DOCUMENTS. 
Alfred  Chapoulaud.  —  Ddcuments  relatifs  h  Thistoire  du  Limousin . .    92 


TABLE  DBS   MATIÈRES.  95 

Vidimns ,  sous  les  sceaux  du  chantre  et  de  Tofflcial  de  Limoges ,  de 
plusieurs  lettres  des  rois  de  France  Louis  VIII  et  Louis  IX,  et  des 
rois  d*Ângleterre  Henri  III  et  Edouard  U',  relatives  aux  privilèges 
de  la  commune  de  Limoges  ;  titre  communiqué  par  M.  Ch.  Nivbt- 

FOKTAUBBRT 31 

NÉCROLOGIE. 

M.  François  AUuand  aîné,  président  honoraire  de  la  Société  Archéo- 
logique et  Historique  du  Limousin 82 


DONS  FAITS  AU  MUSÉE  ET  A  LA  BIBLIOTHÈQUE. 

Dons  faits  au  Musée  pendant  Tannée  1865 85 

Dons  faits  au  Musée  céramique 86 

Ouvrages  offerts  à  la  bibliothèque  de  la  Société 87 

Liste  des  membres  de  la  Société  pour  1865 89 

Sociétés  correspondantes 02 


Publications  en  debora  du  Bulletin* 


Les  Membres  de  la  Société  Archéologique  recevront  en  même 
temps  que  le  présent  Bulletin  les  feuilles  4  à  42  du  T.  P^  des 
Registres  consulaires  de  la  viUe  de  Limoges,  registres  édités ,  sous 
les  auspices  de  la  Société ,  par  une  Commission  prise  dans  son 
sein ,  et  les  demi-feuilles  40  et  41  du  T.  II  du  Nobiliaire. 


BULLETIN 


DE  LA   SOCIÉTÉ 


ARCHÉOLOGIQUE  ET  HISTORIQUE 


DU    LIMOUSIN 


BULLETIN 


DE  LA  SOCIETE 


ARCHÉOLOGIQUE 


ET  HISTORIQUE 


DU    LIMOUSIN 


TOME  XVI 


LIMOGES 

CHAPOULAUD  FRÈRES ,  IMPRIMEURS  DE  LA  SOCIÉTÉ 

Hue  Montant-Manigne .  7 
4866 


L'ABBÉ  DU  MABARÈT. 


L 


Joseph  du  Mabaret  naquit  à  Saint-Léonard ,  le  26  mars  1 697 , 
d'une  ancienne  famille  bourgeoise  de  cette  ville  (1).  Il  était  fils 
d'Antoine  Mabaret ,  sieur  dudit  lieu  (2) ,  et  de  Françoise 
Fargeaud. 

Il  fit  son  cours  d'humanités  au  collège  de  Limoges ,  qui  était 
tenu  alors  avec  tant  d'éclat  par  les  Pères  de  la  compagnie  de 
Jésus.  Nous  avons  retrouvé  parmi  ses  manuscrits  son  cahier  de 
rhétorique  et  de  poésie ,  qu'il  avait  fait  relier  avec  soin.  Ce  cahier 
IK)rte  la  date  de  4742,  et  donne  le  nom  de  son  professeur  de 
rhétorique ,  le  P.  Lenier» 

En  4743,  comme  on  le  voit  par  plusieurs  endroits  de  ses 
ouvrages  (3),  il  fut  témoin  oculaire  des  fouilles  qui  furent 
exécutées,  cette  année-là ^  dans  la  place  des  Arènes,  appelée 

(1)  «  L*an  susdit  (1097) ,  le  26  mars ,  j*ai  baptizé  un  fils  {sic)  né  le  jour 
précédent  d'Antoine  Masbaret ,  sieur  de  Masbaret ,  bourgeois  de  cette 
ville ,  et  de  demoiselle  Françoise  Fargeaud ,  sa  femme ,  auquel  on  a 
donné  le  nom  de  Joseph.  Son  parrain  a  été  P.^oseph  Mabaret  #  maître- 
chirurgien  du  bourg  de  Sauviat ,  et  la  marraine ,  Marie  Mazaureix , 
feimtne  de  sieur  Arsène  Fargeaud.  —  De  Bruxelles  ,  vicaire  ».  (22^- 
fistns  de  la  mmrie  de  êaint^Léonard.) 

(2)  Le  Mabaret  est  une  maison  de  campagne  située  k  une  Uene  de 
Saint-Léonard ,  dans  la  commune  d*Bybouleuf.  Ce  domaine  appartient 
aujourd'hui  k  M.  Anselme  Mabaret  du  Basty,  représentant  de  la  branche 
atnée  de  la  famille. 

(3)  Mémoires  pour  servit  à  la/utvre  édition  du  Dictionnaire  dé  Moréri, 
ms.  (Bibl.-  dû  LouVre) ,  articles  Amphithéâtre,  limoges;  —  Révision  du 
Dictionnaire  de  Tréwmx,  ms.,  art.  limoges. 


6  l'abbé  du  mabaret. 

aujourd'hui  la  place  d'Orsay  ,  du  nom  de  l'intendant  qui  la  fit 
élever.  Il  remarqua  en  particulier  les  loges  bâties  de  briques  où 
l'on  enfermait  les  bêtes ,  puis  l'enceinte  de  l'amphithéâtre ,  qu'on 
appelait  le  Creux  de  l'arène,  etc.  Déjà  ses  goûts  précoces  pour  la 
science  commençaient  à  se  développer. 

A  la  fin  de  ses  études  de  collège  (1743) ,  ses  parents  le  pla- 
cèrent au  grand-séminaire  d'Orléans ,  dirigé  par  MM.  de  Saint- 
Sulpice  (<).  Un  de  ses  manuscrits  latins  ,  qui  traite  «  des  Vertus 
théologales  »,  paraît  avoir  été  écrit  à  Orléans  en  4715. 

Il  s'attacha  bientôt  à  la  congrégation  de  Saint-Sulpice ,  de 
laquelle  Fénelon  disait,  à  cette  époque,  sur  son  lit  de  mort  : 
«  On  ne  peut  rien  voir  de  plus  apostolique  et  de  plus  véné- 
rable (2)  ».  En  ni 8  il  était  au  séminaire  de  Saint-Sulpice, 
à  Paris ,  et,  cette  année  même  ,  il  entra  dans  les  ordres  sacrés  (3). 

Il  avait  fait  avec  les  plus  brillants  succès  ses  cours  d'hu- 
manités ,  de  philosophie  et  de  théologie ,  et  il  donna  dès  cette 
époque  des  preuves  de  cette  ardeur  infatigable  pour  le  travail 
qu'il,  a  conservée  jusqu'à  la  mort.  Si  nous  en  jugeons  par 
quelques  lambeaux  manuscrits  que  nous  avons  retrouvés,  son 
Etude  de  la  Mineure,  c'est-à-dire  sa  préparation  à  la  thèse  qu'il 
fallait  soutenir  pour  obtenir  le  grade  de  licencié  en  théologie, 
témoigne  de  la  capacité  du  jeune  étudiant  et  de  la  force 
qu'avaient  alors  les  études  théologîques. 

Le  supérieur  général  de  la  compagnie  tie  Saint-Sulpice  l'en- 
voya en  nso  à  Angers  pour  y  professer  la  philosophie.  Il  n'avait 
qtie  vingt-trois  ans ,  et  déjà  il  révélait  un  talent  précoce  d'é- 
crivain. Nous  possédons  un  de  ses  manuscrits,  de  36  pages, 
daté  du  6  janvier  1721  ,  dont  voici  le  titre  :  «  Lettre  de  M.  du 
Mabaret ,  professeur  de  philosophie  à  l'Université  d'Angers , 
à  M.  ***  {nom  effacé)  à  l'occasion  de  la  critique  qu'il  avait  faîte 
de  ses  cahiers  sur  la  possibilité  de  l'état  de  pure  nature  ». 

Le  jeune  professeur  de  philosophie  remplit  sa  chaire  avec 
tant  de  distinction  qu'il  mérita  d'être  choisi  pour  professeur  de 
théologie  au  même  séminaire.  Il  y  fut  long-temps  chargé  de  la 
direction  des  études,  et  il  déploya  tant  de  zèle  et  d'habileté  qu'il 
sut  donner  à  l'émulation  des  séminaristes  une  nouvelle  ardeur. 

L'abbé  Vitrac ,  à  qui  nous  empruntons  ces  derniers  détails  ^ 

(1)  L'abbé  Vitrac,  Feuille  hebdom.,  16  avril  1783. 
"(2)  Dernière  lettre  de  Fénelon  au  P.  Le  Tellier,  6  janvier  1715, 
*(3)'Titre  clérical  ms.,  18  juin  1718. 


L*ABfiÉ  DU   MABARET.  7 

ajoute  que  <c  Tabbé  du  Mabaret ,  par  la  régularité  exemplaire 
de  ses  mœurs  et  son  amour  pour  l'étude ,  devint  le  modèle  de 
ses  confrères ,  et  qu^il  en  faisait  déjà  les  délices  par  sa  douceur 
et  l'aménité  de  son  caractère  (1]  ».  »  Mais  il  est  temps  de  parler 
des  ouvrages  qu41  composa  lorsqu'il  était  professeur  h  Angers. 


II. 


En  4125  (il  avait  alors  vingt-huît  ans) ,  il  débuta  dans  la  car- 
rière de  la  publicité  par  uû  «  coup  d'essai  v  qui  semblait  a  coup 
de  maître  ».  11  envoya  aux  Mémoires  de  Trévoux,  —  le  recueil 
périodique  le  plus  savant  de  cette  époque,  —  le  plan  d'un 
ouvrage  latin  dont  voici  le  titre  :  Verilaiis  triumphus,  seu  Trac-^ 
iaius  de  vera  religione  :  —  Triomphe  de  la  vérité ,  ou  Traité  de  la 
vraie  religion. 

Cet  ouvrage  était  divisé  en  quatre  parties  :  dans  la  première 
il  démontrait  Texistence  de  Dieu ,  et  s'attachait  en  particulier  à 
réfuter  le  matérialisme  et  le  panthéisme  de  Spinosa  :  il  écartait 
de  sa  démonstration  les  preuves  dites  métaphysiques,  que 
Descartes  a  mises  en  honneur,  et  que  d'autres  philosophes 
omettent  comme  trop  subtiles  ou  peu  concluantes;  dans  la 
seconde  partie ,  il  établissait  la  vérité  et  la  divinité  de  la  religion 
chrétienne ,  et  résumait  les  arguments  démonstratifs  employés 
par  les  apologistes  du  christianisme ,  tirant  ensuite  ses  consé- 
quences contre  le  déisme  et  les  fausses  religions  ;  la  troisième 
partie  était  consacrée  à  la  divinité  de  l'Église  catholique  et  à  la 
réfutation  du  protestantisme;  enfin  la  quatrième  partie  était 
dirigée  contre  le  jansénisme ,  et  traitait  de  l'autorité  infaillible 
de  l'Église.  On  peut  voir  dans  les  Mémoires  de  Trévoux  de 
janvier  17â5  (2)  un  plan  détaillé  de  cet  ouvrage  ,  que  l'auteur 
devait  donner  incessamment  au  public.  Nous  ne  connaissons  pas  les 
raisons  qui  ne  lui  ont  pas  permis  de  le  publier.  L'abbé  Vitrac 
dit  que  le  manuscrit  avait  été  déposé  en  4783  à  la  bibliothèque 
du  séminaire  de  Limoges  ;  mais  la  révolution  a  passé  là ,  et 
nous  ne  savons  ce  qu'il  est  devenu. 

Le  résumé  que  l'auteur  avait  envoyé  aux  Mémoires  de  Trévoux 

(1)  FeuUU  hebdm.,  16  avril  1788.  -^  Ân$uii.  de  la  ffani^Vicnne^ 
14  Juillet  1812. 

(2)  Art.  IX ,  p.  115-125. 


8  l'aBBIÎ   du  MABARBt. 

ne  portait  pas  son  nom  ;  Tabbé  du  Maba?et  garda  encore  Tano- 
nyme  dans  Un  article  qui  parut  Tannée  suivante  dans  le  même 
recueil. 


m. 


L'édition  si  recherchée  des  œuvres  de  saint  Cjrprien  préparée 
par  les  soins  du  savant  Baluze  était  sur  le  point  de  paraître , 
en  ^^2%f  àTimprimerie  royale,  lorsque  Tabbé  du  Mabaret  fut 
informé  qu'on  avait  retranché  du  livre  de  l'Unité  de  V Église  le 
célèbre  passag'e  :  Primalus  Petro  dalur  ut  Ecclesia  una  monstretur, 
etc.  ;  —  Qui  cathedram  Peiri ,  svper  quam  fundcda  est  Eccksia,  deserit, 
in  Ecclesia  se  esse  confidil  ?  —  Persuadé  que  le  passage  était  au- 
thentique ,  Tabbé  du  Mabaret  rédigea  sur-le-champ  une  disser- 
tion  très-vigoureuse  et  très-savante  pour  en  démontrer  l'au- 
thenticité. Cette  dissertation  parut  dans  les  Mémoires  de  Trévowjo 
dfU  mois  d'octobre  \  726.  Elle  fut  communiquée  avant  l'impression 
au  cardinal  Fleury,  qui ,  après  en  avoir  pris  connaissance,  la 
fit  examiner  par  des  juges  compétents.  Sur  le  rapport  qui  fut 
fait  à  Son  Éminence,  M.  le  duc  d'Antin  fut  chargé  de  cette 
affaire.  Dom  Maran,  l'éditeur  des  œuvres  de  saint  Cypxien, 
reçut  ordre  de  conférer  à  ce  sujet  avec  M.  l'abbé  de  Torgy  ;  la 
conclusion  fut  que  ce  passage  serait  rétabli ,  ce  qui  fut  exécuté 
au  moyen  d'un  carton.  Baluze  avait  fait  une  assez  longue  note 
pour  appuyer  son  opinion  :  dom  Maran  l'abrégea. 

La  dissertation  imprimée  dans  les  Mémoires  de  Trévoua:  a 
pour  titre  :  «  Lettre  d'un  savant  d'A...  (d'Angers)  aux  auleur^s  des 
Mémoires  de  Trévouœ  pour  réclamer  un  passage  important  de  saint 
Çyprien  prêt  à  être  enlevé  par  de  célèbres  éditeurs  (<)  ». 

Ce  qui  montre  l'authenticité  de  ce  passage  de  saint  Cyprieu  , 
c'est  qu'il  est  cité  comme  étant  de  ce  Père  de  l'Église  non- 
^leulement  par  des  écrivains  du  xiv%  du  xii*  et  du  xi*  siècle  (2} , 
mais  encore  par  le  vénérable  Bède  au  vu*  siècle ,  et ,  ce  qui  est 
plus  démonstratif ,  par  le  pape  Pelage  II ,  prédécesseur  de  saint 
Grégoire  le  Grand ,  au  vr  siècle. 

De  pareilles  autorités  l'emportent  assurément  sur  les  quelques 


.  (1)  Mmaire9,â4  Trévous^ ,  octobre  1726 ,  p..  X877. 
(2)  Au  xiv«  siècle,  Pierre  d'Ailly  ;  au  xii»,  Gratien;  ausPi  Yvee  4e 
Chartres. 


l'abbé  du  mabaret.  9 

manuscrits  fautifs  où  le  passage  en  question  ne  se  trouve  pas , 
et  Ton  n'a  pas  de  manuscrits  qui  puissent  se  prévaloir  d'une 
pareille  antiquité.  . 

La  lettre  de  Tabbé  du  Mabaret  eut  donc  le  succès  qu'elle  mé- 
ritait ,  et,  plus  tard,  les  Mémoires  de  Trévoux  en  ont  fait  mention 
avec  éloge  (<).     • 

Mais  cette  lettre  avait  été  rédigée  à  la  hâte  :  Fauteur,  jugeant 
ce  point  de  critique  trop  important  pour  n'être  qu'ébauché, 
Texamina  de  nouveau ,  le  discuta  à  fond ,  et  fit  une  dissertation 
en  règle  sur  ce  sujet. 

Puis ,  ayant  eu  communication  de  la  note  originale  de  Ba- 
luze  (2)  où  ce  savant  prétendait  prouver  la  supposition  de  ce 
passage  de  saint  Cyprien ,  l'abbé  du  Mabaret  apostîUa  cette 
note,  et  en  fit  une  réfutation  en  latin  sous  ce  titre  :  Primi- 
genia  Baluiii  nota  in  hœc  Cypriani  primatus  ,  etc. ,  censoria  virgula 
castigata.  C'était  un  appendice  de  la  dissertation  précédente ,  et 
il  ajouta  une  seconde  dissertation  pour  expliquer  ce  que  saint 
Cyprien  entend  par  la  primauté  de  saint  Pierre,  c'est-à-dire  * 
non  pas  une  primauté  de  temps  comme  l'entendait  le  P.  Har- 
douin ,  mais  une  primauté  de  puissance  et  d'autorité. 

Enfin  il  composa  une  troisième  dissertation  pour  développer 
ce  que  signifie,  selon  ce  saint  docteur,  la  chaire  de  saint  Pierre, 
c'est-à-dire  non  pas  l'Église,  l'épiscopat,  mais  le  Saînt-Siége 
apostolique. 

L'auteur  avait  intitulé  son  travail  :  «  Dissertations  critiques, 
historiques  ,  dogmatiques ,  sur  Tauthenticité  et  sur  le  sens  de  ce 
passage  de  saint  Cyprien  :  Primatus,  etc.,  avec  des  remarques 
sur  la  note  originale  de  M.  Baluze  sur  ce  passage  ». 

Tout  était  prêt  pour  l'impression.  Le  censeur  royal, 
M.  Masson,  avait  reconnu  la  solidité  de  l'ouvrage.  Mais, 
distrait  par  d'autres  soins,  l'auteur  oublia  insensiblement  le 
projet  de  faire  imprimer  son  travail  :  il  est-  resté  manuscrit. 
L'abbé  Vitrac  dit  qu'il  fut  déposé ,  après  la  mort  de  l'auteur, 
dans  la  bibliothèque  du  séminaire  de  Limoges  ;  mais  cette  bi- 
bliothèque n'a  plus  rien  de  ce  qu'elle  possédait  avant  la  révo- 
lution. Toutefois  ce  travail  n'est  pas  perdu  :  M.  Henri  Mabaret 
du  Basty,  petit-neveu  de  l'auteur,  a  donné  cet   ouvrage  à 

(1)  Mémoires  de  Tré^tus,  mars  1727,  p.  520;  —  décembre  1728,  p.  2291. 
(3)  Cette  note  n*a  paru  qu'en  abrégé  dans  rédîtion  des  Œuvres  de 
saint  Cyprien. 


10  L  ABBE   DU   MABARET. 

M.  Tabbé  Tandeau  de  Marsac ,  qui  a  eu  Tobligeance  de  nous  le 
communiquer  (1). 


IV. 


Pendant  qu'il  était  professeur  de  théolog'ie  au  séminaire 
d'Angers  ,  il  composa  en  latin  plusieurs  ouvrag'es  qui  n'ont  pas 
été  publiés  :  trois  de  ces  ouvrages  ,  que  nous  avons  pu  retrouver, 
accusent  dans  leur  auteur  une  vaste  érudition  et  une  étude  ap- 
profondie de  la  question  qu'ils  traitent. 

<*»  Le  premier  de  ces  ouvrages  a  pour  titre  :  Sedes  romana 
erroris  nescia,  ex  Matth.,  XVI,  48.  —  Il  traite  de  l'infaillibilité 
du  Saint-Siège,  démontrée  par  ce  passage  de  l'Évangile  : 
Tu  es  Pierre,  et  sur  cette  pierre  je  bâtirai  mon  Église,  etc. 

L*auteur  examine  ce  passage  sous  toutes  ses  faces ,  d'abord 
relativement  à  saint  Pierre  (première  partie  de  l'ouvrage) ,  et 
ensuite  relativement  au  Saint-Siège  apostolique  (seconde  partie). 
Dans  cette  dernière  partie ,  l'auteur  démontre  que  saint  Pierre  a 
fondé  l'Eglise  romaine  et  l'a  consacrée  par  son  sang  ;  qu'à  sa 
mort  le  Saint-Siège  romain  a  hérité  des  privilèges  de  Pierre. 
Il  prouve ,  à  l'aide  de  ce  passage ,  que  le  Saint-Siège  ne  faillira 
jamais  dans  la  foi;  qu'il  a  reçu  la  primauté  sur  toutes  les 
Églises  ;  que  ce  Siège  romain  est  indéfectible ,  parce  qu'il  est  le 
fondement  de  l'Eglise  ;  qu'il  est  le  centre  nécessaire  de  la  com- 
munion ecclésiastique  et  le  lien  de  l'unité  ;  qu'il  ne  sera  jamais 
abattu  par  les  puissances  des  ténèbres ,  et  qu'au  contraire  il  sera 
le  principal  destructeur  des  portes  de  l'enfer. 

M.  l'abbé  Tandeau  de  Marsac  a  eu  l'heureuse  chance  d'a- 
cheter, au  poids  du  papier,  chez  un  bouquiniste  de  Limoges,  le 
manuscrit  de  ce  traité ,  petit  in-folio  de  656  pages. 

L'auteur  avait  travaillé  à  cet  ouvrage  pendant  cinq  années  , 
depuis  4723  jusqu'en  4728.  Il  eut  la  pensée  de  le  dédier  au  Sou- 
verain-Pontife,  et ,  le  23  mars  4729,  il  écrivit  d'Angers  une 
lettre  dans  laquelle,  après  s'être  excusé  sur  la  liberté  qu'il 
prenait  de  lui  écrire  ,  il  s'exprimait  en  ces  termes  : 

«  Le  zèle  que  j'ai  pour  la  chaire  de  saint  Pierre  m'a  fait  com- 

(1)  L'exemplaire  déposé  k  la  bibliothèque  du  séminaire  ar-t-il  été 
rendu  a  la  famille  ?  ou  n'était-il  qu'une  copie  au  net  du  manuscrit  que 
possède  M.  l'abbé  Tandeau  î  C'est  ce  que  nous  ne  saurions  décider. 


l'abbé  du  mabahet.  11 

poser  un  livre  sous  ce  titre  :  Sedes  romana  erroris  nescia,  ex 
Malth.,  XVI ,  48.  Si  je  ne  traite  pas  un  si  digne  sujet  comme  il 
mériteroit  de  Têtre ,  je  puis  au  moins  me  rendre  ce  témoignage 
que  j*ai  fait  ce  que  j'ai  pu.  Depuis  cinq  ans  que  dure  mon 
travail,  je  n'ai  rien  épargné  :  veilles,  peines,  recherches, 
conseils ,  j'ai  tout  mis  en  usage.  Mon  style  peut-être  ne  paraîtra 
pas  à  quelques-uns  assez  majestueux  ;  mais  ,  pour  les  preuves , 
j'ose  dire  que  tout  le  monde  en  sentira  la  force. 

»  Pour  donner  à  Votre  Sainteté  quelque  idée  de  mon  travail , 
j'aurai  l'honneur  de  lui  dire  que  je  ne  cite  pas  moins  de  deux 
cents  passages  des  huit  premiers  siècles  pour  montrer  que ,  par  la 
pierre  dont  il  est  parlé  en  saint  Matthieu ,  chap.  XVI,  v.  48, 
l'on  doit  absolument  entendre  le  prince  des  apôtres  ;  ce  qui  est 
le  premier  point  que  je  me  suis  proposé  de  discuter  (4).  De  là 
Votre  Sainteté  peut  aisément  juger  avec  quel  soin  je  traite  mon 
sujet. 

»  C'est  principalement ,  Trè&5aint-Père ,  pour  nos  François  que 
j'ai  entrepris  cet  ouvrage,  persuadé  qu'il  pourroit  leur  être  très- 
avantageux  dans  un  temps  oii  les  novateurs  font  tous  leurs 
efforts  pour  rompre  les  liens  sacrés  qui  les  tiennent  attachés  au 
Saint-Siège.  Et ,  comme  j'ai  compris  que  j 'a vois  bien  des  mesures 
à  garder  dans  l'exécution  de  mon  projet ,  j'ai  choisi  si  scrupu- 
leusement toutes  mes  expressions,  et  j'ai  rapporté  tant  d'au- 
torités des  plus  zélés  défenseurs  des  libertés  gallicanes ,  que  j'ai 
tout  lieu  d'espérer  qu'il  ne  se  rencontrera  rien  dans  tout  mon 
ouvrage  qui  puisse  choquer  le  moins  du  monde  la  délicatesse  de 
nos  magistrats. 

9  Je  n'ai  pas  voulu  cependant  le  faire  imprimer  sans  demander 
auparavant  à  Votre  Sainteté  si  Elle  le  trouveroît  bon ,  n'ayant 
rien  de  plus  à  cœur  que  de  donner  en  toute  occasion  des  marques 
de  mon  profond  respect  pour  la  chaire  de  saint  Pierre.  C'est  pour 
cela ,  Très-Saint-Père ,  que  je  prends  la  liberté  d'envoyer  à  Votre 
Sainteté  mon  dessein  détaillé  :  s'il  ne  lui  agrée  pas ,  Elle  peut 
compter  que  l'ouvrage  ne  verra  jamais  le  jour  ;  que  s'il  a  l'a- 
vantage de  lui  plaire ,  ce  sera  pour  moi  le  plus  pressant  motif 
pour  me  porter  à  le  rendre  public.  » 

L'abbé  du  Mabaret  avait  adressé  cette  lettre  au  Souverain- 
Pontife  par  Pintermédiaire  du  nonce  à  Paris.  En  écrivant  à  ce 

(1)  A  notre  avis ,  Tabbé  du  Mabaret  s*était  donné  beaucoup  de  peine 
pour  prouver  Tévidence.  , 


12  LABRE  DU   MABARET. 

prélat ,  il  lui  exprimait  la  crainte  qu'on  n'approuvât  pas  à  Rome 
le  a  tempérament  »  qu'il  avait  pris  pour  ne  pas  choquer  les 
libertés  g^allicanes  :  «  J'ai  cependant  quelque  appréhension , 
disait-il ,  que  te  tour  que  je  prends  [sic]  ne  soit  pas  du  goût  du 
Souverain-Pontife ,  ce  qui  me  feroit  beaucoup  de  peine.  C'est 
surtout  par  rapport  à  ce  point  que  je  prends  la  liberté  de  con- 
sulter aujourd'hui  Votre  Excellence  ,  très-disposé  à  suivre  en 
tout  ses  avis  (4).  » 

Nous  n'avons  trouvé  dans  les  manuscrits  de  l'abbé  du  Mabaret 
aucune  réponse  du  nonce  apostolique.  Nous  doutons  fort  que 
l'ouvrage  ait  été  approuvé;  toujours  est-il  qu'il  n'a  pas  été 
publié.  Peut-être  ce  traité ,  très-savant  du  reste ,  ne  parut-il  pas 
assez  accentué  dans  le  sens  des  doctrines  romaines  :  la  vérité 
n'aime  pas  les  «  tempéraments  ». 

2**  Un  autre  ouvrage  latin,  resté  manuscrit,  a  pour  titre  : 
De  necessaria  atm  sede  Pétri  commtmione  libri  très  :  De  la  nécessité 
détre  en  communion  avec  le  Saint-Siégc.  Nous  avons  découvert ,  au 
milieu  de  vieux  livres  épars  dans  un  grenier  poudreux,  un 
exemplaire  de  cet  ouvrage ,  tout  chargé  de  ratures  et  de  cor- 
rections, qui  nous  a  été  donné  par  la  famille  Mabaret  du  Basty. 
Cet  ouvrage ,  terminé  vers  Tan  4734 ,  traite  (comme  le  titre  l'in- 
dique) de  la  nécessité  d'être  en  communion  avec  le  Saint-Siège. 
Dans  le  premier  livre ,  l'auteur  établit  cette  nécessité  par  diverses 
preuves  tirées  des  écrits  des  Pères  et  des  nombreux  monuments 
de  la  tradition  ecclésiastique  ;  dans  le  second  livre ,  il  déduit 
certains  corollaires  de  cette  démonstration  ;  dans  le  troisième 
livre ,  il  résout  quelques  objections  formulées  par  les  ennemis  du 
Saint-Siège.  Dans  cet  ouvrage ,  comme  dans  le  précédent ,  on 
trouve  des  citations  nombreuses,  empruntées  aux  Pères  de 
l'Église  et  aux  écrivains  ecclésiastiques,  qui  accusent  chez 
l'auteur  une  vaste  érudition. 

3*  Un  troisième  ouvrage  a  pour  titre  :  a  De  presbyterii  romani 
prœstantia  et  auctoritate  :  —  De  la  dignité  et  de  l'autorité  du  sacré- 
collège  des  cardinaux.  Un  manuscrit  de  cet  ouvrage  a  été  acheté 
par  notre  compatriote  M.  l'abbé  Tandeau  de  Marsac,  qui  Ta 
placé  dans  sa  bibliothèque  limousine  (2). 

Outre  ces  ouvrages  ,  qui  seront  conservés ,  nous  Tespérons , 

(1)  Lettre  du  29  mars  1729. 

(2)  Le  manuscrit  de  M.  Tabbé  Tandeau  a  pour  titre  :  Ik  prttibyt^rii 
romani  in  ecdesia  regimine  liber. 


L*ABBË  DU   BIABARET,  13 

r^ibbé  Yitrao  cite  quatre  autroô  traités  manuscrits  qui  avaient 
$t^  déposés  en  4783  à  la  bibliothèque  du  grand-séminaire  de 
Limoges,  et  qui  sont  vraisemblablement  perdus  :  l""  Se<Us 
romana  erroris  nescia  ;  eœ  Luc,  XXÏI  :  «  Rogavi  pro  te,  Petre,  etc.  »  : 
—  VinfaiUibilUé  du  Saint-Siège  démontrée  par  ces  paroks  de  saint 
Lvc  :  «  Pierre,  j'ai  prié  pour  toi^  etc.  »  (cap.  XXII)  ; 

%^  De  genuina,  Sedis  apçstoUcœ  notions  :  —  Vraie  notùm  du  Saint- 
Siège  apostolique; 

3**  la  def  de  toutes  les  questions  sur  la  Pâque  ; 

k"*  Systime  ancien  et  nouveau  sur  la  prédestination  et  Véconomie  de 
la  grdçe  eocpliqué^  à  la  manière  des  géomètres  (4  ). 


V. 

9 

L'abbé  du  Mabaret  était  en  correspondance  avec  quelques-uns 
des  savants  les  plus  illustres  de  son  époque ,  le  P.  Hardouin  , 
dom  Ceillier,  etc.  Un  grand  nombre  de  ses  lettres  ont  été 
perdues;  toutefois  nous  en  avons  trouvé  une  qui  nous  paraît 
digne  d'être  publiée  :  elle  est  du  P.  Longueval,  le  savant 
auteur  de  Y  Histoire  de  VÉglise  gallicane. 

Lorsque  le  P.  Longueval  fit  paraître,  en  1732,  les  deux  pre- 
miers volumes  de  son  ouvrage ,  Tabbé  du  Mabaret  fit  des  obser- 
vations critiques  sur  la  dissertation  qui  est  au  commencement 
du  premier  volume,-  et  qui  est  relative  à  rétablissement  du 
christianisme  dans  les  Gaules.  Il  lui  reprochait  entre  autres 
choses  :  4  •  de  ne  rien  dire  de  nouveau ,  et  de  paraître  avoir 
copié  le  sîeur  de  Launoy  et  plus  particulièrement  encore  la 
préface  de  la  nouvelle  édition  du  Gdlia  christiana,  par  le  P. 
(Denys)  de  Sainte-Marthe  (4715,  T.  1)  ;  2«  de  mal  poser  Têtat  de 
la  question  :  «  //  s'agit,  dit  le  P.  Longueval,  de  savoir  si  fe 
christianisme  a  été  établi  dans  les  Gaules  par  les  disciples  des  apôtres 
dès  le  premier  siècle  de  l'Église ,  ou  si  l'on  doit  différer  l'époque  de  son 
établissement  jusqu'au  milieu  du  m*  siècle  ».  —  «  Qui  peut  nier  en 
effet ,  répond  Tabbé  du  Mabaret ,  que  le  christianisme  n'y  fût 
établi  dès  le  second  siècle  de  TÉglise?  Qui  doute  que  les  Églises 
de  Lyon ,  de  Vienne  et  d'autres  encore  n'aient  été  fondées  pour 

(1)  L'abbé  Vitbac  ,  FeuHle  hèbdom. ,  16  avril  1763.  —  L'abbé  Tandeau 
possède  encore  quelques  traités  de  tliéologie  :  De  Deo ,  De  Trinitate ,  De 
Sœramentis  in  gmre ,  De  Bucharistia. 


14  iAbbé  du  mabaret. 

le  moins  en  ce  siècle?  Rien  n'est  plus  certain  dans  l'hîstoîre 
ecclésiastique  :  aussi  personne  n'a  jamais  avancé  que  la  religion 
chrétienne  n'ait  été  établie  dans  les  Gaules  que  vers  le  milieu 
du  m*  siècle  »  :  cette  observation  de  Tabbé  du  Mabaret  ne 
manque  pas  de  justesse  ;  3"  il  prétendait  encore  que  Touvrage 
cité  sous  le  nom  de  Lactance  —  De  morte  persecutorum  —  n'est 
pas  de  cet  écrivain  ;  4^  il  reprochait  au  P.  Longueval  de  n'être 
prs  exact  en  ce  qui  concerne  le  pape  saint  Etienne  et  saint 
Cyprîen  de  Carthage  :  «  Saint  Etienne ,  dit-il ,  monta  sur  la 
chaire  de  saint  Pierre  le  3  mai  253  ;  saint  Cyprien  lui  écrivit 
en  254;  ils  se  brouillèrent  en  256.  Si  cela  est  vrai,  il  y  a  trois 
fautes  en  cet  endroit.  La  lettre  de  saint  Cyprien  que  Ton  cite 
ici  est  la  67*  et  non  pas  la'^68*  ». 

Il  ajoutait  quelques  observations  plus  ou  moins  concluantes 
sur  le  texte  de  saint  Épiphane  relatif  à  la  prédication  de 
saint  Crescent  dans  les  Gaules.  Il  faut  dire  qu'il  partageait  sur 
cette  question  les  préjugés  de  l'école  de  Launoy,  dont  les  discus- 
sions contemporaines  ont  fait  bonne  justice  à  l'aide  des  do- 
cuments découverts  de  nos  jours. 

L'abbé  du  Mabaret  fit  passer  ces  «  Remarques  »  par  l'entre- 
mise de  M.  de  La  Blondinière,  continuateur  des  Conférences 
d'Angers ,  ancien  élève  du  P,  Longueval ,  qui  était  en  corres- 
pondance avec  le  savant  jésuite.  Le  P.  Longueval  lui  répondit 
le  24  décembre  4732  : 

«  Je  vous  remercie  des  remarques  que  vous  m'avez  envoyées  : 
elles  sont  de  bonne  main ,  et  je  profiterai  avec  reconnaissance 
de  quelques-unes.  Je  crois  pouvoir  me  justifier  sur  d'autres  : 
4°  je  puis  certainement  assurer  que  je  n'ai  pas  copié  la  préface 
du  P.  de  Sainte-Marthe ,  parce  que  je  ne  l'ai  jamais  lue  :  ce 
discours  a  été  composé  à  La  Flèche ,  où  nous  n'avions  pas  cette 
édition  du  Gallia  cliristiana ,  mais  seulement  celle  de  Messieurs  de 
Sainte-Marthe  et  de  M.  Robert;  2**  depuis  que  M.  Baluze  a 
donné  au  public  l'ouvrage  de  Lactance  De  mortibus  persectdorym, 
tous  les  savants  l'on  reconnu  pour  être  de  cet  auteur,  et  il  ne 
faut  que  le  lire  pour  s'en  convaincre ,  car  l'ouvrage  est  dédié  à 
un  saint  confesseur  qui  avait  souffert  pendant  les  persécutions 
et  avant  que  Constantin  eût  donné  la  paix  à  l'Église  ;  3®  je  n'ai 
point  prétendu  rien  dire  de  nouveau,  mais  j'ai  trouvé  un  tour 
nouveau  pour  concilier  les  différents  sentiments ,  et  d'habiles 
gens  m'en  ont  fait  compliment  :  c'est  en  accordant  quelque 
chose  aux  uns  et  aux  autres  que  j'ai  tâché  d'éclairer  les  diffl- 


L*ABBK   DU   MABARET.  15 

cultes.  Quand  je  serai  plus  libre ,  je  pourrai  m'étendre  plus  au 
long  là-dessus  et  sur  les  autres  points.  Je  suis  cependant  obligé 
au  savant  qui  vous  a  communiqué  ces  remarques.  Je  m'en 
tiendrai  à  la  maxime  dont  j'ai  parlé  dans  ma  préface  :  Refelli 
sine  iracundia,  et  nfeliere  sine  pertinacia  (4).  » 


VI. 


En  473S,  l'abbé  du  Mabaret  eut  la  douleur  de  perdre  son 
frère  Joseph ,  qui  était  avocat  au  parlement.  Les  besoins  d'une 
famille  privée  de  son  chef  le  rappelèrent  à  Saint-Léonard.  Il 
sacrifia  ses  goûts  pour  la  carrière  qu'il  avait  embrassée  ;  il  quitta 
la  compagnie  de  Saint-Sulpice  et  sa  chaire  de  théologie  à 
l'université  d'Angers  pour  aller  au  secours  d'un  neveu  encore 
enfant ,  à  qui  il  fallait  donner  une  bonne  éducation. 

Il  fut  pourvu  à  Saint-Léonard  de  la  cure  de  Saint-Michel  (2) , 
petite  paroisse  où  le  ministère  pastoral ,  très-restreint ,  lui  per- 
mettait de  se  livrer  à  ses  goûts  pour  Tétude.  Nous  trouvons  un 
acte  manuscrit  du  mois  de  mars  4737  dans  lequel  il  est 
désigné  comme  curé  de  Saint-Michel.  Mais  laissons  ici  la  parole 
à  l'abbé  Vitrac  : 

«  Pourvu  dans  sa  patrie  de  la  cure  de  Saint-Michel ,  Mabaret 
fut  le  conseil,  le  confident,  l'ami,  le  père  de  ses  paroissiens. 
Quiconque  est  passionné  pour  les  sciences  est  presque  toujours 
modéré  dans  ses  désirs.  Ce  très-petit  bénéfice  remplit  ceux  de 
notre  savant  compatriote.  11  est  à  présumer  que  les  distributeurs 
des  grâces  ecclésiastiques ,  plus  attentifs  que  lui-même  à  ses 
intérêts,  lui  offrirent  des  places  plus  dignes  de  ses  talents,  et 


(1)  CiCBRO»  lib.  II,  Ouest.  Tuscul.,  init. 

(2)  La  cure  de  Saintr-Michel  était  une  petite  paroisse  située  dans  la 
vîùe  de  Saint-Léonard.  Les  services  religieux  se  faisaient ,  croyons- 
nous  ,  dans  une  chapeUe  latérale  de  la  nef  de  l'église ,  occupant  rem- 
placement de  la  sacristie  récemment  construite.  Nous  pensons  que  la 
paroisse  se  composait  des  habitants  d'un  faubourg  situé  à  Test  de  la 
ville.  La  tradition  de  cette  paroisse  est  presque  perdue  aujourd'hui. 
Nous  lisons  dans  une  lettre  adressée  à  l'abbé  Tabaraud  par  M.  du  Basty, 
maire  de  Saint-Léonard  et  petit-neveu  de  l'écrivain  :  «  Cette  x)etite  pa- 
roisse de  Saint-Michel  se  composait  d'environ  cent  habitants  de  la 
classe  la  plus  pauvre ,  et  son  revenu  {le  auuel  sans  doute)  ne  suffisait  pas 
pour  Tentretien  du  pain  et  du  vin  de  l'autel.  »  (6  janvier  1821.) 


16  l'abbé  mj  MABARET. 

que ,  coûtent  de  Talsajace  qu'il  trouvait  au  sein  de  sa  famille ,  il 
ne  crut  pas  devoir  les  accepter  (4  ).  » 

Pendant  qu'il  était  curé  de  Saintr-Mlchel  y  il  fit  paraître  daius 
les  Mémoires  de  Trévoux  quatre  8avaQta  articles  que  nous  devcms 
signaler  : 

1  <»  Mémoire  sur  la  vie  et  les  ouvrages  de  messire  du  Plessis  d'Ar- 
gerUré,  évéquede  Tulle  [V), 

Dans  cet  article  il  fait  la  biog^raphie  du  savant  prélat ,  et  donne 
un  catalogue  très-complet  de  ses  ouvrages.  Nous  y  avons  re- 
marqué les  détails  suivants  :  «  A  voir  son  assiduité  à  Tétude ,  on 
aurait  dit  qu'il  ne  faisait  qu'étudier,  et  que  Tôter  de  là  c'était 
l'ôter  de  son  centre  et  lui  faire  violence  ;  à  voir  le  soin  qu'il 
prenait  de  son  diocèse ,  on  aurait  cru  qu'il  ne  faisait  rien  plus , 
et  qu'il  ne  pensait  pas  môme  à  autre  chose  »  (p.  S3S). 

«  Tous  les  vendredis  de  Tannée ,  il  faisait  manger  à  sa  table 
un  pauvre  de  Thôpital.  Ce  seul  trait  fait  voir  et  le  cas  qu'il 
faisait  des  misérables  et  jusqu'oii  allait  sa  charité  »  (p.  234). 

2"»  Mémoires  historiques  sur  la  vie  et  les  ouvrages  de  M.  Vabbé 
Babin,  doyen  de  la  faculté  de  théologie  d'Angers  (3). 

L'abbé  Babin  est  le  principal  auteur  des  Conférences  d'Angers. 
On  lui  doit  les  dix-huit  premiers  volumes  de  Tédition  en  gros 
caractères  de  cet  ouvrage  de  théologie,  très-estimé  et  très- 
répandu  au  dernier  siècle,,  et  réimprimé  de  nos  jours  par 
Mgr  Gousset,  archevêque  de  Reims.  Le  dernier  ouvrage  de 
l'abbé  Babin,  Sur  les  Bénéfices ,  parut  en  4734.  Personne  n'était 
plus  capable  d'écrire  la  biographie  du  savant  conférencier  que 
l'abbé  du  Mabaret ,  son  collègue  à  Angers  pendant  quinze  ans. 

3"  Réponse  à  un  article  des  Nouvelles  littéraires  du  journal  de 
Trévoux  du  mois  d'octobre  dernier  (1745) ,  p.  4896. 

Dans  cet  article  (4) ,  l'abbé  du  Mabaret  répond  à  un  écrivain 
anonyme  d'Angers  qui  avait  contredit  quelques-unes  de  ses 
assertions  sur  l'abbé  Babin ,  et  il  ajoute  de  nouveaux  traits  qui 
complètent  la  biographie  de  ce  théologien  célèbre. 

4"  Dissertation  où  Von  examine  de  quel  point  les  Israélites  prenaient 


(1)  L'abbé  Vitrac,  Feuille  hebdm.,  16  avril  1793.  ^  Àtmeleê  de  Ut 
Saut^  Vienne,  14  juiUet  1812. 

(2)  Mémoires  de  Trétoux ,  février  1743. 

(3)  Ib,,  octobre  1743,. art.  LXXVII,  p.  2575. 

(4)  /&.,  avril  1746,  2*  vol.,  p.  917-929. 


l'abbé  du  wabaret.  17 

ù  commencement  de  leurs  jours  au  temps  de  VimtiivJLim  de  la 
Pâque  (1). 

A  quel  moment  de  la  journée  les  Israélites  prenaient-ils  la 
commencement  du  jour  de  24  heures?  Était-ce  à  minuit,  comme 
nous  le  faisons?  était-ce  au  lever  ou  b^m  coucher  du  soleil? 
question  curieuse  et  pleine  d'iptérôt,  que  Tabhé  du  Mabaret 
traite  dans  cet  article. 

Il  est  certain  que  les  jours  de  fête,  chez  les  Juifs,  commen- 
çaient le  soir,  suivant  les  prescriptions  mosaïques  :  A  vespera 
usque  ad  vesperam  celebrabitis  sobboLa  vestra  [Levit,,  XXIII ,  32);  les 
jours  de  la  création  commençaient  le  soir  :  a  Et  du  soir  au 
matin  se  fit  le  premier  jour  »  [Gen,,  c.  I).  Comme  les  ténèbres 
avaient  précédé  la  lumière ,  la  première  nuit  et  le  premier  jour 
artificiel  composèrent  le  premier  jour  naturel. 

Les  prières ,  chez  les  Hébreux ,  commençaient  le  soir  [Ps.  LIV, 
18);  les  jeûnes  se  terminaient  au  coucher  du  soleil  [Judic,  XX, 
86  ;  —  II  Reg.,  I,  12)  ;  les  jours  de  fête  allaient  d'un  goir  à  l'autre. 
—  Telles  sont  les  savantes  conclusions  de  cet  article. 


VII. 


Lé  travail  le  plus  considérable  auquel  l'abbé  de  Mabaret  stJ 
soit  livré  pendant  sa  longue  carrière  c'est  la  révision ,  c'est-à- 
dire  la  correction  et  l'augmentation  du  Dictionnaire  historique  d^ 
Moréri.  On  sait  que  ce  Dictionnaire,  composé  d'abord  de  deu:?^ 
volumes  in-folio,  s'augmenta  successivement  dans  les  éditions 
suivantes ,  données ,  après  la  mort  de  Moréri ,  par  Jean  Le  Clerc , 
Dupin,  etc.  L'abbé  du  Mabaret  collabora  très -activement  ^ 
l'édition  de  1732,  publiée  en  six  volumes  in-folio  par  l'abbé 
Goujet,  ainsi  qu'aux  suppléments  de  1735  et  1749  que  donna  Je 
même  écrivain  ,  et  qui  se  composaient  chacun  de  deux  volumes 
in-folio.  On  lit  en  effet  dans  l'article  Moréri  de  la  dernière  édition 
de  ce  Dictionnaire ,  revue  et  publiée  par  DroUet  en  dix  volumes 
in-folio  :  «  M.  l'abbé  du  Mabaret,  curé  de  Saint-Michel  de  la 
ville  de  Saint-Léonard ,  a  aussi  fourni  des  corrections  et  addi- 
tions dont  M.  l'abbé  Goujet  a  fait  usage  dans  l'édition  de  1733 
et  dans  ses  suppléments  (2)  ». 

(1)  Mémoires  de  Trévoua,  octobre  1746,  II»  vol.,  col.  2248-2â75. 

(2)  IHclionnaire  historiçve ,  éiVition  1759,  art.  Âloiéri, 

2 


18  l'abbé  du  MABARET  ; 

Il  faut  dire  que  Tabbé  Goujet  ne  rendit  pas  justice  à  Tabbé  du 
Mabaret  pour  la  savante  coopération  que  celui-ci  avait  donnée 
au  Dictionnaire  historique,  et  voici  comment  notre  compati^ote 
s'en  plaig'nait  dans  une  note  manuscrite  qui  rappelle  les  fameux 
vers  de  Virgile  —  Sic  vos  non  vobis,  —  note  qu'on  trouve  sur  un 
exemplaire  du  supplément  de  4735  (4)  : 

a  Les  éditeurs  de  la  dernière  édition  de  Moréri  et  de  ce  sup- 
plément ne  m'ont  guère  rendu  justice.  J'ai  fourni  un  nombre 
prodigieux  de  corrections  et  d'additions,  qui  ont  été  insérées 
mot  à  mot  tant  dans  l'édition  de  4732  que  dans  ce  supplément, 
et  cependant  dans  la  préface  de  l'édition  de  4732  il  n'est  pas 
plus  fait  mention  de  moi  que  si  je  n'avois  en  rien  contribué  à 
sa  perfection  ,  et  dans  le  supplément ,  pour  tout  tribut ,  on  se 
contente  de  me  mettre  le  troisième  et  le  dernier  de  ceux  qui  ont 
communiqué  leurs  recherches  sur  les  illustres  d'Anjou ,  ce  qui 
n'étoit  que  la  plus  mince  partie  de  mon  travail.  Ce  n'est  pas 
bien  agir.  L'éditeur  s'est  acquis  assez  de  gloire  pour  son  travail 
personnel  sans  dérober  le  peu  d'honneur  qui  peut  revenir  aux 
autres.  t> 

Malgré  l'injustice  qu'on  avait  commise  à  son  égard ,  l'abbé  du 
Mabaret  ne  se  découragea  pas  :  il  porta  ses  vues  sur  Tédition  à 
venir,  et  ne  se  proposait  rien  moins  que  la  refonte  de  tout  l'ou- 
vrage. Il  proposa  ses  vues  à  l'abbé  Goujet,  qui  lui  répondit, 
le  49  décembre  4745  :  «  J'ai  lu  votre  manuscrit.  J'approuve 
vos  vues  pour  la  perfection  du  Dictionnaire  historique.  Vous 
démontrez  la  nécessité  de  la  refonte  de  l'ouvrage;  mais  ma 
Bibliothèque  française  m'occupe  tellement  que  je  ne  croîs  pas 
pouvoir  me  charger  de  cette  opération.  En  remettant  votre  ma- 
nuscrit aux  libraires ,  je  les  exhorterai  h  faire  travailler  sur  ce 
plan.  »  L'édition  parut  en  4759,  par  les  soins  de  Drouet,  en  dix 
volumes  in-folio.  Elle  ne  remplit  pas  les  espérances  de  l'abbé  du 
Mabaret  :  il  se  dévoua  à  la  révision  de  cet  ouvrage.  11  y  travailla 
si  assidûment,  depuis  4763  jusqu'en  4773^  qu'il  en  rédigea  les 
articles  par  ordre  alphabétique  de  manière  à  former  six  gros 
volumes  in -4.  Son  neveu,  M.  Jacques  du  Mabaret  du  Basty,  les 
remit  cette  année  entre  les  mains  de  la  veuve  Desaint,  dont  la 
librairie  était  si  célèbre  èi  cette  époque.  Mais  l'édition  projetée 
ne  vit  pas  le  jour. 

(1)  Cet  exemplaire  fait  partie  de  la  richô  bibliothèque  de  M.  Tabbé 
Tandeau  de  Marsac. 


L*ABBÉ   DU    MABARET.  19 

Plus  tard ,  le  manuscrit  de  Tabbé  du  Mabaret  fut  acquis  par 
M.  Barbier,  bibliothécaire  du  roi ,  qui  en  publia  plusieurs 
articles  [\)  dans  son  Examen  critique  ou  Complément  des  diction- 
naires historiques  les  plus  répandus,  <"  volume  in-8  (le  seul 
paru)  :  Paris ,  juin  4820. 

M.  Barbier  dit  dans  son  introduction  :  «  J'ai  cru  le  moment 
actuel  favorable  pour  présenter  les  avantages  et  les  incon- 
vénients des  Dictionnaires  que  je  viens  de  passer  en  revue ,  à 
commencer  seulement  par  le  Dictionnaire  de  Moréri ,  édition  de 
4759  :  pour  celui-là,  les  remarques  seront  moins  de  moi  que 
d'un  homme  qui  a  passé  trente  années  d'une  vie  laborieuse  à 
l'examiner  dans  tous  ses  points ,  et  qui  est  cité  à  l'article  Moi^éri 
pour  les  articles  qu'il  avait  fournis  précédemment  à  l'abbé 
Goujet  :  cet  homme  est  l'abbé  du'  Mabaret....  Ses  remarques 
manuscrites  forment  six  gros  volumes  in- 4,  d'où  j'extrairai 
seulement  quelques  passages  relatifs  à  des  hommes  célèbres  » 

(  p.  VII  ,  VIII  ). 

Après  avoir  vainement  cherché  ce  manuscrit  à  la  Bibliothèque 
impériale  de  Paris,  nous  avons  appris,  par  une  lettre  de 
M.  Louis  Barbier,  fils  de  l'ancien  bibliothécaire  du  roi,  aujour- 
d'hui conservateur-adjoint  à  la  Bibliothèque  impériale  du 
Louvre  ,  que  ces  six  volumes  manuscrits ,  in-4 ,  font  aujourd'hui 
partie  de  cette  dernière  bibliothèque  (2).  Ils  ont  pour  titre  : 
Mémoire  pour  servir  à  la  future  édition  du  Dictionnaire  de  Moréri, 
Il  est  à  croire  que  cette  future  édition  ne  verra  jamais  le  jour. 


VIII. 


Si  nous  en  croyons  une  lettre  écrite  en  4824  à  l'abbé  Taba- 
raud  (3)  par  M.  Mabaret  du  Basty,  maire  de  Saint-Léonard , 
petit-neveu  de  Tabbé  du  Mabaret,  les  articles  du  Dictionnaire 


(1)  Citons  en  particulier  :  Acichorîus ,  Adam ,  Adémar  de  Chabanais , 
Anchanterus  (Claude),  saint .  Austremoine  ,  Barthélémy  (Nicolas), 
Bauhuis  (Bernard) ,  le  marquis  de  La  Cliétardie ,  saint  Damase ,  Delau- 
diin  (Pierre) ,  Pérusse  d'Escars ,  Flemmîng  (Jacques-Henri ,  comte  de) , 
Frain  du  Tremblay,  etc. 

(2)  Lettre  du  19  janvier  1865. 

(3)  Il  paraît  par  cette  lettre  que  l'abbé  Tabaraud  avait  eu  la  pensée 
d'écrire  la  biographie  de  l'abbé  du  Mabaret. 


20  l'abbé  du  mabaret, 

de  Moréri  qu'il  avait  rédigés  «  sont  pour  la  plupart  marqués 
d'une  petite  main  ».  Cette  assertion  est-elle  exacte?  Nous  n'o- 
serions l'affirmer,  car  plusieurs  articles  qui  sont  de  lui  ne 
portent  pas  cette  indication.  Du  reste  on  trouve  dans  cette  lettre 
quelques  détails  sur  la  vie  réglée  et  laborieuse  de  l'infatigable 
écrivain-  «  H  travaillait  constamment  chaque  jour  depuis  quatre 
heures  du  iiratin  jusqu'à  une  heure ,  qui  était  l'heure  du  dîner  ; 
il  se  promenait  ensuite ,  et  reprenait  le  travail  à  deux  heures 
jusqu'à  six  heures,  moment  du  souper  :  il  restait  en  famille 
jusqu'à  neuf  heures  (<).  »  On  voit  par  là  que  sa  retraite  dans  sa 
ville  natale  était  un  repos  plein  d'occupations.  Il  est  à  regretter 
que  sa  riche  bibliothèque ,  composée  d'ouvrages  rares  et  pré- 
cieux annotés  de  sa  main ,  ait  été  divisée  et  en  grande  partie 
dispersée. 

L'abbé  du  Mabaret  ne  s'était  pas  borné  à  collaborer  au  Dic- 
tionnaire historique  de  Moréri  :  il  avait  envoyé  à  Tabbé  Expilly, 
pour  son  Dictionnaire  des  Gaules  et  de  la  France ,  un  mémoire  dont 
M.  Maurice  Ardant  possède  une  copie.  L'abbé  Expilly  écrivit 
d'Avignon,  le  H  juin  4764,  aux  consuls  de  Limoges,  en  leur 
faisant  hommage  des  trois  premiers  volumes  de  son  Dictionnaire, 
et  en  les  priant  de  remercier  les  abbés  de  Voyon ,  du  Mabaret 
et  Nadaud  pour  les  mémoires  que  ces  savants  lui  avaient 
adressés  (2). 

Nous  lisons  en  outre  dans  un  article  biographique  sur  l'abbé 
Ruben ,  publié  par  Tabaraud  dans  les  Annales  de  la  Haute- 
Vienne  (3) ,  que  Tabbé  du  Mabaret  avait  fourni  plusieurs  articles 
sur  rhistoire  du  Limousin  à  M.  de  Fontette  pour  la  dernière 
édition  du  P.  Lelong. 


IX. 


Un  autre  travail  considérable  auquel  l'abbé  du  Mabaret  avait 

consacré  ses  veilles  c'était  la  révision  du  Dictionnaire  de  Trévoux. 

On  sait  que  les  Mémoires  de  Trévoux  (  revue  scientifique  et  lit- 

(1)  Cette  lettre,  en  date  du  6  janvier  1821,  nous  a  été  obligreamment 
commimiquée  par  un  petit-neveu  de  Tabbé  Tabaraud,  M.  Emile  Hervy, 
notaire  à  Limog-es. 

(2)  BuiUtin  Àrchéologigue ,  T.  V,  p.  71. 

(3)  Numéio  du  19  octobre  1813. 


l'abbé  du  mabaret.  21 

téraire  fondée  par  les  jésuites  du  collège  Louis-le-Grand  )  tirent 
leur  nom  de  la  petite  ville  de  Trévoux  près  de  Lyon ,  où  ils 
furent  d'abord  imprimés.  Cette  ville  était  alors  la  capitale  de  la 
principauté  de  Bombes ,  cédée  à  la  France  sous  Louis  XV.  Un 
fait  moins  connu  c'est  que  le  Dictionnaire  de  Trévoux  fut  com-- 
posé  sous  la  direction  d'un  savant  jésuite  (sur  le  plan  du  Diction- 
naire de  Furetière,  remanié  par  Basnage  de  Beauval,  en  4.701). 
Il  eut  une  première  édition  en  1704  :  Trévoux,  3  v(»lumes  in- 
folio. Une  seconde  édition ,  dirigée  par  le  P.  Etienne  Souciet  (1  ) , 
parut  en  1721,  5  volumes  in-folio,  et  fut  réimprimée  plusieure 
fois.  Une  troisième  édition  fut  donnée  par  Restant,  en  1743, 
6  volumes  in-folio. 

L'abbé  du  Mabaret  contribua  largement  à  l'édition  en  sept 
volumes  in-folfo  qui  parut,  en  1752,  sous  la  direction  de 
M.  l'abbé  Berthelin  (2).  Les  libraires  associés  ayant  songé,  en 
1761,  à  préparer  une  édition  nouvelle,  eurent  la  pensée  d'en 
confier  la  direction  à  l'abbé  du  Mabaret ,  qui  avait  enrichi  leur 
Dictionnaire  d'une  foule  d'articles  intéressants.  Vincent  et 
Ganeau  lui  en  firent  la  proposition  ;  mais  il  se  refusa  k  leur 
demande.  Toutefois  il  promit  des  recherches ,  et  tint  parole. 

C'est  lui  qui  a  fourni  la  plus  grande  partie  des  matériaux  de 
cette  dernière  édition  du  Dictionnaire  de  Trévoux,  Ganeau  reçut 
de  lui  trois  volumes  in-4''  de  mille  pages  chacun ,  dans  lesquels 
il  marquait  les  retranchements ,  les  corrections  et  les  additions 
qu'il  y  avait  faites ,  et  la  disposition  qu'il  fallait  y  introduire.  II 
regardait  ce  Dictionnaire  comme  le  plus  riche  trésor  de  notre 
langue  :  il  ne  fallait ,  selon  lui ,  qu'une  main  intelligente  qui 
eût  la  liberté  de  faire  les  retranchements  convenables  et  de 
mieux  ordonner  la  plupart  des  articles.  Cette  édition ,  confiée  à 
la  direction  de  M.  l'abbé  Brillant,  parut  en  1771,  en  8  volumes 
in-folio  (3). 

Mais  l'abbé  du  Mabaret  cherchait  toujours  à  atteindre  la  per- 
fection ,  et  il  y  tendait  par  un  labeur  infatigable.  La  révision 


(1)  Mémoires  de  Tréxxmx ,  mois  d'avril  1744. 

(2)  On  lit  dans  la  préface  que  «  M.  Berthelin  a  trouvé  de  grands 
secours  dans  les  Mémoires  abondants  du  feu  P.  Souciet,  de  M.  du 
Mabaret ,  curé  de  Saint-Michel  de  la  ville  de  Saint-Léonard ,  de  feu 
M.  Valdruche  et  de  feu  M.  Tabbé  Leclerc  ». 

(8)  Barbier,  Sxamen  critique ,  etc.  —  Vitrac,  Anfkala  de  la  Eaute^ 
Vienne ,  14  juillet  1812. 


22  l'abbé  du  mabaret, 

de  ce  Dictionnaire  occupa  les  dernières  années  de  sa  vie.  En 
4777  —  il  avait  alors  quatre-vingts  ans  —  il  publia  sous  le 
voile  de  Tanonj^me  une  brochure  dont  voici  le  titre  :  Lettre  à 
M.  le  rédacteur  de  la  nouvelle  édition  du  Dictionnaire  de  Trévoux  :  à 
Amsterdam  et  à  Paris ,  chez  Clousier,  in-8°  de  36  pages.  Dans 
cette  lettre ,  qui  est  très-curieuse  et  très-rare  aujourd'hui ,  il 
exposait  le  plan  qu'il  avait  conçu  pour  l'amélioration  de  ce 
Dictionnaire. 

La  Feuille  hebdomadaire  de  Limoges,  du  25  juin  1777,  em- 
prunta à  un  journal  de  Paris  un  résumé  de  cette  lettre ,  dont 
elle  faisait  connaître  l'auteur. 

Le  manuscrit  qui  renfermait  ses  remarques  pour  la  révision  de 
ce  Dictionnaire  formait  huit  gros  volumes  in-4°.  Malheureu- 
Bement  l'édition  de  m\  a  été  la  dernière,  et  ses  travaux  pour 
l'amélioration  de  ce  grand  ouvrage  sont  restés  sans  emploi. 
M.  Mabaret  du  Basty  écrivait,  en  1821,  à  l'abbé  Tabaraud, 
qu'il  avait  chez  lui  ces  huit  volumes  ;  mais  depuis ,  la  plupart 
se  sont  perdus ,  par  suite  de  partages  de  famille.  Nous  avons  pu 
toutefois  en  retrouver  trois  [\y,  au  milieu  de  vieux  livres  et  de 
divers  manuscrits  épars  dans  un  grenier  poudreux.  C'est  là  le 
dernier  jet  de  sa  plume  :  l'écriture  fatiguée  accuse  la  main 
tremblante  d'un  vieillard. 


X. 


Depuis  quelque  temps  il  s'était  démis  de  sa  cure  de  Saint- 
Michel  (2).  Seul  avec  Dieu  et  ses  livres ,  il  consacra  ses  derniers 
jours  à  la  prière  et  aux  recherches  savantes ,  ne  voulant  d'autres 
distractions  que  celles  qu'il  trouvait  dans  ses  exercices  lit- 
téraires. 

Tel  était  chez  lui  le  goût  de  l'étude  que  ni  les  infirmités  de  la 
vieillesse  ni  la  caducité  de  l'âge  ne  purent  le  faire  renoncer  à 
ses  utiles  travaux.  Il  cessa  d'écrire  en  1783. 

Voici  son  acte  de  décès,  tel  que  nous  l'avons  relevé  aux 
archives  de  la  mairie  de  Saint-Léonard  :  «  Le  dix-neuf  du  mois 


(1)  Les  volumes  H-L ,  M-0,  T-Z. 

(2)  Nous  ne  savons  en  quelle  année  il  donna  sa  àémission.  Il  était 
encore  curé  de  Saint-Michel  en  1760  {ms.  du  12 'décembre);  il  ne  Tétait 
plus  en  1777. 


l'abbé  du  mabaret.  23 

de  mars  année  susdite  (<783)  a  été  inhumé  messire  Joseph  du 
Mabaret,  communaliste  de  cette  ville,  ancien  curé  de  Saint- 
Michel  ,  décédé  la  nuit  précédente  en  la  présente  ville ,  rue  de 
la  Place  (4),  muni  des  sacrements,  âgé  de  quatre-vingt-six 
ans  (2)  9. 

M.  Tabbé  Vitrac  avait  publié  une  courte  notice  sur  l'abbé  du 
Mabaret,  en  4783,  dans  la  Feuille  hebdomadaire  de  Limoges  (3); 
M.  Charles  Weiss,  le  savant  bibliothécaire  de  Besançon,  lui  a 
consacré  quelques  lignes  dans  la  Biographie  universelle;  —  aidé 
par  les  circonstances ,  nous  avons  voulu  écrire  une  Notice  bio- 
graphique plus  étendue  sur  ce  savant  compatriote  qui  a  tant  de 
droits  à  la  renommée  ;  nous  avons  voulu  rappeler  ses  titres ,  de 

« 

peur  qu'un  «  ingrat  oubli  >»  ne  vînt  obscurcir  sa  mémoire,  «  Ne 
volumine  temporum  ingrata  subrepat  oblivio  (4)   », 

L'abbé  ARBELLOT. 


(1)  Dans  une  maison  récemment  démolie. 

(2)  «  Ont  assisté  au  convoi  :  MM.  Léonard  Michelon  du  Mabaraud , 
Charles  Teyxonnière ,  qui  ont  signé  avec  moi.  —  Veyrier  de  Male- 
PLANE,  chanoine-curé.  » 

(3)  Numéro  du  16  avril  :  —  reproduit  en  partie  dans  les  Annales  d$ 
la  Haute-Vienne ,  14  juillet  1812. 

(4)  S.  AuGUST.,  De  civitale  Dei ,  lib.  X ,  cap.  m. 


RAPPORT 


SUR  LA 


PUBLICATION  DU  NOBILIAIRE 


LU  A  LA  RÉUNION  DK  FÉVRIER  1866 


La  publication  du  Nobiliaire  du  diocèse  et  de  la  généralité  de 
Limoges,  entreprise  en  4856 ,  était  arrivée  à  la  72*  pag-e  du  second 
volume  lorsque  la  mort  de  l'éditeur,  M.  Tabbé  Roy  de  Pierre- 
fitte,  curé-doyen  de  Bellegarde  (Creuse),  est  venue  Tinter- 
rompre.  En  continuant  ce  travail ,  dont  nous  avons  été  charge 
par  la  Société  Archéolog'ique  dans  sa  séance  du  28  avril  48()5  , 
nous  croyons  utile  de  vous  parler  de  cette  importante  publica- 
tion ,  et  d'abord  de  son  éditeur,  que  la  mort  nous  enlevait  il  y  a 
aujourd'hui  un  an. 


L 


Jean-Baptiste-Louis  Roy  de  Pierrefitte  naquît  à  Felletîn  , 
petite  ville  du  département  de  la  Creuse,  le  29  août  4819.  Son 
père,  Antoine-Victor  Roy  de  Pierrefitte,  avait  servi  avec  gloire 
pendant  les  grandes  guerres  de  l'empire  ;  sa  mère ,  Louise  Bou- 
chardy,  porta  à  sa  première  éducation  tous  les  soins  qu'une 
tendre  mère  prend  pour  Taîné  de  ses  enfants. 

Il  fit  ses  études  au  petit-séminaire  de  Felletin ,  où  il  se  fit 


PUBLICATION    DU    NOBILIAIRE.  25 

aimer  de  ses  maîtres  et  de  ses  condisciples  par  ses  manière^ 
affectueuses  et  bonnes. 

Entré  au  grand-séminaire  de  Limoges  en  4840 ,  il  y  reçut  tous 
les  ordres ,  et  Monseigneur  Bernard  Buissas ,  évêque  de  Li- 
moges ,  le  consacra  prêtre  en  \  843. 

Felletin  devait  le  posséder  de  nouveau  :  ce  fut  le  premier  poète 
qu'il  occupa  en  sortant  de  Limoges.  Les  petits-séminaires  aimeut 
à  réclamer  pour  leurs  professeurs  les  jeunes  prêtres  qui  furent 
leurs  élèves.  Ce  mode  de  recrutement,  si  excellent  puisqu'il 
donne  des  sujets  connus,  fut  ici  un  peu  en  défaut.  Chez  Télève 
affectueux ,  chez  Tenfant  riant  et  chantant ,  on  n^avait  pas  assez 
observé  le  fils  du  vieux  soldat,  prompt  à  se  ranger,  ne  concevant 
pas  l'indiscipline.  Cette  tendance  native ,  singulièrement  déve- 
loppée par  la  vie  si  minutieusement  réglée  du  grand- séminaire, 
apparut  très -dominante  chez  le  professeur.  La  discipline  mili- 
taire lui  semblait  la  forme  idéale  d'un  collège.  Tout  le  monde 
n'était  pas  de  son  avis  :  l'abbé  Roy  ne  dit  pas  le  contraire  ;  mais , 
après  deux  ans,  il  demanda  son  congé. 

En  1846 ,  il  fut  nommé  vicaire  de  Bellac.  Le  ministère  avec  sefe 
services  incessants  et  multiples  convenait  mieux  à  sa  nature 
agissante.  Ce  fut  dans  cette  ville,  pendant  les  deux  années  qu'il 
y  resta ,  qu'il  conçut  le  projet  de  son  premier  ouvrage  :  Hîitoire 
de  la  ville  de  Bellac;  mais  ce  ne  fut  qu'en  juillet  4851  que  cette 
histoire  fut  livrée  au  public. 

La  paroisse  de  Saint-Pierre-du-Queyroîx  de  Limoges  hérita 
du  vicaire  de  Bellac  en  1849,  et,  le  ÎO  mai  1850 ,  la  Société 
Archéologique  le  reçut  au  nombre  de  ses  membres.  11  signala 
sa  présence  au  Bulletin  par  plusieurs  travaux ,  et  il  fut  élu 
secrétaire-adjoint  le  24  février  1S56.  C'est  alors  qu'il  commença 
la  publication  du  Nobiliaire  de  Nadaud. 

M.  l'abbé  Roy  de  Pien^efitte  donna  en  1858  un  nouveau  volume 
intitulé  :  Notes  historiques  sur  le  cttUe  de  la  sainte  Viei-ge  dans  k 
diocèse  de  Limoges, 

En  18Ô9,  Limoges  recevait  dans  ses  murs  l'Institut  des  pro- 
vinces pour  la  XXVI'  session  du  Congrès  scientifique  de  France  : 
M.  Roy  fut  nommé  secrétaire  de  la  iv*  section  (archéologie) 
conjointement  avec  M.  Maurice  Ardant.  Il  a  enrichi  le  1*"  volame 
des  mémoires  du  Congrès  de  cinq  procès-verbaux  ,  et  le  2«  d'une 
Notice  historique  assez  étendue  sur  la  célèbre  abbaye  de 
Solignac. 

Pendant  qu'il  se  livrait  avec  une  activité  incroyable  à  ôôs 


26  PUBLICATION 

études  favorites  et  à  toutes  les  occupations  du  ministère  pa- 
roissial ,  il  ne  s^apercevait  pas  que  sa  santé  ^'épuisait.  Les  choses 
allèrent  si  loin  que  plusieurs  fois  il  reçut  les  derniers  sacrements 
et  plusieurs  fois  le  bruit  de  sa  mort  se  répandit  au  loin.  Avec  le 
temps ,  le  mieux  se  fit  cependant  sentir,  les  forces  revinrent  un 
peu ,  et ,  servi  par  un  courage  plus  qu'ordinaire ,  il  reprit 
ses  occupations  habituelles.  Il  était  évident  pour  tout  le  monde 
que  le  travail  excessif  auquel  il  se  livrait  provoquerait  des  ac- 
cidents encore  plus  graves  :  lui  seul  ne  comprenait  pas  la  possi- 
bilité du  repos;  mais  Monseigneur  Fruchaud,  avec  une  toute 
paternelle  tendresse ,  sut  trouver  un  poste  oii  le  malade ,  tout  en 
respirant  presque  Tair  natal ,  pût  se  refaire  un  peu ,  et  où  l'in- 
fatigable ouvrir  pût,  dans  des  conditions  aisées,  travailler 
encore  :  il  le  nomma  curé-doyen  de  Bellegarde  (Creuse).  Le 
41  avril  1862,  M.  Tabbé  Roy  se  rendit  à  son  nouveau  poste. 

C'est  là  oîi  il  termina  le  premier  volume  de  ses  Études  sur  les 
monastères  et  les  abbayes  du  Limousin  et  de  la  Marche. 

Il  mit  encore  au  jour,  dès  les  premiers  jours  de  1863,  un 
autre  travail  intitulé  :  Histoire  et  Archéologie  sur  le  canton  de 
Bellegarde 

Un  Congrès  scientifique  devait  avoir  lieu  à  Guéret  en  1863  : 
M.  l'abbé  Roy  de  Pierrefitte  en  avait  été  nommé  président ,  et  il 
s'occupait  avec  ardeur  de  l'organisation  de  ces  assises  scienti- 
fiques dans  Tancienne  capitale  de  la  Haute- Marche ,  où  la 
Société  Française  d'Archéologie  venait  pour  la  première  fois. 
Mais  il  ne  devait  pas  voir  ces  fêtes  pour  lesquelles  il  se  donnait 
tant  de  peine  :  dès  les  premiers  jours  de  1865 ,  il  avait  senti  de 
nouvelles  et  rudes  attaques  de  ce  mal ,  qu'il  croyait  calmé  par  le 
repos  qu'il  avait  pris ,  et ,  le  Î3  février,  il  expirait  à  l'âge  de 
quarante-cinq  ans.  11  était  membre  de  la  Société  Archéologique 
et  Historique  du  Limousin ,  de  la  Société  des  Sciences  naturelles 
et  archéologiques  de  la  Creuse,  membre  de  l'Institut  des  Pro- 
vinces ,  de  la  Société  Française  d'Archéologie ,  qui  l'avait  nommé 
inspecteur  pour  le  département  de  la  Creuse. 

Nous  possédons  de  lui  : 

1*»  Histoire  de  la  viUe  de  Bellac,  suivie  de  quelques  notes  sur  le  bourg 
de  Rançon,  1  vol.  in-8  de  252  pages. 

«  Cet  ouvrage  est  divisé  en  quatre  parties  :  la  première  com- 
prend les  faits  de  l'histoire  de  Bellac  ;  la  seconde  traite  des  insti- 
tutions et  des  monuments;  la  troisième  est  consacrée  à  la 
biographie  des  hommes  de  lettres,   magistrats,  etc.,  nés  à 


DU   NOBILIAIRE.  27 

Bellac;  la 'quatrième  est  une  collection  de  pièces  originales 
relatives  à  l'histoire  de  cette  ville. 

»  Dans  la  première  partie,  nous  avons  lu  avec  intérêt  le 
tableau  du  x'  siècle  et  le  récit  du  premier  siège  que  cette  ville 
eut  à  soutenir  contre  le  roi  Kobert  et  le  duc  Guillaume  (995)  ;  le 
siège  non  moins  glorieux  qu'elle  soutint,  six  siècles  plus  tard, 
contre  une  armée  de  Ligueurs  (1591);  le  passage  à  Bellac  du 
Dauphin  (depuis  Louis  XI),  de  Henri  IV,  de  Louis  XIII,  puis 
de  La  Fontaine  et  de  Fénelon. 

»  M.  Roy  n'a  pas  craint  d'aborder  les  faits  contemporains,  et 
de  faire  l'histoire  de  Bellac  pendant  la  la  Révolution. 

»  Dans  la  seconde  partie ,  qui  traite  des  institutions  et  des 
monuments ,  nous  avons  remarqué  principalement  Thistoire  du 
tribunal  de  Bellac,  dont  la  création  remonte  à  1572. 

»  La  biographie  de  quinze  hommes  illustres  et  des  notes  sur 
quelques  contemporains  forment  la  troisième  partie. 

»  Dans  la  quatrième  partie,  composée  de  documents  ori- 
ginaux ,  rhistoîre  (inédite)  des  châtellenies  de  Bellac ,  Rançon  et 
Champagnac ,  par  MM.  Robert ,  les  coutumes  de  Bellac ,  Tédit  de 
création  du  tribunal  de  cette  ville ,  la  lettre  d'un  des  consuls 
(Génébrias)  à  Turquant,  qui  contient  un  récit  si  intéressant  du 
siège  de  1591,  et  diverses  autres  pièces  ajoutent  un  grand  in-, 
térêt  à  ce  livre ,  qui  doit  être  considéré  comme  le  livre  d'or  de  la 
ville  de  Bellac.  Suivant  l'expression  d'un  rédacteur  de  l'Abeille 
de  Poitiers  (M.  de  Constant),  M.  Roy,  grâce  à  ses  recherches 
nombreuses,  a  su  donner  h  son  sujet  les  proportions  d'une 
histoire  (1).  » 

L'auteur  a  dédié  cet  ouvrage  à  sa  tante ,  alors  religieuse  à 
Balledent. 

2»  Sit^ge  de  la  ville  de  Bellac,  ou  Lettre  d'un  consul  de  la  ville 
de  Bellac  à  M.  Turquant,  conseiller  du  roi ,  maître  des  requêtes 
ordinaire  de  son  hôtel ,  intendant  de  la  justice  et  affaires  de  Sa 
Majesté  au  pays  du  Limousin ,  contenant  :  le  siège  dudit  Bellac  ; 
déroute  de  la  cavalerie  du  vicomte  de  La  Guierche  ;  défaîte  de 
son  infanterie  ;  prise  de  son  canon  en  la  ville  de  MontmorîUon  ; 
reprise  de  plusieurs  villes  et  châteaux  par  Monseigneur  le  prince 
de  Conti ,  in-8  de  1 6  pages  (2) .  —  Des  notes  historiques  terminent 
cette  pièce  importante ,  et  en  augmentent  l'intérêt. 

(1)  £idl.  de  Ut  Soc.  Ârck.,  III ,  167. 

(2)  /(«m,  II,  242. 


28  PLBUCATIOiN 

3**  Notice  histonque  sur  la  manufacture  de  tapisseries  de  Fclklin 
[Creuse)  j  in-8  de  43  pages  (4). 

Cette  notice  a  pour  but  de  réclamer  contre  une  injustice  dont 
Topinion  publique  s'est  rendue  coupable.  Les  tapis  d'Aubusson 
sont  connus  dans  toute  TEurope  et  dans  le  Nouveau-Monde , 
et  ont  acquis  à  cette  ville  une  certaine  célébrité.  En  parlant  des 
tapisseries  fabriquées  dans  la  Creuse ,  on  ne  parle  que  des  tapis 
d*Aubusson  :  or  la  ville  de  Felletin  a  autant  de  droits  que  la 
ville  d*Aubusson  à  cette  brillante  renommée  :  ses  manufactures 
de  tapis,  connues  dès  le  commencement  du  xvr  siècle,  ont 
conservé  leur  importance  jusqu'à  nos  jours.  M.  Tabbé  Roy  le 
prouve  en  faisant  Thistoire  de  cette  manufacture,  sujet  qui  a  le 
mérite  d'être  neuf,  et  d'être  traité  avec  des  documents  inédits. 

4**  Notes  historiques  sur  le  culte  de  la  sainte  Vierge  dans  le  diocèse  de 
Limoges,  4  vol-  in-12de  492  pages. 

Cet  ouvrage  renferme  un  sujet  encore  neuf,  traité  avec  les 
documents  réunis  par  nos  infatigables  compilateurs  Nadaud  et 
Legros.  Il  est  peut-être  à  regretter  que  la  précipitation  avec 
laquelle  il  a  été  livré  à  l'impression  ait  nui  à  la  richesse  du 
sujet.  Cet  ouvrage  est  dédié  à  Monseigneur  Desprez,  évêque  de 
Limoges. 

5^  Études  sur  ies  monastères  et  les  abbayes  du  Limousin  et  de  la 
Marche  (4857-4864),  4  val.  in-8  de  près  de  800  pages. 

C'est  le  plus  précieux  de  tous  ses  ouvrages.  11  devait  former 
deux  volumes  ;  mais  la  mort  ne  lui  a  pas  permis  de  commencer 
le  second  :  le  premier  existe  seul.  Il  se  compose  de  trente  notices 
historiques  sur  autant  de  maisons  religieuses ,  dont  l'existence 
de  la  plupart  n'était  connue  dans  nos  contrées  que  par  quel- 
ques ruines  couvrant  l'emplacement  oii  elles  florissaient  jadis. 
Le  manuscrit  de  Legros ,  dont  l'auteur  a  souvent  tiré  un  excel- 
lent parti ,  a  fait  revivre  dans  notre  histoire  ce  moyen  âge 
religieux  qui  a  produit  tant  d'œuvres  admirables.  Ces  notices 
ont  été  publiées  dans  différents  recueils;  réunies,  elles  forment 
un  beau  volume  in-8  de  près  de  800  pages.  M.  l'abbé  Roy  de 
Pierrefitte  l'a  dédié  à  Monseigneur  Berteaud ,  évêque  de  Tulle- 

6''  Histoire  et  m'chédogie  sur  U  canton  de  Billegarde  (4863), 
in-8  de  22  pages. 


(1)  Bull,  d^  la  Soc.  Arch.,  V,  183, 


DV  NOBILIAIRE.  29 

C'est  une  rev\ie ,  sous  forme  de  lettre ,  du  canton  de  Belje- 
garde  ;  Fauteur  cite  ou  décrit  tout  ce  quMl  a  trouvé ,  tels  que 
monuments  civils,  religieux,  militaires;  orfèvrerie;  sculpture, 
etc. 

7°  Nobiliaire  du  diocèse  et  de  la  généralité  de  Limoges ,  par  Tabbé 
Joseph  Nadaud,  curé  de  Teyjac,  in-8.  Le  1"  volume  (1856-1863) 
a  652  pages  ;  le  second  a  été  interrompu  par  la  mort  de  Téditeur  : 
72  pages  sont  imprimées.  C*est  Touvrage  dont  nous  parlerons 
ci-après. 

Nous  signalerons  encore  divers  articles  publiés  par  le  Cor-- 
irspondant,  VUnivers,  la  Nouvelle  biographie  générale ,  le  Bulletin  dç 
la  Société  Archéologique  du  Limousin  ,  les  Mémoires  de  la  Société  des 
sciences  naturelles  et  archéologiques  de  la  Creuse ,  les  mémoires  du 
Congrès  scientifique  de  Limoges,  l'Echo,  le  Mémorial  de  la  Creuse, 
etc.  Nous  signalerons  aussi  VHistoire  de  la  ville  de  Felletin,  qui 
est  encore  manuscrite. 


II. 


Le  Nobiliaire  de  Nadaud  est  une  immense  compilation,  quç 
Tauteur  intitule ,  comme  la  plupart  de  ses  autres  manuscrits  : 
Mémoires  pour  servir  à  l'histoire  du  diocèse  de  Limons. 

a  Nadaud  ramassait  tout ,  bon  et  mauvais ,  intéressant  (hi  non , 
parce  que ,  selon  lui ,  tout  pouvait  trouver  place  daps  l'histoire  ^ 
ou  du  moins  servir  à  Téclairer.  Au  reste,  on  croit  pouvoir 
assurer  qu'aucune  vue  d'intérêt  ou  de  molle  complaisance  ne  Ta 
guidé  dans  ce  travail ,  dont  la  lecture  seule  peut  rassurer  sur  l|t 
pureté  de  ses  intentions.  Tout  ce  qu'on  doit  y  entrevoir,  c'est 
que ,  se  regardant  comme  une  manœuvre  occupée  à  recueilli^ 
des  matériaux  pour  un  grand  édilice ,  il  les  prenait  partout  où 
il  les  trouvait,  et  tâchait  d'en  fai^e  un  triage  en  les  classant  du 
mieux  qu'il  lui  était  possible ,  espérant  que  dans  la  suite  quelque 
habile  architecte  en  tirerait  le  parti  convenable ,  et  nous  don- 
nerait enfin  le  corps  d'histoire  qui  nous  manque  (1).  » 

Pouvons-nous  dire  que  nous  atteignons  le  but  indiqué  ici' par 
le  continuateur  de  Nadaud?  Nous  n'oserions  l'affirmer.  Cette 
publication ,.  qui  porte  le  nom  un  peu  prétentieux  de  Nobiliaire 

(1)  Note  de  Legros,  sur  la  couverture  du  1»^  vol.  mss.  du  Nobiliaire. 


30  PUBLICATION 

du  diocèse  et  de  la  généralité  de  Limoges,  n'est  autre  chose  que  des 
documents,  souvent  très-incomplets,  qu'on  s'est  contenté  de 
ranger  par  ordre  alphabétique.  Cela  ne  suffit  pas  pour  faire  un 
nobiliaire  :  il  aurait  fallu  que  ces  matériaux  fussent  travaillés , 
complétés,  et  souvent  mis  d'accord  avec  eux-mêmes.  C'est  ce  que 
m'écrit  un  homme  compétent  dans  cette  question  (1)  : 

«  Il  serait  bien  à  désirer,  dit- il,  que  les  généalogies  ne 
fussent  pas  faites  d'une  manière  aussi  superficielle ,  et  souvent 
même  en  désacord  avec  les  auteurs  bien  connus  ;  il  est  fâcheux 
que  ces  notes  ne  soient  pas  mises  en  rapport  avec  ce  qu'on 
connaît  positivement  sur  les  familles,  depuis  que  le  travail  de 
Nadaud  est  fait.  Au  moins  on  livrerait  à  Timpression  et  au 
public  un  travail  qui  aurait  une  véritable  valeur.  » 

Mais  ce  n'est  pas  lorsqu'une  publication  est  arrivée  à  son 
second  volume  qu'on  peut  y  opérer  des  changements  capables  de 
la  transformer.  Aussi  sommes-nous  forcé  de  la  continuer  de  la 
même  manière  qu'elle  a  été  commencée,  et  même,  plus  souvent 
que  notre  prédécesseur,  nous  laisserons  régner  dans  les  notes  de 
Nadaud  le  désordre  qui  s'y  rencontre ,  ne  voulant  pas  prendre 
sur  nous  de  coordonner  des  choses  qui  souvent  ne  sont  pas 
susceptibles  de  l'être. 

Il  était  cependant  urgent  de  faire  connaître  par  l'impression 
cette  riche  mine ,  oii  l'on  rencontre  tant  de  choses  précieuses 
pour  l'histoire  générale  de  la  France  et  pour  celle  de  notre 
province  :  d'abord ,  parce  que  l'écriture  à  l'encre  rouge ,  qui 
occupe  près  d'un  tiers  de  l'ouvrage,  n'est  f)resque  plus  lisible  et 
ne  le  sera  plus  du  tout  dans  quelques  années ,  l'humidité  ayant 
une  grande  action  sur  cette  encre,  mal  composée;  ensuite  parce 
qu'on  peut  toujours  craindre  quelles  mains  par  trop  peu  délicates 
renouvellent  les  irréparables  lacérations  qui  ont  déjà  eu  lieu. 
En  elSfet,  le  premier  volume  a  perdu  ainsi  229  pages 
et  le  second 2^  2 

Total 441     et  non  pas  336 

comme  Ta  dit  M.  Roy  h  la  première  page  du  tome  I". 

C'est  surtout  pour  combler  ces  tristes  lacunes  qu'un  supplé- 
ment a  été  ajouté  à  la  fin  de  chaque  lettre. 

Nadaud ,  comme  base  de  son  travail ,  avait  copié  intégralement 
le  Nobiliaire  de  des  Coutures  :  nous  pouvons  donc   en  toute 

(1)  M.  le  marquis  de  Lubersac  :  lettre  du  10  décembre  1865. 


BU   NOBILIAIRE.  31 

sûreté  reproduire  ce  dernier  auteur  lorsqu'on  a  déchiré  la  page 
oii  son  œuvre  était  transcrite. 

L'utilité  d'un  semblable  travail  ne  peut  pas  être  mise  en 
question  :  rien  que  par  les  rectifications  qu'il  nous  permet  de 
faire  dans  certains  auteurs  très-accrédités ,  il  mérite  d'être  tiré 
de  l'oubli ,  et  de  sortir  d'une  bibliothèque  qui  n'est  pas  accessible 
à  tout  le  monde.  Ainsi  un  exemple  entre  mille  : 

Plusieurs  ont  publié  que  la  famille  Tristan  de  l'Hermite, 
chambellan  du  roi ,  prévôt  des  marchands  en  1 475,  était  éteinte , 
et  entre  autres  le  P.  Anselme ,  dans  son  Histoire  des  grands  officiers 
delà  couronne,  T.  VIIl,  p.  432;  mais  Nadaud,  avec  de  Combes , 
nous  fait  voir  qu'ils  sont  dans  l'erreur  : 

Froissart ,  au  chapitre  clxii  du  T.  1" ,  dit  que  le  seigneur  de 
Pompadour  (  Ramnulphus-Helie  II*  du  nom ,  seigneur  de  Pom- 
padour)  fut  tué  à  la  funeste  bataille  de  Poitiers,  le  ^9  sep- 
tembre 1356;  mais  Nadaud,  s'appuyant  sur  Guyon,  nous 
apprend  que ,  dans  cette  sanglante  journée,  le  seigneur  de  Pom- 
padour a  défendit  la  personne  du  roi  Jean  et  son  fils  Philippe  , 
depuis  duc  de  Bourgogne ,  surnommé  le  Hardi  ;  qu'il  reçut  sept 
grandes  plays ,  avec  si  grande  effusion  de  sang ,  qu'on  le  tenoit 
pour  mort  ;  mais ,  quand  on  le  fit  prisonnier,  il  fut  reconnu  par 
sa  grande  valeur  et  fidélité ,  il  fut  secouru  de  l'ennemi  même, 
et  alla  tenir  compagnie  au  roi ,  prisonnier  en  Angleterre. 

»  A  son  retour,  il  fit  le  voyage  d'outremer  contre  les  Sar- 
rasins, chez  lesquels  il  demeura  cinq  ans.  En  s'en  revenant,  il 
emmena  un  médecin  arabe,  nommé  Zacharîe,  que  Monsor,  roi 
d'Afrique,  mahométan  et  usurpateur  des  Espagnes,  faisoit  venir 
près  de  lui  à  Cordoue.  L'ayant  trouvé  sur  mer,  il  le  rafla,  et 
emmena  à  Pompadour,  ou  il  demeura  près  d'un  an ,  y  fit  de 
belles  cures ,  et  composa  quelques  livres.  Mansor,  pour  avoir  son 
médecin,  envoya  de  grands  présents  au  roi  et  au  comte  de 
Pompadour,  qui  le  mit  en  liberté.  » 

Dans  ces  riches  manuscrits ,  on  trouve  des  faits  glorieux  qu'il 
serait  honteux  de  laisser  dans  l'oubli ,  et ,  quand  des  auteurs 
étrangers  racontent  la  bravoure  et  les  gloires  de  nos  compa- 
triotes ,  nos  mémoires  ne  peuvent  pas  rester  seuls  silencieux  sur 
ce  sujet  :  il  est  donc  utile ,  et  pour  l'histoire  et  pour  l'honneur  de 
nos  contrées ,  de  les  livrer  à  la  publicité.  On  aime  à  voir  des  noms 
connus  et  encore  portés  de  nos  jours  se  mêler  à  toutes  les 
grandes  actions  de  la  France ,  soit  qu'ils  dirigent  les  croisades , 


32  PUBLICATION    DU   NOmUAIRE. 

^it  qu'ils  s'immortalisent  h  Malte ,  soit  qu'ils  repoussent  Tennemi 
du  sol  de  la  patrie. 

C'est  à  cette  entreprise  considérable  que  nous  employons 
depuis  plusieurs  mois  tous  nos  soins  et  tous  nos  loisirs ,  afin 
dVn  voir  bientôt  le  terme.  Puissent  nos  eflTorts  persévérants  ne 
pas  laisser  aux  étrangers  le  soin  de  nous  apprendre  les  travaux 
de  nos  aïeux  ! 

L'ûbbé  A.  LECLER. 


RAPPORT 


SUB 


LE  PRIX   QUINQUENNAL. 


Messxsubs, 

La  Commission  (1)  chargée  de  statuer  sur  le  prix  quinquennal , 
et  composée ,  comme  vous  le  savez ,  des  membres  du  Comité  de 
publication  et  de  deux  membres  adjoints,  nommés  dans  la 
séance  du  27  mars  4  866 ,  m'a  chargé  de  vous  faire  connaîbre 
quelle  avait  été  sa  décision. 

Elle  s'est  d'abord  félicitée  de  ce  que  son  examen  portât  sur 
plusieurs  ouvrages ,  tous  recommandables  à  divers  titres ,  la  Vie 
de  saint  Léonard,  de  M.  Ârbellot;  Limoges  au  ^\ii*  siècle,  de 
M.  Laforest;  Étwles  géographiques  sur  le  Limousin,  de  H.  Deloche; 
les  Catalogues  de  la  Bibliothèque  communale  de  Limoges  et  la 
nouvelle  édition  des  PabUs  de  Poumud,   de  M.  Emile  Ruben. 

Cette  abondance  et  cette  variété  de  livres  prouve  que ,  dans 
notre  Limousin ,  le  travail  sérieux  et  intelligent  est  en  honneur, 
et  que  nos  compatriotes ,  qu'ils  habitent  près  ou  loin  de  nous , 
gardent  le  souvenir  du  pays,  et  tâchent,  pour  leur  part,  de  lui 
acquérir  de  la  renommée. 

Certes,  Messieurs,  si  la  Société  Archéologique  était  riche,  il 
n'y  aurait  eu  besoin  ni  de  commission  ni  de  rapport  :  les 
ouvrages  que  je  viens  de  vous  citer  eussent  reçu  chacun  le  prix 

(1)  Cette  Commission  était  composée  de  MM.  Larombière ,  Bardinet 
lllS)  Lemas  »  Al&ed  Chapoulaud ,  Heryy,  Brisset  et  Giiillemot. 

8 


34  RAPPORT 

dont  ils  sont  dignes ,  et  il  n'y  aurait  eu  qu'à  procéder  à  la 
distribution. 

Malheureusement  les  500  fr.  dont  vous  pouvez  disposer  met- 
tent des  bornes  à  nos  désirs ,  et  nous  imposent  un  choix.  C'est 
ainsi  que,  malgré  nous,    nous  avons  écarté  successivement 

9 

Limoges  au  xvii*  siède,  la  Vie  de  saint  Léonard  et  les  Etudes 
géographiques  sur  le  Limousin;  mais  ce  rejet  a  besoin  d'être  mo- 
tivé, et  voici  par  quelles  considérations  a  été  guidée  la  Cona- 
mission  que  vous  avez  choisie  : 

Dans  Limoges  au  xvir  siècle,  ce  n'est  ni  le  style  qui  manque, 
ni  l'imagination ,  ni  l'amour  du  pays ,  ni  le  culte  du  passé  :  on 
pourrait  même  dire  que  ce  culte  est  parfois  exagéré  et  par  trop 
exclusif;  mais  le  défaut  capital  de  l'ouvrage  c'est  l'absence  de 
méthode.  Ce  n'est  pas  une  histoire  de  Limoges  que  nous  avons 
sous  les  yeux ,  mais  une  suite  d'articles  qu'aucun  lien  ne  rat- 
tache entre  eux.  Or  la  difficulté  de  la  tâche  n'est-elle  pas 
diminuée  de  moitié  quand  l'auteur,  n'ayant  pas  à  se  préoccuper 
d'unité  et  de  méthode,  traite  uniquement  les  sujets  qui  lui 

plaisent  et  qui  vont  le  mieux  à  son  cœur,  à  son  esprit ,  à  son 
tempérament? 

C'est  ce  qu'a  fait  M.  Laforest,  et  c'est  ce  qui  enlève  de  la 
valeur  à  son  œuvre ,  quoiqu'elle  renferme  d'excellentes  parties. 
Deux  ou  trois  morceaux  surtout,  Suzanne  de  La  Pomélie,  Jeanne 
de  Verthamond,  Marcelle  Germain,  ont  une  fermeté,  une  ampleur 
et  un  attrait  austère  qui  rappellent  les  belles  études  de  M.  Cousin 
sur  le  xvir  siècle. 

La  Vie  de  saint  Léonard,  de  M.  Arbellot ,  a  la  méthode  et  l'unité 
qui  manquent  à  Limoges  au  xvii'  siècle*  Le  style ,  sans  avoir  les 
qualités  de  celui  de  M.  Laforest,  a  les  siennes  qui  lui  sont 
propres  :  il  est  net ,  élégant  et  précis.  La  seconde  partie  no- 
tamment, qui  a  pour  titre  :  Miracles  de  saint  Léonard,  renferme 
de  charmants  récits ,  d'autant  plus  charmants  que  l'auteur,  selon 
ses  propres  expressions ,  a  conservé  «  à  ces  fleurs  légendaires 
leur  parfum  de  poésie  et  de  piété  ».  Mais ,  si  là  il  a  mis  de  côté 
volontairement  la  critique  et  ses  rigueurs ,  M.  l'abbé  Arbellot  est 
un  archéologue  et  un  savant  trop  convaincu  pour  ne  pas  faire 
intervenir  cette  même  critique  qnand  il  le  faut  et  au  bon  mo- 
ment. C'est  ainsi  qu'il  a  transcrit  et  collationné  sur  huit  ma- 
nuscrits de  la  Bibliothèque  impériale  l'ancienne  légende  de 
saint  Léonard;  c'est  ainsi  qu'il  a  ajouté  à  cette  ancienne  Vie  des 
documents  inédits  relatifs   aux  miracles   de   saint  Léonard, 


SUR  LE  PRIX  OUlNQtENXAL.  35 

d*autres  relatifs  à  son  culte,  tels  que  des  hymnes  et  des  proses 
du  moyen  âge;  enfin  c'est  ainsi  qu'une  partie  du  volume  est 
consacrée  à  des  notes  oii  chaque  passage  douteux  est  soumis  à 
Texamen  le  plus  sévère  et  ingénieusement  commenté. 

Nous  nous  permettrons  de  dire  cependant  que ,  avec  toutes  ses 
qualités ,  la  Vie  de  saint  Léonard  n'est  qu'un  ouvrage  d'un  intérêt 
secondaire  et  particulier  :  c'est  uniquement  l'histoire  de  la  vie 
d'un  saint  et  du  culte  d'un  saint  qui  a  certainement  un  grand 
attrait  pour  les  habitants  de  Saint-Léonard,  qui  en  a  peut-être 
moins  pour  ceux  de  Bellac ,  du  Dorât  ou  de  Saint-Yrieix.  L'idée 
est  excellente,  l'exécution  bonne;  mais  le  tout  est  restreinte 

Au  sujet  des  savantes  études  de  M .  Deloche  sur  la  géographie 
historique  de  la  Gaule,  et  spécialement  sur  les  divisions  terti- 
toriales  du  Limousin  au  moyen  âge ,  la  Commission  a  hésité  un 
instant.  En  présence  de  ce  travail  remarquable ,  en  face  de  cet 
esprit  original  et  critique ,  de  ces  discussions  ingénieuses ,  de  cette 
solide  façon  de  comprendre  et  d'écrire  l'histoire ,  la  Cîommission 
s'est  demandée  s'il  n'y  avait  pas  lieu  de  partager  la  gloire  et  le 
profit  du  prix  quinquennal  entre  le  livre  de  M.  Deloche  et  les 
œuvres  de  M.  Ruben ,  pour  lesquelles  elle  avait  tout  d'abord 
manifesté  ses  préférences?  Si  elle  a  bientôt  abandonné  cette 
idée  de  partage ,  c'est  uniquement  parce  que  le  livre  de  M.  De- 
loche a  déjà  reçu  de  l'Académie  des  Inscriptions  et  Belles-Lettreg 
une  haute  et  flatteuse  récompense ,  et  qu'alors  elle  a  pensé  qu'il 
valait  mieux  reporter  le  prix  tout  entier  sur  les  deux  livres  de 
M.  Ruben ,  livres  éclos  au  milieu  de  nous ,  faits ,  si  je  puis  le 
dire,  pour  nous,  et  dont  par  cela  même  nous  avons  eu  la 
primeur. 

Les  œuvres  de  M.  Ruben  ont  déjà  obtenu  des  éloges  qui 
suffisent  à  assurer  leur  succès. 

Les  Catalogues  de  la  Bibliothèque  municipale  de  Limoges  ont 
attiré  l'attention  de  tous  les  bibliophiles  i)ar  la. sagacité. et  la 
sûreté  de  méthode  av«i  laquelle  ils  ont  été  coraiK)sés.  Ceux  qui 
les  parcourent  aujourd'hui ,  qui  les  trouvent  si  simples,  si  com- 
modes et  si  clairs ,  ne  se  douteut  peut-être  pas  des  fatigues  et 
des  longs  soucis  qu'ils  ont  causés  à  leur  auteur.  Faire  un 
catalogue  comme  on  en  fait  tant  ce  n'est  rien ,  mais  le  faire 
de  façon  à  ce  qu'il  ne  soit  pas  seulement  une  nomenclature  de 
noms ,  de  dates  et  de  chiffres ,  et  rélever  à  la  hauteur  d'une 
œuvre  littéraire ,  c'est  un  travail  énorme  et  aride ,  qui  demande 
autant  de  bonne  volonté  que  de  netteté  d'esprit. 


36  RAPPORT  SUR  LE  PRIX  QUINQUENNAL. 

Je  ne  pense  cependant  étonner  personne  en  disant  que  les 
Catalogues  de  M.  Ruben  ne  sont  connus  que  des  gens  lettrés  et 
du  nombre  assez  restreint  de  lecteurs  que  possède  la  Biblio- 
thèque municipale  ;  mais  il  en  est  pas  de  même  des  FaUes  de 
Poucaui  :  sur  douze  cents  exemplaires,  six  cents  sont  déjà 
vendus. 

Ce  livre  n'est  pas  seulement  Tbistoire  d'un  homme  ou  d'une 
tille:  c'est  l'histoire  de  toute  une  langue,  c'est  notre  vieux 
patois  limousin  retrouvé,  défini,  classé,  et  qui  se  présente 
devant  nous  avec  toute  sa  verve ,  toute  sa  sève  et  toute  sa  ver^ 
deur.  Qu'on  supprime  la  traduction  française  des  Fables,  si 
remarquable  cependant  à  tant  d'égards ,  et  l'on  n'enlèvera  que  la 
plus  petite  partie  du  livre  :  il  restera  toujours  un  travail  consi- 
dérable ,  où  abondent  les  recherches ,  oii  la  plus  saine  critique 
règne  en  souveraine. 

Du  Limousin  l'auteur  s'en  va  dans  le  Poitou ,  dans  la  Châr^ 
rente,  la  Dordogne  et  le  Languedoc;  il  pousse  jusqu'au  fond  de 
la  Provence ,  et  met  en  regard  la  langue  de  nos  troubadours  avec 
celle  des  felibres  modernes  d'Avignon  ou  de  Marseille.  11  revient 
chargé  de  notes  et  de  découvertes  philologiques ,  et  crée  tout  un 
système  de  prononciation  et  d'orthographe ,  qui  a  pu  soulever 
tles  doutes ,  mais  dont  on  ne  contestera  pas  à  coup  sûr  l'origi- 
nalité et  la  simplicité. 

En  un  mot ,  Messieurs ,  hier  encore  notre  patois ,  que  noua 
aindons  alors  même  que  nous  ne  le  parlons  pas ,  n'avait  pas  de 
lois  :  M.  Buben  les  a  retrouvées  ;  il  en  a  même  inventé  quelques- 
unes  ,  mais  avec  autant  de  prudence  que  d'autorité. 

Voilà  pourquoi ,  Messieurs ,  votre  Conmiission  a  jugé  conve- 
nable : 

<«»  De  mettre  hors  de  concours  l'ouvrage  de  M.  Deloche  ; 

2*  D'accorder  aux  Catalogues  de  la  Bibliothèque  municipale  et 
aux  Fables  de  Foucaud  la  totalité  du  prix  quinquennal  de  500  fr. 

En  même  temps,  pour  montrer  aux  concurrents  de  M.  Ruben 
tout  le  cas  qu'elle  fait  de  leur  talent,  toute  l'estime  qu'elle  a 
pour  leurs  œuvres ,  elle  vous  prie  de  vouloir  bien  accorder  ^. 

Une  mention  très-honorable  aux  ouvrages  de  M.  Laforest  et 
de  M.  Arbellot. 

GUILLEMOT. 


PROCÈS-VERBAUX  DES  SÉANCES. 


V>Mi«AMM^MM#«MMMMA|M*«W%^«M«<V«MA«MW«i 


SÉANCE  DU  30  JANVIER  4866. 


Préaldenoe  de  M.  Tabbé  ARBB1L.E.OX,  ITloe-PrésIdenU 

Sont  présents  :  MM.  Linard ,  Debort ,  Hervy,  6arrigoa-La- 
arrange,  Nivet-Fontaubert ,  Maquart,  Alfred  Chapoulaud, 
Buisson  de  Mavergnier,  Lemas,  Alphonse  Bardinet. 

M.  le  président  Bonnin  écrit  pour  s'excuser  de  ne  pouvoir 
assister  à  la  séance. 

En  Tabsence  de  M.  Buben ,  secrétaire  général ,  retenu  chez  lui 
par  une  indisposition ,  et  de  M.  Guillemot ,  secrétaire-archi- 
viste ,  M.  Lemas  remplit  les  fonctions  de  secrétaire. 

Le  procës-yerbal  de  la  dernière  séance  est  lu  et  adopté. 

Il  est  donné  lecture  des  dons  faits  au  musée  et  à  la  biblio- 
thèque de  la  Société. 

MM.  Debort  et  Mivet-Fontaubert  présentent ,  comme  désirant 
faire  partie  de  la  Société  en  qualité  de  membre  titulaire , 
M.  Paul  Lagrange. 

M.  de  Graves  écrit  pour  donner  sa  démission  de  membre  titu- 
laire. Il  sera  prié  de  vouloir  bien  la  retirer. 

M.  GarrigQU-Lagrange  donne  lecture,  pour  le  trésorier  em- 
pêché ,  du  compte  des  recettes  et  dépenses  de  Texercice  4865. 

M.  Alfred  Chapoulaud  expose  à  la  Société  que»  conformément 
à  une  décision  précédemment  prise,  il  se  tire  en  dehors  des 
300  exemplaires  afférents  au  Bulletin  400  exemplaires  des 
Registres  consulaires.  Il  demande  à  acquérir  ces  4  00  exen^plaûces 
ai|  prix,  4e  9  &.  le  volume.  La  Société  iHloptid  la  pi^position ,  et 


38  PROCES-VERBAUX   DES  SEANCES. 

renvoie  rexamen  des  détails  de  Taffaire  au  Comité  de  publi- 
cation. 

Il  est  donné  lecture  d'une  lettre  écrite,  le  29  novembre  <865, 
au  trésorier,  par  M.  Maurice  Ardant ,  qui  lui  adresse ,  au  nom 
de  M.  Nadaud,  président  honoraire  à  la  cour  de  Grenoble ,  deux 
médailles  ou  monnaies ,  Tune  en  argent ,  l'autre  en  bronze ,  et 
neuf  médailles  diverses.  Vérification  faite ,  il  ne  s'en  est  trouvé 
que  huit  dans  un  paquet  portant  pour  .  suscription  :  Nadaud. 
M.  Ardant  renvoie  en  outre  deux  sceaux  en  bronze ,  quatre- 
vingt-dix-sept  monnaies  trouvées  place  des  Arbres,  dix-sept 
trouvées  rue  des  Pousses  :  vérification  faite ,  il  s  en  est  trouvé 
dix-huit  dans  le  paquet. 

On  charge  le  secrétaire  de  remercier,  par  lettre,  M.  Nadaud 
de  l'envoi  de  ses  médailles  et  M.  Ardant  de  sa  bienveillante 
entremise. 

M.  Maquart  offre  à  la  Société  des  planches  avec  texte  expli- 
catif du  tombeau  de  saint  Rémy  à  Reims.  —  Remercîraents. 

M.  Nîvet  rend  compte  de  la  mission  dont  quelques  membres 
avaient  été  chargés  auprès  de  Mgr  l'Evêque  de  Limoges. 
Monseigneur  a  promis  à  la  Société  son  concours  bienveillant  ; 
mais  la  question  ne  pourra  être  résolue  que  lorsque  M.  l'archi- 
tecte diocésain  sera  à  Limoges. 

Le  même  membre  rend  compte  des  achats  faits  par  lui  pour 
la-  Société  à  la  vente  après  décès  de  M.  de  Marpon.  Ces  achats 
s'élèvent  à  la  somme  de  <32t  fr.  85  c,  que  la  Société  alloue  à 
M.  Nivet ,  en  lui  votant  des  remercîments. 

Le  président  apprend  à  la  Société  que  le  portrait  de  Muret  mis 
en  tête  de  V Éloge  de  M. -A.  Muret  par  l'abbé  Vitrac  est  un 
portrait  de  la  fin  du  xvir  siècle  :  M.  Tandeau  de  Marsac  en  pos- 
sède un  plus  authentique ,  en  tête  d'une  édition  de  Muret  du 
xvi*  siècle. 

M.  Nivet  communique  à  la  Société ,  de  la  part  de  M.  Lagrange , 
possesseur  des  ruines  du  château  de  Beau-Déduit,  commune 
d'Eybouleuf ,  une  découverte  qui  y  a  été  faite  récemment  au 
milieu  de  cendres  et  de  pierres  calcinées  qui  semblent  attester 
une  destruction  par  un  incendie  :  on  a  trouvé  deux  fragments 
de  cuivre  ouvragé,  probablement  des  pieds  de  chandeliers, 
avec  des  écussons  conservant  encore  des  traces  d'émalL 
M.  Arbellot  en  rapporte  l'origine  au  xvi*  siècle ,  et  rappelle  que 
la  famille  de  Beau-Déduit  a  disparu  au  milieu  du  xvii*. 

MM.  Grarrigou-Lagrange  et  Lemas  rappellent  qu*en  486f  la 


PROCÈS-VERBAUX  DES  SÉANCES.  39 

Société  prit  une  décision  par  laquelle  un  prix  quinquennal  de 
500  fr.  devait  être  décerné ,  en  1866,  à" l'ouvrage  le  plus  méritant 
ayant  trait  au  Limousin ,  et  produit  pendant  cette  période.  La 
Société  persiste  dans  son  intention ,  et  renvoie  Texamen  des  titres 
des.  auteurs  à  la  commission  qui  sera  nommée  dans  la  séance  de 
mars,  conformément  au  règlement  adopté  à  ce  sujet. 

M .  Tabbé  Arbellot  continue  la  lecture  de  son  intéressant  travail 
sur  Âdhémar.  La  Société  Técoute  avec  le  plus  vif  plaisir,  et  le 
renvoie  au  Comité  de  publication. 

A  9  heures  i  /S  ,  la  séance  est  levée. 

Pour  U  secrétaire  général, 
E.  LEMAS. 


•./v^^Ay  A  A^^  A/v  ^  A^^^^/^'^/\A^v/^/^/\/«^^^/ 


SEANCE  DU  27  FÉVRIER  1866. 


B^réaidenee  de  BI*  BOBY  DB:1.A  <^eiARRLLB,  Préfet  «Iti 

département  9  Prénldent-né* 

Sont  présents  :  HM.  Guillemot,  Ruben,  Hervy,  Lecler, 
Tandeau  de  Marsac,  Arbellot,  Buisson  de  Mavergnier,  Alfred 
Chapoulaud,  Linard. 

Le  procès-verbal  de  la  dernière  séance  est  lu  et  adopté. 

M.  Paul  Lagrange,  présenté  à  la  dernière  séance,  est  reçu 
membre  titulaire  de  la  Société. 

Lecture  est  donnée  d'une  lettre  dans  laquelle  M.  Bonnin, 
inspecteur  de  l'académie ,  exprime  ses  regrets  de  ne  pouvoir 
assister  à  la  séance ,  et  donne  sa  démission  de  président  de  la 
Société. 

L'assemblée ,  tout  en  comprenant  que  les  nombreuses  occu- 
paticftis  de  M.,  l'inspecteur  ne  lui  permettent  pas  de  se  dévouer 
autant  qu'il  le  voudrait  aux  intérêts  de  la  Société,  regrette  que 
les  scrupules  de  M.  le  président  le  poussent  à  donner  sa  dé- 
mission ,  et  décide  qu'il  lui  sera  écrit  pour  l'engager  à  revenir 
'  sur.  sa  première  détermination. 

L'ordre  du  jour  appelle  la  nomination  de  deux  membres  du 


40  PROCÈS-VEBBAUX  DES  SÉANCES. 

Comité  de  publication  en  remplaœment  de  MM.  Garrigou-- 
Lagrange  et  Guillemot ,  membres  sortant  de  droit. 

Sont  élus  MM.  Alphonse  Bardinet ,  avocat ,  et  Alfred  Cha- 
poulaud.  Le  Comité  de  publication  pour  i  866  se  trouve  ainsi 
composé  de  MM.  Hervy,  Larombière,  Alphonse  Bardinet  et 
Alfred  Chapoulaud. 

M.  Emile  Ruben  expose  que ,  en  vertu  d*une  modification  ap- 
portée à  Tart.  23  du  Règlement ,  le  80  janvier  \  863 ,  le  Comité 
de  publication  se  compose  du  président,  des  deux  vice-pré- 
sidents, du  secrétaire  général  et  de  quatre  membres  renou- 
velables par  moitié  tous  les  ans»  Il  rappelle  que ,  conformément 
à  la  décision  prise  en  4861,  les  ouvrages  présentés  au  concours 
de  1 866  doivent  être  examinés  par  une  commission  composée  des 
membres  du  Comité  de  publication  et  de  deux  membres  adjoints , 
qui  seront  nommés  à  la  séance  de  mars.  Il  déclare  que  •  ayant 
rintention  de  se  présenter  au  concours ,  il  se  retire ,  et  ne  prendra 
point  part  aux  délibérations  de  ^  commission ,  et  demande  si 
quelque  membre  du  bureau  ne  serait  pas  dans  le  cas  identique. 

Après  discussion ,  la  Société  décide  : 

i"*  Que  la  décision  de  1864  lui  a  conféré  le  droit  de  juger  tous 
les  ouvrages ,  même  ceux  non  présentés  par  leurs  auteurs , 
intéressant  l'histoire  du  Limousin,  parus  pendant  la  période 
quinquennale  ; 

^  Qu'il  j  a  lieu  d'exclurç  momentanément  de  la  oommiMîon 
MM.  Arbellot,  vice-président,  et  Ruben,  secrétaire; 

S""  Que  les  membres  exclus  n'en  continueront  pas  moins  à 
exercer  leurs  fonctions  pour  tout  ce  qui  ne  touche  pas  à  Taxamen 
des  ouvrages  limousins  et  à  la  distribution  des  récompenses ,  qui 
aura  lieu  dans  la  séance  de  juillet  ; 

i""  Que  la  commission  d'examen  sera  ainsi  composée  : 
JUprésidetU,  N.... 
Le  vice-^ésident ,  M.  Larombière  ; 

Les  quatre  membres  du  Comité  de  publication  ci-dessus  dé- 
signés; 
Deux  membres  adjoints,  qui  seront  nommés  à  la  séance  de 

mars. 

H.  Ruben  £Mt  observer  que  la  Société ,  &  la  dernière  séance ,  a 
approuvé  les  comptes  de  4865,  ce  qu'elle  ne  pouvait  faire  que 
wr  le  rapport  d'une  commission  nommée  à  cet  effet.  La  Socûété , 
revenant  sur  sa  décision ,  nomme  comme  membres  de  la  com- 


mocès-¥RBEATnc  ras  shwcxsr.  4t 

mission  d'emnen  du  compte  de  486&  et;  de  prépàantian  du 
budget  de  1 866  HM.  Linard  y  Guillemot  et  Hervy . 

M.  Ruben  rappelle  à  ce  propos  un  paragraphe  du  rapport  de 
M.  le  directeur  du  musée,  relativement  à  une  augmentation  de 
salaire  du  sieur  Dulac ,  garde-musée  ,  et  à  la  convention  passée 
avec  ce  dernier  pour  le  cirage  des  appartements.  ]1  y  aurait 
urgence  à  ce  que  la  Société  voulût  bien  approuver  ce  qu'a  fait  la 
direction,  et  statuer  :  1®  que  les  appointements  du  garde-musée 
seront  élevés  à  300  fr.;  —  2«  que  la  somme  de  480  fr.  pour 
cirage  du  local  du  musée  sera  inscrite  au. budget  de  1866. 

La  Société  adopte  ces  conclusions. 

M.  Guillemot  annonce  que  M.  Othon  Peconnet,  Tun  des 
membres  de  la  Société,  s'est  chargé  de  la  biographie  de 
M.  François  Alluaud ,  biographie  quMl  lira  à  une  des  prochaines 
séances. 

La  Société  remercie  M.  Othon  Peconnet* 

On  procède  ensuite  à  la  nomination  de  déléguée  de  la  Sociité 
à  la  réunion  des  sociétés  savantes  qui  »ira  lieu  à  la  Sorbonne 
au  commencement  d'avril.  Sont  désignée  MM-  S*  Buben» 
Buisson  de  Havergnier,  A.  Guillemot 

M.  Tabbé  Lecler  a  U  parole.  Il  dit  que  V^li^e  du  Chalard  est 
depuis.long-temps  dans  un  grand  état  de  délabremeQt  et  juwace 
ruine.  Dernièrement  une  partie  de  refisse  e'eat  effondrée  >  et  il 
est  urgent  de  prendre  des  mesures  pour  la  conservation  de  cet 
édifice.  M.  le  préfet  répond  que  les  éhgiXn  eanreuus  n'ont  affiscté 
en  rien  le  reste  du  monument  ;  que  cependant  il  y  a  danger  ; 
qu'une  somme  de  iOO  fr.  a  été  donnée  par  lui  pour  lee  réparatioos 
d'urgence,  mais  qu'il  faudrait  une  somme  de  8  à  40^000  fr. 
pour  réparer  complètement  l'édifice,  tf .  le  préfet  termine  en 
donnant  l'assurance  qu'il  ne  négligera  rien  pour  la  oonaervation 
de  cet  important  monument  archéologique. 

La  Société  exprime  toute  sa  gratitude  à  M*  le  préfet, 

M.  l'abbé  Lecler  lit  ensuite  une  note  contenant  une  bio- 
graphie de  M.  l'abbé  Roy  de  Pierrefltte  et  un  rapport  sur  l'état 
de  publication  du  NiMUaire  de  Nadaud ,  dont  on  a  bien  voulu 
lui  confier  la  continuation. 

Bemerctments  et  renvoi  au  Ck>mité  de  publication. 

M.  l'abbé  Arbellot  donne  lecture  des  biographies  de  dem 
Maurice  Poucet  et  de  dom  Jean  Colomb,  nés  à  Limoges ,  foéné- 
dictine  de  Saint-Maur. 


4S  PROCBS^VBRBAUX  DES  SÉANCES. 

fiemerctments  et  renvoi  au  Comité  de  publication. 
A  9  heures  i./2 ,  la  séance  est  levée. 

Le  secrétaire  général, 
É.  RUBEN. 


^^^^^w\^^^^^^«^»/^^r^ww  i^F^^«^rwww< 


SÉANCE  DU  â7  MARS  4866. 


Sont  présents  :  MM.  Nivet-Fontaubert ,  Alfred  Chapoulaud  , 
Brisset ,  Linard ,  Lemas ,  Guillemot ,  Maquart. 

En  Tabsence  de  M.  Ruben ,  secrétaire  général ,  M.  Guillemot , 
secrétaire-archiviste ,  remplit  les  fonctions  de  secrétaire. 

Le  procès-verbal  de  la  précédente  séance  est  lu  et  adopté. 

Il  est  donné  lecture  des  dons  faits  au  musée. 

MM.  Nivet-Fontaubert  et  Chapoulaud  présentent  M.  Tabbé 
Grange  comme  désirant  faire  partie  de  la  Société  en  qualité  de 
membre  titulaire. 

M.  Lemas  et  M.  le  docteur  de  La  Porte  présentent  M.  le  com- 
mandant Martin  de  Brettes ,  chef  de  bataillon  d'artillerie  de  la 
garde,  il  Versailles,  comme  désirant  faire  partie  de  la  Société 
en  qualité  de  membre  correspondant. 

M.  Guillemot  donne  lecture  d'une  lettre  par  laquelle 
M.  Bonnin  déclare  quMl  persiste  dans  sa  résolution  de  se 
démettre  de  ses  fonctions  de  président. 

En  conséquence,  la  Société  sera  appelée  dans  la  prochaine 
séance  à  nommer  un  nouveau  président. 

M.  Guillemot  lit  une  lettre  par  laquelle  M.  de  Graves,  sur  les 
instances  de  la  Société,  retire  sa  démission. 

Il  est  ensuite  procédé  à  la  nomination  de  deux  membres 
adjoints  au  Comité  de  publication.  MM.  Lemas  et  Brisset  sont 
nommés. 

M.  Linard,  rapporteur  de  la  commission  nommée  dans  la 
séance  du  S7  février  dernier  pour  la  vérification  des  comptes  de 


PROCÈS-VERBAUX   DES  SEANCES^.  43 

l'exercice  i8i85  et  la  présentation  du;  projet  de  budget  pour 
Tannée  1866,  lit  son  rapport,  et  prie  la  Société  d'approuver  les 
comptes  et  de  voter  des  remercîments  à  M.  Brisset,  trésorier. 
Ces  conclusions  sont  adoptées  à  Tunanimité. 

M.  Lemas  prend  la  parole  pour  demander  si  le  titre  de  Société 
Archéologique  et  Historique  du  Limousin  est  suffisant.  Beaucoup  de 
membres  ne  sont  ni  archéologues  ni  historiens ,  et  par  suite  ne 
peuvent  prendre  une  part  active  aux  travaux  de  la  Société  :  be 
serait-il  pas  possible  d'étendre  ce  titre  de  façon  h  ce  qu'il 
comprît  toutes  les  aptitudes  f 

M.  Lemas  fait-  observer  en  outre  quelle  conséquence  a  ce  cadre 
étroit  sur  les  bulletins ,  qui  deviennent  de  plus  en  plus  difficiles 
à  remplir. 

En  adoptant  un  titre  plus  large ,  celui  par  exemple  de  Sodétë 
académique  des  Lettres,  des  Sciences  et  des  Arts,  on  augmenterait 
certainement  le  :npmbre  des  membres  de  la  Société,  et.  par  cela 
même  ses  ressources  pécuniaires. 

Les  membres  présents  votent  à  l'unanimité  une  proposition 
dans  ce  sens ,  et  nomment  une  commission  comp6sée  de  tous  les 
membres  présents.  M.  Lemas  en  est  nommé  rapporteur. 

A  9  heures ,  la  séance  est  levée. 

Le  secrétaire-archiviste, 
GUILLEMOT. 


^«>.w  ^>/^»-.«^^^k^^^r>^A^'«^^'^  ^^^  ■»w^'"  ^^ 


SÉANCE  DU  H  AVRIL  1866. 


Prfialdonee  de  M.  LAROMBlÊnR.  %'lee-t>rééldemt. 

t 

Sont  présents  :  MM.  Tabbé  Arbellot,  Ruben,  Guillemot, 
Lemas,  Debort,  Garrigou-Lagrange ,  Hervy,  Linard,  Alfred 
Chapoulaud ,  Brisset ,  de  Font-Réaulx ,  Nivet-Fontaubert ,  Alph. 
Bardinet  (ces  deux  derniers  membres  n'arrivent  qu'après  le 
scrutin  pour  l'élection  du  président). 

Le  procë8«-verbal  de  la  dernière  séance  est  lu  et  adopté» . 


44  PROCiS^TEBBAUX  DBg  SÉANCES. 

U.  r«lribé  Qxtokf^  et  M.  Martin  de  Brettes ,  présentés  à  la  der- 
nière «éanoe,  sont  admis  :  le  premier^  membre  titulaire;  le 
second  f  membre  correepondant  de  la  Société. 

MM.  É.  Buben  et  Larombière  présentent  comme  désirant  faire 
parUe  de  la  Société  ea  qu^té  de  membre  titulaire  M.  H.  Ar- 
danty  fabricant  de  porcelaine  à  Limoges. 
.  Les  mêmes,  membies  présentent  comme  désirant  faire  partie 
de  la  Soc^té  en  qualité  de  membre  correspondant  M.  Jules 
Voriac 

Depuis  la  dernière  séance ,  plusieurs  d<ms  ont  été  faits  soit  au 
WQÊ^r  soit  ^  la  bibliothèque  de  la  Société.  (V.  la  liste  à  la  fin 
4ilk  \)VQilumeO  L'assemblée  yote  des  remercîmants  aux  donateurs. 

On  procède  à  Télection  du  président  en  remplacement  de 
M.  Sonjain.  La  d^uillement  du  scrutin  donne  le  résultat 

'Membres  présents  au  moment  du  scrutin  :  19. 
Votants,  12. 

M*  Othon  Peconnet 14  voix. 

Voix  perdue. 1 . 

M.  Lemas ,  au  nom  de  la  commission  chargée  d'examiner  le 
projet  de  réorganisation  de  la  Société ,  lit  son  rapport ,  que  ras- 
semblée écoute  avec  la  plus  grande  attention.  Vu  l'importance 
de  la  question,  un  membre  demande  que  le  rapport  soit 
imprimé  ainsi  que  le  projet  de  règlement ,  et  que  la  discussion 
soit  renvoyée  à  la  prochaine  séance. 

Ces  conclusions  sont  adoptées.  La  discussion  aura  lieu  à  la 
séance  de  mai. 

M.  Tabbé  Arbellot  appelle  Tattention  de  la  Société  sur  une 
inscription  récemment  découverte  à  Sazerat ,  commune  d'Arènes , 
près  de  la  gare  de  Marsac  (Creuse) ,  non  loin  du  Puy-de-Jouer, 
emplacement  présumé  de  la  station  romaine  de  Prœtùrium.  Cette 
inscription  I  qui  doit  être  déposée  au  musée  de  Guéret,  est 
ainsi  conçue  : 

SACEBperoco 

lEVBVDVOBI 

CO.V.S.L.M. 

M.  l'abbé  Arbellot  voit  là  une  inscription  gauloise  terminée 
par  lea  sigle^  romains  qui  signifient  :  Vùtum  solvit  Hbens  tnerUe. 
Cette  Inscription  est  intéressante  en  ce  qu'elle  renferme  encore 


PROCÈS-VERBAUX  DES  SliANCÊS.  4À 

une  fois  le  mot  énigmâtîque  BBVHV,  qui  a  àtoutent  «*rcê  la 
Bô^cité  des  archéolopies.  Lés  antiquaires^  du  toiïimencéimrat 
de  ce  siècle  y  voyaient  un  nom  d^homme  ;  des  savants  contein^ 
porains,  M.  Tabbé  Aubert,  M.  Monnin,  croient  que  €^  uh 
verbe  gaulois,  qu'ils  traduisent  par  ces  mots  latins  fectt,  pondt 
ou  dedicavit,  M.  l'abbé  Arbellot  croit  que  le  mot  lEVBV  où 
IBVRVH  est  un  adjectif  gaulois  qui  dérive  du  grec  aphv  sacîé, 
et  qui  équivaut  au  mot  latin  sacrum,  consacré,  qu^on  trôuvie 
dans  quelques  inscriptions  gallo-romaines.  (Tbxirb;  p.  402'.)' 

M.  Tabbé  Arbellot  lit  ensuite  un  mémoire  sur  le  tombeau  de 
Rothilde ,  que  l'on  découvrit  au  commencement  du  xvir  siècle 
(i  64  3)  sous  le  clocher  de  Tabbaye  de  Saint-Augustin  de  Limoges , 
avec  une  figure  sur  la  pierre  tombale  et  des  joyaux  pour  une 
valeur  de  900  écus.  Les  chroniqueurs  du  temps  virent  dans  cette 
Bothilde,  dont  le  nom  était  probablement  gravé  autour  de 
Teffigie,  une  épouse  prétendue  de  Richard  Cœur-de-Lion , 
laquelle ,  en  Tabsence  de  son  royal  époux ,  aurait ,  par  esprit  de 
vengeance ,  brûlé  et  saccagé  la  cité  de  Limoges  et  fait  semer 
du  sel  dans  les  rues  en  signe  de  malédiction.  (Bonavbmt.,  ni , 
p.  549.) 

Heureusement  pour  la  cité  de  Limoges ,  cette  épouse  préten- 
due de  Richard  Cœur-de-Lion  n'a  jamais  existé ,  et  ni  les  chro- 
niqueurs limousins  du  xir  siècle  ni  les  histor'ens  de  France 
et  d'Angleterre  n'en  ont  fait  mention,  —  M.  l'abbé  Arbellot , 
reconnaissant  que  cette  histoire  est  fabuleuse,  ëe  dètttande 
quelle  est  cette  grande  dame  dont  on  découvrit  le  tombeau  en 
4643.  Il  pense  que  c'était  une  vicomtesse  de  Limoges  du  nom 
de  Bothilde,  mentionnée  dans  les  chartes  du  xr  siècle  (4), 
l'épouse  du  vicomte  Gérard,  la  mère  de  Guy,  vicomte  de 
Limoges,  et  des  deux  évêques  de  Limoges  HiMegairs  et 
Hilduin  ,  et  d'Aimeric  Ostofrano ,  vicomte  de  Bochechouart.  Le 
clocher  de  Saint-Augustin  fut  bftti  dans  les  premières  années  du 
XI*  siècle  (2) ,  et  la  vicomtesse  Bothilde ,  qui  mourut  vers  cette 
époque,  fut  inhumée  dans  le  monastère  de  Saint-Augustiii , 
dont  elle  était  probablement  bienfaitrice. 

Après  cette  lecture,  la  Société  reconnaît  que  ces  données , 
toutes  nouvelles ,  ne  manquent  pas  de  vraisemblance. 


(1)  QàttiacM$tUma.ima^  T.  II»  instr.,  p.  489.—  Bonavxmt.»  T.  m, 
p.  888. 

(2)  B^iM.  ArMol.,  T.  Vin,  p.  189. 


A^  PROCES-VERBAUX  DES  séAl<^CES. 

-  M.  Tabbé  Arbellot  lit  un  second  mémoire  sur  cette  question  : 
«  Les  faits  et  les  personnages  mentionnés  dans  les  chroniques 
.limousines  pour  l'époque  de  la  domination  romaine  ont-ils  une 
valeur  historique?  »  M.  Arbellot  pense  que ,  si  quelques-uns  de 
ces  personnages ,  tels  que  Sedulius ,  mentionné  par  César,  ont  une 
valeur  historique ,  la  plupart  des  autres ,  tels  que  Duratîus  et 
Godicometus,  Lucius  Gapreolus,  etc.,  n'ont  qu'une  valeur  très- 
légendaire  et  une  existence  très-problématique. 

La  Société  remercie  M.  l'abbé  Arbellot  de  ces  diverses  com- 
munications ,  qu'elle  vient  d'écouter  avec  un  vif  intérêt. 

A  40  heures ,  la  séance  est  levée. 

Le  secrétaire  général^ 
É.  RUBEN. 


•  «^wv  •^'.^s/v^  .i<srM»«« 


SÉANCE  DU  29  MAI  4866. 


Présidence  de  M.  Othon  PBCOIVIVBT,  Pré»ldent. 

Sont  présents  :  MM.  l'abbé  Arbellot,  Ruben,  Lemas,  Guille- 
mot, Bardinet,  G.  Debort,  Le  Sage,  FonÀneau,  Linard, 
Maquart,  Nivet-Fontaubert,  Brisset,  Hervy,  l'abbé  Lecler, 
Bonnin,  l'abbé  Grange,  Talabot,  Alfred  Chapoulaud,  Roméo 
Chapoulaud,  l'abbé  Tandeau  de  Marsac,  Garrigou-Lagrange , 
Cluzelaud. 

Dans  une  courte  allocution, M.  Othon  Peconnet,  récemment 
élu  président ,  rappelle  que,  à  une  époque  déjà  éloignée,  il  était 
secrétaire  général  de  la  Société  ;  que  ,  si  depuis  cette  époque  ses 
occupations  l'ont  souvent  empêché  d'assister  aux  séances ,  il  n'a 
pas  un  instant  cessé  de  faire  des  vœux  pour  la  prospérité  de  la 
Société  ;  qu'il  est  heureux  d'avoir  été  appelé  à  l'honneur  de  la 
diriger,  et  qu'il  fera- tous  ses  efforts  pour  se  montrer  digne  du 
témoignage  de  sympathie  et  de  confiance  qui  lui  a  été  donné. 
L'assemblée  tout  entière  applaudit  à  ces  chaleureuses  paroles. 

M.  le  secrétaire  général  donne  lecture  du  procès-verbal  de  la 
dernière  séance  :  ce  procès  verbal  est  adopté  sans  observations. 


MM.  H.  Ârdant  et  Jules  Noriac,  présentés  à  la  dernière 
séance ,  sont  proclamés  :  le  premier,  membre  titulaire;  le  second , 
membre  correspondant  de  la  Société. 

M.  Tabbé  Tandeau  de  Marsac  et  M.  Tabbé  Lecler  présentent , 
comme  désirant  faire  partie  de  la  Société  en  qualité  de  membre 
titulaire ,  M,  l'abbé  Sapin-Trufy,  curé  de  La  Joncbère. 

Parmi  les  dons  faits  au  musée ,  on  remarque  :  i""  soixante-neuf 
beUes  pièces  de  porcelaine  ou  de  faïence  de  divers  pays  ;  i""  trois 
émaux  de  Limoges;  3?  un  sceau  en  bronze.  Le  donateur  est 
M.  Adrien  Duboucbé.  L'assemblée  est  unanime  à  remercier 
M.  Dubouché,  qui,  non  content  de  donner  ses  soins  à  la  réor- 
ganisation et  à  la  direction  du  musée ,  fait  encore  de  grands 
sacrifices  pécuniaires  pour  Tenrichir. 

L'ordre  du  jour  appelle  la  discussion  du  rapport  de  la  com- 
mission chargée  d'examiner  la  proposition  relative  à  la  réorga- 
nisation de  la  Société.  Le  rapport  et  le  projet  de  règlement  ont 
été  imprimés  et  envoyés  à  chaque  membre. 

La  parole  est  à  M.  Boméo  Chapoulaud. 

M.  Roméo  Chapoulaud  dit  en  quelques  mots  que  ce  n'est  qu'à 
partir  de  la  création  de  la  Société  Archéologique  et  Historique 
du  Limousin ,  en  i  845,  que  la  Société  d'Agriculture ,  des  Sciences 
et  des  Arts  de  la  Haute-Vienne  reprit  une  nouvelle  vie,  justement 
parce  qu'on  lui  enlevait  les  matières  archéologiques  et  histo- 
riques. Il  pense  que  la  spécialisation  vaut  mieux  que  la  réunion , 
et  conseille  aux  personnes  qui  demandent  un  élargissement  du 
cadre  dé  la  Société  Archéologique  de  créer  une  Société  sdeniifique 
et  littéraire f  qui  en  aucun  cas,  selon  lui ,  ne  pourrait  nuire  aux 
deux  sociétés  actuellement  existantes. 

M.  A.  Talabot  pense,  comme  M.  R.  Chapoulaud,  que  vouloir 
faire  de  la  Société  Archéologique  une  Société  Académique  c'est 
demander  la  ruine  de  la  Société  actuelle  et  de  la  Société  qui 
prendrait  sa  place.  Il  va  plus  loin  :  il  prétend  que  les  membres 
de  la  Société  actuelle  n'ont  pas  le  droit  de  faire  cette  révolution  ; 
que  les  statuts  établis  par  les  fondateurs  ne  peuvent  être  mo- 
difiés tant  que  la  Société  subsistera.  11  appuie  sa  thèse  de  la 
combinaison  de  plusieurs  articles  de  l'arrêté  préfectoral  du 
26  décembre  4845.  instituant  une  commission  archéologique  et  du 
règlement  de  la  Société  actuelle ,  et  termine  en  proposant  de 
passer  à  l'ordre  du  jour. 

M.  Vabbé  Arbellot  reproduit  un  des  arguments  présentés  par 
;  M,  Talàbot.  Il  dit.  que  les  membres  nouveau  v^ni^a.  sont  ^trés 


48  FMG^VEUAUX  DfiS  siàtlCBS^ 

48àbA  Ift  SMiâté  éeuleâieiit  eotame  kitftoriens  et  érchéoldgaeSi  et 
nullement  oômm^:  savante  ^  artistes  ou  littératenrs  ;  qu'ils  n'okit 
donc. point  le  droit  de  demander  autre  chose  que  de  Tarchéo^ 
logri6  et  de  Thistoire;  que,  du  reste ,  le  champ  eât  encore  assez 
▼aste  pour  eux  »  puisqu'ils  peuTent  s'occuper  dé  littérature ,  d'art 
et  de  science,  mais  seulement  en  ce  qui  touche  l'histoire  du 
Limousin. 

M.  l'abbé  Arbellot  cependatxt  n'est  paB  aussi  exclusif  que  les 
deux  membres  qui  ont  parlé  avant  lui  :  il  est  convaincu  que  la 
Société  Archéologique  est  encore  vivaCe ,  que  ees  mémoires  sont 
juèteme&t  appréciés,  qu'elle  fait  des  publications  importantes 
(  le  NfMiuire  et  les  Registres  consulaires) ,  que  €^est  i^le  qui  orga- 
nise les  congrès  archéologiques  et  scientifiques  tenus  à  Limoges, 
qu'elle  vient  d'organiser  le  musée  lapidaire  et  archéologique , 
te  musée  céramique  et  celui  d'histoire  naturelle ,  qiœ  ce  sont  là 
des  titres  de  gloire  incontestables ,  mais  que  cependant  il  ne 
s'ensuit  pas  qu'il  n'y  ait  rien  à  faire  dans  le  sens  des  idées  pré- 
sentées par  la  commission  ;  que  si ,  au  lieu  de  demander  une 
réforme  radicale ,  on  se  fût  contenté  de  proposer,  comme  essai , 
quelques  modifications ,  sans  changer  le  titre  de  la  Société ,  il  se 
fôt  peut-^tre  rallié  au  projet  de  la  commission  ;  qu'il  eût  admis , 
par  exemple,  la  création  de  deux  nouvelles  sections,  l'une 
scientifique ,  loutre  littéraire ,  ayant  chacune  un  vice*président 

.  et.un  vice^rétoire,  mais  qu'il  n'était  pas  .besoin  pour  cela  de 
tefondre  complètement  le  règlement;  qu'il  fallait  proposer  la 
mesure  comme  provisoire,  quitte  à  la  rendre  définitive  si  elle 
donnaît  de  bons  résultats  ;  que  dans  ce  cas  rien  n'eût  empêché 
la  Société  de  s'intituler  Société  Archéologique  et  Académique  du 
Limousin. 
M.  B.  Hervy  lit  à  son  tour  un  mémoire  contre  le  projet.  Ce 

>  mémoire  ne  contient  guère  d'autres  arguments  que  ceux  émis 
précédemment.  En  réponse  à  un  des  moyens  du  rapport ,  il 
explique  comment  le  musée ,  qui  était  primitivement  archéolo- 
gique ,  est  dev^u  général ,  la  Société  ne  pouvant  refuser  les 
objet  donnés.  Lorsqu'on  a  été  obligé  de  mettre  de  Tordre  dans 
cet  amas  confus  ',  il  a  bien  fallu  s'occuper  des  beaux-arts ,  de 
l'histoire  naturelle  et  de  la  céramique  ;  niais ,  de  ce  que  le  musée 
^eohtîent  toute  espèce  de  choses ,  ce  n'est  ptô  une  raison ,  selon 
l'honorable  membre ,  pour  que  la  Société  qui  le  dirige  devienne 
'pôlymathique.  M.  Hervy  reproche  ensuite  au  projet  de  n'être  pas 
Ibl^a  j^is  :  il  ne  «ait  pas  au  juste  ce  que  aem  h  Société  nou* 


PROCÈS-VERBAl  X    DES   SEANCES,  49 

velle ,  et  doute  que  dans  aucun  cas  cett^  Société  puisse  subsister. 
Uue  Société  de  province  ne  peut  vivre  qu'à  la  condition  d'être 
purement  archéologfique  et  historique ,  car  elle  trouve  toujours 
chez  elle  de  quoi  s'alimenter;  mais,  lorsqu'elle  veut  être  gé- 
nérale t  elle  ne  peut  supporter  la  concurrence  des  Sociétés  qui 
ont  leur  siège  à  Paris.  M.  Hervy  termine  en  proposant  de  re- 
pousser le  projet  de  la  commission. 

En  réponse  aux  critiques  adressées  à  la  commission ,  M.  Lemas; 
rapporteur,  répond  que  Ton  a  bien  mal  compris  les  intentions 
des  membres  de  cette  commission  ;  que  leur  intention  n'a  jamais 
été  de  détruire  la  Société  Archéologique  pour  établir  sur  ses 
ruines  une  autre  Société;  que  les  sciences,  les  lettres  et  les  arts 
viennent  tout  simplement  demander  une  i)etite  place  dans 
l'édifice ,  et  non  le  renverser  ;  que ,  réduites  à  ces  termes ,  qui 
sont  l'expression  des  sentiments  non-seulement  de  la  commission , 
mais  de  la  plus  grande  partie  des  membres  de  la  Société ,  la  pro- 
position n'a  rien  d'insolite  ni  de  dangereux.  Quelques  esprits , 
animés  des  meilleures  intentions,  ont  constaté  que  la  Société 
actuelle  s'éteint  :  ils  essayent  de  la  ranimer  en  lui  infusant  un 
peu  de  sang  nouveau  :  ils  n'ont  pas  d'autre  prétention. 

M.  Othon  Peconnet  déclare  qu'il  n'aurait  pas  pris  la  parole 
s'il  n'était  personnellement  intéressé  dans  la  question  :  il  est  un 
de  ceux  qui ,  par  la  nature  de  leur  esprit  et  la  direction  de  leurs 
études ,, pensent  qu'il  y  a  encore  quelque  chose  à  faire  en  dehors 
de  l'archéologie  et  de  l'histoire  locale;  et  cependant  il  n'est  pas 
un  membre  nouveau.  11  comprend  du  reste  que,  si  la  Société 
possédait  encore  les  membres  qui  ont  fait  sa  gloire ,  ou  qu'il  fût 
surgi  après  leur  mort  des  membres  d'une  égale  valeur,  la  Société 
eût  vécu ,  et  il  eût  été  inutile  de  rien  changer  à  son  org*anisation  ; 
malheureusement  les  historiens  et  les  archéologues  sont  réduits 
à  un  bien  petit  nombre,  et  c^la  dans  une  société  de  soixante- 
quinze  membres  titulaires.  Certes  ces  historiens  et  ces  archéo- 
logues ont  donné  et  peuvent  donner  encore  d'excellents  articles; 
mais  peuvent-ils  à  eux  seuls  alimenter  un  Bulletin?  Non,  car 
Tannée  dernière  on  a  été  obligé,  par  famine,  d'avoir  recours 
n\ix  Registres  co7}Sidaires y  qui  sont  du  reste  une  bonne  publication. 
Dans  cette  situation ,  les  membres  qui  se  sentent  quelque  capa- 
cité et  beaucoup  de  bon  vouloir  en  dehors  do  rarcliéologie  et  de 
l'histoire  viennent  dire  à  leurs  collègues  :  «  Vous  vous  plaignez 
que  l'on  ne  travaille  plus  :  nous  voici,  utilisez-nous.  Nous 
n'avons  pas  la  prétention  de  faire  mieux  que  vous ,  encore  moins 

4 


50  PROCÈS-VERBÀt'X    Î)ES   SEANCES, 

de  nous  mettre  à  votre  place  ;  mais  nous  voulons  travailler  avec? 
vous  dans  Tintérêt  de  tous.  Ne  nous  dites  pffs  que  vos  Statuts 
s'y  opposent  :  Tautorité  qui  a  org^anisé  la  Société  Archéolog'ique 
peut  parfaitement  donner  sa  sanction  aux  modifications  que  Ton 
propose.  Quant  à  nous  séparer  de  vous ,  nous  ne  le  voulons  pas  : 
nous  ne  ferions  rien  séparés ,  ni  les  uns  ni  les  autres ,  tandis  que 
iious  pouvons  faire  beaucoup  si  nous  restons  unis.  Ce  n'est  pas 
Mne  maison  rivale  que  nous  voulons  construire  à  côté  de  la  vôtre  : 
nous  demandons  que  vous  consentiez  à  ajouter  une  simple  an- 
nexe à  une  maison  devenue  trop  petite.  »  —  M.  Peconnet  termine 
en  disant  que  ,  quelles  que  soient  les  modifications  à  intrciduire 
dans  Torg'anisation  de  la  Société ,  quel  que  soit  le  titre  que  Ton 
adopte,  il  est  indispensable,  st4on  lui,  d'admettre  le  principe 
posé  par  la  commission ,  et  d'ouvrir  le  Bulletin  de  la  Société  à 
tous  les  travaux  sérieux  qui  se  présenteront ,  de  quelque  nature 
qu'ils  soient. 

L'ordre  du  jour  ayant  été  réclamé ,  il  est  entendu  ,  avant  de 
passer  au  scrutin  secret ,  que  l'adoption  de  Tordre  du  jour  em- 
portera le  rejet  du  principe  posé  par  la  commission.  I.e  rejet  de 
Tordre. du  jour  impliquera  au  contraire  l'adoption  du  principe 
et  la  prise  en  considération  du  projet ,  sauf  à  renvoyer  la  discus- 
sion des  détails  à  une  autre  séance. 

Le  dépouillement  du  scrutin  donne  les  résultats  suivants  : 

Nombre  de  votants  :  23. 
Nombre  de  bulletins  :  23. 

Pour  Tordre  du  jour 9  voix. 

Contre 4  4  voix. 

En  conséquence ,  Tordre  du  jour  n*est  pas  adopté.  La  discus- 
sion des  articles  du  projet  est  renvoyée  à  une  nouvelle  séance. 
A  iO  heures,  la  séance  est  levée. 

Le  secrétaire  cénéraL 
É.  RUBEN. 


I^ROCÈS-VERBAIX   DES   SEANCES.  51 


SEANCE  DU  26  JUIN  1866. 


I*réslclenee  de  M.  Otiion  PBCOMKRT,  l^résldent. 


Sont  présents  :  MM.  Debort,  Garrigou-Lagrangre ,  Alfred 
Chapoulaud ,  Lemas ,  Cliarreire ,  Linard  ,  Nivet-Fontaubert , 
Perdoux,  Bardinet,  Hervy,  Guillemot. 

En  Tabsence  de  M.  Ruben  ,  secrétaire  g-énéral,  M.  Guillemot , 
secrétaire-archiviste ,  remplit  les  fonctions  de  secrétaire. 

Le  procès-verbal  de  la  précédente  séance  est  lu  et  adopté. 

M.  Tabbé  Sapin  ,  curé  de  La  Jonchèrè,  présenté  à  la  dernière 
séance  par  MM.  Tandeau  de  Marsac  et  Lecler,  est  proclamé  à 
l'unanimité  membre  titulaire  de  la  Société. 

MM.  Debort  et  Ruben  présentent  comme  désirant  faire  partie 
de  la  Société  en  qualité  de  membre  correspondant  M.  Babaud- 
Laribière,  homme  de  lettres,  demeurant  h  Villechaise  près 
Confolens  (Charente). 

M.  le  président  donne  alors  la  parole  î\  M.  (iuillemot  pour 
lire  un  rapport,  sur  le  prix  quinquennal ,  au  nom  de  la  com- 
mission chargée  d'examiner  les  ouvrages  parus  pendant  les  cinq 
dernières  années  (i). 

M.  Guillemot  fait  une  analyse  rapide  des  cinq  ouvrages  dé- 
signés par  la  commission  :  Limoges  au  xvir  siècle ,  de  M.  Laforest; 
la  Vie  de  saint  Léonard,  de  M.  Tabbé  Arbellot;  les  Etudes  histo- 
riques sur  le  Limousin ,  de  M.  Deloche  ;  les  Catalogues  de  la  biblio^ 
thèque  de  Limoges  et  la  nouvelle  édition  des  Fables  de  Foveaud ,  de 
M.  Ruben. 

M.  Guillemot,  après  avoir  fait  ressortir  les  qualités  qui  dis- 
tinguent ces  diflFérents  ouvrages ,  propose  à  la  Société  d'adopter 
les  conclusions  suivantes  du  rapport  : 

L'ouvrage  de  M.  Deloche,  ayant  été  déjà  couronné  par  l'Aca- 
démie des  Inscriptions  et  Belles-Lettres ,  est  mis  hors  de  concours. 

Le  prix  de  500  francs  est  décerné  aux  Catalogues  de  la  Biblio- 


(1)  Cette  commission  étftit  composée  de  MM.  Laromtière,  Bardinet, 
Lemas,  Alfred  Chapoulaud,  Hervy,  Biisset,  Guillemot. 


52  PROCfes-VKRBArX   DES  SEANCES. 

thèque  de  Limoges  et  à  rédition  des  Fables  de  Foucaud  de 
M.  Ruben. 

Une  mention  très-honorable  est  accordée  aux  ouvrapres  de 
M.  Laforest  et  de  M.  Tabbé  Arbellot. 

La  Société  adopte  à  Tunanimité  ces  conclusions. 

MM.  Nivet-Fontaubert  et  Bardy  offrent  au  musée  céramique 
plusieurs  pièces  remarquables  de  porcelaine  et  de  faïence.  La 
Société  Vote  des  remercîments  à  MM.  Nivet-Fontaubert  et 
Bardv. 

M.  le  président  propose  de  remettre  à  la  prochaine  séance  la 
discussion  sur  le  nouveau  projet  de  règ'lement.  La  proposition 
est  adoptée. 

A  8  heures  4/2 ,  la  séance  est  levée. 

fj*  serréluire-archivisle , 
(iriLLEMOT. 


fV\^ ^^H/\/\A.A^\^* ^\f\f\f\ ^#H  f\r»â-M\ ^\r* r\^\^\^\»*  ' ^/\/^y^/\^ 


SÉANCE  DU  31  JUILLET  <866. 


t^réslclence  de  M.  LAROSiniKItE,  Vloe-Pr^«ldt''iit. 


Sont  présents  :  MM.  Ruben  ,  Hervy,  Maquart,  Linard  .  l'abbé 
Grange ,  Alfred  Chapoulaud ,  Perdoux ,  Nivet-Fontaubert , 
Reculés ,  Lemas,  Tabbé  Arbellot.  Ce  dernier  membre  présente  à 
rassemblée  M.  de  Cessac ,  auteur  de  la  Carie  gëdogigue  de  la 
Creuse  et  de  divers  travaux  sur  nos  contrées,  président  des 
Assises  scientifiques  pour  la  région  du  Centre. 

Le  procès-verbal  de  la  dernière  séance  est  lu  et  adopté. 

M.  Ruben  remercie  en  quelques  mots  la  Société  de  Thonneur 
qu'elle  a  fait  à  son  édition  de  Foucaud  en  lui  accordant  le  prix 
quinquennal. 

M.  L.  Babaud-Laribière ,  homme  de  lettres,  demeurant  à 
Villechai.se  près  Confolens  [Charente),  présenté  a  la  dernière 
séance ,  est  proclamé  membre  correspondant  de  la  Société. 


PROtES-VKRBAUX   DKS   SEANCES.  53 

MM.  Tabbé  Arbellot  et  Emile  Rubeu  présentent  comme  dé- 
sirant faire  partie  de  la  Société  en  qualité  de  membre  corres- 
pondant M.  de  Cessac ,  auteur  de  la  Carie  géologique  de  la  Creuse. 

Lecture  est  donnée  d*une  lettre  dans  laquelle  M.  l'abbé 
Lecler,  curé  de  Saint-Symphorien,  demande  à  la  Société  Tacqui- 
^?ition  de  deux  ouvrages  qui  intéressent  le  Limousin,  et  qui 
seraient  très-utiles  au  continuateur  du  Nobiliaire  de  la  généralité 
de  Limoges.  Ces  deux  ouvrages  sont  : 

1"  Catalogue  des  genlilshorï^mes  qui  ont  pris  part  aux  élections  des 
députés  de  1789,  publié  d'après  les  procès-verbaux  oflBiciels,  par 
MM.  L.  de  La  Roque  et  E.  de  Barthélémy.  —  Marche  et  Limousin. 
—  Saiutonge  et  Angoumois. 

2"  Recherches  de  la  noblesse  de  Limoges ,  par  d'Aguesseau,  com- 
missaire député  du  roi;  manuscrit  moderne  inédit,  in-fol.  de 
près  de  700  pages ,  admirablement  calligraphié  par  M.  B.  Pla- 
gnard  ,  de  Limoges.  —  Ce  manuscrit  est  coté  350  fr.  dans  le 
catalogue  Bachelin-Deflorenne. 

L'assemblée  décide  Tacquisition  du  premier  de  ces  deux 
ouvrages.  Quant  au  manuscrit ,  son  prix  élevé  ne  permet  pas  de 
preudre  une  détermination  séance  tenante.  En  conséquence,  la 
question  est  ajounée. 

M.  de  Cessac  a  la  parole.  11  expose  que,  par  décision  de 
rinstitut  des  Provinces  du  20  mars  1865,  la  présidence  des 
Assises  scientifiques  de  la  région  du  Centre  lui  a  été  attribuée 
pour  une  période  de  trois  ans. 

Les  Assises  scientifiques  sont  de  petits  Congrès  où  se  traitent 
toutes  les  questions  qui*  peuvent  intéresser  la  province.  M.  de 
Cessac  ajoute  que  cette  année  il  a  pensé  à  Limoges  pour  en  faire 
le  siège  des  Assises  ,  mais  que,  à  défaut  de  Limoges,  la;  ville  de 
Châteauroux  serait  toute  prête  à  accepter  Toffre  qu'il  lui  ferait. 
Les  Assises  auraient  lieu  vers  la  fin  du  mois  d'octobre. 

Plusieurs  membres  disent  que  le  délai  est  trop  court  pour 
qu'on  puisse  travailler  sérieusement  (1).  M.  de  Cessac  répond 
qu'un  délai  de  trois  mois  lui  semble  suffisant,  et  que  d'ailleurs 
la  pratique  prouve  que  les  longs  délais  n'amenaient  pas  de  meil- 
leurs résultats. 

Après  une  courte  discussion,  l'assemblée  accepte  TofiFre  de 
M.  de  Cessac.  MM.  les  présidents  de  la  Société  Archéologique 

,1  ;  Depuis  cette  séance ,  les  Assises  ont  été  fixées  au  26  décembre  1866. 


54  PROCÈS-VERBAL X   DES   SEANCES. 

n'auront  qu  a  s'entendre  avec  les  présidents  des  autres  sociétés 
de  Limoges.  Des  remercîments  sont  adressés  à  M.  de  Cessac. 
A  \0  lieures,  la  séance  est  levée. 

Le  secrétaire  général, 
É.  RUBEN. 


•■•\/VWW>/N/\/\.'W'W\/N/\AA/WW\/>/V 


SEANCE  DU  27  NOVEMBRE  1866. 


Pi*6»l(Ienco  de  M.  Othon  I^ECOIVIVET ,  Président. 


Sont  présents  :  MM.  Larombière,  Arbellot,  Emile  Ruben  , 
Perdoux,  Linard,  Nivet-Fontanbert,  Maquart,Hervy,  Garrig*ou- 
Lagrang*e ,  G.  Debort ,  Bardinet ,  Lemas. 

Le  procè-s-verbal  de  la  dernière  séance  est  lu  et  adopté. 

M.  de  Cessac,  présenté  à  la  dernière  séance  par  MM.  l'abbé 
Arbellot  et  É.  Ruben  ,  est  proclamé  membre  correspondant  de  la 
Société. 

M.  É.  Ruben  annonce  que  le  premier  volume  des  Registres  con- 
sîdaires  est  sur  le  point  d'être  terminé.  Il,  propose  à  la  Société  de 
dédier  cette  œuvre  au  Conseil  municipal  de  Limoges.  Cette  pro- 
position est  adoptée  à  l'unanimité. 

L'ordre  du  jour  est  la  discussion  du  projet  de  règlement. 
M.  le  préside)it  résume  les  différents  avis  proposés  à  la  dernière 
séance.  Il  ajoute  qu'on  était  à  peu  près  d'accord  d'exclure  du 
Bulletin  les  œuvres  d'imagination  pure,  et  d'admettre  tous  le.s 
autres  travaux  ;  il  n'avait  été  rien  décidé  sur  la  question  de 
savoir  si  le  titre  de  la  Société  sera  changé  ou  modifié. 

M.  l'abbé  Arbellot  dit  qu'il  croit  que  la  majorité  de  la  Société 
est  bien  d'avis  d'admettre  les  travaux  de  toute  nature,  sauf 
toutefois  les  œuvres  d'imagination ,  mais  en  tant  seulement  que 
ces  travaux  intéresseront  le  Limousin. 

Plusieurs  membres  réclament,  et  pensent  au  contraire  que 
4'extension  doit  être  illimitée. 


PROCÈS-VERBAUX   DES   SEANCES.  35 

Ici  se  reproduisent  les  arguments  pour  et  contre  invoqués  à  la 
séance  précédente. 

M.  Larombière  pense  qu'il  vaudrait  mieux  laisser  chaque 
travail  se  produire ,  qu'il  intéressât  ou  non  la  rég:ion  du  Centre , 
et  donner  au  Comité  de  publication  le  droit  d'admettre  ou  de 
rejeter  les  travaux.  On  répond  qu'il  ne  faut  pas  laisser  un  pareil 
droit  au  Comité,  et  que  la  loi  vaut  toujours  mieux  que  la  ju- 
risprudence. 

On  passe  aux  voix  sur  la  question  de  savoir  si  la  Société 
entend  admettre  purement  ou  simplement  les  ouvrages  autres 
que  les  œuvres  de  pure  imagination  ,  qu'ils  traitent  ou  non  de 
matières  intéressant  la  province  du  Limousin. 

Nombre  de  votants  :  13. 

Pour 7  voix. 

Contre 6  voix. 

• 

En  conséquence ,  la  Société  adopte  l'extension  illimitée. 

Le  principe  admis ,  on  passe  à  la  discussion  du  titre  définitif 
que  prendra  la  Société. 

M.  Maquart  propose  de  l'appeler  Société  Académique  de  Limoges. 
On  répond  que  la  Société  est  depuis  long-temps  connue  sous  le 
titre  de  Société  Archéologique  et  Historique  du  Limousin;  que  sous 
ce  nom  elle  a  fait  ses  preuves,  que  son  règlement  a  été  ap- 
prouvé; qu'il  y  aurait  peut-être  des  des  diflBcultés  et  des  in- 
convénients à  vouloir  lui  faire  rompre  ainsi  avec  son  passé ,  et 
qu'il  vaudrait  peut-être  mieux  ,  tout  en  lui  conservant  son  titre 
et  son  règlement ,  modifier  tout  simplement  l'article  2 ,  con- 
cernant ses  attributions  et  son  but. 

La  discussion  continue ,  lorsque  M.  l'abbé  Arbellot  demande  la 
parole.  11  prie  la  Société  de  vouloir  bien  déléguer  quelques-uns 
de  ses  membres  pour  la  représenter  à  Tinauguration  du  buste  de 
M.  de  Yerneilh ,  l'un  de  ses  membres  les  plus  éminents,  laquelle 
aura  lieu  très-prochainement  à  Périgueux.  La  Société  délègue 
M.  l'abbé  Arbellot  lui-même. 

M.  l'abbé  Arbellot  fait  une  seconde  proposition  :  il  demande 
que  la  Société  décide  s'il  y  a  lieu  d'envoyer  les  émaux  du  musée 
de  Limoges  à  la  grande  exposition  de  1867.  La  Société  décide 
qu'elle  n'est  pas  en  nombre  suffisant  pour  prendre  un  parti  sur 
une  question  aussi  importante.  La  proposition  est  ajournée. 

On  revient  au  Règlement.  Après  une  longue  discussion ,  la 
Société  décide  : 


56  PROCÈS-VERBATX   DES   SEANCES. 

4*»  Que  les  articles  de  pure  imagination-  seront  exclus  du 
Bulletin  ; 

2"  Que  tous  les  travaux ,  sauf  toutefois  bien  entendu  ceux 
relatifs  à  la  reli^'ion  et  à  la  politique ,  seront  admis ,  qu'ils 
traitent  ou  non  de  matières  intéressant  le  Limousin  ; 

3°  Que  la  commission  du  règ-leraent  sera  chargée  de  présenter 
à  la  prochaine  séance  un  nouvel  article  3 ,  mod'tîé  conformément 
au  vœu  de  la  Société. 

A  10  heures ,  la  séance  est  levée. 

Le  secrétaire  général, 
É.  RUBEN. 


^  «-v,/-»/^  ry^»  ^J^^  r^^n  r  ****«^*.^^« 


SÉANCE  DU  24  DÉCEMBRE  4866. 


Présidence  do  M.  I^AUOMBIÈRK,  Vlce>Pi'4«ldent. 


Sont  présents  :  MM.  Dubouché,  Guillemot,  Maquart,  Debort, 
Linard  ,  Nivet-Fontaubert ,  Hervy,  Alfred  Chapoulaud,  Brisset , 
É.  Ruben,  Lemas,  Garrigou-Lagrange ,  de  Cessac. 

Le  procès-verbal  de  la  dernière  séance  est  lu  et  adopté. 

Lecture  est  donnée ^d'ufie  lettre,  en  date  du  28  novembre, 
par  laquelle  Son  Exe.  M.  le  Mini^stre  de  Tlnstruction  publique 
annonce  à  M.  le  président  qu'il  vient  d'accorder  une  allocation 
de  300  fr.  à  la  Société  Archéologique  du  Limousin.  L'assemblée 
remercie  M.  le  Ministre ,  et  charge  le  secrétaire  général  de  lui 
transmettre  l'expression  de  sa  gratitude. 

A  la  dernière  séance,  M.  Tabbé  Arbellot  avait  proposé  à  la 
Société  de  décider  qu'il  y  avait  lieu  d'envoyer  certains  émaux 
du  musée  à  la  grande  exposition  de  1867  :  l'assemblée  avait 
renvoyé  la  question  à  la  prochaine  séance. 

M.  Dubouché  pense  que ,  s'il  est  fait  une  demande  officielle 
par  M.  le  surintendant  des  Beaux-Arts ,  il  serait  bien  difficile  de 
répondre  par  un  refus ,  alors  que  le  musée  a  tant  à  espérer  de  lu 


PROCÈS-VERBAUX   DES   SÉANCES.  57 

bienveillance  du  Gouvernement;  mais  qu'il  est  prudent  et 
convenable  d'attendre  cette  demande  spéciale.  Il  conclut  à  ce  que 
la  direction  du  musée  soit  autorisée  à  faire  cet  envoi  dans  le 
cas  oii  une  demande  aurait  lieu ,  et  après  en  avoir  reçu  Tauto- 
risation  de  M.  le  préfet  de  la  Haute-Vienne  et  de  M.  le  maire  de 
Limoges. 

Ces  conclusions  sont  adoptées. 

L'ordre  du  jour  appelle  la  discussion  du  Règlement. 
M.  Lemas,  au  nom  de  la  commission ,  propose  à  la  Société  de 
laisser  subsister  l'ancien  Règlement ,  sauf  certaines  modifica- 
tions aux  articles  â,  5,  9  et  42. 

Après  une  discussion  à  laquelle  plusieurs  membres  prennent 
part,  l'assemblée  arrête  définitivement  pour  chacun  de  ce» 
articles  la  rédaction  suivante  : 

a  Art.  2.  —  Elle  a  pour  but  (la  Société)  : 

De  rechercher,  de  reconnaître  et  de  décrire  les  monuments, 
écrits  ou  figurés ,  qui  existent  soit  dans  les  archives  publiques 
ou  particulières ,  soit  à^la  surface  ou  à  l'intérieur  du  sol  ; 

De  classer  les  monuments  et  les  ruines  de  toutes  les  époques 
qui  existent  en  Limousin ,  et  d'en  assurer  la  conservation  ; 

De- conserver  et  augmenter  le  musée  déjà  fondé  par  elle. 

En  outre  la  Société  admet  les  travaux  de  littérature,  de 
sciences  et  d'art ,  et  les  publie,  s'il  y  a  lieu ,  dans  son  Bulletin. 

Elle  s'interdit  toute  discussion  politique  ou  religieuse ,  et  il  ne 
sera  traité  dans  son  sein  aucune  matière  historique  postérieure 
à  4790. 

Elle  repousse  également  les  œuvres  d'imagination  pure. 

»  Art.  5.  —  Nul  ne  sera  admis  au  nombre,  des  membres  de  la 
Société  que  sur  sa  demande  écrite  et  adressée  au  i)résident. 

Cette  demande  sera  déposée  sur  le  bureau  en  séance  générale, 
et  il  en  sera  donné  avis  dans  les  lettres  de  convocation  de  la 
séance  suivante.  Cet  avis  désignera  le  nombre  des  candidats  et 
la  catégorie  dans  laquelle  ils  se  rangent ,  mais  évitera  de  dé- 
signer par  leur  nom  les  candidats  eux-mêmes. 

Au  jour  indiqué  par  la  lettre  de  convocation ,  le  candidat  au 
titre  de  membre  titulaire  ou  correspondant  sera  élu  au  scrutin 
secret  et  à  la  majorité  des  suffrages. 

Les  membres  honoraires  seront  également  élus  au  scrutin 
secret,  sur  la  proposition  du  bureau.  Le  candidat  devra  réunir, 


58  PROCÈS-VERBAUX   DES   SEANCES. 

pour  être  nommé,  les  trois  quarts  des  .voix  des  membres 
présents,  quel  que  soit  au  surplus  le  nombre  des  suffrages 
exprimés. 

»  Abt.  9.  —  Le  Bulletin  de  la  Société  est  adressé  gratuite- 
ment aux  membres  titulaires  et  honoraires. 
Le  Comité  de  publication  fixera  le  prix  de  vente ,  etc. 

»  Art.  12.  —  La  Société  demeure  propriétaire  de  la  copie  des 
manuscrits  lus  en  séance  et  de  celle  des  documents  qui  lui  sont 
communiqués.  Son  droit  se  borne  à  les  publier  en  entier  dans  son 
Bulletin.  Elle  peut  aussi  en  publier  des  extraits,  mais  avec 
l'agrément  de  l'auteur. 

Les  membres  de  la  Société  sont  tenus ,  s'ils  éditent  un  travail 
déjà  imprimé  au  Bulletin ,  de  mentionner  le  n°  du  recueil  dans 
lequel  a  été  publié  ce  travail.  11  leur  est  absolument  interdit  de 
l'insérer  dans  le  Bulletin  d'une  autre  Société ,  sous  peine  d'être 
exclus  par  un  vote  spécial.  » 

A  <  0  heures ,  la  séance  est  levée. 

Le  secrétaire  général, 
É.  RUBEN. 


%•  V  M  w^w\/  ^«'^  <rfW^/V^^w^-^/vWWWW%A» 


LISTE 

Des  dons  faits  au  Musée  et  à  la  Bibliothèque  de  la  Société 

pendant  r année  i866. 


DONS  FAITS  AU  MUSEE. 


Par  M.  Brissaud  fils ,  percepteur  à  Compreignac  :  un  grand-duc ,  tué  par 
lui  et  empaillé. 

Par  M.  Merget  :  pierre  tokanique  de  La  Roche-r Abeille. 

Par  M.  Nadaud,  président-honoraire  de  la  Cour  de  Grenoble  :  deux 
médailles  ou  monnaies ,  Tune  de  bronze ,  Tautre  d*argent  ;  —  huit  monnaie 
de  cuivre. 

Par  M.  le  Préfet  :  une  urne  «  trouvée  k  Saint-Yrieix ,  le  10  février  1866  j 
a  deux  mètres  de  profondeur,  rue  des  Plaisances ,  près  de  Téglise  Notre- 
Dame-de-Moutiers ,  dans  un  cercueil  formé  de  larges  pierres  de  gré  ». 

Par  M.  le  capitaine  Berthet  :  ving1>-cinq  pièces  de  monnaies  françaises  et 
étrangères  en  bronze. 

Par  M.  Paul  Baillet  :  un  porte-feuiUe  ancien. 

Par  M.  Alfred  Laporte  :  une  hache  gauloise. 

Par  M.  Albert  Linard  :  la  mâchoire  d'un  requin;  —  une  lampe  romaine 
trouvée  dans  une  fouille  près  Bône ,  province  de  Constantine  ;  —  une 
petite  croix  en  plomb ,  trouvée  dans  un  tombeau  (  fouilles  de  la  division 
militaire). 

Par  M.  Adrien  Dubouché  :  trois  émaux  de  Limoges  ;  —  un  sceau  en 
bronze  ;  —  un  sceau  de  la  sénatorerie  présidiale  de  St-Léonard  ;  —  un  émail 
(St  Paul) ,  dans  un  cadre  émaillé  ;  —  un  autre  émail  (St  François)  ;  —  une 
coupe  émaillée  (TAmour  sur  un  lion)  :  I.  L.  (Laudin)  ;  —  un  Crudflement^ 
fond  bleu ,  attribué  à  Léonard  Limosin  ;  —  une  Jeune  fille  au  àain ,  ûgure 
peinte  par  Schartz  ;  —  un  paysage,  peint  par  Paul  Brill. 


^60  DONS   FAITS   At    MLSÉB   ET   A   LA   BIBLIOTHÈQUE. 

Par  M.  OuDiNOT  :  un  vitrail ,  peinture  sur  verre ,  imitation  du  xiii«  siècle. 

Par  M.  le  curé  de  Saint-Pierre  et  la  fabrique  :  la  Mort  s(mnant  les  htwres 
et  ses  accessoires ,  coq  et  plaques  commémoratives. 

Par  la  Tille  :  le  Tempe  sonnant  les  heures  avec  sa  faux  (horloge  de  la 
Tfnairie) . 

Par  M.  Barrt,  cloutHer  :  une  petite  eZ^ ancienne. 

Par  M.  Pbschbr  ,  notaire  K  Vemeuil  :  un  effraye^ 

Par  M">*  Brnest  Ranson  ,  une  def  ancienne. 


DONS  FAITS  AU  MUSÉB  CÉRAMIQUE. 


Par  M.  Adrien  Dubouché  :  450  pièces  porcelaine  de  Chine ,  vieux  Chine , 
Japon»  vieux  Japon,  Saxe,  etc.,  et  faïences  de  Delft ,  Nevers,  Rouen, 
Tournay,  Marseille ,  Rubelle ,  Lunéville ,  Moustiers. 

Par  M.  Gustave  Hardy,  conseiller  à  la  Cour  impériale  de  Poitiers  :  cinq 
jièces .  dont  un  vase ,  décor  \  bouquet ,  le  tout  provenant  de  la  manufac- 
ture Royale  de  Limoges ,  et  marqué  C.  D. 

Par  M.  NiVET-FoNTAUBERT  :  huit  pièces  faïence  de  Delft,  Lunéville, 
Thiviers ,  Rouen  et  Nevers ,  et  six  pièces  porcelaine. 

Par  M.  DONZEL  :  trois  grands  plate  faïence  arabe ,  hispano-arabe  et 
suisse. 

Par  M.  Rousseau,  de  Paris  :  cinq  plaques  de  plusieurs  essais  de  grand 
feu ,  et  une  chope  avec  insectes. 

Par  M.  HouRY  (Jules) ,  de  Paris ,  boulevard  de  Strasbourg  :  dix-neuf 
pièces  faïence  de  différentes  dimensions. 

Par  MM.  Gknlis  et  Rudhardt  :  un  plat  faïence  peinte  sur  émail  cru, 
décor  renaissance. 

Par  M.  Alluaud  aîné  (exposition  de  la  Société  des  Amis  des  Arts  du 
Limousin ,  1864)  :  trois  pièces  porcelaine  décor  bleu  ;  —  deux  pièces  por- 
celaine blanche  ;  —  quatre  pièces  porcelaine  émail  brun  ;  —  quatre  pièces 

porcelaine  noire. 
Par  M.  Adolphe  Charroppin  ;  une  plaque  biscuit  et  émail ,  pori-olaine 

de  Sèvres. 

Par  M.  Guillemot  (Albert)  :  deux  soucoupes  et  \me  tasse,  porcelaine» 
vieux  Limoges. 

Par  M.  SÉNÉMAUD  (Henri)  :  une  chevrette,  faïence  de  Rouen. 

Par  M.  Julien  ,  fabricant  de  porcelaine  à  St-Léonard  :  une  grande 
.  soupière ,  porcelaine  blanche  Louis  XV  ;  —  une  grande  cuvette  et  son  pot 
à  eau. 

Par  M.  Ardant  (Henri)  :  deux  bustes,  por«?cl}iine  biscuit  (Printemps 
et  Automne)  ;  —  trois  buires  Benvcnuto  Cellini ,  porcelaine  de  Limoges. 

Par  M.  Rexes  ,  de  Jarnac  :  un  grand  pot ,  décor  bleu  et  or. 

Par  M.  VioiALE  :  une  bMre,  fabrique  Doccia  ;  —  \m  ' croupe  iHyrcelnine 
de  Saxe  (  la  Sculpture). 

Par  ^L  Chantecaillk  (Henri-Eugène)  :  une  assiette,  faïence  CasteUi  ;  — 
un  compotier,  faïence  Mou4iers. 


DONS   FAITS   AU   MUSEE  ET  A   LA   BIBLIOTHÈQUE.  61 

Par  M»«  Alexis  Bosc  :  un  réchaud ,  porcelaine  vieux  Japon. 

Par  M.  Albert  de  Valrndey  :  toise  et  couvercle ,  porcelaine  de  Chine , 
coquille  d*œuf. 

Par  M.  Lagranqb  :  un  pîal,  faïence  de  Nevers;  —  deux  assiettes, 
faïence  de  Delft. 

Par  Mii«  Suzanne  Durieux  :  un  porte-àouquet ,  forme  commode ,  faïence 
du  Midi. 

Par  M.  René  Ruben  :  un  hagukr  fond  bleu ,  émail  moderne. 

Pur  M.  BuRTY  (Philippe)  :  une  plaque  émailUe»  dessin  par  Huilier,  de 
Nevers. 

Par  M.  Thomas  (Gabriel)  :  une  tasse  et  sa  soucoupe ,  porcelaine  Nast, 
décor  bleu-Dumont,  invention  de  M.  Dumont;  iM*efesseiir  de  chimie  au 
lycée  en  1806. 

Par  M»«  Clément  Baju  ,  de  Chalus  :  un  plateau  et  trois  pois  à  crème . 
ix)rc^]aine  de  Limoges,  fabrique  du  comte  d'Artoi& 


OUVRAGES  OFFERTS  A  LA  BIBLIOTHÈQUE  DE  LA  SOCIÉTÉ. 

la  centième  heure  de  la  lune,  système  d' observations  météorologique.  Par 
>i.  rab))é  VouLLET.  —  1865.  —  In-16  de  70  pages. 

Congrès  archéologique  international  (  Anvers ,  1866).  ^  In-4  de  8  pages. 

Programme  des  concof^s  de  la  Société  impériale  de  Ulle  :  concours  ammls  ; 
concours  Wicar,  —  Lille ,  1866.  —  In-8  dp  26  pagàs. 

Annuaire  des  Sociétés  savantes  de  la  France  et  de  V étranger  :  Belgique; 
Pays-Bas;  Angleterre;  Suisse.  Par  M.  le  comte  d'Hébicourt,  — 1866. — 
In-8. 

Duchaulage  des  terres  et  de  la.  fabrication  de  la  chaux  dans  le  dépar-- 
tement  de  la  Mayenne.  Par  MM.  J.  Dorlhac  et  Sampc.  —  In-8.  —  Don  de 
Fauteur. 

Par  M.  Tabbé  Tandeau  de  Marsac  ,  chanoine-honoraire  :  £.  Annei 
Senecœ ,  philosophi  stoici^  ope^-a  quœ  exstant  omnia.  —  Parisiis^  apud  Petrum 
Catallût  •  fia  Jacoèœa ,  sub  scuto  Florentin  .  1367.  —  1  vol.  in-fol. 

Études  historiques  sur  les  Fouquet  de  BnUe^Tsle,  d*àprès  des  actes  et  titres 
manuscrits.  Par  M.  le  docteur  Juge  (de  Tulle) ,  chevalier  de.  la  Légion- 
d'Honneur.  —  Paris ,  Dumoulin ,  1866.  —  In-8. 

Des  droits  et  de  l'autorité  de  père  de  famille.  Par  M.  Edmond  Olivier  , 
procureur  général.  Discours  prononcé  k  Faudience  du  8  novembre  1866. 
—  In-8  de  54  pages. 

Urbain  Deschartes  :  Travaux  historiques  été  la  mile  de  Paris.  —  Bwreaux 
de  la  Revue  du  3HX«  siècle,  boulevard  Montmartre,  15, 1867.  —  In-8. 

Monographie  de  l'église  de  Notre-Dame  à  Tangref.  Par  M.  Ch.-M.  Thys.  — 
firuxeUes ,  1866.  —  In-9t 


LISTE 
DES  MEMBRES  DE  I.A  SOCIÉTÉ 


POUR  L'ANNÉE  1866. 


BUREAU. 

PréMefU-né.  —M.  Boby  dk  La  Chapelle,  0  #,  préfet  de  la  Haute-Vienne 
Président.  —  M.  O.thon  Peconnet,  '^. 
Vice-Présidenls,  —  MM.  Larombière,  ^  .  ârbbllot. 
^Jecrétaire  général.  —  M.  É.  Huben. 
Secrétaire-biàfiothécaire  et  arehimte.  ^  M.  Guillemot. 
ffecrétaire-trésorier,  —  M.  F.  Brisset. 

MEMBRES  DU  CONSEIL. 

MM.  Tixikr-Lachassagnb,  C  îRf ,  premier  président  honoraire. 
Armand  Noualhier,  ^,  député  au  Corps  législatif. 
N. . . . . 

COMITÉ  DE   PUBLICATION. 

Présidenis,  —  MM.  Peconnet,  if,  Arbellot. 

Secrétaire  général.  —  M.  É.  Ruben. 

MM.  Hervy,  Laroubibre,  i^ ,  Alph.  Bardinbt  et  Alfred  Chapoulaud. 

DIRECTION  DU   MUSÉE. 

Directeur,  —  M.  Pubouché  {Adrien). 
Sans- directeurs  :  MM.  Maquart. 

—  Guillemot. 

—  NlVET-FONTAUBEUT. 

—  Ruben  (Emile.) 

—  Lemas. 

—  LiNARD. 

MM.  MEMBRES  RÉSIDANTS. 

Allélix    (Joseph  ) ,    négociant ,    k       porcelaine ,  secrétaire  de  la  Société 

Aixe.  des  Amis  des  Arts  du  Limousin. 

Alluaud   (Amédée) ,  fabricant   da  Arbbllot  »  curé-archiprêtre  de  Ro^ 


USTE   DES   MEMBRES   DE   LA  SOCIBTlî.  63 

chechouart,    correspondant     des  Granob  (  Tabbé) ,  vicaire  k  St-Plerre. 

comités  historiques.  Graves  (le  vicomte  de),  propriétaire. 

Ardant  (Eugène) ,  imprimeur.  Guillemot  (Albert),    rédacteur  en 
Ardant  (Henri),  négociant.  chef  du  Courrier  du  CmUre. 

AsTAix,  professeur  li  l'école  de  mé-  Hbrvy  (Emile),  notaire.         ^ 

decine.  La  Bastide  (le  baron  Hubert  de).  '^^ 
Bardinet  (Alphonse),  avocat.  ancien  capitaine  d*état-maJor. 

Barn Y  (Alexis) ,  professeur  à  l'école  Labonnb    (de),    propriétaire,    au 

de  médecine.  château  de  Montbrun. 

Baron-Dutaya  ,  à  Bussiëre-Boffjr.  Laqranoe  (Paul) .  propriétaire. 

BOBY  DE  La  Chapelle,  G  -^ ,  préfet  Lamv  db  Lurbt  (É«iouard). banquier. 

de  la  Haute- Vienne.  Lansadb,  agent-vojrer. 

Bon  NE  val  (le  marquis  de),C.  ^,  Larombièrb,^,  président  de  cham- 

maréchal  de  camp.  bre. 

BoNNiN.  i^  ,  inspecteur  d*académie.  Laportb  (Ernest) ,  négociant. 

Bourdbau  de  Lajudib  père,  ancien  Lecler  (André),  curé  de  Saint- 

déput  é.  Symphorien. 

BouRGoiN- Mélisse,    propriétaire,  Leiias  (Élie) ,  professeur  de  rbéto- 

k  Saint-Junien.  rique  au  lycée. 

Brissbt  (Frédéric) ,  Juge  au  tribunal  Le  Saqe  (Charles) ,  ingénieur  civil , 

civil  de  Limoges.  maire  de  Limoges. 

Buisson  de  Mavergnier  (Edouard).  Linard  (Albert). 

Chapculal'D  (Roméo),  propriétaire.  M aquart,  propriétaire. 

Chapoulaud  (Alfred),  imprimeur.  Maublanc  (de)  Als,  propriétaire,  à 
Chaurbiue  (Paul),  orgauL^te  de  la       St-Junien. 

culhcdrale.  Nivkt-Fontaudert  ,  négociant. 

Cllzelaud.    architecte^ad joint   de  Noualhibr  (Armand),  ^,  député 

lu  ville  de  Limoges.  au  Corps  législatif. 

Dkbort  (Gabriel) ,  négociant.  Peconnet    (Othon),      *,     préfet 
Uefaye  fils,  pharmacien  ,  à  Saint-       de  la  Charente. 

Junien.  Perdoux  (E.).  professa  de  modelage. 

Duu  (Aloïb) .  pharmacien  au  Domt.  Pouyat  ^Ëiuile) ,  ^,  négociant. 

i^UBÉDAT,  con^eilltT  à  la  Cour  iiu-  Recules  ^François) ,  propriétaire. 

périale.  Reonault,  ^ .  architecte  de  la  ville. 

Dubois,  fabricant  de  porcelaine.  Rogues  de  Fursac  (Victor) ,  avocat, 

DuBouCHÉ (Adrien),  négociant.  Rolqkrie    (l'abbé),    professeur  au. 
DuvERT,  de  La  Gable,  propriétaire.       petit-séminaire  du  Dorât. 

Fayette  père,  architecte.  Ruben  (Éinile),  conservateur  de  la 
Fayette  fils,  architecte.  bibliothèque. 

Fizot-Lavbuone  ,    avoué    près    la  Sapin  ,  curé  de  La  Jonchêre. 

Cour.  Talabot     (Auguste).    *•    ancien 
FONTANBAU,     ancien     ofilcier    de       président  de  chambre  a  la  Cour 

marine,  adjoint  du  maire.  impériale  de  Limoges. 

FONT-RÉAULX (Théophile  de),  pro-  Tandrau  de  Marsac  (Pabbé) ,  cha« 

priétaire,  à  Saint-Junien.  noiiie  honoraire. 

Fouoeras-Lavbrqnolle,  ancien  no-  Tarnbaud  (Firroin) ,  banquier. 

taire.  Tarnbaud  (Frédéric);  propriétaire. 

FouaÂERs  (Léopold) ,  directeurmé**  Tixi»r*Lachassaonb,   C   ^,   pre< 

dedn  de  l'asile  des  aliénés.  mier-président  honoraire. 

Garrioou*Laqrange,  avoué, 


M  IJSTE   MS   MEMBRES   DE   LA   SOCliîÉ. 

MBMBRES  HONORAIRES. 

CnuvEiLHiBR,  0  *fr,  professeur  à  Técole  de  médecine  de  Paris. 

De  Mis?^TQUE,  O  ^  .  sénate<ir,  ancien  préftt  de  ht  Hante-Vtonne. 

MoRisoT  (TibuFce)  ,0^,  ancien  préfet  de  la  Haute-Vienne,  fondateur  du 
MHsée. 

Saint-Makc-Gïrardin  ,  O  ^Rf ,  membre  de  rinstitut. 

MiGNERET.  préfet  du  Ba»-Rhin. 

Mgr  Berteaud  ,  évêque  de  Tulle. 

Dalesme  ,  g  O  •?/ ,  général  de  division  du  génie. 

MgrCous^EAUD,  évêque  d*Ângoulême. 

De  Caumokt.  O  '^  ,  fondateur  de  la  Société  Française ,  k  Caen. 

Michel  Chevalier  ,0^^.  sénateur,  membre  de  rinstitut. 

Le  vicomte  B.  de  Kbrckovb-Wa&ent  »  président  de  la  Société  Archéolo- 
gique de  Belgique. 

Le  général  de  Montréal  ,  Q  O  {^  ,  sénateur. 

Le  comte  F.  i>b  Lastevrie  ,  membre  de  rinstitut. 

MEMBRES  CORRESPONDANTS. 

Babai'd-Laribière,  k  Confolens. 

BOMBAL,  h  Argentat  (Corrèze). 

BoNNAFoux .  conservateur  de  la  bibliothèque  de  Guéret. 

BoNNÉLiE  (François) ,  bibliothécaire  îi  Tuile. 

BosviBUX  (Auguste),  jugek  Wissembourg  (Bas-Rhin). 

Brunet  iJoseph) ,  juge  d'instruction ,  h,  Paris? 

Cardaillac  (le  comte  de)  ,  chef  de  division  au  ministère  de  la  maison  de 
TEmpereur. 

Cessac  (de)  ,  au  château  de  Monchetard  près  Guéret. 

Combet,  avocat,  k  Uzerche  (Corrèze). 

Cornudet  (le  vicomte  Alfred  de)  ,  membre  du  conseil  général  de  la  Crease. 

CousTiN  de  Manadaud  (le  marquis  de)  ,  au  ch&tean  de  Sazerat. 

Deloche    (Maximin),    ^,   chef  de   bureau   au   ministère   des  travaux 
publics. 

Delor  iFirmtn) ,  k  Péronne  (Somme!. 
•  DORLHAC .  directeur  des  mines  de  Montigné,  k  Laval  (Mayenne). 

Gay  de  Vernon  (le  boT»),  ^,  chef  d'escadrons  au  2*  régiment  de  cliasseurs. 

GÉRY  (Ciiarles) ,  ^  ,  préfet  de  la  Corse .  k  Ajaccio. 

Grignard  (Emile)  directeur  du  chemin  de  fer  de  Lyon  k  Sathonay. 

Juge  (de  Tulle) ,  ^,  le  docteur  Louis-Théodore,  k  Paris. 

JuiLLAC-ViGNOLE  (le  vicomtc  Gustave  de),  secrétaire  de  la  Société  Archéo- 
logique du  Midi ,  k  Toulouse. 

Laoardb  (Henri  de  ,  docteur-médecin ,  k  Confolens  (Charente). 

Laporte  (Armand  de)  ,  aide-major  de  Tartillerle  de  la  garde ,  k  Versailles. 

Larouverade  (de)  ,  conseiller  honoraire  k  la  cour  de  Bordeaux  .  k  Tulle. 

Mandat  de  Grancey  ,  capitaine  adjudantHnajoi»  au  5»  chasseurs. 

Martin  de  Brbttes  ,  chef  de  bataillon  d*artillerie  de  la  garde ,  kVeraâilIes. 

^ABAUD  (Léon)  0  ^,  premier-président  honoraire  de  la  cour  de  Gre* 
poble ,  k  Charvieux  (Isère), 


LISTE   DES  MEMBBES   DE  LA   SOCIETE.  65 

Nadault  de  Buffon  .  procureur  impérial ,  h,  Rennes. 

Nâlbbrt,  sculpteur,  k  Angoulème. 

NoRUC  (Jules) ,  homme  de  lettres ,  k  Paris. 

Rancogne  (Gustave  de)  ,  archiviste  delà  Charente,  à  Angoulôme. 

Rbnond  (Kabbé) ,  professeur  au  petit-séminaire  d* A Jain  (Creuse). 

SÉNBif  AUD ,  archiviste  du  département  des  Ardennes ,  ît  Mézières. 

Septenvillb  (le  baron  Éd.  de)  ,  château  de  Lignières.  par  Poix  (Somme). 

Simon-Clément,  procureur  impérial  à  Auch  (Gers). 

Tai^dbau  db  Marsac,  notaire,  à  Paris. 

Thou  venin  ,  membre  de  la  Société  de  l'Histoire  de  France,  k  Paris. 


LISTE 


DES  SOCIÉTÉS  CORRESPONDANTES. 


Société  Archéologique  et  Scientifique  de  Soissons  (Aisne). 

Société  Historique  et  Archéologique  de  Château-Thierry  (Aisne). 

Société  d'Émulation  de  TAllier.  à  Moulins. 

Société  Archéologique  de  lar  province  de  Constantine. 

Société  de  l'Union  des  Arts ,  a  Marseille. 

Société  Archéologique  et  d'Histoire  de  la  Charente,  &  Angouléme* 

Commission  historique  du  Cher,  à  Bourges. 

Société  des  Sciences  naturelles  et  archéologiquas  de  la  Creuse,  à  Guéret. 

Société  d'Émulation  du  Doubs,  h  Besançon. 

Société  d'Émulation ,  &  Montbelliard  (Doubs). 

Société  Archéologique  du  Midi ,  à  Toulouse. 

Académie  des  Sciences ,  Belles-Lettres  et  Arts  de  Bordeaux. 

r-'ociété  Archéologique  du  Midi ,  k  Montpellier. 

Société  Archéologique  de  Béziers  (Hérault). 

Société  Archéologique  de  la  Touraine,  k  Tours. 

Société  des  Sciences  et  Lettres  de  Blois  (Loir-et-Cher). 

Société  Archéologique  de  l'Orléanais,  à  Orléans. 

Commission  Archéologique  de  Maine-et-Loire ,  K  Angers. 

Société  Polymathique  du  Morbihan  (Vannes). 

Société  des  Sciences,  de  l'Agriculture  et  des  Arts,  k  Lille. 

Société  Académique  de  l'Oise ,  k  Beauvais. 

Société  Académique  de  Doulogne-^ur-Mer. 

Société  d'Histoire  et  d'Archéologie  de  Chalon-sur-Saône. 

Société  Savolsienne  d'Histoire  et  d'Archéologie,  k  Chambéry. 

Société  des  Antiquaires  de  France,  k  Paris. 

Société  de  l'Histoire  de  France ,  k  Paris. 

Société  Hàvraise  d'études  diverses,  au  Havre  ^Seine-Inférieure). 


66  LfStli   t>ES   MElMBflES   0fi  LA   SOCIETE. 

Société d'Archéologifr,  Sciences ,  Lettres  et  Arts  de  Melun  (Seine-et-Marne}. 

Société  Scientifique  des  Deux-Sèvres,  k  Niort. 

Société  des  Antiquaires  de  Picardie»  K  Amiens. 

Société  Littéraire  et  Scientifique  de  Castres  (Tarn). 

Société  d*Arcliéoloerie  et  d'Etudes  scientifiques  de  Draguigrnan. 

Société  des  Sciences ,  Belles-Lettres  et  Arts  du  département  du  Var,  k 
Toulon. 

Société  des  Antiquaires  de  TOuest,  k  Poitiers. 

Société  des  Sciences  naturelles  et  historiques  de  TYonnc ,  k  Auxerre. 

Société  Archéologrique  de  Sens  (Yonne). 

Académie  d'Archéologie  de  Belgique ,  a  Anvers. 

Société  Scientifique  et  Littéraire  du  Limbourg,  k  Tongres  (Belgique). 

Société  des  Inscriptions  funéraires  et  monumentales  de  la  Flandre-Orien- 
tale (Gand). 

Société  Littéraire  de  I.yon. 

Commission  des  Monuments  et  Documents  historiques  de  la  Gironde. 

Société  Historique  et  Scientifique  de  la  Charente-Inférieure,  k  Saint-Jean- 
d'Angély. 

Société  d'Archéologie,  Sciences,  Arts  et  Belles-Lettres  de  la  Mayenne. 


TABLE  DES  MATIÈRES 


PROCKS-VERBAUX  DES  SÉANCES. 

Séance  g-énéraîe  du  30  janvier  1866 37 

—  du  27  février  1866 39 

—  du  27  mars  1866 42 

—  du  24  avril  1866 43 

—  du  29  mai  1866 46 

—  du  26  juin  1866 51 

—  du  31  juillet  1866 52 

—  du  27  novembre  1866 54 

—  du  24  décembre  1866 56 

ANNEXE  AUX  PROCÈS-VERBAUX  DES  SÉANCES. 

Rapport  sur  la  publication  du  Nobiliaire,  lu  k  la  réunion  de  février 

•1866 25 

Rapport  sur  le  prix  quinquennal 33 

MÉMOIRES. 

L'abbé  Arbellot.  —  1/abbé  du  Mabaret 3 

DONS  FAITS  AU  MUSÉE  ET  A  LA  BIBLIOTHÈQUE. 

Dons  faits  au  musée  pendant  Tannée  1866 59 

Dons  faits  au  musée  céramique 60 

Dons  faits  li  la  bibliothèque  de  la  Société 61 

Liste  des  membres  de  la  Société  pendant  Tannée  1866 62 

Sociétés  correspondantes 65 


IIM»  iK«    —  iMr.  «t  CHAPOUIA'I»  ri  KUO, 


BULLETIN 


DE   LA    SOCIETE 


ARCHÉOLOGIQUE  ET  HISTORIQUE 


DU    LIMOUSIN 


BULLETIN 


9  9 


DE  LA  SOCIETE 


ARCHÉOLOGIQUE 


ET  HISTORIQUE 


DU    LIMOUSIN 


TOME  XVII 


LIMOGES 


CHAPOULAUD  FliKRES,  IMPRIMKtîKS  DK  i-A   SOCIÉTÉ 

Kuc  Montant- Manigne.  7 
!SOi 


LE  P.   VIGTORIN  POULIOT 


Victorin  Pouliot  naquit,  vers  Tan  1580,  à  Saint-Junien, 
d'une  famille  bourg^eoise  dont  le  nom  figure  souvent  sur  les 
listes  consulaires  de  cette  ville  (1).  Il  entra  dans  Tordre  des  Çé- 
collets  de  Saint-François.  Née  au  xvi*  siècle,  cette  nouvelle 
branche  de  Tarbre  séraphique  poussa  de  vigoureux  rejetons 
en  Aquitaine ,  où  elle  produisit  des  fruits  merveilleux.  Dans 
l'espace  de  vingt-trois  ans,  de  159i  à  1617,  Tordre  des  Ré- 
collets s'établit  à  Saint- Léonard ,  à  Limoges,  à  Saint-Junien,. 
et  dans  la  plupart  des  villes  du  diocèse  (2).  Toutes  ces  maisons 
faisaient  partie  de  la  province  de  TImmaculée-Conception  de 
Guienne ,  dont  le  siège  principal  était  à  Bordeaux.  Victorin 
Pouliot  fit  profession  dans  le  couvent  de  Sainte-Valérie  de 
Limoges. 

A  cette  époque  les  -Calvinistes  étaient  très-répandus  dans 
tout  l'ouest  de  la  France.  La  vocation  spéciale  du  P.  Pouliot 
fut  la  controverse  avec  les  hérétiques.  11  en  convertit  un  grand 
nombre ,  autant  par  la  sainteté  de  sa  vie  que  par  la  force  de  ses 
raisonnements.  Son  nom  inspirait  tout  à  la  fois ,  dans  les  con- 
sistoires ,  la  vénération  et  la  crainte.  11  allait  attaquer  les  ré- 
formés jusqu'au  milieu^  de  leurs  synodes.  Il  se  trouva  à  celui 
d'Archiac  en  4646.  La  même  année,  il  prononça  un  discours 
de  controverse  dans  la  salle  du  présidial  de  la  ville  de  Saintes. 
Pendant  plus  de  quarante  ans ,  comme  nous  le  voyons  par  ses 

(1)  Voir  la  liste  des  consuls  que  nous  avons  publiée  à  la  suite  de  la 
Chroniqui  de  Maleu ,  p.  ^45  et  suiv. 

(2)  Saint-Léonard ,  15W  ;  —  Limoges  (Sainte-Valérie) .  1596  ;  —  Sainte 
Junien ,  1598  ;  —  Uasel ,  1604  ;  —  Saint-Yrieix ,  Brive ,  1613  ;  -  Aubusson , 
Limoges  (Hospice  Saint-François) ,  1614  ;  —  Guéret ,  Confolens ,  1616  ;  — 
Le  Dorât,  1617. 


6  LE    p.    VICTOUIN    POULIOT. 

conférences  imprimées  et  ses  ouvrages  de  controverse,  depuis 
l'an  1607  jusqu'en  1651 ,  il  combattit  avec  le  plus  grand  succès 
contre  les  ministres  de  la  réforme ,  et  il  persévéra  dans  cette  vie 
militante  jusqu'à  la  dernière  année  de  sa  vie.  11  mourut  à  La 
Rochelle ,  le  2  i  janvier  1652  ,  dans  un  âge  avancé  (1  ; . 

Nous  trouvons  dans  un  ancien  manuscrit  que,  Tan  1624,  le 
P.  Pouliot  était  gardien  au  couvent  des  Récollets  de  Saint-Junien, 
situé  hors  des  murs,  près  de  Téglise  de  Saint-Amand ,  aujourd'hui 
en  ruines.  C'est  sans  doute  par  son  influence  que  ces»  religieux 
furent  mis  en  possession ,  cette  année ,  de  la  chapelle  de  Notre- 
Dame-du-Pont ,  qui  fut  ensuite  revendiquée  par  le  chapitre  de 
Saint-Junien  (2). 

Un  savant  Récollet  du  xvii*  siècle ,  contemporain  du  P.  Pouliot , 
et  qui  appartenait ,  comme  lui  ,  à  la  province  d'Aquitaine ,  le 
P.  Michel  Vivien ,  dans  son»  vaste  recueil  de  prédication  qui  a  pour 
titre  TertuUianus  prœdicans ,  fait  du  P.  Pouliot  le  plus  magni- 
fique éloge.  Dans  son  panégyrique  de  saint  François  d'Assise , 
le  P.  Vivien  ,  parlant  des  grandes  œuvres  accomplies  par  les 
enfants  de  Saint-François  et  des  luttes  qu'ils  ont  soutenues  pour 
maintenir  les  vérités  de  la  foi  contre  les  hérétiques,  signale  en 
particulier  le  P.  Pouliot  :  «  Qui  donc,  s'écrie-t-il ,  a  triomphé 
des  Calvinistes  avec  plus  de  gloire ,  par  la  parole  et  par  les 
écrits,  que  Victorin  Pouliot,  religieux  de  la  province  des  Ré- 
collets dans  r Aquitaine?  par  la  parole  d'abord  :  car,  pendant 
près  de  quarante  ans,  il  a  assisté  aux  consistoires  tenus  dans 
les  provinces  de  Poitiers ,  de  Saintes ,  d'Agen  ,  de  Bazas ,  de  Pé- 
rigueux,  du  Béarn;  il  a  réfuté  les  discours  des  ministres;  il  a 
forcé  ces  prédicateurs  de  mensonge  à  s'avouer  vaincus  ;  — 
ensuite  par  les  écrits ,  car  il  a  livré  h  l'impression  plusieurs 
livres  de  polémique,  et  notamment  jin  Mémorial  des  controverses , 
dans  lequel  il  réfute  la  confession  de  foi  calviniste  par  la  sainte 
Écriture  et  par  la  doctrine  même  de  ces  hérétiques  (3)  ». 

(1;  CoLLiN,  lemotici  multipL  erudil,  illustres,  p.  39.  —  Chassaing, 
S,  Francise,  reditivus,  p.  104.  —  Vitrac,  Annales  de  la  Haute- Vienne, 
6  avril  1813. 

(2)  Documents  historiques  sur  la  ville  de  Saint-Junien ,  p.  216. 

(3)  Quis  gloriosiiLS  verbe  et  scripte  triumphavit  de  CalTlnistis  quam 
Victorinus  Pouliot,  prdvinciaB  Recollectorum  in  Aquitania  alumnus? 
Verbo  quidem  :  nam  fere  per  annos  quadra^rinta  interfuit  synodis  in 
provinciis  Pictaviensi ,  Sanctonensi ,  Agennensi ,  Basatensi ,  Petracoreitfî 
et  Beamensi  habitis  ;    conciones  ministrorum  confxitavit  ;  praedicantes 


LE   P.    VICTORIN   POULIOT.  7 

Voici  la  liste  des  ouvrages  du  P.  Pouliot ,  telle  que  nous  avons 
pu  la  former  d'après  d'anciens  manuscrits  (4  ) ,  et  à  ^aîde  de 
quelques  exemplaires  de  ses  livres ,  qui  sont  presque  introu- 
vables aujourd'hui  : 

4*  Conférence  avec  Le  Voyer,  ministre ,  1607. 

2«  Défy  et  défy  nouveau  à  Tampon ,  ministre ,  1614. 

3*  Conférence  avec  Salettes  (2),  ministre,  1619. 

4°  Conférence  avec  Costebadie ,  ministre. 

5*  Défy  charitable  donné  aux  ministres  de  Limoges. 

6"  Traicté  de  la  réunion  de  tous  les  François  à  mesme  religion , 
auquel  sont  agitées  les  questions  suivantes,  à  savoir  :  1®  si  ceux 
de  la  religion  prétendue  réformée  se  pourroient  sauver  en  la 
religion  du  roi;  2°  s'ils 'sont  en  estât  de  damnation;  3'  si  les 
causes  qui  les  tiennent  séparés  de  l'Église  de  leurs  ancestres  et 
la  foy  de  leur  prince  sont  justes  ;  4"  si  les  moyens  proposés  par 
les  ministres ,  depuis  la  prise  dé  La  Rochelle  ,  pour  la  réunion 
de  l'Église  gallicane ,  sont  propres  à  cette  fin  ;  5"  si  les  ministres 
croient  à  ce  qu'ils  preschent,  ou  non.  —  A  Périgueux,  chez 
Dalon,  1630,  in'16. 

7*  Le  Baaillon  des  ministres. 

8**  Le  Désaveu  des  articles  3  et  4. 

9*  L'Examen  de  conscience  de  ceux  de  la  religion  prétendue 
réformée,  1640. 

10°  Traicté  des  motifs  qui  obligent  ceux  de  la  religion  pré- 
tendue réformée  à  sortir  de  l'Église  dressée  de  nouveau  par  les 
ministres,  1641  (?). 

—  Dans  cet  ouvrage ,  le  P.  Pouliot  expose  et  développe  aux 
Calvinistes  quinze  motifs  de  conversion  qu'il  serait  trop  long 
d'énumérer. 

11*  Traicté  deuxîesme  des  motifs  qui  obligent  ceux  de  la  re- 
ligion prétendue  à  sortit  de  l'Église  dressée  de  nouveau  par  les 
ministres,  1642.  —  La  Rochelle,  par  Toussaints  de Gouy ,  in-24. 


falsitatem  fateri  coegit  ;  —  scripte  etiam  :  nam  pliires  typis  mandavitcon- 
troversiae  libres,  prœsertim  Memoriale  controversiarum ,  in  que  confes- 
sienem  calvinistam  ex  Scriptura  sacra  et  Calvinistarum  doctrina  con- 
futat.  {TertvUianus  prœdicans  y  religio  Seraphica,  cencie  1.) 

(1)  Nadaud.  Fouillé  ms„  T.  II,  p.  34.  —  Vitrac,  manuscrit  appar* 
tenant  à  Madame  veuve  Aug.  DuBeys. 

(2)  Un  autre  religieux  né  à  Saint-Junien  ,  le  P.  Irat ,  jésuite ,  publia  en 
1624  un  ouvrage  intitulé  :  La  Fuite  honteuse  du  ministre  Pierre  de  Salettes. 


8  LE  p.    VICTORIN   POUUOT. 

—  Dans  ce  second  volume ,  qui  fait  suite  au  précédent ,  le 
P.  Pouliot  i^éveloppe  six  nouveaux  motifs  de  conversion  (4). 

On  trouve  àla  fin  un  Défy  charitable  adressé  à  tous  les  ministres 
d'Aunis,  de  Saintonge  etd'Angoumois.  Après  leur  avoir  exposé  le 
sujet  de  trois  thèses ,  en  les  mettant  au  défi  d'en  prouver  la 
fausseté,  il  termine  par  ces  paroles  :  «  Voilà  ,  Messieurs,  trois 
thèses  que  vous  devez  expugner.  Nommez  pour  cette  fois  un  ou 
plusieurs  ministres  de  votre  synode;  désignez  le  lieu  propre 
pour  nous  y  voir ,  et  assurez-vous  que  je  ne  manquerai  de  m'y 
trouver,  avec  les  permissions  du  roy  et  des  prélats  qui  ma  seront 
nécessaires.  —  A  La  Rochelle,  28  mars  1642.  » 

42°  Recueil  des  privilèges  vrais  et  réels,  1644. 

4  3°  Recueil  des  arrests  prononcés  par  Jésus-Christ  j  par  les 
apostres ,  par  les  évangelistes  et  par  les  prophètes ,  sur  les  dif- 
férends qui  sont  entre  les  catholiques  et  ceux  de  la  religion  pré- 
tendue réformée;  ou  Manuel  des  controverses,  par  textes  extraits 
des  Bibles  de  Greneve ,  dédié  à  Messieurs  les  curés...  —  A  Saintes, 
chez  Jean  Bichon,  4647  ,  in-16. 

4  4^»  Mémorial  des  controverses ,  contenant  la  censure  et  réfu- 
tation de  la  confession  de  foy  ,  des  prières  ecclésiastiques  ,  et  la 
manière  d'admii;iistrer  les  sacrements  dont  se  servent  les  mi- 
nistres ,  qui  renoncent  par  ce  moïen  à  206  erreurs  de  leur  réfor- 
mation prétendue ,  et  s'accordent  avec  l'Église  catholique  (2).  — 
A  La  Rochelle,  chez  Robert  Guillemard ,  4654 ,  in-8. 

4  5**  Exposition  de  la  Règle  de  Saint-François. 

L'abbé  ARBÈLLOT. 

(1)  Un  des  arrière-neveux  de  l'auteur,  M.  Jules  Pouliot ,  avoué  à  Roche- 
chouart ,  possède  un  exemplaire  de  cet  ouvrage. 

(2)  Une  première  édition  de  cet  ouvrage  avait  été  donnée  sans  doute 
avant  1642,  puisqu'il  est  cité  dans  le  Traicté  deuxiesme  des  motifs,  etc., 
p.  431. 


ÉGLISE  DE  SAINT-JUNIEN. 


L*église  de  Saint-Junien  est .  une  des  plus  vastes  et  des  plus 
belles  églises  romanes  du  Limousin.  Bien  qu'elle  n'ait  pas  été 
construite  d'un  seul  jet ,  et  qu'elle  ait  été  augmentée  et  modifiée 
au  XIII*  siècle,  toutefois  le  plan  général  de  l'œuvre  et  la  plupart 
des  détails  d'ornementation  appartiennent  -à  l'époque  romane. 
Elle  a  elle  aussi  «  la  grave  et  massive  carrure ,  la  ronde  et  large 
voûte ,  la  nudité  glaciale ,  la  majestueuse  simplicité  des  édifices 
qui  ont  le  plein-cintre  pour  générateur  (1)  ». 

Le  plan  de  cette  église  est  une  croix  latine  ;  divisée  dans  la 
moitié  de  sa  longueur  par  un  large  transept.  La  nef  est  flanquée 
de  collatéraux  très-étroits  ,  qui  se  continuent  autour  du  chœur. 
Comme  la  plupart  des  églises  romanes  de  la  région  du  Poitou , 
elle  se  termine  par  un  chevet  carré  ,  c'est-à-dire  que  le  chœur 
n'est  pas  environné  ,  comme  à  Saint-Léonard  et  au  Dorât  ,  de 
cette  couronne  semi-circulaire  de  chapelles  latérales  qui  forment 
l'abside.  Le  mur  oriental  du  chevet  et  les  parois  qui  terminent 
les  deux  croisillons ,  au  nord  et  au  sud  ,  sont  ornés  de  roses  en 
forme  de  roues  ;  celle  qui  éclaire  le  fond  de  l'église  ,  divisée  en 
douze  compartiments  et  garnie  de  vitraux  peints ,  est  fort  grande 
et  d'un  bel  eflPet. 

La  date  des  diverses  parties  de  cet  édifice  n'a  pas  été  donnée 
jusqu'ici  d'une  manière  très-exacte ,  parce  que  les  archéologues 
qui  l'ont  étudié  n'ont  fait  qu'observer  les  caractères  architecto- 
niques  sans  se  préoccuper  des  documents  historiques  :  or  il  faut 
tenir  compte  des  uns  et  des  autres  pour  assigner  une  date  précise 
aux  monuments ,  autrement  on  risquerait ,  en  Limousin  surtout , 
de  se  tromper  d'un  demi-siècle ,  d'autant  que ,  dans  la  pratique 

(1)  V,  HuQO,  Notre-Dame  de  Paris.  * 


10  ÉGLISE  DE  SAINT-JIJNIEN. 

des  divers  styles  d'architecture  ,  notre  province  n'a  fait  que  subir 
le  mouvemoit ,  et  se  trouve  un  peu  en  retard  sur  le  reste  de  la 
France. 

Il  y  a  quatre  parties  bien  distinctes  dans  Téglise  de  Saint- 
Junien  :  4*  la  nef  ;  2°  le  transept  et  les  trois  premières  travées 
du  chœur  ;  3*»  les  deux  dernières  travées  du  chœur,  du  cOté  de 
Test;  4^^  la  façade  occidentale  et  le  clocher  qui  la  surmonta. 


I. 


La  nef  de  Téglise  est  évidemment  la  partie  la  plus  ancienne. 
Les  piliers ,  massifs ,  carrés ,  reposant  sur  de  larges  stylobates , 
flanqués  d'une  colonne  sur  la  face  principale  ,  et  dépourvus  de 
toute  autre  ornementation  ;  les  voûtes  en  berceau  ,  renforcées 
d'arcs-doubleaux  épais  ;  les  deux  arcades  qui  séparent  la  nef  des 
bas-côtés  ,  très-larges  et  surbaissées  ;  dans  les  murs  latéraux  , 
les  baies  accouplées  en  plein-cintre  ,  tout ,  dans  cette  partie  de 
l'édifice ,  porte  les  caractères  du  style  roman  primitif  :  il  suffit 
d'un  coup  d'œil  pour  s'assurer  que  la  nef  a  des  caractères  archî- 
tectoniques  plus  anciens  que  ceux  du  transept  et  du  chœur, 
lesquels  ont  été  positivement  construits  à  la  fin  du  xi*  siècle. 

Mais  à  quelle  époque  doit-on  faire  remonter  la  construction  de 
la  nef?  Le  chanoine  Maleu,  qui  achevait  sa  chronique  en  1316, 
prétend  que  la  nef  était  un  reste  de  cette  vieille  basilique 
élevée  au  vr  siècle  par  Rorice  le  Jeune  sur  le  tombeau  de  Saint- 
Junien  (1  )  :  encore  bien  que  l'archéologie  contemporaine ,  qui  ne 
veut  voir  dans  les  monuments  religieux  de  notre  contrée  rien 
d'antérieur  au  xv  siècle ,  n'admette  pas  cette  assertion ,  toutefois 
nous  pensons  que  les  caractères  de  l'architecture  latine ,  du 
YV  siècle  au  xr ,  n'ont  pas  été  jusqu'ici  déterminés  d'une  manière 
assez  précise  pour  rejeter  absolument  cette  opinion  du  chroni- 
queur Maleu ,  puisée  sans  doute  dans  la  tradition  du  pays.  Si 
on  la  rejetait ,  on  serait  forcé  de  dire  que  la  nef  a  été  construite 
soit  au  X*  siècle ,  par  les  abbés  dont  Maleu  nous  a  conservé  le 
nom ,  soit  du  moins  au  commencement  du  xi*  siècle  par  saint 

(1)  Sub  ea  tamen  latitudine  qua  ipsa  ecclesia  tune  sedifleatafait,  a 
claustro  usque  ad  episcopalem  cameram,  iis  temparilms  adhuc  durât. 
{Chronic,  Comodol.f  p.  28.) 


ÉGLISE    DE   SAINT-JUMEN.  H 

Israël ,  premier  prévôt  du  chapitre  de  Saint-Junien  ,  qui  restaura 
Tabbaye ,  et  la  releva  de  ses  ruiues  (1). 


II. 


"Le  transept  et  les  trois  premières  travées  du  chœur ,  avec  la 
coupole  surmontée  de  la  tour  au  toît  conique  qui  s'élève  au  point 
d'intersection  de  la  croix  ,  datent  positivement  de  la  fin  du 
XV  siècle.  C'est  après  la  construction  de  cette  partie  de  l'édifice 
que  l'église  de  Saint-Junien  fut  consacrée,  le  21  octobre  4 -100, 
par  Raynaud,  évêque  de  Périgfueux  (2). 

Le  transept  et  les  trois  premières  travées  du  chœur  sont  en  style 
roman ,  mais  avec  des  caractères  différents  du  style  de  la  nef  :  le§ 
arcades  sont  moins  larges;  les  fenêtres  sont  cintrées,  mais  non 
accouplées  ;  les  piliers  ,  carrés  ,  mais  moins  massifs  ,  sont  can- 
tonnés sur  chaque  face  de  colonnes  engagées;  ces  colonnes  n'ont 
pas  de  base  ,  et  sont  couronnées  par  des  chapiteaux  historiés , 
couverts  de  figures  hiéroglyphiques,  ornés  de  rinceaux  ou  de 
feuillage  au  galbe  corinthien. 

La  coupole  centrale,  que  surmonte  une  tour  à  toiture  conique, 
est  contemporaine  du  transept ,  par  conséquent  antérieure  au 
XI 1*  siècle.  Cette  tour  dominait  seule  l'édifice  avant  qu'on  eût 
élevé ,  au  xiir  siècle ,  l'autre  clocher,  qui  couronne  le  portail  de 
l'ouest. 

Passerons-nous  sous  silence  le  clocheton  roman ,  aux  fenêtres 
cintrées  ,  qui  s'élève  à  l'extrémité  nord  du  transept  ?  —  Dans 
d'autres  provinces  ,  quelques  partisans  acharnés  du  symbolisme 
ont  cru  voir  dans  ces  sortes  de  tourelles  un  symbole  de  la  puis- 
sance capitulaire ,  comme  ils  voyaient  un  symbole  de  suzeraineté 
féodale  dans  le  donjon  des  vieux  châteaux.  Pour  nous ,  nous  ne 
voyons  dans  ce  clocheton  roman  qu'une  cage  d'escalier  revêtue 
d'un  caractère  monumental. 

M.  Mérimée ,  sans  avoir  consulté  les  documents  historiques  du 
Limousin ,  avait ,  du  premier  coup  d'œil ,  deviné  la  date  de  Fen- 
semble  de  cet  édifice  :  «  L'épaisseur  des  piliers ,  le  style  des  cha- 

(1)  On  lit  dans  une  légende  de  saint  Israël  ,*  imprimée  en  1642  :  «  DinUim 
templumbrm,  adjuvante  divine  Numine,  fssuscitafum  œdiJlcavV,  »  (P.  21.) 

(2)  Chronicon  ComodoliaCy  p.  41, 


12  É<iUSE   DE   SAINT-JUNIEX. 

piteaux ,  la  simplicité  du  plan ,  et  je  ne  sais  quelle  rusticité  dans 
Tensemble ,  m'engagent  à  penser  que  la  construction  de  Saint- 
Junien  est  antérieure  à  la  fin  du  xi«  siècle  (4)  ». 


111. 


Toutefois  M.  Mérimée  avait  fait  cette  observation ,  que  les  deux 
dernières  travées  du  chœur  du  côté  de  T^st  ne  ressemblent  pas 
exactement  aux  autres  travées  ,  et  sont  d'une  construction  posté- 
rieure. «  A  Test  du  chœur,  dit-il ,  deux  piliers  se  distinguent  des 
autres  par  des  chapiteaux  plus  simples  que  les  précédents  , 
n'ayant  autour  de  leurs  corbeilles  que  des  feuilles ,  ou  plutôt  des 
crochets  grossièrement  épannelés  ;  en  outre ,  les  colonnes  qui 
flanquent  ces  deux  piliers  ont  une  base ,  tandis  que  les  autres 
n'en  ont  point.  Doit-on  conclure  de  ces  légères  différences  que 
ces  deux  arcades  du  chœur  sont  postérieures  à  la  première  cons- 
truction de  l'Eglise  ,  ou  ,  pour  parler  plus  exactement ,  posté- 
rieures aux  autres  arcades  ?  L'examen  de  l'appareil ,  à  l'intérieur 
et  à  l'extérieur,  la  décoration  très-ancienne  du  mur  oriental  du 
chœur  attenant  à  ces  arcades ,  semblent  se  réunir  contre  cette 
supposition  :  je  n'ose  cependant  la  rejeter  tout  à  fait  (2).  » 

Si  M.  Mérimée  eût  consulté  les  documents  historiques  du  pays, 
il  aurait  compris  la  raison  de  ces  diflférences ,  et  ne  serait  pas 
resté  dans  son  hésitation.  En  effet,  Maleu,  dans  sa  Chronique, 
rapporte  que  ,  vers  l'an  \  230 ,  les  deux  dernières  travées  du 
chœur  furent  construites  par  Ithier  Gros ,  diacre  et  chanoine  de 
Saint-Junien ,  qui  employa  à  cette  lieMination  les  aumônes  des 
pèlerins  et  les  offrandes  des  autres  fidèles.  Le  chroniqueur  ajoute 
que,  lorsqu'on  posait  les  sculptures  de  la  grande  rose  du  chevet , 
Ithier,  qui  était  monté  sur  les  échafaudages ,  fut  renversé  par 
un  coup  de  vent,  et  tomba  au  milieu  des  matériaux  du  chantier 
sans  se  faire  aucun  mal  (3).  Cette  grande  rose  du  chevet  accuse 
en  effet  le  xnv  siècle ,  et  les  deux  roues  des  croisillons ,  au  nord 
et  au  sud ,  doivent  dater  de  la  même  restauration. 

M.  Mérimée  a  donc  eu  raison  de  penser  que  les  deux  dernières 
arcades  du  chœur  sont  postérieures  aux  autres  arcades.  «  11  a  fort 


(1'^  Notes  d*un  voyage  en  Auvergne  :  Saint-Junien. 

(2)  Id,,  im, 

(3)  Chronic,  CimoMiac,,  p.  68. 


ÉGLISE   DE   SAINT-JLMEN.  13 

bien  remarqué  que  les  deux  derniers  piliers  ont  des  bases ,  tandis 
que  œux  du  reste  du  chœur  n'en .  ont  point  ;  mais  il  n'a  pas 
remarqué  que  ces  bases  sont  formées  par  le  .tore  écrasé  du 
XIII*  siècle ,  et  cette  circonstance  Teût  éclairé  sur  la  tendance 
aux  crochets  qu'il  a  nommément  signalée  dans  les  chapiteaux 
•  épannelés  de  ces  colonnes  orientales.  Quant  à  la  parité  d'orne- 
mentation qui  existe  entre  ces  dernières  travées  et  le  reste  de 
l'église...,  il  est  facile  de  l'expliquer  par  une  sage  réservQ  de  la 
part  de  l'architecte  :  il  a  voulu  continuer  cette  belle  église ,  et 
non  lui  imposer  une  physionomie  nouvelle  (4).  » 

Voilà  pourquoi  la  muraille  orientale  du  chœur  (à  part  la 
grande  rose  qui  en  fait  l'ornement  ,  et  qui  fut  placée  au 
XIII*  siècle)  a  conservé  le  caractère  qu'elle  avait  avant  ce  prolon- 
gement du  chevet.  «  Cette  muraille,  dit  M.  Mérimée ,  si  elle  n'est 
pas  contemporaine  de  la  construction  primitive  ,  ne  peut  être 
postérieure  à  la  première  moitié  du  xii*  siècle.  »  Elle  a  est  percée 
de  trois  fenêtres  en  plein  cintre,  avec  une  rose  au-dessus  en  forme 
de  roue.  Deux  tourelles  encadrent  cette  façade  orientale ,  que 
surmonte  un  fronton.  Le  tout  s'appuie  sur  un  soubassement  de 
peu  de  saillie.  L'ornementation  est  presque  nulle ,  ou  tout  au 
plus  se  réduit  à  quelques  moulures  d'un  caractère  byzantin  (2).  » 

En  1845 ,  lorsqu'on  répara  cette  dernière  partie  de  l'église,  qui 
menaçait  ruine ,  on  reprit  les  angles  du  chevet  sur  lesquels  s'é- 
lèvent les. deux  clochetons  latéraux ,  et  on  trouva  dans  les  fon- 
dements d'un  des  piliers  angulaires  une  large  médaille  oxydée , 
qui  représentait  un  pèlerin  :  cette  médaille,  que  nous  avons  vue , 
avait  été  déposée  là  en  mémoire  des  aumônes  qui  furent  faites 
par  les  pèlerins  pour  l'agrandissement  de  l'église. 


IV. 


La  "façade  occidentale  a  été  incontestablement  remaniée  au 
XIII*  siècle.  Elle  offre ,  au  moins  dans  certaines  parties ,  tous  les 
caractères  de  l'architecture  limousine  à  cette  époque;  il  reste 
toutefois  de  l'ancienne  façade  de  l'église  romane  deux  baies 
très-étroites ,  qui  ,  de  chaque  côté  du  portail ,  dans  des  niches 
figurées,  correspondent  à  Taxe  des  collatéraux..  Ce  qui  reste 

(1)  M.  Ch.  des  Moulins,  Congrès  archéologique  de  France ,  1817,  p.  389. 

(2)  Noies  d'un  voyage  en  Auvergne  :  Saint-Junien. 


14  Écil.ISK   DE   SAINT-JIMKX. 

encore  peut-être  ce  sont  les  deux  jolies  tourelles  au  toit  co- 
nique en  pierre  qui  s'élèvent  aux  deux  extrémités  de  la  façade , 
et  qui  autrefois,  comme  à  Notre-Dame  de  Poitiers,  flanquaient 
le  fronton  roman.  Mais  le  grand  portail,  qui  est  en  ogive ,  avec 
arcades  géminées  et  quatre  archivoltes  toriques  en  retrait, 
accuse  clairement  le  xiii*  siècle.  Il  est  vrai  qu'au-dessus  règne 
une  corniche  soutenue  par  de  légers  modillons ,  et  surmontée 
d'une  fenêtre  cintrée,  qui  a  figuré  peut-être  sur  la  façade 
romane  ;  mais  le  clocher  élégant  à  deux  étages  qui  a  remplacé 
l'ancien  fronton  est  évidemment  d'un  stylo  postérieur  au  style 
roman  :  les  baies,  légèrement  ogivales,  ressemblent  assez  à 
celles  du  clocher  de  Sainl^-Pierre  de  Limoges  et  de  la  partie 
supérieure  du  clocher  de  Saint-Léonard,  qui  datent  du 
xiir  siècle.  C'était  du  reste  une  mode  de  cette  époque  de  placer 
un  ou  deux  clochers  au  portail  de  l'ouest.  La  façade  de  Saint- 
Junien  ,  avec  Fon  élégant  portail ,  le  beau  clocher  qui  la  sur- 
monte, les  deux  tourelles  qui  l'encadrent,  est  d'un  style  large 
et  d'un  aspect  monumental. 

Les  savants  qui  ont  fait  une  étude  comparée  de  la  tour  centrale 
et  du  clocher  de  l'ouest  ont  été  forcés  de  reconnaître  que  la 
coupole  de  ce  dernier  «  se  distingue  de  celle  du  transept  par 
quelques  caractères  qui  prouvent  une  ancienneté  moins  grande, 
tels  que  l'absence  de  fenêtres  dans  le  mur  octogone  qui  la 
supporte,  l'ouverture  ronde  et  non  poly lobée  de  son  cerveau,  et 
surtout  le  cordon  en  tore ,  et  non  en  simple  tailloir,  qui  forme 
le  rebord  de  sa  base  (<)  ». 

Cette  façade  a-t-elle  été  restaurée  vers  Tan  4230,  lorsque 
Itliier  Gros  prolongea  le  chevet  de  l'église?  ou  bien  n'a-t-elle 
été  remaniée  que  trente  ans  plus  tard,  vers  l'an  12C0 ,  lorsque 
Aimeric  de  La  Serre  était  évêque  de  Limoges  et  en  même  temps 
prévôt  de  Saint-Junien ?  Nous  adoptons  cette  dernière  opinion, 
parce  que,  de  l'avis  des  savants  archéologues  qtii  ont  étudié  le 
monument  (2) ,  le  style  ogival  est  plus  prononcé  sur  la  façade 
ouest  et  sur  ce  clocher  que  dans  le  chevfît  de  l'église  ;  d'ailleurs 
nous  lisons  dans  la  Chronique  de  Maleu  que,  l'an  1264,  Pierre 
de  Bénévent,  prévôt  de  Saint-Junien ,  fit  fondre  une  grosse 
cloche,   baptisée  sous  le  nom  de  Saint-André,  qu'on  devait 


(1)  Ch.  drs  Aroui.iNS,   Vovorts  archéologique  de  FraViCa ,   année  1847, 
p.  38Ô. 
(2j  M.  Mérimée,  M.  Charles  des  Moulins,  etc.  {loc.  cU,), 


ÉiîLISE  DE   SAINT-JL'NIEN\  15 

sonner  aux  jours  de  fêtes  solennelles  et  aux  enterrements  de 
personnes  notables  (1)  :  or  il  est  vraisemblable  que  cette  grosse 
cloche,  destinée  au  clocher  de  l'ouest,  y  fut  placée  peu  de  temps 
après  la  construction  de  cette  tour,  et  nous  pensons  volontiers 
qu'Aimeric  de  La  Serre  ,  le  fondateur  de  la  cathédrale  gothique 
de  Limoges,  fit  élever  ce  clocher  vers  Tan  1260,  en  même 
temps  qu'il  restaura  la  partie  supérieure  de  la  tour  centrale  de 
Saint-Junien  ,  qui  avait  été  abattue  par  la  foudre  (2). 

y. 

C'est  dans  cette  tour  qui  surmonte  le  transept  que  se  trou- 
vaient les  petites  cloches ,  au  dire  de  Maleu.  Elle  a  été  fou- 
droyée plusieurs  fois  :  d'abord  vers  Tan  4260,  puis  le  W  juin 
4312  (3),  et  enfin  le  3  octobre  4  405,  comme  on  le  voit  dans 
cette  notç  ajoutée  à  la  chronique  de  Maleu  :  «  Un  samedi 
3  octobre  ,  après  la  fête  de  saint  Michel,  Tan  4  405,  vers  l'heure 
de  vêpres ,  une  horrible  tempête  éclata  avec  tant  de  force  que 
la  foudre ,  frappant  le  clocher  de  l'église  de  Saint-Junien  oii 
sont  suspendues  les  petites  cloches ,  le  fendit  et  le  renversa  dans 
la  partie  supérieure  jusqu'à  la  longueur  d*une  lance ,  faisant 
tomber  les  boules ,  le  coq  et  la  croix ,  et  jetant  çà  et  là  les 
pierres  et  les  tuiles  ,  ce  qui  est  surprenant  à  entendre ,  maïs  ce 
qui  était  horrible  à  voir  (4).  » 


VI. 


Parmi  les  curiosités  archéologiques  que  enferme  l'église 
de  Saint-Junien ,  nous  devons  citer  :  le  tombeau  de  saint 
Junien,  chef-d'œuvre  de  sculpture  romane  et  un  des  types 
les  plus  curieux  de  ce  genre;  la  dalle  funéraire  en  cuivre 
du  chanoine  Martial  Fournier,  mort  en  15l3;  les  débris  d'un 
Sépulcre  ou  Calvaire  du  xv«  siècle,  qui  se  trouvent  dans  la 
chapelle-basse  de  Saint-Martial,  et  enfin  le  maître-autel  en 
marbre  qui  vient  de  l'abbaye  de  Grandmont ,  et  dont  un  bas- 
relief  très-remarquable  représente  les  disciples  d'Emmaiis. 

L'abbé  ARBELLOT. 

(1)  Chronic,  ComoJoî.,  p.  9G. 

(2)  Id„  ibid.,  p.  83. 

(3)  >£/..  2Ô/(/..  p.  111. 

(4)  Id,,  ibid,,  p.  115. 


ROGHEGHOUART 


^^^^^^^^A^A'^^'^^^^MM^^fWW 


ÉGLISE  PAROISSIALE. 


I. 


Cette  église  a  été  fondée  vers  le  milieu  du  xi*  siècle  par  une 
colonie  de  moines  venus  de  Tabbaye  de  Charroux ,  en  Poitou. 
Elle  fut  consacrée,  le  \\  novembre  4061  ou  1067,  par  Hitier 
Chabot ,  évêque  de  Limoges  ,  malgré  l'opposition  des  chanoines 
de  Saint-Junien ,  qui  écrivirent  à  ce  sujet  au  pape  Alexandre  II 
une  lettre  où  Ton  trouve  de  curieux  détails  (4). 

Il  ne  reste  de  cette  église  romane  consacrée  par  Tévêque  Hitier 
que  la  porte  principale  à  Touest ,  le  mur  du  nord  dans  toute  sa 
longueur,  le  transept  et  le  chœur  en  partie. 

Le  chevet  de  l'église  est  carré  ,  comme  dans  la  plupart  des 
églises  de  cette  région  ;  la  nef  se  compose  de  trois  travées  ;  les 
croisillons  du  transept  renferment  deux  chapelles  ,  dans  les- 
quelles on  entrait  autrefois  par  une  porte  cintrée. 

Le  portail  du  sud ,  en  style  ogival  avec  chapiteaux  à  crochets , 
et  les  ogives  à  lancettes  du  mur  méridional  de  la  nef  accusent 
clairement  une  restauration  de  la  fin  du  xiii*  siècle. 

Les  baies  ogivales  du  clocher,  parfaitement  semblables  à  celles- 
là  ,  indiquent  encore  que  c'est  à  la  fin  du  xiii*  siècle  que  la  tour 
octogone  à  deux  étages  a  été  élevée  sur  la  base  carrée  du  porche 
roman. 

(1)  Cette  lettre  a  été  écrite  après  le  concile  de  Bordeaux ,  tenu  en  1068. 
Voir  rexposé  des  faits  et  le  texte  de  cette  lettre  dans  nos  Documents  hùt(h 
riques  sur  la  ville  de  Saini-Junien ,  p.  139  et  253. 


ROCHECHOUART.  17 

Quant  au  toit  conique  en  spirale  qui  couvre  la  flèche ,  c'est 
Tœuvre  bizarre  d'un  charpentier  fantaisiste ,  qui  ne  date  que  de 
la  première  moitié  du  siècle  dernier  :  tn  trouve  ailleurs  d'autres 
toitures  de  ce  genre. 

La  fenêtre  ogivale  qui  éclaire  le  chœur,  divisée  par  des  me- 
neaux en  trois  compartiments  ,  que  surmontent  des  quatre- 
feuilles ,  est  aussi  une  restauration  de  la  fin  du  xiii'  siècle. 

C'est  encore  à  la  même  époque  qu'il  faut  rapporter  la  fenêtre 
ogivale  percée  au-dessus  du  portail  de  l'ouest ,  et  les  contreforts 
à  redans  qui  appuient  les  angles  de  la  base  du  clocher,  bien 
que  ce  genre  de  contreforts  ait  été  usité  principalement  au 
xv«  siècle. 

Il  y  a  donc  dans  cette  église  deux  époques  principales  et  deux 
styles  diflFérents  :  le  style  roman  du  xi*  siècle  et  le  style  ogival 
de  la  fin  du  xiir  siècle. 

En  4295,  —  sans  doute  après  cette  restauration  ,  —  l'église  de 
Rochechouart  fut  élevée  au  titre  de  succursale  en  ville  murée. 
(Nadaud  ,  Pouillé  ms.) 

L'année  suivante  (1296),  Aimeric  XI,  vicomte  de  Rochechouart, 
octroyait  aux  habitants  de  la  ville  une  charte  qui  les  affran- 
chissait,  et  portait  création  de  leur  commune  (1).  On  trouve  à  la 
fin  de  cette  charte  la  signature  d'Itier,  prieur  de  Rochechouart. 

Donc  là,  comme  dans  beaucoup  d'autres  localités  du  Limousin , 
c'est  une  église ,  bâtie  par  des  moines ,  qui  a  été  le  fondement 
et  le  berceau  de  la  cité. 


IL 


On  trouve  dans  cette  église  quelques  tableaux  peu  dignes  d'at- 
tention :  derrière  le  maître-autel  ,  saint  Pierre  marchant  sur 
les  eaux  ;  dans  la  nef ,  un  Christ  en  croix  ,  une  Descente  de 
croix ,  etc. 

Le  rétable ,  en  bois  doré ,  qui  s'élève  sur  l'autel  de  la  Vierge , 
dans  une  chapelle  latérale ,  paraît  dater  de  la  première  moitié  du 
dernier  siècle.  11  présente  des  sculptures  remarquables  :  sur  le 
tabernacle,  le  Christ  docteur;  du  côté  de  l'Evangile,   saint 

(1)  Voir  cette  charte ,  publiée  par  M.  Maurice  Ardant ,  dans  le  Limousin 
Historique,  T.  I ,  p.  294.  La  traduction  a  été  reproduite  dans  V Histoire  de 
Bochechcuart ,  par  Tabbé  Duléry,  p.  344. 

2 


18  ROCHECHOIIART. 

Julien ,  patron  de  la  paroisse  ;  du  côté  de  TEpître ,  l'apôtre  saint 
Simon  ,  tenant  en  main  la  scie ,  instrument  de  son  martyre  : 
saint  Simon  figure  là  sans  doute  comme  patron  du  donateur  de 
Tautel  (peut-être  un  Simon  de  La  Barde ,  famille  noble  de  Roche- 
chouart). 

A  rintérieur,  l'église  a  subi  quelques  réparations  qui  lui  ont 
enlevé  tout  caractère  monumental.  C'est  en  4813  qu'on  a  dressé 
les  six  colonnes  rondes  en  bois  qui  séparent  la  nef  des  bas-côtés, 
et  qui  supportent  un  lambris  de  mauvais  goût.  Ce  lambris ,  qui 
était  auparavant  en  forme  de  plafond  ,  fut  arrondi  à  cette  époque 
en  forme  de  voûte  surbaissée ,  sur  laquelle  se  dessine  disgra- 
cieusement  une  série  de  petits  arcs  parallèles  qui  la  soutiennent. 
Depuis  quelques  années  déjà ,  une  voûte  de  ce  genre  s'étalait 
sur  le  chœur.  Pour  donner  à  cette  église  un  voûte  élégante  et 
hardie ,  on  n'aurait  eu  qu'à  prendre  pour  type  celle  qui  existe 
sous  le  clocher. 


III. 


Nous  avons  dit  que  cette  église  était  une  fondation  de  Char- 
roux.  —  L'an  4  24  4  ,  le  pape  Innocent  III ,  écrivant  à  Hugues , 
abbé  du  monastère  de  Saint-Sauveur  de  Charroux ,  confirmait  les 
privilèges  de  cette  maison  célèbre,  et  lui  assurait  la  possession 
a  du  monastère  qui  est  auprès  du  château  de  Rochechouart , 
ainsi  que  de  ses  dépendances  (4)  ». 

Comme  l'église  de  Charroux  et  la  plupart  des  églises  fondées 
par  cette  célèbre  abbaye  étaient  sous  le  vocable  de  Saint-Sauveur, 
cette  église  s'appelait  autrefois  le  prieuré  de  Saint-Sauveur  de 
Rochechouart  (2)  :  tel  était  encore  le  nom  de  la  paroisse  au 
xvir  siècle  et  même  au  commencement  du  xviii*  (3).  Depuis 
cette  époque  ,  par  suite  de  l'annexion  de  cette  église  à  la  pa- 
roisse de  Biennac  (qui  a  pour  patron  saint  Julien  de  Brioude),  ce 
saint  martyr  est  devenu  le  patron  principal  de  l'église  de  Ro- 
chechouart, 

ta  frairie  ou  fête  religieuse  qui  attire  le  plus  grand  concours 

(1)  In  Lemovicensi  episcopatu,  monasterium  castri  de  Rupe  Cavardi 
cum  cœmeterio  et  pertinentiis  suis.  (Innocentii  III ,  lib.  XIV,  xvni;  — 
Patroloç.,    T.  CCXVI ,  col.  393.) 

(2)  BONAVKNT.,  T.  III ,  p.  298. 

(8)  Divers  titres  mss. 


ROCHECHOUART.  19 

de  peuple  est  la  fête  de  saint  Paul ,  apôtre ,  patron  secondaire  de 
la  paroisse  (29  juin).  Cela  vient  sans  doute  de  ce  que  ,  au  moyen 
âge ,  —  d'après  Bernard  Guidonis ,  écrivain  du  xiv*  siècle ,  —  une 
partie  du  corps  de  saint  Paul  de  Narbonne  était  vénérée  dans 
cette  église  {^).  Plus  tard ,  on  aura  confondu  le  premier  évêque 
de  Narbonne  avec  Tapôtre  saint  Paul.  Quoi  qu'il  en  soit ,  ces 
précieuses  reliques  ont  disparu,  probablement  au  milieu  du 
xvr  siècle ,  lorsque  «  les  Calvinistes ,  nous  dit  le  P.  Bonaven- 
ture ,  selon  leur  coutume  enragée  ,  pillèrent  et  détruisirent  .ces 
lieux(2}  ». 

IV.    • 

La  fontaine  qui  est  sur  la  place ,  devant  Téglise  ,  fut  élevée 
en  1539.  Nous  avons  découvert  dans  un  vieux  manuscrit  de  la 
mairie  les  vers  suivants ,  qui  sont  relatifs  à  Tinauguration  de 
cette  fontaine ,  et  qui  n'ont  pas  encore  été  publiés  : 

Lan  mil  cinq  cens  trente  et  neuf 

Du  înoys  daugst  (d'août)  le  dixneufviesme 

Par  tuaux  [tuyaux)  de  boys  faltz  de  neuf 

En  nombre  le  neuf  centiesme 

A  Rochouard  p[ar]  devant  lesgllse 

La  fontaine  de  font  builliant  {Font-BouiUant) 

Es  une  tasse  de  pierre  fust  mise , 

Tout  le  peuple  rejbuyssant. 

Les  consuls  lont  faicte  faire 

Et  ont  avansé  largent  {sic). 

En  paradis  soit  leur  repaire 

Et  Dieu  doint  bonne  vie  aux  habitans. 

V. 

Hors  de  la  ville ,  dans  un  angle  du  cimetière  ,  on  trouve  la 
chapelle  de  Beaumoussou  (autrefois  Maumoussou,  mauvais  chemin). 
C*est  une  simple  nef,  à  contreforts  plats  ,  avec  un  portail  à 
Touest  et  une  porte  ogivale  au  sud-est.  Elle  fut  bâtie  vers  4  280 , 
par  Foucaud  de  Rochechouart ,  chanoine  de  Limoges ,  qui  était 
le  sixième  fils  d'Aimeric  VIII ,  vicomte  de  Rochechouart ,  et  de 
Marguerite  de  Limoges  (3).  Ce  chanoine  Foucaud  était  frère  de 

(1)  Bernard  Guidonis,  deSanct.  Umovic.,  ap,  Labbb,  T.  I,  p.  644. 

(2)  BONAVBNT.,  T.  I,  p.  298. 

(3)  Fille  de  Guy  V,  vicomte  de  Limoges. 


20  ROCHECHOUART. 

Simon  de  Rochechouart ,  qui  fut  archevêque  de  Bordeaux  de 
4275  à  4280.  On  voit ,  sur  une  pierre  en  saillie  du  mur  méri- 
dional ,  les  armoiries  de  la  famille  de  Rochechouart.  Cette  cha- 
pelle ,  qui  date  dans  son  ensembl  edu  xiii*  siècle ,  fut  restaurée 
en  4648  ,  et  on  y  a  fait  quelques  réparations  dans  ces  dernières 
années  (4855).    * 

CHATEAU. 

I. 

Le  château  de  Rochechouart  est  un  des  châteaux  gothiques  les 
mieux  conservés  du  Limousin.  Il  est  magnifiquement  situé  sur 
un  promontoire  que  termine  un  rocher  gigantesque ,  en  face  de 
deux  vallées  qu*arrosent  la  Grenue  et  la  rivière  de  Vayres.  De 
ses  fenêtres ,  on  voit  se  dérouler  un  vaste  panorama ,  et  Ton  jouit 
d'une  perspective  lointaine  et  des  paysages  les  plus  variés.  Vue 
à  distance ,  du  côté  de  l'est  et  du  midi ,  la  ville  de  Rochechouart 
offre  un  coup  d'œil  très-pittoresque. 

Le  bâtiment  principal  du  château  est  flanqué ,  du  côté  de  la 
façade ,  par  deux  grosses  tours .  et ,  du  côté  de  la  cour  inté- 
rieure ,  par  deux  tourelles  qui  servent  de  cage  d'escalier.  Deux 
ailes  en  retour  d'équerre  s'étendent  au  nord  et  au  midi.  L'aile 
du  nord  se  termine  par  le  portail  du  pont-levis  ;  à  l'angle  duquel 
s'élève  une  tour  qui  paraît  dater  du  xiir  siècle. 

Le  château ,  dans  son  ensemble ,  a  été  reconstruit  vers  la  fin 
du  xv^  siècle  ;  toutefois  l'aile  du  nord  paraît  avoir  été  élevée , 
après  le  bâtiment  principal ,  dans  les  premières  années  du  xvi* 
siècle.  En  effet  une  galerie  s'étend ,  du  côté  de  la  cour,  au  rez- 
de-chaussée  de  l'aile  du  nord,  et  se  prolonge  au-delà  du  grand 
corps  de  logis  :  or,  dans  les  arcades  à  plein-cintre  de  ce  portique 
et  dans  ses  colonnes  torses  élégamment  ouvragées,  on  voit 
poindre  déjà  le  style  de  la  renaissance. 

Quant  au  portail  du  pont-levis ,  il  accuse  évidemment  tous 
les  caractères  de  l'architecture  sous  François  I«^ 

La  salle  des  pas-perdus ,  qui  couvre  la  galerie  accolée  au  bâ- 
timent principal ,  n'est  qu'une  surcliarge  du  siècle  dernier  (4770). 

Les  deux  grosses  tours  qui  flanquent  la  façade  principale 
avaient  été  découronnées  et  démolies  en  partie  pendant  la  ré- 
volution :  elles  ont  été  restaurées  de  nos  jours  (4858-4859)  par 
M.  Fayette,  architecte  du  département,  et  elles  ont  reçu,  outre 


ROCHECHOUART,  21 

leur  couronne  de  mâchicoulis,  une  charpente  qui  soutient  une 
toiture  aigtie  ;  mais  elles  ne  s'élèvent  pas  à  la  hauteur  qu'elles 
atteignaient  autrefois. 

On  a  restauré  en  même  temps  les  grandes  fenêtres  des  combles. 
L'ancienne  charpente  du  château,  qu'on  a  heureusement  con- 
servée ,  grâce  aux  réclamations  de  la  Société  Archéologique ,  est 
la  plus  remarquable  du  département. 

La  tour  du  Lion  a  pris  son  nom  d'un  lion  en  granit  qui  est 
placé  dans  une  niche  au  milieu  de  la  muraille ,  et  dont  l'an- 
cienne sculpture  rappelle  les  lions  de  Saint-Michel  de  Limoges. 
Au  fond  de  cette  tour  est  une  basse-fosse  dans  laquelle  on 
descend  par  un  orifice  circulaire,  et  qu'on  appelle  improprement 
les  oubliettes. 

Les  larges  fossés  qui  protégeaient  le  château  du  côté  de  la 
ville  sont  aujourd'hui  convertis  en  cour  et  en  jardin. 


IL 


Peintures  murales,  —  Dans  l'aile  du  nord ,  une  chambre  au 
premier  étage ,  qui  communiquait  autrefois  avec  une  pièce  de  la 
tour  du  Lion ,  est  décorée  de  peintures  murales  fort  curieuses. 
Les  trois  sujets  principaux  représentent  une  cérémonie  d'hom- 
mage, un  cortège,  une  chasse  au  cerf. 

4"  Ce  premier  tableau  n'a  pas  été  appelé  de  la  sorte  par  les 
écrivains  qui  ont  parlé  jusqu'ici  de  ces  peintures  :  ils  l'ont  ap- 
pelé a  un  dîner  »,  mais  c'est  tout  au  plus  une  scène  d'après- 
dînée.  Le  seigneur  et  sa  noble  dame  sont  debout  devant  une 
table  sculptée,  sur  laquelle  on  aperçoit  quelques  plats  vides. 
Derrière  eux ,  et  à  l'angle  de  la  table ,  à  gauche  du  spectateur, 
on  voit  des  pages  et  des  officiers  du  château  ;  à  droite ,  un 
vassal  présente,  en  s'inclînant,  une  fleur  à  son  suzerain, 
et  semble  lui  rendre  l'hommage.  Dans  le  fond  du  tableau, 
d'autres  vassaux ,  à  côté  d'un  majordome ,  semblent  attendre  le 
moment  d'être  présentés ,  et  de  rendre  l'hommage  à  leur  tour. 

2*  Ce  qui  domine  dans  «  te  cortège  »  c'est  un  chariot  couvert , 
peint  en  rouge  cramoisi ,  espèce  d*omnibus  ouvert  par  les  côtés , 
dans  lequel  on  peut  compter  sept  dames ,  et  qui  est  traîné  par 
un  seul  cheval  que  monte  un  écuyer.  Ce  char  est  précédé ,  ac- 
compagné et  suivi  de  pages  et  de  gentilshommes  à  pied  ou  à 
cheval.  Un  piqueur  chevauche  en  tête  du  cortège ,  sonnant  de 


22  ROCHECHOUART. 

la  trompe.  Dans  les  premiers  rangs  apparaît  le  jeune  seigneur, 
monté  sur  un  cheval  dont  un  nègre  tient  les  rênes.  Parmi  la 
foule  des  personnages  qui  précèdent  le  chariot ,  on  distingue  un 
moine  à  tête  rasée ,  dont  la  figure  décharnée  contraste  vivement 
avec  les  autres ,  et  devant  lui  on  remarque  un  prélat  couvert 
d'un  camail.  Les  cavaliers  qui  suivent  le  char  ont  presque  tous 
des  dames  en  croupe. 

On  voit  en  perspective ,  dans  le  haut  du  tableau ,  le  château 
de  Rochechouart,  qui  présente  à  la  fois  sa  façade  principale  et 
celle  du  pont-levis.  Quatre  tours  dressent  leurs  mâchicoulis  au- 
dessus  de  la  toiture.  Puis ,  entre  le  château  et  la  roche  suspendue, 
on  distingue  la  gracieuse  chapelle  gothique  de  Saint-Jean ,  qui 
fut  démolie  en  1596. 

Plus  loin  apparaît  la  ville  de  Rochechouart ,  avec  son  clocher, 
son  enceinte  fortifiée ,  vue  du  côté  de  la  porte  Bereau.  Entre  le 
cortège  et  la  ville  on  aperçoit  le  bouffon  du  seigneur,  avec  sa 
casaque  rouge  et  son  bonnet  pointu ,  sur  un  cheval  lancé  à 
toute  bride.  Nous  laissons  beaucoup  d'autres  détails. 

3*»  Le  cerf  est  représenté  plusieurs  fois ,  d'abord  lancé  et 
poursuivi  par  les  piqueurs  et  les  chiens ,  puis  au  moment  de 
l'hallali ,  et  enfin  dépecé  par  les  veneurs. 

«  Tout  cela ,  dit  M.  Félix  de  Vêmeilh ,  ne  constitue  pas  sans 
doute  un  chef-d'œuvre.  11  y  a  non  pas  seulement  de  la  naïveté , 
mais  des  incorrections  impardonnables  dans  cette  longue  suite 
de  peintures;  en  revanche,  elles  ont  toujours  l'abondance, 
la  verve ,  le  sentiment  de  la  décoration ,  et  elles  viennent ,  à 
tout  prendre,  d'un  artiste  digne  de  ce  nom  (<).  » 

D'après  M.  AUou,  la  peinture  que  nous  désignons  sous  le 
nom  de  cortège  représenterait  l'entrée  du  comte  de  Pontville 
à  Rochechouart,  en  U70 ,  et  aurait  été  exécutée  vers  1600  (2); 
mais  eette  dernière  date  est  évidemment  fautive.  Avec  plus  de 
raison ,  M.  de  Verneilh  regarde  les  costumes  comme  étant  du 
règne  de  Louis  XII,  et  il  assigne  pour  date  à  ces  fresques 
les  premières  années  du  xvi'  siècle. 

III. 

11  y  a  cinq  ans  (4863) ,  en  grattant  le  badigeon  d'une  chambre 

(1)  Bulletin  delà  Société  Archéologique  du  limousin,  T.  V.  p.  267. 

(2)  Monuments  de  la  Haute-  Vienne,  p.  341. 


ROCHEGHOUART.  23 

de  l'aile  du  nord ,  où  se  trouve  aujourd'hui  le  cabinet  des 
agents-voyers ,  on  découvrit  d'autres  peintures  murales ,  qui 
sont  malheureusement  fort  endommagées.  Elles  représentent  les 
travaux  d'Hercule,  et  datent  de  la  première  moitié  du  xvi'  siècle. 
Trois  scènes  fort  reconnaissables  sont  peintes  sur  une  des  mu- 
railles :  à  gauche ,  on  voit  le  héros  levant  sa  massue  des  deux 
bras  pour  frapper  le  dragon  des  Hespérides  ;  au  milieu  du 
tableau ,  il  terrasse  le  taureau  de  Tîle  de  Crête  ;  plus  loin  il  sou- 
lève, pour  rétouflfer,  le  géant  Antée.  Sous  ces  peintures  nous 
avons  lu  l'inscription  suivante ,  en  lettres  gothiques  : 

Comment  Hercule  desconflt  le  roy  AchiUan,  qui  p[ar] 
Art  se  transmua  en  troys  figures  diverses. 

Dans  une  chambre  voisine ,  Hercule  combat  l'hydre  de  Lerne , 
qui  sort  des  ondes  marécageuses ,  les  ailes  déployées. 

Malgré  leur  état  de  dégradation  ,  ces  peintures  méritaient 
d'être  conservées.  Nous  fimes  à  ce  sujet  d'utiles  réclamations  ; 
mais ,  dans  un  esprit  ultra -conservateur  qu'on  ne  saurait  guère 
approuver  j  l'administration  a  fait  couvrir  ces  peintures  -  de 
chftssis  de  papier  cloués  et  inamovibles  (Ij. 

L'abbé  ARBELLOT. 


NOTICE 


GÉNÉALOGIQUE  ET   BIOGRAPHIQUE 


SUR 


LA  FAMILLE  NADAUD. 


L'une  des  plus  anciennes  et  des  plus  illustres  familles  du 
Limousin  est  sans  contredit  celle  des  Nadaud.  Nous  avons  pensé 
qu'il  serait  peut-être  agréable  à  la  Société  Archéologique  et  His- 
torique du  Limousin  d'en  connaître  la  filiation  :  c'est  dans  ce 
but  que  nous  lui  adressons  ce  travail. 

Les  armes  de  cette  noble  maison  sont  :  «  d'azur  à  trois  haches 
consulaires  d'argent  entourées  d'un  faisceau  à  verges  d'or,  liées 
d'argent  et  posées  SI  et  4  (4  )  ;  aiias  de  gueules  au  sautoir  d'argent 
cantonné  de  quatre  étoiles  d'or  (â]  ».  Deux  sauvages  de  carnation 
soutiennent  l'écu  de  cette  famille ,  dont  la  devise  est  :  «  Tout  vient 
de  Dieu  ». 

L  —  Jean  Nadault  ou  Nadaud  ,  docteur  ès-lois,  vivait  noble- 
ment à  Limoges  en  1296.. —  On  ne  sait  rien  sur  lui,  si  ce  n'est 
qu'il  se  maria  tard ,  et  mourut  dans  un  fige  avancé ,  laissant 
Jean-Léonard,  qui  suit  : 

IL  —  Jean-Léonard,  écuyer,  fut  conseiller  à  Limoges  en 
4350  (3).  Il  eut  pour  fils  :  4*  Jacques-Gabriel,  qui  fut  vicaire- 
prieur  du  chapitre  noble  de  Saint-Etienne  de  sa  ville  natale 

(1)  Archives  de  Bourgogne ,  à  Dijon  :  Armoriai  de  la  chambre  des 
Comptes,  p.  325. 

(2)  Ces  dernières  sont  les  armes  des  Nadaud  restés  en  Limousin. 

(3)  Archives  de  Thôtel  de  vlUe  de  Limoges,  année  1350. 


NOTICE   SUR   LA   FAMILLE  NADAUD.  25 

en  1391  :  Gabriel  Nadaud  «  avoit  acquis  Testime  des  chanoines 
à  un  teï  point  que  ceux-ci  intentèrent  un  procès  à  Tévêque , 
qui  Favoit  fait  mettre  en  prison  (1)  »;  2*^  Martial,  qui  suit; 
3*  Michel ,  qui  figure  dans  un  titre  de  l'abbaye  de  Saint-Martial 
de  Limoges. 

III.  —  Martial ,  écuyer,  consul  à  Limoges  en  U05,  exerça  long- 
temps cette  haute  magistrature  (3).  Il  mourut  dans  un  âge  assez 
avancé,  laissant:  4°  Antoine-Sylvain,  qui  suit:  S'»  Jean,  prieur 
de  Saint-Michel  de  Limoges  en  4  459  (3)  ;  Jean-Baptiste ,  écuyer, 
capitaine  de  compagnie ,  qui  servit  avec  éclat  et  honneur,  sous 
le  règne  de  Charles  VI ,  et  fut  reconnu  noble  d'épée  ;  le 
U  juillet  U74,  il  assista  a\L  mariage  d'Antoinette  de  Gouver- 
nent, sa  parente,  veuve  de  Guillaume  de  Savoye ,  avec  Jouffroy 
de  Reule ,  écuyer  (4). 

IV.  —  Antoine-Sylvain,  écuyer,  consul  à  Limoges  en  4460  (5), 
se  fit  connaître  par  sa  science ,  par  la  fermeté  de  son  caractère 
et  par  la  profondeur  de  son  esprit.  Il  laissa  :  4''  Nadala,  qui  fut 

mariée  à  N N....;  2"*  Jacmes,  qui  suit  :  S""  Jacques,  consul 

à  Limoges  en  4502  et  4504  (6]  :  celui-ci  quitta  le  Limousin  lors 
des  guerres  religieuses ,  embrassa ,  croit-on ,  le  protestantisme , 
et  alla  habiter  l'Angleterre ,  où  sa  branche  s'est  éteinte  sur  la 
fin  du  xvin'  siècle.  On  manque  de  détails  sur  elle  :  tout  ce  que 
nous  pouvons  dire  c'est  qu'il  y  a  encore  à  Londres,  Wausworth- 
Common ,  trois  tombes ,  où  se  voient  les  inscriptions  suivantes  : 
«  Henrt  Nadaud,  mort  en  4785,  âge  de  soixante-quinze  ans; 
Marie  Nadault,  sa  petite-fillb ,  âgée  de  dix-neuf  ans;  Richard 

EiNG,  MARI  DE  CELLE-CI,  NE  EN  4795  ,  DECEDE,  EN  48^7,  A  L'aGE 
DE  TRENTE-DEUX  ANS   ». 

V.  —  Jacmes,  écuyer,  consul  en  4508  et  4524  (7),  se  distingua 
par  son  équité,  sa  droiture,  son  désintéressement  et  son  cou- 
rage dans  les  dissensions  intestines  qui  agitaient  alors  Limoges. 
11  mourut  dans  un  âge  avancé,  laissant  :  4»  Martial,  qui  suit; 
i°  Jacques,  qui  figure,  le  34  octobre  4509,  lors  de  l'élection  de 


(1)  Bulletin  de  la  Société  ÀrchéoL  et  Hist,  du  Limousin ,  année  1856. 

(2)  Registres  consulaires  de  Limoges,  et  archives  du  grand-séminaire. 
(3;  Gallia  Christiana. 

(4)  Bibliothèque  impériale ,  cabinet  des  titres  :  famille  de  Reule. 

(5)  Registres  consulaires  de  Limoges. 

(6)  7rf.,  ibid. 

(7j  Registres  consulaires ,  ans  1508  et  1521. 


26  NOTICE  SUR   LA  FAHIUJE   NADAUD. 

juge  civil  des  ville,  château  et  «  chastellanie  s  de  Limoges  (1); 
3"*  Jacob ,  conseiller  en  4  509  (2)  ;  i""  Jammes ,  conseiller  de 
Limoges  le  7  décembre  <52<  (3)  ;  5*  Jacmes ,  centenier  de  la  ville 
à  la  même  date  et  par  la  même  élection  (4}  ;  6""  Joseph,  marié  à 
Anne  Bardines,  fille  de  noble  messire  Sardines,  écuyer,  mort 
sans  postérité. 

VI.  —  Martial,  écuyer,  député  en  4517,  consul  en  4524  (5), 
modèle  de  toutes  les  vertus  civiques  au  rapport  de  ses  contem- 
porains, laissa  :  4»  Martial-Marc-André,  qui  suit;  2«  Annet, 
conseiller  de  la  ville  de  Limoges  en  4  526  et  en  4  527  (6);  3°  Pierre- 
François,  conseiller  en  4  542,  consul  en  4  544  (7);  4^  Joseph,  écuyer, 
seigneur  du  Sault,  plus  connu  sous  le  nom  de  Tabbé  Audierne, 
renommé  par  ses  travaux  archéologiques  et  historiques,  et 
surnommé ,  à  juste  titre ,  «  Thistorien  cicérone  du  Pérîgord  »  ; 
il  fut  revêtu  de  hautes  dignités  ecclésiastiques;  en  4542,  il  as- 
sista à  la  montre  d^armes  des  gentilshommes  du  ban  et  arrière- 
ban  de  la  sénéchaussée  du  Périgord  (8). 

VII.  ^  Martial-Marc-André ,  écuyer,  exerça ,  comme  ses  an- 
cêtres, de. hautes  charges  municipales  :  il  fut  conseiller  en  4555 
et  consul  en  4556.  11  se  maria  fort  jeune,  et  laissa  Georges- 
Louis  ,  qui  suit. 

VIII.  —  Georges-Louis,  écuyer,  naquit  à  Limoges  en  4498. 
Conseiller  pendant  plusieurs  années ,  il  fut  nommé  consul  en 
4540  (9),  et  mourut  vers  4550 ,  laissant,  d*Anne  de  Coustin  du 
Mas-Nadaud  d*Ankesse ,  sept  filles  et  deux  fils  :  4«  Martial,  qui 
suit;  2*»  Jean,  qui  fit  branche. 

IX.  —  Martial ,  écuyer,  seigneur  de  Champsac,  Les  Tillettes, 
Champdose,  etc.,  naquit  au  château  de  Champsac,  près  Chalus, 
en  4578.  En  4605,  il  fut  pourvu  d*une  charge  de  conseiller  au 
parlement  de  Bordeaux ,  dont  il  se  démit  après  quarante-cinq  ans 
d'exercice,  et  mourut  en  son  manoir  de  Champsac  en  4650  ,  à 
rage  de  soixante- douze  ans.  Jurisconsulte  profond  ,  magistrat 

(1)  Archives  du  Limousin,  k  Limoges. 

(2)  Archives  de  la  ville  de  Limoges. 

(3)  Jd.,  iHd. 

(4)  Archives  du  Limousin. 

(5)  Registres  consulaires  »  an  1S24. 

(6)  Archives  de  la  viUe  de  Limoges. 

(7)  Regitres  consulaires  de  1544. 

(8)  Rollede  la  montre  d'armes  de  1542,  ap»  Biblothèque  impériale,  ca- 
binet des  manuscrits  :  trésor  généalogique. 

(9)  Les  Fastes  consulaires  de  1540. 


NOTICE   SUR  LA   FAMILLE   NADAUD.  27 

habile  et  perspicace ,  orateur  éloquent  et  grave ,  citoyen  intègre , 
Martial  de  Champsac  fut  le  modèle  de  toutes  les  vertus  privées 
et  publiques.  Il  avait  épousé,  en  4618 ,  Marie-Barbe  Fitz-Baring 
de  Champdose ,  d'une  noble  famille  écossaise  qui  était  passée  en 
France  vers  4  480,  avec  Marguerite,  reine  d'Angleterre  et  fille 
du  roi  René ,  duc  de  Lorraine  et  de  Bar  (4).  M"«  Nadault  de 
Champsac  fut  elle-même  dame  d'honneur  de  la  reine  Henriette 
de  France,  épouse  de  Charles  I""  d'Angleterre.  De  ce  mariage 
vinrent  :  <•  Jean ,  qui  suit  ;  2»  Jacques ,  qui,  étant  entré  de  bonne 
heure  dans  les  ordres ,  obtint  de  nombreux  bénéfices ,  et  fut 
pourvu  de  l'importante  cure  de  Pageas.  Dès  sa  jeunesse ,  Jacques 
s'adonna  à  la  littérature  ;  il  a  laissé  quelques  écrits ,  qui  ne 
manquent  pas  de  mérite.  En  4650 ,  il  vint  s'établir  à  Montbard , 
en  Bourgogne ,  avec  Jean  ,  son  frère  ,  Jean-Marc  et  Annet  de 
Coustin  du  Mas-Nadaud  ,  ses  cousins  ,  et  messire  de  La  Barre , 
prieur  de  Sainl^-Junien  et  curé  de  Chalus  en  Limousin;  en  4674, 
il  assista  au  baptême  de  Jacques,  son  neveu  (a).  —  3»  Léonarde, 
mariée  à  Henry-Marc-René  Gandillaud,  écuyer,  seigneur  de 
Chambon ,  morte  jeune ,  en  laissant  deux  filles  et  trois  fils  (3)  ; 
4«  Sylvain ,  conseiller  du  roi ,  lieutenant  général  de  la  séné- 
chaussée et  siège  pré^idial  de  la  Marche  :  il  n'eut  qu'une  fille , 
Anne,  qui  épousa  François  Coudest  de  Vareynes;  S"»  Louis, 
prieur  de  Saint-Aignant-sous-Balot  ;  6"  François ,  conseiller  du 
roi ,  élu  en  l'élection  de  Cognac  (4) ,  mort  en  laissant  :  a.  Jean, 
décédé  fort  jeune;  b.  Marie-Anne-Louise,  morte  sans  alliance; 
c.  François ,  écuyer,  seigneur  de  Nouhère ,  marié  à  Madeleine  de 
La  Tour  ;  d'où  :  i.  Philippe ,  écuyer,  seigneur  de  Neuillac,  marié, 
par  contrat  du  40  octobre  4704,  à  Marie-Claire  du  Bourg,  fille 
de  Pierre  du  Bourg  et  de  Mélanie  de  Meaux  ;  ii.  Marie-Thérèse , 
dame  de  Nouhère,  mariée,  par  contrat  du  44  juillet  4704,  à 
Jeah-Elie  des  Ruaux  de  Roufflac. 

X.  —  Jean  Nadault ,  .écuyer,  conseiller  du  roi ,  seigneur  de 
La  Berchère ,  de  Saint-Remy,  des  Bordes  et  autres  lieux,  naquit , 

(1)  Armoriai  de  la  chambre  des  Comptes ,  aux  Archives  de  Bourgogne, 
k  Dijon»  p.  540. 

(2)  Registres  de  la  paroisse  Saint-Urse  de  Montbard ,  au  greffe  du  tri- 
bunal de  Semur,  12  juin  1671. 

(3)  La  Chesnatb  des  Bois,  Dictionnaire  de  la  NotHeeee,  deuxième  édition, 
supplément,  T.  II. 

(4)  D*HoziRR,  Armùrial général  :  générante  de  La  Rochelle,  ap.  Biblio- 
thèque impériale,  manuscrit,  p.  340. 


28  NOTICE  SUR   LA    FAMÎLLE   NADAUD. 

au  château  de  Champsac ,  en  4  629 ,  et  fut  successivement  bailli 
des  terres  de  l'abbaye  de  Fontenay,  maître-général  des  postes 
du  duché  de  Bourgogne,  président  au  grenier  à  sel  de 
Montbard  (4  ) ,  maire  de  cette  ville  le  27  juin  4  666 ,  et  député  en 
cette  qualité  aux  États  généraux  de  la  province ,  le  27  décembre 
4  677 ,  à  la  place  de  Claude  Le  Mulier,  décédé.  Doué  d'une  noble 
intelligence  et  d'un  esprit  cultivé,  Nadault  des  Bordes  possédait 
une  instruction  solide  et  étendue.  Défenseur  zélé  des  privilèges 
de  la  commune  contre  les  empiétements  de  la  couronne,  il  a 
laissé  un  ouvrage,  en  deux  volumes  in-8°,  renfermant  les  car- 
tulaires  de  la  ville  de  Montbard ,  ouvrage  des  plus  précieux  pour 
l'histoire  de  cette  ville,  et  qui  est  devenu  plus  précieux  encore 
depuis  l'enlèvement  des  titres  originaux  aux  Archives  de  la  Cour 
des  comptes  de  Dijon ,  opéré ,  par  ordre  du  roi ,  en  1 680 ,  lors 
d'un  procès  relatif  au  domaine  royal  (2).  Jean  Nadault  des 
Bordes  mourut,  à  Montbard,  le  9  septembre  4691 ,  à  l'âge  de 
soixante-un  ans.  Son  corps  fut  déposé  dans  l'église  de  Saint- 
Remy,  ou  l'on  voit  encore  son  épitaphe ,  ainsi  conçue  : 

icy  rkposr  le  corps  de 

Jean  Nadot,  conseiller  du 

roy,  président  au  grenier  a  sel 

de  montbar,  eslu  du  tirrs-estat 

EN  Bourgogne,   bailuf  des   terres 

DE  FONTENETS,    QUI  DÉCÉDA  LE  9    DE  SEP- 
tembre 1691  aagé  de  soixante-un  ans. 

Priez  Dieu 
pour  le  repos  de  son  ame. 

Jean  Nadault  des  Bordes  avait  épousé,  en  1660,  Edmée,  fille 
de  messire  Simon  Esprit  (3)  et  d'Anne  de  Filston.  Née  à 
Montbard ,  le  27  juin  4633 ,  M™''  Nadault  mourut  le  26  décembre 
4  699,  et  fut  inhumée,  le  lendemain,  dans  l'église  de  Saînt-Rémy . 
De  ce  mariage  vinrent  :  i  *»  G  illette ,  née  le  4  8  septembre  4  667 , 
morte  jeune  ;  2»  Charles ,  né  le  4  0  mars  4  (>70 ,  mort  jeune  ; 
3*»  Jacques,  né  le  42  juin  4674 ,  tenu  sur  les  fonts  baptismaux 

(1)  Voir,  aux  Archives  de  Bourgogne,  à  Dijon,  Peincedé,  Becueiî  de 
Bourgogne,  T.  VI.  —  Ce  manuscrit,  en  36  vol.  mr49 ,  est  des  plus  précieux 
pour  l'histoire  des  familles. 

(2)  CouRTÉPÉE ,  Description  du,  duché  de  Bourgogne ,  2«  édition ,  T.  III , 
p.  115. 

(3)  Esprit  porte  :  «  d'argent  li  Taigle  éployée  de  sable ,  au  chef  d'azur» 
chargé  de  trois  sautoirs  alezés  d'argent  ». 


NOTICE   SUR   L\   FAMILLE   NADAUD.  29 

par  Jacques  Nadault,  curé  de  Pageas,  son  oncle;  i*"  Jean,  qui 
suit;  5*  P'rançoise,  née  le  30  septembre  4662,  mariée,  au  château 
de  Saint-Remy,  le  17  juin  1686,  à  messire  Henry-Sylvestre  de 
La  Forest  (1) ,  «  conseiller  du  roy  au  bailliage  et  chancellerie  de 
Dijon  » ,  fils  de  noble  Claude-Sylvestre  de  La  Forest  «  aussy 
conseiller  du  roy,  maistre-particulier  des  eaux  et  forests  au  bail- 
liage d'Auxois  »,  et  de  demoiselle  Marie  Le  Clerc  (2)  :  M"'  Henry 
de  La  Forest  mourut ,  en  1773 ,  à  Tâge  de  cent  onze  ans;  6°  Cé- 
cile, née  le  49  mars  4666,  mariée,  le  â  juillet  469S,  à  Jacques 
de  Fromager  (3) ,  écayer,  seigneur  de  Nogent ,  fils  de  Nicolas  de 
Fromager,  écuyer ,  seigneur  de  Nogent,  et  de  Marguerite  Briandet  : 
M""  Jacques  de  Nogent  mourut ,  à  Montbard ,  le  5  septembre 
4694  ,  et  fut  inhumée  à  Nogent  ;  elle  n'eut  qu'une  fille,  Cécile  , 
morte,  sans  alliance,  le  45  mars  4758;  7»  Edmée,  née,  à 
Montbard,  le  43  mai  4664  :  entrée,  à  quinze  ans,  au  couvent  des 
Ursulines  de  Montbard  en  qualité  de  sœur  de  chœur,  elle  prit  le 
saint  habit  le  4  octobre  4  689 ,  et  fit  profession  le  4  5  octobre  4  690  ; 
connue  sous  le  nom  de  sœur  Sainte-Gertrude,  elle  fut  plusieurs 
fois  supérieure  de  son  couvent  (4) ,  et  mourut ,  le  6  août  4763  ,  à 
Tâge  de  cent  quatre  ans  ;  8^  Annet ,  né  le  8  février  4  669 ,  mort 
jeune  ;  9*»  Jeanne ,  née  le  30  janvier  4  663 ,  morte  peu  de  mois 
après  ;  40«»  Edmée  ,  née  le  8  mars  4674  ,  décédée  sans  alliance. 

XL  —  Jean ,  écuyer,  seigneur  de  Saint-Remy,  de  La  Ber- 
chère,  des  Berges,  etc.,  naquit,  à  Montbard,  le  42  octobre  4672. 
A  vingt-trois  ans ,  le  40  décembre  4695,  il  fut  nommé  maire 
perpétuel  de  la  ville  de  Montbard.  Pendant  douze  années  (de 
4697  à  4709),  il  se  consacra  aux  intérêts  de  la  ville  dont,  bien 
jeune  encore ,  on  lui  avait  confié  Tadministration.  D'un  esprit 
ferme  et  éclairé ,  d'une  instruction  étendue ,  d'une  intelligence 
prompte  ,  d'une  impartialité  assurée ,  il  gagna  bientôt  la  con- 
fiance et  l'estime  de  ses  administrés,  et  sa  mort,  survenue  avant 
le  temps ,  laissa  dans  tous  les  cœurs  d'immenses  regrets.  Revêtu 
d'un  pouvoir  judiciaire  fort  étendu ,  en  sa  double  qualité  de 
maire  de  Montbard  et  de  président  au  grenier  à  sel ,  les  décisions 

(1)  La  Forest  porte  :  «  d'or  au  chêne  arraché  de  sinople  ».  Titre  de  comte. 

(2)  Greffe  du  tribunal  de  Semur-en-Auîois ,  Saint-Rémy  :  mariages ,  1686. 

(3)  Fromager  ,  famiUe  qui  portait  :  «  d'or  chargé  d'une  fasce  d'azur  à  la 
bordure  engrelée  de  gueules ,  accompagnée  de  trois  tourteaux  aussi  de 
gueules  ».  —  V.  l'Armoriai  d'Hozier,  ap,  Bibl.  impériale ,  mss. 

(4)  Voir,  aux  Archives  de  Bourgogne,  Ursulines  de  Montbard,  carton  K, 
liasses  2,  3  et  5. 


30  NOTICE   SUR  LA  FAMILLE  NABAUD. 

« 

rendues  par  lui  dans  ces  deux  juridictions  sont  toutes  remplies 
de  droiture  et  d*équité.  Appelé  souvent  à  se  prononcer  sur  des 
matières  abstraites  et  délicates ,  il  fit  toujours  preuve  d*un  sens 
droit  et  d*un  jugement  prématurément  mûri.  Ses  arrêts  cri- 
minels étaient  empreints  d'une  douceur  naturelle  à  son  ca- 
ractère, mais  qui  n'alla  jamais  jusqu'à  la  faiblesse.  Appelé  ,  en 
4709,  par  la  Confiance  de  ses  concitoyens,  à  représenter  et  à 
défendre  leurs  intérêts  dans  l'assemblée  des  États  généraux  de 
la  province  pour  l'année  4712  ,  il  mourut  le  30  décembre  1709, 
avant  d'avoir  pu  remplir  le  mandat  qui  lui  était  confié.  Il  avait 
trente-sept  ans. 

Il  avait  épousé,  le  48  février  4699,  Jeanne,  fille  de  Jean 
Colas  (1),  écuyer,  et  d'Antoinette  Montchinet,  arrière-petite- 
fille  de  Jacques  Colas ,  écuyer,  comte  de  Rocheplate  et  de  La 
Fère ,  vice-sénéchal  de  Montélimart  et  grand-prévôt  de  France , 
qui  joua  un  rôle  important  au  temps  de  la  fronde.  M™'  Nadault 
des  Berges  mourut  le  2  septembre  4744  ,  laissant  :  4*»  Françoise- 
Edmée ,  née  le  20  avril  4  700 ,  décédéé  le  23  novembre  de  la 
même  ahnée  ;  2*  Jean ,  qui  suit  ;  3°  Edmée-Catherine ,  née ,  à 
Montbard,  le  25  novembre  1705,  décédée,  le  9  janvier  4767  ,  à 
soixante-deux  ans;  mariée,  le  45  septembre  4732,  à  Edmée 
Doublet  (2) ,  écuyer,  conseiller  du  roi ,  maire  et  lieutenant  gé- 
néral de  Montbard  ,  fils  de  Jean  Doublet ,  écuyer,  conseiller  au 
grenier  à  sel  de  Montbard ,  et  de  Marie-Reine  Chamereau  ,  elle 
fut  une  des  bienfaitrices  de  l'hôpital  SaintJacques  de  Montbard; 
4»  Pierre-Edme ,  né ,  à  Montbard ,  le  5  avril  4  708  :  après  avoir 
fait  ses  preuves  de  noblesse  devant  Louis-Pierre  d'Hozier,  juge 
d'armes  de  France ,  il  fut  pourvu ,  le  1 2  avril  4  727 ,  de  la  charge 
de  panetier  chez  le  roi  ;  il  servit  en  cette  qualité  à  Versailles 
jusqu'au  34  mars  1753,  et  obtint,  le  4"  avril  suivant,  des 
lettres  d'honneur;  il  épousa,  le  46  mai  4755,  à  Paris,  Marie  de 
La  Roche ,  fille  de  Gabriel  de  La  Roche ,  écuyer,  seigneur  de 
Tormancy,  et  de  Thomasse-Eugénie  de  Biron ,  dont  il  n'eut  pas 
d'enfants;  il  mourut  à  Montbard,  le  34  décembre  4784  ,  secré- 
taire du  roi ,  contrôleur  en  la  chancellerie  près  le  parlement  de 
Dijon;  5<»  Antoinette,  née  le  27  mai  4709,  morte,  le  4  octobre 
4770 ,  à  soixante-deux  ans ,  mariée ,  le  30  décembre  4732 ,  à  son 


(1)  ce  D'or  au  chêne  de  sinople  »  au  sanglier  passant  de  sable  » ,  telles 
sont  les  armoiries  de  cette  famille ,  qui  soit  de  TOrléanais. 

(2)  Doublet  portait  :  «  d'azur  k  un  double  ()  majeur»  enlacé  d'or». 


NOTICE  SUR  LA   FAMHXE   NADAUD.  31 

cousin  FrançoiS'Benjamin  Le  Clerc  de  Buffbn  ,  conseiller  au 
parlement  de  Dijon,  veuf  d'Anne-Christine  Marlin,  mère  du 
grand  BuflFon;  d'où  :  a.  Pierre-Alexandre,  chevalier  de  BuflTon, 
maréchal-de-camp,  mort,  en  4825,  à  quatre-vingt-onze  ans; 
B.  Catherine- Antoinette  de  Buffbn ,  née ,  à  Buifon  ,  le  29  mai 
4746,  morte ,  à  Montbard,  le  24  juin  4832,  à  quatre-vingt-six  ans, 
mariée,  le  24  juillet  4770,  à  son  cousin  Benjamin-Edme 
Nadault  ^es  Bordes. 

XV.  —  Jean  Nadault,  écuyer,  conseiller  du  roi  en  tous  ses 
conseils ,  seigneur  de  La  Berchère ,  Saint-Remy ,  Les  Bordes , 
etc.,  naquit,  à  Montbard,  le  25  octobre  4704  (4).  Le  29  novembre 

4749 ,  il  fut  nommé  maire  perpétuel  et  gouverneur  de  Montbard; 
le  6  août  4730,  il  devint  avocat  général  à  la  chambre  des 
Comptes  de  Dijon ,  oli  il  succéda  à  Regnault  Chevignard  ;  il  fut 
reçu  le  4  4  janvier  suivant.  Il  fut,  dans  cette  charge,  sévère,  mais 
juste ,  et  sa  parole  fut  toujours  écoutée.  Ses  réquisitions ,  étudiées 
et  approfondies ,  jetaient  sur  les  affaires  les  plus  compliquées  et 
les  plus  difficiles  une  lumière  toute  nouvelle.  II  résigna,,  le 
45  mars  4754 ,  en  faveur  de  Jean-François  Morel ,  et  obtînt ,  le 
47  septembre  suivant,  des  lettres  d'honneur;  il  se  livra  alors  à. 
rétude  des  sciences  exactes ,  et  surtout  de  la  chimie.  Un  mé- 
moire sur  les  sels  de  chaux  qu'il  adressa  à  TAcadémie  des 
Sciences  le  fit  recevoir  de  cette  compagnie  le  2  février  4749.  En 

4750 ,  il  fut  élu  membre  de  la  Société  des  Sciences,  Arts  et  Belles- 
Lettres  d'Auxerre;  le  44  décembre  4764 ,  il  entra  à  TAcadémie  de 
Dijon.  Collaborateur  actif  de  la  Collection  Académique ,  il  étudia 
beaucoup  Thistoire  naturelle ,  en  inspira  le  goût  à  Buffon ,  et 
laissa  sur  cette  science  des  travaux  estimés.  Il  mourut,  à 
Montbard ,  le  47  novembre  4779 ,  à  soixante-dix-huit  ans.  Parmi 
ses  écrits,  nous  citerons  :  Essai  sur  la  théorie  des  terres  et  des 
pierres;  —  De  l'Ardoise;  —  De  la  Marne  et  des  Matières iapidifriques; 

—  Observations  anatomiques  sur  V Epicéa ,  le  Sapin  et  le  Pin  sauvage  ; 

—  Mémoires  pour  servir  à  l  histoire  de  la  ville  de  Montbard  j  etc.  Il 
avait  épousé ,  le  22  février  4  739 ,  Jeanne-Louise ,  fille  de  Jacques 
de  Rivière  ,  capitaine  au  régiment  d'Aunay,  tué  devant  Béthune 
le  48  août  4740  ,  et  d'Edmée  Guilleminot;  d'oii  vinrent  :  4»  Pierre- 
François,  né  le  22  novembre  4739,  mort  le  29  mai  4746; 
2«  Jean-Pierre-Edme ,  né  le  27  juillet  4744 ,  mort  le  7  juin  4746  ; 
3*»  Benjamin-Edme ,  qui  suit. 

■ 

(1)  Armoriai  de  la  chambre  des  Comptes  de  Dijon,  p.  540. 


32  NOTICE  SUR  ÎA   FAMILLE   NADAUD. 

XIII.  —  Benjamin-Edme  Nadault  de  BuflFon ,  écuyer,  seigneur 
de  La  Berchère,  Les  Laumes,  Fresnes,  Les  Bordes ,  etc.,  naquit, 
à  Montbard ,  le  22  janvier  «748.  Le  23  mai  1770  ,  il  fut ,  avec 
dispense  d'âge ,  pourvu  de  l'office  de  conseiller  commissaire  aux 
requêtes  du  palais ,  vacant  par  la  promotion  de  Charles-Claude 
d'Evoyo  à  une  charge  de  conseiller.  Il  exerça  jusqu'à  la  sup- 
pression des  cours  souveraines  (1).  Il  se  distingua  dans  la  ma- 
g'istrature  par  les  qualités  qui  font  le  bon  juge  :  la  rectitude  de 
Tentendement,  la  connaissance  du  droit,  Tentente  des  affaires, 
l'application  et  l'étude.  Rentré  dans  la  vie  privée  ,  il  vécut  dans 
la  retraite ,  cultivant  les  lettres  et  les  beaux-arts ,  et  s'adonnant 
même  aux  sciences  physiques  et  mathématiques.  En  4780,  il 
contribua,  comme  élu  des  États  de  Bourgogne,  à  l'acquisition  de 
la  collection  de  plâtres  moulés  sur  l'antique  qui  enrichit  le 
musée  de  Dijon.  11  mourut,  à  Montbard,  le  47  février  4804.  Il 
avait  épousé,  par  contrat  du  24  juillet  4770,  Catherine-Antoi- 
nette, fille  de  Benjamin-François  Le  Clerc  de  Buffon  (2)  et 
d'Antoinette  Nadault ,  «  en  présence  de  :  haut  et  puissant  seigneur 
messire  Charles-Gabriel ,  vicomte  de  La  Rivière  ,  chevalier,  vi- 
comte de  Tonnerre  et  de  Quincy ,  capitaine  de  gendarmes ,  brî- 
gudier  des  armées  du  roi ,  demeurant  au  château  de  Quincy  ; 
messire  Georges-Louis  Le  Clerc ,  chevalier,  seigneur  de  Buffon  , 
La  Mairie  et  autres  lieux ,  intendant  du  Jardin-du-Roi  à  Pqrîs , 
l'un  des  quarante  de  l'Académie  Française,  trésorier  de  l'Aca- 
démie royale  des  Sciences ,  demeurant  ordinairement  à  Paris , 
frère  aîné  et  consanguin  de  la  demoiselle  future  épouse  ;  dom 
Charles-Benjamin  Le  Clerc ,  prieur  de  l'abbaye  du  Petit-CIteaux , 
vicaire  général  dudit  ordre  de  Cîteaux ,  frère  consanguin  de  la- 
dite future  ;  messire  Georges-Louis-Marie  Le  Clerc  de  Buffon  , 
gouverneur  de  la  ville  de  Montbard ,  neveu  de  ladite  future  ; 
mademoiselle  Françoise  de  Rivière,  demeurant  à  Montbard ,  tante 
maternelle  du  seigneur  futur  époux  ;  messire  Pierre  Nadault , 
ancien  chef  de  panneterie,  chez  le  roi,  oncle  paternel  du  sieur 
futur  et  maternel  de  la  demoiselle  future  :  maître  Edme  Babelin . 
avocat  en  parlement ,  conseiller  du  roi ,  syndic  de  la  ville  de 
Montbard  ,  parent  aux  quatrième  et  cinquième  degrés  des  futurs 
époux  ;  maître  Pierre  d' Aubenton  ,  avocat  en  parlement ,  con- 
seiller du  roi ,  maire  et  subdélégué  de  l'intendance  au  départe- 

(1)  Des  Marches,  Parlement  de  Bourgogne,  p.  107. 

(2)  Le  Clerc  porte  :  «  d'argent  li  la  bande  de  grueules  chargée  de  trois 
étoiles  d'argent  ». 


NOTICE  SUR   LA  FAMILLE  NADAUD.  33 

ment  de  ladite  ville ,  parent  ;  maître  GeorgeshLouis  d'Aubenton , 
avocat  en  parlement ,  receveur  au  grenier  à  sel  de  Montbard , 
aussi  parent  ;  maître  François-Xavier  Bréon ,  avocat  en  parle- 
ment ,  demeurant  à  Marmagne  ;  maître  Jean-Baptiste  Bréon 
aussi  avocat  en  parlement ,  demeurant  à  Montbard  ,  et  maître 
Jean-Jacques  Mei^assier,  ancien  officier  de  maréchaussée ,  de- 
meurant en  la  môme  ville ,  aussi  parents ,  ce  dernier  du  chef  de 
dame  Catherine  Bréon  (1)  ». 

De  ce  mariage  vinrent  :  4*»  Jean-Benjamin-François,  né  à 
Buflfon  le  42  juillet  1771,  musicien  assez  distingué  pour  exé- 
cuter seul ,  à  six  ans ,  à  Dijon ,  à  la  Sainte-Chapelle ,  sur  le 
violon ,  un  morceau  d'une  assez  grande  difficulté  ;  abbé  com- 
mendataire  de  plusieurs  abbayes ,  il  se  trouvait,  en  1793 ,  à  la 
bataille  de  Fougères  ;  fait  prisonnier  (13  brumaire),  il  fut  con- 
damné à  mort  et  fusillé  ;  en  tombant ,  il  prononça  ces  paroles 
sublimes  :  a  Citoyens ,  je  suis  neveu  de  Buflfon  I  »  :  il  avait 
vingt-deux  ans  ;  2*»  Jeanne-Louise-Pierrette-Sophie ,  née  à 
Dijon  le  27  décembre  1773,  morte  à  Montbard  le  27  no- 
vembre 1840,  à  soixante-sept  ans;  elle  fut  mariée  trois  fois  :  i.  à 
Jean-Jacques-Henry  de  Mongis  (2),  écuyer ,  ancien  officier  aux 
gardes-françaises  ,  le  2  juin  1793  ;  profitant  des  lois  sur  le  di- 
vorce, elle  s'unit,  le  21  juin  1804,  ii.  à  Michel-Simon  Guiod  (3), 
lieutenant-colonel  des  chasseurs  à  cheval  de  la  garde ,  mort ,  à 
trente-quatre  ans,  le  10  février  1807,  à  la  suite  des  blessures 
reçues,  le  8,  à  la  bataille  d'Eylau;  m.,  le  30  mai  1811,  à 
Claude-Marie  Coulon ,  officier  de  la  Légion-d'Honneur,  chef  de 
bataillon  aux  chasseurs  de  la  garde,  proche  parent  du  duc 
d'Abrantès ,  dont-  elle  n'eut  pas  d'enfants. 

Du  premier  lit  vinrent  :  a.  Jean-Antoine  de  Mongis ,  conseiller 
à  la  cour  impériale  de  Paris ,  officier  de  la  Légion-d'Honneur, 
marié  à  Robertine-Zulma  de  Drouas  (4),  dont  deux  filles ,  épouses 
l'une  du  vicomte  Ëusèbe  de  Brémond  d'Ars ,  et  l'autre  du  comte 

(1)  Be  la  coUection  de  M.  Heniy  Nadault  de  Buffon. 

(2)  Mongis  porte  :  «  d'azur  à  une  demi-fleur  de  lis  d*or  mouvant  à 
dextre  du  bord  de  l'écu ,  k  la  tête  de  licorne  d'argent  hissant  d'une  cou- 
ronne d'or;  au  chef  cousu  d'azur,  chargé  de  trois  étoiles  d'argent  ». 

(3)  Par  cette  alliance,  la  famiUe  Nadault  se  trouve  unie  à  ceUe  du 
célèbre  chansonnier  Gouffé  de  Beauregard.  La  maison  Guiod  porte  :  a  d'or 
au  chevron  de  gueules  chargé  de  trois  étoiles  d'argent  ». 

(4)  Drouas  porte  :  «  d'azur  au  chevron  d'or,  accompagné  de  trois  fers  de 
lance  d'argent;  au  chef  d'or,  chargé  de  trois  molettes  d*éperon  de  sable  ». 

3 


34  NOTICE  SUR   LA  FAMILLE  NADAUD. 

de  Contades-Gizeux  5  B.  Catherine-Palmyre ,  femme,  en  1845,  de 
Louis-François  Delarue ,  docteur  en  médecine  à  Paris.  Du  second 
lit  naquit  Adolphe-Simon  Guiod  ,  général  de  division  et  com- 
mandeur de  la  Légion-d'Honneur.  —  3°  Benjamin-François- 
Georges-Alexandre  ,  qui  suit. 

XIV.  —  Benjamin-François-Georges-Alexandre  Nadault  de 
Buflfon,  écuyer,  naquit,  à  Montbard,  le  23  décembre  4780.  «  Il 
fut  pendant  vingt-huit  ans ,  du  4  février  1824  à  l'année  1852, 
juge-de-paix  du  canton  de  Montbard.  Sans  ambition ,  résistant 
même  à  des  ofiFres  avantageuses ,  il  ne  voulut  jamais  s'éloigner 
de  Montbard.  Ses  concitoyens  lui  surent  gré  de  cet  attachement 
pour  sa  ville  natale ,  —  attachement  bien  rare  aujourd'hui ,  — 
et  lui   en  témoignèrent  leur  reconnaissance  en  l'appelant,  à 

plusieurs  reprises,  à  remplir  des  fonctions  municipales En 

1864,  l'Empereur,  voulant  récompenser  de  longs  et  loyaux  ser- 
vices ,  nomma  M.  Nadault  de  Buffon ,  à  son  insu ,  chevalier  de 
la  Légion-d'Honneur.  Cette  distinction  fut  une  véritable  fête 
pour  tout  le  canton  de  Montbard,  en  même  temps  qu'une  sur- 
prise pour  celui  qui,  l'ayant  si  bien  méritée,  n'avait  pas  songé 
qu'il  dût  jamais  l'obtenir  (1)  ».  Il  mourut,  à  Montbard,  le 
24  décembre  1866.  Il  avait  épousé,  le  22  septembre  1802, 
Agathe-Charlotte ,  fille  de  Jacques-Marie  Petit  de  Cruzil  (2)  et 
d'Agathe-Hélène-Victoire  du  Chesne  de  Bressy,  par  contrat 
reçu  Bernard  et  Guiod ,  notaires ,  en  présence  :  «  du  citoyen 
Charles-François  Petit,  juge  de  paix  du  canton  de  Montbard, 
oncle  paternel  de  Içi  demoiselle  future  épouse  ;  du  citoyen  Pierre 
Leclerc-Buffon ,  oncle  maternel  du  futur  époux ,  et  de  dame 
JEdmée  Fanon,  son  épouse;  du  citoyen  Jean -Baptiste  Pion, 
propriétaire  à  Montbard,  et  de  dame  Marguerite  Daubenton, 
son  épouse,  parente;  de  dame  Pauline-Simone  Guenyot,  épouse 
de  Guiod,  l'un  des  notaires  soussignés;  du  citoyen  Claude- 
Augustin-Barthélemy  Guiod,  vérificateur  des  domaines,  de- 
meurant à  Fontenay,  et  dame  Anne  Guérin ,  son  épouse;  du 
citoyen  Antoine-Louis-Anne  Guiod,  demeurant  à  Montbard, 
tous  ces  derniers  amis;  de  dame  Claire-Ferdinande  Simon, 
épouse  du   citoyen  Charles-François  Petit,  tante  à  la  mode 

(1)  Voir  V  Union  bourguignonne  et  le  Moniteur  de  la  Côte^Or  du  28  dé- 
cembre 1866 ,  où  nous  avons  fait  insérer  quelques  lignes  sorties  d*une 
plume  amie. 

(2)  Petit  de  Cruzil  et  de  Quincy  port€  :  «  d'or  à  la  croix  ancrée  de 
gueules  ». 


NOTICE   SUR   LA  FAMILLE   NADALD.  35 

de  Bourgogne  de  la  future  ;  du  citoyen  Paul-Thibault  de 
BouUeur,  propriétaire  à  Quincy,  et  dame  Philiberte  Petit, 
son  épouse,  cousine  germaine  paternelle;  de  demoiselles  Hélène, 
Elisabeth,  Virginie  et  Georgette  Petit,  toutes  quatre  enfants 
mineures  du  citoyen  Petit  et  cousines  de  la  demoiselle  future  ; 
du  citoyen  Lazare  Queneau ,  demeurant  à  Semur,  parent  ;  des 
citoyens  Henry  Laurenceot ,  sous-inspecteur  de  Tadministration 
forestière  dansTarrondissement  de  Semur;  Humbert  fils,  et  Guiod, 
notaire,  amis  (4)  ».  M"«  Nadault  mourut ,  à  Montbard •  le  24  oc- 
tobre 4828.  Son  mari  s'unit  alors,  le  30  janvier  4830,  à  Ger- 
maine- Philiberte ,  fille  de  Charles-François  Petit  de  Cruzil  de 
Quincy  et  de  Claire-Ferdinande  Simon  de  Calvi ,  veuve  en  pre- 
mières noces  de  Paul-Thibault  de  Montgaudry  de  BouUeur,  dont 
il  n'eut  point  d'enfants.  —  Une  ordonnance  royale  du  20  jan- 
vier 4835  autorisa  la  famille  Nadault  à  s'appeler  à  l'avenir 
Nadault  de  Buflfbn  ,  nom  qu'elle  portait  déjà. 

De  son  premier  mariage  Georges  Nadault  de  BuflFon  eut  : 
4  °  Benjamin-Hippolyte,  qui  suit  ;  2*»  Agathe-Henriette-Joséphîne , 
née,  à  Montbard,  le  47  juin  4809,  mariée,  à  Chaumont ,  le 
22  avril  4834 ,  à  Jean-Baptiste- Auguste ,  écuyer,  fils  de  Jacques 
Fleury  (2)  de  Vergoncey ,  inspecteur  des  domaines ,  et  d'Anne 
Riambourg,  nièce  du  célèbre  président  de  ce  nom  ;  d'où  plusieurs 
enfants. 

XV.  —  Benjamin-Hippolyte  Nadault  de  BuflFon  ,  écuyer, 
naquit,  à  Montbard,  le  2  février  4804.  Entré  à  l'école  Poly- 
technique le  30  octobre  4823 ,  il  devint  aspirant  ingénieur  le 
46  mars  4826,  ingénieur  de  seconde  classe  le  49  janvier  4829, 
chevalier  de  la  Légion-d'Honneur  en  4844,  ingénieur  de  pre- 
mière classe  le  4"  mai  4846,  ingénieur  en  chef  le  8  avril  4854. 
OflScier  de  la  Légion-d'Honneur,  professeur  à  l'école  Impériale, 
membre  de  l'Académie  de  Dijon  le  7  mai  4834,  de  celle  de 
Besançon  le  25  août  suivant ,  membre  de  l'Académie  royale  des 
Sciences  de  Turin  le  7  février  4836,  de  l'Académie  de  Lyon  le 
48  mars  4837,  chevalier  de  l'ordre  de  Léopold  de  Belgique  le 
8  août  4847,  membre  de  la  Société  centrale  d'Agriculture  de  Paris 


(1)  De  la  collection  de  M.  Henry  de  Buffon. 

(2)  Fleury  porte  :  «  de  sinoplo  au  chevron  d'or  au  lis  naturel  en  pointe 
d*argent  ».  A  cette  famille,  alliée  aux  d*Arlay,  Julien  de  La  Boullaye, 
Joly  de  Saint-François,  etc.,  appartient  le  célèbre  général  sénateur  comte 
Fleurv*. 


36  NOTICE  SUR  LA  FAMILLE  NADAUD. 

le  47  janvier  4849,  il  a  publié  un  grand  nombre  d'ouvrages  : 
Cofisidératians  sur  les  trois  systèmes  de  communication  intérieure  au 
vioyen  des  routes ,  des  chemim  de  fer  et  des  canaux  ;  Paris ,  1 829  ;  — 
Description  historique  des  routes  qui  traversent  les  Alpes  et  les  Apennins, 
4833  ;  —  Des  usines  et  des  cours  d'eau,  4840  ;  —  Trailé  historique  et 
pratique  des  irrigations,  4843;  —  Cours  d'agriculture  et  d'hydraulique 
agricole,  4853,  etc.,  etc. 

Benjamin-Hippolyte  de  BuflFon  épousa  ,  le  48  janvier  4830, 
Louise-Stépbanie-Napoléone ,  fille  de  René  Bertrand ,  chevalier^ 
baron  de*Boucheporn ,  chambellan  de  S.  M.  la  reine  Hortense, 
dernier  préfet  du  palais  du  roi   de  Hollande ,  membre   des 
ordres  de  Saint-Louis ,  de  la  Légion-d'Honneur,  du  Mérite  de 
Bavière ,  etc. ,  et  de  Marie  Tinot ,  sous-gouvernante  des  enfants 
de  LL.  MM.  le  roi  Louis  et  la  reine  Hortense ,  parmi  lesquels  se 
trouvait  l'Empereur  Napoléon  III.  M™*  de  BufiFon,  née  à  La  Haye, 
dans  le  palais  môme  du  roi ,  le  40  février  4807,  baptisée  à  Paris , 
le  4"  mai  4814 ,  par  le  cardinal  Fesch,  eut  pour  parrain  Napoléon- 
Louis,  grand-duc  de  Berg,  aujourd'hui  TEmpereur  Napoléon  III , 
et  pour  marraine  S.  A.  I.  et  R.  Stéphanie-Louise-Adrienne-Napo- 
léone ,  grande-duchesse  de  Bade.  Madame  de  Bufifbn  mourut ,  à 
Paris,  le  28  décembre  4847.  Son  mari  se  remaria,  à  Paris,  le 
24  février  4859,  à  Henriette-Elisabeth  du  Chesne  de  Bressy,  fille 
de  Théodore-Magloire  du  Chesne  de  Bressy,  écuyer,  et  de  Cathe- 
rine Reynold ,  dont  il  n'a  point  d'enfants. 

Du  premier  lit  vinrent  :  4  •  Alexandre-Henry ,  qui  suit  ; 
2**  Renée-Louise-Elisabeth  ,  née ,  à  Chaumont ,  le  4  9  no- 
vembre 4834,  mariée,  à  Thiais,  le  49  septembre  4854,  par 
Monseigneur  de  Saint-Dié ,  à  Honoré-Aloïs  Peting  de  Vaulgre- 
nant,  fils  de  Félix  Peting  de  Vaulgrenant  et  de  Marie-Marguerite- 
Octavie  Caverot. 

XVL  —  Alexandre-Henry  Nadault  de  Bufifbn ,  écuyer,  l'un 
des  hommes  les  plus  aimables  et  les  plus  instruits  que  je  con- 
naisse ,  et  à  Tobligeance  duquel  je  dois  une  partie  des  rensei- 
gnements qui  composent  cette  notice,  est  né ,  le  46  juin  4834 ,  à 
Chaumont ,  oii  son  père  était  ingénieur.  Il  fit  ses  études  au  lycée 
Descartes ,  à  Paris.  Le  23  juin  f  848 ,  il  combattit  comme  volon- 
taire dans  les  rangs  de  la  4  0'  légion ,  reçut  un  coup  de  feu  à  la 
jambe  sur  la  place  du  Pont-Saint-Michel ,  fut  blessé  à  l'assaut 
des  magasins  dits  des  Deux-Pierrots ,  et  reçut  une  troisième 
blessure  le  lendemain  dans  la  rue  Saint-Jacques.  Sa  belle  con- 
duite lui  valut  (3  mai  4849]  la  croix  de  la  Légion-d'Honneur. 


NOTICB  SUR  LA   FAMILLE   NADAUD.  37 

Le  42  janvier  4866,  Henry  de  BuflFon  fut  nommé  substitut 
du  procureur  impérial,  à  Valognes;  le  27  mai  4857,  il  passa 
à  Chalon-sur-Saône,  chef-lieu  d'assises,  etc.;  le  20  août  4863, 
il  devint  substitut  du  procureur  général  à  Rennes ,  et ,  en 
août  4867,  avocat  général. 

Membre  de  la  conférence  Mole  (25  avril  4854),  de  la  Société 
Zoologique  d'Acclimatation  (49  août  4854),  président  d'honneur 
des  Sauveteurs  de  Saône-et-Loire ,  membre  titulaire  de  la  Société 
des  Sauveteurs  de  la  Seine ,  de  l'Académie  de  Dijon ,  de  la  Société 
d'Histoire  et  d'Archéologie  du  Limousin ,  de  la  Commission  des 
Antiquités  de  la  Côte-d'Or,  etc. ,  etc. 

Chevalier  des  SS.-Maurice-et-Lazare  d'Italie  le  4"  juin  4860, 
il  reçut,  le  4  4  juillet  4862 ,  la  croix  de  l'ordre  de  Saint-Grégoire- 
le-Graud,  et,  le  22  juillet  4863,  celle  de  Tordre  d'Isabelle-la- 
Catholique. 

On  a  de  M.  de  Bufibn  :  Des  donations  ayant  le  mariage  pour 
effet;  —  Observations  critiques  sur  la  loi  du  30  juin  4838 ,  concernant 
les  aliénés,  4852;  —  Une  question  de  liberté,  4865;  -r-  Montbard  et 
Buffon;  —  Buffon  et  Jean  NadatUt;  —  Les  musées  italiens,  4866  ;  — 
Une  épisode  de  la  vie  militaire  de  Frédéric  II;  —  Le  magistrat;  — 
Rome  antique  dans  Rome  moderne  ;  —  Vie  de  Buffon;  —  L'éducation  de 
la  première  enfance,  4863;  —  Correspondance  inédite  de  Buffon,  4860  ; 
—  Buffon,  sa  famiUe ,  ses  cdlaboraleurs  et  ses  familiers,  4 862  ;  —  Du 
luxe,  4867,  etc. 

Alexandre-Henry  Nadault  de  Buffon  a  épousé,  par  Contrat 
passé  au  château  de  La  Missandière  près  Lorris ,  le  26  oc- 
tobre 4884,  Marîe-Berthe- Adélaïde,  fille  d'Armand-Frédéric  de 
La  Salle ,  conservateur  des  hypothèques  h  Chalon-sur-Saône ,  et 
de  Françoise- Adélaïde  Garnier,  en  présence,  entre  autrfes,  de 
Monseigneur  Louis-Marie  Caverot ,  évêque  de  Saint-Dié ,  qui 
célébra  la  cérmonie  religieuse  ;  de  M.  René  de  Sampigny,  sous- 
préfet  de  Bomorantin ,  et  de  M.  Anatole  Chopin ,  vice-président 
du  tribunal  de  Chalon-sur-Saône.  De  ce  mariage  il  n'est  pas 
encore  né  d'enfants. 

IX.  —  Jean  Nadault  ou  Nadaud ,  écuyer,-  deuxième  fils  de 
George&-Louis  et  d'Anne  de  Coustin  du  Mas-Nadaud  d'Ankesse , 
fut  conseiller  du  roi  et  vice-sénéchal  d' Agenois ,  Condommois  et 
Gascogne  (4)  ;  il  vivait  à  Limoges  en  4570.  Il  épousa  Marine- 
Ci)  D*HoziEii,  Armoriai  de  la  Qénéraliié  du  Limousin,  h  la  Bibliothèque 
impériale,  pour  le  blason  de  cette  famiUe. 


38  NOTICE  SUR   LA   FAMILLE   NADAUD. 

Marie,  fille  de  Léonard  Jude,  conseiller  du  roi  (1),  juge-sénéchal 
de  Champaigfnat ,  dont  il  eut  :  4  ""  Gilette  ,  mariée  à  Jacques 
Buisson,  gentilhomme  du  Bas -Limousin;  2°  Marie,  femme  de 
Pierre  de  GauUon ,  écuyer,  seigneur  de  Villeneuve ,  du  Cou- 
dran;  3°  Edmée,  supérieure  à  Saint-Junien  (2);  4*»  Joseph,  con- 
seiller à  Limoges  en  1 673  et  4  693 ,  dont  le  petit-fils  mourut  en  1779 
sans  postérité  ;  5°  Pierre ,  qui  suit  ;  6*»  Jacques  ,  qui  fit  branche. 

X.  —  Pierre ,  écuyer ,  seigneur  des  Tillettes ,  fut  consul  à  Li- 
moges en  \  656  (3).  Il  laissa  :  1<»  Pierre ,  qui  suit  ;  2"  Sylvain ,  qui 
fit  branche  ;  3®  Sylvîne  ,  mariée  à  Claude  Brunecire ,  écuyer,  sei- 
gneur de  La  Pimpalière;  4*»  Biaise,  écuyer,  seigneur  desEscures, 
qui ,  en  \  669  ,  reprit  Escures  de  fief  (4) ,  et  fut  père  de  Pierre  ,qui 
reprit ,  en  1721 ,  le  moulin  de  Lautrect  (5);  5*»  Claude,  seigneur 
de  La  Robierre ,  époux  de  noble  Gabrielle  Magistry  et  père  de 
Martial ,  seigneur  des  Coûts  ;  6"  Jean-Pierre ,  qui  fit  branche. 

XI.  —  Pierre,  écuyer,  fut  conseiller  à  Limoges  ;  il  laissa  :  1» 
Martial ,  dont  le  petit-fils  Jacques ,  maire  de  Limoges  en  4792 , 
fut  empoisonné  aux  Antilles  avec  tous  ses  enfants  ;  2«  Joseph , 
dit  Tabbé  Nadaud,  né,  à  Limoges,  le  43  mars  4742,  mort  le  5  oc- 
tobre 4775,  à  soixante-six  ans  (6).  Travailleur  infatigable,  il 
s'est  occupé  avec  succès  d'archéologie ,  de  généalogie  et  d'éco- 
nomie politique.  Le  P.  Le  Long  a  donné  la  liste  de  ses  principaux 
ouvrages  :  nous  y  renvoyons.  Citons  cependant  une  remarquable 
Histoire  du  Limousin,  et  rappelons  que  son  Nobiliaire  du  Limousin 
est  publié  par  la  Société  Archéologique  du  Limousin.  3*»  Philippe, 
qui  suit;  4°  Léonard,  né,  à  Limoges,  le  3  juillet  4744,  Tune  des 
gloires  des  Jacobins  ;  habile  paléographe  et  paléontologue ,  il  fut 
archiviste  de  Tévêché  de  Limoges,  prieur  de  son  ordre ,  etc.;  il 
mourut,  au  Chatenetj  en  4764. 

XII.  —  Philippe ,  écuyer,  consul  à  Limoges  en  4782 ,  royaliste 
ardent,  mort  des  chagrins  que  lui  causaient  les  malheurs  de  son 
pays ,  laissa  :  4  *»  Léonard ,  qui  suit  ;  2<>  Jacques ,  secrétaire  gé- 


(1)  RoUe  de  la  montre  d*armes  de  1603,  ap.  Bibliothèque  impériale, 
cabinet  des  Manuscrits  :  trésor  généalogique, 

(2)  Oalliachristiana. 

(3)  Registres  consulaires  de  1656. 

(4)  Archives  du  Limousin ,  à  Limoges. 

(5)  Id.,  iàid. 

(6)  Biographie  miverseUe  de  Michaud  ;  NowoeUe  Biographie  générale  de 
Bidot ,  etc. 


NOTICE   SUR   LA   FAMILLE   NADAUD.  39 

néral  de  Tintendance  de  Limoges  sous  Turgot,  décédé,  en  4806, 
intendant  militaire,  père  de  Sophie,  morte,  en  1853,  sans  alliance  ; 
3"  Valérie,  épouse,  le  25  janvier  1774,  de  Martial  du  Boys,  écuyer, 
seigneur  de  L'Anneau;  4®  Paule,  femme,  le  3  février  4778, 
de  Jean-Baptiste-Paul  du  Boys ,  écuyer,  mère  de  quinze  enfants. 
Marie  Du  Boys,  sa  petite-fille,  a  épousé,  en  4863,  Julien,  fils 
d'Henry-Auguste-Georges  du  Vergié ,  chevalier,  marquis  de  La 
Rochejaquelin ,  sénateur. 

XIII.  —  Léonard  ,  écuyer,  commandant  de  la  garde  nationale 
de  Limoges ,  emprisonné  comme  royaliste  sous  la  Révolution , 
marié  :  4*»  à  Sophie,  fille  de  N...  Sénémaud,  écuyer,  d'une  an- 
cienne famille  d'Angoumois  ;  2*»  à  Rose,  fille  de  Léonard  Brunîer, 
écuyer,  et  de  Marguerite  Bourdeau,  morte  le  46  juillet  4841. 
Du  premier  lit  vinrent  :  4"  Philippine,  épouse  de  Joseph  Gury, 
capitaine  de  cavalerie ,  officier  de  la  Légion-d'Honneur  ;  2"  Jean- 
Baptiste  ,  qui  suit  ;  —  du  second  lit  naquirent  :  3®  Marguerite- 
Fanny,  femme ,  en  4843,  de  Charles-Antoine  Marbotin ,  écuyer, 
issu  d'une  antique  maison  de  Guienne;  4®  Horace-Léon-Léonard, 
qui  suivra. 

XIV.  —  Jean-Baptiste ,  mort ,  à  Paris  ,  le  25  décembre  4846 , 
fut  président  de  la  chambre  consultative  des  manufactures  et 
maire  de  la  ville  de  Roubaix  ;  il  ne  laissa  qu'un  fils ,  Gustave , 
qui  suit. 

XV.  —  Gustave,  écuyer,  est  né  à  Roubaix  (Nord),  le  20  fé- 
vrier 4  820  ;  il  s'est  fait  une  grande  renommée  par  ses  vers  cou- 
lants et  faciles.  Ses  chansons  sont  pleines  de  verve  et  d'entrain , 
et  rappellent  celles  de  notre  grand  Béranger.  Citons  seulement 
V Ivresse,  le  docteur  Grégoire,  Bonhomie,  le  Quartier  latin,  V In- 
somnie, etc. 

XIV.  —  Horace-Léon-Léonard ,  écuyer,  naquit ,  à  Limoges ,  le 
42  mars  4794.  Procureur  général  à  Montpellier  (24  octobre 
4838),  procureur  général  à  Grenoble  (47  septembre  4839),  premier- 
président  de  cette  dernière  cour  (7  août  4843),  il  était  proposé 
pour  la  pairie  lorsque  arriva  la  révolution  de  février  :  il  donna  sa 
démission.  Membre  du  conseil  général  de  l'Isère ,  de  la  Société 
d'Histoire  de  France ,  de  la  Société  Archéologique  de  Grenoble , 
de  la  Société  Statistique  de  l'Isère ,  etc.,  il  avait  épousé ,  le  48  fé- 
vrier 4835,  Philippine  Nugues,  d'une  très-ancienne  famille, 
décédée,  au  château  de  Charvieux,  le  44  mars  4865,  à  soixante- 
sept  ans  (4  ) ,  laissant  Antoine-Léonard-Marie-Théodore ,  qui  suit. 

(1)  Horace-Léon-Léonard  est  mort  en  1867. 


40  NOTICE  SUR  LA   FAMILLE   NADAUD. 

XV.  —  Antoine -Léonard-Marîe-Théodore ,  écuyer,  est  né 
le  47  septembre  4836.  Il  est  aujourd'hui  lieutenant  de  louveterie, 
et  a  épousé,  le  7*  mai  4862,  Marie,  fille  d^Adolphe  Petiot  (4),  maire 
de  Louhans  (Saône-et-Loîre) ,  chevalier  de  la  Légion-d'Hpn- 
neur,  d'une  ancienne  maison  qui  a  fourni  un  député  aux  États 
de  4789,  un  maire  de  Chalon ,  un  député  de  Saône-et-Loire  ; 
d'oîi  :  4  •  Paule-Marie-Louise  ,  née  le  4  5  novembre  4  863  ; 
2"  Léonard-Louîs-André  ,  qui  suit. 

XVI.  —  Léonard-Louis- André ,  écuyer,  est  né  le  44  août  4864. 

X.  —  Jacques  Nadaud  ou  Nadau ,  écuyer,  seigneur  de  Saint- 
Armand-de-Blouval  et  du  Treil ,  fut  consul  à  La  Rochelle 
en  4659,  et  mourut  en  4685  (2);  il  avait  épousé  :  4*  Jeanne, 
fille  de  Jean  Ber,  écuyer  ;  2'»  Madeleine  de  Poix.  Du  premier  lit 
vinrent  :  4  •  Marie ,  épouse  de  Pierre-Albert  de  Gaallon ,  écuyer, 
seigneur  de  Villeneuve  ;  2®  François ,  qui  suit  ;  S'»  Madeleine , 
femme  de  Nicolas  Le  Carlier  de  Litorîère  ;  4*  Jacques-Claude , 
seigneur  de  Boisdable,  marié  à  Marie,  fille  de  N...  Thibaut, 
écuyer  ;  5*»  Emmanuel ,  qui  suivra  ;  du  second  lit  naquirent  ; 
6**  Etienne ,  chanoine  de  La  Rochelle ,  prieur  de  Saint-Sigîs- 
mond  ;  7"  Louise ,  épouse  de  Jean  Gandin  ,  écuyer,  seigneur  de 
Lafarque  ;  8«  Jeanne ,  femme  de  noble  Simon  Petit ,  écuyer, 
commissaire  de  la  Marine  ;  9*"  Françoise ,  épouse  de  François  de 
Clinchamp ,  chevalier,  seigneur  de  Franchevilliers  ;  40«  Au- 
guste ,  écuyer ,  seigneur  de  Saint-Armand ,  marié  à  Françoise 
de  Bosredon  de  Chalus. 

XI.  —  François,  écuyer,  laissa  :  4«»  Joseph-Jérôme ,  écuyer, 
dont  le  fils  unique  ,  François  de  La  Richebaudiëre ,  est  décédé , 
en  4  865 ,  sans  alliance ,  lieutenant-colonel  du  génie  et  officier 
de  la  Légion-d'Honneur  ;  2°  Daniel ,  qui  n*eut  qu'une  fille, 
Marie-Anne ,  qui  épousa  Jean-Baptiste  Griffon  des  Rivières. 

XI.  —  Emmanuel ,  écuyer,  seigneur  de  Saint- Armand-du- 
Treil ,  servit  en  Amérique  comme  capitaine  d'infanterie ,  et 
laissa  :  4''  Léonard,  qui  suit;  2''  Guillaume,  époux,  en  4683,  de 
Marie  Boucherie,  mort  sans  postérité. 

XII.  —  Léonard,  écuyer,  capitaine  de  la  citadelle  d'Oléron  , 
mourut  le  3  juillet  4740,  laissant  :  Charles-François-Emmanuel , 
qui  suit. 

(1)  La  famille  Petiot  porte  :  «  d*argent  à  une  fourmi  de  sable  ». 

(2)  Archives  de  La  Rochelle  »  où  ont  été  pris  les  documents  qui  ont  servi 
à  composer  la  généalogie  de  cette  branche. 


NOTICE   SUR  LA   FAMILLE  NADAUD.  41 

XIII.  —  Charles-Françoîs-Emmanuel ,  écuyer,  chevalier  de 
Saint-Louis ,  gouverneur  de  la  Guadeloupe ,  est  célèbre  par 
son  héroïque  défense  de  Tîle  contre  les  Anglais.  Né ,  en  4704,  à 
la  Grande-Terre,  il  épousa  Charlotte-Victoire  de  Vernou  de 
Bonneval ,  nièce  du  cardinal  de  Noailles ,  et  mourut  en  4787.  Il 
laissait  :  4  *»  Nadille ,  mariée  à  Nicolas-Etienne-Xavier  de  Bos- 
redon,  son  cousin;  2°  Adélaïde-Alexandrîne,  femme,  en  4773,  de 
Charles-Nicolas ,  Chevalier,  comte  de  Bragelongne  ,  officier  su- 
périeur (4)  ;  3«  Gabriel-Emmanuel,  qui  suit. 

XIV.  —  Gabriel-Emmanuel ,  écuyer,  seigneur  du  Treil ,  laissa 
Alexandre ,  qui  suit. 

XV.  —  Alexandre  du  Treil ,  écuyer,  épousa  Gabrielle-Marîe- 
Charlotte  Cherot  de  La  Folinière,  dont  il  eut  :  1*»  Stéphanie, 
mariée  à  Joseph  Cherot  du  Maine;  2«  Louis-Charles-Désiré- 
Alexandre  ,  époux  d'Euphrosia  David  et  père  de  six  filles  et  deux 
fils  ;  3°  Adéline ,  femme  de  François- Arthur  Martenot  ;  4^  Aurélie- 
Charlotte-Constance ,  épouse  d'Edouard  Ledet  de  Segray,  écuyer; 
5**  Charles- Alexandre-Edouard .  qui  suit;  6"Elisa,  qui  s'unît  à 
Joseph  des  Mortiers ,  puis  à  Abel  Jarroux. 

XVI.  —  Charles-Alexandre-Edouard  Nadaud  du  Treil ,  écuyer, 
né  en  4849,  mourut,  en  4859,  sans  postérité  de  Rosa  David,  sa 
première  femme.  Il  eut  de  Charlotte-Eline  Cherot  du  Maine 
une  fille  unique ,  Charlotte-Alexandrine-Louise-Marie-Elisa 
Nadaud  du  Treil,  née,  en  4856,  au  château  de  Toignan  (Gironde). 

XL  —  Sylvain  Nadaud,  écuyer,  seigneur  de  Bois- Noir, 
deuxième  fils  de  Pierre  Nadaud  des  Tillettes  ,  alla  ,  vers  4  680 , 
s'établir  en  Amérique.  Il  laissa  Martial ,  qui  suit. 

XII.  —  Martial ,  écuyer,  seigneur  des  Islets ,  gouverneur  du 
Canada  sous  Louis  XIV  (2) ,  fut  seigneur  suzerain  de  plusieurs 
îles  ou  islets ,  et  mourut  à  la  Guadeloupe ,  laissant  François- 
Joseph  ,  qui  suit. 

XIII.  —  François-Joseph  des  Islets ,  écuyer,  mourut  en  4793 , 
dans  une  rencontre  avec  les  nègres  révoltés.  Il  laissait  :  4*»  Atha- 
nase  ,  mort  à  dix-sept  ans;  2°  Nadille,  mariée  à  noble  Joseph 
Merlande;  3*  Marc,  né  à  la  Basse-Terre  en  4794,  officier  de 
la  Légion-d'Honneur,  lieutenant-colonel  du  génie,  mort,  h  Paris, 


(1)  Le  comte  de  Bragelonerne  était  le  frère  de  NîcolaeK  Pierre-Etienne 
vicomte  de  Bragelong'ne,  marié-  k  Anne-Geneviève  Marie  d^Aviffneau, 
proche  parente  du  célèbre  aTocat  et  député  Marie. 

(2)  Archives  du  ministère  de  la  marine ,  à  Paris  :  section  du  Canada. 


42  NOTICE  SUR  LA  FAMILLE   NADAUD. 

le  8  février  4844,  à  cinquante  ans ,  ne  laissant  qu'un  fils  Stephen- 
Ârmand-Léon ,  né  le  27  octobre  1840 ,  attaché  au  ministère  des 
finances  ;  4*»  Etienne-François ,  qui  suit. 

XIV.  —  Etienne-François,  né  en  1786,  mourut  à  la  Guade- 
loupe le  3  août  1840,  à  cinquante-quatre  ans,  commissaire  de 
la  marine,  marié  à  Marie-Anne  Cunier;  d'où  1*  Etienne-Louis  , 
qui  suit;  2**  Nadille-Marie ,  née  en  1825,  mariée,  en  1845,  à 
Aleicandre-Hippolyte  Pitou-Bressant ,  capitaine  d'artillerie  de 
marine;  S'»  Marie-Augustine-Hortense ,  née  en  1830 ,  mariée,  en 
1 855 ,  à  Yvan  Viot ,  proche  parent  du  célèbre  peintre  de  ce  nom. 

XV.  —  Etienne-Louis  des  Islets  naquit ,  à  la  Basse-Terre ,  le 
27  septembre  1 821 ,  et  mourut  le  4  avril  1 862 ,  à  quarante-un 
ans.  11  épousa,  le  22  janvier .1855,  Delphine  du  Château ,  dont 

I  •  Louis-François-Georges  ,  né,  à  Paris,  le.  31  octobre  1861, 
mort  le  14  mai  1865;  2*  Marie-Delphine-Léonce,  née,  à  Paris,  le 
31  janvier  1857. 

XL  —  Jean-Pierre  Nadaud,  écuyer,  seigneur  de  Vallette, 
Saint-Sigismond  et  Sainte-Lizaigne  (1695),  frère  cadet  de  Sylvain 
Nadaud  des  Islets ,  tenait  de  sa  femme  des  droits  féodaux  sur  la 
moitié  de  la  dîme  de  l'aunage  de  la  province  de  Lizeroy  près 
Issoudun  en  Berry ,  où  il  se  fixa  ;  il  avait  épousé  Françoise ,  fille 
de  Pierre  Barathon ,  écuyer,  dont  il  eut  :  1®  Anne,  qui  com- 
parut, en  1718  et  1720,  pour  l'exercice  de  ses  droits  seigneuriaux 
sur  la  paroisse  de  Lezeroy,  droits  qu'elle  tenait  de  sa  mère  (1)  ; 
2*»  Claude ,  qui  suit. 

XIL  —  Claude  de  Vallette,  écuyer,  seigneur  dudit  lieu,  épousa, 
à  Issoudun ,  Marie-Julie  de  La  Châtre ,  nièce  du  maréchal  de 
France,  d'oii  :  1**  Jacques,  qui  suit;  2*»  François,  chanoine  d'Is- 
soudun ,  qui  fit  graver  ses  armes  (2]  à  la  voûte  d'une  chapelle  de 
l'église  paroissiale  de  cette  ville;  en  1737,  il  prit  l'habit  de 
Saint-Benoît ,  et  fut  moine  à  Cîteaux  en  Bourgogne. 

XIII.  —  Jacques  de  Vallette,  écuyer,  épousa,  à  Lignières,  le 

II  janvier  1763,  Marie-Renée  Cuisinier,  fille  d'un  receveur 
général  des  fermes  du  roi ,  qualifié  de  noble  homme  dans  tous 
les  actes  oii  il  figure  ;  d'oii  Claude-François  René ,  qui  suit. 

XIV.  —  Claude-François  René  de  Vallette ,  écuyer,  naquit,  à 


(1)  Archives  du  Berry,  à  Bourges. 

(2)  «c  D*argent  au  chevron  de  gueules  accompagné  de  deux  étoiles  d'or 
en  chef  et  d'un  croissant  de  même  en  pointe ,  surmonté  d'une  merlette  de 
sable  ». 


NOTICE   SUR   LA   FAMILLE   NADAUD.  43 

Lignières ,  le  13  février  1764 ,  se  maria ,  à  Bourges  ,  à  Marie- 
Victoire-Pierrette  Augier,  sœur  du  célèbre  général  baron  Augier, 
morte  le  20  brumaire  an  XL  René  de  Vallette  mourut  le  6  juin 
1812,  laissant  :  1°  Marie-Lucile-Pierrette  née,  à  Lignières,  le 
6  mai  1792,  mariée,  le  25  mars  1810,  à  François  du  Val;  2°  Guil- 
laume ,  qui  suit. 

XV.  —  Guillaume  de  Vallette ,  écuyer,  né ,  à  Lignières ,  le 
27  avril  1790  ,  marié,  à  Bourges,  à  M"«  Rossignol  de  La  Rorède; 
d'où  :  1*»  Léon-César,  qui  suit;  2*»  François-Ernest,  propriétaire 
au  castel  de  Savigny-en-Septamie  près  Bourges ,  sans  alliance. 

XVI.  —  Léon-C^ar  Nadaud,  écuyer,  marquis  de  Vallette 
par  suite  d'une  concession  de  Léopold  II ,  grand-duc  de  Toscane , 
est  mort ,  le  9  avril  1 862 ,  receveur  des  finances  à  Louviers.  Il 
avait  épousé,  le  18  juin  1848,  Gabrielle-Diane ,  fille  de  N...  du 
Lieur,  comte  de  L'Aubespin ,  et  de  Louise  Perrin  de  Précy.  La 
comtesse  de  L'Aubespin  est  fille  de  Louis-François  Perrin,  écuyer, 
comte  de  Précy,  si  connu  par  la  défense  héroïque  de  Lyon  contre 
les  armées  de  la  Convention ,  et  de  Jeanne-Marie  de  Chevannes 
de  Beaugrand.  C'est  à  l'occasion  de  ce  mariage  que  Léon  de  Val- 
lette reçut  le  titre  héréditaire  de  marquis.  Il  n'a  laissé  qu'une 
fille,  Jeanne -Louise,  née  le  2^  avril  1852 ,  filleule  du  duc  de 
Persigny. 

Albert  ALBRIER, 

De  U  Socidtd  Archéologique  et  Historique  du  Limousin ,  etc. 


NOTES 


SUR 


QUELQUES  VITRAUX  ANCIENS. 


I. 


Le  but  de  notre  Société  Archéologique  est  «  la  recherche  et 
la  description  des  monuments  de  la  province  o  (I)  :  je  crois 
travailler  à  ce  but  en  offrant  au  musée  un  panneau  d'un  vitrail 
du  XV*  siècle ,  et  en  l'accompagnant  de  quelques  notes  des- 
criptives. 

L'art  du  peintre-verrier,  qui  sert  surtout  à  instruire  le 
vulgaire  en  flattant  agréablement  sa  vue,  de  maierialibus  ad 
immateriaUa  exdtaTis  (2) ,  a  longtemps  fleuri  en  Limousin ,  d'oii 
il  tire  probablement  son  origine.  Il  a  couvert  de  ses  produits 
lumineux  les  vastes  baies  de  nos  cathédrales  et  les  humbles 
ouvertures  des  églises  de  campagne.  Dans  les  unes  comme 
dans  les  autres ,  il  reste  des  débris  qu'il  est  bon  de  conserver  ; 
et,  si  un  jour  le  temps  ou  quelque  autre  cause  les  font  dis- 
paraître, notre  Bulletin  est  destiné  à  redire  leur  nombre  et 
leur  beauté. 

Déjà  M.  Texier,  en  écrivant  son  Histoire  de  la  peinture  sur 
verre  en  Limousin,  a  fait  la  partie  la  plus  difficile  de  ce  travail. 
C'est  dans  cette  histoire  qu'il  nous  signale  et  décrit  une  des 
grandes  verrières  de  Saint -Michel -des -Lions,    exécutée    au 

(1)  Règlement  de  la  Soc.  Arch.  :  Bull.,  T.  !•',  p.  14. 

(2)  Descript,  des  vitraux  de  St-Denis ,  par  Tabbé  Sugkb. 


NOTES  SUR  QUELQUES   VITRAUX  ANCIENS.  45 

xv«  siècle ,  et  placée  au-dessus  de  Tautel  dédié  à  saint  Martial. 
Elle  représente ,  éparses  dans  vingt-et-un  panneaux ,  autant  de 
scènes  de  la  vie  de  saint  Jean-Baptiste.  Six  de  ces  tableaux  sont 
aujourd'hui  murés  en  briques.  Celui  qui  nous  occupe  était  le 
onzième  :  il  était  composé  de  sept  personnages.  L'artiste  voulait 
traduire  ce  passage  de  TÉvangile  de  saint  Jean  :  Quando  mi- 
serunt  Judœi  ab  Jerosolymis  sacerdottis  et  kvitns  ad  eum  ut  inter" 
rogarent  eum  :   a   Tu  quis  es  ?  r>  (cap.   !•',  vers.  49)  ;  et  pour 
cela ,  sur  un  fond  rouge ,  il  a  représenté  saint  Jean  tenant  sur  ' 
le  bras  gauche  Tagneau  symbolique  au  nimbe  crucifère ,  porté 
sur  le  livre  de  Tancienne   loi..  Devant  lui   des  personnages 
richement  vêtus  et  à  cheval  figurent  les  prêtres  et  les  lévites 
venus  dans  le  désert  pour  l'interroger.  Cette  scène ,  faite  pour 
être  vue  de  loin ,  ne  perd  rien  à  être  examinée  de  près  :  c'est 
un  des  caractères  des  vitraux  du  xv  siècle,  époque  où  Ton 
poussa  même  trop  loin  la  correction  et  la  finesse  du  dessin.  La 
manière  aisée  avec  laquelle  les  personnages  sont  rendus  prouve 
que  Tartiste  n'était  pas  à  son  coup  d'essai.  M.  Texier  en  a 
donné  une  reproduction ,  et  c'est  de  lui  que  j'en  tiens  l'ori- 
ginal. J'ignore  comment  il  est  descendu  de  la  verrière  dont  il 
faisait  partie;  mais,  en  l'offrant  au  musée,  j'espère  le  mettre 
à  l'abri  de  toute  destruction. 


II. 


Saint-Pîerre-du-Queyroîx  possédait  aussi  de  grandes  verrières 
exécutées  au  xvi«  siècle.  Toutes  ces  belles  pages ,  à  l'exception 
d'une  seule ,  sont  détruites.  Il  ne  nous  reste  rien  des  armoiries 
qui  les  accompagnaient.  Aussi ,  les  ayant  retrouvées  dans  un 
manuscrit  de  la  Bibliothèque  impériale  (4),  je  les  reproduis 
ici  :  plusieurs  familles  de  Limoges  y  trouveront  les  preuves  de 
la  pieuse  générosité  de  leurs  ancêtres. 

Au  vitrail  qui  était  derrière  le  grand  autel  étaient  les  armes 
suivantes  : 

1»  De  sinople  au  lion  d'or,  avec  une  bordure  de  gueules  chargée  de 
H  besans  â*or. 

29  Bandé  de  gueules  et  d*azur  de  6  pièces,  avec  un  quintefeuille 
4l'argent  en  cœur;  au  chef  de  même  ehargé  de  3  fleurs  de  lis  d*azur. 

(l)  Biblioth.  imp.,  Mti.  :  aeet.  Franc,  n»  6034 .  fol.  148. 


46  NOTES  SUR  QUELQUES   VITRAUX   ANCIENS. 

3»  D*argent  au  lion  de  gueules  à  la  bande  bronchant  d^azur  ;  a  la  bordure 
de  même  chargée  de  14  besans  d*argent. 

4«  D*azur  au  château  d*or. 

5»  Ëcartelé  :  au  l«r  et  4«  d'azur  à  8  maillés  d'argent;  huH*  et  3*  de 
gueules  à  8  fleurs  de  lis  d'or. 

6»  D^argent  à  la  fasce  d'azur,  accompagnée  de  3  besans  d'or  en  chef  et 
d'un  lion  passant  de  gueules  en  pointe ,  à  la  bordure  d'azur. 

>  D'azur  au  sautoir  engreslé  d'or  accompagné  de  4  croisettes  tréflées 
de  même. 

8»  De  vair  au  chef  d'or. 

9«  De  sinople  à  trois  lions  passants  l'un  sur  l'autre  d'or. 

10«  De  gueules  k  la  muraille  ouverte  de  deux  portes  et  surmontée  de 
deux  tourelles  de 

Il»  D'azur  à  10  couronnes  royales  d'or,  4, 8,  2  et  1  (ou  mieux  10  besans). 

12»  D'argent  à  13  roses  de  gueules ,  4,  4,  3  et  2. 

13»  Une  croix  d'argent ,  cantonnée  au  l«r  et  4*  d'azur,  k  la  pomme  de 
pin  d'or  ;  au  2«  et  3«  de  gueules ,  à  l'aigle  éployée  d'argent. 

14»  D'argent  li  2  chevrons  de  gueules  accoUés  de  trois  roses  de  même , 
2etl. 

15»  De  gueules  à  une  merlette  d'argent. 

16»  D'azur  au  chevron  d'or  accompagné  de  trois  cheses  d'argent  cou- 
ronnées d'un  bout  de  vestem  de  gueules  ;  k  la  bordure  engreslée  d'or. 

17»  D'azur  au  chevron  d'argent  accompagné  de  trois  mains  dressées  de 
même ,  las  deux  derniers  doigts  fermés ,  et  le  bout  du  poignet  de 
gueules. 

18o  D'azur  à  trois  lions  passants  l'un  sur  l'autre  d'or,  à  la  bordure  de 
gueules  chargée  de  11  besans  d'argent. 

19o  D'azur  au  chevron  d'argent ,  accompagné  d'une  étoile  de  huit  rais 
de en  pointe,  au  chef  d'or  chargé  de  trois  coquilles  de  sable. 

20»  D'argent  au  lion  de  gueules ,  et  une  bordure  d'azur  chargée  de 
14  besans  d'or. 

Les  armes  suivantes  étaient  rangées ,  au  nombre  de  dix-huit , 
au  bas  du  vitrail  qui  occupe  la  fenêtre  à  droite  du  grand 
autel  : 

21»  D'azur  k  trois  coqs  d'argent ,  2  et  1. 

22°  De  sinople  k  trois  lions  passants  l'un  sur  l'autre  d'or. 

23»  D'or  k  un  arbre  de  sinople ,  sur  ime  terrasse  de  même  ;  k  la  bordure 
de  gueules  chargée  en  chef  d'une  rose  d'or  et  de  11  besans  en  or  de 
même. 

24»  D'azur  au  chevron  d'argent  accompagné  de  trois  mains  dressées  de 
même ,  les  deux  demierè  doigts  fermés,  le  bout  du  poignet  de  gueules. 

25»  De  sinople  au  lion  d'or,  k  la  bordure  de  gueules,  chargée  de 
12  besans  d'or. 

26»  D'or  au  chevron  de  gueules ,  accompagné  d'une  étoile  de  même  en 
pointe. 


NOTES  SUR  QUELQUES  VITRAUX   ANCIENS.  47 

27»  D*azur  à  une  fasce  de  gueules ,  accompagnée  d*un  lion  passant  d*or 
en  chef,  et  de  six  besans  de  même  en  pointe,  3,  Î2  et  1. 

28»  De  gueules  à  une  cloche  d*azur  dans  une  charpente  d*or  (?). 

29«  D*azur  à  Taigle  éployée  d'argent. 

90o  De au  chevron  d*or,  accompagné  de  3  oiseaux  de  même  (peut- 
être  3  coqs). 

31o  D'azur  au  chevron  d*or,  accompagné  de  3  roses  de  même. 

32o  D'azur  à  3  roses  d'or. 

d3<>  D'or  au  chevron  de  gueules ,  accompagné  de  3  roses  de  même. 

34o  D'argent  îi  une  plante  de  sinople,  accostée  à  dextre  du  signe/,  et  à 
senestre  d'un  trèfle  de  sable. 

35®  D'azur  au  chevron  d'or,  accompagné  de  deux  trèfles  en  chef  et 
d'une  feuille  de  chêne  en  pointe  de  même. 

36«  D'azur  ît  trois d'argent ,  au  croissant  posé  en  cœur  de  même , 

surmonté  d'une  étoile  d'or. 

37»  De  vair  au  chef  d'or. 

38»  D'azur  au  château  d'or. 

Un  troisième  vitrail ,  qui  occupait  une  des  croisées  du  côté 
droit  de  l'église ,  avait  les  armes  suivantes  : 

39«  D'azur  à  la  fasce  d'argent ,  accoUée  de  6  étoiles  de  même,  3  en  chef, 
2  et  1  en  pointe. 

40o  D'argent  à  l'étoile  d'azur,  avec  une  bande  de  gueules  bronchant. 

41»  D'azur  au  lis  d'argent  couronné  de  gueules. 

42»  De  sinople  ^  trois  lions  passants  d'or  l'un  sur  l'autre. 

43»  D'azur  à  une  étoile  d'or,  couronnée  de  même. 

44»  D'azur  k  trois  roses  d'or. 

45»  De  sinople  au  lion  d'or,  une  bordure  de  gueules  chargée  de  10  besans 
d'or. 

46»  De  sinople  à  trois  lions  passants  l'un  sur  l'autre  d'or. 

47«  D'argent  à  la  barre  d'azur,  accompagnée  de  6  roses  de  gueules. 

48o  D'argent  à  un  homme  vêtu  d'azur,  assis  sur  un  chaise  d'or,  un 
b&ton  d'or  du  même  posé  sur  lui  en  face. 

49»  D'azur  à  un  calice  d'or,  où  boivent  deux  cygnes  d'argent. 

50o  D'azur  à  la  fasce  de  gueules,  accompagnée  en  chef  d'un  lion  passant 
d'or  et  en  pointe  de  6  besans  du  même,  3,  2  et  l. 

51»  D'azur  au  chevron  d'or  accoUé  de  trois  roses  de  même. 

52»  D'azur  à  la  fasce  de  gueules  accoiïlpagnée  en  chef  d'un  lion  passant 
d'or  et  en  pointe  de  6  besans  du  môme ,  3,  2  et  1. 

53»  D'azur  au  chevron  d'argent ,  accompagné  de  trois  mains  de  même, 
les  deux  derniers  doigts  fermés  et  le  bout  du  poignet  de  gueules. 

54»  D'azur  au  chftteau  d'or. 

55»  D'argent  à  la  plante  de  sinople,  accostée  à  dextre  du  signe/,  et  à 
senestre  d'un  trèfle  de  sable. 

56»  D'azur  k  trois  roses  d'or,  2  et  1,  et  un  coq  de  même  en  cœur. 

57»  D'argent  au  chevron  de  gueules ,  accompagné  de  3  roses  de  même , 
2etl. 


48  NOTES  SUR  QUEIjQUES  VITRAUX   ANCIENS. 

58»  Bcartelé  aux  l«r  et  4«  de  sable ,  aux  2*  et  3«  d'or. 

59»  De à  un  arbre  de  sinople. 

60»  D*or  au  cheyron  d*argent,  accompa^é  de  deux  roses  en  chef,  et 
d*un  rocher  en  pointe. 

Les  n""*  4,  38,  54,  nous  donnent  les  armes  de  la  famille 
Dupeyrat ,  une  des  anciennes  familles  de  Limoges ,  d*où  sont 
sortis  les  seigneurs  de  Thouron. 

Les  n""'  47,  â4,  53,  reproduisent  les  armes  des  Benoît. 
Plusieurs  membres  de  cette  famille  sont  enterrés  dans  Téglise 
de  Saint-Pierre ,  et  leur  écusson  est  encore  peint  sur  le.  vitrail 
de  la  chapelle  du  Sépulcre  et  sculpté  en  plusieurs  endroits.  On 
peut  voir  des  détails  sur  cette  maison  dans  le  Nobiliaire  du  Li- 
mousin, T.  I",  p.  196. 

Les  n"  27,  50  ,  52,  nous  donnent  les  armes  des  Boyol ,  famille 

qui  a  possédé  les  seigneuries  de  Montcocu ,   paroisse  d'Am- 

bazac ,  du   Bâtiment ,   paroisse  de  Chamboret ,    etc.  ;   elle  a 

fourni  au  moins  quatre  chanoines  à  la  cathédrale  de  Limoges , 

où  Ton  voyait,  au  siècle  dernier,  les  tombeaux  de  trois  d'entre 

eux.  —  Le  n»  6  doit  être  une  branche  de  la  môme  famille.  — 

Elle   est  éteinte  depuis  1756.    (Nobiliaire  du  Limousin,   T.   I, 

p.  253.) 
Au  n«  10,  on  trouve  un  écusson  chargé  de  10  couronnes,  selon 

l'explication  écrite  au  bas  du  dessin  du  manuscrit.  Ne  sont-ce 

pas  plutôt  10  besans?  Le  dessin  se  prête  à  cette  interprétation. 

Alors  nous  avons  les  armes  de  la  famille  de  Villelume ,  alliée  à 

la  famille  de  Boyol  en  1587,  et  qui  posséda  aussi  les  seigneuries 

de  Montcocu ,  paroisse  d'Ambazac ,  et  du  Bâtiment ,  paroisse  de 

Chamboret,  etc.,  etc. 

Le  n"  30  paraît  être  les  armes  de  la  famille  Michelon.  Jean 
Michelon ,  bourgeois  et  marchand  de  Limoges ,  mort  le 
15  octobre  1532,  avait  sa  sépulture  dans  Téglise  des  Carmes, 
oii  Ton  voyait  ses  armes,  d'azur  au  chevron  d'or  accompagné  de 
trois  coqs  de  même. 

Enfin  il  est  à  croire  que  ces  nombreux  écussons  représentent 
les  armes  des  différentes  maisons  de  Limoges  qui  ont  contribué 
à  Texécution  de  ces  verrières.  Il  est  môme  vraisemblable  que  les 
membres  de  Tancienne  confrérie  du  Saint-Sacrement  y  firent 
placer  les  leurs,  lorsque,  en  1555 ,  ils  firent  exécuter  par  Pierre 
Pénicaud  et  Réchambault  le  magnifique. vitrail  de  la  Cène.  Les 
noms  que  je  trouve  dans  le  registre  de  cette  confrérie  confir- 
ment cette  hypothèse. 


NOTRS  SUR  QUELQUES  VITRAUX   ANCIENS.  49 


m. 


É 

Pour  compléter  la  liste  des  vitraux  de  notre  province  dressée 
par  M.  Texier  dans  son  Histoire  de  la  peinture  sur  verre ,  on  peut 
ajouter  les  suivants  : 

Les  débris  qu'on  voit  encore  dans  l'église  de  Bellac ,  au  milieu 
desquels  on  trouve  un  écusson  parti  au  4"  de  gueules,  à  la  barre 
d'argent,  accompagnée  d'une  étoile  de  même  en  chef;  au  2*  d'argent 
au  lion  de  sable. 

Quatre  panneaux  de  l'église  de  Saint-Symphorîen  (Haute- 
Vienne)  ,  et  non  pas  deux ,  comme  le  dit  par  erreur  l'auteur 
ci-dessus  indiqué.  —  Au  bas  du  premier  on  lit  cette  inscription  : 

ôûint  (Éulropj.  n  représente  en  effet  saint  Eutrope  tenant  une 
crosse  de  la  main  droite ,  et ,  de  la  gauche ,  le  couteau  symbole 
de  son  martyre.  11  a  la  tête  mîtrée,  entourée  d'une  auréole  d'or, 
et  son  vêtement  est  une  large  chasuble  de  forme  ancienne. 

Le  second  représente  la  sainte  Vierge  assise  et  tenant 
l'Enfant- Jésus  au  côté  droit  ;  elle  a  une  couronne  sur  la  tête , 
qu'une  auréole  entoure  complètement.  De  longs  cheveux  des- 
cendent sur  ses  épaules,  et  son  riche  et  ample  vêtement  est 
retenu  sur  la  poitrine  par  une  agrafe  d'or. 

Le  Calvaire  est  représenté  sur  le  troisième  panneau.  Notre- 
Seigneur,  en  croix,  vient  de  rendre  le  dernier  soupir  ;  à  sa  droite , 
et  au  pied  de  la  croix ,  la  sainte  Vierge ,  les  mains  jointes ,  le 
contemple  ;  à  sa  gauche ,  une  des  saintes  femmes  qui  l'accom- 
gnaient  se  tient  aussi  debout. 

Dans  le  quatrième  panneau  on  retrouve  Marie  tenant  sur  ses 
genoux  son  fils  inanimé.  Elle  a  les  mains  jointes  et  la  tête 
inclinée  par  la  douleur.  La  tête  de  Notre-Seigneur  est  entourée 
de  rayons  lumineux  en  forme  de  croix ,  ce  qui  se  retrouve  dans 
les  deux  sujets  précédents. 

Chacun  de  ces  panneaux  a  0"  26  c.  de  hauteur  sur  0"  22  c. 
de  largeur;  on  voit  facilement  qu'ils  sont  l'œuvre  du  même 
artiste ,  qui  n'a  employé ,  pour  traduire  convenablement  ces 
quatre  scènes,  que  deux  couleurs,  le  jaune  et  le  brun.  Ils  sont 
aujourd'hui  enchâssés  au  milieu  de  vitraux  en  verre  blanc; 
leur  conservation  laisse  beaucoup  à  désirer,  et  leur  existence  est 
tous  les  jours  menacée. 
Le  manuscrit   de  la  Bibliothèque  impériale  déjà  cité  nous 

i 


50  NOTES   SUR  QUELQUES   VITRAUX  ANCIENS. 

fait  encore  connaître  quelques  vitraux  que  nous  ne  possédons 
plus.  Tels  sont  : 

Chez  les  Cordeliers  de  Limoges ,  dans  la  première  chapelle 
à  gauche  en  entrant ,  où  Ton  remarquait  les  deux  écussons 
suivants  :  d'azur  au  lim  d'or  tenant  une  hallebarde  d'argent;  au 
chef  d'argent  à  3  roses  de  gueules;  —  parti  au  4"  œmme  ci-dessus; 
au  %""  de  gueules  au  paon  d'argent ,  la  queue  et  les  pieds  d'or  (1  )  ; 

.A  Saint-Maurice  de  Limoges,  aux  vitres  de  la  chapelle  de 
la  Briche ,  étaient  les  armes  de  cette  maison ,  qui  sont  d'argent 
au  chenon  d'or,  accompagné  de  deux  étoiles  de  même  en  chef,  et  d'une 
biche  sur  une  terrasse  de  sinople  en  pointe  (2)  ; 

Dans  réglise  des  Jacobins  à  Limoges,  dans  la  chapelle 
d'Escars ,  qui  était  à  main  gauche  du  grand  autel ,  on  voyait 
un  vitrail  représentant  un  homme  et  une  femme  priants  ;  le 
premier  était  couvert  de  son  armure,  et  au-dessous  ces  armes  : 
de  gueules  au  pal  de  vair,  qui  est  d'Escars  ;  et ,  à  côté ,  d'or  à 
trois  roses  d'argent ,  ^  et  \  (3); 

Aux  vitres  de  l'église  de  Saînt-Junien  (Haute-Vienne),  à 
main  droite  derrière  le  chœur,  était  un  écusson  écartelé  de  gueules 
et  d'argent  à  quatre  fleurs  de  lis  de  l'un  en  l'autre  (4)  ; 

A  Saint-Angel  (Corrèze),  on  trouvait  dans  les  vitraux  les 
armes  suivantes  :  écartelé  au  1"  et  au  4*  d'or  au  lion  de  sable,  au 
chef  d'azur  chargé  d'une  étoile  accostée  de  deux  coqs  d'argent;  au 
2*  et  3*  d'argent  à  une  bande  de  gueules  à  l'orle  de  six  roses  de 
même  (5). 

Enfin  le  même  manuscrit  nous  a  consacré  le  souvenir  d'un 
beau  vitrail  placé  dans  la  salle  haute  du  château  de  Ventadour  : 
ce  sont  les  armes  des  seigneurs  du  lieu.  Elles  sont  échiquetées 
d'or  et  d^ argent;  pour  supports ,  un  homme  et  une  femme  sauvages 
y  sont  peints  d'argent  aux  cheveux  d'or;  un  dragon  de  sinople  aux 
ailes  d'or  et  de  gueules  forme  le  cimier  ;  et  au  bas  on  lit  la  devise  : 


(1)  Bibl.  imp.,  mss.,  sect.  Franc,  n<»  5024,  folio  157. 

(2)  7W'/.,  folio  160. 
(3)7Wi..  folio  161. 

(4)  Ibid.f  folio  173,  verso. 

(5)  im,,  folio  167. 

(6)  làid.,  folio  172 ,  verso. 


NOTES   SUR   QUEIXÎUES  VITRAUX  ANCIENS.  51 

J'ai  cru  utile  de  réunir  ces  simples  notes ,  afin  de  constater 
nos  richesses  du  temps  passé  ,  aujourd'hui  où  nos  églises  ,  pour 
réparer  les  pertes  que  le  temps  ou  les  révolutions  ont  faites, 
s'enrichissent  de  nouvelles  verrières.  Les  unes  ne  le  cèdent  en- 
rien  à  ce  que  le  moyen  âge  avait  de  plus  beau  ;  mais  d'autres , 
en  assez  grand  nombre,  sont  d'une  médiocrité  remarquable. 
Puisse  un  si  bel  art  ne  produire  que  des  œuvres  dignes  du  lieu 
qu'elles  doivent  embellir  ! 


A.  LECLER. 


St-Symphorien ,  le  27  octobre  1867. 


LE  MUSÉE  CÉRAMIQUE. 


Le  26  mai  \  866 ,  la  Société  Archéologique  et  Historique  du  Li- 
mousin décidait  rétablissement  d'un  musée  céramique  spécial,  et 
remplaçait  le  directeur  du  Musée  par  une  direction  composée  de 
cinq  membres  {\  ),  devant  agir  de  concert ,  et  ayant  ainsi  une  force 
morale  que  ne  pouvait  avoir  un  individu  seul  ;  le  30  juin ,  elle 
nommait  les  membres  de  cette  commission ,  et  immédiatement 
la  nouvelle  direction  se  mettait  à  Tœuvre.  Au  mois  de  novembre 
suivant,  le  local  était  approprié  autant  que  possible  aux  exigen- 
ces de  Tart ,  de  la  science  et  du  goût  ;  tous  les  objets  étaient  triés, 
classés  et  installés  dans  leurs  compartiments  respectifis  ;  le  Musée 
céramique  avait  une  salle  à  part,  et  s'épandait  bien  vite  dans  une 
autre  pièce.  Au  commencement  de  1867,  ces  deux  pièces  regor- 
geaient d'objets  céramiques  de  toutes  sortes  et  de  toute  prove- 
nances, dus  aux  sacrifices  que  s'était  imposés  la  Société  Archéolo- 
gique et  à  la  générosité  d'un  assez  grand  nombre  de  personnes 
qui  avaient  eu  foi  dans  l'œuvre  nouvelle. 

C'est  à  cette  époque  que  l'on  commença  à  parler  sérieusement 
de  l'Exposition  de  Paris  et  des  merveilles  céramiques  qui  allaient 
s'y  trouver  réunies.  On  se  demanda  s'il  fallait  laisser  échapper 
l'occasion  peut-être  unique  qui  se  présentait  d'enrichir  le 
Musée.  Le  maréchal  Vaillant,  ministre  de  la  Maison  de  l'Empe- 
reur et  des  Beaux- Arts,  promettait  un  don  important  de  Sèvres  : 
le  Conseil  municipal  prit  l'initiative ,  inscrivit  au  budget  une 
somme  de  2,000  fr.  destinée  aux  acquisition  futures,  et  ses 
membres  ouvrirent  personnellement ,  par  des  dons  larges  et  em- 
pressés ,  une  souscription  à  laquelle  tout  le  monde  fut  appelé  à 
concourir. 

Par  cet  acte,  le  Conseil  municipal  non-seulement  donnait 
l'exemple,  mais  encore  faisait  la  chose  sienne,  et,  laissant  de 
côté  la  question  non  encore  résolue  de  la  propriété  de  l'ancien 

(1)  Par  la  suite ,  ce  nombre  a  été  porté  à  sept. 


LE   MUSÉE  CÉRAMIQUE.  53 

Musée ,  il  déclarait  que  le  Musée  céramique  serait  purement  mu- 
nicipal :  c'était  un  acte  d'adoption ,  un  engagement  tacite  de 
soutenir  le  Musée  destiné  tout  à  la  fois  à  favoriser  les  progrès  de 
notre  industrie  porcelainière  et  à  faire  bientôt  la  petite  gloire 
artistique  de  Limoges.  L'exemple  fut  suivi,  et  la  somme  réalisée 
a  été  assez  forte  pour  mettre  la  direction  du  Musée  en  mesure  de 
faire,  à  Paris,  des  acquisitions  importantes.  Le  directeur, 
M.  Adrien  Dubouché,  s'est  mis  en  rapport  avec  les  exposants, 
qui,  dès  qu'ils  ont  vu  que  le  Musée  de  Limoges  était  une  chose 
sérieuse ,  ont  manifesté  .par  des  dons  empressés  tout  l'intérêt 
qu'ils  prenaient  à  cette  création  récente.  Nous  sommes  impuis- 
sant h  louer  comme  il  le  mérite  un  tel  élan  de  sympathie  et  de 
générosité  ;  cependant  nous  nous  devons  à  nous-même  et  à  nos 
lecteurs  de  dire  tout  ce  qu'on  a  fait  pour  nous.  Ceux  qui  ont 
visité  l'Exposition  ont  remarqué ,  à  côté  de  pancartes ,  en 
nombre ,  hélas  I  un  peu  restreint,  portant  ces  mots  :  Acquis  par  le 
Musée  céramique  de  Limoges,  d'autres  pancartes,  en  assez  grande 
quantité ,  portant  ces  mots  bien  plus  honorables  :  Offert  au  Musée 
céramique  de  Limoges.  En  un  mot,  on  évalue  à  30,000  fr.  le  prix 
marchand  des  objets  céramiques  dont  s'est  enrichi  le  Musée,  et 
dont  les  deux  tiers  environ  ont  été  donnés.  Comme  les  caisses 
contenant  les  richesses  acquises  ne  sont  pas  encore  toutes 
arrivées ,  il  nous  est  impossible  de  mentionner  ici  tous  les  dons 
les  plus  importants  ;  mais  nous  devons  au  moins  signaler  à  la 
reconnaissance  publique  les  noms  des  principaux  donateurs. 
Que  ceux  qui  auraient  été  omis  veuillent  bien  nous  pardonner  ! 
N'ayant  pas  sous  les  yeux  les  objets  donnés,  nous  n'avons  guère 
que  nos  souvenirs  pour  éléments  de  cette  nomenclature.  Du  reste, 
nous  leur  promettons,  lorsque  nous  aurons  vu,  un  article 
détaillé. 

Mais,  avant  de  parler  des  donateurs  de  Paris,  il  est  juste  de 
parler  de  ceux  qui  ont  ouvert  la  voie.  Citons  en  première  ligne 
une  de  nos  grandes  maisons  de  porcelaine ,  qui ,  quoique  n'ayant 
pas  exposé  cette  année,  a  disposé  en  notre  faveur  de  la  plus 
grande  partie  de  ses  objets  qui  figuraient  à  l'Exposition  de  4855, 
et  pour  lesquels  un  de  ses  chefs  avait  été  décoré  de  la  Légion- 
d'Honneur  :  vous  avez  reconnu  la  maison  Pouyat  frères.  Le  don 
fait  par  MM.  Pouyat  est  réellement  précieux  par  sa  valeur  artis- 
tique et  par  le  nombre  et  l'élégance  des  pièces  qui  en  font  partie. 
437  objets  composent  cet  envoi.  La  pièce  principale  a  d'autant 
plus  de  prix  aujourd'hui  que  les  creux  et  moules  ont  été  détruits 


54  LE   MUSÉE  CÉRAMIQUE. 

par  rincendîe ,  et  qu'il  n'en  existe  plus  que  trois  exemplaires  : 
Tun  au  musée  de  Sèvres ,  Tautre  dans  la  collection  de  la  maison 
Pouyat,  le  troisième  au  Musée  de  Limoges.  En  admirant  cette 
œuvre  de  Fart  plastique ,  on  se  demande  s'il  est  possible  de  créer 
mieux  et  si  Texécution  peut  atteindre  une  meilleure  perfection. 
Cette  pièce  est  en  biscuit ,  et  représente  un  vase  d*un  galbe  des 
plus  gracieux,  entouré  de  cigognes,  de  palmiers,  d'oiseaux  ,  de 
plantes,  de  fleurons,  dont  les  enroulements  sont  d'une  légèreté 
surprenante.  Pour  arriver  à  cet  état  de  perfection ,  on  a  eu  à  sur- 
monter des  difiicultés  de  plus  d'un  genre ,  et  il  semble  que  l'ar- 
tiste (M.  Comoléra,  pourquoi  ne  pas  le  nommer?)  ait  pris  à 
tâche  de  jeter  un  défi  à  ces  difiicultés.  Dimension,  beauté  de  la 
forme,  pureté  du  travail,  finesse  inouïe  des  détails,  richesse  de 
composition ,  tout  s'y  trouve.  Et  maintenant  que  de  soins  pour 
cuire  un  vase  aussi  grand  et  aussi  léger,  et  pour  faire  arriver  à 
un  tel  degré  de  perfection  ce  chef-d'œuvre  de  l'art  céramique  ! 

Au  nombre  des  autres  pièces  données  par  MM.  Pouyat  se  trouve 
le  service  dit  de  Cérès,  qui  a  également  figuré  à  l'Exposition  de 
Paris  en  4855  et  à  celle  de  Londres  en  4862.  Ce  service ,  dont  les 
ornements  sont  en  blanc  mat  sur  fond  émail ,  présente  des  mo- 
dèles d'une  grande  élégance  de  forme  et  d'une  grande  précision 
•  de  lignes.  Tout  y  semble  ouvré  par  compas,  pour  nous  servir  d-une 
vieille  expression.  L'ornementation,  dont  l'épi  et  la  gerbe  de  blé 
sont  le  principal  motif,  est  d'un  goût  à  la  fois  sévère  et  gracieux. 
Le  service  dit  neige,  découpé,  et  le  cabaret  nubien  sont  également 
des  produits  remarquables  sous  tous  les  rapports. 

En  même  temps,  et  comme  complément  précieux  pour  le  Musée 
de  Limoges  ,  MM.  Pouyat  ajoutaient  à  leur  don  plusieurs  pièces 
exécutées,  en  4804 ,  sous  la  direction  de  M.  François  Pouyat,  leur 
aïeul ,  lesquelles  témoignent  de  tendances  sérieuses  vers  le  pro- 
grès réalisé  plus  tard. 

Le  Musée  avait  déjà  reçu  plusieurs  objets  d'un  style  et  d'une 
exécution  hors  ligne  offerts  par  la  maison  Henri  Ardant  et  O^ , 
et  exécutés  sous  l'intelligente  direction  de  son  chef  :  deux  buires 
de  l'époque  de  la  Renaissance ,  dont  l'une  est  un  bijou  digne 
du  nom  de  Benvenuto  Cellini  que  l'auteur  lui  a  donné ,  de  gra- 
cieuses potiches  d'un  galbe  séduisant,  des  bustes  reproduction 
d'œuvres  remarquables  de  la  sculpture  moderne  et  des  derniers 
siècles. 

En  même  temps,  et  avec  le  même  empressement,  MM.  Gibus  et 
C^« ,  dont  les  principaux  produits  sont  également  des  œuvres  d'art 


LE   MUSÉE  CÉRAMIQUE.  55 

et  de  haut  style ,  envoyaient  au  Musée  des  vases  et  des  coupes 
d'un  profil  épuré,  très-artistiquement  ornés  de  figures  d'un  des- 
sin correct ,  rappelant  à  la  fois  la  grâce  antique  et  sévère  de  la 
sculpture  grecque  et  celle  plus  réaliste  de  la  Renaissance. 

MM.  Jouhanneaud  et  Dubois,  eux  aussi,  avaient  offert  des 
œuvres  d'art  sorties  de  leurs  ateliers.  Deux  aiguières  florentines 
ornées  de  figurines  charmantes ,  d'une  fort  belle  dimension  ,  et 
exécutées  dans  un  sentiment  artistique  d'un  beau  style,  et  un  pot 
à  bière  genre  flamand  témoignent  du  talent  et  du  savoir  des 
artistes  auxquels  cette  maison  confie  l'exécution  de  ses  idées. 

Dans  un  genre  plus  modeste,  mais  en  réalité  d'un  mérite  tout 
aussi  incontestable ,  la  maison  AUuaud  frères  et  Yandermarcq 
envoyait  un  don  composé  de  pièces  provenant  d'un  service  dont 
l'ornementation  monochrome  doit  être  signalée  à  cause  de  la 
légèreté  des  teintes  et  dé  l'élégance  du  dessin.  Imitation  des  con- 
ceptions élaborées  au  xvi*  siècle  et  au  xvii*  par  des  ornemanistes 
célèbres,  les  dessins  décoratifs  qui  se  développent  sur  les  produits 
de  la  maison  AUuaud  rappellent ,  par  leur  belle  et  simple  ordon- 
nance, ces  mille  et  un  enroulements  créés  avec  une  étonnante 
fécondité  par  les  Solis,  les  Théodore  de  Bry,  les  Bourdon,  les 
Brisseau  et  les  Michel  Blondus.  Les  teintes ,  parfois  vaporeuses  et 
d'une  extrême  finesse,  appliquées  sur  une  pâte  dont  la  pureté  est 
renommée,  font  des  produits  qui  sortent  de  la  maison  AUuaud 
de  véritables  modèles  de  goût. 

Il  ne  faut  pas  omettre  dans  cette  trop  rapide  nomenclature  les 
dons  de  MM.  Jullien ,  de  Saint-Léonard ,  et  Latrille,  de  Solignac. 
Le  premier  a  offert  au  Musée  deux  pièces  d'une  belle  exécution 
et  d'une  dimension  exceptionnelle  :  une  soupière  rocaille  et  un 
pot  à  eau  en  blanc  émaillé,  et  de  plus  un  médaillon  en  biscuit, 
portrait  de  Gay-Lussac,  un  nom  scientifique  qui  nous  fait  hon- 
neur. M.  Latrille  a  donné  un  fort  beau  buste  en  biscuit  représen- 
tant Monseigneur  Dubourg,  évêque  de  Limoges,  et  exécuté  de 
grandeur  naturelle. 

Enfin,  et  non  pour  compléter  la  liste,  car  l'énumération  serait 
trop  longue ,  la  maison  Vergne  et  Gorceix ,  de  Limoges ,  avait 
fait  don  au  Musée  d'une  pièce  intéressante  et  qu'il  est  bon  de 
mentionner  ici.  C'est  un  tout  petit  buste  d'enfant,  obtenu  après 
de  nombreuses  expériences,  et  qui  présente  à  première  vue  l'as- 
pect d'un  marbre  sculpté.  Ce  n'est  plus  le  mat  éblouissant  et  plâ- 
treux du  biscuit  :  c'est  un  produit  d'un  ton  doux,  légèrement 
teinté  de  bleu,  transparent  et  offrant  le  grain  du  marbre  sta- 


56  LE  MUSéE  CÉRAMIQUE. 

tuaire.  La  pâte  obtenue  est  loin  d'être  réfractaire ,  et  c'est  là  une 
difficulté  d'exécution.  On  ne  peut  qu'encourager  de  tels  essais, 
car  ils  peuvent  amener  h  des  résultats  inattendus,  et  qui  seraient 
une  heureuse  innovation  dans  l'art  céramique.  De  plus  ils  prou- 
vent que ,  en  fait  d'industrie  porcelainière ,  le  dernier  mot  est 
loin  d'avoir  été  dit. 

N'oublions  pas  de  mentionner,  parmi  les  dons  faits  antérieure- 
ment à  l'Exposition,  l'envoi  de  la  manufacture  impériale  de 
Vienne  ,  lequel  est  venu  prendre  plac«  dans  notre  Musée  à  côté 
des  produits  de  Sèvres.  Cet  envoi  consiste  en  \  9  pièces ,  toutes  dé- 
corées, à  l'exception  d'un  fort  beau  buste  de  Listz.  Les  pièces 
décorées  se  distinguent  surtout  par  une  dorure  mate  et  brunie , 
d'un  relief  qui  rappelle  les  procédés  chinois.  Les  peintures  se 
recommandent  par  un  style  étudié  et  sévère. 

  tous  ces  dons  importants  ont  été  joints  de  nombreux  échan- 
tillons ,  variés  et  choisis  ,  pris  tout  aussi  bien  parmi  la  faïence 
que  parmi  la  porcelaine ,  offerts  par  M.  Dubouché ,  et  des  acqui- 
sitions ,  accompagnées  de  dons,  faites  chez  et  par  MM.  Rudhart 
et  Genlis ,  Rousseau ,  Jules  Houry  et  autres,  offrant  des  imita- 
tions de  modèles  des  derniers  siècles ,  et  se  distinguant  par  la 
pureté  du  dessin  et  le  bon  goût  de  l'ornementation  artistique. 

Telles  sont ,  en  résumé ,  les  principales  acquisitions  faites ,  en 
dehors  de  l'Exposition ,  pendant  l'année  1867.  Le  nombre  des 
pièces  acquises  s'élève  : 

Pour  la  porcelaine,  à 195 

Pour  la  faïence ,  à 4Î5 

Total 320  pièces. 

Passons  maintenant  aux  opérations  qui  se  sont  effectuées  au 
sein  de  l'Exposition  même.  Et  d'abord  faisons  aux  étrangers 
l'honneur  qu'ils  méritent.  Par  étrangers  nous  entendons  les  fa- 
bricants ou  commerçants  ,  limousins  ou  autres,  qui  ne  sont  pas 
établis  à  Limoges  ou  dans  le  département.  Nous  le  répétons, 
n'ayant  pas  sous  les  yeux  les  objets  offerts  ou  acquis,  nous  ne 
pouvons  donner  ici  qu'une  simple  nomenclature. 

C'est  d'abord  M.  PeuUier ,  notre  compatriote ,  commission- 
naire en  porcelaine,  rue  Paradis^Poissonnière ,  49,  à  Paris, 
lequel  a  non-seulement  offert  très-généreusement  un  grand  nom- 
bre d'objets ,  mais  encore  n'a  pas  hésité  à  faire  le  sacrifice  de  son 


LE   MDSéE  CÉRAMIQUE.  57 

temps  et  de  sa  peine  en  sollicitations  de  toute  nature ,  qui  ont 
valu  à  notre  Musée  un  très-g^rand  nombre  de  pièces  importantes. 

C^est  ensuite  M.  Gille,  de  Paris,  qui  a  fait  don ,  entre  autres 
objets ,  de  sa  grande  et  belle  statue  de  Bernard  Palissy .  Cette 
offre ,  nous  nous  en  souvenons ,  avait  été  faite  déjà  à  la  ville  de 
Limoges  sous  Tadministration  de  M.  Louis  Ardant.  La  statue 
devait  être  installée  sur  une  des  places  publiques  de  la  ville.  On 
refusa ,  et  Ton  eut  raison  :  une  statue  provenant  d'une  fabrique 
étrangère  eût  pu  passer  pour  une  épigramme  permanente  con- 
tre notre  localité.  Aujourd'hui  que  le  Musée  a  la  prétention  de 
réunir  tout  ce  que  Tart  céramique  produit  de  plus  curieux  et 
de  plus  utile  à  consulter  sous  le  rapport  de  la  forme  et  de  la 
décoration  ,  de  quelque  provenance  que  ce  soit ,  la  raison  qui 
avait  fait  repousser  l'offre  de  M.  Gille  n'existe  plus.  La  statue 
n'eût  pas  été  à  sa  place  à  l'un  des  carrefours  de  la  ville  :  elle 
sera  parfaitement  à  sa  place  au  Musée. 

Mentionnons  encore  parmi  les  fabricants  ou  marchands  de 
porcelaine  : 

La  manufacture  royale  de  Saxe ,  la  manufacture  impériale  de 
Saint-Pétersbourg  ; 

MM.  Michel  Aaron  ,  Etienne  Aubert ,  Collet ,  Coppeland , 
Darthout ,  Hache  et  Pépin-le-Halleur,  Leuillier  et  Bing ,  Létu  et 
Mauger,  J.  Macé,  Minton,  Payard,  Piliwuyt,  Bousseau,  Seigle  et 
Chavoix,  OUive,  etc.,  etc.; 

Parmi  les  faïenciers  :  MM.  Deck ,  Genlis  et  Rudhart,  le  mar- 
quis Ginori,  Longuet,  Pull,  la  manufacture  de Sarreguemines , 
etc.,  etc.  Ajoutons  à  cette  liste  la  cristallerie  de  Baccarat,  qui 
nous  a  envoyé  quelques  pièces  importantes. 

Les  exposants  limousins  avaient  été  les  premiers  à  inviter  la 
direction  du  Musée  à  choisir  dans  leur  exposition  les  objets  qui 
seraient  à  sa  convenance.  Citons  la  maison  Henri  Ardant  et  C'*, 
des  ateliers  de  laquelle  sort  le  beau  vase  commandé  par  le  Cercle 
de  l'Union ,  qui  en  a  généreusement  offert  un  exemplaire  au 
Musée  ;  la  maison  Gibus  et  C'«  (4  ) ,  à  laquelle  nous  devons ,  entre 
autres,  des  vases  d'un  profil  et  d'une  ornementation  charmante , 
ainsi  qu'une  corbeille  où  sont  groupées ,  sur  émail  mat  et  bruni , 
de  ravissantes  figures  ;  dans  le  genre  industriel ,  MM.  AUuaud 
frères  et  Vandermarcq ,  une  grande  maison  qui ,  soucieuse  de  sa 
vieille  renommée,  s'est  toujours  attachée  à  reproduire ,  dans  les 

(1)  L'Empereur  a  fait  un  achat  à  cette  maison. 


58  LE  MUSÉE  CÉRAMIQUE. 

meilleures  conditions  possibles ,  le  beau  à  bon  marché  ;  MM.  La^ 
besse,  Demartial  et  Talandier,  Guerry  et  Delinières,  JuUien, 
Dubois ,  Chabrol,  etc.,  etc. 

En  somme ,  le  nombre  des  donateurs  de  tous  pays  peut  être  éva- 
lué à  50  ,  et  le  nombre  des  pièces  acquises  à  500  ;  mais  ceci  ne 
peut  être ,  comme  nous  Pavons  dit ,  qu'un  calcul  approximatif. 

Ainsi,  au  mois  de  décembre  1866 ,  le  nombre  total  des  pièces 
contenues  dans  le  Musée  céramique  était  de  808  ;  avant  l'Expo- 
sition ,  il  s'élevait  à  4 ,133  ;  nous  sommes  au-dessous  du  chiffre 
réel  en  évaluant  à  600  le  nombre  des  pièces  acquises  pendant 
l'Exposition ,  soit  par  dons,  soit  par  achats,  ce  qui  portera  à  \  ,733 
et  plus  le  nombre  des  objets  céramiques  de  toute  nature  exposés 
au  Musée  au  commencement  de  l'année  4868,  et  h  près  de 
60,000  fr.  la  valeur  vénale  de  ces  objets,  y  compris  la  valeur  des 
pièces  données  avant  l'Exposition  et  celle  du  don  de  Sèvres  que 
nous  attendons. 

Ce  chiffre  de  4 ,733  pièces ,  quelque  considérable  qu'il  soit  pour 
un  Musée  qui  a  à  peine  deux  ans  d'existence ,  ne  semble  ce- 
pendant pas  énorme  en  lui-même ,  et  pourtant  on  ne  se  figru- 
rerait  jamais  toute  la  place  qu'il  faut  pour  caser  convenable- 
ment tout  cela.  Après  déballage ,  on  a  reconnu  que  la  superficie 
totale  du  parquet  du  musée  serait  insuflBlsante  pour  étaler  bout  à 
bout  tous  les  objets  récemment  acquis.  La  direction  s'est  émue. 
Les  deux  pièces  oii  se  trouvait  déjà  la  céramique  étaient  littéra- 
lement encombrées  :  dans  son  embarras,  elle  a  tout  natu- 
rellement tourné  les  yeux  vers  l'Administration  municipale, 
qui  a  immédiatement  pris  la  chose  en  considération.  Le  Conseil 
municipal  a  été  convoqué ,  et  a  fait  choix  d'une  commission 
chargée  d'examiner  la  question.  A  l'heure  oii  nous  écrivons, 
on  parle  beaucoup  de  transférer  le  Musée  céramique  dans  un 
local  ad  hoc,  et  l'on  désigne  l'ancien  Asile  des  aliénés  (4).  Pour 
notre  part,  après  mûres  réflexions,  nous  nous  contenterions 
de  ce  choix  ,  car  à  côté  de  l'inconvénient  pour  le  public  d'une 
situation  un  peu  excentrique,  il  y  aurait  le  grand  avantage 
pour  les  élèves  de  la  nouvelle  école  de  peinture  et  de  modelage , 
qui  se  trouve  dans  le  même  local,  d'avoir  sous  la  main  tous  les 
éléments  nécessaires  à  leurs  études  et  à  leurs  travaux.  Mais,  là 
ou  là,  qu'on  se  hâte.  11  ne  faut  pas  songer  à  installer  les  nou- 
veaux objets  céramiques  dans  le  salon  des  tableaux ,  ce  serait 

(1)  Depuis,  ce  transfert  a  été  décidé. 


LE   M13SÉE    CERAMIQUE.  59 

Tencombrer  inutilement  et  imprudemment.  Ils  seraient  conti- 
tinuellement  exposés  aux  accidents  ou  aux  dégradations  ;  de 
plus ,  rentrée  du  Musée  serait  forcément  interdite  aux  artistes 
qui  voudraient  étudier  la  porcelaine  ou  copier  des  tableaux ,  et 
leur  nombre  est  assez  grand  chaque  année  pour  qu'on  en  tienne 
compte.  Ailleurs  que  dans  le  grand  salon  il  n'y  a  pas  un  cen- 
timètre de  place.  Que  faire  donc  ?  Approprier  un  autre  local,  et 
le  plus  tôt  ne  sera  que  le  meilleur. 

Ah  !  si  Ton  pouvait  doter  enfin  Limoges  d'un  édifice  contenant 
la  Bibliothèque  communale  et  le  Musée  général  ! 

J.-J.  MAQUART, 

SonS'dlrecteur  dn  Mut^e. 

Limoges ,  le  15  décembre  1867. 


(Extrait  de  VAlmanach  Limousin  pour  1868.) 


NÉCROLOGIE. 


M.  LÉON  NADAUD(<) 


Nadaud  (Horace-Léon-Léonard) ,  né  à  Limoges  le  \  2  mars  4794 , 
décédé  à  Charvieux  (Isère)  le  30  avril  4867,  à  Tâge  de  soixante- 
treize  ans,  se  distingua  comme  magistrat,  comme  écrivain 
et  comme  citoyen.  Issu  d'une  ancienne  famille  de  Limoges  qui 
remonte  à  Jean  Nadaud,  docteur  ès-lois  en  4296,  il  fit  ses  études 
à  Limoges  et  son  droit  à  Poitiers.  Reçu  avocat  en  484  4,  il  débuta 
brillamment  dans  la  carrière  du  barreau ,  en  défendant ,  dans  sa 
ville  natalç,  deux  ofBciers  bonapartistes  accusés  d'avoir  assassiné 
deux  gendarmes.  Un  des  accusas  était  proche  parent  du  comte  de 
Ponte-Corvo. 

Mais  M.  Bourdeau,  dans  le  cabinet  duquel  il  avait  travaillé 
quelque  temps,  ayant  été  envoyé  comme  procureur  général  à 
Rennes,  appela  près  de  lui  son  jeune  compatriote ,  et  le  fit  nom- 
mer, le  2  juillet  4847,  substitut  à  Saint-Brieuc.  Il  avait  alors  vingt- 
deux  ans.  Ses  progrès  furent  rapides  :  il  devint  successivement 
substitut  au  tribunal  de  Rennes  le  46  juin  4849,  — substitut  à  la 
Cour  le  45  janvier  4823  ,  —  avocat  général  le  21  février  4827.  Sa 
carrière  paraissait  devoir  le  fixer  en  Bretagne,  lorsqu'il  fut  appelé, 
le  40  juin  4829,  au  poste  important  d'avocat  général  à  Lyon.  En 
4834,  lors  de  l'insurrection  lyonnaise,  le  magistrat  fit  place  au 

(1)  M.  Léon  Nadaud  appartenait  ^  la  famille  Nadaud,  sur  laqueUe 
M,  Albert  Albrier  a  donné ,  dans  ce  môme  n»  du  Bulletin ,  une  Notice  gé- 
néalogique et  biographique.  —  Les  lignes  qui  lui  sont  personnellement 
cgnsacrées  sont  insérées  à  la  page  99. 


NECROLOGIE.  61 

citoyen  :  ceux  qui  le  connurent  alors  n'ont  oublié  ni  son  courage 
ni  sa  rare  énergie.  Un  remarquable  talent  de  parole  Tavait  déjà 
placé  au  premier  rang  des  orateurs  du  parquet,  lorsque  deux 
graves  affaires  dont  il  fut  successivement  chargé  vinrent  fixer 
plus  spécialement  sur  lui  l'attention  publique.  En  4832,  — quoi- 
que le  dernier  des  avocats  généraux  par  le  rang  de  sa  nomina- 
tion, —  il  se  vit  désigné  par  le  procureur  général  de  Lyon  pour 
porter  la  parole ,  devant  la  Cour  d'assises  de  l'Ain,  dans  une  ac- 
cusation de  parricide  contre  M.  d'Âubarède ,  qui  appartenait  à 
une  famille  considérable  du  Bugey.  Tous  les  journaux  ont  rendu 
compte  des  débats  de  cette  dramatique  affaire,  et  ont  publié,  en 
lui  donnant  des  éloges  justifiés,  le  remarquable  réquisitoire  que 
prononça  alors  M.  Tavocat  général  Nadaud. 

En  4833,  il  fut  délégué  près  de  la  Cour  d'Assises  de  la  Loire, 
oii  allait  se  juger  la  tentative  insurrectionnelle  de  la  duchesse 
de  Berry  sur  le  Midi ,  procès  connu  sous  le  nom  du  Carlo- Alberto. 
Les  débats  durèrent  vingt  jours ,  et,  sur  ce  terrain  à  la  fois  brû- 
lant et  délicat  de  la  politique,  M.  Nadaud  sut,  par  la  modération 
de  sa  parole,  les  égards  témoignés  à  d'illustres  coupables,  par 
sa  haute  impartialité,  mériter  l'approbation  de  ses  adversaires 
eux-mêmes.  On  s'attendait,  après  le  succès  qu'il  venait  d'obte- 
nir, à  le  voir  prochainement  appelé  à  la  tête  d'un  parquet  de 
Cour.  Mais  le  Garde  des  sceaux  le  regarda  comme  suffisamment 
récompensé  par  la  croix  de  la  Légion-d'Honneur,  qu'il  obtint  le 
29  avril  4833.  Ce  fut  seulement  cinq  ans  après,  le  24  octobre 
4838,  qu'il  devint  procureur  général  à  Montpellier. 

Procureur  général  à  Grenoble  le  47  septembre  4839,  il  fut 
nommé  premier-président  de  cette  Cour  le  7  août  4843.  Le  7  avril 
de  l'année  suivante ,  il  reçut  la  croix  d'officier  de  l'Ordre  des  SS.- 
Maurice-et-Lazare  pour  services  rendus  à  la  Sardaigne  dans  des 
questions  de  nationalité  depuis  longtemps  pendantes  entre  la 
France  et  les  États  sardes.  Membre  du  Conseil  général  de  l'Isère 
le  27  avril  4845,  il  fut  porté  pour  la  députation ,  et  échoua  de 
trois  voix  seulement.  Sa  carrière  allait  être  couronnée  par  sa 
promotion  à  la  pairie  et  le  cordon  de  commandeur  de  la  Légion- 
d'Honneur,  qui  devait  lui  être  accordé  le  4"  mai  4848  —  (il  était 
officier  depuis  le  4"  mai  4843)  —  lorsque  éclata  la  révolution 
de  février.  M.  Nadaud,  qui  ne  cachait  pas  son  peu  de  sympathies 
pour  le  nouveau  gouvernement  de  la  France,  se  démit  aussitôt 
de  ses  fonctions  de  premier-président,  refusant  même  une  réélec- 
tion au  Conseil  général,  —  et  se  retira  dans  sa  terre  de  Char- 


62  NÉCROLOGIE. 

vieux,  où  sa  vie,  honorée  par  une  carrière  bien  remplie,  occupée 
par  rétude,  devait  se  passer  désormais  entre  les  joies  de  la 
famille  et  le  commerce  de  quelques  amis. 

M.  Nadaud,  alors  quUl  était  avocat  général  à  Rennes,  a  pu- 
blié un  Traité  sur  les  terres  vaines  et  vagues ,  destiné  à  éclaircir 
une  matière  ardue  du  droit  breton.  Cet  ouvrage ,  fort  estimé  des 
jurisconsultes ,  a  valu  à  son  auteur  deux  médailles  académi- 
ques. On  a  en  outre  de  lui  deux  discours  imprimés  :  le  premier, 
qui  traite  de  V Équité  judiciaire,  prononcé  en  4827  devant  la  cour 
de  Bennes  ;  le  second ,  sur  Expilly,  prononcé  devant  la  cour  de 
Grenoble  le  45  octobre  4847.  A  Texemple  des  grands  magistrats 
d'autrefois,  M.  Nadaud  se  délassait  des  graves  devoirs  du  palais 
par  le  culte  des  lettres. 

n  a  écrit  sur  la  Bretagne  des  pages  pleines  d'imagination  et 
de  verve,  insérées  en  partie  dans  le  Lycée  armoricain  et  le  Breton^ 
journal  de  Nantes.  Les  souvenirs  qu'il  laisse  dans  l'Isère  subsis- 
teront aussi  longtemps  que  ses  bienfaits.  Homme  de  bien  autant 
qu'homme  de  devoir,  on  peut  dire  de  lui  qu'au  talent  il  joignait 
le  caractère. 

Hbnri  NADAULT  de  BUFFON. 

(Extrait  de  Y Almanach  Limousin  pour  1868.) 


M.    AUGUSTE  TALABOT 


*^^./x^^^* 


M.  Pierre-Auguste  Talabot,  né  le  24  novembre  4790 ,  était  le 
fils  d'un  magistrat  éminent  et  l'aîné  d'une  nombreuse  famille 
dont  la  ville  de  Limoges  s'enorgueillit  à  bon  droit  et  qu'il  ho- 
norait à  régal  de  ses  frères.  Il  exerça  d'abord  la  profession  d'a- 
vocat,  et  la  vivacité  de  son  esprit,  la  rectitude  de  son  jugement , 
une  parole  alerte ,  toujours  prête  à  la  défense  aussi  bien 
qu'à  l'attaque ,  une  connaissance  profonde  du  droit  et  des  af- 
faires ainsi  que  la  notoriété  de  son  nom ,  lui  fit  rapidement  ac- 
quérir au  barreau  une  position  aussi  sérieuse  qu'honorable.  De 
4826  à  4832,  ses  confrères  lui  donnèrent  six  fois  un  témoignage 
d'estime  et  d'affection  en  l'appelant  à  siéger  au  conseil  de 


NÉCROLOGIE.  63 

Tordre.  Mais  c'est  surtout  comme  président  du  tribunal  civil  de 
Limoges  qu'il  s'est  distingué,  et  c'est  du  président  que  j'ai  hâte 
de  vous  parler. 

Il  eut  la  bonne  fortune  de  succéder  à  son  père  dans  ces  diffi- 
ciles et  délicates  fonctions  :  il  fut  appelé  à  les  exercer  le  4"  mai 
1832,  et  les  a  conservées  jusqu'au  42  août  4857,  pendant  plus  de 
vingt-cinq  ans.  S'il  est  facile  d'affirmer  qu'il  les  a  remplies  de 
façon  à  laisser  un  souvenir  qui  ne  s'effacera  pas,  il  est  difficile 
de  dépeindre  la  manière  dont  il  les  exerçait.  Exact,  assidu,  d'un 
abord  facile ,  constamment  à  la  disposition  des  justiciables ,  du 
barreau  et  de  ses  collègues,  il  donnait  l'exemple  à  tous  ;  mais 
son  véritable  terrain  était  l'audience.  Comment  oublier  cette 
figure  fine,  spirituelle,  bienveillante,  ces  lèvres  un  peu  railleuses 
d'où  le  trait  semblait  toujours  prêt  à  partir  ?  Son  oeil  ne  quittait 
pas  l'avocat  :  il  saisissait  avec  une  étonnante  promptitude  les  faits 
d'une  cause,  et,  lorsque  la  discussion  s'égarait,  une  objection 
nette,  clairement  exprimée,  toujours  sérieuse,  partait  du  siège,  et 
obligeait  le  défenseur  à  serrer  ses  arguments.  Alors  c'était  plutôt 
une  discussion  qu'une  plaidoirie,  et  l'homme  d'affaires  le  plus 
habile  était  souvent  embarrassé  en  présence  d'un  magistrat  qui 
lui  montrait  les  côtés  faibles  de  sa  cause  avec  une  clarté,  une 
précision,  une  vigueur  admirables.  La  justice  ne  perdait  rien  à 
ses  colloques,  la  vérité  s'en  dégageait  toujours,  le  jugement  ne 
se  faisait  pas  attendre  :  il  était  accepté,  le  plus  souvent,  avec  la 
déférence  que  méritaient  un  grand  savoir  et  une  impartialité  qui 
ne  s'est  jamais  démentie.  Sa  méthode  était  la  même  en  présence 
d'un  novice  :  il  voulait  mesurer  sa  force ,  et ,  si  le  débutant  était 
un  instant  intimidé,  la  plus  exquise  bienveillance,  la  plus  gra^ 
cieuse  courtoisie,  lui  rendaient  bien  vite  tout  son  courage  ;  si  ce- 
pendant il  ne  parvenait  pas  à  se  rassurer,  si  sa  timidité  le  trahis- 
sait, si  son  inexpérience  se  laissait  aisément  deviner,  il  n'avait 
pas  lieu  d'être  inquiet ,  son  client  ne  courait  aucun  risque  :  le 
procès  était  gagné  si  la  cause  était  juste. 

M.  le  président  Talabot  avait  été  fait  chevalier  de  la  Légion- 
d'Honneur  le  4  mai  4844  ;  il  fut  nommé  président  de  chambre 
le  42  août  4857.  Il  n'a  passé  que  trois  ans  parmi  vous.  Vous  le 
connaissiez ,  vous  saviez  quelle  était  sa  valeur  :  vous  n'avez  pas 
été  surpris  de  l'utile  concours  que  sa  belle  intelligence  ,  ses  con- 
naissances variées  ,  son  expérience  ,  sa  sagacité  et  son  jugement 
exercé  ont  apporté  à  vos  délibérations ,  et ,  lorsque  l'heure  de  la 
séparation  a  sonné,  vos  regrets  l'ont  accompagné  dans  sa  retraite. 


64  N^ROLOGIE. 

Ces  regrets  devaieat  être  plus  vifs  eacore  au  moment  où  la  mort 
a  rendu  la  séparation  définitive. 

(Extrait  du  Discours  de  r&iUrée  prononoé  le  3  novembre  18^, 
à  la  Cour  impériale  de  Limoges ,  par  M.  Vételay,  substitut 
du  procureur  général). 


M.   MAURICE    ARDANT 


r^^*^^^^0*^\ 


Jean-Maurice  Ardant  ,  né  à  Limoges  le  4SI  janvier  4793,  mort 
le  6  mai  4867,  était,  depuis  le  44  janvier  4854,  archiviste  du  dé- 
partement de  la  Haute- Vienne.  Voici  quels  étaient ,  au  mois  de 
mars  4857 ,  ses  états  de  service  approuvés  par  M.  de  Coëtlogon , 
préfet  : 

Membre  de  la  Société  Archéologique  du  Limousin,  de  celles  de 
Tulle ,  Guéret ,  Angoulême  ,  Périgueux  ;  des  Antiquaires  de 
l'Ouest ,  de  THistoire  de  France ,  de  Sphragistique  de  Paris  ;  lau- 
réat de  rinstitut  (médaille  d'or  de  4  830) ,  des  Sociétés  de  Belgique 
et  de  la  Grande-Bretagne ,  conservateur  des  monuments  histori- 
ques de  la  Haute-Vienne  et  correspondant  du  ministère  pour  les 
sciences  historiques  ; 

Conseiller  municipal ,  inspecteur  des  écoles  primaires,  membre 
du  jury  d'examen  des  instituteurs  ;  président  du  bureau  de  bien- 
faisance ,  juge  et  président  au  tribunal  de  commerce. 

Il  a  donné  au  public  plusieurs  ouvrages  ou  mémoires  :  Traité 
des  Ostensions  (Limoges,  4848,  in-48);  —  Histoire  de  l'église  de 
Saint'Pierre-^u-^ueyroix  de  Limoges  (Limoges,  4854,  in-8)  ;  — 
Émailleurs  et  émaillerie  de  Limoges  (Limoges,  4855,  in-48)  ;  — 
Emailleurs  limousins  :  les  Guibert,  les  Fierjnat/d (Limoges,  4860,  in-8}  ; 
—  Emailleurs  limousins  :  les  Courteys,  Court  et  de  Court  (Limoges, 
4864,  in-8).  Divers  articles  publiés  dans  diverses  revues  périodi- 
ques. Il  laisse  en  manuscrit  :  une  traduction  de  Suétone  ,  une 
histoire  des  impératrices  romaines  ,  un  poème  en  vers  latins,  une 
histoire  de  France ,  et  une  histoire ,  par  les  médailles,  du  Limou- 
sin et  de  la  Marche. 


NOUVEAU  RÈGLEMENT 


DR  LA 


SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE 

ET  HISTORIQUE 
DU  LIMOUSIN 


(Voté  dans  la  séance  du  24  décembre  1Ô66) 

TITRE  I. 

ORGANISATION   DE  LA   SOCIÉTÉ. 


ARTICLE  PBEMIBE. 

La  Société ,  créée  depuis  le  3  décembre  4845 ,  conserve  le  nom 
de  Société  archéologique  et  Historique  du  Limousin. 

Art.  2, 

Elle  a  pour  but  : 

De  rechercher,  de  reconnaître  et  de  décrire  les  monuments, 
écrits  ou  figurés ,  qui  existent  soit  dans  les  archives  publiques 
ou  particulières ,  soit  à  la  surface  ou*  à  l'intérieur  du  sol  ; 

De  classer  les  monuments  et  les  ruines  de  toutes  les  époques 
qui  existent  en  Limousin ,  et  d'en  assurer  la  conservation  ; 

De  conserver  et  augmenter  le  musée  déjà  fondé  par  elle. 

5 


66  NOUVEAU  RÈGLEMENT. 

En  outre,  la  Société  admet  les  travaux  de  littérature,  de 
Bciences  et  d*art ,  et  les  publie ,  s'il  y  a  lieu ,  dans  son  Bulletin. 

Elle  s'interdit  toute  discussion  politique  ou  religieuse ,  et  il  ne 
sera  traité  dans  son  sein  aucune  matière  historique  postérieure 
à  4790. 

Elle  repousse  également  les  œuvres  d'imagination  pure. 

Abt.  3. 

Les  séances  de  la  Société  auront  lieu  à  Limoges ,  dans  un  local 
dépendant  du  musée. 

Abt.  4. 

La  Société  se  compose  : 

4<»  D'un  nombre  illimité  de  membres  titulaires,  résidant  dans 
le  département  ; 

2°  D'un  nombre  illimité  de  membres  correspondants,  résidant 
hors  du  département  ; 

3""  De  membres  honoraires,  dont  le  nombre  ne  pourra  dépasser 
quinze. 

Art.  5. 

Nul  ne  sera  admis  au  nombre  des  membres  de  la  Société  que 
sur  sa  demande  écrite  et  adressée  au  président. 

Cette  demande  sera  déposée  sur  le  bureau  en  séance  générale , 
et  il  en  sera  donné  avis  dans  lés  lettres  de  convocation  de  la 
séance  suivante.  Cet  avis  désignera  le  nombre  des  candidats  et 
la  catégorie  dans  laquelle  ils  se  rangent ,  mais  évitera  de  dé- 
signer par  leur  nom  les  candidats  eux-mêmes. 

Au  jour  indiqué  par  la  lettre  de  convocation ,  le  candidat  au 
titre  de  membre  titulaire  ou  correspondant  sera  élu  au  scrutin 
secret  et  à  la  majorité  des  suffrages. 

Les  membres  honoraires  seront  également  élus  au  scrutin 
secret ,  sur  la  proposition  du  bureau .  Le  candidat  devra  réunir, 
pour  être  nommé,  les  trois  quarts  des  voix  des  membres 
présents,  quel  que  soit  au  surplus  le  nombre  des  suffrages 
exprimés. 

Abt.  6. 

Dans  la  quinzaine  qui  suivra  la  nomination ,  avis  en  sera 
donné  au  nouveau  membre,  avec  invitation  d'avoir  à  retirer  son 
diplôme  et  un  exemplaire  du  Règlement  de  la  Société. 


NOUVEAU   RÈGLEMENT.  67 

Les  diplômes  sont  sur  parchemin,  sœllés  du  sceau  de  la 
Société ,  et  revêtus  des  signatures  du  président ,  du  secrétaire 
général  et  du  trésorier. 

Abt.  7. 

Chaque  membre  titulaire  paie  : 

<•  Un  droit  d'entrée  de  40  fr.,  qui  devra  être  acquitté  au  mo- 
ment de  la  remise  du  diplôme  ; 

2«  Une  cotisation  annuelle  de  45  fr.,  due  pour  l'année  entière , 
quelle  que  soit  l'époque  de  Tannée  à  laquelle  il  aura  été  reçu , 
mais  qui  peut  être  remplacée  par  une  somme  de  200  fr.  une 
fois  payée. 

Chaque  membre  correspondant  paie,  à  titre  de  cotisation 
annuelle ,  le  prix  d'abonnement  au  Bulletin  de  la  Société. 

Les  diplômes  sont  délivrés  gratuitement  aux  membres  cor- 
respondants ainsi  qu'aux  membres  honoraires.  C^  derniers  ne 
sont  soumis  à  aucune  cotisation. 

Art.  8. 

Les  membres  de  la  première  commission ,  nommée  le  3  dé- 
cembre 4845  par  M.  le  préfet  delà  Hte-Yienne,  sont  fondateurs 
de  droit. 

Le  titre  de  fondateur  sera  aussi  acquis  à  tout  membre  qui , 
outre  sa  cotisation  annuelle ,  fera ,  soit  en  argent ,  soit  en  objets 
d'art  ou  collections  scientifiques,  un  don  de  450  fr.  au  moins. 
L'importance  du  don  en  nature  sera  appréciée  par  le  conseil 
d'administration. 

Abt.  9. 

Le  Bulletin  de  la  Société  est  adressé  gratuitement  aux 
membres  titulaires  et  honoraires. 

Le  comité  de  publication  fixera  le  prix  de  vente  des  collections 
de  mémoires  et  autres  documents  que  la  Société  ferait  éditer  en 
dehors  de  son  Bulletin.  Il  fixera  un  prix  de  faveur  pour  les 
membres  de  la  Société. 

Les  personnes  étrangères  à  la  Société  et  les  Sociétés  savantes 
ne  pourront  recevoir  le  Bulletin  et  les  autres  travaux  publiés  aux 
frais  de  la  Société  Archéologique  et  Historique  du  Limousin  qu'à 
titre  d'échange  contre  des  publications  de  même  nature ,  ou  en 
payant  le  prix  fixé  par  le  conseil  d'administration.  Les  échanges 


68  NOUVEAU   RÈGLEMENT. 

devront  toujours  avoir  été  autorisés  par  le  Conseil  d'adminis- 
tration. 

Art.  40. 

La  Société  a  une  caisse ,  des  archives ,  une  bibliothèque  et  un 
musée. 

Art.  44. 

Les  archives  et  la  bibliothèque ,  qui  seront ,  autant  que  pos- 
sible ,  placées  dans  le  local  affecté  aux  séances  de  la  Société ,  et , 
à  défaut ,  dans  un  local  contigu ,  se  composent  des  manuscrits 
lus  en  séance ,  dont  les  auteurs  sont  tenus  de  déposer  une  copie 
sur  le  bureau  immédiatement  après  chaque  lecture  ;  des  ou- 
vrages ,  mémoires  et  imprimés  de  toute  nature  offerts  à  la  Société 
ou  acquis  par  elle ,  et  des  publications  qu'elle  fera. 

Art.  42. 

La  Société  demeure  propriétaire  de  la  copie  des  manuscrits 
lus  en  séance  et  de  celle  des  documents  qui  lui  sont  commu- 
niqués. Son  droit  se  borne  à  les  publier  en  entier  dans  son 
Bulletin.  Elle  peut  aussi  en  publier  des  extraits,  mais  avec 
l'agrément  de  l'auteur. 

Les  membres  de  la  Société  sont  tenus ,  s'ils  éditent  un  travail 
déjà  imprimé  au  Bulletin ,  de  mentionner  le  n"*  du  recueil  dans 
lequel  a  été  publié  ce  travail.  Il  leur  est  absolument  interdit  de 
l'insérer  dans  le  Bulletin  d'une  autre  Société ,  sous  peine  d'être 
exclus  par  un  vote  spécial. 

Art.  43. 

La  Société  reçoit  les  dons  des  particuliers.  Le  président  en 
délivre  récépissé.  Le  nom  du  donateur  est  inscrit  sur  les  objets 
si  cette  inscription  est  possible  :  dans  tous  les  cas ,  ce  nom  est 
porté  sur  les  catalogues ,  et  publié  dans  le  recueil  des  travaux 
de  la  Société. 


NOUVEAU  RÈGLEMENT.  69 


TITRE  IL 


ADMINISTRATION   DE  LA  SOCIÉTÉ. 


Art.  4  4. 


La  Société  est  administrée  par  un  conseil  dont  le  bureau  fait 
essentiellement  partie. 

ÂBT.  45. 

Ce  bureau  est  composé  : 

Du  préfet  du  département  de  la  Haute-Vienne,  président 
d'honneur  ; 

Du  président  ;  —  des  vice-présidents ,  au  nombre  de  deux  ;  — 
du  secrétaire  général;  —  d'un  secrétaire-bibliothécaire  et 
archiviste;  —  d'un  secrétaire-trésorier;  —  du  directeur  du 
musée. 

Art.  46. 

Le  président ,  ou ,  en  son  absence ,  l'un  des  vice-présidents , 
par  rang  d'âge,  dirige  les  travaux  de  la  Société.  Le  conseil 
d'administration  est  convoqué  par  lui ,  ou ,  s'il  est  empêché ,  par 
le  secrétaire  général. 

Art.  47. 

Le  secrétaire  général ,  qui ,  lorsqu'il  est  empêché ,  se  fait 
suppléer  par  le  secrétaire-archiviste  ou  par  le  secrétaire-trésorier, 
rédige  et  signe  les  procès-verbaux  des  séances;  adresse  aux 
membres  de  la  Société  les  lettres  de  convocation  pour  les  séances 
ordinaires  ;  fait  aussi ,  mais  sur  l'avis  du  président ,  les  convo- 
cations extraordinaires;  tient  et  signe  la  correspondance; 
enregistre  les  envois  de  toute  nature  et  les  abonnements; 
expédie  le  Bulletin  et  les  autres  publications  aux  divers  membres 
et  aux  abonnés  ;  dirige  les  publications  sous  la  surveillance  du 
comité  de  publication  ;  ordonnance  et  enregistre  les  mandats  de 
paiement ,  et  dresse ,  à  la  fin  de  chaque  année ,  la  liste  générale 
des  membres  de  la  Société,  qui  est  insérée  au  Bulletin. 


70  NOUVEAU   Rèr;LEMENT. 

Aet.  48. 

Le  secrétaire-bibliothécaire-archiviste  garde,  classe  les  ar- 
chives et  la  bibliothèque ,  et  en  tient  le  catalogue. 

11  exécute  les  achats  de  librairie ,  et  fait  les  dépenses  de  reliure 
dans  la  limite  du  crédit  qui  lui  est  ouvert  chaque  année  au 
budget. 

Abt.  49. 

Le  secrétaire-trésorier  fait  rentrer  les  fonds  de  la  Société ,  dont 
il  reste  dépositaire;  il  tient  registre  des  dépenses  et  des  recettes; 
il  acquitte  les  dépenses  sur  mandats  ordonnancés  par  le  secré- 
taire général ,  qui  en  tient  registre ,  et  appuyés  des  pièces  justi- 
ficatives, qui  doivent  être  signées  par  le  secrétaire  général 
lorsqu'il  s'agit  des  frais  généraux  du  secrétariat ,  par  le  secrétaire- 
archiviste  lorsqu'il  s'agit  de  la  bibliothèque ,  par  le  directeur  du 
musée  et  le  conservateur  de  la  section  lorsqu'il  s'agit  du  musée. 

Chaque  année ,  il  présente  ses  comptes  à  la  commission  de 
comptabilité ,  qui  les  arrête ,  et  charge  un  de  ses  membres  d'en 
faire  rapport  à  la  Société. 

ART.  20. 

Le  directeur  du  musée  est  chargé  de  recueillir  tous  les  objets 
donnés  à  la  Société ,  ou  acquis  par  elle  pour  faire  partie  du 
musée ,  d'en  tenir  le  livre  d'entrée ,  et  d'en  faire  la  distribution 
aux  conservateurs  de  section. 

Il  lui  est  adjoint  autant  de  conservateurs  de  section  que  la 
composition  du  musée  peut  le  rendre  nécessaire.  Chacun  d'eux 
tient  le  catalogue  particulier  de  sa  section ,  et  exécute ,  d'accord 
avec  le  directeur,  les  marchés ,  travaux  et  achats  relatifs  à  sa 
section ,  dans  la  limite  des  crédits  ouverts  à  cet  effet  au  budget. 

  la  fin  de  chaque  année ,  le  directeur  fait  un  rapport  à  la 
Société  sur  l'état  du  musée  et  les  besoins  généraux  de  cet  éta- 
blissement. 

Abt.  24. 

Le  conseil  d'administration  est  composé  : 

4  "^  Des  membres  du  bureau  : 

â^"  De  trois  conseillers  adjoints. 

Il  choisit  dans  son  sein  une  commission  de  comptabilité  »  corn- 


NOUVEAU  RÈGLEMENT.  71 

posée  de  trois  membres ,  qui  révise  chaque  année  les  comptes 
du  secrétaire-trésorier,  procède  au  récolement  des  archives  et  de 
la  bibliothèque,  et  fait  sur  chacun  de  ces  objets  un  rapport  à 
rassemblée  générale. 

Le  conseil  d'administration  propose ,  à  la  fin  de  chaque  année , 
pour  l'année  suivante ,  un  projet  de  budget ,  qui  est  discuté  et 
arrêté  en  assemblée  générale. 

Art.  22. 

Un  comité  de  publication,  composé  de  cinq  membres,  y 
compris  le  secrétaire  général ,  qui  en  fait  partie  de  droit ,  et  qui 
peut  se  faire  remplacer  par  l'un  des  deux  autres  secrétaires, 
est  chargé  de  composer  le  Bulletin  et  d'en  surveiller  l'impres- 
sion. 11  donne  son  avis  sur  les  publications  autres  que  le 
Bulletin  qui  pourraient  être  faites  aux  frais  de  la  Société ,  et  les 
surveille  après  qu'elles  ont  été  autorisées  en  assemblée  générale. 

Il  choisit  dans  son  sein  un  président,  sans  le  visa  duquel 
aucun  manuscrit  n'est  admis  à  l'impression. 

La  Société  n'entend  du  reste  approuver  ni  improuver  aucune 
de«  doctrines  émises  par  ses  membres  :  elle  en  laisse  aux  auteurs 
l'entière  responsabilité. 

Art.  23. 

Tous  les  fonctionnaires  sont  élus  au  scrutin  secret  et  à  la 
pluralité  des  suffrages.  Chacun  d'eux ,  à  l'exception  des  membres 
du  comité  de  publication ,  est  élu  pour  trois  ans,  et  indéfiniment 
rééligible  dans  les  mêipes  fonctions.  Si  une  élection  partielle 
devenait  nécessaire  avant  l'expiration  des  trois  ans,  elle  ne 
vaudrait  que  pour  le  temps  de  cette  période  restant  encore  à 
courir. 

Les  quatre  membres  éligibles  du  comité  de  publication  sont 
renouvelés  tous  les  ans  par  moitié.  Les  deux  membres  sortants 
de  chaque  année  ne  peuvent  être  réélus  avant  l'année  suivante. 

Il  n'y  a  pas  incompatibilité  entre  les  autres  fonctions  et  celles 
de  membre  du  comité  de  publication. 

Art.  24. 

La  Société  tient  une  séance  ordinaire  par  mois.  Le  tableau  des 
jours  de  réunion  est  imprimé  sur  la  couverture  du  Bulletin. 


72  NOUVEAU  RÈGLEMENT. 

L'ordre  du  jour  de  chaque  séance  est  porté  dans  les  lettres  de 
convocation,  que  le  secrétaire  gfénéral  doit  faire  parvenir  à 
chacun  des  membres  titulaires  trois  jours  au  moins  avant  la 
séance.  Â  cet  effet ,  les  membres  qui  se  proposent  de  faire  des 
lectures  doivent  en  aviser  le  secrétaire  général  six  jours  au  moins 
avantle  jour  fixé  pour  la  réunion. 

Tout  fonctionnaire  empêché  d'assister  à  Tune  des  séances  est 
tenu  de  s'en  excuser  par  écrit. 

Abt«  25. 

Tous  Statuts  antérieurs  sont  et  demeurent  abrogés. 

11  pourra  être  fait  des  modifications  au  présent  Règlement , 
en  tant  qu'elles  ne  seront  pas  contraires  à  l'arrêté  constitutif  de 
M.  le  préfet  de  la  Haute-Vienne  du  3  décembre  4845,  sur  une 
proposition  prise  en  considération  dans  une  séance  générale ,  et 
adoptée  à  la  majorité  absolue  dans  une  des  séances  suivantes. 


PROCÈS-VERBAUX  DES  SÉANCES. 


SÉANCE  DU  29  JANVIER  «867. 


Présidence  de  M.  L.AROMBIBM:  »  Vloe*Ppé«ldeiit. 


Sont  présents  :  MM.  Tabbé  Arbellot ,  Astaix ,  Brisset ,  Alfred 
Chapoulaud  ,  Hervy,  Maquart,  Perdoux,  Emile  Ruben. 

Le  procès-verbal  de  la  dernière  séance  est  lu  et  adopté. 

M.  Dubédat,  conseiller  à  la  Cour,  écrit  à  M.  le  président  pour 
le  prier  de  poser  sa  candidature  comme  membre  titulaire  de  la 
Société. 

Lecture  est  donnée  de  la  rédaction  définitive  adoptée  pour 
certains  articles  du  Règlement  récemment  modifié.  M.  le  pré- 
sident propose  la  réimpression  complète  de  ce  Règlement  tel 
qu'il  a  été  modifié.  La  Société  adopte  la  proposition. 

Sur  une  observation  de  M.  Ruben ,  l'assemblée  décide  que  le 
comité  de  publication  sera  cette  année ,  comme  les  années  précé- 
dentes ,  renouvelé  par  moitié. 

M.  le  secrétaire-tré^rier  dépose  le  compte  de  l'exercice  <  866. 
Une  commission ,  composée  de  MM.  Maquart ,  Hervy  et  Astaix  , 
est  chargée  de  vérifier  ce  compte  et  dQ  proposer  le  budget  de 
4867. 

M.  Ruben ,  au  nom  de  l'administration  du  musée,  propose  à  la 
Société  de  donner  à  Charles  Dulac  une  gratification  extraordi- 
naire de  50  fr.  pour  l'établissement  de  l'inventaire  général  du 
musée.  La  Société  vote  la  somme  demandée. 


74  PROCÈS-VERB.iUX    DES  SEANCES. 

M.  Tabbé  Arbellot  lit  la  suite  (4)  de  ses  Obsovatiofis  historiques 
et  critiques  sur  ks  lettres  de  Rorice  l'Ancien,  Cette  lecture  est 
écoutée  avec  un  vif  intérêt. 

A  40  heures,  la  séance  est  levée. 

Le  Secrétaire  général, 
É.  BUBEN. 


lA^^AW*<^^W^<»^A»V»^^*MMMMM^»W*»^^*M»^»»W»V 


SÉANCE  DU  26  FÉVRIER  4867. 


Présidence  de  M.  L. AROMBIÈRE  ,  Vloe-Pr6«ldenU 

Sont  présents  :  MM.  Hervy,  Nivet-Fontaubert ,  Alfred  Cha- 
poulaud ,  l'abbé  Arbellot ,  Guillemot ,  Garrigou-Lagrange. 

Par  suite  de  la  maladie  de  M.  Ruben ,  M.  Guillemot ,  secré- 
taire-archiviste ,  remplit  les  fonctions  de  secrétaire. 

Il  est  procédé  par  scrutin  secret  à  l'admission  de  M.  Dubédat , 
conseiller  à  la  Cour  impériale  de  Limoges ,  comme  membre 
titulaire  de  la  Société. 

M.  Dubédat  est  admis  à  l'unanimité  des  suffrages. 

M.  Guillemot  donne  communication  d'une  lettre  de  M.  Pe- 
connet,  préfet  de  la  Charente,  par  laquelle  M.  Peconnet  se 
démet  de  ses  fonctions  de  président ,  et  demande  en  même  temps 
à  être  maintenu  parmi  les  membres  actifs  de  la  Société. 

A  la  suite  de  cette  lettre ,  il  est  décidé  qu'à  la  prochaine  séance 
il  sera  procédé  à  la  nomination  d'un  président ,  et  que  M.  Pe- 
connet sera  maintenu  parmi  les  membres  titulaires  de  la  Société. 

Il  est  également  décidé  qu'à  cette  même  séance  il  sera  procédé 
au  renouvellement  partiel  du  comité  de  publication ,  et  par  cela 
même  au  remplacement  de  MM.  Hervy  et  Larombière ,  membres 
de  ce  comité. 

Plusieurs  communications  sont  ensuite  échangées  au  sujet  des 

(1)  Une  première  partie  de  ce  travail  avait  été  lue  aux  Assises  scien- 
tifiques de  décembre. 


PROCÈS-VERBAUX   DES   SEANCES.  75 

envois  d*objets  d'art  à  rExposition  universelle,  et  spécialement 
des  objets  d'art  que  peuvent  fournir  les  églises  du  diocèse.  On 
décide  qu'une  commission ,  présidée  par  M.  Adrien  Dubouché,  se 
rendra  chez  Mgr  Tévêque  de  Limoges  pour  le  prier  d'intervenir 
près  de  MM.  les  curés  du  département. 

M.  l'abbé  Arbellot  donne  connaissance  d'une  lettre  de  M.  de 
Cessac ,  qui  demande  à  la  Société  d'établir  une  liste  des  émailleurs 
limousins  qui  doivent  être  inscrits  au  musée  sur  une  plaque  de 
marbre ,  ainsi  qu'il  a  été  décidé  au  Congrès  scientifique  tenu  à 
Limoges  au  mois  de  décembre  dernier. 

M.  Hervy  donne  lecture  de  son  rapport  sur  l'état  du  budget 
de  la  Société.  Il  conclut  en  engageant  la  Société  à  l'économie, 
vu  les  dépenses  considérables  faites  les  années  précédentes ,  et  la 
prie  de  vouloir  bien  voter  des  remercîments  à  M.  Brisset, 
trésorier.  Ces  conclusions  sont  adoptées  h  l'unanimité. 

M.  Nivet  demande  qu'on  écrive  au  ministre  de  l'intérieur  pour 
le  prier  de  donner  au  musée  l'œuvre  de  Bernard  Palissy  et 
l'Histoire  des  arts  céramiques ,  édités  par  M.  Delange. 

M.  l'abbé  Arbellot  lit  sur  les  églises  de  Rochechouart  et  de 
Paint-Junien  deux  notices ,  où  nous  retrouvons  la  critique  sé- 
rieuse et  intéressante  à  laquelle  notre  honorable  collègue  nous 
a  depuis  long-temps  habitués. 

A  9  heures  la  séance  est  levée. 

Le  Secrétaire-archiviste , 
GUILLEMOT. 


..*S/\^\^>^S^^^/^^A^^^^^^A^^^^hAi^A/«#\  •  «^rf\Mtf\«\/V\A^^ 


SEANCE  DU  26  MARS  1867. 


PréaldenoedeM.  tiAROMBIBRB.  Vloe>Pr£aldent. 

Sont  présents  :  MM.  Lemas,  Garrigou-Lagrange ,  Linard, 
Maquart,  Nivet-Fontaubert ,  Lecler,  Hervy,  Dubédat,  Brisset, 
Guillemot. 

En  l'absence  de  M.  Ruben ,  M.  Guillemot  remplit  les  fouettons 
de  secrétaire. 


76  PROCÈS-VERBAUX   DES   SEANCES. 

Il  est  procédé  sur-le-champ  à  Télection  d'un  président  en  rem- 
placement de  M.  Othon  Peconnet,  démissionnaire. 

Les  onze  membres  présents  prennent  part  au  scrutin. 

M.  Larombiëre  ayant  obtenu  40  voix  contre  4,  donnée  à 
M.  Le  Sage ,  est  élu  président  de  la  Société. 

Il  est  décidé  que ,  par  suite ,  il  y  aura  lieu  à  la  prochaine 
séance  d'élire  un  vice-président  en  remplacement  de  M.  Larom* 
bière. 

On  procède  ensuite  au  renouvellement  partiel  du  comité  de 
publication ,  et  par  cela  même  au  remplacement  de  MM.  Hervy 
et  Larombière ,  membres  de  ce  comité. 

Au  premier  tour  de  scrutin,  M.  Lemas  ayant  obtenu  7  voix 
et  M.  l'abbé  Grange  5 ,  M.  Lemas  est  nommé  membre  du  comité 
de  publication  ;  puis  il  est  procédé  à  un  second  tour  de  scrutin , 
à  la  suite  duquel  M.  l'abbé  Grange  ayant  obtenu  6  voix  contre  5, 
données  à  M.  Dubédat,  est  nommé  membre  du  comité  de  publi- 
cation. 

L'ordre  du  jour  étant  épuisé ,  la  séance  est  levée. 

le  Secrétaire^rchivisU , 
GUILLEMOT. 


^»WW^\^^^^^>^»^WV%^^^^^f^^AA^VW^^/^V^^^ 


SÉANCE  DU  30  AVRIL  1867. 


Ppéftldenoe  de  M*  B.  MJBBIV  »  Beorétalre  général. 

Sont  présents  :  MM.  Alfred  Chapoulaud,  Dubédat,  Tabbé 
Grange,  E.  Hervy,  Lemas,  Linard,  É.  Ruben. 

En  l'absence  de  MM.  Larombière ,  président ,  et  l'abbé  Arbellot, 
vice-président,  qui  se  sont  excusés  par  lettres,  M.  É.  Ruben, 
secrétaire  général ,  occupe  le  fauteuil  de  la  présidence.  M.  Lemas 
est  prié  de  vouloir  bien  remplir  les  fonctions  de  secrétaire. 

Le  procès-verbal  de  la  dernière  séance  est  lu  et  adopté. 

Lecture  est  donnée  d'une  lettre  de  M.  le  maire  de  Limoges  et 
d'un  extrait  de  la  délibération  du  conseil  municipal  de  cette 
•ville ,  en  date  du  4  3  avril ,  par  laquelle  le  conseil  remercie  la 
Société  Archéologique,  adresse  ses  félicitations  aux  membres  de 


PROCÈS-VERBAUX   DES  SEANCES.  77 

la  commission  qui  édite  les  Registres  consulaires  de  la  ville  de 
Limoges,  et  prie  M.  le  maire  d'être  auprès  d'eux  l'interprète  de 
ses  sentiments. 

M.  Ph.  Lalande,  correspondant  pour  la  Corrèze  de  la  commis- 
sion pour  la  topo^aphie  des  Gaules ,  fait  hommage  à  la  Société 
d'une  brochure  intitulée  :  Monographie  des  grottes  à  silex  taillés 
des  environs  de  Brive.  Il  offire  en  outre  quelques  spécimens  de 
silex  taillés  de  l'âge  du  renne ,  et  demande  à  faire  partie  de  la 
Société  en  qualité  de  membre  correspondant. 

L'assemblée  accepte  avec  reconnaissance  l'offre  de  M.  Ph. 
Lalande. 

Aux  termes  du  nouveau  Règlement ,  l'élection  aura  lieu  au 
scrutin  secret  à  la  séance  prochaine. 

M.  Albert  Albrier,  demeurant  à  Dijon ,  écrit  à  la  date  du 
30  mars ,  et  envoie  à  la  Société  un  travail  généalogique  sur  la 
famille  Nadaud,  originaire  de  Limoges,  et  dont  un  rameau 
existe  en  Bourgogne.  M.  Albert  Albrier  demande  à  faire  partie 
de  la  Société  en  qualité  de  membre  correspondant.  Bemerciments 
et  renvoi ,  pour  l'élection ,  à  la  prochaine  séance. 

M.  Nivet-Fontaubert  dit  qu'il  a  reçu  le  buste  du  regretté 
Félix  de  Y erneilh ,  lequel  buste  est  déposé  dans  la  salle  des 
séances  de  la  Société.  Des  remercîments  sont  votés  à  M.  Jules  de 
Verneilh ,  son  frère. 

M.  Alfred  Chapoulaud  annonce  la  mort  d'un  des  membres 
correspondants  les  plus  éminents  de  la  Société,'  de  M.  Léon 
Nadaud ,  premier-président  honoraire  à  la  cour  de  Grenoble.  La 
Société  exprime  ses  regrets  de  la  perte  qu'elle  vient  de  faire. 

M.  le  directeur  de  la  manufacture  impériale  de  porcelaine  de 
Vienne  fait  part  à  la  Société  de  l'envoi  de  vingt-deux  pièces  pro- 
venant de  ce  musée.  Le  secrétaire  est  chargé  de  prier  M.  le 
directeur  du  musée  de  Limoges  de  vouloir  bien  remercier  son 
collègue  de  Vienne. 

On  procède  à  l'élection  d'un  vice-président  en  remplacement  de 
M.  Larombière ,  nommé  président  de  la  Société  à  la  dernière 
séance.  Le  dépouillement  du  scrutin  donne  les  résultats 
suivants  : 

Votants 8. 

M.  Màquart 6  voix. 

M.  Hervy 4  voix. 

M.  Dubédat 4  voix. 


78  PROCis-VBRBAUX  DES  SÉANCES. 

En  conséquence ,  M.  Maquart  est  nommé  vice-président  de  la 

Société. 
A  9  heures  la  séance  est  levée. 

Pour  le  Secrétaire  général, 
E.  LEMAS. 


>«WM'»^^^»<^^»W»<»^^^«^^««^^^»<» 


SÉANCE  DU  28  MAI  4867. 


■»Pé«ldence  «le  M.  CAROimifinB,  PréaldenU 

Sont  présents  :  MM.  Larombiëre,  président,  l'abbé  Arbellot 
et  Maquart ,  vice-présidents ,  Tabbé  Grange ,  Dubédat  et  Lînard. 

En  Tabsence  de  M.  le  secrétaire  général  et  de  M.  le  secrétaire- 
archiviste,  M.  Linard  remplit  les  fonctions  de  secrétaire,  sur 
rinvitation  de  Ta.  Larombière ,  président. 

Le  procès-verbal  de  la  dernière  séance  est  lu  et  adopté. 

Dès  le  début  de  la  séance ,  M.  Maquart  remercie  les  membres 
de  la  Société  de  l'avoir  nommé  vice-président  à  la  dernière 
réunion. 

M.  l'abbé  Grange  fait  hommage  à  la  Société  de  son  nouvel 
ouvrage  :  Étude  sur  le  Père  Le  Jeune ,  de  l'Oratoire. 

M.  le  président  adresse  à  M.  l'abbé  Grange  de  vifs  remer- 
cîments  au  sujet  de  ce  don. 

Il  est  procédé  à  la  nominatioil,  comme  membres  corres- 
pondants de  la  Société,  de  M.  Ph.  Lalande,  de  Brive,  et  de 
M.  Albert  Albrier,  de  Dijon,  qui  ont  demandé,  par  lettres, 
à  faire  partie  de  la  Société ,  la  présentation  ayant  été  faite  à  la 
dernière  séance.  A  la  majorité  des  suffrages ,  MM.  Ph.  Lalande 
et  Albert  Albrier  sont  nommés  membres  correspondants. 

M.  le  président  fait  remarquer  qu'il  sera  utile  d'envoyer  à  ces 
Messieurs ,  en  même  temps  que  l'avis  de  leur  nomination ,  un 
exemplaire  des  nouveaux  Statuts  de  la  Société ,  qu'il  est  du  reste 
nécessaire  de  faire  imprimer  en  ce  moment. 

M.  l'abbé  Arbellot ,  prenant  la  parole ,  fait  part  à  l'assemblée 
d'une  demande  de  la  fabrique  de  SaintJunien. 

MM.  les  membres  de  la  fabrique  de  Saint-Junien  désireraient 


PROCÈS-VERBAUX   DES  SEANCES.  79 

replacer  un  autel  en  travers  du  sarcophage  de  saint  Junien  :  ils 
demandent  à  la  Société  Archéologique  son  avis  au  sujet  de  ce 
travail  à  exécuter,  et  surtout  pour  le  cas  où  l'autel  choisi  parmi 
ceux  qui  sont  à  la  disposition  de  la  fabrique  serait  celui  où  se 
trouve  un  panneau  tiré  de  l'abbaye  de  Grandmont. 

L'assemblée ,  consultée ,  pense  qu'il  est  bon  que  l'autel  ainsi 
rajouté  soit  du  même  style  que  le  sarcophage  de  saint  Junien  ; 
cependant  elle  se  réserve  de  transmettre  son  avis  jusqu'au  mo- 
ment où  M.  Fayette  fils ,  inspecteur  diocésain  et  membre  de  la 
Société ,  aura  fait  à  ce  sujet  un  rapport ,  que  l'assemblée  le  prie 
de  vouloir  bien  rédiger  et  communiquer  le  plus  tôt  possible,  après 
avoir  examiné  la  situation  actuelle  des  lieux. 

M.  l'abbé  Arbellot  lit  une  notice  biographique  sur  M.  Maurice 
Ardant,  archiviste  du  département,  qui  vient  de  mourir. 
M.  l'abbé  Arbellot  passe  en  revue  la  vie  si  active  et  si  laborieuse 
de  M.  Maurice  Ardant,  et  fait  en  même  temps  une  étude  critique 
de  celles  des  œuvres  du  savant  antiquaire  qui  ont  trait  à  la  nu- 
mismatique ,  l'archéologie ,  l'émaillerie  limousine  et  la  paléo- 
graphie. 

A  9  heures  et  demie  la  séance  est  levée. 

Pour  le  Secrétaire  général, 
A.  LINARD. 


MM^/V^V^«/\/W>M^^^AAA/WNMMAMMMAM/WW\MMi 


SÉANCE  DU  30  JUILLET  Î867. 


Présidenoe  de  M.  L.AROIIBIERB,  Président* 

Sont  présents  :  MM.  Bonnîn,  Dubédat,  Hervy,  Grange, 
Garrigou-Lagrange ,  Lemas ,  Linard ,  E.  Ruben. 

Le  procès-verbal  de  la  dernière  séance  est  lu  et  approuvé. 

M.  Camille  Ley marie ,  avenue  d'Italie ,  63 ,  à  Paris ,  demande , 
par  lettre  adressée  au  président ,  à  faire  partie  de  la  Société  en 
qualité  de  membre  correspondant.  Renvoi  de  l'élection  à  la  pro- 
chaine séance. 

Sur  la  proposition  de  M.  le  président ,  la  Société ,  considérant 
l'accroissement  que  prend  le  musée  céramique  grâce  aux  efforts 


80  PROCÈS-VERBAUX   PES  SÉANCES. 

de  son  directeur,  vote  à  Tunanimité  des  remercîments  à 
M.  Adrien  Dubouché. 

Des  remerciments  sont  également  adressés  : 

4®  A  M.  Lalande ,  de  Brive,  pour  la  carte  des  objets  de  l'âge 
de  pierre  dont  il  a  fait  hommage  à  la  Société  (4  )  ; 

2°  A  M.  Bourgoin-Mélisse ,  de  Saînt-Junîen,  pour  roflfre, 
acceptée ,  d^un  dessus  de  cheminée  en  fonte. 

A  9  heures  et  demie  la  séance  est  levée. 

Le  Secrétaire  général, 
É.  RUBEN. 


^^  «/^/ «^^^  ^  ^^^^^^./^^^W  ^r\r  \/ Wr  V  \/N*  ^«  W%^  •/ W 'w  w  \ 


SEANCE  DU  27  AOUT  4867. 


Présidence  de  M.  l*Abb£  ARBBL.E.OT»  Vloe-Pr6sldent. 

Sont    présents  :   MM.    Arbellot,   Maquart,   Linard,    Nîvet- 
Fontaubert ,  Grange  et  Garrîgou-Lagrange.  • 

En  Fabsence  du  secrétaire  général  et  du  secrétaire-archiviste , 


(1)  L'envoi  fait  par  M.  Ph.  Lalande  se  compose  de  débris  de  remie  et 
de  silex  travaillés ,  tous  fort  curieux.  Ces  fossiles ,  d*un  âge  trës-éloîgné 
de  nous ,  sont  retenus  sur  une  carte ,  et  désignés  chacun  par  une  lé- 
gende assez  détaillée.  Nous  remarquons  qu*ils  proviennent  de  deux 
pays  distincts  au  point  de  vue  de  la  formation  des  terrains.  Ainsi  une 
partie  a  été  trouvée  dans  les  grottes  et  stations  de  la  Corrèze  (environs 
de  Brive  :  terrain  de  trias ,  assise  des  grès  bigarrés)  ;  Tautre ,  dans  la 
Dordogne  (environs  deTerrasson  :  terrain  jurassique,  calcaire,  caver- 
neux ,  etc.).  L*envoi  de  M.  Lalande  n'a  donc  pas  seulement  la  valeur  de 
spécimens  curieux  de  débris  de  renne  et  de  silex  travaillés  :  c'est  encore 
un  commencement  d'études  que  l'on  complétera  et  approfondira  sans 
doute ,  mais  qui  montre ,  pour  deux  pays  différents  de  formation ,  ime 
existence  identique  k  une  époque  reculée,  et  qui  vient  à  Tappui  des 
assertions  que  M.  Lalande  a  placées  dans  sa  brochure  :  Monographie  des 
grottes  à  silesc  taillés  des  environs  de  Brive.  Ces  études ,  quoique  relatives 
à  un  département  qui  n'est  pas  celui  de  la  Haute-Vienne ,  sont  fort 
attrayantes,  et  peuvent  fournir  des  détails  curieux  sur  les  mœurs  de 
l'âge  de  pierre ,  encore  bien  peu  connu  aujourd'hui. 


PROCÈS-VERBAUX  DES  SEANCES.  81 

M.  Garrigou-Lagrange  est  désigné  pour  remplir  les  fonctions  de 
secrétaire. 

La  lecture  du  dernier  procès-verbal  est  renvoyée  à  la  prochaîne 
séance. 

Son  Exe.  M.  le  Ministre  de  Tinstruction  publique  annonce  à  la 
Société  qu'il  lui  est  accordé  une  subvention  de  300  fr.  La  Société 
vote  des  remercîments  à  Son  Excellence.  M.  le  secrétaire-tré- 
sorier est  chargé  du  recouvrement  de  cette  somme. 

M.  Joseph  Bouteilloux ,  place  d'Aisne ,  à  Limoges ,  fait  don  à 
la  Société  ,  pour  le  musée ,  d'un  albatros  tué  au  cap  Horn.  La 
Société  vote  des  remercîments  à  M.  Joseph  Bouteilloux ,  et  charge 
M.  le  directeur  du  musée  de  les  lui  transmettre. 

M.  l'abbé  Arbellot  lit  une  intéressante  relation  de  son  voyage 
en  Italie.  Il  s'est  livré  pendant  ce  voyage  à  de  laborieuses  et 
fructueuses  recherches  dans  les  bibliothèques  de  Rome  et  de 
Florence ,  notamment  dans  les  bibliothèques  Ambroisienne  et 
Cazanata ,  et  de  l'étude  des  anciens  manuscrits  qu'il  y  a  trouvé 
il  est  résulté  pour  lui  une  nouvelle  preuve  de  l'apostolat  de 
saint  Martial  au  premier  siècle  de  notre  ère. 

Remercîments ,  et  renvoi  au  comité  de  publication. 

La  séance  est  levée  à  9  heures  et  demie. 

Pour  le  Secrétaire  général, 
GARRIGOU-LAGRANGE. 


>»^^^^^^^^^/SA<»^/»^^^^^»»^^^^^<S^»m»»^ 


SÉANCE  DU  29  OCTOBRE  1867. 


Préftldence  d«  11.  B.  HBRl^Y. 

Sont  présente  :  MM.  Hervy,  É.  Ruben ,  Lagrange ,  Lecler. 

M.  E.  Hervy  est  prié  de  prendre  place  au  fauteuil ,  en  l'absence 
de  MM.  le  présidente. 

Le  procès-verbal  de  la  séance  du  27  août  est  lu  et  adopté. 

On  procède  à  l'élection  par  voie  de  scrutin  de  M.  Camille 
Leymarie,  demeurant  à  Paris,  avenue  d'Italie,  63.  M.  Camille 
Leymarie  est  élu  membre  correspondant  de  la  Société. 

6 


82  PROCÈS-VERBAUX   DES  SEANCES. 

MM.  Launfty ,  professeur  d'histoire  au  lycée  de  Limoges ,  et 
Achard,  archiviste  du  département  de  la  Haute-Vienne,  de- 
mandent ,  par  lettre ,  à  faire  partie  de  la  Société  en  qualité  de 
membres  résidants.  Renvoi  pour  Télection  à  la  prochaîne 
séance. 

La  Société  remet  à  M.  l'abbé  Lecler,  chargé  de  la  continuation 
du  Nobiliaire  de  Nadaud,  la  notice  biographique  sur  M.  Nadaud , 
président  honoraire  à  la  Cour  de  Grenoble ,  envoyée  précédem- 
ment par  M.  Albert  Albrier,  membre  correspondant  de  la  Société. 

M.  Tabbé  Lecler  lit  une  notice  sur  les  vitraux  anciens  et 
notamment  sur  un  vitrail  représentant  saint  Jean-Baptiste ,  .qu'il 
oflFre  au  musée.  Remercîments ,  et  renvoi  de  la  notice  au  comité 
de  publication. 

A  9  heures  la  séance  est  levée. 

Le  Secrétaire  général, 
É.  RUBEN. 


>^»^^^,^^^/^^^»<^/vw^<^^A^^/»^^^»^^<^/^/^»^^»^>^*<^ 


SEANCE  DU  26  NOVEMBRE  4867. 


Préftldenoede  11.  L. AROMBIÈRB  »  Président. 

Sont  présents  :  MM.  Arbellot  et  Maquart ,  vice-présidents , 
Lemas,  Alfred  Chapoulaud ,  É.  Hervy,  Linard ,  Nivet-Fontaubert , 
É.  Ruben. 

Le  procès-verbal  de  la  dernière  séance  est  lu  et  adopté. 

On  procède  à  l'élection ,  par  voie  de  scrutin  secret ,  de  MM.  Lau- 
nay ,  professeur  d'histoire  au  lycée  de  Limoges ,  et  Achard ,  ar- 
chiviste de  la  Haute-Vienne,  présentés  à  la  dernière  séance. 
Les  deux  candidats  obtiennent  l'unanimité  des  suflFrages ,  et  sont 
proclamés  membres  résidants  de  la  Société. 

Sur  la  proposition  de  M.  Ruben ,  les  deux  nouveaux  membres 
sont  adjoints  à  la  commission  de  publication  des  Registres  con- 
sulaires. 

M.  Nivet-Fontaubert  propose  de  faire  photographier  h  un 
certain  nombre  d'exemplaires  le  remarquable  tableau  de  Léonard 


PROCÈS- VERBAUX   DES  SÉANCES.  83 

Limosin  appartenant  au  musée  de  Limoges.  Un  photographe  a 
parlé  de  20  centimes  par  exemplaire.  M.  Ruben,  adhérant  à  la 
proposition,  demande  que  chaque  exemplaire  soit  joint  au 
prochain  Bulletin  de  la  Société.  L'assemblée  adopte  ces  propo- 
sitions, et  vote  le  tirage  à  450  exemplaires. 

M.  Lascombe ,  membre  de  la  Société  Académique  du  Puy , 
employé  au  télégraphe ,  demeurant  à  Limoges ,  cours  Gay- 
Lussac,  demande  à  faire  partie  de  la  Société  en  qualité  de 
membre  résidant.  Renvoi  de  Télection  h  la  prochaine  séance. 

M.  Lemas,au  nom  de  M.  Philibert  Lalande ,  membre  corres- 
pondant de  la  Société ,  offre  un  Mémoire  sur  les  monuments  histo- 
riques de  la  Corrèze.  Remercîments  à  M.  Ph.  Lalande. 

M.  Tabbé  Arbellot  donne  lecture  : 

4  «  De  Notes  sur  une  tragédie ,  en  cinq  actes  et  en  vers ,  im- 
primée h  Limoges,  chez  Martial  Chapoulaud,  en  4669,  et 
intitulée  :  Le  Martyre  de  saincte  Valeiie,  œuvre  d'un  poète  limousin 
nommé  Yvernaud ,  complètement  négligé  par  tous  les  biographes; 

2«  D'une  Notice  sur  le  P.  Victorin  Pouliot,  de  Saint-Junien. 

Remercîments,  et  renvoi  au  comité  de  publication. 

A  9  heures  et  demie  la  séance  est  levée. 

Le  Seci'étaire  général , 
É.  RUBEN. 


SEANCE  DU  34  DÉCEMBRE  1867. 


PrCaldvnee  de  H.  fc  HBRW. 

Sont  présents  :  MM.  l'abbé  Lecler,  Achard,  É.  Ruben, 
É.  Hervy,  Garrigou-Lagrange ,  Lascombe. 

En  l'absence  de  MM.  les  présidents,  M.  É.  Hervy  est  prié  de 
vouloir  bien,  présider  la  réunion. 

M.  Lascombe,  présenté  à  la  dernière  séance ,  est  élu  membre 
titulaire  de  la  Société. 

M.  Ambroise  Tardieu,  membre  de  l'Académie  de  Clermont- 


84  PROCÈS-VERBAUX    DES   SEANCES. 

Ferrand ,  demeurant  dans  cette  ville ,  rue  Blatin ,  3 ,  écrit  pour 
demander  à  être  admis  dans  la  Société  en  qualité  de  membre 
correspondant. 

M.  Fougeras-LavergnoUe ,  membre  titulaire ,  écrit  pour  donner 
sa  démission. 

M.  Tabbé  Lecler  fait  don  à  la  Société  de  deux  vases  en  terre  , 
trouvés ,  Tun  dans  un  tombeau  du  bourg  de  Saint-Symphorien , 
Tautre  sur  remplacement  de  l'ancien  cimetière  de  Compreignac. 

—  M.  Bleynie  père,  docteur-médecin  à  Limoges,  oflFre  un  autre 
vase  en  terre  trouvé,  en  4867,  dans  un  tombeau  en  brique, 
dans  les  fondations  de  Téglise  Saint-Pierre,  à  l'angle  sud-est. 

—  M.  Barbe  offre  une  salamandre  trouvée  dans  sa  cave  aux 
Pénitents-Rouges. 

Enfin  M.  Ouillon  fait  don  à  la  Société  : 
4*»  D'une  médaille  en  composition  :  Louis-Napoléon  Bonaparte, 
élu  président  le  40  décembre  4848  ; 
2°  D'une  monnaie  de  confiance  du  44  juillet  4790. 
Remercîments  aux  donateurs. 
A  9  heures  et  demie ,  la  séance  est  levée. 

Le  Secrétaire  général , 
É.  RUBEN. 


LISTE 

Des  dons  faits  au  Musée  et  à  la  Bibliothèque  de  la  Société 

pendant  l'année  1867. 


DONS  FAITS  AU  MUSÉE  (1). 


Par  M.  Henri  db  Lostbndb  :  une  petite  cigogne  empaillée. 

Par  M.  Adrien  Dubouchâ  :  une  médaiUe  grand-bronze  (Abraham 
Lincoln,  Décâné.  —  A  sa  veuve,  par  la  démocratie  française). 

Par  M.  Philibert  Lalanoe  ,  à  Brive  :  carte  spécimen  de  fossiles  et  de  silex 
travaillés  (grottes  de  la  Corrèze  et  de  la  Dordogne). 

Par  M.  BouBOOiN-MéussE,  à  St^unien  :  un  chapeau  de  cheminée  ancien. 

Par  M.  Joseph  Bouteilloux  :  un  albatros  pris  au  cap  Hom. 

Par  M.  Félix  Mgreuéras  :  un  cadenas  et  un  montant  de  serrure  ancienne. 

Par  M.  Tabbé  Leclbr,  curé  de  Saint-Sjmphorien  :  un  fdtrail,  peinture 
sur  verre  (xv«  siècle) ,  provenant  de  Téglise  de  Saint-Michel-des-Lions  ; 
—  un  petit  vase  trouvé  dans  un  tombeau  du  cimetière  de  Saint-Sympho- 
rien  (Haute-Vienne)  ;  —  un  autre  petit  vase,  trouvé  à  Compreignac,  sur 
remplacement  de  Tancien  cimetière. 

Par  M.  Barbe,  propriétaire  aux  Pénitents-Rouges  :  ime  salamandre 
trouvée  dans  sa  cave. 

Par  la  ville  de  Limoges  :  deux  panneaux  bois  sculpté ,  représentant 
deux  tableaux  du  Chemin  de  Croix ,  provenant  de  Téglise  de  Tancien 
Asile  des  aliénés  ;  —  plus  deux  pierres  tumulaires. 

Par  M.  Léon  Gary  :  une  pierre  creusée ,  portant  en  façade  Técusson  des 
Lastours,  et  établissant  la  mesure  du  chftteau  de  Lastours. 


(1)  Les  nombreux  objets  donnes  an  mnsëe  céramique  pendant  et  api^s  TExpotltlon  univer- 
selle n'étant  pas  encore  tons  rendus  an  musée,  nous  sommes  obligés  de  renvoyer  la  lifte 
complète  des  donateurs,  soit  en  argent,  soit  en  nature .  an  Bulletin  de  Tannée  prochaine. 


86  DONS  FAITS  AU  MUSEE  ET  A   LA   BIBUOTHÈQUE. 

Par  M.  Alfred  Darcbl  :  une  gramre  sur  papier,  dessin  d'orfèvrerie 
ancienne ,  grayée  par  Gaucherel  d*aprës  Darcel. 

Par  M.  Emile  Guillon  :  une  médaille  en  composition,  représentant 
Louis-Napoléon  Bonaparte,  élu  président  de  la  République,  10  décembre 
1848  ;  —  une  autre  médaille  bronze ,  14  juillet  1790. 

Par  M.  le  D^  Blbynib  père  :  im  vase  trouvé  dans  un  tombeau  en 
briques,  dans  les  fondations  de  Téglise  Saint-Pierre,  à Tangle  sud-est, 
en  1867. 


OUVRAGES  OFFERTS  A  LA  BIBUOTHÈQUE  DE  LA  SOCIÉTÉ. 

la  Vocation ,  extrait  inédit  d*un  ouvrage  intitulé  :  Z'Àrt  et  la  Vie.  —  Mett , 
imp,  F.  Blanc  ^  1865.  —  In-8.  —  Don  de  Fauteur. 

Tableaux  et  dessins,  collection  de  M.  Lopbrlier.  —  In-8. 

Bewe  libérale,  politique,  littéraire,  sdentijlqne,  —  In-8. 

Monographie  des  grottes  à  silex  taillés  des  environs  de  Brive,  Par  M.  Phi- 
libert Lalande.  —  In-8. 

PriW'Courant  de  la  manufacture  de  Vienne  (Autriche),  avec2!6 plainckes por-- 
celaine  décorées.  —  Vienne,  1863.  —  In-4.  —  Don  du  directeur  de  la  manu- 
facture impériale  de  Vienne  (Autriche). 

Souvenir  historique  et  archéologique  de  la  campagne  d'Bspagne  en  1823. 
Par  M.  le  vicomte  de  Juillac-Vignoles.  -^  Toulouse,  1867.  —  Don  de 
Tauteur. 

Société  d'Bncouragement  ;  Programmé  des  prix  et  médailles  mis  au  concours 
(séance  générale  du  20  février  1867).  —  In-4. 

Étude  sur  le  Père  le  Jeune,  de  V Oratoire.  Par  Tabbé  Grange.  —  limoges , 
H.  Ducourtieux,  1867.  —  ln-12.  —  Don  de  Tauteur. 

Annuaire  de  rinstitut  des  provinces  et  des  Congrès  scientifiques.  —  Paris  et 
Caen,  1866-67.  —  2  vol.  in-8. 

Définition  élémentairede  quelques  termes  d'architectwre.  Par  M.  de  Caumont. 

—  1846.  —  In-8.  —  Don  de  Fauteur. 

Congrès  archéologique  de  France  (33«  session ,  tenue  à  Senlis ,  Aix  et  Nice 
en  1866).  —  Paris ,  1867.  —  In-«. 

Histoire  de  la  ville  et  du  canton  d'Uzerche.  —  Par  M.  Combbt.  ^  TuSe, 
imp.  de  Crauffon ,  1867.  —  Brochure  in-8. 

Histoire  du  travail  à  VBxposUion  ue^iverseUe.  Par  M.  Ferdinand  de 
Lastryrie.  —  Paris ,  1867.  —  In-8. 


LISTE 
DES  MEMBRES  DE  LA  SOCIÉTÉ 


POUR  UANNÉE  1867. 


BUREAU. 

Président-né.  —M.  Boby  de  La  Chapelle,  0  ^,  préfet  de  la  Haute-Vienne. 
Président.  —  M.  Larombière  ^, 
Viee-Présidentê.  —  MM.  Arbbllot,  Maquart. 
Secrétaire  général.  —  M.  É.  Ruben. 
Secrétaire-bibliothécaire  et  archiviste.  —  M.  Guillemot. 
Secrétaire-trésorier.  —  M.  F.  Brisset. 

MEMBRES  DU  CONSEIL. 

MM.  Tixier-Lachassaone,  C  ^ ,  premier-président  honoraire. 
Armand  Noualhier,  ^,  député  au  Corps  législatif. 

N 

COMITÉ  DE  PUBLICATION. 

Présidents.  —  MM.  Larombière,  ^,  Arbellot  ,  Maquart. 

Secrétaire  général.  —  M.  É.  Ruben. 

MM.  Alph.  Bardinbt,  Alfred  Cbapoulaud,  Lbmas  et  l'abbé  Grange. 

DIRECTION  DU  MUSÉE. 

Direetewr.  —  M.  Dubouché  (Adrien). 
SouS'directeurs  :  MM.  Maquart. 

—  Guillemot. 

—  NlVEt-FONTAUBERT. 

—  Ruben  (Emile.) 

—  Lbmas. 

—  LiNARD. 

MM.  MEMBRES  RÉSIDANTS. 

ACHARD  (Félix] ,  archiviste  du  dé-  Alluaud   (Amédée)  »  fabricant  de 

partement.  porcelaine ,  secrétaire  de  la  Société 

ALLBLix    (Joseph  ) ,   négociant ,    à  des  Amis  des  Arts  du  Limousin. 

Aixe.  Arbbllot  ,  curé-archiprêtre  de  Ro- 


88  LISTE   DES  MEMBRES   DE   LA   SOGIÉTÉ. 

chechouart,    correspondant    des  Graves  (le  comte  de),  propriétaire. 

Comités  historiques.  Guillemot  (Albert),   rédacteur  en 
ARDANT  (Eugène) ,  imprimeur.  chef  du  Courrier  du  Centre. 

Ardant  (Henri),  négociant.  Hbrvy  (Emile),  notaire. 

AsTAix,  professeur  à  Técole  de  mé-  La  Bastide  (le  baron  Hubert  de),  ^. 

decine.  ancien  capitaine  d*état-major. 

Bardinbt  (Alphonse),  avocat.  Labonkb    (de),    propriétaire,    au 
Barny  (Alexis) ,  professeur  à  l'école      ch&teau  de  Montbrun. 

de  médecine.  Lagranob  (Paul),  propriétaire. 

Baron-Dutata  ,  à  Bussière-Bofiy.  Lamt  de  Lurbt  (Edouard),  banquier. 

Bonnbval  (le  marquis  db),C.  ^,  LANSADB,agent-YOjer.- 

maréchal-de-camp.  Laportb  (Ernest),  propriétaire. 

Bonnin  ,  #.  ane.  inspecta  d*académie.  LAROiiBiàRB ,  ^ .  président  de  cham- 
BouRDBAU  DE  IJljudib  pèrc,  ancien       bre. 

député.  Launat,    professeur  d*histoire   au 
BouRGOiN  -  MéussE ,    propriétaire ,       lycée. 

Il  Saint-Junien.  Lbclbr  (André),  curé  de  Saint- 
Brissbt  (Frédéric) ,  juge  au  tribunal       Symphorien. 

civil  de  Limoges.  Lemas  (Êlie) ,  professeur  de  rhéto- 
BuissoN  DE  Mavbronier  (Édouard) ,       rique  au  lycée. 

avocat.  Le  Sage  (Charles) ,  ingénieur  civil . 
Chapoulaud  (Roméo) ,  propriétaire.       maire  de  Limoges. 

Chapoulaud  (Alfred) ,  imprimeur.  Linard  (Albert),  ancien  officier. 

Charreirb  (Paul),  organiste  de  la  Maquart,  propriétaire. 

cathédrale.  Mathieu- Lascombb,   employé    au 
Cluzblaud,    architecte-adjoint   de      télégraphe. 

la  ville  de  Limoges.  Maublanc  (de)  fils ,  propriétaire ,  à 
Debort  (Gabriel] ,  négociant.  St-Junien. 

Depayb  fils,  pharmacien,  à  Saint-  Nivbt-Fontaubbrt,  négociant. 

Junien.  Noualhier  (Armand),  ^.   député 
Dru  (AloTs) .  pharmacien  au  Dorât.         au  Corps  législatif. 

Dubédat,  conseiller  à  la  Cour  im-  Pbrdoux  (E.)  ,  professeur  de  mode- 

périale.  lage. 

Dubois  (É.).  fabricant  de  porcelaine.  Poutat  (Emile) ,  !^ ,  négociant. 

Dubouché (Adrien),  négociant.  RBCULàs  (François) ,  propriétaire. 

DuvERT,   de  La  Gabie,  maire  de  Reonault  ,  ^ ,  architecte  de  la  ville 

Yerneuil-sur-Yienne.  de  Limoges. 

Fayette  père,  architecte.  Rogubs  de  Fursac  (Victor) ,  avocat. 

Fayette  fils,  architecte.  Rougbrie    (Vabbé) ,   professeur  au 
Fizot-Lavbrqnb  ,    avoué    près    la       petit-séminaire  du  Dorât. 

Cour.  Ruben  (Emile) ,  conservateur  de  la 
Fontaneau,     ancien     officier    de      bibliothèque. 

marine,  adjoint  au  maire.  Sapin  ,  curé  de  La  Jonchère. 

Font-Réaulx  (Théophile  de),  no-  Tandbau  de  Marsac  (l'abbé),  cha- 

taire,  à  Saint-Junien.  noine  honoraire. 

Fougères  (Léopold) ,  directeur-mé-  Tarneaud  (Firmin) ,  banquier. 

decin  de  l'asile  des  aliénés.  Tarneaud  (Frédéric),  propriétaire. 

Garrioou-Laqr ANGE,  avoué.  Tixier-Lacbassagnb  ,  C   ^,   pre- 
Grang  b  (  Tabbé) ,  vicaire  k  St-Pierre.        mier-président  honoraire. 


LISTE  DES   MEMBRES  DE  LA  SOCléTÉ.  89 

MEMBRES  HONORAIRES. 
MM. 

Cruvbilhieb,  0  !j^.  professeur  à  Técole  de  médecine  de  Paris. 

De  Mentqub,  0  # ,  sénateur,  ancien  préfet  de  la  Haute- Vienne. 

MoRisoT  (Tiburce]  ,0^,  ancien  préfet  de  la  Haute-Vienne,  fondateur  du 
Musée. 

Saint-Marc-Girârdin  ,  0  ^ ,  membre  de  Tlnstitut. 

MiGNERET,  0  ^,  coQseiller  d*Etat ,  ancien  préfet  de  la  Haute-Vienne. 

Mgr  Berteauo  ,  évêque  de  Tulle. 

Dalesme  ,  g  0  î^  ,  général  de  division  du  géûie. 

Mgr  Cousseaud  ,  évêque  d* Angoulême. 

De  Caumont,  0  ^ ,  fondateur  de  la  Société  Française ,  à  Gaen. 

Michel  Chevaueb  ,  0  !^ ,  sénateur,  membre  de  Tlnstitut. 

Le  vicomte  E.  de  Eerckove-Warent  ,  président  de  la  Société  Archéolo- 
gique de  Belgique. 

Le  général  de  Montréal,  G  0  ^  ,  sénateur. 

Le  comte  F.  de  Lasteyrib  ,  membre  de  rinstitut. 


MEMBRES  œRRESPONDANTS. 

Albrier  (Albert) ,  à  Dijon.' 

Babaud-Laribiâre  ,  à  Confolens. 

BoMBAL ,  à  Argentat  (Corrëze). 

BONNAFOux,  conservateur  de  la  bibliothèque  de  Guéret. 

BONNâuE  (François) ,  bibliothécaire  à  Tulle. 

BosviEUX  (Auguste) ,  juge  à  Wissembourg  (  Bas-Rhin). 

Brunet  (Joseph)  !^ ,  juge  d*instruction,  à  Paris. 

Cardaillac  (le  comte  de)  ,  chef  de  division  au  ministère  de  la  maison  de 

TEmpereur. 
Cessac  (de)  ,  au  château  de  Mouchetard  près  Guéret. 
CoMBET,  avocat,  à  Uzerche  (Corrèze). 
CORNUDET  (le  vicomte  Alfred  de)  ,  à  Paris. 
CousTiN  DE  MAiiADAUD  (le  marquis  de)  ,  au  château  de  Sazerat. 
Dblochb  (Maximin),  «A^,  chef  de  bureau  au  ministère  des  travaux 

publics. 
Delor  (Firmin) ,  à  Péronne  (Somme). 

DoRLHAC ,  directeur  des  mines  de  Montigné ,  à  Laval  (Mayenne). 
Gay  de  Vernon  (lebon),  «|ji,chef  d*escadrons  aux  chasseurs  d'Afrique. 
GâRY  (Charles) ,  ^ ,  préfet  de  la  Corse,  h,  Ajaccio. 
Grionard  (Emile) ,  directeur  du  chemin  de  fer  de  Lyon  à  Sathonaj. 
Juge  (de  Tulle) ,  #  (le  docteur  Louis-Théodore),  à  Paris. 
JuiLLAC-ViQNOLE  (le  vicomtc  Gustave  de),  à  Toulouse. 
Laqardb  (Henri  de)  ,  docteur-médecin ,  k  Confolens  (Charente).         • 
Lalande  (Philibert) ,  k  Brive. 

Lapobte  (Armand  de)  ,  aide-major  de  Tartillerie  de  la  garde ,  &  Versailles. 
Larouverade  (de)  ,  conseiller  honoraire  à  la  cour  de  Bordeaux  .  à  Tulle. 
Mandat  de  Grancet  ,  capitaine  adjudant-major  au  5«  chasseurs. 


90  LISTE   DES   MEMBRES   DE   LA   SOCIETE. 

Martin  de  Brbttbs  ,  chef  de  bataillon  d*artillerie  de  la  garde,  kVersailles. 

N ADAULT  DE  BuFFON ,  procureuF  impérial ,  à  Rennes. 

Nalbbrt,  sculpteur,  à  Angouléme. 

NORiAC  (Jules) ,  homme  de  lettres ,  h  Paris. 

Peconnet  (OthOD),  *.  préfet  de  la  Charente. 

Rancoonb  (Gustave  de)  ,  archiviste  de  la  Charente ,  k  Angoulôme. 

Renond  (l'abbé) ,  professeur  au  petit-séminaire  d*Ajain  (Creuse). 

SÉNEMAUD,  archiviste  du  département  des  Ardennes,  à  Mézières. 

Septenvillb  (le  baron  Éd.  de)  ,  ch&teau  de  Ligrniërea,  par  Poix  (Somme). 

Simon-Clément,  procureur  impérial  à  Auch  (Gers). 

Tandeau  de  Marsac  ,  notaire»  îi  Paris. 

Thou VENIN ,  membre  de  la  Société  de  THistoire  de  France ,  à  Paris. 

Tabdieu  (Ambroise) ,  k  Clermont-Ferrand. 


LISTE 

DES  SOCIÉTÉS  CORRESPONDANTES. 


Société  Archéologique  de  la  province  de  Constantine. 

Société  Archéologique  et  Scientifique  de  Soissons  (Aisne). 

Société  9istorique  et  Archéologique  de  Ch&teau-Thierry  (Aisne). 

Société  d'Émulation  de  TAllier,  à  Moulins. 

Société  de  TUnion  des  Arts ,  à  Marseille. 

Société  de  Vlnstitut  des  provinces  ,^  Caen  (Calvados). 

Société  Archéologique  et  Historique  de  la  Charente,  k  Angouléme. 

Société  Historique  et  Scientifique  de  la  Charente-Inférieure  ^  ù  Salnt-J^n- 

d'Angély. 
Commission  historique  du  Cher,  h  Bourges- 
Société  des  Sciences  naturelles  et  archéologique  de  la  Creuse  »  à  Guéret. 
Société  d'Émulation  du  Doubs,  à  Besançon* 
Société  d'Émulation ,  à  Montbelliard  (Doubs). 
Société  Académique  du  Gard .  k  Nîmes. 
Société  Archéologique  du  Midi ,  à  Toulouse. 
Académie  des  Sciences ,  Belles-Lettres  et  Arts  de  Bordeaux. 
Commission  des  Monuments  et  Documents  historiques  4e  la  QHronde. 
Société  Archéologique  du  Midi ,  à  Montpellier, 
Société  Archéologique  de  Béziers  (Hérault). 
Société  Archéologique  de  la  Touraine ,  h  Tours. 
Société  des  Sciences  et  Lettres  de  Blois  (Loir-et-Cher). 
Société  Archéologique  derOrléanais,  h,  Orléans. 
Société  d'Agriculture,  Sciences  et  Arts  d*Agen  (Lot-et-Garonne). 
Commission  Archéologique  de  Maine^t-Loire ,  à  Angers. 
Société  Polymathique  du  Morbihan  (Vannes). 
Société  des  Sciences,  de  l'Agriculture  et  des  Arts,  h  Lille.