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BULLETIN
DE I.A SOCIÉTÉ
ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE
DU LIMOUSIN
BULLETIN
DE LA SOCIÉTÉ
ARGHÉOLOGIOUE
ET HISTORIQUE
DU LIMOUSIN
TOME XIII
LIMOGES
CH APOULAUD FRÈRES , IMPRIMEURS DE LA SOCIÉTÉ
Rue Montant- Maniffne , 7
4863
LES ÉMAUX D'ALLEMAGNE
ET
LES ÉMAUX LIMOUSINS
MÉMOIRE
KN lîKPtJMnK,
A M. LE COMTE F. DE LASTETRIE
Messieurs,
Lorsque j'ai été amené, de concert avec M. le baron de
Qaast, à exposer au Congrès de Limoges les idées que M. le
comte Ferdinand de Lasteyrie m'a fait Thonneur de venir
critiquer devant vous, j'étais surtout inspiré par le désir de
vous faire connaître de récentes découvertes, encore à peu près
ignorées en France , et qui me paraissaient devoir être prises
en sérieuse considération par les historiens futurs de cet art des
émaux qui a jeté tant d'éclat sur votre ville. J'arrivais d'Alle-
magne depuis quelques mois à peine, et il me restait bien peu
de temps pour me préparer à traiter les questions posées publi-
quement par le programme du Congrès. Jusque là les émaux
m'avaient principalement intéressé par le côté qui touche aux
influences byzantines. Je n'avais rien écrit avant la réunion de
LES ÉMAUX D'ALLEMAGNE
septembre 4860, et j'étais loin d'avoir lu tout ce qu'il était utile
et presque indispensable de connaître sur cette matière.
Si mon savant ami M. l'abbé Texier avait encore vécu,
j'aurais certainement laissé à sa haute expérience et à sa
loyauté le soin de faire une juste part aux émaux d'Allemagne.
J*ai cru continuer son œuvre, et faire ce qu'il aurait fait
lui-même, en demandant à M. de Quast des renseignements
aussi complets que possible sur les trésors de Ck)logne, de
Trêves, d'Essein, de Brunswick, etc., et en disait franchement
toute ma pensée sur l'ancienneté relative de quelques-uns des
reliquaires émaillés qu'on y conserve et sur la rare beauté de
quelques autres.
Dans ces conditions, je devais nécessairement omettre beau-
coup de choses essentielles. Aussi , depuis le Congrès de Limoges,
mon opinion s'est-elle sensiblement modifiée. Quoique ce ne soit
pas dans le sens que m'indique aujourd'hui M. de Lasteyrie,
je ne l'en remercie pas moins de m'avoir fourni une bonne
occasion de compléter et de rectifier ma précédente notice , de
façon à pouvoir l'opposer avec plus de confiance à de redoutables
adversaires.
S'il est vrai, et je n'y fais aucune opposition, que M. le comte
de Laborde soit a l'homme le plus compétent qu'il y ait en
matière d'émaux » (4), je me trouverais à l'autre bout de
réchelle, et le moins compétent des connaisseurs, ou, à coup
sûr, le dernier venu de tous. Mais cela ne me décourage pas :
j'ai du moins sur M. de Laborde et sur M. de Lasteyrie l'avan-
tage d'avoir vu une grande quantité d'émaux byzantins et
d'émaux allemands ainsi que d'émaux français avant de prendre
parti dans la discussion. Je me flatte donc d'y avoir apporté un
esprit plus libre de préventions, et assez exercé cependant aux
problèmes archéologiques de ce genre.
Du reste il ne s'agit pas d'être cru sur parole, mais de donner
des preuves. Je reprends donc mon système en le rectifiant, afin
que le public impartial puisse l'envisager dans son ensemble , et
décider après s'il ne résiste pas mieux aux objections que celui
de M. de Lasteyrie.
Négligeons les premiers essais tentés par les Égyptiens dans la
haute antiquité pour commencer l'histoire de l'émaillerie avec le
(1) Bulletin de la Société Àrcliéologique du Urnousiu, T. XII, 2« 11 vr*
de 1802, p. 102,
ET LES éMAi;\ LIMOUSINS. 7
texte célèbre de Philostrate. Cet érudit en parle comme d'une
chose toute nouvelle et inconnue à Tart romain : mais il ne
savait pas encore au juste oti se faisaient les émaux sur cuivre,
ni comment ils se faisaient. En effet, il avance que les couleurs
étaient disposées sur Vairain brûlant, de façon néanmoins à
conserver leur dessin. Or elles se posent à froid, et sont fixées
ensuite par un feu précisément assez vif pour fondre le verre
sans fondre le cuivre. Si nos modernes émailleurs s'avisaient de
prendre à la lettre les indications de Philostrate, assurément ils
ne feraient rien qui vaille.
Ces émaux impossibles étaient fabriqués, nous dit-on, par les
barbares de VOcéan, et M. de Lasteyrie nous rappelle , à ce sujet,
que les peuples barbares avaient leurs noms particuliers comme
ceux de Tempire. Cela est vrai : on ne les a pas désignés plus
clairement, parce qu'on n'en savait pas davantage. Si l'on nous
montrait par d'autres textes de Philostrate ou de ses contem-
porains que l'on traitait couramment de barbares les populations
civilisées de la Gaule , et que la capitale des Lémoviques était
considérée comme voisine de la mer, je comprendrais qu'on vînt
nous dire ensuite que ce même Philostrate, à propos d'émaux , a
pu vouloir désigner le Limousin entre tant d'autres régions plus
barbares et plus voisines de l'Océan. Ce serait seulement peu
probable ; car, de ce qu'une chose n'est pas tout-à-fait impossible,
il ne s'ensuit pas pour cela qu'elle soit démontrée. Mais, jusqu'à
nouveaux renseignements, le fait dont s'autorise M. de Lasteyrie
ne me paraît ni probable à un degré quelconque ni possible.
Maintenant quels étaient les véritables inventeurs de l'émail?
— Des Celtes si l'on veut, mais des Celtes barbares, ceux de la
Bretagne, du pays de Galles, de l'Ecosse ou de l'Irlande. Tel
est du moins le sens naturel du texte de Philostrate. Les
Germains, qui bordaient aussi l'Océan, quoi qu'on en dise,
car, si j'ouvre une carte du monde romain, j'y distingue 1 océan
Atlantique, Tocéan Britannique, l'océan Germanique, et tout
cela c'est pour moi l'Océan, — de sorte que, si j'ai réellement
commis un lapsus calami, comme on me le reproche, je l'aggrave
en y persévérant; — les Germains, dis-je, auraient moins de
titres à faire valoir s'il est vrai qu'on ne trouve en Allemagne,
et notamment sur les côtes de la Frise, aucun spécimen de
lémaillerie primitive. M. de La borde disait seulement que les
découvertes de ce genre étaient très-rares au-delà du Rhin.
WvÀ:: M. lie Quasi, dont M. de Lasteyrie ne récusera pas cette
8 LES ÉMAOl D'ALLEUAGNV
fois le témoignage, m*écrit qu*il n*en connaît aucune abso^
lument.
En définitive, cela est sans importance, car personne ne
prétend rattacher directement les émaux d'Allemagne du x* et
du XI" siècle aux émaux barbares. Au contraire, on, s'accorde à
faire dériver de Byzance Técole allemande des bords du Rhin , et
M. de Lasteyrie lui-même n'est pas d'un autre avis.
Quant à la première découverte , toutes les chances resteraient
aux îles Britanniques, où les émaux antiques sont incontesta-
blement plus abondants que partout ailleurs. Ces contrées , qui
produisaient le cuivre en grande quantité, auront commencé les
premières à le décorer d'incrustations en émail. Ainsi j'ai vu
récemment au musée d'York huit émaux primitifs trouvés dans
la même sépulture, et qui paraissent avoir appartenu à un
personnage de l'époque romaine. Le BriHsh Muséum conserve
aussi neuf fibules, bagues et autres objets analogues, tous
émaillés, qui ont été découverts ensemble à Barly-Heath
(Surrey). Une autre trouvaille, moins abondante, et dont la
même collection a profité, a été faite à Eerby (Westmoreland).
A Londres même, on a trouvé, dans les boues conservatrices de
la Tamise un beau bouclier incrusté d'émail rouge, et une pièce
singulière, la plus importante qu'offre jusqu'à présent rémail-
lerie primitive. Je ne saurais en préciser l'usage, à moins que
ce ne soit un ex-voto ou une hache de sacrifices* Elle a la forme
générale et les dimensions d'une grande hache celtique; elle
s'aiguise même au sommet , qui est sensiblement évasé ; mais il
n'y a pas trace d'un manche. Elle est entièrement couverte
d'ornements émaillés très-finis et vraiment élégants. On y voit
tantôt des lions, tantôt des griffons affrontés devant des vases.
On y distingue aussi un fronton. En un mot, l'influence des arts
romains s'y fait nettement sentir, quoique le fond de cette orne-
mentation reste indigène et breton. C'est le seul spécimen de
l'émaillerie primitive qui donne lieu à pareille observation , et il
n'est pas moins remarquable à d'autres points de vue par l'har-
monie et la variété des couleurs , par la grâce des rinceaux et la
bonne conservation de l'émail.
Je néglige quantité d^autres émaux primitiâ trouvés aussi en
Angleterre; mais c'en est assez pour conclure. — Lorsque les
produits d'un art mystérieux s'offrent si multipliés et se groupent
de cette manière, il est évident que l'on approche des points de
fabrication et des ateliers principaux. Cela ne veut pas dire que
ET LES ÈVLKVX LIMOUSINS. 9
ces ateliers ne se sont pas déplacés : ils ont pu , par exemple ,
depuis Philostrate, passer des Bretons barbares aux Bretons
gouvernés par les Romains ; mais ils ont dû rester à Técart des
grands centres de la civilisation et de Tart antique.
On trouve aussi en France des émaux primitifs. Selon M. de
Lasteyrie lui-môme, il y en a « quelques-uns » seulement en
Limousin , tandis qu'on en possède a beaucoup » en Angleterre
et « un bon nombre » dans les provinces françaises qui bordent
la Manche. Il y a donc, pour tout le Limousin, une ou deux
fibules g*rossiërement émaillées; il y a surtout le vase de La
Ouierce. J'aurais dû en parler au Congrès de Limoges ; car je
possédais , grâce à Tobligeance de M. Maurice Ardant, la bro-
chure oii il est dessiné et décrit , et je Tavais lue à son apparition
avec rintérôt qu'excitent toutes les œuvres de notre digne vice-
président (1). Mais il y avait de cela cinq ou six ans, je ne
m'étais ^uère opcupé d'émaux dans l'intervalle , et le fait , aus>i
important qu'il puisse sembler aujourd'hui , n'avait pas laissé de
traces dans ma mémoire. C'est M. le comte Alexis de Chas-
teignier qui me l'a rappelé peu de temps après le Congrès; et
bientôt nous eûmes l'occasion de demander ensemble de nou-
veaux détails sur le trésor de La Guierce à M. de Chassay, qui
en a acquis une partie. Le vase émaillé , lorsqu'il a été déterré
au village de La Guierce, commune de Pressignac, non loin de
Chassenon, sur les anciennes limites du Limousin et de l'An-
goumoifi, était réellement rempli de monnaies romaines de petit-
bronze, et accompagné de bijoux et d'ustensiles évidemment
romains. On Toffrit alors à M. de Chassay au prix de 50 fr.,
ce qui exclut toute idée de falsification, et M. John Bolle,
d'Angoulême, dont la famille le possède encore. Ta acheté pour
cette somme. On n'a malheureusement pas examiné toutes les
pièces qu'il renfermait; mais M. Maurice Ardant en a vu une
assez grande quantité pour qu'il soit extrêmement probable que
le trésor avait été enfoui avant la fin du iir siècle , pendant les
désordres qui marquèrent la chute de Tetricus et l'avènement
de Probus. Au moins les nombreuses médailles envoyées à
M. Ardant ont-elles toutes été frappées de 253 à 370 , et il
en est de même de celles que M. de Chassay a bien voulu
me donner.
Ainsi le vase de La Guierce est positivement de Tépoque
'.1) Émaillcurs et ÉmaiUerie de Limoges, in- 12, 1855, page 8.
10 LES ÉMAUX D*ALLP.MAGNe
romaine, et il est non moins positivement analogue, par la
physionomie générale, par le procédé de fabrication, par
l'usage domestique auquel il était destiné , à ces « œuvres de
Limoges » que le commerce répandait partout au xiii* siècle.
Mais, s'il a appartenu à un Gallo-Romain, est-il bien de fabri-
cation gallo-romaine? — A défaut de figures, je désirerais,
pour lui reconnaître ce caractère, ou des rinceaux, ou des
grecques, ou des palmettes, en un mot, quelqu'un de ces nom-
breux motifs dont se parent habituellement nos plus modestes
poteries du iir siècle. Au lieu de cela, je ne vois qu'un dessin
barbare , et tel que pourraient encore le tracer des artistes de la
Nouvelle-Zélande.
N'oublions pas que les productions de ce genre deviennent
facilement un objet de négoce, et que par conséquent le vase de
La Guierce a pu être fabriqué au loin par des barbares, et
être recherché par des Romains pour son aspect, original , pour
son bas prix, pour l'harmonie et Téclat de ses grossières enlu-
minures, comme on recherche à présent ces bols russes, en bois
peint et doré, tels que j'en vois sur ma table de travail.
Si l'on aime mieux croire que la décadence des arts du dessin
était déjà aussi avancée sous Tetricus , au moins dans quelques
villes secondaires des Gaules, qu'elle le fut plus tard sous les
Mérovingiens; si Ton admet que le vase de La Guierce a été fait
à Limoges par cela seul qu'il a été trouvé à quinze lieues de
cette ville, il conviendra, je pense, de procéder de la môme
manière à l'égard d'autres objets parfaitement analogues décou-
verts sur d'autres points de l'Europe, par exemple, pour les
émaux de Londres, qui ont une valeur artistique bien plus
grande, et pour le vase d'Ambleteuse , qui est au moins l'équi-
valent de celui de La Guierce. Si ce dernier suflSlt à prouver l'exis-
tence d'une fabrique d'émaux à Limoges (1) pendant le m* siècle,
le vase qui a été trouvé, comme je le disais, à Ambleteuse, sur
les côtes du Pas-de-Calais, et dont le Musée Britannique a fait
lacquisition , prouve aussi qu'il a existé une école d'émaillerie
^allo-romaine à Arras. Sans doute les émaux incrustés de ce
vase d'Ambleteuse sont en très-mauvais état, mais on les
(1) M. Maurice Ardant disait du vase de La Guierce, p. 8 de sa bro-
chure : « Je n'ose l'attribuer précisément aux ouvriers de Limogres ».
Kt en effet rien n'est plus douteux que cette attribution, dont M. de
Lastevrie fait la base de fc^on sA'stème.
ET LES EMAUX LIMOUSINS. 11
reconnaît avec certitude. A cela près, il vaut mieux que celui
(le La Guierce , car il est plus élégant , sinon plus romain.
Bretons ou geulois, les émaux primitife n'étaient pas encore-
parvenus jusqu'à Philostrate; car il en parle par oui-dire, il
faut le bien constater [facri roue h Oxéecvu Bip^apovç). Le commerce
commençait & peine à introduire dans les états soumis à Septime-
Sévëre quelques productions de Témaillerie naissante. Ce qui
explique le vague et la flagrante inexactitude des renseigne-
ments recueillis à cette époque. Mais déjà ces œuvres grossières
attiraient à bon droit l'attention des Romains. 11 y avait là un
germe fécond qui devait se développer tôt ou tard. Cependant , à
en juger par les monuments , il ne parait pas que les progrès de
rémaillerie aient été bien sensibles ailleurs qu'en Angleterre.
Quand les Byzantins se mirent à leur tour à faire des émaux ,
ce fut avec un bien autre succès. Dès le ix' siècle , et probable-
ment dès le vv siècle, ils ont représenté, par ce procédé, les
sujets les plus compliqués , et obtenu , au dire des historiens , des
effets de décoration tout*à-fait remarquables. Ils ont certainement
créé les émaux du genre le plus parfait : ce sont les émaux cloi-
sonnés à fond d'or ou de vermeil , qui ne laissent rien à désirer,
ni pour la finesse, ni pour Téclat, ni pour la durée. Ils n'ont
qu'un tort , mais un seul , celui de ne convenir qu'aux riches.
Les artistes byzantins ont-ils mis li profit pour cette création
les émaux incrustés sur fond de cuivre d'origine barbare ou
bretonne? Cela n'aurait rien d'invraisemblable. Le progrès
conduit naturellement des émaux champlevés aux émaux
cloisonnés, comme les besoins d'économie ramènent des émaux
cloisonnés aux émaux champlevés. Peut-être auFsi les premiers
émailleurs byzantins se sont-ils inspirés surtout des mosaïques à
fond d'or qui tapissaient leurs églises. Pour la matière em-
ployée, comme pour l'aspect, l'analogie est grande, en effet,
et Ton pourrait dire sans paradoxe qu'un émail cloisonné n'est
autre chose qu'une mosaïque en miniature , fixée par le feu , et
adaptée à l'orfèvrerie.
Les émaux , comme les mosaïques , ne sont que des verres de
couleur avec une légère addition d'étain, qui les rend opaques ,
mais qui n'est pas toujours faite.
Pour la première fois , les Byzantins ont fait de l'émaillerie un
art qu'ils exercent avec la même supériorité au xii% au xi* et au
X* siècle. Déjà , sous Justinien , des pierres précieuses liquéfiées
leiuiioiit, dit-on, une place considérable dans Tornemeutation
12 LES ÉMAUX D'aLLEMAGNB
de la table d'autel de Sainte-Sophie; et, comme des pierres
précieuses ne sauraient se fondre , il s'agit nécessairement ici de
la matière dont on fait les fausses pierreries , c'estr-à-dire de
véritables émaux. D*ailleurs il existe dans le trésor de Saint-
Marc un tableau en vermeil, décoré d'émaux cloisonnés, d'une
finesse exquise , qui porte le nom de l'empereur Justinien ; et,
en admettant qu'il s'agisse de Justinien II, cela reporte encore
l'exécution de ce monument à la fin du vir* siècle ou au com-
mencement du VIII* siècle. De même, une couronne votive,
conservée à Saint-Marc, et ornée de médaillons émaillés, est
signée de l'empereur Léon le Philosophe dans la seconde moitié
du IX* siècle. En ne comptant pour rien ces deux monuments ,
révélés depuis peu par M. Julien Durand dans sa description
si savante et si complète du trésor de Venise (4), ni l'Allemagne,
ni le Limousin,— je ne parle plus de l'Angleterre, — n'ont
rien à comparer en 4 405 , à la Palord'oro de Saint-Marc ; en 4078 ,
à la couronne royale de Hongrie, don de l'empereur grec Michel
Ducas; en 959, au splendide reliquaire de Limburg, œuvre
authentique s'il en fut jamais, qui date du règne de Constantin
Porphyrogénète et de Romain , son fils.
Ces émaux du x* siècle, faits, il est vrai, pour la plus haute
destination, c'est-à-dire pour renfermer le bois de la vraie
croix, et pour rester dans le palais impérial, sont déjà si
excellents , si parfaits môme , qu'ils supposent un long exer-
cice de rémaillerie ; à bien plus forte raison que les premiers
émaux limousins connus au xii* siècle.
Du reste, si les émailleurs byzantins ont parfois envoyé des
produits de leur art dans les autres régions de l'Europe chré-
tienne, comme on vient d'en avoir pour la Hongrie un éclatant
exemple ; si leurs exportations ont eu pour effet naturel de
déterminer ou d'activer les progrès de Témaillerie, il faut bien
se garder de leur attribuer un monopole quelconque. Pas plus
que les Limousins, ils n'y sauraient prétendre, môme en fait
d'émaux cloisonnés.
Au contraire, les émaux chrétiens primitifs se montrent sur
des points si divers, à des dates si reculées, et le plus souvent
avec de tels caractères d'incorrection et de rudesse qu'ils pa-
(1) Ann, arch., 1860 et 1861, quatre articles publiés à part chez V.
Didron.
VJ LES i^MAUX LIMOUSINS. 13
raiflseBt bien plutôt les produits spontanés de ces germes ré-
pandus partout par les émaux barbares ou romains.
M. de Lasteyrie croyait avoir proufvé que Panneau d^Âlfred le
Grand est de provenance byzantine; mais j'imagine que cette
preuve lui semble insuflSsante depuis son dernier voyage en
Angleterre, oii il a dû voir, ainsi que moi, beaucoup d'autres
émaux cloisonnés qui peuvent passer avec toutes sortes de raisons
pour des produits de Fart saxon. Il y a notamment un autre
anneau, celui d'Ethelwulf (859), conservé au Musée Britannique;
il y a surtout , dans la même collection , deux larges fibules en
émail cloisonné d'or, dont Tune représente un personnage à
mi-corps, aussi grossier de dessin, aussi barbare, aussi saxon
que possible. Le catalogue se contente de la qualifier de possibily
anglo-saxon; mais, si cette fibule, trouvée en Angleterre, et
qui remonte au xi' siècle pour le moins, n'est pas saxonne, je
ne sais pas trop ce qu'elle peut être. J'ai vu assez d'émaux
byzantins et d'ouvrages byzantins de toute espèce pour affirmer
avec confiance qu'elle n'a pas été faite par un Grec. D'ailleurs
n'y a-t-il pas au Musée Ashmoléien d'Oxford un autre émail
cloisonné, sorte de pomme de sceptre, connu sous le nom de
bijou d'Alfred, qui porte en toutes lettres : Alfkbdvs mb fbcitî
Je trouverais dans les émaux d'Irlande , exposés en si grand
nombre à South-Kensigton , . une autre preuve que les émaux
bretons se sont perpétués sans le secours de Byzance. Il est
difficile de préciser à quelle date remontent les plus anciens ;
mais ils existent à une époque où l'art irlandais s'abstient
rigoureusement, même en architecture, de toute imitation
étrangère, ou, si l'on veut, de tout détail roman. Ces émaux
d'Irlande , encadrés par des entrelacs que l'on nomme runiques ,
sont du reste, jusqu'au xii* siècle , d'un aspect tout particulier :
les couleurs ne sont point séparées par des filets de métal ré-
servés ou rapportés : elles sont juxtaposées comme dans une
mosaïque dont les cubes auraient été soudés par le feu.
Sans doute, dans tous ces ouvrages saxons et irlandais,
l'émail ne produit pas des effets comparables à ceux qu'on
obtient à Byzance; mais, relativement à la dimension de cer-
taines pièces, il joue un rôle aussi important.
Des sujets émaillés , entièrement analogues, par la conception
générale et par le procédé d'exécution , aux émaux de Constan-
tinople, apparaissent bientôt , non pas précisément en Italie, où
14 LES BMAUX D'aLLBMAGNB
M. de Laborde assure (4) que les Grecs les ont introduits sans
qu'ils aient pénétré plus loin , mais sur les bords du Bhin et dans
la France centrale. — Inutile de dire que ce sont des émaux
cloisonnés I Ceux d'Allemagne sont bien connus depuis quelques
années, grâce à M. Labarte et à M. de Quast. Les belles recher-
ches de M. A. Darcel sur le trésor de Conques ont révélé l'exis-
tence des autres. Ces derniers, dont on ne parle pas, et dont je
ne m'étais pas souvenu moi-môme en 4 859 , sont cependant du
plus grand intérêt pour moi ; car ils démentent radicalement ,
sur un point essentiel , les allégations de mon savant contra-
dicteur, en justifiant tout-à-fait les miennes.
En présence de ces découvertes successives , qui modifient si
profondément l'état de la question, M. de Laborde et M. de
Lasteyrie pourront s'en tenir à dire que les émaux cloisonnés ,
en quelque endroit, sous quelque forme et en si grande quantité
qu'on les rencontre, son^ tous de fabrication byzantine. — C'est
un reste vivace de ce vieux préjugé qui attribuait tout aux
Byzantins, jusqu'au portail royal de Chartres. On y a renoncé,
faute de preuves, pour l'architecture, la scuplture et la pein-
ture : on finira bien aussi par y renoncer pour les émaux. —
Discutons-le en attendant. — Donc tous les émaux cloisonnés
seraient d'origine byzantine. D'origine indirecte 1 c'est possible ,
quoique bien douteux parfois; mais, pour l'origine directe,
dont il s'agit ici , c'est autre chose.
Je ne sais s'il y a jamais eu des émailleurs grecs établis en
Allemagne, ainsi que l'admet hypothétiquement M. de Quast,
mais je suis parfaitement d'accord avec lui , et , je l'espère , avec
tous ceux qui se donneront la peine d'aller étudier sur les lieux
les monuments originaux, pour déclarer que les trois croix
d'Bssen « restent loin de la délicatesse de dessin et de la vivacité
de couleur qui distinguent les émaux byzantins ». Bien plus,
le caractère même de ce dessin ofire toute la naïveté, toute la
gaucherie, toute la rudesse que l'on est en droit d'attendre, h
cette époque, d'artistes germaniques, et que des artistes grecs
n'auraient point. D'ailleurs , les costumes sont allemands comme
l'iconographie. Enfin les inscriptions sont en latin , et les lettres
romaines.
Une fois seulement, pour l'Évangéliaire à couverture émaillée
donné à la cathédrale de Bamberg par l'empereur Henri II
(1) Notice des éinaux du Loutre.
ET LKS ÉMAUX LIMOUSINS. 15
t<00î-4024), les inscriptions sont en grec, mais incorrectes : on y
lit, par exemple, Dav^oç pour nauXoç. Nos artistes occidentaux
n'écrivent en grec que le nom du Christ , quelquefois celui de la
sainte Vierge. L'influence byzantine est donc ici plus forte qu'à
Tordinaire , et il en est un peu de môme dans une autre œuvre
de l'empereur Henri, le fameux rétable de Bftle, oii des mots
grecs se trouvent mêlés de la façon la plus singulière à des ins-
criptions latines. Néanmoins le dessin des figures de l'Évangé-
liaire de Bamberg est très-grossier, et M. de Quast juge qu'il a
été tracé par des Allemands.
Mais , quant aux croix d'Ëssen, il n'y a réellement de byzantin
que le procédé d'exécution ; et un simple modèle , à défaut de
maître , pouvait très-bien l'enseigner à des gens qui savaient
déjà tant bien que mal teindre le verre et travailler l'or.
H. de Lasteyrie se plaint donc mal à propos de ce qu'on en est
réduit à une simple affirmation de M. de Quast pour établir
que les Allemands , au temps deThéophanie, ont fait des émaux
analogues à ceux deByzance, même pour l'étui du bftton de
saint Pierre, que l'on cite en première ligne, parce qu'il est daté
de 980. M. de Quast avait eu soin d'expliquer que les émaux de
ce reliquaire, très-inférieurs de tout point aux vrais émaux
byzantins que renferme aussi le trésor de Limburg, ont été faits
pour un besoin imprévu, pour une destination tout-à-fait
spéciale, comme l'atteste une longue inscription latine. — Que
désirer de plus, à moins que ce ne soit une série de bonnes
gravures, dont nous ne serons pas long-temps privés sans
doute , gT&ce au zèle et à l'activité des antiquaires allemands?
Ces gravures existent pour les émaux cloisonnés de Conques ,
et elles sont excellentes , comme l'exactitude bien connue des
dessins de M. Darcel permettait de les faire. Elles se trouvent
non-seulement dans le livre publié par ce savant (4) , mais dans
les Annales Arcbéologiques (â). Comment M. de Lasteyrie ne les
connaît-îl pas? et, s'il les connaît, comment y voit-il, avec cette
évidence qui dispense de toute discussion , des émaux byzantins
faits par des Grecs et en Orient?
Presque tout le trésor de Conques est l'œuvre de l'abbé Bégon
(1099-4448), qui, au dire des cbroniques, a reUquias in auro
il) Trésor de Conques, in-4 de 80 pages, avec 15 planches et plusieurs
crravures sur bois; Paris, 1861, libr. de Victor Didron.
2) Ann. areh., volumes XVI et XIX.
16 rj:S EMMX \)KUMtlKGSE
posuit », et qui d'ailleurs a prodigué sur les reliquaires de
Tabbaye les inscriptions à son nom : Me fieri jussit Bego dément
eut Dofninus sit. — Abbas sanctorum Bego partes..,. — Abbas
formavit Bego reliquiasque lo[cavit]. — Ces derniers mots se lisent
sur la tranche d'un reliquaire sing'ulier connu sous le nom d'A de
Charlemagne. II a en effet la forme d'un A majuscule, et, sauf
la traverse en pièces de rapport qui est venue postérieurement
réunir et consolider ses deux jambages, il paraît complètement
homogène.
Malgré les doutes qui se sont élevés à ce sujet, quelle appa-
rence y a-t-il que le revêtement primitif, si bien conservé sur
la face antérieure et sur la face postérieure, se fût perdu en
entier sur la tranche des jambages, et quMl se soit trouvé, à
point nommé , pour le remplacer, une inscription de rebut, ni
trop large ni trop étroite, entre ses bordures de grenetis?
D'ailleurs le même ornement quadrillé qui se voit sur toute la
tranche intérieure et autour de la tête de l'A se retrouve iden-
tique sur un reliquaire de la vraie croix , œuvre incontestée de
l'abbé Bégon. Puis l'inscription est complète d'un côté, sauf les
cinq dernières lettres, que l'on restitue aisément, et, avec ces
cinq lettres, elle remplit exactement le jambage de droite ; enfin
elle forme un seul vers d'un sens parfaitement clair. — De l'autre
côté, l'inscription se continuait avec les mêmes caractères, et
présentait un second vers; seulement elle est plus endommagée :
elle a perdu ses bordures, et est tronquée au commencement et
à la fin. Tous ces reliquaires de Conques sont usés, et parfois
rapiécés comme des habits de mendiant, tant les feuilles d'or
dont ils étaient couverts sont minces et se détachent facilement I
Néanmoins on comprend que la deuxième partie de l'inscription
donnait l'indication de la relique renfermée dans la tête de TA.
On entrevoit même de quelle relique il était question.
Malgré la tradition pittoresque d'après laquelle Charlemagne
aurait envoyé vingt-deux reliquaires affectant chacun la forme
d'une des lettres de l'alphabet à autant d'abbayes fondées par
ses soins, en réservant le premier au monastère de Conques;
malgré le bon goût relatif des filigranes de l'A , et peut-être à
cause de ce bon goût, M. Darcel ne devrait donc pas hésiter, comme
il le fait, à rendre ce reliquaire à son véritable donateur, et à le
réunir à toutes les autres œuvres de l'abbé Bégon. Comment
nulle abbaye ne revendique-t-elle la lettre B ou une lettre
quelconque de cet alphabet carlovingien? La tradition n'a
ET LES éMAUX UUOCSINS. 17
d^auUe fondement que la forme originale du reliquaire, et le
désir de glorifier l'abbaye de Conques ; et le « Ubet mirabilis »,
qui Ta recueillie étourdiment vers la fin du moyen âge, ne
mérite, sous tous les rapports, qu'une confiance très-limitée.
Or, i>endant que, au sommet de TA, une lentille de cristal,
destinée à laisser voir la relique, est enchâssée sur la face
antérieure, un large médaillon décoré d'émaux cloisonnés
garnit la face postérieure.
A la vérité, ce sont de ces chatons que l'empire d'Orient, selon
H. de Lasteyrie , était en possession de fournir à l'Allemagne , et
dont « il inondait l'Europe occidentale ». Mais n'y a^t-il pas là
une de ces affirmations sans preuves que l'on ne doit passer ni
à H. de Quast ni à personne? — Ce qui est positif c'est que let?
émailleurs de Constantinople , à en juger par leurs œuvres
authentiques, n'employaient guère pour leur propre compte
cette marchandise, réservée à l'exportation. Il n'est pas moins
certain que Théophile divulguait minutieusement l'art de la
fabriquer et de la disposer.
« Deinde percate aurum gracile et longum, et trahe Inde fila... Toile
quoque fila subtilia... deinde subtili forcipe oomplicabls et formabls
opus quodcunkque volueris in electris facere, sive circulost si va ayes,
site bestias, sive imagines (1). »
c Bats et étire de l'or de manière & le convertir en fils, dit
Théophile; prends les plus fins de ces fils, et ton outil subtil
s'en servira pour dessiner tout ce que tu voudras exécuter en
émail, soit des cercles, soit des oiseaux, soit des botes, soit des
images humaines. »
Voilà bien tout le secret des chatons et des émaux cloisonnés ;
car, si M. de Lasteyrie a nettement prouvé, contre M. La-
barte (S) , que le mot ekctrum signifiait anciennement un alliage
d'or et d'argent, tout le monde reconnaît que, au temps de
Théophile, on l'appliquait seulement aux émaux.
Maintenant Théophile écrivait-il vers la fin du xii' siècle , et
en Allemagne , comme ses derniers éditeurs , M. Guichard , M. le
comte de L'Escalopier, et, après eux, M. l'abbé Texier, en ont
donné d'assez bonnes raisons? Était-ce au contraire au x* siècle,
(1) Mamél detomsUs Arts,
(2) IHssertatûm fur félectram.
18 LES ÉMAUX D*ALLBMA6NK
et en Italie, ainsi que M. de Lasteyrie'se propose de le démontrer
un jour? Cela est ici sans intérêt (4) , car plus tôt a été donné cet
enseignement, et plus il a eu de chances de se répandre
partout.
Au surplus, il n'y a pas seulement des chatons émaillés dans
le trésor de Conques , mais aussi des émaux à personnages. Il
s'y trouve deux autels portatifs : Tun, daté de 4400, et décoré
de nielles, qui n'étonnent gniëre moins que des émaux; l'autre
sans date, mais de même style que les nombreux ouvrages
signés par Bégon. Sur le premier, sainte Foy, patronne de
Conques, figure à la gauche du Christ comme la Vierge & sa
droite. Viennent ensuite sainte Cécile, saint Vincent, et, en
dernier lieu , les apôtres et les évangélistes , parmi lesquels
prennent place saint Etienne et saint Caprais, patrons de l'an-
cienne et de la nouvelle cathédrale d'Agen. Sainte Foy, dont les
reliques avaient aussi été possédées par la ville d'Agen avant
d'être transférées à Conques, sainte Foy porte le même costume
et les mêmes attributs que .la sainte Vierge , notamment une
couronne triangulaire, sur laquelle je reviendrai tout à l'heure.
Sur le second autel portatif, le Christ est au sommet, et
l'Agneau divin, au bas de l'encadrement; les symboles des
évangélistes, aux quatre angles; à droite par rapport au
Christ, sainte Foy, avec cette inscription : S. FIDES; à gauche,
la sainte Vierge, avec l'inscription S. MARIA. Au-dessous, deux
saints inconnus, probablement les saints de l'Agenais. Dans
les intervalles, de petits chatons émaillés alternent avec des
pierreries , conformément aux prescriptions de Théophile. L'un
(1) Cette question est d'ailleurs très-intéressante par eUe-même. Les
chapitres relatifis h. rarchitecture, qui auraient levé tous les doutes,
manquent malheureusement aux manuscrits qui se sont conservés
jusqu'à nous. Mais Théophile, en distribuant les spéciaUtés à chaque
nation, de manière à réserver la meilleure part & r Allemagne, attribue
k la Toscane une certaine supériorité en fait d'émaux et de nielles. Pour
les nielles, la Toscane y a réellement excellé , et c'est un de ses orfèvres
qui en a tiré Fart de la gravure. Pour les émaux, dans ce pays où tout
se conserve, on n'en connaît d'aucune espèce Jusqu'à la seconde moitié
du xm* siècle: alors seulement les orfèvres de Sienne se distinguent par
leurs émaux translucides sur reliefs. Il ne me paraît pas impossible que
Théophile, s'il écrivait eu Allemagne, ait résumé l'art roman dans un
siècle gothique, c'est-à-dire en plein xui« siècle. Cest du moins le
temps des autres grandes encyclopédies du moyen âge.
ET LES ÉMAUX LIMOUSINS. 19
d^eux offre identiquement le mdme motif que cinq des chatons
de l'A , une croix échiquetée.
Gomme les chatons , les dix sujets principaux sont en émail
cloisonné d'or, d'un dessin rude et d'une exécution très-
médiocre. Ainsi que dans Torfëvrerie d'Essen , ou n'y distingue
aucun trait du style grec, ancun des caractères si tranchés de
l'iconographie hyzantine. Seulement la couronne triangulaire de
sainte Foy et de la sainte Vierge se transforme en un nimbe
en losange, ce qui indiquerait tout au plus nne influence
italienne si ce détail signifie autre chose qu'une imitation des
figures niellées.
Tel est du moins l'avis de M. Darcel,.qui d'ailleurs incline
c à croire que les émaux de Conques sont sortis d'un atelier
limousin (4) ». J'admets aussi que Témailleuret le nielleur de
Bégon se rattachaient à la grande école limousine. Mais , pour
composer aussi singulièrement leurs sujets, pour mettre aussi
hardiment la Vierge de Conques en pendant de la sainte Vierge ,
avec la même couronne ou le même nimbe, avec les mêmes
habits, les mêmes ornements, et, qui plus est, à la place
d'honneur, il fallait qu'ils travaillassent , non à Constantinople
ou à Florence , où 11 était réellement peu commode de faire des
commandes de cette nature, non pas même à Limoges, mais à
Conques , sous les yeux de Bégon , et avec les dévotions pas-
sionnées des moines de Tabbaye.
On n'a pas la date précise de cet autel émaillé de Conques :
il n'est complet que sur sa fiace antérieure. La face postérieure
et les tranches, qui auraient pu offrir quelque inscription, ont
disparu , et sont remplacées par des feuilles de tôle. Depuis que
l'autel portatif ne sert plus , et qu'il est redressé de manière à
garnir l'armoire aux reliques, on a refondu ou employé à
réparer d'autres reliquaires plus précieux les plaques d'or qui
complétaient celui-ci ; mais je ne crois point qu'il soit antérieur
à Bégon, ni qu'il remonte même aux premières années de son
administration.
Une remarque m'a frappé quand j'ai vu le trésor de Conques,
car j'ai tenu à contrôler sur les lieux les observations de
M. Darcel , c'est que les reliquaires de Bégon sont d'un mérite
très-inégal, selon l'artiste auquel on s'est adressé, et qu'ils
semblent progresser avec le temps. — Le premier, fait en 4 4 00 ,
(1) Trésor de Conques, p. 10.
20 LES ÉMAUX D'aLLGMAGNG
après que le pape Pascal II a reçu des croisés une partie de la
vraie croix, et en a détaché une parcelle en faveur de Tabbaye
de Conques , est d'une forme très-simple et d'un dessin très-
imparfait; il a peu de filigranes, et les plaques d'argent naturel
ou de vermeil dont il se compose ne présentent encore ni nielles
ni émaux. — Dans la même année, lorsque Bégon se fait faire
un autel portatif, que consacre, le 6 des calendes de juillet ,
Pons, ancien moine de Conques et évéque de Barbastre en
Espagne , Torfèvre de Conques est devenu bien plus habile , ou ,
pour mieux dire , on en emploie un autre dont les nielles étaient
la spécialité. Il y a beaucoup de finesse et de netteté dans les
figurines, et elles sont niellées avec une perfection qui dénote
un artiste très-versé dans ce procédé d'orfèvrerie.
Le reliquaire de saint Vincent est déjà plus recherché dans sa
forme générale , qui rappelle le clocher de Saint-Froint dans le
dessin et la composition de ses bas-reliefs en argent repoussé et
doré par places. D'ailleurs il n'a pas de date positive : on sait
seulement qu'il est de Bégon.
Les émaux arrivent avec l'A de Bégon; ils se développent
avec l'autel portatif en or, et se montrent encore dans la statue ,
aussi en or, de sainte Foy ; la matière est plus riche , et Tart plus
avancé. Il n'est pas invraisemblable qu'un émailleur proprement
dit ait été appelé dans l'atelier de Conques , ou que ses anciens
orfèvres soient allés dans l'intervalle s'instruire à de nouvelles
méthodes, et se perfectionner dans d'autres ateliers, par
exemple à Limoges.
En général les émaux sur Vot et le vermeil doivent avoir
été exécutés dans l'abbaye même où ils se trouvent. Aussi
éloignés que fussent les artistes en renom ^ il était plus raison-
nable et plus facile d'en appeler un que d'envoyer au loin des
métaux précieux dont on ne pouvait contrôler l'emploi.
Quoi qu'il en soit, comme l'abbè Bégon est mort en 4 449 , on est
sûr qu'un an moins des reliquaires émaillés n'est pas postérieur
à cette date, et il ne doit pas être antérieur à 4 4 40.
J'avais dit, en oubliant la publication commencée dans les
Annaks archéologiques (4), puis interrompue par M. Darcel, qu'il
ne subsistait pas en France d'émaux cloisonnés, mais que, si les
reliquaires en or et en vermeil de l'ancien trésor de Saint-Martial
s'étaient conservés jusqu'à nous, on y aurait trouvé proba-
(1) Ann, arch,, 1856 , p. 77.
BT LES ÉMAUX LIMOUSINS. 31
blement des émaux de cette nature. — De son côté, M. de Las-
teyrie affirmait que a les Limousins, dans le principe, n'ont
jamais pratiqué que la taille d'épargne »; de sorte qu'ils ne
sauraient être les élèves des Grecs ou des Vénitiens, lesquels
n*ont jamot^ fait que des émaux cloisonnés (4).
On voit qui se rapprochait le plus de la vérité ; car, pour M. de
Lasteyrie , tout émail trouvé au Mans où & Chartres est réputé
limousin : à plus forte raison en serait-il ainsi des émaux faits
pour l'abbaye de Conques.
Aussi bien, si Ton ne possède pas, en Limousin et dans les
provinces voisines, plus d'émaux cloisonnés, c'est qu'on y a
détruit avec un soin tout particulier les vieux reliquaires en or.
S'il n'y reste pas plus de nielles analogxies à celles de Conques,
c'est qu'on a détruit de même les reliquaires en argent. L'exci-
pient de l'émail exerce, on ne saurait trop le redire, une
influence décisive sur le procédé d'exécution. Aussi les émaux
champlevés à personnages peuvent-ils parfaitement être imités
des émaux cloisonnés, dont ils ne sont qu'une simplification
très-économique. Pour souder une mince lame d'or selon toutes
les inflexions du dessin le plus compliqué , il faut une application
et une main très-habile ; mais , en revanche , le précieux métal
qui fournit le fond est réduit à une feuille aussi légère qu'on le
veut. — Avec le travail champlevé, qui donne le môme résultat
et le même effet, Tépaiesenr du métal est aussitôt doublée ou
triplée, ce qui est désormais sans inconvénient; mais, une fois
le dessin décalqué sur le cuivre, une opération purement méca-
nique, et qui peut être confiée à de simples ouvriers, suffit pour
creuser les fonds. C'est de la gravure sur bois , avec cette diffé-
rence que les parties réservées ne sont pas, à beaucoup près,
aussi multipliées et aussi fines. 11 y a donc là pour l'émaiUerie
un puissant moyen de vulgarisation , une grande cause d'ex-
tension et de succès.
M. de Lasteyrie va me reprocher encore de tomber, avec
M. Labarte et M. de Quast , dans cette « éternelle confusion » qui
consiste à ne pas a séparer nettement » les émaux cloisonnés des
émaux à taille d'épargne. 11 serait simple en effet d'attribuer en
toute occasion les uns aux Byzantins, les autres aux Limousins
(1) M. J. I>urand a signalé dans la PàUir-d*ùro remploi, très-excep-
tionnel au surplus, du travail champlevé. [Trésor de SaM-Marc^ p. 12
du tirage à part). Le saint Démétrius de Hanovre n*est pas non plus un
émail cloisonné, mais bien plutôt un émail sur relief.
32 LES ÉMAUX D'ALLEMAGNE
OU à leurs imitateurs. Mais comment accepter cette prétendue
règle lorsqu^on voit si clairement en Allemagne, sur une
nombreuse série de monuments, Tun des deux genres naître de
Tautre, et s'essayer timidement, d'abord comme une simpli-
fication, puis comme une évidente économie; lorsqu'on les
trouve souvent réunis sur la même pièce d'orfèvrerie; lorsque,
jusqu'à la fin du xir siècle, jusqu'à la châsse des trois Rois,
l'emploi de l'or appelle naturellement les émaux cloisonnés?
Les Allemands, nous dit-on, sont arrivés « plus tard », et
« par transition », à la taille d'épargne; ils ne l'ont guère
essayée avant le milieu du xi« siècle, et ne l'ont employé*?
couramment que vers le commencement du xii* siècle. Sous
quelle influence? Il n'est pas difficile de le deviner, quoiqu'on
n'ose pas encore nous le dire. Mais sait-on si les Limousins n'ont
pas suivi la même voie , et s'ils étaient plus avancés aux mêmes
dates? Chez eux, la transition manque; et c'est un titre en
faveur des Allemands ; mais le point de départ fourni par les
émaux de Conques est identique.
A cela près', il n'y a pas d'émaux limousins au x« ni au
XI* siècle, et aucun texte n'indique même qu'on en ait fait
pendant cette longue période. Depuis le règne de Tetricus
jusqu'à celui de Louis VU, l'éclipsé de cet art national est
complète : M. de Lasteyrie n'insiste pas sur les émaux de saint
Éloi; et réellement, s'il n'est pas impossible qu'il y en ait eu
d'une certaine façon , tels , par exemple , que ceux du reliquaire
mérovingien de Saint-Maurice, assurément il n'y en a plus. La
petite châsse de Solignac que l'on attribuait à l'illustre
fondateur de cette abbaye est du xiii* siècle ; et , quant à la
boîte qui a été trouvée par M. Maurice Ardant dans les fouilles
de Saint-Martial , elle n'a pas plus été fabriquée par saint Éloi
qu'elle n'a appartenu à Waifre. Du moins elle offre un de ces
sujets de galanterie si communs au xiii* siècle , et ne saurait
s'éloigner beaucoup de cette date , car les figures y sont dorées
sur fond d'émail , ce qui, selon M. de Lasteyrie, n'a commencé à
se faire que vers la fin du xir siècle.
Je croyais la crosse de Bagenfroy aussi décriée que les émaux
de saint Éloi. Cependant M. de Lasteyrie nous demande, et ce ne
doit pas être sans but , a s'il ne serait pas bien extraordinaire
que, en ouvrant la tombe de Ragenfiroy un ou deux siècles
seulement après sa mort, on se fût amusé à en retirer sa crosse
pour lui en substituer une autre pour le moins aussi riche ». —
ET LES ÉMAUX LIMOUSINS. 23
Non , on ne s'est pas amusé à cela. Willemin s'est trompé ou a
été trompé : voilà tout. J'ignore sous quels indices il se croyait
certain d'avoir gravé la crosse de Ragenfroy plutôt que celle de
tout autre évêque de Chartres; mais, sans aller visiter la
collection Meyrick, sa gravure me suffit pour me prononcer,
après tant d'autres juges compétents, sur Tftge bien postérieur
de cet émail. D'ailleurs M. Darcel a vu récemment, à Texposition
de Manchester, la crosse dont il s'agit, et il a écrit qu'elle
pourrait bien être du xii' siècle, d'autant mieux que les figures
sont en partie a réservées » sur fond d'émail (4). Le savant
conservateur du Musée Britannique , M. A. W.-Franck, qui se
connaît en émaux presque aussi bien que M. de Laborde, ajoute
que la prétendue crosse de Ragenfroy lui paraît appartenir à
l'école allemande : du moins il me l'a dit.
Au reste , si , par impossible, une crosse émaillée avait été
trouvée à Chartres dans une tombe du x« siècle , serait-ce là une
bonne preuve de l'ancienneté de l'émaillerie limousine? — Cela
était de mise lorsque, d'un commun accord, on réservait à la
seule ville de Limoges le monopole de cette industrie : alors tout
était bon pour en suivre la trace jusque dans les siècles les plus
reculés. Mais, quand il est reconnu qu'on faisait très-ancien-
nement des émaux à Cologne, à Trêves, à Verdun, à Paris, au
Mans; quand il s'agit précisément de rechercher à quelle époque
Limoges en a fait aussi, je ne vois pas trop ce que prouverait un
émail découvert à Chartres sans autre indication d'origine, lors
même qu'il remonterait, contre toute vraisemblance, à Ra-
genfroy et à 944.
Nous arrivons, en suivant l'ordre des dates, à la bague
émaillée de l'évêque Oérard de Limoges, mort en 4022. Je n'ai
jamais prétendu qu'elle avait pu « être achetée à Cologne >.
Bien plus, il n'y a pour moi aucune invraisemblance à ce qu'elle
ait été fabriquée à Limoges même, puisque j'ai toujours supposé
que l'émaillerie limousine débutait un peu avant cette époque.
Je m'étais seulement demandé si une bague décorée d'un
simple filet bleu était bien un émail digne de ce nom , et si
Gérard n'avait pas pu se le procurer dans une autre ville que
Limoges, par exemple à Poitiers, oii il figurait, lors de son
élection , parmi les dignitaires de Saint-Hilaire. N'oublions pas
(1) lâè ArU industriels, revue française du h* juin 1857, p. 32 du tirage
à part publié par V. Didron.
24 LES éuAux d'allbhagnb
que, d'après M. deLaborde, et surtout d'après M. Didron, les
('maux se trouvent et se sont faits a un peu partout ». Celui dont
on s'occupe ici est certainement moins avancé que la plupart
des spécimens de Témaillerie antique mérovingienne ou saxonne;
par exemple, Tanneau d'Ethelwulf ne dépasse pas la mesure
de ce que Ton peut attendre de Torfèvre le plus ordinaire dans
toutes les grandes villes de l'Occident et à toutes les époques du
moyen âge. Du reste , comme cet anneau est massif, et n'offre ,
môme au chaton, que des surfaces arrondies, il ne pouvait guère
être cloisonné. Il ne prouve donc rien contre Texistenèe de ce
genre d'émaillerie. S'il n'avait pas appartenu à un prélat
limousin, il n'aurait par lui-même que peu d'intérêt; et, pour
adopter la supposition faite avec tant de confiance par M. de
Lasteyrie, « si un bijou pareil était trouvé dans la tombe d'un
évêque aux bords du Bhin » , Dieu sait que personne ne s'en
prévaudrait, et n'y donnerait d'attention, car les antiquaires
allemands, heureusement pour eux, n'ont que l'embarras du
choix entre les titres de leur émaillerie nationale , et en citent
par douzaines des exemples plus anciens, plus authentiques et
infiniment plus importants.
Cette bague de l'évêque Grérard, avec les émaux, perdus
aujourd'hui , qui décoraient , au xvi« siècle , le tombeau de saint
Front sculpté, en 4077, par un moine de La Chaise-Dieu , mais
remanié, au xiii* siècle , par l'évêque P. de Saint-Astier et, au
XV* siècle, par le cardinal de Bourdeilles, voilà tout le bagage de
l'émaillerie limousine au xi' siècle. — Je me trompe : il y a aussi
un petit orfroi de chape possédé par M. de Lasteyrie après
M. Maurice Ardant , et qui représente un agneau pascal fort
grossièrement dessiné, avec une inscription oii M. Léopold
Delille a reconnu les caractères en usage au commencement du
XI* siècle. Sans contredire un paléographe et un historien aussi
justement renommé que- M. Delille, je pourrais objecter que
l'épigraphie limousine est souvent en retard d'après les obser-
vations spéciales du savant abbé^Texier ; de sorte que les carac-
tères du commencement du xi* siècle peuvent se montrer encore
à la fin du même siècle ou dans les premières années du siècle
suivant (4). Mais pourquoi troubler sans nécessité les illusions
(1) Manua d'épigraphie, p. 50. « Les inscriptions d'orfèvrerie, ajoute
M. Texier, se ressentent de leur procédé d'exécution. » Les lettres
épatées, carrées , à formes droites, sont celles que trace plus facilement
le burin , ou que le ciselet poinçonne plus commodément. Ce sont aussi
celles qui paraissent les plus anciennes.
ET LBS ÉMAUX LIMOUSINS. 25
d'un heureux collectionneur? Je me bornerai à répéter que
j'admets l'existence de rémaillerie limousine dès le commen-
cement du XI* siècle, et que l'extrême grossièreté de l'œuvre
s'explique plus naturellement par rinexpérieuce d'une école
toute nouvelle que par la maladresse exceptionnelle d'un
artiste.
Quoi qu'il en soit, M. de Lasteyrie ne comprend pas comment
j'ai pu dire que, jusqu'au xii* siècle, jusqu'au xv* siècle peut-
être, on ne connaît aucun émail limousin à date certaine^
J'espère que nos lecteurs ne partageront pas cet étonnement
quand ils auront va ce qui précède. J'avais dit, pour plus de
clarté, qu'on n'avait aucun émail limousin qui fût daté d'une
manière précise. Il me semble que cela est exact, au moins
ju.^qu'au XII* siècle, et nous allons voir qu'il en est ainsi par la
suite. — Un monument à daté certaine, celui qui sert à dater
les autres, doit aussi avoir une date précise; et, s'il consiste en
un objet portatif , sa provenance ne doit pas être douteuse le
moins du monde. — En fait d'émaux limousins , M. de Lasteyrie
en connaît-il réellement beaucoup qui répondent à ces condi-
tions? — Nous aussi nous connaissons un assez grand nombre
d'émaux que des analogies générales de style et des raisons de
voisinage permettent d'attribuer au xn* ou au xiii* siècle et aux
ateliers .de Limoges.
Ce ne sont pas là cependant des émaux limousins à date
certaine ni à date précise, et la preuve c'est que, si M. de
Lasteyrie se hasarde à citer des exemples , il se trouve qu'ils
portent tous à fiaux sans exception.
Ainsi Éléonore d'Aquitaine a donné , en H 37 , à Louis YII un
vase en cristal dont le pied est décoré aujourd'hui d'armoiries en
taille d'épargne, et M. de Lasteyrie de s'écrier que ces émaux-
là ne venaient pas d'Allemagne ! — Non , ils n'en venaient point;
mais venaient-ils davantage de Limoges ? — D'abord beaucoup
de gens croient que les quatre écussons, tous aux armes
de France , du vase d'Éléonore ont été ajoutés après coup , par
exemple au xiv* siècle, pour remplacer autant de pierres
précieuses employées à un autre usage. On s'explique ainsi la
forme inusitée des écussons, qui sont arrondis, celle des fleurs
de lis, qui est relativement récente, et enfin l'absence des
armoiries de la donatrice.
Hais tenons un moment les émaux dont il s'agit pour des
œuvres authentiques du xn* siècle. — Le vase d'Éléonore,
S6 LES éttAUX DALLBMAGNB
que coufierve le musée des Souverains , après avoir été donné par
un certain Métadol , — quelque émir d'Espagne , — à un duc
d'Aquitaine , et par Éléonore h son mari , fut cédé par ce dernier
à Tabbaye de Saint-Denis. C'est Tabbé Suger qui a fait faire la
monture en métal où se voient les écussons émaillés, car c'est lui
qui parle dans l'inscription qui y est gravée, x
— Or Suger, à cette époque, avait à son service sept
émailleurs lorrains. — C'était par pur caprice, nous dit-on,
puisqu'il connaissait Limoges et l'incontestable supériorité de
ses artistes. Mais , aussi, restreinte que l'on se figure la région
désignée au xii* siècle par le mot de Lorraine, toujours est-il que
le grand abbé de Saint-Denis avait emprunté ses émaux à l'art
germanique; car, pendant toute la période romane, la Lorraine
entière, et, en particulier la province française qui porte
aujourd'hui ce nom , appartient sans partage au style allemand.
Depuis le congrès archéologique de Metz , c'est un fait admis par
tout le monde.
M. de Lasteyrie chercherait à Trêves plutôt qu'à Cologne , et à
Verdun plutôt qu'à Trêves, le lieu de naissance de ces artistes
lorrains.
En effet , l'église de Trêves , comme M. de Roisin (4 ) Ta montré ,
était en possession de fournir des émaux à celle de Reims, a sa
sœur », et le fameux calice attribué à saint Remy (2) n'a proba-
blement pas d'autre provenance. Verdun a produit aussi des
émailleurs excellents que les déplacements n'effrayaient point.
M. Didron vient de retrouver à Tournay (3) la trace de ce Nicolas
de Verdun qui avait doté l'abbaye autrichienne de Kloster-
nenbourg de son beau rétable émaillé. Déjà, en 4184, selon
M. Darcel (4) et selon M. de Lasteyrie lui-même, il était en
avance sur les émailleurs limousins, car à Klosternenbourg
toutes les figures sont « réservées » et dorées sur fond d'émail ,
ce qui ne se fait généralement qu'un peu plus tard. A Tournay,
en 4S05, sa manière s'est transformée encore pour obéir à la
mode la plus nouvelle. Dans la châsse de Notre-Dame, due
à Nicolas de Verdun , et que la cathédrale de Tournay conserve
à côté de celle de Saint-Éleuthère , plus belle, mais plus récente ,
(1) La Cathédrale de Trêves, par le liaron F. de Roisin, p. 66.
(2) Am. arch. , T. U , p. 813.
(3) Nicolas de Verdun, émaiUewr du XII* siècle, par M. Didron : Ann,
arch. , T. XXU , p. 200.
(4) Bœcursûm artistique m Allemagne , par A . Daral , Paris , 1862 , p. 20
ET LBS ÉMAUX LIMOUSINS. 27
tous les personnages sont en relief sur un fond de métal :
rémaillerie ne sert plus qu'aux bordures, et s'efface, selon l'usage
allemand du xiir siècle, devant les progrès de l'orfèvrerie
sculptée.
C'était sans doute un artiste laïque que notre émailleur, et il
paraît s'être fixé définitivement à Tournay, car dans la suite ,
en 4947 , les registres municipaux disent qu'un certain Golars de
Verdun fut reçu bourgeois à taux réduit comme fils de bourgeois.
Ce devait être le fils de l'émailleur, car il a le même nom et le
même prénom au diminutif. Seulement sa profession a un
peu changé. Comme l'émaillerie s'en va, le fils de Nicolas
de Verdun s'est fait verrier, un des métiers qui se rapprochent le
plus de celui d'émailleur.
Quoi qu'on puisse penser des derniers chapitres de cette
curieuse biographie d'artiste , Verdun , qui envoyait des
émailleurs à Elostemenbourg, a pu tout aussi bien en envoyer à
Saint-Denis, où ils auraient eu sur d'autres Lorrains l'avantage
de se faire comprendre facilement de ceux qui les employaient et
de ceux qui les secondaient dans leurs travaux. Mais , bien que
Nicolas de Verdun parlât un dialecte français, bien que nous
devions aujourd'hui nous intéresser h lui comme à un com-
patriote , il appartenait , répétons-le , à l'école allemande ; et , les
émailleurs de Suger eussent-ils eu exactement la même origine ,
la signification naturelle de l'appel qui leur fut fait, c'est
assurément de témoigner en faveur de l'ancienneté et de la
supériorité relative de l'émaillerie germanique.
Peu de temps après la construction de Saint-Denis, on
émaille l'admirable plaque de Geoffroy Plantagenet conservée
au musée du Mans, et, selon M. deLasteyriè, ce n'est pas du
premier coup que l'école limousine arrive à de telles œuvres.
Cette fois toutes les vraisemblances étaient en faveur de
Limoges, puisque Geof&oy d'Anjou est mort en 4 454 , précisément
un an avant que son fils épous&t Éléonore d'Aquitaine , et deux
ans avant qu'il allftt se faire couronner dans l'abbaye de
Saint-Martial. Bien m'en a pris cependant de dire qu'il était
seulement « probable , et non certain , » que la tombe émaillée de
Geoffix>y avait été faite à Limoges. Au lieu de m'avertir qu'il
n'y avait plus à hésiter, M. Hucher du Mans m'aurait saisi en
flagrant délit, comme M. Labarte, qui avait cru pouvoir
attribuer la plaque de Geoffroy aux dernières années du
xir siècle, comme M. le comte Clément de Ris, qui était allé
28 LES ÉMAUX D*ALLEMAGNB
jusqu'au commencement du xiir siècle. M. Hucher n'a pas
seulement prouvé, conformément aux prévisions de M. de
Lasteyrie , « qu'on se plaisait à rajeunir ce monument en con-
testant bien arbitrairement son authenticité » ; il a montré de
plus, par des textes contemporains aussi clairs , aussi concluants
que possible, qu'il était l'œuvre, non du roi Henri, mais de
l'évoque du Mans Guillaume de Passavant. Le moine Jean de
Marmuntiers dans sa <r Chronique de Geoffroy ]> , dédiée à ce
prélat lui-même , dit en effet : a II fut inhumé dans la très-
sainte église de Saint-Julien du Mans, dans un très-noble
mausolée que l'évoque Guillaume, de pieuse mémoire, avait
élevé à sa noblesse. On y voit l'image révérée du comte , honora-
blement imprimée en or et en pierreries, dans l'attitude d'un
prince qui semble vouloir abattre l'orgueil des superbes, et faire
grâce aux humbles (4). — L'évoque établit à perpétuité et dota
suffisamment un chapelain , qui fut chargé d'offrir tous les jours
pour Geoffroy le divin sacrifice à Tautel du Crucifix, près duquel
cet excellent comte repose , afin que le Dieu bon et miséricor-
dieux daigne avoir pitié de ce prince si miséricordieux lui-
même. »
Je n'irai pas jusqu'à dire , avec M. Hucher, que le tombeau
émaillé de Geoffroy, dont la plaque conservée au musée n'était
que la pièce principale, avait été élevé « du vivant de ce
prince » : les expressions du chroniqueur ne me semblent pas
assez formelles pour cela. Préparer la sépulture d'un homme de
quarante ans plein de vie et de santé, ce serait un excès de
prévoyance qui n'est pas présumable, et que les empereurs
romains auraient qualifié de lèse-majesté. Mais on conciliera
tout en admettant que les restes de Geoffroy Plantagenet furent
déposés provisoirement, selon l'usage, ou sous le pavé ou
partout ailleurs que dans le mausolée destiné à les recevoir
après le temps strictement nécessaire à son achèvement. — - Il
nous suffit de savoir que le tombeau de Geoffroy fut conçu, et
probablement exécuté , avant le couronnement d'Henri II, par
l'évêque seul , dont il est l'œuvre personnelle. Henri II lui-môme
(1) « Humatus est autem in sanctissima beati Juliani CœnomanensiB
ecclesia, in nobilissimo mausolée quod ei nobilitati episcopus piœ recor-
dationis Guillielmus nobiliter exstruxerat. Ibi siquidem effigiati comitis
reverenda imago ex awro et lapidilnu impressa ^ superbis ruinam
humilibus gratiam distribuere videtur. n — Cest la paraphrase de Tins-
cription.
4ST LES ÉMAUX LIMOUSINS. 29
nV prit aucune part, et laissa à Guillaume le soin de le doter
d'un service quotidien. Ce ne fut qu'en 4 464 que ce prince
songea à fonder deux autres messes & célébrer chaque jour
devant le sépulcre de son père, dont il constate l'existence sans
réclamer Thonneur de l'avoir élevé (4). Du reste l'inscription de
la plaque émaillée confirme le témoignage des chroniques, et
conserve au tombeau de Geoffroy le caractère d'une création
ecclésiastique. Entre toutes les qualités du défunt, celle qu'on
exalte devait être particulièrement appréciée par un évêque :
Bnse tno princeps predonum turba fagatur
Ecclesiisque quies paoe vigente datar.
M. de Lasteyrie ne connaît pas encore ces documents, tant la
publicité est lente en archéologie; mais il lui sufSra pour les
consulter d'ouvrir le tome XXYI du Bulletin monumental (2). Dans
un autre volume du même recueil (3), il se convaincra de plus
que, dans le premier domaine des Plantagenets , la tombe
de Geoffroy n'offrait pas le seul ni le plus ancien exemple d'une
efiOlgie émaillée de médiocre dimension incrustée dans un grand
sépulcre. La tombe de l'évêque d'Angers Fulger, mort en 4449,
est décisive à cet égard , et se trouve dessinée avec ses vives
couleurs dans la collection Gaignières, ainsi que plusieurs
autres tombes émaillées d'Angers et du Mans, mais plus récentes.
H. de Caumont en a donné d'excellentes gravures.
En 4449, pas plus qu'en 4454 , le Maine et l'Anjou n'avaient
rien de commun avec le Limousin. Au contraire, ces deux
provinces accueillaient déjà le style ogival , propagé , sinon créé,
par Suger et son abbaye. Aussi la tombe de Fulger a-t-elle ses
arcatures en ogive : chose sans exemple à cette époque en
Limousin I II ne reste donc aucune raison de faire honneur
à l'école de Limoges de la plaque émaillée de Geoffroy. Elle se
rattacherait plutôt à l'école allemande naturalisée à Saint-Denis,
ce que confirmerait la prédominance des tons verts que j'y ai
remarqués. Quand on se rappelle ce crucifix colossal, ces candé-
labres et toutes ces œuvres des émailleurs lorrains de Saint-
Denis; quand on songe qu'une prébende avait été affectée
(1) Bulletin monumental, 1860, T. XXYI, p. 695.
(2) L'émail de Geoffroy Plantagenet , par M. B. Hucher, p. 669-696.
(3) Rapport sur des statues tombales en métal, par M. de Caumont :
Bua, monum., T. XXI, p. 460.
30 LBS ÉMAUX D'aLLRMAGNE
à perpétuité à l'artiste chargé de les entretenir, il est impossible
de ne pas croire qu'on a été tenté parfois de les imiter dans
le voisinage. Du moment où Ton admet la pluralité des écoles ,
on peut donc très-bien, sans contester à T Allemagne le titre qui
résulte pour elle du livre de Suger, dire que la France du Nord
a eu aussi son école , importée ou native , mais vivace et féconde.
Les belles crosses trouvées par M. Godard-Faultrier dans les
fouilles de Tabbaye de Tous-les-Saints à Angers , les admirables
tombeaux émaillés, d'un style si noble et si pur, desHinés par
Gaignières, à Braisne, par exemple, aussi bien qu'à Angers et au
Mans, en relèveraient logiquement; et, s'il fallait, en l'absence
de toute indication historique, essayer dans les provinces du
Nord un triage de ce qui provient de Limoges, ce serait, je suis
fâché de l'avouer, au dessin plus raide , plus roman de certaines
effigies émaillées du xiii» siècle qu'il faudrait leur reconnaître
cette origine, notamment pour ces statues de deux enfants
de saint Louis transportées de Royaumont à Saint-Denis (4),
qui retardent si visiblement sur leur date , comme le font en
général les édifices et' les sculptures gothiques du Limousin ,
jusqu'au moment oii fut commencée par des architectes du Nord
la cathédrale de Saint-Étienne.
Indépendamment de ces importations allemandes et limou-
sines , les germes de l'émaillerie paraissent avoir existé très-
anciennement dans la région dont Paris est le centre artistique.
Une remarque nous porterait du moins à l'avancer : il y avait à
Saint-Germain-des-Prés , et il y a encore à Saint-Denis , une
dalle où Frédégonde est représentée en mosaïque. D'après M. le
baron de Guilhermy, si bon juge en pareille matière , cette tombe
a été refaite, avec plusieurs autres, vers le commencement
du XI* siècle ; mais , dans tous les cas , elle est très-ancienne. Or
le mosaïste , impuissant , dans sa maladresse , à rendre par des
cubes de verre ou de marbre le dessin de cette effigie de
Frédégonde, a imaginé de marquer tous les contours, tous les
plis intérieurs du vêtement, par de minces filets de cuivre doré.
— N'est-ce pas un emprunt non équivoque aux procédés de
l'émaillerie cloisonnée ?
Au XIV» siècle , plusieurs émaux, notamment le piédestal d'une
statue de la sainte Vierge donnée par la reine Jeanne, et
conservée au musée des Souverains , offrent tous les caractères de
(1) Voyez la Monographie de Saint-Denis, par M. de Guilhermy, p. 164.
ET LBS ÉMAUX LIMOUSINS. 31
l'art du nord de la France ; d'ailleurs dans la liste des orfèvres
parisiens il se trouve sept artistes qui tiraient leur surnom de la
ville de Limoges (4). Pourquoi auraient-ils oublié le secret des
émaux en changeant de résidence? Il y a aussi des émaux
anglais indépendamment des émaux saxons.
Dès la première moitié du xir siècle , Tévêque de Winchester
Henri de Blois , frère du roi Etienne , fait exécuter un bassin
émaillé, de forme oblongue , dont les extrémités , semi-circu-
laires, sont conservées au musée Britannique. Le donateur y est
représenté tenant Tobjet qu'il offre à l'église , avec l'inscription
d'Henricus episcopus. Son nom est encore répété dans les vers qui
bordent le bassin sur deux lignes concentriques.... Dona dot
Henricus vivus in œre Deo... — On y fait d'ailleurs des vœux pour
l'Angleterre, et l'on vante môme l'art des émaux.... i4tiro gemmis-
que frriar. Tout en évitant de se prononcer positivement sur la
provenance de ce curieux émail, qui a dû être fait de 4439 à
4446, M. Franck inclinerait à penser qu'il est Limousin par la
seule raison que Tévêque Henri de Blois était Français. Cepen-
dant le comté de Chartres et de Blois n'avait encore, de 4439 à
4446 , que bien peu de relations avec le Limousin , tandis qu'il
touchait à Paris , à Saint-Denis , oti Henri a dû prendre à la fois
rémaillerie et l'architecture ogivale, dont le chœur de l'église de
Sainte-Croix, bâti par lui à Winchester, est le plus ancien
spécimen en Angleterre. Je ne prétends donc pas rattacher
rémail de Henri de Blois aux émaux saxons , — il ressemble trop
pour cela à certains émaux du continent; — je crois qu'il a été
fait par un artiste de l'école allemande ou franco-allemande,
mais en Angleterre et sous les yeux du donateur. Dans tous les
cas , il rappelle moins les émaux limousins que ceux de l'Anjou
et surtout de l'Allemagne, dont il reproduit les tons clairs et
doux, 011 le vert prédomine, ainsi que l'intarissable faconde.
Autant en effet les émaux limousins sont sobres d'inscriptions ,
autant les émaux de l'école allemande en sont prodigues. Ainsi ,
au Musée Britannique , cinq émaux , qui sont donnés comme
allemands, sont couvert d'inscriptions en lettres toutes pareilles
à celles du bassin d'Henri de Blois , tandis que les émaux limou-
sins, au nombre de dix, sont complètement muets.
Lorsque l'émaillerie, déjà pratiquée depuis plus ou moins
long-temps par des la'îques, devient un art industriel; lorsque
vl) Texier, Dict. d'orfèvrerie, p. 991.
*
32 LBS ÉMAUX DALLEMAGNB
les émaux, au lieu de se faire su;r commandes, donnent lieu à
un commerce régulier, TAngleterre en achète à Limoges en assez
grande quantité pour que le mot d'csuvre de Limoges désigne
clairement un objet émaillé: Mais le premier achat de ce genre
qui soit constaté historiquement se rapporte à Texil de Thomas
Becket en France, probablement à sa rentrée en Angleterre,
c'est-à-dire à 4 469. Les faits analogues se multiplient dans le
commencement du ziii* siècle, car ils étaient très-rares jusque là,
et il n'y en a que trois pour toute l'Europe jusqu'à 4200.
Plus tard, dans la seconde moitié du xiii' siècle, les artistes
de Limoges exécutent des tombeaux émaillés pour des prélats et
des seigneurs anglais. Ils n'étaient pas les seuls et n'avaient pas
été les premiers à en faire. Nous avons vu que les tombes de
Fulger et de Geoffroy, qui affectent encore la forme d'une
grande châsse, étaient incontestablement les plus anciens
temples. Nous allons voir bientôt que la tombe d'Henri de
Champagne, où il y avait une statue couchée dans une châsse à
jour, vient après. Les premières tombes émaillées dont il soit
question en Limousin sont celles d'un évêque de Cahors et d'un
archevêque de Lyon (4) qui vinrent mourir à Grandmont sous le
pontificat d'Innocent III; mais, au xiii* siècle, les tombes
émaillées continuaient à être d'un usage général dans le nord de
la France, particulièrement à Angers et au Mans. Les Allemands
seuls paraissent n'en avoir jamais fait.
A notre avis , les tombes émaillées de Limoges se distinguaient
des autres, au xiii* siècle, par un procédé particulier, le travail
au repoussé , appliqué au cuivre ; car, pour l'or et l'argent , il est
d'un usage plus général. Formées d'un assemblage de petites
feuilles de cuivre , elles employaient infiniment moins de métal
que les statues, coulées d'un seul jet, du nord de la France;
comme les châsses de pacotille et les autres œuvres de Limoges,
elles se recommandaient par l'économie , cause bien prosaïque
mais bien puissante de succès.
Aussi nous voyons, en 4277, les exécuteurs testamentaires de
Gauthier de Merthon, évêque de Rochester, payer une certaine
somme, assez faible, 40 liv. sterling; à Jean de Limoges, pour
le prix d'une tombe, non compris les frais de voyage de l'aide
(1) ÉmaiUerie de Limoges, p. 84. Gauthier de Merthon était chancelier
d'Angleterre, et il avait dû venir k Limoges avec Edouard !•' en 12^4.
V. Bickman, édition de 1862, p. 319. .
ET LBS ÉMAUX LIMOUSINS. 33
qui vient la poser, et les honoraires d'un certain homme de
confiance chargé d'arrêter le plan et d'en surveiller l'exécution.
Ce monument n'existe plus par malheur : peut-être seulement
retrouve-t-on, à l'extrémité du chœur de Rochester, le socle, en
marbre noir, qui supportait la statue de Gauthier de Merton. —
Pour avoir une idée de ces tombeaux de Limoges, il faut recourir
à celui d'Aymar de Valence, comte de Pembroke, à Westmins-
ter. Cette fois , il n'y a point de texte , mais toutes les circons-
tances concourent à révéler un produit distingué de l'émaillerie
limousine. D'abord ce comte de Pembroke neveu du roi Henri III
était non-seulement un Français, mais un Aquitain, car il
descendait de l'illustre maison de Lusignan. Son père, Guillaume
de Valence , troisième fils du comte de la Marche et d'Isabelle
d'Angoulême, avait été sénéchal du Limousin pour Edouard I""
et seigneur de la ville limousine de Bellac. Il joint lui-même
sur son sceau à ses titres anglais celui de seigneur de Montignac
(sur Charente). Enfin il portait, ainsi que plusieurs membres de
sa famille, le prénom héréditaire des vicomtes de Limoges, dont
il était le proche parent. Aymar de Pembroke avait donc toutes
sortes d'afltoités et de relations avec le Limousin , où quelques-
uns de ses ancêtres avalent choisi leur sépulture. Il était tout
simple que le talent des émailleurs de Limoges fût connu et
apprécié dans cette famille.
La statue d'Aymar de Pembroke se trouve dans une des
chapelles méridionales du chœur de Westminster. Elle est cou-
verte d'une armure complète, et repose sur un socle en bois
décoré d'une arcature, et exhaussé lui-même sur un autre socle
en pierre sculptée. La statue est aussi de bois revêtu de feuilles
de cuivre travaillées au repoussé , et assez adroitement assem-
blées pour que les points de raccord soient encore aujourd'hui
peu apparents. Il n'y a d'émaillé que le coussin sur lequel
s'appuie la tête, le bouclier, placé immédiatement sur la
poitrine , le ceinturon et les attaches des éperons : le reste est
doré; mais ces émaux sont exécutés avec beaucoup de finesse, et
ils sont répartis avec goût, de manière à produire un excellent
effet. Le même système de décoration avait été appliqué au
coffre en bois qui supporte la statue. Il était aussi revêtu de
feuilles de cuivre , et , dans^le champ des arcatures , des figu-
rines sur fond d'émail représentaient probablement les parents
ou les officiers du comte Aymar, ou simplement des c pleu-
reurs 9 , tandis que des écussons aux couleurs des Lusignans
34 LES éUAUX d'allemagnb
garnissaient les tympans des arcades. Mais ce revêtement a été
enlevé presque en totalité, surtout sur la face qui regarde le
bas-côté de Téglise. On ne voit plus guère aujourd'hui que des
lettres et autres points de repère gravés profondément sur le
bois du sarcophage, dans chaque arcade feinte et dans chaque
tympan. »
J'ai relevé avec soin toutes ces marques, analogues aux
marques d'appareilleurs; mais il y aurait peu d'utilité à les
reproduire ici : il suffît de les signaler, et de les donner pour
preuve de la provenance lointaine du monument. — Évidem-
ment le maître qui avait conçu et exécuté les plaques émaillées
ne devait pas les mettre lui-même en place lorsque toutes les
pièces du tombeau seraient arrivées à leur destination. Cîomme
pour révêque de Rochester, un artiste moins relevé, un aide
restait chargé d'accompagner Tœuvre à Westminster, et de la
reconstituer pièce à pièce , après lui avoir épargné les accidents
qu'un long voyage en chariot aurait infailliblement occasionnés
sans cette précaution. ^
Je trouve une autre preuve de Torigine du tombeau d'Aymar
de Pembroke dans les différences singulières que l'on remarque
entre les écussons émaillés et les écussons sculptés sur la pierre.
Ces derniers sont burelés de sept pièces, comme le sceau
d'Aymar; les autres sont burelés de onze pièces, ainsi que
l'usage s'en était établi en France pour les derniers Lusignans.
De môme les merlettes qui servent de brisure sont au nombre
de neuf dans les écussons sculptés et dans le sceau , tandis que,
SUT le bouclier du comte, elles sont portées au nombre de vingt.
L'émailleur a de plus fait courir un léger et élégant rinceau sur
les étroites bandes d'azur qui alternent avec des bandes d'or
dans l'écusson burelé des Lusignans; mais je ne vois dans cette
licence qu'un caprice de l'artiste et un ornement de fantaisie.
Un artiste anglais, M. Burges, dont on se rappelle les
succès au concours de Lille, m'a indiqué à Westminster un
autre tombeau très-mutilé, dans lequel il croit reconnaître les
caractères d'une œuvre de Limoges. La statue est en bois en
effet, et a été revêtue de feuilles de cuivre , enlevées maintenant
en entier. Mais on ne comprend pas comment ce revêtement
pouvait être émaillé , car le costume est celui d'un simple moine.
D'ailleurs on ignore le nom du religieux de haute naissance
auquel cette tombe a été élevée, ou du prélat qui a voulu par
humilité être ainsi représenté. Ce pourrait être, ce me semble,
ET LES ÉMAUX LIMOUSIN. 35
un autre Aymar de Valence, évêque de Winchester en 4 460 (4),
et le propre frère de Henri III , si le lieu de sa sépulture n'est pas
positivement connu. Ce qui est certain, c'est que c'était un
grand personnage , car il a été enterré à une place plus hono-
rable qu'Aymar de Pembroke , dans l'enceinte môme du chœur,
entre les deux piliers qui sont le plus à l'est ; et aujourd'hui les
Anglais , toujours respectueux, se gardent bien de déplacer cette
statue informe d'un inconnu.
A côté de ces productions, plus ou moins authentiques, de
l'école limousine, il y a à Westminster d'autres tombeaux
en métal de la même époque , mais d'un genre tout différent et
d'origine purement anglaise, qui sont loin de me paraître
inférieurs à ceux que nous venons d'étudier. Telle est la statue
de la reine Éléonore , épouse d'Edouard I*^, qui a dû être faite,
comme celle du comte de Pembroke, dans les dernières années
du xiTi* siècle. Elles sont correctes l'une et l'autre ; mais quelle
différence dans la grâce , l'expression , le mouvement et l'élé-
vation du style de ces statues I La raideur, la sécheresse de
l'image de Pembroke tiennent sans doute en partie au procédé
d'exécution, quoique les mêmes défauts, bien plus choquants
dans les statues de Royaumont, le soient bien moins dans
certains ouvrages au repoussé faits en plein xiv siècle ; mais
l'éclat des émaux ne les compense qu'imparfaitement : il n'est
personne qui ne préfère la statue d'Éléonore , coulée en bronze
d'un seul jet, et uniformément dorée. Elle a coûté plus cher,
parce que la matière première y est employée en quantité dix
ou vingt fois plus considérable ; mais aussi comme l'artiste a été
plus à l'aise pour réaliser l'idéal qu'il avait en vue I Comme il a
créé une œuvre plus solide et plus durable I
En résumé , la statue de Pembroke , qui , je n'en doute pas , a
été faite à Limoges , se rapporte à un procédé exceptionnel ,
singulier, ingénieux , brillant si l'on veut. La statue d'Éléonore
révèle en Angleterre un art plus mftle , plus sûr de lui-même ,
et, pour tout dire en un mot, plus avancé.
De ce que remailler ie limousine a envoyé en Angleterre, dans
la seconde moitié du xiii' siècle, deux ou trois tombeaux pour
des personnages dont l'un au moins était plus Limousin
qu'Anglais, il ne faut pas conclure que tous les monuments fu-
(1) Selon Corlien, il résigna son évêché à un de ses neveux, nommé
aussi Aymar.
36 LES ÉMAVX D'AIXGMAGNB
néraires oii rémail tient une place quelconque, aussi petite qu'on
la suppose, sont Tceuvre de nos émailleurs. On avait fait des
émaux en Angleterre avant que Tabbaye de Wutgam eût reçu
de Limoges des couvertures d'évangéliaires. On en a fait aussi
depuis Gautier de Rochester et Aymar de Pembroke. A toutes
les époques, un art si simple, et qui n'avait rien de secret, a dû
se propager dans une certaine mesure. Ainsi, quand nous ren-
controns à Warwick quelques écussons émaillés, quatorze, je
crois, employés à varier le soubassement en bronze doré d'un
tombeau magnifique, et tel que ni le Limousin ni la France
entière n'en ont point d'aussi beau au xiv» siècle, pourquoi nous
figurer qu'on a eu besoin de faire venir de Limoges ces menus
accessoires, malgré la guerre, malgré la politique? Lorsque,
dans le tombeau du prince Noir, & Cantorbéry, nous trouvons,
outre les écussons émaillés , un ceinturon égayé par quelques
émaux , comment le détacher de la statue avec laquelle il fait
corps , statue évidemment anglaise comme Tarchitecture de son
soubassement? — Il suffit de savoir que, en blason, émail est
synonyme de couleur pour comprendre que les armoiries émail-
lées se faisaient à peu près partout. D'ailleurs il existe au
xîv« siècle une espèce d'émail qu'on appelle à Paris « émail
d'Angleterre ». Pour créer un genre particulier ne fallait-il pas
commencer par faire de l'émaillerie ordinaire?
Revenons aux tombeaux limousins à date certaine. On sait
qu'il en fut fait deux pour la Bretagne après l'époque où la
vicomte de Limoges fut portée par un mariage dans la maison
ducale de ce pays ; mais ces monuments , élevés à la duchesse
Blanche (4) et à Jeanne d'Avaugour, ne sont plus connus que par
des textes : on n'en a pas même de descriptions.
M. de Lasteyrie nous dit que « les tombes des comtes de
Champagne, ces voisins immédiats de la Lorraine, et presque
de l'Allemagne , étaient ornées , on le sait , d'émaux exécutés à
Limoges (2) ». Il y a dans cela quelque chose de vrai; car,
en 4267, le jour de l'octave de saint Luc, Gui, prieur de
Grandmont , écrivait à Thibaud V , comte de Champagne et roi
de Navarre, pour le prier de payer à Jean Chatelat, bourgeois
de Limoges, le prix du tombeau de Thibaud IV, son père (3) ».
(1) Il résulte d*un document publié par M. le baron de Wismes que
cette tombe coûta 450 livres.
(2) Bulletin Archéologique du Limousin, T. XII, p. 114.
(3) ÉmaiUeurs de Limoges , p. 83.
ET LES ÉMAUX LIMOUSINS. 37
il y a aussi des erreurs que j'ai contribué moi-même
à propager. — Il existait & Saint-Étienne de Troyes deux splen-
dides tombeaux des comtes de Champagne , et ce sont les seuls
qui soient célèbres , les seuls que Ton connaisse par de minu-
tieuses descriptions , les seuls enfin dont Ton sache positivement
qu'ils étaient décorés d'émaux.
Le premier, qui renfermait la dépouille mortelle du comte
Henri P' le Libéral , avait l'aspect d'une grande châsse à jour,
dans l'intérieur de laquelle se trouvait une statue couchée. Cette
statue était en bronze doré comme l'ensemble du tombeau , mais
le deasus de la châsse offrait deux statuettes : l'une, de Henri P';
l'autre, de saint Etienne, en demi-relief et en argent. Elles se
trouvaient de chaque côté d'une grande croix dont le sommet
portait un sujet émaillé tiré des prophéties dlsa'ie et quelques
figurines aussi en argent. Tous les autres émaux , disposés par
petites plaques, alternaient sur les frises avec des ornements
ciselés , comme dans la châsse des Trois-Rois à Cologne. Aucun
doute n'est possible à cet égard, car on a de ces tombeaux non-
seulement leur description , mais un ancien dessin trës-étudié ,
dont M. Gaucherel a tiré une belle gravure (4). On a ainsi con-
servé les inscriptions , dont Tune nous apprend que le tombeau
d'Henri I" avait été élevé par sa veuve Marie, fille de Louis VII :
Principis egregios actus Maria révélât ,
Dum sponsi cineres tali velamine velat.
Henri le Libéral, ou le Large, mourut en 4480. Selon toute
apparence, sa tombe fut commencée immédiatement après, et,
chose remarquable , pendant que la comtesse Marie s'occupait de
ce monument, sa mère, la reine Adèle, en élevait un pareil,
dans l'abbaye de Barbeau , à la mémoire de Louis YII, mort en
4480. On sait du moins qu'il était en cuivre et en argent, et
qu'il avait été fait arte nova, ce qui paraît se rapporter à l'em-
ploi des émaux.
Le second tombeau de Saint-Étienne de Troyes était celui de
Thibaud III, mort en 4204. Sa forme générale, plus rapprochée
du type qui prévalut dans les derniers siècles du moyen âge,
était celle d'un sarcophage massif, surmonté d'une statue cou-
chée , et entouré de statuettes disposées dans des niches. Les
(1) Anm. arch., T. XX, p. BO.
38 LES ÉMAUX D'ALLEMAGNE
métaux précieux y étaient employés en bien plus forte quan-
tité , car non-seulement la grande statue du comte , mais les dix
statuettes du sarcophage, le fond des niches et une partie de
Tornementation étaient en argent. Du reste, Tanalogie était
évidente entre les deux tombeaux de Saint-Étîenne ; et, par
exemple, les émaux en petites plaques alternaient à Tallemande
avec des feuillages sculptés, et ne jouaient qu'un rôle de plus en
plus secondaire. Le statuaire et le sculpteur d'ornement faisaient
presque tous les frais de la décoration , qui était merveilleuse-
ment riche par le dessin comme par la matière.
Tel était le splendide monument dont M. Tabbé Texier avait
voulu faire honneur à Técole limousine et à Témailleur Jean
Chatelat. Les cendres de Thibaud IV, disait-il (1), avaient été
réunies dans la même tombe à celles de Thibaud III , et Thi-
baud V, fils de Tun et petit-fils de Tautre, n'avait acquitté
qu'en 4267 ce double tribut de piété filiale.
En effet, l'eflîgie de Thibaud IV se voyait sur le tombeau de
son père , — et c'est la seule explication que je puisse trouver &
l'évidente confusion dans laquelle était tombé M. Texier ; — mais
il était représenté en petit enfant avec sa sœur Marie, et dans la
même niche , au même titre que Louis VII , Henri Plantagenet et
Sanche le Fort, c'est-à-dire comme membre de la famille du
défunt. Aussi l'inscription qui accompagne les deux enfants est-
elle ainsi conçue :
Pat pro pâtre duos Deus bos flores adolere
Ut tibi ver pacia, Campania, constethabere (ji).
D'ailleurs une autre inscription attribue expressément à Blanche^
de Navarre j veuve de Thibaud III , l'exécution du tombeau :
Hoc tumnlo Blancha, Navarrœ regibus orta,
Dmn comitem velat , qui ferveat igné révélai.
C'est la môme formule que pour le tombeau d'Henri I", comme
c'est la même origine et le même style d'émaillerie. M. de Las-
teyrie n'hésitera donc pas à reconnaître que nous nous égarions
tous les deux sur les pas de M. l'abbé Texier. Aussi bien il était
(1) Dictiomaire éP orfèvrerie , p. 1400.
^2) Ann. areh., T. XX , p« 94.
RT LES KMAUX LIMOUSINS. 89
vraiment incroyable qu'un émailleur quelconque eût été assez
riche pour faire Tavance du prix d'un tombeau d'argent. Cela se
conçoit au contraire pour un tombeau de cuivre, comme était
probablement celui de Thibaud IV (4) , et encore l'artiste atten-
dait-il impatiemment la restitution de ses déboursés.
Du reste je suppose volontiers, avec M. de Lasteyrie , que cette
tombe de Thibaud IV était rehaussée d'émaux; néanmoins nous
ne le savons pas positivement. J'ignore môme, pour ma part, où
elle avait été érigée et ce qu'elle est devenue. Enfin je me
demande si, au lieu de se trouver à Troyes « dans le voisinage
immédiat de l'Allemagne » , elle n'était pas à Pampelune avec
celles des autres rois de Navarre; car c'est dans cette capitale que
Thibaud IV mourut en 4253. Dans ce cas, il était naturel
que Thibaud V s'adressât de préférence aux émailleurs d'une
ville où il passait fréquemment, etoiiil revint, en 1269, lorsqu'il
apporta aux moines de Grandmont les reliques de saint Macaire.
Le texte de 4267 ne prouverait donc rien pour l'origine des
magnifiques tombeaux élevés à Troyes, soixante et quatre-vingts
ans auparavant, dans des circonstances tout à fait différentes. Ils
se rattacheraient plutôt, sinon à l'école germanique , qui
ne faisait pas de tombeaux, du moins à l'école franco-allemande
de nos provinces du nord.
Parmi tous les émaux cités par M. de Lasteyrie, on voit
qu'il n'en est réellement aucun qui soit daté d'une manière
précise et certaine. Quand nous avons un texte, le monument
s'est perdu , et, quand nous possédons des monuments , ce sont les
textes qui manquent.
M. de Lasteyrie veut-il mieux savoir ce que j'entends par un
émail limousin h date certaine? Enfin j'en connais un, mais
depuis bien peu de temps. C'est M. Jules de Verneilh , mon frère,
qui l'a découvert , l'hiver dernier, dans la sacristie de Nexon. On
lui avait recommandé d'y voir un coffret sans date, mais
remarquable par ses figurines en relief, et néanmoins émaillées.
n aperçut dans le fond de la même armoire un buste d'évêque,
de grandeur naturelle, dont les émaux étaient peu apparents
à distance, mais qui avait tout l'air d'une bonne sculpture
gothique. En effet, sur le revers du collet était gravée une
(1) Thiteud y avait mis si peu de zèle li élever le tombeau de son père
qu'U ne devait point avoir imité les prodigalités de Marie de France et
de Blanche de Navarre.
40
LES ÉMAUI D'ALLEMAGNE
curieuse inscription, que personne n^avait lue depuis des siècles ,
et dont on ignorait le sens à Nexon même, quoique ses abré^
viations soient faciles h comprendre, ainsi que le montrera
le fac-similé suivant:
W'
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B€(a:l}€(:</AS^Ro;LC[P:F€lcn[
L£o:ciC0XL : S€(X^o idq^i_
•^•■'^iiiiii'? viu
SIETRICW
On voit que , si, à la difPërence des Allemands, les monuments
émaillés des Limousins sont « des œuvres modestes où toute per-
sonnalité s'efPace devant Dieu (4) d , la règle souffre d^assez nota-
bles exceptions. L'émailleur Aymeric de Chrétien, dans son naïf
orgueil, dit tout haut son nom; il répète deux fois celui du
donateur Guy de La Brugière , et trois fois celui de sa ville de
Limoges.
On remarquera que notre émailleur met un I pour un E dans
son nom d'Àymeric , et qu'il commence son surnom de Chrétien
par deux lettres grecques, comme on le fait pour Christus. Dans
le mot de dicH, à Tavant-dernière ligne, certain signe d'abrévia-
(1) BuUetin Archéologique du Limousin, T. XII , p. 109.
m
ET LES éMAUX LIMOUSINS. 41
tion est tracé de telle sorte que le le C barré devient par
mégarde un E incontestable.
L'ancien nom latin de Nexon est Anexonium, on en a d'autres
preuves. La paroisse de Saint-Martin-le-Vieux , dont il est ques-
tion dans rinscription , est à huit kilomètres au nord-ouest de
Nexon. A l'aide des cartes de Cassini, on constate qu'il s'y
trouve un hameau de La Brugiëre , ancien domaine ou lieu de
naissance du curé donateur. Ck)mment le chef de saint Ferréol ,
évêque de Limoges au rv siècle , était-il possédé par une église
de campagne? C'est ce qu'explique très-bien un passage du
père Bonaventure de Saint- Amable. A l'époque oii les reliques
fuyaient les grandes villes devant les invasions normandes, et
se retiraient dans les châteaux les plus forts du pays, le
seigneur de Lastours se chargea de protéger contre les profana-
tions le chef de saint Ferréol, qu'il garda ensuite, et que ses
descendants finirent par donner à l'église de Nexon, la plus
importante qu'offrît leur baronnie.
Après le texte, examinons le monument. — M. Jules de
Yerneilh l'a dessiné avec le plus grand soin , de face et de profil ,
et s'est plu à le graver sur cuivre. On pourra donc juger du
talent d'Aymeric de Chrétien : il n'avait pas fait précisément
un chef-d'œuvre : la tête de saint Ferréol ressemble plutôt au
portrait de quelque jeune évêque, un peu mondain, du
xrv siècle qu'à l'image idéale d'un saint. Ses moustaches sont
retroussées , et sa barbe frisée avec trop de recherche. La figure
me paraît courte, et la physionomie singulière. Mais le buste
est modelé au repoussé avec beaucoup de précision , et retouché
au oiselet avec une grande finesse. Il faut louer aussi la forme
originale du plateau sur lequel repose le chef de saint Ferréol :
elle serait digne d'être imitée , car elle s'adapte parfaitement &
l'ovale de la poitrine , et ne manque pas d'élégance. On remar-
quera que la croix pectorale du saint évêque s'étale sur une des
ogives saillantes du plateau. La mître, ornée de cabochons et de
riches ciselures , est mobile , et s'enlevait pour laisser voir le
crftne du saint, que l'église de Nexon conserve toujours, mais
dans un autre reliquaire en argent, d'origine assez récente. En
regardant à l'intérieur de la tête , on observe qu'elle est formée
de plusieurs pièces de cuir jaune , assemblées et soudées avant
la dorure.
Quant aux émaux, ils se réduisent & l'inscription, dont tous
les creux sont remplis d'émail vert , et aux quatre-feuilles tracées
42 LES imKV% D'ALLEMAGNE
SUT le devant et sur le derrière de la mître. Les fonds de ces
quatre-feuilles sont aussi de couleur verte, avec quelques points
rouges noyés dans la p&te. Il est est de même des nimbes et des
terrains, dont la nuance est seulement un peu plus claire. Les
figures sont réservées dans le métal, et tous les traits sont
rehaussés d'émail rouge, comme c'est l'usage au xiv* siècle. A
cela près, la méthode suivie par Aymeric de Chrétien n'a pas
varié depuis cent cinquante ans. Il n'a nullement essayé, par
exemple, de faire des émaux translucides, ainsi qu'on en faisait
alors en Italie et à Paris : les siens sont parfaitement opaques, et
même assez ternes de ton.
Le chef de saint Ferréol n'en est pas moins une œuvre très-
précieuse à tous égards , et vous vous féliciterez , Messieurs ,
qu'elle ait été conservée dans l'église même pour laquelle elle
avait été faite. Elle a plus de prix à Nexon que partout ailleurs,
et vous direz avec moi qu'elle doit y rester toujours. Elle est en
assez bon état pour reprendre sa première destination; mais, en
fût-il autrement, la fabrique devrait encore la garder, quelque
prix qu'on en offre. C'est un modeste trésor que celui de Nexon ;
mais, grâce au chemin de fer, il aura ses visiteurs comme ceux
de Conques et d'Essen, et il fera honneur à la paroisse qui le
possède.
Le désir de vous décrire des monuments à peu près inconnus,
qui tous intéressent l'histoire de Témaillerie limousine, vient
encore de m'entraîner dans trop de détails; mais cette di-
gression sera la dernière.
Je résume en ses points essentiels et je me hftte d'achever ma
réponse à M. de Lasteyrie.
Les émaux primitifs , autant qu'il est permis de préciser leur
origine , ont pris naissance dans la partie des îles Britanniques
qui restait étrangère à la domination romaine, et se sont
surtout propagés dans la Grande-Bretagne. Le commerce s'en
est emparé bientôt , et les a répandus sur une foule de points ,
mais plutôt dans le nord que dans le sud de la Gaule , plutôt sur
les côtes que dans l'intérieur. Il s'en est trouvé trois exemples,
dont un seul important , jusque dans la région qui avoisine
Limoges; mais rien n'autorise à afElrmer que cette ville était un
des centres de la fabrication. La France mérovingienne et carlo-
vingienne conserve l'idée des émaux, mais sans en tirer parti.
Elle se borne , à en juger par les monuments et par les inscrip-
tions anciennes , à des incrustations grossières de verre coulé ou
ET LES EMAUX LIMOUSmS. 43
à des incrustations de verre taillé pkié grossières encore (4).
ByzanCe seule fait de rémaillerie un art si fécond , si avancé ,
qu'il n'y a désormais rien de mieux à faire que Timiter dans la
mesure du possible. Les émaux cloisonnés sur fond d'or, les
émaux à personnages , créés depuis long-temps par les Byzan-
tins, apparaissent en Allemagne vers la fin du x"* siècle et sous
des influences byzantines. Un peu plus tard, à la fin du
XI* siècle , ils se montrent en Aquitaine avec le même aspect ,
les mêmes caractères et probablement les même influences. Là
aussi le contact des Byzantins semble raviver et féconder, sinon
créer rémaillerie , dont les procédés sont d'abord , dans tous les
cas , pleinement analogues à ceux des artistes grecs.
Les émaux sur cuivre et en taille d'épargne viennent après,
dès le milieu du xi' siècle en Allemagne, au xii* siècle en
Limousin. Jusqu'aux premières années du xiii* siècle, l'école
allemande garde l'avantage pour la priorité des inventions ,
pour l'abondance et la perfection des produits ; mais bientôt ,
avec l'avènement du style gothique, elle se restreint, et s'efface
devant l'orfèvrerie sculptée , puis elle disparaît tout & fait ;
tandis que l'école limousine, appuyée sur l'industrie et sur le
commerce, devient plus prospère, plus féconde et plus popu-
laire que jamais. Elle est même alors la seule qui ait un nom ,
la seule dont parlent les inventaires et les lettres familières ,
parce que, en étendant singulièrement les applications de
rémail , elle a ajouté aux grands reliquaires et aux rétables ,
faits sur commande, et plus souvent sur place, une foule de
menus objets destinés à l'exportation, parce qu'elle constitue
pour 1b première fois vn art industnel.
Au XIV* siècle, l'école limousine s'attarde, et s'éclipse sans
s^éteindre , comme l'art français tout entier. Je ne crois pas , par
exemple, que Limoges puisse disputer à la Toscane l'invention de&
toiaux translucides sur relief; mais , pour les émaux sur apprêt ,
pour la vraie peinture en émail , qui débute dans la seconde
moitié du xv* siècle, pour briller du plus vif éclat à la
Renaissance I Limoges jouit réellement d'un monopole complet.
Alors vos artistes remplissent toute la France de leur légitime
renommée. Ils travaillent pour l'Allemagne elle-même , et, chose
(1) Ce sont seulement ces incrustations qui sont grrossières, car Tor-
lèrrerie est parfois d'une étonnante perfection, comme le montre le
magnifique ouvrage de M. Baudot sur les sépultures mérovingiennes.
44 LES éMAUX D'ALLEMAGNE
incroyable si elle n'avait pas été établie par M. Maurice
Ardant (4) 1 lorsqu'un de vos émaiileurs les plus célèbres, -Pierre
Raymond ou Rexmond, fait des envois à certains riches né-
gociants de Nuremberg, il donne à son nom une désinence
germanique, en signant P. Rexman.
Si ces opinions finissent par prévaloir, sinon dans tous leurs
détails, du moins dans leur ensemble, comme je n'en doute
guère , le mécompte qu'éprouveront les savants du Limousin
sera-t-il donc si douloureux? Il me semble, Messieurs, que
l'Allemagne, l'Angleterre et, parmi nos provinces françaises,
la Normandie en ont supporté de plus graves à mesure
que l'histoire de l'architecture chrétienne s'est éclaircie.
Pourquoi mettrions-nous seuls de l'amour-propre à nous obstiner
dans des prétentions qui ont paru long-temps fondées, mais qui
ne le sont plus , et qui du reste nous avaient^ été suggérées par
des archéologues étrangers à notre province? Les émaux limou-
sins eurent autrefois , et M. de Lasteyrie convient que c'était à
tort, « le monopole de la célébrité d. On n'en connaissait , on n'en
voyait pas d'autres. Depuis on s'est aperçu successivement
qu'il existait à Venise , puis dans l'Allemagne méridionale, puis
dans l'Allemagne du Nord ,' puis dans l'Anjou , l'Ile-de-France
et l'Angleterre, beaucoup d'émaux datés, qui paraissaient
plus anciens et plus beaux que les premiers émaux limousins ,
tous sans date positive. 11 fallait bien en venir à se demander si
ces diverses écoles d'émaillerie étaient indépendantes* les unes
des autres, malgré l'analogie de leurs procédés et la res-
semblance de leurs produits; si, en cas de parenté, l'école
limousine avait réellement donné naissance aux autres. Or il
se trouve que, en fait d'émaux incrustés, les seuls dont il
s'agisse ici , ceux de Venise , ou , pour mieux dire , de Byzance ,
sont à la fois les plus vieux et les plus parfaits de tous. A
la vérité , ils sont tous cloisonnés sur or et sur vermeil , sauf
quelques exceptions relativement modernes; mais ce procédé
d'exécution règne aussi au début de l'émaillerie allemande et de
l'émaillerie limousine ou française. C'est peu & peu , et pour per-
mettre de vulgariser les émaux que le cuivre doré se substitue
à l'or, et le travail champlevé au travail cloisonné.
Voilà, je le répète, comment la question se présente pour
ceux qui tiennent à faire de l'archéologie avjec les monuments.
(1) BvUetin de la Société Archédogiqm du Lvnumsin, T. XII , p. 119.
ET LES ÉMAUX LIMOUSINS. 45
Cela ne veut pas dire qu'on se passera du secours des textes,
mais que Ton commencera par découvrir et par étudier des
monuments avant de les confronter avec les textes. L'expression
est consacrée dans ce sens, et elle caractérise très-bien la
méthode qui prévaut aujourd'hui dans toutes les branches de
l'archéologie. Ces principes, qui doivent être ceux de M. de
Lasteyrîe , ne l'ont pas empêché de retracer l'histoire de Témail-
lerîe limousine pendant une période de huit siècles qui n'a
laissé ni monuments ni textes. Moi-môme je m'étais permis
pareille hardiesse, mais seulement pour un siècle ou deux.
Peut-être aurait-il été plus logique de dire, ainsi que M. Darcel
Ta fait depuis (1) , que les émaux limousins avaient dû imiter
les émaux champlevés de l'Allemagne. Car, en trente ans comme
en cent ou cent cinquante, une industrie peut à la rigueur
s'importer, se développer, se spécialiser, et dès lors le mot de
tablettes de Limoges , employé pour la première fois vers 4 4 70 , à
propos d'un objet émaillé envoyé en Angleterre, n'enlevait guère
de son importance au grand emprunt artistique que Suger à
fait à l'Allemagne.
La présence d'une colonie vénitienne & Limoges et quelques
autres indices m'avaient engagé à recourir, pour les émaux
limousins comme pour les émaux allemands , à une influence
byzantine directe , et déjà l'étude du trésor de Conques nous
permet de reculer de cinquante ans au moins , c'est-à-dire bien
au-delà des travaux de Suger, l'existence authentique, sinon à
Limoges, au moins en Aquitaine , d'une école d'émaillerie , toute
française par l'iconographie et le dessin , toute byzantine par le
procédé d'exécution et le travail cloisonné.
Le parallélisme est donc complet entre l'école limousine et
l'école allemande; mais, dans toutes ses évolutions, cette
dernière conserve une incontestable priorité. Pour l'ancienneté
relative de ses émaux cloisonnés, pour le retour au procédé des
barbares ou travail champlevé , pour la substitution des figures
réservées en métal sur fond d'émail aux figures en émail sur
fond doré, l'Allemagne est toujours en avance. Mais, comme ces
changements , loin d'être dus au caprice ni au hasard , tiennent
à des causes sérieuses et à des déductions logiques (2] , les deux
écoles restent parfaitement indépendantes.
(1) Bxcwrswi^ artistique en Allemagne, par A. Darcel : Paris, 1S62» chez
V. Didron , p. 206.
(2) Les Arts industriels, p. 33 et suivantes.
46 LES iMAUX d'allemagnb
D'ailleurs Tantériorité de Témaillerie allemande est si posi-
tive que presque tous ses produits sont de style roman , tandis
qu'il reste très-peu d'émaux de Limoges qui ne soient de style
gothique, ou tout au moins de style de transition ; et cependant
la transition et le style gothique, en fait d'architecture, ne
commencent pas plus tôt pour le Limousin que pour l'Allemagne.
11 me reste à me disculper d'un reproche, qui me serait très-
sensible si on le trouvait fondé, et auquel je viens de m'ex-
poser plus que jamais , celui d'avoir manqué aux devoirs du
patriotisme provincial. « Qui se serait attendu » , s'écrie M. de
Lasteyrie dans une sorte d'indignation , « à ce que Limoges ,
resté jusque là si impassible au milieu de ces contestations, dût
les voir bientôt se reproduire dans son sein, et s'y formuler
même d'une façon plus absolue qu'elles ne l'avaient fait
jusque là? C'est pourtant ce qui a eu lieu naguère aux assises
que messieurs de l'Institut des Provinces sont venus tenir dans
cette ville, et encore cette attaque est-elle venue d'un savant
que le Limousin est presque en droit de considérer comme un de
ses enfants, d'un voisin bien proche, d'un fils de cette province
sœur que la Société Archéologique de Limoges s'est toujours plu
à embrasser dans le cercle de ses travaux (4)1»
Vous le savez tous, Messieurs , les liens qui m'attachent au
Limousin sont plus étroits encore que ne le croit M. de Lasteyrie ,
et je reconnais que mes obligations patriotiques, pour se
partager entre deux provinces , ne sont diminuées envers aucune
d'elles. Cependant je crois n'avoir rien à me reprocher à cet
égard. Si j'ai été plus a absolu au Congrès de Limoges que
M. Labarte ne Tavait été dans son livre » , c'est que je con-
naissais les émaux d'Essen ; si aujourd'hui je suis plus absolu
encore, c'est que je connais mieux les émaux primitifs de
Londres et les émaux cloisonnés de Conques. Fallait-il vous
dissimuler ce que je crois être la vérité la plus évidente? —
Mais, quand on pose publiquement une question dans un congrès
scientifique , apparemment on la considère comme douteuse , et
on doit s'attendre à ce qu'elle soit envisagée sous plus d'une face,
même par les gens du pays. M. de Lasteyrie pourtant ne leur
reconnaît pas ce droit , et , d'un autre côté , il exclut aussi les
étrangers, pour peu qu'ils aient chez eux des émaux; car il
récuse d'avance l'opinion de M. de Quast sur l'antériorité des
(1) BvUeti'^ f^Aia FioriJté Arrhéoloçiçue du Limousin, T. XII, p. 111.
ET LES ÉMADX LIMOUSINS. 47
émaux allemands, en le félicitant de ne l'avoir pas exprimée.
Il ne resterait donc pour juges que les indifférents, ceux
qui ne sont pas & portée d'étudier la question, et qui le plus
souvent la connaissent à peine.
Pour moi , je n'exclus et je ne récuse personne. Il n'y a
qu'une archéologie : chaque pays ne peut avoir la sienne ; tout
se tient , tout se lie en pareille matière : il faut , pour chaque
grande question, constater un à un tous les faits, en quelque
lieu qu'ils se soient produits. Avant de placer une opinion
quelconque en dehors et au-dessus de la discussion, il faut avoir
recueilli tous les témoignages, sans égard aux barrières de
douanes. En archéologie, le patriotisme de bon aloi consiste,
selon moi , à rechercher patiemment les titres artistiques de son
pays , de sa province , puis à les mettre en lumière le plus
possible, et je doute que cette préoccupation soit plus constante
dans les écrits de M. de Lasteyrie que dans les miens. — Mais
fermer les yeux sur les titres d'autrui, sur les gloires des
autres nations et des autres provinces, c'est ce qu'on ne doit
pas faire et ce que je tâche d'éviter pour mon compte.
Il y a plus de bonne foi parmi nous que ne le suppose
M. de Lasteyrie. « Ce n'est pas à un Anglais, dit-il , que l'on
s'adresserait s'il s'agissait de consacrer l'antériorité des décou-
vertes de Denis Papin ou de Salomon de Gaux. » — Et pourquoi
non? Moi, j'ai l'esprit ainsi fait que les droits de nos compa^
triotes à l'invention de la vapeur me paraîtront bien plus
sérieux quand ils seront reconnus dans le pays de Watt.
N'oublions pas que les Allemands nous ont donné l'exemple
de la loyauté la plus scrupuleuse dans l'archéologie interna-
tionale. Sur une question bien autrement importante que celle
de l'antériorité des émaux du Rhin , et à une époque où on ne
croyait guère en France à l'origine française de l'architecture
ogivale, M. Mertens, de Berlin, nous accordait cette gloire, ou,
pour mieux dire, il nous l'offrait. Parmi les savants qui ont
contribué depuis à faire connaître dans tous ses développements
ce grand fait , si flatteur pour notre amour-propre national , car
il est vraiment capital dans l'histoire de l'art, on compterait
autant d'Allemands que de Français , M. Schnaase et M. de Quast,
par exemple. Un des ouvrages de ce dernier (4) est spécialement
(1) Die enticicUnmg der KirMichen Baukunst des Mittdàlters : Berlin ,
1858, chez Emst et Kom.
48 LES ÉMAUX D^ALLEMAGNE, ETC.
destiné & montrer par son texte et par ses gravures que les
sources auxquelles a puisé Tarchitecte de la cathédrale de
Cologne ne se trouvent point en Allemagne, mais qu'elles
remontent, par Amiens, Soissons et Paris, jusqu'à Saint-Germer,
cette pauvre abbaye du département de TOise.
Après cela, je ne vois pas pourquoi nous ne permettrions pas
& M. de Quast d'avoir une opinion sur les émaux limousins,
comme on m'a permis en Allemagne d'en avoir une sur le dôme
de Cologne. Chacun de nous a ses préventions, et je ne croîs
pas que M. de Quast en soit exempt tout à fait; mais, toutes les
fois qu'il s'agira de juger en pleine connaissance de cause
les titres dé gloire de l'art français au moyen âge, qui est en
même temps l'art chrétien par excellence, pour les contester
sans passion, ou les admettre de bonne grâce, je me fierais
plutôt à M. de Quast qu'à la plupart des membres de l'Institut,
fussent-ils à la fois, comme M. Beulé, des deux académies
des Inscriptions et des Beaux-Arts.
Je regrette. Messieurs, de ne pas reconnaître par plus de
déférence Thonneur que M. le comte de Lasteyrie nous a fait à
tous , et la courtoisie dont il a usé envers moi ; mais je ne saurais
me défendre à demi , ni abandonner sur aucun point essentiel
l'opinion que j'avais embrassée, lorsque les faits qui se décou-
vrent de jour en jour viennent tous la confirmer. Je vous avais
conseillé, non pas durement, ce me semble, mais franchement,
de ne plus croire à l'antériorité, à l'universalité des émaux
limousins, et de vous borner à soutenir qu'ils sont indépendants
de l'école allemande , ce qui ne serait pas déjà sans difiicultés.
C'est ce que je vous conseillerais encore avec une conviction de
plus en plus assurée si vous n'aviez pas reçu dans un autre
sens des avis plus autorisés et plus agréables que les miens.
Conservez donc vos anciennes prétentions , et , ce qui sera plus
méritoire , efforcez- vous de les faire accepter comme des droits
par le public archéologique, qui paraît de moins en moins
disposé à les accueillir. Personne ne se réjouira plus sincèrement
que moi de vos succès. Qu'il me soit permis seulement de ne pas
vous suivre dans une entreprise que je juge impossible 1
F. DE VERNEILH.
Enlttln A,.I,t=W,,„
LA
JURIDICTION DRUIDIQUE
DB
LA VILLE RUINÉE DE BRETH.
A un kilomètre de La Souterraine , petite ville située sur le
parcours de la ligne de fer entre Limoges et Ârgenton, se
trouvent de vastes champs couverts de débris et de ruines. Il
n'existe pas en France de coin de terre plus riche en fragments
de briques romaines. Le buis y pousse & grand renfort de végé-
tation entre les murs enfouis d'une cité dont la destruction
remonte , suivant toute probabilité , au v« siècle de Tère chré-
tienne.
Là repose , depuis plus de treize cents ans , une ville qui dut
être grande et riche. Chose étrange I nos chroniques sont restées
muettes à son égard : aucun auteur n'en a parlé; on fouille en
vain César, Pline , les écrivains profanes , les écrivains du
moyen ftge : nulle part ce nom de Breth n'est prononcé.
Cependant , à travers les siècles , malgré le silence de l'histoire
écrite , la tradition a conservé , comme une précieuse épave , le
nom de cette cité disparue du monde, et Cassini , recueillant les
éléments de son admirable carte de la France , y a consigné en
son lieu le nom de Breth , ville ruinée.
Quelques auteurs modernes ont écrit sur elle de vagues et
4
50 JURIDICTION DRUIDIQUE
insignifiants renseignements. Jouilleton publiait en 4844 une
histoire de la Marche et du pays de Ck)mbrailles, et consacrait à
notre cité les quatre lignes suivantes. Après avoir signalé
l'existence d'un camp romain auprès de La Souterraine , il
ajoutait : a Non loin de ce camp , on voit des décombres qu'on
présume être ceux d'une ville appelée Brède, dans laquelle se
sont trouvées des médailles romaines, qui ne remontent pas
au-delà de Trajan ». Cette note est à la fois incomplète et
inexacte : les découvertes faites depuis Jouilleton ont mis au jour
des médailles d'empereurs qui sont de beaucoup postérieurs à
Trajan.
Enfin , en 4 859 , un Congrès scientifique s'ouvrit à Limoges :
il y fut question de beaucoup de choses, et entre autres de la ville
qui fait le sujet de ce mémoire. Cette fois l'orthographe différait
encore : Cassini avait écrit jBrel/t ; Jouilleton , Brède : le Congrès
écrivit Bré.
Le procès-verbal contenait la courte note qui suit :
« Â l'occasion de Bré , située près de La Souterraine , et que
M. Ârbellot classait parmi les simples villas, MM. Bonnin et
Ârdant , qui l'ont visitée, attestent qu'il faut la classer parmi les
villes , à cause de la grande étendue qu'occupent les vestiges. On
y a trouvé, dit M. Ârdant, une statue d'Hercule en granit et un
Amour en bronze. »
Voilà tous les renseignements recueillis sur cette ville infor-
tunée, dont cependant les ruines occupent une étendue de
2 kilomètres! Essayons d'ajouter quelques nouveaux détails,
que j'ai puisés sur les lieux, et qui jetteront peut-être quelque
jour sur une cité depuis si long-temps oubliée et disparue de
la terre.
Des traces bien reconnues d'une voie romaine qui mettait en
communication Aitgiistoritum avec Argentomagus par le Prœtorium
de la table de Peutinguer se retrouvent au nord et au sud de
Breth.
Des découvertes intéressantes ont été faites au milieu des
décombres. Les cultivateurs d'un village voisin , appelé Bridiers,
ont l'habitude de se fournir de pierre de taille dans cette grande
nécropole toutes les fois qu'ils ont besoin de se construire une
habitation. Quelques-uns ont mis à découvert des murs recou-
verts de stucs très-fins comme en savaient faire les Romains. Les
enduits, de couleur bleue, rouge ou noire, peints à la manière
de ceux de Pompéi , étaient relevés par de gracieuses arabesques
DE LA VILLB RUlNéE DE BRBTH. 51
d'un coloris très-bien conservé. On attribua à un archéologue
distingué de Paris , académicien plein de charme et d'esprit , une
étymologie de notre cité qu'il est bon de rappeler : selon lui ,
Breth signifiait ville peinte. C'était la cité où fleurissaient les arts,
et où la polychromie était en honneur. On ajoutait que cette
traduction de Breth se trouvait écrite tout au long dans le
Glossaire de du Gange. Pour ma part, j'ai cherché à vérifier le
fait : je n'ai rien trouvé dans le Glossaire de relatif à la question.
Continuons la nomenclature des découvertes faites au milieu
des ruines. Il faut mentionner les deux statues THercule en
granit et l'Amour en bronze dont il a été parlé déjà. Chaque
année le hasard fait découvrir de nouvelles médailles romaines
de bronze, d'or et d'argent. En 4862, en labourant un champ
tout couvert de pierres et de briques , un cultivateur a trouvé ,
dans un vieux pot de terre , deux cents monnaies gauloises bien
anthentiques et d'une belle conservation. Si ce qui m'a été dit est
vrai, une de ces monnaies portait inscrit le nom de Vergasillaunus ,
qui fut le compatriote et le lieutenant de Vercingétorix.
XJn grand nombre de ces médailles ont été vendues , et sont
aujourd'hui sorties du pays ; un certain nombre est resté dans
les collections de deux hommes qui aiment et pratiquent l'ar-
chéologie : M. Montaudon, membre du conseil général de la
Creuse, et M. Yves Fesneau , chef dlnstitutiou à La Souterraine.
Puisque j'ai prononcé le nom de M. Fesneau , qu'il me soit
permis de rendre un juste hommage & son zèle et k son mérite
d'antiquaire. C'est lui qui m'a fourni, en grande partie, les
éléments de ce mémoire; c'est lui qui , étudiant longuement l'em-
placement et les environs de la ville de Breth , a cru y retrouver
le siège d'une juridiction druidique. M. Fesneau a fait dans Breth
une ample moisson d'antiques de toute nature. Les jours de fête,
il se rend avec ses élèves dans les champs recouverts de buis : les
enfants arrachent ces arbustes, et quelquefois dans la terre qu'en-
traînent les racines séculaires il se trouve quelque bijou
précieux , une bague , une médaille , une lampe en bronze , etc.
Quelles conséquences faut-il tirer de ce que je viens de dire? Il
faut reconnaître : 4 <» que Breth n'est pas de création romaine , et
qu'elle a une origine gauloise; 2** qu'elle a dû être fort belle
et fort riche, puisque, malgré le pillage qui a dû suivre sa
destruction, sans fouilles et sans recherches coûteuses, il se dé-
couvre tant de richesses enfouies dans son sol. On peut dire sans
trop d'hyperbole que Breth est l'Herculanum et le Pompéi du Li-
mousin.
52 JURIDICTION DRUIDIQUB
Ceux qui ont visité ce triste emplacement, où il ne reste plus
pierre sur pierre, et où la guerre a passé sans pitié sa formidable
charrue, s^accordent à reconnaître une ville détruite par les
Vandales. — Vers Tannée 407 , les Vandales , unis aux Alains et
aux Suèves, firent dans les deux Aquitaines de terribles ra-
vages : lorsqu'ils prenaient de force une ville , ils la détruisaient
de fond en comble, renversant sans pitié édifices, églises et
maisons, a II semblait, dit saint Jérôme, qu'un océan tout
entier eût débordé dans les Gaules. » La France a flétri d'un
inefi^açable stigmate cette abominable manière de ravager et de
détruire , en faisant du mot de vandalisme le synonyme d'une
dévastation furieuse et irréfléchie. On ne saurait douter que les
Vandales n'aient porté en Limousin le fer et la flamme. Bien
d'autres villes ont été détruites comme Breth : il faut citer
Prœtorium, qui se trouve cité dans la carte de Peutînguer
comme la première station de la route A^Augustoritum à
Augustonometum, Toutes les traditions locales le placent sur le
Puy "dévouer, Podium; et on y retrouve les mêmes façons d'agir,
la même méthode de destruction qu'à Breth. Il faut en dire.de
même d'une localité de la Corrèze qui fut importante sous les
Romains, Tintignac. Là aussi existait, à l'époque gallo-romaine,
un centre important de population : on y retrouve des arènes et
des édifices en ruines qui ont dû être considérables.
Cette destruction , qui procède de la même manière; le silence
que gardent nos chroniques du moyen âge sur ces villes ; les
médailles des derniers empereurs romains qu'on découvre dans
les décombres; l'absence de monnaies mérovingiennes, tout ce
faisceau de preuves démontre que Breth fut la victime des
Vandales, et qu'elle périt au commencement du v* siècle.
Qu'était donc cette cité , qui semble , comme un sphynx ,
vouloir cacher son secret dans les entrailles de la terre?
M. Fesneau croit avoir soulevé une partie du voile qui pa-
raissait impénétrable, et je suis tout disposé à partager son
opinion.
Nous allons faire passer sous vos yeux l'explication et la
reconnaissance de certaines localités voisines de Breth, et les
inductions que l'on peut tirer de certains noms et de certains
monuments celtiques.
Dans une aride bruyère , qui porte le nom de Mas-Février,
située au nord de Saint-Priest- la-Feuille , où se trouve un
DE LA VILLE RUINÉE DE BRETH. 53
magnifique ddmen, au sud d'un lieu qui s'appelle Le Dru ,
nom significatif, M. Fesneau et bien d'autres avant lui avaient
observé un groupe de pierres rangées symétriquement, et
affectant la forme- de sièges. Une de ces pierres, plus haute que
les autres , et placée au centre du groupe , semblait marquer
que là était le siège principal ; une autre , aplanie par un travail
grossier, paraissait avoir servi de table; enfin une pierre
arrondie par le bas en forme de cône renversé , portant également
le caractère d'un granit façonné grossièrement , et présentant à
sa partie supérieure une légère excavation , se dressait auprès
du siège le plus élevé. Plus loin , un peu en dehors du groupe ,
une autre, creusée en forme d'auge, comme pour recevoir le
sang d'une victime , complétait cet ensemble de roches sinistres
qui se dressait dans ce lieu sombre, entouré de bois et de
teillis. H. Fesneau crut reconnaître dans cette réunion de pierres
les sièges d'un tribunal de druides appelés à juger des affaires
civiles et criminelles de la circonscription de Breth. La pierre en
forme de dé avait dû être, selon lui, destinée à recevoir les votes,
et la table de pierre avait dû servir à les compter, et à prononcer
le jugement. Dans les cas emportant la peine capitale, le cou-
pable pouvait être exécuté séance tenante , et son sang était
recueilli dans la pierre creusée en forme d'auge.
Si ces suppositions , si bien, autorisées par la forme et la dispo-
sition du groupe de pierres ,. étaient fondées, nous aurions appris
quelque chose de relatif au Limousin sur cette religrion des
Gaulois dont nous avens des notions si incomplètes.
A ce propos, qu'il nous soit permis de citer un texte de César,
l'historien qui nous a donné le plus de détails sur le druidisme.
César dit au livre VI de ses Commentaires : a Les' druides
prennent connaissance de tous les démêlés, tant publics que par-
ticuliers : s'il se commet quelque meurtre , s'il s'élève quelque
contestation entre des héritiers, si l'on dispute sur les bornes
d'un champ , ce sont eux qui en jugent... Tous les ans ils s'as-
semblent en une certaine saison sur les frontières du Pays-
Chartrain , qui passe pour être le milieu de la Gaule , et cela
dans un lieu consacré à ces assemblées. Là tous ceux qui ont
quelque différend se rendent de toutes parts , et acquiescent à
leur jugement. »
Les druides avaient donc entre leurs mains la puissance
judiciaire : ils connaissaient des crimes et sans doute des délits.
Juges civils , ils réglaient les contestations entre héritiers ; sïl y
54 JURIDICTION DRUIDIQUE
avait quelque difficulté sur les bornes de deux champs limi-
trophes , ils en fixaient les limites. Dans cette double juridiction
criminelle ou civile, ils rendaient des arrêts d'autant plus
respectés qu'à leur qualité de juge se joignait le principe de la
religion. Cette réunion annuelle dans le Pays-€hartrain avait
pour objet de régler les différends qui n'avaient pu être jugés en
dernier ressort par les assemblées druidiques des provinces ; car,
dans un pays aussi vaste que la Qaule , la seule assemblée du
Pays-Ghartrain n'aurait pu suffire à juger tous les criminels et
à vider tous les débats civils. César malheureusement ne parle
pas de la manière dont la justice était rendue chez les divers
peuples de la Gaule; mais, de toute nécessité, chaque cité
gauloise devait avoir son organisation judiciaire, ses assises
pour connaître des crimes ou délits, et pour décider des contes-
tations entre particuliers. J'ai lu dans un vieil historien du
XVII' siècle , dans Charron ( Histoire universelle des Gaulois et
François), que les druides a s'assembloient tous les ans , à certains
jours , à Paris , Chartres, Autun , et autres villes , et aussi bien
souvent sur la montagne de Mont-Javout et lieux plus remar-
quables de chacune promnoe, pour y rendre justice à chacun »..
Et M. Henri Martin, dans le 4^' volume de son Histoire de
France, dit, en parlant du Pays-Chartrain : « Les procès qu'on
y juge, on le sent bien, ne sont pas des procès vulgaires : ce
sont les causes majeures , peut-être les appels des tribunaux
druidiques locaux ».
Ce point-là ne saurait faire de doute. On se demande donc si
ce nom de la localité que je signale, le Mas-Février, ne pourrait
pas fixer une des époques où les druides se formaient en
tribunal. Nous sommes si peu renseignés sur tout ce qui touche à
l'organisation judiciaire de nos aïeux qu'il faut bien se rattacher
à tous les indices.
Hais continuons notre exploration archéologique autour de
Breth.
A quelques kilomètres du Mas-Février, non loin de la station
de Fromental , il existe une série de monuments druidiques fort
remarquables, tels que dolmens , cromlechs , menhirs , qui , par
leur orientation , sont dignes de fixer l'attention des antiquaires.
Citons d'abord la pierre-levée de Bagnol , dont il est inutile de
vous donner les proportions et la grandeur. A peu de distance
de Bagnol , se trouve un tertre étendu , au sommet duquel on
DE LA VILLE RUINÉE DE BRETH. 55
arrive par une pente presque insensible. Du point culminant la
vue embrasse un magnifique horizon : on aperçoit La Souter-
raine au nord et Tancien emplacement de Breth ; au sud , Folles
et toute la ligne des montagnes de Lauriëre. Ce qui frappe
surtout la vue c'est la singulière multiplicité et Textrème rap-
prochement des monuments celtiques, qui s'étendent, sur la rive
droite de la Gartempe , sur un espace de près de deux lieues. Ce
point de la Haute- Vienne est peut-être aussi curieux à visiter,
aussi étonnant à parcourir que le célèbre Camac de la Bretagne.
Là le druidisme a imprimé les traces ineffaçables de son passage.
Le lieu est bien choisi : il y règne comme une empreinte reli-
gieuse et farouche , qui fait songer Tarchéologue et rêver le
poète. Un passage suspendu sur des pierres d'une grandeur
prodigieuse se reconnaît encore : c'est là sans doute que le col-
lège des prêtres de Tentâtes accomplissait ses lugubres mystères.
Élevé sur cette plate-forme grossière , il apparaissait aux regards
d'une multitude immense, attirée par la pompe du spectacle
étrange et monstrueux des sacrifices humains. On reconnaît
sans peine les pierres destinées à recueillir le sang. Tous
ces monuments sont exactement orientés de l'est à l'ouest.
La localité sur laquelle ils se trouvent porte le nom de MiM-
Jaurde. Chose singulière I à la porte de Paris , elle attirerait de
nombreux visiteurs , et elle est presque inconnue en Limousin.
Bevenons au point central du Mas-Péwrier et du MarU-Jourde ,
c'est-à-dire à Breth. Il semble en quelque sorte logique de
reconnaître que Breth est le chef-lieu de ces deux natures de
monuments druidiques. Un fait philologique d'une importance
qu'il est impossible de méconnaître est produit par H. Fesneau.
Nous trouvons dans les Commentaires de César un mot qui cor-
respond à Breth : t Qtiem veroobbbtum aippeUant jEdui, qui creatur
annuus , et vUœ nedsque in suos habet potestatem : les Éduens donnent
à ce magistrat le nom de vergobrèU; il est annuel, et a droit
dévie et de mort sur ses administrés >. Ce nom de vergobrète n'était
pas particulier aux Éduens : M. Monin , celtiste français, décrit,
dans son livre intitulé Monuments et anciens idiomes gaulois, une
pièce de monnaie qui a quelque intérêt pour notre thèse. Son
inscription est celleHsi :
KISIAMBOS câttos vbrqobreto;
et, sur le revers :
SIMISSOS PUBLICOS LIXIVIO.
56 JURIDICTION DRUIDIQUE
Voilà donc une monnaie des Lieuvains , peuple que César et
Ptolémée placent sur les côtes de la Normandie , qui porte inscrite
le nom de vergdbrète. Le mot est donc bien k racine celtique ,
et il s^agplt de découvrir sa valeur et sa si^ification. Nous
rappelons ici ce que nous avons dit de Breth : c'est une ville
gauloise ; on y a découvert deux cents monnaies de l'époque
celtique.
D'après le dictionnaire de LepeUetier, Breith, Breut, Brawd ,
signifient , en langue bretonne , jugement I Lepelletier est un
savant bénédictin de la congrégation de Saint-Maur qui publia
un dictioimaire de langue bretonne en 475â. Il nous serait assez
difficile de dire quel est le degré de confiance qu'il faut lui
donner ; maie , chose rare t deux hommes spéciaux qui s'occupent
de retrouver l'idiome celtique , MM. Monin et Zeusz , un lin-
guiste français et un linguiste allemand , donnent au mot Breith
la môme signification que le dictionnaire Lepelletier. Ces deux
savants se rencontrent pour traduire vergobrète par efficace juge.
Je sais combien il faut se garer des étymologies celtiques. Les
archéologues qui ont tenté de reconstituer la langue primitive de
la Gaule ont été trop souvent le jouet de mystifications de toute
nature. Nous nous souvenons d'avoir lu quelque part qu'un
savant celtiste payait à beaux deniers comptants les noms extra-
ordinaires qu'il plaisait à d'ingénieux inventeurs de lui débiter.
Aujourd'hui MM. de Longpérier et de La Saûssaye, Zeusz,
Jacob, Grimm, Adolphe Pictet de Genève, Cardin etBogetde
Belloguet ont essayé de débrouiller les obscurités du celtisme ,
et de retrouver les règles d'une langue qui dérive d'une foule
d'autres , peut^tre même du sanscrit. Ces nobles esprits ont-ils
été plus heureux que leurs prédécesseurs , et leurs appréciations
sont-elles plus certaines que celles que nous a données Bullet ?
Nous ne sommes pas compétent pour résoudre cette question
délicate ; cependant nous sommes très - disposé à admettre
l'étymologie donnée par MM. Zeusz et Monin. Le nom de la
ville de Breith ou Br^ serait donc le synonyme celtique d'une
juridiction druidique du Limousin , et ce fait, s'il était confirmé
par de nouvelles preuves, constituerait une reconnaissance
intéressante pour l'histoire du Limousin.
Parmi leis pierres déposées au palais des Thermes à Paris , il
s'en trouve une qui porte l'inscription suivante :
SBNANI6 EILOM,
que M. Monin traduit : senanié ouveilom.
DE U VlUfi RUINBK DE BRETH. 57
EUe 86 trouve au-dessous d*un bas-relief qui représente des
vieillards couronnés de branches de chêne. Ces vieillards ne
sauraient être autre chose que des druides. M. Monin a traduit
cette inscription par sénat de druides.
Oumlom n'était pas la traduction exacte du mot druide : traduit
littéralement , il signifiait de ceux à Vauf, Quels sont les per-
sonnages que cette expression pourrait désigner? M. Monin
invoque un passage de Pline l'Ancien assez singulier et original
pour que nous le transcrivions ici. On peut apprécier par là
quelles difficultés présentent les études celtiques, et quels
étranges problèmes se dressent devant ceux qui cherchent à
reconstituer cet idiome , qui offre si peu de monuments de son
existence.
• < Il est une espèce d'œuf , dit Pline , très-renommé dans les
Gaules, et dont les Grecs n'ont pas parlé. En été , il se rassemble
une multitude innombrable de serpents, qui s'enlacent, et
restent collés les uns aux autres tant par la bave qu'ils jettent
que par l'écume qui transpire de leur corps. Il en résulte une
boule appelée œuf de serpent. Les druides disent que cet œuf est
lancé en l'air par les sifflements de ces reptiles ; qu'il faut alors
le recevoir dans une saie sans lui laisser toucher la terre ; que le
ravisseur doit s'enfuir à cheval, attendu que les serpents le
suivent jusqu'à ce qu'une rivière mette une barrière entre eux
et lui; qu'on reconnaît cet œuf s'il flotte .contre le courant,
même alors qu'il est entouré d'un cercle d'or. » — Pline ajoute
qu'il a vu un de ces œufs chez les druides.
Ces prétendus œu& n'étaient autre chose que des oursins
pétrifiés.
Si l'on admet que l'inscription senanié ouveiUm signifie sénat de
druides, on pourrait bien moins encore contester la signification
de Breth. Il est vrai que nous n'avons pas à notre disposition
d'inscription de ce genre ; mais nous retrouvons les traces par-
lantes du druidisme, et les monuments du Mas-Février et du Mont-
Jourde ont pour nous autant de valeur et d'autorité que la
pierre déposée au palais des Thermes.
En résumé, Breth a dû être le centre d'une juridiction drui-
dique ; dans cette cité a dû vivre une agglomération de la caste
sacerdotale , caste riche , éclairée et puissante.
On peut conjecturer, sans trop donner à l'imagination , que,
après la conquête romaine et la persécution de la religion nationale
sous l'empereur Claude , les druides ont abandonné peu à peu
58 JURIDICTtON DRUIDIQUE
leur existence retirée et solitaire au sein des vastes forêts de
chênes , et se sont laissé prendre aux douceurs de la civilisation
romaine.
A ce moment, Breth s^est embellie et agrandie de riches et
élégantes habitations , dignes de la fortune , de la naissance et
de rintelligence d'une caste puissante, qui*avait , pendant tant de
siècles , exercé une si haute influence sur le génie et sur les des-
tinées de la Gaule.
Certainement tout cela peut encore paraître à Tétet d'hypo-
thèse, et le système de M. Fesneau peut sembler appuyé sur des
conjectures plutôt que sur des preuves.
Toutefois l'esprit ne saurait se montrer difficile lorsque les
questions dont on cherche la solution sont dominées par le silence
et Tobscurité des temps. L'archéologie , suivant en cela les ins-
pirations de Cuvier etLeibnitz, procède aujourd'hui à la façon de
la paléontologie. Remontent aux premiers ftges du monde, la
paléontologie est parvenue à constituer une théorie sérieuse et
réfléchie des révolutions de la terre et des différentes créations
qui se sont succédées. Cette science ne peut étayer ses données
sur des bases certaines ou sur des monuments authentiques ,
car nul autre que le Créateur n'a assisté à toutes les révolutions
de notre globe ; et cependant l'induction est parvenue peu à peu
à débrouiller le chaos, et les théories savantes ont reçu une
éclatonte affirmation. La découverte des fos»les a consacré
définitivement le génie de Cuvier. De nos jours le doute n'est
plus possible : l'homme a touché encore une fois à ce fruit de
la science qui fut jadis cause de sa perte , mais qui le relève
aujourd'hui devant Dieu, parce qu'il l'a acquise à la sueur de
son ttont et par le travail long et réfléchi de son intelligence.
Il en est de même de l'archéologie. Désormais nos yeux ont
acquis l'habitude de voir avec une netteté comparative à travers
les brouillards de l'antiquité ; et là encore nos déductions , sans
dtre infaillibles , néanmoins ne sont pas beaucoup plus sujettes à
l'erreur que sur tout ce qui touche aux théories ordinaires, fon-
dées sur des prémisses en apparence plus manifestes. C'est au
moyen de l'induction, cette admirable faculté de l'esprit humain,
que l'observation a fait découvrir les âtés Lacustres , qui depuis
tant de siècles étaient ensevelies au fond des lacs de la Scandi-
navie, de l'Irlande et de la Suisse.
Cette méthode a été appliquée à Breth par M. Fesneau , et j'ai
Tespoir que des fouilles pratiquées dans les ruines amèneront la
DE LA VILLB RUINÉE DB BRETH. 59
' découverte de médailles et de monuments lapidaires qui con-
firmeront ses inductions.
Je ne saurais terminer ce mémoire sans parler d'une illustre
adhésion qui encourage ses recherches. Cet archéologue , dans
le but d'attirer Tattention de TEmpereur sur la cité qu'il ex-
plore , et de lui signaler la destruction regrettable des dolmens
et pierres druidiques par les entrepreneurs de chemins vicinaux ,
a adressé plusieurs pétitions. Sa Majesté, toujours bienveil-
lante, et qui accorde une protection si éclairée à tout ce qui touche
à l'archéologie , a cru devoir envoyer un de ses aides de camp
à La Souterraine pour lui rendre compte des ruines de Breth.
Sans doute cette ville n'a ni l'éclatante renommée ni le reten-
tissement d^Alesia; mais l'obscurité qui entoure son existence et
ses ruines remarquables méritaient à plus d'un titre de fixer l'at-
tention de Sa Majesté.
Notre Société doit 6tre fière de cette précieuse marque d'intérêt ,
et ce sera pour elle un illustre encouragement pour ses travaux
et pour ses recherches à venir. Espérons que cette protection
toute-puissante nous permettra de faire un jour des fouilles sur
notre sol limousin, si riche en monuments et en souvenirs
historiques. Quel sol fut plus riche en ruines gallo-romaines? S'il
faut en croire nos chroniques, Limoges fut surnommée, à l'é-
poque des premiers empereurs , secundaRoma, une seconde Bome,
et sur son sol jadis glorieux s'élevèrent les splendides palais et
le théâtre de Duratius. Des fouilles habilement dirigées pro-
duiraient certainement des résultats intéressants. Breth , le Puy-
de-Jouër, la villa d'Antone, etc., seraient dignes de nos
recherches. Malheureusement notre Société, comme la plupart
des sociétés de France , n'a pas les ressources sufikanteâ pour de
teUes entreprises. Qu'il me soit donc permis de formuler un vœu ,
et de faire, en terminant, un appel à la bienveillance de l'État et
à ses généreux encouragements 1
E. BUISSON DE MAYEBONIEB.
STATUTS
DES FONDEURS DE LIMOGES
EN 4593.
Extrait des lettres patentes accordées par Sa Majesté en faveur
des M** fondeurs de la ville , dté et faubourgs de Limoges ,
y compris t enregistrement. , ensemble les statuts et les noms des
iH" qui sont présentement dans la ville » dté , faubourgs
et banlieue.
Louis (Henri) (4) , par la grrftce de Dieu roy de France et de
Navarre , à tous presans et aduenîr salut. VeU en nostre conseil
les articles presantez par nos chers et bien aymés les m'V fondeuis
de nostre uille de Lymoges, afin que, suyuant iceux, led.
mestier soit juré, et que lesd. articles soint gardez comme
statu dud. mestier. Ordonnance du senechal du Lymosin ou
son lieutenant, portant que lesd. articles seront communiquez
aux consuls de lad. ville de Lymoges pour donner leurz aduis ,
(1) Le scribe de cette pièce, à laqueUe nous avons conservé son ortho-
graphe, n*était pas fort sur la grammaire , comme on peut le voir ; il fit
sans doute cette copie après la mort de Henri IV, et, comme Louis XIII
régnait, U crut devoir mettre le nom de ce monarque à la place de celui
du roi son père.
STATUTS DES FONDEURS DE LIMOGES. 61
Taduis d'iceux consuls , ensemble celuy du lieutenant et nostre
procureur en laditte seneschaussée de Lymousin; qu'il est
expédient pour lebien publiq que led. mestier soit juré, et que
lesd. articles soint gardez comme status d'icelluy mestier, et,
pour cet effect , que lesd. m"» fondeurs se retitreront [sic] par
deuers nous , pour leur ^tre pourueti , ce qu'ils nous ont très
humblement supplié et recquis Sçavoir faissons que, nous
inclinants libéralement à la req. desdicts fondeurs , auons , de
Taduis de nostre conseil, de nostre certaine science, plaine
puissance et aucthorité royalle , approuué , aucthorisé et emo-
logué , approuuons, aucthorisons et emologuons lesd. articles cy
attachez sous nostre contrescel ; voulons , ordonnons et nous
plait qu'ils soint gardez, obseruez et entretenus jnuiolablement
selon leur forme et teneur, sans qu'il y soit aulcunement
contreuenu sur les peines portées par yceux , qui seront déclarées
exécutoires contre les contreuenans. Tous , et insy que sy lesd.
artides estoint cy particulièrement déclarés et spésifi&i, aux
quels lesd. suppliant pouroint recourir et s'en ayder, sy donnons
en mandement aud. sénéchal de Lymosin ou son lieutenant
que ces présentes et lesd. articles il fasse enregistrer au greffe
dud. siège , garder, obseruer et entretenir de point en point selon
leur forme et teneur, cessant et fesant cesser tous troubles et
empeschements au contraire , car tel est nostre plaisir, nonobstant
quelconque ordonnance, restriction, mandement, deffances et
autres à ce contraires , et , afin que ce soit chose ferme et stable
à toujours , nous auons fait mettre nostre scel à ces présantes ,
sauf nostre droit , et autres choses et auctruy en toutes. Donné à
Chastres, au mois d'octobre lan de gr&ce mil cinq cent
quatre-vingt-treize et de nostre règne le cinquiesme. Signées sur
le replis , par le roy en son conseil : db Uilloutbet , et scellées du
grand scel dud. sire en cire uerte sur lacs de soye uerte et rouge.
Martial Lamy , con*' du roy nostre sire , et lieutenant par-
ticulier en la seneschaussée de Lymosin et siège présidial de
Lymoges , sçauoir faissons que , sur la req. à nous cy douant
présentée par lesd. m*"** fondeurs de la pûte uille , contenant
qu'ils estoint en uolonté de faire ajurer led. mestier de fondeur,
et à ces finsauoir dressé les articles y attachez, nous req. aux
fins de se pouruoir deuers Sa Majesté pour obtenir les patentes
à ce requises et nécessaires , donner aduis et ordonner aussy que
le procureur du roy et consuls de la pûte uille bailheront aduis
62 STATUTS DBS FONDEURS DB LIMOGES.
sur lesd. articles comme estant le profit et interest du publiq.
Nous aurions ordonné dez le dernier jour de may dernier qu'il
seroit monstre au procureur du roy et consuls , aprfes auoir veû
laditte req. et articles y attachez, par leurs responces contenues
au pied d'iceux auront fait déclaration parlant par la bouche de
Hugues Bourbon (4), Tun desd. consuls et prévost, auons
conféré ensemble , et donné aduis que led. mestier de fondeur
doit estre juré , et lesd. articlez observez pour le bien du publiq ,
comme pareillement led. procureur du roy, à la signifficSon a
luy faitte de laditte requeste , et , après auoir veû les articlez
attachez, auroit donné semblable aduis que led. mestier de
fondeur doit estre juré pour le bien profit du publiq, et lesd.
articlez obseruez; nous req* aussy donner sur ce nostre aduis;
occasion de quoy , nous, lieutenant susd., après auoir veû les
susd. articlez , déclarations , et aduis donné par led. procureur
du roy et consuls de la pfite ville , donnons semblable aduis
estre nécessaire pour le bien publiq que led. mestier de fondeur
soit juré , et lesd. articles obseruez pour le bien du publiq , et
que à ces fins lesd. m*"** fondeurs se doiuent pouruoir deuers
Sa Majesté pour obtenir les patentes requises pour cet effet. Fait
à Lymoges par douant nous, lieutenant susdit, le cinquiesme jour
de juillet mil cinq cents quatre-uingt-treize. Sensuyt l'enregis-
trement des lettres patentes obtenues par Sa Majesté.
Martial Lamy , con*' du roy nostre sire, et lieutenant par en
la cour de la seneschaussée de Lymosin et siège présidial de
Lymoges, sçauoir faissons qu'aujourd'huy soubsescript par
douant nous ont comparus François BouUand, Jean Trotier,
Léonard Roussaud , Helie Famest, fils d'autre Hélie Farnest,
Jean Nantiat, Helie Leychanaud , Léonard Chastenet , Pierre
Freyssinaud dict Sardine, etHelie-MathiasNogeaud, m'**fondeurs
de la présante ville en leur personne, auec Bonin , leur pro-
cureur, lesquels, en présance du procureur du roy, comparant
sire Ardant et Cibot , nous ont dit et remonstré auoir obtenu
lettres patentes du roy par lesquelles le mestier de fondeur en la
présante uille est juré, et ordonnons que les articles y attachez
seront gardez et obseruez comme on fait apparoir par lesdittes
lettres-pattantes illec exhibées, données à Chastres au mois
d'octobre dernier, signées sur le reply : Par le rov en ''"•>
(1) BarbouCn
STATUTS DBS FONDEURS DB LIMOGES. 63
conseil , de Uilloutbbys , et scellées du grand scel dad. S^ en
cire nerte sur lacs de soye uerte et rouge.
Lesquelles ils ont communiqué aud. procureur du roy , requén
uouloir ordonner qu'elles seront présentées, leûes et enregistrées
au greffe , aux fins que personne n'en prétende cause d'igno-<-
rance , néantmoins qu'ils jouiront de Teffet d'icelles , suiuant
l'ordonnance de Sad. Majesté ; led. procureur du roy a dit auoir
veil lesd. lettres patentes obtenues par lesd. m'*' fondeurs , par
lesquelles Sa Majesté a voulut led. mestier de m'* fondeur estre
juré en la pûte ville, et n'auoir moyen pour empescher. Ains
requiert lecture en estre faitte, et icelles lettres soint enregistrées
au greffe, et que lesd. m^' fondeurs jouissent de l'effect d'icelles ;
parquoy, après que lecture a été judiciellement faitte desd.
lettres-patantes , auons concédé acte et ordonné qu'elles seront
enregistrées au greffe , aux fins que personne n'en prétende
cause d'igniorance , et que lesd. m'*' fondeurs jouiront de l'effect
d'icelles suiuant la volonté de Saditte Majesté.
Fait à Limoges , en l'auditoire royal de laditte Cour, pardeuant
nous, lieutenant susd., le cinquesme jour du mois de januier
mil cinq cents quatre-vingt-quatorze. Signé : Lamy , lieutenant
particulier, et Ardant , procureur du roy, et Guy , greffier.
Les m''* fondeurs de la uille de Lymoges , pour le bien publiq
entendant faire jurer led. mestier de fondeur, et foire garder et
obseruer les articles qui s'ensuyuent :
<• Premièrement, que nul ne sera reçu m" dud. mestier qu'il
nayt fait son apprentissage et demeure apprentif le temps de
trois ans.
i"* Pour son essay et chef d'œuure deuant estre receu , sera
tenu de faire un paire de chandaliers planieus de toumierie et
bonne ord^"* , un autre payre de chandaliers ouurés, bons et bien
faits, sans aulcune soudure ni faute, plus un paire d'estriest ,
une payre desperont et une paire de boussettes , le tout bien
ouuré en couleur d'ort.
3<» Lequel chef d'œuure serat fait en la maison de l'un des
m'~ dud. mestier, qui sera lors garde et députté pour cet effect,
en présance de deux des autres m'^ qui seront nommez.
k" Ledit chef d'œuure ayant esté jugé valable par lesd.
desputtez, celuy qui l'aura fait serat reçu à ladjtte maitrisse en
fesant le serment d'obseruer les status de laditte frairie, en payant
64 STATUTS DES FONDEURS DE LIMOGES.
deux escus, qui seront mis dans la boette , et employez aux
fraix du seruice diuin qui se fait chaqun an.
5» Les enfans des m'^^'* dud. mestier qui voudront estre receiis
après le déceds de leurs perre ne seront tenus faire de chef
d'œuvre, si ce n^est une des susdittespiesces qu'il pourra choisir,
et en prestant le serment de garder les status dud. mestier.
6* Les veufues desd. m'" pendant leur uiduité pourront tenir
boutique , et jouiront des priuilleges dud. mestier durant leur
uiduitté , seulement ayant un personnage idoine et bien uersé
aud. mestier.
7» Ne pouront lesd. m"» et ouuriers trauailler ny faire
trauailler leurs serviteurs , ouurir leurs boutiques , ny faire
aucunne uente les jours de dimanches, jours et festes de
N'* Dame, ny des Apostres , et cesseront led. travail les uigilles
desd. dimanches et d'austres festes à Theure de six heures du
soir, à peine de deux escus pour chaqune contrevention , Tun
desquels sera mis dans la boette , et l'autre sera gaigné aux
beyle et garde dud. mestier.
8* Ne pouront lesd. m'^ travailler ny faire travailler aud.
mestier de fonte pour landiers (4) et chandeliers , en chaussestes ,
hamois, garnitures de chenal ou autres piesces qui en dépendent
dud. mestier dans la ditte uille de Lymoges , faubourgs, citté ,
banlieue , qui ne soit fonte de bonnes matières , et dont le tout
soit bon et marchand au dire des autres m'** à peine de
confîscdon.
9° Ne fairont lesd. m"* aucun ouurage nécessaire au mestier
de Ceinturier tant de laton (2) blanc que de gaune, qui ne soist
bien leine, poly et apreste, aux mesmes peines.
40<» Pouront lesd m'" fondre des poids, timons, boussettes et
garnitures des poids pour les m'** trébuchiers , pourueii qu'ils
soint bien fondus de bonne matière et marchande , et , sy n'est
trouuée bonne marchande et loyale , serat aussy confisquée.
4 4° Ne pourront lesd. m"* vendre aucun ouurage de fonte qui
ne soit paracheué , exposé et vendu en leurs boutiques , bons et
marchands , aux mesmes peines.
42« Tous chandaliers de salle, chandaliers de table et landiers
(1) Chenets.
(2) Laiton.
STATUTS DES PONDEURS DB LIMOGES* 65
seront faits de bonne matierre , bien fondue, taillez et tournez,
bons et marchands , à peine de confiscation.
43« Aucun m'* ne pourrat prandre et receuoir qu'un seul
apprantif , et le prandra en presance de deux des autres m'«* ;
lequel apprantif demeurera en la compaignie dud. m'* trois ans
entiers et consecutifis, sans (4) excuse légitime; et, si led.
apprantif s'en va de la compagnie dud. m'* , cessant lad. excuse
légitime, aucun des autres m^* ne le pourront prandre ny
recevoir; et, si led. apprantif pandant led. temps s'en alloitaux
champs , et qu'il retournât dans quelque temps , aucun des
autres m'** ne le pourrat receuoir à trauailler qu'il nay satisfait
et payé son premier m'* des dommage et intérest , à peine de
trois escus et un tiers pour chaqune faute ou contreuention ,
dont la moytié serat misse dans la boette , et Tautre moytié
acquise aux gardez et beyles dud. mestier .
4 4"» Outre ce, chaqun apprantif serat tenu , au commencement
de son apprantissage , bailler trois liures cire aux beyles dud.
mestier pour le seruice diuin , dont les m^'* qui prendront led.
apprantif demeureront responsables.
4 5"» Les m'^* dud. mestier ne pouront prester le serment en
aucun autre mestier, ny en user ; et , sy aucun desd. m'** fait le
contraire, en demeureront priuez sans y pouuoir reintrer ; et , sy
aucun desd. m'** délaisse le mestier qu'il fait pour aller trauailler
à un autre mestier , et qu'il fasse aucune besoigne dud. mestier
de fondeur, serat confisquée , et luy condamné à une amande
qui serat arbitraire.
46" Nuls estrangers ny autres m''* dud. mestier ne pourront
leuer boutique qu'ils n'ayent auparauant demeuré en lad. ville
un an antier, et fait attestaSn de leur uie et mœurs , religion
catholique , et qu'il aye apparu aux dits députez qu'ils sont
8uf9zants pour estre maistre dud. mestier, et fait led. essay
chef-d*œuvre , et qu'ils sont m'*« jurez, à peine de trois escus,
appliquable comme dessus.
47* Aussy ne pouront lesd. m'*» ny leurs ueufues tenant
boutique porter ou enuoyer et interposer personne a vendre
aulcune marchandise dud. mestier ez logis hostellerie de la
pfite uille , faubourgs , cité et banlieue , ny en autres lieux à
(1) Je crois qu*il faut lire ia«/au lieu de lafw.
66 STATUTS DBS FONDBUBS DB UMOGBS.
ca<diett6, aias seront tenus la uendre en leur bouptique et
ouurerie, afin qu'il ne se oommette fraude, et que lad.
marchandise soit loyalle , à peine de confiscaticm.
iS^ Aucuns m^" ny leurs ueufues tenant bouptique ne
pourront bailler besoigne a trauailler qu'à ceuz dud. mestier
qui auront fait leur apprantiaaage chez lesd. mr*^ à peine de
dix liures, dontserat mis moytié aux pauures, et l'autre moytié
à la boôte.
4 Q*" Ne pouront acheter de maichandisse estrangerre , comme
landier, chandalier, lampe , ny mesme faire canter auicunnes
d'icelles pour les exposer en Tenthe à autres personnages
bassinierset autres que ceux dud. mestier de fondeur, pouront
acheter desd. m'** fondeurs, et non d'autres, à peina de confis*
quation et amande.
f 0"* Et ne pouront aucun homme d'ilee estât faire aucuns
fourneaux pour fondre en l'art dud. mestier qui ne soit reçu
m**, à peine de dix liures et arrazement de fourneaux , et oe , à
cause que la diuinité , la majesté et le public en ponroint estre
ofifancez.
SI* Lesd. m*^' chaqune année esliront deux on trois d^entre
eux pour visitter la marchandise quiserat faittetant par eux que
les estrangers sy aucuns en y a , afin de garder qu'il ne s'en
expose aulcunne en venthe qui ne soit bonne , loyalle et mar*
chande , et, pour faire ladite uisite, seront tenus les autres m'**
et ceux dud. mestier qui en useront faire ouuertures de kum
maisons ouureries et coffres touttes fois et quantes qu'ils en seront
sommés et requis , et les exhiber et communiquer, tous tes m^
ensembles , les estrangers , celles qu'ils apportent uendre en la
pâte uille , soit qu'ils l'apportent en une hostellerie ou ailleurs,
et s'ils s'en trouuent qui ne soint de la qualitté susdite , la
prendre de leur authoritté , et l'apporteront dépositer entre les
mains de quelque marchand pour estant ueUe et jugée des
autres dud. mestier y estre pourueU, et se ferat lad. élection
dud. beyle, le vingt sixiesme novembre. Enfoy de ce, auons
signez les presantz articlez. Signé Bolland, A. GAïQNAjKn,
Chatemet , N. Dandaud et Mabicaud.
S'en suit les noms des m"» fondeurs qui sont presantement
dans la uille, citté, faubourgs et banlieue de Limoges :
premièrement , Léonard Ricaud , Martial CShatenent , Jean et
STATUTS DIS FONDBUBS DE LIMOGES. 67
Léonard Boutaudon perre et fils , Ânthoine Dutreix , Léonard et
Jean Roche perre et fils , Jacques Chatenet , Pierre Bregefort
laisné , Nicolas Chatenet , fils dud. Martial^ Jean Bicquard, fils
dud, Léonard, Pierre Bregefort jeune, la ueufue de feu
François Rolland dit Lansamant , la ueufue de Chatenet Vieux ,
la ueufue de feu Joseph Guytard , la ueufue de feu Jacquet , la
ueufue de feu Chatenet.
Cette copie , fidèlement collationnée sur le manuscrit des
archives, liasse 64§5 , renferme déjà quelques noms défendeurs,
auxquels je crois devoir joindre la liste suivante, formée d'après
divers documents et actes de familles déposés aux mêmes
archives de la Haute-Vienne.
FONDEURS ET MOULEURS EN MÉTAUX.
Années.
JoHAN d'Eyjaux U40.
Lagorcb 1507.
Granaub, Mathurin 4520.
Promeyrat, Martial 1551.
RoLLAiiD, François, dit Lansemant. 1560.
Balon 1575.
Delauzb, Joseph, cousin et héritier de Jehan Cour-
TBTS, émailleur 1586.
Tboutier , Jehan 1597.
Clavaud, mouleur ou modeleur 1610.
TsuLiER , mouleur 1617.
Bbbsoirb , Jean , ) , . ^ .
BBBSOiEB.Pien;, | ™o»l«"rs UU.
ÂEDiLiEE, Pierre , fondeur 1626.
Chenaud 1640.
Dbnouveau dit Caillaud , Jean 1640.
GuTTABD , Joseph 1668.
68 STATUTS DES FONDEURS DE LIMOGES.
Années.
Lagorcb , Henry, modeleur 1B77.
MoNTAUDON, Jean, fondeur 4682.
Lachbnaud , Jean 1694.
RoCHB avant 4700.
CouTAUD , Etienne. 1756.
Chatbnbt, Barthélémy 4758.
Ghatbnbt, Guillaume , son fils 4758.
Chatbnbt, Pierre 4758.
Maurice ABDANT,
AnhivisU de !• Uaiila-Vicnne.
Limoges, le 6 août 1862.
Les
Fanavx en Limovsin.
S.liéonap<l,arron,disseineTU de Limoges (//" Vi»Dncj
Monlpol-Sénard, arrondisscmeTiL de Bf-11ac /.'/" \':-mri.
>■■
Oradour- Saint -Genesl, arrondissement de b&Wsc (ff'" Vienne)
Oradour- sur -Glane, arrondisseTnent de ^oc^ecnouarW^/sn.-!! )
s! Barbant, Arrondisscmenl. de Bcllac (a'
Biennal , arrondissement, de Rochcchouarl /ïA r,.nnsj
Cognac, arrondissement de Rochechouart |'w''V/mne/
Coussac-Bonneval, arrondissemeni de S ami -Yrieix.f'/f "vienne;
s. Léonard, arrondissement de Limogea (H" V^'mnej
'J
Montrol-Senard, arr'ondissr.ment de Bnllac ■■.'/" \---!r-i.
>■
Oradour-Saint-Genest, arrondissement de Bellac (//'"V/enne)
Ox'adour- sur -Glane, arrondissement de RocKecliouart^ff?/?^^.'
Saint-Viclurnien, arrondi.sscmcnl df: Rochechouart
Rançon , arrondissemeni de Bcllac '/i"'i';ff).w/
Fellelin , arrondissement d'Aulusson (Cre
m
1
1
1
1
1
»4.
V
i^
° R
î
Face méridionsle ^^'':■' "'■"ii^l-.
Sainl-Goussaud, ArroTidisseinenl de, Botir^aneuf fi^fuce
o
La Souterraine, arrondissement de Guéret /'Creuse;,
Vcrcillat, arrondissement de Gucrcl (Vrcu-ie).
LES FANAUX EN LIMOUSIN.
Bans quelques anciens cimetières de France , on trouve un
monument particulier qui mérite de fixer Tattention des archéo-
lo^es, et qui, signalé par quelques rares auteurs (1), est
depuis peu mieux €onnu par leslJdescriptions qu'en a données
M. de Gaumont. C'est une espèce de grosse colonne cylindrique ,
carrée ou polygonale , se terminant en lanterne. Cette dernière
partie lui a fait donner le nom de lanterne des morts ou de
fanal.
Tous nos monuments de ce genre paraissent dater du xi* ,
du XII* ou du XIII' siècle. J'admire la naïveté de certains auteurs
discutant sérieusement si on doit les ranger au nombre des
monuments gaulois , ou les signalant simplement comme tels
(AUou, Cancalon , Beaumesnil, etc.). Long- temps leur paisible
lumière a éclairé le champ des morts ; mais, depuis 1793, elle
semble éteinte pour toujours.
Dans nos cimetières , ces fanaux occupent presque partout la
même position. On voit que nos ^pères ont voulu les placer
tout à la fois et au centre pour éclairer également tous les tom*
beaux, et sur le point le plus élevé pour qu'ils soient vus de plus
loin. Si on en rencontre quelques-uns hors des cimetières, comme
à Saint-Goussaud (Creuse), c'estgque l'esprit moderne, ennuyé
(1) Tels sont MablUon effM ont&ucon sur la fin du xvii* siècle ; mais , dès
le xii« f Pierre le Vénérable en| avait donné une exacte description en
ftôsant connaître son usage : a Obtinet médium cœmeterii structura
qasdam lapidea » habens in sununitate sui quantitatem unius lampadis
capaœm, quse, cà reverentiam Jtdélium ibi quiesceniiwtn , totis noctibus
fulgore sao locum illum sacratum Ulustrat. Sunt et gradus per quos illuc
asoenditnr, supraque spatium dnobus vel tribus ad standum vel sedendum
hominibus sufficiens, etc.... » {Apud Mubcier , Sépuit. chrét., 146.)
6
70 LES FANAUX BN UMOUSIN.
de voir trop souvent cette dernière demeure qui nous fait penser
à une autre vie, s'est empressé de porter la cendre des morts
dans un lieu moins exposé à nos regards. Gela explique comment
quelques-uns de ces monuments , laissés dans le lieu ob ils ont
été construits, se trouvent aujourd'hui sur des places qui
étaient autrefois des cimetières. Dans certaines contrées , on les
signale assez souvent sur le bord des grands chemins; mais cette
position s'explique facilement par ce que rapporte Sponde
[Les Cimetières sacrés, p. HO ) : « Saint Augustin, dit-il, nous
enseigne que les sépulcres sont appelés monuments, d'autant qu'ils
admonestent les hommes de prier pour les morts. — Et de le les
cimetières sont maintenant colloques auprès et devant les
églises , et l'étoient anciennement devant les portes des villes et
sur Us grands chemins , afin que par ce moyen les passants et
ceux qui entrent ou sortent des églises ou des villes se ressou-
viennent de prier pour ceux qui y sont enterrés. »
A l'exception de celui de Saint-Léonard, qui n'existe plus ,
nos fanaux sont généralement d'une simplicité d'architecture
inspirée par l'époque qui les a vu construire et par l'usage auquel
ils étaient destinés. Les uns sont de forme ronde , comme à
Rançon; les autres sont carrés, comme à Cognac, Saint-
Goussaud , Oradour-sur-Glane ; d'autres sont hexagones , comme
à La Souterraine ; un plus grand nombre , octogones , comme
à Felletin, Saint-Barbant, Coussac-Bonneval , Oradour-Saint-
Genest.
Ils sont presque tous placés sur une plate-forme que trois ou
quatre escaliers élèvent au-dessus du terrain. Leur hauteur varie
peu. Celui d'Oradour-Saint-Genest, qui est peut-être le plus
élevé , atteint 8 mètres 86 centimètres.
Le nombre des fenêtres qui forment la lanterne correspond le
plus souvent au nombre des côtés du monument. Sa toiture ,
pyramidale ou conique , est surmontée d'une croix en pierre.
L'intérieur, qui est creux , livrait un passage, quelquefois bien
étroit, pour monter jusqu'à la lampe. On y parvenait au moyen
de trous disposés dans la paroi , de manière à pouvoir facilement
y placer les pieds, ou partout autre moyen inconnu aujourd'hui.
Au bas, une porte, le plus souvent carrée, fermait cette entrée.
Des auteurs ont dît que cette porte regardait toujours l'orient :
c'est en effet le cas le plus général ; mais il n'en est pas toujours
ainsi, et nous possédons bien des exemples du contraire.
Voici, je crois, ce qui explique l'orientation de cette porte :
LES FANAUX EN LIMOUSIN. 71
la plupart des fanaux , et presque tous les nôtres , sont accom-
pagné» d'un autel d^né aux cérémonies des funérailles, et
probablement aussi à la célébration du saint sacrifice de la
messe. Or c'est cet autel qui a été soigneusement orienté , et non
pas la porte en question. La liturgie veut en effet que le prêtre
étant à l'autel ait le visage tourné au levant ; car, outre que la
coutume de tous les peuples est de se tourner de ce côté pour prier,
l'Église a encore une autre raison d'en agir ainsi : sur la
montagne du Calvaire, Jésu&-Ghrist , selon plusieurs anciens
auteurs , avait le dos tourné vers Jérusalem et à l'orient :
il regardait donc la partie occidentale ; à sa droite était le nord ;
à sa gauche , le midi. Telle est la position, des autels sur lesquels
se renouvelle ce sacrifice de notre rédemption. Alors qu 'est-il
arrivé? On a voulu cacher le plus possible aux yeux du prêtre et
des fidèles cette porte, qui n'est pas un ornement, et on Ta
placée du côté de l'est, qui est opposé à l'autel.
Nous avons des exemples de cette porte placée ailleurs qu'à
l'est : à Oradour-Saint-Genest , l'autel est orienté , mais la porte ,
au lieu d'être placée derrière, a été mise sur la droite : alors elle
regarde le nord ; à Coussac-Bonneval , on Ta mise au-dessus de
l'autel , et eUe fait face au couchant ; à Bancon , elle regarde le
nord , et, quoiqu'il n'y ait pas actuellement d'autel , on voit que
la marche circulaire qui entoure le pied du fanal est entaillée
du côté du couchant pour recevoir un portatif.
Dans plusieurs villes de l'ouest de la France , outre la célé-
bration du saint sacrifice de la messe , il y avait encore un office
de nuit, dont une partie était célébrée au cimetière même. Je
n'ai pas encore pu constater si cela se pratiquait chez nous.
M. Murcier (SépuU, chréL, p. 448) ne s'explique pas à quoi
servait une pierre en saillie à côté de l'autel du fanal de Ciron
(Sarthe). J'en ai rencontré une semblable à celui de Saint*
Barbant , et j'ai cru y reconnaître une crédence pour déposer
les burettes ou autres objets nécessaires pour la sainte messe.
n est difficile de déterminer les époques auxquelles nos
fanaux étaient allumés ; et la difficulté est d'autant plus grande
que la plupart du temps cela dépendait d'une fondation parti-
culière. Ainsi, sur nos limites , à Mauriac (Cantal), un curé du
lieu fit, au xm* siècle, une fondation pour qu'on éclairât tous
les samedis la lanterne qu'il avait fait élever au milieu du
cimetière de sa paroisse. — En 4 487 , Bernard de Radulphe de
Sécheira, avec sa femme et ses enfants, laissèrent six livres pour
72 LES FANAUX EN LIMOUSIN.
entretenir une lampe durant la mdt au cimetière de Dalon
(Corrèze). (P. Bonav., T. III, p. 449.) — A Saint-Goussaud , on
faisait une quête à la messe pour l'entretien du fanal. — En
parlant de celui de Saint-Mîchel-de-Pistorie à Limoges, le
P. Bonaventure nous dit encore que « on y mettait des lampes
allumées aux vigiles qu'on célébrait ». (T. III, p. 482.) — Tout
le monde s'accorde à dire que ces monuments étaient éclairés
le 2 novembre pour la fête de la Commémoration des morts.
D'après ces détails, on peut facilement voir que nos fanaux
n'étaient pas , comme Vont dit certains auteurs , des lanternes
destinées à éclairer les voyageurs. Ce qui leur a fait émettre
cette opinion, c'est peut-être parce qu'ils ont trouvé assez
souvent des fanaux au bord des grands chemins ; mais j'ai déjà
fait remarquer que c'était la place choisie anciennement pour les
cimetières. D'autres ont vu dans cet éclairage des cimetières
a une précaution tendant à rassurer les esprits crédules contre
les apparitions des revenants. On gratifie là nos pères d'une
attention au moins étrange. Mabillon pense que la lumière de
ces fanaux servait à éclairer ceux qui allaient prier à l'église
pendant la nuit : cela peut être vrai des fanaux aussi élevés
que ceux d'Évraultet des Saints-Innocents à Paris (4), mais il
s'en faut qu'ils aient tous cette hauteur; et puis l'église était
souvent assez éloignée du cimetière pour rendre ce secours
inutile. » (Murcibb, Sépult. chrét., p. 449.)
Sans discuter ces opinions et plusieurs autres analogues ;
sans nier que des fanaux aient pu avoir une destination
différente de ceux que conserve notre province, je ne puis voir
dans cette lampe entretenue par la piété des fidèles en l'honneur
des morts qu'un symbole de la foi chrétienne veillant sur les
tombes et les protégeant. Les paisibles rayons qui en sortaient ,
se répandant silencieusement sur les tombeaux du cimetière,
semblaient veiller sur eux ; ils allaient aussi frapper au loin les
regards du pieux voyageur, et cette vue provoquait souvent
quelques salutaires souvenirs et quelque bonne prière pour les
morts.
Dans mes recherches sur le Limousin , j'ai rencontré vingt et
un fanaux. L'existence de plusieurs n'était pas encore connue
des archéologues, et je suis persuadé qu'il en reste d'autres à
(1) Ce dernier avait 41 pieds; la tour d*Éyrault en avait 80.
LES FANAUX EN LIMOUSIN. 73
signaler. Ce nombre relativement considérable s'explique parfai-
tement par le grand respect pour les morts que professent les
habitants de nos contrées.
C'est encore ce même sentiment qui couvre aujourd'hui le
cimetière de Limoges de plus de quatre-vingts chapelles où Ton
célèbre de temps en temps la sainte messe, sans compter un
nombre infini de monuments de tous genres.
De nos vingt et un fanaux quinze appartiennent à la Haute-
Vienne. De ce nombre sept sont détruits : les huit autres existent
encore presque tous en bon état.
La Creuse en a eu au moins cinq , dont quatre sont encore bien
conservés.
Je n'ai trouvé pour la Corrèze que la mention d'un seul ;
mais tout porte à croire qu'il y en a d'autres à signaler.
HAUTE-VIENNE.
4*Satat*BtirbaBt9 petite commune du canton de Mézières,
située sur la limite ouest du département, peut avoir eu
quelque importance au xii' siècle et au xiii*, au moins au point
de vue religieux. Son église semble dater de cette première
époque , et son autel en pierre est la reproduction exacte de celui
qu'on voit dans la crypte du Dorât (4075). Un très-joli fer,
destiné à la fabrication des pains pour la sainte messe, se
conserve encore dans cette paroisse depuis le xiii* siècle Enfin
le cimetière renferme un fanal dont j'ai à m'occuper ici , et qui ,
je crois, n'était pas encore signalé.
A peu près au centre du cimetière , s'élève ce gracieux monu-
ment, dont la toiture n'existe malheureusement plus. (Voir pi. L)
11 semble avoir été abandonné , et il ne conserve déjà plus sa
position verticale. Cela est d'autant plus à regretter que c'est un
des plus beaux de notre diocèse. Les arêtes qui séparent ses huit
côtés ont été taillées en forme de colonnettes, qui le décorent
dans toute sa longueur. Chaque face dans la partie inférieure
a 0 m. 35 c, et la circonférence est de 2 m. 85 c, tandis que
dans la partie la plus élevée elle est de S m. 55 c.
 l'extrémité supérieure , au-dessous de la corniche qui devait
porter les fenêtres, on a ôté une pierre à chacun des quatre côtés
regardant les points cardinaux ; ce qui a formé quatre ouver-
tures pouvant tenir lieu des fenêtres elles-mêmes. Au bas , à
74 LES FANAUX EN LIMOUSIN.
4 m. 40 c. du sol actuel , est un très-gracieux autel , formé d'uite
seule pierre engagée dans la maçonnerie. Il est parfaitement
orienté. Sur la gauche de cet autel , c'est-à-dire au midi , une
pierre , sortant également du fanal , a dû servir de crédence
pour recevoir les objets nécessaires au saint sacrifice , ou sim-
plement l'eau bénite lorsqu'on chantait l'office des morts. Du
côté opposé à l'autel , se trouve la porte qui servait à pénétrer
dans l'intérieur : elle a 0 m. 75 c. de haut sur 0 m. 45 c. de
large.
L'administration, ou quelque généreux particulier, pourrait,
avec peu de frais, réparer convenablement un de nos plus
élégants fanaux , et assurer ainsi son existence menacée.
2* BleuBAt. (Voir pi. IL } — Si le fanal de Saint-Barbant
menace ruine, celui de Biennat, après être resté long-temps
dans un état semblable , vient enfin de disparaître totalement.
Biennat, situé aux portes de Rochechouart , vit consacrer son
église le 4 juillet 4263. Tison de Cramaud y fondait une chapelle
en 4244 ; celle du cimetière existait en 4245. La construction du
fanal doit être de la même époque. Il avait la forme d'une
colonne octogone , haute de 7 à 8 mètres , terminée par une
lanterne de pierre dont les ouvertures regardaient les quatre
points cardinaux.
La planche II est tirée des cartons trop vantés que M. Allou
avait pr^arés pour servir d'album à son volume. Ce dessin est
emprunté à Beaumesnil , dont l'inexactitude n'est plus douteuse.
S*" Cognae, commune de l'arrondissement de Rochechouart,
et du canton de Saint^LaurentHSur-Grorre , possède un fanal que
je n'ai vu signalé encore par aucun auteur. (Voir pi. m. ) Il est
carré , décoré sur ses angles de quatre colonnettes dont les
chapiteaux supportent la toiture. Au-dessous de cette dernière
s'ouvre sur chaque face une fenêtre plein-cintre. Il est formé de
douze assises de pierre de hauteurs inégales, et élevé au-dessus
du sol , ainsi que l'autel qui l'accompagne , sur une plate-forme
haute de quatre marches.
4*" CoiMMMie-Boiiiieval , canton de Saint-Trieix, nous offre
aussi son fanal octogone. (Voir pi. IV.) Huit fenêtres à plein-
cintre légèrement brisé forment la lanterne. Sa base, à la
hauteur de l'autel , est quadrangulaire. Cet autel , bien
LBS FANAUX EN LIMOUSIN. 75
orienté, est placé du côté du couchant, afin que le prêtre,
lorsqu'il y est monté , regarde l'orient, comme le veut la liturgie.
C'est ainsi que sont tournés les autels de tous nos fanaux. Mais
la porte qui sert à pénétrer dans Tintérieur de celui-ci a été
placée au-dessus , et se trouve ainsi tournée à Toccident. Alloii
lui donne 6 mètres de haut. Ce même auteur a entendu dire que
ce monument avait été construit vers le xrv' siècle, à l'occasion
d'une peste qui ravageait le pays.
S"" •alBt-LéoBard. (Voir pi. V. ) — Si le dessin qu'a publié
Tripon , et qui vient , je crois , de Beaumesnil , est exact , et
non pas inventé par ce dernier, le fanal qui existait en 4750
dans le cimetière de Saint-Léonard était sans contredit le plus
beau de ceux de notre diocèse , et peut-être de France. Sur une
terrasse très-élevée se dressait majestueusement cette belle
colonne hexagone ; un bon nombre de marches conduisaient à
l'esplanade où elle était posée. Une porte pour pénétrer à
l'intérieur était pratiquée sur le derrière. A la hauteur des
fenêtres , chacun des six angles était orné d'une niche ren-
fermant la statue d'un saint. Des nervures partant des dais qui
recouvraient ces niches allaient des deux côtés former de
gracieuses arcades sous lesquelles on apercevait les fenêtres
trilobées. La toiture en pyramide hexagone était surmontée
d'une boule ; elle était accompagnée de six clochetons terminés
de même y occupant les six angles de la corniche.
Je ne sais pas à quelle époque a été détruit ce monument ,
mais aujourd'hui il n'en reste pas la moindre trace.
lilmogcs, qui avant 1793 possédait treize paroisses, avait
aussi un bon nombre de cimetières. C'est dans ceux-ci qu'exis-
taient les cinq fanaux dont le P. Bonaventure de Saint-Amable
nous a gardé le souvenir.
6* 9aint*Cc«MiteiiP* — Peu après la mort de saint Cessateur,
évéque de Limoges (vers7U), on consacra une église en son
nom dans la banlieue de sa ville épiscopale. C'est dans le
cimetière de cette dernière église que fut construit plus tard le
fanal signalé par le P. Bonaventure (T. m, p. 482). Il n'existait
plus en 1785.
7*" Salnt-Ciérald. — L'hôtel-de-ville de Limoges occupe
76 LES FANAUX BN UHOUSIN.
aujourd'hui les bfttiments de Tancien prieuré de Saint-Géraldfy
fondé en 4458 par Gérald Hector de Cher , évoque de Limoges.
Lor& de cette fondation , Téglise paroissiale existait déjà. Son
cimetière a possédé un fanal, détroit avant 1785. (Bonay.^
T. III, p. 182.)
S"* Salnt-Paiil» — Le môme auteur nous signale encore un
fanal dans le cimetière de Téglise de Saint-Paul (plus tard Saint-
Paul-Saint-Laurent). Il était démoli en 4785. C'est dans cette
église que saint Ferréol , mort en 597, et saint Asclep , éTêque de
Limoges , choisirent leur sépulture. En construisant la gare do
chemin de fer, on vient de faire disparaître les derniers restes de
ce cimetière.
9^ Saini-Illartial, dont on admirait encore au siècle dernier
la magnifique église et les beaux clottres, avait aussi un fanal
dans son cimetière. Il était encore debout en 4785, et, au dire du
P. Bonaventure , c'était le plus beau de ceux de Limoges. Peut-
être datait-il de 4 095 , époque à laquelle Urbain II consacra
l'église construite par l'abbé Adémar.
40* Saini-Hlehel-de-PiiteiHle était un monastère fondé,
en 548, par Jocundus, père de saint Trieix. Il fut deux fois
détruit, d'abord en 763 , puis en 848 , pendant les guerres qui
affligèrent le Limousin. Devenu plus tard une des paroisses de
la ville, on voyait, en 4785, a dans son cimetière, devant
l'église , une pyramide faite en clocher è^ la pointe , dans lequel
on mettoit anciennement des lampes allumées aux vigiles qu'on
célébroit ». (Bonav., T. III, p. 482.)
44 « montrol « Senard, commune de l'arrondissement de
Bellac et du canton de Mézières , a aussi sa lantome des morts.
Celle-là est d'une forme particulière. [Voir pi. VI.) Dans l'état
où elle est aujourd'hui , on a besoin que la tradition conserve le
souvenir de ce qu'elle a été , car sans cela on n'y verrait qu'une
chapelle d'une construction assez extraordinaire. Primitivement
c'étaient quatre piliers , disposés en carré, réunis par des arcades
ogivales , et supportant une lantome en pierre qui était proba-
blement de grande dimension. Mais aujourd'hui la lanterne
proprement dite n'existe plus : une toiture ordinaire recouvre la
LBS FANAUX EN UMOUSIN. 77
partie inférieure de ce monument , et un mur, percé de fenêtres
et de portes, construit sous chaque arcade, en a totalement
changé l'aspect. Il est facile de reconnaître le travail du
xnv siècle aux chapiteaux qui décorent les piliers, et Tosil le
moins exercé ne les confondra jamais avec les murs, d'une
époque bien postérieure. Un autel en pierre existe encore à l'ex-
térieur, et montre clairement qu'on y a célébré le saint sacrifice
de la messe.
La tradition du pays dit qu'on y allumait chaque soir un
fanal d'une forte dimension , pour l'entretien duquel l'huile était
fournie par les villages voisins.
Plusieurs croix du cimetière et des environs accusent le xir siè-
cle ou le XIII* ; mais elles sont toutes à moitié détruites. On voit
sur quelques-unes que le ciseau du sculpteur n'a pas été effrayé
de la dureté de notre granit pour tirer du même bloc la statue
de Notre-Seigneur Jésus-Christ et la croix à laquelle il est
attaché I
42* OradeuHiiiiBt-C^iicftt , petite commune située auprès
du Dorât , existait depuis le x" siècle sous le nom d^Oratorium.
Son cimetière actuel a d'abord été celui des BécoUets , dont le
monastère était à quelque pas. A peu près au milieu, et
dans la partie la plus élevée, est placé un joli fanal du
xir siècle. (Voir pi. YII.) Ce monument est une colonne octo-
gone , creuse intérieurement , ofErant à la partie supérieure huit
ouvertures qui forment la lanterne. Sa toiture conique était
autrefois surmontée d'une croix en pierre , remplacée par une
de fer. Au bas , une ouverture rectangulaire sert d'entrée pour
monter dans la lanterne. On y arrive au moyen de trous prati-
qués entre chaque assise de pierre. Cette ouverture , tournée à
peu près au nord , conserve les traces de la porte qui la fermait.
On voit par cet exemple qu'il ne faut pas appliquer à tous
les fanaux ce que le Bulletin monumental a dit de ceux qu'il a
signalés : « Les ouvertures de chacun d'eux regardent l'orient.
On ne voit dans leur intérieur aucun moyen pour s'élever
jusqu'aux fenêtres. »
La partie inférieure est un socle de même forme , mais d'un
diamètre plus grand. Il est accompagné , du côté de l'ouest, d'un
petit autel qui a 4 m. de haut. Le tout est élevé sur quatre
marches à la hauteur de 0 m. 70 c.
La hauteur totale de ce gracieux monument , sans y com-
78 us FANAUX EN LIMOUSIN.
prendre la croix qui le termine, est de 8 m. 86 c, ainsi
répartis : Om. 70 c. pour les marches, 4 m. pour l'autel et 7 m.
46 c. pour la colonne. ( Il n'a donc pas 45m., comme l'ont publié
le Btdletin de la Société Archéologique et le Guide du Voyageur,)
Ce monument est parfaitement conservé. Un nouveau ciment
est venu garnir ses joints entr'ouverts , et lui assurer une
existence prolongée.
Ces lampes , que nos pères , après avoir passé une partie du
Jour à prier sur la cendre des morts, laissaient à leur place
pendant la nuit; ces lampes, dis^je, sont éteintes depuis long-
temps. On ne trouve plus , comme au moyen ftge , de fondations
pour les entretenir. Mais celle d'Oradour^Saint-Genest , sous les
inspirations d'un homme admirateur des pieux usages des
temps passés , a montré de nouveau son éclat pour annoncer aux
fidèles la fête de la Commémoration des trépassés. Pourquoi tant
d'autres paroisses ne suivent-elles pas cet exemple ?
43'' OradoiiiN-mip-i;iaiie, paroisse de l'arrondissement de
Rochechouart et du canton de Saint^Junien , s'appelait aussi
Oratorium dès le x* siècle. Son cimetière renferme un fanal de
forme carrée.
Au premier coup d'ceil on est surpris de voir ce fanal terminé ,
sans lanterne, par une pyramide assez irrégulière , sur laquelle
la croix de pierre est placée ; mais les registres de la paroisse font
mention d'une particularité qui explique ce qu'on y voit
d'extraordinaire :
En 4773, ce fanal fut transporté de l'ancien cimetière dans
celui où il est aujourd'hui. En le reconstruisant au milieu de ce
dernier, les baies supérieures formant la lanterne ne furent pas
refaites : peut-être en avait-on brisé les pierres en les trans-
portant; et, à leur place, on entassa, sans beaucoup d'ordre ,
les moellons qui portent actuellement la croix.
Tel qu'il est aujourd'hui (voir pi. VIII) , sa hauteur totale est
de 6 m. 50 c. Il est de forme carrée, de 4 m. âO c. de côté. Les
petites colonnes taillées dans les angles aident à faire dispa-
raître ce que la vue y trouve de trop lourd. Sa corniche , à 5 m.
55 c. du sol , est ornée sur chaque côté de douze crochets sculptés
en forme de feuille , dans le goût du xiv siècle. La porte plein-
cintre, tournée au levant, mesure 0 m. 80 c. de haut sur 0 m.
50 c. de large. Elle laisse voir à Tintérieur les trous nombreux oîi
Ton plaçait les pieds pour monter au sommet. L'autel , qui , dans
LES FANAUX EN UMOUSIN. 79
la reconstruction de 4773, a été placé du côté de l'entrée du
cimetière , est tourné au midi. Sa table a 4 m. 35 c. sur 0 m. 60 c.
44* SaiBt*Tletiiraleii est un bourg du canton de Saint-
Junien, formé sur l'emplacement qu'a sanctifié un pieux
solitaire de ce nom. Il avait quitté TÉcosse , et était venu ,
pendant le vix* siècle , cacher ses vertus dans les bois arrosés par
la Tienne. Après sa mort, son tombeau devint un de ces lieux
de pèlerinage que la foi de nos pères aimait tant à visiter.
Parmi les monuments qui rappellent la piété de ces contrées on
peut citer le fanal qui existe encore dans le cimetière de cette pa-
roisse. (Voir pi. IX. ) II a environ 7 mètres de haut. Posé sur une
marche carrée de S m. 40 c, il est orné d'une colonnetteà chacun
de ses quatre angles. L'ouverture inférieure, de 0 m. 55 c. sur
0 m. 38 c, est tournée au N.-E. Chaque côté mesure 0 m. 90 c.
Quatre grandes ouvertures forment , dans le haut , la lanterne
cil la lampe était allumée , et une croix tréflée surmonte sa
toiture à quatre versants. Quoiqu'il ne menace pas ruine, son
état de conservation laisse cependant à désirer.
4 5« BABCon a certainement été habité par les Romains :
plusieurs inscriptions en font foi. Une en particulier, transportée
de Puy-Hartin, fief de la paroisse de Blanzac, nous fait
connaître le nom d'une peuplade gauloise fixée dans ces lieux
avant la conquête romaine. Ces peuples , qui étaient les Andeca--
mulenses , élevèrent un temple à Pluton. Ce sont ces circons-
tances qui ont servi à Beaumesnil pour expliquer le monument
gaulois qu'il a trouvé dans le cimetière , et qui n'est autre que
notre fanal , dont il a changé la toiture dans un dessin reproduit
par Âllou.
D'après le témoignage de M. Texier, ce fanal n'est pas
antérieur au xii' siècle. (Voir pi. X.) Sa forme est ronde ; il a
3 m. 45 c. de circonférence (4). Dans la partie supérieure,
six fenêtres étroites et à plein-cintre servaient au passage de la
lumière. Sa toiture, conique, formée seulement de trois assises ,
est surmontée d'une croix en quintefemille. Au bas , une porte de
0 m. 68 c. sur 0 m. 88 c. s'ouvre au nord pour faire commu-
niquer avec l'intérieur, qui a 0 m. 50 c. de diamètre. Deux
(1) M. Roy de Pierreûtte lui donne 6 m. 66 c. de hauteur.
80 LES FANAUX EN LIMOUSIN.
marches de 0 m. 15 c. de baut , dont Tune est ronde et Taatre
carrée, supportent la colonne , qui mesure 4 m. 05 c. depuis la
base de la toiture jusqu'à ce soubassement. L'entaille pratiquée
du côté du couchant dans la marche circulaire n'est autre chose
qu'une place pour l'autel portatif qu'on y ajoutait.
Les habitants prétendent avec raison qu'on y allumait
autrefois des lampes la veille de certaines fêtes.
CREUSE.
J'ai indiqué cinq fanaux pour le département de la Creuse;
quatre existent encore : on n'a du cinquième qu'un simple
souvenir.
46° Velletin. (Voir pi. XI.) — Le Bulletin mmumerUal
(année 1840) donne la description suivante du fanal de Felletin :
« C'est un prisme octogone , surmonté d'un toit pyramidal de
la hauteur totale de 25 pieds. A 12 pieds à partir de la
deuxième marche circulaire qui l'environne à sa base , est une
légère corniche sur laquelle reposent huit croisées , d'environ 2
pieds de haut , à plein-cintre. Une seule ouverture , percée à 2
pieds de la même base , et ayant presque 3 pieds de hauteur
sur 15 pieds de largeur, laisse pénétrer dans l'intérieur, qui est
absolument vide. »
17*" Sidiit-C^awaiid* — Saint Groussaud, né un peu avant
le milieu du vu* siècle , a laissé son nom à la montagne qu'il
choisit pour solitude, et à la ville qui s'est formée autour de
son tombeau. Cette commune , de l'arrondissement de Bourga-
neuf et du canton de Bénévent , renferme le fanal dont j'ai à
m'occuper.
Placé autrefois dans le cimetière , depuis le changement de
celui-ci il se trouve sur une petite place au milieu du bourg.
(Voir pi. XIL) Sa base quadrangulaire, portée sur une marche
de 0 m. 15 c, a 1 m. 18 de haut, et forme un autel du côté du
couchant. Au-dessus et par-derrière l'autel , c'est-à-dire à l'est ,
s'ouvre une porte plein-cintre de 0 m. 33 c. sur 0 m. 55 c. Au
haut, quatre fenêtres, aussi plein-cintre, de 0 m. 48 c. de
hauteur sur 0 m. 15 c. de largeur, reposent sur une corniche
LBS FANAUX EN LIMOUSIN. 81
sans ornements. Sa toiture pyramidale mesure 0 m. 85 c.
de hauteur verticale.
Autrefois on faisait dans Téglise une quête pour l'entretien de
la lampe du fanal. Depuis que le cimetière ne Tentoure plus ,
cette lampe a cessé de brûler ; mais la quête est toujours conti-
nuée , et son produit sert au luminaire de l'église même.
48*' Manmge. — Cette petite ville de l'arrondissement de
Boussac avait , au moyen âge , un fanal dont l'existence nous
est signalée par le passage suivant : a II appert par une petite
pyramide, fabriquée en forme quadrangulaire, qui est dans les
dits lieux près du cimetière, l'antiquité de cette ville (Jarnage),
au-dessus de laquelle est une lanterne pour tenir les feux de
nuit pour le g^et. » (Hist. de VatUique viUe d'Ahun, p. 25.)
L'auteur de cette Histoire nous dit seulement que cette pyra^
mide était a près du cimetière » , et non pas à l'intérieur ; il
ajoute encore que la lanterne était destinée à « tenir les feux de
nuit pour le guet ». Il pourrait se faire alors que ce fût autre
chose qu'un fanal à destination religieuse , comme tous les autres
dont il est ici question.
49"* La SMiiemiliie. — Lorsqu'on a changé de place le
cimetière de La Souterraine , on a eu la bonne idée de transporter
aussi les restes du fanal , et d'en faire l'ornement du nouveau en
le reconstruisant presque totalement. (Voir pi. XIII.] Mais, dans
cette reconstruction, on n'a pas assez tenu compte du style ,
quoiqu'on eût tout auprès celui de Vercillat , qui était un bon
modèle. On n'a pas continué les nervures qui ornent ses
angles jusque sur les arêtes de la toiture, ce qui aurait été
bien plus régulier , et aurait fait disparaître ce que l'oeil trouve
de trop massif dans cette dernière partie.
Tel qu'il est aujourd'hui , c'est u^e très-jolie colonne hexagone
dont chaque arête est ornée d'une nervure ronde en saillie , qui
se termine à l'origine de la toiture. Six fenêtres plein-cintre
forment la lanterne, dans laquelle on pénètre par une porte,
tournée à Test , de 0 m. 87 c. sur 0 m. 35 c. Sa circonférence
est de 3 m. 65 c. Deux marches relèvent au-dessus du sol. Le
sommet est terminé par une croix ancrée en pierre.
20* Tepcillat* ( Voir pi. XIY.) — Cette paroisse du canton de
La Souterraine possède un fanal qui, d'après un dessin de
82 LES FANADX EN LIMOUSIN.
»
M. Fesneau, est un des plus beaux du département de la
Creuse. C'est un magnifique hexagone , dont chaque arête est
ornée d'une colonnette ronde , qui , sous la corniche supportant
les fenêtres , se termine en cariatide. Ces fenêtres sont à plein-
cintre , et la toiture , toujours ornée des six colonnettes , est
surmontée d'une boule portant aujourd'hui une croix de fer. Une
porte carrée , un peu élevée au-dessus du sol , permettait de
pénétrer à l'intérieur.
CORRàZB.
â4" MdoB* — Je n'ai encore que très-peu étudié la partie du
Limousin qui comprend le département de la Corrèze : aussi n'y
ai-je trouvé jusqu'à présent qu'un seul fanal , et c'est le P. Bona-
venture de Saint-Amable (T.. m, p. 449) qui nous le fait
connaître : « L'an 4 487, Bernard deBadulphe de Bécheira, avec
sa femme Âiceline et ses enfants Bernard de Radulphe et
Foucaud , laissèrent six livres pour entretenir une lampe durant
la nuit au cimetière de Dalon » .
Dalon, paroisse de Saint -Trié, était un monastère fondé,
en 4 4 4 4 , par Oérald de Salis , et qui devint dans la suite chef
d'une congrégation.
A. L.
NOTE
SUR L'OPPIDUM GAULOIS
DE COURBEFY.
La Vie de saint Waast , écrite par un anonyme à la fin du
VI* siècle y s'exprime ainsi (4) pour désigner le lieu où naquit le
grand évêque d'Arras qui , de concert avec saint Bémy, avait
instruit devis dans la foi chrétienne :
«... Maintenant, ainsi que nous l'avons annoncé plus haut ,
nous nous occuperons de l'origine de saint Waast. — L'Aqui-
taine offre une montagne qui partage presque par moitié la
distance de Périgueux à Limoges. Cette montagne est grande ,
et occupe, en long et en large, un vaste espace de terre,
pénétrant presque dans les nuages lorsqu'ils sont lourds et bas.
Sur son sonmiet il est incertain s'il a existé dans les anciens
âges soit une cité , soit un chftteau , dont la grandeur et les
magnifiques fortifications sont assez révélées par les indices des
ruines et par une masse de décombres qui montrent quelle chose
(1) M. rabbé Arbellot , qui avait donné en abrégé , dans son Onide en
UmouHn, le texte relatif à rorigine de saint Waast , a bien voulu âiire
les recherches qui me permettent de le publier avec tous ses curieux
développements. Le voici, sans y rien changer, si ce n*est la ponctua-
tion, qui est moderne et parfois fautive :
€ ... Nunc, sicut superius memoravimus, unde originem duxerit
(B. Vedastus) ratum ducamus. — Âquitania montem habet qui sequa-
libus pêne spatiis Petragoricam et Lemovicam civitates dirimit. Mons
iUe magnas, et sui quantitate multum terrse occupans longe lateque,
altitudine fere nubes penetrans si graves sint. Super cacumen ejus ,
antiquis et prœteritis œtatibus, incertum an civitas an castrum fuit,
cujus enormitatem et munitissimam magoiûcentiam ruinarum indida
84 NOTE SUB l'oppidum GAULOIS
remarquable ce fut jadis. Autrefois , comme aujourd'hui , cette
montagne s'est appelée Leucus, et le château en a pris son nom;
mais les habitants eux-mêmes de cette région se nomment aussi
Leudy et c'est la plus grande partie de l'Aquitaine jusqu'à
l'Océan. La renommée constante et plusieurs écrits sont témoins
que toutes ces choses étaient ainsi nommées. Le bienheureux
Vedastus fut donc originaire des Leuci , de parents nobles sans
doute , et d'une race non-seulement libre , mais assez illustre et
fameuse par l'affluence des biens territoriaux et l'abondance des
richesses pour que rien ne manqu&t au saint du côté de la
gloire du siècle. »
En effet , ces ruines dont parle la biographie de saint Waast
étaient à la fois celles d'une forteresse et d'une ville , c'est-à-dire
d'un opfidum gaulois, et eUes existent encore à peu près dans le
même état que lorsqu'elles frappaient d'étonnement l'écrivain
duYi* siècle. MM. Nivet-Fontaubert et Edouard Boudet, avec
lesquels j'ai eu le plaisir de faire mon excursion , long-temps
projetée, à Courbefy, en sont persuadés ainsi que moi, et
d'autres membres de la Société Archéologique du Limousin
pourront aisément contrôler nos observations; car Gourbefy, qui
était demeuré jusqu'à présent à l'écart des grandes voies de
communication , se trouve à trois kilomètres de la station de
Bussière-Oaland , et sa montagne taillée s'impose en quelque
sorte à l'attention des voyageurs.
On a confondu jusqu'à ce jour ces ruines celtiques de Gourbefy
avec celles du ch&teau féodal qui s'est élevé plus tard sur le
même emplacement ; mais il est facile de les en distinguer.
et moles dinitœ satis demonstrant quanta fuerit res ipsa. Nomen
mentis ex tuno et nunc Leucus est; ex nomine mentis castrum illud
nomen sortitum est; sed et populus regionis illius Leuâ sunt dicti,
maxima pars AquitansB ad Oceanum. Testes sunt perpétua &ma et
plures scripturœ quod illa omnia ita nuncupabantur. De Leucis ergo
B. Vedastus oriundus fuit, nobUibus procul dubfo natalîbus, prosapia
sicut ingenua ita insigni et feunosa prsediorum affluentia et abundantia
divitiarum locupletissimis ut nihil de secnlari defaerit gloria.»
{Âcta SS,, T. l/i^ruar., p. 794.)
Bans FHistoire littéraire de la France » D. Rivet assigne cette Vie à la
fin du Yi« siècle : « Elle est ancienne, puisqu'il n*y est point parlé de la
translation du saint, qui se fit au vu* siècle. Elle ne parait cependant
écrite que long-temps après la mort de saint Waast, qui arriva en
539 Alcuin, en son temps, la retoucha, ou plutôt en prit occasion
de composer une nouvelle Vie de saint Waast dont nous parlerons
ailleurs. » (Eût. lUtér,, T. III, p. 409.)
DE COURBEFY. 85
Les chftteaux gaulois sont aussi nombreux que ceux du
moyen ftge. Il y en avait, pour ainsi dire , un par commune (4).
Dans la région qui avoisîne Courbefy, j'en citerais aux Rudéles,
commune de Dournazac, aux Eaux-Joignantes , commune de
Pensol, au Chalard, commune de Marval , au Château-Manqué ,
commune de Saint-Barthélémy, etc. En général ils sont situ^
sur des mamelons isolés, aussi hauts, aussi escarpés que la con-
figuration du pays , couvert de collines arrondies , sans falaises
de rochers, pouvait en offrir. D'autres fois ils se trouvent au
confluent de deux ruisseaux. Des relevés de terre et de pierres
brutes, précédés de fossés quand cela était possible, et couronnés
sans doute par des palissades, composaient ces défenses primi-
tives, et venaient en aide à la force naturelle du lieu.
Ces chftteaux gaulois, assez analogues à nos chftteaux du
X' siècle , en diffèrent surtout par la situation générale et par la
plus grande barbarie de leurs fondateurs. Comme ils devaient
être principalement défendus avec des pierres que Ton lançait
de haut ou que Ton faisait rouler sur les assaillants, on re-
cherchait pour les emplacements les sommets à pentes rapides ,
pendant que les seigneurs francs préféraient élever des buttes
artificielles au milieu d'une plaine ou d'un marais, de manière
à entourer leurs remparts de bois de fossés pleins d'eau.
C'est ce que l'on voit très-bien à Lastours, où le chftteau
celtique couronne une hauteur dépourvue de puits et d'eau ,
tandis que la motte carlovingienne, où se voit encore l'église
paroissiale, s'élève de vingt-cinq mètres au milieu d'une
prairie marécageuse, à quelque distance du chftteau actuel ,
déplacé au xii« siècle, et rebftti, à l'exception du donjon, vers
la fin du XV* siècle.
Les petites forteresses gauloises se distinguent encore des
chftteaux francs par l'absence de toute pierre taillée , de tout
débris de tuiles et de mortier de chaux. Quelques-unes cependant,
comme Le Chalard de la commune de Romain , ont continué à
servir de lieu de refuge au v* siècle, et ont vu alors s'élever des
constructions assez soignées, à en juger par les pierres calcaires
incrustées de ciment rougefttre que l'on découvre en certain
nombre dans cette localité , et qui m'ont rappelé le système de
(1) Vcfyez dans les premières livraisons de la OuimM militaire, magni-
fique et exceUent ouvrage de M. Léo Drouyn, le plan et la description
de beaucoup de châteaux de ce genre.
7
86 NOTE SUR l/OPPIDUM GAULOIS
décoration de Téglise normande de Saint-Sanisonnsur-Rille.
D'autres fois, ainsi qu^à Montbrun, Téglise d^un chftteau
roman, fondé en 4478, recouvre des silos celtiques, et il en est
un peu de même & Nontron, à Rochechouart, forteresses natu-
relles s'il en fut , comme Turenne.
Des retraites plus humbles, mais peut-être plus sûres, étaient
ménagées sous le sol même, et je suppose qu'elles remontent
également à Tëre celtique. A Pensol , non loin du fort gaulois
dont j'ai déjà parlé , et qui porte sur le cadastre le nom de
redoute de l'amiral CoUgny, probablement parce que les protestants
y campèrent en allant de Jarnac à La Boche-r Abeille, de vastes
logements étaient creusés dans le tuf, non-seulement pour le
blé, mais pour les hommes.
Pour en revenir aux chftteaux gaulois , il ne faut pas croire
quMls eussent conservé leur destination et leur utilité jusqu'à la
conquête romaine. La plupart se rapportent à une époque anté-
rieure à rhistoire écrite et à un état de civilisation assez pareil
à ce qu'il fut au x' siècle, mais incomparablement plus im-
parfait et plus rude encore, oii tous les points du territoire
étaient exposés à chaque instant à être ravagés par de petites
bandes armées. Alors il fallait bien que chaque groupe de
population rurale pût se retirer pour quelques jours dans des
lieux de refuge pour laisser passer le danger, ou s'en défendre
avec plus de succès. N'oublions pas qu'il s'agissait de repousser
un assaut donné par des sauvages à d'autres sauvages , nulle-
ment de loger un chef féodal , ni de se mettre en mesure de
résister avec lui à un siège en règle, oii la provision d'eau aurait
bientôt manqué.
Dans la suite , lorsque les premiers habitants de la France
parvinrent à former des peuples occupa*nt toute l'étendue d'un
de nos diocèses, des fortifications de la même nature, mais
conçues sur une plus grande échelle, furent élevées aux fron-
tières de ces petits états, dans les situations les plus avanta-
geuses.
Les ruines de Courbefy semblent avoir appartenu à un
oppidum de cette espèce , bien inférieur du reste en importance
à ces villes de guerre, comme Alise, Gergovie, Uxellodunum ,
que les populations gauloises , organisées en confédération, dé-
fendirent dans leur lutte suprême contre César.
Au point culminant de la montagne de Courbefy, celle qui
mérite le mieux ce nom dans le pays , car c'est la plus isolée et
DE COUBBEFT. 87
la seule qui dépasse 550 mètres au-dessus du niveau de la mer ,
deux fossés concentriques ont été creusés de manière à laisser
entre eux un agger haut de 18 à 20 mètres, dont le profil
primitif s'est merveilleusement conservé grâce & la stérilité
du sol et au manteau de bruyères dont il est revêtu depuis
les temps celtiques à ce que je crois. Les pentes sont encore &
45 deg^rés , et c'est à peine si deux personnes peuvent marcher
de front sur le sommet de ce retranchement. En le com-
plétant par la pensée au moyen d'une rangée de troncs
d'arhres profondément enfoncés, et fournissant en même temps
un parapet à l'intérieur, un mur d'escarpe au dehors, on
obtient un obstacle vraiment redoutable à toutes les époques,
mais surtout quand il fallait l'escalader à découvert , sans aucune
des ressources dont l'art d'attaquer les places fortes s'est succes-
sivement composé.
Les déblais du fossé inférieur étaient rejetés au dehors de
façon à présenter un talus rapide , prolongé au loin par les
pentes de la montagne. Là se trouvait sans doute une autre
enceinte palissadée, que l'on pouvait défendre facilement en
faisant rouler des pierres sur les assaillants. — Quant aux déblais
du fossé supérieur, ils avaient été en grande partie rejetés en
dedans , et présentaient un réduit en forme de losange arrondi
aux angles.
C*est dans ce réduit, long de 70 mètres seulement et large de
60 mètres, qu'a été construit le chftteau du moyen âge dont les
tours font saillie sur le fossé. Primitivement il formait la cita-
delle de l'oppidum gaulois; et peut-être était-il alors protégé
par un mur bftti sans chaux, comme tous ceux de l'époque
celtique. Une garnison plus nombreuse pouvait camper dans le
creux des fossés et sur des plates-formes ménagées au nord , là
oti les pentes sont si rapides qu'il n'y avait guère à redouter
d'attaque. Mais les taillis , entrelacés de ronces , qui remontent
jusqu'à cette partie des fortifications, permettent difficilement
de bien comprendre leur plan. Il est certain néanmoins que les
plates-formes empiétaient sur le fossé inférieur, dont elles dé-
rangent la régularité.
Au sud-est , où le plateau de Courbefy se prolonge en s'abais-
sant insensiblement, une fortification avancée, de forme
semi-circulaire , avait été ajoutée. Plus loin encore, on remarque
les restes d'une grande enceinte , où s'abritaient les cabanes de
la ville gauloise. Elle est bien marquée, d'abord par des amon-
M NOTE SUR l'oppidum GAULOIS
cellements de pierres brutes, et ensuite par un fossé très-
apparent. C'est elle qui contribue le plus & donner & Courbefy le
caractère d^un oppidum. Si le château du moyen âge, au lieu de
s'établir au milieu de fortifications toutes faites, les avait créées
lui-môme (\), on ne verrait point en effet cette enceinte, qui
s'étend à près de 400 mètres de la citadelle proprement dite.
D'ailleurs le fossé intérieur serait creusé à ^fond de cuve, selon
Tusage du -moyen âge, et le fossé extérieur serait précédé, ainsi
q<ue cela a toujours lieu, d'une esplanade et d'une escarpe en
maçonnerie, qui aurait laissé quelques traces, ne fût-ce que
des morceaux de mortier.
Au centre de Voppidum, le hameau moderne et l'église de
Courbefy indiquent l'emplacement de l'habitation gallo-romaine
où naquit saint Waast , et dont il ne reste rien , si ce n'est des
fragments de tuiles à rebords. Il y avait lit et au dehors, dans
la direction -de l'est, quelques terres labourables; il y eut
toujours aussi une exploitation agricole, appartenant & des
-maîtres plus ou moins riches; mais, pour y résider, il ne fallait
guère avoir le choix des maisons de campagne. Saint Waast y
naquit cependant, et Bernard Ouidonis (2) , chroniqueur estimé
du xiv^ siècle , le dit expressément. C'^st donc tout à fait mal &
propos que certains auteurs modernes placent & Toul en Lorraine
le berceau du saint évêque d'Arras (3).
L'histoire du château gothique de Courbefy est assez obscure.
Je pense qu'il fut fondé par les vicomtes de Limoges; mais, dès
le commencement du xiv siècle, des alliances l'avaient fait
passera une grande maison féodale, celle de Sully. En 4336, il
vint en la possession du vicomte de Rochechouart par son
mariage avec Jeanne de Sully, fille de Henri, grand-bouteiller
de France , et de Jeanne de Vendôme (4). Depuis , il changea
souvent de mains; mais, bâti dans un but purement militaira,
c'était bien la résidence la plus incommode que l'on puisse
imaginer : aussi ne fut-il Jamais habité d'une manière suivie, et
il n'a donné son nom & aucune famille seigneuriale. Il fut
(1) Le même fait a eu lieu k Puy-Normand, emplacement que je crois
celtique malgré son nom, comme la redoute de Tamiral Colignj» et
.qui ressemble vraiment à Courbefy dans de moindres proportions.
{Omenm militaire, introd., p. 18.)
(2) Voyez le Guide en Limousin de M. Tabbé Arbellot: Courbe/y.
(3) Tiouveau Dictionnaire historique , T. VI, p. 774 : Caen, 1779.
(4) Nobiliaire de Nadaud , p. 492.
DE COlîRBËFY. 89
assiégé et pris plusieurs fois , notamment par le connétable Du
Guesclin (1). Néanmoins il n'a joué qu'un rôle très-secondaire
dans riiistoire du Limousin.
Les constructions actuelles du château féodal de Courbefy
n'offrent rien qui paraisse antérieur au xiir siècle. C'étaient des
tours rondes, et non des tours carrées à contreforts plats, qui
flanquaient les courtines. Celle de Test, autrement et plus soli-
dement construite, était octogone. Elle servait de cfonjon, et ses
deux étages supérieurs, voûtés comme des fours, forment
autant de blocs gigantesques depuis que la mine les a couchés
sur le sol , non des fossés , mais de Tintérieur de la place. Cette
destruction eut lieu sous Louis XIV, après les troubles de la
Fronde , parce que le château avait été récemment occupé par
des brigands (%). 11 disparut donc au moment même où il allait
cesser d'offrir des dangers pour la sécurité publique, et cela est
d'autant plus regrettable que sa situation en ferait aujourd'hui
le principal ornement de la contrée sauvage où il se trouve.
L'église de Courbefy fut détruite avec le château , et renversée
par la poudre , à en juger par des pans de murs tombés tout
d'une pièce. On la rebâtit dans le courant du xvip siècle, mais
dans le style le plus misérable. — Ce serait lui faire trop d'hon-
neur que de la comparer à une grange. — Avant la révolution,
un prêtre y vivait en ermite, sansdtmes, sans portion congrue ,
c'est-à-dire du travail de ses mains, comme un moine* du
moyen âge (3). On raconte encore que, à défaut de clocher et de
cloche, il convoquait les fidèles avec une bargw, l'instrument
dont les paysannes du Limousin se servent pour broyer le
chanvre.
Maintenant faut-il, à propos de Courbefy, discuter les idées
d'un de nos confrères les plus distingués, de celui qui a fait cer-
tainement l'étude la plus approfondie de l'histoire et de la
géographie anciennes du Limousin dans leur ensemble? Faut-il
dire en quoi les opinions de M. Deloche sont confirmées ou dé-
menties par les observations archéologiques que l'on vient
d'exposer?
— D'abord rien ne prouve que le Castrum Lçucus ou Leud fût
le chef-lieu d'une peuplade particulière appelée Lçuci, Le blo-».
(1) ffUtoire d'Âqmtaine , T. III, p. ^..
(2) Quide en Limousin : Courbefy.
(3) BisMre éTAquUaine, T. Ul, p. 235.
90 NOTE SUR L*OPPiDUM GAULOIS
graphe de saint Waast ne le dit nullement : il constate tout au
plus, entre la montagne, le château et les habitants, non-seule-
ment du voisinage , mais de la plus ^ande partie de T Aquitaine,
une singulière communauté de noms , qu'il n'entreprend point
d'expliquer. Une tradition locale, que nous avons recueillie,
ajoute- que Gourbefy fut autrefois une ville capitale nommée de
Lébret; mais je ne vois là, pour ma part, qu'une explication
populaire de ce grand ensemble de fortifications indépendant du
ch&teau gothique, et un souvenir confus de la maison d'Albret(4),
qui posséda la vicomte de Limoges au xv« siècle.
Dans tous les cas, ce n'est plus à Chalus, à 40 kilomètres de
Gourbefy, qu'il faut placer le mont Leucus , et notre savant col-
lègue de la Corrèze , s'il avait mieux connu le pays , n'aurait
pas écrit que « entre Limoges et Périgueux on remarque un
massif montagneux au sommet duquel est l'ancien castrum de
Chalus; que c'est là, et qu'on le chercherait vainement ailleurs,
le mons Leucus (3) '. — La ressemblance des noms est ici bien
trompeuse , car Chalus peut venir de castelluUum , diminutif de
castrum, comme Chatelus et Carlus, aussi naturellement que des
anciens Leud. D'ailleurs, la description donnée dans la Vie de
saint Waast, et que je crois faite par un étranger jaloux de
mettre en lumière tout ce qui peut ajouter à l'importance de son
sujet, mais par un étranger bien informé s'il n'avait pas voulu
voir lui-môme les lieux illustrés par la naissance de son héros ;
cette description ne s'applique pas du tout à Chalus, où Ton est
plus rapproché de Limoges , plus éloigné de Périgueux , oii il
n'y a pas de vestiges celtiques, et surtout pas de grande mon-
tagne qui se couvre parfois de nuages, et qui prenne son chapeau,
selon Texpression du pays. Le château qu'assiégea Richard
Cœur-de-Lion est situé au bord de la Tardoire , sur un mamelon
médiocrement élevé et dominé de toutes parts.
Au contraire, la description des Acta Sanctorum s'applique de
tous points à Courbefy, oti d'ailleurs la tradition constante du
Limousin fait naître saint Waast, et elle ne conviendrait à aucun
autre lieu du voisinage. L'épithète de magnifique est de trop, il
(1) Henri IV et sa sœur, comme représentants de cette maison , ven-
dirent Courbefy en 1600. U était donc revenu aux vicomtes de Limoges.
Voyez dans le Chroniqueur du Périgord , T. I , un article de M. Ârdant
sur cette vente.
(2) Congrès sdentijlque dfi Limoges , T. II, p. 399.
DK COURBBFY. 91
est yrai , bien qu'elle ne se rapporte qu'aux travaux de fortifi-
cation [tniaûtissimain magnificentiam). Gourbefy, avec son site
désolé , envahi comme autrefois par des bruyères et des buissons
que Ton ne coupe jamais, avec ses immenses fossés et ses rem-
parts, d'ob la vue plane sur tout le Limousin et le Périgord
depuis les montagnes de Grandmont jusqu'au Cantal , jusqu'aux
coteaux du Bordelais et de la Saintonge*, Gourbefy est gran-
diose, imposant môme; mais dire qu'il y a là, le paysage à
part, quelque chose de magnifique, c^est exagérer un peu, ce
qui n'est pas sans exemple parmi les agiographes.
Le mot de Leuci, dont M. Deloche a tiré des conséquences si
ingénieuses et si étendues, paraîtrait un. nom générique,
commun à plusieurs peuples et à plusieurs fractions de peuples,
selon les circonstances topographiques. Les étymologies ont
toujours quelque chose de périlleux ; mais celle que M. A. Re-
gnault a opposée à M. Deloche dans le Bulletin de la. Sodéié
Archéologique et Historique du Limousin (4) me semble assez plau-
sible. De bicus, qui veut dire bois en latin, à notre Leucus, il n'y
a pas bien loin : toute la différence est peut-ôtre dans la pronon-
ciation. Dès lors le mot pouvait & la fois s'appliquer, ainsi que*
le dit M. Regnault , à toute montagne boisée comme l'est encore
celle de Ck)urbefy (Montluc, Montluçon , Montlieu ) , au château
situé sur cette montagne , et aux habitants de la région mon-
tueuse et boisée qui va de l'Auvergne à VOcéan. Souvenons-nous
du Bocage vendéen. Dans tout l'Ouest jusqu'en Normandie, la
même dénomination a été usitée par opposition aux plaines
découvertes : ^ CU del bocage et dl del plain », nous dit le roman
de Wace. Son équivalent en latin ou en patois gallo-romain
convenait particulièrement au Limousin et à la plus grande
partie de l'Aquitaine, surtout dans les granits de l'Ouest Jusqu'à
la mer. Peut-ôtre n'a-t-il pas été bien compris au vi« siècle par
le biographe de saint Waast, qui aura voulu en tirer quelque
chose d'honorable pour le grand évoque d' Arras , et qui , nous
l'avons vu , faisait des conjectures comme un antiquaire.
Quoi qu'il en soit, son témoignage est indivisible , et , si on ne
préfère pas l'interprétation moins patriotique de M. Regnault à
celle de M. Deloche , il faut croire résolument que ces Leuci ^ dont
aucun autre texte n'a parlé, et qui établiraient une sorte de
trait d'union entre les Lémovices de l'intérieur et ceux de
(1) T. VII, p. 142.
92 NOTE SUR L*OPPIDlIM GAULOIS DE COURBBPT.
TArmorique, remplissaient en outre plus de la moitié de TAqui*
taine.
Sur d'autres points je me rangerais plus volontiers à l'avis de
M. Deloche. Il m'a convaincu, par exemple, que la station de
Fines n'était ni àCourbefy, sommet abrupte, où il serait d'ail-
leurs déraisonnable de faire passer une route quelconque, nia
Firbeix , où il n'y avait guère plus de motifs de détourner la
voie de Périgueux à Limoges avant que les châteaux gothiques
de Chalus et d'Aixe eussent amené la formation d'autant de
petites villes, mais entre Firbeix etCourbefy, ou plus à l'est, et
peut-être plus au sud. Il y aurait en effet quelques raisons de
penser que la délimitation des anciens diocèses n'était pas exac-^
tement sur ce point celle des cités gallo-romaines; car les
évêques de Limoges au vr siècle ont revendiqué, sinon possédé,
la circonscription religieuse dont Jumilhac a été le centre.
Mais, avant de reporter la frontière du Limousin jusqu'à
Thiviers, et même jusqu'à La Coquille, à moitié chemin des
deux villes épiscopales, je voudrais, avec M. le vicomte de
Gourgues (i) , savoir si aucune des quatre versions contradic^
toires de la Table théodosienne et de l'Itinéraire d'Antonin
mérite une entière confiance <)uant à la distance de Fines à
Limogpes. Je voudrais aussi connaître au moins la direction
générale de la voie romaine dont il s'agit, et jusqu'à présent on
n'a nulle part retrouvé ses traces. On prétend bien dans le pays
qu'elles se reconnaissent distinctement de La Coquille à La
Tranche, entre Bussière-Galand et les ruines de Courbefy; mais
nous ne les avons point vues , et c'est une vérification qui reste
réservée aux futurs visiteurs de Courbefy.
(1) noms anciens de limes du, département de la Dordogne : Bardeaux ,.
1861 , p. 8^.
F. DE VERNEILH.
LES MARBREAUX
9 ^
CELEBRES ORFEVRES LIMOUSINS
Le docte et infatigable abbé Nadaud , curé de Teyjac, rédigea
pour Tabbé d'Expilly une Notice historique du Limousin en
quatre grandes pages d'une écriture très-serrée, qui dut être
fort utile à l'auteur du Dictionnaire géographique des Gaules.
Je possède ces précieuses pages, oii sont renfermées, dans un
cadre étroit , des notions sur la géographie , l'histoire civile et
religieuse de notre province , les belles-lettres , arts et sciences ,
la noblesse, et jusques aux qualités du pays.
Ces pages mériteraient d'être publiées in extenso , ainsi que les
intéressants mémoires composés à la même occasion par le
chanoine Devoyon et le curé de Saint-Léonard du Mabaret. Je
me bornerai & en extraire aujourd'hui ce qui concerne des
ouvriers très-renommés de leur temps dans l'art de l'orfèvrerie
et du monnayage.
Avant de remonter aux sources où le savant abbé a puisé , je
crois convenable de citer les fragments des naïfs récits de nos
chroniques manuscrites oii il est question des Marbreaax, en
ran 4605 :
« A ladite porte (Montmalhier) le roy (Henry IV) receut les
clefs de la ville , qui luy furent pntées par un jeusne enfant
nommé Jean-André Yidaud , descendant dans une nue , de la
valleur (les clefs) de cinq cents liures [h) ».
Le P. Bonaventure de Saint- Amable a ainsi développé ces
détails : « Or, comme le roy étoit sur le premier pas de l'entrée
(I) Il parait assez évident, d*apr?)s ce fait, qae nos bouchers n*eurent
pas le privilège de présenter les clefs de Limoges àkenry IV, et que c*est
k tort qu*il8 y font allusion aux promenades du bœuf gras.
94 LES MARBREAUX.
de ce portail, on vld eleuer une nue clairement espaisse, qui
vint comme fondre & s^entrouurir aunleuant de Sa Majesté, de
laquelle sortit un beau jeune enfant portant Thabit et le maintien
d*un ange, lequel présenta au roy les clefs de la ville faîtes
d*argent doré, autour desquelles se voyoient deux serpents
entrelassés auec beaucoup d'artifice ; on auoit aussi empreint là
les armes du roy & et de la reyne, de Mgr le dauphin & de la
ville. Cet ouurage reuenoit à plus de cinq cents liures. Le roy
receut ces clefs avec grand contentement , & les remit à même
temps au sieur de La Fare, capitaine des gardes. »
Les mêmes Annales manuscrites continuent en ces termes :
a Et le lendemain (22 octobre 1605), les consulz furent aueq
leurs marques consulaires luy (au roi) porter deux médagles d'or
pezans deux marcz; et, daultant quelles estoient imparfaictes ,
n'ayant eust le temps , le roy les remist pour les faire para-
cheuer et les luy enuoyer, et furent faictes par les Masbareaux ,
enfans de Lymoges, estantz les meilheurs mâîstres du temps; et
pour ce furent appeliez pour aller demeurer aux Thuîlleries du
Louure & Paris. Ilz ont faîct les plus belles pièces du siècle , en
or, argent, cuiure, assier, fert, iuoire, esbenne, &• , métaux et
bois, gravures, estampes, coings pour faire médagles. »
Le Père de Saint-Amable a mal lu ce manuscrit, puisqu'il
donne le poids de douze marcs d'or à cesdites médailles au lieu
àedeux, c'est-à-dire qu'il le sextuple. Voici son récit, où nous
trouvons la descriptions des deux médailles :
c Le lendemain , pour l'entier accomplissement de cette céré-
monie, les consulz furent tous ensemble, vêtus de leurs robes
et de leurs livrées, qui sont des chaperons de damas cramoisy,
présenter à Sa Majesté deux grandes médailles d'or du poids de
douze marcs, burinées et gravées avec tant d'artifice qu'on ne
sçauroit par la plume suivre le burin du maistre qui s'estoit sur-
monté luy-même dans ces pièces.
En la première, on voyoit le pourtraict du roy, armé de toutes
pièces, monté à cheval, qui sembloit bondir à trauers une
grande armée, battrez abattre tout ce qui se présentoit deuant
luy pour s'opposer à son triomphe, & droit à Topposite de Sa
Majesté estoit un bel écusson gravé des armes de France & de
Navarre, & sur le bas , & presqu'aux pieds de Sa Majesté , y avoît
un autre écusson gravé des armes de la ville , & autour de la
circonférence de cette première médaille, on pouvoit lire ces
LES MARBREAUX. 95
mots : c Hbnbico IV reoi christianis. Heroi fortis. invictis.
• Clbmbntis SPQL Lemovic advenibnti D. D. 4605 ».
9 II y auoit une autre médaille consacrée à Mgr le dauphin. On
y uoyoitson pourtraict, qui auoit un pied sur la terre & l'autre
fiur la mer, porté et soutenu par un dauphin marin , qui sem-
bloit s'égayer le long du bord de son océan , pour porter cette
douce charge , qui le rendoit glorieux parmy les autres poissons
qui se uoyoient à sa suite. On auoit aùssy mis dans la main de
Tenfant une palme verdoyante, présage de ses victoires; deux
anges par-dessus posoient doucement un double diadème, &
plus haut une aigle suspendue en Tair, sortant d'une nuée,
luy laissant tomber sur son chef une couronne impériale.- Le
circuit de la seconde médaille avoit ces deux vers pour devise :
•
m JaM CŒLUM IMPERIl DIQNUM TE SIGNAT HONORE :
» NUSQUAM ABERO ET TUTUM PATRIA TE SEDE LOCABO. »
9 Le graueur (Masbareau] n'auoit pas eu le temps d'acheuer
son ouvrage. Comme le roy estoit sur son départ , les consulz ,
prosternez avec soumission, luy oflFrirent ce présent, & messire
Jean Martin , prévost , l'accompagna de ces paroles : < Le peu
9 que nous offrons à Vostre Majesté est encore défectueux par la
» faute de l'ouvrier &; du peu de temps qu'il a eu : nous aman-
9 derons. Dieu aydant, les fautes ».
9 Le roy, après auoir vu & admiré ces deux belles mé-
dailles, les fit voir aux princes & grands seigneurs qui estoient
auprès de sa personne , & par après les remit es mains des
consulz, leur disant : « Faites les paracheuer, & me les enuoyez au
9 pluStôt »
Ceci était écrit moins de soixante ans après le passage du
roi , et les souvenirs devaient être encore bien vivaces.
M. Éd. Sénemaud , notre confrère d'Ângoulême , et l'un de mes
plus affectueux correspondants, m'a indiqué le texte d'un itiné-
raire latin de la France, au xvir siècle, connu sans doute de
Tabbé Nadaud [ page 96 ) :
« Lemotidwn, Urbs hsec Lemovicii, valgo Limosin, caput est regionis
qu8B, vicecomitatus nomine insignis , Biturigibus, Borboniis, Arvemis,
Petroooriis et Piotonibos ainbitur. Asperior est aliis hactenus visis;
vinum prodacit, sed ignobUius; ex frugibus, imprlmis siliginis, ferax
est, née tamen ubique fructus alios fert immitiores; castaneis
mbundat.
96 LES MARBKEAUX.
» InoolSB minus sunt culti; fœminœ déformes et laudatœ castitatis;
nec eo est libertas Juvenibus cum puellis conversandi quœ alibi in
Gallia y ut sœpe matrimonio Jungantur qui nunquam ante sermonem
miscuenmt. Hic invenies hominesotium détestantes, sobrios etiam, nec
deliciarum avidos atque inde macroHaus, Linguam loquuntur hor-
ridam , et quamvis intelligat e média Gallia oriundus. »
J'abrège cette citation, qui me prouve que le vieux voyageur
était difficile pour le vin et la beauté des femmes. La Fontaine,
juge plus compétent, a rendu justice aux Limousines et aux
Limousins.
Quant à notre idiome, s'il le trouvait horrible, c'est qu'il ne le
comprenait pas : nos troubadours l'avaient su rendre agréable
aux hommes éclairés de leur siècle, et leurs œuvres sont encore
en honneur.
On peut lire dans le texte ce qu'il dit des villes du Haut et du
Bas-Limousin (il prend cette dernière province pour la Marche),
des monuments et des maisons de bois qui lui rappellent celles,
de la Basse-Saxe.
A la page 97, on lit :
« Csesaris œvo, una ex magnis et potentibus fuit urbs Lemovicium,.
igitur vulgo Limoges, superioris Lemovicii metropolis, urbs mercurialis
et populosa, inter colles vitiferos prope Vigennam sita ».
Limoges est là appelée ville de Mercure, c'est-à-dire commer-
çante, comme Toulouse , la ville de Minerve :
« Lemovicibus exquisitissima fl*atrum {les Mabreaux) dictorum ad-*
miraberls opéra, etc. »
Et, dans son avis au lecteur, il s'explique plus longuement :
« Vidimus hic et salutavimus artifices duos incomparabiles , les Me^
hreaux fratres , qui credi nequit quam subtilia conflciant opéra. Inter
alla, vidimus par cultrorum subtilissime elaboratum, uti tamenligni
aliquid scindere i)osses, cum vagina duorum receptaculorum, et cate-
nula aurea centum viginti orbiculorum, ponderis duorum granorum.
Vir quidam nobilis, cum de veterum quadriga muscœ ala obtecta retu-
lissét, alteri honim qusBsi visse se dicebat ecquo pretio illam œsti-
maret? Quatuor millibus coronatorwn respondenti regesserat si mille
coronatos sibi promitteret, sese similem fiicturum, nec nisi opère per-
fecto obvium postulaturum. »
Ce latin est facile à comprendre : reste à expliquer \% mot
LES MARBBBAUX. 97
eorono/t. Les rois Louis XII et François I"^ firent frapper des
monnaies de billon qu'on appela coronats. Les écus d'or à la coth
renne portaient le même nom dans les écrits des savants,
coronati : il est à croire que ce fut mille écus d'or que demanda
l'un des Marbreaux pour prix d'un chef-d'œuvre plutôt que
mille coronats de billon. De plus, ce géographe Jodocus Sincerus,
dont le savant bibliographe M. Ed. Sénemaud, nous révèle
le véritable nom, Zinzerling , étant d'origine allemande,
devait être plus familier avec les coronats d'or des ducs de Bour-
gogne et des comtes de Flandres.
Inspiré de la lecture de nos Annales et de Yltinerarivm de
.Jodocus Sincerus, Nadaud adressa à l'abbé d'Expilly cette note,
. qui résume nos recherches : a Les nommés Marbreaux excel-
loient, en 4649, à Limoges, pour mettre l'or en ouvrage : de
deux grains ils faisoient une paire de couteaux propres à couper
du bois une gaine, et une chaîne de cent vingt anneaux. On n'y
• connoît point à présent de si habiles ouvriers. »
Nos chroniques manuscrites les appellent Masbareaux; Zin-
zerling le Turingien , Mabreaiux, et Nadaud, Marbreaux, Nous
adoptons cette dénomination , et , calculant qu'ils étaient très-
habiles dans leur art dès 4605, et que leur réputation ne s'était
pas amoindrie en 4649, nous concluons que leur carrière fut
aussi longue qu'honorable.
Maueice ARDANT,
Ardiivista d« dépwtonent de k Hatttt- Vienne.
.LimogM, le 15 juillet 1862.
VOIRIE ROMAINE EN LIMOUSIN
FIXATION
DE LA STATION DE PRiETORIUM
La commission de la carte des Gaules se préoccupe de la
fixation de Prœtorio , qu'elle croit devoir placer à Sauviat , sauf à
s'en référer & une détermination plus convenable s'il y a lieu.
Dans le doute, elle fait appel aux lumières de la Société
Archéologique et Historique du Limousin , qui , mieux que toute
autre , est en position de lui fournir des renseignements certains.
La question est des plus controversées, et mérite d'être
éclaircie. Je vais tenter moi aussi de la traiter, et de lui donner
une solution.
Aucun auteur ancien ni du moyen âge ne s'est occupé du
Prœtorio des Lémoviques. Ptolémée, Pline, Pomponius Mêla,
Solinus, sont muets. L'existence de cette ville gallo-romaine
nous fut dévoilée pour la première fois par la carte de
Peutinger. Prastorio se trouve itidiqué sur cette carte comme
étant la première station à'Aumto à ArgerUomago et à At^gtàS"
Umemeto : c'est donc un point de bifurcation destiné & fournir à
la fois un chemin au nord et à l'est de la Gaule.
De grandes difficultés se sont présentées dès l'abord pour
la fixation de la distance qui se trouve marquée sur la carte
de Peutinger.
VOIRIE ROMAINE EN LIMOUSIN. 99
Le chiffre xiiii qui est marqué entre Atisrito et Prœtorio
indiquait-il le nombre de lieues gauloises qui existait pour aller
à Casrinomago, ou bien marquait-il la distance de Prœtoriot Telle
fut la première difficulté. Depuis les travaux de Vesseling et
ceux plus modernes du baron de Walckenaër et de MM. Parthey
et Pinder, la question paraît définitivement tranchée. Le
chiffre xnii se rapporte définitivement à la distance qui existe
entre Ausrito et Prœtorio.
Quel est donc le nom de lieu qui convient à ce chiffre de
xiiii lieues gauloises? Les commentateurs n^ont pas manqué :
malheureusement la plupart diffèrent d'opinion, et le Prœtorio
est fixé diversement en des points assez distants les uns des
autres.
Le savant géographe d'Anville fixe Texistence de la cité gallo-
romaine au Mont de Jouer, où se trouve une ville détruite depuis
trës-long-temps. Le Puy de Jouer est une montagne située à un
kilomètre environ de Saint-Goussaud , dans la Creuse. Cassini a
inscrit sur sa carte : n Mont de Jouer, ville ruinée ».
La carte géographique de M. Cornuau, éditée & un fort petit
nombre d'exemplaires en 4782 , fixe également Prœtorio au Puy
de Jouer. Cette carte prend à nos yeux une valeur d'autant plus
grande que M. Cornuau a laissé des travaux de géographie sur le
Limousin aussi bien étudiés et aussi certains que ceux de
rimmortel Cassini. On dit même qu'il collabora avec l'illustre
géognraphe. Dans tous les cas, pour exécuter ses travaux
relatife aux cartes du diocèse et de la généralité , M. Cornuau
avait visité toutes les localités du Limousin, et avait relevé
toutes les traces encore subsistantes des anciennes voies
romaines, et il avait fait un tracé fort exact de la route
qui , partant de Limoges , se dirigeait sur Ârgenton et sur Âhun ,
puis sur Clermont. Cette direction , qui fixe Le Puy de Jouer
comme ayant été l'ancien Prœtorio, n'a pas été suffisamment
remarquée , et nous la mentionnons dès l'abord comme faisant
autorité dans la question.
Deux hommes spéciaux se sont occupés dans le xviii* siècle de
la direction des chemins romains : l'abbé Nadaud, curé de
Teyjac, et son ami l'abbé Legros. L'abbé Nadaud était né
à Limoges le 13 mars 4742, et il est mort le 5 octobre 4775.
n fut nommé, vers 4748 , à la cure de Saint-Léger-la-Montagne.
Son goût pour l'antiquité lui fit faire des recherches et des études
sur tout ce que le Limousin présentait de curieux et de digne
100 VOIlUfi ROMAINE EN LIMOUSIN.
d*être remarqué; il consignait dans ses notes le frait de ses
observations archéologiques. Sa cure, voisine de la voie
romaine se dirigeant sur Argenton et sur Glermont ; lui per-
mettait de faire des promenades, et de suivre en quelque sorte à
la piste les traces encore existantes de ce chemin. Le résultat de
ses observations fut que le Prœtorio devait être fixé au Puy de
Jouer. — L'abbé Legros mit en ordre ces notes, et consigna dans
une publication fort rare aujourd'hui , l'Indicateur du diocèse, les
constatations faites par Tabbé Nadaud. On voit donc que les
traces bien conservées d'une voie romaine se dirigeant vers
Prœtorio ont été observées au xviii* siècle, et ce point là ne
saurait être le sujet d'une discussion sérieuse.
Faut-il donc reconnaître avec d' Anville , avec Cornuau , avec
les abbés Nadaud et Legros, que le Prœtorio de la Table doit-être
définitivement fixé au Puy de Jouer? Cette conclusion peut
paraître naturelle et logique en présence d'une tradition locale
qui paraît constante , et d'observations faites par des antiquaires
du pays , qui n'ont pas dû se tromper à l'inspection des traces
restées existantes de la voie militaire romaine.
Cependant ce système ne semble pas avoir prévalu jusqu'ici ,
et nous ne devons pas nous étonner que les auteurs qui ont écrit
sur l'emplacement de cette station romaine sans avoir recours à
ces traditions locales, sans avoir visité les lieux, aient pu avoir
de ces divergences d'opinion qui sont malheureusement de
nature à discréditer la science archéologique. Citons quelques-
unes des nombreuses localités que certains commentateurs ont
indiqué à diverses époques comme étant l'emplacement du
Prœtorium de la Table. Dans son mémoire, lu le 7 août 4746 , à
l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, l'abbé Belley,
cherchant la direction du chemin romain de Limoges à Clermont,
fixe le Prœtorium aux environs de l'abbaye de Grand-Mont. Une
seule réponse suffit à renverser ce système : les montagnes qui
avoisinent l'ancien emplacement de l'abbaye sont presque inac-
cessibles, et jamais on n'a constaté de ce côté les traces d'une
voie quelconque.
Le baron de Walckenaër, membre de Tlnstitut, fixait Prœtorio à
Pourrioux. Ce nom de lieu , qui avait quelque rapport avec celui
de la station romaine, a évidemment égaré M. de Walckenaër.
Pourrioux est une petite paroisse située au nord de Sauviat,
dans l'arrondissement de Bourganeuf; le Pouillé de Nadaud
la mentionne comme étant un bénéfice appartenant aux religieux
V0IK1E ROMAINE EN LIMOUSIN. 101
du Ch&tenet. Il n'existe aucune trace de construction ancienne ,
aucune ruine qui témoigne de l'existence des Romains dans
cette localité. Dès-lors on ne peut admettre Pourrioux comme
le représentant de l'ancien Prœtorium. Du reste nous prouverons
plus loin qu'au xviii* siècle nos antiquaires ont reconnu les
traces d'une route romaine qui traversait la forêt du Dognon et
la partie méridionale du bois d'Épagne, h une distance de plus
de 3 kilomètres de Pourrioux. G^ raisons nous forcent & ne pas
accepter la fixation de M. le baron de Walckenaër.
Ce que nous avons dit de Pourrioux doit s'appliquer à plus
forte raison à Sauviat , choisi par la commission comme l'ancien
Prœtùrium de la Table. Ce lieu est relativement moderne : le plus
ancien titre où il est question de Sauviat , SalviQfmn^ remonte
au XII' siècle (4 495). Ce titre conférait & Saint-Léonard-de»-Noblac
la collation du bénéfice de cette paroisse. On n'a signalé qu'à
trois kilomètres de Sauviat des traces d'une voie romaine qui
traversait la forât d'Épagne, se rendant & Bourganeuf. Nous
parlerons plus loin de cette voie.
Nous ne pouvons donc admettre ni Pourrioux ni Sauviat
comme étant l'anci^i Prœkrium.
Il nous faut encore signaler Topinion de M. Grellet^Dumazeau ,
en son vivant conseiller à la cour impériale de Limoges. Dans
le Bulletin de la Creuse, en 4857, il portait la station de la
voie romaine au cbftteau du Chalard , entre les communes de
Peyrat et de Saint-Julien-le-Petit. Pour arriver à ce résultat,
M. Grellet-Dumazeau lisait xvii lieues gauloises au lieu de xiiii
pour chiffre des distances entre Aumtê et Prœtorie.
Nous n'avons pas à parler de Breth près La Souterraine , que
H. de Beaufort prétend convertir en Bretorium et Prœtorium,
Cette opinion ne saurait être l'objet d'une discussion quelque
peu sérieux.
Nous sommes presque embarrassé de cette divergence
d'opinions et de ces contradictions perpétuelles. Nous soute-
nons que c'est le manque de méthode et le défaut d'obser-
vation qui ont induit en erreur tant de bons esprits.
Quelle sera notre manière de procéder ? Pour retrouver l'em-
plac^nentde Prcetoriumy nous nous adresserons à la tradition ;
nous adjoindrons à ce travail , comme pièces à l'appui , tous les
documents anciens qui ont été publiés sur la direction des voies
romaines ; puis nous nous proposons , dans un mémoire supplé-
mentaire , de publier le résultat de nos recherches personnelles.
ë
102 VOIRIE ROMAINE EN LIMOUSIN.
Nous visiterons Sauviat, Pourrioux, Le Puy de Jouer; nous
ferons pratiquer des fouilles dans ces diverses localités; nous
chercherons notamment si à Puy de Jouer il ne se trouve pas
trois routes : Tune se dirigeant vers le nord sur Argenton ;
l'autre se dirigeant vers Ahun et Clermont, et la troisième
vers Limoges. Dès l'abord , et préalablement à toute investiga-
tion, nous dirons hardiment que la tradition constante, certaine,
place au Puy de Jouer le Prœtorium de la Table. Nous Talions
démontrer tout à Theure , l'Indicateur du diocèse à la main.
La voie romaine sortait d'Ausrito par la paroisse de Saint-
Christophe. Cette paroisse était située à cinquante pas environ
de Tabbaye de Saint-Augustin-lez-Limoges. Elle se dirigeait en
droite ligne ^ers le Puy-Imbert , suivant une direction en quel-
que sorte parallèle au chemin de fer de Limoges à Paris. Auprès
du Puy-Imbert, j'ai remarqué deux voûtes qui semblent être un
reste de la voie romaine ; j'ai également constaté la présence de
deux chapiteaux de granit supportant une table en pierre qui
portent le caractère de l'art gallo-romain.
Au xviir siècle , on apercevait encore des tronçons de voie
ferrée qui passaient près de Juliac. Nadaud et Legros consta-
tent cette reconnaissance. Juliac fut, suivant toute probabilité,
sous la domination romaine , une villa romaine qui appartenait
à une famille Jidia.
De Juliac la voie se continuait en ligne droite sur le bourg du
Palais. En faisant une rectification de la route de Saint-Priest^
Taurion, les ouvriers ont mis à découvert un ancien pavé
agglutiné dans le ciment qui faisait partie de l'ancienne voie
romaine.
Autrefois, s'il faut en croire nos chroniques, il a existé sur les
bords de la Vienne une villa romaine qui portait le nom de Jo-
cundiacum. Des titres qui datent du ix' siècle mentionnent la
présence des empereurs carlovingiens à Jocondiac. Dans un
champ proche de l'église , on a trouvé des briques à rebord et
quelques antiques substructions.
Du Palais la voie se dirigeait sur la forêt de Saint-Priest-
Taurion ; on voyait des restes de chaussée au Mas-Lebraud , à
La Croix-de-Fressignac; puis elle traversait sur un petit pont le
ruisseau du Ri valet, et gagnait , par une pente raide , les hau-
teurs où se trouve le village du Mas-Maynard. De là on retrou-
vait ses traces à La Maisonnette , aux Loges , puis au Coussat ,
à Sirieix ; elle se retrouvait dans le bois des Égaux, paroisse des
VOIRIE ROMAINE EN LIMOUSIN. 103
Biltanges, puis dans le village de Millemilanges, nom signifi-
catif, qui doit indiquer une borne mîlliaire ; enfin elle passait au
village de Redondesaigne, puis entre les villages de La Feyte et
de La Ribière, pour aboutir au Puy de Jouer, près le bourg de
Saint-Goussaud .
Tels sont les renseignements, aussi précis que possible, que
donne l'Indicateur du diocèse. On ne saurait avoir de doute sur
leur exactitude ; car ils sont contrôlés et certifiés par les
reconnaissances de M. Comuau.
Quelle était donc cette première station d'Ausrito à Augus-
ionemeto , et quelle signification fautr-il attriber à ce mot Prm"
Unio?
Si Ton consulte d'Anville , on voit qu'il mentionne un certain
nombre de localités de Tempire romain qui portaient le nom de
Prœtofrium, En voici la nomenclature :
Prœtorium in Aquitania^ Mont de Jouer ;
Prœtoriwn Agrippinœ , Roomburg ( ce Prœtorium est marqué
sur la carte de Peutinger , mais je n'ai pu trouver Roomburg
sur nos cartes modernes ) ;
Prœtorium inDalmatia, Traû-Vecchio;
PrtBtorium in Savia, Kraljova-Velika ;
PrcBtorium in Dada, Ruska ;
Prœtorium in Dada, Isola ;
PrcBtorium Latovicorum , Thurn ^
PrcBtorium , Patrington.
Il signale encore Prœtoria Augusta, qui est devenue Aoste, en
Italie, et une autre Prœtoria Augusta, qu'il a trouvée dans la
géographie de Ptolémée , et qu'il place au confluent de la Mol-
dawa et du Siret.
C'est donc en tout huit localités portant le nom de Prcetorium ,
et deux autres portant celui de Prœtoria Augusta, Toutes ces
localités sont évidemment d'origine romaine. Pline nous donne
un renseignement précieux sur la fondation d^ Augusta Prœtoria,
Cette ville fut fondée sous Auguste (4) en souvenir d'une
victoire remportée sur les Salasses. La France elle aussi présente
l'exemple d'une ville qui porte le nom de son fondateur : après
avoir apaisé les Vendéens, Napoléon créa Napoléonville. L'exis-
tence d'une grande administration au sein d'une population qui
(1) Peut-être le Prtetorium d'Aquitaine, le seul qui existe en Gaule,
a t-il été fondé par César en souvenir de sa victoire sur les Arvemes.
104 VOIBIB ROMAINE BN LIMOUSIN.
était toujours prête k prendre les armes, était un moyen de la
contenir d&ns le devoir. C'est la même politique qui guida les
Romains : les localités portant le nom de Prœtorium furent des
points d'observation et sans doute de compression. Il existait dans
ces places de guerre une force militaire suffisante pour surveiller
le pays, et comprimer au besoin les soulèvements.
C'est, presque un titre de noblesse pour notre Limousin de
posséder un de ces anciens Prœtorium. De ce point il était possible
aux Romains de se porter sur la population de TAuvergfne ,
toujours vaincue , mais toujours remuante, et d'acheminer sur
elle au besoin les troupes du nord et de l'ouest. Prœtorium fut
donc un point assez important , et nous devrions retrouver dans
ses ruines des fondations d'œuvres importantes. Le Puyde Jouer,
dans la limite de nos faibles crédits, sera fouillé par nous, et nous
dira peut-être ce qu'il recèle I
Ainsi nous croyons avoir fait une démonstration aussi complète
que possible. Les traditions locales, l'observation des traces de
voies romaines conservées au xviii* siècle , portent au sommet du
Puy de Jouer l'emplacement de Prœtorium,
Nous allons essayer de démontrer que ce point concorde
parfaitement avec la Table de Peutinger et avec les chiffres
qu'elle indique. L'inspection de la Table, seul monument
romain qui est parvenu jusqu'à nous , nous montre à Prœtorio une
bifurcation qui se dirige sur Argentomago, avec le chilBre xxiiii.
C'est une direction qui s'élève vers le nord. Une autre ligne
rejoint Adtodunum, Fines, Ubinum, Augustonemelo , et prend,
en s'inclinant, la route de l'Ouest. La position du Puy de
Jouer paraît cadrer très-exactement avec la remarquable bifur-
cation qui est indiquée sur la Table.
La question la plus délicate est celle des distances. Examinons
si elles concordent avec le chiffre de xnii lieues gauloises : nous
nous proposons de le démontrer. Il s'agit d'abord de se fixer sur
la longueur de la lieue gauloise : ce premier point présente
quelques difficultés. Dans la dernière session du Congrès scien-
tifique de Saumur, en 4863, M. Godard-Faultrier s'exprimait
ainsi : « La lieue gauloise vaut environ â,300 mètres, je dis
environ, car la mesure de cette lieue laisse encore à désirer
sur son exactitude : M. PistoUet de Saint-Fargeau la porte
à 2,445 mètres; d'autres, à S, 468 mètres 33 centimètres;
plusieurs, à 4,450 toises. Il y a donc quelque difficulté sur la
véritable longueur à donner à la lieue gauloise. »
VOIRIB ROMAINE EN LIMOUSIN. 105
' Panni tous les auteurs anciens qui ont écrit sur la lieue an-
cienne gBuIoise, nous citerons Jornandës, qui dit, dans son
livre De Reb Goth. : « Leuga autem gaUica miUe et quinquagintorum
passmm quantitcUe metitur » . Si Ton prend à la lettre cette défi-
nition, et si Ton admet Tévaluation du mille faite par d'Anville
à 765 toises, la lieue gauloise serait de 2,295 mètres. Admettons
ce chiffre, et mesurons avec le compas la distance de Limoges
au Puy de Jouer. Je trouve une distance de 34 kilomètres. Si
je calcule xiiii lieues gauloises en les évaluant au chiffre que
nous avons indiqué, j^arrive à 32 kilomètres 430 mètres. Il
y a un supplément de parcours de 4,430 mètres, qui s'explique
par les détours, les montées et les descentes. La démonstration
ne saurait être plus précise et plus concluante.
La seconde station indiquée dans la Table est Adtodunum : elle
est marquée du chiffre xviii. Cetie station se trouve être Ahun.
Recourons à l'Indicateur du diocèse , car la carte de M. Gornuau
s'arrête au Puy de Jouer. De ce point élevé la voie romaine
prenait une double direction : Tune se. dirigeait sur Argenton,
passant par Aresnes [Arem] , dont le nom est latin ; Breth, ville
détruite dont nous avons donné la description ; Versillac, oii se
sont trouvés des urnes de verre et divers objets gallo-romains ;
Le Fay , Celon , Argenton.
L'autre voie partait du Puy de Jouer, descendait sur le village
deSéjoux; puis on signalait ses traces sur l'étendue de la com-
mune de Châtelus-le-Marcheix. On la retrouvait au Masmillier,
oii devait exister une borne. De là la voie touchait à L'Estrade,
nom voyer significatif ; puis elle continuait à descendre, en s'in-
clinant vers l'est, jusqu'à Bourganeuf. L'Indicateur signale
l'existence d'un pavé ancien , nommé chemin ferré, qui se diri-
geait vers Pontarion en passant par le village de La Courrière ,
paroisse de Mainsat, oii se trouvent des urnes sépulcrales de
pierre brute et des restes de mosaïque; puis la voie passait
à Pontarion. Pour franchir le Taurion , se trouvait un pont en
pierre, dont on voit les vestiges affleurer l'eau comme le fonte
Rotto de Rome. Ce pont est certainement de construction gallo-
romaine.
La voie passait ensuite par Ghaussidoux , dont le nom peut
être regardé comme synonyme de Cakea, par La Chapelle-Saint-
Martial, par Chaussadet, autre nom voyer, et par le bois
d'Ahun, jusqu'à Adtodunum,
Si nous mesurons au compas la distance que la tradition nous
106 VOtBIE ROMAINE ES UUOVSÏS.
a fait parcourir avec une minutieuse exactitude, nous, trouvons
40 kilomètres : 48 lieues gauloises, à 2,295 mètres, font une
distance de 44 kilomètres 340 mètres. Le résultat est aussi exact
que possible.
Delà station d'Acitodunum, la route se continue sur Fines (4).
D'après la Table , le Pù^es est marqué à xx lieues gauloises
d'Acitodunum : c'est la plus longue station que nous ayons à
parcourir. Aussi trouve-t-on quelque difficulté à fixer ce point.
Suivant l'abbé Belley, en sortant d'Ahun, la route passait dans
la vallée de Creuse jusqu'auprès d'Aubusson. On reconnaît, dit-
il, le passage de l'ancienne chaussée au lieu nommé Gbaussade,
au nord-est d'Aubusson. De là elle traversait la montagne, et
conduisait au Fines, à 20 lieues gauloises d^Adtodunum, Cette
distance tombe au-delà de Crocq, près Faydet, sur le territoire
d'Auvergne. Cette direction ne saurait prévaloir, et nous pensons
que cette route ne peut concorder avec les vingt lieues gau-
loises marquées sur la carte.
Le baron de Walckenaër place Fines à Crasacoigne sur le
ruisseau Mérinchal.
Nous préférons Monteil-de-6elat, indiqué par Nadaud. La
voie se reconnaît encore par quelques noms voyers : après avoir
passé à La Chaussade près Saint-Alpinien , nous rencontrons
L'Estrade près Sermur-le-Chaury , nom significatif, et Chau-
chadix , autre nom voyer. Puis la voie aboutit à Monteil-de-
Gelat, qui est exactement la limite des diocèses de Limoges et de
Clermont.
Vingt lieues gauloises font, à notre compte, 44,900 mètres.
Ce chiffre concorde exactement avec la distance qui sépare
Ahun de Monteil-de-Gelat.
Là doivent s'arrêter nos recherches : notre tâche est accomplie ;
celle de l'Auvergne commence.
Mais nous devons relever une seconde voie, qui joignait Au-
gusioriium à Augustonemetum. Cette voie ne s'appuie sur aucun
document romain : elle ne se trouve ni dans les itinéraires ni
(1) D'après l'Indicateur, d*accord avec Joullietton, qui semble ravoir
copié, cette voie avait laissé des traces de son passage dans la paroisse
de Saint-Médard en Combrailles, entre les villages de Courbarioux et de
Villemigoux. Elle montait par Las Randas, passait à Perpirolles; de là,
le long d'un bois taillis qui se trouve entre les villages de Pâlies et
Chadiéras , et allait aboutir à la tombe appelée de Romioux ; de là , a
Va Chaussade, près de Saint-Alpinien.
VOIRIB ROMAINE EN LIMOUSIN. 107
dans la Table ; mais ses traces ont été étudiées par Cornuau ,
Nadand, Legros, etc. De plus elle a laissé des traces ineffaça-
bles de son passage par le grand nombre de noms voyers qui se
trouvent attester son existence. Qu'il nous soit permis de cons-
tater le premier un fait qui ressort de l'inspection de la carte de
Cassini : il n'existe guère de pays en France qui aient conservé
tant de noms voyers que le Limousin. Ce pays montagneux ,
boisé, où se trouvaient avant l'époque gallo-romaine de grands
marécages, a gardé pieusement le souvenir du passage des
routes construites par les Romains. Les noms de L'Estrade, Extrade,
Trastrade, de La Chatissade, de ChauMer , de Chaussadie, de
Chawserie, sont très-multipliés dans notre pays. Si quelques sa-
vants trouvaient des difficultés à croire que l'on puisse baser
l'existence d'une voie romaine sur de si fragiles indices, je
répondrais que celle que je vais décrire se présente avec un en-
semble de preuves telles, et de reconnaissances si bien étayées et
si bien concordantes avec les noms voyers , que le doute n'est
pas possible.
Notre première preuve s'appuie sur la carte de M. Cornuau. Il
avait reconnu l'existence d'une voie romaine qui partait de Li-
moges par le côté de la Cité, traversait la Vienne sans doute par
le pont Saint-Étienne , et se dirigeait , le long de la rive gauche
de Vienne, sur Bonnefonds et la commune de Saint-Just. L'année
dernière, les ouvriers, ouvrant une nouvelle route sur cette
commune, ont retrouvé un ancien pavé qui avait tous les carac-
tères d'une voie romaine. Cornuau ne s'était donc pas trompé
dans ses appréciations : la route qu'il signalait traversait la
Vienne à quelque distance de Saint-Priest-Taurion. Là s'arrê-
tent ses indications ; mais nous retrouvons dans la commune du
Dognon un nom voyer, La Chaussade, ce qui prouve que la voie
se continuait dans cette direction.
Allou , dans sa Description des monuments du Limousin, s'exprime
ainsi sur cette route : a Une autre route conduisait encore de
Limoges à Clermont et à Lyon , sans passer par Prœtorium ou Le
Puy de Jouer. Elle traversait les châtaigneraies de Bonnefonds,
et côtoyait les montagnes de Saint-Just le long de la Vienne.
De là cette route se dirigeait au nord de Saint-Priest-Taurion,
traversait le bois d'Épagne dans la commune de Sauviat, et
passait au village de La Courrière près Bourganeuf , où l'on
trouve beaucoup de restes d'antiquités. La même voie arrivait
i08 VOIBIE ROUAINË EN LIMOUSm.
enfin à Âhun , où l'on en voit des fragments d*une assez grande
étendue.
Suivant Duroux (Essai historique sur la sénatorerie de Limoges) ,
la voie se reconnaissait: h"" dans la châtaigneraie de Bonne-
fonds ; a° dans le bois des Villettes ; 3» dans la forêt du Chatenet-
du-Dognon.
Ce que constatent Duroux et Allou prouve clairement Terreur
que commettrait la Commission de la carte des Gaules en pla-
çant à Sauvîat lePrœtorium, et celle du baron de Walckenaër, qui
le fixe à Pourrioux. Cette seconde voie passait auprès de ces deux
localités , mais ne les traversait pas.
Elle prouve une autre chose : c'est que , après avoir dépassé
le lieu qui porte le nom de La Chaussade , elle se dirigeait sur
Bourganeuf , où elle se soudait avec la voie indiquée par la
Table , et arrivait ainsi à Ahun. Elle continuait à emprunter la
route militaire jusqu'à La Chaussade (commune de Saint-
Alpinien), puis là elle se bifurquait de nouveau. La route mili-
taire descendait directement vers Clermont en allant à Mon-
tel-de-Gelat (Fines) ; la seconde voie passait . par la plaine , et
descendait vers Aubusson. Là les renseignements abondent, et
les noms vojers se multiplient. L'Indicateur du diocèse est fort
obscur , fort indécis ; mais il n'y a qu'à claisser les renseignements
certains qu'il donne, et, avec l'aide de la carte de Cassini, on
retrouve le passage précis et certain de la voie. Malheureuse-
ment Nadaud n'avait pas à sa disposition la carte de Cassini :
c'est ce qui explique son indécision. Suivons donc pas à pas la
direction de cette route.
Descendant vers Aubusson , qu'elle ne touchait pas , la route
passait :
A Chaussidoux, nom voyer ;
A Pairat , qui pourrait indiquer une borne ;
Au Chauchier près Saint-Pardoux-le-Neuf , nom voyer signi-
ficatif ;
A autre Chauchier, près Neoux ;
A Londeix : on lit sur Londeix cette observation de Jouilletoa
(Histoire de la Marche) : « La voie césarienne passait à peu de
distance de Crocq. En plusieurs endroits, elle est parfaitement
conservée , notamment au-dessus d'un village appelé Londeix ,
en la commune de Saint-Avit-sur-Tardes. »
Au nord de Saint-Pardoux, nous trouvons encore un nom
voyer, La Chaussade. L'Indicateur du diocèse signale des traces
VOIRIB ROMAINE EN LIMOUSIN. 109
à Arfeuille et à Monteîl-Guîllaiime. Tout auprès de cette localité,
nous trouvons La Chaussade. L'Indicateur et Jouilleton désignent
des restes de chemin ferré à Salesse, à Giat (1), et enfin nous
trouvons, tout auprès de Tancîenne route de Clermont, et près
de Voîngt , un lieu appelé La Chaussade. Cette route se raccor-
dait avec la route romaine d'Herment à Tintignac , dont nous
parlerons plus tard , et se dirigeait sur Augustonometum.
Voilà donc une route , dont Texistence et la direction ne
sont pas discutables , qui reliait Augustoritum à Augtistonemetum.
Elle se trouve distincte de la voie qui se trouve décrite dans la
Table, et elle a été la cause de bien des confusions.
A quoi servait cette voie? Elle servait probablement au trans-
port des dépêches et à la course publique. C^est ce que Ton peut
induire d'un rescrit de Constantin à Acyndius, préfet du prétoire.
Ce rescrit fait une distinction entre les voies militaires et les gran-
des routes. Il est bon de le rapporter ici , car il est fort peu connu.
Constantin, frappé des inconvénients qui résultaient de Tabus
que faisaient quelques dignitaires de Tempire en se servant de
chevaux de poste sans en avoir obtenu l'autorisation impériale ,
déclare par un rescrit qu'il retire aux gouverneurs des provinces,
aux receveurs, aux préposés des vivres et aux fournisseurs de
fourrages la permission de se servir des chevaux ordinaires de
la poste e^ des paraveredi, afin, dit-*il , que ses sujets ne subissent
pas de Réquisitions exagérées. Il ajoute : « Quant à vous, en cas
de be^in , vous vous servirez des relais partout oii ils seront
étaJiTis. Si les affaires demandent que vous vous détourniez de la
gfandjt route dans quelques voies militaires où la course n'existe
pas , vous vous servirez de chevaux de poste discrètement. »
Cette distinction entre les grandes routes et les voies militaires
n'a peut-être pas été sufllsamment étudiée, et nous la sou-
mettons aux investigations des savants archéologues.
(1) Dans sa carte monumentale sur TÂuvergne, M. Bouillet signale
des restes de voie romaine qui sont exactement la suite de la nôtre. A
partir de Giat, ces traces se dirigent sur Sauvagnac, passent près de
Perol , près de Gelle ou Giele et d*01by, suivent le flanc méridional du
Puy-de-Dôme , passent par Chamaliëre, et entrent dans Clermont jmr
Tendes des Hospices, où l'on a découvert un pavé bien conservé en
faisant des fouillés pour le jardin de M. Bravy . La route se trouve ainsi
complétée jusqu*h Clermont.
110 VOIRIB BOMAINE EN LIMOUSIN.
CONCLUSION.
Telle est la première partie d'un travail que je me pro-
pose de continuer sur la voirie romaine. La méthode que j'ai
employée me semble être prudente et logique. Elle ne présente
rien d'hypothétique : elle se fonde en premier lieu sur des ob-
servations antérieures et sur les travaux des savants du siècle
dernier. J'ai employé comme moyen de contrôle la recherche
des noms voyers, et ces noms voyers ont exactement cadré avec
la direction indiquée par Nadaud , Legros et Cornuau , et ont
donné, suivant nous, un éclatant témoignage à leurs observa-
tions. Tout mon travail s'est borné à classer, à coordonner les
recherches de mes devanciers. Le perfectionnement de la carto-
graphie m'a été fort utile dans cette circonstance. Je serai
heureux de voir les membres de la Société discuter et contrôler ce
mémoire, qui cherche à rectifier l'opinion de la commission de la
carte des Gaules.
J'espère que, avec votre concours, la lumière se fera enfin, et
que nous obtiendrons des résultats certains , qui ne laisseront
subsister aucun doute sur ces questions si difficiles et si
embrouillées.
EXCURSION AU MONT DE JOUER.
Le mont de Jouer, une des montagnes les plus élevées et les
moins connues du Limousin, a, d'après la carte de l'État-
Major, une hauteur de 697 mètres au-dessus du niveau de la
mer, c'est-à-dire 2,091 pieds d'altitude. Comme on y arrive par
une succession de pitons, la montagne tout d'abord paraît être
d'un abord assez facile.
La question qui me semblait la plus importante pour trancher
EXCURSION AU MONT DR JOUËB. 111
la (lifiBculté en ce qui nous occupe était de retrouver les traces de
voies romaines que j'avais indiquées , et cette remarquable bifur-
cation qui ressort de Texamen de la carte de Peutinger.
Voici les constatations que j'ai pu faire : j'ai trouvé, à Test de
Crocq , petit village qui se cache dans une vallée auprès du
bourg de Jabreilles, des traces de pavé romain qui sont parfai-
tement reconnaissables. Les dalles qui le recouvrent sont très-
larges , et forment des assises si puissantes et si imperméables
qu'il ne pousse pas un brin d'herbe dans les interstices, bien
qu'il n'y passe que quelques troupeaux conduits par les pâtres.
J'ai suivi cette route pavée jusqu'à un petit village désigné par
Nadaud , le village de La Fayte. Au pied de ce village , le Mont
de Jouer commence à s'élever.
J'ai reconnu en outre la continuation de la route, signalée par
Nadaud , qui redescendait vers Séjoux et Chfttelus-le-Marcheix ,
pour gagner Bourganeuf. La reconnaissance des lieux ne pouvait
présenter une plus complète affirmation des observations faites
au siècle dernier. Du reste , dans ces lieux reculés et peu en
progrès sous le rapport de l'agriculture , la surface di^sol ne
s'est guère modifiée. Les chemins anciens ont été respectés : on
continue à s'en servir comme par le passé.
Constatons également la reconnaissance faite par nous d'une
route paoée qui descend de la partie septentrionale de la montagne
de Jouer, et qui est bien certainement la voie romaine qui mon-
tait sur Argenton. Nous avons dit déjà que cette reconnaissance
de la bifurcation des trois routes prouvait de la manière la plus
complète l'existence de Prœtorium au Puy de Jouer. Nous n'in-
sistons donc pas davantage : une plus longue démonstration
deviendrait oiseuse.
Parlons maintenant des ruines qui se trouvent sur la mon-
tagne. L'existence d'une ville romaine n'est pas contestable : j'en
ai porté la preuve bien authentique. Les briques à rebord que
j'ai recueillies sur le sol au milieu des pierres amoncelées seront
déposées au Musée. L'apparence que présentent les ruines est de
tout point semblable à ce qui se voit à Breth. Partout les ha-
bitants ont enclos leur terrain avec les pierres qui se trouvent
en énorme quantité dans leurs champs. Cependant ces champs
De sont couverts que de bruyères et de genêts. Les pâtres et les
cultivateurs appellent ces ruines la ville de J<mër, c'est-à-dire la
ville de Jupiter. Le curé de Saint-Goussaud m'a montré une
pierre énorme dont il faut que je donne la description : elle était
112 EXCURSION AU MONT DB JOUER.
renversée sur un petit mur; sa base présentait une moulure assez
finement travaillée. Il m'a semblé que c'était un siège colossal.
Il serait important pour la Société d'acheter ce beau monolithe ,
afin de le mettre h l'abri des injures des maçons ou des entre-
preneurs de chemins vicinaux.
Quelle était l'étendue de la ville de Jouer? n serait difficile de
le dire sans avoir pratiqué quelques fouilles; mais ici la ville
n'a été que l'accessoire : elle a dû naître et grandir h cause du
voisinage et pour fournir aux besoins d'un chftteau-fort qui
existait sur la partie orientale de la montagne. Mes prévisions
au sujet de Prœtorium était bien fondées : c'est bien réellement
un château-fort qui se trouvait sur le Mont de Jouôr. Je suppose
qu'il a dû être détruit par la mine.
Sur la partie la plus découverte de la montagne j'ai trouvé
d'immenses abattis de pierres de taille. C'est un amoncellement
monstrueux de granits travaillés à la main, qui provient de
l'éboulement soudain d'une ou plusieurs tours. C'est un fait à
étudier. Cette masse de pierres, en s'écroulant, a eflbndré le
sol , et s'est probablement engloutie dans le boyau de la mine ,
qu'elle a comblé. Yégëce nous apprend la manière de faire
écrouler les murailles : « Il y a, dit-il, une manière sourde et
rusée de prendre les places : ce sont les mines. On emploie un
grand nombre de travailleurs à ouvrir la terre, comme font les
Besses, peuple industrieux à fouiller les mines d'or et d'argent,
et l'on conduit vers la ville une galerie souterraine. Cet ouvrage
a deux usages : ou les assiégeants le poussent sous le corps de la
place, s'y introduisent la nuit sans que les assiégés s'en aper-
çoivent, ouvrent la porte à leurs gens, et égorgent les habitants
dans leurs maisons; ou du moins, quand leurs mineurs sont
arrivés aux fondements de la muraille, ils la sapent sur une
grande étendue , et Tétaient avec des bois secs, qu'ils entourent
de sarments et de différentes matières combustibles. Après avoir
disposé les troupes pour l'assaut, on met le feu aux étais , et la
muraille , qui s'écroule tout d'un coup , fait une large brèche. »
C'est vraisemblablement ainsi qu'a péri le château de
Prœtorium.
Ce lieu élevé et découvert avait été admirablement choisi par
les Romains. La vue embrasse un immense horizon.
On aperçoit le château de Marsac, Bénevent, Le Puy des
Trois-Cornes près de Saint-Vaulry, Le Puy de Graudy, qui
domine Guéret. Plus à l'est, on entrevoit Bourganeuf, Tout au
EXCURSION AU MONT DR JOUER. 113
bout de rhorizon, apparaît, comme une sorte de nuagre vaporeux
et grisâtre, le Puy de Dôme, situé à 60 kilomètres du Puy
de Jouer. Par un temps calme et serein , on peut môme aper-
cevoir le sommet du Pic de Sancy. Vers le sud , on voit le Mont
Gargan et les Monadières. Vers Touest , on entrevoit Limoges.
C'est à coup sûr le point de vue le plus étendu et le plus magni-
fique du Limousin. Les bourgs, les villages, les châteaux, y
apparaissent entourés de flots de verdure/La nature s'y montre
avec cette richesse de végétation et de fraîcheur qui est parti-
culière à notre pays.. Le curé de Saint-Goussaud , charmé de me
faire les honneurs de sa montagne, me disait que je pouvais de
là apercevoir onse départements.
Cette montagne n'était-elle pas admirablement choisie entre
toutes pour y établir un point d'observation? Un feu allumé sur
le haut du Puy de Dôme pouvait en un instant faire connaître
aux Romains Tétat de TÂuvergne. Des signaux partis de
Prasiorium pouvaient déterminer une rapide concentration de
troupes.
Je n'ai pas eu le temps d'examiner le cadastre , et de vérifier
certains noms conservés par la tradition qui seraient de nature à
nous éclairer ; mais, sur la pente septentrionale du Mont de Jouer,
il existe un lieu qui s'appelle L'Hùpital, Ce nom correspond à celui
d^ Hospitivm , sorte d'hôtellerie oii logeaient les voyageurs.
Dans 'son mémoire sur la fixation à'Augustoritum, Tabbé
Belley s'exprimait ainsi : « En suivant ces deux déterminations,
Ton voit que le Prœtorium éloigné de quatorze lieues gauloises de
Limoges tombe sur la rive droite de la rivière de Taurion , aux
environs de l'abbaye de Grandmont. Je ne connais aucun lieu qui
ait conservé le nom ancien.' Au reste les cartes que nous avons de ce
pays-là sont très-imparfaites. On pourra dans la suite avoir une
connaissance de ces lieux plus détaillée et plus exacte. »
L'abbé Belley était de bonne foi. Il avouait son impuissance à
déterminer l'exacte position du Prœtorium aquitanique; il ne
pouvait consulter que des cartes imparfaites, et n'avait pas le
loisir de voyager en Limousin ; mais il faisait un appel aux
savants du pays , et leur traçait un plan de recherches.
Ce travail devait être fait par l'abbé Nadaud et par
M. Comuau. Ces deux modestes savants devaient noter soi-
gneusement les traces de la voie romaine , et décrire pas à pas
la direction vers le Mont de Jouer.
Ce sont eux qui les premiers reconnurent sur le terrain la
114 EXCURSION AU MONT DE JOUEU.
véritable position de Prœtorium, C'est ce fait , qui n'est pas sans
quelque gloire, que je suis heureux de signaler k la Société
Archéologique et Historique du Limousin.
Il nous reste à parler, avant déterminer ce mémoire, d'une
pierre sculptée que j'ai trouvée à la sortie du bourg de Jabreilles.
Elle est placée contre un mur , sur une sorte d'autel , et reçoit
les adorations des fidèles. Je l'ai examinée avec quelque atten-
tion , et je crois qu'elle mérite d'être étudiée. Il paraît que les
habitants viennent la révérer parce qu'ils croient y voir la re-
présentation de saint Martin : ils disent qu'elle provient d'un
ancien oratoire dédié à ce saint personnage. Je suis surpris de
l'erreur de ces braves gens : la pierre me paraît païenne. Elle
représente un homme nu , qui tient de la main droite un cheval
sans harnais. Dans sa main gauche il porte une sorte de thyrse
ou de massue. Sur les deux côtés de la pierre, on voit un homme
dans un état complet de nudité. On le comprend, cette pierre ne
saurait être chrétienne. Ce qui autorise l'adoration inintelligente
des habitants de Jabreilles, c'est qu'elle provient réellement d'un
ancien oratoire ruiné dédié à saint Martin de Tours , cité par
Nadaud dans son pouillé ; mais elle date évidemment de l'épo-
que gallo-romaine. Peut-être provenait-elle du Mont de Jouôr.
Je crois être le premier à avoir signalé son existence.
Après cette lecture , la Société a voté la proposition suivante :
Une somme de cent francs sera envoyée à M. le curé de Saint-
Goussaud pour pratiquer des fouilles dans la ville de Jouer, an-
cien Prœtorium,
La Commission des fouilles est chargée de diriger ces travaux.
E. BUISSON DE MAVEBGNIEB.
BIBLIOGRAPHIE LIMOUSINE
APPENDICE (1).
PAPETERIES.
I. — lasToraQUE.
Rien de plus varié que les substances qui, chez les différents
peuples, ont servi à écrire : les trois règnes de la nature ont été
successivement mis à contribution. Il restait à trouver une ma-
tière subjective très-commune pour permettre à Timprimerie de
se développer; car à quoi aurait-elle abouti sans un papier
économique? Mais, si Ton est généralement d'accord sur cet
axiome , on ne Test guère sur le lieu et sur Tépoque de cette dé-
couverte simple et féconde; et bien des maîtres n'ont encore pu
trancher cette question historique autrement qu'en faveur de
chacun de leur pays !
L'aveu d'une telle ignorance de la part des auteurs spéciaux
est bien plus convenable qu'une partialité systématique. ( Didot,
Enq/dopëdie moderne ; Laboulaye, Dictionnaire des arts et manufao-
/ures; Turgan, Les grandes Usines de France, p 450; etc., etc.)
M. P. Lacroix, considérant que les documents écrits au
(1) Le Comité de rédaction a décidé, dans sa séance du 7 Juin 1862,
que cet article de notre regrettable collègue M. Poyet , qui fait suite à
celui inséré dans le T. XI du Bulletin, serait inséré dans ce numéro.
(2) Celles de Nuremberg ne datent que de 1390. (Turgan , les çrandes
Usines de Fra^e,)
116 BIBLIOGRAPHIE LIMOUSINE.
xiv siècle sur papier de chifFe, voire même de coton , sont assez
rares dans les archives de famille, et surtout dans les dépôts
publics, pense que Tinvention du papier n'a précédé que de moins
d'un siècle celle de la typographie , « ce don que Dieu donna au
monde dans les premières années du xv siècle ». Ce môme biblio-
phile savait pourtant que Raymond-Guillaume, évêque de Lo-
dève, concéda le droit d'ériger plusieurs moulins à papier sur
l'Hérault en 4189, et que l'Europe eut bientôt des papeteries
nombreuses et importantes.
Il n'y a donc pas lieu dorénavant de s'étonner , par exemple ,
que, dès 1315, Joinville ait pu adresser à Louis le Hutin une
lettre sur papier de linge, et que, vingt-trois ans après, les
TJssellois en aient fait autant pour rédiger une première cédule
d'appel contre un ordre du roi Philippe VI. Cette particularité
d'un acte écrit sur papier, àUssel (Corrèze) , en 1338, a été juste-
ment appréciée, en 1856, par M. Paul Huot, dans son excellent
mémoire sur les archives municipales de cette ville.
Il ressort, d'autre part, de V Inventaire des titres du comté de Forez,
publié en 4860 par mon compatriote A. Chaveraudier, que l'em-
ploi du papier était très-répandu dès 4324 au moins dans notre
province, oti l'antique fabrication du papier à la main s'est
maintenue parallèlement aux procédés mécaniques.
En France , les usines de Troyes et d'Essonne florissaient vers
1340, et celles d'Angoulême, à partir de 1350. (Quénot, StaUs-
tique du département de la Charente, 1818.) Guttenberg pouvait
donc venir!
Le prix du papier ne tarda pas à augmenter par suite d'une
fabrication insuffisante, eu égard aux nouveaux besoins. Ainsi
une main de papier, pour récriture probablement , coûtait :
En 1 431, 1 sol 6 deniers, soit 45 centimes d'aujourd'hui ;
En 1536, 9 4 4 deniers , soit âO id. id.;
En 1572, 3 sols » soit 55 id. id.;
En 1594, 4 sols » soit 60 id. id.;
Et, si elle avait coûté , en 4447, 7 sol 6 deniers, soit 2 fr. 70 c.
de notre monnaie , c'est qu'il s'agissait là d'un papier de luxe ,
d'après A. -A. Monteil. [Histoire de France aux cinq derniers siècles :
tome II, page 459, et note 447.)
Cet ouvrage nous apprend aussi que, à la fin du xv siècle, les
papiers d'impression valaient environ 4 livres (22 francs actuels)
la rame de 20 mains, quantité qu'un* imprimeur de Trévoux
estimait , vers 4670, 3 livres 5 solsà 4 livres 40 sols, faisant seule-
BIBLIOGRAPHIE LIMOUSINE. 117
taent 6fr. 45 c. à 8 fr. de nos jours, suivant les calculs de M. N.
de Wailly. (A Bernard , Notice sur V Histoire de Beaujolais de P. Lm-
M, 4854, pages 6 et 7.)
Dès le principe , les produits de toutes les papeteries se distin-
guaient entre eux par des ornements divers , dont le nom sert
encore à désigner chaque sorte , suivant sa destination, son for-
mat et sa qualité : ce n'est donc pas parce que chaque fabrique
ne produisit guère d*abord qu'une sorte de papier. En outre , ces
marques transparentes dans la pâte étant celles du fabricant et
non de l'imprimeur, ne peuvent que fort rarement déterminer
l'origine des livres qui nous sont parvenus sans autre indication.
On a voulu aussi attribuer à Jacques Cœur la fabrication de
certains papiers découverts dernièrement à Bourges , et marqués
d'un cœur ou d'une coquille, sous le prétexte que ces objets sont
les armes parlantes du célèbre argentier du xv* siècle. Jusqu'ici
on ne nous avait peint en lui que le négociant , l'armateur, le
financier, l'administrateur, le diplomate et le métallurgiste :
c'était nous le présenter encore comme manufacturier. Mais il
nous faut renoncer à ce séduisant système , à la suite d'une
savante dissertation de M. Périmé , insérée dans le Compte^endu
des travaux de la Société du Berry : Paris , 4860-64, pages 462-
470.
D'ailleurs nous avons vu que, depuis long-temps, des pape-
teries existaient dans le centre de la France : « Autrefois, dit
Monteil, on ne connaissait que les papiers de Troyes [d'Essonne
et d' Angonlôme ] ; puis vinrent ceux de Thiers, de Clermont, de
La Rochelle, d'Avignon; et, .au xvir siècle, ce fut le tour de
ceux d'Ambert et de Limoges ». [Loc. cit., passim.).
Cependant, dès le xiv* siècle, on rencontre en Limousin môme
des traces positives de cette industrie. Elles n'échappèrent pas à
M. Ley marie lorsqu'il énumérait, en 4846, les matières qu'on
importait jadis dans cette province. En effet, la pancarte des
péages établis à Limoges par les consuls de 4377 dit formellement
que « la charge de vieux linge [linssols vieille] paie d'entrée un
denier ; si elle passe par la ville sans être vendue , elle sera
quitte après avoir payé l'entrée ci-dessus; si on l'achète dans la
ville , elle paiera un denier (c'est-à-dire moins de cinq cen-
times] ». — [Histoire du Limousin, la Bourgeoisie, T. I, p. 392
et T. II p. 49.)
Aucune mention do redevance analogue ne figure dans les
vieilles coutumes de quelques localités voisines comprises
9
It8 BIBLIOGRAPHIE LIMOUSINE.
actuellement dans les départements de la Corrëze et de la
Creuse, telles qu'Égletons en 4270, Neuvic en 4345, Ussel en
4 457, Àubusson en 4566 ; et, si, dans la charte des franchises de
la ville de Ghénérailles de 4265, confirmée en 4279, on lit en
patois auvergnat :
tt Le peiaires dona la lesda ij massas de peia »,
il faut voir là un texte curieux sans doute, mais relatif unique-
ment à l'antique commerce de la poix minérale que cultivent
encore les pqaires ou péjarvtAX, industriels presque toujours ori-
ginaires de l'Auvergne , pays volcanique , oti existe Le Puy-de-
la-Poix [peja)y qui se dit gemo en Limousin.
Quant aux coutumes elles-mêmes de Limoges, eu vieux
langage vulgaire, éditées avec les traductions latine et française
par Achille Leymarie, partie en 4 839 dans son Linumsin historique,
XI' livraison, partie en 4846 dans son Histoire de la bourgeoisie,
T, I , p. 370 , elles nous fournissent l'occasion de constater que ,
dès le xin' siècle au moins , le greffier des consuls de Limoges
s'appelait le derc du papier.
Nous y relèverons aussi un passage qui ne concerne pas les
foulons ou les tailleurs de draps , mais les fripiers ou revendeurs
de vêtements, pelUers o sarddors de draps; car, si fuUones signifie
ceux qui foulent les draps , le sens général de l'article xlii montre
bien qu'il ne s'agit ici que de chiffonniers, ou marchands de vieux
habits de laine , dont le commerce avait jadis bien plus d'exten-
sion qu'aujourd'hui , par des raisons très-connues , surtout ici
où se fabrique la renaissance. J'afmême remarqué , p. 44, T. II ,
du premier des ouvrages précités, recueil trop tôt interrompu ,
cette rédaction de l'article vi des Statuts des argentiers de Idmoges
du 20 février 4389 : « Item, que per vaissella esmallada Ion no
meta lîmalha ou do popier,.... » , etc.
Il ne s'agit pas là simplement de papier ordinaire , comme l'a
traduit Leymarie, mais bien de paillon ou clinquant, ainsi que
l'a expliqué M. l'abbé Texier, p. 93 de son Essai sur les ar-
gentiers-émaiUeurs de Limoges, in-8, Poitiers, 4843.
Ce mot de papier, employé dès le xrv* siècle pour signifier des
feuilles d'or ou d'argent , n'est pas seulement important à si-
gnaler au point de vue philologique : il montre en outre que le
papier proprement dit était déjà si commun en Limousin que
son nom s'appliquait, au figuré, à toute espèce de corps minces,
BIDLlOGliAPHIE LIMOUSINE. 119
à moins que Ton ne voie dans l'article des Statuts reproduit plus
haut de véritables feuilles de papier saupoudrées de limaille d'or
ou d'argent , comme l'avait d'abord admis M. Texier, p. 87 de
son Essai.
Bien que le laminoir n'ait été , dit-on , appliqué eç. France que
depuis 4638, il n'en est pas moins certain que l'art de laminer
les métaux précieux est trèi^ancien , sans le faire remonter à
l'âge de bronze, comme M. Fournet l'a essayé, p. 109 de son
Mineur, in-8, 4862; ni sans parler des Chinois, qui, depuis
avant l'ère chrétienne, font brûler des feuilles d'or dans leurs
cérémonies religieuses. En effet, dès 4395 , on savait réduire l'or
en feuilles minces pour les travaux de broderie (Francisque
Michel , Recherches sur les étoffes de soie, d'or et d'argent pendant le
moyen âge , T. II , p. 578 , note). — Pourtant il ne faut pas voir
dans l'or branlant ou tremblant , cité en 4 427 et 4 455 dans le Petit
Glossaire de M. de Laborde, 4853 , des feuilles branlantes de
métal ou de clinquant , mais des franges d'or que le moindre
ébranlement faisait mouvoir et reluire.
Enfin M. Bosvieux, archiviste à Guéret, m'a également
signalé l'existence probable d'une papeterie, au xvr siècle, à
Bourganeuf (Creuse), d'après cet extrait de la page 4 43 du T. I
du PcmUé de Nadaud : «c Louis Chabrol , dit Paret , papetier de
cette ville de la Marche limousine, aurait fondé une vicairie
dans l'église de L'Arrial, aujourd'hui Larrier, par acte reçu
PowmMi , et antérieur au 4 *' juillet 454 3 , époque à laquelle cette
œuvre fut spiritualisée d. (Mss du grand séminaire de limoges, )
Quel rapport ce fait unique, rapproché du commerce des
chiffons, qui, dans cette province, remonte positivement à
près de deux siècles, peut -il avoir avec les fiers chevaliers de
Malte, seigneurs de Bourganeuf? Je me garderai bien, ainsi
qu'on l'a essayé en vain pour Jacques Cœur, de leur attribuer
l'honneur d'avoir, en haine des Vénitiens, importé d'Orient,
dans notre pauvre pays, cette industrie, qui de là se serait pro-
pagée dans les environs ; mais je déduirai du rapprochement de
toutes ces circonstances que le Limousin , comme le Dauphiné , le
Vivarais, le Forez, l'Auvergne, l'Angoumois, etc., parvint de
boniie heure à utiliser sur place ses peilles ou drilles , et que
cette tendance universelle favorisa puissamment la vulgarisation
d'une des plus précieuses conquêtes de la civilisation , en pro-
curant l'abondance du papier et partant des livres à bon
marché.
120 BIBLIOGRAPHIE LIMOUSINE.
De 4544 à 4588 au moins, les imprimeurs anglais s^ adres-
sèrent, par La Rochelle et Bordeaux, aux fabricants d^Angou-
lôme (et de Limoges probablement) , les mômes qui fournirent
si long-temps les Elzeviers de leurs meilleurs produits. [Livre
d'or, passinx.^ Cependant les Pays-Bas produisaient depuis long-
temps du papier d'impression, et M. A. Bernard en a rapporté
un exemple du xv« siècle [Histoire de Vimprimerie , T. I, p. 48).
Malgré cela , jusqu'en 4658, les Hollandais tirèrent annuellement
de France pour plus de deux millions de florins (équivalant à
3,600,000 fr. actuels) de papier de toutes sortes, fait en Nor-
mandie , Champagne , Auvergne , Poitou et Limoustn. (P.Clément ,
Histoire du système protecteur, etc., in-8, 4854, p. 257.)
Ainsi les premières papeteries hollandaises ne furent que per-
fectionnées et non fondées, à la suite de la révocation de Tédit de
Nantes(4685), parles protestants deTAngoumois, qui adaptèrent
leurs méthodes aux'nécessités locales, et acquirent rapidement une
grande célébrité; mais il n'en est pas moins constaté que les
papiers de la généralité de Limoges continuèrent à être préférés
pour les publications importantes. Par exemple, nous lisons :
4" dans le Mercure de France du 22 février 4783 que « le papier de
Limoges est mis au rang des meilleurs pour l'édition de l'Ency-
clopédie par ordre de métiers » ; — 2° dans le Discours historique
sur les prindpcdes éditions des Bibles polyglottes , par Lelong , en 4743,
que « le papier a manqué audit Lejay (l'éditeur) l'espace de
quatorze à quinze mois à cause de la peste survenue en Li-
mousin, et du brûlement, par ordonnance de police, des
magasins d'étoffes dont on fait le papier ».
L'abbé Legros , qui débute par ces deux données dans un de
ses précieux manuscrits , indiqué par moi , T. XI, p. 204, note de la
4'^ partie , et dans sa Contintmlion des Anncdes du Limousin , p. 288 ,
en conclut que, si l'époque de l'établissement des papeteries de
Limoges lui est inconnue, et n'est pas fort ancienne, le papier
limousin est employé au moins dès 4630
II aurait pu étayer bien mieux cette timide déclaration par un
fait presque contemporain : a Le 26 juin 4626 , à Aixe, un orage
emporta six moulins, dont cinq à papier! » (P. Laforest,
Limoges au xvii* siècle, p. 48, d'après le P. Bonaventure, T. III,
p. 835.)
Mais, pour l'intelligence de la seconde preuve ci-dessus, « il
faut savoir que la peste régna à Limoges de 4628 à 4632, et
qu'il s'étoit élevé un procès entre le sieur Lejay, éditeur de la
BIBLIOGRAPHIE LIMOUSINE. 121
grande Bible polyglotte en dix volumes, format d'atlas, et le
sieur Vitré, son imprimeur, d'une part, contre le sieur Gabriel
de Sion, dit Sionita, Maronite de nation, professeur et inter-
prète royal des langues orientales à Paris, qu'ils avoient em-
ployé à cette édition, d'autre part. — Celui-ci réclamoit son
paiement, que les autres lui disputoient, et ce passage est
extrait du mémoire que Sionita publia contre eux vers 4640. »
(Legros, foc. cit.)
Antoine Vitré ayant commencé à imprimer en mars 4628 cette
Bible in-fol., qui, sur tous les volumes, porte la date de 4645,
mit par conséquent dix-sept années à achever ce livre. (Encyda-
fédie moderne, Typographie, col. 8Î0.)
Cette superbe publication , que Richelieu aurait bien désiré
voir entreprendre sous son nom, à l'instar du cardinal
Ximénës , se fit entièrement aux frais de Guy-Michel Lejay,
riche avocat de Paris, qui ne voulut rien y épargner, et s'y
ruina.
On fabriqua même un papier particulier, qui parut si beau
qu*onlui donna le nom decartatmpertob'^, suivant M. À. Bernard
dans sa brochure sur Antoine Vitré. Mais ce bibliographe
n'aurait pas dû laisser entendre, d'après Lelong, que ce papier,
fabriqué peut-être pour la première fois en Limousin , fut inventé
exprès pour Lejay; car il était connu bien auparavant, en
Languedoc , sous le non de papier de chanoine, d'après Le Duchat,
au mot Canonicus : aussi Rabelais lui donne-t-il le nom de
Canonge, et ce serait le même que Vives désigne par charta
grandis, augustana seu imperialis, qui me paraissent autant de
sortes différentes, contrairement à l'opinion de M. P. Lacroix.
{lÀvre d'or, p. 95.)
Des deux dossiers sur les papeteries de la généralité de
Limoges qui existent encore aux archives de la Haute-
Vienne (4 ) dans le fonds de l'intendance , celui coté A 6496 ne
renferme que les trois pièces suivantes , imprimées :
4» Arrêt du conseil d'État portant règlement pour la fabri-
(1 M. Maurice Ârdant , conservateur de ce riche dépôt, a en outre relevé
la mention de Pierre Mesnagier, cartonnier, rueCrouchadour (Cruchedor),
qui payait une rente à la confrérie des Pauvres-à-vètir de 1682 k 1687.
132 BIBLIOGRAPHIE LIMOUSINE.
cation du papier en Limousin, du 4î décembre 1730, renda
exécutoire par ordonnance de M. de Tourny du 40 mars 4734;
2« Autre arrêt réglementant les différentes sortes de papiers
qui se fabriquent dans tout le royaume, du 27 janvier 4739 ,
publié à Limoges, le 45 mars suivant, par le susdit intendant;
3"" Ordonnance du même, du 40 septembre 4740, accordant
un nouveau délai de six mois aux papetiers de cette généralité
pour se conformer au précédent règlement de 4739.
Ce dernier document n^a pas été inséré en 4789 à la suite de
VArt de la papeterie (4) , qui a reproduit ou au moins cité
tous les actes royaux sur les fabriques de papier , le commerce
des chiifons et la police des ouvriers , depuis l'arrêt du Î4 juillet
4674 jusqu'à celui du 26 février 4777.
On y trouve encore les observations de M. Desmarest , ancien
inspecteur des manufactures du Limousin, sur le tarif des
différentes sortes de papiers , prescrit par les arrêts du conseil
du 42 décembre 4730 et du 4 8 septembre 4744. Ces observations
ressemblent beaucoup à celles manuscrites du second dossier des
archives départementales , coté A-284 , et qui est sans contredit
le plus intéressant des deux dossiers que possèdent les archives
de la préfecture.
Ce manuscrit, non signé, est intitulé : Mémoire sur la nécessité
d'abroger plusieurs articles des règlements de 4739 et de 4744 sur les
papeteries. Il fut envoyé de Paris par M. d'Invau le 24 février
4769 à M. de Turgot [sic), intendant de Limoges, pour qu'il
eût à l'examiner avec soin , et à donner son avis le plus tôt
possible, après en avoir conféré avec les principaux fabricants et
négociants de la généralité.
Malheureusement le rapport de Turgot manque : nous y sup-
pléerons en reproduisant les considérations générales placées en
tête du mémoire susdit par Desmarest lui-même, dont les
tendances libérales en fait d'économie politique ( chose vieille
si le mot ne l'est pas] sont bien connues : c'est ce qui m*a
démontré que celui qui avait signé les observations de 4789
avait dû écrire le mémoire de 4769.
a L*art de la papeterie , inventé dans le xiii* siècle , aban-
donné à lui-même pendant plus de 400 ans, avait fait alors en
France les plus grands progrès : c'est ce royaume qui*fournissoit
(1) Cet ouvrage de racadémicicn Desmarest est extrait, en 1788. de
\ Encyclopédie méthodique , in-4, T. VI, pages 463 à 592, avec planches.
BIBL106R.4PHIR LIMOUSINE. 123
des papiers à TEurope [entière]. L'exemption des droits et la
liberté soit de la fabrication, soit de commerce, étoient les
seuls encouragements que recevoit alors ce genre d'industrie. En
4633, Louis XIII établit des offices de marqueurs , visiteurs de
papiers, etleur assigna des droits (4). Hs furent considérablement
augmentés dans les premières années de Louis XIY , supprimés
en 4648, rétablis en 465$, modifiés par différents arrêts en
4669 , 4670 et 4674 , et rendus uniformes pour tout le royaume
en 4680.
» En 4674 , on imagina pour la première fois de faire des
règlements sur les papeteries. Ces premiers règlements furent
assez simples, et ne contenoient que seize articles. On remarque ,
entre autres choses, que Ton proposa dès lors de fixer les
dimensions et poids du papier, mais que cet article fut rejeté
comme inutile.
9 A ce règlement général ont succédé des règlements parti-
culiers pour chaque province. Enfin , en 4739 , on a fait un
règlement général pour toutes les papeteries du royaume. Ce
règlement contient un très-grand nombre d'articles, dont
plusieurs ont été abrogés par un arrêt de 4744 et autres arrêts
postérieurs.
» C'est précisément à Tépoque oii Ton a établi des droits et
dressé des règlements qu'a commencé en France la chute des
papeteries , tandis qu'elles s'établissoient en Angleterre et en
Hollande , oîi l'art a été porté à un point de perfection que nous
ne pouvons pas encore atteindre.
0 Soit qu'on doive en attribuer la cause aux droits, aux
règlements, à la révocation de l'édit de Nantes, ou à ces trois
objets à la fois , l'effet n'en existe pas moins , et nous avons à
peine la moitié des moulins qui existoient au xvii* siècle.
> C'esl en vain qu'on a voulu ranimer cette branche d'industrie
par l'augmentation des droits d'entrée sur les papiers et des
droits de sortie sur nos chiffons , ou même par la prohibition
entière de leur sortie : ces petites ruses politiques, dont tant
d'exemples devroient avoir démontré l'insuffisance , n'ont pu ni
(1) A Farges, en juin 1633, création d'un office «de controoleur,
visiteur et marqueur de papiers en chacune ville, bourg , bourgade et
hameau où se fait le papier. » — Ces lettres-patentes furent enregistrées
k Paris . a la Gourdes aydes, le 8 mai 1634. (Guénois , TiOle chronologique,
p. 175.)
124 BIBL10GBAPHI€ LIMOUSINE.
détruire les papeteries étrangères, ni rétablir les nôtres : la
supériorité des papiers de Hollande a maintenu leur débit malgré
l'augmentation du prix, et la contrebande a su braver la
prohibition et les droits prohibitifs.
» Il paroît , d'après ce court exposé , que nous n'avons pas
choisi les moyens les plus propres à favoriser les progrès de la
papeterie; et Ton seroit même tenté d'en conclure qu'il faut
prendre le contre-pied de ce qu'on a fait Jusqu'ici , c'est>-à-dîre
supprimer les droits et règlements.
» A l'égard du premier objet , il n'est personne qui doute que
la suppression des offices et l'exemption de tous droits sur les
papiers nationaux ne fût avantageuse à nos fabricants. Ainsi on
se bornera à examiner si l'abrogation des règlements de 4739 et
4741 seroit utile ou non à l'accroissement de nos fabriques.
» Les arrêts et règlements sur les papeteries roulent sur deux
objets : la fabrication et le commerce , etc. »
En résumé , l'auteur, qui était alors inspecteur des manufac-
tures de la généralité de Limoges, et qui, depuis 4769, avait ,
d'après les ordres de Trudaine, étudié avec soin les procédés
français et étrangers, conseillait l'établissement d'une école
publique de papeterie dans un des moulins du Limousin ou de
l'Auvergne, pour y former des élèves praticieijs sous la direction
d'un homme versé dans la pratique des Anglais et des Hol-
landais (4).
Non-seulement ce projet fut repoussé, mais encore l'abbé
Terray, dont la fâcheuse influence pendant son court ministère
a été si bien exposée, en 4859, par M. d'Hugues, p. 476 et suiv.
de son Essai sur V administration de Turgot y fit rendre deux arrêts
plus prohibitifs et plus réglementaires encore, les 24 août 4774
et 24 juin 1772, dont l'application dans l'Angoumois surtout
souleva de vives plaintes. — Cela ressort de plusieurs pièces qui
(1) Il résulte de la lettre de M. Desmarest reproduite plus loin que
si, dans son rapport écrit à la même époque, ce dernier proposa de
fonder cette institution en Auvergne, dans le moulin à papier d'un
sieur Gonin, libraire de Clermont, c'est qu'il n'espérait plus voir se
réaliser un projet concerté avec M. Barbou , imprimeur à Limoges , qui,
pour sa sécurité, sollicitait l'octroi préalable de quelque privilège: sans
ces retards , l'ccole pratique de papeterie aurait sans doute été installée ,
près de Limoges, dans un propriété cédée par Turgot, les Courrières,
transformée en papeterie l'année suivante, comme nous le dirons
bientôt.
BIBLlOGBAPillE LIMOUSINE. 125
fi<?nreut au dossier A-784, telles que : 4° deux lettres de Terray
h Turgot des 12 septembre 1774 et 25 février 4772 pour lui
reprocher sa nonchalance à exécuter lesdites déclarations royales;
2» d'un rapport du 28 janvier 4772 par le sieur de Pommeaiï
père, directeur des aides, et partant chargé de visiter les
magasins des papiers et cartons d^Angoulême ; 3<> d'une pétition
du 4 4 août 4773 , signée des chefs des principales maisons d'An-
goulême, MM. Emmanuel Sazerac, J.~L. Dervaud et les frères
Henry, F.-R. Gilbert, N. etV*« Tremeau.
En adressant cette humble requête à Turgot , M. de Bois-
bedeuil , son subdélégué dans cette élection , après avoir rappelé
rimportance de la fabrique et du commerce d'Angoulême pour
le port de Rochefort , surtout en présence de la continuation des
mauvaises récoltes de vin et de la diminution du débit des eaux-
de-vie par suite de la concurrence de celles d'Espagne, osa
ajouter : « Si tous ces échecs combinés et réunis ne réduisent pas
cette province à la mendicité, je serai obligé de convenir qu'elle
a des ressources inépuisables, et qu'on a bien fait de lui faire
supporter le double et même le triple des impositions qui se
lèvent sur les taillables des généralité voisines d .
En effet , le commerce du papier était tout près de sa chute :
les fabriques de Saint-Junien étaient déjà tombées; celles de
Saint-'Léonard et de Limoges épuisaient leurs approvisionne-
ments pour cesser ensuite. Mais les quatre régisseurs des nou-
veaux droits écrivirent de Paris, le 24 septembre 4773 , à M. de
Pommeau de passer outre, et celui-ci signifia, le 29, cet ordre à
M. de Boisbedeuil, en le priant de signer les registres, et de
recevoir enfin le serment de son fils, commis par lui h cet
exercice : ce qui eut lieu.
Turgot, devenu ministre à son tour en 4774, et voulant relever
les papeteries du royaume, demanda des renseignements sur
leur situation. Sa lettre du 26 avril 4776 fut, suivant l'usage,
communiquée , le 3 mai , par le nouvel intendant de Limoges, au
géomètre Cornuau (4), afin qu'il eût à y répondre. Celui-ci com-
mença de suite une enquête , à laquelle les fabricants se refusèrent
dès que la chute de Turgot fut connue à Angoulême, le 47 du
même mois de mai.
Cependant Cornuau leur fit entendre raison , et son travail
(1) Cet iDgénieur a joué un rôle considérable dans cette généralité : on,
regrette de voir son nom absent des biographies locales.
126 BIBLIOGRAPUIE LIMOUSINC.
put être transmis par l'intendant au nouveau contrôleur général
le 4" juillet suivant.
Il existait alors mille cinquante-six cuves en France, et
mille deux cents en 4789.
Je n'affirmerai pas que VÉtat (anonyme) des moulins à papier
existants dans la généralité de Limoges qui se trouve dans la
liasse A-S84 soit la copie de celui de 4776 par Cornuau : ce
manuscrit sans date, étant annoté en marge de la main de
Turgot lui-même, n'a pu, d'après les faits précédents, être
connu de ce ministre ; partant ce travail avait dû lui être remis
avant 4769, lorsqu*il était encore intendant du Limousin, par
Desmarest, auquel Turgot avait confié dès 4764 l'inspection des
manufactures de sa généralité. En effet , il n'y est pas question
de la papeterie des Courrières , ouverte par le sieur Barbou de La
Valette en 4770, ainsi que Ta déclaré l'abbé Legros (loc. a7.), et
ainsi que cela résulte de la teneur d'une lettre écrite de
Clermont, sans doute par Desmarest, à Turgot. Gomme ce
dernier document est très-important pour l'histoire des sciences
et des arts, je le donnerai ici en entier :
«Ce 27 juin 1769.
9 Monsieur ,
» Je crois devoir vous faire observer que la mort de
M. de Bacalan (4) retardera beaucoup la signature des deux arrêts
de M. Barbou si vous ne prenez pas cette affaire en considé-
ration.
0 Je ne vois pas sans peine ces délais successifs, qui retarderont
la construction d'un moulin dont j'ai besoin pour y faire exé-
cuter toutes les opérations projetées, et par conséquent les
avantages qui peuvent résulter de ces expériences.
» J'ose vous recommander cette affaire , qui roule actuellement
sur vous, maintenant que M. de Bacalan n'y est plus. 11 avoit pris
fort à cœur toute cette affaire et bien d'autres qui ou n'auront
pas d'exécution ou languiront long-temps. Pour celle-ci , elle est
trop avancée : cependant la réforme de la rédaction des deux
arrêts, qu'a entreprise M. Bruyard (2), pourrait apporter de
nouveaux obstacles à la signature si vous ne daignez demander
(1) Inspecteur général des manufactures de France sous Trudaine.
(2) Premier commis de M. Trudaine, chef de radministration des ponts-
ct-chaussées , c*est-à-dire du bureau du commerce et des manufactures.
BIBLIOGRAPHIE LIMOUSINE. 127
vous-même un rendez-vous à M. Trudaine pour terminer tout, et
lever les difficultés.
» Je vais visiter cette semaine les papeteries de l'Auvergne , qui
sont moins parfaites que celles de TÂngoumois : les opérations de
rhistoire naturelle me retiendront, je pense, presque tout le
mois de juillet : ainsi je ne compte aller en Vivarais que dans le
mois d*août , et visiter en même temps les mines de charbon de
Forest , et parcourir tous les environs. Au reste, je me rendrai le
plus tôt qu'il sera possible h Limoges dès que je saurai que vous
y êtes rendu. J'ai déjà fait quelques courses avec M. de Monthion
sur les montagnes, et nous allons aujourd'hui à Yolvic. Si vos
excursions en Limousin peuvent vous entraîner vers le Mont-d'Or
[fie] , je serai très-aise de vous servir de cicérone pour la visite de
toutes ces merveilles.
9 J'ai l'honneur d'être avec respect, Monsieur, votre
très-humble serviteur,
» Dbsmarbst.
> P. S. — Je vous prie de faire remettre à la petite-poste la
lettre ci-jointe. >
m. — STATISTIQUE.
Quel que soit l'auteur de VÉtat des papeteries de l'intendance de
Limoges en 4769, cette vieille statistique m'a servi à dresser le
tableau final suivant, qui montre combien l'industrie des
papiers était développée dans ce pays il y a moins d'un siècle.
Je terminerai par quelques considérations générales , puisées h
la même source, et par des détails sur un de ces inventeurs
obscurs dont les services ne doivent pas rester ignorés plus
long-temps.
La décadence manifeste de nos papeteries n'est pas moderne si
l'on compare la situation ancienne que je lui assigne avec celle
qu'elle avait déjà en 4808 , d'après la Statistique du département de
la Haute-Vienne, oii se trouve un travail synoptique, analogue au
nôtre , mais seulement pour les trois arrondissements de Limoges,
Bellac et Rochechouart. On n'y comptait plus que 33 moulins, ou 47
cuves, produisant l'une dans l'autre 4 ,300 rames de papier, soit par
an, pour l'ensemble, 61 ,400 rames, du poids moyen de 7 kîl. 4/2
chacune. On devra encore comparer ces résultats avec ceux
publié^! par les auteurs de la Statistique de la France en 48H .
BIBLIOGRAPHIE LIMOUSINE.
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132 BIBLIOGRAPHIE LIVOISINE.
OBSERVATIONS.
(0) Élection de Limoges, — Les papeteries des environs de cette
ville indiquées au tableau précédent étaient établies sur les
bords de la rivière de Vienne, depuis le moulin Moreau ou de
Pabot. M. Romanet du Caillaud, ancien maire de Limoges, en
avait une considérable dans son fief du Caillaud , paroisse d'Isle.
D'après les notes de Legros , évidemment postérieures à celles
de Desmarest, retouchées par Turgot, on distinguait encore les
moulins des sieurs Foumier et Brunier, et de M. Devoyon du
Buisson , trésorier de France : a Mais , ajoute Legros , ce n*est pas
les seules ni même les principales : celle qui a le plus d'activité
est établie sur un ruisseau, près de TAurance, au lieu des
Courrières , à une lieue de Limoges. Elle appartient au sieur
Barbou de La Valette, imprimeur du ro; (4), qui n'a rien
épargné pour lui donner toute Tactivité possible. Il tâche même
de régaler aux belles papeteries d'Angoulême, dont on trouvera
une description exacte dans les Observations sur VAngoumois de
M. Etienne Munier , inspecteur des ponts-et-chaussées (8) , en
S vol. in-8, 4779 ». — Enfin, pour clore ce qui concerne les
papeteries du Limousin proprement dit , je rappellerai l'annonce
de la formation , par le sieur Oudart , fabricant de papier à
Limoges, d'une société pour le même objet, conjointement avec
MM. Laplaigne et Limousin , marchands et fabricants de papier
marbré dans cette même ville. {FeuiUe hebdomadaire de 4776 ,
no 48.)
(b) Élection de Boufganeuf. — Grâce à la paille , dont on prive
ainsi l'agriculture, cette localité a vu renaître, il y a 5 à 6 ans,
une vieille industrie, qui y remonte peut-être au commence-
ment du XVI* siècle, d'après le Fouillé de Nadaud, cité plus
haut.
(c) Élection du Tulle, -^ Les ruisseaux qui font aller les moulins
(1) Barbou (Martial III) dit de La Valette, puis des Courrières en 170i »
fut imprimeur à Limoges de 1749 à 1789.
(2) La Bibliothèque Impériale possède cet ouvrage , qui est une bonne
Rtatlstique de TAngoumois. Le T. I, p. 282 k 289, traite du commerce du
papier, et le T. Il, p. 345 à 383, de la composition d'une papeterie, etc.,
d'après Desmarest.
BIBLIOGRAPHIE LIMOUSINE. 133
de rarrondissement de Tulle, suivant le rapport de 4769, sont
souvent troublés par les inondations , et sujets à manquer d'eau
dans Tété : aussi chaque cuve n'est-elle fournie de pftte que par
5 , 7 ou 8 piles.
Les fabricants sont obligés de louer des magasins à Tulle pour
y déposer leurs papiers , attendu le peu de bfttiments qu'il y a
dans chaque moulin (4).
Hais les papiers reçoivent tous leurs apprêts dans chacun des
moulins de la généralité de Limoges , sans qu'il soit nécessaire
de les transporter ailleurs pour achever de les préparer.
On remarquera qu'il n'y a pas de papeterie dans l'élection de
Brive, et que celle de Felletin fut créée par M. de Miomandre.
[Voir le linumsin monumental de Tripon.) Cette ville en possédait
deux en 181 0 d'après le Mémorial administratif de la Creuse , n* du
42 mai.
[d) Élection d'Angouléme, — Avant la révocation de l'édit de
Nantes, on comptait dans cette province environ 70 cuves, ré-
duites à 30 en 1779, suivant Munier. Dix ans avant lui,
d'après Tauteur du précédent état , a on estimoit dans les moulins
de l'Ângoumois le produit de chaque cuve à environ 1 ,200 rames
de papier carré, pesant 1,800 livres, à raison de 15 à la rame;
mais cette évaluation ne peut être qu'approximative , car on ne
peut la faire soit en rames, soit en poids, parce que :
» 1" Ce qu'on nomme cuve varie pour le travail : il y a des
cuves servies par 6 , 10 et 12 piles ;
» 2*» L'eau de la rivière , selon qu'elle est plus ou moins abon-
dante, peut faire mouvoir la machine plus ou moins avantageu-
sement pour la trituration de la peille ;
» 3** Les chiflFons, suivant les sortes, sont plus ou moins
facilement triturés : la pâte du papier iBn n'est pas si tôt triturée
que celle du papier moyen et du bulle;
» k^ 11 entre une quantité de pâte bien différente dans les
différentes sortes de papiers: or, comme, dans le courant d'une
année, on fabrique plusieurs sortes dont on ne peut pas avoir la
quantité exacte, on ne peut pas donner au juste le résultat de
cette quantité de pâte : ainsi , dans un moulin oti l'on fabrique
de grandes sortes de papier, on emploie beaucoup plus de pâte
que dans un moulin oii l'on ne fabrique que de petites et
(l) Cette dernière phrase a été biffée par Turgot.
10
134 BIBLIOGRAPHIE LIMOUSINE.
moyennes sortes : on ne peut donc évaluer la quantité de la pftte
employée dans un moulin que lorsqu'on n'y fabrique que d'une
seule sorte de papier ; et un moulin qui travaillerait bien , et
dont la cuve serait fournie de pftte par 40 à 42 piles, ce qui est
rare, pourrait faire 48 à 20 milliers de papier canré, pesant 46 à
47 livres par rame , en supposant qu'il travaille toute Tannée ,
et qu'il n'arrive pas d'accident ;
» 5« Or les accidents sont très-fréquents : il faut souvent
réparer les moulins , il faut les blanchir tous les six ans , ce qui
suspend les travaux pendant deux ou trois mois de l'été , qui
est la saison la plus favorable pour la fabrication; car on ne
peut travailler pendant l'hiver lorsqu'il gèle, et lorsque l'eau est
trop basse, ce qui arrive fort souvent aux environs d'An-
goulême. »
On peut consulter encore les mémoires des intendants de la
généralité de Limoges , notamment celui de M. de Bemages de
4698 ou 4700 , etc., etc., et comparer avec les statistiques dépar-
tementales de la Creuse, de la Haute-Vienne et de la Corrèze,
insérées en 4844 dans la grande Statistique de la France.
En 4828, M. J.-P. Quénot, avocat, a publié une Statistique
de la Charente, in-4, fig., qui renferme un bon article sur les
papeteries de ce département depuis 4789. Dans un tableau ,
p. 479, oii l'auteur rappelle , je ne sais d'après quelles preuves ,
les dates de création des 30 manufactures existant encore , on
voit que les trois plus anciennes seraient celles de Cdas, Baril-
Ion et L'Abbaye, remontant respectivement à 4350 , 4375 et 4400.
Rien d'étonnant dès lors que nous trouvions des indices du com-
merce des chiffons dans le voisinage, en Limousin, dès 4377.
IV. ~ AFFAmE DUPOVTY.
Si les Hollandais ont la gloire d'avoir inventé les cylindres
pour déchirer les chiffons, ce n'est point à Essonne, près de
Corbeil , que furent établis en France les premiers appareils de
ce genre par H. L'Écrevisse , mécanicien hollandais ( Turgan ,
hc. cit., p. 454], mais à Langlée, près de Montargis, en 4738,
puis à Etampes en 4746, par le sieur Dupouty, originaire de
Puymoyen en Angoumois, oti il se retira sur ses vieux jours,
après avoir fondé la papeterie de Montbron-sou^Ângoulême de
concert avec M. le marquis de Montalembert. [Archives de
Limoges, A-284.)
BIBLIOGRAPHIE LIMOUSINE. 135
Quoique peu fortuné, Dupouty vivait tranquille dans sa
patrie, avec sa femme, Catherine Lavauz, qui s'occupait de
médecine, et dont la charité était connue de Turgot, lorsqu'il
reçut, vers 4760, les deux lettres suivantes, que je crois iné-
dites, et dont rimportance n'échappera pas à mes lecteurs. Je
les reproduis en entier d'après les copies conservées dans le fonds
de l'intendance, et jointes par le sieur Dupouty à la suite d'un
deuxième mémoire adressé àTurgot le 46 décembre 4765 ou
4766, pour lui exposer toutes ses inventions, et appuyer la
demande d'une pension réversible sur sa femme en cas de sur-
vivance, et prise sur les tailles ou autres impositions de l'élec-
tion d'Angouléme.
Nous dirons ensuite pourquoi il n'obtint pas cette faible
récompense pour ses nombreux services rendus à l'industrie et
partant à l'État.
« Copie des kUres de P Académie royale des Sciences, écrites au sieur
DupoîUy, par monsieur de La Lande , Vun de ses membres , dont k
sieur Dupouty a les originauœ.
I.
Monsieur,
» L'Académie des Sciences ayant reprid avec plus d'ardeur que
jamais le travail de la description générale des arts et métiers
que monsieur de Bomur (Réaumur) avoit cru pouvoir seul ter-
miner, et qui est en effet très-avancé , je me suis trouvé chargé
de la description du papier (4).
» L'Académie s'est rappelé , Monsieur, que , dans le premier
établissement de la manufacture de Montargis [en 4738] , vous
aviez fait une multitude de réflexions utiles, de projets vastes,
de découvertes intéressantes sur cette belle partie des arts; que
vous en aviez même communiqué une partie à l'Académie
[en 4719].
(1) Les biographes de cet astronome ont oublié ce fait intéressant, et
la collaboration de Joseph de La Lande à la grande Encyclopédie n^est
mentionnée que par ses initiales D. J. en tète de Tartide Papeterie,
complété par Louis-Jacques Goussier (T. XI , p. 3S4, et T. I , p. xlvj ).
136 BIRLIOGHAPHIB UMOVSINR.
» En conséquence, TÂcadémie m'a chargé , Monsieur, d'avoir
rhonneur de vous écrire pour vous engager à coopérer avec
nous , et à nous communiquer ce que vous aurez de plus inté-
ressant. Vous pouvez être assuré de notre fidélité à vous en faire
honneur, de notre promptitude à le publier, de notre reconnoîs-
sance et de celle du public.
» M. de Châteaubrun , votre ami , m'a fait espérer qu'il
joindroit ses sollicitations aux miennes : c'est luy qui m'a appris
dans quelle retraite vous aviez caché des talents si dignes de la
capitale, et qui nous a inspiré la confiance avec laquelle, tout
inconnu que je sois pour vous , j'ai pris la liberté de vous écrire.
» Supposé que vous vouliez bien déférer, Monsieur, aux invi-
tations de l'Académie et à mes prières, et qu'il vous faille
quelque temps pour rassembler vos idées , je vous prie de m'ap-
prendre en attendant ce que je dois espérer; et, si vous aviez
heureusement quelque paquet considérable à nous adresser, je
vous prie d'y mettre, outre mon adresse, une seconde enve-
loppe à monsieur de Maleslierbes , premier président de la cour
des aides et président de l'Académie royale des Sciences.
» Je suis avec un profond respect , Monsieur, votre très-
humble et très-obéissant serviteur.
» Signé : de La Lande, de l'Acad. roy. des Se.
» A Paris, place de la Croix-Rouge, le 19 juin 1760. »
IL
« Monsieur,
» La lettre dont vous m'avez honoré le 5 juillet (<) m'a donné
des espérances infinies : je l'attendois avec impatience , et je ne
doutois pas que votre zèle pour l'Académie ne répondît k sa
confiance pour vous : aussi avois-je suspendu l'impression de
VArt de la papeterie , que je regardois comme fini, parce que je
(l) Cette réponse du S' Dupouty manque; mais la suite de ceU^-ci
montre que, des cette époque, il croyait avoir des droits à une subven-
tion nationale : il est probable que cette idée lui avait été suggérée
par les compliments de notre académicien.
BIBLIOGRAPHIE LIMOUSINE. 137
comprenois assez qu'une personne aussi consommée que vous
l'êtes ne pourroît manquer de m'apprendre des choses que
l'Académie entière peut ignorer.
> Je connois , Monsieur, et les services que vous avez rendus
à l'État dans cette partie, et le peu de fruit que vous en avez
retiré ; j'avois ouï faire Téloge de votre zèle soit dans l'Académie,
soit à Montargis , ob j'ai admiré vos succès : aussi vous ne
devez pas douter que tout le monde ne s'intéresse pour appuyer
vos propositions auprès du ministre dès que le temps sera devenu
un peu plus favorable pour le faire. Mais , dans ce moment ,
Monsieur, vous connoissez les misères de l'État : elles sont telles
que ceux d'entre nous qui n'ont que leurs pensions pour vivre
sont à l'extrémité , et , assiégeant tous les jours les ministères , ne
peuvent se faire entendre.
» n est de votre générosité , Monsieur, pour le bien des arts de
ne point mettre une condition si difficile aux bienfaits que nous
attendons de vous.
> Daignez , Monsieur, me dire en substance sur quels objets
ont roulé vos expériences dans l'art du papier. Est-ce sur le
choix des matières , sur la qualité de l'eau (4) , sur le degré de
fermentation, sur celui d'affinage? Ces quatre articles me
paroissent renfermer presque tout l'art , et je voudrois bien avoir
votre avis , en abrégé , tant en ce qui se pratique que sur ce qui
devroit se pratiquer.
» J'ai été enchanté de la bonté du papier imité [de celui]
de Hollande que vous avez envoyé , et qui est votre ouvrage. Il
me semble que, dans le vrai , il est d'une meilleure qualité que
le papier de Hollande ; mais pourquoi aime-t-on mieux celui
de Hollande , qui est plus cassant et qui a un œil bleuâtre? Si
vous aviez voulu donner ces deux deffauts (sic) au vôtre,
comment vous y seriez-vous pris? Tout ce que j'ai vu en grand
papier à Montargis avoit le défaut de goder dans le milieu ,
parce qu'on n'avoit pas eu la précaution de l'étendre à plat , et
qu'on avoit mis au contraire chaque feuille sur une corde à la
manière ordinaire. On ne songe même pas h rendre marchande
cette belle espèce de papier, parce qu'elle est trop difficile à bien
faire (2).
(1) On s'imaginait alors que l'eau de mer influait sur la supériorité du
papier hollandais , etc.
(2) De La Lande a fait l'éloge des pilons de Montargis inventés par
138 BIBLIOGRAPHIE LIMOUSIPTE.
» Je vous prie aussi de me dire si vous n'auriez point connn
un M. Gonin , libraire en Auvergne, qui a beaucoup travaillé
sur le papier (4).
» Je finis en vous assurant , Monsieur, de la fidélité que nous
tturons à vous renvoyer tous les manuscrits, mémoires, échan-
tillons , que vous pourriez nous communiquer, et à vous faire
honneur dans Timpression des bontés que vous aurez eues pour
nous.
» Monsieur de Malesherbes , qui me remit votre paquet, est
actuellement absent : je vous prie d'adresser à M. de Saint-Flo-
rentin (2) ce que vous pourriez avoir encore à me communiquer,
et de mettre sur mon adresse : Mémoire pour V Académie , afin que
ce seigneur sache que nous ne nous servons de son cachet que
pour le bien des sciences.
» Je suis avec un profond respect, Monsieur, votre très-
humble et très-obéissant serviteur.
» Signé : Db Là Landb.
» A Paris , place de la Croix-Rouge , le 23 juiUet 1760. »
Malgré toutes ces précautions, tous ces ménagements, il ne
paraît pas que le sieur Dupouty se soit rendu aux désirs de
TAcadémie , car son nom n'est pas prononcé une seule fois par
de La Lande. Loin de là : on y lit, à la suite de quelques mots
sur la papeterie de Langlée près Montargis, cette déclaration
formelle :
« Nous devons à M. Prévost, directeur de cette nMinufacture,
les éclaircissements qui nous ont mis en état de composer cet
article. » (Encyclopédie^ in-fol. , T. XI , p. 384 et suiv.)
En présence de ce mauvais vouloir de 1760 , et de la conduite
maladroite de Dupouty en 4765 et 4766, on comprend que Tad-
Dupouty et de son grand papier de six pieds que les ingénieurs recher-
chèrent pour leurs cartes; Péronnet s'en servit pour dresser le plan de
Montignis, etc. — Voir dans l'Art du papier, imprimé à Paris en 1765,
Tarticle de la Rom et des Maillets , n» 38 et suiv.
(1) Il en est question dans le rapport de Desmarest en 1769» comme
nous Tavons rappelé ci-dessus.
(2) Le comte de Saint-Florentin était ministre de la maison du roi
Louis XV.
BIBLIOGRAPHIE UMOIJSINE. 139
ministration ait cherché à être éclairée par des personnes moins
intéressées. Or, parmi ses agents, elle ne pouvait faire un
meilleur choix que celui de Desmarest. En effet il fut chargé,
dès 4767, par Trudaine, c dont on connoît le.zèle pour la perfec-
tion des arts », d'aller étudier les procédés flamands et
hollandais ; et ce furent ses conseils qui , adoptés par la plupart
des fabricants français, rétablirent Tancienne réputation de nos
papiers d'impression surtout. Desmarest vulgarisa ses observa-
tions sous toutes les formes ; mais , si Ton ne connaissait les faits
précédents, relatife au rôle négatif de Dupouty, on n'y saisirait
nullement maintes allusions que l'auteur se permet avec un
peu trop de rancune personnelle contre ceux qui s'étaient
occupés de l'introduction des cylindres en France , etc. Enfin ,
son impartialité reprenant le dessus, il plaça au bas de la
page 48 de son second Mémoire, lu à l'Académie en 4774, et im-
primé en 4788, la note suivante, qui clora cette étude; car le
surplus intéresse plus l'Angoumois que le Limousin : a Les
reproches que je me permets en général méritent d'être admis et
modifiés ; j'en fais volontiers ici la remarque et l'aveu : j'ai fort
à cœur que tout ce que m'inspire le désir de perfectionner cet
art dans ma patrie ne paraisse dicté par un zèle outré ».
P. POYET.
Limoges, le 24 Juin 1802.
CORRESPONDANCE.
Nous recevons la lettre suivante, que nous nous faisons un
plaisir de publier :
« MoNsiEUB LK Président,
» J*ai lu avec un vif intérêt dans le Bulletin de votre Société
le Mémoire consacré par M. Pérathon aux tapisseries des ma-
nufactures royales d'Aubusson et de Felletin.
» Mais ce travail n'embrasse que le côté purement historique
de la question. Ne serait-il pas à propos de le compléter en envi-
sageant maintenant le côté archéologique?
» Or, sous ce nom d'archéologie, j'entends Finv en taire des
tapisseries fabriquées à Aubusson et Felletin , avec l'indication
des sujets représentés et des principaux caractères qui dis-
tinguent ces tapisseries, puis le relevé de tous les noms de
maîtres qui ont signé leurs œuvres sur la lisière bleue ou brune
de chaque pièce.
» Si la Société que vous dirigez , Monsieur le Président , ouvrait
ses Bulletins aux communications de ce genre, et faisait appel
à la science et à la bonne volonté des archéologues qui s'oc-
cupent en France do tapisseries, je crois que la lacune que je
constate serait bientôt remplie.
» Permettez- moi donc, Monsieur, d'appeler Tattention de la
Société Archéologique du Limousin sur ce point important
d'archéologie locale, et de lui adresser, pour commencer, une
liste de signatures et quelques notes qui me sont personnelles.
» Je saisis avec empressement cette occasion pour faire part à
la Société de sept inscriptions limousines que j'ai recueillies à
Rome l'année dernière.
» Si la Société me fuit Thonneur dinsérer ces notes et ces ins-
CORRESPONDANCe. 141
criptioDS dans son Bulletin , je lui saurais gré de vouloir bien
m'adresser un exemplaire de la livraison qui les contiendra.
9 Veuillez agréer, monsieur le Président, Tassurance de
tous mes sentiments respectueux et dévoués.
» X. Babbirb db Montault ,
• ChanuÎHcdc b basilique d'Aïugiii.
» Poitiers, le 3 mai 1863. »
SIGNATURES DE QUELQUES TAPISSERIES.
inafecture d*Aaboaaon«
l"" Joseph vendu par ses frères (à la cathédrale d'Angers)
A # B
M B« DAVBVSSON
S"* Joseph sur un char de triomphe (ibidem) :
A «B
B M DAVBVSSON
3» Verdure (PoiHers, rue St-Patd) :
L B« M. R.3 DAVBVSSON
4* Verdure (Mdem) :
M. R. DAVSSON. L B
5» Verdure (ibidem) :
M. R. DAVBUSSON. L. B
G"* Verdure (cathédrale d^ Angers) :
M. R. DAVBVSSON. DE. L.*
< Michel Barbât, vers 1605.
* Louis Boffinet , vers 1732.
^ Manufacture royale.
* De Landriëve (J.), vers 1665.
142 CORBBSPONDANCE
l"" Chinoiserie-verdure (iftûfem) :
M. R. DAVBVSSON. MACÉ. RT. PIOON*
8" Verdure [ibidem] :
. DE. L M, R.« DAVBVSSON
9* Mythologie (caAédtvle d'Angers) :
A « B3
40" Mythologrie(t6Mfem):
A. B 4
44<> Mythologie (ibidem) :
A. B#
42" Mythologie [ibidem] :
A 4 B
4 3" Mythologie ( ibidem ) :
A. B |.
44" Mythologie [ibidem) :
A. B
45" Sujet champêtre [chdteau de Moris , Vienne) :
VTTRA.* M. R. DAVBVSSON
4 6** Scène champêtre ( ibidem ] :
M. R. DAVBVSSON. VITRA
47" Scène champêtre [ibidem) :
ITRA. M. R. DAVBVSSON
48" Sujet historique (à l'église de La Daguenière , Maine-et-Loire) :
M » ROYALLK * DAVBVSSON
49" Verdure [à Angers, chez M, Huet] :
'C.» M. R. DAVBVSSON
1 Jean-FranQoia Picon , de 1748 à 1760.
^ De la ManufiBkCture royale.
3 Antoinette Barbât, vers 1722.
* Jean de Vitract, vers 1697.
« Chemeton? vers 1746.
COBRESPONDANGB. 143
SO» SoDge de Joseph (à Angers, chez M. Legris) :
21"* Joseph dans la citerne (t'Mdem) :
H. G. MR DAVBUSSON
^^ Joseph vendu par ses frères (ibidem) : \
H GOV....« M. R DAVBVSSON
SS"* Explication du songe de Pharaon [ibidem) :
M * R * DA(V)BVSSON. H. 0«
S 4" Coupe retrouvée (ibidem) :
M. R. DAVBVSSON. H. G
25'' Triomphe de Joseph (ibidem) :
0N5 » H G
26" Zacharie au temple (hôpital St-^Jean , à Angers) :
P M RD*
27« Baptême de N.-3. (ibidem) :
P. Gfi M. R. DAVBVSSON.
28"* Décollation de saint Jean (ibidem) :
P. GRELLET. M. R. DAVBVSSON.
29^ Saint Jean huvant du poison ( ibidem) :
. P. G. M. R. DAVBVSSON.
SÙ^ Saint Jean à la porte Latine (ibidem) :
. p. G. M. R. DAVBVSSON.
34* Verdure (chapelle des Pénitentes, à Angers (xvir s.) :
M. R DAVBVSS0NIM6
< Goubert?
*8ic.
3 Mannâu^ture royale d*Aubu8Son.
* Pierre. Manufacture royale d*Aubus8on.
5 Pierre GreUet, vers 1769.
6 Jean Maillât , vers 1696.
144 COBBfiSPONDANGE.
32° Verdure [à Poitiers, chez tm fripier) :
M E DÂVSON
33» Verdure (ibidem) :
IDAVBVSON
0IÊmnutm9iîmre de Felletin.
Verdure [à Lasse, Maine-et-Loire) :
M RI DE FELETIN P. MIGOT*
INSCRIPTIONS LIMOUSINES A ROME.
4.
Inscription commémorative du retour du saint siège à Rome , sous le
pontificat de Grégoire XI, moulée en stuc doré , dans une des chambres
Borgia, par les soins de Léon X , au Vatican :
GBBOORIVS XI
CVBIAM
B GALLIIS
BOMAM
RBDYXIT
Inscription peinte au-dessous d'une fresque de Vasari dans la salle
ducale au Vaticwi [xvv siècle) :
GRBGORIVS. XI. PÂTRIÂ. LEMOVICBNSIâ. ADMIRÂDILI.
DOCTRINA. HVMANITATE. ET. INNOCENTIA. VT. ITALIAE.
SBDITIONIBYS. LABORANTI.
MEDBRETUE. ET. POPVLOS. AD. ECCLESIÂ. CREBRO.
DESILIENTE8. AD. OBEDIENTTAM. REVOCARET. SEDEM.
PONTIFICIAM. DIVINO. NVMINE.
I Manufacture royale.
« Pierre Migot, vers 1745.
COBRBSPONDANCe. 145
PEBMOTYS. AYENIONB. ROMAM. POST. ÂNNOS. LXXI.
TRANSTVLIT. SVI. PONTIFICATVS. ANNO. SEPTIMO. HV-
MANAB. SALVTIS. M. CGC LXXVI.
3.
Epitaphe de Grégaire XI, gravée sur son tombeau, par ordre de la mu-
mdpaiité romaine , dans V église de Ste-Prançoise , au Forum (4584) :
CHR. SAL.^
ORBGORIO XI LBMOVICBNSI
HYMANITATB DOCTRINA PIBTATBQ^ ADMIRABILI
QYI TT ITALIAB SBDITIONIBYS LABORANTI MBDBRBTUR
SBDBM PONTIFICIAM AVBNIONI DIY TRANSLATAM
DITINO AFFLATYS NVMINB HOMINYMQ MAXIMO PLAYSV
POST ANNOS SEPTYAGINTA ROMAM FELICITER REDYXIT
PONTIFICATYS SYI ANNO Yll
S P Q r' TAtlTAB RBLIGIONIS ET BENBFICII NON IMMBMOR
QRBGOBIO XIlI PONT OPT MAX^ COMPROBANTB
ANNO AB ORBB RBDEMPTO QIC lûLXXXIIlI POS^
lOANNE PBTRO DBACO
CTRIACO MATTHABIO COSS®
10^ BAPTISTA ALBBBO
THOMA BVBALO DB CONCELLARIIS PRIORB
4.
Epitaphe d' Etienne Limousin , gravée sur une daUe effigiée et armoriée :
de làux ciseaux de , dans l'église de la Trinité-des-
Monts (1549) :
. D. 0. M.^
HIC. lACBT. STBFANO. LEMOSININO
« Christo Salvatori.
> Pletateque.
3 Senatus populuaqne romanus.
* Pontifioe optimo maximo.
5 Posuere.
« Consulibas.
7 Joanne.
< Deo optimo maximo.
146 CORRESPONDANCE.
QALLO QVI VIXIT. AN.* XXXinl OBIIT
OCTAVA MAETir. M. IJ. XLVIIlI.
LVCBBTI^* DB YACHIS VXOR B. M.' LTOBNS. P.^
5.
Éfdtaipke et fondation d'Antoine Muret , dans V église de la Trinité-des--
Monts (1585).
D 0 M ss
M.6 ANTONIYS. MYEBTVS. LEMOYIX
AD. DBI. MISBBicX)BDIAM. OBTINBNDAM
PIOEVM. PRBCIBYS. ADIYYARI. CYPIBNS
COBPVS. SYYM. POST. MORTBM. HOC. LOCO
SEPBLIRI. lYSSIT
ADTBIBYTIS. MILLE. SCYTATIS. HYIYS
MONAST. SODALIB. IMPOSITOQ.'' ONERE
PEBPBTYI AMNIYERSARII
NICOLAYS. DE. PBLLEYE. GARD. SENONEN^
TESTAM. EXBCVT.* PONI. MAND*^
YIXIT. ANN." LTX. MEN." II. OBIIT. PRID. NON. IYN"
CIO lOLXXXV
{Armoiries :)
■
De à une fasce de accompagnée en chef d'une étoile
de et en pointe de trois feuilles de houx de S et 1.
« Ànnis.
*Sic.
3 Bene merenti.
* Posait.
5 Deo optimo maximo sacrum.
6 Marcus.
7 Monasterli sodalibua (les Minimes), impositoque.
9 Cardinalis Senonensis.
9 Testamenti exécuter.
*o Mandavit.
il Annis.
<s Mensibus.
*'* Pridie nonas junii.
CORRBSPON D A NCE . 1 47
Sur la même dalle est gravée Vépitaphe de M.-Ant. Muret, neveu du
précédent, et mort en 4586 :
M. ANT.* MYBETO. MAGNI HVIVS MVRBTI
FRATRIS. FILIO. AETATE QYIDBM. ET
NOMINIS CELEBRIT.3 MTNOEI. SPE. AYTEM
ET. EXPECTATIONB. PEOPB. PABB
. IMMATYBA. MOETB. PRABRBPTO
LVDOVICVS. BIVALDVS. LEMOVIX. ET
M. ANT.' LANPRANCVS VERONEN.* EIVS
TBSTAMENTO AD PIAS CAYSAS FACTO
SCRIPTI. BXBCy TORES POSS*
VIXIT. ANN. XVI. MEN. V. OBIIT. PBID NON. OCT*
CIO lOLXXXVI
6.
Éfritaphe de François de Rodiechouart de Mortemart, mort en 4592,
à l'âge de 9% ans, dqns V église de St^Loms-^des-Prançais :
D 0 m"'
FBANCISCO BYPISOABDO
MOBTEMABTO ADOLBSCBNTI
QALLO N0BILI8S. ET OPT.^
QYBM PIA MATER lOANNA
DB SAYLX A TAYANNES
EX CIYILIYM BELLORYM
FLAMMIS BREPTYM ROMAM
AD PEBDISCBNDAS PACIS
BELLIQ9 ARTBS MISBRAT
S^YA PLEYRITIDB ABSYMTO
* Maroc Antonio.
* Celebritate.
3 Maicus Antonins.
4 VeronensiB.
B Posuere.
6 Pridle nonas octobris.
7 Deo optimo maxime.
9 Nobilissimo et optimo.
» Belliqne.
148
CORRRSPONDANCB.
7.
Anathème lancé par Grégaire XI contre les violateurs du monastère des
OUvitaini , à Ste-Prançoise^Romaine , au Forum :
(Cette inscription, en majuscules de la fin du xy« siècle, doit repro-
duire une inscription plus ancienne.)
ANATHEMA QRBQOBII
PAPB. XI. IN IVDCIO. NO*
EESVEGAT. DANATVS*
MALB PBRBAT CV' lYDA
INIQYO PARTE^ HABBAT
SI QVIS HVNC LOCV*^
QVO VISM0D06 SIYB
INOENIO. VIOLABB
PRBSYMPSERIT
A. D.' M. DCCXXI.*
< Judicio non.
s Damnatus.
3 Cum.
* Partem.
^ Locum.
6 Sic.
7 Ànno Domini.
s Cette date 1721 indique seulement Tépoque à laquelle cette inscrip-
tion a été placée près la porte d*entrée du monastère : son écriture est
différente.
ETOFFES D'OR ET D'ARGENT
FABRIQUÉES A LIMOGES.
M. Â. Fabre, président du tribunal de première instance
de Chambéry, a adressé à M. le secrétaire général de la
Société Archéologique la lettre suivante :
MOKSIBUS ,
Je m'occupe h mes rares instants perdus d'un travail sur le
trésor de la Sainte-Chapelle de Chambéry, que je dois lire à
TAcndémie impériale de Savoie. Je voudrais que ce travail fût
aussi complet que possible : c'est un tribut de reconnaissance
que je voudrais payer à mes nouveaux compatriotes pour
l'accueil bienveillant qu'ils m'ont fait lorsque je suis venu de
France ep Savoie à l'époque de Tannexion.
Dans ce riche trésor se trouvent beaucoup d'étoffes d'or et
d'argent couvertes d'ornements fabriqués à Limoges.
Les ouvrages que j'ai consultés parlent bien des ceuvres de
Limoges, telles qu'émaux, orfèvrerie, argenterie, tapisseries;
mais je n'ai vu nulle part que votre ville se livrât à la fabrica-
tion des étoflRes d or et d'argent, ou plutôt aux passementeries.
Je vous serais bien reconnaissant de me transmettre quelques
renseignements sur ce point. Je vous copie textuellement les
passages latins de l'inventaire sur lesquels j'ai besoin d'éclaircis-
sements. Vous devez avoir à Limoges une académie et des
hommes versés dans la connaissance des faits sur lequels j'ap-
pelle votre attention : je suis certain qu'ils ne me refuseront pas
leur concours.
44
150 ÉTOFFBS d'or ET D'aRGCNT
a Extrait de l'inventaire du trésor de la Sainte-ChapeUe de Chamihéry,
dressé en 4 183. »
Sous le chapitre intitulé : a Tuellib altaris t, qu'il faut
traduire par twwiUea ou coivoertures d'autel, on trouve :
« Una pala îimogiata auro et cyrico » :
a Nappe ou couverture d'autel Umogée d'or et de soie » : telle
est la traduction que je propose.
« Una pala ad coperiendum altare, fi&cta cum oertîs rigriis auri et cyrici
rubei , sine limogeriis » :
Je traduis : a Une nappe pour couvrir l'autel, rayée d'or et
de soie rouge , sans Umousineries , ou faite avec des bandes d*or et
de soie ». — Il s'agit ici de ces étoffes rayées âont l'usage fut si
fréquent aux xiv% xv* et xvi* siècles.
« Alla pala , facta dediversis limogiis per totum longum, de diversis colo-
ribus cyricorum, et aliquibus parvis limogiis auri, Irrictioraliis » :
Je traduis : < Une nappe faite dans toute sa longueur de
diverses limoges de soies de diflférentes couleurs et d'autres pe-
tites limoges d'or, ladite nappe moins régulière que les autres?... »
— Irrictior pour irreclior : reclus, irrectus, irrégulier î
« Alla pala de tela alba, Iimogiata in extremitatibus cum oerto opère
£acto cum acu . more Cypri » :
tt Une nappe de toile blanche, limogée à ses extrémités d'un
certain travail fait à l'aiguille, suivant la mode de Chypre. »
— Les étoffes de Chypre étaient très-renommées.
« Alla pala de tela alba, Iimogiata in extremitatibus de limogia nlgra,
fringata fringiis persis et viridibus » :
« Une nappe ou couverture de toile blanche, limogée aux extré-
mités de limoges noires, et frangée de franges bleues et vertes. »
Une autre « Limogiata in extremitatibus de cyrico nigro ». — • Li-
mogée de soie noire. »
FABRiOUéES A UMOGËS. 151
Une autre en bonne toile limogée de la même toile, presque rousse:
^ Umogiata eadem tela quasi ru^iea ».
4t Unun gremiale de tela, cum octo rigiis limogiatis auri bene ope-
ratum. »
« Un grémial en toile avec huîl raies limogées d'or, ledit gré-
mial en beau travail, t
Autre citation plus intéressante :
« Due tuellie de tella urtioarum , cum sex îmogialuris multum bene
operatis de auro , in quarum duabus sunt imagines leonum , leopardi et
cervl » :
c Deux touBilles en toile d'ortie ( étofPe rare ) , avec six Umoges
d'or bien travaillées, dans deux desquelles sont des lions, etc. »
Évidemment on faisait à Limoges soit des étoffes d'or ou d'ar-
gent et de soie, soit des ornements ou passementeries qui s'ap-
pliquaient Pur les ornements sacerdotaux.
Veuillez, Monsieur, être assez bon pour me répondre, et au
besoin pour communiquer ma lettre soit & votre académie ou
société savante, soit aux hommes compétents de votre ville : vous
m'obligerez infiniment.
Francisque Michel , dans son excellent ouvrage sur la fabrica-
tion des étoffes d'or, d'argent et de soie au moyen âge , ne parle
que des tapisseries de Limoges en quelques lignes.
De Linas, dans son travail sur les vêtements sacerdotaux et
anciens tiisus , ne parle pas de Limoges.
Agréez, Monsieur, etc.
A. FABRE.
Chambéry, 15 Juillet 1863.
152 ETOFFES d'or ET D* ARGENT
M. Ferdinand de Lasteyrie, membre de llnstitut, et
membre honoraire de la Société Archéologique , à Texamen
duquel avait été renvoyée la communication de M. Fabre,
nous a adressé les deux lettres suivantes :
Le Saillant , 26 août 1863.
Monsieur le secrétaire général ,
Je me tiens pour très-honoré de la communication que vous
avez bien voulu me faire au nom de la Société Archéolog'ique du
Limousin, et j'ai le plus grand désir de répondre convenable-
ment à se confiance.
Mais je ne puis vous dissimuler que , pour le moment , je m'en
trouve assez embarrassé. D'abord la question renvoyée à mon
examen ne laisse pas que d'être assez difficile à résoudre , et ,
bien que j'aie vu en ma vie bon nombre d'étoffes anciennes, je
n'ai jamais fait de recherches bien spéciales sur cette matière.
Puis, ce qui augmente singulièrement mon embarras, je me
trouve actuellement, et pour tout le reste de la belle saison,
dans un pays perdu, sur les bords de la Yézère, loin de mes
notes, loin de toutesbibliothèques, et par conséquent de tous les
moyens de recherches.
Ne voulant pourtant point laisser trop long-temps sans ré-
ponse la question que mes confrères de la Société de Limoges
m'ont fait l'honneur de me renvoyer, je me suis adressé , de mon
côté , pour suppléer à l'insuffisance de mes propres informations,
je me suis adressé à l'extrême obligeance d'un homme bien
connu par ses excellents travaux sur les étoffes du moyen âge,
M. Ch. de Linas.
Grftce à lui, je puis aujourd'hui vous transmettre quelques
indications fort curieuses , qui contribueront peut-être à fixer nos
confrères sur le sens et la valeur des textes que leur a commu-
niqués M. Fabre.
Vous-même, Monsieur, aviez déjà parfaitement traduit tous
les passages cités de l'inventaire du trésor de la Sainte-Chapelle
de Chambéry. Après vous, il ne restait plus à fixer que la valeur.
FABRIQUiiBS A LIMOGES. 153
de ces deax mots Umogeriœ et limogicUus, dérivés Tun et l'autre du
Dom de raDcienn& capitale de notre province.
a Évidemment, vous a écrit M. Fabre, on faisait à Limoges
soit des étoffes d'or ou d'argent et de soie, soit des ornements
en passementerie qui s'appliquaient sur les ornements sacer-
dotaux. >
Et en effet les textes découverts par lui dans l'inventaire de
Chambéry paraissent bien au premier abord devoir être compris
ainsi. C'est d'étoffes employées à des usages sacrés qu'il s'agit
dans tous ces passages. Les limogeries concourent à leur ornemen-
tation, semblent en faire partie intégrante, et, dans un des
textes , elles sont même indiquées comme un travail à l'aiguille,
certo opère facto cum acu.
D'après ces premières données, j'avais, moi aussi, cherché
d'abord dans cette voie l'explication des mots sur l'interprétation
desquels j'étais consulté. Leur formation même semblait être
un indice ; Umogiœ et limogiatus, ce substantif et ce participe
dérivés du nom d'une ville, et appliqués à l'industrie qui s'y
pratiquait , rappellent pour ainsi dire inévitablement damas et
damassé , les deux seuls mots de forme et d'origine analogues que
nous ayons, je crois, en français, et qui s'appliquent préci-
sément à une industrie textile.
Mais cependant, en bonne critique, il faut bien le dire,
de semblables analogies dans la forme des mots, quelque in*
génieux qu'en puisse être le rapprochement, ne prouvent pas
grand'chose quant au fond. D ailleurs l'application qu'on serait
tenté d'en faire dans le cas présept rencontre tout d'abord une
objection très-grave.
Limoges avait, dèslexir siècle, une réputation européenne
pour la fabrication des émaux. Mais jamais on n'a entendu dire
qu'il s'y fabriquât des étoffes d'une espèce particulière. Il fau-
drait pourtant bien qu'il en eût été ainsi , et même que cette
fabrication eût joui d'une grande réputation , pour que les pro-
duits eussent porté jusqu'au fond de la Savoie le nom du lieu
de fabrication. Or comment s'imaginer que, si une industrie
si célèbre à l'étranger avait réellement fleuri à Limoges, et
cela à une époque aussi rapprochée que le xv* siècle, il
n'en fût resté aucune trace; qu'aucun des documents encore si
nombreux de cette époque n'en fît.la moindre mention? La fabri-
cation de l'émail, seule connue jusqu'ici sous le nom d'opus Umo-
vicense, remonte à une époque bien plus reculée, et pourtant la
154 i^TOPFes d'or et d argent
trace s'en retrouve sans cesse dans les anciens documents. Corn-
ment s'expliquerait-on qu^une autre gloire du même genre et
de date plus récente n'eût laissé »bsolament aucun souvenir?
Mais, puisque, au su de tout le monde, Limoges avait donné
son nom aux émaux, pourquoi ne pas attribuer de préférence à
cette industrie les objets que nous trouvons aujourd'hui men-
tionnés sous une forme analogue? Gela serait évidemment plus
rationnel. Pourtant une difficulté se présente ici : c'est d'étoffes, de
parements d'autel, qu'il s'agit incontestablement dans l'inventaire
de Chambéry. Or on ne se représente guère ce que pourrait être
une étoffe émaillée.
Devant cette objection je me sentais arrêté tout court lorsque
l'expérience spéciale de M. de Linas est venue fort à propos k
mon aide.
M. de Linas n'admet pas qu'on puisse donner au mot Umogiœ
ou Umogeriœ le sens d'une étoffe damassée ou tiflsée spécialement
fabriquée à Limoges. Selon lui, c'est bien d'émaux, ou tout au
moins d'imitation d'émaux, qu'il s'agit dans l'inventaire de
Chambéry. Et, à l'appui de cette opinion , il cite l'exemple d'un
monument fort curieux découvert par lui dans la cathédrale
de Palerme : c'est un antipendium ou parement d'autel , monté
sur châssis, en soie brodée et striée de raies verticales, lesquelles
sont, ainsi que les bandeaux qui les entourent , ornées d'aigles
émaillés et de petits émaux eloîsonnés circulaires.
Chose remarquable ! c'est à un prélat français , l'archevêque
Jean de Carondelet , qu'est dû cet antipendium, N'eussé-je obtenu
que la révélation d'un fait aussi curieux, je me féliciterais encore
d'avoir fait appel aux connaissances spéciales de M. de Linas.
Voilà donc l'émail , les émaux de j^que ou d'applique^ comme
on les appelait alors, précisément employés à l'ornementation
des étoffes. Ces petits médaillons ronds sont bien ceux que
Limoges fabriqua en si grande abondance pendant les xrv' et
XV* siècles. On y retrouve au besoin jusqu'à l'indication des
médaillons émaillés sur fond noir (de Umogia nigra) que tous
les amateurs connaissent.
Dans le gremiale cum octù regiis limogiatis auri M. de Linas voit
des raies ornées d'émaux.
Dans les deux touailles de tella urticarum cum sex limogiaturis
muUum bene operatis, il croit reconnaître une étoffe tissée sans;^
doute avec la filasse de la bramie ( urticautilis), et ornée de six.
émaux.
PABRIQUBES A LIMOGES. 155
Cependant cette interprétation ne pouvait s'appliquer que fort
difficilement à Fun des textes communiqués par M. Fabre : AUa
pala de Ula alba, Umogiata in extremitatibus cum certo opère facto cum
acu, more Cypri. 11 n'est guère possible de.reconnaître là un véri-
table émail. Mou docte correspondant en a été frappé lui-môme :
aussi pense-t-il que Tauteur de l'inventaire pourrait bien
n'avoir voulu désigner par ces mots qu'une simple imitation
d'émaux faite à l'aiguille.
Cette fois encore , M. de Linas cite à l'appui de son opinion un
monument du plus grand intérêt, qu'il est le premier, je crois,
à faire connaître : un magnifique paîiotto donné par Boniface YIII
à la cathédrale d'Anagni. Ce parement d'autel est entouré,
dit-il , d'une bordure de médaillons circulaires imitant tout-
à-fait les émaux champlevés. Vopus factum cum ocu, more Cypri,
pourrait bien être quelque chose du même genre.
Comme résumé de ces précieuses indications M. de Linas
pose la question en ces termes :
c Le mot limogia, Umogeria , signifie-*t-il ici émail ^ ou bien
exprime-t-il simplement une imitation d'émail en broderie? Je
n'ose me prononcer, ' quoique je sois disposé à pencher vers la
seconde opinion. »
Le sentiment de M. de Linas doit être pris en trèsrgrande consi-
dération. Je l'ai rapporté ici fort en détail , non-seulement en
raison de l'autorité que ce laborieux archéologue s'est acquise
dans cette spécialité, mais aussi pour bien étaTblir ce que j'ap-
pellerai ses droits d'auteur sur les faits très-curieux et trèsr-
nouveaux qu'il a bien voulu me communiquer. Nos confrères
s'associeront, je n'en doute pas, à tous mes sentiments de gra-
titude envers lui.
Maintenant, Monsieur, insîsterez-vous pour connaître mon
propre sentiment? Le voici, tel du moins que je puis le formuler
dans les conditions oii je me trouve.
Je ne crois pas plus que M. de Linas que, dans les textes cités ,
il puisse s'agir d une fabrication d'étoffe spéciale à notre
Limousin. Encore une fois, il me semble impossible d'admettre
que Limoges ait excellé dans une fabrication de ce genre au
point de lui donner son nom , et cela à une époque aussi récente
que le xv s?iècle, sans qu'il en soit resté jusqu'à ce jour la
moindre trace.
S'agit-il d'émail? Cela serait rigoureusement possible, comme
on vient de le voir, d'après l'exemple qui nous est aujourd'hui
156 ETOFFES D'OB ET d' ARGENT
sigrnalé de Vantipendium de Palerme; mais , par cela même qtie
cet objet constitue une si curieuse rareté , dont hier encore nous
ne connaissions pas la pareille, il me semble difficile, impossible
même , de supposer que, dans le seul trésor de la Sainte-Chapelle
de Cbambéry, il 8*en trouvât, au xv* siècle, huit ou neuf de
semblable nature.
Reste la dernière hypothèse posée par M. de Linas, celle vers
laquelle il déclare pencher, c'est-à-dire « une imitation d'émail
en broderie ». Cette interprétation est celle qui me paraît se
rapprocher le plus de la vérité probable. Je ne saurais dire
qu'elle me satisfasse encore complètement , mais je m'en suis em-
paré comme d'une précieuse indication , et , guidé par elle, je
suis arrivé à une interprétation plus facilement applicable , ce
me semble, aux divers textes communiqués par M. Fabre.
Si Ton s'en tient à leur acception primitive, les mots Umogia
et UmogicUus ont toujours. voulu dire émail et émaillé : pourquoi
donc se trouvent-ils d'une application à peu près impossible
dans les textes qui nous occupent? J'en rappelle quelques-uns
en leur donnant ce sens : Umogiatus auro et serico [émaillé d'or
et de soie) ; JUmogiata de serico nigro (émaillée de soie noire) ; cum
odoregits Umogiatis auri (avec huit raies émaiilées d'or) ; et enfin,
et surtout : Ltmogiata cum certo opère facto cum acu ( émaillée d'un
certain travail fait à l'aiguille), sont autant de passag'esqui ne
présenteraient évidemment aucun sens si l'on voulait se ren-
fermer dans l'acception étroite de limogiatus (émaillé). Il me
semble donc évident que ce mot a reçu ici , par extension , une
application nouvelle.
M. de Linas est porté à croire qu'il s'agit d'un travail de bro-
derie en couleur fait à Taiguille, comme l'indiquerait un des
passages cités, et destiné à imiter les chatons d'émail. J'ai men-
tionné plus haut l'exemple fort curieux cité par lui : ce magni-
fique parement d'autel qu'il a vu et dessiné dans la cathédrale
d'Anagni.
Mais ici se rencontre encore l'objection tirée de l'extrême
rareté des objets de cette nature. Il serait bien étonnant que la
Sainte -Chapelle de Chambéry en eût possédé un si grand nombre
lorsqu'on en connaît à peine quelques exemples ailleurs.
Et puis cette interprétation ne me paraît pas même absolu-
ment applicable, elle non plus, à tous les passages de l'inven-
taire dont nous cherchons le sens. Cum octo rcgiis Umogiatis
Quri .• ce n'est pas avec des raies brodées d'or qu'on aurait
PABBlQUéBS A LIMOGES. t57
pu imiter rémail; cum aliquibus parvis limogiis (mri .- ce n'est
pas non plus avec quelques petites broderies d'or qu'on eût
atteint ce but.
L'explication proposée y si ingénieuse qu'elle soit, laisse donc
à désirer. C'est par une autre voie que nous arriverons , j'ose
Fespérer, à la solution que Fon cherche.
Reportons-nous pour cela à remploi de l'émail lui-même dans
l'ornementation des étoffes jadis affectées au service de l'autel.
Comment s'y trouvait-il appliqué? La réponse est facile : c'était
à l'état d'orfroi. Or ne pourrait-on pas admettre que, par suite
de cet usage même, les orfrois d'autre nature par lesquels
on suppléa bientôt à la rareté , à la cherté des émaux , ont fini
par être désignés à leur tour sous le même nom qu'un long
usage avait consacré aux émaux?
Tout bien considéré, je ne crois pas qu'il y ait rien d'exagéré
dans cette extension donnée aux mots limogia, Umogeria, limo-
giatura et Umogiatus, et j'incline d'autant plus à la tenir pour
fondée que, ainsi entendus, ces mots présentent un sens parfai-
tement clair et logique dans tous les passages de l'inventaire de
Chambéry que vous avez bien voulu me communiquer.
On se trouverait ainsi amené à les traduire de la manière
suivante :
4. — Una pala limogiata auro et cyrico (un parement d'autel à
orfrois d'or et d'argent ) .
2. — Una pala ad coperiendtMn dtare , fada c^jon certis auri rigiis et
cyriâ rvbei, sine Umogeriis ( une nappe d'autel à raies d'or et de '
soie rouge , sans orfrois).
3. — AUa pala facta de diversis limogiis per totum longum, de
diverns cohribus qfricorum et diquibtts parvis limogiis auri , irrictior
aliis ( un autre parement d'autel se composant , dans toute sa
longueur, d'orfroisen soie de diverses couleurs, avec quelques
orfrois d'or plus petits (1) ).
4. — Àlia pala de tela alba , limogiata in eœtremitatibus , cum cerUh
opère fado cum acu, more Cypri (un autre parement de toile
blanche, orné sur ses bords de certains orfrois brodés à l'aiguille ,
à la façon de Chypre).
(1) Je laisse ici Virrictior alUs , barbare locution d'une signification.
douteuse, et sans intérêt pour la question qui nous occupe.
158 ÉTOPifBS D*OR ET D'aBGENT
5. — ÀUa pala UmogicUa in exlremitattbus de limogia riigra , fungata
fungits persis et viridibus ( un autre parement portant à ses bouts
des orfrois noirs, et frangé de franges bleues et vertes).
6. — AUa UmogicUa in extremitatibm de cyrico nigro (un
autre orné aux deux bouts d'orfrois de soie noire).
7. — AUa Umogiata eadem tda quasi ruffia ( un autre, égale-
ment à orfrois , et de la même taille , presque rousse).
8. — Unum grenUale de tda, cum octo rigiis Umogiaiis auri , bene
operatum (un grémial en toile, avec trois raies à orfrois d'or d'un
beau travail ].
9. — Due tuelle de tella urticarum, cum six Umogiaturis muUum
bene operatis , in quarum sunt imagines leonum, kopardi et cerut....
(deux touailles en toile d'ortie, avec six orfrois d'un beau
travail, oii sont représentés des lions , un léopard et un cerf).
Je ne sais si la Société admettra la valeur que j'attribue ici
aux mots en question : du moins reconnaîtra-t-elle, je pense,
que , en les interprétant ainsi , on arrive à donner un sens vrai-
semblable à tous les textes précédents.
Peu1>-être fera-t-on observer la diflFérence des substantifs
Umogiœ, Umogeriœ, Hmogiaturœ, employés tour à tour dans l'inven-
taire de Chambéry, et peut-être sera-t-on tenté d'y voir une
nuance intentionnelle, d'y reconnaître, par exemple, l'exis-
tence simultanée dans le même trésor d'étoflFes à orfrois en émail
[Umogiœ) et d'autres en simple imitations d'émail [Umogiaturœ) ,
répondant aux deux variétés dont M. de Linas nous cite des
exemples. Cela nest pas impossible. Toutefois il me paraît
moins hasardé d'y voir tout simplement des variantes du même
mot, comme on en trouve tant dans les textes du moyen &ge,
variantes employées indifféremment pour exprimer une seule et
même chose, comme vitrariœ, vitrintje , verreriœ, dans le sens de
verrières, ou (pour prendre un exemple encore plus immédiat)
comme les mots opus lemovicum , lemovicense , Limogiœ, également
usités pour désigner de l'émail.
Ce nom, donné aux émaux pendant une grande partie du
moyen âge , est connu et accepté de tous les archéologues. La
question aujourd'hui est donc uniquement de savoir si, par
extension , il a pu être attribué également aux ornements de soie
ou d'or appelés à jouer le môme rôle que les émaux eux-mêmes
dans la décoration des parements d'autel et autres linges sacrés.
PABRIQUÉES A LIMOGES. 159
L'étymologie du mot Hmogia ainsi employé n'aurait, selon moi,
rien de plus forcé que celle du mot orfroî lui-môme , auquel il a
fallu évidemment donner également en français une singulière
élasticité pour en être venu à dire « un orfroi en soie brodée ».
Ajoutons que , ainsi compris , le mot Umogiatus caractérise toute
une nature de tissus du moyen âge, ces ornements de toile
blanche à bordure ou dessins en couleur , dont Tusage a été
depuis abandonné par nos églises, et que , à ma connaissance , on
ne trouve désignés dans les anciens textes par aucun autre mot.
Voilà , Monsieur et cher confrère , par quelle somme de motifs
je me suis trouvé conduit à penser que, dans les divers passages
de l'inventaire de Chambéry, il fallait tout simplement traduire
Umogia par orfroi. Ce n'est cependant pas sans quelque méfiance
que je vous soumets cette interprétation. Elle peut rencontrer
bien des objections. Comme je vous l'ai dit en commençant,
je n'ai sous la main aucun des livres, aucune des notes, aucune
des sources d'informations oti j'aurais voulu chercher des
preuves à l'appui de mon opinion. Peut-être serai-je conduit
moi-même plus tard à y renoncer, soit par les objections qu'on
y fera , soit par le résultat de mes propres recherches.
En m'excusant de l'insuffisance du petit travail que je vous
adresse, je prie la Société Archéologique de vouloir bien ne le
considérer que comme un témoignage de l'empressement que je
mettrai toujours à remplir, autant qu'il dépendra de moi , ses
intentions. Je m'estimerais heureux si néanmoins elle pouvait
trouver quelque chose de bon à glaner dans cette lettre, et
surtout si l'honorable président du tribunal de Chambéry pouvait
en tirer quelque parti pour élucider les textes fort intéressants
dont il a entrepris la publication.
F. DE LASTEYRIE.
Paris , le 26 novembre 1863.
Monsieur le secrétaire général ,
Je viens de recevoir de M. de Linas une lettre qui contient
un nouveau renseignement relatif au sujet sur lequel je l'avais
consulté. Je copie ce passage :
160 ÉTOFFES d'or ET D'aRGBNT FABRIQUéBS A LIMOGES.
a Pendant un récent voyage que j'ai fait en Prusse, m'écrit
M. de Linas, j'ai eu roccasion de causer avec mon ami le cha-
noine Bock du sujet dont vous m'aviez entretenu. Ce savant ,
dont le nom fait autorité dans toute l'Allemagne en matière de
mobilier liturgique, m'a assuré avoir vu dans le trésor de la
cathédrale d'Halberstadt des tobaleœ ( touaillesou nappes d'autel)
en linge, brodées et enrichies d* émaux champlevés. Il n'y a donc
plus de doute sur la valeur des termes limogia, limogiatura , etc.,
etc., de rinventaire de Chambéry ».
Ce renseignement m*a paru curieux. Je vous le transmets
immédiatement afin que vous puissiez , si vous le jugez con-
venable, le communiquer à la Société Archéologique. Quant à
moi, je le trouve pourtant moins décisif que M. de Linas ne
paraît le croire, et il ne suffit pas, ce me semble, pour infirmer
mon système. Les touailles ornées d'émaux sont chose si rare
que les hommes les plus spéciaux en cette matière ne sont par-
venus encore à en découvrir que trois ou quatre exemples dans
toute l'Europe. Comment donc admettre , à moins de preuves ,
que le trésor très-secondaire de Chambéry en réunît à lui seul
une dizaine?
N'est-il pas bien plus probable qu'il s'agit de quelque imitation
à laquelle se sera abusivement étendu le nom de limogiatura,
ainsi que j'en exprimais la pensée dans ma réponse du mois
d'août?
Quoi qu'il en soit, j'ai voulu ne laisser ignorer à nos confrères
f^ucun des faits qui pouvaient les aider à se former une opinion.
Recevez , etc.
F. DK LASTEYBIE.
LES PONGET, ÉMAILLEUttô.
Les archives de Limoges , si riches en documents concernant
les aurifabri et les argentarii de cette ville , sont pauvres en ce
qui concerne la famille Poncet.
Les seuls titres anciens que je connaisse font mention , l'un ,
de Ricardiu$ Poncetiu , co/ncarius, rwB Veteris Monetœ, anno 4375 : il
travaillait sur le cuivre; son état s'appelait en vieux français
condner et basHnier; Tautre, de Petrw Poncet, canddarius, rue du
Chidiier (Clocher), Tan 4 483. Ce qui semble prouver que l'in-
dustrie de la fabrication des cierges et chandelles se continua
dans cette famille , c'est ce que nous lisons dans le registre de la
confrérie du Saint-Sacrement de Saint-Pierre-du-Queyroix , &
Tannée 4648, sur les fournitures de François Poncet, ciergier.
Un Léonard Poncet , aussi cirier, exerçait son industrie hors la
porte Montmallier, entre le cimetière des Arènes et le chemin de
Mont-Jovis.
Philippe Poncet, descendant de Pierre (Petrus)^ que je crois
avoif été le père d'Hélie, avait son domicile dans la rue du
Clocher; il se nommait, étant jeune, Philippon (4553). Il était
mort vers 4597, année oii sa veuve, Paule Peyrat, se remaria
avec rimprimeur Martial Barbou.
H. PONCET.
Lorsque je fis la découverte d'émaux signés H. Poncet,
artiste jusqu'alors inconnu, je lui donnai le nom d^Hmry, ce
qui fut répété dans d'autres écrits. Ayant constaté par la suite*
que Philippe Poncet avait donné successivement ce prénom
dHélie à deux de ses fils ; et, suivant l'avis amical de M. Au-
guste Du Boys , qui fouilla les registres de l'état civil de Limoges
162 LES PONCBT, ÉMAILLEURS.
et y remarqua la rareté du nom d*Henry & cette époque, j'ai
cru devoir donner à cet émailleur le nom d*Hélîe Poncet,
perpétué par les enfants de Philippe Poncet , qui , à mon avis , ont
été ses petits-fils. Sans ces considérations on pourrait aussi dire
Hierosme, prénom porté par des orfèvres et argentiers de ce
temps.
M. J. Labarte, au n"" 784 dn catalogue de la collection
Debruges, décrit douze plaques de cuivre de 48 centimètres de
haut sur 4 4 de large. H. Poncet y a peint , en grisaille rehaussée
d*or sur fond noir, les douze Césars à cheval; ses initiales sont
placées au bas des figures de Jules-César et d'Auguste.
A la page 492 de son bel ouvrage, M. J. Labarte, en com-
parant ses émaux avec ceux de Jehan II Limosin, suppose que,
suivant toute apparence , H. Poncet était son contemporain. Les
girouettes d'émail de Solignac peintes par Jean II Limosin,
émailleur de roi, et datées de 4649 , décrites dans notre biogra-
phie des Limosins, viennent confirmer cette hypothèse. M. J. La-
barte reconnaît que H. Poncet a laissé quelques bons ouvrages.
J'ai vu chez des amateurs d'Angoulême dix médaillons des
Césars couronnés de laurier d'un vert éclatant : il manquait
pour compléter la douzaine Jules-César et Domitien. Le revers
ou contre-émail est couleur lie de vin clair.
J'ai retrouvé cette couleur verte et ces couronnes de laurier
dans les ornements d'actes sur parchemin , professions de foi ,
prises de possession de bénéfices ecclésiastiques, qu'il a pu être
chargé de décorer.
M. le comte Léon de Laborde est plus sévère envers
H. Poncet : il trouve sa manière dure, Taspect de ses émaux
sombre et triste, et conclut à une absence complète de golit et
au manque de talent, justifiés par les demi-teintes monotones et
la lourdeur de ses contours ; il parle en ces termes de ses douze
Césars & cheval : « Il n'y a rien à dire de la tournure de ces
empereurs, qui est grotesque, et du dessin, qui est ridicule ;
ils sont assez bien traités sous le rapport de l'émail ». J'ai été
moi-même, à la première vue des œuvres de cet émailleur,
frappé de leur éclat et de leur grande translucidité. On lit sous
les pieds des chevaux HP. F., les deux premières lettres liées;
la troisième est l'abrégé du mot fedt.
Le premier quaït du xvir siècle fut témoin d^un grand évé-
nement , qui donna de l'occupation à nos émailleurs : nous
voulons parler de la canonisation des saints Ignace de Loyola et
LES PONCET, ÉMAILLBURS. 163
François-Xavier, fondateurs de la compagnie de Jésus. Léonard II
et Jehan II Limosin exécutèrent, en Tbonneur de cette solennité,
des émaux dont nous avons fait mention. Les jésuites, qui
avaient pris, en 4599, la direction du collège de Limoges, et
avaient, vingt ans après , douze cents élèves et vingt-cinq mille
livres de rente , firent de nombreuses commandes à nos émail-
leurs. H. Poncet eut aussi part à ces travaux. Il peignit en
couleur un émail carré long de 9 centimètres 4/3 de large sur
43 4/2 de hauteur, que M. Didier Petit de Lyon décrit au n*" 87
(le son catalogue ; on y voit saint Ignace , revêtu d^une chasuble,
tenant en main un livre ouvert dans lequel on lit : Ad majorem
Dei ghriam; au bas est écrit : S. IgnaUus de Loyola; sur le revers ,
H. PonceL J'ai eu Toccasion d'en voir une copie réduite { 84 mil-
limètres de haut, 54 de large). Cet émail a changé quatre fois
de maître en un jour, à Limoges, par suite de spéculations.
Le brocanteur ne m'a laissé que le temps d'y jeter un coup d'œil
rapide. La tête du saint est entourée de rayons dorés; elle est
chauve sur le devant; le reste de la chevelure et la barbe sont
noirs. Saint Ignace est revêtu d'une chasuble de couleur olive,
avec des galons vert et or; les manches blanches de son aube
paraissent au-dessous de la chasuble; de ses deux mains il
soutient un livre ouvert. Mêmes inscriptions qu'au précédent
émail de M. D. Petit; signature H. Poncet sur un revers
incolore.
La couleur olive de la chasuble est contraire aux usages de la
liturgie, toujours respectée par nos émailleurs, et qui ne
reconnaît que le blanc , le noir, le rouge , le vert et le violet pour
les vêtements sacerdotaux. Cela , joint à l'ensemble de l'émail ,
dont le dessin ne ressemble en rien aux autres œuvres de
H. Poncet , m'a laissé du doute sur l'ancienneté de sa fabrication.
Le brocanteur m'a dit, en me quittant, qu'il connaissait
d'autres émaux du même auteur, entre autres une sainte Thé-
rèse et une sainte Madeleine vêtue de bleu.
La collection A. Le Carpentier conserve un émail en couleur.
Ce même saint Ignace y est vu de trois quarts jusqu'à mi-
jambes; il est signé sur le revers, incolore, H, Poncet; 435 mill.
de hauteur, 97 mill. de largeur.
Cette même collection possède un saint Pierre en grisaille ,
peint à genoux , écoutant le chant du coq ; il est tourné vers la
gauche; au bas, à droite, les initiales; revers incolore;
437 mill. de hauteur; 405 de largeur.
164 LES PONCET^ ÉMAILLEURS.
On voyait parmi les objets d'art de M. d'Arjuzon une coupe
peinte en grisaille; dans Tintérieur, des nymphes au bain; à
l'extérieur, des fleurs sur paillon et des rinceaux d'or, le tout
se détachant sur un fond noir ; dans la concavité de la coupe ,
H. P. F.
Un portrait en buste de saint Ignace de Loyola porte sa si-
gnature ainsi tracée : HPoncet (initiales liées).
Deux médaillons en couleur, le Christ et sa sainte Mère ,
portent la date de 4605 et un monogramme formé des lettres
H et P liées ensemble sur un revers rouge pâle , très-ressem-
blant à la couleur du cuivre neuf.
Cette même signature m'a fait attribuer à cet émailleur un
coflEret décoré d'émaux, représentant la chute de Phaéton: c'est
sans contredit son meilleur ouvrage, puisqu'on l'avait cru peint
par Pape l'émailleur.
On voit quelquefois la lettre H surmontée d'une fleur de lis ,
ce qui fait supposer que Poncet avait pu mériter le titre de
peintre émailleur du roi , comme Jehan II Limosin , son contem-
porain.
Sur quatre petits éxnaul octogones de cet artiste, que j'ai vus
au commencement de mes études , deux ne sont pas restés à
Limoges : l'un était un saint Pierre encadré de guirlandes de
fleurs; l'autre, un saint Ignace; tous les deux peints en grisaille.
Je déposai les deux autres au musée de Limoges. Ils sont en
couleur. Le plus remarquable est un Ecoe Bomo, L'exécution de
ce sujet justifie l'originalité de mauvais goût que reproche à
Hélie Poncet M. le comte Léon de Laborde. Le visage et le
corps du divin Sauveur sont couverts de sang et de plaies ;
Pontius Pilatus, fonctionnaire romain à Jérusalem, est coiffé, à
la mode orientale, d'un turban jaune à calotte pointue; lourd
bourrelet, très-avancé sur le front ; il a la barbe noire et pointue
des Jui&; son vêtement, bleu , à collet rabattu , ressemble plutôt
au balandras de nos grands-pères qu'à la toge des maîtres du
monde; il montre du doigt le Christ, couronné d'épines, debout
près d'une colonne, tenant un roseau vert, et les reins couverts
du manteau pourpre. Pilate tient de la gauche un long bâton
à branches tailladées. Au bas du médaillon, en majuscules
dorées : ECCE HOMO.
Le second médaillon représente saint Léonard en dalmatique
bleu de ciel, semée de fleurs de lis d'or, et en aube, vêtements
des diacres. Il tient en main des menottes de fer; sa tête est
LRS POXCET, ÉMAILLEURS. 165
entourée d*une auréole d*or. On voit à droite une prison dont la
porte et la fenêtre sont grillées, et les lignes architectoniques
dorées , une prison d'or! Un captif en chemise, les mains jointes,
à genoux devant le Saint , semble implorer de lui sa liberté , ou
plutôt le remercier de l'avoir obtenue. A gauche, ciel bleu
lointain, arbres, maisons, verdure; au milieu du paysage,
rémailleur a sans doute voulu indiquer le lever de Taurore avec
du jaune et du blanc.
Je ne ferai pas la guerre à H. Poncet sur les fleurs de lis de
la dalmatique : il a partagé une tradition erronée qui faisait
Léonard parent du roi de France : or les rois mérovingiens ne se
paraient pas de fleurs de lis : les abeilles d'or trouvées dans le
tombeau de Childeric étaient, de l'avis des savants, l'ornement
de son manteau royal. Au bas du médaillon, S. Léonard; au
revers , H. Poncet.
En résumé , cet émaflleur signe 0es œuvres en toutes lettres,
ou lie ses deux initiales en monogramme suivi d'un F, ma-
juscule ou minuscule, qui signifie fecii, 11 n'y a pas moyen de
confondre ce monogramme avec le I. P. de Jehan Penicaud. Un
de ses émaux, daté de 4605, et les sujets qu'il a traités de pré-
férence, fixent aux vîngt-cinq premières années du xVii* siècle
l'époque où il exerçait son industrie.
PHILIPPE PONCET.
Les dates des actes s'accordent assez pour qu'on puisse re-
garder comme probable que Philippe Poncet dit Philippon, qui
vivait en 4353 , et laissa veuve sa femme Paule Peyrat en
mourant, vers 4596, fut le père d^Hélie, et que celui-ci eut
pour fils autre Philippe P&ncetp émoiUevr ; nos archives conservent
un plan fait par lui daté de 4653; il perdit, en 4668 et 4669,
deux enfants qu'il avait fait baptiser sous le prénom d'Hélie; il
devait une renie aux jésuites stir sa maison, rue du Clocher, et
sa vigne du clos d'Aureil près les Carmes; il payait, en 4625,
quatre livres de taille, et son frère Simon, trente sous.
Le prénom de Philippe était encore porté, en 4738, par
l'avocat Poncet, domicilié aw môme clos d'Aureil.
Je ne connais aucun émail de Philippe Poncet. M. Alexandre
Lenoir cite un peintre de ce nom dont il ignore la patrie. Comme
Pierre Penicaud, l'émailleur et peintre verrier, signait des
M
166 AUBIFABRI BT ARGENTARll LIMOUSINS.
mômes initiales, un examen approfondi par un connaisseur
exercé pourra peut-être lui faire attribuer celles des œuvres de
ce Pénicaud qui ont entre elles des différences.
De nos jours, un descendant des Poucet a épousé une Courteys,
alliant ainsi deux familles d'émailleurs. 11 existe encore à
Limo«res d^autres branches : les Poucet des Nouailles , les Poncet
des Rieux , et un ancien fabricant de porcelaine de ce nom. Le
savant bénédictin dom Poncet est celui qui a jeté le plus d^éclat
sur c(*tte famille.
LISTE
ÏÏAurifabri et ArgerUarii limousins, dont quelques-uns ont
exercé l'émaillerie jusqu'à la fin du xv* siècle.
Des découvertes récentes m'ont permis de modifier la première
liste que je publiai il y a quelques années : après celle-ci , je
donnerai la liste des orfèvres et argentiers des xvi% xvii« et
xviir siècles, et celle des émailleurs, augmentée de noms
inédits recueillis dans des titres authentiques de nos archives.
vir siècle. — Abbon, maître de saint Éloi ; Elîgius (saint Éloi).
vu* et VIII* siècles. •— Tillo, Theau, son élève; Baudricus ou
Baudericus, idem,
XIII* siècle. — G. Alpaïs (\) ; Bernard I«' Vitalis, père de Jean.
4335- — Aymericus Petrus.
4346. — Christiani Aymericus.
4347. — Johannes I*' Vitalis; Petrus Vitalis.
4348 et 4352. — Johannes Gregory.
4356. — Bartholus (Bartholomeus) Vitalis, jusqu'à 4378-4380.
4362. — Leonardus Vitalis.
4368. — Johannes et Petrus Vitalis.
43S5. _ Bernard Buat.
4389. — Bernard II Vitalis; Jehan Texier.
4396. — Petrus Merceriî, messire Peyr.
(1) Propriétaire, avant 1931, de la terre de las Lessat , près le pré
Vicomtal.
AIJRIFABRI ET ARGENTARIl LIMOUSINS. 167
4IH, — Johannes Mercerii.
U27. — Sire Jehan Boyol ou Boyoul,
1430 — Jehan II Vitalis.
4453. — Jehan Mathcou , Mathieu,
4453. — Jehan Ardentis.
4464. — Jehan II Mercerii.
4468. — Stephanus Joubert; Chabessier dit Marotaud,
Jacques.
4470. — Sire Martial Vitalis.
4 474 . — Johannes III Vitalis.
4472. — Jean et Pierre de Bosto père et fils,
4 473. — Martial Tabalho.
U74. — Martial Guitbert; Pierre Brunet.
4477, — Jean II Grégory.
4480. — Pierre Veyrler.
4484.— Pierre Montgeorge (de); Johannes Peyrocha, fils
d'àimericus ; Aymeric et Pierre Guimbertus , orfèvres de Tabbaye
de Saint-Martial.
U82. — Martial Meyze.
' 4483. — Gav. Ardent; Dyonisius de Crozilla, fils de Jean
Albertus Arditi.
4485. — Johanna Argentiua (?)
4486. — Nicolas Jabessier.
4487. — Stephanus Rodulphi ; Guillelmus de Molendinis;
Jehan Bonnelli ; Michaël Rossati.
4489. — Jehan Chouzy.
4490. — Martial Peyroche, fils de Jehan.
4495. — Léonard dit Nardou Pénicaud.
4496. — Mérigot Guimbert et Pierre, JeanGranier, argentiers.
4497. — Guillaume Granier, son fils.
4500. — Leonardus de Bosco; Petrus Hardy ; Guillaume
Varacheau et Jean, son fils; Guillermus Solompnhat; Martial
Chatard, sans date; La Vincenda, argenteria (?)
Léonard Vitalis, campsor (changeur), 4367.
Maurice ARDANT,
Archiviste de \é Haate-Vlenne , officier d'acadëmle.
Limoges, le 22 avril 1863.
MONNAIES D'ARGENT
DE CARLOMAN II ET DES ROIS D'AQUITAINE.
L'acquisition que je viens de faire d'un denier & fleur de coin
de ce monarque , denier frappé à Limoges , m'a fourni Toccasion
de quelques études sur les rois carlovingiens dont les monnaies
portent le nom de Limoges, si diversement écrit. J'ai pensé que
cette dissertation, qui intéresse notre histoire provinciale, serait
accueillie par vous avec quelque indulgence.
J'ai consigné dans une Monographie numismatique, ou His-
toire monétaire du Limousin et delà Marche, des extraits de
nos chroniques manuscrites, fortifiées par plusieurs écrivains,
que Limoges avait été regardée comme la capitale de l'Aqui-
taine; qu'un certain nombre des souverains de ce royaume y
avaient été sacrés, et que plus tard leurs successeurs, les ducs
d'Aquitaine ou de Guienne , y avaicDt reçu la couronne ducale;
j'ai publié même in extenso le cérémonial de hi solennité de ce
sacre, avec les prières du clergé. Je ne puis affirmer que, pour
tous les rois aquitains, les monnaies frappées à Limoges Taient
été pour être jetées au peuple comme largesses lors du cou-
ronnement : Textrôme rareté des pièces qui sont venues jusqu'à
nous contredirait <;ette assertion. On ne peut conjecturer avec
quelque probabilité de pareilles distributions qu'au sacre
d'Eudes, dont on a découvert et on découvre chaque jour tant de
deniers d'argent portant ces mots : Lemovicas civis. Je me bor-
nerai donc à donner, par ordre chronologique , les légendes des
monnaies carlovingiennes oii figure le nom de Limoges avec
toutes ses variétés.
Les monétaires ou monnayeurs mérovingiens n'avaient em-
preint sur leurs triens ou tiers de sou d'or que les trois forme»
MONNAIES D'aEU;ENT De GARLOMAN II, ETC. 169
suivantes du nom de Limoges : Limovicas, lÂmaoecas et Lermvecas,
et les abréviations Lemo et Lem. Il est à croire que la première
dénomination était la meilleure, puisqu'elle a été gravée par
Abbon , maître de la monnaie, et cehii qui enseigna Tart moné-
taire & Ëligius (saint Éloî)). On lit aussi Umodecas sur une
monnaie d'Ansoinalls, qui paraît toucher, d'après sa fabrication,
à répoque carlovingienne. Le mot de Ummasius du trions décrit
par Petau, et que Lelewel attribue à Poitiers (LemoHum) ^ me
semblerait convenir davantage au Limousin.
Charlemagne, après la défaite par son père du duc d^ Aqui-
taine Waiffre , dernier descendant des rois mérovingiens, frappa
à Limoges une monnaie d'argent avec son monogramme. On y
voit l'abréviation LEM , avec une hallebarde ou francisque.
On connaît une monnaie d'argent au monogramme de Carlo-
man, composé des lettres KARLMS; autour d'une croix, la
légende f H LEMOVIX CIVIS. L'I dans le mot Lemotnx est placé
entre les jambages du V. — La lettre H , qui précède le même
mot, est-elle là pour marquer l'aspiration, comme devant
celui de Ludovicus, qu'on prononçait Cklodovicus, ou bien marque-
t-elle une suprématie de la ville de Limoges comme le C plar.é
devant les mots hildericus, lodoicus, ariberius, hilpericus, lotarim,
abréviations d'un terme franc équivalent à celui de roi ou de
chef? Je ne puis l'afElrmer. Carloman , frère de Charlemagne ,
fut roi d'une partie de l'Aquitaine, et la monnaie que nous
décrivons peut lui être attribuée, vu surtout l'emploi du K. et
la forme de ses légendes, plus ancienne et très-différente de
celles de Carloman 11; mais tous les numismates ne sont pas
d'accord sur cette attribution. Carloman I" n'ayant régné que
trois ans, ses monnaies sont d'une grande rareté.
Louis le Pieux ou le Débonnaire fut fait roi d'Aquitaine à su
naissance par Charlemagne, son père, l'an 778; il fut sacré h
Limoges, l'an 781 , par le pape Adrien I" ; il y séjourna
souvent , et tint les états d'Aquitaine à son palais de Jocondiac ( I )
et dans celui de Ladric , suivant VArt de vérifier les dates, JS'os
chroniques font mention de sa dévotion à saint Martial , à qui il
éleva une église. J'ai trouvé dans les ruines de cette basilique
des monnaies de ce monarque, celles au revers du Temple, et
celles au revers portant les instruments pour frapper la monnaie.
(1) La mumetapalatina fut peut-être frappée dans Tun de ces palais : cô
nom de Palais est resté à la commune dans laquelle il était situé..
170 MONNAIES D'aRCwENT
Louis, devenu roi de France, fit roi d'Aquitaine son fils
Tepin I". Nous avons des deniers d'argent de ce prince sur
lesquels on lit le nom de ce royaume en latin et en patois :
AQVITANIA et AQVITAINA f H PIPINVS REX avec la lettre
aspirative H et les noms de Limoges LIMODICAS et LIMOVIX.
Ces monnaies ont été trouvées à Limoges en divers lieux de cette
ville; on lit aussi sur certaines pièces : Aquitaniorum et Equi-
taniorum rex. Pepîn I*' mourut avant son père ; il avait marié
une de ses filles à Ratier, comte de Limoges.
Pépin II , fils de Pépin I", fut proclamé roi , Tan 839, par
quelques seigneurs d'Aquitaine , qui préféraient lui donner la
couronne plutôt qu'à Charles le Chauve, fils de Judith. M. de
Longpérier a décrit une rare monnaie de ce jeune prince,
portant son monogramme, et la légende f PIPINVS REX
EQuitoniort^m. Il mourut en 865.
Louis le Débonnaire , dominé par Judith , sa seconde femme ,
vint d'Auvergne à Limoges faire prêter serment à tous les
seigneurs d'Aquitaine, ainsi que foi et hommage à son fils
Charles, surnommé plus tard le Chauve, au préjudice de
Pépin II , fils de Pépin I", fils de sa première femme Hermen-
garde. Charles, couronné roi d'Aquitaine à Limoges , y fit forger
des deniers à son nom , dit Leblanc; on y lit, autour du mono-
gramme de Karolus : GRATIA DI REX; au revers, f LIMOVICAS.
MM. F. Fougères et Combrouze en ont publié un qui porte
t LIMODICAS. Charles convoqua les états de ce royaume d'A-
quitaine, en 848, à Limoges. Charles le Chauve fit sacrer roi
d'Aquitaine, l'an 855, Charles, son fils puîné du premier lit de sa
femme Hermentru de. Il régna huit ans. On lit AQ VIT ANIX dans
leohamp d'un de ses deniers , et AQVI-TANIA , AQVI-TANA sur
deux oboles.
Louis le Bègue , l'aîné , frappa aussi des monnaies comme roi
d'Aquitaine; il fut couronné l'an 867, ayant survécu à son frère
Charles IL J'ai recueilli au Doyenné, près du palais épiscopal de
notre ville, une obole sur laquelle on lit f LVDOWIC d'un côté,
et de l'autre AQVITANIA.
Carloman II partagea avec Louis III , son frère , les états de
Louis le Bègue, leur père. Il fut d'abord, en 880, roi d'Aqui-
taine, et l'atelier monétaire de Limoges mit en circulation des
monnaies à son nom, dont on connaît deux variétés : autour
d'un monogramme réunissant les lettres CAROMS: Carlomanrex;
au revers, f LIMOVIX. CI VI., et le beau denier, à la légende
I.
h
DE CARLOMAN II ET DES ROIS d'AQUITAINE. 171
bizarre, devenu ma propriété. Autour d'une croix inscrite dans
un cordon de perles on lit : f GARNOMÂN. REX , légende com-
mençant par un C , et dont TO est très-petit. — Revers : autour
du monogramme de Carloman : f LEMOVX CIV8; un très-petit
I entre les jambages du Y; TO de cette légende est aussi très-
petit.
Un troisième denier n'offre d'autre variété que dans le mono-
gramme. Sur un denier frappé à Arles, on lit : Carlemanus rex;
sur les nôtres : Carloman et Camoman; dans les chartes latines :
Cardomannus. Ce latin des chartes est sur des pièces de fabrique
barbare : Herlimans, Carlaman , Careman , Carlemadoi, Carlenarim,
Nos chroniques manuscrites partagent Terreur d'autres écrivains
qui traitent d'illégitimes Louis III et Carloman, parce qu'ils
étaient fils d'Ansgarde , que leur père Louis le Bègue avait
épousée contre la volonté de Charles le Chauve, et qu'il fut
contraint de répudier : « Louis , filz bastard de Louis le Balbe
[Balbus)^ fust roy auecq Carlomand. Du commencement, ces
deux se portèrent vaillans contre les Normans & Danois , lesquelz ,
auecq grande puissance et forte armée , gastoyent la France , &
ces deux frères enfin moururent par fortune : l'un fut tué par
son cheval , l'autre en poursuy vaut un sanglier, après quatre
ans d« règne ; mais Carloman , pour ce qu'il estoit l'aisné, tient
le rang des roys par sus l'autre. » Le Promptuaire des médailles ,
Gaguin , le Dictionnaire de Juigné , disent, après avoir parlé de
Carloman : « Auxquels succéda son fils, quelque deux ans
après environ, l'an de grâce 884 ». Gaguin le nomme Ludovicus
nihil faciens.
On lit dans nos chroniques manuscrites : « Couronnement
d'Eude ?"•• du nom à Lymoges, soubz Louis & Carloman, roys
de France, l'an 884.
» Le roy Raymond de Provence ayant fait retirer lempereur
Richard , qui lui estoit venu donner secours, auecq sa fille & sou
filz Charles, en Vienne, qu'il tenoit paisiblement à cause de
Bistride, sa feme, le pays de Sauoye & Prouence auecq la plus
part de Bourgougne, tant pour raison de ses prédécesseurs que
de la comtesse Jue , fille de Richard , duc de Bourgougne , que
son filz Eudeauoit espousée, lequel tenoit la comté d'Angiers
auecq la plus part des douze comptes d'Aquittaine, que le roy
Pépin auoit donné en appanage à Griffon, son frère, dont ledit
royaume estoit descendu. Pour ceste cause, ledit Raymond
enuoyat son filzEude gouuerneur d^Aquitaiue, lequel fust receu
172 MONNAIES r/ARGENT DE GARIjOMAN 11 , ETC.
par les princes & barrons du pays, & appelé roy d^Aquittaine , et
coronné à Lymoges par Rodulphe, arcbesuesque de Bourges, qui
depuis, par sa saincteté de vie, fust mis au cathalogue des
Sains , resplandissant par miracles.
» Eude, qui fust monarque de France (plus tard), fist battre
monnoie de son nom & armoiries tant & Lymoges qu*ailheurs,
jouyssant entièrement du royaume de France , qu'il restitua à
Charles le Simple. Il gouverna l'Aquitaine unze ans. 9
Les monnaies d'Eudes frappées à Limoges ont été long-temps
rares : on en a découvert une certaine quantité de nos jours. On
lit sur les deniers d'argent : ODO dans le champ : les 0 sont cru-
ciformes, ainsi que sur les monnaies de Turenne; en légende:
GRATIA DI. -Au revers: LEMOVICAS ou LEM0DICA8 CI VIS ;
sur la maille ou obole : LEMOVICAS. Il y a des pièces, mal
frappées, où TO cruciforme est remplacé par une croisette , et les
mots défigurés.
Suivant nos chroniques, « l'an 920, Charles le Simple vouUut
recouurer les terres d'Aquittaine, parquoy vint & Lymoges ou
sy fist couronner roy par Oauttier, archeuesque de Sens , dont
s'esmeut grand guerre, qui dura deux ans. Allors fust
supprimée la comté de Lymoges, & unie à la couroune de France
par la rébellion du vassal contre son seigneur, et depuis ny a
eust de comte. »
Un auteur du xi* siècle donne à Eudes un fils nommé Amoul ,
qui prit , après la mort de son père, le titre de roi d'Aquitaine,
mais qui lui survécut peu.
Mauricb ARDANT,
Archiviste de la Haate-Vlenne , ofBcler d'académie.
Limoges» le 31 octobre 1862.
PLOMBS HISTORIÉS
TROUVES DANS LA SEINE
ENSEIGNES DE PÈLERINAGES
MEREAUX DE CORPORATIONS
INTÉRESSANT DES SAINTS LIMOUSINS
M. Arthur Forgeais, président de la Société de Sphragistique
de Paris , dont j'ai eu Thonneur d'être un des membres fonda-
teurs , a publié , en deux gros et beaux volumes , les descriptions
de plombs historiés trouvés dans la Seine. J'ai cru pouvoir lui
emprunter ceux qui ont rapport à nos deux Saints limousins
Éloi et Léonard.
Page <0. — Plaque carrée représentant EUgius forgeant sur
une enclume, et recevant une bougie roulée d'un personnage
placé devant lui. Près de l'enclume, un cheval. Notre Saint
était invoqué pour les maladies des chevaux- : dans l'ancien
missel d'Amiens, on lit cette strophe d'une prose du jour de sa
fête :
Qui non negas opem brutis ,
Auge nobis spem salutis.
Cette enseigne peut remonter à la fin du xiii* siècle. Nous
avons, dans l'histoire de notre pays, des exemples de ces
longues bougies fabriquées en des temps malheureux pour
être offertes aux églises: une, entre autres, faisait le tour des
174 PLOMBS uisToiués
murailles de la ville, assiégée par Henry le Vieux, roi d'Angle-
terre. On lit au haut de cette plaque : ELIGIVS.
Page 42. — Autre plaque carrée plus grande, et surmontée
d*un fer à cheval au-dessous duquel on lit la légende SIGI-N.Vm
SanCtl ELIGII. Les personnages sont placés sur ce plomb dans
une disposition différente : le Saint, à gauche, frappe sur
Tenclume; celui qui lui oflFre la bougie roulée est au milieu; le
cheval , sellé, est à droite; au-dessus, du même côté , un ange
informe présente un vase ou un encensoir. Trouvée, en 4850, au
pont Saint-Michel.
Page 43. — Plaque plus petite, carrée, avec des anneaux
adhérents aux quatre coins pour fixer l'enseigne [signum). Les
caractères de la légende, par la maladresse du graveur, sont
empreints à l'envers : f ELIGIVS. Un autel est placé au milieu
du champ, et, dessus, un calice de forme antique avec une
hostie; adroite, notre Saint, en habits pontificaux, la mitre en
tête, tenant la crosse d'une main et un rameau de l'autre; à
gauche, le personnage qui offre la bougie roulée; devant lui,
deux béquilles. C'est une grossière représentation du miracle
que fit saint Éloi à l'abbaye de Saint-Denis en guérissant un
homme perclus de tous ses membres; miracle raconté dans sa
Vie par saint Ouen. — Trouvée au Petit-Pont en 4856.
Page 89, 2* volume. — Méreau rond du xiv* siècle, trouvé,
en 4858, au pont Notre-Dame. Saint Éloi, mitre, revêtu d'orne-
ments épiscopaux, assis, bénit de la droite, et tient un marteau
de la gauche; dans le champ, une clef. Au revers, un fer k
cheval percé de six trous; autour, trois étoiles et une fleur de
lis. La clef semble indiquer une association des serruriers avec
les maréchaux ferrants.
Les maréchaux de Limoges avaient pris saint Éloi pour leur
patron à cause de l'enclume et. du marteau, instruments qui
leur sont communs avec les orfèvres, et par suite de nombreuses
légendes. L'auteur de cet article possède une peinture sur vélin,
de 4618, représentant ce Saint, et la liste des maîtres maré-
chaux (de 4646 à 4633) de Limoges.
Page 90. — Variété du même plomb. Le Saint est assis, la tête
nimbée, et, au revers, un fer achevai d'une forme particulière,
percé de cinq trous carrés, accompagné d'un ciseau de maréchal
ferrant. Ce méreau du xv siècle, trouvé, en 4859, au Pont-au-
Change, n'offre aucune trace de légende.
TROUVÉS DANS LA SEINE. 175
Page 420. — Médaillon rond. D*un côté, saint Éloi debout,
tenant une balance; la tête entourée d'une auréole : on lit
autour : S. ELOT; à ses pieds, adroite, une selle; au revers, le
même Saint, taillant, avec une berminette, un collier de
cheval posé sur un billot , et la légende Aulx Maîtres et Compa-
gnons selliers. — De la fin du xv* siècle. — Trouvé, en 4855, au
Petit- Pont. C'est une traduction fautive du mot sella, siège, qui
a fait regarder saint Éloi comme sellier.
Page 423. — Le môme Saint, en chasuble, mitre, tenant
d'une main un marteau , avec la légende saint Éloi. Au revers ,
deux clefs liées par un cordon. — Plomb*du xvi* siècle, trouvé ,
en 4858, au Pont-au-Change. Corporation des serruriers de
Paris : ceux de Limoges ont saint Pierre pour patron.
Page 4 58. — Variété d'un travail barbare. Saint Éloi , assis
sur un siège antique, la tête couronnée, frappe d'un gros
marteau une petite enclume ; la bougie roulée lui est présentée
par un homme à cheval , dont la coiffure tient du nimbe et de
la casquette. On lit en légende : SCS. ELIGIUS. — Plomb du
commencement du xiv* siècle, trouvé, en 4862 , au pont Notre-
Dame.
Page 459. — Plaque; variété d'un travail moins barbare.
Saint Éloi, assis, frappe avec un marteau un fer à cheval placé
sur une enclume; à gauche, un personnage, dçnt on ne voit
que le haut du corps, présentant le rouleau de bougie , dont le
commencement est déroulé; au dessous, un petit cheval. Lé-
gende : S. ELIGIUS. — Plomb du xiv siècle , trouvé , en 4 860 ,
au pont Notre-Dame.
Page 460- — Plaque avec fronton; variété qui représente
saint Éloi revêtu des ornements épiscopaux, avec la mitre et la
crosse, bénissant delà droite; au milieu, un calice de forme
antique sur un bloc de bois; à gauche, agenouillé sur un
marche-pied où se voient trois clous , le personnage offrant la
bougie déroulée en partie , dans un sens différent de celle de la
précédente plaque ; profil d'une tête de cheval ; sur le fronton ,
en caractères rétrogrades, la légende SIGNUm SCI ELIGIL —
Plomb de même date que le précédent, ^trouvé au même lieu
en 4862.
Page 464. — Même composition que celle de la page 460. La
plaque est plus grande, et le dessin en est moins grossier.
Mêmes détails que dans le dernier article.
176 PLOMBS HISTORIÉS
Page 162. — Plus petite plaque, surmontée d'un fer à cheval.
Au-dessus de la légende S. ELOVIS ou ELOUIS, le Saint forge
un fer achevai sur Tenclume; un pèlerin, à gauche, présente
une torche à plusieurs mèches; dans le bas, petit cheval sellé et
bridé. Ce plomb , du xiv siècle , fut trouvé , en 4862 , au Pont-
au-Change.
Page 463. — Fragment de plaque. Les personnages y sont
dans un ordre opposé. Le Saint, à gauche, forge une coupe. Le
pèlerin, à droite, offre la bougie roulée, et le cheval touche au
bloc de bois.
Page 164. — Sachet tond, avec deux anneaux à son orifice.
D'un côté, le Saint, assis, forgeant, etThomme à la bougie
roulée; le tout entouré d^une bordure ronde; au revers, le
Saint debout, avec sa mitre et sa crosse, bénissant de la droite
l'homme à la bougie,/que suit un cheval dont on ne voit que la
tête. — Œuvre deja fin du xiv siècle, trouvée, en 1862, au
pont d'Arcole.
Page 165. — Variété de la plaque où le Saint guérit un
boiteux. On lit en légende : f ELIGIUS; empreinte à rebours.
—Enseigne du xiv* siècle , trouvée, en 1856 , au petit pont Saint-
Charles.
Page 166. —Fragment d'une plaque où on lit :.... IGGIVS.
On y voit la tête du pèlerin et la bougie déroulée.
Page 167. — Plaque ornée de trois pointes au-dessus de la
légende S. ELIGIUS. C'est encore la guérison du boiteux , placé
entre deux béquilles, coiflFé d'un chapeau très-singulier, et
offrant la bougie déroulée en partie ; entre lui et le saint évoque,
le billot, l'enclume et un fer à cheval; saint Éloi, mitre et
tenant la crosse, donne la bénédiction delà main droite. —Plomb
du XIV* siècle, trouvé au pont d'Arcole en 1862.
Page 168. — Plaque carrée, autre variété d'un travail meil-
leur.fLe saint évêque est beaucoup mieux dessiné. Au milieu ,
un autel, sur lequel est placée une custode d'où sort une
hostie; une femme boiteuse avec deux béquilles, et coiffée d'un
chapeau à la mode des Bourbonnaises, présente la bougie
roulée ; légende : f ELIGIUS : la seconde lettre est renversée. Il
reste un anneau èi l'angle inférieur de cette plaque endom-
magée, qui date du xiv* siècle, et qui fut trouvée, en 1860, au
pont Notre-Dame.
TROUVÉS DANS LA SKINE. 177
Page 1C9. — Variété du même sujet, exécuté en sens con-
traire. Le saint évêque dépose une hostie dans la custode placée
sur Tautel ; la femme boiteuse, entre ses deux béquilles, offre le
cierge roulé ; sa coiffure , mal rendue sans doute , ressemble à
deux cornes. La légende barbare EILEL.. est coupée en deux
par une gerbe. — Enseigne de la fin du xiv« siècle, trouvée, en
4862, au pont d'Arcole.
Page 470. — Plaque carrée , plus grande, et offrant de singu-
lières combinaisons. La légende est inscrite dans le cadre de
renseigne; on lit : f NUM (pour signum) SANCTI ELIQII
NOVIOMENSIS; et, malgré le nom de Noyon, qui rappelle sa
Tille épiscopale, le Saint est représenté assis dans son atelier, et
frappant Tenclume de son gros marteau. Le boiteux, tête nue,
presque chauve, conserve une mèche de cheveux en aile de
pigeon, mal rendue dans les autres plombs. Il tend sa main
droite vers la gauche du Saint. Devant lui , deux béquilles
croisées; derrière, le cheval bridé, dont les oreilles se portent en
avant. La porte de Tatelier est ouverte, et un objet ressemblant
à un vêtement plié dont une manche s^échappe est attaché au
mur. — Plomb du XI v« siècle , trouvé , en 4862 , au pont d'Arcole.
Enfin une statuette de bois, malheureusement endommagée
( le bras gauche manque) , représente notre Saint vu de face ,
assis, la mitre en tête, et revêtu des ornements sacerdotaux. Un
grand fer à cheval , percé de six trous, est placé à sa droite sur
son siège , et sa main tient un rouleau. Le marteau était proba-
blement dans la main cassée.
On voit par toutes ces enseignes, qui intéressent la paléo-
graphie comme la numismatique, que les maréchaux de Paris
étaient plus dévots à saint Éloi que les orfèvres de cette capitale ,
dont on n'a trouvé aucun médaillon. Peut-être faut-il recon-
naître que les maréchaux étaient plus nombreux, ou que, les
orfèvres n'employant que des métaux précieux, leurs œuvres,
mises au creuset, ont disparu.
De nombreuses corporations d'orfèvres , et nos émailleurs, qui
exerçaient aussi l'orfèvrerie, ont représenté saint Éloi en évêque,
tenant une crosse et un marteau. Quelques-uns y ont joint des
balances. La corporation de Cambrai a surenchéri sur toutes les
autres dans ses armes : le saint évêque apparaît au milieu d'une
gloire avec ses attributs ; au bas de l'écusson , une table élé-
gante est couverte de vases sacrés et d'une aiguière entre un
fourneau portatif et deux maillets.
178 PLO!^iBS HISTORIES
Les peintres sur verre et les enlumineurs de parchemins ont
consacré leur talent à retracer des faits de la vie de notre Saint.
Je vous fais grâce de la légende peinte sur un vitrail allemand ,
légende apocryphe , répétée dans une miniature, par laquelle |i
saint Éloi aurait été puni d*un excès d'amour-propre par une
leçon que lui donnèrent Jésus-Christ en personne et saint
Georges. Je ne dirai qu'un mot de son apothéose, peinte il y a
environ sept cents ans. Le saint évêque y est représenté debout
entre deux moines de Solignac à genoux; une main céleste
semble l'inviter èi quitter la terre.
En résumé, saint Éloi fut monétaire, aurifaber ou orfèvre et
émailleur; qb a joint à ses talents ceux du sculpteur et du
ciseleur, utiles à Torfèvrerie, Les corporations de maréchaux , et
par suite celles de vétérinaires , l'ont pris pour patron , en se fondant
sur des légendes , ainsi que les selliers, comme je l'ai dit , par une
explication abusive du mot latin seUa, qui signifie siège. Le
fameux fauteuil ou la chaise de Dagobert, qui fit tant d'honneur
à son habileté comme à son désintéressement, en est sans doute
la cause.
Ces légendes du reste eurent d'autant plus de créance que
l'Église les adopta en les insérant dans les proses de ses offices.
En voici un exemple :
Oriundus Lemovicis
Agens fabricœ studium ,
Omnem vlcit auriflcis
Sculpturam et ingenium .
Miramur in Bllgio
Pastorem , fabrum , medicum ;
In triplici mysterio
Tria commandant unicum.
Nous ajoutons à ces deux strophes un distique latin où^
malgré la concision qui lui est imposée , se trouvent réunis tous
les titres de gloire de notre illustre Eligius :
Aurifaber, prœsul , divus, struit» instruit, implet,
Vasa, gregem, terras, celte, docendo bonis.
Je dois indiquer, en terminant , à ceux qui voudront faire en
grand l'iconographie de l'immortel artiste, que j'ai à peine
TROL'VKS DANS LA SEINE. 179
esquissée, ie tryptîque en bois de Téglise de Crocq, où Ton voit
la vie de saint Éloi peinte en plusieurs tableaux , accompa^és
de quatrains explicatifs, ainsi que le poème sur les miracles de
saint Éloi, illustré de curieuses miniatures, publié par notre
correspondant de Noyon M. Peigné de La Cour.
Je remets à une autre séance la description des plombs et
médaillons frappés en Thonneur de saint Léonard.
Maurice ARDANT,
Archiviste de la Haute- Vienne, officier d'acadëmie.
Limoges, le 31 juillet 1B63.
ENSEIGNES
DE CORPORATIONS OU DE PELERINAGES
AGNUS DEI
ET MÉDAILLES BRACTÉATES LIMOUSINES (1)
Jo continue, Messieurs, grâce à quelques obligeantes com-
munications , de vous entretenir de ce que j'appelle les opuscules
de nos orfèvres.
Sur un petit carré de cuivre, entouré d'une bordure, est
inscrit un cercle en grainetis, au milieu duquel est gravé en
repoussé saint Léonard vu de face, la tête ceinte du nimbe ou
auréole des Saints. Il tient un livre d'une main et un fruit de
Tautre; deux personnages sont placés à sa droite et à sa gauche,
dont l'un tient deux menottes; sous les pieds du Saint, qui sont
recouverts par sa tunique , un très-petit écusson.
Médaillon rond, de travail aussi ancien, et même métal :
saint évoque tenant une croix processionnelle, et bénissant de
la droite ; une femme agenouillée devant lui , dont la tête ,
coupée, est portée entre les deux mains; fleurons à droite et à
gauche dans le champ. Autour, en belle écriture gothique,
cette légende : Sancte MariiaUs, ara pro nobis.
Un autre médaillon de même grandeur, également bractéate ,
représente le même saint Martial, en buste de face, au milieu
du champ; un léger nimbe entoure sa mitre, et cinq fleurons
remplissent le vide du champ. — Autour, la légende gothique
a) Voir T. XII, p. 159.
ENSEIGNES DB CORPORATIONS, ETC. 181
Sancte Marcialis (sic) , ora pro fwbis. — Ces deux pièces ont été
dorées.
Après ces trois pièces , dont les caractères des légendes accu-
sent une haute antiquité, je signalerai une médaille ovale
frappée du poinçon de Léonard Penicaud dit Nardou Témail-
leur, le monogramme formé des lettres L. et P., Léonard
Penicaud. 11 représente un évoque mitre vu de face; un grand
nimbe entoure sa tête; il tient sa crosse de la gauche. Le travail
en est si grossier qu'on ne peut dire si ce sont des béquilles
croisées, ou son étole, qui sont figurées sur sa poitrine;
à gauche , une bourse ou un vase informe. Ce pourrait être saint
Loup, évoque de Limoges. Cet Agnus Dei serait de la fin du
XV' siècle.
Un autre médaillon , rond et plus grand, découpé à jour, re-
présente , dans le champ , un guerrier armé de toutes pièces ,
montant un cheval couvert de fer. 11 foule aux pieds de son
coursier un dragon, quMl perce de sa lance; une guirlande,
formée de lis et de quintefeuilles , encadre élégamment cette
composition , dédiée à saint Georges.
Petits médaillons ronds : variétés des saints Gaucher et
Faucher, prieurs d'Aureil.
Variété de la sainte Face.
Trophée des instruments de. la Passion.
Buste en profil de la sainte Vierge.
Denier d'argent bractéate de la ville de Limoges.
Médaillon rond , présentant une tête de face à longue barbe et
longue chevelure , qui ne peut être que celle du Père éternel :
cette pièce est inédite et rare.
Agnm Dei ovale, bractéate, sur lequel on voit un moine tenant
d'une main une crosse , et de l'autre un oiseau ; sa tête est ceinte
du nimbe circulaire; dans le haut, un mot peu lisible : saint
Fiacre (?) , patron des jardiniers.
Grand médaillon , variété du saint Roch : un ange touche la
plaie de son genou.
Petit médaillon rond : un saint moine y est agenouillé , la face
tournée vers une lumière céleste, les mains tendues. Les initiales
S. F. nous font penser que c'est saint François d'Assise, sous l'in-
vocation duquel était une église de Récollets à Limoges , où se
réunissait la corporation des chirurgiens de cette ville.
Médaillon o\ aie bractéate, oii est empreint l'agneau de saint
43
l^i2S ENSEIGNES DE CORPORATIONS
Jean-Baptiste, avec la croix et la bannière. C'était remblème
favori des pénitents blancs de Limoges.
Variété de saint Léonard : le Saint est seul , tenant des menotes.
Médaillon ovale, représentant une sainte martyre portant une
palme.
Un des plus remarquables de ces Agnus Dd bractéates est
celui qui donne le dessin d'un ostensoir ou Saint-Sacrement, de
forme antique : il est placé sur un pied très-bas ; Thostie sainte
est enfermée dans un cadre carré, tandis qu'il est rond de nos
jours ; il rappelle celui qui fut sculpté sur une des façades de
réglise de Saint-Pierre-du-Queyroix en souvenir de la célèbre
confrérie du Corps-de-Dieu de cette paroisse, dont nous possé-
dons un si curieux livre de comptes, enluminé par nos plus
habiles émailleurs vers le milieu du xvi« siècle.
Je pourrais ajouter à cette liste d'enseignes de confiréries deux
jolis médaillons en émail fond blanc, sur lequel l'artiste a peint
deux pénitents feuille-morte, à genoux, et tournant leurs
regards vers leur patronne , sainte Madeleine , environnée d'une
gloire céleste. Au revers, un diacre tenant une croix (saint
Etienne de Muret?) : le nom de Témailleur n'y est pas inscrit. —
Deux médaillons de forme semblable sont en ferblanc peint;
on y voit deux pénitents bleus prosternés devant saint Jérôme ,
patron de leur confrérie.
Quant aux statuettes ou figurines en demi-relief, j'ai re-
marqué un saint moine évêque, dont la tête manque, avec les
lettres S. Â. saint Amand, ou sairU Aurélien, ou scàtU Yrieix
(Areditis); un saint Sébastien , dont le corps, dépouillé de ses
vêtements, est percé de flèches, et qui était invoqué avec saint
Koch en temps de peste. Cette figurine est d'un dessin conforme
à la statue de saint Sébastien qu'on voyait sur une des façades
de Saint-Pierre, paroisse de la confrérie des saints Roch et
Sébastien.
Figurines de sainte Susanne , mère de sainte Valérie, les mains
jointes; au bas S. S.
Figurine d'un saint martyr : S. C.
Autre variété de saint Roch , tenant un bouclier et une lance :
— sancte Roche.
Saint Christophe portant l'enfant Jésus. Ce Saint avait une
église paroissiale à Limoges sous l'invocation de saint Jacques
ou saint James et saint Christophe. Une léproserie ou maladrerie,
près du ruisseau d'Aigueperse aux Casseaux, portait ce nom.
ou DE PÈLERINAGE. 183
Enfin une croix en demi-bosse , avec Tinscription INRI et la
couronne d'épines , le tout découpé à jour : c'était l'emblème des
pénitents noirs, fondés à la fin du xvi* siècle par Bernard
Bardon de Brun. Leur chapelle était au bas de la ville , dans une
exposition au midi , et les vignes qui l'entouraient avaient une
réputation parmi les habitants de Limoges.
Je conclus de ces recherches, qu'on trouvera peut-être minu-
tieuses, que les orfèvres de Limoges avaient un grand débouché
de ces petits ouvrages dont on ornait les chapelets des dévots et
des pénitents.
Cette industrie de l'orfèvrerie était considérable h Limoges ,
comme nous le prouverons par une nouvelle liste de ceux qui
Texerçaient au xvi* et au xvii' siècle ; nous publierons cette liste,
dont les noms ont été recueillis dans les actes de nos archives, et
nous terminerons cette notice par un proverbe patois , qui , té-
moignant de l'orgueil de nos artistes , ridiculisait ceux de leurs
confrères étrangers moins favorisés de la fortune : « Loû orfwrey
de Bourges ne chaoumein mâs faouto d'eytoffo ».
Maurice ABDÂNT,
Archiviste de la Haute-Vienne , Officier d'acaddmJe.
Limoges, le 27 novembre 1863.
TERRIER
DE L'ÉGLISE DE BEAUMONT
PRES PEYRAT
M. Pinot de Moira, avocat à la cour impériale de Limoges,
possède et a bien voulu me communiquer un manuscrit qui m'a
semblé mériter l'attention de la Société Archéologique et Histo-
rique du Limousin , et dont Tinsertion au Bulletin de cette
Société a été autorisée. C'est un terrier de la petite église de
Beaumont près Peyrat-le-Château , que presque tous nos anna-
listes ont passée sous silence, et dont l'abbé Nadaud [Pouillé ,
mss. du grand séminaire de Limoges ) nous dit seulement que
c'était une cure de trois cent soixante-dix communiants , dépen-
dant de l'archiprêtré d'Aubusson, au revenu de 402 livres, et à
la collation de l'évêque de Limoges en 4563, du chapitre d'Ey-
moutiers en 4558, 4563, 4588, 4629, 4653, 4660,4690,4746,
4727, 4762. Il ajoute que l'église était consacrée à saint Pierre
apôtre.
J'avais d'abord le projet de n'éditer que les deux transactions
de 4207 et 4444; mais il a paru au comité de publication que le
surplus du terrier présentait , par les noms de lieux qu'il in-
dique, un intérêt suflisant pour en justifier l'impression. Je
donne donc le manuscrit dans son entier (4).
(1) J*ai donné en note, autant que cela m*a été possible, les noms
actuels des mas et borderies. Étranger au canton d'Eymoutiers, je n'ai
pu faire ce travail qu'à l'aide de la carte et des tableaux de recensement.
Lorsque ces docunients m'ont fait défaut , soit que les lieux cités aient
disparu, soit que les noms des hameaux et villages aient été trop large-
ment défigurés , je me suis abstenu.
TBRRIBB DE L'ÉGLISE DE BEÀUMONT. 18«S
Il est sur vélin, et comprend huit feuillets de 34 centimètres
de hauteur sur 26 de largeur, écrits au recto et au verso. L'écri-
ture est une minuscule gothique accusant le xv* siècle. Les
lettres initiales des alinéas sont alternativement bleues et rouges,
en majuscules gothiques. La lettre S qui commence le manuscrit
est soigneusement ornementée, et enluminée vermillon, bleu et
or. La lettre S qui commence la deuxième partie du terrier est
bleue et rouge, et porte à l'intérieur, en minuscules, le nom
Stephanus de Campis.
J'ai cru devoir respecter l'orthographe , très-souvent vicieuse ,
du terrier et ses nombreuses fautes de latinité. J'ai seulement,
pour la commodité des lecteurs , rendu la ponctuation un peu
plus abondante qu'elle ne l'est sur le manuscrit , et supprimé les
abréviations.
Joseph BRUNET.
Norembre 18C3.
Sequitur terrarium reddituum, provenctuiim et decitnarum ecclesic
Bellimontis prope Peyracum (1) , factum in tempère domini Stephani de
Campis, capeUani ejusdem ecclesie Bellimontis , notarii publici; de quibus
redditibus, censibus, proventibus et decimis fuit in bona possessione et
sazina tempore et ante tempus ex que fecît ûeri priscus terrarium et per
xcem annos ante quod scriptum die.
Et primo est et fuit in possessione bona paciôca ecclesia prcdicta de
BeUomonte, et capellanus ejusdem., levandi décimas inferius declaratas
racione ecclesie sue Bellimontis presenti anno , et eciam per tempera prcte-
rita quo fuit capeUanus dominus Stephanus de Campis.
Bt primo omnes décimas de Vergnotz , omnium bladorum excresencium
in eampis , et eciam lane spectat ut supra ecclesie omnino.
Item, in duobusmansis de Vergnotz, unum sextarium frumenti ren-
dualem, ad mensuram de Pcyraco, racione décime ortorum, et cum
predicto sextario frumenti tenenciarii mansorum predictorum de Vergnotz
non tenentur solvere ecclesie neque capellano decimam fructuum excres-
oeDoium in ortis.
Item , décima mansi de La Chapela Talhafer (2) existcntîs in pcrtinenciis
mansi deÂxiol, omnium bladorum, siliginis, frumenti et aveue, et eciam
(1) Les noms de lieux D*ont pas de majuscules au manuscrit.
(2) Peul-élre La Chapellc-Taillefer. chef-liru de commune dans la (rcusii,
d*abnrd simple vicairic, cl plus lard {VM\) siège d'une é|»Iise colli^gial»*. Toutes mes
recherche» eu ce qui concerne Axiol sonl reslôos uifruriueuses.
186 TERRIER DE L'BGLISE DE BEAUHONT.
lano. Johannes de Chasteauoort tenet dlctum mansum de la Chapela
Talhafer cum omnibus pertinenciis suis.
Item, décima videlicet medietas mansi de (1), siliginis . frumenti
et avene, et medietatem eciam lane.
Item, décima mansi de Chavan, omnium bladorum, siliginis, fru-
menti etavene » nec non lane, de qua quidam (2) décima fuit debatum in
curia domini officialis inter dictum capellanum et Petrum Medici , tenen-
darium dicti mansi de Cbayan , et fuit prolata sentencia per dictum offi-
cialem contra dictum Medici et ad utilitatem ipsius capellani et cj^iB
eodesie prima die juridica post festum pasche, anno domini
ii«» cccc» xixo.
Item , décima mansi deou Mas Oublanc, omnium bladorum eciam cum
lana. Recognicionem premissorum fecit Johannes Fabri, tenciarius predicti
mansi , coram domino Johanni Pichardi, canonico Ahenti monasterii CS) ,
BOtario apoetolico et inperiali.
Item , décima de Bellomonte, duarum bordariarum deux Rochafortz et
deux Meges, eciam est ecclesie predicte de Bellomonte, quia de predicta
décima eciam fuit prolata sentencia per dominum ofGlcialem lemovi-
eensem contra Petrum Medici , tenenciarium predictarum bordariarum »
ad utilitatem capellani predicti et ejus ecclesie, die et anno predictis.
Item, omnis décima mansorum de La Varelha (4], item de La Viatà,
per integrum omnium bladorum et lane.
Item, medietatem décime diyemals (5), omnium bladorum, lane et
frumenti.
Item, in manso deu Pogol, sito in pertinenciis de Villamoguana (6).
Tidelicet inter dictum locum de Villamoguana, ex una, et mansum deu
Boueyt, totam decimam bladorum et lane per integrum.
Item, in manso de Villamoguana , decimam lane per integrum.
Item , in mansis de Pers (7) , lo sobra e lo sotra , totam decimam lane.
Item , in manso de Fumoza (8) , totam decimam lane.
Item , in manso dou Mazals (9), totam decimam lane.
Item, in manso de Cbampainhac (10) , videlicet in campo qui est supra
guanam (11) de Planchaneyro, decimam medietatem campi predicti a
tribus arboribus versus guanam predlctam, ratione novaliorum, quod est
(I) Ce nom de lieu a été soigneasement gratté au maoïuerit.
(S) 11 ftut éridemment quidem ou quondam; mais le maDUScrit porte bien
quidam.
(3) Eymoutiers.
(4) La Vareilie, commune de Beaumont.
(5) Hivernaud , commune de Beaumont.
(6) Villemonjeanne , commune de Beaumout.
(7) Perl , commume de Beaumont.
(8) Fumeuse , commune de Beaumont.
(9) Le Maieau, commune de Beaumont.
(10) Ghampagnat, commune de Beaumont.
(II) Gane est un mot tout limousin : il signiGc d'habitude un marais , la queue
d'uD étang, un vivier, etc.
TERRIER DE L'ÉGLISE DE BEAUMONT. 187
Andrée de Champainhac , lllii quondam Pétri de May, et fuit in bona
pofisecione.
Item, omnesdedmas novaliorum, podlorom et pratorum tocius nostre
parrochie BeUimontis.
Item, in manso de Villamogaana, novalia nemorum. Item podii qui
est subtus levatam a parte podii de Barenta.
Item , in et super quarterio magme décime Johannis Quintini , m sexta-
rics et eminam siliginis renduales.
Notum sit omnibus, universis et singulis, capellanis seu rectoribus
ecclesie BeUimontis atque parrochianis ejusdem quod cum debatum et
questionis materia verteretur inter dilectum in Christo dominum Petrum
Ousudre , rectorem dicte ecclesie de Bellomonte et canonicum Ahenti (1) ,
et parrochianos dicte parrochie de et super literis matrimoniorum .
nubciis, sepulturis, terracgiis, extrema unxione, aniversariis, atque
baptismis, die bodiema infra scripta talis compositio intervenit et fuit
&cta ad evitandum questionem et debatum in futurum : yidelicet quod
capellanus débet et tenetur tradere licteram matrimonii, sive licentiam ,
cuilibet filie quum recedit a parochia, cum xii denariis. Item, quum
fllius alicujus dicte parrochie recedit exira dictam parrochiam pro se
maritando, cappellanus in litera sive licencia talis parrochiani levât et
levare débet ad voluntatem ipsius cappellani. Item , quum nubcie fuerint
intn (2) dictam parrochiam , in burgo BeUimontis. vel extra, cappellanus
recipit jure nubciali quatuor morteas (3) , quatuor pintas vini et duas
tibias porchi, yidelicet unam de primis et reliquam de ultimis. Item , de
xm denariis medietatem. Item, in extrema unnxione recipit très solides,
I denarium. Item, in sepulturis, de terracgio (4), très solides, i denarium.
Item, de vigiUis (5), xin denarios. Item, de exaudis (6), xm denarios.
Item, duplioem libacionem. Et cum hoc tenetur cappellanus dicere alte
(i) Eymoalien.
(2) infra s'est quelquefois employé en basse latinité pour inlra. [Gloss., v'
Infra.)
(3) Mortea, en français mortreux, sorte de bouillie qui se faisait de pain et de
lait. (Do CâKGB, Glass» el supplém.fV" Mortea.) 9i Apres ont chacun une ribelette
de lart routi sur legreil, est-il dit dans une charte de 1450, chacun une esculée
de morireux fait de pain et de leit, et à boire tant quHls veulent cidre ou cer--
voise,» — «/pso die, portent les coutumes du monastère de Fleury-sur-Loire , in
refectorio, ad prandium, morteas, générale piscium , mortariola • pitaneiam de
opiimo vino debemus habere , et ad cœnam iruias.
(4 et 0} Terragiutn, pour inkumatio, «sodium, pour exequiœ, étaient peu usités.
Le second de ces roots paraît s'appliquer à la cérémonie qui se fait dans Téglise,
. tandis que terragium veut dire Tenterrement au cimetière.
(5) Office des morts. Vraisemblablement celui qu'on appelle aujourd'hui
nocturne, et qui se psalmodie dans la plupart des enterrements (sans être obli*
^atoire).
188 TERRIER DE l'ÉGLISE DE BEAUMONT.
missam mortuorum et remenbrancias (1) mortuorum consuetas. Item , in
omnibus aniversariis, eciam dupplicem libacionem. Item, pro oferta, casu
quo fiât, ad yoluntatem parcium. Item, cappellanus potest insequi quo-
libet corpus sive heredes ipsius, ipso corpore sepulto , usque ad duas
]ibras cere , casu quo luminaria non valeret dictas duas libras cere. Item,
pro turibulo sive ensecier (2), vi denarios. Item, enchanselis (3) pro ter^
racgio, duos solidos casu quo cappellanus tradat candelas, et, si parro-
chiani tradant, xviii denarios. Item, in baptisimo, quatuor denarios, et
clericus unum denarium. Item , post pascham , primus baptizandus débet
solvere crismam (4). Testes liujus rei fuerunt Stephanus Lolergier de La
Varelha, Petrus Jonica, Johannes Fabri , Petrus Gobiani , presbiter, cap-
pellanus Belliloci (5), etGuillelmus de Orto. Die xxiii mensis januarii,
anno Domini mo cccco xt».
Stbphànus de Campis. S(6]equitur redditus bladi debiti racione man-
sorum, videlicet, in quolibet manso, unum sextarium siliginis, et, in
qualibet bordaria, unameminam siliginis, ad'mensuram de Peyraco. De
quibus redditibus fuit in bona possecione levandi anno Domini millesimo
quadragrintesimo xxv».
Et primo, sequitur bladum siliginis et frumenti.
Et primo, in manso Âlbo, unum sextarium siliginis et quartam frumenti
et totam decimam omnium bladorum et lane.
Item, in bonis Guillelmi Rochafort, eminam siliginis rendualem. Item
xxti denarios renduales.
Item, in manso de Ghavan, unum sextarium siliginis rendualem. Item
V* solidos quos legavit Goni Sounier de Peyraco, dondnus dicti loci de
Ghavan, in suo ultimo testamento, renduales, pro aniversario suo.
(1) Cette locution signiflait quelquefois les anniversaires des morts. Elle voulait
aussi dire Tappel fait au pr6ne des noms des défunts pour lesquels on demandait
plus particulièrement les prières des fidèles. ( Dd Gange , Gloss., v" Remembrant
tium,) Ici , je pense qu'on a voulu dire -. les offices ordinaires des morts , les prières
des morts accoutumées.
(2) Ce mot n'est pas au Glossaire, mais on a évidemment oublié de placer sur Ye
une abréviation qui ferait ensentier. ( Encensoir : V. le Glosiaire français de
Carpentier.)
(3) Ce mot n'est pas au Glossaire. On disait ordinairement eandelabrum , et plus
rarement eandelaria (candélabre , chandelier ).
(4) Chrisma, Le saint Chrême, mélange d'huile et de baume consacré solennel-
lement le Jeudi-Saint par l'évéque, et dont le les curés se pourvoient chaque année
à Tévéché : il sert, avec les saintes huiles consacrées le même jour, aux céré-
monies du baptême.
(5) Probablement Beaulieu , commune de Peyrat , aujourd'hui simple village ,
autrefois cure sous le nom de Beaulieu-près-Peyrat, Beaulieu-prés-Eymoutiers.
(Nadaud, PouiUé mss.)
(6) C'est dans la panse de celle lettre S que se trouve écrit iephanus de Campis^
la lettre elle-même servant d'initiale à Stephanus,
TEBRIER DB LEGLISE DE BEAUMONT. 189
Item, in duobas mansis de PetrafLxa (1). cum bordaria de Petraâxa,
II sistarios.
Item , in daobus mansis de Yergnotz, ii sistarios siliginis renduales.
Item , in duobus mansis de Vassivieyra (2) , ii sistarios siliginis ren-
duales.
Item, in mansis dabzols, quondam Pétri Chaucherii, m eminas siliginis
renduales.
Item, in manso de Capella Talhafer, unum sistariam siliginis.
Item, in teneinciario de La Fouria, eminam siliginis rendualem.
Item, in manso de Varelha, unum sistarium siliginis. Item plus, in
ipso manso, eminam frumenti, ratione et ex causa décime ortorum.
Item, in manso de La Vilata (3), unum sistarium siliginis rendualem et
très quartas frumenti racione predicte.
Item, in duobus mansis deyvernauls (4) , ii sistarios siliginis. Item plus,
m quartas frumenti racione predicte.
Vilata tenet.
Item , in manso de La Yarelheta (5) , unum sistarium.
Item, in manso de Fomols, alias de La Yarelheta Roeyres, unum
sistarium siliginis.
Item, in duobus mansis de Las Temas (6), superiorem et inferiorem,
II sistarios siliginis.
Item, in mansis deu Coffeyn (7) , eminam siliginis.
Item, in manso deFumoza, m sistarios eminam.
Item, in manso deu Mazaux (8) , unum sistarium.
Item, in manso de Champanah (9), qui est una bordaria, eminam sili-
ginis rendualem.
Item , in manso superiori de La Yirola (10) , unum sextarium siliginis
rendualem.
Item, in manso inferiori , qui est bordaria, eminam siliginis rendualem.
Item, in duobus mansis de Yichers (11), in superiori et inferiori,
II sextarios siliginis.
Item , in manso deu Boueyt , unum sextarium siliginis.
Item, in bordaria de Bisacge, eminam siliginis.
Johannes 4e Champanahac tenet.
Item, in mansis de Yillamoguana et dou Poyol, ii sextarios siliginis
renduales.
(1) PierreGUe , commune de Beau mon t.
't) Vassiviére , commune de Ccaumont.
(3) La Vilatte , commune de Heaumont.
(4) Hy vernaad , commune de Beaumonl.
(5) La Varlictle, commune de Beaumont.
(6) Les Thèmes, commune de Beaumonl.
(7) Coufeix, commune de Beaumont.
(S) Le Mazeau, commune de Beaumont.
(9) Champagnat . commune de Beaumont
(10) fji Virolle, commune de Beaumont.
' W) Vicbez, commune de Beaumont.
190 TERRIER DE L'ÉGLISE DE BEAUMONT.
Item» in duobus mansis da Pers, superiorem et inferiorem , ii sextarlos
siliginls.
Item, in villa de Bellomonte, m eminas siliginis, pro tribus bordariis,
renduales.
Item, in manso d*Ardena, i sextarium siliginis et quartam frumenti.
Item, possidet quodam solare domus situm in loco de Bellomonte,
subtus ecclesiam , quod assensavl Leonardo de La Yirola, primo Yiitem so-
lidos et sex denarios renduales, inter domum deux Rochafortz, ex una ,
et domum Johannis Fabri, ex alia, et ortum dicti Johannis Fabri, ex
altéra.
Item, pratum dicte ecclesie.
Item, unum ortum vocatum de La Cisterna, contiguum dicti prati
capellanie, quem ortum Stephanus deCampis, capellanus, atquisivita
Petro Medici , de Bellomunte.
Item, ortum clausum lapidibus, situm in pertinenclis cimiterii magni
Bellimontis, rétro caminatam exuntem.
Item , molendinum cum stagiio et levatis prout aqua labitur.
Item, super orto Guillelmi Rochafort, posito subtus ecclesiam, inter
ortum de La Mostonaria et pratum de manso Oublanc , et insuper aliis
duobus ortis Pétri Medici de Bellomonte, eminam siliginis rendualem.
ratione décime, et cum predicta emina siliginis renduale non tenentur
dicti tenenciarii qui nunc sunt yel pro tempore erunt decimarum fructus
dictorum ortorum.
Item , Johannes Fabri débet ii denarios renduales in et super pecia terre
sua sita a Planchaneyro.
Item, in quodam orto qui fuit Pétri Medici, sito in terrario de campo
Fabri, Âhenti monasterii, viii denarios quos legavit uxor dicti Pétri.
Item, in et super bonis Stephani Fejdeti, vi denarios renduales.
Item, Petronilla, uxor sua, legavit ecclesie Bellimontis v* solidos quos
ascedit în et super quadam domo Guillelmi (1) Varelhaudi , sita in rua de
Naunis (2) , ville Âhenti monasterii. Modo est dicta domus Guillelmi
Romaneti.
Item, xn denarios in manso de Sarutz Labontat (3), parrochie de
Aneta (4).
Item, in bonis Pétri Barriera, de Aneta, vm denarios renduales.
Item, in et super quodam pratro heredem quodam (5) Guillelmi Melhac,
ville Ahenti monasterii , situm in tratorio (6).
(7) xviii denarios renduales , quos assedit
(i) Il y a GuilMmus dàus le manuscrit, mais c'est une erreur évidente.
(V) AucuDC des rues actuelles d'Eymoutiers ne rappelle ce uom.
(3) Il existe on village du nom de Serru , Serut (recensemeut de 1851 et carte de
Tétat-major) , ou Sarrut (carte de Grignard ) dans la commune de Nedde.
(4) Nedde.
(5) Il faut évidemment prato heredum quondam,
(6) Si tratorium est ud nom commun , il ne se trouve pas au Glossaire; s'il est
un nom propre, il ne répond aujourd'hui à aucun nom des quartiers ou faubourgs
d'Eymouliers. •
(Tj Le cummencement de cet alinéa a élé loissé en blanc au manuscrit.
TERRIKR DE L'EGUSE DE BEAUMONT. 191
dominus Joliannes Gursaudi , capellanus sive rector eodesie de Bello-
monte.
Item , unum sextarium siliginis rendualem, qtiod assedit et assigmavit
Johannes Vialata , tenenciarlus mansorum de La Yarelha, dyreriials et
de La Yiata , in et super (1) omnibus suis mobilibus et inmobilibus
quibuscumque.
Item, in et super bonis Johannis Marinot, alias Beoubi, de Pheli-
tinio (2), unam quartam frumenti rendualem, quam assedit et assignavit
dictus quondam Johannes Marinot in et super domum suam sitam in
barrio (3) Phelitinii , deversus ecclesiam parrochialem Bellimontis (4).
Item ecclesia de Bellomonte non débet procurationem (5) domino Lemo-
vicensi episcopo , ut constat per litteram cujus ténor hic est insertus :
« Johannes (6) , Del gratia Lemovicensis episcopus, omnibus has litteras
iuspecturis in perpetuum : notum sit presentibus et futuris quod cum
nos in castellarl (7) nostro apud Âhent (8) hediûcare vellemus et cano-
nici Ahentenses ne id faceremus inhibuissent, tandem in ter nos et pre-
positum et canonicos ipsius ecclesie talis compositio intervenit ut liceret
nobis et successoribus nostris illud hediûcare castellare pro voluntate
nostra, pariter et munire. Verum si ibidem stagnum construeretur atque
molendinum , stagnum, pices ad nos , et molendinum ad ipsos canonicos
pertineret, recompensatis terris hominibus, ad condilium bonorum
virorum Tille , que per stagnum vel molendinum fuerint occupate (9). Ad
(1) Le maottscrit porte, par une erreur évidente , suis au lieu de super.
(2) Fellelin (Creuse).
(3) Barriunit faubourg, et parfois mur d'enceinte. Certains quartiers de nos
Tilles s'appellent encore Us ^arrts (Saint- Yrieix, Eymoutiers, Âiie , etc.).
(4) Beaumoot de Kelletin.
(5) Taxe pécuniaire représentative du droit que les évéques avaient d*étre logés,
eux et leur soite, chez les curés dont ils visitaient les églises. A Torigine, ce droit
était perçu en nature : il fût plus tard converti en argent.
(6) Jean de Teyrac , prévôt du chapitre de Sainl-Junien, fut élu évéque de
Limoges en 1198, et siégea jusqu'en 12i8. Il mourut , le 2 décembre de cette même
année, à Acre en Palestine , où il fut enterré. (Madacd , Tableau des évéques de
Limoges.)
(7) Castellare signifiait plus exactement Tenceinte fortifiée protégeant un castel
que le château lui-même. (Gloss. et supplem., v' Castellare,)
(H) Eymoutiers.
(9) Dans quelques pays de droit coutumier, les étangs étaient Tobjet d'une
faveur singulière, et certaines coutumes admettaient que le seigneur de fief, en
Ciisanl construire un étang , pouvait y enclore les terres de ses sujets moyennant
récompense. Ce droit était en viguenr à Eymouliers, noire texte eu fait foi. Cette
ville était cependant de droit écrit ; mais il faut remarquer que le pays environnant
était en partie régi par la coutume de la Marche. (F., sur ce droit d'expropriation ,
dans le Coutumier général, Coutume de la Marche, art. cccx ; — art. 308 dans
Couturier de Fournoue.)
192 TERRIER DE LEGLISE DE BEATJMONT.
hec , cum inter nos et ipsos super procurationem ecclesiarum deBeumon ,
de Sancto Juliano de Laront (1), de Sancto Prejecto (2) et de Sancto
Amando (8) questio mota fuisset , questionem illam imperpetuum remi-
simur. Additum eciam fuit ut liceret nobis in castello nostro oratorium
construere, ita quod in oratorio illo nulla prorsus parochialia exerceantur
et proventus parochianorum eorum reddantur eisdem. Insuper, canonici
facient si voluerint fortaliciam (4) in sua majori ecclesia vel in mota (5) ,
salvojure nostro et successorum nostrorum , videlicet quod a nobis forta-
licias si quas fecerint habeant, teneant et reddant sicut tenentur qum-
cumque a nobis vel mandato nostro fuerint requisiti. Huic autem compo-
sitioni interfuerunt socii et concanonici nostri Am(aldns] de Montelh ,
Eustorgius Esquint, A. Saune, magister Petrus Sarpeun, Ebolus de
Ceirat, noti viri. Ipsis autem canonicis présentes litteras concessimus ad
majorem roborem , ûrmitatem sigilli munimine consigrnatas. Actum apud
Ahenti monasterium , in ipsorum coro canonicorum , anno incarnati
Verbi millésime ce* vu©. »
(1) Saint-Jalien-le-Petit.
(2) SaÎDt-Priest-Palos (Creuse).
(3) SaiDt-ÂmaDd-Ie-Petit (succursale), commuDe de Peyrat-le-C bateau. Il existe
dans la Haute- Vienne et dans la Creuse plusieurs autres paroisses du nom de Saint-
Priest et du nom de Saint-Âmand ; mais les deux que j'indique étaient les seules de
ces noms à la collation du chapitre d'Eymoutiers. Il ne peut donc y avoir d'erreur.
(4) Fort, forteresse. (DuCange, Glo$s., v* Forialicia.)
(5) Mota, éminence , butte , le plus souvent de main d^homme, sur laquelle on
établissait des travaux de défense. On trouve dans deux lettres-patentes de Charles V
les deux mentions suivantes, intéressantes pour Limoges ; Et quadam mota $ive
platêa $ita êuper duo stangna dicte ville (28 décembre 1371. — Ord, des rois de
France de la 3' race, T. Y, p. 439). — La mote qui est sur les deux étangs du
ehastel de Limoges (2 janvier 1371. — L9C. cit., p. 444.) — F. aussi Bonav. de
Saint-Âmable , T. III, p. 662, et Leymarie, Limousin hist., T. I, p. 652.
Ces deux passages ont fait supposer à du Cange et à Carpcnticr, son conlinuateor
(Gloss, et suppl., %f Mota), que mota pouvait quelquefois désigner les mottes de
terre servant à établir la chaussée d'un étang; mais le texte me paraît résister à
cette interprétation ou tout au moins à l'application qui en est faite. Ce n'est pas
sur Tétang, mais bien à sa partie inférieure, que se trouve la chaussée destinée à
retenir les eaux. Il arrivait souvent au contraire que les buttes fortifiées dominaient
des étangs qui leur servaient eux-mêmes de défense en rendant, au moins par un
côté, leur abord difficile. C'est en outre un fait constant qu'un fort a autrefois
existé sur notre place actuelle de la Motte. La place (platea) prit plus tard son
nom du fort qui la dominait [Mota), et ce nom, elle le porte encore aujourd'hui.
C*e8t donc mal h propos que quelques personnes et même la municipalité de
Limoges orthographient Motke au lieu de Motte. Ccsi également par erreur que
quelques étymologistes (vid. Ducourtieux, Almanach limousin , 1860, p. 151 >
font venir le nom de cette place de relui de M. de La Molhe,
STATUTS
DES MAITRES FOURBISSEURS
(1578)
Siméon Dubois , con' du Roy nostre sire & lieutenant général
en la sénéchaussée de Limousin & siège présidial de Limoges,
sçavoir faisons que, sur la req»" h nous présentée par les four-
bisseurs de la ville de Limoges , citté & fauxbourgs d*icelle ,
contenant que combien que led. mestier méritte d'estre juré
autant que tout autre que seocibre dans lad* ville pour le danger
que peut aduenir aux hommes lors que les espées & dagues ne
sont montées comme elles doivent estre, sy est ce toutes fois que
lesdits suppliants & leurs prédécesseurs par le peu de moyen
qu'ils ont eu cy deuantwen^ faict jurer led. mestier; désirant à
presant de le faire pour le bien & profflt des habitans de la
susd' ville & du payssuyuant les articles y attachés, n'ayant le
voulu entreprendre sans nostre aduis sur la commoditté & profit
de faire jurer led. mestier sous les qualittés portées par les
articles & autres quil nous plaira corriger ou adiouter sy besoin
estoit, & auoir nostre déclaration, sur laquelle requeste vous
auriez ordonné quelle seroit mostrée au procureur du roy &
conseil de lad* ville, fait à Limoges le quatriesme jour du mois
d'aoust mil cinq cent septente huit , laquelle veue par led. pro-
cureur du roy, a dit nempêcher lad* requeste auec ses articles y
attachés pour estre renuoyé deuers le roy pour y estre pourueu
comme il plaira à Sa Maiesté; signé Ardent; & lad* requeste
aussy monstrée auxdits consuls, qui ont dit qu'ils consentent
que lesd. supplians fassent jurer led. mestier de fourbisseur
194 STATUTS DES MAiXRES FOURBISSEURS.
soubz les qualittés portées & contenues par les articles, signé
Desflottes, prévost consul ; surquoy veu par nous, lieutenant
général susd., la déclaration du procureur du roy& consul,
déclarons estre expédiant que led. mestier soit juré, & à ces fins
ordonnons que lesd. supplians se pouruoîront par le roy. Fait à
Limoges, le 5* jour du mois d^aoust mil cinq cent septante huit.
Signé Dubois & de Douhet. Ce sont les articles concernant lad'
mestrise du mestier de fourbisseur, desqud et duquel habitant en la
ville & fauxbourg de Limoges, lesquels nous Pierre Sire dit
Bigné; Pierre Bouchier, demeurant en la Citté; Léonard Belat;
Léonard Fournier; Martial Bellat; FiStienne Pinardeau; Jacques
Gautier; Mathieu Lamy; Jean Joncque; Bernard Emeril &
Pierre Longard, exersant led. mestier en lad* ville, citté &
fauxbourg , auons promis & juré de garder & obseruer inuiola-
blement de point en point en la forme cy après contenue soubz
le bon plaisir de la maiesté du roy.
<*». — Premièrement celluy qui voudra par cy après passer
mestre dud. mestier de fourbisseur sera tenu de demeurer
apprentif auec Tun desdits maistres pour le temps & terme de
cinq ans , sans pouuoir estre receu en lad* mestrise qu'il n'aye
monstre par escript du temps de son aprentisage , & ne poura
quitter cellui qui faira son apprentissage soubz maistre pendent
led. temps sans grande & urgente cause, de laquelle il fera re-
monstranse aux baisles dud. mestier, presant sond. maistre , pour
obtenir leurs prouisions d'aller parachener son apprentissage en
une autre boutique , & sy par les 'baisles la cause dud. ser-
uiteur n'est trouuée légitime, ledit apprentif continuera son
apprentissage à payne de vingt escus, & ne pourra aucun
desd. maistres tenir dans sa boutique plus que d'un apprentif.
2^ — Que tous maistres dud. estât ne pourront soustraire un
apprentif durant le temp dud. apprentissage, ne l'appeler à soy
que le temps ne soit passé, comme aussy ne pourra faire aucun
compagnon ne seruiteur demeurant en seruice dautres maistres
que se ne soit par le vouloir & consentement dud. maistre ou le
compaignon demeurera , & que le temps de sa promesse ne soit
expiré & ou aucun viendra au contraire payera deux escus qui
seront pour estre mis dans sa bouette, & employés en honneur &
prières à la discrétion des bailles.
30, _ Tout apprentif ou compaignon qui sera trouué en faute
notable de larcin ou autre crime en la maison de son mestre ne
poura prendre le décret ny estre receu maistre dud. mestier.
STATUTS DES MAItBES FOURBISSEURS. 195
i**. — Tout apprentîf ou compaîgiion auant que passer maistre
en la présent ville , citté & fauxbourgs seront tenus de monstrer
des breuets & certificats desdits bailles dudit mestier de leur
apprentissage & deuoir estre receus compaignon juré en d^autres
villes capitales de ce royaume par certificat des maistres jurés
desd" villes.
5*». — Que les enfants des maistres jurés de la présent ville ,
citté & fauxbourgs seront adonnés à lad' mestrise , s'ils veulent
estre dud. estât sans faire chef d'hœuure, sy ce n'est un essay, &
quant à ceux qui ne seront fils de maistre, &qui voudront estre
receus audit mestier, seront tenus faire chef d'hœuvre, et ce en la
maison de Tun des bailles qui seront nommés par les maistres.
Pour chef d'hœuure doiuent prendre une lame neufue & large
darmet & rompre la soye à deux points de doigt du talion , & la
souderont lad* saye sans apparance d'aucune soudure, & ce fait
rompront la pointe de lad* lame de la longueur de trois pointes
de doigt, & seront tenus ceux qui voudront estre receus à la
mestrise faire autre pointe de mesme fason à tulle & des mesmes
proportions que le surplus de lad* lame , sans faire aucune fosse
sur lad* pointe , la faire en fason quelle soit au contantement des
bailles et des maistres dud. mestier.
6*». — Et outre ce seront tenus fourbir lad* lame sans qu'il
paroisse aucun trait , & que la fourbissure soit nette.
6*» bis. — Celluy qui fera son chef d'hœuure incontinant rapor-
tera deuant lesd. bailles qui seront nommés une garde & pom-
meau neuf estant h toutes mains en croix pardessous sans
aucune limeure, ains seulement comme elle viendra de la forge,
& sera tenu celluy qui faira ledit chef d'hœuure de le limer, & que
ce soit en la bouttique de l'ung desd. bailles, et d'aduantage
forg-era le bout de sa main & le limera à la façon de la garde
& pommeau , & ce faict montera lespée de tout pointif & faira la
poignée & un foureau de cuir de veau sur bois d'atelle bien
ouuré & fasouné, & faira ledit chef d'hœuure dans un mois.
7**. — Pendant le temps que se faira led. chef d'hœuure, les
maistres dud. mestier y pouront aller quand bon leur semblera
pour voir trauaiiler celluy qui voudra estre receu maistre.
go. — Sera tenu celluy qui aura faict son chef d'hœuure de
déclarer aux bailles qu'il a parfaict icelluy & le vu & pn*^
suppliera les deux bailles assembler tous les maistres dud. estât ,
& tel jour qu'il sera aduisé en la maison de l'un des bailles, h dix
heures du matin; led. chef d'hœuure sera porté en la maison &
196 STATUTS DES MAÎTRES FOURBISSEURS.
présenté aux bailles & maistres dud. estât par icelluy qui laura
faict, &, s'il se trouue bien faict par les bailles & maistres, qui
seront pfits, icelluy qui laura faict sera receu par lesd. bailles &
maistres comme estant tous de mesme aduis & déclaration, &, ce
faict, luy sera permis de tenir boutique comme les autres
maistres oii bon luy semblera, en ville, citté & fauxbourgs, &
pour son entrée payera douze liures, qui seront employées à
celluy des maistres qui sera nécessiteux , compaignon ou ap-
prentif , et ou led, chef d'hœuuresera trouué jmparfaict par la
maistrise, par des bailles et maistres, cellui qui laura présenté
le refferra tout de nouueau.
9°. — Ne sera permis à aucun maistre de vandre aucune lame
despée cassée, ny rompue, ny aussy aucune garde brazée, ny
aussy aucun foureau de mouton , ny pareillement d'aller par les
logis ny par les hostelleries corrales sans estre appelés par ceux
qui voudront fayre trauailler, à payne dun escu.
\Q\ — Qu'il ne sera permis ny loisible à aucuns habittans de
la» pût ville , citté & fauxbourgs daler achepter aucune lame
despée, dague, garde & fourreau nécessaire aud. estât que seul-
lement aux maistres jurés dud. mestîer dejfourbisseur, & , en cas
que lad* marchandise fust vendue à dautres , lesd. maistres la
pourront auoir pour le mesme prix quelle aura esté vendue, affln
de pouuoir vacquer à leur estât & seruir à la république.
44°. — Tout fils de maistre ne sera tenu de faire aucun chef-
d'hœuvre durant la vie du père , mais après comme dit, est, ains
seulement de bien garnir une espée de tout point comme il luy
playra. Ledit essay sera tenu toutefois présenter aux bailles &
maistres, lesquels le receuront maistre comme estant fils de
mestre, & payera pour son entrée un escu en la boitte, appli-
cable comme dessus.
42». — Le père estant maistre dud. estât ayant un ou deux ou
trois enfants ou plusieurs trauaillant dlcelluy, ne pouront iceux
enfants faire aucun essay ny estre receus maistres ny tenir bou-
tique soubz la compaignie du père tant quil viura, sy ce n'est du
consentement du père.
43». — Toute veufue de maistre dudict mestier demeurant en
viduité poura tenir boutique ouuerte par seruiteur ou com-
paignon de huun, et besoigne de laquelle elle répondra sy elle
n'est trouuée marchande & bonne , & s'il sy trouue fautte ,
laquelle payera les droits comme les autres maistres pour entre-
tenir lad. mestrise, & ou lad** veufue se marieroit auec un com-
STATUTS DES MAITBES FOURNISSEURS. 197
paignon dud. estât, il faira sou chefdœuure & payera tous les
droits susdits , &oii elle se remarieroit auec autre dautre vocar-
tion, neluy sera permis de tenir aucune bouttique, ains la
fermer.
4 V. — Tout marchend estranger menant de marchendîses de
fourbisseur pour débitter en la pût ville, lesd. bailles estant
aduertis de cette marcbendise le fairopt sçavoir h tous les autres
maistres fourbisseurs dud. estât. Les maistres jront en la maison
diid. marchend ; ayant veu lad' marcbendise , tous les maistres
qui sy trouueront auront leur part de lad' marcbendise que un
ou deux ou trois auront achepté, & chacun du plus ou moins.
45°. — Ne sera permis à aucun personnage de la pnt ville ,
citté & fauxbourgs n'estant maistre dud. estât vendre ou
débitter en bouttique ou en chambre ou faire trafit d'aucune
espée & dague neufue garnie ni pareillement daucun foureau , à
payne de confisca**'' & amende.
46'. — Pour effectuer ce que dessus tous les maistres nom-
meront deux bailles chacun jour & faiste de monsieur saint
Paul, & que lesditsdeux bailles fairont visitte chez les autres
maistres chacun mois du moins. Lorsqu'ils arriueront en les
boutiques & verront lesdits bailles toutes les marchendises qu'ils
auront & où en trouueront aucune lame cassée ou rompue , la
garde brdzée & aud. ouurages mal faits, sera led. ouurage &
celluy qui laura mis à la discrétion desdits bailles, qui ne
pouront toutefois excéder & monter plus haut d'un escu, & où
jl aura fautte notable, lesdits bailles se pouruoyront par les
remèdes de la justice. Signé du Bois, & de Douhet , & Beaubrun ,
bailles; Pinardeau , baille ; Pierrelin de Bigon, E. Beaubrun, &
Nicolas, lieutenant général.
Henry, par la grâce de Dieu roy de France et de Pologne , à
tous mes ornés salut. Scauoir faisons , nous auons receu humble
suppliquation des bailles des maistres de fourbisseurs en nostre
bonne ville de Limoges , contenant qu'ils ont présenté requeste
an senechal de Limosin ou son lieutenant aud. Limoges affin
que leur mestier fust juré , laqjaelle requeste aurolt esté com-
muniquée à nostre procureur & aux consuls d'icelle ville, qui ont
baillé leur consentement, & partant led. sénéchal a déclaré estre
expédient que led. mestier de fourbisseur soit juré, & a renuoyé
les exposants par deuant moy pour leur pouruoir auec les
articles qu'ils ont dressé sur le fait de leur dite mestrise & pour
le règlement d'jcelluy y attaché soubz nostre contrescel , les-
44
198 STATIITS DBS MAItRES FOUBBISSBUBS.
quels nous auons fait voir en nostre conseil, et par ladnis
d'icelliiy auons dit & déclaré, disons & déclarons que led.
mestier de fourbisseur en nostre ditte ville de Limoges sera dors
en auant juré pour y estre réglé suyuent lesdits articles y
comme dit est attachés , lesquels à ces fins nous auons vallidés
& authorisés, vallidons & authorisons par ces présentes par
lesquelles donnons en mandement aud. sénéchal de Limousin
ou son lieutenant quenen prnt audict et déclarent ensemble
lesdits articles, il fasse lire & enregistrer,'garder & obseruer &
entretenir par lesd. fourbisseurs qui sont de présent & leurs
successeurs en jcelluy mestier sans qu'il y soit aucunement
contreuenu, & ceux qui seront maistres aud. mestier jouir des
mesmes prérogatives dont jouissent les autres mestiers & non
villes esqueUes jls sont jurés , contraignant à ce faire , souflFrir &
obeyr tous ceux qu'il appartiendra par toutes voyes et ma-
nières deues et raisonnables , nonobstant oppositions ou appella-
tions quelconques, sans préjudice d'icelles, pour lesquelles ne
voulons estre différé , car tel est nostre plaisir. Donné à Fon-
tesnebleau au mois de septembre l'an de grâce mil cinq cens
soixante dix-huit & de nostre règne le cinquiesme. Signé par le
roy en son conseil Potier ^ Verthamont. — En jmarge : Statuts des
maîtres fourbisseurs.
LISTE
D'anciens Armuriers, Fourbisseurs (fépée , etc., limousins r
(Paprès des titres des archives départementales.
Jehan Portau , en l'année 4 433.
Guillelmus Tharau , scuturarius, fabricant de boucliers (écus),
armurier, en 1 468.
Matheus Millenaud , brigandinarius , brigandinier, fabricant de
brigandines, armures du temps du roi de France Charles VII,
U68.
Mathieu Malinvaudi (4), brigandinier, 4475.
(1) Ce Mathieu Malinvaud, dit Mathivotus, est signalé dans le vieux
t«aTier comme grand buveur, potator egregius.
STATUTS DES MAItRBS POURBISSEURS. 199
Johannes Ruau, brigandinier, U82.
PasquetuB, brigandînier, mort avant 4483.
Stephanus Pasquetus, brigandinier, mort avant 4183.
Johannes Thomas et Martialis Navieras, et autre Johannes,
armuserii, en 4483. Ce qui peut donner une idée de la richesse de
la langne latine à cette époque, ce sont les mots armuserius,
ormurerius, armurarius , armeurarius et armeator, pour dire ar-
murier. (Du Gangb.)
Bernard Longeau , 4564.
Hélie Famé, fourbisseur, 4570,
Le Moulard, fourbisseur, 4570.
Johan Mosnier dit le Pelau, fourbisseur, 4600.
Léonard Charbonnier, François Lavaudour, arbalestriers.
Léonard Belat, fourbisseur, 4600.
Jehan Petit , fourbisseur, 4606.
Pierre Valette, fourbisseur, 4658.
Pierre Foumier, armurier, 4660.
Estienne Bezonnaud dit Villebout , fourbisseur et éperonnier,
1667.
Bartholomé, mort en 4669.
Matheou Léonard, armurier, 4674.
Léonard Bardounaud, fourbisseur, 4672.
Joseph Guytard, fourbisseur, 4680.
Jean Malissen et son fils Jean, armuriers, 4680.
Jean Lachenaud , fourbisseur, 4694.
Pinardeau , 4736.
Tharaud, arquebusier, 4750.
Jacques Vergniaud, de 4749 à 4756.
Maurice ARDANT,
ArchivUte de U Hante- Vienne , officier d'ac«déml«.
Limoges , le 20 janvier 1868.
ÉMAILLERIE.
ANCIENNETE
DE L'ÉMAILLERIE LIMOUSINE^*^
Un Grec nommé Philostrate , qui , après avoir enseigrné la
rhétorique à Athènes , était venu se fixer à la cour de Vimpéra-
trice Julie, femme de Septime-Sévère, a laissé dans ses écrits
cette phrase, dont il n'a pas pressenti ^importance : « On dit
que lies barbares qui habitent près de TOcéan étendent des
couleurs sur de Tairain brûlant ; qu^elles y adhèrent , deviennent
aussi dures que la pierre , et que le dessin qu^elles représentent
se conserve ». [Icon., lib. I, c. XXVIÏI : Philostr, quœ supersunt
omnia,) — Quels sont ces barbares qui habitent pr^ de TOcéan?
Si Tancien professeur de rhétorique avait daigné les nommer,
nous ne nous disputerions pas aujourd'hui cette qualification de
barbares, et. Français, Allemands ou Anglais, nous ne reven-
diquerions pas comme un titre d'honneur le terme de mépris du
professeur grec devenu courtisan romain.
(1) Cet article est un dç ceux que M. le comte de Viel-Castel a pubUés,
en 1868, dans le journal la France, au sujet de rExpositlon des Beaux-
Arts appliqués à Tindustrie. Le Comité de rédaction de la Société
Archéologique, en présence des controverses auxqueUes a domié lieu,
dans ces derniers temps, la question des origrines de l'émalUerie limou-
sine, a cru ne pouvoir mieux faire que de reproduire cette étude d*un
homme dont tout le monde reconnaît la haute compétence.
ANCIBNNné DE L'ÉMAILLERIE LIMOUSINE. SOI
M. Maurice Ardant et M. le comte de Lastejnrie prétendent
que ces barbares ne pouvaient être que les Celtes , qui habitaient
sur les bords de TOcéan, et que Pline dit être cantonnés entre la
Seine et la Garonne. M. F. de Vemeilli, inspecteur divisionnaire
de la Société française d'Àrchéologfie, n'admet pas cette expli-
cation du texte de Pbilostrate, et, dans une réponse au mémoire
lu par M. de Lasteyrie à la Société Archéologique du Limousin
en 486S , il s'exprime ainsi :
ft Celtes si l'on veut, mais des Cultes barbares, ceux delà
ftetafirne , du pays de Oalles , de l'Ecosse ou de l'Irlande , et les
Oennains qui bordaient aussi l'Océan. (Les Émaux français et les
Émauao étrangers, par M. de Yeraeilh.)
MM. de Lasteyrie et Ardant veulent que Limoges ait été du
nombre des villes gauloises habitées p^r les Celtes , qu'un cour-
tisan de la femme de Septime-Sévère rangeait parmi les pays
barbares, et ils s'appuient sur les Commentaires d'Olearius,
dans son édition de PhUostrate : « Celtas inteUigtt per barbares in
Oœoiw » 9 et, comme le prouve le mémoire de M. Deloche, cou-
ronné par l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres , sur c les
Lémovices de l'Armorique d , une branche de TArmorique se
prolongeait jusqu'aux marches du Limousin.
MM. Ardant , de Lasteyrie et de Yemeilh ont négligé un autre
texte de Philostrate qui pourrait bien avoir une certaine im-
portance dans la question dont il s'agit ; je le prends daos la
Vie de PoUmon : < Il se faisait traîner sur un char attelé de deux
chevaux aux freins d'argent celtiques ou phrygiens ». [Vitast^.,
apud Çkarivm , T. II , p. 533.)
Ici Phi)<Qstrats nomme tes Celtes ; il dit des freins cdtiques , et
non ffgs des freins barbares; les barbares qui étendent sur
Tairain brûlant des couleurs aussi dures que la pierre ne seraient
ni les Lémovices de MM. Ardant -et de Lasteyrie , ni les Celtes
de la Bretagne, du pays de Oallea, de l'Ecosse ou de l'Irlande,
qii'énamère M. de Yemeilh; et le titre de barbare désignerait
plutftt les Germains, qui bordaient aussi l'Océan.
MM. Labarte, diO Yerneilh et le barcm de Quast, inspecteur
général des monuments historiques de^la Prusse, s'efforcent
d'établir que les Byzantins ont été nos initiateurs dans l'art de
l'émaillerie ; que les émaux cloisonnés de Byzance ont servi de
base aux émaux chrétiens du moyen &ge. La Pala d'Oro fut com-
mandée, vers 976, par le fondateur de la basilique de Saint-
Marc , le doge Pierre Orseolo , aux orfèvres de Constantinople.
202 ANClENNGTé DB L'ÉMAILLBBIB LIMOUSINE.
L'évangéliaire acquis . par le duc de Gotha du dernier abbé
d'Etchemach, dans le Luxembourg, est une œuvre d'émaillerie
allemande suivant la manière byzantine , et, comme cette
couverture} d*évangéliaire porte pour inscription : oto rex bt
THBOPHANA iMPERATBix , il faut bien convenir que rémaillerie
était déjà? pratiquée en^Allemagne'dès le x* siècle.
Est-ce à dire cependant que les émailleûrs de Limoges n'aient
été que des tard-venus, des imitateurs au second degré de Tart
byzantin, et quHls aient attendu', avant de se livrer à la fabri-
cation de rémail, ainsi que le prétend M. Labarte dans ses
Recherches sur la peinture en émail dans Vantiqmté et le moyen âge ,
que l'abbé Sugerjeût tfaitj venir sept orfèvres de la Lotharingie
pour omer^d'émaux Téglise de Saint-Denist Je ne le pense pas.
M. Labarte avance que, à la fin du x* siècle seulement, les
émaux s'introduisirent |en France , et que , « m quelques bijoux
émaillés, en bien petit nombre d'ailleurs, se trouvaient entre
les mains des princes, ils provenaient, à coup sûr, de Gonstan-
tinople, où l'art del'émaillerie, au ix' et au x* siècle, avait
atteint sa perfection », et il assigne la date de 4470 à la plus
ancienne mention qui soit faite des émaux de Limoges.
Une lettre d'un moine, nommé Jean, rapportée par Duchesne
[Uist. Franc, script., T. IV, p. 567), et adressée au prieur du
monastère de Saint- Victor de Paris , qui lui avait accordé l'au*
torisation de suivre en Angleterre Thomas Becket, archevêque
de Cantorbéry, rappelé dans son pays après plus de six ans
d'exil , porte ce qui suit :
« Je vous rappelle que je vous ai montré dans l'infirmerie
une couverture d'évangéliaire de Vceuvre de Limoge [opère temo-
vidno) que je voulais envoyer à l'abbaye de Vutgam
(Wingham) ».
Or, je le demande, est-il supposable que , vingt-cinq^ ans après
l'arrivée des orfèvres lorrains à Saint-Denis (44 45), l'art de l'é-
maillerie ait pu faire de tels progrès en France que les émaux
eussent reçu le nom d'opu^ lemovicense, et que des présents de
couvertures d'évangéliaires émaillées, sorties des ateliers de
Limoges,! fussent jugés dignes d'être envoyés en présent à
l'abbaye de Wingham en Angleterre , oii l'émailierie , suivant
M. de Verneilh, était pratiquée depuis les temps les plus
reculés? Je ne me sens pas disposé à faire si bon marché des
titres de Limoges à l'ancienneté de sa fabrication d'émaux , et je
pense qu'il serait injuste de ne l'admettre qu'en troisième ligne ,
ANCIENNETÉ DB L'ÉMAILLBRIE LIMOUSINE. 203
c'est-à-dire comme dérivant de rémaillerie allemande, dérivée
elle-même de Témaillerie byzantine.
Je trouve en effet dans un petit livre publié par M. Maurice
Ardant /vice-président|de la Société, Archéologique du Limousin ,
que le plus ancien monument de bronze émaillé qui soit par-
venu jusqu'à nous est un vase découvert dans le pays des
Lémoviques , entre Rocheohouart et Chassenom , mansion gallo-
romaine, Cassinomagus. < Je n'ose, ajoute le savant antiquaire,
l'attribuer précisément aux ouvriers de Limoges, qui trouvaient
dans leurs fontaines une eau si favorable pour donner de l'éclat
aux couleurs qu'ils employaient , quoiqu'il ait été découvert si
près de cette vieille cité gauloise. On ne peut contester son
origine gallo-romaine , puisquMl était accompagné de bracelets
d'argent massif, de bagues et d'anneaux d'or et d'argent évi-
demment fabriqués^ Ipar desj ouvriers gaulois Ce vase de
bronze, émaillé par incrustation d'après le procédé appelé taille
d'épargne, est donc une preuve que les Gaulois, si renommés
pour leur habileté à manier les métaux , ont su faire sur le
cuivre cette sorte de marqueterie métallique... Les émaux
incrustés ou champlevés ont donc été connus en Gaule , et fa-
briqués long-temps avant que les Grecs de Byzance les aient
imités, t [ÉmaUleurs et Émaillerie de Limoges, par Maurice
Ardant.)
Ce vase contenait un grand nombre de médailles des em-
pereurs Gallien, Claude le Gothique, Quintillius, et des tyrans
Victorin, Tetricus père et^ls et Lœlianus, qui ont régné de 253
à no de Jésufr-Christ.
Quoi qu'il en soit, le Grec professeur de rhétorique à Athènes,
devenu courtisan de l'impératrice Julie, femme de Septime-
Sévère , ne connaissait pas l'émaillerie.
M. de Yerneilh cite dans son mémoire un grand nombre
d'objets de cuivre émaillé trouvés en Angleterre , et entre autres
un beau bouclier incrusté d'émail rouge, retiré récemment des
boues conservatrices de la Tamise : il en conclut que l'Angle-
terre, qui produit du cuivre en grande quantité , aura commencé
la première à le décorer d'incrustations en émail : a Lorsque les
produits d'un art mystérieux s'oflFrent si multipliés, dit-il , et se
groupent de cette manière , il est évident que l'on approche des
points de fabrication et des ateliers principaux». [Les Emaux
français et les Émaux étrangers.)
Cela nous ramène aux Celtes du pays de Galles , de l'Ecosse ,
204 ANCIENNETÉ DB L'ÉMAILLËRtE LIMOUSINE.
de rirlande et de la Bretagne , et ne nous éloigne nullement des
Lémovices ; car, selon Pline , les Celtes occupaient dans les Gaules
les provinces comprises entre la Seine et la Garonne. Le vase
découvert entre Rochechouart et Chassenom a une date certaine,
que lui assignent les médailles romaines qu'il contenait ( 270 de
J.-C.). Le bouclier trouvé dans la Tamise est-il d'une fabrication
antérieure ou postérieuret Rien ne l'indique.
Le tnidi de la Gaule était renommé, des les époques les plus
reculées , pour ses artistes et pour ses orfèvres : Strabon et Dio-
dore de Sicile rapportent que , Jde leur temps , les Gaulois
s'étaient tellement perfectionnés dans la fabrication de l'orfè-
vrerie, qu'ils avaient cessé d*être tributaires des orfèvres
étrangers. (Strabo, lib. IV, p. <90-<92 ; — Diodor. Slcul., lib. IV,
c. Il , T. 1. ) Sous le règne de Néron , alors que les arts étaient
encore cultivés à Rome avec éclat , et que les travaux des artistes
de la Grèce , entassés dans la ville éternelle ^ avaient , en quelque
sorte, fait de Rome le musée du monde, un Auvergnat, Ztoo-
dore , après avoir exécuté dans sa patrie une statue colossale de
Mercure , fut appelé h Rome pour faire une statue colossale de
Néron. Zénodore était non-seulement, au dire de Pline, un
grand sculpteur, mais nul ne le surpassait dans l'art de modeler
des vases précieux : Sdenlia fingendi ccdandique nuUi veterum post-
fHmebatur. ( Plin., lib. XXXIV, c. VIII.)
Sidoine- Apollinaire nous apprend que Théodoric , roi des Vi-
sigoths, régnant à Toulouse , prince magnifique et ami des arts,
étalait avec orgueil sur sa table une grande quantité de vais-
selle d'or et d'argent , parce qu'elle était , disait-il , toute fa-
briquée dans le pays même. (Sidon. ApoUin., lib. I, epist. IL)
D'où je conclus que, si Témaillerie était encore, en 270 de
J.-C, une industrie pratiquée par les habitants de Limoges, il
est impossible de croire que cette industrie ait été abandonnée ,
ait cessé d'être en honneur dans le midi de la Gaule , alors
surtout que l'orfèvrerie s'y trouvait toujours florissante , et que
les invasions des barbares d'outre-Rhin n'en ralentissaient point
la fabrication. Les fils de Cîovis, comme le roi des Visigoths
Théodoric, montraient avec orgueil, en opposition aux vases et
grands plats d'orfèvrerie exécutés par les orfèvres de Constan-
tinople, les vases et les plats d'or fabriqués par les ouvriers
francs ou gaulois, et les récits de Grégoire de Tours nous font
connaître le luxe prodigieux d'argenterie de tous les rois,
généraux ou leudes mérovingiens.
ANCIENNETÉ DE L*éMAILLERIE LIMOUSINE. 205
Au septième siècle et au huitième , la renommée d*AbboD ,
orgenHer-'^Tkmndyeur, celle d'Eligîus (saint Éloi ) et celle de Théau
(Thillo), son disciple, étaient grandes; et, si, à côté de ces
noms, il est impossible de citer, pendant plus de quatre cents
ans, aucnn émailleur limousin, je ne pense pas qu'il faille en
induire que l'art de l'émaillerie ne fût plus pratiqué 'k Limoges.
Personne ne soutiendra qu'avant JohannesLemovicensis, qui,
en 1î87, fut chargé d'émaîller le tombeau de Walter Merton ,
évéque de Rochester, et Aymerîc de Chrétien , qui a signé les
émaux qui ornent le buste d'évêque découvert, en 4861, par
M. Jules de Vemeilh, dans la sacristie de Nexon, aucun
émailleur n'exista en Limousin ; personne ne donnera les dates
de 4267 ou de 4340 pour les commencents de l'émaillerie limou-
sine (4).
La gloire de Limoges ne saurait être altérée par ces discus-
sions archéologiques sur Fancienneté de sa fabrication d'émaux.
Que cette fabrication lui vienne directement des Celtes, ou qu'elle
soit empruntée aux ouvriers lorrains employés par l'abbé Suger
à la décoration de l'église de Saint-Denis , il lui restera toujours
« quelque chose de plus glorieux que le hasard d'une invention ,
que la jalouse possession d'une recette secrète , qu'un monopole
enfin : — c'est d'avoir vaincu sur le terrain de l'art industriel «ne
cité aussi riche et aussi éclairée que Cologne ; c'est d'avoir conquis
contre de dignes rivaux une réputation réellement universelle ,
qui , après s^être maintenue pendant un siècle et demi , puis
éclipsée , s'est encore renouvelée avec le même éclat pendant la
Renaissance , et à laquelle les musées d'Allemagne rendent au-
jourd'hui si complète justice. » {Les Émaux d'Allemagne et les Émaux
Umousins. — Communications de M. le baron de Quast et de M. de
Vemeilh, membres de, l'Institut des provinces de France.)
Ce dont tous les archéologues conviennent , c'est que , à la fin
du XII* siècle, les fabriques de J^imoges prirent un énorme
développement , et qu'elles obtinrent une si immense renommée
pour leurs émaux sur cuivre qu'elles éclipsèrent celles de
l'Allemagne, dont le souvenir s'éteignît à tel point en France
(l) La crosse de Tiron, trouvée, en 1842, dans une sépulture des anciens
abbés de ce monastère, derrière le sanctuaire de réglise, mérite de fixer
l'attention des archéologues. Ce petit monument date , k ce que Ton croit
généralement, de l'année 1109, époque de la fondation de Tabbaye, et il
est inÛabitablement im produit de Fart français.
306 ANCIENNETÉ DE L'ÉHAILLBRIB LIMOUSINl.
que leurs productions , il y a peu d'années encore , passaient
pour provenir de Limoges. Mais ce fut surtout à Tépoque de la
Renaissance que les émaux limousins n'eurent plus de rivaux.
Les noms des émailleurs qui illustrèrent , au xvi» siècle , Tan-
cienne capitale des Lémovices sont restés européens. Les œuvres
de Pénicaud , de Léonard Limosin , peintre et valet de chambre
de François I", de P. Raymond , de P. Courteys , décorateur du
château de Madrid au bois de Boulogne, ont été placées dans
tous les grands musées d'Europe.
Alexandre Lenoir, dans le texte de son Musée des Monuments
français, s'exprime ainsi au sujet de Léonard Limosin : « Cet
émailleur a réuni dans ses tableaux, que Ton place k côté des
ohefe-d'œuvre de nos plus grands maîtres, deux choses extrê-
mement rares à allier dans les arts dépendants du dessin : c'est
l'art d'unir à une conception vraiment sentimentale un dessin
gracieux et expressif, un travail correct et soigné ». Léonard
Limosin , auquel François ?' envoyait des carions du Primatice ,
de Jules Romain, de Jean Cousin, du Rosso et d'Andréa Solario,
élèves de Léonard de Vinci , conserva toujours dans ses pein-
tures le caractère français, et, « tout en imitant, mêlant,
assimilant et confondant avec goût 9 , comme le dit M. Maurice
Ardant, a les compositions italiennes et allemandes, il créa
comme un système particulier à Limoges 9 .
M. le comte Léon de Laborde, dans sa Notice sur les émaux du
Louvre, constate que les peintres éminents du Limousin firent
sortir, au xvi« siècle, l'émaillerie de son berceau. Pierre
Courteys , qui aimait surtout à fabriquer les grands émaux , et
qui fut employé par les rois François I" et Henri II, était
l'auteur de la principale décoration du château de Madrid , dont
la façade était tellement riche par ses dehors de terre émaillée
et d'émaux qu'eUe ressemblait, dit Audrouet du Cerceau, à un
immense vaisselier.
Entre l'époque de la plus grande gloire de l'émaillerie de
Limoges, je veux dire celle qui vit naître la révolution qui
substitua la peinture en émail ou émail moderne à l'émaillerie
au champkvé , et l'époque de sa décadence et de l'extinction
totale de cette belle industrie d'art , nous comptons à peu près
trois cents ans. Léonard Limosin naquit vers 4505 , et J.-B.
Noualhier, le dernier des émailleurs , mourut le â novembre
4804; mais depuis long-temps déjà l'émaillerie de Limoges
n'était plus qu'une chose de commerce, et, à vrai dire, la
ANCIENNETÉ DE L'éMAlLLERIB LIMOUSINE. 207
grande école fille de la RenaissaDce , après avoir produit les
habiles artistes dont les chefs-d'œuvre sont aujourd'hui si re-
cherchés, n'eut pas une durée de plus d'un siècle. Les émail-
leurs qui succédèrent aux Léonard Limosin , aux Pénicaud , aux
Courteys, aux Pierre Raymond, etc., etc., devinrent de moins
en moins artistes, et les derniers Laudin, ainsi que le dernier
des Noualhier, fabriquaient de Témail pour le commerce , sans
consulter les cartons qui avaient si bien inspiré leurs devan-
ciers. Les derniers Noualhier ne s'élevèrent pas au-dessus de la
médiocrité, et ne semblèrent pas, dit M. le comte de Laborde,
« avoir cherché autre chose dans Témaillerie qu'un gagne-pain ,
qu'ils n'obtenaient qu'en appliquant leur art aux objets usuels
et ordinaires de la vie privée j>. La famille des Noualhier compte
de nombreux émailleurs , depuis Jacques, qui , en 4670, se qua-
lifiait de marchand émailleur, jusqu'à Jean-Baptiste, le bossu,
pauvre petit maître de dessin, qui mourut en 4804; mais entre
eux tous le niveau du talent était descendu si bas qu'il est
impossible d'établir des degrés.
Déjà Bernard de Palissy déplorait, dans ses Mémoires sur l'ari
du potier, les émaux et le feu , d que les émailleurs de ce siècle,
faute de garder secrètes leurs inventions, ayent laissé devenir
leur art si vil qu'ils ont peine à gagner leur vie aux prix qu'ils
donnent leurs œuvtes. — J'ai vu donner, dit-il , pour trois sols
la douzaine , des figures d'enseignes qu'on porte aux bonnets ,
quoique très-bien élabourées , et leurs esmaux très-bien par-
fondus sur le cuivre, et de peintures plaisantes par-dessus tout,
non-seulement une fois , mais cent mille , ainsi que les aiguières ,
salières et vaisseaux divers, et histoires qu'ils faisoient, chose
fort regrettable 1 »
Ainsi , dès le temps de Bernard de Palissy, la concurrence et
l'esprit mercantile s'étaient emparés de la fabrication de Li-
moges; la décadence de l'émail commençait; les artistes avaient
peine à vivre de leur art, et ces causes expliquent comment
l'oeuvre élevée si haut par Léonard Limosin put tomber aux mains
des Noualhier. Limoges, qui, pendant tant de siècles, avait joui
d'un si grand renom par ses orfèvres et par ses émailleurs, vit
peu à peu décroître son illustration, parce que les artistes s'é-
loignèrent de ses murs, et qu'elle ne comprit pas que toute
industrie que l'art abandonne est frappée de mort.
Les Florentins, depuis le xnr siècle jusqu'au xvr, furent
d'admirables orfèvres , parce que le statuaire Donatello ne dé-
208 ANCIENNBTÉ DE LÉMAILLBBIB LlMODSiNB.
daignait pas de faire œuvre d'orfèvrerie ; que Philippe Brunel-
leschi , André Yerochio , mattre du Pérugin et de Léonard de
Vinci , étaient orfèvres ; qu'Antoine Pollaiolo , l'un des maîtres
de Michel-Ânge, l'était également; que Marc- Antoine Baimondi
et le Pérugin travaillèrent long- temps à l'orfèvrerie, et que
Laurent Ohiberti , qui exécuta les magnifiques portes du baptis-
tère de 8aint-Jean-Baptiste, était orfèvre.
L^art de l'émaillerie , privé de grands artistes , disparut de
Limoges , et ne fut bientôt plus en France, comme dans le reste
de l'Europe, qu'une industrie assez vulgaire. Partout, et dans
presque toutes les industries, au nom d'une prétendue loi de
progrès, le mécanisme se substitua au travail de Thomme; les
grands artistes s'éloignèrent , et le goût s'anéantit. Les émail-
leurs n'eurent plus de nom ; ils fabriquèrent des bonbonnières ,
des boîtes de montre , des médaillons ; ils furent des ouvriers de
l'industrie de l'émail , mais non des artistes.
Aujourd'hui , malgré les envahissements toujours croissants de
la mécanique, malgré la tendance de plus en plus manifeste de
substituer la machine à l'homme, la combinaison mathéma-
tique à l'intelligence humaine, je note avec satisfaction un
retour de l'industrie vers l'art. Les conseils d'Aîmeric David
auront peut-être été compris , du moins j'en ai l'espérance :
« Bougeons aux manufactures dont la perfection dépend de
celle des beaiix-arts. Cette source de richesse est grande et im-
portante ; c'est la nation la plus industrieuse qui met les autres
à contribution. Dans tout ce qui tient aux arts, si nous n'avons
pas la prééminence du goût , nous n'aurons pas celle du com-
merce.
9 Multiplions les rapports qui doivent exister entre l'artiste et
le manufacturier. Mettons celui-ci à portée de connaître les
artistes de premier ordre , et de trouver au moins dbez eux des
modèles pour diriger ceux qu'il peut employer. »
( MiLSée dympique de l'école des BeaiiX'Arts.)
L'émaillerie renaît : V Exposition même des beaua>-arts afppUqués
à l'industrie en fournit la preuve ; je ne parle pas de cette émail-
lerîe associée à la bijouterie, œuvre encore trop exclusivement
industrielle; mais de l'émaillerie d'art , de celle qui fut pratiquée
à Limoges à l'époque de la Renaissance, de l'émaillerie que
Léonard Limosin a illustrée. Les artistes de cette émaillerîe sont
encore peu nombreux : je ne pense pas que Limoges en ait
ANCIENNRTÉ DE L'ÉMAIU^BBIE LIMOUSINE. 209
produit un seul , Limog'es ne fabrique que de la porcelaine ; elle
n'a point jugé convenable de la soumettre au jury de TExpo-
sition. Je n*ai donc à me préoccuper en première ligne que de
deux exposants, tous deux véritablement artistes, tous deux
nourris des saines traditions du grand art , de Tart qui cherche
ridéalisation de la forme, comme celle de la pensée, et qui croit
que le réalisme que cherchent à mettre en honneur tant de demi-
talente conduirait à la pire des décadences.
Pour ravancement des arts d'industrie commerciale, la théorie
du beau doit être soigneusement enseignée , et , quand je dis la
théorie du beau, j'entends renseignement qui considère la
beauté non-seulement dans le corps de l'homme, mais dans
tous les êtres , dans les animaux, dans les paysages, dans l'ar-
chitecture, dans les vases, dans les différents meubles, dans
l'ensemble de tout corps et dans les détails de chacune de ses
parties.
Les émaux de M. Claudius Popelyn et ceux de M*' Apoil mé-
ritent un examen attentif; je leur consacrerai une étude spéciale;
mais je dois dès à présent* signaler l'envoi peut-être un peu
tardif que vient de tnire H. Claudius Popelyn d'une série de
plats de fa'lence décorés avec une verve et une facilité dignes
des artistes italiens du xvi* siècle, et dessinés avec une vigueur
et une fantaisie qui les placent parmi les meilleures productions
de la céramique.
Comte H. db Yibl-Oastbl.
(La France.)
CATALOGUE
Des Manuscrits déposés dans la malle de la bMiothèque du
Séminaire , et qui ont été achetés pour cette maison après
la mort de (abbé Legros (1).
Mémoires pour l'histoire du diocèse de Limoges, par Nadaud: pouillé,
2 vol. in-fol., reliés.
Mémoires pour Thistoire du diocèse de Limoges, par Nadaud : nobiliaire ,
2 ¥0l. in-fol., reliés.
Histoire du Limousin, par Nadaud , in-^foL, parchemin.
Mélanges : recueil de pièces justificatives pour servir à Thistoire du
diocèse et de la province du Limousin , 3 vol. in-fol., parchemin.
Mémoire du Limousin , par Nadaud , 3 vol. in-4o, parchemin.
Histoire de Grandmont, par Nadaud, grand in-4o, parchemin.
Notice de Thistoire de Limoges, en forme de dictionnaire, par Nadaud,
grand in-4o, parchemin.
Manuscrits de Nadaud sur l'histoire du Limousin , in-4o, parchemin.
Table chronologique ecclésiastique du diocèse de Limoges , in-fol., parch.
PouiUé du diocèse de Limoges. — Cures , 1 (ou 2] vol. in-fol., parchenûn.
Mémoires pour servir à l'histoire des abbayes du diocèse, in-fol., parch.
Dictionnaire historique des grands hommes du Limousia avec des tables
chronologiques de l'histoire de Limoges, in-fol., parchemin.
Mémoires pour les chapitres du diocèse de Limoges, in-fol., parchemin.
Table chronologique civile de Limoges , in-fol., parchemin.
Curés du diocèse de Limoges, in-fol., parchemin.
Abrégé des Annales du Limousin jusqu'à l'an 1682, grand in-4o, relié.
Continuation des Annales du Limousin depuis 16B2 jusqu'en 1790, grand
in-4o, relié.
Ordinarium ecclesise Lemovicensis, in-4o, 1630, relié.
(1) Nous avons trouvd dans les papiers de la bibliothèque de Limoges la note ci -dessus ,
remise par M. AUou & un de nos préddeesseurs. Nous croyons utile de la reproduire.
E. RUBSK.
CATALOGUE DES MANUSCRITS DU SEMINAIRE. Sli
Essai historique sur Limoges, )n'4o, relié.
Recueil d'épitaphes» inscriptions et autres antiquités de Limoges , in-4o,
relié.
Sanctoral limousin, 5 vol. petit in-4o, parchemin.
Vies des Saints du Limousin : les 3 premiers vol., in-4o, parchemin.
Dissertation sur saint Martial , petit in-4o, parchemin.
Mémoires pour servir à Thistoire des évoques de Limoges , petit in-4o,
parchemin.
Traité de la république des Hébreux, par Sigonius, traduit en français ,
petit in-4o, cartonné,
calendrier, 2 vol. in-ë», parchemin.
Martyrologe du diocèse de Limoges, 1790, broché.
Supplément aux Vies des Saints par Godescard , 4 vol. in-6o, brochés.
Inventaire des titres de la vicairie du Gantiers , in-4o, relié.
Terriers de plusieurs notaires depuis 1552 Jusqu'en 1620, in-4o, parch.
Compilation manuscrite des antiquités de Grandmont , in-4o , parchemin.
Tractatus , petit in-fol., parchemin.
Extrait des registres de la cour royale de Limoges et autres manuscrits,
petit in-fol.. parchemin.
Mémoire sur les familles de Limoges , grand cahier.
Notaires de Limoges, grand cahier.
Caractères des différents siècles , cahier.
Fondation de Limoges àTimitation de la Gaule celtique, grand cahier.
Epilogue des mutations de Limoges, grand cahier.
Remarques sur le propre des Saints du Bréviaire de Limoges , cahier.
Nécrologe des prêtres de Limoges morts depuis 1752 Jusqu'en 1801, grand
cahier.
Mémoires pour servir li Thistoiro du cardinal Dubois, cahier.
Mémoires pour Thistoire du prieuré de La Drouille-Blanche, grand cahier.
Mémoires pour Thistoire du collège de Sainte-Catherine, grand cahier.
Mémoires pour Thistoire de la prévôté de Chambon, grand cahier.
Mémoires pour Thistoire du prieuré de N.-D. des Termes, grand cahier.
Bpître de saint Martial aux Bordelais, grand cahier.
Partie des Annales du royaume de France, 2 petits cahiers.
Abrégé de Thistoire de Chartres , cahier.
Mémoires sur les guerres des protestants dans le Limousin.
Dissertation sur saint Martial , cahier.
Extrait du P. Amable pour l'histoire dejBrive , cahier.
Extrait des Mémoires de Nadaud pour la même , cahier.
Mémoires pour l'histoire de Brive , cahier.
Limousin ecclésiastique, in-fol., à relier.
Calendrier perpétuel , en 7 feuiUes.
Essai sur la politique du clergé de France, avec des notes, in-12 sans
reliure.
Mémoire sur M. de La Fayette , cahier.
Mélanges, cahier.
NOUVELLES SCIENTIFIQUES,
On \ient de retrouver tout récemment dans le pays un petit sceau de
bronze oxydé par le temps, chargé d*un écusson à trois lions léopardés.
deux et un; autour est gravée , en écriture gothique , cette légende, pré-
cédée d'une étoile : * C&ntra iiçUlum canceUarie tncecomitatm LemaoUensU,
avec quelques abréviations.
Ce contre-scel n*a pas la grandeur du vrai sceau , et ne porte pas le nom
du prince ou seigneur dont il représente Tautorité. On Tappliq^ua^t, k la
gauche des lettres scellées , suf un titre qui attachait toutes les pièces
passées au sceau : SigUlum siffiUo ix adverso positwn, ou adversum sigïUo
sigiUwn appoHtum. On pourrait employer un terme de numismatique, et
rappeler revers du sceau.
La légende qui nous apprend que c'est le contresed de la chancdUrie d€
la iricomté de Ùmoges ne dit pas auquel de nos vicomtes il a appartenu.
Il est antérieur à l'année 1275, époque du mariage d'Artur de Riche-
mont, duc de Bretagne, avec Théritière de notre vicomte, Marie de
Limoges. Artur adopta sur les deniers limousins qu'il ût frapper les armes
de la maison de Bretagne & la place des trois lions léopardés, écusson des
vicomtes ses prédécesseurs. Ainsi donc ce contrenscel a pu être gravé, au
plus tard , de 1230 & 1263 , pendant la vicomte de Guy VI dit le Preux ou
le Probe, époux de la trop célèbre Marguerite de Bourgogne.
— Il nous a passé dernièrement sous les yeux un manuscrit en par-
chemin, du format in-16 , commençant par un calendrier ou martyrologe
où figurent les noms des Saints du Limousin , et celui de saint Louis, roi
de France, ce qui aiderait à en fixer la date approxii^ative si l'on n'y
trouvait pas, après des hymnes et des prières, le nom de Réginald de La
Porte, chapelain du pape et évêque de Limoges. Ce nom est inscrit en
tête des Statuts synodaux de son épiscopat, qui dura vingt-deux à vingt-
trois ans, de 1295 à 1317.
A la fin de ce manuscrit on lit le couplet suivant, qui porte le cachet
du temps :
Ce llnare Icy se me semble
Lautre iour Ion poortoit vandre
Que le achoptis argent content
Cinq ardlz que raUent treys Mancs ;
Vous pryant qnl les tronmeres
Ponrtes les moy a MoinnalUes
le vous donré gracleasemeut
Ung pot de Tin ou de laargent
P. Chaboudie.
Maurice ARDANT,
Archiviste de la Haute-Vienne , officier d'acaddmlo.
NUMISMATIQUE LIMOUSINE.
Gomme on s'est demandé si les peuples de la Graule nommés
Lémoviques avaient une ville capitale , je me suis demandé ausëi
si leurs chefs avaient frappé des monnaies autonomes.
Jules César, dans ses Commentaires, en nous transmettant le
chiffre des contingents militaires envoyés à Vercingétorix par
les diverses provinces gauloises , nous fournit une base pour
apprécier l'importance de leurs populations, et, ne m'occupant
que de la question numismatique , je prends pour point de com-
paraison les SanUmes, qui mirent plus d'hommes sous les
armes que les Lémoviques et les Turones, qui en mirent moins;
j'ai été amené à conclure que, si ces deux peuples gaulois
avaient frappé des monnaies , les Lémoviques, avaient dû avoir
leur atelier monétaira
Je demandai & M. de La Saussaye, un des maîtres de la
science, quelques renseignements sur le type des monnaies
gallo-lémoviques : il me répondit avec bienveillance qu'il ne
l'avait pas découvert , et m'engagea à le rechercher, me pré-
disant qu'avec de la persévérance j'arriverais à le connaître.
Après cinquante ans d'études sur toutes les médailles re-
cueillies sur le sol de l'ancien et vaste diocèse de Limoges , si
riche en monuments de la numismatique , j'espère être arrivé
au but si désiré , et je viens vous communiquer les détails qui
m'ont amené à la découverte du type gallo-lémovique.
Lorsque j'achetai le médaillier de M. de Lépine, après qu'il
eut été dépouillé, en faveur du cabinet de Paris, de ses plus
importantes et précieuses médailles , parmi celles qui restaient ,
je reconnus quelques gauloises , toutes au type uniforme de la
tête aux cheveux bouclés vue de profil , et du cheval libre
allant de droite à gauche, surmonté, près de la croupe, d'uue
figure informe , dont la tête seule était bien caractérisée ; la
45
214 NUMISMATIQUE LIMOUSINE.
plus grande partie des gauloises du trésor de 1814 de La Jante
près Compreignac présentaient les mêmes empreintes. La
cinquantaine de monnaies celtiques de la fontaine de Bénévent
que j'ai pu examiner avec attention offraient le même type : il
se reconnaît encore sur la pièce d'or trouvée au Dorât,
décrite par Nadaud , et celle d'electrum, achetée a Bussière-Bofly
par notre collègue M. du Taya : tous les enfouissements des coins
opposés de notre diocèse nous révélaient ce type dominant.
Je soumis mes observations aux numismatistes de PÂngou-
mois, de l'Auvergne, du Bordelais et du Poitou réunis au
Congrès scientifique de Limoges, et, après longue et mûre
discussion, ils acceptèrent et adoptèrent pour les monnaies
gàllo-lém<mques ce type du cheval , par analogie à celui du sus
galUcus des provinces couvertes de chênes et riches en glandées ,
ne doutant pas que les Lémoviques n'aient élevé dès les temps
anciens dans leurs verdoyants pâturages ces nobles coursiers
qui ont joui de tant de célébrité. Nous avons des actes des iv et
xir siècles qui constatent que des évêques de Limoges donnaient
à d'autres prélats des chevaux en présent.
La dernière trouvaille d'un denier d'argent gaulois vient
confirmer de plus en plus cette attribution : elle a été faite à
Chftteau-Chervy , au sud de Limoges , l'ancien Castrum Servii
de l'époque romaine , et le Caro Vico du moyen âge , dont un
triens mérovingien porte ce nom inscrit en légende. J'ai reconnu
sur cette médaille tous les détails du type des autres, et de plus
une sorte de monogramme , composé d'un L et d'un E , initiales
du nom de Limoges , Lemovicum : sous les pieds du cheval on
voit une petite plante à trois feuilles. Je ne veux pas faire les
Lémoviques plus ingénieux qu'ils n'étaient sans doute , et ne
relève pas ce trèfle comme un emblème choisi à dessein parmi
les herbes fourragères : je me borne à conclure que ce mono-
gramme > joint aux autres détails des monnaies gauloises sem-
blables , rend incontestable mon système sur le type gallo-
lémovique. (V. la planche n^ 1.)
Je n'avais pas encore fait d'études suivies des médailles
gauloises lorsque je publiai, en 1836-1837, un spécimen de
numismatique limousine dans VHistorique monumental de
M. Tripon. Cet éditeur y consacra quatre planches lithogra-
phiées du format in-4°. Ce n'était qu'un abrégé d'une mono-
graphie monétaire du Limousin et de la Marche, où sont décrites
plus au long les médailles deSédulix et de Durât; celles du trésor
NUMISMATIQUE LIMOUSINE. 215
de Comprifdacum , où a été £rappé an triens méroringien ; celles
de Secunddetag (Bénévent); celle de Schotoritm, Le Dorât; celle
de Buasière-Boffy près de Ccnfluentum, à la suite desquelles
prendra la place d'honneut* celle de Castrum Servii ou Castrum
Vicum, qui est venue si heurensement donner à mon hypothèse
un caractère de certitude.
J'ai fait Tacquieitiôn d'un tiers de sou d'or très-pftie de
l'époque mérovingienne , recueilli d'un tas de sable péché dans
la Vienne près du Palais. La légende du côté de la tête
t GâMBâRISI. ressemble beaucoup au nom de la capitale de la
Savoie; mais, comme Chambéry s'appelait sous les Romains
Lemeneum, il n'est pas probable qtie, sous la première race de
nos rois, cette ville eût abandonné déjà cette appellation , qui se
chang;ea plus tard en Cameriacum ; ce ne peut ôtre non plus
Cambria, la principauté de Galles, ni Cametacum, Cambrai.
J'attribue donc , faute de mieux , cette précieuse monnaie à une
modeste localité limousine , à Chcanba/ris , dépendance de la ietre
de Saint-Brice, à la maison de Carbonnières , en attendant
qu'elle soit revendiquée par Chambrais près de Bemay en
Normandie , Chambray dans le pays Messin , ou Chambrey en
Champagne, diocèse de Reims, dont j'ignore les noms latins.
La tête de profil, et à longue chevelure, est sans diadème ; ses
traits ont du rapport avec ceux des têtes gauloises. Revers ,
croix paltée à branches égales , avec quatre points; autour, la
légende t LEOWLFOMONITA. Un triens du monétaire Ubon
présente la même tête. Je crois celui-ci des premiers temps de la
monarchie. ( N* 2 de la planche.)
Une monnaie bien plus précieuse à mes yeux , moins par la
plus grande pureté du métal que par la tête royale et le nom
A'BUgitis qui y sont empreints , a été découverte dans les fouilles
d'un chemin de fer sur la frontière de notre département. D'un
côté , tête d'homme barbu , ceinte du diadème , vue de profil , de
gauche à droite ; buste revêtu d'uu manteau mal dessiné ;
légende : f PÂRISlS. Ce ne peut être que la tète de Clotaire II <
premier protecteur de saint Éloi , et qui mourut l'an 698 de
notre ère. Au revers, croix pattée à branches inégales , surmontée
d'un large oméga. On lit autour : f ELIGVIVS. M. C'est le nom
du célèbre argentier et monnoyeur , enfant de Limoges , quoique
né à Chaptelat, villa de ses parents Ëucharius et Ferrugia. Le
V qui semble dénaturer son nom n'est autre chose que Talpha
placé au-dessous de la croix en opposition avec l'oméga , et qui
216 NUMISMATIQUE LIMOUSINE.
signifient ensemble prindpium et finis, expression consacrée sur
des monnaies de l'époque mérovingienne. Nous devons donc lire
en toute certitude : Eligius monetarii^. Ce tiers de sou d'or est
une des meilleures œuvres de ce saint monétaire , soit par Téclat
du métal , soit par la perfection relative du monnayage. ( N* 3
de la planche.)
Je passe sans transition à la série de nos monnaies vicomtales ,
qui s'est enrichie d'une maille ou obole inédite d'Artur de
Bretagne , comte de Richemond et vicomte de Limoges , par son
mariage, en l'an 1275, avec Marie de Limoges, fille de Guy VI
dit le Preux et de Marguerite de Bourgogne, unique héritière de
la vicomte de Limoges. D'un côté, croix à branches égales,
pattée et inscrite dans un chapelet de perles , cantonnée d'un
besant aux premier et quatrième quartiers , et d'un M gothique
au deuxième. Légende : f ARTVRI. VICEC; au revers, suite de
cette légende : f LEMOVICENSIS. Écusson à trois pointes, mi-
parti Bretagne, Dreux et Bourgogne. Comme cette obole noire
n'a pu être frappée qu'à Limoges, et qu'il n'y avait pas dans la
province une ville dont l'initiale fût le M. qui eût un atelier mo-
nétaire, on est réduit aux conjectures pour expliquer cette
initiale. Ârtur voulut-il au premier temps de son mariage
mettre la première lettre du nom de sa femme , Marie de Li-
moges, sur ses monnaies? ou sa belle-mère, la vicomtesse
douairière, régente de la vicomte, Marguerite de Bourgogne,
aurait-elle voulu encore continuer sa domination en faisant
graver sur les monnaies de son gendre, avec les armes de la
Bourgogne , l'initiale de son nom de Marguerite, qui Tétait aussi
de celui de sa fille? ( N^" 4 de la planche.)
( N<>« 5 et 6 de la planche.) Deux autres monnaies vicomtales,
deux deniers noirs, ont été trouvées dans la Cité , près de l'église
de Saint-Domnolet : elles sont de Jean l" (Jean III, due de
Bretagne), vicomte de Limoges, fils d'Artur et de Marie de
Limoges. Le premier, un peu fruste, présente l'écusson pré-
cédent; d'un côté on lit : I. BMTANNIE. DVX autour d'une
croix cantonnée d'un 6; au deuxième quartier, marque de
l'atelier monétaire de Quingamp ; autour de l'écusson : VICE
Crnies , LEMOVICEfWi*. Cette monnaie est de pur cuivre rouge.
Ce duc de Bretagne eut trois femmes : Isabeau de Valois, sœur
de Philippe, roi de France; Isabelle de Castille , fille du roi don
Sanche IV, et Jeanne de Savoie; il mourut en 1344. — Le second
denier est encore plus fruste. L'écusson, de même forme que
NUMISMATIQUE LIMOUSINE. 217
celui de l'autre pièce , porte au premier quartier de Bretagne ,
et aux trois autres de Dreux, autant qu'on en peut juger. La
croix est cantonnée au deuxième quartier d'un E , marque de
l'atelier monétaire d'Evran.
Ces deux deniers faisaient partie d'un petit dépôt composé de
trois deniers noirs d'Alphonse IV dit le Brave, roi de Portugal,
époux de Béatrix , fille de Sanche lY, roi de Gastille , et , par son
mariage, beau-frère de notre vicomte Jean P'; d'un denier
tournois de Philippe de Yalois ; d'un gros tournois d'argent ;
d'un double de Charles Y, et autres menues pièces.
L'église près de laquelle ces monnaies étaient enfouies s'ap-
pelait dans le principe Saint-Grégoire : on y déposa le corps du
comte Dampniolenus , tué en défendant Limoges contre
Théodebert, l'an 574.
Jean I", vicomte de Limoges, n'ayant point eu d'enfants,
maria sa nièce Jeanne , fille de Guy YII , son frère , comte de
Bichemond et de Penthièvre et vicomte de Limoges , à Charles
de Blois , fils puîné de Guy de Chatillon , comte de Blois , et de
Marguerite de Yalois, sœur de Philippe YI, roi de France;
Jean I«' le fit , par ce mariage , vicomte de Limoges , en atten-
dant son entière succession.
Le second denier, qui est le plus fruste , pourrait bien être de
Jean II de Montfort, fils d'Ârtur et de sa seconde femme,
Yolande de Dreux, veuve du roi d'Ecosse Alexandre III, qui
rendit la vicomte de Limoges à Jeanne de Penthièvre après le
traité de Guérandes. Les armes de Dreux du revers me
paraissent fortifier cette hypothèse.
On découvrit, il y a déjà long-temps, à Saint- Yrieix , une
imitation du tournois français du roi Jean. C'est un jriedfort de
billon, faiblement argenté ; il pèse 42 grammes i décigramme.
On lit autour d'une croix pattée , cantonnée d'un besant au
premier quartier et au quatrième : f K. DYX BRITANNIE, et
au revers, autour du chastd: f TVRONYS LEMOYIC. La dernière
lettre, mal empreinte, peut-être prise pour un X ou un K.
(N»7de la planche.)
Ce tournois Umousin de Charles de Blois, vicomte de Limoges,
comme époux de Jeanne la Boiteuse , et duc de Bretagne par
arrêt du parlement, tué à la bataille d'Auray l'an 4364 ; ce
tournois dut être frappé vers 4361, époque des dernières
émissions des monnaies du roi Jean , qui mourut la même année
que Charles de Blois.
218 NUHISMATIQUB LIMOUSINE.
Dans un trésor de pièces d'or françaises trouvées à Balledent
(Haute^Yienne) , j'en ai remarqué une qui mérite d'être décrite :
c'est une imitation des royaux de France. Buste vu de face et
couronné; il est revêtu d'un manteau , et tient de la droite une
épée nue au milieu d'un encadrement orné de neuf rosettes; un
petit vaisseau placé sur la têt^ couronnée et une étoile indi-
quent le commencement de la légende : EÂROLYS DVX ^
A. QVITANIB. Revers : croix fieuronnée, et cantouA^e des lis de
France et des lions d'Aquitaine, et, pour légende, le cri de
guerre des croisés : ChrUtus vindt, régnât, itnperat^ précédée,
comme l'autre, d'un petit navire. Charles, fils putné de
Cb arien VII et de Marie des Deux-Biciles, duc de Berry , et mort
duc d'Aquitaine en U7S , frappa ce royal, qu'on pourrait appder
aquitain, tout semblable à ceux de son père, sauf les lions de
deux cantons de la croix. (N"" 8 de la planche.)
Je parlerai, e^ terminant, des remarques faites par moi
sur environ deux cents barbarins trpuvés entre Chanteloube et
Bazès. Sur un grand nombre de ces deniers , les abbés de Saint-
Martial, dans la légende S. E. S. MARCIAL , que je traduis,
tigntJim ecdesiœ sancti MarUaUs, ont donné au Ë et au L final la
forme d'une croix , comme sur les deniers de l'église de Lyon ,
afin que cette légende présentât un caractère plus religieux
autour de la tête du saint. La légende du revers , l^movincensis ,
que j'ai lue sur une seule pièce Lemovinoensis, n'a pas leL. croisé.
L'observateur attentif reconnaîtra des différences sur la forme
des yeux, les cheveux et le nombre des perles de la chape du
saint évêque de Limoges.
Je consigne ici l'expression de ma reconnaissance envers M. le
vicomte Raoul de La Girennerie , capitaine au 8* hussards, dont
la complaisance égale le talent : son crayon exercé a dessiné les
médailles qui figurent sur la planche jointe à cette notice.
Maurice ABDANT,
Archiviste de la Haate- Vienne, ofllcierd'a««ddmlc.
Limoges , le dl juin 1863.
RAPPORT
SUR LES
FOUILLES DU MONT DE JOUER.
Messieurs,
Les fouilles pratiquées au mont de Jouer ont produit d'inté-
ressants résultats, et elles ont mis au jour les importantes
fondations d'un édifice grallo-romain qui paraît être la station
romaine de Prœtorium, ou Pretorio suivant l'orthographe de la
Table de Théodose.
Ainsi la grande controverse engagée sur la fixation de ce point
fort obscur de la géographie limousine semblerait avoir enfin
trouvé une solution qui repose sur quelque chose de plus sérieux
et de moins incertain que d'ingénieuses hypothèses. Sous les
bruyères d'une montagne inculte, à une profondeur d'un
mèlre et demi, les fouilles ordonnées par la Société Archéolo-
gique et Historique du Limousin dans la séance du 30 octobre
1863 ont fait retrouver les fondations d'un vaste établissement
romain qui étaient restées enfouies depuis quinze siècles en-
viron, et que personne n'avait encore pu découvrir. C'est là
sans doute un fait archéologique qui n'est pas sans intérêt I
Je ne m'étais pas dissimulé toutes les difficultés de recherches
à faire sur une montagne d'une longueur de plus de trois kilo-
mètres , présentant à son sommet quatre mamelons dont le plus
élevé atteint , s'il faut en croire la carte soigneusement étudiée
de l'état-major, une hauteur de 697 mètres au-dessus du niveau
de la mer, dont les versants sont très-étendus , couverts de
bruyères et de terrains sans valeur, oti se rencontrent à chaque
pas des agglomérations de pierres et de roches, qui est inhabitée
parce qu'elle est exposée à tous les vents. J'assumais une grande
responsabilité en acceptant la mission de diriger les recherches ,
et je tremblais d'épuiser sans succès la somme que vous aviez
votée.
Le hasard sans doute m'a bien servi , et les restes de construc-
220 FOUILLBS DU MONT DE JOUER.
tioDS que nous avons si heureusement retrouvées sont bien
certainement d'origine gallo-romaine. Je vais plus loin , je me
crois autorisé à penser par de sérieuses et solides raisons que ce
sont bien réellement les restes de la station de Prastorium,
J'ai examiné avec une attention nouvelle la direction des
cbemini? qui se rajxordent sur un des versants du mont de
Jouer, et je persiste à croire que Tabbé Kadaud et M. Gornuau ,
qui avaient étudié avec exactitude la direction de ces voies
romaines , ne s'étaient point trompés.
J'ai suivi cette fois , pour me rendre à Saint-Ooussaud , l'an-
tique voie qui descendait du mont de Jouer, et passait par
Sejoux et la eommune de Chatelus-le-Marcheix pour gagner
Adtodunum (Ahun) et Augusto-Nemetum (Clermont). Les vestiges
du passage d'une voie romaine sont encore très-apparents et
facilement reconnaissables.
On les retrouve près d'Arènes se dirigeant vers Argentomagus
' (Argenton). Au mois de juillet dernier, j'avais exploré la voie
qui descendait vers AugtAstoritwn , Ausrito de la Table (Limoges).
Sans doute ces chemins, depuis les dix-huit siècles qu'ils
existent, ont dû subir des réparations et même des reconstruc-
tions partielles. Les habitants ont presque partout enlevé les
énormes pierres qui formaient Vagger : elles avaient dû à la
longue se disjoindre, et rendre la route impraticable. Les
riverains les ont arrachées , et s'en sont servis pour former leurs
murs de clôture , qui offrent un aspect presque monumental sur
le parcours de la voie. Puis , cherchant à imiter la construction
romaine, ils ont réparé la route suivant le mode antique, et
l'ont rendue praticable pour les charrettes.
Ces chemins, qui tous convergent vers le mont de Jouer,
affectent à peu près la forme d'un Y, qui se trouve conforme
aux indications de la Table de Théodose.
Au xviii^ siècle , l'abbé Nadaud et M. Comuau les avaient
trouvés dans un état de conservation plus complet. Leurs obser-
vations ne peuvent laisser aucun doute sur leur origine et sur
leur direction. Je n'ai donc rien à changer à ce que j'ai
consigné dans un précédent mémoire sur la fixation de Prœ-
torium.
C'est en vue du Puy-de-Dôme et du Mont-Dor, dont les
sommets étaient couverts de neige , près de la voie de Séjoux h
Saint-Goussaud , que j'ai fait pratiquer les fouilles. Mais, avant
de parler des résultats qu'elles ont produit , il faut que je dise
FOUILLES DU MONT DE JOUER. 221
un mot sur les recherches que j^ai faites en fouillant le cadastre
de la commune de Saint-Ooussaud.
LES CHAMPS DE PRATAURT.
M. Bosvieux , archiviste de la Creuse, avait trouvé, dans une
trop courte excursion faite à Saint-Ooussaud , certaines par-
celles de terrain sur le mont de Jouer désignées sous le nom de
Prataury. 11 avait fait faire quelques recherches dans cet endroit,
et elles n'avaient produit aucun résultat satisfaisant.
Ce nom a une ressemblance frappante avec Prœtorium, et,
frappé de cette analogie tout au moins étrange , M. Bosvieux
l'avait communiquée à ceux qui s'occupent d'archéologie.
Je cherchai dans les registres du cadastre, et je trouvai que
djx-«ept champs de nature diverse , appartenant à des proprié-
taires différents , portaient le nom de Prataury.
Ces parcelles sont placées dans les dépendances du mont de
JouSr et en face du village de Frialouse. Ds sont sur un plan
si incliné que la première inspection des lieux démontre qu'il n'a
pu y exister à aucune époque un établissement de quelque im-
portance. Pour y faire des fondations et construire des murs ,
les Romains auraient dû pratiquer de larges tranchées dans la
montagne , et il ne reste aucune trace d'un travail de cette
nature.
Néanmoins , pour ne laisser aucune prise à l'incertitude , je fis
faire des sondages , et je fis ouvrir quelques tranchées qui ne
produisirent pas de résultat. Nous ne trouvâmes ni pierres
taillées ni briques romaines. Je constatai en outre que les
chemins par lesquels on pouvait arriver aux champs de Prataury
n'étaient que des sentiers sans largeur, et qu'il n'apparaissait
nulle part d^agglomérations de pierre.
Le Pretorio de la Table de Théodose n'avait donc pu exister
dans cette partie de la montagne ; mais le nom de ces champs
était à mes yeux une présomption très-grande de la présence
sur le mont de Jouer de l^ station de Pretorio , car la tradition
avait pieusement conservé ce nom de parcelles dépendant de
rancienne station, et ce mot de Prataury semblait faire revivre
celui de Prceurriim.
Certes la vague ressemblance d'un nom ne saurait toute seule
suffire à éclaircir les points obscurs de la géographie antique.
222 FOUILLES DU MONT DB JOUEB.
Je saiâ qu'il faut se méfier de cee analogies, qui peu vent tromper
les meilleurs esprits. Souvent , en matière d'archéologie , Fima-
gination est une mauvaise conseillère : elle nous entraîne à des
conceptions qui reposent sur des raisons sans valeur, et se
basent sur des données indécises qui n'ont aucun fondement
sérieux.
Mais il me semble que les circonstances qui ont accompagné
la découverte dont il me reste à voqs parler ne sont pas purement
accidentelles; qu'elles ne sont pas le simple produit d'un hasard
plus ou moins heureux. Nous avons procédé suivant la théorie
la plus rigoureuse. Le travail de l'esprit a précédé et guidé le
travail manuel , et nos recherches, en quelque sorte, ont procédé
d'une manière algébrique. Nous cherchions à dégager l'inconnu
par le connu. La théorie n'a pas cessé un instant d'éclairer la
marche et de guider la direction de nos travaux ! Depuis le
xvm* siècle, les savants archéologues du Limousin s'appli-
quaient à retrouver la fixation du PrcBlorium, sas vestiges
s'étaient perdus depuis près de quinze siècles. Aucun autre mo-
nument historique, si ce n'est la Table de Théodose , n'en parlait
et n'en déterminait la position certaine : une tradition locale le
présentait comme- enterré dans les flancs du mont de Jouer.
Cette opinion avait été soutenue par d'Anville, par l'abbé
Nadaud , par M. Oornuau. Ces deux derniers avaient décrit avec
une admirable précision la voie qui i'Aumto montait au mont
de Jouer, et continuait sa direction par une double bifurcation
sur Argentomago et sur Augusto-Nemetum. Mais sur quel point du
mont de Jouer se trouvaient les fondations de la station? La
question n'était pas définitivement tranchée, et le baron de
Walcken&er le plaçait àPourrioux; la commission de la Carte
des Oaules, devant l'autorité de laquelle il faut s'incliner, la
fixait à Sauviat; d'autres archéologues la trouvaient près de
Grandmont (4 ) , à La Jonchère (9) , à Arènes , au Ghalard (3)
près Peyrat-le-Chftteau , à Breth (4).
En retrouvant sur les flancs du mont de Jouer les champs de
Pratory, pouvaia-je ne pas me prévaloir d'un nom aussi signi-
ficatif, et ne pas en tirer cette conséquence naturelle que c'était
(1) L*abbé BeUey.
(2) M. Allou.
(3) M. GreUet-Dumasi^eau.
(4) M. de Beaufort.
P0U1U.E8 DU MONT D^ J0U6B* 233
une traduction presque textuelle et sans corruption de la station
de Prœtoritan? que ce u'e$t pas un de ces mots vagues et indé-
terminés qui pourraient signifier pour les incrédules le pré om
rvitseau par exemple? J'ai cru devoir aller aux reoselgo^nâats ,
et demander aux employés de la direction des contributions
directes et du cadastre de la Haute^Vienne ai çettQ expression
était , en quelque sorte , un nom banal , et s'ils avaient eu Toc-
casion de le voir appliqué comme désignant une prairie arrosée
par un petit cours d'eau. Ils m'ont répondu n'avoir pas vu de
nom de lieu semblable.
Qu'on ne nous demande pas, pour obtenir une entière et pl«s
complète conviction, soit une n^onnaie trouvée dans les fouilles
avec le nom de PraUorium, soit une inscription lapidaire. Il
n'exista jamais, que je sache, de monnaies portant le nom
d'nne station gauloise d'importance secondaire. Une station
n'eut jamais l'insigne honneur de porter à son fronton sa dési-
gnation comme une enseigne. Nous ne pouvons espérer de re^
trouver un semblable mode de conviction pour démontrer son
identité.
Les stations romaines étaient des établissements impériaux
que l'empereur faisait construire aux frais de l'empire romain.
Elles devaient présenter des conditions de solidité , de grandeur
et de commodité pour le repos momentané des soldats ; rien de
plus ! leur nom est signalé dans les itinéraires et dans la Table.
Les itinéraires sont muets sur Prœtorium, mais ce nom est signalé
dans la Table de Théodose. Pourquoi donc ne pourrions-nous
pas nous prévaloir de cette appellation , si heureusement re*-
trouvée, de champs de Prataury? Ce serait de notre part un
oubli inexcusable de nos devoirs d'archéologue et de toutes les
règles d'une saine critique. Je ne pense pas que ceux qui
placent cette station ailleurs qu'au mont de Jouer puissent op^
poser un argument de cette valeur I
Mais toutes ces présomptions , qui sont déjà par elles-mêmes si
sérieuses , si précises et si concordantes , vont recevoir un degré
de certitude plus incontestable encore par les découvertes de
ruines gallon-romaines que nous avons trouvées enfouies profon-
dément dans les flancs incultes d'une montagne inexplorée, sur
le versant du mont de Jouer, qui est situé en face de cette noble
et vaillante terre d'Auvergne qui un moment balança , grftce à
l'épée de Vercingétorix , la fortune et le génie de Jules César.
Les ruines gallo-romaines que nous avons retrouvées sont de
224 FOUILLES DU MONT DB iOUBR.
nature à faire tomber les dernières hésitations , et Vesprit le
moins porté à la crédulité, convaincu par un faisceau de preuves
sérieuses, doit ôtre forcé d'admettre que le résultat des fouilles
faites au nom de la Société est réellement la résurrection des
ruines enfouies de la station de PrcBiorium.
Vous aviez admis l'année dernière cette opinion, et, pour la
faire prévaloir, vous n*aviez pas hésité à voter une somme des-
tinée à faire des fouilles sur le mont de Jouer.
Le succès a prouvé, Messieurs, une vérité aussi éclatante que
le soleil. L'esprit domine la matière ! La nature, quelque impéné-
trable et cachéefqu'elle soit, finit par être connue de l'homme
qui pense et qui raisonne : les choses du passé , quelque obscures
qu'elles apparaissent, peuvent être reconnues quand on s'ap-
plique à les chercher I II n'existe pas de mystères si profonds , de
problèmes si obscurs , de vestiges si secrets et si bien cachés
qui puissent échapper à nos yeux mortels, faibles et débiles,
quand ils sont illuminés par la raison et par la théorie.
Revenons aux champs de Praiaury. Puisqu'il ne s'y trouve pas
de ruines gallo-romaines, il faut en conclure que le nom qu'ils
portent n'est qu'un souvenir de PrtBtorium. Us étaient une dé-
pendance de l'établissement romain. Leur nom s'est conservé à
travers les siècles !
LES FOUILLES.
Le jeudi 3 mars|, je parvins, non sans peine, à me procurer
des ouvriers.|Je dirigeai les fouilles sur le versant du mont de
Jouer qui regarde l'Auvergne , et près du chemin de Séjoux à
Saîntr-Goussaud . Une vieille croix de bois placée sur le chemin
m'inspira le désir de faire commencer les recherches presque à
ses pieds. Suivant l'antique tradition des habitants de Saint-
Goussaud , c'était là qu'était l'emplacement de la ville de Jouer.
Il est difficile d'apprécier avec quelque exactitude par la carte
de Cassîni la position des fouilles. Le point où il signale les
restes d'une ville ruinée ne me paraît pas ôtre celui ob les
ouvriers se mirent à l'œuvre. Ce n'était pas sur le versant qui
regarde La Fayte et La Ribière : c'était sur le versant opposé
faisant face à Saint-Goussaud , le Puy-de-Dôme et le Monlr-
Dor.
Une première tranchée|, de 15 à 20 mètres de long et de 1 mètre
50 cent, de profondeur, nous fît reconnaître de la terre mêlée de
silice et de chaux qui paraissait provenir de décombres. Les
FOUILLES DU MONT DE JOUER. 225
ouvriers trouvèrent de grandes quantités de briques romaines
brisées, mais d'une belle conservation, et des pierres de petite
dimension , pierres dites d'échantillon , qui formaient , je crois ,
chez les Romains, les constructions de petit appareil. Nous
retrouvions , du premier coup de pioche , les traces évidentes
d'un édifice gallo-romain enfoui depuis des siècles. Il était dans
une position tout-à-fait exceptionnelle, exposé aux vents du
nord et de Test.
La seconde tranchée ne produisit aucun résultat intéressant.
Hais la troisième fut fructueuse. Nous trouv&mes des quan-
tités considérables de grandes briques destinées à la toiture , dont
quelques-unes étaient percées d'un trou qui servait h les
fixer, des pierres d'échantillon comme dans la première
tranchée , et un nombre infini de clous ainsi qu'un anneau de
fer. Tous ces objets étaient fort rouilles, et se trouvaient enfouis
à 4 mètre 50 cent, de profondeur. Les ouvriers trouvaient des
gisements formés par un charbon fort menu , qui se rencontrait
sur tout le parcours de la tranchée. Ce charbon de bois de châ-
taignier me prouvait que la partie de l'édifice ob se faisaient
les fouilles avait été détruite par un incendie, allumé sans doute
par les peuples barbares qui durent s'en emparer vers le
V* siècle. Joullietton pense, dans son Histoire de la Marche, que
les Vandales détruisirent Prcetorium après avoir pillé et ruiné la
riche ville de Breth. Nous serions tenté d'adopter cette opinion.
Les clous et l'anneau de fer, la disposition du terrain , me font
penser que l'emplacement était un lieu couvert , une sorte de
vaste hangar pour abriter peut-être les chevaux de la cavalerie
romaine. Les personnes qui ont vu l'anneau ont pensé qu'il était
destiné à attacher la longe d'un cheval.
Quoi qu'il en soit , il reste bien démontré que la station a été
incendiée : un fait chimique le démontre , il est bon de le si-
gnaler. Parmi les clous fort rouilles que les ouvriers retirèrent
des fouilles, il s'en est trouvé quelques-uns d'une très-belle
conservation; un surtout paraissait encore presque neuf.
Surpris de ce phénomène, je l'examinai avec attention; il était
couvert d'une sorte de couleur rouge semblable à celle que les
Romains employaient pour peindre leurs murailles. Je pensa;
qu'il fallait attribuer sa conservation à la présence de cette
couleur. Je désirai la fiure analyser, et je portai le clou à
M. Astaix. Cet habile chimiste reconnut que ce que je prenais
pour de la couleur n'était autre chose que de l'oxyde de fer
326 POtJILLÈS Du MONT t)B JOUER.
anhydife qui allait été pwdttli par Tefifet d'une tfêô-violente
chaleui*. Ici la sdeuce vient donc à l'aide de Tarchéologie , et le
doute ne semble plus possible.
Toutes ces découvertes étaient Intétessantes et curieuses , mais
je désirais trouver des fondations. Je fis ouvrir une quatrième
tranchée , et , dèô le mercredi i^oîr, les ouvriers trouvèrent une
énorme pierre de taille d'une longueur de 4 mètre 20 cent.
Quand apparut ce magnifique commencement d'une fondation ,
tous les cœurs furent émus , et les travailleurs forent encouragés
par cette découverte inattendue. Nous avions rencontré un des
côtés de l'établissement gallo-romain î nous avions dès-lors
toute facilité pour découvrir le reste. Dès le lendemain , à neuf
heures du matin , les ouvriers avaient déterré le mur de pierre
de granit : il était d'une longueur de 8 mètres 30 cent. A cette
première assise , qui devait être, suivant toute probabilité, un
banc pour les soldats , était adossée une très-longue construction
faite en pierres de petit appareil. Les ouvriers en avaient fouillé
une longueur de plus de 20 mètres , et ils n'en avaient encore
mis à nu qu'une extrémité. A cette extrémité , bornée par une
grosse pierre cubique, nous trouvâmes un second mur, perpen-
diculaire au pwmier, et qui devait former un des côtés du vaste
appartement qui était devant la voie romaine. Ce second mur
côtoyait le point où je supposais l'existence d'un vaste hangar.
Les ouvriers crurent avoir trouvé le pavé de cette chambre. Là
cessent mes observations
Certainement II eût été fort intéressiant d'exhumer tout en-
tière d'un sol vierge et inexploré une station romaine , d'en
reconnaître les fondations , les appartements et les dépendances ,
d'en dresser le plan. L'archéologie n'en a pas fait encore , que je
sache , une reconnaissance complète t elle s'est bornée au vague
domaine de la théotie.
Mate fouilkrr^ firvec le peu de londs qui restaient à ma dispos! -
tion , un aussi vasOô établissement , me semblait chose impos-
sible. J'avais passé quatre jours à Saint^Oôussaud , recevant de
M. le curé de ceitte paroisse une bienvdllante hospitalité. Je ne
pouvais rester plus longtemps : il me fallut donc , à mon grand
i^gret, abandonner ces fouilles (^ heureusement commencées , et
qui présentaient tant d'intérdt. Mais j'avais la conviction d'avoir
accompli la miasion que vous m'aviea donnée : Prcetoritan était
retrouvé.
Il ne me reste plus qu'à ajouter quelques détails à ce rapport,
FOUILLES DU MONT DE JOUER. 2S7
et à vous parler des choses intéressfttites qui existent à Tentour
de la station. A 400 mètres entirons des fouilles oh nous avons
reconnu les fondations qui regardaient la Voie , existe un ancien
puits que nous avons retrouvé avec quelque difficulté. Il est
creusé sur un des penchants de la montagne et à une très-grande
hauteur; il est comblé de pierres. Nos travaux se sont bornés à
reconnaître son ouverture. Il est maçonné avec des pierres de
petit appareil de même grandeur que celles des murs de la
station. Sa largeur est beaucoup plus grande que celle du puits
qui a été retrouvé dernièrement à la villa d'Antone. Les
habitants se souviennent d^avoir vu, Il y a trente ans, une
margelle qui surmontait son ouverture.
n paraît qu'il existe encore des sortes de souterrains ou de
caves.
A gauche du puits , j*ai remarqué un aqueduc qui sert à
conduire les eaux d'un point plus élevé de la montagne. Ces
eaux se rendent dans une pêcherie. Je n'ai pu vérifier la cons-
truction de Taquedac : les habitants estiment qu'elle est de la
même époque que les autres édifices de la montagne* C*était
peut-^tre un antique abreuvoir.
Au-dessus de cet aqueduc , et presque sur la cime du mont, se
trouve un grand amoncellement de larges pierres qui s'étend
sur un espace d'environ 20 mètres carrés. Ces pierres ne m'ont
pas paru être une agglomération naturelle et fortuite* Dans
mon travail précédent. J'avais pensé que c'étaient les ruines d'un
castdlum ou d'une tour à signaux. De là on pouvait è la fols
correspondre avec le nord et l'est. Je ne saurais dire si lês
stations romaines avaient ou non des sortes de télégraphes afin
de se prévenir entre elles du passage des troupes. Cette hypo-
thèse ne serait pas improbable. J'avais le désir de faire pratiquer
des fouilles dans cet amas de pierres ; mais il a fallu abandonner
ce projet, qui présentait des difficultés très-sérieuses : les res-
sources mises par vous à ma disposition n'auraient pas suffi , et
le temps m'a manqué.
Je vous avais entretenus , dans un mémoire précédent , d'un
fauteuil colossal de granit dont je vous avais proposé l'acquisi-
tion. Le transport malheureusement offrirait de grandes diffi-
cultés. Le bloc de pierre a un diamètre de 4 m. 30 c. , et une
(1) Sa présence prouve Texistence d'un temple de Jupiter qu*il sera
possible de retrouver.
228 FOUILLES DU MONT DE JOUBB.
hauteur de 4 m. 43 c. , non compris le doBsier , qui est peu
élevé et d'une forme arrondie. Il m'a paru être un siège vrai-
ment colossal, qui peut-être a soutenu un Jupiter olympien ,
d'où vient la tradition de la ville de Jouer ; mais , pour trans-
porter eette masse, dont le poids peut-être de 7 à 8 milliers, il
faudrait disposer d'un «hariot particulier : la distance de Saint-
Goussaud à la gare de Laurière est de 41 kilomètres. Vous aurez
à prendre une décision sur cette entreprise difficile et coûteuse.
J'espère être plus heureux pour la petite pierre païenne que
j'ai signalée à Jabteilles, et pouvoir un jour, moyennant un prix
raisonnable , la faire figurer dans notre musée lapidaire , déjà
si riche en monuments de ce genre.
Depuis la publication de ce rapport, j'ai reçu la lettre suivante,
qui m'a été adressée par M. Alexandre Bertrand , secrétaire de
la Commission de topographie des Graules :
a MONSIBUR,
» Son BxceUence a communiqué k la Commission de la topographie des
Gaules vos lettres des 10 février et 7 mars relatives & la station de Prm-
tcHwn.
» La Commission a lu ces communications avec intérêt. Les arguments
que VOUS feiites valoir en faveur du mont de Jouër lui paraissent avoir
une réelle valeur ; et elle a décidé que deux de ses membres iraient , au
mois d'avril prochain , visiter les lieux, et élaborer la solution sur le ter-
rain en pirenant vos indications pour point de départ. Les membres de la
Commission chargés de ce soin ne manqueront pas de se mettre en commu-
nication avec vous. Je suis chargé, en attendant, de vous remercier de
vos savantes communications.
» Veuillez agréer, Monsieur, Texpression de ma considération
la plus distinguée.
» ÂLSXAMDRB BERTRAND .
1) Secrétaire de la Commiaalon. »
Ed. buisson de MAYEBONIER.
SAINT ËLOI ORFÉVRE-ÉMAILLEUR
(BZIGIUS AURIFABBR INCIUSORIU&)
Messieurs ,
Comptant un peu sur votre patriotique admiration pour les
grandes eélébrités de notre province , je viens vous commu-
niquer quelques notes que j'ai recueillies au sujet du monastère
de Solignac, dont j'ai entrepris le cartulaire. Je vous parlerai
moins de cette antique abbaye de Solempniacum que de son
fondateur : encore me suis-je attaché plus particulièrement à
rechercher dans Eligius ce qui est relatif à Vaurifaber, et j'ose
dire VémaiUeur.
Je citerai en première ligne VHôtel-^- Ville et la Bourgeoisie de
Paris, par P. Bittiez, page 20 :
c Nos conquêtes en Italie nous procuroient de For et des
pierreries. La France pratiquoit l'art de l'orfèvrerie avec succès
sous les règnes de Clotaire II et de Dagobert, qu'on vit, en
628, s'asseoir sur un trône d'or massif. Un pauvre apprenti
orfèvre devint l'homme le plus marquant de son siècle, et mé-
rita par ses vertus d'être évêque, et d'être placé au rang des
saints.
» Limoges, en ce temps, étoit le centre principal de l'orfè-
vrerie : c'étoit dans cette ville que florissoit Abbon , orfèvre et
monétaire, chez lequel fut placé le jeune Éloi. L'apprenti eut
bientôt surpassé son maître; il fut appelé à la cour de
Clotaire II , et entra , nous dit la Chrouique anonyme de Saint-
Denis, dans l'atelier de l'orfèvre qui faisoit ouvrage pour le roi.
Il arriva que le roi voulut avoir une selle d'or [sella) couverte de
pierreries précieuses. Il s'adressa à son maître orfèvre, qui lui
dit qu'un sien ouvrier étoit très-capable de lui confectionner
46
230 SAINT éLOl ORFéVRB-ÉMAILLEUR.
cette 5eI2e tout enrichie de pierreries ; et « aussitôt, suivant une
9 chronique du temps, le roi bailla toute une grande masse d'or
» à celuy maître à saint Éloi , lequel en fit deux très-belles
» selles, et en présenta une au roi, et retint Tautre vers lui.
» Quand le roi vit cette selle tant belle , lui et tous ses gens
» s'en émerveillèrent moult , et lui remercia le roi moult lar-
» gement, et après saint Éloi lui représenta Tautre selle, lui
» disant quMl Tavoit faite du remanant de For, dont le roi fut
» plus émerveillé que devant. Il lui demanda comment il avoit
» pu faire ces deux selles tout du môme poids qui lui avoit été
» baillé; saint Éloi lui répondit que bien par le plaisir de
» Dieu ».
» C'est ainsi que Jean de Vignay raconte , d'après Vincent de
Beau vais , le miracle des deux selles de saint Éloi , qui devint
orfèvre et monétaire du roi , et fixa sa demeure vis-à-vis du
palais royal. « On montrait encore, nous dit le bibliophile
9 Jacob dans son Histoire des rues de Paris, page 82, au
0 xiii'' siècle , dans la rue de Saint-Éloi , la maison aurfévre, qu'on
» disait être la sienne , que l'incendie de 900 avait respectée. »
» Aiidoenus , saint Ouen , qui a écrit la Vie de saint Éloi , et le
moine historien de Saint-Denis [Gesta Dagoberti) , ap. Dudhesne
(T. I, p. 372), nous ont laissé l'énumération de ses ouvrages
d'art. Les principaux sont : une grande croix d'or rehaussée de
pierres fines pour la basilique de Saint-Denis ; le mausolée de
cet apôtre, dont le toit de marbre étoit couvert d'or et de
pierreries ; la châsse de sainte Greneviève , celle de saint Grermain ,
et surtout la châsse en or, d'un travail merveilleux , qu'il fit
pour renfermer la dépouille de saint Martin , évêque de Tours.
(AuDOBNUS, in Vita sancti Eligii , T. V, p. 484. )
» Avant 4790, un grand nombre d'églises et de monastères
possédoient de ces pièces d'orfèvrerie. Leur disparition ou leur
destruction est une grande perte pour l'art. Cependant il existe
encore dans la sacristie de Saint-Denis un siège en bronze gravé
et doré , qu'on regardoit , dès le xii* siècle , comme ayant été
fabriqué pour Dagobert ; mais on pense généralement aujourd'hui
que la partie inférieure de ce siège est une chaise curule an-
tique, et que le dossier à jour et les bras seuls ont pu être
ajoutés dans le cours du x* et du xv siècle. »
Cette chaise curule, en latin sella cwrulis, doit ôter toute équi-
voque sur le mot sella: on dit encore en patois limousin sello,
SAINT ÉLOI ORPéYRB-éklAlLLËtJR. 231
9eUoui Une selle d'or serait, par la dureté du métal , aussi in-^
commode au coursier qu'au cavalier.
« Saint Éloi fut placé sur le sîégre de Noyon l'an 640 : il dut
alors renoncer par lui-môme à l'exercice de l'art qui avoit été
la cause première de son élévation , et ce fut sans doute ce qui
l'engagea à fonder le monastère de Solîgnac , oii furent réunis
des moines habiles dans tous les arts , sunt et ibi arHfices diver--
sarum artium periti (Audobnus, liv. I , chap. XVI) , qui se char-
gèrent de perpétuer les enseignements, et' de pratiquer les
diverses industries artistiques, principalement alors la pro-
duction des instruments du culte et de la liturgie. Thillo, connu
sous le nom de saint Theau, élève de saint Éloi , habita quelque
temps le monastère de Solignac pour y diriger, on l'assure du
moins, les jeunes moines destinés à Torfévrerie. o
C'est de ce coin du Limousin , banlieue en quelque sorte de
Limoges, que sortirent les sculpteurs, vitriers, architectes et
autres artistes, qui y conservèrent le feu sacré des arts au
milieu des ténèbres de la barbarie qui couvrait le reste de la
France et de l'Europe. Saint Éloi fonda plusieurs autres abbayes,
églises et monastères. M. Pigné de La Court , membre corres^
pondant de notre Société , a présenté à celle des Antiquaires de
France le dessin d'une croix consécrative , peinte en rouge , et
sculptée sur une pierre, qu'il regardait comme contemporaine de
saint Éloi : elle provient de l'oratoire construit par ce Saint , en
642 y à OuTScamp , dont les matériaux furent employés à l'édifi-
cation de l'abbaye du même nom.
Il était bien établi, d'après Audoenus et le Gesta Dagoberti, et
les triens frappés par Eligius , que notre Saint était un habile
orfèvre et monétaire; on ne lui accordait pas avec la même
unanimité le titre d'émailleur, qui résultait, en quelque sorte,
du genre de travail de Vaurifaber dans Tornementation des
croix, calices, ch&sses et autres objets où la ciselure ne pouvait
représenter les sujets religieux. Il semble en efiFet que Torfévrerie
ancienne, comme celle de nos jours, en imitant les pierres
précieuses avec du verre fondu, ne faisait qu'un des arts de
r&nailleur et de Torfévre. Les œuvres ornées d'émaux de saint
Éloi, étant perdues ou détruites, firent douter qu'il en eût
exécuté.
M. Eug. Grésy , de la Société des Antiquaires de France,
dans une notice oii il résume les discussions sur l'origine de
Témaillerie à Limoges, se range du côté de MM. de Lasteyrie
232 SAINT ÉLOI ORFéVBB-ÉUAILLRU».
et de Laborde contre MM. Labarte et de Yemeilh , et apporte un
puissant argument en faveur des ouvriers limousins par la
description d'un calice fait par saint Éloi , et conservé long-
temps à Tabbaye de Chelles, fondée par la reine Bathilde, sa
contemporaine. Les détails qu'il donne sur ce calice dissipent
tous les doutes; et, si saint Éloi a exercé Témaillerie, il n^a pu
apprendre cet art que d'Abbon , son maître en orfèvrerie et en
monnayage. Abbon dut avoir aussi un maître, ce qui nous
reporte peu à peu au temps de Pbilostrate, qui vivait Tan
200 de J.--C., et dont le texte, se rapprochant de celui de Jules-
César, parle de barbares , voisins de l'Océan, qui étendaient des
couleurs sur le cuivre ardent, lesquelles y adhérant, unies et
solides, devenaient aussi dures que la pierre. Jules-César, pro-
longeant le territoires des Lémoviques jusqu'à l'Océan, Oceanum
aUingunt, semble rendre la même idée que Pbilostrate. M. Eug.
Grésy, dans le paragraphe intitulé saint Éloi a-t^il pratiqué l'or-
fèvrerie, combat M. Labarte par des raisonnements victorieux,
citant Jean de Marmoutiers; la plaque émaillée de Geoffiroi
Plantagenet ; des inventaires, des comptes de dépenses au sujet
de l'origine du mot émail; les pierres précieuses liquéfiées de
la table d'autel de Sainte-Sophie sous Ju^rtinien; les gemmœ
vitreœ de Pline et les émaux antiques que j'ai recueillis; le texte
d'Àudoenus; l'inventaire du trésor de Saint-Denis, oii il est
question de verres ressemblant à jacinthes, grenats , saphirs ,
émeraudes, et enfin l'auteur anonyme des Ge$ta Dagoberti, qui,
en parlant de la grande croix faite par saint Éloi pour Saint-
Denis , désigne l'art de l'émailleur par ces mots : HtgtiSce modi
tamen gemmarii et indusoris subtUitate. L'abbé Suger caractérise
en ces termes mirificum indusorio opère sancti Eligii le genre dans
lequel excellait notre immortel artiste, l'incrustation des émaux.
M. Labarte lui-même avait reproduit cette citation impor-
tante, défigurée par une faute d'impression.
M. Grésy produit les textes d'inventaires authentiques de
l'abbaye de Chelles, fondée par Bathilde, épouse de Clovis II,
qui conserva une vénération telle à saint Éloi , son directeur
spirituel, qu'elle suivit éplorée la pompe de ses obsèques, et
voulut faire transporter son corps à Chelles. Le chef de ce Saint,
le calice, œuvre de ses mains, dont il se servait pour célébrer
le saint sacrifice, furent donnés par la pieuse reine aux reli-
^euses de cette abbaye , qui les mirent au rang des reliques.
André du Saussay vint admirer ce calice en 4651 ; il en fit
SAINT éLOl ORFéVBE-éMAILLKUB. 233
un dessin de grandeur naturelle dans sa PanopUa sacerdotaUs ,
ouvrage très-rare. Il emploie, en le décrivant, pour rendre
refPet des émaux fondus , ces expressions latines : Encaustoque
artificiosi diquato infusoque coruscans. Dom Martène et Tabbé
Lebeuf ont parlé de ce calice de visu»
« L'ornementation toute mérovingienne du calice de saint Éloi
est d'une simplicité grave et imposante (4); le travail d'émail
n'accuse guère un art plus avancé que celui des émaux gaulois.
Des guirlandes de rhombes disposés en feuilles de fougère,
dont rémail rouge divise verticalement les compartiments
précédents , rappellent , par le dessin et la couleur, les incrus-
tations des fourreaux d'épées de Childéric et de Théodoric et de
la couronne de Ouarrazar. Les filets de perles ciselées de sa
coupe se retrouvent sur les calices de Gourdon et de Nancy, et
sur la petite chftsse mérovingienne de Saint-Maurice en Valais ,
monument inédit qu'a fait connaître M. de Lasteyrie; une
charmante petite ceinture d'orfèvrerie décore le nœud du calice :
elle est rehaussée d'émaux rouges et verts, en losange et en
damier, qui n'ont pu être exécutés qu'avec des fondants.
9 Du moment ofa nous avons sous les yeux un monnment à
date précise et de provenance certaine, dit en terminant
M. Grésy, monument qui établit que saint Éloi a fait des œuvres
d'orfèvrerie émaillées , la cause de l'industrie limousine n'est-elle
pas gagnée? » Il apporte la preuve que l'industrie de Limoges est
antérieure de plus de trois siècles h l'école allemande ; et plus
loin il dit : t C'est donc à juste titre que , depuis douze siècles , la
renommée de l'artiste mérovingien n^a rien perdu de son éclat.
A lui toujours le sceptre de l'orfèvrerie française , et à lui la
gloire d'abriter sous son patronage cette vaillante légion d'ar-
tistes qui, dans mille ans encore, seront orgueilleux et fiers
de blasonner leurs marteaux sous la bannière du grand Saint ! »
Maueicb ÂRDANT,
ArchWUte de U Haute- Vienne , officier d'Académie.
Limoges , le 26 février 1863.
(1) On est firappé, quand on a les deux dessins sous les yeux , de la res-
semblance , pour la disposition de romementation , entre le vase antique
émaillé trouvé près de Rochechouart , décrit dans mon livre De rSmaUlerie
limousine , et le calice de saint Éloi : mêmes compartiments dans le sens
I vertical.
PROCÈS-VERBAUX DES SEANCES.
SÉANCE DU 30 JANVIER <863.
Présidence de M. ilaurtce AJftDAlVX* Vlcse-Présldent»
Sont présents : MM. Maurice Ârdant, AUélix, Tabbé Ârbellot,
Bonnin , Buisson de Mavergnier, Brisset , Alfred Chapoulaud,
Roméo Chapoulaud, Desfray, Garig^ou-Lagrange , Lansade,
Leviel de La Marsonnière, Nivet-Fontaubert, E. Ruben.
Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté.
Lecture est donnée des dons faits au musée et à la Société.
(Y. la liste à la fin du volume.)
M. Dessalles, avocat à Limoges , présenté à la dernière séance,
est proclamé membre résidant de la Société. — MM. Maurice
Ardant et Bonnin présentent comme membre correspondant
M. Léon Mongenot, de Nancy.
M. Buisson de Mavergnier, nommé rapporteur tie la commis-
sion du budget, fait, sur les comptes de Texercice 4862 et sur le
budget de 4863, un rapport duquel il résulte que, pendant
Texercice 4860 , l'excédant des dépenses sur les recettes a été de
368 fr. 45 c. , ce qui a réduit l'encaisse de 4864 à 720 fr. 95 c.
Le rapporteur propose de fixer comme suit le budget de 4 863 :
îr, c.
Recettes ordinaires 4 ,220 »
Recettejj extraordinaires 900 »
Total 2,420 »
PROCàs*VERBAUX DBS SÉANCES. 285
fp. C.
Dépenses ordinaires 2,324 80
Dépenses extraordinaires 400 »
Total 2,424 80
Excédant de dépenses 304 80
L'exposé de la situation financière de la Société donne lieu à
une discussion à laquelle prennent plus particulièrement part
MM. Bonnin, Lansade, E. Ruben. M. le rapporteur propose de
faire peser la réduction des dépenses sur les frais d'impression et
notamment sur le Nobiliaire,
M. Ruben expose que Timpression du Nobiliaire , admise en
principe , se poursuit avec activité. L'augmentation des dépenses
destinées à cette impression ayant été consacrée l'année dernière
par un vote en séance générale, il n'est guère possible de
revenir sur ce qui a été décidé.
M. Bonnin , après avoir fait ressortir très-clairement que le
musée appartient tout à la fois au département , à la ville et à
la Société, et que le but de la Société est principalement d'en-
courager les études et les productions archéologiques et
historiques, demande que les réductions, s'il est possible d'en
faire, portent plutôt sur les fonds affectés aux acquisitions
destinées au musée que sur les publications, qui sont la mani-
festation de l'existence de la Société.
M. Lansade expose que la somme de 100 fr. affectée aux
fouilles est insuffisante, et demande que cette somme soit élevée
à 200 fr.
Plusieurs membres prennent part à la discussion, et l'as-
semblée décide r
4» Que les acquisitions pour le musée seront réduites à
300 fr;
2'' Que la somme affectée à l'impression du Bulletin et du
Nobiliaire sera fixée à \ ,200 fr. ;
3<* Que la somme affectée aux fouilles archéologiques sera
portée à 200 fr. ;
Ce qui, d'accord avec la commission , établit le budget comme
il a été dit plus haut.
Il est en outre décidé qu'il sera fait des démarches pour
obtenir du Gouvernement u»e allocation dont la Société a été
236 PROCès-VBBBAUX DBS séANCES.
privée Tannée dernière , ce qui explique en partie le déficit dans
lequel se trouvent ses finances.
M. Leviel de La Marsonniëre a la parole. Il reprend la pro-
position par lui faite à la dernière séance; il développe les
arguments qu'il avait déjà donnés, et demande que le règle-
ment soit modifié en ce sens que le comité de publication soit à
l'avenir composé de six membres, y compris le président, qui en
aura la présidence , et le secrétaire général , qui en sera le
secrétaire.
M. le secrétaire général , tout en acquiesçant à la proposition
de M. de La Marsonnière, demande si, parmi le président et les
deux vice-présidents, il sera nommé un président ad hoc du
comité de rédaction , ou si la présidence de ce comité sera
dévolue hiérarchiquement. Il craint que, dans ce dernier cas, le
comité, vu Page du président et les fonctions de Tu n des deux
vice-présidents, ne soit souvent exposé à n'être pas présidé, et il
propose de nommer ensemble membres du comité de rédaction
. le président et les deux vice-présidents, qui occuperont la pré-
sidence selon Tordre hiérarchique.
Cette proposition est mise aux voix et adoptée, et Tart. 22 du
règlement est modifié ainsi qu'il suit :
ART. 22. — Un comité de publication, composé de huit membres, y
compris le président, les deux vice-présidents, le secrétaire général , qui
en font partie de droit , est chargé de composer le BuUetin , et d*en sur-
veiller Timpression. U donne son avis sur les publications , autres que le
Bulletin, qui pourraient être âdtes aux tnla de la Société, et en surveille
l'impression après qu'elles ont été autorisées en assemblée générale.
Le comité est présidé par le président de la Société ou, à son défaut ,
par Tun des vice-présidents, suivant Tordre de nomination. Le secrétaire
général de la Société, ou , à son défaut, un des deux autres secrétaires, eat
de droit secrétaire du comité.
Aucun manuscrit n'est admis à Timpression sans le visa du président.
La Société n'entend du reste , etc.
Sur la proposition de M. Ruben , Tassemblée nomme M. Guil-
lemot , professeur d'histoire au lycée , membre de la commission
des fouilles en remplacement de M. Poyet, qui a quitté notre
ville.
M. Maurice Ârdant lit un document appartenant aux archives
FAOCàs-VBRBAUX BBS SÉANCES. 237
de la Haute-Vienne et relatif à la connétablie de La Rochelle.
— Renvoi au comité de rédaction.
 9 heures et demie , la séance est levée.
Le secrétaire général ,
E. RUBEN,
'mm0 O'
SÉANCE DU 27 FÉVRIER 4863.
IH-ê*ldenra d« M. Maurloe AltDAlinr» Vl<;e-Présldent«
Sont présents : MM. Maurice Ârdant, Brisset, Buisson de
Mavergnier, Alfred Chapoulaud , Desfray, Garigou-Lagrange ,
Hervy, Levieîl de La Marsonnière, Nivet-Fontaubert, E. Ruben.
Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté. Lecture
est aussi donnée des dons faits soit au musée , soit à la biblio-
thèque de la Société (V. la liste]. Des remercîments sont votés
aux donateurs ; une mention toute particulière doit être faite
pour le Missel' limousin , manuscrit , offert à la bibliothèque de la
Société par M. de Voyon de La Planche. Ce Missel est renvoyé è
Texamen de MM. Maurice Ârdant et Garigou-Lagrange.
La Société vote également des remercîments à M. le directeur
du musée et à M. Nivet-Fontaubert, conservateur des objets
d*art , pour Tacquisition qu'ils ont faite de certains objets en
porcelaine et en faïence destinés au musée céramique. La
Société volt avec plaisir cet emploi intelligent de ses fonds.
M. Ruben rappelle que la création du musée céramique est
due à rinitiative de M. Migneret , ancien préfet de la Haute-
Vienne, et remonte à Tannée 1850. Dans sa séance du S6 dé-
cembre de cette même année, la Société Archéologique fut
chargée de l'organisation , de la classification et de la conserva-
tion de ce musée, par M. le préfet, qui, à cet effet, nomma une
commission composée de MM. Alluaud aîné, Mazard père,
Fayette, VabbéTexier, Perdoux et Dubois, fabricant de perce-
1
1
238 PllOCàS-VERBAUX DES SB/kNCES.
laine. Vers la même époque, Son Exe. M. le ministre de Tagri-
culture, du commerce et des travaux publics, dans le but
d'encourager les efforts de la Société, donnait au nouveau
musée une certaine quatité de vases et de pièces provenant de
la manufacture de Sèvres. Ces objets ont été déposés au musée
général , et sont admirés tous les jours par les visiteurs. Mal-
heureusement, par un concours fâcheux de circonstances, en
tête desquelles il faut placer le manque d'un local et le départ
de M. Migneret, aucune suite n'a été donnée à l'organisation du
musée céramique, et la commission n'a pas fonctionné; de sorte
que, à l'exception d'une collection de poteries algériennes,
offerte par M. Géry, ancien préfet d'Alger, notre compatriote,
les choses sont actuellement à peu près dans l'état oii elles, se
trouvaient en 4850. Cependant notre industrie porcelainière a
fait de grands progrès, et l'organisation définitive du musée
céramique est réclamée journellement. M. Buben, en terminant,
propose à la Société d'émettre un vœu à cet égard.
La Société charge une commission composée de MM. le pré-
sident, le secrétaire général, le directeur, et de MM. Astaix et
Perdoux, de se rendre auprès de M. le préfet de la Haute-
Vienne et de M. le maire de Limoges, et de faire valoir auprès
d'eux toutes les raisons qui militent en faveur de l'organisation
définitive du musée céramique.
M. Mongenot, de Nancy, présenté à la dernière séance, est
proclamé membre correspondant de la Société. — MM. Nivet-
Fontaubert et Astaix présentent comme membre résidant
M. Maquart, demeurant à Limoges.
Lecture est donnée d'une lettre, en date du \6 février, dans
laquelle Son Exe. M. le ministre de l'instruction publique invite
le président de la Société à lui faire connaître ceux des membres
qui désireront assister à la distribution solennelle des prix
accordés aux sociétés savantes, et faire quelques lectures devant
le comité des sociétés savantes, qui tiendra trois séances extraor-
dinaires les 8, 9 et 40 avril.
M. Buisson de Mavergnier demande la parole.
11 expose qu'il est l'auteur de quelques mémoires archéolo-
giques, notamment d'un petit travail, qu'il a lu dernièrement,
sur les ruines de Bret et d'un mémoire plus considérable sur les
voies romaines en Limousin , duquel il donne lecture. Comme
fies affaires l'appellent à Paris, il désirerait que la Société le
chargeât de la représenter auprès* du comité des sociétés
PROCte-VBBBAUX DBS SÉANCES. 239
savantes, et lui indiquât celui de ses mémoires dont elle pré-
férerait qu'il donnât lecture au comité.
M. Ruben répond que, quant à la première demande, il est
persuadé que la Société ne saurait être mieux représentée que
par M. Buisson de Mavergnier, mais que, quel que soit le
mérite de ses travaux, il n^appartient à la Société d'en pa-
tronner aucun officiellement, et qu'il convient au contraire
de rester dans les termes de Tart. â^ du règlement, et de laisser
à chacun la responsabilité personnelle de ses oeuvres.
La Société en conséquence prie M. Ârdant, son président, de
vouloir bien donner à M. Buisson de Mavergnier une lettre pour
Son Exe. M. le ministre de Tinstructiou publique, et d'indiquer
tout simplement, dans cette lettre, les sujets que se propose de
traiter l'honorable membre de la Société.
11 est ensuite procédé à Télection de deux membres du comité
de rédaction en remplacement de MM. Buisson de Mavergnier
et Talabot, membres sortants.
Nombre de votants : H .
Pour M. Astaix , 9 voix
Pour M. Brunet, 9
Pour M. Guillemot, â
Pour M. Nivet-Fontaubert , 2
En conséquence, MM. Âstaix et Brunet sont proclamés
membres du comité de rédaction pour Tannée 4863.
M. Buisson de Mavergnier lit la première partie de son travail
sur les voies romaines du Limousin : ce travail , plein d'éru-
dition, est renvoyé au comité de rédaction.
A <0 heures et demie, la séance est levée.
Le secrétaire général,
E. RUBEN.
240 PROGÈS-VBRBAUX DBS SÉANCES.
SÉANCE DU 27 MARS 4863.
Présidenee de M. Maurice AROAWT, Vloe-Pi-é«ldent.
Sont présents : MM. Âllélix, Ârdant, Âstaix, Brisset, Alfred
Chapoulaud, Desfray, Garigou-Lagrange, Hervy, Nivet-Fon-
taubert, E. Ruben.
Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté.
M. Maquart, présenté à la dernière séance, est proclamé
membre résidant de la Société. MM. Nivet-Fontaubert et
E. Ruben présentent comme désirant faire partie de la Société
en qualité de membres résidants MM. Ferru, artiste statuaire;
Amédée Alluaud, fabricant de porcelaine, etÉIie Lemas, pro-
fesseur de rhétorique au lycée de Limoges. MM. Maurice Ardant
et Ghapoulaud présentent comme membre correspondant
M. Firmin Delor, de Péronne.
Plusieurs dons ont été faits , depuis la dernière séance, soit au
musée soit à la bibliothèque de la Société. — Remercîments aux
donateurs.
M. le président rend compte de la réception faite par M. le
maire à la commission envoyée auprès de lui pour lui parler de
Torganisation du musée céramique. Depuis la nomination de
cette commission , on avait appris le don fait à la ville par Son
Exe. M. le ministre d*État de quelques pièces provenant de la
collection Campana. Ces pièces étaient réclamées par la chambre
de commerce de Limoges, qui, disait-elle, voulait créer un
musée industriel. M. Othon Péconnet, maire de la ville et
membre de la Société, a fait le plus bienveillant accueil à la
commission, et lui a donné l'assurance que les pièces annoncées,
étant uniquement artistiques et historiques , et devant dès lors
n'avoir aucune raison d'être placées dans un musée industriel ,
seraient envoyées au musée actuel; que, quant à l'édification
d'un monument pour le musée, il fallait attendre, mais qu'il
pensait que le musée céramique pourrait très-bien être installé
provisoirement dans une des salles du local actuel, notamment
dans la salle qui fait suite à celle des séances.
PROCàs-VERBAlIX DBS SÉANCES. 241
La Société remercie la commissiou, et prie M. ]e président de
vouloir bien transmettre à M. le maire Texpression de toute sa
gratitude.
M. Alfred Chapoulaud, pour M. Maurice Ârdant, lit une pièce
concernant les statuts des fourbisseurs de Limoges. — Berner-
cîments, et renvoi au comité de publication. — M. Ruben lit, pour
M. Audouin , un manuscrit intitulé Mes Souvenirs. La lecture de
cette autobiographie , pleine de détails historiques d'un grand
intérêt, est écoutée avec attention par rassemblée, qui prie M. le
président de vouloir bien transmettre ses remercîments à
M. Audouin.
M. Kivet-Fontaubert, pour H. de Yemeilh, lit un mémoire
sur Voppidum gaulois de Courbefy. — Bemerclments, et renvoi au
comité de rédaction.
M. Garigou-Lagrange lit un rapport sur les Mémoires de la
Société des AfUiquaires de l'Ouest , année 1860-64. Le rapporteur,
dans un style net et concis , fait ressortir avec bonheur tous les
faits qui peuvent intéresser le Limousin , et la Société écoute
avec le plus grand plaisir la lecture de cet excellent rapport.
M. Ruben propose à l'assemblée de voter un crédit de 50 fr.
pour reliure d'ouvrages dont les livraisons détachées seraient
exposées à être perdues. La Société accorde le crédit demandé.
A 40 heures, la séance est levée.
Le secrétaire général,
E. RUBEN.
SÉANCE DU 4" MAI 4863.
Ihréftidence de M. Maurice ARDAUTT» Vlee-I^ré«ldent«
Sont présents : MM. Maurice Ardant, Astaix, Brisset, Buisson
de Mavergnier, Dessalles, Desfray, Henry, Maquart, Nivet-
Fontaubert, E. Ruben.
Lecture et adoption du procès-verbal de la dernière séance.
S42 PROCès-VERBAUX DBS SÉANCES.
M. le président annonce la perte que la Société vient de faire
dans la personne d'un de ses membres les plus zélés et les plus
distingués, M. le baron Gay de Vernon, mort à Saint-Léonard
le S& avril 4863. M. le président engage quelqu'un des membres
de la Société k rédiger une notice biographique sur notre regret^
table collègue.
MM. Amédée Alluaud , fabricant de porcelaine ; Ferru , artiste
statuaire , et Élie Lemas , professeur de rhétorique au lycée ,
sont proclamés membres résidants de la Société. M. Firmin
Delor, de Péronne, est proclamé membre correspondant. —
MM. Ardant et É. Buben présentent comme membre résidant
M. Éléonore Fontaneau , ancien officier de marine.
La Revue de Bordeaux propose l'échange de ses publications
avec celles de la Société. Cette proposition est acceptée.
Depuis la dernière séance, le musée a reçu l'envoi fait par
Son Exe. M. le ministre d'État, au nom de l'Empereur, de
soixante-cinq pièces provenant du musée Gampana. On remarque
parmi ces pièces une figure d'archer en marbre blanc, deux
bustes également en marbre blanc , deux grands vases
étrusques et huit majoliques. La Société prie M. le directeur du
musée de vouloir bien faire parvenir à Son Exe. M. le ministre
d'État Texpression de toute sa reconnaissance. — Plusieurs
autres dons ont été faits soit au musée, soit à la bibliothèque de
la Société. (V. la liste à la fin du volume.)
M. le président transmet à la Société l'offre faite par M. Vi-
gnaud de Saint-Florent, agent-voyer en chef, de profiter des
travaux de voirie qu'il doit faire exécuter sur l'ancien champ
de bataille de La Roche-rAbeille pour faire faire quelques
fouilles archéologiques aux lieux indiqués par la Société. La
Société remercie M. Yignaud de son offre bienveillante, et le prie
de vouloir bien faire faire les fouilles au lieu dit La Chapelle-
Saint-Laurent. Tout porte à croire que des travaux sur ce point
amèneront de bons résultats.
Lecture est donnée d'une lettre dans laquelle M. Joseph
Audouin , membre résidant de la Société , demande l'abrogation
du § 3 de l'art. 2 du règlement, portant que la Société s'interdit
de traiter aucune matière historique postérieure à 1790. La
Société, s'en référant aux motifs de haute prudence qui ont pré-
sidé à la rédaction du paragraphe incriminé, passe à l'ordre du
jour.
M. Buisson de Mavergnier, pour M. Maurice Ardant , donne
PnOCÈS-VRRBAUX DES SÉANCfiS. 243
lecture de la liste des aurifabri dressée par le savant archiviste.
— Renvoi au comité de rédaction
M. Nivet-Fontaubert dépose sur la table une copie, colla-
tîonnée par M. Bosvieux, archiviste de la Creuse, membre
correspondant de la Société , de parchemins concernant Thistoire
du Limousin. Ces pièces, qui ont été achetées à Toulouse, sont
intitulées : « Privilèges de la ville de Limoges. — Vidimus
général donné par le roi Henri II à Saint-Oermain-en-Laye
au mois de juillet 4555 ». M. Nivet-Fontaubert donne lecture
des passages les plus intéressants. — Bemerclments , etraivoi
au comité de publication.
M. Buisson deM^vergnier rend compte de sa mission à Paris, à
la réunion des sociétés savantes. Il dit qu*il a été très-bien
accueilli, et qu*il a pu lire son travail sur les ruines de Breth,
qui a été écouté avec intérêt. M. Buisson s'est ensuite enquia au
ministère de l'instruction publique du sort du DicHonnaire du
Limousin rédigé par M. Grignard , et proposé à Son Esc. M. le
ministre avec le patronage de la Société. Au ministère on a
trouvé le travail de M. Grignard beaucoup trop considérable et
pas assez châtié . Quant à la demande d'un secours pour la Société
Archéologique et Historique du Limousin , il a été répondu à
M. Buisson que ce n'est plus le ministre qui distribue ces
secours ; qu'il a chargé de cette distribution le comité des sociétés
.savantes (4).
L'assemblée remercie M. Buisson de Mavergnier de toutes ses
démarches.
 40 heures, la séance est levée.
Le secrétaire général,
E. RUBEN.
(1) Par lettre du 7 mai 1863, on a accordé SOO fr. à la Société.
244 FROCàs-*VERBAUI DES SÉANCBS.
SÉANCE DU 29 MAI «863.
La séance est ouverte à 7 heures et demie. Sont présents .
MM. Bonnin, Buisson de Mavergnier, de Lamarsonniëre ,
Talabot, Brisset, Nivet-Fontaubert , Reculés, Dessalles,
Maquart , Oarigou-Lagrange , Astaix , Ardant du Masjambost ,
Ferru , Desfray .
M. Roméo Ghapoulaud remplit les fonctions de secrétaire en
Tabsencede M. Ruben, empêdié.
Lecture est donnée du procès-verbal de la séance du 4-'' mai,
qui est approuvé , sauf une rectification en ce qui concerne la
statue du musée Campana offerte par M. le ministre d'État.
Cette statue est indiquée comme représentant un archer : c'est
Apollon décochant un trait au serpent Python : le corymbe dont
la tête est ornée , et qui était attribué à Apollon comme à
Bacchus , le fait d^ailleurs suffisamment reconnaître.
M. Corblet, directeur de la Bévue de l'art chrétien h Amiens,
écrit qu'il rend compte de temps à autre dans sa Revue des
articles insérés dans notre Bulletin. Il sollicite Thonneur d'être
inscrit au nombre de nos correspondants. — M. le secrétaire
général est chargé de lui faire connaître à quelles conditions il
peut être admis d'après le règlement.
M. Barbier de Montault, chanoine de la basilique d'Anagni,
annonce qu'il a lu avec intérêt le mémoire consacré par M. Pé-
rathon , dans notre Bulletin , aux tapisseries d'Aubusson et de
Felletin ; mais ce mémoire est purement historique , et il serait à
propos de le compléter en envisageant le côté archéologique. Si
Ton adoptait son opinion, les matériaux ne manqueraient pas;
il envoie lui-même, à Tappui de ce qu'il avance, un certain
nombre de documents. — Cette lettre sera communiquée au
comité de rédaction avec les notes qui l'accompagnent.
M. le ministre de l'instruction publique informe le président
que, par arrêté du 3 mai courant, il a accordé à la Société une
allocation de 300 fr. — M. le secrétaire général est prié d*a-
I^ROCÈS-veRBADX DGS SÉANCitS. 345
ilfesser une lettre de remercîments h M. le ministre, et une
seconde lettre , pour le musée Campana , à notre compatriote
M. de Cardailhac.
M. le trésorier remplira les formalités nécessaires pour toucher
la somme accordée par Son Excellence. M. Brisset saisit cette
occasion pour informer la Société qu'il a reçu une somme de
500 francs, allouée par le conseil général dans sa session du
mois d'août 1862. — I/assemblée remercie M. le préfet d'avoir
bien voulu faire élever Tallocation à ce chiffre.
La liste des ouvrages arrivés dans le courant du mois est
communiquée à la Société. Une fontaine en terre cuite, produit
de la fabrique de folience de Limoges, a été acquise.
M. Fontaneau, présenté à la dernière séance^ est admis à
l'unanimité.
MM. Maquart et Nivet présentent comme candidat au titre de
membre résidant M. Adrien Duboucbé , propriétaire à Yerneuil ;
MM. Nivet et Ferru, au même titre ^ M. Fournier, photographe.
Un membre fait la proposition de substituer, pour jour de
séance mensuelle, le mercredi au vendredi. Ce jotir-là^ plusieurs
membres sont empêchés, et ils ne le seraient pas le mercredi.
Au nombre de ceux-ci est notre ancien secrétaire général
M. l'abbé Arbellot, curé de Rochechouard.
Avant d'agiter cette question, la Société invite M. le secrétaire
général à demander & M. Arbellot si, dans le cas où le chan-
gement aurait lieu, il assisterait de temps en temps à nos
séances.
M* Maquart , qui s'était chargé d'analyser les mémoires de la
Société Archéologique de Chftlons-sur-Saône , lit quelques
extraits d'une biographie de Jehan Germain , évêque de cette *
ville en 1436, protégé du duc de Bourgogne, dont il fut le
secrétaire et l'ami. Il entre dans quelques détails au sujet d'un
groupe en bois sculpté qui se voit dans une église de Ch&lons , mais
évidemment postérieur au xv* siècle. Il extrait encore une note
sur un vœu de la ville de Châlons èi pro'pos de la peste de 1629,
et un travail important sur des études égyptiennes, et sur
plusieurs inscriptions , dont une est relative aux mines d'or de
Nubie et d'Ethiopie.
» La Société impériale des Antiquaires de France, dit M. De-
salles, s'occupe quelquefois de questions archéologiques ayant
trait à notre ville. L'année 4858 a surtout appelé l'attention de
cette Société. Nos voies romaines, nos inscriptions, ont fourni
17
246 PROCES-VERBAUX DES SÉANGES.
matière à Texamen de M. deLongpérier, coofieryateur dm an-
tiques au musée du Louvre. Ce savant propose de rétablir ainsi :
a D. M. E. MEMORIAE SV. ORIGANIONw {Diis manUm et
memoriœ Sulpicii OriganiofUs) » la fameuse inscription que tout le
monde connaît, et qui a toujours été lue :
a lABSV ORIGANIONIS ».
M. de Longpérier signale encore une inscription du xi' siècle
gravée sur un fragment de serpentine verte , venue d'Uzerche ,
et qui a appartenu à un tombeau où figure le mot de satrape,
étonné sans doute de servir de qualification à un fonctionnaire
limousin; mais on connaît d^autres exemples de cette étrange
désignation, a La lecture de la Bible, dit M. de Longpérier
après M. Tabbé Texier, avait probablement donné aux princes
de l'occident Tidée assez singulière de faire usage du titre que
nous lisons sur le tombeau de serpentine. »
Dans les années suivantes, M. Desalles ne trouve qu'une seule
note relative au Limousin. Elle est de M. Vergniaud-Bomagnesi,
sur un émail attribué à Barthélémy Yergniaud , émailleur, vers
4627, à Limoges. Cet émail provient, dit-on, du château d*Anet.
La lecture de M. Desalles donne lieu à un incident tout pa-
triotique. M. Talabot vient de parcourir le dernier n» du
Bulletin. Il a remarqué avec peine Tespèce de parti pris par
M. de Verneilh dans sa réponse à M. de Lasteyrie de refuser au
Limousin l'ancienneté dans la fabrication des émaux , lorsqu^il
voit cet art pratiqué dans une foule d'autres contrées de la
France et de l'étranger; et cependant il ne lui conteste pas le
nom d'opu5 lAmogiœ consacré par le temps et par tous les
peuples. — M. de Lasteyrie fera sans doute justice des asser-
tions de M. de Verneilh, que nous avons toutefois été heureux
de consigner dans notre Bulletin , mais que contredisent une
foule de documents. L'incident se termine par une vive et
intéressante discussion à laquelle plusieurs membres prennent
part.
M. le secrétaire lit une note de M. Maurice Ardant sur un
Missel manuscrit offert par M. de Voyon à la Société. Notre ho-
norable président signale des lacunes regrettables dans ce livre
où ont été lacérées plusieurs pages, surtout celles qui conte-
naient des lettres ornées de peintures et de la musique notée.
«Ce manuscrit est , ajoute-t-il en terminant, une belle ruine,
PROCès-VERBAUX BBS SÉANCES. 247
(ligne d'être Tobjet de soins conservateurs, et. nous devons des
remercîments au donateur ».
L'ordre du jour appelle une lecture de M. Buisson de Ha-
vergnier sur la situation de la ville de Praetorium. Ce mémoire
captive à un haut degré' l'attention de la Société , qui , d'un accord
unanime, le renvoie au comité de publication. L'insertion au
Bulletin aura probablement lieu : nous sommes donc dispensé
d'analyser cet important travail , qui du reste aura une suite.
La séance est levée à 9 heures et demie.
Le secr^tcdre^archiviste ,
R. CHAPODLAUD.
SÉANCE DU 25 JUIN 4863.
Présidence de M. Maurlee ARDAIVX^ Vice-Président.
Sont présents : MM. Maurice Ardant, Brisset, Buisson de
Mavergnier, Alfred Chapoulaud , Ferru , Talabot , E. Ruben.
Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté.
MM. Adrien Dubouché et Fournier, présentés & la dernière
séance, sont proclamés membres titulaires. MM. Maurice Ardant
et Buisson de Mavergnier présentent M. Théophile Font-Réaux,
de Saint-Junien, qui demande à faire partie do la Société.
Depuis la dernière séance, plusieurs dons ont été faits soit au
Musée, soit à la bibliothèque de la Société. (Y. la liste à la fin
du vol.)
Lecture est donnée d'une lettre adressée à M. le président, et
dans laquelle M. Desfray , après s'être excusé de ne pouvoir
assister à la séance , prie la Société de vouloir bien statuer sur
une demande par lui faite il y a deux mois, et tendant à ob-^
tenir le titre de photographe de la Société Archéologique du
Limousin.
Après une courte discussion, l'assemblée, consultée, accorde
à M. Desfray le titre qu'il demande.
M. Ruben, secrétaire général, est autorisé à acheter pour la
248 PROCàS-VERBAUX DES SÉANCES.
bibliothèque de la Société la Bibliothèque de Labbe. M. Buisson de
Mavergnier, directeur du Musée, est autorisé h acquérir deux
émaux. L'assemblée accorde en outre, sur la demande de
M. Buisson, à la commission des fouilles 400 fr. destinés à faire
des recherches au Puy-de-Jouër.
M. Buisson de Mavergnier lit un travail sur les ruines d'une
villa romaine et d'un château-fort découverts au sommet du
Puy-de-Jouër. — M. Chapoulaud, pour M. Ardant, donne lec-
ture d'un travail sur la numismatique limousine. — Remercî-
ments, et renvoi au comité de publication.
La séance est levée à neuf heures.
Le secrétaire général,
B. RUBEN.
SÉANCE DU 34 JUILLET 4863.
I»ré»lde«ice de M. Maurice AADAIVX» Vice«Présldént«
Sont présents : MM. Maurice Ardant, Brisset, Brunet, Fon-
taneau, Alfred Chapoulaud, Maquart, Astaix, Talabot, Hervy,
É. Ruben.
Lecture est donnée du procès-verbal de la dernière séance.
M. Brunet s'étonne que M. Adrien Dubouché ait été proclamé
membre titulaire de la Société, puisque sa résidence est hors du
département. Il demande que sa protestation soit insérée au
procès-verbal. M. le président répond à M. Brunet que M. Adrien
Dubouché a plusieurs domiciles, dont l'un est à Limog-es,
l'autre dans la commune de Verneuil , où il possède une pro-
priété; qu'il est une grande partie de l'année dans notre dépar-
tement, et qu'ainsi, en le nommant membre titulaire, on n'a
nullement enfreint le règlement. L'assemblée, consultée,
considérant que M. Adrien Dubouché a une de ses résidences
à Limoges et dans le département, adopte le procès-verbal, et
passe à l'ordre du jour.
■
Le secrétaire général communique à l'assemblée une lettre à
PROCès-VBRBAUX DBS SÉANCES. 249
lui adressée par M. A. Fabre, président du tribunal de pre-
mière instance de Chambéry, et dont voici la teneur :
« Mbssibubs ,
» Je m'occupe & mes rares instants perdus d'un travail sur
le trésor de la Sainte-Chapelle de Chambéry, que je dois lire à
TAcadémie impériale de Savoie. Je voudrais que ce travail fût
aussi complet que possible : c'est un tribut de reconnaissance
que je voudrais payer à mes nouveaux compatriotes pour
l'accueil bienveillant qu'ils m'ont fait lorsque je suis venu de
France en Savoie lors de Tannexion.
» Dans ce riche trésor se trouvent beaucoup d'étoflFes d'or et
d'argent couvertes d'ornements fabriqués à Limoges.
9 Les ouvrages que j'ai consultés parlent bien des œuvres de
Limoges, telles qu'émaux, orfèvrerie, argenterie, tapisseries;
mais je n'ai vu nulle part que votre ville se livrât à la fabri-
cation des étoffes d'or et d'argent, ou plutôt aux passementeries.
X» Je vous serais bien reconnaissant de me transmettre
quelques renseignements sur ce point. Je vous copie textuel-
lement les passages latins de l'inventaire sur lesquels j'ai besoin
d'éclaircissements. Vous devez avoir à Limoges une académie
et des hommes versés dans la connaissance des faits sur lesquels
j'appelle votre attention : je suis certain qu'ils ue me refuseront
pas leur concours.
< Extrait de l^inventaire du trésor de la Sainte-Chapelie de Chambéry,
dressé en 1483.
» Sous le chapitre intitulé : « TuELLiiS âltaris »•, qu'il faut
traduire par touailles ou couvertures d'autd, on trouve :
« Una pala limopata auro et cyrico » :
« Nappe ou couverture d'autel limogée d'or et de soie » : telle
est la traduction que je propose.
« Una pala ad coperiendum al tare, fleu^ta cum certis rigiis auri et cyrici
B rubel , sine Hmogeriis » :
» Je traduis : « Une nappe pour couvrir l'autel , rayée d'or et
» de soie rouge, sans limousineries , ou faite avec des bandes d'or
9 et de soie ». — 11 s'agit ici de ces étoffes rayées dont l'usage
fut si fréquent aux xiv, xv- et xvr siècles.
250 PROCÈS-VERBAUX DES SEANCES.
« Alia pala, facta de diverais UmoçUs per totum longrum de diversis C(h
9 loribus cyriconim et alSqaibus parvis Hmoffus auri irrictior aliis » :
» Je traduis : « Une nappe faite dand toute sa longueur de
» diverses Umoges de soies de différentes couleurs et d'autres
> petites limoges d'or, ladite nappe moins régulière que les au-
9 très (?) ...» Irrictior pour irrecUor : reclus; irredus, irrégulier?
« Alia pala de tela alba, limogiata in extremitatibus , cum certoj opéré
» fbcto cum acu more Cypri »» :
« Une nappe de toile blanche limogée à ses extrémités d'un
» certain travail fait à Taiguille suivant la mode de Chypre. »
— Les étoffés de Chypre étaient très-renommées.
« Alia pala de tela alba limogiata in extremitatibus de limoffia nigra,
» fringata fHngriis persis et viridibus 9 :
»
« Une nappe ou couverture de toile blanche, limogée aux extré-
mités de Umoges noire, et frangée de franges bleues et vertes. »
« Une autre « Limogiata in extremitatibus de cjriconigro ». —
« limogée de soie noire. »
« Une autre en bonne toile limogée de la même toile , presque
» rousse : « Limogiata eadem tela quasi ruffea »,
« Unum gremiale de tela , cum octo rigiis Umogiatis auri bene ope-
» ratum. »
« Un grémial en toile avec huit raies limogées d'or , ledit gré-
» mial en beau travail, o
Autre citation plus intéressante :
« Due tuellie de tella urticarum cum sex limogiaturis multum bene
» operatis de auro in quarum duabus sunt imagines leonum» leopardi et
» cervi » :
» Deux touailles en toile d'ortie (étoffe rare), avec six Umoges
9 d'or bien travaillées , dans deux desquelles sont des lions , etc. . . »
» Évidemment on faisait à Limoges soit des étoffes d'or et d'ar-
gent et de soie , soit des ornements ou passementeries qui s'ap-
pliquaient sur les ornements sacerdotaux....
» Francisque Michel , dans son excellent ouvrage sur la fabri-
cation des étoffes d'or , d'argent et de soie au moyen âge , ne
parle que des tapisseries de Limoges en quelques lignes, etc. ».
PROCès-VERHAUl DBS SÉANCES. 351
L'assemblée remercie M. A. Fabre de son intéressante com-
munication, et renvoie m lettre à Texamen de M. Ferdinand de
Lasieyrie.
M. Font-Réaux , de Saint- Junien , présenté h la dernière ^nce,
est proclamé membre titulaire de la Société.
Plusieurs dons sont laits soit au Musée, soit à }^ biblothèque
de la Société (voir la liste à la fin du vol.). Parmi les dons faits
à la bibliothèque, il faut mentionner deux cartes géographiques
du diocèse et de la généralité <jle Limoges offertes par M. Nadaud,
premier président honoraire de la cour de Grenoble , un des
membres correspondants les plus nâlés de notre Société.
M. Brunet offre h la Société Tempreinte d'un contre-scçl de la
chaDeellme du vicomte de L4moges, appartenant k M. Bardy.
Bemerdoiants è M, Brunet et ^ M* Bardy pour la communica-
ti(m qu'il a bien voulu faire. M. Bru^çt dpnu^ leoture d'un ma-
nuscrit sur vélin appartenant à M. Pinot de Moira. C^est un
terrier de Téglise de Beaumont {Hrès Peyrat. I^ Société remercie
M. Pinot de Moira de cette communication , et U, Bruinet de sa
lecture.
Renvoi au comité de publication d'un travail de M* M. Ardant
sur les coutumes de Limoges.
A 9 heures , la séance est levée.
Le secrétaire général ,
É. RUBEN.
SÉANCE DU 28 AOUT 1863.
Prê^deaoe de M. llaurloe ARDANT, Vlce-Pré«ldent.
Sont présents : MM. Bonnin, vice-président; Desfray, Garri-
gou-Lagrange , Fontaneau, Lansade, Tabbô Leclerc, Hervy,
Brisset.
Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté.
M. Brisset, remplissant les fonctions de secrétaire en rempla-
cement de M. Emile Ruben, secrétaire général , absent, donne
252 PBOCèS-VERBAUX DBS SEANCeS.
lecture de deux lettres : la première, de M. É. Ruben , qui annonce
son indisposition , et s*excuse de ne pouvoir assister à la séance ;
la seconde, de Son Exe. M. le ministre de riustruction publique,
qui avise M. le président qu*une allocation de 350 fr. a été faite
à la Société Archéolog^ique et Historique du Limousin, et Tinvite
à lui faire connaître au nom de quelle personne elle doit être
mandatée.
M. le président se charge de transmettre ce renseignement à
Son Exe. en même temps que les remercîments de la Société.
Il est ensuite donné connaissance des dons faits à la biblio-
thèque et au Musée. MM. Maurice ArdantetLansadesechargrent,
pour en faire un rapport à une prochaine séance : le premier»
du Bidletin de l'Union des Arts de Marseille, 8% 9* et 40* livraisons,
T. P% 4863; le second, du Catalogue méthodique de la bMiothèque
communale de la viUe de Limoges : Sciences , — Arts, dressé par
M. Emile Ruben.
Cet ouvrage est offert à la Société par Tauteur. — L'assemblée
lui Yote des remercîments.
M. Lagrange veut bien se charger de faire un rapport sur un
parchemin offert à la Société par M. Malès, conseiller à la cour.
MM. Lagrange et Brisset donnent successivement lecture d'un
travail de M. Maurice Ardaut sur les plombs historiés pê(Aés
dans la Seine.
Ce travail est divisé en deux parties :
Dans l'une , il est principalement question des plombs sur les-
quels saint Éloi est représenté; dans l'autre, de ceux qui se rap-
portent à saint Léonard.
Envoi au comité de publication du travail de M. Maurice Ar-
dant.
Après cette lecture , l'ordre du jour étant épuisé , la séance est
levée h 9 heures.
Le secrétair&'trésorier,
F. BRISSET.
^ . ..-.*»»
PROCès-VERBAUX DBS SÉANCES. 253
SÉANCE DU 30 OCTOBRE ^863
Préaldeiioe de M. BOBY DK E.A <»iAI»BE.I^B , Préfet
de la Hante-Vienne.
Sont présents : MM. Ârdant (Maurice), Bonnin , Brisset, Oari-
gou-Lag^ange , de Font-Réaux, Perdoax, Cbapoulaud (Alfred),
Reculés, Astaîx, Talabot, Nivet-Fontaubert , Hervy, Maquart,
Buisson de Maver^nier.
M. Cbapoulaud (Roméo) , Tun des secrétaires , tient la plume
en remplacement de M. Ruben, secrétaire général, empêché
pour cause de maladie.
M. le préfet ouvre la séance par quelques paroles qui font
connaître toute sa bienveillance pour la Société , à laquelle il
promet son concours en tout ce qui sera en son pouvoir.
M. Alfred Cbapoulaud donne communication d'une lettre do
U. Combet, d'Uzerche, qui s'excuse de ne pouvoir assistera la
réunion de ce jour, son travail sur la situation d'Uxellodunum
n'étant pas encore terminé.
Le même membre lit aussi une réclamation de M. Roy de Pierre-
fitte , chargé de la publication du Nobiliaire de Nadaud , au sujet
de l'élimination que, dans le supplément à la lettre C, le comité
a faite de deux articles concernant la famille Cornudet et
Mgr l'évêque de Coëtlosquet, comme n'appartenant pas à la
province.
II appelle à la Société de la décision du comité.
Un membre fait observer que, les noms dont il s agit n'exis-
tant pas dans le manuscrit de l'auteur, on a dû agir pour les
deux articles comme on l'avait fait pour d'autres dans une si-
tuation analogue.
Renvoi au comité de publication de la lettre de M. Roy.
M. de Saint-Genis donne sa démission du titre de membre
correspondant. — Expression des regrets de la Société.
M. Regnault, architecte de la commune, fait hommage d'un
important ouvrage sur les autels , tabernacles , monuments sé-
pulcraux des XIV* et xv* siècles à Rome.
Une lettre de remercîment sera'adre&àée h M. Regnault.
254 PROCès*VERBAUX DBS SÉANCES.
M. Buisson de Mavergnier, directeur du Musée, annonce te don
que vient de faire TEmpereur à cet établissement de deuK pla-
ques de porcelaine peintes par M"» de Cool : l'Amour et Psyché
d'après Gérard , et un portrait d'après Rembrandt.
Le secrétaire est invité à. adresser à Son Bxc. M. le ministre
d'État une lettre, avec prière de vouloir bien être auprès de Sa
Majesté l'interprète des sentiments de reconnaissance de la So-
ciété.
M. A. Leclerc, professeur au Dorât, envoie le plan de l'église
du Chalard. Cet édifice renferme le tombeau du célèbre Gouffier
de Lastours et celui de saint Geoffroy, premier abbé du lieu. Les
reliques, dit notre honorable confrère , sont dans une châsse qui
n'est pas sans intérêt. L'église, consacrée en 4400, a perdu sa
nef dans un siège qu'elle soutint en 4449. On voit encore des
restes de mâchicoulis. La belle coupole qui recouvre l'église est
lézardée par suite du mauvais état de deux contreforts , qui me-
nacent de s'écrouler.
M. le secrétaire communique une lettre de M. de Lasteyrie, à
qui avait été renvoyé l'examen d'une question intéressante pour
notre cité.
En faisant l'inventaire de la sainte chapelle de Obambéry,
M. le président du tribunal civil de cette ville avait trouvé di-
verses étoffes de soie qui portaient des inscriptions pouvant faire
croire que ces étoffes avaient été fabriquées k Limoges. Il a
donné connaissance à la Société de cette découverte. Aucun des
membres ne se jugeant compétent pour décider la question, on
s'adressa à notre savant confrère M. le comte de Lasteyrie, qui a
accompagné sa lettre d'un mémoire dont la Société a écouté la
lecture avec le plus vif intérêt. — Le manuscrit est renvoyé au
comité de publication , ainsi qu'une note de M. de Fonl^-Béaux
sur un tumulus et un monument, ou plutôt sur les débris d'une
tour dite la tour du Bar, sis au village du même nom , commune
de Saint-Martin-de-Jussac , sur la voie romaine qui conduisait
de Limoges à Chassenon.
Par une lettre dont M. Buisson de Mavergnier donne lecture ,
M. le curé de Saint-Goussaud accuse réception d'une somme de
cent francs qui lui a été adressée pour faire exécuter des fouilles
au Puy-de-Jouër, et s'excuse de ne pas avoir mis encore la main
à l'œuvre; mais il va s'en occuper prochainement d'une manière
active.
M. Nivet annonce qu'on lui a signalé , près de Saint-Léger-la-
PHOCÈS-VBKBAt'X DES SEAiNCËS. â55
Montagne, l'existence d'une pierre tombale curieuse au point de
vue épigraphique.
M. le secrétaire priera M. le curé de cette commune de vouloir
bien transcrire l'inscription, et la transmettre à la Société.
La séance est levée à 9 heures.
R. CHAPOULAUD.
SÉANQE DU 27 NOVEMBRE 1863.
W^rémiAewkC^ de M. Iteiirioe AUDAlMT, Vio0-t»ré*ldent*
Sont présents : MM. Âllélix; Bonnin; Bosvieux, archiviste de
la Creuse; Brisset; Buisson de Mavergnier ; €hapoulatid (Alfred);
Desalles; de Lamarsonniëre ; Lansade; Maquart; Nivet-Fon-
taabert; Recules; Talabot.
M. Chapoulaud (Roméo), Tnn des secrétaires, remplace
M. Ruben, dont la santé ne s'est pas améliorée.
Lecture est donnée dn procës-verbal de la dernière séance. Ce
procès-verbal est adopté, avec cette addition que M. le préfet
promet son concours pour les fouilles proposées ou les travaux à
faire à la tour du Bar, au Chalard ou dans d'autres localités sur
lesquelles l'attention de la Société est appelée.
Liste des ouvrages reçus dans le courant de novembre.
M. AUélix se charge de Texamen du Recueil des notices et mé-
moires archéologiques de Gonstantine.
M. le préfet écrit qu'il regrette qu'une indisposition l'empêche
d'assister à la séance.
Un membre propose d'adresser une lettre de félicitations à notre
concitoyenne M"« de Ck)ol , auteur des deux beaux tableaux sur
porcelaine que notre Musée doit à la munificence de l'Empereur.
— ^ Adopté.
M. Ardant annonce que de nouvelles fresques, représentant les
Travaux d'Hercule avec légendes, ont été découvertes au château
256 PROGÈS-VËBBAUX DES SÉANCES.
de Rochechouard , et que des soins sont donnés à leur conser-
vation.
M. ÉlieRoudaud, de Pierre-Bufflère , propriétaire d'une partie
de remplacement qu'occupait la viUa dArUone, écrit que les se-
mences, qui déjà sont faites dans son terrain, ne permettent pas
la continuation des fouilles sur ce point avant le mois d'août
prochain. Il espère que ce retard n'occasionnera aucun préjudice
aux recherches qu'on se propose d'effectuer.
M. Lansade, chargé de la direction des fouilles, donne sur
cette lettre des explications satisfaisantes; il ajoute que les tra-
vaux peuvent marcher sans que le terrain de M. Roudaud soit
entamé. Quant à M. Sey vaud , propriétaire contigu , des arran-
gements qui donnent toute latitude ont été faits avec lui. Les ou-
vriers sont à l'œuvre sous l'œil d'un chef cantonnier intelligent.
Les résultats sont plus heureux qu'on n'osait l'espérer : on a dé-
couvert des salles entières, dont les murs, encore assez élevés,
sont ornés de peintures polychromes parfaitement conservées.
Ces débris d'antiquités romaines sont sans contredit les plus pré-
cieux qui aient été découverts dans ce département.
La commission se rendra sur les lieux dimanche prochain, et
fixera la Société sur l'opportunité d'ouvrir un crédit plus consi-
dérable si elle le juge à propos.
M. le comte de Lasteyrie écrit de Paris qu'il vient de recevoir
de M. de Linas de nouveaux renseignements au sujet des
touailles ou nappes d'autel enrichies d'émaux chanïplevés con-
nues sous le nom de Urmgiœ, limogiaturœ, et que son avis est
qu'il n'y a plus de doute sur la provenance des objets de même
nature trouvés à Chambéry. — M. de Lasteyrie ne partage pas
complètement l'opinion de M. de Linas: il croit que les touailles
ornées d'émaux sont chose si rare qu'on n'a pu jusqu'à présent
en découvrir que quatre iians toute l'Europe. Comment, dit-il,
eu existerait-il une dizaine à Chambéry, ville dont le trésor est
très-secondaire? Il s'agit de quelque imitation à laquelle se sera
exclusivement étendu le nom de limogiaturœ.
M. de Lasteyrie exprime le regret que des affaires pressantes
ne lui aient pas permis, en retournant à Paris, de s'arrêter à
Limoges pour prendre part à une de nos séances.
M. Ardant annonce l'envoi par M. Bosvieux, qui en propose
l'acquisition , d'un Manuscrit épigraphique d'inscriptions limousines.
Un membre pense que ce recueil doit faire double emploi avec le
livre publié par l'abbé Texier. — La proposition n'a pas de suite.
PBOGÈ&-VEHBAUX DBS SÉANGBS. 257
M. Buisson de Mavergiiier lit un article plein d'intérêt sur les
voies romaines de notre province ; il entre dans de long« détails
sur ces débris de la grandeur du peuple-roi. Il établit que Dura-
tius, prince gaulois, dont nos vieilles chroniques retracent les
actes, sans malheureusement citer leurs sources, était bien
réellement un chef lémovice fils de Sédulius. Il aurait été,
suivant Tusage, livré en otage par son père à César, qui l'au-
rait traité comme un fils, et qui, pour récompenser sa fidélité
aux Romains , lui aurait fourni les moyens d'embellir Lemovicum
de magnifiques édifices dont il existait encore des restes au
XYV siècle, et qui avaient valu à cette ville le titre de seconde Rome.
C'est à cette époque que les artistes grecs ou romains apportèrent
à Limoges les traditions de l'art antique; c'est à ce moment que
commence à fleurir l'orfèvrerie limousine. M. Buisson cite à
l'appui de cette opinion un mémoire fort remarquable de
M. l'abbé Poquet, curé de Berry-au-Bac (Aisne). Ce mémoire,
lu en 1864 au congrès de la Société Archéologique de l'Aisne,
qui sort d'un homme étranger au Limousin, est d'une grande
importance , et ses conclusions méritent d'être consignées dans
notre procès-verbal. « On est autorisé , dit M. l'abbé Poquet , à
croire que les trois cents liassîns d'or que le roi des Wisigoths
Àstolphe offrit à sa fiancée Placidie, fille d'Honorius, et le
missorium ou plat d'or enrichi de pierreries que le général romain
Aëtius donna à Chorismund , roi des Wisigoths, sortaiefni des ate-
liers de Limoges , cette cité-mère des orfèvres , et à laquelle on doit la
plupart des grands ouvrages d^or qui, pendant deux ou trois siècles,
excitèrent la surprise et Vadmiration des contemporains, et k laquelle
il suffirait pour sa gloire d'avoir eu un artiste comme saint Éloi,
dont la réputation et la probité artistique égalèrent le zèle et la
sainteté épiscopale.
M. Buisson justifie Duratius des imputationâ qui lui oùt été
adressées d'avoir trahi son pays pour servir la cause de l'étran-
ger. La médaille Durat-Julios prouve l'estime toute particulière
de Jules-<3ésar , qui lui accorda une sorte d'adoption en lui per-
mettant de joindre le grand nom de Jules à celui de Duratius.
En vain quelques critiques font-ils de Duratius un prince des
Pictones : c'était bien réellement un chef lémovice , ou , si l'on
veut, un proconsul romain, à qui Jules-César aurait donné en
plus le gouvernement de la province des Pictones.
M. Buisson parle ensuite particulièrement de la voie ancienne
qui passait à Cromac, à Bonnat, etc.^ reconnue par M. de
258 PROCès-VBRB%UX BBS SÉANCES.
Beaufort. Quoiqu'elle ne soit pas construite suivant les prin-
cipes généralement adoptés par les Romains pour ces sortes
d'ouvrages, cette voie lui paraît être l'œuvre de ce i)euple.
M. Lansade dit en avoir retrouvé des traces dans la forêt de
Veyrac.
M. Ardant croit qu'une voie de cette importance , si elle exis-
tait réellement, aurait abouti h Limoges, qu'elle laisse à une
distance de deux lieues.
M. Bosvieux ne partage pas l'opinion de M. Buisson, qui croit
que les Romains avaient des routes de constructions diverses,
suivant les diverses catégories dans lesquelles elles étaient ran-
gées. Jusqu'à preuve contraire , on doit considérer comme voies
romaines celles seulement dont la construction présente le type
connu.
Nulle autre lecture n'étant à l'ordre du jour , la séance est
levée à 9 heures ^/i.
Le secrétaire-archiviste,
R. CHAPOULAUD.
»o<&«
SÉANCE DU 30 DÉCEMBRE 4863.
t*^éstdeno<s de M. litfittrloe AKtDiUirr, Vlee-Présldent.
Sont présents : MM. Astaix, Lansade, Desfray et de La Mar-
sonniëre.
Les secrétaires étant absents , M. de La Marsonniëre se charge
de recueillir les éléments du procès-verbal , et d'en faire la ré-
daction.
La lecture du procàs-verbal de la dernière séance donne ma-
tière à deux observations : ^^^ M. Ardant appelle l'attention de la
Société sur la rédaetion suivante : c M. Ardant annonce l'envoi
par M. Bosvieux, qui en propose l'acquisition , d'un manuscrit
épigraphique d'inscriptions limousines. Un membre pense que
ce recueil doit faire double emploi avec le livre publié par l'abbé
PRÛCÈS-VBRBAliX DBS SÉANCES. 259
Texier. — La proposition n'a pas de suite, v M/ Ardant fait re-
marquer que, sur ce point, le procès-verbal rend imparfaite-
ment compte de la résolution prise par la ^ciété ; que la propo-
sition faite par M. Bosvieux n'a point été rejetée ; qu'on a seule-
ment suspendu toute décision jusqu'après Texamen du manus-
crit dont M. Bosvieux annonce l'envoi : cette observation de
M. Ardant est reconnue fondée » et la Société est d'avis qu'il y a
lieu de rectifier à cet égard la rédaction du procès-verval.
2"" Le procès-verbal , en rendant compte du travail de M. Buis-
son de Mavergnier sur les voies romaines du Limousin , fait
dire à M. Lansade qu'il a retrouvé dans la forêt de yeyrac des
traces de la voie romaine qui passait à Cromac i Bonnat , etc.
M. Lansade fait remarquer qu'il est loin d'avoir été aussi expli-
cite ; qu'il n'a point entendu déterminer la ligne à laquelle ap-
partenaient les vestiges observés par lui dans la forêt de Yeyrac,
et qu'il a voulu simplement signaler dans cette forêt les traces
d'une voie romaine sans rien conjecturer et surtout sans rien
affirmer sur sa direction.
Une rectification conforme à l'observation de M. Lansade est
ordonnée par la Société.
MM. Maurice Ardant et Alluaud présentent à la Société comme
membre résidant M. Edouard Boudet.
MM. Maurice Ardant et de La Marsonnière présentent à la
Société comme membre résidant M. Choppin d'Amouville,
avocat général près la cour impériale de Limoges.
M. le président donne lecture :
4« D'une lettre par laquelle M. le docteur Laborderie se démet
du titre de membre de la Société ;
2« D'une lettre de M. le préfet de la Haute-Vienne, qui ex-
prime ses regrets de ne pouvoir assister à la séance ;
S*" D'une lettre du secrétaire de la Société Archéologique de
l'Orléanais, qui envoie un bon pour retirer ses mémoires;
4» D'une lettre de M. Brunet, qui s'excuse de ne pouvoir
assister à la séance, et qui exprime le regret de ne pouvoir s'as-
socier utilement à une proposition qui doit être faite par
MM. Ruben et Guillemot.
M. Ardant informe la Société d'un avis qui lui a été adressé
par M. le maire de Sussac de la découverte d'une urne funéraire
contenant des ossements calcinés et une médaille qu'on croit
être gauloise. M. Ardant annonce que cette découverte sera
Tobjet d'une communication plus explicative et plus détaillée.
260 PROCàs-VfiitBADX DBS séANCGS.
Les comptes du trésorier pour Tannée 1863 sont déposés sur le
bureau. M. Astaix se charge de Vexamen de ce compte et du
rapport.
H. Lansade lit une note sur les fouilles pratiquées par ses
soins à la villa d^Ântone. Les résultats obtenus sont déjà consi-
dérables. « Jamais, dit-il, ruines gallo-romaines ne se sont pré-
sentées en Limousin avec autant de grandeur dans leur ensem-
ble. 9 11 annonce l'arrivée à Limoges d'une caisse renfermant
divers objets provenant de ces fouilles, et notamment de beaux
fragments de marbre blanc représentant des bases , fûts et cha-
piteaux de colonne , des corniches et carrelages en marbre blanc ,
et portions d'une statue en terre rouge , se composant du buste,
du bras droit et de la main avec ses phalanges.
La Société remercie M. Lansade du dévoûment qu'il apporte à
l'accomplissement du mandat qu'elle lui a confié , et de la direc-
tion intelligente qu'il a donnée aux travaux. A la prochaine
séance, il sera procédé & l'ouverture de la caisse et h Texanien
de la question relative au vote des fonds nécessaires pour la con-
tinuation des travaux.
M. Lansade lit un rapport sur le Catalogue de la bibliothèque
communale de Limoges , et donne à ce travail de justes éloges.
M. Maurice Ardant donne lecture d'une notice sur des brac-
téates.
La séance est levée.
Pour le secrétaire général et pour les secrétaires absents :
Le membre délégué ,
LEVIEIL DE LA MARSONNIÈRE.
LISTE
Des dùiin faits au Musée et à la Bibliothèque de la Société
pendant tannée 1863.
DONS FAITS AU MUSÉE.
Par M. BouRGOiN-MéussB : bois scidpté , la main droite de saint Chris^
tophe, de Véglise de Saint-Junlen (Haute- Vienne) ; — verre peint.
Par M. Alluaud (Âmédée) : un lagopède ou tétras.
Par M. Auguste Dârnault, négociant èi Limoges, place Toumy : trois
médaillons giUvanqplastiques , inscrits au catalogue sôus les n^ 144, 145 et
146, faits par lui.
Par M. Jules de Vernon , chef d*escadrons au 2» chasseurs : un fragment
de das-^élie/ sculpté rapporté d'Algérie.
Par M. Thenàde : un pic^peiche empaillé.
Par S. M. l'Empereur : soixante-cinq pièces du musée Campana; -^
Psyché et VAmowr, diaprés Gérard, et un portrait d'après Rembrant,
peinture sur porcelaine de M«« de Cool.
Par M. Brunet, une empreinte du sceau de la sénéchaussée du vicomte de
Limoges.
Par M. M. Ardânt : Antéflxe romain^
Par M. Buisson de Mâyergnibr : des débris de fresques romaines , trouvés
à La Souterraine; — débris de briques provenant du mont de Jouer
{Prmtoriwn)»
Par M. Billet (Gabriel) : une maindemomie rapportée d'Egypte; — trois
fragments de sculpture trouvés k Paphos, et nn fragment trouvé au tombeau
de Mausole.
Par M. Peret (Martial) : \mt pierre trouvée dans la Vienne.
Par M. Lanxadb , pharmacien : un oiseau (le plongeur).
Par M. Bachellerie, de Blond : winéraua trouvés èi Périgueux.
Par M. le capitaine Berthet (Alix) : onze pièces de monnaie.
Par M. Mbsnard : une pièce brésilienne de 1,000 reis , 1860.
Par M"»» FoRNERY : une pièce russe de 25 hoppechs , 1838.
48
26!2 DONS FAITS AU MUSEB ET A LA BIBLIOTHÈQUE.
OUVRAGES OFFERTS A LA BIBLIOTHÈQUE DE U SOCIÉTÉ.
DONS DE SON EXC. M. LE MINISTRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE.
Dictionnaire topoçraphigue du département de la Mewrthe , par M. Henri
Lepagb. — Paris , impr, imp,, 1852 , iii-4.
Mémoires lus à la Sordonne : histoire , pJUldogie et sciences moraks, —
Paris, 1863, iii-8.
Béwmn générale des sociétés savantes : compte-^endu , feuilles de 1 à 9. —
ln-8.
Liste des Sociétés savantes des départements, — In-8, 1862.
Mémoires lus à la Sorbonne, séances (i«f 21 , 22 et 23 novembre 1861. —
Jmpr, imp., 1863, in-8.
DONS DIVERS.
Deuxième mémoire sur l'importance, pour l'histoire intime des communes de
France, des actes notariés antérieurs à 1790, par M. Gustave Sàint-Joavnt,
âvoeat. — 18f3, in-4o. -- Pon de Fauteur.
Portraits des mmbres du parlement de Paris et des maitres des requêtes
vers le milieu du xvii« siéde , publiés et annotés par M. Dulâu. — Paris ,
1863 , in-8. — Don de Taut^ur.
Missale lemovicense, manuscrit in-^fol. — Doui^iq jfif^ B((. ps Voton D8 La
Planche.
Qiikdques réjleœions sur la détention préventive. Par L. Desallbs. —
Paris, 1863, in-8. — Don de Fauteur.
De remptacâment de la nouvelle église paroissiale de la ViHe-VimUe ei du
type architectonigue qui devrait obtenir la préférence à Nancy, ( Par M. Uos^
QiNOT, de Nancy.) — Nancy, 1861 , in-^ -^ Dop de Fauteur.
De la conservation de la porte Sainte-Nicolas de Nancy, ( Par M. Monoinot.]
— Nancy, 1859, in-8. — Don de Fauteur.
Congrès archéologiques de France : xxix* session, tenue à Saumur, à I^an ,
au Mans, à Blbe^fet à Dives en 1862. -^ Paris, 1868, in-8.
Copie et traduction de la charte donnée à la ville de Péronne par le roi
Philippe-Auguste l'an 1209. — Brochure in-fol.
Alesia , extrait de la Bévue de la France littéraire. — Toulouse, 1863, bro-
chure in-8 de 28 pages. — Don de Fauteur.
La forêt royale de Ligurio , mentionnée dans le capitulaire de Chcrsy
{an 877) , par M. le vicomte Alexis de Gourgues. — Brochure in-8 de
18 pages. — Don de Fauteur.
Par M. Nadaud (Léon), premier^président honoraire de la cour de
Grenoble : lo Totius lemovid et conjlnium provinciarum quantum ad dUecesin
Lemovicensem spedant novissima et Jldelissima descriptio, auct, J. Faqano.
' Casarodum Turonwm , 1594. — 2« £d diocèse de Limoges, divisé en ses dix-
huit archiprêtrés et les gouvernements de la Marche et du Limousin , dédié à
DONS FAITS AU MUSÉB ET A LA BIBLIOTHÈQUE. 263
Monseigneur Antoine de Charpin de Genétines, évêque de Limoges et abbé
dePiperac (s. d.). — In-fol. piano. — 8«> Za généralUé de limoges divisée en
ses cinq élections de Limoges, de Brive, de Tulle» de Bourganeu/et d'Angou-
lime. — Paris , 1715, chez le sieur Jallot , in-fol. piano.
Par M. J.-B.-P. Brun^échaud : Études complémentaires sur la loi du
travail appliquée au traitement de r aliénation mentale : troisième mémoire. —
Limoges, impr. de Chapoulaud frères , 18d3, brochure in-8 de 44 pages.
Par M. rabbé Roy de PîttttftEFittB î Histoire et archéologie sur le canton de
Bdlegarde. — Impr. et lithographie dIA. Bouyet, à Aubusson, 1863, bro-
chure in-8 de 22 pages.
Catalogue méthodique de la IntHiothèque communale de la vUle de Umoges,
dressé par M. Emile Rubbn. — {Sciences. — Arts.) — Limoges, impr. de
Chapoulaud frères, 1868, In-^. — Don de Tauteur.
Histoire du canton et de la viUe d^Uterche, par M. Coubbt, suite de la
iv« livraison, 1868. — In-8. — vi« feuille d^impression. -^ TuUe, 1863.
in-8. — Don de Vauteur.
Rouleau de parchemin, manuscrit de 1348, contenant les reeettes faites
dans la Guienne en 1342 et 1343 pour la perception du droit de fouage
imposé par le roi de France pour subvenir aux frais de la guerre. — Offert
par M. Malâs , conseiller k la cour de Limoges.
Dissertation sur la légende VIRQINI PARITURJS. Par M. S.-A. Morin.
— Paris, impr. de Martinet, 1863, in-8. ^ Don de l'auteur.
Le calice de CheUes, OBuvre de saint Éloi. Par M. Bugène Grést. — Paris ,
impr. Ch. Lahure, brochure in-8 de 28 pages. — Don de Fauteur.
Par M. Rbgnault, architecte de la ville, un volume intitulé : Autels,
tabernacles et monuments sépulcraux des xiv* et xv» siècles, existant à Rame .
par MM. Thosi et Bbcchio — 1 vol. grand in-fol.. 1843.
Par M. Bardbmat (de Crochas) : Plan de Paris, commencé Vannée 1734
sous les ordres de messire Michel-Etienne Turgot, etc., achevé de graver en
1739 , dessiné par Louis Bretez.
Par M. le docteur Dépéret-Muret : La théorie et la pratique en médecine.
— Umoges, typogr. de J.-B. Châtras , 1862, in-8 de 26 pages.
Ussd , — UxeUodunvm , — Fontaine d^UxélltMunvm , — Terrasse et Kuniculi,
— Mines de César. Par H. de B. — Usseî, impr. d'Adrien Faure, in-8 de
7 pages. — Don de Fauteur.
Biàtiothèque et cours populaires de OuèbvDiller, par Jean-Jacques Bourcart.
— Impr. de J.-B. Jung , 1864 , in-8 de 48 pages. — Don de Fauteur.
LISTE
t f
DES MEMBRES DE LA SOCIETE
POUR L'ANNÉE 4863.
BUREAU.
•
PrésidefU-iié. — M. Boby de La Chapelle, O ^, préfet de la Haute-Vienne.
Président. — M. Alluaud aîné, 0 ^.
Vice-Présidents. — MM. Maurice Ardant et Bonnin, ^.
Secrétaire général. — M. É. Ruben.
Secrétaire-àibUothécaire et archimste. — M. Chapoulaud (Roméo).
Secrétaire-trésorier. — M. F. Bbisset.
Directeur du Musée. — M. Buisson de Mavbrgnibr.
MEMBRES DU CONSEIL.
MM. Tixieb-Lachassagne , C ^, premier président.
Armand Noualhibr, ^ , député au Corps législatif.
Le docteur Babdinbt, directeur deTÉcole de médecine.
COMITÉ DE PUBLICATION.
Secrétaire général. — M. É. Ruben.
MM. Brunbt, Astaix, Alfred Chapoulaud. Talabot, de La Marsonnibrb.
CONSERVATEURS.
Archives. — MM. Roméo Chapoulaud , É. Ruben.
Tableaux. — M. Ardant du Masjambost.
Pierres sculptées. — M. Regnault.
Sculpture sur bois. — M. Fayette fils.
Médailles et sceaux. — M. Maurice Ardant.
Zoologie, ornithologie, papillons. — M. Astaix.
Minéralogie , géologie , reptiles. — MM. Alluaud et Astalk.
Armes , objets d'art. — M. Nivet-Fontaubbrt.
«
COMMISSION DU MUSÉE CÉRAMIQUE.
MM. Alluaud, Ardant du Masjambost, Fayette et Perdoux.
MEMBRES RÉSIDANTS.
ALLéux (Joseph), négociant, à bre de Tlnstitut des Provinces et
Aixe. de plusieurs autres sociétés sa-
Alluaud aîné, 0 ^ . ancien maire vantes, président de la Société
de Limoges et membre du Conseil d'Agriculture de la Haute- Vienne,
général de la Haute- Vienne , mem- Alluaud (Amédée), fabricant de
LISTE DBS MBHBRES DE LA SOCIÉTÉ. 265
porcelaine» secrétaire de la Société Defayb fils, pharmacien , à Saint-
des Amis des Arts du Limousin. Junien.
Arbbllot, curé-archiprètre de Ro- Desfrat (Antoine), photoffraphe.
chechouart, correspondant des Desalles (Louis), juge de paix, à
comités historiques. Ambazac.
Abda)<t (Bngène), imprimeur. Dubois , fabricant de porcelaine.
Ardant (Louis), ^, ancien maire. Dubouché (Adrien) , négociant.
Ardant (Maurice) , archiTiste de la Ducourtieux (Henri) , imprimeur*
Haute- Vienne, membre de la libraire.
Société impériale des Antiquaires Du vert , de La Gable, propriétaire.
de France. Fayette père , architecte.
Ardant du Masjaubost , professeur Fayette fils , architecte du départ.
de peinture. Fbrru (Félix) , artiste statuaire.
AsTAix , professeur à Técole de mé- Fizot-Lavergne , avoué près la
decine. Cour.
A uDouiM (Joseph), ancien maire de Fontaneau, *|^, ancien officier de
Limoges. marine.
Bardinet (Alphonse), directeur de Font-Réaulx (Théophile de), pro-
récole de médecine. priétaire, & Saint-Junien^
Barny (Alexis), professeur à Técole Fougeras-Lavbrgnolle, adjoint
de médecine. au maire de Limoges.
Baron-Dutaya, à Bussière-Bolfy. Fougères (Léopold) , directeur mé-
Blanchard , docteur en médecine , k decin de Tasile des aliénés.
Limoges. Fournier, ^, conseiller h la Cour.
BoBY DE La Chapelle , O ^ , préfet Fournier (E.) , photographe.
de la Haute-Vienne. Qarrigou-^Laorange, avoué.
BoMKEVAL (le marquis de), C !^, (Soujaud fils, ornithologiste, ii,
maréchal-de-camp. Bellac.
BONNiN, * , inspecteur d'académie. Grave (de) , propriétaire.
Boudet (Edouard), propriétaire. Guillemot (Albert), directeur du
BouBDBAU DE Lajudib père, ancien ■ Courrier du Centre.
député. Hbrvy (Emile) , notaire.
BouROOiN - MÉLISSE , propriétaire, La Bastide (le baron Hubert de),
à SaintrJunien. ^ , capitaine d*état-major.
Bebuilh, aypcat. Labonnb (de), propriétaire, au
Brissbt (Frédéric) , juge au tribunal ch&teau de Montbrun.
dvil de Limoges. Lamy de Lueet (Edouard), banquier.
Beunbt (Joseph) , vic&-président du Lansadb, agent-voyer.
tribunal civil de Limoges. Laporte (Brnest) , négociant.
Buisson DE Mavbronibr (Edouard), Leclbrc (André), professeur au
directeur du Musée. petit-«éminaire du Dorât.
Chapoulaud (Roméo) , propriétaire. Lbmas (Elle), professeur de rhéto-*
Chapoulaud (Alfred) , imprimeur. rique au lycée.
Charbbirb (Paul) , organiste de la Levieil de La Marsonniâre , # ,
cathédrale. premier avocat général.
Choppin d*Arhouville, avocat gé- Mallbvebone, *, président de
néral. chambre.
Cluzblaud, architecte -adjoint de Maqu art , propriétaire.
la ville de Limoges. Nivet-Fontaubert , négociant.
266 LISTB DES MEMBRCS DE LA SOClÂré.
KouALHiER (Armand), ^ , député au Ruben (Emile) , eonaervateur de Is
Corps légrlslatif. bibliothèqua.
Parant (ArtlLur) » négociant. Talabot (Auguste). 4f , président
PBCiONNBT (Othoa), avocat, maire lionoraire aa tribunal dvil de
de Limoges. Limoges.
Pbrdoux (B.). professeur de mode^ Tandbau im Massao (Fabbé)» ▼!*
lage. caîre de Sain^Pierre.
PouTAT (Emile) » 4t , négociant. Tarhbaud (Firmln) , banquier.
Rattier , avoué. TARMEAun (Prédérie) » propriélaire.
Reculés (Prançola), propriétaire. Tixi]!R--l4ACBA8aAX»iB, C ^» pre-
Regnault • ^ , arehiteete de la Tille. mier président.
RoGUBS DE FuRSAC (Viotor), aTocat. Truol DR Bbauuw , t^^ banquier.
RouoBRiB (rabbé), professeur au Vbrqniaud (Léonce), prepriéUira.
petit-fiéminaire du Dorât.
MBMBRB8 HOMOBAIRBS.
MM.
Cruveilhibr, 0 if, professeur à récoledemédeoine de Paris.
De Mbntqvb, 0 ^ , sénateur, ancien préfet de la Haute-Vienne.
MosisoT (Tiburce), 0 ^ , anciea préfet de la Haute-Vienne» fondateur du
Musée.
Saint-Marc-Girardin , 0 ifi* , membre de Tlnstitut.
MiONERBT, ^, préfet du Bas-Rhin.
Mgr Bertbaud . évêque de Tulle.
Dalesmb, g 0 a, général de division du géxûe.
Mgr CoussSAUD, évéque d^Angoulême.
De Caumont . 0 % , fondateur de la Société Française , à Caen.
Michel Chevalier, O ^, sénateur, membre de Tlnstitut.
Le vicomte B. db Kbrckovb-Warbi^t , président de la Société ArchéolO'
giquede ]3elgique.
Le général de Moi>îTBéAL , G 0 ifi^. sénateur.
Le comte F. db Lastbyrib , membre de l'Institut.
MEMBRES CORRESPONDANTS.
BiAL (Paul) , capitaine , professeur à Técole d*artillerie de Besançon.
BoNNAPOUx, conservateur de la bibliothèque de(}iiéret.
BoNNéUE (François) . bibliothécaire k Tulle.
BosviBux (Auguste) , archiviste à Agen (Lot-et-Garonne).
Cardaillac (le comte de) , ohef de division an mlnialëre de la maison de
FEmpereur.
Combet, avocat, à Uzerche (Cerrèze.)
CORNUDBT (le vicomte Alfred de) , membre du oooseil iénéral de la Cteoae.
Delochb (Maximin), 4^, chef de bureaa au ministère des travaux
publies.
Dblob (Firmin) , k Péronne (Somme.)
DoRLRAC, directeur des minée de Montigné , h LaYal (Majrenne,)
DuLEAU , numismate, k Orléans.
Gay de Vernou (le baron) , chef d*ei3cadroBB au 0* régiment de
GÉRY (Charles) , préfet de la Corse, k AJaccio.
LISTE DBS MEMBRES DB LA SOCléré. 267
Qrionabd (Emile) , directeur du chemin de fèr de Lyon à Sathoni^.
JuiLLAG (le vicomte Gustave db) , secrétaire de la Société Archéologique
du Midi , à Toulouse.
Labordbrib, dooteur-médecin.kPompadour.
Laoabdb (Henri db) , docteur-médecin, à Confolens (Charente).
Lapobtb (Armand db) aide-major de Tartillerie de la garde , & Versailles.
Larotjveradb (de), conseiller honoraire k la cour de Bordeaux, k Tulle.
MoNGiNOT (Léon), à Nancy (Meurthe).
Nadaud (Léon), premier président honoraire de la cour de Grenoble, &
Charvleux (Isère).
Kadault de Buffon, procureur impérial, à Rennes.
Nalbbbt , sculpteur, à L'l8le-<I*Bspagnac (Charente).
PÉBATHON (Cyprien), négociant, à Aubusson (Creuse).
Rancoonb (Gustave db), archiviste de la Charente, k Angoulême.
Rbnomd (l'abbé) , professeur au petit-séminaire d*Ajain (Creuse).
Roy db Piebbbfittb (Vabbé), curé-doyen deBéllegarde (Creuse).
Sbnemaud , archiviste du département des Ârdennes , k Mézières.
Suf on-Clémbmt , Juge suppléant , à Tulle.
TouvBMiM , membre de la Société de Thistoire de France , à Paris.
Vbbnbilh (Félix db), au ch&tçau de Puyrazeau, par Nontron (Dordogne).
LISTE
DES SOCIÉTÉS COBRESPONDANTES.
Société Archéologique du Midi , à Toulouse.
Société Archéologique du Midi, à Montpellier.
Société Archéologique de TOrléanais, k Orléans.
Société Archéologique de Béziers (Hérault).
Société Archéologique et d'Histoire de la Charente, à Angoulême.
Société d'Archéologie et d'Études scientifiques de Draguignan.
Académie d'Archéologie de Belgique , k Anvers.
Société des Antiquaires de l'Ouest, k Poitiers.
Société des Antiquaires de France , k Paris.
Société des Antiquaires de Picardie, k Amiens.
Société d'Émulation du Doube , k Besançon.
Société d'Émulation de l'Allier, k Moulins.
Société d'Émulation , k Montbelliard (Doubs).
Société des Sciences naturelles et archéologiques de la Creuse, k Guéret.
Société des Sciences et Lettres de Blols.
Société des Sciences , de l'Agriculture et des Arts, k Lille.
Société des Sciences» Belles-Lettres et Arts du département du Var, k
Toulon.
Société Scientifique et Littéraire du Lim bourg , k Tongres.
Société Scientifique des Deux-Sèvres, k Niort.
I
268 LISTE DBS MBMBBBS DE LA SOCIÉTÉ.
Société de THistoire de France , k Paris.
Commission historique du Cher, à Bourges.
Académie des Sciences , Belles-Lettres et Arts de Bordeaux.
Commission Archéologique de Maine-et-Loire, à Angers.
Société Académique de l'Oise , à Beauvais.
Société Littéraire et Scientifique de Castres (Tarn).
Société de TUnion des Arts, k Marseille.
Société Archéologique et Scientifique de Soissons (Aisne).
Société Hàvraise d*études diverses, au H&vre (Seine-Inférieure).
Société des Sciences naturelles et historiques de T Yonne, k Auxerre.
Société d'Histoire et d* Archéologie de Chalons-sur-Saône.
Société Savoisienne d'Histoire et d'Archéologie , k Chambéry.
Société Archéologique de la province de Constantine.
Société Archéologique de la Touraine , k Tours.
TABLE DES MATIÈRES-
PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES.
Page
Séance générale du 90 Janvier l9fSQ 234
— du 27 février 1863 237
— du 27 mars 1863 240
— dul^mai 1863 241
— du 29 mai 1863 244
— du25juinl863 247
— du 31 juillet 1863 248
— du28aoûtl863 251
— du 30 octobre 1863 252
— du 27 novembre 1863 255
— du 30 décembre 1863 258
MEMOIRES.
Les émaux d'Allemagne et les émaux limousins, par M. Félix de
Verneilh 4
La juridiction druidique de la ville ruinée de Breth , par M. E. Buiâ-
SON DE MAVERONIBR 49
Lesfianaux en Limousin, par M. Tabbé Rougbrie 69
Notice sur Toppidum gaulois de Courbefy, par M. Félix de
Verneilh 83
Les Marbreaux . célèbres orfèvres limousins, par M. Maurice ârdant 93
Voirie romaine en Limousin : fixation de la station de Prsetorium ,
par M. B. Buisson de Mavbronier 98
Bibliographie limousine, par M. P. Poybt.. 115
ÉtolTesd'or et d'argent fabriquées à Limoges, par M. de Lasteyrie 149
Les Poncet émailleurs , par M* Maurice Ardant 161
Monnaies d argent de Carloman II et des rois d*Aquitaine, par
M. Maurice Ardant 173
Enseignes de corporations ou de pèlerinages , Affntts Dei et médailles
bractéates limousines, par M. Maurice Ardant 180
270 ' TABLB DES MATIÈRES.
P»ge
Émaillerie. ^ Ancienneté de rémaillerie limousine, par M. le comte
DE Viel-Casts. 200
Numismatique limousine , par M. Maurice Ardant 213
Rapport sur les fouilles du mont de Jou8r, par M. B. Buisson de
Mâvebgnieb 219
Saint Éloi orfévre-émailleur, par M. Maurice Ardant 229
DOCUMENTS.
Statuts des fondeurs de Limoges en 1593, par M. Maurice ardant. . 58
Terrier de Téglise de Beaumont près Peyrat, par M. Joseph Brunet 184
Statuts des maîtres fourbisseurs de Limoges en 1^8, par M. Maurice
Ardant 193
Catalogue des manuscrits déposés dans la malle de la bibliothèque
du séminaire, et qui ont été achetés pour cette maison après la
mort de Tabbé Legros 210
CHRONIQUE.
Nouvelles scientifiques, par M. Mi^urice ArdanT 212
COBRESPONDANCB.
Lettre de M. Tabbé X. Barbier de Mofltaolt, relative k des signatures
de tapisseries d*Aubusson et de Felletin et k des inscriptions li-
mousines recueillies k Rome 140
Dons faits au musée et k la bibliothèque de la Société 261
Liste des membres de la Société 264
UMOGKS. — INP. CHAl'On.AUn FRilBfc» .
iiw Montant^Hiinigiie , 7.
1
BULLETIN
t)R LA société
ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE
DU LIMOUSIN
BULLETIN
Db la société
A.RGHÉOLOGIQUE
ET HISTORIQUE
DU LIMOUSIN
TOME XIV
LIMOGES
CHAPOULAUD FRÈRES , IMPRIMEURS DE LA SOCIÉTÉ
nue Montant-Manigno , 7
4864
BULLETIN
DE LA SOCIÉTÉ
ARCHÉOLOGIQUE
ET HISTORIQUE
DU LIMOUSIN
TOME XIV
LIMOGES
CHAPOULAUD FRÈRES , IMPRIMEURS DE LA SOCIÉTÉ
Rue Montant-Manigno , 7
4864
VOIRIE ROMAINE EN LIMOUSIN ^'^
VOIE
D'AUGUSTORITUM A AVARIGUM
L'existence de cette voie romaine ne peut être révoquée en
doute: Jouilleton, dans son Histoire de la Marche, en a signalé les
vestiges dans la Creuse. Nous trouvons sur la carte de Cassini ,
partie relative au Limousin, des noms voyers qui attestent
hautement son passage. Âu-del& du Limousin , des vestiges d'une
grande étendue, que signale Cassini sous le nom de chaussée de
César, démontrent sa continuation vers Bourges. Le milliaire
trouvé &Allichamp, et décrit parle coigte de Caylus, nous
donne les distances de Mediolano h Avaricum, Toutes ces raisons
à elles seules démontreraient matériellement l'existence de la
voie romaine d'Adtodumtm à Avaricum.
Ajoutons que le baron de Walckenaër, dans son m' volume
de Géographie des Gaules, mentionne la direction de ce
chemin comme figurant sur la Table de Théodose. Voici ce qu'il
en dit :
(l) Voir T. XllI, liage 98.
0 VOIBIB ROMAINE RN LIMOUSIN.
N" 126. Itinéraire de la route d*AugMlorUuni i^imogcs)
k Avarictm (Bourges).
Ausrito, — Limoges.
\ Ptttorio, XIV, PourriouK.
Table ThéodosieAne : segment I < AcUoéumm, xviii, Ahun.
/ Mediolimo, xxiv, Montmeillan.
Avaricwn, xxvui, I^ourges.
J'ai vérifié les deux exemplaires de la Table Théodosienne que
possède la Bibliothèque impériale, celui qui se trouve dans
i'Ânnuaire des Antiquaires de France, et celui qui a été publia
i:éce];nment par la Revue Archéologique, et je n^ai trouvé sur
aucune dç ces copies Tindicatioix dont parle M. de Walckenaër.
Cependant je serais porté à reconnaître comme exacte l'indi-
cation donnée par le savant membre de l'Institut ; car, entre
l'assertion de M. de Walckenaër et l'omission que je signale sur
les divers eî^emplaires de la Table, je suis porté à suppose? une
inexactitude des copistes de la Table de Vienne. Du reste je
signale cette di^iculté à Tattentipn î\\\ moçide savant i ma cçii-
viction s'appuierait au besoin sur la découverte si curieuse du
miiliaire d'ÂlHchamp, dont il sera parlé plus loin, et qui dér-
montre l'existence d'une voie sur A%^aricum, qui n'existe sur
aucune des copies de la Table.
Cela dit, étudions les yestiges de la voie, en nous coçforman^
à la méthode que nous avonâ employée jusqu'ici. Nous avons
déjà donné le trac^ de la voie jusqu'à Âdlodunum (Âhunj. Â
partir de ce poiat, le chemin se séparait de la voie qui A^AuguLS-
toriium descendait vers A^ugusUmemetum (Glermont) ; elle passait;
au Moûtier-d'Ahun, à Peyrat-rla-Nouière , qui pourrait indiquer
une borne antique, puis elle s'élevait vers le noçd. Jouilleton
signale ses traces daxjis la commupe de Saii\t-Julien-Ch$tel , dans
celles de Tardes et de Lussat. Il signale encore ses tiraces dans la
commune d'Auge, d'oii elle s élevait vei^ Vern^eige. Là deux
noms yoyers semblent marquer exactement son pasçage. Nous
signalons La Çhanssacle , petite localité qui se trouve sur la rive,
gauche de la petite rivièro de Verneigette. Plus haut se trouve
^a Çhamsa^e- Blanche, qui aura pris son nom de la nature
calcaire des matériaux , qui commencent à remplacer le granit.
Nous touchons, sur ce point c^xtrêmc, au Berry, et notre tâche
vbt finie pour le Limousin.
VOIRIE ROMAINE EN LIMOUSIN. 7
La voie montait presque en ligne droite, et atteignait la
station de Mediolanum. Il est difficile de penser que cette station
n'est pas Château-Meillant. Grégoire de Tours, parlant de
Château-Meillant, la nomme UediolanenseCastrum; les martyro^-
loges rappellent Castrum Medidanum, par abréviation Castrum
Melanum, Deux routes romaines passaient par cette loealité :
celle qui montait d^Augwtoritum à Avaricum^ celle qui descendait
û' Argenlomagtis vers Augustonemetum. Les savants qui ont étudié
la position de Mediolanum, le comte de Gaylus et d'Ânville, n'ont
pas hésité à reconnaître Tidentité de Ch&teau-Meillant avec
Mediolanum.
Cependant le baron de Walckenaër a donné diverses indica-
tions qui se contredii?ent dans sa Géographie des Gaules. Medio-
lano devient tour à tour Chftteau-Meillant, Vallon-en-Sully, ou
Montmeillanl. La commission de topographie des Gaules la fixe
à Cullan (page 23 sur les voies romaines).
L'inspection de la carte de Cassini semble démontrer surabon-
damment que Mcdiolano doit être placé à Château-Meillant. A u-
dessus de cette petite ville, nous trouvons des noms voyers qui
nous paraissent être significatifs : k Moulin de Charasse , Charasse,
Goursac, Le Carouer^ àoni les racines sont évidemment cat*n«5,
earrucQ. La voie semblerait se diriger sur la voie romaine dite
chaussée de César que Cassini a relevée sur sa carte. Peut-être se
raccordait-elle avec cette voie, qui allait à Néris. C'est une re-
connaissance qui serait facile à faire par les savants du Berry,
et que je me borne à signaler en tant que conforme à une
théorie philologique qui me paraît fondée.
Le chifl're des distances entre Ahun et Château-Meillant
semble concorder avec la mesure de 24 lieues gauloises donnée
par la Table. La voie se dirigeait ensuite sur Bourges.
Il n'est peut-être pas sans intérêt de parler ici du milliaire
trouvé & Allichamp. Sa description a été donnée par le comte de
Caylus.
Entre Bourges et Château-Meillant se trouve la petite ville
d'Allichamp. Au dernier siècle, des fouilles mirent à découvert
ime colonne de six pieds de haut et d'un pied neuf pouces de
diamètre, qui avait été creusée en forme d'auge ou plutôt de
tombe. Un reste important d'inscription attira l'attention doii
savants. M. le comte de Caylus l'a imbliée dans son recueil d'au-
tiquités.
Voici cette inscription :
8 VOIRIE ROMAINE EN LIMOUSIN.
FBLICI AVG. TRIB. COS III
PP PBOC AVARL (1) Xini
MBDI XII NEBI XXV
Cette pierre est sans' aucun doute une borne, et, bien
qu'elle fût destinée à indiquer la distance de Néris & Château-
Meillant et à Bourges, elle nous est utile pour déterminer la
continuation de la voie d^Adtodunum à Avaricum. Les distances
qu'elle signale ne concordent pas avec celles que nous donne la
Table de Théodose. D'après cette dernière, la distance de Medio-
lano k Avaricum est de xxyiii lieues. Suivant la pierre d^AUi-
champ, elle ne serait que de xxvi lieues. Où se trouve Terreur,
et quel est le document le plus sérieux? Nous n'hésiterions pas à
préférer la pierre d'AUichamp. Il faut recx)nnaître que le copiste
qui nous a transmis la seule carte géographique qui nous
vient des Romains n'a pas coUationné avec une exactitude
rigoureuse tous les chiffres des distances. C'est là une source de
tourments pour l'archéologue.
Au-dessus d'AUichamp se trouvent des traces de voie romaine
que Cassini a relevées dans sa carte de France sous le nom de
chemin de César,
Telle est la direction de la voie à'Augmtoriium à Avaricum, car
il est difficile d'admettre une seconde voie indiquée dans la carte
qui accompagne l'ouvrage de M. le baron de Walckenaër, et qui
monterait directement de Medidano sans passer par Allichamp.-
On ne saurait admettre qu'il ait existé deux stations portant le
nom de Mediolano dans la cité des Bituriges. Quoi qu'il en soit ,
nous ne savons si des traces bien observées confirment ces hy-
pothèses ; ce serait une chose & vérifier. Nous ne pouvons en-
treprendre une recherche de cette nature , qui ne peut être
faite que par les archéologues du pays.
(l) M. Léon Renier a lu avahi.
VOUUE ROMAINE EN LIMOUSIN. 0
VOIE D'AUGUSTORITUM
A MEDIOLANUM SANTONUM.
Une voie partant d'Augustoritumse dirig'eait, versTouecit, sur le
pnys des Santones, et aboutissait h Mediolanum Santonum.
Pour connaître les distances des stations jusqu'à Avedofiaco,
nous ne pouvons consulter que les chiffres de la Table Théodo-
sienne : or nous savons que ces chiffres sont souvent fautifs par
suite des erreurs et de l'inintelligence du copiste de qui nous la
tenons. Ces chiffres, erronés ou insuffisants, jettent la plus grande
incertitude sur la direction de la voie que nous avons à décrire.
Voici les stations que nous relevons sur la Table, avec les dis-
tances qui paraissent y être marquées :
Ausrito à Cassinomago, xvii lieues gauloises.
Cassinomago^Ser anicomago, x.ii., chiffre qui paraît incomplet.
Ser anicomago h AvedonacOt xni ou viii.
Atedonacoli Mediolanum Sanitmum , xni, rectifié àxvi par ruiné-
raire d*Antonin.
L'inspection de ces chiffres soulève de grosses difficultés. La
distance entre Ausrito et Ccasinomago a été lue par l'abbé Belley
avec le chiffre de xini lieues gauloises ; par M. de Walckenaër et
les éditions modernes, avec le chiffre xvii , qui nous semble être
le véritable. La vérification des distances réelles ne peut laisser
aucun doute à cet égard. La station de Chassenon correspond à
Cassinomagus. Voilà donc une première difficulté tranchée.
Le chiffre de la seconde station est plus difficile à déterminer.
Elle est inscrite sous le nom de Ser anicomago. L'abbé Belley et
Duroux la transforment en Sermanicomago. Le copiste a-t-il oublié
réellement la lettre qu'ils ajoutent à ce nom? La question est au
moins douteuse. Le baron de Walckenaër écrit Seranicomago.
Nous adoptons cette lecture, qui paraît conforme à la Table.
Quant aux chiffres des distances, le doute devient plus sérieux
encore. Le copiste paraît avoir hésité. Cette hésitation se traduit
par deux points placés entre les chiffres. Le baron de Walckenaër
10 VOinil-: ROMAINE EN LIMOUSIN.
adopte néanmoins le chiffre de xii lieues gauloises ; mais Tabbé
Belley, qui place la station àChermès, lit le chiffre xvii, qui
serait insuflaisant pour aller jusqu'à Chermès.
De Seranicomago la route conduit à Avedonaco. Cette station
paraît concorder assez avec Aunay ; mais encore le chiffre de la
distance est loin d'être déterminé d'une façon certaine. L'abbé
Beliey lit le nombre xiii ; mais ce nombre paraît appartenir à la
distance qui sépare Brtgiosum d^ Avedonaco, Sans doute le savant
nbbé s'y est trompé, et a supposé que le v était un x mal fait.
Le baron de Walckenaër mentionne le chiffre xxix , que rien ne
semble autoriser.
Enfin , en déterminant la distance entre Avedofiaco et Mediolcmum
SanUmum^ la table marque xiii lieues gauloises; mais nous pou-
vons rectifier cette erreur de copiste avec l'itinéraire d'Antonin
de Burdigala h Augustodunum , qui indique la distance de xvi
lieues.
Dans l'embarras oii nous laissent des chiffres si variés , conti-
nuons notre méthode d'investigation sur le terrain, et tâchons
de retrouver la direction dé la voie par les vestiges qui ont été
signalés et reconnus.
L'Indicateur du diocèse, d'accord avec la carte de M. Cor-
nuau , nous donne très-exactement la direction que suivait le
chemin.
Elle sortait à'Augustoritum par le côté des Arènes, et prenait à
peu près la direction de l'ancienne route d'Angoulême. Elle
côtoyait le clos des Carmes, traversait la petite rivière de TAu-
rance, passait par Les Vases, dans la commune deVerneuil, sur
la droite de Félix , sur la gauche de La Merlhie, chez Caillaud,
arrivait sur la rive de la Vienne, près des moulins de La Boi-
lerie, en un lieu appelé LaOabie. M. Alluaud, notre président,
a cru reconnaître les tranchées anciennes qui ont été faites dans
la montagne pour faciliter l'accès du pont. L'abbé Nadaud a
vu , en 4775, des traces de culée. Aujourd'hui les pierres encom-
brent le cours de la Vienne dans cet endroit, et paraissent pro-
venir de l'ancien pont romain. Une fois la rivière traversée, la
route se bifurquait : une partie se dirigeait vers le midi, et for-r
mait le chemin qui descend vers Périgueux; l'autre continuait
sa direction vers Saintes. Cette curieuse bifurcation , qui se
montre encore sur le sol , est une confirmation du tracé quo
nous donne la Table de Théodose.
Après avoir dépassé la Vienne , la voie de Saîates contiuuait
VOIBIB ROMAINE EN LlMOtSKN. 11
m direction vers Touest en passant à La Ribière, aux Richards,
à la tuilerie de Lavergne, à Airain près Cognac , à La Guerillerie
ou Ouérinerie et au village de Julia ou Juliac, commune de
Biennat; puis, après avoir passé au nord de Rochechouart, elle
sortait du département de la Haute-Vienne, gagnait une loca-
lité appelée Lonja , et arrivait à la station de Camnomagus, qui
n'est autre que Ghassenon. Les fouilles faites à Chassenon ont
fait découvrir, dans ces derniers temps, un théâtre et un temple
gallo-romains. Ainsi Cassinomagus est une de ces stations qu'on
ne saurait contester : c'est de tout le parcours le point le plus
certain. Nous avons suivi, en quelque sorte pas & pas, ses ves-
tiges sur toute la longueur de notre département. La voie était
directe vers Touest , et ne faisait pas de ces longs détours de nan
ture à allonger le parcours d^une route. Cette certitude d'avoir
retrouvé la station romaine nous engage à traiter incidemment
la question débattue de la longueur de la lieue gauloise.
Une grande difficulté se présente pour appliquer aux voies
romaines les distances marquées sur les itinéraires ou sur la
Tablé. LMnspection des lieues gauloises semble présenter un
singulier paradoxe, et la science archéologique se voit presque
dans Tobligation de reconnaître que ta distance réelle de
quelques stations bien certaines ne concorde pas aussi exacte-r
ment quH)n pourrait le désirer avec les distances marquées sur
les documents romains. Le président de la Société Archéolo-
gique deLangres, M. Pistollet de Saint-Ferjeux , a constaté
que, dans le pays des Lingons, la lieue gauloise avait une
longueur de 3,445 mètres. M. le marquis de La Grange, chaigé
par Son Exe. le ministre de l'instruction publique de présider la
réunion des sociétés savantes des départements, s'exprimait, le
44 avril 4863, en ces termes : a Un fait capital a été démontré
par M. Pistollet de Saint-Ferjeux, c'est que le pas, unité de la
césure itinéraire, n'a point été partout de la même dipiension ».
Ce que disait M. le marquis de Lagrange avait été signalé déjà
par Pline, a II y a le plus souvent, dit Pline, de grosses erreurs
dans lesmesureç, soit pour l'Italie, soit pour les provinces, par
suite de Taugmentation ou de la diminution que l'on donn^ à la
longueur du pas (4). »
Cette difficulté avait paru très-sérieuse aux savants du
(1) Magnos errores computatione mensunc sœpius paret, alibi pro-
vinciarum modo, alibi itinerum auctis aut diminutis passibus.
12 VOIUIE nOMAlNR BN LIMOUSIN.
xviir siècle. Ne trouvant pas que les distances de deux points
parfaitement connus concordassent avec la désignation des
milles signalés dans les itinéraires, quelques-uns en avaient
conclu que les Romains n'avaient pas d'unité de mesure itiné-
raire. Nous ne saurions admettre ce système. En théorie, nous
serions disposé h reconnaître le principe que la lieue gauloise ne
doit avoir que 2,220 mètres ou 1,500 pas: c'est la longueur
légale; mais il ne paraît pas que la pratique se soit toujours
conformée très-exactement & cette mesure légale.
Je crois qu'il n'y a rien de plus difficile à détruire par le rai-
sonnement qu'un fait matériel qui se touche, qui se voit, qui
peut se mesurer. Ce qui s'est produit dans le pays des Lingons,
cette exception à la longueur légale observée par le président de
la Société Archéologique de Langres, se reproduit également
dans le pays des Lémovikes. Nous allons le démontrer.
La distance d'Augustoritum k Cassinomagus est marquée , dans
la Table de Théodose, par le chiffre xvii. Il ne peut y avoir
d'incertitude sur cette distance : elle est admise dans toutes les
éditions modernes qui ont reproduit les distances de la Table. Or
la route est directe vers l'ouest; seulement il faut faire la part
des inégalités de terrain, des descentes et des montées, qui ne
sont pas rares dans notre pays.
En faisant avec le compas le mesurage & plat sur la carte de
l'état-major nous avons trouvé 38,700 mètres. Or 38,700 mètres
divisés par xvii donnent à la lieue gauloise une longueur de
plus de 2,276 mètres, non compris les inégalités de terrain et
les détours du chemin ; ce qui lui ferait dépasser 2,300 mètres.
La démonstration nous paraît complète : la lieue matérielle
dépasse la lieue légale. Nous nous bornons à constater le fait,
qui contredit la théorie, et nous regardons comme sensées les
paroles prononcées, en 4863, au Congrès archéologique de
Saumur par M. Godard-Faultrier : « La lieue gauloise vaut
environ 2,300 mètres : je dis environ, car la mesure de cette
lieue laisse encore à désirer sur son exactitude. M. PistoUet
de Saint-Ferjeux la porte à 2,445 mètres, et d'autres à
2,468 mètres 33 cent. ».
Ainsi admettons la théorie de la lieue gauloise , qui devrait
être d'une longueur de 2,220 mètres : il est possible qu'il en
existe de cette longueur; mais ajoutons qu'il peut en exister de
2,415 mètres, et qui dépassent même ce chiffre.
Comment est-il possible d'expliquer cette étrange diflFérence"?
VOIRIE ROMAINE EN LIMOUSIN. 13
Nous trouvons ingénieuse l'hypothèise de M. Quîcherat , récem-
ment nommé membre de Tlnstitut : elle est indiquée dans la
Bemie du Comité impérial des trwaux historiques et des sociétés
savantes. Dans un article intitulé Nouvelles observations sur la lieue
gauloise, M. Quicherat paratt avoir donné la solution du pro-
blème. Dans les temps modernes , quand les agents-voyers
veulent faire placer les bornes, ils emploient pour le mesurage
des chaînes de fer, qui prennent le nom de décamètre. Il peut
sans doute se glisser quelques oublis dans la pratique ; mais ce
mode de mesure offire des garanties sérieuses pour fixer les dis-
tances. Nous pensons, avec M. Quicherat, que les Romains ne se
servaient pas de chaînes : il est assez présumable qu'un soldat
choisi dans la cohorte faisait un certain nombre d'enjambées qui
faisaient la longueur du mille. Ce système était vicieux , car les
enjambées peuvent varier de longueur. Il est bon de rapporter
ici l'expérience qui a été faite par M. Quicherat : « Je m'assurai ,
dît-il, du pas de marche. Je constatai que, si l'on prenait pour
le pas le mouvement qui porte le corps deux fois en avant, on
obtiendrait fréquemment, suivant la taille du marcheur, des
railles de 1,480 ou de 1,610 mètres, par conséquent des lieues
deS,^0 ou de 3, 41 â mètres ». Les différences dans les lon-
gueurs s'expliqueraient ainsi naturellement, et mettraient
d'accord les partisans des deux systèmes, qui semblent se
contrarier.
Une fois arrivé à Chassenon , la voie romaine dépasse
les limites de notre département. Notre tâche serait donc ter-*
minée; mais nous croyons qu'il est utile, pour la reconnais-
sance des stations suivantes, de mentionner les vestiges re-*
connus et signalés par l'abbé Nadaud et par M. Cornuau;
car nous ne nous dissimulons pas les difficultés qui exis-
tent pour retrouver la station de Seranicomagus, La voie passait
donc dans le bois de Péladie et sur la paroisse du môme
nom, pénétrait dans le bois de Sangle, dans la paroisse de La-
pleau, à La Péruse, passait au pont Ghaban, qui se trouve
plus bas que le pont Sigoulan , h Nieuil , & Lussac , h Celle-
frouin et à Mansle. Ici paraissent s'arrêter les traces que constate
M. Cornuau. L'abbé Belley prétend que la voie passait à Chermès,
qui serait l'ancien Seranicomago. Suivant son mémoire , Sermom^
comagoy car c'est ainsi qu'il l'appelle, a pris par abréviation le
nom de Sermagus à l'époque du moyen âge. Or Chermès semble
la traduction de Sermagm. Il cite une charte remontant à 1 17?
H VOIRIE ROMAINE EN IJMOtjSlN.
qui démontre qu'une voie romaine passait par Chermès : Usque
nu Defes , et deu Defes ad viam quœ nomncUw La Chaucada, Cette
localité est toute voisine de Chermès, SoUus (Salles), JulUacum
JuUi, par où passait la voie environnant Chermès. Il semble
donc, si Ton admet Topinion de Tabbé Belley , que la voie des
Santons , après avoir gagné Mansle , montait jusqu'à Chet^mès.
Elle devait en effet remonter jusqu'à Avedonaco, que Ton fiie
généralement à Âunay. D'Âunay la voie montait pat Briou
[Brigiosum) et par Rom (Rauranum) à Poitiers. L'autre branche
devait descendre d'Âunay vers Limoges. Ce raisonnement de
Tabbé Belley a bien quelque valeur ; mais il ne suffit pas pour
entraîner une certitude. Aussi nous trouvons une opinion diffé-
rente dans la fixation faite par le baron de Walckenaër, qui dé-
termine Seranicomagus à Saint-Jean^de^Ceris ou Manigossy. Les
chiffres qu'il admet sont xii lieues gauloises; mais ce chiffre
de la Table ne me semble pas complet. La commission de la topo-
graphie des Gaules lit , à la manière de Tabbé Belley, Sefinanico-
magus, et traduit Chasseneuil ? avec un point d'interrogation il est
vrai 1 Devant des éléments aussi incertains , il nous est imposible
de rien affirmer. Notre seul désir était de faire connaître la direc-
tion de cette voie par ceux qui en examinèrent au xviir siècle
les vestiges.
E. BUISSON DE MAVERGNIEB.
PLOMBS HISTORIÉS
TtlOUVés DANS LA SEINB
ENSEIGNES DE PÈLERINAGES
MEREAUX DE CORPORATIONS
INTÉRESSANT DES SAINTS LIMOUSINS
Suivant un Vieux légendaire de Noblac, le saiiit anachorète
Léonard ou Liénard aurait échappé par la fuite au massacre de
toute sa famille, qui était du sang royal, et lui, voulant vivre
inconnu loin des hommes, se serait retiré en Limousin dans
une forêt appelée Panatensis. Ayant rendu la santé par ses
prières à la femme du seigneur du lieu, Toparcha, mourante
par suite de couches difGlciles , il obtint des deux époux tout le
terrain qu'il pourrait parcourir pendant un jour, monté sur un
ftne, et y bfttit des maisons pour y recevoir les nombreux pè-
lerins. Ce fut ainsi que comniença la ville de Noblac. Léonard y
fonda un monastère , oii il était invoqué par les captifs , les pri*^
sonniers et les gens chargés de chaînes. Après sa mort, l'église
qui renfermait ses reliques était remplie d'ea^-t^oto , et ses murs
couverts de toutes les variétés de chaînes dont l'auteur latin fait
le recensement : vincula, ferrea, manica, torques, compedes,
16 PLOMBS HISTORIÉS
catenœ, etc. Saint Léonard était donc le libérateur des prison-
niers, et les femmes en couches lui étaient particulièrement
dévotes : aussi voit-on saint Léonard représenté par nos
émailleurs entre une femme grosse et un homme enchaîné, tous
les deux à genoux. Il est revôtu d'une dalmatique bleue, semée
de fleurs de lis d'or, et tient à la main des menottes.
Nous conservons dans les vitrines de notre musée une enseigne
de ce Saint : c'est M. Deleau , notre correspondant d'Orléans, qui
l'en a enrichi. Cette enseigne, de style roman , représente notre
Saint devant un b&timent crénelé , encadré des deux côtés par
deux espèces de potences, qui servent d'anneaux pour le haut;
il y a deux anneaux ronds dans le bas. Saint Léonard semble
relever un homme nu prosterné à ses pieds; de grandes menottes
sont attachées au mur. Au-dessous des créneaux, on lit :
S. Léonard.
Avant de venir en Limousin , saint Léonard passa quelque
temps à Orléans avec son frère Lifard.
Plaque du même genre, mutilée dans la partie gauche. La
crosse du Saint partage le champ en deux. Léonard , vu de face,
a la tête nimbée et le corps revêtu d'ornements sacerdotaux ;
d^evant lui, un homme à genoux, les mains jointes. A la mu-
raille sont suspendues des chaînes et des menottes. Au-dessous
des créneaux, chargés d'ornements très-simples, on lit :
Leonardi. — Trouvé au pont d'Arcole, en 4862, à Paris.
Plaque plus étroite et plus maltraitée par le temps. Le Saint
est à gauche, avec une sorte de mitre en tête et une étole; il
tient la main gauche élevée ; le prisonnier lui tend la droite ;
dans le fond, menottes, chaînes, ceps, etc. On Vit Léonard sur
une bande plate entre deux filets. — Ce plomb, du xv siècle,
a été trouvé au pont Notre-Dame en 1862.
Des personnes plus coxnpéten.t^ quQ moi em architecture voient
dans ces enseignes le style et l'^rt roman sur des œuvres limou-
sines; elles croient y reconnaître des é^li^es fortifiées, système
de construction qui se prolongea plus long-temps dans nos pro-
vinces méridionales, souvenirs de l'art romain, abandonné beau-
coup plus tôt dai;ui les provinces de la langue d'oil. Mon opinion est
que l'artiste, un peu barbue, a voulu simplement représenter
un donjon ou une prison. La délivrance de Richard Cœur-de-
Lion , captif en Autriche , célébrée dans nos annales comme due
à l'intercession de saint Léonard, dut augmenter le nombre des
dévots à ce patron des prisonniers.
TROUVÉS DANS LA SEINE. 17
Ce n'est pas ici le lieu de faire de la controverse, et je suis un
pauvre hagiographe : je relèverai pourtant en passant les con-
tradictions des légendaires. Les uns font massacrer toute la fa-
mille de Léonard par Clovis, à la fureur duquel il n'échappe que
par la fuite ; les autres le représentent comme parent du roi
franc, et tout-puissant à sa cour.
Les fruitiers de Paris avaient choisi notre saint Léonard pour
patron de leur corporation, concurremment avec saint Chris-
tophe.
Page 68 , médaillon de plomb. — Le Saint s'y tient debout, la
tête nimbée, brisant les chaînes de deux captifs prosternés à ses
pieds ; dans le champ, les initiales S. L., et un fruit suspendu
au bout d'une branche et ressemblant à une orange ; au revers :
dans le champ, saint Christophe, armé d'une grande branche
d'arbre, traverse uq torrent, portant l'Enfant Jésus sur ses
épaules; à droite, un homme à genoux tient une lanterne; à
gauche, une aiguière : les initiales S. X., signifient Sanctus
Xristophorus. — Ce plomb, du xvi« siècle , a été trouvé au Petit-
Pont en 1850.
Les fruitiers de Paris célébraient les fêtes de ces deux patrons
à réglise Saint-Bustache.
Variété du même médaillon. — Saint Léonard, la tête nimbée,
vêtu d'une dalmatique, tient de la droite les fers de deux captifs
agenouillés devant lui; les initiale S. et L. Au revers, saint
Christophe seul , portant le Christ enfant et les initiales S. X.
Méreau du xvi« siècle, trouvé au pont Saint-Charles en 4852.
Page 70, variété du même médaillon. -^ Saint Léonard tenant
un livre et un fruit entre deux captifs agenouillés ; initiales S.
et L. — Revers : saint Christophe portant Jésus-Christ ; à
gauche, personnage agenouillé > et les initiales S. X. — Plomb
du xvr siècle, trouvé au pont Saint-Michel en 4852.
Page 74, médaillon dentelé. '— Saint Léonard, la tête ceinte
d'une auréole , tient un livre de la main gauche, et , de la droite ,
les chaînes dB deux prisonniers; des deux côtés de la tête du
saint I des menottes. — Au revers , saint Christophe, avec sa pré-
cieuse charge , au milieu d'arabesques. — Plomb du même siècle,
trouvé au Pont-au-Change , en 4854.
Un très-beau sceau du chapitre de Saint-Léonard représente
cet anachorète avec les menottes dans la main droite, et son
livre de prières pressé sur son cœur. Il est dans une niche go-
18 PrX)MBS HISTORIÉS
thique, au-dessous de laquelle se voit un écussonaux armes des
Dalesme.
Nous ne croyons pas nous éloigner beaucoup de notre sujet en
signalant de petits ouvrages d'argent de nos orfèvres limousins,
statuettes en demi-bosse avec un anneau pour les suspendre aux.
chapelets. Saint Léonard est représenté tenant des menottes
d'une main et un fruit de l'autre.
J'ai vu aussi des menottes d'argent très-finement travaillées ,
surmontées d'un S. et d'un L. séparés par une fleur de Us.
Ces jolies figurines d'argent étaient surmoulées en plomb
pour les dévots sans fortune. Nous avons sous les yeux une
sainte Vierge avec l'enfant Jésus; plusieurs saint Pierre portant
les clefs du paradis; un saint Oérald, comte de Limoges , suivant
certaines chroniques, fondateur du prieuré de ce nom, l'an 4087;
saint Domnolet , aussi comte de Limoges, armé de pied en cap,
avec les initiales S. A. sur son bouclier, son nom , changé en celui
d^Anolet, étant devenu plus familier au peuple de Limoges;
saint Loup, ou Lopèç, gardien du sépulcre de saint Martial et
son ^G"" successeur; saint Gessateur ou Cessadre, Ï9' évêque de
Limoges; sainte Âffre, martyre, à qui on dédia une église en
cette ville vers le vi' siècle , chapelle des pénitents blancs et
prieuré-cure de Saint-Julien-Sainte-AflFre ; saint Roch et saint
Sébastien, sous l'invocation desquels fut fondée une confrérie,
pendant les ravages de la peste ; saint François de Sales , les bras
ouverts, fondateur de la Visitation : à la base on lit S. FRS.;
saint Paul, à qui une église, Saint-Paul-Saint-Laurent, fut
élevée au vi* siècle, qui vient d'être démolie.
J'ai retrouvé de nombreux médaillons en demi-bosse exécutés
en argent plein , ou ciselés à jour et en filigrane; on y remarque
des saintes faces sur un fond découpé en arabesques ; les deux
initiales de V Ave Maria en monogramme découpé à jours, chargé
d'une couronne , et orné d'une fleur de lis , des saint-esprits ,
des croix de formes diverses.
Monseigneur saint Martial , patron de cette ville, comme di-
sent les vieux titres, figure eu diverses façons sur ces œuvres
essentiellement limousines.
Grand médaillon, buste du saint, mitre, entouré d'une gloire
et d'une légende découpée sur le fond : Sande Martialis^ ora pro
ncbis.
Autre plus petit: même buste, dans une couronne, ciselé à
jour; les cinq pains et les deux poissons, sons légende, etc.;
TBOUVÉS DANS LA SËINË. 19
médaillon plein, buste d'évêque mitre, vu de face; initiales
S. A. : saint Aurélien, successeur de saint Martial.
Autre : saint Boch, debout, avec ses attributs.
Autre : buste de moine, tête ceinte d'une auréole, initiales
S. F., que j'explique par le nom de saint Faucher, compagnon
de saint Gaucher, fondateur du prieuré d'Aureil vers la fin du
XI* siècle, comme on peut le voir au cartulaire conservé aux ar-
chives départementales : trois pages de ce cartulaire ont été
écrites par saint Gaucher.
Une dame âgée , qui possède une collection d'Agnus Dei et de
divers bractéates d'argent limousins, a eu Tobligeance de me
la confier, et m'a permis de remplir la lacune causée dans mon
travail précédent par le mauvais procédé du détenteur d'une
collection semblable.
Denier rond : dans le champ , voile de sainte Véronique relevé
de chaque côté par un ange; la sainte face est empreinte au mi-
lieu; autour, quintefeuilles, lis, etc.
* Petit carré loDg , arrondi par le haut, dont une croix occupe
tout le champ ; ses trois bras , ornés de fleurs de lis , comme sur
certaines monnaies royales, sont inscrits dans un cercle; le long
de la croix, les branches d'une étole, ou d'un scapulaire orné
de petites croix.
Agnas Dei ovale : Jésus sur la croix, la tête penchée; à ses
pieds , sa sainte Mère et Jean , son disciple bien-aimé. '
Idem, saint Jean TÉvangéliste tenant un calice à la main.
Idem y plus petit : dans le champ , l'agneau de saint Jean-
Baptiste, patron des pénitents blancs, avec une croix à la
quelle est suspendue une banderole.
Idem, saint Martial, debout, mitre, et tenant la crosse d'une
main, bénit de l'autre sainte Valérie agenouillée devant lui;
près de la tête du saint, les initiales S. M. [sancita MariinUs) \
près de celle de la sainte, 8. V. (sonda ValeiHa] ; à côté de saint
Martial, une table sur laquelle est un cierge allumé dans un
chandelier.
Autre : évêque debout, mitre, crosse, bénissant de la droite;
légende : Sa/ncte Aureliane,
Autre plus grand : variante de VAgnus Dei de saint Roch : le
saint, vêtu en pèlerin , grand chapeau , grand bftton ; un ange
touche la plaie de son genou , et son chien saute en flairant sa
panetière.
Deux variétés de saint Léonard dans un champ semé de
fleurs de lis ; il tient des menottes et un fruit.
âO PLOMBS HISTORIÉS
Médaillon rond , que je crois rare : écu8son des armes de Id
ville; légende en majuscules: domine goncbrya [sic) nos m
PAGE.
Autre, muet: les cinq pains et les deux poissons.
A la collection de la dame est joint un véritable Agnus Dd des
premiers temps : il est en cire, de la largeur d^un écu de
cinq francs. Dans le champ, un buste d'évéque, entre deux
poissons; autour, les cinq pains ronds; le tout en fort relief :
jolie petite croix de Malte.
Comme bractéate inédite , j^en ai remarqué une qui porte
cette légende , autour d'un Saint-Esprit : Venit santé SfdrittÂS ,
pour VenifSancte SpirittAS.
Un denier très-mince porte une croix à branches égales , ter-
minées par des fleurs de lis; les quatre angles sont cantonnés
chacun par un cœur, et, en légende, deniers pour épouser, en-
tourés d'un grainetis.
Ces petits ouvrages d'orfèvrerie ne sont, en quelque sorte,
que des opuscules auprès des grands travaux de nos orfèvres
des XVI* et xvir siècles , les Blanchard , Boisse , Brun , Cailhe ,
Guimbert ou Guibert, Jehan Indot, les Mouret, Le Maget et Le
Massis, Pinchaud, Pinot, Poche, les Reymond, Roumanet,
Teyssandier, les Tillet, Yvert, Jean, etc., dont les riches
joyaux, les croix, calices, custodes, candélabres, bourdons,
encensoirs, panonceaux furent pourtrcdts de la main des émail-
leurs, leurs confrères, sur les pages en velin du livre de
comptes et recettes de la confrérie du Saint^acrement de
Sai n t-Pierre- d u-Quey roi x .
Tous ces chefs-d'œuvre ont disparu : il reste encore, entre les
mains de M. Eugène Ârdant, un grand panonceau d'argent
repoussé et ciselé , sur lequel figurent deux anges adorateurs
devant un Saint-Sacrement. Les détails en sont fort curieux :
on y lit la légende Sola fides sufficit, et la date 4602, au bas de
l'écusson de l'orfèvre qui le fit. Cet écusson est composé d'un
chevron entre deux roses quintefeuilles , et d'un cœur placé
au-dessous ; deux palmes en forment les supports.
Ces petits ouvrages, dirons-nous, n'en sont pas moins des-
monuments historiques des usages et coutumes du Limousin, et
des habitants de Limoges en particulier.
Si l'on pouvait, comme on l'a fait à Paris dans la Seine, et an
lac du Bourget près Chambéry, faire fonctionner une machine à.
draguer dans la Vienne, seulement entre le pont Saint-Étienne
TROUVÉS DANS LA SEINE. 21
et le pont Saint-Martial , je ne doute pas qu'on ne recueillît
bien des objets précieux ; mais , la Société ne pouvant faire cette
dépense, l'administration municipale n'en ferait pas les frais,
parce qu'il n'y aurait là qu'un intérêt purement scientifique.
Maubicb ABDâNT,
ArchiTistc de la Uaate- Vienne , officier d'acad<5inic.
Limoges , le 12 août 1863.
PRIVILÈGES
DE LA VILLE DE LIMOGES
VIDIMUS GÉNÉRAL
DONNÉ PAR LE ROI HENRI II
AU MOIS DE JUILLET 1555
A SAINT-GERMÀIN-EN-LAYE i
{Extrait de la MHiothèque 4$ M. Nivet-^Faniaubert.)
Henry, par la grâce de Dieu , roy de France , à tous presens
et à venir salut. Savoir faisons nous avoir receu Thumble sup-
plication de noz chers et bien amez les consuls, manans et
habitans de nostre ville de Limoges, contenant que nos anciens
prédécesseurs roys de France , pour bonnes , justes et raison-
Ci) Cette pièce a été communiquée par M. Nivet-Fontaubert , dont la
bibliothèque, précieuse surtout au point de vue limousin, contient une
foule de documents en partie inédits. La plupart des pièces qui se
trouvent rapportées ici ont été imprimées ailleurs , notamment dans le
Recueil des ordonnances des rois do la 3« race< Il a paru néanmoins utile
de les réunir dans le Bulletin de la Société.
( Note du Comité de rédaction.)
PRIVILEGES DB LA VILLE DE LIMOGES. 23
nables causes, leur oroient octroyé et successivement confirmé
plusieurs beaux privilèges, exemptions, libertez, preeminances,
auctoritez et autres facultez à plain contenues es Chartres sur ce
décernées, lesquelles feu nostre très honnoré seigneur et père le
roy dernier decedé leur auroit confirmées , et ieelles faict trans-
cripre et insérer dedans ses lettres de confirmation sur ce
décernées en forme de chartre , lesquelles auroient après este
deuement entérinées , et depuis nostre advcBement à la couronne
par nous confirmées et auctorisees , comme plus à plain il est
contenu tant en noz lettres de confirmation que en certaines
autres lettres de déclaration sur ce par nous décernées ausd.
supplians , que aussi es actes et procédures faictes sur l'entéri-
nement de nosd. confirmation et déclaration : et parce que lad.
chartre de nostred. feu S** et père en laquelle sont transcriptes les
autres anciennes Chartres de nosd. prédécesseurs commance estre
fort ancienne, et pour avoir este ci-devant pour les affaires
qu'on en a eu souvent ouverte et maniée , le parchemin d'icelle
en est tellement aflFoibîy qu'il se pourroit facilement rompre en
plusieurs endroitz , et que aussi il est et pourra encore cy après
estre besoing et nécessaire ausd. supplians exhiber et produire
en plusieurs jugemens et autres divers lieux, lesd. Chartres se
pourroient en ce faisant effacer, déchirer, rompre et autrement
gaster en façon que la preuve desd. privilèges, libertez,
exemptions, authoritez et autres facultez desd. supplians
pourroit périr à leur très grand préjudice si par nous ne leur
estoitsur cepourveu. Nous, à ces causes, désirant les Chartres
par nosd. prédécesseurs à iceulxd. supplians octroyées sortir
perpétuellement leur plain et entier effet, et sur ce leur
pourveoir de remède convenable pour la conservation de la
preuve d'icelles, avons lesd. Chartres, confirmations, déclara-
tion et entérinement d'icelles et autres procédures sur ce inter-
venues faict transcrire et de mot à mot insérer es présentes en la
teneur que s'ensuyt :
François, par la grâce de Dieu roy de France, savoir faisons
à tous presens et à venir nous avoir receu l'humble supplication
de noz chers et bien amez les consulz , bourgeois , manans et
habitans de nostre ville et chastau de Limoges, contenant que
par ci-devant et despieca, pour plusieurs bonnes, justes et
raisonnables causes, en consideracion mesmement des grandz,
bons , loiaux et agréables services que lesd. supplians ont faictz
à noz prédécesseurs roys de France , et pour la grande amour
24 PRIVILÈGES db; la ville de limoges.
et fidélité qu'ilz leur ont toujours portée , iceulx noz prédéces-
seurs leur ont donne et octroie plusieurs beaux privilèges,
costumes, libertez, exemptions et franchises pour le bien,
avancement et augmentation de leurd. ville et château , et
iceulx leur ont faict expédier lettres patentes en forme de
Chartres , desquelles la teneur s'ensuyt :
Karolus, Del gracia Franeorum rex, notum facimus universis presenti-
bus et futuris quod nos, attendantes quod villa seii castrum Lemovicensis
quam dilecti et fidèles nostri consules et habitatores ejusdem qaantum ad
superioritatem et ultimum ressortum , in eisdem habita noticia nostri juris
et Justicie , nostre obediencie submiserunt , sue fidelitatis constanciam erga
nos ostendentes» in nostris fronteriis situantur, ex quibus gracia et favore
regiis dignes censemus eosdem; quapropter, cum opporteat prefatos con-
sules et habitatores onera multa subire , tam propter reparationem clau-
sure, fortificationis etcustodie ejusdem ville quam propter reparationem
pontium viarumque , itinerum ac fonctium et alianim necessitatum com-
munium dicte ville, que absque régis provisione supportare nequirent,
eisdem concessimus et donamus atque concedimus perpétue de nostri spé-
cial! gratia, authoritate regia et nostre potestatis plenitudine, ut ipsi
consules et habitatores modemi et sui sucoessores qui pro tempore fue-
rint, soquetwn vifd, videlicet duodecimam partem totius vini quod ven-
detur ad detalium in oastro predicto et castellania (^'usdem, necnon et
impositionem quatuor denariorum prolibra ex quibuscumque mercimoniis
et rébus emendis et vendendis, vel minori summa prorata, ibidem im-
ponere, levare et percipere possint et valeant perpétue paciflce et quiète,
quotiens et dum eis plaoaerit, prodictis oneribus supportandis et aliis
nécessitât ibus communibus dicte ville, ex ampiiori gratia volentes et
concedentes eisdem et suocessoribus eorumdem ut quamquam a percep-
cione dicti soqueti et imposttionis vel alterius eorumdem per aliqua tem-
pora cessaverint seu cessare contingerint, ipsi tamen consules et habita-
tores et eorum sucoessores possint soquetum et impositionem hujosmodi
sua propria authoritaté et absque ulteriori réquisitions nostre licencie
vel successorum nostrorum vel consensus, insimul vel vicissim, prout ab
ipsorum perceptione cessaverint , iterum imponere et levare ad sue bene-
placitum voluntatis ; nos igitui:, pro nobis et successorlbus nostris , licen-
tiam imponendi et levandi dictum soquetum et impositionem nunc et post
cessationeset interruptiones levationis eorumdem quotiens et prout eis et
eorum suocessoribus plaeuerit , ex nunc concedimus de gracia et autho-
ritaté predicta, -decernentes ex liberiori nostra gracia quod si de oneribus
seu necessitatibus predictis unun^ vel plures cessaient aliqualiter in futu-
rum, nichilominus prefati consules et habitatores et eorum sucoessores
nostra presenti gracia uti valeant perpétue pacifiée et gaudere prout ante,
nonobstantibus quibuscumque litteris in contrarium impetratis seu etiam
impetrandis quas ex nunc decemimus esse nullius efflcacie seu valoris ,
nolentes, quinimo flrmiter inhibentes perpétue pro nobis et suocessoribus
nostris ipsos consules, habitatores, présentes et futuros, seu eorum ali-
PRIVILKGKS DR LA VILLB DE LIMOGES. 25
qucm ad reddendum de commodis et emolumentis dictorum soqueti et
impositionis compotum quamcumque compelli, neque compotuxn de pre*
dictis nobis aut successoribus nostris aliqualiter reddere teneantur.
Qaapropter damua tenore presentium in mandatis omnibus et singulîs
justiciariis et offlciariis nostris presentibus et futuris et eorum locate-
nentibus et eorum cuilibet, ut ad eum pertinuerit, quatenus dictes con*
suies et habltatores et eorum successores nostra presenti gratia utl
fociant et gaudere perpetuo pacifiée et quiète , non molestantes seu mo-
lestari permittentes eosdem in contrarium aut turbari , volentes ex ve^
riori nostra gratia transcriptoautentiquo seu copie presentium litterarum
fidem plenariam in judiciis et extra sicut et originalibus adhiberi. Quod
ut firmum et stabile perpetuo perseveret , sigillum nostrum his presen-
tibus litteris duximus apponendum. Datum Parisiis, vicesima sexta die
mensis decembris, anno Domini millésime trecentesimo septuagesimo
primo , et regni nostri octave.
Ainsi ngné sur le reply desd. lettres : Per regem : Tabari.
Karolus, Del gratia Francorum rex. Regalis providentia ad subditorum
tranquilitatem et pacem deducens sue consideracionis intuitum , propter
utîlitAtem rei publioe quam private censet utique preferendam, recte
existimat aliqua quandode ileri que essent alias non factura. Notum
itaque facimus universis presentibus et futuris quod cum dilecti nostri
consules et habitatores ville seu castri et castellanie Lemovicensis, quos
dare memorie charissimus dominus genitor noster per tractutum con-
cepte concordie in ter Ipsum, ex parte una, et Edward u m Ânglie, ex
altéra, dicti Edwardi obedientie et subjectionisubmisit, qui , rupto fédère
pacis et concordie juramento vallate, guerram nobis noviter suscitavit,
habita per eosdem consules et habitatores noticia nostri juris et justicie
in hujusmodi facto guerre, se et villam seu castrum et castellaniam pre-
dictos nostre submiserunt obediencie , nobis et nostris successoribus ut
fidèles subditi servituri, desiderabiliter affectantes sub nostro imme-
diato dominio perpetuis temporibus remanere, nos, attendentes laude
dignum dictorum consulum et habitatorum in hoc parte proposttum
processisse ex fervore dilectionis et amoris quos ad nos et predecessores
noetros decursis tempOribus habuerunt, considérantes insuper quod ex
submissione predicta immeixsa nobis et reipublice regni nostri provenit
utilitaa et adhoc rebelem vicinam patriamaquirendam, facultas, aliis-
que justis consideracionibus utilitatem ejusdem reipublice concernentibus
excitHti , cupientes suo desiderlo complacere ut ferventius in suo fidelitatis
coDstancta persévèrent, villam seu castrum et castellaniam predictam
cum omnimoda jnrisdictione alta, média et bassa, mero et mixto imperio,
universisque et singulis censibus, redditibus, peagiis, domibus, molen^
dinis et quadam mota sive flatea sita super duo stagna dicte ville , nec
non aliis proprietatlbus rebusque aliis uuiversis quos et quas charissima
eonsanguinea nostra , Johauna , ducissa Britaûnie , uxor quondam charis-
sima consanguinti nostri, Karoli de Blesis, ducis Britannie, in predictis
dieit et asserit se habere , dominio nostro et corone nostro Francie immé-
diate unimus annectimusct adjungimus, unitasque et annexas perpetuo
26 PRIVILÈGES DE LA VILLE DE LIMOGE^.
tenore presentium esse decemimus et etiam ordinamus, pro nobis et
successoribus nostris in futurum, ex nostris certascientia, authoritatc
regia et nostre potestatis plenitudine et gratia spécial! , efficientes dictos
consules et habitatores modernes pariter et futures nostros et successo-
mm nostrorum immédiates subditos perpétue , absque eo quod ab eodem
dominio seu corona Francie et immediata ipsius subjectione et dominio ,
titulo donationis, partagii, translationis seu transport! in quacumque
persona cujusque conditionis aut status, aut ratione reformande pacis vel
alterius cujuscunque tractatus alio vel quovis titulo, necessitate vel
commodo, possit aut valeat uUo unquam tempore disjungi , amoveri seu
etiam separari , dictosque consules et habitatores et eorum sucoessores
ad versus quoscunque petentes vel petituros Jus aliquod immédiate
subjectionis, Juridictionis, meri et mixti imperii et obediencie ac omnium
et singulorum premissorum in eosdem defendimus nostris propriis
sumptibuset expensis, et ex nunc protunc onus defensionis hujusmodi
in nos pro nobis et successoribus nostris assumimus per présentes , eo
tamen adhibito moderamine quod dictis consulibus habitatoribus et
eorum successoribus propter unionem et adjunctionem hujusmodi, in
eorum Juridictione, franchisiis, consuetudinibus ac libertatibus et aliis
Juribus quibuscunque nuUum prejudicium glgnetur, recompensationem
debitam Juris hujusmodi, siquid prefateconsanguinee nostre pertinuerit,
impensarii de hommagii insuper dicte ville seu castri et castellanie quod
religiosi abbas et conventus ecclesie sancti Marcialis Lemovicensis pre-
tendunt ad eamdem ecclesiam pertinere, recompensationem congruam
faciemus, prout ratio suadebit, sic quod dicti consules et habitatores
superiorem alium prêter nos cognoscere non habebunt, sed de his
omnibus remanebunt perpétue paciflci et securi. Que omnia et singula
premissa tenere et teneri et compleri facere perpétue promittimus bona
fide et Juramus tactis sacrosanctis evangeliis, et ad ea tenenda firmiter
et inviolabiliter observanda nos et successores nostros teneri volumus , nos
que et Ipsos obligamus per présentes cunctis temporibus dnraturas.
decernentes ex nunc pro tune quicquid per nos aut ipsos vel eorum
alterum secus factum fuerit viribus omnlno carere , volentes ex uberiori
nostra gratia transcripto autentiquo seu copie presentium litterarum
Ûdem plenariam in Judiciis et extra sicut et originalibus adhiberi. Quod
ut Ûrmum et stabile perpétue perseveret, nostrum presentibus litteris
fecimus apponi sigillum. Datum Parisiis, in hoepitionostro juxta sanctum
Paulum, xxviiia decembris, anno Domini millésime trecentesimo septua-
gesimo primo, et regni nostri octave.
Ainsi signé sur le reply desd. lettres : Per regem : Tâbary.
Charles, par la grâce de Dieu roi de France, savoir faisons à
tous présens et à venir que Nous , qui très grandement nous
reputons estre tenuz à nos amez et feauls les consulz et habitans
de nostre chastel de Lymoges pour les bons, loiaulx et agréables
services qu'ilz ont faictz à nos prédécesseurs et à nous au temps
passe et pas cspccial naguercs; car, pour cause de la souve-
PRIVILEGES DE LA VILLE DE LIMOGES. 37
raineté et ressort que nous avons eu la duché de Guyenne, ils
se sont submis en nostre obéissance, et nous ont recogneu à
leur souverain seigneur, et espérons aussi quMlz nous facent un
temps advenir de bien en mieulx , et aussi pour le profict et
bien publicque, en sur ce très grand ad vis et très bonne déli-
bération de ceulx de nostre lignaige et autres de nostre condeil ,
avons ausd. consulz et habitans de notre chastel de Lymoges et h
leurs successeurs donné, octroie et délaissé, donnons, octroion»
et délaissons par ces présentes, de nostre authorite royale et
plaine puissance , de grâce spéciale et certaine science , à tou-
jours, héritai lement et perpétuellement le chnstel et chastellenie
de Lymoges et toutes ses appartenances et appendences, juris-
dictions haute , basse et moienne , mère et mixte , impere , cens ,
rentes, revenuz, péages, maisons, molins et la mote qui est sur
les deux estangs du chastel de Lymoges, et autres proprietez,
droîctz , debvoirs et autres choses que nostre très chère et amee
cousine Jehanne, duchesse de Bretagne, jadiz femme de nostre
très cher cousin Charles de Bloys, duc de Bretagne, et ses en-
fans ou autres ayans cause d*eulx ou d'aucun d'eulx , ayent ou
pourroient avoir, demander ne réclamer en aucune manière aud.
chastel et chastellenie de Lymoges et leurs appartenances et
contre les consulz et habitans d'icelle ville de Lymoges, sans y
rien retenir; et parmy ce led. chastel et chatellenye, ensemble
toutes ses appartenances et appendences dessusd., leur avons dé-
livré et délivrons par ces présentes, et pour ce leur avons promis
et jure sur les sainctes évangiles de Dieu, promettons et jurons
que par nous et nos successeurs ne demanderons ou reclame-
rons, ferons demander ou reclamer avoir aud. chastel et chas-
tellenye ne autres choses dessusd. ou aucunes d'icelles autrement
que dict est , mais les garentirons et défendrons envers tous et
contre tous, et par especial envers nostred. cousine, sesd. en-
fants ou autres aians cause d'eulx , de tous empechemens, dom-
maiges, destourbiers, pour guerre ne autrement en quelque
manière que ce soit , et des maintenant pour lors et pour lors
des maintenant nous en deschargeons lesd. consulz et habitans,
et nous chargeons de la tuition et défense fere entièrement à noz
propres coutz , frais, mission et dépens; et d'abondant les choses
dessusd. et chacune d'icelles tout en la forme et manière que dé-
claré est nous promettons fere ratifier toutefois que besoing sera
et requis en gérons par lesd. consulz et habitans de lad. ville à
nostred. cousine et à ses onfans, et sur ce ausd. consulz et habi-
28 PRIVILÈGES DB LA VILLE DE LIMOGES.
tans ou à leurs successeurs fere octroyer lettre par notred. cousine
ou sesd. enfans ou successeurs, ou autres qui d^eulx auront cause
ou aucun d^eulx. Et, pour ce fere et accomplir de poinct en
poinct selon ce que dessus est dict , sans enfraindre en quelque
manière que ce soit, nous promettons et jurons sur sainctes
évangiles de Dieu, pour nous et noz successeurs, tenir les
choses dessusd. fermes et estables à toujours perpetuelement. Si
donnons en mandement par ces présentes à nos amez et feaulx
les gens de nos comptes à Paris , à nostre seneschal de Lymosin
qui est ou sera pour le temps, et à tous autres justiciers,
officiers et subjectz de nostre royaume presens et advenir, et à
chascun d'eulx ou à leurs lieuxtenans que contre la forme et
teneur de ces présentes ne procèdent ou se ingèrent de procéder
eu aucune manière au contraire. Ausquelles, pour ce que ce soit
ferme chose et estable à tousjours, nous avons faict mectre
nostre grand seel, et les avons faict bailler ausd. consulz et
habitans. — Donne à Paris, en nostre hostel de Sainct-Pol, le
second jour de janvier l'an de grâce mil trois cens soixante
unze et de nostre règne le huictiesme.
Ainsi signé sur le reply desd. lettres : Par le roy : Tabart.
Karolufi, régis Francorum ÛliuSi regnum regens, Delphlnus Vien^
nensis, dux Bicturie et Turonie, comesque Pictavie, notum fbcimus
universis presentibus et futuris quod cum nuper ad Aquitanie portes nos
duxerimus transferendos et apud castrum Lemovloense noviter advene-
rimus, loci consulum et habitanttum virtutem animosantque industriam
et fidelitatis famam eo prestantius anime concepimus, cum Yidimus
coulis variisque testimoniis eorum constantia apud nos efficaciter extitit
comprobata manef gestorum memoria dicta que confirmât efféctus (sic) :
nam et illud memorabile eastnun, olim famosissimum , nunc vero
pristine virtutis conservateque virilltatis non dégénérât a tramite,sed
habitantium titulis perseveranter insignitum sub regali obedientia cens-
tantissime perduravit, et cum guerrarum incursibus undique constrin-
gantur exterius, pacem tamen interius, communem defensionem et ordi-
natissima sue communitatis gubemacula soliciti pcrquirunt , induxerunt
hec et alla magnanimitatis opéra felicis recordationis avum nostrum .
Karolum, regem inclitum, ut castre illi singulariter afficeretur, sed
causam specialem adjecit commendabilis operis exhibicio et Ûnnate
subjectionis sincera soliditas, cum enim regio jussu manibus exteris se
submisissent, proprio visu patriam régi ditioni iterum submiserunt :
meruit tanta Ûdes inviolabile premium quod etiam regia liberalitas non
fraudavit cum castrum illud régie corone majestas regia sentiit insepera-
biliter adjungendum, ipsosque consules et cohabitatores tanta preroga-
tiva donavit ut justiciam inter sucs burgcnscs, cohabitatores et eoncas-»
PlUVILÉGES I)B LA VILLB DE LIMOGBS. Sd
tellanos, sub régla potestate, sui tamen authoritate consulatus, exer-^
cerent , quod adeo in tanta diligentia publicisque affectibus ministrare
curaverunt ut locus ille insignis ab hostibus circumvîcinis preservatus
sit slcque prosperavit et Domino concedente prosperetur [sic). — Hoc
intuentes Tironimque consulum animos volentes per amplius ad virtutis
opéra stimtilare, nostre ]iberalitatis aliquod preclpuum munus elsdem
duximus reliquendum. Ideo voluimus et concessimus » yolumusqae et
concedimus de gratla speciali et authoritate régla qua fungimur, eisdem
consulibus preteritis, presentibus et futuris» in decus augmentumque
honoris ipsius consulatus et loci , burgrensium et cohabitantium favorem ,
ut, velut quod {sic : quoddam?) noblUtatis signo per nos ipsîs relicto,
quicumque eodem in Castro consulatus officio fUerant, sunt et erunt
insigniti , feoda nobilia quecumque possint acquirere» possidere pariter et
tenere velut nobiles , libère et absque reprehensione aut redemptione seu
difficultatequacumque, quos ad hoc tenore presentium ex nostra certa
scientia habillltatimus, illique offlcio consulatus hunC addiclmus honorem
ut ipsius adeptione prerogativa predicta consulibus ipsis absque alio
titulo, processa aut declaratione protimus advenlat, indultoque hujus-^
modi perpetuis temporibus gaudeant et utantur : quam quidem conces-
sionem ad feoda acquisita et aoquirenda dedaramus extendi cancellario
regio dilectisque et âdelibus consiliariis domini mei et nostris gentibus
presens parlamentum tenentibus et qui futura tenebunt, gentibus corn-
potorum, seneschallo Lemovicensi ceterisque justicîariis et offlciàriis
domini mei et nostris, presentibus et futuris, et cuilibet eorumdem,
prout ad eum pertinuerit , tenore presentium damus in mandatisquatenus
nostro présent! Indulto ipsos consules castri Lemovicensis présentes,
preteritos et futuros, uti et gaudere faciant et permittunt perpétue ûrmi-
tatis robur obtineant , presentem curtamnostri sigilli Jussimus appensione
muniri. Datum apud castrum Lemovicense, pfedicttim mense Januariî,
anno Domini millésime quadringentesimo vicesimo prima.
Ainsi signé sur le reply desd, lettres : Per dominum regentem
delphinum, mareschallo ejusdem domini, domino Mirandolii et
aliis presentibus : Alan. (Alain, au vidimus de Louis XL)
Loys, paîlagfaCe de Dîeti roy de France, ao seneschal de
Lyiuosin ou son lieutenant, salut. Receue avons Thumble sup-»
plicacion de noz cherd et bien ame2 les consuls, manans et
hnbitansde nostre ville de Limoges contenant qne, combien que
par privilèges à eulx octroîez par noz prédécesseurs roys de
France et parnous confirme^, lesd. suppliaus puissent tenir
noblement fiefz, et que, nonobstant les fiefz et autres choses
nobles qu'ilz tiennent, Hz contribuent à noz tailles et deniers,
sans quelque difficulté, & bien grande somme de deniers, par
quoy raisonnablement ilz ne doivent estre contrainctz à eulx
armer ne suivre les armes , neantmoins nostre amé et féal Loys
Gasce, chevalier, qui nagueres a este en Lymosin de par nous
30 PRIVILÈGES DB LA VILLB DB LIMOGES.
pour faire mectre sur les gens de noz ban et arriereban , a voulu
contraindre lesd. habitans de Lymoges qui tiennent noblement
de eulx armer, et leur a faict commandement de par nous à
certaines peines qu'ilz aillent en nostre armée, et pour ce qu'ilz
lui ont allégué et monstre leursd. privilèges et qu'ilz sont
contribuables ausd. deniers, tendans à fin qu'ilz ne feuseent
eontrainctz h aller en nostre service, icelluy Gasce a mis en
nostre main leurs fiefz et autres biens , de laquelle main mise et
autres tortz et griefz à eulx faictz et donnes lesd. supplians ou
aucuns d'enlz ont appelé à nous et à nostre cour de parlement ,
et leurd. appel n'ont encores relevé combien qu'ilz soient
encores dedans les trois mois à ce introduîctz, en nous humble-
ment requérant qu'il nous plaise îcelle appellacion mectre au
néant sans amende et sur tout leur impartir nostre graco.
Pourquoy nous, ces choses considérées et mesmement que lesd.
supplians payent la taille et contribuent à nos deniers, ayant
aussi consideracion à ce qu'il est bien nécessaire que les gens
notables de nostre ville y demeurent pour la garde d'icelle en
temps d'emynent péril, lad. appellacion interjectee par lesd.
supplians, et non relevée, avons mise et mettons du tout au
néant de grâce especial par ces présentes, sans amende et sans
ce qu'ilz soient tenuz icelle relever ne poursuivre en aucune
manière, et avec ce avons octroie et octroions ausd. consulz et
habitans de Lymoges supplians qui payent la taille et noz
autres deniers qu'ilz soient exemptz de venir ni envoyer en
nostred. armée, et de ce les avons exemptes et exemptons de
grâce spécial par ces présentes. Si vous mandons et commettons
par ces présentes que de nostre présente grâce, exemption et
octroy vous les faictes. et souffrez joir et user paisiblement en
leur mettant ou faisant mectre leursd. biens pour ce empêchez
à plaine délivrance, et lesquelz nous y avons mis et mettons par
cesd. présentes, nonobstant quelque mandement qui ait este
sur ce faict de par nous par manière de ban et arrière ban , en
quoy. ne voulons lesd. habitans de Lymoges contribuables et
payans tailles estre comprins ne entenduz, et quelzconques
ordonnances , mandemens ou défenses à ce contraires. Donne à
Chartres, le quatriesme jour de novembre, Tan de grâce mil
quatre cens soixante sept, et de nostre règne le septiesme.
Ainsi signé : Par le roy en son conseil , Dblalobrb.
Ausquelles lectres y a une attache dont la teneur s'ensuyt :
PRIVILÈGES DR t\ VILLE I)B LIHOGËS. 31
Mathcus Bothini, in legibua licentlatos, locnm tenens gencralia nobilis
et potentis domini , domini senescalli Lemoyioensis regii , et commissarius
regius in hac parte authoritate regia specialiter deputatus, primo ser-
vientî regio super hoc requirendo salutem. Visis licteris domini nostri
régis, ejusdem Bigillo in cera alba impendente sigillitatis , commissionem
nostram continentibus , nobis pro parte venerabilium virorum , consulum ,
manentium et habitantinm castri Lemovlcarum in eisdem licteris regiis
mentionatis (ne: mentionatorum) exhibitls et presentatis, quibus hec
nostre présentes litere sunt ad inyicem atachate, et requisiti pro parte qua
supra quathenus ad interinacionem sive exeeutionem dictarum literarum
regiarum dictam nostram commissionem continentium procedere et in-
tendere vellemus : quapropter nos yolentes, ut tenemur, literis et man-
datis regiis possetenus obedire, vobis ex parte regia precipimus et
mandamus, committendo si sit opus, quatenus eosdem supplicantes su-
pranominatos dono, gracia et exemptione de quibus in eisdem literis
regiis fit et habetur mentio, per dictum dominum nostrumregem eisdem
supplicantibus factis, datis et concessis, uti et gaudere faciatis pacifiée
et quiète, quos nos exnunc uti et gaudere fetcimus et volumus per
présentes , bonaque ipsorum supplicantium quecumque sint propter hoc
impedita ad plenam liberationem ponendo. quibuscunque bannis seu ban*
norum literis in contrarium factis et impetratis nonobstantibus et aliis,
prout dictus dominus noster rex vult et mandat per suas dictas patentes
literas, dictam nostram commissionem continentes. Datum Lemovicis, sub
sigillo dicte senescalli Lemovicensis, die penultima menais novembris,
anno Domini millesimo occc sexagesimo septimo.
Ai$iH Hgné : Per prefatum dominum locumtenentem , âlbiac.
Ludovicus, Dei gracia Francorum rex, notum facimus universis presen-
tibus et futuris nos literas felicis et inclite recordationis avi nostri vidisse
formam que sequitur continenentes :
Karolus, Dei gracia Francorum rex, notum facimus universis, tam
presentibus quam futuris, nos literas extradas de registris in thesauro
cartarum , registrorum et privilegiorum nostrorum existentibus vidisse
formas que sequantur continentes :
Karolus, Dei gracia Francorum rex, notum focimus universis , tam pre-
sentibus quam futuris, quod nos , ad requestam habitantium ville, castrie
et castellanie Lemovicensis extrahi facimus de registris in thesauro car-
tarum, registrorum et privilegiorum nostrorum existentibus, literas
formam que sequitur continentes :
Karolus, Dei gracia Francorum rex. Regalis providentia
(Suivent les lettres du roi Charles V du 28 décembre 4374, qui
fartent que la ville et la chûteUenie de Limoges seront unies insépara-
blement à la couronne, p. 4-7.)
In cujus extractus visionis testimonium, sigiUum nostrum istis pre^
sentibus literis et appositum. Datum Parisiis, mense maii, anno Domini
millesimo cocc quinto et regni nostri vicesimo quinto. In quarum
Bâ PRIVILÈGES DE LA VILLE DÉ LIMOGEA.
litterarum margine inferiori sic habebatur : « Bxtractum de preccpiû
Vestro, et facta est collatio cum registro literarum superius Inseï*-
larum ». J. Chanteprime.
Item aliorum literarum forma sequitui" sub his verbis :
Karolus, Dei gracia Francomm rex. Notum facimus unive^is, tam
presentibus quam futuriB, quod nos, ad requestam habitantium ^ille,
castri et castellanie Lemovicensis , extrahi fecimus de registris in thesauro
cartarum» registrorum et privilegiorum nostrorum eiistentibus. literas
formam que sequitur continentes :
Charles , par la grâce de Dîeu roy de France
(Suivent les lettres du roi Charles V du 2 janvier 4374 (v. s ,
4372 ) , cédant aux consuls et aux habitants de Limoges tous les droits
qu'il at>ait sur les château et châtellenie de ladite viUe,)
In eu jus extractus visionls testimonium, sigillum nostrum istis pre-
sentibus literis est appositum. Datum Parisiis, mense mail , anno Domini
millesimo quadringentesimo quinto et regni nostri vicesimo quinto. In
quarum literarum margine inferiori sic habetur : « Bxtractum de precepto
vestro , et at facta collatio cum registro literarum superius insertarum.
J. Chanteprime. »
Quas quidem literas superius insertas, ac omnia et singula in eis con-
tenta nos gratas , ratas pariter et acceptas , seu rata , grata et accepta
habentes ac teneri et inviolabiliter observari volentes, laudamus, appro-^
bamus ac ratiûcamus , et de spécial! gracia ac noâtre potestatis plenitu-
dine Conflrmamus per présentes. Quocirca nos dilectis et fidelibus gentibus
nostris presens nostrum ac futura Parisiis tenentibus pariamenla, nec
non seiiescallo nostro Lemoyicensi ceterisque justiciariis nostris presen-
tibus et fUturiSy aut eorum looum tenentibus, et cuilibet îpsorum, prout
adeum pertinuerit, districte precipiendo mandamus quatenus consules et
habitatores ville nostre , seu castri Lemovicensis in eisdem literis nomi^
natos, modemos pariter et futuros contentis in ipsis literis preinsertis
titi et gaudere paciflce faciant et permittant, quinimo facta, attentata
seu innovata in contrarium ad statum pristinum et debitum sine diffi^-
tsultate quacumque reducant aUt reduci faciant indilate. Quod ut pet^
petuo stabilitatis robur obtineat, nostfum presentibus literis Jussimus
apponi sigillum. — Datum Parisiis, mense maii, anno Domini millesimo
quadringentesimo quinto, et regni nostri vicesimo quinto. — Sic signa-^
tum : Per regem, ad relationem consilii, J. Le BkiuE.
Quasquidem literas superscriptas et omnia in eidem contenta ratas et
gratas, rataque grataque habentes, eas et ea laudamus approbamus,
authoritateque nostra regia et plena potestate conflrmamus. Quocirca
seneschallo nostro Lcmovicensi ceterisque justiciariis nostris, aut eorum
locum tenentibus, presentibus et futuris, tenore presentium damus in
nmndatis quatenus supra dictos consules et habitatores dicte notre ville »
PIUVILÉGES DE LA VILLE DE LIMOGES. 33
seu castri Lemovicensis , nostris presentibusratiâcationeet confirmacione
uti et gaudere faciant et permittant, nallam molestiam sive impedimen-
tum éis in contrarium inferentes, seu inferi permittentes quoquomodo :
quod si illatum foret , illud ad statum prislinum et debitum reducant seu
reduci faciant indilate. Quod ut flrmum et stabile permaneat in futurum,
nostris présent ibus jussimus apponi sigillum, nostro tamen in ceteris et
alieno in omnibus juribus semper salvis. Datum apud villam Sancti
Juniani, mense julii, anno Domini millesimo quadringentesimo sexage-
simo tertio, et regni nostri secundo.
Ainsi signé : Per regem. domino du Tau. magistro Georgio Havart
et aliis presentibus : Le Prévost.
Charles , par la grâce de Dieu roy de France , savoir faisons à
tons presens et à venir nous avoir receu l'humble supplicacion
de noz chers et bien amez les consulz, bourgeois , manans et
habitans de nostre ville etchastel de Lymoges, contenant que jà
pieca feu de bonne memoyre le roy Charles septiesme, nostre
ayeul, leur octroia certain priviîiege qui depuis leur futralifie
par feu nostre très cher seigneur et père , que Dieu absoîlle, par
ses lettres patentes, desquelles ont dict la teneur estre telle :
Ludovicus, Del gracia Francorum rex. Notum facimus universis pre-
sentibus et futuris nos literas charissimi domini et progenitoris nostri, in
cera viridi sigillo suo sigillatas y bene dilectis et fidelibus consulibus et
habitantibus ville nostre Lemovicensis concenas vldisse, formam que
sequitur continentes :
Karolus , régis Francorum filius ,
(Suivent les lettres du régent, plus tard Charles VII, en date de
Limoges, au mois de janvier H2h (v. st.], qui accordent aux consuls
de Limoges l'exemption du droit de francs-fiefs , p. 9-11.)
Quasquidem literas suprascriptas et omnia in eisdem contenta ratas et
gratas, rataque et grata habentes, eas et ea laudamus, approbamus au-
thoritateque nostra regia plena potestate conflrmamus per présentes.
Quocirca dilectis et fidelibus consiliariis nostris. gçntibns nostrum pre-
sens et que futura tenebunt parlamenta. seneschallo Lemovicensi cete-
risque justiciariis nostris, seu eorum locum tenentibus, presentibus et
futuris. et cuilibet eorumdem prout ad eum pertinuerit tenore presen-
tium dam us in mandatis quatenus supradictos consules et habitatores
predicte ville Lemovicensis nostris presentibus ratificatione. confirma-
cione et concessione uti et gaudere faciant et permittant. nullam
molestiam sive impedimentum in contrarium inferentes seu inferri pa-
tientes quoquomodo. Quod ut futurum (m':firmura) et stabile permaneat
in futurum . nostrum presentibus jussimus apponi sigillum, nostro
tamen in céleris et alieno in omnibus juribus semper salvis. Datum apud
3
34 PRIVILÈGES DE LA VILLE DE LIMOGES.
villam Sancti Juniani, mense julii, anno Domini millesimo qnadringen-
tesimo sexagesimo tertio, et r^mi nostri secundo. — Sic aignatum supra
plicam : Per regem , domino du Lau , maglstro Georgio Havart et aliis
presentibus : Lb Prktost. — Visa, Contenter : Gauvigneâu.
Leequelz bourgeois, manans et babitans nous ont humblement
supplie et requiz que nostre plaisir soit, attendu le long temps
qu'il y a que led. priviliege leur fut octroie par nostred. ayeul,
et les causes justes et raisonnables qui à ce le meurent con-
tenues et déclarées en sesd. letres dessus transcriptes en lad,
ratification de nostred. feu s'' et père, il nous plaise leur pareil-
lement ratifier, louer, approuver et confirmer led. privilège et
%ur ce leur impartir nostre grâce : pourquoy nous, ces choses
tonsiderees, inclinant libéralement à la supplication et requeste
lesdictz consulz, bourgeois, manans et habitans, lesd. letres
dessus transcriptes et le tout contenu en icelles, en tant et
pourtant que eulx et leurs prédécesseurs en ont deuement joy et
use le temps passé, avons, par Tadvis et deliberacion des princes
et seigneurs de nostre sang et autres gens de nostre grand
conseil, louées, ratifiées, approuvées et confirmées, louons,
ratifions , approuvons et confirmons par ces présentes.
Et en oultre, pour ce que lesd. snpplians nous ont semblable-
ment faict remonstrer que, combien de toute ancienneté ilz
eussent acoustume de fere et élire chascun an douze consulz en
lad. ville et chastel des douze plus notables d'entre eulx qui
av oient la garde des clefz d'icelle, par le sens et bonne conduite
desquelz et des conseillers de lad. ville tous les affaires com-
muns d'illec eussent tousjours acoustume d'estre regiz, gou-
vernez et administrez, et que aucun destourbier ou empesche-
ment ne leur deust avoir este faict, mis ou donne en la
jouissance dud. consulat ne admînistracion des deniers com-
muns, neantmoins puis certain temps en ça Fransois de
Pontbriant, qui n'estoit aage ne expérimente en faict et admi-
nistra cion de chose publique, tendant à son singulier profict ,
feit tant et pourchassa par convoytise envers nostred. feu S' et
père que par importunite ou autrement il fut par luy faict et
crée maire de lad. ville et chastel sa vie durant, à Toccasion de
laquelle creacion luy ou son lieutenant en lad. mairie ont
tousjours depuis pris et attribue à eulx la garde desd. clefz, et
n'ont este esleux, mis et ordonne ne establiz aud. consulat
aucuns personnaiges sinon du consentement et volonté dud- de
PRlYIliGES DE lA VILLE DE LIMOGES. 35
PoDtbriant, lequel a attribuez et applicquez à son singulier
profict les deniers communs de lad. ville ou la pluspart dMceulx ,
dont à ceste cause plusieurs appellations ont este de la part desd.
supplians interjectees , lesquelles, obstant le port [sic] et faveur
que led. de Pontbriant avoit envers nostred. feu S^ père, ilz
n'ont peu relever comme ilz nous ont fait apparoir par les pre-
sentacions enregistrées au doz des lectres qu'ilz ont faict
diligence d'obtenir sur ce, tant en nostre chancellerie que en
nostre cour de parlement, soubz umbre de laquelle mairerie se
sont à ceste cause meuz et intentez en lad. ville plusieurs
differans, questions et debatz entre aucuns desd. habitans, à la
grande charge, foulle, oppression et dommage de lad. chose
publique, et pourroient encores fere si lad. mairie n*estoit sup-
primée, efiteinte et abolie, requérant à ceste cause sur ce nostre
grâce et provision. Pourquoy Nous, ces choses considérées,
desirans de tout nostre cueur les entreprises et mutations, de-
sordres et inquietacions fêtes sur les bonnes villes de nostre
royaume estre réprimées, et le faict et estât d'icelles estre
restably et remis en si bon ordre et police que leurs affaires
communs soient doresnavant regiz par si bonne police que
toutes manières de noises , questions , discordz et debatz soient
rejectez et pacifiez, et que lesd. habitans puissent vivre en
bonne paix, repos et tranquilite soubz nostre obeisiiiance , led.
office de mairie avons, par Tadvis et deliberacion que dessus,
supprime, aboly et estainct, supprimons, abolissons et
estaignons, et mettons du tout au néant par cesd. présentes. Et
avons voulu, ordonne et octroie, voulons, ordonnons et
octroions que lesd. habitans puissent doresnavant élire chascun
an telz douze consulz en lad. ville que bon leur semblera , et
jouir et user dud. consulat et desdroictz, prérogatives, libertez
et franchises qui y appartiennent tout ainsi qu^ilz faisoient et
avoient acoustume de fere paravant lad. création et jour de
Tempeschement à eulx ainsi faict «et donne en la jouissance de
leursd. priuilegez et mairie de lad. mairie (sic), nonobstant l'in-
terruption d'icelle joissance ensuyvie à Toccasion d'icelle
mairie, que ne leur voulons pour le temps advenir prejudicier
en quelque manière que ce soit. — Si donnons en mandement
par cesd. présentes à noz amez et feaulx conseillers, les gens de
nostred. cour de parlement à Bourdeaulx, au seneschal de
Lymosin, et à tous noz autres justiciers et officiers ou k leurs
Ueutenans presens et advenir, et chascun d'eulx comme à luy
3G PIUVILÉGES DE LA VI^E DE LIMOGES.
«appartiendra, que de nos presens, grâce, ratification, appro-
bation, abolition, ordonnance et octroy ilz facent, seuffrent et
laissent lesd. consulz, bourgeois et habitans présens et advenir
joyr et user plainement et paisiblement sans leur fere ne souflFrir
ostre faict, ores ne pour le temps advenir aucun destourbier ou
erapescbement au contraire , en faisant ou faisant fere inhibicion
et défense de par nous aud. de Pontbriani , à son lieutenant ou
commis et à tous autres qu'il appartiendra, et dont ilz sont
requi» sur certaines et grandes peines à nous appliquer, que
doresnavant ilz ne se meslent ne entremettent du faict et
exercice de lad. mairie, et commandement exprès de par nous
qu'ilz rendent compte et reliqua es mains desd. consulz à ce
appelez, led. seneschal ou sond. lieutenant, de tout ce qu'ils ont
prins et usurpe desd. deniers communs et autres biens de lad.
ville depuis la création de lad. mairie, et à Toccasion d'icelle
jusques à présent, ou que lesd. consulz ou leur receveur ou amis
en eussent peu prendre, cueillir et lever si ne feust lad. usur-
pation , pour iceulx deniers estre convertiz et emploiez es
aflFaires communs de lad. ville et chastel, et non ailleurs, et, en
cas de refus ou delay, les contraignent ou facent contraindre
par prise et exploitacion de leurs biens d'aucuns en ont à ce
suflasan, sinon par arrest, détention et emprisonnement de
leurs personnes et par toutes autres voyes deues et raisonnables,
nonobstant oppositions et appellations quelconques. Et, afin
que ce soit chose ferme et estable à tousjours, nous avons fait
mettre nostre scel à cesd. présentes, sauf nostre droict et Tautruy
en toutes. Donné à Beaugency, du moys de novembre, Tan de
grâce mcccciiii** trois , et de nostre règne le premier.
Ainsi signé : Par le Roy, le duc d'Orléans, comte de
Clermont et de Dunoys, les evesques d'Alby, de Cons-
tances et de Périgueux, les S""» de Dampmartîn , de
Torcy, du Lau , de Vaten et de Lisle et autres presens.
Charbonnier. Visa. Contentor : Duban.
Ausquelles letres a une attache dont la teneur s'ensuit :
Pierre Charreyron , licencié es loix et bachelier en decretz ,
conseiller du roy nostre sire, lieutenant gênerai de noble et
puissant S*" monseigneur le gouverneur et seneschal de Lymosin,
commissaire par le roy, nostred. S*" en ceste partie commis et
ordonné, veuesles lettres patentes dud. S** scellées de son scel en
PRIVILEGES DE LA VILLE DE LIMOGES. 37
cire verd sur lacz de soye, contenans nostred. commission, im-
petrees et à nous présentées et baillées de la partie des consulz ,
bourgeois , manans et habitans de la ville et chastel de Lymog*es
données à Beaugency au mois de novembre dernier passé,
signées sur le reply : « Par le Roy, le duc d'Orléans, comte de
Clermontetde Dunoys, les evesques d'Alby, de Constances et
dePérigueux, les S" de Dampmartin, de Torcy, du Lau , de
Vaten et de Lisle et autres presens. Visa. Contentor : J. Duban ,
A. Charbonnier. » Aûsquelles ces présentes sont attachées soubz
le scel de la seneschaucée de Lymosin, Nous, pour les causes
contenues esd. lettres, avons permis, souflFert et laissé, et, par
cesd. présentes, permettons, soufTrona et laissons joyr et user
plainement et paisiblement lesd. consulz, bourgeois, marchans,
manans et habitans d'icelle ville et chastel de Lymoges presens
et advenir des ratification, approbation, permission, abolition,
ordonnance et octroy dont es lettres de nostred. commission est
faicte mention , sans leur fere ne souffrir estre faict ores ne pour
le temps advenir aucun destourbier ou empeschement au con-
traire. Et avons consenty et consentons par la teneur de cesd.
présentes à l'entérinement et accomplissement desd. lettres
selon leur forme et teneur, et que led. S' veult et mande par
icelles. En tesmoin de ce, nous avons mis et apposé à cesd.
présentes le scel de lad. seneschaucée de Lymosin. Donné à
Aixe, le cinquiesme jour de décembre Tan mil quatre cens
quatre vingtz et trois.
Ainsi signé : P. Charrbtron, lieutenant gênerai et com-
missaire susd., et par mond. S' le lieutenant et commis-
saire : DB Bb&««b.
Loys, par la grâce de Dieu roy de France, au gouverneur
seneschal de Lymosin, ou à son lieutenant, salut. Receu avons
l'humble supplication de noz chers et bien amez les consulz ,
manans et habitans de nostre ville de Lymoges, contenant que ,
combien que, par privilieges àeulx octroiez par noz prédéces-
seurs roys de France et par notis confirmez, lesd. siipplians
puissent tenir noblement fiefz, et que, nonobstant lesd. fiefz et
antres choses nobles qu'ilz tiennent, ilz contribuent à noz tailles
et deniers sans quelque diflaiculté à bien grandes sommes de
deniers, parquoy raisonnablement nedeussent estre contrainctz
38 PRIVILEGES t)E LA VILLB DE LIMOGES.
à eulx armer ne suivre les armes, neantmoins soubz ombre de
certaine commission à vous adressant pour fere mettre sus les
gens de noz ban et arriere-ban, vous avez voulu contraindre
lesd. habitans qui tiennent noblement de eulx armer en leur
faisant commandement de par nous sur grosses peines qu'ilz
eussent à aller en nostre armée estant en Guienne, et, combien
quMlz vous eussent remonstré leursd. privilieges, et qu'ilz sont
contribuables à nosd. deniers, et par ce exemptz de nosd. ban
et arriere-ban, neantmoins les avez voulu contraindre aller ou
envoler ausd. ban et arriere-ban, qui seroit enfraindre leursd.
privilieges, dont aucuns d'eulx se sont portez pour appelans,
et à ceste cause se sont tirez devers nous, en nous humblement
requérant qu'il nous plaise lesd. appellations mettre au néant
sans amende, et sur ce leur impartir nostre grâce. Pourquoy
nous, ces choses considérées, et mesmement que lesd. supplians
paient la taille et contribuent à noz deniers, en faveur aussi
et cotisideracion de la bonne amour et loyaulté en laquelle lesd.
supplians se sont maintenue envers nous et noz predeeesseurs ,
1 1 quMl est nécessaire que les notables de lad. ville y demeurent
en temps d'eminent péril pour la garde et tuition d'icelle, lesd.
appellations interjectees par aucuns desd. supplians et non
relevées, avons mises et mettons au néant, sans amende, de
grâce spécial par ces présentes, sans ce qu'ilz soient plus tenuz
icelles poursuivre ne relever en aucune manière, et avec ce
avons octroie et octroions ausd. consulz et habitants de Limoges
supplians qui paient tailles et noz autres deniers pour raison de
leursd. héritages nobles qu'ilz soient exemptz de venir et envoier
en noz ban et arriere-ban de noz guerres, et de ce les avons
exemptez et exemptons de grâce spécial par ces présentes. Si
vous mandons et commettons par cesd. présentes que de nostre
presante grâce, exemption et octroy vous les faictes, souffrez
et laissez joyr et user plainement et paisiblement, en leur met-
tant ou faisant mectre leursd. biens pour ce empêchez à plaine
délivrance, et lesquelz nous y avons mis et mettons de grâce
spécial par ces présentes , nonobstant quelque mandement qui ait esté
sur ce fait de par nous par manière de ban et arriererban , en quoy
ne voulons lesd. habitans de Lymoges supplians, contribuables
et paians taille pour raison desd. choses nobles,, estre compris ne
entenduz, et quelconques ordonnances, mandemens ou défenses
à ce contraires, poumeti que lesd. suppHans se tiendront suffisamment
armes pour la tuition et défense de lad. ville. — Ponné à Bloys , le
I^RIVILéGES DK LA VILLB DE LIMOGES. 39
deuxiesme jour de mars, Tan de grâce m v« et douze, et de
Dostre règne le quinziesme.
Ainsi signé : Par le roy : Robertet.
Germain de Bonneval , chevalier, S' dudit lieu , de Blanchefort,
de Chevoultonne , et baron de Courraze, conseiller et chambellan
ordinaire du roy nostre sire, seneschal et gouverneur de Lymosin,
aux commissaires qui sont ou seront commis et ordonnez à
mettre sus et fera assembler le ban et arriere-ban , et à tous les
justiciers, oiBciers et subjectz du roy nostred. S% salut. Veues
par nous les lettres patentes du roy nostred. S"^ par luy octroiees
aux consulz, manans et habitans de la ville de Lymoges cy
attachées soubz nostre scel, par lesquelles, et pour les causes
contenues en icelles, le roy nostred. S* a mis et mect au néant
certaines appellations interjectees de nous par lesd. manans et
habitans sans amende, et avec ce a octroie icelluy S' ausd.
manans et habitans qui paient taille et autres deniers pour raison de
leurs héritages nobles (gwj'ilz ne soient tenuz aller ne envoyer aud.
ban et arriere-ban, et duquel ban et arriere-ban le roy nostred.
seig*^ les a exemptez ainsi quMI est plus à plaire contenu et
déclaré esd. lettres, consentons en tant que à nous est et qu'elles
sont à nous adressantez, comme dit est , Tenterinement d'icelles,
et que lesd. manans et habitans en joissent et usent selon leur
forme et teneur, et tout ainsi que le roy nostred. S*" le veult et
mande par icelles. Donné soubz le scel de nos armes, le premier
jour de may Tan mil cinq cens et treize.
Ainsi signé : Bonneval et Lb Flamanc, par le com-
mandement de mond. S'.
Tous lesquelz priviliegee, libertez, exemptions et franchises,
ensemble le contenu esd. Chartres leur ont depuis esté consécu-
tivement confirmées par les roys de France à leur advenement à
la couronne , soubz la vraye obéissance desquels iceulx supplians
se sont montrez vrais subjectz en obéissant feablement tant en
temps de guerre que de paix , au moien de quoi ilz ont toujours
joy et usé desd. privilieges, franchises et libertez paisiblement
sans aucune contradiction avec des droictz de consulat et com-
munauté jusques au jour du trespas de feu nostre très cher S' et
beau^pere le roy, que Dieu absoille, qui, deceadverti, des
^ns et bonne conduicte des conseillers de lad. ville, direction et
40 PBïViii(;rs T)k la ville de limoges.
administration de la chose publicque, qui ce moiennant e^toit
venue à grant augmentation, leur en donna ses lettres en forme
deue, lesquelles sont cy attachées soubz le contrescel de nostre
chancellerie, nous humblement requerans qu'il nous plaise, à
nostre nouvel et joyeulx advenement à la corone, les entretenir
en leursd. prîvilieges, franchises, libertez et exemptions, et
iceulx confirmer, rattifier et approuver, et leur en permectre
joyr et user tout ainsi que ont faict nosd. prédécesseurs.
Pourquoy Nous, ces choses considérées, désirons de tout nostre
cneur que les bonnes villes de nostred. royaume soient entre-
tenues en bon ordre et police , à ce que les habitants d'icelles
puissent vivre en bonne paix et tranquilité soubz nostre obéis-
sance, en obtempérant à la très instante prière et requeste que
nostre très chère et très amee dame et mère nous a faictes d'en-
tretenir tous et chacuns nos subjectz en leurs prîvilieges et
coustumes, avons ausd. consulz, bourgeois, manans et habitans
supplians iceulx leurs privilieges, franchises, libertez, exemp-
tions et coustumes, ensemble tout le contenu desd. lettres dessus
escriptes, à eulx concédez par nosd. prédécesseurs, confirmez,
louez, ratifiez et approuvez, confirmons, louons, ratifions et
approuvons de grâce spéciale, plaine puissance et authorité
royale, par ces preswites, pour en joyr par eulx et leurs suc-
cesseurs plainement et paisiblement, tout ainsi que eulx et
leursd. prédécesseurs en ont par ci-devant joy et usé, joissent
de présent justement et deuement. Si donnons en mandement
par ces mesmes présentes à noz amez et feaulx conseillers, les
gens tenans nostre court de parlement à Bourdeaulx, au
seneschal de Lymosin et juge du pariage de la cité de Lymoges
et à tous noz autres justiciers et officiers ou à leurs lieutenans
et commis presens et advenir, et à chacun d'eulx si comme à
luy appartiendra, que de noz presens confirmacion, ratifica-
tion, approbation et octroy ilzfacent, seuffrent et laissent lesd.
consulz, bourgeois, manans et habitans supplians et leurs
successeurs joyr et user plainement et paisiblement et perpe-
tuelement, sans leur fere ne souffrir estre faict, ores ne pour le
temps advenir, aucun destourbier ou empeschement au contraire,
mais si aucune chose leur estoit faicte au contraire , le reparent
et mettent, ou facent reparer et mettre incontinant et sans delay
au premier estât et der. Car tel est nostre plaisir. Et, afin que
ce soit chose ferme et estable à tousjours, nous avons faict
mectre nostre scel à cesd. présentes, sauf en autres choses nostre
PRIVlLBr,ES DE LA VICXE DE LCMOGES. M
droict et Tautruy en toutes. Donné à Paris, au mois de janvier,
Tan de grâce m. cinq cens et quatorze, et de nostre règne le
premier. — Constat en rasure : « Upar ci devant joy et usé ,
joissent de présent justement et deuement ». Hurault. — Sans
préjudice du droict prétendu par le roy de Navarre et du procès
pendant en la court de parlement. Aurillot.
Signé sur le reply : Par le roy : du Tillet, et au bout :
Visa et scellé du grant scel en cire verd sur lacz
de soye.
Germain de Bonneval , cfievalier, Sg"" dud. lieu de Bonneval et
de Blanchefort, baron de Corraise et de Chef boutonne , con-
seiller et chambellan du roy nostre sire et son gouverneur et
seneschal de Lymosin , commissaire royal en ceste partie. Veues
les lettres patentes du roy nostre sire, scellées de son grand
scel en cire verd sur laczde soye, contenans nostre commission,
împetrees et à nous présentées de la partie des consulz, manans
et habitans de la ville, chastel et chastellenye de Lymoges,
données à Paris ou mois de février [sic] dernier passé, signées sur
le reply : « Par le roy, du Tillet : visa » , ausquelles ces présentes
sont attachées, Nous, pour les causes en icelles contenues,
avons faict, permis, isouffert et laissé, et par ces présentes
faisons, laissons, permettons et souffrons joyr et user plaine-
ment et paisiblement lesd. consulz , manans et habitans d'icello
ville, chasteau et chastellenye de Lymoges, presens et advenir,
des ratification, confirmation, approbation et permission des
privilieges ordonnes et octroies par led. S' esd. consvlz, manans
et habitans, et dont esd. lettres de nostred. commission est faicte
mention, sans leur fere ne souffrir estre faict, ores ne pour le
temps advenir, aucuns destourbier ou empeschement au con-
traire, et avons consenty et consentons par la teneur de ces
présentes en tant que à nous est à Tinterinement et accomplis-
sement desd. lettres selon leur forme et teneur, et que led. S"" le
veult et mande par icelles. Et, en tesmoin de ce, avons signé
ces présentes de nostre seing manuel , et faict seeller du scel
de noz armes, le vingt septiesme de mars Tan mil cinq cens
et quinze.
Ainsi signé : Bonneval. Par commandement de mond.
S^ Flequart.
4â PlilVlLÉGËS DE LA VILLE DE LlMOÛBS.
Henry, par la grâce de Dieu roy de France , à tous presens et
advenir salut. Savoir faisons nous avoir receu Thumble suppli-
cation de nos chers et bien amez les consulz, bourgeois, manans
etbabitansde nostre ville de Lymoges, contenant que, pour
bonnes causes et consideracions , leur ont de longtemps par nos
prédécesseurs roys esté donnez et octroiez plusieurs beaux pri-
vilieges, octroiz, franchises et libertez, iceulx confirmez et
continuez de règne en règne , mesmes encores par le feu roy
nostre très honnoré S^ et père, que Dieu absoille, et desquelz
lesd. supplians ou leurs predecesseujrs ont joy et usé jusques à
présent sans aucun contredict ; touteffois , au moien du trespas
denostred. feu 8^ et père, îlz se doutent à Tadvenir y estre
empêchez. A ceste cause nous ont tres-humblement faict supplier
et requérir leur impartir sur ce noz grâce et libéralité : pour ce
est-il que nous, libéralement inclinant à la supplicacion et
requeste desd. supplians, et en consideracion de la bonne amour
et fidélité quMlz ont toujours portées h la corone de France, les
voulant pour ce entretenir en tous et chacuns leursd. privilèges,
octroiz, franchises et libertez, iceulx leur avons continuez et
confirmez, continuons et confirmons de noz certaine science,
plaine puissance et authorité royale par ces présentes, pour en
joyr par eulx et leurs successeurs doresnavant tant et si avant et
par la forme et manière quMlz en ont cî^devant deuement et
justement joy et usé et joissent encore de présent. Si donnons en
mandement, par cesd. présentes, à noz amez et feaulx con-
seillers , les gens tenans nostre court de parlement à Bourdeaulx ,
seneschal de Lymosin , juge et garde de noz scelz aud. pays de
Lymosin et à tous noz autres justiciers ou à leurs lieutenans
. presens et advenir, et à chascun d'eulx , si comme à luy appar-
tiendra que de noz presens continuacion et confirmacion ilz
facent, seuffrent et laissent lesd. supplians joyr et user plaine-
ment et paisiblement, sans en ce leur fere mettre ou donner,
ne souffrir estre faict, mis ou donné ores ne pour le temps
advenir aucun empeschement au contraire , et lequel , si faict ,
mis ou donné leur avoit esté, ilz reparent, remettent ou facent
reparer et mectre incontînant et sans delay au premier estât et
deu. Car tel est nostre plaisir. Et, afin que ce soit chose ferme
et eslable à tousjours, nous avons faict mettre nostre scel à cesd.
présentes , sauf en autres choses nostre droict et Taultruy en"
toutes. Donné à Fontainebleau, au moys de mars. Tan de
PRlViliGES m LA VIIXK DE LIMOGES. il^
grâce mil cinq cens quarante sept , avant Pasques , et de nostre
règne le premier.
Ainsi signé sur le reply : Par le roy, Mathieu. Visa.
Contentor : Cobffibr. Et scellée du grand scel en cire
verd sur lacz de soye.
Gaultier Bermondet, S' de Sainct-Laurens-sur-Gorre et de
La Quintane , conseiller du roy no^tre sire , lieutenant gênerai
en la seneschaucee de Lymosin au siège de Lymoges , commis-
saire royal en ceste partie. Savoir faisons que nous seans en
jugement de la partie desconsulz, bourgeois, manans et ha-
bitans de la ville de Lymoges, comparans par M* Simon Des-
coustures, licentié ez droictz, advocat an présent siège et Tun
desd. consulz, tant pour luy que pour ses autres consulz de lad.
ville, lequel, en présence des advocat et procureur du roy en la
présente seneschaucee, c'est assavoir de honnorables M'* Joseph
de Beaunc, advocat, et Pierre Ardent, procurer dud. 8% a pré-
senté les lettres du roy nostre sire à présent régnant en forme de
chartre et edict de confirmacion des beaulx privilieges, octroiz,
franchises, libériez et exemptions donnez et concédez ausd.
consulz, bourgeois, manans et habitans dud. Lymoges, donnée»
à Fontainebleau au mois de mars m. v<^ quarante-sept, signées :
« Par le roy, Mathieu » ; scellées en cire verde sur lacz de soye
avec le visa et contentor : Coeffieb; et icelluy a requis la lecture
et publicacion, afin qu'on n'en puisse prétendre cause d'igno-*
rance, et ûeantmoins l'exécution d'icelias, comme par lesd.
lettres nous est commis et mandé : lesquelles lettres par nous
veues avons ordonné estre leues et publiées , ce que a esté à
haulte et intelligible voix par le commis du greffier^ et inter-
pellez lesd. advocat et procureur du roy sMlz ont causes pour
empescher l'exécution desd. lettres, colntne par icelles est
contenu , lesquelz ont dict avoir yeu les privilèges contenuz et
describez [sic] es-lettres et chartre de feu bonne mémoire le roy
t'rançois dernier decedé , et lesd. lettres de confirmacion , et con-^
sentent à l'interinement selon le bon plaisir et vouloir du roy
déclaré et contenu en icelles. Parquoy, veu par nous lesd. lettres
de confirmacion ausquelles ces présentes sont attachées, avons
concédé acte de la lecture et publicacion d'iceles. Et, par les
causes y contenues, avons fait, permis , soufffert et laissé , et par
ces présentes, faijjons, laissons et permettons joyr et user plaine-
44 PRIVILÉCiKS DE LA VILLB DE LIMOGES.
ment et paisiblement lesd. consulz, bourg'eois, manans et
habitans de la ville de Lymoges presens et advenir des privi-
liege, octroiz, franchises et libertez dont esd. lettres de confir-
macion, continuacion et approbacion est fête mention, sans leur
faire ne souffrir estre faict , ores et par le temps advenir, aucun
destourbier ou empeschement au contraire; et inhibition .et
défense à tous les subjectz du roy n'y contrevenir, à peine
d'amende arbitraire aud. S"^ applicquer. Et donnons en man-
dement au premier sergent royal sur ce requis signifier à tous
ceulx qu'il appartiendra et de ses exploictz fere deue relation.
Donné et faict judiciairement à Lymoges, en l'auditoire royal
de la court de le seneschaucée de Lymosin , le neufiesme jour du
moys d'avril Tan mil cinq cens quarante-huit.
Signé: Bermondet, et Desvignes, commis du greffier.
François de Pontbriant, chev", S»^ de Montréal et de
Chapdueil, capitaine pour le roy du chasteau de Bregeirac,
conseiller et chambellan dud. S', son gouverneur et seneschal
de Lymosin. A tous qu'il appartiendra, salut. Savoir faisons que
le jourduy soubzescrîpt, les advocat et procureur du roy en la
seneschaussee de Lymosin , comparans en leurs personnes , ont
requis estre par nous ordonné que les consulz, manans et
habitans de ceste ville de Lymoges monstrent et enseignent des
privilieges, si aucuns en ont, par lesquelz ilz prétendent estre
exemptz du service ou contribution de ban et arriere-ban du
hault pays de Lymosin , et, à default de en monstrer, estre donné
default contre eulx et chacun d'eulx o le profict de l'ordonnance.
Surquoy et par advis de Mess"^» Chantoys, lieutenant criminel ,
Lamy, lieutenant particulier, avons ordonné que lesd. consulz ,
manans et habitans de Lymoges monstreront et enseigneront de
leursd. privilieges, si aucuns en ont, dans dimenche prochain,
en la ville de St-Junian, ou cependant autrement et à default de
ce fere, a esté donné default contre eulx avec mainmise,
suyvant les ordonnances du roy. Et leur sera signifié par le
premier sergent royal sur ce requis auquel a esté donné en
mandement de ce fere. Fait à Lymoges, le neufiesme jour
d'octobre l'an m. v^ quarante-huict. Et led. jour, ce que dessus
a esté signifié ausd. consulz en la maison commune de consulat
de lad. ville, parlant à M' Simon Descoutures, Léonard Des-
champs, Jehan Veyner [sic] (tt Pierre Thomas, consulz de lad.
PRIVILKGES DR TA VILLE DE LIMOGES. 45
ville, qui ont faict responce qu'ilz porteroient présentement
leurs privilieges, comme Jehan Reynier, sergent royal , nous a
rapporté par son exploict. Et tost après ont comparu par devant
nous lesd. qui ont présenté et exibé, en présence desd. advocatz
et procureur du roy, leurs privilieges à eulx baillez et octroiez
par les feuz roys de France , et confirmez par le roy moderne ,
mesmes la confirmacion du feu roy en laquelle sont inserez lesd.
privilîeges de lad. ville données à Paris au moys de janvier Tan
mil vc quatorze, avec les lettres d^attache et exécutoires de lad.
confirmacion , aussi la confirmacion du roy donnée à Fontaine-
bleau , au mois de mars, Tan m. vc quarante-sept , avec Tacte de
la publication et exécution , presens messieurs les gens du roy
en la présente seneschaussee , desquelz ont toujours joy et usé
paisiblement, sans jamais on soit venu au contraire; nous
requérant , iceulx veuz, estre par nous déclarez exemptz de fere
service et contribuer aud. ban et arriere-ban. Parquoy, veu
leur dire et pièces exhibées, et oyz lesd. advocat et procureur
du roy, qui n'ont insisté , que lesd. privilieges ne soient tenuz
comme par lesd. consulz a esté requiz; à ceste cause, Nous,
suivant lesdictz privilieges, avons lesd. consulz, manans et
habitans de lad. ville de Lymoges déclarez exemptz d'aller et
contribuer aud. ban et arriere-ban pour ceste fois. Faict à
Lymoges, led. jour, m. v<= quarante-huit.
Signé : Pontbriant. Par commandement de mond. S' le
gouverneur : Biays, greABer.
François de Pontbriant, chevalier. S' de Montréal et de
Chapdueil , capitaine pour le roy du chasteau de Bregeyrac, son
gouverneur et seneschal de Lymosin , à tous quMl appartiendra
sâlut. Savoir faisons que, veue la requeste à nous présentée
par les consulz, manans et habitans de la ville de Lymoges aux
fins de déclarer exempz et priviliegiez de service et contribu-
tion du ban et arriere-ban pour raison des fiefz nobles , cen-
sives et autres choses noblement tenues par eulx et chacun
d'eulx, attendu que, par priviliege royal confirme par le roy
moderne sont privilégiez et exemptz, et estre desenrollez et
raiez des roUes d'icelluy, et neantmoins estre inhibé de les
fatiguer et molester pour cause de ce en aucune manière, et
veuz aussi leurs privilèges et confirmations d'iceulx, tant du
feu roy données à PariB au moys de janvier m. v^ quatorze, et
46 PIUVILÉGES DE U ViLLB t)B LiMOGBS.
autre confirraacion du roy moderne donnée à Fontainebleau a\i
moys de mars m. v<= quarante-sept, avec l'acte de la publicacion
et execucion , et oys sur ce les advocats et procureur du roy, qui
ont consenty que lesd. supplîans soient déclarez exemptz et pri*
yilegiez au service dud. ban et arriere-ban et contribution à
icelluy, suivant leursd. privili^ges, avons, par Tadvis de
M'* Gaultier Bermondet , lieutenant gênerai ; Maurice Chantois ,
lieutenant criminel ; François Lamy, lieutenant particulier, et
Pierre Martin, conseiller au siège de Lymoges, déclaré lesd.
consulz, manans et habitansde lad. ville de Lymoges privi-
liegiez et exemptz de service et contribution aud. ban et arriere-
ban, poutceste fois, le tout soubz le bon plaisir du roy etjusques
autrement par luy en sera ordonné. Donné et faict à Lymoges le
vingt-fiixiesme jour de novembre, Tan m. v« cinquante-un.
Signé : Pontbriant. Par mond. S' : Biays, greffier.
Henry, par la grâce de Dieu roy de France, à tous qui ces
présentes lettres verront , salut. — Les bourgeois , manans et
habitans de nostre ville de Lymoges nous ont faict remonstrer
que, combien que par privîlieges exprès à eulx octroiez et con-
cédez par nos prédécesseurs roys et par nous confirmez, ilz
soient francz, quites et exemptz du faict, paiement et contribu-
tion d.e noz ban et arriere-ban pour raison de biens nobles et
autres par eulx tenuz et possédez subjectz ausd. ban et arriere-
ban, et que lad. exemption ilz ayent tousjours par ci-devant
joy et usé paisiblement sans qu'ilz ayent esté appelez ne enrôliez
au roUe dud. ban et arrière ban de la seneschaucée dud.
Lymosin , et que par ecdit nous avons voulu et ordonne que les
manans et habitans des bonnes villes de nostre royaume ayans
droict de bourgeoisie et exemption de nosd. ban et arriere-ban
ne seront tenuz comparoir ne contribuer à iceulx, sinon que pour
très grande et urgente cause et nécessité évidente il eust esté
advisé et conclud par Tadvis et deliberacion des princes de
nostre sang , auquel cas ilz seroient tenuz comparoir pour celle
foys et sans préjudice de leursd. privilèges. Neantmoins ceste
présente année François de Pontbriant , seneschal de Lymosin ,
auroit enrollé, taxé et quotisé plusieurs desd. bourgeois, ma-
nans et habitans de lad. ville au faict de nosd. ban et arriere-
ban, et s'efforce les contraindre au payement desd. taxes,
cottisacions et services, surquoy lesd. exposans Nous ont très*
\
PRlVlLËr.i:S DE LA VILLE BB LIMOGES. 47
humblement fait supplier et requérir leur pourveoir. Nous , à
ces causes, et après qu^avons faict veoir en nostre privé conseil
lesd. privilèges par nosd. prédécesseurs et nous octroiez et con-
firmez à lad. ville de Lymoges, voulant à icelle, comme à l'une
des bonnes anciennes villes de nostre royaume, conserver et entretenir
iceulx privilieges, avons, en suivant nostred. ecdit, dict et
déclaré, et, de noz certaine science, plaine puissance et autho^
rite royale, disons et déclarons que nous avons entendu et en*
tendons que lesd. manans et habitans de nostred. ville de
Lymoges aient , tant en gênerai que particulier, joy et joissent
desd. privilieges, sans qu'ilz ayent esté ne soient comprins,
quotisez, taxez. ne contribuables au faict, service et contribution
de nosd. ban et arriere-ban en quelque façon et manière que ce
soit. Ains voulons , entendons et nous plaist qu'ilz en demeurent
francs , qoictes et exemptz comme ilz ont faict jusques à présent,
sans qu'ilz soient ne puissent estre contrainctz y comparoir ne
contribuer, sinon es cas contenus par nostred. ecdit, nonobstant
que par les commissions décernées pour le faict, convocation et
assemblée de nosd. ban et arriere-ban soit mandé comprendre
tous priviliegiez et non priviliegiez , exemptz et non exemptz.
En quoy nous n'avons entendu ne entendons comprendre lesd.
exposans; ains les avons, pour les causes que dessus, exceptez
et reservez, exceptons et reservons par ces présentes, par
lesquelles donnons en mandement à noz amez et feaulx les gens
tenans le siège presidial par nous estably en la ville de Lymoges
et aux commissaires par nous commis et à commettre pour le
faict desd. ban et arriere-ban et à tous noz autres justiciers et
officiers qu*il appartiendra que de noz presens déclarations et de
tout le contenu cy-dessus ilz facent, souflFrent et laissent lesd.
bourgeois, manans et habitans joyr et user plainement et pai^
siblement , sans en ce leur fere mectre ou donner ne souffrir estre
faict, mis ou donné aucun trouble ou empeschement au contraire.
Et, si lesd. bourgeois, manans et habitans ou aucun d'eulx
av oient esté contrainctz paier lesd. cottisacions, ou , pour raison
dMcelles, aucunes de leurs terres, seigneuries, fiefz ou autres
biens avoient estésaisiz, arrestez ou autrement empeschez, leur
facent rendre et restituer, et lever et oster lesd. saisies et empes--
chements , et le tout mectre incontinant et sans delay à plaine
et entière délivrance et au premier estât et deu , en contraignant
à ce fere et souflMr tous ceulx qu'il appartiendra par toutes
voyes et manières deues et raisonnables , nonobstant opposition
4s PKlVlliGES DE LA VILLE DE LIMOGES.
OU appellation quelzconques, et sans préjudice d'icelles, pour
lesquelles ne voulons estre difTeré ; car tel est nostre plaisir,
nonobstant quelzconques ordonnances, restrinctions , mande-
mens, defences et lettres à ce contraires. En tesmoin de quoi,
nous avons faict mectre nostre scel à cesd. présentes. Donné à
Laon, le quinziesme jour de juing, Tan de grâce mil cinq cens
cinquante-quatre , et de nostre règne le huictiesme.
Ainsi signé : Par le roy en son conseil : de Laubbspinb , et
scellé du grand scel en double queue de cire jaulne.
Toutes lesquelles pièces cy-devant transcriptes sont attachées
soubz nostred. contrescel.
Les gens tenans le siège presidial estably et ordonné par le
roy nostre sire en la ville de Lymoges, savoir faisons que huy,
soubz escript en jugement , se sont comparuz par devant nous
lesconsulz de la ville de Lymoges en personne, avec Petiot,
assistant Barny, leur conseil , lequel , en présence des advocat et
procureur du roy, a présenté les lettres-patentes du roy données
à Laon le quinziesme juin dernier, signées : a Par le roy en son
conseil, De Laubespine », et scellées à double queue du grand
scel dud. S"" en cire jaulne, contrescellees en plusieurs et divers
endroictz, et attachées à certains anciens privilieges exprès
octroiez et concédez par les prédécesseurs roys de France par
lesd. lettres à présent confirmées, par lesquelles les manans et
habitans de la présente ville de Lymoges sont francs , quictes et
exemptz de faire le service , paiement ne contribucion du ban et
arriere-ban pour raison des biens nobles et autres par euîx
tenuz et possédez subjectz aud. ban et arriere-ban , requérant
lecture judiciaire en estre faicte, et lesd. lettres estre interinees
selon leur forme et teneur, et icelles interinant , inhibicion estre
faicte au receveur commis par M"^ le gouverneur de les molester
pour raison du taux, rolle et quotisacion faict par led. S' gou-
verneur, et main levée leur estre baijleeet leurs biens estre mis
à plaine délivrance , et déclarez exemptz à l'avenir dud. ban et
arriere-ban suivant leursd. privilieges. Maledent, pour le pro-
cureur du roy, a dit avoir veu lesd. privilieges, et n'avoir
causes pour empêcher l'interinement : parquoy, aians fait lire
et publier lesd, lettres patentes contenans confirmacions desd.
privilieges y attachez, avons ordonné que seront enregistrées
PRIVILÉGBS DB LA VILLE DE LIMOGES. 49
es registres du présent siège, et avons faict et faisons inhibi-
cions et défenses au S*" Du Mas et à tous autres qu'il appartiendra
de contrevenir au vouloir et déclaration du roy contenuz esd.
lettres; et, si aucun trouble ou empêchement leur avoit faict et
donné , quMlz le remettent incontinant au premier estât et deu ,
et inhibé désormais de les enroller aud. ban et arriere-ban, çt
de les empêcher en leur libertez et privilèges; le tout selon et
en suivant lesd. lettres-patentes. Faict à Lymoges, aud. siège
presidial , le cinquiesme de décembre mil cinq cens cinquante-
quatre.
Signé par mesd. S" ; Rogier;, commis du greffier.
Extraict des registres de la court de la seneschaucee de
Lymosin. Entre les consulz de ceste ville de Lymoges, deman-
deurs et requerans que eulx et autres habitans de lad. ville
soient maîntenuz et gardez en leurs privilèges et libertez, et
déclarez exemptz et non contribuables au ban et arriere-ban de
la seneschaucee de Lymosin, suivant îeursd. privilèges, d'une
part, et le procureur du roy en lad. seneschaucee, défendeur,
d'autre; veuz les privilèges octroiez ausd. consulz, manans
et habitans de lad. ville de Lymoges par les feuz roys, confir-
macion d'iceulx faicte par le feu roy nostre sire à présent
régnant, sentences sur ce intervenues par plusieurs gouverneurs
et seneschaulx dud. pays de Lymosin, et mesmes par messire
François de Pontbriant, gouverneur et seneschal dud. pays, en
date des neufîesme d'octobre m. v<' quarante huict et vingt
sixiesme de novembre m. v« cinquante vu (sic), acte de la procé-
dure faicte pardevant nous le septiesme jour du présent mois de
juing, contenant déclaration des advocat et procureur du roy
qu'ilz ne veulent soubstenir Tappoinctement donné par led. de
Pontbriant contre lesd. consulz, et qu'ilz n'ont causes pour
empescher que les habitans dud. Limoges ne joissent desd. pri-
vilèges confirmez par le roy, ains requièrent lesd. privilegez
estre gardez suivant le vouloir dud. S', avec l'appoinctement
pour, communication faicte au conseil , en estre ordonné comme
de raison : le tout considéré , par advis du conseil. Avons main-
tenu et maintenons lesd. consulz, manans et habitans de lad.
ville de Lymoges en Ieursd. privilèges, franchises et libertez,
suivant la forme et teneur desd. privilèges, et les déclarons non
subjectz au service dud. ban et arriere-ban de Lymosin, ne à la
4
50 PRIVILÈGES DE LA VILLE DE LIMOGES.
contribucion d'icelluy; le towt soubz le bon plaisir et vouloir du
roy ; et sera la présente sentence signîfflee h tous ceulx qu'il
appartiendra. Ainsi signé : a Bermondet, F. Lamy, de La Borke,
DE LoMÉNiE, Sddutraud, DE Grandchaud ». Et plus bas est
escript : Taxé pro visitaoione et consilio quatre escus. — Prononcé
en l'auditoire royal de la court de la seneschaucee de Lymosin
pôr mons' Bermondet, lieutenant gênerai en absence desd.
parties, ausquelles est ordonné que sera signifié le vingtiesme
jour de juing Tan mil cinq cens cinquante-quatre. — Et, led.
jour mesmes, a esté lad. sentence monstree et signifiée au pro-
cureur du roy, qui a faict responce qu'il n'approuvoit la qualité
de défendeur, car n'avoit jamais défendu ne empesché que lesd.
consulz et habitans de la présent ville de Lymoges joissent de
leurs privilieges, requérant réparation de lad. instance; autre-
ment proteste icelle fere reparer. Presena honorable M* Joseph
de Beaune, lieutenant et juge magistrat criminel, et Helias
Chounyer, sergent royal. Et aussi a esté signifiée à Char-
taignac, procureur desd. consulz, qui l'a acceptée.
Ainsi signé : de Douhet.
Sur la requeste présentée le premier jour de may mil cinq cens
cinquante-cinq à nous, Gaultier Bermondet, S' de Saint-
Laurens et de La Quintane, conseiller du roy nostre sire, lieu-
tenant gênerai en la seneschaucee de Lymosin^ au siège pre-
sidiâl de Lymoges, par les consulz, manans et habitans de la
ville de Lymoges , contenant que, de tout temps et ancienneté,
par privilèges à eulx donnez par les roys, ilz sont exemptz pour
les fiefz nobles et rentes censives qu'ilz tiennent et possèdent,
de venir, envoyer ou contribuer au ban et arriere-ban ordonnez
en la seneschaucee de Lymosin sur le faict des guerres ; et , pour
ce que aucuns y voulurent autreffbis mectre empeschement, le
feu roy Loys douziesme cassa et adnulla par ses lettres-patentes
ce qu'avoit esté faict contre led. priviliege et exemption, et
d'abondant le leur confirma, comme appert par lesd. lettres-
patentes du XII* mars m. v^ et unze, exécutées par feu messire
Germain de Bonneval, lors gouverneur et seneschal de Ly-
mosin , le premier jour de may m. v^ treize, ce que depuis auroit
esté confirmé par le feu roy François premier de ce nom,
comme amplement est contenu par ses lettres-patentes en
forme de chartre données au mois de janvier mil v^^ quatorze, et
signées : • Par le roy, du Tillet » , et scellées du grand scel du
PaiVlLÉGKS DE LA VILLE DE LIMOGES. 51
roy en cire verd à lacz de soye : suivant lezquelz privilèges ilz
ont joy, usé de lad exemption , et sont esté déclarez exemptz
par les senescîiaulx de Lymosin, et mesmes par messire
François de Pontbriant, gouverneur et seneschal à présent, oys
sur ce les advocat et procureur du roy, et depuis lesd. privi-
lèges leur ont esté confirmez et approuvez par le roy nostre sire
à présent régnant , qui en a semblablement décerné ses lettres-
patentes au mois de mars mil v^ quarante-sept, signées : « Par
le roy, Mathieu o, qui auroient esté par nous vérifiées et
entérinées le neufiesme d^avril m. y^ quarante-huict ; touteffois,
aians esté advertiz que led. gouverneur moderne les auroit de
nouveau indeuement quotisez à la contribution dud. ban et
arriere-ban , en contrevenant ausd. privilèges , se seroient retirez
devers le roy nostre sire, qui, aiant fait veoir k son conseil
privé lesd. privilèges, de sa certaine science, plaine puissance
et authorité royale , a dict et déclaré entendre et son vouloir
estre que lesd supplians, tant en gênerai que en particulier,
joissentdesd. privilèges, sans qu'ils feussent contrainctz, taxez,
quotisez ne contribuables au faict et service dud. ban et arriere-
bau en quelque manière que ce fust, voulant quMIz en demeu-
rassent francs, quictes et exempta, comme est contenu en lad.
déclaration et lettres-patentes du quînziesme de juing m. v*^ cin-
quante-quatre , signées : « Par le roy en son conseil , de Laubes-
ï>iNB 9 : ce qui auroit esté vérifié et exécuté le cinquiesme de
décembre m. y^ cinquante-quatre par les gens tenans le siège
presidial à Lymoges, et par nous aussi, par sentence du
vingtiesme de juing m. v« cinquante-quatre, oyz les gens du
roy, feurent maintenuz en leursd. privilèges : ce nonobstant, le
vîngt-quatriesme jour du moys d'avril dernier et autres jours
subsequans, lesd. supplians ou aucuns d'eulx tenans fiefz nobles
furent appeliez ausd. ban et arriere-ban, où ilz presentarent
leurs dîctz privilèges et lettres en présence desd. advocat et
procureur du roy et de la noblesse illec assistant; et, pour ce
que de leurs dictz privilèges appertz notoirement et quMlz sont
en possession d'en joyr, ont requis, veu ce que dessus, estre
déclarez exemptz dud. arriere-ban en exécutant lesd. lettres-
patentes et nostred. sentence, et, suivant lesd. privilèges, les
rayer desroUes dud. arriere-ban, et les déclarer d'abondant et
par tant que besoin seroit deschargez et exemptz du service et
contribution aud. ban et arriere-ban , et inhiber à tous de les
plus enroller ne molester pour raison de ce. Oys sur ce les
52 PRiViLÉGES DE LA VILLE DE LIMOGES.
advocat et procureur du roy, qui ont dict n'empescher l'enteri-
nement de ladite requeste, veuy lesd. privilèges et plusieurs
autres sentences sur ce intervenues de plusieurs gouverneurs et
seneschaulx de Lymosin et leurs lieutenans, ny que lesd.
sentences et mesmes la moderne ne soit exécutée, par ce
d^abondant , le tout veu et considère , avons ordonné et or-
donnons que lesd. supplians seront desenroUez du rolle dud.
arriere-ban suivant leursd. privilèges et sentences sur ce inter-
venues jusques autrement en sera ordonné par le roy. Fait à
Lymoges, lehuitiesme jour de may m. v^ cinquante-cinq.
Signé : Bbrmondet. J. Cabas, commis du greffier.
Les originaux desquelles Chartres, confirmacion, attaches, enté-
rinements et autres procédures et pièces cy devant transcriptes et
insérées nous avons fait veoir et visiter en nostre conseil, où ilz
ont esté trouvez sains et entiers et sans vices, faultes ou suspicion,
à cause de quoy nousavons faiet à iceulx conférer et coUationner
lesd. transcriptions et insertion , et, parce qu'elles ont esté trou-
vées conformes et de mot à mot concordants ausd. originaulx,
nous les avons autentiquees et authorisees et, de noz certaine
science, pleine puissance et authorité royalle , autentiquons et
authorisons , voulons et nous plaist qu'elles facent perpétuel-
lement plaine et entière foy en tout et partout, ainsi que
lesd. originaux seroient ou pou rroient faire, et sans que lesd.
supplians soient aucunement tenuz monstrer ne faire apparoir
desd. originaulx en première figure ne autrement que par la
seule teneur et exhibition des présentes et du vidimus deuement
fait et coUationné à icelles — Et, afin que ce soit chose ferme
et estable à toujours, nous avons faict mettre et apposer notre
scel à cesd. présentes, sauf en autres chose» nostre droit et
Vautruy en toutes. Donné à Saint-Germain-en-Laye, au mois
de juillet de Tan de grâce mil cinq cent cinquante-cinq, et de
nostre règne le neufiesme.
Ainsi signé : Visa. Par le Roy , M* Pierre de Saint-Martin,
M* des requestes ordinaires de Thôstel , présent. —
BuRGENsis, et plus bas : de Saint-Martin. Et scellé du
grand scel dud. S"^ àlacz de soye verte et rouge pendant
avec le contrescel dud. S^
Collation a esté faicte à Toriginal susdit par moy, notaire et
secrétaire du Roy.
De Prouiikt (de Douhet? ) , avec paraphe.
GONNÉTABLIE DE LA ROCHELLE
SIMON DE ROGHEGHOUART
GONNKTABL.E
VICOMTE DE 4306 A 43i6
Od donnait autrefois le nom de connétablies à des bandes et
compa^ies de gens de guerre. Froissard appelle ainsi des
escadrons et bannières de cavaleries : constabularia , jurisdictio
amnestabilis. — ConnétabUe est aussi le nom de la charge de celui
qui commande ces compagnies et bandes, cohortes, turmœ.
On fait dériver le nom de connétable du celtique konincs staphel,
qui signifie garde du roi, ou du latin de moyen &ge cornes stabuU,
et cuneus stabilis. Anne Comnène, dans Thistoire de son père
l'empereur grec Alexis Comnène, parle de connétables; Pa-
cbymère en fait aussi mention.
Le roi Jean de Valois ordonna que ces connétablies seraient
composées de vingt-cinq à trente hommes, Tan 1354.
Un vieux document de nos archives départementales prouve
qu'on avait établi en Limousin cette organisation près d'un
demi-siècle avant la réglementation royale.
54 CONNBTABME DB LA ROCHELLE.
G*est une longue et étroite bande de parchemin, où Simon de
Rochechouart , connétable de La Rochelle, sorte de gouverneur,
écrit en latin et en caractères très-difficiles à lire, un état
ou liste des chevaliers, écuyers et hommes d'armes qui com-
posaient sa connétablie. Il n'y a point de date; mais j'en ai
trouvé une approximative dans l'histoire de la maison de Roche-
chouart publiée par le général comte de ce nom, à qui j'ai
emprunté quelques détails sur le vicomte Simon.
Simon, vicomte de Rochechouart, fils d'Aimeryetde Jeanne
de Tonnay-Charente , naquit en 4262. Foucaud, son frère ^ était
plus jeune que lui. Âgé de onze ans , et quoique aîné de famille
noble , il entra dans l'ordre des Dominicains , où il resta trois
ans, et en sortit avant d'avoir quinze ans révolus. Le pape le
releva de cet ordre monastique après les investigations d'une
commission dont faisaient partie Jourdain Tisoni, prévôt de
Rochechouart, Âmédée de Mont-Ck)cu {Monscuculli) , Almode de
Marcillac, et autres chevaliers et damoiseaux. Après avoir quitté
le froc , Simon prit le titre de seigneur de Saint-Laurent , terre
que son père lui avait assignée, et embrassa avec ardeur la
carrière des armes; il servit son roi et son pays avec autant de
zèle et de dévoûment que d'intelligence. Les titres qu'il obtint
en récompense de ses services sont adressés à messire Simon ^
de Rochechouart , chevalier du roi de France , comme il l'écrivit
au présent parchemin : Simon ne voulait pas être le chevalier du
roi d'Angleterre, mais bien de son seigneur suzerain.
Il fut nommé par le roi de France Philippe le Bel son conestabk
de La Rochelle, l'an 4303, pour avoir empêché le transport des
grains à l'étranger, et notamment à l'Espagne. Dans ses lettres-
patentes , ce monarque lui donne des témoignages de sa con-
fiance en sa fidélité.
Simon suivit Philippe le Bel avec tous les chevaliers des
provinces qui le choisirent pour chef, et prit avec eux une part
glorieuse à la bataille de Mons-en-Puelle , gagnée par le roi de
France l'an 4304.
Il épousa, cette même année, Laura, fille de Jourdain III ^
prince de Chabanais, et d'Alix de Montfort, veuve de
Raymond IV, vicomte de Turenne.
Il mourut en 4316, et voulut être enterré dans l'église des
Dominicains de Saint-Junien.
Le roi de France reçut un legs de trois centslivres , comme un
des exécuteurs de son testament.
CONNéTABLIE DB LA ROCHELLE. 55
Simon avait succédé , en 4306, à la vicomte de Rochechouart ,
après la mort d'Aimery IX, son neveu, qui avait affranchi les
habitants , et constitué la commune de Rochechouart ; son parent
Foucaud fut gouverneur de La Rochelle.
Je transcris le texte latin de cette pancarte, en développant
les abréviations, et je traduis en français, en suppléant par des
équivalents aux mots effacés ou aux lacunes.
Fresenda militum et scutiferorum
existerUium in muntide (4) et
stabiUta RupeUe in secacestre (2)
domini Symonis de Ruppecct-
vareU, nUUtis domini régis
Prancomm et constabularii ejus-
dem RupeUe.
Chevaliers et écuyers présents au
fort et à la garnison de La Ro-
cheUe à la suite de messire
Simon de Rochechouart, che-
valier du seigneur roi des
Français et son connétable à La
Rochelle.
Idem constabularius.
Gaucelinus de Melhac (3), scutifer.
Fulcandus de Rupecavardi, scu-
tifer.
Amelios Davidis(4) , armiger.
P. Dompnho (5) , scutifer.
DcM Lori (6) , scutifer.
JordanusTlso (7), scutifer.
P. Tethfont (7 Ms), scutifer.
GuiUelmos de Sto-Laùrentio (8),
scutifer.
Hugo Fulcandi (9) , scutifer.
Présentes sunt de hospitio domini
constabularii :
Dominus GuiUelmus de Rupe (10) ,
miles.
HeyrauduB Chadens, scutifer.
Girard de Preunh (11) (biffé).
Ademarus Bechada (12).
Fuloonetus de Chastelluz (13).
Isti sunt de societatre (14) dicti do-
mini Guillelmi de Rupe.
Ledit connétable. .
Gaucelin de Meilhac, écuyer.
Foucaud de Rochechouart , écuyer .
Amelius de David, jeune écuyer,
homme d'armes.
P. du Dognon, écuyer.
Dominique de Lori » écuyer.
Jourdain Tison , écuyer.
P. Tethfont, écuyer.
Guillaume de St-Laurent , écuyer.
Hugues de Foucaud, écuyer.
Sont présents au logis (hôtel) du
seigneur connétable:
Messire Guillaume de La Roche ,
chevalier.
Heyraud Chadens, écuyer.
Effacé Gérard de Preunh.
Adémar Béchade.
Foulquet de Cbastellux.
Font partie de l*escouade du sus-
dit seigneur Guillaume de La Roche.
Habuitdictus dominus GuiUelmus Ledit seigneur Guillaume reçut
pro se et scutiferis predictis vm^x pour lui et les écuyers susdits huit
vn libras xl solides xi denarios. vingt-sept livres quarante sols onze
deniers.
56
CONN ÉTABLIE DE LA ROCHELLE.
Dominus Guldo Bruni (15) , miles.
Constantinus Mâches (16), scu-
tifer.
Geraldus Ruffo (16 Ms), scutifer.
GeraldusRotberti, scutifer.
Isti sunt de secacestre dicti do-
mini Guidonls.
Habuit idem dominus Guido pro
se et scutiferis suis ix^^c Ubras li so-
lides iiij denarios.
Guillelmus de Maruelh (17), scu-
tifer, baro.
Guillelmus de Maruelh, ejus û-
lius, scutifer.
Bemardus Chabrou (18) . scutifer.
Relias de La Vautta (19), scutifer.
P. Chat (20).
Habuit dictus Guillelmus de Ma-
ruelh pro se et scutiferis suis ccx
libras.
Guilhotus Le Breton, scutifer, ha-
buit xxxiii libras xviii solides.
Thomas Sj^monis (20 M; ) , scutifer,
habuit XVI libras v solides.
Rotbertus Seguini (20 ter), scutifer,
Perrotus Theobaldi , scutifer,
Scolin Rigau (21), scutifer, habue-
runt cix libras.
Guillelmus Seguini , scutifer.
J. Malerant (22), scutifer, habuit
xKXii libras v solides.
J. Joli vet, scutifer, habuit x libras.
Guillelmus Yigerii , scutifer, ha-
buit XIX libras xt solides.
Sequuntur expensa de nunciis
transmissis pro negociis domini
régis Francorum.
In primis sunt D»"» W. de Rupe ,
miles : ivît de Fce et die veneris in
festo sancti Thomœ apostoli , et ex-
pendit, eundo, et redeundo, et fa-
ciendo moram ad curiam (23),
XXX VIII libras et x solides.
ICem die veneris post Cineres,
dominus magister Johannes fuit
transmissus in Fra, et expendU
Le seigneur Guy de Brun, che-
valier.
Constantin Mâches, écuyer.
Gérard Roux, écuyer.
Grérard de Robert . écuyer.
Ceux-ci sont de Tescouade dudit
seigneur Guy.
Ledit seigneur Guy a reçu pour
lui et ses écuyers neuf vingts livres
cinquante-un sols quatre deniers.
Guillaume de Mareuil , écuyer et
baron.
Guillaume de Mareuil, son fils,
écuyer.
Bernard Chabrou , écuyer.
Hélie de La Voutte, écuyer.
P. Chapt (î).
Ledit Guillaume de Mareuil a reçu
pour lui et ses écuyers deux cent
dix livres.
Guillaume Le Breton, écuyer, a
reçu trente-trois livres dix-huit
sols.
Thomas de Symon , écuyer, a reçu
seize livres cinq sols.
Robert de Séguin , écuyer,
Perrot de Thibaud , écuyer.
Colin Rigau , écuyer, reçurent cent
neuf livres.
Guillaume de Seguin , écuyer.
J. Malerant , écuyer, reçut trente-
deux livres cinq sols.
J. Jolivet , écuyer, reçut dix livres.
Guillaume de Vigier, écuyer, reçut
dix-neuf livres quinze sols.
Suivent les dépenses des messa-
gers expédiés pour les affaires du
sire roi des Français.
Des premiers sont le seigneur
Guillaume de La Roche, chevalier : il
alla en France le vendredi avant
la fête de saint Thomas apôtre, et
dépensa en allant, revenant, et sé-
journant à la cour, trente-huit livres
et dix sols.
/^«m le vendredi après les Cendres,
le seigneur messire Jean fut envoyé
en France, et dépensa en allant et
CONNÉrABLlE DB LA ROGHELLB. 57
eundo et redeundo, et faciendo mo- revenant . et séjournant k la même
ram ad eamdem , l solidos. cour, cinquante sols.
Item die veneris post OcvUmeii^)^ Item le vendredi après Oculi met,
fuit dictus dominus Guillelmus de ledit seigrneur Guillaume de La
Rupe, miles, i vit in FrA° pro nego* Roche, chevalier, alla en France
cils domini régis Franoorum il- pour les affaires du sire illustre roi
lustris, et expendit eundo et re* des Français, et dépensa en allant
deundo, et faciendo moram ad eu- et revenant, et séjournant à la cour,
riam , xxxiii libras xiii denarios. trente-trois livres treize deniers.
Item die lunœ post Latare , Jeru- Item . le lundi après Latare, lerth-
salem (25), dominus constabularius salem, le seignieur connétable paya
sol vit et deputavit Yvonet Vogerin. et envoya Yvonet Vogerin, barbier,
barbi tonsoremetejus fratrem:xso- et son frère : dix sols leur furent
lidos pro labore quem sustinuerunt comptés pour la peine qu'ils prirent
ad capiendum Chalop Stœ-Mariss de dans la capture de Chalop de
Fontearabise. Sainte-Marie de Fontarabie.
I/em XL solidos Thomee Baco ei- Item quarante , sols à Thomas
dem ca et pro eo qui prœparavit. Bacon pour le même travail et pour
celui qui Taida.
Item , die jovis sequente , viii libras Item , le jeudi suivant , huit livres
Nicholao Berengier, pro eo qui equi- à Nicolas Bérengier, pour celui qui
tavit et prœparavit quod Michelyres chevaucha et facilita le Flament
le flament caperet. dans la prise de Michelyres.
Item, die martis post festum Item, le mardi après la fête de
Paschee, dominus constabularius Pâques, le seigrneur connétable en-
misit in Fr^m ad Liedis (26) do- voya k Liedis en France le sieur
minum Penot Rouffet pro negociis Penot Rouffet pour les affaires du
domini régis , et expendit eundo et sire roi , et il dépensa en allée , re-
redeundo , et faciendo moram , xxv tour et séjour, vingt-cinq sols et
solidos et xiii denarios. treize deniers.
Dictus Penot ivit post festum Pen- Ledit Penot alla après la fête de la
tecostes Par...., et expendit xv so- Pentecôte k Par , et dépensa
]idos. quinze sols.
Item Âmelius Davidis, qui cum eo Item, Amelius de David , qui Tac-
ivit ultro Par..., et expendit xv 11- compagna volontairement k Par
bras. dépensa quinze livres.
o«c iiiix» et XV libras et x so- Sept cent quatre-ving-quinze li-
lldos (27). vres et dix sols,
11 est vraiment à déplorer que le temps soit venu augmenter
par ses ravages les imperfections de cette pièce, qui offrirait
d'intéressants détails sur le salaire des hommes d'arm s, les
frais de voyage, etc., au commencement du xiv siècle. Le
connétable Simon de Rochechouart la rédigea sans doute de sa
main au milieu du bruit des armes, et n'y épargna ni les ra-
tures, ni les abréviations, ni les mots mal écrits, et par suito
mal lus. J'ai dû tâcher d'approcher du sens de cet état militairo
58 CONNélABLlE DB LA ROCHELLE.
en employant quelques équivalents : ainsi, aux renvois 4 et 2 du
préambule, j'ai rendu le mot muntide, à cause de sa ressem-
blance avec munitione, par le fort de La Rochelle; mais le mot
secacestre m'a présenté plus de difficultés : je n'ai trouvé ni Tun
ni Tautre dans aucun dictionnaire; et, procédant par analogie ,
j'ai choisi le mot escouade, partie d'une compagnie : escouade
dérive du vieux mot escu, bouclier; le terme grec kestre signifie
petit bouclier, Sequax, sequus et sequa, pedisequus et pedisequa, sont
composés d'un adjectif qui veut dire volontaire, homme qui suit
de bonne volonté; et, comme cette troupe consiste en cinq ou
^ix hommes (nombre qui formait les escouades) , et tous écuyers,
je ne crois pas m'éloigner trop de l'intention de l'écrivain. Si ce
mélange de grec et latin ne paraît pas convenable, le mot latin
cestrum signifie arme pointue : alors notre escouade serait com-
posée d'hommes armés de piques. Simon a écrit sociétaire pour
societate, ce qui permet de croire qu'il n'était pas toujours
correct.
(3) Le nom de Meilhac est celui d'une seigneurie limousine.
(4) Celui de David est très-ancien en Limousin : les David de
Las Tours, les David des Étangs, etc. Àmelius de David, che-
valier, figura dans des actes de 4304 et 4307.
(5, 6 , 7, 7 U^^ 8 et 9) Dognon, Lori, Tison (souche de la famille
des Cramaud) , Teyfon , aujourd'hui Barbe-Teyfon , Saint-Lau-
rent et Foucaud , du Limousin.
(40) Oui de La Roche, le père ou le parent de celui qui
défendit si vaillamment la cité de Limoges.
(14) Girard de Preunh, d'une famille attachée aux Roche-
cbouart.
(42 et 43) Béchade de Chalucet, de Chastellus, de la Marche.
(44) Societate serait peut-^tre mieux traduit par « compagnie » ;
mais elle n'est pas plus forte qu'une escouade.
(45 , 46 et 46 bis) Les Brun de Luzignan , comtes de la Marche
et d'Angouléme , rois de Chypre et de Jérusalem ; — Macheix ,
seigneurie en Ba*-Limousin ; — Roux de Romain et de Château-
Rocher, limousins.
(47) Mareuil, une des quatre baronnies du Périgord : les
Beynat, Biron et Bourdeille.
(48) Chabrou de Lespinasse : un damoiseau de ce nom figure
dans un acte de 4307.
CONN ÉTABLIE DE LA ROCHELLE. 59
(19 et 20) De LaVoulte, fils du duc de Levi Ventadour;
Chapl de Rastigfnac (?) , l'un limousin , Tautre périgourdin.
(20 bis) 11 y a encore des Simon à Rochechouart.
(ÎO ter) Des familles Séguin sont connues en Limousin comme
en Angoumois.
(Î4 etâî) Rigaud, famille de SW union ; Perry de Malérant,
famille d'Angoumois.
(t3) J'ai traduit curiam par « la cour » , sans pouvoir fixer oii
elle était, le roi dans ces temps de guerre changeant souvent de
résidence. L'abréviation permet à la rigueur de lire in Pranciam;
mais le lieu commençant par Pa n'est pas assez bien écrit
pour adopter Paris : Poitiers conviendrait mieux.
(24 et 25) Les S"" et 4* dimanche» de carême.
(26) Liedis n'a pu s'expliquer.
(27) Il y a trop de lacunes pour pouvoir vérifier si le total des
sommes est juste : je me bornerai à rappeler que le marc
d'argent valait 6 fr. en 1303, et qu'il redescendit à 3 fr. environ
trois ans après. Si l'on pouvait donc prendre pour base la valeur
du marc d'argent à cette époque, et la nôtre au taux de 48 fr.
actuel, notre monnaie vaudrait trois fois celle portée au ma-^
nuscrit, et ses huit cents livres environ représenteraient
4 2, SCO fr.
Maukice ARDANT,
Arcbiviite de la Hmite-Vienne , Officier d'acadëmte.
Limoges, le 26 décembre 1862.
TABLE
DES NOMS DE LIEUX ET DE PERSONNAGES
Inscrits sur les Monnaies mérovingiennes du Limousin , daprès
la description de ces Monnaies par M. Maximin Deloche.
NOMS DE LIEUX.
NOM LATIN.
ÂManaco (1) (dans le
champ, Lemo)
Peut-être le même
qvL^Apriaiico,
Amàaciaco
Analiaco
Aprianco
Peut-être le même
(^M'Abrianaco,
Argenta vie
Artonaco
Artunaco vico
BaracUlo
Le même que BricUloo
Barro Castro
Biaenate pago
Blatomago
BlatonuhSci Mart {ini)
Boneculias ou Bonecvr
lius
Bredaco (pour Ber-
daco).
BriciUoo
BnUiaco
Briona
Brvoa vico
Cabanisio
CcMriaco vico
Cabrianeco
Cantriaco vico
Pour Cabitiaco vico ?.
NUMÉROS
des pièces
snr les planches
et dans le texte
de l'oarragc
de M. Deloche.
»
80
80, 81
27
37
87
98
112
28, 29, 111
108, 109, 110
88
68
73, 74, 75
76
86
128
108, 109, 110
85
32
62, 63
46
54
35, 36
55
[
POSITION DK L'ATELIER.
Abriac (Corrèze) ?
Ajain (Creuse).
Ambazac (Haute-Vienne).
Naillac (Creuse).
Abriac (Corrèze).
Argentat (Corrèze) î
I Arnac-Pompadour (Corrèze).
j Brilliau-Fa (Creuse),
Bar-sur-Correze (Corrèze).
Beynat (Corrèze).
Blon ou Blond (Haute-Vienne).
Blonou Blond (Eglise de) Hte-
Vienne).
Bonœil (Indre).
Berchat (Corrèze) ou Bersac
(Haute-Vienne).
Voir plus haut BaraciUo, le
même que BriciUoo,
Brillac (Charente).
Brionne (Creuse).
Brive-la-Gaillarde (Corrèze).
Chabanais (Charente).
( Chabrac (Corrèze) .Voi r Cantriaco
l no 55 et Curisiaco n» 56.
Chabrignac (Corrèze).
Voir Cabiriaco,
(1) Deux tiers de sou appartenant a M le comte de Chastei/^ner, de Bordeaux , portent
cette inscription en légende. Comme M. Deloclie n*en a pas eu les empreintes H sa
disposition , il n'a pu ni les drcrirc ni les faire graver snr ses planches. Il les indique
d'après le Compte-rendu du Connrèf sriniUfif/uc de France (session de 18.'iî);, T. T
p. 273.
irr
NOM LATIN.
Carovicus
Cese monte [In) ?,
Choisssr
Ciciaco ,
CeifUiniaco ,
Cintinaco j
Cociaco
Conpriniaco
ComUio Castro
CurUiaco vico
Danacohi vie, (DaM^
naco)
Bburio Castro (B. R.
daos le champ ,
Bcdesûg ratio)
Bgalo
Bsandone
Bspaniaco
Le même que Spa~
niaco
Btira vico
NUMÉROS
des pièces
•ar les pUncbas
et dans le texte
de TouTrage
de M. Deloche.
Femtciaco
Le môme que Firru-
ciac
Oemdiaco
Le même que Gani-
îiaco
Glanonno
In Ces entrante ?)
Lemovecas
[Le] movicis.
Litn dvi
Umoiecas
et
Limovegas
Lgmovia(Ratio Bdisia)
Loco Sancto
Le même que Loco
Sancto
et
Loco Samto «.
Mardaco
Mauçonaco
Mediamocta
Montiniaco
Honironu ou Non^
troniî
Novoantru
lioto vico (2)
Palativm {JScl%s[ia]
Ratio)
18
89
125
124
88
PUcea décrites
d'après Conbroase
34
11
64, 114
56.C?7, 58
104
58
121
115
70
71
61
82.83
84
16,90,99
14. 15
126
89
5, 6,7, 8 (1)
10
4
9
122
1
23
24. 101
22, 102, 108
20, 105
19
17
7»
91
120
77. 78. 123
21
POSITION DE L'ATELIER.
.1
!
î
Chervix (Haute-Vienne).
Voir In Cese m{onié)t
Lieu inconnu du Limousin.
Cissac (Corrëze).
Chigrnac (Corrèze).
Coussac-Bonneval (Hte-Vienne).
Compreignac (Haute- Vienne).
Cornil (Corrèze).
Cursac (Haute- Vienne).
Dagnac ou Dignac (Corrèze) T
Byburie (Corrèze).
Eyjeaux (Haute-Vienne).
Yssandon (Corrèze).
Bspagnac (Corrèze).
Lieu inconnu du Limousin, dans
le voisinage de Naves (Corrèze).
Fursac (Creuse).
Jumilach (Grand-) (Dordogne).
Glanne (Lot) ou Glény (Corrèze).
Montceix (St-Nicolas-de-) (Corr.)î
Limoges (Haute- Vienne).
Limoges (Eglise de).
Lieu inconnu du Limousin.
Marsac (Creuse).
Magnac-Bourg (Haute-Vienne).
Maisonnais (Charente).
Montignac (Creuse).
Nontron (Dordogne) t
Nouhant (Creuse).
Nouïc ou Novic (Haute-Vienne).
Le Palais (Haute- Vienne).
(1) II existerait en outre, d'apite le témoignage de MM. Conbrtnse et OulUemot . deux
triens de Lrmoreras qol ne sont pas gravés dans les planches de M. Deloche.
('2) Il existe une qnatrlime piëce de Nonic {Novoieico) signée du même monétaire qne
les n- 1 77 , 78 . et 1?3 et décrite par Conbromse {Âtlat des tnonn. nat. méroring.).
NOM LATIN.
Paoiiaco
Paticaso vigo
Le même que Patigaso
Pttfttjtcttt, ••...•••.•
Pino
Potento
Sacio AeclU'L.B,M.O.
Bodo Aeciasme (lisez
Aedisia)
Ratio AediS'Lemoviw.
R,B {Bado BccliHœ)
Rico Dwiin
Rixdnum (?)
Rn/lacu
SagUione ou Sugilione
vico
Sagraciaco
Le mên» que Saraciaco
Sagraciaco (?)
Douteux qu*il soit le
même que Sara-
ciaco
Sa...co (SoUiaco?) (1).
Saltiacoe
Saraciaco
Le même que Sagra-
ciaco
S,„.maco [Samniaco
ou Seîaniaco
Sd Mart(ini) Slalomo
ScoAredio
Le même que Sco Aro-
dio{2)
SHaniaco
Se^^fMmauro (8)
Serùiennwn
Sero^no
et
Sironno
SHaniaco
Sol...eno/oviLonc..Jos
Spaniaco
Le même que Sspa-
niaco
Sugilione ou SagUione
vico
Taîilo Castro
[Toyinna
Userca.
Userca eastrwn
Ussalia (castrum),,,
Vallaria vico (4)
.„L,.Je
KUMÉROS
des pièces
sur les planches
et dans le texte
de rouvrais
de M. Deloche.
92
98
94
25
106, 107
95
2
8
1
53
45
65
117
61
40
»
96
»
66
26
89
40
41
76
42, 4S
44
33, 127
12
18
69
100
97
116
71
70
81
60
67
47,48.49,50,
52, 119. 119
et 180
51
59
72, 118
113
Pauliac (Corrèze)T
Pageas (Haute-Vienne) t
Peyrafiche (Haute-Vienne).
Pineau (Haute-Vienne).
Chàteau-Ponsat (Hte-Vlenne).
Eglise de Limoges-
Voir Sburio.
Rieu près Dun (Creuse).
Lieu inoonnu situé dans la Corr.
Roufflac (Cantal).
Voir SngUione,
Voir Saraciaco.
Seilhac (Corrèze).
Sauviac (Haute^Vienne).
> 8arazac (Dordogne).
t Savignac (Dordogne) ou Sala>
( gnac (Corrèze). Voir Sdaniaco,
] Eglise de Blon ou Blond. Voir
Rlatomago,
Saint-Yrieix (Haut^Vienne).
Salagnac (Corr.). Voir i9....nid^.
Sénard-lilontrol (Hte-Vlenne).
Sarrou (Corrèze).
f Lieu étranger au Limousin, pro-
^ bablement en Orléanais.
[ Localité du Limousin encore in-
connue.
Voir BspaniacOi
Lieu inconnu du Limousin.
Teillol (Corrèze).
Turenne (Corrèze).
Uzerche (Corrèze).
Ussel (Corrèze).
Vallière (Creuse).
Lieu inconnu du Limousin.
(1) La Bibliothèque impériale possède un second trions, décrit dans le texte do M. Deloche.
il) Il y a aussi une pièce )i la Kfgende Scus Arêdi . décrite d'après Bouteroue.
(3) Un deuxième trions . décrit dans la texte , est absent de nos planches
^4' Il existe au cabinet des médailles un troisième trions arec la même légende
NOMS DE PERSONNAGES.
Nota. Sauf le nom Clodovius, InBcrit sur les n^ 4 et 67, et qui désigne le
roi Cloyis II , tous les noms de personnages doivent être, suivant nous,
considérés comme étant ceux de monnayeurs.
NOMS
DBS PKB80NNAOBS.
NUMEROS
des pfèce«
sur lea plaacheB.
Abwidantius
Aeoienut
Acu.,.v<m so?
Addemanu
Ado
Aegul/os
Ansotnaus
Ansainius
ArvUordus
Ascaricus
Audoàldus
Audobodug
Ausanitu
AiUkarius
AvOMus
Baidenus
Boêdianus
BoHlianus
Btmdeffiêdut
et
BaudiffUdus
BaudoUtfius {!è)
Baudoletmi
Bdto
BMolus
Bodo
Bonoaldug
Botwt
BosiliMU (3)
Boso
Bosolenus
CadoUJlus [gravé à
tort sur les plan-
ches pour Baudole-
Jf^)j
Ceranius
Charvaricus
Clodoveus, rex
Clodoveus
Co$ta.„ianu$ {ConS'-
tantianus)
97(1
76
81
116
128
29
9
122
8
7
33
27
14
85. 36, 37
91
54, 55, 56
50
40
100
13 et 69
43
42
83
80
39
34
64,114
»
10
66
43
20, 105
32
4
67
87
NOMS
DBS PBRSOKNAOES.
CiidofxUdus
Cundovaldut ou dun-
dovaldM .Voir Gun-
d&vàldus
Dacoàldus
^Daco]àldut (?)
Dacovàldus
Daocdwn
Daulfus
Deorricilut
Diacioaldio ponr Dor-
coàldo
DomiU/u9
B.,dechml%s
Elian[us]?
Blici pour Sligius
dans le champ. .
Sodul/us
Sosevius
Speriniu
B...udrius ou F.,.
udrius
Fàlco
FlanyJ/us (4)
Flavifus
Fravardus
iJavio
OondoUnos
CrueUus ou €frueUo. .
GundoMus
Oufidovàld
6Hmd(waldus ou Citn-
dowUdus
lUaiU/us {pour FlaïU-
/us?)
Hdebodut
Iterius (?) ,....
Zatmecu
Ledegusduê
Leodardui
NUMiBOS
des pl^cet
sur les planches.
124
17
23.24, 102
103
101
59
5
94
22
2
126
113
4
79, 120
96
85
44
63
77. 78, 123 et
peut-être 86
57, 68
72, 118
70
61
83, 84
92
17
86
106, 107
41
95
115
89
(1) Cette pièce ii*a pu été frappée en Limousin. (Voir dans la table des noms de lieux,
an mot SUaniaeo).
(S) On a gravé CadotefluM , mais k tort.
(3; Plbce décrite dans le texte , mais non grarée sur les planclies.
(4) Pièce décrite dans le texte , mais absente des planches.
NOMS
DBS PERSONNAGES.
Leodesius
LMdo
LeodvXfus
Maddinus
Mawui
MaHaius
Marinianus
Mariuceos
Maurus
Modérâtes
Mod,..uus (corrompu
de Moderatuf). ...
Naitioal (iVm-
toald?)
Nectarius
Notadicnus(')
Omacius
Passenciuê
Passincius
Plooridus
Bacnulfus
EidiU/us
Satornus
NUMÉROS
des pibces
sur les planches.
28.
16
117
52
46
26
48
98
1
88
51
108. 109
111
104
,90, 99
21
3
90
31
65
93
53
12
NOMS
DES PERSONNAGES.
Satumus
Saeelo
Seco
Telaius ou Tdqfus,.,
Teodoaldus
Teodolenus
Teodul/as
TeudavcUdiAS
Theodolenus
Thibaius
Thiàaius (1)
Tirienindus
Ugo
Ursio
Ursnl/us
Ursus
UrI
Vedoîenus (2)
Vinoald(S)
miM mon
îilus
.it.oaldus
ndui
NUMÉROS
des places
sur les planches.
6. 11
73, 74, 121
68
129, lao
82
18. 40
19
124
45
125
»
71
47
62
128
15
119
»
»
25
60
110
112
(1 , 2 et 3) Pièces mentionnées dans le tcxie de M. Deloche , mais absentes de ses
planches.
MONOGRAPHIE
DU CANTON D'AIXE-SUR-VIENNE.
A Momieur le Vke-Préndmt de la Société Archéologique
et Hiitorique du Limounn.
Monsieur >
Je vous envoie, d'après le désir que vous avez bien voulu
manifester, la Monographie du canton d'Aiœe, En récrivant , je ne
me suis proposé qu'un but, celui d'exposer en peu de mots, et
sans rester dans la sécheresse d'une simple nomenclature, tout
ce que j'ai cru devoir être agréable au lecteur. Je n'ai même
pas reculé devant certaines observations d'un intérêt purement
local ; car, si Ton écrit pour tout le monde, il faut le faire un
peu aussi pour ceux dont on décrit la demeure et les mœurs.
J'avoue que je n'ai pas été sans scrupule en voyant l'étendue
de mon travail ; mais j'ai retranché peu , en considérant qu'il
représentait au moins la vingtième partie de l'ouvrage que se
propose la Société, beaucoup deoBUtons étant loin d'offrir le
même intérêt.
Le plan que j'ai suivi devra nécessairement être modifié, en
donnant plus d'extension à ce qui fait la physionomie propre
de chaque localité. Le voici :
L —Aspect général da canton. — Accidents principaux du sol. — Rivières.
— Nature du sol ; éléments qu'il fournit èi Tindustrie. — Productions
naturelles. — Agriculture. — Langage. — Mœurs. — Commerce. — In-
dustrie.
5
66 MO!«OGBAPHIE
II. — Description particulière de chaque commune :
1» Aixe. — Situation et description de la ville et du château. — Institua
lions. — Voies de communication.
Monuments. — L*église. ^ La chapelle d*Ârliqaet. — La chapelle des
Pénitents. — L*abbaye de Tarn. — La chapelle du Dognon. — Le pont.
Sowvenirs histùriçnes. — Époque gauloise. — Époque romaine. ^ Époque
du moyen Age. — Époque moderne.
2» Verneuil. — 9» Saint-Priest^-Sous-Aixe. — 5» Beynac et Bosmie. —
6o Jourgnac. — 7» Burgnac. — 8» Saint-Martin-le-Vieux. — 9» Séreilhae.
Veuillez, Monsieur le Vice-Président , si votre indulgence ne
Ten juge pas indigne, communiquer ce travail aux membres
de la Société Archéologique, et les prier de vouloir bien Tagréer
comme une marque de ma profonde sympathie, et du vif regret
que j*éprouve de ne pouvoir assister à leurs savantes réunions.
L'abbé ROUGEME.
CANTON D'AIXE-SUR- VIENNE.
i%.ftpect s^néral du pays. ^ Le canton d'Âixe fait
suite, au sud--ouest, à celui de Limoges. Traversé ou côtoyé par
la Vienne depuis le pont de TÂiguille jusqu'à Saint- Victumien ,
il s'incline légèrement avec elle vers le couchant. La rive droite,
avec ses coteaux exposés aux rayons du midi , fournit a Limoges
des primeurs et des fruits en abondance; la rive gauche, un
peu moins précoce, est généralement plus boisée.
Rivière». — Dix communes forment ce canton. Elles se dé-
roulent sur les plateaux accidentés que contournent les pentes
des vallées profondes où courent la Vienne et ses tributaires la
Briance, l'Aixette et TAiirance. De nombreux petits ruisseaux
arrosent les vallons. Toutes ces eaux serpentent sur la roche
primitive, qu'elles ont dénudée.
bu CANTON d'aixk-sur-vienne. 6?
IVature du sol$ élémento cfU^fl fburtilt h Pln-
duAtrie. ^ La base du sol est formée de plusieurs variétés de
ïnicaschistes, excellents pour les constructions, ou d'un granit
grossier, que traversent de nombreux filons de quartz et de
feldspath , dont quelques-uns sont utilisés pour Témail à por-^
celaine. Au-dessus est une couche sédimentaire , blanche ou
grise, fréquemment rouge et grasse, qui supporte la terre végé-
tale. Sur les bords de la nouvelle route d'Âixe, ces dépôts
contiennent de nombreux galets et plusieurs couches de sable ;
près de Pagnac , ils sont utilisés dans la fabrication des gazettes ,
et on exploite leurs sables réfiractaires; aux Betoules, près de
Séreilhac , ils entretiennent de nombreuses tuileries.
iProdufto naturels du sol. — Sur les bords de touteà
les eaux croissent en abondance Taulne et le peuplier. D'excel-
lentes prairies naturelles tapissent d'une verdure ininterrompue
le fond et les premières pentes de toutes les vallées. Les pentes
rapides sont couvertes de taillis ou de grands arbres, parmi
lesquels abondent le hêtre, le chêne et le chfttaignieir. Les pla-
teaux et les terrains légèrement inclinés produisent le froment ,
le seigle , le blé noir, la pomme de terre , le tnals et des four-
rages artificiels. La vigne , qui se trouve çà et là dans des replis
de terrain, est plus fréquente autour deVemeuil. Le sol , extrê^
mement divisé) surtout dans la commune d'Âixe, n'oifre qu'un
petit nombre de grandes propriétés. Des soins intelligents en ont
amélioré la culture, qui commence à employer les engrais
artificiels : la chaux n'y a fait que de rares et timides appa-
ritions.
La fertilité du sol , les nombreux accidents de teirrain et la
beauté du paysage , qui ont mérité à ce canton le tit)re de Petite
Sîdsse intérieure y l'ont fait couvrir de riantes habitations d'été , oii
un grand nombre de familles viennent passer la belle saison.
WjBkXà^wk^e. -^ Le patois limousin est la langue familière des
artisans et des cultivateurs : c'est un dialecte très-accentué , qui
diffère peu de celui de Limoges. Ébranlé dans Aixe , où Ton com-
mence à prendre la bonne habitude de parler français aux jeunes
enfants, il règne en souverain dans tout le reste du canton.
Hioeiini. — Il s'était conservé dans Aixe une certaine simpli'
cité, dernier vestige des anciennes mœurs, qui disparaît peu à
68 MONOGRAPHIE
peu devant le luxe et la recherche. Les sentiments religieux ont
de profondes racines dans le cœur de cette population laborieuse,
et il y a peu de paroisses où Téglise soit plus fr^uentée.
Ck>inmereo. — Presque tout le monde se livre à l'industrie
ou au commerce, quia pris un développement considérable. Les
veaux, les bœufs, les chevaux, les vins du Périgord et les
grains sont les principales branches de ce commerce, qui roule
presque tout entier sur les objets de première nécessité. De
nombreux magasins d^épicerie, de quincaillerie et de nouveauté
pourvoient aux besoins de la ville et des campagnes voisines,
dont la population s'y transporte en grand nombre chaque
dimanche. Aixe en est le centre d'approvisionnement , comme
aussi le principal débouché.
Industrie. — Les branches d'industrie les plus impor-
tantes sont la minoterie, les filatures, la préparation de Témail
et de la pftte à porcelaine, les cuirs, le carton, les toiles. Il s'y
fabrique aussi un pain bien connu dans toutes les fréries et dans
toutes les foires du pays sous le nom de ridortdi; il fait les
délices des paysans, et un certain nombre d'habitants d'Aixe
vont le vendre à d'assez grandes distances.
g^Ituation et deeeriptlon dte la ville. — Aixe, ap-
pelée Axia dans la Chronique de Saint-Martial au xiir siècle , est
située au confluent de la Vienne et de T Aixett« , près de celui de
l'Aurance. On a cru voir dans ce nom une étymologie caracté-
ristique de cette abondance des eaux qui arrosent son territoire.
Une longue rue, divisée en deux branches pour contourner
l'église, forme la ville proprement dite, où se faisaient remar-
quer jadis des portes, des fenêtres ogivales et de curieoses char-
pentes en saillie sur les rues. Chaque année emporte ces sonve-
nirs du vieux temps. Bourg-Neuf, sur la rive droite de TAixette,
et Outre-Vienne, dont le nom indique la situation, sont deux
faubourgs unis à la ville par le double pont de la Vienœ et de
l'Aixette.
Sa position aux abords de Limoges , ses ponts sur deux ri-
vières, firent toujours d'Aixe une place importante pour qui-
conque eut h inquiéter ou & défendre la capitale du Limousin :
c'est ce qu'attestent ses souvenirs. Elle était ceinte d'une mu-
raille que dessinent aujourd'hui le ravin de l'Aixette, le petit
DU CANTON DAIXK-SUA-VIENNE. 69
chemin des Fossés, devenu champ de foire, etla route impériale
de Paris à Barég^es. L'entrée de la route des Gars a conservé le
nom de Porte-aux-Roux. Au centre, Téglise, avec ses épaisses
murailles, ses mâchicoulis et ses meurtrières, pouvait servir
de forteresse.
caiAteau* •— Entre les deux ponts, une porte surmontée
d*une tour commandait le passage. À peu de distance, sur la
pointe d'un rocher à pic qui domine le confluent de la Vienne et
de TAixette, se dressaient les murailles du chftteau , commandées
elles-mêmes par un donjon élevé, hftti, en 4206, parOuy III,
fils d'Aymar V, vicomte de Limoges, et péniblement démoli vers
4809 pour en tirer de la pierre à b&tir. Des jardins entourés de
précipices ont remplacé la forteresse, dont il reste à peine au-
jourd'hui quelques pans de murailles, que foit disparaître peu à
peu le pic du carrier, en détruisant le roc qui leur sert de fonde-
ment. Du côté de Bourg-Neuf, on voit par Torifice d'un puits la
voûte d'une vaste citerne qui alimentait le ch&teau ; à quelques
pas de là s'ouvrait un souterrain où pouvait passer facilement un
homme tout armé, et qui, d'après la tradition, débouchait, à
une assez grande distance, près du ruisseau de Lapeyrière.
Près du ch&teau , et peut-dtre dans la même enceinte , était
le fief du Barry , possédé par la famille de Beaupoil de Sainte-Au-
laire, qui était venue s'y établir à la suite des guerres de la suc-
cession de Bretagne , où elle avait vaillamment combattu pour
la cause de Charles de Blois.
Le poDt de Malassert, dont il ne reste que le cintre d'une arche
ogivale, donnait un second passage sur l'Aixette près de la
Porte-aux-Boux.
liwf Itutlons. — Aixe est le chef-lieu du canton civil et du
doyenné ecclésiastique. Sa population agglomérée compte
4,700 ftmes, et sa population éparse 4,400. Il y a un curé, deux
vicaires, une justice de paix, un receveur d'enregistrement,
deux notaires, un bureau de poste et une brigade de gendar-
merie. L'instruction est donnée aux enfants par deux institu-
teurs, une institutrice et une communauté de religieuses, qui a
des pensionnaires , des externes et une école gratuite. Il est re-
grettable que le conseil municipal n'ait pas étendu le bienfait
de l'enseignement à la partie la plus intéressante de ses admi-
nistrés, en acceptant, au prix d'un léger sacrifice, une salle
70 MONOGRAPBIB
d'asile pour laquelle M. le préfet et la communauté des reli-
gieuses avaient généreusement pris l'initiative.
Voies de eommunic^ation. — La communication avec
Limoges est facilitée par deux routes, Tune de 40 kilomètres^
montueuse et peu fréquentée ; Tautre , de 4 3 kilomètres , toujours
unie , tantôt serpentant côte à côte avec la Vienne et le chemin
de fer de Limoges.à Périgueux, tantôt s'écartant de la rivière,
sans jamais la perdre de vue. L'œil y est sans cesse attiré par des
ouvrages d'art ou des coteaux accidentés et par les flots tour à
tour paisibles ou impétueux qui font mouvoir d'importantes
usines, et se jouent autour des tlots entre deux rives boisées. La
route, aussi animée que le paysage, est presque toujours couverte
de promeneurs, de voitures légères, de chariots pesamment
chargés; et, huit fois par jour, les omnibus d'Aixe viennent
prendre leur part de cette incessante activité. Plusieurs routes
secondaires facilitent les communications avec tout le pays
environnant.
Hionumeiito. -^ L'église de Sainte-Croix est un édifice
roman dont il est fait mention pour la première foison U40.
Son plan est un carré , au-dessus duquel quatre piliers ronds et
.un peu lourds soutiennent une voûte ogivale renforcée de
nervures. Au midi sont accolées trois chapelles latérales en style
flamboyant du XV* siècle. Les murs, d'une remarquable épaisseur,
résistent sans contreforts à la poussée des voûtes. — Cet édifice
garde le souvenir des époques orageuses qu'il a traversées. Sous
la toiture sont ouvertes de petites fenêtres carrées et des meur-
trières; la porte principale est dominée par des mâchicoulis, du
haut desquels on pouvait écraser les assaillants. Le clocher, qua-
drangulaire à la base , octogone dans la partie supérieure , est
percé de baies ogivales. Jusqu'à la révolution , cette église ne
fut qu'une annexe, et on la désignait dans les actes sous la
qualification i'église d'Aixe^ paroisse de Tarn.
CliApelle d*i^rll<iuet«» — La chapelle d' Arliquet , sur les
bords de TAurance , et dans un délicieux vallon, a été enrichie
de nombreuses indulgences par un bref du 6 novembre 4855.
C'est un lieu de pèlerinage cher aux habitants d'Aixe et des
paroisses voisines. De nombreux moyens de transport en faci-
Utent Taccès aux personnes étrangères, qui viennent en foule à
DU CANTON D'AI\E-SUR-VIENNB. 7t
certaines époques de raarnée prier Notre-Dame d'Arliquet. Les
principales fêtes sont la Nativité (8 septembre) et le mercredi de
Pâques. 11 a été publié une notice sur le pèlerinage et sur les
indulgences attachées à ce sanctuaire, dont Texistence est
signalée pour la première fois en 460S.
La chapelle des pénitents est une construction moderne, qui
appartient à la compagnie dont elle porte le nom.
Il ne reste plus de traces de Tancienne abbaye de Tarn , fondée
en 4902 par Âymeric Martel. L'église, remarquable par la
hardiesse de ses Toutes , fut démolie au commencement de ce
siècle.
La chapelle du Dognon, détournée à des usages profanes
depuis la révolution, est de 4330; elle était entourée d'un
cimetière.
Le pont de la Vienne est eomposé de sept arches. Sa physio-
nomie était jadis celle des ponts Saint-Étienne et Saint-Martial
de Limoges. Elle changea lorsqu'il fut élargi par les arceaux
qui en masquent les deux faces. Le cintre en ogive paraît
néanmoins au-dessous des arcades. Il est animé par une circu-
lation très-active.
Souvenirs blstorttiueA. — Le canton d'Âixe n'a gardé
aucun souvenir de l'époque gauloise.
La domination romaine n'y a laissé d'autre vestige que les
tronçons dégradés de la voie romaine qui allait de Clermont à
Saintes par Limoges et Chassenon. Descendant les coteaux de
Vemeuil , elle passait la Vienne sur le pont de Piles y et traversait
une partie de la commune de Saint-Priest avant de pénétrer
dans celle de Cognac.
Aixe paraît pour la première fois dans les chroniques en 982 :
Bernard de Ck)mborn , abbé de Solignac , y construisit quelques
chapelles, avec le consentement de Hildegard, évoque de
Limoges. Biles furent acquises vers 4456 par l'abbé de Saint-
Martial.
En 4082, le chftteau d'AJxe est assiégé en même temps que la
ville de Limoges par Guillaume VI, duc d'Aquitaine, qui fait
la guerre à Aymar II, vicomte de Limoges; mais le comte d'An-
goulême, Foulques Taillefer, l'oblige à lever ces deux sièges, et
à s'enfuir du Limousin.
Vers 4480, pendant les divisions qui arment les enfants
d'Henri II Plantagenet, Aymar V, vicomte de Limoges, parcourt
72 MONOGRAPHIE
]e Limousin avec ses troupes pour le soumettre & Tobéissance du
jeune HenH , quil a reconnu pour duc. Il prend la ville et le
château d'Âixe, où il laisse une garnison de 1,300 Basques, et
va mettre le siège devant Saint-Laurent-sur-Oorre. Mais bientôt,
apprenant que le duc Richard (Cœur de Lion) vient sur lui
d'Ângouléme, il lève le siège, et se replie en toute h&te vers
Limoges. A Saint-Prlest-sous-Aixe , son infanterie, atteinte par
les troupes de Richard , est mise en déroute, et perd beaucoup
de monde. Le vainqueur, poursuivant sa route, arrive à Aixe,*
s'en empare, fait crever les yeux à quatre-vingts de sesdéfen-
seuT«, et tuer ou noyer les autres dans la Vienne.
En 4206 , Ony III , vicomte de Limoges , relève les murailles
et la tour du château d'Aixe, pour s'en faire une place de dé-
fense contre le roi Jean sans Terre , qui s'empare néanmoins du
château en 42 U ; mais Guy le reprend trois ans après. — Le châ-
teau fut encore enlevé par Louis le Gros , fils de Philippe-Au-
guste , après la confiscation des propriétés de Jean sans Terre,
dont II faisait partie.
Le 4 4 mars 4266 , les hommes d'armes , les bourgeois et tous
les habitants de la ville d'Aixe assiégèrent dans le château Adhé-
mar de Maulmont , qui en était gouverneur, ses frères et sa fa-
mille , à cause des vexations dont ils prétendaient avoir à se
plaindre. L'intervention du sénéchal de France en Limousin fit
accepter un compromis, qui délivra les assiégés. A peine libres ,
ils oublient les conventions , se fortifient dans le château , le
munissent de vivres , percent des meurtrières , et commencent à
inquiéter les habitants à coups de pierres et de traits. Ceux-ci
entourent de nouveau la place , et en font le siège. A cette nou-
velle, la vicomtesse Marguerite , propriétaire dn château , appelle
au secours ses vassaux de Bourgogne , vient camper à Beynac
avec son armée , et fait tous ses efforts pour délivrer le gouver-
neur et pour détruire la ville. Après divers incidents , et grâce
à Tintervention du doyen de Tours, du bailli d'Orléans, députés
par le roi , et de l'évêque de LinK)ges , on se donna des garanties
mutuelles, et les habitants d'Aixe restèrent en paix pour œUe
fois , dît le chroniqueur.
Cette même vicomtesse Marguerite, fille du duc de Bour^
gogne , voulant se venger des bourgeois de Limoges, qui avaient
refusé de la reconnaître pour suzeraine , fit frapper à Aixe, en
1274 , une monnaie, qui reçut le nom de Limousine [Lemoria).
Les bourgeois refusèrent de la recevoir, et ce litige fut longue-
DU CANTON D*A1XË-SLR-VIRNNB. 73
ment plaidé an tribunal du roi de France, qui les contraignit de
Taccepter, par cette considération qu'ils Taraient eux-mêmes
reconnue conforme à la monnaie courante.
Bn 1272, Marguerite voulut recommencer la guerre contre
Limoges ; mais le roi l'en empêcha. Néanmoins elle entretenait
à Aixe et à Ghalusset des hommes d'armes qui interceptaient les
approvisionnements de la ville, s'emparaient de ce qui appar-
tenait aux bourgeois , répandaient le blé, coupaient les oreilles et
la queue des animaux employés aux charrois, afin de détourner
les paysans, et commettaient toutes sortes d'avanies. Ils furent
excommuniés par le chapitre de Limoges pendant la vacance du
«iége«
Sur ces entrefaites, les bourgeois de Limoges, ayant eu le
malheur de prêter serment de fidélité au roi d'Angleterre,
virent se tourner contre eux le roi de France, Philippe III le
Hardi. Ce prince fit rendre les gens de la vicomtesse qui avaient
été faits prisonniers, et refusa d'écouter les bourgeois, et de s'in-
terposer pour leurs propres captifs, pendant que les Aixois, en-
couragés, portaient le pillage et la dévastation jusque sous les
murs de la ville. Aussi il fut décidé qu'on ferait contre eux une
expédition. Le lendemain de la saint Martin, 44 novembre 4272,
une armée ifmùmbrabk, dit le chroniqueur, sortit de Limoges, et
marcha sur Aixe. Elle fit beaucoup de mal à la ville et aux en-
virons, et plusieurs de ses hommes furent prix ou tués.
Peu après, le roi d'Angleterre et sa femme, étant venus à
Limoges, furent comblés d'honneurs par les habitants, qui dé-
siraient les attacher plus étroitement à leur cause. Edouard se
laissa gagner, et il les fit soutenir par son sénéchal , qui rem-
porta une grande victoire sur l'armée de la vicomtesse. Il y eut
une foule de blessés et de prisonniers, et un certain nombre de
morts; une bannière fut prise, et plusieurs chevaux restèrent
sur la place. Excités par la reconnaissance , les bourgeois prê-
tèrent de nouveau serment de fidélité au roi d'Angleterre, qui
fit signifier à la vicomtesse d'avoir à cesser les attaques; mais
elle n'en voulut rien faire.
En 4273, quelques jours après la Sainte-Croix (mi-septembre) ^
la. garnison d'Aixe fit irruption contre les vendangeurs de
Limoges près de Balezis (commune d'Isle). A cette nouvelle,
ceux de la ville accourent en armes, et les poursuivent jusqu'à
Aixe , oli ils brûlent plusieurs pressoirs et plusieurs maisons dans
le faubourg. Enorgueillis de cette victoire, ils sortent le dU
74 MONOGRAPHIB
manche suivant avec des tambours , des trompettes et des ins-
truments de musique, poussent jusqu^à Aixe, passent la Vienne
à gué , livrent aux flammes le bourg de Saint-Priest , mettent
l'église au pillage, et maltraitent indignement le prêtre qui se
disposait à célébrer la messe. En revenant sur Âixe , ils mettent
le feu à deux faubourgs, et s'avancent jusqu'aux portes. Mais
là s'arrêtent leurs exploits. Saisis tout h coup d'une terreur
panique, et poursuivis par la garnison, ils se dispersent dans
la campagne, et perdent trente-sept hommes égorgés, une
foule de prisonniers, deux bannières, un grand nombre de
boucliers et plusieurs machines de guerre. A son tour, la
vicomtesse envoie ses gens exercer des représailles : ils s'a-
vancent jusqu'au pont Saint-Martial , incendiant les pressoirs,
et détruisant les vignes; puis ils se replient vers le faubourg
Mont-Jovis, d'où on ne parvient à les chasser qu'après leur
avoir tué quelques hommes et quelques chevaux.
Après ces événements, le roi d'Angleterre fit appel à la justice
du roi de France en faveur des habitants de Limoges. Pour toute
réponse, il reçut ordre de les délier du serment de fidélité quïls
lui avaient prêté, et de les remettre sous la juridiction de la
vicomtesse. Néanmoins la guerre continua encore en 4274 sous
les gens d'Edouard , qui , de Limoges, oii on le comblait d'hon-
neurs et de témoignages de soumission, sollicitait toujours
auprès du roi , par ses messages , qu'un arrêt vînt mettre fin à
la guerre en faveur de ses protégés.
Malgré toutes ces démarches , la ville eut beaucoup à souffrir,
et les gens de la vicomtesse allèrent jusqu'à La Souterraine
piller les biens des habitants de Limoges. Enfin Edouard se
rendit en personne auprès du roi , qui ne lui avait pas fait de
réponse, et il laissa dans la ville une garnison considérable, non
pour faire la guerre (car il avait reçu ordre de s'abstenir), mais
pour la défendre en cas d'attaque.
En 4274 , pendant l'octave de Saint-Martial {premiers jours de
juillet), le seigneur de Valence, appelé par sou neveu le roi
d'Angleterre, vint au secours de Limoges avec deux barons
anglais et plusieurs hauts personnages. L'armée de la ville se
mit alors en campagne avec deux cents Anglais revêtus de
cuirasses. Elle fit de grands ravages dans les blés et dans les
vignes, et rentra après avoir eu quelques-uns de ses hommes
atteints de projectiles, mais assez légèrement.
Peu après, le 45 juillet, le sénéchal du roi d'Angleterre et le
D!3 CANTON D'aIXB-SUR-VIISNNE. 75
seigneur de Valence vinrent assiéger la ville d^Âixe avec
Tannée de Limoges. Un ingénieur du roi qui les assistait avait
construit plusieurs machines, qu'on transporta devant les mu-
railles avec tout leur matériel. Elles lançaient du soufre et des
projectiles enflammés pour incendier la place, qui se trouva
vivement pressée. Alors survint un exprès, du roi de France avec
des lettres qui faisaient défense de continuer la guerre , et qui
assignaient les parties à comparaître devant le roi pour ter-
miner judiciairement toute TafFaire. On mit le feu aux machines,
et le siège s'arrêta le S4 juillet, après neuf jours d'inutiles
efforts.
Un arrêt survint qui évinça le roi d'Angleterre de ses préten-
tions, et soumit les habitants de Limoges à la justice de la
vicomtesse. Marguerite prit solennellement possession de la
ville, et fit arborer ses bannières sur les quatre portes prin-
cipales.
Cette même année , des experts du roi de France firent une
enquête à Âixe sur les dommages causés durant le siège ; et ,
après quelques discussions, le roi d'Angleterre fut condamné à
payer 23,643 livres 3 sols et 8 deniers aux habitants. Ainsi fut
terminée cette guerre de la vicomte, dont un moine de l'abbaye
de Saint-Martial tenait fidèlement le journal. Quoiqu'elle ait
couvert presque toute la campagne de ruines, le temps en a
presque entièrement effacé le souvenir chez les habitants du
pays.
Les vignes et les pressoirs , que les deux parties détruisaient
avec acharnement, ont disparu des environs de Limoges, et il
n'en reste plus à Aixe qu'une faible quantité. Les routes du Péri-
gord et de la Saintonge n'ont pas été étrangères à ce résultat ,
en facilitant le transport de vins qui ont fait oublier ceux des
coteaux de la Vienne.
En 4304, il tomba subitement dans la vallée de l'Aurance une
telle quantité de pluie que les moulins furent presque entière-
ment détruits.
En 4364, le prince de Galles reçut à Aixe une députation des
bourgeois de Limoges.
Vers 4422, la comtesse de Penthièvre habitait le château
d'Aixe.
En 4 428 , le sieur de L'Aigle , profitant de l'absence de Pon-
thon de Xaintrailles , se fortifia dans le ch&teau d'Aixe, et de là
il fit long-temps la guerre aux habitants de Limoges.
76 MONOGRAPHIE
Le 48 décembre 4529, les eaux de la Vienne s'élevèrent à
plus d'une toise au-dessus du pont d'Aixe.
En 4 569, pendant les guerres de religion , Goligny marcha de
Ghalus sur Âixe, et s'en empara. Pour le reprendre, le duc
d'Anjou accourut de Ck)uzeix , établit son quartier général à Isle,
et fit mettre le feu aux faubourgs. Après un combat vigoureux,
Aixe fut enlevé aux religionnaires , et leur armée se retira en
désordre vers Saint-Junien.
Écrfvaliifli et homme» <^fêl>re«* — « Le territoire
d'Aixe a vu naître : Pierre de Barry , abbé de Saint-Martial ,
personnage d'une grande piété, qui succéda à Pierre de Gluny,
et mourut en 4474; — Yictorin Tarneaud, récollet, provincial
de Toulouse en 4659, auteur d'un ouvrage de controverse inti-
tulé : Le Glaive , bouclier des cathoUqîâes ; — Salomon Goy raud ,
autre récollet, auteur de plusieurs ouvrages, mort en 4746. ^
C'est au château du Barry, près du pont d'Aixe, qu'est né le
poète académicien de Beaupoil de Sainte-Aulaire. » ( L'abbé âr-
BBLLOT : Guide de Uétranger en Limousin. )
COMMUNES DU CANTON D'AIXE.
VBRNBUIL.
La commune de Verneuîl est située sur la rive droite de la
Vienne : elle compte 2,432 habitants. Quelques fragments de la
voie romaine de Limoges à Chassenon se voient près du village
des Vazeix. Elle traversait la Vienne au pont de Piles ^ où Ton
aperçoit, à l'époque des basses eaux, quelques traces des fonda-
tions.
Le château de Pennevayre , où Louis XI et son frère le duc
de Berry s'arrêtèrent en revenant de Bayonne à Limoges, a
disparu.
8AINT-PRIB8T-S0US-AIXE.
A Saint-Priest-sous-Aixe , sur la rive gauche de la Vienne, et
vis-à-vis de Verneuil , le pays est très-boisé : la forêt d'Aixe en
Qccupe une partie considérable.
DU CANTON D'aIXB-SUR-VIBNNE. 77.
La voie romaine, en montant du pont de Piles, passait au
village des Richards: on en retrouve les traces près des villages
de Leygnac et d^Airain.
8aint Martin des Àrades, confesseur de Charles Martel,
mourut en passant à Saînt-Priest, et y fut enterré en 726. — Il
y eut une bataille en 4180, et le i)OUrg fut incendié en 1273.
( Voyez ÂiXE.)
S AINT-YRIEIXtSOUS-A ixb.
Saint-Trieix-«ous-Aixe , sur la rive gauche de la Vienne , a
658 habitants. L'église fut restaurée en 4496.
BBTNAC BT B06MIE.
Ces deux communes , réunies en une seule paroisse, occupent
la rive gauche de la Briance et de la Vienne au-4esB0fl d'Aixe.
Elles comptent 904 habitants.
La compagnie du chemin de fer de Limoges k Périgueux a :
établi dans la commune de Beynac une station , principalement
destinée au service d'Aixe , qui en est éloignée de 6 kilomètres.
Jean du Puy de Noix , général des dominicains à la fin du
XIV* siècle, et qui joua un grand rôle au concile de Constance,
était de Beynac.
JOURGNAC.
Jourgnac, sur la rive gauche de la Briance, a 684 habitants.
Le chAteau de La Béchadie joua un rôle pendant les guerres de
la ligue. Il fut pris en 1589 par les ligueurs. L'année suivante,
le vicomte de Pompadour y mit en déroute les troupes royales,
qui venaient de prendre Ladignac.
BURGNAC.
Burgnac est une commune de 400 ftmes, traversée par le
chemin de fer de Limoges à Périgueux, dont les stations les
plus rapprochées sont celles de Beynac et de Nexon. Elle a une
église romane, mentionnée en 1 101 dans un acte oii elle est mise
sous la dépendance du prieuré d'Aureil.
78 MONOGRAPHIB DU CANTON D'aIXE-SUR-V(BNNË.
SAINT-MARTIN-LB-VIBUX.
Saint-Martin^le-Vieux , dont le territoire est situé sur les deux
rives de rÂixette, a une population de 878 habitants. Son
église, bfttie sur le plan de celle de Burgnac, fut restaurée
en 4490.
8ÉREILHÂC.
La commune de Séreilhac , arrosée par de petits affluents de
la Vienne et de VÂixette, est traversée par la route impériale de
Paris k Baréges. C'est après Âixe la commune la plus impor--
tante du canton : elle compte 2,494 habitants. Le sanctuaire de
son église est roman , et la nef gothique.
Il y a une chapelle & Texon.
Le village des Betoules possède des tuileries importantes »
dont les produits s'écoulent sur Limoges.
Les sieurs de Lascaux et de Bochefort se sont fait remarquer
sur les champs de bataille du règne de Louis XIY.
ABBAYE DE DALON
Dans rancienne paroisse de Saiut-Trié ou Trojan (1) , jadis du
diocèse de Limoges, et qui garde encore son administration
communale , quoique unie pour le spirituel & la paroisse de
Boisseuil du diocèse de Périgueux ; au milieu d^une large vallée
oii coule le ruisseau de Dalon , affluent de la Lauvezère ( non
de la Yezère), et d'ob surgissent divers mamelons; vallée
humide pourtant, dont les bois et les pâturages font la richesse,
se dressent, à côté de superbes ruines, qui dessinent le plan
vaste, simple et commode des anciens monastères, un corps de
logis en magnifiques pierres de taille : il a 35 mètres de long
sur 40 de large : c'est ce qui reste de Tabbaye de Dalon.
De ce site Ton aperçoit , au milieu d'une foule de hameaux ,
les bourgs de Segonzac, de Saint-Bobert et de Teillot, puis le
chftteau de Puy-Lavayne. Si des religieux avaient pu s*y
réinstaller au commencement de ce siècle , la belle église abba-
tiale serait encore debout, formant une croix latine avec sa
flèche élancée et ses deux bas-côtés , dont il ne reste que deux
chapelles ; les vastes dépendances de la maison n^auraient pas
non plus disparu. L'isolement de ce lieu l'avait protégé contre
les passions révolutionnaires, et l'acquéreur national n'était
point hostile. Hais ces vandales qu'on a justement nommés
bande noire, comme quelque chose de hideux , ces hommes qui
prennent plaisir à supputer les centimes de bénéfice produits
par les carrés de pierre et les charretées de moellon d'un monu-*
ment, ont abattu l'église. Les misérables I ils n'ont pu faire du
moellon que 50 cent, la charretée. Heureusement il y avait plus
U) Et non dans la paroisse de Saint^ylvestre de TeiUoux , quoi qu'en
dise l'auteur du Gallia christiana nova.
80 ABBATB DK DALON.
de bénéfice à conserver le corps de logis principal : il est de
4777 (4).
Dalon est le troisième des sept monastères d'hommes qu'on
attribue d'ordinaire à Géraud de Salis. Avant de lire les faits
qui se rattachent à cette maison, on prendra sans doute plaisir
à connaître la vie de son fondateur. La voici diaprés un ano-
nyme du xiir siècle qui paratt être un moine de Cbastelliers » oii
Ton conservait le manuscrit original :
I.
< Géraud naquit en Périgord , au bourg {in vico) de Salis. Son
père se nommait Foulque {Fulco) y et sa mère Adeardii , Tun et
Tautre de famille distinguée, riche, chrétienne et pieuse (indyU
et locupletaU^, Ils avaient trois fils, qui furent trois flambeaux de
la vie religieuse : Géraud, Grimoard et Foulque. Quelqu'un a
dit de Géraud :
Gyraudus, g^ente generosus, corpore, mente,
Petragorœ page falslt quia lucis imago.
9 Tout jeune encore, Géraud fut envoyé dans les écoles, oh il
étudia les belle&-lettres. A la maison, sa très-pieuse mère lui
apprenait à craindre Dieu , et à s'abstenir du péché. L'enfant
délibéra de bonne heure de s'attacher à la seule chose néces-
saire, et, après bien des luttes secrètes, résolut de vivre dans la
solitude, et d'éviter le gouffre de la damnation.
9 A cette époque , vivait Hobert d'Arbrlssel , un homme de
Dieu, vénérable, méprisant les choses caduques et périssables,
et n'ayant soif que de son salut. Entre autres grandes œuvres,
il institua à Fontevrault un fervent monastère de filles. H parlait
des choses de Jésus-Christ. Les foules l'écoutaient , et admi-
raient la grftce qui découlait 4e ses lèvres. Géraud plaça sa jeu-
nease sons la férule de cet habile maître, et, par son conseil,
(1) }L Itespiot, ciuré de B^goaaac» a<ea la b€iité û» me fournir des rea*
saignements sur Tétat actuel de TabbayjB de Dalco. Mon vénérable aiat
M. Pierre Laforest, auteur du bel ouvrage Limoges au xvii» sUde, a pris
la peine d'analyser, à mon intention, dans Martène (Amplissima coHeclio^
T. VI, col. 969-1006) ia Vie de Géraud de Salis. Je dcmne textuellement
son travail.
ABBAYE DK DALON. 81
se consacra à Dieu sous Thabit de chanoine régulier dans le cou-
vent de Saint- Avit [monasterio Sancti Aviti). Ce couvent n'était
pas éloigné du bourg de Salis. Les parents de Géraud , vrais
serviteurs de Dieu y se réjouirent de la détermination de leur
fils: ils ne s*abandonnërent point aux larmes comme ceux qui
n'ont point d'espérance.
j> Géraud se fit remarquer dans le couvent par la pratique de
toutes les vertus de la vie religieuse. Peu à peu ses supérieurs
rengagèrent dans les ordres sacrés, et il fut élevé à la dignité
de diacre, contre sa volonté; car la sublimité du sacerdoce
effrayait son humilité.
» Après avoir ainsi long-temps vécu hors du monde, sous la
discipline de la règle, Géraud, arrivé à Tâge viril, résolut de
tenter des choses plus difficiles, et, de Tavis de son religieux et
illustre maître [religiosum et famosum) Robert d'Arbrîssel , em-
brassa la vie érémitique, et se livra à toutes les austérités de ce
genre de vie. 11 pratiqua surtout de rigoureuses abstinences,
disant : a Adam a été chassé du paradis terrestre pour avoir
» mangé : il faut reconquérir le paradis terrestre par le jeûne » .
» Et, parce qu'il était entièrement crucifié au monde, son
âme était fréquemment ravie en de sublimes contemplations.
Que de nuits entières passées en extase devant vous, bon Sei-
gneur Jésus 1 Ce que d'autres apprennent par l'étude et la médi-
-tation de la loi divine, votre esprit, Seigneur, le lui suggérait.
La nature extérieure, les bois, les arbres, lui parlaient devons;
car toute créature crie : « Dieu m'a fait, Dem me fedtl »
9 Ainsi doué de la science acquise et aussi de la science infuse,
Géraud se sentit inspiré par l'esprit de Dieu de porter le nom de
Jésus devant tout peuple et toute nation [coram omni natione et
génie). Il brillait comme une escarboucle (1) (carbunculus) , comme
un feu, comme un astre. Sa charité se répandait parfumée,
pénétrante, active, embrasée et bouillonnante (supere6i//hente). Il
semait ainsi par tout pays la parole de Dieu , et ne se lassait pas
de jeter le filet. Il faisait office d'évangéliste, et nul n'était privé
de sa chaleur [nec erat qui absconderet se a cabre ejus).
» La réputation de Géraud se répandit au loin, parmi les
évêques. Le seigneur Pierre, évêque de Poitiers, homme de vie
et de science illustre, lui serra la main à jamais (deœlram dédit
(1) Ou comme un petit charlK)D; carlntnculus a les deux sens.
6
82 ABBAYK DR DAI.ON.
et ifUermnabilis caritatis), et Ini confia le soin d'administrer à sa
place, lui déléguant son autorité ordinaire. Plusieurs évêqnes
rhonorèrent d'une confiance toute pareille.
» En même temps, beaucoup de particuliers convertis par
lui commencèrent à lui offrir des terrains et des domaines, et le
prièrent d'y bâtir des monastères pour les hommes et pour les
femmes. Le premier de ces monastères fut Cadoîn ou Cadouin
(Caduinum); le deuxième, Orandselve [Grandis S^vam); le troi-
sième, Dalon [DaUmem); le quatrième, Bournet {Bometian)\ le
cinquième, Alodia; le sixième, Absiam Gatiniœ; le septième,
Chastelliers (Castellaria).
7> C'est là, c'est à Chastelliers qu'il est enseveli. Il semble
que, ayant tmvaillé, il se soit reposé de toutes ses œuvres le
septième jour.
» 11 avait fondé deux autres monastères, Ttdhnem et Bibio-
nem pour des reli^enses [ad nwnialium regionem (4) ).
9 A Tutione, d'accord avec son très-saint maître Robert d'Ar-
briî'sel , il mit des religieuses; et il voulut que cette maison fût
chef d'ordre [matrem et captif ordinis)^ et que Fontevrault
(Pontem Ebraldi) fût la fille de Tutionis; ce qui dura quelque
temps, jusqu'au jour oii, faute d'eau, les TuHonenses furent
contraintes de changer de domicile, et d'entrer à Fontevrault,
et de fille qu'elle était la maison de Fontevrault alors devint
mère. La maison de Bibicne fut l'objet des complaisances parti-
culières du fondateur. La pauvreté de cette retraite la lui
rendait chère ^ et il s'y réfugiait souvent. Les maisons par loi
fondées en engendrèrent d'antres, et eurent ainsi les honneurs
de la maternité. Il institua dans tous ces monastères la pure
règle de Saint-Benott. Cette règle fut pratiquée sans augmen-
tation, sans diminution ni omission, ni aucune modifica-
tion (9). Mais venons à l'histoire.
(1) Dans ses Vies des Saints du Poitou ^ M. Ch. de Cherté attribue h
Géraud de Salles un plus grand nombre de fondations, car il dit k la
page 232 : « Outre Tabbaye de Cadouin, Giraud de Salles fonda œUes de
Grandselve, au diocèse de Toulouse; do Gondom, au diocèse d'Agen;
d* Allonne ( lisez de Dalon ) , au diocèse de Limoges ; de Bournet • an diocèse
d*Angoulême; deFont-Douce et de Châtres, au diocèse de Saintes; de
L*Absie, du Pin, des Chastelliers et de Bonnevaux , au diocèse de Poitiers,
etc., etc. R.-P.
(2) L'abbé Nadaud fait remarquer que Fauteur cité par dom Ifartène est
ici dans Ternir, puisque, d*après le cartulaire de Dalon, Géraud de Salis
ABBAYE DE UALON. 83
» Foulque, père de Géraud, aprèd avoir long-temps vécu
dans le monde, fit au eiëcle ses adieux, et, ayant, dans sa
dernière maladie, revêtu Thabit religieux, il mourut jeune
encore , plein de mérites. 8a veuve , par le conseil de Géraud ,
embrassa la vie religieuse.
t Grimoald, frère de Géraud, ayant quitté les livrées du
siècle , fut chapelain près de Tustonium ( professus est cum cappel-
lanita aipud Tustoniwn), puis prieur à Castellarium ; apr^ la
mort de son frère , il fut élu abbé de Sainte-Marie-des-Âlleus
{de AUodiis)^ au diocèse de Poitiers. Plus tard, il fut fait
érvéque de Poitiers; mais il mourut la même année. 11 mourut
le 6 des calendes d'août (le millésime n'est pas indiqué] , et fut
enseveli chez les religieuses de Fontevrauli
» Foulque , l'autre frère de Grimoald , prit l'habit d'ermite
à Boscaivium, et fournit une longue carrière de bonnes œuvres.
Il fut enterré dans le chapitre de Boscavium. Après beaucoup
d'années (post muUum temporis), son corps, objet d'une grande
vénération, fut transféré dans l'église. Le corps, au moment
de la translation , fut trouvé intact , sans aucune lésion ni aucun
signe de putréfaction , parfaitement conservé. — Revenons à
Géraud.
» Géraud mourut l'an de N.-S. 4190 {miUesimo cerUesimo vige-
simo). Il fut le contemporain de saint Bernard , qui fut nommé
abbé de Clairvaux en 14U. Géraud conduisit Tabbé de Clair-
vaux à Cadouin [Cadtnnum); mais les religieux de Cadouin
refusèrent d'embrasser la règle de Cîteaux, et, se moquant du
saint abbé, coupèrent la queue de son cheval (et apposuerunt
adhuc sando peccare, rondnum quo vehebatur cauda truncare).
» Les religieux de Grandselve, chez qui Géraud conduisit
Bernard , accueillirent saint Bernard avec plus de respect : ils le
saluèrent comme un ange de Dieu , et se placèrent sous sa dis-
cipline. {Le narrateur se trompe : c'est seulement en 1 U5, long-
temps après la mort de Géraud , que le monastère de Grandselve
se donna à Tordre de Cîteaux. — Note des éditeurs,)
» Géraud mourut à Chastelliers ( CasteUarias ) , Tan de grâce
n*as8ujettit ees religieux à a/ucun ardre ni à auewm prqfluHm , tes laissant
passer leur vie dans la simplicité évangéliqne. D'après la même 80Qrc«» ce
fut seulement après la mort du fondateur, arrivée en 1120, que ces reli-
gieux prirent Fhabit monacal et la règle de Saint-Benoit, k Fimitation
des Cisterciens. R.-P.
84 ABBAYK DE DAM)N.
4120 (1), le 13 des calendes de mai, c'est-à-dire le 20 avril , à la
pointe du jour (2), au milieu des siens, plein de jours et de
vertus.
9 L'évêque de Poitiers , Guillaume II , du nom d' Adelenius
[Adeknius nominé) , assista aux obsèques.
jy Géraud fut enterré dans le monastère de Chastelliers, dans
la chapelle de la sainte Vierge, au côté gauche de l'autel (3).
i» Eu 4249, Tabbé Thomas, aidé de quelques-uns de ses
frères , creusa le tombeau , et , à sa grande joie , retrouva les
restes vénérés du serviteur de Dieu. Il déposa la tête en un
petit vase doré, et le corps en un tombeau de marbre, fabriqué
en forme d'arche , et posé sur six colonnes de pierre , sur le
local du tombeau primitif. — (Col. 4006.) »
II.
D'après le cartulaire de Dalon , dont on trouve dœ extraits
dans le Gallia christiana de Denis de Sainte-Marthe (T. II, instru-
menta, col. 201-203), Géraud de Salis vint établir des religieux
à Dalon Tan 4114, et non en 4447, 4149, 4120 ni 4 424, comme
l'ont dit Robert (GoUm christiana, p. 567), les deux frères de
Sainte-Marthe [Gallia christiana vêtus, T. IV, p. 326) et dom
Martène (Thésaurus anecdotarum , T. III, col. 126).
Géraud de Las Tours et Goulfier, son frère , avaient donné en
perpétuelle aumône, pour le salut de leur âme et pour celles
de leurs parents, à Dieu, à la bienheureuse Marie et au
vénérable Père Gérald de Salis , tout ce qui pouvait leur appar-
tenir dans la forêt de Dalon , ainsi que les droits de dîxme et
autres droits seigneuriaux sur toutes ces terres et sur celles que
les religieux acquerraient des feudataires desdits Géraud et
Goulfier. Ceux-ci recommandaient en outre h leurs descendants
non-seulement de n'inquiéter en rien les disciples présents ou
futurs de Géraud de Salis, mais encore de protéger Dalon contre
tout agresseur. De son côté, Géraud de Salis, acceptant la do-
(1) Hlsconcinlt chronicon Malleacense, apud Labbeum : BiUioth. nova.
(2) M. de Chargé dit, je ne sais d'après quel auteur, le 9 août 1127.
R.-P.
(8) Le texte dont ces lignes donnent Tanalyse est contenu dans les co-
lonnes 989-1008 du T. VI de VAmplissima CdUctio de dom Martène.
ABBAYIC DE DAIX)N. 85
tiatix)!! y la consacra à Dieu, de telle sorte que, mettant à part les
droits du Saint-Siège et ceux de Tévôque diocésain, toujours
réservés, personne ne dut prétendre en faire sa propriété, ou y
avoir juridiction. Les témoins de cet acte furent Etienne, alors
prêtre de Boessent, qui devint prieur à Dalon; Pierre, abbé de
Castres, au diocèse de Périgueux, et Bernard Gauberti, prêtre
de Segonzac (1).
(1) IN NOMINE DOMINI JESU CHRISTI. AMEN.
INCIPIT LIBER FUKDATIONIS ET DONATIONUM ABBATI.Ë
B. MAHTiS DALONIS.
Anne ab incarnatione Domini uostri Jesu Christi m. c. xiv, indic-
tlone VII, epacta xli. domno Paschali romano pontifice féliciter régente .
Bustorgioepisoopo Lemovicensi sedi présidente, régnante Ludovico, rege
Franoorum, superstite Ademaro, vicecomite Lemovicensi, domnus
Geraldus de Salis eremum quse ab homlDibus Dalonium dicebatur expetiit ,
atque ad servitium omnipotentis Dei quosdam de fratribus suis ibidem
constituit. Geraldus siquidem de Turribus et Golferius, frater ejus, qui
eremi illiusdominium jure hèredltario possldebant. ab omni ssecularium
dominatîone et calumpnia liberam et quietam fieri decreverunt, et Dei
famulo hujusmodi testamentum fecerunt :
« Ego Geraldus de Turribus, et ego Golferius, animaram nostrarum et
omnium parentum uostrorum utilitati providentes, donamus Dec, et
B.MarisB, et venerabili patri Geraldo de Salis, in perpetuam eleemosinam,
quidquid babebamus vel babeie poteramus, vel aliquis de nobis babebat,
in nemore quod vulgo Dalonium nuncupabatur ; atque successoribus
nostris, cum omni testificatione , prohibemus ne illius dîscipulis tam
prsesentibus quam futuris, usque in flnem ssBCuli, ibidem Dec deser-
vientibus, aliquam tyrannidem seu dominationem , vel aliquam vexa-
tionem inferre, prœsumant ; sed ipsum Dalonii locum ab aliorum incursibus
seu molltionibus prœcipimus ut quantum potuerint défendant. Donamus
etiam supradictis fratribus terras quas de fenalibus suis acquirere po-
terunt, et décimas terrarum quas terras a nobis seu ab aliis hominibus
acquisicrunt , et quse Juris nostri erant. Tum venerabilis msirgister sic
prosecutus est : Ego Geraldus, Dei gratia servorum Dei minister, quam via
indignus, constitue, et inviolabili décrète confirme quod totus prœsens
locus ecclesise videlicet Dalonensis, ab omni ecclesiastica vel sœcularl
subjectione sit libéra, et quasi propria Christi caméra , insignibus subli*
metur, salvo apostolico Jure et diocesani pontificis dignitate. Porro si
aliquis, externus sive donaesticus, proprise libertatis dignitate eam
frustrarc tentavit, tanquam decretorum temerarium violatorem, nostra
bodalitate indignum. a corpore atque socictate nostrse fraternitatis
alienum esse decrevimus. Huic rei tune interfuerunt Stephanus, tune
sacerdos de Boessent , postea Dalonensis prier ; domnus Petrus , abbas
ra8trensi8;Bernardus Gauberti, sacerdos de Segonzac , etc. » [Gallia rhis»-
iiana notât T. II : instrumenta , col. 201. .
86 ABBAYB DE DALON.
Cependant les moines de Tourtoirac en Périgord reven-
diquèrent la propriété de Dalon , et, sur la demande de Géraud
de Salis, Eustorge, évêque de Limoges, réunit à Dalon mômey
pour décider ce différend , Guillaume , évêque de Périgueux ;
Maurice, abbé de Solignac; Guy, abbé de Tourtoirac; Âdémar,
vicomte de Limoges; Gérald et Goulfier de Las Tours; Itier de
Bom, et plusieurs autres, tant ecclésiastiques que laïques.
Devant cette vénérable assemblée, un moine de Tourtoirac
nommé Constantim vint dire que le territoire de Dalon lui
appartenait {et locum Daionis ut^e in sua pertinentia amsUtutwrè
calumniavit). Les vieillards du voisinage, appelés en témoignage,
affirmèrent qu'ils n'avaient jamais vu cultiver cette solitude, ni
dire qu'on Teût jamais cultivée. Ils ignoraient même à qui elle
appartenait. Ils ajoutèrent qu'un paysan, nommé Robert de
Lage, ayant défriché une parcelle de la forêt , en avait donné ia
dtme audit moine Constantin , qui en ce moment même faisait
opposition à Géraud de Salis; mais les décimateurs de Segonzac,
Pierre et Gérald , son frère , et Aimeric de La Bue , vicaire » en
ayant eu connaissance , avaient fait un procès au paysan pour
avoir donné au moine Constantin une dîme qui leur revenait.
Le paysan , mal défendu par son patron Couistantin , qui avait
abusé de sa confiance, avait dû payer aux décimateurs légi-
times, pour indemnité et dommages, trente sous et six deniers
[prœdiclis decimariis triginta solidas ei sex mmimQH pro aJbUUa dedma
^Dolvii), Le paysan Robert de Lage étant venu confirmer par
son aveu la déposition des vieillards, l'assemblée décida una-
nimement que l'évêque Eustorge devait maintenir Gérald de
Salis dans sa possession, et en effet, séance tenante, l'évêque
rédigea Tacte de maintenue.
Cette même année 4444, en présence d'Eustorge, évêque de
Limoges; d'Audebert, doyen de Saint-Trieîx ; de Geoffroy,
archiprôtre de Lubersac ; d'Elie d'Ayen ; de Pierre de Cam-
pants; d'Hier de Bom; de Sicard de Rasa; de Geoffroy, et
Gérald de Tellol , Bernard dej Burg et ses frères Gérald ei
Etienne, ainsi que les deux frères Arcbambauld et Adémar de
Fêlez , Pierre de Feleas et Aimeric de Fêlez , tous les sept ayant
droit de forestage (forestarit) dans la forêt de Dalon, cédèrent
à Dieu, à la bienheureuse Marie, à maître Géraud de Salis et à
ses successeurs, ce droit et tous ceux qu'ils pouvaient avoir
dans ladite forêt, en perpétuelle aumône (in perpettêam eleemo-
sinam forestagium et omne aliud ex intégra qttod habebanitis vcl
AUBAYË DE DAIjON. 87
reqtUreie poleramus). Pierre Gaufridi et Guy Garini cédèrent de
même tous leurs droits.
En 4 474, le 6 des ides de mai, Hugues, comte de Rodez,
donna encore, en perpétuelle aumône, à Dieu , à la bienheureuse
vierge Marie et aux frères présents et futurs de Dalon , dans
toutes ses terres et forêts , droit de pacage pour leurs animaux
de toutes espèces, et de plus pour les animaux dont ils au-
raient la surveillance (pascua omnium ammalium cujusUbet generis
fuerint, et qaœ nA eorum custodia vd protectione permanseritU). Lq
comte réservait toutefois le droit des frères du Loc^Dieu du
diocèse de Rodez , car ils avaient aussi droit de pacage dans
ses terres pour les animaux qui leur appartenaient. Cette
donation était faite à Guillaume de Tineria , abbé de Dalon , son
parent [in manu fratris met domni WiUdnU, Dalonensii abbatis)^ en
présence de Pierre de Chamlazac et d^Étienne de Mont-Olivier
(de Monte OUvi) , tous deux moines, et de Pierre de La Boaria,
frère convers. Etaient témoins Gérald de Panath et Raustits.
Par acte expédié le 94 novembre 4478, ÂrcbambaudV, vi-
comte de Combom; Jourdaine de Périgord, sa femme, et
Ârchambaudy leur fils, accordèrent à Tabbaye Texemption des
droits seigneuriaux dans toutes leurs terres. Le 8 janvier 4498,
Ardiambaud VI accorda d'autres privilèges. L'abbé Âmelius
reçut pour Dalon de Pierre Fulcaldi , de Valérie sa femme , et de
Garrens, sœur de Valérie, la moitié de la terre Mainil. Raymond,
vicomte de Turenne, lui donna aussi le mas de Las Treillas, et
Talairan , gendre du vicomte , ratifia cette donation , à Marte) ,
en < 4 67. Du reste, divers autres seigneurs enricblrent Da}on , et
le t&noignage de leurs bienfaits se trouve inscrit dans le cartu-
laire de Tabbaye jusqu'à Tan 4247, époque oii il se termine (4).
Au dernier siècle , l'abbaye de Dalon était taxée en cour de
Borne à 450 florina, et elle valait à l'abbé 5,000 livres exemptes
de toute charge.
(1) Le père Le Long dit {MiàUotMquâ historique de France, n» 12»4H6) que
la Bibliothèque du roi avait dans les manuscrits de M. de Caignièrea une
copie et des extraits de ce cartulaire , la seule pièce digne d*attention des
archives de Dalon, dont les anciens livres de chœur, le martyrologe, le
néerdoge, etc., étaient perdus.
88 ABBAYE DE DALO>r.
IlL
Voici les quelques faits qui se détachent dans Thistoire modeste
de Dalon.
Denis de Sainte-Marthe fait de Oéraud de Salis le premier
abbé de Dalon [GalUa christiana nova, T. II, col. 624]; mais,
comme il Tavait dit déjà (ibid, T. I'', col. 26^), jusqu'à la mort
de ce saint homme ses disciples avaient vécu en ermites. Ce titre
ne lui couTient donc pas , comme le fait remarquer Nadaud ; et
d^ailleurs lui-même il ne se qualifia jamais abbé : celui qui le
premier eut cette dignité à Dalon doit donc être Roger, qne ses
disciples choisirent parmi eux (4 420), en présence d'Eustorge ,
évêque de Limoges , de plusieurs religieux et de personnages
distingués, tous priés d'assister à cette importante cérémonie.
Connu bientôt au loin par ses vertus, Roger fut appelé à
fonder plusieurs monastères, entre autres, le 42 des calendes
d'avril 4423 (4 424), le Loc^Dieu [Locum Dei), au diocèse de Rodez.
Ce monastère, ainsi nommé avec dessein, avait été jusqu'alors
un lieu de refuge pour les voleurs, et, souillé par plusieurs ho-
micides, il resta soumis à Dalon jusqu'en 4477 seulement; car,
cette môme année ^ Arbert en étant devenu abbé , aux calendes de
décembre, l'en sépara, et l'unit, pendant un an, à Pontigny,
dont les moines ne crurent pas pouvoir le relever et le conserver,
tant ses dettes étaient considérables ; ce qui fît que ledit Arbert
dut le soumettre au monastère de Bonneval; mais le Loc*Dien
s'est peu à peu relevé, et l'ordre y a régné jusqu'à la fin du
dernier siècle.
Avant d'avoir uni son monastère à Tordre de Cîteaux , saint
Etienne d'Obasine, désirant formera la vie monacale les disciples
accourus près de lui , demanda à son ami Robert , premier abbé
de Dalon, quelques-uns de ses moines. Ceux-ci furent agrégés
à Cîteaux seulement après 4462 , sous l'abbé Amelius, et déjà ils
avaient le chant et les usages de Cîteaux. Les religieux qu'on
envoya à Obasine étaient pourtant des hommes d'une austérité
peu charitable; car ils déconcertèrent par leurs dures répri-
mandes les timides enfants de Saiut-Étienne , sans doute animés
du zèle ordinaire aux âmes qui entrent dans le service de Dieu,
mais par cela même encore très-sensibles dans leur amour-
propro. Pour iip pas voir détruire son œuvre naissante, saint
ABaWE DE DALOX. 89
Etienne dut laisser rentrer à Dalon des maîtres qui ne savaient
pas compatir aux faiblesses de sa jeune famille.
Dalon n'était point agrégea Cîteaux, lorsque, en 1938, Tabbé
Robert envoya une colonie fonder un monastère à Aubignac ,
qui est resté jusqu'à la restauration du culte dans Tarchiprêtré
d'Ârgenton, au diocèse de Bourges, et qui a passé depuis au dio^
cèse de Limoges, avec la paroisse de Saint-Sébastien (Creuse) ,
sur le territoire de laquelle il est situé.
Le pape Innocent II accorda un privilège à Téglise de Dalon
pendant un voyage que Tabbé Roger fit à Rome, et le pape
Luce II en concéda un autre. J'ignore en quoi consistent ces pri^
viléges.
Le Père Estiennot dit qu'à l'occasion de l'abbaye de Beuil , qui
désirait s'unir à Cîteaux en 14S3, l'abbé Roger écrivit à saint
Bernard , dans un langage sévère , pour l'engager à refuser cette
union, faite au préjudice de Dalon , dont Beuil -était la fille. La
lettre eut son effet, car saint Bernard n'accepta pas. Estiennot
n^a pu pourtant trouver cette lettre ni à Dalon ni à Beuil. La
réputation de sainteté de l'abbé Roger fut si grande que Bernard
Guidonis l'a mis dans son catalogue des saints du Limousin.
D'après la chronique de Geoffroy de Vigeois, Amelius se
trouvait le 28 août H 63 à Arnac (Aruac-Pompadour) pour l'en-
terrement d'Almodis, femme d'Olivier de Las Tours, avec neuf
abbés, qui lui étaient soumis, et, dans le l**^ volume du Gallia
christiana nova, on dit que sa piété et celle de ses moines les
portèrent à agréger Dalon , ainsi que tous les monastères qui en
dépendaient, à Tordre de Cîteaux, parla deuxième fille de
Cîteaux , fondée en 41U, àquatre lieues d'Auxerre, Pontigny (1),
dont les abbés, avec ceux de La Ferté, de Clairvaux et de
Morimond, avaient, en leur qualité des quatre premiers pères de
Vordre, droit de visite à Cîteaux, quoique Tabbé de cette der-
nière abbaye fût général et chef de tout l'ordre. Du reste les
abbés de ces quatre premières filiations étaient eux-mêmes
généraux dans leur propre filiation. Ainsi Dalon devint la
troisième des dix-sept filles de Pontigny.
En ces temps 6or6are5; oii. pratiquer l'hospitalité était une
(1) (c Tempère que Arnaldus regrebat abbatiam (Loci Dei) D. Amelius «
abbas Dalonis , et ceteri abbates qui ab eo pendebant ob fervorem ordinia
tradiderunt se ordini Cisterciensi et domui Pontiniaecnsi. » (Gallia chriS'*
iiananova T. I, col. 263.)
90 ABBAYE DB DALON.
vertu généralement aimée, et où chaque monastère servait
d'hôtellerie ) les pauvres, estimés membres souffrants de Jésus-
Christ, n'étaient jamais oubliés, et Ton distribuait à Dalon ,
comme ailleurs, chaque jour d'abondantes aumftnes. Bertrand
de Born et son fils Bertrand firent, le 4 des calendes de juillet
de Tan 4189, sous Tabbé Qéraldde Miraumont, une fondation,
afin que chaque jour on distribuât , en leur nom , à la porte du
monastère, pour l'expiation de leurs péchés et pour celle des
péchés de leurs ancêtres, l'équivalent du revenu nécessaire pour
nourrir un moine. Ainsi une pensée de foi vivifiait toutes les
œuvres de nos pères. Un motif de sensibilité humaine n'inspirait
pas seule leur aumône : ils savaient que Taumône rachète les
péchés dont on se repent.
Alors les fanfarons d'împîété n'étaient pas non plus réputés
beaux esprits, et, pour rappeler à tous que l'âme survit à la
destruction de son enveloppe de chair, en M87, Guillaume de
Tournon avait donné six livres, qu'on devait employer à entre-
tenir, pendant la nuit, un luminaire dans le cimetière de Dalon.
Or l'abbé Gérald, touché de cette pensée pieuse, réunît immé-
diatement les moines en chapitre , et fit décider qu*à cette somme
on ajouterait annuellement le prix de six setiers de froment,
afin que le luminaire brûlât jour et nuit. Ces siècles avaient
leurs abus, je lésais bien; il a fallu long-temps auchristianisme
pour discipliner les descendants des bandes sauvages sorties des
forêts de la GeriHanîe, et habituées à se faire justice elles-
mêmes; mais du moins partout on proclamait le droit, et la
vérité n'était pas insultée ; en sorte que , tôt ou tard , quand la
passion s'était calmée, on s^empressait de réparer ses injustices.
Ainsi, sous l'abbé Jean II, en 4196 et 4 498, Archambaud,
vicomte de Comborn, accorda à Dalon, pour réparer des
exactions commises contre le monastère, les droits de maré-
chaussée et des prévôts de moissons, convives, etc., sur le tè-
nement d'Ubert. Bertrand de Born et Itier, son frère, font sous
ce même abbé, en 4200, des donations pour indemniser l'abbaye
des dommages qu'ils lui avaient causés pendant la guerre (pro
damnis et injuriis quas m fecerant, urgentilms guerris)^ peut-être
en 4468, quand les barons de T Aquitaine et de la Bretagne se
soulevèrent contre Henri II, ou en 4476^ quand ces mêmes
barons d'Aquitaine furent en guerre contre Richard Cœur de
Lion. Sous l'abbé Bernard, en mars 4224, Bertrand, Itier et
XMxW: DB DAION. 91
autre Bertrand dQ Born , tous trois chevaliers , réparent encore
par des dons des injustices commises au préjudice de Dalon.
Bernard de Ventadour mourut moine à Dalon au commence-
ment du xiir siècle. Ce poète limousin , né vers 4 1 30 , était âls
d^nn domestique et archer du chftteau de Veutadour, oh sa
mère était aussi servante de peine, s'il faut en croire Pierre
d^ Auvergne 9 dans une satire contre les troubadours ; ce qui doit
être vrai , car Hugues de Saint-Cyr donne aussi pour père au
même Bertrand un simple domestique chargé du four du
château, Bernard de Ventadour, doué d'une riche imagination
et d'un vrai talent poétique , s'attira par son esprit léger et
romanesque , — d'abord au chftteau de Ventadour, puis à la cour
du duc de Normandie, qui devint roi d'Angleterre sous le nom
de Henri II, et enfin à la cour de Raymond V, comte de
Toulouse, — des mésaventures d'amour, qui l'engagèrent à se
faire moine. Quoiqu'il semble avoir écrit h Dalon n^me des vers
qui sentent l'idolâtrie d'une femme absente qu'il idéalise, ce
pauvre cœur malade guérit pourtant , car il a écrit : « L'amour
est une folie dont je suis guéri b. Que l'homme soit innocent,
ou plein d'illusions, ou désenchanté, ou même flétri, le silence
et le repos de la solitude lui sont salutaires.
Alors aussi les fils des meilleures famillt» étaient fiers de se
consacrer à Dieu : ainsi , sous ce même abbé de Colonges , on
trouve à Dalon Etienne de Turenne, frère convers; Arnaud de
Montinac et Adémar de Rinac, ces deux derniers célériers du
monastère; Hélie et Gérald de Malafayde, etc. Or la vie
religieuse n'était pas encore dans un état de relftchement : se
faire moine c'était prêcher l'amour des mortifications, car l'on
vivait d'abstinence. Les friandises que devait fournir à Dalon
pour les aliments l'une des g^nges qui en dépendait, sous
Jean de Colonges, c'étaient une certaine quantité de vin bon et
largement mesuré, mille œufs, du pain blanc et du poisson,
avec des fromages pour compléter la quantité du poisson.
Aujourd'hui c'est partout un amour effréné du bien-être « qui
laisse peu supposer l'espérance d'une vie meilleure par-delà la
tombe.
L'abbaye de Dalon a été incendiée deux fois; et, vers 4230 ,
Tabbé Guy de Malafayde fut tellement effrayé de ses dettes qu'il
se démit. Or elle ne paraît pas s'être bien relevée, puisqu'en
4439 il fallut lancer une bulle contre les détenteurs des biens du
monastère; puis, dès le commencement du xvi* siècle, comme
92 AbBATK DE DAlON.
les antres, pour prendre le style naïf du Père Bonaventure,
a elle se vît déchoir, et tomber en comraende , pour servir de curée
à ceux qui cherchent plus les biens de l'Église que le service de
rÉglise. » Dalon débuta même fort mal dans ce nouveau genre
d'administration; car son premier abbé commendataire fut un
homme que recommandaient peu les titres acquis par la faveur
de son nom, et qui osa afficher sa honte en faisant légitimer
le fruit de ses désordres. Du reste, si , comme je le crois, il est le
même que le dernier abbé régulier, il faudrait dire à Thonneur
de Dalon que, après des débuts meilleurs dans la vie religieuse,
ses instincts grossiers le mettant mal à Taise dans cette maison ,
il dut en sortir pour les laisser libres. Après cela faut-il s'é*
tonner que sous son gouvernement il n y eut que sept religieux
à Dalon, d'après le terrier qu'il fit faire? Qui n'a pas l'esprit de
Dieu ne saurait le communiquer, et la durée ou l'importance
de chaque institution est en rapport des services qu'elle rend.
François de Las Tours , qui fut deuxième abbé commenda-
taire, et siégea au moins pendant dix ans à partir de 4535, fit
reconstruire le chœur de l'église, avec un retable remarquable
en ce que, contrairement à l'usage, il était en pierre. Sous
Charles de Rochefort (mai 1628-4634), tous les bâtiments du
monastère tombaient en ruine. Ils ont été relevés, peut-être
par l'excellent évêque François de La Fayette, et pourtant en
4756 il n'y avait que quatre moines. C'est que l'esprit de Dieu
est la vie véritable des institutions chrétiennes. Un monastère
peut être florissant en abritant par de simples cloisons de bois
grossier les âmes d'élite qui le composent : on l'a vu, par
exemple, à Fontevrault, â l'institution de cet ordre ; et au con-
traire des constructions splendides peuvent n'abriter que la
mort. Certains malades aussi sont privés de la faculté de se
mouvoir, malgré leur embonpoint digne d'envie et leur teint
brillant de fraîcheur.
Voici, d'après Nadaud, la liste des abbés de Dalon. Il a rec-
tifié et complété certaines choses du GaUia christiana nova de Denis
de Sainte-Marthe , qui compte seulement vingt-quatre abbés,
en y comprenant Géraud de Salis.
ABBAYE DE DALON. 93
LISTE DES ABBÉS.
I. — Roger, né en Limousin, homme instruit et très-expé-
rimenté dans les affaires, nommé en 4V20, assista, le 24 dé-
cembre 1U3, à Tulle, à Tenterrement de Boson, vicomte de
Turenne. II fit avec Pierre, abbé de Castres, une association
de prières, dit le cartulaire.de Dalon. La charte de société
entre ces deux abbés , citée par Denis de Sainte-Marthe ( GalUa
christiana nova, T. 1 : instrumenta, p. 43), est remarquable par la
piété et la charité chrétienne des deux abbés, comme le dit le
savant bénédictin. C'est non-seulement une association de
prières , mais encore un acte de société fraternelle, par lequel les
contractants s'envisagent à recevoir les religieux des deux mo-
nastères comme s'ils étaient de la même maison (fratres igitur
utriti$que monasterii, fion sicut hospitibus et peregrinis, sed sicut
fratribus et domesticis, 8$$e invicem in lUroque monasterio fmantur,
et nuUus stuper alterum temere superextendat , seu in terris acqui-
rendis, seu aUis quibuslibet mdestiis faciendis); puis, du consen-
tement de ses moines, Roger donne à ceux de Castres la terre
du Puy-Auriol [de Podio Auriol), et, d'autre part,, avec l'agré-
ment des religieux de Castres , l'abbé Pierre donne à Dalon trois
parts d'une certaine forêt qu'il ne nomme pas [très partes cujus-
dam nemoris)^ faisant remise de 8 deniers dus à la forest (quos
ncbis debebant a là forbst), et de 8 deniers sur Le Puy de La
Yaissa ; de plus promettant sur Le Puy-Auriol 8 deniers de cens
annuel , payables à perpétuité , le jour de la fête de Saint-
Michel.
L'abbé Roger et Hélie , abbé de Tourtoirac en Périgord , par
une charte conservée dans le Cartulaire de Dalon , f** xxxiii , et
datée de l'an 4454, réglèrent une contestation qu'ils avaient sur
la terre de Casetas, les moines de Tourtoirac renonçant à tous
leurs droits et à leurs prétentions sur cette terre moyennant
45 sous barbarinsou d'une valeur équivalente , payables annuel-
lement, le jour de la fête de saint Thomas (4), à Tourtoirac Ce
(1) Qttinqve solidis de barbaris. On appelait barbarins les monnaies où
était frappée une tête barbue, et plus particulièrement la monnaie de
Limoges» où Ton voyait le buste de saint Martial avec une longue barbe.
94 ABBATR DB DALON.
n'était pns le temps des titres pompeux, et ces bons abbés étaient
bien humbles : dans la première charte , ils se disent serviteurs
inutiles du souverain et vrai Père de famille (serves swnmi et vert
Patrisfamilias , Ucet inutiles , nos esse sdenles); dans la seconde ,
ils se reconnaissent encore serviteurs inutiles et abbés tels quels
[nos servi Ckristi intUiles et qualescumque abbates).
Au commencement du n* III , j*ai dit les œuvres les plus im-
portantes de l'abbé Roger, qui s'endormit en paix dans le
Seigneur le 34 mai 4459, après avoir gouverné trente-neuf ans
Dalon, oii il repose. Au dernier fiiècle, on ne connaissait plus le
lieu de sa sépulture. Nadaud fait remarquer que dans tout le
monastère on ne voyait pas une inscription , et que le seul
tombeau remarquable , placé dans une crypte de la chapelle
septentrionale, était celui d'une femme.
II. — Nadaud Cite, d'après le Père Slmpliclen (T. VU, p. 349),
mais sans lui donner un rang, et le regardant comme supposé,
puisque Roger fut nommé en 4 480, un abbé de Dalon nommé
Hbnri, auquel, en 4424, on auraitdonné le mas de Disnerade,
paroisse d'Âles. Denis de Bainte-Harthe ne fait point mention
de cet Henri.
II bis. -^ B...... abbé en 4463, d'après le cartulaire de Dalon.
IIL -^ ÂMBLius, que Denis de Sainte-Marthe donne pour
remplaçant de Roger en 4459 , sans tenir compte du précédent,
que sans doute il ne connaissait pas. Il venait du Loc-Dieu ,
dont il était le deuxième abbé, et où il fut nommé le 5 de
juillet en 4444. D'après le cartulaire de Dalon, il siégeait
encore en 4467.
IV. — Guillaume 1"' de Tineria , frère de Hugon II , comte
de Rodez , siégeait en 4 410 et 4 474 . D'après Geoffroy de Vigeois,
il s'était démis en 4483, lorsqu'il alla à Martel en Quercy voir
Henri le Jeune roi d'Angleterre, alors malade, et ce prince fit
sa confession le 7 juin , devant lui, devant Gérald , évêque de
Cahors , et le prieur de la Chartreuse.
V. — Jean I*', frère du comte de Rodez et parent du vicomte
de Yentadour, bienfaiteurs du monastère, siégeait en 4474. Il fit
diverses acquisitions , et figure dans des actes do 4477 , 4478, du
6 juillet 4479, et février 4479 vieux style (4 «80).
ABBAYE DE DALON. 95
VI. — > OéBALD DB MiBAUMONT, Que Toii tfouve dstis Labbe
abbé en 4479 vieux style, c'est-à-dire en 4480^ siégea jus-
qu'en 4499, année oh il reçut une donation de Bertrand de
Bom et de Itier son frère, nouvellement créés chevaliers. Il
faut donc mettre un O pour initiale, au lieu d'un B, au nom
de Tabbé de Dalon qui fit, en 4480, la sépulture de Ooiilfier
de Las Tours, d'après le chroniqueur de Vigeois. Baluze rapporte
dans son Histoire de Tulle (col. 489-492] , d'après le cartulaire de
Dalon, un acte de transaction passé à Tulle en 4 480, et ménagé
par l'abbé de Tulle et Sébrand, évêque de Limoges, entre lui
et Isambert, abbé de Saint-Martial de Limoges. Il augmenta
beaucoup les biens de son monastère, et il figure dans divers
actes de 448t, 4 482, 4 486, 4487, 4488, 4489. OnlitdansMartène
(Anecdbt.j T. IV, col. 426?) que, au chapitre général tenu & Cl-
teaux en 4490, pour avoir consenti & laisser faire un cimetière
dans une grange ou ferme régie par des moines, l'abbé de
Dalon et les dignitaires de sa maison furent condamnés & six
jours de pénitence, c'est-ànlire de jeûne , car l'un d'eux devait
être fait au pieiin et & l'eau. Pour cette faute légère , Gérald de
Miraumont n'avait rien perdu de l'estime de ses frères, car, dans
le môme chapitre (Hartène, ibidem, col. 4269], il fut commis
pour aller, pendant l'octave de l'Epiphanie , terminer quelques
affaires de l'ordre à Chaley, grange dépendante de Pontigny.
VIL — PiEBBB, qu'on trouve en 4 492 et 4493. — Denis de
Sainte -Marthe pense que cet abbé pourrait être Pierre de
Brenac, qui était prieur à Dalon en 4483.
VUL ^ ÂRBBBT avait été abbè de Notre-Dame du Palais
près Bourganeuf , comme le constate un acte de donation fait
par Bernard de Pairac, en 4 494 , dans l'abbaye même du palais.
Il faut donc dater de la même année, avec Bonaventure de
Saint-Âmable et Nadaud, l'acte de donation de la dîme du
Mas-Ubert faite à Arbert, comme abbé de Dalon par Oaubert
deSouillac, abbé de Solignac, et que, d'après Denis de Sainte-
Marthe, j'ai rapporté à Tannée 4493. (Voir ma Notice sur Soli-
gnac, p. 30.) Il figure encore comme abbé de Dalon dans une
charte d'Âimeric Bruni , en 4496. Le Père Bonaventure dit qu'il
mourut en 4496.
IX. — Jean II de Colongbs , auquel , en janvier 4496, Ar-
9G. ABBAYE DE DALON.
chambaiid , vicomte de Comborn , accorda des privilèges pour
Dalon. Ed 4198, Agnès de Las Tours, abbesse de La Règle, à
Limoges, lui donna quelques terres pour Dalon. En 1204, le
chapitre général de Cîteaux le commit pour régler des affaires
de Tordre. Dans le cartulaire de Dalon , on le retrouve encore en
4209; et, dans le même cartulaire, on trouve aussi le suivant
pour Tannée 4209.
X. — Guillaume II, 4209. Par une lettre du 43 juin 4243, le
pape Innocent III le chargea, avec Girard de Gros, archevêque
de Bourges, et Jean de Veirac, évêque de Limoges, de faire
exécuter la sentence des délégués du Saint-Siège qui confirmait
Télection de Bernard V de Ventadour, abbé de Tulle. En 4242,
Guy de Galle lui fit don de 42 deniers de cens, en présence
d'Etienne de Baissac , prieur de Dalon. D'après le cartulaire ,
Guillaume II siégeait encore en 4224.
XL — Bernard, que le Père Bonaventure surnomme de
HoussiLLON, et qui , d'après Denis de Sainte-Marthe, se nommait
Gaudini, aurait été prieur de Dalon en 4218 et 4220, et reçut le
titre d'abbé en 4223. Jean d'Excideuil concéda, en 4224, à cet
abbé, pour son monastère, le droit de pacage dans toute
Tétendue de ses terres. C'est apparemment lui que, en 4225, le
chapitre général de Cîteaux chargea de terminer quelques
différends entre l'abbé de Guitmon et celui de Grandselve.
XII. — Guy De Malafatde, d'une maison distinguée du
Limousin, avait été prieur de Dalon en 4224 et 4224; il y
siégeait comme abbé en 4228 et 4229. Il se démit, car, dans un
acte passé en 4230 en faveur du suivant, B , il est dit que
Guy, son prédécesseur, était présent; et, dans un autre acte
passé en 4234 à la fête de sainte Lucie, vierge, acte de conci-
liation entre B , abbé de Dalon, et Ébrard de Telhol, ce
même Guy est dit jadis abbé, et il sert d'arbitre avec Adhémar
deRinhal, prieur, et G. de Banhac, frère convers.
XIII. — B , que Nadaud croit être Bernard Gaudini, et
que le Père Bonaventure surnomme ainsi, 4230, 4234, 4234, ne
siégea pas jusqu'en 4240, comme le rapporte Denis de Sainte-
Marthe ; car
XIV. — P , que Bonnaventure nomme Pierre II, figure
ABBATB DB DAIjON. 97
dans un acte en 4238, à moins que, au lieu d'un P, il faille
lireB; et, en effet, en 1239 et 1240, on retrouve Tinitiale B.
Cependant, avec Nadaud, je maintiens ces deux rangs, que
Denis de Sainte-Marthe a supprimés.
XV. —B , 4239-1240.
XVI. — Jean III db UMaass, prieur en 1242, figure comme
abbé le 45 février 4244 et en 4247.
XVII. — Guillaume III, 4254.
XVm. — Martin, 1256. — Est-ce lui, dit Nadaud, qui fut
commis par le chapitre général de Cîteaux eu 1258 pour
quelques affaires de Tordre?
XIX. — Guillaume IV, en 1278, vendit aux frères de Notr&*
Dame de La Peyrouse en Périgord 2 sous de rente , qu'il avait
sur une maison située au Puy-de-Saint-Pront. Son nom se trouve
dans un manuscrit de Dalon pour Tannée 4284 .
Le 24 août 1285, Simon de Beaulieu, archevêque de Bourges,
faisant la visite du monastère, y fut reçu processionnellement ,
et y consacra deux autels, Tun en Thonneur de saint Bar-
thélémy, Tautre en Thonneur des apôtres saint Simon et saint
Jude. Il y entendit la messe, donna la confirmation et la ton-
sure, puis y coucha aux dépens de Tabbaye(1].
XX. — Piebbe III , qu'un manuscrit de Dalon mentionne en
1314, et que le Père Bonaventure a trouvé dans un autre ma-*
nuscrit du monastère siégeant en 1326.
XXI. — Baymond I«', en 1362, d'après un manuscrit de Dalon.
XXII. — Aymbrib donna commission, en 1374, pour faire la
visite du monastère de Notre-Dame du Palais.
(1) « Die veaeris sequenti, in festo beati Bartholomœi, venit Dominus
apud Dalon, abbatiam cisterciensem , ubi reoeptus fuit processionaliter ut
supra. Et duo altaria in ecclesia dicti loci consecravit, unum in honore
B. Bartholomsei , et aliud in honore apostolôrum Simonis et Judse. Audivit
missam , oonfirmavit , et fecit tonsuras , et pernoctavlt ibidem , ad ex-
pensas abbatiœ. Non fuit computatum de expensis. » (Baluze, MisceUa-
nearum. T. IV, p. 288.)
7
98 ABBATB DR DALON.
XXIII. — Raymond II, officiai de Tévêque de Limoges, puis
abbé de Beuil au môme diocèse en 1379 , et avec cette qualité et
le nom de Regnadld, commissaire général de Tévèque de
Limoges en 4386. Nommé abbé de Dalôn en 4387 , son procureur
reconnut, le 43 janvier 444 4 vieux 5tyfe(4442), que le monastère
de Dalon devait annuellement 50 sous à l'abbé de Saint-Martial
de Limoges.
XXIV. — Etienne fit, en 4435 , un accord avec Hélie, abbé
de Notre-Dame de Gros-Bos, au diocèse d*Angoul6me. D'après
un manuscrit de Dalon, il obtint, en 4439, une bulle contre
les détenteurs des biens du monastère.
XXY. — Maffbbdus commit, en 4457, deux ecclésiastiques
du diocèse de Limoges pour faire la visite dans les monastères
de sa dépendance.
XXVI. — Freno Hblib db Ck)LONGEs, abbé en 4463, fit faire
des reconnaissances en 4474 et 4 480. Quoique Nadaud lui donne
un r^ng spécial, il pense qu'il est la même personne que le sui-
vant , premier abbé commendataire : pour mon compte , je n'en
doute pas, parce que Jean ne fut nommé premier abbé com-
mendataire qu'en 4 482 : or, d'après un titre communiqué par
M. Sanson de Royère à Legros, un Jean Hélie était abbé de
Dalon le 5 novembre 4479, époque oii noble Louise de Royère
donna procuration au curé de Royère près La Roche-F Abeille
et à deux de ses parents pour percevoir en son nom la somme
de 800 livres due par cet abbé, et déposée entre les mains de
Barthélémy de Dinxande , sieur du Guilhe.
Abbés commendataires.
XXVI bis. — Jean IV, Hélie de Colonges, fils d'Antoine Hélie
de Colonges , chevalier, seigneur de Chabrignac, et d'Isabelle de
La Goublaye, dame de Piégut et du Bourdeix sur le diocèse de
Limoges, mais dans la province de Périgord , licencié en décrets,
protonot^ire du Saint^ége, prieur d« Bussière-Badll au diocèse
de Limoges, aujourd'hui canton, arrondissement de Nontron
(Dordogne), et deMontberon au diocèse d'Angoulênxe en 4 484 ,
chanoine de la calhédraJe de Limoges ei de oelle d' Angoulême ,
fut Qommé, en 4 482, abbé commendataire d« Dalon, oii il fit
faire un terrier. Le 25 septembre 4540, Jean, roi de Navarre,
ABBAYE DR DALON. 99
lui permit de faire bàtlr une maison forte à Foilhade au diocèse
d'Aûgoulême. Il acheta le fief de Belleville dans le môme
bourg en <5U, et cduî de Maisonnaîs près' le château de La-
vauguyon. On le trouve abbé de Saint-Pierre de Tourtoirac en
Périgord en U89, 4 498 et 4 430, et Denis de Sainte-Marthe dit
qu'on lui réproche d'avoir laissé en confidence ladite abbaye de
To'uftoîrac, en 4547, à deux domestiques de MM. de Sedières,
Orlat et Bûche.
P.r acte du 4 septembre 4530, reçu La Jamme, il avait fondé
quatre vîcairies dans Téglîse de Bussière-Badil. Par son testa-
ment du 6 avril 4534, il demande à être enterré dans la cha-
pelle de la Sainte-Vierge , qu'il a nouvellement fait bâtir dans
réglise de Bussière-Badil ; puis qu'on appelle pour sa sépulture
cinq cents prêtres; pour la messe ùq requiem, chantée le 45* et
le 40' jour, sept cents, et pour l'anniversaire, treise cents. Il
paraît que, en Périgord surtout, il n'était pas impossible de
réunir un si grand nombre de prêtres ; car, à cette occasion ,
Nadaud ajoute que, par son testament du 22 mars 4523, Louise
Pastoureau , femme d'un marchand de Nontron, qui est à deux
fortes lieues de Bussière-Badil , demande trois cents prêtres à son
enterrement et aux cérémonies du 7' jour et du bout de Tan.
Jean Hélie de Colonges ne mourut qu'en 4537; mais , dès 4533, il
est dit ancien abbé de Dalon.
XXVIL — François db Las Tours, qu'on trouve dans des ma-
nuscrits de Dalon, siégeait en 4535 et 4544. Il était prieur du
Chalard près Saint-Yrieix-la-Perche, et curé de Nexon, aussi en
Limousin, en 4537 et 4543, et prévôt de Saint-Vaulry près
Guéret en 4537. Il était également protonotaire, et on dit qu'il
fit faire le chœur de Dalon. 11 revenait d'un pèlerinage à Notre-
Dame de Rocamadour, dit la chronique des Frères Mineurs de
Limoges, lorsque, près de Vignols, on lui tira un coup d'arque-
buse, dont il mourut le 42 juin 4548.
XXVin. — Mathieu Lévôque , nommé db Marconkay d'après
le registre des insinuations ecclésiastiques du diocèse de Limoges,
était chanoine de Saint-Hilaire de Poitiers, où il demeurait, et
aumônier ordinaire du roi. On le trouve abbé de Dalon en 4564,
et, le 5 juin 4588, il se démit en faveur du suivant moyennant
une pension de 300 écus d'or.
XXIX. — SiMOK DE Moussy, prôtre, religieux de Notre-Dame
->/
100 ABBATB DB DALON.
des AUeus, abbaye de Tordre de Saint-Benoît, et fondée par
Giraud de Salis au diocèse de Poitiers, obtint ses bulles le
47 décembre 4584, et prit possession personnellement le 9 mai
4585.
XXX. — LÉGER MÉALBT, fils de noble Gaspard , du lieu de
Peyrou, paroisse de Siginhac au diocèse de Limoges, fit, le
48 août 4585, sa profession religieuse à Bonnaigae, abbaye de
Tordre de Cîteaux , dans la paroisse de Saint-Frigeon-le-Riche
près d'Ussel ; il fut tonsuré en 4595, et ordonné prêtre en 4596.
11 obtînt ses bulles pour Tabbaye de Dalon le 42 juin 4600,
et prit possession , par procureur, le 8 septembre suivant. Il
mourut en 4604.
XXXL — Claude Méalet, frère du précédent, et aussi
religieux profès de Bonnaigue, obtint ses bulles, pour Dalon, le
43 novembre 4604, et ne prit possession que le 4" juin 4609. En
4628, il se démit en faveur du suivant moyennant une pension
de mille livres.
XXXIL — Chables de Rochefobt, du diocèse d'Agen , fils
du seigneur de Saint-Ângel en Limousin, obtint, sous la pro-
vision, pro cufdente profiteri, le prieuré dudit Saint-Angel en
4628 seulement, et non en 4645 comme le dit Denis de Sainte-
Marthe, qui se trompe également en faisant céder par celui-ci
Tabbaye de Dalon au précédent Claude Méalet, qui, d'après lui
encore, Taurait cédée à François de La Fayette, qui suit, tan-
dis que François de La Fayette obtint Dalon en 4634 par la
démission que Charles de Rochefort fit en sa faveur.
Charles de Rochefort était clerc seulement lorsqu*il eut ses
bulles, datées du 47 mai 4628, et il prit possession le 27 août
suivant. Sous son administration , les bfttiments du monastère
tombaient tous en ruine. S'étant démis en 4634, dans un acte de
4638 il est simplement qualifié de ci-devant abbé de Dalon.
XXXllI. — François Motier de La Fayette , fils de Claude ,
seigneur de La Fayette, et de Marie d*Alègre, prieur d'Ha-
licourt au diocèse de Reims, premier aumônier de la reine
Anne d'Autriche, conseiller d'État en46S7, chanoine et comte de
Lyon , fut sacré, le 49 mars 4628, évêque de Limoges, où il vint
le 25 août suivant; il devint abbé de Dalon en 4634 par la dé-
mission de Charles de Rochefort en sa faveur, et en prit pos-
ABBAYB DB DALON. 101
session par procureur le 2 février 4635. Cette môme année 4635,
le pape, pour défendre le prieuré de Saint-Ângel contre les
confidentiaires, lui donna encore ce bénéfice, où, en 4657, U
introduisit la réforme de Saint-Maur, et qu'il résig'na, en 46^3,
au cardinal de Bouillon. — Il mourut, âgé de quatre-vingt-six
ans, le 3 mai 4676, s'étant montré excellent évoque.
XXXIV. — Louis de La Fatbttb , fils de François , chevalier,
comte de La Fayette et seigneur de Nades, et de Marie-Made-
leine , neveu du précédent, né en Poitou , et prieur de Grodet , fut
nommé le 4 i août 4676 & Dalon, ob il siégeait encore en 4742. 11
était en même temps abbé de La Orenetière au diocèse de
Luçon , et , dès 4 670 , de Valmon au diocèse de Rouen , oii il
introduisit les Bénédictins de le congrégation de Saintr-Maur.
XXXV. — Pibrbb-Chablbs-Au0ustb db Boulbnne-Vignaud,
d'une famille distinguée du diocèse d'Évreux , docteur en théo-
logie, vicaire général de Châlons-sur-Marne , fut nommé à
l'abbaye de Dalon en mai 4729, étant âgé de quarante-deux
ans, et ne fut proposé en consistoire que le 24 mai 4734. Il eut
ses bulles le 24 septembre de cette dernière année, et prit pos-
session, par procureur, le 45 novembre suivant.
XXXVI. — Jban Certain, du diocèse de Châlons-sur-
Marne, docteur de Sorbonne, théologien du roi auprès de
l'ambassadeur à Rome,. vicaire de la stipendie de Sainte-Ma-
deleine dans l'église de Meaux et de Saint -Corneille au
diocèse de Soissons, obtint ses bulles le 42 avril 4734, et prit
possession, par procureur, le 49 décembre suivant. Il mourut
en 4783.
XXXVII. — DE RoTÈBE, aumônier de M"* Adélaïde de
France, nommé le 4 novembre 4784, figure encore dans le
Calendrier de limoges four 1794.
Soubces : Geoffroy de Vigeois, apud Labbe, p. 345, 325,
337. — Bernard Ouidonis, apud Labbe, Bibliotiieca nova, T. I,
p. 638. — Martène, Amplissima cMectio, T. VI, col. 989-4006;
Anecdolarum, T. III, col. 426, 995. 4266; T. IV, coL 4267, 4269,
434 4, 4344. — » Estiennot, AntiquiUUes benediciinœ diœcesis Engo-
lismensis, p. 420; GaUia christiana de Claude Robert, p. 567;
Gattia chrisliana velus, T. IV, p. 326; GaUia christiana nova.
102 ABBATfi DE DALON.
T. I, col. 262, 263; T. 11, col. 847, 280, de 623 à 628, 631,
4424, U34, 4496, 4497; T. III, aux additions, pour Tabbè
Mat. Levêque; T. V, eux additions, col. xxxviii. — Bonaventure
de Saint- Amable, Histoire de saint Martial, T. III, p. 446-450.
— Simplicien, Histoire des grands officiers de la couronne, T. Vil,
pour Tabbé Henri. — Fleury, Histoire eocUsiasH^e, L. LXVl,
n*» 45. — Nain, Essai historique sur l'ordre de CiteauXj T. Il,
p. 464. — Les Bolandistes, Acta Soiietorum, T. I de mars,
p. 804. — Baluze, Miscellanea, édition in-8, T. IV, p. 95, 414,
420, 288; Historia Tuteknsis, p. 444, 447, 475, 489; Histoire gé-
néalogique de la maison d'Auvergne ,T. I , p. 299. ^ Justel , Histoire
de la maison de Turenne, aux preuves, p. 64, 65. — Hugues de
Saint-Cyr, Manuscrits de la Bibliothèque impériale. — Le Long,
Bibliothèque historique de France, n*" 42,468. — Innocent III, Regest,,
L. 111, 45; Epist., 425. — Moreri , édition de 4759, T- HI,
p. 853, col. 2. — Registre des insinuations ecclésiastiques du
diocèse de Limoges. — Nadaud , Mémoires manuscrits pour l'his-
toire du diocèse de Limoges, T. I^ p. 4 44, etc.; T, III, p. 284;
Fouillé rayé, p. 467 et 477. — Legros, Mémoires pour les abbayes
du diocèse de Limoges.
J.-B. L. ROY DE PIERREFITTE.
Dellegarde . le ^ juin 1863.
SIMON DE GRAMAUD
PATRIARCHE D'ALEXANDRIB
La question du lieu où fut inhumé Simon de Cramaud éleva
dans le sein de notre Société dressez vives discussions, et la
renommée de ce prélat fut si répandue que nous avons cru
devoir recueillir tout ce qui Tintéresse. Simon de Cramaud fut
en effet maître des requêtes, chancelier de Jean de France
duc de Berry et de Poitou, évoque d'Agen, de Béziers, d'Avi-
ron, de Poitiers et de Carcassonne, archevêque de Reims,
patriarche d'Alexandrie et cardinal ; il fut chargé de missions
auprès des rois d'Angleterre et d'Espagne , assista à des assem-
blées de tètes couronnées et de prélats, et s'y distingua par son
savoir et son éloquence, notamment l'an 4406; il fut député de
l'université de Paris en 1394; il mourut Tan U89.
Nous nous empressons donc, Messieurs, de vous communiquer
deux actes de donation de cet illustre prélat^ inscrits l'un dans
un beau missel & Tusage du diocèse de Limoges , l'autre sur
une plaque de cuivre de l'église de Saint-Junien. Ces actes
donnent les noms de quatre parents de Simon Tisoni de Cra-
maud y et pourront présenter des dates certaines pour la généa-
logie ou la biographie de ce grand dignitaire de l'Église.
Yoilà les inscriptions , dont je rétablis les mots abrégés , et
traduis le texte latin en français (1) :
Reverendus in Cbristo pater do- Révérend père en Jésus-Christ le
minus Sjmon de Cramaôdo» loco sei^eur Symon de Cramaud, lieu
(1) La première de ces Inscription» a été relevée avec soin sur l'original , qui est ma pro-
ptWlé : ella aratritéjli été kmêtéa pu M. A«g. Da Boys due m moprapHU «matMina ; raotec
aélé ftt^Uée 4an» les B^ùmnetdM hittorifUà* snr Saini^Jumiit* , par M. Veikbé Artellol, et
d«jia le Rccwtil 4*<fU^j^<aA4 <}g M. l'abbé Texler. J'ai cru devoir néanmoins lea reproduire
dans le Bulletin k cause do Tintérêt qu'elles offrent et de la similitude de rédaction qu'on y
remarque. — M. A.
104 SIMON DE CRAMAUD,
Juxta Rupem Cavardi , ex nobilibus près de Rochechouard, fils de nobles
pâtre Petro de Cramaudo et matre personnes Pierre de Cramaud et
Martha de Sardena, ville Solem- Marthe de Sardëne, de la ville de
pniaci, diocesis Lemovicensis , ge- Solignac, diocèse de Limoges, a
nitus , dédit istud missale eoclesie donné ce missel à Téglise cathédrale
cathedrali Sancti Stephani Lemovi- de Saint-Étienne de Limoges pour
censis, ad honorem Dei et predicti honorer Dieu et ce premier martyr,
prothomartyris, orationibus minis- se recommandant humblement aux
trorum predicte eoclesie se et pa- prières des ministres de ladite église
rentes suos humiliter recommen- ainsi que ses parents. La donation
dans. Donatio autem facta fuit die en fut fkite le vingt-sixième Jour
xxvj mensis decembris, anno Do- de décembre de Tan de gr&ce mil
mini millesimo quadringentesimo quatre cent cinq,
quinto.
Cette donation était importante alors, vu la rareté des livres.
Celui-ci est un magnifique manuscrit, grand in-i"" de plus
de deux cents feuillets de beau vélin, enrichi de douze
vignettes peintes en couleurs éclatantes, où Ton peut étudier
la forme des vêtements sacerdotaux de Tépoque , des autels, etc. ;
il est orné en outre de fleurons dorés et de lettres majuscules
élégantes presque & toutes les pages, et de la musique notée de
ces siècles reculés. Sa conservation ne laisse rien & désirer.
Une apostille écrite sur un des feuillets attachés à la couver-
ture en bois peut donner une idée approximative de la valeur
de ce missel. On y lit que le chanoine Jehan de Jullien, pour
en devenir propriétaire, l'échangea avec un calice d'or pesant
six marcs d'or et six onces , la patène comprise , et que Mathieu
de JuUien , son neveu , en hérita , avec l'autorisation du cha-
pitre cathédral. Au cours du marc d'or au xv* siècle , ce poids
représente de sept à huit cents francs, sans compter la façon.
Par un hasard singulier, ce beau missel a été estimé tout ré-
cemment, à Paris, cette même somme de huit cents francs.
Certaines expressions de la dernière prière de ce livre semblent
indiquer qu'il a été écrit au monastère de Solignac : on sait
que ses moines étaient tous des artistes et habiles ouvriers.
L'autre inscription se trouve dans l'église de Saint-Junien ,
sur le pilier placé à gauche de la porte du chœur, à l'entrée :
ReverendissimuB in Christo pater Révérendisslme père en Jésus-
dominus Symon de Cramaudo, loco Christ le seigneur Symon de
quodam parochie de Bianaco Le- Cramaud, lieu dans la paroisse de
mouicensis diocesis, patriarcha Biennac, diocèse de Limoges, pa-
PATRIARCHE D'ALEXANDRIE. 105
Alexandrinus , dédit huic eoclesie triarche d'Alexandrie, a donné à
bona queqne uti solebant tenere in cette église tous les biens possédés
villa et territorio Sancti Junlani et suivant la coutume dans la ville et
aliquibus locis aliis vicinis, et territoire de Saint-Junien et quel-
quedam dominia sita in villa Sancti ques autres lieux voisins , et certains
Junlani qu» vocantur deu Brigoul- domaines situés dans la ville de
laus et ultra centum francos. Bt Saint-Junien appelés du Brigoul-
Almodia de Collibus , uxor quondam laus , et en outre cent francs. Bt
domini Pétri de Cramaude , militis , Almodie des Côtes , Jadis épouse du
firatris domini patriarchi predicti, seigneur Pierre de Cramaud, che-
ducentosscutos, utperpetuo in ipsa valier, frère du seigneur patriarche
ecdesia, in die cujuslibet mensis, susdit, deux cents écus, afin qu'à
celebreturunamissasolempniscum perpétuité, dans ladite église, un
pulsatione campanarum pro sainte jour de tel mois que ce soit , il soit
animarum suarum et parentum ac célébré une messe solennelle au son
benefoctorum ipsorum patriarche des cloches pour le salut de leurs
et Almodie. Bt ad fEtciendum pre- Ames, celles de leurs parents, et
dictum sernidwn et distribuendum mômedesbienfititeursdu patriarche
in qualibet missa canonids, capel- et d' Almodie. Pour fhire face aux
lanis et seruitoribus ecclesie, tri- frais dudit service et à la distribu-
ginta solides turonenses ; et capi- tion à chaque messe aux chanoines,
tulum hujus ecdesie est bene obli- chapelains et serviteurs de l'église,
gatum. Scripta hic fuerunt hec trente sous tournois ; et le chapitre
anno Domini millésime quadrin- de cette église en contracte réguliè-
gentesimo sexto, mensejunii. rement l'obligation. Les termes de
cette donation ont été inscrits ici
l'an de notre Seigneur mil quatre
cent six, au mois de juin.
(Bibliothèque impériale, mannacrUs, S. F., 50^ , p. 174.)
Ou voit donc par ces deux donations , faites & six mois de
distance Tune de Tautre, que le patriarche d'Alexandrie Simon
de Cramaud était fils de Pierre de Cramaud et de Marthe de
Sardène, native de Solignac, et que son frère, Pierre, chevalier,
avait épousé Almodie de Coux (de Collibus).
Maubicb ÂBDANT,
Archiviate de la Hante- Vienne , officier d'académie.
Limoges, le 24 mai 1864.
TOMBE
DE L^GLISE DE SAINT-PARDOUX-D'ARNAC
PRÈS LB CHATEAU DE POMPADOUR
Je viens vous signaler» Messieurs, un des demi«rs monoments
de rémaillerie incrustée limousine, de Vapus indusoris, suivant
l'expression de Suger, si notre confrère M. Bosvîeux ne
s'est pas trompé en lisant dans la description des écussons
de cette tombe les couleurs du blason. , et en les regao'd^Qt
comme de véritables émaux » lorsque chacun sait que lea Qoa-
leurs s'expriment en gnravure par des lignes de convention. Je
réserve mon opinion jusqu'après information auprès de per-
sonnes qui auraient pu voir cette tombe si elle n'existe plus ,
ou après renseignements certains si elle existe encore.
L'inscription de cette tombe a été relevée par un auteur in-
connu , et conservée aux manuscrits de la Bibliothèque impé-
riale, S. F. 5024, P. 475.
Cet auteur mêle dans sa description le latin et le français.
Ce tumidiis cupreus, placé contre le grand autel, représentait un
évêque revêtu des ornements pontificaux. On lisait (m drcuitu
leguntur) l'inscription dont je transcris le texte, sans m*arrêter
aux abréviations. Cette expression de tt*mulus cupreus indique-
t-elle une tombe de cuivre ou seulement la plaque qui la cou-
vrait ? L'auteur n'a pas été assez explicite.
CY eÎT BÉYÉREND PÈRE EN OIBU MESSIRB GEOFFROY
DE POMPADOUR, ÉVÊQUE DU PUT EN AUVERGNE,
COMTE DE VELAT, LICENCIE EN CHACUN DROIT,
GRAND AUMÔNIER DE FRANCE, PREMIER PRÉSIDENT
DES COMPTES, CONSEILLER DES ROIS LOUIS XI,
TOMBE DE SAINT -PARDOUX-DARNAC. 107
CHABLBS YIII BT LOUIS XII , PLBIN DE PRUDENCE ,
SCIENCE ET AUTRES VERTUS; LEQUEL, APRÈS AVOIR
VÉCU LXXXIV ANS MOINS HUIT JOURS, TR]6PASSA
LE VIII* JOUR DE MAT L*AN MDXIV. PRIEZ DIEU
POUR SON AME.
Il y a quatre écussons, écartelés, au <*' et au 4% d'azur,
trois tours d'argent , deui besans d (orf), au dextrochëre
de soulevant une épée nue droite de
Maurice ÂRDANT,
Arcbivistc delà Haute- Vienne , oflBcier d'aoaddmic.
Limoges, le 28 juin 1864.
PRIVILEGES
DE LA VILLE DE SATNT-LÉONARD
1601-1602.
HENRY, PAB LA QRACB DE DlBU , ROT DE FRANCE ET DE NA-
VARRE , A TOUS PRESENTS ET ADVENIR SALUT.
Nos chers et bien amés les consuls , manans et habitans de
nostre ville et parroisse de Saintr-Léonard de Noblac en Limousin
nous ont faict très-humblement remontrer que , par nos lettres
pattentes données à Mantes le douzième jour d'avril mil cinq
cent quatre-vingt-onze, pour nous conformer à la volonté des
roys nos prédécesseurs nous leur avvions par icelles continué et
confirmé les anciens privilèges et franchises concédés par Clovis ,
premier roy chrestîen , au benoist saint Léonard , leur patron ,
son proche parent , pour sa saincteté et miracles , et successive-
ment confirmés auxdicts habitants pour les mesmes considéra-
tions par tous les roys nos prédécesseurs , de règne en règne ,
avecq exemption de toutes tailles , fouages, impôts, gabelles,
subsides, impositions et contributions quelconques mises et à
mettre sur pour quelques causes que ce soit , dont ils ont tou-
jours jouy paisiblement; que néantmoins les commissaires par
nous députés sur les règlements des tailles en la généralité de
Limoges, procédant & Texécution de leur commission, les avoient
taxés & la somme de trois cents escus, sur ce que, par nostre édict
du moys de janvier mil cinq^cent quatre-vingt-dix-huit pour
les causes mentionnées en iceluy , Nous avions revocqué tous pri-
vilèges et exemptions de nos villes , en quoy touttefois n'avions
PRlVlLéceS DE JA VILLB DB SAfNT-LioNARD. 109
entendu comprendre ceulx desdicts habitants, pour les susdictes
considérations contenues en Textraict desdicts privilèges cy
attaché sous le contre-scel de nostre chancellerie, faict par Tun
des commissaires , sur le renvoy par nous à nostre Conseil or^
donné à icelluy, le 46 febvrîer mil cinq cent quatre-vingt-dix
neuf, auxdictes fins pour nous donner advis, lequel porte soubs
nostre bon plaisir que lesdicts habitants doivent estre maintenus
et conservés en leurs franchises, libertés et privilèges. Sur quoy,
nous ayant tres-humblement supplié et requis leur vouloir
pourvoir de nos lettres à ce requises et nécessaires : à ces causes,
et de Tadvis de nostre Conseil , affin de ne desroger à Tintention
de tant de rois nos prédécesseurs et à la nostre , et pour les
mesmes considérations qui les ont mus, d'accorder auxdicts
habitants lesdicts privilèges pour la dévotion qu'ils avoient
audict saint Léonard , yssu de la maison de France , et mesme-
ment pour la singulière dévotion que la royne notre tres-chere
et bien amée espouse et compaigne a audict benoist saint Léonard,
auquel elle est vouée et recommandée particulièrement à ses
prières, et ayant aussy esgard audict advis; nous avons dict et
déclaré , disons et déclarons par les présentes , signées de nostre
main , que nostre intention n'a esté de comprendre en nostre
édict du moys de janvier mil cinq cent quatre-vingt-dix-huit
les habitants de nostre ville et paroisse de Saint-Léonard de
Noblac ; ains les avons exceptés et réservés, exceptons et réser-
vons par ces présentes et en tant que besoing seroit, leur
avons continué et confirmé , continuons et confirmons tous et
chascuns leurs privilèges et exemptions de toutes tailles , im-
positions et contributions quelconques à eux concédés par nous
et nos prédécesseurs roys par les Chartres , déclarations et con-
firmations portées par ledict extraict , pour en jouirfpleinement
et paisiblement , et en la mesme forme et manière qu'ils en ont
de tout temps bien et deument jouy et eussent pu jouir si la-
dicte révocquation n'eust esté par nous faicte , et sans y estre
troublés et empeschés en quelque façon et manière que ce soyt,
et sans que , pour le fruict et jouissance de ce , il leur soict
besoing obtenir de nous autres provisions et déclarations que
ces présentes. Sy donnons en mandement à nos amès et féaux
conseillers les gens de nostre cour de parlement & Bourdeaux ,
chambre de nos comptes à Paris , cour des aydes de Monferrand ,
trésoriers généraux de France à Limoges , esleus et controlleurs
sur le faict des aydes et tailles audict Limoges , & tous autres
1 10 PBIVILÉGSS
nos officiera quil appartiendra que ces présentes nos lettres ils
fassent lire et enregistrer, et du contenu jouir et user pleine-
ment et paisiblement , lesdicts habitans et chascun d^eux , sans
permettre qu'il leur soyt sur ce donné aucun trouble ny em-
peschement. Et , si , au moyen de ladîcte révocquatîon , ils se
trou voient taxés et compris es roi les dfe nos tailles et imposi-
tions , quelles que ce soient , les en faire rayer et efiFacer, tenir
quitte et décharger envers les receveurs de nos tailles audict
Limoges, nonobstant nostredict édîct du ïnoys de janvier et
quelconques ordonnances, restrictions, défenses et lettres à ce
contraires , auxquelles nous avons pour ce reguard seulement
desrogé et desrogeons à là desrogatoire de la desrogatoire
contenue, et, d'autant que de ces présentes ils pourroîent avoir
affaire en plusieurs et divers lieux , nous voulons qu'au vidimus
d'iceîle, deument collationné par l'un de nos amés et féaux
conseillers nottairee et secrétaires , foy soit adjouttée comme au
présent original; car tel est nostre plaisir. Et, affin que ce soit
chose ferme et establie à toujours , nous avons faict mettre notre
scel à ces présentes* Donné à Saintr-Germain-en-Laye , au moys
de novembre. Tan de grâce mil six cent un, et de nostre règne
le treizième. Signé : Hbi^y.
Scellé du grand scel en cire verte , en soye rouge et verte. Et
sur le replict est escript : a Par le Roy : signé kvz& ». Registre en
la chambre des comptes , ouy le procureur général du roy , pour
jouir par les impétrans de Teffect et contenu en icelles, comme
ils en ont cy-devant bien et deument joui. Le quinzième jour de
décembre mil six cent un. Signé Daves. Registre en la cour des
aydesde Mont-Ferrand , ouy sur ce le procureur général du roy,
pour jouir par les impétrans de l'effect et contenu en iceltes,
comme ils en oitt bien et deument joui cy-devant, suivant
rarpestdeladicte cotrr de ce jourd'hui treizième febvrîer. Signé
Dumas. Registre suivant Tarreât de la cour pour jouir en paix
lesdicfs impétrans de Teflfect et contenu en îcelles, comme ils
en ont cy*devant bien et deument joui. A Bourdeaux, en
parlement, le dix-huit d'avril mil six cent deux. Signé de
Pontac. Et plus bas est escript: or Collationné ez originaux dont
!és coppies sont cy-dessus transcrîptes ètt la maison commune
de ladicte ville de Saint-Léonard de Noblac , exhibés par les
sieurs consuls d'icdle, et eux requesrant nos lettres royaux
soubssigttés. Leefdicts- originaux , après la collation faicte , ont
estes remis et délaissés par lesdicts sieurs consuls dans le trésor,
DE LA VILLE DE SAINT-LÉONARD. Itl
cejourd'htiy premier juin mil six cent deux. Signé : Gaston,
nottaipe royal , et Raux , nottaire royal. >
Signé : Lbvassor.
1604.
HENRY, ï»Aa Là GRACB DE Dieu, rot m Franck et d* Na-
varre, A NOS AMES BT VITAUX CONSEILLERS LES OENS DE NOS
COMPTES A Paris et trésoriers oéNÉRAux de France establis
A Limoges , sALtT. Ayant faict veoîr en nostre conseil la te-
qneste à tious présentée paf nos chers et bien amés les consuls
et habitans de nostre ville et paroiôse de Saint-Léonard de
Noblac en nostre pays de Limousin , à ce que, attendu que par
nos lettres-patentes du moys d'aoust mil cinq cent quatre-
vingtr-onze , nous leur avions accordé ta confirmation de leurs
privilèges et exemptions de touttes tailles, subsides et impo-
sitions pour la mesme considération qui avait meu nos prédé-
cesseurs de leur accorder lesdicts privilèges et exemptions en
faveur de saint Léonard, ysseu du sang de France, leur
patron , aussy que nous les avions excepté de Tédict du moys
de janvier mil cinq cent quatre-vingt-dix-huit, en faveur de
la reyne nostre tres-chere compaigne et espouze , pour la sin-
gulière dévotion qu'elle a audict saint Léonard , il nous pleust les
décharger du paiement de la somme de quatre cent cinquante
livres , à laquelle ils ont esté taxés par vous, trésoriers généraux
de France y pour leur part de la somme de douze mil livres
ordonnée estre levée sur les villes franches et abonnées de
ladicte généralité, et les descharger encores des impositions
qui se lèvent sur les hostelleries dudict lieu. Nous, de Fadvis d«
nostre conseil , qui a veu aussy les anciens privilèges desdicts
habitans , confirmation dUceux et nos lestres de déclaration par
eux obtenues depuis nostre édict du moys de janvier mil cinq
cent quatre-vingt-dix-huit, avons, suivant Tarrest cq'ourd'bui
donné en nostredict conseil , dont Textraict est cy attaché soubs
le contre-scel de nostre chancellerie , quitté et deschargé , quit-
tons et deschargeons par ces présentes lesdicts consuls et
habitans de nostre dicte ville et paroisse de Saint-Léonard de la
somme de quatre cent cinquante livres, à laquelle ils ont esté
taxés pour leur part de la somme de douze mille livres or-
112 PRIVILEGES
donnée estre imposée en Tannée mil six cent deux sur lesdictes
Tilles franches et abonnées de ladicte généralité de Limoges , et
TOUS mandons et ordonnons, et expressément enjoignons que,
faisant jouir lesdicts habitants de ladicte remise et décharge,
TOUS ayez à les faire tenir quittes de ladicte somme de quatre
cent cinquante liTres euTers celuy des receveurs de nos tailles en
Teslection de Limoges qu'il appartiendra, et eux envers le
receveur général de nos finances à Limoges et tous autres, par
lesquels receveurs rapportant ces présentes avec verrification
desdits habita ns d'avoir jouy de ladicte remise et descharge,
nous voulons les susdictes sommes estre passées et allouées en la
despence de leurs comptes respectivement par vous, gens de
nosdicts comptes. Vous mandons ainsy ce faire sans difficulté,
car tel est nostre plaisir. Donné à Paris , le seizième jour de
mars , Tan de grâce mil six cent quatre , et de nostre règne le
quinzième. Signé : a Par le Boy en son conseil : L'Huillieb ».
Collationné à Toriginal : Lbvâssob.
1604.
Extrait des registres nu conseil d'État. — Sur la re-
queste présentée par les consuls et habitans de la ville et
paroisse de Saint-Léonard de Noblac en Limousin , à ce que ,
attendu que, par lettres^patentes du moys d'aoust mil six (4}
cent quatre-vingtK)nze, la confirmation de leurs privilèges et
exemptions de toutes tailles subsides et Impositions leur estre
accordée par le Roy pour la mesme considération qui avait
meu ses prédécesseurs de leur accorder lesdicts privilèges et
exemptions en faveur de Saint-Léonard, yssu du sang de
France, leur patron, et de leur fidélité, ainsy que Sa Majesté,
par autres ses lestres-patentesj^u moys de novembre mil six
cent un, pour la singulière dévotion que la royne a audict
saint Léonard , les avait exceptés de l'édict du moys de janvier
mil cinq cent quatre-vingt-dix-huit, qui révocque tous privi-
lèges, il pleust àjladicte Majesté les descharger du paiement de
la somme de quatre cent cinquante livres, à laquelle ils ont
été taxés par les trésoriers généraux de France à Limoges pour
(1) Erreur de copie : lire mil cinq cent quatre-vingt-onze.
DB LA VILLE DB SAINT-LKONARD. 113
leur panri de la Mnrnne de douze mille litres ordannée estre levée
sur les viUeis fraûdheè et abonnées de ladicte généralité, et les
descharger aussy des impositions qui se lèvent sur les boetet-
leries dudict lieu. Yeu les copjries côllationfrées des anciens
privilèges des suppliants, confirmation dlceux, faicte par Sa
Majesté, ^ lettres de déclaration par eux obtenues depuys
ledict édict du moys de janvier mil cinq cent quatre-vingt-dix-
huit, LE Roy en son conseil a ordonné et ordonne que lesdicts
consuls et habitans de ladicte ville et paroisse de Saint-
Léonard seront tenus quittes et deschargés de la somme de
quatre cent einquante livres, à IiT^uelle ils ont été taxés pour
leur part de la somme de dotsze mille livres ordonnée estre im-
posée en l'année mil six cent . deux ssr les villes franches et
abcMinées de la généralité de lixto^ei^. Faict au conseil d'Bstat
du royy tenu à Paris ^ le seizième jour de mars mil six cent
quatre. Signé : L'Huillibè.
Coliàtionnè à l'original : Signé : Lkvassob.
Yeu PiKB hk eHAMBSB vSb LBfitaÈs^ATTBNTEs Tfv RoY, don-
nées à Paris y le smieœe jour de marsf derdîer, cognées par le
roy en son conseil : L'HuilIibb; oMemzœ piÉr lee consuls et
habitans de la i?ille et paroisse de Saint-LéoniJPd de Noblac àtf
pays de limouzin, par lesquellee Sa Mlqesté, de Fadvis 4e
sondict conseil, qui a veu les anoren» privilèges deedictâr
habitans, confirmaition d'iceux et lettres de déclaracioû
par eux obtenues depuys ledict sajoye de janvier (mil einq teûi)
quatre-vingt-dix-huit, les » quittés* et deschatgés de ta soâttde
de quatre eent cinquante livres y à lêiqudlé il9 ovkt été taxés pour
leur part de la somme de douze mille livres ordonnée estre' im-
posée en Tannée mil six eent deux sur les villes flranchels et
abonnées de la généralité de Limoges,, et mande à ladicte
chambre que, les faisant jouir de ladicte remise et descharge, elle
ayt à les faire tenir q^uittes de la somme de quatre cent cin-
quante Irvpes envers eeluy des reéeveiirs des taiDés^ dadict
Limoges qu'il appartiendra , et eux envers le receveur général
et touB autres ainsy que contienne {aie) let^ietes lettres. Veu
ainsy ledict arrest du conseil y attaché soube le Contre-sdel ,
requeste présentée au roy par les impétrans «flain de vérifi-
cation desdictes lettres, conclusione du procureur général da
roy, et tout cotisidéré, la chambre en enthérinaût leédictes
8
114 PRIVILécES
lettres , a ordonné et ordonne <iue les impétraos jouiront de la
décharge portée par icelles. Faict le ving^t-huitieme jour d'avril
mil six cent quatre.
Extraict des registres de la chambre des comptes.
Signé : Le Prévost.
1610. - (Louis XlII.)
LOUIS, PAR LA ORAGE DE DlETJ, ROY DE FRANCE ET DE NA-
VARRE, A TOUS PRésENS ET ADVENIR, SALUT. Nos chers et bien
amés les consuls , manans et habitans de nostre ville et pa-
roisse de Sainct-Léonard de Noblac en Limouzin nous ont faict
remonstrer qu'il a pleust aux roys nos prédécesseurs , mesme à
nostre tres-honoré seigneur et père , leur octroyer et confirmer,
au moys de novembre mil six cent ung , leurs privilèges , fran-
chises , immunités et exemptions dont l'extrait et copie colla-
tionnée est cy-dessus attachée sous notre contre-scel , desquels
ils ont du depuis jouy et usé. Toutesfoys ils craignent que, s'ils
n'avoient confirmation de nous , ils y peussent estre troublés à
l'advenir, pour à quoy remesdier ils nous ont tres-humblement
supplié leur confirmer et continuer. Nous, à ces causes, ayant
considéré les justes et pieuses considérations qui ont meu le feu
roy nostre tres-honoré seigneur et père à concéder, octroyer et
confirmer auxdicts exposans lesdicts privilèges , franchises et
immunités, exemptions, pour les mesmes raisons nous les avons
iceux confirmés et continués , et de nostre grâce spécialie, pleine
puissance et authorité royalle , continuons et confirmons pour
en jouir par les exposans et leurs successeurs pleinement,
paisiblement et perpétuellement, tout ainsi en la forme et
manière qu'il est contenu et déclaré es dictes lettres de nostre
feu seigneur et père, et comme ils en ont bien et deument jony
et usé, jouissent et usent encore de présent, sans qu'en ce il leur
puisse estre faict ou donné générallement ou particulièrement
aucun trouble et empeschement , ores et à l'advenir. Sy donnons
en mandement à nos amés et féaux conseillers tenant nos
cours de parlement de Bordeaux , chambre des comptes à Paris,
cour des aydes à Monferrand , trésoriers généraux de France à
Limoges , président, lieutenant, eslus et conseillers sur le faict de
nos ayde:? et tailles audict Limoges, et autres nos jiisticîers et
DE LA VII LE DE SAlNT-LÉONARD. 115
officiers qu'il appartiendra que du contenu cy-dessus ils fassent ,
souffrent et laissent iceux exposans et leurs successeurs jouir et
user pleinement, paisiblement et perpétuellement, sans leur
faire ne souffrir leur estre faict ou donné ores ne pour ladvenir
aucun trouble ou empeschement contraire, lequel, sy faict,
mis ou donné leur estoit, ils le fassent mettre incontinent et sans
délay au premier estât, et de ce nonobstant toutes ordonnances ,
édicts et règlements à ce contraires , car tel est nostre plaisir.
Donné & Paris, au moys de juin. Tan de grâce mil six cent dix
et de nostre resgne le premier. Signé Louis , et sur le replict :
a Par le Roy : la reyne régente , sa mère , présente : signé PiU-
peaux >. Et sur ledict replict est escript : « Registre en la chambre
des comptes , ouy le procureur général du roy, pour jouir par
les supplians de Teffect et contenu en icelles selon leur forme et
teneur, à la charge que les eslus en feront mention en leurs
assiettes, et tireront ladicte ville au néant à cause de leurs pri-
vilèges. Le quinzième jour de juin mil six cent dix. Signé
Contentor, Bourlon et de Lafoti, Et à costé est escript visa, et sur
ledict replict est escript : « Registre en la cour des aydes de
Monferrant, ouy sur ce le procureur général du roy, pour
jouir par les consuls , manans et habitans de ladicte ville et
paroisse de Saint-Léonard de Noblac du contenu en icelles selon
leur forme et teneur, suivant Tarrest de ladicte cour de ce jour-
d'hui vingt-deux jour de novembre mil six cent dix. Signé
MofUartier, avec pi^raphe. »
1636, - (Louis Xlll.)
Louis, PAR LA QBACB DE DlBU , ROT DE FRANCE ET DE Na-
VABRB, A TOUS PRiâsBNS ET ADVENIR, SALUT. Nos chers et bien
amés les consuls et habitans de nostre ville et paroisse de
Saint-Léonard de Noblac en Limouzin nous ont faict tres-hum-
blement remonstrer que, par nos lettres-patentes données à
Paris au moys de juin mil six cent dix, pour nous conformer à la
volonté de notre tres-honoré seigneur et père, et des roys nos
prédécesseurs, nous leur avions par icelles continué et con-
firmé les antiens (m) privilèges et franchises concédés par
Clovis , premier roy crestien , au benoist sainct Léonard , leur
patron , son proche paran , pour sa saincteté et miracles , et suc-
cessivement confirmés auxdicts habitants pour les mesmes
116 PRIVILEGES
coDsidératioDd de leur fidélité par tous les roysnos prédécesseurs,
de rei^een reigne, aveq exemptioa de touttes tailles, fouages,
imposts, gat)elle8, subside^, impositions et coDt?ibutloQs quel-
conques mise^ et à mettve sus, pour quelque cause que ce soît,
dont ils ont tcFUsjours jouy; que néaotmcnngs les esleus de
Limoges les avoiant taxés à la somme de sq^ mil neuf cens
cinquante^ept livres sur ce que , par nostre édict du moys de
janvier mil six cens trente-quatre , pour les causes mentionnées
en ieellui , nous avions révoqué tous privilèges et exemptions de
nos villes en qu&y touttesroys navions entendu comprendre
ceux desdicts habitants pour les susdictes considérations con-
tenues en l'extraict desdicts privilèges sy attaché f^ubs 1«
fontre-scel de nostre chancelerie , sur quoy nous ayant très-
humblement suplié et requis leur vouloir pourvoir de nos
lettres à ce requises et nécessaires, -r- A cbs câvses, de
Tadvis de nostre conseil, affin de ne desroger à Tintention de
tant de roys nos prédécesseurs, à celle de nostre tres-honorè
.^eigneur et pore et à la n6tre , et par les mesmes considéf atioas
qui les murent d'accorder auxdicts habitans lesdicts privilège»
pour la dévotion qu'ils avoient audict saint Léonard , yssu de
la maison de France , Koors avons dict et déclaré , disons et
déclarons par les présentes, signées de nostre main , que nostrcr
intention n'a esté de comprendre en notre édict du moys de
janvier mil six cent trente-quatre lesdicts habitans de nostre
ville et paroisse de Saint-Léonard de Noblac ; ains les avons
exemptés, réservés, exemptons et reservons par lesdictes
présentes, et, en tant que besoing seroit, leur avons continué
et confirmé , continuons et confirmons tous et chascuns les pri-
vilèges et exemptions de touttes tailles, impositions et contri-
butions quelconques à eux concédées par nostre tres-hgnoré
seigneur et pare, nous et nos prédécesseurs roys, par les
Chartres, déclarations et confirmations portées par ledict
extraict pour en jouir plainement et paisiblement, et en la
mesme forme et n^aniere qu'ils en ont de tous tams bien et
deument jouy et eussent peu jouir, sy ladiote révoquation n'eut
esté par nous faicte, sans y estre troublés et empeschés en
quelques façon et manière que ce soict, et à ce moyen voulons
que par nos eslus dudict Limoges lesdicts suppliants soient
déchargés des sommes es quelles ils les avoient taxés et
cotizés par les rooUes desdictes tailles, et ce taqt envers le
receveur d*icelles et autres, comme de faict nous les en avons
DE LA VILLE De 8Â1MT-LB0NARD. 117
deBchargés et deschaFg^ons p^r lesdietes présentes , et sans que
|X)ur Teffect et jouissanee de ce il leur soict beeoing obtenir de
nous autres provisions et déclarations que lesdietes présentes.
S; donnons eo mandement h nos amés et téeniTL conseillers les
gens de nos comptes à Paris et de nostre cour de parlement de
Bourdeaux, cour des aydes à Clermont-Ferrand , trésoriers de
France à Limoges et eslus et controUeurs sur le faict des aydes
et tailles audict Limoges et autres nos officiers qu'il appar-
tiendra , chascun en droict, soyt que les présentes nos lettres ils
fassent lire et enregistrer et du contenu en icelles jouir et user
pleinement et paisiblement lesdicts habitans et chacun d'eux ,
sans permettre qu'il leur soict sur oe donné aucun trouble et
empeschement , nonobstant nostre édiet du moys de jauTier mil
six cent trente^uatre, quelques ordonnances et restrainctions,
deifenses, lettres, arrêts et taxes & ce contraires, auxquelles
nous avons pour ce regard seulement desrpgé et desrogeona à
la desrogatoire y contenue , et d'autant que de ces présentes ils
pourront ayoir affaire en plusieurs et divers lieux, nous
voulons qpe au vidfmus dMcelles , deuement coUationné par un
de nos amés et féaux eonseillers nottaireç, sincère foy soit
adjouttée comme au présent original ; car tel est nostre plaisir.
Et , affln que ce soit chose ferme et establie et à tous jours , nous
avons faict mesl^e nostre scel à ces dictes présentes, données &
Chantilly au moys d'aoust, lan de grâce mil six cent trente**
cinq, et de nostre règne le vingt^sixieme. Signé Louis, et sur
le replict : « Par le roy, PiUpeaux ». Et scellé sur lacs de soye du
grand scel de cire verte, plus sur le replict est escrit : c Regis-
trées en la chambre des comptes , ouy le procureur général du
roy, pour jouir par les impétrans de Teffect et contenu en
icelles oomme ils en ont cy*devant bon et duement jouy et usé,
jouissent et usent encore à présent, le trente et uniesme et
dernier d'aoust mil six cens trente-cinq. Signé BourUm ». Et à
costé est escript : wsa. Plus sur ledict replict est escript :
a Registrées en la cour des aydes de Clermontr-Ferrand , ouy Iç
procureur général du roy, pour jouir par les impétrans de
re£Bèct et contenu en icelles comme ils en ont cy-devant bien
et duement jouy et usé , jpuissent et usent eneo^e à présent ,
saivant l'arrêt de ladiote coup de ce jourd'hui vingt-rquatrieme
septembre mil six oent trentei-cinq. ^igné Montorner^ 9 . Et sur
ledict replict est escript : « Enregistrées es registre du bureau des
finances à Limoges, suivant Tordinaire et attasse de messieurs
118 PiilVILéGE«S
les trésoriers à eux délivré la coppie signée des susdicts trésoriers
greffiers, le troisième décembre mil six cent trente-cinq , faîct
le cinquième dudict moys et an. Signé Mauplan ». Et sur ledict
replict est escript : « Registre es registres de la cour de Teslection
du hault Limovsin, à Limoges, suivant la seutence de messieurs
les esleus en icelle , ce jourd'huy dernier décembre mil six cent
trente-cinq. Signé : db Maqn^in , greffier. 9
1643. - (Louis XIV.)
Louis, pâb lâ grâcb de Dieu, roy de France et de Nâ--
VARRE , A tous présbns ET ADVENIR , SALUT. Nos chers et bien
amés les consuls, manans et babitans de nostre ville et paroisse
de Saint-Léonard de Noblac en Limousin nous ont faict re-
monstrer que les roys nos prédécesseurs leur ont donné plusieurs
privilèges, dons, octroys, concessions, exemptions, libertés
et coustumes, ainsi qu'il est spécifié es lestres qui leur ont
esté accordées et confirmées successivement de temps depuys
Clovis, premier roy chrestien , qui a octroyé lesdicts privilèges
en considération de la saincteté et miracles de saint Léonard ,
leur patron , son proche parant, lesquels privilèges leur avoient
esté confirmés par le feu roy nostre tres-honoré seigneur et
père, que Dieu absolue, par ses lettres du moys de juin mil
six cent dix, et au moys d'aoust mil six cent trente-cinq. En
vertu desquelles ils ont toujours jouy desdicts privilèges,
exemptions, dons, octroys, libertés, concessions et coustumes ,
jusques à présent que craignant d'y estre troublés, ils nous ont
supplié leur accorder nos lestres de continuation et confir-
mation sur ce nécessaires. A ces causes, voulant favorablement
traiter lesdicts consuls, manans et babitans en considération
des mérites dudict saint Léonard , duquel ils envoyèrent des
reliques à la royne, nostre tres-honorée dame et mère, durant
qu'elle estoit grosse de nous, sçavoir faisons que, de l'advis et
recommandation de nostre dicte dame et mère, nous avons
auxdicts consuls, manans et babitans, de nostre grâce spécialle,
pleine puissance et authorité royalle, confirmé et confirmons par
ces présentes , signées de nostre main , tous et chascun lesdicts
privilèges , dons , octroys , libertés et coutumes , pour en jouir
par lesdicts consuls, manans et babitans de la ville et pa-
roisse de Saint-Léonard et leurs successeurs tous ainsy qu'ils
DE LA VILLE DE SAINT-LEON A RO. 119
en ont cy -devant bien et deument jony et usé, jouissent et
usent encore de présent. Sy donnons en mandement à nos
amés et féaux conseillers les gens tenant la chambre des
comptes à Paris, cour du parlement de Bourdeaux, cour des
aydes à Clermont-Ferrand , trésoriers généraux de France à
Limoges, président et lieutenant et esleus en Teslection dudict
Limoges et à tous nos autres officiers et justiciers qu'il appar-
tiendra que de nos présentes lettres de continuation et confir-
mation ils fassent, souffrent et laissent jouir lesdicts. consuls,
manans et babitans et leurs successeurs, paisiblement et per-
pétuellement, et d'autant que de ces présentes ils pourroient
avoir affaire en plusieurs et divers lieux, nous voulons qu'au vi-
dimus d'icelles, deument collationné par un de nos amés et féaux
conseillers, nottaires, secrétaires, foy soit adjouttée comme au
présent original, car tel est nostre plaisir, nonobstant tous
édicts, déclarations, ordonnances, arrests, deffenses et lettres
auxquelles nous avons desrogé pour ce regard seulement , sans
tirer à conséquence ; et , affin que ce soit chose ferme et establie
à toujours , nous avons faict mettre nostre scel à ces dictes pré-
sentes. Donné à Paris, au moys de décembre, l'an de grâce
mil six cent quarante-trois, et de nostre règne le premier.
Signé Louis, et sur le replict : c Par le roy : la royne régente sa
mère présente : Letellier ». Et sur ledict replict: « Registre en la
chambre des comptes, ouy le procureur du roy, pour jouir par
les impétrans de l'effect contenu en icelles ainsy qu'ils en ont
«:y-devant joui et usé, jouissent et usent de présent, le 93* jour
de décembre mil six cent quarante-trois. Signé Bourloni», Et sur
le replict : « Lesdictes lettres ont esté registrées au greffe de la
cour des aydes de Clermont-Ferrand , suivant l'arrest de ladicte
cour, ce jourd'hui sixième mars mil six cent quarante-quatre.
Signé MorUorlier ». Et scellé d'un grand sceau en cire verte à
doubles lacs de soye rouge et verte.
Collationné & l'original : Signé : Lbvassor.
Retirés lesdicts privilèges de monsieur Christophe Tessiers par
messieurs maistres Jean Le Bloys, Léonard de La Chassagne,
Léonard Veyrier, Etienne Beaure , Louis Beaure , Jean Olaudet ,
consuls en charge l'année 1691.
120 PRlVILI^fîES De I.A YFLLB DE SAlNT«LBOflARD.
Nous Bveri» parlé dand mitre Vie de sednt Léonard ( p. 266) des
anciens privilèges de la ville dé Noblltc. Nous en atons în-^
diqué Torigitie^ et mnàs avons lâontré qtie, depuis lé règne de
Philippe I" Jusqu'à celui de Louis XV, des dipl&mes rojaux
garantissaient aux habitants la jouissance de ces privilèges.
Une première atteinte y avait été portée en 4660 , comme on le
voit par lîn arrêt du Conseil d'État porté sous le rëgjie de
Lomis XY : il était dit dans cette ordonnance ( éb date du
6 février 47il5) ^n» les habitstnte « jotrîroiéut à Favetâr de
rexemption de toutes taillei^ et cttle^ y jointes, dé quelque
natufe et qualité qu'elles pussent être, i/ l'exception dé la
capitatif«Ma,, et en payant par e»:i anniiellemént 1« somme de
mille Hvres, pour leiin' tenir lien de toute taille; et en outre en
conltibufeint pa? eux à proportion ati paiement déé^ autréi^
sommes qui lèwr séroient demandées poUr le quartier d'hiver,
fodrtage et usténmk^,; ainsi qu'Us y mit eonirUnêé onmtelkmeiU
depuis Vantiée mil siss- cent soiccante (4) ».
Loui» XVI te saà«tk)ùna pas les privilèges de la ville de
Neblae. NoûS' ne savotis pa^ si les habitante fofnmlèrent letkr
demande acoontumée; mais tend sfeosmés certain que l'in-
tendant Turgot ^ précurseur dé 89, éùtécAVté leur réclamation
par une fin de non-rocevoir. Du restée deu> ane après le départ
deTurgol, en 4777, l'abbé du Mabaret écrivait dans la ville de
Saint-*LéoiMLrd lée lignes suivantes : « Cette ville jouisBait de
plusicfare beaux privitégés : es^nption de taillé f franeUse de
logeaient des gens de guerf« ; ^^ il ne lui en rei^ guère que le
80Uli?nir (2) ir.
L'abbé A^fiBBLLOT.
(1) Vie de saùU Léonard, p. 269.
(2) Rémion ms. duDictùmnairede TrétowCf art. SAiNT-LéONABD.
BIOGRAPHIE
DB
M. LE BARON GAY DE VERNON.
Messieurs ,
L'année dernière , au mois d'avril , mourait à Saint-Léonard
Tun des membres fondateurs de notre Société, M. le baron Gay
de Vernon. De 4846 à 4863, il n'avait jamais cessé d'éclairer
de ses conseils et de soutenir de son travail cette Société , qu'il
pouvait un peu regarder comme sa fille. En effet il l'avait vue
naître , il l'avait vue grandir, et, parmi les quarante-six fonda-
teurs qui s'engagèrent à la faire marcher droit sur le chemin
difficile de l'archéologie, il n'en est peut-être pas un qui ait
tant tenu à justifier son double titre de père et de parrain.
N'était-il donc pas juste qu'au mois d'avril 4863 une voix
s'élevftt dans cette enceinte pour célébrer le vieux soldat,
l'écrivain patriotique , le collègue aimable et bon ? L'homme
qui a écrit la vie de Jourdan , de Gay-Lussac , de Vergniaud
et de Bonneval devait-il manquer d'un biographe ?
Le biographe fut choisi; mais la maladie l'arrêta, et, par
une négligence que nous déplorons tous , un an se passa sans
qu'on songeât à lui choisir un successeur.
Aujourd'hui , Messieurs , désigné par vous , je viens prendre
la place de M. Buben, et remplir une t&che qui m'est agréable à
deux titres : et d'abord il m'est doux de parler d'un écrivain
sérieux , dans la poitrine duquel battait un vrai cœur limousin ;
9
124 BIOGKAPHIE
mère aux tragique» événements qui rendront impérissables les
dernières années du siècle dernier, il portait* en lui-môme tout
un trésor de souvenirs, et l'ouvrait à ses amis avec la bonnç
grâce d'un gentilhomme et la profusion d'un vieillard qui loue
le temps passé.
II.
Maintenant, Messieurs, que je vous ai fait connaître l'homme
aussi complètement que je l'ai pu , il est temps d'arriver au
littérateur et à Técrivain.
M. Gay de Vernon débuta dans la carrière littéraire par un
roman intitulé Ibrahim, qui fut publié, vers 1830, chez Marmi-
gnon , libraire à Limoges. C'était un épisode de nos guerres en
Egypte, et l'auteur, avec sa bonhomie et sa franchise habi-
tuelle, regardait cet ouvrage comme un péché de jeunesse.
J'arrive donc sans plus tarder au Mémoire sur les opérations
militaires des généraux Custine et Bouchard pendant les années
«92 et 1793.
Ce livre fut composé d'après les notes et les documents que
M. de Vernon trouva dans les papiers de son père, le compa-
gnon et l'ami de Custine et de Houchard : aussi , avec une piété
filiale qui l'honore, il déclare, dans sa préface, n'avoir pas
d'autre ambition que de faire passer ce mémoire pour une
œuvre posthume de son père. Quoi qu'il en soit, la lecture en
est difficile. C'est un ouvrage précis, exact, mais où l'intérêt a
été trop souvent sacrifié à la partie technique. Et cependant
quelle époque et quels hommes! Nous plaindrions-nous si
l'auteur, laissant parfois la stratégie de côté, nous eût peint
avec le langage pittoresque et familier du soldat ces volontaires
de 92 aux habits bleus « par la victoire usés » , et qui , ser-
gents la veille , généraux le lendemain, se trouvaient grands
capitaines sans s'en douter? Ce n'est pas quMl ne leur ait rendu
pleine justice ; mais on regrette qu'à ces moments-là le style
reste toujours froid , net et sec comme une figure de géométrie (4 ) .
La Vie du maréchal Gouvion-Saint-Cyr est le maître ouvrage de
M. de Vernon : j'entends pour le travail et l'étendue. 11 va sans
dire que cette Vie est ce qu'elle devait être, un panégyrique.
(1) Cet ouvrage valut à M. de Vemoa la croix de chevalier de la
Légion-d-Honneur.
DE M. LE BABON G AT DE YEBNON. 125
GouTion-Saint-Cyr, comme je Tai déjà dit, avait servi à Tarmée
du Rhin sous les ordres de l^adjudant général de Vernon. Devenu
maréchal et ministre, il n'oublia pas son vieil ami, dont il prit
le fils pour aide de camp. Bien donc d'étonnant à ce que M. de
Yernon entreprît comme un gieux devoir de raconter les hauts
faits de son protecteur. Ajoutons qu'il a bien choisi son héros.
Sans avoir réclat militaire de Masséna, de Ney ou deDavoust,
Gouvion-Saint-Cyr fut un des plus remarquables capitaines de
la république et de Tempire.
C'est Topinion non-seulement de son panégyriste , mais c'est
aussi celle de M. Thiers et de tous les écrivains qui ont parlé
des guerres de ce temps-là. Malheureusement il y a une ombre
au tableau : M. de Yernon l'a fait disparaître , parce qu'il met
son héros en pleine lumière, et Tenveloppe d'une auréole;
mais M. Thiers est plus sévère , faut-il dire plus juste? Il nous
le représente « excellent quand il était seul , dangereux quand
il avait des voisins , qu'il secondait toujours mal ; mais capitaine
habile, profond dans ses combinaisons, et le premier des
militaires de son temps pour la guerre méthodique. Napoléon,
bien entendu, demeurant hors de comparaison avec tous les
généraux du siècle » (1).
M. Thiers ajoute plus loin : c On est honteux , en lisant les
mémoires si remarquables d'ailleurs du maréchal Saint-Gyr sur
sa campagne de Catalogne , des petitesses qui s*y rencontrent
à côté de vues saines et profondes.... L'empereur n'aimait pas
le caractère insociable du maréchal Saint-Cyr; mais il rendait
justice à ses qualités éminentes , et n'en était pas jaloux *^ (2).
Il dit encore au sujet de la campagne de 4813 : « Nous
honorons fort dans le maréchal Saint-Cyr, outre beaucoup
d'esprit, une grande indépendance de caractère; nous regrettons
seulement qu'elle ait été gâtée par un penchant excessif à la
contradiction, qui lui a fait commettre plus d'une faute dans sa
carrière, d'ailleurs si glorieuse » (3).
En lisant ces mots il me semble, Messieurs, entendre la voix
de l'histoire , de l'histoire qui juge les rois, et à plus forte raison
les maréchaux. Certes ce n'est plus la voix de Tami; mais
croyons bien cependant que M. de Vernon n'en a pas voulu à
(1) Histoire du Consulat et de VEmpire, T. IX, 1. xxxiu, p. 483.
(2) Jlnd. , T. IX, 1. xxxni, p. 484.
{2)im., T. XVI.l. L, p. 417.
126 BI06RAPHIR
M. Thiers, pas plus que M. Tliiers n*en a voulu à M. de Vernort.
Chacun d'eux a suivi la route quMl devait suivre , et juger
rhomme comme il devait le juger.
Cette critique faite , je dirai que la Vie du maréchal de SaifU'Cyr(i )
est intéressante en général, bien écrite, et pleine de rensei-
gnements précieux. On peut y remarquer par exemple cette
campagne de Catalogne qui fut un chef-d'œuvre de stratégie,
le récit de la bataille de Polotsk en 4812, la défense de Dresde
en 1813; mais tout cela ne vaut pas à mon avis la dernière
partie du livre : nous y retrouvons Saint-Cyr ministre de la
guerre en 1815 et en 1847, et tâchant, dans ces temps troublés
et dangereux, de réconcilier le présent avec le passé. Il tentn
cette œuvre impossible avec un courage, un désir de bien faire
et une abnégation vraiment admirables. Le spectacle de ce sage
citoyen luttant contre les passions et les colères des partis a
inspiré de belles et bonnes pages à l'écrivain. C'est sur elles
qu'un admirateur de Saint-^yr pourrait s'appuyer pour montrer
que, si le capitaine fut insociable et jaloux, l'homme d'État mit
au service de la France un patriotisme éclairé, un caractère
«l'une forte trempe et une vie toujours pure.
îll.
La Vie du maréchal Gouvion-Saint-Cyr était sans aucun doute
l'œuvre de prédilection de M. de Vernon , celle où il avait mi»
tout ce qu'il avait d'expérience littéraire et d'habileté de plume.
A quel rang plaçait-il ses biographies de Gay-Lussac , de
Yergniaud, de Jourdan , de Bonneval et des Volontaires de la
Haute-Vienne? Au dernier peut-être, et voilà qu'aujourd'hui
elles sont montées au premier. On en parle encore, on les lit,
on les aime, tandis que les deux ouvrages dont j'ai déjà parlé
sont un peu tombés dans l'oubli.
Est-ce manque de goût de notre part? Non , Messieurs : ce»
biographies sont certainement ce que M. de Vernon a fait de
mieux. Courtes, vives, lestement tournées, entremêlées d'a-
necdotes familières et de pensées élevées, elles ont tout ce qui
charme et tout ce qui retient un lecteur.
Ici c'est Bonneval-Pacha , avec sa grande mine , son impétueux
(1) Quarante exemplaires de cet ouvrage furent déposés K la Bibliothè-
que impériale par ordre de S. Exe. le maréchal Vaillant, ministre de
la guerre, 1856.
DE M. LU BARON GAY DE VlîRNON. iH
courage, ses hautes qualités militaires, mais aussi avec son
esprit déréglé, sa triste morale et sa rage d'aventures; là
c'est Jourdan, type limousin par excellence, calme, honnête,
froid et fin , très-bon marchand et très-bon soldat. Voici encore
Gay-Lussac, Tintrépide savant, l'infatigable travailleur, et
Vergniaud , dont la puissante figure fait craquer le cadre un
peu étroit où Tauteur Ta enserrée.'
Nous ne voulons pas , dans cette brève énumération , oublier
la Haute-Vienne militaire, liste rapide et complète des soldats
qu'a vus naître notre département. L'auteur s'y est fièrement
placé entre son père et son fils, à côté de son frère (1).
Encore quelques lignes , Messieurs, et je termine.
Les Gay de Vernon furent, comme vous le voyez, une famille
vraiment militaire, qui date de 4792, et qui, Dieu merci! n'a
pas encore dit son dernier mot. Mai^ chez eux ce n'est pas
seulement le goût des armes qui est héréditaire : le goût des
lettns s'y transmet comme un bien précieux, comme un legs
^acré. Le petit-fils est soldat, parce que son aïeul l'a été; il
écrit, parce que son aïeul a écrit. N'est-ce pas curieux?
n'est-ce pas touchant?
Vous vous rappelez tous , Messieurs , quelle devise prit un
capitaine illustre qui savait aussi bien cultiver la terre que
battre les Arabes : c'était le vrai type du soldat-laboureur :
Enseet aratro. Il n'y aurait qu'un mot à changer pour faire aux
Gay de Vernon une devise très-vraie et très-fière elle aussi :
£nse et caUimo : a une plume et une épée ».
A. GUILLEMOT.
Limogea , le 3& décembre 1864.
(1) Je dois citer, pour que ce travail soit complet, deux autres ouvrages
de M. Gay de Vernon, dont J'ai eu connaissance trop tard pour en faire
Vanalyse. L*un est intitulé : Des moyens d'étalflir à Saint-Léonard une
annexe du dépôt de remonte de Ouéret , mars 1842. L'autre a iwur titre :
Considération sur les chevaux limousins, sur les causes de la destruction
presque totale de cette race^ et sur les moyens de la reproduire pour le service^
des remontes militaires; Limoges, 1829.
ÉMAILLERIE LIMOUSINE,
Avant de vous faire la description d'un émail curieux par
son ancienneté , je ne crois pas hors de propos de vous donner
lecture d'un titre de nos archives, daté de Tan 4233 , écrit en
langue limousine^ et remarquaUe sous trois rapports :
l*" comme monument de cette langue dans la première moitié
du xiir siècle; 2* parce qu'il, intéresse le plus ancien membre
connu de la famille d'émailleurs du nom de Vitalis ou Vidal :
Bernard était, je crois, le grand-père de Barthélémy ; 3° enfin en
ce qu'il mentionne la monnaie de Limoges et la maille d'or , la
môme chose que l'obole d'or du temps du roi Philippe-Auguste,
laquelle valait un peu plus que la moitié du besant [bisantius] ,
c'est-à-dire cinq sous de la monnaie de ce temps.
<r .^L toz seus quj veyran aquestas lettras , Germana Humiels ?
baella deu mostier middpt S. Maria de la Régla de Lemotges ,
salut en nostre Senhor.
» Sapchan sil ^ son e 4 seran 4| vol aguardat lo profiech de
nostre mostier p cummunal cosseil e voluntat de nostre couen*
las maisos nostras que eran a lachanal entre la maiso q fost
domie entre la wina de la Chabana de lachanal de la ciptat de
Lemotges. Auein acessat a toz cePs deu cossols e au cuminal de
la ciptat de Lemotges, p xx sols redeus chasque an a Nadal,
de la moneda de Lemotges, e una mealha daur dachaptam en
randamen 0 en la mort de las baellas de nostre mostier e en
randameu 0 en la mort deus achaptadors ^ H cossol a lo cuminal
vedran e au nos redut a sempres en B. Vidal p. achaptador $
acheptet de nos e auein agut nostre grat de vi vins Is de la
moneda de Lemotges q vos doneron d intratge e p remembransa
daisse e p maor fermetat douein las aquestas lettras de nostre
sacu saeladas. Aûo. Dni. in», ce trîcesimo tertio. »
ihuiIXERlli: LIMOUSINE. 129
Permettez-moi maintenant, Messieurs, de vous communiquer
l^heureuse découverte que j'ai faite d'un monument de notre
ancienne émaillerie, œuvre de transition entre les émaux in-
crustés et les. émaux peints. C'est une plaque de cuivre très-
épaisse, très-lourde et légèrement bombée, haute de 495 milli-
mètres et large de 2^0.
Ce petit tableau est composé de huit personnages symétri-
quement placés, et représentant la mise au tombeau du corps
de Notre-Seigneur Jésus-Christ, et rappelle exactement les
dispositions de statues sculptées et souvent peintes des scènes
semblables qu'on désignait par le nom de Monuments; il y en
avait dans plusieurs églises du diocèse, et notamment dans
celle des Salles-la-Vauguyon.
Cet émail a été peint aux premiers temps de la renaissance,
car on y reconnaît , parmi les femmes qui entourent le tombeau ,
des têtes empruntées à la numismatique romaine, celles de
Marcia et d^Aurelia, aïeule et- mère de Jules-César, qui sont
gravées dans un livre intitulé : lUustrium imagines, imprimé à
Lyon, l'an 4524, chez Antoine Blanchard , calcographe, corrigé
par Andréas Fnlvius.
L'exécution de cette peinture annonce un travail pénible et
tourmenté; les couleurs des vêtements, le bleu surtout, sont
posées en couches épaisses formant relief; le rouge pourpre, le
jaune brun , le gris, le vert et le bleu de roi y dominent. Des
filets d'or brillent dans les nimbes, les plis et les ornements des
étoffes, les lignes des édifices et des murs de Jérusalem, les
tiges et les feuilles des fleurs et des plantes.
Au plan supérieur, sur un ciel d'un gris bleu terne, se
dessinent huit tours renforçant les remparts de Jérusalem;
au-dessous, une rangée de seize arbres, plantés sur un sol
tantôt d'un jaune brun, tantôt couvert de verdure.
Nous trouvons dans le Nouveau-Testament l'explication du
sujet de cet émail : Marie-Madeleine, Marie mère de Jacques et
de Joseph et la mère des fils de Zébédée n'abandonnèrent pas
Jésus-Christ, et se joignirent à la sainte Vierge pour assister
à l'ensevelissement de son corps. Un homme riche d'Arimathie,
noble décurion, honnête et juste, nommé Joseph, disciple secret
de Jésus-Christ, eut le courage de demander ce corps précieux
à Pilate, qui le lui accorda. 11 l'emporta, et acheta un linceul
dont il l'enveloppa, puis le déposa dans un sépulcre neuf, qu'il
130 ÉyAILLERlE LIMOUSINE.
avait fait tailler pour lui-même dans une roche au milieu d^un
jardin.
Joseph d'Ârimathie fut assisté dans ce pieux devoir par Nico-
dème, un des principaux Juifs [princeps) et pharisiens, rabbin
et sénateur du grand Sanhédrin , celui qui vint visiter Jésus-
Christ la nuit. C'est dans cet entretien que l'Homme-Dieu lui
dit qu'il fallait renaître pour voir le royaume de Dieu. Nico-
dème demanda comment un homme déjà vieux pouvait renaître.
Jésus le lui expliqua, en ajoutant : « Nicodème, tu es maître
[magister) en Israël, et tu ignores ces choses? » Les paroles du
Seigneur ont été la cause du ridicule attaché à son nom , ridi-
cule qui s'est perpétué dans notre Limousin, oii Ton appelle
encore grand nicodème un homme trop naïf et trop simple; on
désignait aussi sous le nom de nicodémiles des amis suspects,
dont le zèle exagéré faisait plus de mal qu'une inimitié dé-
clarée. En remontant à la lxxiv» olympiade, nous trouvons que ,
la seconde année, 483 ans avant Jésus-Christ, un Nicodème était
archonte d'Athènes lorsque Aristide fut envoyé en exil. Un Ni-
comédas fut vainqueur aux jeux olympiques l'an 404 avant
Jésus-Christ , olympiade clxix.
Quoi qu'il en soit , Tauteur de cet émail en a fait le héros de
son tableau , et lui a donné la place d'honneur. Peut-être vou-
lait-il réhabiliter sa mémoire. Au reste, Nicodème apporta à
Joseph d'Arimathie une mixture d'aloës et de myrrhe du poids
d'environ cent livres; ils entourèrent tous les deux le corps de
Jésus-Chriift de bandelettes et d'aromates , selon la coutume des
Juifs.
Nicodème, sur la partie la plus en vue du tableau, est re-
présenté d'une taille double de celle des autres personnages, en
exceptant Joseph d'Arimathie; sa tête est coiffée d'un grand
bonnet doctoral bleu , terminé par un bouton d'or, et retroussé
de filets du même métal. Le rebord de ce bonnet est rehaussé
sur le cou, et se prolonge en longue visière sur le front. Il
reste quelques traces de lettres d'or, entre autres un N, qui
indiquaient le nom de ce docteur. Son visage présente un nez
fort long, une bouche et une oreille fort grandes; sa barbe, à
poils châtains], descend sur le collet de fourrure blanche d'un
manteau bleu. Je ne puis dire que ce soit une fourrure d'her-
mine dont le peintre a cru devoir gratifier son docteur de la loi
juive, puisque, au lieu de mouchetures, ce sont des larmes
noires qu'il y a semées. La tunique, d'un pourpre foncé, est
ËMAILLRRIK UMOUSINK. I3l
brodée; des rosaces en quintefeuilles d'or brillent dans la
partie que ne recouvre pas le manteau. Cette tunique est res*
serrée sur les reins par une petite ceinture bleue ornée de perles
et de filets d'or. Les pieds de Nicodëme reposent sur un gazon
émaillé de fleurs rouges, bleues et jaunes; d'autres fleurs à
hautes tiges , des margueriles , sont plantées entre le cadre et le
docteur.
Nicodëme soutient de ses deux mains, à Taide d'un linceul
grisâtre, la tête de Jésus-Cbrist, encore couronnée d'épines.
Les traits du visage, souillé de sang, sont contractés, et sa
barbe brune fait ressortir l'extrême blancheur ou pftleur de ses
membres ; le côté , les bras et les pieds présentent des plaies
sanglantes. Le corps, maigre et raidi par la mort, repose sur un
tombeau de marbre gris veiné de violet de bleu , et d'un peu
de noir : quatre anneaux y sont attachés au-dessus du soubas-
sement indiqué par une longue bande blanche; quelques filets
d'or rehaussent les lignes de ce tombeau ; on en voit dans la
barbe du Seigneur et dans les plis du linge qui ceint ses
reins.
L'émailleur a déployé plus de talent dans l'expression des
autres assistants à cette triste scène. Une femme âgée , dont la
tête, enveloppée d'un voile blanc, est couronnée d'un nimbe
d'or, semble, par ses gestes et son attitude, sympathiser à la
douleur de la sainte Vierge. Cette première sainte femme est
vêtue d'une robe d'un rouge sombre ou violet pourpré et d'un
grand manteau bleu rehaussé d'or. L'auréole ou nimbe de sa
tête est brodée en arabesques. Marie mère de Jésus-Christ porte
un manteau pareil, qui lui recouvre la tête ornée d'un nimbe
rayonnant. Son visage et ses yeux fermés témoignent un ex-
trême désespoir; ses deux mains sont jointes; un voile blanc
recouvre son cou et sa poitrine ; sa robe est de couleur gris clair.
L'apôtre saint Jean appuie sa main gauche sur l'épaule de la
sainte Vierge pour la soutenir dans sa faiblesse; ses traits ex-
priment la compassion et la désolation ; sa tête , blonde , est en-
cadrée par un nimbe arrondi dont la circonférence extérieure
est dorée, par opposition à celui de Marie mère de Jésus , qui est
d'or éclatant coupé de rayons circulaires. Le disciple bien-aimé
a une tunique verte et un manteau de pourpre sombre doublé
de blanc ; les étoffes sont rehaussées de filets d'or. Près de lui , une
deuxième sainte femme, coiffée à l'orientale -. une sorte de tur-
ban blanc sans calotte, à plis dorés, derrière lequel apparaît un
132 éMAILLERIE LIMOUSINE.
simple nimbe : même voile que les deux autres femmes.
Sa robe est bleue ; son manteau , de la couleur de ce jaune
bronze prodigué dans le fond de ce petit tableau. Elle tient de
la main droite un vase rouge orné d*or à couvercle verdfttre ,
et présente de la gauche à Marie-Madeleine une boule grise
renfermant sans doute des parfums, et semble en conversation
avec cette dernière. Marie-Madeleine est décorée aussi du nimbe
d'or simple : son costume est moins sévère que celui des autres
saintes femmes; ses longs cheveux noirs laissent son front dé-
couvert ; point de voile sur son cou; sa robe est d'un violet
foncé sous un riche manteau rose pftle et chamarré dans le
goût oriental, qui , descendant deVépaule gauche, se relève élé-
gamment sous le bras droit de la sainte. Madeleine tient à deux
mains un vase brun, déforme allongée comme une bouteille mo-
derne ; elle paraît écouter avec attention les avis de sa voisine.
Dans la broderie du manteau on lit les lettres ADEL, fragment
de son nom.
Joseph d'Arimathie est le dernier acteur de cette scène k
droite du tableau touchant au cadre. Il relève de ses deux
mains les pieds et le corps de son divin Maître, qui paraît plus
long que son tombeau. Son costume est aussi singulier que
celui de Nicodème. A son visage refrogné semble attachée une
barbe postiche brune et peignée avec quelque soin. Un
chapeau blanc et pointu, terminé par une cocarde à quatre
couleurs, rouge, blanc, bleu et jaune, est relevé sur le front,
et orné d'une rosace à six feuilles dont le milieu est rouge. Ce
chapeau est rehaussé d'or, et on y lit : ARIMAT. Sa tunique,
bleue, est ornée dans le bas d'arabesques brodées d'or. Un
brassard d'étoffe d'or est émaillé de quinze perles ou turquoises;
une pierre fine rouge est placée au centre. Son manteau, de
pourpre foncé, est doublé d'une fourrure blanche semée de
larmes noires; il est attaché à la hauteur de ses reins par une
ceinture verte et or. Derrière lui, des arbres et de grandes
fleurs. Ce Joseph, suivant Bède, fut l'apôtre de l'Angleterre.
Dans les rares intervalles du fond de la scène de ce tableau ,
entre les huit spectateurs, on aperçoit un ruisseau ou torrent
à flots bleus, et des sentiers de terre jaune tracés parmi les
fleurs, la verdure et les arbres; il y règne partout une certaine
symétrie jusque dans l'agencement des personnages. Saint
Jean occupe le milieu, ayant à sa droite et à sa gauche deux
saintes femmes.
ÉMAll.LËRIR MMOISINE. 133
Le revers du contre-émail est empâté d'une matière très-
épaisse, noirâtre, mate dans certaines parties et brillante
dans d'autres, sans aucune transparence. L'œil exercé de
M. Âstaix , notre confrère, y a remarqué des traits de burin
mis dans le but de faciliter Tadhérence de Témail sur le cui-
vre; ce qui n'a pas empêché sa chute, car le cuivre reparaît
parfois, soit oxydé , soit avec sa couleur roug'e. La surface , qui
n'est ni plane ni polie, offre plusieurs boursouflures: j'y ai
cherché en vain les traces d'un poinçon.
Malgré ses défauts, ce petit tableau est digne d'intérêt; il
offre dans les têtes des ressemblances avec la manière de
Nardou Pénicaud, et, s'il n'est pas plus ancien que l'époque de
ce maître, il doit être de son école. Il est d'un travail plus
barbare que l'émail de M. de Montbas, et je le crois de la
deuxième moitié du xv« siècle. Je regrette de n'avoir pu faire
une étude comparative avec des émaux de ce temps qui enri-
chissent la collection de M. de Marpon. J'espère , nu retour de
notre honorable receveur général des finances, visiter en sa
compagnie ses trésors scientifiques, dont il fait les honneurs
avec une si exquise politesse. Ce sera le sujet d'une ample
description de chefs-d'œuvre qu'il possède.
Mauricb ARDANT,
Arrhivitte.
Limoges , le 28 octobre 1864.
NOTE SUR LA TOUR DE BAR.
Messieurs ,
Récemment odmis à Thonneur de faire partie de votre
Société, je suis heureux de payer ma dette de reconnaissance à
la mémoire de celui qui , par ses nombreux travaux , ses savan-
tes recherches , a occupé un des premiers rangs dans la Société
archéologique du Limousin.
Élève du très-regrettable abbé Texier, j'ai eu plus que per-
sonne occasion de m'aflEliger de sa mort : nuit et jour je l'ai vu
à Vœuvre, et son grand désir de faire progresser la science à
laquelle il s'était voué lui avait inspiré Theureuse idée d'ensei-
gner les connaissances qu'il avait acquises. Il avait encouragé
mes premiers pas, et, dans un concours général, il avait
accordé à mon travail le premier grand prix d'archéologie.
Puisse le souvenir de mon très- vénérable maître votre ancien
collègue entretenir en nous tous l'ardeur pour l'archéologie,
afin que nous soutenions dignement le rang qu'occupe notre
Société Archéologique et Historique parmi les sociétés savantes
de France.
Aujourd'hui , Messieurs, je me propose de vous dire quelques
mots sur la tour de Bar.
En suivant une ligne droite de Limoges à Cassinomagitë (Chas-
senon), on passerait au village de Bar, commune de Saint-
Martin-de-Jussac, canton de Saint-Junien.
Dans ce lieu se trouvent des ruines sur lesquelles personne
n'a pu me donner de détails ayant une apparence de vérité. La
vue est frappée particulièrement par un tumulus d'une circonfé-
rence de 420 mètres k la base , de 20 mètres de diamètre au
sommet et d'une hauteur de 40 mètres environ. Ce tumulus
est entouré de flaques d'eau alimentées par une fontaine dont
la source est très-abondante.
A 200 mètres du tumultÂS appelé dans le pays la tnote, sont
des ruines beaucoup plus vastes, en grande partie labourées ;
ce lieu se nomme La Tour.
Les anciens du village racontent qu'ils ont aidé à démolir les
LA TOUR DE BAR. 135
quelques vestiges de ce monument : de tout temps , paraît-il ,
on en a extrait des fragments de bois carbonisé , des pierres de
taille, des briques, des verroux, des portes en bois ; et encore,
pour peu que Ton fouille, on y découvre à chaque instant des
débris de constructions anciennes.
Il serait très-intéressant de rechercher et de mettre à nu les
fondations de cette tour pour en avoir les dimensions et les
dispositions.
Au bas de la page 464 du tome VIII du Bulletin de la Société
Archéologique et Historique du Limousin , dans un article signé
par notre savant confrère M. Roy de Pierrefitte, nous lisons
une note indiquant que, vers 4384, les Anglais gardaient leurs
prisonniers dans les trois forts suivants : la tour de Bar,
paroisse de Saint-Martin-de-Jussac, MorteroUes et Le Palais
près Limoges.
Qui donc avait construit cette tour de Bar? A qui appartenait-
elle? Comment a-t-elle été détruite? Nous Tignorons, et jus-
qu'à ce jour nos recherches ont été infructueuses.
Toutefois d'un manuscrit (4) du siècle dernier ayant pour
titre : Tableau géographique et historique du diocèse de Limoges,
dimsé en ses archiprétrés : où l'on y a désigné tous les bénéfices , soit
abbayes, chapitres, cures, prieurés, vicairies, tant en patronage
laïque que ecclésiastique , soit encore les commtAnautés d'hommes et de
religieuses, hCfpitaux, collèges, etc.. autant exactement qu'il a été
possible et selon les mémoires que l'wi a pu se procurer, nous avons
extrait le passage suivant , page 33 :
a Saint-Martin-de-Jussac, à 6 lieues de Limoges, arch. de
Saint-Junien, prieuré-cure rég. à la nomination du prieur de
Saint-Jean-d'Ecole , etc Sur ladicte paroisse étoit autrefois
une chapelle de dévotion de la fondation des seigneurs des
Gars, située au village de Bars, fameux dans les Commentaires
de Coesar sous le titre de la Tour de Bars, v
Nous n'avons pu contrôler complètement le sens et la véracité
de cette note, ni ce qu'elle peut contenir d'apocryphe. En tout
cas , il ne serait point impossible que le fort de La Tour de Bar
(ou Bars ou Bare, de barum, barrium ou barra) [i] eût été
(1) Ce manuscrit , dont Fauteur est inconnu, se trouve à Saint-Junien
entre les mains de M. Bourgoin-Mélisse, membre de la Société Archéo-
logique.
(3) L*étymologie de Bar est très-controyersée : on suppose que ce de-
vait être une barrière ou forteresse. — 11 existe un grand nombre de
136
I.A TOUH DK BAR.
construit par les Romains pour commander leur route de Lemo-
vices k la villa Cassinomagus , d'autant mieux que ce lieu, à peu
près à égale distance de Tune et de Tautre ville romaine, do-
mine la vallée de la Vienne , qui coule non loin , et paraît occuper
une forte position stratégique à fîSI mètres au-dessus du niveau
de la Vienne.
A trois cents mètres environ du lieu non labouré de la tour
de Bar, dans un jardin du village, on voit encore le pavé de la
chapelle dont il est question dans la note ci-dessus transcrite :
il ne reste aucune autre trace de cette chapelle , qui fut démolie
en 4742 par ordre de Jean-Gilles de Coëtlosquet, évoque de
Limoges. (PouiUé, page Slî.)
J^aurais dû peut-être attendre d'avoir découvert quelque
document important sur la tour de Bar pour en faire l'objet
d'une communication ; mais une circonstance particulière m'a
obligé à vous dire sur-le-champ le peu que j'en savais.
Le conseil municipal de la commune de Saint-Martin-de-
Jussac a voté la vente des terrains communaux sur lesquels se
trouvent :
4« Ce qui reste de la tour de Bar;
2"^ Le tumulfis.
Toutes les formalités ont été remplies pour parvenir à la vente
administrative , et les pièces sont actuellement à la préfecture.
Nous avons prié M. le commissaire enquêteur d'avoir égard à
ces ruines , et de ne pas les mettre en vente : il nous a promis
de tenir compte de nos observations dans son rapport; mais il
serait nécessaire, si vous le jugez à propos, de faire une dé-
marche près de M. le préfet pour qu'il décidftt que ces veftiges,
intéressants au point de vue de la reconstruction des cartes
géographiques anciennes , reconstruction encouragée par l'État,
ne fussent pas vendues pour disparaître à jamais sous la
charrue.
Vous nommerez, Messieurs, si vous le jugez utîte, une com-
mission qui sera chargée de suivre cette affaire, et s'occupera au
besoin des fouilles qui pourraient aider à découvrir ce qu'était
cette tour de Bar.
Théophile DE FONT-RÉADLX.
yiUesdu même nom, telles que Bar-le-Duc, Bar-sur-Aube , BaxHSur-
Seine , Bar département du Vup» Bar à une lieue N. de Tulle (Oorrèze) ,
— Bar en Pologne , ville trèa*forte de la Podolie.
LES RELIGIEUX
DE SAINT FRANÇOIS D'ASSISE
DANS LA MARCHE ET LE LIMOUSIN.
a II serait difficile de trouver , en parcourant les glorieuses
annales de TEglise , une époque où son influence sur le monde
et sur la race humaine dans tous ses développements fut plus
vaste, plus féconde, plus incontestée qu'au xiii* siècle. Jamais
peut-être TÉpouse du Christ n'a régné avec un empire si absolu
sur la pensée et sur le cœur des peuples » , comme le fait remar-
quer le savant auteur de THistoire de sainte Elisabeth de Hon-
grie, M. de Montalembert (introduction).
Cependant la fin du xii* siècle (époque où naquit saint François)
était loin de faire bien augurer du siècle suivant, c La funeste
bataille de Tibériade, la perte de la vraie croix et la prise de
Jérusalem par Saladin (4 487) avaient montré TOccident vaincu
par rOrient sur le sol sacré que les croisades avaient racheté.
Les débauches et la tyrannie de Henri II d'Angleterre , l'assassi-
nat de saint Thomas Becket , la captivité de Richard Cœur-de-Lion ,
les violences de Philippe-Auguste contre sa femme Ingerburge,
les atroces cruautés de l'empereur Henri VI en Sicile , tous ces
triomphes de la force brutale n'indiquaient que trop une certaine
diminution de la force catholique , tandis que les progrès des
hérésies vaudoise et albigeoise et les plaintes universelles sur le
relâchement des clercs et des ordres religieux dévoilaient un mal
dangereux au sein même de l'Église ; mais une glorieuse réac-
tion ne devait pas tarder à éclater. » (M. de Montalembert, ibid.)
Cette réaction , Dieu la préparait en plaçant sur la chaire de
40
138 LKS FRANCISCAINS
Saint- Pierre l'illustre Innocent III, pour qui Tamour de la jus-
tice et de la religion était tout, puis en donnant à TÉglise
de grands saints comme François d'Assise, Dominique,
Elisabeth de Hongrie et beaucoup d'autres.
Quand j'entrepris de publier mes Études historiques sur les mo-
fuistères du Litnousin et de la Marche, je ne pensais m'occuper que
de Tordre de Saint-Benoît. J'ai pourtant introduit dans ce !•'
volume quelques simples communautés dont on m'avait prié
d'écrire Thistoire, et aussi un Tableau des maisons de l'ordre de
Saintr-Dominique dans le diocèse de lÀnioges : cette dernière notice
était , ainsi que l'indique la qualification ajoutée à ma signature
qui la termine, un témoignage de gratitude.
Puisque les Enfants de saint François , autrefois si répandus
dans la Marche et le Limousin, sont revenus k Limoges depuis
4854, je désire clore mon I"" volume par un tableau qui résume
ce qu'a fait cet ordre dans notre diocèse. Ce sera du moins utile
comme renseignement historique, puisque je vais réunir en
quatre ou cinq pages les faits disséminés dans les Annales du
Limousin du P. Bonaventure de Saint-Amable et dans le PouiUé
du diocèse de Limoges, manuscrit du docte abbé Joseph Nadaud,
qui est la propriété des prêtres de Saint -Sulpice de
Limoges.
Voici, par ordre alphabétique, ce que j'ai pu recueillir sur
les divers couvents du diocèse de Limoges. J'y joins aussi ce qui
regarde Tulle, parce que ce dernier diocèse, détaché du nôtre
au XIV* siècle, est aussi du Limousin.
AUBUSSON.
M. Victor Maingonat, juge au tribunal civil d'Aubusson , qui
a vu l'église et le couvent des RécoUets de cette ville , a bien
voulu me faire passer : l» un croquis k vol d'oiseau de ce cou-
vent et de cette église, croquis extrait d'un vieux dessin de la
ville d'Aubusson, et qui donne, dit-il, une idée très-exacte de
la façade extérieure des deux édifices et de l'emplacement de
l'ancien pont ; 2° un plan par terre de l'église et du rez-de-
chaussée du couvent. L'église des bons Pères, orientée du nord
au sud , se trouvait à la place qu'occupe aujourd'hui le tribu-
nal, et la porte regardait l'ancien pont, mais en dehors de Taxe
de cette dernière construction , située un peu en amont du nou-
BN LIMOUSIN. 139
veau pont , dit pont Neuf, et terminé en 4846. Le couvent était
à la droite de l'église, sur remplacement occupé. aujourd'hui
(4 863] par la caserne et la prison , et la place Villeneuve était
jadis le jardin des religieux.
« Au rez-de-chaussée du couvent, la porte située au nord
ouvrait sur un corridor dit cloître, et qui longeait l'église à
l'est et la cour à Touest; au nord, étaient le parloir et la
bibliothèque; au sud, l'escalier, le réfectoire, la cuisine et les
décharges. Au-dessus de ce rez-de-chaussée , se trouvaient , au
premier étage, quatre vastes corridors, sur trois desquels
ouvraient les portes des diverses cellules des frères. Le corridor
au-dessus du cloître, voûté en arceaux, était le seul qui n'eût
pas de cellules, parce que le mur de refend de l'église n'avait
pas permis qu'on en établît de ce côté. On voit aujourd'hui dans
l'église paroissiale d'Aubusson l'autel de l'église des Récollets ,
ainsi que les colonnes corinthiennes qui dépendaient de cet
autel.
» Ce fut au commencement duxvii* siècle, vers 4 6U ou 4645,
que les Pères Récollets vinrent s'établir à Aubusson, et qu'ils
commencèrent à y construire leur église et leur maison. La cer-
titude de cette date nous est révélée par un testament d'Annet
de La Roche-Aymon, seigneur de Saint-Maixent , Lavaud et
Lafarge dans la Marche, sous la date du 46 avril 4645, dans
lequel ce seigneur terminait ses dispositions par un legH au pro-
fit du couvent des pères Récollets de la ville d'Aubusson, pour
leur aider à bâtir leur église et leur maison. »
Les frères mineurs Récollets établis en 464 4 (4) sont huit
prêtres, quatre étudiants, quatre convers, dépendants de la
province du Saint-Sacrement dite de Toulouse.
A cette note par trop sommaire, prise dans le Fouillé ma-
nuscrit de Nadaud, j'ajouterai les détails suivants, tirés des
papiers du couvent déposés aux archives de la Creuse.
La délibération consulaire qui appelle les Récollets à Aubus-
son est du 43 novembre 4644; l'autorisation épiscopale pour
l'établissement du couvent est du 45 du même mois.
La chapelle des Récollets fut consacrée, le 5 septembre 4651 ,
(1) La partie du PouUlé du diocèse de Limoges relative à la Creuse
n^est pas actueUement à ma disposition. M. Boavieux, ancien archiviste
de la Creuse, aujourd'hui archiviste du Lot-et-Garonne, a bien voulu
me fournir les notes suivantes sur Aubusson et Guéret. R.-P,
140 LES FKANCISCATNS
par Je; n de Mareveau (ou Mallevaud] , é^èque d'Olonne , 8uf-
fragant du siège de Clennont, délégué par Tévèque de Limoges.
L'église fut dédiée à Notre-Dame de Recouvrance. Le gardien
était alors frère Timothée Cheyron.
Une relique de saint Raymond fut donnée au couvent, en
4662, par frère Fulgence Lamothe, provincial de la province
de Toulouse. Le maître-autel du couvent fut érigé en autel
privilégié par diflFérents brefe des papes Innocent X , Alexan-
dre VII, Innocent XI et Innocent XII, en 4647, 4655, 4678,
4685, 4699.
BOIS-FERRU
(paroisse de Linard ou Linas-le- Pauvre (1 ).
La légende de la contrée raconte ainsi l'origine de ce couvent :
Une dame de Malval , madame d'Abain , eut un jour la cruelle
fantaisie de manger un enfant à la mamelle. Si la noble châte-
laine avait ces instincts de cannibale, Tofflcier de bouche qui
devait la servir dans son crime était un homme juste et humain.
Saisi d'horreur à un pareil ordre, il n'osa cependant s*y refu-
ser, et, usant de ruse, il substitua à Tenfant une génisse qui
venait de naître. Le mets tout naturellement fut trouvé détes-
table. Ce repas terminé. M"' d'Abain, se promenant sur les rem-
parts de son château , entendit les mugissements de désespoir de
la malheureuse mère : ils étaient si déchirants qu'elle s'euquit
auprès de son intendant du sujet de ces cris. L'officier répondit
qu'on avait retiré à cette pauvre bête la génisse qu'elle venait
de mettre au monde. Alors l'énormité de son crime apparut dans
toute son horreur à la coupable châtelaine : elle comprit à la
douleur de l'animal la douleur de la mère gémissant sur la perte
de son enfant ravi et immolé , et , dans son repentir , elle fonda
le couvent de Bois-Ferru pour que ses religieux implorassent
du Ciel son pardon.
Telle est la légende ; mais, comme toute légende, elle n*a souci
(1) La notice suivante sur le couvent de Bois-Ferru est rédigée par
M. de Cessac, président de la Société des Sciences naturelles et d*Ârchéo-
lo^e delà Creuse.
KN LIMOUSIN. 141
ni de la vraisemblance ni de la chronologie. L'illustre famille
des Chasteigner , barons de La Roche- Posay , seigneurs d'Abain ,
ne posséda la coseigneurie de Malval qu'un siècle environ après
la fondation de ce couvent. En 4 400 , la baronnie de Malval était
possédée par Marguerite de Malval , femme de Pierre de Brosses ,
dont les armes, d'azur à trais brosses d'or liées de gueules, se voient
sculptées sur un écusson de granit ménagé en relief dans le
meneau central de la fenêtre du chevet de la chapelle. Mais tout
ne se borne pas à une erreur de nom et de date. L'histoire nous
raconte cette fondation : elle n'a rien de dramatique , et l'odieux
heureusement est tout de fantaisie. Cependant ne pourrait-on pas
voir dans cette stupide et ridicule légende un écho affaibli et
tronqué des faits dont la contrée fut à cette époque le thé&tre » et
que nous ne pouvons malheureusement raconter ici , tout inté-
ressants qu'ils sont, car ils nous entraîneraient au-delà des limites
que nous devons nous imposer. Hais avant tout un souvenir à
cette mâle et énergique Marguerite de Malval la dernière de sa
race. Ce fut d'ailleurs de son temps que Bois-Ferru fut construit.
Mère du maréchal de Boussac, tutrice de ses enfants, les docu-
ments historiques que nous avons nous la montrent poursuivant
et faisant condamner l'amiral de Culant , qui lui avait enlevé
l'aîné de ses petits-flls. Pour lui résister lorsqu'il vint attaquer
le château de Boussac après avoir pris celui de Malval , elle n'hé-
sita pas à faire mettre le feu aux maisons du bourg du Pont, oh
l'ennemi faisait moudre son grain. Déjà elle avait fait châtier
par ses gens le commandeur de Morterolles , qui avait à plusieurs
reprises empêché les habitants de cette paroisse de faire le gué au
château de Bridiers , qui appartenait à ses petits-enfants , les fils
du maréchal de Boussac. Le commandeur et ses gens s'étant ,
dans cette circonstance, retirés dans une église et une maison
attenante, d'où ils incommodaient fort a les aucuns gens de ladite
dame » , ceux-^i « mirent des botteaux de paille ardents de feu
à la porte de ladite église : au moyen , ils les enfumèrent , et
par cest moyen se rendirent, sans que ladite église fût brûlée,
combien que la dite maison le fût 9.
Telle était Marguerite de Malval. Cette énergie et cette
décision de caractère ne sont-elles pas le meilleur démenti qu'on
puisse donner au f^it rapporté par la tradition ?
142 LES FRANCISCAINS
§«.
Bois-Ferrru n'a pas d'histoire : les pauvres couvents de cet
ordre ne peuvent en avoir. Les chroniques du pays se bornent h
raconter sa fondation; les archives de la Creuse conservent le
procès-verbal de sa clôture en 4790; dans l'intervalle, quelques
donations faites aux religieux, quelques messes fondées, voilà
tout ce que l'historien peut recueillir.
Nadaud nousapprend que, en 4396, Louis, seigneur deMalval,
LaForest, Chastel-Clop, Éguzon et Genouillac, et Galienne, sa
femme, donnèrent le tenement de Bois-Ferru aux Cordeliers (4)^
Bonaventure de Saint-Âmable nous rapporte de la manière
suivante la fondation du couvent que ces derniers y établirent :
« En Tannée 4400, les RR. PP. Cordeliers de Limoges, qui
avoient un hospice et chapelle que leur avoient donnés autrefois
Louys de Malval, chevalier, et Oaiienne, sa femme, au lieu
du Repaire ou du Buy-Ferru dans la Marche limousine, pré-
sentèrent requeste à Jacques de Bourbon , comte de la Marche,
seigneur de Leuse et de Carenchy, par frère Jean Coulon,
maître en théologie , Cordelier, afin de bâtir un couvent au lieu
susdit, lequel fut appelé Notre-Dame du Repaire; ce qu'il leur
accorda par ses lettres du dernier de juin 4400, à condition de
chanter tous les ans pour luy et ses parens une grande messe
de morts au jour de saint Jacques apôtre, ce qui fut ac-
comply (2) ».
Ce couvent de frères mineurs Cordeliers dépendant de la pro-
vince de la Petite-Aquitaine, était, d'après Nadaud , habité
par trois prêtres et trois frères mineurs. Nous verrons par les
détails qui suivent que ce nombre n'a pas dû être toujours fixe.
Le fonds de ce couvent , conservé aux archives de la Creuse , et
que nous avons pu compulser grâce à l'obligeance de M. l'archi-
viste Richard, ne contient malheureusement que des pièces insi-
gnifiantes : elles nous ont permis cependant de dresser une liste
de ses gardiens depuis le milieu du xvii' siècle , incomplète sans
doute, mais utile cependant, puisqu'il n'en existe pas encore.
Elles fournissent de plus quelques renseignements sur plu-
sieurs dignitaires de l'ordre ou du couvent, sur les fonctions qui
(1) Nadaud, Fouillé manuzcrit du diocèse de Limoges.
(2) Bonav. de Saint-Âmable , T. III, p. 681.
EN UV.OliSIN. 143
y existaient, sur les fondations qui y furent faites. Nous nous
contenterons de citer ce qui nous a paru présenter quelque
intérêt.
Messire Silvain Ajasson lègue, en 4669 , 50 livres de rente aux
religieux de Boîs-Ferru. Messire François du Breuil, chevalier
seigneur de Lourdoueix-Saint-Pierre, leur constitue également
une rente le 46 avril 4744. Le marquis de Saint-Germain, gou-
verneur de la Marche, donna, par son testament de 4751 et
4752, six setiers de blé seigle. Damoiselle Oabrielle du Breuil,
veuve de Gabriel de La Celle , sieur de Souvole , lègue également
une rente, le 26 juillet 4665, qui est acceptée de la manière
suivante : « Nous, provincial, père de province, custode des
custodies etdifflniteur de Tordre des frères mineurs de la grande
province d*Âquitaine des Réformez, canoniquement assemblez
dans notre couvent de Brive en temps de notre congrégation
intermédie, avons vu et lu le présent contrat de fondation,
faite à notre couvent de Boifférut par Gabrielle Dubreuil ,
lequel dit contrat avons alloué, ratifié et approuvé »
Un grand nombre de personnes fondent des obituaires. Le
S6 février 4648, damoiselle Françoise Delagilie, veuve d'A.ntoine
de La Marche, écuyer, sieur de Foy et de Puiguillon, donna h
Bois-Ferru, présent Révérend Père François Gays, Tun des reli-
gieux, la somme de 400 livres tournois, à la condition qu'on
dira pour elle et les siens deux messes chaque semaine. MM. de
LaBastide, de Chamborand, de Mornay, de La Roche-Âymon ,
Bertrand, baron deMalval, Chauvelin de Richement, etc., en
font autant.
Enfin le couvent donna en rente quelques sommes à Margue-
rite Boiry, veuve de messire François de Biencourt , chevalier,
seigneur de Paizat, La Fortilesse, du Moutier-Malcar; à
Marie Paillon, veuve de noble Jacques Josse, sieur de La Pom-
merée, qui déclare avoir reçu de Simon Aubardat, religieux
cordelier , docteur en théologie et provincial de la grande pro-
vince d'Aquitaine , demeurant au couvent de Bois-Ferru, diocèse
de Limoges, 3 septembre 4690, le principal de cette rente de
26 livres tournois. Le 25 septembre 4693, le même religieux ,
nommé Aubarède, est dit religieux Cordelier, docteur en théo-
logie, provincial ancien de la grande province d'Aquitaine.
Une transaction du 4 ••" juillet 4666 entre messire Yves Bertrand,
chevalier, seigneur de LaVillate, et le syndic des Cordeliers,
nous fournit les noms suivants : a fait et passé du consente-
144 LES FBANCISCAINS
ment de révérend père Joseph Légier , gardien , prédicateur au^
dit courent, et du révérend père Biméon Âubarède, docteur en
théologie , et premier père de province , et frère Gabriel Gobin
et Jacques Lafont , religieux , prédicateur et confesseur audit
couvent. »
La pièce suivante est trop importante pour que nous ne la
transcrivions pas tout entière. Elle montre d'abord la simpli^
cité toute monasHque de ces pauvres religieux , et, par son ton si
mesuré, la sympathie des populations d'alentour pour cecou"
vent, qui allait disparaître pour toujours d'au milieu d'eux.
tnverUaire de la communal de Bw-Perru.
« Aujourd'hui 30* jour du moy de may mil sept cent quatre-
vingt-dix, en vertu des Lettres-patente du roy sur un décret
dés l'assemblés nationales concernant les religieux , donnés à
Paris le 26 mars 4790 , lesquelles nous ons Etez remisé le Si dudil
mois de may , et publié le lendemain 35 par monsieur le curé
aux proné de la messe paroissialle et à la sorty de la messe,
par nous, officiers municipaux de la communautée de Linard à
Tabsencée du maire qui est à Gueret à l'assemble des électeur,
pour procéder a la nomination des membres du département
et de distiris, nous somme transporte aux couvent dubois fe-
rust ordre des frères mineurs conventuel de saint Fransois ordi-
nairement appelés Cordeliez réuny depuis longs tems au couvent
de Limoges pour inventoriez tant les effets dudit couvent que
ceux de l'égleisé, oux estant arrive nous orions trouve le révè-
rent père Pôl Puynesges supérieur dudit couvent agez de 54 ans
et frère Pierre Fabrièz, en religions dit frère Jéromée agez de
79 ans seul religieux du dit couvent qui nous ons représentée
les registres dêrecetée et de dépensée que nous avons ftrestée
et nous avons trouve que la recette de deux ans pendant les-
quelles le révérant père Pôl Puynesges supérieur actuelle a
administrer laditte maisons semonte a la somme de huit cent
quatre vingt dix livre et la dépense à celle de onzée cent quatre
vingt dix liures six sous. En conséquence la dépense excédant
la recette de trois cent livres six sous le dit révérant père nous
a déclare et certifie en avoir fait l'avance aux dépens dequelleque
reserve qu'il s'est fait pendant six ans de vicariast oux pour
EN LIMOUSIN* 145
autre fonccions de sons ministerée laquelle somme ille nous a
dit vouloir luy estre remisée.
» De plus ledit révérant père nous a exposzez que les revenu
du dit couvant consistez en fons depres terre chaume , et bois
afferme par acte passe pardevant notaire la somme de deux cent
quarante livrés souse une reserve quille estime à soixante livrés
en susse.
1» %"" En vne rentée constituée du revenu de trante livres du par
H. le marquis de Bien Cour le huit mars de chaque année.
» S"" En vnée rente constituée sur monsieur prevost deigxirande
le jeune du revenu de cinquante livres payables le 8 mars de
chaque année.
> l^" En vné rentée constituée du revenu de 50 livres dus par
M. Blondet de Lourdouée st pierre qui échois le 46 avril de
chaque année.
» 5*" En vne rentée constituée du revenu de 45 livres du par
M. Tiziers de la ville degfurande le douze novembrée de chaque
année de toutes lesquelles rente Les titré sont en bonne formée.
1» Quant aux effest de la sacristy quj consistés en vn calice
avecque sa patennée vn soleil et vne custodée le tout en argent
trois mauvaise aubée et vn vieux surplis , dix ornements tant
bons que mauvais de différente coulleur avecque deux dalma-
tiques passablement bons d'autre petit lingez depeux de valeur
lesquelles effest sont constenue dans vn vestiérée forre mauvais ,
point de bibliotequé ni livre ni manuscrié ni médaillé ni argen-
t^ry de tables.
» Pour ce qui est du mobiliez de la maisons le plus précieux
consiste, en quatre vieux mauvais lit dons deux ons pour gar-
niture chaque vnée palliasse vn matelas de leuneet vn traver-
saint et vn lit de plume et des rideaux de ras bleus, et les deux
autres ons seullement chaque vn matelas des quelles matelas
deluy quj est aux lit alusagé dureverant père luj appartien
comme layant fait faire a sest dépens, plus dix draps délit, plus
quatre nape de table plus saize servieste.
» Pleusieur movaisée tables quatre armoire tant grande que
petite.
9 Plus à la cuisiné nous avons trouve deux grand chenois
de fers.
» Plus huit plas et vingt assiestée , le tout detains quj sont dans
vn vesseliez.
> Labateri de cuisine est de peux de valeur, les maisons et les
146 LBS FRANCISCAINS
autres batimens en depéndans sons en mauvaisée état ayant
etez de plus longstemps etez négligez. Jl est du a la maisons
depuis le premier avril de la présente année pour deux année
de rentrée aubituaires la somme de trois cent vingt livres dons
la capitalle est placé sur lautelle de ville de paris. Jl est deux
ala maisons lasomme de dix liures de rente aubituaire echueux
depuis la noel dernier, dons le principale est affecté sur les
biens jouy par les représentant dedeffuntes damoiselle jeanœ
nivaux dubourgt de linard les autres fondations dons ledit
révérant père a fourni le détaille dons la déclarations quille a
adresse a lassemblee nationale ons etez acquittez a leur
echéancée.
>La maison doit a deux particulier de la ville degurande dons
lun nome roùdos et lautre fergons anvirons sept cent quatre
vingt livres les susdit creaniers ens fait vne arengement par
acte passe pardevant notaire ille ij ft quelle que année par le
quelle elle ons consenty de recevoir jusqua final payement les
deux rente constitué sur mm. prevost jeune et tiziers de la ville
degurande dons ille a etez parlé cydevant plus vn particulier de
la châtre nomée roiile reclame vne anciennée creansé pour la
quelle ille a fait saisire la ferme des fous de la maisons et le
revenu dune rente aubituairée établis par monsieur demontazay
sur la terre de Bauvais paroisse de BonÂt de laquelle sesis le
révérant père nous a représente les actes.
0 Les dits révérant père paul Puynesagez de 51 ans supérieur
de ce couvant et frère pierre Fabriez dit frère jerome agez de
79 ans profes tous deux affiliiez a la maisons de Limoges decla*
rant que leur ijntention est de sortir delordre et profitez delà
libertée que leur offre les représentant de la nation.
» Enfin jile existe vne vielle orloge dans la maison dons la
cloché quil luij servoist de timbre a été preste par le devansiez
du supérieur Actuelle à monsieur le marquis Depouliny pour
estre plasser a sont chataux de Richemont paroisse de Lourdouée
Saint Pierre lors du pasage de Monseigneur Tarclievesqne de
Bourgée ille j à environs six ans pour sonner Les repas Laquelle
Cloche Le sieur Marquis de Pouliny avois promis de faire re-
conduire Et remettre a sa plasée sequille na peu Exécuté pas ce
quille a Etez surpris par La morts Et Le Supérieur actuelle ne
pouvant Le représente nous â rais En mains vne déclarations par
laquelle sons dit devanciez sertifie navoir voudu ny an^agez
Laditte Clochée Laquelle Déclarations signez P. Léonard,
KN LIMOUSIN. 147
Puynesgé Et datte du douze feuvriez 4789 de toutes Lesquelles
choses cij dessus nous avons fait clos Et arreste Le présent pro-
cès verbal En présence desdit père pol puynesgé supérieur Et
frère jerome a la charge Et garde desquelles nous avons Laissée
Les objets Enoncée Et ancore En présence de MM. jean Morain
fransois Rataux soussignez , siluain Moriats , hanry poiriez Et
Jacques redons quy Déclare ne savoir signer tous cinq officiers
De nostre municipalitez De Linard signez à la minute f. pol
puynesgé supérieur, jean morain , françois rataux. Pour copie
à MM. Les officiers de la municipalité de Linard au village
Dusaudrain le neuf octobre De Lannée mil sept cent quatre vingt
Dix. Nadaud segraitere greffiez de la communautezDe Linard. »
Les noms suivant"? des gardiens de Bois-Ferru sont venus
jusqu'à nous : nous les donnons avec la date des actes où ils sont
nommés :
François DBS Champs, S6 juillet 4665.
Révérend Père frère Joseph Légier, gardien prédicateur audit
couvent, 4" juillet 1666.
Révérend Père Etienne Lacheze, 20 mars 4682.
Bernardin Chastaignion , prêtre, digne religieux et gardien
de Bois-Ferru , 46 juillet 4709^.
Révérend Père Pi erre Ardent, religieux et gardien, 8mars4735.
Révérend Frère Jacques Romanet, prêtre, religieux et gardien
de Bois-Ferru , 49 décembre 4752. — Le 4 4 mars 4752 , ce gardien
porta le poêle aux obsèques du dernier Foucault de Saint-Ger-
main en compagnie de Charles de Gamoury; Silvain de La
Celle, abbé de Bouéry; François de La Celle, de Château clou;
Gabriel de La Marche de Puyguillon et Silvain de Saint-Maur,
seigneur de Vervy. Nous avons vu que ce marquis de Saint-
Germain était un des bienfaiteurs de ce couvent.
P. Bernard, 4 4 février 4789.
Pol Puynesgé, 30 mai 4790, dernier gardien du couvent.
§3.
Bois-Ferru était bâti sur un repli de terrain, dans une gorge
étroite et profonde, n'ayant qu'une seule échappée de vue sur
le mont Bernage de Saint-Vaury. Des bois recouvrent les colline»
qui Teuserrent : aussi y arrîve-t-on sans Tavoir aperçu, et l'effet
146 L¥JS FRANCISCAINS
est-il magique quand, descendant le chemin qui y amène du
bourg de Linard, on aperçoit, au milieu des arbres, cette belle
fenêtre qui éclaire la chapelle dessinant ses capricieuses ara-
besques sur Tazur du ciel. Une longue allée s'étendait au-devant
de la porte d'entrée, et de là on aperçoit, au milieu des bran-
ches des arbres, au sommet d'une des deux collines, le château
de Beaumont, grande maison sans caractère, qui appartenait
autrefois aux Bertrand marquis de Poligny.
La chapelle, sous le vocable de Notre-Dame des Ânfifes (4),
est encore entière, sauf la voûte, qui a été démolie. Elle est
de moyenne graudeur, ajourée au chevet d'une belle fenêtre de
cinq mètres environ de hauteur, séparée verticalement par
trois meneaux supportant des arcades trilobées, surmontées
elles-mêmes de deux quatre-feuilles et d'une rosace. Cette
fenêtre était autrefois ornée de vitraux bleu uni. Sur le me-
neau central , un écusson ménagé en relief porte les armes des
Brosses. Cette place d'honneur indique que ce sont celles du fon-
dateur de cet élégant morceau d'architecture du xv* siècle. La
chapelle au surplus est la seule partie encore debout du cou-
vent qui présente quelque caractère architectural : le reste était
d'une simplicité toute monacale, et en parfait rapport avec le
pauvre mobilier décrit dans Tin ven taire rapporté ci-dessus.
Ce couvent, acheté révolutionnairement en 4794 par le paysan
qui rhabitait encore en 4853, fut démoli par lui. Il parlait avec
regret des travaux inouïs qu'il fut obligé de faire exécuter pour
détruire la voûte de la chapelle, et des trois francs par jour,
somme exorbitante pour l'époque, qu'il donnait aux démolis-
seurs, tant rédifîce était solidement construit.
Que Dieu lui fasse miséricorde !
BORT.
Les frères Minimes s'établirent à Bort, aujourd'hui chef-lieu
de canton dans Tarrondissement d'Ussel (Gorrèze), le 26 juillet
4665, grâce à la générosité de Sébastienne Geneix, femme de
Michel Chaudizon.
(1) Nadaud , PouUîé manuscrit, à la bibliothèque du graud-séminaire de
Limoges.
KN IJM4)US[N. 149
BRIVE.
La ville de Brive a eu deux maisons de Tordre de St-François :
Tune de Cordeliers et l'autre de RëcoUets. La première , qui était de
la province de la Petite- Aquitaine, fut fondée en 4S37 par saint
Antoine de Padoue, en Tbonneur duquel on érigea une chapelle
près d'une grotte éloignée de la ville , et où le saint se retirait
souvent. Près de la chapelle , on bâtit aussi un hospice, dit Nadaud.
J'emprunte la page suivante à VHisloire du Bas-IÀmousin de M. F.
Marvaud (Tulle, Destoumelles , 4842, S vol. in 8] :
« Antoine de Padoue émut vivement le peuple par ses prédi-
cations , comme s'il eût espéré sauver l'avenir par de rigoureu-
ses mortifications. Victime expiatoire des erreurs du monde , on
le voyait sortir des manoirs où les maîtres riaient peut-être de ses
prédications, et se retirer dans les lieux les plus déserts pour
y nourrir sa douleur en reposant sa tête sur la pierre froide et
solitaire. On le vit souvent, égaré sur les collines, chercher, le
soir, la chartreuse de Olandier ouTabbaye d'Obazine, dont les
religieux sympathisaient avec lui. Souvent aussi , après de lon-
gues courses, il venait près de Brive pleurer et prier sous un
rocher, où les souvenirs du peuple et de la religion lui ont consa-
cré un autel. Les prêtres ont abandonné le vieux temple : mais
le peuple y vient encore visiter l'asile de l'apôtre, et la source
où il se désaltérait attire encore de nombreux pèlerins. Dans
cette grotte , où l'eau limpide et fraîche remplit de petits bas-
sins dans le roc, et où l'antiquité païenne eût placé la demeure
d'une naïade endormie sur son urne , le catholicisme raconta
long-temps de nombreux miracles. Aujourd'hui les voûtes ne
retentissent plus de chants sacrés; mais quelques vieillards vous
diront encore avec la simplicité de leurs croyances, avec leur
besoin de prodiges : « Chaque nuit veille de Saint-Antoine,
l'apôtre vient laver ses pieds poudreux dans la fontaine , qu'il
bénit avec des paroles que ses lèvres murmurent, et que l'oreille
n'entend pas. Souvent on l'a vu, ombre blanche et silencieuse,
cheminer lentement de la grotte à l'autel , s'y prosterner, et dis-
paraître à travers la fente du rocher. » (T. II , p. 403-104.)
Le couvent des Cordeliers de Brive fut ruiné , dit Nadaud , en
1575 ; mais il fut rétabli, et son dernier gardien a été Jean-*
150 Lt:S FRANCISCAINS
Baptiste Oallet, né à Brive le 27 août 4746. Il résidait encore
dans la même ville en 4802; en 4803, après avoir refusé la
cure de Venarzal (canton de Donzenac, arrondissement de
Brive), il fut nommé aumônier des Ursulinesde Tulle.
Les Récollets s'établirent à Brive en 4643.
LA CELLETTB.
La Cellette {ceUa beatœ Mariai) , située sur la paroisse de Mones-
tier près Merlines (autrefois du diocèse de Limoges , aujourd'hui
du Puy-de-Dôme), avait un prieuré fondé, en 4444, par un
moine de Tabbaye de Marsac en Auvergne. En 4 448 , on céda
ce prieuré aux frères mineurs Corddiers.
SAINT-MICHEL PRÈS œNFOLKNS.
Les Récollets s'établirent en 4646 à Confolens (aujourd'hui
Charente) , qui alors faisait partie du diocèse de Limoges. Ils
dépendaient de la province de la Conception-Immaculée, et
avaient pour fête patronale Notre-Dame-de-Consolation. Leur
maison se composait à la fin du xviii' siècle de cinq prêtres et
d'un frère convers.
DONZENAC.
Wading rapporte à l'année 4230 l'établissement des frères
mineurs Cordeliers à Donzenac, aujourd'hui chef-lieu de canton ,
arrondissement de Brive (Corrèze), qu'il nomme Donzenachuin ,
et que d'autres nomment mal aussi : DocuzdC, Dcudmad, Douse-
nachi et CouciruUi. D'après cet auteur, le fondateur du couvent
serait le vicomte de Comborn, c'est-à-dire Archambaud VI,
fondateur de la chartreuse de Glandier, ou bien peut-être, sui-
vant le même auteur, un seigneur de Malemort, qui alors
me paraîtrait devoir être Gérald de Malemort , chevalier-baron
de Donzenac, qui figure dans un acte de 4^234 comme faisant un
legs au monastère de Yigeois. Cette qualification de baron de
Donzenac me parait même indiquer le vrai fondateur. Nadaud ,
qui cite Wading, incline & faire remonter la fondation à 4227,
époque où saint Antoine de Padoue, allant de Brive à Limoges,
dut trouver Donzenac sur sa route. Cette raison ne paraît pour-
RN LIMOUSIN. 151
tant pas concluante : pour fonder il faut avoir des éléments ,
et alors étaient-ils à la disposition de saint Antoine?
Wading dit encore que le couvent de Donzenac était le qua-
trième de la custodie de Limoges en 4400. Nadaud ajoute qu'il
dépendait de la province de la Petite-Aquitaine , et se composait
de six prêtres et de deux frères convers. L'abbé Legros termine
rarticle du PouiUé en disant que, en 4786, il ne restait qu'un
prêtre dans ce couvent.
LE DORAT.
Simon Chesne, lieutenant particulier au siège du Dorât
{aujourd'hui chef-lieu de canton, Haute-Vienne) , ayant donné,
par acte du 42 mai 4647, l'ermitage de Notre-Dame-de-Recou-
vrance près Le Dorât aux frères mineurs Récollets, ces religieux
s'y établirent en 4648; et, quand ils eurent construit une église
convenable, Jean de Mallevaud, évêque d'Olonne, né à Bellac,
la bénit le 24 août 4654. Ces religieux, qui appartenaient à la
province de la Conception-Immaculée , étaient quatre prêtres et
un convers. On célébrait dans leur église, comme patronale, la
fête de Notre-Dame-de-Recouvrance et celle de saint François-
d'Assise.
GUÉRET (1).
Les frères mineurs Bécollets, établis en 4646 , sont huit prê-
tres, six étudiants et deux frères, se rattachant à la province de
la Conception-Immaculée.
Les notes suivantes sont extraites des archives municipales de
Ouéret et de celles du département :
«i L'établissement des Récollets avait été autorisé par délibéra-
tion consulaire du 28 décembre 4645 ; la première pierre du cou-
vent fut posée le 2 avril 4646.
» Les principaux bienfaiteurs du nouveau couvent furent :
Guillaume Reydier , archiprêtre de Saint-Sulpice-le-Ouérétois
(ou d'Anzôme), et son neveu Jean Reydier, lieutenant général
de la sénéchaussée de la Marche, qui firent construire à leurs
frais le grand autel de l'église. Des aumônes en argent furent
faites aussi, en 4635, par Catherine de Verthamont, femme
d'Antoine de Seiglier, écuyer, seigneur du Terrail, président à
(1) L*article Guérit est de M. Tarchiviste Bosvieux.
152 LKS FRANCISCAINS
rélection de Ouéret; en 4643, par Marguerite FayoUe , femme
de François Ceysson , sieur de Busserolles, conseiller au présidial
de la Marche ; en 4 670 , par Joseph Rougrier , sieur de La Vallette ;
en 4699, par Marguerite Seiglier, veuve de messire Dénia de
Sédoin, chevalier, seigneur et vicomte du Monteil. »
SAINT-JUNIKN.
Le couvent des frères mineurs Cordeliers de Saint-Junîen
(aujourd'hui chef-lieu de canton , Haute-Vienne) , fut fondé ,
d'après Maleu, en 4252 ou 4253, car le P. Estiennot met, d'après
la même chronique, 4253. —En éditant cette chronique de Maleu,
M. Arbellot dit, avec Estiennot, dans le texte, 4253{p. 74], etplus
loin (p. 460) , 4252. Wading, désignant fort mal ce couvent sous
le nom de S. Juraonum, recule sa fondation à l'année 4230, et
indique comme fondateur le très-riche comte ùpriscobaldensium.
Qui reconnaîtrait dans ce dernier nom le vicomte de Roche-
chouard , comme le fait remarquer Nadaud , qui préfère avec
raison la date 4252 , Maleu étant presque contemporain du fait?
Ce couvent se trouvait au nord-est de Saintr-Junien, en dehors
de l'enceinte fortifiée : aussi fut-il dévasté par l'armée calviniste
en 4569.
Quant aux Récollets de Saint-Junien , je prends dans les
DocumerUs historiques sur la ville de Saint-Junien de M. l'abbé
Arbellot le récit de leur fondation, qu'il a emprunté lui-
même à une Notice historique sur la fondation des Récollets
en Guienne :
< Le P. Mathurin Marsaut étant custode pour la seconde fois
fut envoyé à St-Junien pour y prêcher le carême ; il s'acquitta
de cet emploi avec tant d'édification que les habitants sonhaitè-
rent avoir des Récollets dans leur ville. Les consuls et les nota-
bles s^assemblèrent pour délibérer lèi-deasus : ils résolurent de
placer des Récollets près l'église de St-Amand , sous le bon plai-
sir de Mgr l'évêque de Limoges , qui est seigneur-baron de St-
Junien«
» En effet, le 5 juillet 4598 , l'évêque se trouvant à St-Junien ,
ils lui proposèrent leur dessein. L'évêque l'agréa. Les chanoines
de la collégiale cédèrent tous les droits qu'ils avaient sur cette
église : le service de la paroisse fut transporté ailleurs, et les
Récollets prirent possessicm la même année 4598.
EN LIMOUSIN. 153
» On leur fit b&tir uq petit logement dans Tendroit même
que saint Amand avait consacré par sa pénitence, et près Téglise
qui renferme son tombeau. MM. Jean et Martial Montjon en
firent la principale dépense : ils s'y étaient engagés dans les
délibérations de la maison de ville, et ils tinrent parole.
» Mais ce lieu n'était pas propre pour construire des lieux
réguliers, convenables à une communauté : des rochers aflFreux
et escarpés dominaient ce couvent ; la rivière roulait ses eaux
sur d'autres rochers avec un bruit eflProyable. Ce qui épouvantait
le plus les religieux c'est la grande quantité de vipères qu'on
voit dans cet endroit. Lorsqu'on revenait de l'office , on en trou<--
vait dans les cellules, quelquefois même dans les couvertures
des lits.
» Pour remédier ë ces inconvénients, on forma le projet de
placer le couvent sur le sommet de la montagne, de b&tir une
seconde église sur les voûtes de celle de Saint-Âmand , et de
joindre par une arcade la montagne avec l'église. M. Martial
Montjon, conseiller au parlement de Bordeaux, posa la pre*
mière pierre le 28 avril 4637. Trois ans après, le corps de logis
fut achevé, et le P. Urbain Ville, provincial, en fit la bénédic*
tion solennelle le 40 septembre 4640.
» Le P. Séraphin Céaux , auteur de ce nouveau plan , avait été
gardien six ans par privilège spécial. Après trois ans de vacan-
ces, il fut remis en place, et il entreprit de bâtir une nouvelle
église sur les voûtes de l'ancienne. La première pierre en fut
posée par M. Montjon, sieur du Bourg-Dieu, le 40 avril 4646.
L'année suivante, 4647, le 24 août, le R. P. Augustin Esmier,
provincial , en fit la bénédiction.
D Un mémoire, signé du provincial, de plusieurs gardiens et
autres religieux, rapporte que, pour rendre cette bénédiction
plus solennelle, on avait obtenu du pape Innocent X une orai-
son de quarante heures ; qu'il y eut une affluence de peuple
extraordinaire ; environ dix mille personnes y communièrent ;
il y eut quatorze sermons pendant les trois jours dans la haute ,
dans la basse 'église, quelquefois sous les arbres de l'avenue ; il
s'y trouva cinquante religieux, tous les ecclésiastiques de la
ville et des environs avec la noblesse du pays.
B Depuis ce temps , le concours a toujours été grand dans cette
église. On y vient des paroisses les plus éloignées pour y prendre
de l'eau de la fontaine de saint Amand , qui est dans la basse
église ; il s'y est fait souvent des guérisons miraculeuses.
3
154 LES FKAMCISGAINS
0 Ce couvent, quoique solitaire, a bien des agréments et est
très-régulier ; le P. Séraphin Céaux y ajouta un corps de logis
pour les infirmeries. On doit à^ce religieux tout ce qu'il y a de
bien et de commode. »
SAINT-LÉONARD.
Les frères mineurs Récollets furent établis à Saint-Léonard
(Haute- Vienne] par délibération des consuls et habitants de la
ville du 22. février 4594, et grâce aussi aux dons généreux de
Jean Duverdier, S' d'Arfeuille ou de La Bastide, trésorier de
France et premier consul de Saint-Léonard , et de sa femme ,
Barbe Chenaud. La première pierre fut posée le 18 mai 4594 par
Jean Duverdier, et Téglise fut consacrée le 24 novembre 1 595 par
Henri deLa Marthonie , évêque de Limoges. L'abbé de Grandmont,
qui avait apporté des reliques, était présent à la cérémonie. Le
couvent dépendait de la province de La Conception-Immaculée;
ses bâtiments sont aujourd'hui convertis en fabrique de porcelaine.
Voici, d'après Nadaud, Tépitaphe que, par reconnaissance,
les Récollets laissèrent graver au milieu de letir église en l'hon-
neur de la femme de Jean Duverdier, auquel elle avait sans
doute suggéré Tidée de la fondation :
CI GIST DAMOUELLE BARBB CHENAUD, DAME D*ARFEU1LHB,
LAQUELLE DÉcéDA LE 15' JOUR DU MOIS DE JUILLET, L*AN DE
GRACE 1597. PRIEZ DIEU POUB ELLE ET SA POSTéRlTÉ.
Arrête-toi , passant , contemple cet ouvrage.
De ton cœur, oraison, sors; larme, de tes yeux.
De madame Verdier ici tu vois T image.
Son corps est ici-bas; mais Vâme est dans les cieux.
Dame de grand* vertu, femme du sieur d*Arfeuilhe,
De ce grand thrésorier auteur de ce couvent.
Sus donc, bons religieux 1 priez Dieu qu'il ne veuille
Avec elle en courroux entrer en jugement.
LIMOGES.
Quelques manuscrits rapportent à Tan 1225, date généralement
adoptée, la fondation du couvent des frères mineurs CardéUers
de Limoges, d^abord fixés près de la fontaine des Menudeis, près
EN LIMOUSIN. 155
le faubourg Boucherie, et transportés, en 4243, près de la rue
Palevezi (manuscrit de la Bibliothèque impériale , ancienne 5452)
là oii ils sont restés jusqu'en 1794 , à remplacement occupé
presque jusqu'à ce jour par la maison Pouyat, qui avait eu le
bon goût de respecter les cellules, autant qu'elle avait pu, au
premier étage. Cet emplacement se trouve partager presque
(aujourd'hui 4863) l'espace qui sépare la rue des Tanneries de
la statue du maréchal Jourdan. Ce couvent donnait son nom à
la troisième custodie de la province d'Aquitaine, composée des
couvents de Saint-Junien, Nontron, DonzenacetBrive. Wading,
qui défigure le nom de Limoges en ceux de Leacœiices eiLamovi-
oarum, recule à tort cette fondation jusqu'à l'année 4228, époque
oii saint Antoine de Padoue vint à Limoges avec huit religieux.
Saint Antoine y était venu en 4227, mais il n'y avait fait
qu'un court séjour. Le terrain occupé par les Cordeliers jusqu'à
la fin du dernier siècle appartenait aux moines de Saint-Martin-
lez-Limoges, et avait été cédé par l'intervention de saint
Antoine de Padoue. Or les chroniques racontent que, douze ans
après la mort du saint, en ^243 , cette donation occasionna une
émeute contre les moines de Saint-Martin , qui voulaient rester
propriétaires et maintenir certains droits de leur église. Le peu-
ple et les consuls prirent fait et cause pour les Cordeliers , et
défendirent aux ouvriers de prêter leur concours aux moines
pour la construction des voûtes de leur monastère. Cependant,
grâce à l'intervention de Philippe Beyruyer, archevêque de
Bourges, qui vint à Limoges en visitant sa province, les consuls
furent forcés de. remettre au jugement de l'évêque la disposition
du terrain contesté, que les Cordeliers durent céder aussi tempo-
rairement , et les ouvriers reprirent leurs travaux à Saint-Martin-
lez-Limoges. Ces contestations bientôt apaisées , les Cordeliers
reprirent possession.
Les BécoUels ont eu simultanément deux couvents à Limoges :
d'abord, l'Oratoire, bâti, dit-on, à l'emplacement où sainte
. Valérie eut la tête tranchée, et dont il est fait mention dès 520,
oratoire aujourd'hui détruit, et .remplacé par un jardin à
quelques mètres seulement au-dessous de la caserne de cavale-
rie. Le 46 novembre 4564 , les calvinistes de Limoges s'emparè-
rent de cette chapelle pour y faire leurs réunions; mais, avant la
fin du même mois, ils furent obligés de la rendre , et , par décla-
ration du 20 juin 4596, le chapitre de la cathédrale la céda aux
Pères Récollets, qui en prirent possession le 4'^ août suivant.
156 LES FRANCISCAINS
Comme il n'y avait aucun bfttiment près de cette église , les
Pères logèrent provisoirement dans le prieuré de Saint-Gérald
(aujourd'hui hôtel-de-ville de Limoges) ; mais, grâce à d'abon-
dantes aumônes, bientôt ils eurent un vaste couvent, qui servit
de premier noviciat à leur réforme , dit Nadaud , et où ils réunirent
plus de quatre-vingts religieux. Ils étaient de la province de
rimmaculée-Conception .
L'hospice ou petit couvent de Saint-François, dont le gardien
du grand couvent des Récollets de Sainte- Valérie était supérieur,
fut livré aux Récollets le U avril 4644. L'édifice, nommé d'abord
le Bâtiment, et où Charles VII avait été reçu en 4438, servit
pendant la révolution de salle de spectacle, d'où est venu à la
me adjacente le nom de rue de V Ancienne-Comédie, La fête
patronale de ce petit couvent était celle de saint François
d'Assises.
NONTRON.
Les frères mineurs CordeUers s'établirent à Nontron , alors du
diocèse de Limoges, aujourd'hui de celui de Périgueux, en
4S67. Ce couvent était de la province de la Grande-Aquitaine,
et le troisième de la custodie de Limoges en 4400. Wading, qui
défigure son nom en le nommant Nantrodunum et Nitnmii, dit,
sans désigner Tannée (d'après Castel , en 4 569} qu'il fut détruit par
les huguenots, qui tuèrent, en haine de la religion catholique,
frère Mathieu de Montfalon, prédicateur célèbre , qui en était
gardien et custode de la custodie de Limousin, et aussi frère
Jean Berserian et frère Brossière ou plutôt La Brousse. Le cou-
vent subsista pourtant jusqu'à la révolution.
SAINT-PROJET.
t Dès 4 488 , Louis , comte de Ventadour , marquis de Sterella
(Escorailles) et seigneur de Roussilhe , et Catherine de Beaufort ,
sa femme, avaient obtenu du pape (4) permission de bfttir un
couvent pour les frères mineurs Observantins dans la paroisse
de Neuvic près Peyroux [i) au diocèse de Limoges. Ils le fondèrent
(l)Dan8 son PcmUlé Nadaud dit, d*aprës Castel, que la bulle est du
28 avrn 148L R.-P.
(2) NcuYic, chef-lieu de canton (Corrèïe). R.-P.
EN LIMOUSIN. 157
en effet Tannée suivante sur le bord de lu Dordogne , et oa
rappelle Saint-Projet. Un évêque suffragant de Clermont sacra
réalise en Thonneur de la sainte Vierge le 34 aoÙt 1505. Ce lieu
est fort solitaire, dans un vallon très-profond. Catherine de
Beaufort y repose dans un très-beau sépulcre, d (Nadaud , mé-^
moires manuscrits, T. !•', page 205.)
TURBNNB.
Les frères mineurs Capucins furent établis, en 4644, à Turenne
(Corrèze) par Frédéric-Maurice, duc de Bouillon. A la fin du
dernier siècle, ils étaient cinq prêtres et deux frères convers,
dépendants de la province d'Aquitaine.
USSBL.
Les frères mineurs RécoUets d'Ussel (Corrèze) furent fondés , le
7 octobre 4 «04, par Marie de La Guiche, veuve de Charles de
Lévi , duc de Ventadour. Les religieux , qui étaient six prêtres et
quatre convers, appartenaient à la province du Saint^Sacrement.
Leur fête patronale était celle de Notre-Dame-des-Neiges.
SAINT-YRIEIX.
Les frères mineurs RécoUets furent établis dans la ville de Saint-
Yrieix-la-Perche (chef-lieu d'arrondissement, Haute-Vienne)
en 4613.
Nota. ^ D*aprè8 Wading, saint Antoine de Padoue aurait établi, en
1227, près de Brive^ un couvent différent de celui de la grotte où il se
retirait, et Nadaud pense que ce serait dans la paroisse d*USSAC; mais
il n*eQ est fait mention nulle part ailleurs.
Afin d'être complet, je donne ici la liste des religieux de Tor-^
dre de Saint-François distingués de la foule et nés dans la
Marche ou le Limousin (4] :
(1) Jusqu'à la lettres Inclusivement, ces docaments sont pris dans la
Biographie limousine de MM. du Boys et ArbeLM pour les lettres sui-
vantes, en ce qui ooncerne la Haute-Vienne, dans la Rwue archéologique
de M. Arbellot ; pour la Creuse et la Corrèze, Je dois les notesà robligeance
158 t.ES FHANCISC\INS
Brive (Martial de), né à Briveetmort vers 4656, capucin, qui
consacra à des sujets pieux son talent pour la poésie. Un de ses
confrères, le P. Zachariede Dijon, recueillit tout ce qu'il put de
ces œuvres, dont, par modestie, le P. Martial n'avait pas même
f^eivàé copie, et il les publia, sous le titre de Parnasse séraphi-
que et les derniers Soupirs de la mtASe du R. P. Martial de Brive,
capucin, du vivant de l'auteur, et à son grand mécontentement.
Dupuis en avait fait paraître une partie à Lyon , chez Alexandre
Fumieux, 4655, in-4*.
Chassaing (le P. Bruno), né à Égletons en 4590, mort à
Bordeaux le 28 juillet 4669. II fit profession chez les Récollets de
Limoges le 4'*^ août 4608, et exerça avec lionneur les diverses
charges de son ordre. Estimé comme canoniste, il fut péniten-
cier de Grégoire XV et d'Urbain VIII dans l'église de Latran.
On a de lui : 4° Privilégia regularium, quitus apet^te demonstratur
regtdares ab omni ordinariorum poteslaie exemptas esse, etc. : Bor-
deaux , 4648, in-folio, réimprimé à Paris, chez fcouterot, en
4653; — ^^ Prœlatus regularis , etc. : Bordeaux, Mongiron-Millan-
ges, 4654 , in 8° ; Paris, 4655 ; — 3" S. Fraticiscus redivivus : Paris,
Couterot, in-46. — Le clergé de France condamna ce dernier
ouvrage en 4650.
Cherdon (Michel-Ange), capucin de Limoges, a composé
le bon Malade, le bon Mourant, ou la Conduite de la vie chrétienne:
Paris.
CiBOT (Pierre), de Limoges, Cordelier, composa ro/*/îce de ta
Conception de la Vierge. Cet office fut chanté pour la première
fois par le chapitre de Saint-Etienne de Limoges le 3 juillet 4535.
Crouzbil (Pierre-Séraphique), né à Limoges en 4664, mort
à Nontron le 43 juillet 4740. Entré chez les Observants, il fut
nommé deux fois provincial. Le P. Alexandre le qualifie d'habile
docteur de Sorbonne. Il fut chargé par le définiteur général des
Cordeliers de composer en l'honneur du roi de France une thèse
destinée à être lue à Rome dans le chapitre général. Cette thèse ,
de M. Maublanc, premier vicaire à Saint-Pierre de Limoges, qui les a
recueillis k mon intention dans le Dictionnaire des hommes illustres du
Limousin, deTabbé Legros, conservé au grand-séminaire.
KN LIMOL'SIX. 159
dont le texte est : Qui pasdtur inter lilia, fut admirée à Rome et
à Paris, et k Mercure Galant en fit un pompeux éloge. Outre la
thèse, on a de lui \* Essais de paix entre les théclogiens catholiques
sur la matière de la Grâce, Cologne , 4706 , in-46, sans nom d'au-
teur; — 2° Suite des Essais de paix, etc., 1707, brochure in-46.
EsNAUD (Joseph] , né à Limoges, où il mourut le 22 mai 1724.
H occupa chez les Cordeliers diverses charges , entre autres celle
de grand-custode. Il a écrit une Viede saint Antoine de Padoue.
GoTRAND (Salomon), Récollet, né h Aixe près Limoges, mort
en 1746. Il a écrit plusieurs ouvrages.
Grandis (le P. Sylvestre), né à Limoges le 15 juin 1603,
Récollet, d'une piété, d'une science et d'un mérite rares. En
1632, il fut nommé provincial, et depuis il exerça plusieurs
fois les fonctions de commissaire général. Il mourut à Sarlat,
et, après sa mort, son corps gHvds long-temps la souplesse qu'a
le corps d'un enfant. (Legros, Dictionnaire des grands hommes du
Limousin, inédit, p. 132.)
La Mothe (Fulgence), Récollet, né à Pierre-Bufflère , provin-
cial de Toulouse en 1662, et auteur d'un ouvrage de spiri-
tualité dédié à la duchesse de Ventadour.
LiRis (Léonard du), né à Ëymoutiers, se fit Récollet, et fut
quelque temps gardien du couvent de Saint- Amand près Saint-
Junien. Ce fut à son retour d'un voyage au Canada qu'il composa
ses divers ouvrages sur la marine, et entre autres : la Théorie et
la Pratique des Longitudes. Il est mort, à La Rochelle en 1656,
après cinquante-trois ans de profession religieu.se.
Mallevaud (Jean de), né à Bellac, capitale de la Basse-
Marche. D'abord Récollet sous le nom de P. Chérubin, il devint
coadjuteur de Joachim d'Estain , évêque de Clermont en Auver-
gne, avec le titre d'évôque d'Olonue. Il consacra au Limousin
diverses églises de Récollets, et mourut le 4 mai 4682 à Aix en
Provence, où l'archevêque de cette ville Tavait appelé pour la
visite de son diocèse. Par son testament il fondait à Bellac une
maison des sœurs de Rouen , qui s'y installèrent le 30 avril 4683.
Martial (le Père^, Capucin, né en Limousin, célèbre prédi-
160 LES FRANCISCAINS
cateur du xvn* siècle. On a de lui un petit poème intitulé:
Saint Martial triomphant. C'est la description de la procession
solennelle des reliques qui se fait le mardi de Pâques à Limogres-
MoNTcoDRKiER (le P. AuréHcn), né à Uesel (Corrèze), prit
rhabit des Récollets au couvent de Sainte-Valérie à Limog-es le
28 octobre 1624. Son ardente charité le porta à demander at?ec
larmes & ses supérieurs la grâce d'aller soigner les i>esliférés dan»
rhospice de Saint-Michel à Bordeaux. On lui accorda ce qu'il
demandait avec tant d'instance. Il mourut le jour même de son
entrée dans cet hôpital , étant jeune encore.
Peytour (le P. Léonard), né à Bourganeuf (Creuse), avait
pris l'habit de Récollet à Limoges le 24 mai 4640. Il mourut en
odeur de sainteté , à Libourne , en soignant les pestiférés.
PouLiHOT (Victorien), Récollet, né à Saint-Junien, renommé
pour ses prédications, et auteur de plusieurs ouvrages de contro-
verse contre les calvinistes. Il mourut fort âgé, à La Rochelle,
en 4652.
Tarneaud (Victorin), né à Aixe près Limoges, était, en
4659, provincial des RôcoUets de la province de Toulouse. Il est
auteur du livre de controverse le Glaive-BoucUer des catholiques.
Vareilles (le P. Yves), né à Alassac (Corrèze) en 4595, prît
rhabit des Récollets à l'âge de vingt ans. Devenu supérieur du
couvent de Pons en Saintonge, il s'y distingua par son zèle à
convertir les hérétiques, et il convertit toute la paroisse de Lon-
zac en cette province. Pendant la peste qui sévit à Pons, il fit
aussi preuve de zèle et d'un grand dévoûment.
Les Pères Franciscains installés le 48 avril 4854 près du cime-
tière de Limoges (Louyat) afin d'y servir d'aumôniers des der-
nières prières, et en môme temps de missionnaires pour le dio-
cèse, n'étant d'aucune réforme, appartiennent aux frères mi-
neurs conventuels plus spécialement nommés en France Cordeliers.
Venus d'Espagne, ils ont actuellement dans notre patrie cinq
couvents, qui forment la province de Saint-Louis évoque. Ces
fiN LIMOUSIN. ISt
couvents sont : Saint-Palais (Basses-Pyrénées) , où ils sont venua
en 4850, mais où leur érection canonique, sous le vocable de
rimmaculée-Conc«ption-de-Marie , n'a eu lieu que le 42 juin
4854 ; Amiens (Somme), où le cardinal Wisemann, archevêque
de Westminster , présidait leur installation le 25 août 4852;
Limoges (48 avril 4854); Bourges et Branday près Castillon-sur-
Dordogne (Gironde). Les gardiens du couvent de Limoges jusqu'à
ce jour ont été :
LeR. P. Emmanuel Beovide, depuis le 80 avril 4854, jour de
rinstallation, jusqu'au mois d'août 4856 ;
Le R. P. Jean-Pierre d'Alcantara (né Jean Peyre) , depuis août
4856 jusqu'en novembre 4860 ;
Le R. P. Jean de Saint-Étienne , depuis novembre 4860 jusqu'en
486...
Le R. P. Michel , gardien actuel.
Le luice qu'étale chaque classe de la société est porté au der-
nier excès, et il épouvante dans leurs heures sérieuses tous les
chefs de famille, dont beaucoup ne savent plus sur quoi baser
l'avenir de leurs enfants. Aussi inspire-t-il aux jeunes gens ré-
fléchis et peu fortunés une espèce de répulsion pour le mariage,
institution indispensable à la moralité sociale. D'autre part,
toute la littérature et la fausse philosophie s'entendent depuis
long-temps pour prêcher comme bien suprême la satisfaction des
sens, a Chacun chez soi, chacun pour soi; — travaillez pour
jouir plus tard », ont dit sur tous les tons les prétendus sages.
« La société est mal organisée et tyrannique : le penchant natu^
rel doit être la grande loi des hommes, car il est faux qu'ils
soient nés avec un penchant au mal », disent tous les romans et
les feuilletons-romans; et ces sottises, répétées chaque jour , ont
perverti tant d'âmes que l'on passe pour un ennemi du progrès
et des pauvres quand on prêche que le paradis n'est pas sur
terre, puisque les roses n'y fleurissent ni toujours ni partout. La
fièvre du plaisir prolonge un peu l'oubli des maux , soit ; mais
les tristes réalités de la vie, le travail , la maladie, la mort , ap-«
paraissent bientôt, d'autant plus hideux à voir qu'ils sont plus
redoutés. Et d'ailleurs l'égolisme, toujours sans entrailles, ne fait*
il pas des victimes autour de lui? Tandis que la jeunesse folâtre
boit dans la coupe trompeuse du plaisir, combien de parents
paient ces folies par là ruine de leur fortune ou par le déshon-
neur de leurs cheveux blancs !
Jouir c'est l'unique préoccupation du grand nombre, comme
162 LKS llUNCISCAINS KN UMOLSIN.
autrefois celle des Romains au temps de leur décadence ^ panem
et circences! C'est toujours le môme cri. Aussi , comme alors, quoi
qu'en disent des hommes intéressés à soutenir le contraire, les
caractères sont généralement amoindris. Est-ce que la prudence
n'eng'age pas à sacrifier un peu de fierté quand on a besoin de
tendre la main ? Malheureusement les hommes déclassés et hai-
neux, Tarmée de Catiliua, sont plus nombreux encore. Nos
révolutions sans nombre le prouvent.
Laissez donc passer librement, saluons tous avec respect
ces hommes qui , renonçant à des positions honorables et lucra-
tives auxquelles ils pouvaient prétendre puisquMls sont instruits,
ont revêtu la livrée de la pauvreté. Ils ont accepté librement
d'être classés parmi les petits pour être plus en droit de con-
soler et de catéchiser ceux qui subissent forcément cet état d'hu-
miliation. Contents en vivant de peu, ils apprennent à Thomme
que régler, borner ses désirs est le plus sûr moyen d'être heureux.
Vivant d'aumônes au jour le jour, ils savent partager leur pain
avec tous ceux qui frappent à leur porte : c'est que Ton peut
toujours donner la partie que l'on se retranche. Mais aujourd'hui,
comme on Ta dit, le superflu est devenu nécessaire.
Les enfants, par ignorance et par légèreté, les libertins, par
passion, riront sans doute des sandales et de la robe grise du
Franciscain; mais tout homme sérieux , ne fût-il pas chrétien,
doit voir en cet homme un excellent prédicateur.
Sources : Wading ? Annales des frères mineurs Cordeliers , année 1227 ,
n- 17 et 18; année 1230, n» 22; année 1260, d^ 14; année 1400, no 8 ;
preuves, p. xliv. — Castel, Annales des frères Mineurs, T. 1, p. 205 et
282; T. Vil, p. 132 et 140. — Gallia christiana nota, T. H, col. 537. — Ma-
nuscrit de la Bibliothèque impériale , ancien n» 5452. — Bonaventure de
Saint-Amable, Histoire de saint Martial, T. II , p. 198, col. 2; T. 111, p.
550. col. 2; 824, col. l.— Nadaud, Pouillé manuscrit , aux divers articles
sus-indiqués; Mémoires manuscrists^ T. I*', p. 203-205. — Legros, Liste
manuscrite des anciens prêtres du diocèse de Limoges vivants en 1803. —
Marvaud, Histoire politique, cimle et religieuse du Bas-Limousin, T. II,
p. 104. ^ Arbellot. Chronique de Maleu, suivie de documents historiques
sur la ville de Saint-Junien : Paris, Didron , 1847, p. 74, 160, 214, 215,
223, 23k, 238, 258. ^ Revue archéologique et historique de la Haute-Vienne ;
Limoges, Ducourtieux, IS^ , passim. — BiograpJiie des hommes illustres du
Limousin , publiée avec le concours d* Auguste DuBoys : Limoges , ArdlUier»
1854, passim. — Calendrier ecclésiastique et civil du Limousin,
Bellegarde, 8 décembre 1863.
J.-B. L. ROY DE PIERREFITTE.
CONSULTATION
D'UN AVOCAT LIMOUSIN
AU XV' SIECLE
Cktrdon aanl taire à Meymac
— Affném la eordonnlère et lea conaul» de Meymac. — '
Conflit avec le comte de Veittadour.
Les archives communales de la ville de Meymac (Corrèze) ne
possèdent qu'un petit nombre de pièces antérieures à 1790. Ce
sont , pour la plupart , des procès relatifs à des communaux ou
à des terrains en litige entre les consuls, représentants de la
ville , et certains habitants ou propriétaires du voisinage. Dans
le nombre cependant il en est une qui ne manque pas dMntérôt :
c'est une consultation donnée , vers Tannée H60 , par un avocat
nommé Rigault (elle est signée très^lisiblement, mais non datée).
Une consultation d'avocat ayant quatre cents ans de date n'est
pas chose commune : ces sortes de documents ne durent pas en
général plus long-temps que le procès auquel ils se rapportent;
ils ne font pas partie du dossier, et ne survivent guère aux plai-
doiries , qui n'en sont le plus souvent que la reproduction ou
le développement : celui-ci en outre contient des renseigne-
ments historiques, des détails de mœurs et des expressions qui
méritent peut-être d'être mis sous les yeux des hommes spé-
ciaux. Nous croyons donc devoir la reproduire textuellement,
en y joignant une traduction que, vu la matière, nous nous
sommes efforcé de faire plus littérale que littéraire :
164 CONSlilTAtlON
TEXTE. TllADUCTIOS.
Casus talis est : Le cas est td :
la villa de Meymaco Lemovioensis Dans la ville de Meymac , diocèse
diocesis sunt et esse consueverimt ab de Limogres , existent et ont accou-
antique plures franchesie et liber- tumé d*exister, de temps ancien,
tates eidem ville et habitantibus in plusieurs franchises et libertés con-
eadem per dominum tune viceco- cédées à cette époque à ladite ville
mitem (1) Yenthadorensem , doml- et k ses habitants par le sire alors
num de Meymaco tune concesse. vicomte de Ventadour, selgnear de
Meymac.
Item in eadem villa de Meymaco Item , dans ladite ville existent et
8unt adesse consueverunt et annua- ont accoutumé d*exlster, et sont
tim eliguntur quatuor consules pro- annuellement élus quatre consuls
bi viri eiusdem ville qui gerunt prud'hommes de ladite ville, qui
négocia communia eiusdem ville et gèrent les affaires communes , et
tenent exercicium personnale Juri- possèdent Texercice personnel de la
dictionis quam iidem consules habe- Juridiction qu'avalent les consuls en
bantln eadem villa et nichilhominus ladite ville, et notamment conser-
tenent custodiunt et tenere cousue- vent et gardent et ont accoutumé
verunt claves Januarum eiusdem de garder les clefs des portes de
ville. ladite ville.
Item et d ictus dominus vicecomes Item, ledit sire vicomte dans la
in concessione dictorum privile- concession desdits privilèges et
giorum et libertatem inter alia libertés, entre autres choses, par ces
eisdem consulibus per easdem liber- mêmes libertés a concédé auxdits
tates conoesslt privilegium et liber- consuls le privilège et droit de punir
tatem puniendi omnes improbantes tous contradicteurs ou détracteurs
aut detrahentes indebite dictis con- qui résisteraient indûment auxdits
sulibus aut eis nolentes obedire , consuls ou refuseraient de lu! obéir,
prout in qiiodam articulo earumdem selon qu*il est contenu en un certain
libertatum continetur, cuius ténor article desdites libertés, dont la
talis est : teneur est telle :
Tewtus libertatum : « Item oonce* l}Mste des libertés : « Item, nous
i> dimus quod si quls de dicta villa » concédons que tout contradicteur
»» improbabit aut detrahit dictis » ou détracteur desdits consuls qui
» consulibus indebite vel eis noluerit » leur résistera indûment ou ne
» obedire in quibus debebit seu in » voudra pas leur obéir en choses
M quibus est eis a nobis concessum » pour lesquelles il leur est par nous
» quod possint eum punire secun- » concédé de se faire obéir, puisse
» dum quod eis videbitur expedire » être par eux puni selon qu'il leur
» rationaliterdoneccumipsisconsu- » paraîtra raisonnablement appar-*
» libus venerit ad emendam. » » tenir, jusqu'à ce qu'il soit venu k
X composition avec lesdits consuls.»
Item est verum quod, anno ab Ifem, il est constant que, Tan de
incamatione Domini M« ccc*LVM», l'incamation du Seigneur 1466i
.Il l.n francliiscs de Mr^mw rt.iii'iit iltinc iu riHnmeneeniciil du ut'' sicrb* , les Vcntodour n'ajani
prit Iv tUr« de coni'rs qu'en 1517.
d'un avocat limousin au XV* SIÈCLE. 165
fùerunt légitime creati et conflrmati furent légitimement créés et établis
consules dicte ville, magister Léo- consuls de ladite ville : maître
nardus Planeti. notarlus publlcus, Léonard de Planet, notaire public,
Leodgarii de Pinat , Leodgarius de Léger de Pinat , Léger de Mirambel
Mirambel (1) et Johannes de Her- et Jehan de Herment, et pour tels
mens (2), et pro talibus tanti habîti tenus, reconnus et réputés ou ver*
et repputatl palam et publiée, noto- tement et publiquement, notoi-
rie et manifeste. rement et manifestement.
Item est verum quod propter em- Item , 11 est constant que, à raison
pidimiam que eodem anno lviiio erat d'une épidémie qui en cette année 58
in patria Alvemhie (8) per dictos régnait dans le pays d'Auvergne , il
eonsuleseiusdem annate et maiorem fut, par les consuls de ladite année
et saniorem partem eiusdem ville et la majeure et plus saine partie de
eodem anno fuit sta tu tum quod tene- ladite ville, arrêté, ladite année,
rentur custodie in januis eiusdem qu'il serait établi des gardes aux
ville ne aliqui venientes de loco portes de ladite ville, de peur qu'au*
empedimoso ibidem intrare valerent cuns venant de lieu infecté ne
et quod unus portanellus eiusdem pussent y entrer, et qu'une poterne
ville nominatus de Prinel maneret de ladite ville, appelée de Prinel,
clausus continue donec dicta empi- resterait continuellement close jus«
dimia cessasset. qu'à ce que ladite épidémie eût cessé.
Item quadam die dominica mensis Item , un certain dimanche du mois
septembris eodem anno quedam de septembre de ladite année, une
Agnes de Tregojte uxor Benedicti de certaine Agnes de Tregojte , femme
Tregoyte Autoris eiusdem ville in de Benoit de Tregoyte, cordonnier
platea publica de Meymac dicto eius en ladite ville, sur la place publique
marito présente habuit lites et jur- de Meymac. en présence de son dit
gia cum dicto magistro L^onardo mari , eut débat et dispute avec ledit
Planeti notario publico uno ex con- maître {.éonard de Planet , notaire
SQlibus eiusdem ville eiusdem anni public, un des consuls de ladite ville
pro eo quod idem consul noluerat pour ladite année, k raison de ce que
sibi tradere davem dicti portanelli ledit consul n'avait pas voulu lui
taliter quod post plures iniurias livrer la clef de ladite poterne, tel-
verbales inter Ipsos habitas pro tra- lement que, après plusieurs injures
ditione dicte davis dicta Agnes maie verbales échangées entre eux au
mota semél bis et pluries eum png- sujet de la livraison de ladite clef,
gno pereassit et verberavit dictum ladite Agnès, mal inspirée, lésa et
(1) Qiwiqae l'a en mot Wnbd ne loit pM iarmoalé du tigna qui tonvant rcnpliee la laltra m , nooa
«rojana qaa tit mol déaigm la lian da Mirombei^ nliné à q«ali|uea kiloièliaa au nofd dUaael.
(S) HamcBl, chaC-liau daeantun de l'arroadiasamaot da Clarmom (Puy-de-Dùone) , pen éloigné de la
lifliîla ovienlala de ranrieo duché da Veotadour.
(5) Mcymaa aat one des TÎllaa de l'aDeiao duché let plus éloignées da l'Auvergne (40 kilomètres environ) ;
mais elle « dû avoir da tout temps , comme elle a encore , des rapports fréquenu avec cette province : elle
lett da point de passage rt de repos aux nomhreu bestiaux et muleu qui sont coodulu , à diflSirentes épo*
«pMs da Taiwéa, d'Auvergne an Poitou ; en outre noua venons da voir qu'un daa aonauls de 1458 était
originaire d'Harmeni : peuiréire availnl rafu dea lellraa meationaaM TépidéMia qui avail native la
cordon sanitaire étahii pour piésetvai la villa de la contagion.
166 CONSULTATION
consulem tam in facie quam in pec- frappa de son poing k une, deux , et
tore. plusieurs reprises, ledit consul,
tant au visage qu*k la poitrine.
Item et cum idem consul verbe- Ilem, comme ledit consul battu et
ratus et alii consules élus socii de les autres consuls ses collègues, k
injuriaet offensa consulatus et totius raison de Tinjure et offense faite en
oommunitatis dicte ville in per- sa personne au consulat et à toute la
sonam dicti consulis verberati facta communauté de ladite ville, vou-
vellentagere contra dictamÂgnetem laient agir contre ladite Agnès de
de Tregoyte dictus Benedictus eius Teregoyte, ledit Benoit son mari,
pro dicta eius uxore de emenda pro volontairement, agissant pour sadite
eadem offensa eisdem consulibus femme , fit son affaire personnelle de
facta suum fecit principale debitum la réparation due pour ladite offense,
erga dictos consules présentes et de et se soumit vis-k-vis desdits consuls
taxatione eiusdem emende se sup- présents à la fixation de ladite répa-
posuitetsubmisittotaliteretomnino ration, s*en remettant absolument
dicte ordination! et esgardio eorum- et complètement au règlement et
dem consulum et volenter concessil évaluation qu*ils en feraient , et
idem Benedictus de Teregoite pro se voulut et concéda ledit Benoit de
et suis quod ipsi consules eamdem Teregoyte , pour lui et les siens ,
emendam possint taxare et Ipsum que lesdits consuls fissent fixer
Benedictum et eius uxorem punire ladite amende et punir ledit Benoît
quodeisvidebiturexpediensetoppor* et son épouse selon qu'il leur pa-
tunum pro arbitrio suœ voluntatis raitrait expédient et opportun , k la
pro ut per eorum lil)ertates facere discrétion de leur volonté, selon que
possunt et debent sub certis pena et par leurs franchises ils ont pouvoir
juridictione ut constat instrumente de faire, sous certaines peines et
quod dicta eius uxor rattificavit, juridiction, ainsi qu*il résulte d'un
laudavit certior facta instrument! . acte que ladite épouse a ratifié et
approuvé après en avoir pris con-
naissance.
Item respectu interesse et offense Item , quant k l'intérêt et offense
magistri Léonard! consulis verberati dudit maître Léonard, consul firappé,
fuit etiam passatum compromissum il fut aussi passé un compromis ,
et idem Benedictus eidem magistro et ledit Benoit promit de donner satis-
Léonard! taxare promisit ad esgar- faction audit maître Léonard selon
dium aliorum trium consulum. Tévaluation des trois autres consuls.
Item voluit et concessit idem Bene- Item, voulut et concéda ledit
dictus de Teregoyte quod informatio Benoît de Teregoyte que Tinforma-
secreta super promissis facta per tion secrète faite sur ce qui précède
magistrum Philipum Matheum com- par maître Philippe Mathieu , com-
missum et juratum curie domini missaire juré de la cour de monsieur
offlcialisLemovicensisperinde valere l'offlcial de Limoges, eût la même
eorum quibuscumque judicibus et valeur vis -k- vis tous juges et
persouis ac si per judicem compe- personnes quelconques que si elle
tentem et post litis contestationem eût été faite par juge compétent,
et testium productionem parte pre- après débats, production de témoins,
sente et aliis juris sollemnitatibus parties présentes, et avec toutes
signatis facta fuisset. solennités de droit.
d'un avocat LIMOISIN Al) XV' SlÈCLK. 167
Item et voluerunt et concesserunt Item lesdites parties voulurent et
ipse partes eumdem compromissum coccédèrent que ledit compromis fût
durare bine ad tuncproximum fes- valable jusqu'à la fête de tous les
tum omnium sanctorum. saints alors suivante.
Item et eodem notario prudentes /i^^m. devant le même notairelesdits
memorati Leodegrarius de Pinat, prud'hommes Léger de Pinat . Léger
Leodegarius de Mirabel et Johannes de Mirambel et Jehan de Herment,
de Herment consules dicte ville socii consuls de ladite ville, collègues
dicti magistri Léonard! habito ma- dudit maître Léonard , après conseil
turo et deliberato consilio in ter mûrement délibéré entre les parties ,
partes, prout factorum expositione ainsi qu*il résulte de l'exposé qu'ils
que adhuc habent in scriptis patet ont encore par écrit, voulant user
volontés uti duabus potestatibus des deux pouvoirs qui leur appar-
suis videlicet una que est privile- tenaient, l'un en vertu des privilèges
giorum prius notatorum et ex arti- précités et de l'article de Tacte ci-
culo superioris instrument! per quem dessus par lequel lesdits consuls peu-
ipsi consules possunt punire detra- vent punir leurs détracteurs et ceux
hentes sibi et improbantes acta et qui blâment leurs actes, et l'autre
aliaque est vigor dicti compromissi résultant dudit compromis et du
et potestatem per partem adversam pouvoir keux attribué par leur par-
attribute ambas potestates cumu- tie adverse, cumulant ces deux pou-
lando omnibus visis taxaverunt voirs, tout bien considéré, fixèrent
emendam ad centum solidos monete l'amende à cent sous de monnaie
currentis communitati dicte ville courante, applicables à la commu-
applicandos per eumdem Benedictum nauté de ladite ville, et payables
de Teregoyte et eius uxorem sal- par ledit Benoit de Teregoyte et sa
vandos eidem communitati infra femme avant la fête de Pâques lors
tune proximum festum Pasche con- prochaine, lesdits époux dûment
jugibus débite vocatis et presentibus appelés et présents k ladite fixation ,
et qui citra non provocaverunt nec dont ils n'ont appelé ni avant le
appellaverunt expost. terme ni depuis.
Item respecta interesse partis me- Item en ce qui touche Tintérêt de
morate iidem consules concorda ve- la partie susnommée, lesdits consuls
runt partes, adeo et taliter quod pro accordèrent les parties de telle sorte
omni injuria interesse et propos!- que, pour tous préjudice, dommages-
' tioneidem Benedictus eidem magistro intérêts et composition , ledit Benoit
Leonardo dédit et solvere promisit audit maître Léonard accorda et
quatuor scuta nova admodum auri promit de payer quatre écus nou-
et ad hoc se obligavit in bonna forma veaux entièrement d*or, et s'y obligea
ex propositions. en bonne forme selon sa propo-
sition.
Item adveniente die decimo nono Item, advenant le dix-neuvième
mensisjuniiannoDominimoccccLXo jour du mois de juin l'an du Sei-
procurator flscalis domini comitls gneur 1460 le procureur fiscal de
Venthadorensis in assisiis de Mey- Monseigneur le comte de Ven-
maco eadem dio tentis et expeditis thadour, aux assises de Meymac
movit causam et processum contra tenues et expédiées ledit jour, intro-
Joannem de Simandon, Joannem duisit une demande et procès contre
dal Beynal, Jeraldum de Sente et Jehan de Simandon, Jehan dal
168 CONSULTATION
Petrum Droux consules eiusdem Beyual, Qirault de Sente et Pierre
Tille pro eodem anoo lx» contra Droux , consuls de ladite ville pour
quos proposuit idem procurât or Û3- ladite année 60, et exposa contre
calis quod ad notitiam dicti domini eux ledit procureur fiscal qu*il était
comitis pervenerat quod a tribus venu à la connaissance dudit sei-
annis citra fuit ortum debatum in gneur comte que , trois ans en ^ ,
villa de Meymaoo inter magistrum s'était élevé un débat en la ville de
Leonardum Planeti, notarium pu- Meymac entre maître Léonard de
blicum eiusdem ville, et Agnetem, Planet, notaire public en ladite ville,
uxorem Benedicti de Teregojte , ita et Agnès, femme de Benoît de Tere-
et taliter quod dicta Agnes maliciose goyte , tant et tellement que ladite
verberavit dictum magistrum Léo- Agnès avait méchamment frappé
nardum de quo verberamento dicti ledit maître Léonard , à Toocaslon
consulea ponendo/alcem suant in mes- desquels coups lesdits consuls, por^
sem alienam in se susceperunt eau- tant lenrfava sur la moisson d^ autrui ,
sam et cognitionem cause et te- s'étaient attribué la connaissance du
nuerunt curiam per ipsoe in eadem procès, et avaient tenu cour par eux-
villa occupando justiciam dicti do- mômes en ladite ville, usurpant la
mini comitis et Jus suum indebite justice dudit seigneur comte , et son
iniuste et abeque causa rationabili droit, indûment, injustement et
quod facere non debebant, et tenendo sans cause raisonnable , ce qu'ils ne
curiam in eadem villa, occupando devaient faire, et en tenant cour en
Justiciam dicti domini comitis et Jus ladite ville , en usurpant la justice
suum condempnaverunt per vanam dudit seigneur comte et son droit,
sentenciam dictam Agnetem ad sol- avaient condamné par vaine son-
vendum eidem magistro Leonardo tence ladite Agnes à payer audit
Planeti tria scuta auri pro injuria maître Léonard de Planet trois écus
et Ipsis consulibus seu communitati d*or pour son injure personnelle, et
eiusdem ville quatuor scuta auri pro quatre écus d'or aux consuls eux-
emenda que compromissione per mêmes , ou k la communauté de
ipsos consules facta fuerat facta in ladite ville, pour la composition fiûte
magnum preiudicium ipsius dicti par un compromis imposé par lesdits
domini comitis etjuris et Justicie sic consuls au grand préjudice dudit
lesionem qua petiit eosdem con- seigneuroomte.et au mépris de son
suies retineri in emendam centum droit et de sa Justice; pourquoi
librarum et petiit responderi et il demandait que lesdits consuls
adbuc pendet tempus ad respon- fussent tenus en cent livres d'à-
dendum. monde , et qu'ils répondissent h sa
demande; et le délai pour répondre
est encore pendant.
Etideovisisadlongumdictispri- Cest pourquoi, après avoir lon-
vilegiis et libertatibus eiusdem ville guement considéré les privilèges et
seu eorum vidimus et instrumente libertés de ladite ville ou leurs
submissionis facte per dictum Bene- iddimus et l'acte de la soumission
dictum de Teregoy te et eius uxorem faite par ledit Benoît de Teregoy te et
et Informatione super hec facta et sa femme, et rinformiation sur oe
condempnatione et taxatione facta faite, et la condamnation et règle-
per eosdem consules de dicta emenda ment fait par lesdits consuls de
requirunt consules dicte ville per laditeamende, requièrent les consuls
D*UN AVOCAT LIMOUSIN AU XV' SIÈCLR. 169
consllium sibi ad longum tradi de ladite ville que par le oonseil
iosuperreeponsionempereosfacien- leur soit donnée tout au long la
dam peticioni dicti procuratoris réponse quelle doivent faire & la
quam uuam videbitis ad longum in demande dudit procureur, dont vous
acto dicte curie de Meymaco per en verrez une tout au long dans un
quam volunt et assentiunt iidem acte de ladite cour de Meymac, par
conaules eorumjuridictionemetjus laquelle ils veulent et prétendent
exercere procurationem privilegii exercer leur juridiction et leur droit,
sibi concessi deffendere et vindicare et défendre et revendiquer en Justice
in jure omni via et ratione cum in le bénéfice du privilège k eux con-
eadem concessione idem dominus cédé par tonte voie et moyen, at-
viceoomes in eodem articule nihil tendu que, dans Tacte de concession,
sibi reservavit. ledit seigneur vicomte ne s'est rien
réservé sur cet article.
Item et si dictus procurator vellet Item , et si ledit procureur voulait
allegare quod nunquam consules alléguer que jamais les consuls de
dicte ville cognoverint de talibus ladite ville n'ont jamais connu de
casibus, est adiiciendum quod nun- tels cas, on doit ajouter que jamais
quam similis casus accidit in eadem pareil cas n*était advenu en ladite
villa. ville.
Item et est beneinspiciend us ténor Item, il faut examiner avec soin
submissionis prius notate per quam la teneur de la soumission ci-<lessus
unam dicti consules et quicumque visée, laquelle seule donnerait aux
alii supponendo quod nullam aliam consuls et k tout autre, en suppo-
haberent facultatem prout ymo ba- sant qu'ils ne Teussent pas comme
bent poterant procedere ad taxatio- ils Tout , le pouvoir de procéder au
nem quam fecerant. règlement qu'ils ont fait.
Item dicatur etiam supponendo //^m, dire ausM, en supposant que
quod dictum compromissum non ledit compromis n'eût pas été passé ,
fùisset passatum nec fuisset facta et qu'il n'eût été fait aucune soumis-
submissio aliqua si dicti consules sion, si lesdits consuls, pour leur
per eorum libertatem antedictam liberté susdite et vu lesdites liber-
visis dictis Hbertatibus poterant et tés et franchises, pouvaient et de-
debebant facere quod fecerant et valent faire ce qu'ils ont fait ainsi
prout superius est expressum vide- qu'il est ci-dessous ex primé, c*est-à-
licet dictam taxam in emendam re- dire retenir ladite amende, en fixer
tinere et eamdem emendam taxare le montant , et l'appliquer à la
et communitati applicare aut non communauté, ou non, sans perdre
attento quod non citra unquam de vue que jamais auparavant pareil
casus similis accidit. cas ne s'était présenté.
C'est à dessein que nous avous intitulé cette pièce : ConsuUa-
Ucn d'un avocat limousin, et non : Considtation d'un avocat de
Meymac. En effet elle présente des écritures d'une main et d'une
encre différentes : tout ce qui précède, ainsi que Tavant-dernier
paragraphe, que nous verrons plus loin, nous semble Toeuvre
d'un homme de loi de Meymac qui rappelle minutieusement
U
170 CONSUÎ.TAtroN
tous Us faits, qui pose les questions auxquelles le conseil doit
répondre. Et en effet, à la suite des principaux paragraphes, il
existe des blancs dont quelques-uns tiennent une demi-page, et
qui semblent attendre une réponse. Cet exposé a dû être envoyé
ou porté à un avocat d'Ussel , peut-être même de Limoges : à la
suite du paragraphe qui précède , celui-ci a consigné sa réponse
en ces termes :
« Potuerunt emeudam retiaere et « Ils ont pu fixer et retenir Ta-
eam taxare communitatique appli- monde et l'appliquer à la commu-
care et cum nunquam casus acciderit nauté, et, comme le cas ne s'était
non est locus ob hoc prescriptioni pas présenté , il n'y a pas lieu k la
ymo potuerunt ex quo casus evenit prescription; bien plus ils pouvaient,
in personam unius ex consulibus le cas a*étant produit envers la per-
tanquam commissus in consulem et sonne d'un des consuls , le punir
non aliter puuire ac dictam ream comme commis sur un consul et non
tanquam improbam in emendam autrement, et taxer et condamner
condempnare quatenus tangit con- l'inculpée à Tamende comme coupa-
sulatum seu communitatem et non ble envers le consulat et la commu-
aliter sicuti episcopus potest punire nauté et non autrement (1) , de même
pro propria iniuria cum tangit ec- qu'un évêque peut punir une iujure
clesiam et cum veniam non obtinuit personnelle lorsqu'elle intéresse TÉ-
improbus est vel improba dicitur glise; et. si le coupable n'obtient pas
sceleratus vel scelerata ut aït Papy- son pardon, il est déclaré coupable.
(i) L'avocat consullè rveonnalt 1« droit qu'aTiient Ica consuls de punir un d^lil d'ordre public ; il leur
refuaa implieileaMOl , par cea aaou mm aliter^ celui de condamner à dea dommages-iniéréls ePren lear
rollègna baïui t aussi ne ravaicni-ib pas fai(. Il résulte da l*expos4 que Ica dommagea-inlèrébi alloués à
■' Léonard éiaieot le résultai d'une transaction (rmrrof^iwrintl) qoi , en ca qui le concernait, était toute
d'intérêt privé , et qui semble avoir été réglée par «n acte aéparé. C'est donc à tort que le proeurenr dn
Comte reprochait aux consuls « d'avoir randuami (oondempnavcrunt per vanam aententiaaa) Agnès a
indemniser celui qu'elle avait battu ». En ce qui concerne le compromis passé avec les cooaula
ettjt-mèmes , la thè*e du comte était plus aautenable ; dn moins , en droit abaolu , peut-on aoutenir qu'un
délit d'ordre puMte , comme eelui d*avoir frappé un magistrat à l'occasion de ses fonctions (et c'ruil le eu ,
c'était évidMnmant comme oonaul que M* Léonard détenait la clé de la poterne), ne peut être l'objet d'uoe
tranaaeli«n tendant à éteindre raation publique. De nos jours , par exemple , un magistrat qui aora été
frappé pourra , si sa cupidité lui fait oublier * ce p«»int sa dignité , tranaiger sur les dnasmagaa im^t éis qu'il
pourrait obtenir en se portant partie civile, et la transaction sera valable; maia aea coll»s«cs ne
pourraient à coup sûr stipuler avec le coupable qu'il paiera aoit à la ville , soit aux pauvres , me soaac
de... mojennant quoi il ue aéra pas pourauivi. Vaia il n'en était pas ainsi au moyen Age : laaéparatioo,
si aba<rftta dana nos lois modernes , entre Taction privée et l'action publique éuit loin d'être trancbée ; la
irtMi^MMoM * ).rix d*argent, rcete dca légialalions borbarea , éUU généralement admise , et le texte dra
franchiaea de Mc|mae l'admettait , en diaant que laa oonanla pourraicm pauff ce«x qni leur ééanbéirainK
jusqu'à ce qu'ils vinssent 4 composition {doimc ventril ad emutdam: — einutdm^ otoemde^ lQn<|u'aUe
était infligée ; composition , lonqn'clle éuit le résulut d*un accord entre l'offienaeur et roflensé). ftestaii
à aavoirjuaqu'à quel point le fait d'avoir frappé on consul pouvait éUe asaimilé * la désabéîaaanee i on
ordre dca consuls. C'était lA b véritable difilcullé, que l'avocat consulté élude plut^ qu'il ne la i^oiM.II j
voit un délit d'ordre public. C'est précisément à ce point de vue que la prétention du comte était surtout
soutenable.
d'un avocat limousin au xv« siècle. 171
riu8. Nam legres facte 8UDt ut eorum scélérat ou scélérate, comme dit
metu humana coerceatur audacia Papyrius. Car les lois sont faites
tutaque sit inter improbos inno- pour que Thumaine audaee soit
centia et in ipsia improbia formi- contenue, et que rinnocence soit en
dato supplicio refrenetur audacia sûreté au milieu des méchants, et
et nooendi facultas. Item dioendum que chez ces méchants eux-mômes
de dictia franchesiis et libertatibas l'audace et la pouvoir de nuire soient
eximprobitate perpetrata in eonsu- retenus par la crainte du supplice,
lem potttit et debuit puniri per Autant doit être dit desdites tnn-
consules ut oeteris traderetur in chises et lilMrtés et de la violence
exemplum et hoc fuit et e^t exem- commise sur un consul : elle a pu et
plum expédions rei publiée et cum dû être punie par les consuls pour
.oasus non fuit amplius in acto et servir d'exemple aux autres, et un
non fuit fiicta imquam talis puni- tel exemple est et fut utile k la chose
tio absitque ex hoc fuerit prescrip- publique; et, bien que le cas ne se
tum in dictis franchesiis quinymo fûtpasencore présenté, et que jamais
potuerunt et poterunt taies impro- pareille punition n'eût été pronon-
bitates si facta fuerint in futurum cée, et que ce point ne soit pas expli-
punire. » que dans lesditee franchises , ils ont
pu et pourront punir de tels actes
s'ils se reproduisent k l'avenir, t>
Ici reprend la première écriture :
Item et est adiieiendum quod Item , il est bon d'ajouter que les-
dicti consules si fleri possit nolunt dits consuls, si faire se peut, no
habere processum cum dicto domi- voudraient pas avoir procès avec
no cum trynio affectant brevius leur dit seigneur, désirent sortir de
exire quod fieri poterit et sunt oppi- cette impasse (le texte dit : tryvio,
nionis si per consilium videatur carrefour, mais l'expression frau-
de dicendo in proximis assisiis et çaise la plus rapprochée au figuré
respondendo quod omnia que consu- nous semble être celle d'impasse) le
les fecerunt bene et débite fecerunt plus tôt possible, et sont d'avis, si le
et facere potuerunt visis eorum li- conseil l'approuve , de dire et répon-
bertatibus et rationibus Juris super dre, aux prochaines assises que
hoc sciendis et cum hoc expresse tout ce qu'ont fait les consuls ils
sunt parati stare ordini domini ju- l'ont fait et pouvaient faire bien et
dicis et ideo inspiciendum si esset dûment , vu leurs franchises et les
sufficiens responsio vel si idem do- raisons de droit k invoquer sur ce
minus Judex poterit compellere point, et, cela dit, sont prêts à se
dictos consules ad aliam responsio- soumettre aux ordres de monsieur
nem faciendam. le juge : c'est pourquoi il faut exa-
miner si la réponse serait suffisante ,
et si mondit monsieur le juge
pourrait forcer lesdits consuls k en
faire une autre.
Sur ce point le conseil répond :
172 CONSULTATION D'UN aVOCAT LIMOUSIN.
« Suflieiens est tesponsio et grata « La réponse est suffisante et
et non credo quod reifatetur et si bonne, et Je ne crois pas qa*on la
non admittatur talis responsio seu réfate; et, sieUen'estpasaocaeillie,
oblatio , et procurator petat respon- et qne le procureur réclame qu*il
deri peticioni seu dicatur et obiicia- soit répondu à sa demande, dire et
tur quod dicta peticio est generalis objecter que ladite demande est
coDfusa et incerta impertinens et générale, confuse, vague, ni perti-
inadmissibilis et non est ei respon- nente ni admissible, et qu*il n^ya
dendum et si condicatur petatur pas lieu d*7 répondre; si Ton en
interloquium et si ordinetur in con- tombe d*accord, demander interlo-
trarium appelletur que appellatio cutoire, et, si on le refuse, appeler,
erit bona si appelletur in scriptis et l'appel sera valable s*il est fUt
nam peticio est inepta et non exci- par écrit, car la demande est absurde
pienda. — Rioaldus» salvo ocmsilio et non recevable. — Rioault, sauf
meliori. » meilleur avis. »
Il est probable que cette affaire, comme beaucoup d'autres,
n^aura pas eu de solution. Tout ce qu'il en reste, c'est cet
exposé, suivi de la consultation de maître Rigault. Malgré sa
prolixité , il nous a paru devoir être conservé.
Paul HUOT.
CHRONIQUE.
Mbssibubs ,
Je me fais un devoir de vous communiquer le résultat de mes
études sur le produit des fouilles de la place des Arbres de
Saint-Martial.
Accompagné de notre illustre confrère M. le comte de Las>
teyrie du Saillant, j'ai reconnu un cippe en granit d'un mètre
de hauteur sur soixante centimètres de largeur à sa base et
quarante à la pointe de la pyramide. Ce cippe, terminé par une
boule ou pomme de pin, a beaucoup d'analogie avec celui qu'on
voit derrière le chevet de la cathédrale , et qui servait de limite
à la juridiction de l'abbaye de la Règle. Je n'y ai découvert
aucune inscription, et il est tout couvert de terre; peut-être
un examen plus prolongé après qu'il aura été lavé permettra-
t-il d'en trouver une.
Un énorme bloc de pierre carré présente d'un côté une
ouverture de forme extraordinaire : peut-être est-ce le dessus du
tombeau ou de la cuve de Séros , dont je vous ai entretenus. Le
poids de cette pierre ne m'a pas permis de la retourner
afin de la comparer avec la tombe de Séros , qui est déjà enfouie
dans les nouvelles constructions.
Le sceau de Barthélémy Audier, dont j'ai conservé l'empreinte,
appartenait à l'abbé de Saint-Martial de ce nom, qui passa,
Tan 4497, du prieuré de Dunet au siégé abbatial de cette collé-
giale.
Un autre sceau plus petit, avec armoiries, porte le nom de
Pierre Baile : il avait, dit-on, un contre-scel oii se voit gravé un
aigle à deux têtes aux ailes éployées.
Si ce petit sceau était seul, il devrait provenir d'un étranger
natif de quelqu'une des puissances allemandes dont cet aigle est
l'enblême.
174 CHRONIOtR.
Deux membres du Conseil général, MM. des Monstiers-
Mérinville et des Termes, maire de Bellac, m'ont communiqué
des spécimens de nombreuses monnaies trouvées au Fraysse
près Bellac. J'y ai reconnu des pièces d'argent grandes et petites
de Ferdinand et d'Isabelle, roi et reine d'Espagne, des blancs
douzains et deniers tournois des rois de France François I'%
Henri II et Charles IX : c'est du moins ceux dont les légendes
figurent sur le peu de ces monnaies qui ont passé sous mes
yeux. On présume que ce dépôt remonte à l'époque oh fut
construit le château du Fraysse , et que ce serait le petit trésor
d'un des ouvriers qui y travaillèrent.
Maurice âRDANT,
ArcliiTltt* d«to HMito-Vianac, oActer 4'MMléiiito.
rROGÈS-VERBAUX DES SÉANCES
^#>rv>r -w v^v «p^^^^^-^is/w w^rv*
SÉANCE DU 29 JANVIER 4864.
Prêttldence do BI. Blanrloe ARDAIVX* Vlce*Pi*ê«ldent.
Sont présents : MM. Buisson, Roméo Chapoulaud, Brunet,
Lansade , Garîgou-Lagrange , Hervj', Brisset , E. Raben , Astaîx ,
Nivet-Fontaubert, Maquart, Dessales, de Graves, Amédée
Alluaud, Ferru. Ces deux derniers membres, arrivés trop tard,
n'ont pas pris part au vote pour le renouvellement partiel du
comité de publication.
Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté.
MM. Edouard Boudet et Choppin d'Arnouville, présentés à la
dernière séance, sont proclamés membres titulaires.
Lecture est donnée :
4<» D'une lettre dans laquelle Son Exe. M. le ministre de
l'instruction publique annonce à M. le président qu'il a accordé
une somme de 300 fr. à la Société Archéologique du Limousin
(exercice 4863);
2" D'une lettre dans laquelle M. le préfet de la Haute-Vienne
informe M. le président qu'il vient de décider que l'indemnité de
1 fr. par jour accordée aux cantonniers employés aux fouilles
de la villa d'Antone sera prise sur les fonds du service des che-
mins vicinaux.
La Société prie M. le président de vouloir bien transmettre à
Sou Exe. M. le ministre et à M. le préfet de la Haute- Vienne
l'expression de sa gratitude.
11 est procédé à l'élection de deux membres du Comité de pu-
blication en remplacement de MM. Levieil de La Marsonnière et
Alfred Chapoulaud , membres sortants.
176 PBOCÈS^-VRKBAUX DES séANCBS.
Le dépouillement du scrutiu donne les résultats suivants:
Nombre des votants U
M. Garîgou-Lagrange 43 voix.
M. Guillemot M
En conséquence, MM. Oarigou-Lagrange et Guillemot sont
proclamés membres du comité de publication pour Tannée 1864.
Émus de certaines critiques adressées journellement au musée
et, par suite, à la Société Archéologique, sur laquelle Topinion
publique fait retomber toute responsabilité, MM. Brunet et
Ruben examinent ce qu'il y aurait à faire pour rendre le musée
plus sérieux et plus digne d'une grande ville. Après une dis-
cussion à laquelle prennent part MM. Buisson de Mavergnier,
Maquart, Amédée Alluaud, Lansade, la Société renvoie à l'una-
nimité rétude de la question à une commission de sept membres.
Au premier tour de scrutin , sont nommés :
MM. Brunet, Ruben, Buisson, Alluaud;
Au second et au tioisième tour :
MM. Astaix, Nivet-Fontaubert, Guillemot.
M. Astaix, chargé de l'examen des comptes de 4863 , a la pa-
role. Il dit que, dans la séance du 29 mai, M. le trésoriers
annoncé par erreur qu'il avait reçu du département la somme
de 4,000 fr. pour la Société : sur cette somme, 500 fr. étaient
affectés à la Société des Amis des Arts. U propose ensuite d'a-
dresser des remercîments à M. le trésorier, et d'approuver les
comptes de 4863 ainsi qu'il suit :
/ Chapitre I" . . 837 95 \
Recettes effectuées \ Id. II... 4,270 25 [ 3,308 20
( Id. III.. 4,200 » )
( Chapitre I"... 2,692 25 ) ^ ^_
Dépenses effectuées... j j^ jj^ 436 46 1 ^'^^ *^
En caisse au 34 décembre 4863 479 80
La Société vote des remercîments à M. le secrétaire-trésorier,
approuve le compte ci-dessus , et charge une commission, com-
posée de MM. Astaix , Brisset et Hervy, de la présentation du
budget de 4864.
La séance est levée à 9 heures et demie.
Le secrétaire gétiéral,
É. RUBEN.
PROCÈS-VERBAUX DES SBANCBS. 177
SÉANCE DU 34 FÉVRIER 1864.
Pirëttldenee de M. Maurice ARDAIVT« Vloe-Présldent.*
Sont présents : MM. Maurice Ârdant, Bonnin, Brunet,
Buisson de Mavergnier, Alfred Chapoulaud , Choppin d'Amou-
Tille, de Graves, de La Marsonnière, Lansade, Maquart,
Nivet-Fontaubert, Brisset, Garigou-Lagrange.
Le secrétaire-trésorier, en Tabsence du secrétaire général et
du secrétaire-archiviste, donne lecture du procès-verbal de la
dernière séance. Ce procès-verbal est adopté , avec cette obser-
vation que les critiques formulées contre Torganisation du
musée par MM. Brunet et Ruben leur sont toutes personnelles,
rassemblée n'ayant point été appelée à s'y a.ssocier par son vote,
mais en ayant simplement renvoyé Texamen à une commission.
M. Nivet-Fontaubert offre à la Société , au nom de M. Four-
nier, photographe, une vue de Téglise de Saint-Léonard. La
Société charge le secrétaire de transmettre à M. Fournier l'ex-
pression de sa gratitude.
Il est ensuite procédé au dépouillement de la correspondance ,
qui comprend :
^^^ Une lettre de M. Tabbé Védrine : démission comme membre
correspondant ;
S<> Une lettre de M. É. Ruben, secrétaire général, par laquelle
il s'excuse de ne pouvoir, pour cause de santé, assister à la
séance ;
3« Une circulaire de M. de Caumont, par laquelle il prie
M. le président de lui faire parvenir la liste des délégués de la
Société au Congrès centrcd des délégués des sociétés savantes et des
comices agricoles;
4"* Une lettre delà Société Uavraise, par laquelle cette Société
remercie M. le président de renvoi de nos bulletins;
6« Enfin une dépêche de M. le ministre de l'instruction pu--
blique relative à la troisième réunion des sociétés savantes à
la Sorbonne (concours de 1863 , précédé de trois jours de lectures
publiques).
178 PROrfes-VKRBAUX DES SEANCKS.
M. Buisson de Mavergnier propose à la Société de le délég-iier
à cette réunion. 11 annonce qu'il se propose d'y lire un travail
sur les fouilles du Puy de Jouer.
M. Brunet fait observer qu'il serait convenable et utile de
convoquer une réunion extraordinaire dans le but de choisir les
délégués qui devront assister à cette réunion des sociétés
savantes, dans le but aussi de connaître les lectures qu'ils se
proposent d'y faire. La Société , dit-il , a le plus grand intérêt à
connaître d'avance et à pouvoir approuver ou improuver les
lectures qui seront faites en quelque sorte en son nom.
L'assemblée adopte cet avis, et il est décidé qu'une convocation
extraordinaire aura lieu le 11 mars prochain pour y choisir les
délégués de la Société à la réunion des sociétés savantes à la
Sorbonne, et recevoir communication des travaux qu'ils se pro-
posent d'y lire.
M. le secrétaire général est prié de faire les convocations pour
cette réunion. (Les lettres adressées à MM. les sociétaires devront
indiquer l'objet spécial de cette réunion.)
MM. Levieil de La Marsonniëre et Choppin d'Âruouville pré-
sentent à la Société, comme membre titulaire, M. deMarpônt,
receveur général des finances de la Haute- Vienne.
M. Alfred Chapoulaud donne ensuite lecture d'un travail de
M. Maurice Àrdant sur saint Éloi orfèvre émailleur. — Envoi
au comité de publication.
Après cette lecture, M. Nivet-Fontaubert demande qu'il soit
donné communication à la Société d'un travail de M. Grizi,
travail dans lequel on démontre que l'industrie des émaux à
Limoges est antérieure de plus de trois siècles à l'école allemande.
(Ce travail est cité par M. Ardant.)
M. Brunet fait observer que, chaque membre étant libre de
faire à la Société, en se renfermant dans les limites du règle-
ment, toutes les lectures qui lui conviennent, il n y a pas lieu
de consulter l'assemblée, et que M. Nivet peut, s'il le veut,
lire le travail de M. Grizi à une séance prochaine. L'incident
n'a pas d'autre suite.
Lu parole est donnée à M. Buisson de Mavergnier. L'assemblée
entend la lecture d'un travail sur les voies romaines. — Envoi
au Comité de publication.
L'ordre du jour étant épuisé , la séance est levée à neuf heure»
et demie.
U secrétaire-trésorier.
F. BRISSET.
PROCèS-VKRBALX DES SBANCBS. 179
SÉANCE DU 9 MARS 4864.
Présidence de M. Bfeurice AItDA!VX« Vlce-Préttident.
Sont présents : MM. Ardant, Bonnin, Brunet, Buisson de
Mavergnîer, Lagrange, de La Marsonnière, Choppin d*Arnou-
ville, É. Ruben, Maquart, Nivet-Fontaubert , Brisset et de
Font-Réaulx.
Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté.
M. de Marpont, receveur général, présenté k la dernière
séance , est proclamé membre titulaire.
I/ordre du jour est la nomination de membres délégués à la
réunion générale des sociétés savantes , présidée à la Sorbonne
par Son Rxc. M. ]e ministre de Tinstruction publique les 30 et
31 mars et 4*^ avril prochains. L'assemblée délègue MM. Buisson
de Mavergnier, É. Ruben, Levieil de La Marsonnière et de
Font-Réaulx, qui déclarent n'avoir pas de lectures à faire à
la réunion.
M. Buisson de Mavergnier lit un travail sur un commencement
de fouilles faites au Puy de Jouer sous sa direction et en^Com-
pagniede M. le curé de Saint-Goussault. L'auteur croit avoir
découvert des vestiges de l'ancienne ville de Prétorium , et a
rapporté de son excursion un certain nombre de clous et un
anneau de fer qu'il croit être gallo-romains. L'assemblée adresse
ses remercîments à M. Buisson de Mavergnier, et renvoie
Texamen de sou mémoire au Comité de publication.
Depuis la dernière séance, plusieurs dons ont été faits soit au
musée, soit à la bibliothèque de la Société. (Voir la liste à la fin
du volume.)
Le secrétaire général ^
É. RIBEN.
180 PROCÈS-VKHBAltX DtS SI^.ANOKS.
SÉANCE DU 30 AVRIL 1864.
Idence de M. Maurice JkRDAJVT« Vloe-Pr^éaldent..
Sont présents : MM. Allélix, Astaix, Brisset, Buisson de Ma-
vergrnier, Brunet, Chapoulaud (Roméo) , Cboppin d*Arnou ville,
Ferru, Hervy, Lagrange, Lansade, Nîvet-Fontaubert, Emile
Ruben, Talabot.
Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté.
M. le président annonce que M. Tabbé Arbellot, curé-archi-
prêtre de Rocbechouart, membre résidant de la Société, met à
la disposition du Comité de publication des chartes de Henri IV,
Louis XIII et Louis XIV, accordant des privilèges à la ville de
Saint-Léonard. La Société accepte avec reconnaissance VoStq
qui lui est faite.
M. Paris, par l'intermédiaire de M. Bosvieux, membre corres-
pondant de la Société, offre , en échange d'un nombre de volumes
du Bulletin de la Société s'élevant à la somme de 70 fr., la
copie d'un recueil d'inscriptions limousines, coté sous le
n*» 5,024 des manuscrits de la Bibliothèque impériale (supplément
français), renfermant le texte de 87 inscriptions, les dessins de
43 tombeaux et d'un bas- relief et d'un pareil nombre de tombes
plates ou de plaques de cuivre ciselées , et enfin de 1 46 écussons.
L*assemblée accepte l'offre fait par M. Paris, et remercie
M. Bosvieux de son zèle pour les intérêts de la Société et de la
communication qu'il a faite de la description détaillée du ma-
nuscrit.
M. Sarrette, lieutenant-colonel du 86% fait hommage à la
Société d'un mémoire intitulé : Guerres d'Arioviste contre les
Éduens et contre César, et écrit de Belfort, le 26 avril, à
M. Alluaud, président, pour engager la Société à diriger ses
recherches et ses études vers Ussel , qu'il croit être Uxellodunum.
L'auteur de la lettre cite à l'appui de son opinion quelques pas-
sages de César. La Société remercie doublement M. le lieutenant
colonel Sarrette, et renvoie l'examen de la question à une com-
PBOCàS-VEHBAUX DES séANGES. 181
tnission composée de MM. Maurice Ârdant, Brunet, de La
Marsonnière , Talabot et Choppin d'Arnouville.
Le Comité central de publication des inscriptions funéraires et
monumentales de la Flandre orientale propose rechange de ses
publications et de celles de la Société Archéologique du
Limousin. — La proposition est acceptée.
M. Brunet, pour M. l'abbé Roy de Pierrefitte , donne lecture
djune lettre adressée à ce dernier par M. de Montalembert.
Après une courte discussion , la Société décide que la lettre sera
reproduite , non en tête du second volume du Nobiliaire , mais
au procès-verbal de la séance. Voici la teneur de cette lettre :
c Monsieur le Doyen ,
> Je vous félicite d'avoir pu terminer le premier volume du
Nobiliaire de Nadaud ; mais permettez-moi de vous exprimer le
vif désir que cette publication soit continuée, et , si c'est possible,
terminée par vous. J'aurais voulu que les notices de Nadaud,
rectifiées et complétées dans votre nouvelle édition , eusseot été
continuées jusqu'à nos jours pour les familles qui subsistent
encore. Mais, même dans leur forme incomplète et mutilée, les
recherches de Nadaud offrent un sérieux intérêt. Nul ne mé-
connaît aujourd'hui l'utilité de la généalogie et de la biographie
pour rétude de l'histoire; et l'histoire des familles nobles et
anciennes paraîtra elle-même d'autant plus originale et inté-
ressante que la noblesse aura passé, comme institution, à l'état
de souvenir historique ou de monument artistique, comme les
tableaux d'anciens maîtres qui ornent nos musées, et qui ne
peuvent être ni reproduits ni remplacés par des mains modernes.
Cette vérité doit être surtout sentie dans une contrée , comme le
Limousin, qui a vu surgir dans son sein les Âubusson, les
Bochechouart , lesNoailles, lesBonneval, c'est-à-dire quelques-
unes des plus illustres races de notre histoire.
» Agréez donc. Monsieur le Doyen, mes vœux les plus
sincères pour l'achèvement de votre œuvre, avec la
nouvelle assurance de ma respectueuse considération.
B Comte DB MOMTALBMBBRT.
» Paris , 21 février 1864. »
182 PROCfes-VKKBAUX DES S^ANCeS.
Relativement au Nobiliaire, M. le président fait part h la
Société d'un désir manifesté par un de ses membres correspou-
dants, M. Nadaud, premier président honoraire de la cour de
Grenoble, et M. Nadault de Boffon , de voir insérer dans le
Nobiliaire la généalogie de la famille de Tabbé Nadaud.
Quelque regret qu'elle éprouve de ne pouvoir rendre cet hom-
mage à la mémoire d'un homme qui a rendu tant de services à
la science,
Considérant qu'elle a chargé l'abbé Roy d'éditer le Nobiliaire;
qu'elle a institué un Comité chargé de veiller sur les publi-
cations , et que la décision de cette question appartient dès lors
à l'abbé Roy et au Comité,
L'assemblée passe à l'ordre du jour.
M. Astaix, rapporteur de la commission du budget, donne
lecture du projet de budget pour 4864. Après une courte dis-
cussion, les dépenses sont fixées ainsi qu'il suit :
fr.
Livres et reliures 200
Émaux 400
Numismatique 25
Dépenses extraordinaires 130
Dépenses du musée 20
^ .„ ( Villa d'Antone 300
Fouilles jpuyd^j^uer 400
M. Buisson de Mavergnier donne lecture d'une lettre dans
laquelle M. de Kreuly, membre de la commission de la carte
des Gaules , lui annonce son arrivée à Limoges pour le 8 mai.
M. de Kreuly et un de soa collègues doivent visiter l'empla-
cement du Puy de Jouer.
On fait observer à ce sujet que , si la commission de la carte
des Gaules décide qu'il y a lieu de faire des fouilles ou Puy
de Jou^r, elle en fera certainement tous les frais, et qu'il de-
vient dès lors superflu de voCer une somme de 100 fr. Si au
contraire les membres de cette commission décident après
examen qu'il n'y a pas lieu de faire des fouilles , la Société fera
bien d'abandonner son projet.
Malgré cette observation, le projet du budget est maintenu
comme dessus.
M. Nadaud, premier président honoraire à la cour de Gre-
noble, a offert à la Société un lot de médailles, dont quelques-
unes assez curieuses. Plusieurs autres dons ont été faits soit à
la Société, soit au nuiî-ée. [Voir la liste à la fin du volume.)
PUOGBS-VEiiBAUX DES SÉANCES. 183
M. Ruben donne lecture d'au travail de l'abbé Rougerie in-
titulé : Monographie du canton d'Aixe. — Remercîmenta et renvoi
au Comité de publication.
La séance est levée à 9 heures et demie.
Le secrétaire général,
É. RUBEN.
SÉANCE DU 27 MAI 4864.
PrÔAldciice de lf« Blaurloe ARDAMT* Vlce*Pré«ldent.
Sont présents : MM. Bonnin, Allélix, Astaix, Ferru, Fon-
taneau , Lagrange, Maquart, Nivet-Fontaubert, É. Ruben,
Talabot.
Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté.
A roccasion du procès-verbal, un membre demande si la
Société, par lorgane du président ou du secrétaire, s'est mise
en rapport soit avec le général de Kreuly, soit avec la com-
mission de la carte des Gaules, relativement au Puy de Jouer.
On répond que la Société, n'étant encore qu'à l'étudo sur celte
question, n'a donné à aucun de ses membres mandat d'entrôi*
en communication avec personne à ce sujet, et qu'on ignore
complètement ce qui a pu être fait en dehors de la Société. Sur
ces explications, l'assemblée passe à Tordre du jour.
Un autre membre demande des renseignements sur le don
d'une momie fait au musée par M. Bonnet, négociant à Paris.
A-t-on remercié le donateur ? Sur la réponse que rien d'ofBciel
n'est encore parvenu à la Société, l'assemblée décide que M. le
directeur du musée sera prié de vouloir bien donner quelques
explications à la prochaine séance.
Lecture est donnée d'une lettre de M. Théophile de Font-
Rëaulx, un des délégués à la réunion des sociétés savantes.
L^honorable membre s'excuse de ne pouvoir se rendre à la
séance, et donner quelques détails sur ce qui s'est passé à la
réunion de Paris, Ces détails, dit-il , ains* que les lectures faites
184 PROCÈS-VKRBAUI DBS SBANCKS.
à cette assemblée I seront reproduits dans le compte-rendu qui
8*imprime actuellement par les soins de Son Bxe. M. le ministre
de l'instruction publique.
M. Maquart, dans un intéressant trarail, fait ressortir ce
quMl y a de plus saillant dans le tome XVI du Bulletin de la
Société Archéologique de Soissons.
M. Maurice Ardant donne lecture d'un document appartenant
aux archives de la Haute -Vienne concernant l'organisation
municipale de Limoges avant 4790.
A 9 heures et demie , la séance est levée.
Le secrétaire général,
É. RUBEN.
^/WV«M^M^M^^MAA/^^«^MA^A^/^A^/V\MMAAAM
SÉANCE DU 4*^ JUILLET 4864.
iPrésMenoe de ■■• Maorlcse ARDAlirr» VIoe-PriéAldent.
Sont présents : MM. Astaix, Brisset, Brunet, Chapoulaud
(Alfred), Dubouché, Ducourtieux, Ferru, de Graves, Hervy,
Garigou-Lagrange , Nivet-Fontaubert , É. Ruben, Talabot.
Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté.
M. Buisson de Mavergnier, directeur du musée, s'excuse par
lettre de ne pouvoir assister à la séance. Le coup qui vient de
le frapper dans la personne de sa fille est encore trop récent pour
qu'il ait le courage d'assister aux travaux de la Société. L'as-
semblée s'associe pleinement à la douleur de l'honorable membre.
M. Ruben communique à la Société la Table des noms de lieux
et de personnages inscrits sur les monnaies mérovingiennes du
Limousin d'après la description de ces monnaies par M. Maximin
Deloche.
M. Brunet donne communication d'un travail de M. l'abbé
Roy de Pierrefitte sur l'abbaye de Dalon. — M. Lagrange, pour
M. Maurice Ardant, lit une note sur le lieu d'inhumation de
PROCfes-VBBBADX DBS SÉANCES. 185
Simon de Cramaud, patriarche d'Alexandrie. — Renvoi de ces
trois travaux au Comité de publication.
Une conversation scientifique s'engage relativement à la dé^
couverte de tombeaux et de monnaies faite, pendant les travaux
de la place Royale, sur l'emplacement de Tancienne abbaye de
Saint-Martial. M. Maurice Ardant fera plus tard un rapport
détaillé à ce sujet.
M. Joseph Brunet parle de six tombeaux de plomb découverts
à Arnac , et qu'il croit être ceux des seigneurs de Lastours. Les
squelettes, parfaitement conservés, ont les pieds tournés vers
l'autel , selon l'usage adopté pour les laïques. Du reste la chro-^
nique de Geoffroy de Yigeois doit donner à ce sujet d'utiles
renseignements.
M. Brunet parle ensuite d'une découverte qu'il a faite à Saint*
Hilaire - Bonneval d'un carrefour où venaient se rencontrer
trois canaux souterrains. Chacun de ces canaux avait une
chambre. La première, dans le tuf, était parfaitement ronde ^
avec une calotte sphérique. Dans la paroi de cette chambre , un
trou circulaire donnait immédiatement dans la seconde chambre,
également ronde et très-régulière. Chacune de ces chambres
peut avoir i mètres de hauteur. La troisième est carrée, mais
également voûtée dans le haut. Elle a 7 mètres de hauteur sur
3 mètres de largeur. Le tout est à 5 mètres 50 c. au-dessous
du sol.
M. de La Marsonnière dit que c'est peut-être un de ces sou-
terrains-refuges que M. de Longuemar a si bien décrits.
La discussion étant épuisée , on présente à la Société un sceau
du chapitre de Saint-Junien. M. Astaix est autorisé à en faire
l'acquisition au moyen d'un crédit supplémentaire voté à cet
effet.
A 40 heures, la séance est levée.
Le Sicrétaire générai,
É. RUBEN.
186 PROCBS-VBKBAUX DBS séANCES.
SÉANCE DU 28 JUILLET 1864.
Sont présents : MM. Bonnin, Astaix , Vabbé Arbellot, Hervy,
Nivet-Fontaubert , Guillemot, Maquart, É. Ruben.
Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté.
M. Rattier écrit pour donner sa démission de membre ttitulaire
de la Société.
Il est donné lecture des ouvrages oflFerts à la bibliothèque de
la Société. Des remercîments sont adressés aux donateurs , et
particulièrement à M. Guillemot , pour sa Promenade au salon
de Limoges en 4864, et à M. Maquart, pour ses dessins des
dalles de Téglise Saint-Remi de Reims.
M. l'abbé Arbellot lit une intéressante notice biographique sur
Tabbé du Masbaret, de St-Léonard , qui vivait au dernier siècle ,
et fut un des collaborateurs des Bénédictins de Saint-Maur pour
VHittoire littéraire de la France, et de Tabbé Goujet pour la
Bibliothèque française, — Remercîments , et renvoi au Comité de
publication.
M. Ruben , pour M. Maurice Ardant , lit nne notice sur le»
découvertes archéologiques faites dans les travaux de la place
Royale.
A 9 heures et demie , la séance est levée.
Le secrétaire général,
É. RUBEN.
PROCàs-VERBAUX DES SÉANCES. 187
SÉANCE DU 26 AOUT 4864.
Présidence de M. Maurice ARDAIVXf Vlce-Préaldent.
Sont présents : MM. Maurice Ardant, Bonnin, Ferru, Hervy,
Maquart, Ducourtieux et Frédéric Brisset.
M. le président invite M. Brisset à remplacer M. le secrétaire
général, que sa santé empêche d'assister à la réunion, et qui
s'est excusé par une lettre.
Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté.
M. le président rappelle une observation faîte par lui à la
dernière séance : M. Tabbé du Masbaret , dont une notice biogra-
phique a été lue par M. Tabbé Arbellot &la séance du 48 juillet
dernier, était le correspondant de M. Tabbé Expilly, auteur
du Dictionnaire géographique des Gaules.
Il est ensuite donné lecture de la liste des dons faits à la biblio-
thèque et au Musée. (Voir cette liste & la fin du volume.) M. le
président se charge de transmettre à Sa Mnjesté TEmpereur le
témoignage de la reconnaissance de la Société.
M. Duleau, numismate à Orléans, a relevé dans le NobiUaife
une inexactitude en ce qui touche les armoiries de Tévêque du
Chastel. A Tappui de son opinion , il a remis & M. Ardant une
note et une empreinte du sceau de ce prélat. II en résulterait
que les armes de Tévêque de Tulle, au lieu d'être une croix
ancrée, consistent en un écusson présentant un lion grimpant
surmonté d'un lambel.
L'assemblée , consultée , est d'avis que l'examen de cette ques-
tion doit être envoyé au Comité de publication.
M. Brisset, pour M. Ardant, lit une notice pleine d'intérêt
sur les découvertes archéologiques faites dans les travaux de la
place Royale.
A la suite de cette lecture, M. Ardant propose de voter une
somme pour indemniser le directeur de ces travaux, M. Che-
naud, des sommes qu'il a données aux ouvriers pour obtenir la
remise des objets qu'ils avaient trouvés, et pour les encourager
188 PIIOCBS-VERBAUX l>tiS SKANGKS.
à lui remettre fidèlement les objets qu'ils pourraient trouver h
l'avenir.
Cette proposition est accueillie: rassemblée charge MM. Ardant
et Astaîx de s'entendre à cet égard avec M. Chenaud; une
somme de 30 fr. est mise à leur disposition.
M. Ducoartieux demande ensuite la parole ; il entretient la
Société d'une découverte archéologique faite par lui dans les
décombres de Tincendie du 45 août : il s'agit d'un petit cha-
piteau antique d'un travail assez curieux.
M. Ducourtieux fera tous ses efforts pour que cet objet d'art
vienne enrichir notre musée lapidaire.
L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée à 9 heures.
Le secrëtaire-'lrésorier,
F. BRISSET.
SÉANCE DU 28 OCTOBRE 4864.
Présidence de M. Maurice ARD/IlIVX» VIce-IH'^Aldeiit.
Sont présents : MM. Bonnin, Chapoulaud (Alfred) , Guillemot^
Hervy, Maquart, LaBorderîe, Nivet-Fontauberl et É. Ruben.
Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté.
M. Ruben fait une observation relative au renvoi au Comité
de publication d'une demande en rectification, adressée par
M. Buleau, d'Orléans, au sujet d'une erreur qui se serait glissée
dans le Nobiliaire de l'abbé Nadaud. M. Ruben doute qu'il soit
réellement dans les attributions du Comité de publication de
relever les erreurs du NMUaire, et prétend que le Comité ne doit
pas s'immiscer dans les questions si délicates qui intéressent les
personnes et les familles. Les erreurs, s'il y en a, appartiennent
à l'abbé Nadaud et à l'abbé Roy de Pierrefitte, son éditeur.
Dans tous les cas, il est bon de laisser à chacun sa res-
ponsabilité.
L'assemblée, consultée, décide que la réclamation de M. Duleau
PROCfes-VEUBAUX DES SÉANCES. 189
fiera renvoyée à M. Tabbé Roy de Pierrefitte, qui sera prié d'y
faire droit sMl y a lien.
Son Exe. M. le ministre de Tinstruction publique a daigné ,
par lettre du 42 août, accorder comme encouragement à la
Société une somme de 350 fr. L'assemblée prie M. le président de
vouloir bien faire parvenir à Son Exe. Texpression de toute sa
gratitude.
Un membre fait remarquer que cette somme ne saurait veuir
plus à propos , au moment où le budget de la Société vient d'être
fortement grevé par les fouilles faites & la villa d'Antone près
Pierre-Bufflère. M. Nivet-Fontaubert demande oii en sont les
fouilles, et propose une excursion archéologique à ces ruines
romaines. Plusieurs membres s'inscrivent séance tenante.
MM. Maurice Ardant et É. Ruben proposent comme membre
correspondant de la Société : M. E. Bombai , d'Argentat
(Corrèze), et M. Juge, de Tulle, ancien juge de paix et maire,
chevalier de la Légion-d'Honneur, demeurant à Paris, rue Saint-
Florentin, U.
MM. Ruben et Guillemot proposent comme membre résidant
M. Alphonse Bardinet, avocat à Limoges.
M. le président fait part à l'assemblée de la mort de M. Félix
de Verneilh, enlevé, dans la force de l'âge et du talent, à la
science archéologique, dont il était une des gloires, et à la
Société Historique du Limousin, dont il était un des membres les
plus dévoués. L'assemblée prie M. A. Guillemot de vouloir bien
lui présenter, dans une de ses prochaines séances, une notice
sur la vie et les travaux de M. de Verneilh.
M. É. Ruben expose que, il y a un an , il fut chargé de rédiger
une notice concernant la vie et les travaux de M. le baron Gay
de Vernon. Une longue maladie, dont il ressent encore les
atteintes, ne lui a pas permis de s'acquitter de ce devoir. M. le
président prie M. Guillemot de vouloir bien se charger des deux
notices, en commençant, bien entendu, par celle de M. Gay de
Vernon.
M. Guillemot accepte cette double mission.
M. Maurice Ardant donne lecture d'un travail sur l'émaillerie
limousine. — Remerctments , et renvoi au Comité de publication.
A 9 heures et demie, la séance est levée.
Le secrétcUn général •
É. RUBEN.
190 FROCès-VKRnALX T)i:s S^ANCRS.
SÉANCE DU 25 NOVEMBRE 4864.
Présidence de M. Maorlce /kltOANT, Vlce-Préaldent.
Sont présents : iMM. Ardant, Allélix, Astaix, Buisson de
Mavergnier, Guillemot, Hervy, Levieil de La Marsonnière,
Maquart, Perdoux et É. Ruben.
Relativement au procès- verbal de la dernière séance, qui du
reste est adopté , M. Guillemot expose qu'il eût été très-heureux
de faire la biographie de M. de Verneilh, dont la Société l'avait
chargé, mais que, ayant appris que la famille du regrettable
archéologue avait déjà confié ce triste honneur à notre savant
collègue Tabbé Arbellot, il a dû s'occuper uniquement de la
biographie de M. Gay de Vernon.
MM. E. Bombai, d'Argentat (Corrèze), et Juge, de Tulle, pré-
sentés à la dernière séance , sont proclamés membres correspon-
dants de la Société. M. Alphonse Bardinet, avocat à Limoges,
est proclamé membre titulaire. — MM. Bardinet, médecin, et
Desfray, artiste photographe, donnent leur démission.
MM. Levieil de La Marsonnière et É. Ruben présentent à la
Société, comme membre titulaire, M. Jupile-Larombière, prési-
dent de chambre à la cour impériale de Limoges.
M. le secrétaire général donne lecture d'une longue lettre,
adressée à M. le président, dans laquelle M. Roy de Pierrefitte ,
éditeur du Nobiliaire deNadaud, reconnaît Terreur relevée par
M. Duleau , d'Orléans , relativement aux armoiries dé l'évêque
de Chastel. M. l'ubbé Roy-Pierrefitte propose de renvoyer la rec-
tification de cette erreur à la fin du T. 11 du Nobiliaire. M. le
président fait observer que ce délai menace d'être très-long. La
^^ociété renvoie la question au Comité de publication.
M. Ruben annonce que, sur la demande de la Commission de
la carte topographique de la Gaule, il s'est dessaisi , sur une reçu
de M. Anatole de Barthélémy, secrétaire de cette Commission ,
de la carte dressée par M. Bonnat, et appartenant à la Société.
Ce document sera réintégré aussitôt que possible.
Relativement à une demande d'acquisition pour le musée,
M, Ruben fait observer que le local devient de jour en jour plus
PROCès-VERBALX DES séANCRS. 191
insuffisant : il est urgent de prendre des mesures pour son
agrandissement. M. Ruben propose donc de porter la salle des
séances de la Société dans la pièce attenante, actuellement inoc-
cupée, et d'établir le musée céramique dans la salle qu'on aban-
donnerait. La communication entre cette dernière et le musée
actuel aurait lieu au moyen d'une large ouverture cintrée, pra-
tiquée au milieu de la muraille, de manière à ce que la sur-
veillance devînt facile. La proposition de M. Ruben est prise
en considération. M. le président et M. le directeur du musée
céramique sont priés de vouloir bien faire auprès de M. le préfet
des démarches afin d'obtenir cette réparation.
M. Guillemot lit un remarquable travail sur M. Oay de Vernon.
— Remercîments, et renvoi au Comité de publication.
A dix heures, la séance est levée.
Le secrétaire général,
É. RUBEN.
SÉANCE DU 30 DÉCEMBRE 4864.
■■résidence de M. Maurice AltDAMT, Vlo<»-I»réaldent.
Sont présents : MM. Allélix, Astaii, Buisson de Mavergnier,
Chapoulaud (Alfred), Garigou-Lagrange, Lansade, Nivet-
Fontaubert, É. Ruben.
Au sujet du dernier procès-verbal, dont la rédaction est du
reste adoptée, M. le pr^ident propose d'insérer dans le procès-
verbal de la présente séance la réclamation de M. Duleau relative
aux armes de l'évèque de Tulle. La Société renvoie la solution
définitive de cette question au Comité de publication.
M. Astaix dépose sur le bureau divers objets trouvés par
M. Chenaud, entrepreneur des travaux de la place Roy nie, sur
remplacement de l'ancienne abbaye de Saint-Martial , et entre
autres le sceau de Barthélémy Audier, abbé de cette abbaye.
M. Astaix fait aussi hommage, en son nom personnel, d'un
sceau également trouvé place Royale. La Société, à l'unanimité,
vote des remercîments à M. Astaix.
192 PROCÈS-VKRBAUX DES SEANCRS.
M. Albert, éditeur d'un ouvrage ayant pour titre les Grands
hommes de la Corrèze , prie par lettre la Société de vouloir bien
souscrire à cette utile publication. La Société souscrit pour un
exemplaire.
MM. Mallevergne, Dessales et Blanchard donnent leur démis-
.sion de membres de la Société. — MM. Maurice Ârdant et
É. Ruben présentent, comme désirant faire partie de la Société
à titre de membres correspondants : MM. Mandat de Grancey,
capitaine adjndant-major de chasseurs à Clermont-Ferrand ,
et M. Dru , pharmacien au Dorât.
La Société académique de Boulogne-sur-Mer propose rechange
de ses publications avec celles de la Société du Limousin. — Cette
proposition est acceptée.
M. Ardant, vice-président, et M. Buisson de Mavergnier,
directeur du musée, rendent compte de la démarche qu'ils ont
faite séparément auprès de M. le préfet, président-né de la
Société Archéologique , relativement au projet d^agrandisse-
ment du musée au moyen d'une large ouverture cintrée entre
le musée actuel et la salle des séances. M. le préfet a daigné
promettre qu'il ferait étudier la question par M. l'architecte du
département. — La Société remercie M. le préfet de tout l'in-
térêt qu'il porte aux études archéologiques.
M. Lansade rend compte de l'état des fouilles pratiquées & la
villa d'Antone. Tous les jours on fait de nouvelles découvertes,
et l'on aura sous peu un plan d'ensemble détaillé et complet ;
mais les dépenses se sont élevées à 85 fr. au-delà des prévisions
du budget. La Société approuve cette dépense, et prie M. Lansade,
vu le mauvais état de la saison, de vouloir bien faire arrêter
momentanément les travaux. M. Lansade est également prié de
vouloir bien présenter à la prochaine séance un état général de
toutes les dépenses faites pour les fouilles. Du reste la Société
remercie M. Lansade du zèle et du dévoûment qu'il a apportés
dans la direction des travaux.
M. Maurice Ardant fait une lecture sur un bloc de monnaies
trouvées à Limoges. Il fait l'historique de cet intéressant trésor,
et demande à être autorisé à acheter quelques-unes de ces mon-
naies pour une valeur de 25 fr. La Société remercie son prési-
dent de cette communication , et accorde le crédit demandé.
A 9 heures et demie, la séance est levée.
Le secrétaire général,
É. RUBEN.
LISTE
Des dont failt au Musée et à la Bibliothèque de la Société
pendant r année 1864.
DONS FAITS AU MUSEE.
DONS DB 8. M. L*BMPBREUR.
Vn paysage (bords du Tarn] , par H. Nazon» né li Réaima (Tarn) . éleva
de M. Glayre.
La Vierge àllaUant VSn/ant Jésus, peinture sur porcelaine, par
C. Turgan , 1851 , d'après Andréas del Solario.
DONS DIVBRS.
Par M. Brunbt, vice-président au tribunal civil, deux ammonites,
trouvées, en 1851 , k Sermaize (Marne) dans les déblais du chemin de fer
de Paris à Strasbourg.
Par M. BouDBT (Edouard), une seiUptwre en htUs : la Vierge et rSnftint
Jésus.
Par M. LÉPiNARD, une enraie, empaillée par lui.
Par M. BONNBT fils, divers oijets égyptiens trouvés à Thëbes par
M. Frédéric Caillaud.
Par M. Nadaud, vingt médaiUes.
Par M. Brunbt, dUeraes médailles.
Par M. le docteur BovujLîiD , unpolypier dépouillé de ses parties molles.
Par M. Galatrt, un bloc de plâtre représentant Venlèvement de Déjanire;;
— un autre, les martyrs Eudore et Cymodocée; — un médaillon; — un
groupe de deux buses.
Par M. Tabbé Lbclbr, moulures en plâtre ù^^ deux poignards gaulois en
silex*
Par M. MoGNiAT-DucLOS, censeur au lycée, une médaille frappée a Toc^
casion de Téreetion de la statue du duc d*Orléans ii Alger.
Par M»« Pradbaux, propriétaire ii Limoges, un taseen terre.
194 DONS FAITS AU MUSÉK ET A I.A BIBLIOTHÈQUE.
OUVRAGES OFFERTS A LA BIBLIOTHEQUE DE LA i>OCIETE.
Notes swr un projet de chemin de fer direct de Lyon à Bordeaux. — Paris ,
Dwnod , éditeur, 1863 , in-4 de 16 pages et uoe planche. Par Mongini (L.).
Département du BMne, Conseil d'arrondissement : session de 1863. Séance du
21 juUîet, Chemin de fer direct de Lyon à Bordeaux, — Lyon , typ, de J. Vigan ,
1863 , in-8 de 52 pages.
Annuaire du département de la Haute-Vienne pour 1864. — In-8. — Doù
de Fauteur, M. Dumont.
Société des Amis des Arts du Umousin, Rapport sur les travaux de la Société
et sur Vexposition de 1862. Par M. Amédée Alluaud. — In-8 de 11 pages.
Vue photographique de l'église de Saint^Léonard , offerte k la Société par
M. FouRNiEB, photographe.
Par M. DE La Mabsonnibrb père : Le tabac, lu k la Société d'Agriculture,
Sciences et Arts de Poitiers Par M. Leyibil de La MARSONMiàRE,
docteur en médecine. — Poitiers, 1864. — Brochure de 16 pages in-8.
Les voies romaines en Gaule; voies des itinéraires. Par Alexandre Ber-
trand. — Paris, bureaux de la Bévue Archéologique, 1864. — Brochure
de 64 pages in-8.
Carte de la Gaule sous le proconsulat de César. Par le général Ki^euly. —
Paris, bureaux de la Bévue Archéologique, 1864. — In-8.
Les psetuUhcritiques de la Gazette des Beaux-Arts. Réponse à un système
d'attaques combinées contre la seconde édition du Guide de V amateur des faïences
et porcelaines. Par M. Aug. Dbmmin. — Paris, impr. de P. -A. Bourdier,
1864. — ln-8 de 16 pages.
Jamac en/erré par lui-même. Réponse à M. S. Levasseur à propos du
Catéchisme d'économie politique. Par M. A. Humbert. — Paris, B.Dentu,
1864. — ln-8 de 16 pages.
Études historiques et critiqua sur le Bas-Umousin , publiées de 1860 à
1864. Par M. de Larouvbraoe, conseiller honoraire à la oour impériale de
Bordeaux, chevalier de la L^on-d*Honneui-. — Tulle, typogr, d^Bugène
Crauffon, in-8.
Annuaire de V Institut des Provinces , des Sociétés Savantes et des Congrès
scientifiques. — xvi* volume de la collection, 1864. — In-8.
Guerres d'Arioviste contre les Éduens et contre César. Par A. Sarrbttb,
lieutenant-colonel au 86« de ligne. — Besamçon, 1864, in-8. — Don de
Tauteur.
Congrès archéologique de France : xxx* session. Séances générales tenues à
Rodez, à Albi et au Mans en 1863 par ta Société Française d^ Archéologie. —
Paris , Derache , 1864, — ln-8.
Par M. COMBET : Histoire de la ville et du canton d*Userche{l* et 8« feuilles
d'impression ). -* Tulle , 1864.
Par M. Maquart : Saint^Remi de Reims : dalles du xm» siéde. — Reims,
typ. de Assy et C^; 1827. — 8 feuilles de texte et 6 planches , dessinées et
gravées sur pierre par M. J.-J. Maquart. — In-f». — Don de Tauteur.
Promenades au salon des Beaux- Arts : peinture, sculpture, dessin, giature
DONS FAITS AU MUSEE ET A \.\ OIBLIOTIlèoUB. 195
H ouvrages d*art en porcelaine. Par M. A. Guillpmot. — Typ. de Châtras
et Cî«, 1864, in-8. — Don de l'auteur.
Société des Antiquaires de Picardie : rapport sur le concours de 1863. Par
M. Tabbé Corblbt. — Ami&iis, Lemer aine, imprimeur, 1864. — ln-8. —
Don de Vaateur.
Par M. VBRaNAUD-ROMAGNBSi : Notice sur le cabinet de Jeanne d^Arc à
Orléans. — Brochure in-8 de 12 pages et 2 planches.
les dessins de /. NataUs. Par M. Jules Cobblbt. — Arras et Paris, —
Brochure in-8 de 16 pages. — Don de Tauteur.
Mémoires lus à la Sorbonne dans les séances extraordinaires tenues les S, 9
et 10 avril 1863 (Archéologie). — Paris , impr. Impériale . 1864. — 1 vol. in>8.
Même ouvrage (Histoire» Philologie et Sciences morales). — Paris , impr.
Impériale, 1864. - 1 vol. in-8.
Turin , Florence ou Rome : étude sur la capitale de V Italie et sur la question
romaine. Par Rodolphe Rby. -^ Paris, B. Dentu, 1864. ^ Brochure de
36 pages. — Don de Tauteur.
LISTE
DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ
POUR L'ANNÉE 4864.
BUREAU.
Président-^. — M. Bobt de La Chapelle, O ^, préfet de la Haute- Vienne.
Président. — M. alluaud aîné, O '^.
Vice-Présidents. — MM. Maurice Ardant et Bonmin, iH^.
Secrétaire général, — M. É. Rubbn.
Secrétaire-bibliothécaire et archiviste, — M. Chapoulaud (Roméo).
Secrétaire trésorier. — M. F. Brissbt.
Directeur du Musée. — M. Buisson de Maveeonieb.
MEMBRES DU œNSEIL.
MM. Tixibr-Lachassagne, C iH^ , premier président honoraire.
Armand Noualhibr, iH^, député au Corps législatif.
Le docteur Bardinet, ^ , directeur de TÉcole de médecine.
COMITÉ DE PUBLICATION.
Présidents. ^ MM. Alluaud, Maurice Ardant, Bonnin.
Secrétaire général. — M. E. Rubbn.
MM. BRUNET, ASTAIX, GARIQOU-LAQ RANGE et GUILLEMOT.
CONSERVATEURS.
TaUeaux. ~ M. Ardant du Masjambost.
Pierres sculptées. — M. Reqnault.
Sculpture sur hais. — M. Fayette fils.
Médailles et sceaux. — M. Maurice Ardant.
Zoologie, ornithologie, papillons. — M. Astaix.
Minéralogie, géologie, reptiles, — MM. Alluaud et Astaix.
Armes, objets d^art. — M. Nivet-Fontaubert.
COMMISSION DU MUSÉE CÉRAMIQUE.
MM. Alluaud, Ardant du Masjambost, Fayette et Perdoux.
MEMBRES RÉSIDANTS.
Allélix (Joseph), négociant, à bre de rinstitut des provinces et
Aixe. de plusieurs autres sociétés sa-
Alluaud, aîné, O 1^, ancien maire vantes, président de la Société
de Limoges et membre du Conseil d'Agriculture de la Haute-Vienne,
général de la Haute-Vienne , mem- Alluaud (Amédée) , fabricant de
LISTÉ DES MEMBRES DB LA SOCllh'é. 197
porcelaine , secrétaire de la Société Despbay (Antoine) , photogrraphe.
des Amis des Arts du Limousin. Dbssalbs (Louis), Jugre de paix, à
Arbbllot, curé-archiprêtre de Ro- Ambazac.
chechouart, correspondant des Dubois, fabricant de porcelaine.
comités historiques. Dubouché (Adrien) , négociant.
Abdant (Eugène) , imprimeur. Ducourtibux (Henri) , imprimeur-
Abdant (Maurice), archiviste de la libraire.
Haute-Vienne, membre de la Duvert, de La Gabie, propriétaire.
Société impériale des Antiquaires Fayette père, architecte.
de France. Fayette fils, architecte.
Ardant du Masjaiibobt, professeur Ferbu (Félix), artiste statuaire.
de peinture. Fizot-Lavehgnb , avoué près la
ASTAix , professeur èi Técole de mé- Ck>ur.
decine. Fontanbau, ^. ancien officier de
AuDOUiN (Joseph) , ancien maire de marine.
Limoges. Font-Réaulx (Théophile de), pro-
Babdinbt (Alphonse) , !)^ , directeur priétaire , k Saint-Junien.
de récole de médecine. Fougeras-Laveronolle , adjoint au
Barny (Alexis) , professeur à l'école maire de Limoges.
de médecine. Fougàres (Léopold) , directeur mé-
Baron-Dutaya , à Bussière-Bofly. decin de Tasile des aliénés.
Blanchard , docteur en médecine , k Fournibr , ^ , conseiller k la Cour.
Limoges. Fournibr (E.). photographe.
BOBY DB La Chapelle, O ^ , préfet Garigou-Lagrangb, avoué.
de la Haute-Vienne. Goujaud fils, ornithologiste, k
BoNMBVAL (le marquis de) , C. !}^ , Bellac.
maréchal de camp. Grave (de) , propriétaire.
BoNNiN, ^, inspecteur d'académie. Guillemot (Albert), rédacteur en
Boudbt (Edouard), propriétaire. chef du dmrrier du Centre.
BouRDEAU DE Lajudib père, ancien Hbbvy (Emile), notaire.
député. La Bastide (le baron Hubert de),
BouRGom- Mbussb , propriétaire , iH^ , capitaine d*état-maJor.
k Saint-Junien. Labonkb (de), propriétaire, au
Brbuilh , avocat. ch&teau de Montbrun .
Bbisset (Frédéric) , Juge au tribunal Lamy de Lurbt (Edouard), banquier.
civil de Limoges. Lansadb » agent-voyer.
Bbunbt (Joseph), ^ , vice-président Laporte (Ernest) , négociant.
du tribunal civil de Limoges. Leclbr (André), curé de Saint-
Buisson de Mavbbokibr (Edouard) , Symphorien.
directeur du Musée. Lbmas (Élie) , professeur de rhéto-
Chapoulaud (Roméo) , propriétaire. rique au lycée.
Chapoulaud (AlAred) , imprimeur. Lbvieil de La MARSONNiàRE, {^,
CHARRmRE (Paul) , organiste de la premier avocat général.
cathédrale. Mallevergnb, '^^ président de
Choppin d'Arnouvillb, avocat gé- chambre.
néral. Maquart, propriétaire.
Cluzelaud, architecte-adjoint de M arpont (de), receveur général.
la ville de Limoges. Nivbt-Fontaubert, négociant.
Dbfayb fils, pharmacien, k Saint- Noualhier (Armand), *, député
Junien. au corps législatif.
198 LISTE DES MEMBRES DR I.A SOClérii.
PÉcoNNBT (Othon), 1^, avocat, Talabot (Augaste), 4tt, président
maire de Limoges. honoraire du tribunal civil de
Perdoux (E.) . professa de modelage. Limoges.
PouTAT (Emile), ^, négociant. Tandbau db Marsac (Fabbé), cha-
Rattibr , avoué. noine honoraire.
Rbculàs (François), propriétaire. Tarnbaud (Firmin), banquier.
Rbqnault , ^ . architecte de la ville. Tabnbaud (Frédéric) , propriétaire.
RoouBs DB FURSAC (Victor) , avocat. Tixibr-Lachassaone • C ^. pre-
RouGBRiB (rabbé) . professeur au mier président honoraire,
petit-séminaire du Dorât. Truol db Bbaulibu , i^ , banquier.
RuBBN (Emile), conservateur de la Vbroniaud (Léonce), propriétaire,
bibliothèque.
MEMBRES HONORAIRES.
MM.
Cruvbilhibr , O 4( , professeur à Técole de médecine de Paris.
Db Mentqub, ^, sénateur, ancien préfet de la Haute- Vienne.
MoRisoT (Tiburce) , O 4f • ancien préfet de la Haute- Vienne, fondateur du
Musée.
Saint-MaroGirardin , 0 ^ , membre de rinstitut.
Mionbrbt, préfet du Bas-Rhin.
Mgr Bbrteaud, évêque de Tulle.
Dalbsub, g O 4e, général de division du génie.
Mgr CoussBAUD, évéque d'Angoulème.
DbCaumont, g #, fondateur de la Société Française, à Caen.
Michel Chbvalibr, O ^, sénateur, membre de rinstitut*
Le vicomte E. db Kbrckovk-Warent , président de la Société Archéolo-
gique de Belgique.
Le général db MontbIUl, G O ^ . sénateur.
Le comte F. db Lastbtrib , membre de rinstitut.
MEMBRES œRRBSPONDANTS.
BoNNAFoux, conservateur de la bibliothèque de Guéret.
BONNÉUB (François) , bibliothécaire à Tulle.
BosviBux (Auguste), archiviste k Agen (Lot-et-Garonne).
Cardaillac (le comte db), chef de division au ministère de la maison de
TEmpereur.
CoiiBBT, avocat, h Userohe (C2orrèze).
GORNUDBT (le vicomte Alflred db) , membre du conseil général de la Creuse.
Dblochb (Maximin), ^, chef de bureau au ministère des travaux
publics.
Dblor (Firmin) , à Péronne (Somme.)
DoRLHAC» directeur des mines de Montigné» k Laval (Mayenne).
DuLBAU , numismate , k Orléans.
Gat db Vernon (le baron), chef d'escadrons au2« régiment de chasseurs.
GÉRY (Charles) , préfet de la Corse , à Ajaccio.
Grignard (Emile), directeur du chemin de fer de Lyon k Sathonay.
JuiiXAC (le vicomte Gustave db) , secrétaire de la Société Archéologique
du Midi , à Toulouse.
Labordrrib, docteur-médecin, à Pompadour.
LISTB DBS MEMBRES DK LA SOClÉTli. 199
Laoardb (Henri de), docteur-médecin, à Confolens (Charente).
liAPORTB (Armand de], aide-major de Tartillerie de la garde , k Versailles.
Larouyerade (de) , conseiller honoraire à la cour de Bordeaux . k Tulle.
Nadaud (Léon) , premier président honoraire de la cour de Grenoble , h
Chnryieux (Isère).
Nadault de Buffon, procureur impérial, k Rennes.
N ALBERT, sculpteur, k L*lsle-d*B8pagnac (Charente).
PâRATHON (Cyprien), négociant, k Aubusson (Creuse).
Rancoone (Gustave de), archiviste de la Charente, k Angouléme.
Renond (rabbé) , professeur au petit-séminaire d*Ajain (Creuse).
Rot de Pibrrefitte (Vabbé), curé«>doyen de Bellegarde (Creuse).
SÉNEMAUD, archiviste du département des Ardennes , k Mézières.
Simon-Clément , procureur impérial k Chambon (Creuse).
TouvENiN , membre de la Société de Thistoire de France, k Paris.
Vbrnexlh (Félix de), au ch&teau de Puyrazeau par Ncntron (Dordogne).
LISTE
DES SOCIÉTÉS CORRESPONDANTES.
Société Archéologique du Midi , k Toulouse.
Société Archéologique du Midi , k Montpellier.
Société Archéologique de TOrléanais, k Orléans.
Société Archéologique de Bézlers (Hérault).
Société Archéologique et d'Histoire de la Charente, k Angouléme.
Société d*Archéologie et d*Btudes scientifiques de Dragulgnan.
Académie d* Archéologie de Belgique, k Anvers.
Société des Antiquaires de TOuest, k Poitiers.
Société des Antiquaires de France, k Paris.
Société des Antiquaires de Picardie, k Amiens.
Société d'Émulation du Doubs, k Besançon.
Société d'Émulation de l'Allier, k Moulins.
Société d'Émulation , k Montbtlliard (Doubs).
Société des Sciences naturelles et archéologiques de la Creuse, a Guéret*
Société des Sciences et Lettres de Blois.
Société des Sciences, de l'Agriculture et des Arts, k Lille.
Société des Sciences, Belles-Lettres et Arts du département du Var, k
Toulon.
Société Scientifique et Littéraire du Limbourg , k Tongres.
Société Scientifique des Deux-Sèvres , k Niort.
Société de l'Histoire de France , k Paris.
Commission historique du Cher, k Bourges.
Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Bordeaux.
Commission Archéologique de Maine-et-Loire , k Angers.
200 MSTE DRS IIEIIBRF.S DE LA SOCtl^é.
Société Académique de TOiee , à Be&uvais.
Société Littéraire et Scientifique de Castres (Tarn).
Société de l*Union des Arts, à Marseille.
Société Archéologique et Scientifique de Soissons (Aisne).
Société H&vraise d*études diverses, au H&vre (Seine-Inférieure].
Société des Sciences naturelles et historiques de l'Yonne , à Auxerre.
Société d'Histoire et d* Archéologie de Chalon-sur-Saône.
Société Savoisienne d'Histoire et d'Archéologie , k Chambéry.
Société Archéologique de la province de Constantine.
Société Archéologique de la Tounûne , ii Tours.
Société Archéologique de Sens (Yonne).
Société Académique de Boulogne-sur-Mer.
TABLE DES MATIÈRES.
PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES.
PaRe
Séance générale du 29 janvier 1864 175
— du 24 février 1864 177
— du 9 mars 1864 179
— du 30 avril 1864 IgO
— du 27 mai 1864 183
— du 1er juillet 1864 184
— du 28 juillet 1864 18fi
— du 26 août 1864 187
— du 28 octobre 1864 188
— du 25 novembre 1864 190
— du 30 décembre 1864 191
^MÉMOIRES.
Voirie romaine en Limousin. — Voie ù" Augustoritvm k Avaricum ,
par Éd. Buisson de Mavergnier 5
Plombs historiés trouvés dans la Seine, enseignes de pèlerinages,
méreaux de corporation intéressant des saints limousins, par
M. Maurice Ardant 15
Connétablies de La Rochelle. -~ Simon de Rochechouart , conné-
table, vicomte de 1306 k 1316 » par M. Maurice ârdant 53
Table des noms de lieux et de personnages inscrits sur les mon-
naies mérovingiennes du Limousin, d*aprës la description de ces
monnaies, par M. Maximin Deloche 60
Monographie du canton d* A ixe-sur- Vienne , par M. l'abbé Rougerib 65
Abbaye de Dalon, par M. Vabbé Rot de Pierrefitte 79
Simon de Cramaud, patriarche d*Alexandrie, par M. Maurice
Ardant 103
Tombe de l'église de Saint-Pardoux-d*Arnac , par M. Maurice
Ardant 106
Biographie de M. le baron Gay de Vernon , par M. A. Guillemot. . 124
Émaillerie limousine, par M. Maurice Ardant 128
Note sur la tour de Bar, par M. Théophile de Font-Réaulx 134
202 TABLE DBS BIATltiiRKS.
Les religieux de Sain t-François-d' Assise daûs la Marche et le
Limousin, par M. Tabbé Roy de Pibrbefittb 137
DOCUMENTS.
Privilèges de la ville de Limoges. — Vidimus général donné par
le roi Henri II au mois de juillet 1555, à St-Oermain-en-Laye. . 22
Privilèges de la ville de Saint - Léonard . communiqués par
M. Tabbé Arbellot 108
Consultation d*un avocat limousin au xv« siècle» par y. Paul Huot 163
CHRONIQUE.
Nouvelles scientifiques par M. Maurice Ardant 173
Dons faits au musée et k la bibliothèque de la Société 193
Liste des membres de la Société 196
LIMOCKS. — • IMPRIMIEIS SI CnAPOUU&CD FUIEKS
rue Moutant-Maufgne , 7.
BULLETIN
DE LA SOCIÉTÉ
ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE
DU LIMOUSIN
I
BULLETIN
DE LA SOCIETE
ARCHÉOLOGIQUE
ET IIISTOUIQUE
DU I.INfOUSIN
tOME XV
LIMOGES
CHAPOULAUD FRÈRES , IMPRIMEURS DE LA SOCIÉTÉ
Ru6 Montant-Manigne , 7
1865
FÉLIX DE VERNEILH
NOTICE BIOGRAPHIQUE
I.
. Messieurs,
J^ 'avais trop présumé de mes propres forces en me chargeant
d'écrire la biographie de M. Félix de Verneilh. Les sentiments
de haute estime que sa science et son talent m'inspiraient , la
sincère amitié que j'éprouvais pour un si noble caractère, les
rapports que l'archéologie avait établis entre nous depuis près
de vingt ans , m'avaient fait accepter avec empressement d'être
son biographe; mais, quand j'ai voulu mettre la main à
l'œuvre, je me suis aperçu que je m'étais fait' illusion, et
qu'il me serait difficile d'être à la hauteur de mon sujet. — Sans
doute je pourrai donner, d'une manière plus ou moins complète ,
le catalogue méthodique, chronologique, de ses ouvrages et
des nombreux mémoires qu'il a publiés dans diverses Revues
savantes; — mais, pour apprécier dignement ses écrits et
l'influence qu'il a exercée dans le mouvement archéologique
contemporain , je sens mon impuissance, et j'avoue humblement .
ma trop grande infériorité. Je suis contraint toutefois de passer
outre ; et , après cet aveu indispensable , que me dicte la cons-
cience , et que je dois à la vérité , je vais m'eflForcer d'esquisser
la vie académique de notre illustre et regretté collègue.
II.
Félix DE Ve.bneilh naquit au château de Puyraseau près
Nontron (Dordogne) le 21 octobre 1820. Il était fils du baron de
Verneilh-Puyraseau et de dame Chassaignac de LaBerthonie. Sa
famille , originaire du Limousin , tire son nom du village de
Verneilh, situé dans la commune de Nexon Ilaute-Viennel.
6 FÉLIX DE VKRNeiLU.
t'n de ses ancêtres, Jean de Verneilh était, en 1600, sieur de
L'Age et co-seigneur de Nexon. Son aïeul , le baron Joseph de
Verneilh , alla s'établir près de Nontron (1 ) par son mariage avec
Christine de L& Vallade , héritière du domaine de Puyraseau.
Après avoir été député de la Dordogne à sept législatures , préfet
de la Coirèze et du Mont-Blanc , président de chambre à la Cour
royale de Limoges ; après avoir rédigé un projet de code rural ,
la Statistique du Mont-Blanc , M. de Verneilh-Puyraseau avait
cohfeacré les dernières années de sa vie à écrire, en trois
Volumes pleins d'érudition, l'Histoire et la Description de
l'Aquitaitie. M. Félix de Verneilh avait hérité des goûts savants
de son aieul.
Il fit «es étudies au lycée de Limoges, et Itôs termina- à Paris.
A {sei^ ans , ij suivait les cours de l'école de droit , et en
même temps il cultivait et développait le goût inné et le })en-
chant héréditaire qui le portaient aux travaux historiques et
archéologiques. En 1839 , entre deux examens de l'école de di-oit,
il entreprit seul «on premier pèlerinage archéologique à Amiens
et à Beauvais , pour y étudier ces monuments célèbres dont il
^ eu souvent loccasioii de s'occuper depuis;
C'est dans le journal l'Univers, alors rédigé par Louis
Veuillot, que M. de Verneilh fit imprimer ses premiers essais.
11 y publia quelques feuilletons archéologiques, dans lesquels
son talent précoce con[imençait à se révéler. Il n'avait alors que
dix-neuf ans !
Vers cette époque , il contractai aVec MM. Didron et le baron
de Guilhermy une liaison qui ne fit que se resserrer par la
suite : c'est avec eux , avec le regrettable M. Laséus, qu'il fit
beaucoup d'excursioqs du même genre, d'abord à Paris et aux
environs , puis à Reims , à Chartres , à Rouen , à Senlis , à
Soissons , Laon , etc.
Avec de pareils guides, avec des si)écîn:\ens au.ssi complets de
l'art chrétien, M. de Verneilh fut bientôt initié à la terminologie
et i la science archéologiques, et il y. fit de rapides progrès.
L'archéolqgie avait d'autant plus d'attrait qu'elle était alors à
Hon berceau : tout était neuf dans ce vaste champ ouvert aux
intelligence^. ]\ çà'éprit pour cette science nouvelle d'un zèle et
d'uue aitteur qui ne se sont jamais ralentis.
[]) Nontron faisait partie de la province du Limouhin avant la n^vo-
^nîfon.
Feux DB VERNRiLH.
III.
Dès cette époque , M. de Verneilh , qui utilisait ses séjours en
province par des études archéologiques sur les monuments du
voisinage , fut frappé de la ressemblance qu'offrait Saint-Front
de Périgueux avec les gravures qui représentent Saint-Marc de
Venise. Il reconnut également l'existence dans la Dordogne et
les départements voisins de toute une série de monument*?
byzantins à coupoles. L'idée mère de l'ouvrage le plus consi-
dérable qu'il ait publié germa dès lors dans son esprit : il prit
acte de ses premières découvertes , et exposa le plan d'un ou-
vrage étendu sur l* Architecture byzantine en France dans une
Notice adressée au Comité des Arts et Monuments , et imprimée,
en 4840, dans le premier volume du Bulletin publié par ce
Comité.
A partir de ce moment , et pendant qu'il remplissait , grâce à
de petits voyages , parfois infructueux , le programme qu'il
s'était tracé , M. de Verneilh fit diverses communications au
Comité des Arts , dont il fut correspondant jusqu'à sa réorga-
nisation, en 4848.
Lorsque M. Didron créa, en 1844, les Annales archéohgiqttes ,
M. de Verneilh, tout jeune encore, se trouva parmi les fon-
dateurs de cette savante revue (4 ),
IV,
11 y a publié de nombreux mémoires, formant deux séries
distinctes.
La première est relative à l'origine française de l'architecture
ogivale (2). Il faut y rattacher deux articles «ur la véritable signi-
fication du mot ogive (3), et sur les épures ou dessins de grandeur
d'exécution gravés sur les terrasses de !a cathédrale de Li-
moges (4). Les mêmes idées ont été appliquées à l'histoire du plus
glorieux monument de l'Allemagne, dans une étude archéologique
(1) Nous avons puisé nue partie des détails qnl pi'écëdent dans VAn^
mmre de r Institut des Provinces, année 1861. p. 489.
(2) Annales archéologiques ,T, III, p. 1 et 156.
;3) Tbid^T. I. p. 2()8.
(4; làid., T. VI . p. 139.
8 PÉLIl DE VeRNElLH.
sur la cathédrale de Cologne , ou M. de Vemeilh établit nettement
la parenté de cet édifice non-seulement avec la cathédrale
d'Amiens , mais avec celle de Beauyais et avec la Sainte-Chapelle
de Paris (<).
Ce travail, complété par deux lettres de M. le baron de Roisin
et de M. S. Boisserée, a été tiré à part , et forme sous ce titre :
la Cathédrale de Cologne, une splendide brochure de 80 pages
în-4^, avec plusieurs gravures sur acier (2).
Dans cet ouvrage , M. Félix de Vemeilh a mis en relief une
importante conclusion : c'est que le système ogival est né à
Paris, ou près de Paris, dans l'Ile-de-France, vers le dernier
tiers du xii* siècle. Par cela même il a réduit les étrangers à
leur rôle de copistes ou d'imitateurs. « Grand nombre d'écri-
vains, d'après un savant illustre, M. Boisserée , voulaient voir
daps la cathédrale de Cologne le prototype , le modèle inspira-
teur des édifices en ogive. Cet édifice colossal a été , malgré son
étendue , replacé à un rang secondaire. Son chœur , la partie
ogivale la plus ancienne, reproduit la disposition et même
l'ornementation des chœurs d'Amiens,- de Beauvais, de
Limoges, et ces édifices leur sont presque tous antérieurs (3). »
Parallèlement à ses recherches skur l'architecture ogivale
religieuse , M. de Verneilh publia, de 4846 à 1848 , une seconde
série d'articles sur l'architecture civile du moyen âge dans le
sud-ouest de la France , et notamment sur les villes neuves du
xiii* siècle à plans réguliers et uniformes qui se trouvent en si
grand nombre dans cette région de la France (4).
Cette série s'était successivement accrue et complétée en 4856 et
1 860 par quatre articles sur les ponts , les fontaines et autres
travaux d'utilité publique (5). M. F. de Verneilh se proposait de
réimprimer ces articles avec des documents et des dessins
inédits, et d'en faire un volume de 200 pages, entièrement
consacré à Tarchitecture civile du sud-ouest de la France.
Dans les Annales archéologiqites , M . de Verneilh a publié plus tard :
Un compte-rendu du grand ouvrage de M. le comte Melchior
de Vogué sur les églises de la Terre-Sainte (6) ;
(î) Annales archfivlogiqMii , T. VII, p. 57 et 225 ; — T. VIII, p. 117.
(2) Paris, chez Didron , 1848.
(3) L*A9Bé Texier , Bullet, archéoL, T. IV. p. 22.
(4) AniialM archéologiques, T. IV, p. 171-174; —T. VI, p. 71-88; — T. X,
p. 270; — T. XI , p. 335; — T, XII. p. 24.
(5) Ibid,, T. XVI . p. 21)2; — T. XX. p. 98 et 142.
1<5) Ibid.y T. XX . p. 21.
FÉLIX DE VKHNEILH. 0
La Style ogival en Italie (1) : cet article devait avoir une suite,
qui n'a pas été imprimée ;
L'Art du moyen âge et des causes de sa décademe; réponse à
M. Renan (2) : cet article a été tiré à part , et un savant rédac-
teur du journal fe Monde , M. Léon Gautier , en a fait un compte-
rendu dans le nun^éro du 1 4 octobre 1862 ;
Le premier des Monuments gothiques (3) ;
Le Style ogival en Angleterre et en Normandie (4) : une série d'arti-
cles sur ce sujet a continué de paraître , après sa mort , dans les
Annales archéologiques.
V.
Nous avons énuméré , pour n'avoir pas à revenir sur ce point ,
les divers mémoires qu'il a publiés pendant vingt ans dans les
Annales archéologiques depuis 1844 jusqu'à sa mort. Reprenons
maintenant les choses de plus haut.
En 4847, une circonstance heureuse vint imprimer une nou-
velle activité à son zèle, et donner à son savoir un plus grand
relief et un théâtre plus étendu.
Cette année , M. de Caumont présida pendant quelques jours
les séances d'un congrès à Angoulême et à Limoges.
Vqus connaissez , Messieurs , l'influence que M. de Caumont a
exercée sur le développement des études scientifiques en pro-
vince. Ce sera une des gloires du père de l'archéologie contem-
poraine d'avoir donné la première impulsion à ce mouvement ,
qui a e\\ de si féconds résultats, et qui va croissant tous les jours.
C'est à lui qu'un grand nombre d'archéologues doivent leur
vocation ; c'est lui qui , en stimulant les savants de la province ;
en donnant de la publicité à leurs œuvres, de la renommée à
leurs écrits , de l'éclat à leur nom ; en dirigeant leur activité
vers un but commun; en les mettant en rapport les uns avec
les autres dans ces tournois pacifiques de la science qu'on
appelle des congrès , a contribué à faire naître et fleurir dans la
plupart de uos dépai*tements des sociétés historiques et archéolo-
(1) Annales archéologiques , livraison mars-avril 186L
(2) IHd., livraison mai-juin 1862.
['3) Ibid., janvier-février et mai-juin 18(53.
^i) Ibid,, septembre-octoljire 1864 et livraisons .suivantes.
10 PKLIX DE VËRNIilLH.
giques, où figurent de vrais savants, qui, sans son initiative,
auraient consumé inutilement leur vie dans l'oubli et Toisiveté.
M. de Verneilh parut avec honneur dans les Cong'rès d*An-
goulême et de Limoges , où sa science précoce fut justement
remarquée : c'est là qu'il se lia d'une étroite amitié avec M. de
Caumont et MM. Charles des Moulins et Léo Drouyn, de Bor-.-
deaux. C'est à partir de cette époque que, devenu inspecteur
divisionnaire de la Société Française d'Archéologie pour la
Haute-Vienne et la Creuse , puis membre de l'Institut des Pro-
vinces , il prit une part active à la rédaction dti Bulletin monu-
vvenlal publié par M. de Caumont. Nous donnerons plus loin la
liste des savants mémoires qu'il a insérés dans cet important
l'ecueil.
M. de Verneilh a publié, dans le compte-rendu du Congrès
de Limoges , une étude archéologique fort remarquable sur le
château de Chalusset, C'est lui qui servit de guide et de
cicérone aux membres du Congrès dans la visite qu'ils firent à
ces magnifiques ruines; c'est ce jour-là que nous eûmes l'hon-
neur de lier connaissance avec notre regretté collègue et avec
M. Jules de Verneilh, l'habile dessinateur qui a enrichi les
ouvrages de son frère de gravures ri remarquables par l'élégance
et la fidélité,
VI.
L'ouvrage capital de M, Félix de Verneilh , son titre le plus
glorieux aux yeux de la postérité , c'est l'Architecture bymntine en
France,
C^est en <852 que parut ce livre, auquel il travaillait depuis
dix années.
Cet ouvrage «e divise en deux parties : la preniière est une
monographie complète de Saint-Front de Périgueux ; la seconde
renferme une statistique de nos églises à coupoles sur pendentifs
sphériques analogues à celles de l'Orient , et donne des notions
sur une variété curieuse du style ogival qui paraît être née en
Anjou sous l'influence des coupoles de Fontevrault. M. de Ver-
neilh y précise et , par suite , y réduit considérablement la part
faite jusqu'à lui aux influences orieiitales dans les origines de
notre architecture nationale.
Voici , du reste , l'énoncé des chapitres :
FKIJX DE VKRNKiLII. H
1» Monographie de Saint-Front. — Analogie Je Paint-Front de Péri-
gueux et de Saint- Marc de Venise. — Description de Saînt-Front. — Clo-
cher et porche. — Construction et décoration. — Sculptures et peintures.
— Sépulcre de saint Front. — Éplise latine de Saînt-Front. — Cloître et
monastère. — Ancienneté <.e Saint*Front et colonie vénitienne à Limoges.
— Restauration de Sajnt-rFront.
2o Églises a coupoles. — Considérations générales. — Saint-Étienne et
Saint-Silain de Périgueux. — Monuments k coupoles du Périgord : ab-
bayes, prieurés , églises pnroissiales. — églises k coupoles de T Angoumois
et de la Saintonge : cathédrale d*Angoulême. Saint-Liguaire de Cognac,
église de Bourg-Charente , cathédi-ale de Saintes, etc. — Églises a coupoles
d^ Cahors, Souillno, Solignac , Saint-Émilion. — Églises èi coupoles, mais
non byzantines, du Puy-en-Velay, deSaint-Hilairede Poitiers, de Loches.
Style plantagenet. — Églises à coupoles de Fonlevrault, de Saint-
Maurice d'Angers. — Conclusion.
Permettez-moi , Messieufs , de vous citer le jugement que l'abbé
Texier porta sur ce livre au moment de sa publication :
« Notre coUèfi^ue et compatriote M. Félix, de Verneilh vient
de publier un de ces ouvrages qui font époque dans Thistoire de
la science, Déjà ùa des maîtres, M. de Cauraont, proclame
que cette publication , la plus importante qui ait été faite depuis
l)lusieurs années par son sujet et sa forme, est un événement
archéologique. Nous venons de relire ce travail coïisidérable , dont
npus connaissions déjà le progrès et les conclusions : nous
sera-t-îl permis d'en signaler à l'avance les résultats?...
* M. F. de Verneilh aura ce bonheur de fixer le sens du mot
hyzdtilin appliqué à Tarchitecture. . .
» Le nom de byzantin sera désormais uniquement attribué aux
édifices évidemment inspirés de Byzance ou de Sainte-Sophie.
On les reccmnaîtra aux caractères suivants : 1" voûtes uni-
quement formées de coupoles sphériques inscrites dans des
carrés rachetés par des i)endentifs qui sont eux-mênïes des por-
tions de sphère; i° absence d'appui extérieur; 3° rareté de
rornementation sculptée, remplacée presque toujours par des
|)eintures.
» Ces édifices , peu nombreux , forment uue école qui a son
centre et son imnt de déi)art près de nous , à Périgueux , et
dont nous avons un type voisin à Solignac. Nous ne saurions
en quelques lignes analyser convenablement le travail profond
et patient qui amène cette conclusion en 300 pages remi)lies de
faits précis et d'études aussi profondes (lu'étendues. M. Félix d(^
Verneilh recherche le jwint de départ de cette école orientah» ,
12 FÉLIX DE VKBNEILH.
et décrit sa filiation. Saint-Front de Périgueux , merveilleuse
copie, en matériaux français , de Saint-Marc de Venise , reproduit
sa disposition , toutes ses formes et jusqu'à ses dimensions , le
pied italien se trouvant traduit en pied français. Il faut lire dans
l'ouvrage môme les indications au moyen desquelles notre pa-
tient collègue suit rinfluence de ce type , et le montre dégénérant
d'âge en âge jusqu'au xnr siècle, et survivant encore en
quelques monuments à travers les formes ogivales.
» Grâce à ce travail remarquable , on saura donc désormais :
» 1* Ce qu'il faut entendre par style byzantin ;
» 2® En quoi le style byzantin diffère du style roman ;
» 3" Comment une école byzantine d'architecture s'est établie
en France ; — à quelle époque ; — ^ quel est son point de départ ; —
quelle est l'étendue de son action.
» Pour arriver à des conclusions si précises, une immense lec-
ture n'a pas suffi. Les monuments de notre Aquitaine ont été
analysés sur place par M. Félix de Verueilh avec la patieiice
d'un anatomiste. Peu d'architectes , même parmi les plus ins-
truits, ont pénétré si avant dans les lois de la construction à
tous les âges. Et tous ces résultats si patiemment obtenus se
produisent , avec les qualités toutes françaises d'une grâce et
d'une urbanité exquises, en un style aussi rapide qu'élégant.
Nous ne disons rien des côtés matériels de cette publication : le
papier, l'impression , le tirage , rivalisent avec les plus magni-
fiques publications étrangères , et sur plusieurs points leur sont
supérieurs. Tout le monde sait que Mackensie venait en Franc©
animer ses magnifiques dessins par des bonshommes dus au
crayon de l'antiquaire Langlois. Les planches nombreuses dues
à la collaboration fraternelle de M. Jules de Verneilh et au
crayon brillant de M. Gaucherel n'ont pas besoin d'un secours
étranger : on y trouve unies, à un rare degré, la fidélité
archéologique des détails, la finesse du burin et une légèreté
spirituelle qui n'appartiennent qu'à notre pays (1), »
Au mois de juillet 1852 , M. de Verneilh nous écrivait à propos
de cet ouvrage : « J'ai eu l'avantage de trouver un sujet com-^
plètement neuf et d'une importance réelle ; c'est sans doute un
avantage aussi que de l'avoir laissé dix ou douze ans sur le
métier, tantôt pour faire tel ou tel voyage, tantôt pour attendre
mes dessins, puis mes gravures. J'ai eu ainsi tout le temps de
(1) Bidkiln archéologique , T. IV. p, 20-24,
veux DK VEKNEIIH. 13
la réflexion; et, quoique mes recherches n'aient pas été parfai-
tement complètes J'espère ne m'ôtre pas trompé sur les points prin-
cipaux. J'aurai , dans ce cas , rendu un vrai service à la science
archéologfique en montrant Tinfluence byzantine là oii elle est.
M. Albert Lenoir lui-même, qui connaît & fond Tart de TOrient ,
voyait cette influence là oii elle n^eM guère, et à la fois plus grande
et plus vague qu elle ne Test. Pour lui elle existait surtout dans les
rotondes, comme Ta prouvé le dernier numéro des Annales (4). »
Un membre de l'Académie Française, M. Vitet, fit paraître,
dans le Journal des Savants (2), une série d'articles d'une critique
très-bienveillante , mais très-sérieuse et très-approfondie , sur ce
livre de l'Architecture byzantine en France , dont il n'adoptait pas
les principales conclusions. — • En réponse à ses observations ,
M» de Yemeilh publia , en 4854, dans les Annales archéologiques ,
trois articles , qui ont été tirés à part , et forment une brochure
considérable sous ce titre : Des Influences byzantines : lettre à
M. Vitet j de V Académie Française (3).
VII.
Nous avons dit déjà que, en 48i7, au Congrès archéologique
d^AngoulêmQ et de Limoges, M. de Yerneilh avait brillé par sa
science précoce et ses aperçus ingénieux. Dans la suite , il prit une
part active aux travaux de ces assises périodiques de la science.
En 4855, dans les Conférences archéologiques internationales
convoquées à Paris , il traita avec M. le baron de Quast d'in-
téressantes questions ; il disserta notamment sur la date précise
des cathédrales de Périgueux et d'Angoulôme, contestée par
M. le baron de Quast et par M. Parker (4). Ce dernier ne se tint
pas pour battu, et, dans une lettre adressée à M. de Caumont
l'année suivante , il soutint ses premiers dires relativement à la
cathédrale de Périgueux (5).
En 4858, M. de Vemeilh prépara, en qualité de secrétaire
général , le Congrès archéologique de Périgueux , et présida à la
publication des procès-verbaux des séances. Il prit la parole
(1) Puyraseau , 30 Juillet 1852.
(2) Cahiers de Janvier, février et mai 1858.
(3) Paris , chez Didron , 1866.
(4) BvUet. mofUMfi., T. XXII, p. 521.
(5) /d., T. XXIII . p. 146.
14 FICIIX DK VKUNEIÎ.ÎÎ.
dans la plupart des discussions, et, dans les questions Relatives
aux monuments du pays , la toitr de Vésonne , l'église de Saint-
Front, il montra quelle était l'étendue de son savoir, la nou-
veauté de ses aperçus et la sûreté de son coup d'oeil archéolo-
gique.
L'année suivante, au Congrès scientifique de Limogés (sei>-
tembre 1859), il fut élu président de la section d'Archéologie
à l'unanimité des suffrages. Vous vous souvenez, Messieurs,
de la part brillante qu'il prit aux discussions. Vous Vous rap-
pelez l'impression profonde que produisit sa Notice historique
sur Tabbé Texier. Son opinion sur les émaux d'Allemagfne et
les émaux limousins ne fut alors contestée par personne; mais,
depuis , M. Ferdinand de Lasteyrie a soutenu la thèse contraire,
plus honorable pou^ notre province et plus favorablement ac-
cueillie par l'opinion.
Voici comment s'exprimait le Bulletin monitmenlal dans le
compte-rendu du Congrès de Limoges. « L^éminent archéologue
M. de Verneilh présidait la section d'Archéologie, et sa parole
donnait à toutes les discussions un intérêt extraordinaire. Com-
bien d'à jperçus judicieux , d'idées neuves ^ M. de Verneilh a émis
dans les discussions de sa section I Combien il a su intéresser
par le récit des richesses qu'il venait d'observer en Allemagne ,
accompagné du baron de Quast, inspecteur général des monu-
ments de Prusse!... Les précieux documents donnés oralement
par M. de Verneilh sur les églises à voûtes domicales observées
par lui en Allemagne , sur diverses églises de France , notam-
ment sur celle de Saint-Léonard (Haute-Vienne^ j ont été aussi
avidement accueillis (i) ».
M. de Verneilh ne manquait jamais l'occasion de paraître
dans ces tournois intellectuels^ oii il figurait toujours avec hon-
neur. En 1860, au Congrès scientifique de Cherbourg, il fut
encore élu président de la section d'Archéologie; il prit une
glorieuse part aux savantes discussions qui eurent lieu , notam-
ment sur l'origine parisienne du style ogival.
En 18G1 , il fit partie de la commission chargée de préparer
le Congrès scientifique de Bordeaux , et il fut nommé secrétaire-
chef pour la section d'Histoire et d'Archéologie. Nous nous souve-
nons des savants aperçus qu'il donna au Congrès sur les bastides
du Sud-Ouest, c'est-à-dire sur ces villes neuves,. à plan régu-
'(1) Bulletin monmiental , T. XXV, p. 743.
FKlJ.X DE VERNKtI.It. 15
lier et uniforme , qui se sont élevées au xiii' siècle dans le bassin
de la Garonne (T. Il , p. 313). Il fit remarquer, contre Topinion
rommune, que l'influence anglaise était à peu près nulle sur
nos monuments d'Aquitaine (T. Il, p. 325). Il traita savamment
cette question posée au Congrès : « La vraie date du cloître de
MoissaC et de Saint-Sernin de Toulouse est-elle connue? » (T. Il,
p. 345), et il a publié, dans le tome IV du Congrès, un mé-
moire SUT ce sujet (p. 653). Il lut un court mémoire sur cette
autre question : a Existe-t-il au nord de la Loire et au sud de la
Garonne Une seule ég'lise à série de coupoles? » (T. Il, p. 347),
mémoire qu*il destinait à son second volume sur ^architecture
byzantine. Il traita encore la question de Tétat pritiiitif de la
nef de la primatiale de Bordeaux (p. 348). Le Qongrès accueillit
favorablement le vœu qu'il formula en faveur du déblaiement
de l'amphithéâtre ou palais Gallien , et de la conservation de la
porte du Cailhau , menacée par un alignement et une rue pro-
jetés.
L'année suivante (1 862), on retrouve M. de Verneilh au Congrès
de Saumur. 11 présida une des sé^ces (4 juin), et il fit une
conférence sur les influences byzantines en Anjou , conférence
qui se termina par une triple salve d'applaudissements
(p. 308-317).
Vlll.
Tout le monde comprend que , dans l'archéologie monumen-
tale surtout, led voyages sont la condition indispensable d'une
science approfondie. Grâce à sa position indépendante et k sa
fortune personnelle, M. de Verneilh avait pu faire de fréquents
voyages ; il avait pu observer sur place les nombreux monu-
ments dont il parlait j et dojit Tétude servait de base à ses
théories scientifiques. 11 ne s'était pas borné & visiter, dans nos
diverses provinces , les églises ou édifices civils du moyen âge et
des époques antérieures : il avait voyagé dans les pays étrangers,
prenant partout des notes, des mesures, des croquis. En 1845, il
visitait Londres, Cantorbéry et une partie de l'Angleterre, com-
parant le style ogival anglais et le style ogival parisien. En
1847, il parcourait la Belgique et les bords du Rhii^, et étudiait
surtout cette magnifique cathédrale de Cologne s\it laquelle il
a écrit un travail si remarquable; en 1855 et 1856, il voyait
Constantinople , Athènes et l'Italie. En face des coupoles de
16 IKI.IX DE VILUNBlLlI.
Sainte-Sophie de Byzaiice et de Saint-Marc de Venise, types de
Saint-Front de Périg-ueux , il recueillait des notes pour le secoutl
volume de son Architecture byzanthw, que la mort ne lui a pas
permis de publier; en 4859, il visitait la Westphalie et TAlle-
magne du Nord, en compagnie de M. le baron de Quast,
inspecteur général des monuments historiques de la Prusse j
qui lui montrait les riches collections des émaux allemands.
Nous nous souvenons que, à son retour d'un de ces lointains
voyages , en lui écrivant pour le féliciter, ûous lui faisions Tap-
plicatîon de ces paroles qu'un écrivain sacré dit du véritable
sage : « 11 passera dans le pays des nations étrangères « étudiant
chez tous les hommes le bien et le mal : In terram aliemgenarvm
geniium pertransiet : bona enim et mcda inhomirUbus terdabit, » [EccU,,
XXXIX, 5.)
IX.
Dans le Bulletin monumental, dirigé par M. de Caumont ^ M», de
Verneilh a publié, depuis 4847 jusqu'à Tannée qui a précédé sa
mort, de nombreux et savî^pts mémoires :
4** Une Note sur les églises à coupoles du Périgord (4) ;
2" Une Notice sur le château de Châlus et sur les circonstances
de la mort de Richard Cœur-de-Lion (2) ;
3" Le compte-rendu d*une visite à la Sainte-Chapelle (3) ;
K° Une Lettre à M. de Caumont sur s?a Statistique monumentale
du Calvados (4) ;
5° Un Mémoire sur les origines de Tart ogival et de Tart
roman , en réponse aux questions posées par M. Parker (5) ^ dans
lequel il établit que le style ogival est né dans la région de Paris,
et non en Angleterre ou en Normandie ;
6** Une Dissertation sur les dates précises des cathédrales de
Périgueux et d'Angoulême , contestées par le baron de Quast et
par M. Parker dans les conféi-ences archéologiques internatio-
nales convoquées h. Paris en 4855 (6) ;
7*» Un Mémoire sur les fortifications romaines , byzantines et
génoises de Constantinople , avec plans et dessins (7) ;
(1) Bulletin monumental, 1847, p. 543.
(2) IM., 1848, p. 426,
(3) iHd., 1850, p. 141.
(4) IMd., 1850, p. 413.
(5) im. , 1855, p. 105.
(6j Ilnd., 1856, p. 521.
(7) md., 1858, p. 361.
veux DE VERNËILH. 17
8* Une Étude sur les émaux d'Allemagne et les émaux limou-
sins en collaboration avec M. le baron de Quast, inspecteur
général des monuments historiques de la Prusse , étude lue au
Congrès scientifique de Limoges au mois de septembre 1859 (1),
et dont les conclusions ont été combattues par M. Ferdinand
de Lasteyrie ;
9° Un article sur Touvrage de M. de Roisin intitulé : la
Cathédî^ale de Trêves (2) ;
4 0" Les Émaux français et les Émaïkx étrangers , mémoire en ré-
ponse à M. le comte F. de Lasteyrie , lu à la séance de la Société
Archéologique de Limoges le 28 novembre 4868 (3).
X.
M. de Verneilh était un des fondateurs du Chroniqueur du
Périgord, revue mensuelle consacrée à la littérature et & la
science. Nous allons indiquer divers articles qu'il y a publiés :
4® Colonie vénitienne de Limoges (4) ;
2* Les Bastides du Périgord (5) ;
S'* Lettres à M, de Siorac sur les monuments de Périgueux (6) ;
4" Promenades en Périgord (7) ;
5° Note sur divers objets découverts dans la restauration de Sainte
Front (8) ;
6*» Peintures murales du diâteau de Rochediounrt (9) ;
7" Des abords de Saint-Fro^U (40).
Voici maintenant la liste des Mémoires qu'on trouve dans le
Bulletin de la Société Archéologique du Limousin :
4*' Maisons anciennes du Limousin (4 4), emprunté slmx Annales
archéologiques (42);
(1) Bulletin monumental, 1860, p. 109 et 205.
(2) IMd. , 1861 . p. 634.
(3) IMd., 1863. p. 113 et 225.
(4) Chronig. du Périgord , année 1853 , T. I , p. 19.
(o)Ibid.. T. I, p. 46. 52.
(6)/ôirf.. T. I. p. 84.
(7) Ibid,, T. I. p. 117, 161 (article de M. Jules de Verneilh).
(8) Ibid. . T. I , p. 264.
(9) Ibid. , année 1854 , T. II . p. 253.
(10) Ibid. . année 1855 , T. III. p. 49.
(11) Bulletin archéologique,!!. I. p. 170.
\}2) Annales archéologiques, T. IV, p. 165.
2
18 FÉLIX DB VERNEILH.
2* Peintures murales du château de Rochechouart (4), emprunté au
Chroniqueur du Périgord ;
3° Notice biographique sur l'allé Texier (2) ;
4° Les Emaux d'Allemagne et les Emaux limousins, mémoire en
réponse à M. le. comte de Lasteyrie (3) ;
5° Notice sur V oppidum gaidois de Courbe fy (4) , oppidum qu'a
découvert M. de Verneilh.
XI.
a Le style c'est Thomme », a dit BuflPon, et, en donnant
cette définition , il n'a fait que reproduire une pensée d'un
Père de l'Église : « La parole de l'homme est le miroir de son
âme : Sermo enim viri mentis est spectdum (5) ». Le style de M. de
Verneilh , « d'une pureté classique , d'une g^ravité magistrale
et d'une exquise distinction , qui n'était que la traduction des
habitudes de son langage et de sa vie , son style , quand le
sujet s'y prêtait , savait revêtir tous les charmes de l'élégance et
du goût. On ne lira pas ses ouvrages uniquement pour appren-
dre : on les lira aussi pour le plaisir de les lire , et c'est pourquoi
ils resteront. Ils resteront, parce qu'ils sont les fruits d'une
vie consacrée tout entière au travail consciencieux , parce qu'ils
portent l'empreinte d'un travail sérieux , et qu'ils sont les pro-
ductions d'une âme souverainement honnête , dont tout ce qui
est faux et mauvais excitait la répulsion franche et sévère , dont
tout ce qui est estimable et vrai avait conquis les chaudes et
constantes sympathies (6). »
XII.
x^près avoir parlé des grandes qualités du savant et de
l'écrivain, pourrions-nous passer sous silence les qualités de
l'homme privé? Que. dirons-nous de la bienveillance de son
caractère , qui le faisait aimer de tous , et qui l'avait rendu si
populaire dans sa contrée? Que dirons-nous de cette urbanité
(1) Bulletin archéologique» T. V, p. 262.
(2) 7Wrf.. T. XI . p. 107.
(3)/Wrf.,T. XIII. p. 1.
{4)7Wtf„T. xiii. p. as
(5) Raint Paulin de Nole : Epistol, Xlll ad Pammarh,
(6) Charles des Moulins , Guienne du 12 octobre 1864.
Feux DE VERNEILH. 19
exquise qu'il apportait dans les discussions , et le faisait estimer
de ses adversaires? On peut lui appliquer les paroles qu'il
disait de Tabbé Texier : « Ce confrère modeste et bon qui , dans
le monde irritable des antiquaires, n'a jamais perdu un ami (4) ».
M. Félix de Yerneilh ne s'était pas marié : il aimait à dire
que , ayant deux compagnes , Tarcbéologie et l'agriculture , il
ne pouvait prendre charge d'une troisième (2). On comprend
que , avec cette passion pour la science et les voyages archéo-
logiques, le célibat lui laissait plus d'indépendance et de
liberté; et d'ailleurs il retrouvait les joies de la famille au
château de Puyraseau.
C'est peut-être cette passion pour l'étude qui a occasionné
cette maladie de langueur dont l'issue devait être si funeste. En
vain tous les secours lui furent prodigués : des symptômes
étranges et contradictoires déconcertaient la science, et rendaient
inutiles les soins les plus intelligents et les plus affectueux.
XlII.
En terminant , Messieurs , permettez-moi de me souvenir du
caractère dont je suis revêtu , et de dire que M. de Verneilh a di-
gnement couronné cette vie savante et laborieuse par une mort
chrétienne.
Quand nou^ avons annoncé, dans le journal le Mande (3), la
mort prématurée de notre savant collègue , nous disions : a A
une haute intelligence et un vaste savoir, rehaussés par une mo-
destie sincère , M. de Verneilh unissait une bienveillance et une
douceur de caractère qui lui conciliaient (toutes les affections.
Dans la force de Tâge et du talent , il a été enlevé à une noble
famille dont il faisait la joie et l'orgueil. Après deux mois de
cruelles souflFrances , il a rempli ses devoirs de chrétien avec un
calme , une sérénité d'âme et une ferveur admirables. La veille
de sa mort, il reçut le Saint-Yiatique et TExtrême-Onction , ré-
pondant lui-même aux prières du prêtre , et édifiant par sa piété
les assistants, qui fondaient en larmes. Le lendemain ( 28 sep-
tembre 1864), il s'éteignait sans agonie. Les d rniers devoirs lui
ont été rendus , le 29 septembre , dans Téglise de Pluviers (Dor-
(1) Congrès de Limoges, T. I, p. 417.
(2) Cu. DES Moulins . Quienne , 12 octobre 1864.
(3) Monde, 8 octobre 1864.
20 FÉLIX DE VERNEILH.
dogne). Tout le pays, sans exception , avait tenu à honneur de
raccompag-ner à sa dernière demeure. Le clergé de quinze pa-
roisses était venu spontanément mêler ses prières et ses larmes
à celles de sa famille désolée, et rendre un suprême hommage au
savant qui avait réhabilité Tart chrétien , et qui pouvait dire avec
le psalmiste : « Seigneur, j'ai aimé la beauté de votre maison! »
(Ps. XXV, 8.)
XIV.
La Société Française d'Archéologie, qui perdait en lui un de
ses dignitaires et un de ses membres les plus distingués, avait
eu d'abord la pensée de recueillir dans son sein une souscription
pour élever un monument sur la tombe du savant archéologue
dans rhumble cimetière de campagne oii il est inhumé. Cette
idée avait été accueillie avec empressement, et M. de Caumont
s'en était fait l'organe. Quand on a annoncé que la chapelle du
château de Puyraseau, à la construction de laquelle M. de Ver-
neilh avait présidé avec M. Jules de Verneilh, son frère, recevrait
plus tard ses dépouilles mortelles, la Société Française a dû re-
noncer à ce projet.
Mais cette année, pendant le Congrès des délégués des Sociétés
savantes, réuni à Paris au palais de la Société d'Encouragement,
les nombreux amis de M. de Verneilh ont proposé d'ériger un
buste à sa mémoire dans le musée de Périgueux, auprès de cette
cathédrale de Saint-Front qu'il a fait connaître au monde archéo-
logique. Cette proposition a été chaleureusement accueillie , et
une souscription a été ouverte immédiatement.
M. de CoëflFard , un des auteurs du nouveau fronton de la
Bourse de Bordeaux, et lauréat de l'Académie de cette ville, a été
chargé par le Comité de sculpter ce buste en marbre blanc de
Carrare.
La Société -Archéologique du Limousin ne pouvait manquer de
payer son tribut à la mémoire de Félix de Verneilh. Elle s'est
associée par une souscription à l'érection de ce monument. Mais
les œuvres du savant écrivain seront un monument plus
durable (4).
L'abbé ARBELLOT.
(1) Nous espérons que M. Jules de Verneilh publiera les précieux ma-
nuscrits qui sont entre ses mains.
MONUMENTS DRUIDIQUES
DU miOUSIN ET DE LA MARCHE.
Les monuments druidiques du Limousin et de la Marche
servaient-ils de bornes aux anciennes peuplades gauloises?
Dans une Note sur les dolmens et les menhirs du Poitou, M. de
Long'uemar faisait remarquer au Congrès scientifique de
Limoges, en 4859, que <t la disposition de ces monuments en
série orientée, et, & peu de chose près, parallèle à la plus
grande partie du cours du Clain , pouvait faire penser qu'elle
indiquait une frontière sacrée de la Gaule primitive, posée
entre deux tribus importantes, et que la restitution de ces
chaînes de pierres druidiques sur nos cartes locales pourrait ,
dans cette hypothèse, amener la reconstruction de la plus
ancienne carte nationale de France ».
C'est à cette intéressante question que , depuis cette époque ,
et sous la direction de Thabile archéologue poitevin , M. Tabbé
Rougerie et moi avons consacré de longues et nombreuses re-
cherches. Retrouver le territoire qu'occupaient ces peuplades à
peines connues, le circonscrire dans ses véritables limites, et
dresse» ainsi une carte de la Gaule antérieure à notre ère était
un bien beau projet , capable de faire supporter les excursions
les plus difiiciles.
Dès le début, le succès sembla nous sourire : aussi M. le pré-
sident de la Société des Antiquaires de l'Ouest m'écrivait-il le
41 février 4860 : a Courage donc et persévérance! Nous arri-
verons , comme une glorieuse pléiade , à l'extrémité de notre
22 MONI'MENTS DRUIDIQUES.
orbite si le bon sens peut fermer les courbes que nous allons
décrire. »
Nous nous sommes partagé le travail , et chacun de nous a
pris en particulier un département pour y faire Tessai de ce
nouveau système.
M. Tabbé Rougerîe, le premier, a publié , dans le tome X du
Bulletin de la Société Archéologique du Limousin , des Recherches
sur les limites des peuplades gavluises dans la Uavte-Vienne , travail
qui serait assurément ce qu'il y aurait de plus décisif dans cette
question si les matériaux qui lui ont été fournis par nos histo-
riens et nos géographes étaient de bon aloi.
J'avais fait un semblable travail pour le département de la
Creuse. En utilisant tous les monuments druidiques , tous les
noms de lieux significatifs; en m'aidant des accidents du
terrain , j'étais parvenu à circonscrire le pays qu'auraient
habité les Cambioviscenses , dont Chambon serait le centre;
Bourganeuf et Soubrebost , avec ses magnifiques rochers , oc-
cupaient^ le centre d'une seconde peuplade , et tout le nord-ouest
du département en était une troisième.
Comme j'avis promis ce travail , je fus obligé de le donner. 11
a été communiqué à la Société des Antiquaires de l'Ouest; mais
je le terminais en faisant observer qu'il était loin de me satis-
faire, et que j'hésitais encore entre une conclusion aflîrmative
ou négative. La principale raison qui portait ainsi Tindécision
dans mon esprit était que lès monuments en question , et
surtout les noms de lieux qui indiquaient des limites, se trou-
vaient également répandus sur toute la surface du pays.
Les nombreuses recherches et les nouvelles décourvertes que
j'ai faites depuis dans nos contrées n'ont fait que me confirmer
dans cette idée que les monuments dont il s'agit ici sont inèuf-
fisants pour retrouver les limites des anciens habitants de la
Gaule. Aussi les conclusions de la thèse imprimée au tome X
du Bulletin de notre Société se trouvent^ïnaintenant inexactes :
4 « par la découverte de plusieurs monuments druidiques qui
n'étaient pas alors signalés; 2« par la certitude acquise que
plusieurs des monuments indiqués par différents auteurs, et
qui ont servi de bases pour former ces conclusions, n'ont
jamais existé ; 3^ parce que les noms de lieux emportant avec
eux l'idée de limite sont également répandus sur toute la sur-
face du pays.
M. de Longuemar, qui le premier avait émis cette idée certai-
MONUMENTS DRUIDIQUES. 23
nexnent attrayante, a dît ensuite au Congrès scientifique de
Bordeaux : a IJn certain nombre de monuments et de lieux dits ,
parmi lesquels il faut ranger les dolr.en^, les nunhirs, les ttjmvH,
les oppida et les plus vieux souterrainS'rrfuijcs, ne nous ont pas
paru s'assujettir d'une manière suffisante aux plus anciennes
limites que Thistoire ou la tradition nous ont permis de distin-
guer dans notre contrée ».
Aujourd'hui la question paraît donc résolue négativement.
Qu'il faille totalement abandonner cette idée de retrouver les
limites des peuplades gauloises en se servant des monuments
druidiques et des noms significatifs que certaines localités
conservent encore , je ne le crois pas ; mais d^abord il y a un
triage essentiel à faire.
Ces monuments sont de deux sortes : les dolmens et les
merdiirs. Le dolmen , énorme pierre en forme de table portée
par un nombre plus ou moins grand de supports, recouvre
toujours un tombeau (4) ; le menhir, pierre longue, solidement
fichée en terre par une de ses extrémités , et portant souvent de
nos jours le nom de borne, haute-borne, etc., ne recouvre
jamais de tombeau (2).
J'ai dit à dessein que les monuments druidiques étaient de
deux sortes , car ce qu'on a souvent apj^lé demi-rdolmen n'est
autre chose qu'un dolmen dont un des supports , brisé , a laissé
pencher la table jusqu'à terre, ou encore , ce que j'ai rencontré
plusieurs fois, c'est un monument naturel.
Quant aux pierres branlantes , elles sont généralement le
résultat de dénudations diluviennes, qui ont détruit la partie
friable qui formait la base de la roche . aujourd'hui mobile. Il
faut remarquer au sujet de ces sortes de roches que le druidisme
(1) Tous les dolmens explorés par les membres de la Société des Anti-
quaires de rouest ( de Lonoubuâr , Notice swr une série de ddmens) .
52 dolmens fouUlés par M. Delpon de Livernon dans le Quercy (Richard
etHoquart, QvÂde de V étranger), ceux que j*al fouiUés moi-même en
Limousin. n*ont pas encore fourni d^exception.
(2) Le menhir d'Aigny (Côte-d*Or) passe dans tout le pays pour une
très-ancienne limite. (Richard bt Hoquart.) — Le menhir de Lafolie,
même département , porte le nom de Grande-Borne. {Idem.) — Cest encore
ce nom de Grande-Borne qui désigne un menhir situé au carrefour des
Quatre-Chemius , dans la Charente-Inférieure , aux confins des Santones et
des Petrocorii. {Idem,) — Dans le Calvados, on indique comme limite du
Bocage deux menhirs situés vers Leffard et Saint-Germain. {Idem.)
24 MONUMENTS DRUIDIQUES.
a pu les adopter, en leur attribuant une origine merveilleuse,
et par suite une intervention de la divinité ; mais on ne peut
pas les ranger parmi les monuments érigés de main d'homme.
De ce qui précède on peut conclure que les menhirs seuls
sont de véritables bornes pouvant servir à retrouver les limites
des anciennes peuplades gauloises dans nos contrées. Mais ils
sont malheureusement en trop petit nombre pour fournir des
indications précises, et encore plusieurs de ceux que Ton
trouve marqués sur nos cartes et dans quelques auteurs n'ont
jamais existé.
Cette conclusion , développée devant les membres du Congrès
scientifique de France réunis h Guéret , a obtenu Tassentiment
général.
L'opinion de la Commission de la Topographie des Gaules est
encore d'une grande valeur dans cette question. La voici for-
mulée dans une lettre que j'ai reçue au mois de juin dernier :
« Nous sommes convaincus comme vous que la distribution des
dolmens sur la surface de la Gaule n'a aucun rapport avec les
limites des peuplades gauloises. C'est une opinion qui a pu être
émise un instant, mais qui, aujourd'hui qu'un plus grand
nombre défaits sont connus, est insoutenable. 11 est certain au
contraire qu'un certain nombre de menhirs sont des bornes
limitantes; mais comment les reconnaître? car beaucoup
d'autres n'ont pas ce caractère, en sorte que, en suivant sur
une carte la distribution des menhirs signalés jusqu'ici, on
n'arrive encore à aucun résultat. Sous ce rapport , il faut savoir
attendre avant de rien affirmer (1) ».
Il m'avait paru utile , pour me prononcer gur cette question ,
de visiter tous les monuments druidiques de l'ancien Limousin
pour les dessiner, les décrire minutieusement, recueillir les
légendes qui s'y rattachent, indiquer leur position sur une
carte , en un mot faire l'histoire complète de tous les monu-
ments de ce genre qui existent encore , sans négliger ceux qui
ont été détruits par une aveugle cupidité.
Au lieu de reproduire ici les longues descriptions et les lé-
gendes qui doivent accompagner les dessins de ces monuments ,
je me contente d'en dresser une simple liste , oii j'insère toutefois
les localités qui portent le nom de Pierrefitte ou Pierrelevée ,
.(1) Lettre de M. Alexandre Bertrand, secrétaire de la Commission.
MONUMENTS DRUIDIQUES, 25
car c'est Tindice presque certain qu'un menhir ou un dolmen a
existé dans ce lieu.
lIaute*Vienne.
Arrondissement de Bellac.
Blond Pierre branlante.
Peyrat Village de Pierrefitte.
— Dolmen (?) de Pierre-Sou pesse (petrasuspensa),
Bessines Village de Pierreflche.
Folles Dolmen entre Monjourde et Lavaud.
Bazês Pierre branlante au village de Lavaud-Bourgoin.
Fromentaï Dolmen de Bagnol.
— Village de Pierrefolle.
St^ylvestre Pierre branlante (?).
Rançon Il existait autrefois une pierre droite appelée
Quenouille des fées.
Atat-le-Rh Dolmen détruit vers 1850.
La Croix Dolmen de Montaumar.
Montrd-Senard Village de Pierrelevade.
St-Martial Dolmen détruit par M . de LatoucUe.
Rerneutl Deux dolmens k La Borderie.
Breuilaufa Dolmen.
— Restes de deux autres dolmens.
deux Menhir au village de Ceinturât.
— Pierre branlante au village de Beauearthu.
Arnac-Aor-Poste Dolmen.
Cromac Pierre branlante k La Maison-aux-Martes.
— Dolmen au village de Baunes.
Jouac Menhir au village des Bastides.
— Village de Pierrefolle.
Mailhac Dolmen renversé près le village de La Vaudelle.
— Autre dolmen près le Peux-de-la-Tâche.
Si'Martin-le-Mault Menhir au village de La Paulme (7).
St''Sulpice''leS'Feuilles. . Dolmen au village de Virvalais.
M. de Beaufort en signale encore aux villages
de Zacou, de Ber lande, de Peuchaud et de
Meillassou.
Arrondissement de Limoges,
Beaum(mt Village de PierrefoUe.
Bymoutiers Village de Peyrade.
St-Léger-^a^Montagne . . • Pierre branlan te.
— Dolmen près la route de Razès.
St'Just Village de Pierrefitte.
St-Bonnet'kh'Rivière. . . • ViUage de Pierreflche.
26 MONUMENTS DRUIDIQUES.
St^Pavl, . . .% Menhir au village dé Méta3^ers.
BybotUeuf Dolmen k Poujol.
Arrondissement de Rochcchouart,
Rochechouart Village de Pierrefolle.
— Pierre branlante (détruite).
Cognac Dolmen.
Javerdai Menhir au village du Pic.
St-LauretU-sur-Oorre, , , Dolmen au village de Pierrelevée.
Arrondissement de Saint- Yrieix.
Bussiére-Oalant Pierrefolle.
La Roche-V Abeille Dolmen au village de Pierrelevée.
CJiâieau-Chervis Dolmen lî) au village de Fayat.
Cot^ssac-Bonneval Village de Pierreflche.
St'Yrieix Dolmen (?j dans le lx>is de Grandmont.
• '
Arrondissement de Guéret,
Ahun % Village de Pierrefltte.
Pionnat Village de Pierrelevée.
Bonnat Village de Pierrecou verte.
Dun Dolmen.
NaiUac Menhir.
Fresselines Village de Pierrefolle.
Chamborand Menhir (?).
St-Pierre-de-Fursac Dolmen au village de Chiron.
Azerahles Menhir (?).
St-Aig^ian-^e-VerHllat . . Village de Pierrefltte.
St-Etienne-de-VersUlai, . Dolmen (en partie détruit) au village de
Chadrolle.
St'-Oermmn-BeaupTé. . . . Village de Pierrefltte.
St-Priest-la-FeuUle Dolmen.
— Menhir (?) au village de Rebeyrolles.
Arrondissement de Boussac.
Pierre^fiite,
Arrondissement de Bourc^aneuf.
St-Martin-Ste-'Catherine Dolmen de Marlhiac, connu sous le nom de
dolmen de Sauviat.
MONUMENTS DEIIDIQUES, 27
St^Priest-Palus Dolmen de La Gardelle.
Soubrebost Pierre branlante de Nadapeiras.
Mouriouw Deux dolmens.
Bénétent Dolmen (?)
Marsat Dol tnen.
Janaillat Village de Pierrefltte.
Arrondissement d'Aubusson,
St'Pardoua^es-Cars Pierre branlante.
Blessac Dolmen.
La Serre-Bussiére- Vieille Dolmen.
St'Merd-4a-Broeille, , .. Village de Pierrefltte.
Crocq Dolmen du bois d"Urbe.
St'Âlvard Dolmen (?).
Mérinchal Dolmen détruit en 1826 par M. Sapin.
St'Bard Dolmen (?).
Felletin Dolmen.
St-Q^entin Menhir de Pierrefltte.
Poussanges. .,/. Village de Pierrefltte.
Ars Village de Pierrelevade.
Corrèze.
Arrondissement de Ttdle.
Sie-Fortunade Trois dolmens.
Pierrefltte,
Treignac Dolmen (?).
Chameyrac Village de Peyrelade.
St-Maiœant Village de Peyrelade.
Espagnac '. Village de Pey-Aigude.
St'Paul Village de Pierrefltte.
ÂffuvLX Pierre branlante au Puy-d'Allogne.
Arro/nOissemet d'UsseL
Peyréletade,
Bort Château de Pierrefltte.
Veyrières Pierre branlante.
Outre les trois départements que nous venons de parcourir,
le Limousin comprenait encore quelques parcelles des dépar-
tements voisins, oii Ton trouve les monuments ci-après :
28 MONUMENTS DRUIDIQUES.
Charente.
Arrondissement de Confolens,
Ssse Menhir du Repaire.
— Village de Pierreflxe.
Nanot Dolmen (?).
ïlordogne.
Arrondissement deNontron,
St-Bsiêphe Pierre branlan te.
— Autre pierre branlante à. La Francberie.
St-ParcUmahia-Riviêre . . . Dolmen.
L'abbé A. LECLEB.
Salnt-Symphorien , le 25 août 1665.
DOCUMENTS
BELATIFS
A L'HISTOIRE DU LIMOUSIN,
On a souvent reproché à la Société Archéologique de ne pas
donner assez de place dans son Bulletin aux documents ayant
rapport à l'histoire du pays. Si pendant quelques années le
reproche a pu être fondé, il serait injuste aujourd'hui de ne pas
tenir compte des efforts faits pour entrer dans la voie indiquée :
chacun peut du reste en juger par soi-même. La publication des
Registres consulaires de la ville de Limoges est commencée : nous en
joignons les premières feuilles à ce numéro , et les lecteurs du
Bulletin sauront certainement gré de leur peine à ceux des
membres de la Société qui ont entrepris ce travail si ingrat et
si difficile , mais en même temps si intéressant pour Thistoire de
Limoges pendant une période qui s'étend de 4504 à 4794.
Une période de quatre siècles pendant laquelle celui qui
s'occupe de travaux historiques peut suivre pas à pas tout ce
qui s'est dit ou fait dans un pays est déjà assez curieuse à
étudier; mais l'histoire de notre ville ne commence pas en 4504
seulement : Limoges est une des villes les plus anciennes de
France, et, par cela même qu'elle est très-ancienne, il doit
exister, on ne peut le mettre en doute , dans les bibliothèques ,
soit publiques , soit privées , des papiers qui ont échappé aux
désastres de 93 , et qui ont trait à cette partie peu connue de
nos annales. Malheureusement , si , d'un côté , nous n'avons pas
sous la main les pièces éparses dans les diverses bibliothèques
publiques , d'un autre , les particuliers qui sont assez heureux
30 DOCUMENTS
pour posséder dans leurs rayons poudreux de pareils documents
ou les gardent comme un avare garde ses pièces d'or, ou
souvent aussi , il faut le dire , n'en connaissent pas toute la
valeur.
Hâtons-nous cependant d'ajouter qu'il y a à cette dernière
catégorie des exceptions très-honorables sinon très-nombreuses ,
et signalons tout d'abord parmi les collections particulières dans
lesquelles il nous a été permis de puiser à diverses reprises ,
abstraction faite bien entendu de la Bibliothèque communale et
des Archives de la mairie et du département; signalons, disons-
nous , la bibliothèque du grand-séminaire , qui renferme , entre
autres manuscrits remarquables, ceux des abbés Legros et
Nadaud, et adressons des remercîments à MM. les Sulpicîens
directeurs de cet établissement , à la bienveillance desquels nous
avons dû de pouvoir publier le Nobiliaire, et de commencer l'im-
pression du Pouillë (lu diocèse, interrompue par la mort du re-
grettable abbé Texier ; mentionnons ensuite la bibliothèque de
notre ancien secrétaire général M. Joseph Brunet; citons encore
celle de M. Auguste DuBoys, dont nous avons tous déploré la
mort prématurée.
A ces noms nous devons joindre celui de notre collègue
M. Ch. Nivet-Fontaubert. M. Nivet-Fontaubert possède des
manuscrits d'une grande valeur, et il est heureux de pouvoir
faire à chacun les honneurs de sa collection. La pièce qu'il veut
bien nous communiquer, et dont nous publions le texte, est
écrite sur une magnifique feuille de parchemin de 58 centi-
mètres de haut sur 50 centimètres de large. 'C'est une réunion
de lettres des rois de France Louis VIIl et saint Louis et des rois
d'Angleterre Henri III et Edouard I", relatives aux privilèges de
la ville de Limoges, et dont la première remonte à Tannée
1224. Nous avons placé en regard de chaque pièce quelques
mots , imprimés en petit caractère , qui lui servent comme de
sommaire; et rien qu'en parcourant ces additions marginales
le lecteur peut se convaincre de l'importance du manuscrit que
nous reproduisons. Mais nous ne pouvons nous empêcher d'en-
gager ceux que le latin n'effraierait pas trop à le lire en entier :
ils y trouveront, entre autres pièces très-curieuses, la formule
du serment de fidélité prêté par les consuls de Limoges au roi
d'Angleterre ; ils y rencontreront un des noms les plus anciens
de notre province , encore honorablement porté aujourd'hui par
un de nos membres correspondants, celui de Bertrand de Car-
RELATIFS AU UMOISIX. 31
dailhac , sénéchal de Limogea , Caliors et Périgueux pour le roi
d^Angleterre ; ils y liront des détails intéressants et peu connus
sur la guerre que se firent la commune de Limoges et la
fameuse vicomtesse Marguerite ; ils seront surtout frappés d'un
fait auquel nos mœurs actuelles nous ont peu habitués , nous
voulons parler de la ténacité avec laquelle nos ancêtres dé-
fendirent envers et contre tous les privilèges qu'ils avaient su
conquérir.
Félicitons donc M. Nivet d'avoir su dérober quelques instants
îi ses nombreuses occupations pour recopier d'un bout à l'autre
et avec le plus grand soin ce précieux mais presque indéchif-
frable manuscrit ; remercions notre collègue M. Auguste Bos-
vieux, archiviste du Lot-et-Garonne, d'avoir mis. ses connais-
sances paléographiques au service de M. Nivet pour lui aider à
coUatiouner scrupuleusement son texte sur l'original, et en-
gageons les personnes qui pourraient posséder de pareils trésors
à les communiquer à la Société Archéologique : elle sera heu-
reuse de les publier dans son Bulletin , et de poser ainsi peu à
peu les jalons d'une bonne histoire limousine, ouvrage qui est
encore à faire.
Alfred CHAPOULAUD.
^ ^ «^A ^^y^ <rp^^ A ^
VIDIMUS, soiLS les sceaux du chantre et de V officiai de
Limoges, de plusieurs lettres des rois de France
Louis VIII et Louis /l, et des rois d'Angleterre
Henri III et Edouard r\ relatives aux privilèges
*
de la commune de Limoges,
Universis présentes litteras inspecturis, cantor et
offlcialis Lemovicenses , salutem in Domino. Sequentes
litteras , sigillo predecessoris nostri îmmediati , can-
tons Lemovicensis , et sigillo Lemovicensis curie
sigillatas , noû rasas , non cancellatas , non abolitas ,
nec in aliqua parte sui viciatas , nos vidisse et dili-
32 DOCUMENTS
genter inspexisse , ac de verbo ad verbum presentibus
inscribi fecîsse , incipientes in hec verba :
Universis présentes lîtteras inspecturis, cantor et
offlcialis Lemovicenses salutem in Domino. Sequentes
litteras felicis recordacionis Ludovici, Deî gracia
régis Francorum , non cancellatas sigilloque ipsius
sigillatas , vidimus sub hac forraa :
Lettre de Louta Ludovicus , Dei gTacia Francorum rex , dilectis
Vni récla- . '
mut le ser- SUIS cousulibus et univcrsls burffensibus Lemovicensis
ment de fldë- . ^
iitë k lui dû castn, salutem et amorem. Noverit univereitas vestra
par les con-
mi. ~ ^** ^ Johannes , quondam rex Anglie , communi et
concordi judicio parium et aliorum baronum Francie,
fuit abjudicatus in perpetuum de tota terra quam
ipse tenuit citra mare Anglie de karissimo genitore
nostro Philippo, quondam rege Francie, priusquam
Henricus , qui nunc dicitur rex Anglie, natus esset , et
ex tune tota terra illa cessit in jus dicti patris nostri.
Inde est quod nos qui , tamquam rectus hères de
novo, in universum jus patris nostri successimus,
vobis mandamus et vos requirimus et submonemus
quatinus ipsa die instantis Nativitatis beati Johannis
Babtîste , sitis ad nos Turonis facturi erga nos quic-
quid facere debetis erga dominum vestrum, pro
certo habentes quod^ nisi hoc faceritis, nos qui ad
adquirendum jus nostrum accingimus, in totis
viribus curabimus ensendare , et tam de rébus quam
de personis vestrîs omnibus quod jus curie nostre
dictaverit faciemus. Actum Lorraci , anno Domini m*
ce* xxiiij mense majo.
Lettre de Louis Itcm et SliaS '.
un *dé?l^ë Ludovicus, Dei gracia Francorum rex, dilectis et
eux consuls *% y ft • i. «i x n* t • •
pour recetoir fidelibus SUIS burgeusibus castelli Lemovicensis , sa-
de"dluté!*— lutem et dilectionem. Mittimus ad vos dilectum et
fidelem clericum nostrum Reginaldum, latorem
ptesencium, pro accipienda fidelitate universitâtis
burgensium castelli nostri ex parte nostra, et vo-
lumus ut dictam fidelitatem coram ipso , lôco nostri ,
RELATIFS AU LIMOUSIN.
faciatis, sub fonna quam vobis dicet. Actum in
castris apud Rupellam , anno Domini millesimo ducen-
tesimo xxiii°, mense julio.
Item alias :
Ludovicus , Dei gracia Francorum rex , dîlectis et
fidelibus suis burgensibus, consulibus et pro his homi-
nibus Lemovicensibus , salutem et dilectionem. Mitti-
mus ad vos dilectiim et fidelem militera nostrum P. de
Roe(a), latorem presencium, vobis mandantes quatinus
eidem in hiis que vobis ex parte nostra dixerit super
Castro Turenne et aliis castris cum eorum pertinenciis
vicecomitatus Turenne indubitanter credatis et fa-
ciatis. Actum Parisiis , anno Domini m*» cc° quadra-
gesimo , mense februario.
Item alias :
Ludovicus , Dei gracia Francorum rex , dilectis suis
abbati Sancti Marcialis, consulibus et universitati
castri Lemovicensis , salutem Mandamus vobis et vos
requirimus quatinus karissimo consanguineo nostro,
H. régi Anglie illustri , domino Hybernie et duci
Aquitanie, fideli nostro, fidelitatem qualiter nobis
solebatis facere faciatis. Actum Vernoni, anno
Domini m*» ce*» 1" nono , mense januario.
Item alias, sigillo Domini Bertrandi de Cardalhac,
militis, senescalli H(enrici) , Dei gracia régis Anglie,
sigillatas vidimus sub bac forma :
Universis présentes litteras inspecturîs , Bertrandus
de Cardalhac, miles, senescallus domini Henrici,
Dei gracia régis Anglie , domini Hybernie et ducis
Aquitanie , in diocesibus Lemovicensi , Petragoricensi
et Caturcensi , salutem in Domino. Litteras excellen-
tissimi viri, Domini régis Francie illustris, non
abolîtas, non cancellatas nec in aliqua parte sui
viciatas nos vidisse et récépissé noveritis sub hac
forma :
Ludovicus, Dei gracia Francorum rex, dilectis
3
33
Lettre de MUnt
Lonls en-
Toyant aux
consuls un
• comnitnaire
chargé de leur
transmettre
ses ordres au
sujet d'une
affaire qui
concernait la
vicomte de
Turenne. —
Février 1240
(v. st. 1241).
Lettre de saint
Louis Invitant
les consuls à
prdter ser-
ment de fidé-
lité au roi
d'Angleterre.
— Janvier
1259 (v. st.
12G0).
Vidlmns du sé-
néchal de Li-
moges, Ci^hors
et Péri gueux ,
Bertrand de
Cardallhac ,
relatant des
lettres de
saint Louli
qui invitent
les prélats, les
nobles et les
communautés
des diocèses
de Limoges ,
de Périgueux
et de Cahors .
par lui cédés
au roi d'An-
gleterre , k
obéir fidèle-
ment k leur
nouveau sei-
gneur. —
Pontolse , 16
mars 1269 (v.
st. 1260).
34 DOCUMENTS
suis prelatis, capitulis ecclesiarum , necnon baro-
nibus , militibus , vassallis ac communitatibas
villarum et aliis universis , in Petragoricensi , Le-
movicensi, Caturcensi civitatibus et diocesibus
constitutis ad quos lictere présentes pervenerint,
salutem et dîlectionem. Cum per pacem et composi-
cionem nuper inter nos et dilectum consanguineum
nostrum, H., regem Anglie, dominum Hybernie a<5
ducem Aquitanie , fidelem nostrum , initam , donaveri-
museidem totum jus quoi habebamuset tenebamus in
Lemovicensi , Petragoricensi et Katurcensi civitatibus
et diocesîbus suprascriptis , salvo homagio fratrum
nostrorum , si quid in eisdem tenent unde nostri
fidèles existant, et salvis hiis que extra manum
nostram ponere non valemus per litteras nostras seu
antecessorum nostrorum, et idem rex homagium
ligium nobis fecerit de premissis, mandantes vobis
precipimus, et vos requirimus et rogamus quatinus
eidem régi , tamquam domino vestro , vai ejus man-
dato , ex nunc deinceps bbediatis et intendatis fideliter
ac dévote in hiis que per pacem predictam eidem a
nobis donata sunt, sicut predictum et superius, et
concessa : ita quod ex inde fidelitatem vestram ac
devocionem nos et ipse commendare non inmerito de-
beamus. Actum Pontisare, anno Domini m" cc° 1"
nono, die martis ante festum beati Thome apostoli.
In cujus inspectionis testimonium, nos, dictus
Bertrandus, presens transcriptum fecimus sigilli
nostri munimine consignarî. Datum die lune post
dominicam qua cantatum fuit Letare Jherusalem,
anno Domini m*' ce* 1" nono.
Lettres de Louis Itcm alias sîgillo prefati domini Bertrandi sigillatas
•uxconsuisde quc tales sunt :
wiift ^Urbaî^ Ludovicus, Dei gracia Francorum rex, dilectis et
vaf" pour fidelîbus suis burgensibus castelli Lemovicensis ,
•itfgrde ïï salutem et dilectîonem. Mandam us vobis et vos attente
Aocbelle. — .. .. ,.. fit » •
Au cunp de- rogamus quatinus , visis presentibus htteris , sme
s
RELATIFS AU LIMOUSIN.
dîlacîone mittatîs ad nos, apud Rupellam, quam
obsedimus, viginti balistarum équités bene hernefiatos
de armîs et equitaturis, ita quod hoc servie! um
vestrum gratum habere debeamus in hac necessitate
nostra, et lubenter propter hoc ad grates libéras
teneamur. Actum in castris apud Rupellam, anno
Domini m" ce* xxiiij% mense julii.
Item alias sîgillo prefati Bertrand! de Cardalhac
sîgillatas que sequntuj in hoc verba :
Universis présentes litteras inspecturis , Bertrandus
de Cardalhac, miles, senescallus domini Henrici,
Dei gracia régis A'nglie illustris , domini ttybernie et
ducis Aquitanie , in diocesibus Lemovicensi , Petrago-
0
ricensi et Caturcensi, salutem in Domino. Licteras
predicti domini régis non abolitas, non cancellatas,
nec in aliqua parte sui viciatas , nos vidisse et récé-
pissé noveritis sub hac forma : '
Henricus , Dei gracia rex Anglie , dominus Hybemîe
et dux Aquitanie , dilectis suis prelatis et capitulis
ecclesîarum, nec non baronibus, militibus, vassallis
ac communitatibus villarum et aliis universis iû
Petragoricensi , Lemovicensi et Caturcensi civitatibus
et diocesibus constitutis ad quos présentes lictere per-
venerint, salutem et dilectionem. Cum in forma pacis
inter illustrem regem Francie et nos inita contineatur
ut vos ac successores vestfi fidelitates ac'alia jura
que eidem régis faciebatis et facere debeatis , nobis et
successoribus nostris per integrum faciatîs, quod de
vestra bonitate confisi speramus voluntarie vos fac-
turos, scilicet ut eo nos credatis vobis specialius
obligatos , sicut et erimus si , receptis super hoc prius
precibus nostris, spontanée feceritis antedicta, et,
quod non nocet, amisso subdere calcar equo, univer-
sos vos et singulos attencte exoramus quatinus man-
datis memorati régis per exhibicionem vobis presen-
cium presentandfis) super predictis taliter compleatis
quod de facili exaudicione mandati sui et voluntaria
35
▼snt La Ro-
chelle , Juillet
1224.
Lettres d'Henri
lU .InTitont
les consnls k
lui rendre vo-
lontairement
les devoirs
auxquels ils
étaient tenus
précédem-
ment envers
le roi de
France , et
leur annon-
çant qu'il a
commis pour
la garde de
leurs privi-
lèges son féal
Bertrand de
Cardaillae. —
Paris. 24 dé-
cembre 1259.
— 15 mars
1259 (v. st.
1260).
38 DOCUMENTS
pertinenciis ipsius , et quod riuUi alii quam nobis et
heredibus nostris fidelitatem inde facere teneantur,
sicut nec antea alteri quam predecessoribus nostris
regibus Anglie, dum fuerint in manu sua, eteciam
postea reg'ibus Francie , dum fuerint in manus
ipsorum, facere tenebantur. In cujus rei testimonium
bas licteras nostras fieri fecimus patentes. Teste me
ipso. Apud turrem Londonensem, xiiij" die julii,
anno regni nostri xl* vij.
Lettres d'É- Iteiu alias sigillis Guidonis de Leziniaco , domini de
"^^mmettant' Compubac , et Eschivati , comjtis Biguorie, domini de
ri^ai? r sgr Cabanisio , sigillatas , quarum ténor sequitur in hec
de Cognac, ,
et Ecwvat de veroa :
comte de* Bi- Eduuardus , Dei gracia rex Anglie, dominus
S^lvôir ^^lé Hybernie , dux Aquitanie , dilectis et fidelibus suis
scmiGDt de fi~ V
d^itédescon- abbati Sancti Marcialis Lemovicensis , consulibus et
suis de Llmo- .. x« • «x x« i • • j i a
ges, et char- communitati seu universitati loci ejusdem salutem.
^conimiMaireB Ad recipiendum nostro (sic) fidelitates alia que nobis
paix entre la Facione ducatus nostri Aquitanie , tam a vobis quam
vtMM MariD^e-
rttcetiacom- ab aliis in Castro seu loco predicto et ejusdem perti-
mune. —
Sainte», 27 neuciis débitas, nobiles viros. &uidonem de Lezi-
août 1273. . '
niaco, Patruvm, et Echivatum de Cabanisio, comitem
Bigorre , fidèles nostros , ad partes vestras transmitti-
mus, vobis mandantes quantinus eisdem nobilibus
homagium, recognicionem seu adveacionem, fidelî-
tates et deveria predicta , loco nostri , faciatis , licteras
nostras patentes super recognicione omnium predic-
torum et illorum que ad nos in dicto Castro pertinent
distincte (?) et aperte ut per eosdem vobis transmissuri.
Nos enim eisdem nobilibus injunximus ut nobilem
mulierem Margaritam , vicecomitissam Lemovi-
censem , aliosque adversarîos vestros ex parte nostra
moneant et requirant quod ab inquîetacione seu
molestacîone vestra omnîno désistant, quodque
eidem nobiles ad quietem et pacem vestram inten-
dant, prout eorum discrecioni videbîtur oportunum.
Insuper vobis et aliis fidelibus nostris et subditis
RELATIFS AU LIMOLSIX. 39
injunximus per présentes quod eisdem nobilibus
super hiis enteadatis. Datum Xanchonensi , xxvij** die
augusti, anno vegni nostri primo, — Hujus igitur Acte donne par
auctontate mandati , ad castrum Lemovicense perso- saires cwe»-
,.. . , ,. V • x.1. • *" désigné»
naliter accessimus , et vocatis coram nobis m abbacia de la preau-
Sancti Marcialis Lemovicensis consulibùs, hospitali , mentfaitepar
.le» consala de
coramumtate et singulis de ipsa communitate , die. umoges. —
. " ^ ,, ' 8 septembre
dommica ante festum Nativitatis béate Marie , a pre- i«78.
diçtis consulibùs , universis et singulis de communi-
tate predicta, juramentum. fidelitatis recepimus , loco
et nomine dicti domini nostri excelsi principis
Eduuardi , régis Anglie , ducis Aquitanie iUustris , sub
forma que sequitur : Ego ,Helias Boyol , burgensîs et Fomrniednser-
consul castri Lemovicensis , juro ad hec sancta Dei pa" lea 'eon-
evangelia quod ego serenissimo domino nostro
Eduuardo, Dei gracia régi Anglie, duci Aquitanie,
etheredibus suis ducibus Aquitanie, corpus et membra
eorumdem custodiam , et consilium eorumdem secreto
custodiam , et dampnum ipsorum cum ad nôticiam
meam pervenerit eisdem revelabo , et armorum auxi-
lium, prout consuetum est^ eisdem faciam, et jura
ipsorum sive deveria eisdem , vel eorum mandate,
cum ad nôticiam meam pervenerint, revelabo. Sic me
Deus adjuvet et hec sancta Dei evangelîa. Salvo do-
minio illustrissimi domini régis Francie et composi-
cione olim inita inter dominum regem Francie ex
una parte , et dominum regem Anglie ex altéra , et
salvis et retentis nobis~ et successoribus nostris,
juribus , usagiis , libertatibus et franchiziis nostris ,
nobis concessis et conlSrmatis olim per serenis-
simum principem Henricum , felicis recordationis ,
regem Anglie, et per predictum domrnum nostrum
Eduuardum , et hoc promitto vobis nobilibus viris
domino Guidoni de Leziniaco, domino de Comp-
nihac, et domino Echivato, comiti Bigore, do-
mino de Cabanisio, presentibus, soUempniter sti-
pulantibus et recipientibus nomine et loco dicti
domini Eduuardi, ducis Aquitanie : qua fidelitate
iO nociMEMS
recepta ab nniversis ac singnlis de commanitate pre-
dicta , nos , predicti Guido , dominus de Compnhac ,
et Eschivatus, cornes Bigore , promittimus consulibus
et communitati predictis quod nos procurabimns pro
pos^se , bona fide, quod predictus dominus Eduuardus,
Dei gracia rex Anglie, dux Aquitanie, concédât eisdem
consulibus et communitati castri predicti litteras suas
testimoniales in quibus promittet eisdem et concedet
quod ipse custodie et defendet easdem, tamquam
burgenses suos, liberos in judicio et extra ab omni
homine, quantum erit de jure, et quod ipse non
ponet ipsos in manu inferiori quam sit manusdomini
ducis Aquitanie, et quod ipse privilégia que ipsi
consules et communitas habent et olim obtinuerunt
tam ab ipso quam a felicis recordacionis domino
Henrico, genitore suo, super juribus, usagiis, con-
suetudinibus et libertatibus suis ratificabit ; innovabit
et eciam confirmabit. In cujusrei testimonium, nos,
predicti Guido de Leziniaco , dominus de Compnhac ,
et Eschivatus, comes Bigore et dominus de Cabanisio ,
ad justam consul um et communitatis et universiratis
dicti castri Lemovicensis , sîgilla nostra presentibus
litteris duximus apponendum. Datum et actum Le-
movicis, in dicto Castro, in claustro Sancti Marcialis,
die dominica ante festum Nativitatis béate Marie ,
anno Dominî m*» ce" Ixx"** tercio.
lettre» de .aint Item alias sigillo Lemovicensis curie sigillatas que
Louis enjol- - ,
gnant s son taies sunt :
"aume^du^puy Uuiversls prcscntes litteras inspecturis offlcialis
hi^Tomme« curic Lemoviccnsis salutem et dilectionem. Litteras
!f"« *^"ordre! seQuentcs excellentissimi domini régis Francie non
d'aider le v«« ^ ,, ^ ... . ^^^^
de Limotccs abolîtas , non cancellatas , nec m aliqua sui parte
danslaçiK'rre . _. .-,.,. x • • ^ -x',
qn-ii fait h la vicîatas , nos vidisse et diligenter inspexisse noveritis ,
coniniune. —
Avril 1262. quarum ténor talis est :
Ludovicus , Dei gracia Francorum rex , Guillelïfep
de Podio , servienti suo , salutem. Cum , sicut inteP-
leximus , in guerra quam vicecomes Lemovicensis
movet burgensibus castri Lemovicensis , quod quidem
RELATIFS XV LIMOUSIN . il
castrum carissimus consanguineus noster Henricus ,
rex Ânglie , tenet a nobis , quidam homines et fidèles
nostri de tua senescallia auxilium ipso vicecomiti et
succursum impendant , mandamus tibi quatinus ipsis
hominibus et fidelibus nostris de tua sen^escallia)
inhibeas ex parte nostra, quoCiens opus fuerit et a
senescallo régis ejusdem super hoc fueris requisitus,
ne ipsi in guerra hujusmodi vim aut subsidium
aliquod prestent viceèomiti supradicto. Actum apud
sanctum Germanum in Laja , anno Domini m® ce* Ix®
secundo, mense aprilis. In ci\jus inspectionis testi-
monium , nos , dictus offlcialis , presens transcriptum
fecimus sigillo. Lemovicensis curie sigillarl. Datum
kalendas maii , anno Domini m* ce* Ix® secundo.
Item et alias sigillo prefati domini Eduuardi sigil- Lettres d-É-
latas , quarum ténor sequitur in nec verba : «'engageant h
Eduuardus, Dei gracia rex Anglie, dominus i* commune
' . , , *• Limoge»
Hybernie et dux Aquitanie , omnibus ad quos pre- ' •<>«» ««« »^'
sentes littere pervenerint, salutem. Noveritis quod nenrekceiic
* * du duc d'A-
nos , pro nobis , heredibus et sûccessoribus nostris q«it*'n«- —
' * ' 18 septembre
ducibus Aquitanie, promittimus dilectis et fidelibus i^^^-
nostris consulibus et communitati castri nostri
Lemovicensis, et heredibus seu successoribus eorum-
dem , quod nos non ponemus eos in inferiori manu
quam sit manus ducis Aquitanie, quodque ipsos
tamquam homines nostros in judicio et extra ab
omni homine deffendemus quantum de jure fuerit
faciendum. In cujus rei testimonium has nostras
litteras fieri fecimus patentes. Datum ôpud Lobi-
niacum, xvîij® die septcmbris, anno regni nostri
primo.
Item alias :
Eduuardus, Dei gracia rex Anglie, dominus Lettre» d-É-
Hybernie et dux Aquitanie, Vasconensi et Lemovicensi manduit k^I
senescallis suis,, dilectis et fidelibus suis Turenensi et cwo^" tt
Ventedorensi vicecomitibus , salutem. Mandamus efanxvt'^'dê
i_. .. . . ... 11* 1* . VentadouT et
Tobis quatinus , si vicecomitissam vel aliquem alium de Turenne
M DUCIMENTS
de porter mî- buiffciisibus ct fidelibus nostris castri Lemovicensis
cours ftox •-^
Limoff?*' îu êTwerram facere , rel gravamen seu molestîam inferre
tu'riurjîul* contigerit, vos et quilibet restrum cum armis, vel
tobreT2fs.***^ sine armis, nomine nostro juvetis, custodiatis et
deffendatis eosdem , quociens opus fuerit et ab eisdem
fueritis requisiti , quousque a nobis aliud receperitis
in mandatis. Datum Salci, xxiy die octobris, anno
regni nostri primo.
In cujus visionis testimonium, nos, dictus cantor,
sigillo nostro , et nos , dictus ofBcialis , sigillo Lemo-
vicensis curie presentibus duximus apponendum.
Datum quinto kalendas decembris , anno Domini mil-
lesimo ducentesimo octageî>imo quarto. Et nos, dictus
cantor, sigillum nostrum , et nos , dictus officialis ,
sigillum curie Lemovicensis in testimonium visionis
et inspectionis dictarum litterarum sigillo predicti
nostri cantoris Lemovicensis et sigillo curie Lemovi-
censis sigillatarum , presenti transcripto earum
Date du ndi- duximus appouendum. Datum xj*» kalendas februarii ,
Tier 1288^*°' ^i^T^o Domini millesimo ducentesimo octogesîmo
•t. 1289). octavo. Constat de interlinariis : Maniî inspexisse. Et
sunt sub sigillis (1). Datum ut supra.
Au dos de ce Vidimus, se trouvent les difiFérents titres qui
suivent :
Écriture du xiv siècle :
a Letras vielhas sobre lo sagrament de feutat fach au roy
d'Angleterre. »
Écriture du xv siècle :
a Super juramento âdelitatis facto régi Anglie. »
(1) En effet, les mots manu , inspexisse, écrits en interligne dans le
corps de racte , sont reproduits sur les deux lacs de parchemin qui sou-
tenaient les deux sceaux , aujourd'hui disparus.
RELATIFS AU UMOUSIN. 43
Écriture du xvi* siècle :
a Hommaige faict par messieurs les consulz au roy d'An-
gleterre. »
Écriture du xvii» siècle :
a Serementz de âdélité prestez par les habitans de Lymoges
au roy d'Angleterre. »
N® xxj.
Écriture du xtiii* siècle :
« Prestation de serment de fidélité par les consuls et
habitans de Limoges au roy d'Angleterre, qui confirme
leurs privilèges en date du 11 des calandes de février
1288. »
L. L.
No 470.
Écritilre du xvii* siècle :
« Touchant le serment de fidélité. »
Copie certiflée conforme à VoriginaU
A. BOSVIBUX.
PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES,
^ * t^^i^W ^^^r V ^ w <■ .
SÉANCE DU 27 JANVIER 4865.
Présidence de M. Maarlce i^RDANT, irice-Préaldent.
Sont présents : MM. Bonnin , Buisson de Mavergnier, Fréd.
Brisset, Larombière, LaBorderie, Lemas, Ardant du ^asjam-
bost , Fayette fils, Bardinet fils, Alfred Cliapoulaud, Dubouché,
Nivet-Fontaubert , Maquart, Lansade, Hervy, É. Ruben.
Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté.
M. Mandat de Grancey, capitaine adjudant-major de chas-
seurs en garnison à Clermont , présenté à la dernière séance ^
est élu membre correspondant de la Société. M. le président est
prié de vouloir bien prévenir M. Dru , pharmacien au Dorât ,
que , habitant le département , il ne peut , aux termes du Règle-
ment, faire partie de la Société qu'en qualité de membre
titulaire.
M. le baron Edouard de Septen ville demande à faire partie
de la Société en qualité de membre correspondant : MM Ardant
et Ruben patronnent sa demande.
M. le secrétaire-trésorier dépose les comptes de Tannée 4864.
Renvoi de ces comptes à une commission composée de
MM. É. Ruben , Astaix et Nivet-Fontaubert.
M. Félix Lesme écrit pour proposer à la Société la cession d'un
certain nombre de pièces de son musée céramique.
Renvoi de la proposition à une commission composée de
MM. Buisson de Mavergnier, Maquart et Nivet-Fontaubert.
M. Ruben propose de modifier l'article 20 du Règlement, en
ce sens que le directeur et les conservateurs seraient remplacés
PROCÈS-VERBAUX DES SEANCES. 45
par un comité administratif de trois membres. Cette proposition
est renvoyée & Texamen d'une commission composée de
MM. Bonnin, Ardant du Masjambost, Larombière, Brunet,
É. Ruben.
M. Lansade annonce à la Société que M. le préfet a reçu de
M. Roudaud fils une lettre dans laquelle ce dernier s'oppose
à la continuation des fouilles de la villa d' Antone , et demande
que les tranchées déjà faites soient remblayées. M. Lansade
s'est rendu sur les lieux, a vu M. Roudaud père, seul pro-
priétaire , qui Ta autorisé & continuer le travail. M. Fayette fils
dit qu'il écrira à M. Roudaud fils , et qu'il espère aplanir toute
espèce de difficulté. M. Lansade demande s'il doit faire continuer
les travau:^. La Société vote à M. Lansade un crédit de 200 fr.
pour cet objet.
On va procéder & l'élection triennale du bureau lorsque
M. Ruben communique à la Société le résultat d'une visite qu'il
a faite à son honorable et savant iwrésident, M. AUuaud.
M. Alluaud a exprimé le reèret que son âg'e avancé ne lui
permît plus de suivre les travaux de la Société autrement
que de cœur : il serait heureux que l'assemblée voulût bien
lui confier le titre de président honoraire. M, Alluaud est
nommé , par acclamation et k l'unanimité , président honoraire
de la Société.
Le dépouillement du scrutin pour la nomination des autres
membres du bureau donne les résultats suivants :
4*' scrutin. Nombre de votants ,16.
Président : M. Bonnin , 1 4 suffrages ;
Vice-présidents : M. Maurice Ardant, 15 suffrages;
M. de Marpont, 9 suffrages.
2* scrutin. Nombre de votants, 16.
Secrétaire général : M. Ruben , 1 5 suffrages ;
Secrétaire-archiviste : M. Guillemot, 9 suffrages; *
Secrétaire-trésorier : M. Brisset, 14 suffrages.
Scrutin pour le renouvellement partiel du comité de publica-
tion, en remplacement de MM. Brunet et Astaix, membres
sortant de droit :
MM. Hervy et Larombière.
M. Bonnin prend place au fauteuil. 11 remercie la Société de
46 PKOCÈS-VERBAUX DES SÉANCES.
rhonnenr qu'elle vient de lui faire, honneur qui revient en
partie à Son Exe. M. le Ministre de Tinstruction publique, dont
il est le représentant dans le département , et termine eu disant
qu'il ne négligera rien pour entretenir au sein de la Société le
goût des études archéologiques et historiques , et donner la plus
grande impulsion & ses travaux. Cette courte et cordiale allo-
cution est vivement applaudie par l'assemblée.
M. de La Borderie communique à la Société quelques aquarelles
représentant un château-fort appartenant à la maison de Bré,
commune de Coussac-Bonneval , et quelques sites et châteaux,
aux environs. M. de La Borderie donne quelques détails sur la
forteresse qui a appartenu à la maison de Pompadour. La
Société écoute avec intérêt les paroles de M. de La Borderie, et M. le
président le remercie de la communication qu'il a bien voulu
faire.
A 40 heures, la séance est levée.
Le secrétaire gér^éra^,
K RUBEX.
SÉANCE DU 24 FÉVRIER 1865.
t^réfildènce de M. BOIVIVIIV, Président*
Sont présents : MM. Maurice^Ardant , Ardant du Masjambost,
Astaix, Bardinet fils, Brisset, Choppin d'Arnonville, Ferru,
Guillemot, Garigou-Lagrange , Her\^, Lansade, Lemas,
Maquart, Nivet-Fontaubert , É. Ruben.
Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté.
M. le baron Edouard de Septen ville, présenté à la dernière
séance, est proclamé membre correspondant de la Société.
M. Aloïs Dru, pharmacien au Dorât, présenté à Tavant-der-
nière séance comme membre correspondant, et dont l'élection
avait été ajournée, est, sur sa demande, proclamé membre
titulaire.
PROCÈS-VERBAL X DES SEANCES. 47
MM. Guillemot et Nivet-Fontaubert présentent, comme
désirant faire partie de la Société en qualité de membre titulaire,
M. Gabriel Debort, négociant à Limoges.
Lecture est donnée à\me lettre, en date du 31 janvier <865,
dans laquelle Son Exe. M. le Ministre de Tinstruction publique
invite M. je président à lui faii*e connaître les noms des
membres de la Société qui se proposeraient de donner lecture de
notices ou mémoires inédits à Tune des trois sections du Comité
des Sociétés savantes, dont la réunion aura lieu à la Sorbonne
les 19, 20, ^A et 22 avril. L'assemblée décide que, indépen-
damment des sociétaires qui pourraient aller à Paris en qualité
de lecteurs, elle déléguera dans sa prochaine séance, comme
elle Ta fait Tannée dernière, un certain nombre de membres
chargés de la représenter aux réunions de la Sorbonne.
M. .le président prend la parole. 11 rappelle l'article 2 du
Règlement , relatif au but de la Société , qui est « de rechercher,
de décrire et de classer les monuments écrits ou figurés existant
soit dans les archives publiques ou particulières , soit à la sur -
face ou à l'intérieur du sol », et se demande si jusqu'à présent
l'organisation de la Société a permis d'imprimer aux recherches
une activité suffisante , et de centraliser les résultats obtenus.
Selon lui , il n'y a pas eu d'unité parce qu'il n'y avait pas d'or-
ganisation du travail. Cette organisation serait possible au
moyen de comités. Ainsi on pourrait créer un comité pour faire
des recherches dans les archives publiques ou privées, un
autre pour la recherche des monuments qui se trouvent à la
surface ou à l'intérieur du sol. En outre, un questionnaire
serait adressé à toutes les personnes capables, de fournir des
renseignements, aux curés, aux instituteurs, etc., et les maté-
riaux recueillis pourraient être mis en œuvre par les comités.
La Société approuve les vues de M. le président, et renvoie
l'étude de la question à une commission composée de MM. Mau-
rice Ardant, Ruben, Guillemot, Nivet-Fontaubert etGarigo'u-
Lagrauge.
M. Maurice Ardant communique à la Société une lettre dans
laquelle M. Mandat de Grancey, élu à la dernière séance , re-
mercie la Société de l'honneur qu'elle lui a fait en le nommant
membre correspoiidant , proteste de son zèle , et prie la Société de
vouloir bien lui désigner un sujet d'études. L'assemblée, dans
l'ignorance des aptitudes particulières et des goûts de M. de
48 PR0CÎ5-VEHBAI X DES SEANCES.
Grancev, lui laifise pleine et entière liberté dans le choix de
ses travaux.
M. Astaix , rapporteur de la commission du budget , lit son
rapport sur le compte de 1864. La Société, après avoir remercié
M. Astaix , renvoie à une des prochaines séances le vote définitif
sur le compte de 1864 et le projet de budget de 1865.
M. Maquart propose , à ce sujet , d acquérir, toutes les fois que
Toccasion s'en présentera, les dessins, photographies, etc., des
monuments et des faits remarquables qui intéressent le
Limousin. L'assemblée adopte l'idée en principe, mais en
renvoie l'application à la commission du budget.
A 10 heures, la séance est levée.
Le secrétaire général,
É. KCBEN.
0^-^'m - W^l» ^y^>0 ^-^
SEANCE DU 31 MARS 1865.
■^résidence de M. BOnnmv, Pré»ldeat
Sont présents : MM. Maurice Ardant, Bninet, Buisson de
Mavergnier, Alfred Chapoulaud, Ducourtieux, Ferru, Garigou-
Lagrange, Guillemot, Hervy, Nivet-Fontaubert, É. Ruben.
Le procès- verbal de la dernière séance est lu et adopté.
M. Maurice Ardant, vice-président, dépose sur la table la
réponse au questionnaire de Son Exe. M. le Ministre de Tinstruc-
tîon publique (Comité historique des Arts et Monuments] pour les
communes de Chamboret et de Saint-Mathieu, département de
la Haute-Vienne , et deux feuillets de la main de l'honorable
vice-président concernant le projet général du questionnaire
pour la Gaule. — Remercîments, et renvoi à la commission de
réorganisation des travaux de la Société.
M. Gabriel Debort , négociant à Limoges , présenté à la der-
nière séance , est proclamé membre titulaire de la Société.
Lecture est donnée d'une lettre dans laquelle M. de
PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES. 49
Caumont, directeur de Tlnstitut des Provinces et de la Société
française d'Archéologie , invite la Société à envoyer un certain
nombre de délégués au Congrès des Sociétés savantes qui se
tiendra à Paris du 20 au 27 avril , rue Bonaparte , 44.
L'assemblée , consultée , remercie M. de Caumont, et décide
qu'il n'y a pas lieu d'envoyer des délégués.
L'ordre du jour est la nomination de représentants à la
réunion des Sociétés savantes , présidée , à la Sorbonne , par Son
Exe. M. le Ministre de l'instruction publique.
L'assemblée désigne MM. Buisson de Mavergnier, directeur
du musée , et Félix Ferru , statuaire , lesquels sont chargés d'as-
sister aux séances , et de faire un rapport sur les choses intéres-
sant le pays qui y auront été dites.
M. Joseph Brunet se plaint de quelquies errçurs qu'il a re-
marquées dans la rédaction du procès- verbal du l*"" juillet 1864.
Ainsi on lui fait dire qu'un des souterrains qu'il a découverts à
Saint^Hilaire-Bonneval avait 7 mètres de hauteur. C'est une
erreur : le souterrain n'a que 2 mètres de haut et 7 mètres de
long. — M. Ruben, secrétaire général, répond que, lorsqu'un
membre fait une communication compliquée de détails, il est
d'usage , afin d'éviter des erreurs toujours faciles , de donner
une note explicative au rédacteur du procès-verbal ; qu'il re-
grette que cette note ne lui ait pas été fournie , mais que , au
surplus , la rectification sera insérée au prochain procès-verbal.
M. Brunet rappelle ensuite la mort du regrettable abbé Roy
de Pierrefitte , éditeur du Nobiliaire de Nadaud, IL demande à la
Société :
4« Si elle est dans l'intention de continuer la publication du
Nobiliaire ;
2° Si elle a jeté les yeux sur une personne - capable de se
charger de ce travail.
Sur la première question , l'assemblée , consultée , décide que
la publication du Nobiliaire sera continuée aux conditions an-
térieures.
En ce qui concerne le choix de l'éditeur, M. le président dit
qu'il sera bon d'avertir la personne chargée du travail qu'il
existe à la Bibliothèque de l'Arsenal un autre Nobiliaire du
Limousin, le Manusait de des Coutures, qui pourrait fournir d'utiles
renseignements.
M. Brunet indique un membre de la Société qui pourrait
peut-être accepter la succession de l'abbé Roy de Pierrefitte.
4
50 PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES.
M. le secrétaire général donne lecture d'une lettre dans
laquelle M. Tabbé Lecler, curé de Saint-Symphorien , oflFre à la
Société une Table des noms propres disséminés dans le manuscrit
de Nadaud , Table qu'il avait confiée à l*abbé Roy , et qui doit se
trouver dans ses papiers- La Société accepte avec reconnaissance
l'offre de M. Tabbé Lecler. — M. Brunet déclare retirer la pro-
position qu'il a faite , ^t l'assemblée décide que M. le secrétaire
général écrira à M. Tabbé Lecler pour lui demander si , au cas
où la Société le désignerait, il voudrait se charger du travail.
La Société charge enfin M. Brunet de Téloge de M. Tabbé
Roy de Pierrefitte.
M. Buisson de Mavergnier lit un travail de géologie sur le
Limousin anté-historique. ^
A \0 heures , la séance est levée.
Le secrétaire général,
É. RUBEN.
SEANCE DU 28 AVRIL 4865.
PrésIdMice de M. M aarlee ARDAIVX, Vloe-Présldent.
Sont présents : MM. Maurice Ardant et Buisson de Mavergnier.
Après l'ouverture de la séance , arrivent successivement
MM. Maquart , Talabot et Guillemot.
En l'absence de M. Ruben , M. Guillemot remplit les fonctions
de secrétaire.
Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté.
M. Guillemot donne lecture d'une lettre de M. l'abbé Lecler ,
qui accepte la proposition qui lui a été faite de continuer le
Nobiliaire du Limousin, mais à la condition de ne pas ouvrir de
correspondance avec tous les descendants plus ou moins directs
des familles dont Nadaud a esquissé la généalogie , pour y faire
figurer leurs titres ou leurs prétentions.
La collaboration de M. Lecler est acceptée avec la condition
ci-dessus désignée.
PROCES-VERBAUX DES SEANCES. 51
M. Guillemot donne ensuite lecture d'une lettre de M. Bos-
vleux , archiviste du département de Lot-et-Garonne , qui engage
la Société à acquérir du libraire Claudin trois articles com-
prenant plusieurs pièces importantes concernant Thistoire du
Limousin.
L'assemblée vote à l'unanimité un crédit de soixante francs
I)our l'acquisition de ces pièces.
M. Maurice Ardant communique à la Société une lettre
de M. Mandat de Gransey, qui a découvert à La Chaise-Dieu les
tombeaux et les armoiries de deux papes limousins, Clément VI
et Grégoire XL M. Mandat de Gransey n'a pas pensé qu'il
y eût lieu de faire un travail à ce sujet : il se contente de
signaler cette découverte à la Société.
A neuf heures , la séance est levée.
Le secrétaire-archiviste,
GUILLEMOT.
f*^s^^^ -^s^^ «^w ^/^/^^'«^^«^
SÉANCE DU 26 MAI i865.
I»ré»ldenee de M. BOIVIVIIV, Président.
Sont présents : MM. Maurice Ardant, Brisset, Buisson, Alfred
Chapoulaud, Debord, Hervy, Guillemot, Lagrange, Lansade,
Larombière, Ducourtieux, Nivet-Fontàubert, Reculés, Astaix,
É. Ruben.
Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté.
M. Maurice Ardant réclame contre une omission faite au
procès-verbal de la séance du 27 janvier dernier. Il rappelle
que , à la suite de l'élection des membres du bureau ,
M. Lansade lui adressa quelques paroles pour le remer-
cier, au nom de la Société, du zèle qu'il n'avait cessé d'apporter
dans l'exercice de ses fonctions , ce dont il n'est nullement
fait mention dans le procès-verbal de ladite séance. — M. le
président , tout en faisant observer que le procès-verbal dont
il s'agit a été adopté , ordonné que mention de la réclamation
52 PROCÈS-VERBAUX DES SEANCES.
de M. Ardant sera insérée au procès-verbal de la présente
séance.
M. Guillemot , secrétaire-archiviste , donne lecture d'une
lettre dans laquelle M. Claudin, libraire à Paris, annonce qu'il
a acheté , pour le compte de la Société , au prix de 56 frl , les
diverses pièces manuscrites concernant l'histoire du Limousin
dont il a été question à la dernière réunion. Ces pièces intéres-
santes , que M. Guillemot dépose sur la table des séances , seront
mises aux archives et catalog^uées.
M. Ruben présente les deux ouvrages suivaûts, offerts à la
Société par M. Deloche , membre cwrespondant :
4« Études sur la géographie historique de la Gatde, et spécialement
sur les divisions territoriales du Limousin au moyen ôge , ouvrage
couronné par TAcadémie des Inscriptions et Belles-Lettres :
Paris , imprimerie Impériale , 4864, \ vol. in-4;
2" Description des monnaies mérovingiennes du Limousin :
Paris, 4863, \ vol.in-8.
M. le président, au nom de la Société, remercie M. Deloche,
et charge M. Guillemot de vouloir bien faire un rapport sur
Touvrage concernant les divisions territoriales du Limousin.
La Société Archéologique de Melun adresse à la Société
Archéologique du Limousin le 4" volume de ses mémoires, et
demande la réciprocité. — Cette demande est accordée.
Lecture est donnée par M. le secrétaire général d'une lettre,
en date du 6 mai , adressée à M. le président , et dans laquelle
M. Lorgne, instituteur à Montrol-Sénard , rend compte de la
découverte d'un souterrain qui vient d'être faite près de cette
localité. La lettre de M. Lorgue contient le passage suivant :
« Des bûcherons venaient d'arracher un chêne lorsqu'ils
s'aperçurent quelle terrain s'affaissait sous leurs pas. Bientôt ce
fut une sarte de gouffre qui s'offrit à leurs yeux. Munis d'une
lumière, ils descendirent dans le souterrain pour l'explorer...
Ce matin, je me suis rendu sur les lieux, où. M. l'adjoint du
maire n'a pas tardé à me rejoindre. J'ai d'abord distingué une
sorte de chambre circulaire , dont le sommet devait se trouver à
peu de distance du sol , et sous le chêne même abattu par les
bûcherons. Malheureusement la terre s'est affaissée , et couvre
le sol de cette chambre jusqu'à une certaine hauteur. Par suite
de cet éboulement accidentel , le souterrain va en descendant
d'une manière très-sensible. A trois ou quatre mètres au-dessous
du sol , une étroite galerie s'est offerte à nos yeux. A la pre-
PROCÈS-VERBAUX DES S1^.ANCES. 53
mière inspection, j'ai reconnu que le terrain a été creusé dans
une roche très-tendre , ou plutôt dans un tuf silico-arg-ileux. Le
percement a dû être facile; mais il n'en a pas été de même du
transport des matériaux , à cause de la profondeur et du peu de
largeur du souterrain. Ce qui m'a paru singulier c'est que je
n'ai pu reconnaître avec quelle sorte d'instrument a été
pratiqué le percement. Ce n'est pas avec la pioche , les entailles
étant trop étroites ; ce n'est pas avec le pic non plus : c'est sans
doute avec un instrument dont on ne se sert plus de nos jours ;
ce qui me porterait à croire que le souterrain doit remonter à
une très-haute antiquité. Cet instrument devait avoir une arête
tranchante très-aiguë et une face de moyenne largeur.
» A quelques pas de là , une nouvelle galerie s'offre à droite.
Elle a seulement quelques mètres de long, et tourne subitement
à angle droit, pour s'arrêter tout à coup, et ménager une sorte de
niche , comme pour mieux cacher la présence d'une personne à
ceux qui se seraient introduits dans le souterrain. Nous sommes
donc forcés de revenir sur nos pas pour continuer l'exploration de
la première galerie. Celle-ci, à peu de distance , se rétrécit tout à
coup : c'est une sorte de porte , ne pouvant livrer passage qu'à
une personne à la fois , qui vient s'offrir à notre vue. Nous fran-
chissons cette porte , et nous remarquons une odeur toute parti-
culière : cette odeur me rappelle une description des cata-
combes, bien qu'assurément nous ne soyons pas dans un
pareil lieu. Nous cherchons vainement des vestiges de l'habi-
tation de l'homme. Les siècles ont jonché le sol de tuf, et il est
des endroits où , pour avancer , nous sommes obligés de marcher
sur nos genoux. Mais la galerie éloigne ses parois : plusieurs
personnes peuvent marcher de front sans se gêner ; seulement
les ravages du temps sont de plus en plus visibles, le plafond
naturel est de plus en plus effondré , et nous sommes obligés de
nous arrêter sans avoir atteint l'extrémité du souterrain
» Vous me demanderez peut-être, monsieur l'Inspecteur, quelle
est la. forme de la voûte. Cette dernière semble affecter une
forme ogivale. On a dû adopter cette forme pour la solidité du
souterrain. Le terrain n'offrant que peu de résistance, la pluie
en eût compromis la solidité.
» Il est à désirer, monsieur l'Inspecteur , que l'administration
ait connaissance de la chose : elle pourrait faire dégager la ga-
lerie des matériaux qui l'obstruent. Cet enlèvement de terres
serait peut-être de nature à amener des découvertes précieuses
54 PRGCÈS-VERBALX DES SEANCES.
à Tarchéologie et à l'histoire du pays. Ce souterrain a d'autant
plus de prix à mes yeux que , à peu de distance , se trouvent des
camps dits de César, dont Tun est parfaitement conservé. Ce
dernier , situé à 4 ou 5 kilomètres seulement , se trouve dans la
commune de Montrollet (Charente). A peu près à la même distance
se trouve aussi un menhir appelé pierre-levée, qui a 5 à 6 mètres
de hauteur. »
M. Buisson de Mavergnier donne communication d'une
lettre dans laquelle M. de Cessac l'engage, ainsi qiie les
membres de la Société Archéologique de Limoges , à assister au
Congrès de Guéret. L'assemblée , tout en remerciant M. Buisson
de Mavergnier de la communication qu'il a bien voulu faire ,
décide que , n'étant pas Saisie régulièrement , elle ne peut
prendre aucune décision , et que la question est du reste toute
personnelle.
M. Larombière , rapporteur de la commission de réorganisation
du musée, lit son rapport au milieu de l'attention générale (4).
M. Buisson de Mavergnier fait, en ce qui le touche, une observa-
tion à laquelle M. le rapporteur répond en rendant hommage à
l'administration actuelle et à l'honorable directeur du musée.
M. Guillemot demande de quelle manière on procédera à
rélection du directeur. — M. le rapporteur répond que le règle-
ment nouveau est parfaitement conforme à l'idée de faire
nommer le directeur par l'assemblée.
M. Nivet-Fontaubert fait observer qu'on n'a pas statué sur
une proposition antérieure tendant à laisser le musée à la
ville. — M. Brisset répond que l'une des propositions ne détruit
pas l'autre : il s'écoulera toujours un certain temps entre,
la proposition faite à la ville et la cession définitive , et
il importe que le musée soit bien administré pendant cet inter-
valle. — M. le président demande à M. Nivet s'il a une proposi-
tion à faire à ce sujet. M. Nivet répond qu'il a seulement voulu
demapder un éclaircissement. — M. Maurice Ardant croit qu'il
serait bon de ne pas voter d'enthousiasme , et de renvoyer le
vote à la prochaine séance. — M. le président demande à l'hono-
rable membre s'il veut faire une proposition formelle à cet égard.
M. Maurice Ardant déclare retirer sa proposition. — Le projet de
règlement, voté d'abord par paragraphe, est ensuite adopté dans
son ensemble.
(1) Voir ce rapport à la suite des procte-verbaux.
PROCfes-VERBAUX DES SEANCES. 55
M. Garrigou-Lagrange , rapporteur de la commission pour
Torganisation des travaux de la Société , donne lecture de son
rapport. Après plusieurs observations, auxquelles répond M. le
président » l'assemblée renvoie la discussion du rapport à la
prochaine séance.
M. Buisson de Mavergnier , délégué de la Société au Congrès
des Sociétés savantes , qui s*^est tenu à la Sorbonne au mois
d'avril dernier, lit une relation des faits qu'il a. cru dignes
d'être communiqués à l'assemblée. M. le président remercie
M. Buisson de Mavergnier, et déclare la séance levée.
Le secrétaire général,
É. RUBEN.
i'»*"^^» " 'V'»/»^^^A«/WV«^^^^>«^A /^*^A^«^*\>*iA*»
SEANCE DU 30 JUIN 4865.
Pjpésldenoe de M. BOMIVIIV , Président*
I
Sont présents : MM. Maurice Ardant , Ardant du Masjambost ,
Bardinet , Buisson de Mavergnier , Alfred Chapoulaud , Du-
courtieux, Garrigou-Lagrange , Guillemot, Hervy, Lansade,
Larombière, É. Ruben , et MM. Talabot et Lemas , qui n'arrivent
qu'après le vote pour le directeur du musée.
Le procès-verbal de la dernière séance est lu , et adopté après
quelques explications entre MM. Maurice Ardant, Buisson de
Mavergnier et Guillemot.
Depuis la dernière séance , quelques dons ont été faits soit au
musée , soit à la bibliothèque de la Société. (Voir la liste à la fin
du volume.) — Remercîments aux donateurs.
L'ordre du jour est l'élection de MM. les directeur et sous-
directeurs du musée. Conformément à la décision prise à la
dernière séance , il est arrêté qu'il y aura deux scrutins : le
premier , pour l'élection du directeur du musée ; le second ,
pour l'élection des quatre soua-directeurs. On procède à l'élection.
56 . PROCÈS-VERBAUX DES SEANCES.
Le dépouillement du scrutin pour la nominaton du directeur
donne les résultats suivants :
<'' tour. — Nombre des votants : 15.
Voix obtenues :
M. Dubouché. ; 6
M. Buisson de Mavergnier 4
M. Maquart. ^ . . . 2
M. Maurice Ardant 2
M. Larombière ^
2* tour. — Nombre des votants : 15.
Voix obtenues :
M. Dubouché H
M. Buisson de Maverg'nier 4
En conséquence, M. le président proclame M. Dubouché
directeur du musée.
Il est ensuite procédé à l'élection des quatre sous-directeurs du
musée.
M. Buisson de Mavergnier prie les membres qui auraient
rintention de lui donner leur voix de vouloir bien les reporter
sur d'autres candidats.
Nombre des votants : M.
Voix obtenues :
M. Nivet-Fontaubert M
M. Astaîx \o
M. Maurice Ardant 42
M. Maquart. \Q
' M. Ardant du Masjambost 8
La majorité absolue étant de 9 , M. le président proclame
sous-directeurs 'du musée MM. Nivet-Fontaubert, Astaîx,
Maurice Ardant et Maquart.
M. le président prend la parole. Il dit qu'à la dernière séance,
lors de la lecture du rapport de M. Garrigou-Lagrange sur
l'organisation à donner aux travaux de la Société, il a cru
remarquer que cette question soulevait de nombreuses objections ;
il persiste à croire que la mesure était bonne ; mais , comme il
n'a voulu avant tout que donner une impulsion nouvelle
PROCÈS-VERBAUX DES SEANCES. 57
*
aux travaux de la Société , réservant la question des voies et
moyens, comme il pense, d'un autre côté, que la discussion
n'amènerait aucun résultat , il déclare retirer sa proposition ,
attendant les propositions nouvelles qui pourront être faites sur
un sujet aussi importan-t. En conséquence, il propose Tordre du
jour , qui est adopté.
M. Ruben , secrétaire général , demande , au nom de M. Tabbé
Arbellot, curé-archiprêtre de Rochechouart\ que dorénavant le
jour des réunions soit fixé au dernier mardi de chaque mois ,
jour oii M. Tabbé Arbellot pourrait assister aux séances.
M. Talabot propose le mercredi , au cas oii M. Tabbé Arbellot
serait libre pour ce jour. Il est décidé que la prochaine séance
aura lieu le dernier mardi du mois de juillet, et que ce jour-là
on prendra l'avis de M. l'abbé Arbellot.
Sur la proposition de M. Nivet-Fontaubert , la Société vote,
pour l'érection du buste du regrettable Féli^ de Verneilh , une
gomme de 50 fr. , qui sera versée entre les mains de M. le
trésorier de la Société pour la Conservation des Monuments
historiques, dont M. de Verneilh était un des membres les
plus distingués et les plus dévoués.
M. le président donne la parole à M. Buisson de Mavergnier
pour la lecture de la suite de son travail sur les origines
du Limousin. M. Buisson de Mavergnier répond qu'il se trouve
un peu souflFrant , et prie la Société de vouloir bien renvoyer
cette lecture & une prochaine séance.
A 40 heures, la séance est levée.
Le secrétaire général,
É. RUBEN.
■w\rwv^^v«<w^wwww>/wvws«>«www>^ws>
SÉANCE DU 25 JUILLET <865.
Pv«*Meiioe de M. BOMNIN. Pr««tdeat.
Sont présents : MM. l'abbé Arbellot , Bardinet fils , Brisset ,
Alfred Chapoulaud, Debord, Dubouché, Guillemot, Garrigou-
Lagrange, Hervy, É. Ruben.
Le procès-verbal de la dernière séance est lu et a^dopté.
58 PROCè^VEBBAtX DES SEANCES.
La Société fixe définitivement le jour de ses séances au
dernier mardi de chaque mois.
Lecture est donnée d'une lettre par laquelle M. Âstaix,
nommé sous-directeur du musée à la dernière séance , s^excuse ,
vu ses nombreuses occupations, de ne pouvoir accepter Vhonneur
qui lui est fait , et prie la Société de vouloir bien pourvoir
à son remplacement. L'assemblée manifeste tout le regret
qu'elle éprouve, et décide qu'à la prochaine séance il sera
procédé à la nomination d'un sous-directeur du musée en
remplacement de M. Astaix.
M. Emile Grignard , membre correspondant de la Société ,
écrit à M. le président pour réclamer contre une phrase insérée
au procès-verbal de la séance du 4 '' mai 4 863 , et relative à son
Dictionnaire géographique du Limousin. M. Grignard oflFre en même
temps à la Société la carte exacte qu'il a dressée des arron-
dissements , cantons, et communes du département de la Haute-
Vienne. La Société accepte avec reconnaissance l'oflFré de
M. Emile Grignard. Quant & la phrase incriminée , la Société
déclare qu'elle n'est que l'expression exacte de ce qui a été
rapporté par son délégué au Cîongrès des Sociétés savantes,
et que, le procès-verbal ayant été approuvé , il n'y a pas lieu d'y
revenir.
M. Cyprien Pérathon , d'Aubusson , écrit pour donner sa dé-
mission de membre correspondant de la Société.
M. le comte A. d'Héricourt, par lettre-circulaire du 4 «•" juillet
4865 , prie la Société de vouloir bien lui adresser, pour V Annuaire
des Sociéiés savantes , des renseignements relatifs à la composition
de son bureau , à son histoire , à ses travaux , aux questions
mises au concours pour l'année 4866 ou les années suivantes.
La Société souscrit pour un exemplaire de V Annuaire, et charge
son secrétaire général d'envoyer à M. le comte d'Héricourt les
renseignements demandés.
M. le docteur de La Porte, médecin de l'artillerie de la
garde à Versailles , membre correspondant de la Société ,
se plaint de la lenteur avec laquelle se fait la publication
du Nobiliaire de Nadaud. L'assemblée charge M. le secrétaire
général de faire connaître à M. de La Porte la mort du regret-
table abbé Roy de Pierrefitte , éditeur du Nobiliaire , des retards
que cette mort a dû nécessairement entraîner et de la conti-
nuation prochaine de l'œuvre par M. l'abbé Lecler , curé de
Saint-Symphorien.
PROCÈS-VERBAUX DES* SEANCES. 59
M. Ruben demande la parole. Il explique- comment les
pertes éprouvées depuis quelques années par la Société dans la
personne de ses membres les plus savants et les plus actifs ont dû
nécessairement amener une sorte de disette dans les productions
historiques et archéologiques. Il rappelle que le Bulletin de
4865 n^est pas encore commencé, et dit que le moment est
venu de mettre à exécution un projet dont il a été souvent
question au sein de la Société : il veut parler de la publication
des Registres consulaires de h ville de Limoges , déposés à la biblio-
thèque publique. Ces registres, dont quelques parties ont été
publiées par M. Achille Leymarie dans son Limousin historique,
contiennent des renseignements importants et pleins d'intérêt
non-seulement pour l'histoire de Limoges, mais encore pour
l'histoire du Limousin tout entier pendant les xvr, xvir et
xviir siècles. M. Ruben propose donc à la Société de décider en
principe la publication immédiate de ces manuscrits , et de
nommer une . commission chargée de faire un rapport sur
le mode de publicatioa le plus convenable.
Après quelques explications , la Société adopte la proposition
de M. Ruben, et charge MM. Ruben, Alfred Chapoulaud,
Guillemot, Hervy, Lagrange et Debord d'étudier la question
dans ses détails, et de faire un rapport à ce sujet dans la pro-
chaine séance. Elle engage en même temps ^es membres portés
de bonne volonté à se joindre à la commission pour l'aider dans
une tâche aussi longue et aussi pénible.
M. l'abbé Arbellot donne lecture d'une remarquable notice
biographique et bibliographique sur M. Félix de Vemeilh.
— Remercîments , et renvoi au Comité de publication.
M. Adrien Dubouché remercie la Société de l'honneur qu'elle
a bien voulu lui faire en le nommant directeur du musée. Il fera
tous ses efforts pour se mettre à- la hauteur de la tÂche qui lui est
donnée, et pour obtenir du gouvernement, du département
et de la commune des secours plus en harmonie avec la popu-
lation et les besoins d'une grande ville industrielle.
M. le président , après avoir exprimé à M. Dubouché tout
Tespoir que la Société fonde sur son zèle éclairé, déclare la
séance levée.
Le secrétaire général,
É. RUBEN.
60 PROCès-VEHUBALX DES SEANCES.
SEANCE DU 29 AOUT 4865,
PréAldeoce de M. BOWMIIV , Prê«ldeiit.
Sont présents : MM. Bardinet , Alfred .Chapoulaud , Debcurd ,
Dubouché , Brisset , Hervy , Tabbé Lecler , l'abbé Tandeau de
Marsac, Garrigou-Lagrange , Maquart, Lemas, Nivetr-Fontau-
bert, É. Ruben.
Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté.
Il est donné lecture d'une lettre par laquelle Son Excellence
le Ministre de l'instruction publique annonce à M. le président
qu'il vient d'accorder à la Société une allocation de 350 fir. La
Société charge le secrétaire général de faire parvenir à Son
Excellence l'expression de sa gratitude.
M. B. Ruben , au nom de la commission chargée d'examiner
la question d'opportunité de l'impression des Registres con-
sulaires , lit son rapport , duquel il résulte que la commission
propose l'impression immédiate des registres, avec une pagi-
nation spéciale , de telle sorte qu'il puisse y avoir tous les deux
ans un volume, pour le Bulletin tel qu'il est composé actuellement
et un volume pour les Registres consulaires (i). — L'assemblée
adopte à l'unanimité les conclusions de la commission , sous les
conditions énumérées au rapport.
M. l'abbé Lecler , curé de Saint-Symphorien ^ lit un mémoire
sur les monuments druidiques de la Marche et dn Limousin.
-^ Remercîments, et renvoi au Comité de publication.
M« Ruben demande à M. l'abbé Lecler où en est la question
de la continuation du Nobiliaire » de Nadaud , dont l'honorable
membre avait été chargé. — M. l'abbé Lecler répond qu'il est
toujours en instance auprès de M. le supérieur du grand-
séminaire de Limogés pour obtenir que les manuscrits de
Nadaud lui soient confiés.
(1) Voir ce rapport à la suite des procès-yerbaux .
PROCÈS-VERËAUX DES SEANCES. 61
On proc5ède à rélection d'un sous-directeur du musée en
remplacement de M. Astaix , non acceptant. Le dépouillement
du scrutin donne les résultats suivants :
Membres présents et votants : 1 4.
M. Ruben 11 voix.
Voix perdue 1
En conséquence, M. Êuben est proclamé sous-direoteup du
musée.
M. Bonnin, président, lit un remarquable travail sur la
situation des esprits avant la guerre des Albigeois. — Cette
lecture est écoutée avec le plus vif intérêt.
A 40 heures , la séance est levée.
Le secrétaire général,
É. RUBEN.
SEANCE DU 31 OCTOBRE 1865.
Sont présenta : MM. Dubouché , Hervy , Maquart, Nivet-
Fontaubert , Lemas , Guillemot.
En Tabsence de M. Bonnin , président , et de M. Ruben ,
secrétaire général, M. Guillemot, secrètaire-ai;chivîste ,. lit
le procè&*verbal de. la dernière séance.
Lç procès-verbal est. lu et adopté.
MM. Bonnin et Nivet-Fontaubert présentent , le premier par
lettre , le second en personne , M. Linard comme membre
résidant.
Sur la proposition de MM. Dubouché et Nivet-Fontaubert,
rassemblée décide à Tunanimité qu'on enverra à M** de Marpon
une lettre de condoléance., et charge son secrétaire général
d'en rédiger les termes.
M. Dubouché, interpellé sur les dépenses du musée, répond
qu'il n'a pu encore réunir les comptes des fournisseurs ; que , à la
62 PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES.
séance de fin d'année , il s'empressera de donner à la Société
les renseignements les plus complets sur ce sujet; que, du
reste, il est en instance près du Conseil municipal pour
avoir une forte subvention ; qu'il a lieu de croire au succès
de sa demande , et qu'enfin il prie ses collègues de se joindre
à lui pour appuyer ses démarches.
M. Nivet-Fontaubert propose qu'on nomme une commission
chargée de se présenter devant Mgr l'Évêque de Limoges pour
obtenir de lui les pierres tombales qui se trouvent déposées
actuellement dans la cour de la cathédrale.
L'assemblée , consultée , approuve la proposition de M. Nivet-
Fontaubert , et nomme pour former cette commission MM. La-
rombière , Maquart, Hervy et Nivet-Fontaubert.
Un membre signale la disparition regrettable d'une partie
d'un précieux vitrail représentant saint Michel terrassant le
démon , et placé à la cathédrale dans la chapelle contiguë au
baptistère.
Il témoigne le désir que , dans la restauration des vitraux de
la cathédrale , un grand nombre de morceaux soient conservés
ou transportés au musée de Limoges.
MM. Dubouché et Nivet-Fontaubert demandent à l'assemblée
si elle sait ce que sont devenues les remarquables tapisseries qui
ornaient le chœur de la cathédrale. Sur la réponse négative de
l'assemblée , la commission ci-dessus désignée est chargée de
s'occuper de cette question.
M. Guillemot donne ensuite lecture d'une lettre de M. le prési-
dent qui avertit la Société que, par suite de la mort de M. de
Marpon et de la démission de M. Maurice Ardant, la Société
aura dans la prochaine séance deux vice-présidents à élire.
A 9 heures 1 /2 , la séance est levée.
, Le secrétaire-archiviste,
GUILLEMOT.
PROCÈS-VERBAUX DES SEANCES. 63
SÉANCE DU 28 NOVEMBRE 1865.
IPréAidence de M. BONNUV, Préiildent.
Sont présents : MM. Arbellot , Brisset , Alfred Chapoulaud ,
Debord , Hèrvy , Garrigou-Lagrange , Tabbé Lecler, Maquart,
Tabbé Tandeau de Marsac , É. Ruben , Guillemot.
MM. Lemas et Bardinet arrivent après le vote.
Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté.
MM. A. Chapoulaud et É. Ruben présentent comme dési-
rant faire partie de la Société en qualité de membre titulaire
M. Charles Le Sage, ingénieur civil, adjoint au maire de Limoges.
MM. Arbellot et Tandeau de Marsac présentent comme désirant
faire partie de la Société en qualité de membre correspondant
M. le marquis de Coustin du Masnadaud.
MM. Tandeau de Marsac et É. Ruben présentent comme
désirant faire partie de la Société en qualité de membre corres-
pondQ.nt M. Gabriel Tandeau de Marsac , notaire à Paris.
M^ "d^sMarpon écrit pour remercier la Société de la marque
de sympathie qu'elle lui a donnée à l'occasion de la mort de
M. de Marpon , vice-président de la Société.
M. Tabbé Arbellot exprime le vœu qu'une commission
recherche et puisse recueillir au musée la pierre romaine
connue sous le nom de cippe d'Origanion , ainsi nommée à cause
de l'inscription qu'elle porte :
lAE SV
ORIGANIONIS. .
« Cette inscription , dit-il , était restée îninterprétée jusqu'à
nos jours. En 1838, M. Adrien de Longpérier, membre de
rinstitut , qui accompagnait le prince Napoléon à l'exposition de
Limoges , me proposa l'interprétation suivante :
[D. M. ET.]
[MEMOR]IAE SU [LPITII]
ORIGANIONIS.
» (Aux dieux mânes et à la mémoire de Sulpice Origanîon). »
64 PROCRWERBAL'X DES SEANCES.
M. l'abbé Arbellot voudrait aussi que Ton s'occupât de re-
chercher une autre pierre trouvée dans des fouilles, près de
remplacement de la porte Saint-Jean , au nord de la cathédrale.
Cette pierre portait une inscription mutilée, où on lisait ces
mots : RITI CI VI..., probablement Augustorili civiias, nom
que la ville de Limoges portait sous Auguste. Elle fut déposée
dans la maison provisoire de Tarchitecte de la cathédrale avec
deux autres inscriptions romaines trouvées sous les combles.
M. le président propose que , pour arriver à un but pratique
spécial , on éteùde tout simplement les pouvoirs de la commission
nommée à la séance précédente , et chargée de se rendre auprès
de Mgr TÉvêque de Limoges pour tacher d'obtenir de Sa
Grandeur les pierres tombales qui se trouvent actuellement
dans la cour de la cathédrale. Cette commission est composée de
MM. Larombière , Maquart , Hervy et Nivet-Fontaubert.
La proposition de M. le président est adoptée.
M. Linard, présenté à la dernière séance, est proclamé
membre titulaire de la Société.
On procède à Télection de deux vice-présidents en remplace-
ment de M. de Marpon, décédé, et de M. Ardant, démis-
sionnaire.
Le dépouillement du scrutin donne les résultats suivants :
Nombre de votants , 12.
M. Larombière 42 voix.
M. Tabbé Arbellot H voix.
En conséquence , MM. Larombière et Arbellot sont proclamés
vice-présidents de la Société. .
M. Tabbé Arbellot remercie la Société de Thonneur qu'elle
vient de lui faire.
M. Alfred Chapoulaud lit une notice sur la publication- des
Registres consulaires. Cette publication, qui se poursuit a.ctive--
ment, sera desphis intéressantes.
M. Maquart offre à la Société une vue des ruines 'dû couvent
des Jacobins de Limoges, dessinée par M. Albert. L'honorable
membre exprime le vœu que Ton forme un album de toutes les
reproductions gravées ou photographiées des édifices de notre
ville. Cette proposition est acceptée.
M. Tabbé Arbellot lit le commencement d'une intéressante
PROCÈS-VERBAUX DES SEANCES. 65
notice sur Adhémar. — Bemercîments , et renvoi au Comité de
publication.
A 10 heures , la séance est levée.
Le secrétaire général,
t. RUBEN,
^<S^VrfVAi»WWS/VWWV>/»*WWX.^»»WVN»«
SÉAKCE DU 26 DÉCEMBRE 1865.
Ppéftldence de M. É. MJBEN» «ecrétalre général*
Sont présents : MM. A. Dubouché, Charreire, A. Chapoulaud,
Lemas, Linard, Nivet-Fontaubert , Hervy. Maquart, É. Ruben,
A. Guillemot.
En Tabsence de M. le président Bonnin et de M. Tabbé
Arbellot, vice-présidents , empêchés , le premier par une indis-
position , le second par les devoirs de sa cure ; en Tabsence
également de M. le vice-président Larômbière , M. le secrétaire
général prend place au fauteuil.
M. Lemas est prié de vouloir bien tenir la plume en Tabsence
de M. A. Guillemot , non encore arrivé.
Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté.
Sont proclamés :
Membre titulaire : M. Le Sage, ingénieur civil, adjoint au
maire de Limoges ;
Membres correspondants : M. Tandeau de Marsac, notaire à
Paris , et M. le marquis de Coustin du Masnadaud.
On procède à l'élection d'un quatrième sous-directeur du
musée.
Le dépouillement du scrutin donne les résultats suivants :
Kombre de votants : 1 1 .
Voix obtenues par M. Linard : 10.
En conséquence , M. Linard est proclamé sous-directeur du
musée.
».♦
66 PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES.
M. Dubouché lit le rapport de la direction du musée sur les
travaux effectués et les dépenses faites pour la réorganisation
de ce dépôt (1). Ce rapport conclut à ce que la Société approuve
les travaux et les dépenses, et vote un crédit de 3,232 fr. 02 c. pour
couvrir ces dernières.
La Société adopte à Tunanimité les conclusions du rapport , et
vote des remercîments à la direction.
M. le directeur du musée propose ensuite à la Société de voter
un crédit supplémentaire de 100 fr. , alloués au sieur Dulac,
garde-musée, pour travaux exceptionnels et multipliés faits
pendant les réparations et la réorganisation. La Société vote le
crédit demandé. M, le directeur annonce de plus que , lors de la
présentation du budget de 4866 , la direction se propose de de-
mander que les appointements du garde-musée soient élevés à
300 fr. , et que la Société approuve le marché passé entre la
direction et le sieur Dulac relativement au cirage et au frottage
des appartements. La somme annuelle convenue, sauf l'approba-
tion de la Société, a été fixée à 180 fr.
M. le directeur du musée , alléguant l'importance du travail
qu'exigera la rédaction d'un livret, propose d'adjoindre deux
nouveaux membres à la direction actuelle du musée.
Après quelques explications , la proposition est adoptée, et l'on
procède à l'élection des deux nouveaux membres.
Sont élus MM. Guillemot et Lemas par 9 voix sur 1 0 votants.
M. Linard se plaint de l'obscurité du salon d'histoire na-
turelle , et demande à être autorisé à faire enlever les volets
qui masquent les fenêtres donnant sur la rue des Prisons. — On
fait droit à la demande de M. Linard , qui est chargé de faire
tout ce qui sera convenable à cet égard.
A 9 heures , la séance est levée.
Pour le secrétaire général,
GUILLEMOT.
(1) Voir ce rapport à la suite des procëa-verbaux.
ANNEXE
AUX
PROGÈS-YERBAUX DES SÉANCES.
RAPPORT
SUR L'ORG^ISATION DU MUSÉE,
LU PAR M. LAROMBIERE
DANS LA SÉANCE DU 26 MAI 1865.
Messieurs ,
A Tune de vos dernières séances , et sur la proposition de Tun
des membres de la Société , vous avez nommé une Commission
chargée d'examiner s'il ne conviendrait pas d'apporter quelques
modifications aux dispositions qui régissent la direction et
la conservation de notre musée. Je viens aujourd'hui , comme
rapporteur, vous rendre compte de son travail.
Il importe avant tout de rappeler les termes du règlement que
vous avez voté le 28 janvier 1859 , puisqu'il s'agit de le réformer,
partiellement. Son art. 20 est ainsi conçu : « Le directeur, du
musée est chargé de recueillir tous les objets donnés à la
. 68 RAPPORTS.
Société ou acquis par elle pour faire partie du musée , d'en tenir
le livre d^entrée , et d'en faire la distribution aux conservateurs
de section. — Il lui est adjoint autant de conservateurs de sec-
tion que la composition du musée peut le rendre nécessaire.
— Chacun d'eux tient le catalogue particulier de sa section , et
exécute , d'accord avec le directeur , les marchés , travaux et
achats' relatifs à sa section , dans la limite des crédits ouverts
à cet effet au budget. — A la fin de chaque année , le directeur
fait un rapport à la Société sur l'état du musée et les besoins
généraux de cet établissement. »
Au premier abord , cette disposition paraît présenter toutes les
garanties désirables d'une bonne administration : un direc-
teur du musée préposé à Tacquisition , au classement, à la
garde des choses de toute nature et également intéressantes qui
composent notre collection ; à côté et au-dessous de lui , des
conservateurs de section , chargés , chacun suivant son aptitude
spéciale, de développer, d'entretenir , de coordonner une portion
déterminée de nos richesses scientifiques. Cette double institu-
tion, avec des attributions ainsi définies, semble en effet
répondre à l'idée d'une excellente /Organisation, en combinant,
sous le contrôle incessant de la Société , l'initiative et la respon-
sabilité individuelles , sans lesquelles on ne fait rien ou l'on fait
mal , avec le sentiment d'amour-propre et d'émulation qui
anime et féconde le travail divisé.
Cependant un examen un peu réfléchi ne tarde pas à y
révéler quelques vices .graves , sur lesquels nous devojis appeler
votre attention , et il a fallu que votre commission ait été
singulièrement frappée de leur gravité pour proposer la
modification de statuts qui ne remontent qu'à l'année 4859.
Dans le principe , et lors de l'établissement de notre Société ,
en 1845, il devait être nommé un conservateur du musée :
c'était le seul fonctionnaire auquel fût confiée la conservation
de nos collections ; mais on comprit tout de suite que, à raison de
leur variété et du nombre toujours croissant des objets qui les
composent , une pareille tâche était au-dessus des force» d'un
seul homme , qui ne pouvait d'ailleurs réunir toutes les connais-
sances et toutes les aptitudes : aussi divisa-t-on le musée en
sept sections différentes , et il y eut sept conservateurs au lieu
d'un seul.
Pour les points de détail , d'ordre et de classement , c'était un
progrès réel ; mais, au point de vue plus élevé de l'administra-
RAPPORTS. 69
tion générale de notre établissement , la mesure était insuffi-
sante. On s'aperçut en effet bientôt que, en constituant ces nom-
breuses conservations, on les avait complètement séparées
les unes des autres ; qu'elles ne se rattachaient entre elles par
aucun lien commun, et que, manquant d'un chef, la direction
du musée manquait de force et d'unité.
On songea donc, en 1859, à remédiera ce double inconvé-
nient , et le règlement fut modifié uans le sens que Texpérience
indiquait. On maintint les sept conservations , et on nomma un
directeur du musée , dont les attributions et les rapports avec
les autres fonctionnaires furent déterminés par l'art. 20. Nous
eussions été trop heureux si d'emblée nous étions arrivés à la
perfection ; mais la pratique , qui est la grande épreuve , a
démontré que les pouvoirs du directeur et des conservateurs
n'avaient pas été alors suffisamment pondérés dans ces justes
conditions d'équilibre qui sont essentielles dans les petites
comme dans les grandes sociétés. Tse soyons point surpris du
reste que, dans la préoccupation dominante du mal dont on
souffre , on exagère parfois un peu le remède.
La Société elle-même , nous devons le supposer , était encore ,
comme au temps de ses débuts, surtout animée du désir
d'agrandir et de multiplier ses possessions. C'est cette pensée
sans doute qui fit attribuer au fonctionnaire directeur du musée ,
substitué à l'ancien conservateur unique, une situation à
peu près indépendante , et , dans tous les cas , prépotente par le
titre et l'autorité. Mais d'une direction ainsi constituée, dans les
conditions à coup sûr les meilleures pour acquérir et acquérir
beaucoup , on peut dire aujourd'hui qu'elle a fait son temps ,
et qu'elle dépasse le simple intérêt de conservation auquel doit
principalement se restreindre l'administration actuelle du
musée. Nous pe serons nous-même que juste à son égard
en ajoutant que c'est elle-même qui, par son zèle et son
activité , a supprimé sa raison d'être à force de nous enrichir.
Bn effet. Messieurs, par suite du développement et de
Topulence du musée, la Société semble entrer dans une pé-
riode nouvelle , et le moment est venu surtout de distribuer ,
de classer , d'épurer même s'il y a lieu , les collections accu-
mulées, et de préparer des cadres aux acquisitions futures
avec le discernement méthodique et sévère de la science,
qui en est aussi l'élégance et le bon goût. Ce travail difficile et
délicat revient de droit aux conservations : il importe donc de
70 RAPPORTS.
les réorganiser sur des bases nouvelles , qui leur assurent les
moyens de le bien accomplir. Elles sont Tâme et la vie de notre
musée ; du moins elles devraient Têtre , et cependant elles sont
réduites , par la constitution actuelle , à une condition subor-
donnée et presque passive. Dépourvues de toute action com-
binée , elles ne se rapprochent que par le lien intermédiaire
de la direction, qui les absorbe sans les réunir. Cette absence
de collaboration et de concert est une cause nécessaire de con-
fusion et de désordre dans l'ensemble comme dans le détail de
nos collections. Le sentiment même de leur isolement et de leur
faiblesse est bien fait, dans Tétat présent des choses, pour
paralyser l'œuvre des conservations , qui , par leur trop grand
nombre même , sont aussi indécises sur leur pouvoir q^e sur
leurs limites; et , si jusqu'à présent il n'y a eu de leur part ni
inaction, ni apathie ou indifférence, ni conflits d'attributions,
ce qui serait un moindre mal , on «peut dire qu*on ne le doit pas
aux dispositions qui les régissent.
Tels sont les vices essentiels qui oift frappé la Commission
dans l'examen de notre règlement , et elle est unanime pour
vous en proposer la réforme , voici dans quel sens ; mais il sera
plus court de lire tout de suite le projet d'article destiné à
remplacer l'art. 20 :
— « Le musée comprend deux divisions.
» La première division contient trois sections :
1 » Peinture et sculpture ;
2° Émaux , médailles et sceaux ;
3* Histoire naturelle.
» La deuxième division contient deux s^tions :
4 « Céramique ;
2* Objets d'art et d'industrie.
» Il est nommé , en nombre égal à celui des sections , un
directeur et des sous-directeurs du musée.
» Le directeur du musée est chargé de recueillir tous les
objets donnés à la Société ou acquis par elle pour faire partie du
musée , d'en tenir le livre d'entrée , et d'en faire la distribution
entre les sections.
» Le directeur et les sous-directeurs se partagent entre eux la
conservation des sections.
» Chacun d'eux tient le catalogue particulier de sa section.
» Les marchés, travaux et achats relatifs aux diverses sections,
RAPPORTS. 71
ainsi que toutes autres mesures intéressant le musée , ne sont
exécutés, dans la limite des crédits spécialement ouverts, que
sur délibération prise entre le directeur et deux au moin^^s
sous-directeurs.
» En cas de partage , la voix du directeur est prépondérante.
» Chaque année , à la séance de décembre , le directeur fait
un rapport h la Société sur Tétat du musée et les besoins géné-
raux de rétablissement. »
Peu de mots suffiront pour expliquer le sens et la portée des
dispositions nouvelles.
La Commission a d'abord pensé que les sections actuelles du
musée étaient trop nombreuses , que leur nombre même était
un principe de confusion. C'est pour cela qu'elle propose de
réunir sous le titre de Peinture et sculpture les trois sections des
tableaux , des pierres sculptées et des gravures sur bois ; — sous
le titre d'Histoire naturelle, les deux sections de minéralogie, de
zoologie, etc.. ; — de comprendre enfin les émaux nominative-
ment avec les sceaux et les médailles. — A la section des Armes
et Objets d'art elle a substitué celle des Objets d'art et d'industrie,
dont les termes ont une compréhension plus étendue.
Mais sa proposition la plus importante se réfère à la section de
Céramique , qui a déjà , en fait , un commencement d'existence ,
et h laquelle il ne manque que la consécration d'un classement
définitif pour acquérir bientôt le développement qu'elle mérite
pour elle-même et pour l'honneur de l'industrie locale.
Il y aura ainsi un directeur et quatre sous-directeurs, au
total cinq fonctionnaires , nombre correspondant à celui des
sections du musée; et, comme ils sont appelés désormais à
délibérer en commun , nous ajoutons que ce nombre de cinq
nous a paru tout à la fois assez élevé et assez restreint pour
l'autorité comme pour la facilité de leurs délibérations.
Le directeur sera, comme auparavant, par la nature de
ses attributions et la supériorité de son titre , le représentant
immédiat de la Société en ce qui concerne le musée. Il aura
l'initiative , l'action et une responsabilité personnelle propor-
tionnée à l'étendue de ses pouvoirs. Le rapport qu'il est obligé de
faire chaque année soumet enfin son administration à notre
contrôle. Ce sont autant de garanties élémentaires d'une bonne
gestion , trop précieuses pour ne pas être maîntepues.
À la différence de ce qui se passe sous le rég'ime actuel , il aura
72 RAPPORTS.
à se charger lui-même de la conservation d'une section du
musée, concurremment avec les sous-directeurs, qui seront
aussi conservateurs chacun d'une section particulière. La com-
mission a pensé que cette collaboration effective du directeur
dans Tœuvre commune Tidentifierait davantage avec les intérêts
qui lui seront confiés. Il aura du reste à s'entendre avec les
sous-directeurs pour faire entre eux et lui la distribution des
différente-: sections. Si nous ne laissons pas à la Société le soin de
nommer individuellement les conservateurs de telle et telle
sections , c'est que nous avons considéré, outre la compétition de
plusieurs scrutins , le danger possible d'une nomination faite en
dehors des vocations et des connaissances spéciales. Nos cinq
fonctionnaires en seront entre eux les meilleurs juges.
La modification la plus importante consiste dans les rapports
que le nouvel article 20 établit entre le directeur et les sous-
directeurs. Tandis que le règlement, tel qu'il existe, détache
les conservateurs du directeur, et les confine dans leurs
sections respectives en ne leur laissant qu'une part d'action
insufllsante ou même nulle dans l'administration générale du
musée, l'article que nous avons l'honneur de vous proposer les
réunit, en quelque sorte, en ministère^ en corps de gou-
vernement, et assure à tous une participation réelle aux
mesures et aux actes qui peuvent être accomplis.
Leur gestion devient ainsi collective , cointéressée , au lieu
d'être isolée et parfois peut-être indifférente. Appelés à dé-
libérer ensemble sur les marchés, les travaux, les achats,
en un mot sur tout ce qui peut concerner notre établisse-
ment, sans distinction de sections, ils prendront naturellement
à l'ensemble de l'administration un intérêt solidaire et d'autant
plus vif qu'ils y seront plus intimement associés.
Il ne fallait pas compliquer les rouages : aussi , prévoyant le
cas oîi un ou deux sous-directeurs ne pourraient prendre part à la
délibération, nous avons admis le directeur à délibérer avec
deux au moins des sous-directeurs , en lui accordant , en cas de
partage, voix prépondérante; privilège dont le bon accord
entre collègues rendra certainement l'usage inutile.
Ce mécanisme est beaucoup trop simple pour affecter l'initia-
tive et l'action du directeur. Dans le concours même des sous-
directeurs, il trouvera, au besoin, un point d'appui et une
force de résistance que l'on n'a pas toujours seul dans les circons-
tances délicates oii l'on est exposé à froisser des intérêts ou des
RAPPORTS. 73
susceptibilités. Cette garantie , fort importante dans la pratique ,
manque dans notre règlement , qui a le tort de trop découvrir
la personne du directeur. Nous avons donc essayé de la cons-
tituer en établissant une direction oii la puissance collective se
combine avec Inactivité individuelle.
Si vous admettez , Messieurs , le nouvel article 20 , il de-
viendra nécessaire de modifier aussi l'article 19 : « Les pièces
justificatives, dit cet article, doivent être signées.... par
le directeur du musée et par le conservateur de la section lorsqu'il
s'agit du musée. » — Comme il n'y aura plus , du moins sous
cette dénomination , de conservateurs de section , et qu'il y aura
des sous-directeurs, il convient d'appropier le texte de l'article
à ce changement.
Mais la Commission s'est demandé si la signature seule du
directeur du musée ne suflirait pas, quand l'article 19 se
contente de la signature du secrétaire général ou du secré-
taire-archiviste. Elle a pensé que c'était une garantie suffisante ,
alors surtout que désormais tout sera fait en conséquence d*une
délibération prise par le directeur et les sous-directeurs. Elle
propose donc de supprimer purement et simplement ces
mots : « Et par le conservateur de la section ù.
Aux observations que nous avons eu l'honneur de vous
présenter nous ajouterons cette seule réflexion : c'est qu'il
appartiendra aul honorables directeurs que vous aurez nommés
de prouver, comme leurs devanciers l'ont déjà fait, que les
règlements, si imparfaits qu'ils puissent être dans leurs
dispositions écrites, peuvent devenir meilleurs dans l'exé-
cution , suivant les hommes qui sont chargés de les appliquer ,
et cette réflexion contient tout à la fois des remercîments
pour le passé, des espérances pour l'avenir.
RAPPORT
SUR LB PROJET DB PUBLICATION
DES REGISTRES CONSULAIRES
DE LA VILLE DE LIMOGES ,
LU PAR M. t RUBEN
A L.A s ÉANGE D U 20 AOUT 1865.
Messieurs ,
La Commission que vous avez nommée à la dernière séance
a examiné avec attention ce qu il conviendrait de faire pour
la publication des Registres consulaires déposés à la bibliothèque
publique.
Ces Registres , qui forment trois gros volumes in-folio, con-
tiennent , année par année , Thistoire politique , civile et reli-
gieuse non-seulement de la ville de Limoges , mais encore de la
province du Limousin , pendant une période de près de trois
cents ans , c'est-à-dire pendant les xvi* , xvii* et xviir siècles.
Le premier volume part de Tannée 4 504 , et va jusqu'à Tannée
1584 ; il contient 464 feuillets.
Le second, qui ne contient que 239 feuillets, raconte les
événements accomplis de 1 592 à 1 662.
Le troisième, de 411 feuillets, comprend, sauf quelques
lacunes, notre histoire à partir de Tannée 4662 jusqu'à
Tannée 4794.
Votre Commission a tout d'abord reconnu que , dans l'intérêt
des études historiques , il est utile et urgent de livrer à la
publicité des manuscrits qui , quoique surveillés avec le plus
RAPPORTS. 75
grand soin , sont soumis à toutes les vicissitudes de ce monde.
Elle s'est ensuite posé diverses questions que je vais vous faire
connaître.
Et d'abord , plusieurs des pièces contenues dans les Registres
consulaires ayant été reproduites soit dans le Limousin historique
de nôtre regretté collègue M. Achille Ley marie, soit dans
diverses autres recueils , doit-on se borner à ne donner que les
' parties complètement inédites ?
Votre Cpmmission a pensé que , les Registres consulaires n'étant
qu'une sorte de journal , on s'exposerait , en omettant certains
faits , à briser le lien des événements ; elle a pensé en outre que les
exemplaires des différents recueils oîi ces pièces ont été pu-
bliées, et peut-être inexactement reproduites, sont nécessairement
en petil; nombre, et disparaissent de jour en jour; que par
conséquent il serait très-difflcile , quelquefois même impos-
sible , de se procurer les pièces omises dans la publication que
vous vous proposez de faire , et elle conclut à ce que les
manuscrits soient donnés in extenso.
Après avoir décidé la reproduction complète des Registres
consulaires , votre Commission s'est demandé si cette reproduc-
tion devait être scrupuleuse , sous le rapport de l'orthographe
bien entendu. Après discussion , on a reconnu que, dans l'igno-
rance oii l'on se trouve des véritables règles orthographiques de
l'époque, il convenait de conserver aux Registres leur physio-
nomie pittoresque , et de se borner , pour faciliter la lecture du
texte , à rétablir la ponctuation , les abréviations , et à accentuer
les voyelles suivant les règles actuelles. Toutefois, quant à
l'accentuation, il serait peut-être prudent d'étudier plus
mûrement la question (4).
Enfin , pour compléter ce qui a trait à la i^édaction , il a été
décidé que, tout en conservant aux Registres consulaires leur
Intégrité et leur physionomie , de manière à donner au public
une sorte de fac-similé de ces Reg istres , il serait de temps en
temps indispensable de joindre au texte quelques notes expli-
catives , soit historiques , soit grammaticales. Aussi votre Com-
mission vous propose de donner h ce sujet plein pouvoir à la
Commission : soyez sûrs qu'elle n'abusera pas de cette liberté.
Arrivons maintenant au mode de publication. Votre Com-
(1) Le Comité de publication a décidé depuis qu'il n*y avait pas lieu
de rétablir raccentuation.
76 RAPPORTS.
missîoa s'est appliquée à concilier deux intérêts : 4» le droit
des abonnés au Bulletin ; 4° le droit de ceux des membres de
la Société qui pourront produire des travaux jugés digues
d'être publiés.
Il ne faut pas se dissimuler que , si de nouvelles recrues nous
permettent d'espérer, dans un temps peu éloigné, assez de bons
travaux pour alimenter notre Bulletin , la mort nous a enlevé
une partie de nos membres les plus actifs et les plus distingués ;
de sorte que nos provisions sont actuellement épuisées , et que
nous vivons au jour le jour. Cependant il faut produire tous
les ans un^volume : nos membres titulaires et surtout nos mem-
bres correspondants y ont droit. Voici donc la combinaison que
votre Commission croit devoir vous proposer.
On continuera à donner chaque année le nombre de feuilles
d'impression dont se compose ordinairement notre Bulletin;
mais le volume sera divisé en deux parties ayant chacune un
titre et une pagination spéciale. La première partie sera réservée
aux mémoires , documents divers , nouvelles scientifiques ,
procès-verbaux, etc., absolument comme il a été fait jusqu'à
ce jour ; la seconde sera tout entière consacrée à la repro-
duction des Registres consulaires. Chacune de ces parties ne
formera nécessairement pas un volume tous les ans ; mais
le Comité de publication s'arrangera de manière à pouvoir
donner tous les deux ans un volume pour le Bulletin et un
volume pour les Registres consulaires.
Ce dernier volume aura, comme je l'ai dit, son frontispice
et sa pagination distincte. Il sera publié par une Commission
spéciale , sous la direction de celui que vous jugerez le plus
digne. Les noms des collaborateurs seront inscrits en tête de
l'ouvrage. Votre Commisssion a jugé qu'il était convenable de
ne pas faire d'exclusion , et d'appeler h elle tous les membres
de la Société résolus à donner un concours efficace à l'œuvre
commune. Il fout avant tout des lecteurs et des copistes : le
travail manuel est considérable, et nous sommes convaincus
que l'on ne ^ fera inscrire que si l'on se seùt le courage de
travailler.
En faisant de cette publication une œuvre collective, votre
Commission a pensé que c'était le seul moyen de la rendre
active et durable. Les travaux de cette nature , entrepris par
une seule personne, sont exposés à être retardés ou arrêtés
par l'absence , la maladie ou la mort de Téditeur. D'un autre
RAPPORTS, 77
côté I les Registres consulaires, déposés à la Bibliothèque publique,
sont toujours à la disposition de tous; de sorte que le travail
sera toujours possible, et pourra se poursuivre sans interruption ,
quand bien même des événements imprévus viendraient à nous
priver de quelqUes-uns de nos collaborateurs.
Votre Commission vous propose donc de décider la publica-
tion des Registres consulaires dans la forme et sous les conditions
ci-dessus énoncées.
rw^rWV^WVWWX ^rf"«»>«»
RAPPORT
SUR LBS TRAVAUX EFFECTUÉS ET LES DÉPENSES FAITES
POUR LA RÉORGANISATION DU MUSÉE,
LU PAR X. ADRIEN DUBODCHÉ
A LA SÉANCE DU 26 DÉCEMBRE 1865.
Messieurs ,
Lorsque, sur la proposition de M. Ruben, voua décidâtes qu'il
y avait lieu de modifier Torganisation du musée; lorsque le
projet de règlement proposé à ce sujet par une Commission
spéciale fut adopté y et que nous eûmes Thonneur d'être nommé
à la direction de ce dépôt , nous crûmes comprendre que le
désir de la Société était de nous voir agir énergiquement , dé-
truire les abus et suivre le mouvement intellectuel qui s'affir-
mait autour de nous d'une éclatante manière.
Dans cette pensée, nous prîmes notre tâche à cœur. Nous
étions entoura de difficultés de toutes sortes ; mais nous nous
78 RAPPORTS.
sentions forts de notre bon vouloir d'abord , ensuite et surtout
de votre bienveillant appui.
Vous sembliez nous dire : Allez ! Nous nous sommes mis à
rœuvre.
La première difficulté qui se dressait devant nous était
relative au local du musée. Depuis bien des années , Texistence
même de ce local semblait menacée , et Ton s'attendait à un
prochain déménagement; ce qui paralysait toute velléité de
réforme et les élans de la générosité publique et privée. Nous
recevions peu du gouvernement , encore moins des particuliers,
sous réternel prétexte d'un manque d'espace.
D'un autre côté , les hommes de goût ne nous épargnaient
pas leurs critiques à propos de l'entassement pittoresque des
divers objets du musée. Bien des fois on avait essayé de porter
remède à cet état de choses, et M. Ruben avait souvent, à
propos de la création d'un musée céramique, demandé que, au
moyen d'une large ouverture cintrée, on agrandît le local en y
joignant la salle des séances; la question n'était pas encore
résolue lorsque furent nommés les nouveaux directeurs du
musée.
A ce moment, l'existence du bâtiment dans lequel il se
trouvait semblait ne plus tenir qu'à un fil : dès le commen-
cement de Tannée , le Conseil général avait approuvé le projet
d'échange conclu entre M. le maire de Limoges et M. le préfet
de la Haute- Vienne , et décidé qu'il serait construit un nouvel
hôtel de préfecture sur les terrains de la place d'Orsay.
En conséquence de ce projet, le bâtiment dans lequel nous
nous trouvons devait être rasé afin de dégager l'église de Saint-
Michel.
Cependant des difficultés administratives surgissaient rela-
tivement à ce projet ; le courant de l'opinion publique semblait
changer sa direction.
Votre Commission , l'histoire h la main -, se demanda si le
provisoire n'est pas très-souvent ce qui dure le plus, et si le
statu quo ne pouvait pas subsister encore quelques années ; puis ,
après avoir attentivement examiné quelle pourrait être la dépense
à faire pour une installation convenable du musée dans le
local actuel et la création d'un musée céramique, et avoir
trouvé qu'en aucun cas cette dépense ne serait bien considérable,
elle se dit qu'il était urgent de donner satisfaction non plus
seulement à la curiosité des visiteurs du dimanche , mais au
RAPPORTS. 79
besoin intellectuel des masses ; qu'il fallait faire résolument un
premier pas dans les réformes; que les résultats artistiques
seraient bons , quels que fussent les résultats financiers.
Cela posé , elle trouva que le projet d'annexé , émis si souvent
par M. Ruben, n'était pas assez radical , et qu'il fallait, en un
mot, aflTecter au nouveau musée tout le local dont nous pourrions
disposer. Nous avons agi d'après ces idées : vous avez, Messieurs,
le résultat sous les yeux.
Notre pensée dominante a été la création de ce musée céra-
mique constamment réclamée depuis dix-huit ans et constam-
ment ajournée. Nous avons cru que ce musée devait être tout à
la fois une partie de nos archives historiques et le conservatoire
de notre industrie porcelainiëre ; mais pour cela il ne fallait pas
le confondre avec les autres objets artistiques , scientifiques et
historiques : il fallait qu'il eût une existence à part : une salle
spéciale devait donc lui être destinée.
C'est c^que nous avons fait en empiétant un peu sur le grand
salon. Ce musée n'^st certainement pas bien vaste , mais enfin
il nous permet d'atteildre des temps meilleurs, quoique ce-
pendant , grâce à l'empressement des fabricants de Limoges et
de Paris, les vides se remplissent avec une grande rapidité.
Nous serions ingrats , Messieurs , de ne pas signaler en passant
les personnes intelligentes et généreuses qui se sont empressées
de concourir à l'œuvre commune.
C'est donc avec une profonde gratitude que nous remercions
de leurs splendides envois MM. Ardant et C'* , Gibus et C'« ,
Jouhanneaud et Dubois j Faure, Thomas et C'*. Nous exprimons
aussi notre reconnaissance à MM. Âlluaud aîné, Chabrol et
Toustain , Guerry et Delinières , Haviland , Julien , Latrille et
Jean Pouyat des promesses qu'ils ont bien voulu nous faire.
Mais, de même que l'industrie porcelainiëre ne peut se
développer sans le secours d'écoles fortement constituées, de
même elle ne peut vivre sans l'attentive étude des œuvres de la
peinture. C'est pourquoi nous avons réservé, à la suite du
musée céramique , le grand salon libre de tout obstacle. Il est
uniquement affecté aux tableaux , et est disposé de manière à ce
que toutes les toiles puissent être commodément examinées.
Un règlement intérieur permet aux artistes de venir les copier
tous les jours, sauf le dimanche, réservé au public. Cette
mesure a déjà produit de bons résultats et quelques artistes sont
déjà au travail , malgré la rigueur de la saison. *
80 RAPPORTS.
Nos médaillers ont été réunis dans la salle actuelle de nos
séances; Thistoire naturelle a son cabinet attenant à la même
salle; les pierres sculptées et les inscriptions sont restées
où elles étaient précédemment; enfin nous avons cherché à
mettre de Tordre, et nous sommes heureux de voir que nos
salons peuvent encore recevoir bien des richesses.
Telles sont, Messieurs, les réparations que nous avons cru devoir
faire. Arrivons maintenant à la partie budgétaire de cç rapport.
Il résulte du mémoire fourni par M. Bignaud , entrepreneur ,
que la dépense totale faîte pour les réparations s'élève à la
somme de 3,231 fr. 02 c.
Pour pay^r cette dette , car nous ne l'avons pas encore payée ,
nous avons :
4 * Du Conseil général , pour 4 866 : fr. c.
Allocation annuelle 500 »
Allocation supplémentaîre'pour le musée céramique 400 »
2« Du Conseil municipal , pour 4866 :
Allocation annuelle 400 »
Allocation supplémentaire pour le musée céramique 2,000 »
Total 3,300 »
D'oîi un excédant de recettes de 69 fr. 98 c.
Ce n'est pas tout. Comme le musée n'a pas fait d'achats cette
année ni même l'année précédente ; que les autres dépenses de la
Société ont été restreintes , il se trouve que nous avons actuelle-
ment, c'est-à-dire en 1865, un encaisse de 2,336 fr. 85 c. , et,
selon les prévisions de M. le secrétaire-trésorier , les recouvra
ments qui restent encore à faire couvriront amplement les dé-
penses ordinaires, fr. c.
Ajoutons à cette somme celle de. 69 98
Nous aurons l'année -prochaine , toutes les dépenses
du musée payées , un encaisse de 2,336 »
Total 2,405 98
Vous le voyez , Messieurs , malgré les frais de réorganisation
qu« nous avons cru devoir faire pour l'honneur de la Société qui
en a pris l'initiative, et grâce au concours bienveillant du Conseil
général , et surtout grâce à la générosité éclairée du Conseil
municipal, notre situation financière est satisfaisante. Nous
serions heureux que vous voulussiez bien donner votre appro-
bation à tout ce qui a été fait en votant pour la création du
musée le crédit nécessaire de 3,231 fr. 02 c.
RAPPORTS. 81
C'est la première fois , Messieurs , que je suis appelé à Thon-
neur de vous présenter mon rapport : je serais heureux que vous
voulussiez bien en agréer les conclusions, et je vous remercie
d'avance de m'avoir mis en position de faire le bien. Je remercie
également mes collègues , avec lesquels je n'ai eu que des rela-
tions pleines de bienveillance , et qui m'ont prêté un si utile con-
cours. Enfin je terminerai , ou plutôt nous terminerons en vous
donnant l'assurance que la nouvelle administration fera tout
pour se montrer digne de la confiance que vous lui avez té-
moignée.
NÉCROLOGIE.
M. François Alluaud aîné , président honoraire de la Société
Archéologique et Historique du Limousin, est décédé le 18 fé-
vrier 1866 , à Tâge de quatre-vingt-huit ans.
Les lecteurs du Bulletin apprendront avec plaisir que notre
collègue M. Othon Peconnet s'occupe de recueillir des matériaux
pour la biographie de M. Alluaud, et qu'il espère donner
lecture de son travail à une des prochaines séances de la Société.
Qu'il nous soit permis , en attendant , de rappeler en peu
de mots les titres de cet homme éminent au souvenir de ses
concitoyens.
On sait quelle puissante impulsion M. Alluaud donna dans
sa jeunesse à la fabrication de la porcelaine , et quels progrès
fit faire à cette industrie son habileté manufacturière jointe à
ses vastes connaissances scientifiques : aussi ne tarda-tr-îl pas
à attirer sur lui l'attention de tous.
Membre de la Société d'Agriculture , des Sciences et des Arts
depuis son rétablissement dans les premières années de ce siècle ,
il fut , bien jeune encore , l'un des secrétaires généraux de cette
Ck)mpagnie , et , après quarante ans d'exercice , il en devint le
président. En acceptant ces fonctions , il en assuma toutes les
charges , dont il s'acquitta avec autant de zèle que de capacité.
Les Bulletins de la Société contiennent de lui une foule de
travaux dans lesquels on ne peut s'empêcher de reconnaître
une haute intelligence des besoins du pays.
Mais depuis quelques temps le développement que prenait
l'agriculture dans notre contrée forçait les membres de l'ancienne
NÉCROLOGIE. 83
Société à restreindre le cercle de leurs études , et à ne s'occuper
que de questions purement agricoles. M. Morisot , alors préfet
de la Haute-Vienne , comprit qu'il devait y avoir place à
Limoges pour des travaux de différents ordres : il fit appel aux
hommes de dévoûment , et , en 1845, la Société Archéologique
et Historique du Limousin fut fondée. Ancien maire de Limoges,
membre du conseil général de la Haute- Vienne, correspondant
de plusieurs sociétés savantes , M. Alluaud en fut élu président.
Son travail sur les vases murrhins , qu'il publia , en 1846 , dans
notre Bulletin , fait regretter que ses occupations ne lui aient
pas permis de faire davantage, pour cette publication.
A la même époque fut créé le Musée de Limoges , expression
du mouvement intellectuel de notre province. M. Alluaud en
fut un des plus généreux donateurs.
On n'a pas oublié que ce fut lui qui occupa le fauteuil de la
présidence aux Congrès scientifiques qui eurent lieu à Limoges
en 1847 et en 1859 , et que là, comme à la Société d'Agricul-
ture et à la Société Archéologique , il traita avec talent toutes les
questions que la spécialité de ses études lui permit d'aborder.
Chevalier de la Légion-d'Honneur depuis plusieurs années ,
M. Alluaud fut créé ofllcier à la suite de Texposition de Limoges
en 1858.
Le vide que laisse notre savant Confrère sera difficilement
comblé. En attendant le travail de M. Peconnet , nous résume-
rons la biographie de M. Alluaud en deux mots : il fut homme
de mérite et homme de bien.
LISTE
Des dons faits au Musée et à la Bibliothèque de la Société
pendant l'année 1865.
DONS FAITS AU MUSEE.
DONS DE S. M. l'empereur.
Sn pénitence , tableau par M. Lobrichoo.
Les bords de la Creuse à Oargilesse, tableau par M. Castan.
DONS DIVERS.
Par M. Lanxade, pharmacien : un pic-^pêche en peau.
Par M. le docteur Gaudeix-Laborderib : une hache gauloise et minerais.
Par M. Stender: un billet delà Banque autrichienne, 10 kreutzers.
Par M. Justin Lépinard :
1«» Une buse ;
2» Un geai ;
3° Une perdrix rouge;
4» Une chouette.
Par M . Bourgoin-Mélïsse , un morceau de bois sculpté,
Pierre de jaspe talcaire susceptible d'être polie, trouvée k Sain t-Gervais
(Savoie), et donnée par M. Chalus, conseiller près la Cour impériale de
Limoges.
Par M. Chiboys, architecte : un chapiteau.
Par M. Acault (Ed.) , confiseur : deux bengalis ; — une pie (variété).
Par M: Betoulle : un Christ en hois , trouvé au château de Montaig-u
(Creuse).
Par M. Rage (Léonard) : cinq pièces de monnaie.
Par M. Montaudon (Alexandre) : une couleuvre.
Par M. Maquart : Vue d^une ruine des Jacobins de Limoges,
Par M™* veuve Vacherie : une chouette empaillée.
Par M. E. Fournier, photographe : une tue de Vincendie du ;5 aoiU 1864.
DONS FAITS AL MISEE ET A LA BlBLIOTllÈQLE. 85
DONS FAITS AU MUSEE CKRAMIQUE.
Par M. Ardant (Henri) : une écueîle , fabriquée par Baignol , h La Seynie
(près Sa,int-Yrieix) Tan iv de la république ; — une écuelU et son couvercle.
Par M. Paul Besse : une tasse et sa soucoupe (fabrique Baignol).
Par M. Latrille, à Solignac : le buste oi porcelaine de Mgr Du Bourg, .
Par M. RouARD Dfî Card : une tasse et sa soucoupe.
Par M. TixiER. architecte : \in^ petite plaque otale porceïaiîie (un bergère
Par M. Baignol cadet : une carafe œuf, fabriquée en 1806 par
M. Etienne Baignol , et décorée par le donateur.
Par M.Cheygurat (Eugène) ; cafetière %i assiette creuse décorée, marquées^
C. I). , provenant de la Manufacture rojale de Limoges.
Par MM. Jouhanneaud et Dubois : deux aiguières florentines; — \inpot
à bière flamand.
Par MM. Henri Ardant et Gî« : divers objets qui seront ultérieure-
ment désignés.
MM. GiBOS et 0« : divers objets qui seront ultérieurement désignés.
86 DONS FAITS AU MUSÉE ET A LA BIBLIOTHÈQUE.
OUVRAGES OFFERTS A LA BIBLIOTHÈQUE DE LA SOCIÉTÉ.
Découtertes et conquêtes du Portugal dans les deux Mondes, Par M. le
baron Edouard de Septenville. — Paris , E. Dentu , 18Ô3. — In-18. —
DoQ de Tauteur.
Victoires et conquêtes de V Espagne depuis l'occupation des Maures jusqu'à
nos jours. Par le même. — Paris, Ferdinand Sarlorius, 1862. — In-8. —
Don de l'auteur.
L'intention de V Angleterre «il863. Par le môme. — Pam, E, Dentu, 1863.—
In-8 de 42 pages. — Don de Tauteur.
Comment la Russie et la Perse peuvent anéantir Vinjluence anglaise en Asie.
Par le même. — Paris, Librairie centrale, 1863. — in-8de 16 pages. — Don
de Fauteur.
Bappott au nom de la Commission des antiquités de la France, Par
M. B. Hauréau, 1864. — In-4. — Don de Tauteur.
Inscriptions du musée de Narbonne, — Brochure de 30 pages Par
M. TouRNAL. — Caen, A. Hardel, 1864. — In-8. — Don de Tauteur.
Allocution prononcée par M. Gustave Babdy au concours du comice de
V Isle-^ourdain , le 4 septembre 1864. — Une brochure de 8 feuilles in-8. —
Don de l'auteur.
Société des Antiqmires de l'Ouest : Rapport sur les travaux de la Société
pendant 1863. Par M. Ménard, secrétaire. — Brochure de 12 pages in-12.
— Don de l'auteur.
Discours prononcé par Sofi Exe. M. le ministre de l'Instruction publique à
la réunion des Sociétés savantes . le 22 avril 1865. — In-4 de 12 pages.
M. Maximin Deloche : Descriptions des monnaies mérovingiennes du Li-
mousin. — Paris, 1863. — In«8. — Don de l'auteur.
M. Maxlmin Deloche ; Etudes sur la géographie historique de la Gaule, et
spécialement sur les divisions territoriales du Limousin au moyen âge, --Paris ,
imprimerie Impériale, 1864. — ln-4. — Don de l'auteur.
De l'utilité des documents originaux en matière héraldique. Par M. A.
DuLEAU. — Paris , Dumoulin , 1864. — In-8 , brochure de 48 pages. — Don
de Tauteur.
Les archives départementales eSfiommunàles. Par Gustave Saint-Joannt,
avocat. — Paris , Paul Dupont. — In-8 , brochure de 12 pages. — Don
de l'auteur.
Bernard Palîssy, sa vie et ses œuvres. Par M. F. de Lasteyrie. — 1865.
— Don de l'auteur.
M. B. Haurbau : Rapport au nom de la Commission des antiquités de la
France. — In-4. — Don de l'auteur.
Notice sur un sceau peu connu de l'ancienne église collégiale royale de Saint-
Aignan d'Orléans. Par M. Vergnaud-Romagnési. — Orléans, 1865. — In-8 ,
brochure de 8 pages. — Don de l'auteur.
DONS FAITS AU MUSEE ET A LA BIBLIOTHÈQUE. 87
Recherches sur V origine des armoiries. Par M. le vicomte de Juillac-
ViGNOLES. — 1864, — In-4 de 3*2 pages. — Doq de l'auteur.
Catalogue des inscriptions du musée gallo-romain de Sens. Par M. G.
JuLLiOT. — Impr, de Ch. Duchemin (s. d.). — In-8 de 40 pages. — Don de
Tauteur,
M. A. DE Laporte : l» Un artiste du \u* siècle, Eligius Aurifaber, saint
Eloi, patron des ouvriers en métaux, — Librairie de L, Lffort (s. d.). — In-8.
— 2o Etudes archéologiques sur les familles du nom de La Porte, — Chez Dur-
moulin , lUfraire. — Paris, 1865.— Deux brochures in-8.— Dons de Tauteur,
LISTE
/ f
DES MEMBRES DE LA SOCIETE
POUR L'ANNÉE 1865.
BUREAU.
Pr^sideiU-n^. —U. Bobt de La Chapelle, O ^, préfet de la Haute- Vienne
Président-honoraire. — M. ALLUAUDaîné, 0 î^.
Président. — M. Bonnin , *|it.
Vice-Présidents. — MM. Larombière, î^ , Arbbllot.
Secrétaire général, — M. É. Ruben.
Secrétaire^liothécaire et archiviste, — M. Guillemot.
Secrétaire-trésorier, — M. F. Brisset.
MEMBRES DU CONSEIL.
MM. Tixier-Lachassagne, C^^, premier président honoraire.
Armand ^oualhibr , # , député au Corps législatif.
N
COMITÉ DE PUBLICATION.
Présidents. — MM. Alluaud, Maurice Ardant, Bonnin.
Secrétaire générât. — M. ft. Rubkn.
MM. Garriqou-Lagrange , Guillemot, Hervy et Larombière, *^'.
DIRECTION DU MUSÉE (1).
Directeur. — M. Dubouché (Adrien).
SauS'directeurs : MM. Maquart.
— Nivet-Fontaubert.
— Ruben (Emile.)
— LlNARD.
MM. MEMBRES RÉSIDANTS.
ÂLLÉLix (Joseph), négociant, k bre de T Institut des provinces et
Aixe. de plusieurs autres sociétés sa-
ÂLLUAUD , aine , 0 ^ , ancien maire vantes , président de la Société
de Limoges et membre du Conseil d'Agriculture de la Haute- Vienne,
généralde la Haute-Vienne, mem- Alluauo (Âmédée) , fabricant de
(1) Par ddciBlon du 26 mal 1865, le masëe a 4t4 réorganise, et le rote pour le renouTellenient
4ei membres de la Commission a eu lieu dans la séance du 30 Juin suiTant.
LISTE DES MEMBRES DE LA SOCIETE. 89
' porcelaine, secrétaire de la Société Ducourtieux (Henri), imprimeur-
des Amis des Arts du Limousid. libraire.
Arbellot, curé-archiprêtre de Ro- Du vert, de La Gabie, propriétaire.
chechouart, correspondant des Fayette père, architecte.
comités historiques. Fayette fils, architecte.
Ardant (Eugène) , imprîmenr. Ferru (Ftlix), artiste statuaire.
Ardant (Maurice), archiviste de la Fizot-Lavergne , avoué près la
Haute-Vienne, membre de la Cour.
Société impériale des Antiquaires Fontaneau, ancien officier de
de France. marine.
Ardant DU Masjambost, professeur Font-Réaulx (Théophile de), pro-
de peinture. priétaire, èiSaint-Junien.
Astaix, professeur à Técolede mé- Fougeras-Lavbrgnollb, adjoint au
decine. maire de Limoges.
Audouin (Joseph) , ancien maire de Fougères (Léopold) , directeur mé-
Limoges. decin de Tasile des aliénés.
Bardinet (Alphonse), avocat. Fournier, ^, conseillera la Cour.
Barny (Alexis) , professeur k l'école Fournier (E.). photographe.
de médecine. Garrigou-Lagrange, avoué.
Baron-Dutaya , à Bussière-Bofty. Grave (de) , propriétaire.
BoBY DE La Chapelle, 0 #, préfet Guillemot (Albert), rédacteur en
de la Haute-Vienne. chef du Courrier du Centre.
Bonneval (le marquis de) , C. ^ , Hbrvy (Emile) , notaire.
maréchal de camp. La Bastide (le baron Hubert de),
BoNNiN, ^ , inspecteur d*académie. #, capitaine d*état-migor.
BouRDEAU de Lajudie père, ancien Labonne (de), propriétaire, au
député. château de Montbrun.
BouRGoiN- MÉLISSE , propriétaire, Lamy de Luret (Edouard), banquier.
k SainWunien. Lansadb , agent-voyer.
Breuilh , avocat. LAROiiBiàRE , ^ , président de cbam-
Brissbt (Frédéric) . Juge au tribunal bre.
civil de Limoges. Laporte (Ernest) , négociant.
Brunbt (Joseph), ^, vice-président Leclbr (André), curé de Saint*
du tribunal civil de Limoges. Sympborien.
Buisson de Maveronier (Edouard). Lbmas ^filie) , professeur de rhéto-
Cbapoulaud (Roméo) , propriétaire. rique au 1 jcée.
Chapoulaud (Alfred) , imprimeur. Le Sage (Charles) , ingénieur civil,
Charrbirb (Paul) , organiste de la adjoint au maire de Limoges.
cathédrale. Linard (A).
Choppin d*Arnou ville, avocat gé- Maquart, propriétaire.
néral. Marpont (de) , receveur général.
Cluzelaud, architecte-adjoint de Nivet-Fontaubert, négociant.
la ville de Limoges. Noualhier (Armand), *, député
Dbbord (Gabriel) , négociant. au Corps législatif.
Depaye fils, pharmacien , à Saint- Péconnet (Othon), #, avocat,
Junien. maire de Limoges.
Dru (Aloïs) , pharmacien au Dorât. Pbrdoux (E.) . professe de modelage.
Dubois, fabricant de porcelaine, Pouyat (Emile) , '^ , négociant.
DuBOUCHÉ (Adrien) , négociant. RscuLès (François) , propriétaire.
90 LISTE DES MEMBRES DE LA SOCIETE.
Rbonault, *, architecte de la ville. Tandeau db Mabsac (rabbéj, cha-
ROGUES DE FuRSAC (Victor), avocat. BOine bonoraire.
RouGERiE (l'abbé) . professeur au Tarneaud (Firmln) , banquier.
petit-séminaire du Dorat. Tarneaud (Frédéric), propriéuire.
Ruben (Emile), conservateur de la Tixier-Lachassaone, C #, pre-
bibliothèque. mier-président honoraire.
Talabot (Auguste), 'f^, président Verqniaud (Léonce), négociant.
honoraire du tribunal civil de
Limoges.
MEMBRES HONORAIRES.
MM.
Cru VBILHIBR » 0 ^ , professeur à Técole de médecine de Paris.
De Mentque, ^ , sénateur, ancien préfet de la Haute- Vienne.
MoRisoT (Tiburce) , 0 ^ , ancien préfet de la Haute-Vienne, fondateur du
Musée.
Saint-Marc-Oirardin , 0 {j^ , membre de Tlnstitut.
MiONERET, préfet du Bas-Rhin.
Mgr Berteaud , évêque de Tulle.
Dalesme, 0 0^, général de division du génie.
MgrCoussEAUD, évêque d'Angoulême.
De Caumont, 0 ^ , fondateur de la Société Française , à Caen.
Michel Chevalier, 0 ^, sénateur, membre de Tlnstitut.
Le vicomte E. de Kerckove-Warbmt , président de la Société Archéolo-
gique de Belgique.
Le général de Montréal, G O {j$^ » sénateur.
Le comte F. de Lasteyrie , membre de Tlnstitut.
MEMBRES CORRESPONDANTS.
Bombal , à Argentat (Corrèze).
BONNAFOUX, conservateur de la bibliothèque de Guéret.
BONNéLiE (François) , bibliothécaire à Tulle.
BosviEUX (Auguste), archiviste à Agen (Lot-et-Garonne).
Cardaillac (le comte de) , chef de division au niinistère de la maison de
TEmpereur.
CoMBET, avocat, à Uzerche [Corrèze).
Cornudet (le vicomte Alfred de) , membre du conseil général de la Creuse.
CousTiN DE Manadaud (le marquis de) . au ch&teau de Sazerat.
Delochb (Maximin), ^, chef de bureau au ministère des travaux
publics.
Delor ^Firmin) , li Péronne (Somme).
Doelhac, directeur des mines de Montigné , à Laval (Mayenne).
DuLEAU, numismate , à Orléans.
Gay de Vbrnon (le baron) , chef d^escadrons au 2« régiment de chasseurs.
GARY (Charles), ^, préfet de la Corse, à AJaccio.
Grignard (Emile) , directeur du chemin de fer de Lyon h Sathonay.
JuoE (de Tulle), le docteur Louis-Théodore, Paris.
JuiLLAC (le vicomte Gustave de) , secrétaire de la Société Archéologique
du Midi t à Toulouse.
Labobdbrib, docteur-médecin , à Pompadour.
LISTE DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ. 91
Laoardb (Henri de) , docteur-médecin . à Confolens (Charente).
Laportb (Armand de) , aide-major de Tartillerie de la garde, à Versailles.
Larouvbrâde (de) , conseiller honoraire k la cour de Bordeaux , à Tulle.
Mandat de Grancet» capitaine adjudant-major au 5« chasseurs.
Nadaud (Léon), O ^, premier président honoraire de la cour de Gre-
noble, h Charvieux (Isère).
Nadault de Buffon, procureur impérial , k Rennes.
Nalbbrt . sculpteur, k VIsle-d'Espaguac (Charente).
Pkrathon (Cyprien), négociant, k Aubusson (Creuse).
Rancogne (Gustave de) , archiviste de la Charente, k Angoulême.
Renond (Kabbé), professeur au petit-séminaire d* A jain (Creu^:e).
Roy de Pierrbfittb (Fabbé) . curé-doyen de Bellegarde (Creuse).
SÉNEMAUD. archiviste du département des Ardennes, k Méziëres.
Septen VILLE (le baron Éd. de) . ch&teau de Lignières, par Poix (Somme).
Simon-Clément , procureur impérial k Auch (Gers).
Tandbau de Marsac, notaire, k Paris.
Thou VENIN , membre de la Société de Thistoirede France, k Paris.
Verneilh (Félix de) , au ch&teau de Puyrazeau par Nontron (Dordogne).
LISTE
DES SOCIÉTÉS CORRESPONDANTES.
Société Archéologique du Midi , k Toulouse.
Société Archéologique du Midi , k Montpellier.
Société Archéologique de l'Orléanais , k Orléans.
Société Archéologique de Béziers (Hérault).
Société Archéologique et d*Histoire de la Charente, k Angoulême.
Société d* Archéologie et d'Etudes scientifiques de Dragulgnan.
Académie d'Archéologie de Belgique , k Anvers.
Société des Antiquaires de l'Ouest, k Poitiers.
Société des Antiquaires de France , k Paris.
Société des Antiquaires de Picardie , k Amiens.
Société d*Émulation du Doubs, k Besançon.
Société d'Émulation de l'Allier, k Moulins.
Société d'Émulation , k Montbelliard (Doubs).
Société des Sciences naturelles et archéologiques de la Creuse , k Guéret.
Société des Sciences et Lettres de Blois (Loir-et-Cher).
Société des Sciences, de l'Agriculture et des Arts, k Lille.
Société des Sciences, Belles-Lettres et Arts du département du Var, k
Toulon.
Société Scientifique et Littéraire du Limbourg, k Tongree (Belgique).
Société Scientifique des Deux-Sèvres, k Niort.
Société de l'Histoire de France, k Paris.
9i LISTE I>£S MEMBRES DE LA SOClérÉ.
Commission historique du Cher, li Bourges.
Académie des Sciences , Belles-Lettres et Arts de Bordeaux.
Commission Archéologique de Maine-et-Loire , à Angers.
Société Académique de l'Oise, à Beauvais.
Société Littéraire et Scientifique de Castres {Tarn).
Société de TUnion des Arts, à Marseille.
Société Archéologique et Scientifique de Soissons (Ai.sne^.
Société H&vraise d'études diverses, au Havre (Seine-Inférieure).
Société des Sciences naturelles et historiques de l'Yonne, à Auzerre.
Société d'Histoire et d'Archéologie de Chalonnsur-Saône.
Société Savoisienne d'Histoire et d'Archéologie , kChambéry.
Société Archéologique de la province de Constantine.
Société Archéologique de la Touraine , a Tours.
Société Archéologique de Sens (Yonne).
Société Académique de Boulogne-sur^Mer.
Société des inscriptions funéraires et monumentales de la Flandre Orien-
tale (Gand).
Société d'Archéologie, Sciences, Lettres et Arts de Melun (Seine-et- Manie).
Société Polymatique du Morbihan (Vannes). .
Société Historique et Archéologique de Château-Thierry (Aisne).
TABLE DES MATIÈRES.
PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES.
Séance générale du 27 Janvier 1865 44
— du 24 février 1865 46
— du 31 mars 1865 48
— du 28 avril 1865 50
— du 26 mai 1863 51
— du 30 juin 1865 55
— du 25 juillet 1865 57
— du 29 août 1865 60
— du 31 octobre 1865 61
— du 28 novembre 1865 63
— du 26 décembre 1863 65
ANNEXE AUX PROCES-VERBAUX DES SÉANCES.
Rapport sur l'organisation du musée, lu par M. LAROMBiàRE dans
la séance du 26 mai 1865 67
Rapport sur le projet de publication des Registres consulaires de la ville
de Limoges , lu par M. E. Rubbn k la séance du 29 août 1865 74
Rapport sur les travaux effectués et les dépenses faites pour la réor-
ganisation du Musée» lu par M. Adrien Dubouché à la séance du
26 décembre 1865 77
MÉMOIRES.
L*abbé ârbellot. — Félix de Vemeilh , notice biographique 5
L*abbé Lecler. *- Monuments druidiques du Limousin et de la Marche 21
DOCUMENTS.
Alfred Chapoulaud. — Ddcuments relatifs h Thistoire du Limousin . . 92
TABLE DBS MATIÈRES. 95
Vidimns , sous les sceaux du chantre et de Tofflcial de Limoges , de
plusieurs lettres des rois de France Louis VIII et Louis IX, et des
rois d*Ângleterre Henri III et Edouard U', relatives aux privilèges
de la commune de Limoges ; titre communiqué par M. Ch. Nivbt-
FOKTAUBBRT 31
NÉCROLOGIE.
M. François AUuand aîné, président honoraire de la Société Archéo-
logique et Historique du Limousin 82
DONS FAITS AU MUSÉE ET A LA BIBLIOTHÈQUE.
Dons faits au Musée pendant Tannée 1865 85
Dons faits au Musée céramique 86
Ouvrages offerts à la bibliothèque de la Société 87
Liste des membres de la Société pour 1865 89
Sociétés correspondantes 02
Publications en debora du Bulletin*
Les Membres de la Société Archéologique recevront en même
temps que le présent Bulletin les feuilles 4 à 42 du T. P^ des
Registres consulaires de la viUe de Limoges, registres édités , sous
les auspices de la Société , par une Commission prise dans son
sein , et les demi-feuilles 40 et 41 du T. II du Nobiliaire.
BULLETIN
DE LA SOCIÉTÉ
ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE
DU LIMOUSIN
BULLETIN
DE LA SOCIETE
ARCHÉOLOGIQUE
ET HISTORIQUE
DU LIMOUSIN
TOME XVI
LIMOGES
CHAPOULAUD FRÈRES , IMPRIMEURS DE LA SOCIÉTÉ
Hue Montant-Manigne . 7
4866
L'ABBÉ DU MABARÈT.
L
Joseph du Mabaret naquit à Saint-Léonard , le 26 mars 1 697 ,
d'une ancienne famille bourgeoise de cette ville (1). Il était fils
d'Antoine Mabaret , sieur dudit lieu (2) , et de Françoise
Fargeaud.
Il fit son cours d'humanités au collège de Limoges , qui était
tenu alors avec tant d'éclat par les Pères de la compagnie de
Jésus. Nous avons retrouvé parmi ses manuscrits son cahier de
rhétorique et de poésie , qu'il avait fait relier avec soin. Ce cahier
IK)rte la date de 4742, et donne le nom de son professeur de
rhétorique , le P. Lenier»
En 4743, comme on le voit par plusieurs endroits de ses
ouvrages (3), il fut témoin oculaire des fouilles qui furent
exécutées, cette année-là ^ dans la place des Arènes, appelée
(1) « L*an susdit (1097) , le 26 mars , j*ai baptizé un fils {sic) né le jour
précédent d'Antoine Masbaret , sieur de Masbaret , bourgeois de cette
ville , et de demoiselle Françoise Fargeaud , sa femme , auquel on a
donné le nom de Joseph. Son parrain a été P.^oseph Mabaret # maître-
chirurgien du bourg de Sauviat , et la marraine , Marie Mazaureix ,
feimtne de sieur Arsène Fargeaud. — De Bruxelles , vicaire ». (22^-
fistns de la mmrie de êaint^Léonard.)
(2) Le Mabaret est une maison de campagne située k une Uene de
Saint-Léonard , dans la commune d*Bybouleuf. Ce domaine appartient
aujourd'hui k M. Anselme Mabaret du Basty, représentant de la branche
atnée de la famille.
(3) Mémoires pour servit à la/utvre édition du Dictionnaire dé Moréri,
ms. (Bibl.- dû LouVre) , articles Amphithéâtre, limoges; — Révision du
Dictionnaire de Tréwmx, ms., art. limoges.
6 l'abbé du mabaret.
aujourd'hui la place d'Orsay , du nom de l'intendant qui la fit
élever. Il remarqua en particulier les loges bâties de briques où
l'on enfermait les bêtes , puis l'enceinte de l'amphithéâtre , qu'on
appelait le Creux de l'arène, etc. Déjà ses goûts précoces pour la
science commençaient à se développer.
A la fin de ses études de collège (1743) , ses parents le pla-
cèrent au grand-séminaire d'Orléans , dirigé par MM. de Saint-
Sulpice (<). Un de ses manuscrits latins , qui traite « des Vertus
théologales », paraît avoir été écrit à Orléans en 4715.
Il s'attacha bientôt à la congrégation de Saint-Sulpice , de
laquelle Fénelon disait, à cette époque, sur son lit de mort :
« On ne peut rien voir de plus apostolique et de plus véné-
rable (2) ». En ni 8 il était au séminaire de Saint-Sulpice,
à Paris , et, cette année même , il entra dans les ordres sacrés (3).
Il avait fait avec les plus brillants succès ses cours d'hu-
manités , de philosophie et de théologie , et il donna dès cette
époque des preuves de cette ardeur infatigable pour le travail
qu'il, a conservée jusqu'à la mort. Si nous en jugeons par
quelques lambeaux manuscrits que nous avons retrouvés, son
Etude de la Mineure, c'est-à-dire sa préparation à la thèse qu'il
fallait soutenir pour obtenir le grade de licencié en théologie,
témoigne de la capacité du jeune étudiant et de la force
qu'avaient alors les études théologîques.
Le supérieur général de la compagnie tie Saint-Sulpice l'en-
voya en nso à Angers pour y professer la philosophie. Il n'avait
qtie vingt-trois ans , et déjà il révélait un talent précoce d'é-
crivain. Nous possédons un de ses manuscrits, de 36 pages,
daté du 6 janvier 1721 , dont voici le titre : « Lettre de M. du
Mabaret , professeur de philosophie à l'Université d'Angers ,
à M. *** {nom effacé) à l'occasion de la critique qu'il avait faîte
de ses cahiers sur la possibilité de l'état de pure nature ».
Le jeune professeur de philosophie remplit sa chaire avec
tant de distinction qu'il mérita d'être choisi pour professeur de
théologie au même séminaire. Il y fut long-temps chargé de la
direction des études, et il déploya tant de zèle et d'habileté qu'il
sut donner à l'émulation des séminaristes une nouvelle ardeur.
L'abbé Vitrac , à qui nous empruntons ces derniers détails ^
(1) L'abbé Vitrac, Feuille hebdom., 16 avril 1783.
"(2) Dernière lettre de Fénelon au P. Le Tellier, 6 janvier 1715,
*(3)'Titre clérical ms., 18 juin 1718.
L*ABfiÉ DU MABARET. 7
ajoute que <c Tabbé du Mabaret , par la régularité exemplaire
de ses mœurs et son amour pour l'étude , devint le modèle de
ses confrères , et qu^il en faisait déjà les délices par sa douceur
et l'aménité de son caractère (1] ». » Mais il est temps de parler
des ouvrages qu41 composa lorsqu'il était professeur h Angers.
II.
En 4125 (il avait alors vingt-huît ans) , il débuta dans la car-
rière de la publicité par uû « coup d'essai v qui semblait a coup
de maître ». 11 envoya aux Mémoires de Trévoux, — le recueil
périodique le plus savant de cette époque, — le plan d'un
ouvrage latin dont voici le titre : Verilaiis triumphus, seu Trac-^
iaius de vera religione : — Triomphe de la vérité , ou Traité de la
vraie religion.
Cet ouvrage était divisé en quatre parties : dans la première
il démontrait Texistence de Dieu , et s'attachait en particulier à
réfuter le matérialisme et le panthéisme de Spinosa : il écartait
de sa démonstration les preuves dites métaphysiques, que
Descartes a mises en honneur, et que d'autres philosophes
omettent comme trop subtiles ou peu concluantes; dans la
seconde partie , il établissait la vérité et la divinité de la religion
chrétienne , et résumait les arguments démonstratifs employés
par les apologistes du christianisme , tirant ensuite ses consé-
quences contre le déisme et les fausses religions ; la troisième
partie était consacrée à la divinité de l'Église catholique et à la
réfutation du protestantisme; enfin la quatrième partie était
dirigée contre le jansénisme , et traitait de l'autorité infaillible
de l'Église. On peut voir dans les Mémoires de Trévoux de
janvier 17â5 (2) un plan détaillé de cet ouvrage , que l'auteur
devait donner incessamment au public. Nous ne connaissons pas les
raisons qui ne lui ont pas permis de le publier. L'abbé Vitrac
dit que le manuscrit avait été déposé en 4783 à la bibliothèque
du séminaire de Limoges ; mais la révolution a passé là , et
nous ne savons ce qu'il est devenu.
Le résumé que l'auteur avait envoyé aux Mémoires de Trévoux
(1) FeuUU hebdm., 16 avril 1788. -^ Ân$uii. de la ffani^Vicnne^
14 Juillet 1812.
(2) Art. IX , p. 115-125.
8 l'aBBIÎ du MABARBt.
ne portait pas son nom ; Tabbé du Maba?et garda encore Tano-
nyme dans Un article qui parut Tannée suivante dans le même
recueil.
m.
L'édition si recherchée des œuvres de saint Cjrprien préparée
par les soins du savant Baluze était sur le point de paraître ,
en ^^2%f àTimprimerie royale, lorsque Tabbé du Mabaret fut
informé qu'on avait retranché du livre de l'Unité de V Église le
célèbre passag'e : Primalus Petro dalur ut Ecclesia una monstretur,
etc. ; — Qui cathedram Peiri , svper quam fundcda est Eccksia, deserit,
in Ecclesia se esse confidil ? — Persuadé que le passage était au-
thentique , Tabbé du Mabaret rédigea sur-le-champ une disser-
tion très-vigoureuse et très-savante pour en démontrer l'au-
thenticité. Cette dissertation parut dans les Mémoires de Trévowjo
dfU mois d'octobre \ 726. Elle fut communiquée avant l'impression
au cardinal Fleury, qui , après en avoir pris connaissance, la
fit examiner par des juges compétents. Sur le rapport qui fut
fait à Son Éminence, M. le duc d'Antin fut chargé de cette
affaire. Dom Maran, l'éditeur des œuvres de saint Cypxien,
reçut ordre de conférer à ce sujet avec M. l'abbé de Torgy ; la
conclusion fut que ce passage serait rétabli , ce qui fut exécuté
au moyen d'un carton. Baluze avait fait une assez longue note
pour appuyer son opinion : dom Maran l'abrégea.
La dissertation imprimée dans les Mémoires de Trévoua: a
pour titre : « Lettre d'un savant d'A... (d'Angers) aux auleur^s des
Mémoires de Trévouœ pour réclamer un passage important de saint
Çyprien prêt à être enlevé par de célèbres éditeurs (<) ».
Ce qui montre l'authenticité de ce passage de saint Cyprieu ,
c'est qu'il est cité comme étant de ce Père de l'Église non-
^leulement par des écrivains du xiv% du xii* et du xi* siècle (2} ,
mais encore par le vénérable Bède au vu* siècle , et , ce qui est
plus démonstratif , par le pape Pelage II , prédécesseur de saint
Grégoire le Grand , au vr siècle.
De pareilles autorités l'emportent assurément sur les quelques
. (1) Mmaire9,â4 Trévous^ , octobre 1726 , p.. X877.
(2) Au xiv« siècle, Pierre d'Ailly ; au xii», Gratien; ausPi Yvee 4e
Chartres.
l'abbé du mabaret. 9
manuscrits fautifs où le passage en question ne se trouve pas ,
et Ton n'a pas de manuscrits qui puissent se prévaloir d'une
pareille antiquité. .
La lettre de Tabbé du Mabaret eut donc le succès qu'elle mé-
ritait , et, plus tard, les Mémoires de Trévoux en ont fait mention
avec éloge (<). •
Mais cette lettre avait été rédigée à la hâte : Fauteur, jugeant
ce point de critique trop important pour n'être qu'ébauché,
Texamina de nouveau , le discuta à fond , et fit une dissertation
en règle sur ce sujet.
Puis , ayant eu communication de la note originale de Ba-
luze (2) où ce savant prétendait prouver la supposition de ce
passage de saint Cyprien , l'abbé du Mabaret apostîUa cette
note, et en fit une réfutation en latin sous ce titre : Primi-
genia Baluiii nota in hœc Cypriani primatus , etc. , censoria virgula
castigata. C'était un appendice de la dissertation précédente , et
il ajouta une seconde dissertation pour expliquer ce que saint
Cyprien entend par la primauté de saint Pierre, c'est-à-dire *
non pas une primauté de temps comme l'entendait le P. Har-
douin , mais une primauté de puissance et d'autorité.
Enfin il composa une troisième dissertation pour développer
ce que signifie, selon ce saint docteur, la chaire de saint Pierre,
c'est-à-dire non pas l'Église, l'épiscopat, mais le Saînt-Siége
apostolique.
L'auteur avait intitulé son travail : « Dissertations critiques,
historiques , dogmatiques , sur Tauthenticité et sur le sens de ce
passage de saint Cyprien : Primatus, etc., avec des remarques
sur la note originale de M. Baluze sur ce passage ».
Tout était prêt pour l'impression. Le censeur royal,
M. Masson, avait reconnu la solidité de l'ouvrage. Mais,
distrait par d'autres soins, l'auteur oublia insensiblement le
projet de faire imprimer son travail : il est- resté manuscrit.
L'abbé Vitrac dit qu'il fut déposé , après la mort de l'auteur,
dans la bibliothèque du séminaire de Limoges ; mais cette bi-
bliothèque n'a plus rien de ce qu'elle possédait avant la révo-
lution. Toutefois ce travail n'est pas perdu : M. Henri Mabaret
du Basty, petit-neveu de l'auteur, a donné cet ouvrage à
(1) Mémoires de Tré^tus, mars 1727, p. 520; — décembre 1728, p. 2291.
(3) Cette note n*a paru qu'en abrégé dans rédîtion des Œuvres de
saint Cyprien.
10 L ABBE DU MABARET.
M. Tabbé Tandeau de Marsac , qui a eu Tobligeance de nous le
communiquer (1).
IV.
Pendant qu'il était professeur de théolog'ie au séminaire
d'Angers , il composa en latin plusieurs ouvrag'es qui n'ont pas
été publiés : trois de ces ouvrages , que nous avons pu retrouver,
accusent dans leur auteur une vaste érudition et une étude ap-
profondie de la question qu'ils traitent.
<*» Le premier de ces ouvrages a pour titre : Sedes romana
erroris nescia, ex Matth., XVI, 48. — Il traite de l'infaillibilité
du Saint-Siège, démontrée par ce passage de l'Évangile :
Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église, etc.
L*auteur examine ce passage sous toutes ses faces , d'abord
relativement à saint Pierre (première partie de l'ouvrage) , et
ensuite relativement au Saint-Siège apostolique (seconde partie).
Dans cette dernière partie , l'auteur démontre que saint Pierre a
fondé l'Eglise romaine et l'a consacrée par son sang ; qu'à sa
mort le Saint-Siège romain a hérité des privilèges de Pierre.
Il prouve , à l'aide de ce passage , que le Saint-Siège ne faillira
jamais dans la foi; qu'il a reçu la primauté sur toutes les
Églises ; que ce Siège romain est indéfectible , parce qu'il est le
fondement de l'Eglise ; qu'il est le centre nécessaire de la com-
munion ecclésiastique et le lien de l'unité ; qu'il ne sera jamais
abattu par les puissances des ténèbres , et qu'au contraire il sera
le principal destructeur des portes de l'enfer.
M. l'abbé Tandeau de Marsac a eu l'heureuse chance d'a-
cheter, au poids du papier, chez un bouquiniste de Limoges, le
manuscrit de ce traité , petit in-folio de 656 pages.
L'auteur avait travaillé à cet ouvrage pendant cinq années ,
depuis 4723 jusqu'en 4728. Il eut la pensée de le dédier au Sou-
verain-Pontife, et , le 23 mars 4729, il écrivit d'Angers une
lettre dans laquelle, après s'être excusé sur la liberté qu'il
prenait de lui écrire , il s'exprimait en ces termes :
« Le zèle que j'ai pour la chaire de saint Pierre m'a fait com-
(1) L'exemplaire déposé k la bibliothèque du séminaire ar-t-il été
rendu a la famille ? ou n'était-il qu'une copie au net du manuscrit que
possède M. l'abbé Tandeau î C'est ce que nous ne saurions décider.
l'abbé du mabahet. 11
poser un livre sous ce titre : Sedes romana erroris nescia, ex
Malth., XVI , 48. Si je ne traite pas un si digne sujet comme il
mériteroit de Têtre , je puis au moins me rendre ce témoignage
que j*ai fait ce que j'ai pu. Depuis cinq ans que dure mon
travail, je n'ai rien épargné : veilles, peines, recherches,
conseils , j'ai tout mis en usage. Mon style peut-être ne paraîtra
pas à quelques-uns assez majestueux ; mais , pour les preuves ,
j'ose dire que tout le monde en sentira la force.
» Pour donner à Votre Sainteté quelque idée de mon travail ,
j'aurai l'honneur de lui dire que je ne cite pas moins de deux
cents passages des huit premiers siècles pour montrer que , par la
pierre dont il est parlé en saint Matthieu , chap. XVI, v. 48,
l'on doit absolument entendre le prince des apôtres ; ce qui est
le premier point que je me suis proposé de discuter (4). De là
Votre Sainteté peut aisément juger avec quel soin je traite mon
sujet.
» C'est principalement , Trè&5aint-Père , pour nos François que
j'ai entrepris cet ouvrage, persuadé qu'il pourroit leur être très-
avantageux dans un temps oii les novateurs font tous leurs
efforts pour rompre les liens sacrés qui les tiennent attachés au
Saint-Siège. Et , comme j'ai compris que j 'a vois bien des mesures
à garder dans l'exécution de mon projet , j'ai choisi si scrupu-
leusement toutes mes expressions, et j'ai rapporté tant d'au-
torités des plus zélés défenseurs des libertés gallicanes , que j'ai
tout lieu d'espérer qu'il ne se rencontrera rien dans tout mon
ouvrage qui puisse choquer le moins du monde la délicatesse de
nos magistrats.
9 Je n'ai pas voulu cependant le faire imprimer sans demander
auparavant à Votre Sainteté si Elle le trouveroît bon , n'ayant
rien de plus à cœur que de donner en toute occasion des marques
de mon profond respect pour la chaire de saint Pierre. C'est pour
cela , Très-Saint-Père , que je prends la liberté d'envoyer à Votre
Sainteté mon dessein détaillé : s'il ne lui agrée pas , Elle peut
compter que l'ouvrage ne verra jamais le jour ; que s'il a l'a-
vantage de lui plaire , ce sera pour moi le plus pressant motif
pour me porter à le rendre public. »
L'abbé du Mabaret avait adressé cette lettre au Souverain-
Pontife par Pintermédiaire du nonce à Paris. En écrivant à ce
(1) A notre avis , Tabbé du Mabaret s*était donné beaucoup de peine
pour prouver Tévidence. ,
12 LABRE DU MABARET.
prélat , il lui exprimait la crainte qu'on n'approuvât pas à Rome
le a tempérament » qu'il avait pris pour ne pas choquer les
libertés g^allicanes : « J'ai cependant quelque appréhension ,
disait-il , que te tour que je prends [sic] ne soit pas du goût du
Souverain-Pontife , ce qui me feroit beaucoup de peine. C'est
surtout par rapport à ce point que je prends la liberté de con-
sulter aujourd'hui Votre Excellence , très-disposé à suivre en
tout ses avis (4). »
Nous n'avons trouvé dans les manuscrits de l'abbé du Mabaret
aucune réponse du nonce apostolique. Nous doutons fort que
l'ouvrage ait été approuvé; toujours est-il qu'il n'a pas été
publié. Peut-être ce traité , très-savant du reste , ne parut-il pas
assez accentué dans le sens des doctrines romaines : la vérité
n'aime pas les « tempéraments ».
2** Un autre ouvrage latin, resté manuscrit, a pour titre :
De necessaria atm sede Pétri commtmione libri très : De la nécessité
détre en communion avec le Saint-Siégc. Nous avons découvert , au
milieu de vieux livres épars dans un grenier poudreux, un
exemplaire de cet ouvrage , tout chargé de ratures et de cor-
rections, qui nous a été donné par la famille Mabaret du Basty.
Cet ouvrage , terminé vers Tan 4734 , traite (comme le titre l'in-
dique) de la nécessité d'être en communion avec le Saint-Siège.
Dans le premier livre , l'auteur établit cette nécessité par diverses
preuves tirées des écrits des Pères et des nombreux monuments
de la tradition ecclésiastique ; dans le second livre , il déduit
certains corollaires de cette démonstration ; dans le troisième
livre , il résout quelques objections formulées par les ennemis du
Saint-Siège. Dans cet ouvrage , comme dans le précédent , on
trouve des citations nombreuses, empruntées aux Pères de
l'Église et aux écrivains ecclésiastiques, qui accusent chez
l'auteur une vaste érudition.
3* Un troisième ouvrage a pour titre : a De presbyterii romani
prœstantia et auctoritate : — De la dignité et de l'autorité du sacré-
collège des cardinaux. Un manuscrit de cet ouvrage a été acheté
par notre compatriote M. l'abbé Tandeau de Marsac, qui Ta
placé dans sa bibliothèque limousine (2).
Outre ces ouvrages , qui seront conservés , nous Tespérons ,
(1) Lettre du 29 mars 1729.
(2) Le manuscrit de M. Tabbé Tandeau a pour titre : Ik prttibyt^rii
romani in ecdesia regimine liber.
L*ABBË DU BIABARET, 13
r^ibbé Yitrao cite quatre autroô traités manuscrits qui avaient
$t^ déposés en 4783 à la bibliothèque du grand-séminaire de
Limoges, et qui sont vraisemblablement perdus : l"" Se<Us
romana erroris nescia ; eœ Luc, XXÏI : « Rogavi pro te, Petre, etc. » :
— VinfaiUibilUé du Saint-Siège démontrée par ces paroks de saint
Lvc : « Pierre, j'ai prié pour toi^ etc. » (cap. XXII) ;
%^ De genuina, Sedis apçstoUcœ notions : — Vraie notùm du Saint-
Siège apostolique;
3** la def de toutes les questions sur la Pâque ;
k"* Systime ancien et nouveau sur la prédestination et Véconomie de
la grdçe eocpliqué^ à la manière des géomètres (4 ).
V.
9
L'abbé du Mabaret était en correspondance avec quelques-uns
des savants les plus illustres de son époque , le P. Hardouin ,
dom Ceillier, etc. Un grand nombre de ses lettres ont été
perdues; toutefois nous en avons trouvé une qui nous paraît
digne d'être publiée : elle est du P. Longueval, le savant
auteur de Y Histoire de VÉglise gallicane.
Lorsque le P. Longueval fit paraître, en 1732, les deux pre-
miers volumes de son ouvrage , Tabbé du Mabaret fit des obser-
vations critiques sur la dissertation qui est au commencement
du premier volume,- et qui est relative à rétablissement du
christianisme dans les Gaules. Il lui reprochait entre autres
choses : 4 • de ne rien dire de nouveau , et de paraître avoir
copié le sîeur de Launoy et plus particulièrement encore la
préface de la nouvelle édition du Gdlia christiana, par le P.
(Denys) de Sainte-Marthe (4715, T. 1) ; 2« de mal poser Têtat de
la question : « // s'agit, dit le P. Longueval, de savoir si fe
christianisme a été établi dans les Gaules par les disciples des apôtres
dès le premier siècle de l'Église , ou si l'on doit différer l'époque de son
établissement jusqu'au milieu du m* siècle ». — « Qui peut nier en
effet , répond Tabbé du Mabaret , que le christianisme n'y fût
établi dès le second siècle de TÉglise? Qui doute que les Églises
de Lyon , de Vienne et d'autres encore n'aient été fondées pour
(1) L'abbé Vitbac , FeuHle hèbdom. , 16 avril 1763. — L'abbé Tandeau
possède encore quelques traités de tliéologie : De Deo , De Trinitate , De
Sœramentis in gmre , De Bucharistia.
14 iAbbé du mabaret.
le moins en ce siècle? Rien n'est plus certain dans l'hîstoîre
ecclésiastique : aussi personne n'a jamais avancé que la religion
chrétienne n'ait été établie dans les Gaules que vers le milieu
du m* siècle » : cette observation de Tabbé du Mabaret ne
manque pas de justesse ; 3" il prétendait encore que Touvrage
cité sous le nom de Lactance — De morte persecutorum — n'est
pas de cet écrivain ; 4^ il reprochait au P. Longueval de n'être
prs exact en ce qui concerne le pape saint Etienne et saint
Cyprîen de Carthage : « Saint Etienne , dit-il , monta sur la
chaire de saint Pierre le 3 mai 253 ; saint Cyprien lui écrivit
en 254; ils se brouillèrent en 256. Si cela est vrai, il y a trois
fautes en cet endroit. La lettre de saint Cyprien que Ton cite
ici est la 67* et non pas la'^68* ».
Il ajoutait quelques observations plus ou moins concluantes
sur le texte de saint Épiphane relatif à la prédication de
saint Crescent dans les Gaules. Il faut dire qu'il partageait sur
cette question les préjugés de l'école de Launoy, dont les discus-
sions contemporaines ont fait bonne justice à l'aide des do-
cuments découverts de nos jours.
L'abbé du Mabaret fit passer ces « Remarques » par l'entre-
mise de M. de La Blondinière, continuateur des Conférences
d'Angers , ancien élève du P, Longueval , qui était en corres-
pondance avec le savant jésuite. Le P. Longueval lui répondit
le 24 décembre 4732 :
« Je vous remercie des remarques que vous m'avez envoyées :
elles sont de bonne main , et je profiterai avec reconnaissance
de quelques-unes. Je crois pouvoir me justifier sur d'autres :
4° je puis certainement assurer que je n'ai pas copié la préface
du P. de Sainte-Marthe , parce que je ne l'ai jamais lue : ce
discours a été composé à La Flèche , où nous n'avions pas cette
édition du Gallia cliristiana , mais seulement celle de Messieurs de
Sainte-Marthe et de M. Robert; 2** depuis que M. Baluze a
donné au public l'ouvrage de Lactance De mortibus persectdorym,
tous les savants l'on reconnu pour être de cet auteur, et il ne
faut que le lire pour s'en convaincre , car l'ouvrage est dédié à
un saint confesseur qui avait souffert pendant les persécutions
et avant que Constantin eût donné la paix à l'Église ; 3® je n'ai
point prétendu rien dire de nouveau, mais j'ai trouvé un tour
nouveau pour concilier les différents sentiments , et d'habiles
gens m'en ont fait compliment : c'est en accordant quelque
chose aux uns et aux autres que j'ai tâché d'éclairer les diffl-
L*ABBK DU MABARET. 15
cultes. Quand je serai plus libre , je pourrai m'étendre plus au
long là-dessus et sur les autres points. Je suis cependant obligé
au savant qui vous a communiqué ces remarques. Je m'en
tiendrai à la maxime dont j'ai parlé dans ma préface : Refelli
sine iracundia, et nfeliere sine pertinacia (4). »
VI.
En 473S, l'abbé du Mabaret eut la douleur de perdre son
frère Joseph , qui était avocat au parlement. Les besoins d'une
famille privée de son chef le rappelèrent à Saint-Léonard. Il
sacrifia ses goûts pour la carrière qu'il avait embrassée ; il quitta
la compagnie de Saint-Sulpice et sa chaire de théologie à
l'université d'Angers pour aller au secours d'un neveu encore
enfant , à qui il fallait donner une bonne éducation.
Il fut pourvu à Saint-Léonard de la cure de Saint-Michel (2) ,
petite paroisse où le ministère pastoral , très-restreint , lui per-
mettait de se livrer à ses goûts pour Tétude. Nous trouvons un
acte manuscrit du mois de mars 4737 dans lequel il est
désigné comme curé de Saint-Michel. Mais laissons ici la parole
à l'abbé Vitrac :
« Pourvu dans sa patrie de la cure de Saint-Michel , Mabaret
fut le conseil, le confident, l'ami, le père de ses paroissiens.
Quiconque est passionné pour les sciences est presque toujours
modéré dans ses désirs. Ce très-petit bénéfice remplit ceux de
notre savant compatriote. 11 est à présumer que les distributeurs
des grâces ecclésiastiques , plus attentifs que lui-même à ses
intérêts, lui offrirent des places plus dignes de ses talents, et
(1) CiCBRO» lib. II, Ouest. Tuscul., init.
(2) La cure de Saintr-Michel était une petite paroisse située dans la
vîùe de Saint-Léonard. Les services religieux se faisaient , croyons-
nous , dans une chapeUe latérale de la nef de l'église , occupant rem-
placement de la sacristie récemment construite. Nous pensons que la
paroisse se composait des habitants d'un faubourg situé à Test de la
ville. La tradition de cette paroisse est presque perdue aujourd'hui.
Nous lisons dans une lettre adressée à l'abbé Tabaraud par M. du Basty,
maire de Saint-Léonard et petit-neveu de l'écrivain : « Cette x)etite pa-
roisse de Saint-Michel se composait d'environ cent habitants de la
classe la plus pauvre , et son revenu {le auuel sans doute) ne suffisait pas
pour Tentretien du pain et du vin de l'autel. » (6 janvier 1821.)
16 l'abbé mj MABARET.
que , coûtent de Talsajace qu'il trouvait au sein de sa famille , il
ne crut pas devoir les accepter (4 ). »
Pendant qu'il était curé de Saintr-Mlchel y il fit paraître daius
les Mémoires de Trévoux quatre 8avaQta articles que nous devcms
signaler :
1 <» Mémoire sur la vie et les ouvrages de messire du Plessis d'Ar-
gerUré, évéquede Tulle [V),
Dans cet article il fait la biog^raphie du savant prélat , et donne
un catalogue très-complet de ses ouvrages. Nous y avons re-
marqué les détails suivants : « A voir son assiduité à Tétude , on
aurait dit qu'il ne faisait qu'étudier, et que Tôter de là c'était
l'ôter de son centre et lui faire violence ; à voir le soin qu'il
prenait de son diocèse , on aurait cru qu'il ne faisait rien plus ,
et qu'il ne pensait pas môme à autre chose » (p. S3S).
« Tous les vendredis de Tannée , il faisait manger à sa table
un pauvre de Thôpital. Ce seul trait fait voir et le cas qu'il
faisait des misérables et jusqu'oii allait sa charité » (p. 234).
2"» Mémoires historiques sur la vie et les ouvrages de M. Vabbé
Babin, doyen de la faculté de théologie d'Angers (3).
L'abbé Babin est le principal auteur des Conférences d'Angers.
On lui doit les dix-huit premiers volumes de Tédition en gros
caractères de cet ouvrage de théologie, très-estimé et très-
répandu au dernier siècle,, et réimprimé de nos jours par
Mgr Gousset, archevêque de Reims. Le dernier ouvrage de
l'abbé Babin, Sur les Bénéfices , parut en 4734. Personne n'était
plus capable d'écrire la biographie du savant conférencier que
l'abbé du Mabaret , son collègue à Angers pendant quinze ans.
3" Réponse à un article des Nouvelles littéraires du journal de
Trévoux du mois d'octobre dernier (1745) , p. 4896.
Dans cet article (4) , l'abbé du Mabaret répond à un écrivain
anonyme d'Angers qui avait contredit quelques-unes de ses
assertions sur l'abbé Babin , et il ajoute de nouveaux traits qui
complètent la biographie de ce théologien célèbre.
4" Dissertation où Von examine de quel point les Israélites prenaient
(1) L'abbé Vitrac, Feuille hebdm., 16 avril 1793. ^ Àtmeleê de Ut
Saut^ Vienne, 14 juiUet 1812.
(2) Mémoires de Trétoux , février 1743.
(3) Ib,, octobre 1743,. art. LXXVII, p. 2575.
(4) /&., avril 1746, 2* vol., p. 917-929.
l'abbé du wabaret. 17
ù commencement de leurs jours au temps de VimtiivJLim de la
Pâque (1).
A quel moment de la journée les Israélites prenaient-ils la
commencement du jour de 24 heures? Était-ce à minuit, comme
nous le faisons? était-ce au lever ou b^m coucher du soleil?
question curieuse et pleine d'iptérôt, que Tabhé du Mabaret
traite dans cet article.
Il est certain que les jours de fête, chez les Juifs, commen-
çaient le soir, suivant les prescriptions mosaïques : A vespera
usque ad vesperam celebrabitis sobboLa vestra [Levit,, XXIII , 32); les
jours de la création commençaient le soir : a Et du soir au
matin se fit le premier jour » [Gen,, c. I). Comme les ténèbres
avaient précédé la lumière , la première nuit et le premier jour
artificiel composèrent le premier jour naturel.
Les prières , chez les Hébreux , commençaient le soir [Ps. LIV,
18); les jeûnes se terminaient au coucher du soleil [Judic, XX,
86 ; — II Reg., I, 12) ; les jours de fête allaient d'un goir à l'autre.
— Telles sont les savantes conclusions de cet article.
VII.
Lé travail le plus considérable auquel l'abbé de Mabaret stJ
soit livré pendant sa longue carrière c'est la révision , c'est-à-
dire la correction et l'augmentation du Dictionnaire historique d^
Moréri. On sait que ce Dictionnaire, composé d'abord de deu:?^
volumes in-folio, s'augmenta successivement dans les éditions
suivantes , données , après la mort de Moréri , par Jean Le Clerc ,
Dupin, etc. L'abbé du Mabaret collabora très -activement ^
l'édition de 1732, publiée en six volumes in-folio par l'abbé
Goujet, ainsi qu'aux suppléments de 1735 et 1749 que donna Je
même écrivain , et qui se composaient chacun de deux volumes
in-folio. On lit en effet dans l'article Moréri de la dernière édition
de ce Dictionnaire , revue et publiée par DroUet en dix volumes
in-folio : « M. l'abbé du Mabaret, curé de Saint-Michel de la
ville de Saint-Léonard , a aussi fourni des corrections et addi-
tions dont M. l'abbé Goujet a fait usage dans l'édition de 1733
et dans ses suppléments (2) ».
(1) Mémoires de Trévoua, octobre 1746, II» vol., col. 2248-2â75.
(2) IHclionnaire historiçve , éiVition 1759, art. Âloiéri,
2
18 l'abbé du MABARET ;
Il faut dire que Tabbé Goujet ne rendit pas justice à Tabbé du
Mabaret pour la savante coopération que celui-ci avait donnée
au Dictionnaire historique, et voici comment notre compati^ote
s'en plaig'nait dans une note manuscrite qui rappelle les fameux
vers de Virgile — Sic vos non vobis, — note qu'on trouve sur un
exemplaire du supplément de 4735 (4) :
a Les éditeurs de la dernière édition de Moréri et de ce sup-
plément ne m'ont guère rendu justice. J'ai fourni un nombre
prodigieux de corrections et d'additions, qui ont été insérées
mot à mot tant dans l'édition de 4732 que dans ce supplément,
et cependant dans la préface de l'édition de 4732 il n'est pas
plus fait mention de moi que si je n'avois en rien contribué à
sa perfection , et dans le supplément , pour tout tribut , on se
contente de me mettre le troisième et le dernier de ceux qui ont
communiqué leurs recherches sur les illustres d'Anjou , ce qui
n'étoit que la plus mince partie de mon travail. Ce n'est pas
bien agir. L'éditeur s'est acquis assez de gloire pour son travail
personnel sans dérober le peu d'honneur qui peut revenir aux
autres. t>
Malgré l'injustice qu'on avait commise à son égard , l'abbé du
Mabaret ne se découragea pas : il porta ses vues sur Tédition à
venir, et ne se proposait rien moins que la refonte de tout l'ou-
vrage. Il proposa ses vues à l'abbé Goujet, qui lui répondit,
le 49 décembre 4745 : « J'ai lu votre manuscrit. J'approuve
vos vues pour la perfection du Dictionnaire historique. Vous
démontrez la nécessité de la refonte de l'ouvrage; mais ma
Bibliothèque française m'occupe tellement que je ne croîs pas
pouvoir me charger de cette opération. En remettant votre ma-
nuscrit aux libraires , je les exhorterai h faire travailler sur ce
plan. » L'édition parut en 4759, par les soins de Drouet, en dix
volumes in-folio. Elle ne remplit pas les espérances de l'abbé du
Mabaret : il se dévoua à la révision de cet ouvrage. 11 y travailla
si assidûment, depuis 4763 jusqu'en 4773^ qu'il en rédigea les
articles par ordre alphabétique de manière à former six gros
volumes in -4. Son neveu, M. Jacques du Mabaret du Basty, les
remit cette année entre les mains de la veuve Desaint, dont la
librairie était si célèbre èi cette époque. Mais l'édition projetée
ne vit pas le jour.
(1) Cet exemplaire fait partie de la richô bibliothèque de M. Tabbé
Tandeau de Marsac.
L*ABBÉ DU MABARET. 19
Plus tard , le manuscrit de Tabbé du Mabaret fut acquis par
M. Barbier, bibliothécaire du roi , qui en publia plusieurs
articles [\) dans son Examen critique ou Complément des diction-
naires historiques les plus répandus, <" volume in-8 (le seul
paru) : Paris , juin 4820.
M. Barbier dit dans son introduction : « J'ai cru le moment
actuel favorable pour présenter les avantages et les incon-
vénients des Dictionnaires que je viens de passer en revue , à
commencer seulement par le Dictionnaire de Moréri , édition de
4759 : pour celui-là, les remarques seront moins de moi que
d'un homme qui a passé trente années d'une vie laborieuse à
l'examiner dans tous ses points , et qui est cité à l'article Moi^éri
pour les articles qu'il avait fournis précédemment à l'abbé
Goujet : cet homme est l'abbé du' Mabaret.... Ses remarques
manuscrites forment six gros volumes in- 4, d'où j'extrairai
seulement quelques passages relatifs à des hommes célèbres »
( p. VII , VIII ).
Après avoir vainement cherché ce manuscrit à la Bibliothèque
impériale de Paris, nous avons appris, par une lettre de
M. Louis Barbier, fils de l'ancien bibliothécaire du roi, aujour-
d'hui conservateur-adjoint à la Bibliothèque impériale du
Louvre , que ces six volumes manuscrits , in-4 , font aujourd'hui
partie de cette dernière bibliothèque (2). Ils ont pour titre :
Mémoire pour servir à la future édition du Dictionnaire de Moréri,
Il est à croire que cette future édition ne verra jamais le jour.
VIII.
Si nous en croyons une lettre écrite en 4824 à l'abbé Taba-
raud (3) par M. Mabaret du Basty, maire de Saint-Léonard ,
petit-neveu de Tabbé du Mabaret, les articles du Dictionnaire
(1) Citons en particulier : Acichorîus , Adam , Adémar de Chabanais ,
Anchanterus (Claude), saint . Austremoine , Barthélémy (Nicolas),
Bauhuis (Bernard) , le marquis de La Cliétardie , saint Damase , Delau-
diin (Pierre) , Pérusse d'Escars , Flemmîng (Jacques-Henri , comte de) ,
Frain du Tremblay, etc.
(2) Lettre du 19 janvier 1865.
(3) Il paraît par cette lettre que l'abbé Tabaraud avait eu la pensée
d'écrire la biographie de l'abbé du Mabaret.
20 l'abbé du mabaret,
de Moréri qu'il avait rédigés « sont pour la plupart marqués
d'une petite main ». Cette assertion est-elle exacte? Nous n'o-
serions l'affirmer, car plusieurs articles qui sont de lui ne
portent pas cette indication. Du reste on trouve dans cette lettre
quelques détails sur la vie réglée et laborieuse de l'infatigable
écrivain- « H travaillait constamment chaque jour depuis quatre
heures du iiratin jusqu'à une heure , qui était l'heure du dîner ;
il se promenait ensuite , et reprenait le travail à deux heures
jusqu'à six heures, moment du souper : il restait en famille
jusqu'à neuf heures (<). » On voit par là que sa retraite dans sa
ville natale était un repos plein d'occupations. Il est à regretter
que sa riche bibliothèque , composée d'ouvrages rares et pré-
cieux annotés de sa main , ait été divisée et en grande partie
dispersée.
L'abbé du Mabaret ne s'était pas borné à collaborer au Dic-
tionnaire historique de Moréri : il avait envoyé à Tabbé Expilly,
pour son Dictionnaire des Gaules et de la France , un mémoire dont
M. Maurice Ardant possède une copie. L'abbé Expilly écrivit
d'Avignon, le H juin 4764, aux consuls de Limoges, en leur
faisant hommage des trois premiers volumes de son Dictionnaire,
et en les priant de remercier les abbés de Voyon , du Mabaret
et Nadaud pour les mémoires que ces savants lui avaient
adressés (2).
Nous lisons en outre dans un article biographique sur l'abbé
Ruben , publié par Tabaraud dans les Annales de la Haute-
Vienne (3) , que Tabbé du Mabaret avait fourni plusieurs articles
sur rhistoire du Limousin à M. de Fontette pour la dernière
édition du P. Lelong.
IX.
Un autre travail considérable auquel l'abbé du Mabaret avait
consacré ses veilles c'était la révision du Dictionnaire de Trévoux.
On sait que les Mémoires de Trévoux ( revue scientifique et lit-
(1) Cette lettre, en date du 6 janvier 1821, nous a été obligreamment
commimiquée par un petit-neveu de Tabbé Tabaraud, M. Emile Hervy,
notaire à Limog-es.
(2) BuiUtin Àrchéologigue , T. V, p. 71.
(3) Numéio du 19 octobre 1813.
l'abbé du mabaret. 21
téraire fondée par les jésuites du collège Louis-le-Grand ) tirent
leur nom de la petite ville de Trévoux près de Lyon , où ils
furent d'abord imprimés. Cette ville était alors la capitale de la
principauté de Bombes , cédée à la France sous Louis XV. Un
fait moins connu c'est que le Dictionnaire de Trévoux fut com--
posé sous la direction d'un savant jésuite (sur le plan du Diction-
naire de Furetière, remanié par Basnage de Beauval, en 4.701).
Il eut une première édition en 1704 : Trévoux, 3 v(»lumes in-
folio. Une seconde édition , dirigée par le P. Etienne Souciet (1 ) ,
parut en 1721, 5 volumes in-folio, et fut réimprimée plusieure
fois. Une troisième édition fut donnée par Restant, en 1743,
6 volumes in-folio.
L'abbé du Mabaret contribua largement à l'édition en sept
volumes in-folfo qui parut, en 1752, sous la direction de
M. l'abbé Berthelin (2). Les libraires associés ayant songé, en
1761, à préparer une édition nouvelle, eurent la pensée d'en
confier la direction à l'abbé du Mabaret , qui avait enrichi leur
Dictionnaire d'une foule d'articles intéressants. Vincent et
Ganeau lui en firent la proposition ; mais il se refusa k leur
demande. Toutefois il promit des recherches , et tint parole.
C'est lui qui a fourni la plus grande partie des matériaux de
cette dernière édition du Dictionnaire de Trévoux, Ganeau reçut
de lui trois volumes in-4'' de mille pages chacun , dans lesquels
il marquait les retranchements , les corrections et les additions
qu'il y avait faites , et la disposition qu'il fallait y introduire. II
regardait ce Dictionnaire comme le plus riche trésor de notre
langue : il ne fallait , selon lui , qu'une main intelligente qui
eût la liberté de faire les retranchements convenables et de
mieux ordonner la plupart des articles. Cette édition , confiée à
la direction de M. l'abbé Brillant, parut en 1771, en 8 volumes
in-folio (3).
Mais l'abbé du Mabaret cherchait toujours à atteindre la per-
fection , et il y tendait par un labeur infatigable. La révision
(1) Mémoires de Tréxxmx , mois d'avril 1744.
(2) On lit dans la préface que « M. Berthelin a trouvé de grands
secours dans les Mémoires abondants du feu P. Souciet, de M. du
Mabaret , curé de Saint-Michel de la ville de Saint-Léonard , de feu
M. Valdruche et de feu M. Tabbé Leclerc ».
(8) Barbier, Sxamen critique , etc. — Vitrac, Anfkala de la Eaute^
Vienne , 14 juillet 1812.
22 l'abbé du mabaret,
de ce Dictionnaire occupa les dernières années de sa vie. En
4777 — il avait alors quatre-vingts ans — il publia sous le
voile de Tanonj^me une brochure dont voici le titre : Lettre à
M. le rédacteur de la nouvelle édition du Dictionnaire de Trévoux : à
Amsterdam et à Paris , chez Clousier, in-8° de 36 pages. Dans
cette lettre , qui est très-curieuse et très-rare aujourd'hui , il
exposait le plan qu'il avait conçu pour l'amélioration de ce
Dictionnaire.
La Feuille hebdomadaire de Limoges, du 25 juin 1777, em-
prunta à un journal de Paris un résumé de cette lettre , dont
elle faisait connaître l'auteur.
Le manuscrit qui renfermait ses remarques pour la révision de
ce Dictionnaire formait huit gros volumes in-4°. Malheureu-
Bement l'édition de m\ a été la dernière, et ses travaux pour
l'amélioration de ce grand ouvrage sont restés sans emploi.
M. Mabaret du Basty écrivait, en 1821, à l'abbé Tabaraud,
qu'il avait chez lui ces huit volumes ; mais depuis , la plupart
se sont perdus , par suite de partages de famille. Nous avons pu
toutefois en retrouver trois [\y, au milieu de vieux livres et de
divers manuscrits épars dans un grenier poudreux. C'est là le
dernier jet de sa plume : l'écriture fatiguée accuse la main
tremblante d'un vieillard.
X.
Depuis quelque temps il s'était démis de sa cure de Saint-
Michel (2). Seul avec Dieu et ses livres , il consacra ses derniers
jours à la prière et aux recherches savantes , ne voulant d'autres
distractions que celles qu'il trouvait dans ses exercices lit-
téraires.
Tel était chez lui le goût de l'étude que ni les infirmités de la
vieillesse ni la caducité de l'âge ne purent le faire renoncer à
ses utiles travaux. Il cessa d'écrire en 1783.
Voici son acte de décès, tel que nous l'avons relevé aux
archives de la mairie de Saint-Léonard : « Le dix-neuf du mois
(1) Les volumes H-L , M-0, T-Z.
(2) Nous ne savons en quelle année il donna sa àémission. Il était
encore curé de Saint-Michel en 1760 {ms. du 12 'décembre); il ne Tétait
plus en 1777.
l'abbé du mabaret. 23
de mars année susdite (<783) a été inhumé messire Joseph du
Mabaret, communaliste de cette ville, ancien curé de Saint-
Michel , décédé la nuit précédente en la présente ville , rue de
la Place (4), muni des sacrements, âgé de quatre-vingt-six
ans (2) 9.
M. Tabbé Vitrac avait publié une courte notice sur l'abbé du
Mabaret, en 4783, dans la Feuille hebdomadaire de Limoges (3);
M. Charles Weiss, le savant bibliothécaire de Besançon, lui a
consacré quelques lignes dans la Biographie universelle; — aidé
par les circonstances , nous avons voulu écrire une Notice bio-
graphique plus étendue sur ce savant compatriote qui a tant de
droits à la renommée ; nous avons voulu rappeler ses titres , de
«
peur qu'un « ingrat oubli >» ne vînt obscurcir sa mémoire, « Ne
volumine temporum ingrata subrepat oblivio (4) »,
L'abbé ARBELLOT.
(1) Dans une maison récemment démolie.
(2) « Ont assisté au convoi : MM. Léonard Michelon du Mabaraud ,
Charles Teyxonnière , qui ont signé avec moi. — Veyrier de Male-
PLANE, chanoine-curé. »
(3) Numéro du 16 avril : — reproduit en partie dans les Annales d$
la Haute-Vienne , 14 juillet 1812.
(4) S. AuGUST., De civitale Dei , lib. X , cap. m.
RAPPORT
SUR LA
PUBLICATION DU NOBILIAIRE
LU A LA RÉUNION DK FÉVRIER 1866
La publication du Nobiliaire du diocèse et de la généralité de
Limoges, entreprise en 4856 , était arrivée à la 72* pag-e du second
volume lorsque la mort de l'éditeur, M. Tabbé Roy de Pierre-
fitte, curé-doyen de Bellegarde (Creuse), est venue Tinter-
rompre. En continuant ce travail , dont nous avons été charge
par la Société Archéolog'ique dans sa séance du 28 avril 48()5 ,
nous croyons utile de vous parler de cette importante publica-
tion , et d'abord de son éditeur, que la mort nous enlevait il y a
aujourd'hui un an.
L
Jean-Baptiste-Louis Roy de Pierrefitte naquît à Felletîn ,
petite ville du département de la Creuse, le 29 août 4819. Son
père, Antoine-Victor Roy de Pierrefitte, avait servi avec gloire
pendant les grandes guerres de l'empire ; sa mère , Louise Bou-
chardy, porta à sa première éducation tous les soins qu'une
tendre mère prend pour Taîné de ses enfants.
Il fit ses études au petit-séminaire de Felletin , où il se fit
PUBLICATION DU NOBILIAIRE. 25
aimer de ses maîtres et de ses condisciples par ses manière^
affectueuses et bonnes.
Entré au grand-séminaire de Limoges en 4840 , il y reçut tous
les ordres , et Monseigneur Bernard Buissas , évêque de Li-
moges , le consacra prêtre en \ 843.
Felletin devait le posséder de nouveau : ce fut le premier poète
qu'il occupa en sortant de Limoges. Les petits-séminaires aimeut
à réclamer pour leurs professeurs les jeunes prêtres qui furent
leurs élèves. Ce mode de recrutement, si excellent puisqu'il
donne des sujets connus, fut ici un peu en défaut. Chez Télève
affectueux , chez Tenfant riant et chantant , on n^avait pas assez
observé le fils du vieux soldat, prompt à se ranger, ne concevant
pas l'indiscipline. Cette tendance native , singulièrement déve-
loppée par la vie si minutieusement réglée du grand- séminaire,
apparut très -dominante chez le professeur. La discipline mili-
taire lui semblait la forme idéale d'un collège. Tout le monde
n'était pas de son avis : l'abbé Roy ne dit pas le contraire ; mais ,
après deux ans, il demanda son congé.
En 1846 , il fut nommé vicaire de Bellac. Le ministère avec sefe
services incessants et multiples convenait mieux à sa nature
agissante. Ce fut dans cette ville, pendant les deux années qu'il
y resta , qu'il conçut le projet de son premier ouvrage : Hîitoire
de la ville de Bellac; mais ce ne fut qu'en juillet 4851 que cette
histoire fut livrée au public.
La paroisse de Saint-Pierre-du-Queyroîx de Limoges hérita
du vicaire de Bellac en 1849, et, le ÎO mai 1850 , la Société
Archéologique le reçut au nombre de ses membres. 11 signala
sa présence au Bulletin par plusieurs travaux , et il fut élu
secrétaire-adjoint le 24 février 1S56. C'est alors qu'il commença
la publication du Nobiliaire de Nadaud.
M. l'abbé Roy de Pien^efitte donna en 1858 un nouveau volume
intitulé : Notes historiques sur le cttUe de la sainte Viei-ge dans k
diocèse de Limoges,
En 18Ô9, Limoges recevait dans ses murs l'Institut des pro-
vinces pour la XXVI' session du Congrès scientifique de France :
M. Roy fut nommé secrétaire de la iv* section (archéologie)
conjointement avec M. Maurice Ardant. Il a enrichi le 1*" volame
des mémoires du Congrès de cinq procès-verbaux , et le 2« d'une
Notice historique assez étendue sur la célèbre abbaye de
Solignac.
Pendant qu'il se livrait avec une activité incroyable à ôôs
26 PUBLICATION
études favorites et à toutes les occupations du ministère pa-
roissial , il ne s^apercevait pas que sa santé ^'épuisait. Les choses
allèrent si loin que plusieurs fois il reçut les derniers sacrements
et plusieurs fois le bruit de sa mort se répandit au loin. Avec le
temps , le mieux se fit cependant sentir, les forces revinrent un
peu , et , servi par un courage plus qu'ordinaire , il reprit
ses occupations habituelles. Il était évident pour tout le monde
que le travail excessif auquel il se livrait provoquerait des ac-
cidents encore plus graves : lui seul ne comprenait pas la possi-
bilité du repos; mais Monseigneur Fruchaud, avec une toute
paternelle tendresse , sut trouver un poste oii le malade , tout en
respirant presque Tair natal , pût se refaire un peu , et où l'in-
fatigable ouvrir pût, dans des conditions aisées, travailler
encore : il le nomma curé-doyen de Bellegarde (Creuse). Le
41 avril 1862, M. Tabbé Roy se rendit à son nouveau poste.
C'est là oîi il termina le premier volume de ses Études sur les
monastères et les abbayes du Limousin et de la Marche.
Il mit encore au jour, dès les premiers jours de 1863, un
autre travail intitulé : Histoire et Archéologie sur le canton de
Bellegarde
Un Congrès scientifique devait avoir lieu à Guéret en 1863 :
M. l'abbé Roy de Pierrefitte en avait été nommé président , et il
s'occupait avec ardeur de l'organisation de ces assises scienti-
fiques dans Tancienne capitale de la Haute- Marche , où la
Société Française d'Archéologie venait pour la première fois.
Mais il ne devait pas voir ces fêtes pour lesquelles il se donnait
tant de peine : dès les premiers jours de 1865 , il avait senti de
nouvelles et rudes attaques de ce mal , qu'il croyait calmé par le
repos qu'il avait pris , et , le Î3 février, il expirait à l'âge de
quarante-cinq ans. 11 était membre de la Société Archéologique
et Historique du Limousin , de la Société des Sciences naturelles
et archéologiques de la Creuse, membre de l'Institut des Pro-
vinces , de la Société Française d'Archéologie , qui l'avait nommé
inspecteur pour le département de la Creuse.
Nous possédons de lui :
1*» Histoire de la viUe de Bellac, suivie de quelques notes sur le bourg
de Rançon, 1 vol. in-8 de 252 pages.
« Cet ouvrage est divisé en quatre parties : la première com-
prend les faits de l'histoire de Bellac ; la seconde traite des insti-
tutions et des monuments; la troisième est consacrée à la
biographie des hommes de lettres, magistrats, etc., nés à
DU NOBILIAIRE. 27
Bellac; la 'quatrième est une collection de pièces originales
relatives à l'histoire de cette ville.
» Dans la première partie, nous avons lu avec intérêt le
tableau du x' siècle et le récit du premier siège que cette ville
eut à soutenir contre le roi Kobert et le duc Guillaume (995) ; le
siège non moins glorieux qu'elle soutint, six siècles plus tard,
contre une armée de Ligueurs (1591); le passage à Bellac du
Dauphin (depuis Louis XI), de Henri IV, de Louis XIII, puis
de La Fontaine et de Fénelon.
» M. Roy n'a pas craint d'aborder les faits contemporains, et
de faire l'histoire de Bellac pendant la la Révolution.
» Dans la seconde partie , qui traite des institutions et des
monuments , nous avons remarqué principalement Thistoire du
tribunal de Bellac, dont la création remonte à 1572.
» La biographie de quinze hommes illustres et des notes sur
quelques contemporains forment la troisième partie.
» Dans la quatrième partie, composée de documents ori-
ginaux , rhistoîre (inédite) des châtellenies de Bellac , Rançon et
Champagnac , par MM. Robert , les coutumes de Bellac , Tédit de
création du tribunal de cette ville , la lettre d'un des consuls
(Génébrias) à Turquant, qui contient un récit si intéressant du
siège de 1591, et diverses autres pièces ajoutent un grand in-,
térêt à ce livre , qui doit être considéré comme le livre d'or de la
ville de Bellac. Suivant l'expression d'un rédacteur de l'Abeille
de Poitiers (M. de Constant), M. Roy, grâce à ses recherches
nombreuses, a su donner h son sujet les proportions d'une
histoire (1). »
L'auteur a dédié cet ouvrage à sa tante , alors religieuse à
Balledent.
2» Sit^ge de la ville de Bellac, ou Lettre d'un consul de la ville
de Bellac à M. Turquant, conseiller du roi , maître des requêtes
ordinaire de son hôtel , intendant de la justice et affaires de Sa
Majesté au pays du Limousin , contenant : le siège dudit Bellac ;
déroute de la cavalerie du vicomte de La Guierche ; défaîte de
son infanterie ; prise de son canon en la ville de MontmorîUon ;
reprise de plusieurs villes et châteaux par Monseigneur le prince
de Conti , in-8 de 1 6 pages (2) . — Des notes historiques terminent
cette pièce importante , et en augmentent l'intérêt.
(1) £idl. de Ut Soc. Ârck., III , 167.
(2) /(«m, II, 242.
28 PLBUCATIOiN
3** Notice histonque sur la manufacture de tapisseries de Fclklin
[Creuse) j in-8 de 43 pages (4).
Cette notice a pour but de réclamer contre une injustice dont
Topinion publique s'est rendue coupable. Les tapis d'Aubusson
sont connus dans toute TEurope et dans le Nouveau-Monde ,
et ont acquis à cette ville une certaine célébrité. En parlant des
tapisseries fabriquées dans la Creuse , on ne parle que des tapis
d*Aubusson : or la ville de Felletin a autant de droits que la
ville d*Aubusson à cette brillante renommée : ses manufactures
de tapis, connues dès le commencement du xvr siècle, ont
conservé leur importance jusqu'à nos jours. M. Tabbé Roy le
prouve en faisant Thistoire de cette manufacture, sujet qui a le
mérite d'être neuf, et d'être traité avec des documents inédits.
4** Notes historiques sur le culte de la sainte Vierge dans le diocèse de
Limoges, 4 vol- in-12de 492 pages.
Cet ouvrage renferme un sujet encore neuf, traité avec les
documents réunis par nos infatigables compilateurs Nadaud et
Legros. Il est peut-être à regretter que la précipitation avec
laquelle il a été livré à l'impression ait nui à la richesse du
sujet. Cet ouvrage est dédié à Monseigneur Desprez, évêque de
Limoges.
5^ Études sur ies monastères et les abbayes du Limousin et de la
Marche (4857-4864), 4 val. in-8 de près de 800 pages.
C'est le plus précieux de tous ses ouvrages. 11 devait former
deux volumes ; mais la mort ne lui a pas permis de commencer
le second : le premier existe seul. Il se compose de trente notices
historiques sur autant de maisons religieuses , dont l'existence
de la plupart n'était connue dans nos contrées que par quel-
ques ruines couvrant l'emplacement oii elles florissaient jadis.
Le manuscrit de Legros , dont l'auteur a souvent tiré un excel-
lent parti , a fait revivre dans notre histoire ce moyen âge
religieux qui a produit tant d'œuvres admirables. Ces notices
ont été publiées dans différents recueils; réunies, elles forment
un beau volume in-8 de près de 800 pages. M. l'abbé Roy de
Pierrefitte l'a dédié à Monseigneur Berteaud , évêque de Tulle-
6'' Histoire et m'chédogie sur U canton de Billegarde (4863),
in-8 de 22 pages.
(1) Bull, d^ la Soc. Arch., V, 183,
DV NOBILIAIRE. 29
C'est une rev\ie , sous forme de lettre , du canton de Belje-
garde ; Fauteur cite ou décrit tout ce quMl a trouvé , tels que
monuments civils, religieux, militaires; orfèvrerie; sculpture,
etc.
7° Nobiliaire du diocèse et de la généralité de Limoges , par Tabbé
Joseph Nadaud, curé de Teyjac, in-8. Le 1" volume (1856-1863)
a 652 pages ; le second a été interrompu par la mort de Téditeur :
72 pages sont imprimées. C*est Touvrage dont nous parlerons
ci-après.
Nous signalerons encore divers articles publiés par le Cor--
irspondant, VUnivers, la Nouvelle biographie générale , le Bulletin dç
la Société Archéologique du Limousin , les Mémoires de la Société des
sciences naturelles et archéologiques de la Creuse , les mémoires du
Congrès scientifique de Limoges, l'Echo, le Mémorial de la Creuse,
etc. Nous signalerons aussi VHistoire de la ville de Felletin, qui
est encore manuscrite.
II.
Le Nobiliaire de Nadaud est une immense compilation, quç
Tauteur intitule , comme la plupart de ses autres manuscrits :
Mémoires pour servir à l'histoire du diocèse de Limons.
a Nadaud ramassait tout , bon et mauvais , intéressant (hi non ,
parce que , selon lui , tout pouvait trouver place daps l'histoire ^
ou du moins servir à Téclairer. Au reste, on croit pouvoir
assurer qu'aucune vue d'intérêt ou de molle complaisance ne Ta
guidé dans ce travail , dont la lecture seule peut rassurer sur l|t
pureté de ses intentions. Tout ce qu'on doit y entrevoir, c'est
que , se regardant comme une manœuvre occupée à recueilli^
des matériaux pour un grand édilice , il les prenait partout où
il les trouvait, et tâchait d'en fai^e un triage en les classant du
mieux qu'il lui était possible , espérant que dans la suite quelque
habile architecte en tirerait le parti convenable , et nous don-
nerait enfin le corps d'histoire qui nous manque (1). »
Pouvons-nous dire que nous atteignons le but indiqué ici' par
le continuateur de Nadaud? Nous n'oserions l'affirmer. Cette
publication ,. qui porte le nom un peu prétentieux de Nobiliaire
(1) Note de Legros, sur la couverture du 1»^ vol. mss. du Nobiliaire.
30 PUBLICATION
du diocèse et de la généralité de Limoges, n'est autre chose que des
documents, souvent très-incomplets, qu'on s'est contenté de
ranger par ordre alphabétique. Cela ne suffit pas pour faire un
nobiliaire : il aurait fallu que ces matériaux fussent travaillés ,
complétés, et souvent mis d'accord avec eux-mêmes. C'est ce que
m'écrit un homme compétent dans cette question (1) :
« Il serait bien à désirer, dit- il, que les généalogies ne
fussent pas faites d'une manière aussi superficielle , et souvent
même en désacord avec les auteurs bien connus ; il est fâcheux
que ces notes ne soient pas mises en rapport avec ce qu'on
connaît positivement sur les familles, depuis que le travail de
Nadaud est fait. Au moins on livrerait à Timpression et au
public un travail qui aurait une véritable valeur. »
Mais ce n'est pas lorsqu'une publication est arrivée à son
second volume qu'on peut y opérer des changements capables de
la transformer. Aussi sommes-nous forcé de la continuer de la
même manière qu'elle a été commencée, et même, plus souvent
que notre prédécesseur, nous laisserons régner dans les notes de
Nadaud le désordre qui s'y rencontre , ne voulant pas prendre
sur nous de coordonner des choses qui souvent ne sont pas
susceptibles de l'être.
Il était cependant urgent de faire connaître par l'impression
cette riche mine , oii l'on rencontre tant de choses précieuses
pour l'histoire générale de la France et pour celle de notre
province : d'abord , parce que l'écriture à l'encre rouge , qui
occupe près d'un tiers de l'ouvrage, n'est f)resque plus lisible et
ne le sera plus du tout dans quelques années , l'humidité ayant
une grande action sur cette encre, mal composée; ensuite parce
qu'on peut toujours craindre quelles mains par trop peu délicates
renouvellent les irréparables lacérations qui ont déjà eu lieu.
En elSfet, le premier volume a perdu ainsi 229 pages
et le second 2^ 2
Total 441 et non pas 336
comme Ta dit M. Roy h la première page du tome I".
C'est surtout pour combler ces tristes lacunes qu'un supplé-
ment a été ajouté à la fin de chaque lettre.
Nadaud , comme base de son travail , avait copié intégralement
le Nobiliaire de des Coutures : nous pouvons donc en toute
(1) M. le marquis de Lubersac : lettre du 10 décembre 1865.
BU NOBILIAIRE. 31
sûreté reproduire ce dernier auteur lorsqu'on a déchiré la page
oii son œuvre était transcrite.
L'utilité d'un semblable travail ne peut pas être mise en
question : rien que par les rectifications qu'il nous permet de
faire dans certains auteurs très-accrédités , il mérite d'être tiré
de l'oubli , et de sortir d'une bibliothèque qui n'est pas accessible
à tout le monde. Ainsi un exemple entre mille :
Plusieurs ont publié que la famille Tristan de l'Hermite,
chambellan du roi , prévôt des marchands en 1 475, était éteinte ,
et entre autres le P. Anselme , dans son Histoire des grands officiers
delà couronne, T. VIIl, p. 432; mais Nadaud, avec de Combes ,
nous fait voir qu'ils sont dans l'erreur :
Froissart , au chapitre clxii du T. 1" , dit que le seigneur de
Pompadour ( Ramnulphus-Helie II* du nom , seigneur de Pom-
padour) fut tué à la funeste bataille de Poitiers, le ^9 sep-
tembre 1356; mais Nadaud, s'appuyant sur Guyon, nous
apprend que , dans cette sanglante journée, le seigneur de Pom-
padour a défendit la personne du roi Jean et son fils Philippe ,
depuis duc de Bourgogne , surnommé le Hardi ; qu'il reçut sept
grandes plays , avec si grande effusion de sang , qu'on le tenoit
pour mort ; mais , quand on le fit prisonnier, il fut reconnu par
sa grande valeur et fidélité , il fut secouru de l'ennemi même,
et alla tenir compagnie au roi , prisonnier en Angleterre.
» A son retour, il fit le voyage d'outremer contre les Sar-
rasins, chez lesquels il demeura cinq ans. En s'en revenant, il
emmena un médecin arabe, nommé Zacharîe, que Monsor, roi
d'Afrique, mahométan et usurpateur des Espagnes, faisoit venir
près de lui à Cordoue. L'ayant trouvé sur mer, il le rafla, et
emmena à Pompadour, ou il demeura près d'un an , y fit de
belles cures , et composa quelques livres. Mansor, pour avoir son
médecin, envoya de grands présents au roi et au comte de
Pompadour, qui le mit en liberté. »
Dans ces riches manuscrits , on trouve des faits glorieux qu'il
serait honteux de laisser dans l'oubli , et , quand des auteurs
étrangers racontent la bravoure et les gloires de nos compa-
triotes , nos mémoires ne peuvent pas rester seuls silencieux sur
ce sujet : il est donc utile , et pour l'histoire et pour l'honneur de
nos contrées , de les livrer à la publicité. On aime à voir des noms
connus et encore portés de nos jours se mêler à toutes les
grandes actions de la France , soit qu'ils dirigent les croisades ,
32 PUBLICATION DU NOmUAIRE.
^it qu'ils s'immortalisent h Malte , soit qu'ils repoussent Tennemi
du sol de la patrie.
C'est à cette entreprise considérable que nous employons
depuis plusieurs mois tous nos soins et tous nos loisirs , afin
dVn voir bientôt le terme. Puissent nos eflTorts persévérants ne
pas laisser aux étrangers le soin de nous apprendre les travaux
de nos aïeux !
L'ûbbé A. LECLER.
RAPPORT
SUB
LE PRIX QUINQUENNAL.
Messxsubs,
La Commission (1) chargée de statuer sur le prix quinquennal ,
et composée , comme vous le savez , des membres du Comité de
publication et de deux membres adjoints, nommés dans la
séance du 27 mars 4 866 , m'a chargé de vous faire connaîbre
quelle avait été sa décision.
Elle s'est d'abord félicitée de ce que son examen portât sur
plusieurs ouvrages , tous recommandables à divers titres , la Vie
de saint Léonard, de M. Ârbellot; Limoges au ^\ii* siècle, de
M. Laforest; Étwles géographiques sur le Limousin, de H. Deloche;
les Catalogues de la Bibliothèque communale de Limoges et la
nouvelle édition des PabUs de Poumud, de M. Emile Ruben.
Cette abondance et cette variété de livres prouve que , dans
notre Limousin , le travail sérieux et intelligent est en honneur,
et que nos compatriotes , qu'ils habitent près ou loin de nous ,
gardent le souvenir du pays, et tâchent, pour leur part, de lui
acquérir de la renommée.
Certes, Messieurs, si la Société Archéologique était riche, il
n'y aurait eu besoin ni de commission ni de rapport : les
ouvrages que je viens de vous citer eussent reçu chacun le prix
(1) Cette Commission était composée de MM. Larombière , Bardinet
lllS) Lemas » Al&ed Chapoulaud , Heryy, Brisset et Giiillemot.
8
34 RAPPORT
dont ils sont dignes , et il n'y aurait eu qu'à procéder à la
distribution.
Malheureusement les 500 fr. dont vous pouvez disposer met-
tent des bornes à nos désirs , et nous imposent un choix. C'est
ainsi que, malgré nous, nous avons écarté successivement
9
Limoges au xvii* siède, la Vie de saint Léonard et les Etudes
géographiques sur le Limousin; mais ce rejet a besoin d'être mo-
tivé, et voici par quelles considérations a été guidée la Cona-
mission que vous avez choisie :
Dans Limoges au xvir siècle, ce n'est ni le style qui manque,
ni l'imagination , ni l'amour du pays , ni le culte du passé : on
pourrait même dire que ce culte est parfois exagéré et par trop
exclusif; mais le défaut capital de l'ouvrage c'est l'absence de
méthode. Ce n'est pas une histoire de Limoges que nous avons
sous les yeux , mais une suite d'articles qu'aucun lien ne rat-
tache entre eux. Or la difficulté de la tâche n'est-elle pas
diminuée de moitié quand l'auteur, n'ayant pas à se préoccuper
d'unité et de méthode, traite uniquement les sujets qui lui
plaisent et qui vont le mieux à son cœur, à son esprit , à son
tempérament?
C'est ce qu'a fait M. Laforest, et c'est ce qui enlève de la
valeur à son œuvre , quoiqu'elle renferme d'excellentes parties.
Deux ou trois morceaux surtout, Suzanne de La Pomélie, Jeanne
de Verthamond, Marcelle Germain, ont une fermeté, une ampleur
et un attrait austère qui rappellent les belles études de M. Cousin
sur le xvir siècle.
La Vie de saint Léonard, de M. Arbellot , a la méthode et l'unité
qui manquent à Limoges au xvii' siècle* Le style , sans avoir les
qualités de celui de M. Laforest, a les siennes qui lui sont
propres : il est net , élégant et précis. La seconde partie no-
tamment, qui a pour titre : Miracles de saint Léonard, renferme
de charmants récits , d'autant plus charmants que l'auteur, selon
ses propres expressions , a conservé « à ces fleurs légendaires
leur parfum de poésie et de piété ». Mais , si là il a mis de côté
volontairement la critique et ses rigueurs , M. l'abbé Arbellot est
un archéologue et un savant trop convaincu pour ne pas faire
intervenir cette même critique qnand il le faut et au bon mo-
ment. C'est ainsi qu'il a transcrit et collationné sur huit ma-
nuscrits de la Bibliothèque impériale l'ancienne légende de
saint Léonard; c'est ainsi qu'il a ajouté à cette ancienne Vie des
documents inédits relatifs aux miracles de saint Léonard,
SUR LE PRIX OUlNQtENXAL. 35
d*autres relatifs à son culte, tels que des hymnes et des proses
du moyen âge; enfin c'est ainsi qu'une partie du volume est
consacrée à des notes oii chaque passage douteux est soumis à
Texamen le plus sévère et ingénieusement commenté.
Nous nous permettrons de dire cependant que , avec toutes ses
qualités , la Vie de saint Léonard n'est qu'un ouvrage d'un intérêt
secondaire et particulier : c'est uniquement l'histoire de la vie
d'un saint et du culte d'un saint qui a certainement un grand
attrait pour les habitants de Saint-Léonard, qui en a peut-être
moins pour ceux de Bellac , du Dorât ou de Saint-Yrieix. L'idée
est excellente, l'exécution bonne; mais le tout est restreinte
Au sujet des savantes études de M . Deloche sur la géographie
historique de la Gaule, et spécialement sur les divisions terti-
toriales du Limousin au moyen âge , la Commission a hésité un
instant. En présence de ce travail remarquable , en face de cet
esprit original et critique , de ces discussions ingénieuses , de cette
solide façon de comprendre et d'écrire l'histoire , la Cîommission
s'est demandée s'il n'y avait pas lieu de partager la gloire et le
profit du prix quinquennal entre le livre de M. Deloche et les
œuvres de M. Ruben , pour lesquelles elle avait tout d'abord
manifesté ses préférences? Si elle a bientôt abandonné cette
idée de partage , c'est uniquement parce que le livre de M. De-
loche a déjà reçu de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettreg
une haute et flatteuse récompense , et qu'alors elle a pensé qu'il
valait mieux reporter le prix tout entier sur les deux livres de
M. Ruben , livres éclos au milieu de nous , faits , si je puis le
dire, pour nous, et dont par cela même nous avons eu la
primeur.
Les œuvres de M. Ruben ont déjà obtenu des éloges qui
suffisent à assurer leur succès.
Les Catalogues de la Bibliothèque municipale de Limoges ont
attiré l'attention de tous les bibliophiles i)ar la. sagacité. et la
sûreté de méthode av«i laquelle ils ont été coraiK)sés. Ceux qui
les parcourent aujourd'hui , qui les trouvent si simples, si com-
modes et si clairs , ne se douteut peut-être pas des fatigues et
des longs soucis qu'ils ont causés à leur auteur. Faire un
catalogue comme on en fait tant ce n'est rien , mais le faire
de façon à ce qu'il ne soit pas seulement une nomenclature de
noms , de dates et de chiffres , et rélever à la hauteur d'une
œuvre littéraire , c'est un travail énorme et aride , qui demande
autant de bonne volonté que de netteté d'esprit.
36 RAPPORT SUR LE PRIX QUINQUENNAL.
Je ne pense cependant étonner personne en disant que les
Catalogues de M. Ruben ne sont connus que des gens lettrés et
du nombre assez restreint de lecteurs que possède la Biblio-
thèque municipale ; mais il en est pas de même des FaUes de
Poucaui : sur douze cents exemplaires, six cents sont déjà
vendus.
Ce livre n'est pas seulement Tbistoire d'un homme ou d'une
tille: c'est l'histoire de toute une langue, c'est notre vieux
patois limousin retrouvé, défini, classé, et qui se présente
devant nous avec toute sa verve , toute sa sève et toute sa ver^
deur. Qu'on supprime la traduction française des Fables, si
remarquable cependant à tant d'égards , et l'on n'enlèvera que la
plus petite partie du livre : il restera toujours un travail consi-
dérable , où abondent les recherches , oii la plus saine critique
règne en souveraine.
Du Limousin l'auteur s'en va dans le Poitou , dans la Châr^
rente, la Dordogne et le Languedoc; il pousse jusqu'au fond de
la Provence , et met en regard la langue de nos troubadours avec
celle des felibres modernes d'Avignon ou de Marseille. 11 revient
chargé de notes et de découvertes philologiques , et crée tout un
système de prononciation et d'orthographe , qui a pu soulever
tles doutes , mais dont on ne contestera pas à coup sûr l'origi-
nalité et la simplicité.
En un mot , Messieurs , hier encore notre patois , que noua
aindons alors même que nous ne le parlons pas , n'avait pas de
lois : M. Buben les a retrouvées ; il en a même inventé quelques-
unes , mais avec autant de prudence que d'autorité.
Voilà pourquoi , Messieurs , votre Conmiission a jugé conve-
nable :
<«» De mettre hors de concours l'ouvrage de M. Deloche ;
2* D'accorder aux Catalogues de la Bibliothèque municipale et
aux Fables de Foucaud la totalité du prix quinquennal de 500 fr.
En même temps, pour montrer aux concurrents de M. Ruben
tout le cas qu'elle fait de leur talent, toute l'estime qu'elle a
pour leurs œuvres , elle vous prie de vouloir bien accorder ^.
Une mention très-honorable aux ouvrages de M. Laforest et
de M. Arbellot.
GUILLEMOT.
PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES.
V>Mi«AMM^MM#«MMMMA|M*«W%^«M«<V«MA«MW«i
SÉANCE DU 30 JANVIER 4866.
Préaldenoe de M. Tabbé ARBB1L.E.OX, ITloe-PrésIdenU
Sont présents : MM. Linard , Debort , Hervy, 6arrigoa-La-
arrange, Nivet-Fontaubert , Maquart, Alfred Chapoulaud,
Buisson de Mavergnier, Lemas, Alphonse Bardinet.
M. le président Bonnin écrit pour s'excuser de ne pouvoir
assister à la séance.
En Tabsence de M. Buben , secrétaire général , retenu chez lui
par une indisposition , et de M. Guillemot , secrétaire-archi-
viste , M. Lemas remplit les fonctions de secrétaire.
Le procës-yerbal de la dernière séance est lu et adopté.
Il est donné lecture des dons faits au musée et à la biblio-
thèque de la Société.
MM. Debort et Mivet-Fontaubert présentent , comme désirant
faire partie de la Société en qualité de membre titulaire ,
M. Paul Lagrange.
M. de Graves écrit pour donner sa démission de membre titu-
laire. Il sera prié de vouloir bien la retirer.
M. GarrigQU-Lagrange donne lecture, pour le trésorier em-
pêché , du compte des recettes et dépenses de Texercice 4865.
M. Alfred Chapoulaud expose à la Société que» conformément
à une décision précédemment prise, il se tire en dehors des
300 exemplaires afférents au Bulletin 400 exemplaires des
Registres consulaires. Il demande à acquérir ces 4 00 exen^plaûces
ai| prix, 4e 9 &. le volume. La Société iHloptid la pi^position , et
38 PROCES-VERBAUX DES SEANCES.
renvoie rexamen des détails de Taffaire au Comité de publi-
cation.
Il est donné lecture d'une lettre écrite, le 29 novembre <865,
au trésorier, par M. Maurice Ardant , qui lui adresse , au nom
de M. Nadaud, président honoraire à la cour de Grenoble , deux
médailles ou monnaies , Tune en argent , l'autre en bronze , et
neuf médailles diverses. Vérification faite , il ne s'en est trouvé
que huit dans un paquet portant pour . suscription : Nadaud.
M. Ardant renvoie en outre deux sceaux en bronze , quatre-
vingt-dix-sept monnaies trouvées place des Arbres, dix-sept
trouvées rue des Pousses : vérification faite , il s en est trouvé
dix-huit dans le paquet.
On charge le secrétaire de remercier, par lettre, M. Nadaud
de l'envoi de ses médailles et M. Ardant de sa bienveillante
entremise.
M. Maquart offre à la Société des planches avec texte expli-
catif du tombeau de saint Rémy à Reims. — Remercîraents.
M. Nîvet rend compte de la mission dont quelques membres
avaient été chargés auprès de Mgr l'Evêque de Limoges.
Monseigneur a promis à la Société son concours bienveillant ;
mais la question ne pourra être résolue que lorsque M. l'archi-
tecte diocésain sera à Limoges.
Le même membre rend compte des achats faits par lui pour
la- Société à la vente après décès de M. de Marpon. Ces achats
s'élèvent à la somme de <32t fr. 85 c, que la Société alloue à
M. Nivet , en lui votant des remercîments.
Le président apprend à la Société que le portrait de Muret mis
en tête de V Éloge de M. -A. Muret par l'abbé Vitrac est un
portrait de la fin du xvir siècle : M. Tandeau de Marsac en pos-
sède un plus authentique , en tête d'une édition de Muret du
xvi* siècle.
M. Nivet communique à la Société , de la part de M. Lagrange ,
possesseur des ruines du château de Beau-Déduit, commune
d'Eybouleuf , une découverte qui y a été faite récemment au
milieu de cendres et de pierres calcinées qui semblent attester
une destruction par un incendie : on a trouvé deux fragments
de cuivre ouvragé, probablement des pieds de chandeliers,
avec des écussons conservant encore des traces d'émalL
M. Arbellot en rapporte l'origine au xvi* siècle , et rappelle que
la famille de Beau-Déduit a disparu au milieu du xvii*.
MM. Grarrigou-Lagrange et Lemas rappellent qu*en 486f la
PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES. 39
Société prit une décision par laquelle un prix quinquennal de
500 fr. devait être décerné , en 1866, à" l'ouvrage le plus méritant
ayant trait au Limousin , et produit pendant cette période. La
Société persiste dans son intention , et renvoie Texamen des titres
des. auteurs à la commission qui sera nommée dans la séance de
mars, conformément au règlement adopté à ce sujet.
M . Tabbé Arbellot continue la lecture de son intéressant travail
sur Âdhémar. La Société Técoute avec le plus vif plaisir, et le
renvoie au Comité de publication.
A 9 heures i /S , la séance est levée.
Pour U secrétaire général,
E. LEMAS.
•./v^^Ay A A^^ A/v ^ A^^^^/^'^/\A^v/^/^/\/«^^^/
SEANCE DU 27 FÉVRIER 1866.
B^réaidenee de BI* BOBY DB:1.A <^eiARRLLB, Préfet «Iti
département 9 Prénldent-né*
Sont présents : HM. Guillemot, Ruben, Hervy, Lecler,
Tandeau de Marsac, Arbellot, Buisson de Mavergnier, Alfred
Chapoulaud, Linard.
Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté.
M. Paul Lagrange, présenté à la dernière séance, est reçu
membre titulaire de la Société.
Lecture est donnée d'une lettre dans laquelle M. Bonnin,
inspecteur de l'académie , exprime ses regrets de ne pouvoir
assister à la séance , et donne sa démission de président de la
Société.
L'assemblée , tout en comprenant que les nombreuses occu-
paticftis de M., l'inspecteur ne lui permettent pas de se dévouer
autant qu'il le voudrait aux intérêts de la Société, regrette que
les scrupules de M. le président le poussent à donner sa dé-
mission , et décide qu'il lui sera écrit pour l'engager à revenir
' sur. sa première détermination.
L'ordre du jour appelle la nomination de deux membres du
40 PROCÈS-VEBBAUX DES SÉANCES.
Comité de publication en remplaœment de MM. Garrigou--
Lagrange et Guillemot , membres sortant de droit.
Sont élus MM. Alphonse Bardinet , avocat , et Alfred Cha-
poulaud. Le Comité de publication pour i 866 se trouve ainsi
composé de MM. Hervy, Larombière, Alphonse Bardinet et
Alfred Chapoulaud.
M. Emile Ruben expose que , en vertu d*une modification ap-
portée à Tart. 23 du Règlement , le 80 janvier \ 863 , le Comité
de publication se compose du président, des deux vice-pré-
sidents, du secrétaire général et de quatre membres renou-
velables par moitié tous les ans» Il rappelle que , conformément
à la décision prise en 4861, les ouvrages présentés au concours
de 1 866 doivent être examinés par une commission composée des
membres du Comité de publication et de deux membres adjoints ,
qui seront nommés à la séance de mars. Il déclare que • ayant
rintention de se présenter au concours , il se retire , et ne prendra
point part aux délibérations de ^ commission , et demande si
quelque membre du bureau ne serait pas dans le cas identique.
Après discussion , la Société décide :
i"* Que la décision de 1864 lui a conféré le droit de juger tous
les ouvrages , même ceux non présentés par leurs auteurs ,
intéressant l'histoire du Limousin, parus pendant la période
quinquennale ;
^ Qu'il j a lieu d'exclurç momentanément de la oommiMîon
MM. Arbellot, vice-président, et Ruben, secrétaire;
S"" Que les membres exclus n'en continueront pas moins à
exercer leurs fonctions pour tout ce qui ne touche pas à Taxamen
des ouvrages limousins et à la distribution des récompenses , qui
aura lieu dans la séance de juillet ;
i"" Que la commission d'examen sera ainsi composée :
JUprésidetU, N....
Le vice-^ésident , M. Larombière ;
Les quatre membres du Comité de publication ci-dessus dé-
signés;
Deux membres adjoints, qui seront nommés à la séance de
mars.
H. Ruben £Mt observer que la Société , & la dernière séance , a
approuvé les comptes de 4865, ce qu'elle ne pouvait faire que
wr le rapport d'une commission nommée à cet effet. La Socûété ,
revenant sur sa décision , nomme comme membres de la com-
mocès-¥RBEATnc ras shwcxsr. 4t
mission d'emnen du compte de 486& et; de prépàantian du
budget de 1 866 HM. Linard y Guillemot et Hervy .
M. Ruben rappelle à ce propos un paragraphe du rapport de
M. le directeur du musée, relativement à une augmentation de
salaire du sieur Dulac , garde-musée , et à la convention passée
avec ce dernier pour le cirage des appartements. ]1 y aurait
urgence à ce que la Société voulût bien approuver ce qu'a fait la
direction, et statuer : 1® que les appointements du garde-musée
seront élevés à 300 fr.; — 2« que la somme de 480 fr. pour
cirage du local du musée sera inscrite au. budget de 1866.
La Société adopte ces conclusions.
M. Guillemot annonce que M. Othon Peconnet, Tun des
membres de la Société, s'est chargé de la biographie de
M. François Alluaud , biographie quMl lira à une des prochaines
séances.
La Société remercie M. Othon Peconnet*
On procède ensuite à la nomination de déléguée de la Sociité
à la réunion des sociétés savantes qui »ira lieu à la Sorbonne
au commencement d'avril. Sont désignée MM- S* Buben»
Buisson de Havergnier, A. Guillemot
M. Tabbé Lecler a U parole. Il dit que V^li^e du Chalard est
depuis.long-temps dans un grand état de délabremeQt et juwace
ruine. Dernièrement une partie de refisse e'eat effondrée > et il
est urgent de prendre des mesures pour la conservation de cet
édifice. M. le préfet répond que les éhgiXn eanreuus n'ont affiscté
en rien le reste du monument ; que cependant il y a danger ;
qu'une somme de iOO fr. a été donnée par lui pour lee réparatioos
d'urgence, mais qu'il faudrait une somme de 8 à 40^000 fr.
pour réparer complètement l'édifice, tf . le préfet termine en
donnant l'assurance qu'il ne négligera rien pour la oonaervation
de cet important monument archéologique.
La Société exprime toute sa gratitude à M* le préfet,
M. l'abbé Lecler lit ensuite une note contenant une bio-
graphie de M. l'abbé Roy de Pierrefltte et un rapport sur l'état
de publication du NiMUaire de Nadaud , dont on a bien voulu
lui confier la continuation.
Bemerctments et renvoi au Ck>mité de publication.
M. l'abbé Arbellot donne lecture des biographies de dem
Maurice Poucet et de dom Jean Colomb, nés à Limoges , foéné-
dictine de Saint-Maur.
4S PROCBS^VBRBAUX DES SÉANCES.
fiemerctments et renvoi au Comité de publication.
A 9 heures i./2 , la séance est levée.
Le secrétaire général,
É. RUBEN.
^^^^^w\^^^^^^«^»/^^r^ww i^F^^«^rwww<
SÉANCE DU â7 MARS 4866.
Sont présents : MM. Nivet-Fontaubert , Alfred Chapoulaud ,
Brisset , Linard , Lemas , Guillemot , Maquart.
En Tabsence de M. Ruben , secrétaire général , M. Guillemot ,
secrétaire-archiviste , remplit les fonctions de secrétaire.
Le procès-verbal de la précédente séance est lu et adopté.
Il est donné lecture des dons faits au musée.
MM. Nivet-Fontaubert et Chapoulaud présentent M. Tabbé
Grange comme désirant faire partie de la Société en qualité de
membre titulaire.
M. Lemas et M. le docteur de La Porte présentent M. le com-
mandant Martin de Brettes , chef de bataillon d'artillerie de la
garde, il Versailles, comme désirant faire partie de la Société
en qualité de membre correspondant.
M. Guillemot donne lecture d'une lettre par laquelle
M. Bonnin déclare quMl persiste dans sa résolution de se
démettre de ses fonctions de président.
En conséquence, la Société sera appelée dans la prochaine
séance à nommer un nouveau président.
M. Guillemot lit une lettre par laquelle M. de Graves, sur les
instances de la Société, retire sa démission.
Il est ensuite procédé à la nomination de deux membres
adjoints au Comité de publication. MM. Lemas et Brisset sont
nommés.
M. Linard, rapporteur de la commission nommée dans la
séance du S7 février dernier pour la vérification des comptes de
PROCÈS-VERBAUX DES SEANCES^. 43
l'exercice i8i85 et la présentation du; projet de budget pour
Tannée 1866, lit son rapport, et prie la Société d'approuver les
comptes et de voter des remercîments à M. Brisset, trésorier.
Ces conclusions sont adoptées à Tunanimité.
M. Lemas prend la parole pour demander si le titre de Société
Archéologique et Historique du Limousin est suffisant. Beaucoup de
membres ne sont ni archéologues ni historiens , et par suite ne
peuvent prendre une part active aux travaux de la Société : be
serait-il pas possible d'étendre ce titre de façon h ce qu'il
comprît toutes les aptitudes f
M. Lemas fait- observer en outre quelle conséquence a ce cadre
étroit sur les bulletins , qui deviennent de plus en plus difficiles
à remplir.
En adoptant un titre plus large , celui par exemple de Sodétë
académique des Lettres, des Sciences et des Arts, on augmenterait
certainement le :npmbre des membres de la Société, et. par cela
même ses ressources pécuniaires.
Les membres présents votent à l'unanimité une proposition
dans ce sens , et nomment une commission comp6sée de tous les
membres présents. M. Lemas en est nommé rapporteur.
A 9 heures , la séance est levée.
Le secrétaire-archiviste,
GUILLEMOT.
^«>.w ^>/^»-.«^^^k^^^r>^A^'«^^'^ ^^^ ■»w^'" ^^
SÉANCE DU H AVRIL 1866.
Prfialdonee de M. LAROMBlÊnR. %'lee-t>rééldemt.
t
Sont présents : MM. Tabbé Arbellot, Ruben, Guillemot,
Lemas, Debort, Garrigou-Lagrange , Hervy, Linard, Alfred
Chapoulaud , Brisset , de Font-Réaulx , Nivet-Fontaubert , Alph.
Bardinet (ces deux derniers membres n'arrivent qu'après le
scrutin pour l'élection du président).
Le procë8«-verbal de la dernière séance est lu et adopté» .
44 PROCiS^TEBBAUX DBg SÉANCES.
U. r«lribé Qxtokf^ et M. Martin de Brettes , présentés à la der-
nière «éanoe, sont admis : le premier^ membre titulaire; le
second f membre correepondant de la Société.
MM. É. Buben et Larombière présentent comme désirant faire
parUe de la Société ea qu^té de membre titulaire M. H. Ar-
danty fabricant de porcelaine à Limoges.
. Les mêmes, membies présentent comme désirant faire partie
de la Soc^té en qualité de membre correspondant M. Jules
Voriac
Depuis la dernière séance , plusieurs d<ms ont été faits soit au
WQÊ^r soit ^ la bibliothèque de la Société. (V. la liste à la fin
4ilk \)VQilumeO L'assemblée yote des remercîmants aux donateurs.
On procède à Télection du président en remplacement de
M. Sonjain. La d^uillement du scrutin donne le résultat
'Membres présents au moment du scrutin : 19.
Votants, 12.
M* Othon Peconnet 14 voix.
Voix perdue. 1 .
M. Lemas , au nom de la commission chargée d'examiner le
projet de réorganisation de la Société , lit son rapport , que ras-
semblée écoute avec la plus grande attention. Vu l'importance
de la question, un membre demande que le rapport soit
imprimé ainsi que le projet de règlement , et que la discussion
soit renvoyée à la prochaine séance.
Ces conclusions sont adoptées. La discussion aura lieu à la
séance de mai.
M. Tabbé Arbellot appelle Tattention de la Société sur une
inscription récemment découverte à Sazerat , commune d'Arènes ,
près de la gare de Marsac (Creuse) , non loin du Puy-de-Jouer,
emplacement présumé de la station romaine de Prœtùrium. Cette
inscription I qui doit être déposée au musée de Guéret, est
ainsi conçue :
SACEBperoco
lEVBVDVOBI
CO.V.S.L.M.
M. l'abbé Arbellot voit là une inscription gauloise terminée
par lea sigle^ romains qui signifient : Vùtum solvit Hbens tnerUe.
Cette Inscription est intéressante en ce qu'elle renferme encore
PROCÈS-VERBAUX DES SliANCÊS. 4À
une fois le mot énigmâtîque BBVHV, qui a àtoutent «*rcê la
Bô^cité des archéolopies. Lés antiquaires^ du toiïimencéimrat
de ce siècle y voyaient un nom d^homme ; des savants contein^
porains, M. Tabbé Aubert, M. Monnin, croient que €^ uh
verbe gaulois, qu'ils traduisent par ces mots latins fectt, pondt
ou dedicavit, M. l'abbé Arbellot croit que le mot lEVBV où
IBVRVH est un adjectif gaulois qui dérive du grec aphv sacîé,
et qui équivaut au mot latin sacrum, consacré, qu^on trôuvie
dans quelques inscriptions gallo-romaines. (Tbxirb; p. 402'.)'
M. Tabbé Arbellot lit ensuite un mémoire sur le tombeau de
Rothilde , que l'on découvrit au commencement du xvir siècle
(i 64 3) sous le clocher de Tabbaye de Saint-Augustin de Limoges ,
avec une figure sur la pierre tombale et des joyaux pour une
valeur de 900 écus. Les chroniqueurs du temps virent dans cette
Bothilde, dont le nom était probablement gravé autour de
Teffigie, une épouse prétendue de Richard Cœur-de-Lion ,
laquelle , en Tabsence de son royal époux , aurait , par esprit de
vengeance , brûlé et saccagé la cité de Limoges et fait semer
du sel dans les rues en signe de malédiction. (Bonavbmt., ni ,
p. 549.)
Heureusement pour la cité de Limoges , cette épouse préten-
due de Richard Cœur-de-Lion n'a jamais existé , et ni les chro-
niqueurs limousins du xir siècle ni les histor'ens de France
et d'Angleterre n'en ont fait mention, — M. l'abbé Arbellot ,
reconnaissant que cette histoire est fabuleuse, ëe dètttande
quelle est cette grande dame dont on découvrit le tombeau en
4643. Il pense que c'était une vicomtesse de Limoges du nom
de Bothilde, mentionnée dans les chartes du xr siècle (4),
l'épouse du vicomte Gérard, la mère de Guy, vicomte de
Limoges, et des deux évêques de Limoges HiMegairs et
Hilduin , et d'Aimeric Ostofrano , vicomte de Bochechouart. Le
clocher de Saint-Augustin fut bftti dans les premières années du
XI* siècle (2) , et la vicomtesse Bothilde , qui mourut vers cette
époque, fut inhumée dans le monastère de Saint-Augustiii ,
dont elle était probablement bienfaitrice.
Après cette lecture, la Société reconnaît que ces données ,
toutes nouvelles , ne manquent pas de vraisemblance.
(1) QàttiacM$tUma.ima^ T. II» instr., p. 489.— Bonavxmt.» T. m,
p. 888.
(2) B^iM. ArMol., T. Vin, p. 189.
A^ PROCES-VERBAUX DES séAl<^CES.
- M. Tabbé Arbellot lit un second mémoire sur cette question :
« Les faits et les personnages mentionnés dans les chroniques
.limousines pour l'époque de la domination romaine ont-ils une
valeur historique? » M. Arbellot pense que , si quelques-uns de
ces personnages , tels que Sedulius , mentionné par César, ont une
valeur historique , la plupart des autres , tels que Duratîus et
Godicometus, Lucius Gapreolus, etc., n'ont qu'une valeur très-
légendaire et une existence très-problématique.
La Société remercie M. l'abbé Arbellot de ces diverses com-
munications , qu'elle vient d'écouter avec un vif intérêt.
A 40 heures , la séance est levée.
Le secrétaire général^
É. RUBEN.
• «^wv •^'.^s/v^ .i<srM»««
SÉANCE DU 29 MAI 4866.
Présidence de M. Othon PBCOIVIVBT, Pré»ldent.
Sont présents : MM. l'abbé Arbellot, Ruben, Lemas, Guille-
mot, Bardinet, G. Debort, Le Sage, FonÀneau, Linard,
Maquart, Nivet-Fontaubert, Brisset, Hervy, l'abbé Lecler,
Bonnin, l'abbé Grange, Talabot, Alfred Chapoulaud, Roméo
Chapoulaud, l'abbé Tandeau de Marsac, Garrigou-Lagrange ,
Cluzelaud.
Dans une courte allocution, M. Othon Peconnet, récemment
élu président , rappelle que, à une époque déjà éloignée, il était
secrétaire général de la Société ; que , si depuis cette époque ses
occupations l'ont souvent empêché d'assister aux séances , il n'a
pas un instant cessé de faire des vœux pour la prospérité de la
Société ; qu'il est heureux d'avoir été appelé à l'honneur de la
diriger, et qu'il fera- tous ses efforts pour se montrer digne du
témoignage de sympathie et de confiance qui lui a été donné.
L'assemblée tout entière applaudit à ces chaleureuses paroles.
M. le secrétaire général donne lecture du procès-verbal de la
dernière séance : ce procès verbal est adopté sans observations.
MM. H. Ârdant et Jules Noriac, présentés à la dernière
séance , sont proclamés : le premier, membre titulaire; le second ,
membre correspondant de la Société.
M. Tabbé Tandeau de Marsac et M. Tabbé Lecler présentent ,
comme désirant faire partie de la Société en qualité de membre
titulaire , M, l'abbé Sapin-Trufy, curé de La Joncbère.
Parmi les dons faits au musée , on remarque : i"" soixante-neuf
beUes pièces de porcelaine ou de faïence de divers pays ; i"" trois
émaux de Limoges; 3? un sceau en bronze. Le donateur est
M. Adrien Duboucbé. L'assemblée est unanime à remercier
M. Dubouché, qui, non content de donner ses soins à la réor-
ganisation et à la direction du musée , fait encore de grands
sacrifices pécuniaires pour Tenrichir.
L'ordre du jour appelle la discussion du rapport de la com-
mission chargée d'examiner la proposition relative à la réorga-
nisation de la Société. Le rapport et le projet de règlement ont
été imprimés et envoyés à chaque membre.
La parole est à M. Boméo Chapoulaud.
M. Roméo Chapoulaud dit en quelques mots que ce n'est qu'à
partir de la création de la Société Archéologique et Historique
du Limousin , en i 845, que la Société d'Agriculture , des Sciences
et des Arts de la Haute-Vienne reprit une nouvelle vie, justement
parce qu'on lui enlevait les matières archéologiques et histo-
riques. Il pense que la spécialisation vaut mieux que la réunion ,
et conseille aux personnes qui demandent un élargissement du
cadre dé la Société Archéologique de créer une Société sdeniifique
et littéraire f qui en aucun cas, selon lui , ne pourrait nuire aux
deux sociétés actuellement existantes.
M. A. Talabot pense, comme M. R. Chapoulaud, que vouloir
faire de la Société Archéologique une Société Académique c'est
demander la ruine de la Société actuelle et de la Société qui
prendrait sa place. Il va plus loin : il prétend que les membres
de la Société actuelle n'ont pas le droit de faire cette révolution ;
que les statuts établis par les fondateurs ne peuvent être mo-
difiés tant que la Société subsistera. 11 appuie sa thèse de la
combinaison de plusieurs articles de l'arrêté préfectoral du
26 décembre 4845. instituant une commission archéologique et du
règlement de la Société actuelle , et termine en proposant de
passer à l'ordre du jour.
M. Vabbé Arbellot reproduit un des arguments présentés par
; M, Talàbot. Il dit. que les membres nouveau v^ni^a. sont ^trés
48 FMG^VEUAUX DfiS siàtlCBS^
48àbA Ift SMiâté éeuleâieiit eotame kitftoriens et érchéoldgaeSi et
nullement oômm^: savante ^ artistes ou littératenrs ; qu'ils n'okit
donc. point le droit de demander autre chose que de Tarchéo^
logri6 et de Thistoire; que, du reste , le champ eât encore assez
▼aste pour eux » puisqu'ils peuTent s'occuper dé littérature , d'art
et de science, mais seulement en ce qui touche l'histoire du
Limousin.
M. l'abbé Arbellot cependatxt n'est paB aussi exclusif que les
deux membres qui ont parlé avant lui : il est convaincu que la
Société Archéologique est encore vivaCe , que ees mémoires sont
juèteme&t appréciés, qu'elle fait des publications importantes
( le NfMiuire et les Registres consulaires) , que €^est i^le qui orga-
nise les congrès archéologiques et scientifiques tenus à Limoges,
qu'elle vient d'organiser le musée lapidaire et archéologique ,
te musée céramique et celui d'histoire naturelle , qiœ ce sont là
des titres de gloire incontestables , mais que cependant il ne
s'ensuit pas qu'il n'y ait rien à faire dans le sens des idées pré-
sentées par la commission ; que si , au lieu de demander une
réforme radicale , on se fût contenté de proposer, comme essai ,
quelques modifications , sans changer le titre de la Société , il se
fôt peut-^tre rallié au projet de la commission ; qu'il eût admis ,
par exemple, la création de deux nouvelles sections, l'une
scientifique , loutre littéraire , ayant chacune un vice*président
. et.un vice^rétoire, mais qu'il n'était pas .besoin pour cela de
tefondre complètement le règlement; qu'il fallait proposer la
mesure comme provisoire, quitte à la rendre définitive si elle
donnaît de bons résultats ; que dans ce cas rien n'eût empêché
la Société de s'intituler Société Archéologique et Académique du
Limousin.
M. B. Hervy lit à son tour un mémoire contre le projet. Ce
> mémoire ne contient guère d'autres arguments que ceux émis
précédemment. En réponse à un des moyens du rapport , il
explique comment le musée , qui était primitivement archéolo-
gique , est dev^u général , la Société ne pouvant refuser les
objet donnés. Lorsqu'on a été obligé de mettre de Tordre dans
cet amas confus ', il a bien fallu s'occuper des beaux-arts , de
l'histoire naturelle et de la céramique ; niais , de ce que le musée
^eohtîent toute espèce de choses , ce n'est ptô une raison , selon
l'honorable membre , pour que la Société qui le dirige devienne
'pôlymathique. M. Hervy reproche ensuite au projet de n'être pas
Ibl^a j^is : il ne «ait pas au juste ce que aem h Société nou*
PROCÈS-VERBAl X DES SEANCES, 49
velle , et doute que dans aucun cas cett^ Société puisse subsister.
Uue Société de province ne peut vivre qu'à la condition d'être
purement archéologfique et historique , car elle trouve toujours
chez elle de quoi s'alimenter; mais, lorsqu'elle veut être gé-
nérale t elle ne peut supporter la concurrence des Sociétés qui
ont leur siège à Paris. M. Hervy termine en proposant de re-
pousser le projet de la commission.
En réponse aux critiques adressées à la commission , M. Lemas;
rapporteur, répond que Ton a bien mal compris les intentions
des membres de cette commission ; que leur intention n'a jamais
été de détruire la Société Archéologique pour établir sur ses
ruines une autre Société; que les sciences, les lettres et les arts
viennent tout simplement demander une i)etite place dans
l'édifice , et non le renverser ; que , réduites à ces termes , qui
sont l'expression des sentiments non-seulement de la commission ,
mais de la plus grande partie des membres de la Société , la pro-
position n'a rien d'insolite ni de dangereux. Quelques esprits ,
animés des meilleures intentions, ont constaté que la Société
actuelle s'éteint : ils essayent de la ranimer en lui infusant un
peu de sang nouveau : ils n'ont pas d'autre prétention.
M. Othon Peconnet déclare qu'il n'aurait pas pris la parole
s'il n'était personnellement intéressé dans la question : il est un
de ceux qui , par la nature de leur esprit et la direction de leurs
études ,, pensent qu'il y a encore quelque chose à faire en dehors
de l'archéologie et de l'histoire locale; et cependant il n'est pas
un membre nouveau. 11 comprend du reste que, si la Société
possédait encore les membres qui ont fait sa gloire , ou qu'il fût
surgi après leur mort des membres d'une égale valeur, la Société
eût vécu , et il eût été inutile de rien changer à son org*anisation ;
malheureusement les historiens et les archéologues sont réduits
à un bien petit nombre, et c^la dans une société de soixante-
quinze membres titulaires. Certes ces historiens et ces archéo-
logues ont donné et peuvent donner encore d'excellents articles;
mais peuvent-ils à eux seuls alimenter un Bulletin? Non, car
Tannée dernière on a été obligé, par famine, d'avoir recours
n\ix Registres co7}Sidaires y qui sont du reste une bonne publication.
Dans cette situation , les membres qui se sentent quelque capa-
cité et beaucoup de bon vouloir en dehors do rarcliéologie et de
l'histoire viennent dire à leurs collègues : « Vous vous plaignez
que l'on ne travaille plus : nous voici, utilisez-nous. Nous
n'avons pas la prétention de faire mieux que vous , encore moins
4
50 PROCÈS-VERBÀt'X Î)ES SEANCES,
de nous mettre à votre place ; mais nous voulons travailler avec?
vous dans Tintérêt de tous. Ne nous dites pffs que vos Statuts
s'y opposent : Tautorité qui a org^anisé la Société Archéolog'ique
peut parfaitement donner sa sanction aux modifications que Ton
propose. Quant à nous séparer de vous , nous ne le voulons pas :
nous ne ferions rien séparés , ni les uns ni les autres , tandis que
iious pouvons faire beaucoup si nous restons unis. Ce n'est pas
Mne maison rivale que nous voulons construire à côté de la vôtre :
nous demandons que vous consentiez à ajouter une simple an-
nexe à une maison devenue trop petite. » — M. Peconnet termine
en disant que , quelles que soient les modifications à intrciduire
dans Torg'anisation de la Société , quel que soit le titre que Ton
adopte, il est indispensable, st4on lui, d'admettre le principe
posé par la commission , et d'ouvrir le Bulletin de la Société à
tous les travaux sérieux qui se présenteront , de quelque nature
qu'ils soient.
L'ordre du jour ayant été réclamé , il est entendu , avant de
passer au scrutin secret , que l'adoption de Tordre du jour em-
portera le rejet du principe posé par la commission. I.e rejet de
Tordre. du jour impliquera au contraire l'adoption du principe
et la prise en considération du projet , sauf à renvoyer la discus-
sion des détails à une autre séance.
Le dépouillement du scrutin donne les résultats suivants :
Nombre de votants : 23.
Nombre de bulletins : 23.
Pour Tordre du jour 9 voix.
Contre 4 4 voix.
En conséquence , Tordre du jour n*est pas adopté. La discus-
sion des articles du projet est renvoyée à une nouvelle séance.
A iO heures, la séance est levée.
Le secrétaire cénéraL
É. RUBEN.
I^ROCÈS-VERBAIX DES SEANCES. 51
SEANCE DU 26 JUIN 1866.
I*réslclenee de M. Otiion PBCOMKRT, l^résldent.
Sont présents : MM. Debort, Garrigou-Lagrangre , Alfred
Chapoulaud , Lemas , Cliarreire , Linard , Nivet-Fontaubert ,
Perdoux, Bardinet, Hervy, Guillemot.
En Tabsence de M. Ruben , secrétaire g-énéral, M. Guillemot ,
secrétaire-archiviste , remplit les fonctions de secrétaire.
Le procès-verbal de la précédente séance est lu et adopté.
M. Tabbé Sapin , curé de La Jonchèrè, présenté à la dernière
séance par MM. Tandeau de Marsac et Lecler, est proclamé à
l'unanimité membre titulaire de la Société.
MM. Debort et Ruben présentent comme désirant faire partie
de la Société en qualité de membre correspondant M. Babaud-
Laribière, homme de lettres, demeurant h Villechaise près
Confolens (Charente).
M. le président donne alors la parole î\ M. (iuillemot pour
lire un rapport, sur le prix quinquennal , au nom de la com-
mission chargée d'examiner les ouvrages parus pendant les cinq
dernières années (i).
M. Guillemot fait une analyse rapide des cinq ouvrages dé-
signés par la commission : Limoges au xvir siècle , de M. Laforest;
la Vie de saint Léonard, de M. Tabbé Arbellot; les Etudes histo-
riques sur le Limousin , de M. Deloche ; les Catalogues de la biblio^
thèque de Limoges et la nouvelle édition des Fables de Foveaud , de
M. Ruben.
M. Guillemot, après avoir fait ressortir les qualités qui dis-
tinguent ces diflFérents ouvrages , propose à la Société d'adopter
les conclusions suivantes du rapport :
L'ouvrage de M. Deloche, ayant été déjà couronné par l'Aca-
démie des Inscriptions et Belles-Lettres , est mis hors de concours.
Le prix de 500 francs est décerné aux Catalogues de la Biblio-
(1) Cette commission étftit composée de MM. Laromtière, Bardinet,
Lemas, Alfred Chapoulaud, Hervy, Biisset, Guillemot.
52 PROCfes-VKRBArX DES SEANCES.
thèque de Limoges et à rédition des Fables de Foucaud de
M. Ruben.
Une mention très-honorable est accordée aux ouvrapres de
M. Laforest et de M. Tabbé Arbellot.
La Société adopte à Tunanimité ces conclusions.
MM. Nivet-Fontaubert et Bardy offrent au musée céramique
plusieurs pièces remarquables de porcelaine et de faïence. La
Société Vote des remercîments à MM. Nivet-Fontaubert et
Bardv.
M. le président propose de remettre à la prochaine séance la
discussion sur le nouveau projet de règ'lement. La proposition
est adoptée.
A 8 heures 4/2 , la séance est levée.
fj* serréluire-archivisle ,
(iriLLEMOT.
fV\^ ^^H/\/\A.A^\^* ^\f\f\f\ ^#H f\r»â-M\ ^\r* r\^\^\^\»* ' ^/\/^y^/\^
SÉANCE DU 31 JUILLET <866.
t^réslclence de M. LAROSiniKItE, Vloe-Pr^«ldt''iit.
Sont présents : MM. Ruben , Hervy, Maquart, Linard . l'abbé
Grange , Alfred Chapoulaud , Perdoux , Nivet-Fontaubert ,
Reculés , Lemas, Tabbé Arbellot. Ce dernier membre présente à
rassemblée M. de Cessac , auteur de la Carie gëdogigue de la
Creuse et de divers travaux sur nos contrées, président des
Assises scientifiques pour la région du Centre.
Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté.
M. Ruben remercie en quelques mots la Société de Thonneur
qu'elle a fait à son édition de Foucaud en lui accordant le prix
quinquennal.
M. L. Babaud-Laribière , homme de lettres, demeurant à
Villechai.se près Confolens [Charente), présenté a la dernière
séance , est proclamé membre correspondant de la Société.
PROtES-VKRBAUX DKS SEANCES. 53
MM. Tabbé Arbellot et Emile Rubeu présentent comme dé-
sirant faire partie de la Société en qualité de membre corres-
pondant M. de Cessac , auteur de la Carie géologique de la Creuse.
Lecture est donnée d*une lettre dans laquelle M. l'abbé
Lecler, curé de Saint-Symphorien, demande à la Société Tacqui-
^?ition de deux ouvrages qui intéressent le Limousin, et qui
seraient très-utiles au continuateur du Nobiliaire de la généralité
de Limoges. Ces deux ouvrages sont :
1" Catalogue des genlilshorï^mes qui ont pris part aux élections des
députés de 1789, publié d'après les procès-verbaux oflBiciels, par
MM. L. de La Roque et E. de Barthélémy. — Marche et Limousin.
— Saiutonge et Angoumois.
2" Recherches de la noblesse de Limoges , par d'Aguesseau, com-
missaire député du roi; manuscrit moderne inédit, in-fol. de
près de 700 pages , admirablement calligraphié par M. B. Pla-
gnard , de Limoges. — Ce manuscrit est coté 350 fr. dans le
catalogue Bachelin-Deflorenne.
L'assemblée décide Tacquisition du premier de ces deux
ouvrages. Quant au manuscrit , son prix élevé ne permet pas de
preudre une détermination séance tenante. En conséquence, la
question est ajounée.
M. de Cessac a la parole. 11 expose que, par décision de
rinstitut des Provinces du 20 mars 1865, la présidence des
Assises scientifiques de la région du Centre lui a été attribuée
pour une période de trois ans.
Les Assises scientifiques sont de petits Congrès où se traitent
toutes les questions qui* peuvent intéresser la province. M. de
Cessac ajoute que cette année il a pensé à Limoges pour en faire
le siège des Assises , mais que, à défaut de Limoges, la; ville de
Châteauroux serait toute prête à accepter Toffre qu'il lui ferait.
Les Assises auraient lieu vers la fin du mois d'octobre.
Plusieurs membres disent que le délai est trop court pour
qu'on puisse travailler sérieusement (1). M. de Cessac répond
qu'un délai de trois mois lui semble suffisant, et que d'ailleurs
la pratique prouve que les longs délais n'amenaient pas de meil-
leurs résultats.
Après une courte discussion, l'assemblée accepte TofiFre de
M. de Cessac. MM. les présidents de la Société Archéologique
,1 ; Depuis cette séance , les Assises ont été fixées au 26 décembre 1866.
54 PROCÈS-VERBAL X DES SEANCES.
n'auront qu a s'entendre avec les présidents des autres sociétés
de Limoges. Des remercîments sont adressés à M. de Cessac.
A \0 lieures, la séance est levée.
Le secrétaire général,
É. RUBEN.
•■•\/VWW>/N/\/\.'W'W\/N/\AA/WW\/>/V
SEANCE DU 27 NOVEMBRE 1866.
Pi*6»l(Ienco de M. Othon I^ECOIVIVET , Président.
Sont présents : MM. Larombière, Arbellot, Emile Ruben ,
Perdoux, Linard, Nivet-Fontanbert, Maquart,Hervy, Garrig*ou-
Lagrang*e , G. Debort , Bardinet , Lemas.
Le procè-s-verbal de la dernière séance est lu et adopté.
M. de Cessac, présenté à la dernière séance par MM. l'abbé
Arbellot et É. Ruben , est proclamé membre correspondant de la
Société.
M. É. Ruben annonce que le premier volume des Registres con-
sîdaires est sur le point d'être terminé. Il, propose à la Société de
dédier cette œuvre au Conseil municipal de Limoges. Cette pro-
position est adoptée à l'unanimité.
L'ordre du jour est la discussion du projet de règlement.
M. le préside)it résume les différents avis proposés à la dernière
séance. Il ajoute qu'on était à peu près d'accord d'exclure du
Bulletin les œuvres d'imagination pure, et d'admettre tous le.s
autres travaux ; il n'avait été rien décidé sur la question de
savoir si le titre de la Société sera changé ou modifié.
M. l'abbé Arbellot dit qu'il croit que la majorité de la Société
est bien d'avis d'admettre les travaux de toute nature, sauf
toutefois les œuvres d'imagination , mais en tant seulement que
ces travaux intéresseront le Limousin.
Plusieurs membres réclament, et pensent au contraire que
4'extension doit être illimitée.
PROCÈS-VERBAUX DES SEANCES. 35
Ici se reproduisent les arguments pour et contre invoqués à la
séance précédente.
M. Larombière pense qu'il vaudrait mieux laisser chaque
travail se produire , qu'il intéressât ou non la rég:ion du Centre ,
et donner au Comité de publication le droit d'admettre ou de
rejeter les travaux. On répond qu'il ne faut pas laisser un pareil
droit au Comité, et que la loi vaut toujours mieux que la ju-
risprudence.
On passe aux voix sur la question de savoir si la Société
entend admettre purement ou simplement les ouvrages autres
que les œuvres de pure imagination , qu'ils traitent ou non de
matières intéressant la province du Limousin.
Nombre de votants : 13.
Pour 7 voix.
Contre 6 voix.
•
En conséquence , la Société adopte l'extension illimitée.
Le principe admis , on passe à la discussion du titre définitif
que prendra la Société.
M. Maquart propose de l'appeler Société Académique de Limoges.
On répond que la Société est depuis long-temps connue sous le
titre de Société Archéologique et Historique du Limousin; que sous
ce nom elle a fait ses preuves, que son règlement a été ap-
prouvé; qu'il y aurait peut-être des des diflBcultés et des in-
convénients à vouloir lui faire rompre ainsi avec son passé , et
qu'il vaudrait peut-être mieux , tout en lui conservant son titre
et son règlement , modifier tout simplement l'article 2 , con-
cernant ses attributions et son but.
La discussion continue , lorsque M. l'abbé Arbellot demande la
parole. 11 prie la Société de vouloir bien déléguer quelques-uns
de ses membres pour la représenter à Tinauguration du buste de
M. de Yerneilh , l'un de ses membres les plus éminents, laquelle
aura lieu très-prochainement à Périgueux. La Société délègue
M. l'abbé Arbellot lui-même.
M. l'abbé Arbellot fait une seconde proposition : il demande
que la Société décide s'il y a lieu d'envoyer les émaux du musée
de Limoges à la grande exposition de 1867. La Société décide
qu'elle n'est pas en nombre suffisant pour prendre un parti sur
une question aussi importante. La proposition est ajournée.
On revient au Règlement. Après une longue discussion , la
Société décide :
56 PROCÈS-VERBATX DES SEANCES.
4*» Que les articles de pure imagination- seront exclus du
Bulletin ;
2" Que tous les travaux , sauf toutefois bien entendu ceux
relatifs à la reli^'ion et à la politique , seront admis , qu'ils
traitent ou non de matières intéressant le Limousin ;
3° Que la commission du règ-leraent sera chargée de présenter
à la prochaine séance un nouvel article 3 , mod'tîé conformément
au vœu de la Société.
A 10 heures , la séance est levée.
Le secrétaire général,
É. RUBEN.
^ «-v,/-»/^ ry^» ^J^^ r^^n r ****«^*.^^«
SÉANCE DU 24 DÉCEMBRE 4866.
Présidence do M. I^AUOMBIÈRK, Vlce>Pi'4«ldent.
Sont présents : MM. Dubouché, Guillemot, Maquart, Debort,
Linard , Nivet-Fontaubert , Hervy, Alfred Chapoulaud, Brisset ,
É. Ruben, Lemas, Garrigou-Lagrange , de Cessac.
Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté.
Lecture est donnée ^d'ufie lettre, en date du 28 novembre,
par laquelle Son Exe. M. le Mini^stre de Tlnstruction publique
annonce à M. le président qu'il vient d'accorder une allocation
de 300 fr. à la Société Archéologique du Limousin. L'assemblée
remercie M. le Ministre , et charge le secrétaire général de lui
transmettre l'expression de sa gratitude.
A la dernière séance, M. Tabbé Arbellot avait proposé à la
Société de décider qu'il y avait lieu d'envoyer certains émaux
du musée à la grande exposition de 1867 : l'assemblée avait
renvoyé la question à la prochaine séance.
M. Dubouché pense que , s'il est fait une demande officielle
par M. le surintendant des Beaux-Arts , il serait bien difficile de
répondre par un refus , alors que le musée a tant à espérer de lu
PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES. 57
bienveillance du Gouvernement; mais qu'il est prudent et
convenable d'attendre cette demande spéciale. Il conclut à ce que
la direction du musée soit autorisée à faire cet envoi dans le
cas oii une demande aurait lieu , et après en avoir reçu Tauto-
risation de M. le préfet de la Haute-Vienne et de M. le maire de
Limoges.
Ces conclusions sont adoptées.
L'ordre du jour appelle la discussion du Règlement.
M. Lemas, au nom de la commission , propose à la Société de
laisser subsister l'ancien Règlement , sauf certaines modifica-
tions aux articles â, 5, 9 et 42.
Après une discussion à laquelle plusieurs membres prennent
part, l'assemblée arrête définitivement pour chacun de ce»
articles la rédaction suivante :
a Art. 2. — Elle a pour but (la Société) :
De rechercher, de reconnaître et de décrire les monuments,
écrits ou figurés , qui existent soit dans les archives publiques
ou particulières , soit à^la surface ou à l'intérieur du sol ;
De classer les monuments et les ruines de toutes les époques
qui existent en Limousin , et d'en assurer la conservation ;
De- conserver et augmenter le musée déjà fondé par elle.
En outre la Société admet les travaux de littérature, de
sciences et d'art , et les publie, s'il y a lieu , dans son Bulletin.
Elle s'interdit toute discussion politique ou religieuse , et il ne
sera traité dans son sein aucune matière historique postérieure
à 4790.
Elle repousse également les œuvres d'imagination pure.
» Art. 5. — Nul ne sera admis au nombre, des membres de la
Société que sur sa demande écrite et adressée au i)résident.
Cette demande sera déposée sur le bureau en séance générale,
et il en sera donné avis dans les lettres de convocation de la
séance suivante. Cet avis désignera le nombre des candidats et
la catégorie dans laquelle ils se rangent , mais évitera de dé-
signer par leur nom les candidats eux-mêmes.
Au jour indiqué par la lettre de convocation , le candidat au
titre de membre titulaire ou correspondant sera élu au scrutin
secret et à la majorité des suffrages.
Les membres honoraires seront également élus au scrutin
secret, sur la proposition du bureau. Le candidat devra réunir,
58 PROCÈS-VERBAUX DES SEANCES.
pour être nommé, les trois quarts des .voix des membres
présents, quel que soit au surplus le nombre des suffrages
exprimés.
» Abt. 9. — Le Bulletin de la Société est adressé gratuite-
ment aux membres titulaires et honoraires.
Le Comité de publication fixera le prix de vente , etc.
» Art. 12. — La Société demeure propriétaire de la copie des
manuscrits lus en séance et de celle des documents qui lui sont
communiqués. Son droit se borne à les publier en entier dans son
Bulletin. Elle peut aussi en publier des extraits, mais avec
l'agrément de l'auteur.
Les membres de la Société sont tenus , s'ils éditent un travail
déjà imprimé au Bulletin , de mentionner le n° du recueil dans
lequel a été publié ce travail. 11 leur est absolument interdit de
l'insérer dans le Bulletin d'une autre Société , sous peine d'être
exclus par un vote spécial. »
A < 0 heures , la séance est levée.
Le secrétaire général,
É. RUBEN.
%• V M w^w\/ ^«'^ <rfW^/V^^w^-^/vWWWW%A»
LISTE
Des dons faits au Musée et à la Bibliothèque de la Société
pendant r année i866.
DONS FAITS AU MUSEE.
Par M. Brissaud fils , percepteur à Compreignac : un grand-duc , tué par
lui et empaillé.
Par M. Merget : pierre tokanique de La Roche-r Abeille.
Par M. Nadaud, président-honoraire de la Cour de Grenoble : deux
médailles ou monnaies , Tune de bronze , Tautre d*argent ; — huit monnaie
de cuivre.
Par M. le Préfet : une urne « trouvée k Saint-Yrieix , le 10 février 1866 j
a deux mètres de profondeur, rue des Plaisances , près de Téglise Notre-
Dame-de-Moutiers , dans un cercueil formé de larges pierres de gré ».
Par M. le capitaine Berthet : ving1>-cinq pièces de monnaies françaises et
étrangères en bronze.
Par M. Paul Baillet : un porte-feuiUe ancien.
Par M. Alfred Laporte : une hache gauloise.
Par M. Albert Linard : la mâchoire d'un requin; — une lampe romaine
trouvée dans une fouille près Bône , province de Constantine ; — une
petite croix en plomb , trouvée dans un tombeau ( fouilles de la division
militaire).
Par M. Adrien Dubouché : trois émaux de Limoges ; — un sceau en
bronze ; — un sceau de la sénatorerie présidiale de St-Léonard ; — un émail
(St Paul) , dans un cadre émaillé ; — un autre émail (St François) ; — une
coupe émaillée (TAmour sur un lion) : I. L. (Laudin) ; — un Crudflement^
fond bleu , attribué à Léonard Limosin ; — une Jeune fille au àain , ûgure
peinte par Schartz ; — un paysage, peint par Paul Brill.
^60 DONS FAITS At MLSÉB ET A LA BIBLIOTHÈQUE.
Par M. OuDiNOT : un vitrail , peinture sur verre , imitation du xiii« siècle.
Par M. le curé de Saint-Pierre et la fabrique : la Mort s(mnant les htwres
et ses accessoires , coq et plaques commémoratives.
Par la Tille : le Tempe sonnant les heures avec sa faux (horloge de la
Tfnairie) .
Par M. Barrt, cloutHer : une petite eZ^ ancienne.
Par M. Pbschbr , notaire K Vemeuil : un effraye^
Par M">* Brnest Ranson , une def ancienne.
DONS FAITS AU MUSÉB CÉRAMIQUE.
Par M. Adrien Dubouché : 450 pièces porcelaine de Chine , vieux Chine ,
Japon» vieux Japon, Saxe, etc., et faïences de Delft , Nevers, Rouen,
Tournay, Marseille , Rubelle , Lunéville , Moustiers.
Par M. Gustave Hardy, conseiller à la Cour impériale de Poitiers : cinq
jièces . dont un vase , décor \ bouquet , le tout provenant de la manufac-
ture Royale de Limoges , et marqué C. D.
Par M. NiVET-FoNTAUBERT : huit pièces faïence de Delft, Lunéville,
Thiviers , Rouen et Nevers , et six pièces porcelaine.
Par M. DONZEL : trois grands plate faïence arabe , hispano-arabe et
suisse.
Par M. Rousseau, de Paris : cinq plaques de plusieurs essais de grand
feu , et une chope avec insectes.
Par M. HouRY (Jules) , de Paris , boulevard de Strasbourg : dix-neuf
pièces faïence de différentes dimensions.
Par MM. Gknlis et Rudhardt : un plat faïence peinte sur émail cru,
décor renaissance.
Par M. Alluaud aîné (exposition de la Société des Amis des Arts du
Limousin , 1864) : trois pièces porcelaine décor bleu ; — deux pièces por-
celaine blanche ; — quatre pièces porcelaine émail brun ; — quatre pièces
porcelaine noire.
Par M. Adolphe Charroppin ; une plaque biscuit et émail , pori-olaine
de Sèvres.
Par M. Guillemot (Albert) : deux soucoupes et \me tasse, porcelaine»
vieux Limoges.
Par M. SÉNÉMAUD (Henri) : une chevrette, faïence de Rouen.
Par M. Julien , fabricant de porcelaine à St-Léonard : une grande
. soupière , porcelaine blanche Louis XV ; — une grande cuvette et son pot
à eau.
Par M. Ardant (Henri) : deux bustes, por«?cl}iine biscuit (Printemps
et Automne) ; — trois buires Benvcnuto Cellini , porcelaine de Limoges.
Par M. Rexes , de Jarnac : un grand pot , décor bleu et or.
Par M. VioiALE : une bMre, fabrique Doccia ; — \m ' croupe iHyrcelnine
de Saxe ( la Sculpture).
Par ^L Chantecaillk (Henri-Eugène) : une assiette, faïence CasteUi ; —
un compotier, faïence Mou4iers.
DONS FAITS AU MUSEE ET A LA BIBLIOTHÈQUE. 61
Par M»« Alexis Bosc : un réchaud , porcelaine vieux Japon.
Par M. Albert de Valrndey : toise et couvercle , porcelaine de Chine ,
coquille d*œuf.
Par M. Lagranqb : un pîal, faïence de Nevers; — deux assiettes,
faïence de Delft.
Par Mii« Suzanne Durieux : un porte-àouquet , forme commode , faïence
du Midi.
Par M. René Ruben : un hagukr fond bleu , émail moderne.
Pur M. BuRTY (Philippe) : une plaque émailUe» dessin par Huilier, de
Nevers.
Par M. Thomas (Gabriel) : une tasse et sa soucoupe , porcelaine Nast,
décor bleu-Dumont, invention de M. Dumont; iM*efesseiir de chimie au
lycée en 1806.
Par M»« Clément Baju , de Chalus : un plateau et trois pois à crème .
ix)rc^]aine de Limoges, fabrique du comte d'Artoi&
OUVRAGES OFFERTS A LA BIBLIOTHÈQUE DE LA SOCIÉTÉ.
la centième heure de la lune, système d' observations météorologique. Par
>i. rab))é VouLLET. — 1865. — In-16 de 70 pages.
Congrès archéologique international ( Anvers , 1866). ^ In-4 de 8 pages.
Programme des concof^s de la Société impériale de Ulle : concours ammls ;
concours Wicar, — Lille , 1866. — In-8 dp 26 pagàs.
Annuaire des Sociétés savantes de la France et de V étranger : Belgique;
Pays-Bas; Angleterre; Suisse. Par M. le comte d'Hébicourt, — 1866. —
In-8.
Duchaulage des terres et de la. fabrication de la chaux dans le dépar--
tement de la Mayenne. Par MM. J. Dorlhac et Sampc. — In-8. — Don de
Fauteur.
Par M. Tabbé Tandeau de Marsac , chanoine-honoraire : £. Annei
Senecœ , philosophi stoici^ ope^-a quœ exstant omnia. — Parisiis^ apud Petrum
Catallût • fia Jacoèœa , sub scuto Florentin . 1367. — 1 vol. in-fol.
Études historiques sur les Fouquet de BnUe^Tsle, d*àprès des actes et titres
manuscrits. Par M. le docteur Juge (de Tulle) , chevalier de. la Légion-
d'Honneur. — Paris , Dumoulin , 1866. — In-8.
Des droits et de l'autorité de père de famille. Par M. Edmond Olivier ,
procureur général. Discours prononcé k Faudience du 8 novembre 1866.
— In-8 de 54 pages.
Urbain Deschartes : Travaux historiques été la mile de Paris. — Bwreaux
de la Revue du 3HX« siècle, boulevard Montmartre, 15, 1867. — In-8.
Monographie de l'église de Notre-Dame à Tangref. Par M. Ch.-M. Thys. —
firuxeUes , 1866. — In-9t
LISTE
DES MEMBRES DE I.A SOCIÉTÉ
POUR L'ANNÉE 1866.
BUREAU.
PréMefU-né. —M. Boby dk La Chapelle, 0 #, préfet de la Haute-Vienne
Président. — M. O.thon Peconnet, '^.
Vice-Présidenls, — MM. Larombière, ^ . ârbbllot.
^Jecrétaire général. — M. É. Huben.
Secrétaire-biàfiothécaire et arehimte. ^ M. Guillemot.
ffecrétaire-trésorier, — M. F. Brisset.
MEMBRES DU CONSEIL.
MM. Tixikr-Lachassagnb, C îRf , premier président honoraire.
Armand Noualhier, ^, député au Corps législatif.
N. . . . .
COMITÉ DE PUBLICATION.
Présidenis, — MM. Peconnet, if, Arbellot.
Secrétaire général. — M. É. Ruben.
MM. Hervy, Laroubibre, i^ , Alph. Bardinbt et Alfred Chapoulaud.
DIRECTION DU MUSÉE.
Directeur, — M. Pubouché {Adrien).
Sans- directeurs : MM. Maquart.
— Guillemot.
— NlVET-FONTAUBEUT.
— Ruben (Emile.)
— Lemas.
— LiNARD.
MM. MEMBRES RÉSIDANTS.
Allélix (Joseph ) , négociant , k porcelaine , secrétaire de la Société
Aixe. des Amis des Arts du Limousin.
Alluaud (Amédée) , fabricant da Arbbllot » curé-archiprêtre de Ro^
USTE DES MEMBRES DE LA SOCIBTlî. 63
chechouart, correspondant des Granob ( Tabbé) , vicaire k St-Plerre.
comités historiques. Graves (le vicomte de), propriétaire.
Ardant (Eugène) , imprimeur. Guillemot (Albert), rédacteur en
Ardant (Henri), négociant. chef du Courrier du CmUre.
AsTAix, professeur li l'école de mé- Hbrvy (Emile), notaire. ^
decine. La Bastide (le baron Hubert de). '^^
Bardinet (Alphonse), avocat. ancien capitaine d*état-maJor.
Barn Y (Alexis) , professeur à l'école Labonnb (de), propriétaire, au
de médecine. château de Montbrun.
Baron-Dutaya , à Bussiëre-Boffjr. Laqranoe (Paul) . propriétaire.
BOBY DE La Chapelle, G -^ , préfet Lamv db Lurbt (É«iouard). banquier.
de la Haute- Vienne. Lansadb, agent-vojrer.
Bon NE val (le marquis de),C. ^, Larombièrb,^, président de cham-
maréchal de camp. bre.
BoNNiN. i^ , inspecteur d*académie. Laportb (Ernest) , négociant.
Bourdbau de Lajudib père, ancien Lecler (André), curé de Saint-
déput é. Symphorien.
BouRGoiN- Mélisse, propriétaire, Leiias (Élie) , professeur de rbéto-
k Saint-Junien. rique au lycée.
Brissbt (Frédéric) , Juge au tribunal Le Saqe (Charles) , ingénieur civil ,
civil de Limoges. maire de Limoges.
Buisson de Mavergnier (Edouard). Linard (Albert).
Chapculal'D (Roméo), propriétaire. M aquart, propriétaire.
Chapoulaud (Alfred), imprimeur. Maublanc (de) Als, propriétaire, à
Chaurbiue (Paul), orgauL^te de la St-Junien.
culhcdrale. Nivkt-Fontaudert , négociant.
Cllzelaud. architecte^ad joint de Noualhibr (Armand), ^, député
lu ville de Limoges. au Corps législatif.
Dkbort (Gabriel) , négociant. Peconnet (Othon), *, préfet
Uefaye fils, pharmacien , à Saint- de la Charente.
Junien. Perdoux (E.). professa de modelage.
Duu (Aloïb) . pharmacien au Domt. Pouyat ^Ëiuile) , ^, négociant.
i^UBÉDAT, con^eilltT à la Cour iiu- Recules ^François) , propriétaire.
périale. Reonault, ^ . architecte de la ville.
Dubois, fabricant de porcelaine. Rogues de Fursac (Victor) , avocat,
DuBouCHÉ (Adrien), négociant. Rolqkrie (l'abbé), professeur au.
DuvERT, de La Gable, propriétaire. petit-séminaire du Dorât.
Fayette père, architecte. Ruben (Éinile), conservateur de la
Fayette fils, architecte. bibliothèque.
Fizot-Lavbuone , avoué près la Sapin , curé de La Jonchêre.
Cour. Talabot (Auguste). *• ancien
FONTANBAU, ancien ofilcier de président de chambre a la Cour
marine, adjoint du maire. impériale de Limoges.
FONT-RÉAULX (Théophile de), pro- Tandrau de Marsac (Pabbé) , cha«
priétaire, à Saint-Junien. noiiie honoraire.
Fouoeras-Lavbrqnolle, ancien no- Tarnbaud (Firroin) , banquier.
taire. Tarnbaud (Frédéric); propriétaire.
FouaÂERs (Léopold) , directeurmé** Tixi»r*Lachassaonb, C ^, pre<
dedn de l'asile des aliénés. mier-président honoraire.
Garrioou*Laqrange, avoué,
M IJSTE MS MEMBRES DE LA SOCliîÉ.
MBMBRES HONORAIRES.
CnuvEiLHiBR, 0 *fr, professeur à Técole de médecine de Paris.
De Mis?^TQUE, O ^ . sénate<ir, ancien préftt de ht Hante-Vtonne.
MoRisoT (TibuFce) ,0^, ancien préfet de la Haute-Vienne, fondateur du
MHsée.
Saint-Makc-Gïrardin , O ^Rf , membre de rinstitut.
MiGNERET. préfet du Ba»-Rhin.
Mgr Berteaud , évêque de Tulle.
Dalesme , g O •?/ , général de division du génie.
MgrCous^EAUD, évêque d*Ângoulême.
De Caumokt. O '^ , fondateur de la Société Française , k Caen.
Michel Chevalier ,0^^. sénateur, membre de rinstitut.
Le vicomte B. de Kbrckovb-Wa&ent » président de la Société Archéolo-
gique de Belgique.
Le général de Montréal , Q O {^ , sénateur.
Le comte F. i>b Lastevrie , membre de rinstitut.
MEMBRES CORRESPONDANTS.
Babai'd-Laribière, k Confolens.
BOMBAL, h Argentat (Corrèze).
BoNNAFoux . conservateur de la bibliothèque de Guéret.
BoNNÉLiE (François) , bibliothécaire îi Tuile.
BosviBUX (Auguste), jugek Wissembourg (Bas-Rhin).
Brunet iJoseph) , juge d'instruction , h, Paris?
Cardaillac (le comte de) , chef de division au ministère de la maison de
TEmpereur.
Cessac (de) , au château de Monchetard près Guéret.
Combet, avocat, k Uzerche (Corrèze).
Cornudet (le vicomte Alfred de) , membre du conseil général de la Crease.
CousTiN de Manadaud (le marquis de) , au ch&tean de Sazerat.
Deloche (Maximin), ^, chef de bureau au ministère des travaux
publics.
Delor iFirmtn) , k Péronne (Somme!.
• DORLHAC . directeur des mines de Montigné, k Laval (Mayenne).
Gay de Vernon (le boT»), ^, chef d'escadrons au 2* régiment de cliasseurs.
GÉRY (Ciiarles) , ^ , préfet de la Corse . k Ajaccio.
Grignard (Emile) directeur du chemin de fer de Lyon k Sathonay.
Juge (de Tulle) , ^, le docteur Louis-Théodore, k Paris.
JuiLLAC-ViGNOLE (le vicomtc Gustave de), secrétaire de la Société Archéo-
logique du Midi , k Toulouse.
Laoardb (Henri de , docteur-médecin , k Confolens (Charente).
Laporte (Armand de) , aide-major de Tartillerle de la garde , k Versailles.
Larouverade (de) , conseiller honoraire k la cour de Bordeaux . k Tulle.
Mandat de Grancey , capitaine adjudantHnajoi» au 5» chasseurs.
Martin de Brbttes , chef de bataillon d*artillerie de la garde , kVeraâilIes.
^ABAUD (Léon) 0 ^, premier-président honoraire de la cour de Gre*
poble , k Charvieux (Isère),
LISTE DES MEMBBES DE LA SOCIETE. 65
Nadault de Buffon . procureur impérial , h, Rennes.
Nâlbbrt, sculpteur, k Angoulème.
NoRUC (Jules) , homme de lettres , k Paris.
Rancogne (Gustave de) , archiviste delà Charente, à Angoulôme.
Rbnond (Kabbé) , professeur au petit-séminaire d* A Jain (Creuse).
SÉNBif AUD , archiviste du département des Ardennes , ît Mézières.
Septenvillb (le baron Éd. de) , château de Lignières. par Poix (Somme).
Simon-Clément, procureur impérial à Auch (Gers).
Tai^dbau db Marsac, notaire, à Paris.
Thou venin , membre de la Société de l'Histoire de France, k Paris.
LISTE
DES SOCIÉTÉS CORRESPONDANTES.
Société Archéologique et Scientifique de Soissons (Aisne).
Société Historique et Archéologique de Château-Thierry (Aisne).
Société d'Émulation de TAllier. à Moulins.
Société Archéologique de lar province de Constantine.
Société de l'Union des Arts , a Marseille.
Société Archéologique et d'Histoire de la Charente, & Angouléme*
Commission historique du Cher, à Bourges.
Société des Sciences naturelles et archéologiquas de la Creuse, à Guéret.
Société d'Émulation du Doubs, h Besançon.
Société d'Émulation , & Montbelliard (Doubs).
Société Archéologique du Midi , à Toulouse.
Académie des Sciences , Belles-Lettres et Arts de Bordeaux.
r-'ociété Archéologique du Midi , k Montpellier.
Société Archéologique de Béziers (Hérault).
Société Archéologique de la Touraine, k Tours.
Société des Sciences et Lettres de Blois (Loir-et-Cher).
Société Archéologique de l'Orléanais, à Orléans.
Commission Archéologique de Maine-et-Loire , K Angers.
Société Polymathique du Morbihan (Vannes).
Société des Sciences, de l'Agriculture et des Arts, k Lille.
Société Académique de l'Oise , k Beauvais.
Société Académique de Doulogne-^ur-Mer.
Société d'Histoire et d'Archéologie de Chalon-sur-Saône.
Société Savolsienne d'Histoire et d'Archéologie, k Chambéry.
Société des Antiquaires de France, k Paris.
Société de l'Histoire de France , k Paris.
Société Hàvraise d'études diverses, au Havre ^Seine-Inférieure).
66 LfStli t>ES MElMBflES 0fi LA SOCIETE.
Société d'Archéologifr, Sciences , Lettres et Arts de Melun (Seine-et-Marne}.
Société Scientifique des Deux-Sèvres, k Niort.
Société des Antiquaires de Picardie» K Amiens.
Société Littéraire et Scientifique de Castres (Tarn).
Société d*Arcliéoloerie et d'Etudes scientifiques de Draguigrnan.
Société des Sciences , Belles-Lettres et Arts du département du Var, k
Toulon.
Société des Antiquaires de TOuest, k Poitiers.
Société des Sciences naturelles et historiques de TYonnc , k Auxerre.
Société Archéologrique de Sens (Yonne).
Académie d'Archéologie de Belgique , a Anvers.
Société Scientifique et Littéraire du Limbourg, k Tongres (Belgique).
Société des Inscriptions funéraires et monumentales de la Flandre-Orien-
tale (Gand).
Société Littéraire de I.yon.
Commission des Monuments et Documents historiques de la Gironde.
Société Historique et Scientifique de la Charente-Inférieure, k Saint-Jean-
d'Angély.
Société d'Archéologie, Sciences, Arts et Belles-Lettres de la Mayenne.
TABLE DES MATIÈRES
PROCKS-VERBAUX DES SÉANCES.
Séance g-énéraîe du 30 janvier 1866 37
— du 27 février 1866 39
— du 27 mars 1866 42
— du 24 avril 1866 43
— du 29 mai 1866 46
— du 26 juin 1866 51
— du 31 juillet 1866 52
— du 27 novembre 1866 54
— du 24 décembre 1866 56
ANNEXE AUX PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES.
Rapport sur la publication du Nobiliaire, lu k la réunion de février
•1866 25
Rapport sur le prix quinquennal 33
MÉMOIRES.
L'abbé Arbellot. — 1/abbé du Mabaret 3
DONS FAITS AU MUSÉE ET A LA BIBLIOTHÈQUE.
Dons faits au musée pendant Tannée 1866 59
Dons faits au musée céramique 60
Dons faits li la bibliothèque de la Société 61
Liste des membres de la Société pendant Tannée 1866 62
Sociétés correspondantes 65
IIM» iK« — iMr. «t CHAPOUIA'I» ri KUO,
BULLETIN
DE LA SOCIETE
ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE
DU LIMOUSIN
BULLETIN
9 9
DE LA SOCIETE
ARCHÉOLOGIQUE
ET HISTORIQUE
DU LIMOUSIN
TOME XVII
LIMOGES
CHAPOULAUD FliKRES, IMPRIMKtîKS DK i-A SOCIÉTÉ
Kuc Montant- Manigne. 7
!SOi
LE P. VIGTORIN POULIOT
Victorin Pouliot naquit, vers Tan 1580, à Saint-Junien,
d'une famille bourg^eoise dont le nom figure souvent sur les
listes consulaires de cette ville (1). Il entra dans Tordre des Çé-
collets de Saint-François. Née au xvi* siècle, cette nouvelle
branche de Tarbre séraphique poussa de vigoureux rejetons
en Aquitaine , où elle produisit des fruits merveilleux. Dans
l'espace de vingt-trois ans, de 159i à 1617, Tordre des Ré-
collets s'établit à Saint- Léonard , à Limoges, à Saint-Junien,.
et dans la plupart des villes du diocèse (2). Toutes ces maisons
faisaient partie de la province de TImmaculée-Conception de
Guienne , dont le siège principal était à Bordeaux. Victorin
Pouliot fit profession dans le couvent de Sainte-Valérie de
Limoges.
A cette époque les -Calvinistes étaient très-répandus dans
tout l'ouest de la France. La vocation spéciale du P. Pouliot
fut la controverse avec les hérétiques. 11 en convertit un grand
nombre , autant par la sainteté de sa vie que par la force de ses
raisonnements. Son nom inspirait tout à la fois , dans les con-
sistoires , la vénération et la crainte. 11 allait attaquer les ré-
formés jusqu'au milieu^ de leurs synodes. Il se trouva à celui
d'Archiac en 4646. La même année, il prononça un discours
de controverse dans la salle du présidial de la ville de Saintes.
Pendant plus de quarante ans , comme nous le voyons par ses
(1) Voir la liste des consuls que nous avons publiée à la suite de la
Chroniqui de Maleu , p. ^45 et suiv.
(2) Saint-Léonard , 15W ; — Limoges (Sainte-Valérie) . 1596 ; — Sainte
Junien , 1598 ; — Uasel , 1604 ; — Saint-Yrieix , Brive , 1613 ; - Aubusson ,
Limoges (Hospice Saint-François) , 1614 ; — Guéret , Confolens , 1616 ; —
Le Dorât, 1617.
6 LE p. VICTOUIN POULIOT.
conférences imprimées et ses ouvrages de controverse, depuis
l'an 1607 jusqu'en 1651 , il combattit avec le plus grand succès
contre les ministres de la réforme , et il persévéra dans cette vie
militante jusqu'à la dernière année de sa vie. 11 mourut à La
Rochelle , le 2 i janvier 1652 , dans un âge avancé (1 ; .
Nous trouvons dans un ancien manuscrit que, Tan 1624, le
P. Pouliot était gardien au couvent des Récollets de Saint-Junien,
situé hors des murs, près de Téglise de Saint-Amand , aujourd'hui
en ruines. C'est sans doute par son influence que ces» religieux
furent mis en possession , cette année , de la chapelle de Notre-
Dame-du-Pont , qui fut ensuite revendiquée par le chapitre de
Saint-Junien (2).
Un savant Récollet du xvii* siècle , contemporain du P. Pouliot ,
et qui appartenait , comme lui , à la province d'Aquitaine , le
P. Michel Vivien , dans son» vaste recueil de prédication qui a pour
titre TertuUianus prœdicans , fait du P. Pouliot le plus magni-
fique éloge. Dans son panégyrique de saint François d'Assise ,
le P. Vivien , parlant des grandes œuvres accomplies par les
enfants de Saint-François et des luttes qu'ils ont soutenues pour
maintenir les vérités de la foi contre les hérétiques, signale en
particulier le P. Pouliot : « Qui donc, s'écrie-t-il , a triomphé
des Calvinistes avec plus de gloire , par la parole et par les
écrits, que Victorin Pouliot, religieux de la province des Ré-
collets dans r Aquitaine? par la parole d'abord : car, pendant
près de quarante ans, il a assisté aux consistoires tenus dans
les provinces de Poitiers , de Saintes , d'Agen , de Bazas , de Pé-
rigueux, du Béarn; il a réfuté les discours des ministres; il a
forcé ces prédicateurs de mensonge à s'avouer vaincus ; —
ensuite par les écrits , car il a livré h l'impression plusieurs
livres de polémique, et notamment jin Mémorial des controverses ,
dans lequel il réfute la confession de foi calviniste par la sainte
Écriture et par la doctrine même de ces hérétiques (3) ».
(1; CoLLiN, lemotici multipL erudil, illustres, p. 39. — Chassaing,
S, Francise, reditivus, p. 104. — Vitrac, Annales de la Haute- Vienne,
6 avril 1813.
(2) Documents historiques sur la ville de Saint-Junien , p. 216.
(3) Quis gloriosiiLS verbe et scripte triumphavit de CalTlnistis quam
Victorinus Pouliot, prdvinciaB Recollectorum in Aquitania alumnus?
Verbo quidem : nam fere per annos quadra^rinta interfuit synodis in
provinciis Pictaviensi , Sanctonensi , Agennensi , Basatensi , Petracoreitfî
et Beamensi habitis ; conciones ministrorum confxitavit ; praedicantes
LE P. VICTORIN POULIOT. 7
Voici la liste des ouvrages du P. Pouliot , telle que nous avons
pu la former d'après d'anciens manuscrits (4 ) , et à ^aîde de
quelques exemplaires de ses livres , qui sont presque introu-
vables aujourd'hui :
4* Conférence avec Le Voyer, ministre , 1607.
2« Défy et défy nouveau à Tampon , ministre , 1614.
3* Conférence avec Salettes (2), ministre, 1619.
4° Conférence avec Costebadie , ministre.
5* Défy charitable donné aux ministres de Limoges.
6" Traicté de la réunion de tous les François à mesme religion ,
auquel sont agitées les questions suivantes, à savoir : 1® si ceux
de la religion prétendue réformée se pourroient sauver en la
religion du roi; 2° s'ils 'sont en estât de damnation; 3' si les
causes qui les tiennent séparés de l'Église de leurs ancestres et
la foy de leur prince sont justes ; 4" si les moyens proposés par
les ministres , depuis la prise dé La Rochelle , pour la réunion
de l'Église gallicane , sont propres à cette fin ; 5" si les ministres
croient à ce qu'ils preschent, ou non. — A Périgueux, chez
Dalon, 1630, in'16.
7* Le Baaillon des ministres.
8** Le Désaveu des articles 3 et 4.
9* L'Examen de conscience de ceux de la religion prétendue
réformée, 1640.
10° Traicté des motifs qui obligent ceux de la religion pré-
tendue réformée à sortir de l'Église dressée de nouveau par les
ministres, 1641 (?).
— Dans cet ouvrage , le P. Pouliot expose et développe aux
Calvinistes quinze motifs de conversion qu'il serait trop long
d'énumérer.
11* Traicté deuxîesme des motifs qui obligent ceux de la re-
ligion prétendue à sortit de l'Église dressée de nouveau par les
ministres, 1642. — La Rochelle, par Toussaints de Gouy , in-24.
falsitatem fateri coegit ; — scripte etiam : nam pliires typis mandavitcon-
troversiae libres, prœsertim Memoriale controversiarum , in que confes-
sienem calvinistam ex Scriptura sacra et Calvinistarum doctrina con-
futat. {TertvUianus prœdicans y religio Seraphica, cencie 1.)
(1) Nadaud. Fouillé ms„ T. II, p. 34. — Vitrac, manuscrit appar*
tenant à Madame veuve Aug. DuBeys.
(2) Un autre religieux né à Saint-Junien , le P. Irat , jésuite , publia en
1624 un ouvrage intitulé : La Fuite honteuse du ministre Pierre de Salettes.
8 LE p. VICTORIN POUUOT.
— Dans ce second volume , qui fait suite au précédent , le
P. Pouliot i^éveloppe six nouveaux motifs de conversion (4).
On trouve àla fin un Défy charitable adressé à tous les ministres
d'Aunis, de Saintonge etd'Angoumois. Après leur avoir exposé le
sujet de trois thèses , en les mettant au défi d'en prouver la
fausseté, il termine par ces paroles : « Voilà , Messieurs, trois
thèses que vous devez expugner. Nommez pour cette fois un ou
plusieurs ministres de votre synode; désignez le lieu propre
pour nous y voir , et assurez-vous que je ne manquerai de m'y
trouver, avec les permissions du roy et des prélats qui ma seront
nécessaires. — A La Rochelle, 28 mars 1642. »
42° Recueil des privilèges vrais et réels, 1644.
4 3° Recueil des arrests prononcés par Jésus-Christ j par les
apostres , par les évangelistes et par les prophètes , sur les dif-
férends qui sont entre les catholiques et ceux de la religion pré-
tendue réformée; ou Manuel des controverses, par textes extraits
des Bibles de Greneve , dédié à Messieurs les curés... — A Saintes,
chez Jean Bichon, 4647 , in-16.
4 4^» Mémorial des controverses , contenant la censure et réfu-
tation de la confession de foy , des prières ecclésiastiques , et la
manière d'admii;iistrer les sacrements dont se servent les mi-
nistres , qui renoncent par ce moïen à 206 erreurs de leur réfor-
mation prétendue , et s'accordent avec l'Église catholique (2). —
A La Rochelle, chez Robert Guillemard , 4654 , in-8.
4 5** Exposition de la Règle de Saint-François.
L'abbé ARBÈLLOT.
(1) Un des arrière-neveux de l'auteur, M. Jules Pouliot , avoué à Roche-
chouart , possède un exemplaire de cet ouvrage.
(2) Une première édition de cet ouvrage avait été donnée sans doute
avant 1642, puisqu'il est cité dans le Traicté deuxiesme des motifs, etc.,
p. 431.
ÉGLISE DE SAINT-JUNIEN.
L*église de Saint-Junien est . une des plus vastes et des plus
belles églises romanes du Limousin. Bien qu'elle n'ait pas été
construite d'un seul jet , et qu'elle ait été augmentée et modifiée
au XIII* siècle, toutefois le plan général de l'œuvre et la plupart
des détails d'ornementation appartiennent -à l'époque romane.
Elle a elle aussi « la grave et massive carrure , la ronde et large
voûte , la nudité glaciale , la majestueuse simplicité des édifices
qui ont le plein-cintre pour générateur (1) ».
Le plan de cette église est une croix latine ; divisée dans la
moitié de sa longueur par un large transept. La nef est flanquée
de collatéraux très-étroits , qui se continuent autour du chœur.
Comme la plupart des églises romanes de la région du Poitou ,
elle se termine par un chevet carré , c'est-à-dire que le chœur
n'est pas environné , comme à Saint-Léonard et au Dorât , de
cette couronne semi-circulaire de chapelles latérales qui forment
l'abside. Le mur oriental du chevet et les parois qui terminent
les deux croisillons , au nord et au sud , sont ornés de roses en
forme de roues ; celle qui éclaire le fond de l'église , divisée en
douze compartiments et garnie de vitraux peints , est fort grande
et d'un bel eflPet.
La date des diverses parties de cet édifice n'a pas été donnée
jusqu'ici d'une manière très-exacte , parce que les archéologues
qui l'ont étudié n'ont fait qu'observer les caractères architecto-
niques sans se préoccuper des documents historiques : or il faut
tenir compte des uns et des autres pour assigner une date précise
aux monuments , autrement on risquerait , en Limousin surtout ,
de se tromper d'un demi-siècle , d'autant que , dans la pratique
(1) V, HuQO, Notre-Dame de Paris. *
10 ÉGLISE DE SAINT-JIJNIEN.
des divers styles d'architecture , notre province n'a fait que subir
le mouvemoit , et se trouve un peu en retard sur le reste de la
France.
Il y a quatre parties bien distinctes dans Téglise de Saint-
Junien : 4* la nef ; 2° le transept et les trois premières travées
du chœur ; 3*» les deux dernières travées du chœur, du cOté de
Test; 4^^ la façade occidentale et le clocher qui la surmonta.
I.
La nef de Téglise est évidemment la partie la plus ancienne.
Les piliers , massifs , carrés , reposant sur de larges stylobates ,
flanqués d'une colonne sur la face principale , et dépourvus de
toute autre ornementation ; les voûtes en berceau , renforcées
d'arcs-doubleaux épais ; les deux arcades qui séparent la nef des
bas-côtés , très-larges et surbaissées ; dans les murs latéraux ,
les baies accouplées en plein-cintre , tout , dans cette partie de
l'édifice , porte les caractères du style roman primitif : il suffit
d'un coup d'œil pour s'assurer que la nef a des caractères archî-
tectoniques plus anciens que ceux du transept et du chœur,
lesquels ont été positivement construits à la fin du xi* siècle.
Mais à quelle époque doit-on faire remonter la construction de
la nef? Le chanoine Maleu, qui achevait sa chronique en 1316,
prétend que la nef était un reste de cette vieille basilique
élevée au vr siècle par Rorice le Jeune sur le tombeau de Saint-
Junien (1 ) : encore bien que l'archéologie contemporaine , qui ne
veut voir dans les monuments religieux de notre contrée rien
d'antérieur au xv siècle , n'admette pas cette assertion , toutefois
nous pensons que les caractères de l'architecture latine , du
YV siècle au xr , n'ont pas été jusqu'ici déterminés d'une manière
assez précise pour rejeter absolument cette opinion du chroni-
queur Maleu , puisée sans doute dans la tradition du pays. Si
on la rejetait , on serait forcé de dire que la nef a été construite
soit au X* siècle , par les abbés dont Maleu nous a conservé le
nom , soit du moins au commencement du xi* siècle par saint
(1) Sub ea tamen latitudine qua ipsa ecclesia tune sedifleatafait, a
claustro usque ad episcopalem cameram, iis temparilms adhuc durât.
{Chronic, Comodol.f p. 28.)
ÉGLISE DE SAINT-JUMEN. H
Israël , premier prévôt du chapitre de Saint-Junien , qui restaura
Tabbaye , et la releva de ses ruiues (1).
II.
"Le transept et les trois premières travées du chœur , avec la
coupole surmontée de la tour au toît conique qui s'élève au point
d'intersection de la croix , datent positivement de la fin du
XV siècle. C'est après la construction de cette partie de l'édifice
que l'église de Saint-Junien fut consacrée, le 21 octobre 4 -100,
par Raynaud, évêque de Périgfueux (2).
Le transept et les trois premières travées du chœur sont en style
roman , mais avec des caractères différents du style de la nef : le§
arcades sont moins larges; les fenêtres sont cintrées, mais non
accouplées ; les piliers , carrés , mais moins massifs , sont can-
tonnés sur chaque face de colonnes engagées; ces colonnes n'ont
pas de base , et sont couronnées par des chapiteaux historiés ,
couverts de figures hiéroglyphiques, ornés de rinceaux ou de
feuillage au galbe corinthien.
La coupole centrale, que surmonte une tour à toiture conique,
est contemporaine du transept , par conséquent antérieure au
XI 1* siècle. Cette tour dominait seule l'édifice avant qu'on eût
élevé , au xiir siècle , l'autre clocher, qui couronne le portail de
l'ouest.
Passerons-nous sous silence le clocheton roman , aux fenêtres
cintrées , qui s'élève à l'extrémité nord du transept ? — Dans
d'autres provinces , quelques partisans acharnés du symbolisme
ont cru voir dans ces sortes de tourelles un symbole de la puis-
sance capitulaire , comme ils voyaient un symbole de suzeraineté
féodale dans le donjon des vieux châteaux. Pour nous , nous ne
voyons dans ce clocheton roman qu'une cage d'escalier revêtue
d'un caractère monumental.
M. Mérimée , sans avoir consulté les documents historiques du
Limousin , avait , du premier coup d'œil , deviné la date de Fen-
semble de cet édifice : « L'épaisseur des piliers , le style des cha-
(1) On lit dans une légende de saint Israël ,* imprimée en 1642 : « DinUim
templumbrm, adjuvante divine Numine, fssuscitafum œdiJlcavV, » (P. 21.)
(2) Chronicon ComodoliaCy p. 41,
12 É<iUSE DE SAINT-JUNIEX.
piteaux , la simplicité du plan , et je ne sais quelle rusticité dans
Tensemble , m'engagent à penser que la construction de Saint-
Junien est antérieure à la fin du xi« siècle (4) ».
111.
Toutefois M. Mérimée avait fait cette observation , que les deux
dernières travées du chœur du côté de T^st ne ressemblent pas
exactement aux autres travées , et sont d'une construction posté-
rieure. « A Test du chœur, dit-il , deux piliers se distinguent des
autres par des chapiteaux plus simples que les précédents ,
n'ayant autour de leurs corbeilles que des feuilles , ou plutôt des
crochets grossièrement épannelés ; en outre , les colonnes qui
flanquent ces deux piliers ont une base , tandis que les autres
n'en ont point. Doit-on conclure de ces légères différences que
ces deux arcades du chœur sont postérieures à la première cons-
truction de l'Eglise , ou , pour parler plus exactement , posté-
rieures aux autres arcades ? L'examen de l'appareil , à l'intérieur
et à l'extérieur, la décoration très-ancienne du mur oriental du
chœur attenant à ces arcades , semblent se réunir contre cette
supposition : je n'ose cependant la rejeter tout à fait (2). »
Si M. Mérimée eût consulté les documents historiques du pays,
il aurait compris la raison de ces diflférences , et ne serait pas
resté dans son hésitation. En effet, Maleu, dans sa Chronique,
rapporte que , vers l'an \ 230 , les deux dernières travées du
chœur furent construites par Ithier Gros , diacre et chanoine de
Saint-Junien , qui employa à cette lieMination les aumônes des
pèlerins et les offrandes des autres fidèles. Le chroniqueur ajoute
que, lorsqu'on posait les sculptures de la grande rose du chevet ,
Ithier, qui était monté sur les échafaudages , fut renversé par
un coup de vent, et tomba au milieu des matériaux du chantier
sans se faire aucun mal (3). Cette grande rose du chevet accuse
en effet le xnv siècle , et les deux roues des croisillons , au nord
et au sud , doivent dater de la même restauration.
M. Mérimée a donc eu raison de penser que les deux dernières
arcades du chœur sont postérieures aux autres arcades. « 11 a fort
(1'^ Notes d*un voyage en Auvergne : Saint-Junien.
(2) Id,, im,
(3) Chronic, CimoMiac,, p. 68.
ÉGLISE DE SAINT-JLMEN. 13
bien remarqué que les deux derniers piliers ont des bases , tandis
que œux du reste du chœur n'en . ont point ; mais il n'a pas
remarqué que ces bases sont formées par le .tore écrasé du
XIII* siècle , et cette circonstance Teût éclairé sur la tendance
aux crochets qu'il a nommément signalée dans les chapiteaux
• épannelés de ces colonnes orientales. Quant à la parité d'orne-
mentation qui existe entre ces dernières travées et le reste de
l'église..., il est facile de l'expliquer par une sage réservQ de la
part de l'architecte : il a voulu continuer cette belle église , et
non lui imposer une physionomie nouvelle (4). »
Voilà pourquoi la muraille orientale du chœur (à part la
grande rose qui en fait l'ornement , et qui fut placée au
XIII* siècle) a conservé le caractère qu'elle avait avant ce prolon-
gement du chevet. « Cette muraille, dit M. Mérimée , si elle n'est
pas contemporaine de la construction primitive , ne peut être
postérieure à la première moitié du xii* siècle. » Elle a est percée
de trois fenêtres en plein cintre, avec une rose au-dessus en forme
de roue. Deux tourelles encadrent cette façade orientale , que
surmonte un fronton. Le tout s'appuie sur un soubassement de
peu de saillie. L'ornementation est presque nulle , ou tout au
plus se réduit à quelques moulures d'un caractère byzantin (2). »
En 1845 , lorsqu'on répara cette dernière partie de l'église, qui
menaçait ruine , on reprit les angles du chevet sur lesquels s'é-
lèvent les. deux clochetons latéraux , et on trouva dans les fon-
dements d'un des piliers angulaires une large médaille oxydée ,
qui représentait un pèlerin : cette médaille, que nous avons vue ,
avait été déposée là en mémoire des aumônes qui furent faites
par les pèlerins pour l'agrandissement de l'église.
IV.
La "façade occidentale a été incontestablement remaniée au
XIII* siècle. Elle offre , au moins dans certaines parties , tous les
caractères de l'architecture limousine à cette époque; il reste
toutefois de l'ancienne façade de l'église romane deux baies
très-étroites , qui , de chaque côté du portail , dans des niches
figurées, correspondent à Taxe des collatéraux.. Ce qui reste
(1) M. Ch. des Moulins, Congrès archéologique de France , 1817, p. 389.
(2) Noies d'un voyage en Auvergne : Saint-Junien.
14 Écil.ISK DE SAINT-JIMKX.
encore peut-être ce sont les deux jolies tourelles au toit co-
nique en pierre qui s'élèvent aux deux extrémités de la façade ,
et qui autrefois, comme à Notre-Dame de Poitiers, flanquaient
le fronton roman. Mais le grand portail, qui est en ogive , avec
arcades géminées et quatre archivoltes toriques en retrait,
accuse clairement le xiii* siècle. Il est vrai qu'au-dessus règne
une corniche soutenue par de légers modillons , et surmontée
d'une fenêtre cintrée, qui a figuré peut-être sur la façade
romane ; mais le clocher élégant à deux étages qui a remplacé
l'ancien fronton est évidemment d'un stylo postérieur au style
roman : les baies, légèrement ogivales, ressemblent assez à
celles du clocher de Sainl^-Pierre de Limoges et de la partie
supérieure du clocher de Saint-Léonard, qui datent du
xiir siècle. C'était du reste une mode de cette époque de placer
un ou deux clochers au portail de l'ouest. La façade de Saint-
Junien , avec Fon élégant portail , le beau clocher qui la sur-
monte, les deux tourelles qui l'encadrent, est d'un style large
et d'un aspect monumental.
Les savants qui ont fait une étude comparée de la tour centrale
et du clocher de l'ouest ont été forcés de reconnaître que la
coupole de ce dernier « se distingue de celle du transept par
quelques caractères qui prouvent une ancienneté moins grande,
tels que l'absence de fenêtres dans le mur octogone qui la
supporte, l'ouverture ronde et non poly lobée de son cerveau, et
surtout le cordon en tore , et non en simple tailloir, qui forme
le rebord de sa base (<) ».
Cette façade a-t-elle été restaurée vers Tan 4230, lorsque
Itliier Gros prolongea le chevet de l'église? ou bien n'a-t-elle
été remaniée que trente ans plus tard, vers l'an 12C0 , lorsque
Aimeric de La Serre était évêque de Limoges et en même temps
prévôt de Saint-Junien ? Nous adoptons cette dernière opinion,
parce que, de l'avis des savants archéologues qtii ont étudié le
monument (2) , le style ogival est plus prononcé sur la façade
ouest et sur ce clocher que dans le chevfît de l'église ; d'ailleurs
nous lisons dans la Chronique de Maleu que, l'an 1264, Pierre
de Bénévent, prévôt de Saint-Junien , fit fondre une grosse
cloche, baptisée sous le nom de Saint-André, qu'on devait
(1) Ch. drs Aroui.iNS, Vovorts archéologique de FraViCa , année 1847,
p. 38Ô.
(2j M. Mérimée, M. Charles des Moulins, etc. {loc. cU,),
ÉiîLISE DE SAINT-JL'NIEN\ 15
sonner aux jours de fêtes solennelles et aux enterrements de
personnes notables (1) : or il est vraisemblable que cette grosse
cloche, destinée au clocher de l'ouest, y fut placée peu de temps
après la construction de cette tour, et nous pensons volontiers
qu'Aimeric de La Serre , le fondateur de la cathédrale gothique
de Limoges, fit élever ce clocher vers Tan 1260, en même
temps qu'il restaura la partie supérieure de la tour centrale de
Saint-Junien , qui avait été abattue par la foudre (2).
y.
C'est dans cette tour qui surmonte le transept que se trou-
vaient les petites cloches , au dire de Maleu. Elle a été fou-
droyée plusieurs fois : d'abord vers Tan 4260, puis le W juin
4312 (3), et enfin le 3 octobre 4 405, comme on le voit dans
cette notç ajoutée à la chronique de Maleu : « Un samedi
3 octobre , après la fête de saint Michel, Tan 4 405, vers l'heure
de vêpres , une horrible tempête éclata avec tant de force que
la foudre , frappant le clocher de l'église de Saint-Junien oii
sont suspendues les petites cloches , le fendit et le renversa dans
la partie supérieure jusqu'à la longueur d*une lance , faisant
tomber les boules , le coq et la croix , et jetant çà et là les
pierres et les tuiles , ce qui est surprenant à entendre , maïs ce
qui était horrible à voir (4). »
VI.
Parmi les curiosités archéologiques que enferme l'église
de Saint-Junien , nous devons citer : le tombeau de saint
Junien, chef-d'œuvre de sculpture romane et un des types
les plus curieux de ce genre; la dalle funéraire en cuivre
du chanoine Martial Fournier, mort en 15l3; les débris d'un
Sépulcre ou Calvaire du xv« siècle, qui se trouvent dans la
chapelle-basse de Saint-Martial, et enfin le maître-autel en
marbre qui vient de l'abbaye de Grandmont , et dont un bas-
relief très-remarquable représente les disciples d'Emmaiis.
L'abbé ARBELLOT.
(1) Chronic, ComoJoî., p. 9G.
(2) Id„ ibid., p. 83.
(3) >£/.. 2Ô/(/.. p. 111.
(4) Id,, ibid,, p. 115.
ROGHEGHOUART
^^^^^^^^A^A'^^'^^^^MM^^fWW
ÉGLISE PAROISSIALE.
I.
Cette église a été fondée vers le milieu du xi* siècle par une
colonie de moines venus de Tabbaye de Charroux , en Poitou.
Elle fut consacrée, le \\ novembre 4061 ou 1067, par Hitier
Chabot , évêque de Limoges , malgré l'opposition des chanoines
de Saint-Junien , qui écrivirent à ce sujet au pape Alexandre II
une lettre où Ton trouve de curieux détails (4).
Il ne reste de cette église romane consacrée par Tévêque Hitier
que la porte principale à Touest , le mur du nord dans toute sa
longueur, le transept et le chœur en partie.
Le chevet de l'église est carré , comme dans la plupart des
églises de cette région ; la nef se compose de trois travées ; les
croisillons du transept renferment deux chapelles , dans les-
quelles on entrait autrefois par une porte cintrée.
Le portail du sud , en style ogival avec chapiteaux à crochets ,
et les ogives à lancettes du mur méridional de la nef accusent
clairement une restauration de la fin du xiii* siècle.
Les baies ogivales du clocher, parfaitement semblables à celles-
là , indiquent encore que c'est à la fin du xiii* siècle que la tour
octogone à deux étages a été élevée sur la base carrée du porche
roman.
(1) Cette lettre a été écrite après le concile de Bordeaux , tenu en 1068.
Voir rexposé des faits et le texte de cette lettre dans nos Documents hùt(h
riques sur la ville de Saini-Junien , p. 139 et 253.
ROCHECHOUART. 17
Quant au toit conique en spirale qui couvre la flèche , c'est
Tœuvre bizarre d'un charpentier fantaisiste , qui ne date que de
la première moitié du siècle dernier : tn trouve ailleurs d'autres
toitures de ce genre.
La fenêtre ogivale qui éclaire le chœur, divisée par des me-
neaux en trois compartiments , que surmontent des quatre-
feuilles , est aussi une restauration de la fin du xiii' siècle.
C'est encore à la même époque qu'il faut rapporter la fenêtre
ogivale percée au-dessus du portail de l'ouest , et les contreforts
à redans qui appuient les angles de la base du clocher, bien
que ce genre de contreforts ait été usité principalement au
xv« siècle.
Il y a donc dans cette église deux époques principales et deux
styles diflFérents : le style roman du xi* siècle et le style ogival
de la fin du xiir siècle.
En 4295, — sans doute après cette restauration , — l'église de
Rochechouart fut élevée au titre de succursale en ville murée.
(Nadaud , Pouillé ms.)
L'année suivante (1296), Aimeric XI, vicomte de Rochechouart,
octroyait aux habitants de la ville une charte qui les affran-
chissait, et portait création de leur commune (1). On trouve à la
fin de cette charte la signature d'Itier, prieur de Rochechouart.
Donc là, comme dans beaucoup d'autres localités du Limousin ,
c'est une église , bâtie par des moines , qui a été le fondement
et le berceau de la cité.
IL
On trouve dans cette église quelques tableaux peu dignes d'at-
tention : derrière le maître-autel , saint Pierre marchant sur
les eaux ; dans la nef , un Christ en croix , une Descente de
croix , etc.
Le rétable , en bois doré , qui s'élève sur l'autel de la Vierge ,
dans une chapelle latérale , paraît dater de la première moitié du
dernier siècle. 11 présente des sculptures remarquables : sur le
tabernacle, le Christ docteur; du côté de l'Evangile, saint
(1) Voir cette charte , publiée par M. Maurice Ardant , dans le Limousin
Historique, T. I , p. 294. La traduction a été reproduite dans V Histoire de
Bochechcuart , par Tabbé Duléry, p. 344.
2
18 ROCHECHOIIART.
Julien , patron de la paroisse ; du côté de TEpître , l'apôtre saint
Simon , tenant en main la scie , instrument de son martyre :
saint Simon figure là sans doute comme patron du donateur de
Tautel (peut-être un Simon de La Barde , famille noble de Roche-
chouart).
A rintérieur, l'église a subi quelques réparations qui lui ont
enlevé tout caractère monumental. C'est en 4813 qu'on a dressé
les six colonnes rondes en bois qui séparent la nef des bas-côtés,
et qui supportent un lambris de mauvais goût. Ce lambris , qui
était auparavant en forme de plafond , fut arrondi à cette époque
en forme de voûte surbaissée , sur laquelle se dessine disgra-
cieusement une série de petits arcs parallèles qui la soutiennent.
Depuis quelques années déjà , une voûte de ce genre s'étalait
sur le chœur. Pour donner à cette église un voûte élégante et
hardie , on n'aurait eu qu'à prendre pour type celle qui existe
sous le clocher.
III.
Nous avons dit que cette église était une fondation de Char-
roux. — L'an 4 24 4 , le pape Innocent III , écrivant à Hugues ,
abbé du monastère de Saint-Sauveur de Charroux , confirmait les
privilèges de cette maison célèbre, et lui assurait la possession
a du monastère qui est auprès du château de Rochechouart ,
ainsi que de ses dépendances (4) ».
Comme l'église de Charroux et la plupart des églises fondées
par cette célèbre abbaye étaient sous le vocable de Saint-Sauveur,
cette église s'appelait autrefois le prieuré de Saint-Sauveur de
Rochechouart (2) : tel était encore le nom de la paroisse au
xvir siècle et même au commencement du xviii* (3). Depuis
cette époque , par suite de l'annexion de cette église à la pa-
roisse de Biennac (qui a pour patron saint Julien de Brioude), ce
saint martyr est devenu le patron principal de l'église de Ro-
chechouart,
ta frairie ou fête religieuse qui attire le plus grand concours
(1) In Lemovicensi episcopatu, monasterium castri de Rupe Cavardi
cum cœmeterio et pertinentiis suis. (Innocentii III , lib. XIV, xvni; —
Patroloç., T. CCXVI , col. 393.)
(2) BONAVKNT., T. III , p. 298.
(8) Divers titres mss.
ROCHECHOUART. 19
de peuple est la fête de saint Paul , apôtre , patron secondaire de
la paroisse (29 juin). Cela vient sans doute de ce que , au moyen
âge , — d'après Bernard Guidonis , écrivain du xiv* siècle , — une
partie du corps de saint Paul de Narbonne était vénérée dans
cette église {^). Plus tard , on aura confondu le premier évêque
de Narbonne avec Tapôtre saint Paul. Quoi qu'il en soit , ces
précieuses reliques ont disparu, probablement au milieu du
xvr siècle , lorsque « les Calvinistes , nous dit le P. Bonaven-
ture , selon leur coutume enragée , pillèrent et détruisirent .ces
lieux(2} ».
IV. •
La fontaine qui est sur la place , devant Téglise , fut élevée
en 1539. Nous avons découvert dans un vieux manuscrit de la
mairie les vers suivants , qui sont relatifs à Tinauguration de
cette fontaine , et qui n'ont pas encore été publiés :
Lan mil cinq cens trente et neuf
Du înoys daugst (d'août) le dixneufviesme
Par tuaux [tuyaux) de boys faltz de neuf
En nombre le neuf centiesme
A Rochouard p[ar] devant lesgllse
La fontaine de font builliant {Font-BouiUant)
Es une tasse de pierre fust mise ,
Tout le peuple rejbuyssant.
Les consuls lont faicte faire
Et ont avansé largent {sic).
En paradis soit leur repaire
Et Dieu doint bonne vie aux habitans.
V.
Hors de la ville , dans un angle du cimetière , on trouve la
chapelle de Beaumoussou (autrefois Maumoussou, mauvais chemin).
C*est une simple nef, à contreforts plats , avec un portail à
Touest et une porte ogivale au sud-est. Elle fut bâtie vers 4 280 ,
par Foucaud de Rochechouart , chanoine de Limoges , qui était
le sixième fils d'Aimeric VIII , vicomte de Rochechouart , et de
Marguerite de Limoges (3). Ce chanoine Foucaud était frère de
(1) Bernard Guidonis, deSanct. Umovic., ap, Labbb, T. I, p. 644.
(2) BONAVBNT., T. I, p. 298.
(3) Fille de Guy V, vicomte de Limoges.
20 ROCHECHOUART.
Simon de Rochechouart , qui fut archevêque de Bordeaux de
4275 à 4280. On voit , sur une pierre en saillie du mur méri-
dional , les armoiries de la famille de Rochechouart. Cette cha-
pelle , qui date dans son ensembl edu xiii* siècle , fut restaurée
en 4648 , et on y a fait quelques réparations dans ces dernières
années (4855). *
CHATEAU.
I.
Le château de Rochechouart est un des châteaux gothiques les
mieux conservés du Limousin. Il est magnifiquement situé sur
un promontoire que termine un rocher gigantesque , en face de
deux vallées qu*arrosent la Grenue et la rivière de Vayres. De
ses fenêtres , on voit se dérouler un vaste panorama , et Ton jouit
d'une perspective lointaine et des paysages les plus variés. Vue
à distance , du côté de l'est et du midi , la ville de Rochechouart
offre un coup d'œil très-pittoresque.
Le bâtiment principal du château est flanqué , du côté de la
façade , par deux grosses tours . et , du côté de la cour inté-
rieure , par deux tourelles qui servent de cage d'escalier. Deux
ailes en retour d'équerre s'étendent au nord et au midi. L'aile
du nord se termine par le portail du pont-levis ; à l'angle duquel
s'élève une tour qui paraît dater du xiir siècle.
Le château , dans son ensemble , a été reconstruit vers la fin
du xv^ siècle ; toutefois l'aile du nord paraît avoir été élevée ,
après le bâtiment principal , dans les premières années du xvi*
siècle. En effet une galerie s'étend , du côté de la cour, au rez-
de-chaussée de l'aile du nord, et se prolonge au-delà du grand
corps de logis : or, dans les arcades à plein-cintre de ce portique
et dans ses colonnes torses élégamment ouvragées, on voit
poindre déjà le style de la renaissance.
Quant au portail du pont-levis , il accuse évidemment tous
les caractères de l'architecture sous François I«^
La salle des pas-perdus , qui couvre la galerie accolée au bâ-
timent principal , n'est qu'une surcliarge du siècle dernier (4770).
Les deux grosses tours qui flanquent la façade principale
avaient été découronnées et démolies en partie pendant la ré-
volution : elles ont été restaurées de nos jours (4858-4859) par
M. Fayette, architecte du département, et elles ont reçu, outre
ROCHECHOUART, 21
leur couronne de mâchicoulis, une charpente qui soutient une
toiture aigtie ; mais elles ne s'élèvent pas à la hauteur qu'elles
atteignaient autrefois.
On a restauré en même temps les grandes fenêtres des combles.
L'ancienne charpente du château, qu'on a heureusement con-
servée , grâce aux réclamations de la Société Archéologique , est
la plus remarquable du département.
La tour du Lion a pris son nom d'un lion en granit qui est
placé dans une niche au milieu de la muraille , et dont l'an-
cienne sculpture rappelle les lions de Saint-Michel de Limoges.
Au fond de cette tour est une basse-fosse dans laquelle on
descend par un orifice circulaire, et qu'on appelle improprement
les oubliettes.
Les larges fossés qui protégeaient le château du côté de la
ville sont aujourd'hui convertis en cour et en jardin.
IL
Peintures murales, — Dans l'aile du nord , une chambre au
premier étage , qui communiquait autrefois avec une pièce de la
tour du Lion , est décorée de peintures murales fort curieuses.
Les trois sujets principaux représentent une cérémonie d'hom-
mage, un cortège, une chasse au cerf.
4" Ce premier tableau n'a pas été appelé de la sorte par les
écrivains qui ont parlé jusqu'ici de ces peintures : ils l'ont ap-
pelé a un dîner », mais c'est tout au plus une scène d'après-
dînée. Le seigneur et sa noble dame sont debout devant une
table sculptée, sur laquelle on aperçoit quelques plats vides.
Derrière eux , et à l'angle de la table , à gauche du spectateur,
on voit des pages et des officiers du château ; à droite , un
vassal présente, en s'inclînant, une fleur à son suzerain,
et semble lui rendre l'hommage. Dans le fond du tableau,
d'autres vassaux , à côté d'un majordome , semblent attendre le
moment d'être présentés , et de rendre l'hommage à leur tour.
2* Ce qui domine dans « te cortège » c'est un chariot couvert ,
peint en rouge cramoisi , espèce d*omnibus ouvert par les côtés ,
dans lequel on peut compter sept dames , et qui est traîné par
un seul cheval que monte un écuyer. Ce char est précédé , ac-
compagné et suivi de pages et de gentilshommes à pied ou à
cheval. Un piqueur chevauche en tête du cortège , sonnant de
22 ROCHECHOUART.
la trompe. Dans les premiers rangs apparaît le jeune seigneur,
monté sur un cheval dont un nègre tient les rênes. Parmi la
foule des personnages qui précèdent le chariot , on distingue un
moine à tête rasée , dont la figure décharnée contraste vivement
avec les autres , et devant lui on remarque un prélat couvert
d'un camail. Les cavaliers qui suivent le char ont presque tous
des dames en croupe.
On voit en perspective , dans le haut du tableau , le château
de Rochechouart, qui présente à la fois sa façade principale et
celle du pont-levis. Quatre tours dressent leurs mâchicoulis au-
dessus de la toiture. Puis , entre le château et la roche suspendue,
on distingue la gracieuse chapelle gothique de Saint-Jean , qui
fut démolie en 1596.
Plus loin apparaît la ville de Rochechouart , avec son clocher,
son enceinte fortifiée , vue du côté de la porte Bereau. Entre le
cortège et la ville on aperçoit le bouffon du seigneur, avec sa
casaque rouge et son bonnet pointu , sur un cheval lancé à
toute bride. Nous laissons beaucoup d'autres détails.
3*» Le cerf est représenté plusieurs fois , d'abord lancé et
poursuivi par les piqueurs et les chiens , puis au moment de
l'hallali , et enfin dépecé par les veneurs.
« Tout cela , dit M. Félix de Vêmeilh , ne constitue pas sans
doute un chef-d'œuvre. 11 y a non pas seulement de la naïveté ,
mais des incorrections impardonnables dans cette longue suite
de peintures; en revanche, elles ont toujours l'abondance,
la verve , le sentiment de la décoration , et elles viennent , à
tout prendre, d'un artiste digne de ce nom (<). »
D'après M. AUou, la peinture que nous désignons sous le
nom de cortège représenterait l'entrée du comte de Pontville
à Rochechouart, en U70 , et aurait été exécutée vers 1600 (2);
mais eette dernière date est évidemment fautive. Avec plus de
raison , M. de Verneilh regarde les costumes comme étant du
règne de Louis XII, et il assigne pour date à ces fresques
les premières années du xvi' siècle.
III.
11 y a cinq ans (4863) , en grattant le badigeon d'une chambre
(1) Bulletin delà Société Archéologique du limousin, T. V. p. 267.
(2) Monuments de la Haute- Vienne, p. 341.
ROCHEGHOUART. 23
de l'aile du nord , où se trouve aujourd'hui le cabinet des
agents-voyers , on découvrit d'autres peintures murales , qui
sont malheureusement fort endommagées. Elles représentent les
travaux d'Hercule, et datent de la première moitié du xvi' siècle.
Trois scènes fort reconnaissables sont peintes sur une des mu-
railles : à gauche , on voit le héros levant sa massue des deux
bras pour frapper le dragon des Hespérides ; au milieu du
tableau , il terrasse le taureau de Tîle de Crête ; plus loin il sou-
lève, pour rétouflfer, le géant Antée. Sous ces peintures nous
avons lu l'inscription suivante , en lettres gothiques :
Comment Hercule desconflt le roy AchiUan, qui p[ar]
Art se transmua en troys figures diverses.
Dans une chambre voisine , Hercule combat l'hydre de Lerne ,
qui sort des ondes marécageuses , les ailes déployées.
Malgré leur état de dégradation , ces peintures méritaient
d'être conservées. Nous fimes à ce sujet d'utiles réclamations ;
mais , dans un esprit ultra -conservateur qu'on ne saurait guère
approuver j l'administration a fait couvrir ces peintures - de
chftssis de papier cloués et inamovibles (Ij.
L'abbé ARBELLOT.
NOTICE
GÉNÉALOGIQUE ET BIOGRAPHIQUE
SUR
LA FAMILLE NADAUD.
L'une des plus anciennes et des plus illustres familles du
Limousin est sans contredit celle des Nadaud. Nous avons pensé
qu'il serait peut-être agréable à la Société Archéologique et His-
torique du Limousin d'en connaître la filiation : c'est dans ce
but que nous lui adressons ce travail.
Les armes de cette noble maison sont : « d'azur à trois haches
consulaires d'argent entourées d'un faisceau à verges d'or, liées
d'argent et posées SI et 4 (4 ) ; aiias de gueules au sautoir d'argent
cantonné de quatre étoiles d'or (â] ». Deux sauvages de carnation
soutiennent l'écu de cette famille , dont la devise est : « Tout vient
de Dieu ».
L — Jean Nadault ou Nadaud , docteur ès-lois, vivait noble-
ment à Limoges en 1296.. — On ne sait rien sur lui, si ce n'est
qu'il se maria tard , et mourut dans un fige avancé , laissant
Jean-Léonard, qui suit :
IL — Jean-Léonard, écuyer, fut conseiller à Limoges en
4350 (3). Il eut pour fils : 4* Jacques-Gabriel, qui fut vicaire-
prieur du chapitre noble de Saint-Etienne de sa ville natale
(1) Archives de Bourgogne , à Dijon : Armoriai de la chambre des
Comptes, p. 325.
(2) Ces dernières sont les armes des Nadaud restés en Limousin.
(3) Archives de Thôtel de vlUe de Limoges, année 1350.
NOTICE SUR LA FAMILLE NADAUD. 25
en 1391 : Gabriel Nadaud « avoit acquis Testime des chanoines
à un teï point que ceux-ci intentèrent un procès à Tévêque ,
qui Favoit fait mettre en prison (1) »; 2*^ Martial, qui suit;
3* Michel , qui figure dans un titre de l'abbaye de Saint-Martial
de Limoges.
III. — Martial , écuyer, consul à Limoges en U05, exerça long-
temps cette haute magistrature (3). Il mourut dans un âge assez
avancé, laissant: 4° Antoine-Sylvain, qui suit: S'» Jean, prieur
de Saint-Michel de Limoges en 4 459 (3) ; Jean-Baptiste , écuyer,
capitaine de compagnie , qui servit avec éclat et honneur, sous
le règne de Charles VI , et fut reconnu noble d'épée ; le
U juillet U74, il assista a\L mariage d'Antoinette de Gouver-
nent, sa parente, veuve de Guillaume de Savoye , avec Jouffroy
de Reule , écuyer (4).
IV. — Antoine-Sylvain, écuyer, consul à Limoges en 4460 (5),
se fit connaître par sa science , par la fermeté de son caractère
et par la profondeur de son esprit. Il laissa : 4'' Nadala, qui fut
mariée à N N....; 2"* Jacmes, qui suit : S"" Jacques, consul
à Limoges en 4502 et 4504 (6] : celui-ci quitta le Limousin lors
des guerres religieuses , embrassa , croit-on , le protestantisme ,
et alla habiter l'Angleterre , où sa branche s'est éteinte sur la
fin du xvin' siècle. On manque de détails sur elle : tout ce que
nous pouvons dire c'est qu'il y a encore à Londres, Wausworth-
Common , trois tombes , où se voient les inscriptions suivantes :
« Henrt Nadaud, mort en 4785, âge de soixante-quinze ans;
Marie Nadault, sa petite-fillb , âgée de dix-neuf ans; Richard
EiNG, MARI DE CELLE-CI, NE EN 4795 , DECEDE, EN 48^7, A L'aGE
DE TRENTE-DEUX ANS ».
V. — Jacmes, écuyer, consul en 4508 et 4524 (7), se distingua
par son équité, sa droiture, son désintéressement et son cou-
rage dans les dissensions intestines qui agitaient alors Limoges.
11 mourut dans un âge avancé, laissant : 4» Martial, qui suit;
i° Jacques, qui figure, le 34 octobre 4509, lors de l'élection de
(1) Bulletin de la Société ÀrchéoL et Hist, du Limousin , année 1856.
(2) Registres consulaires de Limoges, et archives du grand-séminaire.
(3; Gallia Christiana.
(4) Bibliothèque impériale , cabinet des titres : famille de Reule.
(5) Registres consulaires de Limoges.
(6) 7rf., ibid.
(7j Registres consulaires , ans 1508 et 1521.
26 NOTICE SUR LA FAHIUJE NADAUD.
juge civil des ville, château et « chastellanie s de Limoges (1);
3"* Jacob , conseiller en 4 509 (2) ; i"" Jammes , conseiller de
Limoges le 7 décembre <52< (3) ; 5* Jacmes , centenier de la ville
à la même date et par la même élection (4} ; 6"" Joseph, marié à
Anne Bardines, fille de noble messire Sardines, écuyer, mort
sans postérité.
VI. — Martial, écuyer, député en 4517, consul en 4524 (5),
modèle de toutes les vertus civiques au rapport de ses contem-
porains, laissa : 4» Martial-Marc-André, qui suit; 2« Annet,
conseiller de la ville de Limoges en 4 526 et en 4 527 (6); 3° Pierre-
François, conseiller en 4 542, consul en 4 544 (7); 4^ Joseph, écuyer,
seigneur du Sault, plus connu sous le nom de Tabbé Audierne,
renommé par ses travaux archéologiques et historiques, et
surnommé , à juste titre , « Thistorien cicérone du Pérîgord » ;
il fut revêtu de hautes dignités ecclésiastiques; en 4542, il as-
sista à la montre d^armes des gentilshommes du ban et arrière-
ban de la sénéchaussée du Périgord (8).
VII. ^ Martial-Marc-André , écuyer, exerça , comme ses an-
cêtres, de. hautes charges municipales : il fut conseiller en 4555
et consul en 4556. 11 se maria fort jeune, et laissa Georges-
Louis , qui suit.
VIII. — Georges-Louis, écuyer, naquit à Limoges en 4498.
Conseiller pendant plusieurs années , il fut nommé consul en
4540 (9), et mourut vers 4550 , laissant, d*Anne de Coustin du
Mas-Nadaud d*Ankesse , sept filles et deux fils : 4« Martial, qui
suit; 2*» Jean, qui fit branche.
IX. — Martial , écuyer, seigneur de Champsac, Les Tillettes,
Champdose, etc., naquit au château de Champsac, près Chalus,
en 4578. En 4605, il fut pourvu d*une charge de conseiller au
parlement de Bordeaux , dont il se démit après quarante-cinq ans
d'exercice, et mourut en son manoir de Champsac en 4650 , à
rage de soixante- douze ans. Jurisconsulte profond , magistrat
(1) Archives du Limousin, k Limoges.
(2) Archives de la ville de Limoges.
(3) Jd., iHd.
(4) Archives du Limousin.
(5) Registres consulaires » an 1S24.
(6) Archives de la viUe de Limoges.
(7) Regitres consulaires de 1544.
(8) Rollede la montre d'armes de 1542, ap» Biblothèque impériale, ca-
binet des manuscrits : trésor généalogique.
(9) Les Fastes consulaires de 1540.
NOTICE SUR LA FAMILLE NADAUD. 27
habile et perspicace , orateur éloquent et grave , citoyen intègre ,
Martial de Champsac fut le modèle de toutes les vertus privées
et publiques. Il avait épousé, en 4618 , Marie-Barbe Fitz-Baring
de Champdose , d'une noble famille écossaise qui était passée en
France vers 4 480, avec Marguerite, reine d'Angleterre et fille
du roi René , duc de Lorraine et de Bar (4). M"« Nadault de
Champsac fut elle-même dame d'honneur de la reine Henriette
de France, épouse de Charles I"" d'Angleterre. De ce mariage
vinrent : <• Jean , qui suit ; 2» Jacques , qui, étant entré de bonne
heure dans les ordres , obtint de nombreux bénéfices , et fut
pourvu de l'importante cure de Pageas. Dès sa jeunesse , Jacques
s'adonna à la littérature ; il a laissé quelques écrits , qui ne
manquent pas de mérite. En 4650 , il vint s'établir à Montbard ,
en Bourgogne , avec Jean , son frère , Jean-Marc et Annet de
Coustin du Mas-Nadaud , ses cousins , et messire de La Barre ,
prieur de Sainl^-Junien et curé de Chalus en Limousin; en 4674,
il assista au baptême de Jacques, son neveu (a). — 3» Léonarde,
mariée à Henry-Marc-René Gandillaud, écuyer, seigneur de
Chambon , morte jeune , en laissant deux filles et trois fils (3) ;
4« Sylvain , conseiller du roi , lieutenant général de la séné-
chaussée et siège pré^idial de la Marche : il n'eut qu'une fille ,
Anne, qui épousa François Coudest de Vareynes; S"» Louis,
prieur de Saint-Aignant-sous-Balot ; 6" François , conseiller du
roi , élu en l'élection de Cognac (4) , mort en laissant : a. Jean,
décédé fort jeune; b. Marie-Anne-Louise, morte sans alliance;
c. François , écuyer, seigneur de Nouhère , marié à Madeleine de
La Tour ; d'où : i. Philippe , écuyer, seigneur de Neuillac, marié,
par contrat du 40 octobre 4704, à Marie-Claire du Bourg, fille
de Pierre du Bourg et de Mélanie de Meaux ; ii. Marie-Thérèse ,
dame de Nouhère, mariée, par contrat du 44 juillet 4704, à
Jeah-Elie des Ruaux de Roufflac.
X. — Jean Nadault , .écuyer, conseiller du roi , seigneur de
La Berchère , de Saint-Remy, des Bordes et autres lieux, naquit ,
(1) Armoriai de la chambre des Comptes , aux Archives de Bourgogne,
k Dijon» p. 540.
(2) Registres de la paroisse Saint-Urse de Montbard , au greffe du tri-
bunal de Semur, 12 juin 1671.
(3) La Chesnatb des Bois, Dictionnaire de la NotHeeee, deuxième édition,
supplément, T. II.
(4) D*HoziRR, Armùrial général : générante de La Rochelle, ap. Biblio-
thèque impériale, manuscrit, p. 340.
28 NOTICE SUR LA FAMÎLLE NADAUD.
au château de Champsac , en 4 629 , et fut successivement bailli
des terres de l'abbaye de Fontenay, maître-général des postes
du duché de Bourgogne, président au grenier à sel de
Montbard (4 ) , maire de cette ville le 27 juin 4 666 , et député en
cette qualité aux États généraux de la province , le 27 décembre
4 677 , à la place de Claude Le Mulier, décédé. Doué d'une noble
intelligence et d'un esprit cultivé, Nadault des Bordes possédait
une instruction solide et étendue. Défenseur zélé des privilèges
de la commune contre les empiétements de la couronne, il a
laissé un ouvrage, en deux volumes in-8°, renfermant les car-
tulaires de la ville de Montbard , ouvrage des plus précieux pour
l'histoire de cette ville, et qui est devenu plus précieux encore
depuis l'enlèvement des titres originaux aux Archives de la Cour
des comptes de Dijon , opéré , par ordre du roi , en 1 680 , lors
d'un procès relatif au domaine royal (2). Jean Nadault des
Bordes mourut, à Montbard, le 9 septembre 4691 , à l'âge de
soixante-un ans. Son corps fut déposé dans l'église de Saint-
Remy, ou l'on voit encore son épitaphe , ainsi conçue :
icy rkposr le corps de
Jean Nadot, conseiller du
roy, président au grenier a sel
de montbar, eslu du tirrs-estat
EN Bourgogne, bailuf des terres
DE FONTENETS, QUI DÉCÉDA LE 9 DE SEP-
tembre 1691 aagé de soixante-un ans.
Priez Dieu
pour le repos de son ame.
Jean Nadault des Bordes avait épousé, en 1660, Edmée, fille
de messire Simon Esprit (3) et d'Anne de Filston. Née à
Montbard , le 27 juin 4633 , M™'' Nadault mourut le 26 décembre
4 699, et fut inhumée, le lendemain, dans l'église de Saînt-Rémy .
De ce mariage vinrent : i *» G illette , née le 4 8 septembre 4 667 ,
morte jeune ; 2» Charles , né le 4 0 mars 4 (>70 , mort jeune ;
3*» Jacques, né le 42 juin 4674 , tenu sur les fonts baptismaux
(1) Voir, aux Archives de Bourgogne, à Dijon, Peincedé, Becueiî de
Bourgogne, T. VI. — Ce manuscrit, en 36 vol. mr49 , est des plus précieux
pour l'histoire des familles.
(2) CouRTÉPÉE , Description du, duché de Bourgogne , 2« édition , T. III ,
p. 115.
(3) Esprit porte : « d'argent li Taigle éployée de sable , au chef d'azur»
chargé de trois sautoirs alezés d'argent ».
NOTICE SUR L\ FAMILLE NADAUD. 29
par Jacques Nadault, curé de Pageas, son oncle; i*" Jean, qui
suit; 5* P'rançoise, née le 30 septembre 4662, mariée, au château
de Saint-Remy, le 17 juin 1686, à messire Henry-Sylvestre de
La Forest (1) , « conseiller du roy au bailliage et chancellerie de
Dijon » , fils de noble Claude-Sylvestre de La Forest « aussy
conseiller du roy, maistre-particulier des eaux et forests au bail-
liage d'Auxois », et de demoiselle Marie Le Clerc (2) : M"' Henry
de La Forest mourut , en 1773 , à Tâge de cent onze ans; 6° Cé-
cile, née le 49 mars 4666, mariée, le â juillet 469S, à Jacques
de Fromager (3) , écayer, seigneur de Nogent , fils de Nicolas de
Fromager, écuyer , seigneur de Nogent, et de Marguerite Briandet :
M"" Jacques de Nogent mourut , à Montbard , le 5 septembre
4694 , et fut inhumée à Nogent ; elle n'eut qu'une fille, Cécile ,
morte, sans alliance, le 45 mars 4758; 7» Edmée, née, à
Montbard, le 43 mai 4664 : entrée, à quinze ans, au couvent des
Ursulines de Montbard en qualité de sœur de chœur, elle prit le
saint habit le 4 octobre 4 689 , et fit profession le 4 5 octobre 4 690 ;
connue sous le nom de sœur Sainte-Gertrude, elle fut plusieurs
fois supérieure de son couvent (4) , et mourut , le 6 août 4763 , à
Tâge de cent quatre ans ; 8^ Annet , né le 8 février 4 669 , mort
jeune ; 9*» Jeanne , née le 30 janvier 4 663 , morte peu de mois
après ; 40«» Edmée , née le 8 mars 4674 , décédée sans alliance.
XL — Jean , écuyer, seigneur de Saint-Remy, de La Ber-
chère, des Berges, etc., naquit, à Montbard, le 42 octobre 4672.
A vingt-trois ans , le 40 décembre 4695, il fut nommé maire
perpétuel de la ville de Montbard. Pendant douze années (de
4697 à 4709), il se consacra aux intérêts de la ville dont, bien
jeune encore , on lui avait confié Tadministration. D'un esprit
ferme et éclairé , d'une instruction étendue , d'une intelligence
prompte , d'une impartialité assurée , il gagna bientôt la con-
fiance et l'estime de ses administrés, et sa mort, survenue avant
le temps , laissa dans tous les cœurs d'immenses regrets. Revêtu
d'un pouvoir judiciaire fort étendu , en sa double qualité de
maire de Montbard et de président au grenier à sel , les décisions
(1) La Forest porte : « d'or au chêne arraché de sinople ». Titre de comte.
(2) Greffe du tribunal de Semur-en-Auîois , Saint-Rémy : mariages , 1686.
(3) Fromager , famiUe qui portait : « d'or chargé d'une fasce d'azur à la
bordure engrelée de gueules , accompagnée de trois tourteaux aussi de
gueules ». — V. l'Armoriai d'Hozier, ap, Bibl. impériale , mss.
(4) Voir, aux Archives de Bourgogne, Ursulines de Montbard, carton K,
liasses 2, 3 et 5.
30 NOTICE SUR LA FAMILLE NABAUD.
«
rendues par lui dans ces deux juridictions sont toutes remplies
de droiture et d*équité. Appelé souvent à se prononcer sur des
matières abstraites et délicates , il fit toujours preuve d*un sens
droit et d*un jugement prématurément mûri. Ses arrêts cri-
minels étaient empreints d'une douceur naturelle à son ca-
ractère, mais qui n'alla jamais jusqu'à la faiblesse. Appelé , en
4709, par la Confiance de ses concitoyens, à représenter et à
défendre leurs intérêts dans l'assemblée des États généraux de
la province pour l'année 4712 , il mourut le 30 décembre 1709,
avant d'avoir pu remplir le mandat qui lui était confié. Il avait
trente-sept ans.
Il avait épousé, le 48 février 4699, Jeanne, fille de Jean
Colas (1), écuyer, et d'Antoinette Montchinet, arrière-petite-
fille de Jacques Colas , écuyer, comte de Rocheplate et de La
Fère , vice-sénéchal de Montélimart et grand-prévôt de France ,
qui joua un rôle important au temps de la fronde. M™' Nadault
des Berges mourut le 2 septembre 4744 , laissant : 4*» Françoise-
Edmée , née le 20 avril 4 700 , décédéé le 23 novembre de la
même ahnée ; 2* Jean , qui suit ; 3° Edmée-Catherine , née , à
Montbard, le 25 novembre 1705, décédée, le 9 janvier 4767 , à
soixante-deux ans; mariée, le 45 septembre 4732, à Edmée
Doublet (2) , écuyer, conseiller du roi , maire et lieutenant gé-
néral de Montbard , fils de Jean Doublet , écuyer, conseiller au
grenier à sel de Montbard , et de Marie-Reine Chamereau , elle
fut une des bienfaitrices de l'hôpital SaintJacques de Montbard;
4» Pierre-Edme , né , à Montbard , le 5 avril 4 708 : après avoir
fait ses preuves de noblesse devant Louis-Pierre d'Hozier, juge
d'armes de France , il fut pourvu , le 1 2 avril 4 727 , de la charge
de panetier chez le roi ; il servit en cette qualité à Versailles
jusqu'au 34 mars 1753, et obtint, le 4" avril suivant, des
lettres d'honneur; il épousa, le 46 mai 4755, à Paris, Marie de
La Roche , fille de Gabriel de La Roche , écuyer, seigneur de
Tormancy, et de Thomasse-Eugénie de Biron , dont il n'eut pas
d'enfants; il mourut à Montbard, le 34 décembre 4784 , secré-
taire du roi , contrôleur en la chancellerie près le parlement de
Dijon; 5<» Antoinette, née le 27 mai 4709, morte, le 4 octobre
4770 , à soixante-deux ans , mariée , le 30 décembre 4732 , à son
(1) ce D'or au chêne de sinople » au sanglier passant de sable » , telles
sont les armoiries de cette famille , qui soit de TOrléanais.
(2) Doublet portait : « d'azur k un double () majeur» enlacé d'or».
NOTICE SUR LA FAMHXE NADAUD. 31
cousin FrançoiS'Benjamin Le Clerc de Buffbn , conseiller au
parlement de Dijon, veuf d'Anne-Christine Marlin, mère du
grand BuflFon; d'où : a. Pierre-Alexandre, chevalier de BuflTon,
maréchal-de-camp, mort, en 4825, à quatre-vingt-onze ans;
B. Catherine- Antoinette de Buffbn , née , à Buifon , le 29 mai
4746, morte , à Montbard, le 24 juin 4832, à quatre-vingt-six ans,
mariée, le 24 juillet 4770, à son cousin Benjamin-Edme
Nadault ^es Bordes.
XV. — Jean Nadault, écuyer, conseiller du roi en tous ses
conseils , seigneur de La Berchère , Saint-Remy , Les Bordes ,
etc., naquit, à Montbard, le 25 octobre 4704 (4). Le 29 novembre
4749 , il fut nommé maire perpétuel et gouverneur de Montbard;
le 6 août 4730, il devint avocat général à la chambre des
Comptes de Dijon , oli il succéda à Regnault Chevignard ; il fut
reçu le 4 4 janvier suivant. Il fut, dans cette charge, sévère, mais
juste , et sa parole fut toujours écoutée. Ses réquisitions , étudiées
et approfondies , jetaient sur les affaires les plus compliquées et
les plus difficiles une lumière toute nouvelle. II résigna,, le
45 mars 4754 , en faveur de Jean-François Morel , et obtînt , le
47 septembre suivant, des lettres d'honneur; il se livra alors à.
rétude des sciences exactes , et surtout de la chimie. Un mé-
moire sur les sels de chaux qu'il adressa à TAcadémie des
Sciences le fit recevoir de cette compagnie le 2 février 4749. En
4750 , il fut élu membre de la Société des Sciences, Arts et Belles-
Lettres d'Auxerre; le 44 décembre 4764 , il entra à TAcadémie de
Dijon. Collaborateur actif de la Collection Académique , il étudia
beaucoup Thistoire naturelle , en inspira le goût à Buffon , et
laissa sur cette science des travaux estimés. Il mourut, à
Montbard , le 47 novembre 4779 , à soixante-dix-huit ans. Parmi
ses écrits, nous citerons : Essai sur la théorie des terres et des
pierres; — De l'Ardoise; — De la Marne et des Matières iapidifriques;
— Observations anatomiques sur V Epicéa , le Sapin et le Pin sauvage ;
— Mémoires pour servir à l histoire de la ville de Montbard j etc. Il
avait épousé , le 22 février 4 739 , Jeanne-Louise , fille de Jacques
de Rivière , capitaine au régiment d'Aunay, tué devant Béthune
le 48 août 4740 , et d'Edmée Guilleminot; d'oii vinrent : 4» Pierre-
François, né le 22 novembre 4739, mort le 29 mai 4746;
2« Jean-Pierre-Edme , né le 27 juillet 4744 , mort le 7 juin 4746 ;
3*» Benjamin-Edme , qui suit.
■
(1) Armoriai de la chambre des Comptes de Dijon, p. 540.
32 NOTICE SUR ÎA FAMILLE NADAUD.
XIII. — Benjamin-Edme Nadault de BuflFon , écuyer, seigneur
de La Berchère, Les Laumes, Fresnes, Les Bordes , etc., naquit,
à Montbard , le 22 janvier «748. Le 23 mai 1770 , il fut , avec
dispense d'âge , pourvu de l'office de conseiller commissaire aux
requêtes du palais , vacant par la promotion de Charles-Claude
d'Evoyo à une charge de conseiller. Il exerça jusqu'à la sup-
pression des cours souveraines (1). Il se distingua dans la ma-
g'istrature par les qualités qui font le bon juge : la rectitude de
Tentendement, la connaissance du droit, Tentente des affaires,
l'application et l'étude. Rentré dans la vie privée , il vécut dans
la retraite , cultivant les lettres et les beaux-arts , et s'adonnant
même aux sciences physiques et mathématiques. En 4780, il
contribua, comme élu des États de Bourgogne, à l'acquisition de
la collection de plâtres moulés sur l'antique qui enrichit le
musée de Dijon. 11 mourut, à Montbard, le 47 février 4804. Il
avait épousé, par contrat du 24 juillet 4770, Catherine-Antoi-
nette, fille de Benjamin-François Le Clerc de Buffon (2) et
d'Antoinette Nadault , « en présence de : haut et puissant seigneur
messire Charles-Gabriel , vicomte de La Rivière , chevalier, vi-
comte de Tonnerre et de Quincy , capitaine de gendarmes , brî-
gudier des armées du roi , demeurant au château de Quincy ;
messire Georges-Louis Le Clerc , chevalier, seigneur de Buffon ,
La Mairie et autres lieux , intendant du Jardin-du-Roi à Pqrîs ,
l'un des quarante de l'Académie Française, trésorier de l'Aca-
démie royale des Sciences , demeurant ordinairement à Paris ,
frère aîné et consanguin de la demoiselle future épouse ; dom
Charles-Benjamin Le Clerc , prieur de l'abbaye du Petit-CIteaux ,
vicaire général dudit ordre de Cîteaux , frère consanguin de la-
dite future ; messire Georges-Louis-Marie Le Clerc de Buffon ,
gouverneur de la ville de Montbard , neveu de ladite future ;
mademoiselle Françoise de Rivière, demeurant à Montbard , tante
maternelle du seigneur futur époux ; messire Pierre Nadault ,
ancien chef de panneterie, chez le roi, oncle paternel du sieur
futur et maternel de la demoiselle future : maître Edme Babelin .
avocat en parlement , conseiller du roi , syndic de la ville de
Montbard , parent aux quatrième et cinquième degrés des futurs
époux ; maître Pierre d' Aubenton , avocat en parlement , con-
seiller du roi , maire et subdélégué de l'intendance au départe-
(1) Des Marches, Parlement de Bourgogne, p. 107.
(2) Le Clerc porte : « d'argent li la bande de grueules chargée de trois
étoiles d'argent ».
NOTICE SUR LA FAMILLE NADAUD. 33
ment de ladite ville , parent ; maître GeorgeshLouis d'Aubenton ,
avocat en parlement , receveur au grenier à sel de Montbard ,
aussi parent ; maître François-Xavier Bréon , avocat en parle-
ment , demeurant à Marmagne ; maître Jean-Baptiste Bréon
aussi avocat en parlement , demeurant à Montbard , et maître
Jean-Jacques Mei^assier, ancien officier de maréchaussée , de-
meurant en la môme ville , aussi parents , ce dernier du chef de
dame Catherine Bréon (1) ».
De ce mariage vinrent : 4*» Jean-Benjamin-François, né à
Buflfon le 42 juillet 1771, musicien assez distingué pour exé-
cuter seul , à six ans , à Dijon , à la Sainte-Chapelle , sur le
violon , un morceau d'une assez grande difficulté ; abbé com-
mendataire de plusieurs abbayes , il se trouvait, en 1793 , à la
bataille de Fougères ; fait prisonnier (13 brumaire), il fut con-
damné à mort et fusillé ; en tombant , il prononça ces paroles
sublimes : a Citoyens , je suis neveu de Buflfon I » : il avait
vingt-deux ans ; 2*» Jeanne-Louise-Pierrette-Sophie , née à
Dijon le 27 décembre 1773, morte à Montbard le 27 no-
vembre 1840, à soixante-sept ans; elle fut mariée trois fois : i. à
Jean-Jacques-Henry de Mongis (2), écuyer , ancien officier aux
gardes-françaises , le 2 juin 1793 ; profitant des lois sur le di-
vorce, elle s'unit, le 21 juin 1804, ii. à Michel-Simon Guiod (3),
lieutenant-colonel des chasseurs à cheval de la garde , mort , à
trente-quatre ans, le 10 février 1807, à la suite des blessures
reçues, le 8, à la bataille d'Eylau; m., le 30 mai 1811, à
Claude-Marie Coulon , officier de la Légion-d'Honneur, chef de
bataillon aux chasseurs de la garde, proche parent du duc
d'Abrantès , dont- elle n'eut pas d'enfants.
Du premier lit vinrent : a. Jean-Antoine de Mongis , conseiller
à la cour impériale de Paris , officier de la Légion-d'Honneur,
marié à Robertine-Zulma de Drouas (4), dont deux filles , épouses
l'une du vicomte Ëusèbe de Brémond d'Ars , et l'autre du comte
(1) Be la coUection de M. Heniy Nadault de Buffon.
(2) Mongis porte : « d'azur à une demi-fleur de lis d*or mouvant à
dextre du bord de l'écu , k la tête de licorne d'argent hissant d'une cou-
ronne d'or; au chef cousu d'azur, chargé de trois étoiles d'argent ».
(3) Par cette alliance, la famiUe Nadault se trouve unie à ceUe du
célèbre chansonnier Gouffé de Beauregard. La maison Guiod porte : a d'or
au chevron de gueules chargé de trois étoiles d'argent ».
(4) Drouas porte : « d'azur au chevron d'or, accompagné de trois fers de
lance d'argent; au chef d'or, chargé de trois molettes d*éperon de sable ».
3
34 NOTICE SUR LA FAMILLE NADAUD.
de Contades-Gizeux 5 B. Catherine-Palmyre , femme, en 1845, de
Louis-François Delarue , docteur en médecine à Paris. Du second
lit naquit Adolphe-Simon Guiod , général de division et com-
mandeur de la Légion-d'Honneur. — 3° Benjamin-François-
Georges-Alexandre , qui suit.
XIV. — Benjamin-François-Georges-Alexandre Nadault de
Buflfon, écuyer, naquit, à Montbard, le 23 décembre 4780. « Il
fut pendant vingt-huit ans , du 4 février 1824 à l'année 1852,
juge-de-paix du canton de Montbard. Sans ambition , résistant
même à des ofiFres avantageuses , il ne voulut jamais s'éloigner
de Montbard. Ses concitoyens lui surent gré de cet attachement
pour sa ville natale , — attachement bien rare aujourd'hui , —
et lui en témoignèrent leur reconnaissance en l'appelant, à
plusieurs reprises, à remplir des fonctions municipales En
1864, l'Empereur, voulant récompenser de longs et loyaux ser-
vices , nomma M. Nadault de Buffon , à son insu , chevalier de
la Légion-d'Honneur. Cette distinction fut une véritable fête
pour tout le canton de Montbard, en même temps qu'une sur-
prise pour celui qui, l'ayant si bien méritée, n'avait pas songé
qu'il dût jamais l'obtenir (1) ». Il mourut, à Montbard, le
24 décembre 1866. Il avait épousé, le 22 septembre 1802,
Agathe-Charlotte , fille de Jacques-Marie Petit de Cruzil (2) et
d'Agathe-Hélène-Victoire du Chesne de Bressy, par contrat
reçu Bernard et Guiod , notaires , en présence : « du citoyen
Charles-François Petit, juge de paix du canton de Montbard,
oncle paternel de Içi demoiselle future épouse ; du citoyen Pierre
Leclerc-Buffon , oncle maternel du futur époux , et de dame
JEdmée Fanon, son épouse; du citoyen Jean -Baptiste Pion,
propriétaire à Montbard, et de dame Marguerite Daubenton,
son épouse, parente; de dame Pauline-Simone Guenyot, épouse
de Guiod, l'un des notaires soussignés; du citoyen Claude-
Augustin-Barthélemy Guiod, vérificateur des domaines, de-
meurant à Fontenay, et dame Anne Guérin , son épouse; du
citoyen Antoine-Louis-Anne Guiod, demeurant à Montbard,
tous ces derniers amis; de dame Claire-Ferdinande Simon,
épouse du citoyen Charles-François Petit, tante à la mode
(1) Voir V Union bourguignonne et le Moniteur de la Côte^Or du 28 dé-
cembre 1866 , où nous avons fait insérer quelques lignes sorties d*une
plume amie.
(2) Petit de Cruzil et de Quincy port€ : « d'or à la croix ancrée de
gueules ».
NOTICE SUR LA FAMILLE NADALD. 35
de Bourgogne de la future ; du citoyen Paul-Thibault de
BouUeur, propriétaire à Quincy, et dame Philiberte Petit,
son épouse, cousine germaine paternelle; de demoiselles Hélène,
Elisabeth, Virginie et Georgette Petit, toutes quatre enfants
mineures du citoyen Petit et cousines de la demoiselle future ;
du citoyen Lazare Queneau , demeurant à Semur, parent ; des
citoyens Henry Laurenceot , sous-inspecteur de Tadministration
forestière dansTarrondissement de Semur; Humbert fils, et Guiod,
notaire, amis (4) ». M"« Nadault mourut , à Montbard • le 24 oc-
tobre 4828. Son mari s'unit alors, le 30 janvier 4830, à Ger-
maine- Philiberte , fille de Charles-François Petit de Cruzil de
Quincy et de Claire-Ferdinande Simon de Calvi , veuve en pre-
mières noces de Paul-Thibault de Montgaudry de BouUeur, dont
il n'eut point d'enfants. — Une ordonnance royale du 20 jan-
vier 4835 autorisa la famille Nadault à s'appeler à l'avenir
Nadault de Buflfbn , nom qu'elle portait déjà.
De son premier mariage Georges Nadault de BuflFon eut :
4 ° Benjamin-Hippolyte, qui suit ; 2*» Agathe-Henriette-Joséphîne ,
née, à Montbard, le 47 juin 4809, mariée, à Chaumont , le
22 avril 4834 , à Jean-Baptiste- Auguste , écuyer, fils de Jacques
Fleury (2) de Vergoncey , inspecteur des domaines , et d'Anne
Riambourg, nièce du célèbre président de ce nom ; d'où plusieurs
enfants.
XV. — Benjamin-Hippolyte Nadault de BuflFon , écuyer,
naquit, à Montbard, le 2 février 4804. Entré à l'école Poly-
technique le 30 octobre 4823 , il devint aspirant ingénieur le
46 mars 4826, ingénieur de seconde classe le 49 janvier 4829,
chevalier de la Légion-d'Honneur en 4844, ingénieur de pre-
mière classe le 4" mai 4846, ingénieur en chef le 8 avril 4854.
OflScier de la Légion-d'Honneur, professeur à l'école Impériale,
membre de l'Académie de Dijon le 7 mai 4834, de celle de
Besançon le 25 août suivant , membre de l'Académie royale des
Sciences de Turin le 7 février 4836, de l'Académie de Lyon le
48 mars 4837, chevalier de l'ordre de Léopold de Belgique le
8 août 4847, membre de la Société centrale d'Agriculture de Paris
(1) De la collection de M. Henry de Buffon.
(2) Fleury porte : « de sinoplo au chevron d'or au lis naturel en pointe
d*argent ». A cette famille, alliée aux d*Arlay, Julien de La Boullaye,
Joly de Saint-François, etc., appartient le célèbre général sénateur comte
Fleurv*.
36 NOTICE SUR LA FAMILLE NADAUD.
le 47 janvier 4849, il a publié un grand nombre d'ouvrages :
Cofisidératians sur les trois systèmes de communication intérieure au
vioyen des routes , des chemim de fer et des canaux ; Paris , 1 829 ; —
Description historique des routes qui traversent les Alpes et les Apennins,
4833 ; — Des usines et des cours d'eau, 4840 ; — Trailé historique et
pratique des irrigations, 4843; — Cours d'agriculture et d'hydraulique
agricole, 4853, etc., etc.
Benjamin-Hippolyte de BuflFon épousa , le 48 janvier 4830,
Louise-Stépbanie-Napoléone , fille de René Bertrand , chevalier^
baron de*Boucheporn , chambellan de S. M. la reine Hortense,
dernier préfet du palais du roi de Hollande , membre des
ordres de Saint-Louis , de la Légion-d'Honneur, du Mérite de
Bavière , etc. , et de Marie Tinot , sous-gouvernante des enfants
de LL. MM. le roi Louis et la reine Hortense , parmi lesquels se
trouvait l'Empereur Napoléon III. M™* de BufiFon, née à La Haye,
dans le palais môme du roi , le 40 février 4807, baptisée à Paris ,
le 4" mai 4814 , par le cardinal Fesch, eut pour parrain Napoléon-
Louis, grand-duc de Berg, aujourd'hui TEmpereur Napoléon III ,
et pour marraine S. A. I. et R. Stéphanie-Louise-Adrienne-Napo-
léone , grande-duchesse de Bade. Madame de Bufifbn mourut , à
Paris, le 28 décembre 4847. Son mari se remaria, à Paris, le
24 février 4859, à Henriette-Elisabeth du Chesne de Bressy, fille
de Théodore-Magloire du Chesne de Bressy, écuyer, et de Cathe-
rine Reynold , dont il n'a point d'enfants.
Du premier lit vinrent : 4 • Alexandre-Henry , qui suit ;
2** Renée-Louise-Elisabeth , née , à Chaumont , le 4 9 no-
vembre 4834, mariée, à Thiais, le 49 septembre 4854, par
Monseigneur de Saint-Dié , à Honoré-Aloïs Peting de Vaulgre-
nant, fils de Félix Peting de Vaulgrenant et de Marie-Marguerite-
Octavie Caverot.
XVL — Alexandre-Henry Nadault de Bufifbn , écuyer, l'un
des hommes les plus aimables et les plus instruits que je con-
naisse , et à Tobligeance duquel je dois une partie des rensei-
gnements qui composent cette notice, est né , le 46 juin 4834 , à
Chaumont , oii son père était ingénieur. Il fit ses études au lycée
Descartes , à Paris. Le 23 juin f 848 , il combattit comme volon-
taire dans les rangs de la 4 0' légion , reçut un coup de feu à la
jambe sur la place du Pont-Saint-Michel , fut blessé à l'assaut
des magasins dits des Deux-Pierrots , et reçut une troisième
blessure le lendemain dans la rue Saint-Jacques. Sa belle con-
duite lui valut (3 mai 4849] la croix de la Légion-d'Honneur.
NOTICB SUR LA FAMILLE NADAUD. 37
Le 42 janvier 4866, Henry de BuflFon fut nommé substitut
du procureur impérial, à Valognes; le 27 mai 4857, il passa
à Chalon-sur-Saône, chef-lieu d'assises, etc.; le 20 août 4863,
il devint substitut du procureur général à Rennes , et , en
août 4867, avocat général.
Membre de la conférence Mole (25 avril 4854), de la Société
Zoologique d'Acclimatation (49 août 4854), président d'honneur
des Sauveteurs de Saône-et-Loire , membre titulaire de la Société
des Sauveteurs de la Seine , de l'Académie de Dijon , de la Société
d'Histoire et d'Archéologie du Limousin , de la Commission des
Antiquités de la Côte-d'Or, etc. , etc.
Chevalier des SS.-Maurice-et-Lazare d'Italie le 4" juin 4860,
il reçut, le 4 4 juillet 4862 , la croix de l'ordre de Saint-Grégoire-
le-Graud, et, le 22 juillet 4863, celle de Tordre d'Isabelle-la-
Catholique.
On a de M. de Bufibn : Des donations ayant le mariage pour
effet; — Observations critiques sur la loi du 30 juin 4838 , concernant
les aliénés, 4852; — Une question de liberté, 4865; -r- Montbard et
Buffon; — Buffon et Jean NadatUt; — Les musées italiens, 4866 ; —
Une épisode de la vie militaire de Frédéric II; — Le magistrat; —
Rome antique dans Rome moderne ; — Vie de Buffon; — L'éducation de
la première enfance, 4863; — Correspondance inédite de Buffon, 4860 ;
— Buffon, sa famiUe , ses cdlaboraleurs et ses familiers, 4 862 ; — Du
luxe, 4867, etc.
Alexandre-Henry Nadault de Buffon a épousé, par Contrat
passé au château de La Missandière près Lorris , le 26 oc-
tobre 4884, Marîe-Berthe- Adélaïde, fille d'Armand-Frédéric de
La Salle , conservateur des hypothèques h Chalon-sur-Saône , et
de Françoise- Adélaïde Garnier, en présence, entre autrfes, de
Monseigneur Louis-Marie Caverot , évêque de Saint-Dié , qui
célébra la cérmonie religieuse ; de M. René de Sampigny, sous-
préfet de Bomorantin , et de M. Anatole Chopin , vice-président
du tribunal de Chalon-sur-Saône. De ce mariage il n'est pas
encore né d'enfants.
IX. — Jean Nadault ou Nadaud , écuyer,- deuxième fils de
George&-Louis et d'Anne de Coustin du Mas-Nadaud d'Ankesse ,
fut conseiller du roi et vice-sénéchal d' Agenois , Condommois et
Gascogne (4) ; il vivait à Limoges en 4570. Il épousa Marine-
Ci) D*HoziEii, Armoriai de la Qénéraliié du Limousin, h la Bibliothèque
impériale, pour le blason de cette famiUe.
38 NOTICE SUR LA FAMILLE NADAUD.
Marie, fille de Léonard Jude, conseiller du roi (1), juge-sénéchal
de Champaigfnat , dont il eut : 4 "" Gilette , mariée à Jacques
Buisson, gentilhomme du Bas -Limousin; 2° Marie, femme de
Pierre de GauUon , écuyer, seigneur de Villeneuve , du Cou-
dran; 3° Edmée, supérieure à Saint-Junien (2); 4*» Joseph, con-
seiller à Limoges en 1 673 et 4 693 , dont le petit-fils mourut en 1779
sans postérité ; 5° Pierre , qui suit ; 6*» Jacques , qui fit branche.
X. — Pierre , écuyer , seigneur des Tillettes , fut consul à Li-
moges en \ 656 (3). Il laissa : 1<» Pierre , qui suit ; 2" Sylvain , qui
fit branche ; 3® Sylvîne , mariée à Claude Brunecire , écuyer, sei-
gneur de La Pimpalière; 4*» Biaise, écuyer, seigneur desEscures,
qui , en \ 669 , reprit Escures de fief (4) , et fut père de Pierre ,qui
reprit , en 1721 , le moulin de Lautrect (5); 5*» Claude, seigneur
de La Robierre , époux de noble Gabrielle Magistry et père de
Martial , seigneur des Coûts ; 6" Jean-Pierre , qui fit branche.
XI. — Pierre, écuyer, fut conseiller à Limoges ; il laissa : 1»
Martial , dont le petit-fils Jacques , maire de Limoges en 4792 ,
fut empoisonné aux Antilles avec tous ses enfants ; 2« Joseph ,
dit Tabbé Nadaud, né, à Limoges, le 43 mars 4742, mort le 5 oc-
tobre 4775, à soixante-six ans (6). Travailleur infatigable, il
s'est occupé avec succès d'archéologie , de généalogie et d'éco-
nomie politique. Le P. Le Long a donné la liste de ses principaux
ouvrages : nous y renvoyons. Citons cependant une remarquable
Histoire du Limousin, et rappelons que son Nobiliaire du Limousin
est publié par la Société Archéologique du Limousin. 3*» Philippe,
qui suit; 4° Léonard, né, à Limoges, le 3 juillet 4744, Tune des
gloires des Jacobins ; habile paléographe et paléontologue , il fut
archiviste de Tévêché de Limoges, prieur de son ordre , etc.; il
mourut, au Chatenetj en 4764.
XII. — Philippe , écuyer, consul à Limoges en 4782 , royaliste
ardent, mort des chagrins que lui causaient les malheurs de son
pays , laissa : 4 *» Léonard , qui suit ; 2<> Jacques , secrétaire gé-
(1) RoUe de la montre d*armes de 1603, ap. Bibliothèque impériale,
cabinet des Manuscrits : trésor généalogique,
(2) Oalliachristiana.
(3) Registres consulaires de 1656.
(4) Archives du Limousin , à Limoges.
(5) Id., iàid.
(6) Biographie miverseUe de Michaud ; NowoeUe Biographie générale de
Bidot , etc.
NOTICE SUR LA FAMILLE NADAUD. 39
néral de Tintendance de Limoges sous Turgot, décédé, en 4806,
intendant militaire, père de Sophie, morte, en 1853, sans alliance ;
3" Valérie, épouse, le 25 janvier 1774, de Martial du Boys, écuyer,
seigneur de L'Anneau; 4® Paule, femme, le 3 février 4778,
de Jean-Baptiste-Paul du Boys , écuyer, mère de quinze enfants.
Marie Du Boys, sa petite-fille, a épousé, en 4863, Julien, fils
d'Henry-Auguste-Georges du Vergié , chevalier, marquis de La
Rochejaquelin , sénateur.
XIII. — Léonard , écuyer, commandant de la garde nationale
de Limoges , emprisonné comme royaliste sous la Révolution ,
marié : 4*» à Sophie, fille de N... Sénémaud, écuyer, d'une an-
cienne famille d'Angoumois ; 2*» à Rose, fille de Léonard Brunîer,
écuyer, et de Marguerite Bourdeau, morte le 46 juillet 4841.
Du premier lit vinrent : 4" Philippine, épouse de Joseph Gury,
capitaine de cavalerie , officier de la Légion-d'Honneur ; 2" Jean-
Baptiste , qui suit ; — du second lit naquirent : 3® Marguerite-
Fanny, femme , en 4843, de Charles-Antoine Marbotin , écuyer,
issu d'une antique maison de Guienne; 4® Horace-Léon-Léonard,
qui suivra.
XIV. — Jean-Baptiste , mort , à Paris , le 25 décembre 4846 ,
fut président de la chambre consultative des manufactures et
maire de la ville de Roubaix ; il ne laissa qu'un fils , Gustave ,
qui suit.
XV. — Gustave, écuyer, est né à Roubaix (Nord), le 20 fé-
vrier 4 820 ; il s'est fait une grande renommée par ses vers cou-
lants et faciles. Ses chansons sont pleines de verve et d'entrain ,
et rappellent celles de notre grand Béranger. Citons seulement
V Ivresse, le docteur Grégoire, Bonhomie, le Quartier latin, V In-
somnie, etc.
XIV. — Horace-Léon-Léonard , écuyer, naquit , à Limoges , le
42 mars 4794. Procureur général à Montpellier (24 octobre
4838), procureur général à Grenoble (47 septembre 4839), premier-
président de cette dernière cour (7 août 4843), il était proposé
pour la pairie lorsque arriva la révolution de février : il donna sa
démission. Membre du conseil général de l'Isère , de la Société
d'Histoire de France , de la Société Archéologique de Grenoble ,
de la Société Statistique de l'Isère , etc., il avait épousé , le 48 fé-
vrier 4835, Philippine Nugues, d'une très-ancienne famille,
décédée, au château de Charvieux, le 44 mars 4865, à soixante-
sept ans (4 ) , laissant Antoine-Léonard-Marie-Théodore , qui suit.
(1) Horace-Léon-Léonard est mort en 1867.
40 NOTICE SUR LA FAMILLE NADAUD.
XV. — Antoine -Léonard-Marîe-Théodore , écuyer, est né
le 47 septembre 4836. Il est aujourd'hui lieutenant de louveterie,
et a épousé, le 7* mai 4862, Marie, fille d^Adolphe Petiot (4), maire
de Louhans (Saône-et-Loîre) , chevalier de la Légion-d'Hpn-
neur, d'une ancienne maison qui a fourni un député aux États
de 4789, un maire de Chalon , un député de Saône-et-Loire ;
d'oîi : 4 • Paule-Marie-Louise , née le 4 5 novembre 4 863 ;
2" Léonard-Louîs-André , qui suit.
XVI. — Léonard-Louis- André , écuyer, est né le 44 août 4864.
X. — Jacques Nadaud ou Nadau , écuyer, seigneur de Saint-
Armand-de-Blouval et du Treil , fut consul à La Rochelle
en 4659, et mourut en 4685 (2); il avait épousé : 4* Jeanne,
fille de Jean Ber, écuyer ; 2'» Madeleine de Poix. Du premier lit
vinrent : 4 • Marie , épouse de Pierre-Albert de Gaallon , écuyer,
seigneur de Villeneuve ; 2® François , qui suit ; S'» Madeleine ,
femme de Nicolas Le Carlier de Litorîère ; 4* Jacques-Claude ,
seigneur de Boisdable, marié à Marie, fille de N... Thibaut,
écuyer ; 5*» Emmanuel , qui suivra ; du second lit naquirent ;
6** Etienne , chanoine de La Rochelle , prieur de Saint-Sigîs-
mond ; 7" Louise , épouse de Jean Gandin , écuyer, seigneur de
Lafarque ; 8« Jeanne , femme de noble Simon Petit , écuyer,
commissaire de la Marine ; 9*" Françoise , épouse de François de
Clinchamp , chevalier, seigneur de Franchevilliers ; 40« Au-
guste , écuyer , seigneur de Saint-Armand , marié à Françoise
de Bosredon de Chalus.
XI. — François, écuyer, laissa : 4«» Joseph-Jérôme , écuyer,
dont le fils unique , François de La Richebaudiëre , est décédé ,
en 4 865 , sans alliance , lieutenant-colonel du génie et officier
de la Légion-d'Honneur ; 2° Daniel , qui n*eut qu'une fille,
Marie-Anne , qui épousa Jean-Baptiste Griffon des Rivières.
XI. — Emmanuel , écuyer, seigneur de Saint- Armand-du-
Treil , servit en Amérique comme capitaine d'infanterie , et
laissa : 4'' Léonard, qui suit; 2'' Guillaume, époux, en 4683, de
Marie Boucherie, mort sans postérité.
XII. — Léonard, écuyer, capitaine de la citadelle d'Oléron ,
mourut le 3 juillet 4740, laissant : Charles-François-Emmanuel ,
qui suit.
(1) La famille Petiot porte : « d*argent à une fourmi de sable ».
(2) Archives de La Rochelle » où ont été pris les documents qui ont servi
à composer la généalogie de cette branche.
NOTICE SUR LA FAMILLE NADAUD. 41
XIII. — Charles-Françoîs-Emmanuel , écuyer, chevalier de
Saint-Louis , gouverneur de la Guadeloupe , est célèbre par
son héroïque défense de Tîle contre les Anglais. Né , en 4704, à
la Grande-Terre, il épousa Charlotte-Victoire de Vernou de
Bonneval , nièce du cardinal de Noailles , et mourut en 4787. Il
laissait : 4 *» Nadille , mariée à Nicolas-Etienne-Xavier de Bos-
redon, son cousin; 2° Adélaïde-Alexandrîne, femme, en 4773, de
Charles-Nicolas , Chevalier, comte de Bragelongne , officier su-
périeur (4) ; 3« Gabriel-Emmanuel, qui suit.
XIV. — Gabriel-Emmanuel , écuyer, seigneur du Treil , laissa
Alexandre , qui suit.
XV. — Alexandre du Treil , écuyer, épousa Gabrielle-Marîe-
Charlotte Cherot de La Folinière, dont il eut : 1*» Stéphanie,
mariée à Joseph Cherot du Maine; 2« Louis-Charles-Désiré-
Alexandre , époux d'Euphrosia David et père de six filles et deux
fils ; 3° Adéline , femme de François- Arthur Martenot ; 4^ Aurélie-
Charlotte-Constance , épouse d'Edouard Ledet de Segray, écuyer;
5** Charles- Alexandre-Edouard . qui suit; 6"Elisa, qui s'unît à
Joseph des Mortiers , puis à Abel Jarroux.
XVI. — Charles-Alexandre-Edouard Nadaud du Treil , écuyer,
né en 4849, mourut, en 4859, sans postérité de Rosa David, sa
première femme. Il eut de Charlotte-Eline Cherot du Maine
une fille unique , Charlotte-Alexandrine-Louise-Marie-Elisa
Nadaud du Treil, née, en 4856, au château de Toignan (Gironde).
XL — Sylvain Nadaud, écuyer, seigneur de Bois- Noir,
deuxième fils de Pierre Nadaud des Tillettes , alla , vers 4 680 ,
s'établir en Amérique. Il laissa Martial , qui suit.
XII. — Martial , écuyer, seigneur des Islets , gouverneur du
Canada sous Louis XIV (2) , fut seigneur suzerain de plusieurs
îles ou islets , et mourut à la Guadeloupe , laissant François-
Joseph , qui suit.
XIII. — François-Joseph des Islets , écuyer, mourut en 4793 ,
dans une rencontre avec les nègres révoltés. Il laissait : 4*» Atha-
nase , mort à dix-sept ans; 2° Nadille, mariée à noble Joseph
Merlande; 3* Marc, né à la Basse-Terre en 4794, officier de
la Légion-d'Honneur, lieutenant-colonel du génie, mort, h Paris,
(1) Le comte de Bragelonerne était le frère de NîcolaeK Pierre-Etienne
vicomte de Bragelong'ne, marié- k Anne-Geneviève Marie d^Aviffneau,
proche parente du célèbre aTocat et député Marie.
(2) Archives du ministère de la marine , à Paris : section du Canada.
42 NOTICE SUR LA FAMILLE NADAUD.
le 8 février 4844, à cinquante ans , ne laissant qu'un fils Stephen-
Ârmand-Léon , né le 27 octobre 1840 , attaché au ministère des
finances ; 4*» Etienne-François , qui suit.
XIV. — Etienne-François, né en 1786, mourut à la Guade-
loupe le 3 août 1840, à cinquante-quatre ans, commissaire de
la marine, marié à Marie-Anne Cunier; d'où 1* Etienne-Louis ,
qui suit; 2** Nadille-Marie , née en 1825, mariée, en 1845, à
Aleicandre-Hippolyte Pitou-Bressant , capitaine d'artillerie de
marine; S'» Marie-Augustine-Hortense , née en 1830 , mariée, en
1 855 , à Yvan Viot , proche parent du célèbre peintre de ce nom.
XV. — Etienne-Louis des Islets naquit , à la Basse-Terre , le
27 septembre 1 821 , et mourut le 4 avril 1 862 , à quarante-un
ans. 11 épousa, le 22 janvier .1855, Delphine du Château , dont
I • Louis-François-Georges , né, à Paris, le. 31 octobre 1861,
mort le 14 mai 1865; 2* Marie-Delphine-Léonce, née, à Paris, le
31 janvier 1857.
XL — Jean-Pierre Nadaud, écuyer, seigneur de Vallette,
Saint-Sigismond et Sainte-Lizaigne (1695), frère cadet de Sylvain
Nadaud des Islets , tenait de sa femme des droits féodaux sur la
moitié de la dîme de l'aunage de la province de Lizeroy près
Issoudun en Berry , où il se fixa ; il avait épousé Françoise , fille
de Pierre Barathon , écuyer, dont il eut : 1® Anne, qui com-
parut, en 1718 et 1720, pour l'exercice de ses droits seigneuriaux
sur la paroisse de Lezeroy, droits qu'elle tenait de sa mère (1) ;
2*» Claude , qui suit.
XIL — Claude de Vallette, écuyer, seigneur dudit lieu, épousa,
à Issoudun , Marie-Julie de La Châtre , nièce du maréchal de
France, d'oii : 1** Jacques, qui suit; 2*» François, chanoine d'Is-
soudun , qui fit graver ses armes (2] à la voûte d'une chapelle de
l'église paroissiale de cette ville; en 1737, il prit l'habit de
Saint-Benoît , et fut moine à Cîteaux en Bourgogne.
XIII. — Jacques de Vallette, écuyer, épousa, à Lignières, le
II janvier 1763, Marie-Renée Cuisinier, fille d'un receveur
général des fermes du roi , qualifié de noble homme dans tous
les actes oii il figure ; d'oii Claude-François René , qui suit.
XIV. — Claude-François René de Vallette , écuyer, naquit, à
(1) Archives du Berry, à Bourges.
(2) «c D*argent au chevron de gueules accompagné de deux étoiles d'or
en chef et d'un croissant de même en pointe , surmonté d'une merlette de
sable ».
NOTICE SUR LA FAMILLE NADAUD. 43
Lignières , le 13 février 1764 , se maria , à Bourges , à Marie-
Victoire-Pierrette Augier, sœur du célèbre général baron Augier,
morte le 20 brumaire an XL René de Vallette mourut le 6 juin
1812, laissant : 1° Marie-Lucile-Pierrette née, à Lignières, le
6 mai 1792, mariée, le 25 mars 1810, à François du Val; 2° Guil-
laume , qui suit.
XV. — Guillaume de Vallette , écuyer, né , à Lignières , le
27 avril 1790 , marié, à Bourges, à M"« Rossignol de La Rorède;
d'où : 1*» Léon-César, qui suit; 2*» François-Ernest, propriétaire
au castel de Savigny-en-Septamie près Bourges , sans alliance.
XVI. — Léon-C^ar Nadaud, écuyer, marquis de Vallette
par suite d'une concession de Léopold II , grand-duc de Toscane ,
est mort , le 9 avril 1 862 , receveur des finances à Louviers. Il
avait épousé, le 18 juin 1848, Gabrielle-Diane , fille de N... du
Lieur, comte de L'Aubespin , et de Louise Perrin de Précy. La
comtesse de L'Aubespin est fille de Louis-François Perrin, écuyer,
comte de Précy, si connu par la défense héroïque de Lyon contre
les armées de la Convention , et de Jeanne-Marie de Chevannes
de Beaugrand. C'est à l'occasion de ce mariage que Léon de Val-
lette reçut le titre héréditaire de marquis. Il n'a laissé qu'une
fille, Jeanne -Louise, née le 2^ avril 1852 , filleule du duc de
Persigny.
Albert ALBRIER,
De U Socidtd Archéologique et Historique du Limousin , etc.
NOTES
SUR
QUELQUES VITRAUX ANCIENS.
I.
Le but de notre Société Archéologique est « la recherche et
la description des monuments de la province o (I) : je crois
travailler à ce but en offrant au musée un panneau d'un vitrail
du XV* siècle , et en l'accompagnant de quelques notes des-
criptives.
L'art du peintre-verrier, qui sert surtout à instruire le
vulgaire en flattant agréablement sa vue, de maierialibus ad
immateriaUa exdtaTis (2) , a longtemps fleuri en Limousin , d'oii
il tire probablement son origine. Il a couvert de ses produits
lumineux les vastes baies de nos cathédrales et les humbles
ouvertures des églises de campagne. Dans les unes comme
dans les autres , il reste des débris qu'il est bon de conserver ;
et, si un jour le temps ou quelque autre cause les font dis-
paraître, notre Bulletin est destiné à redire leur nombre et
leur beauté.
Déjà M. Texier, en écrivant son Histoire de la peinture sur
verre en Limousin, a fait la partie la plus difficile de ce travail.
C'est dans cette histoire qu'il nous signale et décrit une des
grandes verrières de Saint -Michel -des -Lions, exécutée au
(1) Règlement de la Soc. Arch. : Bull., T. !•', p. 14.
(2) Descript, des vitraux de St-Denis , par Tabbé Sugkb.
NOTES SUR QUELQUES VITRAUX ANCIENS. 45
xv« siècle , et placée au-dessus de Tautel dédié à saint Martial.
Elle représente , éparses dans vingt-et-un panneaux , autant de
scènes de la vie de saint Jean-Baptiste. Six de ces tableaux sont
aujourd'hui murés en briques. Celui qui nous occupe était le
onzième : il était composé de sept personnages. L'artiste voulait
traduire ce passage de TÉvangile de saint Jean : Quando mi-
serunt Judœi ab Jerosolymis sacerdottis et kvitns ad eum ut inter"
rogarent eum : a Tu quis es ? r> (cap. !•', vers. 49) ; et pour
cela , sur un fond rouge , il a représenté saint Jean tenant sur '
le bras gauche Tagneau symbolique au nimbe crucifère , porté
sur le livre de Tancienne loi.. Devant lui des personnages
richement vêtus et à cheval figurent les prêtres et les lévites
venus dans le désert pour l'interroger. Cette scène , faite pour
être vue de loin , ne perd rien à être examinée de près : c'est
un des caractères des vitraux du xv siècle, époque où Ton
poussa même trop loin la correction et la finesse du dessin. La
manière aisée avec laquelle les personnages sont rendus prouve
que Tartiste n'était pas à son coup d'essai. M. Texier en a
donné une reproduction , et c'est de lui que j'en tiens l'ori-
ginal. J'ignore comment il est descendu de la verrière dont il
faisait partie; mais, en l'offrant au musée, j'espère le mettre
à l'abri de toute destruction.
II.
Saint-Pîerre-du-Queyroîx possédait aussi de grandes verrières
exécutées au xvi« siècle. Toutes ces belles pages , à l'exception
d'une seule , sont détruites. Il ne nous reste rien des armoiries
qui les accompagnaient. Aussi , les ayant retrouvées dans un
manuscrit de la Bibliothèque impériale (4), je les reproduis
ici : plusieurs familles de Limoges y trouveront les preuves de
la pieuse générosité de leurs ancêtres.
Au vitrail qui était derrière le grand autel étaient les armes
suivantes :
1» De sinople au lion d'or, avec une bordure de gueules chargée de
H besans â*or.
29 Bandé de gueules et d*azur de 6 pièces, avec un quintefeuille
4l'argent en cœur; au chef de même ehargé de 3 fleurs de lis d*azur.
(l) Biblioth. imp., Mti. : aeet. Franc, n» 6034 . fol. 148.
46 NOTES SUR QUELQUES VITRAUX ANCIENS.
3» D*argent au lion de gueules à la bande bronchant d^azur ; a la bordure
de même chargée de 14 besans d*argent.
4« D*azur au château d*or.
5» Ëcartelé : au l«r et 4« d'azur à 8 maillés d'argent; huH* et 3* de
gueules à 8 fleurs de lis d'or.
6» D^argent à la fasce d'azur, accompagnée de 3 besans d'or en chef et
d'un lion passant de gueules en pointe , à la bordure d'azur.
> D'azur au sautoir engreslé d'or accompagné de 4 croisettes tréflées
de même.
8» De vair au chef d'or.
9« De sinople à trois lions passants l'un sur l'autre d'or.
10« De gueules k la muraille ouverte de deux portes et surmontée de
deux tourelles de
Il» D'azur à 10 couronnes royales d'or, 4, 8, 2 et 1 (ou mieux 10 besans).
12» D'argent à 13 roses de gueules , 4, 4, 3 et 2.
13» Une croix d'argent , cantonnée au l«r et 4* d'azur, k la pomme de
pin d'or ; au 2« et 3« de gueules , à l'aigle éployée d'argent.
14» D'argent li 2 chevrons de gueules accoUés de trois roses de même ,
2etl.
15» De gueules à une merlette d'argent.
16» D'azur au chevron d'or accompagné de trois cheses d'argent cou-
ronnées d'un bout de vestem de gueules ; k la bordure engreslée d'or.
17» D'azur au chevron d'argent accompagné de trois mains dressées de
même , las deux derniers doigts fermés , et le bout du poignet de
gueules.
18o D'azur à trois lions passants l'un sur l'autre d'or, à la bordure de
gueules chargée de 11 besans d'argent.
19o D'azur au chevron d'argent , accompagné d'une étoile de huit rais
de en pointe, au chef d'or chargé de trois coquilles de sable.
20» D'argent au lion de gueules , et une bordure d'azur chargée de
14 besans d'or.
Les armes suivantes étaient rangées , au nombre de dix-huit ,
au bas du vitrail qui occupe la fenêtre à droite du grand
autel :
21» D'azur k trois coqs d'argent , 2 et 1.
22° De sinople k trois lions passants l'un sur l'autre d'or.
23» D'or k un arbre de sinople , sur ime terrasse de même ; k la bordure
de gueules chargée en chef d'une rose d'or et de 11 besans en or de
même.
24» D'azur au chevron d'argent accompagné de trois mains dressées de
même , les deux demierè doigts fermés, le bout du poignet de gueules.
25» De sinople au lion d'or, k la bordure de gueules, chargée de
12 besans d'or.
26» D'or au chevron de gueules , accompagné d'une étoile de même en
pointe.
NOTES SUR QUELQUES VITRAUX ANCIENS. 47
27» D*azur à une fasce de gueules , accompagnée d*un lion passant d*or
en chef, et de six besans de même en pointe, 3, Î2 et 1.
28» De gueules à une cloche d*azur dans une charpente d*or (?).
29« D*azur à Taigle éployée d'argent.
90o De au chevron d*or, accompagné de 3 oiseaux de même (peut-
être 3 coqs).
31o D'azur au chevron d*or, accompagné de 3 roses de même.
32o D'azur à 3 roses d'or.
d3<> D'or au chevron de gueules , accompagné de 3 roses de même.
34o D'argent îi une plante de sinople, accostée à dextre du signe/, et à
senestre d'un trèfle de sable.
35® D'azur au chevron d'or, accompagné de deux trèfles en chef et
d'une feuille de chêne en pointe de même.
36« D'azur ît trois d'argent , au croissant posé en cœur de même ,
surmonté d'une étoile d'or.
37» De vair au chef d'or.
38» D'azur au château d'or.
Un troisième vitrail , qui occupait une des croisées du côté
droit de l'église , avait les armes suivantes :
39« D'azur à la fasce d'argent , accoUée de 6 étoiles de même, 3 en chef,
2 et 1 en pointe.
40o D'argent à l'étoile d'azur, avec une bande de gueules bronchant.
41» D'azur au lis d'argent couronné de gueules.
42» De sinople ^ trois lions passants d'or l'un sur l'autre.
43» D'azur à une étoile d'or, couronnée de même.
44» D'azur k trois roses d'or.
45» De sinople au lion d'or, une bordure de gueules chargée de 10 besans
d'or.
46» De sinople à trois lions passants l'un sur l'autre d'or.
47« D'argent à la barre d'azur, accompagnée de 6 roses de gueules.
48o D'argent à un homme vêtu d'azur, assis sur un chaise d'or, un
b&ton d'or du même posé sur lui en face.
49» D'azur à un calice d'or, où boivent deux cygnes d'argent.
50o D'azur à la fasce de gueules, accompagnée en chef d'un lion passant
d'or et en pointe de 6 besans du même, 3, 2 et l.
51» D'azur au chevron d'or accoUé de trois roses de même.
52» D'azur à la fasce de gueules accoiïlpagnée en chef d'un lion passant
d'or et en pointe de 6 besans du môme , 3, 2 et 1.
53» D'azur au chevron d'argent , accompagné de trois mains de même,
les deux derniers doigts fermés et le bout du poignet de gueules.
54» D'azur au chftteau d'or.
55» D'argent à la plante de sinople, accostée à dextre du signe/, et à
senestre d'un trèfle de sable.
56» D'azur k trois roses d'or, 2 et 1, et un coq de même en cœur.
57» D'argent au chevron de gueules , accompagné de 3 roses de même ,
2etl.
48 NOTES SUR QUEIjQUES VITRAUX ANCIENS.
58» Bcartelé aux l«r et 4« de sable , aux 2* et 3« d'or.
59» De à un arbre de sinople.
60» D*or au cheyron d*argent, accompa^é de deux roses en chef, et
d*un rocher en pointe.
Les n""* 4, 38, 54, nous donnent les armes de la famille
Dupeyrat , une des anciennes familles de Limoges , d*où sont
sortis les seigneurs de Thouron.
Les n""' 47, â4, 53, reproduisent les armes des Benoît.
Plusieurs membres de cette famille sont enterrés dans Téglise
de Saint-Pierre , et leur écusson est encore peint sur le. vitrail
de la chapelle du Sépulcre et sculpté en plusieurs endroits. On
peut voir des détails sur cette maison dans le Nobiliaire du Li-
mousin, T. I", p. 196.
Les n" 27, 50 , 52, nous donnent les armes des Boyol , famille
qui a possédé les seigneuries de Montcocu , paroisse d'Am-
bazac , du Bâtiment , paroisse de Chamboret , etc. ; elle a
fourni au moins quatre chanoines à la cathédrale de Limoges ,
où Ton voyait, au siècle dernier, les tombeaux de trois d'entre
eux. — Le n» 6 doit être une branche de la môme famille. —
Elle est éteinte depuis 1756. (Nobiliaire du Limousin, T. I,
p. 253.)
Au n« 10, on trouve un écusson chargé de 10 couronnes, selon
l'explication écrite au bas du dessin du manuscrit. Ne sont-ce
pas plutôt 10 besans? Le dessin se prête à cette interprétation.
Alors nous avons les armes de la famille de Villelume , alliée à
la famille de Boyol en 1587, et qui posséda aussi les seigneuries
de Montcocu , paroisse d'Ambazac , et du Bâtiment , paroisse de
Chamboret, etc., etc.
Le n" 30 paraît être les armes de la famille Michelon. Jean
Michelon , bourgeois et marchand de Limoges , mort le
15 octobre 1532, avait sa sépulture dans Téglise des Carmes,
oii Ton voyait ses armes, d'azur au chevron d'or accompagné de
trois coqs de même.
Enfin il est à croire que ces nombreux écussons représentent
les armes des différentes maisons de Limoges qui ont contribué
à Texécution de ces verrières. Il est môme vraisemblable que les
membres de Tancienne confrérie du Saint-Sacrement y firent
placer les leurs, lorsque, en 1555 , ils firent exécuter par Pierre
Pénicaud et Réchambault le magnifique. vitrail de la Cène. Les
noms que je trouve dans le registre de cette confrérie confir-
ment cette hypothèse.
NOTRS SUR QUELQUES VITRAUX ANCIENS. 49
m.
É
Pour compléter la liste des vitraux de notre province dressée
par M. Texier dans son Histoire de la peinture sur verre , on peut
ajouter les suivants :
Les débris qu'on voit encore dans l'église de Bellac , au milieu
desquels on trouve un écusson parti au 4" de gueules, à la barre
d'argent, accompagnée d'une étoile de même en chef; au 2* d'argent
au lion de sable.
Quatre panneaux de l'église de Saint-Symphorîen (Haute-
Vienne) , et non pas deux , comme le dit par erreur l'auteur
ci-dessus indiqué. — Au bas du premier on lit cette inscription :
ôûint (Éulropj. n représente en effet saint Eutrope tenant une
crosse de la main droite , et , de la gauche , le couteau symbole
de son martyre. 11 a la tête mîtrée, entourée d'une auréole d'or,
et son vêtement est une large chasuble de forme ancienne.
Le second représente la sainte Vierge assise et tenant
l'Enfant- Jésus au côté droit ; elle a une couronne sur la tête ,
qu'une auréole entoure complètement. De longs cheveux des-
cendent sur ses épaules, et son riche et ample vêtement est
retenu sur la poitrine par une agrafe d'or.
Le Calvaire est représenté sur le troisième panneau. Notre-
Seigneur, en croix, vient de rendre le dernier soupir ; à sa droite ,
et au pied de la croix , la sainte Vierge , les mains jointes , le
contemple ; à sa gauche , une des saintes femmes qui l'accom-
gnaient se tient aussi debout.
Dans le quatrième panneau on retrouve Marie tenant sur ses
genoux son fils inanimé. Elle a les mains jointes et la tête
inclinée par la douleur. La tête de Notre-Seigneur est entourée
de rayons lumineux en forme de croix , ce qui se retrouve dans
les deux sujets précédents.
Chacun de ces panneaux a 0" 26 c. de hauteur sur 0" 22 c.
de largeur; on voit facilement qu'ils sont l'œuvre du même
artiste , qui n'a employé , pour traduire convenablement ces
quatre scènes, que deux couleurs, le jaune et le brun. Ils sont
aujourd'hui enchâssés au milieu de vitraux en verre blanc;
leur conservation laisse beaucoup à désirer, et leur existence est
tous les jours menacée.
Le manuscrit de la Bibliothèque impériale déjà cité nous
i
50 NOTES SUR QUELQUES VITRAUX ANCIENS.
fait encore connaître quelques vitraux que nous ne possédons
plus. Tels sont :
Chez les Cordeliers de Limoges , dans la première chapelle
à gauche en entrant , où Ton remarquait les deux écussons
suivants : d'azur au lim d'or tenant une hallebarde d'argent; au
chef d'argent à 3 roses de gueules; — parti au 4" œmme ci-dessus;
au %"" de gueules au paon d'argent , la queue et les pieds d'or (1 ) ;
.A Saint-Maurice de Limoges, aux vitres de la chapelle de
la Briche , étaient les armes de cette maison , qui sont d'argent
au chenon d'or, accompagné de deux étoiles de même en chef, et d'une
biche sur une terrasse de sinople en pointe (2) ;
Dans réglise des Jacobins à Limoges, dans la chapelle
d'Escars , qui était à main gauche du grand autel , on voyait
un vitrail représentant un homme et une femme priants ; le
premier était couvert de son armure, et au-dessous ces armes :
de gueules au pal de vair, qui est d'Escars ; et , à côté , d'or à
trois roses d'argent , ^ et \ (3);
Aux vitres de l'église de Saînt-Junien (Haute-Vienne), à
main droite derrière le chœur, était un écusson écartelé de gueules
et d'argent à quatre fleurs de lis de l'un en l'autre (4) ;
A Saint-Angel (Corrèze), on trouvait dans les vitraux les
armes suivantes : écartelé au 1" et au 4* d'or au lion de sable, au
chef d'azur chargé d'une étoile accostée de deux coqs d'argent; au
2* et 3* d'argent à une bande de gueules à l'orle de six roses de
même (5).
Enfin le même manuscrit nous a consacré le souvenir d'un
beau vitrail placé dans la salle haute du château de Ventadour :
ce sont les armes des seigneurs du lieu. Elles sont échiquetées
d'or et d^ argent; pour supports , un homme et une femme sauvages
y sont peints d'argent aux cheveux d'or; un dragon de sinople aux
ailes d'or et de gueules forme le cimier ; et au bas on lit la devise :
(1) Bibl. imp., mss., sect. Franc, n<» 5024, folio 157.
(2) 7W'/., folio 160.
(3)7Wi.. folio 161.
(4) Ibid.f folio 173, verso.
(5) im,, folio 167.
(6) làid., folio 172 , verso.
NOTES SUR QUEIXÎUES VITRAUX ANCIENS. 51
J'ai cru utile de réunir ces simples notes , afin de constater
nos richesses du temps passé , aujourd'hui où nos églises , pour
réparer les pertes que le temps ou les révolutions ont faites,
s'enrichissent de nouvelles verrières. Les unes ne le cèdent en-
rien à ce que le moyen âge avait de plus beau ; mais d'autres ,
en assez grand nombre, sont d'une médiocrité remarquable.
Puisse un si bel art ne produire que des œuvres dignes du lieu
qu'elles doivent embellir !
A. LECLER.
St-Symphorien , le 27 octobre 1867.
LE MUSÉE CÉRAMIQUE.
Le 26 mai \ 866 , la Société Archéologique et Historique du Li-
mousin décidait rétablissement d'un musée céramique spécial, et
remplaçait le directeur du Musée par une direction composée de
cinq membres {\ ), devant agir de concert , et ayant ainsi une force
morale que ne pouvait avoir un individu seul ; le 30 juin , elle
nommait les membres de cette commission , et immédiatement
la nouvelle direction se mettait à Tœuvre. Au mois de novembre
suivant, le local était approprié autant que possible aux exigen-
ces de Tart , de la science et du goût ; tous les objets étaient triés,
classés et installés dans leurs compartiments respectifis ; le Musée
céramique avait une salle à part, et s'épandait bien vite dans une
autre pièce. Au commencement de 1867, ces deux pièces regor-
geaient d'objets céramiques de toutes sortes et de toute prove-
nances, dus aux sacrifices que s'était imposés la Société Archéolo-
gique et à la générosité d'un assez grand nombre de personnes
qui avaient eu foi dans l'œuvre nouvelle.
C'est à cette époque que l'on commença à parler sérieusement
de l'Exposition de Paris et des merveilles céramiques qui allaient
s'y trouver réunies. On se demanda s'il fallait laisser échapper
l'occasion peut-être unique qui se présentait d'enrichir le
Musée. Le maréchal Vaillant, ministre de la Maison de l'Empe-
reur et des Beaux- Arts, promettait un don important de Sèvres :
le Conseil municipal prit l'initiative , inscrivit au budget une
somme de 2,000 fr. destinée aux acquisition futures, et ses
membres ouvrirent personnellement , par des dons larges et em-
pressés , une souscription à laquelle tout le monde fut appelé à
concourir.
Par cet acte, le Conseil municipal non-seulement donnait
l'exemple, mais encore faisait la chose sienne, et, laissant de
côté la question non encore résolue de la propriété de l'ancien
(1) Par la suite , ce nombre a été porté à sept.
LE MUSÉE CÉRAMIQUE. 53
Musée , il déclarait que le Musée céramique serait purement mu-
nicipal : c'était un acte d'adoption , un engagement tacite de
soutenir le Musée destiné tout à la fois à favoriser les progrès de
notre industrie porcelainière et à faire bientôt la petite gloire
artistique de Limoges. L'exemple fut suivi, et la somme réalisée
a été assez forte pour mettre la direction du Musée en mesure de
faire, à Paris, des acquisitions importantes. Le directeur,
M. Adrien Dubouché, s'est mis en rapport avec les exposants,
qui, dès qu'ils ont vu que le Musée de Limoges était une chose
sérieuse , ont manifesté .par des dons empressés tout l'intérêt
qu'ils prenaient à cette création récente. Nous sommes impuis-
sant h louer comme il le mérite un tel élan de sympathie et de
générosité ; cependant nous nous devons à nous-même et à nos
lecteurs de dire tout ce qu'on a fait pour nous. Ceux qui ont
visité l'Exposition ont remarqué , à côté de pancartes , en
nombre , hélas I un peu restreint, portant ces mots : Acquis par le
Musée céramique de Limoges, d'autres pancartes, en assez grande
quantité , portant ces mots bien plus honorables : Offert au Musée
céramique de Limoges. En un mot, on évalue à 30,000 fr. le prix
marchand des objets céramiques dont s'est enrichi le Musée, et
dont les deux tiers environ ont été donnés. Comme les caisses
contenant les richesses acquises ne sont pas encore toutes
arrivées , il nous est impossible de mentionner ici tous les dons
les plus importants ; mais nous devons au moins signaler à la
reconnaissance publique les noms des principaux donateurs.
Que ceux qui auraient été omis veuillent bien nous pardonner !
N'ayant pas sous les yeux les objets donnés, nous n'avons guère
que nos souvenirs pour éléments de cette nomenclature. Du reste,
nous leur promettons, lorsque nous aurons vu, un article
détaillé.
Mais, avant de parler des donateurs de Paris, il est juste de
parler de ceux qui ont ouvert la voie. Citons en première ligne
une de nos grandes maisons de porcelaine , qui , quoique n'ayant
pas exposé cette année, a disposé en notre faveur de la plus
grande partie de ses objets qui figuraient à l'Exposition de 4855,
et pour lesquels un de ses chefs avait été décoré de la Légion-
d'Honneur : vous avez reconnu la maison Pouyat frères. Le don
fait par MM. Pouyat est réellement précieux par sa valeur artis-
tique et par le nombre et l'élégance des pièces qui en font partie.
437 objets composent cet envoi. La pièce principale a d'autant
plus de prix aujourd'hui que les creux et moules ont été détruits
54 LE MUSÉE CÉRAMIQUE.
par rincendîe , et qu'il n'en existe plus que trois exemplaires :
Tun au musée de Sèvres , Tautre dans la collection de la maison
Pouyat, le troisième au Musée de Limoges. En admirant cette
œuvre de Fart plastique , on se demande s'il est possible de créer
mieux et si Texécution peut atteindre une meilleure perfection.
Cette pièce est en biscuit , et représente un vase d*un galbe des
plus gracieux, entouré de cigognes, de palmiers, d'oiseaux , de
plantes, de fleurons, dont les enroulements sont d'une légèreté
surprenante. Pour arriver à cet état de perfection , on a eu à sur-
monter des difiicultés de plus d'un genre , et il semble que l'ar-
tiste (M. Comoléra, pourquoi ne pas le nommer?) ait pris à
tâche de jeter un défi à ces difiicultés. Dimension, beauté de la
forme, pureté du travail, finesse inouïe des détails, richesse de
composition , tout s'y trouve. Et maintenant que de soins pour
cuire un vase aussi grand et aussi léger, et pour faire arriver à
un tel degré de perfection ce chef-d'œuvre de l'art céramique !
Au nombre des autres pièces données par MM. Pouyat se trouve
le service dit de Cérès, qui a également figuré à l'Exposition de
Paris en 4855 et à celle de Londres en 4862. Ce service , dont les
ornements sont en blanc mat sur fond émail , présente des mo-
dèles d'une grande élégance de forme et d'une grande précision
• de lignes. Tout y semble ouvré par compas, pour nous servir d-une
vieille expression. L'ornementation, dont l'épi et la gerbe de blé
sont le principal motif, est d'un goût à la fois sévère et gracieux.
Le service dit neige, découpé, et le cabaret nubien sont également
des produits remarquables sous tous les rapports.
En même temps, et comme complément précieux pour le Musée
de Limoges , MM. Pouyat ajoutaient à leur don plusieurs pièces
exécutées, en 4804 , sous la direction de M. François Pouyat, leur
aïeul , lesquelles témoignent de tendances sérieuses vers le pro-
grès réalisé plus tard.
Le Musée avait déjà reçu plusieurs objets d'un style et d'une
exécution hors ligne offerts par la maison Henri Ardant et O^ ,
et exécutés sous l'intelligente direction de son chef : deux buires
de l'époque de la Renaissance , dont l'une est un bijou digne
du nom de Benvenuto Cellini que l'auteur lui a donné , de gra-
cieuses potiches d'un galbe séduisant, des bustes reproduction
d'œuvres remarquables de la sculpture moderne et des derniers
siècles.
En même temps, et avec le même empressement, MM. Gibus et
C^« , dont les principaux produits sont également des œuvres d'art
LE MUSÉE CÉRAMIQUE. 55
et de haut style , envoyaient au Musée des vases et des coupes
d'un profil épuré, très-artistiquement ornés de figures d'un des-
sin correct , rappelant à la fois la grâce antique et sévère de la
sculpture grecque et celle plus réaliste de la Renaissance.
MM. Jouhanneaud et Dubois, eux aussi, avaient offert des
œuvres d'art sorties de leurs ateliers. Deux aiguières florentines
ornées de figurines charmantes , d'une fort belle dimension , et
exécutées dans un sentiment artistique d'un beau style, et un pot
à bière genre flamand témoignent du talent et du savoir des
artistes auxquels cette maison confie l'exécution de ses idées.
Dans un genre plus modeste, mais en réalité d'un mérite tout
aussi incontestable , la maison AUuaud frères et Yandermarcq
envoyait un don composé de pièces provenant d'un service dont
l'ornementation monochrome doit être signalée à cause de la
légèreté des teintes et dé l'élégance du dessin. Imitation des con-
ceptions élaborées au xvi* siècle et au xvii* par des ornemanistes
célèbres, les dessins décoratifs qui se développent sur les produits
de la maison AUuaud rappellent , par leur belle et simple ordon-
nance, ces mille et un enroulements créés avec une étonnante
fécondité par les Solis, les Théodore de Bry, les Bourdon, les
Brisseau et les Michel Blondus. Les teintes , parfois vaporeuses et
d'une extrême finesse, appliquées sur une pâte dont la pureté est
renommée, font des produits qui sortent de la maison AUuaud
de véritables modèles de goût.
Il ne faut pas omettre dans cette trop rapide nomenclature les
dons de MM. Jullien , de Saint-Léonard , et Latrille, de Solignac.
Le premier a offert au Musée deux pièces d'une belle exécution
et d'une dimension exceptionnelle : une soupière rocaille et un
pot à eau en blanc émaillé, et de plus un médaillon en biscuit,
portrait de Gay-Lussac, un nom scientifique qui nous fait hon-
neur. M. Latrille a donné un fort beau buste en biscuit représen-
tant Monseigneur Dubourg, évêque de Limoges, et exécuté de
grandeur naturelle.
Enfin, et non pour compléter la liste, car l'énumération serait
trop longue , la maison Vergne et Gorceix , de Limoges , avait
fait don au Musée d'une pièce intéressante et qu'il est bon de
mentionner ici. C'est un tout petit buste d'enfant, obtenu après
de nombreuses expériences, et qui présente à première vue l'as-
pect d'un marbre sculpté. Ce n'est plus le mat éblouissant et plâ-
treux du biscuit : c'est un produit d'un ton doux, légèrement
teinté de bleu, transparent et offrant le grain du marbre sta-
56 LE MUSéE CÉRAMIQUE.
tuaire. La pâte obtenue est loin d'être réfractaire , et c'est là une
difficulté d'exécution. On ne peut qu'encourager de tels essais,
car ils peuvent amener h des résultats inattendus, et qui seraient
une heureuse innovation dans l'art céramique. De plus ils prou-
vent que , en fait d'industrie porcelainière , le dernier mot est
loin d'avoir été dit.
N'oublions pas de mentionner, parmi les dons faits antérieure-
ment à l'Exposition, l'envoi de la manufacture impériale de
Vienne , lequel est venu prendre plac« dans notre Musée à côté
des produits de Sèvres. Cet envoi consiste en \ 9 pièces , toutes dé-
corées, à l'exception d'un fort beau buste de Listz. Les pièces
décorées se distinguent surtout par une dorure mate et brunie ,
d'un relief qui rappelle les procédés chinois. Les peintures se
recommandent par un style étudié et sévère.
 tous ces dons importants ont été joints de nombreux échan-
tillons , variés et choisis , pris tout aussi bien parmi la faïence
que parmi la porcelaine , offerts par M. Dubouché , et des acqui-
sitions , accompagnées de dons, faites chez et par MM. Rudhart
et Genlis , Rousseau , Jules Houry et autres, offrant des imita-
tions de modèles des derniers siècles , et se distinguant par la
pureté du dessin et le bon goût de l'ornementation artistique.
Telles sont , en résumé , les principales acquisitions faites , en
dehors de l'Exposition , pendant l'année 1867. Le nombre des
pièces acquises s'élève :
Pour la porcelaine, à 195
Pour la faïence , à 4Î5
Total 320 pièces.
Passons maintenant aux opérations qui se sont effectuées au
sein de l'Exposition même. Et d'abord faisons aux étrangers
l'honneur qu'ils méritent. Par étrangers nous entendons les fa-
bricants ou commerçants , limousins ou autres, qui ne sont pas
établis à Limoges ou dans le département. Nous le répétons,
n'ayant pas sous les yeux les objets offerts ou acquis, nous ne
pouvons donner ici qu'une simple nomenclature.
C'est d'abord M. PeuUier , notre compatriote , commission-
naire en porcelaine, rue Paradis^Poissonnière , 49, à Paris,
lequel a non-seulement offert très-généreusement un grand nom-
bre d'objets , mais encore n'a pas hésité à faire le sacrifice de son
LE MDSéE CÉRAMIQUE. 57
temps et de sa peine en sollicitations de toute nature , qui ont
valu à notre Musée un très-g^rand nombre de pièces importantes.
C^est ensuite M. Gille, de Paris, qui a fait don , entre autres
objets , de sa grande et belle statue de Bernard Palissy . Cette
offre , nous nous en souvenons , avait été faite déjà à la ville de
Limoges sous Tadministration de M. Louis Ardant. La statue
devait être installée sur une des places publiques de la ville. On
refusa , et Ton eut raison : une statue provenant d'une fabrique
étrangère eût pu passer pour une épigramme permanente con-
tre notre localité. Aujourd'hui que le Musée a la prétention de
réunir tout ce que Tart céramique produit de plus curieux et
de plus utile à consulter sous le rapport de la forme et de la
décoration , de quelque provenance que ce soit , la raison qui
avait fait repousser l'offre de M. Gille n'existe plus. La statue
n'eût pas été à sa place à l'un des carrefours de la ville : elle
sera parfaitement à sa place au Musée.
Mentionnons encore parmi les fabricants ou marchands de
porcelaine :
La manufacture royale de Saxe , la manufacture impériale de
Saint-Pétersbourg ;
MM. Michel Aaron , Etienne Aubert , Collet , Coppeland ,
Darthout , Hache et Pépin-le-Halleur, Leuillier et Bing , Létu et
Mauger, J. Macé, Minton, Payard, Piliwuyt, Bousseau, Seigle et
Chavoix, OUive, etc., etc.;
Parmi les faïenciers : MM. Deck , Genlis et Rudhart, le mar-
quis Ginori, Longuet, Pull, la manufacture de Sarreguemines ,
etc., etc. Ajoutons à cette liste la cristallerie de Baccarat, qui
nous a envoyé quelques pièces importantes.
Les exposants limousins avaient été les premiers à inviter la
direction du Musée à choisir dans leur exposition les objets qui
seraient à sa convenance. Citons la maison Henri Ardant et C'*,
des ateliers de laquelle sort le beau vase commandé par le Cercle
de l'Union , qui en a généreusement offert un exemplaire au
Musée ; la maison Gibus et C'« (4 ) , à laquelle nous devons , entre
autres, des vases d'un profil et d'une ornementation charmante ,
ainsi qu'une corbeille où sont groupées , sur émail mat et bruni ,
de ravissantes figures ; dans le genre industriel , MM. AUuaud
frères et Vandermarcq , une grande maison qui , soucieuse de sa
vieille renommée, s'est toujours attachée à reproduire , dans les
(1) L'Empereur a fait un achat à cette maison.
58 LE MUSÉE CÉRAMIQUE.
meilleures conditions possibles , le beau à bon marché ; MM. La^
besse, Demartial et Talandier, Guerry et Delinières, JuUien,
Dubois , Chabrol, etc., etc.
En somme , le nombre des donateurs de tous pays peut être éva-
lué à 50 , et le nombre des pièces acquises à 500 ; mais ceci ne
peut être , comme nous Pavons dit , qu'un calcul approximatif.
Ainsi, au mois de décembre 1866 , le nombre total des pièces
contenues dans le Musée céramique était de 808 ; avant l'Expo-
sition , il s'élevait à 4 ,133 ; nous sommes au-dessous du chiffre
réel en évaluant à 600 le nombre des pièces acquises pendant
l'Exposition , soit par dons, soit par achats, ce qui portera à \ ,733
et plus le nombre des objets céramiques de toute nature exposés
au Musée au commencement de l'année 4868, et h près de
60,000 fr. la valeur vénale de ces objets, y compris la valeur des
pièces données avant l'Exposition et celle du don de Sèvres que
nous attendons.
Ce chiffre de 4 ,733 pièces , quelque considérable qu'il soit pour
un Musée qui a à peine deux ans d'existence , ne semble ce-
pendant pas énorme en lui-même , et pourtant on ne se figru-
rerait jamais toute la place qu'il faut pour caser convenable-
ment tout cela. Après déballage , on a reconnu que la superficie
totale du parquet du musée serait insuflBlsante pour étaler bout à
bout tous les objets récemment acquis. La direction s'est émue.
Les deux pièces oii se trouvait déjà la céramique étaient littéra-
lement encombrées : dans son embarras, elle a tout natu-
rellement tourné les yeux vers l'Administration municipale,
qui a immédiatement pris la chose en considération. Le Conseil
municipal a été convoqué , et a fait choix d'une commission
chargée d'examiner la question. A l'heure oii nous écrivons,
on parle beaucoup de transférer le Musée céramique dans un
local ad hoc, et l'on désigne l'ancien Asile des aliénés (4). Pour
notre part, après mûres réflexions, nous nous contenterions
de ce choix , car à côté de l'inconvénient pour le public d'une
situation un peu excentrique, il y aurait le grand avantage
pour les élèves de la nouvelle école de peinture et de modelage ,
qui se trouve dans le même local, d'avoir sous la main tous les
éléments nécessaires à leurs études et à leurs travaux. Mais, là
ou là, qu'on se hâte. 11 ne faut pas songer à installer les nou-
veaux objets céramiques dans le salon des tableaux , ce serait
(1) Depuis, ce transfert a été décidé.
LE M13SÉE CERAMIQUE. 59
Tencombrer inutilement et imprudemment. Ils seraient conti-
tinuellement exposés aux accidents ou aux dégradations ; de
plus , rentrée du Musée serait forcément interdite aux artistes
qui voudraient étudier la porcelaine ou copier des tableaux , et
leur nombre est assez grand chaque année pour qu'on en tienne
compte. Ailleurs que dans le grand salon il n'y a pas un cen-
timètre de place. Que faire donc ? Approprier un autre local, et
le plus tôt ne sera que le meilleur.
Ah ! si Ton pouvait doter enfin Limoges d'un édifice contenant
la Bibliothèque communale et le Musée général !
J.-J. MAQUART,
SonS'dlrecteur dn Mut^e.
Limoges , le 15 décembre 1867.
(Extrait de VAlmanach Limousin pour 1868.)
NÉCROLOGIE.
M. LÉON NADAUD(<)
Nadaud (Horace-Léon-Léonard) , né à Limoges le \ 2 mars 4794 ,
décédé à Charvieux (Isère) le 30 avril 4867, à Tâge de soixante-
treize ans, se distingua comme magistrat, comme écrivain
et comme citoyen. Issu d'une ancienne famille de Limoges qui
remonte à Jean Nadaud, docteur ès-lois en 4296, il fit ses études
à Limoges et son droit à Poitiers. Reçu avocat en 484 4, il débuta
brillamment dans la carrière du barreau , en défendant , dans sa
ville natalç, deux ofBciers bonapartistes accusés d'avoir assassiné
deux gendarmes. Un des accusas était proche parent du comte de
Ponte-Corvo.
Mais M. Bourdeau, dans le cabinet duquel il avait travaillé
quelque temps, ayant été envoyé comme procureur général à
Rennes, appela près de lui son jeune compatriote , et le fit nom-
mer, le 2 juillet 4847, substitut à Saint-Brieuc. Il avait alors vingt-
deux ans. Ses progrès furent rapides : il devint successivement
substitut au tribunal de Rennes le 46 juin 4849, — substitut à la
Cour le 45 janvier 4823 , — avocat général le 21 février 4827. Sa
carrière paraissait devoir le fixer en Bretagne, lorsqu'il fut appelé,
le 40 juin 4829, au poste important d'avocat général à Lyon. En
4834, lors de l'insurrection lyonnaise, le magistrat fit place au
(1) M. Léon Nadaud appartenait ^ la famille Nadaud, sur laqueUe
M, Albert Albrier a donné , dans ce môme n» du Bulletin , une Notice gé-
néalogique et biographique. — Les lignes qui lui sont personnellement
cgnsacrées sont insérées à la page 99.
NECROLOGIE. 61
citoyen : ceux qui le connurent alors n'ont oublié ni son courage
ni sa rare énergie. Un remarquable talent de parole Tavait déjà
placé au premier rang des orateurs du parquet, lorsque deux
graves affaires dont il fut successivement chargé vinrent fixer
plus spécialement sur lui l'attention publique. En 4832, — quoi-
que le dernier des avocats généraux par le rang de sa nomina-
tion, — il se vit désigné par le procureur général de Lyon pour
porter la parole , devant la Cour d'assises de l'Ain, dans une ac-
cusation de parricide contre M. d'Âubarède , qui appartenait à
une famille considérable du Bugey. Tous les journaux ont rendu
compte des débats de cette dramatique affaire, et ont publié, en
lui donnant des éloges justifiés, le remarquable réquisitoire que
prononça alors M. Tavocat général Nadaud.
En 4833, il fut délégué près de la Cour d'Assises de la Loire,
oii allait se juger la tentative insurrectionnelle de la duchesse
de Berry sur le Midi , procès connu sous le nom du Carlo- Alberto.
Les débats durèrent vingt jours , et, sur ce terrain à la fois brû-
lant et délicat de la politique, M. Nadaud sut, par la modération
de sa parole, les égards témoignés à d'illustres coupables, par
sa haute impartialité, mériter l'approbation de ses adversaires
eux-mêmes. On s'attendait, après le succès qu'il venait d'obte-
nir, à le voir prochainement appelé à la tête d'un parquet de
Cour. Mais le Garde des sceaux le regarda comme suffisamment
récompensé par la croix de la Légion-d'Honneur, qu'il obtint le
29 avril 4833. Ce fut seulement cinq ans après, le 24 octobre
4838, qu'il devint procureur général à Montpellier.
Procureur général à Grenoble le 47 septembre 4839, il fut
nommé premier-président de cette Cour le 7 août 4843. Le 7 avril
de l'année suivante , il reçut la croix d'officier de l'Ordre des SS.-
Maurice-et-Lazare pour services rendus à la Sardaigne dans des
questions de nationalité depuis longtemps pendantes entre la
France et les États sardes. Membre du Conseil général de l'Isère
le 27 avril 4845, il fut porté pour la députation , et échoua de
trois voix seulement. Sa carrière allait être couronnée par sa
promotion à la pairie et le cordon de commandeur de la Légion-
d'Honneur, qui devait lui être accordé le 4" mai 4848 — (il était
officier depuis le 4" mai 4843) — lorsque éclata la révolution
de février. M. Nadaud, qui ne cachait pas son peu de sympathies
pour le nouveau gouvernement de la France, se démit aussitôt
de ses fonctions de premier-président, refusant même une réélec-
tion au Conseil général, — et se retira dans sa terre de Char-
62 NÉCROLOGIE.
vieux, où sa vie, honorée par une carrière bien remplie, occupée
par rétude, devait se passer désormais entre les joies de la
famille et le commerce de quelques amis.
M. Nadaud, alors quUl était avocat général à Rennes, a pu-
blié un Traité sur les terres vaines et vagues , destiné à éclaircir
une matière ardue du droit breton. Cet ouvrage , fort estimé des
jurisconsultes , a valu à son auteur deux médailles académi-
ques. On a en outre de lui deux discours imprimés : le premier,
qui traite de V Équité judiciaire, prononcé en 4827 devant la cour
de Bennes ; le second , sur Expilly, prononcé devant la cour de
Grenoble le 45 octobre 4847. A Texemple des grands magistrats
d'autrefois, M. Nadaud se délassait des graves devoirs du palais
par le culte des lettres.
n a écrit sur la Bretagne des pages pleines d'imagination et
de verve, insérées en partie dans le Lycée armoricain et le Breton^
journal de Nantes. Les souvenirs qu'il laisse dans l'Isère subsis-
teront aussi longtemps que ses bienfaits. Homme de bien autant
qu'homme de devoir, on peut dire de lui qu'au talent il joignait
le caractère.
Hbnri NADAULT de BUFFON.
(Extrait de Y Almanach Limousin pour 1868.)
M. AUGUSTE TALABOT
*^^./x^^^*
M. Pierre-Auguste Talabot, né le 24 novembre 4790 , était le
fils d'un magistrat éminent et l'aîné d'une nombreuse famille
dont la ville de Limoges s'enorgueillit à bon droit et qu'il ho-
norait à régal de ses frères. Il exerça d'abord la profession d'a-
vocat, et la vivacité de son esprit, la rectitude de son jugement ,
une parole alerte , toujours prête à la défense aussi bien
qu'à l'attaque , une connaissance profonde du droit et des af-
faires ainsi que la notoriété de son nom , lui fit rapidement ac-
quérir au barreau une position aussi sérieuse qu'honorable. De
4826 à 4832, ses confrères lui donnèrent six fois un témoignage
d'estime et d'affection en l'appelant à siéger au conseil de
NÉCROLOGIE. 63
Tordre. Mais c'est surtout comme président du tribunal civil de
Limoges qu'il s'est distingué, et c'est du président que j'ai hâte
de vous parler.
Il eut la bonne fortune de succéder à son père dans ces diffi-
ciles et délicates fonctions : il fut appelé à les exercer le 4" mai
1832, et les a conservées jusqu'au 42 août 4857, pendant plus de
vingt-cinq ans. S'il est facile d'affirmer qu'il les a remplies de
façon à laisser un souvenir qui ne s'effacera pas, il est difficile
de dépeindre la manière dont il les exerçait. Exact, assidu, d'un
abord facile , constamment à la disposition des justiciables , du
barreau et de ses collègues, il donnait l'exemple à tous ; mais
son véritable terrain était l'audience. Comment oublier cette
figure fine, spirituelle, bienveillante, ces lèvres un peu railleuses
d'où le trait semblait toujours prêt à partir ? Son oeil ne quittait
pas l'avocat : il saisissait avec une étonnante promptitude les faits
d'une cause, et, lorsque la discussion s'égarait, une objection
nette, clairement exprimée, toujours sérieuse, partait du siège, et
obligeait le défenseur à serrer ses arguments. Alors c'était plutôt
une discussion qu'une plaidoirie, et l'homme d'affaires le plus
habile était souvent embarrassé en présence d'un magistrat qui
lui montrait les côtés faibles de sa cause avec une clarté, une
précision, une vigueur admirables. La justice ne perdait rien à
ses colloques, la vérité s'en dégageait toujours, le jugement ne
se faisait pas attendre : il était accepté, le plus souvent, avec la
déférence que méritaient un grand savoir et une impartialité qui
ne s'est jamais démentie. Sa méthode était la même en présence
d'un novice : il voulait mesurer sa force , et , si le débutant était
un instant intimidé, la plus exquise bienveillance, la plus gra^
cieuse courtoisie, lui rendaient bien vite tout son courage ; si ce-
pendant il ne parvenait pas à se rassurer, si sa timidité le trahis-
sait, si son inexpérience se laissait aisément deviner, il n'avait
pas lieu d'être inquiet , son client ne courait aucun risque : le
procès était gagné si la cause était juste.
M. le président Talabot avait été fait chevalier de la Légion-
d'Honneur le 4 mai 4844 ; il fut nommé président de chambre
le 42 août 4857. Il n'a passé que trois ans parmi vous. Vous le
connaissiez , vous saviez quelle était sa valeur : vous n'avez pas
été surpris de l'utile concours que sa belle intelligence , ses con-
naissances variées , son expérience , sa sagacité et son jugement
exercé ont apporté à vos délibérations , et , lorsque l'heure de la
séparation a sonné, vos regrets l'ont accompagné dans sa retraite.
64 N^ROLOGIE.
Ces regrets devaieat être plus vifs eacore au moment où la mort
a rendu la séparation définitive.
(Extrait du Discours de r&iUrée prononoé le 3 novembre 18^,
à la Cour impériale de Limoges , par M. Vételay, substitut
du procureur général).
M. MAURICE ARDANT
r^^*^^^^0*^\
Jean-Maurice Ardant , né à Limoges le 4SI janvier 4793, mort
le 6 mai 4867, était, depuis le 44 janvier 4854, archiviste du dé-
partement de la Haute- Vienne. Voici quels étaient , au mois de
mars 4857 , ses états de service approuvés par M. de Coëtlogon ,
préfet :
Membre de la Société Archéologique du Limousin, de celles de
Tulle , Guéret , Angoulême , Périgueux ; des Antiquaires de
l'Ouest , de THistoire de France , de Sphragistique de Paris ; lau-
réat de rinstitut (médaille d'or de 4 830) , des Sociétés de Belgique
et de la Grande-Bretagne , conservateur des monuments histori-
ques de la Haute-Vienne et correspondant du ministère pour les
sciences historiques ;
Conseiller municipal , inspecteur des écoles primaires, membre
du jury d'examen des instituteurs ; président du bureau de bien-
faisance , juge et président au tribunal de commerce.
Il a donné au public plusieurs ouvrages ou mémoires : Traité
des Ostensions (Limoges, 4848, in-48); — Histoire de l'église de
Saint'Pierre-^u-^ueyroix de Limoges (Limoges, 4854, in-8) ; —
Émailleurs et émaillerie de Limoges (Limoges, 4855, in-48) ; —
Emailleurs limousins : les Guibert, les Fierjnat/d (Limoges, 4860, in-8} ;
— Emailleurs limousins : les Courteys, Court et de Court (Limoges,
4864, in-8). Divers articles publiés dans diverses revues périodi-
ques. Il laisse en manuscrit : une traduction de Suétone , une
histoire des impératrices romaines , un poème en vers latins, une
histoire de France , et une histoire , par les médailles, du Limou-
sin et de la Marche.
NOUVEAU RÈGLEMENT
DR LA
SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE
ET HISTORIQUE
DU LIMOUSIN
(Voté dans la séance du 24 décembre 1Ô66)
TITRE I.
ORGANISATION DE LA SOCIÉTÉ.
ARTICLE PBEMIBE.
La Société , créée depuis le 3 décembre 4845 , conserve le nom
de Société archéologique et Historique du Limousin.
Art. 2,
Elle a pour but :
De rechercher, de reconnaître et de décrire les monuments,
écrits ou figurés , qui existent soit dans les archives publiques
ou particulières , soit à la surface ou* à l'intérieur du sol ;
De classer les monuments et les ruines de toutes les époques
qui existent en Limousin , et d'en assurer la conservation ;
De conserver et augmenter le musée déjà fondé par elle.
5
66 NOUVEAU RÈGLEMENT.
En outre, la Société admet les travaux de littérature, de
Bciences et d*art , et les publie , s'il y a lieu , dans son Bulletin.
Elle s'interdit toute discussion politique ou religieuse , et il ne
sera traité dans son sein aucune matière historique postérieure
à 4790.
Elle repousse également les œuvres d'imagination pure.
Abt. 3.
Les séances de la Société auront lieu à Limoges , dans un local
dépendant du musée.
Abt. 4.
La Société se compose :
4<» D'un nombre illimité de membres titulaires, résidant dans
le département ;
2° D'un nombre illimité de membres correspondants, résidant
hors du département ;
3"" De membres honoraires, dont le nombre ne pourra dépasser
quinze.
Art. 5.
Nul ne sera admis au nombre des membres de la Société que
sur sa demande écrite et adressée au président.
Cette demande sera déposée sur le bureau en séance générale ,
et il en sera donné avis dans lés lettres de convocation de la
séance suivante. Cet avis désignera le nombre des candidats et
la catégorie dans laquelle ils se rangent , mais évitera de dé-
signer par leur nom les candidats eux-mêmes.
Au jour indiqué par la lettre de convocation , le candidat au
titre de membre titulaire ou correspondant sera élu au scrutin
secret et à la majorité des suffrages.
Les membres honoraires seront également élus au scrutin
secret , sur la proposition du bureau . Le candidat devra réunir,
pour être nommé, les trois quarts des voix des membres
présents, quel que soit au surplus le nombre des suffrages
exprimés.
Abt. 6.
Dans la quinzaine qui suivra la nomination , avis en sera
donné au nouveau membre, avec invitation d'avoir à retirer son
diplôme et un exemplaire du Règlement de la Société.
NOUVEAU RÈGLEMENT. 67
Les diplômes sont sur parchemin, sœllés du sceau de la
Société , et revêtus des signatures du président , du secrétaire
général et du trésorier.
Abt. 7.
Chaque membre titulaire paie :
<• Un droit d'entrée de 40 fr., qui devra être acquitté au mo-
ment de la remise du diplôme ;
2« Une cotisation annuelle de 45 fr., due pour l'année entière ,
quelle que soit l'époque de Tannée à laquelle il aura été reçu ,
mais qui peut être remplacée par une somme de 200 fr. une
fois payée.
Chaque membre correspondant paie, à titre de cotisation
annuelle , le prix d'abonnement au Bulletin de la Société.
Les diplômes sont délivrés gratuitement aux membres cor-
respondants ainsi qu'aux membres honoraires. C^ derniers ne
sont soumis à aucune cotisation.
Art. 8.
Les membres de la première commission , nommée le 3 dé-
cembre 4845 par M. le préfet delà Hte-Yienne, sont fondateurs
de droit.
Le titre de fondateur sera aussi acquis à tout membre qui ,
outre sa cotisation annuelle , fera , soit en argent , soit en objets
d'art ou collections scientifiques, un don de 450 fr. au moins.
L'importance du don en nature sera appréciée par le conseil
d'administration.
Abt. 9.
Le Bulletin de la Société est adressé gratuitement aux
membres titulaires et honoraires.
Le comité de publication fixera le prix de vente des collections
de mémoires et autres documents que la Société ferait éditer en
dehors de son Bulletin. Il fixera un prix de faveur pour les
membres de la Société.
Les personnes étrangères à la Société et les Sociétés savantes
ne pourront recevoir le Bulletin et les autres travaux publiés aux
frais de la Société Archéologique et Historique du Limousin qu'à
titre d'échange contre des publications de même nature , ou en
payant le prix fixé par le conseil d'administration. Les échanges
68 NOUVEAU RÈGLEMENT.
devront toujours avoir été autorisés par le Conseil d'adminis-
tration.
Art. 40.
La Société a une caisse , des archives , une bibliothèque et un
musée.
Art. 44.
Les archives et la bibliothèque , qui seront , autant que pos-
sible , placées dans le local affecté aux séances de la Société , et ,
à défaut , dans un local contigu , se composent des manuscrits
lus en séance , dont les auteurs sont tenus de déposer une copie
sur le bureau immédiatement après chaque lecture ; des ou-
vrages , mémoires et imprimés de toute nature offerts à la Société
ou acquis par elle , et des publications qu'elle fera.
Art. 42.
La Société demeure propriétaire de la copie des manuscrits
lus en séance et de celle des documents qui lui sont commu-
niqués. Son droit se borne à les publier en entier dans son
Bulletin. Elle peut aussi en publier des extraits, mais avec
l'agrément de l'auteur.
Les membres de la Société sont tenus , s'ils éditent un travail
déjà imprimé au Bulletin , de mentionner le n"* du recueil dans
lequel a été publié ce travail. Il leur est absolument interdit de
l'insérer dans le Bulletin d'une autre Société , sous peine d'être
exclus par un vote spécial.
Art. 43.
La Société reçoit les dons des particuliers. Le président en
délivre récépissé. Le nom du donateur est inscrit sur les objets
si cette inscription est possible : dans tous les cas , ce nom est
porté sur les catalogues , et publié dans le recueil des travaux
de la Société.
NOUVEAU RÈGLEMENT. 69
TITRE IL
ADMINISTRATION DE LA SOCIÉTÉ.
Art. 4 4.
La Société est administrée par un conseil dont le bureau fait
essentiellement partie.
ÂBT. 45.
Ce bureau est composé :
Du préfet du département de la Haute-Vienne, président
d'honneur ;
Du président ; — des vice-présidents , au nombre de deux ; —
du secrétaire général; — d'un secrétaire-bibliothécaire et
archiviste; — d'un secrétaire-trésorier; — du directeur du
musée.
Art. 46.
Le président , ou , en son absence , l'un des vice-présidents ,
par rang d'âge, dirige les travaux de la Société. Le conseil
d'administration est convoqué par lui , ou , s'il est empêché , par
le secrétaire général.
Art. 47.
Le secrétaire général , qui , lorsqu'il est empêché , se fait
suppléer par le secrétaire-archiviste ou par le secrétaire-trésorier,
rédige et signe les procès-verbaux des séances; adresse aux
membres de la Société les lettres de convocation pour les séances
ordinaires ; fait aussi , mais sur l'avis du président , les convo-
cations extraordinaires; tient et signe la correspondance;
enregistre les envois de toute nature et les abonnements;
expédie le Bulletin et les autres publications aux divers membres
et aux abonnés ; dirige les publications sous la surveillance du
comité de publication ; ordonnance et enregistre les mandats de
paiement , et dresse , à la fin de chaque année , la liste générale
des membres de la Société, qui est insérée au Bulletin.
70 NOUVEAU Rèr;LEMENT.
Aet. 48.
Le secrétaire-bibliothécaire-archiviste garde, classe les ar-
chives et la bibliothèque , et en tient le catalogue.
11 exécute les achats de librairie , et fait les dépenses de reliure
dans la limite du crédit qui lui est ouvert chaque année au
budget.
Abt. 49.
Le secrétaire-trésorier fait rentrer les fonds de la Société , dont
il reste dépositaire; il tient registre des dépenses et des recettes;
il acquitte les dépenses sur mandats ordonnancés par le secré-
taire général , qui en tient registre , et appuyés des pièces justi-
ficatives, qui doivent être signées par le secrétaire général
lorsqu'il s'agit des frais généraux du secrétariat , par le secrétaire-
archiviste lorsqu'il s'agit de la bibliothèque , par le directeur du
musée et le conservateur de la section lorsqu'il s'agit du musée.
Chaque année , il présente ses comptes à la commission de
comptabilité , qui les arrête , et charge un de ses membres d'en
faire rapport à la Société.
ART. 20.
Le directeur du musée est chargé de recueillir tous les objets
donnés à la Société , ou acquis par elle pour faire partie du
musée , d'en tenir le livre d'entrée , et d'en faire la distribution
aux conservateurs de section.
Il lui est adjoint autant de conservateurs de section que la
composition du musée peut le rendre nécessaire. Chacun d'eux
tient le catalogue particulier de sa section , et exécute , d'accord
avec le directeur, les marchés , travaux et achats relatifs à sa
section , dans la limite des crédits ouverts à cet effet au budget.
 la fin de chaque année , le directeur fait un rapport à la
Société sur l'état du musée et les besoins généraux de cet éta-
blissement.
Abt. 24.
Le conseil d'administration est composé :
4 "^ Des membres du bureau :
â^" De trois conseillers adjoints.
Il choisit dans son sein une commission de comptabilité » corn-
NOUVEAU RÈGLEMENT. 71
posée de trois membres , qui révise chaque année les comptes
du secrétaire-trésorier, procède au récolement des archives et de
la bibliothèque, et fait sur chacun de ces objets un rapport à
rassemblée générale.
Le conseil d'administration propose , à la fin de chaque année ,
pour l'année suivante , un projet de budget , qui est discuté et
arrêté en assemblée générale.
Art. 22.
Un comité de publication, composé de cinq membres, y
compris le secrétaire général , qui en fait partie de droit , et qui
peut se faire remplacer par l'un des deux autres secrétaires,
est chargé de composer le Bulletin et d'en surveiller l'impres-
sion. 11 donne son avis sur les publications autres que le
Bulletin qui pourraient être faites aux frais de la Société , et les
surveille après qu'elles ont été autorisées en assemblée générale.
Il choisit dans son sein un président, sans le visa duquel
aucun manuscrit n'est admis à l'impression.
La Société n'entend du reste approuver ni improuver aucune
de« doctrines émises par ses membres : elle en laisse aux auteurs
l'entière responsabilité.
Art. 23.
Tous les fonctionnaires sont élus au scrutin secret et à la
pluralité des suffrages. Chacun d'eux , à l'exception des membres
du comité de publication , est élu pour trois ans, et indéfiniment
rééligible dans les mêipes fonctions. Si une élection partielle
devenait nécessaire avant l'expiration des trois ans, elle ne
vaudrait que pour le temps de cette période restant encore à
courir.
Les quatre membres éligibles du comité de publication sont
renouvelés tous les ans par moitié. Les deux membres sortants
de chaque année ne peuvent être réélus avant l'année suivante.
Il n'y a pas incompatibilité entre les autres fonctions et celles
de membre du comité de publication.
Art. 24.
La Société tient une séance ordinaire par mois. Le tableau des
jours de réunion est imprimé sur la couverture du Bulletin.
72 NOUVEAU RÈGLEMENT.
L'ordre du jour de chaque séance est porté dans les lettres de
convocation, que le secrétaire gfénéral doit faire parvenir à
chacun des membres titulaires trois jours au moins avant la
séance. Â cet effet , les membres qui se proposent de faire des
lectures doivent en aviser le secrétaire général six jours au moins
avantle jour fixé pour la réunion.
Tout fonctionnaire empêché d'assister à Tune des séances est
tenu de s'en excuser par écrit.
Abt« 25.
Tous Statuts antérieurs sont et demeurent abrogés.
11 pourra être fait des modifications au présent Règlement ,
en tant qu'elles ne seront pas contraires à l'arrêté constitutif de
M. le préfet de la Haute-Vienne du 3 décembre 4845, sur une
proposition prise en considération dans une séance générale , et
adoptée à la majorité absolue dans une des séances suivantes.
PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES.
SÉANCE DU 29 JANVIER «867.
Présidence de M. L.AROMBIBM: » Vloe*Ppé«ldeiit.
Sont présents : MM. Tabbé Arbellot , Astaix , Brisset , Alfred
Chapoulaud , Hervy, Maquart, Perdoux, Emile Ruben.
Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté.
M. Dubédat, conseiller à la Cour, écrit à M. le président pour
le prier de poser sa candidature comme membre titulaire de la
Société.
Lecture est donnée de la rédaction définitive adoptée pour
certains articles du Règlement récemment modifié. M. le pré-
sident propose la réimpression complète de ce Règlement tel
qu'il a été modifié. La Société adopte la proposition.
Sur une observation de M. Ruben , l'assemblée décide que le
comité de publication sera cette année , comme les années précé-
dentes , renouvelé par moitié.
M. le secrétaire-tré^rier dépose le compte de l'exercice < 866.
Une commission , composée de MM. Maquart , Hervy et Astaix ,
est chargée de vérifier ce compte et dQ proposer le budget de
4867.
M. Ruben , au nom de l'administration du musée, propose à la
Société de donner à Charles Dulac une gratification extraordi-
naire de 50 fr. pour l'établissement de l'inventaire général du
musée. La Société vote la somme demandée.
74 PROCÈS-VERB.iUX DES SEANCES.
M. Tabbé Arbellot lit la suite (4) de ses Obsovatiofis historiques
et critiques sur ks lettres de Rorice l'Ancien, Cette lecture est
écoutée avec un vif intérêt.
A 40 heures, la séance est levée.
Le Secrétaire général,
É. BUBEN.
lA^^AW*<^^W^<»^A»V»^^*MMMMM^»W*»^^*M»^»»W»V
SÉANCE DU 26 FÉVRIER 4867.
Présidence de M. L. AROMBIÈRE , Vloe-Pr6«ldenU
Sont présents : MM. Hervy, Nivet-Fontaubert , Alfred Cha-
poulaud , l'abbé Arbellot , Guillemot , Garrigou-Lagrange.
Par suite de la maladie de M. Ruben , M. Guillemot , secré-
taire-archiviste , remplit les fonctions de secrétaire.
Il est procédé par scrutin secret à l'admission de M. Dubédat ,
conseiller à la Cour impériale de Limoges , comme membre
titulaire de la Société.
M. Dubédat est admis à l'unanimité des suffrages.
M. Guillemot donne communication d'une lettre de M. Pe-
connet, préfet de la Charente, par laquelle M. Peconnet se
démet de ses fonctions de président , et demande en même temps
à être maintenu parmi les membres actifs de la Société.
A la suite de cette lettre , il est décidé qu'à la prochaine séance
il sera procédé à la nomination d'un président , et que M. Pe-
connet sera maintenu parmi les membres titulaires de la Société.
Il est également décidé qu'à cette même séance il sera procédé
au renouvellement partiel du comité de publication , et par cela
même au remplacement de MM. Hervy et Larombière , membres
de ce comité.
Plusieurs communications sont ensuite échangées au sujet des
(1) Une première partie de ce travail avait été lue aux Assises scien-
tifiques de décembre.
PROCÈS-VERBAUX DES SEANCES. 75
envois d*objets d'art à rExposition universelle, et spécialement
des objets d'art que peuvent fournir les églises du diocèse. On
décide qu'une commission , présidée par M. Adrien Dubouché, se
rendra chez Mgr Tévêque de Limoges pour le prier d'intervenir
près de MM. les curés du département.
M. l'abbé Arbellot donne connaissance d'une lettre de M. de
Cessac , qui demande à la Société d'établir une liste des émailleurs
limousins qui doivent être inscrits au musée sur une plaque de
marbre , ainsi qu'il a été décidé au Congrès scientifique tenu à
Limoges au mois de décembre dernier.
M. Hervy donne lecture de son rapport sur l'état du budget
de la Société. Il conclut en engageant la Société à l'économie,
vu les dépenses considérables faites les années précédentes , et la
prie de vouloir bien voter des remercîments à M. Brisset,
trésorier. Ces conclusions sont adoptées h l'unanimité.
M. Nivet demande qu'on écrive au ministre de l'intérieur pour
le prier de donner au musée l'œuvre de Bernard Palissy et
l'Histoire des arts céramiques , édités par M. Delange.
M. l'abbé Arbellot lit sur les églises de Rochechouart et de
Paint-Junien deux notices , où nous retrouvons la critique sé-
rieuse et intéressante à laquelle notre honorable collègue nous
a depuis long-temps habitués.
A 9 heures la séance est levée.
Le Secrétaire-archiviste ,
GUILLEMOT.
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SEANCE DU 26 MARS 1867.
PréaldenoedeM. tiAROMBIBRB. Vloe>Pr£aldent.
Sont présents : MM. Lemas, Garrigou-Lagrange , Linard,
Maquart, Nivet-Fontaubert , Lecler, Hervy, Dubédat, Brisset,
Guillemot.
En l'absence de M. Ruben , M. Guillemot remplit les fouettons
de secrétaire.
76 PROCÈS-VERBAUX DES SEANCES.
Il est procédé sur-le-champ à Télection d'un président en rem-
placement de M. Othon Peconnet, démissionnaire.
Les onze membres présents prennent part au scrutin.
M. Larombiëre ayant obtenu 40 voix contre 4, donnée à
M. Le Sage , est élu président de la Société.
Il est décidé que , par suite , il y aura lieu à la prochaine
séance d'élire un vice-président en remplacement de M. Larom*
bière.
On procède ensuite au renouvellement partiel du comité de
publication , et par cela même au remplacement de MM. Hervy
et Larombière , membres de ce comité.
Au premier tour de scrutin, M. Lemas ayant obtenu 7 voix
et M. l'abbé Grange 5 , M. Lemas est nommé membre du comité
de publication ; puis il est procédé à un second tour de scrutin ,
à la suite duquel M. l'abbé Grange ayant obtenu 6 voix contre 5,
données à M. Dubédat, est nommé membre du comité de publi-
cation.
L'ordre du jour étant épuisé , la séance est levée.
le Secrétaire^rchivisU ,
GUILLEMOT.
^»WW^\^^^^^>^»^WV%^^^^^f^^AA^VW^^/^V^^^
SÉANCE DU 30 AVRIL 1867.
Ppéftldenoe de M* B. MJBBIV » Beorétalre général.
Sont présents : MM. Alfred Chapoulaud, Dubédat, Tabbé
Grange, E. Hervy, Lemas, Linard, É. Ruben.
En l'absence de MM. Larombière , président , et l'abbé Arbellot,
vice-président, qui se sont excusés par lettres, M. É. Ruben,
secrétaire général , occupe le fauteuil de la présidence. M. Lemas
est prié de vouloir bien remplir les fonctions de secrétaire.
Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté.
Lecture est donnée d'une lettre de M. le maire de Limoges et
d'un extrait de la délibération du conseil municipal de cette
•ville , en date du 4 3 avril , par laquelle le conseil remercie la
Société Archéologique, adresse ses félicitations aux membres de
PROCÈS-VERBAUX DES SEANCES. 77
la commission qui édite les Registres consulaires de la ville de
Limoges, et prie M. le maire d'être auprès d'eux l'interprète de
ses sentiments.
M. Ph. Lalande, correspondant pour la Corrèze de la commis-
sion pour la topo^aphie des Gaules , fait hommage à la Société
d'une brochure intitulée : Monographie des grottes à silex taillés
des environs de Brive. Il offire en outre quelques spécimens de
silex taillés de l'âge du renne , et demande à faire partie de la
Société en qualité de membre correspondant.
L'assemblée accepte avec reconnaissance l'offre de M. Ph.
Lalande.
Aux termes du nouveau Règlement , l'élection aura lieu au
scrutin secret à la séance prochaine.
M. Albert Albrier, demeurant à Dijon , écrit à la date du
30 mars , et envoie à la Société un travail généalogique sur la
famille Nadaud, originaire de Limoges, et dont un rameau
existe en Bourgogne. M. Albert Albrier demande à faire partie
de la Société en qualité de membre correspondant. Bemerciments
et renvoi , pour l'élection , à la prochaine séance.
M. Nivet-Fontaubert dit qu'il a reçu le buste du regretté
Félix de Y erneilh , lequel buste est déposé dans la salle des
séances de la Société. Des remercîments sont votés à M. Jules de
Verneilh , son frère.
M. Alfred Chapoulaud annonce la mort d'un des membres
correspondants les plus éminents de la Société,' de M. Léon
Nadaud , premier-président honoraire à la cour de Grenoble. La
Société exprime ses regrets de la perte qu'elle vient de faire.
M. le directeur de la manufacture impériale de porcelaine de
Vienne fait part à la Société de l'envoi de vingt-deux pièces pro-
venant de ce musée. Le secrétaire est chargé de prier M. le
directeur du musée de Limoges de vouloir bien remercier son
collègue de Vienne.
On procède à l'élection d'un vice-président en remplacement de
M. Larombière , nommé président de la Société à la dernière
séance. Le dépouillement du scrutin donne les résultats
suivants :
Votants 8.
M. Màquart 6 voix.
M. Hervy 4 voix.
M. Dubédat 4 voix.
78 PROCis-VBRBAUX DES SÉANCES.
En conséquence , M. Maquart est nommé vice-président de la
Société.
A 9 heures la séance est levée.
Pour le Secrétaire général,
E. LEMAS.
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SÉANCE DU 28 MAI 4867.
■»Pé«ldence «le M. CAROimifinB, PréaldenU
Sont présents : MM. Larombiëre, président, l'abbé Arbellot
et Maquart , vice-présidents , Tabbé Grange , Dubédat et Lînard.
En Tabsence de M. le secrétaire général et de M. le secrétaire-
archiviste, M. Linard remplit les fonctions de secrétaire, sur
rinvitation de Ta. Larombière , président.
Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté.
Dès le début de la séance , M. Maquart remercie les membres
de la Société de l'avoir nommé vice-président à la dernière
réunion.
M. l'abbé Grange fait hommage à la Société de son nouvel
ouvrage : Étude sur le Père Le Jeune , de l'Oratoire.
M. le président adresse à M. l'abbé Grange de vifs remer-
cîments au sujet de ce don.
Il est procédé à la nominatioil, comme membres corres-
pondants de la Société, de M. Ph. Lalande, de Brive, et de
M. Albert Albrier, de Dijon, qui ont demandé, par lettres,
à faire partie de la Société , la présentation ayant été faite à la
dernière séance. A la majorité des suffrages , MM. Ph. Lalande
et Albert Albrier sont nommés membres correspondants.
M. le président fait remarquer qu'il sera utile d'envoyer à ces
Messieurs , en même temps que l'avis de leur nomination , un
exemplaire des nouveaux Statuts de la Société , qu'il est du reste
nécessaire de faire imprimer en ce moment.
M. l'abbé Arbellot , prenant la parole , fait part à l'assemblée
d'une demande de la fabrique de SaintJunien.
MM. les membres de la fabrique de Saint-Junien désireraient
PROCÈS-VERBAUX DES SEANCES. 79
replacer un autel en travers du sarcophage de saint Junien : ils
demandent à la Société Archéologique son avis au sujet de ce
travail à exécuter, et surtout pour le cas où l'autel choisi parmi
ceux qui sont à la disposition de la fabrique serait celui où se
trouve un panneau tiré de l'abbaye de Grandmont.
L'assemblée , consultée , pense qu'il est bon que l'autel ainsi
rajouté soit du même style que le sarcophage de saint Junien ;
cependant elle se réserve de transmettre son avis jusqu'au mo-
ment où M. Fayette fils , inspecteur diocésain et membre de la
Société , aura fait à ce sujet un rapport , que l'assemblée le prie
de vouloir bien rédiger et communiquer le plus tôt possible, après
avoir examiné la situation actuelle des lieux.
M. l'abbé Arbellot lit une notice biographique sur M. Maurice
Ardant, archiviste du département, qui vient de mourir.
M. l'abbé Arbellot passe en revue la vie si active et si laborieuse
de M. Maurice Ardant, et fait en même temps une étude critique
de celles des œuvres du savant antiquaire qui ont trait à la nu-
mismatique , l'archéologie , l'émaillerie limousine et la paléo-
graphie.
A 9 heures et demie la séance est levée.
Pour le Secrétaire général,
A. LINARD.
MM^/V^V^«/\/W>M^^^AAA/WNMMAMMMAM/WW\MMi
SÉANCE DU 30 JUILLET Î867.
Présidenoe de M. L.AROIIBIERB, Président*
Sont présents : MM. Bonnîn, Dubédat, Hervy, Grange,
Garrigou-Lagrange , Lemas , Linard , E. Ruben.
Le procès-verbal de la dernière séance est lu et approuvé.
M. Camille Ley marie , avenue d'Italie , 63 , à Paris , demande ,
par lettre adressée au président , à faire partie de la Société en
qualité de membre correspondant. Renvoi de l'élection à la pro-
chaine séance.
Sur la proposition de M. le président , la Société , considérant
l'accroissement que prend le musée céramique grâce aux efforts
80 PROCÈS-VERBAUX PES SÉANCES.
de son directeur, vote à Tunanimité des remercîments à
M. Adrien Dubouché.
Des remerciments sont également adressés :
4® A M. Lalande , de Brive, pour la carte des objets de l'âge
de pierre dont il a fait hommage à la Société (4 ) ;
2° A M. Bourgoin-Mélisse , de Saînt-Junîen, pour roflfre,
acceptée , d^un dessus de cheminée en fonte.
A 9 heures et demie la séance est levée.
Le Secrétaire général,
É. RUBEN.
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SEANCE DU 27 AOUT 4867.
Présidence de M. l*Abb£ ARBBL.E.OT» Vloe-Pr6sldent.
Sont présents : MM. Arbellot, Maquart, Linard, Nîvet-
Fontaubert , Grange et Garrîgou-Lagrange. •
En Fabsence du secrétaire général et du secrétaire-archiviste ,
(1) L'envoi fait par M. Ph. Lalande se compose de débris de remie et
de silex travaillés , tous fort curieux. Ces fossiles , d*un âge trës-éloîgné
de nous , sont retenus sur une carte , et désignés chacun par une lé-
gende assez détaillée. Nous remarquons qu*ils proviennent de deux
pays distincts au point de vue de la formation des terrains. Ainsi une
partie a été trouvée dans les grottes et stations de la Corrèze (environs
de Brive : terrain de trias , assise des grès bigarrés) ; Tautre , dans la
Dordogne (environs deTerrasson : terrain jurassique, calcaire, caver-
neux , etc.). L*envoi de M. Lalande n'a donc pas seulement la valeur de
spécimens curieux de débris de renne et de silex travaillés : c'est encore
un commencement d'études que l'on complétera et approfondira sans
doute , mais qui montre , pour deux pays différents de formation , ime
existence identique k une époque reculée, et qui vient à Tappui des
assertions que M. Lalande a placées dans sa brochure : Monographie des
grottes à silesc taillés des environs de Brive. Ces études , quoique relatives
à un département qui n'est pas celui de la Haute-Vienne , sont fort
attrayantes, et peuvent fournir des détails curieux sur les mœurs de
l'âge de pierre , encore bien peu connu aujourd'hui.
PROCÈS-VERBAUX DES SEANCES. 81
M. Garrigou-Lagrange est désigné pour remplir les fonctions de
secrétaire.
La lecture du dernier procès-verbal est renvoyée à la prochaîne
séance.
Son Exe. M. le Ministre de Tinstruction publique annonce à la
Société qu'il lui est accordé une subvention de 300 fr. La Société
vote des remercîments à Son Excellence. M. le secrétaire-tré-
sorier est chargé du recouvrement de cette somme.
M. Joseph Bouteilloux , place d'Aisne , à Limoges , fait don à
la Société , pour le musée , d'un albatros tué au cap Horn. La
Société vote des remercîments à M. Joseph Bouteilloux , et charge
M. le directeur du musée de les lui transmettre.
M. l'abbé Arbellot lit une intéressante relation de son voyage
en Italie. Il s'est livré pendant ce voyage à de laborieuses et
fructueuses recherches dans les bibliothèques de Rome et de
Florence , notamment dans les bibliothèques Ambroisienne et
Cazanata , et de l'étude des anciens manuscrits qu'il y a trouvé
il est résulté pour lui une nouvelle preuve de l'apostolat de
saint Martial au premier siècle de notre ère.
Remercîments , et renvoi au comité de publication.
La séance est levée à 9 heures et demie.
Pour le Secrétaire général,
GARRIGOU-LAGRANGE.
>»^^^^^^^^^/SA<»^/»^^^^^»»^^^^^<S^»m»»^
SÉANCE DU 29 OCTOBRE 1867.
Préftldence d« 11. B. HBRl^Y.
Sont présente : MM. Hervy, É. Ruben , Lagrange , Lecler.
M. E. Hervy est prié de prendre place au fauteuil , en l'absence
de MM. le présidente.
Le procès-verbal de la séance du 27 août est lu et adopté.
On procède à l'élection par voie de scrutin de M. Camille
Leymarie, demeurant à Paris, avenue d'Italie, 63. M. Camille
Leymarie est élu membre correspondant de la Société.
6
82 PROCÈS-VERBAUX DES SEANCES.
MM. Launfty , professeur d'histoire au lycée de Limoges , et
Achard, archiviste du département de la Haute-Vienne, de-
mandent , par lettre , à faire partie de la Société en qualité de
membres résidants. Renvoi pour Télection à la prochaîne
séance.
La Société remet à M. l'abbé Lecler, chargé de la continuation
du Nobiliaire de Nadaud, la notice biographique sur M. Nadaud ,
président honoraire à la Cour de Grenoble , envoyée précédem-
ment par M. Albert Albrier, membre correspondant de la Société.
M. Tabbé Lecler lit une notice sur les vitraux anciens et
notamment sur un vitrail représentant saint Jean-Baptiste , .qu'il
oflFre au musée. Remercîments , et renvoi de la notice au comité
de publication.
A 9 heures la séance est levée.
Le Secrétaire général,
É. RUBEN.
>^»^^^,^^^/^^^»<^/vw^<^^A^^/»^^^»^^<^/^/^»^^»^>^*<^
SEANCE DU 26 NOVEMBRE 4867.
Préftldenoede 11. L. AROMBIÈRB » Président.
Sont présents : MM. Arbellot et Maquart , vice-présidents ,
Lemas, Alfred Chapoulaud , É. Hervy, Linard , Nivet-Fontaubert ,
É. Ruben.
Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté.
On procède à l'élection , par voie de scrutin secret , de MM. Lau-
nay , professeur d'histoire au lycée de Limoges , et Achard , ar-
chiviste de la Haute-Vienne, présentés à la dernière séance.
Les deux candidats obtiennent l'unanimité des suflFrages , et sont
proclamés membres résidants de la Société.
Sur la proposition de M. Ruben , les deux nouveaux membres
sont adjoints à la commission de publication des Registres con-
sulaires.
M. Nivet-Fontaubert propose de faire photographier h un
certain nombre d'exemplaires le remarquable tableau de Léonard
PROCÈS- VERBAUX DES SÉANCES. 83
Limosin appartenant au musée de Limoges. Un photographe a
parlé de 20 centimes par exemplaire. M. Ruben, adhérant à la
proposition, demande que chaque exemplaire soit joint au
prochain Bulletin de la Société. L'assemblée adopte ces propo-
sitions, et vote le tirage à 450 exemplaires.
M. Lascombe , membre de la Société Académique du Puy ,
employé au télégraphe , demeurant à Limoges , cours Gay-
Lussac, demande à faire partie de la Société en qualité de
membre résidant. Renvoi de Télection h la prochaine séance.
M. Lemas,au nom de M. Philibert Lalande , membre corres-
pondant de la Société , offre un Mémoire sur les monuments histo-
riques de la Corrèze. Remercîments à M. Ph. Lalande.
M. Tabbé Arbellot donne lecture :
4 « De Notes sur une tragédie , en cinq actes et en vers , im-
primée h Limoges, chez Martial Chapoulaud, en 4669, et
intitulée : Le Martyre de saincte Valeiie, œuvre d'un poète limousin
nommé Yvernaud , complètement négligé par tous les biographes;
2« D'une Notice sur le P. Victorin Pouliot, de Saint-Junien.
Remercîments, et renvoi au comité de publication.
A 9 heures et demie la séance est levée.
Le Seci'étaire général ,
É. RUBEN.
SEANCE DU 34 DÉCEMBRE 1867.
PrCaldvnee de H. fc HBRW.
Sont présents : MM. l'abbé Lecler, Achard, É. Ruben,
É. Hervy, Garrigou-Lagrange , Lascombe.
En l'absence de MM. les présidents, M. É. Hervy est prié de
vouloir bien, présider la réunion.
M. Lascombe, présenté à la dernière séance , est élu membre
titulaire de la Société.
M. Ambroise Tardieu, membre de l'Académie de Clermont-
84 PROCÈS-VERBAUX DES SEANCES.
Ferrand , demeurant dans cette ville , rue Blatin , 3 , écrit pour
demander à être admis dans la Société en qualité de membre
correspondant.
M. Fougeras-LavergnoUe , membre titulaire , écrit pour donner
sa démission.
M. Tabbé Lecler fait don à la Société de deux vases en terre ,
trouvés , Tun dans un tombeau du bourg de Saint-Symphorien ,
Tautre sur remplacement de l'ancien cimetière de Compreignac.
— M. Bleynie père, docteur-médecin à Limoges, oflFre un autre
vase en terre trouvé, en 4867, dans un tombeau en brique,
dans les fondations de Téglise Saint-Pierre, à l'angle sud-est.
— M. Barbe offre une salamandre trouvée dans sa cave aux
Pénitents-Rouges.
Enfin M. Ouillon fait don à la Société :
4*» D'une médaille en composition : Louis-Napoléon Bonaparte,
élu président le 40 décembre 4848 ;
2° D'une monnaie de confiance du 44 juillet 4790.
Remercîments aux donateurs.
A 9 heures et demie , la séance est levée.
Le Secrétaire général ,
É. RUBEN.
LISTE
Des dons faits au Musée et à la Bibliothèque de la Société
pendant l'année 1867.
DONS FAITS AU MUSÉE (1).
Par M. Henri db Lostbndb : une petite cigogne empaillée.
Par M. Adrien Dubouchâ : une médaiUe grand-bronze (Abraham
Lincoln, Décâné. — A sa veuve, par la démocratie française).
Par M. Philibert Lalanoe , à Brive : carte spécimen de fossiles et de silex
travaillés (grottes de la Corrèze et de la Dordogne).
Par M. BouBOOiN-MéussE, à St^unien : un chapeau de cheminée ancien.
Par M. Joseph Bouteilloux : un albatros pris au cap Hom.
Par M. Félix Mgreuéras : un cadenas et un montant de serrure ancienne.
Par M. Tabbé Leclbr, curé de Saint-Sjmphorien : un fdtrail, peinture
sur verre (xv« siècle) , provenant de Téglise de Saint-Michel-des-Lions ;
— un petit vase trouvé dans un tombeau du cimetière de Saint-Sympho-
rien (Haute-Vienne) ; — un autre petit vase, trouvé à Compreignac, sur
remplacement de Tancien cimetière.
Par M. Barbe, propriétaire aux Pénitents-Rouges : ime salamandre
trouvée dans sa cave.
Par la ville de Limoges : deux panneaux bois sculpté , représentant
deux tableaux du Chemin de Croix , provenant de Téglise de Tancien
Asile des aliénés ; — plus deux pierres tumulaires.
Par M. Léon Gary : une pierre creusée , portant en façade Técusson des
Lastours, et établissant la mesure du chftteau de Lastours.
(1) Les nombreux objets donnes an mnsëe céramique pendant et api^s TExpotltlon univer-
selle n'étant pas encore tons rendus an musée, nous sommes obligés de renvoyer la lifte
complète des donateurs, soit en argent, soit en nature . an Bulletin de Tannée prochaine.
86 DONS FAITS AU MUSEE ET A LA BIBUOTHÈQUE.
Par M. Alfred Darcbl : une gramre sur papier, dessin d'orfèvrerie
ancienne , grayée par Gaucherel d*aprës Darcel.
Par M. Emile Guillon : une médaille en composition, représentant
Louis-Napoléon Bonaparte, élu président de la République, 10 décembre
1848 ; — une autre médaille bronze , 14 juillet 1790.
Par M. le D^ Blbynib père : im vase trouvé dans un tombeau en
briques, dans les fondations de Téglise Saint-Pierre, à Tangle sud-est,
en 1867.
OUVRAGES OFFERTS A LA BIBUOTHÈQUE DE LA SOCIÉTÉ.
la Vocation , extrait inédit d*un ouvrage intitulé : Z'Àrt et la Vie. — Mett ,
imp, F. Blanc ^ 1865. — In-8. — Don de Fauteur.
Tableaux et dessins, collection de M. Lopbrlier. — In-8.
Bewe libérale, politique, littéraire, sdentijlqne, — In-8.
Monographie des grottes à silex taillés des environs de Brive, Par M. Phi-
libert Lalande. — In-8.
PriW'Courant de la manufacture de Vienne (Autriche), avec2!6 plainckes por--
celaine décorées. — Vienne, 1863. — In-4. — Don du directeur de la manu-
facture impériale de Vienne (Autriche).
Souvenir historique et archéologique de la campagne d'Bspagne en 1823.
Par M. le vicomte de Juillac-Vignoles. -^ Toulouse, 1867. — Don de
Tauteur.
Société d'Bncouragement ; Programmé des prix et médailles mis au concours
(séance générale du 20 février 1867). — In-4.
Étude sur le Père le Jeune, de V Oratoire. Par Tabbé Grange. — limoges ,
H. Ducourtieux, 1867. — ln-12. — Don de Tauteur.
Annuaire de rinstitut des provinces et des Congrès scientifiques. — Paris et
Caen, 1866-67. — 2 vol. in-8.
Définition élémentairede quelques termes d'architectwre. Par M. de Caumont.
— 1846. — In-8. — Don de Fauteur.
Congrès archéologique de France (33« session , tenue à Senlis , Aix et Nice
en 1866). — Paris , 1867. — In-«.
Histoire de la ville et du canton d'Uzerche. — Par M. Combbt. ^ TuSe,
imp. de Crauffon , 1867. — Brochure in-8.
Histoire du travail à VBxposUion ue^iverseUe. Par M. Ferdinand de
Lastryrie. — Paris , 1867. — In-8.
LISTE
DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ
POUR UANNÉE 1867.
BUREAU.
Président-né. —M. Boby de La Chapelle, 0 ^, préfet de la Haute-Vienne.
Président. — M. Larombière ^,
Viee-Présidentê. — MM. Arbbllot, Maquart.
Secrétaire général. — M. É. Ruben.
Secrétaire-bibliothécaire et archiviste. — M. Guillemot.
Secrétaire-trésorier. — M. F. Brisset.
MEMBRES DU CONSEIL.
MM. Tixier-Lachassaone, C ^ , premier-président honoraire.
Armand Noualhier, ^, député au Corps législatif.
N
COMITÉ DE PUBLICATION.
Présidents. — MM. Larombière, ^, Arbellot , Maquart.
Secrétaire général. — M. É. Ruben.
MM. Alph. Bardinbt, Alfred Cbapoulaud, Lbmas et l'abbé Grange.
DIRECTION DU MUSÉE.
Direetewr. — M. Dubouché (Adrien).
SouS'directeurs : MM. Maquart.
— Guillemot.
— NlVEt-FONTAUBERT.
— Ruben (Emile.)
— Lbmas.
— LiNARD.
MM. MEMBRES RÉSIDANTS.
ACHARD (Félix] , archiviste du dé- Alluaud (Amédée) » fabricant de
partement. porcelaine , secrétaire de la Société
ALLBLix (Joseph ) , négociant , à des Amis des Arts du Limousin.
Aixe. Arbbllot , curé-archiprêtre de Ro-
88 LISTE DES MEMBRES DE LA SOGIÉTÉ.
chechouart, correspondant des Graves (le comte de), propriétaire.
Comités historiques. Guillemot (Albert), rédacteur en
ARDANT (Eugène) , imprimeur. chef du Courrier du Centre.
Ardant (Henri), négociant. Hbrvy (Emile), notaire.
AsTAix, professeur à Técole de mé- La Bastide (le baron Hubert de), ^.
decine. ancien capitaine d*état-major.
Bardinbt (Alphonse), avocat. Labonkb (de), propriétaire, au
Barny (Alexis) , professeur à l'école ch&teau de Montbrun.
de médecine. Lagranob (Paul), propriétaire.
Baron-Dutata , à Bussière-Bofiy. Lamt de Lurbt (Edouard), banquier.
Bonnbval (le marquis db),C. ^, LANSADB,agent-YOjer.-
maréchal-de-camp. Laportb (Ernest), propriétaire.
Bonnin , #. ane. inspecta d*académie. LAROiiBiàRB , ^ . président de cham-
BouRDBAU DE IJljudib pèrc, ancien bre.
député. Launat, professeur d*histoire au
BouRGOiN - MéussE , propriétaire , lycée.
Il Saint-Junien. Lbclbr (André), curé de Saint-
Brissbt (Frédéric) , juge au tribunal Symphorien.
civil de Limoges. Lemas (Êlie) , professeur de rhéto-
BuissoN DE Mavbronier (Édouard) , rique au lycée.
avocat. Le Sage (Charles) , ingénieur civil .
Chapoulaud (Roméo) , propriétaire. maire de Limoges.
Chapoulaud (Alfred) , imprimeur. Linard (Albert), ancien officier.
Charreirb (Paul), organiste de la Maquart, propriétaire.
cathédrale. Mathieu- Lascombb, employé au
Cluzblaud, architecte-adjoint de télégraphe.
la ville de Limoges. Maublanc (de) fils , propriétaire , à
Debort (Gabriel] , négociant. St-Junien.
Depayb fils, pharmacien, à Saint- Nivbt-Fontaubbrt, négociant.
Junien. Noualhier (Armand), ^. député
Dru (AloTs) . pharmacien au Dorât. au Corps législatif.
Dubédat, conseiller à la Cour im- Pbrdoux (E.) , professeur de mode-
périale. lage.
Dubois (É.). fabricant de porcelaine. Poutat (Emile) , !^ , négociant.
Dubouché (Adrien), négociant. RBCULàs (François) , propriétaire.
DuvERT, de La Gabie, maire de Reonault , ^ , architecte de la ville
Yerneuil-sur-Yienne. de Limoges.
Fayette père, architecte. Rogubs de Fursac (Victor) , avocat.
Fayette fils, architecte. Rougbrie (Vabbé) , professeur au
Fizot-Lavbrqnb , avoué près la petit-séminaire du Dorât.
Cour. Ruben (Emile) , conservateur de la
Fontaneau, ancien officier de bibliothèque.
marine, adjoint au maire. Sapin , curé de La Jonchère.
Font-Réaulx (Théophile de), no- Tandbau de Marsac (l'abbé), cha-
taire, à Saint-Junien. noine honoraire.
Fougères (Léopold) , directeur-mé- Tarneaud (Firmin) , banquier.
decin de l'asile des aliénés. Tarneaud (Frédéric), propriétaire.
Garrioou-Laqr ANGE, avoué. Tixier-Lacbassagnb , C ^, pre-
Grang b ( Tabbé) , vicaire k St-Pierre. mier-président honoraire.
LISTE DES MEMBRES DE LA SOCléTÉ. 89
MEMBRES HONORAIRES.
MM.
Cruvbilhieb, 0 !j^. professeur à Técole de médecine de Paris.
De Mentqub, 0 # , sénateur, ancien préfet de la Haute- Vienne.
MoRisoT (Tiburce] ,0^, ancien préfet de la Haute-Vienne, fondateur du
Musée.
Saint-Marc-Girârdin , 0 ^ , membre de Tlnstitut.
MiGNERET, 0 ^, coQseiller d*Etat , ancien préfet de la Haute-Vienne.
Mgr Berteauo , évêque de Tulle.
Dalesme , g 0 î^ , général de division du géûie.
Mgr Cousseaud , évêque d* Angoulême.
De Caumont, 0 ^ , fondateur de la Société Française , à Gaen.
Michel Chevaueb , 0 !^ , sénateur, membre de Tlnstitut.
Le vicomte E. de Eerckove-Warent , président de la Société Archéolo-
gique de Belgique.
Le général de Montréal, G 0 ^ , sénateur.
Le comte F. de Lasteyrib , membre de rinstitut.
MEMBRES œRRESPONDANTS.
Albrier (Albert) , à Dijon.'
Babaud-Laribiâre , à Confolens.
BoMBAL , à Argentat (Corrëze).
BONNAFOux, conservateur de la bibliothèque de Guéret.
BONNâuE (François) , bibliothécaire à Tulle.
BosviEUX (Auguste) , juge à Wissembourg ( Bas-Rhin).
Brunet (Joseph) !^ , juge d*instruction, à Paris.
Cardaillac (le comte de) , chef de division au ministère de la maison de
TEmpereur.
Cessac (de) , au château de Mouchetard près Guéret.
CoMBET, avocat, à Uzerche (Corrèze).
CORNUDET (le vicomte Alfred de) , à Paris.
CousTiN DE MAiiADAUD (le marquis de) , au château de Sazerat.
Dblochb (Maximin), «A^, chef de bureau au ministère des travaux
publics.
Delor (Firmin) , à Péronne (Somme).
DoRLHAC , directeur des mines de Montigné , à Laval (Mayenne).
Gay de Vernon (lebon), «|ji,chef d*escadrons aux chasseurs d'Afrique.
GâRY (Charles) , ^ , préfet de la Corse, h, Ajaccio.
Grionard (Emile) , directeur du chemin de fer de Lyon à Sathonaj.
Juge (de Tulle) , # (le docteur Louis-Théodore), à Paris.
JuiLLAC-ViQNOLE (le vicomtc Gustave de), à Toulouse.
Laqardb (Henri de) , docteur-médecin , k Confolens (Charente). •
Lalande (Philibert) , k Brive.
Lapobte (Armand de) , aide-major de Tartillerie de la garde , & Versailles.
Larouverade (de) , conseiller honoraire à la cour de Bordeaux . à Tulle.
Mandat de Grancet , capitaine adjudant-major au 5« chasseurs.
90 LISTE DES MEMBRES DE LA SOCIETE.
Martin de Brbttbs , chef de bataillon d*artillerie de la garde, kVersailles.
N ADAULT DE BuFFON , procureuF impérial , à Rennes.
Nalbbrt, sculpteur, à Angouléme.
NORiAC (Jules) , homme de lettres , h Paris.
Peconnet (OthOD), *. préfet de la Charente.
Rancoonb (Gustave de) , archiviste de la Charente , k Angoulôme.
Renond (l'abbé) , professeur au petit-séminaire d*Ajain (Creuse).
SÉNEMAUD, archiviste du département des Ardennes, à Mézières.
Septenvillb (le baron Éd. de) , ch&teau de Ligrniërea, par Poix (Somme).
Simon-Clément, procureur impérial à Auch (Gers).
Tandeau de Marsac , notaire» îi Paris.
Thou VENIN , membre de la Société de THistoire de France , à Paris.
Tabdieu (Ambroise) , k Clermont-Ferrand.
LISTE
DES SOCIÉTÉS CORRESPONDANTES.
Société Archéologique de la province de Constantine.
Société Archéologique et Scientifique de Soissons (Aisne).
Société 9istorique et Archéologique de Ch&teau-Thierry (Aisne).
Société d'Émulation de TAllier, à Moulins.
Société de TUnion des Arts , à Marseille.
Société de Vlnstitut des provinces ,^ Caen (Calvados).
Société Archéologique et Historique de la Charente, k Angouléme.
Société Historique et Scientifique de la Charente-Inférieure ^ ù Salnt-J^n-
d'Angély.
Commission historique du Cher, h Bourges-
Société des Sciences naturelles et archéologique de la Creuse » à Guéret.
Société d'Émulation du Doubs, à Besançon*
Société d'Émulation , à Montbelliard (Doubs).
Société Académique du Gard . k Nîmes.
Société Archéologique du Midi , à Toulouse.
Académie des Sciences , Belles-Lettres et Arts de Bordeaux.
Commission des Monuments et Documents historiques 4e la QHronde.
Société Archéologique du Midi , à Montpellier,
Société Archéologique de Béziers (Hérault).
Société Archéologique de la Touraine , h Tours.
Société des Sciences et Lettres de Blois (Loir-et-Cher).
Société Archéologique derOrléanais, h, Orléans.
Société d'Agriculture, Sciences et Arts d*Agen (Lot-et-Garonne).
Commission Archéologique de Maine^t-Loire , à Angers.
Société Polymathique du Morbihan (Vannes).
Société des Sciences, de l'Agriculture et des Arts, h Lille.