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Full text of "Bulletin de la Société géologique de France"

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A\TV  O* 


SOCIÉTÉ    GÉOLOGIQUE 


DE   FRANCE 


LILLE.    —    1MP.    LE    BIGOT    FRERES 


BULLETIN 


DE  LA 


SOCIÉTÉ  GÉOLOGIQUE 


DE    FRANCE 


TROISIÈME  SÉRIE  —  TOME  VINGT-SEPTIÈME 


1899 


PARIS 

AU  SIÈGE  DE  LA  SOCIÉTÉ  GÉOLOGIQUE  DE  FRANCE 

7,  rue  des  Grands-Augnstina.  7 

1888 


A3 


SOCIÉTÉ    GÉOLOGIQUE 


DE     FRANCE 


Séance  du  9  Janvier  1899 

PRÉSIDENCE   DE   M.   J.    BERGERON,    PRÉSIDENT 

M.  J.  Blayac,  Secrétaire,  donne  lecture  du  procès-verbal  de  la 
dernière  séance,  dont  la  rédaction  est  adoptée. 

Par  suite  des  présentations  faites  dans  la  dernière  séance,  le 
Président  proclame  membres  de  la  Société  : 

MM.  Barthélémy,  à Maisons-Laffitte,  présenté  par  MM.  Bleicher 

et  Fiiche. 
le  Dr  Imbeaux,  à  Nancy,  présenté  par  MM.  Bleicher  et 

Nicklès. 
Camillo  Crema,  Ingénieur  au  Corps  royal  des  mines 

d'Italie,  présenté  par  MM.  Dou ville  et  Bergeron. 

Le  Président  annonce  la  présentation  de  trois  nouveaux  membres. 

Il  rappelle  qu'à  la  séance  du  6  lévrier  M.  de  Launay  fera  une 
conférence  :  Sur  les  variations  des  filons  métallifères  en  profondeur. 

On  procède  ensuite,  par  la.  voie  du  scrutin,  à  l'élection  d'un 
Président  pour  Tannée  1899. 

M.  E.  de  Margerie,  ayant  obtenu  125  voix  sur  147  votants,  est 
élu  Président  de  la  Société  en  remplacement  de  M.  J.  Bergeron. 

Sont  ensuite  nommés  successivement  : 

Vice-Présidents  :  MM.  A.  de  Lapparent,  Termier,  Almera  et  Bigot. 

Secrétaire  pour  l'Etranger  :  M.  de  Martonne. 

Vice-Secrétaire  :  M.  L.  Gentil. 

Trésorier  :  M.  Léon  Janet. 

Archiviste  :  M.  G.  Ramond. 

Membres  du  Conseil  :  MM.  Marcel  Bertrand,  Boule,  Bergeron,  Hauo  et  Boistel. 


2~^02 


6 


SÉANCE  DU   9  JANVIER    1899 


Par  suite  de  ces  élections,  le  Bureau  et  le  Conseil  sont  composés, 
pour  1899,  de  la  façon  suivante  : 

Président  :  M.  E.  de  Margerie. 

Vice-Présidents  : 
M.  A.  de  Lapparent.      |      M.  Termikr.      |      M.  J.  Almera.      |      M.  Bigot. 

Secrétaires  :  Vice-Secrétaires  : 


MM.  J.  Blayac,  pour  la  France. 

E.  de  M  ar  tonne,  pour  l'Etranger. 


MM.  P.  Cambronne 
L.  Gentil. 


Trésorier  :  M.  Léon  Janet.  |  Archiviste  :  M.  G.  Ramond. 

é 

Membres  du  Conseil  : 


MM.  G.  Dollfus. 
Carbz. 
Cayeux. 
douvillé. 


MM.  Ch.  Bar  rois. 
Boistel. 
schlumbbrgbr. 
Fayol. 


MM.  Marcel  Bertrand. 
Bergeron. 
Boule. 
Haug. 


Dans  sa  séance  du  16  janvier,  le  Conseil  a  fixé  de  la  manière 
suivante,  la  composition  des  Commissions  pour  1899  : 

1°  Commission  du  Bulletin  :  MM.  Dou  ville,  Schlumberger,  Boule,  Bergeron. 
Haug. 

2°  Commission  des  Mémoires  de  Géologie  :  MM.  A.  Gaudry,  A.  de  Lapparent, 
Vélain. 

3°  Commission  des  Mémoires  de  Paléontologie  :  MM.  A.  Gaudry,  Munier- 
Chalmas,  Dou  ville,  Zeiller,  Bergeron. 

4°  Commission  de  Comptabilité  :  MM.  Douvillb,  Termiek,  Carez. 

5°  Commission  des  Archives  et  de  la  Bibliothèque  :  MM.  Thèvenin,  Caiiez. 
Haug. 


Séance  du  23  Janvier  1899 

PRÉSIDENCE  DE  M.  J.  BERGER0N,  PUIS  DE  M.  E.  DE  MARGERIE 

M.  J.  Blayac,  Secrétaire,  donne  lecture  du  procès-verbal  de  la 
dernière  séance,  dont  la  rédaction  est  adoptée. 

M.  J.  Bergeron,  Président  sortant,  s'exprime  en  ces  termes  : 
u  Messieurs, 

»  Au  moment  de  quitter  la  présidence,  j'éprouve  à  votre  égard 
un  sentiment  de  gratitude  plus  vif  encore  qu'au  jour  où  vous  m'avez 
élu.  C'est  que  pendant  cette  année  j'ai  été  plus  à  même  de  voir  en 
quelle  haute  estime  est  tenue  notre  Société  et  quel  honneur  en 
rejaillit  sur  votre  président  ;  c'est  encore,  et  surtout,  parce  que  j'ai 
mieux  senti  la  sympathie  dont  vous  voulez  bien  m'entourer.  Mon 
premier  devoir  était  de  vous  remercier  encore  et  c'est  ce  que  je  fais 
du  fond  du  cœur. 

»  Mais  j'ai  encore  d'autres  remerciements  à  adresser,  en  votre 
nom  comme  au  mien,  d'abord  aux  membres  de  votre  Conseil  qui 
n'ont  cessé  pendant  les  nombreuses  séances  qui  ont  été  tenues  cette 
année,  de  montrer  par  leur  exactitude  le  souci  qu'ils  ont  des  inté- 
rêts de  la  Société,  puis  à  la  Commission  du  Bulletin  qui,  en  appli- 
quant nos  règlements  avec  fermeté,  a  pu  réaliser  sur  les  frais  de 
publication  de  sérieuses  économies.  Celles-ci  ont  été  d'ailleurs 
singulièrement  accrues  par  la  générosité  de  plusieurs  de  nos 
confrères  qui  ont  bien  voulu  prendre  à  leur  charge  tout  ou  partie 
des  frais  de  la  confection  de  leurs  planches:  je  suis  heureux  de 
leur  en  témoigner  toute  notre  gratitude. 

»  Je  dois  surtout  remercier  nos  secrétaires  et  en  particulier  uotre 
secrétaire  pour  la  France,  qui  ont  réussi  à  nous  faire  économiser 
sur  les  dépenses  prévues  des  sommes  très  importantes. 

»  Le  résultat  de  tant  d 'efforts  a  dépassé  nos  espérances  :  nous 
avons  pu  cette  année  compenser,  et  même  au  delà,  le  déficit  de 
l'année  dernière.  Notre  situation  est  donc  redevenue  prospère  et 
c'est  une  grande  joie  pour  moi  que  de  pouvoir  vous  signaler  tous 
ceux  quit  par  leur  dévouement,  ont  contribué  à  la  rendre  telle. 

»  Je  regrette  d'avoir  à  ajouter  que  la  cause  principale  de  nos 
économies  provient  d'une  diminution  dans  le  nombre  des  corn  mu- 


8  SÉANCE  DU  23  JANVIER  1899 

nications  et,  par  suite,  des  mémoires  publiés.  Il  y  aurait  lieu  d'être 
inquiet  d'un  pareil  état  de  choses,  puisque  c'est  par  nos  publications 
que  nous  nous  faisons  le  mieux  apprécier,  s'il  ne  correspondait  à 
un  simple  temps  d'arrêt  dans  notre  activité  ;  il  résulte  de  ce  que 
plusieurs  de  nos  confrères  ayant  pris  part  au  Congrès  de  Saint- 
Pétersbourg  ainsi  qu'aux  excursions  qui  l'ont  précédé  et  suivi,  se 
sont  trouvés  dans  l'impossibilité  de  faire  aucun  travail  personnel 
pendant  les  vacances  de  1897.  J'étais  si  convaincu  qu'il  n'y  avait 
pas  de  ralentissement  dans  l'ardeur  des  membres  de  la  Société,  que 
j'ai  cru  iuutile  de  provoquer  de  leur  part  des  communications. 
J'ai  pensé,  au  contraire,  qu'il  fallait  profiter  de  ce  moment  de  repos, 
non  pour  thésauriser  (une  Société  scientifique  serait  coupable  de 
thésauriser),  mais  pour  réparer  les  brèches  faites  dans  notre  capital 
par  suite  de  notre  exubérance  de  vie  dans  ces  dernières  années. 

»  D'ailleurs  je  prévoyais  le  choix  que  vous  feriez  d'un  président 
qui  saurait  entraîner  la  Société.  Sous  son  impulsion,  nos  publica- 
tions reprendront  un  nouvel  essor  et  accroîtront  encore  notre  bon 
renom.  Aussi  suis-je  très  heureux- d'inviter  M.  de  Margerie  à  occuper 
le  fauteuil  présidentiel  ». 

M.  E.  de  Margerie,  en  prenant  place  au  fauteuil,  prononce 
l'allocution  suivante  : 

«  Messieurs  et  chers  Confrères, 

»  Eu  prenant  possession  du  fauteuil  présidentiel,  auquel  vos 
bienveillants  suffrages  m'ont  appelé,  ma  première  parole  doit  être 
un  mot  de  gratitude  pour  ce  précieux  encouragement  et  cette 
marque  si  honorable  de  sympathie. 

»  D  ordinaire,  votre  choix  se  porte  sur  des  géologues  dont  le 
bagage  scientifique,  en  fait  de  travaux  personnels,  est  considérable, 
et  dont  le  nom  a  été  mis  en  évidence  soit  par  des  découvertes 
importantes  dans  le  domaine  de  la  Paléontologie  ou  de  la  Strati- 
graphie, soit  par  un  ensemble  de  recherches  poursuivies  avec 
méthode  pendant  de  longues  années. 

»  En  dérogeant  à  cette  habitude,  vous  avez  voulu  sans  doute 
rendre*  un  hommage  indirect  à  l'œuvre  de  M.  Suess,  que  plusieurs 
d'entre  vous  m'ont  aidé  à  présenter  aux  lecteurs  de  langue  fran- 
çaise ;  permettez-moi  aussi  de  croire  que  votre  intention  a  été 
d'affirmer  une  fois* de  plus  les  liens  qui  unissent  à  la  (léologie  la 
Géographie,  déjà  représentée  au  Bureau  par  nos  deux  secrétaires, 
si  actifs  et  si  dévoués.  Mais,  chez  votre  Président,  la  bonne  volonté 
ne  saurait  suppléer  à  l'expérience,  et  j  aurai  souvent  l'occasion  de 


SÉANCE  DU  23  JANVIER  1899  9 

recourir  à  vos  lumières  pour  me  faciliter  l'accomplissement  de  la 
tâche  que  vous  m'avez  confiée. 

»  Il  m'est  particulièrement  agréable  de  me  faire  ici  l'interprète 
de  la  Société  tout  entière,  en  remerciant  M.  Bergeron  pour  le 
dévouement  qu'il  n'a  cessé,  pendant  sa  présidence,  de  prodiguer 
aux  intérêts  dont  il  avait  la  garde  ;  comme  vous  le  savez  tous,  c'est 
à  sa  persévérance  et  à  son  zèle  que  la  Société  devra  bientôt  d'entrer 
en  possession  d'un  local  digne  de  son  importance  ;  j'espère  que  notre 
savant  confrère  voudra  bien,  â  l'avenir,  nous  continuer  ses  bons 
offices,  dans  la  mesure  où  le  permettront  les  charges  de  son  Ensei- 
gnement et  des  explorations  qui  l'appellent  si  souvent  loin  de  Paris. 
M.  Termier,  lui  aussi,  a  droit  à  notre  vive  reconnaissance  pour  son 
excellente  et  sage  gestion  de  nos  finances.  Quant  à  notre  archiviste 
sortant,  il  nous  permettra,  j'en  suis  sûr,  dans  le  cours  de  cette  année, 
de  compter  sur  ses  conseils  et  sur  sa  compétence  :  car  l'améliora- 
tion de  l'état  de  la  Bibliothèque  constitue  le  problème  le  plus  délicat 
que  soulève  notre  prochain  transfert  à  l'hôtel  des  Sociétés  savantes. 

»  Quand  je  suis  entré  à  la  Société,  il  y  a  vingt  deux  ans,  sous  les 
auspices  de*  mon  cher  maître  M.  de  Lapparent,  nous  étions  à  la 
veille  d'un  événement  dont  la  portée  a  été  grande,  dans  l'histoire 
de  notre  Science,  la  fondation  des  Congrès  géologiques  internatio- 
naux ;  vous  vous  souvenez  que  le  premier  de  ces  congrès  se  tint,  en 
effet,  Tannée  suivante,  pendant  l'Exposition  Universelle  de  1878. 
Aujourd'hui,  le  cycle  s'achève,  et  les  géologues  du  monde  entier, 
dans  des  circonstances  identiques,  vont  se  réunir  pour  la  seconde 
fois  à  Paris.  La  Société  géologique  de  France  ne  saurait  rester  indif- 
férente à  l'éclat  de  ces  assises  solennelles  ;  elle  s'efforcera  donc  de 
seconder,  dans  la  mesure  des  moyens  dont  elle  dispose,  les  vues  du 
Comité  d'organisation  du  Congrès  et  de  son  éminent  Secrétaire 
général. 

»  En  terminant,  il  me  reste  à  souhaiter  la  bienvenue  à  ceux  de 
nos  confrères  que  votre  choix  a  désignés,  pour  la  première  fois, 
pour  faire  partie  du  Bureau  :  d'abord,  à  M.  l'abbé  Aimera,  dont  les 
efforts,  en  organisant  la  Réunion  extraordinaire  de  la  Société  à 
Barcelone,  ont  été  couronnés  d'un  succès  si  mérité  ;  à  M.  Bigot,  qui, 
nous  l'espérons,  voudra  bien  nous  tenir  au  courant  des  progrès  de 
la  Géologie  normande  ;  à  M.  Janet,  dont  vous  avez  pu  apprécier 
déjà  les  services  comme  trésorier;  à  M.  Ramond,  que  son  érudition 
désignait  naturellement  à  vos  suffrages  pour  veiller  à  l'entretien  de 
notre  Bibliothèque  ;  enfin  à  M.  Gentil,  dont  la  présence  parmi  nous 
est  un  nouveau  témoignage  de  l'union  qui  n'a  cessé  de  régner  entre 
les  géologues  algériens  et  ceux  de  la  mère  patrie  ». 


10  SÉANCE   DU   23   JANVIER   1899 

Le  Président  annonce  que  MM.  J.  Aimera  et  Bigot  remercient 
la  Société  de  l'honneur  qu'elle  leur  a  fait  en  les  nommant  Vice- 
Présidents. 

Par  suite  des  présentations  faites  dans  la  dernière  séance,  il 
proclame  membres  de  la  Société  : 

MM.  David  Levât,  Ingénieur  civil  des  Mines,  à  Paris,  présenté 

par  MM.  de  Lapparent  et  de  Margerie. 
Ph.  Dautzenberg,  à  Paris,  présenté  par  MM.  G.  Dollfus 

et  H.  Fischer. 
l'abbé  Boone,  à  Poitiers,  présenté  par  MM.  Welsch  et 

Munier-Chalmas. 
J.  Jean,  ancien  membre  de  la  Société,  à  Castelbosc  (Aude). 

Le  Président  annonce  une  présentation. 

M.  Albert  Gaudry  s'exprime  en  ces  termes  : 

J'ai  l'honneur  de  déposer  sur  le  bureau  la  première  circulaire 
du  Comité  d'organisation  du  Congrès  géologique  international  qui 
aura  lieu  à  Paris  en  1900. 

Cette  circulaire  contient  la  liste  des  membres  du  Comité  d'orga- 
nisation. Elle  annonce  que  les  séances  du  congrès  se  tiendront  du 
16  au  28  août  dans  un  bâtiment  de  l'Exposition.  Puis  elle  donne  les 
titres  de  22  excursions  avec  les  noms  des  géologues  chargés  de  les 
diriger. 

Les  intérêts  du  Congrès  géologique  international  de  1900  sont 
trop  unis  avec  ceux  de  la  Société  géologique  de  France  pour  que  le 
Comité  d'organisation  ait  la  pensée  de  demander  votre  appui  ;  son 
œuvre  sera  votre  œuvre.  Les  savants  étrangers  peuvent  être  assurés 
que  tous  les  géologues  français  leur  feront  un  cordial  accueil. 

PREMIÈRE  CIRCULAIRE  DU  CONGRÈS  GEOLOGIQUE  INTERNATIONAL  DE  PARIS 

(VIII*  SESSION.  -  1900). 

Sur  la  proposition  des  géologues  français,  le  septième  Congrès 
géologique  international  réuni  à  Saint-Pétersbourg  a  décidé,  dans 
la  séance  du  3  septembre  1897,  que  sa  huitième  session  se  tiendrait 
à  Paris  en  1900. 

Les  géologues  français  ont  constitué  un  Comité  d'organisation. 
Dans  une  première  séance,  ce  Comité  a  nommé  un  bureau  et  décidé 
de  s'adjoindre  les  personnes  qui  pourraient  être  utiles  à  l'organi- 
sation du  Congrès. 


SEANCE   DU    23  JANVIER    1899  il 

La  composition  actuelle  du  Comité  d'organisation  est  la  suivante  : 

Président  : 

M.  Albert  Gaudry,  Membre  de  l'Institut,  Professeur  au  Muséum 
d'Histoire  naturelle. 

Vice-Présidents  : 

MM.  Michel-Lévy,  Membre  de  l'Institut,  Directeur  du  Service  de 
la  carte  géologique,  et  Marcel  Bertrand,  Membre  de  l'Institut, 
Professeur  à  l'Ecole  des  Mines. 

Secrétaire  général  : 
M.  Charles  Harrois,  ancien  Président  de  la  Société  géologique. 

Premier  secrétaire: 

M.  Cayeux,  Préparateur  à  l'Ecole  des  Mines  et  à  l'Ecole  des  Ponts 
et  Chaussées. 

Secrétaires  : 

MM.  Léon  Bertrand,  Maître  de  conférences  à  l'Université  de 
Paris  ;  Thévenin,  Préparateur  au  Muséum  d'Histoire  naturelle  ; 
Thomas,  Chef  des  travaux  graphiques  au  Service  de  la  carte  géolo- 
gique. 

Trésorier  : 
M.  L.  Carez,  Directeur  de  V Annuaire  géologique.  > 

Membres  : 

MM.  Bréon,  Collaborateur  au  Service  de  la  carte  géologique  ; 
Bergeron,  Professeur  à  l'Ecole  Centrale  ; 
Bonaparte  (le  prince  Roland)  ; 

Boule  (Marcellin),  Assistant  au  Muséum  d'Histoire  naturelle  ; 
Carnot,  Membre  de  l'Institut,  Professeur  à  l'Ecole  des  Mines  : 
Damour,  Membre  de  l'Institut  ; 
Depéret,  Correspondant  de  l'Institut,  Doyen  de  la  Faculté  des 

Sciences  de  l'Université  de  Lyon  ; 
Dollfus,  ancien  Président  de  la  Société  géologique  ; 
Douvillé,  Professeur  à  l'Ecole  des  Mines  ; 
Fabre,  Inspecteur  des  forêts  ; 

Fayol,  Directeur  de  la  Société  de  Commentry  Fourchambault  ; 
Filhol.  Membre  de  l'Insfittit,  Professeur  au  Muséum  ; 
Fallot,  Professeur  à  l'Université  de  Bordeaux  ; 


12  SÉANCE   DU   23   JANVIER    1899 

MM.  Fouqué,  Membre  de  l'Institut.  Professeur  au  Collège  de  France  ; 

Grossouvre  (de),  Ingénieur  en  chef  des  Mines,  à  Bourges  ; 

Glangeaud,  Maître  deconférencesàrUniversitédeClermont-Fd; 

Gosselet,  Correspondant  de  l'Institut,  Doyen  de  la  Faculté  des 
Sciences  de  l'Université  de  Lille  ; 

Haug,  Maître  de  conférences  à  l'Université  de  Paris  : 

Hautefeuille,  Membre  de  l'Institut,  Professeur  à  l'Université 
de  Paris  ; 

Janet  (Léon),  Ingénieur  au  Corps  des  mines  ; 

Jannettaz,  ancien  Président  de  la  Société  géologique  ; 

Kilian,  Professeur  à  l'Université  de  Grenoble  ; 

Lacroix,  Professeur  au  Muséum  d'Histoire  naturelle  ; 

Lapparent  (de),  Membre  de  l'Institut,  Professeur  à  l'Institut 
catholique  de  Paris  ; 

Launay  (de),  Professeur  à  l'Ecole  des  Mines  ; 

Leenhardt,  Professeur  à  la  Faculté  de  Montauban  ; 

Lindeh,  Inspecteur  général  des  Mines,  Vice-Président  du  Con- 
seil supérieur  des  Mines  ; 

Lory,  Sous-Directeur  du  Laboratoire  de  Géologie  de  l'Univer- 
sité de  Grenoble  ; 
♦       MARGERiE(de),  Collaborateur  au  Service  de  la  carte  géologique  ; 

Meunier  (Stanislas),  Professeur  au  Muséum  d'Histoire  natu- 
relle ; 

Milne-Edwards,  Membre  de  l'Institut,  Directeur  du  Muséum; 

Munier-Chalmas,  Professeur  à  l'Université  de  Paris  ; 

Nivoit,  Inspecteur  général  des  Mines,  Professeur  à  l'Ecole  des 
Ponts  et  Chaussées  ; 

QEblert,  Collaborateur  au  Service  de  la  carte  géologique  : 

Paquier,  Préparateur  à  la  Faculté  des  Sciences  de  Grenoble  ; 

Parran,  Ingénieur  en  chef  des  mines  ; 

Pellat,  ancien  Président  de  la  Société  géologique  ; 

Peron,  Intendant  militaire  en  retraite  ; 

Rigaux,  Géologue  à  Boulogne-sur-Mer  ; 

Rislkr,  Directeur  de  l'Institut  agronomique  ; 

Rouville  (de),  Doyen  honoraire  de  la  Faculté  des  Sciences  de 
l'Université  de  Montpellier; 

Sauvage  (Dr  E.\  Directeur  des  Musées  de  Boulogne  ; 

Schlumberger,  ancien  Président  de  la  Société  géologique  ; 

Termier.  Professeur  à  l'Ecole  des  mines; 

Vasseur,  Professeur  à  l'UnivArsité  de  Marseille  ; 

Vélain,  Professeur  à  l'Université  de  Paris  ; 


SÉANCE   DU   23  JANVIER    1899  13 

MM.  Wallerant,  Maître  de  conférences  à  l'Ecole  normale  supé- 
rieure ; 
Zeiller,  Professeur  à  l'Ecole  des  Mines  ; 
Zùrcher,  Ingénieur  en  chef'des  Ponts  et  Chaussées  à  Digne  ; 
Le  Président  de  la  Société  géologique  du  Nord  ; 
Le  Président  de  la  Société  géologique  de  Normandie  ; 

Le  Comité,  réuni  les  11  janvier,  23  février,  13  avril  1898,  a  adopté 
les  bases  suivantes  pour  l'organisation  du  Congrès  géologique 
international  de  1900. 

SESSION 

Les  séances  du  Congrès  s'ouvriront  à  Paris  le  16  août  et  se  termi- 
neront le  28  août  1900.  La  durée  de  la  session  permettra  aux  con- 
gressistes de  visiter  l'Exposition  universelle,  d'étudier  les  musées 
géologiques,  et  de  suivre  les  courses  aux  environs  de  Paris. 

Les  séances  du  Congrès  se  tiendront  dans  un  pavillon  spécial 
dépendant  de  l'Exposition  :  il  n'y  sera  pas  organisé  d'exposition 
permanente.  Les  membres  du  Congrès  qui  voudraient  exposer  des 
cartes  géologiques,  coupes,  photographies,  échantillons,  sont  priés 
de  s'adresser  au  commissaire  de  leur  pays,  qui  réservera  à  leur 
exposition  particulière  une  place  dans  la  classe  correspondante. 

EXCURSIONS 

Le  Comité  d'organisation,  assuré  de  pouvoir  compter  sur  le 
concours  de  tous  les  géologues  français,  sera  en  mesure  de  montrer 
la  géologie  de  la  France  entière  aux  membres  du  Congrès.  Pour 
éviter  de  trop  grandes  affluences,  et  faciliter  les  études  de  détail 
des  spécialistes,  il  a  décidé  d'organiser  un  grand  nombre  d'excur- 
sions simultanées,  qui  auront  Heu  avant,  pendant  et  après  le 
Congrès. 

Les  excursions  seront  de  deux  sortes  :  générales,  ouvertes  au 
plus  grand  nombre  de  membres  possible  ;  spéciales,  réservées  aux 
géologues  et  auxquelles  ne  pourront  prendre  part  plus  de  vingt 
personnes. 

Les  plans  des  diverses  excursions  feront  l'objet  d'une  circulaire 
ultérieure  qui  sera  envoyée  en  1899,  quand  les  inscriptions  indivi- 
duelles seront  demandées.  Dès  à  présent,  le  Comité  peut  soumettre 
à  titre  documentaire,  et  sauf  modifications,  une  liste  des  excur- 
sions qui  seront  organisées  et  les  noms  des  savants  qui  en  ont 
accepté  la  direction. 


14  SÉANCE  DU  23  JANVJER  1899 

EXCURSIONS   GÉNÉRALES 

1.    —    Bassin   tertiaire   parisien. 


Des  courses  de  1  à  2  jouré  seront  faites  sous  la  conduite  de  MM. 
Munier-Chalmas,  Dollfus,  L.  Janet,  dans  les  gisements  fossilifères 
principaux  des  environs  de  Paris. 

M.  Stanislas  Meunier  conduira  une  excursion  dans  le  parc  de 
l'Ecole  d'Agriculture  de  Grignon  avec  des  conditions  exception- 
nellement favorables  à  la  récolte  des  fossiles. 

Ces  excursions  dans  le  bassin  parisien  auront  lieu  pendant  la 
durée  du  Congrès,  dans  les  intervalles  des  jours  de  séances. 

2.  —  Boulonnais  et  Normandie,  sous  la  conduite  de  MM.  Gosselet, 
Munier-Chalmas,  Bigot,  Cayeux,  Pellat,  Rigaux. 

Étude  des  falaises  de  la  Manche  et  des  gisements  classiques  fossi- 
lifères des  terrains  crétacé  et  jurassique  de  Boulogne  à  Caen.  —  For- 
mations paléozoîques  du  Boulonnais  et  de  la  Normandie  (10  jours). 

3.  —  Massif  central,  sous  la  conduite  de  MM.  Michel-Lévy, 

Marcellin  Boule,  Fabbe. 

Étude  comparée,  au  point  de  vue  géologique  et  de  la  Géographie 
physique,  des  trois  grandes  régious  volcaniques  du  massif  central. 
Chronologie  complète  des  éruptions  depuis  le  Miocène  jusqu'à  la  fin 
du  Quaternaire.  M.  Fabre  continuera  l'excursion  par  les  Causses  de 
la  Lozère,  les  gorges  du  Tarn  et  la  montagne  de  l'Aigoual  (10  jours). 

EXCURSIONS    SPÉCIALES 

I.  —  À r de n nés,  sous  la  conduite  de  M.  Gosselet. 

Etude  stratigraphique  du  terrain  cambrien;  succession  des  étages 
dévoniens,  leurs  faunes  et  leurs  faciès.  Phénomènes  de  métamor- 
phisme (8  jours). 

II.  —  Picardie,  sous  la  conduite  de  MM.  Gosselet,  Cayeux,  Ladrièbe. 

Phosphates  crétacés  de  Picardie.  Limons  quaternaires  du  nord 
de  la  France  (6  jours). 

111.  —  Bretagne,  sous  la  conduite  de  M.  Charles  Barrois. 

Succession  des  formations  paléozoîques  fossilifères,  leurs  modi- 
fications sous  l'influence  des  granités.  Massifs  volcaniques  pré- 


SÉANCE   DU   23  JANVIER    181)9  15 

cambriens  et  cambriens  du  Trégorrois.  Massifs  volcaniques  silu- 
riens du  Meuez-Hom.  Kersanton  de  Brest  (10  jours). 

IV.  —  Mayenne,  sous  la  conduite  de  M.  D.  P.  OKhlert. 

Coupe  du  bassin  de  Laval  :  succession  des  formations  siluro- 
cambriennes,  étude  des  principales  faunes  dévoniennes;  série  car- 
bonifère. Roches  cristallines  paléozoïques  des  Coëvrons  :  roches 
éruptives,  filons.  Relations  stratigraphiques  des  terrains  secondaires 
et  tertiaires  avec  les  formations  paléozoïques  sous  jaceutes  (8  jours). 

V.  —  Types  du  Turonien  de  Touraine  et  du  Génomanien  du  Mans, 

sous  la  conduite  de  M.  de  Grossouvre. 

Succession  des  étages  turoniens  et  sénouiens  de  la  Touraine  : 
vallée  du  Cher,  Vendôme,  Saint-Paterne.  Cénomanien  de  la  Sarthe 
(6  jours). 

VI.  —  Faluns  de  Touraine,  sous  la  conduite  de  M.  Dollfus. 

Visite  des  gisements  célèbres  les  plus  fossilifères  des  Faluns  de 
Touraine  :  Pont-Levoy,  Manthelan.  Leur  faune,  leur  faciès,  leur 
stratigraphie  (4  jours). 

VII.  —  Morvan,  sous  la  conduite  de  MM.  Vélain,  Peron,  Bréon. 

Terrains  secondaires  de  la  vallée  de  l'Yonne  et  région  de  TAval- 
Jonnais  (Auxerre,  Vezelay,  Mailly-la-Ville).  Série  liasique  et  infra- 
liasique  de  Semur.  Traversée  du  Morvan,  failles  limitatives,  struc- 
ture zonaire,  succession  des  formations  éruptives.  Bassin  permien 
d'Autun  ;  massif  volcanique  de  la  Chaume,  près  d'Igornay  (  10  jours). 

VIII.  —  Bassins  houillère  de  Gommentry  et  de  Deçà  ze  vil  le, 

sous  la  conduite  de  M.  Fayol. 

Particularités  diverses  et  mode  de  formation  du  terrain  houiller. 
Commentry  (3  jours);  Decazeville  (4  jours). 

IX.  —  Massif  du  Mont-Dore,  chaîne  des  Puys  et  Limagne, 
sous  la  conduite  de  M.  Michel-Lévy. 

Étude  des  volcans  à  cratères  des  environs  de  Clermont;  sou- 
bassement granitique  avec  enclaves  de  schistes  et  quartzites  méta- 
morphiques; phénomènes  endomorphes  subis  parlegranited'Aydat. 
Succession  des  éruptions  du  Mont  Dore.  Etude  des  environs  d'Issoire 
et  de  Périer;  pépérites,  basaltes  et  phonolites  de  la  Limagne  (10 
jours). 


16  SÉANCE  DU  23  JANV1EH  1899 


X.  —  Gharent68,  sous  la  conduite  de  M.  Glangeaud. 

Terrain  jurassique  des  Charentes  et  ses  divers  faciès,  à  Céphalo- 
podes, à  oolites  et  à  récifs  coralliens.  Terrain  crétacé  des  falaises 
des  Charentes  et  leurs  faunes  de  Rudistes  (8  jours). 

XI.  —  Bassin  de  Bordeaux,  sous  la  conduite  de  M.  Fallot. 

Succession  des  couches  du  Lutétien  au  Miocène;  principaux 
gisements  fossilifères  :  Roque-de-Tau  et  Blaye,  Sainte-Croix-du- 
Mont  et  Bazadais,  Faluns  de  Léognan,  vallée  de  Saucats,  Salles 
(6  jours). 

XII.  —  Bassins  tertiaires  du  Rhône,  terrains  secondaires  et  ter- 
tiaires des  Basses-Alpes,  sous  la  conduite  de  MM.  Depéret  et 
Haug. 

Bresse  méridionale  (Pliocène);  Bas-Dauphiné  (Miocène  supé- 
rieur); bassin  de  Bollène  (Pliocène,  Miocène,  Éocène);  bassin 
pliocène  de  Théziers,  bassin  oligocène  d'Apt  (Gargas)  ;  bassin  oligo- 
cène et  miocène  de  Manosque  et  de  Forcalquier  (8  jours). 

Série  jurassique  fossilifère  des  environs  de  Digne,  mollasse  rouge 
et  Miocène  mariu  de  Tanaron,  dislocations  à  la  limite  de  la  zone 
du  Gapençais  et  du  Diois  (4  jours). 

XIII.  —  Alpes  du  Dauphiné  et  mont  Blanc,  sous  la  conduite 

de  MM.  Marcel  Bertrand  et  Kilian. 

Grenoble;  chaînes  subalpines  (Vercors,  l'Échailion,  Aizy).  Chaîne 
de  Belledonne;  la  Grave.  Zone  intraalpine  (grand  Galibier).  Albert- 
ville; plis  couchés  du  mont  Joly  et  extrémité  de  la  chaîne  du  mont 
Blanc  (10  jours). 

XIV.  —  Massif  du  Pelvouz  (Hautes-Alpes),  sous  la  conduite 

de  M.  Termier. 

Du  Bourg  d'Oisans  à  Vénosc,  Saint-Christophe,  La  Bérarde, 
Ailefroide,  Vallouise,  Monôtier,  le  Lautaret,  la  Grave  et  le  Freney. 

Schistes  métamorphiques  et  gneiss;  massifs  granitiques  avec 
syénites,  diabases  et  lamprophyres  ;  Houiller  avec  éruptions  d'ortho- 
phyres;  Trias  et  Lias  avec  éruptions  de  mélaphyres  (spilites); 
Jurassique  supérieur;  Nummulitique  et  Flysch  ;  nombreux  pro- 
blèmes tectoniques  (10  à  12  jours). 


SÉANCE  DU  23  JANVIER  1899  17 

XV.  —  Mont  Ventoux  et  montagne  de  Lure,  sous  la  conduite 
de  MM.  Kilian,  Leenhardt,  Lory  et  Paquier. 

Oraoge;  mont  Ventoux  (Urgonien).  Montagne  de  Lure  (horizons 
du  Barrémien).  Sisteron;  terrasses  fluvio-glaciaires.  Devoluy  et 
Diois;  transgressions  et  discordance  du  Crétacé  supérieur,  de  l'Éocène 
et  de  l'Oligocène.  Cobonne  (Mr  Sayn)  (10  jours). 

XVI.  —  Basse-Provence,  sous  la  conduite  de  MM.  Marcel  Bertrand, 

Vasseur  et  Zûrcher. 

Toulon  et  le  Beausset;  série  fossilifère,  nappe  de  recouvrement. 
Marseille;  gisements  de  la  Bedoule  et  des  Martigues;  bassin  de 
Fuveau  (Crétacé  lacustre).  Nappe  générale  de  recouvrement  (10  jours). 

XVII.  —  Massif  de  la  Montagne-Noire,  sous  la  conduite 

de  M.  Bergeron. 

Saint-Pons,  Saint-Chinian,  Cabrières;  Paléozolque  fossilifère  et 
métamorphisé ;  Jurassique  inférieur  fossilifère;  Tertiaire  fossi- 
lifère; plis  en  éventail,  écailles  (8  jours). 

XVIII.  —  Pyrénées  (roches  cristallines),  sous  la  conduite 

de  M.  Lacroix. 

La  Lherzolite  de  l'étang  de  Lherz.  Ophites  de  la  Haute-Ariège, 
Granité  et  phénomènes  de  contact  de  la  haute  vallée  de  l'Oriège  : 
Quérigut  (10  jours). 

XIX.  —  Pyrénées  (terrains  sédimentaires),  sous  la  conduite 

de  M.  Carez. 

Succession  et  tectonique  des  formations  éocènes,  crétacées  et 
jurassiques  des  Corbières,  de  Foix  et  des  Petites-Pyrénées  de  la 
Haute-Gqroune  ;  nombreux  gîtes  fossilifères.  Série  nummulitique 
et  crétacée  de  Lourdes,  Glaciaire,  roches  éruptives  crétacées.  Cirque 
de  Gavarnie,  Dévonien  fossilifère  et  Houiller,  Crétacé  supérieur  et 
Nummulitique.  L'excursion  à  Gavarnie  pourrait  être  remplacée  par 
une  course  dans  le  Trias,  le  Crétacé  supérieur  et  le  Nummulitique 
de  Biarritz  (10  jours). 

Un  livret-guide  sommaire,  écrit  par  les  directeurs  des  diverses 
excursions,  sera  mis  en  vente  au  commencement  de  1900. 

Au  nom  du  Comité  général  d'organisation  : 

Albert  GAUDRY,  Membre  de  l'Institut,  président. 
Charles  BARR01S,  Secrétaire  général. 

10  Avril  1889.  —  T.  XXVII.  Bull.  Soc.  Géol.  Fr.  —  2 


18  SÉANCE  DU   23  JANVIER    1899 

M.  È.  de  Margerie  présente,  au  nom  de  MM.  L.  Duparc  et 
L.  Mrazec,  un  volume  intitulé  :  Recherches  géologiques  et  pétro- 
graphiques  sur  le  massif  du  Mont-Blanc.  Dans  cet  ouvrage,  qui  forme 
une  importante  contribution  à  l'étude  des  Alpes  Occidentales,  les 
auteurs  se  sont  surtout  attachés  à  faire  connaître  la  structure 
microscopique  et  la  constitution  minéralogique  des  roches  érup- 
tives  et  des  schistes  cristallins,  en  insistant  sur  les  phénomènes 
d'injection  et  de  métamorphisme  exercés  par  la  protogine.  Au 
texte  sont  jointes  vingt-quatre  planches  :  photographies  d'affleure- 
ments caractéristiques,  reproductions  de  plaques  minces  et  coupes 
générales  du  massif.  En  raison  des  frais,  la  carte  au  1  50.000*  qui 
devait  accompagner  cette  monographie  n'a  pu  être  livrée  à  la 
gravure,  mais  une  copie  manuscrite  en  a  éfé  déposée  au  Service  de 
la  Carte  géologique  de  la  France. 

M.  E.  de  Martonne  signale  parmi  les  dons  récemment  parvenus 
à  la  Société  un  important  Mémoire  de  M.  A.  Rothpletz  sur  la 
Tectonique  des  Alpes  de  Glaris  :  Das  geotektonische  Problem  der 
Glarner  Alpen,  251  p.  avec  un  atlas  f°,  comprenant  10  pi.  et  1  carte 
géologique  au  1/100.0006  ;  un  volume  des  Monographs  of  the  U.  S. 
Geological  Survey,  contenant  une  monographie  des  Méduses 
fossiles,  par  Ch.  Doolittle  Walcot,  4°,  101  p.,  47  pi.  ;  un  Mémoire 
de  M.  William  Ramsay,  intitulé  :  Ueber  die  geologische  Entwic- 
kelung  der  Halbinsel  Kola  in  der  Quartârzeit  (extrait  des  Fennia), 
151  p.  av.  5  pi.  et  1  carte  ;  une  monographie  géologique  de  l'Ile  de 
Purbeck,  par  M.  Aubrey  Strahan,  The  Geology  of  the  hle  of 
Purbeck  and  Weymouth]  (Memoirs  of  the  geol.  Survey  of  England 
and  Wales),  8°,  278  p.  avec  11  pi.  ;  enfin  plusieurs  feuilles  de  la 
Carte  géologique  d'Alsace-Lorraine. 

M.  J.  Blayac  présente  au  nom  de  M.  G.-B.-M.  Flamand  les 
ouvrages  suivants  : 

1°  Aperçu  général  sur  la  géologie  et  ks  productions  minérales  du 
bassin  de  l'Oued  Saonra  et  des  régions  limitrophes,  1  vol.  gr.  8°,  166  p., 
1  carte  hors  texte  et  19  dessins,  édition  de  luxe  (Extrait  des  Docu- 
ments pour  servir  à  l'étude  du  Nord-Ouest  africain).  L'auteur  déve- 
loppe avec  beaucoup  d'iutérèt  sa  note  sur  la  Géologie  du  Sahara 
nord-occidental  (B.  S.  G.  F.,  t.  XXIV,  p.  891)  ; 

2°  Notions  élémentaires  de  Lithologie  et  de  Géologie  appliquées  aux 
grandes  zones  culturales  de  l'Algérie  et  de  la  Tunisie,  in-8°,  40  p.  ; 

3°  De  l'Oranie  au  Gourara,  notes  de  voyage,  vol.  8°,  236  p.,  orné 
de  17  phototypies  et  dessins  originaux.  Cet  ouvrage  est  accompagné 
d'une  carte  de  l'itinéraire  suivi  par  la  mission  dirigée  par  M.  G.-B.-M. 
Flamand  dans  le  Sahara  occidental. 


SÉANCK  DU  23  JANVIER  1899  19 

Dans  les  premiers  chapitrés  de  cet  intéressant  travail  l'auteur 
expose  dans  son  ensemble  la  morphologie  de  la  partie  du  Sahara 
occidental  qu'il  a  parcourue  entre  El  Abiod-Sidi-Cheick  et  Gara- 
Kergoub,  au  sud  du  Fort  Mac-Mahon  (plateaux  du  Tadmait)  ;  il 
donne  de  précieux  détails  géographiques  sur  les  zones  d'épan- 
dages  des  grands  oueds,  sur  les  puits  de  l'Erg,  sur  le  Meguiden  et 
les  plateaux  de  Tadmait,  etc.  Les  géographes  trouveront  aussi  dans 
cet  ouvrage  de  nombreux  documents  ayant  trait  au  climat,  à  la 
position  de  quelques  points,  tels  que  Tabelkoza,  etc.,  et  quantités 
d'observations  météorologiques. 

Le  Secrétaire  signale  parmi  les  dons  reçus  : 

Topographie stratigraphique  et  prodrome  de  Géofogie  utilitaire,  l  vol. 
4°,  60  p.,  1  carte,  par  M.  A.-N.  Parandier  ;  Annales  de  Géogra- 
phie (N°  37, 15  janvier  1899)  renfermant  entre  autres  articles  :  1°  Un 
exemple  de  plaine  côtière  :  la  plaine  du  Maine  (Etats-Unis),  par  M.  W.-M. 
Davis  ;  2°  Le  Moroan  et  ses  attaches  avec  le  Massif  central  (fin),  par 
M.  A.  Michel-Lévy  ;  3°  La  Chine  économique  d'après  les  travaux 
de  la  mission  lyonnaise,  1895-4897,  par  M.  L.  Raveneau. 

11  signale  parmi  les  notes  parues  aux  Comptes-rendus  de  l'Aca- 
démie des  Sciences  (26  décembre,  2  et  16  janvier)  :  Sur  un  ensemble 
de  plis  extérieurs  à  Belledonne  et  refoulés  vers  cette  chaîne,  par  M.  P. 
Lory  ;  Sur  la  découverte  de  Graptolithes  dans  les  poudingues  du  grès 
vosgien  des  environs  de  Raon- l'Etape  (  Vosges),  par  M.  Bleicher  ;  Les 
plissements  crétacés  du  bassin  de  V Aquitaine,  par  M.  Ph.  Glan- 
gëaud  ;  Une  coupe  transversale  des  Alpes  briançonnaises  de  la  Gyronde 
à  la  frontière  italienne,  par  MM.  Kilian  et  Lugeon. 

MM.  Bleicher  et  Mieg  adressent  à  la  Société  un  tirage  à  part 
pu  Compte-rendu  de  la  Réunion  extraordinaire  de  la  Société  à  Belfort. 

M.  G.  Dollfus  s'exprime  en  ces  termes  : 

MM.  Aimera  et  Bofill,  nos  confrères  de  Barcelone,  m'ont  prié 
d'offrir  de  leur  part  à  la  Société  géologique  un  gros  volume  qu'ils 
viennent  de  publier  (1)  sur  les  Mollusques  fossiles  du  terrain  plio- 
cène de  la  Catalogne. 

C'est  un  travail  considérable  puisqu'il  a  conduit  à  la  distinction 
de  plus  de  650  espèces,  sans  compter  un  noihbre  important  de 
variétés.  Toutes  les  espèces  citées  sont  accompagnées  d'un  renvoi 
à  quelque  figure  donnée  dans  quelque  grand  ouvrage  classique  de 
Paléontologie  ou  de  Conchyliologie  ;  toutes  les  espèces  ou  variétés 

(1)  Moluscos  fosiles  recogidos  en  los  terrenos  pliocenos  de  Cataluna.  Madrid, 
1898,  224  p.,  14  pi.  (Extr.  del  Boletin  de  la  Cotnision  del  èlapa  geologico). 


20  SÉANCE  DU  23  JANVIER  1899 

nouvelles  remarquables  sont  figurées  dans  quatorze  planches.  Par 
une  méthode  excellente,  les  auteurs  ont  fait  surtout  des  variétés 
nouvelles  de  préférence  à  des  espèces,  chaque  fois  qu'ils  se  sont 
trouvés  en  face  d'un  type  ancien  bien  connu,  légèrement  modifié 
par  quelque  condition  locale,  groupant  ainsi  avec  une  valeur  plus 
grande  des  formes  qui  eussent  été  comme  perdues  avec  un  nom 
complètement  nouveau  dans  une  nomenclature  déjà  immense. 

Ceux  qui  ont  visité  les  environs  de  Barcelone  apprécieront  les 
efforts  des  auteurs,  car  les  gisements  de  cette  région,  même  ceux 
réputés  les  plus  riches,  ne  présentent  point  l'abondance  de  certains 
gisements  de  France  ou  d'Italie  ;  il  a  fallu  des  recherches  extrême- 
ment longues,  minutieuses,  pénibles,  vingt  fois  répétées,  pour  que 
les  auteurs  aient  pu  former  des  collections  aussi  variées,  et  nous 
devons  leur  tenir  compte  de  ces  difficultés. 

Le  Messinien  se  borne  à  la  faune  à  Congéries,  très  intéressante, 
mais  très  réduite  comme  nombre  d'espèces  à  Papiol  et  à  Castel- 
bisbal  ;  le  Plaisancien  a  fourni  le  plus  d'espèces  ;  il  donne  une  pro- 
portion de  50  •/©  d'espèces  vivantes  communes  avec  la  Méditerranée. 
L'Astien  n'a  pas  offert  jusqu'ici  de  gisement  important,  c'est  une 
faune  très  appauvrie  à  côté  de  celle  du  Plaisancien.  Enfin  le  Sicilien 
est  représenté  par  des  dépôts  terrestres  près  de  la  station  de  Mar- 
torell  et  à  Ubach  de  Rubi,  dont  la  faune  est  presque  identique  à  celle 
de  la  Catalogne  actuelle. 


21 


NOTES  NOUVELLES 
SUR  LE  CALCAIRE  DE  MONTABUZARD,  PRÈS  D'ORLÉANS 

par  MM.  G.  DOLLFUS  et  P.  «AUGHERY. 


Nous  avons  pensé,  après  les  discussions  récentes  dont  le  calcaire 
de  Montabuzard  (commune  d'Ingré,  à  6  kil.  à  l'ouest  d'Orléans) 
avait  été  l'objet,  qu'il  était  utile  de  retourner  une  fois  de  plus  sur 
le  terrain  pour  examiner  la  valeur  des  objections  théoriques  qui 
nous  avaient  été  faites  sur  cette  partie  de  l'Orléanais.  Nous  avons 
été  servis  à  souhait,  car  le  désir  d'un  forage  à  cet  endroit,  qu'avait 
témoigné  M.  Munier-Chalmas,  pour  résoudre  définitivement  la 
question,  s'est  trouvé  complètement  réalisé.  Nous  avons  pu  voir 
un  puits,  profond  de  30  mètres,  dans  le  calcaire,  creusé  à  l'endroit 
même  en  litige  et  qui  n'a  rencontré  aucune  trace  des  sables  dits  de 
l'Orléanais. 

Les  tranchées  du  chemin  de  fer  d'Orléans  à  Patay  sont  encore 
visibles  et  elles  montrent  que  les  sables  de  la  Sologne  sont  culmi- 
nants, reposant  sur  le  calcaire  et  qu'ils  ne  s'intercalent  en  aucune 
manière  dans  la  masse  calcaire  qui  forme  les  coteaux  d'Ingré. 

Villeneuve  d'Ingré.  Côté  d'Orléans. 

Stmtum..{Piàta)       Tfeoob*.    Paiêage  àjfSnéur.  Tranchée.      Pmêaage  k  nieeuu/SaUure./ 

1*5  i5z  u6  127  u3 

0. 


i'ii'i'i1    i'   'i     'i  '  i'    '»  tC 
I  \  i'i  -  i*       '  i  '    î1  i1  '     i-' 


CalomPê     de     McaUUmxareL 

de    VOrUaxiais 
î\dêiù^"de"'iêi^€  ~~Jù&2e"ù*&' 


Fig.  1. 

Voici  d'abord  la  coupe  de  la  voie  ferrée  (fig.  1).  A  la  station  de  Ville- 
neuve d'Ingré,  à  l'altitude  de  125  mètres,  on  est  dans  les  sables  ; 
ces  sables  assez  grossiers  et  un  peu  argileux  ont  l'aspect  ordinaire 
des  sables  de  la  Sologne.  Un  puits  d'alimentation  à  la  gare,  ayant 


22  G.    DOLLFl'S   ET    P.    GAUCHER  Y  23  JaDV. 

une  trentaine  de  mètres  de  profondeur,  a  rencontré  sous  les  sables, 
dont  la  traversée  a  été  muraillée,  des  calcaires  solides  d'une  bonne 
tenue  et  enfin  a  atteint  la  nappe  d'eau  générale  dans  la  région,  vers 
la  cote  95  ou  100. 

Dans  la  tranchée  à  Test,  dans  la  direction  d'Orléans,  la  voie 
descend  régulièrement  et  montre  les  sables  sur  une  épaisseur 
de  4  à  6  mètres  ;  en! continuant  dans  la  même  direction,  on  arrive 
à  un  faible  vallon  dans  lequel  un  passage  inférieur  à  la  voie  montre 
à  l'altitude  de  116  mètres  une  section  de  calcaire  blanchâtre,  fragile, 
noduleux,  semblable  à  celui  du  hameau  voisin  de  Montabuzard  ;  le 
sable  est  visible  directement  au-dessus. 

Dans  une  autre  petite  tranchée,  toujours  dans  la  direction  d'Or- 
léans,  on  retrouve  les  sables  argileux  gris  et  jaunâtres  reposant  par 
un  long  contact  sur  un  calcaire  marneux,  blanc  ou  jaunâtre,  altéré 
au  sommet  ;  enfin,  à  200  mètres  plus  loin,  on  atteint  le  passage  à 
niveau  du  hameau  de  la  Levrette,  à  l'altitude  de  113  mètres;  on  y 
voit  les  marnes  disparaître  dans  la  profondeur  et  les  sables  occuper 
la  surface  du  terrain  ;  on  observe  encore  deux  sablières,  depuis 
longtemps  abandonnées,  à  un  niveau  plus  bas  encore;  ce  sont 
toujours  des  sables  grossiers  ou  demi-fins,  gris,  devenant  jaunes 
et  rougeâtres  par  altération  et  qu'on  ne  peut  attribuer  qu'aux  sables 
de  la  Sologne.  Les  sables  montent  ainsi  visiblement  le  long  du  flanc 
du  coteau,  depuis  la  cote  111  jusqu'à  l'altitude  de  134  mètres,  en 
s'appuyant  sur  le  calcaire  marneux  d'Ingré. 

Sur  la  grande  route  se  trouve  le  ,'gite  môme  du  calcaire  de  Mon- 
tabuzard qui  a  fourni  les  ossements  étudiés  autrefois  par  Cuvier  et 
dont  M.  Douvillé  a  précisé  l'emplacement;  c'est  aujourd'hui  une 
excavation  peu  profonde,  reprise  par  la  culture,  confinant  à  un 
groupe  d'habitations  à  l'angle  de  la  route  vicinale  qui  va  de  la 
grande  route  d'Orléans  au  village  d'Ingré. 

Nous  préciserons  cet  emplacement  par  ses  coordonnées  géogra- 
phiques prises  par  le  clocher  d'Ingré  :  880m  longitude  Est,  800m  lati- 
tude Nord.  Le  puits  que  nous  avons  pu  observer  est  situé  chez  M.  Bris- 
sard,  à  l'autre  angle  du  chemin  d'Ingré,  à  150  mètres  de  l'ancienne 
carrière  et  au  même  niveau,  à  l'altitude  de  1^0  mètres  environ.  Le 
calcaire  du  haut  du  puits,  comme  nous  avons  pu  nous  en  assurer 
par  l'examen  des  débris  qui  en  avaient  été  sortis  et  qui  étaient 
encore  disposés  en  amas,  est  semblable  à  celui  de  la  carrière;  c'est 
un  calcaire  noduleux,  blanc-jaunâtre,  fragile;  il  a  été  traversé  sur 
une  épaisseur  de  14  mètres,  puis  on  a  trouvé  une  marne  verte, 
argileuse,  avec  nodules  blanchâtres,  farineux,  sur  une  épaisseur 


1899         NOTES  NOUVELLES  SUR   LE  CALCAIRE    DE  MONTABUZARD  23 

d'un  mètre  et  offrant  tous  les  caractères  de  la  marne  classique  de 
l'Orléanais.  Au-dessous  on  est  entré  dans  un  calcaire  très  dur, 
gris-jaunâtre,  celluleux,  d'un  caractère  très  distinct,  semblable  à 
celui  exploité  à  Montpatour,  chargé  souvent  de  lits  de  silex  et 
appartenant  au  calcaire  de  Beauce,  épais  de  15  mètres.  Le  pro- 
priétaire, son  fils  qui  a  aidé  aux  travaux,  le  puisatier  Rousseau, 
habitant  d'Ingré,  nous  ont  répété  et  confirmé  ces  détails  et  nous 
ont  affirmé  l'absence  complète  de  sables  dans  ce  puits.  Cependant 
les  sables  sont  visibles  à  une  altitude  très  supérieure  à  celle  du  fond 
du  puits,  les  sablières  de  la  Levrette  sont  à  une  altitude  de  111 
mètres,  celle  de  Montabuzard  est  à  116  mètres,  celle  de  Bout  de 
Coudes  à  110  mètres.  Le  sable  renferme  dans  cette  dernière  carrière 
des  galets  d'argile  verte,  provenant  des  marnes  de  l'Orléanais 
situées  au-dessus  vers  l'altitude  115  mètres,  témoignant  d'un  ravi- 
nement intense. 

Le  niveau  d'eau  s'établit  à  28  ou  29  mètres  de  profondeur,  en 
plein  calcaire  de  Beauce,  à  une  altitude  absolue  de  98  mètres  qui 
est  celle  de  l'étiage  de  la  Loire,  au  pont  d'Orléans. 

Tous  les  puits  des  environs  ont  donné  des  résultats  identiques. 
Au  Bout  de  Coudes,  un  puits  de  8  mètres  a  rencontré  :  a)  calcaire 
tendre,  3  mètres  ;  b)  marnes  vertes  argileuses,  lm25;  c)  calcaire  très 
dur,  3m75. 

Nous  en  avons  vu  un  autre  à  Ingté,  près  de  l'Eglise,  un  autre  à 
Champgelin,  puits  de  40  mètres,  à  l'altitude  de  132  mètres,  resté 
entièrement  dans  la  couche  calcaire. 

Nous  en  avons  vu  un  autre  à  Villeneuve  d'Ingré  ;  nous  avons 
questionné  les  deux  maçons  et  entrepreneurs  du  pays  et  ils  nous 
ont  confirmé  partout  la  même  succession.  L'eau  se  trouve  vers  30 
mètres  de  profondeur  dans  le  calcaire  ;  il  n'y  a  aucune  intercalation 
sableuse  dans  la  succession  des  couches.  Dans  le  fond  d'Ingré,  un 
puits  ouvert  dans  les  sables  a  rencontré  seulement  des  alternances 
de  sable  et  d'argile  sans  trouver  aucun  calcaire,  et  le  niveau  d'eau 
s'est  établi  à  une  profondeur  semblable  sans  changement  de  nature 
du  terrain.  Deux  petites  carrières  ouvertes,  il  y  a  peu  d'années, 
vers  l'altitude  de  132  mètres  et  situées  un  peu  au-dessous  de  l'an- 
cien télégraphe,  sur  le  penchant  nord-ouest  du  coteau,  montrent 
un  calcaire  noduleux,  fragile,  fournissant  des  matériaux  d'ordre 
tout  à  fait  secondaire  et  faisant  suite  au  calcaire  de  Montabuzard 
qui  est  bien  celui  de  l'Orléanais,  car  différents  fossiles  que  nous  y 
avons  trouvés  en  précisent  la  position  stratigraphique  :  Hélix  Tris- 
tani  Brongt.,  Hélix  Moroguesi  Brongt. 


24  G.    DOLLFUS  ET  P.    GAUCHER  Y  23  JailV. 

Ajoutons  que  des  carrières  assez  importantes  de  calcaire  gris, 
celluleux,  dur,  de  calcaire  de  Beauce,  ouvertes  à  Montpatour,  en 
contre-bas  de  la  cote  107,  nous  ont  fourni  des  coquilles  bien  diffé- 
rentes :  Planorbis  solidus  Thomas,  Limnœa  Noueli  Desh . 

L'argument  tiré  de  la  présence  de  sables  tout  autour  du  coteau 
d'Ingré,  suivant  une  courbe  de  niveau,  n'est  pas  valable.  Les  sables 
occupent  les  fonds,  mais  pas  d'une  manière  générale  ;  on  en  trouve 
aussi  des  lambeaux  blottis  à  toute  hauteur  dans  des  poches  du 
calcaire  ;  parfois  ils  occupent  les  points  hauts,  mais  cette  situation 
culminante  n'est  pas  non  plus  générale.  Us  s'élèvent,  ravinant  leur 
soubassement  et  en  même  temps  que  lui,  vers  Taxe  anticlinal  de  la 
forêt  d'Orléans  au  nord-est  (axe  du  Merlerault)  reposant  aussi  bien 
sur  le  calcaire  de  Beauce  que  sur  celui  de  l'Orléanais.  Ces  coupes 
sont  conformes  à  celles  que  l'un  de  nous  a  déjà  données  à  la  Société 
géologique  comme  visibles  à  la  station  de  Suèvres;  elles  confirment 
l'absence  de  sables  de  l'Orléanais  à  l'ouest  d'Orléans,  sur  la  rive 
droite  de  la  Loire.  Elles  permettent  d'affirmer  que  les  sables  de  la 
Sologne  sont  au-dessus  de  la  masse  calcaire  de  la  région.  Enfin 
elles  mettent  en  évidence  que  le  calcaire  de  Montabuzard  succède 
normalement  aux  marnes  noduleuses  de  l'Orléanais.  Ces  marnes 
argileuses  à  nodules  farineux  ne  peuvent  être  considérées  seule- 
ment comme  un  produit  d'altération  du  calcaire  de  Beauce,  mais 
elles  constituent  un  horizon  propre,  normal,  très  étendu. 

Diverses  autres  courses  que  nous  avons  faites  en  commun  sur  la 
feuille  de  Blois,  à  Cour-Cheverny,  Chitenay,  Chevenelles,  nous  ont 
permis  de  constater  l'existence  d'un  sable  granitique,  épais,  sous 
une  formation  calcaire,  exploitée  pour  matériaux  de  construction. 
Ces  sables  granitiques,  qui  ont  déjà  été  signalés  en  cet  endroit  par 
M.  Dou ville,  sont  grisâtres,  grossiers,  à  stratification  entrecroisée 
avec  débris  d'ossements  fréquents  ;  ils  sont  liés  aux  marnes  vertes 
de  l'Orléanais  par  la  présence  de  lentilles  argileuses,  dispersées 
à  diverses  hauteurs  dans  la  masse.  Bien  que  le  nom  de  sables  de 
l'Orléanais  doive  leur  être  appliqué  en  raison  de  leur  faune  et  de 
leur  position  stratigraphique,  ils  ne  diffèrent  ici  en  rien  minéralo- 
giquement  des  sables  de  la  Sologne;  l'élément  calcaire  y  fait  défaut 
comme  nous  avons  pu  le  constater  par  de  nombreux  essais  faits  à 
l'acide,  exécutés  sur  place,  dans  les  carrières. 

La  réunion  de  ces  sables  aux  marnes  vertes  est  indiquée  encore 
par  leur  faune  qui  es*  la  même  dans  toute  la  région  de  Cour-Che- 
verny à  Suèvres. 

Cet  ensemble  de  marnes  vertes  et  de  sables  de  l'Orléanais  est 


4899  NOTES  NOUVELLES  SUR   LE  CALCAIRE  DE  MONTABUZARD  25 

plus  étendu  sur  la  rive  gauche  de  la  Loire  qu'on  ne  le  supposait 
antérieurement  et  pénètre  sous  une  grande  partie  au  moins  de  la 
Sologne.  Mais  leur  transformation  minéralogique  a  contribué  à  les 
faire  méconnaître.  Les  marnes  d'un  vert  vif  à  nodules  blancs  devien- 
nent d'un  vert  grisâtre,  les  nodules  sont  moins  abondants  et 
peuvent  même  faire  défaut  ;  l'élément  calcaire  finit  par  n'être  plus 
guère  appréciable  à  l'œil  et  la  confusion  avec  les  argiles  de  Sologne 
est  facile. 

Les  sables  d'un  grain  souvent  très  gros,  sans  calcaire,  grisâtres, 
sans  fossiles,  prennent  l'aspect  des  sables  de  Sologne  et  des  deux 
côtés  les  éléments  ordinaires  de  distinction  font  défaut,  ce  qui  expli- 
que pourquoi  ces  niveaux  ont  été  autrefois  méconnus  et  confondus. 

Les  points  d'affleurement  des  marnes  de  l'Orléanais,  en  Sologne, 
étant  peu  importants,  ces  marnes  ne  sont  guère  utilisées  en  agri- 
culture et  nous  ne  les  connaissons  bien  que  dans  divers  forages 
dont  voici  la  liste. 

Bassin  du  Cosson 

Les  marnes  de  l'Orléanais  sont  en  affleurement  en  remontant  le 
cours  de  la  rivière  jusqu'à  la  Frogerie,  château  au  confluent  de  la 
Canne  et  du  Cosson  ;  plus  à  l'est,  on  les  rencontre  aux  profondeurs 
suivantes  : 

n    #     .  Altitude  Cote 

Prorondeur      deg   puit8       absolue 

La  Blondellerie  (Commune  de  Crouy)   .  .   .        6.50  103  96- 

La  Frogerie  (Commifne  de  Ligny-le-Ribault).      15.00  102  86 

Les  Boitards  (0>  de  La  Ferté-S'Aubin)  .    .      35.00  130  95 

Bassin  du  Beuvron 

Chenée  (Commune  de  Vouzon) 63.00  145  82 

Aunois  (Commune  de  Souvigny) 33.00  145  113 

Bassin  de  la  Sauldre 

Mazeres  (Commune  de  Nouan-le-Fuzellier)  .      54.00  131  77 

OrUe  (Commune  de  Sajbris) .   .......        4.50  125  120 

Remarday  (Commune  de  Sa  1  bris) 2.50  116  113.50 

Bassin  de  la  Rère 

G<*  Montboulau  (Commune  de  Theillay)  .   .        2.00  122  120 

Bassin  du  Barangeon 

Bois  de  la  Vigne  (Commune  de  Neuvy)  .   .        4.00  153  149 

Château  de  Vouzeron(CommunedeVouzeron)       3.00  148  145 


26  G.  DOLLFUS  ET  P.   GAUCHERY  23  JaUV. 

Il  résulte  de  ces  renseignements  que  le  niveau  marneux,  qu'on 
peut  placer  en  Sologne  sur  le  prolongement  de  celui  de  l'Orléanais, 
n'est  pas  horizontal,  mais  présente  des  ondulations  qui  s'orientent 
transversalement  comme  les  plis  tertiaires  généraux  que  nous 
avons-vus  s'enfoncer  sous  la  Sologne.  De  pi  us,  nous  devons  appeler 
l'attention  sur  la  découverte  des  marnes  de  l'Orléanais  dans  la 
vallée  de  Barangeon,  suivant  la  dépression  profondément  creusée 
à  l'angle  sud-est  de  la  Sologne.  Cette  marne  parait  être  la  même  que 
celle  rencontrée  au  Grand-Montboulau,  sur  la  rive  droite  de  la  Rère. 

Le  Calcaire  de  Beauce  a  toujours  été  rencontré  sous  toute  la 
Sologne  ;  cependant  on  ne  l'a  pas  signalé  sur  la  limite  Est,  entre 
Autry-le-Chatel  et  Vouzeron  ;  il  existe  un  affleurement  dans  la 
vallée  de  la  Rère  qu'il  remonte  sur  la  rive  gauche  jusqu'à  son 
entrée  dans  le  département  du  Cher.  C'est  cette  formation  qui  a  été 
désignée  par  erreur  sous  le  signe  C6,  Craie  marneuse,  sur  la  feuille 
de  Bourges. 

Les  contacts  directs  des  sables  et  argiles  de  la  Sologne  sur  l'argile 
à  silex  de  la  craie  n'existent  que  sur  la  limite  Est  (où  l'on  ne  trouve 
pas  de  calcaire  de  Beauce)  et  sous  les  Ilots  situés  au  Sud.  Le  contact 
des  sables  et  argiles  de  la  Sologne  avec  lé  calcaire  lacustre  de  Brie 
n'existe  qu'à  l'est  de  Vouzeron,  et  en  ce  point  il  est  bien  difficile 
de  distinguer  le  calcaire  de  Beauce  de  celui  du  Berry. 

La  classification  générale  peut  se  traduire  comme  suit  : 

m?  Sables  et  argiles  de  la  Sologne. 

4.  Calcaire  noduleux  de  Montabuzard,  Chitenay,  à 

Hélix  Tristanx. 
3.  Marne  verte  à  nodules  farineux  d'Orléans,  de 
m»  Marnes,  sables  et   I  Suèvres,  de  Cléry,  de  la  Sologne  occidentale, 

argiles  de  l'Or-   )  centrale  et  méridionale. 

(    2.  Sables  cal  car  eux  ou  granitiques  en  lits  obliques 
leanais.  ayec  08semen^Sj  (je  Chitenay,  Chevenelles,  de  la 

Sologne  centrale  et  méridionale. 
1.  Argiles  pures  ou  sableuses  de  la  Sologne  occiden- 
tale, centrale  et  méridionale.  Vertes,  grises  ou 
\  panachées. 

(    Calcaire  dur  de  Beauce,  grisâtre,  de  la  Chapelle-S1- 
m,  Calcaire  de  Beauce.    j  Mesmin,  à  Limnœa  Noueli,  etc. 

BIBLIOGRAPHIE 

1876.  Douvillé.  Sur  la  position  du  calcaire  de  Monta buzard.  B.  S. 

G.  F.,  3«  série,  t.  IX,  p.  392. 
1892.  G.  Dollfus.  Carte  géologique  de  France.  Feuille  de  Beau- 

gency  au  1/80.0006.  Notice  explicative. 


1899    NOTES  NOUVELLES  SUR  LE  CALCAIRE  DE  MONTABUZARD      27 

1893.  G.  Dollfus  et  P.  Gaucher  y.  Etude  géologique  sur  la  Sologne. 

Feuille  des  Jeunes  Naturalistes,  tome  XXIII,  lw  Mars  1893, 

carte,  figure  ;  B.  S.  G.  F.,  3»  série,  t.  XXI,  24  Avril  1893. 
1897.  de  Grossouvre.  Tertiaire  de  la  Sologne.  Bull.  Service  Carte 

géol.  de  France,  t.  IX,  N°  58. 
1897.  G.  Dollfus.  Observations  sur  la  Géologie  de  l'Orléanais. 

B.  S.  G.  F.,  3«  série,  t.  XXV,  p.  465,  7  Mai  1897. 

1897.  de  Grossouvre.  Réponse  aux  observations  de  M.  G.  Dollfus 

sur  la  Géologie  de  l'Orléanais.  B.  S.  G.  F.,  t.  XXV,  p.  731, 
8  Novembre  1897. 

1898.  G.  Dollfus.  Sur  la  Géologie  de  l'Orléanais,  réponse  à  M.  de 

Grossouvre  et  observations  de  MM.  MunierChalmas,  A. 
Gaudry,  etc.  B.  S,  G.  F.,  t.  XXVI,  p.  9,  24  Janvier  1898. 


Le  Secrétaire  donne  lecture  de  la  note  suivante  : 

En  réponse  aux  observations  de  M.  M.  Bertrand,  M.  E.  Fournier 
lait  remarquer  que  la  coupe  de  la  Treille-au-Four  n'a  aucun  rapport 
avec  la  question  de  la  nappe  de  recouvrement  qui  formerait  la  bor- 
dure du  bassin  de  Fuveau.  En  effet,  le  Trias  qui,  dans  la  coupe  de  la 
Treille-au-Four,  est  renversé  sur  l'Aptien,  fait  partie  du  massif  de 
Saint-Julien,  qui,  de  l'aveu  de  M.  Marcel  Bertrand  lui-même  (1),  est 
le  prolongement  vers  l'ouest  de  l'ondulation  transversale  de  Roque- 
vayre.  Comment  ce  Trias  pourrait-il  dès  lors  faire  partie  à  la  fois 
d'une  nappe  appartenant  à  un  pli  et  du  pli  qui  lui-même  est  trans- 
versal? M.  E.  Fournier  fait  aussi  remarquer  que  la  coupe  de  la  Treille- 
au-Four  a  été  publiée  pour  la  première  fois  par  lui  (2)  et  renvoie  le 
lecteur  à  l'interprétation  qu'il  en  a  donnée  et  qui  a  été  confirmée  par 
les  récentes  études  de  M.  Bresson  (3)  sur  le  massif  de  Saint-Julien. 

(1)  Marcel  Bertrand.  Le  Massif  «l'A llauch.  Bull,  des  Services  de  ta  Carte  Gèol., 
t.  III,  N°  24,  p.  32,  lignes  31  et  suivantes. 

{i)  E.  Fournier.  B.S.  G.  F.,  XXIII,  (3),  p.  510,  coupe  V. 

(3)  A.  Bresson.  Observations  sur  la  structure  du  massif  de  S'-Jullen,  près 
Marseille,  fl.  S.  G.  F.,  (3),  XXVI,  1898,  p.  341. 


28  23  Janv. 


LAPIEZ  DANS  DES  GRÈS   CRÉTACÉS 
(MASSIF    DU    BUCEGIU-R0UMAN1E) 

par  M.  E.  de  IARTONNE. 

Les  Lapiez  ou  Rascles  (Karren  ou  Schratten  en  allemand)  ont 
toujours  été  considérés  comme  une  forme  d'érosion  spéciale  au 
calcaire  (1).  C'est  le  seul  point  sur  lequel  tout  le  monde  soit 
d'accord,  et  le  fait  même  qu'on  n'a  jamais  constaté  de  Lapiez 
ailleurs  que  dans  des  roches  calcaires  a  été  invoqué  comme  un 
argument  par  les  partisans  de  la  théorie  qui  attribue  à  la  seule 
érosion  chimique  la  naissance  de  ces  singulières  formes  topogra- 
phiques (2).  On  conçoit  dès  lors  qu'il  y  a  lieu  d'attribuer  une  cer- 
taine importance  à  la  découverte  d'un  champ  de  Lapiez,  si  réduit 
soit-il,  dans  des  grès  siliceux. 

C'est  en  parcourant  le  Massif  du  Bucegiu  avec  notre  confrère, 
M.  Popovici-Hatzeg,  que  j'ai  eu  le  bonheur  de  faire  cette  constata- 
tion (3).  On  sait  que  ce  massif  est  formé  presque  entièrement  par 
des  conglomérats  d'âge  cénomanien  qui  présentent  fréquemment 
un  faciès  gréseux  (4).  Sur  le  flanc  sud-ouest  du  Caralman,  les  bancs 
gréseux  sont  très  développés.  De  nombreux  ravins,  presque  tou- 
jours sans  eau,  entaillent  les  pentes  dénudées  que  recouvre  une 
maigre  herbe  sèche,  et  mettent  la  roche  à  nu.  C'est  un  grès  grossier 
dont  les  éléments  peuvent  atteindre  un  centimètre  cube  et  sont 
empruntés  presque  entièrement  aux  schistes  cristallins  qui  forment 
le  soubassement  des  masses  calcaires  et  cooglomératiques  du 
Bucegiu.  Le  ciment  est  siliceux. 

(1)  A.  de  L apparent.  Géologie,  3*  éd.,  p.  315-316.  —  Richthofbn.  Fûhrer  fur 
Forschungsreisende,  p.  103.  —  Penck.  Morphologie  der  Erdoberflâche,  I,  p.  237.  — 
Cuuic.  Das  Karstpnânomen,  p.  220.  —  Hassert.  Beitrâge  zur  physikalischen  Géogra- 
phie vod  Monténégro,  p.  79. 

(2)  Spécialement  Penck.  Morphologie,  I,  p.  238. 

(3)  Je  tiens  à  exprimer  ici  toute  ma  reconnaissance  à  M.  Popovici-Hatzeg  pour 
l'obligeance  avec  laquelle  il  m'a  guidé  dans  cette  région  dont  il  a  donné  une  si 
bonne  étude  stratigraphique.  C'est  à  lui  que  je  dois  encore  la  plupart  des  détails 
géologiques  qui  suivent  sur  le  Bucegiu. 

(4)  Popovici-Hatzeg.  Sur  l'âge  des  conglomérats  du  Bucegiu.  B.  S.  G,  F.,  (3), 
XXV,  1897,  p.  669-675.  —  Cf.  Etude  géologique  des  environs  de  Campulung  et 
Sinaia,  p.  108  et  sq. 


LAPIEZ    DANS    DES    GRRS   CRETACES 


29 


Dans  le  fond  d'un  de  ces  ravins,  à  une  altitude  d'environ  2250  m-, 
on  voit  la  roche  creusée  de  sillons  étroits  et  profonds  descendant 
selon  la  ligne  de  plus  grande  pente  vers  le  thalweg.  Ces  sillons 
isolent  des  bourrelets  arrondis  plus  larges  dans  le  haut  qu'à  la 
base  et  percés  de  trous  verticaux,  des  lames  bizarrement  contour- 
nées, épaisses  de  1  centim.  ou  2,  des  blocs  de  forme  parallélipipé- 
dique  portant  sur  leurs  parois  latérales  des  cannelures.  La  profon- 
deur des  sillons  (maximum  0"70  à  1")  diminue  rapidement  lorsqu'on 


s'écarte  du  thalweg,  ils  sont  envahis  par  la  terre  noire  et  l'herbe 
sèche.  Cet  aspect  rappelant  si  bien  les  champs  de  Lapiez  en  forma- 
tion se  continue  pendant  au  moins  100  à  200  mètres  tout  le  long  du 
ravin  sur  une  largeur  variant  de  10  à  20  mètres.  11  est  important 
de  remarquer  que  la  ligne  même  du  thalweg  ne  présente  rien  de 
comparable  aux  Lapiez.  On  n'y  observe  qu'un  cailloutis  roulé  par 
les  eaux  qui  s'écoulent  après  chaque  grande  pluie.  Lorsque  les 


30  e.  de  martonne  23  Janv. 

deux  flancs  du  ravin  présentent  d'un  côté  un  escarpement,  de 
l'autre  une  pente  de  20  à  25°  (ce  qui  est  le  cas  le  plus  général), 
l'escarpement  ne  porte  aucune  trace  de  Lapiez.  Lorsque  la  pente 
est  particulièrement  faible  la  roche  apparaît  traversée  de  cassures 
se  croisant  dans  deux  directions,  et  à  quelques  pas  de  là  on  remar- 
que les  sillons  profonds  dont  nous  avons  parlé  suivant  des  direc- 
tions semblables  ;  si  bien  qu'ils  apparaissent  comme  un  simple 
élargissement  des  diaclases. 

Il  faut  noter  que  si  l'élément  calcaire  manque  presque  totalement 
dans  les  grès  qui  affleurent  ici,  il  se  trouve  au  contraire  largement 
développé  sur  un  sommet  très  voisin  aux  Babele  et  sur  les  pentes 
deOmu,  le  point  culminant  du  Massif  du  Bucegiu.  Or,  je  n'ai  rien 
observé  dans  ces  deux  localités  qui  puisse  être  rapproché  des 
Lapiez.  Les  bancs  gréseux  y  sont  beaucoup  moins  puissants.  Sur  le 
flanc  sud  de  Omu  ils  manifestent  une  tendance  très  marquée  à  la 
desquamation  en  minces  plaquettes.  Par  contre,  on  trouve  à 
Strunga,  dans  le  calcaire  jurassique,  des  champs  de  Lapiez  très 
typiques. 

Quelle  peut  être  l'origine  des  Lapiez  du  Caraîman  ? 

Le  fait  que  le  fond  même  du  ravin  en  est  exempt  suffirait  à 
prouver,  s'il  en  était  encore  besoin,  que  l'érosion  torrentielle,  loin 
de  créer  les  Lapiez,  les  détruit  au  contraire  (1). 

Quelle  que  soit  l'opinion  qu'on  ait  sur  l'existence  d'une  période 
glaciaire  dans  le  massif  du  Bucegiu  (2),  la  topographie  ne  permet 
pas  d'admettre  que  le  glacier  ait  passé  par  ce  ravin  et  l'hypothèse 
glaciaire  ne  peut  être  invoquée  ici  (3). 

La  position  des  Lapiez  dans  un  creux,  au  fond  d'un  ravin,  ne 

(1)  L'action  de  l'érosion  torrentielle  fut  la  première  explication  invoquée  pour  les 
Lapiez  (de  Saussure  :  Voyages  dans  les  Alpes,  1779,  tome  1,  p.  163-165,  et 
Schnyder  :  Besondere  Beschreibung  etllcher  Berge  des  Entlibuches,  1783.  Die 
Schrattenfluh,  p.  1-17). 

(2)  Lehmann,  qui  fut  le  premier  à  signaler  les  traces  de  glaciation  dans  les  Kar- 
pathes  méridionales,  ne  croit  pas  à  la  glaciation  du  Bucegiu  (Die  Sùdkarpathen 
zwischen  Hetiezat  und  Kônigsteln.  Zeitschr.  Ges.  f.  Erdk.  Berlin,  1885,  p.  357). 
M.  Popovki-Hatzeo  est  d'un  avis  contraire  (Bull.  Soc.  des  Se.  de  Bucarest,  VII,  6, 
séance  du  2/14  novembre  1898). 

(3)  Cette  hypothèse  mise  en  avant  par  Agassiz  (Etudes  sur  les  Glaciers,  1840, 
p.  295),  Charpentier  (Essai  sur  les  Glaciers.  Lausanne.  1841,  p.  iOl  et  sq.)  et  Simony 
(Ueber  die  Spuren  der  vorgeschicht lichen  Eiszeit  in  Salzkammergut,  1847,  p.  226- 
234,  in  Eckert  :  Das  Karrenproblem,  p.  48-53)  a  été  encore  récemment  reprise  et 
défendue  par  Renevier  (Monographie  des  Alpes  vaudoises,  Matériaux  pour  la  Carte 
géol.de  Suisse,  1890,  p.  500-oOi)  et  Ratzel  (Ueber  Karrenfelder  in  Jura  und  Ver- 
wandtes,  1891,  in  Eckert  :  Das  Karrenproblem). 


1899  LAPIEZ    DANS   DES   GRÈS   CRÉTACÉS  31 

permet  pas  non  plus  de  les  expliquer  par  l'action  éolienne,  comme 
l'a  fait  Hettner  pour  certaines  cannelures  des  grès  de  la  Suisse 
saxonne  (1). 

Enfin  le  fait  que  les  grès  du  Caraïinan  sont  à  éléments  assez 
grossiers,  empruntés  aux  schistes  cristallins,  et  à  ciment  siliceux, 
ne  concorde  pas  très  bien  avec  la  théorie  la  plus  généralement 
admise  à  l'heure  actuelle,  qui  considère  les  Lapiez  comme  l'œuvre 
de  la  dissolution  chimique  du  calcaire  par  les  eaux  météoriques  (2). 
Il  ne  reste  plus  qu'une  explication  possible,  c'est  celle  qui  attribue 
les  Lapiez  à  l'érosion  mécanique.  A  l'altitude  où  se  trouve  le  ravin 
(2250m),  la  neige  séjourne  pendant  au  moins  six  mois,  et  le  ruissel- 
lement au  moment  de  la  fonte  est  extrêmement  intense.  Il  en  est 
de  même  à  chaque  grande  pluie.  Les  diaclases  qui  traversent  la 
roche,  et  que  la  chaleur  et  la  gelée  se  chargent  d'élargir,  doivent 
évidemment  être  suivies  de  préférence  par  l'eau.  La  grosseur  très 
variable  des  éléments  du  grès  contribue  à  créer  les  formes  irrégu- 
lières qui  donnent  à  ces  ravinements  l'aspect  de  Lapiez. 

D'après  les  recherches  les  plus  récentes  sur  les  Lapiez,  il  semble 
qu'il  y  ait  lieu  de  tenir  compte,  plus  qu'on  ne  le  fait  généralement, 
du  rôle  de  l'érosion  mécanique  (3)  et  de  l'influence  des  diaclases  (4). 
Sans  rien  préjuger  de  l'action  que  peut  et  doit  exercer  l'érosion 
chimique  sur  les  roches  calcaires,  notre  découverte  permet  d'aflir- 
mer  que  l'eau  de  pluie  et  l'eau  de  fonte  des  neiges  ruisselant  sur 
une  roche  à  nu  et  guidées  par  les  diaclases  exercent  une  action 
mécanique  suffisante  pour  créer  des  formes  de  Lapiez. 
Si,  en  effet,  le  champ  de  Lapiez  que  nous  avons  observé  est  loin 

(1)  Gebirgsbau  und  OberÛachengestaltung  der  Sâchsischen  Schweiz.  Forsck.  zur 
deutschen  Lande  und  Volkskunde,  II,  1887,  p.  293. 

(2)  Cest  la  théorie  défendue  avec  tant  d'autorité  par  Heim  (Ueber  die  Karrenfelder. 
Jahrb.  des  achweizerischen  Alpenclubs,  1877-78,  p.  421-433),  admise  par  Schaardt 
(Etudes  géologiques  sur  le  pays  d'en  Haut  Vaudois.  Bull.  Soc.  vaudoise  Se.  nat.9 
XX.  N°  90,  1884,  p.  113),  Couic  (Das  Karstphànomen.  Pencks  Geogr.  Abh.t  V,  3, 
1893,  ch.  I),  Hasskrt  (Beitrâge  zur  physikalischen  Geogr.  von  Monténégro.  Peterm. 
Mitt.  Ergànz.  heft.  N»  Ho,  1895,  p.  78  81),  Saiîer  (Erlauterungen  z.  geol.  Spezial- 
karte  des  K.  Sachsens  sect.  Elterlein,  N°  138,  p.  36-37),  Kollif.r  (Sur  les  Lapiez 
du  Jura,  Hull.  Soc.  Se.  nat.  Neufckatel,  XXII,  1894). 

(3)  Bourgeat.  Quelques  observations  nouvelles  sur  les  Lapiez,  etc.  (H.  S.  G.  F.y 
[3],  XXIII,  1895,  p.  414-420).  —  Max  Eckert.  Die  Karren  oder  Schatten  {Peterm. 
Mitt.,  1898,  N°  3)  et  Das  Karrenproblem  {Zeitschr.  f.  Naturwiss.,  LXV11I,  189H, 
p.  321-432).  C'est  aussi  l'opinion  qu'expriment  plus  ou  moins  nettement  MM.  de 
Lapparent  (Géographie  physique,  2e  éd.,  p.  90),  Martel  (Les  Abtmes,  1894,  p.  110), 
Penck  (Morphologie,  I,  p.  237-238). 

(4)  Chaix.  La  topographie  du  désert  de  Plate,  1895,  spec1  p.  17-19. 


32  E.  DE  MARTONNE.  —  LAPIEZ  DANS  DES  GRÈS  CRÉTACÉS 

d'égaler  en  extension  ceux  qu'on  rencontre  dans  les  massifs  cal- 
caires, on  ne  peut  nier  que  les  formes  fondamentales  du  Lapiez  n'y 
soient  représentées.  Les  arêtes  n'y  sont  pas  aussi  vives,  ni  les  cise- 
lures aussi  fines,  que  dans  les  Lapiez  typiques,  ce  qui  s'explique 
facilement  par  la  texture  grossière  du  grès.  On  a  remarqué  depuis 
longtemps  la  même  particularité  dans  les  calcaires  impurs  ou  à 
grains  grossiers. 

Il  est  vraisemblable  que  des  formes  voisines  du  Lapiez  existent 
encore  dans  bien  des  roches  autres  que  le  calcaire  (1).  Si  Ton  n'en 
connaît  pas  plus  d'exemples,  c'est  que  l'attention  n'a  pas  été  appelée 
sur  l'importance  de  cette  constatation.  Tel  était  le  but  de  la  présente 
note. 

M.  G.  Dollfus  a  eu  l'occasion  d'étudier  dans  le  Cumberland, 
vers  Silverdale,  Arnside,  de  grandes  surfaces  de  calcaire  carbonifère 
en  tables  profondément  altérées,  découpées  en  lapiez,  et  l'origine 
de  cette  sculpture  est  due,  sans  doute  possible,  à  la  fusion  de  la 
neige,  sans  qu'aucune  action  glaciaire  ait  été  possible. 

M.  Léon  Janet  rappelle  qu'on  connaît  depuis  longtemps  de 
très  beaux  lapiez  dans  les  gypses  du  bassin  de  Paris,  au  voisinage 
des  affleurements.  Ils  sont  toujours  recouverts  par  le  limon  pléisto- 
cène,  mais  l'exploitation  des  carrières  les  met  à  découvert  sur  un 
grand  nombre  de  points. 

(1)  Nous  ne  faisons  pas  allusion  aux  Lapiez  dans  le  gypse  connus  depuis  long- 
temps. Vogt  (Lehrbuch  der  Géologie  und  Petrefactenkunde,  4«  éd.,  1879,  tome  I, 
p.  566,  II,  p.  190,  cité  par  Eckert)  parle  de  Karren  dans  les  gneiss  et  granités,  mais 
sans  citer  d'exemple,  ce  qui  a  fait  considérer  ses  affirmations  comme  non  avenues. 
Pourtant  M.  Bauer  a  décrit  récemment  des  cannelures  dans  le  granité  des  Sey- 
chelles  qui  rappellent  de  façon  frappante  les  sillons  qu'on  rencontre  sur  les  parois 
verticales  du  Steinernes  Meer,  du  Dachsteio,  du  désert  de  Plate  (Beitrâge  zur 
Géologie  der  Seychellen.  Neues  Jahrb.,  1898,  II,  p.  192-193,  v.  la  planche  XI).  Il  y 
a  longtemps  déjà  Guttbier  (GeognosUsche  Skizzen  ans  der  sàchsischen  Schwelz. 
Leipzig,  1858,  p.  58-60)  avait  signalé  de  pareilles  cannelures  dans  les  blocs  isolés  de 
Quadersandstein.  Hbttnbr  (loc.  cit.)  attribue  ces  rigoles,  dont  la  position  est  toute 
différente  de  celle  de  nos  Lapiez,  à  Faction  éolienne. 


33 


Séance  du   O  Février   1899 

PRÉSIDENCE  DE  M.  E.  DE  MÂRGERIE,  PRÉSIDENT 

M.  J.  Blayac,  Secrétaire,  donne  lecture  du  procès-verbal  de  la 
dernière  séance/  dont  la  rédaction  est  adoptée. 

Le  Président,  par  suite  de  la  présentation  faite  à  la  dernière 
séance,  proclame  membre  de  la  Société  : 

M.  Spiess,  Capitaine  du  Génie,  à  Chambéry,  présenté  par 
MM.  Munier-Chalmas  et  Haug. 

Le  Secrétaire  annonce  que  M.  Lacroix  fait  don  à  la  Société  des 
ouvrages  suivants  :  1°  Minéralogie  de  la  France  et  de  ses  colonies, 
tomes  1  et  2,  3  vol.  8°  ;  2°  Le  gypse  de  Paris  et  les  minéraux  qui 
l'accompagnent,  1  vol.  4°,  9  pi.,  294  p.;  3°  Diverses  notes  extraites 
des  C.-R.  de  l'Académie  des  Sciences,  du  .Bulletin  de  la  Société 
minéralogique  et  du  Bulletin  du  Muséum  d'Histoire  naturelle. 

11  signale  parmi  les  autres  dons  reçus  :  la  3e  série  complète  de  la 
Feuille  des  Jeunes  Naturalistes  et  le  Catalogue  de  la  bibliothèque  de 
ce  périodique  (offerts  par  M.  Adrien  Dollfus)  ;  Travaux  du  labora- 
toire de  Géologie  de  la  Faculté  des  Sciences  de  l*  Université  de  Grenoble, 
t.  IV  (1897-98),  2«  fascicule  (offert  par  M.  Kilian). 

M.  P.  Cambronne  signale  parmi  les  dons  récemment  parvenus 
de  l'étranger  à  la  Société  :  1°  VAnnual  Report  du  Geological  Survey  of 
lovca  (année  1897)  ;  2°  le  fascicule  2  du  tome  III  des  Communicaçôes 
da  direcçâo  dos  trabalhos  geologicos  de  Portugal  contenant  un  article  de 
M.  Bleicher  intitulé  :  Contribution  à  V élude  lithologique,  microsco- 
pique et  chimique  des  roches  sédimentaires  secondaires  et  tertiaires  du 
Portugal  ;  3°  un  travail  de  M.  S.  Calderon  :  Existencia  del  infra- 
liasico  en  Espana  y  geologia  fisiographica  de  la  Meseta  de  Molina  de 
Aragon. 

M.  J.  Bergeron  annonce  le  décès  de  M.  Charles  de  Grasset. 
Il  rappelle  que  notre  confrère  avait  réuni  une  collection  très 
importante  de  fossiles  de  l'Hérault  et.  en  particulier  de  fossiles 
paléozoïques  ;  elle  était  mise  très  libéralement  à  la  disposition  de 
ceux  qui  étudiaient  la  géologie  de  la  région.  C'est  grâce  à  la  coin- 

30  Avril  1899.  —  T.  XXVII.  Bull.  Soc.  Géol.  Fr.  —  3 


34  SÉANCE  DU  6  FÉVRIER  1899 

munication  qui  lui  en  a  été  faite,  que  M.  de  Tromelin  put  donner 
pour  la  première  fois,  vers  1877,  une  idée  de  la  grande  richesse  de 
la  Montagne  Noire  en  horizons  paléozoïques.  M.  J.  Berge ron,  qui 
n'avait  jamais  eu  qu'à  se  louer  de  l'amabilité  de  M.  de  Grasset,  tient 
à  rendre  hommage  à  sa  modestie  et  à  sa  libéralité. 

Le  Président  prie  M.  Bergeron  de  présenter  à  la  famille  de  notre 
regretté  confrère  Ch.  de  Grasset,  les  condoléances  de  la  Société. 

M.  Levât,  en  présentant  son  ouvrage  intitulé  :  «  Guide  pratique 
pour  la  recherche  et  l'exploitation  de  l'or  en  Guyane  française  »,  signale 
les  résultats  géologiques  qu'il  a  pu  mettre  en  évidence  pendant  la 
durée  de  sa  mission  dans  la  colonie.  Il  a  pu  substituer  à  la  notion 
vague  de  l'existence  de  deux  zones  aurifères  parallèles  à  la  côte, 
celle  plus  exacte  et  plus  nette  de  la  concentration  des  formations 
aurifères  et  par  conséquent  des  placers,  le  long  des  contacts  entre 
le  granité  ou  la  syénite  fondamentale  et  les  gneiss  ou  micaschistes 
qui  les  recouvrent. 

En  outre,  la  venue  aurifère  est  intimement  liée  dans  toute  cette 
région  du  Nord-Est  de  l'Amérique  du  Sud,  depuis  le  Venezuela 
jusqu'au  Brésil,  à  la  présence  d'innombrables  dykes  de  roche 
dioritique  ou  amphibolique. 

Ces  deux  ordres  de  considérations  localisent  beaucoup  les  régions 
d'enrichissement  maximum  et  constituent  un  guide  précieux  pour 
la  recherche  des  placers  et  des  filons.  Elles  ont  déjà  été  mises  à 
l'épreuve  lors  de  la  découverte  récente  des  placers  de  la  Haute-Mana 
situés  immédiatement  au  contact  de  la  zone  granitique  prolongée 
du  Tapanahoni  et  des  gneiss  de  la  crique  Inini. 

Dans  un  autre  ordre  d'idées,  l'auteur  signale  la  présence  de  l'or 
dans  une  roche  ferrugineuse  nommée  roche  à  ravets  en  Guyane, 
cascajo  au  Venezuela,  qui  forme  à  la  surface  du  sol  d'immenses 
nappes  de  minerai  de  fer  et  sur  la  formation  de  laquelle  il  n'avait 
pas  été  donné  jusqu'à  présent  d'explication  satisfaisante.  L'étude  de 
M.  Levât  a  permis  de  rattacher  ces  roches  à  ravets  aux  phénomènes 
de  décomposition  des  roches  dioritiques  pyriteuses.  Ces  dernières, 
associées,  comme  on  Ta  vu  plus  haut,  aux  venues  aurifères,  ont 
laissé  le  métal  précieux  au  sein  de  la  roche  à  ravets  suivant  des 
lois  comparables  à  celles  qui  ont  présidé  à  la  formation  des  placers. 

M.  de  Launay  fait  une  conférence  sur  les  variations  des  filons 
métallifères  en  profondeur. 
Après  avoir  insisté  sur  la  nécessité  de  se  mettre  en  garde  contre 


SÉANCE  DU  6  FÉVRIER   1899  35 

la  tentation  de  généraliser  des  faits  accidentels  ou  de  confondre  le 
côté  industriel  de  la  question  avec  le  côté  géologique,  il  distingue 
deux  catégories  de  variations  en  profondeur  :  celles  qui  ont  pu  se  pro- 
duire au  moment  même  de  la  constitution  des  gisements,  auxquelles 
on  a,  jusqu'ici,  attribué  généralement  une  importance  prépondé- 
rante, et  celles  postérieures  à  cette  formation,  résultat  de  la  circula- 
tion des  eaux  oxydantes  superficielles  au-dessus  du  niveau  hydros- 
tatique, qui  lui  semblent,  au  contraire,  avoir  joué  un  rôle  essentiel. 

Il  passe  alors  eu  revue  les  principales  de  ces  modifications  posté- 
rieures, en  étudiant  tour  à  tour  l'influence  possible  de  l'érosion  (qui 
a  déterminé  l'allure  de  la  superficie  actuelle),  des  variations  du 
niveau  hydrostatique,  de  la  durée  des  phénomènes  d'altération  (et, 
par  suite,  de  leur  état  d'avancement),  des  réactifs  chimiques  apportés 
par  les  eaux,  enfin  des  terrains  encaissants,  notamment  des  calcaires, 
et  renvoie,  pour  plus  de  détails,  à  son  mémoire  Sur  les  gîtes  métal- 
lifères, paru  aux  Annales  des  Mines,  11  août  1897. 

Il  examine,  à  ce  propos,  le  cas  spécial  de  chacun  des  principaux 
métaux  :  fer,  manganèse,  cuivre,  zinc,  plomb,  argent,  or,  etc.  et 
termine  en  attirant  l'attention  sur  la  possibilité  d'obtenir  une  sorte 
de  coupe  théorique  profonde  des  gttes  filoniens,  avec  leurs  variations 
originelles  en  profondeur,  en  considérant  Tune  après  l'autre  des 
chaînes  de  plus  en  plus  anciennes,  dont  une  érosion  de  plus  en  plus 
avancée  a  mis  à  jour  des  parties  de  plus  en  plus  profondes.  Le  type 
des  gisements  métallifères  d'Algérie,  des  Apennins  ou  des  Carpathes 
se  distingue  aussitôt  du  type  Bohème,  Vosges,  Plateau  Central, 
Meseta,  lui-même  différent  du  type  Norwège-Canada. 

Le  Président  remercie  M.  de  Launay  dans  les  termes  suivants  : 

«  Mon  cher  Confrère,  depuis  la  publication  du  Traité  des  gîtes 
métallifères,  où  vous  aviez  si  largement  ajouté  aux  notes  laissées 
par  Fuchs,  votre  nom,  plus  que  tout  autre  en  France,  est  associé  à 
l'étude  de  la  Géologie  appliquée. 

»  Par  vos  savants  ouvrages  sur  Les  Mines  d'or  du  Transvaal,  sur 
Les  Diamants  du  Cap,  sur  la  recherche  rationnelle  des  Sources 
minérales,  et  par  de  nombreux  mémoires  insérés  de  temps  à  autre 
aux  Annales  des  Mines,  vous  avez  montré  que,  dans  le  Corps  auquel 
vous  avez  l'honneur  d'appartenir,  la  glorieuse  tradition  des  d'Au- 
buisson,  des  Fournel,  des  Rivot,  des  Elie  de  Beauniont,  des  Dau- 
brée,  n'était  pas  près  de  s'éteindre. 

»  Au  nom  de  la  Société  tout  entière,  je  vous  félicite  et  je  vous 
remercie  ». 


36  6  Févr. 


NOTE 
SUR  LA  BASE  DU  CARBONIFÈRE  DANS  LA  MONTAGNE  NOIRE 

par  M.  ë.  BERGERON. 

SOMMAIRE 

I.  Caractères  stratigraphiques,  lithologiques  et  paléontologiqaes  des  premières 
assises  du  Carbonifère  dans  la  Montagne  Noire.  —  II.  Leur  extension.  — 
III.  Leur  composition  chimique. 

J'ai  eu  l'honneur,  au  mois  de  juin  dernier  (1),  d'attirer  l'attention 
de  la  Société  sur  les  assises  qui  forment  la  base  du  terrain  carbo- 
nifère de  la  Montagne  Noire  ;  je  voudrais  y  revenir  aujourd'hui 
parce  que  quelques  faits  nouveaux  ont  encore  augmenté  l'intérêt 
que  présente  ce  niveau. 

I 

A  la  partie  supérieure  du  terrain  dévonien  se  voient  dans  la  Mon- 
tagne Noire  des  marbres,  dits  yrioltes,  riches  en  Clyménies.  C'est 
le  Clymenien-Kalk  des  géologues  allemands.  Dans  le  Hartz,  sur  ces 
calcaires  reposent  des  schistes  à  Cypridines  ;  dans  le  Languedoc,  il 
y  a  bien  des  schistes  au  même  niveau,  quand  la  série  est  complète, 
mais  jusqu'à  présent  je  n'y  ai  trouvé  aucun  fossile  ;  cependant  je  les 
assimile  à  ceux  du  Hartz.  Us  termineraient  le  Dévonien  supérieur. 

Puis  vient  au-dessus  une  série  très  riche  en  lydienne.  Il  en  est  de 
même  dans  le  Hartz  et  c'est  avec  cette  série  que  les  géologues  alle- 
mands font  commencer  le  Carbonifère.  En  l'absence  de  tout  fossile 
qui  put  me  guider,  j'avais  suivi  leur  exemple. 

Dès  la  base,  il  y  a  alternance  de  bancs  de  lydienne  et  de  bancs 
calcaires.  Les  bancs  de  lydienne  les  plus  anciens,  c'est-à-dire  ceux 
qui  sont  le  plus  rapprochés  des  griottes,  sont  en  général  les  plus 
continus  :  ils  ont  une  épaisseur  maxima  d'une  dizaine  de  centi- 
mètres, d'ailleurs  rarement  atteinte.  Ces  bancs  sont  de  couleur 
noire,  à  cassure  brillante,  irrégulière.  Parfois,  ils  sont  fendillés  et 

(1)  Etude  du  versant  méridional  de  la  Montagne  Noire.  B.  S.  G.  F.9  3*  sér., 
t.  XX  VI,  p.  472. 


1899  8UR  LA  BASE  DU  CARBONIFÈRE  DANS  LA  MONTAGNE  NOIRE  37 

les  fissures  sont  tapissées  de  silice  en  veines  très  minces.  Parfois, 
encore,  dans  ces  bancs  bien  réguliers,  il  y  a  des  parties  de  couleur 
claire,  très  souvent  cariées,  ou  encore  des  vacuoles  tapissées  de 
matière  rougeàtre.  J'aurai  occasion  d'y  revenir  plus  loin.  Si  on  suit 
ces  bancs  de  lydienne  sur  leur  tranche,  on  les  voit  diminuer  rapi- 
dement d'épaisseur,  puis  disparaître,  alors  que  cette  épaisseur 
restait  constante  sur  un  assez  long  parcours  ;  ce  sont  plutôt  des 
lentilles  très  allongées  que  des  bancs.  Il  semble  que  leur  mode  de 
formation  soit  celui  des  cherts,  la  silice  étant  fournie  par  une  très 
grande  abondance  de  Radiolaires  dont  j'aurai  à  parler  plus  loin. 
Les  bancs  calcaires  qui  alternent  avec  ces  bancs  de  lydienne  se 
comportent  comme  ces  derniers.  Le  tout  est  associé  â  des  schistes. 

A  mesure  que  Ton  s'élève  dans  la  série,  les  bancs  de  lydienne 
jouent  un  rôle  moins  important;  mais  la  silice  reste  un  élément 
essentiel,  elle  forme  de  vrais  nodules  à  structure  zonée.  compa- 
rables jusqu'à  un  certain  point  aux  silex  de  la  craie.  Ces  nodules, 
généralement  aplatis,  sont  tantôt  pleins  avec  traces  douteuses  d'orga- 
nismes, tantôt  creux  et  alors  l'existence  d'organismes  aujourd'hui 
détruits  est  incontestable,  sans  que  le  plus  souvent  il  soit  possible 
de  les  déterminer. 

Certains  nodules  portent  à  leur  surface  une  couche  de  lydienne 
qui  se  prolonge  latéralement  de  manière  à  former  au  niveau  du 
plus  grand  diamètre  une  sorte  d'expansion  de  quelques  millimètres 
d'épaisseur.  Cette  structure  indique  que  la  formation  de  la  lydienne, 
est  postérieure  à  celle  des  nodules  (1). 

Pris  isolément,  ces  nodules  ressemblent  beaucoup  à  ceux  que  Ton 
trouve  à  la  base  de  l'Ordovicien,  dans  les  couches  à  Euloma-Niobe . 
Dans  ce  dernier  horizon,  il  n'y  a  pas  de  doute  que  la  formation  des 
nodules  ne  soit  postérieure  au  dépôt,  car  j'y  ai  rencontré  quelques 
fossiles  engagés  en  partie  dans  des  nodules,  en  partie  dans  des 
schistes.  Il  a  dû  en  être  de  même  pour  les  nodules  carbonifères. 

Les  nodules,  à  leur  tour,  finissent  par  disparaître  ;  les  schistes 
deviennent  argileux,  cassants,  de  couleur  bleue  ou  verte,  toujours 
foncée.  Ils  ont  une  épaisseur  de  plusieurs  centaines  de  mètres. 
C'est  à  une  certaine  hauteur  au-dessus  de  la  série  siliceuse,  dont  je 
viens  de  parler,  que  se  rencontrent  des  bancs  de  grès  et  de  conglo- 
mérats dont  les  éléments  sont  des  cailloux  roulés  de  quartz  blanc 
et  de  lydienne;  ils  forment  un  horizon  très  bien  caractérisé  qui, 
par  son  apparition  au  milieu  de  schistes  que  l'on  pourrait  croire 

(1)  M.  Levât  dans  un  travail  récent  (4 fin.  des  Mines,  9*  sér.,  t.  XV,  1"  livraison 
de  1899)  arrive  à  la  même  conclusion  (Note  insérée  pendant  l'impression). 


38 


J.    BERGERON 


6  Févr. 


ordoviciens,  permet  facilement  de  se  retrouver.  Enfin,  c'est  encore 
au  milieu  de  ces  schistes  que  se  rencontrent  en  quelques  rares 
points  des  gîtes  fossilifères  à  Spirifer  tornacemis,  Productus  semi- 
reticulatus,  qui  m'ont  permis  de  déterminer  l'âge  de  l'ensemble  de 
ces  schistes.  Ils  sont  surmontés  par  des  grès  à  végétaux  et  à  Phil- 
lipsia,  ainsi  que  par  les  calcaires  viséens. 

Comme  je  viens  de  le  dire,  c'est  uniquement  par  comparaison 
avec  la  série  du  Hartz  que  j'avais  placé  la  limite  inférieure  du 
Carbonifère,  au-dessous  de  la  série  à  lydienne.  Mais  il  était  préfé- 
rable de  s'appuyer  sur  des  fossiles.  J'ai  donc  prié  M.  Escot,  de 
Cabrières,  de  vouloir  bien  faire  des  recherches  dans  cette  série  et  il 
m'a  envoyé  quelques  nodules  avec  traces  de  Goniatites.  J'ai  reconnu 
que  toutes  appartiennent  au  genre  Glyphiocercui  ;  une  seule  présente 
un  fragment  de  test  qui  permet  de  la  rapporter  au  groupe  du 
Glyphioceras  diadema.  Or,  les  Gtyphioceras  sont  caractéristiques  du 
Carbonifère  et  n'apparaissent  pas  avant  le  début  de  cet  étage.  Cette 
découverte  vient  donc  confirmer  pleinement  l'assimilation  que 
j'avais  faite. 

Déjà,  en  1892,  M.  "Rûst  (1),  de  Hanovre,  avait  signalé,  dans  la  série 
dont  je  viens  de  parler,  l'abondance  des  Radiolaires.  Dans  les 
lydiennes,  ceux-ci  sont  extraordinairement  nombreux,  mais  mal 
conservés  ;  dans  les  nodules  dont  Sf .  Rûst  note  la  remarquable 
richesse  en  phosphate  de  chaux,  point  sur  lequel  je  reviendrai  plus 
loin,  il  cite  un  très  grand  nombre  de  Radiolaires  à  des  états  très 
différents  de  conservation.  H  y  a  reconnu,  les  vingt-cinq  espèces 
suivantes  : 


Cenosphœra  macropora  n.  sp. 
Liosphœra  mer  a  n.  sp. 
Cromyosphœra  prisca  n.  sp. 
Odontosphœra  echinocactua  n.  sp. 
Xiphostylus  asper  n.  sp. 
Staurosphœra  f'ragilis  n.  sp. 

—        quadrangularis  n.  sp. 
Staurolonche  micropora  n.  sp. 
Hexalonche  palœozoïca  u.  sp. 
A  canthosphœra  macracanthan.sp. 
Heliosoma  Rœmeri  n.  sp. 
Cromyomma  grandœxum  n.  sp. 
Cenellipsis  diversipora  n.  sp. 


Lithapium  siluricum  n.  sp. 
Druppula  silurien  n.  sp. 
Cenodiscus  primordialis  n.  sp. 
Zonodisctts  dentatus  n.  sp. 
Theodiscus  gigas  n.  sp. 

—        planus  n.  sp. 
Crucidiscus  prœcursor  n.  sp. 
Trochodiseus  diversispinus  n.  sp. 
Sethostaurus  ex-seulptus  n.  sp. 
Hrliodiseus  aeucinctus  n.  sp. 
Porodiseus  cabrierensis  n.  sp. 
Phorticium  macropylium  n.  sp. 


(1)  Beitràge  zur  Kenntniss  der  (ossilen  Radiolarien  aus  Gestelnen  der  Trias  und 
der  PaW»ozoischen  Schichten.  Palœontographica,  t.  XXXVIII,  p.  107,  1891-1892. 


1899  SUR  LA  BASE  DU  CARBONIFÈRE  DANS  LA  MONTAGNE  NOIRE  39 

Toutes  sont  nouvelles.  Elles  appartiennent  à  vingt-trois  genres 
différents.  Parmi  ceux-ci  il  y  en  a  dix-sept  représentés  dans  le 
Carbonifère  :  . 

Cenosphœra.  Druppula. 

Cromyosphœra .  Cenodiscus. 

Xiphostylus.  Zonodiscus. 

Staurosphœra.  Theodiscus. 

Staurolonche.  Trochodiscus. 

Hexalonche.  Sethostaurus. 

Acanthosphœra .  Heliodiscus. 

Heliosoma.  Porodiscus. 
Cenellipsis. 

Les  genres  Cromyosphœra,  Staurolonche,  Druppula,  Cenodiscus, 
Theodiscus,  Trochodiscus,  atteignent  leur  maximum  de  développe- 
ment numérique  dans  le  Carbonifère. 

Sur  les  vingt-trois  genres,  il  y  en  a  cinq  fondés  sur  des  formes 
nouvelles  de  Cabrières  ;  ce  sont  les  genres  Odontosphœra,  Cro- 
myomma,  Liihapium,  Crucidiscus,  Phorticium  ;  ils  n'ont  pas  de  repré-. 
sentants  en  dehors  des  assises  en  question  et,  par  suite,  ne  peuvent 
servir  à  en  déterminer  l'âge.  Il  n'y  a  que  quatre  genres  qui  soient 
représentés  dans  des  assises  d'âge  reconnu  silurien;  ce  sont  les 
genres  :  Cenosphœra,  Staurosphœra,  Ttieodiscus  et  Phorticium.  Une 
espèce  de  ce  dernier  genre,  Phorticium  macropylium,  a  été  reconnue 
à  Cabrières  et  dans  le  Silurien  inférieur  de  Langenstriegis  ;  par 
contre,  Cenodiscus  primordialis  et  Theodiscus  planus  appartiennent 
aux  assises  de  Cabrières  et  aux  lydiennes  du  Carbonifère  inférieur 
du  Hartz. 

Etant  donné  le  peu  de  connaissances  que  nous  avons  sur  les 
Radiolaires,  il  est  assez  difficile  de  savoir  quelle  importance  leur 
attribuer  dans  la  classiûcation  des  terrains  ;  cependant,  on  ne  peut 
manquer  d'être  frappé  par  tous  les  faits  que  je  viens  d'énumérer  et 
qui  semblent  rapprocher  cette  faune  de  Radiolaires  de  Cabrières, 
du  Carbonifère  plus  que  du  Silurien.  M.  Rûst  lui-même  signale  la 
ressemblance  très  grande  qui  existe  entre  les  concrétions  de 
Cabrières  et  celles  du  Carbonifère  de  la  Petschora. 

Enfin,  j'ai  déjà  dit  l'identité  de  faciès  lithologique  des  couches  de 
la  base  du  Carbonifère  dans  le  Hartz  et  dans  le  Languedoc. 

Cependant  M.  Rûst  a  attribué  la  série  du  Languedoc  au  Silurien 
inférieur;  mais,  en  agissant  ainsi,  il  n'a  fait  que  se  rapporter  pour 


40  j.  bergeron  6  Févr. 

l'âge  à  un  travail  du  Dr  Frech  (1)  sur  les  formations  paléozoïques 
de  Cabrières.  D'ailleurs,  dans  son  mémoire,  ce  dernier  auteur  parle 
fort  peu  de  ce  niveau  si  riche  en  silice.  Dans  la  légende  du  Pic  de 
Bissous  (p.  385),  M.  Frech  le  rapporte  au  Silurien  inférieur,  mais 
avec  doute.  Il  y  distingue  deux  horizons  :  l'un,  inférieur,  qu'il 
désigne  sous  le  nom  de  Calcaire  silurien  inférieur  (c'est  le  calcaire 
à  colonnes  des  géologues  locaux)  ;  il  renferme  des  calcaires,  des 
schistes,  et  est  riche  en  concrétions  siliceuses.  Au-dessus  vien- 
draient les  lydiennes  franches  constituant  l'horizon  supérieur.  Dans 
le  texte,  d'ailleurs,  il  n'est  fait  aucune  mention  spéciale  de  cette 
série.  On  aura  remarqué  que  les  deux  termes  admis  par  M.  Frech 
sont  en  ordre  inverse  de  celui  que  j'ai  donné  plus  haut  ;  c'est  qu'au 
pic  de  Bissous  il  y  a  un  renversement,  ainsi  que  je  l'ai  indiqué 
dans  ma  communication  du  mois  de  juin  dernier  et  ainsi  que  ne 
l'avait  pas  vu  l'auteur  allemand  (2). 

II 

Ce  niveau  carbonifère  à  lydienne  se  retrouve  également  dans  tous 
les  massifs  montagneux  situés  plus  au  sud.  Mais  les  auteurs  qui 
l'ont  signalé  ne  lui  ont  pas  attribué  sa  véritable  importance  ;  bien 
souvent  il  est  simplement  fait  mention  de  la  présence  de  lydienne 
ou  de  phtanite.  Cet  horizon  d'ailleurs  a  été  classé  dans  des  étages 
différents  ;  jamais  jusqu'ici  on  n'avait  précisé  sa  place. 

Voici  les  seules  mentions  qui  en  aient  été  faites  : 

Dans  les  Corbières,  M.  Viguier,  aussi  bien  dans  la  légende  de  la 
carte  géologique  du  département  de  l'Aude  (3)  que  dans  plusieurs 
mémoires  (4),  fait  allusion  à  des  phtanites  accompagnant  les 
griottes  ;  il  les  range  dans  le  Frasnien. 

Dans  les  Pyrénées,  Leyinerie  (5)  signale  des  lydiennes  au  milieu 
des  schistes  de  transition.  Il  dit  simplement  :  «  le  jaspe  noir  appelé 
lydienne  forme  des  rubans  et  de  minces  couches  dans  les  schistes 

(1)  Die  palœozoischen  Bildungen  von  Cabrières  (l^anguedoc).  Zeitsch.  d.  <L  geol. 
Gesellsch.,  t.  XXXIX,  1887,  p.  :J60. 

(2)  Etude  du  versant   méridional  de  la  Montagne  Noire.   H.  S.  G.  F.,  3"  série, 
t.  XXVI,  p.  475. 

(3)  Carte  géologique  du  département  de  l'Aude,  par  MM.  Leymerie,  de  Rouville 
et  Viguier,  1887. 

(4)  Terrain  de  transilion  des  Corbiêres.  H.  S.  G.  F.,  3«  série,  t.  XI,  p.  334.  — 
Etudes  géologiques  sur  le  département  «le  l'Aude.  Thèse,  1887. 

(5)  Description  géologique  et  paléontologique  des  Pyrénées  de  la  Haute-Garonne, 
p.  112. 


1899  SUR  L£  BASE  DU  CARBONIFÈRE  DANS  LA  MONTAGNE  NOIRE  41 

de  transition  ».  Dans  le  cours  de  l'ouvrage  il  n'en  reparle  plus, 
soit  à  propos  du  Dévonien,  soit  à  propos  du  Carbonifère. 

M.  Roussel  (1)  mentionne  à  plusieurs  reprises  dans  le  complexe 
qu'il  désigne  sous  le  nom  de  Permo-Carbonifère  des  bancs  de 
lydienne,  des  bancs  de  phtanite,  des  schistes  noirs  fortement  car- 
bures, des  lits  de  conglomérats  à  phtanite,  sans  que  d'ailleurs  les 
rapports  de  ces  bancs  entre  eux  fassent  l'objet  d'aucune  indication. 
Il  cite  (p.  10),  à  Larbont,  au-dessus  des  griottes  qu'il  range,  à  la 
suite  de  M.  Barrois,  dans  le  Carbonifère,  une  série  de  schistes  à 
Productifs  semireticulatus,  Productus  cora,  etc.,  alternant  avec  des 
lydiennes,  des  grès  à  Calamités  ;  mais  il  ne  précise  pas  la  place  de 
ces  différents  termes  dans  la  série  carbonifère. 

M.  de  Lac  vivier  (2)  a  signalé  incidemment  dans  le  Dévonien  de 
l'Ariège  la  présence  de  phtanite.  Les  autres  géologues  qui  se  sont 
occupés  des  terrains  paléozoîques  des  Pyrénées  et  de  leur  prolon- 
gement en  Espagne,  n'ont  pas  parlé  de  ce  niveau  à  lydienne. 

J'ai  eu  occasion  de  le  retrouver  dans  les  environs  de  Barcelone, 
lors  de  la  réunion  extraordinaire  de  la  Société  en  1898. 

Malgré  le  vague  des  indications  relatives  à  cet  horizon,  il  n'y  a 
cependant  aucun  doute  que  ce  ne  soit  le  même  qui  se  rencontre  dans 
ces  différentes  régions,  car  partout  il  est  compris  entre  les  griottes 
et  le  Carbonifère  typique.  Son  extension  et  ses  caractères  litholo- 
giques bien  spéciaux  en  font  un  niveau  des  plus  importants. 

III 

Mais,  depuis  quelques  mois,  il  a  acquis  une  nouvelle  importance 
au  point  de  vue  industriel. 

M.  D.  Levât  (3)  a  annoncé  à  l'Académie  des  Sciences  l'existence 
de  phosphate  de  chaux  dans  un  niveau  «  situé  au  contact  du 
»  calcaire  dévonien  supérieur,  le  griotte  des  pyrénées,  avec  les 
»  schistes  sus-jacents  attribués  soit  au  Permien,  soit  au  Carboni- 
»  fère,  soit  même,  d'après  les  travaux  de  M.  Seunes,  au  Dinantien  ». 

M.  Levât  l'a  signalé  dans  les  Pyrénées,  dans  les  Corbières  et 
jusque  dans  la  Montagne  Noire,  aux  environs  de  Caunes.  Dès  que 
j'eus  connaissance  de  ce  travail,  je  n'hésitai  pas  à  rapporter  ce 
niveau  à  celui  des  lydiennes  et  des  nodules,  dans  lequel  le  I)r  Rîist 

(1)  Etude  stratlgraphique  des  Pyrénées.  Bull,  Serv.  Carte  géol.  de  Fr.,  t.  IV. 

(2)  Etudes  géologiques  sur  le  département  de  l'Ariège  et  en  particulier  sur  le 
terrain  crétacé. 

(3)  Sur  les  phosphates  noirs  des  Pyrénées.  C.  R.  Âc.  Se,  t.  CXXVII,  p.  8îJ4, 
séance  du  21  novembre  1896. 


42  j.  bergeron  6  Févr. 

avait  déjà  indiqué  la  très  grande  richesse  en  phosphate;  depuis,  j'ai 
eu  l'occasion  de  voir  à  l'Ecole  des  Mines  la  collection  rapportée  par 
M.  Levât  et  j'ai  été  pleinement  confirmé  dans  ma  manière  de  voir  (1). 
Les  lydiennes  aussi  bien  que  les  nodules  y  sont  représentés,  mais 
dans  le  gîte  de  Las  Cabesses  (Ariège),  qui  semble  avoir  été  pris 
comme  type  par  M.  Levât,  l'aspect  est  différent  de  ce  qu'il  est  le 
plus  souvent  dans  la  Montagne  Noire.  Les  nodules  comme  les 
schistes  qui  les  accompagnent  sont  de  couleur  noire,  ils  sont  tra- 
çants et  ont  pu  être  pris  pour  de  l'anthracite.  Ce  gîte  est  voisin  de 
la  mine  de  Manganèse  si  connue  de  Las  Cabesses  ;  il  a  pu  s'y  pro- 
duire des  circulations  d'eau  enrichissant  les  assises  en  phosphate  et 
en  matière  organique  qui  est  très  abondante  d'après  les  indications 
de  M.  Levât.  Je  ne  connais  dans  le  Languedoc  que  quelques  rares 
points  où  le  Carbonifère  tout  à  fait  inférieur  se  présente  sous  cet 
aspect  ;  c'est  toujours  dans  le  voisinage  d'une  faille  ou  d'un  filon. 

Dans  ce  même  gisement  de  Las  Cabesses,  la  teneur  des  nodules 
en  phosphate  de  chaux  s'élève  en  moyenne,  d'après  les  analyses 
données  par  M.  D.  Levât,  à  67,75,  le  maximum  étant  de  77,28  et  le 
minimum  de  61,26.  Les  schistes  au  milieu  desquels  se  trouvent  les 
nodules  renferment  encore  de  14  à  16  pour  cent  d'acide  phospho- 
rique.  Ce  gisement  semble  être  particulièrement  riche  en  phos- 
phate et  il  ne  faudrait  pas  compter  trouver  une  pareille  teneur 
dans  tous  les  affleurements  de  ce  niveau. 

Dans  les  nodules  de  Cabrières,  M.  Rûst  a  signalé  la  présence  du 
phosphate  de  chaux  comme  je  l'ai  dit  plus  haut;  il  en  a  fait  l'analyse 
et  a  trouvé  les  proportions  suivantes  : 

Phosphate  de  chaux  ....      73,65  (33,74  d'acide  phosphorique). 

Eau 1,08 

Silicate  argileux 25,27 

100 

Très  frappé  de  cette  grande  richesse,  M.  Rûst  désigna  le  niveau 
h  nodules  sous  le  nom  de  Phosphorite  de  Cabrières.  Mais  cette  teneur 
est  loin  d'être  constante,  ainsi  que  Ta  fait  remarquer  M.  Levât.  Pour 
les  nodules  de  la  Montagne  Noire  dont  j'ai  analysé  quelques-uns 
avec  le  concours  de  mon  ami  M.  Goldberg  (2),  la  teneur  est  sensi- 
blement celle  signalée  par  le  savant  allemand.  C'est  dans  ces 
nodules  qu'elle  atteint  son  maximum,  surtout  dans  ceux  dont  l'inté- 

(1)  Le  récent  travail  de  M.  Levât  ne  laisse  aucun  doute  sur  l'exactitude  de  cette 
assimilation  (Ann.  des  Mines,  9*  série,  t.  XV,  p.  U6).  {Note  insérée  pendant  l'im- 
pression). 

(2)  Les  analyses  que  nous  avons  faites  au  Laboratoire  de  Minéralogie  et  de  Geo- 


1899         SUR  LA  BASE  DU  CARBONIFÈRE  DANS  LA  MONTAGNE  NOIRE  43 

rieur  est  poreux  parce  qu'il  y  a  eu  des  organismes  qui  ont  concen- 
tré le  phosphate  autour  d'eux  ainsi  que  c'est  le  cas  général.  Dans  les 
lydiennes,  les  parties  de  couleur  claire  comme  les  parties  cariées 
en  renferment  plus  que  les  parties  compactes,  à  peu  près  autant 
que  les  nodules.  Le  phosphate  se  retrouve  encore  dans  les  schistes 
qui  accompagnent  les  nodules,  mais  en  moindre  proportion;  il 
semble  qu'il  provienne  de  la  trituration  des  nodules  et  concrétions 
phosphatées  dont  j'ai  parlé  précédemment,  car  il  n'y  est  plus  concré- 
tionné  comme  dans  les  nodules  ainsi  qu'il  ressort  d'un  examen 
microscopique  que  j'en  ai  fait. 

En  résumé,  dans  la  région  que  j'ai  étudiée,  la  richesse  en  phos- 
phate de  chaux  du  Carbonifère  inférieur  est  moins  grande  que  dans 
la  région  de  Las  Cabesses.  De  plus,  sur  le  versant  méridional  de  la 
Montagne  Noire,  il  y  a  eu  des  mouvements  du  sol  par  suite  des- 
quels le  niveau  à  Euloma-Niobe  de  la  base  de  l'Ordovicien  a  été 
ramené  par  chevauchement  au  contact  du  Dévonien  supérieur  et 
du  Carbonifère,  c'est  le  cas  par  exemple  dans  la  région  de  Caunes. 
Or,  cet  Ordovicien  inférieur  renferme  des  nodules,  parfois  fossi- 
lifères, très  semblables,  ainsi  que  je  l'ai  dit  plus  haut,  à  ceux  du 
Carbonifère;  la  confusion  serait  donc  facile  entre  les  deux  étages, 
dans  le  cas  où  la  faune  n'aurait  pas  été  reconnue.  Au  point  de  vue 
industriel,  il  pourrait  en  résulter  de  très  grands  mécomptes,  l'Ordo-. 
vicien  ne  renfermant  pas  de  phosphate. 

M.  D.  Levât  expose  qu'il  est  entièrement  d'accord  avec  M.  Ber- 
geron  sur  la  question  de  détermination  du  niveau  des  lydiennes, 
niveau  qui  se  confond  d'ans  toute  la  région  des  Pyrénées  propre- 
ment dites  avec  celui  des  phosphates  qu'il  a  découvert  en  1898, 
notamment  dans  TAriège,  entre  Foix  et  Saint-Girons.  Il  a  trouvé 
dans  un  assez  grand  nombre  de  nodules  de  cette  région  des  fossiles 
ou  des  débris  de  fossiles,  mais  aucun  n'était,  comme  celui  que 
M.  Bergertm  vient  de  citer,  de  nature  à  caractériser  paléontologi- 
quement  le  niveau  en  question.  Les  coupes  nombreuses  relevées 
par  M.  Levât  dans  les  Pyrénées  ne  laissaient  aucun  doute  dans  son 
esprit  sur  la  position  stratigraphique  du  niveau  des  phosphates, 
situé  immédiatement  au-desfcus  du  calcaire  griotte  et  en  strati- 
fication concordante  avec  cet  horizon. 

logie  de  l'Ecole  centrale,  nous  oui  donné  les  résultats  suivants  pour  la  teneur  en 
acide  phosphorique  (pour  cent)  : 

Nodule  carbonifère 32,29 

Schiste  carbonifère  de  Cabrières 1,67 

Schiste  carbonifère  de  Caunes if45 

Nodule  ordovicien  avec  empreinte  dAsaphelina  Miqueli.  0,85 


44 


Séance   dn   20   Février   1899 

PRÉSIDENCE  DE  M.  E.   DE  MARGERIE,  PRÉSIDENT 

M.  J.  Blayac,  Secrétaire,  donne  lecture  du  procès-verbal  de  la 
dernière  séance,  dont  la  rédaction  est  adoptée. 

Le  Président  fait  part  du  décès  de  M.  le  professeur  W.  Dames, 
membre  de  l'Académie  royale  des  Sciences  de  Berlin. 

Il  annonce  une  présentation. 

Le  Secrétaire  signale  dans  les  comptes-rendus  de  l'Académie  des 
Sciences  (séance  du  13  février  1899),  une  note  Sur  la  structure  du 
Briançonnais,  par  M.  Termier,  et  dans  les  Annales  des  Mines 
(lre  livr.  1899,  t.  XV),  un  mémoire  Sur  les  phosphates  noirs  des 
Pyrénées,  par  M.  D.  Levât. 

M.  E.  de  Martonne  signale  parmi  les  dons  parvenus  de  l'étranger 
à  la  Société  un  volume  au  Bulletin  of  the  geoiogical  Society  of  America 
(année  1898)  et  un  volume  des  Geologiska  Foreningens  i  Stockolm 
Fôrhandlingar  (année  1898). 

Le  Président  fait  part  à  la  Société  de  la  récente  décision  du 
Conseil  relative  à  la  Réunion  extraordinaire  de  1899.  Cette 
Réunion  aura  lieu  sur  le  versant  méridional  de  la  Montagne  Noire, 
sous  la  direction  de  MM.  J.  Bergeron,  Depéret  et  Nicklès.  —  Un 
programme  détaillé  sera  prochainement  publié. 

Le  Président  informe  la  Société  que  le  Congrès  national  des 
Sociétés  françaises  de  Géographie  se  tiendra  à  Alger,  du  26  mars  au 
2  avril  prochain.  M.  Ficheur,  Professeur  de  Géologie  à  l'Ecole  supé- 
rieure des  Sciences  d'Alger,  a  été  délégué  par  le  Conseil  pour  repré- 
senter la  Société  à  ce  Congrès. 

Les  membres  qui  désirent  y  assister  devront,  pour  obtenir  demi- 
tarif  sur  les  chemins  de  fer,  se  faire  inscrire,  7,  rue  des  Grands- 
Augustins. 

M.  de  Margerie  annonce  aussi  que  le  septième  Congrès  interna- 
tional de  Géographie  tiendra  sa  prochaine  session  à  Berlin,  du  28 
septembre  au  4  octobre  1899. 


FRAGMENTS  D'ASTÉRIES  DANS  LES  COUCHES  DE  LA  BASE  DU  MOKATTAM     45 

M.  Albert  Gaudry,  en  présentant  un  travail  de  M.  Lebes- 
conte,  s'exprime  dans  les  termes  suivants  : 

Notre  savant  confrère  de  Rennes,  M.  Lebesconte,  me  prie  de  faire 
hommage  en  son  nom  à  la  Société  géologique  d'un  travail  sur  les 
périodes  gallo-romaine  et  franque.  Vivant  en  Bretagne,  non  loin 
des  curieuses  formations  du  Mont  S*-Michel,  il  a  été  séduit  par  ridée 
de  faire  sur  l'Ouest  de  la  France  des  recherches  analogues  à  celles 
qui  ont  été  entreprises  par  M.  Gosselet  dans  le  Nord  de  la  France 
et  par  M.  Rutot  en  Belgique.  Il  admet  la  succession  des  immer- 
sions et  des  émersions  suivantes  en  Bretagne  : 

Période  moderne Emersion 

w         a  *•    j    v     •«  i  (  Immersion 

Moyen-âge  a  partir  du  Xe  siècle    .   .  <   F 

Période  franque Immersion 

Période  gallo-romaine Emersion 

A     4  i   Imtnersion 

Quaterna,re \  Emersion 

Pliocène Immersion 


SUR  LA  PRESENCE  DE  FRAGMENTS  D'ASTERIES 
DANS   LES   COUCHES  DE  LA  BASE  DU  MOKATTAM 

par  M.  R.  FOURTAl. 

Jusqu'à  ce  jour,  à  part  les  quelques  Crinoïdes  récoltés  par  Delà- 
noue  aux  environs  de  Louxor  (Thèbes),  les  couches  nummulitiques 
d'Egypte  n'avaient,  en  fait  d'Echinodermes,  fourni  aux  recherches 
des  géologues  que  des  Echinides,  et  aucune  forme  appartenant  aux 
autres  classes  de  cet  embranchement  n'avait  été  signalée. 

Tout  récemment,  au  cours  d'une  promenade  faite  au  Gebel 
Ghiouchy,  j'eus  l'occasion  de  visiter  d'anciennes  carrières  situées 
au  pied  du  Mokattam,  derrière  la  citadelle  du  Caire,  entre  la  tran- 
chée du  chemin  de  fer  et  l'arsenal  de  Fechikhana,  où  Ton  exploitait 
autrefois  les  bancs  de  la  base  du  Mokattam  que  M.  Mayer-Eymar 
désigne  sous  le  nom  de  glauconie  grossière  et  qu'il  dit  caractérisés 
par  la  présence  de  Vêlâtes  Schmideliana  Chem. 


46         ASTÉRIES  DANS  LES  COUCHES  DE  LA  BASE  DU  MOKATTAM        20  FéVI\ 

J'y  recueillis  de  beaux  spécimens  de  Nummulites,  très  abon- 
dantes dans  cette  couche,  et  quelques  fragments  de  Porocidaris 
Schmidelii  Goldf.  et  Echinolampas  africanus  de  Loriol  ;  mais  mon 
attention  fut  surtout  attirée  par  de  nombreux  fragments  de  forme 
prismatique  dont  une  des  faces  était  plus  ou  moins  bombée  et 
arrondie  aux  arêtes.  J'en  récoltai  un  certain  nombre  et  m'aperçus 
bientôt  qu'il  y  en  avait  des  quantités  disséminées  dans  la  roche 
que  je  suivis  sur  un  parcours  d'environ  soixante  mètres,  c'est-à- 
dire  sur  toute  la  longueur  où  elle  a  été  mise  à  découvert  par 
l'exploitation. 

Un  examen  attentif  me  fit  reconnaître  dans  ces  fragments  des 
plaques  marginales  d'Astéries  des  groupes  Goniaster  ou  Crenaster. 
Comme  jusqu'à  ce  jour  aucun  fossile  de  cette  classe  n'avait  été 
signalé  en  Egypte,  j'eus  une  ^hésitation,  bien  compréhensible  du 
reste,  étant  donné  le  peu  de  moyens  de  comparaison  que  nous 
possédons  en  Egypte;  aussi  je  m'empressai  de  soumettre  à  notre 
confrère,  M.  V.  Gauthier,  une  partie  des  spécimens  que  j'avais 
recueillis.  Son  avis  fut  que  nous  étions  bien  en  présence  de  plaques 
marginales  de  Goniaster  ou  d'un  genre  voisin. 

La  dispersion  de  ces  plaques  dans  la  couche  précitée,  qui  a 
environ  six  mètres  d'épaisseur,  ne  permet  pas  d'espérer  trouver 
des  fragments  pouvant  servir  à  déterminer  sûrement  le  genre  et 
l'espèce  auxquels  elles  appartiennent;  mais  leur  abondance  m'in- 
cite à  en  faire  d'ores  et  déjà  la  caractéristique  de  cette  couche  de  la 
base  du  Mokattam,  et  cela  avec  d'autant  plus  de  raison  que  le 
fossile  désigné  par  M.  Mayer  Eymar  a  une  extension  verticale  très 
grande  dans  i'Eocène  d'Egypte  et  qu'il  serait  bien  mieux  à  sa  place 
en  caractérisant  dans  le  Lutétien  supérieur  de  ce  même  Mokattam, 
la  couche  au-dessus  des  calcaires  à  Schizaster  mokattamensis'  de 
Lor.,  dans  laquelle  des  moules  de  Vêlâtes  Schmideliana  peuvent  se 
récolter  par  centaines. 


1899  47 


LES  NAPPES  DE  RECOUVREMENT  DU  BRIANÇONNAIS 

par  M.  P.  TERHIER. 

(Planche  I). 

SOMMAIRE.  —  Introduction.  —  I.  Lambeaux  de  l'Eychauda  et  de  Serre-Cheva- 
lier. —  II.  Substratum  des  lambeaux  de  l'Evchauda  et  de  Serre-Chevalier.  — 
III.  La  première  hypothèse.  —  IV.  La  deuxième  hypothèse. 

J'ai  annoncé  tout  récemment  à  l'Académie  des  Sciences  (1)  qu'à 
la  suite  de  très  longues  et  très  minutieuses  recherches  sur  la  struc- 
ture des  montagnes  comprises  entre  Briançon  et  Vallouise,  j'étais 
arrivé  graduellement  à  l'idée  que  la  zone  du  Briançonnais  tout 
entière,  et  la  plus  grande  partie,  sinon  la  totalité  de  la  zone  des 
Schistes  lustrés,  sont  formées  de  nappes  charriées,  empilées  les 
unes  sur  les  autres,  reposant  sur  le  Flysch,  et  plissées,  après  le 
charriage,  en  même  temps  que  leur  substratum.  Je  me  propose, 
dans  ce  mémoire  de  quelques  pages,  qui  n'est  lui-même  qu'un 
abrégé  d'un  travail  plus  complet,  d'énumérer  mes  arguments  et  de 
développer  mon  hypothèse. 

Je  prends  la  zone  du  Briançonnais  dans  la  région  même  de 
Briançon,  je  veux  dire  entre  les  vallées  de  l'Arc  et  du  Guil.  On  a 
beaucoup  discuté  sur  la  définition  qu'il  faut  donner  au  prolonge- 
ment septentrional  de  cette  zone  au-delà  de  l'Isère  :  on  pourrait 
discuter  tout  autant  sur  son  prolongement  méridional  au-delà  de 
l'Ubaye.  Mais,  entre  l'Arc  et  le  Guil,  la  délimitation  de  la  zone  est 
parfaitement  précise.  C'est  à  cette  portion,  très  bien  définie,  de  la 
zone  du  Briançonnais  que  va  s'appliquer  mon  essai  de  démonstra- 
tion. Si  ma  théorie  est  exacte,  le  paquet  des  nappes  charriées  va 
certainement  bien  au-delà  de  l'Arc  et  bien  au-delà  du  Guil  ;  il  va 
même,  probablement,  bien  au-delà  de  l'Isère  et  bien  au-delà  de 
l'Ubaye.  Sur  beaucoup  de  points,  l'exacte  délimitation  de  ce  paquet 
ne  pourra  se  faire  qu'après  de  nouvelles  études  sur  le  terrain.  Une 
fois  délimitée,  c'est  la  région  des  terrains  charriés  qui  formera  la 
zone  du  Briançonnais,  sans  qu'il  soit  désormais  possible  d'attribuer 
un  autre  sens  à  cette  expression  géographique. 

(1)  Séance  du  13  février  1899. 


48  p.  TERMiER  20  Févr. 

De  même,  je  considère  les 'Schistes  lustrés  aux  environs  de 
Briançon,  entre  les  mêmes  vallées  de  l'Arc  et  du  Guil,  sans  m'occu- 
per  des  terrains  qui,  vers  Test,  font  suite  à  ces  schistes.  J'essaierai 
de  montrer  que,  dans  cette  région,  les  Schistes  lustrés  forment  une 
nappe  supérieure,  superposée  aux  nappes  de  la  zone  briançonnaise. 
S'il  en  est  ainsi,  cette  nappe  supérieure  comprend  aussi  les  Schistes 
lustrés  de  l'Ubaye,  et  ceux  de  la  Tarentaise,  et  ceux  des  vallées  du 
Piémont.  Où  s'arrête- telle  au  nord,  à  l'est  et  au  sud?  c'est  ce  que 
l'avenir  apprendra. 

Dans  la  région  que  je  considère,  la  zone  du  Briançonnais  est 
limitée  :  à  l'ouest,  par  une  ligne  un  peu  sinueuse  qui  coïncide 
avec  le  bord  oriental  de  la  zone  du  Flysch;  et  à  l'est,  par  une  autre 
ligne,  également  un  peu  sinueuse,  où  commencent  les  Schistes 
lustrés.  Sur  le  bord  ouest,  la  zone  repose  sur  le  Flysch  (qui  repose 
lui-même,  avec  ou  sans  interposition  de  calcaire  nummulitique, 
sur  les  terrains  du  Pelvoux);  sur  le  bord  est,  on  voit  partout,  sous 
les  terrains  de  la  zone,  s'enfoncer  les  Schistes  lustrés  (1).  Les  plis 
du  bord  ouest  sont  couchés  vers  la  France;  les  plis  du  bord  est 
sont  couchés  vers  l'Italie.  La  zone  est  donc  plissée  en  éventail.  La 
ligne  axiale  de  l'éventail,  suivie  pas  à  pas  par  M.  Kilian  (2),  se 
tient,  de  l'Arc  au  col  des  Ayes  (3),  dans  la  partie  médiane  de  la 
zone,  et,  dans  cette  bande  médiane  (zone  houillère  de  Lory),  c'est  le 
terrain  houiller  qui,  presque  partout,  affleure.  Au  sud  du  col  des 
Ayes,  la  ligne  axiale  de  l'éventail  se  dévie  peu  à  peu  vers  l'ouest 
et  cesse  de  coïncider  avec  l'axe  de  la  zone  houillère.  MM.  Kilian  et 
Haug  (4)  ont  montré  qu'à  partir  de  Guillestre,  c'est-à-dire  au  sud 
du  Guil,  la  zone  du  Briançonnais  tout  entière  plonge,  le  long  de 
son  bord  occidental,  sous  le  Flysch  de  l'Embrunais,  ou,  en  d'autres 
termes,  que  la  ligne  axiale  de  l'éventail  passe  graduellement,  en 
coupant  obliquement  les  plis,  de  la  zone  du  Briançonnais  dans  la 
zone  du  Flysch. 

Quant  à  la  zone  des  Schistes  lustrés,  qui,  nous  venons  de  le 
rappeler,  s'enfonce,  le  long  de  son  bord  occidental,  sous  la  zone  du 
Briançonnais,  elle  est  plissée  en  un  système  de  plis,  généralement 
isoclinaux  et  déversés  vers  l'Italie  ;  et  elle  repose  à  l'est  sur  des 
terrains  métamorphiques  (schistes  et  quartzites  cristallins,  gneiss 
graphitiques),  longtemps  attribués   au  Prépaléozoïque  (5),   mais 

11)  Lory.  Descript.  géolog.  du  Dauphiné,  passiin  ;  et  B.  S.  G.  /■'.,  3»  série,  t.  IX. 

(2)  Kilian.  Hull.  des  Services  de  la  Carie  géolog.,  t.  X,  1898-1)9,  p.  199. 

(3)  Kilian  et  Lugeon.  C.  R.  àc.  Sc.f  séance  du  1  janvier  1899. 

(4)  Kilian  et  Haucj.  Bull,  des  Services  de  la  Carte  géolog. ,  t.  X,  1898-99,  p.  198. 

(5)  Zaccagna.  Sulla  geologia  délie  Alpi  occidentale  1888,  texte,  carte  et  coupes. 


1899  LES   NAPPES   DE   RECOUVREMENT   DU   BRIANÇONNAIS  49 

dont  l'âge  permo-carbonifère,  indiqué  dès  1894  par  M.  Marcel  Ber- 
trand (1),  semble  s'avérer  de  jour  en  jour  (2).  Les  Schistes  lustrés 
eux-mêmes  représentent,  selon  toute  probabilité,  un  faciès  parti- 
culier du  Trias  supérieur  et  du  Lias.  Je  ne  connais  du  moins  aucune 
observation  qui  infirme  à  cet  égard  les  preuves  accumulées  par 
MM.  Marcel  Bertrand  (3),  Franchi  et  I)i  Stefano  (4),  Kilian  et  Zûr- 
cher  (5). 

La  carte  ci-contre  (fig.  1)  montre  les  limites  des  différentes 
zones,  entre  les  parallèles  de  Saint-Jean-de  Maurienne  et  de  Guil- 
lestre.  Pour  le  tracé  de  ces  limites,  nous  nous  sommes  aidés  des 
travaux  de  M.  Kilian  (6). 

Ebauchée  par  Lory  (7),  grandement  perfectionnée  par  MM.  Lâchât 
et  Potier  (8)  et  par  M.  Zaccagua  (9),  puis  précisée,  et,  sur  certains 
points,  renouvelée  par  M.  Kilian  (10),  la  stratigraphie  de  la  partie  de 
la  zone  briançonnaise  comprise  entre  l'Arc  et  le  Guil  est  aujour- 
d'hui bien  connue.  Il  me  suffira  d'énumérer  les  terrains  qui  affleu- 
rent dans  la  région,  en  rappelant  brièvement  leurs  caractères. 

Le  Hodiller  est  presque  partout  à  l'état  de  grès  (gi%è$  à  anthracite 
de  Lory)  assez  grossiers,  où  abondent  les  paillettes  détritiques  de 
mica.  Il  s'y  trouve  aussi  des  bancs  de  poudingues  à  galets  de  quartz, 
et  des  assises  schisteuses,  de  couleur  noire  ou  grise.  Les  empreintes 
végétales  sont  fréquentes,  et  appartiennent,  le  plus  souvent,  à  la 

(i)  Marcel  Bertrand.  Etudes  géologiques  dans  les  Alpes  françaises.  B.  S.  G.  F., 
3'  série,  t.  XXII,  p.  69  et  suiv. 

(2)  Novarese.  I  giacimente  di  grafite  délie  Alpi  Cozle.  Boll.  del  R.  Comilato 
g  coing.,  1898,  n*  1.  —  Kilian.  liull.  des  Services  de  la  Carte  géolog.,  t.  X,  1898- 
1899,  p.  200. 

(3)  Marcel  Bertrand.  Loch  citato,  p.  119  et  suiv. 

(4)  Franchi  et  di  Stefano.  Sull  ctà  di  alcuni  calcari  e  calcescisti  fossiliferi  délie 
valli  Grana  e  Ma  ira  nelh»  Alpi  Cozle.  Boll.  del  H.  Comitato  geotog.,  18%,  n°2. 

(5)  Kilian  et  Zûrcher.  Hull.  des  Services  de  la  Carte  géolog.,  t.  X,  1898-99, 
p.  208. 

(6)  Kilian.  Feuille  de  Saint-Jean-de-Maurienne  (Carte  géologique  détaillée  de 
la  France),  et  minute  de  la  feuille  de  Briançon. 

(7)  Lory.  Descript.  géolog.  du  Dauphiné,  3P  partie,  1884. 

(8)  Communications  inédites  et  levés  géologiques  en  minute. 

(9)  Zaccagna.  Sulla  geologia  délie  Alpi  occidental^  1888,  pusslm. 

(10)  Kilian.  Notes  sur  l'histoire  et  la  structure  géologique  des  chaînes  alpines  de 
la  Maurienne,  du  Briançonnais  et  des  régions  adjacentes,  B.  S.  G.  F.,  3*  série, 
t.  XIX,  p.  571.  —  Sur  l'existence  du  Jurassique  supérieur  dans  le  massif  du 
Grand-Galibier,  ibid.,  t.  XX,  p.  21.  —  Kilian  et  Révil.  Description  géologique 
de  la  vallée  de  Valloire  et  de  quelques  massifs  adjacents.  Hull.  de  la  Soc.  d'fiist. 
naturelle  de  Savoie.  Chambéry,  1899. 

20  Avril  1899.  —  T.  XXVII.  Bull.  Soc.  Géol.  Fr.  —  4 


P.    TERMIER 


Fiji.  1.  —  Limites  rcsppctivfs  ries  quatre  jih\i-b  alpines  dans  ta  riyloo 

de  Rrlançnn.  —  Echelle  de  1/ii0O.00O\ 


1899  LES  NAPPES   DE   RECOUVREMENT  DU   BRIANÇONNAIS  51 

flore  de  la  base  du  Stéphanien,  quelquefois  à  celle  du  sommet  du 
Westphalien.  M.  Lâchât  (1)  a  trouvé  : 

Aux  Gardéolles,  Sphenopteris  Hœninghausi,  avec  nombreux 

Sigillaires  à  côtes; 
Au  Freyssinet,  Lepidodendron,  Stigmaria; 
APuy-du-Cros,  Necropteris,  Lepidodendron,  Calamités  Suckowi; 
A  Villard-Saint-Pancrace,  Calamités  Cisti; 
A  Puy-Saint- André,  Asterophylli tes, Sigillaires  tessellées,Annu- 

laria; 
A  Saint-Martin-de-Queyrières,  Calamités  Cisti. 

Les  assises  houillères  n'ont  subi,  dans  la  plupart  des  cas,  aucun 
métamorphisme.  Sur  certains  points,  cependant,  où  le  laminage  a 
été  particulièrement  intense,  il  y  a  développement  de  mica  blanc 
et  de  quartz  secondaires  ;  mais  nulle  part  ce  métamorphisme  dyna- 
mique n'arrive  à  effacer  le  caractère  élastique  des  dépôts. 

L'épaisseur  apparente  du  Houiller  est  très  grande  dans  les  envi- 
rons même  de  Briançon,  le  long  de  la  Durance  et  de  la  Guisanne; 
elle  semble  augmenter  encore  quand  on  marche  vers  le  nord,  vers 
Névache  et  la  Maurienne.  Mais  quand  on  s'approche  du  bord  ouest 
de  la  zone  du  Briançonnais,  on  voit  cette  épaisseur  apparente  dimi- 
nuer très  rapidement  :  le  Houiller  ne  forme  plus  alors,  à  la  base 
des  écailles,  que  de  minces  lames,  ou  même  des  lentilles  disconti- 
nues. Quelle  relation  y  a-t-il  entre  l'épaisseur  apparente  et  la  puis- 
sance réelle?  C'est  là  une  question  à  laquelle  nous  ne  pourrons 
sans  doute  jamais  répoudre,  à  cause  de  l'étonnante  complexité  de 
la  structure.  Tout  ce  que  l'on  peut  dire,  c'est  que,  dans  la  plus 
grande  partie  du  bassin  où  il  s'est  déposé,  le  Houiller  devait  être 
fort  épais.  On  ne  s'expliquerait  pas,  s'il  en  eût  été  autrement,  ce 
fait  singulier  que  les  terrains  cristallins  anciens,  sur  lesquels  se 
sont  déposées  les  assises  houillères,  n'apparaissent  presque  jamais 
à  la  base  des  écailles.  Du  Plan-de-Phazy,  où  Lory  (2)  (et  après  lui 
M.  Kilian)  (3)  a  signalé  l'affleurement  d'une  bande  de  granité,  jus- 
qu'à Villarly,  près  Moutiers,  où  M.  Kilian  (4)  a  retrouvé  un  petit 
affleurement  de  micaschistes  contigu  à  un  affleurement  houiller,  les 
terrains  cristallins  anciens  ne  se  montrent  en  aucun  point  de  la 

(1)  Lettre  de  M.  Lâchât  à  l'auteur. 

(2)  Lory.  Descr.  géolog.  du.  Dauphiné.  §  582  (p.  563). 

(3)  Kilian  et  Termier.  D.  S.  G.  F.y  3-  série,  t.  XXVI,  p.  357. 

(4)  Kilian    Feuille  Saini l-Jean-de- Maurienne  dv  la  Carte  géologique  détaillée 
de  la  France. 


52  p.  termier  20  Févr. 

zone  du  Briançonnais  :  et  il  n'y  a  pas  moins  de  80  kilomètres  du 
Plan-de-Phazy  à  Villarly. 

M.  Kilian  (1)  a  rapporté  au  Permien  des  assises  bigarrées  qui 
s'intercalent  çà  et  là,  entre  les  grès  houillers  et  les  quartzites  du 
Trias.  Ce  sont,  le  plus  souvent,  des  conglomérats  à  galets  de  quartz 
rose  et  de  quartz  blanc,  débris  plus  ou  moins  kaolinisés  de  felso- 
phyres  violets,  et  ciment  lie-de-vin  ou  verdàtre.  Ces  conglomérats 
rappellent  le  verrucano  (serniiit)  du  canton  de  Glaris.  Il  s'y  mêle 
des  schistes  rouges  et  verts  à  mica  élastique.  Le  passage  aux  quart- 
zites du  Trias  se  fait  habituellement  par  des  grès,  blancs  et  roses, 
plus  ou  moins  quartziteux. 

Le  Trias  (2)  comprend  plusieurs  termes,  dont  deux  seulement 
ont  la  signification  d'horizons  précis  :  les  quartzites  et  les  calcaires 
dits  à  Gyroporelles.  Les  quartzites  marquent  incontestablement  la 
base  du  Trias.  Les  calcaires  (calcaires  du  Briançonnais,  pro  parte 
maximâ,  de  Lory)  se  relient,  sans  aucun  doute  possible,  à  ceux 
dans  lesquels  MM.  Bruno,  Diener,  Mattirolo,  Portis  et  Zaccagna, 
ont  découvert  quelques  fossiles  du  Muschelkalk  :  ils  se  rattachent, 
d'autre  part,  à  nos  calcaires  francs  du  massif  de  la  Vanoise.  Ce 
niveau  est  marqué  du  symbole  t,  sur  la  carte  géologique  détaillée 
de  la  France.  Les  calcaires  en  question  ne  sont  que  faiblement  sili- 
ceux et  magnésiens. 

Entre  les  quartzites  tM  et  les  calcaires  t,  s'intercalent  généralement 
des  calcaires  en  plaquettes,  des  marbres  phylliteux,  des  schistes 
verdâtres  ou  roses,  avec  cargneules  et  gypse.  Ce  niveau  a  été 
attribué  au  Muschelkalk  inférieur  (tj.  Son  épaisseur  est  très 
réduite  au  nord  de  Briançon  (d'après  M.  Kilian).  Il  semble  au  con- 
traire très  épais  dans  le  massif  de  Pierre-Eyrautz.  Mais  l'âge  des 
terrains  en  question  n'est  pas  connu  d'une  façon  précise.  De  plus, 
M.  Kilian  croit  que  des  dépôts  d'une  nature  analogue  (schistes, 
cargneules  et  gypse)  forment,  eu  certains  points,  le  sommet  du 
Trias. 

J'ai  rapporté  à  ce  Muschelkalk  inférieur  (tj,  sans  avoir  toutefois 
aucune  preuve  certaine,  les  marbres  en  plaquettes,  légèrement 
phylliteux,  que  l'on  peut  suivre  d'une  façon  continue,  de  Monètier 
à  l'Argentière  (Grande-Cucumelle.  versant  ouest  des  Neyzets,  base 
de  la  chaîne  de  Montbrison).  Ces  marbres  ne  contiennent  que  fort 
peu  de  magnésie.  Ils  sont  habituellement  très  siliceux  (de  10  à  25% 
SiO2),  et  passent  localement  à  des  schistes  gris,  violets  ou  noirs 

(1)  Kilian.  B.  S.  G.  F.,  3e  série,  t.  XIX,  p.  581. 
[i)  Id.  lbid.,  p.  585  et  «uîv. 


1899  LES   NAPPES   DE   RECOUVREMENT   DU   BHIANÇONNAIS  5'J 

(gorges  de  la  Durance,  près  de  Viliard-Meyer).  D'après  M.  Lugeon, 
ces  mêmes  marbres  en  plaquettes  jouent  un  grand  rôle  dans  la 
constitution  du  massif  de  Pierre-Eyrautz.  H  est  fort  possible  qu'une 
partie  d'entre  eux  soit  une  manière  d'être  locale  des  calcaires  dits 
à  Gyroporelles. 

Le  Lias  présente  plusieurs  faciès.  Tantôt  il  est  à  l'état  de  brèche 
calcaire  ou  de  conglomérat  à  ciment  calcaire  (brèche  du  Télégraphe, 
de  M.  Kilian).  En  général,  cette  brèche  ne  renferme  pas  d'autres 
fragments  ou  d'autres  galets  que  des  fragments  ou  des  galets  de 
calcaire  triasique  (Les  Vigneaux,  arête  entre  la  Tète  d'Amont  et  la 
Salcette,  Rocher  Bouchard);  à  Prorel,  elle  est  remplacée  par  un 
conglomérat  où  abondent,  avec  les  galets  calcaires,  les  galets  de 
quartzites  et  même  de  micaschistes.  La  dimension  des  galets,  habi- 
tuellement inférieure  à  10  centimètres,  atteint  parfois  plusieurs 
mètres  aux  Vigneaux  et  à  Prorel  (les  galets  de  quartzites  roses  du 
conglomérat  de  Prorel  ont  très  fréquemment  2  ou  3  mètres,  et 
quelquefois  jusqu'à  6  mètres  de  grand  axe). 

Ailleurs,  le  Lias  est  constitué  par  des  calcaires  noirs  (1),  sillonnés 
de  veines  spathiques  et  alternant  avec  des  bancs  schistoïdes  égale- 
ment foncés,  ou  même  avec  de  vrais  schistes  argileux  noirs  (route 
de  l'Argentière  aux  Vigneaux,  col  de  TEychauda).  M.  Kilian  a 
trouvé  Pentacrinus  tuberculatus  dans  les  calcaires  noirs  de  ce  type, 
au  col  de  l'Eychauda.  Sur  le  versant  Ouest  de  La  Condamine,  les 
calcaires  noirs  en  plaquettes,  alternant  avec  des  schistes,  con- 
tiennent des  gastéropodes  indéterminables  et  des  entroques.  M. 
Kilian  (2)  a  signalé  le  fait  très  important  de  l'association,  sur  la 
route  de  l'Argentière  aux  Vigneaux,  du  faciès  calcaire  etschistoïde, 
d'une  part  avec  le  faciès  brèche  du  Télégraphe,  d'autre  part  avec  un 
faciès  coralligène. 

A  Vallouise,  le  Lias,  extrêmement  puissant,  est  formé  de  cal- 
caires compacts,  d'un  gris  clair,  alternant  avec  des  dalles  et  des 
plaquettes  grises,  plus  rarement  avec  de  petits  bancs  de  schistes 
noirs.  Ces  calcaires  sont  fréquemment  pétris  d'entroques  et  de 
débris  de  fossiles.  Ils  ressemblent  au  calcaire  coralligène  des  Vi- 
gneaux, et  aussi  à  certains  bancs  à  entroques  du  versant  ouest  de 
la  Condamine.  Mais  leur  puissance,  leur  couleur  claire,  leur  com- 
pacité, en  font  un  type  très  spécial  du  Lias  briançonnais.  Ce  Lias 
de  Vallouise  forme  la  base  du  paquet  d'écaillés  (et  repose,  par  con- 
séquent, sur  le  Flysch),  depuis  l'escarpement  qui  domine  à  l'est  le 

(1)  Kilian.   B.  S.  G.  F.,  3-  série,  t.  XIX,  p.  607. 

(2)  Kxuav.  Ibid.,  p.  607. 


54  p.  termier  20  Févr. 

hameau  des  Choulières,  jusqu'au  voisinage  de  la  Tète  d'Oréac,  sur 
une  longueur  totale  d'environ  sept  kilomètres. 

Le  Malm  présente  dans  toute  la  région  le  faciès  dit  de  Guillestre  (1). 
L'extension  de  ce  faciès  au  nord  de  la  vallée  du  Guil  a  été  signalée 
en  1891  et  en  1892  par  M.  Kilian  (2).  Il  est  caractérisé,  soit  par  des 
calcaires  amygdalaires  roses  ou  lie  de-vin  (marbre  de  Portor),  soit 
par  des  marbres  blancs,  ou  bleuâtres,  ou  blauc-violacés.  Ces  divers 
termes  alternent  parfois  entre  eux,  ou  alternent  avec  des  schistes 
friables,  d'un  gris  clair  ou  d'un  rose  clair,  ou  rouges.  La  cassure 
des  marbres  et  des  calcaires  est  esquilleuse  (avec  esquilles  translu- 
cides) et  rappelle  la  cassure  du  silex,  parfois  même  celle  de  l'opale. 
Certains  bancs  contiennent  des  silex.  Beaucoup  renferment  des 
nodules  ou  des  veines  d'une  limonite  siliceuse.  Des  calcaires  gris 
bleuâtres  et  même  des  calcaires  noirs,  d'apparence  triasique,  s'asso- 
cient parfois  aux  marbres  et  aux  schistes.  Les  fossiles  (Aptyclius, 
Ammonites,  Crinotdes,  Duvalia),  parfois  assez  abondants,  se  rencon- 
trent dans  les  marbres  roses,  lie-de-vin,  blancs,  blanc-bleuâtres, 
blanc- violacés. 

Les  marbres  (quand  ils  n'ont  pas  été  réduits  en  plaquettes  par  le 
laminage)  se  laissent  facilement  distinguer  des  calcaires  triasiques. 
Us  se  présentent  en  gros  bancs  très  compacts,  montrant  de  loin 
une  couleur  plus  blanche  que  les  calcaires  du  Trias,  et  prenant, 
aux  affleurements,  par  érosion  chimique,  des  formes  arrondies. 
Ces  gros  bancs  ont  fréquemment  10  mètres,  et  quelquefois  même 
20  mètres,  de  puissance.  Le  phénomène  des  lapiez  y  est  fréquent. 
Quand  il  y  a  plusieurs  de  ces  bancs  (Montbrison,  Condamiue),  ils 
sont  habituellement  séparés  par  des  schistes  rouges,  roses  ou  gris, 
et  ces  iutercalations  sont  assez  épaisses  pour  donner  lieu  à  des 
formes  d'érosion  très  spéciales.  Les  calcaires  du  Trias  (calcaires 
dits  à  Gyroporelles)  forment  un  ensemble  beaucoup  plus  puissant 
et  beaucoup  plus  homogène. 

Si  l'on  étudie  dans  le  détail  les  très  nombreux  affleurements  de 
Malm  de  la  région,  on  constate  qu'il  y  a,  de  l'un  à  l'autre,  des  diffé- 
rences de  faciès  qui  tiennent  surtout  à  la  prédominance  de  tel  ou 
tel  genre  d'assises.  Ici,  les  marbres  blancs,  ou  violacés,  sont  pré- 
pondérants; ailleurs,  ce  sont  les  schistes;  ailleurs,  les  marbres 
roses.  Mais  il  y  a  deux  caractères  qui  ne  manquent  presque  jamais 

(1)  Lohy.  II.  S.  G.  F.,  3*  série,  t.  XII,  p.  147.  —  Collot.  Descr.  géol.  des  envi- 
rons d'Aix-en- Provence,  1880,  p.  149. 

(2)  Kilian.   Sur  l'existence  du  Jurassique  supérieur  dans  le  massif  du  Grand- 
Galibier.  B.  S.  G.  F.,  3*  série,  t.  XX,  p.  21  et  sulv.  —  Id.  Ibid./S*  série,  t.  XIX,  1891. 


1899  LES  NAPPES   DE   RECOUVREMENT   DU    BRIANÇONNA1S  55 

et  qui  me  semblent  être,  par  suite,  les  traits  pétrographiques  essen- 
tiels du  faciès  de  Guillestre  :  la  compacité  des  marbres,  et  la  bigar- 
rure des  assises  dans  les  tons  roses,  violets,  gris  et  blancs. 

L'épaisseur  apparente  du  Malm  briançonnais  est  presque  tou- 
jours assez  faible  (50  à  60  mètres).  A  La  Condamine  et  au  Sablier, 
où  il  n'y  a,  selon  toute  vraisemblance,  ni  reploiement  des  couches, 
ni  laminage  intense,  la  puissance  varie  entre  60  et  80  mètres.  Sur 
quelques  points  (montagne  de  la  Croix  d'Aquilla,  Montbrison,  Tète. 
d'Amont),  le  Malm  est  beaucoup  plus  épais  (jusqu'à  300  mètres)  : 
mais  cette  exagération  de  puissance  apparente  me  semble  due  à 
des  reploiements  multipliés. 

Le  Flysch  qui  forme  le  substratum  de  la  zone  du  Briançonnais 
(substratum  réel  ou  supposé)  a  des  caractères  assez  constants.  C'est 
une  alternance  de  grès  plus  ou  moins  fins,  de  grès  assez  grossiers, 
de  schistes  gréseux  micacés,  et  de  schistes  fins  de  couleur  grise  ou 
noire.  Dans  l'ensemble,  les  grès  forment  l'élément  prépondérant. 
Ce  complexe  repose  sur  des  schistes  argileux  fins  (exploités  pour 
ardoises  dans  les  hautes  vallées  de  l'Onde  et  du  Fournel),  qui  sont 
eux-mêmes  séparés  des  terrains  cristallins  du  Pelvoux  par  une 
faible  épaisseur  de  calcaire  à  petites  nummulites  (faune  de  Faudon) 
et  par  quelques  mètres  d'une  assise  gréseuse  grossière,  ou  d'un 
véritable  conglomérat  à  galets  granitiques. 

Dans  l'intérieur  de  la  zone  du  Briançonnais,  c'est-à-dire  à  l'est 
de  la  bande  oligocène  qui  va  d'Embrun  aux  Aiguilles  d'Arves,  le 
Flysch  apparaît  çà  et  là,  sur  le  Malm,  ou  sur  les  calcaires  du  Trias. 
Mais  il  présente  alors  un  faciès  un  peu  différent.  Les  grès  grossiers 
y  font  totalement  défaut,  ou  du  moins  n'y  jouent  plus  qu'un  rôle 
très  secondaire.  La  prépondérance  appartient  à  des  schistes  quart- 
ziteux,  parfois  micacés,  de  couleur  foncée  (brune,  rouge,  verte  ou 
grise).  Ces  plaquettes  siliceuses  sont  fréquemment  ondulées.  Des 
veinules  de  quartz  blanc  les  traversent  dans  tous  les  sens.  Des 
schistes  argileux  et  micacés,  à  clivage  luisant,  habituellement  de 
couleur  noire,  alternent  avec  les  plaquettes  en  question.  On  observe 
aussi,  mais  rarement,  de  petits  bancs  d'un  calcaire  siliceux,  parfois 
un  peu  magnésien,  assez  semblables  à  certains  bancs  triasiques.  Le 
type  de  ce  Flysch  (dont  les  dépôts  ont  un  caractère  beaucoup  moins 
littoral  que  ceux  du  Flysch  de  l'Embrunais)  se  trouve  dans  les 
montagnes  de  l'Eychauda,  de  Serre-Chevalier  et  de  Prorel.  A  La 
Condamine  et  au  Sablier,  des  dépôts  tout  à  fait  analogues  à  ceux 
de  Prorel  s'associent,  d'une  part  à  des  grès  identiques  à  ceux  de 
l'Embrunais,  d'autre  part  à  de  petits  bancs,  sans  grande  continuité, 


56  p.  termikr  20  Févr. 

d'un  calcaire  siliceux  passant,  par  dissolution,  à  des  sortes  de  car- 
gneules. 

Un  troisième  faciès  du  Flysch  se  rencontre  à  l'Eychauda  et  à 
Serre-Chevalier,  au  milieu  des  schistes  cristallins  qui  forment  ce 
que  j'appellerai  plus  loio  la  quatrième  écaille.  Ce  sont  des  conglo- 
mérats à  galets  de  schistes  cristallins,  et,  plus  rarement,  à  galets 
triasiques  et  liasiques.  Je  n'y  ai  pas,  jusqu'ici,  rencontré  de  galets 
de  Malm.  La  grosseur  des  galets  indique  ud  dépôt  côtier;  et,  sur 
la  côte  où  se  sont  formés  ces  dépôts,  il  affleurait  surtout  des  assises 
cristallines.  Les  galets  cristallins  dont  il  s'agit  ici  ne  viennent  pas 
du  Pelvoux  :  ils  sont  arrachés  à  des  schistes  identiques  à  ceux  de 
la  quatrième  écaille. 

J'aurai  terminé  cette  brève  revue  de  la  stratigraphie  briançon- 
naise  quand  j'aurai  mentionné  les  Schistes  cristallins  de  la  qua- 
trième écaille.  J'ai  décrit  ces  schistes  —  et  aussi  les  conglomérats 
tertiaires,  et  les  gneiss  et  amphibolites  associés  —  dans  un  mémoire 
publié  ici  même  en  1895  (1).  Je  n'at  presque  rien  à  changer  à  la 
partie  pétrographique  de  cette  étude.  Il  est  certain  qu'il  y  a  «ne 
liaison  très  intime  entre  les  conglomérats  dont  j'ai  parlé  à  l'alinéa 
précédent,  et  dont  l'âge  tertiaire  n'est  guère  douteux,  et  les  schistes 
cristallins  eux-mêmes.  Il  est  certain  aussi  que,  là  où  les  conglomé- 
rats sont  laminés  (et  le  cas  est  fréquent),  le  ciment  de  ces  conglo- 
mérats devient  très  métamorphique,  au  point  que  l'on  ne  peut  plus 
le  distinguer,  sous  le  microscope,  d'avec  un  schiste  cristallin.  Mais 
de  nouvelles  observations  m'obligent  néanmoins  à  modifier  l'opi- 
nion que  j'exprimais  en  1895,  et  je  ne  puis  plus  conclure,  comme 
je  le  faisais  alors,  en  attribuant  au  Tertiaire  l'ensemble  des  terrains 
cristallins  en  question,  y  compris  les  gneiss  et  les  amphibolites. 

Ma  conclusion  actuelle  est  que  j'ignore  l'âge  de  ces  terrains  cris- 
tallins, mais  qu'ils  sont  inséparables  des  roches  vertes  et  micaschistes 
intercalés  dans  les  Schistes  lustrés.  Je  réserve  toutefois,  dans  l'affir- 
mation qui  termine  la  phrase  précédente,  le  cas  des  gneiss  de  Serre- 
Chevalier,  qui  pourraient,  à  la  rigueur,  être  plus  anciens.  Quel  que 
soit  l'âge  des  roches  vertes  des  Schistes  lustrés,  il  me  paraît  certain 
que  cet  âge  est  antérieur  à  l'Oligocène;  car  je  crois  que  les  conglo- 
mérats de  l'Eychauda  sont  une  forme  du  Flysch,  et  les  roches  cris- 
tallines en  question  affleuraient  déjà,  et  sous  le  même  état  physique 
qu'aujourd'hui,  quand  ces  conglomérats  se  sont  formés. 

(1)  Sur  les  terrains  cristallins,  d'âge  probablement  tertiaire,  des  montagnes  de 
l'Eychauda,  de  Serre-Chevalier  et  de  Prorel.  —  B.  S.  G.  F.,  &  série,  t.  XXIII, 
p    372  et  suiv. 


1899  LES  NAPPES   DE  RECOUVREMENT   DU  BRIANÇONNAIS  57 

• 

La  raison  qui  me  détermine  à  rattacher  (contrairement  à  l'opi- 
nion que  j'ai  autrefois  émise)  Jes  schistes  cristallins  de  l'Eychauda 
et  de  Serre- Chevalier  aux  roches  vertes  des  Schistes  lustrés  gît 
dans  la  découverte  de  deux  faits  nouveaux,  tous  deux  certains.  Eu 
premier  lieu,  il  y  a,  à  la  hase  des  lambeaux  cristallins,  une  lame 
de  Houiller,  de  Perraien  ou  de  Trias,  qui  prouve  que  ces  lambeaux 
(contrairement  à  ce  que  je  croyais  en  1895)  ne  sont  pas  en  place;  et, 
comme  ils  ne  peuvent  venir  que  de  Test,  ils  viennent  de  la  région 
des  Schistes  lustrés.  En  second  lieu,  M.  Kilian  a  découvert,  dans  le 
courant  de  l'été  dernier,  à  l'Alpet,  au  nord  du  Mont-Genèvre,  sur 
les  confins  de  la  zone  des  Schistes  lustrés,  des  schistes  cristallins 
identiques  à  ceux  de  l'Eychauda,  associés  aux  mêmes  conglomérats 
à  galets  cristallins  et  triasiques  ;  et,  en  revenant  ensemble  à  ce  gise- 
ment de  l'Alpet,  nous  avons  constaté,  M.  Kilian  et  moi,  que  ces 
schistes  cristallins  passent,  vers  le  nord,  à  des  roches  micacées  et 
chloriteuses,  semblables  à  celles  qui  s'intercalent  dans  les  Schistes 
lustrés,  lesquelles  roches,  sous  l'arête  du  col  de  la  Lauze,  alternent 
avec  des  calcaires  triasiques  en  plaquettes  et  des  calcschistes.  Quel- 
ques jours  plus  tard,  M.  Kilian  a  retrouvé  les  mêmes  schistes  cris- 
tallins, intercalés  dans  des  calcaires  triasiques  passant  aux  Schistes 
lustrés,  en  deux  autres  points  (1)  de  la  région  briançonnaise,  situés 
aussi  sur  les  confins  des  zones,  au  col  Tronchet,  et  près  de  Villar- 
gaudin. 

Je  prie  le  lecteur  de  vouloir  bien  remarquer  qu'en  disant  que 
j'ignore  l'âge  des  roches  vertes  des  Schistes  lustrés,  je  n'entends 
pas  jeter  le  doute  sur  l'âge  des  Schistes  lustrés  eux-mêmes.  Je  con- 
sidère, avec  MM.  Marcel  Bertrand  et  Kilian,  que  ces  schistes  lustrés 
sont  un  faciès  du  Trias  supérieur  et  du  Lias.  Mais  je  regarde  comme 
peu  vraisemblable  l'hypothèse  de  la  contemporanéité  des  schistes 
et  des  roches  vertes,  et  je  crois  que  ces  dernières  (qui  ont  souvent 
des  structures  de  roches  abyssiques  ou  hypo  abyssiques)  sont  en 
nappes  intrusives  au  milieu  des  schistes. 

Ayant  ainsi  rappelé  sommairement  la  stratigraphie  de  la  contrée, 
j'arrive  à  mon  essai  de  démonstration. 

J'établirai  successivement  : 

1°  Que  les  lambeaux  de  l'Eychauda  et  de  Serre-Chevalier  (qua- 
trième écaille)  sont  des  témoins  d'une  nappe  venue  de  l'est  ; 

2°  Que  le  substratum  de  ces  lambeaux  est  un  paquet  d'écaillés, 

(1)  Kiuan.  Sur  divers  faits  nouveaux  de  la  géologie  des  Alpes  dauphinoises. 
C.  H.Ac.  Sc.y  7nov.  1898. 


58  p.  termiek  20  Févr. 

paquet  plissé  lui-même  après  l'empilement,  et  que  le  nombre  des 
écailles  ainsi  empilées,  variable  sans  doute  d'un  point  à  l'autre  de 
la  zone  du  Briançonnais,  semble  être  de  trois  (lre,  2e  et  3e  écailles) 
dans  la  région  comprise  entre  Vallouise  et  Briançon; 

3°  Que,  pour  rendre  compte  des  faits,  deux  hypothèses,  et  deux 
seulement,  viennent  à  l'esprit,  et  que  l'une  d'elles  se  heurte  à  de 
très  graves  difficultés  ; 

4°  Qu'au  contraire,  la  deuxième  hypothèse,  celle  que  je  propose, 
fournit,  de  la  tectonique  locale,  une  explication  plus  vraisemblable, 
et  qu'en  outre,  elle  s'arrange  de  façon  assez  séduisante  avec  ce  que 
nous  savons  de  la  géologie  des  Alpes  Occidentales. 

§  I .  —  Lambeaux  de  l'Eychauda  et  de  Serre-Chevalier. 

Ces  lambeaux  sont  représentés,  sur  la  carte  au  80.000e  de  la  PI.  I, 
par  un  figuré  spécial,  et  désignés,  dans  la  légende  de  cette  carte, 
sous  le  nom  de  quatrième  écaille.  On  voit  qu'ils  sont  au  nombre  de 
trois,  et  qu'ils  occupent  la  partie  haute  des  montagnes  comprises 
entre  Briançon  et  la  vallée  de  l'Eychauda. 

Les  trois  lambeaux  sont  composés,  presque  partout,  d'assises  à 
peu  près  horizontales  ou  plongeant  faiblement  vers  le  nord-est.  Ils 
reposent  habituellement  sur  le  Flysch  (schistes  quartziteux  de  cou- 
leur foncée,  brune,  verte  ou  noire,  schistes  à  mica  détritique, 
schistes  argileux  ou  siliceux  versicolores),  qui,  lui-même,  repose 
sur  le  Malm.  En  quelques  points  cependant,  le  Flysch  disparaît  en 
s'étirant  :  la  base  des  lambeaux  confine  alors  au  Malm.  Le  Malm 
peut  s'étirer  à  son  tour,  et  la  base  des  lambeaux  confiner  au  Trias  : 
mais,  en  suivant  l'affleurement  de  cette  base,  on  voit  bientôt  repa- 
raître ou  le  Malm,  ou  le  Flysch. 

Grâce  à  l'érosion,  l'affleurement  de  la  base  des  lambeaux  peut 
être  suivie  (et  je  l'ai  suivie  minutieusement)  sur  une  longueur 
totale  d'environ  20  kilomètres.  Sur  les  trois  quarts,  au  moins,  de 
ce  parcours  total,  on  voit  le  Flysch  former  le  substratum. 

Le  plus  grand  des  trois  lambeaux,  celui  de  Test  (Serre-Chevalier, 
Prorel)  a  été  percé  par  l'érosion,  et  l'on  voit  apparaître,  dans  son 
intérieur,  sur  une  surface  d'environ  un  kilomètre  carré,  le  même 
substratum  de  Flysch,  Malm  et  Trias,  qui  s'observe  sur  le  pourtour 
extérieur.  Près  de  cette  grande  déchirure,  le  substratum  perce 
encore,  à  travers  les  terrains  du  lambeau,  sur  le  chemin  qui  mène 
au  col  de  la  Ricelle,  et  l'on  voit  alors  pointer,  sous  les  terrains  du 
lambeau,  des  affleurements  de  Malm,  de  Lias  ou  de  Trias. 


1899  LES   NAPPES   DE   RECOUVREMENT   DU   BRIANÇONNAIS  59 

Le  long  de  son  bord  nord,  au  voisinage  du  point  1912  de  la  carte,  le 
lambeau  de  Serre-Chevalier  s'enfonce  nettement  (avec  une  pente 
d'environ  20°  au  nord)  sous  des  terrains  variés,  Flysch,  Malin, 
Trias,  identiques  aux  terrains  du  substratum,  et  formant  une  série 
renversée.  Tout  se  passe  comme  si  le  substratum  du  lambeau  et  le 
lambeau  lui-même  étaient  ployés  en  un  synclinal  dirigé  est  ouest 
et  fortement  couché  vers  le  sud.  L'étude  du  substratum  montre 
qu'il  en  est  bien  ainsi.  Ce  substratum  des  trois  lambeaux  est  ployé 
en  une  série  de  plis  peu  continus  et  de  direction  un  peu  sinueuse  : 
un  synclinal,  dont  le  Flysch  forme  l'àme,  va  des  Guibertesà  Fréjus, 
par  le  col  situé  immédiatement  à  Test  de  la  Cucumelle;  un  autre 
synclinal  va  de  Villeneuve  au  point  1912,  et  l'àme  de  ce  deuxième 
synclinal  est  formée  par  le  lambeau  de  Serre-Chevalier;  entre  ces 
deux  synclinaux,  court,  de  Freyssinet  uu  point  2143,  un  anticlinal 
qui  fait  affleurer  les  quartzites  du  Trias,  mais  cet  anticlinal  s'atté- 
nue brusquement  au  sud  de  ce  dernier  point  et  finit  même  par 
disparaître. 

Ainsi,  comme  je  l'ai  indiqué  en  1895,  la  partie  haute  du  socle  sur 
lequel  reposent  les  lambeaux  de  l'Eychauda  et  de  Serre-Chevalier 
est  formée  d'une  série  de  terrains  en  superposition  normale,  série 
qui  se  termine  par  le  Flysch.  Les  trois  lambeaux  sont  posés  tout 
au  sommet  de  cette  série,  exactement  comme  s'ils  la  continuaient, 
je  veux  dire  comme  si  leurs  assises  s'étaieut  réellement  déposées 
sur  celles  du  Flysch.  Le  socle  et  les  lambeaux  ont  été  plissés,  en 
plis,  sinueux  et  peu  continus,  dirigés,  d'une  façon  générale,  vers 
le  nord-nord-ouest,  et  fortement  couchés  vers  le  Pelvoux.  Le  lam- 
beau de  l'Eychauda,  qui,  à  l'Eychauda  même,  est  horizontal,  se 
prolongeait  vers  le  nord,  avant  l'érosion,  par  le  synclinal  qui  va 
de  Fréjus  aux  Guibertes.  Le  lambeau  de  Serre-Chevalier  forme  lui- 
même  l'âme  d'un  deuxième  synclinal  qui  va  du  poiut  1912  à  Ville- 
neuve ;  et  si  les  assises  horizontales  de  Serre-Chevalier  prolongent, 
au  moins  à  peu  près,  les  assises  horizontales  de  l'Eychauda,  c'est 
que  l'anticlinal  qui,  plus  au  nord,  sépare  les  deux  synclinaux 
dont  je  viens  de   parler,  disparaît  avant  d'arriver  sous  l'arête 

• 

Eychauda-Serre-Chevalier. 

Les  coupes  ci-dessous  (fig.  2)  résument  la  description  précédente. 
Les  lambeaux  de  l'Eychauda,  de  Serre-Chevalier  et  de  Prorel  y 
sont  représentés  comme  des  blocs,  sans  distinctions  fondées  sur  la 
nature  des  assises.  Dans  ces  trois  coupes,  tout  ce  qui  est  dessiné  en 
traits  pleins  résulte  directement  de  l'observation. 

Si  l'on  compare  la  dernière  de  ces  coupes  avec  la  coupe  Eychauda- 


00 


P.    TERMIER 


20  Févr. 


Prorel  que  j'ai  publiée  en  1895  (1),  on  verra  que  la  seule  différence 
essentielle,  en  ce  qui  concerne  les  lambeaux  et  la  partie  haute  de 
leur  socle,  est  relative  à  la  structure  de  Prorel.  Cette  montagne 
m'apparaissait,  en  1895,  comme  un  anticlinal  en  éventail.  Je  crois 
être,  aujourd'hui,  absolument  certain  que  les  schistes  du  Flysch 


s.s.o. 


Col 


Sommet  de 
l 'Eychanda 


N.N.e. 


.\j  \ 


sa 


Serre    - 
Chevalier 


N.E. 


Goudiaaard 
î^-*1   T  La  GuUaime 


Sommet  de 
l'EycheadM 


Cote  1SOO? 


Serre  - 
Chevalier 


E. 


Rporel 


f.V.'J    II  Mouiller. 
^^B   M   ^ffitlm. 


u    JMunieattœ  de 
'      l<t£?  écaille 


Fig.  2.  -  Coupes  à  travers  les  lambeaux  de  la  quatrième  écaille. 

passent  sous  Prorel,  et  que  la  niasse  de  calcaires  triasiques  et 
liasiques  qui  forment  le  sommet  en  question  fait  partie  intégrante 
du  lambeau  de  Serre-Chevalier.  C'est  donc  plus  à  Test,  et  proba- 
blement non  loin  de  la  duisanne,  que  passe  la  ligne  axiale  de 
l'éventail  alpin. 


[\)  B.  S.  C.  F.,  3»  série,  t.  XXIII,  planche  VII 


1899  LES  NAPPES   DE  RECOUVREMENT   DC   BRIANÇONNAIS  61 

Or,  ma  conclusion  (1),  en  1895,  était  que,  si  les  lambeaux  cris- 
tallins de  l'Ëychauda  et  de  Serre-Chevalier  n  étaient  pas  en  place, 
ils  appartenaient  à  un  anticlinal,  couché  vers  l'ouest,  et  s'enraci- 
nant  au  col  de  Prorel.  Je  considérais  d'ailleurs  cette  dernière  hypo- 
thèse comme  peu  vraisemblable,  et  j'indiquais  nettement  mes  pré- 
férences pour  la  solution  qui  supposait  les  lambeaux  en  place,  et, 
par  conséquent,  exclusivement  formés  de  couches  tertiaires.  J'eusse 
été  bien  plus  aflirmatif  encore,  si  j'avais  su  ce  que  je  sais  aujour- 
d'hui, à  savoir  que  le  Flysch  passe  sous  Prorel,  et  que  le  col  situé 
à  l'ouest  de  cette  montagne  (col  de  Prorel)  correspond  à  un  syn- 
clinal, et  non  pas  à  un  anticlinal.  Nous  allons  voir,  cependant, 
que  cette  solution  (lambeaux  cristallins  en  place)  ne  peut  plus  être 
admise  aujourd'hui,  et  qu'ainsi  Ton  est  obligé  de  faire  appel  à  l'un 
de  ces  charriages,  venus  de  l'ouest  ou  de  l'est,  que  je  rejetais,  en 
1895,  comme  tout  à  fait  invraisemblables. 

Examinons  en  effet  la  composition  des  trois  lambeaux,  posés  sur 
le  Flysch,  qui  constituent  ce  que  j'ai  appelé  la  quatrième  écaille. 

Le  lambeau  de  l'Ëychauda  comprend,  presque  partout,  à  sa  base, 
des  conglomérats  à  galets  de  schistes  cristallins,  de  quartz  blanc, 
plus  rarement  de  quartzites  permiens  ou  triasiques,  et  de  calcaires 
du  Trias  ou  du  Lias.  Le  ciment,  parfois  rougeàtre  et  chargé  d'héma- 
tite, est,  le  plus  souvent,  composé  de  petits  débris  des  mêmes 
roches.  Les  schistes  cristallins  des  galets  sont  rarement  feldspa- 
th iques.  Ils  sont  fort  différents  de  ceux  que  1  on  peut  trouver  sur  le 
bord  oriental  du  massif  du  Pelvoux  (2),  et  sont,  au  contraire,  iden- 
tiques à  ceux  qui  forment  les  assises  superposées  aux  conglomérats. 
Les  galets  de  vrais  gneiss  sont  très  rares.  Les  galets  que,  dans  ma 
description  de  1895,  j'ai  rapportés  à  la  «  grauulite  »,  sont  d'une 
roche  qui  ne  ressemble  point  aux  aplites  du  Pelvoux,  et  qui  est 
probablement  une  sorte  de  leptyuite.  Le  granité  du  type  Pelvoux 
fait  entièrement  défaut.  On  rencontre  assez  souvent  des  galets 
d'amphibolites,  et  le  type  de  ces  amphibolites  en  galets,  très  spécial, 
est  encore  le  même  que  celui  des  amphibolites  en  assises  régulières, 
superposées  aux  conglomérats. 

Au-dessus  de  ces  conglomérats  viennent  des  assises  cristallines, 
le  plus  souvent  quartzo-sériciteuses,  ou  quarlzo-chloriteuses,  et 

(1)  Ibid.,  p.  581. 

(2)  Je  rappelle  ici  que  le  bord  oriental  du  massif  du  Pelvoux  est  presque  exclu- 
sivement formé  de  roches  granitiques  (granité,  aplite,  microgranite),  ou  tout  au 
moins  très  feldspathiques  (gneiss  à  mica  noir,  gneiss  amphiboliquesj.  La  brèche  de 
base  du  NummuliUque  de  la  zone  du  Flysch  est  surtout  faite  de  galets  de  granité. 


62  p.  termier  •        20  Févr. 

pauvres  en  feldspaths,  quelquefois  formées  d'amphibolites  à  sphène, 
ou  d'un  mélange  allotriomorphe  d'amphibole,  d'épidote  et  d'albite, 
quelquefois  chargées  de  chlorite,  de  serpentine  et  de  produits  fer- 
rugineux. Les  assises  formées  d'amphibole,  d'épi  dote  et  d'albite 
sont  probablement  des  gabbros  recristallisés. 

Ces  assises  cristallines  ont,  à  l'Eychauda,  une  grande  épaisseur 
apparente.  Ce  sont  elles  qui  forment  le  sommet  de  la  montagne 
(point  2664).  A  60  mètres  environ  au-dessous  de  la  cime,  sur  le 
versant  nord,  il  y  a,  dans  les  assises  cristallines,  une  intercalation 
de  conglomérat  à  petits  galets  cristallins.  Les  assises  cristallines 
du  sommet  de  la  montagne,  horizontales  au  sommet,  plongent  elles- 
mêmes  (à  quelques  centaines  de  mètres  au  nord-ouest  du  sommet) 
sous  d'autres  conglomérats.  Il  y  a  donc  des  conglomérats  tout  en 
haut  et  tout  en  bas  du  lambeau  de  l'Eychauda,  et  de  plus,  en  un 
point,  on  constate  un  niveau  iutermédiaire,  également  occupé  par 
des  conglomérats.  Si  j'ajoute  que  les  conglomérats  sont  laminés, 
que  leur  ciment  est  riche  en  cristaux  secondaires,  que  les  assises 
cristallines  elles-mêmes  sont  inhomogènes  et  ressemblent  à  des 
brèches  dynamo-métamorphisées,  que  la  séparation  des  assises  cris- 
tallines et  des  conglomérats  est  toujours  fort  difficile,  on  conviendra 
que  ma  conclusion  de  1895,  relative  à  l'identité  probable  des  conglo- 
mérats et  des  assises  cristallines,  n'était  pas  sans  quelque  excuse. 

Dans  une  butte  ronde  qui  s'élève  à  un  kilomètre  environ  au 
nord-nord-ouest  du  sommet  de  l'Eychauda,  un  peu  au  sud  du 
point  que  couvre  la  lettre  T*  de  la  carte  d'Etat-Major,  la  base  dd 
lambeau  est  faite  de  couches  bieu  singulières  que  j'ai  déjà  signa- 
lées en  1895.  Le  croquis  ci-dessous  (fig.  3)  représente,  vue  du  sud, 
cette  butte,  que  j'appellerai  désormais  «  Butte  des  Galets  ». 


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EboulU  '■'•  '•  \jb\V\  \^ 

\\ 
Fig.  3.  —  La  Butte  des  Galets,  vue  du  Sud. 

La  lettre  F  et  les  lignes  ponctuées  désignent  les  affleurements 
des  couches  du  Flysch  qui -formçnt  le  substratum  du  lambeau.  Ce 
Flysch  n'est  pas  visible,  à  gauche,  sous  les  bancs  E.  Ceux-ci  sont 


1899  LES   NAPPES   DE  RECOUVREMENT   DU    BRIANÇONNAIS  63 

des  micaschistes  quartziteux  très  durs;  ils  sont  surmontés,  en  G, 
par  des  roches  amphiboliques  d'un  vert  noirâtre  (gabbros  décom- 
posés?). A  est  un  gros  bloc  de  calcaire  du  Trias,  long  de  7  mètres, 
épais  de  3  mètres,  enveloppé  dans  une  brèche  résultant  de  l'écrase- 
ment de  micaschistes  et  d'amphibolites.  Près  de  lui,  et  dans  le 
même  ciment,  il  y  a  d'autres  blocs,  parfois  arrondis  comme  des 
galets,  du  même  calcaire.  Dans  les  bancs  C,  inférieurs  à  A,  se 
trouvent,  dans  les  mêmes  conditions,  des  blocs  d'un  marbre  blanc 
et  rose  ayant  tous  les  caractères  extérieurs  du  Malm;  et  le  ciment 
qui  les  enveloppe  est  fait,  en  grande  partie,  de  débris  de  quartzites 
rouges,  non  métamorphiques,  identiques  aux  quartzites  permiens. 
En  D,  on  trouve  encore  de  petites  enclaves  de  calcaire  triasique 
dans  une  sorte  de  schiste  chloriteux  reconstitué.  En  B,  des  schistes 
analogues,  très  chargés  de  chlorite  et  de  magnétite,  renferment 
une  traînée  de  blocs  de  marbre  rose  de  toute  dimension.  D'après 
M.  Kilian,  le  marbre  rose  de  ces  blocs  serait  probablement  du  Malm. 
En  H,  enfin,  l'arête  est  de  la  butte  est  formée  de  conglomérats  du 
type  ordinaire. 

Je  me  suis  demandé  bien  longtemps  si  les  gros  blocs  A,  B,  C, 
sont  des  galets,  ou  s'il  y  faut  voir,  comme  je  le  disais  déjà  en  1895, 
«  des  lambeaux  de  terrains  étirés  et  écrasés  le  long  d'une  surface 
»  de  friction  ».  Cette  deuxième  manière  de  voir  me  parait  aujour- 
d'hui la  plus  vraisemblable,  en  raison  de  l'énorme  dimension  de 
quelques-uns  de  ces  blocs,  de  ce  fait  que  beaucoup  d'entre  eux,  en 
A  et  en  C,  ont  conservé  des  angles  presque  vifs,  et  de  cet  autre  fait 
que,  dans  certains  bancs  C,  le  ciment  résulte  visiblement  de  l'écra- 
sement des  blocs  de  quartzites  permiens. 

Il  est  donc  d'ores  et  déjà  probable  que  le  lambeau  de  l'Eychauda 
n'est  pas  en  place,  et  qu'il  y  a,  entre  son  substratum  et  lui,  une 
lame  de  terrains  étirés.  Pour  qu'il  fût  en  place,  il  faudrait  d'ailleurs 
que,  conformément  à  ma  conclusion  de  1895,  les  assises  cristallines 
fussent  du  même  âge  que  les  conglomérats  (à  cause  des  alternances). 
L'étude  des  autres  lambeaux  va  nous  permettre  de  trancher  défini- 
tivement la  question. 

Je  ne  dirai  qu'un  mot  du  deuxième  lambeau,  tout  à  fait  exigu, 
que  l'on  peut  observer  au  sud-est  du  point  2143,  sur  un  petit  sen- 
tier qui  va  de  Fréjus  à  Goudissard.  C'est  un  lambeau  de  terrain 
houiller  posé  sur  le  Flysch.  Et  comme  le  Flysch  en  question  est,  sans 
aucun  doute  possible,  celui  qui  supporte  le  lambeau  de  Serre-Che- 
valier, on  voit  que  le  lambeau  houiller  dont  je  parle  fait  partie  de 


64 


P.    TERMIER 


20  Févr. 


o. 


E. 


Um» 


0. 


E. 


la  même  «  quatrième  écaille  »  que  les  lambeaux  de  Serre-Chevalier 
et  de  l'Eyehauda. 
Venons  maintenant  au  grand  lambeau  de  Serre-Chevalier. 
Eu  divers  points,  à  sa  base,  on  observe  des  conglomérats  à  galets 
de  schistes  cristallins  et  de  quartz.  Sauf  la  dimension  des  blocs  (qui 
est  ici  bien  moindre)  et  l'absence  des  galets  de  Trias  et  de  Lias,  ce 
sont  les  mêmes  conglomérats  qu'à  l'Eyehauda.  Au-dessus  de  ces 
conglomérats,  vient,  à  Serre-Chevalier  même,  une  longue  série 
d'assises  très  cristallines  où  s'intercale  un  banc,  puissant  de  trois 
ou  quatre  mètres,  d'un  magnifique  gneiss  porphyroïde  (type  du 
Grand- Paradis  ou  de  la  Levanna).  Les  assises  cristallines  sont  sur- 
tout des  schistes  quartzo- 
phylliteux.  H  y  a  aussi  des 
amphibolites. 

Mais,  ce  qui  est  tout  à 
fait  intéressant,  c'est  qu'eu 
de  nombreux  points,  tantôt 
à  la  base  même  et  immé- 
diatement au-dessus  du 
Flysch,  tantôt  près  de  la 
base  et  séparée  du  Flysch 
par  des  assises  cristalliues 
ou  des  conglomérats,  il  y 
a  une  lame  de  Houiller,  ou 
de  quartzites  permiens  ou 
triasiques,  ou  enfin  de  car- 
gneules  du  Trias.  Les  trois 
coupes  ci -contre  (tig.  4) 
montrent  des  exemples  de 
cette  disposition. 

La  première  de  ces  cou- 
pes s'observe  au  débouché 
du  cirque  de  Prorel,  à 
800  mètres  environ  au  sud 
du  pointl912.  La  deuxième 
est  prise  au  nord-est  de 
Serre-Chevalier,  sur  l'arête  qui  (Jomîue  au  nord  la  fontaine  de 
Saint-Jacques.  La  troisième  se  voit  à  trois  cents  mètres  au  sud- 
ouest  du  point  1912,  sur  le  grand  chemin  des  pâturages.  Des 
coupes  semblables  sont  visibles  en  plus  de  dix  autres  endroits, 
sur  le  pourtour  de  la  grande  déchirure,  sur  l'arête  mousse  qui 


S. 


N. 


Fitf.  i.  —  Lame  houillère,  permienne  ou  Iria- 
sique,  à  la  base  du  lambeau  de  Serre-Che- 
valier. 

Kl,  Klysch":  M.  Malm  ;  Tr,  Trias  calcaire; 
Q,  fyuartzitcs  ;  Per,  Pcrmicn  ;  Congl.,  Con- 
glomérat a  galets  cristallins  ;  Sch.  cr., 
Schistes  cristallins  :  H,  Houiller. 


1899  LES   NAPPES    DE   RECOUVREMENT    DU   BRIANÇONNAIS  65 

descend  de  Serre-Chevalier  au  point  2143,  à  l'origine  du  grand 
ravin  qui  passe  à  l'ouest  de  Goudissard  (quartzites  et  cargneules). 
La  lame  en  question  est  donc  à  peu  près  continue. 

S'il  en  est  ainsi,  et  si,  comme  tout  semble  l'indiquer,  le  lambeau 
de  Serre-Chevalier  est  le  témoin  d'un  synclinal  couché  vers  le  sud- 
ouest,  la  lame  houillère,  permienne  ou  triasique,  doit  se  retrouver 
dans  les  parties  conservées  du  flanc  renversé  de  ce  synclinal,  c'est- 
à-dire  à  Prorel  même,  et  près  de  Goudissard.  C'est  en  effet  ce  que 
Ton  observe.  Le  sommet  de  Prorel  est  formé  de  conglomérats 
liasiques,  à  gros  galets  de  quartzites  et  de  calcaires  du  Trias.  Ces 


IVorel 

2522- 


Coldo  Prorel 


N. 


Fig.  5.  —  Retour  de  la  lame  de  quartzites  dans  le  flanc  renverse  du  synclinal, 

à  Prorel,  et  au-dessus  des  Faures. 

Même  légende  que  pour  la  fig.  4,  et,  en  outre  :  L,  Lias  ;  Gyp.,  Gypse. 

conglomérats  reposent  sur  des  calcaires  triasiques;  et  ceux-ci,  sur 
le  bord  est  du  col  de  Prorel,  sont  séparés  des  schistes  cristallins 
par  une  intercalatiou,  peu  puissante,  de  quartzites  roses  triasiques 
et  de  schistes  rouges  permiens.  D'autre  part,  sur  le  chemin  qui 
descend  des  hauts  pâturages  à  Goudissard,  à  600  mètres,  environ, 
au  sud-sud-ouest  des  Faures,  on  voit  un  lambeau  de  quartzites 
posé  sur  les  schistes  cristallins,  et,  un  peu  plus  bas,  schistes  cris- 
tallins et  quartzites  s'enfoncent  sous  les  schistes  bruns  du  FI  y  se  h. 
Je  réunis  ces  deux  coupes  dans  la  figure  ci-dessus  (fig.  5). 

La  conclusion  s'impose.  Le  lambeau  de  Serre-Chevalier  renferme 
partout,  à  sa  base,  ou  près  de  sa  base,  une  lame  de  Houiller,  de 
Permien  ou  de  Trias.  Quand  cette  lame  n'est  pas  à  la  base  même 

20  Avril  18ÎW.  —  T.  XXVII.  Bull.  Soc.  Géol.  Fr.  —  5 


66  p.  tkrmier  20  Févr. 

du  lambeau,  c'est-à-dire  quand  elle  ne  touche  pas  directement  au 
Flysch  ou  au  Malin  du  substratum,  elle  en  est  séparée  par  une  série 
inverse,  comprenant  des  schistes  cristallins,  et,  au-dessous  d'eux,  des 
conglomérats  à  galets  cristallins.  A  Prorel,  cette  série  inverse  est 
renversée,  et  par  conséquent  redevient  une  série  normale;  mais, 
au  lieu  de  montrer  des  schistes  cristallins  et  des  conglomérats,  elle 
montre,  au-dessus  des  quartzites,  des  calcaires  du  Trias  et  une 
brèche  liasique  à  faciès  tout  à  fait  spécial  (1). 

On  comprend  maintenant  pourquoi  le  deuxième  lambeau  (celui 
qui  se  trouve  au  sud-est  du  point  2143)  est  simplement  formé  d'une 
lame  de  Houiller  posée  sur  le  Flysch.  On  comprend  aussi  les  sin- 
guliers bancs  de  la  «  Butte  des  Galets  »,  avec  leurs  blocs  de  Trias, 
de  Malm,  de  Permien,  écrasés  et  enrobés  dans  une  brèche  de  fric- 
tion où  se  mélangent  micaschistes  et  amphibolites.  On  comprend 
enlin  pourquoi  la  base  du  lambeau  de  TEychauda  est  habituelle- 
ment formée  par  les  conglomérats,  et  aussi  pourquoi  ces  conglo- 
mérats reviennent  à  mi-hauteur,  et  se  retrouvent  enfin  tout  en  haut 
de  la  série. 

Les  trois  lambeaux  ne  sont  pas  en  place.  Ils  ont  été  apportés  sur 
le  Flysch  par  un  phénomène  de  transport  antérieur  aux  derniers 
plissements  (puisque  la  lame  de  Trias,  de  Permien  et  de  Houiller 
intercalée  est  plissée  comme  le  substratum).  La  seule  question  qui 
se  pose  désormais  est  celle  de  leur  origine. 

Tout  d'abord,  je  ne  crois  pas  que  Ton  puisse  admettre  qu'ils 
viennent  de  l'ouest.  Et  je  n'invoquerai  pas,  contre  cette  hypothèse, 
mon  argument  de  1SÎ)5,  à  savoir  qu  a  l'ouest  des  lambeaux  tous  les 
plis  sont  couchés  vers  l'ouest  :  car  nous  allons  voir  qu'un  argu- 
ment identique  pourrait  être  opposé  à  l'hypothèse  de  l'origine 
orientale.  Je  n'invoquerai  que  des  raisons  de  faciès.  Les  lambeaux 
viennent  d'une  région  où  régnait  le  faciès  briançonnais  du  Trias, 
et  où  se  développait,  en  outre,  une  formation  de  schistes  cristal- 
lins, d'amphibolites  et  de  gneiss  dont  les  types  sont  essentielle- 

(1)  On  pourrait,  au  premier  abord,  être  tenté  de  rattacher  le.  Lias  de  Prorel  au 
substratum  des  lambeaux,  et  d'y  voir  un  témoin  de  ee  substratum  renversé.  Mais 
si  l'on  considère  qur  nulle  part,  dans  le  substratum  non  renversé,  le  Lias  ne  pré- 
sente le  faciès  de  Prorel,  qur  1rs  cailloux  de  quartzites  roses  du  Lias  de  Prorel 
sont  d'une  roche,  identique  à  celle  de  la  lame  sousjaemte,  qu'enfin,  et  surtout, 
au  col  fit*  Méa  (lambeau  de  l'Kycbauila),  il  y  a,  dans  les  conglomérats  à  galets  cris- 
tallins qui  s'associent  aux  schistes  cristallins,  qu'il  y  a,  dis-je,  des  galets  de  brèche 
liasique  n  cailloux  de  quartzites  roses,  e'est-a-dire  des  galets  du  Lias  de  Prorel, 
on  demeurera  convaincu,  avec  moi,  que  le  Lias  de  Prorel  fait  bien  partie  inté- 
grante du  lambeau  de  Serre-Chevalier. 


1899    •  LES  NAPPES   DE  RECOUVREMENT  DU   BRIANÇONNAIS  67 

ment  différents  de  ceux  des  micaschistes,  gneiss  et  amphibolites 
de  la  première  zone  alpine. 

Les  lambeaux  viennent  donc  d'ailleurs  que  de  l'ouest.  Ici  se 
place  la  découverte  dont  j'ai  déjà  parlé,  découverte  de  la  plus  haute 
importance,  faite  par  mon  ami  M.  Kilian  dans  le  courant  de  Tété 
de  1898.  Des  terrains  identiques  à  ceux  des  lambeaux  existent  à 
l'est  de  la  Durance,  sur  les  confins  de  la  zone  des  Schistes  lustrés. 

C'est  à  l'Alpet  et  à  Serre-Thibaud,  au  nord  du  village  de  Mont- 
Genèvre,  que  M.  Kilian  a  découvert,  formant  des  bandes  isoclinales 
dans  des  calcaires  triasiques,  des  schistes  cristallins,  associés  à 
des  roches  vertes  et  noires  (Gabbros  décomposés),  et  à  un  conglo- 
mérat à  galets  cristallins  qui  renferme  aussi  quelques  galets  de 
quartzites  et  de  calcaires  du  Trias.  L'identité  est  absolue  avec  les 
types  de  l'Eychauda.  Une  bande  parallèle  à  celles  de  l'Alpet,  et  très 
voisine,  s'observe  au  pied  (à  l'ouest)  du  Chaberton,  et  se  relie,  sui- 
vant toute  vraisemblance,  à  la  grande  masse  des  roches  vertes  du 
Mont-Genèvre.  Au  nord  de  l'Alpet,  dans  l'arête  du  col  de  la  Lauze, 
nous  avons  observé,  M.  Kilian  et  moi,  de  véritables  alternances  de 
schistes  cristallins  (semblables  à  ceux  de  l'Alpet)  et  de  calcaires 
en  plaquettes  passant  à  des  calcschistes  du  type  Schiste  lustré.  J'ai 
déjà  dit  qu'à  Villargaudin  et  au  col  Tronchet,  au  sud-est  de 
Briançon,  M.  Kilian  a  signalé  deux  autres  affleurements  de  schistes 
cristallins,  dans  les  mômes  conditions  générales. 

11  appartient  à  M.  Kilian  de  décrire  ces  diverses  roches  cristal- 
lines et  de  montrer  (ce  qui  nous  paraît  à  tous  deux  évident)  leur 
liaison  intime  avec  les  roches  vertes  des  Schistes  lustrés.  Je  ne  veux 
retenir  de  cette  découverte  que  ceci  :  les  lambeaux  de  l'Eychauda 
et  de  Serre-Chevalier  viennent  de  l'est. 

Je  vais  plus  loin  et  je  dis  qu'ils  viennent  d'au-delà  de  la  Durance, 
c'est-à-dire  qu'ils  ne  s'enracinent  point  dans  les  pentes  qui,  de 
Prorel  ou  de  Serre-Chevalier,  descendent  vers  la  Guisanne  ou  vers 
Briançon.  Car  ces  pentes,  en  dessous  du  socle  de  Trias,  de  Malin  et 
de  Flysch  qui  porte  les  lambeaux,  sont  constituées  par  des  assises 
houillères  qui  forment  la  base  de  ce  socle;  et  rien  n'y  affleure,  en 
dehors  du  terrain  houiller.  Et  comme  les  montagnes  qui  dominent 
immédiatement  Briançon  au  nord  et  à  l'est  sont  formées  de  Trias, 
Lias  et  Malm  du  type  ordinaire,  il  faut  aller  jusqu'au  Gondran  et 
jusqu'à  l'Alpet,  c'est-à-dire  jusqu'aux  confins  de  la  zone  des  Schistes 
lustrés  (1). 

(1)  J'ajoute  qu'au  Gondran,  les  roches  vertes  (gabbros  décomposés)  m'ont  paru 
reposer  sur  le  Flysch,  et  ce  Flysch  in 'a  semblé  idenUque  à  celui  de  Prorel 


68  p.  termier  20  Févr. 

Quelle  que  soit  leur  provenance  précise,  et  mtone  si  le  Briançon- 
nais  et  si  les  Schistes  Iwtréssont  en  place,  les  lambeaux  del'Eychauda 
et  de  Serre-Chevalier,  qui,  eux,  ue  sont  certainement  pas  en  place, 
ont  élé  transportés,  de  Test  à  l'ouest,  avant  le  dernier  plissement 
de  la  région  et  avant  la  formation  de  l'éventail  alpin.  Ils  viennent 
du  pays  des  roches  vertes,  du  pays  des  Schistes  lustrés  :  c'est  tout 
ce  que  Ton  peut  dire  quant  à  leur  origine.  Ou  plutôt,  ils  viennent 
d'un  pays  où  le  faciès  Schiste  lustré  du  Trias  et  du  Lias  se  mélan- 
geait encore  au  faciès  briançonnais.  Dans  ce  même  pays  passait  le 
bord  oriental  de  la  mer  oligocène  :  car  on  ne  peut  guère  douter  que 
les  conglomérats  de  l'Eychauda  et  de  l'Alpet  ne  soient  un  faciès 
du  Flysch. 

Le  Houiller  existait-il  dans  ce  lieu  d'origine  des  lambeaux  de 
l'Eychauda  et  de  Serre-Chevalier?  Ce  point  me  semble  encore  dou- 
teux. Sans  doute  la  lame  qui  s'intercale  dans  les  lambeaux  con- 
tient du  Houiller.  Si  cette  lame  représente  un  anticlinal  couché,  le 
Houiller  existait  donc  au  lieu  d'origine  des  lambeaux.  Mais  les 
conglomérats  ne  m'ont  jamais  montré  aucun  galet  houiller.  D'autre 
part,  j'ai  peine  à  croire  que  la  lame  soit  un  anticlinal,  et  je  préfère 
à  cette  notion  du  transport  par  plis  celle  du  transport  par  nappes 
que  nous  a  donnée  M.  Lugeon.  La  lame  serait  ainsi  la  base  de  la 
nappe.  Mais  alors,  il  a  pu  s'y  accoler,  pendant  le  charriage,  quelques 
fragments  du  substratum.  Telle  me  parait  être  l'origine  des  blocs 
de  Permien,  de  Trias  et  de  Mal  m  de  la  a  Butte  des  Galets  ».  Le 
Houiller  de  la  lame  pourrait  avoir  une  origine  analogue. 

§  II.  —  Substratum  des  lambeaux  de  l'Eychauda 

et  de  Serre-Chevalier. 

De  prime  abord  —  et  c'est  ainsi  que  je  l'avais  jugé  en  1895  — 
le  substratum  des  lambeaux  de  l'Eychauda  et  de  Serre-Chevalier 
apparaît  comme  formé  d'une  série  normale  de  terrains,  allant  du 
Houiller  au  Flysch.  Ces  terrains  montrent,  le  plus  souvent,  des 
strates  horizontales,  ou  faiblement  inclinées.  En  réalité,  ils  sont 
fortement  plissés,  en  plis  sinueux,  peu  continus,  couchés  vers  le 
Pelvoux. 

(schistes  à  mica  détritique,  gris,  noirs,  verts  et  bruns,  schistes  quartziteux  bruns 
à  veinules  quartzeuses).  Je  suis  donc  porté  à  croire  que  les  roches  vertes  du  Gon- 
dran,  et  du  Mont-Genèvrc,  et  les  schistes  cristallins  de  l'Alpet,  appartiennent  à  la 
moine  nappe  de  recouvrement  que  les  lambeaux  de  l'Eychauda  et  de  Serre-Che- 
valier. 


1899  LES   NAPPES   DE   RECOUVREMENT   DU   BRIANÇONNA1S  69 

Quand  on  examine  les  choses  de  plus  près,  on  voit  que  cette 
masse  plissée  se  décompose  partout  en  plusieurs  écailles,  qu'il  y  a 
partout,  non  pas  une  seule  fois  la  série  des  terrains  du  Houiller  au 
Flysch,  mais  deux  ou  trois  séries  semblables  superposées  les  unes 
aux  autres,  avec  ou  sans  intercalation  d'une  série  renversée  entre 
deux  séries  normales  consécutives.  11  y  a  donc  eu  deux  phéno- 
mènes successifs  :  formation  d'un  paquet  d'écaillés;  puis  plisse- 
ment de  ce  paquet. 

Ces  phénomènes  ont  été  accompagnés  d'étirements,  d'amincisse- 
ments, et  même  de  suppressions  d'étages,  qui  s'observent  à  chaque 
pas.  Dans  le  massif  compris  entre  la  zone  du  Flysch  et  la  vallée 
Guisanne-Durance,  un  terrain  d'âge  donné  est  susceptible  de  con- 
finer à  des  terrains  de  tout  âge  :  le  contact  anormal  est  presque 
aussi  fréquent  que  le  contact  régulier. 

Voici  les  faits  sur  lequel  s  je  m'appuie  pour  prétendre  que  le 
massif  en  question  estm  paquet  d'écaillés. 

1°  Les  coupes  de  la  chaîne  de  Montbrison.  —  C'est  la  grande  chaîne 
calcaire  qui  domine  Vallouise  à  l'est  (cimes  de  la  Condamine,  du 
Sablier,  de  Monlbrison,  de  la  Tète  d'Amont).  Elle  se  prolonge  au 
sud  par  l'arête  de  la  Serre-des-Hières  et  par  le  long  promontoire 
qui  sépare  la  Gyronde  de  la  Durance.  Dans  la  partie  haute  et  sur  le 
versant  est  de  cette  chaîne,  à  une  altitude  moyenne  de  2600  mètres, 
sur  une  longueur  de  cinq  kilomètres,  on  voit  apparaître,  d'une 
façon  continue,  au  milieu  du  Trias,  une  voûte  de  terrains  plus 
récents  (fig.  6). 

Sur  la  carte  de  la  PI.  I,  cette  voûté  correspond  à  la  longue 
bande  anticlinale,  attribuée  à  la  première  écaille,  et  allant  du 
Rocher-Bouchard  à  la  Tète-d'Amont.  Ce  n'est  qu'à  partir  du  Pic  de 
Montbrison  que  la  clef  de  la  voûte  s'ouvre  et  laisse  apercevoir  le 
Trias  sous-jacent.  Sous  la  Tète-d'Amont  et  sous  le  Pic  de  Mont- 
brison, le  Malrn,  parfois  très  épais,  parfois  réduit  à  moins  d'un  mètre 
de  puissance,  tantôt  seul,  tantôt  accolé  à  des  lambeaux  de  Lias  ou 
de  Flysch,  forme  une  lame  continue,  courbée  en  voûte,  ayant  pour 
toit  les  calcaires  triasiques  compacts  de  l'arête,  et  pour  mur  le  Trias 
schisteux  qui  affleure  dans  tous  les  ravins. 

Au  nord-est  de  la  Tôte-d'Amont,  sous  le  mot  «  TEyrette  »  de  la 
carte,  on  observe,  avec  la  même  netteté,  une  deuxième  voûte, 
parallèle  à  la  première,  qui  fait  affleurer  les  calcaires  du  Trias  sous 
les  quartzites.  L'amorce  de  cette  deuxième  voûte  est  visible  à 
l'extrémité  droite  de  la  dernière  coupe  de  la  figure  6.  Au  sud  de  la 
Tète-d'Amont  et  de  la  Croix-de-la-Salcette,  les  axes  des  deux  voûtes 


70 


P.   TERMIER 


20  Févr. 


plongent  brusquement.  Mais  la  courbure  anticlinale  de  la  masse 
des  terrains  est  visible  jusqu'à  La  Bessée,  dans  le  prolongement  de 
la  voûte  orientale.  C'est  à  cette  voûte  orientale  que  se  rattachent 
les  calcaires  du  Lias  qui  apparaissent  dans  le  promontoire  de  La 


o, 


Horhrr  Bouchard 
28061!1 


Calée  1m 
ThacovJoite 


Vallée 
du  Gvr 


Le  Sablier 
2933» 


MonlWiaon 

2825? 


♦  ♦  ♦ 


'/  dwtitc  tht  JÎ-Jvou.-r . 


l.~7]     II  Itouiiter. 


Li_iJ    \  t    frias  .*eAi.\ 


"Aistrtta? 


'./".j     T  Calcaires  thts  7rra*r. 
(F    FluscJitdes  écailler, 

lH   JlhbK,. 


(L    Lias. 

'  F    Ftyjvh  de,  l'JSmhrunais. 


Fig.  6.  —  (loupes  a  travers  la  chaîne  de  Montbrison. 


Bâtie  (entre  la  Gyronde  et  la  Durance)  :  ces  calcaires  s'enfoncent 
de  tout  côté  sous  le  Trias  schisteux.  C'est  sans  doute  encore  au 
prolongement  de  la  voûte  orientale  qu'il  faut  rattacher  le  bombe- 
ment (signalé  par  M.  Lugeon)  du  Malm  au  milieu  du  Trias  près  de 


1899 


LES   NAPPES   DE   RECOUVREMENT   DU    BRIANÇONNAIS 


71 


la  Roehe-de-Rame  (1).  Quant  à  la  voûte  occidentale,  elle  se  relève, 
au  sud  de  la  G  y  ronde,  dans  le  massif  de  la  Tête-de-la-Rochaille 
(fig.  7),  à  l'est  du  col  de  la  Pousterle. 


Trie 
d'Orcac 


Col 

de   la 

Bousterle 


ta.  Ouromie- 


Colr  1000™ 


Fig.  7.  —  Coupe  au  voisinage  du  col  de  la  Pousterle. 
(Môme  échelle  et  même  légende  que  pour  la  ûg.  G). 


Le  point  H  de  la  coupe  ci-dessus  (un  peu  à  l'ouest  de  la  Gy ronde) 
désigne  un  affleurement  houiller,  très  aminci,  qui  sépare  les  quart- 
zites  Q  d'avec  le  Trias  schisteux  t.  Un  peu  plus  au  sud,  vers  le 
village  de  l'Argentière,  ce  Houiller  prend  une  très  grande  épaisseur 
et  donne  lieu  à  quelque  exploitation  d'anthracite.  Il  est  flanqué,  à 
l'ouest,  d'une  laine  de  Permien  qui  le  sépare  des  quartzites.  A  l'est, 
il  confine  constamment  au  Trias  schisteux. 

Ainsi  l'on  ne  peut  douter  que  la  chaîne  de  Montbrison  tout  entière 
ne  soit  en  chevauchement  sur  une  écaille  de  Malm  et  de  Lias,  coin- 
prenant  aussi  quelquefois  du  Flysch.  Cette  écaille  (première  écaille 
de  la  carte)  se  fait  jour,  grâce  au  plissement  qui  a  affecté  tout 
l'ensemble  des  masses  chevauchantes  et  de  leur  substratum,  dans 
deux  longues  boutonnières  qui  correspondent  à  deux  anticlinaux, 
parallèles  mais  distincts.  La  masse  chevauchante  (deuxième  écaille 
de  la  carte)  est  elle-même  plissée  d'une  façon  intense.  Après  bien 
des  jours  d'observations  sur  le  terrain  et  bien  des  essais  d'inter- 
prétation, je  ne  me  fais  pas  encore  une  idée  bien  nette  de  ces  plisse- 
ments secondaires.  La  réapparition  du  Flysch  et  du  Malm  dans  les 
replis  des  calcaires  du  Trias  est  si  fréquente,  et  parfois  si  singu- 
lière et  si  inattendue,  que  l'on  peut  douter,  en  de  certains  points, 
de  l'unité  de  la  deuxième  écaille,  et  songer,  soit  à  l'existence  locale 
d'une  autre  écaille,  intermédiaire  entre  les  écailles  1  et  2,  soit  à  la 
présence  sur  le  versant  ouest  de  la  chaîne,  de  quelques  lambeaux 

.  (1)  Communication  inédite  de  M.  Lugeon. 


72  p.  termier  20  Févr. 

de  la  troisième  écaille.  Mais  ce  n'est  pas  ici  le  lieu  de  discuter  ces 
détails  de  structure,  et  l'interprétation  des  plissements  secondaires 
n'importe  point  à  la  thèse  que  je  veux  établir.  En  dehors  de  toute 
interprétation,  en  dehors  de  toute  hypothèse,  une  chose  est  cer- 
taine :  le  chevauchement  de  la  chaîne  de  Montbrison  sur  une  écaille 
profonde.  Cette  écaille  affleure,  à  l'ouest,  sous  la  forme  des  masses 
calcaires  du  Lias  de  Vallouise.  Nous  savons  qu'elle  s'étend,  à  Test, 
au  moins  jusqu'à  La  Bessée. 

2°  Le  fait  que  l'écaillé  de  la  Covdamine  [deuxième  écaille)  plonge  tout 
entière  sous  celle  qui  supporte  les  lambeaux  de  l'Eychauda  et  de  Serre- 
Chevalier.  —  Je  viens  d'établir  que  la  chaîne  Montbrison-Condamine 
est  formée,  dans  son  ensemble,  d'une  écaille  complète  (comprenant 
tous  les  terrains  du  Houiller  au  Flysch),  posée  sur  l'écaillé  pro- 
fonde. Le  sommet  de  la  Condamine  montre  la  partie  haute  de  cette 
deuxième  écaille  :  ce  sommet,  de  forme  arrondie,  est  un  plateau 
de  Malin,  avec  un  témoin,  ou  chapeau,  de  Flysch. 

Or,  quand  on  descend  de  la  Condamine  vers  le  nord,  on  voit  ce 
Flysch  et  ce  Malm,  et,  sous  eux,  toute  l'écaillé,  plonger  sous  des 
terrains  triasiques  de  nature  variée,  quartzites  (point  2112),  cal- 
caires schisteux  ou  calcaires  compacts.  Si  l'on  essaie  de  suivre,  vers 
le  nord,  l'affleurement  de  la  surface  supérieure  de  l'écaillé  de  la 
Condamine,  on  voit,  le  long  de  cet  affleurement,  peu  à  peu  dispa- 
raître le  Flysch,  puis  le  Malm,  puis  les  calcaires  compacts  du  Trias. 
Dans  les  pâturages  de  Clot-la-Selle,  l'écaillé  de  la  Condamine  n'est 
plus  composée  que  de  trias  schisteux.  Mais  un  peu  plus  au  nord, 
au-delà  du  col  de  Méa,  le  Flysch  reparaît  sur  les  schistes  calcaires 
du  Trias,  et,  de  là  jusqu'à  Monétier,  sans  autres  hiatus  que  le 
passage  des  éboulis,  on  peut  suivre  la  double  bande.  Trias  schis- 
teux et  Flysch,  s'enfonçant  à  Test  sous  des  terrains  divers.  De 
l'Argentière  à  Monétier  (20  kilomètres  environ)  on  peut  cheminer, 
tout  du  long,  sur  les  calcaires  schisteux  du  Trias,  sans  jamais  les 
quitter,  de  sorte  qu'il  est  tout  à  fait  certain  que  l'écaillé  de  la  Con- 
damine se  prolonge  jusqu'à  Monétier. 

Une  chose  moins  certaine,  c'est  la  réapparition,  figurée  sur  la 
carte  de  la  PI.  1,  de  l'écaillé  profonde  (première  écaille)  entre  Clot- 
la-Selle  et  Monétier.  Ce  qui  reparaît,  à  Clot-la  Selle,  sous  la  bande 
de  Trias  schisteux,  c'est  le  Lias,  et,  associé  au  Lias  en  replis  isocli- 
naux, le  Trias  calcaire  compact.  A  la  rigueur,  cette  bande  Lias- 
Trias  pourrait  appartenir  à  des  replis  de  la  deuxième  écaille,  et 
alors  l'écaillé  profonde  manquerait  (ou  aurait  disparu  par  étire- 
ment)  depuis  le  versant  ouest  de  la  Condamine  jusqu'à  Monétier. 


1899  LES  NAPPES   DE  RECOUVREMENT   DU  BRIANÇONNA1S  73 

L'hypothèse  que  j'ai  adoptée  est  cependant  plus  probable,  eu  égard 
au  faciès  du  Lias.  Mais  ce  sont  là  questions  d'intérêt  secondaire. 

Ce  qui  importe,  au  contraire,  grandement,  c'est  de  montrer  que 
les  terrains  sous  lesquels  s'enfonce,  au  nord,  au  nord  est,  ou  à 
l'est,  la  deuxième  écaille,  constituent  eux-mêmes  une  écaille  supé- 
rieure, une  troisième  écaille,  soubassement  immédiat  des  lambeaux 
de  l'Eychauda  et  de  Serre-Chevalier.  La  démonstration  en  est  facile. 

Entre  le  Flysch  de  la  Condamine  et  le  lambeau  de  l'Eychauda, 
les  terrains  plongent  uniformément  vers  le  nord,  c'est  à-dire  sous 
ce  lambeau,  et  forment  une  série  normale  :  Trias  schisteux,  Trias 
compact,  Malm  et  Flysch.  Si  Ton  suit  vers  le  nord  la  base  de  cette 
série,  c'est-à-dire  la  bande  de  Trias  schisteux,  on  y  voit,  au  nord- 
ouest  du  col  de  Méa,  s'intercaler  une  lame  de  Houiller,  dont  l'affleu- 
rement, lenticulaire,  n'a  jamais  plus  de  quelques  mètres  d'épaisseur. 
Cette  lame  de  Houiller  peut  être  suivie  jusqu'à  Monêtier,  souvent 


o. 


.       .  ^Tin    .  Rmin  de 

\   ;  -\  de  Lorvario  Chatrtekmbe 


FIg.  8.  —  Coupe  dans  la  forêt  de  Monêtier  (Même  légende  que  dans  la  fig.  6). 

flanquée  de  quartzites.  Elle  se  tient  toujours  près  de  la  base  de  la 
série,  c'est-à-dire  près  du  sommet  de  l'écaillé  de  la  Condamine. 
Dans  le  ravin  de  Chanteloube,  au  sud-ouest  des  Guibertes,  l'érosion 
laisse  percer,  sous  ce  Houiller,  le  Malin  et  le  Flysch  de  la  deuxième 
écaille.  Entre  ce  Flysch  de  la  deuxième  écaille  et  cette  lame  de 
Houiller,  il  y  a  généralement,  soit  du  Trias  schisteux  (massif  de  la 
Cucumelle),  soit  une  série  renversée  comprenant  quartzites  et  Trias 
schisteux.  Tout  l'ensemble  est  fortement  ondulé,  et  même  plissé 
(fig.  8). 

Suivons  maintenant  vers  Test  d'abord,  vers  le  sud  ensuite,  en 
partant  de  la  Condamine,  la  base  du  paquet  de  terrains  qui  sup- 
porte le  lambeau  de  Serre-Chevalier.  Cette  base  est  facile  à  suivre, 
car  elle  confine  partout  (c'est  là  sa  définition)  au  sommet  de  la 
deuxième  écaille,  et  ce  sommet  est  partout  marqué  par  le  Malm,  le 
Flysch  ou  le  Lias.  En  longeant  son  affleurement,  nous  verrons  que 
la  base  en  question,  à  partir  du  point  2H2,  est  partout  formée  ou 
de  quartzites,  ou  de  Houiller,  et  nous  parcourrons  ainsi,  ayant  tou- 


74 


P.   TERMIER 


20  Févr. 


jours  à  notre  droite  des  terrains  plus  récents,  à  notre  gauche  des 
terrains  plus  anciens,  le  chemin  sinueux  qu'indique  la  carte  de  la 
PI.  I,  et  qui  est  la  limite  de  la  deuxième  écaille  et  de  la  troisième 
entre  le  point  2112  et  le  vallon  à  Test  de  la  Tète-d'Amont.  Arrivés 
en  ce  dernier  point,  nous  constaterons  que  le  paquet  dont  nous 
avons  ainsi  suivi  la  base  repose  réellement  sur  la  deuxième  écaille, 


\cwt» 


'irtttfc 


^ 


Ratière 


T   À 


I\rjr-Chalvin 


-  J^ùvûU*. 


Fig.  9.  —  Chevauchement  de  la  troisième  écaille  sur  la  deuxième  écaille. 

(Même  légende  que  dans  la  fig.  G). 

et  qu'il  y  forme  un  long  synclinal,  de  l'autre  côté  duquel  la  deuxième 
écaille  reparaît  :  et,  longeant  toujours  l'affleurement  de  la  base  du 
paquet  (quartzites  ou  Houiller),  nous  serons  ramenés  vers  le  nord, 
par  Ratière  et  Puy-Chalvin,  jusqu'à  Puy  Saint-André.  Là,  toutes  les 
couches  sont  horizontales,  dans  l'ensemble,  et  Ton  voit  une  lame 
de  Trias  (Trias  compact  et  Trias  schisteux)  affleurer  sous  U  Houiller 
qui  forme  le  socle  de  Prorel.  Cette  lame  de  Trias  se  rattache,  sans 
hiatus,  aux  calcaires  de  la  Croix-de-la-Salcette,  c'est-à-dire  à  la 
deuxième  écaille. 


1899  LES  NAPPES   DE  RECOUVREMENT   DU  BRIANÇONNAIS  75 

Le  paquet  Houiller-Trias-Malm-Flysch  qui  supporte  Prorel  est 
donc  une  troisième  écaille,  posée  sur  la  deuxième,  et  plissée  avec 
elle.  On  peut  conserver  des  doutes  sur  quelques  points  particuliers 
de  la  structure,  à  cause  de  la  complication,  parfois  presque  inex- 
tricable, qui  est  la  suite  du  plissement  secondaire.  On  peut  aussi 
hésiter  sur  le  prolongement,  au  nord  de  Puy-Saint-André,  des 
limites  des  deux  écailles.  Mais,  de  même  que  la  pénétration  d'une 
écaille  profonde  sous  la  chaîne  de  Montbrison  est  un  fait  au-dessus 
de  toute  discussion,  de  même  le  fait  que  le  socle  de  Prorel  et  de  Serre- 
Chevalier  est  lui-même  une  masse  chevauchante,  posée  sur  récaille 
de  Montbrison,  me  parait  aujourd'hui  absolument  indiscutable. 

Si  Ton  se  reporte  à  la  fig.  7,  on  verra  que,  de  même,  au  sud  de 
la  Gyronde,  les  deux  écailles  inférieures,  nettement  observables 
sur  le  versant  sud  du  col  de  la  Pousterle,  sont  recouvertes  en  che- 
vauchement par  une  troisième  écaille,  à  laquelle  appartiennent  le 
Houiller,  le  Permien  et  les  quartzites  de  L'Argentière. 

Mais  j'ignore  jusqu'où  va,  vers  Test,  le  chevauchement.  Ce  que 
je  connais  (1)  des  massifs  situés  à  l'est  de  la  grande  vallée  Gui- 
sanne-Durance  me  donne  à  penser  qu'ils  sont  intégralement  formés 
(dans  la  partie  accessible  à  l'observation)  par  les  reploiements  de 
la  troisième  écaille.  S'il  en  est  ainsi,  la  preuve  matérielle  de  l'exten- 
sion du  chevauchement  au  delà  de  la  ligne  Guisanne-Durance  ne 
pourra  être  fournie  que  par  des  sondages. 

§  III.  —  La  première  hypothèse. 

Je  crois  avoir,  dans  les  deux  paragraphes  précédents,  établi  d'une 
façon  définitive  et  inattaquable  deux  faits  d'une  grande  importance. 
Premier  fait  :  les  lambeaux  de  l'Eychauda  et  de  Serre-Chevalier 
sont  des  témoins  d'une  nappe  venue  de  l'est,  venue  d'une  région 
où  des  Schistes  lustrés,  avec  micaschistes  et  roches  vertes,  confi- 
naient à  des  types  encore  brianconnais  du  Trias  et  du  Lias.  Deuxième 
fait  :  le  substratum  de  ces  lambeaux  et  les  massifs  qui  lui  font 
suite,  au  sud,  jusqu'à  Freissinières,  sont  constitués  par  un  paquet 
d'écaillés,  et  ce  paquet  renferme  au  moins  trois  écailles.  Sur  le 
paquet  en  questiou,  la  nappe  Eychauda-Serre-Chevalier  est  posée 
comme  une  quatrième  écaille.  Tout  cet  empilement  a  été  réalisé 
postérieurement  au  dépôt  du  Flysch  et  antérieurement  au  dernier 

(1)  Communications  inédites  do  MM.  Kilian  et  Lugeon.  Note  des  niâmes  auteurs 
à  l'Académie  des  Sciences,  séance  du  2  janvier  1899. 


76  p.  tkrmier  20  Févr. 

plissement  de  la  région  :  l'empilement  a  ensuite  été  plissé  d'une 
façon  énergique. 

Tels  sont  les  faits.  Ils  sont,  je  ne  saurais  trop  le  répéter,  indépen- 
dants de  toute  interprétation  et  de  toute  hypothèse.  La  carte  de  la 
PI.  I,  qui  les  traduit  aux  yeux,  a  été  dressée  ahstraction  faite  de 
toute  idée  théorique.  Sans  doute,  cette  carte  n'est  qu'une  esquisse, 
car  les  limites  respectives  des  trois  écailles  inférieures  ne  sont  pas 
partout  observables,  et  il  n'est  pas  toujours  possible  de  distinguer, 
dans  les  masses  reployées  par  le  plissement  secondaire,  si  les  cou- 
ches que  l'ou  a  sous  les  yeux  appartiennent  à  une  seule  écaille,  ou 
à  plusieurs.  Mais  j'ose  dire  que  cette  esquisse  est,  dans  ses  grandes 
lignes,  conforme  à  la  réalité. 

Nous  allons  maintenant  entrer  dans  le  domaine  de  l'hypothèse. 
Le  lecteur  est  averti.  Quand  je  défendrai  devant  lui  la  théorie 
que  je  préfère,  il  voudra  bien  ne  pas  oublier  que  je  ne  confonds 
pas  cette  théorie,  si  séduisante  que  je  la  trouve,  avec  une  vérité 
démontrée. 

Je  rappelle  que  la  ligne  axiale  de  l'éventail  alpin,  d'après  MM. 
Kilian  et  Lugeon,  passe  au  col  des  Ayes;  que,  du  col  des  Ayes,  elle 
se  dirige  vers  Briançon  :  qu'enfin  on  la  retrouve,  au  nord  de  La 
Salle,  jalonnée  par  des  synclinaux,  à  peu  près  droits,  de  Trias, 
enfoncés  dans  le  Houiller.  Il  est  fort  difficile  de  la  tracer  avec  pré- 
cision, sur  la  carte,  entre  Villard-Saint-Pancrace  et  La  Salle  :  car, 
entre  ces  deux  points,  il  n'afileure  que  du  Houiller,  et  ce  Houiller 
est  lui-môme  caché,  bien  souvent,  par  le  Glaciaire. 

Cela  étant,  je  ne  vois  actuellement,  pouvant  expliquer  tous  les 
faits,  que  deux  hypothèses  générales.  Je  dis  que  je  n'en  vois  que 
deux,  pour  le  moment  :  mais  je  ne  dis  point  qu'on  ne  puisse  en 
imaginer  d'autres,  et  je  serais  heureux  qu'on  en  imaginât.  Je  n'ai 
point  oublié,  en  effet,  la  leçon  que  m'ont  donnée  les  Schistes  cris- 
tallins de  l'Eychauda  et  de  Serre-Chevalier,  pour  lesquels  je  ne 
concevais,  en  1895,  que  deux  hypothèses,  et  qui  ont  échappé, 
depuis,  à  Tune  comme  à  l'autre  de  mes  deux  conceptions,  et  se  sont 
rattachés  à  une  solution  nouvelle  et  bien  inattendue.  Je  dis  aussi 
deux  hypothèses  générales  :  car  on  pourrait  aisément  y  créer  des 
variantes,  mais  dont  la  discussion  n'aurait  pas  sa  place  ici. 

La  première  hypothèse  est  celle  que  tout  le  monde  a  admise  jus- 
qu'à ce  jour.  La  zone  houillère  serait  un  anticlinal  en  éventail,  qui  se 
renverserait,  à  l'ouest  comme  à  Test,  sur  deux  séries  de  plis  isocli- 
naux. Cette  hypothèse  paraît  très  satisfaisante  quand  on  l'applique 
aux  montagnes  comprises  entre  l'Arc  et  la  Guisanne  (M.  Kilian); 


1899  LES   NAPPES   DE   RECOUVREMENT   DU    BR1ANÇONNAIS  77 

elle  convient  encore^MM.  Kilian  et  Lugeon)  au  [massif  de  Pierre- 
Eyrautz  et  à  la  région  du  col  des  Ayes  :  mais  cette  congruence  n'est 
qu'apparente  et  tient  à  ce  que  les  massifs  en  question  ne  montrent 
qu'une  seule  écaille.  Voyons  comment  on  peut  appliquer  l'hypo- 
thèse à  la  région  des  quatre  écailles. 

11  faut  admettre  d'abord  que  les  trois  écailles  inférieures  sont 
trois  plis  couchés  superposés.  Le  pli  supérieur  (troisième  écaille) 
s'enracinerait  le  long  de  la  ligne  axiale  de  l'éventail;  lés  deux  plis 
inférieurs  auraient  leurs  racines  plus  à  l'ouest.  Ce  paquet  de  plis, 
analogue  à  celui  du  MontJoly,  aurait  été  soumis,  après  coup,  à  un 
nouveau  plissement  énergique. 

Quant  à  la  quatrième  écaille,  qui  ne  peut  venir  que  d'au-delà  de 
l'éventail,  elle  serait  le  témoin  d'un  charriage  antérieur  au  plisse- 
ment, je  veux  dire  antérieur  à  la  formation  des  plis  couchés.  L'ori- 
gine de  ce  charriage  serait,  bien  entendu,  à  l'est,  mais  pourrait  être 
relativement  prochaine.  Si  cependant,  comme  je  n'en  doute  guère, 
c'est  sur  du  Flysch  authentique  (faciès  troisième  écaille)  que  repo- 
sent les  roches  vertes  du  Gondrau,  la  provenance  de  la  quatrième 
écaille  reculerait  assez  loin  au-delà  de  la  frontière  italienne. 

Cette  première  hypothèse  se  heurte,  dans  son  application  à  la 
région  qui  m'intéresse,  à  de  bien  graves  difficultés,  si  graves  que 
je  la  tiens  d'ores  et  déjà  pour  invraisemblable.  Que  l'on  n'oublie 
pas  que  la  congruence  apparente  de  l'hypothèse  en  question  et 
des  coupes  géologiques  auxquelles  on  l'a  jusqu'ici  appliquée,  que 
cette  congruence,  dis-je,  ne  prouve  en  aucune  façon  le  bien-fondé 
de  cette  hypothèse,  et  ne  rachète  pas  l'invraisemblance  dont  elle  est 
frappée  dès  qu'on  essaie  de  l'appliquera  notre  paquet  d'écaillés. 

Une  première  difficulté  réside  dans  les  phénomènes  d'étirement 
qui  ont  accompagné  la  formation  des  écailles.  Ces  phénomènes  sont 
d'une  intensité  tout  à  fait  extraordinaire.  Nulle  part,  ni  dans  le 
Pelvoux,  ni  dans  la  Vanoise,  je  n'en  ai  observé  qui  fussent  compa- 
rables. Je  les  comprendrais  très  bien,  si  les  plis  couchés  avaient 
longuement  cheminé  sur  leur  substratum,  c'est-a-dire  si  le  chevau- 
chement avait  une  grande  amplitude.  Mais,  dans  l'hypothèse  que  je 
discute,  le  chevauchement  varierait  entre  G  et  10  kilomètres.  C'est, 
je  crois,  trop  peu  pour  que,  presque  partout,  les  séries  renversées 
soient  réduites  à  zéro  ou  à  une  très  faible  épaisseur;  pour  que  les 
divers  étages  prennent  une  allure  de  yite  en  chapelet,  une  allure 
lenticulaire;  pour  que,  sur  d'énormes  épaisseurs,  les  calcaires  sili- 
ceux du  Trias  soient  réduits  en  plaquettes  de  marbre  où  tous  les 
éléments  sont  recristallisés;  pour  que  les  auticlinaux  et  les  syncli- 


78  p.  termier  20  Févr. 

iiaux  aillent  fréquemment  en  se  fermant  du  côté  où  ils  devraient 
s'ouvrir,  eu  s'ouvrant  du  côté  où  ils  devraient  se  fermer  (Voir  à  ce 
sujet  les  diverses  coupes  données  plus  haut).  Les  plis  couchés  du 
Mont-Joly  ne  montrent  rien  de  semblable.  La  vérité  est  que  les 
étirements  constatés  dans  les  trois  écailles  inférieures  sont  entière- 
ment comparables  à  ceux  de  la  quatrième  écaille  (lame  de  la  base). 

Une  deuxième  difficulté  est  celle  du  plissement  secondaire.  J'ai 
dit  plus  haut,  et  la  carte  et  les  coupes  le  montrent  assez,  que  ce 
plissement  est  très  énergique.  11  ne  s'agit  plus  ici,  comme  au  Mont- 
Joly  ou  en  Provence,  de  simples  ondulations.  Les  plis  secondaires, 
un  peu  hésitants,  un  peu  incohérents  dans  leur  allure,  peuvent  se 
coucher  jusqu'à  l'horizontale.  11  faudrait  cependant  admettre,  dans 
l'hypothèse  en  question,  que  ce  plissement  secondaire  eût  respecté 
l'éventail  primitif  :  car  si  l'éventail  actuel  ne  date  que  du  plisse- 
ment secondaire,  nous  tombons  en  plein  dans  la  deuxième  hypo- 
thèse, celle  où  le  chevauchement  n'a  plus  de  limites.  Et  il  y  a  là 
une  double  invraisemblance  :  d'abord,  qu'après  un  plissement, 
post-oligocène,  capable  de  donner  trois  plis  couchés  superposés,  il 
se  soit  produit,  dans  la  même  région,  un  nouveau  plissement,  presque 
aussi  intense  que  le  premier;  ensuite  que  ce  nouveau  plissement 
ait  respecté  l'éventail  suivant  lequel  s'était  ordonné  le  premier 
plissement,  et  qu'il  n'ait  affecté  que  l'un  des  lianes  (le  flanc  ouest) 
de  cet  éventail. 

Mais  il  y  a  une  difficulté  plus  grqnencore  :  l'absence  d'un  enra- 
cinement de  l'éventail  dans  la  vallée  Guisanne-Durance,  entre  le 
Serre-Barbin  et  Villard-Saint-Pancrace.  C'est  en  vain  que  l'on  cherche 
la  ligne  où  devrait  s'enraciner  l'anticlinal  houiller,  la  ligne  le  long 
de  laquelle  les  affleurements  houillers  devraient  être  à  peu  près 
verticaux.  Sur  les  pentes  de  la  rive  droite,  les  strates  sont  partout, 
ou  bien  horizontales,  ou  inclinées  faiblement  vers  l'ouest  ou  le 
sud-ouest,  comme  si  l'on  était  déjà  à  l'est  de  l'éventail.  11  en  est 
de  même  sur  la  rive  gauche.  Dans  le  défilé  de  la  Guisanne,  sous 
Briançon,  la  plongée  est  de  tt>°  vers  le  sud-ouest.  D'autre  part,  à 
Puy-Saint-Audré  affleure  la  deuxième  écaille;  et  l'on  peut  suivre 
Vers  le  nord  les  affleurements  houillers  qui  prolongent  ceux  qui 
surmontent  immédiatement  cette  deuxième  écaille  ;  ces  affleure- 
ments dessinent  une  courbe  de  niveau  et  s'en  vont  vers  Puy-Saint- 
Pierre  et  vers  les  Eduits,  toujours  horizontaux  ou  plongeant  sous 
la  montagne.  C'est  pour  cela  que,  sur  la  carte  de  la  PI.  I,  j'ai  pro- 
longé la  deuxième  écaille  jusqu'à  La  Salle.  11  va  sans  dire  que  je  ne 
suis  point  sûr,  ici,  des  limites  de  la  deuxième  écaille  et  de  la  troi- 


1899  LES   NAPPES   DE   RECOUVREMENT   DU    BRIANÇONNA1S  79 

sième.  Mais  je  ne  crois  pas  que  l'on  puisse  douter  du  prolongement 
du  chevauchement  jusqu'à  la  Guisanne,  et  alors  c'en  est  fait  de 
l'enracinement  de  l'éventail. 

Je  ne  dis  pas,  d'ailleurs,  que  Ton  ne  puisse  pas  se  tirer  d'em- 
barras, quant  à  cette  difficulté,  en  couchant  momentanément  vers 
Test,  depuis  La  Salle  jusqu'à  Villard-Saint-Pancrace,  la  surface 
axiale  de  l'éventail  (son  plan  de  symétrie,  s'il  était  symétrique).  Et 
c'est  pourquoi  je  ne  veux  pas  prétendre  que  l'enracinement  de 
l'éventail  soit  radicalement  impossible  :  je  le  tiens  seulement  pour 
invraisemblable. 

§  IV.  —  La  deuxième  hypothèse. 

La  deuxième  hypothèse,  que  j'accepte  provisoirement,  parce 
qu'elle  me  paraît  la  seule  satisfaisante,  est  celle  qui  supprime  toute 
racine  à  l'éventail,  et  prolonge  les  chevauchements,  vers  l'est,  jus- 
qu'à une  limite  inconnue. 

Postérieurement  au  dépôt  du  Flysch  et  antérieurement  au  plisse- 
ment (je  veux  dire  ici  le  plissement  de  la  région  briançonnaise),  il  est 
arrivé,  sur  les  dépôts  oligocènes  encore  horizontaux,  des  nappes  de 
terrains  charriés.  Quelle  était  l'origine  première  de  ces  nappes  : 
plis  à  racines  lointaines,  ou  paquets  de  couches  transportés  d'un 
mouvement  d'ensemble,  par  un  simple  glissement?  C'est  ce  que 
j'ignore.  Quelle  était  leur  provenance?  C'est  ce  sur  quoi  je  m'expli- 
querai dans  un  instant.  Quoi  qu'il  en  soit,  ces  nappes  sont  arrivées, 
transportées  de  Test  vers  l'ouest,  se  poussant  les  unes  les  autres, 
chevauchant  les  unes  sur  les  autres,  rabotant  sous  leur  poids  la 
surface  du  Flysch,  et  s'arrétant  enfin  (je  parle  pour  la  région  de 
Briançon)  devant  le  bord  du  Pelvoux.  Ainsi  s'est  formé  un  empile- 
ment d'écaillés  charriées,  variable  évidemment,  suivant  les  lieux, 
de  composition  et  d'épaisseur.  Cet  empilement  comprenait  au  moins 
quatre  écailles  dans  la  région  qui  nous  occupe.  Il  est  permis  de 
penser  que,  d'une  façon  générale,  le  nombre  des  écailles  était 
moindre. 

Après  leur  mise  en  place,  les  écailles  ont  été  plissées  d'un  mouve- 
ment d'ensemble,  et  c'est  là  le  seul  plissement  post-oligocène  qu'ait 
subi  la  région.  Ce  plissement  s'est  fait  en  éventail.  Là  où  n'affleure 
qu'une  seule  écaille,  il  est  clair  que  l'éventail  parait  enraciné  et 
autochtone;  mais  cette  apparence  n'est  qu'une  illusion. 

Ainsi  s'expliquent  les  phénomènes  d'étirement  observés  dans  les 
écailles,  le  plissement  secondaire,  si  compliqué  soit-il,  l'absence  de 


80  p.  tëkmier  20  Févr. 

racines  dans  la  vallée  Guisanne-Durance.  La  structure  que  j'ai 
décrite,  et  qui  est  si  complexe,  parait  désormais  toute  simple. 

Telle  est  l'hypothèse,  réduite  à  ses  éléments  essentiels.  Voyons 
maintenant  ses  conséquences.  Je  ne  me  dissimule  pas  qu'elles  sont 
un  peu  effrayantes,  au  premier  abord. 

A  peu  de  distance  à  l'est  de  Briançon,  commence  la  zone  <Jes 
Schistes  lustrés.  On  sait  que,  sur  le  bord  de  la  zone,  ces  schistes 
s'enfoncent  sous  les  calcaires  du  Briançonnais. 

Une  première  idée  qui  vient  à  l'esprit  est  que,  peut-être,  les 
Schistes  lustrés  sont  un  faciès  du  Flysch  :  la  zone  du  Briançonnais 
serait  seule  charriée  ;  elle  aurait,  à  sa  droite  et  à  sa  gauche,  et  sous 
elle,  du  Flysch  eu  place.  Mais  je  repousse  cette  idée,  à  cause  des 
passages,  plusieurs  fois  constatés  par  MM.  Marcel  Bertrand  et 
Kilian,  et  par  moi-même,  des  Schistes  lustrés  à  des  calcaires  d'un 
type  incontestablement  triasique. 

Une  deuxième  idée,  c'est  que,  bien  que  triasiques  ou  liasiques, 
les  Schistes  lustrés  sont  en  place  et  supportent  la  zone  du  Brian- 
çonnais, seule  charriée.  Le  Flysch  manquerait,  ou  aurait  été  raboté, 
entre  les  Schistes  lustrés  et  le  paquet  charrié.  Le  Houiller  manque- 
rait aussi  le  long  du  bord  est  du  paquet;  mais  parfois  (région 
d'Etache)  les  quartzites  formeraient  la  base  du  paquet  et  viendraient 
au  contact  des  Schistes. 

Je  repousse  également  cette  deuxième  idée,  et  cela  pour  deux 
raisons. 

D'abord,  il  me  parait  évident  que,  dans  un  paquet  d'écaillés 
charriées,  c'est  récaille  supérieure  qui  a  fait  le  plus  long  voyage. 
C'est  donc,  ici,  la  quatrième  écaille.  Or,  elle  est  formée  de  terrains 
tout-à-fait  singuliers,  comme  il  n'eu  affleure  que  dans  la  zone  des 
Schistes  lustrés. 

D'autre  part,  il  y  a,  comme  l'a  montré  M.  Kilian,  de  nombreux 
indices  d'un  passage  des  faciès  dauphinois  aux  faciès  briançonnais. 
Près  du  bord  ouest  de  la  zone  briançonnaise,  les  terrains  briançon- 
nais ont  des  affinités  dauphinoises,  les  terrains  dauphinois  mani- 
festent des  affinités  briauçonnaises.  Si  la  zone  du  Briançonnais 
était  seule  charriée,  elle  viendrait  d'au-delà  de  la  région  des  Schistes 
lustrés  ;  et  comme  les  terrains  de  la  zone  des  Schistes  lustrés  n'ont 
aucune  affinité  dauphinoise,  on  ne  comprendrait  plus  les  affinités 
dauphinoises  des  terrains  briançonnais. 

Mais  alors,  il  ne  reste  qu'une  façon  de  comprendre  l'hypothèse. 
Il  faut  que  la  zone  du  Briançonnais,  qui,  le  long  de  son  bord  est, 
a  l'air  de  reposer  sur  les  Schistes  lustrés,  soit  simplement  renversée 


1899  LES   NAPPES    DE   RECOUVREMENT   DU   BR1ANÇONNA1S  81 

sur  eux,  et  qu'en  réalité  elle  se  prolonge  sous  ces  Schistes.  En  d'autres 
termes,  les  Schistes  lustrés,  au  moins  près  de  leur  bord  ouest,  sont 
charriés,  eux  aussi,  et  constituent  la  nappe  supérieure,  nappe  supé- 
rieure dont  les  lambeaux  de  ma  quatrième  écaille  ne  sont  plus  que 
des  témoins.  Ou  plutôt,  tes  Schistes  lustrés  sont  la  vraie  nappe  char- 
riée, celle  qui  vient  de  loin  et  dont  la  migration  se  rattache  à  une 
cause  générale.  Les  écailles  du  Briançonnais  ne  doivent  être  consi- 
dérées que  comme  des  lames  de  charriage  (Lugeon,  Marcel  Bertrand), 
de  simples  lambeaux  arrachés  au  substratum  par  le  cheminement  de 
la  nappe,  et  entraînés  dans  sa  marche  vers  l'ouest,  à  .la  façon  du 
lambeau  de  Gardanne  entraîné  vers  le  nord  par  le  déplacement  de  la 
chaîne  de  l'Etoile  (1).  La  différence  avec  la  Provence  réside  dans 
l'ampleur,  incomparablement  plus  grande,  du  phénomène.  Au  lieu 
d'une  seule  lame  de  charriage,  il  y  en  a,  ici,  plusieurs,  qui,  locale- 
ment, se  superposent.  L'une  d'elles  l'emporte,  d'ailleurs,  de  beau- 
coup sur  les  autres,  et  peut-être  cette  lame  principale  est-elle,  en 
d'autres  points  de  la  zone  du  Briançonnais,  l'unique  lame  de  char- 
riage. Tandis  que  le  lambeau  de  Gardanne  ne  mesure,  en  surface, 
que  quelques  kilomètres  carrés,  c'est  par  centaines  de  kilomètres 
carrés  que  se  mesure  la  superficie  totale  des  écailles  charriées,  qui, 
superposées  ou  juxtaposées,  constituent  la  zone  du  Briançonnais. 
Pour  pousser  de  semblables  écailles,  il  a  fallu  le  mouvement  d'une 
nappe  immense.  Et  si  l'on  veut  bien  réfléchir  à  l'ordre  de  grandeur 
du  phénomène,  on  trouvera,  avec  moi,  que  pour  charrier,  même 
de  quelques  kilomètres  seulement,  les  terrains  du  Briançonnais, 
ce  n'est  pas  trop  do  faire  appel  à  un  mouvement  d'ensemble  de  la 
zone  des  Schistes  lustrés. 

Telle  est  actuellement  la  forme  qu'a  prise,  dans  mon  esprit, 
l'hypothèse  du  charriage  :  une  nappe,  venue  de  loin,  composée  des 
Schistes  lustrés  ;  et,  poussées  par  cette  nappe,  et  chevauchées  par 
elle,  et  se  chevauchant  les  unes  les  autres,  des  écailles  ou  lames  de 
charriage,  dont  le  déplacement  a  dû  être  très  limité. 

Les  coupes  publiées  dans  ma  note  à  l'Académie  des  Sciences  (2) 
ne  traduisent  pas  très  exactement  cette  dernière  forme  de  l'hypo- 
thèse. Les  quatre  nappes  y  sont  représentées,  à  l'est  de  la  ligne 
Guisanne-Durance.  comme  ayant  à  peu  près  la  même  importance. 
Si  je  dessinais  aujourd'hui,  de  nouveau,  la  partie  hypothétique  de 
ces  coupes,  j'y  montrerais  les  trois  nappes  inférieures  finissant 

(1)  Marcel  Bertrand.  Le  bassin  crétacé  de  Fuvcau  et  le  bassin  houiller  du  Nord. 
Ânn.  des  Mines,  9*  série,  t.  XIV,  p.  5  et  suiv. 

(2)  Séance  do  13  février  1899. 

22  Avril  1899.  —  T.  XXVII.  Bull.  Soc.  GéoJ.  Fr.  —  6 


82  p.  termier  20  Févr. 

rapidement  en  coin,  et  la  nappe  supérieure,  seule,  se  prolongeant 
à  l'est  sur  le  substratum  oligocène,  jusqu'à  une  limite  inconnue. 

Je  m'expliquerai  maintenant  en  quelques  mots  sur  l'origine  de 
la  nappe  et  des  lames  de  charriage. 

Il  est  tout  d'abord  évident  que  les  lames  de  charriage,  c'ést-à-dire 
les  écailles  formées  de  terrains  briançonnais,  ne  viennent  pas  de 
loin.  On  ne  comprendrait,  si  elles  venaient  de  loin,  ni  les  affinités, 
signalées  par  M.  Kilian,  entre  les  faciès  briançonnais  et  les  faciès 
dauphinois,  ni  l'identité  (ou  tout  au  moins  la  quasi-identité)  des 
faciès  dans  ces  diverses  écailles.  Pour  les  mêmes  raisons,  je  ne 
crois  pas  que  la  multiplicité  de  ces  écailles  soit  un  fait  général,  et 
je  ne  crois  pas  non  plus  à  la  grande  extension  de  leurs  chevauche- 
ments mutuels  (1). 

Quant  à  la  nappe  principale,  celle  des  Schistes  lustrés,  tout  ce  que 
l'on  peut  dire,  actuellement,  c'est  que  les  lambeaux  de  cette  nappe 
qui  sont  aujourd'hui  les  plus  avancés  vers  l'ouest  viennent  d'une 
région  où  affleuraient  (avant  le  charriage)  des  micaschistes,  des 
roches  vertes,  des  quartzites  du  Permien,  des  quartzites  et  des  cal- 
caires compacts  du  Trias,  et  des  conglomérats  liasiques  à  gros  blocs 
.  (type  du  Lias  de  Prorel).  Peut-être  le  Houiller  y  affleurait-il  égale- 
ment ;  mais  ce  n'est  point  sûr.  Je  crois  bien,  en  tout  cas,  que  le 
Mal  m  n'y  affleurait  pas.  La  mer  oligocène  avait  là  son  bord  oriental, 
et  il  se  formait,  sur  ce  bord,  les  conglomérats  polygéniques  que 
nous  retrouvons  aujourd'hui  à  l'Alpet  et  à  l'Eychauda.  Quelle  était 
la  largeur  de  cette  mer,  dont  le  Pelvoux,  comme  chacun  sait,  formait 
la  rive  occidentale?  C'est  ce  que  nous  ne  savons  pas  encore  :  mais 
il  n'est  pas  impossible  que  nous  le  sachions  un  jour.  Nous  savons 
seulement  que,  dans  la  région  intermédiaire  à  laquelle  ont  été  arra- 
chées les  lames  de  charriage,  les  sédiments  du  Flysch  avaient  une 
finesse  assez  grande. 

Sans  doute,  il  reste  bien  des  difficultés,  et  peut-être  ne  vou- 
drais-je  pas  qu'elles  eussent  entièrement  disparu.  La  principale  est 

(1)  Le  lecteur  a  dû  remarquer  que  je  n'ai  pas  tiré  argument  de  ce  fait  qu'il  y 
a,  dans  le  Briançonnais,  pour  tous  les  terrains,  des  faciès  particuliers,  et  que  ces 
faciès  apparaissent,  parfois,  brusquement,  quand  on  passe,  en  traversant  le  Flysch, 
de  la  première  zone  alpine  à  la  troisième.  Cette  variation  brusque,  ou  tout  au 
moins  rapide,  des  faciès,  peut  en  effet  s'expliquer  par  des  chevauchements  de 
quelques  kilomètres,  et  n'a  pas  besoin  de  faire  appel  à  de  longs  charriages.  En 
revanche,  puisque  j'admets,  pour  mes  lames  de  charriage,  une  faible  extension 
vers  l'est  et  un  transport  de  faible  amplitude,  je  ne  crois  pas  que  l'on  puisse 
invoquer  contre  mon  hypothèse  les  passages  du  faciès  dauphinois  au  faciès  brian- 
çonnais. 


1899  LES   NAPPES   DE   RECOUVREMENT   DU   BRIANÇONNAIS  83 

que  l'on  ne  sait  où  limiter,  du  côté  de  Test,  rétendue  de  la  nappe 
chevauchante.  Faut- il  y  comprendre  tous  les  Schistes  lustrés?  Faut- 
il  s'arrêter  aux  micaschistes  et  gneiss  qui  leur  font  suite?  Faut-il 
aller  jusqu'aux  plaines  et  renoncer  à  trouver,  de  ce  côté,  les  terrains 
en  place?  Ces  questions  sont  fort  embarrassantes.  Mais  on  doit  se 
rappeler  que,  jamais,  elles  ne  se  sont  encore  posées  à  l'esprit  des 
observateurs  qui  ont  parcouru  les  montagnes  du  Piémont.  C'est 
toute  une  série  d'observations  nouvelles  que  l'hypothèse  du  char- 
riage va  provoquer,  et  le  problème  sera  peut-être  plus  simple  qu'il 
ne  paraît  aujourd'hui  (1). 

Eu  tout  cas,  l'hypothèse  en  question  s'arrange  bien,  et  même  de 
façon  séduisante,  avec  plusieurs  des  données  les  plus  récentes  de  la 
géologie  des  Alpes  occidentales.  Elle  fournit  une  explication  simple 
des  phénomènes  de  recouvrement  signalés  dans  l'Ubaye  par  MM. 
Kiliau  et  Haug.  Elle  rend  compte  des  difficultés  présentées  par  les 
coupes  du  bord  de  la  zone  des  Schistes  lustrés  dans  la  région  d'Eta- 
che  (M.  Marcel  Bertrand).  Elle  enlève  toute  étrangeté  aux  plisse- 
ments des  terrains  du  Mont-Jovet  (la  remarque  est  de  M.  Marcel 

(1)  Pendant  l'impression  de  ce  mémoire,  M.  Kilian  m'a  fait  l'honneur  de  commu- 
niquer à  la  Société  géologique  (C.-R.  S.  de  1899,  p.  32,  séance  du  20  mars)  trois 
nouvelles  objections  à  l'hypothèse  que  je  propose  et  défends  ici.  L'objection  A  est 
très  sérieuse.  Il  est  certain  que  l'on  ne  voit  pas,  au  nord  de  l'Arc,  s'avérer  une 
séparation  nette  entre  la  zone  du  Flysch  et  ce  que  l'on  a  appelé  jusqu'ici,  dans  les 
mômes  parages,  zone  du  Briançonnais.  Mais  la  question  est  précisément  de  dire 
ce  que  devient  la  «  zone  du  Briançonnais  »,  lorsque,  à  la  définition  tirée  de  la 
prépondérance  de  tel  ou  tel  faciès  (définition  sur  laquelle  les  géologues  ne  pour- 
ront jamais  se  mettre  d'accord),  on  essaie  do  substituer  celle  que  je  propose,  savoir 
que  ladite  zone  est  l'ensemble  des  lames  de  charriage  poussées  vers  l'ouest  par 
le  mouvement  des  Schistes  lustrés.  Il  est  probable  que,  dans  la  région  de  Mou- 
tiers  (je  parle  toujours  comme  si  mon  hypothèse  était  la  réalité),  la  limite  occiden- 
tale de  l'aire  des  lames  de  charriage  ne  coïncide  pas  avec  le  bord  est  de  la  zone 
du  Flysch.  Peut-être  même  cette  limite  occidentale  colncide-t-elle ,  dans  ladite 
région,  avec  le  bord  ouest  de  la  bande  de  terrain  houiller.  En  tout  cas,  je  ne  crois 
pas  que  l'on  puisse,  à  l'heure  actuelle  et  sans  nouvelles  courses  sur  le  terrain, 
trancher  cette  difficulté,  encore  moins  la  déclarer  insoluble.  —  Les  objections  B 
et  C  de  M.  Kilian  sont  tirées  de  certaines  particularités  de  la  géologie  piémon taise. 
Je  viens  do  dire,  dans  mon  texte,  que  c'est  du  côté  du  Piémont  que  j'entrevois  les 
plus  graves  difficultés,  mais  qu'il  serait  imprudent  de  vouloir  dès  à  présent  les 
discuter  et  surtout  les  résoudre.  —  Enfin,  l'alinéa  D  de  la  communication  de 
M.  Kilian  est  relatif  aux  schistes  cristallins  de  l'Eychauda  et  de  Serre-Chevalier. 
Je  crois  que  le  lecteur  est  maintenant  fixé  sur  l'absolue  nécessité,  en  toute  hypo- 
thèse, de  faire  venir  ces  paquets  cristallins  d'au-delà  de  la  Clarée  (je  n'ai  jamais 
dit  «  d'au-delà  de  la  zone  du  Piémont  »).  Quant  aux  terrains  analogues  de  l'Alpet 
et  du  Mont-Genèvre,  M.  Kilian  dit  qu'ils  sont  bien  en  place  et  nullement  charriés  : 
mais  c'est  là  la  question. 


84  TERMIER.  —  NAPPES  DE  RECOUVREMENT  DU  BRIANÇONNA1S  20  Févr. 

Bertrand),  tandis  qu'avec  l'ancienne  manière  de  voir,  ces  terrains, 
qui  sont  posés  sur  le  sommet  de  l'éventail,  n'ont  vraiment  aucune 
raison  d'être  plissés.  Enfin,  cette  hypothèse  relie  les  charriages  de 
la  Provence  (M.  Marcel  Bertrand)  à  ceux  de  la.  Suisse  (MM.  Lugeon 
et  Schardt),  et  permet  de  rattacher  ces  phénomènes  grandioses  à 
une  même  cause  générale.  Sans  doute  cela  ne  nous,  dit  pas  quelle 
est  cette  cause  ;  mais,  de  savoir  qu'elle  est  générale,  et  qu'elle  agit 
sur  toute  région  où  se  prépare  un  grand  plissement,  ce  serait  déjà 
un  résultat  satisfaisant  pour  tout  esprit  que  préoccupe  la  recherche 
des  lois.  S'il  y  a  eu  des  charriages  en  Provence  et  en  Suisse,  et 
d'autres,  à  une  époque  bien  différente,  en  Ecosse,  —  et,  de  ces 
charriages  là,  personne  ne  doute  plus  aujourd'hui  —  c'est  que  la 
mise  en  marche  de  pareils  lambeaux  de  l'écorce  est  une  phase  nor- 
male et  nécessaire  de  l'histoire  d'une  chaîne. 

M.  Haug  s  associe  pleinement  aux  réserves  exprimées  par 
M.  Kilian  au  sujet  de  la  théorie,  à  première  vue  si  séduisante,  que 
vient  d'exposer  si  lumineusement  M.  Termier.  11  réserve  son  opinion 
sur  le  charriage  de  la  zone  du  Briançonnais  pour  le  moment  où  il 
aura  sous  les  yeux  les  contours  de  la  feuille  de  Briançon  et  les  coupes 
définitives  de  la  région  comprise  entre  le  massif  du  Pelvoux  et  la 
Guisane-Durance  ;  cependant  il  lui  semble  difficile,  en  tout  état  de 
cause  et  en  l'absence  de  preuves  directes,  de  considérer  la  zone  du 
Piémont  tout  entière,  c'est-à-dire  la  moitié  environ  de  la  largeur 
totale  des  Alpes  occidentales,  comme  une  nappe  de  charriage 
dépourvue  de  racine,  alors  que  l'on  ne  donne  même  pas  la  moindre 
indication  sur  le  lieu  d'origine  probable  de  cette  nappe.  Quant  à  la 
lame  de  «  protogine  »  du  Plan  de-Phazy,  qui  vient  pointer  au  milieu 
de  terrains  à  faciès  briançonnais,  M.  Haug  ne  doute  pas  qu'elle  soit 
en  place  et  rappelle  que  M.  Termier  lui-même  est  arrivé  par  un 
examen  microscopique  à  affirmer  son  identité  avec  la  «  protogine  » 
du  Pelvoux.  Puis,  en  ce  qui  concerne  les  trois  nappes  superposées  à 
faciès  briançonnais,  M.  Haug  se  demande  comment  on  peut  faire 
provenir  a  du  même  endroit  »  des  bandes  qui,  développées  à  leur 
étendue  primitive  et  juxtaposées,  occuperaient  certainement  une 
largeur  d'environ  cent  kilomètres,  suivant  laquelle  il  se  produirait 
sans  doute  des  variations  de  faciès  considérables.  Il  ne  voit  pas  en 
quoi  l'hypothèse  de  nappes  superposées  est  plus  vraisemblable  que 
celle  de  plis  couchés  replissés,  dont  on  connaît  déjà  un  certain 
nombre  d'exemples  (E.  de  Margerie  et  A.  Heim,  Les  dislocations  de 
l'écorce  terrestre,  p.  62,  lig.  70-79). 


1899  85 


LE  MASSIF  DU  CHETTABA 
ET  LES  ILOTS  TR1ASIQUES  DE  LA  RÉGION  DE  CONSTANTINE 

par  M.  E.  FICHEUR. 

SOMMAIRE 

Préliminaires;  Aperçu  géographique.  —  Stratigraphie:  I.  Terrains  tertiaires; 
II.  Terrains  crétacés;  III.  Le  Trias.  —  Tectonique;  Structure  générale  du 
massif  du  Ghettaba.  —  Autres  pointements  triasiques  de  la  région.  —  Consi- 
dérations générales  ;  le  Trias  d'El  Kantour.  —  Conclusions.  —  Ilots  triasiques 
des  Ouled  Rahmoun  et  d'El  Guerrah. 

Préliminaires.  —  La  région  de  Constantine,  déjà  si  intéressante 
par  la  variété  de  ses  formations  et  la  complexité  de  sa  structure, 
vient  encore  d'offrir  à  la  curiosité  du  géologue  de  nouveaux  pro- 
blèmes, dont  la  solution  aura  une  heureuse  influence  sur  l'inter- 
prétation de  certaines  questions  des  plus  obscures  de  la  Géologie 
algérienne. 

A  la  suite  de  la  Réunion  extraordinaire  de  la  Société  géologique 
en  Algérie,  en  octobre  4896,  l'attention  de  plusieurs  de  nos  confrères 
fut  attirée  par  la  découverte  importante  de  fossiles  d'apparence 
triasique,  dans  les  couches  gypseuses  du  Djebel  Chettaba.  Notre 
collègue  M.  Goux,  professeur  au  lycée  de  Constantine,  avait,  sur 
mes  conseils,  et  d'après  mes  indications,  exploré  le  versant  est.de 
cette  montagne,  à  plusieurs  reprises,  dans  le  courant  de  1896;  ses 
patientes  et  persévérantes  recherches  avaient  été  récompensées 
par  la  découverte  de  plaquettes  calcaires  couvertes  de  bivalves  qui 
n'étaient  autres  que  des  Myophories.  Dans  le  cours  de  la  visite  faite 
par  les  membres  de  la  Société  aux  collections  du  Service  des  mines, 
déposées  au  lycée  de  Constantine,  ces  échantillons  et  d'autres 
identiques,  recueillis  antérieurement  par  Tissot  et  étiquetés  par 
lui  dans  le  Suessonien,  furent  soumis  à  l'examen  de  l'éminent 
paléontologiste,  M.  Von  Zittel,  qui  n'osa  tout  d'abord  se  prononcer 
d'une  manière  absolue  sur  leur  détermination.  Au  retour  de  Biskra, 
après  la  clôture  de  la  session,  M.  Marcel  Bertrand,  très  intrigué 
par  cette  constatation,  entreprit,  sous  la  conduite  de  M.  Goux,  en 
compagnie  de  MM.  Lantenois  et  Lory,  une  course  sur  le  gisement, 


86  E.    FICHEUR.    —   LE  MASSIF  DU  CHETTABA  20  Fê\T. 

d'où  il  revint  avec  la  certitude,  corroborée  par  la  récolte  de  nom- 
breux fossiles,  de  l'existence  d'une  bande  triasique,  dont  il  reconnut 
et  indiqua  la  situation  en  anticlinal  déversé  au  nord-ouest  sur  le 
Sénonien  (1).  La  découverte  si  importante  de  M.  Goux  venait  con- 
firmer la  détermination  du  faciès  triasique,  qui  ne  pouvait  échapper 
à  la  compétence  incontestable  de  M.  Bertrand. 

Les  coupes  données  par  Coquand  du  flanc  est  du  Chettaba  (2), 
l'interprétation  de  Tissot  dans  ses  cartes  géologiques,  étaient 
d'accord  pour  attribuer  les  couches  gypseuses  de  cette  montagne 
au  Suessonien  et  l'attention  ne  paraît  guère  s'être  portée  depuis 
sur  ce  point. 

Mes  études  sur  la  région  au  nord  et  à  l'ouest  de  Constantine 
avaient  été,  jusqu'à  cette  époque,  cantonnées  dans  les  terrains 
tertiaires,  sur  la  classification  desquels  j'étais  arrivé  à  des  résultats 
assez  précis  (3).  Mes  courses  dans  la  région  ayant  été  très  limitées 
et  très  espacées,  j'avais  réservé  pour  une  époque  prochaine  l'étude 
des  massifs  crétacés,  et  je  n'avais  pas  encore  abordé  le  Chettaba. 
L'observation  capitale  de  M.  Bertrand,  tout  en  me  laissant  le  regret 
d'avoir  été  empêché,  par  suite  de  circonstances  diverses,  de  l'accom- 
pagner, .me  conduisit  à  continuer  dans  ce  massif  les  recherches 
nécessaires  pour  les  tracés  de  la  Carte  géologique  au  50.000°  (feuille 
de  Constantine).  Je  tiens  à  exprimer  à  noire  savant  confrère  toute 
ma  gratitude  pour  les  indications  précises  et  très  justifiées  qu'il  a 
bien  voulu  me  communiquer  sur  ses  observations. 

En  avril  1897,  je  pus  consacrer  plusieurs  courses  à  l'étude  du 
Chettaba,  et  je  suis  heureux  de  remercier  M.  Goux,  qui  a  bien 
voulu  me  guider  sur  les  points  fossilifères  reconnus  par  lui,  me 
signaler  sur  place  toutes  ses  constatations  et  m'accompagner  dans 
l'exploration  d'une  partie  du  massif. 

L'étude  de  la  feuille  de  Constantine,  reprise  en  octobre  1897,  nie 
fit  reconnaître  plusieurs  autres  lambeaux  triasiquos,  indiqués  pour 
la  plupart  comme  terrains  gypseux  par  M.  Jacob,  ingénieur  des 
mines,  dans  les  tracés  géologiques  qu'il  avait  commencés  sur  cette 
feuille.  A  la  môme  époque,  j'ai  pu,  en  compagnie  de  M.  Blayac, 
étudier  le  pointement  gypseux  des  Ouled  Rahmoun,  et  plus  récem- 

(1)  M  Bertrand.  Réunion  extraordinaire  do.  la  Société  géologique  en  Algérie 
(B.  S.  G.  F.,  3-  sér.,  t.  XXIV,  p.  1184). 

(2)  Coquand.  Géologie  et  Paléontologie  de  la  région  sud  de  la  province  de  Cons- 
tantine, 1862,  p.  104. 

(3)  Ficheur.  Les  Terrains  d'eau  douce  du  bassin  de  Constantine  {B.  S.  G.  F., 
3-  sér.,  t.  XXII,  p.  544). 


1899  ET  LES  ÎLOTS  TRIASIQUES  DE  LA  RÉGION  DE  CONSTANTINE  87 

ment,  une  nouvelle  trace  triasique  a  été  reconnue  auprès  de  la 
station  d'El  G  u  erra  h.  Une  course  récente  à  la  montagne  de  sel  d'El 
Outaïa,  avec  M.  Blayac,  nous  a  permis  encore  de  reconnaître,  et 
nous  le  faisons  avec  une  entière  satisfaction,  le  bien  fondé  de  l'opi- 
nion émise  par  M.  Bertrand  relativement  à  l'origine  sédimentaire, 
probablement  triasique,  de  ces  masses  de  sel  gemme  et  de  gypse 
sur  lesquelles  nous  reviendrons  avec  détails  dans  une  prochaine 
communication. 

*  J'ai  pour  but,  dans  cette  note,  en  décrivant  les  relations  de  ces 
lambeaux  triasiques  avec  les  terrains  crétacés  et  tertiaires,  de  pré- 
senter quelques  conclusions  sur  les  conditions  anormales  dans 
lesquelles  ces  îlots  ont  pu  arriver  au  jour,  avec  la  pensée  que  ces 
observations  permettront  de  rechercher  plus  facilement  l'interpré- 
tation de  l'origine  des  pointements  gypso-dolomitiques  disséminés 
en  différentes  régions  de  l'Afrique  du  Nord. 

Aperçu  géograpbique.  —  Le  bassin  lacustre  de  Constantine,  dont 
il  a  été  question  dans  la  note  précitée,  est  limité  au  nord  par  le 
tronçon  delà  Chaîne  numidiennc,  que  j'ai  désigné  sous  le  nom  de 
Chaîne  des  Mouïas,  et  dont  la  constitution  géologique  a  été  som- 
mairement décrite  pour  les  terrains  tertiaires  (1).  Au  sud  s'étend 
une  chaîne  démantelée,  fragmentée  en  tronçons,  dout  le  principal 
forme  le  massif  du  Chettaba,  flanqué  à  l'ouest  de  la  proéminence 
du  Djebel  el  Akhal,  et  à  Test  du  plateau  rocheux  de  Constantine, 
qui  n'est  autre  que  l'éperon  du  Djebel  Ouach. 

Vers  le  milieu  du  bassin  surgissent  des  assises  tertiaires  les 
rochers  du  Kheneg,  entaillés  par  le  Roummel  dans  uue  étroite 
coupure,  plus  profonde  et  plus  étendue  que  celle  de  Constantine; 
au  sud-ouest  de  ce  plateau  se  dresse  le  Kef  Béni  Hamza,  entouré 
des  dépôts  oligocène?. 

Le  massif  du  Chettaba  se  compose  de  deux  croupes  rocheuses 
dont  les  escarpements  abrupts  dominent  au  nord  de  400  à  600  mètres 
les  collines  argileuses  de  Rouffach.  La  plus  importante,  à  l'Ouest, 
le  Djebel  Zouaoui,  occupe  du  sud-ouest  au  nord-est  une  bande  de 
13  kilom.,  d'une  altitude  moyenne  de  1250  mètres  (131Gm  au  signal 
culminant).  Le  deuxième  chaînon,-  de  même  aspect,  mais  moins 
important,  occupe  au  nord-est  un  tronçon  de  4  kilom.  500;  c'est 
le  Djebel  Karkara  (1185m  au  sommet).  Ces  deux  bandes  rocheuses, 
aux  flancs  escarpés,  sont  séparées  par  une  dépression  très  acci- 
dentée, d'aspect  tout  différent,  broussailleuse,  faiblement  boisée  de 

(1)  Ficheur.  Les  terrains  éocènes  dans  la  Chaîne  des  Moulas  (À.  F.  A.  S. 
Bordeaux,  1895). 


88  E.    FICHEUR.    —   LK   MASSIF   DU   CHETTABA  20  Févr. 

chênes  rabougris,  qui  se  poursuit  au  sud  par  les  chaînons  secon- 
daires s'étendant  jusqu'au  Roummel. 

A  Test  du  Karkara,  une  petite  arête  saillante,  à  laquelle  s'applique 
spécialement  le  nom  de  Djebel  Chettaba  (109Om)  domine  les  contre- 
forts mamelonnés  et  ravinés  qui  font  face  au  Rocher  de  Constan- 
tine,  dont  ils  sont  séparés  par  la  dépression  de  l'Oued  Melah.  Ce 
massif  du  Chettaba  est  nettement  circonscrit  au  nord  par  les  escar- 
pements du  Zouaoui  et  du  Karkara,  à  l'ouest  par  les  plateformes 
qui  rejoignent  et  entourent  le  Djebel  el  Akhal,  au  sud  par  la 
dépression  occupée  par  la  vallée  du  Roummel  entre  l'Oued  Athmenia 
et  Aïn  Smara  et  à  Test  par  l'Oued  Melah. 

Le  Djebel  el  Akhal  présente  un  sommet  culminant  (1256m)  aux 
flancs  rocheux,  escarpés  au  nord  et  à  l'est,  et  qui  s'abaisse  vers 
l'ouest  par  des  plateaux  découpés  en  terrasses. 

Stratigraphie. 

I.  —  Terrains  tertiaires. 

Je  me  contenterai  de  rappeler  ici  la  succession  des  assises  ter- 
tiaires du  bassin  de  Constantine  telle  que  je  l'ai  indiquée;  les  obser- 
vations récentes  n'ont  fait  que  confirmer  ma  première  interprétation 
que  j'ai  eu  la  satisfaction  de  voir  approuvée  par  ceux  de  nos 
confrères  qui  ont  suivi  les  excursions  de  la  réunion  extraordinaire; 
j'ai  été  heureux  en  particulier  d'enregistrer  le  témoignage  de  notre 
savant  confrère  M.  Depéret.  Les  études  approfondies  qui  ont  été 
faites  récemment  dans  les  environs  de  Constantine,  par  M  Joleaud, 
sous-intendant  militaire  à  Constantine,  dont  le  zèle  scientifique 
s'est  manifesté  par  des  recherches  fructueuses,  ont  confirmé,  en  les 
éclairant  de  nombreux  points  de  détail,  la  classification  à  laquelle 
je  me  suis  arrêté. 

Les  formations  lacustres  de  la  région  peuvent  se  résumer  ainsi, 
à  partir  des  plus  récentes  : 

1°  Travertins  du  Mansourah,  couronnant  une  nappe  de  conglo- 
mérats et  sables,  dans  lesquels  ont  été  recueillies,  en  1896  97,  dans 
les  travaux  de  fondation  de  bâtiments  militaires,  de  nombreuses 
et  importantes  pièces  d'Hippopotame  (probablement  Hippopotmnus 
hipponensis  Gaudry,  d'après  Pomel),  d'Antilopes,  de  Porcins,  etc., 
avec  des  coquilles  d'eau  douce,  Paludiues,  etc.  La  vigilance  de 
M.  Lantenois,  et  la  surveillance  attentive  de  M.  Goux  ont  permis 
de  réunir  à  l'Ecole  des  Sciences  d'Alger  une  série  importante  de  ces 
débris  de  Vertébrés. 


1899  ET  LES  ÎLOTS  TRIAS1QUES  DK  LA  RÉGION  DE  CONSTANTINE  89 

2°  Calcaires  et  travertins  d'El.Hadj  Baba,  à  Hélix  subsemperiana 
Thomas,  Hélix  fossulata  Pomel,  avec  Hipparion,  Sus  phacochœroidcs, 
etc.,  rapportés  au  Pliocène  inférieur. 

Ces  travertins  s'étendent  à  l'ouest  du  Chettaba,  occupant  un 
vaste  plateau  démantelé  par  affaissement,  dont  les  parties  culmi- 
nantes atteignent  1167  mètres  (El  Kalâ,  à  l'ouest  du  Zouaoui),  et 
s'élèvent  jusqu'au  sommet  du  Djebel  el  Akhal  (1256  mètres). 

Je  tiens,  à  ce  sujet,  à  rectifier  une  interprétation  erronée,  donnée 
dans  ma  note  sur  les  Terrains  lacustres  de  Constantine.  Les  tra- 
vertins à  végétaux  de  l'Oued  Zid,  dont  les  paquets  paraissent  dissé- 
minés au  milieu  des  argiles  à  gypse  oligocènes,  proviennent  incon- 
testablement, par  glissements  successifs,  des  bancs  de  ces  travertins 
qui  couronnent  le  plateau  de  Békeira,  et  qui,  selon  toute  probabilité, 
doivent  se  rapporter  à  la  formation  pliocène  d'El  Hadj  Baba.  Ceci 
est  hors  de  doute  pour  les  lambeaux  de  travertins,  absolument 
identiques,  que  j'avais  signalés  à  El  Mala,  et  qui  proviennent  très 
nettement  des  bancs  démantelés  couronnant  les  argiles  oligocènes 
au  sud. 

Ce  Pliocène  lacustre»  sous  le  même  faciès,  joue  un  rôle  considé- 
rable dans  la  constitution  de  la  région  à  l'ouest  du  massif  du 
Chettaba. 

3«  Argiles  à  lignites  du  Srnendou,  au  nord  du  bassin,  d'âge  Miocène 
inférieur. 

4°  Poudingues  du  Coudiat-Aty,  Aquitanien,  très  développés  sur 
les  flancs  du  Chettaba,  au  nord  et  à  l'est,  où  ils  recouvrent  les 

5°  Argiles  à  gypse  et  à  Hélices  dentées,  dont  j'ai  indiqué  l'exten- 
sion dans  le  bassin,  et  qui  se  rapportent  à  l'Oligocène  inférieur. 

II.  —  Terrains  crétacés. 

Il  est  utile  de  remarquer  tout  d'abord  que  le  Suessonien  indiqué 
parTissot,  dans  le  Chettaba,  et  reproduit  d'après  ses  tracés  dans 
la  Carte  géologique  générale  de  1889,  n'existe  pas  dans  ce  massif; 
cependant  les  nombreux  fragments  de  silex  caractéristiques  repris 
en  amas  plus  ou  moins  conglomérés  à  la  base  des  poudingues  aqui- 
taniens  sur  le  flanc  est  du  Chettaba,  témoignent  manifestement  de 
l'existence  et  de  la  destruction  par  érosion  de  ce  terrain  avant  la 
période  oligocène. 

1°  Sénonien,  très  développé  avec  son  faciès  typique  si  constant 
dans  toute  l'étendue  du  Tell  algérien  :  marnes  noires  à  rognons  de 
calcaires  jaunes  et  marnes  bleuâtres  schisteuses,  irrégulièrement 


90  E.    FICHEUR.    —   LE  MASSIF  DU   CHETTABA  20  Févr. 

intercalées  de  calcaires  marneux  à  empreintes  d'ioocérames.  Co- 
quand  a  signalé  au  Chettaba  Micraster  Peini  Coq.  que  nous  avons 
retrouvé  en  plusieurs  points,  notamment  en  certaine  abondance, 
sur  les  indications  de  M.  Malen,  Garde  forestier,  au  voisinage  d'Ain 
Merouel,  au  pied  sud  ouest  du  Karkara,  avec  de  nombreux  Ino- 
cérames  et  des  traces  d'Ammonites. 

Les  mêmes  fossiles  existent  également  au  flanc  est  du  Karkara, 
dans  les  bancs  calcaires  qui  occupent  la  base  du  Sénonien,  au  voisi- 
nage du  Marabout  Sidi  SÏimane  (voir  fig.  2). 

La  collection  Heinz,  acquise  par  le  service  de  la  Carte  géologique 
et  déposée  à  l'Ecole  des  Sciences  d'Alger,  renferme,  de  ce  point, 
en  outre  d'exemplaires  de  Micraster.  une  Ammonite  qui  paraît  peu 
différente  de  Sonneratia  Daubreei  de  Grossouvre  (i)  et  des  fragments 
de  Radiolites,  probablement  de  ceux  qui  ont  été  désignés  par 
Coquand  comme  Radiolites  cornu-pastoris  ? 

Sénonien  supérieur.  —  Les  assises  précédentes  sont  surmontées  en 
quelques  points  par  une  assise  en  gros  bancs  rocheux  de  calcaires 
durs,  subcristallins,  à  nodules  siliceux.  Ces  calcaires  qui  forment 
en  particulier  la  petite  crête  du  Djebel  Chettaba  (fig.  2,  p.  92),  sont 
surmontés  de  bancs  calcaréo- marneux  à  Inocérames,  et  par  suite 
doivent  être  rapportés  encore  au  Sénonien,  dont  ils  constituent  le 
terme  supérieur  dans  la  région;  c'est  là  un  faciès  spécial  qui  n'avait 
pas  encore  été  signalé,  et  que  je  ne  connais  d'aucune  des  régions 
du  Tell  où  le  Sénonien  présente  tout  son  développement. 

2°  Turonien-Cénomanien.  —  Les  calcaires  du  Rocher  de  Constan- 
tine  paraissent  représenter  l'ensemble  de  ces  deux  étages.  Les  bancs 
supérieurs,  immédiatement  recouverts  par  les  marnes  noires  du 
Sénonien,  renferment  quelques  Hippurites,  depuis  longtemps  signa- 
lés par  Coquand.  La  carrière  qui  se  trouve  près  de  la  route  des- 
cendant de  la  gare  au  Bardo  présente  un  banc  à  Hippurites  qui  m'a 
été  indiqué  par  M.  Joleaud,  lequel  en  a  recueilli  un  fragment  impor- 
tant. Plusieurs  sections  sont  visibles  dans  ces  calcaires  durs;  elles 
présentent  les  caractères  du  groupe  de  V Hippurites  giganteus  d'Hom- 
bres-Firrtias,  et  se  rapprochent  davantage  de  Hippurites  in  férus 
Dou ville;  ces  deux  espèces  appartiennent  au  Turonien  (2). 

Les  calcaires  de  l'assise  moyenne  renferment,  ainsi  que  nous 
l'avons  indiqué  (3),  un  banc  pétri  de  Caprines,  voisines,  d'après  le 

(1)  De  Grossouvre.  Les  Ammonites  de  la  Craie  supérieure. 

(2)  Douvillé.  Mémoires  de  Paléontologie  de  la  Soc.  géol.  1"  fasc.  Mém.  n*6. 

(3)  Ficheur.  Compte-rendu  de  l'excursion  du  22  octobre  1896.  Réunion  extra- 
ordinaire en  Algérie  (fl.  5.  G.  F.,  3"  sér.,  t.  XXIV,  p.  1167). 


1899  ET  LES  ÎLOTS  TRIASIQUES  DE  LA  RÉGION  DE  CONSTANTIN  h:  91 

professeur  von  Zittel,  de  Caprina  communis  Gemellaro,  du  Céno- 
manien  supérieur. 

L'absence  de  fossiles  dans  les  bancs  inférieurs  empêche  de  pré- 
ciser Tàge  de  ces  calcaires  dont  le  substratum  est  invisible. 

3°  Crétacé  inférieur.  —  Aux  divers  étages  de  la  série  infra-crétacée 
se  rapportent  les  massifs  calcaires  qui  constituent  les  saillies  et 
crêtes  rocheuses  du  Chettaba  (Djebel  Zouaoui  et  Karkara),  du  Djebel 
el  Akhal,  du  Kheneg,  et  pointements  accessoires  du  Kef  Beni- 
Hamza,  du  Hamma  et  du  Djebel  Kelal,  à  Test. 

A.  Calcaires  du  Karkara.  —  Ainsi  que  Tissot  Ta  indiqué  sur  ses 
cartes,  et  contrairement  à  l'opinion  émise  par  Coquand,  les  calcaires 
du  Karkara,  en  bancs  bien  réglés,  qui  présentent,  au  moins  dans 
les  bancs  supérieurs,  l'aspect  de  ceux  du  Rocher  de  Constantine, 
sont  bien  inférieurs  à  ce  niveau  et  doivent  se  rattacher  à  TAptieu. 


0.  Dj.  Zoaaoui 

1286» 


Ain  el  Brrfouft        Karkara 

lOfcZ1?  °     °  U«i» 


Fijar    i  •  —  Coupe  du  Djebel  Zouaoui  et  du  Karkara.  —  Echelle  :  . h  l0 ^ . 

A,  Calcaires  urgoaptiens:  1,  Cale.  k.Réquiénies;  2,  Cale,  à  Ostracées  (Zouaoui); 
3,  Cale,  à  Réquienies  et  polypiers  (Karkara)  ;  4,  Marno-calc.  grumeleux  à  Ostrea 
aquila;  5,  Cale,  à  Réquiémes;  B,  Sénonien  marno-calcaire  à  Micraster  Peini; 
C,  Calcaires  durs  à  silex;  D,  Poudingues  aquitaniens;  F,  Failles. 

Le  Djebel  Zouaoui  est  formé  par  une  puissante  assise  calcaire 
régulièrement  stratifiée,  dont  les  bancs,  faiblement  inclinés  au 
nord-ouest,  avec  abaissement  graduel  au  sud-ouest,  montrent 
leurs  escarpements  sur  les  deux  flancs  au-dessus  des  marnes  du 
Sénonien,  incontestablement  adossé  par  faille. 

Les  premiers  calcaires,  sans  fossiles,  sont  surmontés  de  bancs 
dans  lesquels  apparaissent  les  sections  de  Réquiénies  (ou  Toucasia?) 
qui  deviennent  de  plus  en  plus  nombreuses,  toujours  empâtées 
dans  la  roche,  qui  plus  haut  renferment  également  des  Ostracées 
indéterminables.  Au-dessus,  une  zone  de  3  à  5  mètres  renferme  de 
nombreux  moules  de  bivalves,  quelques  Gastropodes,  des  Echi- 
nides  :  Epiaster  restrict  us  Gauthier,  Heteraster  subquadratus  Gau- 
thier, et  des  Ostracées  :  Ostrea  aquila  d'Orb.  abondant,  avec  la 
variété  plus  carénée  passant  à  Ostrea  Cou  font  Defr.,  Ostrea  macrop- 


92  E.    FICHEUR.    —  LE  MASSIF   DU   CHETTABA  20  Févr. 

tera  Rœmer,  etc.  Le  sentier  qui  monte  de  la  maison  forestière  suit 
obliquement  cette  zone  sur  une  longueur  de  4  ou  500  mètres  ;  c'est 
un  niveau  important  dont  on  observe  nettement  le  prolongement 
vers  le  sud-ouest  au  voisinage  de  l'arête  escarpée. 

Au-dessus  de  cette  zone  se  retrouvent  les  calcaires  semblables 
aux  précédents  avec  sections  de  Réquiénies  (ou  Toucasia?).  Ces 
bancs  sont  surmontés  par  d'autres  calcaires  qui  affleurent  à  l'ouest, 
au-dessus  du  marabout  de  Sidi  Belkassem'ben  Zouaoui.  Ils  renfer- 
ment quelques  sections  de  Rudistes  indéterminables.  L'épaisseur 
totale  de  la  série  calcaire  visible  au  Zouaoui  dépasse  250  mètres. 

Au  Karkara,  la  pointe  nord-ouest  montre  un  formidable  escar- 
pement, où  les  calcaires  se  superposent  sur  près  de  500  mètres. 
Peut-être  y  a-t-il  sur  ce  point  un  anticlinal  aigu  replié  au  nord- 
ouest,  tel  que  l'indique  Coquand  (1)  d'une  manière  un  peu  exagé- 
rée? c'est  ce  que  je  ne  suis  pas  en  mesure  de  préciser;  cependant 
la  superposition  paraît  bien  régulière  et  la  succession  continue. 

La  coupe  précédente  (fig.  1),  montre  sur  le  flanc  ouest  du  Kar- 
kara une  succession  de  bancs  calcaires  à  sections  de  Réquiénies, 
qui  correspondent  nettement  à  ceux  du  Zouaoui  ;  les  bancs  supé- 
rieurs montrent  des  épaississements  locaux  de  calcaires  à  poly- 
piers, bien  visibles  à  la  crête.  Au-dessus,  se  retrouve  la  zone  marno- 
calcaire  avec  Echiuides  (Epiaster)  et  fragments  de  Plicatules,  dont  il 
serait  intéressant  de  poursuivre  l'étude.  Les  bancs  calcaires  qui  sur- 


o. 


Dj.  Karkara 


£. 


U  1099»» 


«/g/K^/tt/e/i/ 


Fig.  2.  —  Coupe  du  Karkara  au  Djebel  Chettaba.  —  Echelle  :  a,,û00. 

Mêmes  notations  que  la  fig.  \. 

a,  Cale,  rubanés  à  Microster;  b,  Marnes  grises  et  brunes;  c,  Marno-calcaires  à 
Inocérames;  ri,  Cale,  durs  à  rognons  siliceux  ;  e,  Cale,  et  marnes  à  Inocérames. 

montent  cette  zone  présentent  des  épaisseurs  variables,  et  paraissent 
nettement  tronqués  obliquement  par  les  couches  suivantes  qui  s'ap- 
pliquent indistinctement  sur  l'une  ou  l'autre  des  assises  de  l'Aptien. 

(1)  Coquand.  Loc.  cit.,  p.  80,  fig.  18. 


1899       et  les  Ilots  triasiques  de  la  région  de  constantine  93 

• 

Ce  sont  les  premières  couches  du  Sénonien  qui  présente  une 
coupe  complète  et  une  série  régulière  jusqu'à  l'arête  du  Djebel 
Cbeltaba  (fig.  2). 

Le  Sénonien  débute  par  des  calcaires  rubanés  jaunâtres,  en  petits 
bancs  bien  réglés,  qui  se  chargent  de  nodules  siliceux  vers  le  nord, 
au-dessus  du  marabout  Sidi  Slimaue;  ces  calcaires  renferment  des 
Micraster  et  des  Inocérames  :  la  collection  Heinz  renferme,  du  voi- 
sinage de  Sidi  Slimane  de  nombreux  Micraster  Peint  Coq.,  Micraster 
sp.,  un  grand  échinide  un  peu  écrasé  :  Pseudananchys  algira  Coq. 
sp.,  et  un  tronçon  d'Ammonite  voisine  de  Sonneratia  Daubreei  de 
Grossouvre. 

Au-dessus  se  développent  les  marnes  caractéristiques  du  Séno- 
nien, grises,  bleuâtres  et  brunes,  avec  rognons  de  calcaires  jaunes, 
qui  occupent  la  dépression  et  remontent  sur  le  flanc  opposé  ;  ces 
marnes,  s'inlercalant  de  lits  de  calcaires  marneux  à  Inocérames, 
présentent,  à  un  niveau  plus  élevé,  des  strates  nettes,  qui  sont  cou- 
ronnées en  concordance  par  les  calcaires  durs  à  nodules  siliceux 
de  Taré  te  du  Chettaba;  ces  calcaires  se  terminent  en  biseau  aux 
deux  extrémités  et  s'élargissent  dans  la  partie  médiane  et  culmi- 
nante en  deux  bandes  rocheuses,  comprenant  entre  elles  une  zone 
de  calcaires  marneux  à  Inocérames,  qui  forment  ici  la  dernière 
assise  du  Sénonien.  La  disposition  de  ces  calcaires  à  silex  du 
Djebel  Chettaba  permet  de  reconnaître  l'existence  d'un  synclinal 
aigu  déversé  à  l'ouest,  dont  le  prolongement  est  visible  au  nord, 
dans  les  marno  calcaires  c. 

Sur  le  flanc  ouest  du  Chettaba  se  retrouve  la  série  renversée  : 
marno  calcaires  c;  puis  les  marnes  grises  et  brunes  si  caractéris- 
tiques et  qui  semblent  prendre  un  développement  beaucoup  plus 
considérable  que  dans  la  coupe  ci-dessus. 

Remarque.  —  Il  est  important  de  constater,  d'après  ce  qui  précède, 
l'absence  des  calcaires  cénomano-turoniens  entre  l'Aptien  et  le 
Sénonien;  c'est  un  fait  de  transgression  sénonienne  qui  conduit  à 
admettre  l'existence  d'un  promontoire  saillant  formé  par  les  cal- 
caires du  Zouaoui  et  du  Karkara,  et  qui  peut  expliquer  le  faciès 
récital  des  calcaires  cénomaniens  du  Rocher  de  Constantine,  de 
même  que  le  faciès  spécial  de  calcaires  à  silex  de  la  base  du  Séno- 
nien à  Sidi  Slimane. 

B.  Calcaires  du  Kheneg.  —  Ces  calcaires  très  puissants  renfer- 
ment également  des  Réquiénies  dans  les  bancs  supérieurs;  ils  sont 
par  places  très  dolomitiques  ;  cette  dolomitisation  peut  être  due 
aux  actions  minera  lisantes. 


94  E.    FICHEUR.    —    LE   MASSIF   DU   CHETTABA  20  FéVI\ 

Au  rocher  du  Hamma,  les  calcaires  présentent  aussi  des  sections 
de  Réquiénies,  et  paraissent  devoir  se  rapporter  au  même  niveau 
que  les  calcaires  du  Karkara,  dont  ils  forment  en  quelque  sorte  le 
prolongement. 

C.  Djebel  el  Akhal.  —  Les  rochers  noirs  qui  ont  fait  donner  son 
nom  à  cette  montagne  (El  Akhal  ou  el  Lekhal,  le  noir),  sont  des 
calcaires  dolomitiques,  puissants,  aux  flancs  escarpés.  Ils  sont  sur- 
montés en  concordance  par  des  calcaires  en  bancs  bien  réglés  qui 
passent  sous  une  puissante  assise  de  marnes  feuilletées  avec  lits 
calcaires,  dans  lesquelles  j'ai  eu  la  bonne  fortune  de  retrouver  un 
des  niveaux  fossilifères  à  Ammonites  pyriteuses  du  Barrémien  du 
Djebel  Ouach,  sur  les  pentes  sud-est  du  mamelon  912,  au-dessus 
du  Douar  el  Abiod.  Parmi  les  espèces  déterminables  je  puis  citer  : 

Phylloceras  infundibulum  d'Orb.  sp. 
Desmoceras  Seguenzœ  Coq.  sp. 

—         cf.  Nabdalsa  Coq.  sp. 
Pulchellin  cf.  Sautageaui  Hermite  sp. 
Holcodiscus  sp.  ;  Ptychoceras  sp.  ;  Belemnites  sp.  ; 
Echinide  ferrugineux  :  Toxaster  ou  Heteraster  ? 
Lucina  cf.  sculpta  d'Orb.,  à  l'état  ferrugineux,  etc. 

Cette  assise  marneuse  vient  buter  par  faille  au  sud  contre  les 
marnes  sénoniennes. 

La  situation  de  ces  couches  barrémiennes  au-dessus  des  calcaires 
dolomitiques  du  Djebel  el  Akhal  établit  une  démarcation  entre  le 
Néocomien  proprement  dit  et  les  calcaires  à  Réquiénies  et  à  Ostrea 
aquila  du  Djebel  Zouaoui.  Au  Djebel  Ouach,  le  Barrémien  se  montre 
isolé  sans  relations  avec  les  calcaires  infra-crétacés.  Au  Djebel 
Zouaoui  et  au  Karkara,  ou  ne  voit  sur  aucun  point  apparaître  les 
marnes  à  Ammonites  pyriteuses.  On  est  ainsi  conduit  à  admettre 
que  les  calcaires  à  Rudistes  du  Zouaoui,  situés  à  peu  près  à  égale 
distance  (8  à  10  kilomètres)  entre  le  Barrémien  du  Djebel  Ouach, 
à  Test,  et  le  Barrémien  du  Dj.  el  Akhal,  à  l'ouest,  correspondent  à 
un  horizon  supérieur  au  Barrémien,  et,  par  suite,  représentent 
l'Aptien,  caractérisé  du  reste  par  les  fossiles  (0.  aquila,  etc.)  de 
l'assise  supérieure.  Ce  faciès  récifal  del'Aptien  peut  être  rapproché 
de  celui  qui  a  été  signalé  par  M.  Blayac  au  Djebel  Sidi  Rgheiss  (1), 
et  qui  paraît  se  retrouver  dans  les  pointements  et  chaînons  calcaires 
isolés  dans  la  zone  des  plateaux  constantinois. 

(1)  Blayac.  Sur  le  dôme  du  Sidi  Rgheiss.  B.  S.  G.  F.,  3«  s^r .,  t.  XXV,  p.  <J6i. 


ET  LES  ÎLOTS  TRIASIQUES  DE  LA  RÉGION  IIE  CONSTANTIN!!  9S 


Il  I  II  I  I  *  îï  II 

Il  411  I  II  i  il  II 

il  1  1M4  1 


96  E.    FICHEUR.    —    LE   MASSIF   DU   CBETTABA  20  Fé\T. 

La  série  crétacée  de  la  régioo  de  Constantine  parait  donc  pouvoir 
se  classer  de  la  manière  suivante  : 

i  Calcaires  durs  à  nodules  siliceux  du  Dj.  Chettaba. 
Marnes  noires  à  rognons  de  cale,  jaunes. 
Marno-calcaires  à  lnocérames  et  Micraster  Peini. 
Turonien.  —  Calcaires  supérieurs  à  Hippurites  de  Constantine. 
CÉNOMAMEN. — Calcaires  à  Caprines  du  Hocher  de  Constantine. 
àlbien?   —  Calcaires  supérieurs  du  Djebel  Zouaoui. 

jsupr  (  Calcaires  à  Ostrea  aquila,  Epiaster  restrictus. 
\  infr  (  Calcaires  à  Réquiénies. 
Barrémien.  —  Marnes  et  cale,  à  Ammon.  pyriteuses  du  Dj.  Ouach. 
K.  (  Calcaires  rubanés  du  Djebel  el  Akhal. 

liEOCOMIE^i      i/"ii_»  ji_       •*.•  •■ 

(  Calcaires  dolorai tiques  îd. 

Il  est  possible  que  le  faciès  récifal  commence  au  nord  dès  le 
Barrémien,  ce  qui  expliquerait  l'existence  des  calcaires  dolomiti- 
ques  au  Kheneg  et  au  Kef  Béni  Hamza,  sous  les  calcaires  à  Réquiénies. 

III.  —  Le  Trias. 

Sur  le  versant  oriental  du  Djebel  Chettaba,  les  pentes  jaunâtres 
que  Ton  distingue  très  nettement  de  Constantine,  sous  les  cailloutis 
rouges  de  l'Aquitanien,  se  rapporleut  aux  terrains  gypseux,  dont 
les  masses  sont  exploitées  depuis  longtemps  par  les  indigènes,  et 
ont  été  utilisées  pour  les  besoins  de  la  ville  de  Constantine.  La 
superposition,  régulière  en  apparence,  des  diverses  assises  depuis 
les  bancs  calcaires  du  Karkara,  avait  naturellement,  depuis 
Coquand,  fait  admettre  l'idée  que  ces  couches  gypseuses  bariolées, 
surmontant  le  Sénonien,  devaient  appartenir  à  l'Eocène  inférieur, 
d'autant  plus  que  Tissot  attribuait  déjà  à  cette  formation  les  marnes 
noires  sous-jacentes  à  rognons  de  calcaires  jaunes.  Cette  opinion 
a  entraîné  l'attribution  à  l'étage  suessonien  de  formations  argilo- 
gypseuses  reconnues  en  bien  des  points  de  la  province.  11  ne  fallait 
rien  moins  que  la  découverte  de  fossiles  probants  pour  renverser 
d'une  manière  aussi  radicale  les  conclusions  de  la  stratigraphie. 

Le  terrain  triasique  peut  s'observer  de  la  manière  la  plus  nette 
en  suivant,  au-dessus  de  l'Oued  el  Melah,  le  sentier  qui  conduit  à 
l'exploitation  Masson  et  qui  remonte  au-delà,  le  flanc  nord  du 
mamelon  S28  (feuille  de  Constantine,  au  50.000e). 

Après  avoir  traversé  les  bancs  caillouteux  de  l'Aquitanien,  qui 
se  relèvent  de  plus  en  plus  à  l'ouest,  on  marche  sur  un  terrain 


1899       et  les  Ilots  triasiques  de  la  région  de  constantine  97 

recouvert  d'une  croûte  gypseuse,  englobant  les  fragments  de  cal- 
caires bleu-noirâtres  en  menus  débris,  de  calcaires  jaunes  dolomi- 
tiques,  et  de  cargneules,  avec  des  marnes  jaunes  et  violacées.  Ce 
terrain  s'élève  sur  le  flanc  de  la  colline  au-dessus  de  la  carrière 
Masson,  et  couronne  la  partie  supérieure  mamelonnée,  s'étendant 
sur  le  versant  nord  en  une  bande  étroite  dont  la  teinte  vive  jaune 
et  rougeâtre  tranche  d'une  façon  absolue  sur  les  marnes  noires  du 
Sénonien  qu'elle  surmonte. 

Dans  les  argiles  irisées,  à  cristaux  de  gypse  et  à  cargneules, 
s'intercalent  des  bancs  de  calcaires  bleuâtres,  disloqués,  inter- 
rompus, des  lits  de  calcaire  jaune  de  miel  et  de  marnes  jaunes, 
avec  cristaux  de  quartz  bipyraniidé,  de  doloinie,  de  pyrite  de  fer. 
Ces  couches  sont  brisées,  fragmentées  et  distribuées  sans  ordre 
apparent.  Cependant,  on  peut  remarquer,  d'une  manière  générale, 
à  la  base,  c'est-à-dire  au  dessus  du  Sénonien,  les  argiles  irisées, 
surmontées  des  calcaires  jaune  de  miel,  calcaires  bleuâtres  dolomi- 
tiques,  que  couronnent  de  nouveau  des  argiles  irisées  à  gypse. 
L'épaisseur  visible  sur  le  versant  nord  est  d'environ  40  à  50  mètres 
(fig.  4),  mais  peut  se  réduire  à  quelques  mètres.  C'est  principale- 
ment sur  le  flanc  sud  du  mamelon  828,  au-dessus  du  ravin  dans 
lequel  se  trouvent  les  plâtrières  arabes,  à  la  Mechta  ben  Banés,  que 
ces  masses  d'argiles  irisées,  de  calcaires  jaunes,  et  de  gypses  en 
amas,  présentent  les  colorations  les  plus  vives,  auxquelles  le  soleil 
étincelant  donne  des  tons  chauds,  rouges  et  jaunes,  du  plus  bel 
effet.  Les  amas  de  gypse  sont  localisés  principalement  dans  la  bor- 
dure orientale,  que  les  ravins  entaillent  plus  profondément;  le 
gypse  est  distribué  irrégulièrement,  traverse  en  filons  les  inters- 
tices des  roches  disloquées,  dont  il  englobe  les  fragments,  brisés 
parfois  en  menus  débris  et  corrodés  d'une  façon  toute  spéciale. 
Dans  la  carrière  Masson,  ce  sont  souvent  de  simples  veinules  qui 
paraissent  remplir  les  intervalles  désagrégés  des  strates  calcaires. 

Les  ruisseaux  qui  sortent  de  ce  terrain  ont  tous  l'eau  saumâtre, 
d'où  le  nom  d'Oued  el  Melah,  témoignant  de  l'existence  du  sel 
gemme  mélangé  au  gypse. 

Les  fossiles  se  rencontrent  exclusivement  dans  les  plaquettes  de 
calcaire  jaune  et  rougeâtre,  les  calcaires  gris  cendrés  et  dans  les 
marnes  jaunes  qui  les  accompagnent.  Les  recherches  renouvelées 
de  M.  Goux  les  lui  ont  fait  reconnaître  sur  bien  des  points,  et  mes 
observations  personnelles  m'ont  permis  de  constater  que  les  traces 
de  fossiles  y  sont  fréquentes.  Sur  les  plaquettes  calcaires  les  bival- 
ves se  montrent  généralement  à  l'état  d'empreintes,  mais  dans  les 

ii  Avril  189».  —  T.  XXVII.  Bull.  Soc.  Géol.  Fr.  —  7 


98  E.    FICHEUR.    —  LE  MASSIF   DU  CHETTABA  20  Févr. 

parties  plus  friables,  les  coquilles  sont  dégagées  avec  leur  test.  Je 
citerai,  en  particulier,  le  sentier  qui  s'élève  sur  le  plateau  à  l'ouest 
du  point  828,  comme  l'un  des  points  intéressants  à  étudier.  Les 
Myophories  sont  les  plus  abondantes  et  caractéristiques  ;  sur  les 
plaquettes  s'y  ajoutent  des  fragments  de  Genrillia  et  de  Lima.  D'après 
la  détermination  de  M.  von  Zittel,  ces  fossiles  se  rapportent  à  : 
Myophoria  vulgaris  Schloth.  (du  Wellenkalk  et  du  Rôth),  Gervillia 
socialis  Schloth. 

La  démonstration  de  l'âge  triasique  est  incontestable  ;  nous 
verrons  plus  loin  comment  peut  s'expliquer  la  situation  anormale 
de  ce  terrain. 

Les  calcaires  dolomitiques  existent  en  quelques  gros  bancs  en 
dessous  du  sommet  828,  mais  ces  calcaires  paraissent  constituer 
une  masse  d'une  épaisseur  d'environ  50  mètres,  à  la  colline  rocheuse 
de  Talaâ,  qui  domine  la  Mechta  Talaâ,  à  la  pointe  nord-ouest  de 
cette  zone  (voir  fig.  7).  Ces  calcaires  sont  durs,  de  couleur  bleu 
foncé,  très  nettement  stratifiés  en  gros  bancs  intercalés  de  lits  plus 
minces  de  calcaires  grumeleux  ;  je  n'y  ai  reconnu  qu'une  section  de 
Gastropode  indéterminable.  Ces  calcaires  diffèrent  totalement  de 
ceux  du  Crétacé  ;  ils  passent  graduellement  aux  calcaires  dolomi- 
tiques rougeâtres  et  jaunes  à  Myophories.  D'après  la  disposition  de 
cette  assise,  ces  calcaires  représentent  l'assise  inférieure  du  Trias 
qui  affleure  dans  cette  région  et  correspondent  probablement  au 
Muschelkalk. 

La  série  triasique,  étirée  et  disloquée,  parait  ainsi  comprendre  les 
assises  suivantes,  de  bas  en  haut  : 

1°  Calcaires  dolomitiques,  bleuâtres  ; 

2°  Calcaires  jaune  de  miel,  cale,  en  plaquettes  et  marnes 

jaunes  à  Myophories  ; 
3°  Argiles  irisées,  gypses  et  cargneules. 

Tectonique 

1°  Relations  du  Trias  avec  les  terrains  encaissants 

(Voir  la  carte,  lig.  3,  p.  95). 

La  nappe  triasique  du  Chettaba  affleure  sur  une  longueur  d'envi- 
ron quatre  kilomètres  du  nord-est  au  sud-ouest  et  une  largeur 
maxima  de  trois  kilomètres  à  peine. 

Sur  la  bordure  orientale,  l'allleurement  triasique  est  continu 
dans  une  zone,  d'abord  très  étroite,  recouverte  à  l'est  par  les  assises 


1899       et  les  Ilots  triasiques  de  la  région  de  constantine  90 

oligocènes  fortement  redressées,  puis  s'élargissant  de  ce  coté  par 
l'érosion  de  la  couverture  jusqu'à  la  pointe  sud-ouest,  où  le  terrain 
disparaît  à  nouveau  sous  l'Oligocène  et  sous  le  Sénunien.  Le 
contact  à  l'ouest  de  cette  zone  avec  le  Sénonien  parait  sensiblement 
vertical  ;  toute  la  nappe  morcelée  qui  s'étend  à  l'ouest,  se  trouve  en 
superposition  anormale  sur  le  Sénonien.  Ce  sont  ces  relations  que 
nous  allons  examiner. 

Dans  la  partie  nord,  la  carte,  fig.  3,  montre  deux  bandes  étroites 
de  Trias;  celle  de  l'est  se  présente  comme  un  véritable  filon  dont 
j'ai  essayé  de  rendre  l'aspect  dans  le  croquis  suivant. 


Tr,  Trias;  po,  Poudlngucs  oligocènes. 


Le  ravin,  profondément  entaillé,  permet  de  reconnaître,  du  ver- 
sant opposé  au  sud,  la  disposition  des  terrains  dout  les  différents 
aspects  sont  nettement  tranchés.  La  bande  triasique,  de  coloration 
jaune  avec  taches  irisées  s'élève  du  fond  du  ravin,  eu  se  rétrécissant 
dans  les  parties  élevées,  où  l'affleurement  se  réduit  à  quelques 
mètres,  et  même  à  de  simples  traces  sous  les  pond  ingues  oligocènes. 
Ces  conglomérats  rouges  montrant  leurs  tranches  sensiblement 
horizontales  au  sommet  du  contrefort  760,  s'infléchissent  a  l'est 
avec  quelques  interruptions  laissant  a  (fleurer  le  Sénonien,  et  pré- 
sentent au  flanc  du  ravin  une  inclinaison  fortement  accusée;  les 
blocs  et  fragments  éboulés  de  ces  poudingues  masquent  un  peu  la 
ligne  de  contact  du  Trias;  la  superposition  est  bien  nette  dans  tes 
parties  élevées,  et  du  reste,  les  premières  couches  conglomérées 
renferment  en  abondance  des  plaquettes,  à  peine  roulées,  de  cal- 
caires triasiques. 

Le  sentier  qui  monte  au  nord  du  ravin,  sur  le  tlauc  du  mamelon 


100 


E.    F1CTEUR. 


-  LE   MASSIF   DU    CHETTABÀ 


20  Févr. 


643,  est  très  instructif  à  cet  égard.  A  l'ouest,  la  ligne  de  contact  du 
Trias  avec  les  marnes  brunes  du  Sénonien  est  nettement  marquée. 
Dans  la  partie  supérieure,  où  l'affleurement  triasique  s'élargît  par 
suite  du  ravinement  latéral,  on. voit  des  blocs  de  calcaires  jaunes 
sénoniens  emballés  dan»  un  magma  gypseux,  dont  la  formation  est 
due  vraisemblablement  à  la  cristallisation  du  gypse  entraîné  par 
dissolution  dans  les  eaux  circulant  à  travers  le  terrain  gypseux 
triasique.  Tout  le  flanc  du  contrefort,  à  l'ouest  du  poîntement 
triasique,  est  constitué  par  le  Sénonien,  marnes  noires  et  calcaires 
marneux  bleuâtres,  dont  les  bancs,  exploités  pour  la  chaux  hydrau- 
lique à  l'usine  Micoud,  sont  plissés,  écrasés  et  disloqués  d'une 
façon  remarquable. 

Si  maintenant  l'on  examine  du  nord,  d'un  point  du  contrefort 
760,  le  versant  opposé  du  ravin,  on  voit  de  la  manière  la  plus  nette, 
la  bande  triasique,  s'élevant  d'abord  verticalement  sur  le  flanc  du 
ravin,  s'infléchir  à  l'ouest  et  se  prolonger  en  une  nappe  continue 
qui  couronne  le  Sénonien. 


Fig.  S.  —  Superposition  du  Trias 


Dord  du  Cbcttaba. 


En  suivant  le  sentier  qui  longe  le  flanc  de  la  montagne,  on  se 
trouve  à  peu  près  à  ta  limite  des  deux  terrains;  les  argiles  irisées 
et  cargneules  recouvrant  nettement  le  Sénouien  sur  une  étendue 
de  plus  de  2  kilomètres. 

Il  est  bien  évident  que  le  pointement  triasique  du  nord  du  ravin 
(ûg.  4)  représente  ta  racine  d'un  pli  étiré  et  replié  à  l'ouest,  et  qui, 
de  ce  coté,  a  complètement  disparu  de  la  surface  du  Sénonien  avant 
le  dépôt  des  poudingues  oligocènes  (Voir  plus  loin  la  fig.  8,  I). 

La  carrière  exploitée  pour  l'usine  Masson  permet  de  reconnaître 
une  série  de  bancs  calcaires  marneux,  analogues  à  ceux  du  Séno- 
nien, qui  sont  pénétrés  et  traversés  de  filonnets  gypseux.  Au-delà, 
l'assise  d'argiles  irisées,  gypses,  cargneules  et  calcaires  dolomi- 


1899       et  les  Ilots  triasiques  de  la  région  de  constantine 


101 


tiques,  présente  une  épaisseur  qui  peut  atteindre  70  mètres;  la 
stratification  est  assez  nette  sur  de  petites  surfaces.  Au-delà,  la 
bande  triasique  s'amincit  et  vient  passer  sous  les  calcaires  rocheux 
qui  couronnent  le  sommet  864;  la  coupe  depuis  le  sentier  présente 
la  disposition  suivante  : 


8*V 


a 


Fig.  6.  —  Étirement  de  la  bande  triasique  dans  le  Sénonlen. 

Le  Trias  est  surmonté  par  le  Sénonien,  marnes  grises  et  calcaires 
marneux,  d'une  épaisseur  de  30  à  40  mètres,  qui  forme  le  talus 
couronné  par  les  calcaires  durs  à  silex  Se  du  Sénonien  supérieur. 
Ce  lambeau  en  superposition  normale  témoigne  de  l'existence  d'un 
anticlinal  triasique  étiré  dans  le  Sénonien.  Sur  le  versant  opposé 
à  l'ouest,  on  retrouve  sous  les  calcaires  supérieurs  la  même  suc- 
cession :  marnes  du  Sénonien  et  Trias  recouvrant  le  Sénonien  qui 
se  développe  au-delà  sur  toutes  les  pentes. 

La  bande  triasique  s'amincit  davantage  en  se  relevant  au  col  qui 
sépare  le  sommet  821  du  Kef  Talaâ;  elle  vient  former  une  bordure 
très  étroite  (3  à  4  mètres)  toujours  sur  le  Sénonien  et  au-dessous 
des  calcaires  rocheux:  la  zone  irisée  passe  au-dessus  des  gourbis 
du  Douar  Talaâ  et  s'étale  en  une  sorte  de  promontoire  qui  disparaît 
à  300  mètres  au  nord  sous  les  poudingues  oligocènes. 


an 


N.  N.  £. 


Fig.  7.  —  Proni  du  Kef  Talaâ,  vu^de  l'ost. 


Les  calcaires  dont  il  a  été  question  ci-dessus,  et  qui  paraissent 
se  rattacher  au  Trias,  présentent  dans  les  bancs  supérieurs  une 
inflexion  graduelle  qui  les  incline  d'abord  à  50°,  puis  les  redresse 
à  la  verticale,  au  nord  ;  cette  torsion  semble  indiquer  un  raccor- 


102  E.    FICHEUR.   —  LE   MASSIF   DU  CHETTABA  20  Févr. 

dément  avec  les  bancs  inférieurs.  Sur  le  flanc  ouest,  les  calcaires 
s'infléchissent  également  et  paraissent  s'enfoncer  en  coin  dans  les 
argiles  irisées  qui  viennent  les  recouvrir.  Cette  disposition  implique 
l'idée  de  la  boucle  d'un  anticlinal  étiré  (Fig.  8, 1). 

Au  sud  du  contrefort  828,  les  ravins  qui  descendent  vers  l'ouest 
à  TOued  el  Melah  entament  la  masse  triasique  dans  laquelle  les 
gypses  se  montrent  plus  ou  moins  développés  à  la  base  (plà trières 
arabes  de  la  Mechta  ben-Banès). 

Le  ravin  de  Sidi  Malek  permet  de  suivre  le  prolongement  vers 
Test  de  la  bande  triasique  sous  Jes  poudingues  aquitaniens;  la 
racine  du  pli,  masquée  par  les  dépôts  oligocènes,  est  bien  plus 
large  que  ne  le  laissait  supposer  le  pointement  étroit  de  la  fig.  4. 

Plus  loin,  les  poudingues  rouges  viennent  former  au-dessus  du 
Trias,  une  couverture  démantelée,  sorte  de  plate-forme  à  l'altitude 
765,  qui  s'étend  à  l'ouest  sur  le  Sénonien,  masquant  les  relations 
du  Trias  avec  le  Sénonien  (Fig.  8,  IV). 

En  remontant  le  Chabet  Aïn-Mtaïra,  au-dessus  de  Ben-Banès,  on 
voit  toujours  le  Trias  s'élever  au-dessus  du  Sénonien  qui  occupe 
les  pentes  intérieures.  Au  fond  de  ce  ravin,  les  calcaires  qui  for- 
ment un  rocher  disloqué  (739)  présentent  des  sections  de  Caprines 
identiques  à  celles  du  Cénomanien  de  la  corniche  de  Constantiue. 
Des  fragments  et  blocs  entraînés  sur  les  pentes  inférieures  sont 
pétris  de  Caprines  et  ne  peuvent  laisser  aucun  doute  sur  la  présence 
d'un  témoin  cénomanien,  reposant  ici  sur  le  Sénonien,  et  plus  ou 
moins  recouvert  par  le  Trias  (Fig.  8,  111). 

L'existence  de  ce  lambeau  cénomanien  est  d'une  grande  impor- 
tance, en  indiquant  l'extension  sur  ce  versant  des  calcaires  céno- 
maniens  qui  ne  se  rencontrent  pas,  ainsi  que  je  lai  montré  plus 
haut,  entre  l'Aptien  et  le  Sénonien  du  Karkara  (fig.  2). 

En  dehors  de  ce  lambeau,  M.  Goux  et  moi  avons  encore  reconnu 
sur  les  pentes  supérieures,  disséminés  à  la  surface  des  marnes 
sénoniennes,  quelques  blocs  de  calcaire  à  Caprines. 

La  surface  de  contact  anormal  du  Trias  et  du  Sénonien  remonte 
en  plan  incliné  vers  l'est,  la  nappe  triasique  disparaît,  et  les  pentes 
ravinées  ne  montrent  plus  que  le  Sénonien.  Mais  plus  haut  se  retrou- 
vent quelques  lambeaux  intéressants  dont  la  situation  en  recou- 
vrement sur  le  Sénonien  est  absolument  nette;  on  peut  les  recon- 
naître en  suivant  le  sentier  qui  contourne  ce  flanc  raviné  condui- 
sant du  mamelon  828  au  sommet  917. 

Un  premier  îlot  de  cargneules,  argiles  irisées  et  calcaires  jaunes, 
qui  n'a  pas  plus  de  10  à  15  mètres  de  côté,  et  quelques  mètres 
d'épaisseur,  repose  nettement  sur  le  Sénonien. 


1899       et  les  Ilots  triasiques  de  la  région  de  Constantin e 


103 


Un  autre  petit  lambeau  d'environ  80  mètres  de  long  se  trouve  à 
100  mètres  plus  loin  ;  ce  sont  de  simples  traces,  que  des  érosions 
violentes  pourraient  faire  disparaître.  Sur  le  mamelon  au-dessus 
de  869,  un  lambeau  de  gypse  anciennement  exploité  avec  calcaire 
bleuâtre  et  cargneules,  forme  également  couverture  au  Sénonien. 

Toute  la  petite  crête  qui  se  poursuit  au  sud  vers  les  anciennes 
plâtrières,  est  triasique  avec  fossiles,  le  soubassement  est  formé 
par  le  Sénonien. 

2°  Anticlinal  triasique  étiré  dans  le  Sénonien 

Les  coupes  suivantes,  disposées  dans  leur  ordre  du  nord  au  sud 
à  travers  la  bande  triasique,  résument  l'allure  du  Trias  par  rapport 
au  Sénonien. 


N.o 


SE 


OÏMelmh 


î  \   \    ^ 


oOwtJmrt 


Fiff.  8.  —Coupes  parallèles  dans  le  Trias  du  Chcttaba.  —  Fx»hHl<!  :  ■„■„  J00 

Apt,  Cale,  du  Karkara  (Aptien);  Cénom.,  Cale,  à  Caprint»*;  Se.  Cale,  à  nodules 
siliceux  (Sénon.  sup.);  ag,  Argiles  a  gypse  (Olipoeène)  :  po,  Poudingue  aqui- 
taniens. 


L'étude  détaillée  montre  que  : 

1°  La  bordure  est  de  la  bande  triasique  se  trouve,  du  côté  de 
l'ouest,  en  contact  sensiblement  vertical  avec  le  Sénonien,  suivant 


104  E.   FICHEUR.    —  LE  MASSIF   DU  CHLTTABA  20  Fé\T. 

une  ligne  dirigée  du  nord-est  au  sud-ouest;  cette  bande,  qui  peut  se 
prolonger  au  nord-est  au-delà  de  l'affleurement  qui  passe  sous  les 
poudingues  oligocènes,  ne  paraît  pas  se  poursuivre  au  sud-ouest, 
puisqu'on  n'aperçoit  aucune  trace  dans  le  ravin  de  l'Oued  Mgha- 
rouel,  à  un  niveau  bien  inférieur  à  celui  de  l'affleurement  terminal. 

2°  Sur  tout  le  flanc  est,  le  Trias  est  recouvert  normalement  par 
les  assises  oligocènes,  argiles  à  gypse  et  poudingues,  sous  lesquels 
il  se  montre  encore  à  7  ou  800  mètres  de  la  bordure. 

3°  Tout  le  reste  de  l'affleurement  triasique  se  trouve  en  recou- 
vrement anormal  sur  le  Sénonien,  suivant  une  surface  inclinée 
vers  l'est. 

4°  Au  nord-ouest,  la  nappe  triasique  (fig.  8,  coupe  II)  s'étire  dans  le 
Sénonien,  même  jusqu'à  disparaître  sur  le  flanc  sud  du  sommet  884. 

Il  en  résulte  que  l'on  est  amené  à  admettre  l'existence  d'un  anti- 
clinal triasique  couché  au  nord-ouest  sur  le  Sénonien.  et  même  étiré 
par  un  pli  aigu  dans  ce  terrain.  La  racine  du  pli  est  occupée  par  la 
bande  continue  de  l'est  dont  la  largeur  est  masquée  par  les  dépôts 
oligocènes.  Ainsi  qu'en  témoigne  la  nappe  de  poudingues  de  la 
fig.  8,  coupe  IV,  les  dépôts  oligocènes  ont  dû  recouvrir  la  majeure 
partie  de  l'affleurement  triasique,  que  l'érosion  seule  a  fait  appa- 
raître. En  reconstituant  cette  couverture  oligocène,  on  voit  que  le 
Trias  pouvait  être  simplement  représenté  par  quelques  traces  plus 
ou  moins  isolées,  à  la  surface,  du  Sénonien. 

Ces  coupes  nous  présentent,  dans  leurs  détails,  les  différentes 
conditions  dans  lesquelles  peuvent  affleurer  des  lambeaux  triasi- 
ques  amenés  au  jour  par  une  cause  analogue;  soit  à  l'état  de  poin- 
tement  filonien  (coupe  I),  correspondant  à  la  racine  seule  du  pli, 
soit  à  l'état  de  témoins  isolés  à  la  surface  de  terrains  plus  récents 
(coupes  NI  et  IV),  soit  à  l'état  de  nappe  mince  interstratifiée  dans 
le  Sénonien  (coupe  II)  et  peuvent  servir  à  expliquer  les  cas  les 
plus  variés  d'intrusion,  soit  verticale,  soit  oblique  ou  horizontale, 
d'un  terrain  argilo-gypseux  à  faciès  triasique  dans  les  formations 
plus  récentes. 

Ce  pli  déversé  sur  plus  de  2  kilomètres,  amenant  au  jour  à  tra- 
vers le  Sénonien  une  nappe  triasique,  dont  les  affleurements  en 
situation  normale  ne  sont  pas  connus  dans  la  région  avoisinante, 
constitue  un  de  ces  accidents  singuliers  dont  nous  allons  chercher 
l'explication  dans  la  tectonique  de  la  région. 


/ 


i 


1899      ei  les  Ilots  triasiques  de  la  région  de  constantine 


3°  Structure  générale  du  massif 
du  Chettaba 

Les  chaînons  calcaires  culminants  du 
massif  du  Chettaba  surgissent  du  Séno- 
Dien  par  un  réseau  de  failles  bien  mar- 
quées et  incontestables  ;  le  Djebel  Zouaoui 
est  complètement  limité  par  deux  grandes 
failles  qui  font  buter  le  pied  des  calcaires 
aptiens  contre  le  Sénonien  à  l'est  et  à 
l'ouest;  le  Djebel  Karkara  est  bordé  à 
l'ouest  par  une  faille  sensiblement  paral- 
lèle à  celle  du  Zouaoui,  et  au  nord  par 
'  nue  faille  perpendiculaire.  Entre  les  deux 
failles  principales,  le  Sénonien  effondré 
est  affecté  de  plis  longitudinaux  qui  se 
poursuivent  au  sud-ouest. 

A  l'est,  le  rocher  de  Constantine  et  de 
Sidi-M'cid  est  presque  entièrement,  sauf 
au  sud-est,  limité  par  une  faille  polygo- 
nale, qui  met  en  contact  les  calcaires 
cénomano-turoniens  avec  le  Sénonien. 
La  ng.  9  montre  la  disposition  de  ces 
lignes  de  fractures. 

Ces  masses  calcaires,  de  même  que 
celles  qui  formeut  le  Kheneget  le  Djebel 
el  Akbal  sont  des  tronçons  découpés,  en 
quelque  sorte  à  l'em porte-pièce,  d'une 
ancienne  chaîne  crétacée  démantelée  vrai- 
semblablement après  l'Eocène  inférieur 
et  avant  l'Eocène  supérieur  (Grès  du 
Djebel  Ouacb). 

Le  flanc  est  du  Karkara  fait  exception  : 
j'ai  montré  ci-dessus  que  les  calcaires 
aptiens  sont  recouverts  directement  par 
le  Sénonien,  dont  les  coucbes  se  super- 
posent régulièrement  jusqu'à  l'arête  du 
Djebel  Chettaba;  mais,  à  la  pointe  nord- 
ouest  du  Karkara  se  manifeste  un  acci- 
dent assez  brusque  :  bossellement  des 
calcaires  aptiens  avec  pli  aigu  du  Séno- 


1    2 


II 
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106  E.    FICHE UR.    -r-  LE  MASSIF  DU  CHETTABA  90  FéVT. 

nien  (fig.  8,  coupe  II).  Au  Djebel  Chettaba,  les  calcaires  du  Séno- 
nien supérieur  sont  repliés  en  synclinal  aigu  déjeté  à  l'ouest,  ainsi 
qu'il  est  facile  de  s'en  assurer  en  constatant  la  terminaison  en 
biseau  aigu  du  pli  aux  deux  extrémités  de  cette  arête. 

Ce  synclinal  aigu,  qui  se  poursuit  au  sud-ouest  dans  le  Sénonie'n, 
explique  le  renversement  de  l'anticlinal  sénonien  dont  le  noyau 
est  occupé  par  la  nappe  triasique.  La  présence  des  lambeaux  de 
calcaires  à  Caprines  entre  le  Sénonien  et  le  Trias,  attestant  l'étiré- 
ment  du  Cénomanien,  confirme  encore  cette  interprétation.  Le 
noyau  triasique  traversant  ainsi,  sans  les  déranger  visiblement, 
les  assises  secondaires,  probablement  les  calcaires  liasiques  et 
toute  la  puissante  série  crétacée  du  Néocomien  au  Turonien,  a 
pénétré  en  s'étirant  dans  le  Sénonien,  dont  les  couches  plastiques 
se  sont  prêtées  plus  facilement  à  cet  effort  que  les  masses  calcaires 
sous-jacentes. 

Il  paraît  logique* de  supposer  que  cette  poussée  triasique  s'est 
produite  dans  l'écartement  des  lèvres  d'une  faille  sensiblement 
parallèle  aux  failles  directrices  du  Karkara  et  du  Zouaoui,  et  à  la 
faille  occidentale  du  Rocher  de  Constantine. 

Cet  accident  remarquable  peut  avoir  également  une  cause  dans 
le  foisonnement  des  gypses  triasiques  qui  occupent  en  masses 
importantes  Taxe  du  pli,  ou,  s'il  est  permis  d'employer  cette 
expression,  la  cheminée  d'arrivée  du  Trias. 

Remarquons  encore,  pour  terminer,  que  cette  pénétration  du 
Trias  dans  le  Sénonien  est  antérieure  aux  dépôts  oligocènes  qui 
sont  transgressifs,  et  dont  les  poudingues  renferment  de  nombreux 
éléments  repris  des  calcaires  triasiques. 

Autres  pointements  triasiques  de  la  région. 

Quelques  ilôts  de  même  constitution  et  de  faciès  tellement  iden- 
tique qu'il  est  impossible  de  les  séparer  du  Trias,  ont  été  reconnus 
dans  la  feuille  de  Constantine,  les  principaux  sur  les  indications 
et  les  tracés  de  M.  Jacob. 

1°  Bande  d' Ain  Goulia,  —  A  10  kilomètres  environ  au  sud-ouest 
de  cette  nappe  triasique  du  Chettaba,  au  sud  du  Djebel  Zouaoui  et 
au  voisinage  de  la  maison  forestière  du  Chabet  Saïd,  se  montre  en 
plein  Sénonien  une  bande  étroite  d'argiles  irisées,  avec  gypses, 
marnes  et  calcaires  jaunes  et  cargneules. 

Cette  bande  commence  vers  le  nord-est,  en  dessous  du  mamelon 
848,  avec  une  épaisseur  de  10  à  15  mètres,  intercalée  en  apparence 


1899       et  les  Ilots  tkiasiques  de  la  région  de  constantine         107 

dans  le  Sénonien.  Elle  se  continue  au  sud-ouest,  en  suivant  sensi- 
blement le  même  niveau  ;  dans  le  ravin,  sous  la  maison  forestière, 
elle  s'épaissit  légèrement  (20  à  25  mètres),  puis  se  relève  sur  le  flanc 
du  mamelon  835,  en  s'amincissant  par  places  jusqu'à  disparaître 
sous  les  éboulis  du  Sénonien. 

Au  mamelon  835,  la  coupe  est  très  nette  :  marnes  noires  du  Séno- 
nien au-dessous  de  la  zone  d'argiles  irisées,  qui  est  surmontée  par 
les  marnes  et  calcaires  à  I  noce  rames  formant  le  sommet  ;  l'épais- 
seur de  l'assise  irisée  ne  dépasse  pas  10  mètres. 

Cette  bande  très  étroite  qui  donne  un  contour  sinueux  sur  la 
carte,  appliquée  au  flanc  des  collines  sénoniennes,  est  très  visible 
à  distance,  grâce  à  sa  coloration  remarquable,  notamment  du  sud. 
C'est,  en  résumé,  une  véritable  lame  mince  qui  plonge  dans  le 
Sénonien  suivant  un  plan  faiblement  incliné  vers  le  nord  ;  l'affleu- 
rement disparait  au  nord  sous  le  Sénonien,  sans  qu'il  soit  possible 
de  voir  la  racine  d'un  pli.  L'aspect  de  ce  terrain,  argiles  irisées, 
calcaires  jaune  de-miel,  cargneules  et  quartz  bipyramidés,  est  abso- 
lument identique  à  celui  des  couches  du  Chettaba,  et  bien  que  je 
n'aie  pas  rencontré  de  fossiles  sur  ce  point,  je  n'éprouve  aucune 
hésitation  à  rapporter  cette  nappe  au  Trias;  l'interprétation  est  du 
reste  facile  à  la  suite  des  observations  faites  au  Chettaba. 

Il  n'y  a  pas  de  masse  gypseuse,  mais  seulement  de  petits  lits  de 
gypse  stratifié  dans  les  argiles.  Les  bancs  calcaires  sénoniens  parais- 
sent en  quelques  points,  brusquement  tronqués,  comme  sous  l'action 
d'une  intrusion  violente. 

Cette  bande  remonte  dans  le  ravin  au  pied  de  891,  puis  elle  se 
prolonge  sur  le  flanc  est  du  mamelon  rocheux  qui  porte  les  ruines 
d'Arsacal  (El  Goulia),  passant  sous  les  marnes  sénoniennes  en  zone 
étroite  surmontée  des  bancs  calcaires  à  nodules  siliceux,  ici  rem- 
plis de  magnifiques  empreintes  d'Inocérames,  qui  appartiennent 
sans  conteste  au  Sénonien  supérieur  (calcaires  du  Djebel  Chettaba). 

C'est  ici  le  commencement  du  faciès  calcaire  à  lnocérames,  déve- 
loppé plus  au  sud  à  El  Guerrah.  A  la  pointe  sud-ouest,  la  zone 
triasique  étirée,  toujours  très  étroite,  vient  se  terminer  eu  biseau 
entre  les  calcaires  et  les  marnes  sénoniennes. 

Ce  point  reproduit  absolument  la  coupe  donnée  du  Chettaba 
(fig.  6),  ainsi  que  le  montre  la  figure  suivante  (fig.  10). 

Cette  petite  lame  se  prolonge  au  sud  jusqu'au  mamelon  80o 
(feuille  de  l'Oued  Athmenia),  toujours  intercalée  dans  le  Sénouien; 
les  gypses  s'y  montrent  nettement  stratifiés  dans  les  argiles  irisées 
et  les  calcaires  jaunes. 


108  £.    FICHEUR.   —  LE  MA8SIF  DU  CHETTABA  20  Févr. 

En  résumé,  cette  lame  triasique  épaisse  de  8  à  10  mètres  en 
moyenne  affleure  en  une  bande  continue  sur  2  kilomètres  environ 
du  nord-est  au  sud-ouest  et  pénétrant  environ  de  1  kilomètre  dans 
le  ravin  vers  le  nord.  L'apparition  de  ce  Trias  au  milieu  du  Séno- 
nien  est  due  à  la  même  cause  que  celle  qui  a  amené  une  nappe 
identique  dans  le  Sénonien  du  Chettaba  ;  ici,  par  contre,  le  noyau 
se  trouve  au  nord-ouest  et  le  pli  est  déversé  au  sud-est. 


d'yirsaoal.  307 


^MllIFÏÏIlllllMlllilllIlTffrc1        TrvtLs 


1 


Fig.  10.  —  Coupe  du  Trias  à  AId  Goulia.  —  Echelle  :    18  ^ 

2°  A  l'Ouest  du  Djebel  Zouaoui,  sur  la  crête  qui  forme  ligne  de 
partage  près  du  point  1084,  apparaît,  sous  les  argiles  oligocènes,  un 
lambeau  extrêmement  réduit  d'argiles  irisées  et  gypses  (25  mètres 
d'affleurement)  que  je  n'hésite  pas  à  considérer  comme  ayant  la 
même  origine. 

3°  Djebel  el  A khal  —  Au  flanc  nord,  sur  les  calcaires  dolomi- 
tiques  que  j'ai  considérés  plus  haut  comme  néocomiens,  affleurent, 
dans  la  tranchée  de  la  route,  des  couches  irisées  présentant  la 
coupe  suivante  depuis  la  base  :  1°  argiles  irisées;  2°  calcaires  jaunes, 
dolomies  et  quartz  bipyramidés;  3°  argiles  irisées;  4°  cargneules, 
calcaires  jaunes  et  quartz.  L'affleurement  est  masqué  au-dessus 
par  les  éboulis  limoneux  jusqu'au  petit  ravin  que  contourne  la 
route,  et  dans  lequel  se  retrouvent  des  argiles  irisées. 

Le  contact  avec  les  calcaires  dolomitiques  parait  se  faire  par  une 
faille,  dont  le  prolongement  à  Test  dans  l'Oued  Koton,  donne  lieu 
à  une  source  thermale. 

4°  Kef  Béni  Hamza.  —  Au  nord-ouest  d'Aïn  Kerma,  le  piton  ro- 
cheux de  Béni  Hamza  est  formé  de  calcaires  massifs  analogues  à 
ceux  du  Kheneg,  et  qui  sont  à  l'ouest  en  contact  par  faille  avec  un 
lambeau  important  d'argiles  irisées,  cargneules,  gypses,  calcaires 
jaunes,  calcaires  bleuâtres,  absolument  semblables  à  ceux  du  Chet- 
taba; les  recherches  de  M.  Goux,  comme  les  miennes,  ont  été  infruc- 
tueuses ;  les  calcaires  jaune  de  miel  restent  à  étudier  avec  soin. 


1899       et  les  Ilots  triasiques  de  la  région  de  constantine        109 


Considérations  générales  sur  la  structure  de  la  région 

Les  lambeaux  triasiques  plus  ou  moins  importants  dont  il  vient 
d'être  question,  sont  arrivés  au  jour  en  traversant,  à  la  faveur  de 
failles  profondes,  les  terrains  crétacés  et  pénétrant  dans  le  Séno- 
nien.  Dans  la  chaîne  numidienne  qui  se  développe  à  20  kilomètres 
au  nord,  à  la  bordure  du  bassin,  les  calcaires  liasiques  forment 
l'ossature  et  se  montrent  sur  une  grande  épaisseur  au  Kef  Sidi  Dris 
et  au  Djebel  Msid  Aïcha.  11  semblerait  rationnel  de  rencontrer  dans 
cette  chaîne,  entre  le  massif  ancien  et  les  affleurements  liasiques, 
des  représentants  plus  ou  moins  importants  de  la  formation  triasi 
que.  On  sait  que  le  Trias  a  été  indiqué  par  Coquand  dès  ses  pre- 
mières explorations  de  la  province  de  Constantine,  à  El  Kantour 
et  aux  Toumiettes  (1). 

J'avais  déjà  visité  les  environs  d'El  Kantour  à  deux  reprises,  et 
j'ai  tenu*  à  l'étudier  de  plus  près  en  compagnie  de  M.  Blayac,  en 
novembre  1897. 

Le  Trias  d'El  Kantour. 

Sous  les  calcaires  liasiques,  exploités  en  carrière  à  l'usine  à 
chaux  de  l'Armée-Française,  au  nord  d'El  Kantour,  en  remontant 
la  route  on  trouve  une  petite  zone  d'argiles  rouges  feuilletées,  légè- 
rement bariolées,  ayant  l'aspect  des  argiles  irisées  sans  gypse  ;  puis 
viennent  des  schistes  satinés  blanchâtres,  avec  psammites.  Ces 
schistes  s'intercalent  de  lits  de  quartzites,  grès  et  conglomérats  à 
petits  éléments.  Les  couches  très  disloquées  sont  comprises  entre 
les  calcaires  (Lias  inférieur  d'après  les  fossiles)  et  les  schistes  et 
phyllades  à  filons  de  quartz  qui  se  rattachent  au  Précambrien  du 
massif  voisin.  L'épaisseur  des  assises  intercalaires  est  d'environ  60 
à  80  mètres. 

En  passant  au  Col  au  dessus  du  tunnel,  on  voit  dans  les  argiles 
rouges  des  marnes  et  calcaires  jaunes  qui  rappellent  entièrement 
l'aspect  des  calcaires  à  Myophories  du  Chettaba,  mais  dans  lesquels 
nous  n'avons  pas  vu  de  fossiles,  pas  de  gypse  non  plus.  Au-dessus 
les  calcaires  liasiques  à  nodules  siliceux,  très  réduits,  sont  sur- 
montés directement  des  calcaires  à  Nummulites  del'Eocène  moyen. 

(1)  Coquand.  Description  géologique  de  la  proYince  de  Constantine  (Mém.  de  ta 
Soc.  GéoL  de  Fr.  IKtt,  p.  U). 


110  E.   FICHEUR.    —   LE  MASSIF   DU  CHETTABA  20  Févr. 

La  zone  des  schistes  précambriens,  qui  affleurent  dans  le  ravin, 
occupe  Taxe  d'un  anticlinal,  sur  le  revers  sud  duquel  on  voit, 
dans  les  tranchées  du  chemin  de  fer  et  de  la  route,  les  couches 
sous-liasiques  disloquées  :  argiles  rouges,  schistes  satinés,  quart- 
zites,  grès,  conglomérats  à  petits  grains  de  -quartz,  puis  argiles 
schisteuses,  argiles  rouges  et  grès  rouges.  Cet  ensemble  est  bien 
différent  des  assises  du  Chettaba,  surtout  par  l'absence  d'argiles 
irisées  à  gypse  et  de  cargneules. 

Ce  sont  là  des  assises  qui  peuvent  représenter  le  Trias?  Suivant 
Coquand,  elles  se  prolongent  dans  Taxe  des  Toumiettes  et  au-delà 
vers  l'est.  Elles  peuvent,  d'après  leur  situation  stratigraphique, 
être  considérées  comme  un  faciès  sub-littoral  du  Trias  ;  il  n'en  est 
pas  moins  surprenant  de  ne  pas  rencontrer  ici,  en  situation  nor- 
male, les  affleurements  de  ces  argiles  irisées  du  bassin  de  Constan- 
tine.  J'ai  suivi  vers  l'ouest  une  assez  grande  étendue  de  la  chaîne 
jusqu'au  Kef  Sidi  Dris  et  au  Djebel  Msid  el  Aïcha  et  je  n'en  ai  pas 
vu  de  traces.  Les  accidents  qui  ont  amené  le  Trias  à  percer  le  Séno- 
nien  dans  les  conditions  étudiées  ci-dessus  n'en  sont  que  plus  remar- 
quables. 

Conclusions. 

La  découverte  des  fossiles  triasiques  dans  les  argiles  irisées, 
gypses  et  cargneules  du  Chettaba  est  venue  apporter  à  la  question 
des  pointements  gypseux  du  Tell  et  de  la  Chaîne  saharienne,  une 
précieuse  contribution,  en  donnant  une  base  aux  recherches  plus 
précises  à  reprendre  sur  les  relations  de  ces  Ilots  avec  les  terrains 
encaissants.  Il  demeure  bien  établi  que  l'arrivée  au  jour  du  Trias 
gypseux  à  travers  une  puissante' série  d'assises  crétacées,  est  un 
fait  bien  constaté,  explicable,  quelle  qu'en  soit  l'étrange  té,  par  le 
jeu  des  failles  et  des  écrasements  latéraux  ayant  provoqué  un  étire- 
ment  extraordinaire  de  ces  couches  plastiques,  dont  les  lambeaux 
se  montrent  toujours  dans  un  état  de  dislocation  intense. 

Les  études  détaillées  de  MM.  Blayac  et  Gentil  dans  la  région  de 
Souk  Ahras  (1),  ont  donné  à  cette  question  de  l'extension  du  Trias 
une  certaine  ampleur;  j'ai  été  heureux  de  constater,  en  juillet  der- 
nier, que  les  observations  signalées  sont  de  la  plus  rigoureuse 
exactitude.  De  même,  les  conclusions  indiquées  par  M.  Blayac  sur 
les  lambeaux  argilo-gypseux  de  la  région  des  Chotts  constanti- 

(1)  Blayac  et  Gentil.  Le  Trias  dans  la  région  de  Souk-Ahras  (B.  S.  G.  F.,  3*  sér., 
t.  XXV,  p.  ;>23). 


1899       et  les  Ilots  triasiques  de  la  région  de  constantink        1 11 

Dois  (l)t  relativement  à  la  salure  de  ces  bassins  fermés,  me  parais- 
sent bien  justifiées. 

Il  en  est  de  même  des  observations  faites  par  M.  Gentil  sur  le 
Trias  gypseux  de  la  région  de  la  Basse  Tafna  (2),  dont  j'ai  pu  véri- 
fier, en  compagnie  de  notre  zélé  confrère,  les  points  principaux. 

Il  est  certain  que  l'on  se  trouve,  dans  la  plupart  des  cas,  en  pré- 
sence de  faits  difficiles  à  interpréter  surtout  à  cause  de  Texigùité 
des  affleurements. 

Les  pointements  argilo-gypseux  et  salins  du  Trias,  souvent  accom- 
pagnés de  roches  ophitiques,  ont  pénétré  par  intrusion,  en  quelque 
sorte  filonienne,  dans  les  terrains  de  divers  âges,  la  circulation  des 
eaux  dissolvant  le  gypse  et  le  déposant  à  nouveau,  a  dû  exercer 
une  influence  active  sur  les  terrains  encaissants,  mais  dans  les  cas 
les  plus  probants,  ces  pointements  occupent  des  axes  anticlinaux. 
M.  Blayac  a  pu  dernièrement,  en  signaler  des  exemples  remar- 
quables dans  la  région  de  Cbéria.  Nous  avons  pu  récemment,  M. 
Blayac  et  moi,  faire  sur  la  montagne  de  sel  d'El  Outaïa,  quelques 
observations  importantes  qui  nie  paraissent  au  moins  concluantes 
pour  éloigner  l'idée  de  métamorphisme  de  calcaires  crétacés.  Je 
reviendrai  sur  cette  question  dans  une  prochaine  communication. 

Avant  de  terminer  cette  note  sur  la  région  de  Constantine,  je 
tiens  à  signaler  brièvement  l'existence  des  lambeaux  triasiques  des 
Ouled  Rahmoun  et  d'El  Guerrah. 

Ilot  triasique  des  Ouled  Rahmoun. 

Un  pointement  d  argiles  irisées  et  gypses  est  coupé  par  une  tran- 
chée de  la  voie  ferrée  à  1  kilomètre  au  nord  de  la  station  des  Ouled 
Rahmoun,  à  23  kilomètres  en  ligne  droite  au  sud  de  Constantine; 
dans  le  voisinage,  les  indications  de  Chabet  el-Djibs,  d'Ain  el  Mêla  h, 
d'Ain  el  Amra  (K>  el  Mrah)  de  la  carte  d'Etat-Major  (feuille  du 
Kroubs),  laissaient  soupçonner  suffisamment  l'existence  d'une  zone 
d'argiles  irisées  avec  gypse  et  sel.  Nous  y  avons  fait  une  course 
rapide,  M.  Blayac  et  moi,  et  les  conclusions  complétées  par  mes 
observations  récentes,  ont  été  celles  que  nous  présumions. 

Les  collines  qui  s'étendent  à  l'ouest  des  Ouled  Rahmoun  sont 
constituées  par  le  Suessonien  inférieur  composé  de  deux  assises  : 

(1)  J.  Blayac.  Los  Chotts  des  Hauts-Plateaux  de  l'Est  constantinois  {B.  S.  G.  F., 
3»  sér.,  t.  XXV,  p.  907). 

(2)  L.  Gentil.  Note  sur  l'existence  du  Trias  gypseux  dans  la  province4  d'Oran 
(B.  S.  G.  /•'.,  3   sér.,  t.  XXVI,  p.  457). 


112  E.    F1CHEUR.    —    LE   MASSIF   DU   CHETTABA  20  FéVI\ 

i 

1°  l'inférieure,  marnes  jaunes  et  calcaires  rognonneux  à  Ostrea 
strtctiplicata;  2°  au-dessus,  calcaires  gris-cendré  et  calcaires  blancs 
à  silex  caractéristiques  de  l'étage. 

Les  argiles  irisées  commencent  à  se  montrer  dans  la  tranchée  de 
la  route  au-dessus  de  la  gare,  sous  des  couches  conglomérées  forte- 
ment inclinées,  probablement  pliocènes?  Au-delà,  la  tranchée  du 
chemin  de  fer  coupe  le  Suessonien  inférieur.  Dans  la  tranchée  sui- 
vante se  montre  un  Ilot  d'argiles  irisées  avec  gypse  cristallisé  en 
masse  et  en  filonnets  pénétrant  en  tous  sens  des  couches  boulever- 
sées et  englobant  des  blocs  et  fragments  de  calcaires  blancs  et  gri- 
sâtres, corrodés,  qui  me  paraissent  incontestablement  appartenir 
au  Suessonien.  Dans  ces  blocs  empâtés,  j'ai  recueilli  un  fragment 
de  roche  phosphatée  qui  ne  peut  laisser  de  doute  sur  son  attribu- 
tion au  Suessonien. 

Cette  masse  incohérente  présente  un  bombement  recouvert  sur 
les  flancs  par  les  marnes  éocènes  surmontées  immédiatement  par 
les  calcaires  à  silex. 

Dans  le  Chabet  el  Djibs,  à  l'ouest,  les  deux  versants  et  le  fond 
du  ravin  sont  occupés  par  des  argiles  irisées,  gypses,  cargneules, 
calcaire  jaune-de-miel  et  calcaires  bleuâtres,  absolument  sembla- 
bles au  terrain  du  Chettaba,  et  que  nous  n'hésitons  nullement  à 
rapporter  au  Trias,  malgré  l'absence  de  fossiles.  Ces  argiles  irisées 
remontent  le  ravin,  dans  lequel  on  voit  le  gypse  en  couches  nette- 
ment stratifiées,  verticales,  passant  sous  des  calcaires  durs,  dolo- 
mitiques,  en  bancs  bien  réglés,  qui  ont  absolument  le  faciès  des 
calcaires  de  Talaà  (Chettaba).  Ces  bancs  présentent  des  talus  rocheux 
au-dessus  du  ravin  (Bordj  el  Youdi)  et  sont  recouverts  sur  les  colli- 
nes voisines  par  les  marnes  du  Suessonien. 

Au  sud-ouest,  au  Coudiat  Radia,  la  coupe  devient  plus  nette,  les 
couches  triasiques  bien  stratifiées  présentent  la  succession  suivante, 
de  haut  en  bas  : 

1°  Calcaires  dolomitiques  en  gros  bancs  ; 
2°  Calcaires  bleuâtres  en  petits  lits; 
3"  Calcaires  jaune-de-miel  et  marnes  jaunes; 
4°  Argiles  irisées,  cargneules  et  gypse  ; 
5°  Marnes  suessoniennes  à  Ostrea  strictiplicata,  occupant  la  base 
de  la  colline,  et  passant  sous  les  couches  triasiques  de  4  à  1. 

Plus  loin,  dominant  immédiatement  la  route,  se  dresse  le  Kou- 
diat  el  Amra  (Koudiat  el  Mrah  de  la  carte),  sur  les  pentes  duquel, 
grâce  au  ravin  encaissé,  on  peut  constater  de  la  manière  la  plus 


1899  ET  LES  ÎLOTS  TRIAS1QUBS  DE  LA  RÉGION  DE  CONSTANT1NE  113 

évidente  la  superposition  au  Suessonien  de  la  série  des  couches 
suivantes  : 

1°  Argiles  irisées  et  gypses  stratifiés  :  15  à  20  mètres  ; 

2°  Calcaires  jaunes,  cargneules  et  gypses; 

3°  Zone  étroite  de  tufs  mélaphyriques  avec  filon  ferrugineux; 

4°  Calcaires  dolomitiques  formant  le  Kef  saillant. 


S.E.  hleJsimr*  N.O 


\A 


8 


Fig.  11.  —  Coupe  du  Koudiat  el  Amra  (Ouled  Rahmoun). 

La  superposition  anormale  est  manifeste  sur  toute  la  bordure.  Il 
en  résulte  que  les  argiles  irisées  représeutent  rassise  la  plus  élevée, 
et  les  calcaires  dolomitiques  l'assise  inférieure,  comme  au  Chettaba. 

Toute  une  série  de  mamelons  rocheux  qui  s'étendent  au  nord, 
est  couronnée  de  ces  calcaires  démantelés,  rocheux,  sous  lesquels 
on  distingue  toujours  les  argiles  irisées  qui  prennent  une  impor- 
tance plus  grande  sur  le  flanc  du  ravin  El  Hamra. 

Dans  la  partie  élevée  du  ravin,  on  voit  une  zone  d'argiles  irisées 
surmontant  les  calcaires  dolomitiques,  et  recouvertes  par  le  Suesso- 
nien qui  constitue  toute  la  zone  marneuse  et  marno-calcaire  du 
Trik-elBab. 

La  superposition  des  argiles  irisées  au  Suessonien  est  encore 
très  nette  sur  le  flanc  du  Ka-Taouzé  (846);  la  bande  triasique, 
épaisse  de  25  à  30  mètres,  montrant  les  calcaires  compris  entre 
deux  zones  d'argiles  irisées,  se  trouve  intercalée  dans  le  Suesso- 
nien; c'est  bien  une  nappe  anticlinale  étirée  dont  la  racine  se 
trouve  an  nord-ouest  et  qui  s'étale  au  sud  est  sur  le  Suessonien. 
L'interprétation  en  est  facile  d'après  le  Chettaba  ;  le  pli  présente 
la  même  allure  qu'à  Aïn  Goulia.  La  zone  d'affleurement  occupe  une 
étendue  de  près  de  5  kilomètres  et  une  largeur  de  plus  de  1500 
mètres. 

El  Guerrah. 

Un  autre  pointeinent  d'argiles  irisées,  gypses  et  cargneules, 
apparaît  dans  le  prolongement  de  la  bande  précédente  à  3  kilo- 

5  Juin  1899.  —  T.  XXVII.  Bull.  Sur.  Grol.  Fr.  —  S 


114  SUR    LES    PLISSEMENTS   1)1*    BASSIN    DE   L'AQUITAINE  20  Févr. 

mètres  au  sud-ouest,  et  occupe  une  zone  très  étroite  qui  pénètre 
entre  deux  failles  dans  Taxe  d'un  anticlinal  des  calcaires  probable- 
ment infra-crétacés  du  rocher  d'EI-Guerrah.  Cette  zone  se  trouve  en 
arrière  du  rocher  940,  à  1  kilomètre  au  nord  d'El  Guerrah.  Des 
traces  irisées,  masquées  par  les  éboulis  et  les  travertins  pliocènes, 
apparaissent  sur  les  pentes  et  dans  les  ravins,  indiquant  le  prolon- 
gement, au  sud-ouest,  de  cette  zone. 

Résumé.  —  Lasituationdu  lambeau  triasique  des Ouled  Rahmoun, 
en  pli  étiré  dans  le  Suessonien,  indique  que  ces  arrivées  si  surpre- 
nantes du  Trias  se  sont  produites  postérieurement  au  dépôt  du 
Suessonien  inférieur.  Cette  période  correspond  du  reste  à  une 
phase  importante  des  plissements  de  la  Chaîne  tellienne  de  la  pro- 
vince de  Constantine. 


SUR  LES  PLISSEMENTS  Ï)U  BASSIN  DE  L'AQUITAINE  (1) 

(OBSERVATIONS  A  UNE  NOTE  DE  M.  GLANGEAUD) 

par  M.  V.  RAULIIV. 

M.  Glangeaud  a  publié  dans  le  Compte-rendu  de  l'Académie  des 
Sciences,  26  décembre  1898,  une  note  dans  laquelle  se  trouve  le 
passage  suivant  : 

<(  Plusieurs  géologues,  Mauès,  Coquand,  MM.  Arnaud  et  Mouret, 
))  ont  fourni  des  données  intéressantes  relativement  aux  disloca- 
))  tions  du  Crétacé  de  cette  région,  mais  aucun  pli  n'avait  été  tracé 
»  jusqu'ici  ». 

L'auteur  me  semble  ignorer  les  travaux  publiés  sur  ce  sujet,  tant 
par  moi  seul,  sur  les  Landes,  le  Bordelais  et  la  Saintonge,  que, 
avec  mon  collaborateur  M.  Jacquot,  sur  les  Landes. 

1°  D'abord  une  note  Sur  quelques  protubérances  crétacées  de  la 
partie  occidentale  de  V Aquitaine,  dans  les  Actes  de  l'Académie  de 
Bordeaux,  1862.  donnant  la  description  de  six  protubérances  ou 
plis  avec  leur  longueur  : 

(1)  Glangeaud.  Sur  les  plissements  du  bassin  de  l'Aquitaine.  C.  R.  Ac.  Se, 
i*6  décembre  189*. 


1899     '  SUR    LES    PLISSEMKNTS   Di:    BASSIN    DK   L* AQUITAINE  115 

Protubérances  de  Tercis  et  de  Dax  ( Mon tpey roux) 13  kil. 

Protubérance  au  sud  de  Saint-Sever  (Montaut-Eyres) .   ...        11  kil. 

—  de  Roquefort ) 

—  a  Test  de  Saint-Justin )      "    '  ,b  *"•  ° 

—  de  Villagrain,  au  sud  de  Saucats  .      ) 

—  de  Landiras,  à  l'ouest  de  Langon  .      \      '    '   '        16  klL  5 

—  entre  la  Gironde  et  la  Charente  (Ile  d'Oléron- 

Montlieu) 125  kil. 

Relativement  à  cette  dernière,  je  disais  :  «  Celle-ci  a  été  décrite 
»  en  quelques  points  par  M.  d'Archiac,  eu  1843,  dans  les  termes 
»  suivants  (1)  :  «  La  coupe  de  Moese  à  Soubise  offre  un  exemple  de 
»  dislocation  ;  les  couches  plongent  fortement  au  nord  et  précisément 

)>  en  sens  inverse  de  leur  inclinaisou  naturelle Plus  au  sud,  la 

»  vallée  de  la  Seugne,  et  surtout  celle  de  la  Seudre,  pourraient  être 
»  en  quelque  sorte  regardées  comme  des  vallées  d'élévation.  11 
»  nous  serait  impossible  d'expliquer  autrement  l'apparition  des 
»  couches  inférieures,  et  leur  position  par  rapport  aux  calcaires 
»  du  deuxième  étage,  si  parfaitement  développés  et  caractérisés 
»  au  nord  et  au  sud  de  cette  longue  dépression.  »  Elle  a  été  entière- 
»  ment  reconnue  et  surtout  représentée,  en  1853,  par  M.  Manès  (2). 
»  Elle  occupe  la  moitié  du  département  de  la  Charente-Inférieure, 
)>  au  sud-ouest  de  la  Charente.  Elle  constitue  un  accident  géologique 
)>  des  plus  remarquables,  qui  n'est  en  rien  traduit  par  la  topogra- 
»  phie  extérieure  ». 

Après  une  description  détaillée,  j'ajoutais  :  «  Cette  protubérance 
»  est  dirigée  exactement  du  sud-est  au  nord  ouest,  à  peu  près  parai- 
))  lèlement  au  cours  de  la  Charente,  du  confluent  du  Né  à  la  pointe 
»  de  Fouras,  et  à  la  côte  nord-est  de  la  Gironde,  de  Port-Maubert  à  la 
i)  pointe  de  la  Coubre.  Les  calcaires  à  Ichthyosarcolites  et  les  assises 
)>  inférieures  se  montrent  de  Saint-Genis  à  Brouage  sur  une  Ion- 
))  gueur  de  GO  kilomètres,  et  même  sur  30  kilomètres  de  plus,  jus- 
))  qu'à  l'extrémité  de  l'île  d'Oléron.  Mais  la  longueur  totale,  de 
»  cette  extrémité  à  Montlieu,  est  de  125  kilomètres;  et  probable- 
»  ment,  au-dessous  de  la  nappe  de  sable  tertiaire,  le  bombement 
»  se  poursuit  encore  au  moins  à  20  kilomètres  plus  loin,  jusque 
»  vers  la  vallée  de  la  Dronne. 

»  Pour  M.  d'Archiac,  les  dérangements  qu'il  avait  observés,  et, 
)>  d'après  M.  Manès,  cette  protubérance,  très  remarquable,  s'accor- 
))  deraient  avec  la  dislocation  du  système  du  Mont-Viso(N.  22°30'O.); 

(1)  Etudes  sur  la  formation  crétacée,  p.  89. 

(2)  Descript.  phys.y  geol.  et  minerai,  de  la  C'A.-Jn/'.,  p.  119  à  176,  passim. 


116  v.  raulin  20  Févr. 

»  mais  il  est  à  remarquer  que  sa  direction  (N.  45°  0.)  est  presque 
w  aussi  rapprochée  de  celle  des  Pyrénées  (0.  18°  N.),  et  qu'aucun 
)>  fait  de  stratification  discordante  n'a  été  produit  à  l'appui  de 
»  l'opinion  qu'elle  aurait  été  produite  avant  le  dépôt  de  l'étage 
»  crétacé  supérieur.  Il  me  semble  plus  simple  d'admettre  que  son 
»  élévation  a  eu  lieu  après  le  dépôt  de  toutes  les  assises  crétacées; 
»  qu'elle  a  été  ensuite  uniformément  arasée  par  des  causes  analo- 
)>  gués  aux  eourants  diluviens,  et  que  les  sables  tertiaires  ont  été 
»  indifféremment  déposés  sur  les  plateaux  et  les  tranches  des 
»  diverses  assises  ». 

Ma  note  de  24  pages  se  terminait  par  le  résumé  suivant  : 

«  L'Aquitaine,  des  bords  du  Gave  de  Pau,  où  viennent  se  termi- 
)>  ner  les  dernières  pentes  des  Pyrénées,  jusque  non  loin  de  Bor- 
»  deaux,  renferme  une  série  de  protubérances  allongées,  ou  crêtes 
»  parallèles  à  la  chaîne. . .  Elles  sont  formées  par  le  terrain  crétacé 
»  dont  la  série  devient  d'autant  moins  complète  qu'on  approche 
»  davantage  du  centre  du  bassin  tertiaire.  En  effet,  tandis  qu'à 
»  Tercis  l'étage  néocomien  arrive  au  jour,  on  ne  voit  plus  à  Roque- 
»  fort  et  à  Saint-Justin,  qu'une  craie  sans  fossiles,  probablement 
»  analogue  à  la  partie  inférieure  de  celle  de  Tercis,  et  à  Villagrain 
»  et  Landiras  qu'une  craie  à  fossiles  semblable  à  la  partie  supé- 
»  rieure  et  aussi  à  celle  de  Talmont,  près  Royan. 

»  L'inclinaison  des  strates  devient  moindre  aussi  à  mesure  qu'on 
»  s'éloigne  des  Pyrénées  :  tandis  qu'à  Dax  elle  approche  de  la 
»  verticale,  elle  paraît  ne  pas  dépasser  10°  à  Roquefort  et  5°  à 
»  Villagrain. 

»  Enfin,  plus  au  nord  encore,  entre  la  Gironde  et  la  Charente, 
»  dans  le  département  de  la  Charente-inférieure,  existe  une  autre 
»  protubérance  très  considérable,  montrant  toutes  les  assises  du 
»  terrain  crétacé  et  même  l'étage  éolithique  supérieur,  et  dont  la 
»  direction  est  intermédiaire  entre  celle  des  Pyrénées  et  celle  du 
w  Mont-Viso  ». 

2°  Ensuite,  dans  la  Statistique  géologique  et  agronomique  des 
Landes,  que  je  n'ai  pas  encore  donnée  à  la  Société,  mais  qui  se 
trouve  certainement  à  la  bibliothèque  de  l'Ecole  des  Mines. 

1™  partie,  1874  :  il  y  a,  pages  231-233,  une  description  sommaire 
des  protubérances  du  département  des  Landes. 

2e  partie,  1888  :  des  pages  273  à  340  se  trouvent,  en  68  pages,  les 
descriptions  suivantes  : 


1899 


SUR    LES   PLISSEMENTS    OU    BASSIN    DE   L  AQUITAINE 


H7 


Protubérance  de  Peyrehorade 

—  de  Pouillon  .   . 
Annexe  de  Dax 

—       de  Saint-Lon  .... 

Protubérance  de  Saint- Sever 

—  de  Roquefort  . 


273 

278 
292 
308 
312 
329 


par  M.  Raulin. 


[     par  M.  Jacquot. 


Cette  dernière  ayant  une  longueur  de  80  kilomètres. 

3e  partie,  1897  :  en  résumant  en  quelques  pages  le  mode  de 
formation  du  soldes  Landes,  je  m'exprime  ainsi,  p.  659  : 

«  Les  derniers  dépôts  secondaires,  les  terrains  crétacés...,  par 
»  suite  de  plissements  du  sol  survenus  probablement  avant  la 
»  période  tertiaire,  forment  dans  l'intérieur  plusieurs  protubé- 
»  rances  insulaires,  allongées  suivant  la  direction  des  Pyrénées; 
»  celles  de  Sainte-Marie-de-Gosse,  de  Saint-Pandelon  renferment 
»  desophites  ;  celles  de  Saint-Sever,  de  Roquefort  n'en  renferment 
)>  pas  (non  plus  que  celles  du  département  de  la  Gironde)  ». 

Les  plis  situés  entre  la  Garonne  et  les  Pyrénées  ont  donc  été 
reconnus,  étudiés  et  décrits  en  détail,  et  il  en  est  de  même  du 
troisième  de  M.  Glangeaud,  de  l'île  d'Oléron  à  Jonzac. 

Deux  autres  :  pli  de  Périgueux  et  pli  de  Mareuil  Meyssac,  jusqu'à 
présent  inconnus,  appartiennent  bien  à  M.  Glangeaud,  comme  la 
moitié  sud-est  de  son  3e;  ils  viennent  compléter  l'ensemble  compris 
entre  le  Plateau  central  et  les  Pyrénées,  ensemble  dont  les  pre- 
miers jalons  ont  été  indiqués  à  Dax,  par  d'Archiac  en  1837,  et  à 
Villagrain,  par  Pigeon  en  1840. 

J'ajoute  que  quant  à  une  protubérance  à  Tarnos,  au  nord  de 
Bayonne,  je  n'ai  rien  vu  qui  me  la  fasse  soupçonner  (M.  Glangeaud, 
qui  m'avait  envoyé  l'extrait  du  Compte-Rendu,  m'a  écrit  qu'il  faut 
y  lire  Tercis  au  lieu  de  Tarnos). 


118 


Séance  du   H  Mars  1899 

PRÉSIDENCE  DE  M.  DE  LAPPARENT,  VICE-PRÉSIDENT 

M.  P.  Cambronne,  Vice-Secrétaire,  donne  lecture  du  procès- 
verbal  de  la  dernière  séance,  dont  la  rédaction  est  adoptée. 

Le  Président,  par  suite  des  présentations  faites  à  la  dernière 
séance,  proclame  membres  de  la  Société  : 

MM.  Lugeon,  Professeur  à  l'Université  de  Lausanne,  présenté 
par  MM.  Marcel  Bertrand  et  Michel-Lévy. 
Emile  Bose,  Docteur  es  sciences,  Géologue  de  l'Institut 
géologique  du  Mexique,  présenté  par  MM.  Aguilera  et 
Ordonez. 

Il  annonce  une  présentation. 

Il  informe  la  Société  que  M.  Boule  a  été  délégué  par  le  Conseil 
pour  la  représenter  au  Congrès  des  Sociétés  savantes  qui  se  tiendra 
cette  année  h  Toulouse,  du  4  au  8  avril. 

M.  P.  Cambronne  signale  parmi  les  dons  récemment  parvenus  à 
la  Société  :  1°  Description  géologique  de  la  vallée  de  Valloire  et  de  quel- 
ques massifs  adjacents,  par  MM.  W.  Kilian  et  J.  Révil  ;  2°  Notice 
sur  les  travaux  géologiques  relatifs  à  la  Savoie,  de  G.  de  Mortillet9  par 
M.  J.  Révil. 

M.  Albert  Gaudry  annonce  que  M.  Le  Bel  vient  de  faire  des 
fouilles  à  Buschweiller.  Il  a  donné  au  Muséum  les  résultats  de  ses 
recherches.  Le  Lophiodon  de  Buschweiller,  qui  a  été  nommé 
Lophiodon  buxovillanus.  mérite  vraiment  d'être  séparé  des  autres 
Lophiodons  parce  qu'il  a  des  prémolaires  plus  simples.  M.  Le  Bel 
a  trouvé  une  mâchoire  supérieure  d'un  Paloplotherium,  semblable 
au  Paloplotherium  codiciense  du  calcaire  grossier  de  l'Aisne,  mais 
notablement  plus  fort.  Les  débris  de  carapace  d'Emyde,  les  Planorhes 
et  d'autres  coquilles  d'eau  douce  abondent  dans  les  morceaux 
qui  renferment  les  restes  de  Mammifères. 


119 


NOTE  PRÉLIMINAIRE 
SUR  LA  DÉCOUVERTE  DE  MÉDUSES  FOSSILES 

par  M.  V.  PAQUIER. 


Dans  le  Campanien  des  environs  de  Grenoble  se  rencontrent  des 
empreintes  à  apparence  rayonnée  sur  l'origine  desquelles  aucune 
opinion  définitive  n'avait  été  formulée,  lorsqu'à  la  suite  d'un  rapide 
examen  du  mémoire  de  M.  Walcott  sur  les  Méduses  fossiles  (Geolo- 
gical  Survey,  Monographs,  vol.  XXX),  je  fus  frappé  de  l'analogie  de 
nos  empreintes  énigmatiques  avec  certaines  formes  décrites  par 
cet  auteur,  notamment  avec  les  Brooksella.  Il  est,  en  effet,  possible 
de  retrouver  dans  ces  fossiles  les  caractères  de  Méduses  Acalèphes. 
Sur  l'une  des  faces  (fig.  1)  s'observe  une  dépression  centrale  de 
laquelle  parteut  cinq  sillons  aboutissant  chacun  à  une  échancrure  du 
limbe  de  façon  à  diviser  la  surface  tout  entière  en  cinq  secteurs  qui 
représentent  les  lobes  de  l'ombrelle  des  Scyphoméduses.  On  trouve 
d'ailleurs  des  apparences  tout-à-fait  semblables  dans  le  mémoire  de 


Fig.  I.  Fig.  2. 

Restauration  d'un  exemplaire  dos  Lauzes  du  Campanien 
du  Villard  de  Lans  (Isère).  —  Très  réduit. 

Fig.   1.  Face  aborale.  —  Fig.  2.   Face  orale, 
a,  Face  inférieure  de  l'Ombrelle  ;   by  Bras  oraux. 

M.  Walcott  (Cf.  Brooksella  alternata,  pi.  1,  tig.  1  4),  et  la  surface 
en  question  doit  être  considérée  comme  la  face  supérieure  de 
l'ombrelle  d'une  Méduse.  Quant  à  la  dépression  centrale  il  parait 
tout  indiqué  d'y  voir  l'indice  d'une  cavité  gastrique,  centrale,  solu- 
tion à  laquelle  s'est  arrêté  M.  Walcott.  La  face  opposée  (fig.  2)  montre 


120      V.  PAQUIKH.  —  SUR  LA  DÉCOUVERTE  DE  MÉDUSES  FOSSILES      G  Mars 

une  sorte  d'étoile  à  cinq  branches  concrescentes  jusqu'aux  deux  tiers 
delà  longueur,  et  dont  chacune  présente  un  épaississement  radial 
formant  l'axe  d'une  saillie  pétaloïde.  Au  centre  et  correspondant  à 
la  dépression  de  la  face  opposée  s'en  montre  une  autre  moins  pro- 
fonde. Par  comparaison  avec  les  Discoméduses,  par  exemple,  on 
voit  que  les  saillies  longitudinales  ne  sont  autre  chose  que  les  bras 
oraux  et  la  partie  pétaloïde  sur  laquelle  ils  sont  en  relief  en  repré- 
sente le  bord  étalé.  Quant  à  la  dépression  centrale  elle  occupe  la 
région  buccale. 

A  côté  de  ces  fossiles  s'en  rencontre  un  autre  qui  n'a  aucune 
analogie  avec  les  formes  figurées  jusqu'ici.  C'est  également  une 
sorte  d'étoile  à  six  branches  très  saillantes  et  dont  la  forme  générale 
rappelle  certaines  étoiles  de  mer.  Au  point  de  convergence  des 
saillies  médianes  de  ces  branches,  s'élève  une  sorte  de  pédoncule 
brisé.  La  face  qui  les  porte  est  très  convexe  ;  quant  à  la  surface 
opposée,  elle  offre  une  concavité  centrale  assez  marquée.  11  est  assez 
difficile  à  première  vue  de  désigner  le  groupe  auquel  se  rapporte 
l'organisme  en  question,  mais  si  l'on  compare  ce  fossile  à  une 
Méduse  fixée  (Lucernaire)  une  grande  analogie  se  manifeste;  on 
observe  de  part  et  d'autre  des  côtes  saillantes  et  la  saillie  centrale 
représente  le  pédoncule.  Quant  à  l'autre  face,  elle  présente  bien  la 
concavité  de  la  face  orale  d'une  Lucernaire  déprimée.  En  termi- 
nant, je  désire  faire  remarquer  quelques  particularités  qui  pour- 
raient contribuer  à  éclaircir  l'évolution  des  Méduses.  Les  formes 
signalées  plus  haut,  de  même  que  celles  d'Amérique,  offrent  un 
nombre  de  bras  et  de  lobes  assez  variable,  4,  5,  6,  7  et  davantage, 
au  lieu  d'être  distribués,  comme  chez  les  formes  actuelles,  d'après 
le  nombre  4  et  ses  multiples.  Il  semble  donc  qu'à  l'origine  les 
Cœlentérés  ne  présentaient  pas  une  symétrie  établie  avec  autant  de 
fixité  qu'aujourd'hui  et  les  types  archaïques  chez  lesquels  la  limi- 
tation des  lobes  et  des  bras  à  des  multiples  de  4  n'était  point  encore 
réalisée,  vivaient  encore  dans  le  Campanien  à  côté  de  formes  de 
grande  taille,  voisines  des  Lucernaires. 

M.  Stuart-Menteath  envoie  les  observations  suivantes  :  Ayant 
pu  étudier  pendant  cinq  mois  les  lydiennes  du  Hartz,  après  avoir 
fait  connaître  en  18S1  l'extension  considérable  du  Carbonifère  fossi- 
lifère dans  les  Pyrénées,  j'ai  constaté  l'identité  des  lydiennes  des 
deux  pays  sous  le  rapport  de  l'extension,  et  spécialement  de  l'ana- 
logie microscopique  de  leurs  adinoles,  diabases  et  quartzites.  Mais 
dans  le  Hartz  les  kieseUchiefer  sont  entre  les  couches  à  Goniatites 


SÉANCE   DU   <>   MARS    1899  121 

crenistria  et  le  sommet  du  Dévonien,  tandis  que  dans  les  Pyrénées, 
depuis  Biriatou  jusqu'à  San  Juan  de  las  Abadesas  les  lydiennes 
correspondantes  sont  toujours  situées  entre  le  Houiller  supérieur  à 
plantes  caractéristiques  et  le  sommet  de  la  Griotte  à  Goniatites  cre- 
nistria. 

J'ai  déjà,  en  1881,  signalé  l'impossibilité  de  séparer  le  calcaire 
carbonifère  du  Dévonien,  et  j'ai  longuement  prouvé  plus  tard 
l'identité  du  Gault  pyrénéen  avec  le  Cénomanien.  Dans  le  Devon- 
shire,  les  géologues  les  plus  exercés  ont  soutenu  la  première  thèse, 
et  la  seconde  est  aujourd'hui  acceptée  dans  le  pays  du  Gault. 

M.  Seunes  a  parfaitement  dessiné  le  phosphate  de  Lhers  (au  sud 
d'Oloron),  dans  le  Bulletin  des  Services  de  mai  1893.  Le  phosphate, 
mêlé  de  noir  animal,  remplit  une  cavité  dans  l'intérieur  du  calcaire 
griotte  pétri  de  Goniatites  crenistria.  Ce  calcaire  présente  très  fré- 
quemment aujourd'hui  des  gouffres  dont  la  profoudeur  peut  dé- 
passer cent  mètres  et  dans  lesquelles  des  nuées  de  corbeaux  atten- 
dent les  animaux  qui  y  tombent  facilement. 


V2Ï 


Séance  du   ZO  Mars  1899 

PRÉSIDENCE  DE  M.  E.  DE  MARGERIE,  PRÉSIDENT 

M.  J.  Blayac,  Secrétaire,  donne  lecture  du  procès-verbal  de  la 
dernière  séance,  dont  la  rédaction  est  adoptée. 

Le  Président  annonce  deux  présentations  et  proclame  membre 
de  la  Société  : 

M.  Deprat,  Géologue  à  Montra pon,  près  Besançon,  présenté  par 
MM.  Fournier  et  Bresson. 

11  fait  part  du  décès  de  M.  Nagel,  ingénieur  des  houillères  de 
Gagnières  (Gard). 

Le  Président  annonce  que  la  Commission  du  prix  Fontannes  a 
décerné  cette  haute  récompense  à  M.  E.  Ficheur,  auteur  de  nom- 
breux et  remarquables  travaux  sur  la  géologie  de  l'Algérie. 

M.  Peron  a  été  chargé  par  la  Commission  de  faire  un  rapport  sur 
les  travaux  de  M.  Ficheur.  Ce  rapport  sera  lu  à  la  Séance  générale 
annuelle,  qui  aura  lieu  le  6  avril  prochaiu. 

M.  Albert  Gaudry  s'exprime  aiusi  : 

J'ai  une  pénible  nouvelle  à  aunoncer  :  M.  Beecher  vient  de  me 
télégraphier  qu'avant-hier  le  professeur  Marsh  est  mort  à  New- 
Haven,  après  une  courte  maladie.  M.  Marsh  a  fait  de  si  belles  œuvres 
que  le  chagrin  de  sa  perte  s'étendra  bien  au-delà  des  Etats-Unis, 
pour  se  communiquer  aux  membres  de  la  grande  famille  des  géolo- 
gues dispersés  dans  tous  les  pays.  Depuis  qu'Hayden  a  entrepris 
l'exploration  des  Montagnes  Rocheuses,  la  paléontologie  améri- 
caine a  ajouté  une  multitude  de  types  de  Vertébrés  fossiles  à  tous 
ceux  observés  déjà  dans  notre  vieille  Europe.  Leidy,  Cope  et  Marsh 
ont  formé  une  glorieuse  triade  qui  a  ouvert  la  voie  où  sout  main- 
tenant engagés  de  nombreux  et  ardents  travailleurs.  Leidy  et  Cope 
sont  morts;  Marsh  aussi  nous  est  enlevé. 

C'est  Marsh  qui  a  le  plus  contribué  à  faire  connaître  les  étranges 
et  gigantesques  créatures  des  continents  secondaires,  réunies  sous 
le  nom  de  Dinosauriens.  11  a  arraché  aux  régions  solitaires  des 
Montagnes  Rocheuses  les  Stegosaurus,  les  Allantosaurus,  les  Bran» 
tosaurus,  les  Triceratops  et  bien  d'autres  Dinosauriens  dont  il  a 


SÉANCE   DU   20  MARS    1899  123 

habilement  reconnu  les  caractères  différentiels.  Il  a  découvert  dans 
le  Crétacé  des  Reptiles  volants  dépourvus  de  dents  et  des  Oiseaux 
armés  de  dents,  sur  lesquels  il  a  publié  le  magnifique  ouvrage 
intitulé  :  Les  Odontornithes.  Il  a  montré  que  les  Mammifères  des 
Etats-Unis  et  de  l'Europe  avaient  eu  vers  la  même  époque  le  même 
état  d'évolution.  Il  a  décrit  dans  le  Tertiaire  les  fameux  Dinoceras, 
les  Titanolherium  et  bien  d'autres  Mammifères  sur  lesquels  on 
n'avait  avant  lui  que  de  vagues  notions. 

11  a  tiré  lui-même  des  rochers  la  plupart  des  fossiles  qu'il  a 
étudiés.  Il  a  consacré  à  leur  recherche  une  grande  fortune;  dans 
ses  nombreux  voyages,  il  a  oublié  fatigues  et  dangers.  On  peut  dire 
que  nul  travailleur  n'a  donné  à  la  science  plus  de  preuves  d'un 
entier  dévouement.  Cependant  il  n'a  point  gardé  pour  lui  tous  ces 
trésors  qui  lui  avaient  tant  coûté.  Dans  un  élan  d'admirable  géné- 
rosité, il  les  a  tous  donnés  aux  établissements  publics.  La  vie  d'un 
tel  homme  restera  comme  un  titre  d'honneur  pour  les  paléontolo- 
gistes américains  et  un  exemple  pour  les  savants  de  tous  les  pays. 

Le  Secrétaire  signale  parmi  les  ouvrages  reçus  en  dons  ou  en 
échange  :  1°  La  4e  livraison  (1898)  des  Annales  de  la  Société  géolo- 
gique du  Nord  qui  renferme  un  article  de  M.  Gosselet  Sur  la 
géographie  physique  du  Nord  de  la  France  et  de  la  Belgique  :  Cambrésis- 
Vermandois;  diverses  notes  de  M.  Barrois,  dont  une  Sur  les  rela- 
tions des  mers  détoniennes  de  Bretagne  avec  celles  des  Ardennes,  et 
une  note  de  M.  Ardaillon  Sur  la  géologie  de  Java. 

29  Le  N°  38  des  Annales  de  géographie  (15  mars  1899)  renfermant 
entre  autres  articles  :  1°  Quelques  observations  sur  la  Région  pari- 
sienne orientale,  par  M.  O.  Barré  ;  2°  Structure  orographique  et 
géologique  du  Bas- Languedoc ,  entre  l'Hérault  et  le  Vidousle  (4  fig. 
dans  le  texte),  par  M.  P.  Roman  ;  3°  Le  pays  des  Nemenchas  à  l'Est 
des  Monts  Aurès  (avec  une  carte  hors  texte  et  cinq  croquis  dans  le 
texte),  par  M.  J.  Blayac. 

Le  Secrétaire  appelle  l'attention  de  la  Société  sur  une  note  de 
M.  Boule  parue  aux  C.  R.  de  l'Académie  des  Sciences  (6  mars  1899, 
p.  624),  Sur  des  fossiles  nouveaux  de  Madagascar. 

M.  Douvillé  résume  la  note  de  M.  V.  Paquier  :  Sur  le  parallé- 
lisme des  calcaires  urgoniens  avec  les  couches  à  Céphalopodes  dans  ta 
région  delphino-rhodanienne  (C.  R.  Acad.  des  Se,  M  novembre  1898). 
La  conclusion  de  cette  note  est  la  suivante  : 

Dans  le  Dauphiné,  la  masse  inférieure  de  l'Urgonien  et  la  zone  à 


124  SÉANCE   DU    20   MARS   1899 

Orhitolines  inférieure  représentent  un  faciès  zoogène  du  Barrémien 
supérieur,  la  masse  supérieure  des  calcaires  doit  être  imputée  à 
l'Aptien  inférieur  développé  sous  le  même  faciès.  Tandis  que  les 
Agria  et  les  Caproîines  (s.  1.)  se  montrent  dès  la  base  dans  la  partie 
barrémienne,  les  Caprininés  n'apparaissent  que  dans  le  Bédoulien 
et  leur  présence  témoigne  des  liens  qui  rattachent  cet  étage  au 
Crétacé  moyen. 

M.  M.  Boule  fait  une  communication  Sur  la  géologie  des  terrains 
sédimentaires  de  Madagascar ,  telle  qu'elle  résulte  des  envois  de  fossiles 
faits  au  Muséum  dans  ces  dernières  années  par  des  voyageurs,  des 
explorateurs  et  des  oiïiciers  :  MM.  Gautier,  Bastard,  Mager,  les 
capitaines  Ardouin,  de  Bouvié,  le  lieutenant  Marius  Grillo. 

Ces  fossiles  proviennent  de  régions  assez  variées  pour  que  nous 
puissions  avoir  une  idée  de  la  disposition  des  terrains  de  divers 
âges  autour  du  massif  cristallin  qui  forme  le  centre  et  la  partie 
orientale  de  l'île. 

11  y  a  d'abord  une  zone  de  grès,  sur  laquelle  nous  n'avons  pas  de 
renseignements  paléontologiques,  et  qui  peuvent  bien  représenter 
ici  les  formations  de  Karoo  ou  de  Gondwana.  Puis  vient,  sur  quel- 
ques points,  du  Lias  bien  authentique  (1).  Ensuite  se  développe 
une  zone  où  plusieurs  étages  de  l'Oolite  sont  bien  représentés, 
notamment  le  Callovien  (Macrocephaliles  macrocephalus  est  un 
fossile  commun),  l'Oxfordien  (très  belle  série  fossilifère),  le  Juras- 
sique supérieur  (Kimeridgien  ou  Portlandien).  A  l'ouest  de  cette 
bande  qui  court  du  nord  au  sud,  vient  une  nouvelle  zone  compre- 
nant l'Infra-Crétacé,  le  Crétacé  supérieur,  avec  Ammonites  caracté- 
ristiques. Enfin,  la  côte  et  les  îles  du  littoral  sont  occupées  par  la 
zone  tertiaire  (Nummulitique). 

Une  découverte  importante  est  celle  de  fossiles  sur  la  côte  orien- 
tale, que  l'on  avait  toujours  crue  dépourvue  de  dépôts  sèdimentaires. 
Ces  fossiles  sont  du  Sénonien  tout-à-fait  supérieur,  peut-être  même 
du  Danien  ;  ils  ont  des  rapports  non-seulement  avec  ceux  du  Cré- 
tacé de  l'Est  de  l'Inde  (Pondichéryl,  mais  aussi  avec  ceux  du 
Crétacé  de  l'Ouest  de  l'Inde  et  du  Balouchistan. 

M.  Boule  termine  sa  communication  en  présentant  quelques 
observations  sur  les  théories  d'Oldham,  de  Neumayr,  de  Suess,  de 
Kossmat,  qui  croient  que  pendant  toute  la  durée  des  temps  secon- 
daires un  continent  réunissait  l'Afrique  à  Madagascar  et  à  l'Inde. 

(1)  Cette  observation  résulte  d'un  envoi  tout-à-lait  récent  de  fossiles  dû  à 
M.  Gautier. 


SÉANCE  DU  20  MARS  1899  125 

Ces  théories  s'appuyaient  principalement  sur  des  faits  négatifs. 
Elles  ne  sauraient  être  maintenues  aujourd'hui. 

M.  Munier-Chalmas  rappelle,  à  propos  de  cette  très  inté- 
ressante note,  qu'il  a  étudié  une  très  belle  série  d'Ammonites 
d'Apandramahala  (Madagascar)  donnée  au  mois  de  juin  1898  au 
Laboratoire  de  Géologie  de  la  Sorbonne  par  M.  le  Dr  Jourdran, 
médecin  militaire  des  colonies  et  par  M.  Adrien  Dollfus.  M.  Munier- 
Chalmas  a  eu  aussi,  grâce  à  l'obligeance  de  M.  Douvillé,  communi- 
cation d'une  autre  série  delà  même  localité. 

La  faune  d'Apandramahala  est  nettement  caractérisée  par  sa  très 
grande  richesse  en  Perisphinctes,  très  voisins  de  formes  portlan- 
diennes  de  Russie  et  du  Boulonnais. 

Grâce  aux  collections  de  M.  Pawlow,  M.  Munier-Chalmas  a  pu 
comparer  avec  le  concours  de  sou  collègue  de  l'Université  de 
Moscou,  les  Perisphinctes  d'Apandramahala  avec  ceux  de  Russie  et 
du  Boulonnais. 

11  résulte  de  cette  étude  que  quelques-unes  des  formes  malgaches 
ont  la  plus  grande  analogie  avec  certains  Perisphinctes  portlandiens 
que  M.  Pawlow  considère  comme  ayant  beaucoup  d'affinités  avec 
les  Virgatites  du  Portlandien  du  Nord  de  l'Europe. 

Un  des  Perisphinctes  d'Apandramahala  se  rapporte  au  P.  Beyrichi 
Futterer  (1)  du  Jurassique  supérieur  de  l'Est  Africain. 

11  signale  encore  la  présence  d'un  Aspidoceras  appartenant  au 
groupe  de  Asp.  Rogosnicense  Zeuschner  du  Tithonique  alpin  et  de 
Bélemnites  très  voisines  de  B.  pistiliformis  du  Néocomien.  Mais,  à 
cette  liste  il  faut  ajouter  trois  espèces  d'Ammonites  ayaut  de  grands 
rapports  soit  avec  les  Lunuloceras,  les  Neumayria,  soit  avec  certaines 
prétendues  Oppelia  de  l'Oxfordien. 

M.  Kilian  fait  part  à  la  Société  de  la  découverte,  faite  par  M. 
Baumberger,  d'un  deuxième  exemplaire  de  Hoplites  Euthymi 
Pictet,  dans  le  marbre  bâtard  (Valanginien  inférieur  des  auteurs,  des 
environs  de  Bienne  (Suisse).  Cette  nouvelle  constatation,  jointe  au 
fait  que  tous  les  Céphalopodes  rencontrés  par  M.  Baumberger  dans  le 
Valanginien  supérieur  (Li mon i te)  du  Jura  (Hopl.  Arnoldi  Pict.,  Thur- 
manni  Pict.,  Albini  Kilian,  etc.)  sont  des  formes  des  marnes  à  Hopl. 
neocomiensis  du  Midi  ou  des  calcaires  du  Fontanil,  confirme  de  la 
façon  la  plus  nette  l'équivalence,  proposée  par  M.  Kilian,  des  couches 
à  Hopl.  Boissieri  (Berriasien)  avec  le  Valanginien  inférieur  du  Jura. 

(1)  Futterer.  Beitrâge  zur  Kenntniss  des  Jura  in  Ost-Afrika  (Zeitschrift  d. 
deutschen  geolog.  Gesells.,  t.  XLVI,  1894). 


126  20  Mars 


SUR  CERTAINS   POINTS 
DE  LA   STRUCTURE  DES  ALPES  FRANÇAISES 

(A  PROPOS  D'UNE  HYPOTHÈSE  RÉCENTE) 

par  M.  W.  KILIAN. 


Je  me  propose  d'exposer  ultérieurement  dans  leurs  détails  les 
raisons  qui  m'empêchent  d'accepter  la  brillante  et  ingénieuse 
hypothèse  par  laquelle  M.  Termîer  a  cherché  récemment  (1)  à 
expliquer  les  particularités  tectoniques  des  environs  ouest  de  Brian- 
çon.  Aux  objections  tirées  de  la  répartition  des  faciès,  que  M.  Ter- 
mîer a  bien  voulu  exposer  en  son  nom  et  discuter  devant  la  Société, 
ainsi  qu'à  celles  qu'a  formulées  M.  Haug  et  auxquelles  je  me  rallie 
entièrement,  je  tiens  néanmoins  à  ajouter  dès  à  présent  l'énoncé 
des  propositions  suivantes  : 

A.  —  Par  les  relations  étroites  avec  les  assises  plus  anciennes, 
de  faciès  briançonnais,  que  montre  la  zone  du  Flysch  en  Tarentaise 
(nord  de  Moutiers,  Crève-Tête,  Nielard),  près  de  Guillestre  (Resoul, 
Plan-de-Phazy)  et  dans  l'Ubaye  (pointements  triasiques  de  Jausiers), 
cette  bande  tertiaire  est  absolument  solidaire  de  la  zone  du  Brian- 
çonnais ;  si  l'on  veut  donc  admettre,  avec  M.  Termier,  que  cette 
dernière  est  charriée,  il  est  nécessaire  d'admettre  comme  conséquence 
forcée  de  cette  hypothèse  que  la  bande  de  Flysch  l'est  aussi,  et  alors 
certaines  particularités,  comme  l'existence,  dans  cette  formation, 
de  brèches  grauitiques  près  du  massif  de  Combeynot  (Lautaret), 
sont  et  demeurent  inexplicables.  Si  on  affirme,  au  contraire, 
comme  le  fait  M.  Termier,  que  la  zone  du  Flysch  n'est  pas  charriée, 
il  en  découle  logiquement  que  la  zone  du  Briançonnais  ne  l'est  pas 
non  plus.  Les  deux  propositions  de  notre  confrère  sont  doncconfra- 
dictoires  dès  que  l'on  considère,  comme  je  le  fais, la  connexion  des 
deux  zones  susdites  comme  indiscutablement  établie. 

B.  —  La  limite  orientale  du  faciès  briançonnais  ne  coïncide  pas 
d'une  façon  absolue  avec  celle  de  la  «  zone  du  Briançonnais  »;  elle 

(1)  P.  Termier.  C.  R.  Ac.  Se,  13  février  1899,  et  C.  fl.  séances  Soc.  géol.  de  France, 
20  février  1899.  —  1d.  Les  nappes  de  recouvrement  du  Briançonnais  (B.  S.  G.  F., 
,T  si'th»,  t.  XX VII,  p.  i7),  paru  on  avril  1899. 


1899  SUR    LA    STRUCTURE   DES   ALPES   FRANÇAISES  127 

est  très  irrégulière  et  il  existe  (à  Test  d'Oulx,  près  d'Exilles,  etc.) 
des  Ilots  de  calcaires  triasiques,  de  cargneules  et  même  des  quart- 
zites  identiques  à  ceux  de  Briançon,  au  milieu  des  schistes  lustrés 
de  la  zone  du  Piémont. 

C.  —  Comment  expliquer,  dans  l'hypothèse  de  M.  Termier,  la 
consterne?  absolue  du  peudage  vers  la  France  des  schistes  lustrés, 
micaschistes  et  pseudogneiss  de  la  frontière  franco-italienne  à  la 
plaine  du  Pô?  (dans  la  vallée  du  Peflice,  par  exemple,  où  je  l'ai 
nettement  constatée). 

D.  —  La  présence,  dans  le  massif  de  Prorel-Eychauda,  d'une 
lame  de  Houiller  supportant  des  schistes  gneissiformes  avec  brè- 
ches polygéniques,  et  superposée  à  une  série  de  nappes  chevau- 
chées, indique  nettement  l'existence,  dans  ces  moutagnes,  de  phéno- 
mènes de  recouvrement,  mais  n'a  en  aucune  façon  pour  consé- 
quence nécessaire  d'assigner  à  ces  nappes  une  origine  lointaine  et 
de  les  faire  considérer  comme  venant  d'au-delà  de  la  Clarée,  c'est- 
à-dire  de  la  zone  du  Piémont. 

Ces  pseudogneiss  sont  le  résultat  de  Tétirement  et  du  laminage 
(par  les  plissements  successifs)  de  masses  éruptives  de  «  roches 
vertes  »  dont  le  caractère  le  plus  constant  est  précisément  d'être 
discontinues  et  sporadiques.  S'il  a  existé  de  ces  intrusions  au  Mont- 
Genèvre  et  à  TAlpet  (où  elles  sont  bien  en  place  et  nullement  charriées), 
il  n'y  a  aucune  raison  de  ne  pas  admettre  qu'il  y  en  ail  eu  d'autres 
plus  près  de  Briançon  et  de  l'Eychauda.  Ces  dernières  auraient, 
après  un  premier  plissement,  fourni  à  l'époque  oligocène  (?)  une 
auréole  détritique  de  brèches  puis  auraient  été  englobées  avec  ces 
dernières  dans  les  dislocations  subséquentes.  Les  nombreux  filons 
de  roches  vertes  (Microdiorites)  qui  sillonnent  le  Houiller  dans  le 
voisinage  immédiat  de  la  Guisane,  ne  seraient  que  des  dépendances 
profondes  —,  mises  à  nu  par  l'érosion  — -,  de  ce  foyer  éruptif, 
comme  les  syénites  et  les  porphyrites  du  Gondran  sont  des  dépen- 
dances du  foyer  du  Mont-Geuèvre. 

Il  convient  d'ajouter  que  les  brèches  polygéniques  de  l'Alpet, 
l'Eychauda, etc.,  rappellent  beaucoup  les  brèches  oligocènes  des  envi- 
rons de  Moûtiers  en  Tarentaise.  Elles  peuvent  tout  aussi  bien  être 
une  formation  rie  base  du  Flysch  datant  de  la  transgression  oligocène, 
qu'un  cardon  littoral  de  cette  même  formation.  Rien  n'autorise  donc 
à  les  faire  venir  de  Test  par  l'effet  de  charriages  problématiques. 


128  20  Mars 

SUR  LA  GÉOLOGIE  DE  LA  RÉGION  PÉTROLIFÈRE 
DES  ENVIRONS  DE  RELIZANE  (ALGÉRIE) 

par  M.  BRIYE. 

D'importants  gisements  pétrolifères  viennent  d'être  découverts  au 
sud-ouest  de  Relizane,  vers  l'Oued  Tilouanet.  Une  course  un  peu 
rapide  dans  cette  région  m'a  permis  de  faire  quelques  observations 
qui  feront  l'objet  d'une  note  plus  détaillée. 

Les  premières  recherches  ont  été  faites  à  travers  les  couches 
helvétiennes  ;  d'autres  ont  rencontré  les  couches  bitumineuses  dans 
les  marnes  cartenniennes,  enfin  les  gisements  les  plus  importants 
se  sont  trouvés  dans  le  Sénonien  au  voisinage  d'une  masse  gypseuse 
assez  étendue. 

L'étude  que  j'ai  faite  de  cette  région  m'a  amené  à  reconnaître  une 
faille  importante  non  encore  signalée  et  qui  s'étend  depuis  le  con- 
fluent de  la  Mina  et  de  l'Oued  Tilouanet  jusqu'à  Kàlâa  et  même  plus  à 
l'ouest.  Sa  direction  générale  est  N.E.-S.O.  ;  au  voisinage  de  la  niasse 
gypseuse  et  probablement  sous  sa  dépendance  la  direction  devient 
est-ouest  pour  s'incliner  de  nouveau  au  sud-ouest  vers  Kâlâa. 

Cette  faille  met  en  contact  successivement  toutes  les  couches 
miocènes  (Cartennien,  Helvétien,  Tortonien)  avec  le  Sénonien.  Elle 
est,  en  outre,  jalonnée  de  masses  gypseuses  plus  ou  moins  appa- 
rentes perçant  à  travers  le  Sénonien  et  qui  sont  accompagnées  de 
marnes  bariolées,  ce  qui  tend  à  en  faire  du  Trias  sans  que  cependant 
on  puisse  en  donner  d'autres  preuves  que  le  faciès. 

Cette  faille  est  nettement  post-tortonienne  mais  ne  paraît  pas 
avoir  intéressé  le  Sahélien  qui  est  localisé  plus  au  nord  le  long  de 
la  bande  sénooienne. 

Tous  les  affleurements  bitumineux  reconnus  paraissent  en  rapport 
avec  cette  faille  et  les  puits  les  plus  importants  sont  précisément 
ceux  qui  se  trouvent  les  plus  rapprochés  d'elle  et  de  la  masse 
gypseuse  principale. 

Il  y  a  donc  tout  lieu  d'admettre  que  les  venues  bitumineuses  sont 
arrivées  au  jour  par  la  faille  et  que  des  coulées  plus  ou  moins  impor- 
tantes se  sont  produites  dans  les  terrains  en  contact.  C'est  ce  qui 
expliquerait  la  présence  du  bitume  dans  le  Sénonien,  le  Cartennien, 
l'Helvétien.  le  Tortonien  et  peut  être  aussi  faudrait  il  voir  comme 
conséquence  plus  importante  l'origine  des  gypses  bitumineux  inter- 
stratifiés dans  le  Sahélien  du  Dahra  et  de  la  rive  gauche  du  Chelif. 


1899  129 


QUELQUES    OBSERVATIONS    SUR    LES   BÉLEMNITELLES 
ET  EN  PARTICULIER  SUR  CELLES  DES  CORBIÈRES 

par  M.  A.  de  «BOSSOUVRE. 


Depuis  l'époque  où  M.  Toucas  (1)  a  signalé  pour  la  première  fois 
l'existence  d'une  Bélemnitelle  dans  le  terrain  crétacé  des  Corbières, 
les  découvertes  de  ce  fossile  se  sont  multipliées  et  il  est  possible 
aujourd'hui  de  définir  avec  précision  son  gisement  et  de  montrer 
les  rapprochements  stratigraphiques  qui  en  résultent. 

La  Bélemnitelle  recueillie  par  M.  Toucas  à  la  Bastide,  près  Camps 
(Aude),  a  été  décrite  en  1891  par  M.  Ch.  Janet  (2)  sous  le  nom 
d'Actinocamax  Toucasi  (loc.  cit., p.  719,  pi.  XIV,fig.4);  dansée  même 
travail,  mon  savant  confrère  faisait  connaître  une  autre  Bélemni- 
telle, provenant  du  Bassin  de  Paris,  qu'il  appelait  Actinocamax 
Grossouvrei  (M.,  p.  716,  pi.  XIV,  fig.l,  2,3)  :  il  avait  pu  en  examiner 
trois  échantillons,  deux  de  la  craie  à  Marsupites  des  environs  de 
Beauvais  et  un  troisième  découvert  par  M.  H.  Thomas,  dans  la  craie 
magnésienne  de  Margny-lès-Compiègne. 

A  peu  près  vers  ce  moment,  M.  Roussel  retrouvait  des  fragments 
de  Y  A  et.  Toucasi  dans  les  couches  crétacées  de  la  vallée  de  Saint- 
Louis  (Aude).  Dans  ces  dernières  années,  au  cours  de  diverses 
excursions,  j'ai  eu  moi-même  l'occasion  de  recueillir  dans  les  Cor- 
bières  un  certain  nombre  d'exemplaires  ou  de  fragments  de  Bélem- 
nitelles  et  de  constater  ainsi  leur  gisement  exact. 

J'ai  pu  reconnaître  que  les  Act.  Toucasi  et  Act.  Grossouvrei  ne 
sont  pas  deux  espèces  distinctes,  mais  deux  formes  extrêmes  d'un 
même  type,  reliées  par  une  série  d'intermédiaires. 

Ils  peuvent  acquérir  une  assez  grande  taille,  car  je  possède  un 
fragment  dans  lequel  le  diamètre  transversal  atteint  25  millimètres. 

Quelques  échantillons,  ayant  une  extrémité  postérieure  dans  un 
meilleur  état  de  conservation  que  ceux  examinés  par  M.  Janet, 
m'ont  montré  que  le  rostre  se  termine  par  une  pointe  mucronée, 

(1)  1879.  A.  Toucas.  Du  terrain  crétacé  des  Corbières  (B.  S.  G.  F.,  3*  sér.,  VIII, 
p.  39). 

(2)  1891.  Ch.  Janbt.  Note  sur  trois  nouvelles  Bélemnitelles  sénoniennes  (B.  S. 
G.  F.,  3"  iér.f  XIX,  p.  716). 

5  Juin  1891).  —  T.  XXVII.  Itull.  Soc.  Géol.  Fr.  —  î> 


130     DE  GROSSOUVRE.  —  OBSERVATIONS  SUR  LES  BÉLEMNITELLES     20  Mars 

tout  comme  Am.  mamillatus  et  les  autres  Bélemuiteiles  séaonienaes 
déjà  connues. 

Ces  Actinocamax  apparaissent  dès  la  base  du  Santonien  supé- 
rieur :  ils  existent  dans  les  marnes  grumeleuses  qui,  dans  le  ravin 
de  la  Fajolle,  près  Renues-les-Bains,  accompagnent  Hippnrites  orga- 
nisant ^  H.  canaliculatus ,  H.  turgidus,  //.  rennensis  à  une  faible 
hauteur  au-dessus  du  banc  calcaire  à  H.  socialisel  H.  sublsevis,  pro- 
longement de  la  barre  du  Petit  Lac.  J'en  ai  recueilli  d'autres,  à  un 
niveau  un  peu  supérieur,  dans  les  marnes  bleues  à  petits  fossiles 
et  à  petites  Ammonites  (Am.  syrtalis,  Am.  Rousseli,  Am.  Rouvillci, 
etc.)  sur  le  chemin  de  Sougraigne  aux  Croutets. 

Avec  ces  Actinocamax,  j'ai  rencontré  une  autre  Bélemnitelle,  que 
j'ai  précédemment  désignée  sous  le  nom  d'Act.  quadratus  :  un 
nouvel  échantillon  plus  complet  et  mieux  conservé,  récolté  récem- 
ment, m'oblige  à  rectifier  cette  détermination.  Ce  n'est  pas  YAct. 
quadratus  typique  qui  existe  dans  les  Corbières,  mais  une  forme 
voisine,  une  mutation  antérieure,  caractérisée  en  particulier  par 
une  cavité  alvéolaire  beaucoup  moins  profonde.  M.  Schlûter  l'a 
distinguée  sous  le  nom  d'Act.  cf.  granulatus  Blainv.,  et  aujourd'hui 
cette  espèce,  assez  abondante  eu  Allemagne,  est  généralement  dési- 
gnée sous  ce  nom.  Elle  caractérise  les  couches  de  l'étage  Sénonien 
inférieur  des  géologues  allemands  (Unter-Senon  de  M.  Schlûter)  (1), 
étage  que  j'ai  montré  (2),  il  y  a  quelques  années,  être  l'équivalent 
du  Santonien  et  de  la  zone  inférieure  du  Campanien  (Coquand), 
comme  le  prouve  la  considération  des  faunes  d'Ammonites  corres- 
pondantes. 

A  et.  granulatus  a  été  précédé  dans  le  temps  par  une  forme,  A  et. 
westphalicus,  dont  le  rostre  présente  une  cavité  très  peu  profonde 
ou  même  dont  l'extrémité  antérieure  se  termine  par  une  troncature 
à  facettes,  comme  cela  arrive  d'une  manière  constante  chez  A  et. 
plenus  et  Act.  verus.  Cette  dernière  espèce  caractérise  l'étage  Emsché- 
rien  (Emscher)  de  M.  Schlûter,  équivalent  exact  du  Coniacien  de 
Coquand. 

M.  E.  Stolley,  dans  un  excelleut  travail  (3),  a  insisté  sur  l'impor- 
tance stratigraphique  de  ces  diverses  Bélemnitelles  dont  on  peut, 

(1)  1876.  C.  Schlûter.  Cephalopoden   der  oberen  doutschen   Kreide  ;  zweiter 
Theil.  VcrbroitunK  der  Arten  (Palxontographica,  XXIV). 

(2)  1891.  A.  de  Grossouvre.  Etude  sur  la  craie  supérieure  :  la  craie  des  Corbières 
(Bull,  des  Services  de  la  carte  géologique  de  la  France.  N°  25). 

.  (3)  1897.  E.  Stolley.  Ueber  die  Gliederung  der  norddeutschen  und  baltischen 
Kreide. 


1899  ET  Elf  PARTICULIER  SUR  CELLES  DES  COR  BIÈRES  131 

à  partir  du  Turonieni  suivie  les  variations  successives  ;  elles  mar- 
quent une  série  d'étapes  dans  le  temps  et  peuvent  servir  de  repères 
pour  la  classification  des  couches  daus  lesquelles  les  Bélemnitelles 
sont  fréquentes,  comme  en  Allemagne  et  en  Scanie,  par  exemple. 

Un  des  principaux  caractères  observés  dans  l'évolution  de  ce  type, 
qui  part  d'Act.  icestphattew  pour  aboutir  à  Act.  quadratus,  est  l'aug- 
mentation progressive  de  profondeur  de  la  cavité  alvéolaire  à  mesure 
que  les  exemplaires  examinés  proviennent  de  couches  plus  élevées 
dans  la  série  sédimentaire.  Ainsi,  dans  les  niveaux  les  plus  infé- 
rieurs, cette  cavité  fait  le  plus  souvent  défaut  et  l'extrémité  anté- 
rieure du  rostre  est  tronquée,  comme  chez  Act.  plenus.  Dans  les 
échantillons  provenant  des  couches  moyennes  de  l'étage  Coniacien, 
la  profondeur  de  la  cavité  n'est  jamais  supérieure  à  1/10  de  la  lon- 
gueur du  rostre;  elle  s'élève  à  environ  1/8  pour  ceux  des  couches 
limites  du  Coniacien  (=  Emscher)  et  du  Santonien  (=  Unter-Senon, 
pars)  et  à  1/6  pour  les  échantillons  typiques  d'Act.  granulatus, 
tandis  qu'elle  est  de  1/4  en  moyenne  chez  Act.  quadratus.  A  ce 
caractère  on  peut  en  ajouter  quelques  autres  plus  délicats  à  recon- 
naître :  en  particulier,  les  échantillons  d\ict.  westphalicwt  des 
niveaux  les  plus  inférieurs  ont  leur  surface  lisse;  la  granulation 
ne  commence  à  apparaître  que  chez  ceux  de  la  partie  supérieure 
du  Coniacien  où  déjà  se  rencontrent  les  formes  de  passage  de 
westphalicus  à  granulatus. 

En  France,  la  première  de  ces  Bélemnitelles  est  très  peu  répan- 
due :  je  n'en  connais  d'échantillons  que  de  la  craie  de  Lezennes  et 
de  quelques  autres  localités  des  environs  de  Lille,  échantillons  qui 
me  furent  communiqués,  il  y  a  quelques  années,  par  M.  Gosselet. 
La  craie  de  Lezennes  appartient  à  la  partie  supérieure  de  l'assise 
dite  à  Micraster  costestwlinarium  (=  M.  decipiens  Bayle)  et  c'est 
exceptionnellement  qu'on  y  rencontre  quelques  formes  pouvant  se 
rattacher  à  M.  coranguinum.  La  faune  d'Ammonites  de  cet  horizon 
est  purement  coniacienne,  ainsi  que  je  l'ai  indiqué  (1),  et  c'est  à 
tort  qu'on  y  a  signalé  A  m.  texanus.  On  y  trouve  associés  In.  invo- 
lutus  et  In.  digitntus  :  on  ne  peut  donc  considérer  ce  dernier  comme 
caractéristique  de  la  craie  à  M.  coranguinum,  car  non  seulement  à 
Lezennes,  mais  dans  l'Yonne  (zone  H  de  M.  Lambert)  et  en  Angle- 
terre il  se  trouve  avec  in.  inrolutus  dans  l'assise  à  M.  decipiens. 

Ainsi  Act.  tcestphalicus  occupe  à  Lille  exactement  le  même  niveau 
qu'en  Westphalie,  en  Hanovre  et  en  Suède  :  il  y  est  accompagné 

(1)  IS89.  A.  de  Grossouvhl.  Sur  le  terrain  crétacé  dans  le  Sud-Ouest  du  bassin 
de  Paris  [B.  S.  G.  F.%fr  sér.,  XVII,  p.  475). 


132     DE  GROSSOUVRE.  —  OBSERVATIONS  SUR  LES  BÉLEMNITELLES     20  Mars 

par  Act.  verus,  petite  espèce  dont  l'existence  s'est  prolongée  jus- 
qu'au sommet  de  la  craie  à  Act.  granulatus. 

De  cette  dernière  Bélemnitelle,  je  ne  connais  en  France  d'échan- 
tillons bien  authentiques,  en  dehors  de  ceux  de  la  craie  des  Cor- 
bières  déjà  cités,  que  deux  exemplaires  recueillis  par  M.  H.  Thomas 
avec  Act.  Grossouvrei  dans  la  craie  magnésienne  de  Margny-les- 
Compiègne.  Il  est  aussi  fort  probable  que  Ton  doit  rapporter  à  cette 
espèce  un  échantillon  d'Act.  westphalicus  que  M.  Janet  m'a  annoncé 
autrefois  avoir  trouvé  dans  la  craie  à  Marsupites  des  environs  de 
Beauvais,  où  il  avait  d'ailleurs  découvert  Act.  Grossouvrei. 

En  France,  Act.  yranulatus  et  Act.  Grossouvrei  se  montrent  donc 
ensemble  dans  la  craie  à  Marsupites.  Dans  le  Hanovre,  à  Lune- 
bourg,  la  première  de  ces  Bélemnitelles  existe  également  dans  le 
gisement  classique  des  Marsupites  qui  donnait  des  calices  complets 
de  ces  fossiles  :  ces  derniers  ont  d'ailleurs  été  signalés  dans  plu- 
sieurs gisements  de  l'Allemagne  du  Nord  et  toujours  à  la  partie 
inférieure  de  l'Unter-Senon,  c'est-à-dire  dans  des  couches  corres- 
pondant au  Santonien. 

En  France,  les  Marsupites  ne  sont  connus  que  d'un  petit  nombre 
de  points  :  je  rappellerai  plus  particulièrement  les  environs  de 
Chartres  (1)  où,  grâce  aux  recherches  persévérantes  d'un  collabo- 
rateur, M.  A.  Rousseaux,  ces  fossiles  ont  été  découverts  avec  Vul- 
sella  turonemis  dans  une  craie  que  j'ai  montré  précédemment  être 
le  prolongement  des  couches  à  Am.  syrlalis  et  Spondylun  truncatus 
de  la  Touraine. 

Tous  ces  faits  sont  donc  bien  concordants  et  confirment  la  con- 
clusion à  laquelle  j'étais  arrivée  que  la  zone  à  Am.  syrtalis  appar- 
tient au  même  horizon  que  la  craie  à  Marsupites. 

M.  Douvillé  m'a  fait  connaître  ces  jours  derniers  qu'il  venait  de 
recevoir  communication  de  divers  fossiles  de  la  craie  phosphatée 
de  Vaux TEclusier,  près  Orville  (Pas-de-Calais),  parmi  lesquels  Act. 
Grossouvrei.  Je  rappellerai  que  j'ai  précédemment  (2)  montré  qu'il 
y  avait  lieu  de  distinguer  plusieurs  niveaux  dans  la  craie  grise 
phosphatée  du  Nord  de  la  France  :  un  inférieur,  où  Ton  rencontre 
seulement  Act.  verus  et  c'est  de  celui-là  que  provient  Act.  Grossou- 
vrei; puis  un  autre  avec  Act.  quadratus  seul  et  enfin  un  supérieur 
où  existent  à  la  fois  A  et.  quadratus  et  Bel.  mucronata. 

La  craie  grise  phosphatée,  située  immédiatement  sous  Act.  qua- 

(1)  1892.  A.  de  Grossouvre.  La  craie  de  Chartres  [C.  R.  Ac.  Se.,  1"  août). 
(i)  1894.  A.  de  Grossouvre.  Sur  la  craie  grise  (Compte-rendu  des  séances  de  ta 
Soc.  géol.  de  Fr.t  3#  sér.,  XXII,  p.  lviij. 


1899  ET  EN  PARTICULIER  SUR  CELLES  DES  CORBIÈRES  133 

dratus*  appartient  donc  à  l'assise  à  Act.  granulatus  :  à  Vaux-1'Eclu- 
sier  Act.  Grossouvrei  s'y  trouve,  comme  à  Margny-lès-Compiègne, 
et  comme  dans  les  Corbières. 

Il  est  fort  intéressant  de  constater  que  cette  même  association 
existe  dans  l'Allemagne  du  Nord  où  Act.  Grossouvrei  a  été  aussi 
recueilli  ;  quelques  années  après  le  travail  de  M.  Janet,  cette  Bélem- 
nitelle  était  décrite  sous  le  nom  d'Act.  depressus,  par  M.  Andreoe  (1), 
d'après  quelques  exemplaires  provenant  des  carrières  d'argile  de 
Broitzem,  près  Brunswick,  où  ils  sont  associés  à  Act.  verus,  Act. 
granulatus,  Am.  bidorsatus,  Am.  pseudo  Gardent,  etc.  En  même  temps, 
ce  savant  distinguait  une  variété  effilée,  var.  fusifonnis  qui  n'est 
autre  que  Y  Act.  Toucasi. 

Plus  récemment,  M.  Stolley  signalait  cette  même  espèce  dans  la 
craie  de  la  Scanie,  à  Kùllemôlla,  où  elle  accompagne  Act.  granu- 
latus ;  de  ce  même  gisement  M.  Moberg  avait  décrit  sous  le  nom 
d'Aet.  mamillatus  var.  ornata  un  échantillon  que  M.  Stolley  con- 
sidère comme  se  rapportant  non  à  Act.  mamillatus,  mais  à  Act. 
depressus,  c'est-à  dire  à  Act.  Grossouvrei  :  il  se  distingue  seulement 
par  sa  surface  granulée,  mais  il  est  fort  possible  que  l'espèce  possède 
réellement  ce  caractère,  sans  que  nous  puissions  le  constater,  les 
couches  superficielles  du  rostre  étant  toujours  enlevées  sur  les 
échantillons  de  France,  ainsi  que  l'a  fait  remarquer  M.  Ch.  Janet. 

Tout  récemment,  M.  Anders  Hennig  a  fait  connaître  (in  Schlû- 
ter)  (2)  qu'il  avait  trouvé  des  Marsupites  dans  les  marnes  de  Lyckâs 
caractérisées  par  Act.  granulatus  :  cette  découverte  nous  montre  en 
Suède  la  même  association  de  fossiles  qu'en  Allemagne  et  en  France. 

Enfin  un  échantillon  d'Act.  Grossouvrei  a  été  rencontré  à  l'état 
remanié  dans  le  Diluvium  du  Schleswig-Holstein. 

L'aire  de  distribution  de  cette  Bélemnitelle  est  donc  fort  étendue: 
elle  se  trouve  dans  le  Nord  de  l'Europe,  en  Scanie,  en  Hanovre, 
dans  le  Bassin  de  Paris,  mais  partout  elle  paraît  être  assez  rare. 
Par  contre,  dans  la  région  pyrénéenne,  elle  semble  relativement 
abondante  :  si  l'on  tient  compte  de  ce  qu'elle  existe  seulement  dans 
des  niveaux  marneux  dont  les  affleurements  sont  très  restreints  et 
de  ce  que  le  nombre  des  exemplaires,  entiers  ou  fragments,  recueil- 

(1)  1895.  A.  Andrecb.  Ein  neues  Actinocamax  aus  der  Quadratenkreide  von 
Braunschweig  {Mittheil.  aus  d.  Rœmer  Muséum  Bildesheim).  M.  Andreœ  a 
reconnu  depuis  que  les  Bélemnitelles  de  ce  gisement  étaient  non  des  quadratus 
mais  des  granulatus. 

(2)  1897.  Schlûter.  Ueber  einige  exocyclische  Echiniden  der  baltischen  Kreide 
und  deren  Bett  (Zeit.  d.  deutsch.  geot.  Gesel.,  p.  47). 


1 34     DE  GR0S80UVRE.  —  OBSERVATIONS  SUR  LES  BÉLEMNITELLES     20  Mars 

lis  par  les  divers  géologues  qui  ont  exploré  les  Corbières,  est  assez 
considérable,  on  peut  dire  que  cette  Bélemnitelle  y  est  aussi  abon- 
dante que  Y  Act.  quadratus  dans  la  plupart  des  gisements  de  craie 
blanche  ;  je  fais  exception  pour  la  craie  grise. 

Or,  les  Bélemnitelles  sont  généralement  considérées  comme  carac- 
téristiques des  régions  septentrionales.  Act.  quadratus  n'a  jamais 
été  signalé  aussi  loin  vers  le  Sud  et  le  point  le  plus  méridional  où 
on  Tait  rencontré  se  trouve  aux  environs  d'Angoulême.  Il  y  a  là  un 
fait  qu'il  convient  de  mettre  en  évidence. 

Avant  de  terminer  il  est  utile  aussi,  je  crois,  de  signaler  une 
observation  importante  faite  par  M.  Stolley,  (\u\  montre  combien 
il  faut  être  prudent  dans  les  conclusions  à  tirer  de  l'apparition  de 
nouvelles  formes  :  d'ordinaire,  on  est  porté  à  en  déduire  le  syn- 
chronisme des  couches  qui  les  renferment  et  cependant  quand  on 
regarde  les  choses  de  plus  près,  on  voit  souvent  que  cette  appari- 
tion est  loin  d'être  simultanée  même  pour  des  régions  rapprochées. 
Je  pourrais  en  donuer  de  nombreux  exemples  :  je  me  bornerai  à 
citer  celui  qui  est  fourni  par  les  Echinocorys.  Ce  genre  est,  en 
France,  représenté  par  de  nombreux  individus  dans  la  craie  à  M. 
coranguinum,  tandis  qu'il  est  si  rare  dans  la  craie  à  M.  decipicns, 
que  bien  des  géologues  ont  nié  son  existence  dans  cette  assise. 
Quelques  exemplaires  seulement  en  ont  été  rencontrés  dans  l'Yonne, 
à  ce  niveau  ;  aux  environs  de  Rouen,  ils  y  sont  un  peu  plus  nom- 
breux. A  Lezennes,  près  Lille,  M.  Cayeux  a  signalé  ce  genre  dans 
une  couche  qui  renferme  à  la  fois  M.  bremporus  et  M.  decipiens.  Dans 
la  Thiérache  et  le  Réthelois,  M.  Barrois  l'a  cité  dans  la  Craie  de 
Vervins.  En  Westphalie,  M.  Schlûter  l'indique  dans  le  Scaphiten- 
Plâner  et  même  dans  le  Bronguiarti-Plâner,  c'est-à-dire  vers  la  base 
du  Turonien. 

Je  reviens  à  la  question  des  Bélemnitelles  :  M.  Stolley  en  a  trouvé 
dans  les  couches  à  Act.  granulatus  de  Broitzem  un  échantillon  à 
peine  différent  de  Bel.  mucronata,  qu'il  a  décrit  sous  le  nom  de  Bel. 
pr&cursor.  C'est  un  fait  encore  unique  et  dont  l'importance  ne  sera 
définitivement  acquise  que  s'il  est  complété  par  de  nouvelles 
découvertes. 

Toutefois,  je  crois  pouvoir,  en  partant  des  exemples  analogues 
fournis  par  d'autres  fossiles,  en  déduire  dès  maintenant  que  l'appa- 
rition de  B.  mucronata  n'a  pas  eu  lieu  partout  exactement  au  même 
moment.  C'est  là  probablement  la  réponse  qui  doit  être  faite  à  la 
question  que  je  posais  en  1894  :  j'ai  montré  alors  qu'il  existait  dans 
la  craie  grise  une  zone  dans  laquelle  Act.  quadratus  existe  seul  et 


1899  ET  EN  PARTICULIER   SUR  CELLES   DES  CORBIÈRES  135 

qu'il  faut  monter  uu  peu  plus  haut  pour  rencontrer  B.  mucronata. 
Je  rappelais  en  môme  temps  que  tous  les  observateurs  sont  d'accord 
pour  affirmer  l'apparition  simultanée  de  ces  deux  Bélemnitelles  sur 
de  nombreux  points  du  Bassin  de  Paris  :  il  me  suffit  de  renvoyer 
aux  travaux  d'Hébert,  de  MM.  Barrois,  Cayeux,  Gosselet,  Lambert, 
Peron,  etc.  Ces  Bélemnitelles  habitent  ensemble  de  grandes  épais- 
seurs de  couches,  70  mètres  dans  l'Yonne,  d'après  M.  Lambert, 
80  mètres  aux  environs  de  Reims,  d'après  M.  Peron. 

Comment  expliquer  le  désaccord  entre  ces  observations  ?  par  une 
lacune?  ou  plutôt  à  mon  avis  par  une  différence  de  date  dans 
l'apparition  de  B:  mucronata  en  divers  points. 

Cette  dernière  manière  d'envisager  la  question  me  paraît  justifiée 
par  les  faits  analogues  que  nous  connaissons  dans  d'autres  pays. 
En  Suède,  Act.  quadratus,  fort  rare  d'ailleurs,  existe  seulement  bien 
au-dessous  du  niveau. où  commence  à  se  montrer/*,  mucronata. 
Dans  l'Allemagne  du  Nord,  Act.  quadratus  est  abondant,  mais  il  est 
presque  toujours  seul  :  c'est  à  peine  si  à  la  partie  supérieure  des 
couches  qu'il  habite,  on  rencontre  quelques  exemplaires  de  B. 
mucronata  et  tellement  rares  que  bien  des  géologues  ont  nié  cette 
association.  Les  circonstances  sont  donc  fort  différentes  de  ce  qui  a 
été  constaté  en  France  où,  en  de  nombreux  gisements,  ces  deux 
Bélemnitelles  apparaissent  en  même  temps  et  vivent  ensemble, 
aussi  fréquentes  l'une  que  l'autre,  sur  de  grandes  épaisseurs  de 
craie  blanche. 

Que  conclure  de  toutes  ces  observations,  sinon  que  l'apparition 
de  Bel.  mucronata  ne  peut  nous  fournir  un  repère  précis  pour  la 
chronologie  des  temps  géologiques. 


136 


SUR  LA 

DÉCOUVERTE  D'UN  GISEMENT  PALUSTRE  A  PALUDINES 

DANS  LE  TERRAIN  BATHONIEN  DE  L'INDRE 

par  I.  OOSSIANN. 

Dans  le  courant  du  mois  de  mai  1898,  un  de  nos  confrères  de  la 
Société  linnéenne  de  Bordeaux,  M.  E.  Benoist,  actuellement  établi 
à  Argenton-sur-Creuse  (Indre),  me  soumettait  plusieurs  échantillons 
d'un  fossile  paludiniforme,  recueilli  par  lui  dans  une  couche  assez 
mince,  intercalée  entre  des  assises  attribuées  aux  sous-étages 
Vésulien  et  Bradfordien.  A  l'appui  de  cet  envoi,  M.  Benoist  m'en 
voyait  successivement  plusieurs  lots  de  Gastropodes,  Pélécypodes, 
Brachiopodes  et  Zoophytes,  se  composant  soit  d'espèces  nouvelles, 
soit  d'espèces  connues,  caractérisant,  de  la  manière  la  plus  évidente, 
l'âge  stratigraphique  des  couches  qui  encadrent,  dans  cette  carrière 
de  Saint-Gaultier,  le  lit  d'origine  palustre  dont  il  est  question  dans 
la  présente  Note. 

En  attendant  qu'un  examen,  plus  approfondi  et  comparatif  de 
toute  cette  faune,  me  permette  de  déterminer  et  de  décrire  les  215 
espèces  dont  elle  se  compose,  notre  confrère  m'a  prié,  pour  prendre 
date  en  ce  qui  concerne  sa  découverte,  de  présenter  à  la  Société 
géologique  de  France  un  exposé  très  sommaire  des  éléments  qu'il 
a  relevés  sur  place,  ainsi  qu'une  description  préventive  de  la  Palu- 
dinequi  a  fixé  son  attention.  Bien  que  je  n'aie  pas  visité  moi-même 
la  carrière  dont  il  s'agit  et  que  je  ne  puisse  donner  ici  que  la  repro- 
duction des  coupes  dont  il  m'a  envoyé  les  croquis,  je  n'hésite  pas, 
en  raison  de  l'intérêt  scientifique  qui  s'attache  à  ce  fait,  à  en  faire 
l'objet  d'une  communication  urgente  à  la  Société. 

Le  bourg  de  Saint-Gaultier,  chef-lieu  de  canton  sur  le  territoire 
duquel  est  située  la  carrière  de  M.  Bonargent,  contenant  les  fossiles 
recueillis  par  M.  Benoist,  est  une  petite  ville  d'origine  romaine,  sur 
la  rive  droite  de  la  Creuse,  bâtie  sur  une  terrasse  d'alluvion  chel- 
léenne.  Elle  est  située  à  9  kil.  O.N.O.  d'Argenton-sur-Creuse,  et 
environ  au  S.S.O.  de  Châteauroux,  sur  la  ligne  du  chemin  de  fer  de 
Tournon  à  la  Châtre,  en  face  du  village  de  Thenay,  qui  est  sur  la 
rive  opposée  de  la  Creuse. 


18! 


SUR  LA  DECOUVERTE  n'UX  GISEMENT  PÀLI'STRK  A  PALUDINRS 


137 


Pour  fixer  approximativement  l'allure  des  couches  jurassiques, 
aux  environs  de  Saint- Gaultier,  il  y  a  lieu  de  se  reporter  aux  deux 
coupes  ci-contre  :  l'une  (fig.  i)  N.S.,  de  Touvent  à  Thenay,  indi- 
quant les  altitudes,  qui  sont:  de  86™  au  lit  de  la  Creuse,  près  du 
pont  de  Saint-Gaultier,  delllm  au  sommet  de  la  carrière  Bonargent, 
et  de  146"»  au  som- 
met du  coteau  ;  l'au- 
tre (fig.  2)  O.E.  de 
Saint  Gaultier  a  Cha- 
benet  (à  4  kil.  N.O. 
d'Argenton),  indi- 
quant le  plongeaient 
des  couches;  la  base 
du  Batbonien  au  Pa- 
lis, vers  Argenton, 
étant  à  427m,  la  base 
du  même  étage  à 
Saint-Gaultier  étant 
a  85™,  enfin  la  dis- 
tance entre  le  Palis 
et  Saint-Gaultier 
étant  de  trois  kilo- 
mètres, on  peut  éva- 
luer à  8°»  par  kilo- 
mètre le  plongement 
de  ces  couches. 

L'épaisseur  proba- 
ble du  Batbonien  a 
Saint-Gaultier  est  de 
45  à  50m  ;  toutefois  il 
subsiste  encore  un 
peu  d'incertitude  au 
sujet  de  la  cote 
exacte,  attendu  que 
si  le  niveau  d'affleu- 
rement du  Bajocien 
à  polypiers  peut  être  exactement  reconnu  sur  la  rive  opposée  de  la 
Creuse,  vers  Thenay,  l'existence  d'une  (aille,  qui  coïncide  précisé- 
ment avec  le  lit  de  cette  rivière,  s'oppose  à  ce  que  la  même  consta- 
tation puisse  se  faire  sur  la  rive  gauche,  de  sorte  que  l'épaisseur  du 
Vésulien  a  dû  être  évaluée  par  approximation.  Si  l'on  tient  compte 


*w  fHf  f 


138 


-   GISEMENT   PALUSTRE  A   PALUDINES  31)  Mars 


de  cette  faille,  dans  le  calcul  du  plongeraient  des  couches,  on  trouve 
que  le  chiffre  de  Sm  par  kilomètre,  ci-dessus  indiqué,  est  peut-être 
exagéré;  d'après  l'appréciation  de  M.  Benoist,  il  ne  doit  pas  être,  en 
réalité,  supérieur  à  Sm  par  kilomètre. 


Flg.  8.  —  Coupe  de  Suint- Gaultier  A  Chabenet. 
Méma  légende  et  b,  Bancs  siliceux  de  Larlbere  ;  PI.,  Pliocène  des  platea 


Ces  renseignements  topographiques  et  préliminaires  étant  donnés 
sur  le  gisement,  il  nous  reste  à  donner  la  coupe  de  la  carrière,  qui 
représente  un  découvert  d'une  vingtaine  de  mètres  de  hauteur. 


Flg.  3.  —  Coupe  de  la  carrière  du  bourg  de  Saint-Gaultier. 

A.  —  Lit  de  graviers  ,'i  silex  chclléens  ....       Quaternaibe   .   .   . 
H.  —  Argile  rouge  avec  galets  quartzeux  blancs      Pliocenc  (?) 
t.  —  Calcaire  oolithlque  en  plaquettes, a  Rhyv- 

chonella  elegantula 

t.  —  Calcaire  subi Ithographlque  a  Fucoides.  ,  \ 

3.  —  Couches  palustres  a  Vimptirm ) 0,90  à      1-50 

t.  —  Calcaire  subcrayeuz  a.  P.  Parkinsoni .   .   j i"30 

5.  —  Calcaire  oolitlque  a  Brachytrema  .... 

6.  —  Calcaire  compact  a  Polypiers  en  massifs. 


1899  DAN8  LE  TERRAIN   BATHONIEN   DE  L'INDRE  139 

Comme  on  le  voit  par  la  coupe,  la  couche  (fi g.  3)  à  Brachytrema, 
qui  est  excessivement  riche  en  fossiles  marins,  admirablement 
conservés  avec  leur  test,  remplit  seulement  les  intervalles  existant 
entre  les  massifs  compacts  de  Polypiers  ;  ceux-ci  constituaient  évi- 
demment des  récifs  dans  lesquels  se  sont  accumulés  les  mollusques, 
au  milieu  d'une  mer  relativement  tranquille  ;  puis  la  période  vésu- 
lienne  s'est  terminée  par  le  dépôt  des  couches  de  mer  profonde,  qui 
ne  contiennent  absolument  que  Belemniîes  bessinus  et  Parkimonia 
Parkmsoni,  comme  Céphalopodes. 

A  la  fin  de  cette  période,  une  émersion  lente  a  dû  se  produire,  la 
mer  s'est  retirée  à  une  certaine  distance  et  des  mares  d'eau  douce 
ont  pu  se  former  sur  le  rivage;  c'est  là  que  les  Paludines  ont  vécu, 
et  cette  époque  d'émersion  a  donné  naissance  au  dépôt  d'un  lit 
assez  mince,  dans  l'épaisseur  duquel  M.  Benoist  a  noté  la  succes- 
sion suivante  de  feuillets,  de  haut  en  bas  : 

a.  —  Marne  rougeâtre,  avec  petits  galets  calcaires o"*û 

b.  —  Tuf  jaune  pâle,  avec  Paludines  et  Plantes 0"60 

c.  ~  Lignltes  avec  parUes  brillantes 0"40 

d.  —  Marne  ferrugineuse  avec  galets  du  calcaire  sous-jacent  ...  0*10 

Epaisseur  moyenne i"20 

Au  bout  d'un  certain  temps,  la  mer  revenant  à  son  ancienne  place, 
par  suite  d'un  léger  efiondrement,  le  Bradfordien  à  Pholadomya  et 
à  Fucoïdes  a  recouvert  le  marécage  où  vivaient  les  Paludines  ;  puis 
les  autres  couches  marines  se  sont  succédé,  sans  interruption, 
jusqu'à  l'Oxfordien.  La  plus  importante  est  celle  de  calcaire  subli- 
thographique à  Fucoïdes,  qui  se  subdivise  ainsi  qu'il  suit,  de  bas 
en  haut  : 

I.  —  Marne  oolithiquc  verdatre,  avec  traces  de  lignite.   ....  0"25 

II.  —  Calcaire  lithographique  avec  Fucoïdes .  0*60 

III.  —  Marne  oollthique  avec  Rhyn.  elegantula 0"20 

IV.  —  Calcaire    sublithographique,  en    deux    bancs,  l'inférieur 

contenant  des  Fucoïdes 1" 

V.  —  Marne  verdatre 0-20 

VI.  —  CalcalresublithographiqueavecP/io/arfomya, 6ardm7M,etc.  0"60 

VII.  —  Marne  oolithiqne  verdâtro 0-10 

VIII.  —  Calcaire  sublithographique  à  Purporoidea,  la  partie  infé- 

rieure remplie  de  Pseudo mêlant a 1"70 

IX.    —  Marne  Jaune  avec  Lucina  et  petits  Polypiers 0MC 

Epaisseur  minimum 4"75 

A  l'appui  de  ces  données  stratigraphiques,  il  convient  de  donner, 
comme  preuve  paléontologique,  la  liste  provisoire  des  espèces 


140 


C08SMANN.   —   GISEMENT  PALUSTRE  A   PALU DINES  20  Mars 


marioes  du  Vésulien  et  du  Bradfordien,  que  M.  Benoist  a  pu  déter- 
miner, ainsi  que  la  description  des  deux  formes  caractéristiques 
de  la  couche  à  Paludines.  Je  réserve,  pour  une  communication 
ultérieure,  la  description  des  fossiles  nouveaux,  provenant  princi- 
palement de  la  couche  à  Brachytrema,  et  la  revision  minutieuse  de 
ceux  qui  sont  attribués  à  des  espèces  déjà  connues. 

Liste  des  espèces  déterminées  du  Bathonien  de  l'Indre 

(V  —  Vésulien  ;  B  —  Bradfordien) 


Liopleurodon  Grossouvrei  ....  V 

Belemnopsts  bessinus V 

Parkinsonia  Parkinsoni V 

Nerinea  Acreon V 

—  Voltzi V 

—  subbruntrutana V 

Nerinella  funiculosa V 

—  pseudocylindrica.   .  .   .  V 

—  scalaris. V 

—  elegantula V 

Bactroptyxû  axonensis V 

—          bacillus. V 

Purpuroidea  Morrisi V 

Âlaria  trifida V 

Eustoma  (?)  cf.  tvberculosum .  .  .  V 

Neritodomus  hemisphœricus  .  .  .  B 

Ampullina  Verneuili     V 

Trochotoma  cf.  striata V 

Pleur  otomari  a  ornata V 

—           lœvis V 

Patella  squamosa V 

—  aubentonensis V 

Lima  proboscidea V 

Eltgmus  polytypus V  et  B 

Ostrea  costata V 

Terebratula  digona B 

—  ventricosa V 

—  submaxillala V 

Dictyothyris  coarclata  ......  B 

Eudesia  cardium. V 


Rhynchonella  Theodori.  .  V  et  B  (?) 

—  Hopkinsi B 

—  elegantula B 

—  decorata B 

Collyrites  analis B 

Pygurus  depressus B 

Clypeus  Plotli  . V 

—  altus V 

Echinobris8U8  Goldfussi B 

—  clunicularis .   .  .  .  V 
Cidaris  bathonica V 

—  meandrina V 

—  Guerangeri V 

Acrosalenia  hemicidarioides  .  .  B 

—  spinosa  .......  V 

Hemicidaris  langrunensis  ....  V 

—  luciensis.  ......  V 

—  pustulosa     B 

—  Lamarcki V 

AsterocidarU.  minor  .......  V 

Acrocidaris  striata V 

Pseudodiadema  cf.  florescens.  .  .  V 

—  subcomplanatum.  V 

—  pentagonum ...  V 
Stomechinus  bigranularis  ....  V 

—  polyporus V 

Polycyphus  normanianus   ....  V 

Anabacia  orbulites B 

Cryptocœnia  bacciformis V 

Calamophyllia  radiata V 


A  ces  60  espèces  déterminées,  ou  à  peu  près  certaines,  il  y  a  lieu 
d'en  ajouter  92  dont  la  détermination  est  à  faire,  ou  qui  sont  à 
décrire  comme  nouvelles;  c'est  un  total  respectable  de  153  formes 
distinctes. 


1899 


DANS  LE  TERRAIN  BATHONIBN  DE  L  INDRE 


141 


Viviparus  (1)  aurklianus  Benoist  [in  litt.). 

Coquille  à  test  peu  épais  ;  taille  moyenne  ;  forme  assez  élancée  ; 
spire  allongée,  pointue  au  sommet,  à  galbe  régulièrement  conique; 
six  ou  sept  tours  très  convexes,  arrondis,  séparés  par  des  sutures 
profondes,  non  canaliculées  ;  surface  lisse,  simplement  marquée 
par  de  fines  stries  d'accroissement,  presque  droites,  antécurrentes 
vers  la  suture  inférieure.  Dernier  tour  très  grand,  globuleux,  plus 
large  que  haut,  régulièrement  arrondi  à  la  base  qui  porte  une  fente 
ombilicale  plus  ou  moins  étroite,  selon  le  degré  de  compression  des 
individus. 


Fig.  4.  —  Viviparus  aurelianus  Cossmann. 

Ouverture  ovale,  à  péristome  continu,  presque  détaché  de  la  base, 
en  arrière  ;  labre  mince,  à  peine  sinueux,  à  profil  presque  vertical, 
très  antécurrent  à  la  partie  postérieure,  se  raccordant  presque  sans 
sinuosité  avec  le  contour  supérieur;  columelle  lisse,  régulièrement 
excavée;  bord  columellaire  un  peu  épaissi,  légèrement  réfléchi  sur 
la  fente  ombilicale. 

Dimensions.  —  Hauteur  :  33  mill.  ;  diamètre  :  23  mill.  ;  hauteur  du 
dernier  tour,  mesurée  de  face  :  25  mill.  ;  hauteur  de  l'ouverture  : 
20  mill.  Il  y  a  des  échantillons  écrasés  ou  comprimés,  dont  les 
proportions  sont  tout  à  fait  différentes. 

Rapp.  et  diff.  —  Cette  coquille  se  distingue  de  V.  vivtpara  L.,  et  de 


(1)  On  sait  que  la  dénomination  Viviparus  Montf.  (1810),  Rappliquant  au  type 
Hélix  vivipara,  est  bien  antérieure  à  Paludina  Lamk.  (1821),  et  doit,  par  consé- 
quent, lui  être  préférée.  Quant  à  Vivipara,  c'est  un  simple  adjectif,  employé  en 
français  (Vivipare)  par  Lamarck  (1809),  sans  désignation  du  type  spécifique  et 
latinisé  beaucoup  plus  tard  par  Sowerby  ;  on  ne  peut  donc  substituer  Vivipara  à 
Viviparus, 


142  C0S8MÀNN.    —  GISEMENT  PALUSTRE  A  PA  LU  DINES  20  Mars 

la  plupart  des  formes  éocéniques,  par  son  dernier  tour  plus  dilaté» 
de  sorte  que  le  galbe  de  son  contour  est  conique,  ou  même  un  peu 
extraconique,  au  lieu  que  ses  congénères  ont,  au  contraire,  plutôt 
un  galbe  pupoïdal.  Mais,  à  part  cette  différence  caractéristique,  qui 
justifie  la  séparation  de  ce  fossile  comme  espèce  distincte,  il  est 
incontestable  qu'il  présente  tous  les  caractères  du  genre  Viviparns, 
dont  l'ancienneté  est,  par  conséquent,  actuellement  démontrée. 

Il  existe,  dans  le  Purbeckien  de  la  Suisse,  une  sorte  de  Paludine, 
que  Sandberger  et,  après  lui,  Maillard,  ont  rapportée  au  genre 
Lioplax  Troschel(l);  il  paraît  que  les  échantillons  dont  il  s'agit, 
présentent  quelquefois,  à  la  base,  la  trace  d'une  carène,  qui  carac- 
térise les  Lioplax  des  eaux  douces  de  l'Amérique  du  Nord,  mais  qui 
manque  absolument  sur  tous  les  échantillons  non  déformés  de 
notre  espèce.  En  ce  qui  concerne  le  genre  Lioplacodes  Meek  et 
Hayden,  il  s'applique  à  une  coquille  jurassique  encore  plus  allongée 
que  Lioplax,  à  dernier  tour  plus  rétréci  (L.  teternus  M.  et  H.),  qui 
n'a  aucun  rapport  avec  V.  aurelianus,  ainsi  que  j'ai  pu  le  constater 
par  la  comparaison  avec  la  figure  originale  publiée  par  ces  auteurs. 

En  résumé  donc,  l'espèce  du  Bathonien  de  Saint-Gaultier  paraît 
absolument  nouvelle;  le  nom  qu'a  choisi  M.  Benoist  est  celui  que 
porte  la  localité  dans  les  vieux  parchemins,  Sainte-Aurèle  étant  la 
patronne  du  pays. 


Vi 

Fig.  5.  —  Valvala  Benoisti  Cossmann. 

Valvata  (Cincinna)  Benoisti,  nov.  sp. 

Test  mince  ;  taille  moyenne  ;  forme  turbinée  et  évasée  ;  spire  assez 
courte,  à  galbe  conique,  à  sommet  obtus  ;  cinq  tours,  dont  la  hau- 
teur atteint  le  tiers  de  la  largeur,  convexes,  séparés  par  des 
sutures  profondes,  non  canaliculées  ;  surface  lisse,  à  peine  mar- 
quée par  des  stries  d'accroissement  un  peu  obliques.  Dernier  tour 

II)  Lioplax  inflata  Sandb.  La  ad  u.  Sussw.  Coachyl.,  p.  62,  pi.  Il,  flp.  17.  — 
Maillard,  Invert.  Pu  ri».  Jura,  p.  Ii5,  pi.  II,  fig.  6-7. 


1899  DANS  LE  TERRAIN    BATHONIEN  DE  L'iNDRE  143 

grand,  large,  surbaissé,  un  peu  déprimé  vers  la  suture  inférieure, 
arrondi  à  la  base,  qui  est  médiocrement  convexe  et  qui  est  perforée 
au  centre  par  un  entonnoir  ombilical. 

Ouverture  à  peu  près  circulaire,  à  péristome  cootiuu,  simplement 
appliqué  sur  la  base  de  lavant-dernier  tour  ;  labre  mince,  oblique, 
d'après  la  direction  des  stries  d'accroissement  ;  bord  columellaire 
excavé,  non  réfléchi  sur  la  perforation  ombilicale. 

Dimensions.  —  Hauteur  :  8  mill.  ;  diamètre  :  9  mil].  ;  hauteur  du 
dernier  tour,  mesurée  de  face  :  6,  5  mill.  ;  hauteur  de  l'ouverture  : 
4,5  mill. 

Rapp.  et  di/f.  —  Cette  coquille  a  beaucoup  d'analogie  avec  V.  pis- 
cinalis  Mull.,  qui  est  le  type  du  Sous-Genre  Cincinna  Hubn.  ;  tou- 
tefois elle  est  un  peu  plus  déprimée  à  la  base  et  sa  spire  est  plus 
obtuse  au  sommet.  La  direction  de  ses  stries  d'accroissement,  la 
continuité  de  son  péristome  qui  repose  simplement  sur  la  base  de 
l'avant-dernier  tour,  s'opposeot  à  ce  qu'on  les  rapproche  des 
Hélicéens,  qui  ont  l'ouverture  bien  plus  oblique  en  profil,  et  dont 
le  péristome  est  discontinu  en  arrière.  D'ailleurs,  on  a  déjà  signalé 
l'existence  du  genre  Valvata  dans  le  système  Jurassique,  seulement 
ce  sont  des  espèces  planorbulaires,  appartenant  à  la  forme  typique 
du  V.  cristata  Mull.  :  Maillard  en  a  décrit  un  dans  le  Purbeckien  du 
Jura  (  V.  sabaudiensis,  p.  68,  pi.  Il,  fig.  12-13)  ;  Sandberger  cite  et 
figure  une  espèce  du  Dorsetshire  (  V.  heliçoides  Forbes),  qui  se  trouve 
aussi  dans  le  Hanovre,  d'après  M.  Struckmann(Weald.  Hann,  p.  85, 
pi.  H,  fig.  21-22);  d'autre  part,  Moore  a  décrit,  en  1867  (1),  deux 
coquilles  du  Lias  de  Charter  House  (V.  anomala  et  pygrnœa),  qui  ne 
paraissent  pas  aussi  douteuses  que  l'indiquent  MM.  Hudleston  et 
Wilson,  dans  leur  Catalogue  des  Gastropodes  jurassiques  d'Angle- 
terre. 

Enfin,  la  détermination  générique  de  notre  fossile  se  trouve 
confirmée  par  cette  remarque  qu'il  est  tout  naturel  de  trouver  des 
Valvata  associées  à  des  Viviparus  daus  un  gisement  palustre,  tandis 
qu'on  ne  pourrait  y  expliquer  la  présence  A' Hélix  terrestres  que  par 
entraînement  d'individus  isolés,  ou  par  remaniement  de  la  couche 
ligniteuse  infrajacente;  or,  ces  hypothèses  ne  se  concilient  guère 
avec  le  nombre  et  l'état  de  conservation  des  échantillons  qu'a 
recueillis  M.  Benoist,  en  place  dans  la  couche  palustre  en  question. 

M)  Quart  Journ.  Geol.  Soc.,  vol.  XXHI,  n-  92,  p.  556  et  357,  pi.  XV,  fig.  5-9. 


144 


Séance  générale  annuelle  du  G  Avril  1899 


PRÉSIDENCE  DE  M.  J.  BERGERON,  Président  sortant 


Le  Secrétaire  donne  lecture  du  procès-verbal  de  la  dernière 
séance,  dont  la  rédaction  est  adoptée. 

Par  suite  des  présentations  faites  a  la  dernière  séance,  le  Président 
proclame  membres  de  la  Société  : 

MM.  Authelin,  à  Nancy,  présenté  par  MM.  Bleicher  et  Nicklès  ; 
Giraud,  Agrégé  de  l'Université,  présenté  par  MM.  A. 
Gaudry  et  Boule. 

Il  annonce  une  présentation . 

M.  Albert  Gaudry  présente,  de  la  part  de  M.  Ph.  Glangeaud, 
la  communication  suivante  : 

M.  Charles  D.  Walcott,  réminent  directeur  du  Geological  Survey 
américain,  qui  a  publié  très  récemment  une  si  curieuse  monogra- 
phie des  Méduses  fossiles,  parmi  lesquelles  on  doit  signaler  sur- 
tout les  Méduses  cambriennes,  m'apprend  qu'il  vient  de  faire  une 
découverte  paléontologique  des  plus  importantes.  Il  a  trouvé 
de  nombreux  restes  de  Crustacés  fossiles  dans  le  Précambrien 
(Algonkien)  de  l'Etat  de  Montana,  à  quelques  centaines  de  mètres 
au-dessous  de  la  base  du  Cambrien.  Ces  crustacés  se  rapporteraient 
à  l'ordre  des  Mérostomidés. 


145 


ALLOCUTION  DE  M.  J.  BERGERON,  PRÉSIDENT  POUR  1898 


Messieurs, 

Chaque  année,  à  pareille  époque,  le  président  sortant  doit  prendre 
une  dernière  fois  la  parole  devant  vous,  et  vous  retracer  la  vie  de  la 
Société  90us  sa  présidence.  Il  semble  qu'en  établissant  cette  cou- 
tume, nos  prédécesseurs  aient  voulu  nous  faire  faire  tous  les  ans 
une  sorte  d'examen  de  conscience,  nous  permettant  ainsi  de  nous 
rendre  compte  si  nous  avons  maintenu  intactes  nos  traditions.  Ces 
traditions,  qui  remontent  déjà  pour  nous  à  près  de  soixante-dix 
ans,  nous  ont  fait  une  situation  unique  parmi  les  sociétés  savantes  : 
les  théories  ont  passé,  les  chefs  d'école  se  sont  succédé  ;  notre 
Société,  qui  avait  su  se  tenir  à  l'écart  de  toutes  les  influences,  a 
conservé  tout  son  prestige.  Son  esprit  d'indépendance,  la  liberté 
avec  laquelle  peuvent  s'y  soutenir  toutes  les  opinions,  la  courtoisie 
qui  règle  nos  rapports  entre  nous,  la  vigilance  avec  laquelle  ont 
toujours  été  écartées  les  questions  autres  que  celles  d'ordre  pure- 
ment scientifique,  lui  ont  valu  l'honneur  de  compter  parmi  ses 
membres  des  hommes  de  toutes  opinions  :  sa  réputation  s'est  faite 
ainsi  de  toutes  les  gloires  des  géologues  français. 

Durant  l'année  1898  ce  fut  le  môme  esprit  qui  anima  notre  Société. 
De  la  liberté  complète  dont  jouit  chaque  membre  de  traiter  toute 
question,  pourvu  qu'elle  soit  relative  à  la  Géologie,  est  résultée  une 
grande  variété  dans  les  communications  qui  nous  ont  été  faites. 

Grâce  à  M.  Michel  Lévy,  les  questions  théoriques  ont  reparu  avec 
un  éclat  qu'elles  avaient  perdu  depuis  la  disparition  d'Élie  de 
Beaumont.  Les  études  pétrographiques  ont  été  plus  nombreuses  que 
d'ordinaire;  il  faut  nous  en  réjouir  car,  si  par  ses  méthodes  la 
pétrographie  sort  de  notre  domaine,  elle  nous  appartient  bien  par 
la  plupart  des  résultats  auxquels  elle  arrive.  Ces  études  sont  dues 
à  MM.  Termier  et  Bréon. 

Les  travaux  de  stratigraphie  ont  été,  comme  toujours,  les  plus 
abondants,  et  c'est  naturellement  l'étude  du  sol  de  la  France  qui  a 
donné  le  plus  de  mémoires.  Dans  l'ouest,  MM.  QEhlert  et  Bigot  se 
sont  associés  pour  décrire  le  massif  silurien  d'Hesloup  ;  dans  le  Jura, 
M.  l'abbé  Bourgeat  a  signalé  de  nouveaux  faits  relatifs  à  la  tecto- 
nique ;  dans  la  Dombes  et  la  Bresse,  M.  Boistel  a  repris  l'étude  de 

7  Juin  1809.  —  T.  XXVII.  Bull.  Soc.  Géol.  Fr.  —  10 


146  ALLOCUTION    DE  M.    J.    BKRGERON  G  Avril 

quelques  points  encore  mal  élucidés  ;  dans  le  Plateau  central 
M.  Mouret  a  donné  une  étude  d'ensemble  sur  les  terrains  anciens. 

La  région  alpine  a  fourni  à  MM.  Termier  et  Kilian,  Revil  et  Vivien, 
Pierre  Lory,  Arnaud  et  David  Martin,  matière  à  d'importants 
travaux.  Les  régions  subalpines  ont  continué  à  être  l'objet  des 
études  de  MM.  Marcel  Bertrand,  Fournier,  Bresson  et  Ropelin. 

Le  sud-ouest  de  la  France  commence  à  être  abordé  à  son  tour  : 
MM.  Doucieux,  Bresson,  Stuart-Meuteatli  et  Harlè  vous  ont  entre- 
tenus des  résultats  de  leurs  recherches  dans  le  Bas-Languedoc  et  la 
région  pyrénéenne.  Ce  sont  donc  Içs  régions  méridionales  de  la 
France  qui  ont  le  plus  sollicité  l'attention  des  membres  de  la  Société. 

Mais  l'activité  des  travailleurs  n'a  pas  été  moindre  de  l'autre  côté 
de  la  Méditerranée:  MM.  Peron,  Ficheur,  Gentil  et  Blayac  nous  ont 
faire  part  de  leurs  découvertes  en  Algérie  :  quelques-unes  sont 
venues  confirmer  et  éteodre  les  résultats  de  celles  faites  en  1896 
lors  de  la  réunion  extraordinaire  en  Algérie,  montrant  une  fois  de 
plus  Futilité  de  ces  excursions  en  commun. 

La  Roumanie,  grâce  aux  travaux  de  MM.  Popovici-Hatzeg  et 
Anastasiu,  nous  a  fourni  son  contingent  de  faits  nouveaux.  11  faut 
espérer  que  ces  études  seront  continuées  et  que  la  Roumanie,  sous 
l'impulsion  de  ces  jeunes  docteurs,  deviendra  un  centre  géologique 
important. 

Nos  connaissances  sur  les  pays  d'outre-iner  se  sont  accrues  singu- 
lièrement cette  aonée  :  nous  le  devons  à  MM.  Fourtau,  Douvillé, 
Zurcher  et  Aguilera. 

M.  Haug  a  essayé  avec  succès  d'établir  la  valeur  des  étages  ou 
plutôt  des  termes  de  Portlandien,  de  Tithonique  et.  de  Volgien. 

La  Paléontologie  a  continué  à  prendre  dans  notre  bulletin  une 
place  de  plus  en  plus  grande.  Je  vous  rappellerai  les  mémoires 
ou  les  notes  que  nous  devons  à  MM.  Ameghino.  Harlé,  Sauvage, 
Priem,  Sarasin,  Kilian,  Toucas,  Schlumberger,  Barrois,  Canu. 

Si  nous  nous  reportons  à  un  demi-siècle  en  arrière,  c  est.  de  la  part 
des  membres  de  la  Société,  la  même  activité  :  c'est  la  même  variété 
dans  les  communications.  Mais  alors  les  questions  de  classification 
et  de  parallélisme  étaient  à  l'ordre  du  jour.  Quelles  assimilations 
faire  entre  les  assises  permiennes  de  Russie,  d'Allemagne  et  de 
France  ;  à  quels  horizons  tertiaires  du  bassin  de  Paris  comparer  les 
dépôts  nummulitiques  du  sud-ouest  de  la  France  ;  à  quel  terrain 
rapporter  le  calcaire  dit  pisolithique  ?  Tels  étaient  les  sujets  sur 
lesquels  il  y  avait  de  nombreuses  et  ardentes  discussions  auxquelles 


1899  ALLOCUTION    DE  M.    J.    BERGERON  147 

prenaient  part  de  Verneuil,  Coquand,  d'Archiac,  Elie  de  Beaumoot, 
Delbos,  Boubée.  Je  suis  heureux  de  pouvoir  saluer  aujourd'hui  en 
M.  Victor  Raulin  que  nous  comptons  encore  parmi  nous,  un  de 
ceux  qui,  dans  cette  étude  du  Tertiaire  du  sud-ouest  de  la  France, 
déployèrent  le  plus  d'ardeur  et  firent  faire  les  plus  sensibles  progrès. 
C'est  dans  la  discussion  relative  à  l'âge  du  Calcaire  pisolithique, 
que  M.  Hébert  se  révéla  tout  entier  ;  il  était  pour  ainsi  dire  à  ses 
débuts,  car  c'était  la  troisième  fois  qu'il  prenait  la  parole  devant  la 
Société;  mais  on  juge  déji  dans  son  mémoire  de*  sa  méthode,  et  les 
arguments  qu'il  invoque  pour  placer  ces  assises  à  la  partie  tout  à 
fait  supérieure  du  Crétacé  ont  conservé  encore  toute  leur  valeur. 
Élie  de  Beaumont,  d'Archiac,  Viquesnel,  de  Roys  prennent  part  à  la 
discussion,  mais  aucun  ne  traite  la  question  avec  la  netteté  de  vue 
de  M.  Hébert. 

Parmi  les  membres  qui  firent  durant  Tannée  1848  les  communi- 
cations les  plus  importantes,  je  relève  encore  les  noms  de  Aymard, 
d'Hombres-Firmas,  Daubrée,  Pomel,  Collomb;  mais  aucun  ne  pré- 
senta d'étude  régionale.  A  mesure  que  la  géologie  stratigraphique 
a  progressé,  elle  a  modifié  ses  teodances  ;  son  ambition  aujourd'hui 
est  de  suivre  l'évolution  de  la  terre  aussi  bien  dans  la  distribution 
de  ses  continents  et  de  ses  mers,  que  dans  celle  des  organismes  qui 
y  ont  vécu.  Elle  se  transforme  en  une  sorte  de  Paléogéographie  dont 
les  progrès  sont  parallèles  à  ceux  de  la  Géographie  du  monde  actuel. 

Alors,  comme  aujourd'hui,  la  Société  s'intéressait  aux  travaux 
faits  à  l'étranger.  Ami  Boue  la  tenait  au  courant  de  ceux  entrepris 
par  les  géologues  autrichiens;  de  Verneuil  l'informait  des  progrès 
réalisés  en  Russie  et  en  A  inérique.  C'est  ainsi  qu'il  annonçait  l'appa- 
rition du  premier  volume  de  la  Paléontologie  de  l'Etat  de  New-York, 
par  James  Hall.  C'est  cinquante  ans  après  la  publication  de  ce  pre- 
mier volume  que  notre  confrère  est  mort  :  mais  pendant  ces  cin- 
quante ans,  quel  monument  n'a-t-il  pas  élevé  à  la  Paléontologie  des 
terrains  primaires  de  l'Amérique! 

Les  travaux  de  Paléontologie  ont  été  bien  peu  nombreux  en  1848  : 
ils  sont  signés  par  Bayle,  Marie  Rouault  et  Davidson. 

Telle  fut,  à  cette  époque,  la  vie  intellectuelle  de  notre  Société; 
mais  notre  Bulletin  a  gardé  la  trace  de  plusieurs  événements  dont 
le  récit  nous  fait  revivre  au  milieu  de  nos  anciens  confrères.  Au 
début  de  l'année,  la  Société  perdit  le  seul  de  ses  membres  qui  ait 
porté  couronne  royale.  Nous  lisons,  en  effet,  daus  le  Bulletin,  que  le 
7  février,  le  Président,  qui  était  alors  Michelin,  adressa  au  nom  de 


148  ALLOCUTION   DE  M.   J.    BERGKRON  6  Avril 

la  Société  une  lettre  au  nouveau  roi  de  Danemark  pour  lui  dire 
«  avec  quelle  douleur  profonde  la  Société  a  reçu  la  nouvelle  de 
la  mort  de  Sa  Majesté  le  roi  Christian  VIII,  l'un  de  ses  plus  anciens 
membres  ».  Mais  il  semble  que  notre  Société  dut  regretter  plus  en 
Christian  VIII  le  confrère  que  le  roi,  si  nous  en  jugeons  par  la 
démarche  qu'elle  fit  un  mois  après.  En  effet,  le  8  mars  suivant,  le 
même  Président  Michelin  allait  «  avec  un  grand  nombre  de  mem- 
bres »,  ainsi  que  le  dit  le  Bulletin,  assurer  les  membres  du  Gouver- 
nement provisoire  du  concours  de  notre  Société.  Je  me  suis  laissé 
dire  par  plusieurs  personnes  qui  ont  assisté  à  ces  journées  histo- 
riques de  1848,  que  le  nombre  des  délégations  ainsi  envoyées 
auprès  du  Gouvernement  provisoire  avait  été  tel  que  le  défilé  dura 
plusieurs  jours  et  que  les  membres  du  Gouvernement  durent,  pour 
veiller  aux  affaires  de  l'Etat,  prendre  des  représentants,  d'autres 
disent  des  figurants,  chargés  de  recevoir  ces  délégations.  D'après 
notre  Bulletin,  celle  de  la  Société  eut  affaire  à  un  adjoint  au  maire 
de  Paris,  qui  semble  avoir  eu  quelque  vague  notion  de  ce  qu'était 
la  Géologie. 

Faut-il  attribuer  à  cette  démarche  la  subvention  que  le  nouveau 
gouvernement  accorda  à  notre  Société?  Je  ne  sais;  en  tous  cas  le 
19  avril  suivant,  Hippolyte  Carnot,  ministre  de  l'Instruction  publi- 
que et  des  Cultes,  annonça  au  Président  une  allocation  de  mille 
francs  pour  faciliter  la  publication  du  tome  II  de  l'Histoire  des  pro- 
grès de  la  Géologie  de  d'Archiac,  avec  le  regret  que  l'état  des  fonds 
de  son  département  ne  lui  permit  pas  de  faire  plus.  Comme  vous 
voyez,  Messieurs,  un  intervalle  de  cinquante  ans  n'a  rien  changé 
pour  nous  à  la  générosité  des  ministres,  ni  d'ailleurs  à  leurs  regrets 
de  ne  pouvoir  faire  plus. 

En  1898  notre  Société  n'a  pas  eu  à  faire  acte  de  dévouement  à  un 
nouveau  gouvernement  ;  d'ailleurs  la  politique  est  laissée  par  nous 
hors  de  cette  enceinte  et  il  faut  nous  en  féliciter,  car  c'est  une  de 
ces  mauvaises  fées  dont  parle  Perrault  dans  ses  contes,  mauvaise 
fée  qui  transforme  et  empoisonne  tout  ce  qu'elle  touche.  Les  seuls 
événements  qui  soient  venus  rompre  la  régularité,  je^ne  dis  pas  la 
monotonie,  de  notre  existence  de  travail,  sont  deux  événements  qui 
auront  un  grand  retentissement,  du  moins  je  l'espère,  sur  la  vita- 
lité de  notre  Société. 

Par  un  décret  en  date  du  6  août  1898,  nous  avons  vu  la  Géologie 
et  la  Paléontologie  rentrer  dans  nos  programmes  de  l'enseignement 
secondaire  ;  ces  deux  sciences  seront,  je  n'ose  dire  enseignées,  mais 


1899  ALLOCUTION   DE  M.    J.    BEROBRON  149 

esquissées  en  quelques  leçons»  dans  les  classes  où  l'esprit  commence 
à  s'ouvrir  aux  idées  philosophiques.  Nous  sommes  en  droit  d'espérer 
que  cette  mesure  nous  amènera  de  nouveaux  adeptes.  Le  rôle  de  ces 
sciences  sera  encore  mieux  compris  dans  l'avenir,  et  sans  doute  on 
ne  les  considérera  plus  comme  bonnes  tout  au  plus  pour  des  élèves 
de  cinquième.  Ce  décret  a  été  rendu  à  la  suite  des  démarches  faites 
auprès  du  Ministère  de  l'Instruction  publique  par  M.  Albert  Gaudry. 
Je  saisis  avec  empressement  cette  occasion  de  le  remercier  encore 
en  votre  nom.  Qu'il  me  soit  permis  d'exprimer  aussi  toute  notre 
gratitude  à  M.  Mangin,  Professeur  au  Lycée  Louis-le-Grand,  qui  a 
fait  devant  le  Conseil  supérieur  de  l'Instruction  publique  le  rapport 
à  la  suite  duquel  la  décision  a  été  prise. 

De  plus,  grâce  à  la  générosité  de  Mmo  Fontannes,  nous  pourrons 
dorénavant  faciliter  les  travaux  de  Géologie,  quels  qu'ils  soient;  il  y 
aura  là  certainement  un  stimulant  précieux  pour  les  générations  à 
venir  de  géologues.  Mais  nous  voyons  encore  autre  chose  dans  ce 
legs,  c'est  le  moyen,  conformément  au  désir  de  Mme  Fontannes, 
d'entretenir  parmi  nous  le  souvenir  de  son  fils,  dout  le  nom  mérite  à 
tous  égards  de  rester  parmi  les  plus  honorés  de  la  Géologie. 

Si  nous  pouvons  avoir  foi  en  l'avenir,  par  contre,  notre  situation 
matérielle  ne  s'est  pas  améliorée;  elle  est  restée  telle  que  M.  Barrois 
vous  l'exposait  ici  même,  il  y  a  un  an. 

Je  vous  ai  dit  au  mois  de  janvier,  comment,  grâce  aux  avis  de 
notre  trésorier  et  de  M.  Douvillé,  notre  dévoué  rapporteur  de  la 
Commission  de  comptabilité,  la  Commission  du  Bulletin  et  les 
secrétaires  avaient  remis  notre  budget  en  équilibre,  secondés  qu'ils 
ont  été  par  plusieurs  de  nos  confrères  qui  ont  pris  à  leur  charge 
tout  ou  partie  des  frais  de  coufection  de  leurs  planches.  Mais  cela 
ne  suffit  pas;  il  faut  que  nos  publications  puissent  se  développer. 
Nous  avons  dû,  par  suite  de  notre  gêne,  nous  adressera  un  éditeur 
pour  la  publication  de  nos  mémoires  de  Paléontologie.  Il  nous  faut 
augmenter  nos  ressources;  pour  cela,  augmentons  l'intérêt  de  nos 
publications;  nous  sommes  sûrs  alors  de  faire  de  nouvelles  recrues. 

Certainement  un  des  attraits  les  plus  puissants  pour  une  société 
scientifique,  réside  dans  les  discussions.  En  lisant  nos  anciens 
bulletins,  on  est  frappé  de  l'importance  qu'elles  prenaient  après 
chaque  communication  :  c'était  parfois  de  véritables  argumenta- 
tions; les  questions  posées  aux  auteurs  n'ont  pas  toutes  la  même 
valeur,  mais  toutes  témoignent  de  l'intérêt  que  prenaient  les  audi- 
teurs aux  sujets  traités.  Aujourd'hui  il  y  en  a  bien,  mais  elles  sont 


150  ALLOCUTION   DR  M.    J.    BERGERON  6  Avril 

rares.  Cela  tient  à  ce  que  la  science,  devenant  plus  vaste,  il  faut  se 
spécialiser  et  dès  lors,  après  chaque  communication,  la  discussion 
n'a  lieu,  encore  quand  elle  a  lieu,  qu'entre  spécialistes  ;  elle  acquiert 
peut-être  ainsi  une  plus  grande  valeur  scientifique,  mais  il  est  bien 
à  craindre  qu'elle  ne  puisse  être  suivie  par  un  grand  nombre  de 
membres.  C'est  le  cas,  en  particulier,  pour  bien  des  amateurs  qui, 
passionnés  de  science,  n'ont  pas  toujours  le  loisir  de  faire  les  études 
nécessaires  pour  se  tenir  au  courant  des  questions  à  l'ordre  du 
jour.  N'est-il  pas  à  craindre  que,  cet  état  de  choses  persistant,  nous 
n'en  voyions  le  nombre  diminuer  encore  et  môme  qu'ils  ne  finissent 
par  nous  quitter.  Ce  serait  presque  à  maudire  le  progrès  s'il  devait 
aboutir  à  la  disparition  de  ces  membres  parmi  lesquels  nous  comp- 
tons parfois  nos  meilleurs  amis  et  que  nous  sommes  si  heureux  de 
rencontrer  soit  ici,  soit  en  excursion.  Mais  je  crois  qu'au  grand 
profit  de  tous,  les  spécialistes  pourraient,  ainsi  que  cela  se  fait  à  la 
Société  belge  de  Géologie,  donner  de  temps  à  autre,  dans  des  com- 
munications qui  tendraient  presque  à  la  vulgarisation,  la  mise  au 
point  des  questions  les  plus  importantes.  Ce  serait  pour  eux  l'occa- 
sion de  provoquer  de  nouveaux  travaux  complétant  les  leurs  et  de 
répondre  ainsi  aux  amateurs  toujours  disposés  à  dire  : 

Je  marcherai  pour  vous,  vous  y  verrez  pour  moi. 

Autrefois  les  secrétaires  tenaient  la  Société  au  courant  des  travaux 
récents,  et  c'était  un  attrait  de  nos  séances  ;  ils  analysaient  les  prin- 
cipaux mémoires  parus  sur  les  sujets  les  plus  importants.  11  faut 
reconnaître  qu'il  serait  matériellement  impossible, à  l'heure  actuelle, 
à  nos  secrétaires  de  faire  un  pareil  travail,  étant  donné  le  nombre 
considérable  de  mémoires  publiés  chaque  année  ;  mais  les  spécia- 
listes, obligés  de  se  tenir  au  courant  des  publications  qui  les  inté- 
ressent, pourraient  en  donner  des  analyses  à  la  Société.  Cette  idée, 
qui  d'ailleurs  n'est  pas  de  moi,  me  parait  très  heureuse.  Son  appli- 
cation exigerait  peu  de  travail  de  la  part  de  nos  confrères,  et  quand 
elle  en  exigerait,  n'est  il  pas  du  devoir  de  tous  de  tâcher  de  déve- 
lopper notre  Société  ? 

Je  disais  en  commençant  qu'il  nous  fallait  faire  un  examen  de 
conscience.  Faisons-le  sans  faiblesse  et  reconnaissons  que  l'indiffé- 
rence, le  plus  grand  des  maux  pour  une  société,  a  commencé  à 
nous  envahir.  Nous  suivons  moins  assidûment  les  séances  ;  les 
excursions  même  sont  abandonnées.  En  1898  il  n'y  a  que  quelques 
membres  qui  se  soient  rendus  à  Barcelone,  à  l'aimable  invitation  de 
nos  confrères  espagnols.  Cependant  le  programme  des  excursions, 


1899  ALLOCUTION   DE  M.   J.    BERGERON  151 

le  pays  que  nous  devions  parcourir,  étaient  bien  faits  pour  nous 
attirer.  Tous  ceux  qui  ont  été  fidèles  au  rendez-vousontèté  récom- 
pensés de  leur  zèle  et  ont  rapporté  de  ces  courses  un  charmant 
souvenir,  dû  non  seulement  à  l'intérêt  de  la  région  explorée,  mais 
aussi  à  l'excellent  accueil  de  MM.  Aimera,  Vidal,  Bofill,  ainsi  que 
de  leurs  compatriotes.  Réagissons  contre  ce  sentiment  d'indifférence 
qui  malheureusement  est  général.  Prenons  exemple  sur  nos  anciens, 
sur  nos  maîtres,  qui,  non  contents  d'assister  régulièrement  aux 
séances,  marchent  encore  à  notre  tète  dans  ces  réunions  toujours  si 
instructives  et  si  cordiales. 

Peut-être  y  aurait-il  un  effort  à  tenter  en  vue  de  grouper  entre 
elles  toutes  les  sociétés  ayant  pour  objet  l'étude  de  la  terre  ;  il 
semble  que  l'avenir  appartienne  aux  associations  qui  seules  donnent 
le  nombre  et  la  force.  Mais  je  reconnais  qu'il  y  aurait  de  bien  grandes 
difficultés  dans  la  réalisation  de  ce  rêve.  En  attendant  qu'il  puisse 
être  sérieusement  question  de  cette  sorte  de  fédération,  cherchons 
à  nous  rendre  utiles  :  ouvrons  grandement  nos  portes  à  toutes  les 
sciences  nouvelles  qui  peuvent  se  réclamer  de  la  Géologie.  Donnons 
aussi  plus  d'importance  à  tout  ce  qui  concerne  les  applications  de 
cette  science.  En  1848  nous  comptons  cinq  communications  dont 
purent  profiter  l'agriculture  et  l'exploitation  des  mines  ;  en  1898 
il  n'y  en  eut  pas  une.  S'inspirant  des  remarques  faites  Tannée 
dernière  par  M.  Barrois,  sur  le  petit  nombre  des  praticiens  que 
renferme  notre  Société,  votre  Conseil  a  institué  des  conférences  de 
Géologie  appliquée.  Nous  avons  entendu  MM.  Gosselet  et  Van  den 
Brœck  qui  nous  ont  montré  que  des  questions  semblant  être,  au 
premier  abord,  d'un  intérêt  très  spécial,  peuvent,  traitées  par  de  tels 
maîtres,  devenir  aussi  intéressantes  que  les  conceptions  théoriques 
les  plus  élevées.  A  ces  conférences,  le  public  a  été  plus  nombreux 
qu'à  nos  séances  ordinaires.  Mais  ce  n'est  qu'à  la  suite  d'un  effort 
continu  que  nous  attirerons  de  la  sorte  les  praticiens  dans  notre 
Société. 

C'est  également  à  la  longue  que  la  mesure  prise  par  le  Conseil, 
relativement  à  la  perception  du  droit  d'entrée,  aura  son  plein  effet. 
Attendons  avec  patience  les  résultats  de  ces  réformes. 

L'année  prochaine  nous  aurons  un  attrait  de  nouveauté  provenant 
de  notre  installation  dans  un  local  mieux  aménagé  que  celui  dans 
lequel  nous  nous  trouvons  :  il  parait  que  cet  attrait  peut  être  très 
grand.  Néanmoins,  on  comprend  qu'une  Société  hésite  à  se  le  donner 
fréquemment,  surtout,  quand  elle  possède  une  bibliothèque  comme 
la  nôtre.  Mais  la  place  nous  manquant  (hélas  !  pour  nos  livres 


152  ALLOCUTION  DE  M.    J.    BERGER  ON  6  Avril 

seulement),  les  conditions  de  conservation  de  nos  cartes  et  de  notre 
bibliothèque  n'étant  pas  satisfaisantes,  et  notre  bail  arrivant  à  terme, 
votre  Conseiladûprendreunegravedécision.Aprèsmûres  réflexions, 
après  discussions  très  sérieuses,  il  s'est  décidé  à  louer  un  apparte- 
tement  dans  l'Hôtel  des  Sociétés  savantes.  L'espace  qui  nous  est 
réservé  nous  permettra  d'accroître  notre  bibliothèque  sans  avoir  à 
craindre  le  manque  de  place  d'ici  une  longue  période  d'années  ;  notre 
salle  des  séances  sera  attenante  à  notre  bibliothèque  et  nous  aurons 
la  libre  disposition  de  l'ornementation  de  cette  salle  :  nous  pourrons 
donc  y  retrouver  tous  les  souvenirs  qui,  ici,  nous  rappellent  des 
maîtres  ou  des  amis.  Enfin  les  conditions  pécuniaires  sont  telles 
que  nous  n'ayons  rien  à  craindre,  en  supposant  que  notre  situation 
reste  stationnaire. 

De  toutes  nos  traditions,  la  plus  respectée  et,  certes,  la  plus 
digne  de  l'être,  est  celle  qui  fait  revivre  devant  nous,  pendant 
quelques  instants,  le  jour  de  notre  séance  annuelle,  les  confrères 
que  nous  avons  perdus  dans  l'année.  Comme  si  nous  voulions  les 
associer  une  dernière  fois  à  nos  joies,  c'est  le  jour  où  nous  décer- 
nons nos  prix,  où  nous  sommes  réunis  plus  nombreux  que  de 
coutume,  que  nous  choisissons  pour  cela.  Gardons-la  cette  tradition, 
car  c'est  une  de  celles  qui  font  le  plus  honneur  à  notre  Société, 
c'est  aussi  une  des  plus  profitables.  Grâce  à  elle,  les  jeunes  appren- 
nent comment  leurs  anciens  ont  concouru  aux  progrès  de  la  Géolo- 
gie, progrès  que  l'on  est  trop  souvent  porté  à  compter  à  partir  de 
son  époque;  ils  apprennent  aussi  à  mieux  juger  leurs  devanciers, 
en  les  comparant  au  milieu  dans  lequel  ils  ont  vécu  ;  ils  les  jugent 
à  leur  vraie  taille,  en  se  dégageant  de  cet  effet  de  perspective  qui 
souvent  diminue  les  hommes  de  science,  quand  on  les  voit  à 
distance. 

Je  ne  me  suis  jamais  si  bien  rendu  compte  de  la  facilité  avec 
laquelle  on  perd  la  notion  de  la  valeur  d'un  homme  qu'en  étudiant 
la  carrière  d'Edmond  Hébert,  mon  premier  maître.  Il  y  a  à  peine 
dix  ans  qu'il  est  mort,  et  déjà  le  silence  s'est  fait  autour  de  son  nom  : 
c'est  que  beaucoup  des  faits  qu'il  a  trouvés  sout  tombés  dans  le 
domaine  public,  et  dès  lors  personne  ne  songe  plus  à  savoir  qui  les 
a  découverts.  Je  ne  puis,  en  ce  qui  concerne  Edmond  Hébert, 
m'expliquer  un  tel  état  de  chose  que  parce  que,  seul  de  nos  prési- 
dents, il  n'a  encore  trouvé  personne  pour  rappeler  son  œuvre.  Il  m'a 
paru  que  ce  silence  prolongé  davantage  pourrait  passer  pour  plus 
que  de  l'oubli,  pour  de  l'ingratitude  de  notre  part,  alors  qu'il  a  tant 


1899  ALLOCUTION   DE  M.    J.    BERGERON  133 

fait  pour  notre  bon  renom,  et  j'ai  pensé  que  comme  Président  de  la 
Société,  ancien  élève  d'Edmond  Hébert,  il  était  de  mon  devoir  de 
dire  quel  avait  été  son  rôle  vers  le  milieu  de  ce  siècle.  Mais  en 
voyant  la  liste  des  notices  nécrologiques  que  vous  avez  à  entendre 
aujourd'hui,  en  songeant  que  je  vous  retiendrai  déjà  bien  longtemps 
moi-même,  j'ai  cru  préférable  de  remettre  à  une  autre  époque  la 
lecture  de  la  notice  nécrologique  que  j'avais  préparée. 

Nos  morts  ont  été  nombreux  cette  année  :  plusieurs  semblaient 
par  leur  âge  devoir  être  encore  pendant  longtemps  l'honneur  de 
notre  Société.  D'autres  ont  été  des  modestes,  que  nous  entrevoyions 
rarement,  mais  dont  les  noms  évoquent  quelques  vagues  souvenirs 
d'excursions  faites  en  commun,  de  sympathies  naissantes  à  peine 
ressenties.  Saluons  en  MM.  Faucher,  Freund,  Gallois,  Gouverneur, 
de  Lavernede  et  Meunier,  des  confrères  qui  nous  ont  donné  par  leur 
constance  à  faire  partie  de  notre  Société,  la  preuve  de  l'intérêt  qu'ils 
portaient  à  la  Géologie. 

Deux  de  nos  plus  anciens  confrères,  habitant  tous  deux  l'Amérique, 
se  sont  éteints  cette  année  :  Jules  Harcou  et  James  Hall.  M.  Barrois 
vous  retracera  la  carrière  toute  de  travail  de  ce  dernier.  Je  regrette 
qu'une  voix  plus  autorisée  que  la  mienne  ne  se  fasse  pas  entendre 
pour  vous  rappeler  la  physionomie  si  originale  de  Jules  Marcou.  Né 
dans  le  Jura,  il  en  subit  comme  bien  d'autres  une  influence  spéciale 
qui  le  porta  vers  la  Géologie.  11  y  avait,  vers  1840,  une  pléiade  de 
géologues  jurassiens  dont  l'âge  seul  ralentissait  l'ardeur  :  c'étaient 
de  Luc,  Gressly,  Agassiz,  Coulon,  Dubois  de  Montpereux,  Jules 
Pictet.  Jules  Marcou,  à  cette  époque,  était  jeune,  il  était  enthousiaste  ; 
il  devint  bientôt  pour  ces  vieillards  un  élève  dont  tous  appréciaient 
d'autant  mieux  les  superbes  qualités  qu'ils  commençaient  à  sentir 
leur  déclin.  C'est  dans  cette  atmosphère  pleine  de  bienveillance, 
qu'il  conçoit  et  exécute  ses  premiers  travaux  qui  justifient  d'ailleurs 
la  haute  opinion  de  ses  vieux  maîtres.  Il  publie  dans  nos  mémoires 
ses  «  Recherches  géologiques  sur  le  Jura  salinois  »  qui  sont  et  res- 
teront un  vrai  modèle  d'observation.  Il  continue  ses  études,  toujours 
avec  la  même  ardeur,  mais  bientôt  il  se  heurte  à  des  obstacles  qu'il 
n'avait  pas  prévus  ;  il  trouve  des  savants  qui  discutent  ses  opinions  ; 
ce  n'est  plus  l'admiration  des  premières  années.  Son  ardeur  n'en 
fait  que  croître,  et  son  habileté  à  manier  la  plume  va  lui  servir 
non  seulement  à  se  défendre  mais  encore  à  attaquer,  et  ce  sera 
surtout  contre  le  formalisme  des  administrations  qu'il  se  révoltera. 

Je  regrette  de  ne  pouvoir  suivre  Marcou  par  toutes  les  phases 
d'enthousiasme  par  lesquelles  il  est  passé  ;  mais  je  tiens  à  signaler 


154  ALLOCUTION   DE  M.    J.    BKRGBRON  6  Avril 

la  tentative  qu'il  fit  en  1857  d'établir  pour  les  faunes  fossiles  une 
répartition  comparable  à  celle  que  Forbes  venait  d'esquisser  pour 
les  animaux  marins  de  la  faune  actuelle.  Ce  premier  essai,  d'ailleurs 
fait  sur  des  matériaux  encore  bien  incomplets,  aussi  bien  pour  les 
faunes  fossiles  que  pour  les  faunes  vivantes,  ne  pouvait  réussir  ; 
mais  du  moins  c'était  la  première  fois  que  l'on  entreprenait  pareille 
comparaison. 

Son  humeur  voyageuse  le  porta  en  Amérique,  où  il  finit  par  s'éta- 
blir; là,  il  fut  un  véritable  pionnier,  s'avançant  seul  vers  l'ouest 
dans  le  Kansas,  l'Arkansas,  le  Nouveau  Mexique,  les  Montagnes 
Rocheuses,  à  la  recherche  de  faits  géologiques  nouveaux.  De  ses 
voyages  rapides  il  rapporta  des  notes  fort  intéressantes,  mais  qui 
auraient  demandé  à  être  complétées  ou  même  à  être  revues.  Néan- 
moins son  esprit  généralisateur  lui  fit  entreprendre  plusieurs 
œuvres  de  synthèse  qui  eurent  le  mérite  de  la  nouveauté  :  telle  est 
sa  carte  géologique  de  la  Terre  ;  telles  sont  ses  «  Lettres  sur  les 
roches  du  Jura  et  leur  distribution  géographique  dans  les  deux 
hémisphères  ».  Dans  ses  premiers  travaux  il  se  plaisait  à  rappeler 
cette  citation  qu'il  empruntait  à  Darwin,  que  passé  cinquante  ans 
un  géologue  n'est  plus  bon  qu'à  eotraver  les  progrès  de  la  science. 
Marcou  est  mort  à  soixante-quatorze  ans,  n'ayant  jamais  cessé  de 
publier  ni  de  combattre;  il  est  probable  qu'il  avait  changé  d'opinion. 

Bien  que  M.  Zeiller  doive  nous  donner  une  notice  nécrologique 
sur  Maurice  Hovelacque,  je  ne  puis  prononcer  son  nom  sans  rappeler 
quel  bon  camarade,  quel  ami  sûr  il  fut  pour  plusieurs  d'entre  nous  ; 
j'ai  vivement  regretté  que  les  circonstances  ne  riraient  pas  permis 
de  lui  rendre  sur  sa  tombe  l'hommage  que  je  lui  devais  ;  mais  du 
moins  M.  deMargerie  a  dit  quelle  perte  notre  Société  faisait  en  lui. 

Hippolyte  Crosse  fut  un  amateur,  mais  dans  le  sens  primitif,  je 
dirais  volontiers  dans  le  joli  sens  du  mot  :  il  aima  la  science,  il  en 
eut  le  culte  désintéressé  toute  sa  vie.  A  quinze  ans  il  reçoit  d'un 
neveu  d'Adanson  une  collection  de  coquilles  vivantes  :  il  la  range, 
il  la  classe,  il  la  détermine,  il  l'augmente,  et  plus  elle  croit,  plus  il 
trouve  d'intérêt  à  l'étudier.  Qui  de  nous  n'est  passé  par  cette  phase 
pleine  d'émotions  charmantes,  où,  grâce  à  notre  ignorance,  nous 
avions  constamment  la  joie  de  découvrir  quelque  chose  de  nouveau 
pour  nous,  quoique  bien  connu  pour  les  autres. 

Avec  le  temps,  cette  passion  d'eofant  l'éloigna  peu  à  peu  du  nota- 
riat auquel  il  semblait  qu'il  fût  destiné,  par  sa  naissance  et  par 
ses  études  de  droit  ;  il  s'adonna  complètement  à  la  Conchylio- 


1899  ALLOCUTION   DE  M.    J.    BKROERON  155 

logie,  et  sut  grouper  autour  de  lui  par  son  savoir  comme  par 
l'aménité  de  son  caractère,  un  grand  nombre  de  zoologistes  et  de 
paléontologistes  qui  devinrent  ses  collaborateurs,  lorsqu'avec  son 
amt  Paul  Fischer  il  reprit  la  publication  du  Journal  de  Conchylio- 
logie. 11  ouvrit  alors  son  recueil  à  des  travaux  de  Paléontologie  que 
signèrent  d'Orbigny,  Deshayes,  Hébert,  Bayle,  Toumouer,  P.  Fischer. 
Mais  par  lui-môme  il  publia  très  peu  sur  les  coquilles  fossiles.  Ses 
œuvres  principales,  et  auxquelles  il  doit  sa  notoriété  scientifique, 
sont  relatives  aux  faunes  malacologiques  des  régions  exotiques. 

S'il  ne  fut  pas  un  de  nos  membres  les  plus  actifs,  il  fut  du  moins 
un  de  nos  plus  utiles  auxiliaires  par  les  travaux  de  Paléontologie 
qu'il  aida  à  publier.  A  ce  titre  nous  lui  devons  un  souvenir  tout 
particulièrement  reconnaissant  (1). 

Noguès  prit  le  goût  de  la  Géologie  en  suivant  les  cours  de  l'École 
supérieure  des  Mines,  dont  il  fut  élève  libre  ;  et  ce  goût  fut  si  tenace 
qu'il  trouva  moyen,  môme  en  menant  la  vie  absorbante  d'un  ingé- 
nieur praticien,  de  publier  des  mémoires  de  Géologie.  Notre  Bulletin 
renferme  plusieurs  notes  de  lui  sur  les  Pyrénées.  Mais  il  était  de 
ceux  qui  trouvent  qu'une  foi  sincère  doit  agir,  aussi  faisait-il  du 
prosélytisme  en  faveur  d'une  science  qu'il  aimait  tant.  Pendant  un 
séjour  de  quelque  durée  à  Lyon,  il  organisa  des  cours  publics  de 
Géologie  qui  eurent  un  vrai  succès;  mais  il  dut  les  interrompre 
pour  reprendre  une  situation  d'ingénieur  exploitant.  A  quelque 
temps  de  là,  lorsqu'il  revint  à  Paris,  la  môme  ardeur  d 'enseigne- 
ment l'entraîna  à  demander  en  1885,  lorsque  se  produisirent  les 
tremblements  de  terre  de  l'Andalousie,  l'autorisation  de  faire  à  la 
Sorbonne  un  cours  libre  de  Séismologie.  Mais  dès  ses  premières 
leçous,  au  printemps  de  1886,  les  tremblements  de  terre  ne  faisant 
plus  de  victimes,  avaient  cessé  d'être  d'actualité  pour  bien  des  gens, 
il  s'en  aperçut  au  petit  nombre  de  ses  auditeurs.  Noguès  dévelop- 
pait dans  ses  leçons  une  telle  ardeur,  il  témoignait  un  tel  désir 
d'intéresser  qu'il  en  était  touchant.  Cette  fois  encore  les  mômes 
préoccupations  matérielles  le  forcèrent  à  interrompre  son  cours; 
il  dut  prendre  une  situation  au  Chili  d'où  la  nouvelle  de  sa  mort 
nous  est  parvenue  brutalement  par  un  avis  de  la  poste.  Ce  fut  un 
serviteur  désintéressé  de  la  science  ;  il  a  droit  à  nos  hommages. 

Gabriel  de  Mortillet  est  né  en  1820  à  Meilan,  dans  l'Isère,  et,  comme 
beaucoup  de  ceux  qui  ont  vu  le  jour  dans  les  régions  montagneuses, 

(1)  Pour  la  liste  bibliographique  des  travaux  d'Hlppolyte  Crosse,  voir  le  Jour- 
nal de  Conchyliologie  (T.  XLVIllj  ainsi  que  la  notice  nécrologique  publiée  à  part. 


156  ALLOCUTION  DE  M.    J.    BKRGERON  6  Avril 

il  s'intéressa  de  bonne  heure  aux  sciences  naturelles.  Après  avoir 
suivi  le  mouvement  populaire  de  1848,  il  se  retira,  de  1850  à  1864, 
en  Savoie  et  eu  Suisse,  où  il  classa  les  musées  d'Histoire  naturelle 
d'Annecy  et  de  Genève.  Tous  ses  efforts  tendirent  à  développer  le 
goût  du  grand  public  pour  les  sciences  naturelles,  d'abord  par  la 
manière  originale  dont  il  groupait  les  objets,  puis  par  ses  travaux 
de  vulgarisation.  C'est  pendant  cette  période  que  de  Mortillet  publia 
ses  études  géologiques  sur  la  Savoie  et  l'Italie,  études  fort  intéres- 
santes qui  nous  font  regretter  qu'il  n'ait  pas  continué  dans  cette 
voie.  Mais  une  science  nouvelle  venait  d'apparaître  et  de  Mortillet, 
qui  en  avait  pu  suivre  les  progrès  et  en  prévoir  l'avenir,  était  trop 
ardent  pour  ne  pas  s'y  adonner  aussitôt.  Dès  son  retour  en  France, 
en  1864,  il  fonda  le  périodique  ayant  pour  titre  «  Matériaux  pour 
l'histoire  de  l'Homme  »,  recueil  qui  provoqua  un  grand  mouvement 
de  recherches.  Il  ne  nous  appartient  pas  de  juger  l'anthropologiste 
ni  de  prendre  parti  dans  les  luttes  qu'il  eut  à  soutenir;  mais  là  où 
nous  le  retrouvons  nôtre,  c'est  quand  il  emploie  nos  méthodes 
stratigraphiques  et  paléontologiques  ;  il  en  montre  toute  la  valeur 
parce  qu'alors  il  s'élève  au-dessus  de  ses  confrères.  Pourquoi  faut-il 
que  la  politique  soit  venue  envenimer  les  luttes  qu'il  eut  à  soutenir 
pour  ses  idées  scientifiques  ?  Elle  est  apparue  et  aussitôt  il  n'a 
plus  été  tenu  compte  des  progrès  qui  étaient  dus  à  de  Mortillet. 
Soyons  plus  justes  à  son  égard  et  souvenons-nous  qu'il  a  fait  hon- 
neur à  la  Géologie  (1). 

La  collaboration  constante  durant  plus  de  vingt-cinq  ans  de 
Cornet  et  de  Briart  avait  fini  par  faire  de  ces  deux  noms  une  sorte 
d'entité  dans  le  monde  géologique  ;  mais  cela  n'était  pas  pour 
déplaire  à  nos  confrères,  tant  était  grande  l'amitié  qui  les  unissait. 
Elle  avait  pris  naissance,  non  dès  l'enfance,  ni  sur  les  bancs  des 
écoles,  mais  dans  une  carrière  de  Saint- Vaast  ;  tous  deux,  ingénieurs 
de  charbonnages,  faisaient  de  la  géologie  à  leurs  moments  de  loisir  ; 
le  hasard  les  fit  se  rencontrer  un  jour  dans  cette  carrière  ;  vous 
savez  ce  qu'il  advint  de  cette  rencontre.  Us  publièrent,  en  collabo- 
ration, une  série  de  travaux  qui,  comme  le  disait  Briart,  n'auraient 
jamais  vu  le  jour,  si  les  deux  amis  ne  s'étaient  encouragés  mutuel- 
lement dans  leurs  études.  Le  premier  résultat  de  cette  association 
fut  l'étude  du  calcaire  grossier  de  Mons,  dont  ils  surent  préciser  la 
place  ;  ils  en  publièrent  la  faune,  mais  ce  fut  un  travail  de  longue 

(1)  Vpir   la    liste  bibliographique  des  travaux  de  Gabriel  de   Mortillet  dans 
l'Anthropologie  (T.  IX,  p.  (501). 


1899  ALLOCUTION   DE   M.    J.    BERGERON  157 

haleine  qui  ne  prit  fin  qu'en  1877,  treize  ans  après  qu'il  eut  été 
commencé.  Entre  temps  ils  publiaient  la  description  du  Crétacé  et 
de  l'Aacheniendu  Hainaut,  de  la  meule  de  Bracquegnies,  des  gîtes  à 
silex  de  Spiennes.  de  la  craie  phosphatée  de  Ciply.  Naturellement 
les  dépôts  houillers  de  la  Belgique  furent  l'objet  tout  spécial  de 
leurs  études  ;  ils  publièrent  plusieurs  mémoires  dont  le  plus  inté- 
ressant est  relatif  au  relief  du  sol  de  la  Belgique  après  les  temps 
paléozoîques.  Mais  la  mort  vint  interrompre  en  1887  cette  collabo- 
ration si  féconde.  Il  semble  que  Briart  ait  eu  à  cœur  de  suppléer,  par 
son  activité,  à  la  perte  que  la  science  venait  de  faire  en  la  personne 
de  son  ami.  Il  continue  les  études  inachevées,  niais  c'est  surtout  la 
géologie  du  bassin  houiller  du  Hainaut  qui  va  l'occuper  :  il  en  étudie 
la  structure  dans  le  district  du  Nord  ;  enfin  il  publie  son  plus  beau 
mémoire  sur  la  géologie  des  environs  de  Landelies  et  de  Fontaine 
l'Evéque.  Ce  fut  certainement  un  sentiment  de  profond  étonnement 
qui  accueillit  l'apparition  de  ce  travail  dans  lequel  l'auteur  éta- 
blissait que  la  région  houillère  du  Nord  avait  été  le  théâtre  de 
phénomènes  de  recouvrement  comparables  à  ceux  de  la  région 
alpine.  Peu  de  semaines  avant  l'apparition  de  ce  mémoire  j'eus 
l'honneur  de  rencontrer  Briart  à  Charleroi  et  c'est  avec  raison  qu'il 
pouvait  me  dire,  faisant  allusion  à  cet  accident  géologique  :  «  nous 
ferons  envie  aux  géologues  alpins  ». 

Ce  travail,  qui  fut  un  des  derniers  de  notre  confrère,  le  classa 
parmi  les  meilleurs  géologues  de  la  Belgique,  et  cependant  la 
géologie  n'était  pour  lui  qu'une  sorte  de  récréation  ;  comme  direc- 
teur d'une  des  plus  importantes  exploitations  houillères  de  la 
Belgique,  il  avait  une  responsabilité  qui  le  retenait  presque  cons- 
tamment à  son  poste.  S'il  avait  fait  ses  travaux  de  géologie  avec 
tant  de  soin,  alors  que  ce  n'était  qu'un  plaisir,  c'était  avec  une 
sollicitude  bien  autrement  grande  encore  qu'il  accomplissait  son 
devoir  d'ingénieur,  devoir  double  vis-à-vis  de  la  compagnie  qu'il 
représentait  comme  vis-à-vis  des  ouvriers  qu'il  dirigeait.  Il  sut  le 
remplir  à  la  satisfaction  de  tous,  et  à  plusieurs  reprises  des  mani- 
festations de  sympathie  lui  montrèrent  l'affection  et  l'estime  que 
tous,  administrateurs  et  ouvriers  avaient  pour  lui.  La  plus  touchante 
fut  provoquée  par  le  cinquantenaire  de  son  eutrée  à  la  Compagnie 
de  Mariemont  et  de  Bascoup.  Ce  jour-là,  s'il  regarda  en  arrière, 
voyant  le  chemin  parcouru  dont  chaque  étape  correspondait  à  un 
progrès,  soit  dans  la  science,  soit  dans  son  art,  soit  dans  l'amélio- 
ration du  sort  de  ses  ouvriers,  il  eut  pu  être  fier  de  lui  si  cela  avait 
été  dans  sa  nature,  mais  c'était  un  modeste.  Il  sentit  que  c'était 


158  ALLOCUTION    DE  M.    J.    BERGER  ON  6  Avril 

le  digne  couronnement  de  sa  carrière,  et  il  attendit  la  mort  avec 
sérénité.  Elle  arriva  le  14  mars  1898  (1). 

Félix  Bernard,  à  la  suite  de  brillantes  études  au  Lycée  de  Clermont, 
puis  au  Lycée  Saint-Louis,  entra  en  1882  à  l'Ecole  normale  supé- 
rieure ;  c'était  l'ambition  de  sa  jeunesse,  c'était  celle  de  la  vaillante 
mère  qui  seule  avait  eu  à  l'élever,  car  la  mort  était  entrée  de  bonne 
heure  dans  cette  famille.  Dès  lors,  toutes  les  joies  que  peut  éprouver 
un  esprit  d'élite,  Félix  Bernard  va  les  ressentir  :  ses  maîtres  le 
distinguent  rapidement  :  parmi  ses  camarades  il  forme  des  amitiés 
comme  il  est  rare  d'en  rencontrer  :  à  peine  sorti  de  l'École  il  entre- 
prend d'écrire  un  traité  de  Paléontologie  qui  n'est  qu'une  glorifica- 
tion de  la  théorie  de  révolution,  et  il  a  l'honneur  de  voir  son  livre 
approuvé  par  les  maîtres  les  plus  compétents.  Ses  études  sur  la 
charnière  des  Bivalves  lui  donnent  des  résultats  tout  nouveaux  pour 
la  Zoologie  et  la  Paléontologie.  C'est  la  renommée  qu'il  entrevoit  ; 
c'est  en  même  temps  le  bonheur  qui  lui  arrive  avec  toutes  les  espé- 
rances qu'apporte  avec  elle  la  naissan^  d'un  enfant  ;  c'est  l'Académie 
des  Sciences  qui  songe  à  lui  décerner  un  de  ses  prix  ;  c'est  une 
situation  de  professeur  à  l'Institut  agronomique  qu'il  va  prendre,  et 
avec  elle  ce  sera  presque  l'aisance.  Non  !  c'est  la  mort  qui  le  sur- 
prend, à  trente-cinq  ans,  au  milieu  des  plus  douces  joies  et  des  plus 
nobles  espérances  de  la  vie  !  La  mort  est  toujours  affreuse,  mais  ici 
elle  a  quelque  chose  de  plus  douloureux  encore,  car  Félix  Bernard 
était  un  vrai  chef  de  famille  dans  toute  l'acception  du  terme  et  sa 
disparition  sera  doublement  ressentie. 

Quoique  jeune  il  laisse  des  travaux  dont  l'importance  est  consi- 
dérable au  point  de  vue  de  l'évolution  ;  ils  établissent  en  effet  les 
modifications  que  subissent  les  charnières  des  coquilles  parallèle- 
ment à  celles  qu'éprouvent  les  animaux  qui  les  sécrètent.  11  donne  à 
ce  que  l'on  considérait  comme  une  enveloppe  sans  valeur,  le  même 
rôle  qu'à  un  organe  essentiel,  et  c'est  une  découverte  de  premier 
ordre  car  pour  les  Acéphales  fossiles  la  coquille  est  le  seul  vestige 
qui  en  persiste.  Toutes  les  modifications  de  la  coquille  à  l'état  de 
prodissoconque  et  de  dissoconque  furent  suivies  par  Félix  Bernard 
chez  les  Anisomyaires,  les  Taxodontes  et  les  Hétérodontes.  Pour 

(I)  Je  dois  à  l'obligeance  de  M.  Julien  Weiler,  ingénieur  en  chef  de  la  division 
du  matériel  à  la  Société  des  charbonnages  de  Mariemont  et  de  Bascoup,  chargé 
par  cette  société  de  faire  l'éloge  de  Briart,  communication  des  documents  qui 
m'ont  permis  de  rédiger  celte  courte  notice  nécrologique  ;  je  tiens  À  le  remercier 
publiquement. 


1899  ALLOCUTION    DE   M.    J.    BERGERON  159 

l'étude  de  ces  derniers  il  avait  été  guidé  primitivement  par  son 
maître,  M.  Munier-Chalmas  ;  mais  il  l'a  poussée  beaucoup  plus 
loin  qu'il  n'avait  été  fait  avant  lui.  Ces  recherches  devaient  le  con- 
duire à  des  résultats  nouveaux  qu'il  entrevoyait  déjà,  dont  il  entre- 
tenait ses  amis  :  elles  lui  avaient  fourni,  par  la  comparaison  des 
formes  embryonnaires  avec  les  formes  éteintes,  de  uouvelles  preuves 
à  l'appui  de  la  théorie  de  l'évolution  ;  il  se  préparait  à  les  publier. 
Tous  ces  beaux  rêves  ont  été  anéantis,  mais  du  moins  Félix  Bernard 
aura  eu  la  satisfaction  de  contribuer  pour  sa  part  à  l'établissement 
dune  théorie  dont  il  était  un  des  plus  fervents  adeptes.  Son  sort  est 
eucore  parmi  les  plus  heureux  si  Ton  n'envisage  que  le  but  de  la  vie 
de  l'homme  de  science. 

Messieurs,  j'ai  iini  de  vous  parler  de  nos  confrères  décédés  ; 
peut-être  l'ai-je  fait  trop  longuement,  mais  j'avoue  i n'être  complu  à 
suivre  ces  existences  si  bien  remplies  ;  j'éprouvais  un  grand  soula- 
gement à  trouver  parmi  les  nôtres,  des  hommes  qui  ont  su  faire  ce 
qu'ils  avaient  à  faire  et  qui  n'ont  jamais  été  guidés  que  par  le  senti- 
ment du  devoir.  Inspirons-nous  de  leur  exemple  ;  mais  ayons  con- 
fiance qu'au  sein  de  notre  Société  ces  saines  traditions  de  travail 
persisteront,  car  nous  comptons  eucore  bien  des  travailleurs  compa- 
rables à  ceux  que  nous  avons  perdus.  Je  n'en  veux  pour  preuve,  que 
l'embarras  dans  lequel  s'est  trouvée  la  Commission  du  prix  Fon- 
tannes  quand  il  s'est  agi  de  désigner  le  lauréat.  Félicitons-nous  de 
cet  embarras;  félicitons  également  M.  Ficheur  d'avoir  été  choisi 
parmi  les  meilleurs. 


160  6  Avril 


RAPPORT  DE  LA  COMMISSION  DU  PRIX  FONTANNES  EN  1899 


par  M.  PERON. 


La  Commission  du  prix  Fontannes  eut  été  cette  année,  Messieurs, 
bien  soulagée  et  bien  heureuse  si  elle  avait  pu  disposer  de  plusieurs 
prix  au  Heu  dvuu  seul.  Le  mérite  des  candidats  eu  présence  était 
tel,  en  effet,  que  les  membres  de  la  commission  ont  été  profon- 
dément embarrassés  pour  faire  un  choix  parmi  eux,  et  qu'il  a  fallu 
plusieurs  séances  pour  en  décider. 

Dire  les  diflicultés  de  ce  choix,  c'est  déjà  faire  l'éloge  du  lauréat 
qui  a  pu  l'emporter  sur  de  tels  concurrents.  Ce  lauréat,  on  vient  de 
vous  le  faire  savoir,  c'est  M.  Ficheur,  Professeur  de  Géologie  à 
l'Ecole  supérieure  des  Sciences  d'Alger. 

M.  Ficheur,  membre  de  notre  Société  depuis  une  douzaine 
d'années  seulement  a  déjà  conquis  dans  cette  société  une  telle 
place  et  acquis  une  telle  notoriété,  que  la  tâche  du  rapporteur,  qui  a 
pour  mission  de  vous  rappeler  les  titres  du  lauréat,  en  est  singuliè- 
rement simplifiée. 

Travaillant  sans  bruit,  loin  de  nous,  isolé  dans  ces  vastes  régions 
si  peu  connues  encore,  de  notre  colonie  algérienne,  c'est  parle  seul 
effet  de  son  labeur  assidu  et  fécond,  que  notre  confrère  est  parvenu 
à  acquérir  cette  notoriété. 

Jeune  venu  dans  la  carrière,  il  possède  déjà  un  bagage  scientifique 
considérable  que  pourraient  lui  envier  beaucoup  d'anciens  profes- 
sionnels de  la  géologie. 

De  ces  travaux,  la  Commission,  pour  se  conformer  aux  volontés 
de  notre  regretté  confrère  Fontannes,  n'a  eu  à  considérer  que  ceux 
publiés  dans  ces  dernières  années.  Je  n'ai  donc  pas  à  vous  parler,  à 
mon  grand  regret,  des  travaux  antérieurs  à  1893,  et,  notamment,  du 
considérable  mémoire  de  1890,  dans  lequel  M.  Ficheur  a  débrouillé 
le  chaos  des  formations,  si  confuses,  du  grand  massif  du  Djurjura. 

Mais,  en  dehors  de  ces  travaux,  les  matériaux  que  j'ai  à  vous 
signaler  abondent. 

Dans  les  contrées,  relativement  neuves,  qu'il  a  été  appelé  à  explo- 
rer, M.  Ficheur  a  trouvé  presque  à  chaque  pas  matière  à  d'impor- 
tantes observations.  Très  actif  et  très  laborieux,  il  a  régulièrement 


1899        RAPPORT  DE  LA  COMMISSION  DU  PRIX  FONTANNES  EN  1899  161 

fait  connaître  au  monde  savant  les  principaux  résultats  de  ses 
recherches.  Aussi,  depuis  dix  ans  que  j'analyse  pour  l'Annuaire 
géologique  universel,  les  travaux  concernant  l'Afrique  du  Nord,  pas 
une  année  ne  s'est  écoulée,  sans  que  j'aie  à  signaler  plusieurs  nou- 
velles et  importantes  contributions  de  M.  Ficheur,  à  la  connais- 
sance de  la  stratigraphie  algérienne. 

Il  ne  m'est  pas  possible,  dans  le  rapport  forcément  très  succinct 
que  j'ai  à  vous  présenter,  d'entrer  dans  le  détail  de  ces  nombreux 
travaux  de  notre  lauréat. 

Tout  au  plus  pourrai-je  vous  en  résumer  les  principaux  résultats. 

Tout  d'abord,  je  trouve,  dans  notre  bulletin,  son  Mémoire  sur  les 
terrains  crétacés  du  massif  du  Bou  Thaleb,  dans  la  province  de 
Constantine.  Notre  confrère  y  a  complété  et  rectifié  les  observations 
déjà  publiées  sur  ces  montagnes.  Il  y  a,  notamment,  reconnu 
d'importantes  discordances  qui  n'avaient  pas  été  aperçues,  celles  de 
l'Oxfordien  sur  le  Bathonien,  du  Néocomien  sur  le  Tithonique,  du 
Sénonien  sur  l'Albien. 

Peut-être  quelques-unes  de  ces  discordances  n'ont-elles  pas,  au 
point  de  vue  de  la  classification  des  terrains,  l'importance  que  leur 
attribue  notre  confrère,  car,  comme  je  l'ai  signalé  moi-môme, 
avec  beaucoup  d'autres,  bon  nombre  de  discordances  ne  sont  qu'ap- 
parentes et  simplement  dues  à  des  mouvements  postérieurs  au 
dépôt  des  assises.  Quoi  qu'il  en  soit,  il  faut  retenir  ici,  au  moins,  la 
transgression  très  remarquable  des  couches  du  Crétacé  supérieur 
sur  celles  du  Crétacé  inférieur,  transgression  qui  s'étend  sur  une 
vaste  surface  et  dénote  un  important  mouvement  du  sol  algérien  à 
cette  époque. 

Signalons  encore,  dans  ce  mémoire,  l'indication  de  plusieurs 
faunes  fossiles,  en  partie  inconnues,  notamment  dans  le  Valanginien 
du  Teniet  Courass  et  dans  le  Cénomanien  du  Kef  Melah.  Dans  cette 
dernière  localité,  M.  Ficheur  a  retrouvé  un  grand  niveau  à  Caprinelles, 
qui  constitue  ici.  pour  cet  étage,  un  faciès  récifal  très  analogue  à 
celui  que  nous  lui  connaissons  dans  les  Charentes  et  en  Provence. 

Un  des  mémoires  les  plus  importants  de  M.  Ficheur  au  point  de 
vue  stratigraphique,  est  celui  qu'il  a  publié,  en  1894,  sur  les  terrains 
d'eau  douce  du  bassin  de  Constantine. 

L'attribution  de  ces  divers  dépôts  lacustres  a  donné  lieu,  comme 
on  le  sait,  de  la  part  des  géologues  africains,  aux  interprétations  les 
plus  divergentes. 

En  poursuivant  leur  étude  depuis  Constantine  jusque  dans  le  voisi- 

7  Juin  1899.  —  T.  XXVII.  Bull.  Soc.  Gôol.  Fr.  —  il 


162  peron  6  Avril 

nage  de  Mila,  où  ils  sont  en  relation  directe  avec  une  formation 
marine  bien  caractérisée  de  l'étage  helvétien,  M.  Ficheur  est  parvenu 
à  préciser  l'âge  réel  de  ces  dépôts. 

Les  uns,  comme  les  argiles  bien  connues  à  Hélix  dentés  du 
polygone  de  Constantine  et  les  poudingues  du  Coudiat-Aty,  appar- 
tiennent à  l'étage  oligocène  ;  les  autres,  comme  les  argiles  à  lignites 
du  Smendou,  doivent  être  rapportés  à  l'étage  miocène  inférieur  ou 
Cartennien,  dont  ils  constituent  l'équivalent  lacustre. 

L'étude  stratigraphique  des  formations  oligocènes  d'eau  douce  de 
la  province  de  Constantine  a  été  poursuivie  par  M.  Ficheur  dans 
d'autres  régions,  notamment  dans  le  Djurjura,  dans  les  environs  de 
Médéa,  etc. 

Enûn,  dans  une  autre  note  plus  récente,  notre  confrère  a  étendu 
ses  conclusions  à  d'autres  formations  d'origine  continentale,  qui 
remplissent  des  vallées  et  des  cuvettes  daus  le  Djebel  Aurès  et  qui 
recouvrent  le  pied  des  contreforts  de  la  bordure  saharienne  dans  le 
Sud  coustantinois. 

La  classification  de  certaines  de  ces  formations  a  été  corroborée 
par  les  études  de  M.  Blayac,  dans  les  contrées  de  Guelma  et  de 
Souk-Ahras,  de  sorte  que,  maintenant,  le  terrain  oligocène,  à  peu 
près  inconuu  jusqu'ici,  en  Algérie,  va  occuper  de  notables  surfaces 
sur  la  nouvelle  édition  de  la  carte  géologique  générale  de  l'Algérie. 

Les  terrains  à  phosphate  de  chaux,  dont  l'existence  dans  le  nord 
africain  a  été,  pour  la  première  fois,  signalée  par  notre  confrère  et 
ami,  M.  Philippe  Thomas,  et  qui,  depuis,  ont  été  recherches  par 
tant  d'autres  explorateurs,  géologues  ou  industriels,  ont  naturelle- 
ment aussi  appelé  l'attention  du  jeune  et  zélé  professeur  de  l'école 
des  sciences  d'Alger. 

C'est  dans  la  direction  de  l'ouest  que  M.  Ficheur  a  porté  ses  inves- 
tigations pour  y  rechercher  les  limites  de  l'extension  des  couches 
phosphatées. 

Jusqu'ici,  c'est  la  région  de  Boghari  qui,  dans  cette  direction, 
semble  être  la  dernièreoùle phosphate  de  chaux  puisse  être  recherché 
au  sein  des  couches  éocènes.  Plus  loin,  dans  la  partie  occidentale 
des  hauts-plateaux  et  dès  le  voisinage  de  Teniet-el-Had,  on  n'en  a 
plus  rencontré  aucune  trace.  M.  Ficheur  nous  a  donné,  sur  tous  les 
gisements  qu'il  a  reconnus,  des  renseignements  détaillés,  accompa- 
gnés de  coupes,  et  ces  renseignements  seront  d'un  grand  secours 
pour  les  chercheurs  et  les  industriels. 

Cette  région  des  environs  de  Boghari  est  intéressante  à  d'autres 


1899    RAPPORT  DE  LA  COMMISSION  DU  PRIX  FONTANNES  EN  1899    163 

titres.  Elle  offre,  en  effet,  le  type  le  plus  complet  de  l'étage  éocène 
inférieur  africain.  M.  Ficheur  y  a  distingué  deux  grandes  divisions, 
séparées  Tune  de  l'autre  par  des  discordances  manifestes  et  par  des 
actions  de  ravinement  qui  vont  parfois  jusqu'à  l'ablation  totale  de 
l'étage  inférieur. 

C'est  dans  cet  étage  inférieur,  puissant  de  350  mètres  et  composé 
d'assises  argileuses  gypsifères,  de  marno-calcaires  à  silex  et  d'autres 
roches  variées,  que  sont  interstratifiées  les  couches  phosphatées. 

La  division  supérieure,  comprenant  à  la  base,  comme  la  précé- 
dente, des  argiles  gypsifères  est,  au  contraire,  plus  haut,  presque 
exclusivement  composée  de  bancs  de  grès  très  puissants.  L'ensemble 
de  cette  division  ne  comprend  pas  moins  de  400  ou  500  mètres 
d'épaisseur. 

La  grande  formation  éocène  qui  avait  été  déjà  spécialement  étudiée 
par  M.  Ficheur,  dans  le  Djurjura  et  autres  régions,  a  encore  été,  plus 
récemment,  l'objet  de  ses  recherches  dans  la  chaîne  montagneuse 
littorale  du  nord  de  Constaotine,  où  elle  présente  un  puissant 
développement. 

Notre  confrère  y  a  pu  constater  l'indépendance  complète  de 
l'Eocène  inférieur,  c'est-à-dire  du  Suessonien  à  phosphate  de  chaux, 
que  nous  venons  de  voir  si  développé  à  Boghari,  par  rapport  à 
l'Eocène  moyen,  c'est-à-dire  aux  assises  à  Nummulites  aturica  répan- 
dues surtout  dans  le  Djurjura.  Une  lacune  importante,  correspon- 
dant à  une  longue  période  d'érnersion,  sépare  nettement,  d'après 
M.  Ficheur,  ces  deux  premiers  étages  éocèues. 

Un  phénomène  semblable  peut,  en  outre,  être  observé  entre 
l'Eocène  moyen  et  l'Eocène  supérieur  qui  est  également  bien  repré- 
senté dans  ces  montagnes.  Ce  dernier  étage  de  la  formation,  indé- 
pendant comme  les  autres,  a  été  également  subdivisé  par  M.  Ficheur 
en  deux  sous-étages,  leMedjanien  et  le  Numidien,  tous  deux  consti 
tués  principalement  par  des  grès,  mais  avec  des  différences  qui 
permettent  de  les  distinguer  facilement. 

C'est  ainsi  que,  dans  celte  intéressante  région,  on  peut  suivre, 
sur  un  espace  restreint,  toute  la  série  des  formations  éocèues,  et 
résumer  nettement  l'histoire  de  cette  période  dans  l'Afrique  du  Nord. 

Dans  plusieurs  notes  successives,  sur  la  région  de  Djidjelli,  sur  le 
massif  des  Matmatas,  etc.,  M.  Ficheur  a  montré  que  son  étage 
medjanien  s'étendait  aussi  à  l'ouest  du  méridien  d'Alger,  notamment 
dans  le  Djebel  Matmatas,  dans  les  envirous  de  Teuiet  el-Had,  dans 
le  grand  massif  de  l'Ouarsenis,  etc.,  et  que,  au  contraire,  l'étage 
numidien  manquait  dans  ces  régions. 


164  peron  6  Avril 

Obligé  d'écourter  les  analyses  de  ces  nombreux  travaux  de 
M.  Ficheur,  j'ai  hâte  d'aborder  les  importantes  études  qu'il  a  faites 
sur  les  montagnes  d'Alger,  pourdresser  la  carte  géologique  détaillée 
de  ces  montagnes  (feuilles  de  Blida  et  de  Médéa)  et  sur  les  phéno- 
mènes de  plissement  et  de  recouvrement,  restés  jusqu'alors  inaper- 
çus, dont  il  a  constaté  l'existence  dans  l'Atlas  metidjien. 

C'est  en  1893  que,  pour  la  première  fois,  notre  confrère,  dans  une 
note  à  l'Académie  des  Sciences,  a  appelé  l'attention  du  monde  savant 
sur  le  vaste  plissement  anticlinal  qui,  sur  le  flanc  nord  du  massif 
de  Blida,  affecte  toute  la  série  sédimentaire  de  cette  montagne  et  se 
trouve  étiré  et  renversé  vers  le  nord.  Plus  tard,  en  1896,  dans  une 
seconde  note,  M.  Ficheur  a  signalé  sur  le  versant  sud  de  ce  même 
massif,  l'existence  de  phénomènes  analogues  et  d'une  amplitude 
pareille.  Mais,  c'est  surtout  dans  le  grand  mémoire  que  ce  savant  a 
publié  dans  notre  bulletin,  en  1896,  à  propos  de  la  Réunion  extra- 
ordinaire de  la  Société  à  Alger,  que  nous  trouvons  tous  les  détails 
relatifs  à  ces  importantes  observations. 

Dans  ce  mémoire,  plusieurs  chapitres  considérables  sont  d'abord 
consacrés  à  l'étude  stratigraphique  des  terrains  de  l'Atlas  de  Blida. 
L'auteur  y  a  examiné  en  détail  les  diverses  formations  qu'on  y 
rencontre,  schistes  paléozoïques  de  la  Chifïa,  d'une  puissance  de 
1000  mètres  au  moins,  et  qui  paraissent  pouvoir  être  rapportés  au 
Silurien,  calcaires  liasiques  du  Mermoucha,  série  crétacée,  à  peu 
près  complète  mais  médiocrement  représentée  paléontologiquement, 
et  dans  laquelle  cependant  l'auteur  a  pu  distinguer  un  Néocoinien 
schisteux  avec  Ancy laceras,  le  Cénomanien  et  un  Sénonien  avec 
Inocerames  et  Micraster  Peini  qui  est  très  développé  et  présente  un 
faciès  constant  dans  toute  la  région  littorale,  enfin,  les  terrains 
tertiaires,  limités  aux  deux  étages  de  l'Éocène  moyen,  à  des  traces 
d'Oligocène,  au  Miocène  cartennien  et  helvétien  et,  enfin,  à  des 
lambeaux  de  Pliocène. 

Les  observations  sur  la  tectonique  du  massif  constituent  la  partie 
principale  du  mémoire.  La  description  des  successions  de  couches 
et  l'interprétation  des  phénomènes  y  est  appuyée  de  très  nom- 
breuses coupes  partielles  et  de  trois  grandes  planches  de  coupes 
générales  qui,  dans  une  série  de  profils  successifs  relevés  sur  la 
longueur  de  la  chaîne,  résument  la  constitution  si  tourmentée  de 
toute  la  montagne. 

11  résulte  de  toutes  les  observations  de  M.  Ficheur  que  des  zones 
de  plissement  en  éventail  se  distribuent  dans  le  massif,  autour  de 
deux  axes  dont  le  principal  est  formé  par  la  crête  de  Blida,  de 


1899        RAPPORT  DE  LA  COMMISSION  DU  PRIX  FONTANNE8  EN  1899  165 

chaque  côté  de  laquelle  les  plis  sont  déversés  en  sens  contraire,  et 
dont  le  secondaire  est  le  massif  des  Beni-Messaoud,  où  les  plis  sont 
étirés  au  sud  sur  plus  de  trois  kilomètres. 

M.  Ficheur  estime  que  la  dernière  période,  pendant  laquelle  ces 
plissements  se  sont  produits,  a  suivi  la  un  des  dépôts  cartenniens 
et  a  précédé  ceux  de  l'Helvétien. 

D'autres  notes  complémentaires,  publiées  par  notre  confrère  à 
l'occasion  de  la  réunion  d'Alger,  ont  eu  pour  objet,  l'une,  de  décrire 
en  détail  le  bassin  tertiaire  de  Médéa,  où  M.  Ficheur  a  reconnu  une 
série  oligocène,  l'étage  car tennien,  et  enfin  l'Helvétien,  dont  l'allure 
régulière  présente  le  plus  grand  contraste  avec  les  plissements  du 
massif  de  Blida,  l'autre,  de  décrire  les  terrains  néogènes  du  Sahel 
d'Alger. 

Dans  cette  dernière  note,  malgré  le  titre  d'Aperçu  sommaire 
qu'il  lui  a  donné,  M.  Ficheur  a  produit  de  nombreux  détails  sur  les 
terrains  pliocènes  et  sahéliens  des  environs  d'Alger  et  il  a  discuté 
les  opinious  émises  sur  la  classification  de  ces  terrains. 

Enfin,  quelques  membres  de  la  Société  ayant,  lors  de  l'excursion 
à  travers  le  Djurjura,  préseutédes  objections  à  propos  de  l'interpré- 
tation de  certains  mouvements  et  de  l'attribution  de  certaines 
assises,  M.  Ficheur  a  jugé  nécessaire,  comme  plaidoyer  en  faveur  de 
l'opinion  qu'il  avait  émise,  de  publier,  dans  une  note  spéciale,  les 
principaux  faits  stratigraphiques  qui  lui  paraissent  venir  à  l'appui 
de  cette  opinion. 

Il  s'agissait  surtout,  dans  cette  discussion,  du  classement  de 
certains  schistes  argileux  noirâtres  et  de  divers  grès  rouges,  que 
l'on  rencontre  en  montant  au  col  de  Tirourda.  Plusieurs  de  nos 
confrères,  se  basant  sur  des  analogies  de  faciès,  de  succession  et  de 
situation,  étaient  disposés  à  attribuer  ces  roches  au  terrain  houiller 
et  au  Trias.  Or,  pour  M.  Ficheur,  elles  sont  d'Age  jurassique,  et 
c'est  par  l'examen  de  leurs  relations  avec  les  assises  du  Lias  supérieur, 
bien  caractérisées  par  de  nombreux  fossiles  dans  diverses  localités 
voisines,  que  l'auteur  est  arrivé  à  cette  conviction. 

C'est  à  regret  que  je  me  vois  obligé  de  borner  à  ces  notions  trop 
sommaires  l'analyse  de  tous  ces  travaux  dout  l'examen  plus  détaillé 
nous  entraînerait  trop  loin,  mais  je  ne  puis  terminer  ce  rapport 
sans  insister  ici  sur  le  rôle  si  capital  que  M.  Ficheur  a  rempli  dans 
la  Réunion  extraordinaire  de  notre  Société  à  Alger,  en  1896. 

J'ai  eu  le  chagrin  de  ne  pouvoir  prendre  part  à  cette  réunion,  mais 
j'en  ai  soigneusement  suivi  les  travaux  et  recueilli  tous  les  échos. 


166  peron  6  Avril 

Tous  nos  confrères  ont  été  unanimes  à  louer  la  parfaite  organisation 
delà  réunion  et  des  excursions  ;  tous  ont  reconnu  le  grand  intérêt 
que  M.  Ficheur  a  su  donner  aux  explorations  par  le  choix  judicieux 
des  localités,  par  l'importance  des  questions  soulevées  et  par  les 
explications  qu'il  a  fournies. 

Constamment  sur  la  brèche  pendant  plus  de  vingt  jours,  notre 
dévoué  confrère  a  guidé  la  Société,  non  seulement  dans  les  environs 
d'Alger,  mais  dans  les  montagnes  si  difficiles  de  la  grande  Kabylie 
et,  enfin,  dans  toute  l'étendue  de  la  province  de  Constantine,  depuis 
le  littoral  jusqu'au  Sahara. 

Les  comptes-rendus  de  ces  voyages  et  de  ces  excursions,  tous  faits 
par  M.  Ficheur,  composent  un  gros  volume.  Loin  de  comprendre 
uniquement  le  récit  des  incidents,  des  recherches  et  des  discussions 
survenus,  ces  comptes- rend  us  constituent  le  plus  souvent  un  véri- 
table travail  original  et  ils  contiennent,  appuyés  de  coupes  et  de 
dessins,  beaucoup  de  faits  nouveaux  et  d'observations  propres  à 
M.  Ficheur  lui-même. 

C'est,  incontestablement,  grâce  au  zèle  du  savant  professeur 
d'Alger,  grâce  à  son  activité  et  à  sa  complète  connaissance  de  son 
sujet,  que  nous  avons  dû  la  parfaite  réussite  de  cette  importante 
réunion  qui  a  été,  pour  notre  colonie  africaine,  un  gros  événement 
scientifique  et  qui  sera  certainement  le  point  de  départ  et  l'origine 
de  progrès  considérables  dans  la  connaissance  de  la  géologie  du 
nord  africain. 

Ce  sont  là,  Messieurs,  des  titres  sérieux  qui  viennent  s'ajouter  à 
ceux  que  je  viens  de  vous  énumérer  et  qui  justifient  le  choix  que 
votre  commission  a  fait  de  M.  Ficheur  comme  lauréat  du  prix 
Fontannes  en  1899. 

M.  Ficheur  adresse  la  lettre  suivante  au  Président  : 

«  J'ai  l'honneur  de  vous  prier  de  vouloir  bien  exprimer  en  mon 
nom  ma  profonde  gratitude  envers  la  Société  géologique  pour  la 
distinction  flatteuse  dont  je  suis  l'objet.  J'ai  le  plus  vif  regret  de  ne 
pouvoir,  à  cause  de  l'éloignement,  me  rendre  à  Paris,  pour  la 
séance  générale  annuelle. 

»  J'apprécie  trop  la  haute  importance  de  la  sanction  donnée  aux 
travaux  d'un  géologue,  par  les  plus  éminents  de  ses  confrères,  pour 
ne  pas  être  très  flatté  de  l'honneur  qui  m'est  fait.  J'en  suis  d'autant 
plus  touché  que  le  doyen  et  le  représentant  le  plus  autorisé  de  la 
Géologie  algérienne  a  bien  voulu  accepter  de  présenter  sur  mes 
modestes  travaux  un  rapport  qui,  je  le  crains,  ne  soit  empreint 


1899  FICHEUR.    — •   REMERCIEMENTS  167 

d'une  trop  grande  bienveillance.  Son  appréciation  sera  pour  moi 
un  précieux  encouragement  à  poursuivre,  avec  toute  l'activité  dont 
je  puis  être  capable,  les  études  stratigraphiques  sur  notre  vaste 
territoire  algérien,  qui  nous  réserve  encore  bien  des  surprises. 
Que  M.  Pérou  me  permette,  à  son  tour,  de  lui  exprimer  toute  mon 
admiration  pour  sou  œuvre  relative  à  l'Algérie,  dont  j'ai  pu  apprécier, 
en  toute  circonstance,  la  haute  valeur  et  la  rigoureuse  précisiou,  et 
qui  sera  toujours  pour  nous  un  modèle  que  nous  nous  efforcerons 
de  suivre. 

»  Je  regrette  bien  vivement  que  mon  absence  de  la  séance  générale 
m'empêche  de  présenter  moi-môme  l'hommage  que  j'ai  tenu  à 
rendre  à  la  mémoire  de  mon  éminent  maître,  M.  Pomel,  qui,  j'en 
suis  certain,  eut  été  heureux  de  la  distinction  que  vous  venez  de 
m 'attribuer. 

»  Veuillez,  je  vous  prie,  exprimer  encore  à  la  Société  géologique 
mes  sincères  remerciements  ». 


168  6  Avril 


NOTICE    SUR    JAMES    HALL 
par  M.  Charles  BARROIS. 

James  Hall  a  fait  partie  de  la  Société  pendant  53  ans.  Ses  recher- 
ches poursuivies  sans  relâche  pendant  la  plus  grande  partie  du 
siècle,  ont  eu  pour  résultat  d'élucider  Tordre  de  succession  des 
couches  paléozoïques  des  Etats-Unis,  et  d'illustrer  les  faunes  de  ces 
temps  reculés. 

Il  nous  a  quitté  à  l'âge  de  87  ans,  et  la  Société  géologique  de 
France  doit  un  hommage  reconnaissant  à  la  mémoire  du  confrère 
illustre  qui  sut  tracer  un  sillon  si  profond  sur  une  terre  encore 
vierge  et  y  déposer  le  germe  fécond  qui  devait  engendrer  les 
Geological  Surveys  des  Etats-Unis. 

Ce  sera  l'éternel  honneur  des  géologues  de  New- York  d'avoir 
donné  l'essor  aux  surveys  nationaux.  Ils  out  ouvert  la  période  de 
ces  grandes  explorations  scientifiques,  dont  les  publications,  libé- 
ralement disséminées  dans  toutes  les  bibliothèques  par  le  gouver- 
nement des  Etats-Unis,  proclament  dans  les  deux  mondes  la  prodi- 
gieuse fécondité  du  sol  américain  et  la  valeur  intellectuelle  de  ses 
enfants. 

James  Hall  naquit  de  parents  anglais,  le  12  septembre  1811.  à 
Hingham,  petite  ville  du  New-England,  au  sud  de  la  baie  de  Boston. 
11  fit  ses  études  à  Troy,  dans  l'Etat  de  New-York,  et  quelques  années 
plus  tard  il  enseignait  dans  cette  même  Rensselaer  School,  où  il 
avait  été  élève.  Dès  ses  débuts,  James  Hall  se  classait  ainsi  parmi 
ces  hommes  d'élite,  qui  donnent  leur  mesure,  dès  qu'on  les  voit  à 
l'œuvre. 

Bientôt  cependant  il  quitte  l'enseignement,  appelé  à  l'âge  de 
25  ans  au  service  du  Geological  Survey  de  l'Etat  de  New-York  qu'on 
venait  de  créer.  Il  entrait  jeune  dans  sa  voie  définitive,  et  cette  voie 
devait  être  droite  et  longue  ;  il  allait  la  parcourir  d'une  façon  hono- 
rable pour  son  pays,  autaut  que  profitable  pour  la  science. 

Ce  fut  en  1837  que  James  Hall,  chargé  de  dresser  la  **arte  du  4e 
district  géologique  de  New-York,  débuta  dans  la  carrière.  A  cette 
époque,  le  4e  district,  correspondant  à  l'ouest  de  l'Etat,  était  à  peine 
colonisé.  On  pouvait  ramasser  des  fossiles  au  point  où  se  sont  éle- 
vées les  grandes  villes  de  Bufïalo  et  de  Rochester;  c'étaient  déjà 


1899  NOTICE  SUR  JAMES   HALL  169 

pourtant  des  centres  et,  en  dehors  d'eux,  il  n'y  avait  guèt-e  que 
quelques  villages  prospères  dans  les  vallées  les  plus  fertiles,  dans 
les  terres  basses,  à  portée  d'une  grande  voie  commerciale,  le  canal 
Erie.  Mais  en  s'éloignant  de  ces  parties,  dans  les  hautes  vallées  du 
centre  du  district,  sur  le  large  plateau  correspondant  à  sa  portion 
méridionale,  le  voyageur  parcourait  encore  des  solitudes  délaissées. 

Dans  les  terres  basses,  accessibles  et  habitées,  James  Hall  distin- 
gua les  formations  nombreuses  de  Médina,  Clinton,  Niagara,  Salina, 
Cornifère,Waterlime,  Marcellus,  Hamilton  ;  dans  les  Highlands  soli- 
taires, il  décrit  le  Portage  et  le  Chemnng.  Les  rives  des  lacs  et  des 
rivières  coupent  transversalement  les  formations,  et  lui  permettent 
de  reconnaître  avec  certitude  la  superposition  des  divers  étages. 

La  simplicité  de  ces  grands  traits  orographiques  facilitait  la 
solution  du  problème  stratigraphique,  mais  elle  allait  en  même 
temps  exercer  une  influence  définitive  sur  l'homme  et  imprimer  au 
jeune  savant  sa  façon  ;  elle  devait  lui  permettre,  dès  ses  débuts, 
d'arriver  à  la  certitude  par  l'observation  pure,  consciencieuse  et 
profonde,  et  lui  donner,  dès  lors,  une  aversion  qu'il  ne  devait 
jamais  perdre,  pour  les  conjectures  et  l'hypothèse. 

Le  point  de  départ  de  James  Hall  fut  l'analyse  détaillée  du  sol  de 
son  pays  natal. 

Le  nombre  des  groupes  ou  sous-étages  paléozolques  distingués 
par  les  géologues  officiels  de  l'Etat  de  New-York  fut  de  28,  et  ces 
28  groupes  sont  restés  dans  la  science,  tels  qu'ils  ont  été  définis  par 
leurs  auteurs.  Ils  avaient  doté  leur  pays  d'un  travail  devenu  depuis 
le  fondement  de  la  géologie  stratigraphique  en  Amérique,  mais  le 
monument  ne  s'était  pas  élevé  sans  efforts  et  sans  tiraillements. 
Ainsi  ce  ne  fut  qu'après  une  lutte  assez  vive  que  James  Hall  put 
faire  admettre  à  ses  collègues  la  superposition  du  Onondaga-salt  et 
du  Lower-Helderberg  sur  les  groupes  de  Médina  et  de  Niagara  :  on 
avait  considéré  d'abord  l'Onondaga-salt  comme  la  continuation  du 
Médina  sandstone,  et  les  inductions  erronées  allaient  s'accumulant. 

L'intérêt  de  ces  discussions  était  cependant  resté  confiné  à 
l'Amérique  et  ce  n'est  qu'après  la  publication  de  New-York  que 
l'Amérique  cesse  d'être  aux  seuls  Américains.  Les  publications  des 
géologues  de  New-York  attirèrent  dans  les  Appalaches  de  nombreux 
savants  européens,  et  les  noms  de  Lyell,  de  Verneuil,  Ramsay  sont 
conservés  des  deux  côtés  de  l'Atlantique,  associés  pour  toujours  à 
celui  de  James  Hall. 

Ensemble,  ils  ont  écrit  un  des  chapitres  fondamentaux  de  l'histoire 
du  globe,  en  reconnaissant  une  loi  commune  pour  l'ancien  et  le  uou- 


170  ch    barrois  6  Avril 

veau  continent,  dans  la  succession  des  espèces  animales,  dès  les 
temps  les  plus  reculés. 

Depuis  lors,  les  28  groupes  de  la  série  paléozoïque  du  Nouveau- 
Monde,  d'abord  répartis  entre  les  quatre  divisions  de  Champlain, 
d'Ontario,  d'Helderberg  et  d'Erie,  peuvent  se  classer  naturellement 
dans  les  systèmes  Silurien,  Dévonien  et  Carbonifère  du  Vieux- 
Monde,  auxquels  ils  appartiennent.  Les  grands  traits  de  la  stratigra- 
phie américaine  sont  tracés,  il  reste  à  en  faire  connaître  les  faunes. 

Ces  faunes  contenaient  des  merveilles,  et  James  Hall  le  fit  bientôt 
voir. 

A  partir  de  1843,  la  Paléontologie  de  New  York  devient  l'œuvre 
capitale  à  laquelle  il  consacre  son  talent  et  toute  son  activité  :  dans 
cette  œuvre,  aucun  obstacle  ne  devait  l'arrêter.  Il  n'avait  d'abord 
que  de  mauvaises  collections  ;  il  en  recueille  d'incomparables.  Il 
était  dépourvu  de  collaborateurs,  de  dessinateurs,  de  lithographes; 
il  crée  des  élèves,  forme  des  artistes  et  fait  éclore  le  mérite  autour 
de  lui.  Il  manquait  de  ressources  et  il  a  su  dépenser  8  millions  de 
francs,  au  dire  de  l'autorité  compétente,  pour  la  publication  de  son 
livre  (1).  Sa  préparation  scientifique  même  était  sommaire,  il  s'élève 
au  niveau  de  la  tâche  qu'il  s'était  imposée  et  il  domina  son  sujet  en 
mattre. 

Pour  lui,  la  Paléontologie  de  New- York,  c'était  la  description  des 
fossiles  qui,  dans  tous  les  pays  de  Y  Union,  se  trouvaient  dans  le 
système  de  New-York  :  il  fallait  donc  commencer  par  voyager,  par 
suivre  l'affleurement  des  roches  de  New-York,  de  l'Océan  aux 
plaines  du  Mississipi,  c'est-à-dire  sur  une  étendue  égale  à  la  moitié 
de  l'Europe.  Il  reconnut  l'ordre  de  succession  des  faunes  dans  ces 
vastes  régions,  leur  parallélisme,  leur  continuité  ou  leurs  interrup- 
tions locales,  et  recueillit  méthodiquement  les  éléments  de  ses 
futures  descriptions.  C'est  au  cours  de  ces  voyages  et,  pour  ainsi 
dire,  à  titre  accessoire,  qu'il  retraça  l'histoire  des  oscillations  du 
sol  de  la  région  appalachienne  pendant  la  période  paléozoïque. 
Frappé  de  ce  que  les  couches  qu'il  suivait  à  travers  les  Etats  de 
l'Amérique  présentaient  leur  épaisseur  maxîma  dans  les  régions 
montagneuses,  il  vit  que  les  conditions  initiales  de  sédimentation 
jouaient  un  rôle  dans  la  formation  des  montagnes;  ce  fut  lui  qui 
posa  les  fondements  de  cette  théorie  américaine,  que  les  directions 
des  chaînes  de  montagnes  sont  tracées  par  les  zones  d'accumulation 
des  sédiments. 

(1)  Déclaration  de  Hon.  T.  Guilford  Smith,  Régent  de  l'Université  de  New- York, 
parlant  au  nom  de  l'Etat  et  de  l'Université  de  New- York  {Science,  novembre  1896, 
p.  713). 


1899  NOTICE  SUR  JAMES  HALL  171 

Enfin,  en  1847,  il  fit  paraître  le  premier  volume  de  la  Paléonto- 
logie de  New-York.  Avec  ce  volume  commença  la  série  de  ses 
grandes  publications  paléontologiques.  Dès  lors,  et  pendant  50  ans, 
la  vie  des  anciens  temps  va  refluer  en  quelque  sorte,  vers  deux 
points  du  globe  et,  chaque  année,  on  verra  sortir,  en  ordre,  des 
presses  d'Albany  ou  de  Prague,  les  légions  des  premiers  habitants 
des  temps  géologiques,  ressuscitées  par  la  puissance  de  James  Hall 
et  de  Barrande  :  ces  deux  hommes  remarquables,  unis  pour  tou-' 
jours  dans  l'histoire  de  la  géologie,  décrivent  ensemble  plus  de 
formes  paléozoïques  que  tous  leurs  contemporains  réunis. 

Il  fallut  en  effet  50  ans  pour  publier  la  faune  de  New- York,  riche 
de  treize  gros  volumes  in  4°,  où  soot  figurées  avec  uoe  exactitude 
scrupuleuse  et  par  milliers  les  espèces  d'Invertébrés  paléozoïques 
d'Amérique.  Ces  livres  sont  des  traités  de  spécification,  remplis  de 
diagnoses  savantes  et  détaillées,  mais  où  la  sûreté  de  l'analyse 
permit  de  proposer  des  groupements  élevés.  L'auteur  commence 
son  exposé  par  l'étude  des  formes  siluriennes  les  plus  anciennes, 
et  aussitôt  il  dépasse  ses  prédécesseurs  américains  ;  il  poursuit  par 
l'examen  des  espèces  dévoniennes,  et  rien,  chez  nous,  n'a  encore 
été  écrit  de  comparable  sur  ces  faunes.  Ses  descriptions  des  Trilo- 
bites,  Euryptérides,  Lamellibranches,  Brachiopodes,  Crinoïdes, 
Coralliaires,  Graptolites  et  Bryozoaires  paléozoïques  constituent  des 
monographies  précieuses,  des  modèles  du  genre  :  il  a  traité  avec  la 
même  compétence,  la  même  profondeur  de  vues,  les  classes  les 
plus  éloignées  du  règne  animal. 

James  Hall  était  devenu  l'historien  attitré  des  premiers  temps  de 
l'Amérique  ;  son  jugement  ferme  lui  avait  permis  de  voir  plus  loin 
que  le  fait  local  ou  passager  et  de  saisir  les  manifestations  succes- 
sives de  la  vie,  les  formes  et  Tordre  des  êtres,  déjà  si  variés  et  si 
complexes  dès  les  temps  siluriens.  Dans  cette  recherche,  il  n'eut 
qu'un  souci,  être  exact,  un  désir,  être  complet  ;  il  y  fît  la  preuve 
d'un  esprit  positif,  précis  et  net,  ennemi  des  hypothèses.  Par  là,  il 
sut  inspirer  à  ses  contemporains  uoe  confiance  absolue,  et  ses 
traités  constituent  la  source  claire  où  devront  toujours  remonter 
les  paléontologistes  américains  pour  retrouver  leurs  types,  comme 
nous  remontons,  en  Europe,  à  Linné,  à  Sowerby,  à  Barrande. 

Des  travaux  si  considérables  devaient  même  attirer  l'attention 
du  public,  et  divers  gouvernements  voulurent  s'attacher  le  concours 
de  James  Hall  pendant  les  moments  qu'il  ne  consacrait  pas  à  la 
Paléontologie  de  New-York.  C'est  ainsi  que  le  gouvernement  de 
l'Iowa  le  chargea  du  levé  géologique  de  cet  Etat.  Le  gouvernement 


172  ch.  barrois  6  Avril 

du  Wisconsin,  celui  de  Missouri,  le  chargèrent  de  missions  ana- 
logues, et  de  nouveaux  volumes  enregistrent  le  résultat  de  ses 
recherches.  James  Hall  s'assurait  une  autorité  grandissante  par 
ces  longues  et  belles  études  ;  aussi  les  fossiles  paléozoïques  recueillis 
dans  les  expéditions  scientifiques  lui  arrivent  de  toutes  parts.  Nous 
les  trouvons  bientôt  figurés  en  divers  mémoires,  telle  sa  décade  sur 
les  Graptolites  du  Canada,  son  rapport  sur  les  fossiles  du  40e  paral- 
lèle de  Clarence  King,  sa  description  de  la  faune  de  la  frontière 
mexicaine  dans  le  Rapport  d'Emory,  et  encore  dans  ses  études  sur 
le  Pacifique-railway,  sur  le  Grand-Lac  salé,  avec  Stansbury,  sur  les 
terrains  crétacés  du  Nebraska  et  tant  d'autres. 

Le  State  Muséum  de  l'Etat  de  New- York  était  devenu  entre  les 
mains  d'un  seul  homme  la  principale  collection  américaine  de 
Paléontologie. 

James  Hall  comprit  alors  qu'il  devait  à  la  science  d'en  faire  un 
grand  établissement  d'enseignement  supérieur,  une  école  de  Paléon- 
tologie descriptive.  Elle  était  en  pleine  prospérité,  cette  maison 
bâtie  par  lui,  quand  il  sut  y  attirer  et  tenir  serrés  au  tour  de  lui  une 
élite  de  jeunes  gens,  curieux  des  choses  de  la  nature,  avides  de 
savoir  et  d'avenir  ;  il  en  fit  des  hommes  éminents,  qui  s'illustrèrent 
à  leur  tour  dans  l'étude  des  sciences  minérales.  C'est  entouré  de 
cet  état-major,  où  brillent  parmi  ses  élèves,  les  noms  de  Gabb, 
Meek,  Hayden,  J.  Whitney,  Worthen,  Newberry,  Leconte,  C.  A. 
White,  Whitfield,  Walcott,  Beecher,  Clarke,  Schuchert,  que  James 
Hall  a  passé  sa  longue  vie.  C'est  à  leur  tète  qu'il  passe  à  la  postérité. 

Mais  il  a  fait  plus,  pour  l'histoire  des  temps  oubliés,  que  penser 
et  écrire  ;  il  a  donné  à  la  géologie  américaine  sa  fécondité  et  lui 
a  pour  ainsi  dire  assigné  son  lot.  Pendant  que  le  travail  organisé 
par  lui,  progressait  autour  de  lui,  pendant  que  les  matériaux 
s'accumulaient,  se  rangeaient,  se  complétaient  daus  ses  tiroirs  et 
que  le  passé  s'éclairait  aux  yeux  de  ses  jeunes  collaborateurs,  il 
marchait  de  l'avant,  il  faisait  le  chemin  qui  menait  au  but,  écartant 
les  obstacles,  les  difficultés  scientifiques  et  parfois  même  les  opposi- 
tions faites  à  ses  coûteuses  publications.  Par  là,  il  rendit  à  la  Géologie 
d'inoubliables  services  en  montrant  à  son  pays,  par  son  exemple, 
ce  que  pouvait  être  pour  le  progrès  de  la  science  et  le  développement 
de  la  patrie,  la  grande  institution  des  Surveys  géologiques. 

Après  avoir  forcé  l'Etat  de  New- York  à  s'intéresser  au  progrès  de 
la  Paléontologie  et  à  proclamer  de  la  sorte  l'union  intime  qui  existe 
dans  les  pays  d'initiative  entre  tous  les  progrès,  James  Hall  crut 
qu'il  pourrait  encore  servir  la  Géologie  en  facilitant  l'échange  des 


1899  NOTICE  8UR  JAMES  HALL  173 

idées  entre  les  diverses  nations.  En  1876,  il  essaya  de  réaliser  cette 
idée  et,  à  la  suite  de  l'Exposition  de  Philadelphie,  il  fut  nommé  à 
Baffalo,  président  d'un  comité  pour  l'organisation  d'un  congrès  géolo- 
gique international,  qui  devait  se  réunir  deux  ans  plus  lard  à  Paris. 

Ce  fut  l'origine  de  ces  congrès  qui,  depuis  lors,  ont  tant  facilité 
nos  voyages  scientifiques  et  réuni  tous  les  trois  ans,  en  des  pays 
différents, les  géologues,  rapprochés  par  de  nouveaux  liens.  Comme 
fondateur  des  congrès  internationaux,  James  Hall  favorisa  la  colla- 
boration des  intelligences  et  la  mise  en  lumière  des  observations 
recueillies  dans  toutes  les  parties  du  monde. 

On  aimerait  pouvoir  attribuer  à  la  conscience  de  tant  de  services 
rendus,  l'état  d'âme  et  l'invincible  ardeur  de  cet  homme  extraordi- 
naire qui,  à  l'âge  de  86  aus,  voyageait  encore  de  Californie  en 
Europe  par  amour  de  la  science,  et  traversait  jusqu'à  la  Russie, 
avec  plusieurs  d'entre  nous,  des  Monts  Ourals  au  Caucase  «  mente 
et  malleo  ». 

Ainsi  son  activité  semblait  croître  avec  les  années,  et  rien  ne 
semblait  capable  de  refroidir  l'énergie  de  cette  longue  vie  consacrée 
au  culte  de  la  science.  Le  savant  n'avait  pas  cependant  échappé  aux 
luttes  ordinaires  de  l'humanité  et,  pour  lui  aussi,  la  lutte  avait  été 
la  condition  de  la  victoire. 

Des  échos  lointains  d'outre-mer  laissèrent  parfois  arriver  jusqu'à 
nous  des  bruits  sourds  de  bataille,  des  récits  de  blessures  person- 
nelles, de  souffrance  même,  apprenant  que  James  Hall  subissait,  lui 
aussi,  l'expiation  habituelle  de  ceux  qui  dépassent  les  niveaux 
moyens;  mais,  quelque  douloureuses  que  fussent  ces  rumeurs, 
elles  arrivaient  toujours  à  nous  mêlées  de  protestations  et  comme 
noyées  dans  un  retentissement  d'acclamations  sympathiques,  parmi 
des  ovations.  Les  honneurs  uniques  qui  lui  furent  rendus,  par 
l'Association  américaine  pour  l'avancement  des  sciences,  à  Buffaio, 
en  1896,  et  dont  les  journaux  de  l'époque  ont  dit  la  spontanéité  et 
l'éclat,  trouvèrent  de  l'écho  dans  l'Europe  entière. 

De  son  vivant,  on  le  voit  s'élever  au-dessus  des  divisions  humaines 
et  pénétrer  dans  des  régions  sereines.  Aujourd'hui  il  repose,  et  son 
labeur  lui  assure  une  place  d'honneur  parmi  les  plus  grands  paléon- 
tologistes de  notre  temps.  Précurseur  des  grands  Surveys  géolo- 
giques modernes  et  fondateur  de  nos  congrès  internationaux,  James 
Hall  demeurera  pour  notre  Société  un  de  ces  hommes  qui  ne  meu- 
rent pas  tout  entiers  :  il  laisse  à  son  pays  un  nom,  pour  son  livre 
d'or,  et  à  nous,  ses  confrères,  l'exemple  d'une  lougue  vie  remplie 
par  l'ardent  amour  du  travail  et  par  une  foi  filiale  à  la  science. 


17i  6  Avril 


NOTICE  NÉCROLOGIQUE  SUR  MAURICE  CHAPER 


par  M.  H.  DOUVILLÉ. 


Au  mois  de  juillet  1896  nous  apprenions  soudainement  la  mort 
de  notre  confrère  et  ami  Chaper  ;  parti  plein  de  santé  pour  un  court 
voyage  en  Transylvanie,  il  avait  été  atteint  brusquement  par  une 
maladie  grave  et  quelques  jours  après  il  s'éteignait  à  Vienne,  loin 
de  tous  les  siens.  C'était  une  perte  cruelle  pour  tous  ceux  qui 
l'avaient  connu  et  aimé,  et  d'autant  qu  'elle  était  plus  imprévue  ;  mais 
nous  devions  la  ressentir  encore  plus  vivement  à  l'École  des  Mines, 
à  laquelle  il  avait  toujours  témoigné  un  intérêt  si  passionné.  Nous 
verrons  plus  loin  de  quels  grands  services  lui  sont  redevables  en 
particulier  les  collections  de  Paléontologie,  et  le  dernier  hommage 
que  nous  lui  rendons  aujourd'hui  ne  pourra  être  qu'un  bien  faible 
témoignage  de  notre  reconnaissance. 

Maurice- Armand  Chaper  naquit  le  13  février  1834,  â  Dijon  (1)  ; 
il  termina  ses  études  au  collège  Sainte-Barbe  et  entra  à  l'École 
Polytechnique  en  1854, 

A  sa  sortie  de  l'École  il  embrassa  la  carrière  d'Ingénieur  et  occupa 
successivement  diverses  situations  dans  les  Chemins  de  fer,  les 
Travaux  publics  et  la  Métallurgie. 

Chaper  avait  toujours  eu  un  goût  prononcé  pour  les  sciences 
naturelles,  et  sa  qualité  d'ingénieur  le  dirigea  d'abord  vers  la 
Géologie.  Originaire  du  Dauphiné,  où  sa  famille  possédait  les  mines 
d'Allevard,  il  avait  toujours  conservé  dans  ce  pays  des  relations 
suivies  ;  c'est  ainsi  qu'il  eut  l'occasion  d'acquérir  la  collection 
Répelin,  collection  locale  particulièrement  importante  par  les 
fossiles  du  Dauphiné  que  son  auteur  avait  patiemment  rassemblés. 
Vers  la  môme  époque,  il  commença  à  fréquenter  l'Ecole  des  Mines  et 
se  lia  bientôt  d'amitié  avec  Bayle  puis  avec  Bayan,  qui  venait  d'être 
attaché  aux  collections  de  Paléontologie  ;  cette  double  direction 

(1)  Son  père,  ancien  élève  de  l'Ecole  polytechnique  (1813),  lut,  après  1830,  préfet 
du  Gard,  de  la  Cote-d'Or,  de  la  Loire-Inférieure  et  du  Rhône.  En  1848,  les  élec- 
teurs de  la  Cote-d'Or  l'envoyèrent  à  l'Assemblée  législative  ;  en  1852,  il  rentra 
dans  la  vie  privée  et  mourut  à  Grenoble  en  1874;  il  avait  épousé  Henriette 
Teisseire,  petite-fille  de  Claude  Périer. 


1899  NOTICE  NÉCROLOGIQUE  SUR   MAUIUCE  CHAPER  175 

donna  une  orientation  particulière  à  ses  études  paléontologiques  : 
il  apprit  qu'il  était  imprudent  de  déterminer  des  fossiles  avant  de 
les  avoir  complètement  dégagés,  et  d'avoir  ainsi  mis  en  évidence 
tous  leurs  caractères.  Il  se  familiarisa  avec  l'emploi  du  burin  et  du 
marteau  et  devint  bientôt  sous  ce  rapport  aussi  babile  que  son 
maître  ;  beaucoup  d'entre  vous  ont  pu  admirer  les  magnifiques 
résultats  obtenus  ainsi  par  Bayle  et  par  Chaper,  et  qui  sont  de  vrais 
chefs-d'œuvre  de  patience  et  d'adresse.  Chaper  polissait  ses  prépa- 
rations avec  un  amour-propre  d'artiste  et  il  a  toujours  plus  ou  moins 
méprisé  les  autres  méthodes  plus  rapides  ou  plus  faciles  à  employer, 
telles  par  exemple  que  la  méthode  des  coupes  ou  l'attaque  par  les 
acides.  Il  savait  bien  cependant  que  la  méthode  de  préparation 
directe  exige  souvent  un  temps  considérable  et  que  les  caractères 
mis  en  évidence  dépendent  beaucoup  de  l'habileté  de  l'opérateur. 

En  1863,  Chaper  devenait  membre  de  notre  Société  sous  les 
auspices  de  Bayle  et  de  Deshayes  et,  peu  après,  il  se  trouvait  amené  à 
intervenir  dans  une  question  qui  passionna  à  cette  époque  tous  les 
géologues,  je  veux  parler  de  la  discussion  au  sujet  de  l'âge  des 
couches  de  la  Porte  de  France  à  Grenoble,  discussion  qui  s'étendit 
bientôt  à  toutes  les  couches  renfermant  des  Térébratules  trouées. 

Ces  formes  singulières  étaient  connues  depuis  longtemps  ;  d'Orbi- 
gny  avait  placé  la  Terebratula  diphya  dans  le  Callovien,  et  en  avait 
distingué  la  /.  diphyoïdes  du  Néocomien.  Cette  manière  de  voir, 
un  peu  modifiée,  était  restée  classique,  au  moins  eu  France,  et  nous 
voyons  en  1866,  Hébert  constater  encore  que  pctar  les  géologues 
«  les  plus  expérimentés  »  les  couches  à  /'.  diphya  représentent 
l'Oxfordien  supérieur.  Oppel  et  l'école  allemande  étaient  arrivés  à 
une  conclusion  toute  différente,  et  cette  même  année  Saemaun 
présentait  à  notre  Société  un  mémoire  de  Benecke  dont  les  conclu- 
sions, disait-il,  rendaient  très  probable  l'attributiou  de  ces  couches 
au  Kimeridgien  supérieur. 

Pour  Hébert  c'était  une  «  erreur  »  d'Oppel,  et  il  n'hésita  pas  à  le 
dire  à  notre  Société  ;  mais,  en  même  temps,  persuadé  que  cette 
opinion  devait  être  fondée  sur  quelque  motif  sérieux,  il  se  résolut  à 
étudier  de  très  près  et  par  lui-même  la  question  controversée.  Les 
fossiles  des  couches  eu  litige  dans  les  environs  de  Grenoble  étaient 
très  rares;  il  se  fit  communiquer  par  Lory  ceux  de  la  Faculté  de 
Grenoble  et  emprunta  à  Chaper  les  matériaux  qui  existaient  dans 
la  collection  Répelin.  Le  résultat  de  cet  examen  fut  tout-à  fait 
inattendu  :  Hébert  modifia  complètement  sa  première  opinion  ;  il 
crut  reconnaître  parmi  les  fossiles  qui  lui  avaient  été  communiqués, 


176  h.  douville  6  Avril 

des  formes  incontestablement  néocomiennes,  il  en  conclut  que  les 
couches  à  T.  diphya  de  la  Porte  de  France  étaient  d'âge  néocomien, 
qu'elles  reposaient  sur  des  couches  oxforditnnes  et  qu'il  existait  par 
suite  une  lacune  entre  les  deux  séries.  Jusqu'à  la  fin  de  sa  vie,  Hébert 
restera  invariablement  fidèle  à  cette  manière  de  voir  ;  il  cherchera 
à  la  faire  prévaloir  par  des  raisons  de  tout  ordre,  aussi  bien  stratigra- 
phiques  que  paléontologiques.  Il  faut  dire  qu'à  cette  époque  les 
questions  de  faciès  étaient  encore  bien  mal  connues;  beaucoup  de 
géologues  admettaient  que  les  terrains  de  même  âge  présentaient 
toujours  la  même  constitution  miuéralogique;  Fuchs  se  refusait  à 
placer  dans  l'Infra-lias,  les  couches  de  houille  du  Tonkin  et  du 
Chili,  et  Hébert  ne  voyait  partout  qu'un  seul  niveau  corallien  depuis 
les  couches  de  Chatel-Censoir  jusqu'à  celles  du  Salève  avec  Hetero- 
diceras  Luci;  c'est  pour  cette  raison  que  les  couches  à  Am.  tenuilo- 
balus  placées  au-dessous  étaient  pour  lui  de  l'Oxfordien. 

La  question  était  surtout  d'ordre  paléontologique  et  elle  ne  pouvait 
être  résolue  que  par  une  étude  minutieuse  des  fossiles.  Les  détermi- 
nations indiquées  par  Hébert  n'avaient  pas  satisfait  Chaper  et  ne  lui 
paraissaient  pas  établies  avec  une  rigueur  suffisante  ;  il  prit  le  parti 
de  communiquer  ses  matériaux  à  Pictet.  Le  savant  paléontologue  de 
Genève  avait  déjà  commencé  l'étude  de  la  faune  des  calcaires  de 
Grenoble  ;  il  avait  montré  que  l'espèce  de  Térébratule  trouée  qu'on  y 
rencontrait,  était  différente  des  deux  espèces  admises  par  d'Orbi- 
gny,  et  lui  avait  donné  le  nom  de  T.  janitor;  il  était  passé  ensuite  à 
l'étude  des  Ammonites,  qui  ont  une  importance  toute  particulière 
pour  la  fixation  des  horizons  de  la  période  secondaire  ;  il  était  sur  le 
point  de  faire  connaître  les  résultats  de  son  examen,  lorsque  Hébert 
fit  à  la  Société  géologique  une  communication  sur  le  Néocomien  du 
sud-est  de  la  France.  Il  est  vraisemblable  qu'il  affirmait  à  nouveau 
dans  ce  travail  les  conclusions  qu'il  avait  précédemment  énoncées, 
aussi  Chaper  se  crut-il  obligé  d'intervenir  et  de  faire  connaître 
l'opinion  de  Pictet,  d'après  laquelle  un  grand  nombre  des  espèces 
signalées  par  Hébert  étaient  ou  mal  déterminées  ou  douteuses,  à 
cause  de  leur  mauvais  état  de  conservation.  A  la  suite  de  ces  obser- 
vations, Hébert  différa  la  publication  de  sa  note,  qui  ne  fut  pas 
insérée  dans  notre  Bulletin. 

Il  est  difficile  aujourd'hui  de  se  rendre  compte  à  quel  point  une 
question  d'ordre  aussi  exclusivement  scientifique  a  pu  passionner 
les  membres  de  notre  Société.  Sans  doute  les  questions  personnelles 
jouèrent  dans  cette  discussion  un  rôle  trop  considérable  :  Hébert 
occupait  une  haute  situation  scientifique  et  admettait  difficilement  la 


1899  NOTICE  NÉCROLOGIQUE  SUR   MAURICE  CHAPER  177 

contradiction;  Chaper,  de  son  coté,  indépendant  de  situation  et  de 
caractère,  n'a  peut-être  pas  toujours  suffisamment  ménagé  les 
susceptibilités  de  son  contradicteur.  Mais  il  faut  bien  dire  aussi  que 
les  fossiles  des  couches  en  litige  étaient  rares,  presque  toujours  mal 
conservés  et  plus  ou  moins  empâtés  dans  une  roche  dure  ;  souvent 
aussi  ils  présentaient  ces  caractères  ambigus  que  Ton  rencontre 
d'ordinaire  dans  les  couches  de  passage,  où  les  fossiles  intermé- 
diaires entre  ceux  qui  ont  précédé  et  ceux  qui  ont  suivi  peuvent 
être  rattachés  soit  aux  premiers,  soit  aux  seconds,  suivant  les  idées 
de  ceux  qui  les  examinent. 

Quoi  qu'il  en  soit,  un  mois  après  cette  première  escarmouche, 
Chaper  présentait  à  la  Société  le  mémoire  de  Pictet  ayant  pour 
titre  «  Étude  provisoire  des  fossiles  de  la  Porte  de  France,  d'Aizy  et 
de  Lemenc  »  et  en  indiquait  les  principales  conclusions  :  les  couches 
de  la  base  représentaient  les  couches  à  A.  tenuilobatus  et  n'avaient 
pas  d'affinités  oxfordiennes  ;  au-dessus  les  couches  à  Ter.  janitor  ren- 
fermaient la  faune  de  Stramberg.  Enfin  trois  espèces  néocomiennes 
seulement  sont  signalées  dans  les  couches  de  la  Porte  de  France,  et 
se  trouvent  mélangées  avec  une  faune  d'un  caractère  franchement 
jurassique.  Pictet  voit  dans  ce  mélange  une  anomalie  résultant  de 
la  position  incertaine  de  la  ligne  séparative  des  deux  formations; 
Chaper,  au  contraire,  partisan  de  la  continuité  de  la  sédimentation 
sur  ce  point,  fait  observer  avec  raison  que  ce  mélange  est  tout-à-fait 
normal,  personne  n'admettant  plus,  dit-il,  que  les  limites  d'étage 
correspondent  à  un  renouvellement  intégral  de  la  faune.  Il  ajoute 
que  la  série  des  couches  est  complète,  et  sans  se  prononcer  sur  leur 
assimilation  précise  et  détaillée  avec  les  divers  étages  du  bassin 
parisien,  il  prévoit  le  moment  où,  par  suite  du  progrès  de  nos  con- 
naissances paléontologiques,  il  sera  possible  de  retrouvera  Grenoble 
les  équivalents  rigoureux  du  Kimeridgien  et  du  Portlandien.  Un 
autre  point  sur  lequel  Chaper  insiste  également,  c'est  que  le  même 
faciès  peut  se  retrouver  dans  des  couches  d'âge  di fièrent  ;  ainsi,  en 
particulier,  un  étage  corallifère  n'est  pas  nécessairement  d'âge  coral- 
lien. Il  peut  paraître  singulier  aujourd'hui  qu'il  fût  nécessaire,  il  y  a 
trente  ans  à  peine,  d'insister  aiusi  sur  une  vérité  aussi  évidente  et 
acceptée  maintenant  comme  telle  par  tous  les  géologues. 

La  discussion  était  déjà  montée  à  un  diapason  bien  élevé  ;  elle 
s'envenima  encore  par  suite  du  retard  apporté  à  la  publication  de 
notre  Bulletin.  Les  auteurs  avaient  pris  peu  à  peu  la  fâcheuse  habi- 
tude de  ne  remettre  leurs  notes  que  tardivement  et  comme  il  n'exis- 
tait pas  encore  de  compte-rendu  des  séances,  il  en  résultait  qu'il  n'y 

9  Juin  1800.  —  T.  XXVII.  Bull.  Soc  Géol.  Fr.  —  12 


178  h.  douvillé  6  Avril 

avait  pas  toujours  une  concordance  exacte  entre  les  communications 
faites  en  séance  et  leur  texte  imprimé  dans  le  Bulletin.  Chaper  a 
protesté  souvent  et  d'une  manière  très  vive  contre  ces  pratiques,  qui 
rendaient  les  discussions  extrêmement  difficiles  et  souvent  peu 
compréhensibles;  ainsi  nous  le  voyons,  dans  une  des  séances  du 
commencement  de  1870,  s'étonner  de  voir  dans  le  Bulletin  une  note 
dont  il  n'avait  pas  gardé  le  souvenir,  et  refuser  de  répondre  à  une 
communication  avant  d'en  avoir  sous  les  yeux  le  texte  imprimé. 
Dans  ces  conditions  la  discussion  ne  pouvait  que  traîner  en  lon- 
gueur, d'autant  qu'on  en  était  réduit  des  deux  côtés  à  procéder  par 
simples  affirmations,  Hébert  maintenant  d'un  côté  l'existence  d'une 
lacune,  tandis  que  Chaper  continuait  à  affirmer  que  la  série  des 
couches  était  continue  et  que  les  assises  à  /'.  janitor  n'étaient  pas 
néocomiennes. 

Aujourd'hui  le  temps  a  fait  son  œuvre,  la  lumière  s'est  faite,  et 
l'opinion  soutenue  par  Pictet  et  Chaper  a  complètement  triomphé: 
les  couches  à  Térébratules  trouées  pour  lesquelles  on  avait  créé 
l'étage  tithonique,  sont  devenues  du  Portlandien  ;  quelques  géologues 
vont  môme  plus  loin  encore  puisqu'ils  veulent  faire  rentrer  le 
Berriasien  dans  la  série  jurassique  ;  mais  sur  ce  point  l'accord  n'est 
pas  encore  complet. 

Sur  ces  entrefaites  de  graves  préoccupations  étaient  venues 
détourner  l'attention  de  la  Société  :  la  guerre,  puis  le  siège  de  Paris, 
ne  laissaient  plus  de  temps  pour  les  discussions  scientifiques,  et 
par  surplus  les  collections  publiques  durent  être  entassées  dans  les 
caves  pour  échapper  au  bombardement.  Malgré  tout  la  Société 
continua  à  tenir  régulièrement  ses  séances  et  à  servir  de  centre  de 
réunion  pour  ceux  de  ses  membres  que  le  service  actif  n'appelait 
pas  sur  les  remparts  (1). 

(I)  Chaper  se  donna  tout  entier  aux  travaux  de  la  défense  ;  convaincu  que  la 
garde  nationale  pouvait  rendre  de  sérieux  services  si  elle  était  bien  organisée,  il 
voulut  en  faire  partie,  malgré  une  ancienne  blessure  ci  la  main  qui  le  rendait 
impropre  au  service  actif.  Il  fut  successivement  élu  capitaine,  puis  chef  de  bataillon 
et  enfin  nommé  lieutenant-colonel  du  3K' régiment.  Avec  ses  compagnies  de  guerre 
il  fut  chargé  du  service  des  avant-postes  à  Arcueil  d'abord  puis  à  Créteil,  et  il  ne 
dépendit  pas  de  lui  que  la  défense  ne  fit  un  meilleur  usage  des  forces  sérieuses 
qu'il  avait  contribué  a  organiser.  Son  inflexibilité  sur  1rs  questions  de  discipline  ne 
fut  pas  sans  lui  créer  des  animositès  violentes  :  démissionnaire  le  23  février,  il  fut 
décrété  d'arrestation  par  la  Commune  et  obligé  de  quitter  Paris.  Il  fut  un  des 
rares  chefs  qui,  avec  des  peines  infinies,  étaient  parvenus  à  faire  rendre  aux 
hommes  de  leur  bataillon  les  armes  qui  leur  avalent  été  confiées. 

Par  contre,  les  services  signalés  qu'il  avait  rendus  à  la  cause,  de  Tordre  lui 
avaient  attiré  de  vives  sympathies  dans  le  quartier  qu'il  habitait  a  cette  époque  ; 


1899  NOTICE  NÉCROLOGIQUE  SUR   MAURICE  CHAPER  179 

Les  séances  ne  furent  interrompues  que  pendant  la  Commune, 
après  le  20  mars  ;  elles  reprenaient  dès  le  19  juin,  et  dans  la  séance 
suivante  nous  voyons  Chaper  intervenir  dans  une  discussion  rela- 
tive au  mode  de  formation  des  nodules  de  chaux  phosphatée  ;  la 
forme  et  la  constitutiou  de  ces  nodules  montrent,  dit-il,  qu'ils  se 
sont  formés  comme  les  silex,  pendant  le  dépôt  même  des  couches  et 
alors  qu'elles  étaient  encore  molles.  Peut-être  Chaper  ne  séparait-il 
pas  assez  nettement  les  deux  phases  du  phénomène,  la  précipitation 
du  phosphate  au  moment  du  dépôt  de  la  couche  et  sa  concentration 
sur  certains  points,  à  la  manière  de  la  silice,  et  à  une  époque 
postérieure. 

En  1872,  Chaper  était  nommé  secrétaire  de  notre  Société  et  Tannée 
suivante  il  présentait  une  étude  particulièrement  intéressante  sur 
un  Rudiste  encore  très  incomplètement  connu,  le  Plagioptychus 
Toucasi,  Matheron  {PL  Coquandi  d'Orb.).  Les  échantillons  de  cette 
espèce  sont  presque  toujours  bivalves  et  empâtés  dans  un  calcaire 
dur  ;  aussi  Matheron,  qui  avait  avec  beaucoup  de  sagacité  rapproché 
cette  forme  du  Plagioptychus  paradoxus,  avait-il  été  obligé  de  recon- 
naître que  l'intérieur  des  valves  de  cette  coquille  lui  était  presque 
complètement  inconnu.  Les  échantillons  étaient  extrêmement  diffi- 
ciles à  préparer  et  c'est  cette  difficulté  même  qui  tenta  Chaper.  Sur 
un  premier  échantillon  il  enleva  patiemment  au  burin  la  valve 
droite  et  la  gangue  qui  remplissait  l'intérieur  de  la  coquille,  il  put 
ainsi  isoler  d'une  manière  complète  la  valve  gauche  ;  un  deuxième 
échantillon  traité  d'une  manière  analogue  lui  fournit  la  valve  droite. 
L'opération  ainsi  résumée  paraît  d'une  très  grande  simplicité,  mais 
il  faut  avoir  eu  les  échantillons  en  main  pour  se  rendre  compte  de 
tout  ce  que  Chaper  a  dû  mettre  en  œuvre  de  patience  et  d'adresse 
pour  achever  un  pareil  travail.  Cette  superbe  préparation  fait 
aujourd'hui  l'ornement  des  collections  de  l'École  des  Mines,  et  on 
peut  l'admirer  à  côté  des  préparations  bien  connues  de  Bayle,  mais 
au  point  de  vue  de  la  difficulté  vaincue,  l'élève  a  certainement 
dépassé  son  maître. 

En  1874,  Chaper  quittait  le  secrétariat  et  était  nommé  membre  du 
Conseil.  Cette  même  année  il  commençait  la  série  des  voyages 
lointains  qui  le  retinrent  trop  souvent  éloigné  de  nous.  11  s'était 

c'est  ainsi  qu'il  fut  nommé  en  1872  adjoint  au  maire  du  5*  arrondissement,  et  il 
conserva  ces  fonctions  jusqu'en  1876.  Plus  tard,  lorsqu'il  vint  habiter  le  7*  arron- 
dissement, il  fut  nommé  administrateur  du  Bureau  do  bienfaisance  et  je  n'ai  pas 
besoin  de  dire  avec  quelle  conscience  il  s'acquitta  toujours  (pendant  15  années) 
de  ces  délicates  fonctions. 


180  h.  douvillé  6  Avril 

consacré  presque  entièrement  à  l'étude  des  questions  de  mines  et 
fut  ainsi  amené  à  accepter  de  nombreuses  missions  à  l'étranger  pour 
explorer  les  gites  nouveaux  qui  étaient  signalés. 

Pendant  plus  de  vingt  années  il  parcourut  successivement  les 
cinq  parties  du  monde,  depuis  le  Venezuela  et  les  Montagnes 
Rocheuses  jusqu'à  Bornéo,  depuis  le  Gap  jusqu'au  nord  de  l'Oural. 
Dans  toutes  ces  explorations  il  se  montra  toujours  non  seulement 
ingénieur  habile,  mais  encore  naturaliste  infatigable.  Tous  les 
échantillons  qui  pouvaient  avoir  une  utilité  scientifique  étaient 
recueillis,  préparés,  étiquetés  et  emballés  avec  une  méthode  rigou- 
reuse et  un  soin  méticuleux  ;  il  ne  réservait  pour  sa  propre  collectioo 
qu'un  petit  nombre  de  spécimens,  des  Mollusques  surtout,  qui 
l'intéressaient  particulièrement  ;  tout  le  reste  était  déposé  dans  les 
collections  soit  du  Muséum  d'Histoire  naturelle,  soit  de  l'École  des 
Mines.  On  a  évalué  à  plus  de  25.000  le  nombre  des  échantillons  dont 
il  a  ainsi  enrichi  les  grandes  collections  publiques  de  Paris  (1). 

11  est  curieux  de  constater  que  parmi  de  si  nombreux  échantillons 
les  fossiles  ne  figurent  qu'en  nombre  très  restreint  :  c'est  d'abord  que 
les  explorations  industrielles  sont  presque  toujours  exécutées  dans 
des  conditions  de  rapidité  qui  rendent  bien  difficiles  les  observations 
géologiques,  et  en  outre  les  mines  sont  presque  toujours  situées 
dans  des  massifs  formés  de  roches  cristallines  et  le  plus  souvent 
azoïques.  On  peut  s'expliquer  ainsi  que  dans  les  nombreux  travaux 
de  notre  confrère,  le  paléontologue  ait  toujours  été  incomparable- 
ment moins  favorisé  que  le  naturaliste.  Le  minéralogiste  fut  plus 
heureux,  et  parmi  les  échantillons  d'une  importance  particulière  et 
que  l'on  peut  admirer  dans  les  collections  de  l'École  des  Mines,  nous 
signalerons  les  Ouvarovites  qu'il  recueillit  dans  les  fentes  du  fer 
chromé  à  Bicer,  dans  l'Oural,  et  surtout  le  gros  bloc  de  minerai  de 
Kimberley  présentant  encore  en  place  un  superbe  diamant  octaé- 
drique  :  ce  spécimen  que  Chaper  eut  beaucoup  de  peine  à  rapporter 
intact,  à  cause  de  la  friabilité  de  la  roche,  avait  été  donné  par  la 
Kimberley  Mining  O  à  M.  le  baron  d'Erlanger,  qui,  sur  les  instances 
de  Chaper,  l'a  généreusement  offert  à  l'École  des  Mines. 

Les  observations  géologiques  intéressantes  que  notre  confrère  a 
eu  l'occasion  de  faire  dans  ses  explorations  ont  été  l'objet  de 
plusieurs  communications  à  notre  Société  ;  parmi  les  plus  impor- 

(1)  L'ensemble  de  ces  récoltes  a  fait  l'objet  d'une  exposition  publique  très  inté- 
ressante au  Muséum  en  1893  ;  elle  comprenait  38  espèces  de  Mammifères,  206  de 
Reptiles,  719  de  Poissons,  2731  d'Articulés,  833  do  Mollusques  et  autres  animaux 
inférieurs,  809  espèces  de  graines  et  de  végétaux. 


1899  NOTICE  NÉCROLOGIQUE  SUR   MAURICE  CHAPER  181 

tantes,  il  faut  signaler  ses  études  sur  les  gîtes  diamantifères  :  un 
•  des  premiers  (en  1879),  il  a  exploré  les  anciens  gîtes  des  environs 
de  Kimberley,  et  il  a  publié  à  ce  sujet  une  importante  monographie, 
sous  le  titre  de  «  Note  sur  la  région  diamantifère  de  l'Afrique 
australe  ».  Il  décrit  ce  gisement  comme  constitué  par  une  boue 
serpentineuse  consolidée,  dans  laquelle  les  diamants  sont  épars  ; 
cette  roche  remplit  des  sortes  d'ouvertures  ou  boutonnières,  percées 
au  travers  des  roches  anciennes  et  par  lesquelles  elle  s'est  épauchée. 
Les  nombreuses  photographies  qui  accompagnent  cet  ouvrage  uous 
montrent  le  curieux  aspect  des  exploitations  à  Kimberley,  à  Bultfon- 
tein  et  à  Du  Toit's  pan  ;  les  claims  ou  parcelles  de  10  mètres  de 
côté,  souvent  subdivisés  eux-mêmes,  étaient  exploités  à  ciel  ouvert 
et  indépendamment  les  uns  des  autres  ;  il  en  résulte  un  singulier 
enchevêtrement  d'excavations  de  forme  rectangulaire  el  de  profon- 
deur inégale,  produisant  le  plus  curieux  eiïet.  Avec  son  expérience 
des  travaux  de  mines,  Chnper  montrait  que  ce  mode  d'exploitation 
ne  pouvait  durer,  qu'il  était  nécessaire  d'en  arriver  i\  une  exploita- 
tion souterraine  par  remblais,  permettant  l'enlèvement  complet  du 
minerai  diamantifère,  solution  qui  exigeait  naturellement  un  grou- 
pement préalable  des  claims.  Toutes  ces  prévisions  ont  été  rapi- 
dement réalisées. 

Deux  ans  auparavant  il  avait  visité  de  prétendus  gites  de  diamants 
signalés  dans  le  nord  de  l'Oural  et  avait  pu  se  convaincre  qu'il  ne 
s'agissait  là  que  d'une  supercherie  qui  durait  depuis  plus  de  50 
années.  Une  troisième  exploration  du  même  genre  faite  en  1882, 
dans  l'Hindoustan,  lui  fournit  des  résultats  plus  intéressants  ;  il  put 
reconnaître  la  présence  du  diamant  en  place  dans  une  roche  érup- 
tive,  bien  différente  de  celle  de  l'Afrique  australe,  puisqu'elle  est 
constituée  par  une  pegmatite  rose,  épidotifère  ;  le  diamant  s'y  trouve 
associé  avec  le  corindon,  il  est  cristallisé  en  octaèdres  à  arêtes  vives, 
mais  ne  présente  pas  des  faces  aussi  nettes  et  aussi  brillantes  que 
celles  des  cristaux  de  Kimberley.  Dans  l'un  et  l'autre  cas,  on  peut  se 
demander  avec  Chaper  si  la  roche  éruptive  qui  contient  le  diamant 
est  la  matrice  même  du  minéral  ou  n'en  est  au  contraire  que  le 
véhicule.  C'est  une  question  à  laquelle  il  était  et  il  est  encore  diffi- 
cile de  donner  une  réponse  catégorique. 

En  1883,  il  allait  explorer  un  important  gisement  houiller  situé 
sur  la  côte  nord  du  Venezuela,  à  côté  de  la  ville  de  Barcelona.  Les 
couches  où  le  combustible  minéral  a  été  rencontré  sont  constituées 
par  un  système  très  puissaut  (de  6.000  mètres  environ  d'épaisseur, 
d'après  l'auteur)  de  grès  à  grains  fins,  couronnés  par  des  poudingues 


182  h.  nou ville  6  Avril 

et  reposant  sur  des  calcaires  également  très  épais  et  alternant  avec 
des  couches  argileuses.  Tout  cet  ensemble  est  malheureusement 
dépourvu  de  fossiles  déterminables.  Chaper  a  signalé  seulement  des 
indices  de  fossiles  marins  dans  les  calcaires  inférieurs  et  des  em- 
preintes végétales  dans  les  grès  ;  ces  dernières,  trop  fragiles,  n'ont 
pu  être  rapportées.  Il  en  résulte  que  l'âge  de  ces  dépôts  houillers 
est  resté  très  incertain  :  les  couches  sont  nombreuses,  la  houille 
est  de  très  bonne  qualité,  et  d'après  Chaper  tout  cet  ensemble  parait 
appartenir  au  terrain  houiller.  Mais  on  sait  aujourd'hui  que  les 
dépôts  de  houille  ne  se  rencontrent  pas  exclusivement  dans  les 
couches  de  la  période  carboniférieune  ;  en  particulier  il  parait 
probable  que  les  couches  houillères  du  Venezuela  doivent  être 
rapprochées  des  dépôts  analogues  que  Ton  rencontre  dans  le  Crétacé 
inférieur  du  Pérou. 

Dans  son  voyage  à  Assinie,  notre  confrère  eut  l'occasion  d'ob- 
server ces  curieux  dépôts  superficiels,  de  nature  argilo  sableuse, 
qui  masquent  presque  partout  le  sous-sol  dans  les  régions  tropicales. 
Ces  dépôts  sont  mélangés  de  cailloux  anguleux  de  quartz  blanc,  et 
Chaper  crut  pouvoir  les  rapprocher  des  formations  glaciaires  qu'il 
avait  eu  l'occasion  d'observer  dans  l'Oural  ;  sans  doute  l'analogie 
est  grande  et  il  est  incontestable  que  les  cailloux  de  quartz  sont 
disséminés  sans  ordre  dans  la  masse  et  ne  sont  pas  roulés.  Mais 
tous  les  géologues  sont  d'accord  aujourd'hui  pour  rapprocher  ces 
dépôts  de  la  latérite  et  les  considérer  comme  résultant  de  la  décom- 
position sur  place  de  roches  schisteuses  anciennes,  traversées  par 
des  filons  de  quartz,  roches  qui  constituent  en  effet  le  sous-sol  dans 
cette  région.  Chaper  a  du  reste  très  bien  observé  les  encroûtements 
ferrugineux  passant  quelquefois  à  un  vrai  minerai  de  fer,  qui 
caractérisent  si  souvent  la  latérite. 

En  1890  il  lit  partie  de  la  commission  d'études  instituée  par  le 
liquidateur  de  la  Compagnie  du  canal  de  Panama  et  fut  chargé  de 
la  description  géologique  des  terrains  traversés  par  le  canal.  Mais 
il  s'agissait  surtout  d'une  étude  industrielle,  au  double  point  de 
vue  de  la  nature  et  de  la  dureté  des  roches  à  traverser  et  des  res- 
sources qu'elles  pouvaient  fournir  pour  la  construction;  en  outre, 
le  temps  était  très  limité  et  Chaper  dut  se  borner  à  l'examen  du 
côté  technique.  Bien  que  sou  rapport  présente  un  certain  nombre 
de  détails  intéressants,  il  n'eut  malheureusement  la  possibilité  ni 
de  relever  des  coupes,  ni  de  recueillir  des  fossiles. 

La  fondation  de  la  Société  zoologique  en  1876  ne  pouvait  laisser 
Chaper  indifférent;  il  en  fit  partie  dès  l'année  suivante  et  fut  presque 


1899  NOTICE  NÉCROLOGIQUE  SUR   MAURICE  CHAPER  183 

aussitôt  nommé  membre  du  Conseil.  Vice-président  en  1882,  Prési- 
dent en  1884,  il  n'a  jamais  cessé  de  prendre  une  part  active  à  ses 
travaux.  C'est  dans  ses  publications  qu'il  fit  paraître  les  descriptions 
des  Mollusques  nouveaux  qu'il  avait  découverts  dans  ses  voyages. 
C'est  égalemeut  devant  celte  Société  qu'il  souleva  la  question  de  la 
nomenclature  à  laquelle  il  s'était  toujours  vivement  intéressé. 

Tous  ceux  qui  se  sont  occupés  d'Histoire  naturelle  ou  de  Paléon- 
tologie, savent  combien  sont  déplorables  les  changements  des  noms 
par  lesquels  on  désigne  des  formes  animales  soit  vivantes,  soit 
fossiles  ;  le  seul  moyen  de  les  éviter  est  d'établir  des  règles  fixes  et 
invariables.  C'est  là  le  but  que  s'était  proposé  le  Congrès  géologique 
de  1878  en  nommant  une  commission  chargée  d'étudier  la  question 
des  Règles  à  suivre  pour  établir  la  nomenclature  des  espèces;  cette 
commission  venait  de  publier  (novembre  1880)  un  rapport  provi- 
soire qui  avait  été  envoyé  à  toutes  les  Sociétés  savantes  pour 
solliciter  leurs  observations.  La  Société  zoologique  ne  pouvait  se 
désintéresser  de  cette  question,  mais  Chaper  alla  plus  loiu  et  il  fut 
d'avis  que  les  lois  de  la  nomenclature  étaient  d'ordre  purement 
zooloyùfue  et  ne  pouvaient  être  soumises  au  contrôle  d'un  congrès 
géologique.  Sur  sa  proposition  une  commission  fut  nommée  dans  la 
séance  du  11  janvier  1881  ;  elle  le  choisit  pour  son  secrétaire  et  le 
chargea  de  rédiger  un  rapport,  qui  fut  présenté  dans  la  séance  du 
14  juin  et  adopté  avec  quelques  légères  modifications.  Nous  retrou- 
vons dans  ce  rapport  les  qualités  bien  connues  de  Chaper,  une 
grande  netteté  jointe  à  une  extrême  rigueur  de  raisonnement  :  les 
règles  proposées  ne  pouvaient  différer  au  fond  de  celles  qui  avaient 
été  précédemment  indiquées.  C'est  toujours  la  loi  de  priorité  qui 
doit  servir  de  fondement  à  la  nomenclature,  mais  elle  ne  peut  être 
appliquée  qu'à  des  noms  clairement  définis.  Ce  dernier  point  est 
affaire  d'appréciation  personnelle;  de  là  des  divergences  plus  ou 
moins  considérables  dans  son  application.  Bayle  et  Chaper  étaient 
d'avis  de  faire  remonter  la  loi  de  priorité  jusqu'à  Tournefort  (1700) 
et  étaient  très  peu  exigeants  sur  les  conditions  de  clarté  exigées 
dans  la  définition  des  noms  de  genre  ou  d'espèce;  la  commission 
de  la  Société  géologique  avait  pensé  qu'il  n'y  avait  pas  lieu  de  fixer 
une  limite  dans  le  temps,  mais,  par  contre,  elle  estimait  qu'il  était 
nécessaire  de  rejeter  définitivement  tous  les  noms  insuffisamment 
définis.  Vous  vous  rappelez  que  la  question  fut  portée  devant  le 
Congrès  de  Bologne,  qui  décida  de  ne  pas  remonter  au  delà  de 
Tannée  1766,  date  de  la  12©  édition  du  Systema  naturse  de  Linné. 
Cette  décision  avait  été  principalement  soutenue  par  Fischer,  ce 


184  h.  nouviLLrë  6  Avril 

qui  n'empêcha  du  reste  pas  notre  confrère  de  prendre  quelques 
années  plus  tard  des  noms  de  genre  dans  Belon  (1553). 

Chaper  fut  aussi  chargé  en  1888,  par  la  Société  zoologique,  d'étu- 
dier, de  concert  avec  Fischer,  la  question  de  l'adoption  d'une 
langue  scientifique  internationale.  Une  telle  langue  est  incontesta- 
blement nécessaire;  telle  fut  du  moins  la  conclusion  du  rapport 
présenté  par  les  deux  naturalistes,  mais  ils  ajoutaient  qu'une 
langue  vivante  rendrait  plus  de  services  que  le  latin.  Chaper  avait 
fait  ici  prévaloir  son  opinion,  car  il  n'avait  jamais  fait  mystère  de 
son  aversion  pour  le  latin  plus  ou  moins  barbare  employé  par  les 
faiseurs  de  diagnoses.  Il  faut  reconnaître  toutefois  que  les  diagnoses 
en  tchèque,  en  russe  ou  en  hongrois,  en  attendant  celles  qui 
pourront  être  publiées  en  japonais  ou  en  chinois,  seraient  encore 
infiniment  plus  gênantes  que  les  diagnoses  en  mauvais  latin.  Le 
développement  exagéré  du  principe  des  nationalités  et  le  soin 
jaloux  avec  lequel  chacune  d'elles  revendique  aujourd'hui  sa  langue 
nationale,  ne  permet  pas  d'espérer  que  le  français  soit  adopté 
comme  langue  scientifique  universelle;  d'un  autre  côté,  il  est 
essentiel  que  les  diagnoses  soient  établies  dans  une  langue  familière 
à  l'auteur  ;  il  eût  donc  été  certainement  plus  pratique  de  se  borner 
à  demander  que  les  diagnoses  soient  établies  dans  une  des  trois 
langues  principales  :  français,  anglais  ou  allemand. 

Il  me  reste  à  parler  d'un  sujet  moins  connu,  c'est  du  rôle  joué 
par  Chaper  dans  l'agrandissement  des  collections  de  l'Ecole  des 
Mines.  La  collection  Deshayes,  achetée  en  1867,  avait  augmenté 
dans  des  proportions  considérables  l'importance  de  la  collection  de 
Paléontologie  et,  dès  ce  moment,  l'emplacement  qui  lui  avait  été 
attribué  se  trouvait  insuffisant.  L'encombrement  fut  encore  aug- 
menté par  Tachât  de  la  collection  Terquem  en  1872,  et  enfin  quand, 
en  1873,  de  Verneuil  légua  à  l'Ecole  des  Mines  la  magnifique  collec- 
tion qu'il  avait  recueillie  dans  ses  nombreux  voyages,  la  place 
faisait  presque  entièrement  défaut;  il  fut  nécessaire  de  loger  provi- 
soirement cette  collection  dans  les  combles  de  l'Ecole  et,  malgré 
cela,  les  échantillons  s'entassaient  les  uns  sur  les  autres,  se  strati- 
fiaient  dans  les  vitrines  et  devenaient  peu  à  peu  inaccessibles  ; 
toute  recherche  était  rendue  impossible.  L'agrandissement  des 
collections  s'imposait  à  bref  délai. 

Tous  ceux  qui  fréquentaient  l'Ecole  des  Mines,  avaient  pu  se 
rendre  compte  de  cette  situation  lamentable  :  Chaper  était  du 
nombre  et  bien  décidé  à  saisir  la  première  occasion  favorable  pour 
tenter  d'y  mettre  fin. 


1899  NOTICE  NECROLOGIQUE  SUR    MAURICE  CHAPER  1«SM 

En  principe,  la  haute  administration  de  l'Ecole  admettait  la 
nécessité  de  cet  agrandissement,  mais  sa  réalisation  venait  se 
heurtera  une  difficulté  en  apparence  insurmontable.  Les  collections 
ne  pouvaient  raisonnablement  se  développer  qu'en  expulsant  de 
leurs  appartemeuts  l'inspecteur  et  le  directeur  de  l'Ecole;  ces 
appartements  avaieut  une  si  belle  vue  sur  les  jardins  du  Luxem- 
bourg! était-il  vraiment  nécessaire  d'y  installer  des  collections  de 
«  cailloux  »  ?  c'est  ce  qui  me  fut  dit  textuellement  à  cette  époque. 
Pour  vaincre  ces  résistances,  très  compréhensibles  du  reste,  un 
coup  d'Etat,  en  miniature,  fut  nécessaire. 

Un  ingénieur  des  Mines,  Béral,  camarade  et  ami  de  Chaper,  était 
de  l'entourage  de  Gambetta,  alors  président  de  la  commission  du 
budget  ;  Chaper  sut  l'intéresser  au  sort  malheureux  des  collections 
de  Paléontologie;  sur  ses  instances,  Béral  en  parla  à  Gambetta  et  le 
décida  à  venir  visiter  l'Ecole  incognito,  pour  se  rendre  compte  par 
lui-même  de  la  situation.  J'ai  raconté  d'ailleurs  cette  curieuse 
visite,  où  j'assistai  seul  en  tiers,  Bayle  se  trouvant  absent  ce  jour-là. 
Gambetta  fut  vivement  intéressé  par  les  fossiles  (il  n'en  avait 
probablement  jamais  vu  auparavant)  ;  je  dois  ajouter  que  nous 
insistâmes  également  sur  les  abus  à  réformer,  sur  ce  que  les  écoles 
d'application  étaient  faites  pour  instruire  les  élèves  et  non  pour 
loger  les  fonctionnaires;  ce  sont  là  des  raisons  qui  font  toujours 
impression  sur  les  présidents  des  commissions  du  budget.  En  fin  de 
compte,  Gambetta  fut  convaincu  et  il  promit  tout  son  appui.  L'af- 
faire fut  engagée  de  suite  et  d'une  façon  singulière  :  la  sous-commis- 
sion du  budget  pour  le  ministère  des  Travaux  publics  proposa,  en 
1876,  d'affecter  une  somme  de  200.000  francs  à  l'agrandissement 
des  collections  de  Paléontologie,  et  cela  sans  que  l'administration 
de  l'Ecole  eut  été  préalablement  consultée  ;  uu  avis  d'urgence  lui  fut 
demandé  et  c'est  alors  que  l'Ecole  déclara  que  le  cadeau  qu'on  lui 
offrait  était  beaucoup  trop  beau  et  qu'une  dépense  de  80.000  francs 
serait  parfaitement  suffisante  :  un  crédit  de  pareille  somme  fut  en 
effet  inscrit  au  budget  de  1877. 

Une  commission  spéciale  fut  nommée  pour  dresser  un  programme 
et  uu  devis  détaillés;  elle  comprenait  naturellement  le  directeur  et 
l'inspecteur  de  l'Ecole;  elle  s'arrêta  à  une  demi-solution  et  proposa 
d'affecter  aux  collections  seulemeut  l'appartement  de  l'inspecteur 
(soit  une  dépense  de  143.898  fr.  44).  Mais  comme  l'agrandissement 
ainsi  réalisé  était  insuffisant,  elle  proposait  de  consacrer  une  somme 
de  43.000  francs  à  l'installation  d'une  passerelle  qui  permettrait 
aux  collections  de  s'étendre  dans  les  combles  d'un  bâtiment  voisin. 


186  h.  nouviLLÉ  0  Avril 

En  conséquence,  un  crédit  supplémentaire  de  107.000  francs  fut 
voté  sur  le  budget  de  1878. 

Mais  cette  solution  ne  satisfaisait  ni  Chaper,  ni  ceux  qui,  comme 
lui,  s'intéressaient  à  l'avenir  des  collections  ;  ils  estimaient  qu'il 
était  nécessaire  de  leur  attribuer  le  second  étage  en  entier  et  l'ap- 
partement du  directeur  aussi  bien  que  celui  de  l'inspecteur;  du 
reste  le  moment  était  favorable  et  il  était  à  craindre  que  pareille 
occasion  ne  se  représentât  jamais.  A  la  fin  de  cette  même  année, 
Chaper  adressait,  à  titre  privé,  un  rapport  à  M.  de  Freycinet,  alors 
ministre  des  Travaux  publics;  grâce  à  l'appui  de  Gambetta,  une 
nouvelle  commission  était  instituée  le  21  octobre  1878  et  Chaper 
en  était  nommé  secrétaire  ;  elle  devait  «  étudier  les  aménagements 
»  de  l'Ecole  des  Mines  et  rechercher  les  moyens  d'assurer,  dans  les 
»  conditions  les  moins  onéreuses  pour  le  Trésor,  la  bonne  instal- 
»  lation  des  divers  services  de  l'Ecole  et  le  développement  des 
»  collections  scientifiques  qu'elle  renferme  ».  Cette  commission 
était  présidée  par  Carnot,  sous-secrétaire  d'Etat. 

Chaper,  obligé  de  partir  en  mission,  ne  put  remplir  jusqu'au 
bout  ses  fonctions  de  secrétaire  et  fut  remplacé  par  Béral  ;  la  com- 
mission reconnut  bien  vite  que  la  solutiou  défendue  par  notre 
confrère  était  la  seule  acceptable  et  que  les  convenances  person- 
nelles du  directeur  devaient  céder  à  l'intérêt  général.  Le  directeur 
de  l'Ecole  (c'était  Daubrée)  dut  s'incliner  devant  cette  décision  et 
abandonner  son  appartement.  Chaper  avait  gain  de  cause  et  c'est 
certainement  grâce  à  ses  efforts  persévérants  et  désintéressés  que 
la  collection  de  Paléontologie  de  l'Ecole  des  Mines  a  pu  prendre 
tout  le  développement  qu'elle  présente  aujourd'hui. 

Aussitôt  après  l'acquisition  de  la  collection  Deshayes,  les  fonda- 
teurs et  organisateurs  de  la  collectiou,  Bayle  et  Bayan,  avaient  formé 
le  projet  de  constituer  une  collection  rangée  zoologiquement  et 
dans  laquelle  toutes  les  espèces  pourraient  être  exposées.  L'inter- 
vention de  Chaper  a  permis  la  réalisation  complète  de  ce  projet  : 
aujourd'hui,  le  rangement  de  la  collection  est  à  peu  près  terminé 
et  il  est  devenu  possible  d'embrasser  d'un  coup  d'œil  les  modifica- 
tions que  chaque  groupe  d'animaux  (1)  a  éprouvées  pendant  la 
succession  des  temps  géologiques,  sous  la  réserve,  bien  entendu, 
des  nombreuses  lacunes  que  présentent  toutes  les  collections,  même 
les  plus  riches.  Par  son  mode  de  classement,  par  le  groupement  des 
formes  vivantes  avec  les  formes  fossiles,  cette  collection  constitue 

(1)  Il  n'est  question  ici  que  des  Invertébrés  et  principalement  des  Mollusques, 
des  Bracbiopodes  et  des  Ecbinides. 


1899  NOTICE   NÉCROLOGIQUE   SUR   MAURICE   CHAPER  187 

un  ensemble  unique  et  un  instrument  de  travail  d'une  grande 
valeur. 

Parmi  les  services  que  sont  appelées  à  rendre  les  grandes  collec- 
tions publiques,  il  en  est  un  qui  avait  principalement  attiré 
l'attention  de  notre  confrère,  je  veux  parler  de  la  sauvegarde  et  de 
l'exposition  des  types  décrits  et  figurés.  Toujours  préoccupé  de  la 
précision  à  donner  à  la  définition  des  genres  et  des  espèces,  il  avait 
rencontré  bien  souvent  dans  ses  recherches,  des  descriptions  incom- 
plètes et  des  figures  insuffisantes  ;  de  là  des  difficultés  presqu'insur- 
montables  lorsqu'il  n'est  pas  possible  de  recourir  à  l'examen  du 
type  lui-môme.  Ces  recherches  sont  grandement  facilitées  lorsque 
ces  types  sont  exposés  dans  une  grande  collection  publique  et  en 
même  temps  ils  échappent  à  bien  des  causes  de  destruction  aux- 
quelles ils  sont  exposés  dans  la  plupart  des  collections  particu- 
lières. A  ce  point  de  vue,  Chapera  toujours  prêché  d'exemple,  et 
tandis  que  beaucoup  d'auteurs  conservent  avec  un  soin  jaloux  les 
échantillons  qu'ils  ont  particulièrement  décrits  et  figurés,  Chaper, 
au  contraire,  s'est  toujours  empressé  de  les  déposer  dans  les  collec- 
tions de  l'Ecole  des  Mines,  à  la  seule  condition  qu'ils  fussent  expo- 
sés et  qu'il  fût  loisible  à  tous  de  venir  contrôler  ses  descriptions  et 
ses  déterminations. 

En  1893  le  Muséum  organisait  une  exposition  générale  des  échan- 
tillons de  tout  genre  que  Chaper  avait  rapportés  de  son  voyage  et 
qui,  pour  la  plus  grande  partie,  étaient  venus  enrichir  les  grandes 
collections  publiques.  A  la  suite  de  celte  exposition,  Chaper  recevait 
la  croix  de  la  Légion  d'honneur,  juste  récompense  d'une  vie  toute 
de  dévouement  aux  intérêts  de  la  science. 

Les  questions  coloniales  avaient  pour  lui  un  intérêt  parti- 
culier et  il  joua  un  rôle  important  dans  l'organisation  de  l'Ecole 
coloniale;  il  faisait  partie  du  comité  permanent  des  travaux  publics 
des  colonies,  et  c'est  en  cette  qualité  qu'il  fut  chargé  en  1895,  par 
le  ministre  des  colonies,  d'aller  étudier  le  chemin  de  fer  de  Saint- 
Louis  à  Dakar,  à  la  suite  d'un  différend  survenu  entre  l'Etat  et  la 
Compagnie. 

L'année  suivante  il  partit  au  mois  de  juin  pour  aller  reconnaître 
un  gisement  aurifère  à  Mûhlbach,en  Transylvanie;  son  exploration 
était  à  peu  près  terminée  et  il  se  disposait  à  rentrer  en  France 
lorsqu'il  fut  pris  d'un  violent  accès  de  fièvre  à  la  suite  d'un  refroi- 
dissement. Ses  compagnons  de  voyage  purent  le  ramener  à  Vienne, 
où  les  médecins  reconnurent  l'existence  d'une  double  pneumonie 
grave.  Quelques  jours  après,  le  5  juillet,  le  malade  se  sentait  mieux 


188  h.  Douvnxtf  6  Avril 

et  exprimait  l'intention  de  partir  le  soir  même  pour  Paris  pour 
rejoindre  les  siens;  il  s'endormit  avec  cette  pensée  et  s'éteignit 
dans  ce  dernier  sommeil  sans  souffrance  et  sans  agonie  :  mort  douce 
et  enviable  s'il  en  fut,  mais  qui  vint  frapper,  comme  d'un  coup  de 
foudre,  cette  noble  famille  dont  il  était  le  chef  aimé  et  respecté. 

Pour  tous  ceux  qui  l'ont  connu,  Chaper  fut  ce  qu'on  appelle  un 
caractère  ;  il  croyait  à  son  opinion  et  s'y  tenait  ;  ce  qu'il  pensait,  il 
le  disait,  peut-être  trop  franchement  et  sans  observer  tous  les 
ménagements  d'usage.  Enfin,  qualité  bien  précieuse  et  bien  rare, 
c'était  un  homme  d'action,  toujours  calme  et  réfléchi,  mais  qui 
n'hésitait  pas  à  agir  pour  réaliser  ce  qu'il  avait  jugé  juste  et  bon. 

Pendant  la  guerre,  au  milieu  des  éléments  de  désordre  dont  il 
était  entouré,  il  a  eu  le  courage  civil,  plus  difficile  à  pratiquer  que 
le  courage  militaire.  Dans  ses  voyages  lointains  il  s'est  toujours 
dévoua  aux  intérêts  de  la  science  et,  quelque  dure  que  fut  l'étape, 
il  a  bion  souvent  pris  sur  son  sommeil  pour  mettre  en  ordre  les 
spécimens  qu'il  avait  recueillis.  Enfin,  lorsqu'il  crut  que  l'intérêt 
de  la  science  était  en  jeu,  il  s'est  mis  résolument  en  avant;  c'est 
ainsi  qu'il  put  assurer  le  complet  développement  des  collections  de 
l'Ecole  des  Mines.  Et  tout  cela  il  l'a  fait  uniquement  parce  qu'il 
croyait  que  c'était  bien. 

C'est  un  noble  exemple  qu'il  nous  a  paru  utile  de  mettre  en 
lumière,  surtout  à  notre  époque  que  l'on  accuse  à  tort  de  tout  sacri- 
fier aux  considérations  égoïstes  de  l'intérêt  personnel. 

Puisse  ce  dernier  hommage  adoucir  un  peu  les  regrets  de  ses 
nombreux  amis  et  la  douleur  d'une  famille  désolée. 


LISTE  DES  TRAVAUX  PUBLIES  PAR  CHAPER 


1868.  —  Réponse  à  M.  Hébert  au  su  jet  des  fossiles  de  la  Porte-de-France  [H.  s'. 
G.  F.,  2*  série,  t.  XXV,  p.  692,  18  mai  1868). 

1868.  —  Sur  le  travail  de  M.  Pictet  :  Etudes  provisoires  des  fossiles  de  la  Porte- 
de-France,  d'Aizy  et  de  Leraenc  {Ibid.,  p.  811,  15  juin  1868). 

1869.  —  Observations  au  sujet  de  la  communication  de  M.  Hébert  sur  les  carac- 
tères de  la  faune  de  Stramberg  (II.  S.  (i.  F.,  2-  série,  t.  XX VI,  p.  668,  6  mars  1869  . 

1870.  —  Observations  au  sujet  des  notes  de  M.  Hébert,  insérées  dans  le  précédent 
volume  du  Bulletin  {H.  S.  G.  F.,  2'  série,  t.  XXVII,  p.  429,  7  février  1870). 

1871.  —  Sur  la  formation  des  nodules  de  phosphate  de  chaux  (B.  S.  G.  F., 
2«  série,  t.  XXVIII,  p.  75,  10  juillet  1871). 

1873.  —  Observations  sur  une  espèce  du  genre  Plagioptychus  (in-4°,  2  pi.). 


1899  NOTICE  NÉCROLOGIQUE   SUR   MAURICE  CHAPER  189 

• 

(Etudes  faites  dans  la  collection  de  l'Ecole  des  Mines  sur  des  fossiles  nouveaux  ou 
mal  connus,  publiées  par  F.  Bayan,  2*  fascicule). 

1873.  —  PUtgioptyehus  Cnqvandi  {H. S. G. F.,3«  série,  1. 1,  p.  199, 3  février  1873) . 

1874.  —  Observation  sur  la  Terebratula  Repellini  {B.  S.  G.  F.,  2e  série,  t.  II, 
p.  347,  18  mai  1874). 

1874.  —  Sur  la  fondation  du  Club  alpin  français  (Ibid.,  p.  463). 

1879.  —  Notes  sur  quelques  faits  observés  dans  le  massif  de  l'Oural  entre  le 
58*  et  le  59-  degré  de  latitude  Nord  (B.  S.  G.  F.,  2-  série,  t.  VIII,  p.  110,  1er  décem- 
bre 1879). 

1879.  —  Sur  les  minéraux  trouvés  dans  les  mines  de  diamant  de  l'Afrique 
australe  {Bull.  Soc.  min.  France,  Bull.  N°  7). 

1880.  —  Note  sur  la  région  diamantifère  de  l'Afrique  (Jn-8",  142  p.,  4  plans  et 
8  photo-lithographies.  Paris,  Masson). 

1880.  —  Présentation  du  volume  précédent  (B.  S.  G.  /•'.,  U  IX,  p.  8,  8nov.  1880). 

1881.  —  Découverte  en  Toscane,  dans  les  environs  du  Monte-Amiala,  de  la 
Dawsonite  (hydrocarbonate  d'aluminium  et  de  sodium  {B.  S.  miner.  Fr ,  t.  IV). 

1881 .  —  Rapport  fait  à  la  Société  zoologique  de  France  au  nom  de  la  Commission 
de  nomenclature  (Bull.  Soc.  zool.  France,  séance  du  14  juin  1881,  imprimé  à 
part  en  une  plaquette  de  37  pages,  sous  le  titre  de  a  Règles  applicables  à  la  nomen- 
clature des  êtres  organisés,  proposées  par  la  Société  zoologique  de  France). 

1882.  —  Rapport  de  mission  sur  l'exploration  du  territoire  d'Assinie  (Archives 
des  missions  scientifiques  et  littéraires). 

1883.  —  Observation  d'un  cas  d'adaptation  de  certains  Poissons  à  dos  eaux  de 
salures  très  différentes  (Ile  de  Cuba)  (Bull.  Sac.  zool.  Fr.%  t.  VIII,  p.  445). 

1884.  —  Rapport  sur  les  recherches  et  découvertes  faites  au  cours  d'une  mission 
dans  l'intérieur  de  l'Hindoustan,  en  1882. 

1884.  —  Rapport  de  mission  sur  l'exploration  de  la  partie  Est  de  l'ile  <ie  Cuba, 
en  1883. 

1884.  —  Découverte  du  diamant  dans  une  pegmatite  de  l'Hindoustan  (f.  H. 
le.  Se.,  14  janvier  1884). 

1885.  —  Description  de  nouveaux  genres  et  espèces  de  Mollusques  vivants 
rapportés  d'Assinie,  de  Madras  et  du  Cap  de  Bonne-Espérance  (Bull.  Soc.  zool.  Fr.t 
t.  X.  p.  42  et  479,  pi.  1  et  XI). 

1885  —  Sur  la  géologie  de  la  colonie  française  d'Assinie  {B.  S.  G.  F.,  3e  série, 
t.  XIV,  p.  105,  7  décembre  1885). 

1886.  —  Constatation  d'un  terrain  d'origine  glaciaire  à  Assinie  (C.  R.  Ac.  Se). 
1886.  —  Pegmatite  diamantifère  de  l'Hindoustan  et  roches  qui  l'accompagnent 

(B.  S.  G.  F.,  3'  série,  t.  XIII,  p.  330,  15  février  1886). 

1886.  —  Rapport  sur  les  recherches  faites  au  cours  d'une  mission  au  Venezuela 
en  1884  (Archives  des  Missions,  t.  XIII). 

1888.  —  Note  sur  les  prétendus  combustibles  minéraux  du  territoire  d'Obokh 
(B.  S.  G.  F.,  3-  série,  t.  XVI,  p.  816). 

1888.  —  Rapport  sur  ia  proposition  d'adoption  d'une  langue  scientiûquo  inter- 
nationale (Bull   Soc.  zool.  Fr.,  t.  XIII,  p.  134,  12  juin  1888). 

1890.  —  Deux  rapports  de  la  Commission  d'études  instituée  par  le  liquidateur 
de  la  Compagnie  universelle  du  Canal  interocéanique  de  Panama  :  VI,  Description 
géologique  des  terrains  traversés  par  le  canal;  —  VIII,  Examen  de  divers  projets 
présentés  à  la  Commission  (2  plaquettes  in-8a). 

1891.  —  Notes  recueillies  au  cours  d'une  exploration  dans  l'Ile  de  Bornéo  (B.  S. 
G.  F.t  3e  série,  t.  XIX,  p.  877,  8  juin  1891). 


190      DOUV1LLÉ.  —  NOTICE  NÉCROLOGIQUK  SUR  MAURICE  CHAPER      ()  Avril 

1891.  —  Observations  à  propos  d'une  note  de  M.  Daubrée  sur  les  mines  de 
diamant  de  l'Afrique  australe  [H.  S.  G.  F.,  3«  série,  t.  XIX,  p.  943,  4  déc.  1891). 

1892.  —  Les  mines  de  diamant  de  l'Afrique  australe  (Conférence  faite  a  l'Asso- 
ciation française  le  30  janvier  1892). 

1892.  —  Unionidés  de  Bornéo  (en  collaboration  avec  M.  Drouet)  {Mém.  Soc.  zool. 
Fr.%  t.  V,  p.  145,  pi.  V  et  VI). 

1892.  —  Fossilisation  du  test  des  Mollusques  après  séjour  dans  le  tube  digestif 
(B.  S.  G.  F.,  3'  série,  t.  XX,  p.  114). 

1893.  —  Note  sur  un  gîte  cuivreux  d'origine  volcanique  du  Caucase  méridional 
(Congrès  des  Sociétés  savantes  et  /*.  S.  G.  F.,  3e  série,  t.  XXI,  p.  101). 

1894.  —  Huit  cents  kilomètres  dans  l'intérieur  de  l'Ile  de  Bornéo  (Notes  de 
voyage  avec  carte)  {Bull.  Soc.  géogr.  commerciale). 

1894.  —  Sur  quelques  Unionidés  de  Grèce  (Mém.  Soc.  Zool.  Fr.t  t.  VII,  p.  372, 
pi.  VI  et  VII). 


1899  191 


NOTICE     BIOGRAPHIQUE 


SDH 


A.      PO  M  E  L 

par  M.  E.  FI  OBEIR. 

En  me  confiant  le  soin  de  retracer  la  carrière  si  remarquable  de 
M.  Pomel,  le  Conseil  de  la  Société  Géologique  me  procure  la  double 
satisfaction  de  faire  revivre  cette  belle  et  noble  figure,  dont  la  place 
est  si  bien  marquée  dans  nos  Annales,  et  d'apporter  mon  témoi- 
gnage de  reconnaissance  envers  celui  qui  fut  mon  maître  et  qui 
m'honora  de  son  affection.  C'est  pour  moi  un  pieux  devoir  de 
consacrer  le  souvenir  de  ce  savant  émineut  et  modeste,  dont  l'exis- 
tence, toute  de  labeur  et  d'énergique  persévérance,  offre  à  uos 
yeux  un  précieux  enseignement.  Retracer  sa  vie,  c'est  faire  son 
éloge,  car  rien  n'est  plus  propre  à  mettre  en  relief  sa  haute  valeur 
que  le  tableau  des  vicissitudes  multiples  et  des  obstacles  qu'il  eut 
à  traverser  et  dont  il  sut  triompher. 

Pomel  appartenait  à  la  génération  ancienne,  dont  les  représen- 
tants se  font  de  plus  eu  plus  rares  dans  notre  Société,  à  laquelle  il 
a  participé  depuis  1844  ;  en  outre,  son  indépendance  de  caractère, 
son  isolement  pendant  longtemps  en  Algérie,  ont  laissé  méconnus 
une  partie  de  ses  travaux,  qu'il  importe  de  mettre  en  évidence. 
Durant  sa  longue  carrière  de  près  de  soixante  années  d'activité 
continue,  en  dépit  de  péripéties  inattendues  et  écrasantes,  la  science 
a  toujours  été  sa  principale  préoccupation  ;  il  y  consacra  tous  ses 
loisirs,  travaillant  sans  relâche,  traçant  son  sillon  sans  se  laisser 
rebuter  par  les  difficultés  de  toute  nature.  Une  énergie  peu  com- 
mune le  lit  planer  au-dessus  d'événements  qui  en  eussent  découragé 
tant  d'autres  ;  la  crise  passée,  il  reprenait  sa  marche  en  avant,  sans 
se  détourner  du  but  poursuivi,  quelles  que  fussent  les  perspectives 
passagères  du  présent.  La  science,  envers  lui,  ne  faillit  pas  à  ses 
promesses;  il  y  puisa  sans  cesse  de  nouvelles  forces  et  eu  recueillit 
toutes  les  intimes  satisfactions. 

Les  infortunes  morales  qui  l'ont  poursuivi  durant  la  dernière 
période  de  sa  vie,  ont  pu  assombrir  son  caractère,  mais  il  conser- 


192  e.  ficheur  6  Avril 

vait  la  force  de  ne  laisser  paraître  aucune  de  ses  tristesses  ;  son 
entourage  seul  connaissait  ses  peines  que  la  plupart  de  ceux  qui 
l'ont  fréquenté  n'out  même  pas  soupçonnées. 

L'avantage  précieux  que  j'ai  eu  de  vivre  à  ses  côtés  pendant  près 
de  quinze  ans,  suivant  jour  par  jour  ses  travaux,  prenant  ma  part 
des  résultats  de  ses  principales  recherches,  recevant  ses  impres- 
sions, l'accompagnant  dans  un  grand  nombre  de  ses  excursions, 
m'a  laissé,  pour  l'homme  comme  pour  le  savant,  une  admiration 
profonde,  dont  je  tiens  à  apporter  ici  hautement  le  témoignage. 

I 

Auguste  Pomel,  né  à  Issoire  le  20  septembre  1821,  d'une  famille 
modeste,  se  vit  de  bonne  heure  attiré  vers  les  Sciences  natu- 
relles dans  cet  admirable  pays  d'Auvergue,  qui  a  fait  éclore  tant  de 
vocations  pour  l'étude  de  la  nature.  Durant  le  cours  de  ses  études 
qu'il  fit  comme  externe  au  Collège  de  sa  ville  natale,  il  commença 
à  faire  de  la  Botanique,  sous  l'égide  d'un  vieux  curé  collectionneur  ; 
puis  il  se  trouva  en  relations  avec  son  compatriote  Bravard,  dont 
les  recherches  sur  les  Vertébrés  fossiles  de  la  Limagne  sont  bien 
connues.  Ses  premières  courses  géologiques,  faites  sous  cette  direc- 
tion, se  continuèrent  en  1839  à  Clermont,  où  il  étudia  la  Botanique 
et  la  Géologie  sous  l'impulsion  du  savant  Clermontois  Lecoq.  Très 
rapidement  ses  recherches  prireut  un  caractère  original  et,  en  1840, 
à  peine  âgé  de  19  ans,  Pomel  rédigeait  son  premier  mémoire  sous 
le  titre  de  :  Essai  de  coordination  des  terrains  tertiaires  du  département 
du  Puy-de-Dôme  avec  ceux  du  Nord  de  la  France,  qui  parut  en  1842 
dans  les  Annales  scientifiques  de  l'Auvergne. 

Ces  premières  recherches  fructueuses  furent  brusquement  in  ter. 
rompues  par  le  service  militaire  :  Auguste  Pomel,  tombé  au  sort, 
sans  fortune,  dans  l'impossibilité  de  se  faire  remplacer,  était  incor- 
poré pour  sept  ans  et,  grâce  à  de  favorables  influences,  heureuse- 
ment désigné  pour  le  2e  bataillon  de  chasseurs  d'Orléans,  en  garni- 
son à  Viucennes  (1842).  Au  bout  de  peu  de  temps,  le  sergent  Pomel 
put  obtenir  de  ses  chefs  les  permissions  nécessaires  pour  se  rendre 
journellement  à  Paris,  au  Muséum,  où,  sous  l'obligeante  direction 
de  Laurillard,  il  se  consacra  à  une  étude  approfondie  de  l'Ostéologie 
comparée  et  des  Vertébrés  fossiles  alors  connus. 

Cette  période,  de  1843  à  1844,  fut  Tune  des  plus  fructueuses  pour 
ses  études  ;  Pomel  se  plaisait  à  ajouter,  en  se  remémorant  ces 
souvenirs  :  «  J'avais  alors  le  gîte  et  le  couvert  assurés  par  le  gou- 


1899  NOTICE  BIOGRAPHIQUE  SUR   A.    POMEL  193 

vernement  et  la  liberté  pour  mon  travail  ».  11  put  aiosi  étudier  les 
matériaux  déjà  recueillis  par  lui  en  Auvergne  et  donner  la  descrip- 
tion de  trois  espèces  de  carnassiers  fossiles  :  Felis  cultridens,  Canis 
mcgamastaides,  Luira  Bravardi,  dans  le  Bulletin  de  la  Société 
Géologique  dont  il  lut  nommé  membre,  sur  la  présentation  de 
MM.  Viquesnel  et  Leblanc,  le  18  novembre  1844.  Diverses  commu- 
nications à  l'Académie  des  Sciences  sur  la  Paléontologie  de  la 
Limagne  suivirent  de  près  ces  premières  publications.  Au  début 
de  1845,  parut,  dans  notre  Bulletin,  une  note  importante  sur 
Gergovia,  avec  la  détermination  des  plantes  fossiles  recueillies;  les 
conclusions  du  jeune  géologue  sur  l'intrusion  des  coulées  de  basalte 
dans  les  couches  sédimentaires  ont  reçu  une  approbation  unanime 
bien  longtemps  après,  lors  de  la  Réunion  extraordinaire  de  la 
Société  Géologique  en  Auvergne  en  1870,  sous  la  direction  de 
M.  Michel-Lévy. 

Entre  temps,  Pomel  s'occupait  de  la  détermination  des  végétaux 
fossiles  découverts  dans  le  calcaire  grossier  parisien  et  y  rectifiait 
une  interprétation  erronée. 

Le  brusque  changement  de  garnison  de  son  bataillon,  envoyé  à 
Metz,  au  commencement  de  1845,  vint  arracher  notre  sergent  aux 
avantages  de  cette  situation  privilégiée;  ce  fut  pour  lui  une  grosse 
déception  de  quitter  Paris  et  ses  travaux  pour  de  longues  années. 
Mais  ses  amis  ne  l'abandonnaient  pas  ;  un  beau  jour,  le  Général 
Inspecteur,  prévenu  en  sa  faveur,  lui  apporte  un  congé  de  six  mois, 
avec  ordre  de  rentrer  à  Paris.  En  même  temps,  il  recevait  d'Adolphe 
Brongniart  une  mission  pour  des  études  géologiques  dans  la  vallée 
de  la  Moselle  et  le  bassin  de  Saarbruck  ;  il  en  rapporta  des  docu- 
ments intéressants,  tant  sur  la  géologie  du  terrain  houillerque  sur 
quelques  gisements  de  végétaux  fossiles,  qu'il  publia  dans  le 
Bulletin  de  la  Société  en  1845-1846. 

De  retour  à  Paris,  avec  un  congé  qui  lui  fut  renouvelé  de  six  mois 
en  six  mois  jusqu'à  l'expiration  de  son  service,  Pomel  se  trouva 
aux  prises  avec  les  nécessités  de  la  vie;  il  n'avait  plus,  comme 
auparavant,  les  ressources  de  la  caserne;  il  dut  à  la  bienveillante 
obligeance  de  Brongniart  quelques  indemnités  pour  un  travail  qui 
lui  fut  confié  au  Laboratoire  de  Paléontologie  du  Muséum  :  travail 
de  bénédictin,  qui  consistait  en  la  rédaction  du  Catalogue  des 
Plantes  fossiles  de  la  collection,  et  en  réalité  dans  la  revision  et  la 
détermination  nouvelle  de  la  grande  majorité  des  espèces,  dont  les 
étiquettes  étaient  devenues  illisibles.  Cette  situation  provisoire 
permit  à   Pomel  de  continuer  ses  études  paléontologiques  sur 

9  Juin  1899.  —  T.  XXVII.  Bull.  Soc.  Géol.  Fr.  —  13 


194  e.  ficheur  6  Avril 

l'Auvergne  et  de  tirer  des  conclusions  très  remarquables  sur  la 
répartition  des  Mammifères  de  ce  pays  en  trois  faunes  successives, 
correspondant  aux  trois  périodes  Miocène,  Pliocène  et  Quaternaire. 

11  quitte  le  Muséum  vers  la  fin  de  1845,  après  s'être  vu  refuser 
une  situation  de  Préparateur,  pour  entrer  à  l'Ecole  des  Mines,  où 
Dufrénoy  l'attacha  à  l'organisation  des  Collections  paléontologiques. 
De  cette  époque  datent  ses  relations  avec  Elie  de  Beaumont,  qui  ne 
tarda  pas  à  le  prendre  en  estime,  ainsi  que  l'attestent  des  lettres 
élogieuses  retrouvées  çà  et  là  au  milieu  des  notes  manuscrites  très 
considérables  laissées  par  Pomel.U  se  fit  alors  recevoir  Garde-mines 
pour  justifier  sa  nomination  de  Préparateur  à  l'Ecole  des  Mines, 
qui  lui  fut  accordée  en  mai  1846,  non  sans  grandes  difficultés,  à 
cause  de  son  service  militaire  et  grâce  aux  pressantes  instances  du 
comte  Jaubert,  Pair  de  France,  botaniste  distingué,  qui  avait  pris 
en  grande  considération  les  travaux  du  jeune  savant. 

Pomel  avait  dès  lors  une  position  assurée  et  tous  les  loisirs  que  lui 
laissaient  ses  occupations  furent  consacrés  à  l'Anatomie  comparée  ; 
la  liste  de  ses  publications  paléontologiques  dans  le  cours  des 
années,  1846,  1847  et  1848,  témoigne  d'une  prodigieuse  activité, 
dénotant  une  puissance  de  travail  peu  commune  ;  ses  recherches, 
d'ordre  général,  s'attaquent  aux  questions  les  plus  complexes  de 
l'anatomie  des  Vertébrés  fossiles  ;  suivant  pas  à  pas  les  publications 
de  l'Ostéographie  de  Blainville,  il  présente  sur  les  diverses  parties 
d'importantes  critiques  développées  dans  les  Archives  scientifiques 
de  la  Bibliothèque  universelle  de  Genève.  Les  différents  groupes  des 
Vertébrés  :  Pachydermes,  Ongulés,  Suillicns,  Carnassiers,  Insecti- 
vores, y  sont  l'objet  d'une  revision  rigoureuse  et  d'une  classification 
basée  sur  les  rapports  avec  les  genres  vivants.  Ces  travaux  s'éten- 
dent à  l'étude  comparative  des  descriptions  paléontologiques  sur 
les  Mammifères  fossiles  de  l'Amérique  du  Nord.  A  27  ans,  Pomel 
s'est  ainsi  placé  en  évidence  parmi  les  plus  éminents  paléontolo- 
gistes. Dans  quelques  courses,  il  étudie  la  bordure  orientale  du 
Bassin  tertiaire  parisien,  fait  des  découvertes  heureuses  au  Mont- 
Aimé,  d'où  il  rapporte  et  décrit  en  particulier  le  Gacialis  isorhyn- 
chus,  puis  à  Sézanne.  dans  les  travertins,  dont  il  détermine  une 
partie  de  la  flore,  signalant  entre  autres  le  genre  Marchantia. 

Une  mission  lui  est  confiée  par  Adolphe  Brongniart  dans  le  cours 
de  l'année  1847  pour  estimer  et  cataloguer  la  collection  de  plantes 
fossiles  houillères  d'Eschweiler,  de  M.  Grœsen,  collection  qui  fut, 
à  la  suite  de  sou  rapport,  acquise  par  l'Etat  pour  le  Muséum  et 
l'Ecole  des  Mines.  Pomel  profite  de  ce  voyage  pour  se  rendre  au 


1899  NOTICE  BIOGRAPHIQUE  SUR    A.    POMEL  195 

Congrès  des  Naturalistes  allemands  d'Aix-la-Chapelle  (septembre 
1847)  et  en  rapporte  des  documents  sur  le  terrain  crétacé  d'Aix  et 
de  Maastricht,  publiés  dans  notre  Bulletin  (1848). 

A  la  lin  de  1848,  envoyé  à  Rennes  comme  garde-mines,  pour  un 
service  ordinaire,  Pomel  refusa  d'accepter  ce  changement,  funeste 
à  ses  études,  et  préféra  quitter  sa  situation  pour  rester  à  Paris 
pendant  quelque  temps;  puis  il  retourna  en  Auvergne  reprendre 
avec  Bravard,  ses  recherches  sur  les  ossements  fossiles  de  Périer. 
Ses  relations  avec  son  premier  maître  étaient  empreintes  de  la 
plus  grande  cordialité,  ainsi  qu'en  témoignent  quelques  lettres 
conservées  de  cette  époque.  Les  deux  savants  étudièrent  ensemble 
pendant  plusieurs  mois  les  gisements  de  la  Débruge  et  de  Cucuron 
et  donnèrent  un  catalogue  des  espèces  recueillies,  en  attendant  la 
description  iconographique  qu'ils  comptaient  publier. 

En  1851,  chargé  d'une  mission  à  l'Exposition  de  Londres,  Pomel 
profita  de  son  séjour  pour  étudier  les  col lections  du  British  Muséum  ; 
les  indications  précieuses  qu'il  eut  l'occasion  de  donner  et  la  sûreté 
de  ses  déterminations  le  mirent  en  relief  à  tel  point  qu'on  lui  fit 
l'oflre  d'une  situation  avantageuse  qu'il  refusa  par  chauvinisme, 
étant  loin  de  prévoir  que  quelques  mois  plus  tard  il  serait  contraint 
de  quitter  la  France. 

Le  coup  d'Etat  du  2  décembre  1851  vint  briser  la  carrière  de 
Pomel  ;  il  se  trouvait  à  Saint-Gérand-le-Puy,  fouillant  le  gisement 
de  Vertébrés,  lorsqu'il  fut  avisé  que  la  gendarmerie  était  à  sa 
recherche.  Son  esprit  indépendant,  sa  franchise  souvent  brutale, 
ses  idées  de  libre-penseur  lui  avaient  attiré  des  rancunes  et  des 
haines  impitoyables.  En  parcourant  ses  montagnes,  il  trouvait 
80 u vent  l'occasion  de  donner,  çà  et  là,  quelques  conseils  médicaux, 
que  les  paysans  recherchaient  de  cet  original  qui  connaissait  si 
bien  les  plantes  et  les  remèdes  simples;  sa  loyauté  l'avait  entraîné 
à  redresser,  peut-être  un  peu  trop  vertement,  la  funeste  maladresse 
et  l'ignorance  d'un  médecin  de  campagne  qui  ne  le  lui  pardonna  pas. 
Les  délations  sur  son  compte  furent  d'autant  mieux  accueillies, 
que  ses  relations  d'iutimité  avec  Bravard,  ardent  républicain,  non 
moins  que  ses  propres  opinions  politiques,  suffisaient  déjà  à  le 
rendre  suspect.  On  lui  attribua  la  paternité  d'un  pamphlet  qu'il 
n'avait  pas  même  lu,  et  il  fut  frappé  de  proscription  avec  son  maître 
et  ami  Bravard,  qui  fut  déporté  à  Cayenne.  Pomel  put  se  soustraire 
heureusement  à  l'arrestation,  en  se  cachant  chez  un  ami,  dans  les 
environs  de  Saint- Nectaire,  où  il  fut  obligé  de  se  réfugier  dans  des 
grottes  pendant  les  perquisitions  domiciliaires  faites  à  sa  recherche. 


196  e.  ficheur  6  Avril 

Pendant  ce  temps,  l'intervention  d'Elie  de  Beaumont  et  d'autres 
personnages  influents  obtint  pour  lui  une  commutation  de  peine  et 
il  fut  interné  en  Algérie,  où  il  arriva  à  Oran  le  25  octobre  1852. 
Quelle  ne  dut  pas  être  l'amertume  du  savant,  ainsi  brusquement 
chassé,  éloigné  de  tout  centre  intellectuel,  séparé  de  ses  matériaux 
de  travail,  au  moment  où  son  avenir  scientifique  se  dessinait  d'une 
manière  aussi  brillante,  et  quel  courage  ne  lui  fallut-il  pas  pour 
réagir  et  dominer  cette  crise,  sans  ressources,  avec  deux  enfants  en 
bas-âge  I  Contraint  d'abandonner  les  matériaux  qu'il  avait  réunis 
et  dont  il  se  préparait  à  publier  une  iconographie  détaillée,  pré- 
voyant l'impossibilité  de  pouvoir  jamais  reprendre  ce  travail,  il 
trouva  l'énergie  de  rédiger  à  la  hâte  son  Catalogue  méthodique  et 
descriptif  des  Vertébrés  fossiles  du  bassin  de  la  Loire  et  de  l'Allier. 
Cet  important  résumé  a  fixé  une  date  mémorable  dans  l'histoire 
paléontologique  de  la  région,  et  malgré  sa  concision,  qu'expliquent 
les  circonstances  de  la  rédaction,  ce  travail  a  servi  de  guide  et  de 
base  aux  travaux  ultérieurs.  Ce  mémoire  fut  couronné  par  l'Aca- 
démie des  Sciences,  Belles-Lettres  et  Arts  de  Clermont-Ferrand, 
dans  sa  séance  de  novembre  1S52,  comme  un  hommage  à  l'exilé, 
qui  s'éloignait  pour  toujours  de  ses  montagnes,  si  chères  au  cœur 
de  tous  les  enfants  de  ce  beau  pays. 

Aux  environs  d'Oran,  Pomel  s'installa  près  de  son  père,  venu 
comme  colon  à  Saint-Louis  en  1848,  et  essaya  de  la  colonisation. 
Mais  il  lui  manquait  l'essentiel,  l'argent  nécessaire  pour  mener  à 
bien  les  tentatives  d'introduction  de  nouvelles  cultures,  entre 
autres  le  coton  ;  aussi,  après  quelques  essais  infructueux,  il  dut 
y  renoncer  et  se  mettre  au  service  d'une  Compagnie  de  mines,  à 
Garrouban,  sur  la  frontière  du  Maroc.  De  1854  à  1856,  d'abord 
comme  ingénieur,  puis  comme  directeur,  il  fut  occupé  aux  travaux 
de  recherches  industrielles,  consacrant  tous  ses  loisirs  à  la  Géologie 
et  à  la  Botanique  autant  que  le  lui  permettait  l'insécurité  du  pays, 
et  cherchant,  par  quelques  communications  à  l'Académie  des 
Sciences  et  à  la  Société  géologique,  à  ne  pas  se  laisser  oublier.  La 
situation  qu'il  avait  été  contraint  d'accepter  dans  une  Société  «  dont 
les  projets  lui  paraissaient  suspects  »,  dit-il,  n'était  pas  sans  lui 
procurer  d'amers  déboires,  et  Pomel  ne  songeait  qu'à  la  possibilité 
de  quitter  ce  milieu  qui  lui  répugnait.  Les  instances  d'Elie  de 
Beaumont  obtinrent  sa  réintégration  dans  le  Service  des  Mines,  en 
qualité  de  garde-mines  à  Miliana,  en  octobre  1856. 

Dans  ces  conditions,  Pomel  fut  chargé  de  l'étude  géologique  de 
la  circonscription  de  Miliana,  qu'il  poursuivit  jusqu'en  1859.  Tou- 


1899  .NOTICE   BIOGRAPHIQUE   SUR    A.    POMEL  197 

jours  soumis  à  la  surveillance  de  la  police  jusqu'à  l'amnistie  de 
1839,  il  recevait  chaque  mois  la  visite  du  commissaire,  qui  ne  cher- 
chait, nous  disait-il  en  riant,  qu'à  donner  à  sa  démarche  une  allure 
de  respectueuse  déférence. 

Ses  premières  recherches  sur  la  région  vinrent  lui  fournir  des 
observations  précieuses  sur  la  division  des  terrains  miocènes  en 
trois  étages  ;  il  en  développa  les  déductions  les  plus  importantes 
dans  plusieurs  communications,  présentées  par  Elie  de  Beaumont 
à  l'Académie  des  Sciences.  Dans  les  travertins  de  Miliana  il  signale 
la  présence  de  plusieurs  espèces  actuelles  :  Ficus  carica,  Hedera 
hélix  et  Vitis  vinifera.  Toutes  les  tournées  géologiques  étaient  pour 
Pomel  l'occasion  d'observations  botaniques,  et  il  continuait  à 
amasser,  tant  dans  sa  circonscription  que  dans  les  différentes 
régions  qu'il  traversait,  des  documents  qu'il  devait  utiliser  plus 
tard.  C'est  vers  cette  époque  que,  chargé  d'une  mission  au  Djebel 
Amour,  il  en  rapporta  des  renseignements  précieux  sur  cette  région 
à  peine  entrevue.  Les  conceptions  nouvelles  de  Pomel  sur  la  classi- 
fication des  terrains  tertiaires,  contraires  aux  idées  admises  par 
l'ingénieur  en  chef  Ville,  amenèrent  des  discussions  et  un  désaccord 
qui  se  termina  par  son  déplacement  de  Miliana  pour  Oran  (1859). 
Il  avait  pu  terminer,  avant  son  départ,  et  remettre  à  son  chef  la 
rédaction  delà  Description  géologique  delà  circonscription  de  Miliana, 
avec  carte  géologique  au  200.000',  qui  ne  fut  publiée  qu'en  1872. 

Au  Service  des  Mines  d'Oran,  il  fut  spécialement  chargé  de  l'étude 
géologique  des  arrondissements  de  Mostaganem  et  de  Mascara, 
qu'il  poursuivit  pendant  plusieurs  années,  accumulant  des  docu- 
ments très  complets  sur  les  terrains  tertiaires,  dont  les  riches 
gisements  fossilifères  lui  fournirent  des  matériaux  considérables, 
réunis  à  la  collection  des  Mines,  où  il  organisa  un  laboratoire 
paléontologique.  Parfaitement  secondé  par  M.  Rocard,  ingénieur 
en  chef  de  la  province,  qui  le  tenait  en  grande  estime,  il  entreprit 
le  vaste  projet  d'une  publication  de  la  paléontologie  oranaise,  dans 
des  conditions  rendues  difficiles,  tant  parl'éloiguement  des  centres 
scientifiques  que  par  la  privation  des  éléments  de  comparaison 
qu'il  dut  se  constituer  peu  à  peu.  L'activité  et  l'énergie  de  Pomel 
surmontèrent  les  difficultés;  il  fut  aidé  par  sa  fille  aînée,  Augusta, 
qui  devint  Madame  Lioult,  femme  d'une  rare  intelligence  et  d'un 
talent  artistique  d'une  grande  finesse,  qui  dessina  et  lithographia 
les  pièces  les  plus  diverses  et  les  plus  délicates  des  Invertébrés 
fossiles,  Spongiaires,  Echinodermes,  Bryozoaires,  Ammonites,  don- 
nant lieu  à  l'exécution  de  plus  de  150  planches  in-4°,  entièrement 
préparées  de  sa  main,  de  1863  à  1869. 


198  e.  picheur  6  Avril 

Durant  cette  période,  Pomel  entremêlait  l'étude  de  ses  fossiles 
de  nombreuses  explorations;  il  eut  l'avantage  en  1862  d'être  attaché, 
comme  naturaliste,  à  l'expédition  Colonieu,  à  Ouargla,  dont  il 
eut  même  à  lever  le  plan.  Ce  voyage  d'exploration  par  Geryville, 
Laghouat  et  Metlili  lui  procura  d'importantes  observations  de  tout 
ordre  qu'il  mit  plus  tard  en  évidence  dans  sa  publication  sur  le 
Sahara  (1872).  C'est  de  cette  époque  que  datent  ses  relations  avec 
M.  Pouyanne,  alors  ingénieur  à  Tlemcen,  relations  qui  aboutirent 
à  leur  précieux  accord  comme  Directeurs  du  Service  géologique. 

En  1864,  un  malheureux  accident  survenu  dans  une  course, 
entorse  et  fracture  du  pied,  vint  interrompre  pendant  plus  de  deux 
ans  ses  explorations.  Pomel  profita  de  ses  loisirs  forcés  pour  se 
consacrer  entièrement  à  l'élaboration  desr  matériaux  accumulés  et 
à  leur  description,  passant  en  revue  les  divers  groupes  d'Invertébrés 
avec  une  étonnante  sagacité.  En  même  temps,  il  continuait  la  mise 
en  œuvre  de  son  herbier,  reconnaissant  et  signalant  un  nombre 
considérable  de  genres  et  d'espèces  nouvelles,  dont  il  avait  donné 
une  première  indication  dans  les  matériaux  pour  la  flore  atlantique 
(1861). 

La  participation  de  Pomel  à  l'Exposition  de  1867  où  il  exposa 
ses  belles  séries  d'Echinides  tertiaires,  lui  permit  de  faire  un  voyage 
à  Paris  et  de  revivre  ses  souvenirs  paléontologiques  en  trouvant 
matière  à  une  note  sur  le  Myomorphu*  cubensis,  dans  des  pièces 
fossiles  envoyées  de  Cuba.  Il  publia  également  vers  cette  époque 
(1868),  une  classification  nouvelle  des  Echinodermes,  servant  de  base 
à  la  description  des  fossiles  dont  il  préparait  les  planches. 

Passionnément  attaché  à  cette  Algérie  qui,  après  l'avoir  assez  mal 
accueilli,  s'était  emparée  de  lui,  comme  de  la  plupart  de  ceux  qui 
trouvent  dans  son  habitat,  outre  les  agréments  du  climat,  l'attrait 
d'études  nouvelles  et  captivantes,  Auguste  Pomel  s'était  adonné  à 
toutes  les  questions  que  sa  belle  intelligence  et  ses  vastes  connais- 
sances lui  permettaient  de  traiter,  et  prêtait  son  concours  au  déve- 
loppement vital  du  pays.  Il  s'était  attiré,  de  ce  fait,  par  les  services 
rendus,  une  juste  considération.  Aussi  l'on  n'est  pas  étonné  de  le 
voir,  au  lendemain  du  4  septembre  1870,  qui  fut  marqué  à  Oran 
par  une  crise  violente,  désigné  par  le  vœu  de  ses  concitoyens  pour 
faire  partie  de  la  Commission  municipale  qui  prit  en  mains  les 
affaires  de  la  ville.  Ses  qualités  d'administrateur  le  font  envoyer  au 
Conseil  général  d'Oran,  dont  il  ne  tarde  pas  à  être  nommé  Président. 
Délégué  au  Conseil  supérieur  de  l'Algérie,  durant  cette  période  de 
réorganisation  qui  a  été  le  début  de  la  phase  la  plus  féconde  en 


1899  NOTICE   BIOGRAPHIQUE   SUR    A.    POMEL  199 

heureux  résultats,  il  sut  défendre,  avec  une  compétence  fort  appré- 
ciée, les  intérêts  de  son  département.  Ses  concitoyens  lui  témoi- 
gnèrent leur  confiance  en  l'envoyant  siéger  au  Sénat,  à  la  première 
élection  en  1876.  Dans  l'intervalle,  il  avait  été  délégué  à  l'Exposition 
de  Vienne  (1874)  pour  l'organisation  de  la  section  algérienne. 
Durant  cette  période  de  sa  vie  politique  jusqu'à  la  fin  de  son  mandat 
de  sénateur  en  1881,  il  consacra  une  grande  part  de  son  activité  au 
développement  de  la  province  d'Oran,  qui  prit  son  remarquable 
essor  agricole  et  commercial.  Les  connaissances  géologiques  de 
Porael  trouvèrent  plus  d'une  fois  leur  application  dans  le  choix  de 
l'emplacement  des  centres  nouveaux,  pour  lesquels  les  conditions 
d'hygiène  et  d'alimentation  en  eau  n'étaient  pas  toujours  rigoureu- 
sement observées.  Son  rôle  dans  la  province  d'Oran  a  été  particu- 
lièrement apprécié  et  fructueux  pour  la  prospérité  du  pays. 

Malgré  ces  préoccupations  de  nature  à  le  détourner  de  la  science, 
cette  période  n'en  fut  pas  moins  féconde  en  publications  impor- 
tantes. C'est  d'abord  la  Description  géologique  du  massif  de  Miliana, 
publiée  dans  le  Bulletin  de  la  Société  de  Climatologie  d'Alger,  puis 
le  1er  fascicule  des  Mémoires  paléontologiques,  comprenant  les 
Spongiaires.  Ensuite  vint  son  Etude  sur  le  Sahara,  œuvre  de  haute 
valeur,  dans  laquelle  Pomel  établit  d'une  façon  magistrale  la  géolo- 
gie du  Sahara,  en  rectifiant  les  idées  erronées  sur  la  géographie 
physique  du  pays  et  discutant,  pour  répondre  au  désir  exprimé  par 
Edouard  Lartet,  les  questions  relatives  à  l'hypothèse  d'une  mer 
saharienne  à  l'époque  quaternaire.  Cette  fameuse  question  de  la  mer 
saharienne  fut  aussi  l'objet  de  diverses  notes  à  l'Académie  des 
sciences  en  1874-1875.  C'est  encore  vers  cette  époque  que  Pomel 
publia,  dans  le  Bulletin  de  la  Société  de  Climatologie  d'Alger,  deux 
fascicules  des  Nouveaux  matériaux  pour  la  flore  atlantique,  renfer- 
mant les  diagnoses  succinctes  des  nombreuses  espèces  et  genres 
créés  d'après  ses  collections  et  recherches  personnelles. 

La  constatation  par  les  travaux  géodésiques  du  commandant 
Roudaire,  de  l'altitude  négative  des  chotts  constantinois,  avait 
soulevé  de  gigantesques  projets  de  mer  intérieure,  auxquels  l'in- 
fluence toute  puissante  de  Ferdinand  de  Lesseps  prêtait  l'appui  de 
son  autorité,  malgré  les  idées  contraires  nettement  émises  par  les 
divers  savants  consultés  sur  les  conséquences  plus  que  douteuses 
de  cette  colossale  entreprise.  Pomel  revint  sur  cette  question  et 
exposa,  dans  un  résumé  d'une  remarquable  précision,  «  l'état  actuel 
de  nos  connaissances  sur  la  géologie  du  Soudan,  de  la  Guinée,  de 
la  Sénégambie  et  du  Sahara  »  au  congrès  de  l'Association  française 


200  e.  ficheur  6  Avril 

à  Clermont-Ferrand  en  1876.  Puis  il  demanda  au  ministre  de  l'Ins- 
truction publique,  Waddington,  une  mission  pour  l'exploration 
géologique  de  la  Tunisie,  dans  le  but  principal  d'étudier  les  forma- 
tions littorales  de  la  côte  orientale,  le  seuil  de  Gabès  et  les  dépôts 
du  voisinage  des  chotts  tunisiens. 

Cette  mission  s'effectua  heureusement  etsansdifficultés  en  Tunisie, 
par  suite  de  la  facilité  de  transport  en  charrettes,  au  moins  dans 
la  région  des  grandes  plaines.  Durant  les  mois  d'avril-mai  1877, 
Pomel  put  traverser,  sans  escorte,  la  région  littorale  par  Sousse, 
El  Djem  et  Sfax  jusqu'à  Gabès,  pénétrer  dans  l'intérieur  du  Chott 
et  revenir  par  Bordj  el  Hammam,  Sfax,  Monastir  et  Tunis.  Pomel 
se  proposait  de  continuer  son  exploration  par  la  vallée  de  la  Med- 
jerda  et  de  rentrer  en  Algérie  par  LeKef  et  Souk-Ahras,  lorsque  les 
événements  du  16  mai  1877,  la  dissolution  de  la  Chambre,  l'obli- 
gèrent à  renoncer  à  ce  projet  pour  rentrer  en  France  où  «  le  devoir 
l'appelait  à  son  poste  ». 

Les  résultats  de  cette  mission  furent  présentés  dans  plusieurs 
communications  et  articles!  Association  française, congrès  du  Havre, 
1877  ;  Bulletin  de  la  Société  géologique,  1878)  et  parurent  plus 
tard,  développés  pour  la  première  partie,  dans  un  mémoire  impor- 
tant qui  ne  fut  publié  qu'en  1884,  sous  le  titre  de  :  Géologie  de  la 
côte  orientale  de  la  Tunisie  et  de  la  Petite-Syrie. 

Lorsque  le  projet  Roudaire  vint  à  la  tribune  du  Sénat,  Pomel, 
malgré  l'engouement  général  et  l'appui  apporté  par  la  personnalité 
de  Ferdinand  de  Lesseps,  soutenue  par  de  hautes  influences,  affirma 
sa  conviction  scientifique  et  la  complète  indépendance  de  son  carac- 
tère, en  combattant  le  projet  de  crédits  à  allouer  pour  cette  étude. 
Son  opinion  eut  un  certain  retentissement  et  les  faits  ont  prouvé 
que  son  opposition  était  parfaitement  justifiée. 

Le  séjour  de  Pomel  à  Paris,  durant  son  mandat,  lui  fournit  l'oc- 
casion de  se  retremper  dans  le  milieu  scientifique  et  de  reprendre 
les  relations  avec  ses  confrères,  dans  un  cercle  assurément  bien 
changé;  Sénateur  de  la  République,  après  avoir  été  déporté  de 
l'Empire,  il  retrouvait,  à  25  années  de  distance,  quelques-uns 
de  ses  amis  d'antan,  notamment  Hébert,  avec  lequel  ses  relations 
dataient  de  l'époque  où  ce  dernier  commençait  à  enseigner  la  Géolo- 
gie à  l'Ecole  normale.  Il  suivait  alors,  aussi  assidûment  que  possible, 
les  séances  delà  Société  géologique;  il  y  fit  plusieurs  communica- 
tions, entre  autres  sur  ses  découvertes  de  Vertébrés  quaternaires, 
Eléphants,  Hippopotames,  Rhinocéros,  dans  la  sablière  de  Ternifine, 
dans  la  plaine  d'Eghis.  Il  fut  Vice-président  de  la  Société  en  1879, 
et  membre  du  Conseil  de  1878  à  1881. 


1899  NOTICE  BIOGRAPHIQUE  SUR  A.    POMEL  901 

Sa  situation  de  Sénateur  lui  donna  une  participation  importante 
à  l'installation  de  la  section  algérienne  de  l'Exposition  de  1878. 

Lors  de  l'organisation  de  l'enseignement  supérieur  à  Alger  et  de 
la  création  des  Ecoles  des  Sciences  et  des  Lettres  en  1880,  pour 
lesquelles  il  avait  apporté  un  précieux  concours,  Pomel  fut  nommé 
professeur  de  Géologie  et  Minéralogie,  et  directeur  de  l'Ecole  des 
Sciences.  Sa  voie  était  dès  lors  toute  tracée;  non  seulement  sa  santé 
se  ressentait  de  la  rigueur  des  hivers  parisiens,  dont  25  années  de 
séjour  en  Afrique  l'avaient  déshabitué,  mais  surtout  il  trouvait  dans 
sa  nouvelle  situation,  si  conforme  à  ses  goûts,  une  excellente  occa- 
sion de  sortir  de  ce  milieu  politique  dans  lequel  la  rectitude  de 
son  caractère  pouvait  difficilement  accepter  les  obligations,  et  il 
saisit  avec  empressement  la  belle  occasion  qui  lui  permettait  de 
se  consacrer  uniquement  à  la  science. 

En  1881,  l'Association  française  pour  l'Avancement  des  Sciences 
tint  le  premier  de  ses  congrès  à  Alger,  avec  une  affluence  considé- 
rable ;  les  notices  sur  Alger  et  l'Algérie,  préparées  en  vue  de  cette 
réunion,  renferment  des  chapitres  fort  importants  sur  la  zoologie, 
la  botanique  et  la  géologie  de  l'Algérie,  dans  lesquels  Pomel  expo- 
sait avec  précision  les  problèmes  à  résoudre.  La  carte  géologique 
provisoire  de  l'Algérie,  au  800.0006,  fut  publiée,  pour  cette  circons- 
tance, en  deux  parties  ;  la  province  de  Constantine  fut  confiée  à 
Tissot  ;  les  provinces  d'Alger  et  d'Oran  furent  réservées  à  MM.  Pomel 
et  Pouyanne,  avec  texte  explicatif.  Cette  première  carte  consacra 
l'association  de  ces  deux  hommes  de  haute  valeur  à  une  même 
œuvre  ;  elle  présentait  pour  la  première  fois  un  caractère  d'unifor- 
mité et,  malgré  ses  lacunes,  elle  resta  le  guide  et  la  base  de  tous  les 
travaux  ultérieurs. 

C'est  peu  de  temps  après  que  les  circonstances  me  conduisirent 
à  Alger  ;  ma  première  visite  et  mes  relations  suivantes  avec  M.  Pomel 
me  laissèrent  une  impression  profonde  d'admiration  qui  n'a  fait 
que  s'accentuer  dans  le  contact  journalier  que  mes  fonctions  de 
Préparateur  me  donnèreut  avec  lui. 

Pomel  avait  été  placé  à  la  tête  de  l'Ecole  des  Sciences  d'Alger  à 
cause  de  sa  valeur  incontestable  et  sans  aucun  des  titres  exigés  par 
les  règlements  ;  le  moment  était  venu  de  les  acquérir.  Il  obtint  la 
dispense  de  la  licence  et  soutint,  en  novembre  1883,  pour  le  doctorat 
es  sciences,  en  Sorbonne,  deux  thèses,  Tune  de  Paléontologie  : 
«  Classification  méthodique  et  gênera  des  Echinides  vivants  et  fossiles  », 
l'autre  de  Botanique  :  «  Contribution  à  V étude  des  Crucifères  ».  Ce  fut 
une  séance  mémorable,  dont  les  annales  de  la  Sorbonne  conservent 


202  e.  ficheur  6  Avril 

le  souvenir,  que  cette  soutenance  d'un  candidat  à  barbe  blanche  (il 
avait  62  ans)  devant  un  jury  composé  des  vénérables  doyens  : 
Milne-Edwards,  Duchartre,  Hébert,  tous  trois  septuagénaires.  Ce 
fut  un  triomphe  qui  dut  laisser  dans  l'esprit  de  tous  les  assistants 
une  inoubliable  impression. 

Pomel,  qui  avait  été  associé,  en  juillet  1882,  à  M.  Pouyanne,  pour 
la  direction  du  Service  de  la  Carte  géologique  dans  les  provinces 
d'Alger  et  d'Oran,  devint  plus  tard,  dans  les  mêmes  conditions, 
chargé  de  l'organisation  du  Service  dans  toute  l'Algérie,  à  la  mort 
de  Tissot,  en  1884.  C'est  de  cette  époque  que  datent  les  premières 
études  détaillées  sur  les  feuilles  au  50.0006,  qui  venaient  d'être 
publiées  en  petit  nombre  et  qui  parurent  progressivement  d'année 
en  année.  Pomel  donna  l'impulsion  à  ces  travaux,  recherchant  des 
collaborateurs,  les  guidant  de  ses  conseils  et  de  son  expérience,  les 
dirigeant  souvent  dans  les  régions  difficiles.  De  divers  côtés  les 
études  stratigraphiques  furent  poussées  avec  activité  ;  les  résultats 
obtenus  vinrent  parfois  à  rencontre  des  opinions  émises  par  le 
savant  maître,  qui  s'inclinait,  après  discussion  serrée  et  examen 
approfondi  des  faits  démonstratifs,  devant  les  conclusions  nouvelles. 
Dans  les  diverses  régions  encore  délaissées  il  eut  pour  préoccupa- 
tion primordiale  de  combler  les  lacunes  de  la  carte  générale  ;  les 
collaborateurs,  guidés  et  encouragés,  se  mirent  à  l'œuvre  :  une 
école  de  géologues  algériens  se  créa  ainsi  sous  sa  direction  ;  si 
quelques  dissidents,  à  la  suite  d'observations  trop  rapides  et  forcé- 
ment incomplètes,  ont  pu  se  croire  autorisés  à  exprimer  avec  trop 
de  précipitation  une  opinion  contraire  à  celle  qui  était  professée, 
nous  avons  le  droit  d'affirmer  que  les  recherches  approfondies  et 
détaillées  ont  donné  la  plus  complète  sanction  aux  grandes  divisions 
stratigraphiques  établies  par  le  maître. 

Pomel  prenait  sa  grande  part  des  travaux  de  rectification  de  la 
carte  et  nous  avons  eu  le  précieux  avantage  de  l'accompagner  dans 
quelques-unes  de  ses  principales  excursions  durant  les  années  1884 
à  18S6,  tant  dans  la  province  d'Oran  que  dans  celle  de  Constantine. 
Dans  tous  les  conseils  et  les  renseignements  qu'il  fournissait  à 
chacun  avec  la  plus  entière  libéralité,  sans  arrière-pensée,  Pomel 
n'avait  d'autre  préoccupation  que  de  pousser  à  la  recherche  des 
faits  nouveaux,  signalant  les  points  importants  qu'un  passage  rapide 
lui  avait  fait  seulement  entrevoir.  Tous  ceux  qui  ont  recours  à  ses 
profondes  connaissances  peuvent  témoigner  de  son  désintéresse- 
ment à  cet  égard.  Sa  mémoire  vraiment  prodigieuse  lui  permettait 
de  préciser,  dans  les  plus  petits  détails,  les  différentes  particularités 


4899  NOTICE  BIOGRAPHIQUE  SUR   A.    POMEL  203 

observées  et  les  localités  où  il  avait  recueilli  soit  un  fossile,  soit  une 
plante.  En  voyage,  il  se  montrait  d'une  extrême  simplicité,  accep- 
tant toujours  d'excellente  humeur  les  conditions  les  plus  difficiles 
des  courses  en  Algérie  :  les  mauvais  prîtes,  les  difficultés  de  trans- 
port, les  couchers  sous  la  tente,  rien  ne  l'inquiétait  :  aucune  compli- 
cation ne  pouvait  entraver  une  course  projetée.  En  1885.  dans  le 
voyage  que  nous  fîmes  ensemble  à  Tébessa,  dans  les  conditions  pré- 
caires et  inconfortables  de  transport  de  cette  époque,  il  résista 
admirablement  aux  fatigues  de  toute  nature,  me  donnant  l'exemple 
de  l'endurance  et  de  l'entraînement.  En  1890,  Pomel  avait  alors 
69  ans,  il  nous  arriva,  durant  une  longue  course  sur  le  plateau  du 
Sersou,  de  coucher  sous  la  tente  arabe,  ce  qui  lui  procura  une  nou- 
velle occasion  de  rappeler  les  souvenirs  de  ses  tribulations  passées, 
les  insolations,  les  accès  de  fièvre,  et  de  renouveler  ses  conseils 
de  prudence  qui  m'ont  été  si  précieux. 

Durant  cette  période,  Pomel  publiait  son  mémoire  sur  la  Géologie 
de  la  côte  orientale  de  la  Tunisie,  dans  le  Bulletin  de  l'Ecole  des 
Sciences  d'Alger,  qu'il  avait  créé  pour  en  faire  une  publication 
utile  par  ses  applications  à  l'Afrique  du  Nord,  et  qui,  malheureu- 
sement, fut  arrêtée  à  son  début  faute  de  crédits. 

Puis  il  fit  paraître  deux  fascicules  importants  sur  les  Echino- 
dermes,  le  premier  renfermant  un  atlas  de  78  planches  destinées 
antérieurement  par  sa  fille,  le  second,  la  description  des  espèces 
d'Echinides  tertiaires,  dont  l'iconographie  n'avait  pu  être  entiè- 
rement terminée,  et  qui  comprenait  les  espèces  nouvellement 
recueillies;  ensuite  vinrent  une  notice  avec  trois  planches  sur  les 
Echinides  du  Kef  ïghoud  et  diverses  notes  sur  les  Echinides  dans 
le  Bulletin  de  la  Société  géologique  et  dans  les  Comptes-rendus  de 
l'Institut. 

En  1888,  à  la  recherche  de  documents  sur  les  Vertébrés  quater- 
naires de  l'Afrique  du  Nord,  Pomel  fit  plusieurs  voyages  successifs 
en  Tunisie,  sur  des  renseignements  fournis  à  Souk-Ahras,  où  il 
venait  d'étudier  la  question  des  phosphates  récemment  signalés. 

Le  congrès  de  l'Association  française  à  Oran,  en  1888,  lui  donna 
l'occasion  d'exposer  ses  idées  sur  les  terrains  éocènes,  à  la  section 
de  Géologie  dont  il  était  président  ;  dans  le  cours  de  la  réunion  et, 
après  la  clôture,  il  eut  la  satisfaction  de  diriger  quelques  excursions 
dans  la  région  qu'il  connaissait  si  bien. 

La  deuxième  édition  de  la  carte  géologique  provisoire  de  l'Algé- 
rie, en  1889,  permit  aux  directeurs  de  présenter  la  première  carte 
unifiée,  avec  les  subdivisions  nouvellement  reconnues.  Pomel  donna, 


204  e.  ficheur  6  Avril 

dans  la  Description  stratigraphique  de  l'Algérie,  un  aperçu  aussi 
complet  que  possible  de  la  classification  des  terrains  sédimentaires 
reconnus  en  Algérie,  en  indiquant  l'extension  des  divers  étages, 
montrant  les  progrès  réalisés  et  indiquant  les  lacunes  à  combler  et 
les  problèmes  à  élucider. 

Le  23  décembre  1889,  Auguste  Pomel  était  élu,  par  32  voix  sur 
37  votants,  membre  correspondant  de  l'Académie  des  Sciences  pour 
la  section  de  Minéralogie.  Cette  sanction  justifiée  de  ses  remar- 
quables travaux  venait  en  quelque  sorte  marquer  l'apogée  de  sa 
carrière  scientifique.  Lors  de  l'inauguration  du  Palais  des  Ecoles 
d'enseignement  supérieur  d'Alger,  en  avril  1887,  M.  Berthelot, 
ministre  de  l'Instruction  publique,  apportait  à  Pomel  la  croix  de  la 
Légion  d'honneur,  que  ce  dernier  n'avait  ni  souhaitée,  ni  sollicitée, 
et  dont  il  remercia  son  ancien  collègue  en  quelques  paroles  simples 
qui  ne  ressentaient  en  rien  la  raideur  officielle. 

En  1891,  atteint  par  la  limite  d'âge,  Pomel  fut  admis  à  la  retraite 
et  nommé  Directeur  et  Professeur  honoraire  de  l'Ecole  des  Sciences. 
Il  continua  comme  parle  passé  ses  travaux  au  laboratoire  de  Géolo- 
gie, dont  rien  n'était  changé,  où  ses  collections,  sa  bibliothèque 
étaient  installées;  j'eus  la  profonde  satisfaction,  après  avoir  été 
favorisé  de  l'honneur  de  lui  succéder  dans  la  chaire  de  Géologie,  de 
le  voir  reprendre  journellement  le  chemin  de  l'Ecole,  poursuivant 
ses  recherches  et  me  communiquant  ses  impressions  sur  ses 
découvertes  et  ses  déterminations.  Les  relations  affectueuses  dont 
il  m'honorait  furent  pour  moi  le  plus  précieux  stimulant  à  conti- 
nuer son  œuvre.  De  nouveaux  collaborateurs,  pleins  de  zèle  et 
remplis  à  son  égard  d'une  respectueuse  vénération,  formèrent 
autour  de  lui  un  cercle  au  milieu  duquel  il  aimait  à  se  trouver,  en 
revivant,  dans  les  conseils  prodigués,  les  phases  multiples  de  son 
existence  de  géologue,  qu'il  savait  émailler  d'anecdotes  pittoresques. 
Tous  ceux  qui  l'ont  connu  durant  cette  période  ne  peuvent  oublier 
cette  belle  physionomie,  cette  tète  énergique  au  regard  profond, 
qui  s'éclairait  en  présence  des  jeunes  et  s'épanchait  en  une  franche 
et  simple  bonhomie,  heureux  de  voir  que  son  œuvre  se  continuait 
et  que  ses  efforts  se  trouvaient  récompensés  par  une  enthousiaste 
activité. 

Pomel  put  alors  mettre  à  exécution  son  projet,  longtemps  retardé 
par  les  difficultés  de  mise  en  œuvre,  de  la  publication  des  Mono- 
graphies rfe  Vertébrés  quaternaires  de  l'Algérie;  depuis  plusieurs 
années,  il  s'occupait  activement  de  réunir  les  matériaux,  étudiant 
lui-même  les  points  où  des  débris  d'ossements  avaient  été  signalés 


1899  NOTICE  BIOGRAPHIQUE   SUR   A.    POMEL  205 

pour  y  faire  procéder  à  des  fouilles,  et  accumulait  des  documents 
importants  sur  l'histoire  de  la  période  quaternaire.  Aidé  par  l'habile 
talent  de  M.  Ferra nd,  qui  dessina  sur  pierre  les  reproductions  de 
ses  fossiles  avec  la  plus  rigoureuse  exactitude, il  commença  en  1893 
cette  publication  par  le  Bubalus  antiquus  ;  il  se  reprit  d'une  passion 
nouvelle  pour  l'anatomie  comparée,  qu'il  avait  dû  négliger  pendant 
de  si  longues  années,  retrouvant  avec  une  merveilleuse  intuition 
les  caractères  les  plus  fugaces  sur  des  fragments  trop  souvent 
incomplets,  dont  il  savait  reconstituer  avec  une  remarquable  habi- 
leté les  parties  brisées  ou  absentes.  Il  eut  souvent  la  satisfaction 
profonde,  à  la  suite  de  découvertes  nouvelles,  de  voir  ses  déductions 
entièrement  confirmées. 

Pomel  dut  se  créer  un  petit  musée  d'anatomie  comparée,  en 
réunissant  à  l'Ecole  des  Sciences  les  squelettes  des  types  vivants 
en  Algérie  :  Mouflons,  Antilopes,  Caméliens,  Bovidés,  etc. 

Durant  cette  dernière  période  de  cinq  ans  il  publia  successive- 
ment treize  fascicules  de  monographies  :  «  le  Bubalus  antiquus,  les 
Caméliens  et  Cervidés,  les  Bœufs-Taureaux,  les  Bosélaphes,  les 
Antilopes,  les  Eléphants,  les  Rhinocéros,  les  Hippopotames,  les 
Carnassiers,  les  Porcins,  les  Equidés,  le  Singe  et  l'Homme,  les 
Ovidés  »,  renfermant  un  total  de  170  planches  lithographiées. 

La  première  partie  de  cette  œuvre  colossale  lui  valut  de  l'Aca- 
démie des  Sciences  une  distinction  bien  méritée  dans  l'attribution 
du  prix  Petit-d'Ormoy,  pou r  les  Sciences  naturelles,  en  décembre  1895, 
sur  un  rapport  élogieux  de  Daubrée. 

En  dehors  de  ces  recherches  sur  la  faune  quaternaire,  l'éminent 
savant  eut  encore  à  étudier  les  débris  de  Reptiles  provenant  des 
phosphates  de  Tébessa,  dans  lesquels  il  reconnut  un  représentant 
d'une  famille  signalée  dans  l'Eocène  des  environs  de  Reims  et  aux 
Etats-Unis,  le  Dyrosaurus  thevestensis.  L'un  de  ses  derniers  fasci- 
cules comportait  l'étude  des  débris  humains  recueillis  dans  les 
grottes  et  dépôts  quaternaires,  contemporains  des  artistes  préhisto- 
riques qui  avaient  figuré,  dans  les  dessins  rupestres  du  Sud-Oranais. 
les  figures  d'un  grand  nombre  d'espèces  retrouvées  à  l'état  fossile. 

D'autres  fascicules  étaient  en  préparation,  concernant  les  débris 
délicats  de  Rongeurs,  recueillis  en  abondance  dans  les  poches  à 
phosphorites  des  environs  de  Nédroma  ;  quelques  espèces  avaient 
été  sommairement  signalées  et  Pomel  pensait  pouvoir  conduire  à 
bonne  fin  cette  dernière  partie  quand  il  se  sentit  terrassé  par  la 
fatigue  et  contraint  de  tout  abandonner  après  la  terminaison  du 
fascicule  des  Ovidés. 


206  e.  ficheur  6  Avril 

Ses  dernières  années  avaient  été  douloureusement  marquées  par 
de  violentes  commotious  :  sa  fille  aînée,  Augusta,  qu'il  avait  associée 
à  ses  travaux  par  le  concours  de  son  talent  artistique,  frappée  à  la 
mort  de  son  mari  d'une  paralysie  cérébrale,  traîna  pendant  dix  ans 
une  existence  pénible,  douloureuse  pour  les  siens  et  pour  son 
pauvre  père,  qui  éprouva  un  violent  chagrin  de  sa  perte.  Entouré 
des  soins  affectueux  et  des  prévenances  de  sa  fille  cadette  et  de  ses 
deux  petites  filles,  qui  s'efforçaient,  par  leur  tendresse,  de  lui  faire 
oublier  ses  amertumes,  il  goûtait  enfin  le  calme  et  le  repos  bien 
mérités.  La  séparation  causée  par  le  mariage  de  ses  petites-filles  fut 
eucore  pour  lui  une  dure  épreuve,  dont  toute  sa  résignation  appa- 
rente n'empêchait  pas  l'effet.  Déjà,  vers  la  fin  de  1895,  il  avait  été 
atteint  d'une  congestion  cérébrale  qui  l'obligeait  à  de  grands  ména- 
gements ;  l'accumulation  des  fatigues  de  toute  cette  existence  si 
étrangement  mouvementée  prit  le  dessus;  la  marche  lui  devint 
pénible  et  ses  visites  au  laboratoire  de  Géologie  de  plus  en  plus 
espacées. 

Lors  de  la  réunion  de  la  Société  géologique  en  Algérie,  en 
octobre  1896,  malgré  son  profond  désir  de  se  trouver  une  dernière 
fois  au  milieu  de  ses  confrères,  il  se  vit  contraint  de  renoncer  à 
cette  suprême  satisfaction  ;  il  m'en  exprimait  ses  regrets  en  répon- 
dant à  mes  instances,  qu'il  voulait  encore  se  ménager  quelques 
années  «  pour  mènera  bonne  fin  le  travail  entrepris  ».  Toute  fatigue 
pouvait  lui  être  funeste.  Dès  ce  moment,  la  marche  lui  devint  de 
plus  en  plus  difficile  et  son  état  ne  lui  permettait  pas  de  supporter 
la  moindre  locomotion  ;  la  dernière  visite  qu  il  nous  fit  à  l'Ecole 
date  de  mai  1897.  Ce  philosophe  envisageait  nettement  sa  position 
et  sa  fin  prochaine,  laissant  seulement  entrevoir  l'espoir  de  pouvoir 
encore  travailler  jusqu'au  dernier  moment.  Sa  vue  s'affaiblissant, 
il  fut  atterré  de  se  voir  entravé  et  brusquement  arrêté.  Après  une 
deuxième  attaque  de  congestion  qui  faillit  l'emporter  en  février  1898, 
il  se  reudit  aux  sollicitations  des  siens  pour  se  laisser  transporter 
à  la  campagne,  à  Drà  el-Mizan,  chez  son  gendre,  M.  de  Valdan, 
administrateur  de  la  commune  mixte.  Entouré  de  la  tendre  solli- 
citude de  sa  lille  et  pouvant  passer  ses  journées  au  grand  air,  ses 
derniers  mois  s'écoulèrent  dans  une  grande  tranquillité.  Lorsque 
j'eus  la  dernière  satisfaction  de  le  voir  en  juillet  dernier,  il  parut 
éprouver  une  commotion  heureuse  et  témoigna,  par  une  émotion 
touchante,  l'impression  qu'il  en  ressentait.  A  peine  un  mois  après, 
le  2  août  1898,  il  s'éteignait  doucement,  sans  souffrance,  dans  le 
calme  de  la  nature.  Les  obsèques  à  Drà-el-Mizan  furent  simples, 


1899  NOTICE  BIOGRAPHIQUE  SUR   A.    POMEL  207 

comme  cet  homme  modeste  l'eût  désiré  :  l'éloignement  d'Alger  et 
surtout  l'absence,  en  cette  saison  d'été,  du  personnel  universitaire 
et  de  la  plupart  de  ceux  qui  l'avaient  connu  et  estimé,  ayant  empêché 
de  donner  à  ses  obsèques  un  caractère  plus  solennel. 


II 


La  carrière  si  imprévue  dont  je  viens  de  retracer  les  diverses 
phases  est,  sans  contredit,  l'un  des  exemples  les  plus  frappants  des 
résultats  obtenus,  en  dépit  des  circonstances  défavorables,  par  une 
persévérante  énergie  et  une  activité  de  travail  peu  commune.  Cette 
ténacité,  qui  faisait  le  fond  de  son  caractère  et  qui  est  un  peu 
l'apanage  de  ses  compatriotes  d'Auvergne,  ne  pouvait  exclure  un 
certain  entêtement  dans  les  idées  qu'il  soutenait  avec  opiniâtreté. 
D'un  côté,  cette  disposition  s'explique  par  les  conditions  dans  les- 
quelles il  a  dû  se  former,  par  1  état  d'isolement  dans  lequel  il  se 
trouvait  en  Algérie,  éloigné  des  discussions  qui  seules  peuvent 
modifier  les  idées,  tout  en  excitant  les  recherches.  Mais  il  m'est 
permis  d'affirmer,  à  moi  qui  l'ai  suivi  de  si  près  pendant  quinze 
ans,  que  cette  tendance  autoritaire,  en  matière  scientilique,  n'était 
qu'apparente,  que  ce  savant  admettait  comme  tout  autre  la  dis- 
cussion courtoise,  et  qu'il  cherchait  surtout  à  convaincre  en  présen- 
tant les  faits  les  plus  probants. 

Doué  d'une  mémoire  prodigieuse  et  d'une  puissance  de  travail 
vraiment  étonnante,  Pomel  a  su  accumuler  en  quelques  années, 
dans  les  branches  si  diverses  de  la  Paléontologie,  des  résultats 
nombreux  et  d'autant  plus  surprenants  qu'il  a  dû  tirer  presque  tout 
de  ses  propres  recherches,  privé  qu'il  était  souvent  de  moyens 
d'étude,  de  livres  et  surtout  de  termes  de  comparaison.  Voici,  du 
reste,  comment  il  débute  dans  l'un  de  ses  premiers  ouvrages  de 
paléontologie  algérienne,  dans  la  préface  du  volume  des  Spongiaires  : 
((  Qu'il  nous  soit  permis  de  réclamer  ici  toute  l'indulgence  des 
naturalistes  pour  les  imperfections  inévitables  d'une  publication 
faite  en  Thébaide  scientifique  et  avec  des  ressources  que  nous  avons 
dû  organiser  nous-mêmes  ». 

Dans  toutes  ses  œuvres  se  manifeste  cet  esprit  de  patience,  de 
persévérance,  qui  lui  a  permis  de  mener  à  bien  des  travaux  ardus 
qu'il  a  plus  d'une  fois  regretté  d'avoir  entrepris,  mais  qu'il  pour- 
suivait sans  se  laisser  arrêter  par  les  difficultés.  Cela  devait  lui  être 
d'autant  plus  sensible  qu'il  avait  connu,  dans  la  première  partie 


308  k.  fichkur  6  Avril 

de  sa  carrière,  le  milieu  savant,  les  grandes  collections  où  le  cher- 
cheur trouve  des  guides  bienveillants  et  des  encouragements. 

Pomel  fut  surtout  un  naturaliste  de  premier  ordre;  toutes  les 
branches  de  l'Histoire  naturelle  ont  été  l'objet  de  ses  études.  Pour 
la  paléontologie,  qui  l'attira  le  plus  spécialement  et  qui  le  ressaisit 
à  nouveau  si  passionnément  vers  la  fia  de  sa  vie,  il  suivit  toujours  le 
même  principe:  l'étude  des  êtres  vivants.  C'est  ainsi  qu'il  procéda 
pour  les  Invertébrés,  Spongiaires  et  Echinodermes,  à  la  classification 
desquels  il  apporta  de  nombreuses  et  importantes  modifications. 
C'est  peut-être  l'exemple  unique  d'un  naturaliste  qui,  à  notre  époque 
de  spécialisation  indispensable,  ait  abordé  avec  succès  les  diverses 
branches  de  la  Paléontologie  et  de  la  Botanique,  pour  laquelle  sa 
mémoire  fidèle  lui  conservait  avec  une  précision  infinie  les  carac- 
tères distinctifs  des  espèces.  Chacun  de  ses  voyages  se  jalonnait  en 
quelque  sorte  pas  à  pas,  tant  par  l'observation  géologique  que  par 
la  récolte  de  telle  ou  telle  plante,  et,  bien  longtemps  après,  ses 
souvenirs  retraçaient  dans  les  détails  les  plus  minimes,  les  moindres 
péripéties  de  ses  excursions. 

J'ai  dit  plus  haut  sa  force  de  résistance  pour  ces  explorations,  si 
pénibles  et  difficiles  à  tant  de  points  de  vue,  que  comporte  l'étude  de 
l'Algérie,  et  dont  les  conditions  étaient  encore  plus  primitives  au 
début  de  ses  recherches.  Dans  les  conditions  les  plus  sommaires  où 
il  avait  dû  disposer  ses  éléments  de  travail,  il  se  pliait  à  tout  et 
acceptait  les  installations  les  plus  rudimentaires,  sans  attendre  une 
organisation  plus  complète  pour  se  mettre  à  la  besogne. 

Les  vicissitudes  de  son  existence,  les  contacts  de  sa  vie  politique 
l'avaient  doué  d'une  philosophie,  d'une  résignation  parfaite  aux 
événements  défavorables,  aux  déceptions  dont  il  parlait  sans 
amertume.  Ce  fut  un  sage,  un  homme  taillé  à  l'antique,  faisant 
simplement  son  devoir,  aimant  le  travail  pour  la  satisfaction  des 
résultats  et,  pardessus  tout,  l'homme  modeste,  éloigné  du  bruit, 
ennemi  de  toute  vaine  gloriole.  Dans  les  situations  élevées,  il  resta 
toujours  le  même,  aussi  simple,  mais  avec  la  conscience  de  sa  force. 

L'Algérie  doit  reconnaître  en  lui,  non  seulement  un  des  plus 
illustres  savants  qui  l'honorent,  mais  aussi  l'un  de  ceux  qui  ont 
donné  une  bonne  part  de  leur  intelligence  à  son  développement. 

III 

L'œuvre  scientifique  de  Pomel  est  considérable  ;  la  liste  bibliogra- 
phique ci-jointe  en  fait  foi  :  la  paléontologie  tient  la  plus  large 


1899  NOTICE  BIOGRAPHIQUE   SUR   A.    POMEL  209 

place  dans  cette  énumération,  mais  ses  observations  géologiques, 
pour  n'avoir  pas  toujours  reçu  le  développement  qu'elles  compor- 
taient, n'en  out  pas  moins  joué  un  rôle  très  important  ;  de  plus,  la 
Botanique  l'a  compté  parmi  ses  plus  fervents  adeptes. 

Ses  nombreux  travaux  peuvent  se  grouper  en  trois  parties  :  la 
première  se  rapporte  à  ses  dix  années  d'études  en  France,  de  1841 
à  1851  ;  la  deuxième  comprend  la  période  de  recherches  en  Algérie 
jusqu'à  la  création  de  l'Ecole  des  Sciences  d'Alger  en  1880;  la 
troisième  phase  correspond  à  sa  situation  de  directeur  de  l'Ecole 
des  Sciences  et  de  la  carte  géologique. 

L'analyse  de  ses  nombreuses  publications  mériterait  de  longs 
développements;  elle  doit  se  résumer  dans  les  appréciations  de  ses 
œuvres  principales  qui  ont  été,  en  majeure  partie,  la  synthèse  des 
notes  disséminées  dans  divers  recueils. 

Ses  premiers  travaux  consistent  dans  l'étude  géologique  des  ter- 
rains tertiaires  de  la  Limagne  et  dans  la  description  des  Mammifères 
fossiles  recueillis  par  ses  soins  ou  par  les  recherches  de  Bravard 
dans  les  départements  du  Puy-de-Dôme  et  de  l'Allier.  La  division 
rationnelle  établie  dans  ces  terrains  fut  basée  pour  la  première  fois 
sur  la  différence  des  faunes  des  périodes  miocène,  pliocène  et 
quaternaire.  Ses  études  sur  l'Auvergne  se  complétèrent  par  diverses 
déterminations  sur  les  Vertébrés  fossiles  de  la  Gironde  et  par  les 
fouilles  de  la  Débruge.  Pomel  se  proposait  de  publier  une  descrip- 
tion iconographique  détaillée  de  ces  matériaux  dont  il  dut  se 
contenter  de  donner  un  résumé,  sous  le  titre  de  :  Catalogue  métho- 
dique et  descriptif  des  Vertébrés  fossiles  découverts  dans  le  bassiyi 
hydrographique  supérieur  de  la  Loire  et  surtout  dans  la  vallée  de  son 
affluent  principal  l'Allier.  Le  jugement  sur  ce  travail  ne  pouvait  être 
plus  justement  porté  que  par  réminent  maître  de  la  paléontologie 
française.  M.  Albert  Gaudry  a  bien  voulu  répondre  à  ma  demande 
par  une  appréciation  que  je  ne  puis  résister  au  désir  de  reproduire 
en  entier  : 

«  Ce  travail,  bien  qu'il  ne  renferme  que  193  pages,  me  paraît 
»  l'œuvre  la  plus  importante  qu'il  ait  accomplie.  Il  renferme,  sous 
»  une  forme  concise,  une  multitude  d'observations  habilement 
»  dirigées.  Pomel  a  fait  connaître  un  grand  nombre  de  types 
»  inconnus  ou  mal  déterminés.  Encore  aujourd'hui  il  est  indispen- 
»  sable  aux  Paléontologistes  de  s'y  reporter.  Pour  les  Insectivores 
»  et  les  Rongeurs,  il  a  réuni  des  matériaux  précieux;  on  lui  doit 
»  aussi  beaucoup  pour  les  Carnivores  et  les  Ongulés.  Je  trouve  qu'il 
»  a  agi  avec  sagacité  en  reconnaissant,  dans  les  Hyœnodon  et  les 

1»  Juin  1899.  -  T.  XXVII.  Bull.  Soc.  Gool.  Fr.  -  14 


210  e.  ficheur  6  Avril 

»  Pterodon  (Subdidelphes  d'Aymard,  Créodontes  des  savants  amé- 
»  ricains)  des  animaux  qui  ont  conservé  quelques  souvenirs  de 
»  leurs  ancêtres  les  Marsupiaux.  Il  a  embrassé,  en  même  temps 
»  que  l'étude  des  Mammifères,  celle  des  Reptiles  tertiaires,  peu 
»  examinés  avant  lui.  Mais  ce  qui  rend  son  ouvrage  vraiment 
»  remarquable,  c'est  qu'en  1853  il  a  su  établir  des  liens  étroits 
»  entre  la  stratigraphie  et  la  paléontologie  des  Vertébrés.  On  ne 
»  peut  pas  lire  sans  l'admirer  le  chapitre  intitulé  :  Remarques 
»  générales  sur  les  caractères  des  diverses  faunes  du  Velay  et  de 
»  la  Limagne,  comparées  entre  elles  et  avec  celles  de  différentes 
»  régions.  A  l'époque  où  Pomel  composa  son  ouvrage,  on  s  occupait 
»  peu  de  suivre  les  Vertébrés  à  travers  les  âges  ;  on  les  étudiait 
»  habilement  au  point  de  vue  zoologique,  mais  on  n'avait  pas 
»  encore  entrepris  sur  eux  des  comparaisons  chronologiques  comme 
»  d'Orbigny  l'avait  fait  pour  les  Invertébrés.  Pomel  a  bien  mis  en 
»  lumière  les  différences  d'aspect  qu'ont  présentées  les  Mammifères  : 
»  à  l'époque  du  gypse  de  Gargas,  à  l'époque  de  la  formation  des 
»  terrains  lacustres  du  Velay,  de  l'Auvergne,  de  Mayence,  à  l'époque 
»  des  formations  lacustres  de  Sansan  auxquelles  il  joint  celles  de 
»  Montabuzard,  distinctes  pour  lui  du  lacustre  d'Auvergne  et  les 
»  dépôts  marins  des  faluns,  à  l'époque  des  sables  d'Eppelsheim  à 
»  laquelle  il  rattache  celle  du  Mont  Léberon,  à  l'époque  pliocène, 
))  enfin  à  l'époque  alluviale  (quaternaire).  Elève  de  Laurillard, 
)>  admirateur  de  Cuvier,  adversaire  de  Rlainville,  il  n'a  pas  été 
»  porté  aux  études  sur  les  enchaînements  du  monde  animal,  mais 
»  on  peut  dire  que  ses  habiles  travaux  d'analyse  ont  contribué  à 
»  préparer  ces  études  ». 

A  ces  travaux  paléontologiques  s'ajoutent  les  diverses  recherches 
géologiques  qu'il  effectua  dans  la  bordure  orientale  du  bassin 
parisien,  une  première  détermination  de  la  flore  de  Sézanne  et  la 
description  de  la  faune  du  terrain  pisolithique,  en  particulier  du 
Gavialis  isorhynchns,  qu'il  avait  rapporté  du  Mont-Aimé.  Ses  travaux 
sur  les  végétaux  fossiles  du  Lias  de  la  Moselle,  sur  le  terrain  houiller 
de  Saarbrùck,  sur  le  bassin  crétacé  de  Maêstricht,  témoignent  de 
sa  remarquable  aptitude  à  l'étude  des  différentes  questions  qu'il 
abordait. 

IV 

Avec  son  arrivée  en  Algérie  commence  une  série  d'études  nou- 
velles sur  la  géologie  régionale,  à  peine  entrevue.  La  province 
d'Oran,  par  le  développement  des  terrains  tertiaires  et  la  pauvreté 


1899  NOTICE  BIOGRAPHIQUE  SUR    A.    POMEL  211 

en  fossiles  des  formations  antérieures,  devait  naturellement  entraî- 
ner Pomel  vers  l'étude  des  terrains  néogènes.  Il  ne  tarda  pas  à  se 
rendre  compte  de  la  nécessité  d'une  classification  en  plusieurs 
étages  de  ces  assises,  qui  conservent,  malgré  de  nombreuses  modi- 
fications locales,  des  faciès  assez  constants  dans  l'ensemble  pour 
chaque  formation.  Pomel  ne  tarda  pas  à  constater  des  faits  évidents 
de  discordance  par  régression  ou  érosion  entre  les  diilérents  étages. 
Pénétré  des  idées  d'Elie  de  Beaumout,  qui  furent  si  longtemps  la 
base  de  toutes  les  discussions  stratigraphiques,  ayant  pu  relever  un 
grand  nombre  de  faits  qui  militaient  en  faveur  de  la  théorie  des 
systèmes  de  montagnes,  il  établit  dans  la  série  miocène  trois 
divisions  nettement  tranchées  et  séparées  par  des  mouvements 
orogéniques,  dont  la  coordination  fournissait  une  application 
remarquable  des  grandes  lignes  de  direction  de  plissement.  C'est 
principalement  dans  ses  études  sur  la  circonscription  de  Miliana  et 
dans  le  bassin  du  Chélif,  qu'il  acquiert  la  confirmation,  basée  sur 
un  nombre  considérable  d'observations,  de  ses  conclusions.  Il  n'était 
guère  possible  alors  de  chercher  à  préciser  la  comparaison  avec  les 
terrains  tertiaires  de  la  France,  dont  la  classification  a  été  soumise 
depuis  encore  à  des  vicissitudes  multiples.  C'est  surtout  avec  les 
divisions  établies  par  Pareto,  en  Italie,  que  l'auteur  chercha  les 
termes  de  comparaison,  qui  purent  l'amener  à  commettre  des 
erreurs  inévitables. 

La  division  établie  par  Pomel  en  1858  pour  les  terrains  miocènes 
de  l'Algérie,  a  été  confirmée  par  toutes  les  études  détaillées  com- 
plètes ;  on  ne  saurait  se  refuser  à  reconnaître  l'importance  des 
déductions  appuyées  sur  une  théorie,  aujourd'hui  délaissée,  en 
constatant  la  consécration  récente  de  ces  conclusions  par  la  paléon- 
tologie. Les  terrains  miocènes  de  l'Algérie  occidentale  présentent 
des  modifications  locales  de  faciès  qui  ont  pu  prêter  à  confusion 
pour  une  attribution  rigoureuse,  principalement  en  ce  qui  concerne 
les  faciès  récifal  ou  littoral  à  lithothamnium  ;  les  études  de  détail 
ont  pu  amener  quelques  changements,  mais  ce  ne  sont  là  que  des 
questions  locales,  dont  Pomel  a,  du  reste,  dans  ses  plus  récentes 
publications,  établi  la  rectification.  Les  grands  jalons  posés  par  sa 
classification  subsistent  intacts. 

C'est  principalement  dans  la  Description  géologique  du  massif  de 
Milianah  que  Pomel  a  développé  ses  idées  sur  ce  sujet,  mais  chacune 
de  ses  publications  ultérieures  porte  l'empreinte  de  nouvelles 
preuves  à  l'appui,  notamment  après  ses  études  sur  le  Dahra.  Dans  la 
Description  stratigraphique  générale  de  1889,  il  précise  le  plus  nette- 


212  e.  ficheur  6  Avril 

ment  les  caractères  des  différents  étages,  auxquels  il  donne  l'impor- 
tance d'un  groupe  ;  les  termes  de  Cartennien,  Helvétien,  Sahélien 
sont  suffisamment  appuyés  sur  des  documents  de  toute  nature  pour 
obtenir  une  juste  sanction.  Le  Cartennien,  en  particulier,  occupe 
une  place  spéciale  et  il  est  regrettable  que  cette  désignation  d'étage, 
si  nettement  défini,  n'ait  pas  reçu  une  consécration  définitive  en 
prenant  place  dans  la  série  stratigraphique  française.  Le  terme 
d'Helvétien  peut  donner  lieu  à  contestation  puisqu'il  parait  com- 
prendre l'ensemble  des  assises  correspondant  à  l'Helvétien  propre- 
ment dit  et  au  Tortonien,  ou  bien,  comme  l'a  montré  M.  Brives, 
d'accord  avec  M.  Depéret,  au  deuxième  étage  méditerranéen.  Quant 
au  nom  de  Sahélien,  qui  a  donné  lieu  à  de  nombreuses  critiques,  il 
paraît  devoir  se  paralléliser  avec  les  formations  désignées  sous  le 
nom  d'étage  pontien. 

La  description  du  massif  de  Milianah  renferme,  en  outre,  quantité 
de  faits  importants  concernant  les  formations  quaternaires  et  les 
terrains  volcaniques  de  la  région. 

Le  Sahara,  publié  en  1872,  est  une  œuvre  remarquable,  dont 
l'éloge  a  été  unanimement  fait,  même  par  les  contradicteurs  du 
maître.  Pomel,  mettant  à  profit  les  observations  recueillies  dans  le 
cours  de  son  voyage  de  1862  et  les  documents  fournis  par  les  explo- 
rateurs, présente  un  aperçu  géographique  des  plus  précis  sur  les 
différentes  parties  du  Sahara,  les  bassius  des  Chotts,  la  Hamada  et 
l'Erg,  et  fait  justice  des  fausses  conceptions  répandues  sur  l'exten- 
sion des  dunes  et  leur  infertilité  complète,  il  attribue  les  véritables 
causes  de  la  stérilité  à  la  sécheresse  et  à  la  nudité  de  la  Hamada. 

La  partie  géologique  expose  avec  une  grande  clarté  l'état  de  nos 
connaissances  sur  le  Sahara,  le  Soudan  occidental  et  le  massif 
atlantique.  Pomel  montre  l'Atlas  rattaché  à  l'Europe  par  la  grande 
complexité  de  sa  structure  géologique;  c'est  une  partie  de  l'Europe 
séparée  de  l'Afrique  par  le  Sahara.  Au  sujet  de  l'Algérie,  il  montre 
le  massif  cristallophyllien  littoral  de  l'Edough  à  la  Kabylie  et  la 
Bouzaréa,  se  prolongeant  probablement  par  des  tlots  sous-marins 
au  Cap  Chénoua  et  au  Cap  Tenès.  Les  poudingues  gris  et  schistes  du 
Djebel  Kahar  sont  attribués  au  Permien,  ce  qui  est  conforme  à  nos 
conclusions  actuelles.  Un  des  chapitres  les  plus  importants  traite 
des  dépôts  marins  quaternaires,  les  plages  émergées,  dont  les 
terrasses  sont  observées  à  Tripoli,  Tunis,  la  Calle,  Philippeville, 
d'Alger  à  Oran,  à  Tanger  et  au  Cap  Blanc  ;  cette  action  de  faible 
relèvement  infirmant  l'existence  de  tout  phénomène  important  de 
dislocation  et  de  ridement,  et  réduisant  à  néant  la  conception  d'un 
effondrement  récent  du  détroit  de  Gibraltar. 


1899  NOTICE  BIOGRAPHIQUE  SUR    A.    POMEL  213 

A  la  bordure  du  Sahara,  Pomel  indique  les  atterrissements 
tertiaires  fortement  relevés  (Brézina)  et  décrit  les  puissants  dépôts 
d'alluvions  dont  l'érosion  a  donné  lieu  à  ces  gours  géants;  il  donne 
l'explication  de  la  formation  de  cette  croûte  ou  carapace  calcaire 
développée  dans  le  Tell  et  les  Hauts-Plateaux  et  la  surface  de  la 
Hamada.  Il  signale  les  recherches  à  faire,  relativement  au  Chott 
Melrir,  sur  les  rapports  des  dépôts  environnants  avec  les  formations 
littorales  de  Gabès,  et  émet  l'opinion  de  l'existence  d'un  seuil 
crétacé.  Pomel  expose  ses  idées  sur  la  formation  des  dunes  et  sur 
les  dépôts  de  gypse  et  sel  gemme  des  Chotts,  qui  ne  peuvent  être 
en  aucune  façon  attribués  au  retrait  d'une  mer  quaternaire  saha- 
rienne. D'importants  documents  sur  la  faune  et  la  flore  accom- 
pagnent cette  description. 

Les  hypothèses  sur  la  nature  et  l'origine  des  terrains  des  Chotts 
tunisiens  furent  vérifiées  et  développées  à  la  suite  de  sa  mission 
de  1877,  et  publiées  avec  une  foule  de  détails  concernant  la  géologie 
du  littoral  tunisien  dans  son  mémoire  de  1884. 

La  description  stratigraphique  générale  de  l'A  Igérie  de  1889  constitue 
un  document  qui  fait  époque  en  établissant  l'état  des  questions 
stratigraphiques  en  Algérie.  Pour  la  première  fois,  l'échelle  com- 
plète des  terrains  sédimentaires  est  présentée  de  façon  à  se  mettre 
en  harmonie  avec  la  classification  adoptée  en  France.  Les  groupe- 
ments des  terrains  tertiaires  y  occupent  une  large  place  avec  un 
grand  nombre  de  subdivisions  nouvelles.  Les  terrains  anté-juras- 
siques  ne  sont  guère  que  la  reproduction  de  l'exposé  de  1881,  laissant 
toujours  les  mêmes  problèmes  à  résoudre.  La  série  jurassique  y  est 
subdivisée  suivant  les  étages  classiques,  mais  avec  de  nombreuses 
incertitudes  sur  la  place  à  donner  à  certaines  assises  dans  le  Juras- 
sique supérieur.  Les  terrains  crétacés,  bien  mieux  connus,  d'après 
les  travaux  de  Coquand,  Brossard,  M.  Péron,  y  sont  classés  d'une 
façon  plus  rigoureuse  ;  Pomel  discute  la  valeur  des  subdivisions 
proposées  et  conclut  à  la  difficulté  de  généraliser  d'après  quelques 
points  particuliers  des  mieux  favorisés.  Les  points  litigieux  y  sont 
nettement  indiqués,  dans  ce  résumé  d'un  nombre  considérable  de 
faits,  dans  une  description  très  serrée.  Les  modifications  les  plus 
considérables  apportées  par  ce  travail  ont  trait  à  la  classification 
des  terrains  éocènes,  pour  la  première  fois  subdivisés  en  trois 
groupes.  L'inférieur^  dont  le  type  le  plus  complet  se  trouve  carac- 
térisé dans  la  région  de  Boghari,  présente  des  divisions  un  peu  trop 
multipliées,  reposant  sur  les  observations  de  M.  Pierredon  et  qui 
concordent  très  difficilement  avec  la  simplicité  de  ces  formations 


214  e.  fichbur  6  Avril 

dans  la  province  de  Constantine.  Le  groupe  de  l'Eocène  moyen, 
dont  les  assises  occupent  une  zone  bien  distincte,  concentrée  dans 
la  région  littorale,  a  été  séparé  en  plusieurs  étages  d'après  mes 
recherches  sur  le  Djurjura  ;  il  en  est  de  môme  de  l'Eocène  supérieur, 
à  faciès  gréseux,  divisé  en  deux  étages  d'extension  différente  et  de 
faciès  particulier. 

Un  nouveau  terme  dans  la  série  miocène,  correspondant  à 
l'Oligocène,  est  indiqué  par  les  dépôts  marins  de  la  région  de 
Dellys  ;  à  cette  période  Pomel  rapporte  les  dépôts  continentaux  de 
la  bordure  du  Sahara  et  du  versant  sud  des  vallées  de  l'Aurès. 

Les  dépôts  lacustres  du  bassin  de  Constantine  y  sont  placés  dans 
le  Miocène  moyen  (Smendou)et  supérieur  (argiles  à  hélices  dentées). 

Cet  important  résumé  peut  paraître  d'une  lecture  assez  difficile 
pour  les  géologues  peu  familiarisés  avec  les  détails  de  la  géographie 
de  l'Algérie  ;  on  peut  faire  à  son  auteur  la  critique  de  passer  d'une 
région  à  l'autre,  dans  l'examen  des  différents  étages,  d'une  manière 
assez  brusque  qui  peut  dérouter,  mais  on  y  trouve  accumulées  une 
quantité  considérable  d'observations,  dont  une  grande  partie  entiè- 
rement inédites,  résultat  des  dernières  recherches  ou  des  études 
antérieures  de  Pomel.  C'est  une  synthèse,  dans  laquelle  on  regrette 
de  ne  pas  trouver  de  coupes  géologiques  permettant  de  fixer  les 
idées  avec  plus  de  précision.  Pomel  hésitait  à  donner  à  la  publicité 
ces  croquis  schématiques  qu'il  livrait  si  volontiers  à  ses  collabora- 
teurs ;  il  estimait  que  des  coupes  forcément  incomplètes  peuvent 
prêter  à  des  interprétations  discutables,  et  comme  il  n'a  pas  été  en 
mesure,  faute  de  bonnes  cartes,  de  relever  des  profils  détaillés,  il  a 
jugé  préférable  de  s'abstenir  de  toute  interprétation  de  ce  genre. 


Ses  publications  sur  la  Paléontologie  algérienne  ne  comprennent 
qu'une  partie  de  l'ensemble  du  programme  que  Pomel  s'était  tracé. 
En  commençant  par  les  Spongiaires  (1866),  l'auteur  indique  son 
but  de  faire  connaître  les  richesses  paléontologiques  de  la  province 
d'Oran  et  son  intention  de  passer  successivement  en  revue  les  diffé- 
rents groupes  des  Invertébrés  ;  c'est  pour  ce  motif  qu'il  divise  son 
travail  sur  les  Zoophytes  en  cinq  fascicules,  devant  comprendre  les 
Bryozoaires,  les  Echinodermes,  les  Coralliaires,  les  Foraminifères 
et  les  Spongiaires. 

Le  fascicule  des  Spongiaires  comporte  un  fort  volume  renfermant 
la  description  de  124  espèces  du  groupe  des  Pétrospongiaires  du 


1899  NOTICE  BIOGRAPHIQUE  SUR    A.    POMEL  215 

Miocène  inférieur  (Cartennien),  appuyée  sur  les  figures  de  36  plan- 
ches dessinées  par  Mlle  Augusta  Pomel.  Cette  importante  série, 
recueillie  pour  la  presque  totalité  au  Djebel  Djambeida,près  Cher- 
cbell,  constitue  une  faune  «  très  analogue  à  celle  des  terrains 
»  crétacés  moyen  et  supérieur,  mais  qui  a  également  des  caractères 
»  propres.  Un  géologue,  peu  familiarisé  avec  le  faciès  lithologique 
»  algérien,  tombant  sur  un  pareil  gisement,  n'eut  pas  hésité  à  se 
»  déclarer  en  plein  Crétacé  ». 

Ce  travail  entraîna  Pomel  à  des  recherches  considérables  sur  la 
classification  des  Spongiaires;  il  s'exprime  ainsi  à  ce  sujet  :  «  Si 
»  d'un  côté,  j'ai  été  favorisé  par  mon  séjour  sur  une  côte  méditer- 
»  ranéenne  très  riche  qui  m'a  permis  d'étudier  sur  le  vif  de  nom- 
»  breuses  espèces,  j'ai  eu,  d'autre  part,  à  regretter  la  privation  des 
»  matériaux  considérables  des  bibliothèques  et  des  grandes  collec- 
»  tions  de  la  métropole,  que  des  visites  trop  rapides  ont  fait  passer 
»  comme  des  silhouettes  devant  mes  yeux.  Il  est  probable  que  si  le 
)>  géologue  paléontologiste  n'eût  pas  engagé  l'affaire,  le  zoologiste 
»  n'eût  pas  eu  le  courage  de  le  faire,  en  présence  des  difficultés 
»  considérables  qu'il  devait  y  rencontrer.  Ces  explications  étaient 
»  nécessaires  pour  excuser  les  nombreuses  imperfections  qui  se 
»  sont  dévoilées  au  cours  de  la  publication  »  (Spongiaires,  page  253). 

Pour  le  fascicule  suivant,  comprenant  les  Echinodermes ,  les 
matériaux  étaient  abondants,  en  bon  état  de  conservation  et  don- 
naient lieu  h  des  études  attrayantes,  pour  lesquelles  Pomel  conserva 
toujours  une  vive  prédilection.  L'auteur  en  fit  une  étude  générale 
et  présenta  en  1867  une  classification  dont  les  caractères  importants 
sont  basés  sur  la  présence  ou  l'absence  des  mâchoires  et  des  dents, 
impliquant  des  modifications  profondes  dans  le  régime  alimentaire. 
Les  résultats  et  conclusions  en  furent  développés  dans  la  Classifi- 
cation méthodique  et  gênera  des  Echinides  vivants  et  fossiles,  qui  parut 
en  1883.  Pomel  établit  deux  divisions  primordiales  :  Atélostomes 
ou  édentés,  Gnathostomes  ou  dentés.  La  première  comprend  deux 
groupes  :  les  Spatiformes  et  les  Lampadiformes  ;  la  deuxième  divi- 
sion renferme  les  Néaréchinides  (secondaires,  tertiaires  et  actuels) 
avec  les  deux  groupes  des  Clypeiformes  et  des  Globiformes,  et  les 
Paléchinides  (Oursins  paléozoïques). 

Cette  classification  sert  de  préface  à  la  description  des  Echinides 
de  l'Algérie,  dont  Pomel  n'a  décrit  que  les  fossiles  tertiaires,  com- 
prenant un  nombre  considérable  d'espèces  spéciales,  dont  la 
description  est  appuyée  sur  une  première  série  de  78  planches 
parue  en  1885.  L'iconographie  des  espèces  non  figurées  dans  ce 


216  e.  ficheur  6  Avril 

travail  et  dues  à  des  découvertes  plus  récentes,  notamment  d'une 
remarquable  série  de  Clypéastres,  avait  été  préparée  par  des 
reproductions  phototypiques,  dont  quelques  épreuves  ont  donné 
malheureusement  de  trop  mauvais  résultats,  pour  que  Pomel  se 
décidât  à  les  publier.  Cette  iconographie,  complétée  par  de  nouvelles 
planches  lithographiques,  sera  terminée  par  les  soins  du  Service 
de  la  Carte  géologique. 

Diverses  notes  sur  les  Echinides  du  Kef  Ighoud,  sur  le  Thagastea, 
etc.  ont  apporté  une  nouvelle  contribution  à  l'échinologiealgérienne. 

Les  Bryozoaires  avaient  été  l'objet  de  travaux  sérieux  de  la  part 
de  Pomel,  qui  avait  fait  lithographier  une  première  série  de  16 
planches  par  ses  deux  filles,  Mlle8  Auguste  et  Pauline  Pomel,  et  que 
des  circonstances  diverses  ne  lui  ont  pas  permis  de  continuer. 

L'étude  des  Coralliaires  fossiles,  également  abordée,  avait  donné 
lieu  à  une  première  note. 

Les  Céphalopodes  ont  également  eu  leur  part  de  ses  recherches  : 
Pomel  nous  laisse  une  description  des  Céphalopodes  néocomiens  de 
Lamoricière,  renfermant  une  faunule  berriasienne,  retrouvée  à 
l'état  erratique  dans  le  Néocomieu.  Les  14  planches  qui  accompa- 
gnent ce  travail  ont  été  dessinées  avant  1869. 

Il  nous  reste  à  parler  de  l'importante  publication  des  Vertébrés 
fossiles  quaternaires  de  l'Algérie.  Treize  fascicules,  dont  l'énumé- 
ration  a  été  faite  ci-dessus,  renferment  les  monographies  des  grands 
Mammifères  dont  les  débris  ont  été  recueillis  par  les  soins  de  Pomel 
et  réunis  à  la  collection  de  l'Ecole  des  Sciences  d'Alger.  L'analyse 
de  ces  documents  considérables  nous  entraînerait  trop  loin;  la  plus 
importante  consécration  de  cette  œuvre  a  été  donnée  par  l'éloge 
qui  en  a  été  fait  à  l'Académie  des  Sciences.  Les  grands  Mammifères, 
Eléphants,  Rhinocéros,  Hippopotames,  Buffles,  Chameaux,  Cerfs, 
Antilopes,  qui  peuplaient  le  sol  de  la  Berbérie  à  l'époque  préhisto- 
rique, sont  en  majeure  partie  exhumés  dans  ce  travail  qui,  outre 
l'intérêt  de  l'anatomie  comparée,  présente  des  considérations  du 
plus  haut  intérêt  sur  l'histoire  des  temps  quaternaires.  Pomel  a  eu 
soin  de  faire  ressortir,  dans  l'étude  de  chaque  groupe,  les  rappro- 
chements avec  les  figures  gravées  sur  les  rochers  du  Sud  oranais, 
par  l'homme  contemporain,  les  dessins  rupestres,  dont  M.  Flamand 
a  rapporté  des  descriptions  et  des  photographies  d'une  grande 
netteté. 

Les  différents  gisements  qui  avaient  fourni  ces  matériaux,  ne 
présentant  séparément  qu'un  petit  nombre  de  types,  il  restait  tou- 
jours des  doutes  sur  l'âge  relatif  des  dépôts  qui  les  renfermaient. 


1899  NOTICE  BIOGRAPHIQUE   SUR  A.    POMEL  217 

La  découverte  d'un  dépôt  ossifère  dans  les  tranchées  du  chemin  de 
fer  en  construction  à  la  Pointe-Pescade,  près  Alger,  en  1894,  vint 
donner  à  cette  question  une  heureuse  solution.  Les  travaux  de 
fouilles,  habilement  dirigées  par  M.  Brives,  permirent  de  recueillir 
un  nombre  considérable  de  pièces,  Eléphants,  Hippopotames,  Rhi- 
nocéros, Buffles,  Cerf,  Antilope,  permettant  d'affirmer  la  contempo- 
ranéité  de  ces  espèces.  11  serait  trop  long  d'énumérer  seulement  les 
nombreuses  espèces  étudiées  dans  ces  monographies,  qui  ont  été, 
au  fur  et  à  mesure  de  leur  apparition,  avidemeut  recherchées  par 
les  paléontologistes  de  tous  pays. 

Je  ne  saurais  terminer  cet  aperçu  rapide  des  travaux  de  M.  Pomel, 
sans  indiquer  encore  la  contribution  importante  qu'il  a  apportée  à 
l'étude  de  la  flore  algérienne  dans  ses  Matériaux  pour  la  Flore 
atlantique  et  surtout  dans  ses  Nouveaux  matériaux,  dans  lesquels  il 
donne  la  description  de  toutes  les  plantes  non  encore  décrites,  soit 
près  de  800  espèces  ou  variétés.  L'éloge  de  ce  travail  a  été  fait  par 
mon  collègue  et  ami  M.  le  professeur  Battandier,  dans  le  Bulletin 
de  la  Société  Botanique  de  France  (22  août  1898). 

En  terminant  cet  hommage  à  la  mémoire  de  l'homme  éminent 
qui  vient  de  disparaître,  je  tiens  à  exprimer  tous  les  regrets  que  sa 
perte  cause  à  la  Géologie  algérienne,  à  l'Algérie  et  à  la  Société 
Géologique  de  France,  dont  il  a  été  secrétaire  en  1849-1850,  vice- 
président  en  1879.  Le  souvenir  de  ce  savant  vivra  par  les  travaux 
dont  il  a  enrichi  la  science  et  par  l'impulsion  fructueuse  qu'il 
a  donnée  à  la  Géologie  de  l'Algérie. 


BIBLIOGRAPHIE  DES  TRAVAUX  SCIENTIFIQUES  DE  A.  POMEL 

I.  —  PUBLICATIONS  ÉTRANGÈRES  A  L'ALGÉRIE 

Géologie  et  Paléontologie 

1842.  1.  —  Essai  de  coordination  dos  terrains  tertiaires  du  département  du 
Puy-de-Dôme  avec  ceux  du  Nord  de  la  France  {Annales  scient,  de  V Auvergne). 

1843.  2.  —  Description  des  Carnassiers  fossiles  des  terrains  meubles  de  l'Au- 
vergne :  Felis  cultridens,  Canin  megamasloides.  Luira  Dravardi  (B.  S.  G.  F., 
1"  série,  t.  XIV). 

—    3.  —  Observations  sur  la  paléontologie  des  terrains  meubles  de  la  Li magne 
d'Auvergne  {B.  S.  G.  F.,  V  série,  t.  XIV). 

1844.  4.  —  Note  sur  un  Bouc  fossile,  Capra  Rozeti,  découvert  près  d'Issoire, 
avec  Eléphant,  Rhinocéros,  etc.  (C.  R.  Ac.  .Se,  vol.  XIX). 


218  e.  fichbur  6  Avril 

1844.  5-6.  —  Description  géologique  et  paléontologique  des  collines  de  la  Tour- 
de-Boulade  et  du  Puy-de-Tellier  (C.  R.  Ac.  Se,  t.  XIX,  et  B.  S.  G.  F.,  2-  série,  t.  I). 

1845.  7.  —  Gergovia,  ses  basaltes,  ses  calcaires,  ses  fossiles.  —  Plantes  fossiles 
des  terrains  tertiaires  de  l'Auvergne  (B.  S.  G.  F.,  t.  II). 

—  8.  —  Note  sur  des  végétaux  fossiles  nouveaux,  découverts  dans  le  Calcaire 
grossier  des  environs  de  Paris  (B.  S.  G.  F.,  2«  série,  t.  II,  p.  307). 

—  9.  —  Note  sur  les  prétendues  Cycadées  fossiles  tertiaires  (/cf.) . 

—  10.  —  Note  sur  quelques  phénomènes  géologiques  de  la  vallée  de  la 
Brems,  près  Saarlouis.  Relations  du  terrain  houiller  avec  les  Porphyres  (B.  S. 
G.  F.,  2«  série,  t.  III,  p.  49). 

1846.  11.  —  Nouvelles  considérations  sur  la  paléontologie  de  l'Auvergne  :  L'en- 
semble des  Mammifères  fossiles  de  ce  pays  est  divisé  en  trois  faunes  successives  et 
les  terrains  qui  les  renferment  sont  classés  dans  les  trois  époques,  miocène,  plio- 
cène et  quaternaire  (B.  S.  G.  F.,  2«  série,  t.  III,  p.  198). 

—  12.  —  Note  sur  la  Géologie  paléontologique  du  département  de  l'Allier 
(B.  S.  G.  F.,  2-  série,  t.  III,  p.  365). 

—  13.  —  Note  sur  le  Lias  de  la  Moselle  et  sur  quelques  gisements  de  végé- 
taux fossiles  {B.  S.  G.  F.,  t.  III,  p.  652). 

—  14.  —  Sur  le  Pterodon.  genre  fossile  de  Dasyure,  dont  les  espèces  ont 
été  trouvées  dans  les  terrains  tertiaires  de  Paris,  de  l'Auvergne  et  de  la  Gironde 
{B.  S.  G.  F.,  2«  série,  t.  III). 

—  15.  —  Détermination  des  Vertébrés  fossiles  de  Cadibona,  recueillis  par 
M.  Gastaldi  (B.  S.  G.  F.,  2-  série,  t.  III). 

—  16.  —  Note  sur  les  Animaux  fossiles  de  l'Allier  {B.  S.  G.  F.,  £•  série, 
t.  IV,  p.  385). 

1847.  17.  —  Note  sur  un  nouveau  Pachyderme  de  la  Gironde,  Elotherium 
magnum,  congénère  d'autres  fossiles  décrits  plus  tard  par  M.  Aymard  sous  le 
nom  d'Entelodon,  {B.  S.  G.  F.,  f  série,  t.  IV). 

—  18.  —  Note  sur  le  genre  Palœotherium,  ses  caractères  et  ses  limites 
(B.  S.  G.  F.,  f  série,  t.  IV,  p.  384). 

—  19.  —  Note  sur  divers  Vertébrés  fossiles  des  terrains  éocènes  de  Paris  : 
Pachynolophus,  Coryphodon,  Crocodilus,  Cœlorhinus,  Apholidemys,  Palœophis 
(Arch.  scient.  Bibl.  Univ.  de  Genève,  vol.  IV). 

—  20.  —  Sur  les  Hippopotames  et  les  Sangliers  fossiles  [Arch.  se.  Bibl.  de 
Genève,  vol.  IV). 

—  21.  —  Faune  fossile  du  terrain  pisolithique  comprenant  la  description  du 
Gavialis  isorhynchus  du  Mont- Aimé,  le  plus  ancien  représenté  du  type  des  Croco- 
diles [Arch.  Bibl.  Genève,  vol.  V). 

—  22.  —  Sur  le  genre  Palœotherium  [Arch.  Bibl.  Genève,  vol.  V). 

—  23.  —  Note  sur  la  flore  de  Sézanne,  première  indication  du  genre  Mar- 
chantia  (Arch.  Bibl.  Genève,  vol.  V). 

—  24.  —  Matériaux  pour  servir  à  la  flore  fossile  des  terrains  jurassiques  de 
la  France  (Congrès  Natur.  AU.  a  Aix-la-Chapelle}. 

1848.  25.  —  Sur  le  terrain  crétacé  d'Aix-la-Chapelle  et  de  Maestricht  (B.  S. 
G.  F.,  2«  série,  t.  VI). 

—  26.  —  Mémoire  pour  servir  à  la  Géologie  paléontologique  du  département 
de  l'Allier  (B.  S.  G.  F.,  2»  série,  t.  VI). 

—  27.  —  Note  sur  les  Animaux  fossiles  de  l'Allier  (W.). 

—  28.  —  Recherches  sur  les  caractères  et  les  rapports  des  divers  genres 
vivants  et  fossiles  de  Mammifères  ongulés  (f .  R.  Ac.  Se,  t.  XXVI,  p.  686). 


1899  NOTICE  BIOGRAPHIQUE  SUR   A.    POMEL  219 

1847.  29.  —  Communication  sur  le  même  sujet  à  la  Société  géologique  de  France 
avant  la  publication  d'un  mémoire  analogue  de  Richard  Owcn  (B.  S.  G.  F., 
2-  série,  t  VI). 

—  30.  —  Etudes  sur  les  Insectivores  (Ârch.  Bibl.  Univ.  de  Genève,  vol.  IX). 

—  31.  —  Recherches  sur  la  distribution  géographique  et  géologique  des 
Carnassiers  insectivores  (B.  S.  G.  F.,  t.  VI). 

—  32.  —  Sur  le  Castoroïdes  ohioensis,  par  Wymann  (Arch.  Bibl.  Genève, 
vol.  IX). 

—  33.  —  Notices  bibliographiques  sur  divers  Mammifères  fossiles  de  l'Amé- 
rique du  Nord  (Ârch.  Bibl.  Genève,  vol.  IX). 

1849.  34.  —  Observations  sur  le  parallélisme  du  gypse  d'Aix  avec  les  dépots 
lacustres  de  la  Limagne  et  de  la  Beauce  (B.  S.  G.  F.,  2»  série,  t.  VII). 

—  35.  —  Notices  bibliographiques  sur  les  Ongulés  fossiles  de  l'Amérique  du 
Nord  [Ârch.  BibL  Genève,  vol.  X). 

—  36.  —  Sur  le  genre  Anoplotherium,  ses  caractères  et  ses  limites  (Arch. 
BibL  Genève,  vol.  XII). 

1850.  37.  —  Notice  sur  les  Ossements  fossiles  de  la  Débruge,  comprenant  le 
catalogue  des  espèces  que  plusieurs  mois  de  fouilles  y  avaient  fait  découvrir  (en 
colla  b.  avec  A.  Bravard)  (Ext.  du  Mercure  Aptésien,  Apt). 

1851.  38.  —  Observations  nouvelles  sur  la  structure  des  pieds  dans  la  famille 
des  Anoplotherium  et  dans  le  genre  Hyemoschus  (C.  R.  Ac.  Se,  vol.  XXXIII,  p.  16). 

1852.  39.  —  Catalogue  méthodique  et  descriptif  des  Vertébrés  fossiles  décou- 
verts dans  le  bassin  hydrographique  supérieur  de  la  Loire  et  dans  la  vallée  de 
l'Allier  (Ouvrage  couronné  par  l'Académie  des  Sciences,  Belles-Lettres  et  Arts  de 
Clermont-Ferrand,  dans  sa  séance  de  nov.  1852)  {Annales  scient,  de  V Auvergne). 

1854.  40.  —  Sur  la  succession  dos  faunes  de  Vertébrés  fossiles  du  centre  de  la 
France  (Lettre  à  Elie  de  Beaumont,  C.  R.  Ac.  Se,  vol.  XXXVIII,  p.  463). 

1868.  41.  —  Sur  le  Myomorphus  cubensis,  sous-genre  nouveau  de  Megalonyx 
(C.  R.  Ac.  Se,  t.  LXVII,  p.  665). 

--    42.  -    Note  additionnelle  sur  le  Myomorphus  cubensis  (C.  R.  Ac.  Se, 
t  XLVII,  p.  850). 

II.  —  PUBLICATIONS  CONCERNANT  L'ALGÉRIE  ET  L'AFRIQUE  DU  NORD 

A.  —  Géologie 

1854.  43.  —  Observations  géologiques  sur  la  province  d'Oran  :  Sur  d'anciennes 
solfatares  de  la  forêt  de  Muley-Ismael  (Lettre  à  Elie  de  Beaumont)  (t\  R.  Ac.  Se, 
t.  XXXVIII,  p.  836). 

1855.  44.  —  Notice  géologique  sur  le  pays  des  Beni-bou-Sald,  près  la  frontière 
du  Maroc  (C.  R.  Ac.  Se,  t.  XL,  p.  882). 

—  45.  —  Id.,    Id.    (B.  S   G.  F.,  2*  série,  t.  XIII). 

1856.  46.  —  Observations  sur  la  structure  géologique  de  l'Algérie  [C.  R.  Ac.  Se, 
t.  XLIII,  p.  880). 

1858.  47.  —  Note  sur  les  soulèvements  du  massif  de  Milianah  (C.  R.  Ac.  Se, 
t.  XLVII,  p.  107). 

—  48.  —  Sur  l'âge  géologique  du  système  du  Vercors  (C.  R.  Ac.  Se,  t.  XLVII, 
p.  479). 

—  49.  —  Sur  le  système  de  montagnes  du  Mermoucha  et  sur  le  terrain  sahé- 
lien  (C.  R.  Ac.  Se,  t.  XLVII,  p.  852). 


220  e.  ftcheur  6  Avril 

1858.  50.  —  Nouvelles  remarques  sur  les  subdivisions  du  terrain  miocène 
(C.  R.  Ac.  Se,  t.  XLVII,  p.  949). 

1859.  51.  —  Sur  quelques-unes  des  révolutions  du  globe  qui  ont  construit  les 
reliefs  algériens  (C  R  Ac.  Se,  t.  XLVIIl.  p.  992). 

1872.  52.  —  Le  Sabara.  Observations  de  Géologie  et  de  Géographie  physique  et 
biologique.  Discussion  de  l'hypothèse  d'une  mer  saharienne  à  l'époque  préhisto- 
rique (Bull.  Soc.  climatolog.  d'Alger). 

1873.  53.  —  Description  et  carte  géologique  au  200.000*  du  massif  de  Milianab 
(Bull.  Soc.  climat.  d'Alger). 

—  54.  —  Carte  du  Losange  saharien  en  projection  gnomonique  sur  l'horizon 
de  son  centre  pour  l'étude  des  cercles  du  réseau  pentagonal  {C.  R.Âc.  Sc.t  t.  LXXVII, 
p.  557). 

1874.  55.  —  Sur  la  prétendue  mer  saharienne  (C.  R.  Ac.  Se,  t.  LXXIX,  p.  792). 

1875.  56.  —  Il  n'y  a  pas  eu  de  mer  intérieure  au  Sahara  aux  temps  quater- 
naires (C.  R.  Ac.  Se,  t.  LXXX,  p.  1342). 

1876.  57.  —  Etat  actuel  do  nos  connaissances  sur  la  géologie  du  Soudan,  de  la 
Guinée,  de  la  Sénégambie  et  du  Sahara  (A.  F.  A.  S.,  Congrès  de  Germon t- 
Ferrand). 

1877.  58.  —  Géologie  de  la  Petite-Syrte  et  du  littoral  oriental  de  la  Tunisie 
[Id.y  Congrès  du  Havre). 

—  59.  —  La  mer  intérieure  de  l'Algérie  et  le  seuil  de  Gabès  {Revue  scienti- 
fique). 

1878.  60.  —  Géologie  de  la  Petlte-Syrte  et  de  la  région  des  Cholts  tunisiens 
(B.  S.  G.  F.,  3-  série,  t.  VII). 

1881.  61.  —  Notice  sur  la  géologie  de  l'Algérie  (Notices  sur  Alger,  publiées  en 
vue  du  Congrès  de  VA.  F.  A.  S.  (Alger,  Jourdan). 

—  62.  —  L'Algérie  et  le  Nord  de  l'Afrique  aux  temps  géologiques  {A.  F. 
A.  S.,  Congrès  d'Alger). 

1882.  63.  —  Carte  géologique  provisoire  des  provinces  d'Alger  et  d'Oran,  avec 
texte  explicatif  (en  collaboration  avec  M.  Pouyanne). 

1884.  64.  —  Une  mission  scientifique  en  Tunisie.  Géologie  de  la  côte  orientale 
Jusqu'à  la  Petlte-Syrte  (Bull,  de  l'Ecole  des  Sciences  d'Alger). 

1888.  65.  —  Sur  un  gisement  de  quartz  blpyramidé  avec  cargneules  et  gypses 
à  Souk-Ahras  {C.  R.  Ac.  Se,  t.  CVII,  p.  53). 

—  66.  —  Sur  les  boues  geyseriennes  a  quartz  bipyramidés,  gypses  et  car- 
gneules des  environs  de  Souk-Ahras  {A.  F.  A.  S..  Congrès  d'Oran,  p.  262). 

—  67.  —  Le  terrain  suessonien  à  Nummulites  et  à  Phosphorltes  des  environs 
de  Souk-Ahras  (A.  F.  A.  S.,  Congrès  d'Oran,  p.  243). 

—  68.  —  Compte-rendu  de  l'excursion  de  la  Section  de  géologie  aux  environs 
d'Oran  (Id.,  p.  177). 

1889.  69.  —  Description  stratigraphique  de  l'Algérie  pour  servir  à  l'explication 
de  la  2*  édition  de  la  carte  géologique  provisoire  (Alger,  Fontana). 

—  70.  —  Carte  géologique  générale  provisoire  do  l'Algérie,  2*  édition  unifiée, 
revue  et  complétée  par  le  Service  de  la  Carte  géologique  sous  la  direction  de 
MM    Pomel  et  Pouyanne. 

1891 .  71 .  —  Les  tremblements  de  terre  des  15  et  16  janvier  1891  en  Algérie 
(C.  R.  Ac.  Se,  t.  CXII,  p.  643). 

—  72.  —  Les  formations  éocènes  de  l'Algérie  (en  collaboration  avec 
M.  Ficheur)  (C.  R.  Ac.  Se,  t.  CXIII,  p.  26). 


1899  NOTICE  BIOGRAPHIQUE  SUR   A.    POMEL  221 

1892.  73.  —  Aperçus  rétrospectifs  sur  la  géologie  de  la  Tunisie  [B.  S.  G.  F.v 
3*  série,  t.  XX,  p.  lOi). 

—  74.  —  Sur  la  classification  des  terrains  miocènes  en  Algérie  et  réponse 
aux  critiques  de  M.  Peron  (B.  S.  G.  F.,  3e  série,  t.  XX,  p.  166). 

1894.  75.  —  Sur  certaines  des  dernières  phases  géologiques  et  climatérlques 
du  sol  barbaresque  [C.  R.  Ac.  Se,  t.  CXIX,  p.  314). 

—  76.  —  Réponse  à  M.  Maycr-Eymar  à  propos  de  sa  défense  du  Saharien 
comme  nom  du  dernier  étage  géologique  [C.  R.  Âc.  Se,  t.  CXIX,  p.  938;. 

B.  —  Paléontologie 

1858.  77.  —  Végétaux  fossiles  des  travertins  quaternaires  de  Milianah  (in  Notice 
minéralogique  sur  les  provinces  d'Alger  et  d'Oran.  par  Ville,  Imp.  Impla). 

1867.  78.  —  Note  sur  la  classification  des  Echinodermes  (f.  R  4c.  Se,  t.  LXVII). 

1868.  79.  —  Observations  sur  la  classification  des  Echinodermes  pour  servir 
d'introduction  à  l'étude  des  fossiles  (Paris,  Deyrolle). 

—  80.  —  Sur  les  Alcyonaires  fossiles  des  terrains  tertiaires  algériens  (C.  R. 
Ac.  Se,  t.  LXVII,  p.  963). 

—  81.  —  Id.    Id.,    avec  une  planche  (Paris,  Deyrolle). 

1872.  82.  —  Description  des  Animaux  fossiles  de  la  province  d'Oran.  5'  fascic, 
Spongiaires,  i  fort  vol.  avec  36  planches  lithogr.  par  Ml,e  Augusta  Pomel  (Oran). 

1878.  83.  —  Station  préhistorique  de  Terniûne,  dans  la  plaine  d'Eghis  :  Elé- 
phants, Rhinocéros,  Hippopotames  (B.  S.  G.  F.,  3"  série,  t.  VII,  p.  44). 

—  84.  —  Un  Hipparion  dans  le  terrain  pliocène  d'Oran  {B.  S.  G.  F.,  t.  VII). 

—  85.  —  Sur  une  station  préhistorique  de  la  plaine  d'Eghis,  à  l'est  do  Mas- 
cara (À.  F.  À.  S.,  Congrès  de  la  Rochelle). 

1883.  86.  —  Classification  méthodique  et  gênera  des  Echinides  vivants  et 
fossiles.  Thèse  pour  le  doctorat  ès-sriences  (Alger,  Jourdan). 

1885.  87.  —  Paléontologie  ou  description  des  Animaux  fossiles  de  l'Algérie, 
2*  fascicule  :  Echinodermes,  1  fort  volume  renfermant  :  1°  Généralités  ;  2°  Classi- 
fication méthodique  et  gênera  ;  3°  Atlas  de  78  planches  lithogr.  par  Mlle  Augusta 
Pomel. 

—  88.  —  Sur  la  station  préhistorique  de  Terniûne,  près  Mascara  (A.  F. 
À.  S.,  Congrès  de  Grenoble). 

—  89.  —  Les  Echinides  du  KeMghoud  (Matériaux  pour  la  Carte  géologique 
de  l'Algérie,  1  fasc.  avec  3  planches.  Alger,  Fontana). 

1887.  90.  —  Paléontologie  de  l'Algérie.  Echinodermes,  2*  fascic,  2*  livraison. 
Description  des  espèces  fossiles  tertiaires.  1  fort  vol.  de  340  pages  (Publication  du 
Service  de  la  Carte  géologique.  Alger,  Fontana). 

—  91.  —  Sur  le  genre  Thersitea  Coq.,  singuliers  Mollusques  gastropodes 
particuliers  au  terrain  suessonien  d'Algérie  (A.  F.    1.  s..  Congrès  de  Toulouse). 

1888.  92.  —  Sur  le  Thagasteu.  nouveau  genre  d'Echinides  éocènes  d'Algérie  et 
observations  sur  le  groupe  des  Fibulariens  ((  .  R.  Av.  Se,  l.  CVI,  p.  373). 

—  93.  —  Compte-rendu  de  l'excursion  de  la  Section  d'Anthropologie  à  Terni- 
fine  {A.  F.  A .  S.,  Congrès  d'Oran,  p.  208). 

—  94.  —  Notes  d'échinologic  synonymiquu  (B.  S  G.  F..  3a  sér.,  t. XVI, p.  441). 

1889.  95.  —  Matériaux  pour  la  Carte  géologique  de  l'Algérie.  Les  Céphalopodes 
néocomien8  de  Lamoricière  (14  planches  dessinées  antérieurement  par  Mllr  A. 
Pomel.  Alger,  Fontana). 


222  e.  ficheur  6  Avril 

1890.  96.  —  Sur  les  Hippopotames  fossiles  de  l'Algérie  (C.  R.  Ac.  Se,  t.  CX, 
p.  1112). 

1892.  97.  —  Sur  le  Bramus  barbarus,  nouveau  type  de  rongeur  fossile  des 
phosphorites  quaternaires  de  la  Berbérie  [C.  R.  Ac.  Se,  t.  CXIV,  p.  1159). 

—  98.  —  Sur  le  Libytherium  maurusium,  grand  ruminant  du  terrain  plio- 
cène piaisanclen  d'Algérie  [C.  R.  Ac.  Se,  t.  CXV,  p.  100). 

—  99.  —  Sur  un  Macaque   fossile   (Macacus  trarensis)  des  phosphorites 
quaternaires  de  l'Algérie  (C.  R.  Ac.  Se,  t   CXV,  p.  157). 

—  100.  —  Sur  deux  Ruminants  de  l'époque  néolithique  en  Algérie  :  Cervus 
pachygenys,  Antilope  Maupasi  (C.  R.  Ac.  Se,  t.  CXV,  p.  213;. 

1893.  101 .  —  Présentation  d'une  monographie  du  Bubalus  antiquus  Duvernoy  ; 
notes  résumant  les  caractères  et  l'habitat  (C.  R.  Ac.  Se,  t.  CXVI,  p.  1346). 

1894.  102.  —  Découverte  de  Champsosauriens  dans  les  gisements  de  phospho- 
rites du  Suessonien  d'Algérie  (Dyrosaurus  IhecestensU)  (C.  R.  Ac.  Se,  t.  CXVII1, 
p.  1309). 

—  103.  —  Sur  le  Dyrosaurus  thevestensis  Pomel  —  Crocodilus  phospha- 
ticus  Thomas  {C.  R.  Ac.  Se,  t.  CXVUI,  p.  1396). 

—  104.  —  Présentation  de  la  monographie  des  Bœufs-Taureaux  fossiles  des 
terrains  quaternaires  de  l'Algérie  (C.  R.  Ac.  Se,  t.  CXIX,  p.  526). 

—  105.  —  Sur  une  nouvelle  grotte  ossifère  découverte  à  la  Pointe-Pescade, 
à  l'ouest  d'Alger  (C.  R.  Ac.  Se,  t.  CXIX,  p.  986). 

1896.  106.  —  Présentation  de  la  monographie  des  Eléphants  quaternaires  de 
l'Algérie  {C.  R.  Ac.  Se,  t.  CXXIII,  p.  975). 

—  107.  —  Présentation  de  la  monographie  des  Rhinocéros  quaternaires  de 
l'Algérie  (C.  R.  Ac.  Se,  t.  CXXIII,  p.  977). 

—  108.  —  Sur  les  Hippopotames  fossiles  de  l'Algérie  (C.  R.  Ac.  Se,  t.  CXXIII, 
p.  1241). 

1897.  109.  —  Présentation  de  la  monographie  des  Carnassiers  fossiles  quater- 
naires de  l'Algérie  (C.  R.  Ac.  Se,  t.  CXXIV,  p.  889). 

—  110.  —  Note  accompagnant  la  présentation  de  la  monographie  des  Porcins 
(C.  R.  Ac.  Se,  t.  CXXIV,  p.  1421). 

Série  des  Monographies  des  Vertébrés  fossiles  de  l'Algérie.  Publication  du 
Service  de  la  Carte  géologique  de  l'Algérie  (Alger,  Fontana).  13  fascicules. 

—    1er  fascicule.  —  Bubalus  antiquus  Duvernoy  (avec  10  planches). 

—  —  Camé  liens  et  Cervidés  (8  planches). 

—  —  Les  Bœufs-Taureaux  (19  planches). 

—  —  Les  Bos  élaphes  (avec  11  planches). 

—  —  Les  Antilopes  (15  planches). 

—  —  Les  Eléphants  (15  planches). 

—  —  Les  Rhinocéros  (12  planches). 

—  —  Les  Hippopotames  (avec  21  planches). 

—  —  Les  Carnassiers  (15  planches). 

—  —  Les  Suilliens- Porcins  (10  planches). 

—  —  Les  Equidés  (12  planches). 

—  —  Le  Singe  et  l'Homme  (8  planches). 

—  —  Les  0 vidés  (14  planches). 


1893. 

111. 

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1< 

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112. 

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2' 

1894. 

113. 

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1895. 

115. 

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1896. 

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1897. 

119. 

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12- 

1898. 

123. 

— 

13- 

1899  NOTICE   BIOGRAPHIQUE  SUR   A.   PO  M  EL  223 


C.  —  Zoologie  et  Botanique 

1836.  124.  —  Note  iar  la  Mammalogie  algérienne  (C.  R.  Ac.  Se,  t.  XLII,  p.  652). 

1860.  125.  —  Matériaux  pour  la  flore  atlantique.  Coupes  génériques  nouvelles. 
Période  actuelle  jOran). 

1861.  136.  —  Matériaux  pour  la  flore  atlantique  [C.  R.  Ac.  Se,  t.  LU,  p.  V62). 
1864.  127.  —  Note  sur  la  classification  dus  Echinodermcs  {C.  R.  Ac.  Se,  t.  LXVI1) . 

1874.  128.  —  Nouveaux  matériaux  pour  la  flore  atlantique  (1"  livraison). 

1875.  129.  —  Id.    Id.    (ST  livraison)  {Bull.  Soc.  de  climatol.  d'Alger). 

1881.  190.  —  Notices  sur  la  Zoologie  et  la  Botanique  de  l'Algérie  (in  Notices 
sur  Alger  et  l'Algérie,  publiées  à  l'occasion  du  Congrès  de  l'Ass.  franc,  pour 
PAvanc.  de*  Se.  Alger,  Jourdan). 

1883.  131.  —  Contribution  à  l'étude  des  Crucifères,  2  planches  (2'  thèse  pour 
le  doctorat  ès-sciences)  (Alger,  Jourdan). 

1889.  132.  —  Sur  les  ravages  exercés  par  un  Hémlptore  du  genre  Œlia,  sur  les 
céréales  algériennes  {C.  R.  Ac.  Se,  t.  CVII1,  p.  575). 

1892.  133.  —  Sur  l'Ecureuil  de  Barbarie  (C.  R.  Ac.  Se,  t.  CXIV,  p.  53). 

1893.  134.  —  Le  Surmulot  dans  l'ancien  monde  occidental  (C.  R.  Ac.  Se,  t. CXVI, 
p.  1031). 

[).  -  Varia 

1860.  135.  —  Nouveau  guide  de  Géologie,  Minéralogie  et  Paléontologie  (Paris, 
Deyrolles). 

1871.  136.  —  Les  races  indigènes  de  l'Algérie  (Oran,  V"  Daguin). 

1873.  137.  —  L'Algérie  à  l'exposition  de  Vienne  (Oran). 


224  6  Avril 


SUR    LES    TRIGONIES    BYSSIFÈRES 

par  H.  COLLOT. 

Agassiz  a  distribué  les  Trigonies  en  huit  groupes.  Lycett  (1)  a 
ajouté  une  neuvième  division,  celle  des  Byssiferœ,  pour  la  Trigania 
carinata  Ag.  du  Néocomien,  dont  l'ornementation  générale  res- 
semble à  celle  des  Costatœ,  mais  qui  présente,  lorsqu'elle  est  adulte, 
une  ouverture  pour  le  passage  du  byssus,  formée  par  une  légère 
excavation  du  bord  antérieur  de  chaque  valve.  Lycett  ajoute  à  ce 
caractère  principal  la  considération  de  la  forme  plus  allongée  qu'il 
ne  convient  à  une  Trigonie. 

Ces  divisions  ont  été  reproduites  par  Fischer,  en  1887,  dans  son 
Manuel  de  Conchyliologie,  et  par  Zittel,  la  même  année,  dans  son 
Traité  de  Paléontologie  (édition  française).  Enfin  Bernard,  dans  ses 
Eléments  de  Paléontologie,  mentionne  l'existence  de  dix  divisions, 
qu'il  ne  nomme  pas,  en  se  référant  à  Agassiz  et  à  Lycett,  ce  qui 
implique  la  conservation  de  toutes  celles  qu'admet  Lycett.  Or,  des 
caractères  sur  lesquels  est  fondée  la  division  des  Byssifères,  le 
premier  est  insuffisante  et  le  second,  qui  est  le  principal,  n'existe 
pas.  à  mon  avis. 

Si  l'on  compare  la  T.  carinata  à  certaines  Trigonies  costées,  telles 
que  la  T.  monilifera  Ag.  de  l'Oxfordien,  ou  du  Kimeridgien,  Lycett, 
pi.  31,  fig.  3  et  Trig.  elongata,  var.  lata  Lyc,  pi.  30,  fig.  4,  du  corn- 
brash,  ou  à  Lyrodon  (Trigonia)  supra  jurense  Ag.  in  Bayle,  Explic. 
carte  géol.,  t.  IV,  p.  119,  fig.  2,  l'aspect  général  apparaît  bien  le 
même,  de  quelque  côté  qu'on  examine  les  individus,  et  la  différence 
d'allongement  que  l'on  peut  noter  entr'elles  est  moindre  que  celle 
qui  sépare  ces  formes  de  certaines  autres,  telles  que  7.  costata  Sow. 
iu  Lycett,  pi.  29,  fig.  8,  T.  cassiope  d'Orb.  in  Lyc,  pi.  32,  fig.  1,  4, 
T.  Merianikg.  in  Lyc,  pi.  33,  fig.  2. 

Quant  au  caractère  principal  qui  a  fait  séparer  la  T.  carinata  des 
Costées,  je  remarquerai  d'abord,  au  point  de  vue  théorique,  qu'il 
paraît  invraisemblable  de  voir  le  byssus,  après  qu'il  se  serait  a  tro- 
ll) On  a  by8siferous  fossll  Trigonia.  Ann.  and  Mag.  Nat.  Hist.t  1870.  —  A  Mono- 
graph  of  thc  british  fossll  Trigonia.  Palseonlographical  Soc,  vol.  26,  pour  1872, 
p.  11,  et  vol.  31,  pour  1877,  p.  179. 


1899  SUR   LES  TRIGONIES   BYSSIFÈRES  225 

phié  dans  une  longue  suite  de  générations  de  Trigonies  et  peut-être 
déjà  chez  les  genres  qui  ont  donné  naissance  à  celui-ci,  réapparaître 
sur  le  tard  dans  une  forme  de  ce  groupe.  Et  pour  augmenter  l'ano- 
malie, ce  retour  atavique  ne  se  ferait  pas  chez  le  jeune,  mais  chez 
l'adulte  !  En  fait  cela  n'a  pas  lieu. 

Les  auteurs  qui,  à  ma  connaissance,  ont  figuré  cette  espèce, 
Àgassiz,  Leymerie,  Matheron,  d'Orbigny,  Chenu,  Ogérien,  ne  l'ont 
représentée  qu'à  plat  ou  par  son  côté  postérieur.  Lycett,  pi.  35, 
fig.  5»,  représente,  il  est  vrai,  un  échantillon  par  le  côté  antérieur 
montrant  un  bâillement  dont  la  situation  correspond  à  peu  près  à 
celui  qui  conviendrait  au  passage  d'un  byssus.  Mais,  d'abord  la 
coquille  n'a  pas  ses  deux  valves  au  contact,  du  côté  palléal,  comme 
elles  l'étaient  du  vivant  de  l'animal  ;  elles  ne  se  touchent  qu'au  bord 
cardinal,  et,  si  on  rapprochait  les  bords  palléaux,  la  largeur  du  soi- 
disant  sinus  byssal  serait  déjà  diminuée.  11  en  subsisterait,  il  est 
vrai,  quelque  chose.  Mais  je  crois  que  cette  apparence  résulte  d'un 
défaut  de  conservation  de  la  coquille,  que  la  figure,  il  faut  l'avouer, 
ne  laisse  pas  reconnaître,  ou  bien  d'une  conformation  accidentelle 
et  purement  individuelle  de  l'échantillon  figuré. 

La  Trigonia  carinata  a  été  créée,  sur  de  mauvais  échantillons, 
par  Agassiz  dans  son  Mémoire  sur  les  Trigonies  en  1840.  Elle  a  été 
décrite  par  Leymerie  (1)  sous  le  nom  de  T.  harpa.  Il  en  attribue  la 
paternité  à  Deshayes,  ce  qui  au  premier  abord  peut  provoquer  de 
vaines  recherches  dans  les  publications  antérieures  de  Deshayes  et 
le  fairo  croire  plus  ancien  que  celui  donné  par  Agassiz.  Mais  le 
nom  étant  imprimé  eu  caractères  romains,  indique,  suivant  la 
convention  indiquée  au  début  des  tableaux  paléontologiques,  que 
l'espèce  est  en  réalité  nouvelle  et  décrite  pour  la  première  fois.  Ce 
nom  a  été  adopté  par  Matheron  dans  son  Catalogue  des  corps 
oganisés  fossiles  des  Bouches-du-Rhôue,  daté  de  1842,  et  je  l'ai 
moi-même  employé  en  citant  (2)  cette  espèce  de  Pélissanne  et  de 
l'oratoire  Sainte-Anne,  près  Mimet  (Bouches-du-Rhône).  La  des- 
cription de  Leymerie  ne  remontant  pas  au  delà  de  1843,  il  faut  en 
réalité  revenir  au  nom  de  T. carinata  que  j'avais  d'ailleurs  employé  (3) 
eu  citant  la  même  espèce  au  bois  de  Concors,  près  Jouques(Bouches- 
du-Rhôoe).  J'ai  en  outre  des  échantillons  de  Mirabeau  (Basses-Alpes), 

(1)  Mémoire  sur  le  terrain  crétacé  du  département  de  l'Aube.  Mém.  de  la  Soc. 
çéol.  d$  la  France,  t.  V,  1840-1843. 

(2)  Description  du  terrain  crétacé  dans  la  Basse- Provence.  B.  S.  G.  f\,  nov.  1889, 
p.  61. 

(3)  Description  géologique  des  environs  d'Aix -en- Provence,  1880,  p.  81. 

12  Juin  1899.  —  T.  XXVII.  Bull.  Soc.  Géol.  Fr.  -  15 


?,'iii 


«Avril 


de  Saint-Julien-le-Montaguier  (Var),  d'AUauch,  près  Marseille,  où 
Matheron  cite  l'espèce. 

Certains  de  mes  échantillons,  comme  la  figure  donnée  par  Mathe- 
ron, montrent  des  côtes  un  peu  moins  obliques  que  la  figure  qu'on 
trouve  dans  Lcymerie  et  surtout  daus  Lycett.  On  peut  d'ailleurs  se 
demander  si,  dans  les  lig.  5  et  6  de  ce  dernier,  la  rectitude  des  côtes 
D'à  pas  été  exagérée.  Sur  certains  de  mes  échantillons,  les  côtes  de 
l'area  et  les  carènes  sont  très  fortes  et  noduleuses,  taudis  que  sur 
d'autres  ces  ornements  sont  très  peu  saillants,  à  peine  noduleux, 
et  s'elfaceut  de  bonne  heure.  Ce  dernier  cas  est  réalisé  par  l'échan- 


-  Trlfcnnla  earinatii  Ag. 


tillon  figuré  ci-dessus.  La  lunule  est  sensiblement  plane,  comme 
dans  la  fig.  6"  de  Lycett,  et  non  concave  comme  Lycett  a  reproché 
à  d'Orbigny  de  l'avoir  figurée.  Elle  est  à  peine  limitée  dans  cet 
individu  par  des  carènes  très  mousses.  Sous  les  soin  mets  on  voit  la 
fossette  ligamentaire  limitée  par  les  nymphes,  comme  dans  la 
figure  de  la  Paléontologie  française.  Les  bords  de  la  coquille  sont 
recti  lignes. 

Avant  de  passera  l'examen  du  côté  extérieur,  je  ferai  remarquer 
que  l'échantillon  est  silicifié,  ce  qui  m'a  permis  de  le  dégager  par 
l'acide  chiot  hydrique  d'une  manière  très  nette.  H  est  adulte  et  assez 
épais  pour  que  des  auimaux  lilbophages  aient  creusé  dans  les 
crochets  des  alvéoles,  dont  une  a  1™  de  diamètre  transversal.  Les 


1899  SUR   LES  KLlfPEN    DES  BASSES-PYRÉNÉES  227 

bords  antérieurs  de  la  coquille,  comme  le  montre  la  fig.  1,  sont 
contenues  dans  le  plan  de  lu  commissure,  sans  trace  de  la  formation 
d'un  sinus.  Il  en  était  de  môme  lorsque  la  coquille  avait  atteint  à 
peu  près  la  moitié  de  sa  taille,  comme  on  peut  le  voir  par  une  ligne 
d'accroissement  qui  reste  marquée  sur  les  deux  valves,  surtout  sur 
la  droite.  La  coquille  est  très  légèrement  entr'ouverte,  sans  quoi  les 
deux  bords  se  toucheraient  en  avant  comme  ils  le  feraient  sur  le 
bord  ventral.  Aucun  des  échantillons  en  ma  possession  ne  montre 
trace  d'un  sinus  byssal. 

Je  conclus  donc  que  la  section  des  Trigonies  byssifères  doit  être 
supprimée  et  l'espèce  pour  laquelle  elle  avait  été  créée  reportée  tout 
simplement  dans  les  Trigonies  costées. 


9  9 


SUR    LES    KL1PPEN    DES    BASSES-PYRENEES 


par  M.  STl  ART-MEWEATH. 


En  1881,  j'ai  signalé,  sur  la  lisière  des  Pyrénées,  les  phénomènes 
du  Flysch  et  des  Klippes  du  bassin  de  Vienne.  Ce  Flysch,  tant  éocène 
que  crétacé,  contient  toujours  des  lentilles  élastiques  de  conglo- 
mérat à  Orbitolines,  et,  au  nord  de  la  prétendue  faille  de  Caseville 
(Bidart),  il  présente  également  des  quartz  bipyramidés  brisés, 
roulés,  et  dérivés  des  couches  gypseuses  de  la  prétendue  faille.  Par 
une  carte,  dans  les  C.  R.  Ac.  Se.  de  juin  1894,  j'ai  expliqué  comment 
ces  couches  éocènes  de  Caseville,  reposant  à  15°  sur  le  Danien  de 
Fontarabie,  ont  été  supposées  crétacées  d'après  la  carte  de  Duf rénoy. 
qui  classait  le  Nummulitique  sous  la  même  teinte.  Des  diaclases 
de  quelques  centimètres  de  déplacement,  qui  caractérisent  partout 
le  Danien  de  la  région,  ont  servi  à  appuyer  l'illusion  de  la  faille. 

Les  Klippes,  enfouies  dans  ce  Flysch,  sont  dispersées  irrégulière- 
ment, mais  toujours  dirigées  N.E.,  et  leurs  fossiles  liasiques, 
jurassiques  et  crétacés,  correspondent  à  ceux  de  la  large  plateforme 
que  j'ai  constatée  sous  le  Flysch  sur  la  lisière  des  Pyrénées  de  Gui- 
puzcoa.  On  peut  les  comparer  aux  ilôts  et  récifs  qui,  sur  la  côte 
orientale  de  l'Adriatique,  sont  rongés  par  les  vagues  et  fournissent 
actuellement  une  marne  très  calcaire  aux  fonds  abrites  et  du  sable 


228  STUART  MKNTEATH  6  Avril 

en  présence  des  courants.   La   Klippe  la  plus  remarquable  est 
exploitée  sur  un  kilomètre  de  long  entre  le  nord  de  Sare  et  le 
vallon  d'Amotz,  et  m'a  fourni  de  nombreuses  espèces  du  Lias  sur 
tout  son  parcours.  M.  Seunes,  connaissant  seulemeut  mes  obser- 
vations jusqu'en  1887,  l'a  dessinée  comme  dirigée  E.  10°  S.,  et  a 
représenté  une  bande  de  Précambrien  traversant  son  parcours 
réel.  Ce  Précambrien  est  simplement  une  partie  irrégulière  du 
Flysch  enveloppant  la  Klippe.  A  l'est  de  Lourdes,  ce  même  Flysch, 
à  Fucoïdes  caractéristiques,  a  été  également  attribué  au  Précam- 
brien, bien  qu'il  repose  nettement  en  discordance  sur  les  têtes 
arasées  du  Jurassique  à  Bélemnites  et  du  Crétacé  à  nombreuses 
Ammonites.  Depuis  l'Océan  jusqu'à  Bagnères-de-Bigorre,  le  Flysch 
présente  en  cent  endroits,    autour  d'injections  de  granulite  et 
d'ophite,  des  filets  et  lentilles  de  quartz,  et  passe  insensiblement  à 
des  schistes  pourris  et  même  au  micaschiste.  Le  clivage  développé 
en  pareil  cas  produit  l'illusion  d'un  plongement  sous  les  Pyrénées. 
La  Klippe  au  nord  de  Sare  plonge  de  50°  vers  le  nord-ouest,  avec 
une  épaisseur  variable  mais  très  restreinte.  Les  récits  de  mineur 
cités  par  M.  Marcel  Bertrand  dans  le  dernier  Bulletin  seraient  facile- 
ment reproduits  si  l'on  fonçait  un  puits  vertical  traversant  cette 
Klippe.  Mais  j'ai  relevé  dans  la  mine  de  Banca  (Baigorry)   une 
dislocation  presque  horizontale  de  plus  de  douze  mètres,  et  il  est 
très  probable  que  les  plissements   du   Flysch  ont  pu   déplacer 
entièrement  de  leur  socle  quelques  klippes  fortement  inclinées. 
Du  reste,  si  l'on  dessine  la  bordure  jurassique  d'un  bassin  crétacé, 
et  les  courbes  de  niveau  d'une  couche  quelconque,  comme  la  même 
chose  que  la  limite  du  Crétacé  reposant  sur  les  affleurements  d'un 
bassin  houiller,on  trouverait  à  Sare  tout  ce  qu'on  cherche  en  Silésie. 
Si,  pour  invoquer  une  hypothèse  de  charriage  dans  les  Basses- 
Pyrénées,  on  introduit  des  lignes  directrices  virtuelles  et  si  l'on 
dessine  les  klippes  d'une  façon  arbitraire,  on  se  heurte  néanmoins 
contre  un  organisme  complet  d'injections  et  tufs  ophitiques,  dont 
les  racines  sont  visiblement  dans  le  Jurassique  et  qui  monte  jusqu'à 
l'Eocène.  A  la  surface  du  Flysch  on  trouve  des  traînées  de  marnes 
bariolées  avec  gypse  et  sel  qu'on  pourrait  comparer  à  celles  de  la 
Provence.  Pour  les  expliquer  par  un  charriage  superficiel,  il  faudrait 
d'abord  abandonner  l'attribution  théorique  au  Lias  qu'on  a  appli- 
quée à  l'Eocène  silicifié  de  Mouligna  (Biarritz).  Ses  relations  directes 
avec  l'Eocène  normal  sont  souvent  cachées  par  les  sables  déplacés, 
mais  je  les  ai  vues  après  un  orage,  et  la  roche  métamorphisée 
reproduit  minutieusement  les  caractères  spéciaux  de  la  roche  nor- 


1899  SUR   LES  KLIPPEN  DES   BASSES-PYRÉNÉES  229 

maie  et  ne  ressemble  nullement  aux  gisements  de  Lias  que  j'ai 
découverts  dans  les  régions  environnantes.  L'hypothèse  d'un 
charriage  impliquerait  l'abandon  des  preuves  factices  d'une  origine 
profonde. 

En  retournant  ainsi  les  hypothèses,  on  devrait  encore  admettre 
que  le  terrain  superficiel  qui  recouvre  le  Flysch  de  Bidart  n'est  pas 
pliocène.  J'ai  longuement  prouvé  que  ce  terrain  consiste  dans  le 
gravier  de  la  haute  terrasse  de  la  Nive  et  autres  vallées  actuelles, 
recouvert  par  une  argile  bariolée  à  dents  d'Elephas  primigenius  ;  et 
que  le  fond  des  vallées  actuelles  est  creusé  dans  ces  deux  formations 
précédentes  et  contient  partout  le  lignite  moderne,  à  silex  travaillés, 
qu'on  a  représenté  comme  interstratifié  à  la  base  du  Pliocène  de 
Bidart.  Les  traînées  de  terrain  saliférien  étant  rarement  recouvertes 
par  autre  chose  que  ces  terrains  superficiels,  leur  âge  est  à  fixer 
entre  ces  terrains  et  le  Flysch.  L'argile  bariolée  post-diluvienne  est 
le  huitième  terrain  qui,  à  ma  connaissance,  a  été  attribuée  au  Trias 
dans  les  Pyrénées.  Sous  les  noms  de  Précambrien,  Dalle  cainbrienne, 
Griotte,  Marnes  irisées,  Flysch,  etc.,  on  a  classé  des  faciès  dans  une 
même  formation,  en  élaboraut  des  hypothèses  à  distance. 


230  6  Avril 


SUR  LE  TOARCIEN  DES  ENVIRONS  DE  NANCY  (1) 

par  M.  Cb.  AITHELIN. 

Les  observations  présentées  dans  cette  note  ne  sont  que  le  préli- 
minaire d'un  travail  d'ensemble  ayant  pour  but  l'étude  des  faunes 
du  Toarcien  de  la  Lorraine  et  leur  répartition  stratigraphique. 

Cet  étage  a  déjà  été  l'objet  d'un  grand  nombre  de  travaux. 
M.  Bleicher  a  notamment,  dans  des  études  très  consciencieuses, 
exposé  avec  beaucoup  de  talent  la  succession  stratigraphique  du 
Toarcien  de  la  Lorraine  et  ce  sont  ses  études  qui  nous  ont  servi  de 
point  de  départ  dans  nos  recherches  (2). 

Les  premières  couches  toarciennes  reposent  sur  l'assise,  dite  du 
Grès  médioliasique,  caractérisée  par  la  présence  de  YAmaltheus 
spinatus  Brug.  et  par  l'abondance  des  Brachiopodes. 

Il  semble  rationnel  de  faire  débuter  le  Toarcien  immédiatement 
au-dessus  des  dernières  couches  à  Brachiopodes.  Il  y  a  lieu  de 
remarquer  toutefois  que  le  Grès  médioliasique  ainsi  limité  renferme 
à  sa  partie  supérieure  une  espèce  d' Harpoceras  voisine  d1  Harpoceras 
falciferum  Sow. 

Le  Toarcien  des  envirous  de  Nancy  comprend  quatre  zones  : 
1°  zone  à  Harpoceras  falciferum  :  2°  zone  à  Hildoceras  bifrons  ;  3°  zone 
à  Grammoceras  fallaciosum  ;  4°  zone  a  Duniortieria  radiosa  et  Gram- 
moceras  aalense. 

1°  Zone  à  Harpoceras  falciferum 

La  zone  à  //.  falciferum  comprend  deux  assises  : 
a)  Les  couches  inférieures,  très  rarement  abordables,  sont  formées 
de  calcaires  marneux  d'un  bleu  cendré.  Elles  diffèrent  peu,  comme 
coloration,  des  couches  supérieures  du  Grès  médioliasique,  mais  se 
débitent  plus  facilement  suivant  la  stratification  en  laissant  appa- 
raître des  empreintes  d'Harpoceras.  On  y  rencontre  deux  espèces, 
l'une  à  ombilic  étroit  et  voisine  d'H.  subplanatum  Oppel,  l'autre 
plus  largement  ombiliquée  que  je  rapporte  â  //.  falciferum  Sow. 

(1)  Les  déterminations  ont  été  faites  au  Laboratoire  de  Géologie  de  la  Faculté 
des  Sciences  de  Nancy. 

(2)  (îuide  du  (îéoln«;ue  en  Lorraine.  Nancy,  1887.  —  Minerai  de  fer  de  la  Lorraine 
[H.  S.  G.  F.%  3'  série,  t.  Xll,  p.  4T>,  1S83). 


1899  SUR   LE  TOARCIEN   DES   ENVIRONS   DE  NANCY  231 

Les  Cœloceras  sont  aussi  représentés  par  C.  commune  Sow.  et 
C.  (innulatum  Sow. 

Souvent  dans  ces  bancs  sont  intercalées  des  couches  pyriteuses 
de  quelques  centimètres  d'épaisseur  très  riches  en  Bélemnites. 

b)  Les  assises  supérieures  se  débitent  facilement  parallèlement  à 
la  stratification  en  plaquettes  minces  et  sont  désignées  aux  environs 
de  Nancy  sous  le  nom  de  «  schistes  cartons  ». 

La  partie  inférieure  seule  de  ces  marnes  schisteuses  appartient  à 
la  zone  à  H.  faUiferum.  La  partie  supérieure  renferme  déjà  //.  bifrons 
et  appartient  à  l'horizon  caractérisé  par  cette  forme. 

Dans  les  schistes  cartons  sont  intercalés,  surtout  vers  la  partie  supé- 
rieure, des  nodules  de  grande  taille  souvent  assez  riches  en  fossiles. 

La  faune  de  ces  assises  comprend  : 

Harpoceras  falciferum  Sow.  sp.      Cœloceras  cf.  annulatum  Sow.  sp. 
Cœloceras  cf.  commune  Sow.  sp.      Posidonomya  Bronni  Voltz,  etc. 

2°  Zone  à  Hildoceras  bifrons 

L'étude  attentive  des  faunes  permet  d'y  reconnaître  trois  sous- 
horizons.  Le  faciès  des  schistes  cartons  se  poursuit  dans  la  partie 
inférieure  de  l'horizon  h  //.  bifrons,  où  il  y  a  passage  insensible  à 
des  marnes  plus  argileuses  contenant  également  des  nodules  de 
grande  taille.  Le  niveau  supérieur  comprend  des  marnes  à  nodules 
phosphatés  de  couleur  claire. 

a)  Sous-zone  à  Hildoceras  bifrons  et  Cœloceras  commune. 

Hildoceras  bifrons  se  trouve  associé  aux  Cœloceras  du  groupe  de 
C.  commune  Sow.  L'extrême  abondance  de  VA  mcula  substriata 
Mûnst  dans  les  nodules  de  cet  horizon  est  à  mentionner  ainsi  que 
la  présence  de  Posidonies. 

Les  espèces  les  plus  communes  sout  : 

Hildoceras  bifrons  Brug.  Phylhceras  heterophyllum  Sow. 

Cœloceras  commune  Sow.  Avicula  substriata  Mùnst. 

Cœloceras  cf.  annulatum  Sow.  sp.      Posidonomya  (espèce  indéterm.  ) 

6)  Sous-zone  à  Cœloceras  subarmaturn. 

Jusqu'alors  les  formes  de  cet  horizon  n'ont  été  rencontrées  qw% 
dans  les  environs  immédiats  de  Nancy. 
Les  espèces  les  plus  répandues  sont  : 

Hildoceras  bifrons  Brug.  Cœloceras  cf.  Desplacei  d'Orb.  sp. 

Cœloceras  subarmaturn   Young  Harpoceras  subplanatum  Oppel. 

(d'Orb.).  Phylloceras  heterophyllum  Sow. 

Cœbceras  cf.  subarmaturn  Young  a  cicula  substriata  Mûnst. 

SP-  (hmiomya  rhomboidalis  Goldf.  sp 

Cœloceras  Desplacei  d'Orb. 


232  ch.  authelin  6  Avri. 

c)  Sous-zone  à  Cœloceras  crassum. 

C'est  un  niveau  à  nodules  phosphatés  très  facilement  reconnais- 
sable  à  cause  de  l'abondance  des  fossiles  et  de  leur  teinte  blanchâtre, 
qui  tranche  sur  la  couleur  foncée  des  argiles. 

La  structure  des  nodules  phosphatés  de  ce  niveau  a  été  étudiée 
par  M.  Bleicher  dans  un  travail  remarquable  (1). 

Ce  niveau  est  caractérisé  par  : 

Cœloceras  crassum  Phill.  sp.  Hildoceras  bifrons  Brug. 

Cœloceras  Raquinianum  d'Orb. 

Ce  sont  les  formes  les  plus  communes.  Elles  sont  associées  à  un 
certain  nombre  de  formes  des  genres  Grammoceras,  Hauyia  et 
Hammatoceras. 

3°  Zone  à  Grammoceras  fallaciosum  (2) 

On  peut  subdiviser  cette  zone  en  trois  niveaux  : 

a)  Aux  couches  à  C.  crassum  succèdent  des  marnes  ferrugineuses 
peu  épaisses  (0m50  au  maximum)  mais  très  constantes  et  parfois 
assez  riches  en  Bélemnites. 

On  y  trouve  : 

Bélemnites  itregularis  Schlot.  Grammoceras  cf.  fallaciosum  Bayle 

Bélemnites  tripartitus  Schlot.  sp.         sp. 

b)  Au-dessus  vient  une  puissante  assise  marneuse  avec  nodules 
assez  rares  à  la  partie  inférieure  où  ils  sont  de  petites  dimensions  ; 
mais  plus  abondants  vers  la  partie  supérieure. 

Ces  nodules,  très  irréguliers,  renferment  une  faune  caractéris- 
tique de  l'horizon  â  Grammoceras  fallaciosum  Bayle. 

Les  échantillons  entiers  sont  assez  rares,  les  fragments  sont  au 
contraire  assez  communs. 

On  peut  recueillir  à  ce  niveau  : 

Grammoceras  fallaciosum  Bayle  sp. 
Grammoceras  fallaciosum  var.  Cotteswoldtae  Buckm. 
Grammoceras  fallaciosum  var.  Bingmanni  Denckm. 
Grammoceras  Dœrntense  Denck  m . 
Haugia  sp. 

(1)  Sur  le  gisement  et  la  structure  des  nodules  phosphatés  du  Lias  de  Lorraine 
{B.  S.  G.  F.,  3«  série,  t.  XX,  p.  237-247  et  xcvi). 

(2)  M.  Benecke,  dans  un  travail  sur  le  nord  de  la  Lorraine  (Beltrag  zur  Kenntniss 
des  Jura  in  Deutsch-Lothringen,  1898),  vient  do  signaler  la  présence  de  la  zone  a 
G.  fallaciosum  dans  cette  région.  Je  l'avais,  de  mon  côté,  fait  connaître  aux  envi- 
rons de  Nancy  au  Congrès  de  la  Société  belge  de  Géologie,  d'Hydrologie  et  de 
Paléontologie  à  Nancy  (Séance  du  22  août  1898). 


1899  SUR  LE  TOARCIEN  DBS   ENVIRONS   DE  NANCY  233 

Cet  horizon  affleure  à  Ludres,  Messein,  Houdemont,  etc.  Aucune 
des  formes  précitées  n'avait  été  signalée  jusqu'alors  aux  envirous 
de  Nancy. 

c)  La  partie  supérieure  de  la  zone  comprend  des  marnes  mica- 
cées, quelquefois  ferrugineuses,  avec  nodules  presque  toujours  de 
grande  taille  et  souvent  cloisonnés.  Cette  subdivision  est  peu  fos- 
silifère. Les  rares  espèces  rencontrées  appartiennent  au  groupe  du 
Grammoceras  striatulum  Sow. 

4°  Zone  à  Dumortiera  radiosa  et  Grammoceras  Aalense 

C'est  dans  cette  zone  que  sont  comprises  toutes  les  assises  de 
minerai  de  fer  exploitées  dans  le  bassin  minier  de  Nancy. 
Les  formes  les  plus  caractéristiques  sont  : 

Dumortieria  radiosa  Sebb.  Hammatoceras  Lorteti  Dum. 

Dumortieriasubundulata  Branco.  Oxynoticeras(fï)serrodens  Quenst. 

Grammoceras  Aalense  Ziet.  Lytoceras  sp. 
Grammoceras  mactra  Dura. 

Ici  devrait  être  placée  la  zone  caractérisée  par  Lioceras  opalinum 
Rein.  ;  mais  celle-ci  semble  faire  complètement  défaut.  Aucune  des 
nombreuses  espèces  qui  m'ont  été  communiquées  ou  que  j'ai  pu 
recueillir  dans  la  région  étudiée  ne  peut  être  rapportée  à  Lioceras 
opalinum  Rein. 

Sur  les  assises  franchement  liasiques  à  G.  Aalense  Ziet.,  G.  mactra 
Dum.,  etc.,  reposent  les  couches  bajociennes  dans  lesquelles  on 
rencontre  assez  communément  Lieras  concavum  Sow.  et  une  faune 
très  riche  en  Gastéropodes,  Bi\WVes,  Spongiaires,  etc.,  dont  les 
principales  formes  ont  été  signalées  par  M.  Bleicher  (1). 

La  zone  à  Ludwigia  Murchisonœ  Sow.,  dont  l'individualité  a  pu 
être  nettement  établie  pour  plusieurs  régions,  semble  ici  faire 
complètement  défaut.  Ainsi  que  l'a  signalé  M.  Nicklès  (2),  cette 
espèce  n'a  pas  été  rencontrée  dans  le  bassin  minier  de  Nancy. 

En  résumé,  le  Toarcien  de  la  région  étudiée  présente  une  succes- 
sion d'horizons  paléontologiques  identique  à  celle  observée  dans 
différentes  régions.  Toutefois  la  zone  à  I).  radiosa  et  G.  Aalense 
représente  deux  zones  qui,  distinctes  dans  d'autres  régions,  n'ont 
pu  être  séparées  en  Lorraine. 

L'étude  du  contact  du  Toarcien  et  du  Bajocien  n'a  fourni  jusqu'à 
présent  ni  Lioceras  opalinum,  ni  Ludwigia  Murchisonœ. 

(1)  Minerai  de  fer  de  la  Lorraine. 

(2)  Bulletin  de  la  Carte  géologique  de  France,  t.  X,  mars  1898  (Feuille  de 
Sarrebourg). 


234       AUTHELIN.  —  SUR  LE  TOARCIEN  DES  ENVIRONS  DE  NANCY       6  Avril 

Ceci  conduit  à  envisager  l'existence  probable  d'une  lacune  corres- 
pondant aux  zones  caractérisées  par  ces  deux  espèces.  La  présence, 
dans  les  couches  à  Lioceras  concavum,  de  fragments  roulés  d'ammo- 
nites toarciennes  viendrait  apporter  un  argument  en  faveur  de 
cette  lacune  qui  pourrait  être  attribuée,  au  moins  partiellement, 
à  un  remaniement  des  zones  absentes. 

Des  études  ultérieures  conduiront  à  déterminer  si  cette  lacune 
ne  présente  pas  des  variations  dans  son  étendue  et  si  des  lambeaux 
de  ces  zones  ont  pu  échapper  au  remaniement. 

Tableau  résumant  le  Toarcien  des  environs  de  Nancy 


Zone  à  I.   concavum. 


Zones  à 


L.  Murchisonœ 
L.  opalinum 


Semblent  faire  défaut. 


M 

0 
OS 

< 

0 
b 


4°  Zone  à  D.  radiom  et  G. 
aalense  ....... 


3°  Zone  à  G.  fallaciosuw . 


2"  Zone  a  H.  bifrons 


Minerai  de  fer  exploité  et  ses  équiva- 
lents latéraux. 

c)  Marnes  micacées  avec  nodules  de 
grande  taille  et  marnes  ferrugi- 
neuses. 

b)  Marnes  avec  nodules  irréguliers  ou 
sans  nodules. 

a)  Marnes  ferrugineuses. 

/    c)  Sous-zone  à  C.  cras&um  (Marnes  à 
nodules  phosphatés). 

b)  Sous-zone  à  C.  subarmatum  (Mar- 
nes avec  grands  nodules). 

a)  Sous-zone  à  H.  bifrons  et  C. 
commune  { Marnes  avec 
grands  nodules). 


a 
© 


!•  Zone  à  H.  falciferutn 


b)  Marnes  schisteuses  avec  no- 
dules à  la  partie  supérieure. 

a)  Calcaires  marneux  et  couches  pyri 
teuses  a  Bélemnites. 


I 


Grès  médiolasique  ........      A.  spinatus. 


mmm 


1899  235 


Séance  du  fO  Avril   1899 

PRÉSIDENCE  DE  M.  E.  DE  MARGERIE,  PRÉSIDENT 

M.  J.  Blayac,  Secrétaire,  donne  lecture  du  procès-verbal  de  la 
dernière  séance,  dont  la  rédaction  est  adoptée. 

Par  suite  de  la  présentation  faite  à  la  dernière  séance,  le  Président 
proclame  membre  de  la  Société  : 

M.  Simon,  Directeur  des  mines  de  Liévin,  présenté  par  MM.  Ch. 
Barrois  et  M.  Bertrand. 

Le  Secrétaire  signale  parmi  les  ouvrages  reçus  à  la  Société  : 
Notice  explicative  de  la  feuille  de  Digne,  par  W.  Kilian  et  E.  Haug  ; 
la  deuxième  livraison  de  1899  des  Annales  des  Mines,  renfermant  le 
Rapport  sur  les  travaux  du  Service  géologique  de  VA  Igérie  (1897),  par  A. 
Pomel  et  J.  Pouyanne  ;  Catalogue  de  Paléontologie  quaternaire 
des  collections  de  Toulouse,  par  M.  Edouard  Harlé  ;  le  tome  III 
des  Annale*  de  l'Observatoire  météorologique  du  Mont  Blanc,  contenant 
un  chapitre  sur  La  moraine  profonde  et  V érosion  glaciaire  ;  le  nu- 
méro 13  des  Comptes-rendus  de  l'Académie  des  Sciences  qui  contient 
une  note  de  M.  Termier  Sur  une  tachylyte  du  fond  de  l'Atlantique 
nord. 

M.  E.  de  Martoone  signale  parmi  les  dons  récemment  parvenus 
de  l'Etranger  à  la  Société  : 

1°  5  vol.  du  Bulletin  de  la  Société  des  Sciences  Naturelles  de 
Neuchatel  (tomes  XXI-XXV,  1893-1897) contenant  un  certain  nombre 
de  mémoires  de  MM.  du  Pasquier,  Rollier,  etc.,  et  deux  livraisons  des 
Matériaux  pour  la  Carte  géologique  de  la  Suisse  :  Texte  explicatif 
de  la  Carte  du  Phénomène  erratique  et  des  anciens  glaciers  du  versant 
nard  des  Alpes  suisses  et  de  la  chaîne  du  Mont-Blanc,  par  Alph. 
Favre  ;  Supplément  à  la  Description  géologique  de  la  partie  juras- 
sique de  la  feuille  V II  de  la  Carte  géol.  de  la  Suisse  au  1/100.000» 
avec  deux  cartes  géol.  au  1/23.000°  et  5  pi.  de  coupes  et  profils,  par 
Louis  Rollier  ; 

2°  Une  carte  minière  de  la  Hongrie  en  deux  feuilles,  publiée  par 
la  k.  ungarische  geolog.  Anstalt  :  Angabe  der  im  Betrieb  stehenden 
und  im  Aufschlusse  begrilTenen  Lagerstiitten  von  Edelmetalleo, 
Erzen,  Eisensteinen,  etc.  ; 


236  SÉANCE  DU  10  AVRIL  1899 

3°  Un  fascicule  de  Palœontologia  Indica  (Memoirs  of  the  Geol. 
Survey  of  India),  série  XV,  Hymalayan  Fossils,  vol.  I,  part.  3  :  The 
Permocarboniferous  Fauna  or  Chitichun,  n° I,  by  Cari  Diener,  105  p., 
13  pi. 

4°  Le  deuxième  tome  du  Maryland  geological  Survey  (1898). 

M.  Labat  offre  à  la  Société  une  note  Sur  la  température  de  la  mer 
(Extr.  Bull.  Soc.  météorologique  de  France,  juin  1898). 

M.  Douvillé  présente,  de  la  part  de  notre  confrère  M.  Botti  (de 
Reggio  Calabria),  la  deuxième  édition  d'un  ouvrage  intitulé  «  Dei 
piani  e  sottopiani  in  Geologia  ». 

C'est  un  dictionnaire  alphabétique  de  tous  les  noms  (mononomes) 
qui  ont  été  proposés  pour  désigner  des  étages  et  sous-étages  ;  chacun 
de  ces  noms  est  accompagné  de  la  désignation  de  l'auteur  et  de  la 
date  de  sa  première  publication  ;  M.  Botti  ajoute  ensuite  sa  défini- 
tion et  discute  brièvement  ses  équivalences. 

L'utilité  pratique  de  cet  ouvrage  ressort  du  nombre  vraiment 
extraordinaire  de  noms  d'étages  et  de  sous-étages  (plus  d'un 
millier)  qui  encombrent  la  littérature  géologique  et  de  leur  capri- 
cieuse application  (comme  le  dit  très  justement  M.  Botti).  Tantôt 
une  même  formation  a  plusieurs  noms,  tantôt  un  même  nom  a  été 
appliqué  à  des  formations  différentes;  enfin  il  n'est  pas  rare  de 
rencontrer  des  noms  employés  avec  une  signification  différente  de 
celle  qu'ils  avaient  d'abord. 

Le  dictionnaire  de  M.  Botti  pourra  certainement  empêcher  le 
retour  de  ces  pratiques  fâcheuses.  Il  est  à  désirer  que  dans  les 
éditions  subséquentes,  l'auteur  ajoute  un  nouveau  chapitre,  indi- 
quant la  corrélation  chronologique  de  tous  les  noms  figurant  dans 
le  dictionnaire. 


SUR  UN  NOUVEAU  GISEMENT  DE  POISSONS  FOSSILES 
AUX  ENVIRONS  DES  PYRAMIDES  DE  GHIZEH 


par  M.  R.  FOURTAlï. 


Me  trouvant  il  y  a  quelque  temps  aux  environs  des  Pyramides  de 
Ghizeh,  j'eus  l'idée  de  visiter  nue  carrière  abandonnée,  située  au 
sud  du  cimetière  du  village  arabe  de  Kafr  et  A  h  m  m  (Cafra  deFraas). 
J'eus  la  bonne  fortune  d'y  trouver  des  restes  de  Poissons  que  notre 
confrère,  M.  F.  Priem,  a  bien  voulu  se  charger  d'étudier. 

Celte  localité  n'ayant  pas  été  signalée  jusqu'à  ce  jour,  je  crois 
utile  de  lui  consacrer  quelques  lignes  de  description  qui  serviront 
de  préface  à  l'étude  de  notre  confrère. 


.u^llbIyo  UE 


ffi*%2>* 


Sables      descrti 


\ 

m     Khoof.u   *%-/ 

•)/w7/\*».__ . 

"t...j,.!..  ;  ib     TrauTH»™, 

9    '"' ■-■■  ---  r    E   /,*/ 


Le  croquis  topographique  ci-dessus  donne  une  idée  assez  exacte 
de  sa  position.  Cette  carrière  est  située  au  sud  du  plateau  sur  lequel 
sont  érigées  les  trois  grandes  pyramides  de  Ghizeh,  le  Sphinx  et  le 
temple  de  granit.  Elle  en  est  séparée  par  un  vallon  sablonneux  où 
se  trouve  le  cimetière  du  village  bédouin  de  Kafr  el  Ahrain  qui  en 
est  distant  d'un  kilomètre  et  est  bâti  au  pied  est  du  plateau  des 


238       FOURTAU.  —  NOUVEAU  GISEMENT  DE  POISSONS  FOSSILES       10  Avril 


Pyramides,  à  la  limite  du  désert.  La  distance  entre  le  village  et  la 
carrière  peut  être  évaluée  à  1200  mètres  environ. 

Le  plateau,  dont  la  carrière  limite  le  nord-est,  est  appelé  commu- 
nément par  les  bédouins,  Gebel  Kxbli  cl  Ahram,  ce  qui  signifie 
simplement  montagne  au  sud  des  Pyramides,  et  il  sépare  le  plateau 
où  se  dressent  ces  dernières  du  Gebel  Chelloul  dont  j'ai  parlé 
dernièrement  à  la  Société,  à  propos  des  Sables  à  Clypéastres  des 
environs  des  Pyramides  (I).  La  partie  du  plateau  où  se  trouve  la 
carrière  m'a  été  désignée  par  mon  guide,  un  indigène  de  Kafr  el 
A  lira  m,  sous  le  nom  de  Heitel  el  Gorab. 
Les  bancs  exploités  se  trouvent  à  mi-hauteur  du  plateau  dont 

l'altitude  au-dessus  de  la  plaine  ne 
dépasse  pas  trente-cinq  mètres.  Le 
pied  de  la  colline  se  trouve,  de  ce  fait, 
recouvert  de  détritus  provenant  de  la 
découverte  et  de  l'exploitation  de  la 
carrière,  détritus  d'autant  plus  abon- 
dants que  les  bancs  de  calcaires  exploi- 
tés sont  séparés  par  des  lits  de  marnes 
argileuses  et  d'argile  jaunâtre  que  les 
carriers  indigènes  désignent  sous  le 
nom  générique  de  Tafia. 

La  coupe  ci-contre  donne  une  idée 
de  la  structure  de  la  colline. 

Les  quelques  fossiles  que  j'y  ai  récol- 
tés indiquent  que,  sauf  le  dernier  banc 
qui  la  couronne,  cette  colline  appar- 
tient aux  dernières  couches  du  Luté- 
tien  d'Egypte,  sans  atteindre  toutefois 
le  niveau  où  Schweinfurth  a  recueilli 
au  .Fayoum,  dans  l'île  de  Birket  Ka- 
roum,  les  restes  étudiés  par  Dames  (2). 
La  présence  dans  ces  couches  de 
Fibularia  Lorioli  Th.  et  G.  signalée  aussi  dans  le  Mokattam  (3)  par 
M.  de  Loriol,  sur  les  spécimens  récoltés  par  M.  Mayer-Eymar,  me 
donna  l'idée  de  rechercher  cette  couche  à  Poissons  dans  cette  chaîne 
de  montagnes. 

(1)  Cf.  R.  Fourtau.  Sur  les  sables  à  Clypéastres  des  environs  des  Pyramides  de 
Ghizeh.  B.  S.  G.  F.,  3"  série,  t.  XXVI,  pajxe  39,  janvier  18118. 

(2)  Dames.  Ueber  eine  Wierbelthierfauna  von  der  westliehen  Insel  der  Birket- 
el  Qurun  in  Fajum.  Sttz.  der  K.  preuss.  Ak.  der  Wiss.  Berlin,  t.  VI,  p.  130,  1883. 

(3)  do  Loriol.  Notes  pour  servir  à  l'histoire  des  Echinodermes.  VI.  Genève,  1897. 


Cimetière 
arabe 

t.—  --  —«"".-Vi-  rr  - 


Fig.  2.  —  Coupe  de  la  carrière 
au  sud  du  cimetière  arabe 
de  Kafr  el  Ahram. 

a,  Agglomérats  pléistocènes  avec 
Ostren  cucullata  Born.  ;  b} 
Calcaire  à  Carolia  placunoi- 
des  Cont.  ;  c,  Marnes  salifères 
et  gypsifères  ;  rf,  Cale,  blanc 
siliceux  avec  Ecnxnolampas 
gtobulus  Laube  ;  e,  Marnes 
schislo-argileuses  (tafia)  avec 
débris  de  Poissons  ;  /*,  Cale, 
jaunâtre  siliceux  avec  moules 
de  bivalves  Lucina  ?  sp.  et 
Fibularia  Lorioli  Thomas  et 
Gauthier  ;  g,  Cale,  siliceux 
sans  fossiles  ;  A,  Détritus  d'ex- 
ploitation. 


1899  AUX   ENVIRONS   DES   PYRAMIDES  DE  GHIZEH  239 

Je  compulsai  d'abord  mes  notes  et  constatai  que  Lefebvre,  dans 
sa  lettre  à  Cordier,  publiée  dans  le  Bulletin  de  notre  Société  (1), 
avait  signalé  un  niveau  à  dents  de  Poissons  à  124  pieds  au-dessus 
de  la  couche  à  dents  de  Squales  du  Lutétien  inférieur,  où  j'avais 
récolté  les  restes  étudiés  précédemment  par  M.  Priem  (2). 

C'était  donc  à  40  métrés  au-dessus  de  cette  couche  que  se  trouvaient, 
d'après  Lefebvre,  ces  restes  de  Poissons. 

Je  dirigeai  d'abord  mes  recherches  du  côté  du  Gebel  Ghiouchy, 
point  culminant  de  la  chaîne  du  Mokattam  et  rencontrai  en  effet  la 
couche  indiquée  par  Lefebvre. 

C'est  dans  le  chemin  de  carriers  qui  conduit  sur  le  plateau  supé- 
rieur aux  carrières  de  Bir  Mouna,  où  l'on  exploite  la  couche  à 
Cardium  Schweinfurthi  comme  pierre  de  taille,  que  je  rencontrai 
l'affleurement  de  cette  couche  ;  la  coupe  ci-dessous  donne  une  idée 
de  sa  position. 

Cette  coupe  va  du  nord-ouest  au  sud-est.  Les  dents  de  Poissons  que 
j'y  ai  récoltées  ont  été  en- 
voyées par  moi  à  M.  Priem      N  0  !^!Z^Z     S.E 


vllii'H/l»/l[tff'M|i 


qui  veut  bien  se  charger  de 
les  décrire. 

Il  était   intéressant  de  Se.1  el  Dabban 

rechercher  alors  si  cette  J^— ^ 

couche   se   retrouvait  en  tdr^*^~T :~:2--~ 

d'autres  points  du  Mokat-  *&^ 

tam.    Je    me    Suis  livré   à       FiK-  3-  —  Coupe  au  Gebol  Giouchy  prise  sur 
,         .  .      .  le  sentier  de  Sikket-el-Dabban. 

cette  recherche   en   trois        n  t  ..     ,         mj    „        _  t 

.     ..       ,.„.       A  ,         a,  Cale,  à  (  arolxa  placunmdes  Cont.;  6,  Cale, 

endroits  différents  sur  le  à  Fibularia  Lorioli  Th.  et  G.,  Ttiagastea 

versant  nord   de  l'anticli-  Lucxani  de  Loriol,  Vidaris  sp.  ;  c,  Cale,  jau- 

nâtre avec  débris  de  Poissons  ;  a.  Cale,  a 
nal   de  la  chaîne  et  trois  Voluta  Rostellaria  et  Echinolampas  Cra- 

fois  mes  retfcrcbes  ont  été         meri  ,,e  ^^  ;  '•  Detr"U8- 
couronnées  de  succès,  et  j'ai  pu  ainsi  envoyer  de  nouveaux  spéci- 
mens à  M.  Priem. 

La  différence  de  cote  entre  le  point  du  Giouchy  où  j'ai  recueilli 
les  restes  de  Poissons  et  la  carrière  de  Kafr  el  Ahram,  peut  être 
évaluée  h  150  mètres,  il  s'ensuit  donc  que  nous  devons  admettre, 
pour  l'expliquer,  l'existence  d'une  faille  représentée  actuellement 
par  la  vallée  du  Nil.  Or,  les  environs  du  Caire  nous  offrent  beaucoup 
d'exemples  de  dislocations,  et  celte  hypothèse  n'a  rieu  d'exagéré. 

(I)  Cf.  ».  S.  G.  F.,  I"  série,  t.  X,  p.  144,  1831). 

f2)  Priem.  Sur  les  Poissons  de  l'Koeène  du  Mont  Mokattam  (Egypte).  H.  S.  F.  G'., 
3-  série,  tome  XXV,  p.  2l>2,  1W7. 


240      POISSONS  FOSSILES  AUX  ENVIRONS  DES  PYRAMIDES  DE  GHIZEH      10  ÂV. 

Je  me  réserve  d'ailleurs  dans  un  travail  ultérieur  de  parler  de  ces 
failles  que  n'a  point  vues  M.  K.  Zittel,  et  dont  quelques-unes  ont  été 
déterminées  et  étudiées  par  notre  confrère  M.  J.  Walther,  d'iena  (1). 

En  résumé  le  Lutélien  d'Egypte  m'a  donné  jusqu'à  présent  trois 
niveaux  à  Poissons  : 

1°  Le  niveau  tout-à-fait  supérieur  de  l'Ile  du  Birket  Karoun, 
étudié  par  Dames  (2)  ; 

S0  Le  niveau  un  peu  inférieur  au  premier  puisqu'il  en  est  séparé 
par  les  couches  à  Carolia  que  je  viens  de  décrire  eu  quelques  mots 
et  dont  M.  Priem  va  décrire  les  restes  ; 

3°  Le  niveau  à  Carcharodon  aurlculatus  Blainville  sp.  et  Pycnodus 
mokattamensis  Priem,  dont  les  fossiles  ont  déjà  été  décrits  en  1897 
par  M.  F.  Priem  (3). 

Les  deux  premiers  niveaux  appartiennent  au  Lutétien  supérieur, 
le  troisième  au  Lutétien  inférieur  et  correspond  au  calcaire  grossier. 

Mon  excellent  confrère  et  ami  M.  G.  Schweiofurth  m'a  indiqué 
à  Hélouan  et  dans  l'Ouady  Atfieh,  au  sud  du  Caire,  dans  la  chaîne 
arabique,  deux  couches  à  empreintes  de  Poissons  que  je  n'ai  pu 
encore  étudier,  surtout  dans  l'Ouady  Atfieh  qui  est  d'un  accès 
difficile  vu  le  manque  absolu  de  communications.  J'imagine  que 
c'est  dans  ces  couches  que  se  trouvent  les  restes  de  Perça  Lorenti 
décrits  par  H.  von  Mayer,  mais  comme  je  n'ai  pu  en  avoir  de 
spécimens  je  réserve  la  question  de  leur  niveau  jusqu'au  jour  où 
j'aurai  pu  en  entreprendre  l'étude,  me  bornant  à  indiquer  aujour- 
d'hui à  titre  documentaire  ce  quatrième  horizon  à  Poissons. 

(1)  J.  Walther.  L'apparition  de  la  craie  aux  environs  des  Pyramides.  Bull, 
institut  Egyptien,  f  série,  n°  8,  p.  1, 1887. 

(2)  Dames.  Loc.  cit. 

(3)  Priem.  Loc.  cit. 


1899  241 


SUR   DES 
POISSONS  FOSSILES  ÉOCÈNES  D'EGYPTE  ET  DE  ROUMANIE 

ET  RECTIFICATION  RELATIVE  A 
PSEUDOLATES   HEBEHTI  Gervais  sp. 

par  M.  F.  PRIEH. 

(Planche  II). 

SOMMAIRE 

I.  —  Poissons  de  l'Eocène  d'Egypte  :  1'  Lutétien  inférieur.  Pycnodu*  mokatta- 

mensis  Prie  m,  Lamna  Yinrenti  Wlnkler  sp.  —  2°  Lutétien  supérieur.  Gisement 
de  Kafr  el  Ahram.  Carcharia*  (Aprvmodon)  frequens  Dames,  Carcharias 
(Prionodon)  sp.,  Saurocephalus  Fajvmensis  Dames,  Cœlorhynckus  sp.  — 
Faune  ichthyo logique  do  Kafr  el  Ahram.  —  Lutétien  supérieur  de  la  région  du 
Mokattam.  Odontaspis  Abbatei  n.  sp.  —  Faune  ichthyologique  du  Lutétien  du 
Moka t ta  m. 

II.  —  Poissons  êocènes  de  Roumanie.  Scorpmnoides  Popovicii  n.  g.,  n.  sp.  — 
Scopélidé  de  genre  indéterminé.  —  Remarques  sur  la  faune  ichthyologique  do 
Flysch  éocène  de  Roumanie. 

III.  —  Rectification  relative  à  Pseudolalea  Hébert i  Gervais  sp. 

Nos  confrères,  MM.  Fourtau  et  Popovici-Hatzeg,  ont  eu  l'obli- 
geance de  me  confier  un  certain  nombre  de  restes  de  Poissons  de 
l'Eocène  d'Egypte  et  de  l'Eocène  de  Roumanie.  Je  décrirai  ici  d'abord 
ceux  provenant  d'Egypte  et  que  M.  Fourtau  a  recueillis  dans  de 
nombreuses  courses  géologiques. 

I.  —  Poissons  de  l'Eocène  d'Egypte 

1°  Lutétien  inférieur 

Pycnodus  mokattamensis  Priem. 

(Pi.  il,  fig.  i). 

F.  Priem.  Sur  les  Poissons  de  l'Eocène  du  Mont  Mokattam  (Egypte). 
B.  S.  G.  F.,  3«  série,  t.  XXV,  1897,  p.  217-220,  pi.  VII,  iig.  9-14. 

J'ai  eu  l'occasion  en  1897  d'étudier  une  nouvelle  espèce  de  Pyciw- 
dus  de  l'Eocène  du  Mont  Mokattam  et  je  lai  décrite  sous  le  nom  de 

12  Juin  1899.  —  T.  XXVII.  Bull.  Soo.  Géol.  Fr.  —  Ni 


242       PR1EM.  —  POISSONS  ÉOCÈNES  d'ÉGYPTE  ET  DE  ROUMANIE      10  Avril 

P.  mokattatnensia.  Elle  était  représentée  par  une  dentition  vomé- 
rienne,  un  fragment  de  mandibule  et  quelques  dents  isolées.  Ces 
pièces  m'avaient  été  remises  par  M.  Pourtau  et  provenaient  d'une 
couche  qu'il  place  dans  le  Lutétien  I  et  qui  correspond  au  calcaire 
grossier  moyen  des  environs  de  Paris. 

Notre  confrère  m'a  récemment  envoyé  un  nouveau  fragment 
appartenant  à  la  môme  espèce  et  provenant  du  même  gisement. 
C'est  la  partie  droite  de  la  mandibule.  Elle  a  été  habilement  dégagée 
de  sa  gangue  par  M.  Barbier,  mouleur  au  Muséum.  La  rangée  la 
plus  externe  de  dents  n'est  pas  représentée  (1),  mais  il  y  a  cinq 
dents  de  la  rangée  moyenne  et  quatre  de  la  rangée  interne. 

Les  trois  premières  dents  de  la  rangée  moyenne  sont  presque 
ovales  ;  les  deux  dernières  sont  grossièrement  arrondies.  La  troi- 
sième dent  est  la  plus  grande;  elle  a  un  diamètre  trausverse  de 
0m0i3  et  un  diamètre  antéro-postérieur  de  0n,008.  Les  dimensions 
des  deux  dernières  dents  sont  0m01  pour  le  diamètre  transverse  et 
0m009  pour  le  diamètre  antéro-postérieur.  Toutes  ces  dents  ont  une 
dépression  au  centre  et  des  stries  sur  les  bords. 

Les  dents  de  la  rangée  interne  sont  très  fortes,  presque  ovales, 
avec  l'extrémité  interne  à  peine  moins  obtuse  que  l'extrémité 
externe.  Elles  sont  presque  complètement  lisses  ;  la  première  est  la 
plus  allongée  dans  le  sens  transverse  ;  son  diamètre  transverse  est 
0m02  et  son  diamètre  antéro-postérieur  0m01.  La  distance  de  la 
rangée  principale  au  bord  interne  de  la  mandibule  est  de  0m018. 
Cette  dentition  mandibulaire  a  des  rapports  avec  celle  de  P.  Bower- 
banki  Egerton  (2)  de  Sheppey,  mais  les  dents  de  la  rangée  principale 
et  de  la  rangée  moyenne  sout  ovoïdes  dans  cette  dernière  espèce, 
parce  que  l'extrémité  interne  des  dents  priucipales  et  l'extrémité 
externe  des  dents  moyennes  sout  effilées  tandis  que  chez  P.  mokaî 
tatueïisis  ces  deuts  sonl  plus  obtuses. 

Lamna  Vincenti  Winkler  sp. 

(PI.  Il,  fig.  2-4). 

Winkler.  Deuxième  mémoire  sur  des  dents  de  Poissons  du  terrain 
bruxellien.  Arch. Musée  Teyier,  vol.  IV,  1876,  p.  25,  pi.  II, fig.  9-10. 

(1)  Deux  dents  de  la  rangée  externe  se  trouvent  sur  le  fragment  de  mandibule 
représenté.  B.  S.  G.  F.,  3'  sér.,  t   XXV,  1897,  pi.  VII,  fig.  11. 

(2)  Egerton.  On  some  new  Pycnodonts.  Geol.  May.,  n«>w  séries,  dec.  II,  vol.  IV, 
1877,  p.  52-54,  pi.  III,  fig.  1-2. 


1899  poissons  éocènes  d'égypte  et  de  Roumanie  243 

A.  Smith  Woodward.  Catalogue  of  the  fossil  Fishes  in  the  British 

Muséum,  t.  I,  1889,  p.  403. 
F.  l'riem.  Loc.cit.,  p.  212,  pi.  VII,  fig.  1-3. 

M.  Fourtau  a  trouvé  dans  le  Lutétien  I  du  plateau  des  Pyramides 
de  Ghizeh  une  quinzaine  de  dents  de  Lamna  Vincenti.  J'ai  déjà  eu 
l'occasion  de  m'occuper  de  cette  espère  bien  reconnaissante  à  ses 
faces  lisses,  ses  bords  tranchants  et  aux  doubles  (lenticules  latéraux 
larges  et  pointus.  Je  figure  ici  quelques  unes  de  ces  dents  à  cause 
de  leur  belle  conservation. 

Ou  peut  signaler  une  petite  deut  basse  et  large  tout  à  fait  posté- 
rieure, dont  les  denticules  latéraux  sont  simples  et  se  confondent 
presque  avec  la  pointe  principale. 

11  faut  indiquer  dans  le  Lutétien  l  de  la  chaîne  arabique,  près  de 
Béni  Souef,  une  deut  antérieure  mal  conservée  de  Carcharodon 
auriculatus  Blainv.  sp. 

Des  détritus  d'érosion  du  pied  du  Mokattam  ont  fourni  à 
M.  Fourtau  quelques  dents  d'Oxyrhina  Desori  Ag.  (pi.  H,  fig.  5-6) 
et  deux  dents  droites,  striées  ù  la  face  interne,  qu'il  faut  rapporter 
à  Odontaspis  elegans  Ag.  sp.  (pi.  II,  fig.  7).  Cette  espèce  si  répandue 
n'avait  pas  encore  été  signalée  au  Mokattam. 

2°  Lutétien   supérieur 
Gisement   de  Kafr  el  Ahham 

La  plupart  des  pièces  envoyées  par  M.  Fourtau  proviennent  d'un 
gisement  nouveau  découvert  par  notre  confrère  à  Kafr  el  Ahram 
(Cafra  de  0.  Fraas)  au  nord  du  Gebel  Chelloul,  situé  lui-môme  au 
sud  des  Pyramides  de  Ghizeh.  On  trouve  là  des  calcaires  marneux 
passant  aux  marnes  jaunes  (tafia  des  Arabes)  qui  appartiennent, 
d'après  la  note  présentée  à  cette  même  séance  par  M.  Fourtau,  au 
Lutétien  II  et,  par  suite,  à  un  niveau  supérieur  au  précédent. 

Ces  calcaires  marneux  ont  fourni  les  restes  suivants  : 

Carchakias  (Aprionodon)  frequens  Dames. 

(PI.  H,  tig.  8-15). 

W.  Dames.  Ueber  eine  tertiâre  Wirbelthierfauua  von  der  westlichen 
Insel  des  Birket  el  Qurùu  im  Fajum  (/Egypten),  Sitzungsb.  K. 
preuss.  Akad.Wiss.  Berlin,  physik-math.  Cl.  t.  IV,  1883,  p.  143, 
pi.  111,  fig.  7  a-/;. 


244  f.  priem  10  Avril 

Cette  espèce  a  été  établie  par  M.  Dames  pour  de  nombreuses 
dents  de  petite  taille  dont  la  couronne  est  d'une  hauteur  inférieure 
à  la  largeur  de  la  base  et  dont  la  racine  large  et  basse  présente  en 
son  milieu  un  sillon  profond.  La  couronne  se  prolonge  sur  la  racine 
de  chaque  côté  de  la  poiute  par  une  sorte  de  crête  à  bord  tranchant 
ou  légèrement  plissé  sans  qu'il  y  ait  jamais  de  vrais  denticules 
accessoires.  La  face  interne  de  la  couronne  est  bombée  et  la  face 
externe  plate  ;  elles  sont  toutes  deux  lisses.  La  forme  est  assez 
variable.  Il  y  a  des  dents  dont  la  pointe  est  droite  et  élancée,  d'au- 
treè,  au  contraire,  dont  le  cône  plus  large,  plus  court,  est  ou  bien 
droit,  ou  bien,  plus  souvent,  arqué  vers  l'arrière.  Par  analogie  avec 
les  Aprionodon  actuels,  les  premières  dents  appartiennent  à  la 
mâchoire  inférieure  et  les  secondes  à  la  mâchoire  supérieure.  Les 
dimensions  de  ces  dents  diffèrent  beaucoup,  il  y  en  a  dont  la  cou- 
ronne mesure  0m009  à  0m01  de  hauteur  et  d'autres  n'ayant  comme 
hauteur  de  la  couronne  que  0m004  et  même  0m002.  Ces  dents  sont 
très  abondantes  à  Kafr  el  Ahram  ;  j'ai  pu  en  examiner  quarante- 
cinq  de  toutes  les  tailles. 

CARCHARIA8  (PRIONODON)   Sp. 
(PI.  II,  fig.  16). 

Une  autre  petite  dent,  dont  la  couronne  est  conservée  ainsi 
qu'une  partie  de  la  racine,  est  absolument  droite,  sa  couronne 
triangulaire  légèrement  bombée  sur  la  face  interne,  presque  plate 
sur  la  face  externe  et  lisse  sur  les  deux  faces,  présente  sur  ses 
bords  des  denticulations  serrées,  arrondies,  bien  visibles  à  la  loupe 
et  allant  jusqu'au  sommet  de  la  couronne.  Celle  ci  a  une  hauteur 
deOm008  et  une  largeur  deOm005à  la  base.  La  racine  est  plus  haute 
sur  la  face  interne  que  sur  la  face  externe  ;  elle  y  a  une  hauteur 
de  0m004.  Il  n'y  a  pas  trace  de  denticules  latéraux.  Cette  dent  paraît 
appartenir  au  geure  Carcharias  et  au  sous-genre  Prionodon  où  les 
dents  sont  denticulées  sur  les  bords.  Elle  a  des  rapports  avec  les 
dents  de  Gheziret  el  Korn,  dans  le  Birket  el  Karoun,  que  M.  Dames  (1) 
appelle  Corax  Egertoni  Ag.,  dents  qui  paraissent  appartenir  en 
réalité  au  genre  Carcharias  (Prionodon)  suivant  M.  A.  Smith  Wood- 
ward  (2)  et  dont  l'identification  avec  l'espèce  d'Agassiz  est  d'ailleurs 
douteuse. 

(1)  Dames.  Loc.  cit.,  p.  142,  pi.  III,  flg.  5. 

(2)  A.  Smith  Woodward.  Catalogue,  t.  I,  1889,  p.  440. 


1899  poissons  éocènes  d'égypte  et  de  Roumanie  245 

Saurocephalus  Fajdmensis  Dames. 

(PI.  II,  fig.  18-19). 

Daines.  Loc.  cit.  p.  147,  pi.  III,  fig.  12  a-c. 

Daos  le  gisement  de  Kafr  el  Ahram,  M.  Fourtau  a  trouvé  deux 
dents  sans  racine,  légèrement  bombées  sur  les  deux  faces,  à  bords 
tranchants  faiblement  convexes.  L'une  d'elles  a  une  hauteur  de 
0*001  et  une  largeur  à  la  base  de  0m003,  l'autre  est  haute  de  0m005 
et  large  à  la  base  de  0m004.  On  distingue  à  la  loupe  sur  cette  dernière 
une  très  fine  striation  sur  l'une  et  l'autre  face,  striation  qui  n'est 
visible  sur  le  premier  exemplaire  qu'à  la  base  d'une  des  faces. 
M.  Dames  a  trouvé  des  dents  semblables  au  Birket  el  Karoun  et  en 
a  fait  une  espèce  nouvelle  sous  le  nom  de  Saurocephalu*  Fajumensis, 
les  rapportant  au  genre  crétacé  Saurocephalus.  Jusqu'ici  il  est 
impossible  de  préciser  les  relations  zoologiques  de  ces  dents. 

COELORHYNCHUS    Sp. 
(PI.  II,  flg.  20). 

Parmi  les  restes  de  Poissons  trouvés  par  M.  Fourtau  se  trouve  un 
fragment  cylindrique,  long  de  0m021,  ayant  un  diamètre  de  0m008, 
dont  la  surface  porte  de  nombreux  sillons  profonds  et  pourvu  d'un 
canal  central.  C'est  un  Ichthyodorulite  du  genre  Cœlorynchus.  On  ne 
connaît  pas  la  nature  exacte  de  ceslchthyodorulites  qui  se  trouvent 
dans  le  Crétacé  supérieur  et  dans  l'Eocène.  Suivant  M.  A.  Smith 
Woodward,  ils  pourraient  avoir  appartenu  à  des  Chiméroïdes  indé- 
terminés. 

M.  Dames  (1)  a  trouvé  Cœlorynchus  au  Birket  el  Karoun.  D'autre 
part,  M.  A.  Smith  Woodward  (2)  a  décrit  sous  le  nom  de  C.  gigas 
des  fragments  trouvés  en  Egypte  dans  la  roche  du  Grand  Sphinx. 

Pour  terminer  la  nomenclature  des  débris  de  Poissons  trouvés  à 
Kafr  el  Ahram  il  faut  mentionner  une  petite  vertèbre  de  Squale 
appartenant  probablement  au  genre  Carcharias  ;  un  petit  fragment 
aplati,  finement  strié  sur  ses  faces,  avec  un  sillon  profond  sur  l'une 
des  tranches  et  qui  pourrait  être  un  fragment  de  piquant  de  nageoire 
de  Squale;  enfin  quatre  dents  arrondies  du  genre  Chrysophrys 
(pi.  II,  fig.  21-24). 

(1)  Dames.  Loc.  cit.,  p.  148. 

(2)  A.  Smith  Woodward.  Ami.  Mag.  fiât.  HxsL,  (3e  série,  t.  I,  1888,  p.  225,  et 
Catalogue,  II,  1891,  p.  122. 


2'#6  F.  prirm  10  Avril 

Faune  ichthyologique  de  Kafr  el  Ahram 

En  résumé,  cette  faune  ichthyologique  du  nouveau  gisement 
découvert  par  M.  Fourtau,  a  des  rapports  avec  celle  des  couches  du 
Birket  ei  Karoun  étudiée  par  M.  Dames.  Il  y  a  deux  espèces  com- 
munes :  Carcharias  (Aprwnodon)  frequens  Dames  et  Saurocephalus 
Fajumensis  Dames,  sans  compter  Carcharias  (Prionodon)  sp.  qui 
rappelle  les  dents  décrites  par  M.  Dames  sous  le  nom  de  Corax 
Egertoni  Ag.  et  Cœlorhynchus. 

L'âge  des  couches  du  Birket  el  Karoun  est  incertain,  M.  Dames  les 
regarde  comme  éocènes  ou  oligocènes  (1).  M.  Fourtau  place  les 
couches  de  Kafr  el  Ahram  dans  le  Lutétien  supérieur  et  les  regarde 
comme  un  peu  plus  anciennes  que  celles  du  Birket  el  Karoun,  qui 
seraient  aussi  du  Lutétien  supérieur  et  par  suite  éocènes. 

Lutétien  supérieur  de  la  région  du  Mokattam 

Dans  la  région  du  Mokattam  se  trouvent  aussi  des  couches  appart- 
enant au  Lutétien  supérieur  et  que  M.  Fourtau  considère  comme 
du  même  âge  que  le  gisement  de  Kafr  el  Ahram. 

Il  m'a  envoyé  des  dents  de  la  tranchée  d'El  Orta  au  Gebel  Abiad. 
Ces  dents,  mal  conservées,  paraissent  appartenir  à  Carcharias 
frequens  Dames. 

D'autres  débris  plus  nombreux  proviennent  du  Gebel  Ghiouchy, 
sur  le  sentier  de  Sikket  el  Dabhan.  J'y  ai  reconnu  des  dents  de 
Carcharias  frequens  Dames  ;  deux  dents  de  Carcharias  (Prionodon) 
sp.  ressemblant  beaucoup  à  celles  décrites  par  M.  Dames  sous  le 
nom  de  Corax  Egertoni  Ag.  ;  Tune  d'elles  est  figurée  pi.  II,  fig.  17. 
Il  y  a  aussi  des  débris  dWncistrodon  armatus  Gervais  sp.,  des  mor- 
ceaux de  petites  plaques  latérales  et  une  plaque  médiane  de  Mylio- 
bâtis  (pi.  II,  fig.  25),  une  dent  à  couronne  complète  sans  denticules 
latéraux  que  je  rapporte  à  Oxyrhina  Desori  Ag.  Enfin  je  dois  décrire 
une  petite  dent  du  môme  gisement  de  Gebel  Ghiouchy  que  je  pense 
appartenir  à  une  espèce  nouvelle. 

Odontaspis  arbatei  n.  sp. 

(PI.  II,  fig.  26). 

II  s'agit  d'une  petite  dent  verticale,  élancée,  à  courbure  légère- 
ment sigmoïdale,  à  face  interne  bombée,  à  face  externe  presque 

11)  Dames,  hoc.  cit.,  p.  153. 


1899  poissons  tocÈNEs  d'égypte  et  de  Roumanie  247 

plate,  lisse  sur  les  deux  faces.  Les  denticules  latéraux  sout  conservés 
d'un  côté:  il  y  en  a  deux,  bien  séparés  du  denticule  principal; 
l'interne  est  mince  et  pointu,  l'externe  bien  séparé  du  précédent 
est  beaucoup  plus  bas,  presque  insignifiant.  La  ligne  basilaire  de  la 
couronne  est  droite,  présentant  à  la  face  externe  une  légère  dépres- 
sion. La  racine  est  en  partie  brisée,  avec  un  sillon  profond  au  milieu. 

Les  dimensions  sont  :  longueur  de  la  couronne,  0m005  ;  largeur  a 
la  base,  0m002  ;  épaisseur  à  la  base,  0m002. 

Cette  petite  dent  a  des  rapports  avec  <).  Bronni  Ag.  du  Danien  et 
0.  Hntoti  Winkler  sp.  de  l'Eocène  inférieur  (Heersien,  Landénien, 
Yprésien,  Thanétien)  de  Belgique  et  d'Angleterre,  mais  elle  diffère 
de  tous  deux  par  sa  petite  taille,  et  en  outre  de  0.  Bronni  par  sa 
courbure  plus  accusée  et  de  0.  Rutoti  par  la  présence  du  profond 
sillon  à  sa  racine. 

Je  crois  que  cette  dent  appartient  à  une  espèce  nouvelle,  pour 
laquelle  je  propose  le  nom  d' Odontaspis  Abbatei.  Abbate-pacha, 
Président  de  la  Société  de  géographie  du  Caire  et  Vice-président  de 
l'Institut  égyptien,  a  accordé  une  précieuse  assistance  à  M.  Fourtau, 
lors  de  ses  excursions  dans  le  désert  libyque. 

Faune  ichthyologique  du  Lutétien  du  Mokattam 

J'ai  déjà  eu  l'occasion  (B.  S.  G.  F.,  3«  sér.,  t.  XXV,  1897,  p.  224) 
de  donner  la  liste  des  Poissons  du  Lutétien  I  du  Mokattam.  Nous 
venons  de  voir  que  le  Lutétien  II  de  la  même  région  contient 
Carcharias  fréquent  Dames,  Carcharias  (Prionodon)  sp.,  Oxyrhimi 
Desori  Ag.,  Odontaspis  Abbatei '  n.  sp.,  Myliobatix  sp.  et  Ancistrodon 
armatns  Gervais  sp.  Des  détritus  d'érosion  du  Mokattam  il  faut 
ajouter  Odontaspis  elegans  Ag.  sp.  qui  accompagne  Oxyrhina  Desori. 

Je  dois  rappeler  aussi  l'existence  dans  l'Eocène  du  Mokattam, 
sans  indication  précise  de  niveau,  de  Myliobatix  Pentoni  A.  Smith 
Woodward  (1)  remarquable  par  les  grandes  dimensions  de  ses 
plaques  dentaires.  Par  comparaison  avec  M.  aquila  actuel,  cette 
espèce  devait  avoir  un  disque  large  de  5  mètres. 

Enfin,  H.  von  Meyer  (2)  a  décrit  sous  le  nom  de  Perça  (Smerdls) 
Lorenti,  un  Poisson  provenant  d'un  niveau  non  déterminé  du 
Mokattam. 

(1)  A.  Smith  Woodwahd.  On  the  dentition  of  a  pigantic  extinct  spocirs  olMylio- 
batis  from  the  lower  tertiary  formation  of  fyrypt.  Proc.  Zool.  Soc.  Lvnrton,  1893, 
p.  558-:iT>9,  pi.  XLVII1. 

(il  H.  von  Meyer.  Palaontographica,  t.  I,  1N51,  p.  105-106,  pi.  XII,  fip.  3. 


248  f.  priem  10  Avril 

II.  —  Poissons  éocènes  de  Roumanie 

Notre  confrère  M.  Popovici  Hatzeg  a  bien  voulu  me  communiquer 
deux  Poissons  qu'il  a  recueillis  dans  des  marnes  très  développées 
dans  la  Valea  Caselor,  près  du  village  de  Fieni,  district  de  Jalomitza 
(Roumanie).  Ces  marnes,  en  dehors  d'empreintes  de  Poissons,  ne 
contiennent  pas  de  fossiles  ;  elles  alternent  avec  des  plaquettes  de 
grès  contenant  des  traces  hiéroglyphiques  énigmatiques,  des  Nura- 
mulites  et  d'autres  Foraminifères.  Cette  formation  constitue  pour 
M.  Popovici  (t)  un  Flysch -éocène  ;  elle  repose  sur  les  marnes  rouges 
du  Sénonien  et  disparaît  sous  les  dépôts  du  Miocène  (étage  helvé- 
tien). 

Les  Poissons  de  la  Valea  Caselor  appartiennent  à  deux  espèces. 

ScorpjENoides  Popovicii  n.  g.,  n.  sp. 

(PI.  II,  fig.  27-30). 

Le  premier  de  ces  Poissons  est  représenté  par  une  empreinte  et 
une  contre-empreinte.  Il  a  une  longueur  totale  de  0m016.  La  tète 
très  forte,  aussi  large  que  longue,  occupe  le  tiers  de  cette  longueur 
totale.  La  gueule  est  largement  ouverte;  sur  les  mâchoires  il  y  a 
des  traces  de  dents.  Une  baguette  osseuse  réunit  l'anneau  sous- 
orbitaire  au  préopercule.  Ce  dernier  présente  une  demi-douzaine  de 
pointes  très  nettes,  dont  les  trois  plus  longues  se  trouvent  à  l'angle. 

Le  corps  est  mince,  haut  de  0m002.  La  colonne  vertébrale  et  ses 
apophyses  se  voient  très  nettement.  Il  y  a  26  ou  27  vertèbres. 

11  y  a  deux  nageoires  dorsales  de  même  longueur.  La  dorsale 
épineuse,  qui  commence  très  près  de  la  tète,  est  formée  de  six 
rayons.  Le  premier,  très  long,  a  plus  que  la  longueur  de  la  tête 
(0m006),  les  trois  suivants  sont  plus  courts  et  décroissent  régulière- 
ment, ils  ont  environ  0m002.  Les  deux  derniers  sont  très  petits  et 
en  partie  cachés  par  le  quatrième.  La  dorsale  molle,  peu  éloignée 
de  la  précédente,  est  formée  de  dix  petits  rayons. 

La  nageoire  anale,  opposée  à  la  dorsale  molle,  présente  trois 
rayons  épineux  et,  à  la  suite,  de  courts  rayons  mous  mal  conservés 
qui  semblent  au  nombre  de  six  ou  sept.  Les  piquants  de  l'anale 
sont  sensiblement  égaux  et  atteignent  la  longueur  du  second  piquant 
dorsal. 

(1)  Popovici.  Etude  géologique  des  environs  de  Campulung  et  de  Sinaia  (Rou- 
manie). Thèse  de  la  Faculté  des  Sciences  de  Paris,  1898,  p.  151-152. 


1899  poissons  eocènes  d'Egypte  et  de  Roumanie  249 

La  nageoire  caudale,  longue  de  (MXtë,  est  légèrement  échancrée 
et  composée  de  seize  rayons. 

Sous  la  tête,  une  masse  informe  avec  traces  de  rayons  représente 
seule  les  nageoires  pectorales.  Les  nageoires  ventrales  thoraciques 
sont  très  longues  et  atteignent  eu  arrière  l'anale.  Elles  sout  compo- 
sées d'un  grand  rayon  épineux  et  de  cinq  courts  rayons  mous  ;  la 
longueur  du  piquant  est  de  0m006.  On  voit  très  bien  en  avant  des 
ventrales  la  ceinture  pelvienne.  On  ne  voit  pas  trace  d'écaillés. 

Ce  Poisson  remarquable  doit  évidemment  être  rangé,  à  cause  de 
ses  piquants,  parmi  les  Acanthoptérygiens.  L'arc  osseux  qui  réunit 
le  préopercule  à  l'anneau  sous-orbitaire,  le  préopercule  fortement 
armé  font  songer  immédiatement  aux  Cottidés  ou  aux  Scorpénidés, 
mais  chez  les  Cottidés  la  dorsale  molle  et  l'anale  sont  plus  longues 
que  la  dorsale  épineuse,  ce  qui  n'a  pas  lieu  ici.  Comme  chez  les 
Scorpénidés,  la  dorsale  épineuse  a  au  moins  la  même  longueur 
que  la  dorsale  molle,  l'anale  est  courte,  les  piquants  dorsaux  sont 
très  développés.  Nous  rangeons  donc  le  Poisson  de  Roumanie  dans 
la  famille  des  Scorpénidés.  Cependant  la  dorsale  divisée  au  lieu 
d'être  absolument  continue,  le  petit  nombre  des  piquants  dorsaux 
qui  sont  généralement  nombreux  dans  cette  famille,  la  caudale 
échancrée  au  lieu  d'être  arrondie,  la  grande  longueur  des  ventrales, 
le  distinguent  des  genres  actuels.  L'une  des  différences  les  plus 
saillantes  est  précisément  le  grand  développement  des  ventrales, 
mais  M.  Vaillant,  Professeur  au  Muséum,  qui  a  bien  voulu  examiner 
ce  fossile,  m'a  fait  remarquer  que  la  petite  taille  du  Poisson  indique 
un  individu  jeune  et  que  chez  les  jeunes,  soumis  à  de  plus  grandes 
chances  de  destruction,  certaines  nageoires  sont  souvent  beaucoup 
plus  développées  que  chez  les  adultes.  En  tenant  compte  de  cette 
explication  à  la  grande  longueur  des  ventrales,  il  reste  assez  de 
différences  avec  les  genres  actuels  (Scorpienay  Sebastes,  Pelor,  etc.) 
pour  être  autorisé  à  rapporter  le  Poisson  de  la  Valea  Caselor  à  un 
genre  nouveau.  Nous  lui  donnerons  le  nom  de  Scorp&noïdes  et  nous 
établirons  une  espèce  :  Scorpienoïdes  Popuvicii  dédiée  à  notre 
confrère  M.  Popovici. 

Les  caractères  du  genre  sont  : 

Corps  qiince,  tète  grosse,  aussi  large  que  longue,  ayaut  le  tiers 
de  la  longueur  du  corps.  Dents  petites.  Préopercule  avec  fortes 
pointes.  Deux  dorsales  de  même  longueur  et  peu  séparées  Tune  de 
l'autre,  la  dorsale  épineuse  avec  six  piquants,  le  premier  très  long. 
Trois  piquants  à  l'anale  qui  est  opposée  à  la  dorsale  molle.  Caudale 
échancrée.  Pectorales  mal  conservées.  Ventrales  longues.  26  ou  27 
vertèbres.  Ecailles  non  visibles. 


2!S0  F.    PMUI  10  Avril 

Les  caractères  de  l'espèce  sont  : 

Formule  de  la  dorsale  :  VI  10.  Formule  de  l'anale  :  111  6-7. 
Hauteur  du  corps  comprise  «aviron  sept  fois  dans  Ik  longueur 
totale  et  égale  à  moins  de  la  moitié  de  la  hauteur  de  la  tète.  Le 
premier  rayon  épineux  de  la  dorsale  très  développé,  plus  long  que 
la  longueur  de  la  tète,  les  autres  décroissent  régulièrement  et  les 
deux  derniers  sont  très  petits.  Les  épines  anales  sont  sensiblement 
égales  et  atteignent  la  longueur  du  second  piquant  dorsal.  Nageoires 
ventrales  longues  (peut-être  par  suite  du  jeune  âge  de  l'individu), 
le  rayon  épineux  plus  long  que  la  tête  et  atteignant  en  arrière  la 
nageoire  anale. 

ScOPÉLIDÉ  DE   GENRE   INDÉTERMINÉ 
(PI.  II,  ùf.  31). 

Le  gisement  de  la  Vnlea  Caselor  a  fourni  à  M.  Popovici  un  autre 
Poisson,  mais  dans  un  état  de  conservation  très  imparfait. 

Le  corps  grêle  a  une  longueur  de  0m033  sur  laquelle  la  tête 
occupe  0m0i.  La  mandibule  est  plus  longue  que  la  mâchoire  supé- 
rieure, il  y  a  des  dents  assez  nettes.  Vers  le  milieu  du  corps  on  voit 
une  dorsale  composée  de  six  rayons  mous.  L'anale  o'est  pas  conser- 
vée. La  caudale  o'est  représentée  que  par  une  partie  de  son  coutour 
extérieur  et  parait  être  arrondie. 

Tandis  que  la  lête  est  vue  de  profil,  les  pectorales  sout  au  contraire 
de  champ  ;  ou  en  voit  une  presque  entière  et  des  traces  de  l'autre  ; 
elles  sont  composées  d'une  quinzaine  au  moins  de  rayons  courts. 
Les  ventrales  sont  opposées  à  la  nageoire  dorsale  et  sont  formées 
d'une  douzaine  de  longs  rayons  ;  une  seule  est  visible. 

H  y  a  plus  de  trente  vertèbres  à  la  partie  antérieure  de  la  colonne 
vertébrale:  on  voit  de  nombreuses  baguettes  fines  et  serrées  qui 
paraissent  être  des  arêtes. 

Sur  le  Poisson  on  ne  voit  pas  trace  d'écaillés,  mais  au  voisinage 
on  peut  observer  plusieurs  débris  qui  pourraient  être  des  écailles 
pseudo-cténoïdes,  notamment  un  fragment  assez  net  sous  la  cau- 
dale, qui  pourrait  être  aussi  un  débris  de  cette  caudale. 

L'absence  de  rayons  épineux  et  les  ventrales  abdominales  mon- 
trent que  ce  Poisson  appartient  à  l'ordre  des  Physostomes.  La 
détermination  de  la  famille  est  difficile  à  cause  de  l'absence  d'ccailles, 
de  l'absence  de  l'anale  et  aussi  de  ce  qu'il  est  impossible  de  voir  si 
le  bord  de  la  mâchoire  supérieure,  est  réimposé  des  Inter maxillaires 
seulomeut  cm  eu  même  temps  des  maxillaires.  Le  corps  allongé,  la 


1899  poissons  éocènks  d'égypte  et  de  rolmanie  2.">l 

large  gueule  armée  de  dents  me  font  rapporter  le  Poisson  ici  étudié 
à  la  famille  des  Scopélidés,  détermination  que  M.  Vaillant,  après 
un  examen  de  ce  fossile,  a  regardée  comme  admissible.  Le  mauvais 
état  de  l'échantillon  ne  permet  pas  de  pousser  plus  loin  et  de  fixer 
le  genre.  C'est  le  désir  seulement  «l'appeler  l'attention  des  géologues 
sur  le  Flysch  éocène  de  Roumanie  si  pauvre  en  fossiles,  qui  m'a 
déterminé  à  figurer  cette  empreinte  imparfaite. 

Remarques  sur  la   faune  ichthyologique 
du  Flysch  éocène  de  Roumanie 

D'après  ce  qui  précède,  la  faune  ichthyologique  du  Flysch  éocène 
de  Roumanie  comprend  un  Scorpénidé  et  un  Scopélidé. 

Il  y  a  des  Scopélidés  assez  douteux  pour  la  plupart  dans  le  Crétacé 
supérieur  de  Comen  (Istrie),  de  Sahel  Alina  (Liban),  de  Sendeuhorst 
(Westphalie).  Il  y  en  a  un  aussi  dans  les  schistes  de  (îlaris  (Oligo- 
cène inférieur)  où  Wettstein  a  étudié  Scopeloides  glaronensis  Agassiz 
sp.  Ils  se  développent  ensuite  dans  le  Miocène  supérieur  de  Licata 
(Sicile)  avec  des  genres  voisins  des  genres  actuels  (Avapterns. 
Paraxcoprlvs  Sauvage). 

Les  Scorpénidés  fossiles  sont  rares.  Ils  ne  sont  représentés  que 
par  le  genre  Srorpwna  dans  les  marnes  aquitaniennes  (Oligocène 
supérieur)  de  Radoboj,  en  Croatie,  dans  le  Miocène  du  bassin  de 
Vienne  et  dans  celui  d'Orao.  M.  Kramberger-fïorjanovic  (i)  a  décrit 
deux  espèces  de  Scorpwna  provenant  des  marnes  de  Croatie  : 
S-  Pilan  du  gisement  de  Radoboj  et  S.  mini  ma  du  gisement  de 
Dolje.  Elles  présentent  bien  les  caractères  du  genre  Scorptena  actuel. 

Le  Scopélidé  des  m  il  mes  de  la  Valea  Caselor  montre  une  certaine 
ressemblance  avec  Scopeloidctf  glaronemi*  Wettst.  des  schistes  de 
61a  ri  s  [%)  autant  qu'on  peut  en  juger  dans  l'état  de  mauvaise 
conservation  de  notre  Poisson.  Toutefois  le  Poisson  de  (îlaris,  mieux 
conservé,  montre  une  longue  anale  et  une  caudale  fourchue,  tandis 
que  chez  celui  de  Roumanie  nous  ne  connaissons  pas  l'anale  et  la 
caudale  parait  arrondie.  Nous  avons  vu  d'autre  part  que  le  Scorpé 
nidé  de  Roumanie  n'appartient  pas  au  genre  Scorp&na  actuel,  qui 
a  une  queue  arrondie  et  une  dorsale  continue  avec  douze  ou  treize 
piquants.  Il  y  a  donc  des  analogies  entre  les  Poissons  des  marnes 

(1)  Draoutik  Krambehqer-Gorjanovic.  Die  Jungtertifiiv  Kischfauna  Ouations. 
1"  ptrtie.  Halaont.  Oe*t.  Ungarn*,  t.  III,  188'*,  p.  IOs-111,  pi.  XXII,  IU.  l  ±. 
(S)  Wimiu*.  Ueber  die  Fischfauna  des  tertiaeren  Glarncrschirfrrs.  Denk*chr. 
behwtix.  Patamf.  Geêdlsch.,  t.  XIII.  1880,  p.  îft-;>7,  pi.  n.  tiir.  7-13. 


252      PRIEM.  —  POISSONS  KOCÈNES  D* EGYPTE  ET  DE  ROUMANIE      10  Avril 

de  Roumanie  et  ceux  de  Glaris  et  de  Radoboj,  mais  il  y  a  aussi  des 
différences.  Les  analogies  en  question  pourraient  faire  regarder  les 
marnes  de  la  Valea  Caselor  comme  oligocènes,  si  M.  Popovici  n'était 
pas  arrivé  par  des  raisons  d'ordre  stratigraphique  à  les  placer  dans 
l'Eocène. 

Je  remercie  vivement  M.  Popovici  de  m'avoir  communiqué  ces 
Poissons  fossiles  de  Roumanie  et  M.  le  professeur  Vaillant  des 
utiles  renseignements  qu'il  a  bien  voulu  me  fournir. 

III.  —  Rectification  relative  à  Pseudolates  Heberti  Gervais  sp. 

Dans  ma  note  sur  la  faune  ichthyologique  des  assises  montienues 
du  bassin  de  Paris  (B.  S.  G.  F.,  3»  série,  t.  XXVI,  1898,  p.  399,  j'ai 
été  amené  à  rapporter  Lates  Heberti  Gervais  à  un  genre  nouveau 
Pseudolates.  M.  A.  Smith  Woodward,  tout  en  approuvant  l'établis- 
sement d'un  nouveau  genre  pour  Lates  Heberti,  m'a  fait  observer  que 
Pseudolates  est  préoccupé  par  un  Poisson  vivant.  En  effet,  Alleyne 
et  Macleay  (Proc.  Linn.  Soc.  N.  S.  W.t  t.  I,  1877,  p.  262)  ont  décrit 
sous  le  nom  de  Pseudolates  cavifrons  un  Poisson  des  eûtes  et  estuaires 
d'Australie,  qui  n'est  autre  que  Lates  calcarifer  Bloch  sp.  (1).  Je 
propose  au  lieu  de  Pseudolates  le  nom  de  Prolates.  Lates  Heberti 
Gervais  deviendrait  ainsi  Prolates  Heberti  Gervais  sp. 


EXPLICATION  DE  LA  PLANCHE  II 

Les  échantillons  sont  représentés  sans  retouches  et  grandeur  naturelle,  sauf 
avis  contraire. 

Flg.  1.  —  Pycnodus  mokattamensis  Priera.  LutéUen  inférieur  du  Mokattam. 
Moitié  droite  de  la  mandibule. 

Fig.  2-4.  —  Lamna  Vincenti  Winkler  sp.  Lutétien  inférieur  du  plateau  des 
Pyramides  de  Ghizeh.  —  fig.  2  et  3,  dents  antérieures;  fig.  4,  dent  latérale,  vues 
par  la  face  interne. 

Fig.  5-6.  —  Oxyrhina  Desori  Agassiz.  Détritus  d'érosion  du  pied  du  Mokattam. 
—  fig.  5,  dent  latérale,  et  fig.  6,  dent  antérieure,  vues  par  la  face  externe. 

Fig.  7.  —  Odontaspis  elegans  Agassiz  sp.  Détritus  d'érosion  du  pied  du  Mokat- 
tam. Dent  antérieure  vue  par  la  face  interne. 

Fig.  8-15.  —  Carcharias  {Aprionodon)  frequeiis  Dames.  Lutétien  supérieur. 
Gisement  de  Kafr  el  Ahram.  —  fig.  8-11,  dents  inférieures  ;  fig.  12-15,  dents 
supérieures,  vues  par  la  face  interne. 

(I)  Boulenger.  Catalogue  of  the  Perciform  Fishes  in  the  Brltish  Muséum. 
2*  édition,  t.  1,  1895,  pp.  361  et  363. 


1899  LES  ACCIDENTS  FRONTAUX   DE  LA   BARRE  DE  CA US SOLS  253 

Flg.  46.  —  Carcharias  (Prionodon)  sp.  Dent  voe  par  la  face  Interne.  Lutétlen 
supérieur.  Gisement  de  Kafr  el  Ahram. 

Flg.  17.  —  Carcharias  [Prionodon)  sp.  Dent  vue  par  la  face  Interne.  Lutétien 
supérieur  du  Gebel  Ghiouchy. 

Flg.  1S-19.  —  Saurncephalus  Fajumensi*  Dames.  Lutétien  supérieur.  Gisement 
de  Kafr  el  Ahram. 

Flg.  20.  —  Cœlorhynchus  sp.  Lutétien  supérieur.  Gisement  de  Kafrel  Ahram. 

Flg.  21-24.  —  Chrysophrys  sp.  Dents.  Lutétien  supérieur.  Gisement  de  Kafr 
el  Ahram. 

Flg.  25.  —  Myliobatis  sp.  Plaque  médiane.  Lutétien  supérieur.  Gisement  du 
Gebel  Ghiouchy. 

Fig.  26.  —  Odontaspis  Âbbatei  n.  sp.  Dent  antérieure  vue  de  côté.  Lutétien 
supérieur.  Gisement  du  Gebel  Ghiouchy. 

Flg.  27-28.  —  Scorpsenoï<l<>$  Popovicii  n.  g.,  n.  sp.  Empreinte  ot  contre- 
empreinte.  Marnes  éocènes  de  la  Valea  Caselor  (Roumanie). 

Fig.  29-30.  —  Les  mêmes  grossies  trois  fois. 

Fig.  31.  —  Scopélidé  de  genre  indéterminé.  Marnes  éocènes  de  la  Valea  Caselor 
(Roumanie). 


LES  ACCIDENTS  FRONTAUX  DE  LA  BARRE  DE  CAUSSOLS 

(ALPES-MARITIMES) 

par  M.  Ad.  tiCÉBHARI). 

Parmi  les  nombreux  accidents  frontaux  de  la  barrr  de  Caussols 
(Alpes-Maritimes),  il  en  est  un.  en  particulier,  aux  lieux  dits  Grêle 
et  Y  Aire  de  la  Dourne  (inscription  VAdrech  de  l'Etat-Major),  où  uue 
nappe  callovienne,  visiblement  émanée  de  la  barre,  s'avance  au- 
dessus  du  Cénomanien  en  portant  elle-même,  dans  de  petits  plis 
parallèles  au  pli  principal,  des  lambeaux  du  même  Cénomanieu, 
que  leur  grand  rapprochement,  leur  aspect  non  trituré,  l'absence 
enfin  de  Néocomien  et  de  traces,  en  encadrement,  des  niveaux 
jurassiques  supérieurs,  ne  permettent  guère  de  regarder,  ainsi 
qu'il  arrive  fréquemment,  comme  les  jalons  axiaux  de  grands  plis 
jurassiques  doublement  étirés  et  imbriqués. 

D'autre  part,  l'évidente  pénétration  du  Callovien  par  dessous 
rend  peu  vraisemblable  l'hypothèse  d'apparitions  du  substratum 
à  travers  des  déchirures  en  boutonnière  de  la  nappe  compri- 
mante. Au  contraire,  le  surbaissement  que  montre  précisément  en 
ce  point  le  Callovien  de  la  barre,  descendu  au  niveau  qu'occupent, 


254      GUÉBHARD.  ACCIDENTS  FRONTAUX  DK  LA  BARRE  DE  CAUSSOLS      10  Av. 

à  droite  et  à  gauche,  au-dessus  du  Crétacé,  le  Bajocien  et  le  Batho- 
nien,  au  point  de  montrer  même,  avec  le  premier,  sur  le  côté,  un 
contact  anormal,  fournit  une  base  matérielle  à  l'hypothèse  de 
l'avancée,  en  pleine  masse  molle  du  Crétacé,  d'une  nappe  juras- 
sique, relativement  mince,  qu'aurait  préalablement  ou  simultané- 
ment pliée  en  forme  de  gouge,  une  action  locale  de  In  composante 
secondaire  de  la  striction  terrestre,  perpendiculaire  à  la  composante 
principale,  N.-S.  Sous  l'influence  combinée  de  ces  deux  forces, 
l'éperon  jurassique,  protégé  en  avant  par  le  bouclier  des  bancs 
supérieurs,  que  l'on  voit  actuellement,  sur  le  front  de  poussée, 
donner  l'illusion  d'un  pli-faille  presque  vertical,  se  serait  avancé 
au  sein  même  de  la  masse  crétacée,  suivant  le  plan  de  glissement 
presque  horizontal  que  semblent  bien  montrer  les  golfes  d'érosion, 
à  fond  crétacé,  formés  par  les  déchiquetures  de  la  nappe  jurassique, 
vite  débarrassée  de  sa  surcharge  crétacée,  partout  ailleurs  que  dans 
les  encoches  ou  petits  plis  secondaires  formés  par  l'effet  de  la 
résistance  à  la  poussée. 

Un  exemple  analogue,  quoique,  en  quelque  sorte,  inverse,  serait 
fourni,  en  plus  grand,  par  la  bordure  méridionale  du  large  syncli- 
nal de  Caussols,  à  la  Colle  des  Maçons,  poiut  d'inflexion  de  l'anti- 
clinal de  Ferrier,  où  un  vaste  éperon  projeté  vers  le  sud,  mais  par 
relèvement,  cette  fois,  et  non  par  surbaissemeut,  est  venu  labourer 
comme  un  soc  de  charrue  le  Crétacé  du  synclinal  de  La  Malle,  en  le 
rejetant  de  part  et  d'autre  sur  les  côtés  et  le  mettant  presque  en 
contact,  à  l'ouest,  avec  l'infralias  argileux  du  plan  de  glissement. 

Ici  encore  apparaît  évidente  l'action  secondaire  de  la  striction 
perpendiculaire  au  méridien,  sans  laquelle  pourraient  difficilement 
s'expliquer  nou  seulement  les  plis  N.-S.,  mais  aussi  les  nombreuses 
inflexions  des  axes  E.-O.,  auxquelles  correspondent  presque  toujours 
les  étoilements  de  plis  en  patte  d'oie  qui  compliquent  si  singuliè- 
rement l'étude  tectonique  de  la  région. 


1899  3tt> 


Séance   du    Z4   Avril    18»» 

PRÉSIDENCE  DE  M.  E.  DE  MARGERIE,  PRESIDENT 

M.  1\  Cambronue,  Vice-Secrétaire,  donne  lecture  du  procès- verbal 
de  la  dernière  séance,  dont  la  rédaction  est  adoptée. 

M.  de  Margerie  présente  à  la  Société  l'ouvrage  suivant  :  La  carte 
dt  France,  étude  historique  par  le  Colonel  Berthaut,  ±  vol.  in-4>. 

M.  E.  de  Martoniie  signale  daus  les  Yertuindlungen  drr  Geselhchaft 
fur  Erdkunde  zu  Berlin  un  article  de  M.  Keilhack  sur  les  anciens 
lacs  et  les  anciennes  vallées  du  Plateau  Baltique  «  Thaï  und  Seehil- 
dung  im  Gebiet  des  baltischen  Hôhenrtirkens  ». 

M.  P.  Cauibronne  signale  parmi  les  dons  récemment  parvenus  à 
la  Société  :  1°  la  3e  édition  du  Traité  de  Minéralogie  de  M.  A.  de 
Lapparent  ;  ±'  les  deux  premiers  volumes  de  la  collection 
«  Scientia  ». 

M.  A.  Gaudry  entretient  la  Société  du  brillaut  résultat  déjà 
obtenu  pour  les  souscriptions  du  Congrès  géologique  international 
de  1900. 

M.  M.  Boule  a  le  regret  d'annoncer  la  mort  bien  prématurée,  à 
l'âge  de  40  ans,  de  M.  Charles  Brongniart,  qui  était  membre  de 
notre  Société  depuis  1876,  et  dont  les  obsèques  ont  eu  lieu  le  20  avril 
1899. 

Eu  dehors  de  ses  travaux  sur  les  Insectes  actuels,  M.  Charles 
Brongniart  s'était  fait  connaître  par  de  nombreuses  publications 
paléontologiques  et,  notamment,  par  un  grand  mémoire  sur  les 
Insectes  (ossiles  de  Commentry,  dont  M.  Fayol  lui  avait  confié  l'étude 
et  qui  remplissent  aujourd'hui  plusieurs  vitrines  de  la  nouvelle 
galerie  de  Paléontologie  du  Muséum.  Ce  mémoire,  dont  l'importance 
avait  été  aussi  hautement  appréciée  à  l'étranger  qu'en  France,  lui 
avait  mérité  le  grand  prix  des  Sciences  physiques  de  l'Institut. 

M.  Ch.  Brongniart,  en  décrivant  le  Pleuracanthus  Gaudryi  nous 
avait  également  fait  connaître  un  des  types  d'organisation  les  plus 
curieux  que  nous  ait  révélés  la  Paléontologie. 

Notre  regretté  confrère  avait  un  caractère  aimable;  au  Muséum 
tous  ses  collègues  l'avaient  en  grande  estime  et  on  ne  lui  connaissait 
que  des  amis.  Je  suis  sûr  d'être  l'interprète  de  tous  les  membres  de 
la  Société  en  adressant  à  sa  famille  l'expression  de  nos  sincères 
condoléances. 


256  24  Avril 


SUR  LA  TECTONIQUE  DE  LA  COLLETTE  DE  CLARS 

(ALPES-MARITIMES) 

par   M.    A.   «UÉBHARD. 


Toutes  les  anomalies  stratigraphiques  de  ce  point  célèbre  dans 
les  annales  de  la  Paléontologie  :  le  brusque  arrêt,  à  quelques  mètres 
au  nord  de  la  route,  du  fameux  banc  fossilifère  du  Gault,  l'appa- 
rente superposition,  à  la  sortie  est  de  la  petite  tranchée,  du  Nëoco- 
mien  au  Cénoraanien,  puis,  plus  loin,  du  Callovien  en  gros  bancs, 
flanqué  d'Oxfordien  fossilifère,  au  Crétacé  donnant  naissance  à  une 
petite  source,  tout  cela  s'explique  très  simplement,  si  Ton  consi- 
dère la  petite  éminence  de  la  Collette,  d'une  part,  et,  de  l'autre,  la 
grosse  masse  tourmentée  des  Rouguières  (au-dessus  de  la  route, 
K.  14,5)  comme  les  extrémités,  de  deux  des  interdigitations  anticli- 
nales  qui  viennent,  jusqu'au  pied  de  la  grande  barre  de  l'Audibergue, 
séparer  les  directions  convergentes  des  sept  synclinaux  crétacés 
que  l'étude  générale  de  la  région  montre  confluant  tous  en  patte 
d'oie  aux  environs  de  ce  même  point. 

Si,  dans  cette  sorte  de  gripement  étoile,  en  dessous  d'un  pointe- 
ment  vers  le  sud  d'un  des  plis  principaux  de  la  région,  Ton  voit, 
sous  une  forme  différente,  une  manifestation  spéciale  de  cette  com- 
posante de  la  striction  terrestre,  perpendiculaire  au  méridien,  à 
laquelle  l'auteur  a  déjà  cru  pouvoir  attribuer  les  accidents  frontaux 
que  montrent  les  grands  plis  déversés  vers  le  sud,  on  comprendra 
que,  parmi  les  plis  secondaires,  ail  dû  être  affecté  surtout  de  discon- 
tinuités le  pli  médian,  dirigé  à  peu  près  du  nord  au  sud.  Or,  ce  pli 
est  précisément  celui  que  flanquent,  à  son  confluent  avec  les  autres, 
la  Collette  de  Clars,  à  l'ouest,  et  la  colline  des  Rouguières  à  l'est, 
tandis  que  le  jalonne,  en  son  milieu,  un  lambeau  de  poudingue 
tertiaire,  trait  d'union  certain  avec  le  synclinal  de  la  Colle  de  Mons. 
Rien  d'étonnant,  dès  lors,  aux  superpositions  anormales  constatées 
et  le  seul  problemeencoreincertain.au  point  de  vue  cartographique, 
est  de  savoir  si,  par  dessous  les  éboulis,  le  Callovien  des  Rouguières 
rejoint  celui  qui  forme  la  barre,  en  interrompant  le  synclinal  cré- 
tacé du  pied  de  l'Audibergue,  ou  en  le  laissant  passer. 


fHoU  De  M.  &:  LSx\ 


Bull.  Soc.  Géol.  de  Franw 


■■■■•  Série,  r.  xxvn,  ?i.  s 

(lU«  ,\.  lo.twlf  fSgyl 


0-  G.  Pil.rsl,   Ira, 


Poissons  fossiles  éo^ôiiss  d'Egypte  et  de  Ronituwàfi 


►  •  •• 


•  •• 


_-*.! 


1890  257 


NOTE  SUR   LES  ANCIENNES  PLAGES  ET  TERRASSES 

DU  BASSIN  DE  L'ISSER  (DÉPARTEMENT  D'ALGER) 

ET  DE  QUELQUES  AUTRES  BASSINS  DE  LA  COTE  ALGÉRIENNE 

par  M.  L.  J.  B.  de  LAIOTHE. 

(Planche  III) 

M.  Fie  heur,  dans  son  remarquable  mémoire  sur  la  Kabylie  du 
Djurdjura  (1),  consacré  principalement  à  l'étude  des  terrains  ter- 
tiaires, a  résumé  brièvement  ses  observations  sur  les  terrasses  des 
principaux  fleuves  qui  arrosent  cette  région  et  sur  les  anciennes 
plages  de  la  zone  côtière. 

Notre  confrère  a  distingué  trois  niveaux  de  terrasses  :  un  niveau 
supérieur,  peut  être  pliocène,  dominant  de  135  à  200m  les  thalwegs 
actuels  ;  un  niveau  moyen,  situé  au-dessous  du  précédent,  d'une 
quantité  variable  suivant  les  vallées  ;  un  niveau  inférieur,  dont 
l'altitude  au-dessus  des  vallées  varie  de  20  à  40m. 

Les  alluvions  récentes  forment  des  plaines  plus  ou  moins  étendues 
au  fond  des  vallées. 

Pour  les  anciennes  plages,  il  admet  deux  niveaux  :  l'un  à  l'alti- 
tude de  10  à  35m,  l'autre  à  l'altitude  de  40  à  50». 

C'est  d'après  ces  données  qu'ont  été  coloriées  les  feuilles  de 
Ménerville  et  de  Palestro. 

A  l'époque  où  M.  Ficheur  a  commencé  ses  recherches,  la  plupart 
des  feuilles  topographiques  de  la  grande  Kabylie  n'avaient  pas 
encore  été  publiées  ;  il  lui  a  donc  été  matériellement  impossible  de 
déterminer  avec  précision  les  altitudes  des  anciennes  plages  et 
terrasses  et  par  suite  de  les  suivre  sur  le  terrain.  D'ailleurs  le 
tracé  des  courbes  de  niveau  de  la  carte  est  souvent  trop  défectueux 
pour  que  Ton  puisse  les  utiliser  dans  la  détermination  des  altitudes, 
sans  un  contrôle  barométrique  préalable  qui  nécessite  des  courses 
réitérées,  incompatibles  avec  l'établissement  d'une  carte  géologique 
détaillée. 

Dans  ces  conditions,  il  m'a  paru  qu'une  étude  spéciale  des 
terrasses  de  quelques-uns  des  principaux  cours  d'eau  de  l'Algérie 

(I)  Ficheur.  Descript.  géol.  de  la  Kabylie  du  Djurdjura.  Etude  spéciale  des  ter- 
rains tertiaires,  1890,  p.  398  et  seq. 

17  Août  1899.  —  T.  XXVII.  Bull.  Soc.  Géol.  Fr.  —  17 


258  de  lamothe  24  Avril 

et  des  anciennes  plages,  étude  dans  laquelle  on  utiliserait  à  la  fois 
les  données  de  la  carte  et  les  indications  fournies  par  le  baromètre, 
ferait  peut-être  apparaître  des  faits  nouveaux  et  intéressants. 

Cette  tentative  me  paraissait  d'autant  mieux  justifiée  que  j'avais 
été,  dès  mon  arrivée  en  Algérie,  frappé  de  la  disposition  en  gradins 
superposés  qui  caractérise  les  anciennes  plages  de  certaines  parties 
de  la  côte,  et  de  la  liaison  intime  qui  existe  entre  quelques-unes  de 
ces  plages  et  les  nappes  d'alluvions,  notamment  à  l'embouchure 
de  Tisser.  Il  m'avait  semblé  dès  lors,  que  des  recherches  dirigées 
dans  cet  ordre  d'idées  permettraient  d'établir  nettement  la  corréla- 
tion des  deux  phénomènes,  et  de  prouver  que  les  mouvements 
successifs  d'émersion  (1)  qui  ont  donné  naissance  aux  plages, 
ont  été  la  cause  déterminante  de  la  formation  des  nappes  alluviales 
étagées  dans  les  vallées,  chaque  niveau  de  la  mer  correspondant  à 
une  plage  sur  le  littoral  et  à  une  nappe  alluviale  dans  l'intérieur 
des  vallées.  Dans  cette  hypothèse,  la  disposition  des  alluvions  en 
terrasses  superposées  serait  la  conséquence  du  creusement  des 
différentes  nappes  alluviales,  à  la  suite  de  l'émersion  de  la  plage 
correspondante. 

La  solution  du  problème  ainsi  posé,  nécessitait  donc  la  recher- 
che des  anciennes  plages  et  nappes  alluviales,  puis  la  détermina- 
tion de  leurs  altitudes  et  enfin  la  démonstration  de  leur  liaison. 

C'est  le  travail  que  j'ai  entrepris  tout  d'abord  dans  la  vallée  de 
Tisser  et  dont  la  préseule  note  est  le  résumé.  11  établit,  je  crois,  d'une 
façon  indiscutable  pour  cette  vallée,  la  corrélation  entre  les  terrasses 
ou  plus  exactement  les  nappes  alluviales  dont  elles  sont  les  débris, 
et  les  plages,  et  par  conséquent  entre  les  unes  et  les  autres  d'une 
part  et  les  mouvements  du  sol  d'autre  part  ;  il  ma  permis  en  outre 
de  reconstituer  en  partie  l'histoire  de  la  vallée  de  Tisser  depuis  le 
pliocène  inférieur  jusqu'à  l'époque  actuelle. 

J'aurais  désiré  pouvoir  étendre  mes  recherches  à  l'ensemble  de 
la  côte  algérienne.  Malheureusement,  bien  que  la  vallée  de  l'fsser 
fût  de  beaucoup  la  plus  abordable  et  celle  où  les  terrasses  et  les 
plages  sont  le  mieux  conservées,  je  nie  suis  heurté  à  de  telles 
difficultés  d'observation,  que  l'étude  de  cette  vallée  a  absorbé  la 
majeure  partie  des  deux  hivers  que  j'ai  passés  eu  Algérie,  et  que 
j'ai  dû  renoncer  à  entreprendre  le  même  travail  dans  d'autres 
vallées.  —  J'ai  pu  néanmoins  rassembler  par  moi-même  ou  extraire 

(1)  11  est  entendu,  une  fois  pour  toutes,  qu'il  ne  s'agit  ici  que  de  mouvements 
relatifs,  ri  que  les  mots  émersion  ou  immersion  n'impliquent  nullement  que  c'est 
la  côte  qui  s'est  déplacée,  ic  niveau  de  la  mer  restant  fixe. 


1899    SUR  LES  ANCIENNE8  PLAGES  ET  TERRASSES  DU  BASSIN  DE  L'iSSER    259 

de  travaux  antérieurs,  des  faits  assez  nombreux  et  assez  précis  sur 
d'autres  portions  de  la  côte  algérienne,  pour  me  croire  autorisé  à 
généraliser  dans  une  certaine  mesure  et  à  appliquer  à  une  notable 
partie  au  moins  de  l'Algérie,  quelques-unes  des  conclusions 
déduites  de  l'étude  de  la  vallée  de  Tisser. 

Je  tiens  à  remercier  ici  tout  particulièrement  M.  Ficbeur,  de 
l'extrême  obligeance  avec  laquelle  il  a  bien  voulu  me  signaler  les 
points  où  je  pouvais  espérer  faire  quelques  observations  intéres- 
santes :  sa  profonde  connaissance  de  la  géologie  algérienne  m'a 
évité  bien  des  tâtonnements. 

Chapitre  I.  —  Anciennes  plages  de  la  côte 
entre  le  Cap  Blanc  et  le  Cap  Djinet  (1). 

Les  anciennes  plages  de  cette  région  sont  caractérisées  à  la  fois 
par  des  particularités  topographiques  et  par  la  nature  des  dépôts 
qui  les  recouvrent. 

Au  point  de  vue  topograplrique,  elles  sont  formées  par  des  plate- 
formes plus  ou  moins  larges,  plus  ou  moins  inclinées  vers  la  mer, 
qui  interrompent  la  continuité  des  pentes  et  que  Ton  peut  suivre 
parfois  sur  de  grandes  étendues.  Dans  quelques  cas,  la  position  de 
ces  plateformes  est  telle  qu'il  est  impossible  d'attribuer  leur  forma- 
tion à  une  autre  action  que  celle  de  la  mer.  Sur  quelques  points, 
plusieurs  replats  sont  disposés  les  uns  au-dessus  des  autres  comme 
les  gradins  d'un  amphithéâtre. 

Entre  le  Cap  Blanc  et  le  Cap  Djinet,  les  gradins  les  plus  éloignés 
du  rivage  sont  à  4  kil.  ;  dans  le  chenal  de  Tisser,  cette  distance 
peut  atteindre  exceptionnellement  8  kil.  L'altitude  de  la  plupart 
est  comprise  entre  0  et  100m;  mais  quelques-uns  s'élèvent  plus 
haut,  et  il  y  a  des  traces  très  nettes  d'une  ancienne  plage  presque 
horizontale  à  200m. 

Les  replats  s'observent  indifféremment  sur  tous  les  terrains  :  ils 
sont  surtout  développés  et  bien  conservés  sur  les  marnes  bleues  (2)  ; 
mais  on  en  observe  également  sur  le  miocène,  les  liparites,  les 
granités,  etc. 

(I)  Consulter  la  carte  géol.  détaillée  de.  l'Algérie,  feuilles  de  Ménerville  et  de 
Palestro,  et  la  carte  topographique,  a  1.200.000*,  feuilles  «l'Alger  et  de  Médéa.  — 
Ficheur.  Op.  cit.,  p.  393-398  et  seq.  —  Pomel.  Descrlpt.  stratij?.  de  l'Algérie, 
1889.  p.  195. 

<2)  O  sont  les  marnes  appelées  Sahéliennes  par  les  géologues  algériens  ;  elles 
sont  désignées  sur  la  carte  géolog.  et  sur  les  coupes  par  le  signe  m4  ;  leur  par- 
tie supérieure,  tout  au  moins,  doit  être  considérée  comme  Plaisancienne. 


260  de  lamothe  24  Avril 

Au  point  de  vue  lithologique  les  dépôts  qui  recouvrent  ces  replats 
appartiennent  à  deux  catégories  bien  distinctes  :  a)  des  poudingues 
et  des  grès  plus  ou  moins  cimentés,  prédominants  jusqu'à  l'altitude 
de  30m  ;  b)  des  sables  rouges  avec  ou  sans  galets,  qui  se  rencontrent 
jusqu'à  l'altitude  de  200m.  En  réalité,  ces  deux  catégories  sont  très 
probablement  intimement  liées,  les  sables  paraissant  n'être  que  le 
résultat  de  la  désagrégation  et  de  l'altération  chimique  des  pou- 
dingues et  des  grès. 

a.  Grès  et  poudingues.  —  Ces  dépôts  qui  figurent  sur  la  carte 
géologique  sous  les  signes  q,m,  q„m,  forment  des  bordures  minces 
et  étroites  sur  les  replats  les  plus  bas,  très  près  du  rivage  actuel. 
Au  Cap  Blanc  leur  épaisseur  peut  atteindre  10m.  Souvent  les  pou- 
dingues sont  presque  exclusivement  composés  de  petits  galets  de 
quartz  cristallin  blanc  ou  translucide,  de  la  grosseur  d'une  dragée 
ou  d'un  pois,  auxquels  s'associent  des  quartzites  du  Crétacé,  des 
débris  de  schistes  anciens,  etc.  ;  les  grès  sont  formés  des  mêmes 
éléments.  Tous  ces  dépôts  sont  stratifiés  horizontalement  :  leur  sur- 
face présente  parfois  une  pente  marquée  vers  la  mer. 

b.  Sables  rouges.  —  Ces  sables  que  la  carte  a  désignés  sous  le 
signe  p1  sont  argileux  et  presque  toujours  fortement  colorés,  ruti- 
lants. Dans  quelques  cas  ils  ont  été  décolorés,  sans  doute  par  la 
culture,  et  rappellent  alors  les  sables  des  plages  actuelles  (plateau 
des  Béni  Kous).  Us  sont  souvent  légèrement  agglutinés  ;  tantôt  ils 
sont  composés  d'éléments  fins,  tantôt  les  éléments  sont  grossiers  et 
de  nombreux  galets  leur  sont  associés.  En  général  ces  galets  sont 
petits,  bien  roulés,  et  parmi  eux,  les  plus  nombreux  sont  des  quartz 
blancs  ou  translucides.  Lorsque  ces  derniers  sont  prédominants  et 
que  leur  diamètre  ne  dépasse  pas'  celui  d'une  noisette  ou  d'une 
grosse  dragée  et  qu'en  outre  les  éléments  fins  ont  été  entraînés 
par  les  vents,  le  sol  reste  couvert  d'une  multitude  de  petits  galets 
d'un  blanc  éclatant  qui  tranchent  sur  la  couleur  rouge  des  sables, 
et  donnent  au  terrain  un  aspect  caractéristique. 

Il  n'est  pas  inutile  d'ajouter  que  fréquemment  des  sables  exclusi- 
vement composés  d'éléments  fins  sont  recouverts  de  galets  de  quart- 
zites colorés  ou  d'autres  roches,  provenant  par  ruissellement  de 
poudingues  plus  anciens,  à  une  époque  antérieure  au  creusement 
des  vallées  qui  les  séparent  actuellement  de  leur  point  de  départ 
(cote  124  sur  le  plateau  des  Béni  Kous). 

Les  sables  présentent  souvent  des  traces  de  stratification.  Les 
sables  fins  sont  parfois  formés  d'une  multitude  de  feuillets  minces, 
inclinés  dans  tous  les  sens,  et  dont  la  disposition  rappelle  celle  des 


1899    SUR  LES  ANCIENNES  PLAGES  ET  TERRASSES  DU  BASSIN  DE  L'iSSER     261 

dunes.  Les  sables  grossiers  sont  aussi  fréquemment  stratifiés  ;  la 
stratification  est  indiquée  par  des  lits  horizontaux  de  gravier  ou 
même  de  galets  rangés  les  uns  à  côté  des  autres. 

Les  sables  rouges  couvrent  d'une  couche  peu  épaisse,  mais  con- 
tinue, la  surface  des  replats  et  les  pentes  qui  y  aboutissent  ;  excep- 
tionnellement l'épaisseur  de  cette  couverture  peut  atteindre  une 
vingtaine  de  mètres,  notamment  sur  les  plages  d'unegrande  étendue, 
et  sur  les  points  où  des  dunes  se  sont  accumulées.  Ils  s'étendent 
indifféremment  sur  tous  les  terrains  :  marnes  bleues,  miocène, 
li parités,  granités...,  etc.  Nulle  part  je  n'ai  observé  de  preuves 
d'un  recouvrement  des  sables  par  les  limons  et  graviers  des 
terrasses  de  Tisser,  sauf  dans  le  lit  même  du  fleuve,  près  de 
Modrabin,  où  des  sables  rouges  entraînés  des  pentes  voisines  se  sont 
intercalés  dans  les  limons. 

L'altitude  maximum  atteinte  par  les  sables  ne  dépasse  pas  205m 
dans  la  vallée  de  Tisser. 

J'ajouterai,  enfin,  que  sur  quelques  points  il  y  a  intercalation  au 
milieu  des  sables  rouges  de  bancs  de  grès  et  de  poudingues,  géné- 
ralement disloqués.  Les  sables  apparaissent  alors  nettement  comme 
un  produit  de  la  désagrégation  et  de  l'altération  d'un  dépôt  préexis- 
tant (plage  de  30mau  sud  du  Cap  Djinet). 

L'origine  marine  et  littorale  des  dépôts  que  je  viens  de  décrire, 
à  l'exception  bien  entendu  des  dunes  qui  leur  sont  associées  locale- 
ment, ne  peut  être  mise  en  doute.  Dans  les  poudingues  et  grès  on 
trouve  fréquemment,  sinon  dans  la  vallée  de  Tisser,  du  moins  dans 
des  dépôts  identiques  situés  sur  d'autres  points  du  littoral  algérien, 
des  coquilles  marines  appartenant  exclusivement  à  des  espèces 
vivantes  ou  émigrées.  Dans  les  sables,  M.  Ficheur  a  trouvé,  et  j'ai 
moi-même  recueilli  dans  des  conditions  de  gisement  qui  ne  laissent 
aucune  incertitude,  des  débris  plus  ou  moins  roulés  de  Pectunculus, 
Venus Leur  extrême  rareté  s'explique  d'ailleurs  tout  naturelle- 
ment par  ce  fait  que  les  sables  sont  un  produit  d'altération. 

Ine  autre  preuve  de  l'origine  marine  des  sables  me  paraît  du 
reste  résulter  de  leur  composition  même.  Par  l'extrême  abondance 
des  galets  blancs  relativement  aux  autres,  par  la  prédominance 
parfois  presque  exclusive  de  ces  galets  et  la  régularité  de  leurs 
formes  et  de  leurs  dimensions,  les  sables  rouges  contrastent  d'une 
façon  complète  avec  les  alluvions  des  ditïérents  niveaux  de  Tisser, 
qui  sont  en  quelque  sorte  enchevêtrées  au  milieu  d'eux,  et  s'élèvent 
comme  eux  jusqu'à  200m.  Dans  ces  alluvions,  les  galets  blancs  sont 


262  de  lamothe  24  Avril 

toujours  relativement  très  rares  :  les  quartzites  colorés  forment  la 
presque  totalité  des  galets.  Il  est  par  suite  bien  difficile  d'attribuer 
la  prédominance  des  galets  blancs  dans  des  plages  telles  que  celles 
qui  bordent  la  rive  gauche  de  lisser  près  de  son  embouchure,  à  un 
transport  fluviatile  dont  le  point  de  départ  eût  été  dans  les  massifs 
anciens  de  Test  ou  de  l'ouest,  et  la  seule  hypothèse  admissible 
consiste  à  faire  intervenir  la  mer. 

Cette  intervention  peut  être  comprise  de  deux  façons  différentes  : 
on  peut  faire  venir  les  galets  blancs  des  massifs  anciens  jusqu'au 
rivage  le  plus  voisin,  et  admettre  qu'ils  ont  ensuite  cheminé  sous 
l'action  des  courants  littoraux  jusqu'aux  points  où  nous  les  obser- 
vons aujourd'hui.  On  peut  aussi  supposer  que  l'enrichissement  en 
galets  blancs  s'est  effectué  sur  place,  aux  dépens  des  cailloutis  des 
alluvions  anciennes,  et  qu'il  est  la  conséquence  de  la  plus  grande 
dureté  du  quartz  cristallin.  Sous  l'action  incessante  des  vagues,  les 
grès  et  quartzites  colorés  auraient  été  en  majeure  partie  détruits, 
et  les  éléments  blancs  auraient  fini  par  prédominer.  Ce  qui  donne 
quelque  vraisemblance  à  cette  manière  de  voir,  c'est  ce  fait  que 
d'une  part  les  sables  où  abondent  des  galets  sont  toujours  voisins 
de  cailloutis  contenant  les  mêmes  galets,  ou  même  reposent  sur  eux, 
et  que  d'autre  part,  on  voit  parfois  à  la  base  des  sables  des  traînées 
de  galets  assez  gros  où  les  éléments  blancs  sont  rares,  puis  un 
peu  plus  haut  dans  la  même  coupe  des  galets  moins  gros  où  les 
éléments  blancs  sont  déjà  beaucoup  plus  fréquents,  et  finalement 
vers  le  sommet  une  prédominance  marquée  de  ces  derniers  (tran- 
chées du  chemin  de  fer  entre  Bellefontaine  et  l'Aima).  En  tous  cas, 
quelle  que  soit  la  véritable  explication,  il  me  paraît  hors  de  doute 
que  la  mer  seule  a  pu  intervenir  et  que  par  conséquent  les  dépôts 
de  sables  rouges  à  galets  représentent  bien  une  formation  littorale. 

Ainsi  que  je  lai  dit  plus  haut,  les  sables  rouges  ont  été  désignés 
sur  la  carte  géologique  par  le  signe  p1  ;  les  plages  basses  ont  été 
distinguées  à  part  sous  les  signes  q'.m  et  q..,n.  Pour  M.  Ficheur  ces 
plages  seules  font  partie  du  Quaternaire  ;  les  sables  rouges  appar- 
tiennent au  contraire  entièrement  au  Pliocène  supérieur.  Notre 
confrère  admet  que  les  sables  se  sont  formés  pendant  cette  période 
et  ont  été  ensuite  relevés  par  un  mouvement  d'une  très  faible 
intensité  qui  n'a  occasionné  aucun  plissement  ni  accident  remar- 
quable (1)  et  qui  a  marqué  la  séparation  du  Pliocène  et  du  Quater- 
naire. 

(1)  Ficheur.  Op.  cit.,  p.  396. 


1899    SUR  LIS  ANCIENNES  PLAGES  ET  TERRASSES  DU  BASSIN  DE  L'iSSER     263 

Je  regrette  de  ne  pouvoir  me  ranger  à  cette  opinion.  Les  traces 
de  stratification  horizontale  que  j'ai  observées  jusqu'au  voisinage 
des  points  les  plus  élevés  atteints  par  les  sables  (point  205  au  S.W. 
de  Courbet  à  4  kil.  du  rivage,  point  99  à  Ben  Hamouch  à  1  kil.  500) 
me  paraissent  difficilement  conciliables  avec  l'hypothèse  d'un 
redressement  même  faible.  D'autre  part,  nous  verrons  bientôt  que 
les  sables  rouges  occupent  plusieurs  niveaux  bien  déterminés  dont 
quelques-uns  correspondent  à  la  fois  à  d'anciennes  plages  et  à  des 
terrasses  d'alluvions  de  Tisser.  Cette  connexion  entre  les  anciennes 
plages  et  les  anciennes  alluvions  entraîne  le  démembrement  des 
sables  rouges  dont  une  partie,  la  plus  basse,  devra,  comme  les 
terrasses,  être  rapportée  au  Pleistocène,  la  partie  la  plus  haute  pou- 
vant continuer  à  être  rattachée  au  Pliocène  supérieur. 

Ces  données  préliminaires  établies,  je  vais  rapidement  passer  en 
revue  les  anciennes  plages  de  l'embouchure  de  Tisser. 

Les  plages  bien  conservées,  et  dont  il  est  encore  relativement  facile 
de  retrouver  le  tracé,  sont  au  nombre  de  quatre  et  correspondent 
respectivement  à  des  niveaux  de  la  mer  voisins  de  15m,  30m,  53m  et 
100*. 

1°  Plage  de  53m.  —  Je  commencerai  par  cette  plage  qui  est  la  plus 
remarquable  par  ses  caractères  et  sa  netteté.  Elle  est  représentée 
sur  la  rive  gauche  de  Tisser  par  le  vaste  plateau  de  Mandoura  qui 
se  développe  parallèlement  à  la  côte  sur  5  kil.  de  longueur  et 
1  kil.  5  de  largeur. 

Toute  sa  surface  est  couverte  de  sables  rouges,  fins  ou  remplis  de 
galets.  Sur  le  bord  de  la  coupure  de  Tisser  près  de  Mandoura,  les 
sables  épais  de  4m  seulement,  sont  séparés  des  marnes  bleues  par 
10  à  lim  de  graviers  et  cailloutis  appartenant  à  un  ancien  lit  de 
Tisser  (4*  niveau).  Mais  ces  alluvions  ne  sont  qu'un  étroit  placage 
(fig.  1),  dont  la  largeur  ne  dépasse  peut  être  pas  100m,  et  partout 
ailleurs  les  sables  recouvrent  directement  les  marnes  qui  forment 
en-dessous  un  vaste  plan  incliné  vers  la  mer  (1). 

L'épaisseur  des  sables  est  de  15  à  30m  à  l'ouest  de  Mandoura  ; 
elle  diminue  vers  le  sud  et  l'ouest,  où  elle  n'atteint  probablement 
pas  10m.  Dans  la  plupart  des  coupes,  les  sables  sont  nettement 
stratifiés  horizontalement.  Il  y  a  près  de  Bordj  Ali  des  dunes  qui 
se  rapportent  à  ce  niveau. 

L'altitude  primitive  du  plateau  devait,  près  du  bord  nord,  être 
très  voisine  de  53m.  On  peut  en  conclure  que  près  du  rivage,  sur  le 

(1)  Pour  la  légende  de  toutes  les  Coupes,  voir  page  302. 


264 


DE  LAHOTBE 


24  Avril 


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1899     SUR  LES  ANCIENNES  PLAGES  ET  TERRASSES  DU  BASSIN  DE  L'iSSER     2B5 

bord  sud,  en  raison  de  la  grande  largeur  du  plateau,  la  cote  de  la 
mer  devait  atteindre  environ  55m. 

La  plage  de  53m  se  retrouve  très  nette  sur  la  rive  droite  de 
Tisser,  où  elle  est  représentée  par  trois  plateaux  très  réguliers  au 
nord  d'Haouch  Bel  Abbès. 

A  l'ouest  de  Courbet,  entre  ce  village  et  Ben  Hamouch,  plusieurs 
replats  bien  marqués  appartiennent  à  ce  niveau,  et  nous  verrous 
dans  le  chapitre  IV  que  Ton  en  retrouve  de  nombreuses  traces  vers 
l'ouest,  autour  du  Corso,  d'Ain  Ta  va,  de  Zéralda,  de  Ténès,  d'Arzew. 

2°  Plage  de  400™.  —  Si  Ton  quitte  la  plage  de  Mandoura  pour 
s'élever  au  sud,  on  gravit  d'abord  un  talus  de  sables  rouges  recou- 
vrant les  marues  bleues,  et  on  arrive  bientôt  à  un  vaste  plateau  de 
1200m  de  longueur  sur  350  à  400m  de  largeur  nord-sud,  à  peu  près 
horizontal  et  à  l'altitude  de  100m  :  c'est  le  plateau  qui  porte  les 
douars  des  Béni  Kous  (fig.  2). 

Les  sables  rouges  couvrent  sa  surface;  leur  épaisseur  est  généra- 
lement faible  (2  à  3m  au  plus);  mais  à  l'ouest,  près  du  point  124, 
elle  devient  beaucoup  plus  grande.  Les  sables  très  fins  sur  ce  point 
représentent  probablement  d'anciennes  dunes  contemporaines  de  la 
plage  de  100m  (fig.  5). 

Le  substratum  du  plateau  est  formé  par  des  alluvions  apparte- 
nant à  un  ancien  lit  de  Tisser  (3e  niveau),  plus  élevé  que  celui  de 
Mandoura. 

Vers  l'ouest  la  plage  de  100m  est  jalonnée  par  une  série  de 
replats  assez  étroits,  mais  dont  la  cote  est  presque  identique  :  Douar 
Guellal  94",  replat  à  l'ouest  de  Courbet  100m,  Oulad  Bendo  95  à  100", 
Ben  Hamouch  99».  —  A  l'est  de  Tisser  le  plateau  coté  94  (colorié  en 
q,,  sur  la  carte  géologique)  est  également  formé  de  sables  rouges  et 
doit  être  rattaché  à  ce  niveau. 

On  peut  adopter  comme  cote  probable  de  la  mer  pendant  la  for- 
mation des  plages  que  je  viens  de  citer  la  cote  100  qui  est  celle  du 
plateau  des  Béni  Kous. 

J'ajouterai  que  la  plage  de  100m  se  retrouve  très  bien  caractérisée 
autour  de  Bellefontaine,  et  entre  Staouêli  et  Zéralda. 

La  fig.  2  montre  la  disposition  étagée  des  deux  plateformes  de 
marnes  bleues  qui  supportent  les  plages  de  53  et  de  i00ln.  Ces  deux 
plateformes  sont  séparées  par  une  pente  rapide,  véritable  falaise 
littorale,  contemporaine  de  la  plage  inférieure  ;  la  même  falaise  se 
retrouve  au  nord  de  cette  plage.  Il  est  impossible  de  ne  pas  être 


266  de  lamothe  24  Avril 

frappé  de  ces  particularités  topographiques  qui  ne  laissent  aucun 
doute  sur  l'intervention  de  la  mer. 

3°  Plages  de  15  et  de  30m.  —  Au  pied  des  deux  plages  précédentes, 
on  trouve  des  traces  de  plages  plus  récentes,  malheureusement  le 
plus  souvent  démantelées.  On  peut  néanmoins  y  reconnaître  deux 
niveaux  bien  distincts.: 

a)  Un  niveau  de  15m  visible  au  Cap  Djioet,  à  la  Marsa,  au  Cap 
Blanc  ;  il  est  représenté  sur  ce  dernier  point  par  des  grès  et  poudin- 
gues  à  très  petits  galets,  surtout  de  quartz  blanc,  dont  l'épaisseur 
est  d'environ  2m  à  2m50  ; 

b)  Un  niveau  d  une  trentaine  de  mètres  qui  se  montre  au-dessus 
du  précédent  au  Cap  Djinet  où  il  est  formé  de  grès  coquilliers 
démantelés  et  de  galets  isolés  de  quartz  blanc,  associés  à  quelques 
petits  quartzites  colorés  du  crétacé. 

Au  sud  du  Cap  Djinet  une  falaise  éocène  supporte  plusieurs 
mètres  de  sables  rouges  au  milieu  desquels  se  voient  des  lambeaux 
de  grès  et  poudingues  à  galets  blancs  :  la  cote  est  de  30m  environ  (1). 

A  l'ouest  de  Courbet,  la  plage  de  30m  est  représentée  par  plusieurs 
replats  très  vastes  et  bien  caractérisés.  Près  du  Cap  Blanc,  les  pou- 
dingues et  les  grès  de  ce  niveau  atteignent  une  épaisseur  de 
plusieurs  mètres  et  ont  un  grand  développement  :  malheureusement 
ils  sont  en  partie  masqués  par  des  dunes  récentes,  et  par  des  sables 
rouges  qui  ont  ruisselé  des  pentes. 

La  carte  géologique  indique  au  sud  du  Cap  Djinet  une  plage  de 
5  à  6m  d'altitude  formée  de  grès  coquilliers  :  elle  a  été  marquée 
q,m.  Faut-il  voir  dans  cette  plage  une  preuve  que  le  niveau  de  la 
mer  s'est  encore  abaissé  depuis  la  formation  de  la  plage  de  15m?  Je 
ne  le  pense  pas  :  la  faible  altitude  de  ce  dépôt,  séparé  aujourd'hui 
de  la  mer  par  des  dunes,  permet  d'admettre  qu'il  est  simplement 
le  résultat  de  la  transformation  en  grès  d'un  appareil  littoral  récent. 

J'ajouterai,  pour  terminer,  que  les  deux  niveaux  de  15  et  de  30m 
sont  représentés  sur  un  très  grand  nombre  de  points  de  la  côte 
algérienne  (voir  chap.  IV). 

Au-dessus  de  ces  quatre  niveaux  bien  caractérisés,  on  trouve  sur 
une  partie  du  golfe  de  Tisser  jusqu'à  une  altitude  de  200m,  des 
sables  rouges  couronnant  des  replats  plus  ou  moins  étendus  et  qui 

(I)  C'est  le  lambeau  marqué  q„m  sur  la  carte. 


1899     SUR  LES  ANCIENNES  PLAGES  ET  TERHASSES  DU  BASSIN  DE  L'iSSER     367 


sont  évidemment  les  dé- 
bris d'anciennes  plages. 
Mais,  en  raison  de  leur  état 
de  dégradation  et  de  leur 
petit  nombre,  il  est  diffi- 
cile de  les  rattacher  à  des 
niveaux  définis,  et  c'est 
pour  ce  motif  que  je  n'ai 
pas  cru  devoir  les  faire 
figurer  sur  la  carte  jointe 
a  cette  note. 

J'ai  fait  exception  cepen- 
dant pour  un  dépôt  remar- 
quable par  son  étendue  et 
sa  conservation ,  indiqué 
par  M.  Ficheur  au  sud- 
ouest  de  Courbet,  sur  un 
massif  de  li parité  et  de 
gneiss  qui  s'élève  à  l'alti- 
tude de  200»  (fig.  3).  Le 
vaste  plateau  presque  hori- 
zontal formé  par  ces  roches 
(plateau  des  Oulad  el-Bor), 
est  couvert  de  sables  rou- 
ges dont  l'épaisseur  sur 
quelques  points  peut 
atteindre  4  A  3™.  D'innom- 
brables petits  galets  blancs 
et  des  galets  de  quartzite 
leur  sont  associés.  Dans 
une  coupe,  on  voit  le  sable 
rouge  très  agglutiné,  à 
petits  grains  de  quartz 
blanc-  et  petits  galets  de 
quartzite,  alterner  a  ver 
des  lits  horizontaux  de 
galets  de  quartz  blanc  et 
de  quartzites  colorés.  A  la 
base  apparaissent  de  nom 
breux  quartzites  dont  le 
diamètre  peut  atteindre 
0*30;  ils  représentent  pro- 


268  de  lamothe  24  Avril 

bablement,  comme  nous  le  verrons,   un  ancien  lit  de  lisser. 
Le  plateau  des  Oulad-el-Bor  est  certainement  la  plage  la  plus 
remarquable  de  la  côte  algérienne  par  ses  caractères  lithologiques 
et  topographiques. 

Enfin,  j'ai  découvert  en  1897,  tout  près  du  sommet  de  Sidi  Feredj 
(452m),  point  culminant  du  massif  de  Ménerville,  une  accumulation 
de  gravier  et  de  galets  roulés  qui  semble  un  débris  de  plage  (fig.  3). 

Un  peu  au  S.-W.  du  sommet,  à  432m,  sur  la  pente,  près  de  la  zone 
de  contact  des  granités  et  des  li  pari  tes,  le  sol  est  couvert  d'un 
grand  nombre  de  galets  parfaitement  roulés.  Ce  sont  des  liparites, 
des  quartz  noirs,  des  quartz  blancs,  provenant  exclusivement  du 
massif  ancien  :  les  liparites  et  même  quelques  quartz  noirs  présen- 
tent des  traces  d'altération.  Je  n'y  ai  vu  aucun  fragment  pouvant 
se  rapporter  à  des  roches  d'origine  éloignée.  Le  diamètre  des  galets 
est  petit,  quelques-uns  cependant  mesurent  0m15.  On  rencontre 
également  épars  à  la  surface  du  sol  des  blocs  granitiques  arrondis  ; 
mais  leur  surface  est  corrodée,  et  il  est  impossible  de  décider, 
s'ils  ont  appartenu  à  la  même  formation  que  les  galets  précités, 
ou  s'ils  proviennent  de  la  décomposition  sur  place  de  la  roche 
sous-jacente. 

J'avais  d'abord  songé  à  considérer  ce  dépôt  comme  provenant  de 
la  désagrégation  de  poudingues  miocènes;  mais  ceux-ci  qui  affleu- 
rent beaucoup  plus  bas  au  S.-E.  ne  renferment  pas  de  liparites  (1). 

Cette  origine  étant  écartée,  on  est  amené  à  admettre,  au  moins 
procisoirement,  que  les  galets  roulés  de  Sidi  Feredj  représentent 
des  débris  d'une  plage  très  ancienne,  dont  l'âge  pourrait  même 
remonter  à  l'époque  du  Pliocène  marin,  ainsi  que  je  le  montrerai 
dans  le  chapitre  111  (2).  Nous  verrons  également  dans  le  chapitre  IV 
que  le  dépôt  de  Sidi  Feredj  ne  constitue  pas  un  fait  isolé  :  j'ai 
observé  en  effet  dans  le  massif  de  Bouzaréa,  près  d'Alger,  à  350m 
d'altitude,  des  galets  roulés  empruntés  exclusivement  à  ce  massif. 

Je  ferai  remarquer,  pour  finir,  que  la  disposition  des  anciennes 
plages  en  amphithéâtre,  à  une  très  petite  distance  du  rivage  actuel, 
prouve  que  les  formes  générales  du  littoral  n'ont  subi  que  de  faibles 

(1)  Voir  à  ce  sujet  Fichelr,  op.  cit.,  p.  416. 

(2)  L'hypothèse  d'un  ancien  cimetière  arabe  à  laquelle  j'avais  un  moment  songé 
pour  expliquer  la  présence  de  ces  galets,  me  parait  inconciliable  avec  la  position 
du  dépôt  sur  une  pente  rapide  et  avec  la  nature  des  galets  et  leurs  faibles  dimen- 
sions. 


1899    SUR  LES  ANCIENNES  PLAGES  ET  TERRASSES  DU  BASSIN  DE  L'iSSER    269 

changements  depuis  le  Pliocène  supérieur,  époque  à  laquelle  on 
peut  rapporter  la  formatiou  de  la  plage  de  200m  des  Oulad-el  Bor, 
et  que  les  grands  alignements  qui  marquent  les  limites  septentrio- 
nales de  la  côte  algérienne  existaient  déjà. 

Chapitre  II.  —  Terrasses  de  la  vallée  de  Tisser 

Le  cours  de  Tisser  dépasse  150  kil.  ;  mais  en  amont  de  Thiers  ce 
fleuve  est  encore  peu  accessible  à  l'exploration,  faute  de  routes  et 
de  gîtes.  C'est  donc  seulement  entre  Thiers  et  la  mer,  c'est-à-dire 
sur  les  50  derniers  kilomètres  que  la  recherche  et  l'étude  des 
anciennes  terrasses  peut  être  tentée  actuellement.  On  remarquera 
du  reste,  qu'en  amont  de  Thiers,  le  fleuve  est  presque  constamment 
encaissé  dans  des  gorges  étroites,  et  que  très  probablement  la 
plupart  des  anciennes  terrasses  ont  dû  être  détruites,  ou  ne  sont 
plus  représentées  que  par  des  lambeaux  discontinus  ou  même  par 
des  galets  isolés  (1). 

Palestro.  —  C'est  dans  le  petit  bassin  de  Palentro  qu'apparaît  la 
première  succession  de  terrasses  bien  caractérisées. 

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Fig.  4.  —  Coupe  des  terrasses  de  Palestro  un  peu  en  aval  du  village. 
Echelle  :  1/25.000  pour  les  longueurs;  1/10.000  pour  les  hauteurs  (Légende  p.  50i). 

Une  coupe  en  aval  du  village  (fig.  4)  montre  de  bas  eu  haut  : 
1°  Une  nappe  de  limou  calcaire,  jaunâtre,  au  milieu  de  laquelle 
le  fleuve  coule  resserré  entre  des  berges  de  5  à  <>m  ;  le  lit  est  couvert 
de  galets  de4à5R£  de  diamètre  en  moyenne,  mais  dont  le  grand 
axe  peut  atteindre  0,25  à  0,30  ; 

(1)  J'ai  pu  cependant,  entre  Tablât  et  Bir-Rabalou,  constater  dans  l'oued 
Zeroua,  affluent  de  Tisser,  des  lambeaux  d'une  terrasse  élevée  de  30"  environ 
au-dessus  du  thalweg. 


270  DE  LAMOTHE  24  Avril 

2°  Trois  terrasses  de  cailloutis  s'élevant  respectivement  à  32,  66, 
100m  au-dessus  du  thalweg  (1);  leur  épaisseur  est  d'environ  10  à 
15m  ;  elles  reposent  sur  les  couches  redressées  du  Crétacé  supérieur. 

Les  galets  sont  roulés  et  proviennent  pour  la  plupart  des  quartzites 
colorés  du  Danien  et  du  Gault  :  leur  grand  axe  est  en  général  de 
quelques  centimètres,  mais  il  dépasse  souvent  0,25  et  peut  même 
atteindre  0,40,  surtout  dans  la  terrasse  la  plus  élevée. 

Sur  la  terrasse  inférieure,  il  y  a  une  couche  de  limon  jaunâtre  de 
2  à  3m,  dont  j'ai  fait  abstraction  pour  déterminer  la  cote  au-dessus 
du  thalweg. 

Les  mêmes  niveaux  de  cailloutis  se  retrouvent  en  amont  du 
village  (2)  ;  on  y  observe  en  outre,  à  Test  du  kilomètre  78  du  chemin 
de  fer,  une  terrasse  de  14  à  15m. 

En  m 'élevant  sur  les  pentes  qui  dominent  l'entrée  des  gorges  au 
N.- VV.  de  Palestro,  j'ai  découvert  à  l'altitude  de  309m  (21 8m  au-dessus 
du  thalweg!  de  nombreux  galets  roulés,  principalement  de  quartzites 
crétacés,  épars  à  la  surface  du  sol  et  associés  à  du  gravier.  On  ne 
peut  expliquer  leur  présence  qu'en  les  considérant  comme  les 
débris  d'un  ancien  lit  de  Tisser  :  quelques-uns  m'ont  paru  altérés 
et  fissurés. 

Heni'Amrane.  —  En  aval  de  Palestro,  le  fleuve  coule  encaissé 
entre  des  murailles  presque  verticales  qui  forment  le  défilé  pitto- 
resque connu  sous  le  nom  de  gorges  de  Palestro  ;  il  serait  probable- 
ment inutile  d'y  rechercher  les  traces  des  anciens  lits  du  fleuve. 
Mais  en  aval  de  la  sortie  des  gorges,  les  pentes  s  adoucissent  un 
peu,  et  celles  de  la  rive  gauche  présentent  alors  des  replats  étages, 
couverts  d'alluvions  anciennes  que  les  torrents  latéraux  ont  séparées 
en  lambeaux  discontinus. 

Entre  le  grand  pont  de  Tisser  et  Toued  Oucedfa,  on  retrouve  de 
bas  en  haut,  une  nappe  limoneuse  de  7  à  8m  et  les  trois  niveaux  de 
cailloutis  de  Palestro,  avec  des  altitudes  à  peu  près  égales  au-dessus 

(I)  L'altitude  relative  de  la  terrasse  la  plus  élevée  a  été,  en  raison  de  la  posi- 
tion <le  cette  terrasse,  déterminée  par  rapport  à  un  point  du  thalweg  pris  un 
peu  plus  en  amont  et  roté  106.  Four  la  terrasse  intermédiaire,  j'ai  adopté  104 
pour  cote  du  thalweg. 

Les  cotes  du  thalweg  m'ont  été  fournies  par  le  nivellement  de  l'Est  algérien. 
Grâce  a  l'extrême  obligeance  de  M.  Seal,  sous-directeur  de  la  Compagnie,  J'ai  en  à 
ma  disposition  les  cotes  des  gares  et  ouvrages  d'art  de  la  vallée  de  Tisser,  ce 
qui  m'a  permis  d'utiliser  le  baromètre  dans  des  conditions  excellentes 

<2)  Le  point  103  marqué  comme  alluvion  ancienne  est  un  affleurement  crétacé. 


1899    SUR  LES  ANCIENNES  PLAGES  ET  TERRASSES  DU  BASSIN  DE  L'iSSER    271 

du  thalweg  :  34m,  67m,  98m  (1).  Plus  haut,  il  existe  des  amas  de 
galets  a  112  et  127m.  L'épaisseur  de  ces  divers  lambeaux  est  très 
faible  :  elle  est  d'une  vingtaine  de  mètres  pour  la  terrasse  de  34m, 
de  quelques  mètres  seulement  pour  les  plus  élevées. 

En  raison  des  difficultés  du  terrain,  je  n'ai  pas  recherché  s'il 
existait  des  traces  d'anciennes  alluvions  à  une  altitude  correspon- 
dant à  celle  de  la  nappe  de  200ra  de  Palestro. 

Basse  User.  —  Un  peu  en  aval  de  Beui-Amrane,  les  montagnes 
élevées  qui  enserraient  le  cours  de  Tisser  s'abaissent  de  4  à  500m 
et  s'écartent  en  circonscrivant  une  vaste  dépression  de  12  kil.  de 
largeur,  qui  a  été  autrefois  remplie  jusqu'à  nue  altitude  de  200m 
au  moins  par  les  marnes  bleues.  L'isser  qui,  au  début  du  Pliocène 
supérieur,  parait  avoir  étalé  ses  cailloutis  sur  les  marnes  dans  la 
direction  de  Courbet,  a  peu  à  peu  incliné  vers  l'est,  et  fini  par 
creuser  son  chenal  contre  les  hauteurs  de  la  rive  droite.  Comme 
traces  de  ces  érosions  successives,  il  a  laissé  une  série  de  lambeaux 
d'alluvions  qui  peuvent  se  rapportera  6  niveaux  distincts  que  je 
numérote  de  1  à  6,  en  commençant  par  les  plus  élevés  qui  sont 
aussi  les  plus  anciens.  La  fig.  3  donne  une  idée  de  la  disposition 
générale  de  ces  anciennes  alluvions;  elles  forment,  comme  on  le 
voit,  trois  groupes  :  le  Ier,  le  plus  occidental,  comprend  seulement 
les  cailloutis  de  la  cote  205  sur  le  massif  de  Sidi-Feredj  (l6r  niveau)  ; 
le  2e  renferme  une  série  de  lambeaux  isolés,  qui  ont  peut-être  fait 
partie  de  la  même  nappe  (2e  niveau)  ;  enfin  le  3e,  qui  est  le  plus 
oriental,  renferme  4  niveaux  de  cailloutis  ;  c'est  le  seul  qui  présente 
des  terrasses  bien  caractérisées  et  en  rapport  avec  les  anciennes 
plages. 

Je  vais  étudier  séparément  ces  divers  niveaux  : 

A,  Alluvions  du  premier  niveau. 

Les  traces  les  plus  anciennes  d'un  passage  de  Tisser  se  trouvent 
au  S.-W.  de  Courbet  sur  le  plateau  des  Oulad-el-Bor.  J'en  ai  déjà 
parlé  dans  le  chapitre  I.  La  présence  des  gros  galets  de  quartzites 
du  Crétacé  qui  abondent  sur  le  plateau  à  la  base  des  sables  rouges, 
ne  peut  s'expliquer  qu'en  attribuant  leur  transport  à  Tisser.  Leur 
volume,  l'isolement  et  la  composition  du  massif  de  Sidi-Feredj, 
excluent  la  possibilité  d'un  cheminement  le  long  d'un  ancien  rivage 
sous  l'action  de  courants  littoraux,  et  d'autre  part,  l'hypothèse  d'un 

(I)  Le  thalweg  est  coté  58f"6Q  sous  le  viaduc  du  chemin  de  fer. 


272  de  lamothe  24  Avril 

soulèvement  local  n'est  pas  justifiée  par  les  autres  faits  observés  et 
rendrait  inintelligibles  les  phénomènes  qui  se  sont  accomplis  dans 
la  vallée  de  Tisser  pendant  le  Pliocène  supérieur  et  le  Pleistocène. 
J'admettrai  donc  que  les  cailloutis  des  points  204  et  205  représen- 
tent les  traces  d'un  ancien  lit  de  Tisser,  plus  élevé  de  200m  que  le 
lit  actuel  et  situé  dans  le  prolongement  direct  de  la  gorge  de  Beui- 
Arnrane.  A  cette  époque,  les  marnes  bleues  formaient  encore  une 
surface  à  peu  près  régulière  et  continue,  à  une  altitude  représentée 
actuellement  par  la  cote  200.  Cette  hypothèse  d'un  ancien  cours  de 
Tisser,  plus  élevé  de  200m  que  le  cours  actuel,  paraîtra  d'autant  plus 
probable,  que  le  fleuve  a  laissé  à  Palestro  des  traces  de  son  passage 
à  plus  de  200m  d'altitude  au-dessus  du  thalweg,  et  que  dans  la  vallée 
du  Sebaou,  contiguë  à  celle  de  Tisser,  il  existe  des  preuves  nom- 
breuses de  l'existence  d'un  ancien  lit  à  200m  au-dessus  du  lit 
actuel  (1). 

H.  Alluvions  du  deuxième  niveau. 

A  Test  du  dépôt  précédent,  il  n'existe  plus  sur  les  marnes 
bleues  qui  affleurent  seules,  aucunes  traces  d'anciennes  alluvions 
sur  une  largeur  de  6  kil.  (2).  Au  delà,  ou  trouve  à  des  altitudes 
au-dessus  du  thalweg  variant  de  120  à  150m,  une  série  de  lambeaux 
isolés  de  poudingues  couronnant  des  pitons  de  marnes  bleues. 
Tels  sont  du  sud  au  nord,  les  lambeaux  de  Sidi  Bennor  (14tm),  de 
Lalla  Touila  (164m),  du  cimetière  de  Sidi-Feredj  (132m),  des  points 
141  et  146  et  enfin  du  K*  Rachdia  (148»)  (3). 

Les  poudingues  renferment  des  galets  de  toutes  les  roches  du 
bassin  en  amout  :  mais  les  quartzites  du  crétacé  (gault  et  danien) 
dominent  ;  le  diamètre  des  galets  atteint  souvent  0,40.  L'épaisseur 
des  dépôts  varie  de  5  à  12m. 

11  est  impossible  de  décider  si  ces  divers  lambeaux  ont  fait  ou  non 
partie  d'un  même  lit  de  Tisser  ;  les  écarts  d'altitude  de  leurs  bases 
et  de  leurs  sommets  n'ont  aucune  signification,  car  ils  peuvent 
s'expliquer  par  des  glissements.  Je  serais  assez  disposé  à  admettre 

(1)  Ficheur    Op.  cit.,  p.  400  et  sq. 

(2)  Cependant  j'ai  rencontré  d'assez  nombreux  petits  galets  de  quartz  blanc  et 
de  quartzites  colorés  sur  les  hauteurs  du  K"  Bou-Dissa  (155*)  qui  semblent 
séparer  nettement  les  alluvions  du  premier  niveau  de  celles  du  deuxième,  et 
s'élevaient  d'ailleurs  autrefois  au  moins  à  200"  comme  l'ensemble  des  marnes. 
Ce  sont  peut-être  les  traces  d'anciennes  plages. 

(3)  Ces  lambeaux  et  quelques  autres  ont  été  marqués  ptb  sur  la  carte  géologique 
Je  n'ai  maintenu  sur  ma  carte  que  ceux  dont  j'ai  reconnu  l'existence. 


1899     SUR  LES  ANCIENNES  PLAGES  ET  TERRASSES  DU  BASSIN  DE  LISSER     273 

qu'ils  se  rattachent  à  un  même  niveau,  et  que  le  tleuve  qui  les  a 
déposés,  coulait  à  une  altitude  au-dessus  du  thalweg  actuel  comprise 
dans  la  Basse  Isser  entre  130  et  150m. 

C.  Alluvions  du  troisième  niveau. 

A  l'est  et  au  pied  des  lambeaux  du  2e  niveau  s'étendent  les 
alluvions  du  3*  groupe.  Très  réduites  en  amont  d'Aïn-Refaïa,  elles 
prennent  tout-à-coup  en  aval  uu  extraordinaire  développement  : 
concentrées  presque  exclusivement  sur  les  pentes  de  la  rive  gauche, 
elles  y  forment  quatre  nappes  bien  distinctes  correspondant  à 
quatre  niveaux  différents,  et  dont  les  trois  plus  anciens  (niveaux  3, 
4, 5)  sont  caractérisés  par  leur  continuité  et  leur  état  de  conservation, 
qui  contrastent  d'une  façon  frappante  avec  le  morcellement  des 
alluvions  des  deux  niveaux  précédents.  Ce  sont  ces  nappes  qui 
constituent  les  remarquables  terrasses  que  je  vais  décrire,  terrasses 
qui  sont  en  connexion  avec  les  anciennes  plages. 

Les  alluvions  du  3e  niveau  sont  les  plus  occidentales  du  groupe. 
Elles  forment  une  bande  dont  la  largeur  varie  de  12  à  1500m,  et 
qui  s'étend  de  la  ferme  Vainsoono  jusqu'au  plateau  des  Beni-Kous, 
situé  à  4  kil.  au  nord  ;  partout  elles  reposeut  sur  les  marnes  bleues 
(fig.  2,  3,  5,  6,  7).  Ou  peut  y  rattacher  les  lambeaux  cotés  97  et  108 
au  sud  de  l'oued  Challal,  mais  je  u'en  connais  aucune  trace  en 
amont  jusqu'à  Souk-ei-Had.  Elles  font  également  défaut  sur  la  rive 
droite  de  Tisser,  en  aval  d'isserville. 

Ces  alluvions  ont  occupé  à  l'origine  une  dépression  hémicylindri- 
que creusée  dans  les  marnes  bleues.  Sous  le  plateau  des  Beni-Kous 
on  voit  encore  des  traces  indiscutables  de  l'ancieu  chenal  et  la 
lig.  5  montre  que  les  alluvions  y  sont  en  partie  eucastrées  dans  une 
gouttière  marneuse  dont  les  parois  se  relèvent  rapidement  à  l'est  et 
à  l'ouest  (1). 

La  masse  de  la  nappe  alluviale  dont  l'épaisseur  maximum  est  de 
30  à  35™,  est  formée  de  poudingues  très  cimentés,  dont  les  éléments 
ont  été  empruntés  à  toutes  les  roches  du  bassin  en  amont  ;  les 
quartzites  colorés  du  crétacé  forment  la  majorité.  Le  diamètre  des 
galets  est  en  moyenne  de  8  à  10  centimètres  ;  il  atteint  rarement 
30  centimètres.  Ces  poudingues  se  montrent  à  peu  près  seuls  au 
nord  de  Vainsonno;  en  approchant  de  l'extrémité  sud,  ils  sont  en 

(1)  A  Ain  Khader  les  marnes  sont  a  t>2"  ;  à  l'ouest  elles  se  relèvent  brusquement 
a  140"  ;  a  l'est  elles  affleurent  a  7(ï"  sous  les  Beni-Ksir. 

17  Août  1899.  —  T.  XXVII.  Bull.  Soc.  Géol.  Fr.  —  18 


274 


DE   LAMOTHE 


24  Avril 


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1899     SUR  LES  ANCIENNES  PLAGES  ET  TERRASSES  DU  BASSIN  DE  L'iSSER     27îi 


partie  remplacés  et  recou- 
verts par  des  grès  fins  ou 
grossiers,  argileux,  plus 
ou  moins  friables,  dont  la 
puissance  peut  atteindre 
10".  Un  banc  de  grès  sem- 
ble former  dans  cette  ré- 
gion le  toit  des  poudin- 
gues.  Partout  la  stratifica- 
tion est  horizontale. 

Au  nord  de  Vainsonno 
l'altitude  des  alluvioos  est 
comprise  entre  98m  sur  le 
bord  oriental  et  105m  sur 
le  bord  occidental  ;  on 
peut  admettre  la  cote  98 
comme  représentant  leur 
altitude  sous  le  plateau  des 
Béni  Kous.  Le  bord  orien- 
tal est  donc  à  peu  près 
horizontal,  et  il  est  évident 
dès  lors  qu'il  a  été  dénudé 
en  amont  :  la  dénudatioo 
du  reste  l'a  profondément 
échaucré  au  nord  de  l'oued 
Guetta  Sefara  (plateau  91}. 
11  en  résulte  que  pour 
déterminer  la  cote  relative 
des  alluvions  au-dessus  du 
thalweg,  il  faut  prendre  de 
préférence  celle  du  bord 
occidental.  On  trouve  alors 
que  cette  altitude  est  cons- 
tante et  égale  à  93m  envi 
ron. 

Au-dessus  des  poudiu- 
gues  et  des  sables,  on  ob- 
serve sur  une  grande  par- 
tie de  la  nappe  alluviale 
des  limons  jaunes  à  con- 
crétions calcaires  dont 
l'épaisseur  est  très  varia- 
ble,  mais  ne  paraît   pas 


276  de  lamothe  24  Avril 

dépasser  3  à  4m.  Ces  limons  débordent  à  l'ouest  sur  les  marnes 
bleues  jusqu'à  une  distance  qui  peut  atteindre  1  kil.,  et  ils  se  sont 
élevés  dans  cette  direction  à  l'altitude  de  120m  environ  (fig.  7).  Il  est 
probable  qu'ils  appartiennent  au  moins  à  deux  époques  différentes. 
Ceux  qui  couvrent  les  points  les  plus  élevés  des  âlluvions  du  troi- 
sième niveau  (plateaux  des  Beni-Kous  et  de  Vainsonno)  sont  contem- 
porains de  ces  âlluvions  ;  ceux  du  plateau  91  sont  au  contraire 
postérieurs  à  leur  dénudation  et  peut-être  contemporains  des  limons 
qui  couvrent  les  âlluvions  du  quatrième  niveau  :  l'altitude  de  ces 
derniers  atteint  encore,  en  effet,  la  cote  90  au  sud-ouest  de  Ben-Bata. 

Les  dénudations  considérables  qui  ont  raviné  les  âlluvions  du 
3e  niveau,  semblent  liées  à  la  présence,  sur  presque  toute  leur 
surface,  de  sables  rouges  identiques  à  ceux  qui  recouvrent  la  plage 
des  Beni-Kous.  Ces  sables  couvrent  le  plateau  au  nord  de  Vainsonoo 
dont  la  cote  est  à  peu  près  égale  à  celle  du  plateau  des  Béni  Kous  ; 
on  les  trouve  dans  les  diverses  dépressions  du  bord  oriental,  et  ils 
jalonnent  le  bord  occidental  (à  l'est  d'Haouch  Karmoul  notamment, 
et  près  du  point  141). 

11  est  fort  remarquable  que  la  présence  de  ces  sables,  du  moins 
au  sud  de  l'oued  Ben-Hazine,  soit  limitée  à  la  zone  occupée  par  les 
âlluvions  du  3e  niveau  ;  ils  font,  en  effet,  défaut  sur  les  âlluvions  des 
niveaux  plus  récents. 

La  terminaison  des  âlluvions  sous  la  plage  des  Beni-Kous  à  une 
cote  presque  égale  à  celle  de  cette  plage,  leur  ravinement  par  les 
sables  rouges,  l'existence  au  nord  de  Vainsonno  d'une  plage  de 
même  altitude  que  celle  des  Beni-Kous,  sont  autaut  de  faits  qui, 
s'ils  ne  démontrent  pas  la  contemporanéité  des  âlluvions  et  de  la 
plage  de  100m,  prouvent  en  tous  cas  que  la  mer  a  séjourné  longtemps 
à  cette  altitude,  et  que  ce  séjour  est  antérieur  à  la  formation  des 
âlluvions  du  4"  niveau. 

En  terminant,  je  dois  dire  un  mot  d'une  particularité  remarquable 
que  présente  la  composition  des  poudingues  du  3e  niveau.  Au  N.  W. 
de  Vainsonno,  on  observe,  encastrée  en  quelque  sorte  dans  les 
cailloutis  à  éléments  crétacés,  une  vaste  leotille  de  grès  et  graviers, 
à  petits  grains  irréguliers  de  quartz  cristallin  ;  les  lits  sont  minces 
et  horizontaux.  Ces  âlluvions  ne  peuvent  venir  de  Tisser,  et  je 
serais  assez  disposé  à  les  considérer  comme  originaires  du  massif 
ancien  au  nord  de  Méaerville.  A  cette  époque,  la  dépression  entre 
Courbet  et  Blad  Guitoun  n'existait  pas  avec  sa  profondeur  actuelle, 


1899     SUR  LES  ANCIENNES  PLAGES  ET  TERRASSES  DU  BASSIN  DE  L'fSSER     277 

et  il  n'y  a  par  suite  aucune  impossibilité  à  admettre  qu'un  affluent 
latéral  issu  des  hauteurs  de  Sidi  Feredj  ait  atteint  Tisser  près  de 
Vainsonno. 

D.    ÀLLUVIONS   DU  QUATRIÈME  NIVEAU. 

Elles  reposent  comme  les  précédentes  sur  les  marnes  bleues;  à 
l'ouest  et  au  nord  d'Ain  Legatha  jusqu'à  l'oued  Béni  Miane,  elles 
forment  le  long  de  la  route  une  série  de  replats  dont  la  cote  initiale 
est  de  70m,  et  qui  vont  en  s'abaissant  jusqu'à  64m.  Sur  cette  étendue 
de  2  kilomètres,  la  largeur  de  la  bande  alluviale  atteint  au  maxi- 
mum 1000m. 

Au  nord  de  l'oued  Beni-Miane,  les  alluvions  ne  forment  plus 
qu'un  placage  étroit  contre  léftmarnes  bleues  ;  elles  pénètrent  ensuite 
sous  les  sables  rouges  de  la  plage  de  53m,  et  finissent  en  biseau  près 
de  Mandoura,  où  leur  largeur  ne  dépasse  probablement  pas  1()0m. 

Je  n'en  connais  aucunes  traces  sur  la  rive  droite. 

Jusqu'à  l'oued  Beni-Miane  les  poudingues  à  éléments  crétacés 
forment  la  masse  ;  ils  sont  parfois  moins  cimentés  que  les  précé- 
dents. Au  nord  de  Ben-Bata,  des  sables  et  grès  les  recouvent  et  les 
remplacent  en  partie.  L'épaisseur  de  la  nappe  alluviale,  calculée 
d'après  les  niveaux  des  sources,  est  d'environ  40m  près  du  bord 
oriental  ;  elle  diminue  vers  l'ouest.  Son  altitude  au-dessus  du 
thalweg  est  constante  et  comprise  entre  55  et  57m. 

Sur  le  bord  occidental,  les  alluvions  offrent  quelques  particula- 
rités intéressantes.  Au  nord  du  point  87,  on  les  voit  contourner  la 
pointe  marneuse  et  remonter  vers  l'amont  de  l'oued  Ben  Hazine, 
formant  ainsi  un  cône  de  déjection  bien  marqué,  contemporain,  et 
dont  les  éléments  ont  été  empruntés  aux  cailloutis  des  deuxième  et 
troisième  niveaux.  On  observa  également  dans  quelques  ravins  de 
cette  région,  des  intercalations  de  sables  fins,  argileux,  qui  semblent 
dues  au  barrage  de  dépressions  latérales  préexistantes,  par  les 
alluvions  de  la  vallée  de  Tisser  ou  de  l'oued  Ben  Hazine. 

Sur  le  bord  oriental,  dans  le  vallon  de  Ben  Hamida  et  dans  celui 
au  nord  (1),  on  constate  l'existébce  d'une  puissante  accumulation 
de  sables  fins,  de  grès,  et  de  poudingues  à  petits  galets,  stratifiés 
horizontalement.  Les  éléments  constitutifs,  au  lieu  de  provenir  de 
la  Haute-Isser,  sont  descendus  des  hauteurs  au  sud-est  de  Bordj 

(I)  Ce  dépôt  a  été  distingua  sur  la  carte  jointe  a  cette  note  par  des  points  de. 
même  couleur  que  l'alluvion  du  4'  niveau. 


278  de  la  mot  ut  24  Avril 

Menaïel.   Ce  sont  des  gneiss,  granulites,  schistes  anciens,  grès 

éocènes,  calcaires  du  Cartennien ;  les  débris  sont  généralement 

petits,  mais  mal  roulés  et  irréguliers.  Le  contraste  est  complet  entre 
ce  dépôt  et  les  cailloutis  à  éléments  crétacés  qui  l'enveloppent  de 
toutes  parts  sauf  à  l'e6t,  le  recouvrent,  et  passent  même  par  dessous  ; 
c'est  le  représentant  évident  d'un  ancien  lit  de  l'oued  Ménaïel  plus 
élevé  d'une  cinquantaine  de  mètres  que  le  lit  actuel. 

Une  nappe  de  limon  à  concrétions  calcaires  couvre  la  plus  grande 
partie  des  alluvions  du  quatrième  niveau,  du  moins  au  sud  de  l'oued 
Beni-Miane  ;  son  épaisseur  peut  atteindre  20m  à  l'ouest  de  Ben- 
Hamida  et  Ben- Bâta  (Points  87  et  90). 

Au  uord  de  l'oued  Beni-Miane,  les  alluvions  s'abaissent  brusque- 
ment de  10  à  15m  ;  leur  altitude  au-dessus  du  thalweg  n'est  plus  que 
de  40m  en  moyenne  :  les  poudingues  peu  épais  (3  à  4ra  à  l'extrémité 
nord),  sont  surmontés  par  des  sables  et  grès  fins.  L'épaisseur  totale 
qui  est  de30m  environ,  se  réduit  rapidement  vers  le  nord  :  elle  n'est 
plus  que  d'une  dizaine  de  mètres  à  Mandoura. 

Cet  abaissement  brusque  des  alluvions,  leur  amincissement  rapide 
vers  Mandoura,  leur  ravinement,  sont  liés  à  la  présence  des  sables 
rouges.  Ces  sables  qui  couvrent  la  plage  de  53m  se  sont  étendus 
vers  le  sud  jusqu'à  l'oued  Miane,  couvrant  le  plateau  des  Oulad 
Ziane  et  toute  la  bordure  alluviale,  à  une  altitude  à  peu  près  égale  à 
celle  de  la  plage.  Ils  forment  d'importants  amas  sur  les  flancs  de 
la  vallée,  notamment  au  nord-ouest  de  Modrabin,  et  à  l'est  de 
Sidi  Mebrouck  et  des  Béni  K'sir. 

De  même  que  pour  les  alluvious  du  troisième  niveau,  il  est 
impossible  de  ne  pas  être  frappé  du  lien  qui  existe  entre  les  sables 
rouges  et  les  alluvions  du  quatrième  niveau  et,  de  ce  fait,  que  la 
mer  a  dû  séjourner  longtemps  à  un  niveau  voisin  de  55m. 

K.  Alluvions  du  cinquième  niveau. 

Ce  niveau  est  le  plus  étendu  dans  le  sens  de  la  vallée.  On  en 
observe  les  premières  traces  à  Blad  Guitoun  sous  le  village  (4). 
Les  cailloutis  forment  ensuite  en  aval  et  jusqu'à  Ain  Refaîa  une 
série  de  lambeaux  étroits,  plaqués  contre  les  marnes  ;  leur  épais- 
seur est  d'une  dizaine  de  mètres. 

A  Ain  Refaîa  et  jusqu'à  Ain  Legatha,  la  nappe  alluviale  s'élargit 

(1)  Pout-étre  en  trouverait-on  des  lambeaux  plus  en  amont  en  approchant  de 
Souk-el-Had. 


1899    SUR  LES  ANCIENNES  PLAGES  ET  TERRASSES  DU  BASSIN  DE  L'iSSER     279 

et  atteint  près  de  400m.  En  aval  lescailloutis  semblent  disparaître, 
et  le  plateau  d'Ain  Legatha  se  prolonge  en  une  longue  et  étroite 
bande  de  limon  jaunAtre  à  concrétions  calcaires  jusqu'au  marabout 
de  Sidi  Kacem.  Ces  limons  sont  un  produit  latéral  de  l'oued  Challal, 
et  il  est  probable  que  les  cailloutis  ont  dû  se  porter  plus  à  Test. 
En  tous  cas»  on  ne  trouve  plus  de  traces  des  alluvions  du  cin- 
quième niveau  jusqu'à  Haoucb  Bel  Abbès  sur  la  rive  droite,  où  les 
cailloutis  forment  plusieurs  mamelons  à  l'altitude  de  30m  environ, 
en  placage  contre  les  pentes.  Peut-être  pourrait-on  cependant  ratta- 
cher à  ce  niveau  des  amas  de  galets  à  éléments  crétacés  qui  se  mon- 
trent au  débouché  du  vallon  de  Ben  Hamida. 

Les  alluvions  du  cinquième  niveau  sont  essentiellement  formées 
de  poudingues  souvent  moins  cimentés  que  ceux  des  niveaux  plus 
anciens  :  les  éléments  sont  de  môme  nature  ;  la  stratification  est 
horizontale. 

L'épaisseur  maximum  ne  parait  pas  dépasser  30m;  le  pied  des 
cailloutis  se  trouve  près  de  10m  plus  bas  que  la  surface  supérieure 
des  limons  qui  couvrent  la  plaine  actuelle. 

L'altitude  au-dessus  du  thalweg  est  constante  et  comprise  entre 
28  et  30». 

Il  n'y  a  aucune  preuve  d'un  recouvrement  des  alluvions  de  ce 
niveau  par  des  limons,  sous  une  épaisseur  appréciable,  ni  aucune 
preuve  que  les  sables  rouges  les  aient  recouvertes  et  ravinées. 

F.  Alluvions  du  sixième  niveau. 

Le  sixième  niveau  n'est  représenté  que  par  la  terrasse  caillou- 
teuse qui  supporte  la  gare  de  Blad  Guitoun  ;  elle  est  à  15m  au- 
dessus  du  thalweg,  en  défalquant  les2m  de  limon  qui  la  recouvrent. 

L'existence  de  ce  niveau,  basée  seulement  sur  les  deux  lambeaux 
de  Palestro  et  de  Blad  Guitoun,  pourra  paraître  douteuse.  Je  l'ai 
acceptée  pour  deux  motifs  :  1°  sa  disparition  presque  complète, 
s'explique  naturellement,  parce  fait,  que  le  lit  actuel  ne  diffère  pas 
sensiblement  comme  étendue  de  celui  de  la  nappe  de  30m  ;  2°  le 
niveau  de  15m  complète  la  série  des  niveaux  ri'alluvion  de  la  zone 
deO  à  100m  et  la  rend  entièrement  comparable  à  celle  des  plages 
de  la  même  zone,  comme  on  le  verra  plus  loin. 

G.  Limons  de  la  plaine. 

La  carte  géologique  et  les  coupes  montrent  que  tout  le  fond  de 
la  basse  vallée  de  Tisser  en  aval  de  Souk  el  Had,  c'est-à-dire  sur 


280  de  lamothe  24  Avril 

près  de  20kil.,  est  remblayé  par  un  dépôt  limoneux  (1).  bien  nivelé 
longitudinalement  et  transversalement.  Le  fleuve  coule  encaissé 
entre  deux  falaises  de  limon,  dont  la  hauteur  atteint  40m  près  de 
Blad  Guitoun  et  diminue  régulièrement  jusqu'au  voisinage  de  la 
mer,  où  elle  se  réduit  à  2m50  ou  3m.  Le  limon  est  jaunâtre  ou  bru- 
nâtre; il  est  calcarifère,  mais  paraît  dépourvu  des  concrétions  cal- 
caires qui  caractérisent  les  limons  plus  anciens.  Il  est  très  souvent 
stratifié  horizontalement  :  la  stratification  est  marquée  par  la 
différence  de  coloration  des  bandes  limoneuses.  Je  n'y  ai  pas 
observé  de  coquilles  fluviatiles. 

Le  lit  du  fleuve  est  couvert  de  galets  roulés,  provenant  du  bassin 
en  amont,  parmi  lesquels  dominent  les  quartzites  du  crétacé  :  le 
diamètre  des  plus  gros  dépasse  rarement  0ml.  Autant  qu'il  est  pos- 
sible d'en  juger  par  un  affleurement  de  marnes  bleuâtres  que  j'ai 
observé  dans  les  berges  de  Tisser,  près  de  Modrabin,  sous  les 
limons,  il  semble  probable  que  le  lit  du  fleuve  n'a  pas  dû  être 
creusé  beaucoup  au-dessous  du  thalweg  actuel. 

Le  mode  de  formation  des  limons  a  été  le  même  que  celui  du 
Nil:  c'est  un  produit  d'inondation.  Mais  comme  actuellement,  dans 
la  Basse  Isser,  le  fleuve,  quelle  que  soit  l'importance  de  son  cours, 
ne  déborde  plus  par-dessus  ses  rives,  on  doit  admettre  que  ce 
limon  correspond  à  un  état  de  choses  différent  de  l'état  actuel.  La 
modification  survenue  dans  le  régime  du  fleuve  peut  d'ailleurs  être 
attribuée  soit  à  un  changement  des  conditions  climatériques,  soit 
à  un  léger  empiétement  de  la  mer  vers  l'embouchure. 

Rive  droite  de  tisser,  en  aval  d'Isserville.  —  Ainsi  que  je  l'ai  dit 
plus  haut,  il  n'existe  sur  la  rive  droite  de  la  Basse  Isser  aucune 
trace  de  l'extension,  sur  cette  rive,  des  cailloutis  de  la  haute 
vallée  de  Tisser,  en  dehors  toutefois  des  lambeaux  d'Haouch  bel 
Abbès  qui  font  partie  du  cinquième  niveau. 

Nous  avons  vu,  d'autre  part,  que  les  alluvions  de  TOued  Ménaïel 
s'étaient  autrefois  étendues  jusqu'à  Ben  Hamida,  refoulant  ou  main- 
tenant vers  l'ouest  le  cours  de  Tisser,  à  l'époque  du  quatrième 
niveau.  On  retrouve  précisément  sur  les  hauteurs  au  sud-est  de 
Bordj  Ménaïel  des  traces  d'un  ancien  lit  de  TOued  de  même  nom. 
Ce  sont  les  lambeaux  figurés  sur  la  carte  géologique  sous  le  signe  q„  : 
ils  sont  à  5on>  au-dessus  du  thalweg.  Leur  composition  rappelle  celle 

(1)  Ce  limon  est  désigné  sur  la  carte  géologique  par  le  signe  a*  et  sur  les  coupes 
de  cette  note  par  le  signe  i?. 


1899    SUR  LES  ANCIENNES  PLAGES  ET  TERRASSES  DU  BASSIN  DE  LAISSER     281 

du  dépôt  de  Ben  Hamida  :  ils  renferment  surtout  des  granulites, 
des  gneiss,  des  grès  numidiens,  des  li  pari  tes. . . ,  mais  les  éléments 
sont  plus  volumineux  et  moins  bien  roulés. 

Vallée  de  l'Oued  Djemaa.  —  A  hauteur  et  en  amont  d'Isserville, 
il  existe  de  puissantes  alluvions  accumulées  par  l'Oued  Djemaa,  et 
dont  le  creusement  a  donné  naissance  à  deux  terrasses  bien  carac- 
térisées. 

Le  village  d'Isserville  est  bâti  sur  la  plus  basse,  qui  forme  à  35™ 
au  dessus  du  thalweg  de  l'Oued  Djemaa,  une  vaste  plateforme 
inclinée  vers  l'aval. 

Un  peu  au  sud  deux  plateaux,  cotés  92  et  situés  par  suite  à  64m 
au-dessus  du  thalweg,  forment  un  deuxième  niveau. 

Enfin  on  doit  considérer  comme  représentant  un  niveau  plus 
élevé  les  puissants  cailloutis  du  Ka  Koléa  (207"»)  (t).  Par  leur  alti- 
tude au-dessus  du  thalweg  (174m),  ils  correspondent  probablement 
à  ceux  de  Lalla  Touila. 

Indépendamment  des  niveaux  de  cailloutis  que  je  viens  de  décrire 
on  observe  sur  quelques  points  de  la  Basse  Isser,  des  amas  de 
galets  que  je  n'ai  pas  cru  devoir  figurer  sur  la  carte,  mais  qu'il  est 
nécessaire  de  mentionner  pour  éviter  toute  erreur. 

Ce  sont  d'abord  des  galets  épars  sur  les  pentes  marneuses  parfois 
à  une  assez  grande  distance  des  cailloutis  eu  place  (replats  à  l'ouest 
du  cimetière  de  Sidi  Feredj,  à  l'altitude  de  120m)  ;  ces  galets  sont 
les  résidus  d'anciennes  alluvions. 

On  trouve  également  de  nombreux  galets  sur  les  pentes  qui 
descendent  des  divers  niveaux  des  cailloutis  ;  ils  se  montrent  même 
sur  des  plateaux  séparés  du  point  de  départ  par  des  ravins  plus  ou 
moins  profonds.  (Point  124  sur  les  Béni  Kous,  pente  à  l'est  du 
K*  Rachdia,  plateaux  limoneux  des  ravins  de  Ben  Hamida).  Le 
transport  de  tous  ces  débris  est  évidemment  antérieur  au  creuse- 
ment des  dépressions  qu'ils  ont  franchies. 

Enfin,  des  amas  de  galets,  sans  cohésion,  se  voient  au  pied  de 
quelques  vallons,  notamment  dans  l'oued  Ben  Hazine  :  ce  sont  des 
débris  de  cônes  de  déjection  contemporains  des  niveaux  de  cail- 
loutis les  plus  récents  et  même  du  lit  actuel. 

(1)  O  lambeau  a  été  par  erreur  colorié  commo  Cartonnicn. 


282  de  lamothe  24  Avril 


Résumé  et  Conclusions. 

1°  Comparaison  des  altitudes  des  différents  niveaux.  —  Si  J  on 
réunit,  dans  un  tableau,  les  altitudes  au-dessus  du  thalweg  des 
différents  niveaux  de  cailloutis,  ou  obtient  les  résultats  ci-dessous: 

Palestro    Béni  Amrane    Ba9se-Issek   Oued  Djemaa    Bohdj  MenaIel 

Limons .   .  .      7  à  8  7  a  8  10  7  à  8  » 

6*  niveau.  .15  »  15  »  » 

5*  niveau.  .32  34  28  à  30  35  » 

4'  niveau .  .         66  67  55  à  57  64  55 

3e  niveau.           100  98  93  »  » 

2«  niveau.  .         »  112  a  127  120  à  148  177  » 

1" niveau.  .       218  »  200  »  » 

Si  on  laisse  de  côté,  pour  un  instant,  les  premier  et  deuxième 
niveaux,  on  voit  que  les  nappes  alluviales  qui  ont  donné  nais- 
sance à  des  terrasses  bien  caractérisées,  se  correspondent  très  exac- 
tement, soit  dans  les  vallées  principales,  soit  dans  les  vallées 
latérales.  Ou  remarque,  en  outre,  que  dans  la  vallée  de  Tisser 
proprement  dite,  le  creusement  semble  avoir  été  plus  considérable 
en  amont  qu'en  aval,  à  partir  du  premier  niveau.  La  pente  générale 
a  donc  diminué  depuis  l'époque  où  Tisser  a  charrié  ses  premiers 
cailloutis. 

2°  Composition  des  allumons.  —  La  stratification  des  alluvions  est 
uu  fait  constant  ;  elle  est  toujours  horizontale.  Les  matériaux  vien- 
nent de  l'ainont.  Dans  les  alluvions  de  Tisser,  lesquartzites  colorés 
du  Crétacé  sont  prédominants  :  on  y  remarque  l'extrême  rareté 
des  éléments  blancs  (quartz  blancs  ou  translucides).  C'est  un  con- 
traste absolu  avec  la  majeure  partie  des  cailloutis  des  plages. 

La  grosseur  des  galets  semble  avoir  été  plus  forte  dans  les  allu- 
vions les  plus  élevées  (Lalla  Touila,  K"  Koléa).  Dans  la  Basse  Isser 
on  ne  voit  presque  jamais  de  blocs  d'un  diamètre  supérieur  à  0,50. 
Par  exception  sur  le  Ka  Koléa  on  trouve  des  blocs  de  0.60  à  0,70; 
j'ai  vu  également  à  Haouch  Bel  Abbès,  à  10*"  d'altitude,  uu  bloc  de 
granité  de  Ménerville,  arrondi  et  usé,  de  0,80cm. 

En  principe,  les  poudingues  des  niveaux  les  plus  anciens  sont 
mieux  cimentés  que  ceux  des  uiveaux  plus  récents. 

3"  Limons.  —  II  y  a  des  limons  sur  les  quatre  niveaux  d'allu- 
vions  les  plus  récents  :  ils  sont  très  inégalement  développés.  Dans 
la  Basse  lsser,  l'épaisseur  des  limons  du  quatrième  niveau  a  pro- 


1899     SUR  LES  ANCIENNES  PLAGES  ET  TERRASSES  DU  BASSIN  DE  L'iSSER     283 

bablement  dépassé  20m  ;  sur  le  troisième,  ils  ont  été  très  dénudés 
et  sont  actuellement  réduits  à  une  épaisseur  insignifiante  ;  mais, 
si  l'on  admet  que  les  limons  situés  à  l'ouest  du  cimetière  de  Sidi 
Feredj  sont  de  la  même  époque,  on  pourra  également  évaluer  à  20m 
Tépaisseur  des  limons  de  ce  niveau.  Sur  le  cinquième  niveau 
l'existence  des  limons  est  douteuse  ;  ceux  d'Ain  Legatha  sont  peut- 
être  dus  au  ruissellement  sur  les  pentes.  Sur  le  sixième  niveau 
l'épaisseur  est  d'environ  2m. 

Dans  la  Haute  Isser,  les  limons  sont  peu  développés.  A  Palestre, 
sur  le  cinquième  niveau,  l'épaisseur  est  de  2m50  à  30). 

Les  limons  des  terrasses  sont  caractérisés  par  la  présence  de  con- 
crétions calcaires,  irrégulières,  de  2  à  3e.  Ces  concrétions  semblent 
faire  défaut  dans  les  limons  du  lit  actuel. 

Ou  ne  trouve  pas  de  limons  sur  les  premier  et  deuxième  uiveaux. 

4°  Déplacement  du  cours  de  Visser  de  l'ouest  vers  l'est.  —  Les 
anciennes  alluvions  de  Tisser  sont,  comme  nous  lavons  vu,  dis- 
posées en  gradins  d'altitudes  décroissantes  de  l'ouest  vers  lest.  A 
partir  du  moment  où  il  a  étalé  ses  alluvions  sur  le  plateau  des 
Oulad  el  Bor,  le  fleuve  a  donc  sans  cesse  appuyé  vers  l'est. 

Cette  constatation  pourra  paraître  un  argument  de  grande  valeur 
pour  les  géologues  qui  attribuent  à  la  rotation  de  la  terre  une 
action  sur  le  déplacement  des  cours  d'eau  dans  le  sens  des  paral- 
lèles. Je  crois  que  cette  conséquence  ne  s'impose  pas  et  que  dans 
le  cas  particulier  d»1  Tisser  le  déplacement  du  fleuve  vers  Test 
s'explique  par  des  phénomènes  de  capture,  et  par  la  présence,  à 
la  fin  du  dépôt  des  alluvions  des  troisième  et  quatrième  niveaux, 
d'un  golfe  profond  qui  s'enfouçait  au  sud  vers  Aïn  Legatha. 

5°  La  concentration  des  alluvions  sur  la  rive  gauche  de  la  Basse 
Isser  et  la  présence  presque  exclusive  au  voisinage  de  l'embouchure, 
des  terrasses  des  troisième,  quatrième  et  cinquième  niveaux,  sont 
des  faits  qui  méritent  de  retenir  l'attention. 

L'absence  presque  totale  des  caillou tis  de  Tisser  sur  la  rive  droite 
est  la  conséquence  du  sens  ouest-est  suivant  lequel  s'est  effectué  le 
creusement  de  la  vallée;  les  apports  des  vallées  latérales,  près  de 
Bordj  Ménaïel,  ont  en  outre  contribué  dans  une  certaine  mesurée 
maintenir  Tisser  écartée  des  pentes  de  la  rive  droite. 

En  ce  qui  concerne  le  développement  des  alluvioos,  au  voisinage 
de  l'embouchure,  on  peut  admettre  que  ce  phénomène  est  dû  sur- 
tout à  la  destruction  de  la  partie  amont,  pendant  le  creusement 


284  de  làmothe  24  Avril 

de  la  vallée.  Cette  destruction  a  du  être  facilitée  par  ce  fait  que  les 
nappes  alluviales  semblent,  d'une  manière  générale,  avoir  été  beau- 
coup moins  épaisses  en  amont  qu'en  aval.  J'indiquerai  dans  le  troi- 
sième chapitre  la  cause  probable  de  cette  particularité. 

6°  Liaison  entre  les  plages  et  les  terrasses.  —  Si  Ton  se  reporte  au 
tableau  du  premier  paragraphe  de  ce  résumé,  on  voit  que  la  dimi- 
nution d'altitude  relative  des  trois  principales  nappes  alluviales 
(3e,  4e  et  5e  niveaux)  au-dessus  du  thalweg  est  très  faible  d'amont 
en  aval  et  que  dans  la  Basse  Isser,  cette  altitude  est  sensiblement 
constante  pour  un  même  niveau. 

Pour  expliquer  la  formation  des  nappes  alluviales  sans  faire 
intervenir  une  émersion  de  la  côte,  il  faudrait,  par  suite,  admettre 
que  le  niveau  de  base  a  subi  des  déplacements  horizontaux  d'une 
très  grande  amplitude.  En  prenant  la  troisième  nappe  alluviale 
comme  exemple,  la  diminution  d'altitude  absolue  étant  seulement 
de  10m  sur  5  kil.,  le  niveau  de  base  aurait  dû  dans  l'hypothèse  pré- 
citée se  trouver  A  près  de  50  kil.  du  rivage.  Cette  distance  serait 
beaucoup  plus  grande  encore  pour  les  alluvions  des  premier  et 
deuxième  niveaux. 

On  voit  immédiatement  les  difficultés  d'une  semblable  théorie. 
Tandis  que  nous  sommes  conduits  à  supposer  le  niveau  de  base 
extrêmement  éloigné  vers  le  nord  pour  expliquer  la  formation  des 
nappes  alluviales,  l'étude  des  anciennes  plages  démontre  au  con- 
traire que  les  traces  des  anciens  rivages  sont  en  quelque  sorte  enche- 
vêtrées au  milieu  de  ces  nappes. 

Il  est  donc  logique  à  priori,  de  penser  que  la  disposition  des 
alluvions  en  gradins  superposés,  s'expliquerait  beaucoup  mieux  et 
plus  simplement  par  une  variation  verticale  du  niveau  de  base,  et 
puisque  d'autre  part  cette  variation  verticale  est  prouvée  par  l'exis- 
tence de  plusieurs  lignes  de  rivage,  au  voisinage  même  des  points 
où  se  terminent  les  alluvions,  il  est  également  logique  d'en  conclure 
que  la  formation  des  plages  et  celle  des  nappes  alluviales  sont 
deux  phénomènes  contemporains,  intimement  liés  l'un  à  l'autre. 

Cette  liaison  peut  du  reste  être  démontrée  par  des  considérations 
d'ordre  très  différent.  On  notera  d'abord  que  les  plages  et  les  niveaux 
d'alluvions  bien  conservés  sont  près  du  littoral  compris  dans  la 
même  zone  de  100m  d'altitude,  que  le  nombre  des  unes  et  des  autres 
est  le  même,  et  que  l'une  des  plages  au  moins,  celle  de  400m,  se  con- 
fond à  l'embouchure  de  Tisser  avec  la  surface  supérieure  d'une  des 
nappes  alluviales.  Mais  l'argument  capital,  c'est  la  remarquable 


1899   sur  les  anciennes  plages  et  tkkrasses  du  bassin  de  l'isser    285 

coïncidence  qui  existe  entre  les  altitudes  relatives  des  différents 
niveaux  au-dessus  du  thalweg  et  les  altitudes  absolues  des  plages 
comme  le  montre  le  tableau  ci-dessous  : 

A  LTIT II 1)  ES    H  EL ATIV  ES 

Altitude  absolue  des  alluvions 

des  anciennes  plages  des .'!',  4r,  5r,  ti'  niveaux 

15m  <i'  niveau H\m 

29  à  32  ."V  niveau 28  a  30 

53  4*  niveau.   .....  55  à  57 

100  3e  niveau 93 

Pour  discuter  les  indications  de  ce  tableau,  ou  ue  doit  pas 
perdre  de  vue  tout  d'abord,  que  les  altitudes  obtenues  pour  les 
anciennes  plages  peuvent  différer  légèrement  du  niveau  de  la  mer 
correspondant,  le  seul  qui  en  réalité  devrait  servir  de  base  à  une 
comparaison.  C'est  ainsi  notamment  qu'à  l'époque  de  la  plage 
de  53°*,  le  niveau  de  la  mer,  comme  je  l'ai  montré,  devait  être 
plutôt  voisin  de  5om.  Cette  réserve  faite,  on  peut  constater  qu'à 
l'exception  du  troisième  niveau,  la  concordance  est  complète  entre 
les  deux  colonnes,  les  écarts,  très  faibles,  étant  dans  les  limites  des 
erreurs  d'observation  ou  de  détermination  des  altitudes. 

La  discordance  entre  les  nombres  obtenus  pour  les  plages  et  les 
alluvions  du  troisième  niveau  est  au  contraire  trop  forte  pour  être 
expliquée  de  la  même  façon.  Mais  il  est  facile  de  montrer  que 
l'anomalie  n'est  qu'apparente,  et  constitue  au  contraire  une  preuve 
nouvelle  en  faveur  de  l'hypothèse.  L'écart  constaté  est  simplement, 
en  effet,  la  conséquence  nécessaire  de  ce  fait  que  le  tracé  de  l'ancien 
rivage  ne  différait  pas  sensiblement  du  tracé  actuel  pendant  la  for- 
mation des  quatrième,  cinquième  et  sixième  nappes  alluviales, 
tandis  qu'il  se  trouvait  à  4  kil.  au  sud,  sur  le  plateau  des  Béni  Kous, 
pendant  que  se  déposaient  les  alluvions  du  troisième  niveau.  Il  en 
résulte  que  l'altitude  relative  au-dessus  du  thalweg  de  la  nappe  du 
troisième  niveau  doit  être  diminuée  de  l'épaisseur  du  remblayage 
de  la  vallée,  correspondant  à  l'intervalle  qui  existe  entre  les  deux 
niveaux  de  base  successifs,  comme  on  peut  le  voir  d'ailleurs  sur  la 
figure  8. 

Dans  cette  figure,  AB  représente  le  thalweg  d'un  cours  d'eau 
débouchant  sur  un  niveau  de  base  AC  représenté  en  perspective. 
Si  le  niveau  s'abaisse  verticalement  de  A  en  A',  le  nouveau  thalweg 
B'A'  sera  séparé  du  premier  par  un  intervalle  égal  à  AA  .  Mais  si 
le  niveau  de  base  se  transporte  en  même  temps  en  A",  le  thalweg 


286 


DE  LAMOTHE 


24  Avril 


correspondant  sera  B"A",  et  la  hauteur  relative  du  thalweg  pri- 
mitif AB  au-dessus  du  thalweg  final  sera  inférieur  à  AA'  d'une 
quantité  MA'.  L'inverse  aurait  lieu  si  le  niveau  de  base  s'était 
avancé  en  A". 


B 
B 


-fi_ 


A" 


Flg.  8. 


En  résumé,  on  doit  considérer  comme  absolument  démontré  qu'à 
chacune  des  anciennes  nappes  alluviales  des  troisième,  quatrième, 
cinquième  et  sixième  niveaux  correspond  une  ancienne  plage,  et 
que  par  conséquent  la  formation  successive  de  ces  nappes  à  des 
niveaux  de  plus  en  plus  bas,  est  liée  à  des  variations  correspon- 
dantes du  niveau  de  la  mer. 

Nous  verrons,  dans  le  troisième  chapitre,  comment  il  faut  inter- 
préter cette  formation  synchronique. 

Le  lien  qui  existe  entre  les  alluvions  des  niveaux  précités  et  les 
plages  comprises  dans  la  même  zone  de  100m,  existe-t-il  aussi 
entre  les  plages  plus  élevées  et  les  lambeaux  de  cailloutis  que  Ton 
observe  sur  le  littoral  jusqu'à  l'altitude  de  200m?  On  est  conduit 
à  l'admettre  par  analogie,  et  le  fait  d'ailleurs  ne  parait  pas  douteux 
pour  la  plage  de  200m  des  Oulad  el  Bor.  En  ce  qui  concerne  la 
bande  de  cailloutis  du  deuxième  niveau ,  il  "n'existe  pas,  à  ma 
connaissance  du  moins,  à  l'embouchure  de  Tisser,  de  plage  qui 
puisse  lui  être  rattachée.  Mais  on  remarquera  que  l'absence  suppo- 
sée d'une  ligne  de  rivage  d'altitude  correspondante,  entraînerait 
à  admettre  que  le  niveau  de  base  des  cailloutis  du  deuxième  niveau 
était  très  loin  vers  le  nord,  conséquence  inconciliable  avec  les  faits 
acquis;  d'autre  part,  nous  verrons  dans  le  chapitre  IV,  qu'il 
existe,  près  d'Alger,  des  traces  de  plages  anciennes  de  135  à 
145m  d'altitude.  On  peut  donc  provisoirement  étendre  au  deuxième 
niveau  les  conclusions  établies  pour  les  autres. 


1899'   SUR  LIS  ANCIENNES  PLAGES  ET  TERRASSES  DU  BASSIN  OB  L'iSSER     287 

!•  Age  des  plages  et  terrasses  des  différents  niveaux.  —  La  déter- 
mination exacte  de  cet  âge  exigerait  des  documents  paléontolo- 
giques  qui,  dans  la  vallée  de  Tisser,  font  à  peu  prés  complètement 
défaut,  ou  sont  inutilisables. 

Dans  Tisser  les  alluvions  des  différents  niveaux  n'ont  fourni 
aucun  fossile.  Mais  on  a  trouvé  Elephas  afrieanus  (4)  dans  les 
limons  de  la  Mitidja,  dans  ceux  notamment  de  l'Oued  Bourkika, 
près  Marengo,  et  de  l'Oued  Kerma,  près  Baba  Ali,  qui  occupent  par 
rapport  au  thalweg  de  ces  oueds  la  même  position  que  les  limons 
de  la  plaine  de  Tisser  (2). 

Les  débris  de  mollusques  recueillis  dans  les  sables  rouges  et 
sur  les  plages  de  la  vallée  de  Tisser,  sont  également  trop 
mauvais  ou  trop  peu  nombreux  pour  permettre  une  déduction 
quelconque.  En  outre,  plusieurs  des  espèces  qui  ont  été  trouvées 
dans  des  localités  voisines  de  Tisser,  peuvent  provenir  d'un  rema- 
niement des  couches  pliocènes  sous-jacentes  (3).  Le  seul  fossile 
intéressant  a  été  fourni  par  la  plage  de  15m  :  c'est  une  molaire 
d'Elephas  Yolensis  Pomel,  découverte  dans  les  grès  à  Pectoncles  de 
cette  plage,  entre  l'embouchure  du  Boudouaou  et  le  cap  Blanc  (4). 

En  dehors  de  la  vallée  de  Tisser,  les  diverses  plages  et  terrasses 
n  ont,  jusqu'à  présent,  fourni  aucun  document  paléontologique,  à 
l'exception  de  cette  même  terrasse  de  lom. 

A  Cherchell,  et  dans  les  environs  d'Arzeu  et  de  Mostagauem,  on  a 
retrouvé  dans  les  dépôts  de  ce  niveau  plusieurs  débris  û'Elephas 
Yolensis,  associés  à  des  mollusques  dont  deux  n'existent  plus  dans 
la  Méditerranée:  1°  Le  Strombus  niedUerraneus  (Lk  mss)  Duclos, 
espèce  qui,  d'après  l'auteur,  serait  voisine  de  St.  bubonius  du 
Sénégal  et  du  Cap  Vert  (5).  et  qui  est  caractéristique  des  plages  de 
Corse,  de  Sardaigne,  de  Majorque  et  de  Tunisie  (6);  2°  un  grand 
cône  du  type  du  Conus  ponderosus.  mais  dont  la  détermination  m'est 
inconuue.  D'après  Pomel,  on  y  trouverait  également  une  forme  de 
Nassa  gibbosula  qui  ne  se  rencontre  plus  que  dans  la  Méditerranée 
orientale  (7). 

(1)  Pomel.  Monog.  paléont.  Eléphants,  p.  22.  —  In.  Explication  delà  carte  géolo- 
gique de  l'Algérie,  p.  200. 

(2)  Os  limons  soitf  marqués  a2  sur  la  carte  du  Service  géologique,  l2  sur  les 
coupes  de  cotte  note. 

(3)  Voir  cette  liste  dans  Ficheih,  op.  cit.,  p.  394. 

(4)  Ficheur.  Id.  y  p.  398. 

(5)  Chenu.  Illust  conchyl.  genre  Strombus. 

(6)  Voir  .1.  Haime.  H.  S.  II.  F.,  £    série,   XII.   p.  751.   —   Pomel.   l'ne  mission 
scientifique  en  Tunisie  en  1877,  p.  93.  Bull.  Ecole  sup.  fi es  Science*  d'Alger,  1884. 

(7)  Pomel.  Explic.  de  la  carte  géol.,  p.  196. 


288  de  lamothe  24  Avril 

J'ajouterai  que  des  dunes  correspondant  comme  âge  à  cette  plage 
de  15m  renferment  sur  quelques  points  (Arzeu,  Castiglione. . .)  uue 
faune  de  coquilles  terrestres  qui  paraissent  identiques  aux  espèces 
actuelles,  mais  dont  l'étude  n'a  pas  encore  été  laite,  à  ma  connais- 
sance du  moins. 

Quelque  intéressants  que  soient  ces  rares  documents,  ils  sont 
évidemment  insuffisants  pour  déterminer  l'âge  des  plages  et  des 
nappes  alluviales,  et  il  est  nécessaire  pour  y  parvenir  de  s'appuyer 
sur  des  considérations  théoriques. 

Comme  je  l'ai  dit  plus  baut,  l'ensemble  des  anciennes  alluvions  de 
Tisser  forme  trois  groupes  distincts,  disposés  en  gradins  d'altitude 
et  d'âge  décroissants  de  l'Ouest  vers  l'Est:  le  plus  ancien  et  le  plus 
élevé  est  à  l'Ouest  du  Ka  Bou  Dissa,  les  deux  autres  à  l'Est  (fig.  3). 

Le  groupe  le  plus  récent  formé  par  les  alluvions  des  3e,  4*,  5e  et 
6e  niveaux,  correspond  à  la  dernière  grande  phase  du  creusement  de 
la  vallée;  sauf  au  début  de  cette  période  où  Tisser  oblique  encore 
un  peu  au  Nord-Ouest,  la  directiou  du  fleuve  concorde  avec  la 
direction  actuelle.  La  continuité  des  terrasses,  leur  état  de  conser- 
vation, ainsi  que  celui  des  plages  correspondantes,  la  faible  cimenta- 
tion  d'une  partie  des  alluvions,  le  contraste  que  présente  ce  groupe 
avec  le  deuxième,  tout  concourt  à  justifier  l'attribution  à  une  même 
époque  du  groupe  oriental. 

Le  deuxième  groupe  qui  renferme  les  cailloutis  de  Sidi  Bennor, 
Lalla  Touila. . .,  etc.,  est  au  contraire  formé  de  lambeaux  discon- 
tinus, profondément  dénudés,  sans  liaison  apparente  ;  les  cailloutis 
y  sont  plus  fortement  cimentés,  les  sédiments  lins  plus  rares.  Il 
semble  qu'entre  ce  groupe  et  le  précédent,  il  se  soit  écoulé  un  inter- 
valle de  temps  considérable. 

L'ensemble  de  ces  deux  groupes  rappelle  d'une  façon  frappante 
celui  formé  par  les  terrasses  de  la  vallée  du  Rhin  près  de  Bâle,  et 
les  Deckenschotter  du  Sundgau,  et  je  crois  que,  par  analogie,  il  est 
rationnel  de  classer  provisoirement  dans  le  pleistocène  le  groupe 
des  quatre  niveaux  à  terrasses,  et  dans  le  pliocène  supérieur  les  lam- 
beaux démantelés  du  deuxième  groupe.  Les  limons  de  la  plaine 
appartiendraient,  avec  les  alluvions  du  lit  actuel,  au  néo-pleistocène. 

Les  cailloutis  de  la  cote  200  au  sud-ouest  de  Courbet  et  la  plage 
de  même  altitude,  marquant  une  phase  encore  plus  ancienne  de 
l'histoire  de  Tisser,  pourraient  correspondre  aux  débuts  du  pliocène 
supérieur  :  ils  représentent,  en  effet,  les  premiers  apports  du  fleuve 
sur  le  pliocène  marin. 


1899    SUR  LR8  ANCIENNES  PLAGES  ET  TERRASSES  DU  BA8SIN  DE  LISSER     289 

En  ce  qui  concerne  les  galets  roulés  de  Sidi  Feredj,  nous  verrons 
dans  un  moment  que  leur  âge  est  peut-être  contemporain  du 
pliocène  marin. 

8.  Contradiction  entre  les  conclusions  qui  précèdent  et  la  doctrine 
qui  attribue  la  formation  des  terrasses  à  l'intervention  des  glaciers. 

Il  importe  en  terminant  ce  chapitre  de  faire  remarquer  que  les 
conclusions  qui  précèdent,  en  établissant  un  lien  étroit  entre  les 
variations  du  niveau  de  base  et  la  formation  des  nappes  alluviales 
et  subsidiairement  des  terrasses,  infirment,  du  moins  dans  sa 
généralisation  excessive,  la  doctrine  d'après  laquelle  l'origine  de 
ces  terrasses  est  toujours  en  connexion  avec  la  présence  des  glaciers. 
Dans  lisser,  il  n'y  a  aucunes  traces  de  glaciers  récents  ou  anciens, 
et  il  n'y  en  a  pas  davantage  sur  les  cimes  les  plus  élevées  du  Djurd- 
jura  et  du  Dira.  Mais,  même  en  admettant  l'existence  de  ces  glaciers 
dans  le  passé,  les  terrasses  de  la  Basse-lsser  ne  pourraient  être 
attribuées  à  leur  action.  Leur  formation,  en  effet,  est  manifestement 
due  à  l'intervention  d'une  cause  qui  agissait  non  pas  du  côté  de 
l'amont,  mais  bien  au  contraire  du  côté  de  l'aval  et  vers  le  point  le 
plus  bas  du  thalweg. 

Chapitre  III.  —  Aperçu  des  phénomènes  qui  se  sont 
accomplis  dans  la  basse  vallée  de  Tisser,  à  partir 
du  pliocène  supérieur. 

Avant  d'aborder  cet  exposé,  quelques  considérations  complémen- 
taires sont  nécessaires. 

1°  L'altitude  des  marnes  bleues  a  dû  atteindre  au  moins  200m.  — 
D'après  l'altitude  des  lambeaux  encore  existants,  on  peut  admettre 
que  les  marnes  bleues,  couronnées  peut-être  de  calcaires  coquil- 
liers  ou  de  dépôts  marneux  représentant  l'Àstien,  ont  comblé 
l'embouchure  de  Tisser  entre  le  cap  Blanc  et  le  cap  Djinet  jusqu'à 
une  altitude  marquée  au  moins  par  la  cote  200.  Ces  marnes  atteignent 
en  effet  cette  cote  à  l'ouest  de  Ménerville  ;  on  les  trouve  à  184m  dans 
l'Oued  Djemaa,  et  dans  la  région  entre  Courbet  et  Ain  Legatha 
f étroite  arête  du  Ka  Bou  Dissa  s'élève  encore  à  155m. 

L'altitude  de  200m  peut  même  être  considérée  comme  un  mini- 
mum, ainsi  que  l'indique  la  présence  à  cette  cote,  au  sud-ouest  de 
Courbet,  de  galets  roulés  provenant  de  Tisser. 

17  Août  1899.  —  T.  XXVII.  Bull.  Soc.  Géol.  Fr.  -  l'J 


290  dr  lamothe  24  Avril 

2°  //  est  nécessaire  d'admettre,  pendant  le  pliocène  marin,  une 
submersion  beaucoup  plus  grande  de  la  côte,  que  celle  marquée  par  U 
niveau  de  200m  auquel  se  sont  élevées  les  marnes  bleues. 

Il  serait  en  effet  impossible  de  comprendre  sans  cette  hypothèse, 
comment  une  formation  aussi  homogène  que  les  marnes  bleues, 
composée  entièrement  d'éléments  fins,  à  l'exclusion  de  tout  élé- 
ment grossier,  aurait  pu  se  déposer  dans  des  vallées  aussi  étroites, 
aussi  escarpées  que  celle  de  Tisser  près  de  Béni  Amrane. 

Il  faut  absolument  supposer  que  le  dépôt  des  marnes  s'est 
effectué  sous  une  profondeur  d'eau  assez  considérable  pour  sub- 
merger la  plus  grande  partie  des  pentes  qui  dominent  immédiate- 
ment les  affleurements  actuels.  A  Béni  Amrane,  le  niveau  minimum 
de  cette  submersion  doit  correspondre  à  une  cote  comprise  entre 
400  et  450. 

Cette  conclusion,  comme  nous  le  verrons  dans  un  moment,  permet 
d'expliquer  d'une  façon  simple  l'origine  des  galets  de  Sidi  Feredj. 

3°  F/épaisseur  considérable  des  allumons  des  troisième,  quatrième 
et  cinquième  niveaux,  au  voisinage  immédiat  de  l'ancien  rivage,  ne  peut 
s'expliquer  sans  faire  intervenir  pour  chacun  de  ces  niveaux  un  mouve- 
ment d'émersion,  suivi  d'une  immersion  de  plus  faible  amplitude. 

La  surface  supérieure  des  nappes  alluviales  coïncidant  à  peu  près, 
au  voisinage  de  l'embouchure,  avec  le  niveau  de  la  mer,  la  partie 
inférieure  des  alluvions  devait  au  même  moment  se  trouver  au- 
dessous  de  ce  niveau  d'une  quantité  variable  avec  l'épaisseur  de  la 
nappe,  et  qui  atteignait  35m  pour  la  troisième  nappe  et  40m  pour  la 
quatrième.  Le  fleuve  n'ayant  pu  creuser  son  lit  au-dessous  du  niveau 
de  la  mer,  de  quantités  aussi  considérables,  il  faut  conclure  que  le 
creusement  s'est  effectué  à  une  époque  où  ce  niveau  ne  s'élevait  pas 
sensiblement  au-dessus  de  la  base  des  alluvions. 

Ou  est  ainsi  conduit  à  admettre  que  la  formation  de  chaque  nappe 
alluviale  a  été  précédée  d'une  émersion  plus  ou  moins  rapide  de  la 
côte,  qui  a  permis  le  creusement  de  la  vallée  jusqu'à  une  profon- 
deur correspondante  à  la  base  des  alluvions.  A  cette  émersion  a 
succédé  une  immersion  très  lente,  d'amplitude  beaucoup  plus  faible 
et  à  peu  près  égale  à  l'épaisseur  de  l'alluvion.  C'est  pendant  cette 
immersion  qu'a  eu  lieu  le  remblayage  de  la  vallée.  A  la  fin  de  ce 
mouvement  d'immersion,  il  y  a  eu  une  période  de  stabilité  relative 
du  niveau  absolu  de  la  mer,  période  pendant  laquelle  le  niveau  de 
base  a  pu  subir  des  déplacements  horizontaux  plus  ou  moins 
téendus.  C'est  à  cette  période  que  Ton  peut  rapporter  la  formation 


1899    SUR  LES  ANCIENNES  PLAGES  ET  TERRASSES  DU  BASSIN  DE  LISSER    291 

des  plages,  le  dépôt  des  limons  et  le  creusement  des  golfes  profonds 
qui  ont  pénétré  au  milieu  des  alluvious  des  troisième  et  quatrième 

niveaux. 

L'épaisseur  des  limons  est  probablement  en  connexion  avec  la 
stabilité  plus  ou  moins  prolongée  du  niveau  de  base. 

La  disposition  en  terrasses  suspendues  sur  les  lianes  de  la  vallée, 
qu'affectent  les  alluvions  des  quatre  niveaux  les  plus  récents,  est 
la  conséquence  des  érosions  qu'elles  ont  subies  pendant  la  période 
d'émersion  qui  a  suivi  le  dépôt  de  chacune  d'elles. 

Le  diagramme  de  la  fig.  9  représente  la  succession  des  oscilla- 
tions du  niveau  de  la  mer.  par  rapport  à  la  côte  supposée  immo- 
bile» à  partir  du  dépôt  des  cailloutis  de  la  deuxième  nappe  alluviale. 


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I 


Xiveau  de  U  Mrr 


Fig.  9.  —  Diagramme  des  mouvements  relatifs  du  niveau  de  la  mer 

pendant  le  plelstocène. 

4°  La  prédominance  des  allumons  des  troisième,  quatrième  et  cin- 
quième niveaux  au  voisinage  de  l'embouchure,  semble  liée  à  la  diffé- 
rence de  structure  géologique  de  la  Basse  Isser  en  amont  et  en  aval  de 
Souk  el  H  ad. 

Les  anciens  lits  de  Tisser  en  aval  de  Souk  el  Had  ont  été  entière- 
ment creusés  dans  les  marnes  bleues  ;  en  amont  apparaissent  au 
contraire  des  massifs  de  roches  dures,  beaucoup  plus  résistants  à 
l'érosion.  Il  est  facile  de  montrer  l'influence  que  ces  différences  de 
structure  ont  eue  sur  l'épaisseur  des  nappes  alluviales. 

Soit  B  A  (fig.  10)  le  lit  du  fleuve,  entre  Souk  el  Had  et  la  mer,  à 
une  époque  quelconque-  Si  le  niveau  de  la  mer  vient  à  s'abaisser 
rapidement  de  A  en  A',  l'affouillement  des  marnes  se  produisant 


292 


DE  LAMOTHE 


24  Avril 


infiniment  plus  vite  que  celui  des  massifs  rocheux  en  amont,  il  se 
formera  un  lit  B  A*  raccordé  en  B  par  une  chute  plus  ou  moins 
rapide  avec  l'ancien  lit  amont,  ou  un  lit  peu  différent. 

Si  maintenant  nous  supposons  un  mouvement  d'immersion  fai- 
sant remonter  le  niveau  de  la  mer  en  A"  et  suffisamment  prolongé 
pour  permettre  au  lleuve  de  creuser  son  lit  en  amont  de  Souk  el  Uad 
d'une  quantité  BE  plus  petite  que  AA\  le  lit  final  deviendra 
B"A'\  et  l'on  voit  que  les  remblais  effectués  par  le  fleuve  dans  toute 
l'étendue  de  son  lit  pour  arriver  à  son  profil  d'équilibre,  seront 


_/Rcr 


Zotiedrs  roches 
dures 


Zone  de*  marnes   bltruc* 


Fig.  10. 


relativement  minces  en  amont,  et  prendront  au  contraire  vers 
l'embouchure,  une  épaisseur  considérable.  On  conçoit  que  dans 
ces  conditions,  la  dénudation  ait  pu  facilement  faire  disparaître 
plus  ou  moins  complètement  les  traces  des  alluvions  anciennes  en 
aval  de  Souk  el  Had,  dans  toute  la  partie  où  ces  alluvions  reposât)! 
sur  des  marnes  très  affouillables,  étaient  en  outre  peu  épaisses  et 
peu  développées  en  largeur. 


A  l'aide  de  ces  données,  il  est  facile  de  reconstituer  l'histoire  de 
Tisser  à  partir  du  pliocène  supérieur. 

A.  Pliocène  supérieur.  —  1er  Cours  de  l'Isser.  —  Plage  de  200m.  — 
Si  l'on  admet  que  la  submersion  de  la  côte  pendant  le  pliocène 
marin  a  atteint  au  moins  430m,  la  présence  de  galets  roulés  au  som- 
met de  Sidi  Feredj,  s'expliquera  aisément,  en  supposant  que  ces 
galets  sont  les  débris  d'une  plage  contemporaine  des  débuts  de 


1899    SUR  LES  ANCIENNES  PLAGES  ET  TERRASSES  DU  BASSIN  DE  LAISSER     293 

Témersion  du  massif  et  dont  l'âge  par  conséquent  correspond  à 
peu  près  à  la  fin  du  pliocène  marin  (fig.  3). 

Avec  le  pliocène  supérieur,  le  mouvement  général  d'émersion 
qui  avait  commencé  pendant  le  pliocène  marin  s'est  accentué;  les 
dépôts  de  l'étage  précédent  ont  émergé.  C'est  alors  que  Tisser,  dont 
le  cours  était  de  200m  plus  élevé  qu'aujourd'hui,  a  charrié  ses  pre- 
miers cailloutis  (niveau  n°  1),  qu'elle  a  étalés,  en  le  ravinant,  sur  le 
pliocène  marin  dans  la  direction  de  Courbet.  La  plage  des  Oulad 
el  Bor  montre  qu'à  cette  époque  la  mer  baignait  les  pentes  du 
massif  de  Sidi-Feredj. 

5e  Cours  de  l'fsser.  —  Le  mouvement  d'émersion  continuant,  la 
mer  est  descendue  à  une  cote  voisine  de  150m.  A  la  suite,  probable- 
ment, de  phénomènes  de  capture  dus  à  l'action  de  l'oued  Djemaa 
et  de  ses  affluents  en  aval  d'isserville,  Tisser  s'est  jetée  brusquement 
vers  TEst,  et  a  passé  déjinitirement  de  l'autre  côté  du  massif  mar- 
neux dont  Taré  te  du  K*  Bou  Dissa  est  un  débris. 

Les  dépôts  de  cette  époque  sont  représentés  par  les  lambeaux  de 
Sidi  Bennor,  de  Lalla  Touila,  des  points  132,  141,  146,  148,  et  dans 
Toued  Djemaa  par  les  cailloutis  du  K*  Koléa.  Comme  je  Tai  dit,  il  n'y 
a  pas  de  traces  de  plages  de  ce  niveau,  du  moins  dans  la  Basse 
Isser;  mais  nous  avons  la  certitude  que  la  mer  a  occupé  dans  cette 
région  des  niveaux  intermédiaires  entre  les  cotes  100  et  200. 

B.  Pleistocène.  —  A  partir  de  cette  époque,  on  constate  dans  la 
Basse  Isser,  la  succession  d'une  série  de  mouvements  d'émersion  et 
d'immersion,  qui  ont  donné  naissance  aux  troisième,  quatrième, 
cinquième  et  sixième  nappes  alluviales.  Bien  qu'il  n'y  ait  aucune 
preuve  positive  que  ces  oscillations  se  soient  également  produites 
pendant  le  pliocène  supérieur,  je  pense  que,  par  analogie,  il  convient 
d'admettre  que  les  cailloutis  des  première  et  deuxième  nappes  se 
sont  formés  dans  des  conditions  analogues. 

5e  Cours  de  Visser.  Plage  de  i00m.  —  Un  mouvement  d'émersion 
a  amené  la  mer  à  une  cote  voisine  de  65m  (fi<;.  9);  le  fleuve  a  creusé 
le  chenal  des  alluvions  du  troisième  niveau,  chenal  qu'il  a  ensuite 
remblayé  pendant  une  période  de  lente  immersion.  A  la  lin  de  ce 
nouveau  mouvement,  la  mer  qui  avait  atteint  l'altitude  de  100m,  a 
pénétré  dans  la  vallée  jusqu'à  Ain  Legatha  en  y  creusant  un  golfe 
profond,  en  ravinant  les  alluvions  du  troisième  niveau,  et  eu  les 
recouvrant  de  ses  dépôts  littoraux.  Pendant  cette  invasion  de  la  mer, 
le  plateau  des  Beui  K'sir,  coté  78,  formait  le  fond  de  la  mer  à 
l'entrée  du  golfe  :  il  correspond  au  plateau  de  Courbet  qui  a  la 
même  origine.  (Voir  la  carte,  planche  111). 


294 


DE  LAMOTHE 


24  Avril 


Tableau  synoptique   résui 


PÉRIODE 


NéO- 

plélttocène 


ÉTAGE 


» 


» 


o 


» 


» 


i> 


2 

O 

S 


Supérieur, 


Inférieur 


l 


ANaENS  COURS  DE  L  ISSER 

ANCIENNES  TERRASSES 
DE  LA  VALLÉE  PRINCIPALE 


Lit  actuel  de  Tisser. 
Limon  d'inondation. 


6*  Cours  de  Tisser.  Terrasse  de 
15"  à  Blad  Guitoun  et  à 
Palestro. 


5*  Cours  de  Tisser.  Terrasse  de 
28  à  30"  dans  la  Basse  Isser, 
de  34"  à  Béni  Amrane,  de 
32"  a  Palestro. 

4*  Cours  de  Tisser.  Terrasse 
de  55  à  57m  dans  la  Basse 
Isser,  de  66  à  67"  à  Palestro 
et  Béni  Amrane. 


3*  Cours  de  Tisser.  Terrasse  de 
93"  dans  la  Basse  Isser,  de 
98"  à  Béni  Amrane,  de  100" 
à  Palestro. 


2"  Cours  de  Tisser.  Lambeaux 
de  Sidi  Bennor,  La  lia  Touila, 
Sldi  Feredj,  Ht",  K»  Rach- 
dla. 

Lambeaux  de  112  et  127"  à  Béni 
Amrane. 

1"  Cours  de  Tisser.  Cailloutis 
de  219™  au-dessus  du  thalweg 
à  Palestro. 

Cailloutis  de  200"  au  S.W.  de 
Courbet. 


» 


DEPOTS 

CORRESPONDANTS 

DANS 

LES  AFFLUENTS 

DE   LISSER 


Idem. 


» 


Terrasse 

de35" 

à  Isserville. 

Cailloutis  de 
54"  à  Bord  j 
Ménalel, 
de  64"  à 
Isserville. 


» 


Cailloutis 

du  K«  Koléa 

à  177". 


» 


» 


PLAGES 
CORRESPON- 
DANTES 


Plages 
et  dunes 
actuelles. 


Plage  de  15' 


Plage  de  30« 


Plage  de  53" 


Plage  de  100" 


Plage  de  205" 

«plateau 

des  Oulad 

el  Bor). 

Galets  roulés 

à  432-  près 

du  S1  de 

Sidi  Feredj. 


FAUNl 


Elepha* 
canus  da 
limons 
Mitidja. 


Strombus 
terrant 
grand  Ci 
ElepkasYol 


n 


» 


» 


» 


4899    80R  LES  ANCIENNES  PLAGES  ET  TERRASSES  DU  BtSSIN  DE  LISSER     295 


hits  exposés  dans  cette  note 


SUCCESSION 

mouvements  relatifs 

DU  LITTORAL 


Ementon  de  ? 


Immersion  do  ? 
Emersion  de  ? 


Immersion  à  la  cote  30. 

Emersion  à  la  cote  zéro 
environ. 


mmerslon  à  Ja  cote  53. 
Smersion  à  la  cote  29. 


m  menton  à  la  cote  100. 
Smersion  à  la  cote  65 
environ. 


Gomme  ci-dessous. 


innation  du  mouvement  d'é- 
rsion,  peut-être  avec  alter- 
ice  d'immersions  correspon- 
ît  à  la  formation  des  allu- 
oi  des  1"  et  z*  niveaux. 

nencement  de  l 'emersion  du 
oral  à  la  fin  du  Pliocène 
rin. 


PLAGES  OBSERVÉES 
SUR   D'AITRES  POINTS   DE   LA   CÔTE 


» 


Plage  de  15"  a  Ain  Taya, 
Cherche! I,   Arzeu,   Tunisie. 


Plages  de  30"  à  l'Est  de  Mener- 
ville,  Alu  Taya,  Zeralda,  Casti- 
glione,  Cherchell,  Ténès,  Arzeu, 
Rachgoun. 

Plages  de  50  â  GO"  entre  Méuer- 
ville  et  Alger,  Zeralda,  Tipaza, 
Ténès,  Arzeu. 


Plages  de  90  à  100" 

près  de  Bellefontaine,  et 

aux  environs  de  Zeralda. 


Traces  d'anciennes  plages  dans  le 
massif  de  Bouzaroa  (près  Alger) 
entre  135  et  Mo. 


Plage  de  200-  à  Cherchell. 


Galets  de  la  Kouzaréa  a  350" 


TERRASSES  OBSERVÉES 
DANS    DAUTnES     VALLÉES 


» 


Terrasse  de  15"  à  Tarada. 


Terrasse  de  29*  à  El  Kseur, 
de  30*  à  Kebeval  et  à 
Tamda. 


Terr.  de  53"  tlans  l'oued  Allada, 
à  Tenès.  —  Terr.  de  53"  à 
Kebeval,  de58"  à  El  Kseur  — 
Terr.  du  Chélif,  entre  aOdGO» 


t?)  Terrasse  de  HO-  à  Kebeval. 


Terrasse  de  134"  au-dessus  de 
Rebeval. 


Anciennes  alluvions  du  Se- 
baou,  à  200"  au-dessus  du 
thalweg. 


» 


296  de  lamothe  24  Avril 

4*  Cours  de  laisser.  Plage  de  53m. —  Une  émersion  de  plus  de  70m, 
suivie  d'une  immersion  de  25  à  30m,  a  donné  naissance  aux  allu  vions 
du  quatrième  niveau,  et  aux  puissants  dépôts  de  limon  qui  les 
recouvrent.  Le  rivage  qui  était  précédemment  aux  Béni  Kous  s'est 
éloigné  vers  le  nord  jusqu'à  Mandoura  où  se  trouvait  l'embouchure. 
Puis  la  mer  a  rongé  la  côte  et  formé  d'abord  la  plage  de  53m,  en 
dénudant  la  nappe  alluviale  qu'elle  a  recouverte  de  ses  sables;  enfin, 
poursuivant  sa  marche,  elle  s'est  avancée  jusqu'à  l'oued  Miane. 

La  disposition  relative  des  alluvions  du  quatrième  niveau  et  de 
celles  du  troisième  au  sud  de  l'oued  Ben  Hazine  (fig.  7)  explique  les 
faits  assez  compliqués  que  Ton  y  observe  (cône  de  déjection  au  nord 
du  point  87,  galets  de  quartzites  à  la  surface  des  limons,  et 
présence  de  petits  amas  de  sables  rouges  remaniés  sur  quelques 
points  de  la  quatrième  nappe).  Des  lagunes  dues  à  des  barrages 
alluviens  latéraux  ont  dû  prendre  naissance  le  long  de  la  falaise 
orientale  formée  par  les  poudingues  du  troisième  niveau,  et  c'est 
par  une  circonstance  de  ce  genre  que  l'on  pourrait  peut-être  expli- 
quer l'existence  du  gisement  de  Mélanies  dont  je  reparlerai  à  la  fin 
de  cette  note. 

C'est  également  pendant  la  période  d'immersion  que  l'oued 
Ménaïel  dont  le  cours  était  de  50m  à  55m  plus  élevé,  a  accumulé  près 
de  Ben  Hamida  les  dépôts  que  j'ai  signalés  page  277. 

5e  et  6e  cours  de  l'isser.  Plages  de  30m  et  de  /am.  —  Un  mouvement 
d'émersion  de  50  à  55m,  suivi  d'une  immersion  de  30m,  a  déterminé 
la  formation  des  alluvions  du  cinquième  niveau.  La  plage  de  30m 
correspondante  s'est  formée  au  voisinage  du  rivage  actuel. 

En  ce  qui  concerne  le  sixième  niveau  et  la  plage  de  15m,  l'absence 
de  données  sur  l'épaisseur  des  alluvions  de  ce  niveau,  sur  le  creuse- 
ment de  la  vallée  au-dessous  du  lit  actuel  et  sur  le  sens  des  mouve- 
ments de  la  mer  à  notre  époque,  ne  permet  pas  de  déterminer 
l'amplitude  de  l'oscillation  du  niveau  de  la  mer,  ni  de  relier  cette 
dernière  étape  du  creusement  de  la  vallée  à  la  période  présente. 

C.  Néo-pleistocène.  —  Je  range  dans  cette  période  les  alluvions 
du  lit  actuel  (graviers  et  limons)  et  les  dépôts  des  plages  actuelles. 

J'ajouterai,  en  terminant,  qu'il  n'y  a  aucune  preuve  que  l'isser  se 
soit  pendant  le  pliocène  et  le  pleistocène  déversé  à  l'ouest  par  le 
col  de  Meuerville  ou  que  le  Sebaou  ait  franchi  le  col  d'Haussonvil- 
lers  pour  se  jeter  dans  Tisser. 

Le  tableau  synoptique  ci-dessus  permettra  d'embrasser  d'un 
coup  d'œil  la  succession  des  faits  que  je  viens  d'exposer,  et  en  même 
temps  ceux  qui  font  l'objet  du  chapitre  suivant. 


1899    SUR  LES  ANCIENNES  PLAGES  ET  TERRASSES  DU  BASSIN  DE  L'iSSER     297 


Chapitre  IV.  —  Résumé  des  observations 
faites  sur  quelques  autres  points  du  littoral  algérien. 

Ainsi  que  je  l'ai  dit  dans  la  préface  de  cette  note,  j'ai  dû  renoncer 
à  étendre  mes  recherches  à  d'autres  vallées  de  la  côte  algérienne. 
Je  me  bornerai  donc  dans  ce  chapitre  à  grouper,  à  titre  documen- 
taire, les  observations  assez  nombreuses  que  j'ai  pu  faire  person- 
nellement sur  divers  points  de  la  côte,  en  y  joignant  celles  publiées 
par  d'autres  géologues. 

Quelque  incomplètes  qu'elles  soient,  elles  constituent  néanmoins 
un  ensemble  qui  permet  de  prévoir  qu'une  étude  ultérieure  condui- 
rait, pour  une  grande  partie  au  moins  de  la  côte  algérienne,  à  des 
résultats  analogues  à  ceux  obtenus  dans  la  vallée  de  Tisser. 

I.  —  Anciennes  plages 

Région  entre  Ménertille  et  Alger.  —  Les  sables  rouges  présen- 
tent un  grand  développement  entre  Ménervilleet  l'Aima.  En  faisant 
abstraction  des  anciennes  dunes,  on  reconnatt  dans  cette  région 
l'existence  d'au  moins  deux  niveaux  de  plages,  l'un  voisin  del00m, 
l'autre  de  55m. 

Près  d'Ain  Taya,  on  distingue  trois  anciennes  plages  :  l'une  de 
17m  reposant  sur  le  Cartennien  ;  l'autre  de  30m,  que  l'on  peut  suivre 
jusqu'à  la  presqu'île  de  Matifou,  la  troisième  enfin  de  50  à  60m. 
Au  cap  Matifou  les  plages  de  15  et  de  28m  sont  très  nettes. 

Environs  d'Alger.  —  A  l'ouest  d'Alger  j'ai  observé  de  nombreuses 
traces  de  plages  très  élevées  sur  les  pentes  de  la  Bouzaréa,  notam- 
ment près  de  Notre-Dame  d'Afrique  (135  à  145m),  et  du  fortin 
Duperré  (145m)  ;  il  existe  même  des  galets  roulés,  provenant  exclu- 
sivement du  massif  ancien  jusqu'à  une  altitude  voisine  de  350m, 
sur  des  points  où  l'action  des  eaux  courantes  est  inadmissible,  et 
qui  ne  paraissent  pouvoir  provenir  que  d'un  ancien  rivage. 

Entre  Zéralda  et  Staouéli  il  y  a  trois  systèmes  de  plages  bien  dis- 
tinctes cotées  approximativement  :  30  à  35m,  55  à  60m,  91  à  100. 

De  Castiglione  à  Tipaza,  ou  trouve  plusieurs  lambeaux  d  une 
terrasse  de  27  à  35m;  la  surface  est  fréquemment  couverte  de  dunes 
anciennes.  Près  de  Tipaza,  à  lest,  il  y  a  un  débris  d'une  terrasse  de 
60m  environ. 

Cherchell.  —  A  Cherchell,  une  falaise  de  16m,  couronnée  par  des 
sables  et  grès  coquilliers,  gisement  d'Elephas  Yolensis,  s'étend  à 


298  de  lamotre  24  Avril 

l'ouest  de  la  ville.  Dans  la  cité  et  à  l'ouest,  il  y  a  des  traces  d'une 
plage  de  30m.  Enfin  Pomel  a  signalé  à  200m  d'altitude  au  sud  de  la 
ville,  une  ancienne  plage  (1),  bien  conservée.  Il  est  fort  remar- 
quable que  l'altitude  de  cette  plage  corresponde  exactement  à  celle 
des  lambeaux  de  sable  rouge  du  plateau  des  Oulad  el  Bor  au  sud- 
ouest  de  Courbet. 

Tente.  —  A  Ténès  j'ai  observé  au-dessus  du  port,  à  53m  d'altitude, 
une  corniche  à  coquilles  marines,  reposant  sur  le  Cartennien  ;  c'est 
une  ancienne  plage  qui  correspond  exactement  comme  altitude  à 
la  terrasse  decailloutis  sur  laquelle  est  bâtie  la  ville. 

Immédiatement  à  l'ouest  de  Ténès,  on  trouve  une  plage  très 
étendue  de  27  à  33». 

M.  Brives,  qui  a  fait  une  étude  approfondie  du  Dahra,  admet 
qu'entre  Ténès  et  Mostaganem,  il  y  a  deux  niveaux  de  plages 
anciennes,  l'un  de  50'",  l'autre  ne  dépassant  pas  20m  (2);  notre  con- 
frère ajoute  qu'il  n'a  pu  constater  la  superposition  des  deux 
niveaux. 

Mostaganem  etArzeu.  —  Entre  Mazagran  et  la  Stidia,  j'ai  retrouvé 
sur  plusieurs  points  des  lambeaux  d'une  plage  de  48  à  5om.  Au  sud 
d'Arzeu  les  sables  rouges  et  grès  coquilliers  forment  deux  niveaux 
bien  distincts  :  l'un  à  15m  renfermant  Strombus  medtterraneus, 
l'autre  de  52  à  60m  :  ce  dernier  est  remarquablement  développé.  Il 
y  a  aussi  des  indices  d'une  plage  de  30m. 

Oran.  —  La  seule  observation  que  j'ai  faite  m'a  permis  de  recon- 
naître le  long  de  la  corniche,  en  allant  vers  Mers  el  Kébir,  des  traces 
d'un  ancien  rivage  entre  50  et  60m. 

Cote  entre  Beni-Saf  et  Nemours.  —  Il  y  a  sur  cette  côte  au  moins 
deux  niveaux  de  sables  rouges,  que  l'on  voit  très  nettement  du  large. 
A  l'embouchure  de  la  Tafna,  j'ai  noté  des  indices  d'une  plage  de  30'\ 

Côte  à  test  de  Visser.  — Je  n'ai  pu  étudier  dans  cette  direction  que 
la  plage  de  Dellys,  que  M.  Ficheur  m'a  signalée.  C'est  un  lambeau 
très  démantelé,  situé  à  l'intérieur  de  la  ville,  et  qui  forme  un  étroit 
replat  à  l'altitude  de  33". 

H.  —  Terrasses  fluviatiles. 

Je  n'ai  fait  d'observations  précises  que  dans  trois  vallées  :  celle 
de  Ténès,  celle  du  Sebaou  et  celle  de  l'oued  Soumane. 

(1)  Pomel.  Le  Sahara,  p.  49.  Bull.  Soc.  climat.  d'Alger,  1872.  —  Id.  Description 
du  massif  de  MUianah,  p.  91,  1873. 

(2)  Brives.  Les  terrains  tertiaires  du  bassin  du  Gbélif  et  du  Dahra,  p.  80. 


i  899     SUR  LES  ANCIENNES  PLAGES  ET  TERRASSES  DU  BASSIN  DE  L'iSSBR     299 

A  Ténès,  la  terrasse  de  cailloutis  qui  porte  la  ville  est  à  53m  ;  elle 
couronne  un  escarpement  crétacé  et  se  raccorde  en  amout  à  des 
dépôts  de  môme  altitude.  La  cote  de  cette  terrasse,  comme  je  l'ai 
dit  plus  haut,  est  exactement  celle  d'une  ancienne  plage  située  au- 
dessus  du  port. 

D'après  M.  Brives  (1)  les  terrasses  de  la  vallée  du  Chélif  ont  une 
altitude  de  50  à  60m  au  dessus  du  thalweg. 

Vallée  du  Sebaou.  —  A  Rebeval,  on  retrouve  deux  des  niveaux  de 
Tisser.  Sur  la  rive  gauche,  une  terrasse,  très  nette,  de  30m,  porte  le 
village  d'El  Tnin,  et  sur  la  rive  droite  le  cimetière  a  été  installé  sur 
un  vaste  replat  de  cailloutis  qui  domine  le  thalweg  de  53m.  Au-dessus, 
on  rencontre  successivement  un  plateau  caillouteux  à  110m  au 
dessus  du  Sebaou  (ait.  127m),  et  un  deuxième  plateau  à  134m 
(ait.  151"). 

En  amont,  à  Tamda,  il  y  a  deux  terrasses  bien  distinctes  :  l'une, 
d'une  trentaine  de  mètres,  porte  le  village;  la  deuxième,  au  pied, 
est  à  15m.  L'existence  de  cailloutis  au  sommet  de  Tirecht  (300m) 
prouve  que  le  Sebaou  comme  Tisser  a  coulé  autrefois  à  près  de  200m 
au-dessus  du  thalweg  actuel.  J'ajouterai  que  les  cailloutis  de 
Tirecht  sont  très  volumineux  et  renferment  des  blocs  de  près  d'un 
mètre  de  diamètre. 

Vallée  de  la  Soumane.  —  On  trouve  à  El  Kseur  deux  niveaux 
bien  nets  ;  l'un  à  29m,  l'autre  à  58m.  La  Soumane  coule  dans  une 
large  plaine  encaissée  par  des  berges  limoneuses  de  3  à  4m. 

Quelque  incomplètes  que  soient  les  observations  qui  précèdent, 
il  est  impossible  de  ne  pas  être  frappé  de  la  concordance  qui  se 
manifeste  entre  les  altitudes  de  plages  ou  de  terrasses  très  éloi- 
gnées, et  surtout  de  la  répétition  dans  des  profils  très  distants,  des 
mêmes  formes  de  terrains  au  voisinage  des  mêmes  altitudes. 

La  comparaison  des  cotes  de  ces  anciennes  plages  avec  celles  du 
bassin  de  Tisser  fait,  il  est  vrai,  ressortir  des  écarts  et  des  lacunes  * 
mais  ces  anomalies  qu'une  étude  minutieuse  fera  probablement 
disparaître,  peuvent  presque  toujours  s'expliquer  par  la  déouda- 
tion,  la  présence  de  dunes  anciennes,  le  ruissellement  sur  les 
pentes,  et  surtout  par  cette  considération  que  l'altitude  des  lambeaux 
d'une  même  plage  soulevée  peut  varier  dans  des  limites  assez 
étendues.  C'est,  en  effet,  ce  que  montre  l'étude  des  plages  actuelles. 
Près  du  cap  Blanc,  à  l'ouest  de  Courbet,  on  voit  des  dépôts  littoraux 

(1)  Brives.  Op.  cit.,  p.  87. 


300  de  lamothe  24  Avril 

en  formation,  à  coquilles  marines,  s'élever  à  4  ou  5m  au-dessus  du 
niveau  moyen,  tandis  que  sur  d'autres  points,  les  dépôts  sont 
entièrement  sous-marins.  Une  même  émersion  de  la  plage  actuelle 
élèverait  donc  à  des  hauteurs  qui  pourraient  différer  d'une  dizaine 
de  mètres  des  formations  littorales  contemporaines.  On  devra,  par 
conséquent,  dans  la  recherche  des  anciennes  plages,  attacher  moins 
de  valeur  à  la  concordance  rigoureuse  des  altitudes  qu'à  la  cons- 
tatation de  ce  fait  que  les  mêmes  formes  de  terrain,  recouvertes 
de  dépôts  ayant  la  même  nature  et  la  même  origine  se  reproduisent 
régulièrement  au  voisinage  des  mêmes  altitudes,  et  se  superposent 
parfois  dans  des  profils  pris  à  de  grandes  distances  les  uns  des  autres. 
En  ce  qui  concerne  les  terrasses  fluviales,  les  données  sont  trop  peu 
nombreuses  pour  permettre  une  généralisation  :  on  notera  cepen- 
dant la  similitude  des  cotes  entre  la  terrasse  de  Ténès  et  celle  du 
quatrième  niveau  de  Tisser.  Là  encore,  il  y  a  des  lacunes  et  des 
divergences.  Mais  on  ne  doit  pas  perdre  de  vue  que  ces  anomalies 
peuvent  être  dues  à  des  causes  locales,  dont  les  deux  principales, 
en  dehors  de  la  dénudation,  sont  les  suivantes  :  1°  Les  variations 
du  niveau  de  base  dans  deux  vallées  même  voisines  peuvent  avoir 
été  très  différentes  aux  diverses  époques  de  creusement  de  ces 
vallées  ;  les  intervalles  entre  deux  terrasses  consécutives  pourront 
par  suite  présenter  des  différences  sensibles  suivant  les  vallées; 
2°  les  phénomènes  de  capture  qui  semblent  s'être  produits  dans  un 
grand  nombre  de  vallées  doivent  entraîner  des  lacunes  dans  la 
succession  des  terrasses  sur  certaines  parties  du  cours.  11  est 
indispensable  de  tenir  un  grand  compte  de  ces  faits  dans  la  compa- 
raison des  observations  faites  dans  des  vallées  différentes,  ou  dans 
des  portions  d'une  même  vallée. 

En  résumé,  s'il  n'est  pas  possible  d'admettre  comme  absolu- 
ment démontré  que  toute  la  côte  algérienne  ou  du  moins  une  notable 
partie,  a  subi  pendant  le  pliocène  supérieur  et  le  pleistocène  des 
mouvements  de  même  amplitude  que  ceux  dont  nous  avons  cons- 
taté la  manifestation  dans  la  vallée  de  Tisser,  on  peut  dire  néanmoins 
que  cette  hypothèse  doit  être  considérée  comme  très  vraisemblable. 

Il  est  difficile  dès  lors  de  ne  pas  se  demander,  si  des  phénomènes, 
aussi  réguliers,  affectant  des  étendues  de  côte  de  plusieurs  centaines 
de  kilomètres,  peuvent  réellement  s'expliquer  par  des  oscillations 
verticales  d'une  zone  aussi  étendue  de  Técorce  terrestre,  et  s'il  ne 
serait  pas,  au  contraire,  plus  logique,  de  les  attribuer,  comme  Ta  fait 
M.  Suess,  à  des  oscillations  de  l'ensemble  de  la  surface  de  la  mer. 


1899     SUR  LKS  ANCIENNES  PLAGES  ET  TERRASSES  DU  BASSIN  DE  LISSER     301 

J'ajouterai,  en  terminant,  que  l'uniformité  supposée  des  mouve- 
ments de  la  côte  algérienne  pendant  le  pliocène  supérieur  et  le 
pléistocène,  n'est  nullement  incompatible  avec  l'existence  de  phé- 
nomènes locaux,  contemporains,  variables  suivant  les  vallées. 
Dans  la  Mitidja,  par  exemple,  les  sondages  exécutés  par  Ville  (1) 
ont  prouvé  que  le  fond  de  la  vallée  était  rempli  jusqu'à  une  pro- 
fondeur inférieure  de  près  de  200m  au  niveau  actuel  de  la  mer.  par 
des  dépôts  nettement  fluviatiles,  dont  il  est  difficile  de  faire  remonter 
l'âge  au  delà  du  pléistocène.  L'hypothèse  d'une  émersion  locale 
post-pliocène  de  200m  suivie  d'une  immersion  de  même  amplitude 
étant  difficilement  conciliable  avec  l'existence  des  plages  de  15,  30 
et  55m  à  Ain  Taya  et  à  Matifou,  on  est  conduit  à  admettre  que  le 
fond  de  la  vallée  dans  sa  partie  nord  s'est  effondré  dans  des  condi- 
tions analogues  à  celles  qui  ont  donné  naissance  à  certains  grands 
lacs  alpins,  et  a  été  ensuite  rempli  par  les  alluvions. 

NOTE    ADDITIONNELLE 

Ce  travail  était  déjà  en  grande  partie  rédigé,  lorsque,  dans  une 
dernière  course,  j'ai  découvert  dans  le  vallon  de  l'oued  Hazine,  sur 
le  flanc  ouest  du  plateau  87,  un  affleurement  de  sables  argileux 
jaunâtres  de  3  à  4m  d'épaisseur,  renfermant  de  nombreuses  Méla- 
nies,  assez  bien  conservées. 

Ce  gisement  est  à  l'altitude  de  63m  environ  ;  il  est  marqué  sur  la 
carte  par  le  signe  V,  et  sur  la  figure  7  la  lettre  B  indique  à  peu 
pressa  position  relative,  avec  cette  réserve  que  l'emplacement  exact 
est  à  600  ou  700m  au  nord  de  la  coupe. 

M.  Depéret,  qui  a  bien  voulu  examiner  les  exemplaires  recueillis 
par  moi,  les  considère  comme  appartenant  à  une  même  espèce  : 
Melania  Ercterusts  Brugnone  =  MeL  plicatula  Libassi,  forme  du  Plio- 
cène supérieur  du  Monte  Pellegrino  (post  pliocène  des  Italiens). 
Cette  forme  ne  parait  pas  avoir  été  figurée,  mais  la  description  qu'en 
donne  Stefani  (2)  semble  se  rapporter  exactement  à  l'espèce  algé- 
rienne. 

11  eût  été  très  intéressant  de  déterminer  exactement  la  position 
de  ce  gisement  par  rapport  aux  nappes  alluviales  des  troisième  et 
quatrième  niveaux.  Malheureusement,  j'étais  à  la  veille  de  quitter 

(  I  )  Ville.  Notice  sur  les  sondages  exécutés  dans  le  territoire  civil  de  la  province 
d'Alger  pour  la  recherche  des  eaux  jaillissantes,  1866. 
(2)  Carlo  de  Stefani.  Molluschi  continental!  pliocenici  d'Italia,  p.  138. 


302  de  lamothe  24  Avril 

l'Afrique,  et  il  ne  m'a  plus  été  possible  d'y  retourner.  Les  deux 
seuls  faits  qui  me  paraissent  acquis  sont  les  suivants  :  1°  les  couches 
à  Mélanies  ravinent  les  marnes  du  pliocène  marin  ;  2°  elles  sont 
recouvertes  par  les  limons  et  sables  du  quatrième  niveau.  Mais  je 
ne  puis  dire  si  elles  soot  antérieures  ou  postérieures  aux  alluvions 
du  troisième  niveau. 

L'étude  des  pentes  de  la  rive  gauche  de  l'oued  Haziue,  où  affleu- 
rent des  calcaires  marneux  blanchâtres,  probablement  contempo- 
rains, permettra  peut  être  de  trancher  cette  question. 

Je  ne  crois  pas,  d'ailleurs,  que  la  solution,  quelle  qu'elle  soit,  doive 
entraîoer  une  modification  de  la  classification  chronologique  provi- 
soire adoptée  pour  les  différents  niveaux  de  lisser.  Des  formes 
aussi  variables  que  les  Mélanies  ne  peuvent  avoir  que  bien  peu  de 
valeur  au  point  de  vue  de  la  détermination  de  l'âge  des  dépôts, 
d'autant  plus  que  leurs  variations  pendant  le  pliocène  et  le  pleisto- 
cène  de  l'Afrique  du  Nord  nous  sont  à  peu  près  inconnues.  La 
découverte  d'une  faune  de  Vertébrés  pourrait  seule  résoudre  le 
problème. 


LÉGENDE  DES  FIGURES 

Signes  conventionnels 
Signes  conventionnels  correspondant  sur  les 

adoptés  cartes  géolog.  détaillées 

w,  Liparites  ;  yu,  Granité  de  Ménerville 1 

a-X,  Andésites  et  labradorites >     Mêmes  signes. 

c"-8,  Craie  supérieure  ;  m4,  Marnes  bleues ) 

a2,  l2,  Alluvions  du  lit  actuel  de  Tisser  et  limon 

correspondant a2 

a1,  Alluvions  anciennes  de  la  terrasse  de  15a  (6*  ni- 
veau) (pour  mémoire) » 

a0,  Id.    terrasse  de  30"  (5*  niveau) qi 

ai,  h,  Alluvions  anciennes  et  limon  de  la   terrasse     \ 

de  55*  (4-  niveau) (  q„ 

a?,  ls,  Id.    terrasse  de  93*  (3V  niveau) ) 

plb,  Alluvions  du  2*  niveau plb 

p|a,  »  1"  niveau » 

S,  Sables  rouges,  sans  distinction  d'âge p< 

Les  poudingues  sont  figurés  par  des  points  noirs,  et  les  sables  et  grès  qui  les 
surmontent  par  un  pointillé  plus  fin. 


1899     SUR  LES  ANCIENNES  PLAGES  ET  TERRASSES  DU  BASSIN  DE  L'iSSER     303 


Observations  relatives  à  la  Carte 

Pour  la  clarté  et  la  simplification  de  la  carte,  on  n'a  figuré  comme  dépôts  litto- 
raux que  ceux  qui  correspondent  a  des  plages  bien  définies.  Pour  les  autres,  on 
se  reportera  â  la  carte  géologique  détaillée,  où  ils  sont  représentés  par  le  signe  p1. 

Pour  les  mêmes  motifs  on  a  supprimé  les  alluvions  récentes  et  les  limons  du 
lit  actuel,  indiqués  sur  la  carte  détaillée  par  le  signe  a2,  ainsi  que  les  limons 
situés  en  dehors  de  la  zone  des  terrasses. 

On  a  également  omis  les  amas  de  galets  accumulés  au  pied  des  pentes,  notam- 
ment dans  l'oued  Ben  Hazine  et  ses  affluents  ;  ils  sont  récents  ou  contemporains 
des  niveaux  les  plus  bas. 

La  cote  87  du  plateau  des  Béni  K'sir  est  Inexacte  et  a  été  remplacée  par  la  cote  78. 


304  24  Avril 


NOUVELLES  PIÈCES  DE  DRYOPITHÈQUE 
ET  QUELQUES  COQUILLES,  DE  SA1NT-GAUDENS  (Haute-Garonne) 

par  M.  Edouard  HABLÉ. 

(Planchr  IV). 

• 

J'ai  décrit,  dans  le  Bulletin  de  Tannée  dernière,  p.  377,  une 
mâchoire  inférieure  de  Dryopithecus  Fontani  Lartet(l),  trouvée,  peu 
auparavant,  dans  l'une  des  exploitations  de  la  maruière  de  Saint- 
Gaudens  (Haute-Garonne).  J'ai  recueilli  depuis,  dans  une  autre 
exploitation  de  cette  maruière,  deux  molaires  delà  môme  espèce  de 
Singe.  Je  les  ai  figurées  daus  la  planche  ci-jointe  (fi g.  4  5  et  6-7) 
après  les  avoir  dégagées  du  morceau  de  mâchoire,  en  très  mauvais 
état,  dont  elles  étaient  encore  munies. 

Ces  deuts  sont  lavant-dernière  et  la  dernière  arrière-molaires, 
Ms  et  Ma,  de  la  mâchoire  inférieure,  côté  droit.  L'avaut-dernière 
M:  est  en  parfait  état  de  conservation,  sauf  la  pointe  extrême  des 
racines.  La  dernière  M3  a  perdu  un  peu  d'émail,  à  la  partie  posté- 
rieure de  la  couronne,  et  une  portion  notable  des  racines. 

Le  degré  d'usure  de  ces  dents  est  faible.  11  est  bien  moindre 
qu'aux  dents  correspondantes  de  la  mâchoire  que  j'ai  décrite  Tannée 
dernière. 

La  largeur  de  chacune  de  ces  deux  dents  est  exactement  la  même 
—  lOmmi/2  —  qu'aux  dents  correspondantes  de  la  mâchoire  que  j'ai 
décrite.  Mais  leur  longueur  est  plus  faible,  caractère  qui  est  surtout 
bien  net  pour  lavant-dernière  molaire  M*,  grâce  à  son  excellent  état 
de  conservation.  La  longueur  inaxima  de  la  couronne  de  cette  dent 
est  en  effet  10mml/2  à  mon  nouvel  échantillon,  tandis  qu'elle  est 
12mm  à  mon  échantillon  de  Tannée  dernière.  Au  lieu  d'être  de  forme 
légèrement  allongée,  comme  à  la  mâchoire  que  j'ai  décrite,  la 
nouvelle  dent  que  j'ai  recueillie  est  donc  aussi  large  que  longue,  ce 
qui  lui  donne  un  aspect  humain  qui  frappe  à  première  vue. 

(1)  dryopithecus  signifie  Singe  de  chêne».  Lartet  (Comptes-rendus,  1856)  a 
choisi  ce  nom  à  cause  de  «  dépots  de  lignites  existants  sur  les  premiers  contreforts 
pyrénéens  »  et  qu'il  croyait,  d'après  leurs  fossiles,  dater  de  l'époque  de  ce  Singe. 
Je  crois  qu'il  s'agit  des  lignites  d'Orignac,  près  de  Bagnères-de-Bigorre,  que 
M.  Boule  a  montre  dernièrement  appartenir  au  Miocène  supérieur. 


1899  NOUVELLES   PIÈCES   DE  DRYOPITHÈQUE  305 

La  dent  correspondante  est  de  forme  un  peu  allongée  à  La  mâchoire 
de  Dryopithèque  décrite  par  Lartet  en  1856  (1)  et  à  celle  étudiée  par 
M.  Gaudry  en  1890  (2).  il  en  est  de  même  des  dents  supposées  de 
Dryopithèque  étudiées  par  M.  Branco,  d'après  l'intéressant  Mémoire 
que  ce  savant  vient  de  publier  (3).  Il  en  est  de  même  aussi  de  la 
dent  correspondante  du  Gorille,  du  Chimpanzé,  de  l'Orang  et  du 
Gibbon.  Pour  trouver  cette  dent  aussi  large  que  longue,  comme 
mon  échantillon,  il  faut  aller  jusqu'à  l'Homme,  et  encore  a-t-elle 
souvent  chez  lui  une  forme  un  peu  allongée. 

11  se  peut  que  cette  brièveté  des  molaires  de  mon  nouveau  Dryo- 
pithèque soit  liée  à  un  raccourcissement  de  son  museau. 

Les  deux  nouvelles  dents  que  j'ai  trouvées  présentent  d'autres 
caractères  intéressants  : 

M-  est  munie,  à  la  partie  tout  à  fait  antérieure  de  sa  face  externe, 
d'un  rudiment  de  bourrelet  basai  qui  se  relève  obliquement  sur  sa 
face  antérieure.  Mais  il  est  tellement  effacé  que  je  ne  l'aurais  pas 
trouvé  si  je  n'avais  soupçonné  son  existence  par  analogie  avec  les 
pièces  déjà  décrites  de  Dryopithèque  de  Saint  Gaudens.  Ce  bourrelet 
basai  est  remplacé  par  une  sorte  de  pointe  interlobaire  qui  barre 
le  pied  de  la  vallée  antérieure.  M3  n'a  aucun  vestige  de  bourrelet  et 
la  pointe  interlobaire  y  est  remplacée  par  un  simple  ressaut  dans 
la  pente  de  la  vallée.  Aux  molaires  inférieures  supposées  de  Dryo- 
pithèque, étudiées  par  M.  Branco,  il  n'y  a  ni  bourrelet  basai,  ni 
pointe  interlobaire  (4).  Chez  le  Gorille,  j'ai  trouvé  exceptionnelle- 
ment tantôt  cette  pointe,  tantôt  ce  ressaut,  mais  bien  plus  réduits. 
Chez  le  Chimpanzé,  je  ne  les  ai  jamais  trouvés. 

Comme  aux  arrière-molaires  de  la  mâchoire  que  j'ai  déjà  décrite, 
les  tubercules  sont  séparés  par  des  vallons  peu  marqués,  contrai- 
rement à  ce  qui  a  lieu  chez  le  Gorille  (5). 

Ma  a  deux  racines  très  longues  —  plus  longues,  en  proportion,  que 
chez  le  Gorille. 

Ma  a  deux  racines  divergentes,  soudées  l'une  à  l'autre  dans  la 
partie  supérieure.  La  plus  antérieure  de  ces  deux  racines  est  aplatie 
longitudinalement  ;  la  postérieure  est  aplatie  transversalement  et 

(1)  Lartet.  C.-R.  Âr.  Se,  28  juillet  1856. 

\2)  Gaudry.  Mémoires  de  Paléontologie  de  la  Soc.  géol.  de  /•>., 1890. 

(3)  Branco.  IHe  m  enschenâhn  lichen  Zâhne  au*  dem  Bonnerz  der  achw&bischen 
Alb,  1898,  p.  43  et  59. 

(4)  Branco.  L.  c.}  p.  00. 

(5)  Ce  fait  a  déjà  été  observé  sur  d'autres  échantillons,  par  M.  Gaudry  (Mém.  de 
Paléontologie  de  la  Soc.  géol.  de  France,,  1890),  et  par  M.  Schlosser  (Die  foasilen 
Aflen.  Archiv.  fur  Anthropologie,  1888). 

18  Août  1899.  —  T.  XXV11.  Bull.  Soc.  Géol.  Fr.  —  20 


306  ÉD.  HARLÉ.  —  NOUVELLES  PIÈCES  DE  DRYOPITHÈQUE  24  Avril 

présente  ainsi  un  grand  développement  dans  le  sens  de  la  longueur 
de  la  dent. 

Les  détails  que  je  viens  de  donner  seront  peut  être  utiles  pour 
établir  la  descendance  du  Dryopithèque  lorsque  les  Singes  anthro- 
pomorphes moins  anciens  seront  mieux  connus. 

Je  profite  de  l'occasion  qui  m'est  offerte  pour  publier,  sur  la  même 
planche  que  ces  deux  dents,  la  mâchoire  qui  a  fait  l'objet  de  ma 
dernière  Note.  Je  crois  devoir  rappeler  les  observations  que  j'ai 
présentées  au  sujet  de  la  symphyse  : 

La  symphyse  manque,  en  partie,  à  cet  échantillon.  Les  traces  de 
sa  cassure  le  long  du  corps  de  la  mâchoire  (visibles  sur  les  figures  2 
et  3)  montrent  que,  eu  arrière,  son  raccordement  avec  le  corps  de 
la  mâchoire  s'étendait  tout  au  plus  jusqu'à  l'aplomb  de  l'extrémité 
antérieure  de  Mi.  Par  suite,  suivant  l'axe  de  la  mâchoire,  la  sym- 
physe cessait  plus  en  avant.  En  outre,  on  reconnaît  (mêmes 
figures)  que  la  paroi  postérieuredu  menton  descendait  brusquement 
jusqu'au  bas  de  la  mâchoire,  dès  l'aplomb  de  la  prémolaire  anté- 
rieure P:i.  A  l'échantillon  de  M.  Gaudry,  la  symphyse  est  beaucoup 
plus  forte  :  elle  se  raccorde  à  l'aplomb  de  l'extrémité  postérieure  de 
Mi  ;  elle  s'arrête,  suivant  Taxe  de  la  mâchoire,  un  peu  en  arrière  de 
l'extrémité  antérieure  de  cette  dent  ;  en  outre,  la  paroi  postérieure 
du  menton  y  reste  sur  un  plan  élevé  jusqu'à  l'aplomb  des  arrière- 
molaires. 

Le  Dryopithèque  de  Saint-Gaudens  avait  donc  bien  plus  de  place 
pour  la  langue  que  celui  décrit  par  M.  Gaudry. 

Chez  TOrang  et  le  Chimpanzé,  la  symphyse  ressemble  à  celle  de 
mon  échantillon.  Il  en  est  de  même  chez  les  Gorilles  femelles  et  chez 
plusieurs  Gorilles  mâles.  Mais  j'ai  vu  quelques  Gorilles  mâles  où 
elle  rappelle  plutôtlasymphyse  de  l'échantillon  étudié  par  M.  Gaudry. 
Ainsi,  à  deux  Gorilles  mâles  du  Muséum  de  Bordeaux  (uOH815et  840), 
la  symphyse  s'étend,  en  arrière,  plus  loin  même  qu'à  la  pièce  de 
M.  Gaudry,  et  la  paroi  postérieure  du  menton  reste  au  niveau  de  la 
base  de  la  couronne  des  dents  jusqu'à  la  prémolaire  postérieure  P*. 

11  semble  donc  que,  somme  toute,  la  symphyse  du  Dryopithèque 
ressemble  à  celle  du  Gorille. 

Le  point  de  la  marnière  où  ont  été  trouvées  les  deux  nouvelles 
dents  est  fort  éloigné  de  celui  où  l'on  a  recueilli  la  mâchoire  que 
j'ai  décrite  l'année  dernière.  Leur  distance  est  en  effet  150  mètres. 
Et  cependant,  leur  niveau  est  le  même  :  385  mètres  d'altitude.  L'on 
n'a  pas  noté,  que  je  sache,  où  ont  été  découverts  les  restes  de 


1899  KT  QUELQUES  COQUILLES,    DE  SAJNT-GAUDEN8  307 

Dryopithèque  décrits  en  1856,  par  Lartet,  et  en  1890,  par  M.  Gaudry. 
A  défaut  de  ce  renseignement,  l'on  peut  supposer,  d'après  mes 
échantillons,  que  la  couche  horizontale  de  marne  d'altitude  385 
mètres  constitue,  à  Saint-Gaudens,  le  niveau  à  Dryopithèque. 

Le  lait  que,  ayant  commencé  mes  recherches  à  Saint  Gaudeus,  il 
y  a  un  an  seulement,  j'ai  pu  cependant  y  recueillir  des  restes  de  deux 
Dryopithèques,  me  fait  penser  que  les  restes  de  ce  Singe  si  inté- 
ressant ne  sont  pas  très  rares  dans  ce  gisement.  Les  deux  seules 
découvertes  faites  jusque-là,  en  1856  et  en  1890,  pouvaient  faire 
supposer  le  contraire. 

M.  Rixens  m'a  procuré  dernièrement  une  troisième  arrière- 
molaire  supérieure  de  Cervidé  trouvée  à  un  niveau  de  20  mètres 
inférieur  à  celui  du  Dryopithèque.  Elle  ressemble  beaucoup  à  celle 
du  Daim  actuel  et  diffère  ainsi,  par  des  caractères  importants  et 
modernes,  de  celle  des  Cervidés  de  Sansan.  Elle  parait  provenir 
d'un  Cervidé  de  même  espèce  que  celui  que  j'ai  signalé  dans  le 
gisement  miocène  supérieur  de  Montréjeau  (B.  S.  G.  F.,  1897,  p.  902). 

J'ai  recueilli,  au  point  d'où  provient  la  mâchoire  que  j'ai  décrite, 
une  pièce  du  plastron  d'une  Tortue  dont  la  carapace  devait  avoir  uu 
peu  moins  de  vingt  centimètres  de  longueur. 

J'ai  aussi  recueilli,  au  même  point,  plusieurs  coquilles  et  emprein- 
tes de  coquilles.  Je  les  ai  communiquées  à  M.  le  DrBoettger,  de  Franc- 
(ort-sur-le  Mein.  Répondant  à  mes  questions,  ce  savant  a  eu  l'obli- 
geance de  m'envoyer  les  renseignements  que  voici.  Mais  je  dois 
tout  d'abord  appeler  l'attention  sur  ce  que,  suivant  les  idées  alle- 
mandes, M.  Boettger  fait  commencer  le  Miocène  supérieur  plus  tôt 
qu'on  ne  le  fait  en  France  et  attribue,  par  suite,  au  Miocène  supé- 
rieur des  couches  que  nous  classons  dans  le  Miocène  moyen. 

Je  traduis  : 

Les  coquilles  que  vous  m'avez  envoyées»  sont  des  Unio,  de  trois  espèces,  qui 
appartiennent  au  groupe  de  VU  nia  flabellatus  Goldf.,  groupe  très  répandu  dans 
le  Miocène  supérieur,  mais  dont  je  ne  connais  qu'une  seule  espèce  dans  le  Pliocène 
inférieur. 

L'échantillon  N"  1  est  un  Unio  subtrigonus  Noulet  (Noulet  :  Mom.  sur  quelques 
coquilles  fossiles  nouvelles,  dans  Mém.  de  l'Acad.  des  Se.  de  Toulouse,  1846,  p.  234 
et  pi.  III,  fig.  2-3). 

L'échantillon  .V  t  est  très  probablement  un  Unio  stricteplicalus  Noulet  (Le., 
p.  235,  pi.  II,  tig.  2.  —  Noulet  a  écrit  strictiplicalus,  ce  qui  est  moins  correct). 

L'échantillon  N°  3  appartient  à  une  espèce  qui  ne  me  parait  pas  avoir  été  décrite. 

Les  échantillons  qui  ont  servi  à  Noulet  pour  créer  les  espèces  U.  subtrigonus 
et  L.  slricleplicatus  provenaient  de  Laymont  et  de  Le  Planté  et,  en  outre,  pour 
la  première  espèce,  de  Lahas  et,  pour  la  seconde,  de  Le  Pin,  localités  toutes  situées 
dans  le  département  du  Gers,  sauf  la  dernière,  qui  est  dans  la  Haute-Garonne. 


308  ÉD.  HARLÉ.  —  NOUVELLES  PIÈCES  DE  DRYOP1THÈQUE  24  Avril 

Nous  pouvons  donc  admettre  que  le  gisement  de  Saint-Gaudens  est  du  même 
âge  que  ceux  de  La  y  m  ont,  Le  Planté,  Lahas  et  Le  Pin  (donc  à  peu  près  contem- 
porains de  Simorre).  En  Allemagne,  appartiennent  à  cet  âge  :  les  couches  do 
Pfrungen,  Pflummern,  Blinzhofen,  près  Ehingcn,  et  Fischbach,  près  Biberach 
(Wurtemberg)  ;  Gûnzburg,  Reis«iiburg,  Hâder,  Kutzenhausen,  Sand,  près  Din- 
kelscherben,  Landestrost  et  Dillingen,  près  A ugsburg  (Bavière);  Dcttighofen,  près 
Thlengen,  etOcningen  et  Engels wies,  près  Môsskirch  (  Bade).  En  Suisse  :  Schotzburg, 
Berlingen,  Stein-am-Rlioin  (canton  de  Thurgovie),  Littenhaid,  près  Wyla,  Hôdin- 
gen,  Kâpfnach  et  Schwammendingen  (canton  de  Zurich),  Sitteswald  (canton  de 
Saint-Gall),  Kilchberg  (canton  de  Bâle)  et  Kloster  Mûri  et  Schloss  Riid  (canton 
d'Argovie),  ainsi  que  Vermes,  près  Délémont  (canton  de  Berne). 

Nous  avons  donc  à  peu  près  la  succession  que  voici  : 

Miocène  moyen 

Da* 

Marnes  bieues  de  Saint-Jean-de-Marsac  et  de  Saubrigues.  Falun  de  Moulin  de 
Cabanne,  près  Dax. 
Haut.  Sansan  (étage  supérieur  du  Miocène  moyen). 

Miocène  supérieur 

Bas.    1.  Selssan,  Ornezan. 

t.  Laymont,  Lahas,  Saint-Gaudens  (couches  à  Umo  flabellatus  Goldf.  H 
espèces  du  même  groupe  et  à  M  étant  a  escheri  Brongn.  var.  aqui- 
tanica  Noulet). 

3.  Simorre. 

4.  Dans  l'est  de  l'Europe,  couches  sarmatiques  à  Potamides  p ictus  et 

rubiginosus.  Manquent  dans  le  sud-ouest  de  la  France. 
Haut.  5.  Orignac  —  Eppelsheim. 

Pliocène  inférieur 

Manque  dans  le  sud-ouest  de  la  France. 

Je  crois  donc  que  le  gisement  de  Saint-Gaudens  est  un  peu  plus   ancien  que 
l'étage  de  Simorre.  Quoi  qu'il  en  soit,  il  est  certain  que  : 
Saint-Gaudens  —  Laymont,  Lahas  —  Pfrungen,  Pflummern,  etc. 

Le  gisement  à  Dryopithèque  de  Saint-Gaudens  étant,  d'après 
M.  Boettger,  contemporain  des  couches  où  Noulet  a  recueilli  les 
Unio  subtiHgonus  et  stricteplicatus  à  Laymont,  Le  Planté  et  Lahas 
(Gers)  et  à  Le  Pin  (Haute-Garonne,  à  1  kil.  seulement  de  la  limite 
du  Gers),  il  serait  intéressant  de  rechercher  directement  à  quel  étage 
appartiennent  ces  couches.  Ce  problème  semble  facile  à  résoudre, 
étant  donné  que,  d'après  M.  Jacquot  (1)  et  M.  Depéret  (2),  la  limite 
supérieure  de  l'étage  de  Sansan,  inférieure  de  l'étage  de  Simorre, 
est  partout,  dans  le  Gers,  à  l'altitude  230  m.  ou  à  une  altitude  très 
voisine.  11  suffit  donc,  semble  t-il,  de  définir  les  altitudes  de  ces 

(1)  Description  géol.,  etc.,  du  département  du  Gers,  1870. 

(2)  B.  S.  G.  F.,  20  novembre  1893. 


1899  ET  QUELQUES  COQUILLES,    DR  SAINT-GAUDENS  309 

couches  et  de  voir  si  elles  sont  notablement  supérieures  ou  infé- 
rieures à  230  m.  Malheureusement,  Noulet  n'a  donné  aucune  autre 
indication  sur  ces  gisements  que  les  noms  de  villages  ci-dessus. 
Ces  villages  sont  dans  un  pays  de  coteaux  accidentés  et  les  altitudes, 
aux  environs,  varient  de  beaucoup  plus  de  230  m.  à  beaucoup  moins 
que  cette  cote.  Ainsi,  le  village  de  Laymont  est  bâti  sur  un  sommet 
de  coteau  à  l'altitude  311  m.  ;  mais,  à  1  kil.  seulement  de  distance, 
un  fond  de  vallée  descend  à  183  m.  Les  étiquettes  de  ceux  des 
échantillons  de  la  collection  de  Noulet  que  j'ai  vus  ne  renseignent 
pas  davantage.  La  même  incertitude  existe  pour  les  autres  gise- 
ments à  Unio.  Tout  au  plus,  de  l'affirmation  générale  du  Mémoire 
de  Noulet,  que  ses  Unio  ont  été  recueillis,  le  plus  souvent,  sur  les 
sommets,  peut-on  induire  que  ceux  dont  il  s'agit  proviennent  des 
altitudes  approximatives  311  m.  (Laymont),  278  m.  (Saint-Lizier- 
du-Planté,  à  défaut  de  Le  Planté  qui  ne  ligure  ni  sur  la  carte  d'État- 
Major,  ni  sur  celle  de  Cassini),  273  m.  (Lahas),  320  m.  (Le  Pin), 
c'est-à-dire  d'altitudes  supérieures  à  celle  de  230  m.  où  se  trouve 
le  passage  de  l'étage  de  Sansan  à  celui  de  Simorre. 

Je  rappelle  que,  dans  ma  Note  précédente,  j'avais  conclu  de 
plusieurs  Mammifères  découverts  à  Saint-Gaudens  (Dinotherium, 
Sus)  et  de  considérations  stratigraphiques,  que  ce  gisement  appar- 
tient à  l'époque  de  Simorre  et  même  à  la  fin  de  cette  époque.  Cette 
conclusion  est  accentuée  par  la  découverte  à  Saint-Gaudens,  que  je 
viens  de  signaler,  d'une  molaire  de  Cervidé  ressemblant  à  la  dent 
correspondante  du  Daim  actuel.  Les  Mollusques  de  Saint-Gaudens 
conduisent,  au  contraire,  M.  Boettger  à  considérer  ce  gisement 
comme  intermédiaire  entre  Sansan  et  Simorre  et,  par  conséquent, 
comme  un  peu  plus  ancien  que  je  n'avais  cru.  On  peut  donc  suppo- 
ser que  la  faune  des  Mammifères  et  celle  des  Mollusques  ne  se  sont 
pas  modifiées  tout  à  fait  en  môme  temps  et  que  la  seconde  a  été 
plus  lente  à  changer. 

M.  Boettger  a  bien  voulu  me  donner  aussi  le  renseignement 
suivant  : 

Le  groupe  fossile  do  VUnio  flabcllatus  Gold.  est  le  précurseur  du  groupe  de 
l'Amérique  du  Nord  Unio  verrucoaus  Rafln,  encore  vivant. 

Par  analogie  avec  les  espèces  voisines  actuellement  vivantes,  on  doit  admettre 
que  vos  Unio  ont  vécu  dans  un  lac  à  eaux  pauvres  en  calcaire,  ou  bien  dans  le 
delta  ou  l'eau  dormante  d'un  grand  fleuve  à  courant  presque  insensible.  Aucun  de 
vos  échantillons  ne  peut  guère  être  considéré  comme  une  forme  réellement 
fluviatile. 


310  ÉD.  HARLÉ.  —  NOUVELLES  PIÈCES  DE  DRYOPITHÈQUE  2i  Avril 

Une  couche  de  cailloux  de  quartz,  granité,  etc.,  dont  le  plus  volu- 
mineux n'est  pas  gros  comme  la  moitié  d'un  œuf,  se  trouve  à  un 
mètre  ou  deux  en  contrebas  du  point  où  ont  été  trouvées  la  mâchoire 
de  Dryopithèque  et  les  coquilles.  Elle  indique  l'existence  d'un  cours 
d'eau  en  ce  point  au  temps  du  Dryopithèque.  Mais  le  régime  de  ce 
cours  d'eau  devait  bien  différer  de  celui  de  la  Garonne  dont  les 
alluvions  anciennes  et  actuelles  contiennent,  à  Saint  Gaudens, 
d'énormes  cailloux  :  ainsi,  par  exemple,  dans  la  plaine  inférieure, 
au  pied  de  la  marnière,  mais  sur  l'autre  rive,  un  caillou  de  quartz  de 
1/5  de  mètre  cube. 

Tous  les  cours  d'eau  miocènes  de  cette  région  n'ont  charrié  que 
de  petits  cailloux. 


EXPLICATION  DE  LA  PLANCHE  IV 

Fig.  1-2-3.  —  Portion  gauche  d'une  mâchoire  inférieure  d'un  Dryopithèque.  — 
Fig.  1,  vue  suivant  sa  face  externe.  Fig.  2,  vue  suivant  sa  face  interne.  Fig.  3,  vue 
en  plan,  un  peu  inclinée  vers  l'extérieur.  G,  canine;  P.«,  Pi,  prémolaires  ;  Mi,  M*,  M^, 
arrière-molaires;  ac,  fond  de  l'alvéole  de  la  racine  de  la  canine  droite. 

La  cassure  de  la  symphyse  a  été  légèrement  teintée  à  l'encre  de  chine  pour  la 
faire  mieux  paraître.  On  remarquera  que  la  paroi  postérieure  du  menton  descen- 
dait brusquement  jusqu'au  bas  de  la  mâchoire  dès  l'aplomb  de  la  prémolaire 
antérieure  Pt  et  que.  en  arrière,  son  raccordement  avec  le  corps  de  la  mâchoire 
s'étendait,  tout  au  plus,  jusqu'à  l'aplomb  de  l'extrémité  antérieure  de  la  première 
arrière-molaire  Mi. 

Fig.  4-5  et  6-7.  —  Deux  arrière-molaires  inférieures  droites  d'un  Dryopithèque. 
—  Fig.  4,  l'avant -dernière  M*,  vue  en  plan.  Fig.  5,  la  même,  vue  suivant  sa  face 
externe. 

On  remarquera  que  cette  dent  est  aussi  large  que  longue. 

Fig.  6,  la  dernière  arrière-molaire  Mj,  vue  en  plan.  Fig.  7,  la  même,  vue  suivant 
sa  face  interne. 


1899  311 


SUR  LE  TRIAS  DES  ENVIRONS  DE  ROUGIERS 
ET  SES  RELATIONS  AVEC  LA  ROCHE  ÉRUPTIVE 

DE  CETTE   RÉGION 

par    M.    i.    REPELIN. 

(Planche  Y). 

Le  Muschelkalk  occupe  en  Provence  des  étendues  considérables 
aux  environs  de  Rougiers  et  de  Saint-Maxiniin.  Son  aspect  est  assez 
uniforme,  c'est  un  ensemble  formé  par  des  calcaires  durs  gris 
bleuâtres  presque  noirs  et  généralement  couverts  de  taches  noi- 
râtres, et  des  calcaires  moins  durs  marneux  gris  clair  contenant 
plus  spécialement  les  fossiles.  Les  calcaires  noirâtres  sont  souvent 
cargneuliformes  et  des  intercalations  dolomitiques  se  montreut  à 
divers  niveaux.  Ce  faciès  est  très  constant,  aussi  ai-je  été  fortement 
surpris  lorsque,  dans  uue  excursion  que  j'avais  l'honneur  de  faire 
avec  lui,  M.  Marcel  Bertrand  me  montra,  reposant  sur  le  basalte  de 
Rougiers,  un  horizon  spécial  du  Trias  d'un  aspect  tout  à  fait  inusité 
et  dans  les  strates  duquel  il  avait  observé  des  traces  de  bivalves  et 
de  Gastéropodes.  Après  de  minutieuses  recherches,  j'ai  eu  la  bonne 
fortune  de  trouver,  indépendamment  des  bivalves,  généralement 
frustes,  de  bons  exemplaires  des  Gastéropodes  qui  appartiennent 
aux  genres  créés  par  Kittl,  Koken,  Bolun,  pour  les  Gastéropodes  du 
Muschelkalk  de  l'Autriche,  de  l'Allemagne  et  de  l'Alsace-Lorraine. 
M.  Vasseur  avait  observé  en  certains  points  des  traces  de  Gasté- 
ropodes et  de  petits  bivalves  dans  le  calcaire  dur  du  Muschelkalk, 
mais  l'état  de  conservation  de  ces  fossiles,  qui  n'apparaissent  géné- 
ralement qu'en  section,  ne  permettait  pas  de  détermination. 

Dans  les  couches  de  Rougiers,  au  contraire,  les  fossiles,  lorsqu'ils 
sont  entiers,  peuvent  être  assez  facilement  dégagés  de  leur  gangue. 

Sur  les  conseils  de  M.  Marcel  Bertrand  j'ai  étudié  avec  soin  : 
1°  La  roche  triasique  et  ses  relations  avec  la  roche  éruptive  de 
Rougiers;  2°  La  faune  de  ce  niveau  du  Muschelkalk. 

1°  L'affleurement  très  restreint  des  couches  fossilifères  se  montre 
interstratifié  entre  un  tuf  feldspatbique  directement  eu  contact  avec 
le  basalte  et  les  bancs  compacts  du  Muschelkalk  à  facièsnormal, 


312        REPELIN.  —  SUR  LE  TRIAS  DES  ENVIRONS  DE  ROUQIERS       24  Avril 

contenant  Cœnothyris  vulgaris.  C'est  une  véritable  lumachelle 
formée  de  débris  de  bivalves  et  de  Gastéropodes  à  lest  blanc  englo- 
bant en  outre  d'innombrables  débris  d'une  roche  éruptive  altérée. 
Je  crus  y  reconnaître  des  débris  de  la  roche  éruptive  à  péridot  de 
Rougiers,  mais  pour  plus  de  sûreté  j'envoyai  quelques  échantillons 
à  M.  Marcel  Bertrand.  M.  Michel  Lévy,  qui  a  bien  voulu  les  examiner, 
a  reconnu  dans  ces  débris  altérés  la  présence  du  péridot,  il  ne 
semble  donc  pas  douteux  qu'ils  appartiennent  au  basalte  de 
Rougiers.  Malgré  l'aspect  moderne  du  basalte,  je  crus  d'abord  avoir 
affaire  à  un  remaniement  et  je  n'hésitais  pas  à  considérer  la  roche 
éruptive  comme  antétriasique.  Les  raisons  étaient  que  les  morceaux 
de  roche  éruptive,  loin  d'être  anguleux  comme  ceux  que  l'on  trouve, 
par  exemple,  dans  les  calcaires  aquitaniens  de  l'Auvergne,  avaient 
une  apparence  roulée.  J'étais  surpris  en  outre  de  voir  un  faciès 
spécial  que  je  croyais  localisé  en  ce  point  et  que  je  considérais 
comme  littoral.  L'état  de  conservation  remarquable  de  certains 
fossiles  militait  aussi  en  faveur  de  cette  hypothèse,  ainsi  que  la 
situation  des  bancs  de  lumachelle  légèrement  relevés  sur  le  basalte. 

J'avais  constaté  également  des  débris  de  roche  éruptive  dans 
l'intérieur  même  de  certaines  coquilles  fossiles  et  j'attachais  une 
certaine  importance  à  ce  fait.  Il  faut  ajouter  encore  que  je  n'avais 
vu  en  aucun  point  le  basalte  superposé  au  Trias. 

M.  Marcel  Bertrand,  à  qui  je  communiquai  mes  impressions, 
me  rappela  les  pépérites  d'Auvergne  et  les  longues  discussions 
auxquelles  elles  avaient  donné  lieu.  11  me  signala  en  outre  deux 
affleurements  de  couches  probablement  analogues  à  celles  de 
Rougiers,  l'un  sur  la  route  de  Tourves  à  Bras,  l'autre  à  peu  de 
distance  du  précédent  au  sud  de  la  ferme  du  grand  Valbelle.  Les 
observations  que  j'ai  faites  dans  cette  région  ont  modifié  complè- 
tement mon  opinion  première.  J'ai  trouvé,  en  effet,  la  plus  frap- 
pante analogie  entre  ces  affleurements  et  ceux  de  Rougiers.  Les 
débris  inclus  dans  le  Trias  sont  aussi  abondants  qu'à  Rougiers,  ils 
sont  tous  altérés  mais  reconnaissables.  Ainsi  les  couches  à  débris 
basaltiques  ne  sont  pas  spéciales  à  Rougiers,  elles  ne  représentent 
pas  un  faciès  local,  littoral,  puisque  les  lambeaux  sont  distants  de 
plus  de  8  kil.  Des  observations  plus  précises  à  Rougiers  m'ont 
permis  en  outre  de  constater  que  le  basalte  n'est  pas  recouvert,  sur 
tout  le  pourtour  de  l'affleurement,  par  le  Trias,  mais  qu'au  contraire, 
dans  la  partie  S.-E.,  il  repose  sur  les  dolomies  triasiques.  Enfin,  et 
cette  observation  est  des  plus  importantes,  j'ai  pu  m 'assurer  que  ces 
dolomies,  non  loin  de  là,  présentent  des  phénomènes  d'altération 


1899      ET  SES  RELATIONS  AVEC  LA  ROCHE  ÉRUPTIVE  DE  CETTE  RÉGION      313 

manifestes  et  qu'elles  renferment,  comme  les  calcaires  du  côté 
ouest,  des  débris  de  la  roche  éruptive.  Ces  faits  ne  peuvent  s'expli- 
quer ni  par  le  remaniement  ni  par  une  pluie  de  cendres  contem- 
poraine du  dépôt.  Il  est  à  remarquer,  en  outre,  que  l'altération 
même  du  basalte  inclus  est  uue  preuve  en  faveur  des  inclusions. 

On  se  trouve  donc  là  en  présence  d'un  phénomène  analogue  aux 
pépérites  et  il  ne  me  paraît  pas  douteux  maintenant  que  les  débris 
de  basalte  que  l'on  observe  dans  le  Trias  et  qui  atteignent  parfois 
la  grosseur  du  poing,  sont  dus  à  des  intrusions.  Je  ne  puis 
m'expliquer  l'extension  de  ce  phénomène  que  par  la  présence 
d'une  nappe  épanchée  au  sein  même  des  sédiments  triasiques  et 
dont  le  pointement  de  Rougiers  n'est  qu'une  dépendance.  C'est  là 
une  première  conclusion  à  tirer  des  études  précédentes.  Une  autre 
est  relative  à  l'âge  des  couches  qui  affleurent  sur  la  route  de  Tourves 
et  près  de  Valbelle.  Leur  identité  avec  celles  de  Rougiers  permet  de 
les  classer  dans  le  même  horizon  géologique.  Quant  à  préciser  cet 
horizon,  c'est  un  point  assez  difficile.  La  faune  de  Gastéropodes  de 
Rougiers  se  trouve,  en  effet,  aussi  bien  dans  le  Wellenkalk  que 
dans  le  Muschelkalk  proprement  dit  (1).  Quelques  fragments  de 
Cératites  que  jai  eu  la  bonne  fortune  de  trouver  associés  aux  Gasté- 
ropodes dans  la  lumachelle,  et  que  M.  Haug  a  bien  voulu  examiner, 
tendraient  à  lui  faire  considérer  ces  couches  comme  appartenant  au 
Muschelkalk  proprement  dit.  Quoi  qu'il  en  soit,  les  couches  des 
environs  du  grand  Valbelle  doivent  être  rangées  dans  le  Norien 
(Muschelkalk)  et  non  dans  le  Werfénien,  comme  l'indique  la  carte 
géologique. 

Eu  fin  une  dernière  conclusion,  d'un  intérêt  plus  général,  est  que 
la  constatation  d'un  phénomène  analogue  aux  pépérites  d'Auvergne, 
et  dont  la  nature  parait  ici  bien  démontrée,  est  un  argument 
important  en  faveur  de  l'hypothèse  des  brèches  (iloniennes,  pour 
les  inclusions  de  basalte  dans  les  calcaires  de  la  Limagne. 

2°  Faune.  —  Le  gisement  fossilifère  est  très  intéressant,  c'est  le 
seul  point  où  le  Muschelkalk  présente  cette  petite  faunule  dans  des 
conditions  qui  permettent  de  l'étudier.  Les  échantillons  sont  assez 
nombreux,  mais  le  nombre  des  espèces  est  très  restreint.  Avant  de 
les  étudier  je  tiens  à  faire  remarquer  combien  est  grande  l'unifor- 
mité de  la  faune  triasique,  à  l'exception  des  formes  de  Céphalo- 
podes propres  au  Trias  alpin.  On  trouve,  en  effet,  cette  faune  à 

(I)  Je  dois  ce  renseignement,  ainsi  que  d'autres  relatifs  aux  publications  alle- 
mandes sur  les  faunes  de  Gastéropodes  triasiques,  à  M.  Haug;  je  le  prie  d'accepter 
mes  remerciements. 


314        REPEL1N.  —  SUR  LE  TRIAS  DES  ENVIRONS  DE  ROUGIERS       24  Avril 

Undularia  et  Marmolatella  aussi  bien  dans  les  Alpes  du  Trentin, 
c'est  à-dire  dans  la  province  méditerranéenne,  que  dans  le  Trias 
extra  alpin  et,  dans  ce  dernier,  aussi  bien  au  nord  qu'au  sud,  en 
Alsace- Lorraine  et  en  Provence.  J'ai  distiugué  dans  la  faune  de 
Rougiers  quatre  espèces  appartenant  au  genre  Undularia,  une  Holo- 
gyra,  trois  espaces  de  Marmolatella  et  trois  formes  appartenant  aux 
genres  Arcomya,  Gonodun  et  Lima. 

Indépendamment  de  ces  types  de  Gastéropodes  et  de  Lamelli- 
branches, j'ai  à  signaler  les  frigments  de  Cératiles  que  M.  Haug  a 
examinés  et  qu'il  rattache  au  groupe  du  C.  nodosus.  Ils  présentent, 
en  effet,  comme  ce  savant  me  l'a  fait  remarquer,  beaucoup  de 
rapports  avec  certaines  formes  décrites  par  Toroquist  (1).  L'un 
montre  des  tours  très  embrassants  et  porte  des  tubercules  ombi- 
licaux très  développés  ainsi  que  deux  rangées  de  tubercules 
ventraux  allongés  parallèlement  à  l'enroulement.  L'autre,  plus 
comprimé  que  le  précédent,  possède  un  grand  nombre  de  lobes  et 
de  selles. 

G.  Undularia 

J'ai  rapporté  au  genre  Undularia  de  Koken  (2)  quatre  fossiles  eu 
bon  état  de  conservation  et  dont  l'un  au  moius,  celui  qui  est  orné 
de  côtes  sinueuses  normales  à  la  ligne  de  suture,  correspond 
exactement  à  la  diagnose  de  ce  genre  donnée  par  Koken  pour 
Turritella  excatata  et  scalata  Schloth.  Chez  les  trois  autres  les  orne- 
ments font  défaut,  mais  l'ouverture  buccale  présente  absolument  les 
caractères  de  ce  genre  et  la  forme  générale  est  identique  à  celle  de 
l'exemplaire  orné  de  côtes,  et  rappelle  certainement  aussi  celle  des 
Turritelles.  La  coquille  est  allongée,  subulée,  les  tours  sont  plats, 
à  peine  infléchis  vers  la  ligne  suturale,  la  bouche  est  ovale  ou 
suhquadrangulaire,  non  dentée,  il  n'y  a  pas  d'ombilic  visible. 

Undularia  Bertrandi  n.  sp,  lig.  3. 

Cette  espèce  est  remarquable  par  la  netteté  de  ses  ornements  qui 
sont  visibles  sur  tous  les  tours.  Dans  certains  exemplaires  les 
premiers  tours  eux-mêmes  ont  des  sillons  transversaux  sinueux 
aussi  accentués  que  les  derniers.  Elle  a  quelques  rapports  avec 
Und.  loxonemoides  de  Kittl.,  mais  les  sillons  sont  bien  plus  nets, 
plus  profonds  et  moins  nombreux  par  tour.  Les  tours  sont  aussi 

(1)  Zeitschrift  d.  D.  geol.  Gesellsch.,  1897,  n°  2. 

(g)  Je  tiens  à  remercier  M.  le  Dr  Hagenmuller,  à  qui  je  dois  la  traduction  des 
ouvrages  allemands  qui  m'ont  été  nécessaires  pour  ce  travail. 


1899      ET  SES  RELATIONS  AVEC  LA  ROCHE  ÉRUPTIVE  DE  CETTE  RÉGION      315 

plus  hauts  et  moins  nombreux.  La  bouche  est  subquadraugulaire 
à  angles  émoussés. 

Undularia  obtusa  d.  sp.,  fig.  1. 

Cette  espèce  de  petite  taille  se  distingue  facilement  des  autres  par 
ses  tours  légèrement  bombés,  ce  qui  lui  donne  un  aspect  un  peu 
plus  scalariforme.  La  bouche  est  ovalaire  comme  dans  la  plupart 
des  Undularia.  On  trouve  aussi,  mais  plus  obtuse,  la  carène  du 
dernier  tour  qui  donne  dans  certaines  formes,  comme  Und  Bertrandi 
et  Und.  loxonemoides,  un  aspect  subquadrangulaire  à  l'ouverture 
buccale.  Ici  cette  carène  se  termine  très  atténuée  au  bord  buccal 
sans  modifier  la  forme  ovalaire  de  la  bouche. 

Undularia  simplex  n.  sp.,  fig.  4. 

Cette  forme,  plus  grande  que  toutes  les  autres  du  même  gisement, 
correspond  exactement,  sous  tous  les  rapports,  à  la  description  du 
genre,  excepté  au  point  de  vue  des  ornements.  Elle  est,  en  effet, 
absolument  lisse.  11  faut  ajouter  aussi  que  la  partie  carénée  des 
tours  est  très  nette  et  que  la  bouche  est  presque  arrondie. 

Undularia  exigua  n.  sp.,  fig.  8. 

Très  petite  espèce,  qui  se  distingue  de  suite  des  autres  par  sa 
taille  ;  elle  présente  en  outre  une  callosité  sur  la  partie  interne  du 
bord  buccal.  Les  tours  sont  très  peu  nombreux,  on  en  compte  trois, 
mais  le  quatrième,  ou  plutôt  le  premier,  doit  avoir  disparu. 

G.  Hologyra  Koken. 

Ce  genre  est  voisin  de  Naticopsis  et  par  conséquent  de  Marmola- 
tella.  Le  principal  caractère  différentiel  est  la  présence  d'un  sillon 
longitudinal  près  du  bord  de  la  suture  des  tours.  Ce  genre  est  repré- 
senté par  une  jolie  petite  espèce  que  j'ai  dédiée  à  mon  maître 
M.  Vasseur.  Les  caractères  du  genre  créé  par  Koken  sont  des  plus 
nets.  La  forme  appartient  au  groupe  des  Hologyra  carinata  de 
Koken. 

Hologyra  Vasseuri  n.  sp.,  fig.  5. 

La  coquille  est  naticiforme,  épaisse  et  à  spire  très  courte,  la 
bouche  est  ovalaire,  peu  allongée  de  haut  en  bas,  la  callosité  colu- 
mellaire  est  très  épaisse  et  masque  presque  complètement  l'enfon- 


316        RKPEUN.  —  SUR  LE  TRIAS  DBS  ENVIRONS  DE  ROUGIERS       24  Avril 

cernent  columellaire,  le  test  est  absolument  lisse.  L'opercule  m'est 
inconnu. 

Cette  forme  rappelle  un  peu  Hologyra  Ogilvia>  Koken,  mais  elle 
s'en  distingue  très  nettement  par  l'aplatissement  presque  complet 
delà  spire,  l'épanouissement  de  l'ouverture  buccale  et  surtout  par 
le  sillon  longitudinal  que  portent  les  tours  près  de  la  suture.  De 
plus,  la  carène  qui  borde  ce  sillon  est  absolument  lisse  comme  le 
reste  de  la  coquille  et  ne  porte  pas  de  tubercules. 

G.  Marmolatella  Kittl. 

Ce  genre  est  représenté  par  quatre  espèces  ayant  des  caractères 
généraux  qui  les  rapprochent,  mais  dont  trois  au  moins  sont  bien 
distinctes.  Les  tours  internes  ne  sont  pas  résorbés.  J'ai  pu  m'en 
rendre  compte  dans  plusieurs  coupes  faites  dans  des  échantillons 
de  Af.  Rougieri. 

Marmolatella  Rougieri  n.  sp.,  fig.  2. 

Cette  espèce  est  assez  voisine  des  M.  cf.  complanata  de  Stoppa  ni 
in  Bôhra  (1)  et  de  \f.  picta,  mais  elle  s'en  distingue  par  l'absence 
d'épanouissement  de  l'ouverture  buccale  et  la  longueur  un  peu  plus 
grande  de  la  spire.  De  plus  la  callosité  columellaire  couvre  complè- 
tement l'enfoncement  columellaire,  et  cette  callosité  très  nette, 
mais  obtuse,  n'atteint  le  bord  buccal  ni  eu  haut,  ni  en  bas.  Les 
mêmes  caractères  la  distinguent  également  de  M.  planoconvexa  de 
Kittl.  Les  exemplaires  que  j'ai  recueillis  ne  m'ont  jamais  montré 
de  stries  à  la  surface. 

Marmolatella  cf.  Rougieri  n.  sp.,  fi  g.  10. 

Cette  espèce  se  distingue  à  peine  de  la  précédente  par  sa  forme 
un  peu  plus  globuleuse,  l'aplatissement  presque  complet  de  la 
spire,  et  l'élargissement  plus  considérable  du  bord  labial. 

Marmolatella  cf.  Rougieri  n.  sp.,  fig.  11. 

J'ai  recueilli  quelques  formes  qui  paraissent  un  peu  différentes 
de  la  précédente  par  l'aplatissement  encore  plus  grand  de  la  partie 
interne  du  dernier  tour  et  l'allongement  du  bord  buccal,  comme 
l'indique  la  ûgure  11.  Elles  appartiennent  ou  à  cette  espèce  ou  à 
M.  planoconvexa  de  Kittl.,  mais  à  cause  de  leurs  petites  dimensions 
je  crois  devoir  les  réunir  plutôt  avec  M.  cf.  Rougieri,  Il  serait 
possible  que  l'on  eut  affaire  à  des  M.  planoconvexa  jeunes. 

(1)  Palxontographica,  Bd.  XL1I,  Planche  XI. 


1899      ET  SES  RELATIONS  AVEC  LA  ROCHE  ÉRUPTIYE  DE  CETTE  RÉGION      317 

Marmolatella  minima  n.  sp.,  fig.  7. 

Cette  espèce  se  distingue  facilement  des  autres  par  l'absence  de 
callosité  columellaire  et  la  forme  conique  de  la  spire.  11  faut  ajouter 
que  la  bouche  est  aussi  bien  moins  épanouie  et  d'ailleurs  la  taille 
ne  permet  pas  de  confusion. 

G.  Arcomya  Ag.,  1842. 

Je  crois  pouvoir  rapporter  au  genre  Arcomya  un  Lamellibranche 
à  coquille  équivalve  non  dentée  que  j'ai  figuré  (fig.  9). 

Arcomya  sp.,  tig.  9. 

Coquille  équivalve  à  contour  subhexagonal.  Côté  anal  plus  déve- 
loppé que  le  côté  buccal.  Côté  anal  parcouru  en  travers  par  une 
carène  obtuse.  Pas  de  dents  cardinales.  La  coquille  est  ornée  de 
stries  assez  irrégulièrement  disposées  et  peu  accusées. 

Ces  formes  sont  rarement  en  bon  état  de  conservation. 

G.  Gonodon?  sp.  indét.,  fig.  6. 

Je  rapporte  avec  doute  au  genre  Gonodon  une  forme  qui  se 
rapproche  un  peu  des  espèces  de  ce  genre  décrites  par  Bôhm  dans 
le  Paleontographicn.  Cette  coquille,  qui  rappelle  par  sa  forme  géné- 
rale les  Corbis  et  les  As  tarte,  est  peu  abondante.  Elle  est  ornée  de 
sillons  concentriques  et  l'on  y  voit  également  des  traces  de  stries 
parallèles  aux  sillons,  le  crochet  est  très  élevé  et  tourné  en  avant. 

G.  Lima 

Ce  genre  est  représenté  par  une  forme  de  petite  taille,  un  centim. 
environ,  dont  l'état  de  conservation  laisse  trop  à  désirer  pour 
permettre  une  description. 


318  24  Avril 


NOTE  SUR  UN  BOIS  DE  VIGNE  DES  CINÉRITES  DU  CANTAL 


par  M.  P.  FLICHE. 


Parmi  les  échantillons  de  fossiles  végétaux  provenant  des  Ciné- 
rites  du  Cantal,  que  l'Ecole  supérieure  des  Mines  a  reçus  récemment, 
se  trouve  un  fragment  de  charbon,  encore  en  partie  engagé  dans  la 
roche  encaissante.  M.  Zeiller.  qui  l'a  trouvé  avec  M.  Marty,  au  cours 
de  fouilles  entreprises  par  celui  ci,  au  Pas  de  la  Mougudo,  a  bien 
voulu  me  le  confier  pour  l'étudier.  Quoiqu'il  soit  très  petit,  puisqu'il 
ne  mesure  que  32  mill.  de  longueur  et  13  de  largeur  au  maximum, 
il  n'est  pas  sans  présenter  quelque  intérêt,  car  il  appartient  bien 
certainement  à  une  Vigne,  genre  dont  l'existence  a  déjà  été  cons- 
tatée sur  des  empreintes  do  feuilles  dans  les  mêmes  gisements; 
comme  je  l'établis  plus  loin,  il  semble  que  ce  soit  le  bois  de  l'espèce 
rencontrée;  de  plus,  l'échantillon  fournit  quelques  renseignements 
sur  les  conditions  dans  lesquelles  il  a  été  déposé. 

Malheureusement,  ce  fragment  est  trop  petit  pour  qu'il  soit  aisé 
d'en  détacher  des  coupes  microscopiques  sans  l'endommager,  et  de 
plus  il  est  si  complètement  carbonisé,  puisqu'il  tache  le  papier 
sous  la  moindre  pression,  que  l'obtention  de  bonnes  coupes  est 
fort  problématique.  Mais  les  caractères  microscopiques  de  structure 
sont  si  nombreux  et  si  nets,  que  la  détermination  peut  être  consi 
dérée  comme  absolument  certaine  ;  l'échantillon  présentant  même 
la  plus  étroite  ressemblance  avec  la  vigne,  cultivée  ou  sauvage,  en 
en  France  et  en  Algérie. 

Des  deux  parts,  on  observe  de  très  nombreux  rayons  médullaires 
épais  et  à  peu  près  égaux,  entre  lesquels  le  tissu  prédominant,  quant 
à  l'espace  qu'il  occupe,  est  formé  par  des  vaisseaux  de  deux  dimen- 
sions; les  uns  très  gros,  très  visibles  à  l'œil  nu,  aussi  bien  sur  une 
section  transversale  que  sur  une  section  longitudinale  ;  les  autres, 
plus  difficilement  visibles,  même  à  la  loupe,  quand  on  ne  les 
examine  pas  par  transparence,  sur  une  coupe  mince,  telle  que  les 
sections  Nordlinger  on  Thil  ;  ces  derniers  sont  égaux,  formant  de 
petits  groupes  à  côté  des  premiers  ;  ceux  ci,  légèrement  inégaux, 
parfois  couplés,  forment  des  lignes  rayonnantes  plus  ou  moins 
régulières,  souvent  uniques  entre  deux  rayons  médullaires;  sur  les 


1899  NOTE  SUR  UN  BOIS  DE  VIGNE  DES  CINÉRITES  DU  CANTAL  319 

sections  longitudinales  ou  voit  qu'ils  sont,  en  partie,  remplis  par 
des  matières  de  dépôt,  en  partie  en  diaphragmes.  Des  deux  parts 
aussi,  c'est  à-dire  sur  le  fossile  et  les  échantillons  vivants,  les 
accroissements  annuels  sont  peu  marqués. 

De  tout  ce  qui  précède,  il  résulte  que  le  charbon  des  Cinérites  du 
Pas  de  la  Mougudo  a  la  structure  des  bois  des  vignes  actuelles  et 
même  qu'il  ressemble  singulièrement  à  la  vigne  européenne.  Comme 
aucun  autre  genre  que  les  vignes  parmi  ceux,  déjà  nombreux, 
signalés  dans  les  Cinérites,  ne  possède  une  structure  semblable, 
celle-ci  étant  très  caractérisée  d'ailleurs,  je  crois  que  ce  n'est  pas 
excéder  les  bornes  de  l'induction,  permise  en  pareil  cas,  d'y  voir 
le  bois  d'une  vigne  et  même  de  celle  qui  a  été  signalée  dans  les 
Cinérites  et  nommée,  par  de  Saporta,  Vitis  xubintegra.  Elle  n'a  pas, 
jusqu'à  présent, été  indiquée  au  Pas  de  la  Mougudo,  mais  bien  dans 
les  deux  gisements  contemporains  de  Saint-Vincent  et  de  la  Sabie, 
elle  l'a  été  aussi  dans  une  autre  localité  pliocène,  étrangère  aux 
Cinérites,  Meximieux. 

Son  auteur  a  beaucoup  varié  quant  à  l'appréciation  de  ses  affi- 
nités avec  les  espèces  actuelles  du  genre  Vitis  ;  ce  fait  n'a  rien  de 
surprenant  puisqu'il  n'avait  à  sa  disposition  qu'un  petit  nombre 
d'empreintes  de  feuilles,  ce  qui  est  très  insuffisant  quand  il  s'agit 
d'un  genre  où  ces  organes  sont  susceptibles  de  grandes  variations 
dans  la  même  espèce;  où  les  types  spécifiques  sont  souvent  assez 
voisins  pour  amener  de  grandes  divergences  dans  l'appréciation 
qui  en  est  faite,  pour  que,  en  tout  cas,  ou  ne  puisse  les  définir  sou- 
vent qu'en  faisant  appel  à  tous  les  caractères  que  peuvent  fournir 
les  différents  organes. 

Dans  l'ouvrage  qu'il  a  consacré  à  établir  les  origines  des  végétaux 
ligueux  cultivés,  en  1888,  de  Saporta  ne  cite  pas  le  Vitis  subintegra 
parmi  les  ancêtres  qu'il  admet  pour  le  Vitis  cîm/era  ;  et,  en  effet, 
en  1873,  dans  sa  première  communication  sur  la  flore  des  Cinérites 
du  Cantal  (I),  il  se  borne  à  citer  cette  espèce  sans  la  rapprocher 
d'aucune  vigne  vivante.  La  même  année,  dans  une  communication 
à  la  Société  géologique  (2),  il  disait  qu'elle  a  des  affinités  améri- 
caines, mais  sans  les  spécifier  (p.  223)  ;  il  émettait  la  même  opinion 
dans  les  considérations  finales  de  ses  recherches  sur  les  végétaux 
fossiles  de  Meximieux  en  1876.  En  1884,  dans  un  travail  sur  la  flore 

(1)  Forêts  ensevelies  sous  les  cendres  éruptives  de  l'ancien  volcan  du  Cantal, 
observées  par  M.  J.  Rames.  Ânn.  Se.  iïat.,  5*  série,  XVII,  p.  402. 

(2)  Sur  les  caractères  propres  à  la  végétation  pliocène  à  propos  des  découvertes 
de  M.  Rames  dans  le  Cantal.  B.  S.  G.  F.,  3*  série,  I,  p.  212. 


320  p.  fliche  24  Avril 

deMogi  (1),  il  revient  sur  le  V.  s ub intégra  et  le  rapproche  du  Vitis 
labrusca  (page  100)  ou  au  moins  de  ce  que  Nathorst  a  considéré 
comme  tel  à  Mogi.  En  1885,  dans  l'ouvrage  qu'il  publie  avec 
M.  Marion,  sur  l'Evolution  du  règne  végétal  (2),  il  dit  à  la  page  176  : 
((  Avançons  d'un  degré  et  le  Vitis  subtntegra  Sap.  des  Cinérites  du 
Cantal  nous  découvre  l'existence,  au  sein  des  forêts  pliocènes,  d'une 
vigue  différente  de  celle  qui  précède  (  V.  prœomifera  Sap.)  mais  se 
rattachant  de  même  au  groupe  des  Euvitis.  Le  V.  subintegra  est 
assimilable,  par  ses  feuilles,  aux  formes  simplement  lobées  angu- 
leuses de  l'Asie  occidentale  et  austro- occidentale,  particulièrement 
aux  Vitis  lanata  Roxb.  et  Cinnanoinea  Vall.  On  voit  que,  sans  tenir 
encore  le  V.  vinifera,  nous  gravitons  cependant  vers  lui  et  que  nous 
nous  en  rapprochons  sensiblement  ».  A  la  page  175  du  même 
ouvrage  il  ligure,  en  demi-grandeur,  une  feuille  de  V.  subintegra, 
et  à  la  page  177  une  de  V.  vinifera,  de  race  spontanée  en  Provence, 
et  il  fait  remarquer  leur  ressemblance  qui  est  grande,  en  elfet,  bien 
que  les  lobes  de  la  dernière  soient  un  peu  plus  prononcés  que 
ceux  de  la  seconde. 

Enfin,  dans  le  dernier  travail  (3)  où  il  ait  été  amené  à  traiter  ce 
sujet,  il  dit,  après  avoir  signalé  une  nouvelle  et  très  belle  empreinte 
de  feuille  de  Vitis  subintegra  :  «  Cette  vigne  est  assimilable  par  la 
forme  et  l'aspect  gaufré  de  ses  feuilles  au  V.  amurensis,  ainsi  qu'aux 
formes  à  feuilles  entières  du  V.  Thunbergi  Sieb.  et  même  au  Vitis 
lanata  Roxb.  ». 

Ces  oscillations,  dans  la  manière  de  voir  de  i'éminent  paléonto- 
logiste, n'ont  rien  de  surprenant,  si  l'on  songe  aux  affinités  qui 
existent  souvent  entre  les  espèces  du  genre  Vitis,  à  la  grande  varia- 
bilité que  présente  fréquemment  pour  la  même,  la  forme  de  la 
feuille,  l'organe  le  plus  habituellement  conservé  à  l'état  fossile.  On 
voit  qu'après  avoir  rapproché  sans  hésitation,  mais  sans  ideutiiica- 
tion,  le  Y.  subintegra  du  V.  labrusca  américain,  il  avait  fini  par  voir 
ses  affinités  plutôt  du  côté  du  V.  vinifera,  les  figures  de  l'Evolution 
et  le  rapprochement  avec  le  V.  amurensis  (4)  le  prouvent. 

Le  bois  du  Pas  de  la  Mougudo  conduit  à  des  conclusions  ana- 
logues, à  raison  de  l'identité  qu'il  présente  avec  celui  du  V.  vinifera, 

(1)  Nouvelles  observations  sur  la  flore  fossile  de  Mugi,  dans  le  Japon  méridional 
Ann.  Se.  Mat.  Bol.,  6*  série,  XVII,  p.  73. 

(2)  L'Evolution  du  régne  végétal.  Les  Phanérogames,  11,  Paris,  1875. 

(3)  Revue  des  travaux  de  paléontologie  végétale,  etc.  Extrait  de  la  Revue 
générale  de  Botanique,  tome  II,  1890,  p.  46. 

(4)  Cette  dernière  vigne  est  assez  voisine  de  V.  vinifera  pour  que  Regel  en  ait 
fait  une  simple  variété  de  celle-ci. 


1899  NOTE  SUR  UN  iiOIS  DE  VIGNE  DES  CINÉRITES  DU  CANTAL  32 1 

dans  tous  les  caractères  conservés,  tandis  qu'il  y  a  des  différences 
appréciables  avec  le  bois  du  V.  labrusca,  à  en  juger  par  un  échan- 
tillon contenu  dans  la  collection  Nordlinger.  Chez  celui  ci,  en  effet, 
les  gros  vaisseaux  sont  plus  nombreux,  plus  régulièrement  répartis, 
plus  égaux  ;  les  plus  gros  étant  un  peu  plus  faibles  que  chez  le 
V.  vinifcra  vivant  et  chez  le  charbon  des  Cinérites.  On  ne  peut 
malheureusement  voir  les  autres  caractères  qui  distinguent  le  bois 
du  V.  labrusca  de  celui  de  la  vigne  commune,  à  savoir  sa  couleur 
blanche  et  l'absence  de  parenchyme  ligneux  appréciable;  malgré 
cela  et  sous  les  réserves  que  comportent  toujours  les  caractères 
distinctifs  chez  des  bois  de  structure  aussi  voisine,  il  n'y  en  a  pas 
moins,  dans  ce  qu'on  peut  constater,  sur  le  bois  fossile  des  Cinérites 
de  sérieuses  raisons  de  le  rapprocher  du  bois  du  V.  tinifera  et  par 
suite  un  motif  aussi  pour  rapprocher  de  celle-ci  le  V.  subintegra; 
mais  ici  les  réserves  doivent  encore  augmenter,  puisque  feuilles  et 
bois  sont  seulement  coexistants  dans  les  Cinérites,  sans  avoir  été 
trouvés  adhérant  l'un  à  l'autre. 

Même  en  admettant  que  le  bois  dont  je  viens  de  parler  appar- 
tienne à  une  autre  espèce  du  même  genre,  il  ne  m'en  semble  pas 
moins  certain,  pour  les  raisons  exposées  plus  haut,  que  c'est  bien 
le  bois  d'une  vigne,  et  je  ne  crois  pas  nécessaire  de  lui  donner  un 
de  ces  noms  génériques  qui  indiquent  seulement  une  ressemblance 
de  structure,  sans  rien  préjuger  sur  l'attribution  véritable.  Si 
cependant  cette  conviction  ne  paraissait  pas  devoir  s'imposer,  il  y 
aurait  lieu  de  créer  ce  nom,  puisque  c'est  le  premier  bois  à  structure 
de  vigne,  signalé  à  ma  connaissance,  et  suivant  la  règle  assez  géné- 
ralement adoptée  en  pareille  matière,  ce  serait  un  Ampeloxylon  qui 
pourrait,  comme  nom  spécifique,  être  qualifié  A.  cineritarum. 

Ainsi  qu'il  a  déjà  été  dit  plus  haut,  l'état  dans  lequel  se  trouve  le 
fossile  qui  vient  de  nous  occuper,  indique  dans  quelles  conditions 
il  a  été  déposé;  il  s'agit  d'un  fragment  de  charbon,  tel  qu'on  en 
obtient  dans  nos  foyers,  complètement  enveloppé  dans  la  roche 
encaissante.  De  cela  il  résulte  que  le  bois  qui  l'a  fourni  a  été  brûlé 
par  le  feu  et  non  soumis  à  une  décomposition  lente  et  qu'il  était 
déjà  réduit  en  fragments  lorsqu'il  a  été  enveloppé  par  les  cendres 
volcaniques  qui  ont  constitué  la  roche.  C'est  donc  alors  qu'elle  était 
encore  sur  pied,  que  la  vigne,  dont  ce  fragment  provient,  a  été 
brûlée  dans  un  incendie  de  forêts  amené  par  les  matières  en  igni- 
tion  sorties  du  volcan;  un  fragment  en  provenant  a  été  ensuite 
renfermé  dans  les  cendres  ou  boues  volcaniques  qui  ont,  en  se 
durcissant,  constitué  la  roche. 

18  Août  Itm.  —  T.  XXVII.  Bull.  Soc.  Géol.  Fr.  —  iî 


322  K1LIAN.    —   OBSERVATIONS  24  Avril 

M.  Kilian  envoie  les  observations  suivantes  au  sujet  d'une  note 
de  M.  David  Martin,  parue  dans  le  dernier  fascicule  du  Bulletin. 

M.  David  Martin  se  refuse  à  reconnaître  l'existence  de  dépôts 
glaciaires  antérieurs  aux  alluvions  de  la  terrasse  d'Embrun  et  de 
Mont-Dauphin  et  semble  hostile  à  la  conception  de  glaciations 
successives,  pourtant  aujourd'hui  bien  établie  par  les  faits  dans  le 
bassin  de  la  Durance.  Il  est  intéressant  de  remarquer  que  la  coupe 
qu'il  propose  (p.  573  du  Bulletin),  et  dont  je  ne  discuterai  pas  ici 
l'exactitude,  ne  peut  s'expliquer  que  par  la  théorie  même  qu'il  combat  ; 
cette  môme  coupe  fait  également  ressortir  d'une  façon  frappante 
l'ancienneté  relative  des  alluvions  du  Calvaire  d'Embrun  que  l'au- 
teur s'attache  cependant  à  rajeunir  à  la  fin  de  sa  note. 

En  mettant  en  évidence,  comme  il  le  fait,  le  caractère  mixte 
et  semi -glaciaire  de  cette  terrasse  de  Mont- Dauphin-Embrun, 
M.  Martin  ne  fait  du  reste  que  confirmer  l'origine  fluvio-glaciaire  et 
l'âge  interglaciaire  que  nous  lui  avons  assignés,  M.  Penck  et  moi. 

Les  alluvions  du  Mont  Genèvre  out  été  citées  en  1890  et  1891  par 
M.  Martin,  mais  il  ne  les  a  pas  décrites  et  n'a  tiré  de  leur  existence 
aucune  des  conséquences  que  j'en  ai  déduites  en  1896. 

Tout  en  croyant  avec  M.  Martin  que  la  plupart  des  matériaux  de 
la  terrasse  de  Mont-Dauphin  proviennent  du  Guil,  je  ne  pense  pas 
qu'il  soit  possible  de  reconnaître  les  galets  de  variolites  du  Mont 
Genèvre  des  variolites  que  le  Guil  a  charriées  et  qui  sont  originaires 
du  Queyras. 

Connaissant  mieux  que  la  plupart  de  nos  confrères  la  somme 
considérable  d'observations  que  M.  Martin  a  recueillies  pendant  le 
cours  de  ses  patientes  et  longues  recherches,  je  suis  profondément 
persuadé  que  les  fruits  de  ce  labeur  immense  ne  prendront  leur 
juste  valeur  que  lorsque  leur  auteur  admettra  la  réalité  des  glacia- 
tions successives  du  bassin  de  la  haute  Durance  et  des  périodes  de 
creusement  qui  les  ont  séparées. 


1899  323 


SUR  UN  DOME  TRIASIQUE 
DANS  LES  ENVIRONS  DE  RELIZANE  (DÉPARTEMENT  D'ORAN) 

par  M.  ti.  FABRE. 


M.  Brives  a  fait  connaître  à  la  séance  du  20  mars  dernier  l'exis- 
tence d'une  région  pétrolifère  au  sud  de  Relizane,  dans  le  dépar- 
tement d'Oran,  et  il  attribue  une  grande  importance  stratigraphique 
et  industrielle  à  une  faille  N.E.-S.O.  qui  s'étendrait  depuis  Kalaa 
à  TO.  jusqu'au  confluent  de  la  Mina  avec  l'Oued  Tliouanet  à  TE.; 
cette  faille  serait,  d'après  M.  Brives,  d'âge  nettement  post-tortonien. 

Je  viens  de  visiter  avec  notre  aimable  confrère  la  partie  centrale 
de  cette  région,  à  5  kil.  N.-E.  du  village  de  Tliouanet,  mais  mes 
observations  me  conduisent  à  voir  en  ce  point  tout  autre  chose 
qu'une  faille  post-tortonienne. 

Faisons  passer  une  coupe  N.-S.  par  le  sommet  le  plus  élevé  du 
Koudiat  m'taa  Argoubet  Teizna,  sommet  coté  388  m.  sur  la  carte 
d'État-Major  (feuille  d'Aine-Faress  1/50.000°).  Nous  observons 
d'abord  que  sur  ce  sommet  le  sol  est  jonché  de  masses  souvent 
volumineuses  de  calcaire  blanc  cristallin  récifal  à  Mélobésies  ;  c'est 
un  lambeau  de  calcaire  du  Djebel  Bar  bar  (Tortonien)  désagrégé  sur 
place  par  les  dénudations.  Puis,  en  dessous,  '20  mètres  de  marnes 
grises  plongent  légèrement  vers  le  N.  et  s'épaississent  rapidement 
à  mesure  qu'on  se  rapproche  du  Chabet  bou  Seffir,  où  ces  marnes 
atteignent  40  m.  d'épaisseur  visible.  Sous  ces  marnes,  si  on  descend 
la  colline  vers  le  ravin  du  Chabet  Mezaref,  on  voit  émerger  les 
poudingues  caractéristiques  du  Cartennien  à  éléments  siliceux 

(10  m.). 

Puis,  brusquement,  sous  ces  poudingues  bruns  apparaissent  des 
marnes  bariolées  sans  stratification  bien  nette,  mais  offrant  cepen- 
dant des  indices  de  flexures  et  de  contournements  parfois  verticaux. 
Dans  ces  marnes  sont  emballées  des  niasses  considérables  de  gypse 
gris  ou  rose,  cristallin,  sans  stratification  bien  nette.  C'est  le  faciès 
classique  des  marnes  et  gypses  triasiques. 

Enfin,  sur  la  rive  droite  du  Chabet  Mezaref,  nous  voyons  des 
marnes  avec  petits  rognons  ferrugineux  alternant  avec  des  calcaires 
marneux  de  même  couleur  à  surfaces  roui  liées  ;  cette  série  de  cou- 


324      SUR  UN  DÔME  TRIASIQUE  DANS  LES  ENVIRONS  DE  RELIZANE      24  Avril 

ches  est  comme  flanquée  sur  le  Trias  en  couches  très  inclinées 
plongeant  vers  le  sud  ;  nous  y  avous  recueilli  quelques  fragments 
d'Inocérames  et  d'Ammonites.  C'est  incontestablement  le  Crétacé, 
probablement  le  Sénonien  avec  quelques  assises  néocomiennes  à  la 
base. 

D'autres  profils  menés  à  un  kilomètre  plus  à  l'est  par  le  marabout 
El  Djama  m'taa  Tadjine  font  voir  les  mêmes  couches  tertiaires,  créta- 
cées et  triasiques  dans  les  mêmes  relations  de  position  réciproques. 
Interprétant  tous  ces  faits,  nous  les  voyons  se  grouper  naturellement 
de  façon  à  démontrer  jusqu'à  l'évidence  qu'on  a  ici  un  dôme  anti- 
clinal crétacé,  au  centre  duquel  apparaît  le  Trias  en  couches  plas- 
tiques qui  semblent  avoir  été  poussées  au  jour  de  bas  en  haut  par 
des  pressions  orogéniques. 

Ce  dame  eut  d'âge  antecartennien  puisqu'il  a  été  évidemment  arasé 
et  usé  avant  l'invasion  de  cette  mer  qui  y  a  déposé  ses  poudingues 
sur  les  tranches  relevées  du  terrain  crétacé.  Puis  ce  dôme  a  dû 
éprouver  après  l'époque  cartennienne  un  nouvel  et  léger  bombe- 
ment avaut  d'être  recouvert  de  nouveau  par  la  mer  tortonienne  à 
Mélobésies  qui  l'a  décapé  partiellement  avant  d'y  laisser  ses  dépôts 
de  calcaire  récifal. 

Il  n'y  a  donc  pas  ici  de  faille  à  proprement  parler,  ni  même 
d'accident  post-tortonien  comme  le  voudrait  M.  Brives;  les  seuls 
mouvements  orogéniques  dont  ou  ait  ici  la  trace  nette  sont,  l'un 
ante-cartennien  et  l'autre  an  te- tor  Ionien. 

Un  autre  petit  dôme  anticlinal  est  situé  à  trois  kilomètres  N.N.O. 
de  celui  que  nous  venons  d'étudier  ;  il  montre  près  du  Chabet 
Matrani  ses  couches  les  plus  anciennes  (Néocomien  ?)  et  il  ne  semble 
pas  non  plus  explicable  par  une  faille.  Quant  aux  relations  du 
pétrole  avec  ces  dômes  elles  sont  pour  le  moment  très  obscures  ; 
mais  des  sondages  profonds  vont  être  prochainement  entrepris  dans 
toute  la  région,  ils  nous  éclaireront  sur  ce  point  très  intéressant  de 
la  géologie  oranaise. 


1899  325 


Séance  dn    1er   Mai    f  8*M» 


PRÉSIDENCE  DE  M.  E.   DE  MARGERIE.   PRÉSIDENT 


M.  P.  Cambronne,  Vice-Secrétaire,  donne  lecture  du  procès-verbal 
de  la  dernière  séance,  dont  la  rédaction  est  adoptée. 

Le  Président  annonce  deux  présentations. 

M.  de  Martonne  signale  parmi  les  dons  récemment  parvenus  à  la 
Société  un  fascicule  du  lieport  de  la  Commission  géologique  du  Cap  de 
Bonne- Espérance  (année  1897)  avec  une  carte  au  1/800.000  et  une 
planche  de  coupes. 

M.  P.  Cambronne  signale  dans  les  ouvrages  français  :  1°  la  notice 
nécrologique  sur  Hippolyte  Crosse,  par  M.  Fischer  et  les 
discours  prononcés  sur  sa  tombe  ;  2°  le  troisième  fascicule  des 
Essais  de  Paléoconchologie  comparée,  par  M.  Cossmazm. 

M.  A.  de  Lapparent  appelle  l'attention  de  la  Société  sur  les  inté- 
ressantes observations  faites  récemment  au  Vésuve  par  M.  Matteuci. 


326  \<*  Mai 


LES   OVICELLES   DES   CÉIDÉES 


par  M.  F.  CANU. 

(Planche  VI). 

Les  Céidées  sont  des  fossiles  bryozoaires  propres  au  Crétacé. 
Aucune  espèce  actuelle  connue  ne  peut  faire  supposer  leur  orga- 
nisation. D'Orbigny  (1)  (1850)  qui  les  a  découverts  les  considérait 
comme  une  famille  de  sa  division  des  Centrifuginés  foraminés. 
Marsson  (2)  (1887)  les  classait  dans  son  type  Metoporina  des  Cyclos- 
tomes.  Le  Dr  J.  Jullien  (3)  (1888)  en  faisait  des  Cheilostomes  mono- 
dermiés.  Pergeos  (4)  (1889)  en  fait  une  des  trois  divisions  des 
Bryozoaires  cyclostomes  (Ceina). 

Cet  hiver,  en  dépouillant  des  matériaux  provenant  des  environs 
de  Tours  (Santonien),  j'ai  découvert  leurs  ovicelles  (loges  spéciales 
où  les  larves  se  développent).  Ils  sont  d'une  rareté  extrême.  Je  n'en 
possède  qu'une  dizaine  d'échantillons.  La  planche  VI  représente  les 
photographies  des  meilleures. 

Par  la  seule  inspection  des  ces  figures  il  est  facile  de  voir  que  ces 
ovicelles  sont  analogues  à  ceux  de  beaucoup  de  Tubulipores  dont 
plusieurs  sortes  ont  été  décrites  ;  mais  il  y  en  a  deux  principales  : 
les  sacciformes  et  les  irrégulières  (5).  Les  ovicelles  de  la  première 
remplacent  les  cellules  normales  :  ceux  de  la  seconde  glissent  entre 
elles.  Les  ovicelles  des  Eléidées  sont  du  premier  type.  Ceux  des 
Céidées  sont  du  second. 

L'analogie  des  ovicelles  des  Céidées  avec  ceux  des  Diastopores  et 
des  Mesen ter i pores  est  complète.  Ainsi,  par  exemple,  presque 
toujours  les  deux  faces  d'une  même  colonie  de  Mesenteripore 
portent  un  ovicelle  à  la  même  hauteur.  De  même  ici  les  figures  5 
et  6  (Cea  lamellosa  d'Orb.)  sont  les  deux  faces  d'une  même  colonie  : 

(1)  d'Orbignt.  Paléontologie  française.  Bryozoaires  crétacés,  p.  1.000. 

(2)  J.  Marsson.  «  Rugen  »,  1887,  p.  45. 

(3)  J.  Jullien.  «  Cap  Horn  »,  1888,  p   8. 

(4)  Pergens.  Bull.  Soc.  Belge  Géol.,  1889,  p.  388. 

(5)  Waters.  On  some  Ovicelles  of  Cyclost.  Bryozoa.  Journ.  Linn.  Sor.t  1888, 
p.  275.  —  Canu.  «  Occaignes  »,  B.  S.  G.  F.,  1898,  p.  259. 


1899  LES   OVICELLES  DES  GÉIDÉES  327 

les  ovicelles  ont  même  forme.  Dans  les  figures  3  et  4  qui  repré- 
sentent aussi  les  deux  faces  d'une  même  colonie,  les  ovicelles  ont 
des  formes  différentes,  mais  ils  sont  à  la  même  hauteur.  La  figure  5 
représente  une  face  d'une  colonie.  De  l'autre  rôle  il  existe  un  même 
nombre  d  ovicelles  symétriques.  Nous  avons  jugé  inutile  de  la 
figurer. 

Dans  tous  les  Tubulipores,  lovicelle  n'est  qu'une  partie  fortement 
dilatée  d'une  zoécie  (1).  Il  en  est  de  même  dans  les  Céidées.  La 
figure  5  est  éloquente  à  cet  égard.  Les  quatre  ovicelles  brisés 
montrent  au  fond  l'ouverture  de  la  portion  zoéciale  restée  tubulaire. 

Le  petit  nombre  des  exemplaires  ne  m'a  pas  permis  de  découvrir 
ni  œciostome  (passage  par  où  s'échappent  les  larves)  ni  œciopore 
(ouverture  de  ce  passage).  Les  figures  4,  5  et  surtout  2  montrent 
bien  des  petits  pores  accouplés  de  nature  spéciale,  mais  il  serait 
imprudent  d'en  tirer  une  déduction  quelconque. 


EXPLICATION   DE   LA   PLANCHE   VI 

Fig.  1.  —  Cea  sp.  Ovicelles  brisas  montrant  l'ouverture  de  la  partie  restée 
tubulaire.  X  10,5. 

Fig.  2.  —  Cea  8p.  Los  deux  petits  pores  accouplés  constituent  peut-fltre  l'œcio- 
pore.  X  10,5. 

Flg.  3.  —  Cea  lamellosa  d'Orb.  Première  face.  X  10,5. 

Fig.  4.  —  Id.  Seconde  face.    X  10,5. 

Fig.  5.  —  Id.  Première  face.  X  10,5. 

Fig.  6.  —  ld.  Seconde  face.    X  10,5. 


(1)  S.  Harmer.  On  tbe   development   of  Tubulipora.    Quart.  Journ.  micr. 
Science,  1897,  p.  73. 


328  1er  Mai 


SUR  V AMMONITES  PERAMPLUS 
ET  QUELQUES  AUTRES  FOSSILES  TURONIENS 

par  M.  A.  de  GROSSOITVRE. 

En  1893,  après  avoir  montré  que  le  genre  Pachydiscus,  tel  que 
l'avait  établi  M.  Zittel,  comprenait  des  espèces  n'ayant  entre  elles 
que  des  affinités  fort  éloignées,  j'ai  proposé  de  le  limiter  aux  formes 
du  groupe  d'Am.  neubergicus  et  d'en  séparer  notamment  Am.  peram- 
plus  :  j'avais  rattaché  provisoirement  ce  dernier  au  genre  Sonneralia. 

Depuis  lors  (1896),  me  basant  sur  l'analogie  de  l'Ain,  peram  plus 
adulte  avec  une  espèce  de  l'Inde,  ,4m.  Telinga  Stoliczka,  pour 
laquelle  M.  Kossmat  venait  de  créer  le  genre  Neoptychites,  j'ai  pensé 
qu'il  convenait  de  classer  notre  forme  turonienne  dans  ce  nouveau 
groupe. 

Cette  manière  de  voir  a  été  combattue  successivement  par  MM. 
Kossmat,  Peron  et  Haug  :  je  crois  néanmoins  devoir  la  maintenir 
dans  ce  qu'elle  a  de  plus  essentiel,  c'est-à-dire  dans  la  séparation 
absolue  du  groupe  de  YAm.  peramplus  de  celui  de  VAm.  neubergicus 
et  je  viens  répondre  ici  aux  critiques  formulées  par  nos  savants 
confrères. 

Déjà  en  1895,  M.  Kossmat  (1),  dans  son  beau  mémoire  sur  les 
Céphalopodes  de  l'Inde,  disait  :  «  après  avoir  examiné  non  seule- 
ment Am.  peramplus,  mais  aussi  des  formes  a  truies  de  la  craie  de 
l'Inde  et  de  la  craie  de  Vancouver,  je  n'ai  pu  découvrir  aucun 
caractère  permettant  de  les  séparer  de  Fachydiscus  :  la  ligne  des 
cloisons  est  absolument  typique  et  semblable  à  celle  des  espèces 
rattachées  par  de  Grossouvre  aux  Fachydiscus.  » 

Plus  tard  (1897),  revenant  sur  cette  question  dans  la  troisième 
partie  de  son  mémoire  (p.  154),  il  déclare  de  nouveau  que  le  groupe 
de  YAm.  peramplus  possède  les  cloisons  typiques,  très  finement 
découpées  et  à  lobes  étroits,  des  Pachydiscus,  et  que  le  dessin  des 
cloisons  donné  par  Sharpe  est  trop  schématique  pour  pouvoir 
servir  de  base  à  une  comparaison. 

1 1  1805.  Kossmat.  Untorsuchungen  ûber  dio  sûdindische  Krfi  de  format  ion.  Erstor 
Theil,  p.  m. 


1899  sur  l'ammox/tes  peramplus  329 

Au  contraire,  d'après  M.  Peron  (1)  Am.  peramplus  forme  avec 
plusieurs  autres  espèces  de  la  craie  moyenne,  telles  que  Am. 
Telinga,  Am.  lewesiensis,  Am.  cephalotus%  etc.,  un  groupe  de  formes 
très  voisines  que,  peut-être,  il  sera  utile  de  distinguer  par  une 
même  dénomination  générique. 

Mais,  après  avoir  rappelé  l'opinion  de  M.  Kossmat,  il  ajoute  : 
<(  Cette  manière  de  voir  de  M.  Kossmat,  rapprochée  de  celle  de 
M.  Zittel,  qui  considère  A  m.  peramplus  comme  une  des  formes 
typiques  de  son  genre  Pachydiscus,  est  évidemment  à  prendre  en 
très  sérieuse  considération.  Nous  devons  donc,  malgré  l'incontes- 
table analogie  des  formes  adultes  d'Am,  peramplus  avec  celles  d'Am. 
Telinga,  maintenir  cette  première  espèce  dans  le  genre  Pachydiscus 
où  nous  l'avons  précédemment  placée.  » 

Enfin,  tout  récemment,  M.  Haug  (2)  s'exprimait  ainsi  :  «  On  peut 
distinguer,  parmi  les  Pachydiscus  de  l'Inde,  deux  groupes  :  celui  de 
P.  peramplus  et  celui  de  P.  colligatus,  qu'il  n'est  pas  possible  de 
séparer  génériquement,  car  les  caractères  de  l'ornementation  et  de 
la  suture  présentent  partout  une  assez  grande  stabilité.  Je  rap- 
pellerai que  M.  de  Grossouvre,  après  avoir  rapproché  le  groupe  de 
P.  peramplus  du  genre  Sonneratia,  l'a  réuni  à  Neoptychites  Kossm., 
qui  possède  toutefois  des  cloisons  complètement  différentes.  » 

Il  y  a  dans  la  question  discutée  deux  points  à  examiner  :  l'un 
purement  de  nomenclature,  l'autre  de  fait. 

11  s'agit  d'abord  de  savoir  si  Am.  peramplus  étant  supposé  appar- 
tenir à  un  groupe  différent  de  celui  d'Am.  neuhergicus,  on  a  le  droit 
d'exclure  la  première  espèce  du  genre  Pachydiscus,  créé  par  M. 
Zittel,  et  de  réserver  exclusivement  ce  nom  aux  formes  du  groupe 
de  la  seconde. 

M.  Pérou  me  fait  remarquer  que  «  Am.  peramplus  étant  la 
première  espèce  citée  par  M.  Zittel  comme  forme  typique  de  son 
genre,  si  l'on  peut  éliminer  de  celui-ci  certaines  formes,  il  semble, 
qu'à  défaut  d'autres  indications,  c'est  la  première  espèce  citée  qui 
doit  rester  le  type  générique.  » 

Sans  méconnaître  la  portée  de  cette  observation,  je  puis  cependant 
répondre  qu'aucune  règle  de  nomenclature  n'a  été  formulée  à  ce 
sujet  et  que  toute  latitude  a  été  laissée  pour  préciser  dans  un  sens  plus 
étroit  les  genres  hétérogènes  ou  susceptibles  d'être  démembrés  (3). 

(t)  1897    Peron.  Les  Ammonites  du  Crétacé  supérieur  do  l'Algérie,  p.  43. 

(2)  1899    Revue  critique  de  Palënzooloyip,  p.  79. 

(3)  Malgré  l'affirmation  contraire  de  M.  Haug  dans  la  séance  du  1"  mai,  je  crois 
devoir  maintenir  l'opinion  précédente.  Tel  est  aussi  l'avis  de  plusieurs  paléonto- 
logues que  j'ai  consultés  :  ils  se  refusent  à  admettre  que  le  type  du  genre  soit 
nécessairement  la  première  espèce  citée. 


330  DE   GROSSOUVRE.    —   SUR    h' AMMONITES  PERAMPLUS  1er  Mai 

Il  me  reste  donc  à  prouver  qu\4m.  peramplus  n'appartient  pas 
au  même  groupe  qu'il  m.  neubergicus  et  dès  lors  j'aurai  établi  qu'il 
ne  peut  être  maintenu  dans  le  genre  Pachydiscus  limité,  conformé- 
ment à  ma  proposition  (1893),  au  groupe  de  cette  dernière  espèce. 

M.  Kossmat  dit  avoir  examiné  des  échantillons  dMm.  peramplus 
dont'  les  cloisons  ne  diffèrent  pas  de  celles  des  espèces  que  j'ai 
classées  dans  les  Pachydiscus;  M.  Haug  également  affirme  que  les 
caractères  de  l'ornementation  et  de  la  suture  sont  les  mêmes  dans 
le  groupe  de  VAm.  peramplus  et  dans  celui  de  l'A  m.  colligatus. 

J'ai  cité  à  l'appui  de  la  thèse  contraire  le  dessin  des  cloisons 
donné  par  Sharpe  et  reproduit  par  M.  Schlûter  :  M.  Kossmat 
l'écarté  comme  étant  trop  schématique.  Sans  vouloir  affirmer  son 
exactitude  absolue,  je  crois  être  en  droit  de  soutenir  qu'en  fait  il 
se  rapproche  beaucoup  plus  de  celui  des  cloisons  de  VAm.  peram- 
plus typique  que  du  plan  général  de  la  suture  des  Pachydiscus. 

Je  trouve  dans  le  mémoire  de  MM.  Laube  et  Bruder  (1)  sur  les 
Ammonites  du  Crétacé  de  la  Bohême,  une  preuve  à  l'appui  de  ce 
que  j'avance  :  ces  deux  savants  ont  donné  les  dessins  des  cloisons 
dMm.  peramplus  (p.  226,  fig.  3a  et  3//)  et  d'il  m.  lewesiensis  (p.  227, 
4a,  46  et  4c):  leur  examen  permet  de  constater  de  grandes  analo- 
gies avec  les  figures  de  Sharpe  et  au  contraire  des  différences  fort 
nettes  et  bien  accentuées  avec  les  cloisons  de  Pachydiscus  neuber- 
gicus, P.  colligatus,  etc. 

J'ai  pu,  d'ailleurs,  vérifier  les  caractères  indiqués  sur  un  certain 
nombre  d  échantillons  d'Am.  peramplus  bien  typiques  de  prove- 
nances diverses,  Belgique.  Touraine,  etc.  (collections  de  l'Ecole  des 
Mines,  de  la  Sorbonne,  ma  collection). 

M.  Peron  a  également  figuré  (loc.  cit.,  pi.  XVIIÏ,  fig.  6)  les  cloisons 
d'un  échantillon  de  Tebessa  qu'il  rapporte  à  Am.  peramplus  :  elles 
sont  fort  différentes  de  celles  des  Pachydiscus,  tels  que  je  les  com- 
prends, et  M.  Peron  signale  leur  analogie  avec  le  dessin  de  Sharpe. 

Chez  les  Pachydiscus  typiques,  les  cloisons  sont  très  profondément 
découpées:  les  lobes  sont  étroits  et  terminés  en  pointe;  le  premier 
lobe  latéral  ne  descend  pas  plus  bas  que  le  lobe  siphonal.  Au  con- 
traire, dans  les  espèces  turoniennes.  les  selles  sont  beaucoup  plus 
massives  et  moins  découpées;  les  lobes  sont  beaucoup  plus  larges, 
notamment  à  leur  partie  inférieure;  le  premier  lobe  latéral  descend 
beaucoup  plus  bas  que  le  lobe  siphonal.  En  un  mot,  nous  trouvons 
dans  les  deux  groupes  des  caractères  suffisamment  tranchés  pour 
maintenir  leur  distinction. 

(1)  1887.  Laubi  und  Bruder.  Ammoniten  der  bôhmischen  Kreide. 


1899  ET  QUELQUES   AUTRES   FOSSILES   TURONIENS  331 

M.  Haug  considère  [loc.  cit.,  p.  79)  que  le  groupe  de  VA  m.  peramplus 
a  des  cloisons  complètement  différentes  de  celles  de  Keoptychites  : 
je  ne  partage  pas  cette  manière  de  voir  et,  si  je  me  réfère  aux 
dessins  de  MM.  Laube  et  Bruder,  je  relève  de  nombreuses  analogies 
avec  celui  des  cloisons  de  Neoptychites  Telinga  donné  par  M. 
Kossmat  (loc.  cit.,  pi.  VII,  fig.  1).  Des  deux  côtés  le  premier  lobe 
latéral  est  large,  plus  profond  que  le  lobe  siphonal,  élargi  à  sa 
partie  inférieure  et  subdivisé  par  deux  branches  assez  développées  ; 
le  second  et  le  troisième  lobe  sont  beaucoup  plus  courts  et  ne  descen- 
dent pas  plus  bas  que  le  lobe  siphonal,  seulement  dans  Am.  Telinga 
la  troisième  selle  est  la  plus  large,  tandis  que  c'est  la  seconde  chez 
Am.  peramplus  et  Am.  Invesiensis.  Il  existe  donc  de  grandes  analo- 
gies entre  ces  diverses  cloisons  et,  pour  cette  raisou  comme  pour 
les  motifs  que  j'ai  précédemment  donnés  (1896)  et  qui  sont  basés 
sur  la  ressemblance  des  individus  adultes,  je  crois  que  l'Am.  peram- 
plus se  place  plus  près  du  genre  Neoptychites  que  de  tout  autre  :  je 
ne  méconnais  point  que  les  jeunes  sont  assez  différents  et  peut-être 
y  aurait-il  là  un  motif  pour  créer  un  nouveau  groupe,  mais,  en 
tout  cas,  il  n'y  a  aucune  affinité  entre  Am.  peramplus  et  les  vrais 
Pachydiscus. 

La  cause  du  désaccord  qui  existe  au  sujet  de  la  position  de  VAm. 
peramplus  dans  la  classification  me  semble  provenir  de  la  confusion 
produite  par  les  analogies  extérieures  qui  existent  entre  les  jeunes 
de  cette  espèce  et  certains  exemplaires  qui  se  rattachent  réellement 
au  genre  Pachydiscus. 

Ainsi  malgré  la  grande  similitude  de  VAm.  Jimboi  Kossmat,  avec 
les  jeunes  de  VAm.  peramplus,  je  u'hésite  pas  à  dire  que  nous  avons 
là  deux  espèces  fort  éloignées  l'une  de  l'autre  et  que,  si  nous  pou- 
vions étudier  les  deux  coquilles  aux  diverses  périodes  de  dévelop- 
pement, nous  verrions  immédiatement  ressortir  les  différences  qui 
les  séparent. 

En  l'état  de  nos  connaissances  sur  l'espèce  de  l'Inde,  cette  com- 
paraison n'est  pas  possible  et  je  ne  puis  baser  mon  opinion  que 
sur  le  dessin  des  cloisons,  analogues,  dit  M.  Kossmat,  à  celles 
d'Am.  anapadcnsis(P\.  XX,  fig.2)etdMm.  rotalinus  (PI. XX, fig.  36), 
c'est-à-dire  à  celles  des  Pachydiscus  :  elles  s'écartent  ainsi  tout  à  fait 
de  celles  des  .4m.  peramplus  vrais. 

J'ai  sous  les  yeux  un  échantillon  du  Santonien  des  Corbières  :  il 
rappelle  beaucoup  l'espèce  précédente  et  aussi  .4m.  Vaju  Stoliczka 
(Kossmat,  loc.  cit.,  pi.  XX,  fig.  4);  au  premier  abord  je  fus  frappé 
par  sa  ressemblance  avec  les  jeunes  de  VAm.  peramplus  et  étonné 


332  DE   GR08S0UVRE.    —    SUR    h* AMMONITES  PERAMPLUS  lAr  Mai 

de  retrouver  à  un  niveau  si  élevé  une  forme  si  voisine  de  celle  du 
Turonien.  Après  examen,  je  ne  tardai  pas  à  reconnaître  que  l'ana- 
logie était  toute  superficielle  et  à  constater  des  différences  bien 
marquées  dans  les  caractères  extérieurs  et  dans  le  dessin  des 
cloisons  :  celles-ci  rappellent  absolument  celles  des  Pachydiscus. 

Toutes  les  espèces  rattachées  par  MM.  Kossmat  et  Haug  au  groupe 
de  VAm.  peramplus,  telles  que  Am.  Jimboi,  Am.  Vaju,  etc.,  aussi 
bien  que  les  espèces  analogues  des  Corbières,  sont  donc  pour  moi 
de  vrais  Pachydiscus  et,  sur  ce  point,  je  partage  l'opinion  de  mes 
deux  savants  confrères,  mais,  en  même  temps,  je  constate  qu'elles 
possèdent  des  cloisons  fort  différentes  de  celles  de  VAm.  peramplus 
typique,  tel  que  nous  le  connaissons  dans  le  Nord  de  l'Europe.  Par 
suite  et  contrairement  à  leur  manière  de  voir,  je  pense  qu'il  n'existe 
pas  dans  la  craie  de  l'Inde  d'Ammonites  du  groupe  du  peramplus 
ou,  tout  au  moins,  que  nous  n'en  connaissons  pas  encore. 

Toutes  ces  espèces  me  rappellent  des  formes  sénoniennes  :  j'ai 
déjà  parlé  de  celles  de  la  craie  des  Corbières  qui  sont  santonien- 
nes  ;  je  crois  que  l'on  doit  rattacher  à  ce  même  groupe  A  m.  hernensis 
Schlûter  (1867,  Beitrag  zur  Kenntniss  der  jùngsten  Ammoneen 
Norddeutschlands,  p.  35,  pi.  VI,  fig.  4)  qui  provient  des  marnes  de 
l'étage  Emschérien  (Schlûter)  de  la  Westphalie,  ces t-à  dire  de 
couches  correspondant  à  notre  étage  Couiacien. 

Je  ne  crois  donc  pas  que  la  base  de  l'étage  de  Trichinopoly,  dans 
l'Inde,  soit  turonienne,  car  cette  conclusion  est  basée  sur  l'existence 
d'espèces  rapprochées  à  tort  de  VAm,  peramplus  et  qui  sont  repré- 
sentées en  Europe  par  des  types  très  voisins  habitant  l'étage  séno- 
nien.  Il  est  vrai  que  l'on  trouve  encore  dans  le  groupe  de  Trichi- 
nopoly Am.  serrato-carinatus,  du  groupe  d'Am.  Germari,  mais  cette 
espèce  à  elle  seule  ne  peut  suffire  pour  confirmer  ce  rapprochement. 
Quant  à  Puzosia  Gaudama  Forbes  sp.  du  groupe  de  Trichinopoly, 
rapprochée  dUm.  hernensis  Schlûter,  1871  (non  Am.  hernensis 
Schlûter,  1867,  =  Puzosia  Mûlleri  de  Gross.,  1893),  du  Turonien 
supérieur  de  la  Westphalie,  je  dois  faire  observer  que  les  espèces 
de  ce  groupe  ne  sont  pas  encore  suffisamment  connues  et  trop 
difficiles  à  distinguer  pour  permettre  un  parallélisme  à  grandes 
distances  :  je  possède  un  échantillon  de  Puzosia  du  Santonien  des 
Corbières  qui  se  rapproche  beaucoup  de  P.  Gaudama. 

Pour  tous  ces  motifs  je  suis  porté  à  croire  que,  dans  l'Inde,  le  Turo- 
nien est  représenté  seulement  par  les  couches  supérieures  du  groupe 
d'Utatur  et  que  le  groupe  de  Trichinopoly  tout  entier  est  sénonien. 

Je  reviens  à  VAm.  peramplus  :  on  l'a  cité  un  peu  partout  et  sou- 


1899  ET  QUELQUES  AUTRES   FOSSILES  TURON1ENS  333 

vent  à  tort,  je  crois.  Je  n'en  connais  d'échantillons  bien  authen- 
tiques que  de  l'Angleterre,  qui  a  fourni  le  type,  de  la  Belgique,  de 
l'Allemagne  du  Nord,  de  la  Bohême,  du  Nord  de  la  France  et  de  la 
Touraine. 

Dans  les  Charentes.  dont  les  faunes  présentent,  aux  époques 
cénomanienne,  turonienne  et  sénonienne,  tant  de  traits  communs 
avec  celles  de  la  Touraine  qu'on  doit  en  conclure  qu'il  existait 
alors  une  large  communication  entre  ces  deux  régions,  je  ne  con- 
nais aucun  échantillon  dMm.  peramplus  :  de  môme  dans  le  Turonien 
des  Pyrénées. 

Cette  espèce  a  été  citée  à  Uchaux  et  daos  la  région  alpine  fran- 
çaise; mais  nous  n'avons  pas  lieu  de  nous  en  étonner,  car  nous 
savons  que  vers  la  fin  du  Turonien,  la  faune  du  bassin  de  Paris  a 
pénétré  dans  ces  régions  :  ce  sont  les  contrées  les  plus  méridionales 
dans  lesquelles  se  rencontrent  des  Micrasters  identiques  à  ceux  de 
la  craie  blanche  du  bassin  anglo-parisien. 

D'après  les  données  fournies  par  M.  Peron,  .4m.  peramplus  semble 
bien  exister  en  Algérie. 

Par  contre,  je  doute  fort  qu'il  se  retrouve  dans  le  Turonien  du 
Portugal  :  l'espèce  citée  par  M.  Choffat  et  décrite  par  lui  comme 
var.  beyrensis  diffère  du  type  notamment  par  la  persistance  des 
côtes  secondaires  à  une  taille  où  elles  sont  déjà  effacées  chez  les 
échantillons  typiques  et  par  le  peu  de  relief  des  côtes  principales. 
Il  est  d'ailleurs  difficile  de  dire  si  on  a  là  une  forme  du  groupe  du 
peramplub  ou  du  neubergicus  ou  même  si  elle  ne  se  rattache  pas  à 
Am.  Denisonianus  Stol.  qui  est  un  Puzosia. 

Malgré  l'absence  dans  le  Crétacé  de  l'Inde  de  formes  voisines 
de  Y  Ain.  peramplus,  nous  constatons  cependant  des  analogies  indis- 
cutables entre  la  faune  de  notre  Turonien  et  celle  de  la  partie  supé- 
rieure du  groupe  d'Utatur. 

J'ai  déjà  signalé  la  présence  dans  la  Touraine  et  les  Charentes  de 
l'espèce  de  la  craie  de  l'Inde  Neoptychites  Telinga  Stol.,  sp.,  qui  a 
été  décrite  par  Courtiller  sous  le  nom  d\lm.  cephalotus,  d'après  des 
échantillons  provenant  du  Turonien  inférieur  des  environs  de 
Saumur:  les  variétés  renflées  de  ce  type  ressemblent  beaucoup  à 
iV.  Aetra  Stol.  sp.,  qui  cependant,  d'après  Stoliczka,  proviendrait 
de  la  zone  à  Am.  inflatus. 

A  m.  Medlicotti  Stol.,  du  groupe  de  l'Utatur,  me  parait  identique 
à  l'adulte  de  YAm.  Deveriai  d'Orb.  ;  j'ai  recueilli  au  sommet  du 
Turonien  de  la  Touraine  des  échantillons  qui  ne  me  paraissent  pas 
pouvoir  être  distingués  du  type  de  Stoliczka. 


334  DE  GR0S80UVRE.    —  SUR   \,  AMMONITES  PERAMPLUS  1er  Mai 

M.  Kossmat  a  montré  l'identité  de  YAm.  ornatissimus  S  toi.,  avec 
l'espèce  de  la  craie  de  la  Touraine,  précédemment  confondue  avec 
Am.  Dexeriai,  que  j'avais  distinguée  sous  le  nom  d'Am.  deverioides. 

J'indiquerai  encore  l'identité  très  probable  de  mon  Pachydiscus 
Linderi  des  Corbières  avec  Puzosia  Denisionana  Stol.  sp.  (Kossmat, 
loc.  cit.,  pi.  XXf,  fig.  5a)  également  du  groupe  d'Utatur  :  j'avais,  sur 
les  indications  de  M.  Roussel,  donné  P.  Linderi  comme  provenant 
du  Sénonien,  mais  notre  savant  confrère  a  reconnu  depuis  lors 
qu'il  appartenait  au  Turonien. 

L'espèce  la  plus  remarquable,  commune  aux  deux  régions,  est 
certainement  YAm.  superstes  Kossmat,  qui  rappelle  si  singulière- 
ment VAm.  coronatus  du  Callovien.  Je  l'ai  découverte  dans  le 
Turonien  inférieur  des  Charcutes  :  ainsi  s'affirme  encore  la  grande 
ressemblance  des  faunes  à  l'époque  turonienne  dans  l'Ouest  de  la 
France  et  sur  la  côte  orientale  de  l'Inde. 

A  m.  superstes  a  été  rattachée  par  M.  Kossmat  au  genre  Olcoste- 
pkanus  (ou  mieux  Holcostephanus),  mais  le  dessin  des  cloisons  me 
parait  établir  une  distinction  tranchée,  car  les  lobes  de  VAm. 
superstes  dont  M.  Kossmat  a  donné  le  dessin  (PI.  XVII,  fig.  le) 
sont  à  terminaison  bifide,  tandis  que  leur  extrémité  est  en  pointe 
chez  les  véritables  Holcostephanus.  Je  serais  plutôt  disposé  à  rap- 
procher cette  espèce  des  Acanthoceratidés  et  à  la  désigner  provi- 
soirement comme  Ac.  (?)  superstes  Kossmat,  sp.,  mais  les  Acantho- 
ceras  typiques  ont  leurs  selles  bifides  et  nous  ne  retrouvons  pas  ce 
caractère  chez  Am.  superstes  :  quoi  qu'il  en  soit,  je  ne  puis  voir 
dans  celui-ci  une  récurrence  du  groupe  de  YAm.  coronatus. 

Près  de  cette  espèce  et  comme  variété  plate  probablement  se 
place  l'échantillon  du  Portugal  décrit  par  M.  Choffat  (1).  (.4m.  sp. 
ind.  ail.  superstes,  p.  60,  pi.  X,  fig.  4a  et  4/;).  J'en  possède  un  très 
bon  exemplaire  provenant  du  Turonien  inférieur  des  Cha rentes. 
Ce  type  rappelle  un  peu,  à  mon  avis,  Am.  naticularis  (in  Sharpe, 
pi.  XVIII,  fig.  3)  et  mieux  encore  la  forme  décrite  par  d'Orbigny 
sous  le  nom  d'Am.  Mantelli  (PI.  103,  fig.  1  et  2)  avec  cette  différence 
que  dans  l'échantillon  des  Charentes  les  côtes  partent  par  paires 
d'une  côte  subtuberculée,  tandis  que  dans  les  deux  autres  des  côtes 
simples  s'intercalent  entre  les  côtes  principales  subtuberculées 
au  voisinage  de  l'ombilic.  L'espèce  du  Portugal  et  des  Charentes  me 
parait  être  à  A  m.  superstes  ce  que  Am.  Ajax  d'Orb.  est  à  Am.  coro- 
natus Brug. 

(1)  1898.  P.  Choffat.  Los  Ammonites  du  Bellasien,  des  couches  à  Neolobites 
Vibreyeanus,  du  Turonien  et  du  Sénonien. 


1899  ET  QUELQUES    AUTRES    FOSSILFS   TUR0N1ENS  335 

Les  observations  qui  précèdent  prouvent  les  liens  étroits  qui 
rattachent  leTuronien  de  l'Ouest  et  du  Sud  de  la  France  à  celui 
de  l'Inde  :  il  y  a  là  un  motif  sérieux  pour  penser  qu'il  existait  une 
communication  directe  entre  ces  deux  régions,  contrairement  à 
la  thèse  soutenue  par  M.  Kossmat  qui  croit  qu'elle  avait  lieu  par 
l'extrémité  Sud  de  l'Afrique.  Bien  d'autres  considérations  que  je 
me  propose  de  développer  plus  tard  confirment  cette  conclusion. 

J'ai  montré  qu'il  existait  dans  le  groupe  d'Utatur  des  espèces  des 
divers  niveaux  de  notre  Turonien,  inférieur,  moyen  et  supérieur  : 
c'est  là  un  nouveau  motif  pour  ne  pas  rechercher  un  équivalent  de 
cet  étage  à  la  base  du  groupe  de  Trichinopoly  et  classer  ce  dernier 
dans  le  Sénonien. 

De  la  sorte  et  c'est  la  conclusion  la  plus  importante  à  tirer  de  ce 
qui  précède,  le  groupe  d'Utatur  représente  à  la  fois  le  Gault  supé- 
rieur, le  Cénomanien  et  tout  le  Turonien,  et  le  groupe  de  Trichino- 
poly correspond  au  Coniacien  et  au  Santonien. 

En  réponse  à  la  note  de  M.  de  Grossouvre,  M.  Haug  fait  remar- 
quer que,  en  ce  qui  concerne  la  réunion  des  groupes  de  VA  mm. 
peramplus  et  de  YAmm.  colligatus  en  un  genre  unique  Pachydiscus, 
il  n'a  fait  que  reproduire,  dans  l'analyse  qu'il  a  donnée  récemment 
de  l'excellent  travail  de  M.  Kossmat,  l'opinion  de  cet  auteur.  Quant 
à  la  question  de  nomenclature  elle  lui  parait  avoir  été  posée  par 
M.  Peron  sur  son  véritable  terrain,  car  il  est  dérègle  de  considérer, 
en  l'absence  d'indication  spéciale  de  la  part  de  l'auteur,  comme  type 
d'un  genre,  la  première  espèce  citée.  Daus  le  cas  présent  c'est  donc 
YAmm.  peramplus  qui  doit  être  envisagé  comme  le  type  du  genre 
Pachy disais. 

M.  Haug  rappelle  ensuite  que,  dans  une  note  présentée  à  l'Aca- 
démie des  Sciences,  par  M.  de  Lapparent,  dans  la  séance  du 
14  novembre  1898,  M.  Pervinquière  a  démontré  l'existence,  au 
Sénonien,  de  communications  entre  l'Inde  et  la  région  méditer- 
ranéenne et  il  a  réfuté  ainsi  l'hypothèse  d'une  barrière  séparant  les 
deux  bassins,  qu'avait  formulée  M.  Kossmat  en  se  basant  sur  une 
prétendue  différence  fondamentale  dans  la  composition  de  la  faune. 
Les  observations  de  M.  de  Grossouvre  relatives  au  Turonien  vien- 
nent donc  confirmer  les  résultats  obtenus  par  M.  Pervinquière. 

Enfin,  pour  ce  qui  a  trait  à  «  Olcostephanus  »  superstes  Kossm., 
M.  Haug  renvoie  aux  remarques  qu'il  vient  de  présenter  au  sujet 
de  cette  espèce  dans  la  Revue  critique  de  Paléozoologie  (t.  III,  n°  2, 
p.  81). 


336  1«  Mai 


LES   CHAINES   DE   LA   BORDURE  SEPTENTRIONALE 

DU    BASSIN    DE    MARSEILLE 

par  M.  E.  FOURMER. 

L'hypothèse  de  l'existence  d'une  immense  nappe  de  recou- 
vrement (1)  constituant  toutes  les  chaînes  de  la  bordure  septen- 
trionale du  bassin  de  Marseille,  est  certainement  de  nature  à 
séduire  les  géologues  épris  de  généralisations.  Cette  hypothèse 
présenterait,  en  effet,  l'immense  avantage  d'expliquer  par  un  seul 
schéma,  en  somme  très  simple,  les  coupes  réputées  les  plus  com- 
pliquées de  la  Provence  ;  malheureusement  elle  se  heurte  partout, 
dans  l'examen  des  coupes  détaillées,  à  des  impossibilités  et  à  des 
contradictions;  c'est  ce  que  je  me  propose  d'établir  ici. 

Dans  une  note  précédente  (2),  j'ai  déjà  exposé  les  raisons  qui 
m'empêchaient  d'admettre  cette  hypothèse  pour  la  partie  des 
chaînes  formant  la  bordure  du  bassin  de  Fuveau.  La  note  de 
M.  Marcel  Bertrand  ayant  été  imprimée  en  même  temps  que  la 
mienne,  l'auteur  n'a  pu  encore  discuter  les  arguments  que  j'ai  fait 
valoir,  mais  par  contre  il  a  produit,  en  faveur  de  son  hypothèse, 
plusieurs  assertions  nouvelles  que  je  vais  essayer  de  réfuter  une 
à  une. 

Tout  d'abord,  je  dois  dire  que,  dans  mon  étude  sur  la  bordure  du 
bassin  de  Fuveau,  j'avais  cru  que  M.  Marcel  Bertrand  admettrait 
sans  peine,  ainsi  que  tous  les  géologues  l'ont  fait  jusqu'ici  (3),  que 
la  partie  occidentale  de  la  Nerthe,  qui  se  présente  comme  un  anti- 
clinal absolument  normal,  était  bien  en  réalité  enracinée.  La  lecture 
du  mémoire  de  M.  Bertrand  me  montre  qu'il  n'en  est  rien,  et  que 
son  auteur,  au  contraire,  considère  aussi  toute  la  Nerthe  comme  un 
massif  charrié,  il  ajoute  même,  page  640  :  «  il  est  incontestable  que  ce 
»  massif  fait  corps  avec  celui  de  l'Etoile  et  les  mêmes  conclusions  doivent 
»  s'y  appliquer.  »  Cette  dernière  remarque,  au  sujet  de  laquelle  je  suis 
totalement  d'accord  avec  M.  Marcel  Bertrand,  va  singulièrement 

(1)  M.  Bertrand.  La  nappe  de  recouvrement  des  environs  de  Marseille,  etc. . . 
0.  S.  G.  F.,  (3),  XXVI,  p.  632. 

(2)  £    Fournier.  Ibid.,  p.  613. 

(3)  Voir  les  travaux  de  MM.  Matheron,  Carez,  Collot,  Vasseur  et  M.  Marcel 
Bertrand  lui-même  dans  son  explication  de  la  Feuille  de  Marseille. 


1899       LES  CHAÎNES   DE  LA   BORDURE  DU   BASSIN   DE  MARSEILLE  337 

faciliter  ma  démonstration,  car,  si  j'arrive  à  prouver  d'une  manière 
irréfutable  que  le  massif  de  la  Nerthe  n'est  pas  en  recouvrement^ 
M.  Marcel  Bertrand  sera  obligé,  de  son  propre  aveu,  d'abandonner 
son  hypothèse.  Or,  cette  démonstration  que,  dans  ma  première  note, 
j'avais  considérée  comme  un  lait  acquis  pour  tous,  il  m'est  facile  de 
l'appuyer  par  des  arguments  nombreux  et  probants  : 

Pour  appuyer  son  hypothèse,  M.  Marcel  Bertrand  cite  deux 
coupes  :  celle  de  la  Folie  et  de  Valapoux  qui,  à  elles  seules  et  sans 
autre  alternative  possible,  lui  paraissent  suffisantes  pour  démontrer 
directement  que  tout  le  massif  est  en  recouvrement,  «  Dans  ces 
»  deux  localités,  dit-il,  au  milieu  des  plateaux  urgoniens,  on  voit 
»  s'ouvrir  une  dépression  allongée,  remplie  par  du  Gault  et  du 
))  Turonien.  Le  Turonien  forme  au  centre  une  voûte  des  plus  nettes 
»  sur  laquelle  s'appuient  de  part  et  d'autre  le  Gault  et  l'Aptien  qui 
»  plonge  avec  contacts  bien  visibles  et  une  inclinaison  modérée  sous 
»  l'Urgonien  voisin.  Aux  deux  extrémités  de  la  dépression,  les 
»  deux  flancs  urgoniens  de  l'anticlinal  (1)  se  réunissent  en  une 
))  nappe  unique  qui  forme  le  plateau.  »  «  Le  Turonien  et  l'Aptien 
»  renversés  forment  le  substratum  du  plateau  urgonien,  ce  qui  est 
»  absolument  inexplicable  s'ils  ne  forment  pas  le  substratum  de 
»  tout  le  massif  de  la  Nerthe.  »  Donc,  d'après  M.  Marcel  Bertrand, 
l'Urgonien  et  le  Néocomien  qui  entourent  la  dépression  en  question 
font  partie  de  la  nappe  de  recouvrement.  Or,  si  l'on  suit  la  coupe 
en  s'avançant  vers  les  Martigues,  on  voit  que  cet  Urgonien  et  ce 
Néocomien  font  partie  d'une  série  infracrétacée  bien  continue  et 
que,  dans  la  région  de  la  Gueule  d'Enfer,  ils  supportent  successi- 
vement l'Aptien,  le  Cénomanien,  le  Turonien,  le  Sénonien  à  Hip- 
purite,  lequel  est  surmonté  lui-môme  par  les  couches  à  lignites  de 
Martigues  et  de  l'Etang  de  Caronte. 

Si  donc  /'  Urgonien  en  question  fait  partie  de  la  nappe  de  recouvrement, 
tous  les  étages  qui  le  surmontent  en  font  alors  partie  et  les  couches  à 
lignites  de  Martigues  et  par  suite  toutes  les  couches  fluvio-lacustres 
du  bassin  d'Aix  en  font  partie  également,  ce  qui  est  invraisemblable. 
De  plus,  les  couches  à  lignites  des  Martigues  sont  en  continuité 
indiscutable  avec  celles  des  Pennes,  du  Plan  de  Campagne  et  du 
bassin  à  lignites  du  nord  de  l'Etoile;  or,  ces  dernières  sont  préci- 
sément considérées  par  M.  Marcel  Bertrand  comme  faisant  partie  du 

(1)  Ceci  est  erroné  pour  le  bassin  de  la  Folie,  dont  la  bordure  méridionale  seule 
est  ursronienne,  la  bordure  septentrionale  étant  constituée  par  de<  calcaires 
néocomiens:  voir  fitf.  2  de  ma  note  «  sur  la  bordure  du  bassin  d«*  Fuveau.  » 

20  Août  1899.  —  T.  XXVII.  Bull.  Soc.  Géol.  Fr.  —  ±± 


338      FOUR  NIER.  —  LES  CHAÎNES  DE  LA  BORDURE  SEPTENTRIONALE      1er  Mai 

substratum.  Comment  une  môme  couche  pourrait-elle  faire  partie  à 
la  fois  du  substratum  et  de  la  nappe  de  recouvrement? 

D'ailleurs  l'argument  peut  en  somme  être  résumé  sous  forme 
d'un  dilemme  qui  me  semble  impossible  à  réfuter.  De  deux  choses 
l'une  :  ou  bien  les  couches  à  lignites  des  Martigues  font  partie  de  la 
nappe  de  recouvrement,  ou  bien  elles  font  partie  du  substratum. 
Si  elles  font  partie  de  la  nappe  de  recouvrement,  les  couches  à 
lignites  des  Pennes  et  du  Nord  de  l'Etoile,  avec  lesquelles  elles  sont 
en  continuité  directe,  sont  aussi  en  recouvrement,  ce  qui  est  con- 
traire à  l'hypothèse  de  M.  Marcel  Bertrand,  puisqu'il  les  considère 
comme  faisant  partie  du  substratum  raboté  et  retroussé  par  la 
nappe.  Si  elles  font  partie  du  substratum,  les  couches  qu'elles  sur- 
montent et  auxquelles  elles  succèdent  stratigraphiquementet  sans 
interruption  tectonique  font  a  fortiori  partie  du  substratum  et 
alors  le  massif  de  la  Nerthe  fait  partie  du  substratum  et  n'est  pas 
en  recouvrement,  ce  qui  est  encore  contraire  à  l'hypothèse  de 
M.  Marcel  Bertrand. 

Mais  alors  comment  expliquer  les  coupes  de  Valapoux  et  de  la 
Folie?  J'ai  parcouru  plusieurs  fois  ces  régions  et,  au  lieu  de  la 
voûte  turonienne  des  plus  nettes  et  des  plongements  modérés  et 
constants  de  l'Aptien,  j'ai  constaté  partout  des  brisures,  des  frois- 
sements violents,  de  véritables  failles  et  enfin  surtout  des  plon- 
gements excesaivement  variables;  partout  l'Urgonien  et  le  Néocomien 
de  la  périphérie  se  sont  montrés  coupés  comme  à  l'emporte- pièce, 
avec  surfaces  de  friction  et  même  brèches  de  faille,  en  un  mot  tous 
les  caractères  les  plus  nets  des  bassins  d'effondrement.  Il  est  vrai 
qu'en  plusieurs  points  l'Aptien  plonge  sous  l'Urgonien  et  le  Turonien 
sous  le  Gault,  mais  partout  les  inclinaisons  sont  beaucoup  plus  fortes 
dans  l'Aptien  et  le  Turonien  que  dans  l'Urgonien  lui-même.  Je 
m'étonne  que  M.  Marcel  Bertrand  qui,  jusqu'ici,  a  toujours  inter- 
prété (1)  les  bassins  de  Valapoux  et  de  la  Folie  ainsi  que  tous  les 
bassins  analogues  comme  bassins  d'effondrement,  les  interprète 
aujourd'hui  comme  démontrant  le  recouvrement  sans  autre  inter- 
prétation possible. 

Il  dit  ensuite  que  cette  coupe  prouve  que  l'Aptien  et  le  Turonien 
forment  tout  le  substratum  de  la  Nerthe.  Donc,  s'il  faut  tirer  toutes 
les  conséquences  de  ses  conclusions,  l'Aptien  des  bassins  du  Rove 
et  d'Ensués,  par  exemple,  qui  se  présente  dans  des  conditions  iden- 
tiques à  celui  de  Valapoux  et  de  la  Folie  serait  aussi  recouvert  par 

(I)  Voir  notamment  la  légende  de  la  Feuille  de  Marseille  et  Réunion  extraordi- 
naire de  la  Société  à  Marseille,  181)1. 


1899 


DU  BASSIN   DE  MARSEILLE 


339 


la  nappe.  Or,  dans  le  bassin  du  Rove  on  voit  affleurer  au  contact  de 
cet  Aptien  une  mince  bande  de  Trias  qui  est  la  suite  du  Trias  du 
Jasde-Rode,  de  Septèmes  et  de  Jean-le  Maître  et  qui,  par  consé- 
quent, serait,  d'après  M.  Marcel  Bertrand,  la  couche  axiale  de  la 
nappe  de  recouvrement.  Or,  dans  le  bassin  du  Rove,  cette  bande  de 
Trias  est  intercalée  entre  V Aptien  du  bassin  et  les  étages  infracrétacés 
renversés  du  flanc  nord.  Si  l'Aptien  était  recouvert  par  la  nappe,  ce 
serait  au  contraire  entre  le  Trias  et  l'Aptien  que  devrait  s'intercaler 
le  reste  de  l'Infra crétacé  renversé,  et,  bien  que  ce  Trias  n'ait  que 
trois  ou  quatre  mètres  de  largeur,  des  puits  profonds  percés  dans 
cette  étroite  bande  n'ont  jamais  rencontré  que  des  marnes  à  gypse 
et  des  cargneules,  et  non  des  étages  plus  récents,  comme  le  vou- 
drait l'hypothèse  de  M.  Marcel  Bertrand.  Enfin,  un  dernier  argu- 
ment que  Ton  pourrait  invoquer  en  faveur  du  recouvrement,  c'est 
la  présence  sur  la  bordure  méridionale,  dans  la  Baume  des  Onze 
heures,  près  Figuerolles,  de  Valanginien  horizontal  sur  lequel  repo- 
sent les  Dolomies  jurassiques  (fig.  1).  Mais  c'est  justement  de  ce 
renversement  que  nous  allons  tirer  un  argument  irréfutable  contre 
l'hypothèse  d'un  recouvrement. 


S.        Baume 
des 
Onze  heures 


N. 


N. 


•■•:••  T 


Fig.  1.  Fig.  ±. 

Jd,  Dolomies  jurassiques;  cv,  Valanginien. 

Fig.  1.  Coupe  relevée  a  la  Baume  des  Onze  heures. 
Fig.  t.  Coupe  prise  au  Vallon  de  la  Vesse. 


En  ellet,  si  l'on  suit  vers  le  vallon  de  la  Vesse  le  contact  anormal 
des  Dolomies  et  des  marnes  valanginiennes,  on  ne  tarde  pas  à  voir 
les  couches  se  redresser  progressivement,  redevenir  normales  (fig.  2) 
et  à  partir  du  vallon  de  la  Vesse  on  peut  suivre  sans  discontinuité  les 
marnes  valanginiennes  normalement  superposées  au  Jurassique 
supérieur.  Ces  marnes  valanginiennes  supportent  elles-mêmes  une 
série  infracrétacée  (Vallon  du  Médecin  et  Moulin  de  la  Cride,  qui 
se  poursuit  sur  le  flanc  nord  où  elle  se  renverse  sous  le  Jurassique). 
L'Iijfracrétacé  forme  donc  bien  une  nappe  s'étendant  d'un  flanc  à 
l'autre  du  massif  de  la  Nerthe,  mais  cette  nappe  passe  uormalement 


340      FOURNI BR.  —  LES  CHAÎNES  DE  LA  BORDURE  SEPTENTRIONALE      1er  Mai 

au-dessus  des  Dolomies  et  non  au-dessous,  comme  le  voudrait 
l'hypothèse  d'un  recouvrement. 

Enfin,  à  tous  ces  arguments  d'ordre  tectonique  nous  allons  en 
ajouter  un  d'ordre  stratigraphique  qui,  à  lui  seul,  pourra  paraître 
décisif. 

Dans  la  région  de  Camplleury  on  observe  au-dessous  des  marnes 
vertes  du  Valanginien  des  calcaires  en  plaquettes  lithographiques 
très  fissiles.  J'ai  étudié  tout  spécialement  ces  calcaires  qui  ont  même 
été  l'objet  d'une  tentative  d'exploitation;  ils  correspondent  au 
Jurassique  le  plus  supérieur  et  à  la  base  de  l'Infracrétacé. 

Or,  ces  calcaires  forment  ici  Taxe  du  massif  de  la  Nerthe;  ils 
feraient  donc  partie,  d'après  M.  Marcel  Bertrand,  de  la  nappe  de 
recouvrement.  Or,  tandis  que  ce  faciès  de  calcaires  en  plaquettes 
se  retrouve  dans  les  régions  situées  au  nord  de  la  Nerthe,  telles 
que  les  environs  de  Lançon  et  de  Mouries,  on  ne  les  retrouve  jamais 
dans  la  région  située  au  sud  qui  est  précisément  celle  d'où  provien- 
drait la  nappe  de  recouvrement. 

La  Nerthe  est  donc  bien  enracinée  et  cette  seule  constatation 
suffirait  pour  faire  abandonner  l'hypothèse  ;  je  tiens  néanmoins  à 
discuter  un  à  un  tous  les  autres  arguments  fournis  par  M.  Bertrand 
pour  les  régions  voisines,  qui  sont  beaucoup  plus  complexes.  Dans 
ces  régions  le  procédé  d'explication  de  M.  Marcel  Bertrand  consiste 
à  figurer  des  synclinaux  partout  où  il  existe  des  anticlinaux  et 
réciproquement,  et  à  supposer,  au  lieu  d'une  série  primitivement 
normale,  une  série  primitivement  renversée  à  l'horizontale.  Il  est 
évident  qu'avec  cette  manière  d'envisager  la  question,  la  discussion 
peut  être  en  certains  cas  difficile;  néanmoins  j'espère  pouvoir 
montrer  partout  la  contradiction  de  l'hypothèse  proposée  avec  la 
réalité. 

Si  Ton  compare  les  fig.  1  et  2  du  mémoire  de  M.  Bertrand,  on 
constate  que,  pour  expliquer  l'allure  filiforme  du  Trias,  l'auteur  est 
obligé  d'admettre  deux  anticlinaux  a1  b{  d'assez  grand  rayon  séparés 
par  un  synclinal  excessivement  aigu  t'A  ;  de  plus,  le  pli  anticlinal 
a1  fig.  1  aurait  dû,  dans  l'hypothèse,  donner  aux  Dolomies  une 
allure  anticlinale,  tandis  qu'au  contraire  nous  voyons  dans  la  fig.  2 
de  M.  M.  Bertrand  les  Dolomies  former  un  synclinal  dans  l'Aptien. 
Les  deux  figures  de  M.  Bertrand  sont  donc  incompatibles  :  si  le 
Trias  est  en  synclinal  entre  c„  et  c„  il  est  impossible  que  J5  soit 
également  en  synclinal,  sans  quoi  nous  aurions  affaire  à  deux 
synclinaux  qui  se  succèdent  sans  être  séparés  par  un  anticlinal,  ce 
qui  est  impossible. 


1899  DU   BASSIN    DE   MARSEILLE  341 

M.  M.  Bertrand  dit  ensuite  que  le  «  poudingue  Bégudien  (1)  » 
(Brèche  danienne  de  nos  coupes),  faisant  partie  de  la  série  ren- 
versée, ne  peut  s'être  déposé  en  discordance  sur  cette  môme  série. 
Personne  n'a  jamais  eu  l'idée  de  dire  que  la  brèche  serait  déposée 
en  discordance  sur  la  série  renversée,  puisque  le  renversement  de  la 
série  date  de  l'Eocène  supérieur;  mais  il  parait  au  contraire  bien 
établi  qu'elle  s'est  déposée  en  discordance  sur  la  série  déjà  relevée 
et  fortement  érodée.  Il  y  avait  eu  avant  le  Danien  formation  dans 
le  bassin  d'Aix,  et,  sur  la  bordure  môme  de  la  Nerthe,  d'une  véri- 
table pénéplaine  sur  l'emplacement  de  laquelle  s'est  établie  la  grande 
lagune  à  dessalure  progressive  définitivement  transformée  en  lac 
dès  le  début  du  Tertiaire.  La  brèche  correspond  au  littoral  de  cette 
lagune  pendant  le  Danien.  La  présence  de  cette  brèche  serait  inex- 
plicable si,  dès  cette  époque,  la  Nerthe  n'avait  déjà  formé  un  bour- 
relet anticlinal. 

Quant  au  faciès  spécial  de  l'Aptien  (faciès  de  Fontdouille),  dont 
M.  M.  Bertraud  semble  vouloir  tirer  un  argument  en  faveur  de  son 
hypothèse,  j'ai  déjà  montré  que  l'existence  de  ce  faciès  l'infirmait 
au  contraire  d'une  manière  très  nette  pour  deux  raisons  :  1°  ce 
faciès  vaseux  indique  un  littoral  ;  2°  l'Aptien  du  bassin  de  Marseille 
(La  Penne)  et  du  bassin  de  Cassis  (La  Bedoule)  est  constitué  par 
des  marnes  à  Céphalopodes.  Si  la  nappe  de  recouvrement  venait  du 
bassin  de  Marseille  ou  d'une  région  plus  au  sud,  l'Aptien  qu'elle 
aurait  charrié  avec  elle  présenterait  donc  ce  faciès  à  Céphalopodes. 
11  faut  aller  jusqu'au  voisinage  des  Maures,  c'est-à-dire  au  voisi- 
nage d'un  autre  littoral  des  mers  crétacées,  pour  retrouver  le  faciès 
de  Fontdouille. 

M.  Marcel  Bertrand  considère  la  coupe  du  Four,  près  La  Treille, 
comme  démontrant  d'une  manière  péremptoire  l'existence  d'une 
nappe  renversée.  Or,  môme  eu  admettant  l'interprétation  qu'il  en 
donne  et  qui  consiste  à  regarder  le  monticule  triasique  et  dolomi- 
tique  au  nord  des  Bêlions  comme  non  enraciné  (ce  qui,  comme 
nous  allons  le  voir,  n'est  pas  admissible),  la  coupe  ne  démontrerait 
pas  autre  chose  que  l'existence  d'un  pli  couché  sur  la  distance  qui 
sépare  la  Treille  des  Bêlions,  c'est-à-dire  sur  t  kilomètre  et  demi. 
Nous  sommes  loin  des  25  ou  30  kilomètres  de  recouvrement  que 

(1)  Nous  n'avons  pas  voulu  employer,  pour  désigner  cette  formation,  le  mot 
poudingue,  car  les  éléments  sont  presque  tous  anguleux  et  que,  de  plus,  la  roche 
présente  une  très  grande  analogie  avec  la  brèche  bien  connue  du  Tholonet.  Nous 
n'avons  pas  non  plus  voulu  préciser  l'Age  (Bégu<lien\  car  rette  !»r<vhe  contient  a 
la  fois  des  assises  bégudiennes  et  rognaciennes. 


342      FOURNIER.  —  LES  CHAÎNES  DE  LA  BORDURE  SEPTENTRIONALE      1«r  Mai 

supposerait  la  nappe  totale.  Il  suffit  d'ailleurs  de  se  reporter  à  la 
carte  géologique  (Feuille  de  Marseille),  pour  voir  que  la  coupe  de 
M.  Bertrand,  au  lieu  d'être  dirigée  perpendiculairement  aux  élé- 
ments de  la  bande  triasique  qui  entoure  le  massif  d'Allauch,  est 
dirigée  parallèlement  à  un  des  segments  de  cette  bande  ;  c'est  sur- 
tout par  ce  point  et  par  l'interprétation  qu'elle  diffère  de  la  coupe 
très  voisine  que  j'ai  publiée  (B.  S.  G.  F.,  (1),  XIII,  p.  516,  coupe  V). 

M.  M.  Bertrand  figure  l'Infralias  U  en  concordance  avec  le 
Valanginien  cv  alors  qu'il  existe  au  contraire  entre  eux  une  dis- 
cordante  tectonique  très  nette  avec  stries  et  brèche  de  friction.  La 
même  discordance  existe  entre  le  Valanginien  et  l'Àptien,  elle  est 
également  négligée  ;  enfin,  la  longueur  totale  de  la  coupe  de 
M.  Bertrand  représente  environ  2  kilomètres  et  les  dimensions  qu'il 
donne  à  l'affleurement  aptien  lui  attribueraient  environ  200  mètres 
de  largeur  alors  qu'il  en  a  10  à  peine. 

Ceci  est  très  important  à  noter  car,  sur  ces  10  mètres,  l'Aptien 
présente  en  effet  un  petit  plissement  en  voûte  qui,  étant  donné  ses 
dimensions,  n'a  aucune  signification  et  qui  pourrait  en  avoir  une 
s'il  atteignait  réellement  les  dimensions  que  M.  Bertrand  lui 
attribue.  Enfin,  ce  qui  vient  prouver  directement  que  le  Trias  au 
nord  des  Bêlions  n'est  pas  en  recouvrement,  c'est  qu'un  puits  creusé 
à  50  mètres  de  profondeur  dans  ce  Trias  et  à  5  ou  6  mètres  seulement 
du  contact  entre  ce  Trias  et  le  Néocomien,  n'a  rencontré  que  des 
marnes  gypseuses  et  des  cargneules. 

Je  n'insisterai  pas  sur  le  massif  de  Saint-Julien,  les  coupes  très 
exactes  que  M.  Bresson  en  a  données  (1)  montrent  surabondamment 
qu'il  est  enraciné;  d'ailleurs,  s'il  ne  l'était  pas,  on  peut  se  demander 
d'où  proviendrait  la  nappe  invoquée  par  M.  Marcel  Bertrand, 
puisque  plus  au  sud  il  n'existe  plus  de  plis  à  axe  triasique,  à  moins 
de  les  imaginer  sous  la  mer,  ce  qui  est  bien  problématique.  Cette 
nappe  aurait  alors  passé  par  dessus  tout  le  massif  de  Carpiagne 
et  de  la  Tête-Puget,  à  moins  qu'elle  n'ait  passé  encore  en  dessous, 
hypothèse  que  M.  M.  Bertrand  lui-même  a  hésité  à  envisager.  Par 
tous  ces  arguments  concordants,  les  conclusions  relatives  à  la  non 
existence  des  plis  périphériques  se  trouvent  infirmées. 

Je  n'ajouterai  que  quelques  mots  au  sujet  de  la  vérification  que 
va  fournir  la  galerie  à  la  mer,  entreprise  par  la  Société  des  Char- 
bonnages de  Fuveau.  M.  M.  Bertrand  semble  admettre  dans  sa 
nouvelle  note  que  la  galerie  puisse  rencontrer  l'Aptien,  ce  qu'il 

(l)  B.  S.  G.  F.,  (3),  XXVI,  p.  3&0  et  suiv. 


1899  DTJ  BASSIN   DE  MARSEILLE  343 

refusait  d'admettre  dans  sa  note  précédente.  Mais  il  déclare 
que  si  elle  ne  rencontre  pas  le  Trias,  ce  serait  une  confirmation 
absolue  de  6on  hypothèse  ;  à  ce  sujet  je  tiens  à  faire  remarquer  que 
la  galerie  passe  tout  à  fait  vers  l'extrémité  du  Massif  de  Saint- 
Germain,  que  j'ai  considéré  comme  une  sorte  de  dôme  en  champi- 
gnon et  par  conséquent  déversé  sur  sa  périphérie,  l'argument  ne 
serait  donc  pas  sans  réplique:  le  fait  de  ne  pas  rencontrer  le  Trias, 
prouverait  simplement  que  l'amplitude  du  déversement  atteint  3 
ou  400  mètres.  Seul  le  fait  de  rencontrer  sous  l'Aptien  des  terrains 
plus  récents,  comme  l'a  affirmé  M.  Bertrand,  serait  concluant  ;  par 
contre  le  fait  de  rencontrer  le  Trias  à  350  mètres  de  profondeur 
sera  un  argument  irréfutable  en  faveur  de  notre  interprétation  car, 
quelque  forme  que  l'on  puisse  donner  aux  plis  figurés  par  M.  M. 
Bertrand,  il  est  impossible  de  faire  plonger,  avec  quelque  vraisem- 
blance, la  charnière  des  synclinaux  triasiques  jusqu'au  niveau  de 
la  galerie. 


344  1er  Mai 


CONTRIBUTION  A  L'ÉTUDE  DES  ÉCH1NIDES  FOSSILES 

par  M.  V.  GAUTHIER  (1). 

IV.  —  Appareil  apical 
dit  Plesiospatangus  cotteaui  (de  Loriol)  Pomel. 

En  1880,  M.  de  Loriol,  dans  sa  Monographie  des  Echinides  contenus 
dans  les  couches  nummulitiques  de  l'Egypte,  a  décrit  un  type  très 
intéressant  qu'il  a  rapporté  au  genre  Euspatangus  et  dédié  au 
regrette  Cotteau.  Les  aires  ambulacraires  paires  de  cet  oursin  sont 
logées  dans  des  sillons  assez  profonds,  tandis  qu'elles  sont  superfi- 
cielles dans  les  autres  espèces  du  genre.  Cette  particularité  n'avait 
pas  échappé  à  M.  de  Loriol,  mais  trouvant  tous  les  autres  caractères 
exactement  conformes  au  type  du  genre  Euspatangus,  il  s'était 
refusé  à  voir  un  caractère  générique  dans  le  seul  fait  que  les  ambu- 
lacres  étaient  placés  dans  une  dépression  du  test.  En  1883,  Pomel, 
dans  sa  Classification  méthodique,  lit  des  tribus  distinctes  des  types 
à  ambulacres  superficiels  (Euspatanyidés)  et  des  types  à  ambulacres 
déprimés  (Brissidés),  et  relevant  le  détail  qui  nous  occupe  établit 
pour  cet  éebinide  le  genre  Plesiospatangus.  Pomel  n'avait  pas  vu  cet 
oursin  et  par  conséquent  il  n'avait  pu  y  remarquer  que  ce  qu'avait 
remarqué  M.  de  Loriol. 

J'ai  reçu  dernièrement  de  notre  confrère  M.  Fourtau  un  grand 
nombre  d'exemplaires  du  Plesiospatangus  Cotteaui,  la  plupart  bien 
conservés  ;  ils  proviennent  du  Gebel  Haridi,  près  de  Tahta,  au  sud 
d'Assiout,  dans  le  Nord  de  la  Haute-Egypte.  En  les  examinant,  j'ai 
été  bien  vite  frappé  d'uu  détail  étrange  de  l'appareil  apical  :  il  n'y 
a  que  deux  pores  génitaux,  et  ces  deux  pores  sont  ceux  du  côté 
gauche  portés  par  les  plaques  3  et  4  ;  les  plaques  1  et  2  du  côté 
droit  en  sont  complètement  dépourvues.  M.  de  Loriol,  daus  sa 
description,  dit  :  «  quatre  pores  génitaux  très  petits  et  très  rappro- 
chés )).  Les  exemplaires  qu'il  a  étudiés  portaient-ils  réellement  ces 
quatre  pores,  ou  l'auteur  a-t-il  cru  les  voir  ne  supposant  pas  l'ano- 
malie que  je  signale  aujourd'hui  ?  La  localité  qu'il  indique  est  assez 

(1)  Voir  H.  S.  G.  F.,  3'  série,  t.  XXV,  p.  831,  18U7. 


1899  CONTRIBUTION   A    L'ÉTCDK   DBS   ÉCHIMDCS   FOSSILES  345 

vague  :  environs  de  Thôbes  ;  faut-il  supposer  une  variété  locale 
différant  par  ce  caractère  des  individus  recueillis  au  G.  Haridi  ? 
Ce  qui  est  certain  c'est  que  tous  ceux  de  ces  oursins  où  je  vois 
nettement  l'appareil  apical  sont  uniformément  dépourvus  des  deux 
pores  génitaux  du  côté  droit  ;  il  n'y  a  pas  une  seule  exception. 

L'appareil,  dont  je  donne  ici  le  grossissement,  est  subcompact  ; 
la  plaque  géDÎtale  antérieure  de  droite  2  se  rattache  au  corps 
madréporiforme  et  celui-ci  se  prolonge  en  arrière,  sépare  les  géni- 
tales postérieures  ainsi  que  les  ocellaires,  mais  sans  s'étendre  au- 
delà.  Ce  développement  du  corps  madréporiforme  se  retrouve  plus 
ou  moins  prolongé,  à  peu  près  chez  tous  les  Spalangoldes  tertiaires  ; 
de  ce  coté,  l'appareil  de  l'oursin  qui  nous  occupe  est  parfaitement 
régulier. 

Il  n'est  point  rare  de  constater  chez  les  échinides  irréguliers  des 
terrains  tertiaires  des  modifications  dans  le  nombre  et  la  disposition 
des  pores  génitaux  ;  on  en  rencontre  même  dans  quelques  types 
crétacés.  Les  genres  Oolopygus  d'Orbigny,  Cyclaxter  Cotteau,  Peri- 
costnm  Agassiz  n'ont  que  trois  pores  génitaux  s'ouvrant  sur  les 
plaques  1,  3  et  4  ;  la  plaque  2  à  laquelle  se  rattache  le  corps  madré- 
poriforme en  est  dépourvue  ;  mais  c'est  à  tort  qu'on  a  affirmé  que 
dans  les  cas  où  un  des  pores  génitaux  fait  défaut,  c'est  toujours  la 
plaque  antérieure  de  droite  qui  en  est  privée.  Si  cette  remarque  est 
juste  jusqu'à  présent  chez  les  Spalangoldes. 
elle  ne  l'est  pas  chez  toutes  les  espèces  des 
Cassidulidèes;  ainsi,  dans  le  genre  Ptiolam- 
pas  Pomel,  les  espèces  qui  n'ont  que  trois 
pores  génitaux  fil  en  est  qui  en  ont  quatre) 
présentent  une  autre  disposition  ;  c'est  la 
plaque  3,  l'antérieure  de  gauche,  qui  en  est 
dépourvue,  tandis  que  la  plaque  2  est  régu- 
lièrement perforée  ;  il  en  est  de  même  dans 
le  genre  Trimomanthus  de  M.  Bit  tuer  qui  a  j,-,  ,  _  Appareil  du 
fait  de  cette  disposition  le  caractère  prio-  Pte'*i<>*patttngtu  Cat- 

,   ,  ,    ,   .  teuui,  «rossi  six  lois. 

cipal  de  sa  coupe  générique  établie  pour  une 

espèce  d'Australie  ei  qui  se  répète  dans  plusieurs  types  européens 
cités  par  cet  auteur. 

D'autres  genres  n'ont  que  deux  pores  génitaux,  comme  beaucoup 
de  Scliizaster  et  les  Ditremustrr,  que  M.  Monter-Chaltnas  a  séparés 
des  tlemiaster  pour  cette  raison.  Chez  ces  oursins,  les  deux  pores 
présents  sont  toujours  les  postérieurs  portés  pir  les  plaques  1  et  4. 
La  disposition  que  je  signale  ici  pour  le  genre  P lésion patangw 


346  v.  Gauthier  i*r  Mai 

n'existe  chez  aucun  autre  ;  elle  donne  l'appareil  un  aspect  bizarre 
que  j'ai  cru  utile  d'indiquer  à  ceux  qui  s'occupent  des  études  éclii- 
nologiques. 

V.  —  Gubttaria  pustuufbra  Gauthier. 

Syn.  —  Holaster  pustulifer  Coquand  in  collect. 

Cardiaster  pustulifer  Peron  et  Gauthier,  Echin.  foss.  de 

l'Algérie,  fasc.  IV,  p.  74,  pi.  I, 
fig.  1-5,  1878. 

Quand  nous  avons  publié,  M.  Peron  et  moi,  le  Cardiaster  pustu- 
lifer, nous  n'avons  eu  entre  les  mains  pour  nous  servir  de  type  qu'un 
exemplaire  déformé  par  compression  latérale  ;  l'appareil  apical 
n'était  pas  suffisamment  visible  et  le  sillon  antérieur  rétréci  parla 
déformation  du  test  ne  pouvait  pas  nous  faire  supposer  le  déve- 
loppement considérable  qu'il  prend  dans  le  genre  Guettaria.  L'appa- 
reil apical  paraissant  allongé  et  la  présence  d'un  fasciole  marginal 
nous  ont  fait  ranger  ce  type  assez  bizarre  dans  le  genre  Cardiaster. 

L'établissement  du  genre  Guettaria  Gauthier,  avec  les  grands 
exemplaires  de  Guettar-el-Aïch,  G.  Angladei,  et  de  Diégo-Suarez, 
G.  Roccardi  Cotteau,  n'a  pas  rappelé  tout  d'abord  à  ma  mémoire 
l'oursin  déformé  publié  dix  ans  auparavant  sous  le  nom  de  Car- 
diaster pustulifer.  Depuis,  l'étude  du  G.  Danglesi  dont  la  forme  se 
rapproche  beaucoup  de  celle  du  Cardiaster  en  question  m'a  engagé 
à  faire  une  comparaison  minutieuse  des  deux  types,  et  il  n'est  pas 
douteux  aujourd'hui  pour  moi  que  Je  C.  pustulifer  d'Aumale  ne 
doive  entrer  dans  le  genre  Guettaria.  Les  deux  exemplaires  sont 
certainement  très  voisins,  et  il  n'y  a  qu'à  se  reporter  à  la  figure 
que  j'indique  dans  les  Echinides  fossiles  de  l'Algérie  pour  être 
frappé  de  leur  ressemblance.  Je  ne  crois  pas  cependant  qu'on 
puisse  les  réunir  spécifiquement.  La  déformation  du  type  unique 
du  C.  pustulifer,  aujourd'hui  cédé  à  un  musée  étranger  avec  la 
collection  Coquand,  ne  permet  pas  de  tirer  des  arguments  bien 
précis  de  la  différence  des  deux  exemplaires;  toutefois  le  test  du 
G.  pustulifera  parait  avoir  été  plus  allongé,  surtout  dans  la  partie 
antérieure  ;  le  sillon  impair  montait  plus  haut  que  dans  le  G.  Dan- 
glesi où  il  ne  commence  à  être  sensible  qu'à  moitié  de  la  distance 
entre  l'apex  et  le  bord  et  seulement  dans  la  partie  verticale  de  la 
face  antérieure.  En  soumettant  le  G.  Danglesi  à  une  compression 
latérale  analogue  à  celle  qu'à  subie  l'autre  espèce,  il  me  semble 
qu'on  obtiendrait  un  résultat  très  différent  et  que  la  partie  a  nié- 


1899  CONTRIBUTION   A   L'ÉTUDE  DES  ÉGHINIDES   FOSSILES  347 

Heure  de  cet  oursin  serait  plus  raccourcie  encore  qu'elle  ne  Test 
déjà  régulièrement.  La  compression  latérale  aurait  dû  exagérer  la 
hauteur  du  test  dans  l'exemplaire  d'Aumale,  et  cependant  il  est 
moins  élevé  que  celui  de  l'exemplaire  des  environs  de  Mascara,  et 
la  partie  antérieure  se  déprime  rapidement,  au  lieu  de  rester  haute, 
verticale  et  presque  rentrante  comme  dans  l'autre  type.  A  ces 
divergences  on  peut  ajouter  la  différence  du  nombre  et  de  la  gros- 
seur des  tubercules  qui  forment  la  ceinture  péripétale  dont  j'ai 
parlé  :  ils  sont  plus  abondants  et  plus  développés  dans  le  G.  Dan- 
glesi  où  l'on  en  compte  au  moins  sept  dans  l'aire  interambulacraire 
latérale,  tandis  qu'il  n'y  en  a  que  deux  dans  l'autre  espèce,  un  sur 
chaque  moitié  de  l'aire.  11  en  est  de  même  pour  les  tubercules 
ornant  les  aires  ambulacraires,  assez  nombreux  chez  l'espèce  de 
Mascara,  presque  invisibles  dans  l'autre  ;  les  deux  types  ne  se  con- 
fondent donc  pas  et  il  est  facile  de  les  distinguer. 

Je  ne  puis  trouver  aucun  argument  dans  l'horizon  géologique  où 
ces  deux  exemplaires  ont  été  rencontrés,  puisque  je  ne  connais  pas 
exactement,  comme  je  l'ai  dit,  la  position  stratigraphique  du 
G.  Danglesi  ;  le  G.  pustulifera  provient  d'Aumale,  selon  Coquand,  et 
appartient  à  l'étage  cénomanien.  La  similitude  des  formes  peut 
faire  supposer  la  contemporanéité  des  deux  types.  Quoi  qu'il  en 
soit,  l'apparition  de  ce  genre  se  trouve  bien  plus  ancienne  que  ne 
l'avaient  fait  présumer  les  Guettaria  Angladei  et  Roccardi  qui  appar- 
tiennent à  l'époque  sénonienne;  et  l'avenir  nous  dira  peut-être 
comment  on  le  trouve  à  la  fois  en  Algérie,  où  il  semble  avoir  pris 
naissance,  et  à  Madagascar. 


348  1"  Mai 


GROS  CAILLOUX  DE  LA  GARONNE 
EN  AVAL   DU   CONFLUENT   DU   TARN 

par  M.  Edouard  HARLÉ. 


Dans  une  note  sur  les  alluvions  de  la  Garoune,  insérée  au 
Bulletin  de  1895,  j'ai  signalé,  p.  4U7,  d'énormes  cailloux,  atteignant 
jusqu'à  1/20  de  mètre  cube,  qui  avaient  été  dragués  daus  le  lit  de 
la  Garonne,  à  Golfech,  à  20  kilomètres  en  aval  du  confluent  du 
Tarn.  J'ai  admis  que  ces  cailloux  avaient  été  amenés  à  la  Garonne 
par  le  Tarn.  J'ai  ajouté  que  les  plus  gros  cailloux  de  Goliech  que  la 
Garonne  ait  charriés  de  points  situés  en  amont  du  confluent  du 
Tarn  (des  cailloux  de  quartzite  vert,  des  Pyrénées)  atteignent,  au 
maximun,  un  volume  de  1/160  de  mètre  cube,  c'est-à-dire  8  fois 
moindre. 

Depuis,  j'ai  obtenu  aussi  d'énormes  cailloux  par  des  dragages 
dans  le  lit  de  la  Garonne  à  Saint-Pierre-de-Gaubert,  à  15  kilomètres 
en  aval  de  Golfech  et  10  en  amont  d'Ageu. 

J'avais  prélevé  des  échantillons  sur  quelques-uns  de  ces  énormes 
cailloux  dragués  à  Golfech  et  Saint-Pierre-de  Gaubert.  Ils  m'ont 
servi  à  mieux  préciser  la  provenance  originelle  de  ces  cailloux. 

M.  Lacroix,  Professeur  au  Muséum,  a  eu  la  grande  obligeance 
de  me  faire  connaître  les  déterminations  minéralogiques. 

Les  échantillons  que  j'ai  prélevés  sur  ces  cailloux  appartiennent 
à  trois  catégories  : 

1°  Caillou  dragué  à  Golfech,  volume  1/25  de  mètre  cube  (dimen- 
sions :  Um59  —  0in3(>  —  0ra37)  (1),  quartz  grenu  à  structure 
saccharoïde. 

Caillou  dragué  à  Golfech,  volume  1/36  de  m.  c.  (0,55  —  0,45  — 
0,22),  quartz  haché. 

Caillou  dragué  à  Saint-Pierre-de-Gaubert,  volume  1/35  de  m.  c. 
(0,58  —  0,33  —0,30),  quartz  grenu  à  gros  grains  et  quartz  haché. 

(1)  J'ai  admis  que  le  volume  des  cailloux  peut  être  calculé  comme  s'ils  avaient 
la  forme  d'ellipsoïdes  et  que  le  volume  d'un  ellipsoïde  est  égal  approximative- 
ment a  la  moitié  du  produit  de  ses  trois  plus  grandes  dimensions  rectangulaires. 
J  ai  donc  ;idmi»  : 

Voluiiii:  d'un  caillou—  \/'l  longueur  X  largeur  X  épaisseur. 


1899  GROS  CAILLOUX   DE  LA   GARONNE   EN  AVAL   DU  TARN  349 

Caillou  dragué  à  Saint-Pierre-de-Gaubert,  volume  1/21  de  m.  c. 
(0,60  —  0,51  —  0,30),  quartz  grenu  à  gros  grains. 

Ces  cailloux  appartiennent  à  une  même  roche,  ainsi  définie  : 
«  Quartz  bâché  dont  les  cavités  ont  été  remplies  postérieurement 
par  du  quartz  —  quartz  grenu  à  structure  saccbaroïde  —  quartz 
grenu  à  plus  gros  éléments.  » 

Je  n'ai  trouvé  cette  roche  ni  dans  les  alluvions  de  la  Garonne 
en  amont  du  confluent  du  Tarn,  ni  même  (au  moins  d'une  manière 
nette)  dans  celles  du  Tarn  en  amont  du  confluent  de  l'Aveyron. 
EUe  est  au  contraire  fort  commune  dans  les  alluvions  de  l'Aveyron, 
où  elle  forme  les  plus  gros  cailloux.  En  remontant  la  vallée  de  cette 
rivière,  on  trouve  les  cailloux  de  cette  nature  de  plus  en  plus  gros. 
J'en  ai  vu  de  1/7  de  m.  c.  près  de  Montricoux  (0,73  —  0,64  — 
0,57);  de  un  mètre  cube  à  Laguépie  (dans  le  lit  de  l'Aveyron,  au 
confluent  du  Viaur  :  1,80  —  1.20  —  0,90).  La  grosseur  extraordi- 
naire des  cailloux  de  Laguépie  montre  que  le  gisement  d'origine 
est  peu  éloigné.  Et  en  effet,  à  Najac,  à  10  kil.  seulement  en  amont 
de  Laguépie,  un  filon  de  quartz,  situé  sur  le  versant  droit  de  la 
vallée  de  l'Aveyron,  au  dessus  de  la  station  du  chemin  de  fer,  con- 
tient, en  abondance,  les  mêmes  variétés  de  quartz  que  les  cailloux 
en  question  de  Golfech  et  de  Saint-Pierre-de-Gaubert,  ainsi  que 
M.  Lacroix  me  l'a  confirmé  sur  le  vu  des  échantillons  que  je  lui  ai 
soumis.  Ce  filon,  rendu  bien  visible  par  son  relief  de  près  de  10  m. 
sur  la  surface  du  sol,  atteint  4  m.  d'épaisseur.  [I  est  divisé,  par  des 
fissures,  en  très  gros  blocs.  Les  cailloux  que  j'ai  cités  doivent  pro- 
venir de  ce  filon  et  de  filons  semblables  comme  nature  minéralogi- 
que  et  comme  grosseur  de  blocs. 

Le  confluent  delà  Garonne  et  du  Tarn  est  moitié  moins  loin  du 
gisement  d'origine  de  ces  cailloux  de  quartz  haché  et  grenu  que  de 
celui  des  cailloux  de  quartzite  vert  des  Pyrénées  (120  kil.  au  lieu  de 
230  kil.),  ce  qui  suffit  à  expliquer  pourquoi  les  premiers  sont  plus 
gros  que  les  seconds. 

2°  Caillou  de  couleur  verte  dragué  à  Golfech,  volume  1/21  de  in.  c. 
(0.57  —  0,41  —  0,40).  Je  n'ai  trouvé  aucun  caillou  de  cette  nature 
dans  la  vallée  de  la  Garonne  en  amont  du  confluent  du  Tarn,  ni 
même  dans  la  vallée  du  Tarn  en  amont  du  confluent  de  l'Aveyron. 
J'en  ai  trouvé,  quoique  rarement,  dans  la  vallée  de  l'Aveyron  et, 
notamment,  un  gros  caillou  au  bord  de  l'Aveyron,  à  Laguépie.  Ce 
caillou  de  Laguépie  et  celui  de  Golfech  ont  été  reconnus,  par  M. 
Lacroix,  appartenir  à  la  même  roche  :  «  Gneiss  amphibolique,  ce 
terme  désignant,  non  un  âge  géologique,  mais  une  composition  et 
une  structure  miuéralogique  déterminées.  » 


350  ÉD.    HARLÉ.   —  GROS  CAILLOUX   DE  LA   GARONNE  1er  Mai 

3°  Caillou  ayant  l'aspect  d'un  Porphyre,  à  pâte  grise  avec  noyaux 
blancs  de  feldspath  (de  la  grandeur  d'un  gros  pois,  mais  de  forme 
allongée),  dragué  à  Golfech,  volume  1/36  de  m.  c.  (0,57  —  0,32  — 
0,30).  Je  n'ai  trouvé  de  cailloux  de  cette  espèce  ni  dans  la  Garonne 
en  amont  du  confluent  du  Tarn,  ni  dans  l'Aveyron.  Des  cailloux 
semblables,  mais  bien  plus  gros,  sont,  au  contraire,  assez  com- 
muns dans  la  vallée  du  Tarn,  notamment  aux  environs  de  Rabas- 
tens  et  de  Gaillac.  Ce  sont,  avec  des  cailloux  de  quartz  moins 
volumiueux,  les  plus  gros  cailloux  du  Tarn.  L'un  d'eux,  qui  m'a 
été  montré  par  M.  Philadelphe  Thomas,  à  1  kil.  de  Gaillac,  au  bord 
de  la  route  de  Moutans,  dans  la  basse-plaine  ou  plaine  inférieure, 
atteint  i/5  de  m.  c.  (0,99  —  0,74—  >  0,46).  Ce  caillou  de  Gaillac, 
d'autres  gros  cailloux  de  Gaillac  et  de  Rabastens  et  le  caillou  en 
question  de  Golfech  appartiennent,  d'après  M.  Lacroix,  à  la  même 
roche  qui  est  :  «  ou  bien  une  roche  éruptive  du  groupe  des  a  pli  tes, 
ou  bien  une  roche  sédimentaire  très  métamorphisée  par  le  granité. 
On  se  trouve  dans  l'impossibilité  de  préciser  à  cause  de  l'importance 
des  phénomènes  dynamiques  qui  ont  déformé  la  structure  de 
la  roche  et  l'ont  parfois  reudue  franchement  rubanée.  Tous  ces  cail- 
loux appartiennent  à  une  même  roche  qui,  suivant  l'une  où  l'autre 
hypothèse,  est  ou  bien  un  granité  à  grains  fins,  ou  bien  un  quartzite 
micacé  et  feldspathisé.  Les  noyaux  blancs  sont  du  feldspath.  » 

En  résumé,  les  plus  gros  cailloux  de  la  Garonne,  en  aval  du 
confluent  du  Tarn,  ont  été  apportés  par  le  Tarn,  qui  en  a  reçu  lui- 
même  le  plus  grand  nombre  de  l'Aveyron. 

Le  Tarn,  ainsi  que  je  viens  de  le  montrer,  a  transporté,  aux 
environs  de  Gaillac,  de  très  gros  cailloux  atteignant  jusqu'à  1/5 
de  m.  c.  La  pente  de  la  vallée  du  Tarn,  dans  cette  partie,  est  d'un 
peu  plus  de  1  mètre  par  kilomètre.  Pour  trouver  une  pente  égale 
dans  la  vallée  de  la  Garonne,  il  faut  la  remonter  jusqu'un  peu  au- 
dessus  de  Toulouse,  à  Empalot  et  Pinsaguel.  Mais  les  cailloux  les 
plus  volumineux,  dans  cette  partie,  sont  bien  moindres  que  ceux 
de  Gaillac.  Les  plus  gros  que  j'y  aie  trouvés,  dans  les  alluvions 
soit  modernes,  soit  anciennes,  sont  un  caillou  de  1/53  de  m.  c. 
(quartzite  bru u  ;  0,50  —  0,31  —  0,24)  au  pied  du  barrage  d'Empa- 
lot  et  un  caillou  de  1/22  de  m.  c.  (quartzite  vert;  0,70  —  0,38  — 
0,34)  dans  la  plaine  inondée  par  les  fortes  crues,  à  Pinsaguel, 
au  bord  du  chemin  de  Saubens.  Ces  cailloux  sont  1 1  et  4  fois  et  demi 
plus  petits  que  le  plus  gros  de  Gaillac.  La  Garonne  aurait  donc 


1899  KN  AVAL  DU   CONFLUENT  DU  TARN  351 

pu  transporter  des  cailloux  bien  plus  gros  qu'elle  ne  Ta  fait.  Elle 
a  d'ailleurs  charrié,  à  Pinsaguel,  pendant  la  crue  de  1875, 
sur  175  iu.  de  longueur,  une  pierre  de  taille  de  2/3  de  m.  c, 
c'est-à-dire  3  fois  plus  volumineuse  que  le  gros  caillou  de  Gaillac  (1). 

De  même,  à  20  kil.  en  aval  d'Agen,  la  ballastière  exploitée  à  Feu- 
ga  roi  les,  dans  la  terrasse  qui  domine  immédiatement  la  plaine 
submersible,  a  donné  des  blocs  calcaires,  charriés  des  environs, 
dont  le  volume  atteint  jusqu'à  2/5  de  m.  c,  c'est-à-dire  8  fois  le 
volume  du  plus  gros  caillou  de  cette  région.  La  pente  de  la  vallée 
de  la  Garonne  dans  cette  région  (Feugarolles,  Agen,  Saint  Pierre 
de-Gaubert,  Golfech)  est  d'environ  0m30  par  kil. 

Je  crois  pouvoir  conclure  de  ces  faits  et  d'autres  que  le  volume 
maximum  des  cailloux  de  la  Garonne  n'est  pas  limité  par  la  pente 
ou  la  force  de  transport  de  cette  rivière,  mais  seulement  par  l'usure 
qu'ont  subie  les  cailloux  depuis  leur  gisement  d'origiue  et  par  la 
grosseur  des  blocs  de  rocher  dont  ils  proviennent,  grosseur  qui 
dépend  elle-même  de  l'épaisseur  des  bancs  et  de  leurs  tissures. 

J'ajoute  que  certains  cailloux  sont  détruits  par  décomposition 
chimique. 

Il  arrivera  sans  doute  un  temps  où  la  Garonne,  en  continuant  à 
creuser  sa  vallée,  réduira  tellement  sa  pente  qu'elle  ne  pourra  plus 
charrier  que  de  petits  cailloux.  La  grosseur  des  cailloux  sera  alors 
limitée  par  la  force  de  transport  de  la  rivière.  Beaucoup  de  cailloux, 
provenant  directement  des  gisements  d'origine  ou  empruntés  aux 
berges  d'alluvions  plus  anciennes,  s'accumuleront  sur  le  fond  du 
lit  et  formeront  un  sérieux  obstacle  à  un  nouveau  creusement  et, 
par  conséquent,  à  une  nouvelle  réduction  de  la  pente. 

■ 

(1)  La  Garonne  a  charria  de.  gros  blocs  pondant  d'autres  crues  que  celle  do 
1875.  Ainsi,  la  visite  du  pont  du  Fourc  (un  peu  en  amont  du  confluent  du  Salât), 
à  la  suite  de  la  crue  du  3  juillet  1897,  a  fait  découvrir  un  bloc  de  rocher,  arrondi, 
de  1  mètre  cube  (1,75  —  1,40  —  0,80),  sur  le  pavage  (radier)  de  ce  pont.  Ce 
bloc  y  avait  été  charrié,  postérieurement  à  la  crue  de  1875,  car  ce  pavage  n'a 
été  construit  qu'après  cette  crue.  Il  provenait  des  berges  ou  du  lit,  en  amont.  La 
longueur  suivant  laquelle  11  avait  été  charrié  sur  le  pavage,  et  par  conséquent 
sans  que  son  mouvement  ait  été  favorisé  par  alfouillement  de  gravier,  atteignait 
10  mètres. 


352 


Séance  du   15  Mai   1899 

PRÉSIDENCE  DE  M.  E.  DE  MARGERIE,  PRÉSIDENT 

M.  J.  Blayac,  Secrétaire,  donne  lecture  du  procès-verbal  de  la 
dernière  séance,  dont  la  rédaction  est  adoptée. 

Par  suite  de  la  présentation  faite  dans  la  dernière  séance,  le 
Président  proclame  membres  de  la  Société  : 

MM.  Ch.  Balsan,  Député  de  l'Indre,  présenté  par  MM.  Lipp- 
mann  et  G.  Dollfus. 
Dop,  Licencié  es  sciences,  étudiant  à  la  Faculté  des  Sciences 
de  Toulouse,  présenté  par  MM.  Léon  Bertrand  et  E.  de 
Margerie. 

M.  £.  de  Martonne  siguale  parmi  les  dons  récemment  parvenus 
à  la  Société,  un  mémoire  de  M.  F.-P.  Gulliver  :  Shoreline  Topo- 
graphy,  paru  dans  les  Proceedings  of  the  American  Academy  of  Arts 
and  Sciences  (XXIX,  N°  8,  janv.  1899),  107  p.,  32  fig.  ;  un  fascicule 
des  Mémoires  du  Comité  géologique  contenant  la  Notice  explicative 
de  la  feuille  427  de  la  Carte  géologique  de  Russie,  par  M.  A.  Stucken- 
berg  (cetta  feuille  contient  principalement  des  dépôts  permo-carbo- 
nifères),  363  p.,  5  pi. 

Dans  la  Zeitschrift  fur  Praktische  Géologie  (1899,  N°  o)  il  croit 
devoir  mentionner  une  note  de  M.  F.  von  Richthofen  signalant 
l'apparition  des  premières  feuilles  imprimées  de  la  Carte  géologique 
détaillée  de  l'Autriche. 


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353 


LE  BASSIN  TERTIAIRE  D'ASPRIÈRES  (AVEYRON) 

par  M.  A.  THEYMIN. 

Ud  trait  frappant  de  la  carte  géologique  de  la  France  centrale  est 
le  grand  système  de  fractures,  presque  rectiligne  dans  son  en- 
semble, dirigé  N.N.E.  qui  s'étend  de  Decize  à  Champagnac,  ja- 
lonné parles  bassins  houillers.  Il  se  prolonge  dans  le  Cantal  par  les 
bassins  que  M.  Pouqué  a  indiqués  sur  la  carte  au  80.000e  à  l'ouest 
de  Saint-Christophe,  à  Nieudan,  à  Miécaze,  à  Pers,  au  nord  de 
Cayrols.  11  se  continue  par  la  grande  fracture  de  Villefranche  de 
Rouergue.  J'ai  entrepris  en  vue  dune  publication  détaillée  l'étude 
de  la  partie  méridionale  de  ce  grand  accident  et  des  terrains  sédi- 
mentaires  de  la  bordure  S.-O.  du  Massif  Central. 

Dans  cette  étude,  le  petit  bassin  tertiaire  qui  avoisine  Asprières 
(chef-lieu  de  canton  du  département  de  l'Aveyron  situé  à  10  kilo- 
mètres de  la  gare  de  Capdenac)  m'a  paru  assez  intéressant  pour  lui 
consacrer,  dès  maintenant,  une  note  préliminaire.  Ces  formations 
d'Asprières,  étroitement  liées  aux  lambeaux  calcaires  tertiaires,  figu- 
rés sur  toutes  les  cartes  de  la  région  entre  le  Lot  et  le  Cantal  à 
Maurs,  Saint-Santin,  Montmurat,  Saint-Julien-Le-Pigagnol,  etc., 
sont  intéressantes  à  cause  de  leur  situation  même  entre  les  dépots 
tertiaires  d'Aurillac  au  nord,  de  Cieurac  et  Lalbenque  à  l'ouest,  de 
Cordes,  d'Amarens  et  du  bassin  d'Albi  au  Sud.  Elles  sont  intéres- 
santes encore  par  leurs  relations  avec  les  grands  accidents  tecto- 
niques de  la  région  et  enfin  parce  qu'elles  permettent  de  fixer  une 
limite  stratigraphique  supérieure  aux  poches  à  phosphates  situées 
dans  la  partie  la  plus  orientale  du  Quercy. 

La  coupe  détaillée  du  bassin  d'Asprières  montre  de  bas  en  haut, 
reposaut  sur  un  calcaire  dolomitique  jurassique,  la  superposition 
suivante  : 

1.  Conglomérat  à  ciment  argileux  rouge  avec  pisolithes  de  fer, 
rognons  d'hématite,  dont  les  éléments  varient  depuis  la  grosseur  du 
poing  et  moins  jusqua  des  blocs  de  jurassique  peu  roulés  de  50  ou 
60  centimètres  de  diamètre.  Ces  éléments  sont  surtout  des  galets  de 
roches  anciennes,  micaschistes,  porphyrites,  etc.,  de  grès,  de  cal- 
caire jurassique,  de  quartz  rares.  Ce  conglomérat  qui  n'est  obser- 

31  Octobre  1899.  —  T.  XXVII.  Bull.  Soc.  Géol.  Fr.  —  Si 


354  a.  thevemx  15  Mai 

vable  que  par  places  et  dans  les  parties  les  plus  basses  (surtout  au 
voisinage  de  Bè§),  correspond  au  lit  d'un  cours  d'eau  rapide,  tandis 
que  l'argile  ferrugineuse  qui  cimente  le  tout  est  le  produit  de  décal- 
cification» d'altération  du  substratum,  en  particulier  du  calcaire 
jurassique;  elle  présente  la  plus  grande  analogie  avec  certaines  ar- 
giles sidérolithiques  des  causses  du  Quercy  ou  des  pocbes  à  phos- 
phate: c'était  la  terre  du  causse  avant  l'arrivée  des  eaux  oligo- 
cèues  i li. 

2,  Argiles  rouges  très  puissantes  que  supportent  des  assises  plus 
sableuses  et  même  des  grès,  gris  ou  rouges.  Ces  argiles  sont  abso- 
lument identiques  d'aspect  aux  argiles  rouges  d'Aurillac.  Je  crois 
qu'elles  se  relient  étroitemeutaux  dépôts  mécaniques  d'argiles  rou- 
geàtres.  veinées  de  gris  et  de  blanc,  quelquefois  très  sableuses,  qui 
se  trouvent  en  lambeaux  épars  sur  tout  le  massif  ancien,  au  N.  el  à 
TE.*  et  sur  les  causses  jurassiques,  au  S.  0.  et  à  l'O.  Leur  aspect  est 
aualogue.  mais  les  éléments  sout  ici  plus  tins  et  le  bariolage  moins 
marqué  parce  que  les  altérations  superficielles  sont  moindres  en 
masse  que  dans  les  lambeaux  peu  puissants.  Leur  âge  serait  l'âge 
des  argiles  rouges  d'Aurillac.  Leur  épaisseur  atteint  ici  une  tren- 
taine de  mètres. 

;i  Marnes  grisâtres,  verdàtres  ou  blanches  avec  intercalations  de 
calcaire  marneux  à  cassure  très  blanche  contenant  des  empreintes 
de  uiouoeotyledones  fjffÀa  .*•  asseï  fréquentes  ;  leur  puissance  est 
dYmïrou  5  mètres. 

4.  Calcaire  gris.  Âpre  au  toucher,  avec  nombreux  petits  planorbes 
le  plus  souvent  à  1  état  de  moules,  spécifiquement  inirierminables, 
quelques  tV-' -\<.  f»pn*  •..*>;  rire  grandes  Liiuuees  L.  cf.  pyntmi- 
•4AÎIS  .  Il  \  a  quelquefois  intervalatiou  àe  siîice  entre  ces  bancs 
calcaires. 

5.  Alternance  Je  taucs  c»lcaires  et  marneux:  ficaires  plus  ou 
tuoius  îriabks  ovnr.eiun;  parfois  .tes  r\\*raoas  àr  >:ii;e:  argiles  grises 
stries  à:  fossiles  à  tes:  vvcserve  mats  ^eaerv/.enir-:  écrasés,  ce  qui 
renàimjxxssit  'et^u:*.  .ictr:ïuiaa:î.-aspecià.ïu-.  Lycées.  Pianorbes. 
tV".»  iutervala::.^  .:*ar^:lts.»  ve^euux  iv-ssaa:  ^.ix  .imites. 

Cvlt'us*:"!^  a  e;-*::x-:i  l«>  :v.:--:res  .ir  :* -issô-:.r, 
r  Puis  \ï-n-es:  tB>'  a  ±a  ir  :-a:ifs  :!>.-■; r.fs  qut  surmontent 
les  ;a\*a:re>  ;**::;>   ->s:  ::":?fs  i  L-.-.unf-rs.  P".ai:r:«es.  Paludiaes* 

,.»j:  »»»,£<    *.*ir:**  J<  -*     *•  *   *- "  î"**<  —  ;•«£«£.     L.;   fi_"~    *-     **^>    "je**"'. 


1899  LE  BASSIN  TERTIAIRE  d'aSPRIÈRES  355 

7.  Calcaire  à  cassure  conchoïde,  de  plus  en  plus  riche  eu  silice 
dans  les  bancs  plus  élevés,  sans  fossiles,  formant  un  plateau  aussi 
aride  que  les  plus  arides  causses  du  Jurassique.  C'est  ce  calcaire  qui 
est  exploité  pour  empierrement  et  moellons.        .     . 

En  résumé,  nous  voyons  que  des  calcaires  blancs,  fossilifères,  sur- 
mootent  par  l'intermédiaire  de  marnes  et  argiles  grises,  blanchâtres 
ou  verdâtres,  uoe  formation  puissante  d'argiles  rouges  quelquefois 
bariolées  ou  très  sableuses  et  sans  fossiles  connus.  11  y  a  là  une  grande 
analogie  apparente  avec  les  régions  voisines. 

Vers  le  nord,  en  Auvergne,  dans  les  carrières  des  environs  d'Au- 
rillac,  M.  Boule  a  bien  voulu  me  montrer  la  coupe  suivante  : 

6.  Calcaire  à  Limnées  et  Planorbes  :  L.  pachy ganter,  L.  sublong  is- 

cata,  L.  cylindrica,  P.  cornu,  etc. 
5.  Calcaire  à  silex  :  Potamides  et  Limnées  associés. 
4.  Marnes  et  calcaires   feuilletés   à  silex  ménilite  abondant; 

Potamides  Lamarcki,  Hydrobia  Dubuissoni. 
3.  Marnes  grises  feuilletées  à  silex  ménilite  :  Cypris  faba,  oogones 

de  Chara  destructa. 
2.  Argiles  vertes. 
1 .  Argiles  rouges  puissantes  avec  graviers  à  la  base. 

Vers  le  sud,  dans  le  Tarn,  on  voit  de  même  les  calcaires  de  Cordes 
et  d'Amarens  surmonter  les  argiles  rouges  à  Cyclostoma  formosum  de 
la  gare  de  Vindrac  ;  de  même,  vers  l'ouest,  dans  le  Quercy,  le  calcaire 
de  Cieurac  dans  ses  lambeaux  orientaux  (Servanac,  Lavaurette  par 
exemple).  Le  bassin  d'As  prières  doit-il  être  rattaché  à  la  formation 
méridionale  de  Cordes,  qui  se  lie,  on  le  sait  par  les  travaux  de  M. 
Vasseur,  au  calcaire  de  Cieurac  équivalent  d'eau  douce  de  la  mollasse 
de  l'Agenais,  ou  bien  doit-il  être  rattaché  au  bassin  d'Aurillac?  C'est 
l'étude  de  la  faune  des  calcaires  d'As  prières  qui  permettra  de  ré- 
pondre à  cette  question. 

Les  Limnées  sont  :  L.  cf.  ore  longo  Boub.,  L.  cadurcensis  Noulet, 
L.  cf.  pyramidalis  Brard,  L.  albigensis  Noul. 

Toutes  ces  espèces  se  trouvent  à  Cordes,  Amarens  et  Cieurac.  Il  n'y 
a  pas  de  Limnées  à  spire  courte  du  groupe  de  L.  obtusa  ou  L.  cylin- 
drica Brard  qui  sont  communes  à  Aurillac. 

On  ne  trouve  pas  non  plus  à  Asprières  /,.  Pachygaster.  On  peut 
rapprocher  pourtant  L.  cadurcensis  Noulet  à  spire  aiguë,  dernier 
tour  ventru,  ouverture  ample  de  L.  fabulum  Bouillet,  qui  se  trouve  à 
Aurillac  et  en  outre  quelques  formes  d'Asprières  peuvent  être  rap- 


356  a.  thkvemn  15  Mai 

portées  à  L.  sublongiscata  Tournouer,  d'Aurillac,  descendante  peu 
modifiée  de  L.  longiscata  des  environs  de  Paris  (1). 

Les  Planorbes  sont  du  groupe  de  P.  cornu  et  présentent  les 
formes  variées  :  P.  crassus  M.  de  Serres  ou  P.  planulatus  Noul.  ou 
encore  la  grande  variété  figurée  par  Sandberger  (2).  Ce  sont  les  pla- 
norbes de  Cieurac  ou  de  Cordes.  Remarquons  en  passant  que  si  l'on 
examine  un  certain  nombre  de  planorbes  d'un  même  gisement,  on 
voit  que  les  échantillons  sont  plus  ou  moins  épais,  que  la  concavité 
de  leur  face  supérieure  varie  dans  une  certaine  mesure  ;  il  semble 
que  les  caractères  réellement  importants  au  point  de  vue  spécifique 
sont,  outre,  bien  entendu,  l'enroulement  de  l'ombilic,  le  fait  d'avoir 
des  tours  plus  ou  moins  embrassants  (3)  et  l'existence  ou  l'absence 
d'un  méplat  interne  ;  encore  ce  caractère  varie-t-il  un  peu. 

Les  Hélix  sont  très  rares,  je  n'en  ai  rencontré  que  deux  échantillons 
très  petits,  peut-être  voisins  de  l'Hélix  corduensis  Noulet. 

Les  Paludines  sont  ici  extrêmement  nombreuses  ;  les  dépôts 
d'Aurillac  n'en  contiennent  pas  et  Noulet  signale  une  paludine  à 
Cordes  (P.  castrensis)  mais  l'indique  comme  très  rare.  Les  espèces 
oligocènes  du  Tarn  paraissent  spéciales  ;  toute  assimilation  avec 
les  espèces  éocènes  de  Longpont  ou  de  Saint  Paires  est  douteuse,  à 
cause  de  la  différence  de  niveau  et  en  elle-même.  Pour  appliquer 
aux  fossiles  d'Asprières  les  dénominations  de  Noulet  P.  castrensis 
ou  P.  soricinensis,  il  serait  indispensable  d'avoir  les  figures  des 
types  (4). 

Potamides  Lamarcki  n'existe  pas  à  Asprières  non  plus  qu'à  Saint 
Santiu,  Montmurat,  etc.  11  semble  que  cette  forme  saumàtre  du  bas- 
sin de  Paris  n'a  pas  dépassé  au  Sud  la  latitude  d'Aurillac  et  de  Mur 
de  Barrez. 

L'étude  de  la  faune  nous  amène  donc  absolument  à  réunir  les  cal- 
caires d'Asprières  à  ceux  de  Cieurac  et  de  Cordes  et  non  aux  cal- 
caires d'Aurillac.  On  peut  dire  seulement  que  les  calcaires  lacustres 
d'Asprières,  sont  au  moins  de  l'âge  des  assises  saumâtres  à  Pota- 
mides d'Aurillac. 

Il  y  a  là  une  partie  du  massif  central  où  la  mer  n'a  pu  pénétrer. 

(i)  On  sait  qu'on  trouve  à  Saint-Ouen  les  passages  de  i.pyramidalis  à  L.  longis- 
cata. 
(2;  Land-und-SussicasserConchylien  der  Vorwelt,  pi.  XX,  fig.  26. 

(3)  Nous  exceptons  les  monstruosités,  les  planorbes,  on  le  sait,  peuvent  excep- 
tionnellement se  dérouler  ou  devenir  scalaires. 

(4)  Ce  serait  plutôt  P.  castrensis  d'après  la  description  de  Noulet  et  aussi  d'après 
l'assimilation  (douteuse  d'ailleurs)  que  fait  cet  auteur  avec  P.  novigentiensis  Des  h. 
à  laquelle  l'espèce  qui  nous  occupe  ressemble  assez. 


1899  LE  BASSIN  TERTIAIRE  D'aSPRIÈRES  357 

De  légères  différences  stratigraphiques,  l'abondance  spéciale  des 
paludines  à  Asprières,  le  développement  plus  considérable  des 
lignites  à  Saint-Santin  (1),  etc.,  portent  à  penser  qu'il  y  avait  une 
série  de  lacs  contemporains  très  voisins  qui,  situés  tous  à  peu  près 
sous  la  même  latitude,  à  la  même  altitude  contenaient  la  même 
faune  ;  mais  il  faut  reconnaître  que  ces  différences  ont  pu  se  pro- 
duire aussi  dans  les  parties  différentes  du  fond  d'un  grand  lac.  Les 
mouvements  ultérieurs  du  Cantal  n'ont  laissé  subsister  que  des 
lambeaux  de  ces  calcaires  à  des  altitudes  variées  (2). 

Le  bassin  d'Asprières  est  limité  au  N.  et  à  l'E.  par  deux  failles  fort 
importantes,  et  probablement  fort  anciennes,  dans  l'histoire  du 
Massif  Central  :  La  faille  dite  de  Villefranche  (Boisse)  (3)  ou  de 
Marnaves  (Magnan)  et  la  faille  qui,  suivant  M.  Bergeron  (4),  limite 
au  S.-O.  le  bassin  de  Decazeville,  prolongement  d'une  zone  effondrée 
et  d'un  système  complexe  de  fractures  déjà  indiqué  nettement  sur 
la  carte  de  Boisse,  dirigé  à  peu  près  N.  75°0qui  vient  de  la  direction 


Fitf.  1.  —  Coupe  par  Tournhac  et  Las  Gazes.  —  Échelle  1  :  50.000. 

I,  Argiles  rouges  :  2,  Marnes  frises  et  blanches  ;  3,  Calcaires  d'Asprières 

Y,  Granité  ;  F,  Faille  de  Villefranche. 

de  Séverac  et  passe  au  N.  de  Rodez.  L'étude  du  bassin  d'Asprières 
permet  de  reconnaître  que  ces  deux  failles  ont  rejoué  postérieure- 
ment au  dépôt  des  assises  calcaires  de  l'oligocène  moyen  (Stampien). 
Le  contact  par  faille  de  ces  calcaires  et  du  granité  est  d'une  netteté 
absolue  sur  le  bord  du  cbemin  de  Naussac  à  Peyrusse  (flg.  1). 

(1)  Masigler.  Note  sur  h*  terrain  tertiaire  d«»  Saint-Santin.  tt.  Soc.  Ind.  miné- 
rale, (2),  VIII,  p.  611. 

(2)  Rames.  B.  S.  G.  F.t  (3),  XIV,  p.  357.  Les  calcaires  d'Asprières  sont  à  l'alti- 
tude de  490" environ. 

(3)  Boisse.  Esquisse  géologique  du  département  de  l'Âveyron.  La  coupe  d'As- 
prières donné  par  M.  Boisse  est  totalement  différente  de  la  précédente. 

(i)  Bergehon.  Rouergue  et  Montagne  Noire,  p.  197. 


358 


A.    THEVENIN 


15  Mai 


Le  contact  par  faille  avec  les  micaschistes,  au  N.,  est  également 
visible  sous  le  bourg  d'Asprières  (fig.  2)  (1). 

Un  chenal  se  forma  antérieurement  aux  dépôts  des  argiles  ton- 
griennes  suivant  la  direction  de  la  faille  de  Villefranche  (2)  puis 
lors  des  mouvements  alpins  la  faille  se  produisit  telle  que  nous  la 
voyons  aujourd'hui. 

On  est  frappé  de  l'analogie  de  l'argile  à  pisolithes  de  fer  qui 
cimente  le  conglomérat  de  base  avec  l'argile  sidérolithique  (décal- 
cification des  calcaires  jurassiques)  qui  remplit  les  poches  à  phos- 
phate du  Quercy  (3).  Or,  j'ai  pu  voir  à  proximité  de  la  métairie  du 
Causse  et  du  chemin  de  Villeneuve  (Aveyron)  à  Saint-Igest  un 
lambeau  de  calcaire  d'Asprières  de  très  faible  étendue  surmontant 
l'argile  rouge.  Ce  témoin  calcaire  (fig.  2),  proche  des  dépôts  de 

N.  E. 


—01*       Mairinhaéues  Le   fausse        Station  de  SaDe« 


S.  o. 


Villeneuve  f*° 
36S 


33o 


Bê«   Tournhac 
2So 


Aaprifcraa 
490 


fFig.  2.  — *Coupe  par"  Villeneuve  et  Asprières.  —  Échelle  1  :  200.000. 

L|,  L2,  L:u  Lias:  J,iCalcaires  du  Jurassique  moyen:  1,  Conglomérat  à  ciment 
d'argile  pisolithique  ;  2,  Argiles  bariolées  du  Tongrien  et  marnes  grises  supé- 
rieures :  3,  Calcaire  d'Asprières  ;  ;,  Micaschistes  ;  F,  Faille  ;  Ph,  Poche  à 
phosphate. 

décalcification  et  des  poches  à  phosphate  de  Villeneuve,  situé  à 
une  altitude  supérieure,  permet  de  reconnaître  que  le  creusement 
ou  le  comblement  des  poches  de  cette  région  orientale  du  Querry 
par  les  argiles  rouges  est  stratigraphiquement  un  peu  plus  ancien 
que  les  calcaires  inférieurs  d'Asprières,  formation  d'eau  douce 
contemporaine  des  dépôts  saumatres  à  Potamides.  M.  Vasseur  était 


{I)  On  peut  voir  les  assises  calcaires  plissées  assez  fortement  au-dessus  de 
Tournhac. 

(2)  J'ai  vainement  cherché  les  dépots  tertiaires  le  long  de  la  faille  de  Ville- 
franche  vers  le  Sud.  Je  ne  connais  aucun  aflleurement  entre  Villeneuve  et  le  bassin 
synclinal  de  Varen  étudié  par  M.  Peron,  mais  l'existence  de  pareils  lambeaux 
est  inûniment  probable. 

(3)  J'ai  pu  examiner  la  plupart  des  poches  à  phosphate  du  Quercy  et  je  crois, 
comme  MM.  Vasseur  et  Fmirnier,  que  l'hypothèse  d'une  origine  hydrothermale 
doit  être  absolument  abandonnée. 


1899  LE  BASSIN  TERTIAIRE  D'ASPRIÈRES  359 

arrivé  exactement  à  la  même  conclusion  par  l'étude  des  dépôts 
tertiaires,  bordant  les  causses  du  Quercy  à  l'Ouest  et  avait  fixé 
comme  limite  supérieure  aux  phosphorites  le  calcaire  de  Cieurac  (1  ). 
Le  comblement  des  poches  à  phosphate  considérées  par  M.  Vas- 
seur  ou  de  celles  de  Villeneuve  serait  donc  au  plus  d'âge  stampien. 
Une  vérification  intéressante  pourrait  être  faite  si  l'on  connaissait 
spécialement  la  liste  des  Mammifères  trouvés  dans  ces  gisements. 


M.  A.  Gaudry,  à  propos  de  la  communication  de  M.  Thevenin, 
observe  qu'il  serait  intéressant  de  parvenir  à  savoir  si  les  dépôts 
de  phosphates  du  Quercy  n'appartiennent  pas  à  différentes  époques, 
car  on  y  a  trouvé  un  Lophiodon  comme  dans  l'Eocène  moyen  et  un 
Acerotherium  à  prémolaires  trigones  qui  semblent  représenter  un 
type  ancien.  On  y  a  signalé  aussi  des  Palœothrrium  et  des  Anaplo- 
therium  comme  dans  l'Eocène  supérieur,  des  Entelodon  comme  dans 
le  Tongrien,  des  Anthracotherium  comme  dans  l'Aquitanien. 

M.  M.  Boule  insiste  sur  l'intérêt  que  présente  la  note  de 
M.  Theveuin  pour  tous  ceux  qui  s'occupent  de  l'histoire  de  la 
période  oligocène  en  France.  11  était  important  de  savoir,  en  effet, 
si  les  dépôts  du  petit  bassin  d'Asprières  se  relient  à  ceux  des 
bassins  de  l'Auvergne  ou  à  ceux  du  Sud-ouest.  M.  Thevenin  a 
constaté,  d'une  part,  l'absence  à  Asprières  de  fossiles  saumfttres 
comme  le  Potamùles  Lamarcki  qui  ne  paraît  pas  avoir  dépassé  la 
latitude  d'Aurillac  et  du  Mur  de-Barrez;  d'autre  part,  la  ressem- 
blance de  la  fauue  malacologique  des  calcaires  d'Asprières  avec  la 
faune  des  calcaires  de  Cieurac  et  de  Cordes.  Les  petits  bassins  de 
l'Aveyron  se  relient  donc  plutôt  aux  bassins  méridionaux  qu'aux 
bassins  auvergnats,  dont  ils  sont  séparés  par  de  hauts  reliefs  cris- 
tallins que  M.  Boule  considère  comme  étant  absolument  dépourvus 
de  témoins  oligocènes. 

Un  autre  fait  non  moins  intéressant  est  la  relation  des  dépôts 
oligocènes  argileux,  sidérolithiques,  avec  les  matériaux  de  remplis- 
sage des  poches  à  phosphorites.  Pour  M.  Boule,  celles-ci  représen- 
tent les  gouffres  verticaux  et  les  cavernes  des  causses  à  l'époque 
oligocène.  Il  y  a,  entre  ces  poches  à  phosphorites  riches  en  ossements 
de  vertébrés  et  les  argiles  sidérolithiques  oligocènes,  où  l'on 
ne  trouve  aucun  fossile,  des  relations  de  l'ordre  de  celles  qu'on 

(1)  Vasseur.  Bull.  Carie  geol.  France,  n°  10,  1891. 


36U  BIGOT.  —  SUR  LES  DÉPÔTS  PLÉISTOCÈNES  ET  ACTUELS  15  Mai 

observe  entre  les  dépôts  de  limons  quaternaires  de  l'Europe  occi- 
dentale et  les  cavernes  à  ossements,  dont  le  remplissage  est  grosso 
modo  contemporain  des  dépôts  de  limons. 

Les  grandes  cassures  N.-N.-E.  de  la  région  ont  coupé  et  déni- 
velle ces  dépôts.  Ces  cassures  ont  donc  joué  après  l'Oligocène,  pro- 
bablement au  Miocène  supérieur  comme  le  pense  M.  Thevenin.  Mais 
il  ne  faut  pas  oublier  que  ces  accidents  orogéniques  ont  des  origines 
beaucoup  plus  anciennes.  Dans  le  Cantal,  la  Corrèze  et  le  Puy-de- 
Dôme,  elles  sont  véritablement  comme  le  souvenir  d'uue  orographie 
ou  d'une  topographie  hercyniennes.  Partout  elles  sont  jalonnées 
par  des  épanchements  de  roches  éruptives;  vers  la  fin  des  temps 
primaires,  il  devait  y  avoir  sur  leur  trajet  toute  une  chaîne  de  vol- 
cans analogue  aux  traînées  des  volcans  tertiaires  d'Auvergne. 

M.  Bigot  fait  une  communication  Sur  les  dépôts  pléistocèiies  et 
actuels  de  la  Basse- Normandie. 

Il  rappelle  que  dans  une  note  antérieure  il  a  fait  connaître  l'exis- 
tence, dans  le  Coteutin,de  terrasses  littorales,  formées  par  des  dépôts 
qui  correspondent  au  cycle  d'érosion  consécutif  au  mouvement 
d'émersion  de  la  région  pendant  le  Quaternaire  supérieur  (Phase  à 
El.  primigenius). 

Ces  dépôts  d'origine  continentale,  superposés  aux  galets  ou  aux 
graviers  marins  d'une  phase  antérieure,  se  retrouvent  dans  les 
mêmes  conditions  dans  les  îles  anglo-normandes  où  Ansted  a, 
depuis  longtemps,  signalé  les  «  raised  beaches  »  d'Àurigny. 

A  ces  terrasses  correspondent  dans  la  vallée  de  l'Orne  des  cirques 
remblayés  par  des  limons  qui  renferment  la  faune  de  Mammifères 
décrite  par  Deslougchamps  père  et  des  silex  des  types  chelléen  et 
moustiérien. 

Ce  cycle  d'érosion,  en  rapport  avec  le  mouvement  d'émersion, 
s'est  continué  au  moins  jusqu'à  l'époque  néolithique,  car  au-dessous 
des  graviers  de  fond  de  la  vallée  de  l'Orne,  à  une  dizaine  de  mètres 
de  profondeur  au-dessous  du  niveau  actuel  de  la  rivière,  on  a 
trouvé  dans  les  tourbes  une  pirogue  renversée  sur  un  squelette 
d'Homme  dont  M.  Hamy  a  étudié  le  crâne  et  qu'il  considère  comme 
néolithique.  Bien  plus,  à  Cherbourg,  ce  sont  des  objets  en  bronze 
qu'on  rencontre  dans  ces  conditions. 

C'est  donc  à  une  époque  relativement  rapprochée  qu'à  ce  cycle 
d'érosion  se  sont  substitués,  par  suite  d'un  allaisseinent  de  la 
région,  des  phénomènes  d'un  autre  ordre.  Des  faits  déjà  connus 
(tourbières  submergées,  vallées  sous-marines)  démontrent  la  réalité 


1899  DE   LA   BASSE-NORMANDIE  361 

de  cet  affaissement,  assez  considérable  pour  qu'il  soit  nécessaire 
d'aller,  à  l'embouchure  de  l'Orne,  chercher  à  plus  de  30  mètres  au- 
dessous  du  niveau  de  la  mer  le  fond  rocheux  de  l'ancienne  vallée. 

Une  des  conséquences  de  cet  affaissement  a  été  de  transformer 
les  vallées  continentales  en  baies  très  allongées,  dans  lesquelles  des 
tangues  à  Psammobies  se  sont  superposées  aux  tourbes.  En  même 
temps,  l'attaque  des  parties  convexes  du  rivage  fournissait  aux  cou- 
rants cheminant  de  l'ouest  à  l'est  des  matériaux  de  transport  qui, 
d'abord  arrêtés  en  travers  des  baies,  ont  déplacé  de  plus  en  plus 
vers  l'est  le  chenal  des  cours  d'eau  (Orne,  Dives,  Touques),  créant 
des  barres  en  arrière  desquelles  les  baies  se  sont  comblées  pendant 
la  période  historique,  comme  l'a  montré  M.  Leonier. 

Il  est  possible  de  prévoir  que  les  points  du  littoral  de  la  Norman- 
die qui  ont  jusqu'ici  échappé  à  ce  travail  de  régularisation  sont 
destinés  à  subir  le  même  sort  si  les  conditions  actuelles  persistent. 
Ainsi  l'on  peut  prévoir  que  la  région  de  l'embouchure  de  la  Seine 
est  destinée  à  un  comblement  certain,  d'abord  par  l'établissement 
d'épis  littoraux,  facilité  par  la  présence  des  bancs  d'Amfard,  du 
Ratier  et  de  l'Eclat  à  l'intérieur  desquels  se  comblera  la  baie. 
L'embouchure  de  la  Seine  se  trouvera  ainsi  reportée  vers  l'ouest  à 
travers  une  barre  étendue  de  Villerville  à  la  Hève,  probablement 
beaucoup  plus  rapprochée  du  Havre,  par  suite  de  l'apport  plus  con- 
sidérable de  matériaux  provenant  de  la  côte  du  Calvados,  compara- 
tivement à  ceux  qui  amènent  les  courants  entre  Antifer  et  le  Havre. 

M.  M.  Boule  dit  que  les  observations  de  M.  Bigot  apportent 
une  sérieuse  contribution  à  l'histoire  si  intéressante  des  phéno- 
mènes physiques  qui  ont  marqué  en  France  l'époque  quaternaire. 
Les  études  de  ce  genre,  trop  négligées  en  Frauce  depuis  un  grand 
nombre  d'années,  sont  pourtant  des  plus  curieuses  et  méritent 
toute  l'alteution  des  géologues  et  des  paléontologistes. 

Les  cordons  littoraux  de  Saint-Aubin  avec  Huccinum  groenlan- 
dicum  et  autres  espèces  arctiques  ne  sauraient  être  contemporains 
de  Tépoque  chelléenne,  cette  dernière  expression  étant  prise  dans 
le  sens  purement  paléontologique,  puisque  la  faune  chelléenne  est 
une  faune  composée  d'espèce  dénotant  un  climat  chaud.  Ces  gra- 
viers marins  correspondent  à  une  période  froide,  peut-être  con- 
temporaine de  la  mer  à  Yoldia  do  l'Europe  septentrionale,  peut-être 
plus  ancienne.  Il  serait  très  intéressant  d  être  fixé  sur  ce  point. 

M.  Stuart-Menteath  :  Sur  les  failles  des  Pyrénées. 

Magnan  a  représenté  comme  spéciales  aux  Pyrénées,  des  masses 


362        stuart-menteath.  —  sur  lus  failles  des  Pyrénées      15  Mai 

de  4.000  mètres  de  Cambrien,  2.000  mètres  d'Albien,  et  pour  les 
accommoder  entre  elles,  des  failles  d'un  déplacement  de  8.000  in. 
Dans  le  C.  R.  S.  du  24  juin  1895  j'ai  signalé  a  trois  anticlinaux  à 
noyau  de  Jurassique  fossilifère  »  au  nord  de  Pont-Suson  dans  la 
vallée  d'Aspe.  Dans  le  dernier  volume  du  Bulletin  des  Services  de  la 
Carte  géol.  de  France,  je  trouve  ce  Jurassique  remplacé  par  l'Ai  bien 
dans  une  coupe  reproduisant  celle  deMagnan.  Seulement,  Magnan 
ayant  parfaitement  reconnu  que  le  calcaire  à  Toucasia  descend  à  la 
grande  route  immédiatement  au  nord  de  Sarrance,  et  qu'il  monte 
sans  discontinuité  pour  former  tous  les  sommets  à  Test  et  à  l'ouest 
de  ce  village,  on  a  biffé  cette  charnière  significative  ainsi  que  la 
croûte  contiuue  de  50  mètres  de  calcaires  pétris  de  Toucasia  qui 
recouvre  partout  les  prétendus  schistes  albiens  de  la  coupe  et  for- 
merait nécessairement  le  trait  principal  de  toute  coupe  exactement 
relevée.  Précisément  au-dessous  du  point  où  ce  calcaire  descend 
pour  toucher  la  grande  route,  on  l'a  dessiné  à  2.000  mètres  au- 
dessous  de  la  rivière,  grâce  à  une  faille  de  8  kilomètres  qui  l'aurait 
arraché  de  la  Crète  du  Napayt  avec  lequel  il  est  non  seulement 
identique  par  des  fossiles  abondants,  mais  encore  visiblement  con- 
tinu. Pour  justifier  cet  enfoncement,  on  a  classé  le  Lias  à  Belem- 
nites,  Pecten  œquivalvis  et  Spirifer  Hartmanni,  au  sud  de  Sarrance, 
comme  étant  un  affleurement  du  calcaire  à  Toucasia  si  injustement 
enseveli. 

Tout  observateur  qui  aura  retrouvé  les  masses  de  Toucasia,  à 
deux  pas  au  nord  de  Sarrance,  pourra  facilement  suivre  ce  calcaire 
dans  le  grand  anticlinal  qui  fait  suite  au  sud,  et  s'assurer  que  le 
Lias  forme,  à  la  cote  de  400  mètres,  la  base  des  schistes  du  Juras- 
sique et  de  l'Aptien.  Au-dessus  de  ces  schistes,  le  calcaire  crétacé 
est  continu  avec  une  épaisseur  deoO  à  100  mètres,  depuis  la  hauteur 
de  1.247  mètres  et  à  travers  le  sommet  du  col  à  l'ouest  de  Pont- 
Suzon.  Le  Tronc  du  Roi  et  la  Crète  de  Napayt  sont  deux  charnières 
synclinales  de  ce  même  calcaire,  dont  le  Signal  d'Asasp  est  la 
retombée  définitive,  plissée,  mais  plongeant  de  45°  vers  le  nord.  Le 
prétendu  Albien  n'est  autre  chose  que  les  trois  noyaux  des  trois 
anticlinaux  de  Jurassique  avec  gypse,  lherzolite,  ophite,  dolomie, 
cargneule,  et  des  Bélemnites  abondantes.  Un  Néocomien  mal  défini 
et  douteux  et  des  schistes  aptiens  y  sont  intercalés,  le  Flysch  qui 
recouvre  le  calcaire  à  Toucasia  étant  entièrement  rejeté  à  l'ouest, 
excepté  au  sommet  du  col  à  l'ouest  de  Pont-Suson.  Une  carte  quel- 
conque et  la  coupe  donnée  par  Magnan  feront  comprendre  cette 
structure  très  normale  de  la  région. 


NOTE  SUR  L'APTIEN  SUPERIEUR 
DES  ENVIRONS  DE  MARSEILLE 


par  M.  4.  REPEL1N. 


L'Aptiea  supérieur  (marnes  à  A.  Nixus  et  A.furcatus)  ne  se  mon- 
tre avec  un  faciès  analogue  aux  marnes  de  Gargas  et  de  la  montagne 
de  Lure  que  dans  le  bassin  même  de  l'Huveaune,  au  sud  de  la 
chaîne  de  l'Etoile  et  de  la  SMJeaumc  et  surtout  dans  la  région  de 
Carpiagne  et  de  Cassis.  Les  fossiles  sont  assez  abondants  à  la  partie 
supérieure  des  marnes,  mais  les  gisements,  fouillés  depuis  long- 
temps, tels  que  Ratataigne,  sont  en  grande  partie  épuisés.  Mon 
ami  le  Dr  Léger  m'indiqua  il  y  a  quelques  mois  un  gisement  très 
riche  et  très  intéressant  dans  l'Ile  Maire  aux  environs  de  Marseille. 
M.  Léger  me  donna  même  un  certain  nombre  de  fossiles,  qui,  avec 
ceux  que  j'ai  recueillis  depuis  à  plusieurs  reprises,  constituent  les 


H* 


ialli|Uf  du  versa Dl  mini  do  l'Ili'  Maliv. 


matériaux  de  cette  étude  paléontologie) ue.  La  carte  géologique  de 
MM.  Gouret  et  Gabriel  indique  un  affleurement  d'Aptien  à  l'Ile 
Maire  et  M.  Fournier  avait  eu  l'occasion  de  recueillir  également  des 
fossiles  en  ce  point  ou  en  un  point  très  voisin. 
Situation  nu  uisemknt.  —  L'affleurement  marneux  est  très  réduit 


364  j.  repelin  15  Mai 

et  se  trouve  sur  le  versant  nord  de  l'île  Maire  qui  fait  face  à  l'arête 
méridionale  du  Cap  Croisette.  Il  y  a  là  un  synclinal  faille  dont  l'axe 
passe  à  la  partie  sud  du  chenal  au  point  où  affleurent  les  marnes 
de  l'Aptien  supérieur;  la  coupe  est  la  suivante  : 

Les  couches  aptiennes  plongent  au  sud-ouest,  les  horizons  supé- 
rieurs sont  au  bord  même  de  la  mer  et  l'on  voit  dans  l'île  l'Aptien 
inférieur  (Bedoulien)  apparaître  très  laminé  entre  les  marnes  supé- 
rieures et  l'Urgonien  (1).  Sur  la  rive  opposée  il  se  relève  d'une 
manière  assez  régulière  sur  l'Urgonien  qui  forme  presque  toute 
cette  extrémité  du  massif  de  Marseille-Veyre. 

Faune.  —  La  faune  comprend  des  Cœlentérés,  des  Echinodermes, 
des  Brachiopodes,  des  Lamellibranches,  des  Gastéropodes  et  des 
Céphalopodes. 

I.  —  Cœlentérés.  —  Ce  groupe  n'est  représenté  que  par  quelques 
formes  appartenant  aux  familles  des  Trochosmiliacés,  des  Trocho- 
cyathacées  et  des  Fungidés. 

Parasmilia  sp.  (PI.  VIL  fig.  4).  Echantillon  de  petite  taille,  tur- 
biné, à  cloisons  fortement  granulées  sur  les  côtés,  ce  qui  le  diffé- 
rencie facilement  de  P.  Aptiensis  Pict.  et  Ren.  (Aptien  de  la  Perte- 
du-Rhône). 

Trochocyathus  sp. 

Cyclotites  Aptiensis  ?  E.  de  From. 

IL  —  Echinodermes.  —  Toxaster  de  très  petite  taille  communiqué 
par  M.  le  commandant  Savin  à  M.  Lambert,  qui  a  confirmé  la  déter- 
mination générique,  mais  qui  n'a  pu  reconnaître  l'espèce. 

Echinospatagus  sp. 

La  classe  des  Crinoïdes  est  représentée  par  une  tige  de  Pentacrine. 

Pentacrinus  Legeri  n.  sp.  (PL  VII,  fig.  1).  Fragment  d'un  bras  de 
Pentacrine  composé  de  cinq  articles,  dont  roruementation  est  très 
nette  et  extrêmement  délicate.  Chaque  article  plus  large  que  haut 
présente  uue  forme  pentagonale  à  côtés  légèrement  infléchis  vers  le 
centre  de  l'article  et  porte  à  chaque  angle  un  gros  tubercule  allongé 
dans  le  sens  de  la  largeur.  Chaque  tubercule  est  relié  au  suivant 
par  deux  rangs  de  petites  granulations  au  nombre  de  3  à  4  et 

(1)  Les  deux  assises  supérieures  habituelles  des  marnes  aptiennes,  l'assise  à 
A.  Dufrenoyi  et  l'assis»*  à  II.  seniicanaliculatus,  distinguées  par  MM.  Kilian  et 
Léenhardt  dans  la  Haute  Provence  sont  ici  confondues  sans  doute  par  suite  de 
phénomènes  mécaniques.  Les  Bélemnites  qui,  à  la  Bédoule,  abondent  également  à 
la  partie  supérieure  des  marnes,  se  trouvent  là  mélangées  en  grand  nombre  à 
la  faune  des  couches  à  .1.  Dufrenoyi. 


1899      NOTE  SUR  L'APTIEN  SUPÉRIEUR  DES  ENVIRONS  DE  MARSEILLE      365 

entre  ces  deux  rangées  d'ornements,  on  trouve  deux  rangées  inter- 
médiaires longitudinales,  de  petites  granulations.  Cette  espèce  a 
été  dédiée  au  Dr  Léger. 

III.  —  Brachiopodes.  —  Terebratulina  Mairensis  n.  sp.  (PI.  VII, 
fig.  2).  Espèce  assez  voisine  de  T.  auriculata  d'Orb.  trouvée  dans  le 
Néocomien  de  la  Couronne  et  de  T.  Martini  d'Orb.  du  Gault  de 
Gueule-d'Enfer.  Elle  a  la  taille  de  la  première,  mais  elle  n'est  pas 
pentagonale  comme  elle.  Sa  forme  générale  est  plutôt  celle  de 
T.  Martini.  Elle  est  même  beaucoup  plus  flabellée.  Les  stries  d'ac- 
croissement y  sont  très  marquées  et  forment  des  sortes  de  granu- 
lations par  leurs  intersections  avec  les  côtes.  Les  petites  oreillettes 
de  la  valve  supérieure  sont  costulées  et  non  lissées  comme  dans 
T.  Martini.  Elle  est,  de  plus,  moins  acuminée  que  ces  deux  espèces. 

Terebratulina?  espèce  courte  et  bombée  en  assez  mauvais  état  de 
conservation.  Elle  rappelle  un  peu  T.  echinulata  par  sa  fine 
striation  et  par  le  grand  nombre  des  plis  du  bord  frontal. 

Terebratula  cf.  biplicata  Brocchi  (in  Pictet,  Aptien  supérieur  de 
la  Perte-du  Rhône). 

Elle  est  un  peu  moins  acuminée  que  le  type  figuré  par  Pictet  et 
le  bord  frontal  est  plus  droit.  11  y  a  deux  plis  au  lieu  de  trois  sur  la 
petite  valve.  Le  pli  médian  de  la  valve  inférieure  est  moins  marqué. 

T.  biplicita  Defrance  in  d'Orb.  PI.  54,  fig.  14  et  15. 

Rhynchonella  Doll/usi  ?  Kilian.  Cette  espèce  paraît  identique,  par 
sa  forme  générale  et  le  nombre  de  ses  plis,  de  celle  décrite  par 
M.  Kilian  dans  le  Barrémien  de  la  montagne  de  Lure.  Toutefois 
l'état  de  conservation  ne  me  permet  pas  de  l'affirmer. 

IV.  —  Lamellibranches.  —  Astarte  sp.  de  la  grosseur  de  celles 
de  la  Perte  du-Rhône,  A  st.  laticosta,  mais  à  côtes  plus  fines  et  plus 
accentuées. 

Astarte  sp. 

Venus  Roissii  d'Orb.  Echantillons  identiques  au  type  de  d'Orbigny 
comme  forme  générale  et  grandeur,  mais  avec  des  stries  concentri- 
ques bien  visibles.  Cette  espèce  n'avait  pas  encore  été  signalée  en 
Provence. 

Tellina  sp.  Aucune  telline  n'est  signalée  par  d'Orbigny,  ni  par 
les  divers  auteurs  qui  se  sont  occupés  de  l'Aptien.  L'auteur 
de  la  Paléontologie  française  signale  une  espèce  de  ce  genre  dans 
le  Gault,  mais  elle  n'a  aucun  rapport  avec  notre  petite  espèce. 

Plicatula  sp. 


366  J.  REPELiN  15  Mai 

Lucina  sculpta  Phillips  in  d'Orb.  Cette  espèce  aurait  été  trouvée 
dans  l'Albien  d'après  d'Orbigny.  On  la  trouve  à  Lure,  à  Gargas,  etc. 
Trois  bivalves  indéterminables. 

V.  —  Gastéropodes.  —  Solarium  indéterminable  spécifiquement, 
espèce  très  aplatie. 

Trochus  Marioni  n.  sp.  (fig..  3).  Coquille  aussi  haute  que  large, 
sans  ombilic,  tours  scalariformes  portant  sur  le  pourtour  et  sur  la 
face  interne  une  série  de  côtes  obliques  qui  sur  les  bords  anguleux 
des  tours  sont  ornées  de  tubercules.  Le  dernier  tour  presque  plat 
sur  sa  face  supérieure,  qui  ne  montre  que  de  fines  stries  concen- 
triques, se  termine  par  une  ouverture  buccale  déprimée  de  forme 
presque  trapézoïdale. 

Trochus  ttequieni  d'Orb.  var.,  espèce  déjà  recueillie  dans  la  craie 
chloritée  de  Cassis  (B.-du-Rhône)  par  MM.  Requien  et  Matheron. 
Les  échantillons  de  l'Ile  Maire  sont  identiques  à  l'espèce  de  d'Orbi- 
gny au  point  de  vue  de  l'ornementation,  mais  la  forme  générale  est 
plus  élancée.  La  taille  est  la  même,  mais  la  largeur  est  bien 
moindre.  J'ai  pensé  que  ces  différences,  bien  que  notables,  ne 
justifiaient  pas  la  création  d'une  espèce  nouvelle. 

Trochus  sp.  Indéterminable,  à  tours  anguleux  comme  T.  Giron- 
dinus  du  Cénomanien. 

Pleurotomaria  sp. 

Avellana  sp.  de  petite  taille  à  l'état  de  moule  ferrugineux,  très 
voisine  des  formes  du  Gault  telles  que  A.  Hugardi  d'Orb. 

Cerithium  aptiense  d'Orb.  déjà  trouvé  au  Chêne  et  à  Gargas  dans 
TAptien  supérieur. 

Scalaria  Dupini  d'Orb.,  variété  de  petite  taille,  mais  avec  des  orne- 
ments bien  visibles.  Cette  forme  est  signalée  pour  la  première  fois 
en  Provence. 

Nerinea  sp.  ind. 

Apoirhdis  ou  Rostellaria  sp.  ind. 

Moules  de  Nucula  et  d'Astartes  allongées. 

Nombreux  autres  Gastéropodes  de  genres  douteux. 

VI.  —  Céphalopodes.  —  Phylloccras  Guettardi  Rasp.  Echantillon 
de  petite  taille  ferrugineux.  Espèce  déjà  trouvée  à  Gargas,  dans 
les  Basses-Alpes,  dans  la  montagne  de  Lure  (1)  et  dans  la  Drôme 
(Fallot). 

(1)  Kilian.  Thèse  de  doctorat. 


1899      NOTE  SUR  L'APTIEN  SUPÉRIEUR  DES  ENVIRONS  DE  MARSEILLE       367 

Phylloceras  inornatum  d'Orb.  Forme  déjà  trouvée  à  Gargas  et  dans 
la  montagne  de  Lure.  Echantillon  de  petite  taille. 

Phylloceras  Rouyanum  d'Orb.  Cette  espèce  a  déjà  été  recueillie  à 
Caslellane  dans  le  Néocomien  de  d'Orbigny  et  dans  l'Aptien  de  la 
montagne  de  Lure.  Je  possède  un  certain  nombre  d'exemplaires 
coaformes  à  la  figure  de  d'Orbigny,  Pal.  Franc.,  T.  crétacés,  PI.  110. 
Je  n'en  ai  pas  trouvé  qui  ressemblent  à  Ph.  in/undibulum  de 
d'Orbigny.  Et  certains  exemplaires  provenant  de  l'Hauterivien  des 
Hautes-Alpes  m'ont  paru  identiques  à  ceux  de  l'Aptien  de  l'Ile 
Maire.  Les  cloisons  visibles  sont  au  nombre  de  cinq  et  tout  à  fait 
identiques. 

Phylloceras.  Voisin  de  Ph.  Velledœ. 

Phylloceras  sp.  Peut-être  Phyll.  Calypso,  à  en  juger  par  la  forme 
générale,  mais  les  cloisons  ne  sont  pas  visibles  ;  les  tours  qui  tom- 
bent à  pic  sur  l'ombilic  très  étroit  comme  dans  .4.  Calypso  portent 
cinq  sillons  très  nets  sur  tout  le  pourtour. 

Lytoceras  voisin  de  Lyt.  Juilleti. 

Lytoceras  Juilleti  d'Orb.  Les  tours  sont  un  peu  plus  embrassants. 
Celte  espèce  à  déjà  été  trouvée  à  Gargas,  près  d'Apt,  et  aux  environs 
de  Digne. 

Lytoceras  tenuistritum  n.  sp.  (PI.  VU,  fig.  o).  Jolie  petite  espèce 
dont  les  ornements  consistent  eu  fines  côtes  très  serrées  au  nombre 
de  quatre-vingts  environ  par  tour.  Chaque  tour  porte  en  outre  deux 
étranglements  légèrement  obliques  par  rapport  au  reste  de  l'orne- 
mentation. Ombilic  profond,  tours  assez  recouvrants,  section  des 
tours  subarrondie,  un  peu  surbaissée  de  haut  en  bas,  ce  qui  le 
distingue  à  première  vue  de  l.  Juilleti  avec  lequel  il  n'a  du  reste  pas 
de  rapports. 

Lytoceras  Jaubertil  La  forme  générale  est  bien  celle  de  cette 
espèce  signalée  à  Lure  au  même  niveau,  mais  les  cloisons  sont  peu 
visibles. 

Desmoceras  Emerici  Rasp.  in  d'Orb.  Espèce  déjà  rencontrée  à 
Vergons  (Basses-Alpes)  et  aux  environs  de  Carpentras,  ainsi  qu'à 
Gargas.  La  section  est  un  peu  moins  triangulaire  que  dans  le  type 
de  d'Orbigny. 

Desmoceras  voisin  de  D.  Emerici,  mais  au  lieu  de  sillons  trans- 
versaux elle  présente  des  côtes  entre  deux  sillons,  et  dans  les 
intervalles  de  deux  à  trois  côtes.  Elle  a  quelques  rapports  avec 
A.  Belus  d'Orb.,  mais  elle  paraît  encore  plus  voisine  de  A.Dupini 
du  Gault. 

Oppelia  nisus  d'Orb.  Déjà  trouvée  à  Gargas,  dans  la  Montagne  de 


368  j.  repblin  15  Mai 

Lure  et  au  Ventoux.  Cette  espèce  très  commune  en  Provence  est  abon- 
dante dans  ce  gisement  et  se  trouve  associée  à  ces  formes  très  voisi- 
nes que  M.  Sarasin  a  cru  devoir  distinguer  Opp.  Aptiana,  0.  Haugi[\). 

Oppelia  aptiana  Sarasin.  Un  certain  nombre  d'exemplaires  des 
Oppelia  recueillies  à  Maire  correspondent  à  la  description  de 
Opp.  Aptiana,  elles  ont  en  effet  des  tours  plus  larges  et  très  arrondis 
sur  la  face  ventrale  et  de  plus  la  partie  externe  est  bien  ornée  de 
20  à  23  côtes  falciformes. 

Oppelia  Haugi  Sarasin.  Il  y  a  également  quelques  Oppelia  qui 
m'ont  paru  se  rapporter  à  cette  espèce,  les  tours  sont  presque 
embrassants  et  portent  de  20  à  2o  côtes  falciformes  allant  de 
l'ombilic  à  l'arête  ventrale  qui  est  tranchante. 

Hoplites  fissicostatus  Phillips.  Cette  forme  très  abondante  dans  les 
calcaires  inférieurs  de  la  Bédoule  n'est  représentée  ici  que  par 
quelques  rares  exemplaires  en  très  bon  état  de  conservation  et 
identiques  à  la  figure  de  d'Orb.,  Pal.  française. 

Hoplites  Dufrenoyi  d'Orb.  =  H.  furcatus  J.  Sow.  avec  des  cloisons 
plus  nettes  que  celles  des  figures  de  d'Orb. 

Gargas,  Lure,  env.  de  Digne  (2). 

Hoplites  voisine  de  H.  Dufrenoyi  et  de  H.  Itelim  d'Orb.  Elle  diffère 
de  //.  Dufrenoyi  par  ses  côtes  beaucoup  plus  aplaties  et  qui  se 
terminent  sur  la  partie  latérale  de  la  face  ventrale  par  uu  tubercule 
allongé  dans  le  sens  de  l'enroulement. 

Hoplites  sp.  (fig.  10).  Petite  espèce  à  tours  presque  arrondis,  à 
peine  aplatis  latéralement.  Côtes  simples  pour  la  plupart  ne  pas- 
sant pas  sur  la  face  ventrale. 

Hoplites  asperrimus  d'Orb.  Les  tours  ont  une  section  bien  moins 
quadrangulaire  que  dans  le  type  de  d'Orbigny,  pi.  60.  L'ornemen- 
tation est  identique. 

Hoplites  Aptiensis  n.  sp.  (PI.  VII,  fig.  7).  Petite  ammonite  discoï- 
dale  à  côtes  nombreuses  rappelant  un  peu  H.  Neocomiensis.  Mais 
les  côtes  passent  sur  la  face  ventrale  qui  est  légèrement  aplatie. 
Parmi  ces  côtes  au  nombre  de  20  à  26  par  tour  un  certain  nombre 
sont  simples  et  n'arrivent  pas  jusqu'à  l'ombilic,  les  autres  sont 
bifurquées;  on  trouve  deux  côtes  simples  séparant  bien  régulière- 
ment les  côtes  bifurquées.  Les  tours  se  recouvrent  sur  1/5  environ 
de  leur  largeur.  Ouverture  plus  haute  que  large.  Cloisons  invisi- 
bles. La  bifurcation  des  côtes  se  fait  à  peu  de  distance  de  l'ombilic. 

(1)  //.  s.  a.  F.,  .3),  XXI. 

(2)  Fallot.  Étude  géologique  sur  les  étages  moyens  et"  supérieurs  du  Crétacé 
dans  le  sud-est  de  la  France  (1885,  Paris,  Masson). 


1899      NOTE  SUR  L'APTIKN  SUPÉRIEUR  DES  ENVIRONS  DE  MARSEILLE      369 

Acanthoceras  Martini  d'Orb.,  très  abondant.  Se  trouve  aussi  à 
Gargas  et  dans  les  Basses-Alpes,  env.  de  Digne  (1).  Identique  au 
type  de  d'Orbigny.  fig.  7-10,  pi.  58. 

Acanthoceras  Milieu  d'Orb.  Déjà  trouvée  à  la  Perte-du-Rhône  et  à 
St-Paul-Trois-Chàteaux,  ainsi  que  dans  le  Gault  de  la  montagne  de 
Lure.  Cette  espèce,  qui  se  trouve  habituellement  dans  le  Gault,  se 
montre  ici  associée  à  des  formes  aptiennes.  Sa  présence,  et  celle 
d'un  certain  nombre  d'autres  fossiles  du  Gault,  indique  un  horizon 
tout  A  fait  supérieur  de  l'Aptien  et  permet  d'assimiler  ce  faciès 
marneux  de  l'Ile  Maire  avec  celui  dit  de  Fondouille,  qui  ne  se 
trouve  que  .cur  le  versant  nord  de  la  chaîne  de  l'Etoile  et  qui  pré- 
sente tellement  Acanth.  Milleti.  L'échantillon  est  identique  au  type 
de  d'Orbigny. 

Desmoceras  sp.  Petite  espèce  rappelant  beaucoup  par  sa  forme  géné- 
rale D.  Mayori  d'Orb.  Les  sillons  principaux,  au  nombre  de  4,  out 
toutefois  une  inflexion  différente,  leur  convexité  est  dirigée  en  avant, 
les  côtes  intercalaires  ne  sont  pas  visibles,  les  cloisons  non  plus. 

Des  m.  latidorsatum  ?Mich.  Presqu'identiqueau  type  de  d'Orbigny 
mais  les  tours  ne  tombent  pas  à  pic  sur  l'ombilic  et  les  cloisons 
sont  moins  nombreuses.  A.  latidorsatus  a  été  déjà  signalée  à  Cassis 
tout  à  fait  à  la  base  du  Cénomanien. 

Desm.  (Puzozia  BayleJ  Munieri  n.  sp.  (fig.  6).  Cette  forme  présente 
de  nombreux  rapports  avec  le  groupe  de  l).  Parandieri  (D.  Dupini, 
D.  Charrieri). 

Elle  diffère  de  D.  Parandieri  parce  que  les  côtes  comprises  entre 
deux  sillons  n'existent  que  sur  la  face  ventrale.  Sur  les  flancs  ces 
côtes  avec  leurs  sillons  passent  à  des  étranglements.  Leur  nombre 
est  aussi  moins  grand.  Les  tours  sont  un  peu  plus  embrassants  et 
les  étranglements  ne  sont  pas  sinueux  comme  dans  D.  Parandieri 
de  d'Orbigny. 

La  forme  générale  avec  tes  étranglements  au  nombre  de  9  serait 
plutôt  celle  de  D.  Belus  d'Orb.  dont  elle  diffère  par  l'absence  com- 
plète de  petites  côtes  et  par  une  inflexion  très  marquée  des  deux 
dernières  selles  auxiliaires  en  arrière,  ce  qui  rappelle  un  peu 
Z).  Mayori  dont  les  selles,  en  môme  nombre,  sont  toutefois  bien  plus 
compliquées.  Elle  diflère  aussi  de  l).  Belus  par  la  forme  générale  des 
tours  moins  aplatis  latéralement  et  ne  tombant  pas  à  pic  sur 
l'ombilic.  Le  nombre  de  tours  visibles  dans  l'ombilic  est  de  2  au 
lieu  de  3  ou  4  dans  D.  Belus. 

(I)  Fallot.  Thèse  de  Doctorat.  Loc.  cit. 
31  Octobre;  1809.  -  T.  XXVII.  Bull.  Soc.  Gcol.  Fr.  -  ii 


370  J.  repelin  15  Mai 

Desm.  Munieriî  J'ai  représenté  (fig.  9)  un  exemplaire  dont  la 
forme  générale  rappelle  la  précédente,  mais  il  n'y  a  pas  de  côtes 
dans  la  région  ventrale,  les  sillons  existent  sur  tout  le  pourtour  et 
sont  en  môme  nombre  que  dans  Z).  MnnierL  Les  cloisons  pres- 
qu'identiques  ne  présentent  cependant  pas  l'inflexion  des  deux 
premiers  lobes. 

Lytoceras  Duvali  d'Orb.  Les  tours  paraissent  un  peu  plus  embras- 
sants et  le  nombre  des  sillons  est  de  10  au  lieu  de  13  par  tour 
comme  dans  le  type  de  la  Paléontologie  Française. 

On  l'a  trouvée  aussi  à  Vergons  et  dans  les  B.  -Alpes,  ainsi  que  dans 
la  montagne  de  Lure  et  dans  la  Drôme  (Fallot). 

Dans  certains  exemplaires  que  j'ai  rapportés  à  la  même  espèce, 
les  tours  sont  encore  plus  embrassants  et  le  nombre  des  sillons  est 
de  8  au  lieu  de  13. 

Desmoceras?  cf.  Versicostatum  Mich.  duGault  (PI. VIL  fig.8.  La  bifur 
cation  y  est  moins  régulière  et  l'ombilic  parait  plus  profond  (1). 

Hamites  alternatus  Phillips.  La  seule  différence  qui  existe  entre 
cet  exemplaire  et  celui  qui  est  figuré  dans  la  Paléontologie  Française, 
est  que  chaque  côte  porte  des  tubercules.  Ceux-ci  sont  plus  gros 
sur  certaines  côtes  séparées  par  deux  autres  côtes  à  tubercules  plus 
petits.  Les  cloisons  sont  à  peu  près  identiques.  H.  alternatus  a  été 
trouvé  dans  le  Gault  à  Escragnolle  (Var). 

H.  Bouchardi  d'Orb.  Cette  espèce  est  signalée  pour  la  première 
fois  en  Provence. 

Ancyloceras  (Tojcoceras)  Hoyeri  d'Orb.  Espèce  déjà  signalée  à  Apt, 
à  Gargas,  ainsi  que  dans  la  montagne  de  Lure. 

Ptychoccras  lœve  Math.  (2).  Cette  forme  paraît  identique  à  celle 
décrite  par  M.  Matheron,  toutefois  on  n'eu  connaît  pas  les  cloisons. 

Nombreux  Céphalopodes  déroulés  indéterminables,  Ancyloceras, 
Anisoceras  ou  Toxoceras. 

Belemnites  sewicanaliculatus  Blainv.  Très  abondante  comme  dans 

(t)  Cette  Ammonite  est  intéressante  à  étudier  en  ce  qu'elle  montre,  sur  une 
partie  des  tours,  les  ornements  qui  lui  sont  propres,  et  sur  l'autre,  les  ornements 
du  moule  interne.  Or  ces  ornements  ont  si  peu  de  rapports  entre  eux,  que  si  l'on 
trouvait  le  moule  seul,  on  serait  tenté  d'en  (aire  une  espèce  spéciale.  On  voit,  par 
là,  quel  intérêt  il  y  aurait  à  connaître  d'une  manière  certaine  les  moules  des 
Ammonites.  On  peut  même  voir  assez  nettement  les  relations  des  ornements  de 
l'Ammonite  avec  ceux  du  inouïe,  comme  l'indique  la  figure  8  L'Ammonite  pré- 
sente des  cotes  régulièrement  bifurquées,  le  moule  de  petites  côtes  entre  deux 
sillons  séparées  par  un  intervalle  sans  ornement,  et  c'est  au  bord  interne  de  cet 
intervalle  que  correspondent  les  cotes  de  l'Ammonite  et  non  aux  côtes  du  moule. 

(2)  Mathehon.  Recherches  paléont.  dans  le  midi  de  la  France. 


1899      NOTE  SUR  L  APTIBN  SUPÉRIEUR  DES  ENVIRONS  DE  MARSEILLE      371 


le  Ventoux,  la  montagne  de  Lure,  les  Basses-Alpes,  la  Drôme,  et 
môme  les  couches  gréseuses  du  versant  nord  de  l'Etoile. 

J'ai  figuré  deux  fragments  en  bon  état  de  conservation  de  mes 
Céphalopodes  déroulés  que  je  rapporte  avec  quelque  doute  au 
genre  Hamttes  et  qui  ne  sont  figurés  nulle  part  à  ma  connaissance. 

H  ami  tes  massiltensis  n.  sp.  (fig.  11).  Cette  forme  est  régulièrement 
ornée  de  côtes  un  peu  obliques  et  qui  passent  régulièrement  sur  la 
partie  dorsale  et  sur  la  partie  ventrale.  Section  ovalaire. 

Hamites  tenuis  n.  sp.  (fig.  12).  Petite  espèce  à  côtes  régulières  très 
aiguës  et  très  accentuées,  sans  tubercules,  section  subarrondie. 

11  m'a  paru  intéressant  de  comparer  la  faune  de  l'île  Maire  avec 
celle  des  gisements  les  plus  connus  de  l'Aptien  supérieur  marneux, 
Gargas,  le  Ventoux  et  la  montagne  de  Lure. 

1°  Gargas.  —  Peu  de  formes  signalées  à  Gargas  manquent  à  l'Ile 
Maire.  Ce  sont  : 


A.  Crassicostatus  d'Orb. 
A.  Gargasemis  d'Orb. 
De$m.  Melchioris. 


Macroscaphites   striatisulcatus 

d'Orb. 
Aucella  C  o  quand  i. 


Par  contre  beaucoup  des  espèces  trouvées  à  Maire  n'ont  pas  été 
citées  de  Gargas,  soit  que  la  faune  ait  été  peu  étudiée,  soit  qu'elles 
manquent  réellement.  Ce  sont  les  suivantes  : 


Pentacrinus  Legeri  n.  sp. 
Terebratulina  Mairensis  n.  sp. 
Terebratulina  sp. 
Tereùratuta  biplicata  Brocch. 
—  cf.  biplicata  Brocch. 

in  Pictet. 
A  star  te. 

Venus  Roissii  d'Orb. 
Tellina. 
Solarium. 
Trochus  sp. 
Trochus  Requieni  d'Orb. 


Trochus. 

Pleurotomaria. 

Avellana. 

Scalaria  Dupini  d'Orb. 

Nerinea. 

Lytoceras  quadrisulcatum  d'Orb. 

Hamites  alternatus  Mantell. 

//.  Bouchardi  d'Orb. 

Acanthoc.  Milleti  d'Orb. 

Desm.  Munieri  n.  sp. 

Hopl.  asperrimus  d'Orb. 


Toutefois,  le  nombre  et  la  valeur  systématique  des  formes  com- 
munes ne  laissent  pas  de  doute  sur  l'assimilation  avec  les  marnes 
de  Gargas. 

On  trouve  en  effet  comme  à  Gargas  : 


Bel.  semicanaliculatus  Blainv. 
Phyll.  Guettardi  Rasp. 
Hopl.  Dufrenoyi  d'Orb. 


Oppelia  M  sus  d'Orb. 
Acanth.  Martini  d'Orb. 
Desm.  Emerici  Rasp. 


372 


J.   REPELIN 


15  Mai 


Toxoceras  Royeri  d'Orb. 
Ptyclwceras  lœve  Math. 


Plicatula  sp.  et  de  petits  Gaste 
ropodes. 


21  Ventoux.  —  D'après  Mr  Leenhardt  les  autres  gisements  du 
Ventoux  contiennent  aussi  un  certain  nombre  d'espèces  qui  ne  sont 
pas  à  Maire  et  dont  voici  la  liste  : 


.4.  forcit  d'Orb. 
A.  crassicostatus  d'Orb. 
A.  Cornueli  d'Orb. 
Desm.  Belus  d'Orb. 


Macroscaph.striatisulcatus  d'Orb. 

»         recticostatus  d'Orb. 
Turrilites 


En  revanche  un  grand  nombre  d'espèces  de  Maire  font  défaut  ou 
n'out  pas  été  reconnues  dans  le  Ventoux.  Ce  sont  : 


Des  Polypiers 

Pentacrinus  Legeri  n.  sp. 

Terebratulina  Mairensis  n.  sp. 

Terebratula  biplicata  Brocch. 

Astarte  sp. 

Venus  Roissii  d'Orb. 

Tellina  sp. 

Solarium  sp. 

Trochus 

Trochus  Requieni  d'Orb. 

Pleurotomaria  sp. 


Avellana  sp. 

Scalaria  Dupini  d'Orb. 

Nerinea  sp. 

Rostellaria  sp. 

Lytoceras  quadrisulcatum  d'Orb. 

Lyt.  Jauberti 

Uopl.  fussicostatus  Phillips. 

Hopl.  asperrimus  d'Orb. 

Acanth.  Milleti  d'Orb. 

Desm.  Munieri  n.  sp. 

Hamites  Bouchardi  d'Orb. 


c'est-à-dire  à  peu  près  toutes  les  espèces  qui  manquent  également 
à  Gargas;  d'ailleurs  les  gisements  du  Ventoux  paraissent  tous 
assimilables  à  celui  de  Gargas. 

3°  Lare.  —  M.  Kilian  a  cité  dans  sa  thèse  un  assez  grand  nombre 
de  fossiles  des  marnes  aptiennes  supérieures  de  Lure.  Beaucoup 
n'existent  pas  à  Maire,  ce  sont  : 


les  vertèbres  amphicœliques 

les  restes  de  Crutacés 

les  dents  de  Squale 

Conoleutnis  Dupini 

Bec  de  Nautile 

Nduîilus  Ricordeaui  d'Orb. 

Phyll.  Carlavanti  d'Orb.  Prodr. 

Phyll.  Thethys  d'Orb. 

Lyt,  strangulatum  d'Orb. 

Macroscaph.striatisulcatus  d'Orb. 

Hamites?  Emerici  d'Orb. 


Hopl.  crassicosta  d'Orb. 

»      var.  épineux. 

»      Gargasemis  d'Orb. 
Ancyloceras  sp. 

»  Emerici  d'Orb. 

Nerinea  sp. 
Cerithium     Barremense     d'Orb. 

Prodr. 
Cerithium  Gargasense 

»  anal,  au  C.  Gueran- 

deri  d'Orb. 


1899      NOTE  SUR  L'APTIEN  SUPÉRIEUR  DES  ENVIRONS  DE  MARSEILLE      373 

Rostellaria  glabra  Forbes(l)  Leda  (Nucula)  cf.  scapha  d'Orb. 

»  cf.  gargasensis  d'Orb.  Nucula  cf.  simplex  Desm. 

Prodr.  Yoldia  sp. 

Anisocardia  sp.  Aucella  (Inoc.)  Coquandi  d'Orb. 
Cucullœa  sp. 

Les  espèces  suivantes  sont  au  contraire  spéciales  à  Maire  : 

Parasmilia  Trochus 

Cyclolites  Aptiensis?  E.  de  From.  Trochus  Requieni  d'Orb. 

Pentac.  Legeri  n.  sp.  Pleurotomaria 

Terebratulina  Maïrensis  n.  sp.  Avellana 

Terebratula  biplicala  Brocchi.  Scalaria  Dupini  d'Orb. 

Astarte  sp.  Acanthoc.  Milleti  d'Orb. 

Astarte  sp.  Desm.  latidorsatum  Mich. 

Venus  Roissii  d'Orb.  Desm.  Munieri  n.  sp. 

Tellina  Hamites  Bouc  hardi  d'Orb. 

Solarium  Ham.  sp. 

Quant  aux  espèces  communes  ce  sont  les  suivantes  : 

B.  semicanaliculatus  Blainv.  Acanth.  Martini  d'Orb. 

Phyll.  Gueltardi  Rasp.  Toxoceras  Royeri  d'Orb. 

Phyll.  Rouyanum  d'Orb.  Ptychoceras  lœve  Math. 

Lytoceras  Duvali  d'Orb.  Cerith.  Aptiense  d'Orb. 

Lyt.  Jauberti  d'Orb.  Lucina  sculpta  Phillips. 

Opp.  nisus  d'Orb.  Trochocyathus. 

Hopl.  Dufrenoyi  d'Orb.  Polypiers. 

L'Aptien  de  Maïre  correspond  donc  bien  aussi  à  l'Aptien  marneux 
de  la  montagne  de  Lure  ;  les  espèces  communes  sont  nombreuses 
et  significatives,  et  il  semble  môme  que  ce  soit  avec  l'Aptien  de 
cette  région  orientale  de  la  Haute-Provence  qu'il  faut  comparer  les 
couches  supérieures  de  l'Ile  Maire.  Mais  notre  gisement  se  distin- 
gue de  tous  les  précédents  par  la  présence  d'un  certain  nombre  de 
fossiles  du  Gault  tels  que  A.  Milleti.  A.  latidorsatus. 

On  est  donc  amené  à  le  considérer  comme  faisant  partie  d'un 
horizon  un  peu  plus  élevé  que  les  précédents,  comme  une  zone  de 
passage  aux  premières  assises  du  Gault. 

Il  y  a  lieu  également  d'assimiler  ces  marnes  aux  couches  gré- 
seuses de  Fondouille  et  de  Plan  de  campagne  qui  représentent  un 
faciès  particulier  gréso-calcaire  du  Gargasien  et  à  la  partie  supé- 
rieure desquelles  on  trouve  également  Acanth.  Milleti.  Comme  Ta  fait 
remarquer  M.  Collot  (Terr.  crét.  de  la  Basse-Provence),  ce  niveau 
doit  correspondre  aussi  aux  sables  verts  à  Bélemnitesde  l'Ardèche. 

(1)  Quart.  Journ.  Geai.  Soc.  du  lower  greensand. 


374 


Séance  du   5  Juin   1899 

PRÉSIDENCE  DE  M.  DE  LAPPARENT,  VICE-PRÉSIDENT 

M.  J.  Blayac,  Secrétaire,  donne  lecture  du  procès- verbal  de  la 
dernière  séance,  dont  la  rédaction  est  adoptée. 

Le  Président  annonce  le  décès  de  M.  E.  Jannettaz,  maître  de 
conférences  à  la  Sorbonne,  assistant  au  Muséum  d'Histoire  natu- 
relle. 11  fait  l'éloge  de  notre  regretté  confrère,  bien  connu  par  ses 
beaux  travaux  de  minéralogie,  et  rappelle  qu'il  fut  trésorier  puis 
président  de  notre  Société  en  1875. 

Il  annonce  quatre  présentations. 

Les  Secrétaires  signalent  parmi  les  ouvrages  parvenus  à  la  Société  : 
Le  granité  des  Pyrénées  et  ses  phénomènes  de  contact  (1er  mémoire  : 
Les  contacts  de  la  Haute-Ariège),  par  M.  A.  Lacroix  (Bull.  Serv. 
Carte  géol.  de  France,  N°  64).  —  Les  cartes  géologiques  au  1/80. 000e 
récemment  publiées  par  le  Service  géologique  de  la  Carte  de  France  : 
Aiguilles,  Saint-Martin  Vésubie,  Sarrebourg,  Lesparre. —  Fauna  der 
Gaskoltle  und  der  Kalksteine  der  Permformation  Bôhmens  (Arthropoda, 
4*  vol.,  ire  livraison).  —  Catalogue  systématique  et  géographique  des 
espèces  minéralogiques  (Boletin  del  Inst.  geol.  de  Mexico,  N°  11). 

M.  Pallary  fait  une  communication  Sur  les  faunes  fossiles  des 
mollusques  terrestres  et  d'eau  douce  de  V Algérie. 

Grâce  à  MM.  Thomas,  Gentil,  Bleicher,  Doumergue,  Debeaux, 
Susini,  Séguin  et  Joly,  età  l'examen  de  la  collection  Tournouër  que 
MM.  Gaudry  et  Boule  ont  bien  voulu  l'autoriser  à  étudier,  M.  Pallary  a 
réuni  les  éléments  d'un  mémoire  qu'il  résume  devant  la  Société  (t). 

La  forme  la  plus  ancienne  est  représentée  par  une  hélice  (H.  Tho~ 
masi)  du  M'fatah,  près  Boghar  ;  elle  n'a  aucun  analogue  dans  la 
faune  paléarctique  actuelle.  Puis  viennent  les  espèces  des  marnes 
rouges  des  Doui  Hasseni,  considérées  comme  pliocèues  par  M.  Bour- 
guignat,  mais  qui  sont  bien  plus  anciennes.  Malheureusement,  ces 
espèces  ayant  été  établies  d'après  des  moules  internes,  on  ne  peut 

(1)  O  travail  paraîtra  dans  les  Mémoires  de  la  Société. 


SÉANCE  DU  5  JUIN  1899  375 

les  admettre  toutes  sans  restrictions.  A  l'exception  du  Rumina 
décollât  a,  elles  n'ont  pas  de  représentants  dans  le  Nord  de  l'Afrique. 

Les  marnes  du  polygone  de  Constantine  ont  été  considérées  com- 
me oligocènes  par  M.  Ficheur  ;  aux  espèces  décrites  par  MM.  Crosse 
et  Bourguignat,  l'auteur  a  ajouté  une  Hyaline  et  deux  Ferussacies. 
Quant  aux  Bulimus  Bavouxi  et  Gladlina  Jobœ,  ils  sont  à  supprimer  ; 
d'autre  part,  M.  Pallary  a  pu  établir  la  filiation  des  H.  subsenilis, 
Dumortieri  et  Jobœ  qui  dérivent  d'un  type  initial  :  177.  senilis. 

Les  argiles  de  Smendou,  considérées  comme  plus  récentes 
(Cartennien),  renferment  surtout  une  faune  lacustre  à  Limnées, 
Melanopsis,  Neritines,  Unios  et  Anodontes.  M.  Pallary  a  décrit  de 
ce  gisement  une  nouvelle  Melanopside  et  un  Planorbe  à  tours  infé- 
rieurs très  serrés,  dont  il  est  difficile  de  trouver  des  formes  affines 
dans  les  Planorbes  oligocènes  et  plus  récents. 

Les  argiles  à  lignites  de  Lamoricière,  étudiées  déjà  par  MM.  Ville 
et  Bleicher,  ont  fourni  des  Potamides,  un  Micromelania  sp.,  des 
Bithinelles,  etc.,  et  une  jolie  hélice  :  H.  altavensis. 

La  faune  du  polygone  de  Constantine  est  représentée  dans  le 
département  d'Oran  dans  les  grès  helvétiens  du  Dj.  Adjir  et  de 
l'Oued  Zitoun.  L'//.  Dexoudiana  a  été  encore  trouvée  dans  des  mar- 
nes helvétiennes  à  Sidi-Ouadda  (M.  Flick)  et  une  variété  fort  dis- 
tincte a  été  découverte  aux  Amamra  par  M.  Repelin  dans  une 
formation  tortonienne. 

Les  calcaires  blancs  de  Mascara  (Pliocène  inférieur?)  ont  donné 
une  Hélice  du  groupe  des  Ibcrus  :  17/.  Boxdei  ;  le  groupe  se  trouve  à 
l'état  sporadique  au  Maroc  (Tétouan),  mais  ne  vit  pas  en  Algérie. 
Les  travertins  d'Aïn  el  Bey  et  les  calcaires  ferrugineux  d'Aïn  Jour- 
del  offrent  une  faune  terrestre  dont  on  retrouve  les  équivalents  en 
Sicile  ;  une  espèce  bien  caractéristique  est  VU.  fossulata  Pomel. 
Les  formes  aquatiques  sont  remarquables  à  cause  de  leurs  affinités 
avec  des  espèces  oligocènes.  On  remarque  des  grosses  Limnées  : 
L.  Thomasi,  Jobœ,  cirtana,  deux  Corbicules  nouvelles  de  petite 
taille  (C.  numidica  et  Tkomasi)  et  quelques  Planorbes  et  Bithinies. 

Les  dépôts  pliocènes  de  la  Batterie  espagnole,  près  Oran,  en  outre 
d'une  majorité  d'espèces  terrestres  encore  vivantes,  ont  fourni  quel- 
ques types  intéressants,  entre  autres  une  Hyaline  (H.  subincerta), 
dont  le  groupe  ne  vit  pas  en  Algérie,  mais  se  retrouve  au  Maroc, 
un  Cyclostome  (C.  mauretanicum),  émigré  dans  les  Traras,  et  un  gros 
Rumina  éteint  (R.  atlantica). 

La  faune  du  puits  Karoubi  est  bien  connue,  grâce  aux  recherches 
de  MM.  Bleicher,  Paladilhe,  Pomel  et  Tournouër.  La  majorité  des 


376  SÉANCE  DU  5  JUIN  1899 

espèces  sont  saumâtres  et  presque  toutes  éteintes.  M.  Pallary  y  a 
découvert  une  Pseudamnicole  (P.  Jolyi)  à  tours  carénés,  une  Mêla- 
nopside  à  tours  très  acu rainés  et  une  variété  de  la  Melania  luber- 
culata  (M.  tuberculata  v.  oranica). 

Les  dépôts  du  cap  de  Garde,  près  Bône,  considérés  comme  qua- 
ternaires, sont  pliocènes,  car  on  y  trouve  deux  formes  éteintes,  dont 
une  non  encore  décrite  :  H.  Milsomi  Hagenmûller. 

Mais  ce  sont  surtout  les  formations  quaternaires  qui  ont  fourni 
à  Fauteur  les  matériaux  les  plus  nombreux  de  son  étude.  Si  les 
espèces  terrestres  ne  diffèrent  pas  sensiblement  de  la  faune  actuelle, 
il  n'en  est  pas  de  même  des  espèces  aquatiques  qui  sont  bien  diffé- 
rentes des  faunes  locales.  La  faune  du  Sud  Algérien,  qui  a  déjà  fait 
l'objet  de  quelques  notes  de  M.  Fischer,  renferme  des  espèces  très 
importantes  comme  :  Succinea  Maresi,  Goleahensis,  Limnœa  Saharica, 
Ksouriana,  Srguini,  Hulinus  Dybowskii,  Planorbh  Aucapitaineanus, 
des  Physes,  Amnicoles,  Hydrobies,  Melanies  et  Melanopsis.  Cette 
faune  s'est  éteinte  depuis  peu,  à  une  époque  préhistorique. 

En  résumé  :  1°  La  faune  terrestre  diffère  moins  de  la  faune 
actuelle  que  la  faune  aquatique  ;  2°  Les  faunes  terrestres  des  ter- 
rains miocènes  ont  leurs  équivalents  actuels  daus  les  steppes  du 
sud  de  l'Ouest  algérien  (Hélices  bidentées  et  Huliminus  Soleilleti, 
du  Touat)  ;  3°  Les  faunes  aquatiques  de  ces  mêmes  terrains  offrent 
des  affinités  singulières  avec  les  espèces  oligocènes  du  centre  et  du 
sud  de  la  France  ;  4°  Les  espèces  terrestres  du  Pliocène  et  du  Qua- 
ternaire ont  émigré  dans  des  régions  plus  fraîches  ;  les  espèces  du 
Sud  algérien  sont  comparables  aux  formes  du  centre  européen  ; 
5°  La  faune  aquatique  quaternaire  est  à  peu  près  éteinte;  elle 
annonce  l'existence  à  cette  époque  de  grands  cours  d'eau  et  de  lacs 
et  elle  indique,  par  cela  même,  depuis  cette  époque,  un  boulever- 
sement profond  des  conditions  climatériques  ;  6°  Enfin,  ces  faunes 
anciennes  et  récentes  ont  encore,  presque  toutes,  leurs  équivalents 
dans  la  faune  paléarctique  actuelle.  On  n'y  trouve  aucun  type  de 
la  faune  africaine  proprement  dite. 

M.  M.  Boule  est  heureux  de  constater  que  M.  Pallary,  au  moyen 
de  documents  nombreux,  a  pu  réduire  le  nombre  des  espèces  de 
certains  genres  au  lieu  de  les  multiplier.  Il  est  beaucoup  plus  inté- 
ressant par  exemple  de  constater  que  Vllelir  subscnilis  peut  varier 
dans  diverses  directions  sous  l'influence  de  tels  ou  tels  phénomènes 
physiques  sans  cesser  d'être  V Hélix  subsenilis,  que  de  mettre  un 
certain  nombre  d'étiquettes  différentes  sur  un  certain  nombre  de 


SÉANCE  DU  5  JUIN  1899  377 

ses  variations.  Non  seulement  les  savants,  dont  le  but  principal 
parait  être  de  pulvériser  les  genres  et  les  espèces,  ne  fout  pas  œuvre 
philosophique,  mais  encore  ces  savants  spécialistes  rendent  de  plus 
en  plus  difficiles  les  travaux  de  synthèse  en  dissimulant  sous  une 
terminologie  abondante  et  disparate  les  rapprochements  les  plus 
légitimes.  Et,  ici  comme  ailleurs,  la  richesse  de  la  nomenclature 
cache  trop  souvent  la  pauvreté  des  idées. 

Un  autre  résultat  des  plus  intéressants  des  études  de  M.  Pallary 
est  l'analogie  qu'il  a  constatée  entre  les  faunes  fossiles  miocènes  de 
l'Algérie  et  les  faunes  oligocènes  françaises,  tandis  que  les  faunes 
quaternaires  de  l'Algérie  sont  remarquables  par  leurs  caractères 
paléarctiques. 

M.  Bleicher,  en  présentant  un  échantillon  de  Graptolites  prove- 
nant des  poudingues  du  Grès  vosgien,  s'exprime  ainsi  : 

Cet  échaotillon  de  petite  taille,  formé  d'un  éclat  de  caillou  de 
lydienne  trouvé  dans  la  forêt  domaniale  de  Celles  (Vosges),  a  fait 
l'objet  d'une  récente  note  de  l'auteur  à  l'Académie  des  sciences 
Une  tige  de  graptolite  pourvue  de  ses  denticulations  admirable- 
ment conservées,  s'y  détache  en  blanc  sur  fond  noir,  et  il  est 
possible  d'y  reconnaître  le  type  du  Monograptns  Bcekii  Barr.  du 
Silurien  supérieur  de  Bohème,  en  considérant  cette  espèce  comme 
répondant  à  un  groupe  de  formes,  à  l'exemple  de  Rœmer  dans  sa 
Lethea  geognostica,  \™  p.,  lor  vol.,  1880  97,  p.  642. 

Jusqu'ici,  on  n'avait  trouvé  dans  le  grès  vosgien  des  deux  ver- 
sants des  Vosges  et  de  la  Forêt  Noire  que  des  fossiles,  troncs  sili- 
cifiés,  du  Permieu  sous-jacent,  ou  des  Brachiopodes  et  Lamelli- 
branches plus  ou  moius  bien  conservés  et  pouvant  être  rapportés 
au  Dévonien.  Il  est  donc  prouvé  aujourd'hui  que  le  massif  auquel 
le  grès  vosgien  a  emprunté  ses  éléments,  contenait  aussi  du  Silu- 
rien supérieur. 

Quanta  l'origine  de  ce  Graptolite,  il  faut  peut-élre  la  chercher 
daus  la  direction  du  S.-E.  des  Vosges,  plutôt  que  dans  celle  opposée 
du  N.-N.-O.  ou  des  Ardennes,  si  l'on  tient  compte  des  observations 
de  Sandberger  et  Beneeke.  suivant  lesquelles  les  cailloux  inclus 
dans  le  poudingue  diminuent  de  taille  du  Sud  au  Nord.  Cepen- 
dant il  est  à  remarquer  que  la  seule  roche  à  Graptolite,  qui  se 
rapproche  de  celle  de  la  vallée  de  Celles,  se  rencontre  en  Maine-et- 
Loire,  d'après  un  échantillon  qui  nous  a  été  commuuiqué  par  notre 
confrère  M.  Douvillé. 


378  SÉANCE  DU  5  JUIN  1899 

M.  A.  de  Grossouvre.  —  Sur  quelques  fossiles  crétacés  de 
Madagascar. 

J'ai  reçu  de  mon  confrère  M.  Bleicher  un  certain  nombre  de 
fossiles  de  Madagascar  qui  lui  ont  été  remis  par  M.  le  commandant 
Bourgeois  :  ils  viennent  des  environs  de  Diego-Suarez  (chaîne 
côtière  de  l'ouest). 

Us  sont  fournis  par  une  roche  gris-jaunâtre,  sableuse  ;  la  plupart 
sont  fragmentés  et  tous  sont  entièrement  recouverts  par  une  patine 
brillante  d'un  brun  ocreux  foncé. 

Ce  lot  de  fossiles  comprend  principalement  des  Gastropodes, 
quelques  Lamellibranches  et  uu  certain  nombre  de  Céphalopodes. 
Avec  eux  se  trouvaient  des  débris  de  bois  taraudés  qui  ont  été 
reconnus  par  MM.  Bleicher  et  Fliche  appartenir  à  des  Conifères 
et  quelques  nodules  ferrugineux,  à  substratum  siliceux,  d'après 
les  recherches  de  M.  Bleicher. 

Les  Céphalopodes  comprennent  : 

Un  Nautile  que  j'identifie  à  N.  Bouchardi  de  l'Arialoor-Group  de 
l'Inde  ; 

Des  fragments  de  tours  internes  de  Scaphites  du  groupe  Se. 
œqualis  et  Sr.  (leinitzi,  qui  ne  descend  pas  au-dessous  du  Céno- 
manien  ; 

Une  crosse  de  Scaphite  du  groupe  de  Se.  Meslel  et  Se*,  binodmus 
qui  n'est  pas  connu  au-dessous  du  Coniacien  ; 

Un  Acanthocératidé  que  je  considère  comme  pouvant  représenter 
les  tours  internes  d'une  Scaphite  du  groupe  de  Se.  pulchemmus  ; 

Un  fragment  de  Hauericeras  bien  voisin  de  H.  Rembda  (in  Stol.)  : 
on  ne  connaît  pas  de  représentants  de  ce  genre  au-dessous  du  San- 
tonien  ; 

Un  gros  fragment  de  Puzosia  lisse  et  un  Pkylloceras  :  espèces 
indifférentes. 

Un  fragment  de  Drahmdites  qui  me  paraît  identique  à  l'échan- 
tillon de  B.  Brahma  figuré  par  M.  Kossmat  (PI.  XIX,  fig.  8). 

En  résumé  cette  faune  a  un  caractère  franchement  sénonien  et  je 
crois  qu'elle  appartient  au  niveau  de  l'Arialoor-Group.  Par  l'en 
semble  de  ses  caractères  (Céphalopodes  et  Gastropodes)  elle  se 
rattache  intimement  aux  faunes  crétacées  de  l'Inde. 

M.  M.  Boule  dit  que  tous  les  étages  du  Crétacé  paraissent  être 
représentés  à  la  Montagne  des  Français,  dans  le  nord  de  Mada- 
gascar, puisqu'il  y  a  déjà  signalé  des  fossiles  cénomaniens,  turo- 
niens  et  sénoniens.  Depuis,  il  a  pu  étudier  une  série  d'échantillons 
de  Schlœnbachia  inflata  provenant  de  la  même  région. 


SÉANCE  DU  5  JUIN  1899  379 

Il  a  aussi  des  fossiles  identiques  par  leurs  caractères  physiques 
à  ceux  dont  vient  de  parler  M.  de  Grossouvre.  Ce  sont  des  Gastro- 
podes, qu'à  cause  de  leur  nature  ferrugineuse  et  des  renseignements 
topographiques  qui  les  accompagnaient,  il  avait  cru  devoir  rappor- 
ter, avec  doute,  à  l'Infra -Crétacé. 

M.  M.  Boule  :  Je  profite  de  cette  occasion  pour  dire  quelques 
mots,  à  la  Société,  d'observations  nouvelles  et  fort  importantes  de 
M.  E.  Gautier  sur  la  partie  occidentale  de  l'Ile  de  Madagascar 
faisant  face  à  la  côte  Mozambique  et  se  terminant  par  le  cap  Saint- 
André.  La  ceinture  sédimentaire  est  très  réduite  dans  cette  régiou. 
Les  couches  jurassiques,  crétacées  et  tertiaires,  sont  remplacées  par 
une  avance  des  terrains  cristallophylliens  et  granitiques  qu'accom- 
pagnent de  vastes  étendues  de  grès  et  schistes  du  Trias  (??)  avec  de 
véritables  causses  liasiques  (calcaires  à  Spihferina  et  Harpoceras 
actuellement  à  l'étude  au  Laboratoire  de  Paléontologie  du  Muséum). 
De  sorte  que  les  dépôts  jurassiques  et  crétacés  sont  disposés  dans 
l'Ouest  malgache,  non  pas  comme  je  l'avais  d'abord  pensé,  en  une 
ceinture  continue,  mais  en  deux  grands  bassins,  l'un  au  N.-O.  ou 
bassin  de  Majunga,  l'autre  au  S.-O.  qu'on  peut  designer  sous  le  nom 
de  bassin  Morondava-Tulléar. 

Une  autre  avance  de  terrains  primitifs  forme  le  substratum  des 
îles  Nossy-Komba  et  Nossy-Bé  en  face  des  îles  Comores,  lesquelles 
jalonnent  une  ligne  de  hauts  fonds  reliant  Madagascar  à  l'Afrique. 


380 


Séance  du   19  Juin    1899 

PRÉSIDENCE  DE  M.  E.  DE  MARGERIE,  PRÉSIDENT 

M.  J.  Blayac,  Secrétaire,  donne  lecture  du  procès-verbal  de  la 
dernière  séance,  dont  la  rédaction  est  adoptée. 

Le  Président  annonce  deux  présentations  et  proclame  membres 
de  la  Société  : 

MM.  Amiot,  Ingénieur  en  chef  des  mines,  adjoint  à  la  Direction 

de  la  O  des  chemins  de  fer  P.-L.-M.  à  Paris,  présenté  par 

MM.  Zeiller  et  Marcel  Bertrand  ; 
Oflret,  Professeur  à  l'Université  de  Lyon,  présenté  par 

MM.  Michel  Lévy  et  de  Margerie; 
Quillermond,  Etudiant  à  l'Université  de  Lyon,  présenté 

par  MM.  Depéret  et  Riche; 
Pallary,  Instituteur  à  Oran,  présenté  par  MM.  Albert  Gau- 

dry  et  Philippe  Thomas. 

M.  Racovitza,  un  des  savants  naturalistes  de  l'Expédition 
antarctique  belge,  assiste  à  la  séance.  Le  Président  lui  souhaite  la 
bienvenue  et  lui  adresse  les  félicitations  de  la  Société,  ainsi  qu'à 
M.  Arctowski,  géologue  de  cette  mission.  «  La  Société  s'houore 
d'avoir  deux  de  ses  membres  parmi  les  uotabilités  scientifiques  de 
l'audacieuse  campagne  de  la  Belgica  qui  comptera  au  nombre  des 
plus  profitables  et  des  plus  célèbres  expéditions  polaires.  » 

Les  Secrétaires  signalent  parmi  les  ouvrages  récemment  parvenus 
à  la  Société  : 

Le  3°  vol.  des  Wissenschaftliche  Ergebnisse  der  Heise  des  Grafen 
Bêla  Széchenyi  in  Ostasien  contenant  l'étude  des  fossiles  recueillis 
par  MM.  Loczy,  Frech,  Em.  Lôrenthey  etSchenk  (p.  1  33;j)  et  l'étude 
des  miuéraux,  par  MM.  Schmidt,  Krenner  et  Koch  (p.  337  381).  — 
Deux  fascicules  des  Beitràge  zur  Paldontologie  and  Géologie  Oester- 
reichs-Ungams  und  des  Orients  consacrés  à  un  Mémoire  de  M.  G.  von 
Arthaber  sur  des  fossiles  crétacés  du  Caucase.  —  Un  important 
ouvrage  de  M.  Rudolfo  Amando  Philippi,  sur  les  Fossiles  secondaires 
du  Chili  (4°,  104  p.,  42  pi.). 


SÉANCE  DU  19  JUIN  1899  381 

Du  Geological  Survey  des  Etats-Unis  nous  avons  reçu  3  vol.  Deux 
sont  consacrés  aux  Ressources  minérales.  Dans  le  troisième,  con- 
tenant les  travaux  proprement  géologiques,  il  faut  signaler  :  un 
Mémoire  de  M.  W.-M.  Davis,  sur  la  Formation  triasiquc  du  Connec- 
ticut  et  un  Mémoire  de  MM.  Hill  et  Vaughan,  sur  la  Géologie  du  Pla- 
teau Edwards  et  de  la  Plaine  du  Rio-Grande,  dans  le  Texas. 

Note  sur  le  péristome  de  /'^Ecoptychius  Christoli,  par  M.  A. 
Gevrey  (1  planche  en  phototypie). 

Géologie  expérimentale,  par  M.  Stanislas  Meunier  (1  vol.  in-8°, 
300  p.,  56  fig.,  de  la  Bibliothèque  scientifique  internationale, 
F.  Alcan,  édit.). 

Le  numéro  du  12  juin  des  C.  R.  de  l'Académie  des  Sciences  renfer- 
mant une  note  de  M.  Lacroix,  Sur  un  gîte  de  magnétite  en  relation 
avec  le  granité  de  Quérégut  (Ariège)  et  celui  du  5  juin  qui  contient 
une  note  de  M.  Garalp,  Sur  le  Carbonifère  des  Pyrénées  centrales. 

Dans  les  Annales  de  géographie  (N°  du  15  mai),  à  noter:  1°  un  article 
de  M.  G.-B.-M.  Flamand  :  «  La  traversée  de  l'Erg  occidental.  Grandes 
dunes  du  Sahara  oranais  »  ;  2°  «  Les  grands  travaux  en  cours 
d'exécution  dans  la  vallée  du  Nil  »,  par  M.  J.  Brunhes;  3°  Résultats 
des  missions  BlondiauxetEysséricdans  le  N.-O.  de  la  côte  d'Ivoire 
(1  carte  et  3  planches  hors  texte). 

M.  Albert  Qaudry,  en  présentant  un  ouvrage  de  Lady 
Prestwich,  s'exprime  ainsi  : 

Mmo  Prestwich  me  prie  de  faire  hommage,  en  son  nom,  à  la 
Société  géologique  de  France,  d'un  livre  intitulé  :  Life  and  Letters 
of  Sir  Joseph  Prestwich,  written  andedited  by  his  wife.y  1899. 

Cet  ouvrage  nous  sera  précieux,  car  il  nous  rappellera  la  vie  si 
pleine  d'enseignemeuts  de  l'un  des  savants  étrangers  que  nous 
avons  le  plus  estimés.  Le  legs  que  Prestwich  a  fait  à  la  Société 
géologique  de  France  est  le  meilleur  témoignage  des  liens  d'affec- 
tion qui  l'unissaient  aux  savants  de  notre  pays.  Le  nom  de  ce 
grand  géologue  anglais,  dont  l'esprit  ne  connaissait  pas  de  fron- 
tière, sera  toujours  prononcé  avec  respect  et  reconnaissance  dans 
le  sein  de  la  Société  géologique  de  France.  Le  livre  que  je  pré- 
sente n'est  pas  intéressant  seulement,  parce  qu'il  résume  l'œuvre 
scientifique  de  Sir  Joseph  Prestwich,  mais  aussi  parce  qu'il  fait 
revivre  la  plupart  des  principaux  géologues  de  l'Angleterre  dans 
la  seconde  moitié  de  ce  siècle.  11  aide  à  saisir  le  curieux  mouve- 
ment géologique  qui  s'est  produit,  surtout  pour  la  partie  qui 
concerne  l'histoire  des  temps  quaternaires,  c'est-à-dire  l'histoire 
des  débuts  de  l'humanité. 


382 


SÉANCE  DU   19  JUIN   1899 


M.  Albert  Gaudry  présente  :  1°  une  note  de  M.  Ch.  Barrois  : 
«  Sketch  of  the  geology  of  Central  Brittany  »  (32  p.,  17  fig.), 
extrait  du  Bulletin  de  la  Geologists  Association  de  Londres. 

L'auteur  ayant  dirigé  en  Bretagne,  au  mois  d'avril  dernier,  une 
excursion  de  géologues  anglais,  résume  succinctement  l'histoire 
géologique  de  la  région  parcourue. 

2°  un  mémoire  de  M.  R.  Fourtau  :  «  Revision  des  Echinides 
fossiles  de  l'Egypte  »,  extrait  des  Mémoires  de  l'Institut  égyptien. 
(Le  Caire,  1899,  in  4°,  135  p.,  4  pi.  hors  texte). 

M.  Albert  Gaudry  communique  l'extrait  suivant  d'une  lettre  de 
M.  R.  Fourtau,  qui  lui  est  adressée  du  Caire  : 

Je  viens  d'explorer  le  Gebel  Haridi  en  face  Ta  h  ta,  point  qui  n'a 
été  jusqu'ici  visité  par  aucun  géologue.  Un  de  mes  amis,  qui  est 
entrepreneur  de  travaux  publics,  y  creuse  un  canal  à  flanc  de  coteau 
et  j'ai  fait  une  abondante  récolte  d'Echinides  tertiaires.  Plusieurs 
espèces  sont  nouvelles  pour  l'Egypte  et  quelques-unes  sont  nou- 
velles pour  la  science.  Voici  d'ailleurs  la  liste  à  peu  près  complète 
de  ma  récolte  : 


ECBINODERMES  I 

Rhabdocidaris  aff.    Zitteli   Lor., 

fragment. 
Cassidulus  amygdala  Desor. 
Cassidulus  sp.  n. 
Eckinolampas  globulus  var.  minor 

de  Lor. 
Conoclypeus  Delanouei  Lor. 
Ditremaster  nux  M.  Ch. 
Prenaster  aff.  alpinus  Desor. 
Schizaster  Gaudryi  Lor. 
Linthia  cavernosa  Lor. 
Euspatangus  libyens  Lor. 
Plesiospatangus  Cotteaui  Pomel. 
Hypsosputangus  sp.  n.  ail.  Ficheri 

Lor. 


Megapneustes  sp.  n.  aff.  grandis 
Gauthier. 

Gastropodes  : 
Bulla  sp. 

Pélécypodes  : 

Ostrea  sp. 

Spondylus  aff.  Rouaulti  d'Arch. 
Vulsella  cf.  Caillaudi  Zittel. 
Cardita  cf.  libyea  Zittel. 
Ckama  calcarata  Lamk. 

Céphalopodes  : 

Un  jeune  Nautilus,  qui  semble 
être  A;.  regalis  Sovv. 


Les  exemplaires  du  Gebel  Haridi  sont  bien  conservés  et  j'ai  pu 
déjà  constater  qu'ils  serviront  à  compléter  l'étude  de  certains  types 
de  M.  de  Loriol,  basés  sur  des  spécimens  déformés.  Ce  sera  le  cas 
pour  Linthia  cavernosa  et  Conoclypeus  Delanouei;  ce  dernier  est  une 
espèce  dont  certains  caractères  sont  très  variables.  De  même,  j'ai 


SÉANCE  DU  19  JUIN  1899  383 

constaté  que  l'appareil  apical  du  Schiz.  Gaudryi  n'était  pas  celui 
décrit  par  mon  savant  confrère  de  Genève;  j'en  ai  d'ailleurs  une 
magnifique  série  de  huit  exemplaires  tous  plus  beaux  que  le  type 
dessiné.  Cassidulus  amygdala  et  Ditremaster  uux  n'étaient  connus 
d'Egypte,  le  premier  que  par  un  exemplaire  incomplet  du  musée 
de  Zurich  (j'en  possède  une  centaine),  et  le  second  par  un  exemplaire 
cassé  du  Mokattam  que  possède  le  Muséum  (collection  d'Orbigny) 
et  figuré  par  M.  de  Loriol  sous  le  nom  de  Hemiaster  Pellati  Cotteau 
(j'en  possède  plusieurs  en  très  bon  état).  C'est  sur  des  exemplaires 
de  ce  même  gisement  que  je  lui  avais  communiqués,  que  M.  V.  Gau- 
thier vient  de  décrire  le  curieux  appareil  apical  du  Plesiospatatigus 
Cotteaui. 

Une  excursion  aux  environs  des  Pyramides  m'a  fait  trouver  un 
Coptosoma  sp.  n.  voisin  du  C.  blangianum  Des.  C'est  le  premier 
Coptosoma  tertiaire  d'Egype.  Enfin,  plus  à  l'Ouest,  j'ai  trouvé  dans 
le  Sénonien  inférieur  (Santonien)  d'Abou  Roach  une  série  d'Oursins 
très  voisins  de  ceux  d'Algérie  et  de  Tunisie.  Dans  le  Turonien  situé 
au-dessous  de  ces  couches,  il  y  a  de  grands  Rudistes  (i),  très 
probablement  Biradiolites  Mortmi  d'Orb.  Je  n'ai  pu  encore  en 
détacher  de  bons  exemplaires,  et  enfin  j'ai  trouvé  un  mauvais 
échantillon  de  Mortoniceras  texanum.  —  Je  pense  pouvoir  bientôt 
continuer  cette  exploration. 

Bientôt,  je  partirai  pour  l'Ouady  Moghara;  la  distance  n'est  pas 
très  longue,  quatre  jours  de  marche  avec  des  points  d'eaux  pérennes  ; 
à  TOuady  Moghara,  il  y  a  une  bonne  source,  je  pourrai  alors  récolter 
les  beaux  spécimens  de  vertébrés  miocènes  qu'on  y  rencontre  en 
assez  grande  abondance,  suivant  ce  que  m'a  dit  Blankenhorn,  et  je 
pousserai  quelques  pointes  dans  les  couches  miocènes  d'eau  douce 
qui  sont  à  peu  près  inconnues. 

M.  D.-P.  OEhlert  présente  au  nom  de  M.  Kerforne  une  série  de 
notes  sur  la  géologie  de  la  presqu'île  de  Crozon  (Finistère).  L'auteur 
a  pu  étendre  et  modifier  les  connaissances  acquises,  par  suite  de 
la  découverte  d'assises  nouvelles.  C'est  ainsi  qu'il  a  pu  constater  la 
présence  de  schistes  précambriens  au  centre  d'anticlinaux  de  grès 
armoricain  (Crozon,  Baie  de  Dinan,  Portmeyr).  Du  fait  que  ce  grès 
est  en  général  peu  épais,  lorsqu'il  repose  sur  les  schistes  précam- 
briens, et  qu'au  contraire  il  atteint  une  grande  puissance  lorsqu'il 
est  associé  au  poudingue  groupé,  il  pense  qu'il  y  a  lieu  de  distinguer 

(1)  M.  Douvillé  a  eu  occasion  d'examiner  les  Biradiolites  signalés  dans  la  région 
des  Pyramides  ;  ils  lui  paraissent  devoir  être  rapportés  au  Bir.  Mortoni. 


384  SÉANCE  DU  19  JUIN  1899 

à  sa  base  une  assise,  généralement  feldspathique,  qui   est  cam- 
brienne.  Cette  série  plus  complète  se  trouvant  cantonnée  dans  la 
partie  sud  de  la  région  étudiée  et  non  dans  le  nord,  M.  Kerforne  en 
conclut  qu'il  existe  dans  cette  dernière  région  une  transgression 
coïncidant  avec  la  base  de  l'Ordovicien,  c'est-à-dire  avec  le  grès 
armoricain,  et  mettant  en  contact  cette  assise  avec  les  schistes 
précambriens.  — Au-dessus  du  grès  armoricain,  M.  Kerforne  a  pu 
distinguer  l'horizon  des  schistes  d'Angers  proprement  dits  (schistes 
de  Courijon),  auxquels  succèdent  des  dépôts  gréseux  (grès  de 
Rerarvail)  faisant  parfois  défaut,  puis  de  nouveau  des  schistes  (sch. 
du  Morgat)  avec  prédominance  de  Placopowa  Tourneminei,  et  enfin 
les  schistes  de  Kerarmor  à  Trinucleus  BnreauL  Tout  cet  ensemble 
est  placé  par  l'auteur  dans  l'Ordovicien  moyen.  Dans  l'Ordovicien 
supérieur  il  distingue  en  allant  de  bas  en  haut  :  1°  des  schistes  de 
Raguenez  avec  Trinucleus  sp.  et  dont  la  faune  rappelle  celle  d'Ecal- 
grain  en  Normandie;  2°  des  grès  et  des  psammites  (Kermeur- 
Camaret)  avec  Orthis,  [llœnus  et  Trinucleus,  ce  qui  les  rattache 
sûrement  au  Silurien  moyen  ;  3°  les  tufs  et  les  calcaires  de  Rosan  à 
Orthis  Actoniœ.  M.  Kerforne  pense  que  le  maximum  des  venues 
diabasiques  est  contemporain   du  dépôt  des  couches  de  Rosan, 
c'est-à-dire  antérieur  au  Silurien  supérieur.  La  base  de  ce  dernier 
niveau  est  marqué  par  des  grès,  en  général  très  réduits,  auxquels 
succèdent  les  schistes  ampéliteux  à  Graptolites,  les  schistes  à  Sphé- 
roïdes ou  Orthocèies,  et  les  schistes  altérés  avec  bancs  de  quartzites, 
difficiles  à  séparer,  à  cause  de  leur  faciès,  de  la  base  du  Dévonien. 

L'étude  détaillée  de  ces  différents  niveaux  a  fait  admettre  à 
l'auteur  quatre  anticlinaux  séparés  par  quatre  synclinaux,  les  flancs 
de  ces  plis  disparaissent  souvent  par  faille.  Les  deux  anticlinaux 
du  centre  dont  les  couches  sont  dirigées  N.E.-S.O.  sont  limités 
par  des  failles  contre  lesquelles  viennent  butter  les  couches  dévo- 
niennes  ;  d'autres  failles  parallèles  à  celle-ci  amènent  des  réappari- 
tions découches.  De  plus  une  grande  faille  de  décrochement  dirigée 
N.O.-S.E.,  postérieure  aux  premières,  a  causé  la  rupture  et  amené 
le  déplacement  de  toutes  les  bandes;  cette  faille  a  subi  une  déviation 
vers  l'ouest  qui  parait  être  en  relation  avec  le  changement  de  direc- 
tion qu'on  observe  dans  les  couches  de  la  presqu'île  de  Camaret. 

L'inclinaison  des  axes  synclinaux  tant  vers  l'ouest  que  vers  l'est, 
montre  la  possibilité  d'un  prolongement  dans  ces  deux  directions 
du  bassin  de  Brest  Laval. 


385 


SUR    UNE    GOUPE    DE    MADAGASCAR 

dressée  par  M.  VILUAUBftE 

présentée    par    M.    H.    DOUVILLÉ 

M.  Villiaume,  chargé  de  mission  par  M.  le  Gouverneur  général,  a 
dressé  une  coupe  géologique  de  Madagascar  suivant  une  ligne  voisine 
du  parallèle  de  20°  30m-, 

La  coupe  comprend  deux  parties  bien  distinctes  :  elle  traverse, 
à  Test,  depuis  Ambositra  jusqu'à  Janjina,  le  massif  ancien,  où  les 
sommets  ont  une  altitude  de  1200  mètres,  et  à  l'O.,  jusqu'à  Moron- 
dava,  les  plaines  Sakalaves,  dont  l'altitude  dépasse  rarement 
200  mètres  ;  une  ride  intermédiaire  (Tsiandava,  Bemaraha),  dont 
les  points  saillants  atteignent  près  de  400  mètres,  s'étend  en  ligne 
droite  du  N.  au  S.  au  milieu  de  ces  plaines.  La  descente  du  haut 
plateau  s'effectue  par  une  pente  rapide  de  1/15  environ  (falaise 
de  Bongo  Lava). 

Le  massif  oriental  est  constitué  par  des  terrains  cristallins  et 
métamorphiques  :  granités,  gneiss,  micaschistes,  schistes,  cipolins, 
quartzites,  etc. 

Sur  la  pente  de  raccordement,  les  terrains  anciens  sont  recou- 
verts par  des  grès  et  des  poudingues  ferrugineux  avec  argiles 
subordonnées  rouges,  blanches  ou  bleues.  Ces  mêmes  couches 
forment  essentiellement  le  substratum  de  la  plaine  sakalave  ;  elles 
sont  associées  vers  la  base  à  des  schistes  gris  avec  débris  de  végé- 
taux :  cet  ensemble  pourrait  être  rapproché  des  grès  de  Karoo  et 
serait  alors  triasique. 

La  crête  intermédiaire  parait  être  formée  par  un  relèvement  de 
ces  mêmes  couches  par  faille,  ou  pli  brusque;  mais  l'inclinaison 
des  strates  reste  toujours  faible. 

Entre  cette  crête  intermédiaire  et  le  Bongo  Lava  les  grès  sont 
partiellement  recouverts  par  des  calcaires  jurassiques  formant  un 
synclinal  à  pentes  très  faibles  :  on  distingue,  à  la  base,  des  calcaires 
grisâtres,  cristallins,  plus  ou  moins  altérés  et  des  grès  calcaires  avec 
Triyonia  cf.  costata  (forme  identique  à  celle  qui  a  été  trouvée  en 
Abyssinie)  et  Alveolina,  et  au  sommet,  des  calcaires  à  Nerinea 
bathonica;  cet  ensemble  représente  probablement  le  Bajocien  et 
une  partie  du  Bathonien.  Il  est  surmonté  par  des  couches  jaunâtres, 

31  Octobre  1899.  —  T.  XXVII.  Bull.  Soc.  Géol.  Fr.  -  25 


386  h.  douvillé  19  Juin 

grossièrement  oolithiques,  dans  lesquelles  on  retrouve  la  faune 
étudiée  par  Fischer  en  1873  (Phylloceras  Puschi,  Pli.  cf.  Zignoi, 
Lytoceras  Adelœ,  Astarte  excavata,  Sphœra  madag oscar iensis  et 
nombreux  polypiers)  et  qui  doit  être  attribuée  au  Bathonien  supé- 
rieur. Dans  cette  même  région,  M.  Boule  a  signalé  des  calcaires 
également  jaunes  avec  Macrocephalites  macrocepkalus. 

Des  calcaires  très  différents  se  montrent  sur  le  versant  occidental 
de  la  crête  intermédiaire  :  ils  sont  blanchâtres  et  pétris  de  Forami- 
nifères  (Idalina,  Archiacina,  d'après  M.  Schlumberger)  ;  ils  ren- 
ferment en  outre  des  moules  de  bivalves,  une  Ostrea  du  groupe  de 
Yedulis  et  un  gros  Oursin  plat,  irrégulier,  rappelant  les  Echinan- 
thus.  Ces  calcaires  ont  l'apparence  des  couches  éocènes  de  la 
région.  M.  Boule  a  signalé  dans  la  même  zone,  un  peu  plus  au 
sud,  des  calcaires  crétacés  à  Desm.  planulalum.  Plus  à  l'ouest, 
M.  Villiaume  signale  encore  des  grès  micacés  gris  ou  rouges  et  des 
schistes  gris  noirâtres  très  redressés. 

La  coupe  relevée  par  M.  Villiaume  indique  à  plusieurs  reprises 
des  réapparitions  brusques  de  couches  et  des  dislocations  locales  qui 
rendent  vraisemblable  l'existence  d'un  système  de  failles  parallèles 
à  la  bordure  du  massif  ancien.  Une  de  ces  failles  d'une  importance 
plus  grande  pourrait  expliquer  la  réapparition  des  grès  triasiques 
à  Beronono. 

C'est  peut-être  un  accident  de  même  ordre  qui  fait  apparaître 
plus  au  nord  les  terrains  cristallins,  les  grès  et  schistes  triasiques 
et  les  calcaires  du  Lias  signalés  par  M.  Boule  (1). 

Les  diverses  formations  que  nous  venons  de  signaler  paraissent 
se  retrouver  plus  au  nord  dans  des  conditions  de  gisement  ana- 
logues :  on  a  signalé  à  Suberbieville,  auprès  du  massif  ancien,  des 
gypses  (Trias?)  et  un  peu  plus  à  l'ouest  on  exploite  de  la  pierre 
à  chaux;  M.  Dorr  a  recueilli  dans  la  même  région  (Marololo) 
des  Ammonites  pyriteuses  reproduisant  des  formes  bien  connues 
de  l'Oxfordien  du  Jura:  nous  signalerons  en  particulier  de  petits 
Perisphinctes  à  tours  étroits  et  nombreux  (très  fréquents  à  Palente), 
des  Oppelia  du  groupe  de  0.  punctata,  et  une  autre  forme  du  même 
genre  reproduisant  l'ornementation  de  VA  mm.  hecticus  îiodosusde 
Quenstedt.  Un  peu  plus  loin  (Ambalia),  les  couches  jurassiques 
explorées  par  M.  le  capitaine  de  Bouvié  sont  adossées  à  l'O.  à  une 
chaîne  de  collines  (Bongo  Lava  du  Nord)  formées  d'argile  rouge  et 
de  sable.  Enfin,  les  gisements  explorés  par  M.  Baron  dans  le  N.  de 

(1)  H.  S.  G.  F.,  Séance  du  5  juin  1899. 


lio  *  «lion  dry 

50 

KcliRilv 

20 

Mohnlio 

JS 

Canal  de  JOaamtiijnr 


1 


388  h.  douvillé  19  Juin 

l'Ile,  avec  Trigonia  costata  et  Sphœra  mcujlagascariensis  sont  égale- 
ment compris  entre  le  massif  ancien  et  les  grès  charbonneux  de 
Nossy-Bé. 

On  voit  en  outre  que  la  longue  bande  jurassique,  qui  suit  le  pied 
du  massif  ancien,  présente  des  étages  variés  et  dont  la  série  se  com- 
plète de  plus  en  plus;  leurs  faunes  présentent  des  analogies 
marquées  avec  les  faunes  européennes. 

Signalons  enfin  que  M.  le  lieutenant  Boutonnet  a  recueilli  dans 
le  sud  de  l'île,  au  N.-E.  de  Tulléar,  quelques  fossiles  crétacés 
(Pycnodontes  et  grande  Trigonia  cf.  longa)  dans  un  grès  grisâtre  à 
ciment  calcaire. 

Nous  reproduisons  ci-contre,  avec  quelques  légères  modifications, 
un  schéma  de  la  coupe  relevée  par  M.  Villiaume.  Cette  coupe  ne 
pouvait  être  mieux  expliquée  que  par  un  extrait  du  rapport  même 
de  l'explorateur  ;  la  sagacité  avec  laquelle  les  observations  ont  été 
faites  et  la  netteté  des  descriptions  nous  ont  paru  donner  à  ces 
extraits  un  intérêt  tout  particulier. 

EXTRAIT  D'UN  RAPPORT  DE  MISSION  A  M.  LE  GÉNÉRAL  GALLIENI  (1) 

par  M.  VILLIAUME 

Garde  d'artillerie  de  marine. 

Le  point  de  départ  de  la  coupe  à  l'Est  est  Ambositra  à  la  cote 
1290,  au  centre  d'un  grand  cirque  cambrien,  entouré  par  des  som- 
mets granitiques.  Après  avoir  franchi  vers  l'Ouest  des  hauteurs  à  la 
cote  1610,  on  rencontre  une  série  de  filons  et  d'amas  quartzifères, 
désagrégés  en  partie  et  s'appuyant  sur  des  micaschistes  et  sur  le 
granité.  En  un  certain  point  émerge  une  masse  de  conglomérats  à 
éléments  roulés  de  feldspath,  noyés  dans  une  pâte  blanche  feldspa- 
thique  elle-même.  Cette  roche  a  une  épaisseur  de  2000  mètres  et  se 
poursuit  dans  le  S.-O.  et  le  N.-E.  avec  une  persistance  d'allure  et 
de  composition  exceptionnelles. 

Un  peu  avant  d'atteindre  lu  passage  à  gué  de  la  Vato,  un  premier 
bassin  silurien  se  manifeste  nettement  par  la  présence  de  phyllades 
cristallins,  de  calcaires  marmoréens  et  de  sédiments  arénacés.  Les 

(1)  Nous  avons  reproduit  autant  que  possible  les  termes  mêmes  du  rapport  en 
nous  bornant  strictement  aux  passages  qui  ont  un  intérêt  purement  scientifique  ; 
les  seules  modifications  que  nous  avons  apportées  sont  celles  qui  résultent  de 
l'examen  que  nous  avons  pu  faire  des  fossiles  et  des  roches  recueillis  par 
M.  Villiaume. 


1899       SUR  UNE  COUPE  TRANSVERSALE  DE  MADAGASCAR        389 

couches  sont  violemment  relevées  et  contournées.  Quelques  filons 
porphyriques  s'intercalent  dans  le  sens  des  strates. 

Bassin  de  la  Haute-Mania  (un  peu  au  N.  de  la  route  précédente). — 
Il  est  caractérisé  par  un  énorme  amas  de  calcaires  marmoréens  qui 
présente  une  épaisseur  de  plus  de  4000  mètres.  On  distingue  à  la 
base  un  gneiss  rubanné  à  mica  noir,  puis  de  puissantes  couches 
très  redressées  de  phyllades  cristallins,  trop  chargés  de  principes 
siliceux  pour  prendre  la  véritable  allure  feuilletée  des  ardoises.  A 
cette  première  assise  de  plus  de  70  mètres  d'épaisseur;  succède  une 
couche  de  calcaires  magnésiens  d'environ  130  mètres  de  puissance, 
sans  solution  de  continuité  ;  vient  ensuite  une  deuxième  couche  de 
phyllade  de  même  nature  que  la  précédente,  mais  d'une  épaisseur 
un  peu  moindre  ;  le  calcaire  marmoréen  lui  succède  de  nouveau 
avec  des  épaisseurs  variables,  puis  vient  la  série  des  roches  aréna- 
cées  Au  contact  des  calcaires,  les  sédiments  siliceux  forment  des 
roches  mixtes  d'un  blanc  bleuâtre  très  résistantes.  Les  assises 
arénacées  proprement  dites  se  composent  de  psammites  en  bancs 
puissants;  sur  la  rive  gauche  de  la  Mania,  elles  forment  des  hau- 
teurs élevées,  dont  les  couches  verticalement  redressées  ajoutent  au 
pittoresque  de  la  région. 

Aux  bancs  arénacés  succèdent  encore  de  nouveaux  calcaires 
dolomitiques  d'une  étendue  considérable  ;  ils  constituent  sur  plus 
de  2000  mètres  tout  le  fond  de  la  vallée  de  la  Vato  et  se  relèvent  sur 
la  rive  gauche  vers  l'altitude  1330  ;  ils  sont  séparés  d'un  nouveau 
massif  calcaire  par  une  forte  assise  de  grès  quartzeux.  Certains 
bancs  calcaires  sont  chargés  de  paillettes  d'amphibole.  Les  roches 
d'exception  consistent  en  filons  quartzifères  et  porphyriques,  en 
serpentines,  et  en  conglomérats  à  éléments  anguleux,  calcaires  ou 
schisteux.  Toutes  ces  roches  sont  du  reste  fréquemment  altérées, 
les  phyllades  passent  à  des  schistes  satinés  friables  et  les  calcaires 
deviennent  quelquefois  sableux. 

Toutes  ces  couches  sont  du  reste  fracturées  et  morcelées  par  les 
éruptions  du  granité  fondamental. 

D'Ambatofangehana  à  Itremo.  —  Près  d'Ambatofangehana,  vers  la 
cote  1300,  on  rencontre  des  schistes  satinés  chargés  de  mica,  et 
veinés  de  vermiculures  en  forme  d'S  ;  ce  sont  les  seuls  indices 
fossilifères  observés  dans  la  région  (l).  Au-delà  on  retrouve  des 
schistes,  des  grès  quartzeux  et  des  calcaires  dolomitiques,  forte- 

(1)  Il  serait  intéressant  de  comparer  ces  corps  énigmatiques  avec  les  vermicu- 
lures qui  ont  été  signalées  dans  les  schistes  de  Kimberlcy. 


390  h.  douvillé  19  Juin 

ment  redressés  ;  puis  reparaissent  de  nouveau  les  schistes,  et  le 
granité  qui  affleure  jusqu'à  Itremo. 

D'Itremo  à  Janjina.  —  Quelques  strates  schisteuses  sto  manifes- 
tent encore  à  l'ouest  d'Itremo,  ce  sont  des  schistes  grossiers,  chargés 
de  micas  et  passant  sur  certains  points  au  micaschiste,  puis  des 
grès  schistoïdes,  le  tout  à  peine  incliné  de  12°  sur  l'horizon.  Cette 
zone  étroite  est  marquée  aussi  par  des  conglomérats  à  éléments 
anguleux  calcaires  agglutinés  par  un  ciment  ferrugineux. 

Sur  la  rive  gauche  de  la  Masohandro  ces  couches  sont  surmontées 
par  des  bancs  puissants  de  grès  quartzeux  métamorphiques  à 
éléments  fins  ou  grossiers,  et  redressés  verticalement  ;  ils  s'élèvent 
jusqu'à  la  cote  1585. 

Au  flanc  de  l'une  des  hauteurs  constituant  ce  massif,  on  recon- 
naît les  derniers  calcaires  magnésiens.  Les  grès  sont  teintés  en  gris 
et  en  bleuâtre  à  la  base;  vers  la  partie  moyenne  on  rencontre  quel- 
ques filons  ferrugineux  et  siliceux,  puis  des  grès  rouges  au  sommet. 

Le  granité  apparaît  un  peu  avant  Midongy  et  s'étend  jusqu'au 
sommet  du  Bongo  Lava  (1220m)  un  peu  à  l'Est  de  Janjina. 

Janjina  et  région  sakalave.  —  Contre  l'énorme  contrefort  qui 
marque  la  fin  du  règne  des  granités,  des  lambeaux  d'argile  rouge, 
blanche  et  bleutée,  mêlée  à  des  conglomérats  siliceux,  et  à  des 
porphyres  quartzifères  (?),  reposent  sur  un  lit  de  grès  rouge  ;  ce 
grès  rouge,  tantôt  grossier,  tantôt  à  grains  fins,  est  veiné  de  bleu 
et  de  violet,  mais  la  teinte  rouge  ferrugineuse  domine. 

Janjina  repose  sur  ces  épaisses  assises  à  la  cote  1095  ;  du  haut  de 
ce  dernier  sommet,  aux  fraîches  altitudes,  l'œil  embrasse  à  950 
mètres  plus  bas,  dans  l'ouest,  toute  la  contrée  sakalave  ;  c'est  dans 
le  lointain,  uue  mer  immense  de  verdure  qui  se  confond,  à  la 
chute  du  jour,  dans  le  bleu  des  brumes.  Plus  près  à  80  kilomètres, 
se  dessine  une  crête  ondulée  qui  court  sans  interruption  du  nord 
au  sud  :  c'est  la  chaîne  intermédiaire. 

On  descend  en  trois  heures  de  Janjina  à  Tambazo  (ait.  175m)  ;  en 
suivant  les  pentes  du  Bon  go  Lava,  on  remarque  de  nombreux  affleu- 
rements des  couches  sédimentaires  restées  suspendues  au  flanc  du 
massif  ancien.  La  base  de  ces  roches  est  formée  d'un  grès  rouge  très 
ferrugineux  en  couche  épaisse  et  continue.  Il  est  surmonté  par  une 
série  d'argiles  schisteuses  aux  teintes  variées  :  l'ensemble  de  ces 
assises  est  fréquemment  percé  par  des  quartzites  et  des  poudingues 
à  éléments  de  cailloux  roulés. 

Près  de  Tambazo,  une  forte  assise  de  schiste  gris  argileux,  d'une 
grande  épaisseur,  renferme  de  nombreux  vestiges  de  plantes  fos- 


1899  SUR    UNE  COUPE  TRANSVERSALE  DE  MADAGASCAR  391 

siles  (1)  ;  ces  schistes  sont  traversés  par  des  failles  minces,  verti- 
cales, remplies  de  calcaire  spathique. 

A  six  kilomètres  de  Tambazo,  les  premiers  poudingues  se  révèlent 
en  masses  puissantes  ;  ils  sont  composés  de  cailloux  quartzeux 
ovoïdes,  variant  de  la  grosseur  d'un  œuf  de  poule  à  celle  d'un  œuf 
de  petit  oiseau,  agglutinés  par  un  ciment  ferrugineux  chargé  de 
grains  de  quartz  anguleux  ;  ils  relèvent  les  couches  schisteuses  de 
Tambazo,  mais  sans  grandes  dislocations,  l'inclinaison  des  couches 
restant  toujours  très  faible. 

Un  peu  avant  d'atteindre  le  poste  de  Malaimbandy,  à  la  cote  135, 
un  affleurement  de  calcaire  gris  émerge  du  sol  ;  ce  calcaire  renferme 
des  Alvéolines  (2),  de  la  grosseur  d'un  grain  de  blé. 

De  Malaimbandy  au  ruisseau  d'Ankazomena  sur  vingt  kilomètres, 
le  sol  n'est  formé  que  d'une  masse  de  poudingues  semblables  aux 
précédents;  cependant  entre  les  cotes  130  et  13S  de  nombreuses 
éruptions  de  porphyre  (?)  feldspathique  pointent  à  travers  la  couche 
inférieure  des  grès  rouges. 

Du  fond  du  ravin  où  coule  le  ruisseau,  les  grès  rouges  sillonnés 
horizontalement  de  couches  minces  de  graviers  de  toute  grosseur, 
sont  relevés  à  la  cote  220. 

A  quelques  cents  mètres  du  ruisseau  Ankazomena,  on  voit 
affleurer  des  calcaires  en  grandes  masses  :  tous  sont  métamorphi- 
ques et  criblés  de  restes  de  fossiles  convertis  en  chaux  spathique; 
cet  étage  affleure  sur  vingt-six  kilomètres  de  largeur. 

Les  premières  couches  observées  sont  surmontées  à  3kil.  4,  plus 
loin  par  celles  d'Andafia  (3).  Celles-ci  sont  vivement  relevées,  mais 

(1)  Les  échantillons  recueillis  en  ce  point  sont  des  psammites  tendres,  fissiles, 
avec  traces  de  fossiles  et  de  matières  charbonneuses. 

(2)  Elles  avaient  été  prises  pour  des  Fusullnes. 

(3)  Los  calcaires  de  la  hase  sont  fortement  imprégnés  de  calclte  cristallisée  et 
souvent  vacuolaires  ;  les  fossiles  ont  disparu  et  ne  sont  représentés  que  par 
leurs  empreintes,  parmi  lesquelles  nous  avons  reconnu  Trigonia  cf.  coftata 
(même  forme  qu'en  Abyssinie,  voisine  de  celle  du  Rajocien  des  environs  de  Metz 
et  différente  du  type  de  Bayeux).  De  nombreuses  petites  vacuoles  arrondies  rappel- 
lent comme  forme  et  grosseur  les  Alvéolines  trouvées  dans  le  voisinage.  Enfin  la 
roche  contient  des  fragments  de  charbon  plus  ou  moins  altérés.  Avec  ces  échan- 
tillons de  calcaire,  M.  Villiaume  a  recueUli  des  grès  à  grains  de  quartz  et  ciment 
spathique,  renfermant  de  nombreuses  Alvéolines  qui  ont  été  déterminées  par 
M.  Schl  u  m  berger  ;  ce  genre  déjà  signalé  par  M.  Glangeaud  dans  le  Jurassique 
supérieur,  descendrait  ainsi  jusque  dans  le  Bajocien. 

Les  calcaires  du  sommet  sont  gris,  caverneux,  un  peu  moins  cristallins  ;  ils 
renferment  des  empreintes  de  Bivalves  et  surtout  de  nombreuses  Nérinées  qui 
paraissent  devoir  être  rapprochées  de  N.  bathnnica  Rig.  et  Sauv.  (in  Cossmann, 
Mém.  S.  G.  Fr.%  t.  XII);  c'est  peut-être  cette  même  forme  qui  a  été  citée  par 
M.  Newton,  sous  le  nom  de  N.  Eudesi. 


392  h.  do  u  ville  19  Juin 

sans  perdre  leur  allure  en  pente  douce.  Les  bancs  supérieurs  sont 
séparés  de  ceux  de  la  base  par  des  assises  de  grès  blanc  à  grain 
fin,  fossilifère.  Les  bancs  supérieurs  (à  Nerinea  bathonica)  ont  une 
texture  cristalline  de  teinte  grise  ;  la  cassure  est  esquilleuse,  les 
fossiles  nombreux.  Les  assises  inférieures  sont  plus  grenues;  il  en 
est  une  cependant  sans  fossiles,  à  texture  compacte,  à  cassure  con- 
choide,  de  teinte  claire,  ayant  toutes  les  apparences  du  calcaire 
lithographique.  Enfin  la  plupart  des  bancs  contiennent  de  nombreux 
débris  charbonneux. 

L'éminence  calcaire  d'Andafia  domine  toute  la  région  qui  s'étend 
à  perte  de  vue  au  nord  et  au  sud. 

D'Andafia  à  Ampandrarano,  les  assises  calcaires  continuent  sous 
l'aspect  d'ondulations  en  pente  douce.  Ce  sont  des  roches  grenues  à 
fossiles  indiscernables,  sous  forme  de  tâches  rouges,  disséminés 
dans  la  pâte  (1)  ;  le  sol  est  jonché  d'une  infinité  de  nodules  détachés 
des  parties  moins  résistantes,  puis  viennent  des  calcaires  à  cassure 
conchoîde,  très  durs,  sonores,  grenus  ;  enfin  dans  le  Ht  d'un  petit 
torrent,  une  autre  assise  d'un  calcaire  à  texture  oolithique  et  à  pâte 
rougeâtre  chargé  de  fossiles  (2). 

Au-delà  d'Antsoaravina,  â  1500  mètres,  surgit  un  fort  pointement 
de  poudingues  à  petits  éléments  et  à  pâte  ferrugineuse  rouge  som- 
bre; à  3  kilomètres  plus  loin  le  sol  est  parsemé  de  fossiles  trans- 
portés et  noyés  dans  l'argile  (3). 

A  la  cote  180,  les  calcaires  cessent  brusquement,  et  les  conglomé- 
rats et  les  poudingues  reprennent  avec  puissance  jusqu'à  Beronono, 
puis  cessent  tout  à  coup. 

Sur  la  rive  droite  de  la  Mitsataka,  se  dresse  en  face  de  l'observa- 
teur une  puissante  éminence  de  grès  rouge  sombre,  sa  base  est  à 
l'altitude  de  105  mètres  et  son  sommet  à  395  mètres  (plus  au  nord 
on  distingue  d'autres  sommets  à  410  et  500  mètres).  Ce  dépôt 
arénacé,  arraché  à  la  grande  assise  qui  prend  naissance  à  Janjina 
a  donc  été  porté  par  un  violent  soulèvement  à  290  mètres  au-dessus 

(1)  Os  calcaires  sont  jaunâtres,  a  grosses  oolithes  irrépulières  plus  ou  moins 
fondues  dans  la  pâte;  par  place  ils  présentent  des  lumachellcs,  de  petites  huîtres 
indéterminables  et  souvent  des  individus,  empAtés  dans  la  roche,  de  Montlivaultia 
(en  forme  de  bouton).  Une  plaque  est  pétrie  de  radioles  aplatis  à'Acrosalenia  au 
milieu  desquelles  on  distingue  les  échinides  eux-mêmes  assez  imparfaitement 
conservés. 

(2)  Phylloceras  Puschi,  Ph.  cf.  Zignoi,  Lytoceras  Âdelœ,  Sphœra  madagasca- 
riemiSy  A  star  le  excavala,  polypiers,  c'est  la  faune  signalée  pour  la  première 
fois  par  Fischer. 

(3)  Les  mêmes  que  ci-dessus. 


1899  SUR   UNE  COUPK  TRANSVERSALE   DE  MADAGASCAR  393 

de  son  niveau.  Un  banc  de  calcaire  métamorphique  l'accompagne  à 
la  base,  les  empreintes  de  coquilles  sont  très  nettes,  mais  conver- 
ties en  cristaux  de  carbonate  de  chaux  spathique  (1). 

La  masse  de  la  formation  gréseuse  se  subdivise  en  de  nombreux 
dépôts  étages  de  grès  fin,  d'argile  jaunâtre  et  violacée  fossilifère; 
l'ensemble  des  couches  soulevées  est  traversé  par  des  veines  de  fer 
siliceux  et  par  des  coulées  de  grès  à  grains  anguleux,  à  ciment 
ferrugineux  rouge  violacé  sombre,  rappelant  par  leurs  formes 
pseudo- régulières  les  rebuts  des  grandes  fonderies,  et  par  leur 
structure  quartzeuse  et  brillante  la  cassure  grenue  des  fontes  à  gros 
grains.  Certaines  coulées  en  masse  affectent  des  formes  si  étranges 
et  si  puissantes  que,  s'il  était  permis  de  rappeler  ici  les  souvenirs 
mythologiques,  on  se  croirait  sur  les  restes  d'un  chantier  de  Titans. 

L'étendue  de  ce  soulèvement  vers  l'ouest  ne  mesure  pas  moins 
de  12  kilomètres,  mais  comme  à  Andafia  et  malgré  l'aspect  dislo- 
qué de  ces  crêtes,  l'ensemble  des  assises  garde  une  inclinaison 
douce  vers  la  mer. 

Au-delà  de  Beronono,  sur  les  bords  de  la  Morondava,  une  échan- 
crure  accentuée  par  le  passage  d'un  torrent,  permet  l'observation 
des  couches  sous-jacentes  :  immédiatement  aux  grès  meuliers  fins 
succèdent  des  bancs  d'argile  schisteuse  noire  micacée,  dont  les 
débris  parsèment  les  rives  et  le  lit  du  fleuve.  Les  couches  le  tra- 
versent presque  normalement  avec  une  direction  N.  37°  E.,  et  une 
inclinaison  de  72°  vers  l'ouest.  Ici  le  grès  semble  avoir  glissé  sur  la 
masse  stratifiée  et  redressée  de  la  base,  donnant  ainsi  l'exemple 
d'une  discordance  de  stratification  due  à  des  mouvements  de  trans- 
port et  de  glissements  combinés.  Les  grès  sont  parsemés  de  rares 
cailloux  roulés  ;  les  couches  arénacées  forment  une  masse  compacte 
d'une  exceptionnelle  puissance  entièrement  métamorphique.  Ils 

(1)  Sur  la  carte  ces  calcaires  sont  indiqués  comme  renfermant  des  débris  de 
végétaux  carbonisés  ;  ils  renferment  des  empreintes  très  nettes  de  Trigonia  cos- 
tata.  Ces  calcaires  présentent  lithologiquement  et  paléontologiquemcht  les  mêmes 
caractères  que  ceux  qui  apparaissent  à  i'E.  à  la  base  de  la  formation  jurassique. 

Dans  le  voisinage,  M.  Villiaume  a  recueilli  une  sorte  d'argilite  d'un  rouge  violacé 
avec  empreintes  de  Pecten,  d'Arca  et  de  grandes  Aslarle;  on  dirait  des  argiles  ou 
des  marnes  rubéfiées  par  des  rocbes  éruptives. 

D'après  les  observations  de  M.  Villiaume  les  grès  de  Horonono  seraient  les 
mémos  que  ceux  de  Janjina,  ils  seraient  donc  triasiques  ;  les  nombreux  écban- 
tillons  que  j'ai  pu  examiner  me  font  penser  que  (vtte  assimilation  est  exacte  ; 
la  présence  des  calcaires  bajociens  au  pied  des  monticules  de  grès  à  Beronono 
s'expliquerait  alors  par  le  jeu  des  failles  qui  ont  donné  naissance  au  relèvement 
des  grès.  Ces  grès  paraissent  du  reste  bien  différents  des  grés  fossilifères  qui 
représentent  dans  cette  région  le  Crétacé  inférieur. 


394     D0UVILLÉ.  —  COUPE  TRANSVERSALE  DE  MADAGASCAR     19  Juin 

sont  surmontés  par  deux  couches  d'argile  tenace,  Tune  blanche, 
l'autre  très  verte  lorsqu'elle  est  humectée,  sans  traces  de  fossiles. 
Puis  les  grès  reprennent  en  amas  puissants,  avec  accompagnement 
de  nombreuses  émanations  porphyriques  (?)  à  pâte  blanche,  felds- 
pathique  à  zébrures  rouges  et  de  grès  métamorphiques  gris  et 
vitreux,  sans  grains  bien  nettement  discernables. 

Le  village  de  Besakondry,  situé  à  l'un  des  coudes  et  sur  les  bords 
du  fleuve  Morondava,  marque  la  reprise  des  assises  du  calcaire 
marin,  à  cassure  conchoïde,  très  chargé  de  fossiles  (1). 

Un  peu  au-delà,  la  formation  se  subdivise  en  bassins  par  des 
exhaussements  postérieurs  au  dépôt  des  couches.  La  zone  calcaire, 
dans  son  ensemble,  conserve  cependant  encore  une  direction  paral- 
lèle au  grand  axe  de  l'île  ;  mais  au  fur  et  à  mesure  que  Ton  avance, 
on  constate  de  plus  en  plus  ses  tendances  à  se  fractionner  en 
bassins  indépendants. 

Les  calcaires  marins  de  Besakondry  forment  un  nouveau  dépôt 
considérable  d'une  seule  masse  ;  leur  largeur  est  de  3  kil.  5.  Ce  n'est 
qu'au  sommet  qu'interviennent  les  vrais  grès  gris,  très  durs,  schis- 
toïdes,  à  texture  finement  grenue,  parsemés  de  mica  blanc  ou  jaune 
peu  abondants  ;  ils  alternent  avec  des  grès  rouges  à  grains  plus  ou 
moins  fins  et  aussi  avec  des  schistes  gris  noirâtres  et  quelques 
faibles  bancs  calcaires,  le  tout  très  redressé. 

A  sept  kilomètres  avant  d'atteindre  Kelifaly,  tout  disparatt  sous 
une  épaisse  couche  de  sable  terreux  rougeâtre  horizontal  qui  s'étend 
jusqu'au  rivage  sur  55  kilomètres  environ.  Cependant  entre  Mahabo 
et  Morondava,  dans  le  sud  et  dans  le  nord,  on  aperçoit  une  ligne 
de  soulèvement  formée  par  des  roches  siliceuses. 

La  crête  gréseuse  de  Beronono,  ou  chaîne  du  Bemara,  se  prolonge 
avec  des  solutions  de  continuité  vers  le  nord  et  vers  le  sud,  depuis 
bien  au-dessus  de  la  province  de  Betsileo  jusqu'à  hauteur  du  cap 
Saint  André;  puis  de  là  elle  s'infléchit  vers  l'est  jusqu'à  la  baie  du 
Courrier  en  frôlant  le  rivage  à  partir  de  la  baie  de  Passandava  ;  les 
dépôts  gréseux  avec  couches  de  combustible  affleurent  au  fond  des 
baies  qui  dentellent  le  nord  de  l'île.  11  est  probable  que  ces  dépôts 
se  continuent  en  faisant  un  coude  brusque  au  sud  des  terrains 
secondaires  qui  constituent  la  pointe  nord  de  l'île  (Diego  Suarez  et 
Montagne  d'Ambre). 

(1)  Nombreux  Fora  mi  ni  f ères,  moulos  de  Hlvalves,  Ostrea,  Oursin  irrê^ulier 
rappelant  les  Echin'tnlhvs.  Ce  calcaire  ressemble  à  certains  calcaires  tertiaires 
de  la  région  ;  d'après  les  Foraminiféres  (Tdalina,  Ârchiacina)  M.  Schlumberger 
serait  porté  à  les  attribuer  plutôt  au  Crétacé  supérieur. 


1899  séance  du  19  juin  1899  395 

M.  G.  Dollfus  expose  que  la  faune  malacologique  vivante  de 
Madagascar  parait  démontrer  que  cette  lie  a  été  depuis  longtemps 
isolée  et  sans  communication  continentale.  Cette  faune  n'est  ni 
africaine,  ni  asiatique,  ni  pacifique,  ni  australienne,  mais  toute 
spéciale.  Parmi  les  Hélicéens,  un  premier  groupe  renferme  des 
Hélix  comme  H.  Grandidieri,  H.  magnifica,  H.  Souverbii  à  robe 
fauve,  à  dernier  tour  ample,  à  test  peu  épais  et  qui  forment  le  sous- 
genre  des  Helicophanta.  Un  autre  groupe  renferme  des  espèces  de 
coloration  foncée,  presque  noire,  avec  bandes  ornementales;  ce  sont 
Hélix  sepulcralis,  H.  funebris,  H.  Sganziniana  qui  ont  été  groupées 
dans  le  sous-genre  Ampelita.  Il  y  a  aussi  des  Bulimes  allongés,  de 
grande  taille,  du  sous-genre  Clavator,  de  grands  Cyclostomes  peu 
élevés,  carénés,  comme  C.  Cuvieranns,  d'autres  à  spire  haute  et  à 
ornements  peristomiens  formant  le  sous-genre  Acroptychia.  Cette 
faune  se  relie  au  point  de  vue  générique  avec  des  formes  analogues 
découvertes  dans  les  Iles  Maurice,  de  la  Réunion,  aux  Comores  et 
aux  Seychelles.  mais  les  affinités  africaines  se  bornent  à  une  seule 
espèce  qui  paratt  avoir  été  introduite,  qui  est  la  grosse  Agathina 
fulica.  Une  autre  espèce  inattendue  est  le  Conchostyla  viridis  d'un 
genre  jusqu'ici  spécial  aux  Philippines.  Mais  ces  éléments  isolés  et 
discordants  ne  font  que  mieux  faire  ressortir  le  caractère  spécial 
qui  s'attache  à  cette  faune  remarquable. 

M.  M.  Boule  pense  que  dans  la  coupe  interprétée  si  habilement 
par  M.  Douvillé,  il  y  a  place  pour  d'autres  termes  de  la  série  juras- 
sique et  de  la  série  crétacée. 

La  réapparition  vers  l'ouest  des  grès  dits  triasiques,  c'est-à-dire 
des  grès  de  la  bordure  cristalline,  est  un  fait  nouveau,  paraissant  en 
contradiction  avec  tout  ce  que  nous  ont  appris  les  géographes  explo- 
rateurs sur  l'allure  des  couches  sédimentaires  de  Madagascar.  Il  faut 
d'ailleurs  ne  pas  oublier  que  beaucoup  de  ces  couches  sont  formées 
par  des  roches  très  détritiques  :  le  Bathonien,  l'Oxfordien,  l'Infra- 
f  rétacé,  le  Cénomanien,  se  présentent  souvent  à  l'état  gréseux. 

A  propos  des  affinités  biologiques  de  Madagascar  avec  les  terres 
voisines  ou  éloignées,  M.  Boule  constate  que  les  observations  inté- 
ressantes de  M.  Dollfus  viennent  à  l'appui  des  conclusions  énoncées 
par  divers  savants  zoologistes,  notamment  par  M.  Milne  Edwards 
qui  a  dit  que  «  Madagascar  est  elle-même  ».  Mais  ces  conclusions 
varient  un  peu  suivant  qu'on  invoque  tel  ou  tel  ordre  de  renseigne- 
ments. C'est  ainsi  que  M.  F.  Renauld,  qui  vient  de  publier,  sous  les 
auspices  du  Prince  Albert  de  Monaco,  une  flore  bryologique  de 
Madagascar,  insiste  beaucoup,  dans  cet  ouvrage,  sur  les  affinités 
des  moussesjroalgaches  avec  les  mousses  africaines. 


396  19  Juin 


SUR  LE  CÉNOMANIEN  DE  DIEGO-SUAREZ  (MADAGASCAR) 

par  M.  Emile  HAIG. 

En  1896,  M.  Coridon,  aujourd'hui  trésorier-payeur  à  Papeete 
(Tahiti),  voulut  bien  me  confier,  pour  en  faire  l'étude,  une  série  de 
fossiles  recueillis  par  lui  dans  les  environs  de  Diego-Suarez  (Ambo- 
himarina  et  Montagne  des  Français),  à  la  pointe  septentrionale  de 
Tile  de  Madagascar.  J'adresse  à  M.  Coridon,  eu  même  temps  que 
mes  remerciements  pour  la  communication  de  ces  fossiles,  toutes 
mes  excuses  d'avoir  été  obligé  de  retarder  jusqu'à  ce  jour,  par 
suite  de  circonstances  indépendantes  de  ma  volonté,  la  publication 
de  cette  note. 

Un  premier  lot  comprend  de  gros  Céphalopodes  qui  ont  en  partie 
conservé  leur  test  et  sont  englobés  dans  des  nodules  calcaires  à 
surface  souvent  recouverte  de  moulages  d'empreintes  cylindriques 
ramifiées.  J'ai  pu  y  reconnaître  les  espèces  suivantes  : 

Lytoceras  Timotheannm  Mayor,  échantillon  identique  au  plus  gros 
de  ceux  qu'a  figurés  Stoliczka  ;  Anisoceras  armatum  Sow.  et  Aniso- 
ceras Oldhamiannm  Stol.,  en  gros  fragments:  Schlœnhachia  inflata 
Sow.  ;  Desmoceras  (Puzosia)  planulatum  Sow.,  identique  à  l'une  des 
variétés  figurées  par  M.  Kossmat,  et  une  espèce  voisine  à  tours 
plus  embrassants,  représentée  par  un  magnifique  échantillon. 

Il  ne  peut  y  avoir  aucun  doute  que  cette  petite  série  ne  pro- 
vienne de  couches  représentant  la  zone  à  Schlœnbachia  inflata, 
c'est-à-dire  le  Cénomanien  inférieur.  Les  analogies  avec  la  partie 
inférieure  des  couches  d'Ootatoor,  dans  l'Inde,  sont  particulièrement 
frappantes  et  s'étendent  même  aux  caractères  lithologiques. 

Un  second  lot  est  constitué  par  quelques  blocs  d'une  marne  gré- 
seuse, légèrement  micacée,  grise  à  l'intérieur,  jaune  à  la  surface. 
J'ai  pu  en  extraire  un  certain  nombre  de  fossiles,  qui  tous  sont 
plus  ou  moins  écrasés  et  recouverts  d'un  enduit  ferrugineux,  à 
l'exception  des  Bélemnites  et  des  Serpules,  dont  la  conservation 
est  parfaite.  J'ai  déterminé  les  formes  suivantes  : 

Bélemnites  ultimus  d'Orb.,  que  je  ne  puis  distinguer  de  Bélem- 
nites (?)  fibula  Forbes,  du  groupe  d'Ootatoor;  Desmoceras  (Puzosia) 
aff.  Bhima  Stol.;  Hoplites  sp.  ;  Acanthoceras  Mantelli  Sow.  (non 
d'Orb.),  plusieurs  échantillons:  Scaphites  sp.  indét.  ;  Turrilites  tuber- 
cnlatus  d'Orb.  ;  Nanti  lus  sp.  indét.;  Atari  a  sp.,  appartenante  un 
groupe  dont  Stoliczka  a  figuré  plusieurs  espèces,  et  d'autres  Gas- 


1899  SUR   LE  CÉNOMANIEN   DE  DIEGO-SUARKZ  397 

tropodes  indéterminables;  enfin,  Serpula  ootatoorensis  Stol.,  iden- 
tique à  la  forme  de  l'Inde.  La  présence  d'Acanthocera*  Mantelli  et 
de  Turrilites  tuberculatus  permet  d'affirmer  que  Ton  se  trouvé  en 
présence  de  couches  représentant  le  Cénomanien  moyen.  Les  analo- 
gies, même  lithologiques,  avec  la  partie  moyenne  du  groupe  d'Oota- 
toor,  sont  tout  à  fait  remarquables.  Ce  sont  donc  les  deux  niveaux 
inférieurs  du  Cénomanien  que  M.  Coridon  a  eu  le  mérite  de  décou- 
vrir et  de  séparer  dans  ses  récoltes  ;  le  Cénomanien  supérieur  (zone 
à  Acanthoceras  rotomagense)  n'est  pas  connu  à  l'heure  actuelle  dans 
les  environs  de  Diego-Suarez,  mais  M.  Boule  en  a  signalé  la  pré- 
sence, dès  1895,  à  Isakondry,  dans  le  sud  de  Madagascar. 

J'ajouterai  quelques  mots  sur  un  petit  lot  de  fossiles  sénoniens 
de  Diego-Suarez,  qui  m'a  été  également  remis  par  M.  Coridon  et 
paraît  provenir  du  même  gisement  qu'une  série  dont  M.  de 
Grossouvre  nous  a  parlé  dans  la  dernière  séance.  Il  renferme  plu- 
sieurs exemplaires  de  Nautilus  Bouchardianus  d'Orb.,  cité  par  notre 
confrère  de  Bourges  ;  un  fragment  de  Baculites  à  face  ventrale 
amincie,  qui  vient  confirmer  l'âge  sénonien;  une  Alaria,  voisine 
des  formes  d'Arialoor  et  une  Vola,  qui  est  dans  le  même  cas.  Ces 
fossiles  sénoniens  sont  incontestablement  remaniés,  car  ce  sont 
des  moules  ferrugineux,  rongés  et  englobés  dans  une  gangue  de 
grès  plus  clairs. 

Les  analogies  entre  le  Crétacé  supérieur  de  l'Inde  méridionale 
et  celui  de  Madagascar,  sur  lesquelles  M.  Boule  avait  déjà  insisté 
dans  une  note  antérieure  (1),  se  trouvent  amplement  confirmées  par 
mes  déterminations;  elles  s'expliquent  parfaitement  si  Ton  admet 
que  la  mer  cénomanienne  s'est  étendue  en  transgressivité  sur  une 
masse  continentale  comprenant  les  deux  pays  et  les  reliant  l'un  à 
l'autre,  suivant  l'hypothèse  de  Neumayr.  Je  ne  crois  pas  que  la 
découverte  récente  de  dépôts  (2)  sénoniens  sur  la  côte  orientale  de  la 
grande  île,  qui  complète  d'ailleurs  les  analogies  avec  l'iudoustan, 
puisse  être  invoquée  contre  cette  hypothèse,  car  les  limites  d'une 
masse  continentale  sont  tout-à-fait  indépendantes  des  limites 
de  la  mer,  qui,  lors  des  transgressions,  peut  recouvrir  en  grande 
partie  cette  masse  continentale,  sans  qu'elle  cesse  d'exister  comme 
unité  géographique  (3). 

(1)  Note  sur  les  fossiles  rapportés  de  Madagascar  par  M.  E.  Gautier.  Bull,  du 
Mus.  dhist.  nat.,  1895,  n"  5. 

(1)  M.  Boule.  Note  sur  de  nouveaux  fossiles  secondaires  de  Madagascar.  Ibid.t 
1899,  n"  3,  p.  133. 

(3)  Il  sullira  de  rappeler  l'extension  du  Callovien  du  type  boréal  dans  les 
régions  polaires,  où  il  repose  en  général  en  transgressivité  sur  des  terrains 
anciens.  La  présence  de  ce  Callovien  à  la  Terre  François-Joseph,  au  Spitzberg, 


398  SÉANCE  DU  19  JUIN  1899 

M.  M.  Boule  :  Lorsque  j'ai  fait  connaître  les  fossiles  crétacés  de 
Fanivelona,  au  milieu  de  la  côte  orientale  de  Madagascar,  j'ai  dit 
que  cette  observation  venait  à  rencontre  des  idées  d'Oldham,  de 
Neumayr,  de  Suess,  de  Kossmat,  parce  que,  pour  établir  l'existence 
d'un  ancien  continent  indo-malgache,  ces  savants  s'étaient  appuyés 
principalement  sur  l'absence  de  tous  dépôts  secondaires  sur  la  côte 
est  de  l'île. 

Je  rappellerai  d'autre  part  que  les  considérations  d'ordre  paléon- 
tologique  émises  par  les  savants  précités  étaient  basées  sur  des 
faits  négatifs  et  que  les  découvertes  récentes  effectuées  à  Mada- 
gascar sont  venues  plutôt  les  infirmer. 

De  sorte  que,  si  l'on  continue  à  admettre  l'existence  d'une  énorme 
masse  continentale,  on  est  obligé  de  la  placer  à  Test  de  Madagascar, 
c'est-à-dire  sur  l'emplacement  des  abîmes  de  l'Océan  Indien  ;  on  émet 
ainsi  une  hypothèse  qui  pourra  peut-être  se  soutenir  un  jour  par 
de  nouveaux  arguments,  mais  qui,  dans  l'état  actuel  de  nos  connais- 
sances, n'est  qu'une  pure  vue  de  l'esprit. 

M.  D.-P.  (Ehlert  fait  une  communication  Sur  le  Silurien  des 
environs  de  Chemiré-en-Charnie  (Sarthe). 

L'auteur  apporte  de  notables  modifications  aux  interprétations 
données  par  de  Verneuil,  Triger,  Barrande,  Guillier,  de  Tromelin, 
Hébert.  Il  montre  que  c'est  par  suite  de  l'existence  d'une  série  de 
cassures  dirigées  N.-S.  que  dans  la  crête  de  la  Charnie,  considérée 
jusqu'ici  comme  homogène  et  ininterrompue,  il  y  a  lieu  de  distin- 
guer deux  massifs  :  l'un  à  l'ouest  (Grande-Charnie),  dans  lequel  se 
trouvent  toutes  les  assises  du  Cambrien,  auxquelles  sont  super- 
posées celles  de  l'Ordovicien  et  du  Gothlandien  ;  l'autre  à  l'est 
(Petite-Charnie),  dans  lequel  le  Cambrien  manque,  le  grès  armo- 
ricain reposant  par  transgression  sur  les  schistes  du  Précambrien. 
Le  faisceau  de  failles  qui  sépare  ces  deux  massifs  permet  égale- 
ment d'expliquer  la  présence  de  schistes  ampéliteux  à  Graptolites 
colonus,  qui  avaient  été  considérés  comme  surmontant  normalement 
le  grès  armoricain  et  dont  la  place  stratigraphique  avait  été  invo- 
quée comme  une  preuve  de  l'existence  de  colonies  du  Silurien 
supérieur,  apparaissant  dès  la  base  de  l'Ordovicien. 

dans  l'Ile  d'Andô  (Norvège),  au  Grônland,  dans  les  Black-Hills  du  Dakota  ne  vient 
nullement  infirmer  l'existence  du  continent  nord-atlantique,  elle  vient  au  contraire 
la  confirmer.  La  transgressivité  du  Silurien  supérieur  dans  l'Amérique  boréale 
conduit  au  même  résultat.  On  peut  appliquer  le  même  raisonnement  au  continent 
indo-malgache,  dont  l'existence  a  d'ailleurs  été  admise  par  un  grand  nombre 
de  zoogéographes. 


1899  399 


MICR0GRAN1TES  DE  LA  VALLÉE  DE  LA  GUISANNE 
(BORD  NORD  DU  MASSIF  DU  PELVOUX) 

par  M.  P.  TERMIER. 

Sommaire  :  I.  Microgranite  de  Gombeynot  et  du  Tabuc-Nord. 
II.  Microgranite  des  Gardéolles. 

Le  long  de  la  vallée  de  la  Guisanne,  du  col  du  Lautaret,  où  cette 
rivière  prend  sa  source,  jusqu'à  Briançon,  où  elle  se  jette  dans  la 
Durance,  on  rencontre  d'importants  affleurements  de  microgranite 
(microgranulite  de  MM.  Fouqué  et  Michel-Lévy,  granitporphyr  de 
M.  Rosenbusch).  J'ai  signalé  en  1892  (1)  ceux  du  massif  de  Gom- 
beynot, immédiatement  voisins  du  col  du  Lautaret.  MM.  Lâchât 
et  KÙ8S,  dans  des  rapports  restés  inédits,  ont  fait  connaître,  long- 
temps auparavant,  sous  le  nom  de  porphyre  euritique,  les  roches 
de  même  nature  qui  apparaissent  dans  le  Houiller  des  Gardéolles, 
près  du  Villard  de  Saint-Chaffrey. 

Tout  dernièrement  enfin,  M.  Primat,  ingénieur  des  mines  à 
Grenoble,  a  appelé  l'attention  de  M.  Kilian  sur  d'autres  intercala- 
tions  de  roches  éruptives  blanches  dans  les  assises  houillères,  au 
Serre-Barbin,  près  de  La  Salle.  Nous  avons  visité,  M.  Kilian  et  moi, 
ce  dernier  gisement,  et,  là  encore,  il  s'agit  bien  de  microgranites. 

A  l'heure  actuelle,  je  connais  quatre  groupes  d'affleurements  de 
ces  roches  microgranitiques  :  ceux  du  massif  de  Gombeynot  ;  ceux 
de  la  vallée  du  Tabuc-Nord  ;  ceux  des  Gardéolles;  enfin  ceux  du 
Serre-Barbin.  Les  deux  premiers  groupes  appartiennent  au  massif 
cristallin  du  Pelvoux  et  ne  sont  en  relation  qu'avec  des  granités, 
des  a  pli  tes  et  des  schistes  métamorphiques  anciens.  Les  deux  der- 
niers sont  compris  dans  les  terrains  houillers  du  Briançonnais. 

La  liaison  des  microgranites  de  Gombeynot  et  du  Tabuc-Nord 
avec  le  granité  du  Pelvoux  n'est  pas  douteuse.  Ces  microgranites 
sont  des  formes  de  bordure  (grenzfacies)  de  la  roche  granitique 
fondamentale.  C'est  ce  que  je  me  propose  tout  d'abord  d'établir. 

Quant  aux  microgranites  qui  affleurent  dans  le  Houiller,  ce  sont 
des  roches  intrusives.  Leur  âge  est  donc  bien  différent  de  celui  des 
premiers.  Leur  composition  est  également  différente.  Les  analogies 
de  ces  roches  soot  avec  les  microdiorites  du  Briançonnais  (formes 
hypo-abyssiques  d'un  magma  quartzo  dioritique),  plutôt  qu'avec 
le  granité  du  Pelvoux.  Tel  sera  mon  deuxième  point. 

(1)  c.  R.  âc.  Se,  t.  cxv,  p.  971. 


4(K)  P.   TERMIER  19  Juill 


I.  —  Microgranite  de  Combeynot  et  du  Tabuc-Nord. 

A .  Combeynot.  —  Le  bord  septentrional  du  massif  granitique  de 
Combeynot  est  constitué  par  des  scbistes  azoïques  très  métamor- 
phiques, souvent  gneissifiés,  riches  en  magnésie  et  en  oxyde  de  fer. 
Les  minéraux  habituels  de  ces  schistes  sont  le  quartz,  les  micas,  la 
chlorite,  la  magnétite  et  l'oligiste,  et  enfin  des  feldspaths  alcalins. 
Sur  i'arôte  escarpée  qui  descend,  vers  les  sources  de  la  Guisanne, 
du  pic  central  de  Combeynot,  à  l'altitude  d'environ  2400m,  j'ai 
observé,  parmi  les  schistes  métamorphiques  en  question,  un  banc 
de  conglomérat  à  galets  (de  la  grosseur  d'une  noix)  de  granité  et 
de  gneiss.  Il  s'agit  donc,  indubitablement,  d'une  formation  sédi- 
mentaire.  L'âge  de  cette  formation  est  inconnu  :  nous  savons 
seulement  qu'elle  est  antérieure  au  Houiller.  C'est  elle  qui  joue  le 
principal  rôle  dans  la  constitution  des  massifs  cristallins  du  Pel- 
voux  et  des  Grandes  Rousses.  Sur  la  carte  géologique  détaillée 
(feuilles  de  Saint  Jean-de-Maurienne  et  de  Briançon),  je  lui  ai 
attribué  le  symbole  X>  sans  attacher  à  ce  symbole  aucune  signifi- 
cation chronologique. 

Il  est  très  rare  de  voir,  dans  le  massif  de  Combeynot,  le  véritable 
granile,  je  veux  dire  le  granité  à  gros  grain  du  type  Pelvoux,  con 
finer  directement  aux  schistes  et  aux  gneiss  X.  Il  en  est  presque 
toujours  séparé  par  une  épaisseur  plus  ou  moins  grande  d'aplite  à 
grain  très  fin  ou  de  microgranite.  Généralement,  ces  deux  formes 
de  bordure  apparaissent  successivement.  C'est  ainsi  que  le  pic  est 
de  Combeynot  (3153m)  est  fait  d'aplite  rose  passant  graduellement, 
sur  son  versant  sud  au  granité,  sur  son  versant  nord  au  micro- 
granite. 11  y  a  aussi,  dans  les  schistes  et  gneiss  A',  des  apophyses 
innombrables,  les  unes  aplitiques,  les  autres,  et  les  plus  nombreuses, 
microgranitiques.  Ces  apophyses  ont  des  afileurements  de  forme 
compliquée  et  de  direction  capricieuse.  Parfois,  elles  s'intercalent 
entre  les  strates  métamorphiques.  Beaucoup  d'entre  elles  présen- 
tent, quand  on  les  suit,  des  variations  de  structure  et  passent  alter- 
nativement de  l'aplite  au  microgranite.  Tous  ces  phénomènes 
s'observent  assez  aisément,  malgré  le  caractère  abrupt  du  terrain, 
dans  les  rochers  qui  dominent,  au  sud,  le  col  du  Lautaret,  de  la 
Pyramide  de  Laurichard  au  ravin  de  la  Liche. 

Au  contact  immédiat  de  l'aplite  ou  du  microgranite,  les  mica- 
schistes A  sont,  le  plus  souvent,  criblés  de  petits  noyaux  feldspathi- 
ques.  J'appelle  ainsi  des  cristaux  de  feldspath  au  contour  vaguement 


1899  MICROGRANITES   DE  LA   VALLEE  DE  LA   GU1SANNE  401 

arrondi,  qui  se  sont  développés,  en  les  déformant,  dans  les  lits 
quartzo-micacés  du  schiste.  Ces  feldspaths  sont  identiques  à  ceux 
de  la  roche  granitique,  c'est-à-dire  qu'ils  sont  d'albite  et  de  crypto- 
perthite.  Ils  ont,  pour  la  plupart,  quatre  ou  cinq  millimètres,  plus 
rarement  un  centimètre  de  diamètre.  Je  n'ai  pas  observé,  à  Com- 
beynot,  les  cornéennes  (hornfels)  qui  sont,  au  contraire,  comme  je 
le  dirai  bientôt,  très  abondantes  daus  la  vallée  du  Tabuc-Nord. 

Le  développement  des  noyaux  feldspathiques  prouve  que  l'aplite 
et  le  microgranite  ont  modifié,  à  leur  contact,  les  schistes  encais- 
sants. Mais,  là  où  les  schistes  sont  remplacés  par  des  gneiss,  il  n'y 
a  pas,  au  contact  des  apophyses,  de  modification  sensible  dans  la 
structure  ou  la  composition  de  ces  gneiss.  J'ai  déjà  signalé  (1),  en 
décrivant  le  granité  du  Pelvoux,  cette  impassibilité  des  gneiss  en 
présence  du  granité  ou  de  ses  apophyses.  Il  semble  qu'antérieure- 
ment à  la  dernière  montée,  à  la  mise  en  place  définitive  du  granité 
du  Pelvoux,  les  terrains  A' aient  déjà  subi  un  métamorphisme  régional 
intense.  Quelle  était  la  cause  de  ce  métamorphisme?  Etait-elle 
totalement  indépendante  du  magma  granitique  dont  la  dernière 
ascension  se  préparait?  Ces  questions  me  paraissent  actuellement 
insolubles.  Quoi  qu'il  en  soit,  sous  l'influence  de  ce  métamorphisme 
régional,  les  terrains  A'  s'étaient  déjà  transformés,  pour  la  plus 
forte  part,  en  micaschistes  et  gneiss.  Les  rares  portions  échappées 
à  cette  première  cause  de  métamorphisme  étaient  seules  capables, 
désormais,  de  se  modifier  d'une  façon  radicale  au  contact  du 
granité,  (l'est  ainsi,  sans  nul  doute,  qu'ont  pris  naissance  les  cor- 
néennes de  la  vallée  du  Tabuc-Nord.  Les  assises  devenues  mica- 
schistes pouvaient  encore  se  charger  de  noyaux  feldspathiques.  Mais 
celles  qui  avaient  pris  la  nature  de  gneiss  étaient  désormais  réfrac- 
taires  à  toute  nouvelle  transformation,  comme  si  elles  eussent  été 
définitivement  saturées  d'alcalis  et  de  silice. 

Les  microgranites  de  Combeynot  sont  des  roches  très  blanches, 
qui  montrent,  dans  une  pâte  (grundmasse)  holocristalline  et  crypto- 
cristalline,  d'un  blanc  de  porcelaine,  des  cristaux  hyalins  de  quartz, 
d'autres,  moins  nombreux,  de  feldspath,  et  d'autres  enfin,  assez 
rares,  d'un  mica  noir  eu  voie  dechloritisation.  Ces  cristaux  de  pre- 
mière consolidation  ont  rarement  plus  de  trois  ou  quatre  millimètres 
de  plus  grande  dimension. 

Suus  le  microscope,  les  quartz  se  présentent  bipyramidés,  avec 
des  contours  arrondis  et  corrodés.  Les  cristaux  feldspathiques 

(I)  C.  R.  Ac.  Se,  séance  du  8  février  1897. 

31  Octobre  1899.  —  T.  XXVII.  Bull.  Soc.  Ciéol.  Fr.  —  20 


402  p.  termier  19  Juin 

appartiennent,  les  uns  à  de  l'albite  presque  pure,  les  autres  à  de 
la  cryptoperthite.  Les  cristaux  de  mica  noir  sont,  pour  la  plupart, 
entièrement  chloritisés,  et  renferment  un  squelette  d'ilménite. 
L'albite,  la  cryptoperthite,  le  mica,  sont  identiques  aux  minéraux 
de  même  nature  que  j'ai  décrits  dans  le  granité  du  Pelvoux. 

La  pâte,  holocristalline,  est  d'une  finesse  extrême.  Elle  est  for- 
mée, au  moins  pour  les  deux  tiers  de  la  masse,  de  petits  cristaux  de 
cryptoperthite,  sans  contours  bien  nets,  sensiblement  isométriques, 
auxquels  s'adjoignent,  çà  et  là,  des  cristaux  d'albite  de  même  appa- 
rence générale.  Ces  individus  feldspathiques,  s'appuyant  les  uns 
aux  autres,  constituent  une  sorte  de  canevas  dont  les  mailles  sont 
remplies  par  du  quartz  informe.  On  observe  de  distance  en  distance, 
dans  la  pâte,  de  petites  lamelles  de  mica  blanc,  généralement  grou- 
pées en  paquets  ;  mais  ce  minéral  parait  être  de  formation  secon- 
daire. La  micropegmatite  est  assez  rare. 

Comme  je  l'ai  dit  plus  haut,  il  existe  un  passage  graduel  du 
microgranite  typique  à  i'aplite  franche.  On  voit  alors  les  cristaux  de 
première  consolidation  diminuer,  de  grosseur  comme  de  nombre; 
et  en  même  temps  grossit  le  grain  de  la  pâte.  La  roche  prend,  à 
l'œil  nu,  l'aspect  du  sucre  cristallisé.  Au  microscope,  le  hiatus 
entre  les  deux  stades  de  consolidation  devient  de  moins  en  moins 
marqué.  Les  grands  cristaux  se  fondent,  pour  ainsi  dire,  dans 
la  mosaïque  qui  les  entoure  :  leurs  contours  sont  imprécis, 
nuageux,  hérissés  de  soudaines  protubérances.  Puis,  tout  hiatus 
disparaît;  le  grain  devient  homogène,  tantôt  assez  gros  pour  être 
discernable  à  l'œil  nu,  tantôt  assez  lin  pour  rester  indéchiffrable 
à  la  loupe;  les  feldspaths  (cryptoperthite,  albite,  plus  rarement 
microcline)  forment  des  prismes  courts,  laissant  entre  eux  de 
nombreux  interstices  qui  ont  été  remplis  par  une  mosaïque  de 
grains,  vaguement  arrondis,  de  quartz;  d'autres  grains  de  quartz, 
également  arrondis,  sont  inclus  dans  la  cryptoperthite.  Des  régions 
entières  de  la  roche  sont  occupées  par  de  la  micropegmatite. 

Les  aplites  qui  passent  ainsi  au  microgranite  sont  blanches. 
Elles  ne  renferment  que  très  peu  de  mica  noir,  et  en  très  petits 
cristaux.  On  y  observe  çà  et  là  des  prismes  de  tourmaline.  Le 
grenat  y  est  ti es  rare.  Quelques-unes  montrent  des  lamelles  de 
muscovite,  mais,  là  encore,  il  y  a  lieu  de  se  demander  si  ce 
minéral  n'est  pas  dû  au  dynamométamorphisme  (1). 

Les  aplites  blanches  passent  à  leur  tour,  quand  on  marche  vers 

(1)  La  muscovite  apparaît  surtout  dans  les  variétés  devenues  schistoldes  par 
laminage. 


1899  MICROGHAMTES  DE  LA   VALLÉE  DE   LA  GUIS  AN  NE  403 

le  granité,  à  des  aplites  de  couleur  rose.  Telles  sont  celles  qui 
forment  l'arête  entre  le  pic  est  et  le  pic  central  de  Combeynot,  et 
qui  donnent  à  la  moraine  du  petit  glacier  de  Combeynot  une  si 
jolie  nuance  aurore. 

Les  aplites  roses  ont,  d'une  façon  générale,  un  graiu  plus  gros 
que  les  aplites  blanches.  Elles  passent,  de  l'autre  côté,  au  granité  à 
grands  cristaux  de  cryptoperthite  rose  (proloyine  du  Pic  central  et 
du  vallon  du  Foutenil).  Ce  dernier  passage  est  assez  rapide.  Près  de 
la  zone  intermédiaire,  le  granité  est  coupé  par  de  nombreux  filous 
d'aplite  francbe  (crête  entre  Roc  Noir  et  Combeynot  central;  pentes 
qui  descendent,  au  sud,  vers  le  lac  de  Combeynot). 

A  la  base  et  au  nord  de  la  Pyramide  de  Laurichard,  au-dessus 
des  grès  et  des  dolomies  triasiques  qui  forment,  au  pied  des  escar- 
pements, un  affleurement  continu,  on  voitapparaitre,  au  milieu  des 
gneiss  et  micaschistes,  plusieurs  apophyses  de  microgranite.  Les 
unes  ne  présentent  aucune  particularité  notable  ;  d'autres,  les  plus 
rapprochées  de  l'hospice  du  Lautaret  (I),  sont  faites  d'une  roche 
étrange,  d'un  noir  foncé,  schistoïde,  tendre  et  friable,  ayant,  de 
prime  abord,  l'aspect  d'un  schiste  houiller,  mais  montrant  à 
l'œil  nu,  dans  sa  masse  noire,  de  nombreux  grains  de  quartz  hyalin. 
Cette  roche  noire  passe,  latéralement,  au  microgranite  blanc,  du 
type  ordinaire  :  dans  certaines  apophyses,  la  roche  est  zonée,  mi- 
partie  noire,  mi-partie  blanche,  et  Ton  voit  alors,  très  nettement, 
que  la  coloration  noire  n'est  qu'un  accident  local  résultant  de  la 
concentration,  dans  de  certaines  régions  du  microgranite,  d'un  peu 
de  carbone  ou  de  bitume.  Cette  couleur  noire  disparait  par  lacalci- 
uation.  Les  microgranites  noircis,  et  aussi  les  microgranites  zones, 
et  les  roches  blanches  qui  passent  aux  uns  et  aux  autres,  sont  forte- 
ment laminés.  Les  grands  cristaux  sont  tronçonnés,  écrasés,  épar- 
pillés; la  pâte,  très  altérée,  est  riche  eu  quartz  et  en  mica  blanc 
secondaires. 

Dans  la  vallée  de  la  Romanche,  du  Villard-d'Arène  au  Bourg- 
d'Oisans,  je  n'ai  pas  rencontré  un  seul  affleurement  de  microgranite. 
Le  long  du  bord  nord  du  grand  massif  granitique  de  la  Meije  et  du 
Râteau,  l'aplite  est  la  seule  forme  de  bordure.  11  en  est  de  même  sur 
le  bord  nord  du  massif  granitique  du  Rochail  (aplites  de  la  Rivoire 
et  du  Pont-Saiut-Guillerme).  Ces  aplites  sont  d'ailleurs  identiquss 
aux  aplites  blanches  de  Combeynot. 

Je  terminerai  en  mettant  en  regard  les  unes  des  autres,  des 
analyses  du    microgranite   des   sources   de  la    Guisanne  (I),  de 

(1)  Une  heure  de  marche  environ  :  altitude  2400". 


404 


P.   TERMIFR 


19  Juin 


l'aplite  rose  du  pic  oriental  de  Combeynot  (II),  du  granité  du 
sommet  central  de  Combeynot  ((II),  de  l'aplite  blanche  de  la 
Rivoire  (IV),  et  enfin  (V)  une  moyenne  de  six  nouvelles  analyses  de 
granité  du  Pelvoux,  analyses  faites  par  M.  le  Dr  Rûst,  de  Genève. 


1 

I 

II 

111 

IV 

V 

Si02 

A1203 

Fe*03 

MgO 

CaO 

K*0 

Na20 

Perte  par  calcination 

Total  .... 

75,12 

13,21 

2.66 

traces 

0,33 

3,03 

4,46 
0,47 

77,77 
11,64 
1,56 
0,15 
0,50 
4,20 
3,80 
0,61 

70,84 
14,53 
2,46 
1,17 
1,45 
5,12 
3,04 
1,71 

75,30 
11,01 
1,12 
0,60 
1,01 
2,97 
8,82 
1,18 

76,20 
12,73 
1,85 
0,52 
0,85 
4,66 
3,35 
0,78 

99,80 

100,23 

100,32 

102,01 

100,94 

Ce  tableau  montre  clairement  l'intime  liaison  du  microgranite  et 
des  aplites,  et  la  parenté  de  ces  roches  avec  le  granité  du  Pelvoux 
dont  elles  sont,  simplement,  des  formes  hypo-abyssiques.  D'une 
façon  générale,  les  microgranites  et  les  aplites  en  question  sont  un 
peu  plus  riches  en  silice  et  en  alcalis,  et  tiennent  un  peu  moins  de 
magnésie  et  de  chaux  que  le  granité  le  plus  voisin  :  mais  ces  diffé- 
rences sont  peu  importantes. 

Je  n'ai  observé  nulle  part  de  modifications  endomorphes  du  gra- 
nité, du  microgranite  ou  de  l'aplite,  au  contact  des  terrains  X. 
Comme  je  l'ai  dit  en  1897,  le  granité  du  Pelvoux,  au  contact  des 
terraius  encaissants,  peut  changer  de  structure  :  il  ne  s'enrichit  ni 
en  magnésie,  ni  en  chaux,  ni  en  fer.  Ce  granité  a  injecté,  et,  parfois, 
métamorphosé  les  schistes  au  milieu  desquels  il  s'est  fait  place;  il 
ne  semble  pas  les  avoir  dissous. 

B.  Tabuc-Nord.  —  La  rivière  de  Tabuc,  qui  réunit  les  eaux  du 
col  d'Arsines  et  celles  du  glacier  du  Casset,  coule,  près  de  son  con- 
fluent avec  la  Guisanne,  dans  une  gorge  étroite,  à  peu  près  perpen- 
diculaire à  la  direction  des  plis.  Cette  gorge  est  creusée,  soit  dans 
le  granité,  soit  dans  le  microgranite,  soit  enfin  dans  des  cornéennes 
(hornfels)  extrêmement  compactes  et  dures.  Quand  ou  remonte  la 
rive  droite,  ce  sont  les  cornéennes  que  l'on  rencontre  tout  d'abord 


1899  MICROGRANITES  DIS  LA   VALLÉE  DE  LA  GUISANNE  405 

et  qui  constituent  les  premières  falaises,  immédiatement  au-dessous 
des  ardoises  du  Flysch.  Ces  cornéenues  ne  présentent  aucune  trace 
de  stratification.  Elles  sont  massives,  homogènes,  d'un  gris  sombre, 
parfois  brunâtre,  souvent  violacé.  Ou  les  voit,  à  l'amont,  passer 
peu  à  peu  à  des  sortes  de  gneiss  très  feldspathiques  qui  se  fondent 
graduellement  dans  le  granité.  Sur  la  rive  gauche,  en  remontant  la 
rivière,  ce  sont  encore  des  cornéennes  que  l'on  observe  tout  d'abord 
et  qui  forment  le  substratum  du  Flysch.  Mais  bientôt  les  cornéennes 
font  place  à  des  microgranites  blancs  ou  à  des  aplites  blanches 
saccharoïdes  qui  passent,  à  leur  tour,  au  granité  normal. 

Le  microgranite  est  identique  à  celui  de  Combeynot  :  pâte  holo- 
cristalline  d'une  extrême  finesse,  formée  d'un  agrégat  de  quartz  et 
d'orthose  ;  grands  cristaux  de  quartz,  de  cryptoperthite  et  d'albite, 
le  plus  souvent  mal  séparés  de  la  pâte  et  montrant  des  contours 
imprécis  et  nuageux.  La  cryptoperthite,  fréquemment  assemblée 
suivant  la  loi  de  Carlsbad,  a  tous  les  caractères  de  celle  du  granité. 

L'intérêt  des  falaises  du  Tabuc  réside  dans  l'existence  des  cor- 
néennes. Il  est  manifeste  que  ces  roches  sont  des  schistes  argileux 
métamorphosés  par  le  granité.  Voici  leur  composition  chimique  : 

Cornéenne  de  la  rive  droite  du  Tabuc-Nord 

SiO* 64,60 

A1W 17,80 

Fe203 6,49 

MgO 2,95 

CaO 2,10 

K-'O 1,80 

Na-0 2,98 

Perte  par  calcinatiou 2,14 

Total 100,86 

Au  microscope,  tout  caractère  détritique  a  disparu.  Ou  observe 
un  agrégat  très  (in  de  quartz  et  de  petites  lamelles  de  mica  noir 
partiellement  chloritisées.  Çà  et  là,  apparaissent  quelques  cristaux 
de  feldspath,  généralement  d'albite.  Il  y  a  des  filonnets  et  des 
nids  de  calcite.  Certains  échantillons  sont  assez  riches  en  fer  titane. 

Les  caractères  et  la  composition  ci-dessus  sont  ceux  des  cor- 
néennes classiques  des  contacts  granitiques.  Je  n'y  aurais  pas  insisté 
si  ce  gisement  du  Tabuc  n'était  pas  le  seul  de  toute  la  région  cris- 
talline du  Pelvoux  où  l'on  puisse  observer  de  semblables  roches,  et 
où  le  granité  semble  être  venu  au  contact  de  véritables  schistes 
argileux,  réfractaires  jusqu'alors  au  métamorphisme  régional. 


406  p.  termier  19  Juin 


II.  —  Hicrogranite  des  Gardéolles 

Les  microgranites  de  la  deuxième  catégorie  apparaissent,  je  l'ai 
dit,  au  milieu  du  Houiller.  Je  ne  décrirai  que  ceux  des  Gardéolles. 
Le  gisement  du  Serre-Barbin  et  la  roche  qui  le  constitue  sont  étudiés 
par  mon  ami  M.  Kilian. 

Aux  Gardéolles,  près  du  Villard-de-Saint-Chafïrey,  le  microgra- 
nite  affleure  à  l'un  des  tournants  de  la  route  qui  monte  au  fort  de 
l'Olive.  Il  forme  trois  amas  intrusifs,  fort  inégaux,  enclavés  dans 
les  grès  houillers.  Les  strates  gréseuses  sont,  ici,  verticales.  A  moins 
de  cent  mètres  au-dessus  de  ce  tournant  de  la  route,  ou  les  voit  se 
rapprocher  de  l'horizontale  :  mais  les  amas  intrusifs  ne  se  prolon- 
gent point  jusque-là.  Du  côté  de  la  vallée,  raflleurement  des  grès 
et  des  amas  est  bientôt  caché  par  le  Glaciaire  :  en  sorte  que  nous 
ne  sommes  pas  renseignés  sur  l'extension  des  amas  suivant  la 
direction  des  couches.  Normalement  aux  couches,  le  long  de  la 
route,  l'un  des  amas  mesure  au  moins  100  mètres  d'épaisseur;  les 
deux  autres  sont  beaucoup  moins  épais. 

Il  n'y  a  aucun  phénomène  de  contact  appréciable,  ni  dans  le 
microgranite  qui  touche  les  grès  (ou  les  schistes)  houillers,  ni 
dans  les  assises  houillères  qui  confinent  au  microgranite.  Mais  il 
ne  faut  pas  oublier  que,  dans  la  région  briançonnaise,  les  strates 
de  consistance  très  différente  ont,  presque  toujours,  fortement 
glissé  les  uns  sur  les  autres,  et  qu'ainsi  les  vrais  contacts  ont  pu 
disparaître. 

La  roche  des  Gardéolles  est  très  blanche.  Elle  montre  à  l'œil  nu, 
dans  une  pâte  aphauitique,  des  grains  de  quartz,  et  des  individus 
feldspathiques  altérés  et  informes.  Beaucoup  d'échantillons  sont 
laminés,  parallèlement  à  la  stratification  du  Houiller  :  ils  ont  alors 
un  aspect  de  schiste  satiné,  dont  le  clivage  brillant,  blanc  ou  ver- 
dàtre,  est  formé  de  minces  membranes  de  mica  blanc  et  de  kaolin 
enchevêtrés. 

Au  microscope,  on  aperçoit  quelques  cristaux,  presque  entière- 
ment décolorés,  de  biotite.  Les  grands  feldspaths  sont,  les  uns  de 
l'orthose  (mais  non  pas  de  la  cryptoperthite),  les  autres  un  oligo- 
clase  très  voisin  de  Talbite  contenant  de  nombreux  grains  de 
calcite.  L'orthose  est  partiellement  muscovitisé  et  kaolinisé.  Les 
quartz  sont  bipyramidés,  et,  le  plus  souvent,  rongés.  Plus  rare- 
ment, ils  se  fondent  dans  la  pâte  par  des  protubérances  capillaires. 

La  pâle  est  holocristalliue.  formée  d'une  mosaïque  de  quartz, 


1899 


MICROGRANITES  D&  LA  VALLÉB  DE  LA  GU1SANNK 


407 


d'orthose  et  d'albite.  Elle  renferme  beaucoup  de  mica  blanc  secon- 
daire, surtout  dans  les  variétés  laminées  et  schistoïdes.  Il  y  a 
aussi  de  nombreuses  mouches  et  veinules  de  calcite  et  quelquefois 
de  sidérose.  Les  feldspaths  sont  fortement  kaolinisés. 

La  composition  moyenne  actuelle  du  microgranile  des  Gardéolles, 
dans  les  échantillons  les  plus  frais  et  les  moins  laminés,  correspond 
sensiblement  à  un  mélange  de  :  30  %  albite,  10  orthose,  3  musco- 
vite,  2  biotite,  15  kaolin,  1  calcite,  4  anorthite  (combinée  à  Talbite), 
34  quartz  et  1  alumine  libre  et  eau.  Voici  deux  analyses  et  leur 
moyenne  : 

I"  échantillon  2aa  échantillon       Moyenne 


SiO2 70,70 

A120:J 1S,60 

Fe203 traces 

MgO 0,39 

CaO 2,26 

K*0 2,81 

Na-0 2,39 

Perte  par  calcination  ....  2,80 

Total.    .   .   .  99,95 


73  ,10 

71,90 

17,60 

18,10 

traces 

tracés 

0,33 

0,36 

0,80 

1,53 

1,95 

2,38 

4,35 

3,37 

1,70 

2,25 

99,83 


99,89 


La  reconstitution  de  la  roche  originelle,  suivant  la  méthode  que 
j'ai  indiquée  l'an  dernier,  s'opère  ici  sans  difficulté.  La  roche 
moyenne  tenait  probablement,  à  l'origine  :  23  %  quartz,  30  albite, 
32  orthose,  10  anorthite  et  5  biotite.  Je  mets  ici  en  regard  la  compo- 
sition moyenne  actuelle,  et  la  composition  originelle  probable. 


SiO- 

AW 

FejO:' 

MgO 

CaO 

K-0 

Na^'O 

Perte  par  calcination .    .    .   . 

Total 


Roche 
actuelle 

71,90 
18,10 

0,36 
1,53 
2,38 
3,37 
2,25 

99,89 


Roche 
restaurée 

70,80 
17,15 

0,85 
2,10 
5,84 
3,54 
néant 

100,28 


408     TERMIER.  —  MICROGRAN1TES  DE  LA  VALLÉE  DE  LA  GU1SANNE     19  Juin 

Il  s'agit  donc  ici  d'une  métasomatose  par  kaolinisation  et  musco 
vitisatioD.  L'ablalion  de  chaux  est  peu  importante;  mais  la  chaux 
est  passée  à  l'état  de  carbonate. 

La  teneur  originelle  en  alcalis  était  à  peu  près  la  même  dans  la 
roche  des  Gardéolles  que  dans  les  microgranites  de  Combeynot  et 
du  Tabuc.  Mais,  aux  Gardéolles,  la  richesse  en  silice  était  notable- 
ment moindre,  et,  par  contre,  la  teneur  en  chaux  beaucoup  plus 
forte. 

Ces  différences,  ce  fait  aussi  que  le  feldspath  potassique  n'est  pas 
le  même  (1),  me  portent  à  croire  que  les  microgranites  du  Houiller 
briançonnais  ne  se  rattachent  pas  (ou  du  moins  pas  directement) 
au   magma  granitique  du  Pelvoux. 

D'autre  part,  il  existe,  dans  la  série  des  microdiorites  briançon- 
naiscs,  des  types  très  acides  et  très  alcalins.  J'ai  signalé  déjà  (2)  le 
type  de  Sachas,  près  Prelles.  Voici  trois  analyses  d'une  roche  de 
Puy-Saint- André,  qui,  tout  en  ayant  l'aspect  extérieur  d'une  micro- 
diorite,  est  une  véritable  microayenite. 

SiO* 63,69  63,4.')  63,30 

Al-'O3 21,10  20,43  20,68 

Fe-O3 3,89  4/20  3,92 

MgO 1,89  0,88  0,74 

CaO 1,43  2,69  2,37 

K*0 2,33  2,21  2,18 

Na^O :>,07  4,98  4,91 

Perte  par  calcination  ....  2,76  2,19  2,45 

Total 102,16  101,03  100,55 

Toutes  ces  roches,  microgranite  des  Gardéolles,  microsyénite  de 
Puy-Saint-André,  microdiorite  acide  de  Sachas,  microdiorites  basi- 
ques du  Chardonnet  et  de  Névache,  se  présentent  dans  les  mêmes 
conditions  de  gisement.  Elles  forment  une  série  presque  contiuue, 
quanta  la  composition  chimique,  et  elles  ont,  à  peu  de  choses  près, 
la  même  structure. 

Je  crois  donc,  jusqu'à  plus  ample  informé,  que  les  microgranites 
du  Houiller  de  la  vallée  de  la  Guisanne  sont  une  forme  hypo  abyssi- 
que  extrême  d'un  magma  mixte,  dont  la  composition  moyenne 
serait,  probablement,  quartzo-dioritique,  ou  peut  être  syénitique. 
Je  reviendrai  sur  ce  point  en  décrivant  la  microsyénite  de  Puy 
Saint-André. 

(1)  Ortliose  aux  Gardéolles,  rryptoperthite  à  Combcynol  <>l  au  Tabuc. 

(2)  H.  S.  G.  F.,  3'  série,  XXVI,  p.  185. 


1899  409 


STRUCTURE   INTIME 
DES   CALCAIRES   L1ASIQUES  DU  BRIANÇONNAIS 

par  M.  W.  KILIAX. 


J'ai  l'honneur  d'attirer  l'attention  de  la  Société  sur  la  fréquence 
de  la  structure  oolithique  et  zoogène  dans  le  Lias  de  la  zone  du  Brian- 
çonnais.  En  poursuivant  des  recherches  commencées  avec  mon 
ami  Maurice  Horelacquc  (1),  j'ai  pu  me  convaincre,  en  effet,  que 
certains  calcaires  noirâtres  du  Lias  alpin,  d'apparence  souvent 
cristalline  et  compacte,  présentent  au  microscope  une  structure 
zoogèue  et  oolithique  qui  ne  le  cède  eu  rien  comme  netteté  à  celle 
des  calcaires  urgoniens  ou  balhoniens  les  plus  typiques  des  régions 
extra  alpines. 

Les  meilleurs  exemples  observés  sont  les  calcaires  qui  aHleurent 
entre  Bonuenuit  (Savoie)  et  les  Losettes  au  N.  du  Col  du  Calibier. 
ceux  qui  forment  une  barre  rocheuse  au  N.-E.  du  Lautaret  sur  le 
chemin  de  la  Mandette,  les  calcaires  formant  les  pentes  entre  la 
Madeleine  et  l'Alpe  du  Lauzet,  ceux  qui  forment  le  pied  0.  des 
Aiguilles  de  la  Saussaz  vers  le  Col  de  Martignare,  enfin  ceux  du 
Col  de  Reslefond  (Basses  Alpes).  A  ces  types,  il  faut  rattacher 
aussi  les  calcaires  de  Vallouise  et  de  Puy-St-Vincent  (au  N.-E.  du 
hameau  du  Poët;  derrière  le  village  même  de  Vallouise;  près  des 
Chalets  de  Nareyroux)  que  j'ai  visités  en  compagnie  de  M.  Termier. 
Ces  roches  présentent  une  grande  identité  de  structure  avec  les 
précédentes:  leur  nature  oolithique  et  zoogène  m'avait  déterminé 
en  1897  (1),  alors  que  je  ne  connaissais  pas  encore  les  types  du 
Lautaret  et  des  Losettes,  à  les  considérer  comme  appartenant  au 
Jurassique  supérieur.  Aujourd'hui  leur  remarquable  ressemblance 
avec  les  calcaires  incontestablement  liasiques  cités  plus  haut  me 
conduit  à  les  rattacher  sans  hésitation  au  Lias  ;  cette  conclusion 
est  d'accord  avec  l'interprétation  à  laquelle  notre  éminent  confrère 
M.  Termier  a  élé  amené  par  d'autres  considérations. 

Dans  tous  les  calcaires,  ou  aperçoit  au  microscope  de  nombreuses 

(1)  Les  documents  réunis,  on  vue  de  ce  travail,  seront  prochainement  publiés 
en  un  Atlas  de  50  planches.  (Microphotographies  de  Maurice  Uovelacque),  en 
phototypie,  actuellement  sous  presse. 


410  KILIAN.   —  CALCAIRES  L1ASIQUES   DU   BRIANÇONNAIS  19  Juin 

oolithes  noirâtres  dont  les  couches  concentriques  sont  nettement 
fibreuses  (radiées)  et  qui  contiennent  fréquemment  en  leur  centre  un 
débris  organisé  ;  ces  oolithes  ne  sont  que  rarement  étirées  et  allon- 
gées, donnant  alors  lieu  à  une  structure  «  amygdaloïde  »  ;  d'habi- 
tude (Calcaire  des  Losettes,  etc.),  elles  se  présentent  avec  la  plus 
grande  netteté  et  sont  noyées  dans  un  ciment  de  calcite  cristalline. 
Les  débris  d'Echinodermes  sont  fréquents  et  dans  certains  cas  très 
abondants  (La  Saussaz),  donnant  lieu  à  de  grandes  plages  de  calcite 
à  clivages  très  apparents.  On  y  distingue  des  Eutroques  (La  Saussaz) 
et  des  radioles  d'Echinides(Lautaret).  Ces  débris  sont  accompagnés 
de  rares  Foraminifères  (Vallouise),  de  nombreux  fragments  roulés 
d'organismes  divers,  de  Polypiers  (La  Saussaz,  La  Mandette,  etc.) 
d'Hydrozoaires,  et  de  quelques  Algues  cakaires  verticillées  (Lau- 
taret,  Vallouise).  De  petits  Gastropodes  et  des  débris  de  Pélécypodes 
apparaissent  dans  quelques  préparations.  —  Enfin  les  intervalles 
de  ces  éléments  sont  occupés  par  une  mosaïque  de  calcite  cris- 
talline. 

La  structure  particulière  et  très  caractéristique  des  calcaires 
liasiques,  que  je  viens  de  décrire,  se  présente  aussi  bien  à  l'ouest 
(Aiguilles  de  la  Saussaz)  de  la  «  Zone  de  Flysch  »  qu'à  l'est  de  cette  zone 
(Losettes,  Mandette,  Vallouise)  ;  il  est  facile  de  suivre,  eu  allant  du 
massif  du  Pelvoux  vers  Briançon,  la  transformation  rapide,  mais 
cependant  graduelle,  que  subissent  les  dépôts  du  Lias  et  qui  atteste 
une  liaison  originelle  entre  les  deux  bords  du  synclinal  tertiaire. 
J'ajouterai  que  les  mêmes  oolithes  noires  ont  été  retrouvées  par  moi 
dans  le  ciment  d'un  galet  (2)  de  brèche  liasique  lui-môme  inclus 
dans  les  brèches  à  cailloux  cristallins  de  l'Eychauda,  auxquelles 
M.  Termier  assigne  une  origine  lointaine  et  qu'il  solidarise  avec  sa 
«  4e  Ecaille  »  de  charriage.  Ce  fait  semble  indiquer  cependant  une 
provenance  moins  éloignée  que  ne  le  croit  notre  confrère. 


(1)  Kilian  et  Hovelacque.  H.  S.  G.  F  .  3'  série,  t.  XXV,  p.  (>W). 

(£)  Cet  échantillon  m'a  été  obligeamment  communiqué  par  M.  Termier. 


1899  411 


CONTRIBUTION   A    L'ÉTUDE 
DU  SYSTÈME  CRÉTACÉ  DANS  LES  ALPES-MARITIMES 

par  M.  A.  de  RIAZ. 

Sommaire  :  1°  Laghet,  la  Turbie,  Eze,  vallée  du  Paillon.  —  2°  Villefranchc, 
Beau  lieu,  Saint-Hospice.  —  3°  Environs  de  Menton.  —  Résumé. 

Si,  dans  certaines  parties  de  la  France,  les  connaissances  géolo- 
giques sont  fort  avancées,  bien  qu'il  y  ait  toujours  place  pour  de 
nouvelles  découvertes,  il  est  encore  quelques  régions  qui  sont  loin 
d'avoir  été  suffisamment  étudiées.  Les  Alpes  Maritimes  sont  de  ce 
nombre.  Aussi  je  crois  devoir  publier  les  observations  suivantes, 
qui  contiennent  des  laits  nouveaux.  J  espère  avoir  contribué  à 
accroître  nos  connaissances  sur  le  Crétacé  de  cette  contrée,  tout  en 
reconnaissant  que  dans  plusieurs  localités,  je  ne  suis  pas  arrivé  à 
des  conclusions  définitives,  fautes  d'éléments  paléontologiques 
suffisants. 

Les  fossiles  que  j'ai  recueillis  étant  principalement  des  Echinides, 
je  n'aurais  guère  pu  rédiger  cette  note  sans  le  secours  d'un  spécia- 

Principaux  ouvrages  consultés  : 

1813.  Risso.  Observations  géol.  sur  la  presqu'île  de  Sl-Hosplce  [Journal  des 
Mines,  t.  XXXIV). 

1841 .  A.  Sismonda.  Osservazioni  geol.  sulle  Alpi  mariltime  e  sugli  Apenninl 
liguri  (Memorie  délia  Reale  Accademia  délie  Scirnze  di  Tortnnt  série  II,  t.  IV). 

1841.  Eug.  Sismonda.  Monografla  degli  Echinidi  fossili  del  Pie  mon  te  (id„  id.). 

1812.  P.  de  Tchihatcheff.  Observations  sur  les  environs  de  Nice  (in  Constitution 
géol.  des  provinces  méridionales  du  Royaume  de  Naples). 

1843.  Eug.  Sismonda.  Memoria  geo-zoologica  sulli  Echinidi  fossili  del  conta  do 
di  Nizza  [Memorie  délia  Reale  Accademia  délie  Scienze  di  Torino,  série  II,  t.  VI). 

1861.  Reynès.  Etude  sur  le  synchronisme  et  la  délimitation  des  terrains  cré- 
tacés du  sud-est  de  la  France. 

1865   Galdin  et  Moggridge.  Menton  [Bull.  Soc.  vaud.  des  se,  nul.,  t.  VIII). 

1873.  A.  Toucas.  Mémoire  sur  les  terrains  crétacés  des  environs  du  Beausset 
(Mémoires  de  la  Soc.  géol.  de  Fr.,  2""  série,  t.  IX). 

1877.  Camérk.  Carte  géol.  d'une  portion  du  dép.  des  Alpes-Maritimes. 

1877.  Réunion  extraordinaire  à  Nice  (B.  S.  G.  F.,  t.  V). 

1881.  Potier.   Feuilles  géologiques  de  Saorge  et  de  Pont  S' -Louis. 

18S4.  Fallot.  Note  sur  un  gisement  crétacé  fossilifère  des  environs  «le  la  gare 
d'Eze  [B   S.  G.  F.,  t.  XII,  p.  289). 

1885.  Fallot.  Etude  géol.  sur  les  étages  moyens  et  supérieurs  du  terrain  cré- 
tacé dans  le  sud-est  de  la  France  (Paris,  Masson). 

(Voir  la  suite  de  la  note  page  412). 


412  DE   RIAZ.    —  CONTRIBUTION   A    L'ÉTUDE  19  Juin 

liste  expérimenté  :  j'exprime  donc  à  M.  J.  Lambert,  qui  a  bien 
voulu  déterminer  mes  échantillons,  une  reconnaissance  d'autant 
plus  vive,  que  l'amabilité  avec  laquelle  il  s'est  mis  à  ma  disposition 
a  doublé  pour  moi  le  prix  du  service  rendu  (1). 

Les  points  que  j'ai  explorés  se  divisent  ainsi  qu'il  suit  : 

1°  Laghet,  la  Turbie,  Eze,  vallée  du  Paillon. 

2°  Villefranche,  Beaulieu,  Saint-Hospice. 

3°  Environs  de  Menton. 

1°  Laghet,  la  Turbie,  Eze,  vallée  du  Paillon. 

A  500  mètres  approximativement  en  aval  du  célèbre  monastère 
de  Notre-Dame  de  Laghet,  sur  la  rive  droite  du  vallon  qui  rejoint 
le  Paillon,  j'ai  observé  le  Cénomauien  sous  forme  de  marnes  noirâ- 
tres et  de  marno-calcaires  grisâtres.  Les  couches  deviennent  de 
moins  eu  moins  argileuses  à  mesure  qu'on  s'élève  à  flanc  de  coteau, 
et  Ton  arrive  à  des  calcaires  compacts  sans  fossiles  qui  n'appar- 
tiennent probablement  plus  au  même  étage.  Ces  couches  sont  très 
relevées.  Elles  plongent  de  60  degrés  vers  le  nord-ouest,  et  sont 
comme  pincées  dans  un  grand  pli  du  Jurassique. 

J'ai  recueilli  : 

Acanthoceras naviculare Mant.  (Ac.  MantelliSow.  ind'Orb.  PI.  103, 

1887.  Issel,  Mazzuoli,  Zaccagna.  Carta  geol.  délie  Rivière  liguri  e  délie  Alpi 
marittimc. 

1889.  Fallot.  Note  sur  le  terrain  crétacé  dans  les  Alpes-Maritimes  (Soc.  lin- 
néenne  de  Bordeaux,  séance  du  Ier  mai). 

1889-1890.  Collot.  Description  du  terrain  crétacé  dans  une  partie  de  la  Basse- 
Provence  (B.  S.  G.  F,  t.  XVIII,  p.  49,  et  t.  XIX,  p.  39). 

1890.  Zurcher  Note  sur  le  terrain  crétacé  supérieur  de  la  feuille  de  Castellane 
(Bull.  des  services  de  la  carie  géol.  de  la  France,  n"  18,  t.  II). 

1890.  De  Grossouvre.  Légende  de  la  feuille  géologique  121  (Valençay). 

1891.  Réunion  extraordinaire  en  Provence  {B.  S.  G.  F.,  t.  XIX). 

1893  De  Grossouvre.  Les  Ammonites  de  la  craie  supérieure  (Paris,  Imprimerie 
nationale). 

1893.  Baron.  Note  géol.  sur  les  environs  de  Menton  (B.  S.  G.  F.,  t.  XXI,  p.  110). 

1894.  Franchi.  Contribuzione  allô  studio  dcl  titonico  e  del  cretaceo  nelle  Alpi 
marittinie  italiane  {Bull,  del  R.  comitalo  geol.). 

1896.  Bertrand  (Léon).  Etude  géol.  du  nord  des  Alpes-Maritimes  {Bull,  des 
services  de  la  carie  géol.  de  la  France,  n°  56,  t.  IX). 

(I)  Feuilles  d'Etat  major  225,  Nice,  et'225  bis,  Pont  Saint-Louis. 

Travaux  sur  la  craie  de  MM.  Arnaud,  de  Grossouvre,  Péron,  Toucas,  etc. 

Pour  la  bibliographie  complète  de  la  région  des  Alpes-Maritimes,  voir  les  listes 
données  par  MM.  Fallot  et  Léon  Bertrand.  —  Voir  aussi  :  Issel.  Bibliografia 
sceintifica  délia  Liguria  (Genova,  1887). 


1899  DU   SYSTÈME  CRÉTACÉ   DANS  LES  ALPES-MARITIMES  413 

non  pi.  104)  ;  assez  beaux  exemplaires.  Schlœnbachia  tartans  Sow., 
Turrilitcs  costalus  Lam.,  Scaphites  sp.,  Holaster  subglobosus  Leske, 
Epiaster  crastissimus  ?  Def r. 

Bien  que  les  fossiles  ne  soient  pus  d'une  abondance  extrême,  ce 
gisement  n'est  pas  difficile  à  trouver;  et  je  suis  étonné  d'être  le 
premier  à  indiquer  la  présence  du  Cénomanien  sur  ce  point.  Je 
n'en  ai  rencontré  l'indication  dans  aucun  auteur.  M.  Canavari, 
professeur  à  l'Université  de  Pise,  parait  être  seul  à  posséder  un 
Acanthoceras  rhotomagensc  avec  l'indication  Laghet.  M.  Parona,  qui 
a  eu  l'obligeance  de  me  donner  la  liste  des  localités  d'où  provien- 
nent les  fossiles  cénomaniens  déposés  au  Musée  de  Turin  (ce  dont 
je  le  remercie  vivement),  ne  mentionne  pas  Laghet.  Eu  revanche, 
je  n'ai  pu  découvrir  ici  les  gisements  où  ont  été  recueillis  les 
fossiles  albiens  du  même  Musée  de  Turin,  que  MM.  Parona  et 
Bonarelli  ont  récemment  décrits  dans  la  Paleontologia  ilalica 
(PI.  II),  avec  la  mention  de  cette  localité. 

Les  observations  que  j'ai  faites  en  descendant  cette  vallée  de 
Laghet  jusqu'à  la  Trinité-Victor,  sont  bien  incomplètes,  faute 
d'avoir  pu  trouver  des  fossiles  suffisants  :  je  n'ai  aperçu  que  quel- 
ques mauvaises  empreintes  d'Iuocérames.  Sauf  erreur,  je  crois 
cependant  que  le  Sénonien  commence  peu  après  le  Château,  et  se 
continue  jusqu'à  la  Trinité,  mais  je  ne  puis  indiquer  d'horizons 
précis. 

A  la  Turbie,  se  voient  aussi  des  marnes  noires  surmontées  de 
calcaires,  et  lorsqu'on  a  examiné  attentivement  les  couches  de 
Laghet,  il  me  parait  difficile  d'hésiter  à  classer  dans  le  Cénomanien 
le  Crétacé  de  la  Turbie,  à  l'est  et  à  l'ouest  du  village,  bien  qu'on  n'y 
trouve  aucun  fossile.  On  avait  voulu  en  faire  de  l'Aptien,  de  même 
que  de  certaines  couches  de  la  vallée  du  Paillon,  au  moins  pour  les 
argiles  inférieures.  M.  Fallot,  qui  a  consciencieusement  étudié 
ces  assises  dans  la  dite  vallée,  a  cru  devoir  les  rattacher  au  Céno- 
manien, à  fossiles  certains,  placé  au-dessus.  J'adopte  entièrement 
sa  manière  de  voir,  car  je  crois  que  soit  à  Eze,  soit  dans  le  vallon 
de  Saint-Laurent  (1),  ce  sont  ces  mêmes  marnes  que  l'on  voit 
superposées  au  Gault  :  le  faciès  de  ces  couches  est  identique  sur 
tous  ces  points  :  et,  dans  les  deux  localités  que  j'indique,  il  est 
incontestable  qu'elles  sont  au-dessus,  et  non  au-dessous  de  l'étage 
albien. 

(1)  Vallon  descendant  de  la  Turbie  à  la  mer,  à  l'ouest  de  la  Tête  de  Chien.  Ne 
pas  confondre  avec  la  localité  de  Sl-Laurent,  de  la  coupe  du  col  de  Braus  :  la 
confusion  pourrait  résulter  notamment  de  ce  que  les  deux  points  sont  désignés 
l'un  et  l'autre  par  une  petite  chapelle. 


414  DE  RIAZ.    —   CONTRIBUTION   A   L'ÉTUDE  19Juin 

Aux  affleurements  crétacés  de  la  Turbie  se  rattacheraient  aussi 
ceux  de  Bordiua,  à  Test  de  la  Tête  de  Chien,  dans  le  ravin  descen- 
dant à  Monaco  entre  le  sentier  à  mulet  et  le  chemin  de  fer  à 
crémaillère.  A  l'altitude  de  220  ou  230  mètres,  j'ai  recueilli  une 
empreiuted'Ammonite  pouvant  se  rapporter  à Schlœnbachia  varians, 
et  des  Inocérames  mal  conservés.  Ces  couches  descendent  en  coin 
jusque  très  près  de  Monaco,  ainsi  que  l'indique  la  carte  de 
M.  Caméré. 

Si  maintenant  Ton  se  dirige  à  l'ouest,  en  se  rendant  à  pied  de  la 
Turbie  à  Eze  parle  sentier  qui  se  détache  de  la  route  de  la  Corniche, 
et  qui,  par  parenthèse,  oiîre  des  perspectives  admirables,  on  ne 
quitte  pas  le  système  crétacé.  Lorsqu'on  a  dépassé  une  arête  qui 
monte  jusqu'au  fort  de  la  Révère,  les  couches  crétacées  se  présen- 
tent sous  forme  de  grès  blanchâtres,  compacts,  peu  fossilifères. 

J'ai  observé  là  :  Echinocorys  sp.,  Inoceramus  sp.,  Spongiaires 
siliceux. 

Par  analogie  avec  la  localité  de  Gorbio  dont  je  parlerai  plus  loin, 
je  rapporte  ces  couches  à  l'étage  sénouien,  et  j'y  vois  un  des  niveaux 
inférieurs  de  l'étage. 

En  se  rapprochant  d'Eze,  on  voit  d'autres  assises,  inférieures  à 
celles-ci,  assez  diverses  d'aspect,  tantôt  jaunâtres  et  très  calcaires 
avec  des  portions  grumeleuses,  parfois  marneuses  et  bleuâtres, 
ressemblant  alors  au  Cénomauien  d'autres  localités.  Je  n'ai  pu  y 
découvrir  aucune  trace  de  fossiles.  Ces  assises  sont  très  puissantes, 
car  on  peut  les  suivre  jusqu'au  point  où  le  Crétacé  disparaît  dans 
le  ravin,  par  où  passe  le  sentier  qui  descend  du  village  d'Eze  à  la 
gare.  Je  les  range  dans  le  Cénomauien,  avec  une  légère  incertitude 
faute  de  bonnes  preuves.  Le  Turouieu  serait  il  représenté  par  une 
partie  de  bancs  supérieurs?  Son  existence  étant  problématique 
dans  la  région,  je  penche  pour  la  négative. 

Au  nord-nord-est  d'Eze,  dans  la  direction  du  fort  de  la  Drette, 
le  système  crétacé  occupe  une  certaine  étendue,  et  Reynès  eu  a 
donné  une  coupe  (1).  Cette  coupe  est  trop  schématique,  peu  compré- 
hensible, et  M.  Fallut  en  a  contesté  l'exactitude  pour  la  partie 
comprise  entre  Eze  et  la  mer.  A  mon  tour,  je  ferai  des  réserves 
pour  la  portion  de  la  coupe  qui  est  à  gauche  du  village,  et  je  ne 
suis  pas  sûr  que  la  succession  des  couches  soit  celle  indiquée  par 
Reynès.  Mais  je  reconnais  n'avoir  pu  consacrer  un  temps  suffisant 
à  l'étude  de  cette  localité,  où  aux  difficultés  du  terrain  s'ajoute  celle 
d'être  dans  une  zone  militaire. 

(1)  Op.  cit.,  p.  53,  fig.  11. 


1899  DU   SYSTÈME  CRÉTACÉ  DANS   LES  ALPES-MARITIMES  415 

Ce  qu'il  y  a  de  certain,  c'est  que  la  route  de  la  Corniche  entame 
le  Cénomanien  près  de  la  bifurcation  du  chemin  qui  conduit  à  Eze. 
On  le  suit  à  la  descente,  où  j'ai  remarqué  :  Scklœnbackia  varians 
Sow.,  Ilolaster  subglobosus  Leske. 

Un  peu  plus  bas,  on  trouve  le  Gault.  Mes  observations  concor- 
dent du  reste  avec  les  indications  qu  avait  bien  voulu  me  donner 
M.  Ambayrac,  professeur  au  Lycée  de  Nice,  et  dont  je  suis  heureux 
de  le  remercier. 

Le  Gault  se  présente  sous  la  forme  d'un  calcaire  dur,  jaune,  pétri 
de  glauconie.  Il  serait  sans  intérêt,  pour  une  couche  aussi  bien 
définie,  de  donner  la  liste  des  fossiles  que  j'ai  recueillis,  et  de  ceux 
que  j'ai  vus  au  Musée  de  Nice.  Je  signalerai  seulement  l'abondance 
relative  des  Bélemniies  et  des  Brachiopodes,  par  rapport  aux 
gisements  classiques  de  Bellegarde-sur-Valserine  et  autres. 

Abandonnons  maintenant  les  hauteurs,  et  descendons  près  de  la 
mer,  au  voisinage  de  la  gare  qui  porte  le  nom  d'Eze,  malgré  la 
différence  des  altitudes.  Là  se  trouve  le  gisement  albien  décrit  par 
M.  Fallot  en  1884.  J'ai  essayé  plusieurs  fois,  mais  en  vain,  de  le 
découvrir.  Il  est  difficile  de  l'atteindre  sans  être  guidé,  d'autant 
qu'il  est  généralement  oblitéré  par  les  éboulis.  M.  Fallot  a  reconnu 
des  marnes  cénomaniennes  par-dessus  ce  lambeau  de  Gault.  Moi- 
même,  près  de  là,  à  l'ouest  de  la  gare,  dans  le  vallon  qui  est  au 
nord  du  cap  Roux,  j'ai  observé  des  calcaires  compacts,  glaucouieux, 
inclinés  à  l'est  de  45  degrés,  et  paraissant  succéder  à  des  marnes 
ou  calcaires  marneux.  J'y  ai  recueilli  plusieurs  exemplaires  d'Exo- 
gyra  eolumba  Lam. 

Le  seul  détail  exact  de  la  coupe  de  Reynès  (considérée  comme 
schématique),  serait  donc  la  mention  faite  dans  le  voisinage  de  la 
mer  de  bancs  d'Exogyra  eolumba  superposés  aux  fossiles  rhoto- 
magiens. 

Il  est  assez  remarquable,  en  effet,  de  trouver  VExogyra  eolumba 
dans  l'intérieur  du  pli  compris  entre  le  cap  Roux  et  la  pointe  du 
Cabuel.  Sur  les  hauteurs  d'Eze,  à  Laghet,  et  à  la  Turbie,  le  Céno- 
manien est  absolument  pélagique,  et  l'on  ne  découvre  dans  ces 
localités  aucune  trace  d'Ost racées.  Dans  la  presqu'île  de  Saint- 
Hospice,  je  dirai  au  contraire  que  ce  faciès  d'Ostracées  existe  seul. 
Le  point  que  j'indique  eu  ce  moment  se  relierait  donc  avec  le  banc 
â'Exogyra  eolumba  appelé  par  M.  Fallot,  Rompe-Talon,  plus  exac- 
tement Monciaco),  qui  n'est  pas,  du  reste,  à  une  bien  grande 
distance,  mais  est  séparé  d'ici  par  le  Jurassique  du  Cap  Roux  et  le 
Sénonieu  de  Beaulieu. 


416 


»JL 


DE   RIAZ.    —    CONTRIBUTION   A    L  ETUDE 


19  Juin 


Je  reviens  maintenant  à  la  vallée  du  Paillon  où  m'avait  amené  le 
vallon  de  Laghet,  à  la  Trinité  Victor.  Là,  on  observe  sur  la  rive 
droite  des  couches  sénoniennes  signalées  par  M.  Fallot,  et  qui  pré- 
sentent une  disposition  en  éventail  assez  singulière.  Il  ne  m'est  pas 


12         3  4  5         0 

1,  2.  3,  4,  Bancs  sans  fossiles  ;  5,  Couche  à  Inocérames  ;  (>,  Couche  à  Micraster. 


possible  de  dire  si  les  Inocérames  sont  placés  au  dessus  ou 
au-dessous  des  Micraster.  Ces  Micraster  ne  sont  pas  abondants. 
J'en  ai  recueilli  un  seul  déterminable,  qui,  d'après  M.  Lambert,  est 
le  Micraster  eoranguinum  Kl. 

Cette  observation  concorde  avec  celle  de  M.  Fallot,  qui  avait 
annoncé  la  présence  de  cette  espèce.  J'ai  su  que  les  échantillons 
qu'il  a  déposés  à  la  Sorbonne  ont  été  contrôlés  par  Hébert.  Il 
ne  saurait  donc  y  avoir  de  doute  sur  l'existence  d'un  des  niveaux 
inférieurs  du  Sénonien  (Santonien),  en  face  de  la  Trinité-Victor. 

En  remontant  la  vallée,  on  trouve  le  bombement  qui  fait  appa- 
raître au-delà  de  Drap,  le  Cénomanieu,  et  même  peut-être  des  hori- 
zons plus  anciens  (1).  A  Pont  de  Peille,  sur  Ja  rive  droite  du 
Paillon  (2),  j'ai  revu  les  marnes  à  Holaster  subglobosns.  En  face,  sur 
la  rive  gauche,  où  M.  Fallot  avait  vu  une  couche  i^lauconieuse  qui 
lui  semblait  être  le  Gault,  j'ai  découvert  de  nombreuses  Bélemnites 
malheureusement  fort  difficiles  à  détacher.  Elles  me  paraissent 
appartenir  à  un  étage  plus  ancien,  Hauterivien  ou  Barrémien,  car 
ce  pourrait  être  :  Hibolites  subfmiformis  ?  Rasp.,  //.  pistilliformis? 
Blainv.  Les  Bélemnites  sont  accompagnées  d'Ammonites  indétermi- 
nables, parmi  lesquelles  serait  représenté  le  genre  Desmoceras. 
L'observation  est  donc  peu  concluante. 

Ce  banc  glauconieux,   d'une  épaisseur  insignifiante  et  de  peu 

(1)  Fallot.  Crétacé  du  sud-est  de  la  France,  p.  135.  Op.  cit. 

(2)  lu.,      B.  S.  G.  F.f  t.  XIV,  p.  8.  Une  erreur  typographique  indique  rive 
gauche,  au  lieu  de  rive  droite. 


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1899  DU   SYSTÈME  CRÉTACÉ  DANS  LES   ALPES-MARITIMES  417 

d'étendue,  est  presque  plaqué  sur  des  calcaires  très  durs  qui  appar- 
tiennent probablement  au  système  jurassique. 

Plus  loin,  en  suivant  la  route  de  Turin,  après  des  couches  qui 
semblent  sans  fossiles,  et  où  il  serait  téméraire  de  voir  l'étage  turo- 
nieu  par  la  seule  raison  qu'elles  sont  comprises  entre  le  Céno- 
manien  et  le  Sénonien,  on  retrouve  ce  deruier  étage  :  c'est  même 
un  niveau  assez  élevé  du  Sénonien  qui  apparaît  immédiatement, 
du  point  marqué  Gando  à  la  pointe  de  Contes  et  à  Font-de-Giariel. 
Ce  gisement  de  Font-de-Giariel  a  été  signalé  plusieurs  fois;  et  si 
tous  les  auteurs  sont  d'accord  pour  y  voir  un  horizon  haut  placé  du 
Sénonien,  ils  ne  s'accordent  pas  complètement  sur  la  détermination 
des  Echinides  qu'on  y  récolte. 

M.  Lambert  a  reconnu  parmi  mes  échantillons  :  Micrasttr  gibbus 
Lam.,  dont  un  individu  surtout  lui  paraît  tout  à  fait  typique  (voir 
les  figures  de  M.  Lambert,  B.  S.  G.  F.,  t.  XXIV,  pi.  XII,  fig.3et  4). 

M.  Schlûter,  de  Bonn,  conteste  que  Mici aster  (pour  lui  Epiaster) 
gibbus  se  trouve  ici.  L'espèce  n'est  pas  interprétée  de  la  même  façon 
en  Allemagne  et  en  France. 

Cotteau  (Echinides  fossiles  de  l'Yonne)  a  indiqué  Micraster  gibbus 
à  la  Palarea  (même  localité  que  Font-de-Giariel)  (1). 

M.  Fallot  a  rapporté  ce  type  à  Micraster  cordatus  Ag.,  qui,  d'après 
Cotteau,  ne  serait  qu'une  variété  du  Micraster  gibbus. 

Micraster  Brongniarti  Héb.  var.  Sismondœ  Lamb.  Serait-ce  cette 
forme  que  Cotteau  a  rapportée  à  Micraster  glyphus  Schlût.  (2)? 
Mais  M.  Schlûter,  qui  a  bien  voulu  examiner  quelques-uns  de  mes 
échantillons,  dit  qu'ils  ne  sont  pas  conformes  à  ceux  de  la  West- 
phalie,  et  ne  peuvent  être  réunis  à  l'espèce  qu'il  a  créée  (3). 

Ces  deux  Micrastvr  sont  les  fossiles  les  plus  intéressants  et  les 
plus  abondants  du  gisement  :  malheureusement  ils  sont  souvent 
écrasés. 


(1)  La  Palarea  est  un  château  situé  sur  la  hauteur,  et  déjà  sur  le  Tertiaire  qui 
commence  à  côté  même  de  l'endroit  nommé  Font-de-Giariel.  Le  nom  de  couches 
de  la  Palarea  ayant  été  généralement  donné  à  celles  qui  correspondent  a  l'étage 
parisien,  il  me  semble  qu'on  peut  éviter  toute  confusion  en  appelant  le  gisement 
sénonien  Font-de-Giariel,  ce  qui  est  du  reste  rigoureusement  exact,  et  en  réser- 
vant le  nom  de  la  Palarea  aux  assises  éocènes. 

[t)  Echinides  fossiles  de  l'Yonne,  étage  sénonien.  Il  continue  l'existence  de  ce 
type  à  la  Palarea  en  1874  (Echinides  crétacés  du  Hainaut,  H.  S.  G.  F.y  t.  II,  p.  0*57). 

(3)  Voir  pour  des  détails  sur  Micraster  gibbus  et  sur  Micraster  glyphus  :  Notes 
pour  servir  à  l'histoire  du  terrain  de  Craie  dans  le  sud-est  du  bassin  anglo-pari- 
sien, par  M.  A.  Péron,  avec  description  des  Echinides  par  MM.  Gauthier  et 
Lambert  [Bull.  Soc.  Se.  hist.  H  nat.  de  l'Yonne,  1887). 

31  Octobre  1899.  —  T.  XXVII.  Bull.  Soc.  Géol.  Fr.  —  27 


418  DE  RIAZ.   —  CONTRIBUTION  A   L'ÉTUDE  19  Juin 

En  outre  j'ai  recueilli  : 

Inoceramus  Crispi  Mant.  (signalé  par  M.  Fallot),  Heteroceras  sp., 
Spongiaires. 

Le  fossile  caractéristique,  c'est  Micraster  Brongniarti  Héb.,  bien 
qu'il  diiïère  quelque  peu  du  type,  et  soit  une  variété  régionale. 
Nous  pouvons  donc,  à  mon  avis,  placer  le  gisement  de  Font-de- 
Giiiriel  sur  l'horizon  de  la  craie  de  Meudon. 

M.  Péron  disait,  il  y  a  quelques  années,  que  cet  Echinide  était 
tellement  spécial  à  la  localité  de  Meudon,  qu'on  ne  le  trouvait  pas  en 
Champagne,  et  que  la  citation  qui  en  avait  été  faite  dans  l'Yonne 
lui  semblait  mériter  confirmation.  Depuis  ce  moment,  M.  deGros- 
souvre  a  reconnu  ce  fossile  dans  le  centre  de  la  France,  au-dessus 
de  la  craie  de  Villedieu,  et  n'a  pas  hésité  à  placer  la  craie  à  silex  qui 
le  contient  au  niveau  du  Sénonien  supérieur  à  Bélemnitelles. 

La  route  de  Contes-les-Pins  s'embranche  sur  celle  de  Turin  pour 
remonter  un  vallon  latéral  dirigé  vers  le  nord-nord  est.  1.500  mètres 
environ  avant  le  village,  on  rencontre  les  carrières  de  chaux 
hydraulique,  que  je  laisse  un  instant,  pour  parler  d'abord  du  banc 
à  Micraster  qui  se  trouve  en  montant  de  Contes  à  la  Madone, 

C'est  de  là  que  provieut  Micraster  arenatus  Sism.  Le  créateur  de 
l'espèce  n'indique  pas  d'autre  gisement,  tandis  que  je  l'ai  rencontrée 
aussi  à  Saint-Hospice.  J'ai  pu  recueillir,  en  effet,  un  certain  nombre 
d'individus  plus  ou  moins  écrasés.  De  plus,  j'ai  eu  entre  les  mains 
un  magnifique  exemplaire,  parfaitement  intact,  de  cette  espèce 
intéressante  qui  a  passé  sous  les  yeux  de  M.  Lambert  (1)  :  il 
appartient  au  Musée  de  Menton,  et  avait  été  mis  à  ma  disposition 
par  le  Directeur,  M.  Bonfils  (2),  à  qui  j'offre  tous  mes  remerciements. 
Echinocorys  vulgaris  Breyn.  se  rencontre  également,  mais  moins 
abondant. 

(1)  Voici  ce  que  M.  Lambert  m'écrit  à  ce  sujet  :  «  Micraster  arenatus  était  une 
espèce  oubliée  depuis  Sismonda,  ou  réunie  à  Micraster  coranguitium.  En  1895, 
j'ai  cru  devoir  rétablir  l'espèce,  et  en  rappeler  les  caractères  d'après  Sismonda, 
en  montrant  que  les  réunions  proposées  par  Agassiz  et  Cotteau  étaient  incompa- 
tibles avec  les  descriptions  si  exactes  de  l'auteur  piémontais.  Vos  découvertes 
sont  venues  eonlirmer  complètement  mes  vues  a  ce  sujet,  car  j'étais  obligé 
«l'avouer  n'avoir  jamais  vu  l'espèce  en  nature,  et  des  doutes  restaient  possibles.  » 

i'1)  .le  suis  heureux  de  rendre  hommage  ici  à  la  bienveillance  de  M.  Bonfils, 
et  à  l'activité  avec  laquelle  il  a  su  créer  un  musée  local  très  intéressant.  Les 
géologues  y  remarqueront  une  belle  collection  du  Plaisancien  de  Castel  d'Appio, 
ainsi  que  les  crânes  et  objets  préhistoriques  recueillis  dans  les  cavernes  des 
Baoussi-Rossi.  De  plus  on  a  collectionné  des  oiseaux,  coquillages,  médailles, 
poteries,  etc.,  de  la  région.  Toutes  les  petites  villes  devraient  tenir  à  honneur 
d'avoir  un  semblable  musée,  qui  est  fort  instructif. 


1899  DU    SYSTÈME  CRÉTACÉ  DANS   LES   ALPES-MARITIMES  419 

Nous  n'avons  pas  ici  les  mômes  espèces  qu'à  Font-de  Giariel  ;  j'ai 
tout  lieu  de  croire  néanmoins  que  les  couches  qui  les  contiennent 
sont  au  même  niveau,  ou  à  peu  près,  passant  les  unes  et  les  autres 
sous  les  couches  à  Ammonites  des  carrières  de  ciment.  Si  des  études 
ultérieures  amènent  à  distinguer  les  couches  à  Micraster  arenatus 
de  la  Madone,  de  celles  à  Micraster  gibbus  et  Micraster  Brongniarti 
de  Font-de-Giariel,  je  ne  crois  pas  qu'on  puisse  les  écarter  beaucoup 
ni  l'une  ni  l'autre,  de  l'horizon  de  la  craie  de  Meudon.  Peut-être 
Micraster  arenatus  indiquerait-il  l'assise  inférieure  et  Micraster  Bron- 
gniarti  var.  Sismondœ,  l'assise  supérieure  de  cet  horizon. 

Au-dessus  de  ces  couches  à  Echinides  de  Font-de-Giariel  et  de 
la  montée  de  Contes  à  la  Madone,  viennent,  pour  terminer  l'étage 
sénonien  de  la  contrée,  les  bancs  à  Ammonites  des  carrières  de 
Contes-les-Pins. 

Je  renvoie  à  la  coupe  relevée  par  M.  Baron,  et  donnée  par 
M.  Fallot  (1).  Les  bancs  de  Font-de-Giariel  à  Micraster  gibbus  et 
Micraster  Brongniarti  var.  SismuncUe  ne  représentent  pas  la  partie 
tout  à  fait  supérieure  de  l'étage.  Ils  ne  sont  cependant  séparés  de 
l'Eocène  que  par  quelques  assises  de  peu  d'épaisseur,  où  je  n'ai  pu 
découvrir  de  fossiles,  et  qui  semblent  plutôt  la  continuation  des 
bancs  à  Micraster  :  je  me  garderais  de  chercher  à  y  voir  l'horizon  à 
Ammonites,  ou  la  représentation  de  l'étage  danien. 

Quelles  sont  ces  Ammonites  de  Contes?  Elles  sont  grandes, 
mais  rares.  M.  Fallot  a  indiqué  :  Pachydiscus  neubergicus  von  Hauer, 
P.  ootacodensis  Stol.,  Sonneratia  blanfordiana  Stol.  Ces  deux  der- 
nières espèces  de  l'Arialoor  group  de  l'Inde. 

Dans  sa  belle  description  des  Ammonites  de  la  Craie  supérieure, 
M.  de  Grossouvre  a  décrit  et  figuré  de  Contes-les-Pins  :  Mortoniceras 
catnpaniense  de  Gross.,  Pachydiscus  Levyi  de  Gross.  Je  possède  moi- 
même  un  bel  exemplaire  de  cette  dernière  espèce  :  je  le  dois  à 
l'extrême  obligeance  de  M.  Bourgouguon,  ingénieur  des  Ponts  et 
Chaussées  à  Nice,  auquel  je  renouvelle  mes  remerciements. 

M.  de  Grossouvre  attribue  à  ces  deux  Ammonites  l'horizon  P'  de 
M.  Arnaud,  ou  Campanieu  inférieur  :  Mortoniceras  campaniense 
occuperait  cette  place  dans  les  Charentes.  Je  crois  que  les  couches 
des  carrières  de  Contes  sont  d'uu  âge  plus  récent,  et  sont  du  Cam- 
panien  très  supérieur.  Cela  pour  deux  raisons  :  d'abord,  parce  que 
nous  sommes  au-dessus  d'une  assise  à  Micraster  Brongniarti  var. 
qui  me  paraît  l'équivalent  de  la  craie  de  Meudon  ;  et  à  cause  de  la 
présence  de  Pachydiscus  neubergicus,  espèce  citée  par  M.  Fallot  des 

[i)  Crétacé  du  sud-est  de  la  France,  p.  137.  Op.  cit. 


420  DE   RIAZ.   —  CONTRIBUTION   A   L'ÉTUDE  19  J 11  111 

collections  de  la  Sorbonne,  et  doot  la  détermination  doit  être 
incontestable.  Cette  espèce  occupe  un  niveau  très  élevé  du  Sénonien 
(grande  carrière  de  Tercis  avec  Micraster  aturicus,  Micraster  corco- 
lumbarium  et  Echinocorys  Heberli).  Si  M.  de  Grossouvre  a  raison 
de  réunir  P.  Jacquoti  Seunes  à  P.  neubergicus  von  Hauer,  l'espèce 
monterait  jusqu'à  l'extrême  limite  supérieure  de  l'étage  sénonien 
(calcaires  à  Stegaster  de  Gau). 

Il  y  a  là  une  légère  incertitude  paléontologique,  les  Ammonites 
de  la  Craie  supérieure  n'étant  peut-être  pas  connues  encore  avec 
toute  la  précision  désirable.  Sommes-nous  bien  sûrs  aussi  que  les 
parallélismes  auxquels  nous  nous  référons  actuellement,  entre  les 
bassins  du  Beausset,  des  Pyrénées,  des  Charentes,  et  du  grand 
bassin  anglo-parisien,  soient  définitifs?  Enfin,  dans  l'état  actuel 
de  la  science,  l'horizon  à  Ammonites  de  Contes  représente  la  craie 
de  Koyan  ou  le  commencement  du  Maestrichtien,  puisque  la  craie 
de  Maestricht  est  maintenant  réunie  à  l'étage  sénonien. 

On  aura  déjà  remarqué  que  le  faciès  du  Crétacé  supérieur  est  ici 
un  faciès  complètement  septentrional  :  des  Echinides,  quelques 
grandes  Ammonites,  point  d'Hippurites.  Il  y  a  lieu  de  trouver  le 
fait  remarquable,  à  une  si  faible  distance  des  récifs  du  Beausset  et 
des  Martigues. 

Pour  achever  ce  qui  se  rapporte  aux  vallées  aboutissant  à  Nice, 
je  dirai  que  le  Crétacé  de  la  vallée  de  Contes  va  se  relier  à  celui  de 
la  vallée  de  Tourette  par  Châteauneuf-de-Ville  Vieille,  près  duquel 
on  trouve  le  Gault,  d'après  M.  Ambayrac  et  d'autres  observateurs. 
Je  n'ai  pas  fait  ce  trajet  moi-même  ;  mais  dans  la  réunion  de  1877, 
la  Société  a  vu  en  aval  de  Tourette  le  Néocomien,  le  Gault  et  le 
Cénomanien.  J'ai  recueilli,  moi  aussi,  près  des  Moulins,  Acantlto- 
ceras  naviculare  Mant.  Il  y  aurait  encore  à  faire  des  recherches 
autour  de  Châteauueuf  et  en  amont  de  Tourette,  où  la  carte  de 
M.  Caméré  indique  que  le  système  crétacé  se  prolonge  fort  loin. 

2°  Villefranche,  Beaulieu,  Saint-Hospice. 

Sur  la  carte  de  M.  Caméré,  les  environs  de  Villefranche  et  de 
Beaulieu,  et  toute  la  presqu'île  de  Saiut  Hospice  figurent  comme 
Crétacé,  sans  distinction  d'étages.  Mes  observations  ne  m'ont  révélé 
l'existence  que  de  deux  étages  distincts  :  le  Cénomanieu  et  le  Séno- 
nien, celui-ci  probablement  avec  deux  horizons.  C'est  ce  qu'avait 
déjà  vu  M.  Fallut,  mais  j'entrerai  dans  quelques  détails. 

Près  de  Villefranche,  au  bord  de  la  mer,  au  pied  du  petit  tunnel 


1899  DU   SYSTÈME  CRÉTACÉ  DANS   LES  ALPES-MARITIMES  421 

qui  suit  de  très  près  la  gare  lorsqu'on  vient  de  Nice,  j'ai  vu  des 
couches  crétacées  presque  verticales.  Cependant  l'inclinaison  est  du 
côté  de  l'est  :  on  comprend  que  c'est  dans  ce  sens  qu'elles  ont  été 
placées  par  les  soulèvements  énergiques  qui  ont  porté  à  leur  hau- 
teur actuelle  les  formations  jurassiques  avoisinantes.  Ces  couches 
sont  des  calcaires  assez  compacts,  à  peine  glauconieux,  plutôt 
blanchâtres.  VExogyra  columba  y  est  fréquente.  Je  les  classe  à  la 
partie  supérieure  du  Cénomanien.  C'est  probablement  l'endroit 
appelé  Deux-Rubs  par  Risso,  qui  y  avait  reconnu  des  Gryphées. 
A.  Sismonda  aussi  a  parlé  de  VExogyra  columba  à  Villcfranche,  sans 
la  rapporter  à  un  étage  déterminé. 

Un  peu  plus  loin,  à  Test,  on  voit  d'autres  assises  qu'il  est  difficile 
de  raccorder  avec  les  précédentes,  car  les  observations  intermé- 
diaires font  défaut.  Ces  nouvelles  assises  sont  de  grès  verdàtres 
avec  des  délits  spathiques.  Leur  inclinaison,  tout-à  fait  différente 
des  couches  à  Exoyyra  columba,  est  de  45  degrés  nord  ouest  : 
bientôt  les  bancs  deviennent  horizontaux,  puis  se  renversent  au 
sud  ou  sud-est,  en  allant  butter  contre  le  Jurassique  du  cap  Ferrât. 
Le  petit  cap  (1)  qui  s'avance  au  fond  de  la  baie  de  Villefranche 
représente  donc  une  voûte  anticlinale.  de  dimensions  bieu  modestes 
d'ailleurs  par  rapport  aux  grands  escarpements  de  la  contrée  :  On 
se  serait  plutôt  attendu  à  trouver  ici  le  centre  d'un  pli  synclinal 
auquel  serait  due  la  formation  de  la  baie  de  Villefranche. 

Quel  est  l'Age  de  ces  assises?  En  venant  de  l'ouest,  je  n'ai  pu 
apercevoir  aucun  fossile.  A  la  retombée  de  la  voûte,  sur  la  route 
de  Villefranche  à  Saint-Jean,  j'ai  observé  des  lumachelles  de  petites 
Huîtres  et  autres  petits  fossiles  empâtés.  Ce  n'est  pas  concluant; 
mais  par  analogie  avec  les  couches  de  Saint-Hospice  dont  je  discu- 
terai tout-à  l'heure  le  niveau  précis,  je  classerai  ces  assises  qui 
bordent  le  nord-est  de  la  baie  de  Villefranche  dans  le  Sénonien 
supérieur  (Campanien). 

Près  de  ces  points  qui  bordent  le  rivage,  M.  Ernest  Chantre,  le 
célèbre  anthropologiste,  a  recueilli  des  fossiles  il  y  a  plus  de  30 ans, 
avant  la  construction  du  chemin  de  fer.  lia  eu  lVxtrôme  obligeance 
de  me  les  communiquer,  et  M.  Lambert  y  a  reconnu  :  Echinocorys 
vulgaris  Breyn.  ( Ananchytes gibba  Lam.),  Micraster  corbaricus  Lamb. 
(M.  brevis  auctorum),  Micra&ter  coranguinum  Kl.  Ces  trois  espèces 
annoncent  le  Sénonien  inférieur.  Y  aurait-il  deux  horizons,  l'un  à 
Micraster  corbaricus  (Coniacien),  l'autre  à  Micraster  coranguinum 

(1)  Il  n'a  pas  do  nom  sur  la  carte  :  le  point  désigné  par  Risso  sous  le  nom  de 
Grosueil  serait  l'anse  à  l'est  du  cap. 


422  DE  RIAZ.    —  CONTRIBUTION   A   L'ÉTUDE  19  jllill 

(Santonien)?  Je  ne  sais,  les  souvenirs  de  M.  Chantre  étant  trop 
anciens  pour  être  précis  :  il  croit  avoir  récolté  ses  fossiles  sur  des 
talus  à  forte  pente,  où  ils  pouvaient  donc  être  mélangés.  D'autre 
part,  M.  Fallot,  dans  certains  points  des  Basses-Alpes,  n'a  pu 
séparer  les  niveaux  à  Micraster  cortestudinarium  et  à  Micraster 
coranguinum;  et  il  n'y  aurait  pas  d'impossibilité  à  ce  que  nous  nous 
trouvions  ici  en  présence  d'un  phénomène  analogue.  Mais  faute  de 
preuves  suffisantes,  je  ne  puis  pas  donner  une  conclusion  plus 
précise  que  l'existence  d'un  niveau  inférieur  de  l'étage  Sénonien. 

J'ai  vainement  essayé  de  revoir  les  gisements  où  M.  Chantre  avait 
fait  ces  récoltes.  Par  suite  de  la  forte  déclivité  du  terrain,  les  murs 
de  soutènement  successifs  du  chemin  de  fer,  de  la  route  nationale 
et  des  propriétés  privées,  masquent  aujourd'hui  toute  la  surface 
autrefois  observable.  C'est  évidemment  des  mêmes  parages  que 
provinrent  les  Micraster  donnés  par  M.  Hermite  à  la  Sorbonne,  et 
d'après  lesquels  M.  Fallot  admit  l'existence  du  Sénonien  à  Beaulieu, 
sans  indiquer  de  niveaux  précis.  Je  me  suis  informé  à  la  Sorbonne 
si  ces  Micraster  auraient  été  déterminés  depuis  cette  époque  ;  il  m'a 
été  répondu  qu'ils  étaient  actuellement  dans  des  caisses,  et  qu'on 
ne  pouvait  me  renseigner. 

Au  nord-est  de  Beaulieu,  au-delà  de  la  batterie,  j'admets  que 
c'est  le  Sénonien  qui  affleure  le  long  de  la  mer,  bien  que  les  talus 
soient  à  présent  masqués,  et  que  je  n'aie  pu  faire  là  aucune  obser- 
vation précise  ;  les  couches  sont  un  peu  marneuses,  et  pourraient 
être  la  continuation  des  bancs  à  Echinicles,  car  les  échantillons 
qui  m'ont  été  communiqués  sont  bien  dégagés. 

Un  peu  à  l'ouest  de  la  batterie,  le  long  de  la  mer,  sous  l'hôtel 
Métropole  et  à  la  pointe  de  Pierre-Formigue,  on  voit  aussi  le  Séno- 
nien sous  la  forme  de  grès  très  durs  à  Huîtres  et  à  (Gastéropodes  ;  et 
la  même  couche  se  relie  à  l'anse  de  Grosueil  par  la  hauteur  de  la 
villa  Miramar  un  peu  au  nord  du  point  marqué  65  sur  la  carte 
d'Etat-major.  Sur  la  hauteur  les  Polypiers  dominent.  Les  fossiles 
sont  extrêmement  difficiles  à  extraire. 

Je  citerai  sur  le  rivage  dans  les  bancs  rongés  par  la  vague:  Exo- 
gyraplicifera  Duj.,  Turritella  sp.,  etc.,  et  sur  la  hauteur  :  Rhyncho- 
nella  ccspertilio  d'Orb.,  Exogyra  plicifcra  Duj.,  Ostrea  resicularis 
(jeune)  Lam.,  Cyclolites  sp.,  Placosmilia  atnriformis  ?  Edw.  et  H. 

Vers  le  point  05  et  au-delà,  sur  la  crête  entre  les  baies  de 
Beaulieu  et  de  Villefranche,  on  voit  des  couches  analogues,  malgré 
de  très  légères  différences  ;  elles  sont  plus  tendres  et  plus  blanches; 
Les  Huîtres  qu'elles  contiennent  sont  un  peu  plus  grandes  ;  au  lieu 


1899  DU   SYSTÈME  CRÉTACÉ   DANS   LES  ALPES-MARITIMES  423 

de  se  rapporter  à  Kxogyra  plicifera  Duj.  elles  appartiennent  presque 
toutes  à  une  autre  espèce  :  Ostrea  proboscidea  d'Arch. 

Les  mêmes  Huîtres  se  retrouvent  au  nord  de  l'isthme  qui  relie ;iu 
continent  la  presqu'île  de  Saint-Hospice,  à  150  mètres  environ  d'alti- 
tude. Les  couches  marneuses  qui  les  contiennent  succèdent  à  des 
marno-calcaires  un  peu  glauconieux,  où  je  n'ai  pu  découvrir  de 
fossiles.  Probablement  ces  marno  calcaires  descendent  jusqu'à  la 
mer,  où  ils  sont  masqués  par  la  voie  ferrée,  entre  le  Cénomanieu 
du  tunnel  de  Deux-Rubs  et  le  Sénonien  de  Beaulieu  :  Leur  classe- 
ment reste  incertain,  tandis  que  les  bancs  tl9 Ostrea  proboscidea  sont 
sénoniens  comme  presque  toute  la  presqu'île. 

Si  maintenant  on  Se  dirige  de  Beaulieu  vers  Saint  Hospice  par  le 
sentier  qui  longe  la  mer,  on  voit  d'abord,  près  de  la  villa  Vial,  des 
couches  verticales  faisant  front  à  Test.  Leur  faciès  gréseux  et  la 
présence  de  quelques  petites  Huîtres  prouvent  qu'elles  sont  la 
continuation  des  falaises  de  Grosueil  et  de  Pierre-Fonnigue. 

200  mètres  plus  loin,  avant  le  promontoire  de  Rompe  Talon,  sont 
des  couches  qui  plongent  à  Test  de  45  degrés,  et  qui  offrent  des 
lumachelles  d'assez  grosses  Huîtres  où  Y  Ostrea  vesicularis  est  pré- 
dominante. Elle  est  accompagnée  de  Ostrea  proboscidea  d'Arch., 
Exogyra  plicifera  Duj.,  Pecten  sp.,  Cardium  (assez  grosse  forme 
sphérique),  Terebratula  sp.,  Rhynchonella  difformis  d'Orb. 

La  roche  est  dure,  et  l'on  ne  peut  guère  observer  que  les  fossiles 
détachés  par  la  vague. 

Cette  observation  m'a  paru  intéressante.  VOstrea  vesicularis  h  été 
signalée  dans  la  Drôme  et  dans  les  Basses-Alpes;  mais  peut-être 
d 'avait-il  pas  encore  été  découvert  dans  le  sud-est  de  la  France,  un 
banc  qui  en  fût  presque  entièrement  composé  (1). 

200  mètres  environ  encore  au-delà  de  ce  point,  la  falaise  est  for- 
mée par  des  grès  très  durs,  remplis  de  silex.  Ils  sont  légèrement 
glauconieux,  comme  les  précédents,  mais  présentent  des  veines 
spathiques  nombreuses.  La  faune  se  compose  à  peu  près  exclusive- 
ment de  petites  Exogyra  plicifera  fort  nombreuses,  avec  de  rares 
Lamellibranches.  Le  plongement  ici  est  à  l'ouest.  On  peut  donc 
remarquer  que  la  presqu'île  est  entièrement  disloquée,  et  qu'on  ne 
peut  guère  compter  sur  une  succession  stratigraphiquc  régulière. 
Les  Huîtres  sont  d'ailleurs  peu  concluantes,  et  il  uous  faut  arriver 
tout-à-fait  à  l'extrémité  de  la  presqu'île  pour  découvrir  un  fossile 
vraiment  caractéristique. 

(1)  Tchihatcheff  après  avoir  indiqué  Gryphxa  cotumba  à  Heaulicu,  signale 
Gryphœa  vesicularis  à  Villefranche  (?). 


424  DE  RIAZ.    — -   CONTRIBUTION   A   L'ÉTUDE  19  juin 

Mais  avaut,  immédiatement  après  la  pointe  nommée  Monciaco 
sur  la  carte  d'Etat- major,  un  sentier  menant  au  bas  de  la  falaise 
assez  haute  et  très  escarpée  à  cet  endroit,  permet  de  faire  une 
observation  qui  diffère  complètement  des  précédentes.  Des  couches 
glauconieuses  plongent  au  nord  est  avec  une  inclinaison  que  j'évalue 
à  60  degrés.  Elles  sont  pétries  à  certaines  places  d'Exogyra  columba 
d'assez  grande  taille.  Je  n'ai  remarqué  en  outre  que  de  très  petits 
Polypiers.  Nous  avons  donc  à  cette  place  l'étage  cénomanien  avec  un 
faciès  littoral.  Cette  observation  a  été  faite  avant  moi  par  M.  Fallot  ; 
toutefois  je  ferai  remarquer  qu'en  appelant  le  gisement  Rompe- 
Talon,  il  a  commis  une  légère  inexactitude,  car  ce  point  est  plus 
rapproché  du  hameau  de  Saint-Jean,  il  est  au  sud  du  deuxième  cap 
dénommé  sur  la  carte. 

Ces  assises  qui  correspondent  tout-à-fait  à  celles  du  tunnel  de 
Deux-Rubs,  près  de  la  gare  de  Villefranche,  sont  surmontées 
d'autres  assises  blanchâtres  dépourvues  de  fossiles.  Aucun  motif 
ne  me  permet  d'admettre  ici  l'existence  du  Turonien. 

Le  Sénonien  recommence  à  Saint-Jean  ;  et  vers  l'extrémité  de  la 
presqu'île,  au  nord  de  la  vieille  tour,  les  couches  déchiquetées  par 
la  mer  out  une  inclinaison  de  25  ou  30  degrés  dans  la  direction  du 
nord.  Ce  sont  des  grès  durs  à  silex  comme  près  de  Beaulieu. 
Certains  bancs  sont  pétris  de  petits  fossiles  (Gastéropodes,  Lamelli- 
branches, Polypiers),  tellement  empâtés  qu'on  ne  peut  guère  ni  les 
extraire,  ni  les  déterminer  sur  place. 

Au  midi  de  la  tour,  entre  le  cap  Saint-Hospice  et  la  pointe  du 
Pilon,  on  retrouve  daus  la  falaise  les  mêmes  assises  de  grès  durs  à 
fossiles  empâtés;  mais  j'ai  réussi  à  découvrir  sur  ce  point  des 
Echinides  qui  permettent  d'en  déterminer  l'âge.  L'allure  des 
couches  est  variable  ;  près  du  cap  Saint-Hospice,  elles  sont  horizon- 
tales, puis  elles  penchent  à  l'ouest  de  30  à  35  degrés;  entin,  un 
peu  plus  loin,  elles  penchent  d'autant  en  sens  inverse,  c'est-à-dire 
à  Test  ;  il  n'y  a  pas  de  discontinuité  d:ins  les  bancs  fossilifères,  qui 
ont  seulement  éprouvé  un  affaissement  vers  le  milieu  de  la  falaise. 

Les  bancs  à  Echinides  sont  intercalés  parmi  d'autres  à  petits 
fossiles  formant  lumachelle,  quelques  autres  étant  répandus  spora- 
diquement un  peu  partout.  L'ensemble  parait  indivisible.  11  est  du 
reste  assez  difficile  de  déterminer  quelques-uns  de  ces  petits 
fossiles,  et  la  connaissance  de  quelques  Bivalves  et  Gastéropodes 
importe  peu  pour  le  classement  des  couches. 

J'ai  tenu  à  décrire  en  détail  les  différents  points  de  la  presqu'île  ; 
mais  on  voit  que  ce  sont  les  mêmes  espèces  d'Huîtres  qui  se  retrou- 


1899  DU   SYSTÈME  CRÉTACÉ  DANS   LES   ALPES-MARITIMES  425 

vent  partout,  l'abondance  relative  de  chacune  diversifiant  seulement 
lesgisemeuts.  J'en  conclus  que  si  nous  avons  ici  un  Echinide  carac- 
téristique, nous  pouvons  avec  certitude  fixer  l'horizon  de  tous  ces 
grès  lumachelles. 

Cet  Echinideest  le  Micraster  arenatus  Sism.,  l'espèce  de  la  Madone 
de  Contes.  Après  de  patieutes  recherches,  j'ai  pu  en  dégager  quel- 
ques exemplaires  (ils  sont  très  empâtés  dans  la  roche,  et  les  agents 
atmosphériques  ne  les  dégagent  que  mal).  M.  Lambert  y  a  reconnu 
sans  hésitation  le  type  de  Sismonda.  Nous  avons  donc  dans  la 
presqu'île  de  S1  Hospice,  comme  à  la  Madone  et  à  Font-de-Giariel, 
l'horizon  de  la  craie  de  Meudon  (Campanien).  Si  le  banc  d'Ostrea 
vesicularis  que  j'ai  découvert  près  de  Beaulieu  n'est  point  une 
preuve  décisive,  c'est  au  moins  un  argument  à  l'appui  de  celle  tirée 
de  la  présence  du  Micraster  arenatus. 

Seulement,  au  lieu  de  couches  complètement  pélagiques,  nous 
avons  ici  un  faciès  sublittoral  :  beaucoup  d'Huîtres,  et  des  Echinides 
sur  un  seul  point  très  limité. 

Avec  Micraster  arenatus,  j'ai  récolté  plusieurs  individus  du  genre 
Hemiaster,  appartenant  très  probablement  à  des  espèces  distinctes. 
Ils  n'ont  malheureusement  pu  être  suffisamment  dégagés.M.  Lambert 
croit  que  l'un  d'eux  est  très  voisin  de  Hemiaster  Baroni  Fall.,  des 
grès  de  Dieulefit.  J'ai  recueilli  en  outre  à  S^Hospice  :  Serita  (lors 
même  que  mon  exemplaire  n'est  pas  complet,  il  ne  peut  se  rapporter 
à  Serita  rugosa=  Otostoma  ponticum  Hœn.,  espèce  qui  annopcerait 
un  niveau  plus  élevé),  Turritella  sp.,  Trigonia  Umbata  d'Orb., 
Janira  quadricostata  d'Orb.,  Cyprina  oblonga?  d'Orb.,  Ostrea  vesi- 
cularis jeune  Lam.,  Exogyra  plicifera  Duj.  in  Coq.,  notamment 
formes  de  la  pi.  XXXVI,  fig.  17,  18;  Exogyra  Matheroni  d'Orb., 
pi.  48.j,  fig.  2  (M.  Péron  croit  que  la  véritable  Exogyra  Matheroni  ne 
se  trouve  pas  en  Provence  ;  l'échantillon  que  je  vise  particuliè- 
rement me  semble  conforme,  quoique  plus  petit). 

A  l'est  de  la  pointe  du  Pilon  est  une  anse  où  l'on  revoit  des 
bancs  à  Ostracées  :  Ostrea  proboscidea  d'Arch.,  Exogyra  plicifera 
Duj.,  Rhynchonetla  sp. 

Ces  couches,  toujours  sous  la  forme  de  grès  durs  avec  filets 
spathiques,  se  continuent  à  l'est  pour  former  un  petit  cap,  puis  une 
deuxième  anse  nommée  le  Bouyou,  à  l'extrémité  de  laquelle  se 
trouve  le  Jurassique  du  Sémaphore  et  du  cap  Ferrât. 

Risso  a  signalé  près  de  ce  point  nommé  le  Bouyou  des  couches 
très  fossilifères  contenant  des  Ammonites,  des  Turrilites,  des 
Arches,  etc.  Cette  observation  m'étonne,  car  en  fait  de  niveaux  à 


426  DE   RIAZ.    —   CONTRIBUTION   A   l'ÉTUDK  19  juin 

Ammonites,  il-  o'y  en  a  que  trois  dans  la  contrée  :  le  Gault,  le 
Cénomanien,  et  les  couches  de  Contes-les-Pins  (Sénonien  supérieur). 
A  Contes-les  Pins,  les  Ammonites  sont  rares  et  de  grande  taille;  il 
semble  que  Risso  aurait  mentionné  ces  particularités.  Sa  descrip- 
tion semblerait  pourtant  annoncer  le  Sénonien,  puisqu'il  place  les 
Ammonites  entre  les  calcaires  à  Gryphites  (Cénomanien),  et  le 
Nummulitique.  D'un  autre  côté,  les  Turrilites  feraient  pencher 
pour  un  étage  plus  ancien.  Or,  je  n'ai  point  aperçu  le  Gault  ici  ;  et 
quant  au  Cénomanien,  je  ne  l'ai  vu  dans  toute  la  presqu'île,  ni  avec 
les  fossiles  de  Rouen,  et  le  faciès  marneux  de  Pont-de-Peille  ou  de 
La«;het,  mais  seulement  comme  formé  de  bancs  gréseux  à  Exogyra 
columba.  J'ai  donc  peine  à  croire  à  l'exactitude  du  fait  indiqué  par 
Risso,  tout  en  faisant  remarquer  qu'au  commencement  de  ce  siècle, 
le  terrain  devait  être  bien  plus  facile  à  examiner  en  détail,  qu'à 
présent  où  tout  est  clos  et  cultivé. 

En  résumé  la  constitution  de  la  presqu'île  de  Saint-Hospice 
s'interprète  de  la  manière  suivante  :  le  Cénomanien  existe  au 
milieu  sur  une  étendue  limitée,  et  aux  deux  extrémités  se  trouve 
le  Sénonien,  dont  les  niveaux  supérieurs  prédominent.  En  consé- 
quence, c'est  par  une  voûte  anticlinale  dirigée  nord-sud,  et  rompue 
au  sommet,  que  devrait  s'appliquer  l'iutercalation  des  couches  plus 
anciennes  de  Monciaco.  Mais  les  dislocations  nombreuses  et  les 
changements  perpétuels  d'inclinaison  des  assises  ne  permettent 
guère  de  reconnaître  le  phénomène  dans  sa  simplicité  primitive. 

Le  Cénomanien  était  connu.  M.  Fallot  avait  aussi  annoncé  l'exis- 
tencedu  Sénonien  à  Beaulieu,  M.  Potier  avait  observé  les  grès  à 
Bivalves  et  à  Gastéropodes.  La  découverte  du  Micraster  arenatus 
permet  maintenant  de  classer  positivement  la  plus  grande  partie  de 
la  presqu'île  de  Saint-Hospice  dans  le  Sénonien  supérieur  ou  Cam- 
panien,  au  niveau  de  la  craie  de  Meudon,  tout  en  admettant  vers 
Beaulieu  le  Sénonien  inférieur  qui  n'est  plus  observable  actuelle- 
ment. 

3°  Environs  de  Menton. 

M.  Baron  (1)  s'est  servi  de  l'expression  Bassin  de  Menton,  et  le 
compare  à  une  cuvette.  Je  dirai  plutôt  que  c'est  un  golfe  relevé  au 
nord,  le  mot  cuvette  impliquant  un  espace  qui  aurait  été,  à  un 
moment  donné,  définitivement  fermé  du  côté  de  la  mer,  ce  qui 
n'est  pas  le  cas  ici.  Ce  bassin,  enclavé  dans  les  puissantes  masses 

(I)  n.  s.  <;.  F.,  t.  XXI,  p.  110. 


1899  DU   SYSTÈME  CRÉTACÉ  DANS  LKS   ALPES-MARITIMES  427 

rocheuses  du  Jurassique  supérieur  qui  forment  des  pics  de  1.000 
et  môme  1.200  mètres  d'altitude,  présente  sur  ses  bords  le  Crétacé 
supérieur  très  relevé.  Contre  celui-ci  s'appuie  en  sensible  concor- 
dance l'Eocène  (étage  parisien),  avec  le  faciès  côtier  delà  Palarea  à 
l'ouest  et  au  nord,  avec  le  faciès  pélagique  à  Nummulites  à  Test. 
Au  centre  du  bassin  se  trouve  la  formation  appelée  grès  de  Menton, 
que  M.  Potier  attribue  à  l'Eocène  supérieur.  Il  y  a  bien  cependant 
quelques  accidents  secondaires,  mais  qui  n'infirment  pas  l'exac- 
titude de  la  conception  de  M.  Baron.  Ainsi,  à  100  mètres  environ 
au-dessus  de  l'Hôtel  National,  j'ai  remarqué  des  rochers  juras- 
siques en  place,  sous  forme  d'un  calcaire  très  cristallin  avec 
baguettes  de  Cidaris  et  empreintes  de  Pecten.  Peut-être  est-ce  un 
récif,  peut-être  est-ce  un  éboulement  détaché  des  pics  plus  éloignés. 

Transportons-nous  à  l'ouest,  dans  le  quartier  appelé  Lodola,  vers 
le  commencement  de  la  presqu'île  qui  aboutit  au  cap  Martin.  Un 
petit  vallon,  suivi  par  la  route  nationale,  marque  à  peu  près  la 
limite  des  formations  jurassique  et  crétacée.  Toutefois  le  Crétacé  se 
voyant  aussi  sur  le  côté  ouest,  on  peut  en  conclure  que  ce  vallon 
est  dû  à  l'érosion,  et  non  à  une  faille.  La  route  entame  donc  les 
couches  qui  se  prolongent  sur  les  coteaux  couverts  d'oliviers.  Je 
n'ai  guère  recueilli  de  fossiles  qu'à  un  endroit,  c'est  ù  la  carrière 
abandonnée  qui  est  située  derrière  la  caserne  des  chasseurs  alpins, 
et  dans  quelques  éboulis  au-dessus. 

A  mesure  qu'on  s'élève  sur  les  coteaux,  les  fossiles  sont  de  plus 
en  plus  rares  ;  et  à  une  certaine  altitude  j'ai  parcouru  d'assez  vastes 
espaces  sans  apercevoir  autre  chose  que  quelques  empreintes 
d'Inocérames.  Ces  couches  se  prolongent  jusqu'au  village  de  Gor- 
bio, où  on  les  retrouve  dans  de  meilleures  conditions  d'observation. 

A  Gorbio,  au  dessus  et  à  l'ouest  du  village,  beaucoup  de  pentes 
et  de  ravins  permettent  de  recueillir  des  fossiles  dont  quelques-uns 
assez  bien  conservés:  ce  sont  surtout  des  Echiuides  et  des  Spon- 
giaires. Les  couches  sont  des  calcaires  marneux  qui  se  désagrègent 
dans  une  certaine  mesure.  Les  Spongiaires  sont  siliceux. 

Cette  localité  de  Gorbio  est  importante  pour  l'étude  du  Sénonien, 
et  je  ne  crois  pas  que  M.  Baron  en  ait  eu  connaissance. 

On  peut  observer  aussi  les  couches  (c'est  affaire  de  chance  d'y 
découvrir  quelques  fossiles  sporadiques),  en  montant  à  Gorbio, 
soit  le  long  de  la  route  carrossable  ou  de  l'ancien  sentier  à  mulet, 
soit  dans  le  lit  du  torrent.  M.  Baron  a  indiqué  près  de  Menton,  vis- 
à-vis  du  poteau  de  l'octroi,  un  point  où  j'ai  fait  quelques  récoltes. 

Cette  formation  ne  me  parait  pas  susceptible  dfêtre  divisée.  Je 


428  DE  RIAZ.    —  CONTRIBUTION    A   L'ÉTUDE  19  juin 

réunirai  donc  les  fossiles  de  Lodola,  des  points  intermédiaires,  et 
de  Gorbio.  Les  Echinides,  assez  abondants  et  très  importants  pour 
la  détermination  du  niveau,  sont  les  suivants  :  Micraster  decipiens 
Bayle  (M.  cortestudinarinm  auct.),  Micraster  decipiens,  variété  allon- 
gée très  voisine  de  M.  Xormanniœ  Bue,  Micraster  Hehcrti  de  Lacv., 
Micraster  corbaricus  Lamb.  (M.  brevis  auct.),  Micraster  ail.  brevis 
(très  voisin  du  Micraster  Epiastcr?  brevis  de  Paderborn;  sans  lui 
être  absolument  identique,  la  face  inférieure  est  plus  accidentée  et 
le  plastron  plus  saillant),  Micraster  Leskei  Desm.  (M.  brciiporus 
auct.,  non  M.  breviporus  Ag.).  M.  Lambert  estime  que  Hébert  a 
commis  une  erreur,  en  assimilant  Micraster  Leskei  Desmoulins 
d'Orbigny,  à  Micraster  breciporus  Agassiz  L'espèce,  si  abondante 
dans  le  Turonien  supérieur,  et  qui  monte  jusqu'à  la  partie  infé- 
rieure du  Sénonien,  doit  reprendre  le  nom  de  Micraster  Leskei. 
Je  n'en  ai  recueilli  qu'un  exemplaire,  mais  M.  Lambert  déclare 
qu'il  est  bien  typique,  et  le  premier  qu'il  connaisse  de  la  Provence 
ou  des  Alpes-Maritimes.  Echinocorys  scu talus  Leske,  var.  Gratesi 
De&.iPleurotomariaperspectim  d'Orb.;peu  d'Inocérames,  fnoceramus 
Lamarckif  Brongn.,  Terebratula  cf.  carnea  Sow. 

Spongiaires  extrêmement  abondants.  De  grands  exemplaires 
cupuliformes. 

Le  Musée  de  Menton  possède  une  grosse  Ammonite  provenant  de 
ce  district,  et  que  j'ai  pu  comparer  avec  les  belles  planches  de 
M.  de  Grossouvre.  Elle  appartient  certainement  au  genre  Mortoni- 
ceras, mais  son  état  de  conservation  ne  permet  pas  une  détermi- 
nation spécifique  rigoureuse  :  l'échantillon  est  déformé,  et  les  tours 
internes  ne  sont  pas  visibles.  C'est  probablement  Mortoniceras  Bnur- 
(jeoisi  d'Orb.  Gross.,ou  1/.  twamun  Rœm.;  je  pencherais  pour  cette 
dernière  espèce,  parce  qu'elle  a  été  signalée  daus  la  région  (\),  et 
aussi  parce  qu'il  m'a  semblé,  autant  que  j'ai  pu  eu  juger,  que 
quelques  côtes  sont  issues  par  paires  du  même  tubercule  ombilical, 
Tune  des  côtes  étant  plus  faible  que  la  priucipale. 

Si  nous  avions  a  lia  ire  à  Mortoniceras  Bourgeoisie  nous  serions  sur 
l'horizon  coniacien.  Si  c'est  Mortoniceras  texan  um,  nous  nous  trou- 
verions probablement  plus  haut,  daus  le  Saulonieu,  car  M.  de  Gros 
souvre  estime  aujourd'hui  que   ce  fossile   n'existe   pas  dans  le 
Coniacien  (il  avait  exprimé  autrefois  une  opinion  différente). 

Bien  qu'on  doive  se  guider  d'après  les  Ammonites,  toutes  les  fois 
qu'on  le  peut,  je  suis  obligé,  avec  un  seul  iudividu  d'espèce  indécise, 

(!)  L'Escarôno,  col  dos  Peyres,  par  M.  do  (jrossouvre.  S1 -Michel  Olivotta  (Italie), 
près  Sospel,  par  M.  Franchi. 


1899  DU   SYSTÈME  CRÉTACÉ  DANS  LES  ALPES-MARITIMES  429 

de  me  rapporter  de  préférence  aux  Echinides,  dont  là  détermination 
par  M.  Lambert  ne  peut  donner  lieu  à  contestation,  et  dont  la 
réunion  dans  les  mêmes  gisements  donne  des  résultats  remar- 
quablement concordants. 

Le  Micraster  decipiem  {M.  cortestudinarium  auct.),  et  le  Micraster 
Heberli  dont  on  n'avait  peut-être  pas  encore  constaté  la  présence 
simultanée  dans  la  même  couche,  le  Micraster  corbaricus  (M.  bretis 
auct.  pars.)  aussi  bien  qu'un  autre  Micraster  très  voisin  du  vrai 
M.  brevis,  tout  cela  annonce  de  la  manière  la  plus  certaine  un 
niveau  très  inférieur  du  Sénonieu. 

Depuis  les  travaux  d'Hébert  sur  les  falaises  de  la  Manche,  on 
sait  que  le  Micraster  qu'on  appelait  autrefois  cortestudinarium 
caractérise  la  base  de  l'étage  sénonien. 

Le  Micraster  Heberti,  qu'on  place  dans  le  Sénonien,  occupe  un 
niveau  si  peu  élevé,  que  ceux  qui  l'ont  découvert  au  Bastiê  (  Ariège), 
MM.  Ambayrac  et  de  Lacvivier,  penchaient  pour  le  placer  dans  le 
Turonieu  (1).  Les  marnes  à  Micraster  des  Corbières,  d'où  émane  le 
Micraster  corbaricus,  sont  aussi  du  Sénonien  inférieur,  tout  autaut 
que  les  premiers  bancs  de  la  craie  de  Villedieu  caractérisés  par  le 
vrai  Micraster  brevis  ou  Micraster  turonensis.  Les  couches  de  Gorbio 
auraient  donc  pour  équivalents  la  craie  de  Cognac  et  celle  du 
Tréport.  Je  suis  obligé  de  me  séparer  de  M.  Barou,  qui  plaçait 
indistinctement  toutes  les  couches  crétacées  des  environs  de 
Menton  dans  le  Sénonien  supérieur.  Quant  à  admettre  à  Gorbio  et 
à  Lodola  deux  horizons,  dont  l'un  serait  coniacien,  et  l'autre 
santonien  même  inférieur,  je  ne  le  puis  pas,  car  j'ai  recueilli  un 
Micraster  Heberti  en  place,  au  premier  lacet  de  la  route  de  Menton 
à  Gorbio,  très  près  des  marnes  éocènes  à  fossiles  de  la  Palarea  ;  il 
n'y  a  donc  pas  d'horizou  supérieur  à  celui  de  Micraster  Heberti, 
espèce  qui,  dans  l'état  actuel  de  nos  connaissances,  est  cantonnée  à 
un  niveau  très  bas. 

Micraster  Leskei  annonce  aussi  la  partie  inférieure  du  Sénonien, 
puisque  son  habitat  le  plus  fréquent  est  le  Turouien. 

Quant  à  Mortoniceras  texanum,  si  sa  présence  était  démontrée,  ce 
fossile  ne  nous  ferait  même  pas  remonter  bien  haut,  puisque  dans 
la  coupe  des  Corbières  donuée  par  M.  de  Grossouvre  (2)  la  couche 
n°  3  contenant  Mortoniceras  texanum  et  Micraster  turonensis  succède 
immédiatement  aux  grès  n°  2  à  Micraster  brevis,  M.  Heberti, 
M,  Matheroni. 

(1/  C.  de  Lacvivier.  Ktudes  geol.  sur  le  départ,  de  l'Ariege,  p.  229  et  suiv. 
(t)  B.  S.  ii.  F.,  t.  XVII,  p.  518. 


430  DE  RIAZ.  —  CONTRIBUTION  A  l' ÉTUDE        19  juin 

M.  Baron  paraît  avoir  été  plus  heureux  que  moi  dans  ses  décou- 
vertes autour  du  Castellar,  dout  il  cite  des  lnocérames  et  des  frag- 
ments d'Ammonites.  Je  n'ai  pu  observer  là  qu'un  mauvais  Micraster 
cf.  cortestudi7iarium,  avec  quelques  Spongiaires;  et  je  n'ai  pas  de 
motifs  personnels  pour  mettre  ces  assises  au-dessus  de  celles  de 
Gorbio.  Pourquoi  M.  Baron  place-t  il  toutes  les  couches  des  environs 
de  Menton  à  la  partie  supérieure  du  Sénonien?  Est-ce  parce  qu'il  a 
observé  près  du  Castellar  une  Ammonite  du  Campanien  ou  Aturien? 
Dans  tous  les  cas,  ce  n'est  que  de  ce  côté  qu'existerait  le  Sénonien 
supérieur. 

J'admettrais  qu'on  peut  rapporter  à  la  partie  supérieure  de 
l'étage,  les  assises  que  j'ai  vues  au  nord  du  Castellar,  dans  la  vallée 
du  Careï,  sur  la  route  de  Castillon.  Je  les  jugerais  par  analogie 
avec  ce  que  j'ai  observé  sur  le  territoire  italien.  Au-delà  de  la  fron- 
tière, j'ai  retrouvé  au  cap  sans  nom  qui  précède  le  cap  de  la  Mur- 
tola,  les  calcaires  signalés  par  MM.  Gaudin  et  Moggridge,  et  où  ils 
prétendent  avoir  recueilli  Fnoceramus  Cuvieri.  Ce  sont  des  falaises 
entre  la  mer  et  le  chemin  de  fer,  où  les  observations  sont  très  diffi- 
ciles (les  pentes  au-dessus  sont  couvertes  d'éboulis).  Les  couches 
fortement  inclinées  penchent  vers  l'est-nord-est. 

D'abord  j'ai  remarqué  des  bancs  marneux  avec  débris  d'Échinides, 
puis  des  calcaires  gréseux  à  silex,  rappelant  ceux  de  Saint-Hospice. 
Je  les  classerais  donc  volontiers  au  même  niveau  dans  le  Sénonien 
supérieur,  bien  qu'ils  ne  m'aient  pas  offert  de  fossiles.  Quant  aux 
assises  franchement  calcaires  avec  délits  spathiques  plus  accentués 
et  très  blancs,  elles  pourraient  représenter  un  horizon  sénonien 
plus  élevé  eucore,  et  supérieur  à  la  craie  de  Meudon.  Elles  sont 
fort  peu  fossilifères.  J'y  ai  remarqué  seulement  des  fragments  de 
Lamellibranches  de  très  grande  taille,  qu'on  ne  peut  extraire  de  la 
roche  et  que  je  rapporterais  au  genre  Trichites  (1). 

Mes  couclusioos  seront  forcément  ici  un  peu  incertaines,  faute 
de  bonnes  preuves  paléontologiques.  Si  mes  prévisions  sont  exactes 
(je  dois  dire  prévisions  plutôt  qu'observations),  les  calcaires  de  la 
route  de  Castillon  dont  je  parlais  tout-à-1'heure  seraient  du  Séno- 
nien très  supérieur.  Leur  faciès  est  analogue  aux  calcaires  du  cap, 
à  cause  de  ces  grandes  plaquettes  spathiques  qui  séparent  les  bancs, 
et  dont  on  peut  enlever  des  morceaux  d'assez  grande  dimension. 
On  les  observe  notamment  à  l'endroit  où  la  route  s'élève  par  des 
lacets.  Peut-être  le  village  de  Castillon  est-il  encore  sur  cette  assise. 

(1)  M.  Franchi  parle  do  fragments  tT  lnocérames  à  test  Gbreux  très  caractéris- 
tiques. Je  pense  donc  qu'il  s'agit  des  mômes  fossiles  toujours  incomplets. 


1899  DU  SYSTEMS  CKÉTACfe  DANS   LES  ALPES-MARITIMES  431 

Ces  couches  du  bord  de  la  mer,  au  cap,  entre  ceux  de  Gerbai  et  de 
la  Murtola,  sont  certainement  la  continuation  de  celles  qu'on  peut 
observer  au-dessus  du  pittoresque  village  de  Grimaldi  (on  en  voit 
aussi  la  coupe  sur  la  grande  route  ;  je  répète  que  plus  bas,  dans 
les  bois  de  citronniers  et  les  plantations,  le  terrain  est  obstrué 
par  les  éboulis  du  Nummulitique).  Je  n'ai  pu  découvrir  de  fossiles, 
mais  ces  calcaires  gréseux  ont  tout-à-fait  l'aspect  sénonien  ;  et 
M.  Franchi  signale  plus  haut  encore,  sur  le  Mont  Belliuda,  des 
Micraster  écrasés. 

Le  degré  d'inclinaison  des  couches  situées  au-dessus  de  Gri- 
maldi, précisément  à  pic  sur  le  ravin  du  Pout  Saint-Louis,  me 
donnent  à  penser  que  la  coupe  de  MM.  Gaudin  et  Moggridge,  qui 
parait  d'abord  singulière,  pourrait  être  exacte  de  ce  côté  (la  partie 
occidentale  est  en  tout  cas  inexacte,  la  pente  des  couches  étant  en 
sens  inverse).  M.  Franchi  la  tient  pour  bonue,  et  dit  que  Fontannes 
s'est  trompé  dans  celle  qu'il  a  donnée  du  vallon  de  Ciotti  (1). 

Je  laisse  à  de  plus  experts  que  moi  en  matière  de  tectonique  le 
soin  de  résoudre  définitivement  la  question.  Je  me  borne  à  faire 
remarquer  que  les  coupes  de  Fontannes  et  de  M.  Frauchi  ne  sont 
pas  dirigées  dans  le  même  sens,  mais  presque  perpendiculairement 
l'une  à  l'autre.  Toutefois  je  vois  bien  que  Fontannes  n'admet  pas  le 
synclinal  par  lequel  les  autres  auteurs  expliquent  la  région  de  la 
Murtola.  M.  Frauchi  appuie  sou  opinion  sur  celles  de  MM.  Taramelli 
et  Potier. 

MM.  Gaudin  et  Moggridge  ont  prétendu  reconnaître  ici  l'étage 
danien  entre  le  Sénonien  et  l'Eocène  ;  ils  se  fondent  sur  la  décou- 
verte de  Foraminifères,  preuve  qui  me  parait  discutable.  M.  Franchi 
également  croit  à  la  présence  du  même  étage.  Je  laisse  à  ces  diffé- 
rents auteurs  la  responsabilité  de  leurs  assertions. 

Eufin,  pour  terminer  ce  qui  se  rapporte  aux  environs  de  Menton, 
je  dirai  que  d'après  les  fossiles  du  Musée,  le  Cénomanien  existerait 
au  nord  de  la  cime  de  l'Ours,  derrière  les  grands  pics  jurassiques 
(ceci  n'est  donc  plus  dans  le  bassin  de  Menton).  Quelques  bons 
échantillons  :  Schlœnbachia  varians  Sow.,  Acanthoceras  Alanlelh 
d'Orb.,  Holaster  subglobosus  Leske,  recueillis  par  le  Directeur 
M.  BonQls  lui-même,  indiquent  en  effet  qu'on  retrouve  dans  cette 
direction  le  faciès  de  la  Craie  de  Rouen  que  j'ai  observé  à  Laghet  et 
à  Eze. 

(1)  B.  S.  G.  7«\,  t.  V,  p.  858. 


432  DE  RIAZ.    —   CONTRIBUTION   A   L'ÉTUDE  19  juin 

Résumé. 

Les  étages  crétacés  que  j'ai  observés  dans  le  cadre  de  cette  étude, 
sont  les  suivants  : 

Le  Néocomien  ou  Barrémien  à  Pout-de-Peille,  sur  la  rive  gauche 
du  Paillon,  caractérisé  par  des  Ammonites  et  des  Hélemnites  peu 
déterminahles.  Le  même  étage  a  été  vu  par  la  Société  en  1877  dans 
la  vallée  de  Tourette. 

L'Aptien  ne  s'est  pas  offert  à  moi.  Il  est  assez  extraordinaire 
qu'Eug.  Sismonda  ayant  créé  une  espèce  bien  connue  des  géologues, 
le  Toxaster  Collegnoi  (1)  (fréquentée  Capeou,  près  Pas-des- Lanciers, 
et  ailleurs),  les  gisements  ne  soient  pas  faciles  à  retrouver  aujour- 
d'hui. M.  Ambayrac,  cependant,  croit  counaitre  des  affleurements. 
On  aurait  pu  aussi  s'atteudre  à  observer  ici  la  riche  faune  d'Ammo- 
nites de  Hyèges  et  autres  localités  ;  mais  cette  faune  ne  parait  pas 
avoir  vécu  dans  le  périmètre  que  j'ai  visité. 

L'étage  albiense  trouve  à  Saint-Laurent  (environs  d'Eden-Hôtel), 
et  près  d'Eze,  où  il  est  très  fossilifère  avec  abondance  de  Bêle  m  - 
nites  et  de  Térébratules.  Il  doit  en  exister  uu  gisement  important 
près  de  Notre-Dame-de-Laghet,  puisque  MM.  Paronaet  Bonarelli  en 
ont  décrit  de  nombreux  fossiles. 

Le  Cénomanien  se  voit  à  Laghet,  à  Pont  de-Peille,  dans  la  vallée 
de  Tourette,  et  sur  divers  autres  points,  sous  le  faciès  de  la  craie 
de  Rouen  à  Ammonites  et  à  Echinides.  Outre  ce  faciès  entièrement 
pélagique,  on  voit  aussi  des  bancs  d'Exogyra  columba.  Ceux-ci  sont- 
ils  superposés  aux  calcaires  marneux  à  Acanthoccras  naviculare, 
Schlœnbachia  varians  et  Holaster  subglubosusl  II  semble  plutôt  que 
les  deux  faciès  s'excluent,  celui  à  Ostracées  occupant  une  position 
géographique  plus  méridionale. 

Je  n'ai  pu  constater  sur  aucun  point  la  présence  de  l'étage  turo- 
nien,  et  je  ne  suis  pas  plus  en  mesure  que  les  observateurs  précé- 
dents de  donner  de  ce  fait  une  explication  satisfaisante.  La  sédimen- 
tation parait  continue  et  concordante,  le  plissement  général  de  la 
contrée  étant,  de  l'opinion  de  tous,  postérieur  à  l'Eocène. 

M.  Fallot  n'a  reconnu  le  Turonien  d'une  manière  certaine  que 
dans  peu  de  localités  :  aux  Ferres  (où  il  est  caractérisé  par  Periaster 
oblongus  d'Orb.  et  Micraster  laxoporus  d'Orb.  ;  entre  Saint-Lions 

(1)  Mcmoria  geo-zoologica,  etc.,  p.  21.  La  mention  de  gisement  est  :  «  Grès 
verde  di  Nizza  maritima  ». 

L'espèce  étant  dédiée  à  Collcgno  (général  commandant  la  division  de  Gènes),  il 
vaut  mieux  dire  T.  Collegnoi  que  T.  Collegnii. 


1899 


DU   SYSTÈME  CRÉTACÉ  DANS  LES  ALPES -MARITIMES 


433 


et  Hyèges,  où  M.  Doze  a  recueilli  Inoceramus  labiatus,  enfin  sur  la 
route  de  Vergons  à  l'Iscle,  où  il  a  été  observé  Pachydiscus  peramplus. 

M.  Zùrcher  (1)  classe  cependant  certaines  assises  des  Basses- 
Alpes  dans  le  Turonien,  à  cause  de  l'ideutité  des  exemplaires 
d'Exogyracolumbaquoïi  y  recueille  avec  ceux  de  Soubise  (Charente- 
Inférieure),  où  cette  espèce  accompagne  Inoceramus  labiatus. 
J'ignore  si  cette  manière  de  voir  sera  généralement  acceptée.  Je 
crois  prudent  de  ne  reconnaître  l'existence  du  Turonien  dans  les 
régions  alpines,  où  il  est  peu  caractérisé,  que  sur  des  preuves  plus 
décisives. 

De  tous  les  étages  que  j'ai  vus,  le  Sénonien  est  le  plus  étendu,  le 
plus  puissant,  le  plus  complexe,  et  aussi  le  plus  intéressant. 
M.  Fallot  a  fait  remarquer  que  la  chronologie  minutieuse  des 
assises  sénoniennes  dans  les  Alpes  est  difficile  à  établir,  parce  que 
les  gisements  sont  isolés,  mal  encadrés,  de  faciès  différents.  Grâce 
aux  déterminations  de  M.  Lambert,  je  crois  a  voir  réalisé  un  progrès 
notable  en  présentant  la  succession  suivante  : 


T. 

u: 

? 
X 

s 

H 
X 
Ui 

< 


M 

Z 

< 
û. 


r. 

u 

T. 

© 

H 
Z. 

< 

V, 
M 

3 

< 

T. 

3 


Couches  des  carrières  de  Contes-les- 
Pins  avec  Pachydiscus  neuber- 
gicus,  P.  Levyi,  Mortoniceras 
campaniense,  etc. 

[    Bancs  à   Mie  r  aster   gibbus  et  M. 
Hrongniarti  de  Font  de  Giariel. 

Bancs  à  Micraster  arenatus  entre 
la  Madone  et  Contes. 


Grès  de  la  Trinité-Victor  à  Micras- 
ter coranguinum  et  Inocérames. 


Couches  de  Grimaldi  et  du  Cap 
entre  Gerhai  et  Ja  Murtola  ?  Cou- 
ches des  Monti  à  Castillon. 


(ires  lumachelles  de  la  presqu'île  de 
S'-Hospice  à  Micraster  arenatus 
et  Ostracées. 

Banc  d'Ostrea  vesicularis%  0.  pro- 
boscidea,  Exogyra  pi  ici  fer  a,  etc., 
près  de  la  villa  Vial  à  Beaulieu. 

Marnes  de  Beaulieu  à  Micraster 
coranguinum. 

Calcaires  marneux  de  Lodola  et  de 
Gorbio  avec  Micraster  decipiens, 
M.  Heberli,  M.  Leskei,  et  Spon- 
giaires. 


Ce  qui  est  remarquable,  c'est  la  prédominance  des  faciès  péla- 
giques, et  la  ressemblance  de  ces  couches  sénonien ues  (sauf  leur 
couleur  grisâtre)  avec  celles  d'Angleterre  et  de  Normandie.  Ce 
n'est  qu'à  la  fin  de  l'époque  qu  apparaissent  des  Ostracées,  et  cela 
seulement  dans  la  presqu'île  Saint-Hospice,  où  déjà  le  phénomène 

(!)  Bull,  des  serv.  de  la  carte  géol.  de  Fr„  t.  II,  p.  il. 


2  Novembrr  189».  —  T.  XXVII. 


Bull.  Soc.  Gèol.  Kr.  —  2J8 


434  DE  R1AZ.    —   CONTRIBUTION   A  L'ÉTUDE  19  jllin 

s'était  manifesté  à  l'époque  cénomanienne.  Tout  le  reste  de  la 
faune,  et  surtout  les  grandes  Ammonites  de  Contes-les-Pins,  a 
vécu  et  s'est  déposé  dans  des  mers  profondes. 

Cette  région  des  Alpes-Maritimes  se  rattache  par  les  Basses-Alpes, 
le  bassin  de  Dieulefit,  les  affleurements  du  Haut-Dauphiné  et  de  la 
Savoie,  les  lambeaux  jurassiens  de  craie  grise  et  blanche,  au  bassin 
anglo-parisien.  Cette  vaste  aire  géographique  fait  partie  de  la  pro- 
vince septentrionale  de  la  période  crétacée.  J'ai  éprouvé  un  grand 
plaisir  à  trouver  ici  des  espèces  d'Echinides  que  j'avais  récoltées  en 
Normandie  et  à  Lewes,  et  à  constater  la  différence  absolue  de  cette 
formation,  au  moins  à  la  fin  de  la  période,  avec  celle  de  la  basse 
Provence  et  de  la  vallée  inférieure  du  Rhône,  où  le  faciès  coralligène 
est  si  acceutué. 

M.  Collot  (1)  a  tenté  d'expliquer  par  un  isthme  séparant  deux 
mers,  ces  dépôts  si  dissemblables,  quoique  contemporains.  M.  Fallot 
lui  a  fait  remarquer  qu'il  n'était  pas  nécessaire  pour  cela  de 
supposer  des  mers  qui  ne  communiqueraient  pas  entre  elles  :  la 
différence  des  températures,  des  profondeurs,  l'existence  des  cou- 
rants, permettent  en  effet  de  comprendre  que  des  faunes  très 
différentes  vivaient  à  des  distances  qui  pouvaient  n'être  pas  très 
grandes.  Le  fait  a  dû  se  renouveler  fréquemment  dans  l'histoire 
des  âges. 

Enfin,  je  n'ai  recueilli  aucutfe  preuve  de  l'existence  de  l'étage 
danien,  affirmée  par  quelques  auteurs. 

Ce  travail  peut  être  considéré  comme  un  appendice  à  l'ouvrage  si 
important  et  si  consciencieux  de  M.  Fallot  sur  les  étages  crétacés 
du  sud-est  de  la  France.  Mon  distingué  confrère  m'a  dit  qu'après 
avoir  consacré  plusieurs  années  à  des  recherches  pénibles  dans  la 
Drôme,  les  Basses  Alpes  et  le  nord  des  Alpes  Maritimes,  il  avait 
été  obligé,  à  regret,  d'abréger  ses  recherches  sur  le  littoral.  J'espère 
qu'il  ne  m'en  voudra  pas  si  j'ai  tâché  de  les  compléter  et  de  les 
étendre.  Mes  résultats  ont  d'ailleurs  toujours  confirmé  les  siens. 
Ainsi  que  je  l'ai  dit  en  commençant,  je  n'ai  nullement  la  prétention 
d'avoir  complètement  élucidé  les  problèmes  difficiles  que  soulève 
la  constitution  du  système  crétacé  des  Alpes-Maritimes,  même 
dans  la  région  limitée  à  laquelle  se  sont  bornées  mes  observations. 
Je  reconnais  que  pour  la  vallée  du  Paillon  et  de  ses  affluents,  beau- 
coup de  temps  et  d'efforts  seraient  encore  nécessaires  avant  d'arriver 
à  une  connaissance  complète  :  il  y  aurait  à  suivre  bauc  par  banc  des 

(1)  n.  s.  G.  /•'.,  t.  xix,  p.  74. 


1899  DU  SYSTÈME  CRÉTACÉ  DANS  LES  ALPES-MARITIMES  435 

couches  dont  l'allure  change  à  chaque  pas,  et  dont  les  fossiles  ne 
sont  ni  abondants,  ni  bien  conservés. 

En  revanche,  j'ai  fait  une  étude  assez  complète  de  la  presqu'île 
de  Saint-Hospice,  sur  laquelle  je  n'avais  trouvé  que  des  observations 
ou  très  anciennes  ou  fragmentaires.  La  découverte  du  Micraster 
arenatus,  à  Saint-Hospice  même,  et  celle  d'un  banc  d'Ostrea  vesicu- 
laris  près  de  Beaulieu,  me  paraissent  avoir  une  certaine  impor- 
tance. Je  crois  que  le  Cénomanien  n'avait  pas  encore  été  indiqué  à 
Laghet,  où  il  a  le  faciès  de  Rouen  à  Ammonites.  Enfin  par  les 
fossiles  que  j'ai  recueillis  à  Lodola  et  à  Gorbio,  j'ai  pu  classer  avec 
certitude  les  couches  des  environs  de  Menton.  Comme  faits  paléon- 
tologiques,  j'ai  découvert  le  Micraster  Leskei  [M.  breviporus  auct.), 
qui  n'était  pas  cou  nu  en  Provence.  Le  Micraster  lleberti  n'avait  pas 
encore  été  rencontré  en  dehors  des  Pyrénées  (1),  et  enfin  les  Micraster 
arenatus  de  la  Madone  de  Contes  et  de  Saint-Hospice,  ont  permis  à 
M.  Lambert  de  confirmer  la  valeur  de  l'espèce  de  Sismonda,  incon- 
nue dans  d'autres  régions. 

(1)  .l'avais  écrit  cette  phrase  un  peu  précipita  m  mont,  et  «les  recherches  ulté- 
rieures m'ont  fait  découvrir  que  M  Corel  l'avait  cité  des  Basses-Alpes  (vallée  de. 
lTbaye),  M.  Roussel,  des  Cornières,  où  il  est  fréquent  à  Bu^arach  notamment 
(ceci  est  encore  un  faciès  pyrénéen).  Enfin  il  vient  d'être  indiqué  par  M.  Kara- 
kasch  comme  provenant  du  Caucase  central,  où  il  se  trouverait  dans  une  couche 
contenant  Pachydiscus  Baeri,  Innceramus  Cuvieri,  /.  Cripsi,  Ananchytrs  gibha, 
A.  ovata,  etc.  (Note  ajoutée  pendant  l'impression). 


436  19  Juin 


SUR   LE    FLYSCH    A    FUCOÏDES   DE    LA    BELLONGUE 
ET  DU  BASSIN  D'OUST  (PYRÉNÉES), 

par  M.  CARALP. 

« 

Dans  les  montagnes  du  Saint-Gironnais  et  au  pied  de  la  haute 
chaîne,  se  développe  une  zone  puissante,  en  grande  partie  schis- 
teuse, sur  Tâge  de  laquelle  plane  l'indécision  la  plus  complète. 

Quelques  géologues,  en  effet,  y  voient  une  formation  trèsaucienne; 
d'autres  l'ont  rapportée  au  Jurassique;  la  plupart,  à  divers  étages 
du  Crétacé  supérieur. 

Adossée  vers  le  sud  au  massif  grauito-gneissique  de  Seix-Castillon, 
dont  le  cap  de  Bouirech  forme  le  point  culminant,  et  plus  loin  au 
chaînon  carbonifère  de  l'Arraing,  elle  s'arrête  du  côté  du  nord  à  la 
base  des  escarpements  abrupts  de  Surroque  et  de  Balaguères  qui 
relèvent  du  Crétacé  inférieur.  La  Bellongue,  grande  vallée  longitu 
dinale  qui  s'étend  du  col  de  Portet  à  Castillon,  en  fait  essentielle- 
ment partie,  et  avec  elle  les  deux  rives  du  Lez  entre  Audressein  et 
Alas,  les  vallons  d'Astien  et  de  Sour,  le  pays  d'Alos  et  de  Rogalle, 
le  bassin  d'Oust  presque  en  entier. 

C'est  une  région  relativement  déprimée,  à  surfaces  sphéroïdales, 
où  se  montrent  rarement  des  reliefs  heurtés  mais  où  abondent  les 
profondes  coupures  ;  le  ruissellement,  conservant  ici  toute  son 
énergie  érosive  grâce  à  l'imperméabilité  à  peu  près  complète  du 
sol,  a  produit  daus  cette  région  naturelle  des  effets  considérables; 
mais  le  modelé  qui  en  résulte  varie  généralement  avec  l'altitude  : 
dans  les  parties  hautes  dominent  les  croupes  allongées  Rabaissant 
graduellement  vers  le  cours  d'eau  principal  ;  au  voisinage  du 
thalweg,  elles  se  résolvent  souvent  en  ballons  ou  eu  buttes  coniques 
$e  touchant  par  leur  base. 

Du  col  de  Portet  aux  rives  du  Salât  la  longueur  de  cette  zone 
dépasse  30  kilomètres;  mais  elle  se  retrouve  bien  au-delà  de  ces 
limites,  soit  vers  l'est  à  travers  le  paysd  Aleu  et  de  Massât,  et  selon 
nous  jusque  dans  le  bassin  de  Tarascon,  soit  vers  l'ouest,  dans  la 
vallée  du  Ger  et  sur  les  flancs  de  la  monlagne  de  Cagire;  en  outre 
des  traînées  jusqu'ici  méconnues  se  montreut  au  uord  de  cette 
bande  en  plein  terrain  secondaire  :  l'une  d  elles  en  particulier,  dont 
aucun  géologue  n'a  jamais  soupçouné  l'existence,  peut  se  suivre  sans 


1899       CARALP.  —  SUR  LE  FLYSGH  A  FUCOÏDES  DE  LA  BELLONGUE  437 

interruption  depuis  les  environs  de  Moulis  jusque  dans  la  région 
d'Arbas  et  de  Paloumère,  par  Pouech  de  Luzenac,  Espiède  et 
Beouech,  le  col  de  la  Houste,  le  Tue  de  la  Cabanasse. 

La  largeur  de  la  zone  principale  est  très  variable  :  atteignant  son 
maximum  dans  la  Bellongue  sur  les  méridiens  d'Orgibet  et 
d'Argein  où  elle  dépasse  6  kilomètres,  elie  diminue  vers  Test  dans 
la  traversée  du  Lez  et  de  la  rivière  de  Sour  ;  réduite  à  un  millier  de 
mètres  dans  la  gorge  d'Alos.  elle  s'épanouit  au-delà  du  Pic  de  la 
Quère  pour  atteindre  environ  une  lieue  sur  les  bords  du  Salât. 

Dans  la  région  que  nous  venons  d'esquisser,  les  schistes  domi- 
nent, surtout  dans  la  Bellongue  ;  mais  ils  sont  loin  de  constituer  le 
seul  élément  :  on  leur  trouve  fréquemment  associés,  alternant  avec 
eux  à  maintes  reprises,  des  grès,  des  conglomérats  plus  ou  moins 
puissants  et  diverses  roches  calcaires. 

Les  schistes  ont  habituellement  un  faciès  paléozoïque  très 
accusé  :  quand  ils  n'ont  pas  subi  d'altération  ils  sont  noirs  comme 
les  schistes  carbures  du  Silurien;  parfois  ternes  comme  des  schistes 
argileux,  ils  ont  dans  d'autres  cas  la  surface  brillante,  satinée,  ainsi 
que  la  cristallinité  des  phyllades  les  plus  métamorphiques.  Le  délit 
ardoisier  y  est  fréquent. 

Les  grès,  ordinairement  micacés,  sont  en  couches  minces  ou  en 
grandes  dalles  ;  aux  environs  d'Aleu  ils  sont  activement  exploités 
comme  pierres  à  aiguiser.  Leur  graiu  est  variable  ainsi  que  leur 
composition.  Ils  se  rapportent  communément  au  psammite,  mais 
on  rencontre  aussi  parmi  eux  des  arkoses,  des  métaxites  et  parfois 
même  des  quartzites. 

Les  conglomérats  (poudingues  et  brèches)  sont  essentiellement 
variables  quant  à  la  grosseur  et  à  la  nature  de  leurs  éléments.  Leur 
composition  est  très  complexe  :  dans  un  conglomérat  des  environs 
de  Rogalle  on  trouve  du  granité,  des  sables  granitiques,  du  quartz 
blanc,  de  la  lydienne,  des  schistes  noirs,  du  quartzite. 

Les  calcaires  varient  également  dans  de  larges  limites  :  parfois 
ce  sont  des  plaquettes  minces,  rappelant  celles  de  l'infralias  pyré- 
néen, ou  des  calcschistes  ardoisiers;  ils  constituent  ailleurs  des 
bancs  épais,  gris  ou  noirs  comme  les  calcaires  néocomiens  ;  dans 
certains  cas,  ils  présentent  la  blancheur  et  la  cristallinité  des 
marbres  statuaires. 

Contrairement  aux  idées  généralement  reçues,  ces  diverses  roches 
font  partie  d'un  même  système  impossible  à  séparer  génétiquement. 
Ces  sédiments  de  divers  ordres  forment  en  effet  ente  eux  des  alter- 


438      CARALP.  —  SUR  LE  FLYSCH  A  FUCOÏDES  DE  LA  BELLONGUE      19  Juin 

nances  multipliées  parfois  à  très  court  intervalle  ;  ils  se  remplacent 
les  uns  les  autres  quand  on  les  suit  en  direction.  Le  schiste  passe 
fréquemment  au  calcschiste  et  au  calcaire;  cette  transformation 
latérale  est  parfois  graduelle  (Tue  de  la  Quère)  et  se  fait  par  alter- 
nances, mais  parfois  (monticule  de  la  Haille  près  Cescau)  le  calcaire 
apparaît  brusquement  dans  la  masse  des  schistes  et  se  termine  de 
même  à  la  façon  d'une  construction  corallienne. 

Ces  diverses  roches  ne  sont  donc  pas  indépendantes,  mais  elles 
font  partie  d'un  même  ensemble  stratigraphique  remontant  sensi- 
blement à  la  môme  époque. 

Il  faut  toutefois  faire  remarquer  que  ce  complexe  d'assises  est 
souvent  interrompu,  du  moins  à  la  surface,  par  divers  dépôts  trans- 
gressifs  d'âge  plus  ou  moins  récent,  disposés  de  la  façon  la  plus 
irrégulière,  tantôt  en  Ilots  restreints  et  en  lambeaux  discontinus, 
tantôt  en  traînées  plus  ou  moins  considérables  pouvant  se  suivre  sur 
un  long  parcours.  Ces  dépôts  anormaux  sont  variables  comme  âge  : 
dans  la  Bellongue  notamment,  ceux  qui  avoisinent  le  sud  sont  for- 
més par  du  grès  triasique  ou  du  calcaire  sinémurien  qu'accompa- 
gnent fréquemment  des  ophites  ;  vers  le  nord  le  Sinémurien  se 
mêle  au  Crétacé  inférieur  et  aux  dolomiesdel'oolite;  à  l'ouest  enfin, 
sur  la  ligne  de  partage  séparant  la  Bellongue  et  la  vallée  du  Ger, 
on  trouve  avec  le  Crétacé  inférieur  le  Jurassique  au  complet. 

Cette  zone  sédimentaire  est  traversée  par  de  nombreuses  roches 
éruptives  en  dikesou  en  massifs  :  le  granité  se  montre  sporadique- 
ment sur  de  nombreux  points,  en  particulier  dans  les  pays  de 
Rogalle,  Alos,  Moulis  et  Engomer,  c'est-à-dire  sur  la  bordure  du 
massif  granito  gneissique  méridional.  Les  ophites  se  rencontrent 
dans  une  foule  de  localités  ;  la  Bellongue  est  particulièrement  riche 
à  cet  égard.  Ajoutons  à  ces  roches  d'origine  interne  des  Lherzolites, 
parfois  changées  complètement  en  serpentines,  comme  celle  de 
Castillon,  ainsi  que  l'a  montré  M.  Lacroix,  en  outre  des  diorites 
(environs  d'Argein)  et  enfin  de  nombreux  filons  de  quartz  tautôt 
stérile,  tantôt  métallifère.  Ces  diverses  roches  ont  modifié  de  la 
façon  la  plus  nette  les  sédiments  qu'elles  en  ont  traversés,  donnant 
naissance  à  une  foule  de  variétés  éminemment  cristallines,  fort 
intéressantes  pour  le  minéralogiste,  mais  qui  compliquent  singu- 
lièrement l'étude  géologique  de  ces  régions. 

A  quel  horizon  géologique  faut-il  rapporter  les  schistes  de  la 
Bellongue  et  les  roches  qui  leur  sont  congénères  ? 


1890  et  du  bassin  d'oust  439 

Les  fossiles  n'ont  fourni  jusqu'ici  aucune  ressource  pour  cette 
détermination.  Les  calcaires  n'ont  donné  que  des  encrines  à  tige 
ronde  et  quelques  autres  débris  indéterminables  (polypiers,  bival- 
ves. . .).  Les  fucoïdes,  il  est  vrai,  sont  en  certaine  abondance,  et  on 
les  trouve  à  la  fois  dans  les  grès,  les  schistes  et  les  calcaires  en 
plaquettes  ;  on  en  a  signalé  depuis  longtemps  dans  diverses  loca- 
lités du  canton  d'Oust  et  de  Massât  ;  j'en  ai  recueilli  également  sur 
quelques  points  de  la  vallée  du  Lez:  à  Aulégnac,  près  Castillon,  à 
Alas  en  Balaguères,  à  Sl-Lary. 

Les  roches  à  fucoïdes  du  bassin  d'Oust  ont  été  rapportées  par 
la  plupart  des  géologues  au  niveau  du  grès  de  Celles,  et  par  suite 
au  Crétacé  supérieur,  de  ce  seul  fait  que  ces  grès  renferment  aussi 
des  fucoïdes.  Mais  l'assimilation  des  fucoïdes  de  ces  deux  prove- 
nances paraît  très  discutable;  elle  a  été  mise  en  doute  par 
M.  de  Lacvivier  qui  trouve  que  les  empreintes  végétales  du  bassin 
d'Oust  «  ne  ressemblent  en  rien  aux  traces  charbonneuses  du  grès 
de  Celles  ».  On  sait  d'autre  part  que  ces  végétaux  marins  ont  peu 
varié  à  travers  les  temps  géologiques  ;  leur  valeur  stratigraphique 
est,  par  conséquent,  très  faible. 

Les  fossiles  n'apportant  aucune  donnée  positive  pour  la  détermi- 
nation de  Tâge,  nous  avons  cherché  si  des  considérations  stratigra- 
phiques  ne  nous  fourniraient  pas  des  arguments. 

1°  11  est  d'abord  à  remarquer  que  cet  ensemble  d'assises,  que 
nous  désignerons  provisoirement  par  la  lettre  x,  est  recouvert  en 
discordance  et  parfois  en  transgressivité  par  divers  terrains  secon- 
daires. On  pourrait  à  cet  égard  multiplier  les  exemples  : 

Entre  St-Lary  et  Portet  (fig.  1)  les  schistes  ardoisiers  x  accompa- 
gnés de  schistes  terreux  sont  discordants  en  direction  et  en  incli- 
naison avec  les  calcaires  à  couseranites  et  dolomies  du  Sinémurien 
(J1)  reposant  sur  l'ophite. 

A  Alas  en  Balaguères  (fig.  2)  le  Sinémurien  (J1)  formé  à  la  base 
de  brèches  dolomitiques  et  vers  le  village  de  calcaires  cristallius 
à  couseranites,  est  absolument  discordant  avec  le  système  x  de  la 
côte  de  Coumaoury,  qui  se  compose  de  roches  variées,  schistes, 
grès,  caleaires  noirs,  conglomérats,  tufs  éruptifs,  alternant  à 
diverses  reprises. 

Si  ou  suit  ce  complexe  d'assises  vers  l'ouest,  on  voit  avant 
d'arriver  à  Balaguères  (fig.  3)  que  les  schistes  et  calcaires  noirs  de 
cette  série,  particulièrement  développés  à  Espiède,  sont  discor- 
dants avec  le  Reuper  (T;{)  et  le  Sinémurien  des  Ruines  (côte  730)  et 
que,  d'autre  part,  du  côté  nord  ces  assises  sont  recouvertes  en  trans- 


440      CAfULP.  —  SUR  LE  FLYSCH  A  FUCOÏDKS  DE  LA  BELLONGUE      19  JUÏD 

gressivité  par  les  dolomies  de  l'oolite  et  les  calcaires  néocomiens. 
Les  dislocations  sont  encore  plus  accusées  dans  la  gorge  de 
Lachein  (fig.  4):  à  Beouech,  en  efïet,  le  système  x  représenté  par 
des  schistes  carbures,  plus  ou  moins  riches  en  phosphates  de 
chaux,  et  plus  à  l'ouest  par  des  grès,  est  recouvert  soit  par  le  Trias, 
soit  par  le  Sinémurien  ou  les  dolomies  de  l'oolite  (J3),  soit,  comme 
à  la  Hourcade,  par  le  Crétacé  inférieur  (C1)  de  l'Embès. 


SainL-L  ary  œ^<0^M^':>>^(^ 

éoi,,,|'l,,hl  '1    l'-ii-'" 


l 


Fig.  i.  —  Coupe  entre  Saint- La ry  ot  Portet. 


Pouoch 
S.O. 

Al  :      S  ^         ■     ^w 


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*■?' 


or 


or 


Fig.  2.  —  Coupe  d'Alas  a"  la  cote  de  Coumaourv. 


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Buines  h3o) 
SE. 


N.O. 
Balaâuères 


|[  ' ■"  o 

or     or 


Fi#.  3.  —  Coupe  de  la  montagne  des  Kuines  à  Bala^uères. 


Caatclncrou  (Signal  J 
s         to68 


Foret   de  l'Emu  es 


1 

▼ 


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BU  ■'.  do 

*  "         -y.  ,   >'  ^.^  &<::"*-  \     V 

Fig.  4.  —  Coupe  du  signal  de  Caslelnerou  à  Beouech. 


189» 


ET  DU  BASSIN  D  OUST 


441 


0. 


E. 


Bcouoch 


Fig.  5.  —  Panorama  schématique  pris  du  cul  d'Argent. 

t35o 

S  •       Ccl  delAmmna^ 


/    ,  /  ïMïV  <&  Sa/sein 


Pont 


Fig.  0.  —  Coupe  entre  le  col  de  l'Arraing  et  la  Bellongue. 

Légende  explicative  commune  à  toutes  les  figures. 

C  ,  Calcaires  néocoin iens  ;  J\  Dolomies  de  l'oolite;  Ji,  Calcaires  sinémuriens  ; 
'P,  Marnes  bariolées  du  Keuper;  T>,  (irès  bigarrés;  P*,  Conglomérats  et  grés  du 
Permien  moyen;  H',  Calcaire  carbonifère;  x,  Système  de  la  Bellongue  (schistes, 
calcaires,  grès,  conglomérats);  tû  0  phi  te. 

Les  rapports  de  ces  diverses  assises  sont  indiqués  dans  un  dessin 
panoramique  (fig.  5)  pris  depuis  le  col  d'Argent  au  sud  de  Lachein  : 
sur  le  plan  premier  sont  les  schistes  x  de  la  Bellongue  qui,  au  Tue  de 
Castelnerou  (tig.  4),  renferment  des  bancs  de  calcaires  et  de  brèches; 
puis  successivement  sur  des  plans  de  plus  en  plus  éloignés,  on  a 
figuré  le  calcaire  néocoinien  de  TEmbès  (Cl),  le  Sinémurien  (J1)  de 
Lachein,  horizon  du  calcaire  des  Ruines  et  de  celui  d'Alas;  puis, 
les  schistes  (x)  de  Beouech  recouverts  çà  et  là  par  les  marnes 
bariolées  du  Keuper,  et  enfin  formant  le  fond  les  dolomies  de 
l'oolithe  (J3)  et  les  calcaires  du  Crétacé  inférieur  (C1). 

Les  deux  bandes  schisteuses  de  la  Bellongue  (Castelnerou)  et  de 
Balaguères  (Beouech),  ici  séparées  à  la  surface  par  le  Néocomien  de 
l'Embès,  se  rejoignent  néanmoins  en  profondeur,  comme  on  peut  le 
voir  à  la  Hourcade  (fig.  4). 

2°  Les  considérations  qui  précèdent  attestent  l'antériorité  des 
schistes  de  Bellongue  par  rapport  aux  terrains  secondaires.  Ils 


442      CARALP.  —  SUR  LE  FLYSCH  A  FUGOÏDES  DE  LA  BELLONGUE      19  Juîll 

appartiennent  donc  au  Primaire.  Divers  géologues  étaient  déjà 
arrivés  à  cette  conclusion  mais  sans  preuves  à  l'appui  ;  M.  Carez  (1) 
seul  a  abordé  ce  sujet  d'une  façon  plus  rigoureuse  en  faisant  inter- 
venir quelques  discordances  qu'il  a  reconnues  aux  environs  de 
SaintLary. 

A  quel  étage  du  Primaire  faut-il  rattacher  ces  schistes?  Ceux  qui 
les  attribuent  au  Primaire  les  rapportent  aux  terrains  les  plus 
anciens,  soit  au  Silurien,  soit  au  Cambrien  et  au  Laurentien.  Nos 
études  montrent  que  cette  manière  de  voir  est  inacceptable. 

En  suivant  la  bordure  méridionale  de  ces  schistes  dans  la  Bellon- 
gue,  nous  avons  pu  voir  qu'ils  succèdent  immédiatement,  soit  dans 
les  hauts  vallons  d'Augirein  et  SaintLary,  soit  dans  la  coume  de 
Salsein,  au  calcaire  carbonifère  qui  forme  les  crêtes  méridionales. 
Une  coupe  (C\g.  6)  levée  entre  le  col  de  l'Arraing  et  la  Bellongue 
dans  la  directiou  d'Argeiu  nous  paraît  décisive  à  cet  égard.  Elle 
montre  eu  effet  que  les  schistes  (.r)  de  ce  col  qui,  à  travers  la  forêt 
de  Salsein,  se  rattachent  à  ceux  de  la  Bellongue,  butent  en  con- 
cordance contre  les  calcaires  carbonifères  (H)  du  Tue  du  col  de 
Pouech  (1350m),  et  d'autre  part  sont  en  rapport,  en  dessous  du  Pla- 
de  Pont,  avec  les  grès  et  conglomérats  rougeâtres  (P-)  du  Permien 
moyen  sur  lesquels  vienneut  s'adosser  les  grès  triasiques  (T1)  et 
des  bancs  de  calcaires  cristallins. 

La  position  de  ces  schistes  entre  le  calcaire  carbonifère,  équiva- 
lent du  calcaire  dinantîen  à  Productus  d'Ardengost,  et  les  conglo- 
mérats rougeâtres  du  Rothliegende,  les  désigne  comme  représen- 
tant le  carbonifère  et  selon  toute  apparence  l'étage  houiller. 

Le  même  âge  carbonifère  doit  être  appliqué  selon  nous  à  tous  les 
schistes  de  la  Bellongue  et  du  bassin  d'Oust,  aux  calcaires  à 
fucoïdes,  aux  grès  et  conglomérats,  toutes  roches  qui,  ainsi  que 
nous  l'avons  dit,  paraissent  inséparables.  Avec  ses  roches  détriti- 
ques, ses  schistes  argileux  si  abondants,  ses  fucoïdes,  le  système 
de  la  Bellongue  paraît  représenter  un  flysch  carbonifère. 

Ce  complexe  d'assises  n'a  toutefois  pas  la  puissance  qu'on  lui 
supposerait  au  premier  abord  :  la  Bellongue.  en  effet,  et  le  bassin 
d'Oust  sont  des  régions  essentiellement  plissées,  dans  lesquelles  le 
plougement  des  assises  éprouve  de  fréquentes  variations.  L'étude 
détaillée  de  ces  formations  sédimentaires  révèle  une  série  d'anticli- 
naux et  de  synclinaux  orientés  daus  leur  ensemble  de  l'est  à  l'ouest, 
réserve  faite  de  quelques  perturbations  locales  ;  certains  de  ces 

(1)  «.  S.  G.  F.,  18  juin  18%. 


1899  et  du  bassin  d'aoust  443 

anticlinaux  paraissent  occupés  par  le  calcaire;  ce  serait  alors  un 
retour  du  Dinantien  sous  les  schistes  et  conglomérats  houillers. 

Ainsi  que  nous  l'avons  déjà  dit,  les  formations  de  la  Bellongue  et 
du  bassin  d'Oust  ont  été  mises  sur  des  niveaux  très  variés.  Coquand 
le  premier  attribua  au  Jurassique  et  plus  spécialement  au  Lias  les 
schistes  ardoisiers  de  la  Bellongue  et  en  particulier  ceux  d'Arrout 
où  Charpentier  avait  signalé  des  ammonites.  Dufrénoy  et  plus  tard 
M.  Mussy  acceptèrent  cette  détermination  dans  ses  traits  généraux. 
Au  début  de  mes  recherches  j'avais,  pareillement,  sur  l'autorité  de 
ces  géologues,  attribué  au  Lias  les  schistes  ardoisiers;  j'abandonnai 
plus  tard  cette  manière  de  voir  qui  se  heurtait  dans  la  pratique  à 
de  grandes  difficultés. 

M.  Roussel  y  voit  uniquement  du  Crétacé  inférieur  et  surtout  du 
Gault,  d'autres  enfin  rapportent  ces  formations  au  Primaire,  soit 
au  Cambrien  et  au  Silurien,  comme  M.  Bleicher,  soit  seulement  au 
Silurien,  comme  M.  de  Lacvivier.  Plus  récemment,  M.  Carez  s'est 
prononcé  également  pour  leur  attribution  aux  terrains  paléozoïques; 
il  a  rapproché,  mais  avec  quelques  doutes,  les  schistes  ardoisiers 
de  ceux  du  Siiurieu  moyen  ;  il  a  laissé  néanmoins  dans  le  Lias  les 
schistes  de  la  rive  gauche  de  la  Bouigaue,  bien  qu'on  ne  puisse  les 
vséparer  de  ceux  de  la  rive  droite. 

Quant  aux  grès  et  conglomérats  de  la  région  d'Oust,  la  plupart  des 
géologues,  sinon  tous,  n'y  ont  vu  jusqu'ici  que  du  Crétacé  supé- 
rieur. Mais  cette  détermination  ne  parait  nullement  plausible  étant 
donnée  l'association  intime  qui  existe  entre  les  grès  et  les  schistes 
ardoisiers:  tout  semble  indiquer  que  ce  sont  là  deux  formations 
synchroniques. 

M.  Stuart-Menteath  adresse  les  observations  suivantes  sur  le 
bassin  de  Saint  -Jeun- Pied- de- Port. 

Le  Muschelkalk,  caractérisé  par  Linyula  tenuissimu,  depuis 
Baigorry  jusqu'à  Saint-Michel,  forme  le  fond  de  ce  bassiu,  qui  a 
été  brisé,  disloqué  et  enveloppé  de  la  façon  la  plus  irrégulière  par 
des  émissions  d'ophite  qui  ont  dû  former  une  sorte  de  laccolite 
presque  continue.  Pendant  l'émission  le  bassin  a  été  rempli  de 
Flysch  qui,  aujourd'hui  déblayé,  forme  de  grandes  falaises  au  nord, 
présentant  à  tous  les  niveaux  des  lentilles  de  tufs  ophitiques  for- 
més pendant  les  émissions  laccolitiques  eu  profondeur.  Dans  le 
bassin  un  lambeau  conservé  par  failles,  préseute,  le  long  de  sa 
bordure  méridionale,  des  Nérinées,  Actionelles,  Caprines,  Huîtres  et 


444  STUARTMENTEATH.    —   OBSERVATIONS  19  Juin 

Polypiers  caractéristiques  de  la  base  cénomauienne  du  Fiysch.  On  a 
donc  la  preuve  que  l'ophite  en  question  est  postérieure  au  Trias  et 
contemporaine  du  Fiysch.  En  la  faisant  contemporaine  du  Muschel- 
kalk  on  aurait  donné  à  ce  dernier  une  épaisseur  invraisemblable. 

La  superposition  du  Lias  fossilifère  est  ici  incontestable.  Dans 
d'autres  gisements  à  Ungula  le  Lias  est  remplacé  par  l'ophite, 
transformé  en  gypse,  ou  inséparable  du  Fiysch,  dont  la  base  lui 
ressemble  parfois  très  exactement.  Sur  la  lisière  des  bosses  des 
Pyrénées  chaque  terme  de  la  série  stratigraphique  varie  très  brus- 
quement en  épaisseur.  Le  Fiysch  parait  avoir  enveloppé  ces  bosses 
pendant  leur  développement  et  de  manière  à  se  déposer  sur  un 
terme  quelconque,  par  suite  d'une  érosion  contemporaine  attestée 
par  des  conglomérats  également  très  variables.  Le  Muschelkalk  du 
Hartz  et  celui  des  Pyrénées  ont  une  grande  similarité  de  dévelop- 
pement et  de  relations.  L'ophite  dans  les  Pyrénées  parait  due  à  des 
facilités  d'intrusion;  et  d'ailleurs  les  bosses  de  calcaire  crétacé 
dans  le  Fiysch  présentent  souvent  des  émissions  d'ophite  entre  la 
surface  du  calcaire  et  la  base  des  marnes  enveloppantes. 

Au  sud  de  Saint-Jeaji,  des  argilites  et  conglomérats  permiens 
sont  nettement  intercalés  entre  le  poudingue  quartzeux  de  la  base 
du  Trias  et  la  grauwacke  schisteuse  micacée  qui  m'a  donné  partout, 
et  dernièrement  encore  à  la  naissance  de  la  Bidouze,  à  six  kilo- 
mètres au  S.-E.  de  Saint-Just,  des  plantes  caractéristiques  du 
Houiller  le  plus  supérieur.  Le  Permien,  souvent  difficile  à  distin- 
guer du  Trias  ou  du  Fiysch,  est  typique  entre  Banca  et  Les  Aldudes, 
et  les  plantes  du  gisement  cité  sont  d'une  conservation  très  satis- 
faisante. Entre  Banca  et  Valcarlos  toute  la  montagne  est  composée 
de  Dévonien  fossilifère  partout  lardé  de  filons  et  lentilles  métamor- 
phiques de  quartzite.  Le  Dévonien,  avec  ce  môme  faciès,  repose  sur 
des  ardoises  du  Silurien  et  forme  le  fond  du  pays.  A  l'O.  d'Irissarry 
et  au  S.-E.  d'Urepel  on  voit  des  pointements  lenticulaires  d'ophite 
traversant  les  quartzites.  De  pareils  points  d'émission  sont  nom- 
breux en  Navarre,  mais  ont  facilement  échappé  à  l'observation.  La 
silicification,  qui  a  surtout  attaqué  les  calcaires,  est  presque  entiè- 
rement antérieure  au  Trias,  et  a  été  accompagnée  d'imprégnations 
de  cuivre,  plomb,  argent,  mercure  et  étain.  Les  ophites  ont  été 
largement  accompagnées  de  fer. 


1899  445 


QUELQUES  POINTS  NOUVEAUX  DE  GÉOLOGIE  JURASSIENNE 

par  xM.  BOURGEAT. 

Sommaire  :  I.  Le  Glaciaire.  —  II.  Jurassique  supérieur  de  la  Plaine. 

III.  Failles  obliques. 

Comme  les  loisirs  me  manquent  pour  exposer  en  détail  un  cer- 
tain nombre  de  faits,  que  j'ai  récemment  recueillis  sur  la  région  du 
Jura,  je  prie  la  Société  de  me  permettre  de  résumer  les  principaux 
d'entre  eux.  Ils  se  ramènent  à  trois  chefs  :  le  Glaciaire,  le  Jurassique 
supérieur  de  la  plaine,  les  failles  obliques. 

I.  —  Le  Glaciaire. 

En  ce  qui  concerne  le  Glaciaire,  j'ai  à  signaler  deux  nouvelles  loca- 
lités présentant  des  blocs  alpins.  La  première  est  le  territoire  de 
Germagnat-sur-Surand,  la  seconde  le  plateau  des  Rousses.  A  Ger- 
raagnat,  en  effet,  soit  du  côté  de  Montfleur,  soit  du  côté  de  Simandre, 
on  remarque  le  longdu  Surand  des  blocs  assez  volumineux  de  quart- 
zites  et  de  gneiss  qui  offrent  les  mêmes  caractères  que  ceux  de  Si- 
mandre et  qui  doivent  avoir  la  même  origine.  Si  ceux  de  Simandre 
sont  réellement  alpins,  comme  tout  parait  le  démontrer,  il  faut 
admettre  que  le  glacier  qui  les  a  charriés  remontait  la  vallée  du 
Surand  jusqu'au-dessus  des  moulins  de  Corcelle,  c'est-à-dire  au- 
dessus  de  l'altitude  de  312  mètres. 

Aux  Rousses  jusqu'ici  je  n'avais  pu  rencontrer  aucune  trace  de 
glaciaire  alpin.  Il  me  semblait  cependant  presque  nécessaire  d'ad- 
mettre que  le  glacier  du  Mont-Blanc  avait  débordé  le  col  de  la  Fau- 
cille ou  le  col  de  Saint-Cergues  et  couvert  le  territoire  des  Rousses 
pour  expliquer  la  présence  de  micaschistes,  de  chloritoschistes  et  de 
quartzites  aux  environs  de  Val  fin  et  de  Leschères.  Or,  mes  prévisions 
ont  été  justifiées,  car  au  nouvel  an  j'ai  reçu  de  M.  le  curé  des  Rousses 
un  assez  beau  fragment  de  micaschiste  trouvé  sur  le  territoire  de  sa 
paroisse  aux  environs  du  hameau  des  Graviers. 

Le  glaciaire  jurassien  présente  entre  Passennans  et  le  tunnel  de 
Domblans  une  particularité  qui  a  été  déjà  signalée  ailleurs.  11  est 
recouvert  d'argiles  àchailles  qui  proviennent  assurément  de  l'alté- 
ration et  du  transport  des  formations  bajociennes  de  Frontenay, 
situées  à  un  ou  deux  kilomètres  plus  haut  vers  Test. 

Leur  présence  sur  le  glaciaire  semble  montrer  qu'après  la  grande 


446  BOURG EAT  19  JuÎD 

glaciatioa  qui  a  laissé  ses  traces  au  pied  de  la  falaise,  il  y  a  eu  un 
ruissellement  très  intense.  Peut  être  ces  silex  se  rattachent-ils  à  un 
phénomène  qu'on  observe  à  Au  mont  dans  les  carrières  de  sable  rap- 
portées au  Pliocène  bressan.  On  y  voit  au-dessus  des  conglomérats 
siliceux  de  la  forêt  de  chaux,  d'abord  des  sables  micacés,  puis  des 
fragments  bajociens  ferrugineux,  enrichis  en  fer  par  décalcification, 
puis  de  l'argile  à  chailles,  puis  à  nouveau  des  sables  et  des  conglo- 
mérats siliceux,  puis  enfin  des  argiles  à  chailles.  Le  premier  niveau 
de  chailles  ne  serait-il  pas  antérieur  au  glaciaire  de  la  falaise  et  le 
second  postérieure?  C'est  là  une  question  qui  mérite  d'être  étudiée 
par  des  observations  méthodiques  entre  Passenans  et  Aumont. 

Quoi  qu'il  en  soit  de  ce  point,  j'ai  pu  dernièrement,  grâce  aux  tran- 
chées nouvelles  qui  ont  été  pratiquées  dans  la  forêt  de  Mouchard  à 
Saint-Cyr,  trouver  la  solution  d'un  problème  qui  m'avait  plus  d'une 
fois  préoccupé.  On  observe  facilement  en  elïet  des  traces  de  glaciaire 
jurassien  sur  presque  tout  le  front  de  la  falaise  qui  s'étend  de  Lons- 
le  Saulnierà  la  petite  ville  d'Arbois.  Mais  ces  blocs  glaciaires  sem- 
blaient ne  pas  exister  vis-à-vis  Salins  sur  les  territoires  de  Mouchard, 
de  Pretiu,  de  Marnoz,  d'Aiglepierre.  Le  fait  paraissait  d'autant  plus 
étrange  que  Salins  et  les  territoires  en  question  se  trouvent  au  pied 
du  mont  Poupet,  dont  la  hauteur  de  plus  de  900  mètres  est  bien 
supérieure  à  celle  des  autres  saillies  de  la  falaise.  N'y  aurait-il  donc 
pas  eu  de  glaciers  au  pied  du  Poupet?  Telle  est  la  question  que  je 
me  posais.  Elle  est  aujourd'hui  résolue  par  la  mise  au  jour  de  blocs 
glaciaires  dans  les  tranchées  de  la  forêt  de  Mouchard.  Seulement, 
comme  ces  blocs  ne  se  rencontrent  qu'eu  morraiues  de  très  faible 
étendue,  je  crois  que  le  Poupet,  tout  eu  ayant  ses  glaciers  propres, 
n'a  pas  permis  aux  masses  glaciaires  venant  des  hautes  chaînes 
orientales  de  s'étaler  plus  loin.  C'est  ainsi  qu'il  aurait  moins  de  blocs 
erratiques  à  ses  pieds  que  vis-à-vis  d'autres  d'endroits  moins 
élevés  de  la  falaise. 

II.  —  Jurassique  supérieur  de  la  plaine. 

Le  Jurassique  supérieur  de  la  plaine  du  Jura  est  celui  qu'on  trouve 
au  pied  de  la  falaise  sur  les  limites  orientales  de  la  plaine  bressane. 

Je  l'ai  observé  à  trois  endroits  :  à  Vadans,  entre  Sellières  et  Baudin 
et  à  Cesansey,  au  sud  de  Lons-le-Saulnier.  La  disposition  qu'il  y 
affecte  est  représentée  par  les  ligures  1,  2  et  3.  Elles  ne  méritent 
aucune  mention  spéciale  au  point  de  vue  stratigraphique  si  ce  n'est 
qu'à  Cesansey,  au  Sud  du  village,  le  Jurassique  supérieur  forme  un 
des  rares  synclinaux  que  l'on  observe  dans  la  plaine. 


1899        QUELQUES   POINTS    NOUVEAUX    DE  GEOLOGIE  JURASSIENNE  447 

Voici  ce  que  j'y  ai  constaté  de  particulier. 

A  Va  dans,  ainsi  qu'entre  Sellières  et  Baudin,  la  partie  supérieure 
de  l'Oxfordieu  est  constituée,  comme  dans  les  eavirons  de  Dole,  par 
des  marnes  grises  se  fragmentant  en  petits  nodules  et  d'un  aspect 


,  Lias  ;  2,  Kajucli-n  ;  3,  Dathunirn  :  4,  Os  lord  i  en  se  terminant  par  des  marnes 
grises  ;  ii,  Corallien  avec  l'olypiers,  Rprmirlaires,  Dicernu  cl  Encrines  (t'tVfari* 
^lorigtmma  a  la  base]. 


I ,  Uxfordien  formé  de.  marnes  srlilsteuaes  ne  liant  al 

rolitlies  riches  en  petites  Huîtres,  on  Serpules  et  en  Spun^luii 

pauvre  en  Polypiers,  fitlari*  fltirigrmma;  3,  (ficaires  marneux  en  plaquettes, 

débris  île  llivalvcs  ;  4,  Calcaires  fraitmentos  puissant  à  la  nreetu'. 

tout  différent  des  marnes  oxfordiennes  supérieures  du  haut  Jura. 
La  base  du  Corallien  à  Cidaris  florigtmma  n'offre  en  retour  au- 
cune trace  de  ces  sphérolithes  roulés  que  l'on  rencontre  si  fré- 
quemment à  l'est  de  la  falaise.  On  y  voit  apparaître  peu  à  peu  des 
chailles,  des  Spongiaires,  des  Polypiers  et  des  Encrines  qui  rap- 


448  bourgeat  19  Juin 

pellent  le  Corallien  des  bords  de  la  Serre.  Toute  la  formation  est 
à  l'état  de  calcaire  plus  ou  moins  compact.  Enfin  le  Jurassique  se 
termine  par  des  calcaires  fragmentés  passant  à  la  brèche. 

A  Cesansey  l'Oxfordien  offre  au  contraire  tous  les  caractères 
pétrographiques  du  haut  Jura.  Ce  sont  des  marnes  feuilletées  très 
riches  en  débris  de  Lima,  d'Huîtres  et  de  Serpules  qui  sont  surmon- 
tées de  sphérolithes  analogues  encore  de  tout  point  à  ceux  du  Coral- 
lien inférieur  de  la  chaîne.  Rien  ne  rappelle  donc  le  Jurassique  supé- 
rieur de  Vadans  et  de  Baudin  si  ce  n'est  les  dernières  couches  qui 
sont  aussi  fragmentées  et  qui  passent  également  à  la  brèche.  A  quel 
des  deux  étages  Kimeridgien  ou  Portlandien,  se  rattache  cette 
brèche?  Une  serait  pas  encore  possible  de  le  dire.  Mais  elle  me  pa- 
rait témoigner  d'une  émersion  de  la  région  vers  la  fin  du  Jurassique. 

Par  le  fait  que  les  assises  de  Vadans  et  de  Sellières  ont  plus  de 
ressemblance  avec  celle  de  Dôle  qu'avec  celles  du  Jura  proprement 
dit,  dont  elles  sont  cependant  plus  rapprochées,  il  me  semble  tout 
naturel  de  croire,  comme  je  l'ai  déjà  supposé  depuis  longtemps, 
qu'il  y  avait  entre  Vadans  et  Sellières  d'une  part  et  le  haut  Jura 
de  l'autre,  un  massif  jurassique  inférieur  émergé. 

lit.  —  Failles  obliques. 

J'ai  eu  l'année  dernière  l'honneur  de  présenter  à  la  Société  un  cer- 
tain nombre  de  coupes  figurant  ces  failles  obliques  et  montrant 
comment  elles  sont  le  résultat  d'une  poussée  exercée  sur  des  plis. 
Je  puis  y  ajouter  quelques  autres  exemples. 

S.E.  .  ■•'"  "V  N.O. 


Fig.  4.  —  Coupe  du  Jurassique  entre  Montenet  et  les  Crozets. 
Échelle  des  longueurs  1/5U.000  ;  des  hauteurs  1/15.000. 

1,  Lias  ;  2,  Jurassique  inférieur  ;  3,  Oxfordien  ;  4,  Jurassique  supérieur  ;  5,  Pur- 

beckien  et  Néocomien  :  FF,  Faille  oblique. 

Le  premier  est  fourni  par  la  coupe  (fig.  4)  de  Montenet  aux  Crozets, 
prise  à  8  kilomètres  à  vol  d'oiseau  au  nord  de  Sl-Claude,  à  travers 
la  forêt  de  la  Sourda.  On  y  voit  que  par  suite  du  glissement  d'une 


1899       QUELQUES   POINTS  NOUVEAUX    DE  GÉOLOGIE  JURASSIENNE  449 

moitié  d'anticlinal  sur  un  synclinal  situé  au  nord-ouest,  le  Lias  est 
venu  en  contact  avec  le  Néocomien,  dont  les  couches  repliées  en  V 
accusent  manifestement  l'existence  du  synclinal. 
Le  second  est  fourni  par  la  coupe  (fig.  5)  prise  entre  Chevry  et 


N.o. 


Pont  deLisoii 


Fig.  5.  —  Faille  oblique  de  Chevry  à  Pont-de-Lizon. 
Échelle  des  longueurs  1/50.000  ;  des  hauteurs  1/15.000. 

1,  Jurassique  inférieur  (Bajocien  et  Bathonien)  couvert   de   buis  ;  2,  Oxfordien  ; 
3,  Jurassique  supérieur  ;  4,  Urgonien  à  Chaînas  couvert  de  grands  arbres. 

Pont-de  Lizon-sur  Bienne.  On  y  voit  aussi  comment,  par  le  fait  du 
glissement  du  cùté  sud-est  d'un  anticlinal  sur  le  bord  opposé,  le 
Jurassique  inférieur  est  venu  se  superposer  à  l'Urgonien. 


Fig.  fî.  —  Coupe  de  Rochefort  &  Avignon. 
Échelle  des  longueurs  1/50.000  ;  des  hauteurs  1/15.000. 

1,  Lias  ;  2,  Jurassique  inférieur  ;  3,  Oxfordien  ;  4,  Jurassique  supérieur  ;  5,  Néoco- 
mien et  Purbeckien  fragmentés. 


L'obliquité  de  la  faille  en  cette  coupe  se  laisse  facilement  recon- 
naître aux  caractères  de  la  végétation.  On  remarque  en  ellet  que 


H  Décembre  18W.  —  T.  XXVII. 


Bull.  Soc.  Géol.  Fr.  —  29 


450        BOURGEAT.  —  QUELQUES  POINTS  DE  GÉOLOGIE  JURASSIENNE 

l'Urgonien  couvert  de  bois  de  hautes  futaies  se  prolonge  longtemps 
du  côté  de  B  au-dessous  du  Jurassique  inférieur  recouvert  de  buis. 

Le  troisième  est  tiré  de  la  Cluse  de  S^Claude  même  et  s'observe 
très  bien  vis-à-vis  le  pont  suspendu  qui  traverse  la  gorge  du  Tacon. 

On  y  remarque  en  effet  (fig.  6)  comment  le  bord  sud-est  d'un 
synclinal  a  glissé  vers  le  centre  et  est  venu  se  superposer  comme  en 
discordance  de  stratification  sur  des  assises  qui  devraient  en  être 
le  prolongement  normal.  La  même  chose  s'observe  d'une  manière 
plus  accentuée  mais  un  peu  moins  à  découvert  plus  au  nord-est 
sur  le  chemin  de  Trébayard. 

Je  pourrais  encore  citer  un  bel  exemple  de  double  glissement 
visible  entre  Cinquétral  et  la  forêt  du  Fresnois,  signaler  les  parti- 
cularités du  pli-faille  de  S1  Romain  de  Roche  et  quelques  anomalies 
observées  près  de  Moirans,  mais  j'y  reviendrai  dans  une  étude  plus 
complète. 


451 


Séance  du  H  Novembre  1899 

PRÉSIDENCE  DE  M.  E.  DE  MARGER1E,  PRÉSIDENT 

M.  J.  Blayac,  Secrétaire,  donne  lecture  du  procès-verbal  de  la 
dernière  séance,  dont  la  rédaction  est  adoptée. 

Le  Président,  annonce  trois  présentations. 

11  souhaite  la  bienvenue  à  M.  Zujovic,  Professeur  à  la  Haute 
École  de  Belgrade,  membre  de  la  Société,  qui  assiste  à  la  séance. 

Le  Président  fait  part  à  l'assemblée  du  décès  de  l'un  des  Vice- 
Secrétaires  de  la  Société,  M.  Paul  Cambronne,  Préparateur  de 
géologie  à  la  Faculté  des  Sciences  de  Paris,  mort  en  Espagne  le  24 
septembre,  au  cours  d'une  mission  scientifique.  «  Le  zèle  empressé, 
le  caractère  cousciencieux  et  modeste  de  notre  jeune  confrère  lui 
avaient  conquis,  au  Secrétariat  de  la  Société,  comme  au  Laboratoire 
de  la  Sorbonne,  l'estime  et  l'amitié  de  ses  camarades.  En  lui,  nous 
perdons  un  travailleur  plein  d'avenir.  Je  suis  certain  d'être  l'inter- 
prète de  tous  ceux  qui  l'ont  connu,  en  adressant  à  sa  famille  l'ex- 
pression de  nos  vifs  regrets  et  de  notre  respectueuse  sympathie.  » 

Le  Président  présente  ensuite,  au  nom  de  M.  K.  A.  von  Zittel, 

un  ouvrage  intitulé  :  Geschichte  der  Géologie  und  Palàontologie. 

Dans  ce  volume,  l'auteur  passe  en  revue  l'histoire  des  études  et 
des  doctrines  géologiques  depuis  l'antiquité,  en  insistant  sur  «  les 
débuts  de  la  Paléontologie  »  et  sur  ce  qu'il  appelle  «  l'âge  héroïque 
de  la  Géologie  »,  c'est-à-dire  la  période  comprise  entre  1790  et 
1820;  les  plus  longs  développements  sont  réservés  à  la  «  période 
moderne  ».  qui  embrasse  la  plus  grande  partie  du  XIXe  siècle  :  les 
progrès  récents  de  chacune  des  branches  de  notre  science  y  sont 
exposés  dans  Tordre  suivant  :  Géologie  cosmique,  physiographique, 
dynamique,  topographique;  Stratigraphie,  Pétrographie,  Paléon- 
tologie. «  Notre  savant  confrère  de  Munich  a  fait  preuve,  dans  ce 
livre,  de  la  plus  grande  érudition,  en  même  temps  que  de  l'équité 
la  plus  complète.  C'est  un  nouveau  titre  qu'il  acquiert  à  la  recon- 
naissance des  naturalistes  de  tous  les  pays.  » 

M.  de  Margerie  appelle  également  l'attention  sur  le  tome  III  de 
la  Theory  of  the  Earth  de  James  Huttou,  qui  vient  d'être  imprimé 


452  SÉANCE   DU   6   NOVEMBRE    1899 

par  les  soins  de  la  Société  Géologique  de  Londres,  et  dont  un 
exemplaire  nous  a  été  adressé  par  Sir  Archibald  Geikie,  chargé 
d'en  diriger  la  publication.  Cette  suite,  encore  inédite,  mais  mal- 
heureusement incomplète,  d'une  œuvre  capitale,  comprend  six 
chapitres,  où  il  est  surtout  question  de  l'histoire  des  roches  grani- 
tiques et  du  métamorphisme. 

M.  Blayac  signale,  parmi  les  ouvrages  reçus  à  la  Bibliothèque  de 
la  Société,  les  N°"67,  68,  69,  70  du  Bulletin  des  Services  de  la  Carte 
géologique  de  la  France  :  N°  68  :  La  grande  nappe  de  recouvrement 
de  la  Basse- Provence,  par  M.  Marcel  Bertrand  (71  p.f  42  fig.,  3  pi.; 
carte  en  couleur  des  environs  de  Marseille  au  1/80.000*  et  nom- 
breuses coupes  coloriées).  —  N°  67  :  Le  Gabbro  du  Fallet  et  ses  modifi- 
cations, par  M.  A.  Lacroix  (52  p..  14  fig.  et  1  pi.).  —  N°  69  :  Compte 
rendu  des  Collaborateurs  pour  la  campagne  de  4898  (140  p.).  —  N°  70  : 
Etude  sur  les  plissements  du  Crétacé  du  bassin  de  l'Aquitaine,  par  Ph. 
Glangeaud  (48  p.,  22  f.,  1  carte  en  couleur  au  1/80.000*).  —  Le  N°41 
des  Annales  de  Géographie  :  Bibliographie  géographique  annuelle 
(1898),  304  p.,  publiée  sous  la  direction  de  M.  L.  Raveneau,  avec  le 
concours  d'une  cinquantaine  de  collaborateurs.  —  Les  C.  R.  de 
l'Académie  des  Sciences  contiennent  :  Sur  les  brèches  éogènes  du 
Briançonnais,  par  M.  Kilian  (24  juillet).  —  Sur  le  bord  externe  du 
Briançonnais  entre  Freyssinières  et  Vars,  par  MM.  Kilian  et  Haug 
(7  août).  —  Observations  relatives  au  dépôt  de  certains  travertins  cal- 
caires, par  M.  Stanislas  Meunier  (23  octobre).  —  Sur  lf intervention 
des  végétaux  dans  la  formation  des  tufs  calcaires,  par  M.  de  Lapparent 
(30  octobre). 

M.  L.  Gentil  signale,  parmi  les  ouvrages  venus  de  l'étranger,  plu- 
sieurs fascicules  du  Bulletin  de  la  Commission  géologique  de  la 
Finlande,  dont  un  mémoire  de  M.  von  J.-J.  Sederholm  :  Uber  eine 
archàische  Sedtmentformation  im  Sudwestlichen  Finland  und  ihre 
Bedeutung  fiir  die  Erklàrung  der  Entstehungsweise  des  Grundgebirges 
(n°  6,  255  p.,  97  fig.,  5  pi.,  2  cartes  en  couleurs);  1  volume  très 
important  des  Memoirs  of  the  geological  Survey  of  the  United 
Kingdom  :  The  Silurian  Rocks  of  Britain,  Vol.  /,  Scotland,  par  Peach, 
John  Horne,  J.-J  .-H.  Teall  (749  p.,  121  fig.,  27  pi.,  1  carte  et  3  coupes 
en  couleurs)  ;  9  feuilles  au  1 /75.000e,  avec  notice,  de  la  Carte  géolo- 
gique détaillée  de  l'Autriche- Hongrie;  6  feuilles  de  la  Carte  géologique 
du  Queemland;  6  feuilles  de  la  Carte  géologique  du  Danemark  au 
41400.000e,  avec  texte  explicatif  (368  p.,  1  pi.  Résumé  en  français), 
par  M.  A.  Jessen;  ld.,  2  feuilles,  avec  texte  explicatif  (107  p.,  5  pi. 
Résumé  en  français),  par  M.  K.  R0rdam. 


SÉANCE  DU  6   NOVEMBRE  1899  453 

En  présentant  les  deux  premiers  fascicules  de  la  quatrième  édition 
de  son  Traité  de  Géologie,  M.  de  Lapparent  signale,  en  quelques 
mots,  les  différences  qui  distinguent  cette  édition  des  précédentes. 
H  insiste  notamment  sur  la  refonte  totale  qu'a  subie  la  description 
des  terrains  sédimentaires,  par  suite  de  la  substitution  des  étages 
aux  systèmes  comme  unités.  Ce  changement  a  entraîné  l'auteur  à 
dresser,  pour  chaque  époque  géologique,  des  esquisses  paléogéo- 
graphiques représentant,  partout  où  la  chose  a  paru  possible,  les 
rivages  des  mers  anciennes.  Si  défectueux  et  si  prématuré  que  pût 
paraître  cet  essai,  pour  la  première  fois  tenté  sur  une  aussi  vaste 
échelle,  Fauteur  a  tenu  à  s'y  risquer,  non  seulement  pour  faciliter  la 
tâche  des  étudiants,  mais  aussi  pour  accentuer  définitivement  la 
tournure  que  doit  prendre  la  science  géologique,  si  elle  veut  se  faire 
accepter  partout  dans  l'enseignement.  En  effet,  notre  science  ne  doit 
plus  se  résigner  à  apparaître  comme  une  aride  énumération  de 
strates,  de  fossiles  et  de  roches.  Sa  véritable  mission  est  de  tendre 
sans  cesse  à  la  reconstitution  des  épisodes  successifs  dont  se  com- 
pose l'évolution  géographique  totale  de  notre  planète. 

M.  M.  Boule  présente  de  la  part  de  leurs  auteurs  :  une  note  de 
M.  Sauvage  sur  les  Pachycormidés  du  Lias  supérieur  de  Vassy  et 
des  notes  de  M.  P.  Lahille  sur  Terebratella  patagonica  Sow.  et 
sur  les  dimensions  du  Stenodelphis  Blainvillei. 

Terebratella  patagonica  est  un  Brachiopode  du  Tertiaire  de  la  Pata- 
gonie  décrit  et  fort  mal  caractérisé  par  Sowerby,  considéré  plus  tard 
par  von  Ihering  comme  appartenant  au  genre  Magellania  et  ayant  en 
réalité  un  appareil  brachial  de  Terebratella.  M.  Lahille  a  fait  pour 
cette  espèce,  dont  il  a  pu  se  procurer  de  très  nombreux  individus, 
une  étude  analogue  à  celle  qu'il  a  déjà  publiée  sur  le  Monophura  Dar- 
wini.  Son  travail,  accompagné  de  planches  photographiques,  montre 
a  qu'en  ne  tenant  compte  que  de  la  variation  normale  des  caractères 
extérieurs  indépendants  les  uns  des  autres,  on  peut  calculer  que  le 
nombre  des  principales  variétés  de  Terebratella  patagonensis  s'élève 
à  un  minimum  de  384.  Les  naturalistes,  ajoute  M.  Lahille,  qui 
pourraient  être  tentés  de  créer  de  nouvelles  espèces  patagoniennes 
de  Brachiopodes,  feront  bien  de  réfléchir  à  ce  résultat.  » 

M.  M.  Boule  offre  en  outre  à  la  Société  diverses  brochures 
dont  il  est  l'auteur  :  1°  Note  sur  de  nouveaux  fossiles  secondaires  de 
Madagascar;  2°  Sur  l'existence  d'une  faune  d'animaux  antiques  dans 
la  Charente  à  l'époque  quaternaire  (en  collab.  avec  M.  Chauvet);  S0  Note 
sur  la  physiographie  du  Carladez  ;  4°  L'abri  sous  roche  du  Rond,  près 
Saint- Arçons  d'Allier  (Haute-Loire)  [en  collab.  avec  M.  Vernière]. 


454  SÉANCE   DU   6   NOVEMBRE   1899 

M.  Marcel  Bertrand  fait  hommage  à  la  Société,  de  la  part  de 
MM.  de  Angelis  d'Ossat  et  P.  Millose vich ,  d'une  note 
Cenni  intorno  aile  raccolte  Geologiche  deWultimm  spedizione  Bbttego. 
Ce  travail  est  accompagné  d'une  carte  géologique  au  1/3.000.000° 
de  la  région  parcourue  par  le  Dr  Maurizio  Sacchi,  région  située 
dans  l'Afrique  équatoriale  un  peu  au  nord  du  Kénia,  entre  le  fleuve 
Ganana  qui  se  jette  dans  l'Océan  Indien  et  le  lac  Rodolphe. 

M.  A.  Gaudry  présente  une  note  de  M.  J.  Igino  Cocchi,  intitulée  : 
I  denti  delV  Ele faute  africavo  el  il  commercio  delV  Avorio. 

M.  Haug  présente  à  la  Société  deux  livraisons  de  la  Grande 
Encyclopédie  renfermant  les  articles  Néocomien  et  Permo  Carbonifère 
rédigés  par  lui.  Il  présente  également  la  Revue  annuelle  de  Géologie 
qu'il  a  publiée  dans  la  Revue  générale  des  Sciences  du  30  août.  Dans 
cette  revue,  il  a  traité  les  sujets  suivants  :  1°  la  dissymétrie  de 
l'hémisphère  nord  (d'après  un  travail  de  M.  Suess)  ;  2°  les  nappes 
de  recouvrement  (au  sujet  des  publications  récentes  de  MM. 
Schardl,  Marcel  Bertrand,  Termier)  ;  3°  l'histoire  pléistocène  du 
massif  fenno-scandinave  (résumé  des  résultats  obtenus  par  MM.  de 
Geer  et  Ramsay)  ;  4°  l'origine  et  l'âge  du  lœss  (d'après  MM.  Stein- 
mann  et  Frùh)  ;  5°  les  terrains  secondaires  de  la  Roumanie  (au  sujet 
des  thèses  de  doctorat  de  MM.  Anastasiu  et  Popovici-Hatzeg). 

M.  Zeiller  offre  à  la  Société  une  note  publiée  par  lui  dans  le 
Bulletin  de  la  Société  botanique  de  France  (t.  XLV,  p.  392-396)  «  Sur 
la  découverte,  par  M.  Amalitzky,  de  Glossopteris  dans  le  Permien 
supérieur  de  Russie  »  ;  il  ajoute  que,  postérieurement  à  la  rédaction 
de  cette  note,  il  a  reçu  de  M.  Amalitzky  une  photographie  qui  ne 
laisse  aucun  doute  sur  la  présence  du  Gloss.  indica  parmi  les  échan- 
tillons recueillis  dans  le  gouvernement  de  Vologda  par  l'éminent 
professeur  de  Varsovie.  Depuis  la  publication  de  son  premier 
travail,  M.  Amalitzky  a  trouvé  également  (1)  des  Gangamopteris 
dans  ces  mêmes  gisements,  associés,  avec  les  Glossopteris  et  les 
Schizoneura,  d'une  part  à  de  nombreuses  Anthracoxidées,  à  des 
Estheria,  ainsi  qu'à  des  Callipteris  et  des  Tœniopteris,  c'est-à-dire 
à  des  types  delà  flore  normale  du  Permien  d'Europe,  d'autre  part  à 
une  riche  faune  de  Reptiles  (Pareiasauriens,  Dicynodontes,  Stégo- 
céphales),   rappelant  beaucoup  celle  qui  accompagne  la  flore  à 

(1)  Excursion  géol.  dans  le  N.  de  la  Russie.  Sur  de  nouveaux  vertébrés  et  fos- 
siles végétaux  trouvés  dans  les  couches  a  Glossnpterù  du  Permien,  dans  les 
bassins  de  la  Soukhona  et  de  la  Dwina  du  Nord  (Soc.  biol.y  t.  IX,  1898)  (on  russe). 


SÉANCE  DU   6  NOVEMBRE   1899  455 

Glossopteris  dans  les  dépôts  permo-triasiques  indiens  des  Lower 
Gondwanas  ou  dans  la  série  austro-africaine  du  Karoo.  Il  est  inutile 
d'insister  sur  l'intérêt  de  ces  découvertes,  au  point  de  vue  de  la 
répartition  des  formes  animales  et  végétales  à  la  surface  du  globe. 

Répondant  à  l'appel  de  M.  le  Président,  M.  de  Lapparent 
donne  quelques  détails  sur  le  récent  Congrès  géographique  de  Berlin, 
la  plus  brillante  assemblée  d'hommes  de  science  à  laquelle  il  lui 
ait  été  donné  d'assister.  Il  signale  surtout,  parmi  les  questions 
traitées,  la  prépondérance  marquée  des  sujets  de  géographie  phy- 
sique, ainsi  que  l'aisance  parfaite  avec  laquelle  les  géographes 
étrangers  manient  les  considérations  géologiques.  Cette  leçon  est 
importante  à  recueillir  et  prouve  le  danger  qu'il  y  aurait  à  persister 
dans  les  fâcheux  errements  qui,  trop  souvent  en  France,  ont 
dominé  dans  la  pratique  de  l'enseignement  géographique. 

Ph.  Glangeaud.  —  Sur  les  plissements  du  bassin  de  V Aquitaine. 
—  Réponse  à  M.  Raulin. 

Quelques  jours  avant  la  publication  de  la  note  de  M.  Raulin 
(Observations  à  une  note  de  M.  Glangeaud.  B.  S.  G.  F.,  t.  XXVII, 
p.  114),  relative  à  ma  note  «  sur  les  plissements  du  Crétacé  du  bassin 
de  l'Aquitaine  »  (C.  H.  Ac.  Se.,  26  décembre  1898),  paraissait,  dans 
le  Bulletin  des  Services  de  la  Carte  géol.  de  la  France  (n°  70),  une 
étude  détaillée  sur  le  même  sujet  dans  laquelle  je  donnais  la  biblio- 
graphie complète  de  la  question  et  où  je  citais  plusieurs  passages 
importants  des  travaux  de  notre  confrère.  Je  ne  pouvais  pas,  dans 
un  simple  compte-rendu  à  l'Académie,  examiner  les  nombreux 
travaux  se  rapportant  au  sujet  que  je  traitais. 


456  6  Nov. 


NOTE  SUR  QUELQUES  FORAMINIFÈRES  NOUVEAUX 
OU  PEU  CONNUS  DU  CRÉTACÉ  D'ESPAGNE 

par  M.  C.  SCHLUIBERGER. 

(Planches  VIII,  IX,  X  et  XI). 

Dans  une  Note  que  j'ai  publiée  en  1898  (1)  sur  le  Meandropsina 
Vidali  j'avais  exprimé  le  regret  de  n'avoir  pas  à  ma  disposition  une 
quantité  suffisante  d'individus  pour  élucider  complètement  tous  les 
détails  de  construction  de  ce  curieux  Foraminifère.  Notre  confrère 
M.  Vidal,  ingénieur  en  chef  des  mines  à  Barcelone,  s'est  empressé 
de  répondre  à  mon  désir  et  y  a  mis  une  bonne  grâce  et  une  amabilité 
si  complète,  que  je  tiens  avant  tout  à  lui  en  exprimer  tous  mes 
remerciements 

Dans  un  premier  envoi  il  m'a  procuré  avec  beaucoup  de  Forami- 
nifères  de  différentes  localités,  tout  ce  qu'il  possédait  de  Mean- 
dropsina. La  petite  quantité  de  sable  qui  accompagnait  ces  derniers 
m 'ayant  montré  quelques  formes  intéressantes,  M.  Vidal  a  bien 
voulu,  à  mon  intention,  entreprendre  le  voyage  assez  fatigant  de 
Barcelone  à  Trago  di  Noguera  dans  la  montagne  où  se  trouve  la 
couche  santonienne  à  Meandropsina.  La  provision  de  sable  à  gros 
grains  anguleux,  presque  entièrement  calcaire,  qu'il  m'a  envoyée, 
contient  un  très  grand  nombre  de  Foraminifères  et  c'est  le  résultat 
de  mes  recherches  que  je  viens  présenter  à  la  Société. 

Malheureusement  beaucoup  d'espèces  ont  eu  leur  tét  extérieur 
corrodé  par  la  fossilisation  et  parfois  les  cloisons  intérieures  ont 
disparu  par  la  cristallisation. 

Voici  la  liste  des  espèces  que  j'ai  rencontrées  : 

MiliolidjE  (2). 

Biloculina  n.  sp.  —  Idulina  antiqua  d'Orb.  —  Periloculina  sp.  n. — 
Pentellina  sp.  —  Cornuspira  cretacea  Reuss.  —  Lacazina  elongata 
Mun.-Chal.  —  Vidalina  kispanica  n.  sp. 

(1)  B.  S.  G.  F.,  3-  série,  T.  XXVI,  489H,  p.  330-339. 
it)  Bhady.  Challenger  Report,  Vol.  IX. 


1899  FORAMINIFÈRES  NOUVEAUX   DU  CRÉTACÉ  D'ESPAGNE  457 

LaGENIDjE 

Cnstellaria  cf.  microptera  Reuss.  —  Vaginulina.  —  Frondicularia 
gaultina  Reuss.  —  Tritaxia  tricarinata  Reuss. 

ROTALTDiE 

Rotalina. 

NUMMULINIDiE 

Nonionina  cretacea  nov.  sp. 

Textularida: 

Cuneolina  conica  d'Orb.  Textilaria. 

Et  les  trois  espèces  Dictyopsella  Kiliani  Mun.-Chal.  n.  g.,  /).  Chai- 
masi  d.  sp.  et  Meandropsina  Vidait  Schlumb. 

Description  des  Espèces 

Les  nombreuses  espèces  de  vraies  Miliolidœ,  que  Brady  réunit 
dans  sa  sous-famille  des  Miliolininœ,  sont  généralement  très  mal 
conservées  dans  la  couche  de  TragD  di  Noguera.  Les  loges  exté- 
rieures manquent  et  les  loges  internes  sont  souvent  ou  écrasées  ou 
brisées.  Je  n'ai  pu  reconnaître  avec  certitude,  par  de  nombreuses 
sections,  que  :  une  Biloculina^  probablement  d'espèce  nouvelle; 
Yldalina  antiqua  d'Orb.  sp.,  si  fréquente  dans  les  couches  séno- 
niennes  de  l'Etang  de  Rerre;  une  Periloculina  (malheureusement 
rare),  voisine,  comme  disposition  des  loges,  de  Periloculina  Zit- 
teli,  mais  dont  le  test  a  une  apparence  perforée  (1),  et  enfin  une 
Pentellina  qui  reste  à  étudier. 

En  revanche,  les  autres  Miliolid»,  Lacazina,  Comuspira  et 
Vidalina  sont  relativement  mieux  conservées. 

Lacazina   elongata   Munier-Chalmas  n.    sp. 

(PI.  VIII,  flg.  3;  PI.  X.  fig.  15-18  ;  PI.  XI,  flg.  19). 

Dans  la  Note  sur  les  Miliolidées  trématophorées  que  nous  avons 
publiée,  M.  Munier-Chalmas  et  moi   (2),  nous  avons  mentionné 

(1)  A  un  fort  grossissement  on  constate  que  ces  nombreuses  perforations  n'at- 
teignent pas  la  lare  interne  de  la  paroi. 
{*)  Miliolidées  trématophorées.  tt.  S.  G.  f\,  3*  Série,  t.  XIII. 


458        SCHLUMBERGER.  —  QUELQUES  FORAMINIFÈRES  NOUVEAUX       6  NOV. 

l'existence  de  Lacazina  dans  le  Crétacé  d'Espagne.  Cette  assertion 
se  basait  sur  quelques  rares  individus  étiquetés  «  Province  de 
Lerida  »  et  l'un  de  nous  avait  nommé  cette  espèce  /,.  elongata. 
Elle  n'a  été  ni  décrite,  ni  figurée,  en  raison  du  petit  matériel  à 
notre  disposition,  mais  l'envoi  de  M.  Vidal  comportant  de  nombreux 
exemplaires  de  toute  taille  me  permet  d'en  donner  une  description 
complète. 

Les  Lacazina  elongata,  comme  les  L.  compressa,  sont  dimorphes. 

Forme  mégasphérique  (Forme  A).  PI.  X,  fig.  16;  PI.  XI,  fig.  19. 

Toutes  les  sections  faites  dans  des  individus  de  petite  taille  se 
sont  trouvées  de  forme  mégasphérique.  La  fig.  16  est  la  section  sur 
Taxe  des  pôles;  la  mégasphère,  suivant  les  individus,  varie  de 
200  à  300  {*..  Après  la  loge  initiale  viennent  cinq  loges  très  embras- 
santes, allongées  suivant  Taxe  des  pôles,  et  dont  les  ouvertures 
sont  alternativement  à  chacune  des  extrémités.  Mais  il  arrive 
presque  toujours  que  la  section  des  premières  loges,  plus  ou  moins 
obliques  sur  Taxe,  ne  passe  pas  par  leur  ouverture. 

La  section  médiane  transversale,  fig.  19,  perpendiculaire  à  l'axe, 
d'un  autre  individu  ayant  aussi  cinq  loges,  produit  des  sections 
concentriques  :  la  paroi  des  loges  est  extrêmement  mince  et  leur 
intérieur  est  occupé  par  de  fortes  côtes  longitudinales,  anasto- 
mosées intérieurement,  atteignant  la  face  intérieure  de  la  loge  sui- 
vante et  plus  ou  moins  échancrées  sur  leur  longueur  pour  assurer 
la  communication  d'un  compartiment  à  l'autre. 

Forme  miscrosphérique  (Forme  B).  PI.  X,  fig.  15-18. 

La  microsphère  des  grands  individus  est  si  petite  que  malgré  de 
nombreux  essais  je  n'ai  pu  obtenir  des  sections  plus  parfaites  que 
celles  des  fig.  15  et  18,  l'une  daus  le  sens  de  Taxe  et  l'autre  perpen- 
diculaire à  l'axe  des  pôles  dans  des  individus  composés  de  20  à  22 
loges. 

Inutile  de  revenir  sur  ce  qui  a  été  déjà  dit  sur  l'organisation  des 
Lacazina,  il  su  (lira  d'appeler  l'attention  sur  l'amas  de  petites  loges 
qui  entourent  la  microsphère  et  d'ajouter  un  mot  sur  le  trématophore. 

Celui-ci  est  reproduit  par  la  section  mince  PL  Xf  fig.  17.  La  partie 
centrale  du  trématophore  est  occupée  par  des  trous  plus  ou  moins 
réguliers,  son  pourtour  par  ses  fentes  en  V.  (Les  ouvertures  que 
l'on  voit  à  la  circonférence  de  la  section  font  partie  de  la  loge 
suivante).  Intérieurement  le  trématophore  était  soutenu  par  un  fort 
pilier  situé  sur  le  fond  de  la  loge  précédente  (Fig.  15)  et  par  des 
trabécules  émanant  des  côtes  internes. 

Caractères  externes,  —  Les  plus  grands  individus  atteignent  une 


1899  OU  PEU  CONNUS  DU  crétacé  d'espagne  459 

longueur  de  12mm  pour  un  diamètre  tra  us  versai  de  5rom.  Us  se 
présentent  presque  tous  sous  la  forme  de  corps  ovoïdaux  garnis  de 
très  nombreuses  côtes  longitudinales  plus  ou  moins  continues. 
C'est  là  une  apparence  trompeuse  provenant  de  l'ablation  de  la  très 
mince  paroi  de  la  dernière  loge.  Ces  côtes  étant  réunies  par  une 
couche  continue  (Fig.  18  et  19),  en  les  enlevant  avec  précaution 
avec  une  fine  aiguille  on  obtient  le  véritable  aspect  de  la  Lacazina 
représenté  en  photographie  directe  par  la  Fig.  3  de  la  PI.  VIII.  Le 
test  lisse  est  orné  de  nombreuses  lignes  de  ponctuations  en  quin- 
conces, mais  si  peu  profondes  qu'on  les  distingue  à  peine  sous  le 
microscope  dans  les  sections  minces. 

Habitat.  —  Très  abondante  dans  les  couches  santoniennes  de  la 
Catalogne  à  Trago  di  Noguera,  Montsech,  Corsù,  Ayramout. 

Observation.  —  Lacazina  elonijala  Mun.Chal.  est  très  voisine, 
sinon  identique,  de  Lacazina  Wichmanni  Schl.  (1)  de  la  Nouvelle- 
Guinée,  mais  le  peu  d'éléments  que  j'avais  à  ma  disposition  pour 
la  décrire  et  le  mauvais  état  de  ces  fossiles  ne  permet  pas  une 
identification  certaine  de  ces  deux  espèces. 

CORNUSPIRA   CRETACEA   ReUSS.    (2). 

On  ne  peut  constater  des  différences  de  caractères  entre  les 
Cornuspira  de  Trago  di  Montera  et  ceux  décrits  par  Reuss. 

Vidalina  Schlumb.  n.  g. 

Plasmostracum  discoïdal  formé  par  un  tube  continu  enroulé  dans 
un  plan,  mais  dont  la  cloison  extérieure  s'étend  et  se  superpose 
successivement  sur  les  deux  faces  jusqu'au  rentre  du  disque  en  y 
produisant  un  renflement  saillant. 

Vidalina  hispanica  Schlumb.  n.  sp. 

(PI.  VIII.  fig.  li;  PI.  IX,  fitf.  12  et  13). 

Ce  sont  des  disques  circulaires  minces  sur  le  bord  et  renflés  au 
centre,  constitués  par  un  tube  non  cloisonné  roulé  en  spirale.  Le 
test  non  perforé  est  rugueux  à  l'extérieur  et  les  tours  de  spire  sont  à 
peine  marqués  vers  le  bord  du  disque.  L'ouverture  est  simple  à 
l'extrémité  du  tube. 

Les  plus  grands  ont  lmm5;>  de  diamètre. 

(1)  B.  S.  G.  F.,  3«  série,  T.  XXII,  PI.  XII. 

(2)  Sitzungtber.  K.  Ak.  Wiss.  Wien.  Die  Fora  m.  der  westph.  Kreideformation. 


460        SCBLUMBERGER.  —  QUELQUES  FORAMINIFÈRES  NOUVEAUX       6  NûV. 

La  section  médiane  horizontale,  fîg.  13,  montre  le  grand  nombre 
de  tours  de  spire  et  ce  n'est  que  dans  les  premiers  que  l'on  remarque 
quelques  légers  étranglements  dus  à  la  croissance. 

La  section  médiane  transversale  perpendiculaire  au  disque,  fîg.  12, 
fait  ressortir  la  superposition  centrale  de  toutes  les  parois  externes. 

Habitat.  —  Très  abondant  dans  le  Santonien  de  Trago  di  Noguera. 

On  les  distingue  facilement  par  le  fait  que  le  bouton  se  détache 
en  blanc  sur  la  couleur  brune  du  test. 

Observations.  —  Le  genre  Vidalina,  que  je  dédie  à  M.Vidal,  Ingé- 
nieur en  chef  des  Mines  à  Barcelone,  est  voisin  des  Cornuspira 
Schultze,  mais  s'en  distingue  par  l'extension  que  prennent  les 
parois  du  tube.  On  pourrait  le  rapprocher  aussi  des  Involutina  (1) 
Terquem,  mais  chez  ces  derniers  la  surépaisseur  de  la  partie  cen- 
trale du  disque  est  tout  à  fait  indépendante  des  cloisons. 

Les  Lagenidae  sont  assez  rares  dans  la  provision  de  sable  que  j'ai 
pu  examiner.  Je  n'ai  rencontré  qu'un  individu  de  Vaginulina;  deux 
individus  de  Cristellaria  macroptera  Reuss  ;  deux  aussi  de  Frondi- 
cularia  gaultina  Rss.  et  un  plus  grand  nombre  de  Tritaxia  carinata 
Rss.  Ces  espèces  se  rapportent  assez  bien  à  celles  décrites  par 
Reuss  (2). 

Les  Rotalina  que  j'ai  mentionnées  précédemment  présentent  un 
caractère  assez  singulier.  Dans  une  section  mince  on  remarque  que 
tout  le  plasmostracum  est  enveloppé  d'une  couche  uniforme  de 
calcaire  fibreux  un  peu  plus  épaisse  que  la  paroi  des  loges.  Sur 
des  points  assez  régulièrement  espacés,  de  petits  paquets  de  fibres 
font  saillie  sur  l'épaisseur  de  la  couche  et  produisent  à  la  vue 
directe  de  la  Rotaline  l'effet  d'une  surface  perlée.  Aucun  autre 
Foraminifère  de  la  même  provenance  ne  présente  ce  caractère,  mais 
on  peut  se  demander  si  cette  couche  calcaire  a  été  sécrétée  par 
l'animal  ou  si  elle  n'est  pas  un  résultat  de  la  fossilisation.  Dans  ce 
doute  il  me  paraît  plus  prudent  d'attendre  la  découverte  de  cette 
Rotaline  dans  d'autres  couches  crétacées. 

Nonionina  cretacea  Schlumb.  n.  sp. 

(PI.  VIII,  fig.  1  ;  PI.  XI,  fig.  21  et  22). 

Aucun  des  nombreux  individus  récoltés  n'a  conservé  son  test 
extérieur  et  tous  sont  plus  ou  moins  frustes. 
Le  plasmostracum  est  discoïdal,  symétrique,  caréné  sur  le  pour- 

(1)  Terquem.  Fora  m.  du  Lias.  1862. 

(2)  Reuss.  Loc.  cit. 


1899  OU  PEU  CONNUS  DU  CRÉTACÉ  b' ESPAGNE  461 

tour  et  surépaissi  au  centre  qui  est  occupé  par  un  bouton  saillant, 
PI.  VIII,  fig.  1.  Les  loges  très  embrassantes  comme  dans  la  plupart 
des  Nonionines  viennent  butter  avec  leurs  parois  contre  un  dépôt 
de  calcaire  qui  se  forme  déjà  sur  la  tnégasphère  et  s'élargit  à 
mesure  de  la  croissance,  PI.  XI,  fig.  22.  Dans  cette  même  figure  on 
voit  après  la  troisième  loge  qui  suit  la  mégasphère  (en  haut  de  la 
figure)  une  des  ouvertures  triangulaires  qui  a  été  effleurée  par  la 
section. 

La  fig.  21  est  une  section  longitudinale  dans  le  plan  d'enroule- 
ment des  loges  dont  quinze  à  seize  sont  visibles  à  l'extérieur.  La 
dimension  de  ces  Nonionines  est  de  0,8mm. 

Habitat.  —  Très  commun  dans  le  Santonien  de  Trago  di  Noguera. 

Observation.  —  Cette  espèce  ressemble  beaucoup  au  Nautilus 
incrassatus  Ficht.  et  Moll  (1),  mais  elle  en  diffère  par  sa  carène, 
par  un  plus  grand  nombre  de  loges  visibles  et  par  son  ouverture 
triangulaire.  Les  mêmes  caractères  la  différencient  de  Nonionina 
incrassata  F.  et  M.,  décrite  par  Terrigi  (2). 

Cuneolina  conica  d'Orb. 

(PI.  VIII,  fig.  8-10) 

Je  profite  de  la  présence  de  Cuneolina  conica  d'Orb.  dans  le 
Santonien  de  la  Catalogne  pour  compléter  et  rectifier  les  quelques 
mots  que  j'ai  publiés  sur  ce  fossile  en  1883  (3).  Je  ne  crois  pas  que 
depuis  la  publication  de  l'ouvrage  classique  de  d'Orbigny  sur  les 
Foraminifères  de  Vienne  aucun  auteur  ait  donné  une  bonne  figure 
de  Cuneolina.  J'ai  choisi  pour  le  photographier  un  individu  du 
Sénonien  de  l'Ile  Madame  parce  qu'ils  sont  mieux  conservés  que 
ceux  d'Espagne. 

La  fig.  9,  PI.  VIII,  représente  le  fossile  vu  par  l'extérieur  sur 
l'une  de  ses  faces  planes.  Les  nombreuses  loges  superposées  dont 
il  se  compose  vont  en  augmentant  transversalement  et  alternent 
avec  les  loges  de  la  face  opposée.  Le  test  est  arénacé  et  est 
marqué  d'un  réseau  caractéristique  très  visible  dans  les  parties 
foncées  de  la  photographie,  où  les  mailles  se  détachent  en  clair. 
Ce  réseau  provient  d'une  différenciation  du  test,  car  dans  les  sec- 

(1)  Tes  lace  a  microscopica.  Fichtel  et  Moll.  PI.  IV,  fig.  38. 

(2)  Sulla  fauna  microsc.  dcl   c  a  Icare  Zancleo  «le  Palo.  Terrigi,  p.  205,  PI.  IX, 
Hg.  52. 

(3l  H.  S.  <1.   F '.,  IV  série,  T.  XI,  p.  272. 


462        SCHLUMBERGER.  —  QUELQUES  FORAMINIFÈRES  NOUVEAUX       6  NOV. 

tions  transversales  (fig.  3)  on  ne  distingue  aucune  perforation.  Un 
réseau  semblable  caractérise  quelques  autres  genres  :  Orbitulina, 
Dictyopsella,  Spirocyclina  (1)  M.-Ch. 

La  section  transversale  représentée  par  la  fig.  8  passe  par  la  loge 
initiale,  dont  on  voit  le  contour  supérieur  à  gauche  de  la  ligure  et 
montre  la  forme  en  crosse  avec  dentelures  intérieures  des  nom- 
breuses subdivisions  des  loges,  subdivisions  que  fait  ressortir  la 
section  plane  reproduite  par  la  fîg.  9  (2). 

Habitat.  —  Peu  commun  dans  le  Santonien  de  Trago  di  Noguera. 

Dictyopsella  Munier-Chalmas,  nov.  g. 

C'est  dans  les  terrains  crétacés  supérieurs  de  l'étang  de  Berre 
que  M.  Munier-Chalmas  a  découvert  ce  genre  nouveau,  qui  n'a 
pas  encore  été  décrit. 

Les  Dictyopsella  ont  un  plasmostracum  composé  de  nombreuses 
loges  enroulées  en  spirale,  semblable  à  celui  des  Hotalina,  Discor- 
l/ina  ou  les  Peneroplis.  L'intérieur  des  loges  est  subdivisé  par  de 
nombreuses  cloisons  qui  se  ramifient  vers  l'enveloppe  extérieure. 
La  surface  externe  du  test  est  couverte  par  un  réseau  caractéris- 
tique à  larges  mailles. 

Dictyopsella  Kiliani  Mun.-Chalm.,  n.  sp. 

{PI.  VIII,  fig.  5  et  7;  PI.  XI,  fig.  20). 

Plasmostracum  discoîdal,  convexe  d'un  côté  et  concave  de  l'autre, 
composé  de  nombreuses  loges  enroulées  en  spirale.  Sur  la  face 
convexe  des  individus  adultes,  la  spire,  entièrement  visible,  pré- 
sente une  vingtaine  de  loges  dont  les  sutures,  très  arquées  eu 
arrière,  sont  bien  marquées  par  une  saillie  des  loges  vers  le  pour- 
tour (fig.  5);  sur  la  face  concave  on  ne  voit  que  sept  à  huit  loges 
dont  les  sutures  sont  rayonnantes.  Le  test  est  finement  arénacé  et, 
dans  les  individus  bien  conservés,  est  marqué,  à  la  surface,  d'un 
réseau  dont  les  mailles  se  détachent  en  clair.  x 

11  est  facile  de  se  rendre  compte,  d'après  l'enroulement  des  loges 
et  la  forme  générale  du  fossile,  que  des  sections  menées  parla  loge 
initiale  dans  un  sens  ou  dans  l'autre  doivent  couper  obliquement 
presque  toutes  les  loges.  Cependant  la  section  mince  longitudinale, 

(1)  Genre  nouveau  non  décrit. 

(t)  Ces  doux  sections  ont  été  photographiées  à  la  vue  directe  et  proviennent 
d'individus  préalablement  teints  au  bleu  d'aniline,  qui  n'a  imprégné  que  le 
remplissage  en  faisant  mieux  ressortir  les  cloisons. 


1899  OU  PEU  CONNUS  DU  CRÉTACÉ   DKSPAGNK  463 

PI.  VIII,  fig.  7,  démontre  l'existence  dans  toutes  les  loges  de  nom- 
breuses cloisons  qui  se  ramifient  vers  les  parois  externes,  où  elles 
donnent  naissance,  par  une  dillérenciation  du  test,  au  réseau  que 
j'ai  signalé  plus  haut. 

La  section  transversale,  PI.  XI,  fig.  20,  est  trop  confuse  pour 
fournir  des  indications  certaines  et  je  ne  l'ai  conservée  que  pour 
montrer  la  forme  aplatie  des  Dictyopsella.  On  voit  à  droite  la  loge 
initiale  sphérique,  et  au  bord  supérieur,  un  peu  vaguement,  la 
subdivision  des  cloisons  internes. 

Habitat.  —  Assez  abondant  dans  la  couche  santonienne  de  Tragt. 

Dictyopsella  Chalmasi  Schlumh.  n.  sp. 

(PI.  VIII,  fig.  4). 

Avec  les  Dictyopsella  Kiliani  on  rencontre  à  Trago  di  Noguera  une 
autre  espèce  dont  le  plasmostracum  à  peu  près  symétrique  sur  les 
deux  faces  a  ses  loges  enroulées  en  spirale  comme  un  Peneroplis. 
Treize  à  quatorze  loges  sont  visibles  sur  les  deux  faces,  les  sutures 
sont  bien  marquées  et  la  carène  est  ondulée. 

Le  têt  est  plus  grossièrement  arénacé  que  dans  l'espèce  précédente. 

Habitat.  —  Santonieu  de  Trago  di  Noguera,  moins  fréquente  que 
D.  Kiliani. 

Meandropsina  Vidali  Schlumh.  (1). 

(PI.  VIII,  fig.  2;  PI.  IX,  fig.  11  et  14). 

J'ai  trouvé  dans  le  sable  de  Trago  di  Noguera  un  très  grand 
nombre  de  petits  organismes  de  contour  circulaire,  les  uns  épais, 
les  autres  comprimés  et  ressemblant  à  s'y  méprendre  à  des  Polys- 
tomelles.  Des  sections  minces  m'ont  démontré  que  ce  sont  de 
jeunes  individus  de  Meandropsina  Vidali  des  deux  formes  mégasphé- 
rique  et  microsphérique  et  leur  présence  me  permet  de  compléter 
la  description  de  ce  fossile  si  curieux. 

Forme  mégasphérique  (Forme  A).  PI.  IX,  lig.  14.  Les  plus  grands 
individus  atteignent  environ  2,,,m  de  diamètre.  Celui  dont  la  section 
est  représentée  par  la  fig.  14  de  la  PI.  IX  a  0mm78  de  diamètre  pour 
une  épaisseur  de  0mm26  et  sa  mégasphère  a  un  diamètre  de  0mml. 
Un  autre  individu  que  j'ai  sectionné  ayant  respectivement  pour 
diamètre  et  pour  épaisseur  lmm2et  0mmH  a  une  mégasphère  deOmm3. 

(1)  li.  S.  G.  F.,  .V  sério,  T.  XXVI,  1898,  p.  336-339. 


464        SCHLUMBERGER.  —  QUELQUES  FOKAMINIFÈRES  NOUVEAUX       6  NOV. 

Les  diamètres  de  la  mégasphère  peuvent  donc  varier  de  100  à  300  a. 
On  peut  remarquer  dans  la  fîg.  14  que,  des  deux  côtés  de  la  mégas- 
phère, les  loges  sont  remplies  par  du  calcaire  fibreux  et  comme, 
dans  la  localité  de  Trago,  la  plupart  des  Foraminifères  ont  perdu  par 
la  fossilisation  leur  enveloppe  externe,  ce  remplissage,  quand 
l'individu  est  très  jeune,  apparaît  sous  la  forme  d'un  bouton  blanc 
central  (Fig.  2,  PI.  VIII). 

A  la  suite  de  la  mégasphère  les  loges  se  disposent  comme  nous  le 
verrons  pour  la  forme  microsphérique,  mais  il  esta  remarquer  que 
les  deux  couches  de  loges  méandriformes  n'existent  pas. 

Forme  microsphérique  (Forme  B).  —  C'est  un  individu  de  cette 
forme  que  représente  la  photographie  PL  VIII,  fig.  2.  Pour  2mm  de 
diamètre  il  n'a  que  0mm4  d'épaisseur  et  la  microsphère  d'un  individu 
de  même  dimension  a  27  u.  de  diamètre.  On  voit  (fig.  2)  que  les 
couches  méandriformes  de  l'adulte  ne  sont  pas  formées  et  la  dispa- 
rition de  presque  toutes  les  parois  externes  permet  de  constater  la 
présence  des  nombreuses  cloisons  interues  des  loges  spiralées.  La 
section  médiane  de  ces  petits  individus  microsphériques  est  la 
même  que  celle  des  individus  adultes  dont  je  vais  parler.  • 

Les  nombreux  matériaux  que  je  dois  à  l'obligeance  de  M.  Vidal 
m'ont  permis  de  faire  des  sections  plus  complètes  et  plus  exactes 
que  celles  que  j'ai  publiées  précédemment. 

La  photographie  PI.  IX,  fig.  11,  représente  au  grossissement  de 
120  diamètres  la  partie  centrale  d'une  de  ces  sections.  La  micro- 
sphère a  35  [jl  de  diamètre;  autour  d'elle  s'enroule  en  spirale,  de 
droite  à  gauche  et  sur  deux  tours  et  demi,  une  étroite  loge  subdi- 
visée par  une  vingtaine  de  petites  cloisons  émanant  de  la  paroi 
concave  et  n'atteignant  pas  la  paroi  opposée.  Puis  brusquement  se 
présente  la  série  des  loges  spiralées  qui  s'enroulent  en  sens  inverse  ; 
elles  sont  ici  au  nombre  de  dix-sept. 

L'animal  des  Meandropsina  avait  la  faculté  d'opérer  des  restau- 
rations de  son  test,  d'introduire  des  loges  intercalaires,  comme  on 
le  voit  dans  le  haut  de  la  fig.  11  et,  en  un  point  quelconque,  de 
changer  la  direction  d'enroulement  de  ses  loges  (Voir  la  fig.  4, 
PL  IX,  de  ma  précédente  note).  C'est  à  cette  faculté  que  l'on  peut 
attribuer  la  formation  subséquente  des  deux  couches  de  loges 
méandriformes  de  l'âge  adulte. 

Habitat.  —  Tous  les  individus  que  m'a  envoyés  M.  Vidal  provien- 
nent de  la  couche  du  Santonien  de  Trago  di  Noguera  et  n'ont  pas 
encore  été  rencontrés  dans  d'autres  localités  du  Crétacé  d'Espagne. 

Observation.  —  Dans  mes  nombreuses  recherches  sur  le  dimor- 


1899  OU  PEU  CONNUS  DU  crétacé  d'espagne  465 

phisme  des  Foraminifères,  c'est  la  première  fois  que  je  trouve  pour 
une  espèce  fossile  des  individus  presque  embryonnaires  des  deux 
formes  mégasphérique  et  microsphérique.  C'est  une  nouvelle  con- 
firmation des  belles  recherches  de  MM.  Lister  et  Schaudin  sur  le 
dimorphisme  des  Polystomelles. 


EXPLICATION   DES    PLANCHES 

Planche  VIII. 

Fig.     1.  —  Nonionina  cretacea  Schlumb.,  au  grossissement  de  25  diam. 

Fig.    2.  —  Meandropsina  Vidali  Schlumb.,  jeune,   forme  microsphérique,  au 

grossissement  de  20  diam. 
Fig.    3.  —  Lacazina  elongata  Mun.-Chal.,  au  grossissement  de  5  diam. 
Fig.    4.  —  Dictyopsella  tnalmasi  Schlumb.,  au  grossissement  do  15  diam. 
Fig.    5.  —  Dictyopsella  Kiliani  Mun.-Chal.,  au  grossissement  de  20  diam. 
Fig.    6.  —  Vidalina  Mspanica  Schlumb.,  au  grossissement  de  20  diam. 
Fig.    7.  —  Dictyopsella  Kiliani  Mun.-Chal.,  section  longitudinale,  au  grossis* 

sèment  de  25  diam. 
Fig.    8.  —  Cuneolina  conica  d'Orb.,  section  transversale,  au  grossissement  de 

25  diam. 
Fig.    9.  —  Cuneolina  conica  d'Orb..  vu  extérieurement,  au  grossissement  de 

25  diam . 
Fig.  10.  — -  Cuneolina  conica  d'Orb., section  plane,  au  grossissement  de 20  diam. 

Planche  IX. 

Fig.  11.  —  Meandropsina  Vidali  Scblumb.,  section  plane,  au  grossissement  de 

120  diam. 
Fig.  12.  —  Vidalina  Mspanica  Scblumb.,  section  transversale,  au  grossissement 

de  45  diam . 
Fig.  13.  —  Vidalina  Mspanica  Scblumb.,  section  longitudinale,  au  grossissement 

de  85  diam. 
Fig.  14.  —  Meandropsina  Vidali  Scblumb.,  jeune,  de  forme  mégasphérique,  au 

grossissement  de  35  diam. 

Planche  X. 

Fig.  15-18.  —  Lacazina  elongata  Mun.-Chal. 

15,  Forme  microsphérique,  section  longitudinale,  au  grossissement 
de  17  diam.  ;  16,  Forme  mégasphérique,  section  longitudinale  au 
grossissement  de  32  diam.  ;  17,  Trématophore  au  grossissement 
de  25  diam.  ;  18,  Forme  microsphérique,  section  transversale  au 
grossissement  de  25  diam. 

Planche  XI. 

Fig.  19.  —  Lacazina  elongata  Mun.-Chal.,  forme  mégasphérique,  au  grossisse- 
ment de  85  diam. 

Fig.  20.  —  Dictyopsella  Kiliani  Mun.-Chal.,  section  transversale,  au  grossis- 
sement de  50  diam. 

Fig.  21.  —  Xonwnina  cretacea  Schlumb.,  section  longitudinale,  au  grossissement 

de  85  diam. 

Fig.  22.  —  Nonionina  cretacea  Schlumb.,  section  transversale,  au  grossisse- 
ment de  100  diam. 

31  Janvier  1900.  —  T.  XXVII.  Bull.  Soc.  Géol.  Fr.  —  30 


466  6  Nov. 


NOTE 
SUR  QUELQUES  FOSSILES  VÉGÉTAUX  DE  L'OLIGOCÈNE 

DANS  LES  ALPES  FRANÇAISES 

par  M.  P.  FLICHE. 

(Planche  XII). 

Il  y  aura  bientôt  deux  ans,  M.  Perrot,  alors  Inspecteur-Adjoint 
des  Forêts  à  Saint-Bonnet  (Hautes-Alpes),  a  envoyé  à  l'Ecole  fores- 
tière un  fossile  végétal  trouvé  dans  les  grès  mouchetés  de  Chaillol, 
près  d'Embrun.  Ce  fossile  m'a  paru  intéressant,  d'une  part,  à  raison 
de  la  rareté  des  restes  végétaux  terrestres  dans  les  terrains  de  cet 
horizon,  dans  les  Alpes;  de  l'autre,  parce  qu'il  s'agissait  d'un  strobile 
de  Conifère  qui  me  paraissait  nouveau  et  qui  présentait,  dans  sa 
structure,  des  particularités  remarquables.  Avant  de  le  décrire,  il 
m'a  semblé  bon  de  m'adresser  à  M.  Kilian,  pour  savoir  à  quels 
résultats  on  est  arrivé  aujourd'hui,  relativement  à  l'âge  des  grès 
mouchetés  de  Chaillol,  pour  lui  demander  en  outre  s'il  connaissait, 
dans  les  collections  de  Grenoble  et  de  la  région  alpine  française, 
d'autres  fossiles  végétaux  de  provenance  analogue. 

Notre  confrère  eut  l'obligeance  de  me  répondre  que  les  Grès 
mouchetés  de  Chaillol  lui  paraissent  être  sûrement  de  l'Oligocène 
inférieur,  par  conséquent  Tongrien  ou  Infratongrien,  niveau  du 
calcaire  de  Brie;  que  les  collections  de  l'Université  de  Grenoble 
ne  renferment  aucun  fossile  végétal  de  cette  provenance,  apparte- 
nant au  groupe  de  couches  dont  font  partie  les  grès  mouchetés  de 
Chaillol,  mais  que  son  assistant,  M.  P.  Lory,  possédait  quelques 
restes  végétaux  de  ce  niveau  et  de  la  région. 

Celui-ci  voulut  bien  m'envoyer,  avec  un  travail  dans  lequel  les 
grès  mouchetés  étaient  rapportés  à  l'horizon  sus-indiqué,  les  fos- 
siles dont  m'avait  parlé  M.  Kilian,  et  il  les  accompagnait  d'une 
lettre  dans  laquelle  se  trouvaient  les  indications  suivantes,  relati- 
vement aux  restes  végétaux  rencontrés  dans  les  Alpes,  au  même 
horizon  que  les  grès  mouchetés  de  Chaillol  ou  dans  les  couches 
voisines  :  «  Le  cône  de  M.  Perrot  est,  à  ma  connaissance,  le  seul 


1699        NOTE  SDR  QUELQUES  FOSSILES  VÉGÉTAUX  DE  l'oLIGOCÂNE  46? 

fossile  déterminable  que  l'on  ait  trouvé  dans  le  Flysch  de  Chaillol, 
que  nous  rapportons  à  l'Oligocèoe  inférieur,  par  simple  probabilité. 
Les  couches  schisteuses  contiennent  souvent  des  restes  végétaux 
(et  même  de  très  petits  lits  de  lignite),  mais  où  je  n'ai  rien  vu  de 
reconnaissable. 

»  Un  peu  à  l'ouest,  en  Dévoluy,  les  traces  végétales  abondent 
aussi,  soit  dans  le  Flysch  (Saint-Etienne),  soit  dans  l'Oligocène  d'eau 

douce  (Agnières,  Saint-Disdier,  Montmaur ).  Une  feuille  du 

Nagelfluhe  de  Montmaur  est  moins  mauvaise  que  le  reste.  » 

Les  restes  végétaux  que  M.  P.  Lory  a  bien  voulu  me  confier  sont, 
en  effet,  très  médiocres  en  général,  et  quelques-uns  ne  comportent 
aucune  détermination.  Mais  en  dehors  même  de  l'empreinte  de 
feuille  de  Montmaur,  qui  mérite  l'observation  dont  elle  est  l'objet 
ci-dessus,  il  y  a  encore  quelques  échantillons  qui  sont  susceptibles 
de  fournir  des  résultats  intéressants.  Les  fossiles  végétaux  dans  ce 
cas  sont  si  rares,  dans  les  Alpes,  qu'il  y  a  lieu  de  ne  rien  négliger. 
En  ce  qui  concerne  les  Alpes  françaises,  on  ne  paraît  pas,  jusqu'à 
présent,  y  avoir  signalé  de  végétaux  terrestres,  dans  les  couches 
éocènes  ou  oligocènes,  puisque  de  Sa  porta,  dans  le  chapitre  «  Paléon- 
tologie »  rédigé  par  lui  pour  l'ouvrage  de  M.  Faisan  (1),  est  obligé, 
pour  donner  une  idée  de  la  flore  terrestre  de  ces  époques,  de  se 
référer  à  celles  de  Moote-Bolca  et  d'Aix;  s'il  ne  mentionne  dans  ce 
travail  aucune  plante  terrestre  trouvée  dans  les  Alpes,  par  contre, 
il  y  signale  plusieurs  algues,  mais  de  celles  qui  ont  donné  lieu  à 
contestation  sur  la  véritable  nature  des  fossiles  qu'on  leur  a  rap- 
portés, et  suscité  des  doutes  tels  qu'un  géologue  (2)  ayant  fait  une 
étude  spéciale  du  Flysch,  les  considère  toutes,  sans  exception, 
comme  des  traces  animales.  Les  échantillons  trouvés  par  M.  P.  Lory 
et  M.  Perrot  ont  donc  le  mérite  de  nous  fournir,  pour  la  première 
fois,  quelques  indications  sur  la  flore  fossile  terrestre,  dont  les  restes 
peuvent  se  trouver  dans  le  Flysch  et  les  couches  voisines  ou  synchro- 
niques  des  Alpes,  de  nous  donner  aussi,  comme  on  le  voit,  le  premier 
vestige  certain  d'Algues  ayant  vécu  dans  les  eaux  où  il  se  déposait. 

Les  restes  végétaux  que  j'ai  examinés  sont  de  nature  fort  diverse; 
ce  sont  des  lignites,  les  objets  conservés  avec  leur  forme,  mais 
plus  ou  moins  minéralisés,  enfin  des  empreintes,  avec  ou  sans 
trace  de  matière  organique. 

(1)  Les  Alpes  françaises.  Paris,  1891. 

(2)  Th.  Fuchs,  de  Vienne,  lettre  reproduite  par  M.  Nathorst  :  Mémoire  sur 
quelques  traces  d'animaux  sans  vertèbres,  etc.,  p.  94-96,  dans  Kongliga  swenska 
Vête  tiskaps- À  kade  miens  Handlingar.  Stockholm,  1880. 


468       FLICHE.  —  QUELQUES  FOSSILES  VÉGÉTAUX  DE  L'OLIGOCÈNE       6  NOV. 

Les  lignites,  dont  j'ai  pu  étudier  quelques  échantillons  de  Mont- 
raaur,  où  ils  sont  en  veinules  dans  la  mollasse  rouge,  sont  noirs, 
parfois  très  brillants  sur  la  cassure,  et  plus  ou  moins  schisteux; 
examinés  macroscopiquement,  ils  ne  montrent  aucun  reste  végétal 
déterminable.  Microscopiquement,  après  avoir  été  traités  par 
l'acide  azotique  et  le  chlorate  de  potasse,  ils  laissent  voir  des  traces 
d'organisation  bien  nettement  conservées,  cellules  isodiamétriques, 
fibres  très  longues  et  vaisseaux  annelés,  mais  sans  que,  dans  ces 
éléments  anatomiques,  entièrement  dissociés,  et  le  plus  souvent 
non  intacts,  on  puisse  trouver  rien  qui  permette  une  détermina- 
tion, même  simplement  familiale,  certaine. 

Le  seul  objet  conservé  dans  son  intégralité  est  le  cône  de  M.  Per- 
rot,  mais  il  est  visiblement  en  grande  partie  minéralisé,  bien  que, 
en  certains  endroits,  sur  les  surfaces  avant  tout,  la  matière  orga- 
nique carbonisée  ait  persisté. 

Quant  aux  empreintes,  tantôt  elles  se  trouvent  sur  des  grès  à 
grain  très  grossier,  et  alors  elles  sont  indéterminables,  bien  que  la 
matière  organique  soit  souvent  restée  abondante,  mais  à  l'état 
amorphe;  tantôt,  au  contraire,  on  les  trouve  sur  des  roches  cal- 
caires ou  marno-calcaires,  parfois  de  grain  très  fin  ;  dans  ce  dernier 
cas,  elles  sont  ou  noirâtres,  ou  d'un  brun  rougeâtre  ;  la  matière 
organique  est  irrégulièrement  conservée. 

Je  vais  maintenant  décrire  les  éléments  de  cette  petite  florule; 
en  terminant,  je  ferai  ressortir  l'intérêt  qu'ils  présentent,  soit  en 
eux-mêmes,  soit  par  comparaison  avec  ce  qui  a  été  observé  dans 
les  Alpes  de  Suisse  au  même  horizon. 

Algues 

Ce  que  m'a  envoyé  M.  P.  Lory  ne  renferme  aucun  de  ces  corps 
toujours  dépourvus  de  matière  organique,  de  nature,  par  suite,  très 
problématique,  mais  une  plaque  calcaire  porte  de  très  nombreux 
fragments  végétaux  qui  me  semblent,  sans  contestation  possible, 
appartenir  à  une  algue.  L'étiquette  qui  l'accompagne  porte  Oligo- 
cène Flysch  (probablement  marin)  de  la  Haute-Souloize  (Dévoluy). 
Quelquefois,  rarement,  les  débris  de  la  plante  sont  représentés 
seulement  par  une  empreinte;  le  plus  souvent  la  matière  organique 
brune  a  été  conservée,  comme  on  peut  le  voir  sur  la  fig.  1.  Ces 
restes  végétaux  sont  très  fragmentés  ;  cependant  il  est  visible, 
notamment  en  a,  que  le  corps  de  la  plante  présentait  des  bifur- 
cations ;  que  celui-ci  était  de  consistance  toujours  faible,  mais 


1899  DANS  LES  ALPES  FRANÇAISES  469 

cependant  un  peu  plus  forte  dans  ses  portions  les  plus  vieilles, 
comme  en  b,  où  la  matière  organique  ayant  été  enlevée,  en  partie, 
a  laissé  une  empreinte  très  nette;  plus  faible  vers  les  régions  visi- 
blement terminales  de  la  plante  comme  en  c;  de  plus  les  différents 
fragments  de  la  plante  n'ont  pas  tous  la  même  longueur  et  c'est 
parmi  ceux  qui  semblent  appartenir  à  la  périphérie  qu'on  trouve 
les  plus  larges.  Les  extrémités  sont  arrondies  quelquefois,  ainsi  en  c, 
on  voit  deux  lobes  arrondis,  séparés  par  un  sinus  peu  profond. 
Tous  les  caractères  qui  viennent  d'être  donnés  me  semblent  bien 
indiquer  qu'il  s'agit  d'une  Thallophyte,  que  de  plus,  celle-ci  avait 
un  thalle  membraneux.  L'absence  de  toute  nervation,  même  en 
des  endroits  visiblement  très  bien  conservés,  combinée  avec  les 
caractères  de  formes,  exclut  notamment  toute  attribution  à  des 
feuilles  de  végétaux  cotylédonés.  Parmi  les  Thallophytes,  les  Hépa- 
tiques, les  Lichens  et  les  Algues  pourraient  seuls  nous  présenter 
des  thalles  qui,  par  leur  forme  générale,  rappelleraient  le  fossile 
qui  nous  occupe.  Il  faut  exclure,  je  crois,  les  deux  premiers 
groupes,  non  seulement  parce  que,  étant  donnée  l'origine  pré- 
sumée des  dépôts,  il  serait  assez  peu  probable  d'y  trouver  des 
plaques  aussi  complètement  et  exclusivement  couvertes  de  débris 
d'une  seule  espèce  appartenant  à  ces  végétaux  nullement  marins, 
mais  parce  que  ces  thalles  s'éloignent  par  leur  aspect  et  les  carac- 
tères saisissables  de  tout  ce  qu'on  observe  aujourd'hui  chez  eux, 
tandis  que  la  ressemblance  avec  certaines  Algues  est  au  contraire 
frappante.  11  en  est  même  une,  parmi  les  plus  communes  de  celles 
qui  vivent  sur  nos  côtes,  avec  laquelle  la  plante  fossile  des  Alpes 
présente  beaucoup  d'analogie,  assez  pour  qu'il  soit  très  vraisem- 
blable d'y  voir  une  plante  du  même  genre,  c'est  le  Chondrus  crispus. 
Des  deux  parts,  il  y  a  une  fronde  d'assez  forte  consistance  vers  sa 
base,  qui  est  plus  étroite,  cylindrique,  de  moindre  solidité  à  mesure 
qu'on  se  rapproche  des  extrémités,  qui  sont  minces,  de  largeur 
inégale,  arrondies  et  bilobées  à  leur  bord,  les  lobes  étant  le  début 
d'une  ramification.  La  largeur  des  bases  cylindriques  de  fronde  est 
même  fort  approchée  de  celle  des  mêmes  régions,  sur  des  échan- 
tillons de  Chondrus  crispus  des  environs  de  Cherbourg.  Il  me 
semble  donc  certain  que  l'Algue  fossile  appartient  au  genre  Chon- 
drus et  à  une  espèce  voisine  de  celle  qui  vient  d'être  nommée, 
laquelle  habite  l'Atlantique,  de  la  Norwège  au  sud  de  l'Espagne, 
et  sur  la  rive  américaine  opposée  ;  des  espèces  affines  se  trouvant 
dans  le  Pacifique.  J'avais  espéré  pouvoir  corroborer  ce  rapproche- 
ment par  l'étude  de  la  structure  anatomique,  malheureusement 


470       FLICHE.  —  QUELQUES  FOSSILES  VÉGÉTAUX  DE  L'OLIGOCÈNE       6  NOV. 

celle-ci  est  fort  mal  couservée  ;  cependant  quelques  cellules,  plus 
ou  moins  nettes,  semblent  être  ponctiformes  comme  chez  l'espèce 
vivante;  à  raison  de  cette  connaissance  incomplète  de  la  structure 
et  du  mode  de  reproduction  de  l'Algue  fossile,  il  n'est  pas  possible 
de  la  faire  rentrer,  sans  réserve,  dans  le  genre  Chondrus.  Ce  n'est 
pas  la  première  Algue  fossile  qui  ait  été  considérée  comme  s'en 
rapprochant  beaucoup,  et  lui  appartenant  sans  doute. 

Unger  en  a  décrit  deux  semblables  :  Tune  tertiaire,  dont  il  a 
fait  le  Sphœrococcides  cartilagineux,  l'autre  jurassique,  Chondrites 
flabellatus,  dont  il  fait  aussi  ressortir  la  ressemblance  avec  le 
C.  crispus.  Schîmper  a  fait  passer  ce  dernier  fossile  dans  le  genre 
Sph&rococcides,  réservant,  avec  raison,  le  nom  de  Chondrites,  pour 
les  fossiles  problématiques  auxquels  on  a  appliqué  ce  nom  et  qui, 
même  en  admettant  que  ce  soient  des  Algues,  auraient  été  fort 
différents  des  Chondrus  actuels.  Le  genre  Sphœrococcides,  tel  qu'il 
a  été  considéré  par  Schimper,  est  lui-même  fort  hétérogène,  et 
renferme  aussi  des  corps  dont  l'attribution  aux  Algues  est  des  plus 
contestables.  Il  me  paraîtrait  donc  préférable  de  donner  à  ceux  qui, 
leur  appartenant  incontestablement,  se  rapportent,  d'une  façon 
presque  certaine,  aux  Chondrus,  un  nom  spécial,  rappelant  cette 
grande  ressemblance,  sans  affirmer  une  identité  que  de  meilleurs 
échantillons  permettraient  seuls  d'établir;  celui  de  Chondropsis 
serait  très  convenable.  S'il  me  semble  possible,  d'après  tout  ce  qui 
vient  d'être  dit,  de  rapporter  certainement  les  débris  végétaux  de 
la  Haute-Souloize  aux  Algues  et  de  constater  leur  grande  ressem- 
blance avec  les  Chondrus,  il  me  parait  impossible  de  leur  attribuer 
un  nom  spécifique;  ils  sont  trop  fragmentés  pour  permettre  une 
description  tant  soit  peu  précise. 

Conifères 

Nous  ne  possédons  d'autre  reste  de  cette  classe,  pour  le  Nummu- 
litique  français,  que  le  cône  trouvé  par  M.  Perrot.  11  était  contenu 
dans  un  rognon  calcaire;  c'est  par  suite  delà  rupture  accidentelle, 
mais  fort  heureusement  très  régulièrement  longitudinale  de  celui- 
ci,  qu'il  a  été  mis  à  nu  ;  une  moitié  seulement  du  rognon  a  été 
conservée;  c'est  celle  qui  fait  aujourd'hui  partie  des  collections  de 
l'Ecole  forestière.  Le  cône,  dans  sa  moitié  supérieure,  montre  une 
coupe  longitudinale  de  l'organe,  atteignant  Taxe  de  celui-ci:  dans 
la  moitié  inférieure,  les  écailles,  sauf  celles  des  bords,  sont  brisées 
à  une  plus  ou  moins  grande  hauteur  au-dessus  de  leur  base. 


1899  DANS  LES  ALPES  FRANÇAISES  471 

Le  cône  est  fortement  minéralisé,  les  écailles  présentant  sur  leurs 
faces  une  couleur  brune  ou  noirâtre,  tenant  à  un  reste  de  matière 
organique.  Il  est  complètement  encastré  dans  la  substance  du 
rognon,  en  sorte  qu'on  ne  peut  songer  à  l'en  extraire. 

La  section,  faite  accidentellement,  porte  sur  toute  la  longueur  et 
la  largeur  du  cône,  en  sorte  qu'il  est  possible  de  se  rendre  compte 
de  ses  dimensions,  qui  étaient  assez  fortes  :  133mm  de  longueur  sur 
35  de  largeur,  y  compris  les  appendices  fimbriés  dont  il  va  être 
question. 

L'axe  est  grêle  ;  les  écailles,  de  consistance  moyenne,  étaient  un 
peu  plissées,  ou  légèrement  sillonnées  dans  le  sens  de  la  longueur, 
comme  on  peut  le  voir  très  bien,  notamment  en  a  (fig.  2)  ;  leur  base, 
un  peu  épaissie,  portait  deux  graines,  ce  qui  est,  en  général,  assez 
difficile  de  constater,  cela  est  bien  net  cependant  sur  une  écaille 
se  trouvant  à  la  partie  supérieure  de  celles  qui  sont  brisées  au- 
dessus  de  leur  base;  malheureusement  la  figure  photographiée  ne 
permet  pas  de  bien  constater  ce  caractère.  Quant  à  ce  qui  concerne 
la  forme  de  l'extrémité  supérieure  de  l'écaillé,  on  est  frappé,  quand 
on  considère  le  fossile  lui-même  ou  sa  figure  photographiée,  de 
voir  qu'en  certains  endroits,  surtout  de  meilleure  conservation, 
les  bords  semblent  être  fimbriés;  cette  apparence  de  franges,  pour 
l'ensemble  du  strobile,  pourrait  tenir  seulement  à  ce  que  les  extré- 
mités des  écailles,  très  longues  et  nullement  épaissies,  seraient 
coupées  normalement  à  leurs  surfaces;  mais  en  y  regardant  de 
près,  on  voit  que  si  cela  est  vrai  dans  une  certaine  mesure,  les 
filets  des  franges  sont  trop  nombreux  pour  comporter  tous  une 
semblable  origine,  que  de  plus  beaucoup  d'entre  eux  forment  une 
véritable  empreinte  sur  la  roche  et  ne  sont  nullement  la  section 
d'un  organe  mince;  enfin  en  divers  endroits,  notamment  en  b-b' ,  etc., 
les  franges  partent  d'une  écaille  qui,  dans  la  fossilisation,  s'est 
trouvée  posée  plus  ou  moins  à  plat  sur  la  matière  encaissante  ;  que 
de  plus  elles  se  détachent  parfois  les  unes  des  autres  à  une  hauteur 
inégale.  La  conséquence  à  tirer  de  ces  observations,  c'est  que 
l'écaillé  était  mince  et  longuement  frangée  aux  extrémités. 

Les  graines  sont  grosses  :  8mm  de  longueur  et  un  peu  plus  de 
3mm  de  diamètre,  un  peu  irrégulière,  l'épisperme  ne  parait  pas 
avoir  été  très  épais;  on  ne  peut  bien  voir  s'il  y  a  une  aile,  quoique 
cela  me  semble  probable,  d'après  ce  que  l'on  constate,  notamment 
pour  une  graine. 

Le  cône,  dont  je  viens  d'indiquer  les  caractères,  diffère  de  tous 
ceux  qui  ont  été  décrits  pour  les  terrains  de  même  âge  que  les 


472       FUCHB.  —  QUELQUES  FOSSILES  VÉGÉTAUX  DE  L'OLIGOCÈNE       6  NOT. 

Grès  de  Chaillol  ou  de  niveaux  peu  différents  ;  celui  qui  s'en  rap- 
procherait le  plus,  par  ses  écailles  fortement  laciniées,  serait  celui 
de  l*01igocène  d'Armissan,  auquel  de  Saporta  a  donné  le  nom 
d'Entomolepis  ;  mais  ces  analogies,  dont  je  discuterai  plus  loin  la 
valeur,  ne  vont  point  sans  d'assez  fortes  différences,  qui  ne  per- 
mettent pas  de  donner  au  fossile  de  Chaillol  cette  attribution  géné- 
rique. Non  seulement  celui-ci  ne  ressemble  à  aucune  des  formes, 
également  fossiles,  déjà  décrites,  mais  il  s'éloigne  aussi  de  tous  les 
cônes  de  Couifères  vivants,  aujourd'hui  connus,  et  cela  assez  pour 
que,  jusqu'à  nouvel  ordre  au  moins,  il  me  semble  nécessaire  de 
créer  pour  lui  une  coupe  générique  spéciale. 

Le  caractère  le  plus  saillant  offert  par  lui  c'est  le  bord  longue- 
ment frangé  de  l'écaillé;  il  ne  se  retrouve  à  ce  degré  chez  aucun 
Conifère  vivant.  Ce  n'est  pas  à  dire  que,  chez  certains  d'entre  eux, 
cet  organe  ne  soit  assez  fortement  denté  ou  même  incisé  à  son 
bord  supérieur,  pour  éveiller  l'idée  d'une  étroite  affinité  entre  le 
fossile  qui  nous  occupe  et  eux.  C'est  parmi  les  Picea,  chez  les 
Abiétinées,  qu'on  les  rencontre.  De  Saporta  a  signalé  aussi,  à 
propos  de  son  Entomolepis,  les  strobilcs  des  Cuninghamia,  chez  les 
Cupressinées;  mais  les  dentelures  de  l'écaillé  dans  ce  genre  sont 
beaucoup  moins  prononcées  que  celles  observées  chez  les  Picea, 
dont  je  vais  parler.  Les  écailles,  dans  ce  dernier  genre,  présentent 
un  bord  de  forme  très  variable,  d'espèce  à  espèce,  quelquefois  dans 
une  même  espèce.  Ainsi  le  P.  excelsa,  l'épicéa  qui  entre,  pour  une 
part  si  importante,  dans  la  végétation  forestière  d'une  grande 
partie  de  l'Europe,  de  la  France  en  particulier,  a  des  écailles  ter- 
minées par  un  prolongement  trapézoïdal,  échancré  à  son  extrémité, 
et  le  plus  souvent  le  bord,  dans  son  intégralité,  présente  des  den- 
telures irrégulièrement  réparties  et  peu  profondes.  Parfois,  au 
contraire,  le  bord  est  régulièrement  arrondi,  c'est  ce  qu'on  observe 
sur  une  forme  parfois  assez  commune  dans  le  Jura,  ou  bien  à 
l'extrême  opposé,  on  trouve  des  épicéas  à  écailles  laciniées,  j'en  ai 
observé  de  tels  aux  environs  de  Barcelonnette,  et  M.  Schrôter  (1) 
en  a  figuré,  d'après  Wilhelm,  un  cône  provenant  de  Moravie. 

Ces  découpures  peu  prononcées,  en  général,  ou  anormales,  chez 
l'espèce  commune,  deviennent  de  règle  chez  d'autres  espèces  japo- 
naises et  américaines:  P.  ajanensis  Fischer  du  Japon,  P.  Menziesi 
Cass.,  P.  Alcoquiana  Veitch,  et  P.  Engelmanni  Parry  Engelm.  d'Amé- 
rique, comme  on  peut  le  voir  fig.  3,  qui  représente  un  cône  prove- 

(1)  Ueber  die  Vielgestaltigkcit  der  Fichte  {Picea  excelsa  Link).  Zurich,  1896, 
p.  84,  fig.  30. 


1899  DANS  LES  ALPES  FRANÇAISES  473 

liant  du  bel  Arboretum  de  M.  Allard,  à  la  Maulévrie,  près  d'Angers. 
Chez  ces  espèces,  très  rapprochées  les  unes  des  autres,  notamment 
chez  la  dernière,  l'écaillé,  très  mince,  se  fend  facilement  sur  une 
plus  ou  moins  grande  longueur,  de  telle  sorte  que  récaille  peut 
présenter  des  franges  de  plus  en  plus  analogues  à  celles  qu'on 
observe  sur  le  fossile,  chez  lequel  une  pareille  fissilité  de  l'écaillé 
semble  avoir  aussi  existé.  C'est  donc  de  ce  côté  que  me  paraissent 
être  les  affinités  de  ce  remarquable  strobile;  elles  sont  encore  cor- 
roborées par  les  stries  longitudinales,  qu'on  observe  des  deux 
parts,  sur  la  face  externe  de  l'écaillé,  elles  le  sont  aussi  en  ce  qui 
concerne  la  forme  générale  du  strobile,  allongée  et  étroite  des  deux 
parts.  L'épaisseur  de  l'écaillé  est  très  différente  de  ce  qu'on  voit 
chez  les  Picea  japonais  et  américains,  dont  je  viens  de  donner  les 
noms,  puisque,  chez  ceux-ci,  elle  est  plus  ou  moins  papyracée; 
mais  elle  ne  dépasse  pas  beaucoup  celle  du  même  organe  chez 
l'espèce  commune,  tout  en  étant  certainement  plus  forte,  ce  qui 
la  rapproche  de  celle  des  Sapins.  Ce  qui  la  rapprocherait  plus 
encore  de  ceux-ci  serait  la  grosseur  et  la  forme  de  la  graine.  Quant 
à  la  persistance  des  écailles,  les  affinités  seraient  du  côté  des  Picea 
et  des  Tsuga,  car  il  semble  bien  certain  qu'on  est  en  présence  d'un 
strobile  adulte  qui  n'aurait  pu  arriver  intact,  à  l'endroit  de  fossi- 
lisation, si  les  écailles  avaient  été  caduques,  comme  chez  les  Sapins. 

Ainsi  qu'on  le  voit,  le  cône  fossile  de  Chaillol  présente  des 
caractères  communs  à  des  genres  actuels  différents  des  Picea,  de 
ces  derniers  il  a  la  forme  et  la  taille  du  cône,  la  persistance  et  le 
bord  incisé  des  écailles;  sans  doute  aussi,  d'après  ce  qu'on  a  pu 
voir,  la  forme  générale  de  celles-ci  était  plutôt  de  ce  genre  ou  des 
Tsuga  que  des  Abies;  de  ces  derniers,  le  cône  fossile  a  l'épaisseur 
des  écailles,  la  grosseur  et  l'irrégularité  des  graines.  Enfin,  il  dif- 
férait des  trois  par  la  longueur  des  divisions  de  l'écaillé  qui  les 
faisait  ressembler  dans  leur  ensemble  à  une  frange. 

Ce  mélange  de  caractères  se  retrouve  chez  des  Abiétinées  chi- 
noises, dont  l'attribution  générique  n'est  pas  sans  présenter,  par 
suite,  des  difficultés  et  éveiller  des  doutes  sur  la  légitimité  des 
genres  établis  aux  dépens  des  Pinus  de  Linné.  C'est  le  cas,  en  ce 
qui  concerne  les  A Mes,  Tsuga  et  Picea.  C'est  ce  qu'a  fait  observer, 
par  exemple,  pour  V Abies  ou  Pseudotsuga  Davidiana  M.  Franchet  (1). 
C'est  ce  que  j'ai  pu  constater  aussi  pour  Y  Abies  sacra  Franchet  sur 
deux  cônes,  un  peu  différents  du  type  habituel,  d'après  M.  Franchet, 

(1)  Planta  Davidiana,  première  partie,  1884,  p.  288  et  suiv. 


474       FLICHB.  —  QUELQUES  FOSSILES  VÉGÉTAUX  DE  L'OLIGOCÈNE       6  NOV. 

envoyés  du  Yunnan,  au  Muséum  (1)  par  l'abbé  Delavay  ;  pour  la 
grosseur  des  graines,  leur  irrégularité,  avec  des  écailles  persistantes 
et  plus  ou  moins  dentées  aussi  aux  bords,  double  caractère  qui 
rapproche  le  fossile  de  cette  forme  vivante,  je  crois  utile  de  signaler 
ce  rapport  parce  que  ce  n'est  pas  le  seul  entre  les  formes  tertiaires 
européennes  et  celles  vivant  aujourd'hui  en  Chine,  particulièrement 
dans  la  région  du  Yunnan  et  du  Sutchken  ;  d'autres,  et  remar- 
quables, ont  été  déjà  constatés.  Néanmoins,  au  cas  particulier,  la 
longueur  des  divisions  de  l'écaillé  écarte  suffisamment  le  fossile, 
non  seulement  de  YAbies  s<9crv.t  mais  même  de  toutes  les  formes 
vivantes,  pour  qu'il  me  semble  util*  d'établir,  pour  lui,  une  coupe 
générique  spéciale,  coupe  provisoire  sans  éoute,  même  au  cas  où 
on  continuerait  à  admettre  celles  créées  aux  dépens  des  Hnvs  de 
Linné;  puisque  de  plus  nombreux  et  meilleurs  échantillons  mon- 
treront peut-être  que  cette  longue  fimbriation  de  l'écaillé  n'a  pas 
une  très  grande  valeur.  Mais  j'ai  déjà  dit  ailleurs  pourquoi,  en 
paléontologie,  il  me  semble  préférable,  au  point  de  vue  soit  géné- 
rique, soit  spécifique,  de  distinguer  par  un  nom,  toute  forme  nette- 
ment différente  de  ce  qu'on  connaît  antérieurement  à  sa  découverte, 
sauf  à  faire  des  réunions,  à  la  suite  d'études  poursuivies  sur  de 
plus  nombreux  et  meilleurs  échantillons.  L'analyse  ici,  même  un 
peu  exagérée,  présente  moins  d'inconvénients  qu'une  synthèse 
prématurée  qui  ferait  réunir,  sous  le  même  nom,  des  êtres  essen- 
tiellement différents. 

Dans  le  nom  de  genre,  il  y  avait  naturellement  à  faire  intervenir 
le  caractère  dont  je  viens  de  parler  :  les  genres  Entomolepis  et 
Schizolepis  avaient  déjà  employé  deux  épithètes  grecques  dont  je 
pouvais  me  servir,  j'ai  recouru  à  une  troisième,  KpoccioTo?,  faisant 
d'ailleurs  plus  spécialement  allusion  à  l'aspect  frangé  de  l'organe; 
le  nouveau  genre  devra  donc  s'appeler  Crossôtolepis  et  j'en  établis 
la  diagnose  comme  il  suit  : 

Crossôtolepis. 

Strobilo  cylindrico  elongato,  4SSmm  longitudine  35mm  latitudine 
metiente  ;  squamis  sat  numerosis,subtus  Imiter  striatis,  margine  longé 
fimbriatis  ;  seminibus  sat  magnis  8mm  longitudine  plmquam  3mm  lati- 
tudine metientibus,  paulisper  irregularibus  ;  epispermio  haud  crasso. 

Le  genre  ainsi  constitué  ne  renferme  qu'une  espèce  dont  la 
diagnose,  par  suite,  se  confond  avec  la  sienne;  je  lui  donnerai  le 
nom  de  celui  qui  a  trouvé  ce  fossile  intéressant;  ce  sera  ainsi  le 
C.  Perroti. 

(1)  N*  5842. 


1899  DANS  LES  ALPES  FRANÇAISES  475 

Comme  je  l'ai  déjà  dit,  le  strobile  étudié  ici,  non  seulement  ne 
ressemble  exactement  à  aucun  de  ceux  des  Conifères  vivaots,  mais 
il  n'est  pas  moins  distinct  de  tous  ceux  qui  ont  été  décrits  à  l'état 
fossile.  Toutefois,  de  même  que  parmi  les  espèces  vivantes,  il  se 
rapproche  beaucoup  des  Sapins,  entendus  dans  le  sens  le  plus 
large,  c'est-à-dire  en  comprenant  sous  ce  vocable,  non  seulement 
les  Sapins  proprement  dits,  mais  aussi  les  Epicéas  et  les  Tsugas, 
et  même  plus  spécialement  des  Picea  du  groupe  P.  Menziezii  et 
espèces  affines;  de  même  aussi,  il  n'est  pas  impossible  de  trouver 
des  formes  auxquelles  il  se  rattache  probablement  parmi  les  fossiles. 

Ce  me  semble  être  le  cas  pour  YËntomolepis  cynarocephala  Sa  p., 
son  auteur  (1),  en  faisant  observer  que  ce  doit  être  un  type  éteint, 
et  c'est  pour  cela  qu'il  lui  donne  un  nom  générique  spécial,  cherche 
ses  affinités  du  côté  du  Cuninghamia  sinensis,  et  même  du  Sciado- 
pitys  verticillata  S.  et  Z.;  toutefois,  pour  celui-ci,  il  se  fait  à  lui- 
même,  avec  raison,  de  telles  objections  qu'il  en  revient  au  premier; 
plus  tard  son  opinion  parait  s'être  modifiée;  dans  une  note  émanée 
de  lui,  puisqu'elle  est  suivie  des  initiales  de  son  nom  entre  paren- 
thèses, insérée  par  Schimper  dans  son  Traité  de  Paléontologie  (2), 
après  avoir  rappelé  les  deux  espèces  qui  viennent  d'être  citées, 
il  dit  que  le  cône  d'Armissan  a  peut-être  encore  plus  de  ressem- 
blance avec  celui  de  YAbies  Jezoensis,  synonyme  de  Picea  Ajanensis 
Fischer,  dont  j'ai  parlé  plus  haut.  Ce  dernier  rapprochement  me 
semble  beaucoup  plus  légitime.  11  convient  d'écarter  définitivement 
les  Sciadopitys,  dont  l'écaillé  ne  ressemble  en  rien  à  celle  du  fossile 
d'Armissan.  11  ne  semble  pas  non  plus  y  avoir  d'affinités  réelles 
avec  les  Cuninghamia  ;  non  seulement  la  forme  et  la  taille  du 
strobile  sont  tout  autres,  mais  celle  de  l'écaillé  n'est  pas  moins 
différente,  malgré  la  dentelure  qui  avait  déterminé  le  rapproche- 
ment fait  par  de  Sa  porta.  Celle-ci  est  très  fine,  la  forme  de  l'écaillé 
est  très  différente;  elle  présente  en  son  milieu  une  saillie  qui  vient 
se  terminer  à  l'extrémité  de  l'organe  en  une  épine  courte  et  simple, 
ne  rappelant  en  rien  l'appendice  épineux  de  Y  Ëntomolepis;  les 
écailles -de  base,  chez  le  Cuninghamia,  ne  sont  nullement  réfléchies; 
tout  au  plus  sont-elles  un  peu  étalées.  Les  analogies  avec  le  P.  Men- 
ziezii  et  espèces  affines,  notamment  le  P.  Engelmanni,  sont  au 
contraire  évidentes;  si  ces  épicéas  ne  présentent  pas  un  appendice 

(1)  Études  sur  la  végétation  du  Sud-Est  de  la  France  à  l'époque  tertiaire. 
Deuxième  partie,  II.  Flore  d'Armissan  et  de  Peyriac  dans  le  bassin  de  Narnonne 
(Aude).  Ann.  Se.  nalur.  Bot.,  5*  sér.,  IV,  1865,  p.  55. 

(2)  Traité  de  Paléontologie  végétale,  II,  1870-1872,  p.  260. 


476       FLICHE.  —  QUELQUES  FOSSILES  VÉGÉTAUX  DE  L'OLIGOCÈNE       6  NOV. 

à  l'écaillé,  le  bord  de  celle-ci  est  fortement  denté,  les  écailles  de 
base  sont  quelquefois  assez  nettement  réfléchies  ;  l'absence  d'ap- 
pendice, la  longueur  des  franges  et  l'extrémité  nullement  épi- 
neuse (i)  de  celles-ci  éloignent  aussi  le  cône  de  Chaillol  de  YEnto- 
molepis.  Malgré  cela,  les  affinités  entre  les  deux  me  semblent  fort 
probables.  Comme  Schimper  (2),  je  serais  aussi  porté  à  rapprocher 
de  YEntomolepis,  YAraucarites  Gœppmi  Presl  de  Haering.  D'après  la 
diagnose  et  la  figure  qui  se  trouvent  dans  la  Flora  der  Vorwett  (3), 
de  ce  fossile,  en  médiocre  état  de  conservation  d'ailleurs,  on  ne 
voit  pas  ce  qui  a  décidé  Presl  à  un  rapprochement  avec  les  Araucaria, 
tandis  que  les  deux,  la  figure  surtout,  sont  favorables  à  l'opinion  de 
Schimper;  les  affinités  me  semblent  bien  plus  évidentes  encore  avec 
le  strobile  de  Chaillol,  et  je  ne  serais  pas  étonné  que  de  meilleurs 
échantillons  que  celui  d'Haering,  ne  vinssent  démontrer  l'identité 
générique  et  même  spécifique  ;  il  est  facile  de  voir  sur  la  figure  de 
Stembergque  la  forme  était  la  même,  le  diamètre  à  peu  près  le  même 
aussi  ;  quant  à  la  longueur,  on  ne  peut  s'en  rendre  compte,  le 
strobile  d'Haering  n'étant  pas  complet,  sous  ce  rapport;  les  écailles 
sont  visiblement  prolongées  à  l'extrémité,  et  celle-ci  réfléchie  ;  il 
semble  également  sur  certaines  écailles  qu'elle  était  divisée 
longitudinalement. 

Pour  résumer  la  discussion  à  laquelle  je  viens  de  me  livrer,  il 
parait  très  probable  qu'il  y  a  eu,  en  Europe,  durant  l'Oligocène,  un 
groupe  de  Conifères  de  la  famille  des  Abiétinées,  à  strobiles  assez 
grands,  dont  les  écailles  étaient  plus  ou  moins  divisées  à  leurs 
extrémités,  ce  qui  les  rapproche  surtout  des  Picea,  particulièrement 
du  groupe  du  P.  Menziesii  et  des  espèces  affines,  mais  à  en  juger 
par  le  Crossôtolepis  Perroti,  la  seule  espèce  dont  nous  connaissions 
en  partie  la  structure  intérieure,  ces  écailles  étaient,  au  moins  à 
leur  base,  de  consistance  plus  épaisse  que  chez  ceux-ci,  de  plus 
les  graines,  plus  grosses  et  plus  irrégulières,  se  rapprocheraient 
davantage  de  celles  des  Sapins.  Sous  ce  rapport,  il  y  avait  de 
l'analogie  avec  des  Sapins  de  la  Chine  méridionale  :  Abies  ou 
Pseudotsuga  Davidiana  C.  E.  Bertrand  et  Abies  sacra  Franchet  (4). 

(1)  Il  convient  toutefois  de  faire  observer  que  d'après  ce  que  j'ai  vu  sur  les 
échantillons  du  Muséum,  les  extrémités  dos  divisions  de  l'écaillé  chez  VEnto- 
molepis ne  sont  pas  toujours  épineuses,  elles  peuvent  être  même  un  peu  arrondies. 

(2)  Traité  de  Paléontologie  végétale.  II,  p.  260. 

(3)  Sternberg.  Flora  der  Vorwett.  V-VIII,  p.  204  du  premier  fascicule. 
Tab.  XXXIX,  fig.  4. 

(4)  Chez  cette  dernière,  d'après  deux  échantillons  au  Muséum  de  l'abbé  Delavay, 
l'écaillé  est  trilobée,  le  lobe  moyen  surtout,  à  bord  incisé,  rappelle,  de  loin,  il 
est  vrai,  l'appendice  épineux  de  VEntomolepis. 


1899  DANS  LES  ALPES  FRANÇAISES  477 

Comme  ceux  ci,  les  Conifères  à  écailles  découpées  de  l'Oligocène 
montrent  combien  sont  fragiles  les  bases  sur  lesquelles  les  genres 
Picea  et  Tsuga  ont  été  établis  aux  dépens  des  Abies,  et  sans  préjuger 
l'identité  générique  de  toutes  les  Abiétinées  proprement  dites, 
peut-être  serait-il  préférable,  en  présence  des  faits  paléontolo- 
giques,  des  observations  faites  depuis  quelques  années  sur  les 
espèces  vivantes,  de  réunir  les  Picea,  Tsuga  et  Abies  en  un  seul 
genre  sous  le  dernier  vocable. 

Dicotylédones 

Protéacées 

Bancksia  Declceana  Heer?  fig.  4.  —  Un  grand  fragment  de  feuille 
coriace,  sur  une  plaque  marno- calcaire  de  Malmort  en  Dévoluy,  ne 
peut  se  déterminer  sûrement,  pas  plus  qu'en  général  ces  feuilles 
sans  nervation,  sans  découpures  des  bords,  qu'on  rencontre  souvent 
à  l'état  fossile.  Cependant  la  solidité  de  l'organe,  l'absence  totale 
de  nervation,  en  dehors  d'une  très  forte  nervure  médiane,  la  forme 
générale,  rattachent  bien  évidemment  ce  fossile  au  groupe  de 
formes  probablement  fort  hétérogènes  dont  les  Paléontologistes 
ont  fait  des  Banlcsia,  rapprochement  fort  douteux,  quand  il  s'agit 
de  feuilles  tertiaires,  de  même  que  la  plupart,  si  ce  n'est  la  totalité, 
des  soi-disant  Protéacées  européennes  de  cet  âge.  Toutefois, 
même  sous  ces  réserves,  la  feuille  de  Malmort  n'en  présente  pas 
moins  quelque  intérêt,  parce  que  Heer  a  décrit,  dans  le  Flysch 
suisse,  des  feuilles  analogues  ;  il  les  rapporte  à  son  B.  helvetica, 
établi  d'abord,  par  lui,  sur  des  échantillons  du  Miocène  moyen  de 
Saint-Gall  en  Suisse.  L'empreinte  de  Malmort  me  semble,  à  raison 
de  son  limbe  très  franchement  inéquilatéral,  moins  allongé  par 
rapport  à  sa  largeur,  plutôt  se  rapporter  à  son  B.  Declceana,  aussi 
de  ce  dernier  dépôt.  Certaines  figures  de  cette  plante  dans  la  Flora 
tertiaria  helvetica  offrent  une  grande  ressemblance  avec  notre  fossile, 
mais  on  conçoit  qu'une  identification  précise  est  toujours  un  peu 
douteuse,  sur  des  feuilles  offrant  aussi  peu  de  caractères. 

Rhamnées 

Zizyphus  iïngeri  Heer,  fig.  5.  —  Une  feuille  en  assez  bon  état  de 
conservation,  dont  jai  parlé  plus  haut,  trouvée  par  M.  Lory  dans 
les  marnes  calcaires  en  plaquettes  du  Bas  Sigaud  me  parait  appar- 
tenir à  cette  espèce,  déjà  trouvée  par  Heer  dans  les  schistes  du  Val 


478       FLICHE.  —  QUELQOES  FOSSILES  VÉGÉTAUX  DE  L'OLIGOCÈNE      6  NoV. 

d'Uliez,  lesquels  se  rapportent  très  probablement  au  Flyscb.  Cette 
feuille,  très  franchement  triplinerviée,  pourrait  faire  songer  d'abord 
à  un  de  ces  Cinnamomum%  si  communs  dans  les  terrains  tertiaires, 
mais  le  bord  très  nettement  denté,  en  certains  endroits  bien  con- 
servés, les  exclut  ;  tandis  que  la  ressemblance  est,  au  contraire, 
complète  avec  les  Zizyphus  et  notamment  deux  espèces  tertiaires 
très  voisines  l'une  de  l'autre  :  Z.  paradisiacus  (Ung.)  Heer  et  Z.  Un- 
geri  Heer;  il  me  semble,  d'après  les  dents  prononcées  du  fossile, 
qu'il  s'agit  plutôt  de  la  dernière;  mais  il  faut  convenir  qu'il  est 
assez  difficile  de  décider  entre  les  deux,  sur  une  seule  feuille  qui 
n'est  même  pas  complète;  d'autant  plus  que  la  séparation  des 
deux  espèces  repose  Sur  de  bien  faibles  caractères,  comme  le  fait 
observer  avec  raison  Heer  (1).  11  n'y  a  pas  d'ailleurs  grand  intérêt 
à  les  distinguer  non  plus,  au  point  de  vue  de  l'âge  auquel  elles 
appartiennent,  puisqu'elles  sont  sensiblement  contemporaines  de 
l'Oligocène  inférieur  au  Miocène;  le  Z.  paradisiacus.  paraissant 
toutefois  avoir  apparu  le  premier,  puisqu'on  le  trouve  dès  les 
gypses  d'Aix,  à  la  partie  supérieure  de  ceux-ci  toutefois. 

Synantuérées 

Baccharites  obtusatus  Sap.?  fig.  6.  —  Une  petite  empreinte  de 
feuille  entière  sur  plaquette  ma  rno- calcaire  du  vallon  du  Sigaud, 
dans  le  massif  de  Géuze,  appartient  certainement  au  groupe  de 
feuilles  rapportées  longtemps  à  plus  ou  moins  juste  titre  aux 
Protéacées,  notamment  aux  genres  Bancksia,  Lomatia;  elle  se  dis- 
tingue du  Bancksites  helvetica,  avec  lequel  elle  n'est  pas  sans  ana- 
logie, par  la  base  du  limbe,  presque  auriculée,  dans  tous  les  cas 
pas  décurrente  sur  le  pétiole,  qui  est  très  court;  de  plus  il  est 
visible  que  le  bord  de  la  feuille  n'est  pas  entier;  il  est  sinué,  denté, 
quoique  faiblement  et  fort  irrégulièrement.  Par  tous  ces  caractères, 
la  ressemblance  est,  au  contraire,  complète  avec  le  Lomatites 
obtusatus  Sap.,  devenu  ensuite,  pour  son  auteur,  Baccharites  obtu- 
satu*  par  suite  d'un  rapprochement,  qui  semble  assez  légitime, 
avec  les  Baccharis,  arbrisseaux  de  la  famille  des  Synanthérées.  H 
n'y  a  qu'une  différence  de  taille,  le  plus  petit  échantillon,  figuré 
par  de  Sa  porta,  ayant  28mm  de  longueur  sur  6  de  large  maximum, 
tandis  que  le  nôtre  est  de  dimensions  environ  moitié  moindre  : 
13mm  x  &*m.  Les  nervures  secondaires  ne  sont  pas  visibles  d'une 

(1)  Flora  fossilis  Helvetiae.  Zurich,  1876.  Fùnfte  Abtheilung.  Die  eocene  Flora 
der  Schwelz,  p.  172. 


1899  DANS  LES  ALPES  FRANÇAISES  479 

façoû  nette,  mais  cela  est  dû  à  l'état  de  conservation,  car  on  en 
voit  des  traces  qui  légitiment  l'attribution.  Celle-ci  semble  donc 
naturelle,  sous  la  réserve  de  la  différence  de  taille  qui,  jusqu'à 
nouvel  ordre,  interdit  une  affirmation  absolue. 

Comme  on  a  pu  le  voir  par  tout  ce  qui  précède,  la  florule,  dont 
nous  devons  les  éléments  aux  recherches  de  MM.  Perrot  et  Lory, 
présente,  malgré  sa  grande  imperfection,  comme  nombre  ou  état 
de  conservation  des  échantillons,  un  intérêt  très  réel.  On  peut 
formuler  ainsi  les  résultats  qu'elle  fournit. 

1°  Elle  offre  les  premières  traces  certaines  de  végétaux  pour  le 
flysch  des  Alpes  françaises. 

2°  Un  échantillon  prouve  l'existence  des  Algues  et  sous  une 
forme  paraissant  assez  voisine  d'espèces  actuelles;  celle-ci  ne 
prouve  rien,  d'ailleurs,  en  faveur  de  l'attribution  aux  Algues  de 
tous  les  Chondrites,  sans  matière  végétale,  décrits  dans  les  couches 
de  même  niveau,  et  dont  elle  diffère  beaucoup. 

3°  Les  quelques  plantes  terrestres  dont  il  vient  d'être  question 
présentent,  pour  la  plus  grande  partie,  une  remarquable  analogie 
avec  celles  que  Heer  a  décrites  dans  les  couches  de  même  âge  en 
Suisse.  Dans  leur  ensemble,  elles  corroborent  l'attribution  déjà 
faite,  pour  d'autres  motifs,  des  couches  dont  elles  proviennent  à 
l'Oligocène. 

4°  Le  remarquable  strobile  de  Chaillol,  rapproché  d'organes 
similaires  déjà  décrits,  semble  prouver  l'existence,  dans  l'Oligocène, 
d'un  groupe  d'Abiétinées  à  écailles  plus  ou  moins  laciniées,  fai- 
sant partie  des  Abies  entendus  dans  le  sens  le  plus  large,  groupe 
remarquable,  par  certains  autres  caractères  de  structure  du  stro- 
bile. Il  présente  par  suite  un  réel  intérêt,  aussi  bien  au  point  de 
vue  géologique  qu'à  celui  de  la  paléontologie,  puisqu'il  parait  se 
rencontrer,  sous  ses  différentes  formes,  à  des  niveaux  fort  rappro- 
chés comme  âge. 


EXPLICATION  DE  LA  PLANCHE    XII 

Fig.  1.  —  Algue.  —  a,  bifurcation  du  thalle  ;  6,  baie  ;  e,  extrémités  de  thalles. 
Fig.  2.  —  Crossotolepis  Perroli  n.  ap.  —  a,  sillons  de  l'écaillé;  byb\  franges 

d'écaillés. 
Fig.  3.  —  Picea  Engelmanni  Parry  Engelmann. 
Fig.  4.  —  Bancksia  Deckeana  Heer? 
Fig.  5.  —  Ztzyphus  Ungeri  Heer. 
Fig.  6.  —  Bacchantes  obtusatus  Sap.  ? 


480  6  Nov. 


OBSERVATIONS 
SUR   LES   TERRAINS   ÉOCÈNES   ET  OLIGOCÈNES   D'EGYPTE 

par  M.  R.  FOURTAU. 

La  connaissance  exacte  de  la  constitution  géologique  de  l'Egypte 
est  encore  loin  de  nous  être  acquise,  et  il  est  certain  que  bien  des 
découvertes  et  des  surprises  sont  encore  réservées  au  géologue  qui 
explorerait  le  plateau  libyque  et  le  désert  arabique.  Mes  recherches 
personnelles  m'ont  permis  d'établir  quelques  faits  nouveaux;  et  je 
dois,  en  présence  de  la  plus  grande  activité  géologique  qui  s'est 
manifestée  en  Egypte  depuis  la  création  du  «  Geological  Survey  of 
Egypt  »,  chercher  à  conserver  leur  priorité  à  mes  observations. 

Ces  observations  portent  surtout  sur  l'Eocène  d'Egypte  et  les 
divisions  qu'on  peut  y  établir  au  point  de  vue  stratigraphique  et 
paléontologique.  De  l'Oligocène  je  ne  dirai  que  quelques  mots,  car 
ces  terrains,  du  moins  les  véritables,  sont  encore  bien  peu  connus. 

1°  ÉOCÈNE  INFÉRIEUR 

L'ensemble  des  couches  que  nous  devons  attribue?  à  cet  étage 
couvre  une  grande  étendue  de  l'Egypte,  depuis  le  parallèle  d'Assouan 
jusqu'au  nord  de  Rodah,  à  la  limite  des  provinces  d'Assiout  et  de 
Minieh,  dans  la  vallée  du  Nil.  Dans  cette  même  vallée,  il  affleure 
encore  plus  au  nord  à  Béni  Hassan  et  à  Minieh  même,  mais  alors 
il  est  recouvert  par  l'Eocène  moyen.  Dans  le  désert  arabique,  on  le 
trouve  toujours  recouvert  par  l'Eocène  moyen  jusque  dans  la  grande 
vallée  de  l'Ara  bah  et  même  au  Gebel  Attakah,  près  de  Suez.  Dans 
le  désert  libyque,  il  constitue  la  plus  grande  partie  du  plateau, 
entre  la  vallée  du  Nil  et  les  oasis  du  sud,  qu'il  dépasse  même  à 
Farafrah,  pour  aller  se  perdre  sous  les  dunes  de  sables  mouvants, 
à  l'ohest  de  cette  oasis,  derrière  le  plateau  d'El  Gouch  abou  Saïd; 
sa  limite  au  nord  du  désert  libyque  est  moins  certaine  et  reste 
encore  très  incomplètement  connue. 

Dans  ses  travaux  sur  la  géologie  du  désert  libyque  et  de 
l'Egypte  (1),  M.  K.  von  Zittel  a  proposé  de  désigner  les  couches 

(1)  Cf.  K.  Zittel.  Beitrâge  zur  Géologie  und  Paléontologie  der  libyschen 
Wûste  und  der  angrenzenden  Gebiete  von  Aigypten.  I.  Theil.  Cassel,  1883, 


1899  SUR  LES  TERRAINS  ÉOCÈNES  ET  OLIGOCÈNES  D'EGYPTE  481 

composant  l'Eocène  inférieur  sous  le  nom  de  libysche  stufe.  Mais 
l'ensemble  des  couches  que  désigne  ainsi  le  professeur  de  Munich 
ne  constitue  pas  tout  l'Eocène  inférieur  d'Egypte.  Les  explorations 
de  la  mission  Rholfs  ne  se  sont  point  étendues  assez  au  sud,  et  plus 
tard,  en  1892,  M.  Mayer-Eyinar  a  découvert  au  Gebel  Garab,  à 
l'ouest  d'Assouan,  des  couches  éocènes  plus  anciennes  que  les 
libysche  stufe,  qui  se  prolongent  du  Gebel  Gara  h,  près  du  Nil,  jus- 
qu'aux petites  oasis  de  Douukoun  et  de  Kourkour,  situées  à  près 
de  150  kilomètres  au  sud  de  l'oasis  de  Kbargheh. 

Ces  couches  renferment  peu  de  Foraminifères  et  sont  plutôt 
caractérisées  par  deux  Echinides  :  Bothriolampas  abundans  Gauthier 
et  Porocidaris  Schmiedelii  Goldf.  Le  premier  de  ces  Echinides  me 
permet  de  fixer  l'âge  exact  de  ces  couches  puisqu'une  seconde 
espèce  de  ce  genre,  très  voisine  de  l'espèce  égyptienne,  Bothriolam- 
pas tunetana  Thom.  et  Gautb.  a  été  rencontrée  à  la  base  de 
l'Eocène  inférieur  des  hauts  plateaux  de  la  Tunisie.  Enfin  leur 
faciès  catcaréo-marneux  aveo  de  nombreux  moules  de  bivalves 
principalement  Cardium  et  Cardita,  indique  bien  une  formation 
littorale,  ce  qui  tendrait  à  me  faire  croire  que  l'unique  spécimen 
de  Micraster  que  M.  Mayer  y  a  recueilli  et  dont  il  a  fait  son 
M.  ulîimm,  pourrait  bien  n'être  qu'un  individu  remanié  provenant 
des  couches  du  Crétacé  supérieur  qui  en  sont  assez  voisines. 

Dès  lors,  si  le  littoral  de  l'Eocène  inférieur  a  été  primitivement 
sur  le  parallèle  d'Assouan,  devons- nous  admettre  que  les  couches 
marneuses  situées  à  la  base  de  la  coupe  de  d'Archiac  et  Delanoue  (1), 
prise  au  Gebel  Gournah,  à  l'ouest  de  l'ancienne  Thèbes,  sont  cré- 
tacées comme  paraît  l'admettre  M.  Zittel?  Je  ne  le  crois  pas.  Le 
Trachyaster  (Hemiaster)  Archiaci  de  Lor.  qui  caractérise  ces 
couches  est  bien  éocèneet  non  crétacé,  les  Aturia  Zic-Zac  Sow.  mal 
conservées  et  les  rares  dents  de  Lamna  ne  prouvent  pas  grand 
chose,  c'est  vrai,  mais  cette  faune  est  bien  différente  de  celle  des 
marnes  dordoniennes  ou  campaniennes  des  Oasis,  dont  l'âge  crétacé 
est  définitivement  fixé  par  les  calcaires  à  Micraster  et  Echinocorys 
qui  les  surmontent.  Il  est  donc  plus  rationnel  de  considérer  les 
marnes  du  Gebel  Gournah  comme  un  faciès  pélagal  des  couches 
littorales  du  Gebel  Garah  et  des  Oasis  de  Dounkoun  et  de  Kourkour. 

L'absence  de  ces  couches  à  la  base  de  l'Eocène  inférieur  des 
Oasis  où  les  bancs  à  Operculina  libyca  reposent  directement  sur  la 

<i)  D'Archiac  et  Delanoue.  Sur  la  constitution  géologique  des  environs  de 
Thèbes.  ('.  H.  \c.  Se  ,  181)8,  T.  LXVI1,  p.  701. 

1"  Février  KWU.  -  T.  XXVII.  Buii.  Soc-.  tiéol.  Fr.  —  M 


482  R.  FOURTAU  6  Nov. 

craie  à  Micraster  et  Echinocorys  est  évidemment  la  cause  qui  a 
déterminé  M.  Von  Zittel  à  faire  de  ces  bancs  la  base  de  son  Eocène 
inférieur  et  à  considérer  les  marnes  qu'ils  surmontaient  près  de 
Thèbes,  comme  une  formation  probablement  crétacée.  Mais  étant 
donné  d'un  côté  la  différence  absolue  des  faunes  et  d'un  autre  côté 
la  régression  continue  vers  le  nord  des  mers  tertiaires  d'Egypte, 
nous  sommes  bien  forcés  de  considérer  les  couches  des  environs 
d'Assouan  comme  plus  anciennes  que  les  bancs  à  Operculines  des 
Oasis,  et  à  leur  chercher  un  faciès  latéral  d'eau  profonde  qui  ne 
peut  être  que  les  marnes  de  la  base  du  Gebel  Gournah,  situées  à 
250  kilomètres  plus  au  nord. 

Ce  premier  point  acquis,  je  crois  utile  de  formuler  quelques 
observations  au  sujet  des  libysche  stufe  mêmes. 

Les  localités  types  de  M.  Von  Zittel  ne  me  paraissent  point  offrir 
la  sécurité  désirable  pour  l'établissement  de  ses  divisions  de 
l' Eocène  égyptien,  et  cela  non  seulement  pour  i'Eocène  inférieur, 
mais  encore  et  surtout  pour  I'Eocène  moyen,  comme  j'espère  le 
démontrer  au  cours  de  cette  étude. 

Pour  la  partie  inférieure  des  libysche  stufe,  M.  Von  Zittel  a  pris 
comme  types  les  localités  d'El  Gouch  Abou  Saïd  et  de  Naqb  el  Faroud- 
jah  dans  l'Oasis  de  Farafrah,  qu'il  a  été  à  même  d'étudier  plus 
particulièrement  au  cours  du  voyage  d'exploration  de  la  mission 
Rholfs.  Les  coupes  qu'il  donne  ne  peuvent  se  rapporter  qu'à  des 
faciès  d'eau  profonde.  Ce  sont  des  couches  marneuses  ou  marno- 
calcaires  avec  de  nombreux  Foramiuifères  et  Nummulites,  et  par 
conséquent  des  formations  marines  zoogènes  de  type  éminemment 
pélagal. 

Au  point  de  vue  paléontologique,  je  pourrais  faire  bien  des 
objections  ;  il  n'y  a  pas  dans  les  fossiles  cités,  à  part  quelques 
Nummulites  et  Operculines,  une  seule  espèce  qui  ne  remonte  pas 
dans  les  couches  les  plus  supérieures  des  libysche  stufe,  etquelques- 
unes,  comme  Schizaster  foveutusXg.,  Vêlâtes  Schmiedelianus  Chem., 
Terebcllum  sopitum  Lk.,  et  Turitella  ^Egyptiaca  M.  E.,  remontent 
même  jusqu'au  sommet  de  I'Eocène  moyen.  Je  possède  aussi 
un  Micropsis  Mokattannensn  Cott.  provenant  d'El  Gouch  Abou  Saïd 
qui  me  porte  à  croire  que  la  dernière  couche  de  ce  plateau  pourrait 
bien  n'être  que  de  I'Eocène  moyen. 

Les  formations  marines  terrigènesdu  type  littoral  ont  été  laissées 
de  côté  par  M.  Von  Zittel  qui,  d'ailleurs,  ne  lésa  pas  rencontrées  dans 
sou  itinéraire,  et  pour  la  vallée  du  Nil  nous  ne  trouvons  dans  sou 
ouvrage  que  deux  coupes  qui  se  rapportent  entièrement  à  la  partie 


1899  SUR  LES  TERRAINS  ÉOCÈNES  ET  OLIGOCÈNES  I>* EGYPTE  483 

inférieure  des  libysche  stufe,  l'une  à  l'ouest  d'Esneh  à  la  limite  du 
plateau  libyque  ne  nous  apprend  pas  grand  chose,  et  l'autre  n'est 
que  celle  de  D'Archiac  et  Delanoue.  Il  est  cependant  à  noter  dans 
cette  dernière,  que  nous  avons  pu  vérifier  et  suivre  entièrement, 
que  les  couches  au-dessus  du  grand  banc  sans  fossiles  où  sont 
creusés  les  tombeaux  des  Rois,  présentent  un  faciès  calcaréo- 
marneux  où  prédominent  les  bivalves,  qui  est,  par  conséquent,  un 
faciès  littoral.  L'on  doit  donc  considérer  les  couches  à  Operculines 
d'El  Gouch  abou  Saïd  et  les  couches  moyennes  du  Gebel  Gournah, 
ainsi  que  toutes  les  couches  à  Operculina  libyca  de  la  vallée  du 
Nil  comme  des  faciès   latéraux  et  non  superposés. 

La  partie  supérieure  des  libysche  stufe  comprend  les  couches  à 
Alvéolines  et  à  Callianassa  des  environs  d'Assiout  et  de  Minich, 
situées  plus  au  nord  dans  la  vallée  d'Egypte  et  le  plateau  libyque. 

A  Assiout,  le  Gebel  Drounka  (Todtenberg  des  auteurs  allemands), 
serait,  d'après  M.  Von  Zittel,  composé  tout  entier  de  couches  apparte- 
nant à  la  partie  supérieure  des  libysche  stufe.  Lors  de  l'extension 
du  réseau  ferré  égyptien  vers  le  sud,  j'ai  pu,  en  installant  à  cette 
montagne  une  grande  carrière  qui  a  fourni  plus  de  100.000m3  de 
pierres,  véritier  l'exactitude  de  la  coupe  de  M.  Von  Zittel.  Je  ne  me 
sépare  de  lui  qu'en  ce  que  je  reporte  la  séparation  en  deux  sous- 
étages  des  libysche  stufe  au-dessus  des  couches  à  Conoclypeus  Delà- 
nouei  Lor.,  qui  occupent  les  50  premiers  mètres  de  la  base  de  la 
montagne.  Cet  échinide  est  en  effet  un  des  rares  fossiles  très 
caractéristiques  de  la  partie  inférieure  des  libysche  stufe  au  même 
titre  que  Operculina  libyca.  Je  l'ai  récolté  non  seulement  à  Assiout, 
mais  aussi  au  Gebel  Haridi,  en  face  Tahta,  au  Gebel  Essaouieh, 
entre  Sohag  et  Ghirgheh,  à  la  carrière  de  Mouallah,  au  sud  de 
Louqsor  ;  Schweinfurth  l'a  recueilli  dans  les  couches  à  Operculines 
de  l'oasis  de  Khargheh,  et  Delanoue  en  a  rapporté  le  type  des 
environs  de  Thèbes.  La  base  de  la  partie  supérieure  des  libysche 
stufe  doit  donc  être  reportée  au  niveau  des  grands  tombeaux  de 
la  nécropole  de  Lycopolis,  qui  sont  creusés  dans  le  Gebel  Drounka. 

A  propos  de  cette  coupe,  je  ferai  observer  que  les  empreintes 
d'Algues,  que  cite  M.  Von  Zittel  dans  les  couches  de  la  base  de  la 
montagne  avec  un  point  de  doute  qui,  certes,  a  sa  raison  d'être, 
sont  simplement  des  dendrites  de  manganèse  et  d'oxyde  de  fer. 

A  Béni  Hassan  et  à  Minieh,  l'Eocène  moyen  apparaît  au-dessus 
des  libysche  stufe  qui  aflleurent  le  long  du  Nil  jusqu'à  Cheikh 
Hassan,  à  20  kilomètres  environ  au  nord  de  Minich  en  face 
Samallout.  Mais  si  l'on  abandonne  la  vallée  du  Nil  pour  remonter 


484 


6Nov. 


à  l'est  dans  le  désert  arabique,  on  retrouve  encore  les  libysche  stufe 
plus  au  nord  sur  le  crétacé  supérieur,  le  long  de  l'Ouady  Keneh, 
puis  dans  la  vaste  coupure  de  la  vallée  de  l'Arabah,  el  enfin  il  est 
permis  de  considérer  la  plus  grande  partie  des  calcaires  éocènes 
qui  couronnent  le  Gebel  Attakah,  près  de  Suez,  comme  un  faciès 
latéral  de  ces  mêmes  couches. 

L'ensemble  des  libysche  stufe  représente,  d'après  M.  Von  Zittel,  une 
épaisseur  d'environ  500  mètres.  C'est,  à  mon  avis,  exagéré,  et  cela 
provient  sans  nul  doute  de  cequ'il  a  considéré  comme  superposés 
des  faciès  qui  sont  eu  réalité  latéraux,  et  en  ajoutant  aux  libyschc 
stufe  les  couches  éocènes  plus  anciennes  d'Assouan,  je  ne  puis 
arriver  qu'aux  évaluations  ci-dessous. 


COUCHES 

PACTES  LITTORAUX 

FACIÈS  D'EAU  PROFONDE 

rCBÎAKt 

A 

Calcaires*  Bothriolampas 
iihuiu/niifGaulta.el  mou- 
les de  Cardium  el  Car- 
itita  du  Gebel  Uarah  et 
des  oasis   de  Dounkoun 
et  Kourkour. 

Calcaires  a  Opereulinu 
libyen.  ConnefytMMt  De- 
lanoveï  et  Lucina  glo- 
bulosa  Lk.  de  l'oasis  de 
Khar«heh,  îles  environs 
de  Louqsor.  du  Gebel 
Harldl  et  du  Gebel 
Drouoka. 

Calcaires  a  Àtvroliiia  fru- 
mtntilorinin,Fitbularia 
Ztlteli  et  a  pinces  de 
Calhanùua  ntiodca 
Fraasdu  Gehel  Urounka 
et  des  environs  de  Mi- 
iiicli  et  Benl  Hassan. 

Marnes    lerrugineuseB    fl 
Traehyanter    ArcMaci, 
Aluria   zic-:ac  Sow.  el 
denta delnmnii du  Gebel 
Gnurnuh  aux  environs  de 

30 

m 

150 

:■■ 
,    17 

1    u. 

? 

B 

C 

Marnes   el  calcaires  mar- 
neux a  Opercutina  iiby- 
caetNuinniulitPxdetinti 
de  l'Oasis  de  Faralrah.  . 

i  ilcajres  ■  : 1 1 1 ■■  [ ii  —  du 

Gebel  Attakah,  près  Sue» 
el  partie  intérieure  des 
couches  nu  mm  u  lUiques 
de  l'Ouady  Arababuaua 
le  désert  arabique  .    .   . 

Total 

.     400 

11  est  évident  que  j'ai  du,  dans  cetteénumérationrapide,  négliger 
des  faciès  intéressants,  tels  que  les  calcaires  à  bombes  de  silex  des 
environs  de  Déclina  et  de  Kcneli  et  la  couche  de  brèche  polygé- 
nique  (griotte),  qui  s'étend  de  l'Ouady  Syout  au  Gebel  Taref,  sur 
une  épaisseur  moyenne  de  10  à  12  mètres,  mais  ce  sont  là  des  faciès 
locaux  dont  l'étude  nous  entraînerait  trop  loin. 


1899  SUR  LES  TERRAINS  foCÈNES  ET  OLIGOCÈNES  D  EGYPTE  485 

Il  est  à  noter  qu'une  des  causes  qui  contribuent  aussi  à  faire 
croire  à  une  plus  grande  épaisseur  des  couches  de  l'Eocène  infé- 
rieur, est  le  brusque  changement  de  direction  delà  vallée  du  Nil 
qui,  à  Keneh,  tourne  brusquement  à  angle  droit  vers  l'ouest  et 
recoupe  ainsi  les  calcaires  sur  un  parcours  de  près  de  150  kilo- 
mètres jusqu'à  Ghirgheh,  où  elle  reprend  de  nouveau  presque  à 
angle  droit  sa  direction  primitive  vers  le  nord. 

2°    EOCÈNE  MOYEN. 

L'Eocène  moyen  apparaît  dans  la  vallée  du  Nil  à  Beni-Hassan, 
pour  disparaître  sous  les  sables  pleistocènes  un  peu  au  nord  du 
Caire.  Dans  le  plateau  libyque,  il  se  prolonge  jusque  près  de  l'oasis 
de  Syouah.  L'ensemble  des  couches  qui  le  composent  a  été  désigné 
par  M.  Von  Zittel  sous  le  nom  de  Mokattam  stufe,  du  nom  de  la 
localité  type,  le  Gebel  Mokattam.  à  Test  du  Caire. 

Il  est  certain  quede  prime  abord,  le  choix  de  cette  localité  parait 
tout  indiqué  ;  c'est  la  mieux  connue  de  toute  l'Egypte  et  la  plus 
facile  à  observer.  Située  aux  portes  du  Caire,  elle  a  été  étudiée  ou 
visitée  par  tous  les  géologues  qui  sont  venus  en  Egypte.  Russeger, 
Newbold,  Gaillardot,  Figari,  Lefebvre,  Fraas,  Delanoue,  Schwein- 
furth,  Mayer-Eymar,  lui  ont  consacré  une  bonne  partie  de  leur 
temps  passé  en  Egypte,  et  quoique  leurs  conclusions  n'aient  pas 
été  d'une  parfaite  concordance,  il  est  évident  que,  par  cela  seul, 
le  Mokattam  était  tout  désigné  au  choix  qu'en  a  fait  M.  Von  Zittel 
comme  localité-type  de  l'Eocène  moyen  d'Egypte.  Malgré  cela,  et 
ne  considérant  que  l'intérêt  stratigraphique,  j'ai  le  regret  de  me 
séparer  absolument  de  tous  mes  prédécesseurs,  et  de  déclarer  que 
jamais  localité  ne  mérita  moins  que  le  Mokattam  de  servir  de  type 
à  l'Eocène  moyen  d'Egypte. 

Si  l'on  considère,  en  effet,  toutes  les  coupes  qui  en  ont  été 
données  et  qui  ne  diffèrent  en  somme  que  par  la  plus  ou  moins 
grande  subdivision  des  strates,  on  est  frappé  tout  d'abord  par  la 
présence,  au-dessus  des  couches  pétries  de  Numinulites  de  la  base 
de  la  montagne,  d'un  énorme  banc  de  calcaires  marno-ocreux  que 
Fraas  et  après  lui  tous  les  géologues  allemands  ont  appelé  la 
pierre  à  bâtir  (Baustein)  du  Caire.  L'attention  du  géologue  qui 
visite  le  Mokattam  est  de  suite  attirée  par  cette  couche  où  sont 
ouvertes  la  plupart  des  carrières  du  Ghiouchy  et  du  Gebel  Abiad, 
dont  le  front  d'exploitation  a,  dans  quelques-unes,  une  hauteur 
presque  à  pic  de  plus  de  30  mètres.  Ce  qui  le  frappera  d'abord,  est 


486  R.  POURTAU  6  Nov. 

l'absence  à  peu  près  complète  de  Nummulites  et  autres  Forami- 
nifères  qui  pullulent  dans  les  couches  inférieures.  A  l'exception 
de  nombreuses  dents  de  squales,  il  n'y  rencontrera  que  de  rares 
fossiles,  des  A nomia  indéterminables  et  quelques  moules  de  bivalves, 
Lucino,  Cardium,  Clavagella,  etc.,  mais  il  pourra  y  recueillir  les 
fruits  fossiles  d'une  espèce  de  Palmier,  que  Fraas  a,  je  ne  sais  trop 
pourquoi,  désigné  sous  le  nom  d\4 peibopsis  gigantea.  C'est  dans 
cette  couche  que  Clôt  bey  a  récolté  l'unique  échantillon  du 
Bulimus  Osiridis,  décrit  et  figuré  par  Bellardi.  Ce  mélange  de  faune 
marine  et  de  flore  terrestre,  ajouté  à  la  disparition  presque  totale 
des  foraminifères,  indique  évidemment  le  voisinage  des  côtes, 
d'autant  plus  que  la  pierre  elle-même  a  un  grain  bien  moins  serré, 
moins  siliceux  et  tend  à  se  déliter  en  plaques  minces  schisteuses. 
Je  ne  puis  donc  considérer  cette  couche  que  comme  un  faciès  par- 
ticulier d'estuaire,  qui  doit  être  éminemment  local. 

C'est  ce  dont  je  me  suis  rendu  compte  au  cours  de  nombreuses 
excursions  dans  l'Eocène  moyen  des  deux  côtés  de  la  vallée  du 
Nil,  entre  Le  Caire  et  Minieh.  Depuis  Torah  et  Mahsara  jusqu'à 
cette  dernière  ville,  je  n'ai  pu  retrouver,  le  long  de  la  chaîne  ara- 
bique, la  pierre  à  bâtirdu  Caire.  A  Helouan,  à  Atfieh,  à  Maimoun, 
à  Beni-Souef,  à  Fechn,  à  Magagah  et  Cheikh  Hassan,  j'ai  retrouvé 
les  dents  de  squales,  Carcharodon  auriculatus,  Lamna  Vincenti, 
Oxyrhina  Desori  et  Galeocerdo  latidens  dans  les  calcaires  nummu- 
litiques,  mais  je  n'ai  pu  retrouver  nulle  part  le  faciès  particulier  de 
la  pierre  à  bâtir  du  Caire. 

De  même  sur  la  lisière  du  plateau  libyque,  au  plateau  des  Pyra- 
mides de  Ghizeh,  en  face  le  Mokattam,  Lamna  Vincenti  se  trouve 
dans  un  banc  pétri  de  Nummulites  et  la  pierre  à  bâtir  du  Caire  fait 
totalement  défaut,  il  en  est  de  même  au  Gebel  Sidment  et  au  Gebel 
llahoum,  qui  séparent  le  Fayoum  de  la  vallée  du  Nil.  L'effet  de  cette 
régression  momentanée  de  la  mer  éocène  dans  la  région  du  Mo- 
kattam, se  fait  ressentir  dans  les  couches  supérieures  à  la  pierre  à 
bâtir,  et  nous  voyons  la  transgression  se  produire  de  nouveau 
lentement  sous  la  forme  des  couches  à  Lobocarcinus  Paulino  Wur- 
tembergicus  v.  May.  qui  surmontent  la  pierre  à  bâtir,  puis  vient  un 
faciès  littoral  encore  particulier  au  Mokattam,  avec  récifs  de  Bryo- 
zoaires du  type  Eschara,  de  nombreux  Echinides  et  une  masse  de 
moules  de  bivalves  empâtés  dans  un  calcaire  marneux.  Au-dessus, 
les  Nummulites  reparaissent  en  masse  dans  un  calcaire  siliceux, 
indiquant  la  transgressiou  complète  par  ce  faciès  de  haute  mer. 

Tout  cela  est  absolument  particulier  au  Mokattam,  (fui  ne  doit 


1899  SUR  LES  TERRAINS  ÉOCÈNES  ET  OLIGOGÈNES  D' EGYPTE  487 

donc  pas  être  choisi  comme  type  de  l'Eocèue  moyen  d'Egypte» 
puisque  sa  partie  médiane  ne  comporte  qu'une  suite  de  faciès 
locaux,  dont  l'équivalent  ne  se  retrouve  nulle  autre  part  dans  la 
vaste  étendue  que  couvre  l'Eocène  moyen  d'Egypte. 

En  dehors  de  ces  observations  sur  la  localité  type  de  l'Eocène 
moyen  en  Egypte,  je  ne  vois  rien  à  signaler,  si  ce  n'est  l'âge  par* 
faitement  éocène  des  couches  à  Carcharias  frequens  Dames  du 
Gheziret  el  Korn,  dans  le  Birket  Karoun  (Fayoum),que  MM.  Dames 
et  Zittel  ont  placé  dans  l'Oligocène. 

Dans  la  partie  supérieure  de  l'Eocène  moyen  du  Mokattam  et  du 
plateau  des  pyramides,  l'on  rencontre  une  couche  d'aspect  à  peu 
près  semblable  et  renfermant  de  nombreux  débris  de  Careharias 
frequens  et  des  autres  poissons  qui  l'accompagnent  dans  les 
couches  du  Gheziret  el  Korn.  Dans  ces  deux  localités  l'âge  éocène 
moyen  de  cette  couche  est  nettement  fixé  par  les  bancs  à  Carolia 
placunoides  Cantr.  et  Plicatula  polymorpha  Bell,  qui  l'encadrent. 
Dès  lors  il  n'y  a  pas  de  raisons  pour  que  la  couche  du  Gheziret  el 
Korn  ne  le  soit  pas  aussi.  L'argument  tiré  par  Dames,  de  la 
présence  du  Zeugbdon,  inconnu  dans  l'Eocène  d'Europe  et  d'Amé- 
rique, est  bien  affaibli  par  la  présence,  dans  ce  même  banc,  des 
genres  Saurocephalus  qui  est  toujours  crétacé  dans  ces  mêmes 
contrées,  et  Cœlorhynchus,  qui  est  crétacé  ou  éocène  inférieur.  On 
rencontre  aussi  des  débris  de  Zeuglodon  au  Mokattam  et  plus  au 
sud  dans  le  Gebel  Tourah  (Mons  Traicum  de  Ptolémée)  et  personne 
à  ma  connaissance  n'y  a  vu  des  couches  oligocènes.  Quant  à 
l'argument  tiré  des  Pélécypodes,  je  ne  m'y  arrêterai  pas,  étant 
donné  que  ces  fossiles  sont  tous  à  l'état  de  moules  internes  dont 
la  détermination  est  toujours  problématique. 

3°  Eocène  supérieur  et  Oligocène 

Le  Bartonien  à  Nummulites  Fichteli  La  Harp.  et  Clypeaster 
Breunigii  Laub.  étant  situé  à  la  lisière  sud-est  de  l'oasis  de  Syouah, 
n'est  pas  d'un  abord  facile  et  je  ne  possède  sur  lui  que  les  données 
de  M.  Von  Zittel.  11  n'en  est  pas  de  même  pour  le  Tongrien,  auquel 
M.  Mayer-Eyinar  a  consacré  plusieurs  notices. 

J'ai  déjà,  dans  une  précédente  étude  sur  le  Gebel  Ahmar  (1), 
démontré  que  les  quartzites  qui  composent  ce  piton  étaient 
d'époque  pleistocène,  ou  tout  au  moins  pliocène  supérieur,  ce  qui 

(1)  R.  Fou  ht  au.  Étude  géologique  sur  le  Gebel  Ahmar.  Bull.  Inst.  Egyptien,i&l. 


488  R.  FOUHTAU  6  Nov. 

les  synchroniserait  avec  les  épanchements  de  même  nature  que 
M.  Thomas  a  étudiés  dans  le  sud  Tunisien. 

J'ajouterai  aujourd'hui  :  4°  Que  l'épanchement  doléritique  (Pla- 
gioklaz-Dolerit  des  auteurs  allemands)  d'Abou  Zabel  et  tous  ses 
similaires  en  Egypte  (Kom  Kachab  et  oasis  de  Beharieh)  me  pa- 
raissent devoir  être  rapportés  à  cette  même  époque,  et  synchro- 
nisés avec  les  épanchements  basaltiques  que  notre  Société  vient 
de  visiter  il  y  a  un  mois  aux  environs  de  Pézenas,  sous  l'habile 
direction  de  M.  Ch.  Depéret. 

2°  Que  les  grès  situés  au  pied  du  Mokattam  derrière  les  tom- 
beaux des  Califes,  entre  la  nécropole  de  Kaïtbaï  et  celle  de  l'iman 
Afifi,  et  qui  constituent,  suivant  M.  Mayer,  le  Tongrien  inférieur 
des  environs  du  Caire,  ne  sont  autre  chose  qu'une  formation  ana- 
logue au  hadjar  soud  du  Pliocène  supérieur  de  l'Oued  Mamoura,  si 
bien  décrit  en  Tunisie  par  mon  excellent  confrère  M.  Ph.  Thomas  ; 
et  que  si  VHelix  Cairensis  M.  E.  ressemble  étrangement  à  17/. 
subsemperiana  Cros.  des  dépôts  algériens  et  tunisiens,  en  revanche, 
les  Pholas  des  grès  de  Kaïtbaï  sont  les  mêmes  que  celles  qui, 
d'après  M.  Mayer,  ont  perforé  à  l'époque  saharienne  les  falaises 
calcaires  du  Mokattam.  De  plus,  ces  grès  comme  les  quartzites  du 
Gebel  Ahmar  et  comme  V hadjar  soud  de  la  Tunisie,  renferment  des 
fragments  roulés  de  bois  silicifiés  Nicoliaei  Araucarioxylon,  il  s'en 
suit  donc  qu'ils  sont  plus  récents  que  la  forêt  pétrifiée  du  Caire, 
que  M.  Mayer  déclare  être  du  Tongrien  supérieur,  ce  qui  n'est  pas 
du  tout  prouvé  et  qui  doit  être,  elle  aussi,  bien  plus  récente,  attendu 
qu'elle  repose  sur  des  sables  identiques  aux  sables  pleistocènes  du 
substratum  du  Delta  et  que  ces  sables  surmontent  une  coulée  de 
quartzites  identiques  à  ceux  du  Gebel  Ahmar  et  du  Gebel  Kreïboun. 

On  se  demande  d'ailleurs  à  la  vue  du  gisement  de  Kaïtbaï  ce  que 
viendrait  faire  là,  à  la  base  du  Mokattam,  ce  maigre  lambeau  de 
Tongrien,  tandis  qu'il  est  admirablement  à  sa  place  en  continuant  la 
série  des  dépôts  littoraux  du  Pliocène  supérieur  que  l'on  rencontre 
surtout  au  Gebel  Chelloul  et  à  l'Ouady  Mellaha. 

Il  s'en  suit  donc  que  le  Tongrien  ne  serait  plus  représenté,  dans 
la  vallée  du  Nil,  que  par  les  marnes  salées  et  gypseuses  qui 
affleurent  entre  la  vallée  du  Nil  et  le  Fayoum,  dont  elles  forment 
en  grande  partie  le  substratum.  Ces  marnes  n'ont  donné  jusqu'à 
présent  aucun  fossile  et  si  elles  reposent  sur  la  partie  supérieure  de 
l'Eocène  moyen,  elles  ne  sont  recouvertes  que  par  des  sables  et 
graviers  pleistocènes.  Ce  ne  sont  donc  que  des  raisons  de  senti- 
ment qui  peuvent  les  faire  classer  dans  l'Oligocène. 


1899  SUR  LES  TERRAINS  ÉOCÊNES  ET  OLIGOCÈNES  D'EGYPTE  489 

Dans  le  plateau  libyque  il  existe  très  probablement  des  couches 
tongriennes,  mais  je  ne  veux  point  empiéter  ici  sur  les  études  de 
mon  excellent  confrère  et  ami  M.  Max  Blankenhorn,  qui  possède 
lui  seul  aujourd'hui  les  éléments  nécessaires  pour  traiter  cette 
importante  question  et  dont  les  conclusions  viendront,  j'en  suis 
convaincu,  à  l'appui  de  ma  thèse. 

4°  Divisions  stratigraphiques  et  paléontologiques 

Dans  la  préface  de  mon  mémoire  sur  les  Echinides  fossiles 
d'Egypte,  j'ai  essayé  d'établir  un  tableau  des  couches  sédimentaires 
de  l'Egypte,  en  les  synchronisant  avec  les  divisions  de  la  série 
générale.  Je  dois  avouer  que  si,  pour  le  Crétacé,  la  tâche  m'a  été 
assez  facile,  il  n'en  a  pas  été  de  même  pour  le  Tertiaire,  et  que  les 
divisions  établies  pour  cette  dernière  époque  par  MM.  de  Lappa- 
rent  et  Munier-Chalmas,  et  par  tous  ceux  qui,  avant  eux,  se  sont 
occupés  de  classification  générale,  s'appliquaient  bien  difficilement 
au  Tertiaire  égyptien  ;  et,  comme  en  présence  des  objections  sou-J 
levées  par  moi  au  cours  de  cette  note  au  sujet  des  noms  spéciaux" 
proposés  par  M.  Von  Zittel  pour  les  coupures  qu'il  a  faites  dans 
l'Eocène  égyptien,  il  m'est  difficile  de  les  admettre,  j'estime  donc 
qu'il  vaut  mieux  rester  dans  les  termes  généraux  et  supprimer 
toute  dénomination,  môme  prise  dans  son  sens  le  plus  large. 

11  est  évident  que  dans  l'Eocène  inférieur  les  libysche  stufe  cor- 
respondent au  Suessonien  français,  mais  il  est  bien  difficile  d'établir 
exactement  quelles  sont  celles  qui  sont  contemporaines  du 
Thanétien,  du  Sparnacien,  ou  de  l'Yprésien,  et  les  coupures  que 
l'on  y  ferait  seraient  absolument  arbitraires.  Et  cela  d'autant  plus 
que  la  paléontologie  ne  peut  nous  être  d'aucun  secours  pour  les 
établir. 

Dans  une  région  où  durant  un  si  long  espace  de  temps  il  y  a  eu 
sédimentation  marine  continue  avec  régression  très  lente  vers  le 
nord,  les  espèces  ont  vécu  plus  longtemps  que  dans  d'autres 
contrées  où  les  régressions  et  transgressions  marines  ont  mainte 
fois  changé  les  conditions  d'existence  et  contribué  ainsi  à  la  modifi- 
cation des  espèces. 

C'est  ainsi  qu'en  Egypte,  bien  des  espèces  caractéristiques  autre 
part  ont  une  extension  verticale  très  grande.  L'Ostrea  multicostata 
et  ses  nombreuses  variétés  si  bien  étudiées  en  Tunisie  par  MM. 
Thomas  et  Locard,  se  rencontre  en  Egypte  dans  l'Eocène  inférieur, 
et  jusqu'au  sommet  de  l'Eocène  moyen.  Il  en  est  de  même  pour 


490  R.  FOURTAU  6  Nov. 

Vêlâtes  Schmiedelianus,  Turritella  œgyptiaea,  T.  oxycrepis,  Harpopsis 
strûmhoides,  Cardium  obliquum,  Vulsella  legumen,  etc.,  etc.  Sur  50 
espèces  de  mollusques  citées  par  M.  Von  Zittel  dans  la  partie  infé- 
rieure de  ses  libysche  stu/e,  26  remontent  dans  TEocène  moyen  et 
môme  dans  l'Oligocène,  l'une  d'elles  même,  Cardium  discrepans  Bas  t., 
va  jusqu'au  sommet  du  Miocène.  Des  38  espèces  des  libysche  stufe 
supérieurs  du  Gebel  Drounka,  15  remontent  dans  l'Eocène  moyen 
et  supérieur  et  dans  l'Oligocène,  et  10  se  rencontrent  dans  les 
couches  éocènes  inférieures.  Bref,  à  part  les  espèces  nouvelles, 
aucune  déjà  décrite  ne  peut  servir  de  point  de  comparaison,  et 
dans  bien  des  espèces  propres  à  l'Egypte,  on  ne  peut  retenir  que 
leur  apparition  comme  caractéristique.  C'est  ainsi,  que  si  au 
Mokattam  grâce  à  l'intercalation  du  faciès  d'estuaire  de  la  pierre 
à  bâtir,  les  bancs  à  Carolia  placunoïdes  semblent  appartenir  à  la 
partie  supérieure  de  l'Eocène  moyen,  on  retrouve  en  revanche  à 
Minieh  et  à  Béni  Hassan,  ces  mêmes  Carolia,  très  abondantes  dans 
les  couches  à  Nummulites  Ghizehensis  de  la  partie  la  plus  inférieure 
de  l'Eocène  moyen. 

Cette  même  Nummulites  Ghizehensis  ne  peut  servir  que  de  carac- 
téristique générale  à  l'Eocène  moyen.  Comme  M.  Von  Zittel, 
je  crois  que  son  apparition  doit  servir  à  déterminer  la  limite  de 
l'Eocène  inférieur  et  de  l'Eocène  moyen,  de  même  que  sa  dispari- 
tion fixe  la  limite  supérieure  de  l'Eocène  moyeu,  mais  il  est  impos- 
sible de  s'en  servir  pour  faiie  une  coupure  dans  l'Eocène  moyen. 

Pour  les  Echinides,  c'est  la  même  chose.  Malgré  que  leur  durée 
phylétique  soit  en  général  fort  courte,  il  y  a  une  longue  liste  à 
établir  de  ceux  qui  sont  communs  à  l'Eocène  moyeu  et  à  l'Eocène 
inférieur.  Mais  il  y  en  a  ne  qui  mérite  une  mention  particulière,  car 
il  peut  servir  de  caractéristique  générale  à  tout  l'Eocène  égyptien, 
c'est  le  Porocidaris  Srhmiedelii  dout  les  radioles  si  caractéristiques 
se  rencontrent  aussi  bien  dans  les  couches  des  oasis  de  Dounkoun 
et  de  Kourkour  à  la  base  de  l'Eocène,  que  dans  les  couches  voisines 
du  Bartonien,  aux  environs  de  Syouah. 

Les  Annélides  sont  peu  représentés  dans  l'Eocène  égyptien.  Les 
Serpules  comprennent  deux  espèces,  l'une  Serpula  Kephren  Fraas, 
se  trouve  dans  tout  l'Eocène  moyen.  L'autre,  Serpula  spiruhva  Lk., 
apparaît  au  début  de  l'Eocène  moyen  et  y  est  aussi  abondante  dans 
les  couches  de  la  base  de  cet  étage  dans  l'Ouady  Sannour,  près 
Béni  Souef,  où  M.  Max  Blankenhorn  l'a  récoltée,  et  dans  les 
couches  plus  élevées  du  plateau  des  pyramides  de  Ghizeh  et  du 
Mokattam,  qui  m'ont  fourni  de  bons  échantillons,  que  dans  les 


1899  SUR  LES  TERRAINS  ÉOCÈNES  ET  OLIGOGÈNES  D' EGYPTE  491 

couches  bartonienne8  des  environs  de  l'oasis  de  Syouah,  où  M.  Zittel 
l'a  rencontré. 

La  paléontologie  ne  peut  donc  nous  être  que  de  très  faible 
secours  pour  diviser  les  couches  du  Tertiaire  inférieur  d'Egypte,  et 
tant  que  nous  n'aurons  pu  relier  entre  eux  d'une  façon  indiscu- 
table tous  les  lambeaux  de  l'Eocène  méditerranéen,  j'estime  que 
tout  essai  de  classification  générale  serait  prématuré  et  qu'il  vaut 
mieux  s'en  tenir  aux  termes  vagues  d'Eocène  inférieur,  moyen  et 
supérieur. 


PROGRÈS  DE  LA  GÉOLOGIE  DES  PYRÉNÉES 
par  M.  STl  ART  MMTEATH 

Le  Trias  de  Bordères,  entre  Jezeau  et  Ys,  et  entre  Notre-Dame-des- 
Neiges  et  Bareilles,  est  intercalé  en  stratification  verticale  entre  le 
granité  et  le  calcaire  de  Sarrencolin  ou  de  Geteu,  lequel  est 
recouvert  par  les  schistes  lustrés  de  la  plaine  d'Esquieu  (Campan). 
Ce  calcaire  et  ces  schistes  représentent  le  Trias  alpin  des  Pyrénées, 
décrit  dans  le  C.  H.  S.  G.  F.,  1895,  p.  166.  Dans  les  vallées  de  Gistain, 
Bielsa  et  Pinède,  au  sud  de  Bordères,  on  voit  partout  le  Trias 
souvent  horizontal,  entre  le  granité  et  tous  les  dépôts  sédimentaires. 
La  transformation  de  sa  base  en  quartzite  est  la  cause  de  la  méprise 
qui  Ta  fait  représenter  comme  un  placage  superficiel.  A  Sarren- 
colin et  à  Cierp,  le  même  calcaire  superposé  au  Trias  est  recouvert 
par  les  mêmes  schistes  lustrés.  Magnan  a  donc  classé  le  Trias  de 
ces  localités  dans  le  «  Vieux  Grès  Rouge  »  des  Anglais,  et  on  a  tou- 
jours classé  dans  le  Silurien  les  schistes  lustrés  qui,  au  nord  de 
Cierp  et  de  Sarrencolin,  sont  pénétrés  de  granulite,  bien  que  la  même 
bande  soit  également  pénétrée  par  cette  roche  à  Esquieu,  Ferrières, 
etc.,  où  on  l'a  classée  dans  le  Carbonifère  et  dans  l'Albien.  Des 
Graptolites  trouvés  dans  les  conglomérats  à  la  Source  de  Labassère 
et  à  Ferrere  et  de  faux  Graptolites  assez  fréquents,  ont  confirmé  la 
méprise.  La  situation  de  ses  schistes  lustrés  entre  le  Lias  inférieur 
fossilifère  et  le  calcaire  de  Sarrencolin  à  Nerinées  et  Belemuites  de 
caractère  triasique.  à  Beaudeau,  Rebouc  et  Geteu,  implique  leur  âge 
rhétien.  Le  calcaire  a  été  identifié  par  Coquand  à  celui  de  Carrare, 
dont  il  présente  en  effet  tous  les  caractères,  mais  qu'il  croyait  carbo- 
nifère. Au  nord  d'Argelès,  ce  calcaire  se  relie  à  ceux  d'Argelès  (syn- 


492     STUART-MBNTEATH.  PROGRÈS  DE  LA  GÉOLOGIE  DES  PYRÉNÉES     6  NoV. 

clinaux  d'Argelès)  discordants  sur  le  Dévonien  et,  par  suite,  nette- 
ment différents  du  calcaire  carbonifère  qui,  partout,  est  inséparable 
du  Dévonien.  Au  nord  d'Argelès,  des  lambeaux  de  Culm  à  nodules 
de  phtanite  et  nombreuses  entroques  se  trouvent  d'ailleurs  à  la  base 
du  calcaire.  Ce  calcaire  triasique  est  largement  développé  entre  Gripp 
et  Campan,  forme  la  crête  de  Bayen,  et  par  Ferrières  et  le  col  de 
Louvie  atteint  Geteu,  et  à  l'ouest  repose  toujours  sur  la  base  du  Trias. 
Le  calcaire  carbonifère,  bien  développé  entre  Canfranc  et  Gavar- 
nie,  est  disposé  en  anticlinaux  renversés  vers  le  sud  et  dont  les 
têtes  sont  encore  souvent  enveloppées  par  la  grauwacke  à  Calamités 
du  Culm.  Mais  le  tout  est  arasé  et  sur  la  surface  d'érosion  repose 
le  grand  horizon  rouge  et  élastique  des  Pyrénées.  Ceci  varie  d'épais- 
seur depuis  quelques  centimètres  jusqu'à  1.000  mètres  et  repré- 
sente tantôt  le  Trias,  tantôt  le  Cénomanien,  tantôt  toute  la  série 
intermédiaire.  La  transgression  dite  cénomanienne  est  donc  une 
illusion  de  première  impression.  Le  versant  nord  de  la  dalle  des 
Eaux-Bonnes  est  formé  par  le  calcaire  de  Geteu,  à  tiges  d'Encrines; 
il  est  recouvert  par  le  Culm  et  séparé  du  Crétacé  normal  des  Eaux- 
Chaudes  par  les  schistes  lustrés  avec  lentilles  d'ophite.  Au  sud,  le 
pli  couché  est  brusquement  replié,  mais  son  aile  nord  est  déblayée 
Un  anticlinal  de  calcaire  carbonifère  qui  recouvre  le  Dévonien 
forme  le  noyau  du  pli  au  nord.  De  Geteu  à  la  vallée  d'Izas,  où  on 
retrouve  le  calcaire  triasique,  tous  les  plis  sont  analogues.  Il  s'agit 
d'un  golje  de  Crétacé  supérieur,  analogue  à  celui  de  Vera  ou  de 
Gosau,  et  qui  a  été  enfoui  lors  du  soulèvement  post-éocène  des  Pyré- 
nées. J'ai  complété  l'étude  d'un  golfe  semblable  à  Burguete  et  Ron- 
cevaux,  où  100  mètres  de  Plnfracrétacé  charbonneux,  avec  nom- 
breuses bandes  de  jayet,  de  Saint-Lon  ou  d'Utrillas,  forme  la  base 
du  remplissage,  recouvert  par  des  masses  d'Orbitoltna  eoncava  et 
de  Flysch  turonien  des  Pyrénées.  Ces  couches  sont  écrasées  contre 
le  Trias  au  sud  et  une  belle  faille,  d'où  jaillit  la  source  de  Ronce- 
vaux,  les  limite  au  nord.  Des  deux  côtés  de  cette  faille,  dirigée  O. 
7°  S.,  j'ai  trouvé  des  filons  de  cuivre  gris,  d'un  type  nouveau,  avec 
10  •/•  soit  d'étain,  soit  de  mercure.  Ces  filons  ont  été  protégés  par 
les  couches  marneuses  du  Crétacé.  A  La  Tume,  le  terrain  ligni- 
teux  de  Burguete,  réduit  à  quelques  centimètres,  forme  la  base 
du  Crétacé,  reposant  sur  les  tètes  arasées  du  calcaire  carbonifère 
vertical. 


483 


Séance  du   20  Novembre   1899 
PRÉSIDENCE  DE  M.  E.  DE  MARGERIE,  PRESIDENT 

M.  J.  Blayac,  Secrétaire,  donne  lecture  du  procès-verbal  de  la 
dernière  séance,  dont  la  rédaction  est  adoptée. 

Le  Président  proclame  membres  de  la  Société  : 

MM.  le  Dr  Otto  Jœkel,  Professeur  à  l'Université  de  Berlin, 
présenté  par  MM.  de  Lapparent  et  de  Margerie. 
Joleaud,  Sous-Intendant  militaire  à  Constantine,  présenté 

par  MM.  de  Lamothe  et  Ficheur. 
Pellegrin,  Ingénieur  civil,  présenté  par  MM.  Marcel  Ber- 
trand et  Guébhard. 

Il  annonce  quatre  présentations. 

Le  Secrétaire  annonce  que  M.  Raulin  fait  don  à  la  Bibliothèque 
de  la  Société  de  son  ouvrage  :  Statistique  géologique  et  agronomique 
du  département  des  Landes  (3  vol.),  dont  les  deux  premiers  volumes 
ont  été  faits  en  collaboration  avec  M.  Jacquot.  Cet  ouvrage  est  accom- 
pagné d'une  carte  géologique  des  Landes  au  1/200.000*  des  mêmes 
auteurs  et  des  feuilles  géologiques  de  Saint-Sever  et  de  Dax  au 
1/80.000*  par  M.  Raulin. 

11  signale  :  1°  le  N°  du  15  novembre  des  «  Annales  de  Géographie  », 
contenant  un  article  de  W.  M.  Davis,  la  Pénéplaine,  et  le  compte- 
rendu  d'une  Excursion  de  géographie  physique  dans  le  Morvan  et 
l'Auxois,  par  E.  de  Martonne  (4  pi.  photographiques  et  une  carte  en 
couleurs)  ;  2°  le  Compte-rendu  de  la  27e  Session  de  l'Assoc.  franc, 
pour  l'avanc.  des  sciences  (1898),  qui  renferme  des  notes  géologiques 
de  MM.  Ramond,  Cossmann,  Levât,  Bureau,  de  Grossouvie,  etc.. 

M.  J.  Blayac  appelle  l'attention  de  la  Société  sur  une  note  de 
M.  P.-G,  de  Rouville  :  Sur  V  Infracrétacé  de  la  feuille  de  Montpel- 
lier. L'auteur  affirme  qu'une  partie  des  assises  classées  dans  le 
Valanginien  supérieur  et  l'Hauterivien  sur  la  feuille  de  Montpel- 
lier, récemment  parue,  doivent  être  rapportées  au  Barré  mien 
(Cruasien  et  Barutélien  de  M.  Torcapel). 

M.  L.  Gentil  signale,  parmi  les  dons  reçus  de  l'Etranger,  le  t.  IX 
de  la  a  Revista  del  Museodela  Plata  »  (1899),  renfermant  plusieurs 


494  SÉANCE  DU  20  NOVEMBRE   1899 

mémoires  avec  planches  en  couleurs  de  MM.  Santiago  Roth,  Dr  Cari 
Burckhardt,  Dr  Léo  Wehrli;  le  vol.  XXXIII  du  «  Bulletin  of  the 
Muséum  of  Comparative  Zoology  at  Harvard  Collège  »  (Cambridge, 
may  1899),  renfermant  un  important  mémoire  de  M.  Al.  Agassiz  : 
The  Islands  and  corat  Reefs  of  Fiji  (167  p.,  45  fig.,  112  pi.). 

Le  Président  présente  une  brochure  de  M.  Emmanuel  Portai  : 
Les  Origines  de  la  vie  et  la  Paléontologie.  L'auteur  a  déposé  au 
Secrétariat  un  certain  nombre  d'exemplaires  de  cette  note  pour  être 
distribués  aux  membres  de  la  Société  qui  en  feront  la  demande. 

M.  J.  Bergeron  annonce  que  les  Mémoires  de  Paléontologie  publiés 
sous  la  direction  de  la  Société,  chez  Carré  et  Naud,  viennent  de 
s'enrichir  de  quatre  nouveaux  fascicules  :  1°  Mémoire  N°  19  :  Contri- 
bution à  la  Paléontologie  française  des  terrains  jurassiques,  Néri- 
nées  (fasc.  H  du  t.  VIII,  7  pi.),  par  M.  Cossmann  ;  2°  Contribution 
à  Tétude  de  la  faune  du  Crétacé  supérieur.  Environs  de  Campulung 
et  de  Sinaïa  (fasc.  111  du  t.  VIII,  2  pi.),  par  M.  Popovici  Hatzeg  ; 
3°  Etude  sur  la  flore  fossile  du  bassin  houiller  d'Héraclée  (Asie- 
Mineure)  (fasc.  IV,  t.  VIII  et  fasc.  I,  t.  IX,  6  pi.),  par  M.  R.  Zeiller. 

M.  M.  Bertrand  présente  une  brochure  contenant  une  note,  de 
lui  et  de  M.  Zurcher,  sur  la  Géologie  de  l'isthme  de  Panama,  et  une 
autre  sur  les  Phénomènes  volcaniques  et  les  tremblements  de  terre  de 
l'Amérique  centrale. 

11  donne  la  coupe  suivant  le  tracé  du  canal,  coupe  établie  d'après 
les  observations  de  M.  Zurcher,  d'après  les  nombreux  sondages  de 
la  nouvelle  et  de  l'ancienne  Compagnie,  et  d'après  les  données 
déjà  publiées  par  M.  Douvillé.  Cette  coupe  montre  que  l'isthme  est 
constitué  par  une  voûte  très  surbaissée,  et  que  l'abaissement  des 
seuils  en  ce  point  est  dû  uniquement  à  un  moindre  effort  des  forces 
de  soulèvement  qui,  à  l'est  et  à  l'ouest,  ont  fait  surgir  le  granité  dans 
l'axe  de  l'anticlinal  plus  accentué. 

Au  point  de  vue  de  l'activité  volcanique,  M.  Bertrand  insiste  sur 
les  faits  qui  semblent  montrer  un  déplacement  progressif  de  cette 
activité  vers  le  sud-est.  On  connaît  déjà  le  déplacement  progressif 
vers  l'Océan  des  brèches  volcaniques  alignées  suivant  des  fentes 
transversales;  mais  il  y  a  quatre  autres  fentes  transversales  beau- 
coup plus  importantes,  qui  divisent  la  chaîne  volcanique  en  tron- 
çons distincts,  et  qui  ont  été  jusqu'ici  le  siège  des  plus  grandes 
éruptions  et  des  séismes  les  plus  violents  L'une  d'elles  est  la  ligne 
de  la  baie  de  Fonseca,  sur  les  bords  de  laquelle  s'est  produite,  en 


SÉANCE  DU  20  NOVEMBRE  1899  495 

1835,  la  fameuse  éruption  du  Coseguina,  la  plus  grandiose  du  siècle 
après  celle  du  Krakatoa.  La  ligne  qui  vient  plus  au  sud  est  celle 
qu'emprunterait  le  canal  de  Nicaragua;  elle  a  vu  l'activité éruptive 
se  réveiller  en  1888  par  l'éruption  de  l'Omotepe. 

Or,  si  Ton  examine  séparément  les  quatre  tronçons  de  la  chaîne 
(Guatemala,  San  Salvador,  Nicaragua,  Costa-Rica),  la  statistique 
des  éruptions  et  des  séismes  montre  que,  depuis  la  conquête 
espagnole,  le  maximum,  aussi  bien  des  éruptions  que  du  nombre 
des  séismes  destructeurs  et  que  du  nombre  total  des  séismes,  a 
passé  du  Guatemala  au  San  Salvador,  et  que  la  différence  avec  le 
Nicaragua  s  atténue  ;  qu'à  Guatemala  de  nombreux  volcans  se  sont 
éteints;  qu'à  San  Salvador  deux  nouveaux  volcans  se  sont  formés, 
sans  qu'on  cite  une  seule  extinction  récente,  et  qu'enfin  à  Nica- 
ragua trois  nouveaux  cratères  se  sont  ouverts.  Les  grandes  lignes 
de  fracture  présentent  un  échelonnement  semblable  et  dans  le 
même  sens  :  celle  de  Guatemala  est  un  foyer  en  voie  d'extinction  ; 
celle  de  Fonseca  est  un  foyer  en  pleine  activité  ;  celle  de  Nicaragua, 
un  foyer  en  préparation.  11  semble  donc  qu'on  assiste  à  la  marche 
progressive  de  l'onde  souterraine,  qui,  aux  époques  miocène  et 
pliocène,  couvrait  d'éruptions  le  bord  des  Montagnes  Rocheuses,  qui, 
à  l'époque  quaternaire,  se  manifestait  surtout  dans  les  volcans  du 
Mexique  et  qui  a  aujourd'hui  transporté  son  maximum  d'action 
dans  l'Amérique  centrale.  S'il  y  a  une  nouvelle  catastrophe  à 
craindre  dans  la  région,  c'est  à  Fonseca  ou  à  Nicaragua,  sur  le 
trajet  du  canal  projeté,  qu'elle  semble  devoir  se  produire., 

M.  Haug  présente  une  note  intitulée  :  Les  régions  dites  exotiques 
du  versant  nord  des  Alpes  suisses,  réponse  au  Dr  H  ans  Schardt,  note 
qu'il  vient  de  publier  dans  le  Bull,  delà  Soc.  Vaudoise  des  Se.  natur. 

M.  6.  Dollfus  présente  une  brochure  qu'il  vient  de  publier 
avec  M.  Ph.  Dautzenberg  dans  le  dernier  numéro  du  Journal  de 
Conchyliologie  «  Sur  quelques  coquilles  nouvelles  ou  mal  connues  des 
Faluns  de  la  Touraine.  »  <(  Nous  nous  sommes  spécialement  occupés 
de  deux  Cerithium  assez  abondants  dans  le  Miocène  moyen  et  dont 
l'ouverture  était  restée  mal  connue.  La  découverte  de  spécimens 
complets  permet  de  les  classer  exactement  et  ils  doivent  prendre 
les  noms  de  Clava  bidentata  Defr.  in  Grat.  et  de  Tympanotomus  ligni- 
tariun  Eichw.  Ces  espèces  importantes  sont  connues  dans  presque 
tous  les  bassins  miocènes  du  Midi,  dans  le  Bordelais,  en  Portugal, 
en  Espagne,  dans  le  Roussillon,  le  Languedoc,  la  vallée  du  Rhône, 
l'Italie,  la  Suisse,  l'Autriche,  là  Hongrie,  la  Roumanie,  la  Russie 


496  SÉANCE  DU  20  NOVEMBRE   1899 

méridionale  et  l'Asie  mineure  ;  les  analogues  vivants  habitent  les 
fleuves  de  l'Asie  orientale  et  de  l'Australasie.  Les  espèces  nouvelles 
décrites  sont  :  Turbo  Lecointreœ,  Pholas  (Triumphalia)  Bonneli  décou- 
verte ultérieurement  aussi  à  Mirebeau,  Vanikoro  Cossmanni  ». 

M.  Albert  Gaudry  donne  des  détails  sur  les  curieux  restes 
de  Neomylodon  recueillis  en  Patagonie,  à  la  Cueva  Ebethardt. 
M.  Lonnberg  lui  a  communiquée  Upsal  les  échantillons  rapportés 
par  M.  Otto  Nordenskjôld,  neveu  du  célèbre  explorateur,  notam- 
ment un  grand  morceau  de  peau  montrant,  sur  la  face  inférieure, 
des  ossicules  nombreux,  irréguliers,  pressés  les  uns  contre  les 
autres,  et  sur  la  face  supérieure  des  poils  adhérant  fortement, 
longs  de  5  centimètres.  M.  Lonnberg  a  bien  voulu  me  donner  une 
touffe  pour  le  Jardin  des  Plantes.  11  vient  de  publier  sur  le  Neomy- 
lodon un  travail  très  approfondi.  Grâce  à  M.  Lindstrôm,  M.  Albert 
Gaudry  a  pu  examiner  aussi  dans  le  Musée  de  l'Académie,  à 
Stockholm,  l'importante  série  de  pièces  de  la  même  espèce,  que 
M.  Erland  Nordenskjôld,  le  fils  de  l'explorateur,  vient  d'aller  cher- 
cher à  la  Cueva  Eberhardt.  Il  a  en  outre  été  à  Copenhague  voir 
avec  M.  Erland  une  partie  des  pièces  qu'il  avait  portées  au  Musée 
Lund  pour  les  comparer  avec  les  fossiles  de  la  magnifique  collec- 
tion de  l'Amérique  du  Sud  réunie  dans  ce  Musée. 

Les  découvertes  de  MM.  0.  et  E.  Nordeuskjôld  montrent  que  le 
Neomylodon  n'est  éteint  que  depuis  un  temps  très  court,  et  peut-être 
même  vit  encore.  M.  Moreno,  l'habile  directeur  du  Musée  de  la 
Plata,  a  organisé  une  exploration  à  la  Cueva  Eberhardt  depuis  les 
fouilles  des  savants  suédois  ;  un  compte  rendu  de  cette  exploration 
a  été  donné  par  MM.  Hauthal,  Roth  et  Lehmann-Nitsche.  On  s'est 
demandé  si  le  Neomylodon  ne  doit  pas  être  appelé  Glossotherium,  ou 
Grypothei'ium,  ou  Mylodon  ;  il  est  certain  que  c'est  un  type  regardé 
jusqu'alors  comme  tout  à  fait  différent  des  êtres  vivants  et  que 
cependant  il  appartient  à  la  nature  actuelle.  11  est  peu  vraisemblable 
qu'une  telle  créature  ait  été  domestiquée,  ainsi  que  cela  a  été 
exposé.  En  tout  cas  on  ne  pourra  lui  donner  le  nom  de  Grypotherium 
domesticum  proposé  dernièrement,  car  il  a  été  appelé  déjà  par 
M.  Ameghino  Neomylodon  Listai  en  l'honneur  du  voyageur  Lista. 

Après  la  communication  sur  le  Neomylodon,  M.  Albert  Gaudry 
parle  de  VHelicoprion  découvert  par  M.  Karpinsky  dans  le  Permien 
du  Gouvernement  de  Perm.  C'est  assurément  un  des  plus  sin- 
guliers fossiles  qui  aient  été  signalés.  L'éminent  directeur  du 
Comité  géologique  russe,  après  examen  chimique,  coupes  micro- 
scopiques et  nombreuses  comparaisons,   pense  que  VHelicoprion 


SÉANCE  DU  20  NOVEMBRE  1899  497 

représente  la  partie  antérieure  d'une  bouche  de  quelque  Poisson 
élasmobranche. 

M.  Douvillé  fait  une  communication  Sur  les  couches  à  Orbit&ides 
(Lepidocyclina)  du  Bassin  de  l'Adour. 

A  l'occasion  de  sou  étude  sur  les  couches  de  Panama  il  avait 
indiqué  précédemment  que  les  Orbitàides  de  la  section  Lepidocyclina 
sont  jusqu'à  présent  exclusivement  cantonués  dans  l'Oligocène. 
Dans  les  environs  de  Bordeaux  le  Lep.  burdigulensis  (type)  pro- 
vient de  l'Aquitanien  de  Mérîgnac.  On  retrouve  des  formes  ana- 
logues (voisines  du  Lep.  marginata,  de  l'Aquitanien  des  collines 
de  Turin)  aux  environs  de  Dax,  à  la  base  des  faluns  de  Saint-Paul 
(Abesse),  où  elles  sont  associées  au  Cassidaria  Buchi  de  l'Oligocène  ; 
il  y  aurait  donc  un  niveau  aquitanien  au-dessous  du  Burdigalien 
de  Cabanne  et  de  Mandillot.  Ce  niveau  à  Lepidocyclina  cf.  marginata 
se  retrouve  sur  la  rive  droite  de  l'Adour,  à  l'O.  de  Saint-Paul  et  à 
Mimbaste,  toujours  sur  la  bordure  du  bombement  crétacé  et  ophi- 
tique  d'Angouiné-Tercis.  Sur  ce  bombement  même  on  voit  affleurer 
à  Saint-Geours  en  Maremme,  des  couches  encore  plus  anciennes  à 
grands  Lepidocyclina  Mantelli,  et  dont  la  faune  a  été  rapprochée  par 
M.  Fallot  du  Tongrien  (Ph.  Puschi  de  Biarritz,  Eckinolampas  Blain- 
villei  du  Tongrien  delà  Gironde)  (1);  il  parait  probable  que  ces 
couches  représentent  tout  au  moins  l'Aquitanien  inférieur. 

Plus  au  sud  on  rencontre  des  couches  analogues  dans  le  golfe 
limité  au  nord  par  le  bombement  Angoumé-Tercis  et  au  sud  par 
les  derniers  contreforts  nummulitiques  des  Pyrénées.  Le  fond  de 
ce  golfe  est  occupé  par  les  couches  de  Gaas  ;  en  se  dirigeant  à 
l'ouest  on  rencontre  successivement  les  couches  de  Peyrère  (au 
nord  de  Peyrehorade)  avec  Lepid.  Mantelli  et  Diastoma  costellatum  (2), 
puis  celles  de  Saint-Etienne  d'Orthe  à  Lep.  cf.  marginata  (3)  ;  au  delà, 
sur  la  rive  droite  de  l'Adour  affleurent  les  faluns  de  Saubrigues  et 
Saint-Jean  de  Marsacq;  toutes  ces  couches  ont  des  caractères  pétro- 

(1)  Notre  confrère,  M.  Prie  in,  a  reconnu  parmi  des  dents  de  Poissons,  recueillies 
dans  cette  localité  par  M.  E.  de  Morgan,  une  mâchoire  de  Gymnodus  qui  ne  peut 
être  distinguée  de  celles  qui  ont  été  signalées  en  plusieurs  points  dans  le  calcaire  à 
Astéries. 

(2)  Variété  (ou  plutôt  mutation)  idenUque  à  celle  du  Tongrien  des  environs  do 
Rennes. 

(3)  M.  Schlumberger  vient  de  retrouver  à  Saint-Etienne  d'Orthe  un  Miogypsina 
de  forme  plus  archaïque  que  ceux  du  Miocène  de  la  Superga  ;  la  même  forme  se 
retrouve  a  Léognan,  associée  au  Lep.  Ourdigalensis;  il  serait  intéressant  de  déter- 
miner d'une  manière  précise  l'âge  de  cet  horizon  qui  correspond  à  la  lin  des  Lepi- 
docyclina et  a  leur  remplacement  par  Miogypsina.  (Note  ajoutée  pendant  l'im- 
pression). 

tl  Février  19UU.  —  T.  XXVIi.  Bull.  Soc.  liëol.  Fr.  -  32 


498  SÉANCE  DU  20  NOVEMBRE  1899 

graphiques  analogues,  ce  sont  des  faluns  bleus  plus  argileux  et 
à  grains  plus  fins  que  ceux  de  Dax  (faluns  jaunes). 

Les  faluns  de  la  rive  droite  de  l'Adour  occupent  une  zone  de 
4  kilomètres  de  largeur  environ  avec  un  plongeaient  constant  et 
marqué  vers  le  sud-ouest;  leur  épaisseur  est  donc  considérable  et 
leur  dépôt  a  dû  être  de  longue  durée.  Déjà  M.  Raulin  a  signalé  sur 
certains  points  une  faune  à  peu  près  identique  à  celle  du  Burdi- 
galien  de  Saint- Paul.  Sur  d'autres  points  on  rencontre  la  Cardita 
Jouanneti  de  l'Helvétien.  Rien  ne  s'oppose  donc  à  ce  que  ce  com- 
plexe de  couches  ne  se  complète  à  la  base,  comme  celui  de  Saint- 
Paul,  par  l'Aquitanien  supérieur  à  petits  Lepidocyclina  et  par 
l'Aquitanien  inférieur  à  Lep.  Mantelli.  On  rencontrerait  ainsi  succes- 
sivement en  venant  de  Gaas,  qui  représente  le  Sannoisien  ou  le 
Tongrien,  d'abord  l'Aquitanien,  puis  le  Burdigalien  et  l'Helvétien. 

Il  est  vivement  à  désirer  que  la  faune  très  intéressante  recueillie 
à  Peyrère  par  M.  Raulin,  soit  l'objet  d'une  étude  approfondie  ; 
c'est  également  le  désir  de  notre  savant  confrère,  et  M.  G.  Dollfus, 
qui  s'occupe  spécialement  en  ce  moment  de  l'étude  des  faunes  mio- 
cènes, a  bien  voulu  nous  promettre  de  se  charger  de  cet  examen. 

M.  Douvillé  ajoute  encore  qu'au  sud  de  la  bande  principale  des 
faluns  de  Saubrigues  les  couches  se  relèvent  dessinant  un  syn- 
clinal dont  le  prolongement  correspond  précisément  à  la  célèbre 
fosse  du  Cap  breton. 

M.  Douvillé  communique  à  la  Société  une  lettre  de  M.  Paquier, 
lui  annonçant  la  découverte  de  vraies  Caprines  au  sommet  des 
calcaires  à  faciès  urgonien  de  YAptien  inférieur  du  Rimet, 
immédiatement  au  dessous  des  couches  à  Matheronia  Virginiœ. 
Cette  lettre  est  accompagnée  de  croquis  montrant  la  disposition 
des  lames  radiantes,  simples  ou  bifurquées,  qui  forment  une  zone 
périphérique  régulière  et  continue  sur  tout  le  pourtour  de  la  valve 
supérieure,  comme  dans  les  Caprines.  11  faudrait  cependant 
s'assurer  de  l'absence  de  canaux  marginaux  périphériques  sur  la 
valve  inférieure,  pour  être  bien  certain  que  les  formes  découvertes 
par  M.  Paquier  sont  des  Caprina  et  non  des  Schiosia. 


499 


ÉTUDE  DE  QUELQUES   TRILOBITES   DE  CHINE 

par  M.  J.  BERGEROH. 

(Planche  XIII). 

Le  nombre  des  Trilobites  qui  nous  sont  connus  des  terrains 
primaires  de  la  Chine  est  encore  fort  restreint.  Dames  et  Kayser 
ont  été  les  premiers  à  en  signaler  la  présence  parmi  les  fossiles 
rapportés  de  ce  pays  par  M.  von  Richthofen.  Depuis  1883,  époque  à 
laquelle  ont  paru  les  études  de  ces  savants  paléontologistes,  aucune 
découverte  nouvelle  n'était  venue  enrichir  la  liste  des  dix-huit 
espèces  signalées  dans  l'ouvrage  de  «  China  ».  Aussi  est-ce  avec 
empressement  que  j'ai  accepté  l'aimable  proposition  que  m'a  faite 
M.  Douvillé,  Professeur  de  Paléontologie  à  l'Ecole  supérieure  des 
Mines  de  Paris,  de  me  communiquer,  pour  les  étudier,  quelques 
formes  nouvelles  de  Trilobites  provenant  de  Chine.  Je  tiens  à  lui 
en  exprimer  toute  ma  gratitude. 

Les  fossiles  en  question  se  trouvent  à  la  surface  de  deux  plaques 
de  provenance  différente  appartenant,  l'une  à  M.  l'Amiral  Regnault 
de  Prémesnil,  l'autre  à  M.  Chauveau,  Ingénieur  civil  des  Mines. 
Tous  deux  ont  mis  leurs  échantillons  à  ma  disposition  avec  une 
libéralité  dont  je  leur  suis  très  reconnaissant.  Je  remercie  tout 
particulièrement  M.  l'Amiral  Regnault  de  Prémesnil  de  son  obli- 
geance qui  ne  s'est  jamais  lassée. 

I 

La  plus  grande  de  ces  plaques  (PI.  XIU),  et  en  même  temps  la 
plus  intéressante  par  sa  richesse  en  formes  différentes  et  en  indi- 
vidus, a  été  rapportée  par  M.  l'Amiral  Regnault  de  Prémesnil,  qui 
l'a  achetée  à  vil  prix,  en  1858,  à  un  brocanteur  de  Pékin;  son  lieu 
d'origine  était  inconnu  à  ce  dernier,  qui  savait  seulement  qu'elle 
venait  des  montagnes  situées  au  N.  de  cette  capitale;  nous  n'avons 
donc  aucune  donnée  précise  sur  la  région  d'où  elle  provient. 

Elle  est  formée  d'un  calcaire  compact,  à  grain  très  fin,  de  couleur 


500  j.    BERGERON  20  NoV. 

bistre  foncé.  Elle  a  une  forme  rectangulaire,  les  plus  grands  côtés 
mesurant  une  longueur  de  185mm  et  les  plus  petits  une  largeur 
de  97mm. 

Toutes  les  faces  ont  été  sciées,  sauf  la  face  supérieure  qui  est 
littéralement  couverte  de  débris  uniquement  de  Trilobites.  Ils  sont 
très  nombreux,  mêlés  les  uns  aux  autres,  sans  aucun  ordre;  on  peut 
y  reconnaître  des  céphalothorax  et  surtout  des  pygidiums.  Ce  qu'il 
y  a  de  très  curieux  c'est  que  les  céphalothorax  et  les  pygidiums 
n'appartiennent  pas  aux  mêmes  genres;  il  y  aurait  eu  dissociation 
de  nombreux  exemplaires  de  Trilobites  et  mélange  de  leurs  débris. 
Mais  quelque  nombreux  que  soient  ces  derniers,  on  ne  peut  les 
rapporter  qu'à  cinq  formes,  dont  deux  sont  représentées  par  leurs 
céphalothorax  et  trois  par  leurs  pygidiums. 

Genre  Calymmene   Brng.    (1). 
Calymmene?  sinensis  n.  sp. 

(PL  XIII,  1,  2). 

il  n'y  a  pas  un  seul  exemplaire  de  cette  espèce  qui  soit  complet  ; 
les  glabelles  seules  sont  assez  bien  conservées,  et  présentent  une 
constance  de  caractères  qui  permet  de  les  rapporter  toutes  à  un 
même  type,  quelque  petites  que  soient  leurs  dimensions. 

C'est  vraisemblablement  au  groupe  des  Calymmenidœ  qu'il  faut 
rattacher  cette  espèce,  car  elle  offre  les  caractères  généraux  de  la 
famille:  forme  de  la  glabelle,  disposition  des  sillons  latéraux. 

Cependant  elle  présente  assez  de  différences  avec  les  formes 
connues  de  cette  famille,  pour  qu'on  puisse  se  demander  si  elle  ne 
correspondrait  pas  à  une  nouvelle  section,  peut-être  même  à  un 

(1)  AL  Brongniart  a  donné  en  1822  (Histoire  Naturelle  des  Crustacés  fossiles 
sous  les  rapports  zoologiques  et  géologiques,  savoir  :  les  Trilobites  par  AL  Bron- 
gniart, les  Crustacés  proprement  dits  par  A.  G.  Desmarest.  Paris,  1822,  in-8*)  le 
nom  générique  de  Calymene  au  «  Trilobite  qui  a  été  le  mieux  et  le  plus  souvent 
décrit  sous  le  nom  de  fossile  de  Dudley  ».  En  note  infrapaginale,  Brongniart 
ajoutait  :  «  Calymene  par  contraction  de  Cecalymene,  obscure,  cachée  ».  Ce  nom 
est  tiré  du  participe  passé  xExaXu{i.(iEvo;  du  verbe  xaXu7rrw  Je  cache.  Si  Brongniart 
a  bien  spécifié  son  intention  de  supprimer  le  préfixe,  par  contre  il  ne  dit  rien  de 
la  suppression  de  la  double  lettre.  Il  est  vraisemblable  qu'il  y  a  eu  barbarisme 
dans  la  confection  de  ce  nom  et  l'on  est  en  droit,  à  l'exemple  d'Angelin,  de 
Lindstrôm,  de  Schmidt,  de  Pompecky  et  d'autres,  de  rétablir  la  véritable 
orthographe  Calymmene. 


1899  ÉTUDE  DE  QUELQUES  TRILOBITES  DE  CHINE  501 

nouveau  genre.  Eu  effet,  si  on  la  compare  aux  types  des  subdivisions 
établies  récemment  dans  le  genre  Calymmene  par  MM.  Schmidt  (1) 
et  Pompecky  (2),  on  voit  qu'elle  se  distingue  plus  de  ces  types  que 
ceux-ci  ne  se  différencient  les  uns  des  autres.  Mais  les  exemplaires 
en  question  sont  trop  incomplets  pour  que  j*ose  créer  un  genre 
nouveau.  Je  laisserai  à  cette  espèce  le  nom  générique  de  Calym- 
mene, mais  tout  en  émettant  quelque  doute  relativement  à  cette 
attribution. 

La  glabelle  (fi g.  1)  est  de  forme  tronco nique,  arrondie  en  avant, 
de  relief  accusé.  Elle  est  proportionnellement  plus  haute  et  moins 
large  à  sa  base  que  celle  des  espèces  déjà  connues.  Elle  porte  deux 
sillons  latéraux  très  accusés,  qui  déterminent  trois  lobes;  mais 


Fig.  1.  —  Fragment  de  cépha-  Fig.  2.  —  Fragment  de  joue  mo- 

lo thorax  de  Calymmene?  bile  appartenant  peut-être  à 

sinensis  n.  sp.  la  môme  espèce. 

ceux-ci  ne  sont  pas  arrondis  en  forme  de  perles  comme  dans  la 
plupart  des  Calymmene;  cela  tient  à  la  [forme  des  sillons  qui  sont 
droits.  Le  sillon  postérieur  est  long,  et  va  en  s*atténuant  de 
l'extérieur  vers  l'intérieur  de  la  glabelle;  il  est  à  45°  environ  de 
l'axe  de  la  glabelle.  Il  détermine  un  lobe  postérieur  de  forme  trian- 
gulaire. Le  lobe  médian,  de  forme  un  peu  plus  circulaire  que  le  lobe 
postérieur,  est  délimité  en  avant  par  un  sillon  latéral  antérieur 
droit  et  court.  Le  lobe  antérieur  est  très  développé  en  surface;  il 
semble  que,  sur  le  côté  gauche  de  la  glabelle  du  plus  grand  exem- 
plaire, il  y  ait  trace  d'un  sillon  latéral  à  peine  marqué;  s'il  en  était 
ainsi,  il  y  aurait  quatre  lobes  de  chaque  côté,  mais  les  deux  anté- 
rieurs seraient  à  peine  distincts  l'un  de  l'autre. 

La  glabelle  s'avance  jusqu'au  bourrelet  antérieur,  dont  elle  est 
séparée  par  un  sillon  presque  aussi  large  que  le  bourrelet.  Dans  le 

(1)  Révision  der  Ostbaltischen  silurischen  Trilobiten.  IV,  Galymmenidœ.  Mem, 
À cad.  Saint-Pétersbourg,  42,  N°  5,  p.  7. 

(2)  Ueber  Calymmene  Brongniart.    Neues  Jahrbuch   fur  Min.,   Geol.    und 
Palœont.,  1896,  t.  I,  p.  187. 


SÔ2  J.    BERGERON  20  NûV. 

plus  grand  exemplaire,  ce  bourrelet  a  une  section  sensiblement 
circulaire  et  il  ne  change  ni  de  forme  ni  d'allure  au  droit  de  la 
glabelle,  changements  qui  sont  fréquents  chez  les  Calymmene. 

11  est  à  remarquer  que  dans  le  plus  grand  exemplaire  le  bord 
antérieur  du  céphalothorax  a  la  forme  d'un  arc  légèrement  concave 
en  avant.  Cette  courbure  tout-à-fait  anormale  est  due  sans  doute  à 
une  déformation  accidentelle  du  céphalothorax. 

Sur  ce  même  exemplaire,  le  bourrelet  se  continue  sur  une  assez 
grande  longueur  ;  cependant  les  parties  latérales  du  céphalothorax 
faisant  défaut,  on  ne  sait  comment  il  se  terminait  du  côté  des  joues 
mobiles,  ni  où  il  était  coupé  par  la  grande  suture. 

Le  bourrelet  occipital  est  large,  plus  large  que  le  sillon  occipital  ; 
il  se  prolonge  latéralement  en  des  bourrelets  marginaux  posté- 
rieurs moins  épais. 

De  chaque  côté  de  la  glabelle  il  y  a  un  sillon  longitudinal  étroit. 

Les  joues  fixes  sont  mal  conservées  ;  elles  devaient  être  saillantes, 
exceptionnellement  développées  pour  des  joues  fixes  de  Calymmene 
et  couvertes  de  granulations  fines  et  espacées.  Le  peu  qui  en  reste 
sur  le  grand  exemplaire,  qui  est  le  mieux  conservé,  ne  permet  pas 
de  déterminer  la  position  de  l'œil,  s'il  y  en  avait  un,  ni  celle  de  la 
grande  suture. 

Sur  un  exemplaire  de  petite  taille  apparaît  dans  la  région  axiale 
de  la  glabelle,  au  niveau  de  la  paire  de  lobes  médians,  un  tubercule; 
peut  être  est-ce  un  ocelle.  Il  est  plus  volumineux  que  les  granu- 
lations qui  ornent  la  surface  du  test.  Ce  tubercule  ne  se  retrouve 
pas  sur  les  glabelles  des  autres  exemplaires,  notamment  sur  celle 
du  plus  grand,  il  est  vrai  que  la  partie  en  relief  de  la  glabelle,  chez 
ce  dernier,  a  été  usée. 

En  résumé  les  caractères  distinctifs  de  cette  espèce  résident  dans 
la  forme  de  la  glabelle,  la  forme  des  lobes,  la  forme  du  bord  et  du 
bourrelet  antérieurs,  les  dimensions  des  joues  fixes. 

Comme  je  l'ai  dit  plus  haut  je  rapporterai  jusqu'à  nouvel  ordre 
cette  espèce,  à  coup  sûr  nouvelle,  au  genre  Calymmene,  mais  avec 
très  grand  doute  et  je  lui  donne  le  nom  spécifique  de  sinemis  pour 
rappeler  son  origine. 

Peut  être  faut-il  rapporter  à  cette  espèce  une  petite  joue  mobile 
(fig.  2  et  PI.  XIII,  2)  avec  pointe  génale,  dont  le  test  est  couvert  de 
granulations.  C'est  ce  dernier  caractère  qui  me  fait  la  réunir  à 
Calymmene  ?  sinensis,  car  cette  dernière  espèce  est  la  seule  dont  le 
test  porte  le  même  mode  d'ornementation. 


1899  ÉTUDE  DE  QUELQUES  TRILOBITES  DE  CHINE  303 

Cette  joue  mobile  présente  les  caractères  suivants:  elle  est 
arrondie,  bordée  extérieurement,  latéralement  et  postérieurement 
par  un  bourrelet  mince.  La  trace  de  la  grande  suture  se  voit  sur 
une  partie  du  contour  interne  ;  mais  la  partie  supérieure  est  brisée. 
Le  lobe  palpébral  est  relativement  bien  développé. 

La  pointe  génale  est  courte  et  acuminée. 

Si  cette  joue  mobile  appartient  à  l'espèce  en  question,  celle-ci 
ferait  partie  du  groupe  de  Trilobites  auquel  Beecber  a  donné  le  nom 
d'Opisthoparia  (1).  Ils  sont  caractérisés  par  ce  fait  que  la  branche 
postérieure  de  la  grande  suture  aboutit  au  bord  postérieur  du 
céphalothorax.  On  ne  pourrait  la  rattacher  à  la  famille  des  Calym- 
menidœ  qui  rentre  dans  le  groupe  des  Proparia,  chez  lesquels  la 
branche  postérieure  de  la  grande  suture  aboutit  au  bord  latéral  du 
céphalothorax.  Dans  ce  cas,  il  y  aurait  certainement  lieu  de  créer 
un  nom  générique  nouveau  pour  cette  espèce. 

Genre  Aonostus 

Groupe  des  Limbati,  sous-groupe  des  Régit 

Agnostus  Doumllei  n.  sp. 

(PI.  XIII,  3). 

Le  mauvais  état  de  conservation  de  tous  les  exemplaires  de 
cette  espèce  rend  leur  étude  très  difficile.  Un  seul  d'entre  eux 
permet  d'établir  les  caractères  distinctifs. 

La  largeur  du  bord  postérieur  du  céphalothorax  et  sa  hauteur 
sont  sensiblement  égales.  Le  contour  antérieur 
est  de  forme  elliptique  (fig.  3). 

D'après  ce  qui  reste  de  la  glabelle,  le  lobe 
antérieur  était  large,  sa  plus  grande  dimension 
étant  transversale  par  rapport  au  sens  de 
l'alloDgement  de  l'animal.  Une  grande  partie 
de  ce  lobe  a  disparu  et  le  lobe  postérieur,      FlK41_3-  —  péphaio- 

,,  ...  r  ,.  ..      .  /<av     ..    .,,         ...  thorax d'Âgnostus 

d  ailleurs  assez  peu  distinct  (2),  était  de  petites         Doumllei  nov.  sp. 
dimensions  par  rapport  au  lobe  antérieur.  Sa 
largeur  est  un  peu  inférieure  au  tiers  de  la  largeur  totale  du  cépha- 
lothorax ;  elle  est  sensiblement  la  même  que  celle  des  joues  entre 

(1)  Beegher.  Article  Trilobites  ext.  d'un  traité,  sans  autre  indication. 

(2)  Sur  la  figure  3,  les  reliefs  ont  été  exagérés. 


504  J.   BERGERON  20  NOV. 

lesquelles  ce  lobe  est  situé.  Les  deux  lobes  de  la  glabelle  semblent 
avoir  été  séparés  par  un  sillon  assez  profond. 

Les  joues  sont  arrondies  du  côté  interne,  ce  qui  est  la  caractéris- 
tique de  cette  espèce.  Elles  se  prolongent  vers  la  partie  antérieure 
du  céphalothorax  sous  forme  d'un  mince  bourrelet  qui  entoure  le 
lobe  antérieur  de  la  glabelle. 

Un  limbe  entoure  le  céphalothorax  ;  il  offre  l'aspect  d'une  gout- 
tière par  suite  du  relief  très  accusé  de  la  zone  génale  et  de  la  pré- 
sence d'un  mince  bourrelet  qui  le  borde  vers  l'extérieur;  il  diminue 
de  largeur  et  finit  par  se  perdre  dans  les  angles  génaux. 

Rapports  et  différences.  —  Dans  Agnostus  rex  Barr.  le  céphalothorax 
est  plus  allongé,  de  forme  plus  rectangulaire  ;  dans  Agnostus  regius 
Sjo.,  il  est  plus  large  dans  sa  partie  antérieure  que  dans  Agn.  Dou- 
villei.  Dans  ce  dernier  les  joues  sont  plus  arrondies  du  côté  interne 
que  dans  les  autres  espèces  :  elles  sont  aussi  moins  hautes  que 
dans  Agnostus  rex  Barr.  Le  lobe  de  la  glabelle  est  de  forme  plus 
triangulaire  dans  les  deux  espèces  précédemment  citées;  il  est 
aussi  moins  arrondi  dans  ses  angles  latéraux.  Le  lobe  postérieur 
est  plus  large  et  surtout  plus  haut  dans  les  espèces  européennes. 

Les  joues  et  la  glabelle  constituent  également  un  ensemble  plus 
allongé  dans  Agn.  rex  et  Agn.  regius.  Le  limbe  qui  entoure  le 
céphalothorax  dans  ces  deux  espèces  est  large  et  le  bourrelet  qui 
le  borde  est  bien  plus  accusé  que  dans  Agnostus  Douvillei. 

Je  suis  heureux  de  dédier  cette  espèce  à  M.  Douvillé. 

A  l'étude  de  ces  céphalothorax  il  convient  de  joindre  celle  d'un 
hypostome  isolé  (fig.  4  et  PI.  XIII,  4)  qui  se  rencontre  entre  des 

débris  de  Trilobites  qui  le  cachent  en  partie.  Il  en 
résulte  qu'il  est  très  difficile  d'arriver  à  y  reconnaî- 
tre des  caractères  suffisants  pour  le  rapprocher 
des  types  connus. 
Fig.  4.  —  Hypos-  Le  corps  central  de  l'hypostome  est  ovale  ;  mais 
tome  indéter-     \\  s'amincit  en  arrière  de  manière  à  former  une 

sorte  de  bourrelet.  Les  ailes  sont  cachées  sous  des 
fragments  de  Trilobites  ;  sur  un  des  côtés,  il  semble  qu'il  y  ait  un 
bourrelet,  mais  ce  doit  être  également  un  débris. 

Les  bords  latéraux,  séparés  du  corps  central  par  un  sillon  pro- 
fond, ne  sont  visibles  que  dans  leur  partie  postérieure  ;  ils  sont  bien 
développés  et  prennent  un  peu  l'aspect  de  bourrelet.  Us  s'élargissent 
au  moment  où  ils  forment  le  bord  postérieur,  tout  en  gardant  leur 
même  aspect. 


1899  ÉTUDE  DK  QUELQUES  TRILOBITES  DE  CHINE  905 

Le  bord  postérieur,  légèrement  concave  en  avant,  a  lui-même  la 
forme  de  bourrelet  ;  il  est  tangent  à  l'extrémité  postérieure  du  corps 
central. 

On  n'y  voit  aucune  trace  de  saillie  ni  d'empreinte  creuse. 

Un  caractère  commun  à  tous  les  pygidiums  qui  abondent  sur  la 
plaque  rapportée  par  M.  l'Amiral  Regnault  de  Prémesnil  consiste 
en  la  présence  de  denticulations  sur  leur  pourtour  extérieur. 

Ils  se  groupent  tous  autour  de  trois  formes  dont  la  détermination 
générique  présente  de  très  grandes  difficultés. 

En  effet  les  seuls  caractères  tirés  du  pygidium  ne  sont  pas  tou- 
jours suffisants  pour  reconnaître  le  genre  des  Trilobites.  S'il  y  a 
quelques  genres  tels  que  Bronteus  et  Lichas,  par  exemple,  dont  le 
mode  d'ornementation  soit  assez  spécial  pour  permettre  leur  déter- 
mination générique  à  la  simple  vue  du  pygidium,  par  contre,  il  en 
est  beaucoup  d'autres  chez  lesquels  le  pygidium  offre  trop  peu  de 
caractères  saillants  pour  qu'il  en  soit  ainsi.  C'est  le  cas  pour  cer- 
tains genres  d'Asaphidœ,  de  Calymmenidœ,  etc.  Il  faut  alors  avoir 
recours  aux  caractères  fournis  par  les  autres  parties  du  corps, 
l'abdomen  et  surtout  le  céphalothorax  ;  faute  d'en  tenir  compte, 
on  commet  de  nombreuses  erreurs. 

C'est  ainsi  qu'il  y  a  une  quinzaine  d'années  on  groupait  tous  les 
pygidiums  denticulés  dans  les  Dicellocephalus.  Mais  dans  ces  der- 
niers temps  on  en  a  retiré  quelques  genres  tels  que  Olen&ides,  Asa- 
phelina,  etc.,  dont  les  céphalothorax  sont  parfaitement  distincts  de 
ceux  des  vrais  Dicellocephalus.  Il  est  vraisemblable  que  lorsqu'une 
étude  critique  de  toutes  les  nombreuses  espèces  rapportées  à  ce  der- 
nier genre  aura  été  faite  en  tenant  compte  d'autres  caractères  que 
ceux  du  pygidium,  il  y  aura  lieu  d'établir  de  nombreuses  coupures. 
Cette  révision  d'ailleurs  ne  peut  être  entreprise  qu'en  Amérique, 
région  où  abondent  les  Dicellocephalus  et  où  les  espèces  types  pourront 
être  comparées  aux  figures  généralement  mauvaises  des  auteurs. 

N'ayant  à  ma  disposition  que  des  pygidiums  denticulés  pour 
déterminer  les  espèces  de  Chine  autres  que  les  précédentes,  je  n'ai 
pu  en  reconnaître  le  genre  avec  certitude;  j'ai  dû  les  comparer 
individuellement  à  des  formes  déjà  connues  et  ce  n'est  que  pour 
un  seul  d'entre  eux  que  j'ai  trouvé  des  analogies  assez  grandes  pour 
m'autoriser  à  le  rapporter  au  genre  Olenoides.  Egalement  par  compa- 
raison j'ai  attribué,  mais  avec  beaucoup  de  doute,  une  seconde 
forme  nouvelle  au  genre  Dicellocephalus.  Enfin,  la  troisième  espèce 
est  tellement  différente  de  toutes  celles  connues  que  je  lui  ai  donné 
un  nom  générique  nouveau. 


506 


J.   BERGERON 


20NOV. 


Genre  Olbnoïdes  Meek. 
Olenoides  Leblanci  n.  sp. 

(PI.  XIII,  5,  6). 

Céphalothorax  et  abdomen  inconnus. 

Pygidium  de  forme  semi-circulaire,  dont  le  bord  externe  est 
garni  de  denticulations  très  accusées. 

Cette  forme  et  ce  mode  d'ornementation  sont  ceux  des  Olenoides; 
tout  l'ensemble  d'ailleurs  de  ce  pygidium  rappelle  beaucoup  les 
figures  d'Olenoïdes  données  par  les  auteurs  américains.  C'est  donc 


Fig.  5.  —  Pygidium  d'Olenoïdes  Leblanci 

n.  sp. 


Fig.  6.  —  Pigidium  d'un  individu 
jeune  d'Olenoïdes  Leblanci 
n.  sp. 


à  ce  genre  que  je  rattache  cette  nouvelle  espèce  ;  mais  le  céphalo- 
thorax seul  permettrait  une  attribution  certaine. 

Le  plus  grand  exemplaire  de  cette  espèce  semble  avoir  un 
pygidium  de  forme  triangulaire;  mais  il  n'en  est  ainsi  que  par 
suite  d'une  déformation  accidentelle;  le  limbe  portant  la  denticu- 
lation  caractéristique  est  cassé  et  il  est  venu  s'appliquer  sur  le 
pygidium,  semblant  ainsi  lui  former  un  bourrelet  angulaire,  très 
saillant. 

Le  nombre  des  anneaux  constituant  le  pygidium  (fig.  5  et  PI. 
XIII,  5)  devait  être  de  six.  Sur  aucun  des  exemplaires,  il  n'est  possi- 
ble de  les  compter  avec  certitude,  parce  que  les  échantillons  sont 
frustes. 

L'axe  de  fort  relief  est  légèrement  conique.  Les  anneaux,  très 
vraisemblablement  au  nombre  de  six,  sont  sensiblement  de  même 
hauteur  ;  les  derniers  diminuent  rapidement  de  largeur  et  se  distin- 
guent difficilement  les  uns  des  autres.  Cet  axe  s'avance  presque 
jusqu'au  bord  postérieur.  Il  est  limité  par  le  limbe. 

Les  côtes  qui  correspondent  aux  plèvres,  sont  au  nombre  de  six  ; 


1899  ÉTUDE  DE  QUELQUES   TRILOBITES   DE  CHINE  507 

celles  qui  sont  les  plus  rapprochées  de  l'extrémité  postérieure  de 
Taxe  sont  très  réduites;  on  les  distingue  à  peine;  elles  ne  sont  pas 
reproduites  dans  le  schéma  de  la  figure  5  de  manière  à  laisser  au 
pygidium  son  véritable  aspect,  tout  trait  délimitant  cette  dernière 
côte  lui  donnant  trop  d'importance  par  rapport  aux  autres. 

Le  limbe,  bien  développé,  est  garni  de  denticulations  sur  son 
pourtour  extérieur.  Celles-ci  paraissent  n'être  que  des  découpures 
du  limbe;  bien  que  situées  dans  le  prolongement  des  côtes,  elles 
ne  portent  aucune  nervure  qui  fasse  suite  à  ces  dernières.  Elles  ont 
toutes  la  même  forme  et  les  mêmes  dimensions.  L'intervalle  entre 
deux  denticulations  est  à  peu  près  égal  à  la  largeur  de  l'une  d'elles. 
Elles  sont  au  nombre  de  sept  de  chaque  côté,  la  première  corres- 
pondant à  la  nervure  antérieure. 

Je  rapporte  également  à  cette  espèce  des  pygidiums  de  petite 
taille  dans  lesquels  se  retrouvent  tous  les  caractères  signalés  plus 
haut  (fig.  6  et  PI.  XIII,  6).  Ils  ont  en  général  une  forme  un  peu 
moins  arrondie,  les  denticulations  sont  relativement  plus  grêles, 
plus  acuminées  que  dans  les  autres.  Mais  de  pareilles  modifications 
peuvent  être  en  relation  avec  l'âge  et  ne  pas  correspondre  à  des 
différences  spécifiques. 

Je  dédie  cette  espèce  à  M.  Leblanc,  Inspecteur  général  des  Ponts 
et  Chaussées,  par  l'intermédiaire  de  qui  la  plaque  étudiée  a  été 
connue  de  M.  Douvillé. 

Rapports  et  différences.  —  Comme  je  l'ai  dit  plus  haut,  la  détermi- 
nation générique  est  basée  uniquement  sur  les  analogies  qui 
existent  entre  les  pygidiums  des  exemplaires  de  Chine  et  ceux 
figurés  des  espèces  d'Olenaides. 

C'est  avec  Olenoïdes  Marconi  Whitfield  que  les  analogies  sont  les 
plus  grandes  ;  mais  cependant  ce  sont  deux  espèces  distinctes.  Les 
épines  qui  ornent  le  bord  du  limbe  ont  la  forme  de  dents  de  scie 
dans  01.  Marcoui,  tandis  qu'elles  sont  droites  dans  Ol.  Leblanci. 
Dans  l'espèce  américaine  les  côtes  des  plèvres  sont  plus  larges  que 
les  sillons  qui  les  séparent;  dans  l'espèce  chinoise,  les  côtes  et  les 
sillons  ont  sensiblement  la  même  importance.  Le  nombre  des 
épines  est  d'ailleurs  la  même  dans  les  deux  espèces. 

Olenwdes  quadriceps  Hall,  rappelle  beaucoup  la  forme  jeune  d'O/. 
Leblanci;  les  épines  sont  plus  grêles,  elles  s'infléchissent  plus  en 
arrière  que  dans  l'espèce  de  Chine.  La  principale  différence  consiste 
en  ce  que  les  sillons  et  les  plèvres  ont  des  reliefs  plus  accusés  dans 
cette  dernière. 


508  J.    BERGERON  20  NOV. 

Genre  Dicellocephalus  Owen. 
Dicellocephalus  ?  sinensis  n.  sp. 

(PI.  XIII,  7). 

Le  pygidium  d'une  des  espèces  de  Chine  se  rapproche  beaucoup 
de  la  figure  donnée  par  Angelin  de  son  espèce  nouvelle  Centropleura 
s  erra  ta.  Ce  genre  (1)  nouveau  avait  été  créé  par  le  paléontologiste 
suédois  pour  les  trois  espèces  suivantes:  Centropleura?  dicrœura, 
Centropleura  serrata  et  C.  angusticauda.  De  ces  trois  espèces,  les 

deux  dernières,  d'après  les  figures  données 
par  Angelin,  pourraient  peut-être  appartenir 
au  même  genre,  mais  en  tous  cas  elles  se 
rapporteraient  à  deux  types  spécifiques 
Fig.  7.  _  pygidium  de     différents.    Brôgger   (2),   qui  en  a  repris 

J^7jfw  ?  8i-     l'étude,  déclare  la  fig.  10  d'AngeJin  tout  à 

fait  inexacte  et  réunit  C.  serrata  et  C.  angus- 
ticauda en  une  seule  espèce  qu'il  rapporte  au  genre  Dicellocephalus 
et  à  laquelle  il  conserve  le  nom  de  Dicellocephalus  serratus.  Il  en 
donne  deux  figures  (3)  qui  se  rapprochent  du  type  figuré  par  Ange- 
lin sous  le  nom  de  C.  angusticauda;  mais  il  y  a  une  telle  différence 
entre  Die.  serratus  figuré  par  le  savant  professeur  de  Christiana  et 
C.  serrata  figuré  par  Angelin  qu'il  parait  bien  vraisemblable  que  ce 
sont,  même  en  admettant  de  très  grandes  erreurs  de  dessin,  des 
types  différents. 

Ne  pouvant  trancher  la  question  (4)  puisque  les  éléments  de 
comparaison  me  manquent,  j'admets  que  C.  serrata  type  d 'Angelin 
soit  un  Dicellocephalus,  ce  qui  est  également  l'opinion  de  Holm. 

De  plus,  le  pygidium  de  l'espèce  de  Chine  rappelle  un  Dicelloce- 
phalus représenté  par  fiillings  (Gcol.  of  Canada.  Palseozoic  Fossils, 
p.  405,  fig.  384),  mais  non  dénommé  spécifiquement.  Dans  ces  condi- 
tions, je  range  dans  les  Dicellocephalus  l'espèce  nouvelle  eu  question, 
mais,  pour  les  raisons  que  j'ai  dites  plus  haut,  c'est  avec  beaucoup 
de  doute  que  je  fais  cette  attribution. 

L'axe  du  pygidium  est  saillant,  conique,  se  rétrécissant  très 
rapidement  vers  sa  partie  postérieure.  Il  s'arrête  au  limbe  qui 

(1)  Pateontologia  scandinavica,  p.  88,  pi.  XLI,  fig.  9,  10  et  10* 

(2)  Die  Siturischen  Et  a  g  en  2  und  3,  p.  126. 

(3)  Loc.  cit.,  pi.  III,  fig.  7  et  8. 

(4)  La  diagnose  donnée  par  Angelin  pour  le  pygidium  de  C.  serrata  est  la 
suivante:  «  Abdomen  immarglnatum,  margine  splnosum  vel  dentatum;  rachis 
distincte,  ante  apicem  scuti  desinens.  »  Cette  description  est  insuffisante. 


1899  ÉTUDE  DE  QUELQUES  TRILOBITES  DE  CHINE  509 

entoure  le  pygidium.  II  porte  cinq  anneaux,  mais  peut-être  le 
dernier  correspond-il  à  la  soudure  des  deux  anneaux  terminaux. 

Sur  les  plèvres  on  ne  compte  que  quatre  côtes,  sans  sillon;  peut- 
être  y  en  avait-il  de  très  réduites  dans  l'angle  postérieur  des 
plèvres.  Les  côtes  sont  fines,  séparées  les  unes  des  autres  par  des 
sillons  presque  aussi  larges  qu'elles.  Elles  diminuent  très  rapide- 
ment de  longueur  selon  qu'elles  sont  situées  plus  près  de  la  partie 
terminale  du  pygidium. 

Le  limbe  a  une  largeur  qui  varie  peu  ;  au  droit  de  la  terminaison 
de  l'axe,  il  présente  une  sorte  de  bombement.  Les  denticulations, 
au  nombre  de  cinq  de  chaque  côté,  correspondent  aux  côtes;  elles 
sont  en  forme  de  deuts  de  scie,  larges,  plates  et  semblent  décou- 
pées dans  le  limbe;  elles  rappellent  un  peu  celles  qui  bordent  le 
pygidium  de  certains  Lickas.  Elles  diffèrent  légèrement  les  unes  des 
autres  ;  les  deux  postérieures  sont  les  plus  fortes,  les  deux  anté- 
rieures les  moins  fortes. 

Genre  Drepanura  n.  gen. 
Drepanura  Premesnili  n.  sp. 

(PI.  XIII,  8). 

Cette  espèce  semble  avoir  été  la  plus  abondante  de  toutes  celles 
représentées  sur  la  plaque  calcaire.  On  peut  en  effet  en  compter 
jusqu'à  quinze  exemplaires  contre  dix  de  toutes  les  espèces  décrites 
plus  haut. 

La  forme  de  ce  pygidium  est  toute  spéciale  ;  il  est  large,  à  bord 
antérieur  recti ligne,  légèremeut  arrondi  aux  angles.  11  s'élargit  un 
peu  en  arrière  de  ce  bord  ;  de  chaque  côté 
se  détache  une  forte  pointe  incurvée  eu 
dedans,  en  forme  de  faux  (Speiravov)  ;  c'est 
sur  ce  caractère  bien  spécial  que  j'ai  voulu 
attirer  l'attention  en  faisant  ce  nom  nouveau. 

L'axe,  de  forme  conique,  est  très  court  et 
très  saillant.  A  son  extrémité  postérieure  il 
s'atténue  rapidement  de  manière  à  se  fondre 
avec  la  surface  plane  qui  l'entoure.  Celle-ci     Fi  '  8  _  PvKidiuin  dc 
correspond  aux  plèvres  et  au  limbe  du  pygi-  Drepanura    Preme*- 

dium.  Cet  axe  porte  six  anneaux  dont  la         mlt  n'  g*'  n-  8p' 
distinction  est  de  moins  en  moins  facile  selon  qu'ils  sont  situés 
plus  près  de  l'extrémité  postérieure.  Latéralement  cet  axe  est  bien 
délimité  par  des  sillons  dorsaux. 


510  J.   BKRGERON  20  NOV. 

Il  n'y  a  aucune  côte  sur  la  très  grande  surface  plane  qui  entoure 
Taxe  ;  c'est  à  peine  si  l'on  voit  la  trace  de  sillons  dans  le  voisinage 
de  l'axe,  sillons  qui  correspondraient  à  la  séparation  virtuelle  des 
plèvres  et  qui  viendraient  aboutir  entre  les  dentelures  qui  ornent 
le  bord  extérieur  du  pygidium.  Ces  dentelures  sont  au  nombre  de 
douze,  toutes  sensiblement  égales,  serrées  les  unes  contre  les  autres 
et  formant  plutôt  un  bord  crénelé  entre  les  deux  grandes  pointes 
dont  il  a  été  parlé  plus  haut.  Chaque  paire  de  denticulations  corres- 
pond à  un  anneau  de  Taxe,  si  on  suit  les  sillons.  On  voit  ainsi  que 
la  première  paire,  celle  située  contre  et  à  l'intérieur  des  deux 
grandes  pointes,  correspond  au  premier  anneau. 

Quant  aux  deux  grandes  pointes,  dont  la  longueur  totale  est 
un  peu  inférieure  à  deux  fois  la  hauteur  du  pygidium,  elles  sont 
séparées  du  reste  du  pygidium  par  un  sillon  qui  correspond  à  leur 
bord  interne  et  qui  vient  aboutir  à  la  partie  supérieure  du  premier 
anneau  de  Taxe.  Ce  fait  indique  que  ces  pointes  ne  sont  pas  en 
relation  avec  ce  premier  anneau;  ce  sont,  suivant  la  nomenclature 
de  Barrande,  des  pointes  secondaires  externes. 

A  la  face  inférieure,  le  test  porte  des  nervures  ou  peut-être  des 
craquelures  disposées  concentriquement  entre  elles  et  parallèle- 
ment au  bord  postérieur  du  pygidium. 

Cette  forme  n'est  comparable  à  aucune  de  celles  qui  sont  connues. 
Je  me  fais  un  plaisir  de  la  dédier  à  M.  l'Amiral  Regnault  de  Pré- 
mesnil. 

De  quel  terrain  paléozoique  cette  plaque  calcaire  peut-elle  pro- 
venir? Comme  elle  ne  renferme  aucune  espèce  déjà  connue  qui 
permette  quelque  attribution  d'âge,  il  faut  tenir  compte  de  l'ensem- 
ble des  caractères  de  la  faune,  caractères  tirés  surtout  de  l'associa- 

« 

tion  des  genres  qui  y  ont  été  reconnus. 

Le  plus  sûrement  établi  est  le  genre  Agnostus,  qui  est  représenté 
par  Agnostus  Douvillei.  Il  appartient  au  groupe  des  Limbati  et  au 
sous-groupe  des  Régit)  or,  jusqu'à  présent  l'âge  de  deux  espèces 
appartenant  à  ce  groupe,  Agnostus  rex  Barr.  et  Agn.  regius  Sjo.  est 
bien  défini.  Cette  dernière  espèce  se  rencontre  en  Scandinavie  dans 
la  zone  à  Paradoxides  ôlandicus,  à  la  base  du  Cambrien  moyen.  D'au- 
tre part,  Agnostus  rex  est  cantonné  également  en  Scandinavie  dans 
la  zone  à  Paradoxides  Tessini,  immédiatement  supérieure  à  celle  du 
Par.  ôlandicus.  En  Bohème,  d'après  Frech  (1),  la  même  espèce  appar- 
eil Lethsea  Geogn.,  2"e  vol.,  1"  partie,  p.  40. 


1899  ÉTUDE  DE  QUELQUES  TRILOBITBS  DE  CHINE  311 

tient  encore  au  Cambrien  moyen.  Il  semble  donc  que  le  groupe  des 
Regii  soit  cantonné  dans  le  Cambrien  moyen. 

Les  Olenoïdes  et  en  particulier  01.  Marconi  Whitfeld,  qui  est 
l'espèce  la  plus  voisine  d'Ol.  Leblanci,  sont  plus  abondants  dans  le 
Cambrien  moyen. 

A  côté  de  ces  espèces  dont  les  genres  sont  connus  et  dont  la 
position  dans  la  série  s trati graphique  est  bien  précise,  il  y  a  le  genre 
nouveau  Drepanura,  qui  ne  peut  fournir  aucun  renseignement 
relatif  à  l'âge  et  les  deux  espèces  nouvelles:  Calymmene  ?  sinensis  et 
Dicellocephalus  ?sinen$is,  dont  les  déterminations  génériques  sont  des 
plus  douteuses.  Dans  ces  conditions,  il  n'y  a  à  tenir  compte  que  dos 
renseignements  d'âge  fournis  par  les  deux  premiers  genres.  Ils 
concordent  assez  bien  d'ailleurs  pour  que  Ton  puisse  affirmer  que 
la  plaqué  rapportée  de  Pékin  par  M.  l'Amiral  Regnault  de  Prémesnil 
provient  du  Cambrien  moyen. 

C'est  à  ce  même  étage  que  Walcott  (1)  rapporte  le  Cambrien  de 
la  province  du  Liau-tung  (N.-E.  de  la  Chine,  près  de  la  frontière  de 
Corée),  dont  Dames  a  décrit  la  faune.  Cependant  la  comparaison  de 
cette  dernière  avec  celle  que  je  viens  d'étudier  montre  qu'il  n'y  a 
aucun  point  commun  entre  elles. 

Dames,  sur  les  quatorze  formes  de  Trilobites  qu'il  a  examinées  et 
qui  d'ailleurs  sont  toutes  nouvelles,  a  reconnu  quatre  Conocephalus, 
six  Anomocare,  trois  Liostracus,  dont  un  indéterminable,  et  un 
Agnostus  ;  enfin  il  y  a  un  genre  nouveau,  le  genre  Dorypyge  (Dames), 
qui  ne  comprend  qu'une  espèce. 

Le  seul  de  ces  genres,  dont  j'ai  trouvé  un  représentant,  est  le 
genre  Agnostus.  Mais  l'espèce  du  Liau-tung  n'appartient  pas  au 
groupe  des  Regii  mais  à  celui  des  Longifrontes. 

Le  genre  Dorypyge  a  été  considéré  par  Walcott  comme  synonyme 
du  genre  Olenoides.  S'il  en  était  ainsi  il  y  aurait  entre  les  deux 
faunes  de  Chine  un  genre  commun,  genre  caractéristique  du  Cam- 
brien moyen  ;  mais  cette  synonymie  n'existe  pas  et  il  faut  conserver 
le  genre  de  Dames.  La  glabelle  des  Olenoïdes  se  dilate  un  peu  dans 
sa  partie  antérieure  ou  bien  reste  de  même  largeur  sur  toute  sa 
hauteur  ;  celle  des  Dorypyge  est  légèrement  conique,  arrondie  en 
avant.  Dans  le  pygidium  du  premier  genre,  l'axe  est  conique;  dans 
celui  de  Dorypyge  l'axe  se  termine  par  un  article  arrondi,  de  dia- 
mètre au  moins  égal  à  la  largeur  de  l'avant-dernier  anneau.  Les 
denticulations  qui  entourent  le  limbe  ne  présentent  pas  la  même 

(1)  Bull,  of  the  Un.  St.  Geol.  Survey,  N°  81.  Corrélations  papen-Cambrlan,  p.  377. 


512  J.    BRRGERON  20  NOV. 

disposition,  mais  ce  pourrait  être  là  une  différence  spécifique.  Ce 
qui  me  parait  être  un  caractère  tout  à  fait  distinctif  entre  les  deux 
genres,  c'est  la  présence  de  fines  granulations  à  la  surface  du  test 
de  Dorypyge,  tandis  que  les  Olen&ides  n'en  portent  pas  (1).  Tous  ces 
caractères  me  font  séparer  l'un  de  l'autre  ces  deux  genres. 

Ma  conclusion  est  donc  que  les  deux  faunes  sont  distinctes. 

Pour  Dames  (2),  dans  le  Liau-tung,  les  calcaires  de  Saï  ma-ki  et 
de  Ta-Iing  qui  renferment  la  faune  à  Conocephalus,  Anomocare.  Lios- 
tracus  et  Agnostus,  doivent  être  rangés  dans  le  Cambrien  supérieur, 
au  niveau  des  assises  d'Andrarum  de  Scandinavie,  à  la  base  du 
Potsdamien  d'Amérique,  puisque  ces  dépôts  sont  synchroniques. 
Quant  aux  couches  à  Dorypyge,  le  même  auteur  en  fait  du  Silurien 
inférieur  ou  Ordovicien  inférieur,  l'équivalent  des  couches  à  Cera- 
topyge  de  Scandinavie.  11  s'appuie  sur  ce  fait  que  deux  espèces  de 
Dicelbcephalus  (Die.  quadriceps  Hall,  et  Die?  golhicus),  très  voisines 
de  Dorypyge  Richthofeni  et  qu'il  rapporte  au  genre  Dorypyge,  se  ren- 
contrent dans  le  groupe  de  Québec. 

Mais  Walcott  (3),  qui  admet,  ainsi  que  je  l'ai  déjà  dit,  que  Dorypyge 
et  Olenoides  sont  synonymes,  et  qui  de  plus  considère  Dicelbcephalus 
quadriceps  Hall,  et  Die.  ?  gothicus  comme  des  Olenoïdes,  range  la 
faune  cambrienne  du  Liau-tung  dans  l'étage  moyen  ou  Acadien. 

Actuellement,  la  position  du  genre  Dorypyge,  en  l'admettant 
comme  genre  distinct,  n'est  pas  encore  assez  bien  établie  pour  que 
sa  présence  puisse  être  considérée  comme  caractéristique  d'un 
niveau  quelconque.  Il  aurait  été  rencontré  en  Amérique,  dans  le 
Cambrien  moyen,  et  même  dans  le  Cambrien  inférieur  (4).  D'autre 
part,  G.  F.  Mathew  désigne  sous  le  nom  de  Dorypyge  Dawsoni  Walc. 
une  espèce  du  Cambrien  supérieur  de  Mount  Stephen  (5).  Le  genre 
Dorypyge  ne  peut  donc  entrer  en  ligne  de  compte.  Agnostus  chinensis 
Dames,  trouvé  à  un  niveau  inférieur  à  celui  des  Dorypyge,  appar- 
tient au  groupe  des  Longifrontes,  dont  le  maximum  de  développe- 
ment correspond  à  la  base  du  Cambrien  supérieur.  Quant  aux 

(1)  Frech  (in  Leth.  Geogn.,  1"  partie,  Leth.  Palmo.,  t.  2,  p.  58,  note  infrapagi- 
nale)  attire  l'attenUon  sur  cette  différence  que  présente  le  test  des  deux  genres. 

(2)  China.  T.  IV,  p.  32. 

(3)  Bull,  ofthe  Un.  St.  Géol.  Survey,  n*  8 (.Corrélations  papers-Cambrian,  p. 377. 

(4)  Le  Dorypyge  rencontré  dans  le  Cambrien  inférieur  serait  Dnr.  quadriceps 
Hall.  8p.,  dont  il  est  question  plus  haut  sous  le  nom  d' Olenoïaes  quadriceps  Hall, 
sp.  que  lui  donne  Walcott;  mais  l'espèce  de  Hall  n'est  pas  un  Dorypyge. 

(5)  Studies  on  Cambrian  Faunas,  N*  3.  Upper  Cambrian  Fauna  of  Mount  Stephen 
(Brit.  Columbia).  Iran*,  ofthe  Royal  Society  of  Canada,  2«,tt  série,  t.  V.—  D'après 
la  forme  de  la  glabelle  (PI.  III,  flg.  1)  il  ne  me  semble  pas  que  ce  soit  un  Dorypyge. 


1899  ÉTUDE  DE  QUELQUES  T  KILO  BIT  ES   DE  CHINE  513 

autres  genres,  ils  ne  sont  pas  caractéristiques  du  Cambrien  moyen, 
quoiqu'ils  y  soient  bien  développés.  Il  est  donc  difficile  de  préciser 
Tàge  des  couches  cainbriennes  du  Liau-tung. 

Si  les  remarques  de  Walcott  (1)  ne  peuvent  s'appliquer  à  la  faune 
cambrienne  du  Liau-tung,  par  contre,  elles  conviennent  très  bien  à 
celle  qui  couvre  la  plaque  de  M.  l'Amiral  Regnault  de  Prémesnil. 
Le  Cambrien  moyen  ou  Acadieu  serait  caractérisé  en  Chine  comme 
dans  la  région  occidentale  de  l'Amérique  du  Nord,  par  la  présence 
du  genre  Olenoides  ;  on  y  remarque  également  l'absence  du  genre 
Paradoxides  qui,  dans  l'Amérique  orientale  comme  dans  l'Europe, 
sert  à  le  caractériser. 

Cette  région  occidentale  de  l'Amérique  correspond  à  la  province 
cambrienne  désignée  par  Walcott  sous  le  nom  de  «  Province  des 
Montagnes  Rocheuses  »  (2)  et  comprend  l'Utah,  le  Nevada,  la  Colom- 
bie anglaise,  c'est-à-dire  la  partie  de  l'Amérique  qui  est  la  plus 
rapprochée  du  Liau-tung,  de  la  Corée  où  Gottsche  (3)  a  retrouvé  la 
faune  décrite  par  Dames,  enfin  des  montagnes  au  N.  de  Pékin 
d'où  provient  la  plaque  que  j'ai  étudiée.  Il  y  avait  donc  déjà  à 
l'époque  du  Cambrien  moyen  une  mer  recouvrant  le  N.-E.  de 
l'Asie  et  le  N.-O.  de  l'Amérique  et  dont  la  faune  présentait  des 
caractères  distinctifs  de  celle  qui  recouvrait  l'Amérique  orientale 
et  l'Europe.  Les  éléments  nous  manquent  pour  dire  si  cette  mer 
existait  déjà  en  Asie  à  l'époque  du  Cambrien  inférieur  et  si  elle  a 
persisté  durant  le  Cambrien  supérieur  ;  mais,  comme  le  fait  remar- 
quer Walcott,  les  coupes  relevées  par  von  Richthofen  prouvent  qu'il 
y  a  au-dessous,  comme  au-dessus  du  Cambrien  moyen,  une  assez 
grande  épaisseur  de  sédiments  pour  que  les  deux  étages  extrêmes 
du  Cambrien  puissent  y  être  représentés. 

Quelle  que  soit  la  différence  qui  existe,  au  point  de  vue  de  Tàge, 
entre  les  calcaires  cambriens  du  Liau-tung  ou  de  la  Corée  et  celui 
d'où  provient  la  plaque  que  j'ai  étudiée,  ils  ont  comme  caractère 
commun  d'être  très  riches  en  Trilobites.  Certainement  le  calcaire 
des  montagnes  au  N.  de  Pékin  est  le  plus  remarquable  à  ce  point 
de  vue,  d'après  l'échantillon  rapporté  par  M.  l'Amiral  Regnault 
de  Prémesnil.  Daines  signale  le  même  fait  dans  le  Liau-tung. 
A  Ta-ling,  par  exemple,  ce  sont  des  calcaires  gris  vert,  souvent 
tachetés  de  noir,  à  Anomocare  et  à  Liostracus,  des  calcaires  gris 

(1)  Ibidem 

(2)  Walcott.  Op.  cit.,  p.  313. 

(3)  Geol.  Skizze  von  Korea.  SUz.  Ber.  der  K.  Preus8.  Akad.,  1886,  t.  XXXVI, 
p.  865. 

2  Mars  1900.  —  T.  XXVII.  Bull.  Soc.  Géol.  Fr.  -  33 


514  J.   BERGERON  20  NOV. 

clair  à  Conocephalus  et  à  Anomocare,  des  calcaires  oolithiques  allant 
du  gris  clair  au  noir,  à  Conocephalus,  Anomocare  et  Liostracus  ;  à  Wu- 
lo-pu,  c'est  un  calcaire  brun  gris  à  Dorypyge  et  Anomocare,  ainsi 
qu'un  calcaire  gris  clair  à  Dorypyge  et  Liostracus. 

II 

La  seconde  plaque  que  m'a  communiquée  M.  Douvillé  est  formée 
d'un  grès  siliceux  de  couleur  foncée,  à  cassure  irrégulière.  Elle  a 
été  rapportée  de  Chine  par  M.  Chauveau,  Ingénieur  civil  des  Mines, 
qui  l'a  recueillie  dans  la  chaîne  de  montagnes  qui  passe  au  Nord  de 
Toung-yen-Fou.  Elle  provient  d'une  série  d'assises,  relevées  jusqu'à 
la  verticale,  de  schistes  ardoisiers  alternant  avec  des  quartzites.  Sur 
ces  assises  reposent,  en  couches  horizontales,  des  grès  rouges  assez 
compacts  pour  pouvoir  être  utilisés  comme  pierre  à  bâtir;  ces 
grès  sont  surmontés  en  concordance  de  stratification  par  des  cal- 
caires. On  ne  connaît  aucun  fossile  dans  cette  série  horizontale.  Par 
suite,  on  ne  possède  aucune  donnée  sur  l'âge  des  quartzites. 

Cette  plaque,  dont  les  dimensions  sont  de  six  centimètres  en 
longueur  et  de  quatre  en  largeur,  présente  une  dizaine  de  débris  de 
Trilobites  ;  ce  sont  des  céphalothorax  et  des  pygidiums  isolés,  des 
abdomens  et  des  pygidiums  associés  ensemble.  Il  n'y  a  pas  de 
doute  que  tous  ces  exemplaires  n'appartiennent  à  une  seule  espèce. 

Genre  Arthricocephalus  n.  gen. 
Arthricocephalus  Chauveaui  n.  sp. 

La  caractéristique  de  cette  forme  est  la  structure  annelée  (apôpixoç) 
de  tout  son  corps  et  en  particulier  de  la  glabelle.  Celle-ci  semble 
formée  d'anneaux  superposés  et  à  ce  point  de  vue  seulement  elle 
rappelle  la  disposition  caractéristique  du  genre  Olenellus. 

Céphalothorax.  —  Il  est  de  forme  parabolique  et  il  devait  porter 
des  joues  mobiles  de  petites  dimensions  qui  ont  disparu  de  tous  les 
exemplaires  trouvés  sur  la  plaque. 

La  glabelle  porte  trois  lobes  séparés  les  uns  des  autres  par  des 
sillons  profonds  sensiblement' égaux;  ils  sont  légèrement  arrondis 
sur  les  côtés;  l'anneau  occipital  est  un  peu  moins  haut  que  les  lobes; 
le  lobe  antérieur  a  une  hauteur  double  de  celle  des  autres  lobes,  sa 
largeur  est  plus  grande,  il  est  arrondi  en  avant,  avec  un  sillon  à 
peine  marqué  qui  montre  qu'il  correspond  à  la  réunion  de  deux 
lobes. 


1899 


ÉTUDE  DE  QUELQUES  TRIL0B1TES  DE  CHINE 


515 


Lz=- 


\ 


\ 


\ 


La  partie  antérieure  du  céphalothorax  est  bordée  par  un  bour- 
relet ou  filet  marginal,  très  mince,  qui  disparait  latéralement. 

Les  joues  fixes  sont  hautes  et  larges.  Elles  sont  limitées  antérieu- 
rement par  une  sorte  de  bourrelet  assez  épais  qui  se  perd  le  long 
du  lobe  antérieur  de  la  glabelle  et  le  long  du  bord  latéral  du 
céphalothorax. 

Abdojnen.  —  Le  plus  grand  nombre  d'anneaux  qui  aient  été  trou- 
vés réunis  entre  eux  est  de  huit  ;  il  est  bien  probable  que  l'abdomen 
était  formé  de  ce  même  nombre  d'anneaux. 

Les  plèvres  arrondies  à  leur  extrémité  extérieure  portent  des 
sillons  fins.  L'axe  est  formé  d'anneaux 
bien  distincts  les  uns  des  autres,  sans 
ornement,  et  dont  la  largeur  est  la  moi- 
tié de  celle  des  plèvres. 

Pygidium.  —  L'axe  est  constitué  par 
six  anneaux  dont  la  largeur  décroit  rapi- 
dement, ce  qui  lui  donne  une  forme  coni- 
que ;  ces  anneaux  ne  portent  aucun  orne 
ment. 

11  y  a  de  chaque  côté  six  côtes  bien  en 
relief  portant  des  sillons  très  accusés 
vers  le  bord  externe,  mais  qui  s'atténuent 
en  se  rapprochant  de  Taxe  et  qui  finis- 
sent par  disparaître.  Ces  côtes  sont  bien 
plus  larges  que  les  sillons  qui  les  sépa- 
rent les  unes  des  autres. 

Le  pygidium  est  bordé  par  un  limbe 
qui  forme  un  véritable  bourrelet  limitant 
les  côtes. 

IHine-nsions.  —  Tous  les  exemplaires  de  cette  espèce  sont  très 
petits  et  ont  sensiblement  les  mêmes  dimensions.  Largeur  du 
céphalothorax,  4mm5  ;  hauteur  du  céphalothorax,  2mm5  ;  hauteur 
des  huit  anneaux  de  l'abdomen  et  du  pygidium,  4mmo  ;  largeur  du 
pygidium,  4mm  ;  hauteur  du  pygidium,  2mm5. 

Rapports  et  différences.  —  Par  les  caractères  de  son  pygidium  et 
de  son  abdomen,  cette  forme  se  rapprocherait  un  peu  de  la 
famille  des  Proëtidœ;  mais  les  caractères  du  céphalothorax  l'en  éloi- 
gnent d'une  façon  certaine.  Le  céphalothorax  de  cette  nouvelle 
espèce  ditléraut  de  tous  ceux  connus,  je  n'hésite  pas  à  en  faire  le 
type  d'un  nouveau  genre  et  je  dédie  à  M.  Chauveau  la  seule  espèce 
qui  en  soit  eucore  connue. 


Fip.  9.  —  Arthricocephalus 
Chauveaui  n.  g.,  n.  sp. 


516     J.  BKRGERON.  —  ÉTUDE  DE  QUELQUES  TR1LOBITES  DE  CHINE      20  NOV. 

Bien  que  ce  que  nous  savons  du  gisement  de  cette  espèce  ne 
nous  permette  pas  d'en  déterminer  l'âge,  cependant,  si  la  distinc- 
tion très  accusée  entre  les  lobes  de  la  glabelle  est  un  caractère 
embryonnaire  aussi  bien  que  d'ancienneté,  ainsi  qu'il  semble 
résulter  des  études  sur  le  développement  des  Trilobites,  entreprises 
par  MM.  Beecher  et  Bernard,  le  genre  Arthricocephalus  doit  être 
ancien,  très  probablement  cambrien. 


EXPLICATION  DE  LA  PLANCHE  XI11 

Fig.  1.  —  Céphalothorax  d<>  Calymmene  ?  sinensis  n.  sp. 

Fig.  2.  —  Joue  mobile  appartenant  peut-être  à  l'espèce  précédente. 

Fig.  3.  —  Céphalothorax  d'Âgnostua  Douvillei  n.  sp. 

Fig,  4.  —  Hypostome  Indéterminé. 

Fig.  5.  —  Pygidium  d'Olenaides  Leblanci  n.  sp. 

Fig.  6.  —  Pygidium  d'un  individu  jeune  â'Olenoïdes  Leblanci  n.  sp. 

Fig.  7.  —  Pygidium  de  Dicellocephalu*  ?  sinensis  n.  sp. 

Fig.  8.  —  Pygidium  de  Drepanura  Premesnili  n.  gen.,  n.  sp. 


1899  517 


ABSENCE  DU  BARRÉMIEN 
SUR   LA   FEUILLE   DE   MONTPELLIER 

par  M.  F.  ROMAN. 


Le  Crétacé  inférieur  occupe  sur  la  feuille  de  Montpellier  et 
sur  la  partie  méridionale  de  la  feuille  du  Vigan  des  surfaces 
considérables.  Les  études  faites  pour  le  Service  de  la  Carte  géolo- 
gique (feuille  de  Montpellier),  m'avaient  conduit  à  reconnaître, 
contrairement  à  l'opinion  admise,  l'absence  du  Barrémien  dans 
cette  région  ;  les  termes  les  plus  élevés  de  la  série  crétacée  étant 
pour  moi  représentés  par  l'Hauterivien. 

Une  note  de  M.  de  Rouville  (1),  parue  tout  récemment,  vient 
d'attirer  de  nouveau  l'attention  sur  cette  question.  Suivant  cet 
auteur,  une  partie  des  assises  que  j'avais  classées  dans  le  Valangi- 
nien  supérieur  et  dans  l'Hauterivien  sur  la  feuille  de  Montpellier 
(notations  cVb  et  cIV)  doivent  se  rapporter  au  Barrémien  (Cruasien 
et  Barutelien,  de  M.  Torcapel). 

J'ai  admis  et  indiqué  à  diverses  reprises  la  succession  suivante 
de  couches  dans  la  région  comprise  entre  Montpellier,  Luael  et  le 
pied  du  Pic  Saint-Loup  (2). 

1.  Calcaires  marneux  grisâtres  en  bancs  peu  épais,  parfois 
feuilletés  et  renfermant  des  exemplaires  souvent  écrasés  de  Hoplites 
Bomieri  Pict.,  Hoplites  occitanicus  Pict.,  Haploceras  Grasi  d'Orb.  Ils 
sont  bien  développés  autour  du  village  de  Prades. 

2.  Calcaires  marneux  en  bancs  minces  alternant  avec  des 
marnes.  Les  bancs  calcaires  deviennent  beaucoup  plus  épais  à  la 
partie  supérieure,  pendant  que  les  marnes  diminuent  et  finissent 
par  disparaître.  Ces  calcaires,  jaunâtres  à  leur  surface,  bleus  en 
profondeur,  méritent  bien  le  nom  de  calcaires  bicolores  qui  leur  a 
été  attribué. 

Je  n'ai  pas  rencontré  de  fossiles  dans  cet  ensemble. 

3.  Calcaires  blancs  jaunâtre  durs,  à  cassure  miroitante,  bien 

(1)  P.-G.  de  Rouville.  L'Infracrétacé  sur  la  feuille  de  Montpellier  (Âc.  Se.  Let. 
Jfonfp.,  SpcL  .Se,  »  Série,  t.  II,  1H99). 

(2)  F.  Roman.  Recherches  stratigr.  et  pal.  dans  le  Bas-Languedoc,  etc.,  et  légende 
de  la  carte  au  1/80.000. 


518  F.  ROMAN  20  Nov. 

typiques  au  sud  du  village  de  Teyrao,  et  parfois  exploités  comme 
matériaux  d'empierrement. 

Ces  calcaires  laissent  apercevoir  dans  leur  pâte  une  infinité  de 
débris  organiques  triturés,  parmi  lesquels  dominent  des  fragments 
spathiques  de  Crinoïdes.  Au  premier  aspect  ces  couches  rappellent, 
par  leur  faciès  pétrographique,  certains  calcaires  subcoralligènes 
de  TUrgonien  du  Dauphiné. 

On  observe,  rarement  il  est  vrai,  dans  ces  couches,  des  Janira  du 
groupe  atava,  ainsi  que  des  sections  de  Nérinées  indéterminables. 

Les  calcaires  miroitants  semblent  occuper  dans  la  région  que  j'ai 
indiquée  plus  haut  et  seulement  dans  cette  région,  le  sommet  du 
Crétacé  inférieur. 

S'il  est  facile  d'affirmer,  paléontologiquement,  que  les  couches 
n°  1  appartiennent  au  Berriasien,  au  moins  pour  leur  base,  il  est 
impossible  d'établir  de  la  même  façon  le  niveau  précis  des  assises 
2  et  3. 

Mais  si  au  lieu  d'observer  le  Crétacé  inférieur  entre  Montpellier 
et  Lunel,  on  se  porte  au  nord  de  cette  dernière  ville,  on  peut  voir 
une  série  plus  complète  des  assises  infracrétacées  les  plus  élevées 
de  la  région. 

La  coupe  suivante,  que  j'ai  déjà  publiée,  mais  sans  l'accompagner 
d'un  croquis,  a  été  revue.  Les  résultats  ont  été  contrôlés  par  M.  Sayn, 
qui  a  bien  voulu  m'accompagner  dans  uue  récente  excursion  dans 
la  région. 

Les  assises  les  plus  anciennes  se  rencontrent  sur  les  bords  du 
Vidourle,  près  du  Pont  Romain  ruiné. 

Ce  sont  des  calcaires  grisâtres  feuilletés  et  un  peu  marneux 
sans  fossiles  (n°  1  de  la  coupe). 

o. 

E  Grès  àLophiodan 

Mleteïïe 
Rdourle.Jl. 


Fig.  1.  —  Coupe  prise  à  la  limite  nord  de  la  feuille  de  Montpellier, 

entre  Villetelle  et  Saturargues. 
Echelle  des  longueurs  environ  1/80.000'. 

2.  Puis  viennent  des  calcaires  de  même  teinte  en  bancs  plus  épais, 
un  peu  errodés  par  le  Vidourle  et  recouverts  d'alluvions  entre  le 
Pont  Romain  et  le  village  de  Villetelle.  Ces  assises  forment  en  ce 


1899        ABSENCE  DU  BARRÉMIEN  SUR  LA  FEUILLE  DE  MONTPELLIER         519 

point  un  petit  monticule  dominant  la  rivière,  elles  se  prolongent 
vers  le  nord  dans  la  direction  de  Ville  telle  et  s  observent  au  contact 
des  alluvions  du  Vidourle,  derrière  ce  village. 

Ces  calcaires  alternent  avec  des  bancs  un  peu  plus  marneux  et 
sont  souvent  tachés  de  rose.  Cette  assise  n'est  pas  plus  fossilifère 
que  la  précédente. 

3 .  Les  bancs  deviennent  un  peu  plus  épais  à  la  partie  supérieure» 
tout  en  conservant  à  peu  près  la  même  teinte.  Cet  ensemble 
s'observe  partout  avec  la  même  succession  entre  Lunel  et  Villetelle. 

4.  Au-dessus  un  relief  très  accusé,  mais  ne  formant  pas  toute- 
fois d'abrupt  vertical,  est  constitué  par  une  série  de  bancs  de 
calcaire  blanc  jaunâtre,  massif,  à  cassure  miroitante  en  certains 
points,  d'autres  fois  saccharoïde,  en  somme,  d'aspect  lithologique 
absolument  identique  aux  calcaires  miroitants  de  Teyran  précé- 
demment signalés,  dont  ils  paraissent  être  le  prolongement  latéral. 

La  colline  formée  par  ces  calcaires  descend  en  pente  douce  dans 
la  direction  de  l'ouest,  en  suivant  à  peu  près  le  plongement  des 
couches.  Ces  dernières  se  terminent  dans  la  dépression  placée  en 
avant  du  village  de  Saturargues. 

5.  En  ce  point,  immédiatement  au-dessous  du  village,  les  cal- 
caires n°  4  passent  sous  des  bancs  de  calcaire  marneux  d'un  gris 
terne,  formant  un  nouveau  relief  de  même  importance  que  le 
premier  et  dominant  Saturargues. 

Ces  couches  se  débitent  en  gros  blocs  arrondis,  renfermant  une 
faune  abondante,  où  dominent  principalement  des  Holeostephanus 
du  groupe  Astieri. 

Ces  Céphalopodes,  ordinairement  de  grande  taille,  ont  été 
attribués  aux  espèces  suivantes,  par  MM.  Kilian  et  Sayn,  à  qui  j'ai 
communiqué  mes  échantillons  : 

Holeostephanus  pennflatus  Math. 
»  Sayni  Kilian. 

»  A  thersthoni  Sharpe  (=  multiplieatus  Neum.). 

C'est  cette  dernière  espèce  qui  est  de  beaucoup  la  plus  fréquente. 

Il  existe  en  outre  quelques  Hoplites  du  gr.  Arnoldi,  mais  trop 
incomplets  pour  qu'il  soit  possible  de  donner  de  détermination 
plus  précise,  et  quelques  formes  du  groupe  de  H.  longinodus  Uhl. 

Les  Ostréidés  sont  abondants,  et  se  rapportent  aux  deux  espèces: 

Exogyra  Couloni  Defr.  sp.      Alectryonia  macroptera  Sow. 

On  y  rencontre  aussi  : 
Toxaster  retusus  Lam.  (=  complanatus). 


520       ABSENCE  DU  BAR  RÉ  MIEN  SUR  LA  FEUILLE  DE  MONTPELLIER       20  NOV. 

6.  Ces  dernières  assises  sont  recouvertes  en  transgression  par 
les  cailloutis  du  Bartonien  (prolongement  des  grès  à  Lophiodon). 

Cette  coupe  vient,  comme  on  le  voit,  compléter  la  série  crétacée 
de  la  feuille  de  Montpellier,  et  indiquer  l'âge  des  calcaires  miroi- 
tants, impossible  à  fixer  auprès  de  Teyran  et  de  Castries. 

L'ensemble  de  la  faune  des  couches  n°5,  par  la  prédominance  des 
Holcostephanus  du  gr.  Astieri  et  Hoplites  du  gr.  longinodus,  appar- 
tient à  la  base  de  l'Hauterivien  et  non  au  Barrémien  supérieur  {Bsltix- 
télien),  ainsi  que  l'indique  M.  de  Rouville  dans  la  carte  annexée  à 
son  travail. 

Les  bancs  miroitants  inférieurs  (assises  n*  4)  peuvent  donc  tout 
au  plus  représenter  du  Valanginien  supérieur.  Leur  faciès  pétro- 
graphique  rappelle,  il  est  vrai,  les  calcaires  cruasiens  si  nettement 
visibles  dans  la  coupe  de  Brouzet  à  Euzet  de  M.  Torcapel,  et 
reproduite  par  M.  de  Rouville.  Mais  en  ces  derniers  points  les 
«  calcaires  blancs  lumachelle  »  sont  compris  entre  des  assises  appar- 
tenant nettement  à  l'Hauterivien,  et  surmontées  par  des  marnes 
jaunes  (Barutélien)  renfermant  une  faune  du  Barrémien  inférieur. 
C'est  dans  ces  dernières  couches  qu'ont  été  trouvés,  par  M.  Pellat(l): 

Holcodiscus  Caillaudi  d'Orb.  Desmoceras  difficile  d'Orb. 

»  Perezi  d'Orb. 

J'ai  cherché  à  prouver  dans  les  lignes  qui  précèdent  que  les  cou- 
ches de  Saturargues  sont  le  terme  le  plus  élevé  du  Crétacé  de  la 
feuille  de  Montpellier,  et  en  cela  je  suis  complètement  d'accord 
avec  M.  de  Rouville,  mais  que  la  faune  de  ces  assises  ne  peut  en 
aucun  cas  être  rapportée  au  Barrémien. 

Les  faciès  très  côtiers  du  Crétacé  inférieur  et  tout  particulière- 
ment du  Valanginien  supérieur  et  de  l'Hauterivien,  semblent 
indiquer  une  mer  en  voie  de  régression  avant  l'époque  barré- 
mienne.  Il  en  serait  de  môme  des  dépôts  barrémiens,  des  environs 
de  Nîmes,  si  pauvres  en  fossiles,  qui  semblent  aussi  s'être  formés 
dans  les  mêmes  conditions. 


(1)  E.  Pellat.  Sur  la  géologie  du  sud  du  bassin  du  Rhône.  B.  S.  G.  F.,  3'  série, 
t.  XXIII,  1895,  p.  431. 


521 


Séance  do   £    Décembre   1899 
PRÉSIDENCE  DE  M.  E.   DE  MARGEME,  PRÉSIDENT 

M.  J.  Blayac,  Secrétaire,  donne  lecture  du  procès- verbal  de  la 
dernière  séance,  dont  la  rédaction  est  adoptée. 

A  la  suite  des  présentations  faites  dans  la  dernière  séance,  le 
Président  proclame  membres  de  la  Société  : 

MM.  Durand,  Conducteur  des  Ponts-et-Chaussées,  présenté  par 
MM.  Réjaudry  et  Arnaud  ; 

Mémin,  Pharmacien  à  Paris,  présenté  par  MM.  Boistel  et 
Gentil  ; 

Du  Passage,  Étudiant  à  l'Université  de  Fribourg,  pré- 
senté par  MM.  Lugeon  et  Brunhes  ; 

Paul  Lemoine,  Licencié  ès-sciences,  présenté  par  MM. 
Munier-Chalmas  et  Haug. 

Il  annonce  une  présentation. 

M.  Blayac  signale  dans  le  Compte-rendu  de  l'Académie  des  Sciences 
(6  novembre),  les  notes  suivantes  :  1°  Sur  l'état  actuel  des  volcans 
de  l'Europe  méridionale ,  par  M.  Matteuci  ;  2°  Sur  les  périodes  gla- 
ciaires dans  les  Karpaîhes  méridionales,  par  M.  E.  de  Martonne. 

M.  L.  Gentil  signale,  parmi  les  dons  venus  de  l'Etranger  :  1°  deux 
mémoires  du  Service  géologique  de  la  Prusse  :  l'un  du  Dr  G.  Mûller  : 
Die  Molluskenfauna  des  Untersenon  von  Braunschweig  und  llsede, 
I,  Lamellibranchen  und  Glossophoren,  142  p.,  1  atlas  avec  18  pi.; 
l'autre  de  M.  H.  Burkenne  :  Beitrag  zur  Kenntniss  der  Fauna  der 
Tentaculitenschiefer  im  Lahngebiet,  56  p.,  9  pi.  —  2°  Un  lot  de  bro- 
chures envoyées  par  M.  Otto  Jaekel,  de  Berlin,  parmi  lesquelles  une 
note  intitulée  :  Ueber  Hybodus  Agassiz.  —  3°  Un  fascicule  des  «  Peter- 
manns  Mitteilungen  »  renfermant  un  mémoire  de  M.  H.  Bûcking  : 
Beitràge  zur  Geobgie  von  Celebes,  avec  3  cartes,  1  coupe.  —  4°  Un 
volume  des  mémoires  couronnés  par  l'Académie  royale  de  Belgique 
de  M.  Jean  de  Windt  :  Sur  ks  relations  lithologiques  entre  les  roches 
considérées  comme  cambriennes  des  massifs  de  Rocroif  du  Brabant  et 
de  Stavelot,  96  p.,  3  pi.  —  Enfin  plusieurs  volumes  des  mémoires  de 
l'Académie  de  Vienne  dont  l'un  relatif  à  V Expédition  S.  M.  Schiff 
«  Pola  »  in  das  Rothe  Meer,  628  p.,  nombreuses  pi.  et  cartes. 


522  SÉANCE  DU  4  DÉCEMBRE  1899 

M.  J.  Bergeron  offre  à  la  Société,  de  la  part  de  M.  Paul  Jan- 
nettaz,  un  exemplaire  de  la  troisième  édition  de  l'ouvrage  de  M. 
Ed.  Jannettaz,  ayant  pour  titre  :  Les  roches  et  leurs  éléments  minera- 
logiques.  Notre  regretté  confrère  venait  d'en  terminer  le  manuscrit, 
lorsque  la  mort  Ta  frappé  si  soudainement.  Sa  famille  ne  pouvait 
mieux  faire,  pour  honorer  sa  mémoire,  que  de  publier  cet  ouvrage 
auquel  il  avait  donné  tant  de  soins.  Si,  en  effet,  on  compare  la  pre- 
mière et  la  troisième  édition,  on  voit  que  la  première,  de  format 
in-12,  comprenait  274  pages  ;  la  dernière,  de  format  in-8,  en  ren- 
ferme près  de  700,  avec  322  figures,  21  planches  en  chromolithogra- 
phie, 2  cartes  géologiques  dont  Tune  de  la  France,  l'autre  de  l'Eu- 
rope. L'ouvrage  se  divise  en  trois  parties  :  la  première  est  consa- 
crée à  l'étude  des  caractères  physiques,  cristallographiques  et  chi- 
miques des  minéraux;  la  seconde  comprend  la  description  des 
espèces  minérales  ;  enfin,  dans  la  troisième  partie,  l'auteur,  après 
avoir  décrit  les  structures  des  roches,  en  donne  une  description 
accompagnée  de  nombreuses  figures  tirées  de  l'ouvrage  de  MM.  Fou- 
que  et  Michel-Lévy.  C'est  une  sorte  de  manuel  très  complet  sur  la 
matière.  M.  Paul  Jannettaz  a  tenu  à  ce  que  la  Société  géologique, 
pour  qui  son  père  avait  tant  d'attachement,  fût  la  première  à  rece- 
voir cet  ouvrage. 

M.  Edm.  Pellat  offre  à  la  Société  un  exemplaire  d'une  brochure 
qu'il  a  publiée  au  mois  d'août  dernier,  à  l'occasion  du  XXVIIIe 
Congrès  de  l'Association  française  pour  l'avancement  des  Sciences 
tenu  à  Boulogue-sur-Mer,  au  mois  de  septembre.  Cette  brochure, 
intitulée  :  «  Quelques  mots  sur  le  terrain  jurassique  supérieur  du 
Boulonnais  »,  modifie,  sur  plusieurs  points,  en  ce  qui  concerne  ce 
terrain  1'  «  Aperçu  général  sur  la  Géologie  du  Boulonnais  »,  publié 
par  M.  Gosselet,  à  l'occasion  du  môme  Congrès. 

Dans  sa  brochure,  M.  Edm.  Pellat  cite  les  observations  récentes 
de  M.  Munier-Chalmas  sur  les  faciès  d'estuaire  du  Portlandien  du 
Boulonnais,  observations  que  nous  ne  connaissons  encore  que  par 
les  Comptes-rendus  de  l'Académie  des  Sciences.  M.  Edm.  Pellat 
rappelle  à  cette  occasion,  que,  dès  1878,  contrairement  à  l'opinion 
des  géologues  qui  ont  parlé  du  Boulonnais,  il  a  considéré  les  cou- 
ches remplies  de  Cyrènes  de  Wimille,  d'Ecaux  et  d'autres  localités 
du  Boulonnais  comme  l'équivalent  saumàtre  des  couches  franche- 
ment marines  à  Trigonia  Edmunsdi  du  Portlandien  supérieur  des 
falaises  deWimereux.  Dans  cette  notice,  M.  Edm.  Pellat  s'est  appli- 
qué à  caractériser  mieux  qu'il  ne  l'avait  fait,  les  diverses  assises 


SÉANCE  DU  4  DÉCEMBRE  1899  523 

du  Jurassique  supérieur,  par  les  Ammonites,  que  l'on  considère 
aujourd'hui,  comme  les  fossiles  les  plus  caractéristiques,  dans  les 
terrains  secondaires. 

M.  Labat  offre  à  la  Société  une  brochure  qu'il  vient  de  publier, 
intitulée  :  Vilks  d'hiver  et  bains  de  mer  de  la  Corniche  franco-italienne. 

M.  H.  Douvillé  fait  une  communication  Sur  la  découverte  de 
nouvelles  couches  à  Villers-sur-Mer.  li  signale  une  découverte  géolo- 
gique qui  a  été  faite  l'été  dernier  à  Villers-sur-Mer.  Un  coup  de 
mer  a  enlevé  environ  deux  mètres  de  sable  sur  la  plage,  au  nord  de 
la  rue  de  la  Mer  et  a  dégagé  la  base  de  la  digue  ;  il  a  mis  ainsi  à 
découvert  un  banc  de  calcaire  jaunâtre  qui  a  attiré  l'attention  de 
M.  Julien  Raspail  et  a  été  signalé  par  lui  à  deux  de  nos  confrères, 
MM.  Schlumberger  et  Adrien  Dollfus,  qui  ont  pu  y  recueillir  un 
certain  nombre  de  fossiles.  Ceux-ci  ont  été  communiqués  à  M.  Dou- 
villé qui  y  a  reconnu  les  espèces  suivantes  :  Amm.  sub-Bakeriœ, 
Pholadomya  inornata.  Ph.  carinata,  Trigonia  cf.  elongata,  Zeilleria 
umbonellaf  Rhynchonella  spathica,  Dysaster  ellipticus  ;  c'est  la  faune 
bien  connue  du  Callovien  de  la  Sarthe  et  en  particulier  de  la  zone  à 
Amm.  coronatus.  Ces  couches  sont  donc  inférieures  à  tout  l'ensemble 
des  assises  qui  affleurent  entre  Trouville  et  Dives. 

Entre  cet  affleurement  nouvellement  découvert  et  la  falaise  de 
Villers  il  existe  ainsi  une  très  forte  dénivellation  certainement 
supérieure  à  60  mètres  et  indiquant  très  probablement  l'existence 
d'une  faille.  Cet  accident  doit  suivre  la  base  des  coteaux  et  vient 
passer  un  peu  au  sud  de  la  gare  où  il  est  figuré  sur  la  carte  géolo- 
gique ;  en  ce  dernier  point  il  est  marqué  par  un  fort  plongement 
vers  le  sud  des  couches  de  TOxfordien  supérieur  (Oolithe  blanche). 

M.  Douvillé  ajoute  que,  déjà  en  1898,  M.  Adrien  Dollfus  lui  avait 
signalé  un  peu  au  nord  de  ce  point,  au-dessus  de  la  gare,  sur  la 
route  de  Tourgeville,  un  affleurement  de  couches  fossilifères  dans 
lesquelles  il  avait  recueilli  en  abondance  la  Gryphea  A limena  ainsi 
que  quelques  Gr.  dilatata  ;  cette  association  caractérise  les  marnes 
qui  constituent  la  petite  falaise  du  Mauvais  Pas  à  la  sortie  de 
Beuzeval,  sur  la  route  de  Dives,  et  qui  surmontent  immédiatement 
les  couches  à  Amm.  athleta.  Ces  couches  relativement  très  basses  se 
montrent  également  dans  le  cimetière  et  elles  sont  amenées  à  ce 
niveau  par  le  relèvement  brusque  des  couches  déjà  signalé.  Elles 
marquent  avec  le  nouvel  affleurement  découvert  sur  la  plage  l'axe 
de  la  route  comprise  entre  Villers  et  Trouville  et  que  l'on  plaçait 
habituellement  plus  au  nord,  à  Bénerville. 


524  4  Dec. 


RAPPORT  DE  LA  COMMISSION  DE  COMPTABILITÉ 

La  Commission  a  vérifié  les  comptes  présentés  par  le  Trésorier 
pour  Tannée  1898,  ainsi  que  les  prévisions  pour  1899  ;  ces  chiffres 
sont  reproduits  dans  le  tableau  A,  où  ils  sont  rapprochés  de  ceux 
de  1897. 

Le  tableau  B  résume  l'ensemble  des  opérations  effectuées  par  la 
Société  pendant  l'année  1898. 

Les  résultats  financiers  de  cet  exercice  sont  plus  favorables  que 
ceux  des  deux  années  précédentes  ;  le  déficit  ne  s'est  pas  renouvelé 
par  suite  de  la  diminution  notable  des  frais  d'impression  du 
Bulletin. 

Recettes 

Les  revenus  ordinaires  sont  en  légère  augmentation,  de  100  francs 
environ,  il  en  est  de  même  des  cotisations  arriérées  qui  ont  passé 
de  360  à  530  francs,  mais  les  cotisations  courantes  et  les  cotisations 
anticipées  ont  diminué  cette  année,  les  premières  de  270,  et  les 
secondes  de  305  francs  ;  les  droits  d'entrée  eux-mêmes  ont  éprouvé 
une  réduction  de  100  francs.  La  situation  réelle  de  la  Société  est 
donc,  au  fond,  peu  satisfaisante. 

La  vente  des  publications  de  la  Société  (Bulletin  et  Mémoires  de 
Géologie)  est  également  en  diminution  de  428  fr.  85,  et  celle  des 
ouvrages  de  Fontannes  de  445  fr.  10.  11  est  vrai  de  dire  que,  pour 
cette  dernière  recette,  le  chiffre  de  1897  était  tout  à  fait  exceptionnel. 

En  résumé  les  recettes,  si  on  laisse  de  côté  les  Mémoires  de 
Paléontologie,  ont  passé  de  22.600  fr.  18  en  1897  à  21.326  fr.  60 
en  1898,  soit  une  diminution  de  1.273  fr.  58. 

Dépenses 

Les  frais  généraux,  qui  avaient  diminué  de  1.000  francs  en  1897, 
ont  remonté  de  572  fr.  75  en  1898.  Il  faut  ajouter  que  cette  augmen- 
tation provient  de  dépenses  utiles  faites  pour  la  bibliothèque  et  qui, 
dans  l'exercice  courant,  ont  dépassé  de  905  fr.  10  celles  faites  en 
1897.  La  comparaison  de  ces  chiffres  montre  que  la  plupart  des 
autres  dépenses  comprises  dans  les  frais  généraux  sont  au  contraire 
en  diminution. 


1899 


RAPPORT  DE  LA  COMMISSION   DR  COMPTABILITE 


525 


Les  frais  de  publication  ont  brusquement  diminué  et  dans  une 
très  forte  proportion,  l'impression  du  Bulletin  est  passée  de 
13.256  fr.  65  à  7.012  fr.  30,  c'est-à-dire  n'a  pas  môme  atteint  le 
chiffre  des  prévisions.  Ce  résultat  un  peu  anormal  et  auquel  nous 
n'étions  pas  habitué,  est  certainement  avantageux  pour  les  finances 
de  la  Société,  mais  on  pourrait  se  demander  s'il  ne  correspond  pas 
à  une  diminution  réelle  de  l'activité  de  la  Société. 

Mémoires  de  Paléontologie 

C'est  par  erreur  que  dans  le  rapport  de  Tannée  précédente 
l'impression  du  tome  VII  avait  été  considérée  comme  terminée  en 
1897,  la  Société  a  dû  encore  dépenser  891  fr.  50  pour  son  achève- 
ment en  1898,  ce  qui  porte  la  dépense  totale  à  4.078  fr.  75,  en 
augmentation  de  200  francs  environ  sur  celle  des  volumes  précé- 
dents. Par  contre  les  recettes  ont  continué  à  décroître  de  telle  sorte 


EXERCICES 

DÉPENSES 

RECETTES 

V 

VI 

VU 

V 

VI 

VU 

1894 
1895 
1896 
1897 
1898 

Total .  . 

478  75 
3.228  65 

• 

>» 

» 
1.433  80 
2.438  35 

» 

» 

» 

u 

532  60 

2.654  65 

891  50 

» 

1.360  50 

1.025    » 

293  40 

40    » 

i) 

145  50 

1.625    » 

518  80 

40    » 

» 
» 

100    » 

1.713  50 

117    » 

3  707  40 

3.872  15 

4.078  75 

2.718  90 

2.329  30 

1.930  50 

que  le  déficit,  qui  n'était  que  de  1.000  francs  environ  pour  le  tome  V, 
dépasse  2.000  francs  pour  le  tome  VII;  ce  déficit  sera  atténué  dans 
une  certaine  mesure  par  les  ventes  des  années  suivantes. 

Quant  au  tome  VIII  dont  la  publication  est  très  en  retard,  la 
Société  a  reçu  un  certain  nombre  de  cotisations  :  305  fr.  50  en  1897, 
525  francs  en  1898,  soit  en  tout  830  fr.  50  sur  lesquels  elle  a,  par 
erreur,  versé  seulement  770  fr.  50  à  l'éditeur  ;  il  restera  donc  à 
verser  encore  60  francs.  La  Société  n'ayant  reçu  en  réalité  ces  coti- 
sations que  pour  le  compte  d'une  tierce  personne,  il  eut  été  préfé- 
rable de  dresser  pour  ce  chapitre  un  compte  spécial  et  de  ne  pas 
le  faire  figurer  dans  les  comptes  généraux  de  la  Société. 


526 


RAPPORT  DE  LA  COMMISSION  DE  COMPTABILITÉ 


4  Dec. 


Comptes  de  1898  et  pr 


RECETTES 


1°  Ordinaires 

Revenus  nets 

Cotisations  arriérées 

»  courantes 

»  anticipées 

Droits  d'entrée 

Divers   

2°  Vente  des  Publications 

Bulletin  et  tables 

Mémoires  de  Géologie 

»  de  Paléontologie.  .  . 
Ouvrages  de  Fontannes  .... 
Souscription  ministérielle.  .   . 

Total  des  Recettes 

Frais  généraux  à  retrancher  . 


Dotation  des  publications  .... 

En  caisse   )     au    commencement 
Manque       j       de  l'exercice 

Total  de  l'actif 

Emprunt  au  compte  capital   .   .   . 


ACTIF    DISPONIBLE 


1897 


4.776,15 

360    » 

10.200    » 

1.47o   » 

460   » 

1,83 


17.272,98 


3.173,53 
628,25 

2.831,20 
525,40 

1.0()0    » 


8.158,40 

25.431,38 
9.166,40 


16.264.98 


» 


-5.544  35 


10.720.63 
7.673,45 


18.394,08 


PRÉVUES 

pour  1898 


» 


3.150 
500 
» 
» 

1.000 


4.650 


» 


4.900  » 

360  » 

10.200  » 

1.500  » 

460  » 


17.420    » 


» 


>> 


» 


22.070     » 
9.305    » 


12.765    » 


-  232,25 


12.532,75 


» 


12.532,75 


1898 


4.873,35 

530    » 

9.930    >» 

1.170   » 

360   » 

10   » 


16.873,35 


2.907,65 

465,40 

722   » 

80,30 

1.000    » 


5.175,25 

22.048,60 
9.739,15 


12.309,45 


» 


—  232,25 


12.077,20 


» 


12.077,20 


prévu: 
pourlt 


4.875 

400 

10.200 

1.200 
400 
» 


17.075 


3.000 
500 

» 
» 
1.000 


4.500 

21.575 
9.340 


12.235 
+  1.588 


13.834 

» 


13.834 


1899 


RAPPORT  DE  LA  COMMISSION  DE  COMPTABILITÉ 


527 


de  budget  pour  1899 


DÉPENSES 


1°  Frais  généraux 

Personnel.  Appointements  .  . 
—  Gratification  .   .   . 

Loyer  effectif  et  contributions 

Chauffage  et  éclairage 

Mobilier  et  nettoyage 

Bibliothèque 

Frais  de  bureau 

Port  de  lettres 

Divers   


Total 


2°  Frais  des  Publications 

Bulletin,  exercice  courant  .  .  . 
Compte-rendu  sommaire  .... 
Port  :  Bulletin  et  Compte-Rendu. 
Mémoires  de  Paléontologie  .  .  . 
Table  de  la  3*  série 


3°    Dépenses  extraordinaires 

Contribution  aux  prix 

Exposition  de  Bruxelles    .       .  . 


Total 


Dépenses  totales  (autres  que  les 
frais  généraux)  .       .   . 


.       . 


+  En  caisse)         ^     ,, 
'  J   en  fin  d  exercice  .   . 

—  Manque    ) 

Total  ou  différence  égale. 


1897 


1.800   » 
100   » 

4.651,30 
614  » 
589,30 
511,30 
473,25 
334,20 
90,05 


9.166,40 


13.256,65 

721,25 

1.521,23 

2.654,65 

300    » 


18.453,78 

23,10 
149,45 


172,55 


18.626,33 


» 


-  232,25 


18.394,08 


PREVUE8 

pour   1898 


1.800 
100 

4.525 
650 
500 
800 
500 
330 
100 


» 
» 


» 


» 

» 

» 
» 
» 


9.305    » 


9.000  » 

800  » 

1.400  » 
» 

1.000  » 


12.200    » 


12.200    » 
+  332,75 


» 


12.532,75 


1898 


» 


» 


1.800 
100 

4.533,60 
666,50 
454,50 

1.416,40 

424,30 

253,50 

90,35 


9.739,15 


7.012,30 

631,35 

1.171,77 
1.662    » 


» 


10.477,42 


» 


10.477,42 
+  1.599,78 


» 


12.077,20 


PRÉVUB8 

pour  1899 


1.800  » 

150  » 

4.540  » 

650  » 

450  » 

900  » 

450  » 

300  » 

100  » 

9.340  » 


8.000  » 

700  » 

1.250  » 
» 

1.000  » 

10.950  » 

» 
» 


10.950  » 

+  2.884,78 
» 

13.834,78 


528 


RAPPORT  DE  LA   COMMISSION   DR  COMPTABILITÉ 


4  Dec. 


Résumé  dea 


RECETTES 


1°  Ordinaires 


Revenus 

Cotisations,  droits  d'entrée  et  divers  .   . 

2°  Vente  des  publications 

Bulletin  et  Mémoires  de  Géologie  .   .   . 

Mémoires  de  Paléontologie 

Ouvrages  de  Fontannes 

Souscription  ministérielle 


8°  Looatives 

Produit  des  sous-locations. 


4°  Compte  capital 


Cotisations  à  vie 

Remboursement  d'une  obligation  .   . 

5°  Fonds  spéciaux 


a.  Barotte  .   . 

b.  Fontannes. 

c.  Viquesnel. 


Total 


6°  Encaisse  au  1er  Janvier  1898 


Budget  ordinaire  (manque) 

Fonds  spéciaux 

Compte  capital 


4.873, 35 
12.000    » 

3.372, 95 

722    » 

80,30 

1.000    » 

232,46 


n 


3.150    » 


—  232,25 
232,46 


16.873, 35 


5.175,25 


3.150    » 


1.688,90 


1.489,75 


28.377, 25 


0,21 


28.377,46 


1899 


RAPPORT  DE  LA  COMMISSION   DE  COMPTABILITÉ 


529 


comptes  de  l'Exercice  1898 


DÉPENSES 


1°  Ordinaires 

Personnel,  loyer,  chauffage  et  éclairage.   . 

Mobilier  et  bibliothèque 

Frais  de  bureau,  ports  de  lettres,  divers   . 

2°  Frais  des  publications 

Bulletin(1898)et  Réunion  extraordin™(1897). 

Compte-rendu  sommaire 

Port  du  bulletin  et  du  compte- rendu  som- 
maire   

Contribution  aux  Mémoires  de  Paléon- 
tologie  

8°  Compte  capital 

Néant. 

4°  Fonds  spéciaux 

a.  Barotte 

b.  Fontannes 

c.  Viquesnel 

Total 

5°  Encaisse  au  31  Décembre  1898 

Budget  ordinaire 

Fonds  spéciaux 

Compte  capital 


10.250, 10 

4.870, 90 

768, 15 


7.012,30 
631,35 

1.171,77 

1.662    » 


» 


400    )> 
663, 45 

■ 

i 

1.599,78     , 

658, 76 
1.688,90 

12.889, 15 


10.477,42 


» 


1.063,45 


24.430,02 


3.947, 44 


28.377, 46 


8  Mars  4900.  -  T.  XXVII. 


Bail.  Soc.  Géol.  Fr.  -  31 


530  RAPPORT  DE  LA  COMMISSION  DE  COMPTABILITÉ  4  Dec. 

Par  suite  des  retards  apportés  à  cette  publication  et  du  défaut  de 
publicité,  il  est  facile  de  prévoir  que  les  recettes  du  tome  VIII  seront 
encore  inférieures  à  celles  du  tome  VII,  mais  il  est  impossible 
d'évaluer  à  quelle  somme  s'élèvera  la  contribution  que  la  Société 
devra  verser  à  l'éditeur,  conformément  à  la  convention  qui  a  été 
signée  avec  ce  dernier. 

Résumé  et  conclusions 

En  résumé,  la  situation  financière  de  la  Société  pourrait  être 
considérée  comme  favorable  en  1898,  puisque  l'exercice  a  donné  un 
excédent  de  1.832  fr.  03,  ou  même  de  2.007  fr.  03,  si  l'on  tient 
compte  des  différences  des  cotisations  anticipées  et  arriérées. 
Rappelons  que  l'exercice  1897  avait  donné  au  contraire  un  déficit 
de  1.886  fr.  35. 

Mais,  en  réalité,  la  situation  de  la  Société  est  au  contraire  peu 
satisfaisante:  si  le  nombre  total  des  membres  n'a  diminué  que  de 
2  en  1898,  le  nombre  des  membres  ayant  acquitté  leur  cotisation  a 
diminué  de  12,  ce  qui  fait  que  le  total  des  membres  effectifs  s'est 
abaissé  de  497  à  483.  Il  en  résulte  que  l'exercice  1898  se  trouve 
caractérisé  par  une  double  diminution,  portant  à  la  fois  sur  le 
nombre  des  membres  et  sur  la  vente  des  publications  de  la  Société. 

En  ce  qui  concerne  les  comptes  présentés  par  M.  le  Trésorier,  la 
Commission  vous  propose  de  les  approuver  et  de  lui  voter  des 
remerciements. 

Présenté  au  nom  de  la  Commission  do  comptabilité, 

H.   Dou VILLE. 

Sur  la  proposition  du  Président,  l'assemblée  approuve  les  comptes 
du  Trésorier. 

Des  remerciements  sont  votés  au  rapporteur,  M.  Douvillé,  et  au 
Trésorier,  M.  Léon  Janet. 


1899  531 


OBSERVATIONS  SUR  QUELQUES  ÉQUIDÉS  FOSSILES 

par  M.  lareellin  BOULE. 

Tous  les  paléontologistes  savent  quel  intérêt  mais  aussi  quelles 
difficultés  présente  l'étude  des  Équidés  fossiles.  Malgré  les  beaux 
travaux  d'Owen,  Rûtimeyer,  Cope,  de  MM.  Albert  Gaudry,  Forsyth- 
Major,  Nehring,  de  Mme  Pavlow  et  de  bien  d'autres  savants,  il  nous 
reste  beaucoup  à  apprendre.  On  est  loin  d'être  d'accord  sur  la  spéci- 
fication des  diverses  formes,  sur  leurs  affinités,  leurs  relations 
génétiques.  Ces  problèmes  sont  des  plus  difficiles  à  résoudre  :  d'un 
côté,  nous  n'avons  le  plus  souvent  à  notre  disposition  que  des 
molaires  isolées  et,  d'un  autre  côté,  la  spécification  des  Chevaux 
actuels  est  encore  elle-même  matière  à  discussion. 

J'ai  été  conduit,  soit  par  mes  études  personnelles,  soit  par  mes 
fonctions  au  Muséum,  à  examiner  beaucoup  de  matériaux  provenant 
d'un  grand  nombre  de  gisements  pliocènes  ou  quaternaires  de  nos 
pays.  Je  n'ai  pas  la  prétention,  pour  le  moment,  de  reprendre 
l'étude  des  Équidés  fossiles  pour  la  traiter  avec  toute  l'ampleur 
qu'elle  mérite;  je  veux  simplement  présenter  quelques  observations 
de  nature  à  éclairer  certains  côtés  de  la  question  et,  je  crois,  à  pré- 
ciser les  affinités  de  diverses  formes.  En  môme  temps  les  dessins 
qui  accompagnent  cette  note  seront  de  quelque  utilité  pour  les 
personnes  qui  ont  à  déterminer  des  molaires  de  Chevaux  fossiles. 

1.  —  Les  Chevaux  zébrés  dans  le  Quaternaire  algérien. 

Eu  1884,  M.  Ph.  Thomas  (1)  a  décrit  et  figuré,  sous  le  nom  d'Equus 
asinus  atlanticus.  une  mâchoire  inférieure  de  jeune  Équidé  provenant 
des  alluvions  quaternaires  de  l'Oued-Seguen.  Cette  pièce  présente 
un  caractère  fort  curieux  :  les  troisièmes  molaires  de  lait  (fîg.  4) 
ont,  à  leur  angle  postéro-exteme,  une  colonoette  noyée  dans  le 
cément  et  figurant  sur  la  couronne  un  cercle  d'émail  (fig.  4,  0). 
M.  Thomas  a  cherché  en  vain  ce  petit  pilier  supplémentaire  sur  les 
mandibules  de  Poulains  ou  d'Anes  et  j'ai  pu  m'assurer  qu'il  ne  se 

(1)  Recherches  sur  quelques  formations  d'eau  douce  de  l'Algérie  (Mémoires  d* 
la  Société  géologique  de  France,  3*  série,  t.  111,  n°  2,  pi.  VIII,  lig.  7). 


532 


M.    BOULE 


4  Dec. 


Fig.  1.  —  3"  molaire 
de  lait  inférieure 
gauche  d'un  Equus 
caballus.  Gr.  nat. 


Fig.  î.  —  3e  molaire 
do  luit  inférieure 
gauche  d'un  Equus 
asinus  <Anon  d'Al- 
gérie). Gr.  nat. 


trouve  pas  non  plus  chez  les  jeunes  Hémiones.  Mais,  comme  les 
molaires  de  lait  des  Hipparion  présentent  souvent  des  colonnettes 
analogues,  M.  Thomas  a  cru  pouvoir  dire:  «  La  signification  morpho- 
logique de  ce  denticule  supplémentaire  ne  nous  semble  pas  douteuse  : 
sa  position,  sa  forme  et  son  développement  le  désignent  comme 

une  manifestation 
atavique,  rattachant 
TÉquidé  asinien  de 
rOued-Segueu  à  son 
ancien  compatriote 
et  ancêtre  probable 
{'Hipparion  pliocène 
des  dépôts  fluvio- 
lacustres de  Cous- 
tantine  ».  Or  nous 
verrons  tout-à-l'heu- 
re  que  ce  rapproche- 
ment n'est  pas  tout 
à  fait  exact  et  je  dirai 
pourquoi  TÉquidé  de 
TOued-Seguen  ne 
saurait  être  consi- 
déré comme  un  des- 
cendant direct  d'une 
forme  d' Hipparion. 

Etant  donnée  la 
provenance  géogra- 
phique de  la  mandi- 
bule décrite  par  M. 
Thomas,  j'ai  pensé 
que  Tétude  du  sys- 
tème dentaire  des 
Chevaux  zébrés  afri- 
cains me  fournirait 
quelques  renseigne- 
ments et  j'ai  passé 


Fig.  3.  —  3e  molaire 
de  lait  inférieure 
gauche  d'un  Dauw 
(Equus  Burchelli). 
Gr.  nat. 


Fig.  4.  —  3"  molaire 
de  lait  inférieure 
ifauche  de  l'Equidé 
fossile  de  l'Oued- 
Seguen  (Equus  asi- 
nus atlanticusTho- 
mas).  Gr.  nat. 


Fig.  5.  —  3"  molaire 

de    lait    inférieure 

rauche  d'un  Equus 

Uetwnis  de  Perrlcr 

(Puy-de-Dôme).  Gr. 

nat. 


Fig.  1  à  5.  —  Molaires  inférieures  de  lait 
chez  divers  Équidés. 


en  revue  tous  les  documents  ostéologiques  de  la  galerie  d'Ana- 
tomie  comparée  du  Muséum  se  rapportant  à  ces  animaux.  Les 
crânes  de  Chevaux  zébrés  adultes  y  sont  relativement  nombreux, 
mais  les  dentitions  de  lait  y  sont,  comme  partout,  très  rares.  Pour- 
tant j'ai  pu  étudier  la  mâchoire  inférieure  d'un  jeune  Dauw,  mort 


1899  OBSERVATIONS  SUR   QUELQUES   ÉQUIDÉS  FOSSILES  533 

en  1841,  à  la  Ménagerie  du  Muséum,  à  l'âge  de  137  jours,  et  j'ai  été 
agréablement  surpris  de  constater  que  cette  pièce  ressemble  tout-à- 
fait  à  celle  de  l'Oued-Seguen.  Sur  les  deux  échantillons  l'emplace- 
ment de  la  1™  prémolaire  est  marqué  par  un  alvéole.  Sur  le  fossile, 
les  molaires  sont  un  peu  plus  épaisses,  mais  cela  tient  à  leur  état 
d'usure  plus  avancé,  l'animal  étant  mort  plus  âgé.  Les  dessins  de 
l'émail  sont  semblables.  La  3me  molaire  de  lait  montre,  à  son  angle 
postéro-externe,  le  même  petit  pilier  supplémentaire  (fig.  3,  0).  Je 
me  crois  donc  autorisé  à  rapprocher  le  fossile  de  l'Oued-Seguen  des 
espèces  de  Chevaux  zébrés  qui  vivent  actuellement  dans  le  sud  de 
l'Afrique,  et  en  particulier  du  Dauw  (Equus  Burchelli),  qui  habite 
la  Cafrerie. 

J'ajouterai,  à  l'appui  de  cette  première  observation,  qui  remonte 
à  1891,  qu'en  faisant  la  revue  des  collections  données  par  M.  Ph. 
Thomas  au  Muséum,  j'avais  observé  des  molaires  supérieures  de 
seconde  dentition  rappelant,  par  diverses  particularités,  les  Chevaux 
zébrés  plutôt  que  Y  Equus  caballus.  Telles  sont  cinq  molaires  prove- 
nant du  calcaire  lacustre  le  plus  supérieur  de  la  colline  d'Ain-el- 
Hadj-Baba  et  désignées  par  M.  Thomas  comme  ayant  appartenu 
«  soit  à  V Equus  Stenonis,  soit  à  un  vieil  flipparion  »  ;  ainsi  qu'un 
fragment  de  maxillaire  supérieur  provenant  du  calcaire  lacustre 
de  Guelma. 

J'ai  été  récemment  amené  h  reprendre  cette  question  à  propos  de 
l'étude  de  documents  paléontologiques  recueillis  par  M.  Gentil  dans 
un  curieux  gisement  paléolithique  de  la  province  d'Oran  (1  ).  M.  Gen- 
til m'a  remis,  avec  de  nombreux  débris  d'Éléphants,  de  Rhinocéros, 
d'Hippopotames,  de  Ruminants,  etc.,  une  certaine  quantité  de  dents 
supérieures  et  inférieures  d'un  Équidé  qui  diffère  notablement,  à 
première  vue,  de  ÏEquus  caballus  et,  pour  arriver  à  la  plus  grande 
certitude  possible,  j'ai  repris  l'étude  morphologique  comparée  des 
molaires  chez  les  Chevaux  zébrés,  en  particulier  chez  le  Dauw, 
d'une  part,  et  chez  le  Cheval  ordinaire  d'autre  part.  J'ai  observé  un 
assez  grand  nombre  de  caractères  différentiels  dont  plusieurs 
avaient  déjà  été  signalés  par  Owen  (2).  Je  crois  utile  de  les  indiquer 
ici  au  moyen  de  figures  dessinées  à  la  chambre  claire  avec  le  plus 
grand  soin  (3). 

(1)  La  description  de  ce  gisement,  accompagnée  de  planches  et  de  figures,  a  paru 
dans  le  n°  1  de  1900  do  L'Anthropologie. 

(2)  Philosophical  transactions  of  the  Royal  Society  of  London.  1869. 

I     (3)  Dans  toutes  ces  figures,  j'ai  employé,  pour  désigner  les  diverses  parties  des 
dents,  la  nomenclature  de  mon  éminent  maître,  M.  Albert  Gaudry,  parce  que  je 


S34 


4  Dec. 


Molaires  inférieures  de  première  dentition.  —  Nous  avons  déjà  vu 
que  chez  le  Dauw,  la  3me  prémolaire  (fig.  3)  présente,  à  l'angle 
postera  externe,  un  pilier  ou  colonnette,  0,  qu'on  n'observe  ni  chez 
le  Cheval  (fig.  1),  ni  chez  l'Ane  (fig.  2},  ni  chez  l'Hémione.  Je  n'ai 
pas  eu  de  mandibule  de  jeune  Zèbre,  ni  de  jeune  Quagga. 

Molaires  supérieures.  —  i''  D'une  manière  générale,  les  molaires 
supérieures  des  Chevaux  zébrés  actuels  (fig.  7)  ont  la  colonnette 
interne  (denticule  interne  du  i<"  lobe,  I,  dans  la  nomenclature  de 
M.  Albert  Gaudry)  moins  développée,  c'est-à-dire  moins  allongée 
que  dans  le  Cheval  (fig.  6, 1)  ;  le  dessin  des  boucles  est  plus  arrondi. 


Fig.  6. 


Fig.  6.  —  Troisième  molaire  supérieure  gauche 

Gr.  nat. 
Fig.  7,  —  Troisième  molaire  supérieure  gauche  d'un  lia  ut 

Gr.  nat. 
Fig-  8.  —  Molaire  supérieure  gauche  de  l'ÉquIdé  fossile  du 

Gr.  mil, 


Fig-  8. 
Et/uns  cahatlus  de  Solutré. 
d  Dauw  Œquus  BnrchtlH). 
Karâr  (Algérie). 


2°  Les  piliers  de  la  muraille  externe  (a,  a')  tout  en  étant  aussi 
saillants,  sont  moins  robustes;  le  pilier  médian  n'est  jamais  dédou- 
blé ou  divisé  en  deux  par  un  sillon  longitudinal  (sillon  bien  marqué 
fig.  fi,  en  a'). 

3°  Les  denticules  externes  E,  e,  au  lieu  de  dessiner  de  véritables 
croissants,  comme  cbez  le  Cheval,  sont  plus  dilatés  et  plus  arrondis, 
un  peu  comme  chez  les  Bœufs;  celte  disposition  s'accuse,  sur  la 
muraille  externe,  par  une  légère  convexité,  au  lieu  d'une  dépres- 
sion profonde  et  régulière  ;  il  s'en  suit  également  que  les  espaces 
interlobaires  sont  plus  arrondis  chez  le  Dauw,  plus  aplatis  chez 
le  Cheval. 

considère  cette  nomenclature  comme  la  plus  simple  et  la  plus  pratique  qu'on  ait 
indiquée  jusqu'à  ce  jour.  E,  M,  I,  désignent  les  denticules  externe,  médian  et 
interne  du  premier  lobe  ;  r,  >",  i,  désignent  les  mêmes  denticules  dans  le  second 


1899  OBSERVATIONS   SDR  QUELQUES   EQUIDKS   FOSSILES  535 

4*  La  dernière  molaire  supérieure  a  une  forme  assez  différente 
dans  les  deux  groupes,  et  cette  différence  tient  au  développement 
inégal  des  diverses  parties  de  la  dent.  Chez  le  Dauw  (fig.  10),  ledon- 
ticule  interne  du  deuxième  lobe,  t,  est  au  moins  aussi  saillant  que 
le  denticule  externe,  e,  tandis  que  le  contraire  a  lieu  chez  le  Cheval 
(iig.  9)  où  le  denticule  interne  est  moins  saillant  que  l'externe.  La 
couronne  de  la  dernière  molaire,  chez  le  Dauw,  a  doue  une  forme 
plus  rectangulaire  que  chez  le  Cheval  où  elle  a  une  forme  plus 
triangulaire. 


rig.  9.  Fig.  io.  Fig.  il. 


Flg.  9.  —  Dernière  molaire  supérieure  gauche  d'un  Equus  caballiu  de  Solutré. 

Gr.  nal. 
Flg.  10.  —  Dernière  molaire  supérieure  gauche  chez  le  Dauw  (d'après  Owen). 

Gr.  nat. 
Flg.  11.  —  Dernière  molaire  supérieure  gauche  de  l'Ëquldé  fossile  du  lac  Karar. 

Gr.  nat. 

Par  tous  ces  caractères,  les  molaires  supérieures  des  Chevaux 
zébrés  ressemblent  bien  plus  aux  dents  d'IIipparion  que  celles  des 
Chevaux  ordinaires.  11  est  évident  que  les  Chevaux  zébrés  sont  plus 
près  de  la  souche  originelle  des  Equidés  que  les  Chevaux  du  type 
caballin  et  que  ces  derniers  sont  bien  plus  différenciés  au  point  de 
vue  dentaire. 

Molaires  inférieures.  —  Il  en  est  de  même  des  molaires  inférieures 
qui  se  rapprochent  également  beaucoup  plus  des  molaires  d'Hippa- 
rion.  Chez  le  Dauw  (fig.  13)  la  muraille  externe  n'est  pas  aussi 
rectiligne  que  chez  le  Cheval  (fig.  12);  les  deux  denticules  qui  la 
composent,  E,  e.  out  un  contour  beaucoup  plus  arrondi.  Les  boucles 
internes,  notamment  la  boucle  t',  toujours  plus  ou  moins  pointue 
et  aplatie  chez  le  Cheval  (fig.  12),  est  ici  plus  dilatée  et  plus  ronde. 

Par  tous  ces  caractères  les  dents  d'Équidés  du  lac  Karâr  se 
distinguent  nettement  de»  dents  d'Equus  caballus  et  présentent, 
même  en  les  exagérant,  les  caractères  des  Chevaux  zébrés,  comme 
on  peut  s'en  assurer  en  examinant  les  fig.  8, 1 1  et  14  en  comparaison 


536 


M.    BOULE 


4  Dec. 


Fig.  12.  —  Molaire 
inférieure  gauche 
d'un  Equus  cabal- 
lus  de  Solutré.  Gr. 
nat. 


avec  les  figures  voisines  représentant  les  mêmes  dents  chez  YEquus 
caballus  et  Je  Dauw.  Il  en  est  de  même  de  l'Équidé  fossile  de  Palikao 
décrit  par  M.  Pomel  sous  le  nom  d'Equus  mauritaniens,  à  en  juger 
du  moins  sur  les  figures  données  par  ce  dernier  savant. 

Il  y  a,  par  suite,  tout 
lieu  de  croire  qu'à  l'épo- 
que quaternaire,  les  an- 
cêtres directs  des  Che- 
vaux zébrés,  aujour- 
d'hui cantonnés  vers  le 
Sud  de  l'Afrique,  occu- 
paient la  partie  septen- 
trionale du  continent. 
Un  phénomène  analo- 
gue nous  est  offert  par 
l'Hippopotame,  le  Pha- 
cochère, le  Rhinocéros 
simus,  etc.  La  faune 
pléistocène  d'Algérie 
est  essentiellement  une 
faune  africaine  compre- 
nant, avec  des  formes 
vivant  encore  actuelle- 
ment dans  le  pays,  beau- 
coup d'espèces  qui  ont 
émigré  vers  le  sud  (1). 


Fig.  13.  —  Molaire 
inférieure  gauche 
d'un  Dauw  Œquus 
Burchelli).  Gr.  nat. 


Fig.  14.  —  Molaire 
inférieure  gauche 
de  l'Equidé  du  lac 
Karar.  Gr.  nat. 


Fig.  15.  -  Molaire 
inférieure  gauche 
d'Equus  Sténo  nia 
du  Pliocène  de  Sain- 
zelles (Haute  Loire). 
Gr.  nat. 


2.  —  Observations 
sur  l*Equus  Steaon/s. 


Fig.  1(>.  —  Molaire 
inférieure  gauche 
à'Hipparion  gra- 
cile. Miocène  supé- 
rieur de  Pikermi. 
Gr.  nat. 


Fig.  12  à  16.  —  Molaires  inférieures  gauches 
de  divers  Ëquidés. 


Les  paléontologistes 
qui  s'occupent  des 
Équidés  fossiles  ne 
manqueront  pas  de 
constater  que  les  carac- 
tères   distinctifs    énu- 


mérés  ci  dessus  sont  en 
grande  partie  ceux  qui  ont  été  établis  par  divers  savants,  notam- 


(1)  Cf.  les  Monographies  de  Paléontologie  de  Pomel  et  l'analyse  critique  que 
j'en  ai  donnée  dans  l'Anthropologie,  t.  X,  p.  5G3. 


1899  OBSERVATIONS  SUR   QUELQUES  ÉQUIDÉS   FOSSILES  537 

ment  par  Rûtimeyer,  pour  distinguer  YEquus  Stenonis  Coch.  de 
VEquus  caballus  (1).  Beaucoup  s'appliquent  aussi  aux  Asiniens,  dont 
les  molaires  isolées  peuvent,  par  suite,  le  plus  souvent,  être  distin- 
guées des  molaires  de  Chevaux  de  petites  races  et  qui,  d'ailleurs, 
se  séparent  des  autres  Équidés  par  des  caractères  secondaires  sur 
lesquels  il  n'y  a  pas  lieu  d'insister  ici. 

Ce  que  je  voudrais  essayer  de  montrer  pour  le  moment,  ce  sont 
les  affinités  étroites  qui  relient  les  Chevaux  zébrés  actuels  à  YEquus 
Stenonis  du  Pliocène  européen,  plutôt  qu'à  VEquus  caballus  consi- 
déré par  la  plupart  des  auteurs  comme  le  descendant  direct  de 
YEquus  Stenonis.  Les  fig.  15  et  17  montrent  que  les  molaires  supé- 
rieures et  inférieures  de  YEquus  Stenonis  se  rapprochent  beaucoup 
plus  des  formes  zébrées  et  de  YHipparion  que  des  formes  caballines. 
C'est  là  un  Heu  commun.  Mais  il  est  un  point  qui  me  paraît  plus 
nouveau  et  sur  lequel  je  dois  insister.  C'est  que  la  3mo  molaire  infé- 
rieure de  lait  présente,  chez  YEquus  Stenonis,  la  même  colonnette 
supplémentaire  que  chez  le  Dauw.  Je  l'ai  d'abord  observée  sur 
deux  mandibules  provenant  de  Perrier  (Puy-de-Dôme)  et  faisant 
partie  de  la  collection  Brava rd  au  Muséum  (fi g.  5);  puis,  sur  de 
nombreuses  pièces  provenant  de  Senèze  (Haute-Loire)  et  M.  Forsyth 
Major  a  figuré  une  dent  semblable  originaire  du  Val  d'Arno  (2). 

Si  l'on  se  rappelle,  d'un  autre  côté,  que  le  Cheval  ordinaire, 
l'Ane  et  l'Hémione,  sont  dépourvus  de  colonnettes  à  leurs  molaires 
de  lait,  on  sera  bien  porté  à  considérer  les  Chevaux  zébrés  pléisto- 
cènes  et  actuels  d'Afrique  comme  les  descendants  directs  de  YEquus 
Stenonis.  D'ailleurs  les  autres  Mammifères  qui  accompagnent  cette 
espèce  dans  nos  gisements  pliocènes  sont  en  grande  partie  des 
formes  africaines  :  Rhinocéros,  Hippopotames,  Antilopes,  Hyènes, 
Porcs-Epics,  etc. 

Pourtant  il  y  a  lieu  de  faire  une  distinction. 

Quand  on  étudie  une  collection  nombreuse  de  dents  d'Equus 
Stenonis,  comme  l'a  fait  M.  Forsyth  Major  pour  les  gisements  plio- 
cènes italiens,  comme  j'ai  pu  le  faire  pour  les  gisemeuts  du  Massif 
central  de  la  France,  on  s'aperçoit  que  pour  la  taille,  pour  les 
dimensions  et  la  forme  de  la  colonnette,  pour  le  plissement  de 
l'émail,  YEquus  Stenonis  présente  des  variations  comparables  aux 
variations  qu'on  observe  dans  les  différentes  races  de  YEquus  cabal- 
lus. Pour  donner  un  exemple  de  l'amplitude  que  peuvent  présenter 

(1)  MBt  Pavlow  a  parfaitement  présenté  le  tableau  de  ces  différences  dans  sa 
remarquable  Etude  sur  les  Chevaux  pléistocènes  de  la  Russie. 

(2)  Mémoires  de  la  Société  paleonto  logique  suisse,  vol.  VU,  1880,  pi.  VII,  fig.  4. 


M.   BOULE 


ces  variations,  je  figure,  à  côté  l'une  de  l'autre,  deux  molaires 
supérieures  d'Equus  Stenonis  provenant,  l'une  de  Sainzelles,  l'autre 
de  Solilhac,  prés  Le  Puy  (Haute-Loire). 


Ffg.  17.  Fig.  «.  Fig.  t9. 

Flg.  17.  —  Molaire  supérieure  gauche  de  VEquus  Stenonis.  Pliocène  du  Coupet 

(Haute-Loire).  Gr.  nat. 
Flg.  18.  —  Molaire  supérieure  gauche  de  l'Squtu  Stenonis  (Eqtms  robustus)  de 

Solilhac  (Haute-Loire).  Gr.  nat. 
Flg.  19.  —  Molaire  supérieure  gauche  d'Equus  caballus.  Quaternaire  de  Brunl- 

quel  (Tara-et  Garonne).  Gr.  nat. 

La  première  (fig.  17)  se  rapporte  au  type  de  VEquus  Stenonis  tel 
qu'il  a  été  défini  et  dessiné  par  Rûtimeyer  ;  elle  olïre,  au  suprême 
degré,  les  caractères  dont  nous  avons  parlé  plus  liaut.  On  peut  dire 
que  c'est  le  type  le  plus  répandu  dans  nos  gisements  pliocènes.  Par 
sa  taille,  la  forme  de  ses  diverses  parties  et  le  faible  plissement  de 
l'émail,  elle  est  aussi  voisine  que  possible  des  molaires  de  Chevaux 
zébrés  actuels. 

La  seconde  (fig.  18)  existe  dans  le  Velay,  à  Ceyssaguet,  a  Solilhac, 
à  Taulhac,  c'est-à-dire  dans  des  gisements  qui  paraissent  un  peu 
plus  récents  que  Vais,  Vialette,  Le  Coupet,  où  s'observe  surtout 
la  première  forme  (1).  Elle  se  retrouve  à  Chagny,  où  je  l'ai  signalée 
en  1891,  grâce  à  une  obligeante  communication  de  M.  Douvillé  (2). 
Elle  diffère  de  la  première  par  ses  dimensions  beaucoup  plus 
grandes,  qui  dénotent  une  espèce  énorme,  et  par  le  plissement 
très  compliqué  de  l'émail.  Sa  colonnette  a  conservé  les  caractères 
de  la  forme  Stenonis  car  elle  est  proportionnellement  aussi  petite 
que  dans  le  premier  type,  tandis  qu'on  observe  quelques  caractères 
conduisant  à  l'Equus  caballus:  les  lobes  externes,  E,  e,  sont  moins 
dilatés  et  se  rapprochent  de  la  forme  en  croissant,  les  piliers 
moyens  des  prémolaires  commencent  à  se  dédoubler,  et  il  suffirait 

(1)  Ct.  M.  Boule.  Description  géologique  du  Velay. 

(2)  Ballet,  de  la  Société  géologique  de  France,  3-  série,  t.  XIX,  p.  801. 


1899  OBSERVATIONS  SUR  QUELQUES  ÉQUIDÉS  FOSSILES  539 

que  la  colonnette  prit  un  peu  plus  de  développement  pour  que  cette 
dent  ressemblât  tout  à  fait  à  certaines  molaires  de  fortes  dimen- 
sions, à  émail  très  plissé,  qu'on  observe  dans  divers  gisements 
d'Angleterre  (1)  et  de  nos  pays,  Cindré  (Allier),  Bruniquel  (Tarn-et- 
Garonne).  A  cet  égard  la  comparaison  des  fi  g.  18  et  19  est  des  plus 
instructives. 

Les  anciens  paléontologistes  du  Plateau  central,  Aymard,  Robert, 
Pomel  avaient  parfaitement  distingué  ces  deux  formes,  du  moins 
parleurs  dimensions.  Ils  avaient  donné  à  la  première  le  nom  d'Equus 
ligeris  (2)  et  à  la  seconde  le  nom  d'Equus  robustus.  Celle-ci  doit-elle 
être  considérée  comme  une  espèce  spéciale  ou  comme  une  simple 
race  major  de  VEquus  Stenonis  ?  Peu  nous  importe,  au  point  de  vue 
philosophique  où  nous  nous  plaçons.  Ce  qui  est  intéressant  à  cons- 
tater, c'est  que  parmi  nos  Équidés  fossiles,  tous  remarquables  par 
leur  colonnette  étroite,  les  uns,  de  petite  taille,  à  émail  peu  plissé, 
à  lobes  externes  dilatés,  paraissent  s'être  continués  directement  en 
les  Chevaux  zébrés  de  l'Afrique  actuelle  tandis  que  d'autres,  de 
plus  forte  taille,  à  émail  beaucoup  plus  plissé,  accentuent  la  forme 
en  croissant  de  leurs  lobes  externes  et  paraissent  se  transformer 
insensiblement  en  VEquus  caballus  de  grande  taille  de  certains 
gisements  quaternaires. 

Il  faut  remarquer  qu'on  peut  suivre  cette  transformation,  pas  à 
pas  ;  que  les  dents  de  Sainzelles  ou  de  Chagny,  qui  sont  franche- 
ment pliocènes,  sont  plus  voisines  des  dents  d'Equus  Stenonis  type 
que  les  dents  de  Solilhac  qui  sont  du  Pliocène  tout  à  fait  supé- 
rieur ou  du  Quaternaire  tout  à  fait  ancien  et  qui  nous  amènent  à 
VEquus  caballus  bien  caractérisé  des  gisements  quaternaires. 

3.  —  Observations  sur  la  robe  des  Chevaux  quaternaires. 

Les  considérations  précédentes  nous  amènent  à  poser  une  ques- 
tion fort  intéressante.  Les  Chevaux,  dont  on  trouve  les  restes  en  si 
grande  abondance  dans  tous  nos  gisements  quaternaires,  alluvions 
ou  cavernes  à  ossements,  étaient-ils  des  Chevaux  zébrés  ? 

A  en  juger  par  les  représentations  que  nous  ont  laissées  les  artis- 
tes de  l'Epoque  du  Renne,  les  Équidés  quaternaires  ont  dû  avoir  une 
robe  rayée.  Tout  le  monde  connaît  la  célèbre  gravure  de  Thayngen 
représentant  un  Équidé  à  crinière  droite,  à  queue  dégarnie  de 

(1)  C'est  VEquus  plicidens  d'Owen. 

(2)  Aymard  réunissait  à  tort,  sous  cette  dénomination,  VEquus  Stenonis  de  petite 
taille  et  VEquus  caballus  de  divers  gisements  quaternaires. 


540  m.  boule  4  Dec. 

longs  crins,  à  pelage  zébré.  M.  Piette  (1)  a  publié  plusieurs  œuvres 
d'art  analogues  provenant  de  divers  gisements  français,  Gourd  an 
(Hautes-Pyrénées),  Arudy  (Basses-Pyrénées),  Lourdes,  etc.  Notre 
savant  confrère  conclut  de  l'étude  de  tous  ces  documents  que  la  plu- 
part des  animaux  figurés  par  les  artistes  de  l'Époque  du  Renne  se 
rapportent  à  une  espèce  particulière  qu'il  a  désignée  sous  le  nom 
d'Equus  maculatus  et  qui  aurait  été  intermédiaire  «  entre  l'ancêtre 
commun  de  tous  les  Équidés  actuels,  lequel  était  zébré,  et  le  Cheval 
tacheté  qui  vit  de  nos  jours  ». 

Or,  que  nous  apprend  à  ce  sujet  1  étude  des  dents  des  Chevaux 
quaternaires  ?  Déjà  Owen  avait  cherché  à  se  rendre  compte  si  les 
Équidés  fossiles  de  la  caverne  de  Bruniquel  présentaient  les  carac- 
tères des  Zèbres,  des  Dauws,  des  Hémiones  ou  des  Quaggas  actuels 
et  il  avait  conclu  par  la  négative. 

J'ai  moi-même  passé  en  revue  l'énorme  collection  de  documents 
de  ce  genre  que  possède  la  galerie  de  Paléontologie  du  Muséum  et 
je  n'ai  trouvé  aucune  pièce  pouvant  faire  admettre  l'existence  dans 
nos  pays,  à  l'époque  quaternaire,  des  Chevaux  zébrés  africains. 
Tous  les  échantillons  que  j'ai  vus  se  rapportent  incontestable- 
ment au  type  caballin  actuel.  On  peut  même  dire,  à  la  suite  de 
divers  naturalistes,  Nehring,  Toussaint,  Sanson,  Piètrement,  etc., 
que  les  Chevaux  quaternaires  d'une  région  déterminée  paraissent 
être  les  ancêtres  directs  des  races  habitant  actuellement  la  même 
région. 

On  pourrait  supposer  que  les  artistes  de  l'Epoque  du  Renne  ont 
représenté  les  poils  de  leurs  Chevaux  par  des  lignes  régulières,  en 
employant  un  procédé  aussi  simple  que  primitif,  et  sans  avoir  l'in- 
tention de  figurer  des  zébrures,  mais  il  suffit  d'examiner  avec  quel- 
que attention  la  gravure  de  Thayngen  ou  la  statuette  de  Lourdes 
pour  voir  que  cette  supposition  n'est  pas  fondée.  Dans  ces  deux 
monuments  de  l'art  de  l'Époque  du  Renne,  la  disposition  des 
zébrures  se  rapproche  trop  de  la  disposition  générale  des  zébrures 
chez  les  Chevaux  zébrés  actuels  pour  qu'il  y  ait  une  simple  coïnci- 
dence. 

Il  ne  reste  plus  que  la  seconde  hypothèse:  c'est  que  tous  les 
Équidés  primitifs,  aussi  bien  ceux  du  type  caballus  que  ceux  du 
type  Stenonis  ou  du  type  zèbre  (Hippotigris  de  certains  zoologistes) 
ont  eu  à  l'origine  une  robe  rayée  que  les  premiers  ont  perdue,  à  la 
longue,  par  l'effet  de  la  domestication. 

(1)  Matériaux  pour  l'Histoire  naturelle  et  primitive  de  l'Homme,  Septembre 
1887.  —  Bull,  de  la  Société  d'Anthropologie  de  Paris,  1887  et  1892. 


1899 


OBSERVATIONS  SUR   QUELQUES   ÉQUIDÉS   FOSSILES 


541 


4.  —  Relations  du  genre  Hipparion  et  du  genre  Equus. 


Pendant  longtemps,  le  genre  Hipparion  a  été  considéré  comme 
l'ancêtre  direct  du  genre  Equus.  Si  Ion  ne  considère  que  les  mem- 
bres, il  est  certain  que  V Hipparion  représente  une  forme  beaucoup 
moins  évoluée  que  les  Chevaux,  dans  lesquels  les  deuxième  et  qua- 
trième doigts  sont  beaucoup  plus  réduits  et  où  le  type  Solipède  est 
tout  à  fait  réalisé.  Si  Ton  considère  la  dentition  Ton*  voit  au  con- 
traire que,  par  certains  caractères,  notamment  par  l'isolement  de 
la  colonnette  médiane  (ou  denticule  interne  du  premier  lobe)  V  Hip- 
parion est  plus  évolué  que  le  Cheval.  Mmo  Pavlow  a  insisté,  avec 
beaucoup  de  force,  sur  ce  double  phénomène  et  s'est  appuyée  sur 
lui  pour  exclure  complètement  l' Hipparion  de  l'ascendance  directe 
du  genre  Equus.  tandis  que  d'autres  paléontologistes,  à  la  suite  de 
Cope,  admettent,  pour  les  Chevaux,  uue 
origine  diphylétique.  Sans  nier  d'une 
façon  absolue  la  réalité  de  ce  phénomène 
de  convergence,  je  serais  plus  porté  à 
admettre  la  théorie  soutenue  avec  beau- 
coup de  talent  par  Mmo  Pavlow,  théorie 
eu  faveur  de  laquelle  on  peut  apporter 
un  nouvel  argument  tiré  de  l'examen  des 
molaires  inférieures  de  première  denti- 
tion. 

Nous  avous  au  Muséum,  dans  les 
collectious  recueillies  à  Pikermi  et  au 
Léberon  par  M.  Albert  Gaudry,  un  grand 
nombre  de  mandibules  de  jeunes  Hippa- 
rion avec  dentition  de  lait  et  Ton  peut 
constater,  sur  ces  pièces,  que  les  piliers, 
ou  colonnettes  supplémentaires,  se  ren- 
contrent un  peu  partout  :  à  l'angle  an- 
téro-interne,  entre  les  deux  lobes,  mais 
jamais  à  l'angle  postéro  interne  (fig.  20 
à  22). 

Si,  comme  le  veulent  beaucoup  de 
paléontologistes,  on  considère  les  mo- 
laires de  lait  comme  représentant  un 
souvenir  aucestral,  le  pilier  des  molaires  de  lait  de  YEquus  Stenonis, 
des  Chevaux  pléistocèues  de  l'Algérie  et  des  Chevaux  zébrés  actuels 
ne  saurait  être  regardé  comme  un  souvenir  de  l'état  Hipparion;  il 


Fig.  20  à  22.  —  Trois  molai- 
res inférieures  de  lait,  do 
côté  gauche  d' Hipparion 
gracile  de  Pikermi  et  do 
Léberon.  Gr.  nat.  (d'après 
M.  Albert  Gaudry). 


542  m.  boule  4  Dec. 

doit  représenter  un  legs  d'une  forme  qui  possédait  ce  pilier  posté- 
rieur et  que  nous  ne  connaissons  pas. 

Si,  au  contraire,  à  l'exemple  de  Mme  Pavlow,  on  suppose  que 
les  molaires  de  lait,  loin  de  répéter  les  prémolaires  des  formes 
précédentes,  prédisent,  pour  ainsi  dire,  des  formes  nouvelles,  on 
voit  qu'à  ce  point  de  vue  encore  les  molaires  de  lait  des  Hipparion 
sont  loin  d'annoncer  les  molaires  de  lait  de  YEquus  Stenonis  ou 
des  Chevaux  zébrés. 

Résumé 

En  résumé,  il  me  parait  bien  établi  par  l'étude  des  molaires  de 
première  et  de  seconde  dentition  : 

1°  Qu'un  grand  nombre  d'ossements  d'Équidés  des  gisemeuts 
pléistocènes  de  l'Algérie  se  rapportent  aux  espèces  ou  à  des  races 
des  espèces  de  Chevaux  zébrés  vivant  actuellement  dans  les  régions 
méridionales  de  l'Afrique. 

2°  Que  YEquus  Stenonis  du  Pliocène  européen  est  représenté,  dans 
notre  pays,  par  diverses  formes  dont  les  unes  paraissent  bien  être 
les  ancêtres  directs  des  Chevaux  zébrés  actuels  et  dont  les  autres, 
dont  on  pourrait  faire  des  espèces  particulières  si  on  le  voulait, 
passent  aux  Équidés  du  groupe  caballus  par  des  transitions  insen- 
sibles. 

3°  A  l'époque  pléistocène,  les  Chevaux  de  France  appartiennent 
au  type  caballin.  Pourtant  on  ne  saurait  guère  douter  que  la  plu- 
part au  moins  de  ces  Chevaux  n'aient  eu  la  crinière  droite,  la 
queue  peu  garnie  de  crins  et  le  corps  couvert  de  zébrures  comme 
les  Uippotigris  actuels. 

4°  Les  caractères  tirés  des  molaires  de  lait  confirment  l'opinion 
de  Mrac  Pavlow  que  le  genre  Hipparion  n'est  pas  l'ancêtre  direct  du 
genre  Equws. 

M.  L.  Gentil  donne,  à  la  suite  de  la  communication  de  M. 
M.  Boule,  quelques  explications  sur  le  gisement  préhistorique  du 
Lac  Karar,  près  Montagnac  (Oran),  dans  lequel  il  a  recueilli,  avec 
les  ossements  dont  il  vient  d'être  fait  mention,  de  nombreuses 
haches  taillées  du  type  chelléen. 


1899  543 


NOTE  SUR  LES  GASTROPODES  DU  GISEMENT  BATHONIEN 

DE  SAINT-GAULTIER  (INDRE) 

par  M.  H.  COSS1AHN. 

(Planches  XIV,  XV,  XVI  et  XVII). 

A  la  séance  du  20  mars  1899  de  la  Société  Géologique  de  France, 
j'ai  fait  une  communication,  qui  a  été  l'objet  d'une  courte  Note 
dans  le  Bulletin  (3°  sér.,  t.  XXVII,  p.  136  et  suiv.),  relativement  à  la 
découverte  d'un  gisement  de  coquilles  palustres  (Paludines  et  Val- 
vées)  dans  une  carrière  du  bourg  de  Saint-Gaultier  (Indre),  entre 
des  couches  dont  l'Âge  bathonien  paraissait  bien  établi.  A  l'appui 
de  cette  assertion,  j'ai  donné  une  liste  sommaire  des  principaux 
fossiles  recueillis  dans  ce  gisement,  soit  au-dessus,  soit  surtout  au- 
dessous  de  la  couche  à  Paludines,  et  j'ai  annoncé  que,  dans  une 
Communication  ultérieure,  je  ferais  connaître,  d'une  manière  plus 
détaillée,  ces  éléments  paléontologiques,  qui  permettent  de  fixer 
très  exactement  le  niveau  des  calcaires,  en  exploitation  dans  cette 
carrière. 

La  présente  Note  réalise  cet  engagement,  du  moins  en  ce  qui 
concerne  une  partie  de  la  faune  dont  il  s'agit;  elle  contient,  en  effet, 
la  description  de  Gastropodes  détermina  blés,  pour  la  plupart  recueil- 
lis dans  le  Vésulien,  au-dessous  de  la  Couche  à  Paludines. 

Sur  40  espèces,  ci-après  décrites  et  figurées,  37  appartiennent,  en 
effet,  à  la  Couche  dite  «  à  Brachytrema  »  parce  que  ce  fossile  y  est 
très  répandu,  c'est-à-dire  au  calcaire  n°  4  de  la  série  ci-dessous 
énumérée,  à  partir  du  Bajocien  en  bas,  jusqu'aux  assises  supé- 
rieures du  Bathonien,  représentées  dans  cette  carrière  ou  dans  celles 
de  Chabenet  : 

1 .  —  Marne  à  Clypeus  Plotti. 

2.  —  Calcaire  oollthlque  à  Eudesia. 

3.  —  Calcaire  siliceux. 

4.  —  Calcaire  à  Polypiers  et  à  Brachytrema. 

5.  —  Banc  à  Céphalopodes. 

6.  —  Calcaire  à  Viviparus. 

7.  —  Calcaire  lithographique  à  Fucoldes. 

8.  —  Calcaire  à  oolithes  miliaires. 

9.  —  Calcaire  à  Ânabacia. 


544  M.    C0SSMANN.    —   NOTE  SUR   LES   GASTROPODES  4  Dec. 

Cette  division  diffère  un  peu  de  celle  que  j'ai  donnée  à  la  page 
138  du  Bulletin  de  la  même  année,  et  qui  ne  comprenait  que 
six  termes,  parmi  lesquels  la  couche  susdite  occupait  le  n°  5,  en 
comptant  de  haut  en  bas.  Le  motif  en  est  le  suivant  :  l'exploitation 
de  la  carrière  a  eutamé  les  récifs  de  Polypiers  qui  en  formaient  le 
fond,  quand  notre  première  Note  a  paru,  et  les  fossiles  trouvés  à  ce 
niveau  étant  les  mêmes  que  ceux  de  la  couche  à  Brachytrema,  il  faut 
en  conclure  que  ces  récifs  sont  contemporains,  ou  à  peu  près,  de 
cette  couche;  puis  au-dessous,  les  ouvriers  ont  atteint  des  bancs 
à  Oursins  et  à  Pinnigcna  ;  enfin  il  y  a  d'autres  carrières,  au  bord  de 
la  Creuse  et  à  Chabenet,  dans  lesquelles  M.  Benoist  a  distingué  les 
trois  niveaux  additionnels,  indiqués  dans  notre  nouvelle  liste, 
représentant  le  Bathonien  inférieur,  et.  sous  lesquels  doit  probable- 
ment se  trouver  le  Bajocien.' 

Ce  chiffre  de  40  espèces  de  Gastropodes,  dont  39  provenant  de  la 
carrière  de  Saint-Gaultier,  et  un  échantillon  du  Callovien  du  Blanc, 
est  d'ailleurs  au  dessous  de  la  réalité,  en  ce  sens  que  nous  n'avons 
admis,  dans  nos  descriptions,  que  les  échantillons  qui  sont  dans  un 
état  de  conservation  qui  les  rend  déterminables  et  qui  permet  d'en 
donner  une  figure  suffisante.  Nous  avons  donc  laissé  de  côté, 
jusqu'à  ce  que  la  découverte  de  meilleurs  matériaux  nous  mette  à 
même  de  combler  cette  lacune,  les  pièces  suivantes,  sur  lesquelles 
il  ne  nous  est  pas  encore  possible  de  nous  former  une  opinion  exacte  : 

Cerithiella  ?  cf  pygnma  Morr.  et  Lyc.  Solarium  du  groupe  Nummocalcar. 

Purpuroidea  ?    du  Calcaire  n'  7.  Trochus  Burnburyi  ?  Morr.  et  Lyc. 

Nerinea  cf.  elegantula     id.  Trochus  ?  à  côtes  obliques. 
Pseudomelania  Nerei  f 

En  résumé,  le  total  des  Gastropodes  de  Saint-Gaultier  s'élève  actuel- 
lement à  46,  dont  42  du  Calcaire  n°  4,  2  du  Calcaire  n°  6,  et  2  du 
Calcaire  n°  7.  Mais  il  n'est  pas  douteux  que  cette  faune  s'enrichira, 
à  la  longue,  quand  l'exploitation  de  la  carrière  mettra  à  découvert 
de  nouvelles  surfaces  de  la  couche  à  Brachytrema  ;  bon  nombre  de 
débris,  dont  il  n'a  pu  être  fait  mention  dans  cette  première  étude, 
se  retrouveront  dans  un  état  de  conservation  qui  permettra  de  les 
déterminer  et  de  les  décrire,  de  sorte  qu'on  doit  s'attendre  à  ce  que 
notre  Monographie  comporte  ultérieurement  des  suppléments. 

Cerithiella  nuda  [Piettej. 

(PI.  XVII,  fig.  21). 

1855.   Fusus  nudux  Piette.  B.  S.  G.  F. ,  2« sér.,  XII,  p.  1093,  pi.  XXXI, 

lîg.  12- 13. 


1899  DU  GISEMENT  BATHONIEN  DE  SA1NT-GAULTIBK  545 

1856.  Tubifer  nudus  Piette.  Ibid.,  XIII.  p.  692,  pi.  XV,  fig.  13-14. 
1885.  Ceritella  nuda  Cossm.  Contrib.  et.  Bath.,  p.  119. 
1895.        —        —    Cossm.  Mém.  Soc.  géol.  Fr.,  Paléont.,  n°  14, 

p.  92,  fig.  13. 

Taille  assez  petite;  forme  très  étroite,  allongée,  aciculée;  spire 
assez  longue,  pointue  ;  environ  8  tours  légèrement  convexes,  dont  la 
hauteur  égale  les  trois  quarts  de  la  largeur,  obscurément  anguleux 
vers  le  tiers  inférieur  de  cette  hauteur,  et  munis,  par  conséquent, 
d'une  rampe  déclive,  très  obsolète;  sutures  obliques,  profondes, 
non  rainurées  ;  surface  lisse  en  apparence,  mais  marquée,  princi- 
palement sur  le  dernier  tour,  de  stries  d'accroissement  écartées  et 
inclinées,  qui  semblent  rétrocurrentes  vers  la  suture  inférieure. 

Dernier  tour  très  allongé,  par  rapport  à  la  spire,  ovale  à  la  base, 
qui  est  atténuée  vers  le  cou  du  bec  antérieur;  ouverture  très  étroite, 
à  columelle  excavée  à  sa  jonction  avec  la  base  de  Pavant-dernier 
tour. 

Dimensions.  —  Longueur  probable:  18mm;  diamètre  :  4mm  1/2. 

Observations.  —  On  sait  que  cette  espèce,  fondée  sur  un  échantil- 
lon unique  et  perdu,  dont  M.  Piette  avait  fait  le  type  de  son  Genre 
Tubifer,  n'avait  jamais  été  retrouvée  ;  quoique  l'individu,  ci-dessus 
décrit,  soit  mutilé,  de  sorte  qu'il  lui  manque  la  moitié  antérieure 
de  l'ouverture,  il  m'a  permis  de  rectifier  certaines  inexactitudes  de 
la  diagnose  que  j'ai  donnée,  dans  mon  Mémoire  sur  les  Opistho- 
branches  jurassiques,  d'après  la  figure  originale  seulement.  L'exa- 
men des  véritables  caractères  de  cet  échantillon,  et  notamment  de 
son  ornementation  axiale,  bien  qu'elle  soit  très  effacée,  me  confirme 
dans  l'opinion  que  j'ai  émise  en  réunissant  Tubifer  à  Cerithiella 
(=  Ceritella  Morr.  et  Lyc.  em.,  non  Verrillj;  tout  au  plus  pourrait-on 
conserver  la  dénomination  Tubifer  à  titre  de  simple  Section  du 
Genre  Cerithiella,  de  même  que  Fibula  Piette,  qui  est  une  exagé- 
ration opposée  de  la  forme  moyenne,  représentée  par  le  Genre  de 
Morris  et  Lycett  sensu  stricto. 

Néotype.  —  PI.  XVII,  fig.  21.  Unique  dans  le  calcaire  n°  4. 

Nerinea  carinata  Piette. 

(PI.  XIV,  fig.  13). 

1855.  A\  carinata  Piette.  B.  S.  G.  F.f  t.  XII,  p.  118. 
1885.  —         Cossm.  Contrib  et.  Bath.,  p.  186,  pi.  XIII,  fig.  13. 

1898.  —         Cossm.  Gastr.  jurass.  Nérinées,  p.  27,  pi.  II, 

fig.  29-31. 

8  Mars  1900.  —  T.  XXVII.  Bull.  Suc.  Géol.  Fr.  —  35 


546  M.   C08SMANN.   —  NOTE  SUR  LES  GASTROPODES  4  Dec. 

Fragment  d'une  taille  assez  grande;  tours  imbriqués  et  étages  par 
une  carène  postérieure,  excavés  et  munis  d'une  rampe  spirale,  au- 
dessous  delà  suture,  presque  plans  sur  le  reste  de  leur  surface,  or- 
nés de  filets  spiraux  excessivement  fins  et  obsolètes.  Dernier  tour  peu 
élevé,  limité  par  une  carène  tranchante  à  la  périphérie  de  la  base, 
qui  est  déclive  et  un  peu  concave  vers  cette  carène,  à  peine  convexe 
aux  abords  du  cou  ;  ouverture  rhomboidale,  avec  un  pli  très  sail- 
lant, aux  deux  tiers  de  la  hauteur  du  labre  ;  pli  pariétal  assez 
saillant. 

Dimensions.  —  Diamètre  à  la  base:  27mm;  hauteur  du  dernier 
tour:  18mm;  diamètre  de  la  partie  excavée:  22mm. 

Rapports  et  différences.  —  Le  fragment  que  je  viens  de  décrire 
répond  assez  exactement  à  la  diagnose  que  j'ai  récemment  donnée 
de  cette  espèce,  dans  mon  Mémoire  sur  les  Nérinées;  comme  il  est 
formé  des  quatre  derniers  tours  de  la  coquille,  avec  une  taille 
beaucoup  supérieure  à  celle  des  individus  que  j'avais  précédem- 
ment examinés,  j'ai  pu  compléter,  sur  certains  points,  cette  diag- 
nose, sauf  en  ce  qui  concerne  l'ouverture,  malheureusement  mutilée. 
D'abord,  le  profil  excavé  des  tours  de  spire  existe  à  l'âge  adulte, 
comme  sur  les  premiers  tours  ;  il  en  est  de  même  des  filets  spiraux 
qui,  quoique  très  fins,  sont  encore  visibles  sur  la  surface  du  dernier 
tour,  mais  sans  les  rugosités  produites  par  les  stries  d'accroisse- 
ment, sur  les  premiers  tours  de  quelques  individus  :  toutefois  la 
base  parait  complètement  lisse.  Ainsi  que  je  l'ai  précédemment 
indiqué,  cette  espèce  se  distingue,  par  son  ornementation,  de  N. 
bathonica,  bien  qu'elle  ait  à  peu  près  le  galbe  de  la  var.  scaliformis. 
D'autre  part,  ses  tours  excavés  et  carénés  ne  permettent  pas  de  la 
confondre  avec  Ar.  mnltistriata  Piette. 

Pl4siotype.  —  PI.  XIV,  fig.  13.  Un  seul  fragment,  dans  le  calcaire  n°  4. 

Melanioptyxis  Altararis  [Cossm.]. 

(PI.  XV,  fig.  6-8). 

1850.  Nerinea  Voltzi  Morr.  etLyc.Moll.gr.Ool.,I,p.32,pl.VII,fig.7. 
1885.  Nerinea  Altararis  Cossm.  Contrib.  et.  Bath.,  p.  200,  pi.  XVIII, 

fig.  1-3. 
1892.  Nerinea  Voltzi  Hudl.  et  Wils.  Brit.  jur.  Gastr.,  p.  90. 
1896.  Melanioptyxis  Altararis  Cossm.  Essais  Pal.  comp.  II,  p.  30, 

pi.  IV,  fig.  10. 
1898.  —  —        Cossm.  Gast.  jurass.  Nérinées,  p.  64, 

pi.  V,  fig.  9  et  pi.  VIII,  fig.  40. 


1899  DU  GtSBMENT  BATHONtEN  DE  SAJNT-GAULTtER  547 

Observations.  —  Je  crois  qu'il  est  superflu  de  donner  une  nouvelle 
diagnose  de  cette  espèce,  qui  a  été  décrite,  en  détail,  dans  mon 
récent  Mémoire  sur  les  Nérinées  jurassiques  de  France.  Les  échan- 
tillons de  Saint-Gaultier  sont  aussi  roulés  que  ceux  de  la  Haute- 
Saône  et  de  l'Orne  ;  dans  cet  état  d'usure,  on  n'y  constate  pas 
l'existence  de  la  bande  étagée,  qui  caractérise  notre  espèce.  Néan- 
moins, il  ne  paraît  pas  y  avoir  de  doute  au  sujet  de  leur  détermi- 
nation: outre  que  le  galbe  général  de  la  coquille,  et  que  l'angle 
spiral  sont  semblables  à  celui  de  mes  échantillons  types,  de  Montar- 
lot,  la  base  ovale  à  peine  subanguleuse,  du  dernier  tour,  et  la 
position  des  plis  dans  l'ouverture,  sont  identiques. 

M.  Altararis  est  évidemment  très  voisin  de  M.  Archiaci  d'Orb., 
qui  existe  à  un  niveau  un  peu  plus  élevé,  dans  le  Bathonien  supé- 
rieur de  l'Aisne:  on  l'en  distingue  toutefois  par  ses  tours  plus 
élevés,  à  peine  étages,  tandis  que  M.  Archiaci  porte  une  rampe 
déclive  très  nette,  qui  coïncide  avec  la  bande  suturale;  d'autre 
part,  le  pli  interne  du  labre  est  à  peine  visible  à  l'ouverture  de 
M.  Altararis,  tandis  qu'il  est  extrêmement  saillant  chez  M.  Archiaci. 
Il  est  donc  facile  de  séparer  ces  deux  espèces,  quoique  l'une  soit 
généralement  aussi  mal  conservée  que  l'autre. 

Plésiotype.  —  PL  XV,  fig.  6-8.  Commune  dans  le  calcaire  n°  4. 

Nerinella  pibula  [Eud.  Desl.J 

(PI.  XIV,  fig.  2-3). 

1842.  Ncrinea  fibula  DesL,  Mém.  Soc.  linn.  Norm.,  t.  VII,  p.  185, 

pi.  VIII,  fig.  26-27. 

Taille  assez  petite  ;  forme  conique,  turriculée,  étroite  ;  18  à  20 
tours  plans,  lisses,  dont  la  hauteur  égale  un  peu  plus  de  la  moitié 
de  la  largeur,  séparés  par  des  sutures  peu  profondes,  sans  arêtes  ni 
bourrelets.  Dernier  tour  égal  au  quart  de  la  longueur  totale,  suban- 
guleux à  la  périphérie  de  la  base,  qui  est  déclive,  à  peine  convexe, 
et  lisse  comme  la  spire;  ouverture  subrhomboïdale,  avec  un  pli 
pariétal  bien  visible. 

Dimensions.  —  Largeur:  45mm;  diamètre  :  10mm. 

Observations  —  Cette  espèce  n'a  pas  été  reprise  par  d'Orbigny,  ni 
dans  le  Prodrome,  ni  dan9  la  Paléontologie  française  :  j'ai  également 
omis  de  le  cataloguer  dans  ma  première  Etude  sur  les  Gastropodes 
bathoniens,  ainsi  que  dans  mon  récent  Mémoire  sur  les  Nérinées  ; 
cependant  Eudes  Deslongchamps  en  avait  donné  une  courte  descrip- 


548  M.    COSSMANN.    —  NOTE  SUR  LES  GASTROPODES  4  Dec. 

tion  et  une  bonne  figure,  dans  ses  Notes  sur  les  Gastropodes 
jurassiques  de  la  Normandie,  en  citant,  comme  provenance,  la 
localité  de  Falaise,  et  comme  gisement  un  calcaire  formé  «  d'oolites 
blanches  de  grosseur  égale,  ressemblant  à  des  graines  de  pavot  »  ; 
il  y  a  tout  lieu  de  croire,  ajoute  cet  auteur,  que  ce  calcaire  fait 
partie  de  la  Grande  Oolite. 

Rapports  et  différences.  —  Les  échantillons  de  Saint-Gaultier  se 
superposent  exactement  à  la  figure  de  N.  fibula  ;  ils  ont  le  même 
angle  spiral  et  des  tours  de  même  hauteur  ;  toutefois  leurs  sutures 
paraissent  un  peu  plus  horizontales,  et  leur  base  un  peu  moins 
obliquement  déclive  ;  mais  ce  sont  là  des  différences  trop  légères 
pour  ne  pas  identifier  ces  échantillons  avec  l'espèce  de  Deslong- 
champs.  Il  est  probable  qu'il  faut  également  y  rapporter  les  indi- 
vidus de  Falaise,  que  Deslongchamps  a  désignés,  bien  à  tort,  sous 
le  nom  N.  Goodalli  ;  il  semble  qu'ils  ont  le  même  galbe  que  N.  /ibula, 
ils  sont  non  moins  lisses,  et  les  tours  ont  à  peu  près  les  mêmes 
proportions. 

Cette  espèce  est  un  peu  plus  trapue  que  N.  [uni  eu  lus,  ses  tours 
sont  plus  plans,  et  ne  sont  pas  ornés  des  stries  spirales  qui  carac- 
térisent l'autre  espèce.  Je  ne  la  compare  pas  h  N.  pseudocylindrica, 
dont  l'angle  spiral  est  encore  beaucoup  plus  aigu. 

Néotype.  —  PI.  XIV,  fig.  2-3.  Trois  individus  dans  le  calcaire  n°  4. 

Nerinella  cf.  scalaris  [d'Orb.]. 

(PI.  XIV,  fig.  9). 

1849.  Nerinea  scalaris  d'Orb.  Prod.  I,  p,  298,  n°  34. 
1861.        —  —      d'Orb.  Pal.  fr.  II,  p.  87,  pi.  CCLIII,  fig.  1-4. 

1885.        —  —      Gossm.Coutrib.  et.  Bath.,p.207,pl.I,iig.  29-30, 

1898.  Nerinella  scalaris  Cossm.  Gastr.   jurass.   Nérinées,   p,   100, 

pi.  VIII,  fig.  17-19. 

Observations.  —  L'individu  de  Saint-Gaultier,  que  je  rapporte  à 
cette  espèce,  est  malheureusement  très  usé,  de  sorte  qu'on  soup- 
çonne, plutôt  qu'on  ne  les  aperçoit  bien  distinctement,  les  orne- 
ments de  sa  surface;  les  sutures  ont  été  creusées  à  l'aide  d'un  burin, 
de  sorte  qu'elles  ne  semblent  pas  situées  sur  une  arête,  comme  cela 
a  généralement  lieu  chez  les  Nerinella,  et  qu'elles  ont  plutôt  l'air 
d'être  comprises  entre  deux  bourrelets,  comme  cela  se  produit  chez 
Nerinea  s.  s.  Les  tours,  un  peu  déprimés  au  milieu,  bombés  vers  les 
sutures,  devaient  probablement  être  ornés  d'un  rang  de  pustules, 


1899  DU  GISEMENT  BATHONIEN   DE  SAINT-GAULTIER  549 

aux  deux  tiers  de  leur  hauteur,  et  de  quelques  filets  spiraux;  enfin 
le  bombement,  situé  au-dessus  de  la  bande  suturale,  parait  avoir 
été  fascicule  par  des  accroissements  curvilignes  et  rétrocurrents. 

Tous  ces  caractères  s'écartent  sensiblement  de  la  description 
originale  de  N.  scalaris  ;  mais,  dans  l'état  de  conservation  de  l'échan- 
tillon figuré,  il  serait  peut-être  téméraire  de  proposer  une  espèce 
nouvelle,  d'autant  'plus  que  la  hauteur  des  tours  et  la  forme  de 
l'ouverture  ressemblent  beaucoup  à  la  fig.  18,  que  j'ai  précédem- 
ment donnée,  de  N.  scalaris. 

Plésiotype.  —  PI.  XIV,  fig.  9.  Un  échantillon  douteux,  dans  le  Cal- 
caire n°  4  ;  autre  fragment  de  l'extrémité  de  la  spire. 

Bactroptyxis  axonensis  [d'Orb.]. 

(PL  XV,  fig.  9-11) 

1849.  Nerinea  Voltzi d'Arch.  Mém.  Soc.  Géol.  Fr.,  V,  p. 381,  pi.  XXX, 

fig.  5. 
1851 .  Nerinea  axonensis  d'Orb.  Pal.  Fr.  terr.  jur.,  II,  p.  92,  pi.  CCLIII, 

lig.  12-15. 
1885.       —  —      Cossm.Contrib.ét.Bath.p.l98,pl.IX,fig.l-2. 

1898.  Bactroptyxis  axonensis  Cossm.  Gastr.  jur.  Nérinées,  p.  143, 

pi.  XI,  fig.  1-2. 

Rapports  et  différences.  —  Il  y  a  identité  complète  entre  les 
individus  de  Saint-Gaultier  et  ceux  de  l'Aisne,  tant  en  ce  qui  con- 
cerne le  galbe  de  la  coquille,  que  pour  les  proportions  de  chaque 
tour  de  spire;  la  surface  étant,  en  général,  très  usée,  les  arêtes 
suturales  ont  complètement  disparu,  de  sorte  que  la  spire  parait 
tout-à-fait  subulée.  L'un  des  fragments,  que  j'ai  sous  les  yeux, 
montre  bien  trois  plis  columellaires  et  un  pli  pariétal  ;  mais,  sur 
aucun  individu,  je  n'ai  pu  constater  les  trois  plis  à  l'intérieur  du 
labre.  Pour  les  caractères  distinctifs,  entre  cette  espèce  et  ses  con- 
génères, je  prie  le  lecteur  de  se  reporter  à  mon  récent  Mémoire  sur 
les  Nérinées. 

Plésiotype.  —  PI.  XV,  fig.  9-11.  Abondant  dans  le  Calcaire  n°4. 

Bactroptyxis  cf.  subbruntrutana  fd'Orb.]. 

(PI.  XVII,  fig.  20). 

1843.  Nerinea  bruntrutana  d'Arch.  Mém.  Soc.  géol.  Fr.,  V,  p.  82, 

pl.XXV.fig.il. 


550       M.  GOSSMANN.  —  NOTE  SUR  LES  GASTROPODES      4  Dec. 

1849.  Nerinea  subbruntrutana  d'Orb.  Prod.,  I,  p.  298,  n°  42. 

1851.       —  —  d'Orb.  Pal.  fr.,  terr.  jur.,  II,  p.  94, 

pi.  CCLIV,  fig.  1-2. 
1885.       —  —  Cossm.  Contrib.  et.  Bath.,  p.  199. 

1898.       —  —  Cossm.  Gastr.  jur.  Nérinées,  p.  144. 

Taille  petite;  forme  conique,  cérithiolde;  spire  assez  courte, 
douze  à  quinze  tours,  dont  la  hauteur  égale  la  moitié  de  la 
largeur,  à  peine  convexes,  en  avant,  déprimés  vers  la  suture  infé- 
rieure, qui  est  à  peu  près  invisible,  tant  elle  est  fine,  ornés  de  cinq 
ou  six  filets  spiraux,  presque  égaux,  assez  régulièrement  écartés, 
non  granuleux. 

Dernier  tour  à  peu  près  égal  au  quart  de  la  longueur  totale, 
presque  plan,  anguleux  à  la  périphérie  de  la  base,  qui  est  déclive, 
et  qui  porte  quelques  filets  concentriques,  très  obsolètes,  plus 
visibles  vers  la  périphérie  qu'au  centre;  ouverture  petite,  quadran- 
gulaire,  avec  deux  plis  peu  saillants  à  l'intérieur  du  labre,  deux 
lamelles  très  proéminentes  à  la  columelle,  et  un  pli  pariétal  bien 
distinct,  quoique  moins  élevé. 

Dimensions.  —  Longueur  :  20mm  ;  diamètre  :  6mm. 

Rapports  et  différences.  —  Le  petit  échantillon  de  Saiut-Gaultier, 
que  je  rapporte  à  cette  espèce  douteuse,  n'est  pas  tout-à-fait  sem- 
blable à  la  figure  donnée  par  d'Archiac,  laquelle  représente  une 
coquille  absolument  subulée,  tandis  que  notre  individu  a  les  tours 
un  peu  déprimés  aux  sutures  ;  mais  il  se  peut  que  cette  différence 
soit  due  à  l'état  d'usure  du  type  figuré  par  d'Archiac  ;  on  sait,  en 
effet,  que  je  n'ai  retrouvé,  dans  l'Aisne,  aucun  échantillon  d'une 
conservation  suffisante  pour  affirmer  l'existence  de  cette  espèce. 
D'autre  part,  comme  la  plication  de  l'ouverture  ne  permet  pas  de 
classer  notre  coquille  dans  le  genre  Nerinella  s.  s.,  quoiqu'elle 
ressemble  extérieurement  à  certaines  espèces  de  petite  taille,  du 
Bathonien,  je  préfère  interpréter  l'espèce  de  d'Archiac,  plutôt  que 
d'en  proposer  une  nouvelle. 

Néotype.  —  PI.  XVII,  fig.  20.  Unique,  dans  le  Calcaire  n°  4. 

PURPUROIDEA    MULTIFILOSA   HOV.    Sp. 
(PI.  XVI,  fig.  10). 

Taille  très  grande  ;  forme  ventrue,  ovoïdo-conique  ;  spire  courte, 
à  galbe  parfaitement  conique  sous  un  angle  spiral  de  85°  environ  ; 
sept  tours  étroits,  presque  plans,  séparés  par  des  sutures  peu  pro- 


1899  DU  GISEMENT  BATHONIBN  DE  SAINT-GAULTIER  551 

fondes,  lisses,  commençant,  à  partir  du  troisième  tour  amat  le 
dernier,  à  se  couronner  de  neuf  ou  dix  tubercules,  juxtaposés  à  la 
suture  antérieure,  bientôt  arrondis  et  très  Aaflbtnts,  sans  être  épi- 
neux, dans  les  intervalles  desquels  apparaissent  ensuite  deux  ou 
trois  filets  spiraux  qui  na  remontent  pas  sur  la  pointe  des  tubercules. 

Dernier  tour  égal  aux  trois  quarts  de  la  hauteur  totale,  avec  un 
diamètre  égal  à  cette  hauteur,  portant,  au  dessus  d'une  rampe 
déclive  et  lisse,  une  couronne  de  neuf  à  dix  tubercules  subépineux, 
entre  lesquels  il  y  a  quatre  cordons  spiraux,  puis  une  large  rainure 
périphérique  qui  isole  la  base  ;  celle-ci  est  ovale,  arrondie,  ornée 
d'une  vingtaine  de  filets  ou  cordonnets,  plus  larges  que  leurs  inters- 
tices, cessant  aux  abords  de  la  région  ombilicale,  qui  est  incomplè- 
tement close  par  une  large  callosité  columellaire. 

Ouverture  semilunaire  à  labre  sinueux,  à  columelle  concave,  à 
base  échancrée. 

Dimensions.  —  Hauteur:  100mm;  grand  diamètre:  75mm;  petit 
diamètre  :  65mm. 

Rapports  et  différences.  —  J'ai  séparé  cette  espèce  de  P.  Morrisea 
Buv.,  à  cause  de  sa  spire  un  peu  plus  allongée,  et  de  ses  filets  beau- 
coup plus  nombreux  sur  la  base  ;  elle  a  aussi  un  tubercule  de  plus 
sur  chaque  tour.  D'autre  part,  elle  diffère  de  P.  minax  Piette,  par 
sa  forme  plus  courte  et  plus  ventrue,  par  ses  filets  beaucoup  plus 
serrés  sur  la  base,  non  treillissés  par  les  accroissements,  par  sa 
rampe  déclive  et  non  excavée,  au-dessous  de  la  couronne  de  tuber- 
cules, de  sorte  qu'elle  n'est  pas  étagée  comme  l'autre  espèce;  enfin 
son  angle  spiral  est  beaucoup  plus  ouvert,  quoiqu'il  le  soit  un  peu 
moins  que  chez  P.  Morrisea.  Enfin  l'espèce  oxfordienne  de  Vieil 
Saint  Rémy  et  de  Neuvizi  (P.  Moreana  Buv.)  se  distingue  de  la 
nôtre  par  sa  forme  plus  trapue  et  par  son  ornementation  plus 
grossière. 

Type.  —  PI.  XVI,  fig.  10.  Echantillon  unique  du  Callovien  des 
calcaires  de  l'Ipaudière,  près  Le  Blanc  (Indre). 

Purpuroidea  bicincta  [Piette]. 

(PI.  XIV,  fig.  4). 

1857 .  Purpura  bicincta  Piette.  B.  S.  G.  F.,  t.  XIV,  p.  597,  pi.  XV, fig. 5. 
1885.  Purpuroidea  bicincta  Cossm.  Contrib.  et.  Bath.,  p.  59,  n°  44. 

Taille  assez  petite;  forme  ovoldo-conique  ;  spire  assez  allongée,  à 
galbe  à  peu  près  conique,  sous  un  angle  spiral  de  60°  environ;  tours 


552  M.   GOSSMANN.   —  NOTE  SUR   LES  GASTROPODES  4  Dec. 

convexes,  un  peu  excavés  vers  la  suture  inférieure,  ayant  une  hauteur 
à  peine  égale  au  tiers  de  leur  largeur,  ornés  d'une  douzaine  de  gros 
tubercules  confluents,  peu  saillants,  traversés  par  de  fines  stries 
spirales,  qui  persistent  sur  la  rampe  inférieure. 

Dernier  tour  à  peu  près  égal  aux  deux  tiers  de  la  hauteur  totale, 
couronné  d'une  première  rangée  de  tubercules  arrondis  et  peu 
écartés,  au-dessus  de  la  rampe  excavée  et  striée  qui  surmonte  la 
suture,  puis  d'une  seconde  rangée  de  tubercules  plus  petits,  plus 
nombreux,  plus  rapprochés,  allongés  dans  le  sens  axial  ;  entre  les 
deux  rangées,  le  profil  du  dernier  tour  est  presque  rectiligne,  et  sa 
surface  est  à  peu  près  cylindrique,  ornée  de  sillons  spiraux  peu 
profonds  :  base  déclive  et  peu  convexe,  faiblement  sillonnée. 

Ouverture  courte,  ovale,  à  labre  un  peu  sinueux,  presque  vertical, 
à  columelle  très  excavée,  recouverte  par  un  bord  étroit  et  calleux, 
à  échancrure  basale  peu  profonde. 

Dimensions.  —  Longueur  :  60mm  ;  grand  diamètre  :  40mm  ;  petit 
diamètre  :  54mm. 

Rapports  et  différences.  —  Cette  espèce  se  distingue  de  P.  minax, 
de  P.  Morrisea  et  de  la  précédente,  par  sa  double  rangée  de  tuber- 
cules sur  le  dernier  tour;  ces  tubercules  sont,  d'ailleurs,  plus 
nombreux  et  moins  saillants;  en  outre,  la  forme  du  dernier  tour  est 
polygonale.  Les  sillons  spiraux  persistent  sur  la  rampe  située  au- 
dessus  de  la  suture.  On  ne  peut  pas  la  confondre  avec  P.  nodulata 
[Young],  qui  porte  un  rang  de  gros  tubercules  écartés,  auxquels 
succèdent  en  avant  des  côtes  axiales,  et  dont  la  surface  n'est  pas 
sillonnée;  quant  à  P.  glabra,  Morr.  et  Lyc,  c'est  une  espèce  lisse, 
bien  plus  étagée,  qui  n'a  qu'un  seul  rang  de  gros  tubercules  et  qui 
est  lisse. 

Plésiotype.  —  PI.  XIV,  fig.  4.  Calcaire  n°  4;  unique. 

COLUMBELLARIA   BATHONICA  nOV.    Sp. 
(PI.  XV,  fig.  22,  et  PI.  XVII,  fig.  13). 

Taille  au-dessous  de  la  moyenne  ;  forme  ovoïdo-conique  ;  spire 
assez  courte,  un  peu  étagée  ;  cinq  tours  convexes,  anguleux  au 
milieu,  séparés  par  des  sutures  linéaires  et  enfoncées,  ornés  d'une 
douzaine  de  côtes  épaisses  et  obtuses,  croisées  par  cinq  cordons 
spiraux,  également  répartis.  Dernier  tour  égal  aux  deux  tiers  de 
la  hauteur  totale,  muni  d'une  forte  varice  opposée  à  l'ouverture, 
entièrement  dénué  de  côtes  axiales,  simplement  orné,  ainsi  que  la 
base,  d'environ  dix  gros  cordons  spiraux,  très  saillants,  un  peu  plus 


1899  DU  GISEMENT  BATHONIEN  DE  SAINT-GAULTIER  5S3 

étroits  que  leurs  intervalles,  se  prolongeant  obliquement  sûr  te  cou, 
par  des  filets  moins  épais  et  plus  rapprochés. 

Ouverture  ovale  dans  son  ensemble,  très  rétrécie  en  dedans  par 
l'épaississement  du  péristome,  munie  en  arrière  d'une  gouttière 
échancrée,  et  en  avant,  d'un  canal  court  et  tronqué,  sans  échan- 
crure  dorsale  à  son  extrémité;  labre  presque  vertical,  épaissi  à 
l'extérieur  par  une  forte  varice,  sur  laquelle  les  cordons  forment 
des  nodosités  terminales,  calleux  à  l'intérieur,  avec  un  renflement 
sinueux  du  côté  postérieur,  et  quelques  rides  marginales;  columelle 
bisinueuse,  se  rapprochant  du  labre  à  la  naissance  du  canal  anté- 
rieur qu'elle  rétrécit  beaucoup;  bord  columellaire  assez  large, 
formant  une  épaisse  callosité,  lisse,  qui  rejoint  celle  du  labre  autour 
de  la  gouttière  postérieure,  et  qui  couvre  hermétiquement  la  région 
ombilicale. 

Dimensions.  —  Hauteur:  21mm;  grand  diamètre:  12mm;  petit 
diamètre  :  10mm. 

Observations.  —  Le  Genre  Columbellaria  Rolle  (1861),  classé  par 
M.  Zittel  auprès  des  Columbella,  a  été  placé  par  Fischer,  avec  plus 
de  justesse  à  mon  avis,  dans  une  Famille  spéciale  ColumbellinidjE, 
avec  Columbellina,  Zittelia  et  Petersia,  entre  les  lYitonidœ  et  les 
Cassididœ:  M.  Zittel  avait  été  probablement  guidé  par  l'analogie  qui 
existe,  au  premier  abord,  entre  l'ouverture  de  C.  ornata  et  celle  de 
l'espèce  vivante  Columbella  mercatoria,  dont  la  surface  n'est  pas 
lisse;  mais,  quand  on  examine  l'épaisse  callosité  du  péristome  de 
ces  coquilles  jurassiques,  et  surtout  quand  on  constate  que  le  canal, 
tronqué  très  brièvement,  n'est  pas  échancré  à  son  extrémité  dorsale, 
on  reconnaît  que  cette  hypothèse  n'est  pas  admissible.  Ces  formes 
singulières,  qui  ne  se  rattachent  évidemment  à  aucun  Genre  de 
l'Époque  actuelle,  méritaient  certainement  une  nouvelle  Famille  ; 
quant  au  classement  de  celle-ci,  la  place  que  lui  a  attribuée  Fischer 
me  parait  confirmée  par  l'existence  de  la  varice  que  j'ai  constatée,  du 
côté  opposé  à  l'ouverture,  sur  l'échantillon  que  je  viens  de  décrire. 

Ce  Genre  n'a  encore  été  signalé  que  dans  les  étages  supérieurs  du 
Système  jurassique;  sa  présence  dans  des  couches  franchement 
bathoniennes  en  étend  beaucoup  la  longévité,  et  c'est  un  fait  inté- 
ressant à  signaler. 

Rapports  et  différences.  —  C.  bathonica  ressemble  beaucoup  à 
C.  Aloysi  Guir.  et  Ogér.,  du  Kimméridgien  de  Yalfin;  il  en  diffère 
toutefois  par  sa  spire  moins  allongée,  par  ses  tours  dont  l'angle  est 
plus  médian,  et  dont  les  côtes  sont  plus  épaisses,  enfin  par  son 
dernier  tour  moins  ventru,  dépourvu  de  l'ornementation  axiale  qui 


554  M.   G08SMANN.   —  NOTE  SUR   LES  OA8TROPODES  4  Dec. 

caractérise  l'autre  espèce;  en  outre,  le  bord  columellaire  parait 
entièrement  lisse  chez  l'espèce  bathonienne,  tandis  qu'il  n'en  est 
pas  de  même  chez  C.  Aloysi,  ni  chez  C.  corallina  Quenst.,  du  Coral- 
lien de  Nattheim. 

Type.  —  PL  XV,  flg.  22,  et  pi.  XVII,  fig.  13.  Calcaire  n°4  ;  échan- 
tillon unique. 

Cbrithium  Dorvali  nov.  sp. 

(PI.  XV,  flg.  4-5). 

Tailla  moyenne,  larme  étroite,  ■iihninr;  tours  plans,  dont  la  hau- 
teur égale  la  moitié  de  la  largeur,  séparés  par  des  sutures  linéaires; 
ornementation  composée  de  sept  cordonnets  spiraux,  peu  saillants, 
les  deux  antérieurs  un  peu  plus  écartés,  les  cinq  postérieurs  plus 
serrés,  et  crénelés  par  des  costules  très  obsolètes,  larges  et  à  peine 
saillantes,  qui  ne  se  prolongent  pas  jusque  sur  les  deux  cordons 
antérieurs. 

Dernier  tour  relativement  court,  n'atteignant  probablement  pas 
les  deux  septièmes  de  la  hauteur  totale,  subanguleux  à  la  périphérie 
de  la  base  qui  est  convexe,  sur  laquelle  les  cordons  se  resserrent 
jusque  sur  le  cou  du  canal,  tandis  que  les  costules  s'effacent  en  deçà 
de  l'angle  périphérique. 

Ouverture  circulaire,  un  peu  dilatée,  terminée  en  avant  par  un 
canal  très  court,  à  peine  rejeté  au  dehors;  labre  épais,  subvariqueux 
ou  bossue,  paraissant  lisse  à  l'intérieur,  à  profil  presque  vertical  ; 
bord  columellaire  excavé,  formant  une  lamelle,  peu  calleux,  her- 
métiquement appliquée  sur  la  base. 

Dimensions.  —  Longueur  probable  :  40mm  ;  diamètre  à  la  base  : 
15mm  ;  diamètre  transversal  :  11**. 

Rapports  et  différences.  —  Bien  que  les  coquilles,  désignées  comme 
Cerithium,  soient  nombreuses  dans  le  terrain  Bathonien,  je  n'en 
trouve  aucune  qui  puisse  se  confondre  avec  cette  espèce,  soit  à 
cause  des  détails  de  l'ornementation,  soit  à  cause  de  l'ouverture, 
qui  ressemble  à  celle  de  certains  Potamides  tertiaires.  Parmi  celles 
qui  s'en  rapprochent  le  plus,  je  citerai  :  C.  semiobliteratum  Cossm., 
qui  a  le  même  angle  spiral,  et  des  côtes  arrêtées  à  la  moitié  de  la 
hauteur  des  tours,  mais  dont  l'ornementation  spirale  est  beaucoup 
plus  obsolète,  et  dont  le  dernier  tour  n'est  pas  anguleux  à  la  péri- 
phérie ;  C.  portuliferum  Piette,  dont  les  côtes  s'étendent  d'une  suture 
à  l'autre,  et  dont  les  stries  spirales  sont  plus  fines  ;  C.  multiforme 
Piette,  qui  est  beaucoup  plus  trapu  et  dont  les  côtes  sont  plus 
grosses,  plus  continues. 

Type.  —  PI.  XV,  ûg.  4-5.  Unique  dans  le  Calcaire  n°  4. 


1899  DU  GISEMENT  BATHONIEN   DE  SAINT-GAULTIER  555 

BrachytRema  Buvignieri  Morris  et  Lyeett. 

(PI.  XV,  flg.  1-3). 

1850.  B.  Buvignieri Morr.  et  Lyc.  Moll.  gr.  Ool.,  p.  24,  pi.  V,  fig.  7. 
?*856.  -         Piette.B.S.G,F.,t.XUI,p.593,pI.XV,fig.H-12. 

1885.  —         Cossm.  Contr.  et.  Bath.,  p.  78,  n°  89. 

1892.  —         Hudl.  et  Wilson.  Catal.  brit  jar.  Gastr.,  p.  45. 

Taille  assez  grande  ;  forme  courte,  buccinoïde,  ventrue  ;  spire 
régulièrement  conique,  à  peine  étagée,  composée  de  sept  tours 
environ,  dont  la  hauteur  égale  à  peine  le  tiers  de  la  largeur  moyen- 
ne ;  sutures  peu  profondes,  non  bordées  ;  ornementation  formée, 
sur  les  premiers  tours,  de  quatre  ou  cinq  filets  spiraux,  et  de 
costules  obsolètes,  droites,  assez  serrées,  s'arrétant  un  peu  en  deçà 
de  la  suture  inférieure;  presque  à  chaque  tour,  il  existe  une  varice 
irrégulièrement  située,  assez  épaisse  et  saillante,  s'étendant  d'une 
suture  à  l'autre. 

Dernier  tour  égal  aux  trois  cinquièmes  de  la  hauteur  totale, 
subanguleux  à  la  périphérie,  et  orné  de  cordonnets  un  peu  plus 
grossiers  que  ceux  de  la  partie  inférieure  ou  du  reste  de  la  spire, 
avec  des  filets  intercalaires  plus  fins;  les  costules  deviennent  plus 
noduleuses  sur  l'angle  périphérique,  elles  sont  au  nombre  d'une 
quinzaine  environ,  et  cessent  subitement  sans  s'étendre  sur  la  base, 
qui  ne  porte  que  des  cordonnets  serrés  et  réguliers,  divisés  en  trois 
zones  par  deux  angles  très  obsolètes. 

Ouverture  (fig.  1)  en  pavillon  très  dilaté,  petite  et  arrondie  au 
fond  de  cette  large  embouchure,  munie  d'une  double  gouttière  à  la 
partie  inférieure,  très  rétrécie  sur  le  canal  anté- 
rieur, qui  est  court,  tronqué  et  bien  échancré  ; 
labre  ample,  un  peu  réfléchi  à  l'extérieur,  non 
bordé,  à  contour  arrondi,  lacinié  à  l'intérieur, 
échancré  aux  deux  points  où  aboutissent  les 
gouttières  ;  columelle  excavée,  tordue  en  avant 
par  un  pli,  à  la  naissance  du  canal;  bord  colu- 
mellaire  calleux,  formant  une  large  lame  apla- 
tie, détachée  du  cou  du  canal,  se  terminant  en  Fi_  i 
pointe  à  son  extrémité  inférieure. 

Dimensions.  —  Hauteur:  15mra:  diamètre,  y  compris  le  pavillon 
du  labre:  22mm;  diamètre  transversal  :  16mm. 

Observations.  —  J'ai  refait  complètement  la  diagnose  de  cette 
espèce  déjà  connue,  parce  qu'elle  est  le  type  du  Genre  Brachytrema 


S56  M.   C0SSMANN.   —  NOTE  SUR   LES  GASTROPODES  4  Dec. 

Morris  et  Lycett,  et  que  ces  auteurs  n'ont  fait  figurer  qu'un  seul 
échantillon  incomplet  et  vu  de  dos;  les  excellents  individus,  re- 
cueillis dans  le  Bathonien  de  l'Indre,  m'ont  permis  de  caractériser, 
d'une  manière  complète,  l'ouverture  de  Brachytrema,  et  de  constater 
qu'elle  présente  une  réelle  analogie  avec  celle  de  Petersia;  toutefois 
le  péristome  de  ce  dernier  forme  une  callosité  continue  qui  n'existe 
pas  chez  Brachytrema,  dont  le  canal  est  mieux  formé,  quoique  briè- 
vement tronqué  ;  en  outre,  l'état  de  conservation  de  mes  néotypes 
me  permet  de  signaler  l'existence  caractéristique  des  deux  gout- 
tières labiales,  dont  l'une  surtout  (l'antérieure)  est  assez  profondé- 
ment échancrée,  probablement  pour  l'évacuation  des  matières 
fécales.  En  résumé,  je  persiste  à  penser  que  le  Genre  Brachytrema 
est  bien  à  sa  place  dans  la  Famille  Cerithidœ  où  Fischer  le  plaçait 
avec  doute,  et  où  je  l'ai  classé  ;  mais  il  est  désormais  impossible  d'y 
placer  Cerith.  muricoides,  comme  je  l'ai  fait  dans  mon  Catalogue  de 
l'Eocène  des  environs  de  Paris,  et  ce  dernier  fossile,  ainsi  que  ses 
congénères  tertiaires,  doit  appartenir  à  un  Genre  nouveau  :  Benoistia, 
nobis  (1899),  beaucoup  plus  voisin  de  Cerithium. 

Rapports  et  différences.  —  Au  point  de  vue  spécifique,  mes  échan- 
tillons sont  identiques,  comme  galbe  et  comme  ornementation,  à  la 
figure  de  la  Planehe  V  de  l'ouvrage  de  Morris  et  Lycett  ;  tandis  que 
la  figure  que  M.  Piette  a  donnée,  sous  le  nom  de  B.  Buvignieri, 
représente  un  individu  armé  de  nodules  arrondis,  au  lieu  de  côtes, 
et  dont  les  tours  sont  convexes  comme  ceux  de  B.  brevis  Morr.  et  Lyc.  ; 
peut-être  ces  différences  sont-elles  uniquement  dues  à  l'usure  de 
l'échantillon,  ou  à  l'imperfection  du  dessin.  En  tous  cas,  B.  brevis  se 
distingue  de  B.  Buvignieri  par  sa  spire  plus  courte,  par  ses  tours 
plus  arrondis,  moins  subulés,  subimbriqués  en  avant,  par  ses  côtes 
moins  écartées,  et  par  ses  cordonnets  moins  nombreux. 

Néotypes.  —  PI.  XV,  fig.  1-3.  Assez  commun  dans  le  Calcaire  n°  4, 
auquel  il  donne  son  nom. 

PURPUMNIDAS,  Zittel. 
OCHETOCHILUS  (1),  nov.   gen.   (1899). 

Taille  peu  grande;  forme  ventrue,  à  spire  conique,  pointue; 
protoconque  lisse,  à  nucléus  déprimé;  tours  convexes,  à  sutures 
profondes,  ornés  de  cordonnets  spiraux,  faiblement  variqueux  par 
places,  surtout  le  dernier,  qui  est  grand,  arrondi  et  imperforé  à  la 

(1)  Oxctoç,  .gouttière  ;  xe(^°c*  tèvre. 


1899  DU  GI8EMENT  BATHONIEN   DE  9A1NT-GAULTIER  557 

base.  Ouverture  ovale,  un  peu  dilatée,  terminée  en  avant  par  une 
gouttière  anguleuse,  qui  en  modifie  le  contour  supérieur,  et  à  la- 
quelle vient  aboutir  un  gros  bourrelet  basai,  taillé  en  biseau;  labre 
largement  épaissi  à  l'extérieur,  obliquement  incliné  à  gauche  de 
l'axe,  du  côté  antérieur,  antécurrent  à  la  suture,  lisse  à  l'intérieur; 
col  u  m  elle  épaisse,  rectiligne  et  oblique,  recouverte  par  un  bord 
assez  large  et  calleux,  qui  s'étend  jusque  contre  le  bourrelet  basai, 
et  qui  s'infléchit  en  avant,  pour  se  terminer  en  pointe  contre  le  bec 
antérieur.  Type:  0.  snbvaricosus,  sp.  nov.  Bath. 

Observations.  —  Quoique  ce  nouveau  Genre  ait  quelques  affinités 
avec  Purpurina,  il  possède  des  caractères  bien  distincts,  dont  l'im- 
portance justifie  la  création  d'une  coupe  générique,  et  qui  confir- 
ment, pour  moi,  la  nécessité  de  proposer  également  une  nouvelle 
Famille,  comprenant  les  Genres  Purpurina,  Eucycloidea  et  Ocheto- 
chilus.  Jusqu'à  présent,  Purpurina  occupait,  dans  la  classification, 
une  position  très  incertaine  :  Fischer  l'a  placé  près  des  Littorina, 
guidé  probablement  par  la  faible  sinuosité  que  forme  le  contour 
de  quelques  Purpurines,  à  ouverture  très  arrondie  ;  d'autre  part, 
M.  Hudleston,  dans  son  récent  travail  sur  les  Gastropodes  de  l'Oolite 
inférieure,  a  décrit  les  Purpurina  bajociens  d'Angleterre,  avant  les 
Alaria,  c'est-à-dire  tout  à  fait  dans  les  Siphonostomes.  Je  crois  que 
la  vérité  est  entre  ces  deux  extrêmes,  et  que  la  Famille  Purpurinidœ 
doit  trouver  sa  place  à  proximité  des  Trichotropidœ,  c'est-à-dire 
précisément  entre  les  Siphonostomes  et  les  Holostomes. 

Rapports  et  différences.  —  J'ai  constaté,  sur  de  bons  exemplaires 
de  Purpurina  eoronata  Héb.  et  Desl.,  provenant  de  Montreuil-Bellay, 
que  la  protoconque  était  iden- 
tique à   celle   d'Ochetochilus,  à  y \ 

nucleus    déprimé,    avec   deux        (     ^  A 
tours  un  peu  en  gradins  ;  en        ^Z/^  ) 

outre  la  forme  du  bec  antérieur  ^* ' 

est  à  peu  près  la  même,  et  si  l'on 
regarde  la  coquille  en  plan  (voir 
fig.  ci-contre),  on  observe  que  le  Fig  2. 

bec  ne  produit,  sur  le  contour, 

qu'une  légère  sinuosité,  plutôt  qu'une  échancrure;  enfin,  le  bord 
columellaire  a  presque  la  même  disposition  dans  les  deux  Genres, 
seulement  la  lèvre  qu'il  forme  recouvre  entièrement  la  région  ombi- 
licale chez  Ochetochilus,  tandis  que  chez  Purpurina,  il  existe  généra- 
lement une  fente  ou  un  entonnoir,  entre  le  bord  columellaire  et  le 
bourrelet  basai,  qui  correspond  à  la  sinuosité  du  bec  ;  d'ailleurs,  ce 


558  M.   C088MANN.   —  NOTE  SUR  LES  GASTROPODES  4  Dec. 

bourrelet  est  beaucoup  plus  saillant  et  taillé  eu  biseau  chez  Ocheto- 
chilus. Les  différences  capitales  résident  surtout  dans  le  galbe  de  la 
spire,  dans  le  système  d'ornementation,  et  dans  la  forme  du  labre  : 
tandis  que,  chez  Purpurina,  les  tours  sont  étages  par  une  rampe 
suturale,  ornés  de  côtes  axiales  (qui  disparaissent,  il  est  vrai,  chez 
Eucycloidea),  Ochetochilus  a  les  tours  arrondis,  simplement  funi- 
culés  ;  le  labre,  qui  est  mince,  et  qui  est  sinueux  sur  la  rampe 
postérieure,  chez  Purpurina,  s'épaissit  au  contraire  chez  Ochetochi- 
lus, au  point  qu'il  reste  des  varices  sur  le  dernier  tour,  et  il  est 
oblique,  antécurrent  vers  la  suture.  Quant  à  Eueycbidea,  c'est  un 
Sous-Genre  de  Purpurina,  que  M.  Hudleston  a  proposé  pour  des 
formes  plus  élancées,  ayant  l'aspect  des  Eucyclus,  et  un  bec  antérieur 
plus  prononcé  que  les  Purpurines  trapues;  mais  il  présente  les 
mêmes  caractères  différentiels  que  Purpurina,  par  rapport  à  Oche- 
tochilus. 

Ochetochilus  subvaricosus  nov.  sp. 

(PI.  XV,  flg.  15-16). 

11  y  a,  pour  la  description  de  cette  espèce,  peu  de  chose  à  ajouter 
à  la  diagnose  ci-dessus  du  Genre  Ochetochilus  :  six  tours  convexes, 
dont  la  hauteur  égale  les  deux  cinquièmes  de  la  largeur,  avec  six 
cordonnets  spiraux,  finement  crépus  par  les  accroissements.  Der- 
nier tour  égal  aux  deux  tiers  de  la  hauteur  totale,  portant,  ainsi 
que  la  base,  une  quinzaine  de  cordonnets  également  crépus,  surtout 
aux  abords  de  la  varice  labiale.  Ouverture  presque  égale  à  la  moitié 
de  la  hauteur  totale. 

Dimensions.  —  Longueur:  19mm;  grand  diamètre:  14mm  ;  petit 
diamètre:  41mm. 

Rapports  et  différences.  —  Je  ne  connais  aucune  coquille  batho- 
nienne,  même  incomplète,  dont  la  description  se  rapproche  de  celle- 
ci;  peut-être  Purpurina  buccinoides  Piette,  du  Bathonien  des  Arden- 
nes,  appartient  il  au  même  Genre  ;  mais  l'auteur  indique  une  surface 
lisse,  et  en  tous  cas,  la  forme  de  la  coquille  parait  plus  allongée,  de 
sorte  que  j'ai  proposé,  en  1885,  de  le  placer  dans  le  Genre  Cerithiella; 
mais  en  1895,  j'ai  renoncé  à  cette  assimilation  hasardeuse  ;  je  crois, 
en  résumé,  que  ce  doit  être  un  Ochetochilus  distinct  de  celui  de 
l'Indre. 

Type.  —  PL  XV,  fig.  15-16.  Neuf  individus,  dans  le  Calcaire  n°  4. 


1899  DU  GISEMENT  BATHONIEN   DE  SAINT-GAULTIER  559 

PSEUDOMELANIA   Pictet  et  Camp. 

Subgenus  :  Mesospirà  Cossmann. 

Type  :  Phasianella  Leymeriei  d'Arch.  (Annuaire  géol.,  1892,  p.  719). 

Taille  moyenne;  forme  ovo-conoldale ;  spire  courte,  lisse  en 
apparence,  mais  ornée  de  très  fines  stries  spirales,  qui  ne  persis- 
tent qu'à  la  partie  inférieure  du  dernier  tour.  Ouverture  semilu- 
naire,  anguleuse  en  arrière,  arron- 
die en  avant,  avec  une  sinuosité 
versante  et  assez  profonde,  à  la 
jonction  du  contour  supérieur  et  du 
bord  columellaire  (voir  fig.  ci  con- 
tre); labre  mince,  proéminent  en 
avant,  un  peu  sinueux  et  excavé 
vers  le  tiers  postérieur,  aboutissant  Fi    3 

presque  perpendiculairement  à  la 

suture  ;  columelle  obliquement  rectiligne,  formant  une  large  sur- 
face cylindracée,  recouverte  par  une  mince  callosité  à  peine 
distincte  de  la  base. 

Rapports  et  différences.  —  On  sait  que  le  Genre  Pseudomelania  a  été 
divisé,  par  Fischer  et  d'après  Gemmallero,  en  quatre  Sections: 
Pseudomelania  s.  s.,  Rhabdoconcha,  Microschiza  et  Oonia;  il  faut  y 
ajouter  Cloughtonio  Hudleston  (1892),  et  le  nouveau  Sous-Genre, 
que  j'ai  proposé,  en  1892,  dans  l'Annuaire  géologique,  pour  une 
espèce  bien  connue,  qui  ne  pouvait,  à  mon  avis,  être  placée  dans 
aucune  des  subdivisions  précédemment  créées. 

Laissant  de  côté  Pseudomelania  et  Rhabdoconcha,  qui  sont  des 
formes  allongées,  Microschiza  qui  a  des  côtes  axiales,  et  Cloughtonia 
qui  a  une  carène  ou  un  angle  périphérique,  à  la  base,  je  ne  puis 
guère  comparer  Mesospirà  qu'à  Oonia,  qui  a  presque  le  môme  galbe, 
avec  une  spire  courte  et  un  dernier  tour  ventru.  Mais,  dans  sa 
diagnose  d1 Oonia,  Gemmellaro  (1)  dit  expressément  «  Coquille  ovale, 
lisse  et  pourvue  de  stries  transversales  d'accroissement  sinueux  ; 
bouche  ovale,  arrondie  en  avant,  rétrécie  en  arrière;  columelle 
légèrement  courbée  et  incrustée;  labre  incliné  et  mince  ».  Or,  non 
seulement  cette  diagnose  ne  fait  nulle  mention  des  stries  spirales 
que  portent  les  tours  de  Mesospirà,  mais  encore  elle  est  muette  sur 

(1)  Sui  fossill  del  calcare  cristallin©  délie  Montagne  del  caaale  e  di  Bellampo 
nella  Provincia  di  Palermo  (Giorn.  Se,  nat.  ed  Econ.t  vol.  XIII,  1878,  p.  262). 


560       M.  GO88MANN.  —  NOTE  SUR  LES  GASTROPODES      4  Dec. 

la  siuuosité  du  contour  supérieur  de  l'ouverture  ;  enfin,  —  et  c'est 
le  caractère  différentiel  le  plus  important,  —  la  columelle  d'Oonia 
est  indiquée  comme  excavée,  tandis  qu'elle  est  oblique  et  tout  à 
fait  recti ligne  chez  Mesospïra.  A  ce  point  de  vue  même,  ce  dernier 
s'écarte  davantage  de  Pseudomelania  que  les  autres  Sections,  et 
mérite,  par  conséquent,  de  former  un  Sous-Genre  distinct,  tout  en 
se  rattachant  aux  Pseudomelaniidœ  par  le  contour  versant  de  son 
ouverture  du  côté  antérieur,  par  son  bord  columellaire  hermétique- 
ment appliqué  sur  la  base,  et  à  peine  limité  du  côté  antérieur. 

Mesospïra  Letmeriei  [d'Arch.]. 

(PI.  XV,  fig.  19-20). 

1843.  Phasianella  Leymeriei  d'Arch.  Loc.  cit.,  p.  380,  pi.  XXVIII, 

fig.  12. 

1849.  —  —       d'Orb.  Prod.,  I,  p.  301,  n°  84. 

1850.  —  —       d'Orb.  Pal.  fr.  terr.  jur.,  II,  p.  320, 

pi.  CCXXIV,  fig.  5-7. 
1850.  —  —       Morr.  et  Lyc.  Moll.  gr.  Ool.,  I,  p.  74, 

pi.  XI,  fig.  31-32. 
1892.  —  —       Hudleston.  Gastr.  infer.  Ool.,  p.  253, 

pi.  XXI,  lig.  5. 

Forme  ovoïde  :  spire  peu  allongée,  à  galbe  conoïdal,  composée  de 
cinq  ou  six  tours  à  peine  convexes,  croissant  rapidement,  séparés 
par  des  sutures  peu  profondes,  ornés  de  nombreuses  stries  spirales, 
très  serrées,  et  visibles  surtout  à  la  loupe.  Dernier  tour  un  peu  ven- 
tru, égal  aux  quatre  cinquièmes  de  la  longueur  totale,  orné,  à  la  partie 
inférieure  seulement,  de  stries  spirales,  lisse  en  avant  et  sur  la  base 
qui  est  peu  convexe  et  très  élevée;  ouverture  comme  dans  la 
diagnose  générique  ci-dessus. 

Dimension*.  —  Longueur:  25mm;  diamètre:  14mm. 

Observations.  —  Les  échantillons  de  Saint-Gaultier  sont  d'une 
taille  plus  grande  que  ceux  de  l'Aisne,  décrits  par  d'Archiac,  et 
dont  je  possède  plusieurs  échantillons,  provenant  du  gisement 
d'Eparcy  ;  mais  ils  ont  identiquement  le  même  galbe  et  la  même 
ouverture.  Quant  aux  stries,  d'Archiac  n'en  a  pas  signalé  l'existence, 
parce  que  les  individus  d'Eparcy  n'ont  pas,  en  général,  la  surface 
fraîchement  préservée. 

Il  parait  douteux  que  les  échantillons  d'Angleterre  appartiennent 
à  cette  espèce;  d'ailleurs,  M.  Hudleston  a  séparé  ceux  du  Bajocien 


1899  DO  GISEMENT  BATHON1EN  DE  SAINT-GAULTIER  561 

sous  le  nom  de  variété  lindonensis.  D'autre  part,  j'ai  décrit,  en  1885, 
sous  le  nom  Eligmoloxus  bulimoides,  une  coquille  bathonienne  qui 
a  quelque  ressemblance  avec  celle-ci,  notamment  par  ses  stries  à 
la  partie  inférieure  du  dernier  tour;  mais,  outre  qu'elle  est  plus 
étroite  et  plus  comprimée  que  M.  Leymeriei,  sa  suture  ascendante, 
son  labre  obliquement  incliné,  sa  columelle  mince,  ne  permettent 
même  pas  de  rapprocher  les  deux  Genres  en  question. 

Pies  10 type.  —  PI.  XV,  ûg.  19-20.  Quatre  individus  dans  le  Cal- 
caire n°  4. 

Amberlkya  Aureliana  sp.  nov. 

(PI.  XIV,  flg.  1). 

Test  épais;  forme  trapue,  conique,  trochoide;  spire  assez  courte, 
six  à  huit  tours,  convexes  en  avant,  excavés  en  arrière,  dont  la 
hauteur  égale  les  deux  cinquièmes  de  la  largeur,  séparés  par  des 
sutures  lioéaires,  non  bordées;  neuf  côtes  axiales,  épaisses,  noueu- 
ses sur  la  région  convexe  de  chaque  tour,  atténuées  ou  disparaissant 
sur  la  rampe  inférieure,  croisées  par  douze  à  quinze  filets  spiraux, 
très  serrés,  plus  ou  moins  égaux,  dont  deux,  plus  saillants,  forment 
des  angles  sur  les  côtes. 

Dernier  tour  à  peu  près  égal  aux  deux  tiers  de  la  hauteur  totale, 
bianguleux  à  la  périphérie  de  la  base,  qui  est  obliquement  déclive, 
imperforée,  et  ornée  de  filets  concentriques,  nombreux  et  serrés  ; 
ouverture  arrondie,  oblique,  dépourvue  de  cou;  columelle  excavée, 
tronquée  en  avant,  recouverte  par  un  bord  lisse,  largement  étalé, 
mince  et  peu  calleux, 

Dimensions.  —  Hauteur  :  52mm  ;  diamètre  à  la  base  :  40mm. 

Rapports  et  différences.  —  Cette  espèce  est  voisine  de  A.  Piettei 
Cossm.  ;  mais  on  l'en  distingue  au  premier  abord,  par  son  ornemen- 
tation spirale  beaucoup  plus  fine,  par  ses  côtes  moins  nombreuses, 
par  l'absence  du  bourrelet  suturai  et  crénelé,  qui  caractérise  l'espèce 
de  l'Aisne,  enfin  par  la  pente  plus  déclive  de  sa  base.  Quant  à  Amber- 
leya  nodosa  (Buckm.),  c'est  une  coquille  beaucoup  plus  allongée  que 
notre  espèce,  sans  ornementation  spirale,  avec  des  nodosités  plus 
nombreuses  et  plus  serrées,  à  la  partie  antérieure  de  chaque  tour 
seulement.  En  définitive,  cette  espèce  parait  bien  légitimement 
nouvelle.  En  ce  qui  concerne  son  classement  dans  le  Genre  Amber- 
leya,  elle  a  bien  exactement  le  galbe  du  type  de  ce  Genre  (A .  nodosa), 
et  elle  ne  s'en  écarte  que  par  des  différences  spécifiques.  On  sait 
que,  dans  le  secoud  volume  de  ses  Notes  paléontologiques  (1889), 

8  Mars  1900.  —  T.  XXVII.  Bull.  Soc.  GéoL  Fr.  —  36 


562  M.   GOSSM ANN.   —  NOTE  SUR  LES  GASTROPODES  4  Dec. 

Eug.  Deslongchamps  a  maintenu  la  distinction  à  faire  entre  ce 
Genre  et  Eucyclus,  par  suite  de  l'existence  d'un  ombilic  sur  la  base» 
et  de  traces  de  nacre  qui  classeraient  ce  Genre  avec  les  Turbinidœ, 
tandis  qu'Amberleya  resterait  auprès  de  Littorina.  Cette  question 
n'est  pas  encore  définitivement  tranchée. 
Type.  —  PI.  XIV,  fig.  1.  Un  seul  individu  dans  le  Calcaire  n°  4. 

Eucyclus  Camillus  [d'Orb.]. 

(PI.  XIV,  fig.  5-6). 

1850.   Turbo  Camillus   d'Orb.   Pal.   fr.,  terr.  jur.,  H,  p.  349,  pi. 

CCCXXXIII,  fig.  13  14. 

Taille  assez  grande;  forme  turbinée,  élancée;  spire  un  peu 
allongée,  à  galbe  conique;  cinq  ou  six  tours  très  convexes,  dont  la 
hauteur  égale  les  trois  cinquièmes  de  la  largeur,  séparés  par  des 
sutures  profondes,  ornés  de  quatre  carènes  spirales,  saillantes, 
équidistantes,  plus  minces  que  leurs  interstices,  qui  sont  déçusses 
par  des  plis  d'accroissement  très  fins. 

Dernier  tour  égal  aux  deux  tiers  de  la  hauteur  totale,  arrondi, 
orné,  ainsi  que  la  base  convexe,  de  douze  carènes  qui  se  resserrent 
sur  la  région  ombilicale,  qui  est  entièrement  close.  Ouverture 
subcirculaire,  à  peine  sinueuse  sur  son  contour  supérieur;  labre 
mince,  peu  oblique,  non  sinueux,  lisse  à  l'intérieur;  columelle 
épaisse,  oblique,  faiblement  arquée,  se  raccordant,  sans  troncature, 
avec  le  bord  supérieur,  vis-à-vis  la  sinuosité  de  ce  dernier  ;  bord 
columellaire  large,  calleux,  aplati,  séparé  par  une  petite  rainure  du 
contour  du  péristome. 

Dimensions.  —  Hauteur  :  45mm  ;  grand  diamètre  :  28mm  ;  petit 
diamètre:  23mm. 

Observations.  —  Bien  que  l'échantillon  figuré  ait  subi  une  défor- 
mation accidentelle  qui  comprime  l'ouverture,  je  n'ai  pas  hésité 
à  le  choisir  comme  néotype  de  cette  espèce,  parce  que  j'ai  réussi  à 
en  dégager  l'ouverture,  dans  sa  partie  essentielle,  aux  abords  de  la 
columelle,  de  manière  à  bien  préciser  les  caractères  du  Genre 
Eucyclus  dans  lequel  je  le  classe.  En  effet,  dans  la  plupart  des  figures 
que  les  auteurs  ont  données  d'après  des  échantillons  restaurés, 
l'ouverture  des  Eucyclus  est,avec  raison,  indiquée  comme  circulaire; 
mais,  en  outre,  la  columelle  est  représentée  avec  une  courbure 
arquée,  parallèle  au  contour  extérieur  du  bord  columellaire  ;  or, 
ainsi  que  je  l'ai  constaté  sur  l'individu  ci-dessus  décrit,  la  columelle 


1889  DtJ  G1SHIENT  BATHONIEN   DB  8AINt-GAULTVR  863 

d'Eucyclus  présente  une  surface  presque  plane  et  une  inclinaison 
oblique,  presque  recti ligne,  qui  est  comme  une  exagération  de 
ce  que  Ton  observe  chez  les  Littorines  vivantes;  en  dégageant 
l'ouverture  de  cet  échantillon,  j'étais  surpris,  à  chaque  coup  de 
burin,  de  ne  pas  rencontrer  encore  le  contour  libre  de  cette  colu- 
m  elle,  tant  cette  surface  est  large  ;  elle  atteint  environ  5mm  à  la 
partie  inférieure,  au  point  où  elle  se  raccorde  avec  la  base  de 
l'avant-dernier  tour;  en  avant,  au  contraire,  elle  se  rétrécit,  s'atténue 
et  se  perd  dans  la  sinuosité  du  contour  supérieur. 

Toutefois,  la  plus  grande  partie  des  Amberleya  (=  Eucyclus) 
figurés  dans  la  Monographie  des  Gastropodes  de  l'Oolite  inférieure, 
par  M.  Hudleston,  sont  représentés  avec  une  columelle  droite, 
calleuse  et  généralement  aplatie;  il  n'y  a  guère  d'exception  que 
pour  A.  ornaia,  précisément  une  espèce  très  voisine  de  la  nôtre, 
représentée  avec  une  columelle  excavée,  évidemment  mal  restaurée 
(PI.  XXI,  flg.  17-18). 

Dans  ces  conditions,  on  peut  conclure  :  que  cette  disposition  du 
bord  columellaire  caractérise  le  Genre  Eucyclus,  contrairement  aux 
données  de  la  diagnose  originale,  qui  n'en  fait  pas  mention  ;  qu'en 
outre,  le  classement  de  ce  Genre  dans  la  Famille  Littorinidœ,  paraît 
tout  à  fait  rationnel. 

Rapports  et  différences.  —  Notre  coquille  du  Bathonien  de  l'Indre 
ressemble  extérieurement  à  la  figure  de  Turbo  Camillus,  dans  la 
Paléontologie  française;  il  est  vrai  que  le  texte  attribue  aux  carènes 
des  tubercules,  qui  ne  sont  pas  indiqués  sur  la  figure,  et  qui  n'exis- 
tent pas  non  plus  sur  nos  échantillons  ;  d'autre  part,  la  description 
ne  mentionne  que  sept  carènes  sur  le  dernier  tour,  c'est  à  peu  près 
le  nombre  de  celles  qui  existent  sur  nos  individus,  quand  on  ne 
compte  pas  celles  de  la  base  ;  enfin,  il  faut  tenir  compte  de  ce  que 
le  type  de  d'Orbigny  est  une  coquille  cinq  fois  plus  petite  que  celle 
prise  ci-dessus  comme  néotype.  Néanmoins  je  ne  puis  séparer  ces 
deux  formes,  et  je  crois  préférable  de  reprendre  le  nom  publié  par 
d'Orbigny. 

Dans  ma  précédente  Etude  sur  l'étage  Bathonien,  j'ai  réuni  Turbo 
Camillus  avec  Amberleya  Castor,  qui  a  beaucoup  moins  de  carènes 
spirales,  et  qui  porte  des  épines  sur  ces  carènes  ;  c'est  une  erreur 
que  je  rectifie  aujourd'hui,  grâce  à  l'étude  de  ces  nouveaux  maté- 
riaux. 

On  peut  encore  comparer  E.  Camillus  à  E.  ornattis  Sow.,  de 
TOolite  inférieure  de  l'Angleterre  ;  mais  cette  dernière  espèce,  qui 
n'a  que  trois  carènes  sur  chaq.ue  tour,  et  huit  ou  neuf  sur  le  dernier, 


564  M.    C0SSMANN.   —  NOTE  SUR  LES  GASTROPODES  4  Dec. 

porte  de  ânes  épines  sur  les  carènes  postérieures  ;  ces  épines 
deviennent  tuberculeuses  chez  certaines  variétés,  décrites  par  M. 
Hudleston.  et  elles  envahissent  môme  les  carènes  supérieures  ;  je 
n'en  ai  observé  aucune  trace  sur  aucun  des  quatre  échantillons 
de  l'Indre. 
Néotype.  —  PI.  XIV,  fig.  5-6.  Calcaire  n°  4,  assez  rare. 

Littorina  ?  Cceneus  [d'Orb.]. 

(PI.  XV,  fig.  47-48). 

1850.  Turbo  Cœneus  d'Orb.   Pal.  fr.,  terr.  jur.,  H,  p.  349,  pi. 

CCCXXXIII,  fig.  10-12. 
V1885.  Littorina  Cceneus  Cossm.  Contrib.  et.  Bath.,  p.  238,  pi.  X, 

fig.  31-32. 

Taille  moyenne  ;  forme  turbinée,  un  peu  allongée  ;  spire  à  galbe 
subconoïdal  ;  cinq  tours  légèrement  convexes,  surtout  en  avant, 
séparés  par  des  sutures  assez  profondes,  ornés  de  huit  cordonnets 
spiraux,  égaux  et  serrés,  sur  lesquels  des  accroissements  obliques 
découpent  des  granulations  très  fines. 

Dernier  tour  un  peu  supérieur  aux  deux  tiers  de  la  hauteur  totale, 
arqué  à  la  périphérie  de  la  base,  qui  est  imperforée  et  ornée  comme 
la  spire  ;  ouverture  arrondie,  à  labre  oblique,  un  peu  sinueux. 

Dimensions.  —  Longueur:  30mm ;  diamètre  basai  :  20mm. 

Observations.  —  N'ayant  pu  dégager  la  columelle  de  ces  échantil- 
lons, je  n'ose  les  classer  dans  le  Genre  Ooliticia,  que  j'ai  proposé, 
en  1893,  dans  l'Annuaire  géologique  (p.  767),  et  qui  est  caractérisé 
par  un  renflement  calleux,  à  la  partie  inférieure  de  la  columelle. 

Rapports  et  différences.  —  Les  échantillons  de  l'Indre  correspon- 
dent assez  exactement  au  galbe  de  la  figure  de  la  Paléontologie 
française,  sauf  que  cette  dernière  indique  un  contour  plus  conique 
pour  la  spire;  quant  à  l'ornementation,  il  parait  évident  qu'elle  a 
du  être  restaurée  d'une  manière  peu  fidèle,  attendu  que  les  cordon- 
nets spiraux  y  sont  ornés  de  cicatricules  qui  ne  répondent  à  aucun 
motif.  Il  est  donc  probable  que  ce  sont  les  granulations,  produites 
par  les  stries  d'accroissement  sur  nos  échantillons  du  Calvados,  que 
le  dessinateur  aura  essayé  de  reproduire  avec  plus  de  zèle  que 
d'habileté;  d'Orbigny  n'en  fait  nullement  mention  dans  le  texte  de 
la  diagnose. 

Quant  au  fragment  provenant  de  Luc,  que  j'ai,  en  1885,  rapporté 
à  cette  espèce,  je  ne  suis  pas  bien  sûr  que  l'assimilation  en  soit  exacte  ; 


1899  DU   GISEMENT  BATHONIBN  DE  SAINT-GAULTIER  565 

ce  serait  une  question  à  réviser  avec  de  meilleurs  matériaux, 
attendu  qu'il  parait  avoir  une  ouverture  ovale,  et  des  rubans,  au 
lieu  de  cordonnets  granuleux. 

Néotype.  —  PI.  XV,  fig.  17-18.  Calcaire  n°  4,  peu  commun  et  géné- 
ralement en  mauvais  état. 

Viviparus  Aurelianus  Benoist. 

(PI.  XVII,  fig.  2-7). 

(B.  S.  G.  F.,  3«sér.,  t.  XXVII,  1899,  p.  141,  fig.  4). 

Observations.  —  La  diagnose  de  cette  espèce,  qui  peuple  et  carac- 
térise une  couche  palustre  de  0m50  à  lm50  d'épaisseur,  a  été 
donnée,  d'une  manière  très  complète,  dans  le  Bulletin  de  la  Société 
(3*  sér.,  t.  XXVII,  p.  141,  fig.  4,  1899),  de  sorte  que  je  me  borne  à 
reproduire,  cette  fois,  sur  Tune  des  Planches  accompagnant  la 
présente  Note,  à  côté  d'échantillons  typiques,  quelques-uns  de  ceux 
qui  ont  été  déformés  par  la  compression  qu'a  subie  cette  couche; 
il  y  a  des  individus  qui  ont  une  forme  tout  à  fait  solarioïde,  à  tel 
point  qu'on  pourrait  se  demander  si  ce  ne  sont  pas  des  Hélicéens  ; 
mais  il  suffit  de  regarder  la  pointe  de  la  spire,  qui  est  restée  sail- 
lante, pour  se  convaincre  que  cette  hypothèse  n'est  pas  admissible. 
De  même,  on  pourrait  confondre  certains  petits  échantillons  avec 
le  Genre  Bithinia;  mais  ce  ne  sont  que  de  jeunes  Viviparus.  Par 
conséquent,  on  n'a,  jusqu'à  présent,  trouvé  dans  cette  couche, 
extrêmement  riche  en  fossiles,  que  V.  Aurelianus  très  abondant, 
et  l'espèce  ci-après,  beaucoup  plus  rare. 

Rapports  et  différences.  —  Dans  la  première  description  de  cette 
espèce,  j'ai  indiqué  que  V.  Aurelianus  paraissait  être  le  plus  ancien 
représentant  du  Genre,  dans  le  Système  jurassique  :  or,  en  feuille- 
tant l'excellente  Monographie  de  M.  Hudleston,  sur  les  Gastropodes 
du  Bajocien  d'Angleterre,  j'ai  constaté  que  cet  auteur  a  décrit 
Paludina  langtonensis  (p.  488,  pi.  XLIV,  fig.  1),  provenant  aussi 
d'une  Couche  à  Paludines,  à  Langton  Bridge,  près  de  Chipping 
Norton;  d'ailleurs,  M.  Hudleston  ajoute  que  son  espèce  est  associée 
à  des  formes  marines  qui  paraissent  bathoniennes,  de  sorte  qu'elle 
est  évidemment  contemporaine  de  celle  de  Saint-Gaultier.  Toutefois, 
elle  parait,  d'après  la  figure,  s'en  distinguer  par  son  ouverture  plus 
petite,  plus  circulaire,  par  son  dernier  tour  moins  développé,  par 
sa  spire  moins  conique  et  moins  pointue  :  on  peut  donc  admettre 
deux  formes  distinctes. 

Gisement.  —  Très  abondant,  dans  le  Calcaire  n°  4. 


566  M.  COSSMANN.   —  NOTE  SUR  LES  GASTROPODES  4  Dec. 

Valvata  (Cincinna)  Benoisti  Cossmann. 

(PI.  XVII,  fig.  8-9). 

(B.  S.  G.  F.,  3«  sér.,  t.  XXVII,  1899,  p.  142,  fig.  5). 

Rapports  et  différences.  —  De  même  que  pour  l'espèce  précédente, 
il  y  a  lieu  de  comparer  celle-ci  avec  V.  cornes  Hudlest.,  de  la  Couche 
à  Paludines  de  Langton  Bridge;  l'espèce  anglaise  est  beaucoup  plus 
aplatie  que  celle  de  Saint-Gaultier,  son  dernier  tour  est  bien  moins 
élevé,  plus  large,  et  elle  a  l'ombilic  plus  ouvert.  11  est  donc  bien 
certain  que  c'est  une  forme  tout  à  fait  distincte.  M.  Hudleston  cite 
aussi  Valvata  prsecursor  Tate,  du  Lias  d'Angleterre;  mais  je  ne 
connais  pas  cette  espèce,  qui  se  confond  peut-être  avec  celles  anté- 
rieurement décrites  par  Moore. 

Gisement.  —  Assez  rare,  dans  le  Calcaire  n°  6. 

Ampullina  Aglaya  [d'Orb.]. 

(PI.  XVII,  fig.  10). 

1849.  Natica  Aglaya  d'Orb.  Prod.,  I,  p.  397,  n°  52. 

1852.      —        —     d'Orb.  Pal.  fr.  terr.  jur.,  II,  p.  196,  pi.  CCXCI, 

fig.  4-6. 
1885.  Ampullina  Aglaya  Cossm.  Contrib.  et.  Bath.,  p.  133,  pi.  III, 

fig.  22-23. 

Observations.  —  Je  ne  puis  rapporter  qu'à  cette  espèce,  interpré- 
tée comme  je  l'ai  fait  en  1885,  un  échantillon  de  Saint-Gaultier, 
dont  la  spire  est  très  courte,  à  peine  saillante,  composée  de  trois 
tours  étroits  et  convexes,  et  d'un  quatrième  subsphérique;  malheu- 
reusement son  ouverture  n'est  pas  suffisamment  dégagée,  pour  qu'on 
puisse  vérifier  les  caractères  du  bord  columellaire,  et  l'existence 
d'un  limbe,  comme  dans  le  Genre  Ampullina.  D'ailleurs  ce  limbe  est 
tout  à  fait  rudimentaire  chez  A.  Aglaya,  et  il  se  confond  avec  le 
contour  du  bord  columellaire. 

Plésiotype.  —  PI.  XVII,  fig.  10.  Un  seul  individu,  dans  le  Calcaire 
n°4. 

Ampullina  Micheuni  [d'Arch.]. 

(PI.  XVI,  fig.  2). 

1843.  Natica  Michelini  d'Arch.  Mém.  Soc.  géol.  Fr.,  t.  V,  p.  377, 

pi.  XXX,  fig.  1. 


1899  DU  GtSSMBNT  BATHONIBN  DE  SAINT-GAULTIER  567 

1849.  Natica  Michelini  d'Orb.  Prod.,  I,  p.  299,  n°  53. 

1862.      —  —       d'Orb.  Pal.  fr.  terr.  jur.,  II,  p.  192,  pi. 

CCLXXXIX,  fig.  11-12. 

1850.  —  —       Morr.  et  Lyc.  Moll.  gr.  Ool.,  p.  44,  pi.  VI, 

fig.  3  (exclus  fig.  2). 
1855.      —  —       Piette.  B.  S.  G.  F.,  2*  sér.,  t.  XII,  p.  1110. 

1885.  Ampullina  Michelini  Cossm.  Contrib.  et.  Bath.,  p.  131,  pi.  II, 

fig.  9-10,  et  pi.  III,  fig.  28. 
1892.  Natica  cf.  Michelini  Hudl.  Gastr.  infer.  Ool.,  p.  269,  pi.  XX,  ' 

fig.  18. 
1892.      —  —       Hudl.  et  Wils.  Cat.  of.  Brit.  jur.  Gastr., 

p.  82. 

Observations.  —  Bien  que  l'unique  échantillon  de  Saint-Gaultier 
soit  en  assez  mauvais  état,  et  que  je  n'aie  pu  en  dégager  la  columelle, 
pour  vérifier  si  elle  porte  répaisse  callosité  qui  caractérise  l'espèce 
de  d'Archiac,  je  trouve  que  la  spire  présente,  dans  les  parties  où 
elle  est  recouverte  de  son  test,  exactement  le  galbe  de  cette  dernière  ; 
le  dernier  tour  est  très  grand,  il  occupe  les  neuf  dixièmes  de  la 
hauteur  totale,  quand  on  le  mesure  de  face,  jusqu'à  la  suture  infé- 
rieure; cependant  l'ouverture  n'a  que  les  trois  quarts  de  cette 
hauteur,  de  même  que  le  diamètre  de  la  coquille. 

Rapports  et  différences.  —  Comme  Ta  fait  remarquer  M.  de  Loriol, 
dans  son  Etude  sur  le  Bathonien  du  Jura  suisse,  la  figure  3  de  la 
pi.  VI,  de  la  Monographie  de  Morris  et  Lycett,  représente  une  espèce 
beaucoup  plus  étroite,  qu'il  a  séparée  sous  le  nom  minchinhampto- 
nensis.  Au  contraire,  A .  Vcrneuili  est  beaucoup  plus  sphérique  qu'A. 
Michelini,  et  d'ailleurs  sa  columelle,  munie  d'un  limbe,  est  bien 
différente. 

Plésiotype.  —  PI.  XVI,  fig.  2.  Unique,  dans  le  Calcaire  n°  4. 

Neritopsis  Benoistt  nov.  sp. 

(PI.  XVII,  fig.  18  et  23). 

Taille  moyenne;  forme  peu  élevée,  auriculaire;  spire  très  courte, 
à  peine  saillante;  trois  tours  et  demi,  convexes,  croissant  rapide- 
ment, séparés  par  des  sutures  très  profondes,  ornés  de  côtes 
axiales,  obliques,  sublamelleuses,  proéminentes,  à  peu  près  égales 
entre  elles,  et  de  cordonnets  spiraux,  presque  aussi  saillants  que  les 
côtes,  produisant  à  leur  intersection  des  granulations  subépineuses; 
dans  les  intervalles  des  cordonnets  principaux,  on  distingue  des 


568  M.   C0S8MANN.   —  NOTE  SUR   LES  GASTROPODES  4  DéCJ 

filets  moitié  plus  fins,  qui  ne  portent,  au  croisement  des  côtes, 
que  des  nodosités  beaucoup  plus  petites. 

Dernier  tour  formant  presque  toute  la  coquille,  orné  comme  la 
spire,  arrondi  à  la  base,  qui  porte  une  dépression  ombilicale  pro- 
fonde, mais  imperforée  ;  ouverture  auriforme,  circulaire,  à  péris- 
tome  épais  et  continu  ;  labre  très  obliquement  incliné,  antécurrent 
vers  la  suture  ;  columelle  excavée  entre  deux  légères  saillies  ;  bord 
columellaire  large,  calleux,  aplati,  extérieurement  limité  par  une 
carène. 

Dimensions.  —  Hauteur:  13mm;  grand  diamètre:  i7mm;  petit 
diamètre:  13mm. 

Rapports  et  différences.  —  Par  son  ornementation,  cette  coquille 
est  très  voisine  de  N.  Deslongchampsi  Cossm.,  du  Calvados;  mais 
elle  s'en  distingue  immédiatement  par  sa  forme  plus  surbaissée, 
par  sa  spire  plus  courte,  par  son  ouverture  plus  renversée,  par  sa 
dépression  ombilicale  plus  ouverte,  non  limitée  par  une  côte  et 
imperforée  ;  d'ailleurs,  le  treillis  des  côtes  et  des  cordonnets  forme 
des  mailles  plus  serrées  chez  .Y.  Benouti.  Si  on  la  compare  à  N. 
Guerrei  Héb.  et  Desl.,  du  Callovien  de  Montreuil-Bellay,  qui  paratt 
avoir  aussi  existé  dons  le  Corn-Brash  du  Boulonnais,  on  trouve 
qu'elle  n'a  pas  de  méplat  au-dessus  de  la  suture,  que  son  ornemen- 
tation forme  un  treillis  plus  régulier,  et  que  sa  forme  générale  est 
moins  élevée. 

Type.  —  PI.  XVII,  fig.  18  et  23.  Cinq  échantillons,  dans  le  Cal- 
caire  n°  4. 

PlLEOLUS  iEQUICOSTATUS  ÛOV.   Sp. 
(PI.  XVII,  fig.  15). 

Taille  petite  ;  forme  conoïde,  assez  élevée  ;  sommet  situé  à  peu 
près  vers  le  tiers  du  grand  diamètre,  du  côté  postérieur;  surface 
ornée  d'environ  28  à  30  côtes  rayonnantes,  égales  entre  elles  et 
équidistantes ;  stries  d'accroissement  indistinctes.  Base  ovale,  ellip- 
tique, à  peine  bombée  au  milieu,  faiblement  excavée  vers  les  bords; 
fente  buccale  en  croissant  très  étroit,  à  péristome  épais  ;  contour  à 
peine  festonné  par  les  côtes. 

Dimensions.  —  Hauteur  :  6mm  ;  grand  diamètre  :  9mm  ;  petit  dia- 
mètre :  7mm  1/2. 

Rapports  et  différences.  —  Il  ne  m'a  pas  paru  possible  d'identifier 
cette  coquille  avec  P.  plicatus  Sow.;  d'abord  elle  a  presque  deux 
fois  plus  de  côtes  rayonnantes,  et  comme  ces  côtes  sont  égales  entre 


1899  DU  GISEMENT  BATHONIKN  DB  SAINT-GAULTIER  569 

elles,  dès  le  sommet,  il  n'est  pas  possible  que  ce  soit  un  P,  pUcatus, 
dont  les  côtes  intermédiaires  aient  exceptionnellement  grossi  ;  en 
outre,  sa  forme  est  plus  élevée»  plus  conoïde,  à  galbe  un  peu  plus 
arrondi  ;  le  contour  de  la  face  basale  est  moins  profondément  fes- 
tonné, etc. . .  Je  n'ai  vu  qu'un  échantillon  de  cette  nouvelle  espèce, 
je  ne  puis  donc  affirmer  que  ces  caractères  différentiels  soient  cons- 
tants ;  cependant,  comme  ils  sont  au  nombre  de  quatre  ou  cinq  au 
moins,  il  est  peu  probable  que  cette  variabilité  s'étendrait  à  tous. 
Type.  —  PI.  XVII,  flg.  15.  Unique,  dans  le  Calcaire  n°  4. 

Neritodomds  ponderosus  [Piette]. 

(PI.  XVI,  flg.  |). 

1855.  Nerita  ponderosa  Piette.  B.  S.  G.  F.,  2«  sér.,  t.  XII,  p.  1094. 
1885.      —  —        Cossm.  Contrib.  et.  Bath.,  p.  151,  pi.  X, 

fig.  2-3. 

Observations.  —  Je  ne  puis  rapporter  qu'à  cette  espèce,  d'ailleurs 
répandue,  un  gros  moule  interne,  qui  en  a  tout  à  fait  le  galbe  et  les 
dimensions  :  la  spire  est  à  peine  saillante,  le  dernier  tour  très  arrondi 
et  très  grand,  l'ouverture  auriforme  ;  enfin  le  bord  columellaire 
parait  avoir  été  recouvert  par  une  épaisse  callosité. 

En  citant  cette  espèce,  dans  mon  Mémoire  sur  les  Gastropodes 
batboniens,  où  elle  a  été  figurée  pour  la  première  fois,  j'ai  omis  de 
reprendre  la  dénomination  sous-générique  Neridomus,  qui  a  été 
proposée,  en  1850,  par  Morris  et  Lycett,  pour  ces  grosses  espèces  à 
bord  columellaire  convexe,  et  que  Fischer  a  amendée  en  Neritodomus, 
d'une  formation  plus  correcte. 

Plésiotype.  —  PI.  XVI,  fig.  1.  Unique,  daus  le  calcaire  n°  7,  à 
Fucoldes. 

Phasianella  (?)  elegans,  Morr.  et  Lyc. 

(PI.  XV,  fig.  21). 

1850.  P.  elegans  Morr.  et  Lyc.  Moll.  gr.  Ool.,  I,  p.  74,  pi.  XI,  fig.  27. 
1885.  —  Cossm.  Contrib.  et.  Bath.,  p.  251,  pi.  XVI,  fig.  40-41. 
1892 .         —       (Bourguetia)  Hudl.  Gastr.  infer.  Ool. ,  p.  252,  p.  XIX, 

fig.  H-12. 
1892.         —  —        Hudl.etWils.Cat.brit.jur.Gastr.,p.43. 

Forme  ovale  ;  spire  médiocrement  allongée;  sept  tours  convexes, 
lisses,  dont  la  hauteur  dépasse  la  moitié  de  la  largeur,  séparés  par 


570  M.  COSSllANN.   —  NOTE  SUR  LES  GASTROPODES  4  Dec. 

des  sutures  peu  profondes.  Dernier  tour  égal  aux  cinq  septièmes 
de  la  longueur  totale,  régulièrement  ovale,  peu  ventru,  un  peu 
atténué  à  la  base,  près  du  cou,  sur  lequel  on  distingue  deux  ou 
trois  sillons  écartés,  très  obsolètes.  Ouverture  sérail  un  aire,  ovale  en 
avant;  labre  mince,  à  peine  oblique;  columelle  excavèe;  bord 
columellaire  indistinct,  à  peine  limité  par  un  angle  émoussé  sur 
le  cou. 

Dimensions.  —  Longueur  :  35mm  ;  diamètre  :  17mm  1/2. 

Rapports  et  différences.  —  Les  échantillons  de  Saint-Gaultier  ont 
exactement  le  galbe  et  les  proportions  indiquées  dans  le  Mémoire 
de  Morris  et  Lycett;  ils  ressemblent  également  à  ceux  d'Eparcy, 
que  j'ai  précédemment  rapportés  à  la  même  espèce.  11  est  d'ailleurs 
assez  difficile  de  séparer  toutes  ces  formes  lisses  et  très  voisines  les 
unes  des  autres;  ce  n'est  guère  que  par  les  proportions  relatives  de 
la  spire  et  du  dernier  tour,  du  diamètre  et  de  la  longueur,  qui  sont 
dans  un  rapport  à  peu  près  constant  pour  la  môme  espèce,  qu'on 
arrive  à  les  différencier  entre  elles.  Ainsi,  P.  tumidula  a  la  spire  un 
peu  plus  longue,  et  le  dernier  tour  plus  arrondi  ;  P.  acutiuscula  est 
plus  étroit  ;  P.  Délia  est  bien  plus  élancé  ;  je  ne  le  compare  pas  à 
M.  Leymeriei  qui,  par  sa  columelle  droite  et  par  sa  sinuosité  basale, 
appartient  à  un  tout  autre  Genre. 

En  ce  qui  concerne  le  classement  générique  de  ces  coquilles, 
dénommées  Phasianella  par  tous  les  auteurs,  il  est  encore  à  fixer,  les 
matériaux  n'étant  pas  dans  un  état  de  conservation  qui  permette 
encore  de  caractériser  un  Genre  nouveau  et  d'en  préciser  la  place 
exacte.  M.  Hudleston,  qui  a  éprouvé  le  même  embarras  que  moi,  les 
a  classées  provisoirement  avec  Bowguetia,  auprès  des  Pseudomela- 
nia  ;  je  ne  partage  pas  cette  opinion,  attendu  que  Bourguetia  striata, 
type  et  unique  espèce  de  Genre,  est  une  coquille  à  test  très  mince, 
ornée  de  gros  sillons  spiraux,  dont  la  lèvre  columellaire  est  distinc- 
tement bordée,  et  dont  l'ouverture  arrondie  a  un  tout  autre  aspect. 

Plésiotype.  —  PL  XV,  fig.  21.  Deux  individus,  dans  le  Calcaire  n°  4. 

Phasianella  ?  Grossouvrki  nov.  sp. 

(PI.  XIV,  fig.  12). 

Taille  moyenne  ;  forme  ventrue,  ampullinoïde  ;  spire  peu  allongée, 
à  galbe  conique;  huit  tours  convexes,  dont  la  hauteur  égale  le 
tiers  de  la  largeur,  séparés  par  des  sutures  linéaires  et  enfoncées, 
déprimés  par  une  rampe  à  peine  sensible,  au-dessus  de  la  suture  ; 
surface  entièrement  lisse. 


1899  DU  GISEMENT  BATHONIEN  DR  SAINT-GAULTIER  571 

• 

Dernier  tour  un  peu  inférieur  aux  quatre  cinquièmes  de  la  hau- 
teur totale,  quand  on  le  mesure  de  face  jusqu'à  la  suture  inférieure, 
subsphérique,  avec  une  légère  rampe  déclive,  non  limitée  en 
arrière,  régulièrement  ovale-arrondi  à  la  base,  lisse  comme  la 
spire.  Ouverture  relativement  petite,  semilunaire,  également  atté- 
nuée à  ses  extrémités,  à  peine  sinueuse  sur  son  contour  supérieur: 
columelle  lisse,  un  peu  excavée;  bord  columellaire  indistinct,  sauf 
en  avant,  où  il  est  séparé  du  cou  par  un  angle  émoussé. 

Dimensions.  —  Longueur  :  25*™  ;  diamètre  :  16mm. 

Rapports  et  différences.  —  Cette  coquille  appartient  évidemment 
au  même  Genre  que  la  précédente,  et  provisoirement  doit  être  dési- 
gnée comme  Phasianella  ;  car  l'ouverture,  un  peu  moins  mutilée,  a 
bien  les  mêmes  caractères,  courbure  identique  de  la  columelle, 
contour  antérieur  en  forme  de  cuiller,  bord  columellaire  mince  et 
indistinct.  Au  point  de  vue  spécifique,  elle  s'en  distingue  aisément 
par  sa  spire  plus  longue  et  plus  conique,  par  ses  tours  plus  étroits, 
par  son  dernier  tour  beaucoup  pins  renûé  et  moins  ovale  ;  sa  base 
ne  porte  aucune  trace  de  stries  spirales,  mais  il  se  peut  que  ce  soit 
par  suite  de  l'usure  du  test.  Si  on  la  compare  à  P.  tumidula  Morr. 
et  Lyc,  on  trouve  qu'elle  a  une  forme  plus  courte  et  des  tours  plus 
étroits  que  l'échantillon  figuré  du  côté  du  dos  dans  le  Mémoire  de 
ces  auteurs  ;  d'ailleurs,  l'échantillon  qu'ils  ont  représenté  de  face, 
possède  une  columelle  qui,  si  elle  est  exactement  dessinée,  appar- 
tiendrait plutôt  à  un  Strombidœ.  Notre  espèce  ressemble  davantage  à 
la  figure  32  (PL  XI)  de  P.  Leymeriei  ;  maïs  on  a  vu  ci-dessus  que  le 
néotype  authentique  de  cette  dernière  espèce  est  d'un  Genre,  et 
même  d'une  Famille,  tout  à  fait  différents,  sans  aucun  rapport  avec 
P.  Grossouvrei;  enfin  P.  naticiformis  Piette,  a  une  taille  beaucoup 
plus  petite,  des  tours  presque  plans,  et  une  columelle  plus  excavée, 
recouverte  par  un  bord  mieux  limité. 

Type.  —  PL  XIV,  fig.  12.  Un  seul  individu,  dans  le  Calcaire  n°  4, 

Phasianella  ?  acutiuscula  Morr.  et  Lyc. 

(PI.  XVII,  fig.  49). 

1850.  P.  acutiuscula  Morr.  et  Lyc.  Moll.  gr.  OoL,  p.  75,  pi.  IV,  fig.  2 

(exclus,  pi.  XI,  fig.  28). 
1885.  —  Cossm.  Contrib.  et.  Bath.,  p.  253,  pi.  IX,  fig.  18 

(exclus,  pi.  XVII). 
4886.  —  Greppin.  Environs  de  Bâle,  p.  64,  pi.  Il,  fig.  19. 

1892.  Bourguetia  conica  Hudl.  et  Wils.  Cat.  brit.  jur.  Gastr.,  p.  43. 


572  M.   0068MANN.   —  NOTE  SUR  LES  GASTROPODES  4  Dec 

TaiHe  assez  petite  ;  forme  ovoïdo-conique,  assez  étroite  ;  spire  un 
peu  longue,  à  galbe  régulièrement  conique,  subulée  ;  tours  presque 
plans,  lisses,  dont  la  hauteur  atteint  la  moitié  de  la  largeur,  séparés 
par  des  sutures  linéaires,  absolument  dépourvus  de  rampe  au- 
dessus  de  la  suture.  Dernier  tour  égal  aux  trois  cinquièmes  de  la 
longueur  totale,  peu  ventru,  régulièrement  ovale  à  la  base,  qui  est 
imperforée,  non  atténuée  en  avant;  ouverture  petite,  semilunaire, 
anguleuse  en  arrière,  rétrécie  en  forme  de  cuiller  sur  son  contour 
supérieur,  qui  ne  parait  pas  sinueux  ;  columelle  excavée,  recouverte 
par  un  bord  mince  et  indistinct. 

Dimensions.  —  Longueur  probable:  20mm;  diamètre  à  la  base:  10mm. 

Rapports  et  différences.  —  Si  l'on  superpose  l'individu  que  nous 
venons  de  décrire,  à  la  figure  2  de  la  planche  IX,  dans  l'ouvrage  de 
Morris  et  Lycett,  on  trouve  qu'il  y  a  complète  identité  ;  il  n'en  est 
pas  tout  à  fait  de  même  de  la  figure  28  de  la  planche  XI,  qui  repré- 
sente une  coquille  à  tours  un  peu  plus  convexes  et  à  spire  un  peu 
moins  subulée,  ressemblant  davantage  à  P.  conica  (PI.  XI,  fig.  30). 
Aussi  ne  suis  je  pas  surpris  que  Lycett,  puis  Hudleston  et  Wilson, 
aient  réuni  les  deux  espèces  ;  toutefois,  je  crois  qu'il  y  a  lieu  d'ex- 
cepter de  cette  réunion  l'échantillon  de  la  planche  XI,  qui  mérite 
de  former  une  espèce  distincte  de  celle  de  la  planche  IV,  pour 
laquelle  on  conserverait,  ainsi  que  je  l'ai  fait  ci-dessus,  la  déno- 
mination acutiuscula.  La  même  distinction  est  à  faire  en  ce  qui 
concerne  les  échantillons  figurés  dans  mon  Mémoire  de  1885,  sur 
les  Gastropodes  bathoniens  ;  seul,  le  plésiotype  de  la  planche  IX 
(fig.  18)  peut  être  attribué  à  P.  acutiuscula. 

Si  on  compare  cette  espèce  aux  autres  coquilles,  improprement 
et  provisoirement  désignées  comme  Phasianella,  on  trouve  qu'elle 
est  moins  conique  et  moins  pointue  que  P.  parvula  ;  qu'elle  n'a  pas 
la  spire  aussi  longue,  ni  les  tours  à  beaucoup  près  aussi  convexes 
que  P.  elegans;  qu'elle  est  plus  ovoïde,  plus  subulée  que  P.  variata 
Lyc,  dont  le  dernier  tour  est  d'ailleurs  plus  court.  Enfin  P.  latius- 
cula  Morr.  et  Lyc,  du  Bajocien,  a  la  spire  plus  courte  et  le  dernier 
tour  plus  ventru. 

Plésiotype.  —  PI.  XVII,  fig.  19.  Unique,  dans  le  Calcaire  n°  4. 

Ataphrus  Labaoyei  [d'Arch.] 

(PI.  XV,  fig.  23-24). 

1843.  Trochus  Labadyei  d'Arch.  Mém.  Soc.  Géol.  Fr.,  t.  V,  p.  279t 

pi.  XXIX,  fig.  2. 


1899  DU  GISBMKNT  BATHONIEN   DB  8AINT-GAULT1ER  573 

1847.  Turbo  Labadyei  d'Orb.  Prod.,  I,  p.  301,  n°  82. 

1850.  Monodonta  Labadyei  Morr.  et  Lyc.  Moll.  gr.  Ool.,  p.  68,  pi.  XI, 

Og.  2. 
1852.  Turbo  Labadyei  d'Orb.   Pal.   fr.,  terr.  jur.,   II,   p.  351,   pi. 

CCCXXX1V,  fig.  4-7. 
1885.  Ataphrus  Labadyei  Cossm.  Contrib.  et.  Bath.,  p.  279,  pi.  VII, 

fig.  5-8. 
1892.        —  —       Hudl.etWils.Cat.of.Brit.jur.Gastr.,p.41. 

1895.        —  —       Hudl.  Gastr.  infer.  Ool.,  p.  350,  pi.  XXIX, 

fig.  9-10,  var. 

Rapports  et  différences.  —  Ainsi  que  je  l'ai  fait  remarquer  dans 
mon  premier  Mémoire  sur  les  Gastropodes  bathoniens,  la  distinc- 
tion à  faire  entre  les  nombreuses  espèces  d' Ataphrus,  du  Bathonien 
et  du  Bajocien,  n'est  pas  très  facile,  à  cause  de  leur  variabilité  ; 
néanmoins  on  peut  caractériser  .4.  Labadyei:  par  sa  forme  réguliè- 
rement évasée,  moins  déprimée  cependant  que  A.  ovula  tus,  moins 
conique  et  moins  élevée  que  A.  Halesus,  moins  conoide  que  A .  Acmon; 
par  son  dernier  tour  plus  court  et  plus  arrondi  à  la  base  que  chez 
cette  dernière  espèce  bajocienne,  beaucoup  moins  grand  que  celui 
dM.  Belus.  La  variété,  figurée  par  M.  Hudleston,  dans  le  Bajocien 
d'Angleterre,  parait  avoir  les  tours  beaucoup  moins  convexes  que 
la  forme  typique  du  Bathonien;  ce  doit  être  une  mutation  bien 
distincte. 

Quoique  le  sillon  columellaire  de  cette  espèce  soit  plus  obsolète 
que  chez  la  plupart  de  celles  auxquelles  nous  l'avons  comparée, 
c'est  bien  un  Ataphrus,  dont  la  callosité  columellaire  est  épaisse  et 
indistincte.  Les  individus  de  Saint-Gaultier,  qui  atteignent  20mm  de 
hauteur  et  de  diamètre,  sont  plus  grands  que  ceux  de  l'Aisne. 

Pttsiotype.  —  PI.  XV,  fig.  23-24.  Quatre  individus,  dans  le  Calcaire 
n°  4. 

Ataphrus  discoideus  [Morr.  et  Lyc] 

(PI.  XV,  fig.  25-26). 

1850.  Crossostoma?  discoideum  Morr.  et  Lyc.  Moll.  gr.  Ool.,  p.  73, 

pi.  XI,  fig.  7. 
1850.  —         heliciforme  Morr.  et  Lyc.  Id.,  pi.  XI,  fig.  8. 

1855.  Trochus  applanatus  Piette.  B.  S.  G.  F.,  t,  XU,  p.  1115. 
1855.        —      heliciformis  Piette.  Id.,  p.  1115. 
1885.  Ataphrus  ovulatus  Cossm.  Contrib.  et.  Bath.,  p.  278,  pi.  VU, 

fig.  15,  etc...  (non  Uéb.  et  JDesl.)  • 


574  M.   C0S8MANN.   —  NOTE  SUR  LES  GASTROPODES  4  Dec. 

1888.  Ataphrus  oculatus  Greppin.  Environs  de  Bàle,  p.  74  pL  III, 

fig.  12,  et  pi.  10,  fig.  10. 
1892.        —       rftscoûfeus  Hudl .  etWils.  Cat.  of .  Brit.jur.Gastr.,p.41. 
1894.        —       heliciformis  Hudl.  Gastr.  infer.  Ool.f  p.  348. 

Rapports  et  différences.  —  Il  y  a  lieu  de  reprendre,  pour  cette 
espèce,  la  dénomination  discoideus,  qui  est  la  plus  ancienne  ;  car  la 
description  en  est  donnée,  par  Morris  et  Lycett,  une  demi-page 
avant  celle  de  D.  heliciformis,  qui  est  évidemment  identique.  Je 
l'avais  confondue  avec  A.  ovulât  us,  du  Callovien,  qui  en  diffère  par 
sa  forme  beaucoup  plus  globuleuse,  moins  évasée.  L'un  des  échan- 
tillons de  Saint-Gaultier  se  superpose  exactement  à  la  figure  n°  7 
de  la  PI.  XI  (Morris  et  Lycett).  A .  discoideus  a  la  spire  bien  plus  courte 
et  la  forme  encore  plus  évasée  que  l'espèce  précédente;  et  il  se  rap- 
proche beaucoup  de  A.  lucidus;  mais  ce  dernier  est  encore  plus 
déprimé. 

Plésiotype.  —  PI.  XV,  fig.  25-26.  Deux  individus,  dans  le  Cal- 
caire n°  4. 

Chilodontoidea  trochoides  nov.  sp. 

(PI.  XVII,  ûg.  14-12). 

Taille  moyenne  ;  forme  trochoïde,  conique  ;  spire  médiocrement 
allongée,  non  étagée,  subimbriquée  ;  environ  six  tours  peu  con- 
vexes, dont  la  hauteur  dépasse  à  peine  le  tiers  de  la  largeur,  séparés 
par  des  sutures  peu  profondes  ;  quatorze  nodosités  axiales,  épaisses 
et  peu  saillantes,  disposées  à  la  partie  antérieure  de  chaque  tour, 
et  traversées  par  deux  carènes  spirales,  entremêlées  de  cordonnets 
plus  fins,  qui  donnent  aux  tours  l'aspect  imbriqué  en  avant;  en 
arrière,  les  cordonnets  persistent,  mais  les  côtes  noueuses  dispa- 
raissent, et  de  petites  granulations  existent  à  l'intersection  des 
accroissements  obliques  et  des  cordonnets. 

Dernier  tour  à  peu  près  égal  aux  deux  tiers  de  la  longueur  totale, 
subanguleux  à  la  périphérie  de  la  base,  qui  est  obliquement  déclive 
et  imperforée,  ornée  de  cordonnets  assez  fins  et  peu  réguliers,  avec 
quelques  rangées  spirales  de  pustules.  Ouverture  subquadrangu- 
laire,  à  labre  oblique,  intérieurement  muni  d'une  varice  qui  laisse, 
de  place  en  place,  sur  le  moule,  une  rainure  axiale  assez  profonde; 
columelle  presque  rectiligne,  avec  deux  plis  spiraux,  bien  visibles 
sur  le  moule  ;  bord  columellaire  indistinct. 

Dimensions.  —  Hauteur  :  25mm  ;  diamètre  :  18mm. 

Observations.  —  Le  Genre  Chilodontoidea  a  été  séparé,  en  1896, 


1899  ne  «suent  batbonien  db  saint-gaultier  575 

par  M-  Hudleston,  pour  une  coquille  de  l'Oolite  inférieure  d'Angle- 
terre, qui  s'écarte  de  Chilodonta  par  les  caractères  de  son  ouverture  : 
au  lieu  de  cinq  dents  au. labre  et  à  la  columelle,  elle  porte  un 
épaississement  variqueux  au  labre  et  deux  plis  columellaires.  Ce 
sont  exactement  les  caractères  que  présentent  nos  deux  échantil- 
lons de  Saint-Gaultier;  aussi,  quoiqu'ils  s'écartent  de  C.  oolitica  par 
leur  forme,  qui  est  conique,  au  lieu  d'être  pupoïde,  par  leur  orne- 
mentation qui  n'est  pas  réticulée  comme  celle  du  type  de  Chilodon- 
toidea,  je  suis  d'avis  qu'il  y  a  lieu  de  les  classer  dans  ce  Genre,  ou 
plutôt  dans  ce  Sous-Genre  de  Chilodonta,  à  côté  de  Clanculus,  comme 
l'a  proposé  Fischer.  Je  ferai  remarquer  incidemment  que  les  figures 
données  par  M.  Hudleston  n'indiquent  qu'un  seul  pli  à  la  columelle, 
tandis  que  le  texte  mentionne  une  double  callosité. 
Type.—  PL  XVII,  fig.  H-12.  Deux  échantillons,  dans  le  Calcaire  n°4. 

Cirrus  Calisto  fd'Orb.] 

(PI.  XIV,  fig.  7-8). 

1847.  Turbo  Calisto  d'Orb.  Prod.,  I,  p.  300.  Et.  XI,  n*  71. 

1850.      —        —     d'Orb.  Pal.fr.  terr.  jur.,II,p.345,pl.CCCXXXIIf 

fig.  9-10. 
1885.  Hamusina  Calisto  Cossm.  Contrib.  et.  Bat  h.,  p.  249,  pi.  XIV, 

fig.  5. 
1879.  Cirrus  Calisto  Buckman.  Proc.  Field  Club,  p.  139,  fig.  6. 
1892.      —       -     Hudl.,Gastr.  infér. Ool.,p.312,  n<>  245,  pl.XXVf 

fig.  1. 

Coquille  sénestre;  forme  turbino-turriculée;  spire  pointue  au 
sommet,  élargie  à  la  base,  à  galbe  extra-conique;  tours  très  con- 
vexes, presque  disjoints,  à  sutures  très  profondes  et  très  obliques  ; 
côtes  axiales  obliques,  un  peu  écartées,  visibles  sur  la  convexité 
et  à  la  partie  inférieure  de  chaque  tour,  effacées  en  avant,  crénelées 
par  dix  cordonnets  spiraux,  égaux  et  saillants,  plus  épais  que  la 
largeur  des  sillons  séparatifs. 

Dernier  tour  égal  à  la  moitié  de  la  longueur  totale,  arrondi  à  la 
périphérie  de  la  base,  sur  laquelle  les  côtes  cessent,  tandis  que  les 
cordonnets  sont  finement  granuleux,  par  suite  de  l'existence  de 
fines  stries  d'accroissement  ;  perforation  ombilicale  relativement 
étroite.  Ouverture  arrondie,  à  péristome  épais  et  presque  détaché. 

Dimensions.  —  Longueur  probable:  52="°;  grand  diamètre:  33mm; 
petit  diamètre  :  27. 


876  M.   COSSMANN.   —  NOTE  SUR  LES  GASTROPODES  4  Dec. 

Observations.  —  Le  Genre  Cirrus  a  été  créé,  en  1816,  par  Sowerby, 
pour  l'espèce  bajocienne  C.  nodosus,  remarquable  par  son  large 
ombilic  et  par  sa  spire  proboscidiforme,  à  galbe  tout  à  fait  extra- 
conique; mais  toutes  les  espèces  de  Cirrus  ne  présentent  pas  au 
même  degré  ces  caractères,  et  notamment  celle  que  je  viens  de 
décrire  a  un  aspect  turbiné  qui  m'avait  autrefois  décidé  à  la  classer 
dans  le  Genre  Hamusina  Gemmellaro.  Toutefois  il  y  a  des  différen- 
ces capitales  entre  ces  deux  Genres  :  d'abord  l'ombilic,  qui  existe 
toujours,  même  chez  les  plus  turbines  d'entre  les  Cirrus,  tandis 
que  Hamusina  est  imperforé  ;  puis  la  continuité  du  péristome,  tandis 
que  celui  de  Hamusina  est  interrompu  sur  la  base  de  l'avant-dernier 
tour;  enfin  la  forme  conique  de  Hamusina,  qui  est,  en  quelque 
sorte,  un  Amberleya  sénestre,  ne  ressemble  aucunement  à  celle  dé 
Cirrus,  qui  a,  lorsque  la  spire  est  complète,  chez  les  individus  adul- 
tes, un  galbe  concave,  avec  une  pointe  effilée,  les  derniers  tours 
croissant  beaucoup  plus  lentement  et  sous  un  angle  spiral  plus 
ouvert,  que  les  premiers. 

Il  résulte  de  ce  qui  précède,  que,  tandis  quf  Hamusina  appartient 
vraisemblablement  à  la  Famille  Turbinidœ,  Cirrus  doit,  au  contraire, 
être  classé  dans  la  Famille  Delphinulidœ,  où  il  forme  un  groupe  tout 
à  fait  à  part;  encore  est-il  possible  que  les  caractères  de  la  proto- 
conque,  quand  on  aura  pu  les  observer,  justifient  la  création  d'une 
Famille  nouvelle  et  distincte,  pour  le  Genre  Cirrus,  et  pour  le  Genre 
Scœvola  Gemmellaro  (1878),  qui  n'en  diffère  que  par  son  péristome 
bordé. 

'  Rapports  et  différences.  —  C.  Colis lo  étant  la  seule  espèce  batho- 
nienne  jusqu'à  présent  connue,  je  ne  puis  la  comparer  qu'aux 
formes  bajociennes,  décrites  et  figurées  dans  l'excellente  Monogra- 
phie de  M.  Hudleston,  sur  les  fossiles  de  l'Oolithe  inférieure.  Tout 
d'abord,  l'espèce  que  cet  auteur  rapporte  à  C.  Calisto  comme 
«  variété  britannique  »,  me  parait  distincte,  autant  que  Ton  peut  en 
juger  d'après  le  fragment  figuré:  les  costules,  plus  écartées  et  plus 
minces,  reparaissent  sur  la  base,  autour  de  l'ombilic;  les  cordonnets 
spiraux  sont  moins  saillants  et  plus  serrés,  ils  ne  paraissent  pas 
granuleux,  peut-être  à  cause  de  l'usure  de  l'échantillon  figuré;  il  est 
donc  probable  que  cette  variété  bajocienne  pourra  être  définitive- 
ment séparée  de  l'espèce  du  Bathonien,  quand  on  aura  recueilli  de 
meilleurs  matériaux. 

•  Quant  à  Cirrus  varieosus  Hudl.,  outre  jque  ses  tours  sont  moins 
convexes  et  ses  satures  moins  profondes,  ses.xordonnets  spiraux 
paraissent  plus  écartés  et  moins  nombreux;  enfin,  de  placé- en  place, 


1899  DU  GISEMENT  BATH0N1EN   DE  SAINT-GAULTIER  577 

sa  surface  porte  d'épaisses  varices,  qui  fout  défaut  chez  C.  Calisto. 

C.  pyramidalis  Tawney  pourrait  encore  être  rapproché  de  notre 
coquille  ;  toutefois,  non  seulement  son  ornementation  spirale  est 
bien  plus  fine,  mais  encore  ses  tours,  presque  plans,  sont  subimbri- 
qués par  un  angle  antérieur,  qui  forme  une  carène  saillante  à  la 
périphérie  de  la  base. 

Il  est  inutile  de  comparer  C.  Calisto  aux  autres  espèces  qui  sont 
réticulées,  subépineuses,  ou  noduleuses.  Je  ferai  seulement  remar- 
quer que,  si  la  figure  que  j'ai  donnée,  en  1885,  ne  ressemble  guère 
à  celles  que  je  publie  actuellement,  cela  tient  à  l'état  d'usure  de 
l'échantillon  de  Luc,  qui  était  presque  indéterminable,  comme 
ornementation. 

Néolypcs.  —  PI.  XIV,  fig.  7-8.  Peu  rare  dans  le  Calcaire  n°  4,  avec 
Brachytrema  Buvignieri. 

Delphinula  Renoisti  nov.  sp. 

(PI.  XV,  fig.  12-14). 

Taille  moyenne  ;  forme  turbinée,  subglobuleuse  ;  spire  courte, 
subsphérique,  à  dernier  tour  disjoint;  protoconque  aplatie;  cinq 
tours,  d'abord  solarioides,  puis  croissant  rapidement  et  convexes, 
séparés  par  des  sutures  d'abord  linéaires,  puis  très  profondes;  cinq 
cordons  spiraux,  très  serrés,  finement  muriqués,  à  peu  près  égaux 
entre  eux. 

Dernier  tour  égal  aux  trois  quarts  de  la  hauteur  totale,  souvent 
presque  détaché  de  l'avant-dernier,  arrondi  à  la  périphérie  de  la 
base,  orné,  ainsi  que  celle-ci,  de  dix  cordonnets,  ceux  de  la  base 
plus  fins  que  ceux  de  la  partie  inférieure  du  dernier  tour,  qui  sont 
plus  grossièrement  muriqués  ;  au  centre  de  la  base  est  un  funicule 
assez  saillant,  crénelé  par  des  tubulures  plus  saillantes,  et  circons- 
crivant la  cavité  ombilicale;  les  sillons  qui  séparent  tous  ces 
cordonnets  sont  cloisonnés  par  des  lamelles  d'accroissement  peu 
obliques.  Ouverture  arrondie,  à  péristome  épais  et  continu,  avec 
une  lèvre  rudimentaire  sur  le  contour  supérieur,  au  point  où  aboutit 
le  funicule;  labre  à  peine  oblique,  presque  ructiligne. 

Dimensions.  —  Hauteur:  20mm;  diamètre.  I7mm. 

Observations.  —  La  plupart  de  celles  des  coquilles  jurassiques, 
qui  ont  une  forme  turbinée  et  une  surface  ornée  de  cordonnets, 
à  tubulures  emboîtées  ou  muriquées,  ont  été  désignées  par  les 
auteurs  sous  le  nom  Turbo,  bien  qu'elles  n'aient  aucun  rapport  avec 
le  type  vivant  de  ce  grand  Genre.  Un  certain  nombre  d'entre  elles 

12  Mars  190U.  —  T.  XXVII.  Bull.  Soc.  Géol.  Fr.  —  37 


578        M.  GOSSMANN.  —  NOTE  SUR  LES  GASTROPODES      4  Dec. 

ont  été,  depuis,  considérées  comme  de&Littorina,  et  quelques  Genres 
nouveaux,  tels  qu'A mberley a,  ont  été  proposés  pour  les  recevoir; 
d'autres  ont  été  classées  comme  Uelphinula,  et  se  rapprochent,  eu 
effet,  de  ce  Genre  par  leur  ombilic  ouvert,  par  leur  dernier  tour 
superposé,  par  leur  péristorce  arrondi  et  continu,  à  peine  modifié 
à  la  jonction  du  funicule  circa-ombilical.  C'est  précisément  le  cas 
de  la  coquille  dont  je  viens  de  donner  la  diagnose,  d'autant  plus 
qu'aux  caractères  que  je  viens  d'énumérer,  et  qui  semblent  motiver 
ce  rapprochement,  il  y  a  lieu  d'ajouter  la  forme  aplatie  de  la  proto- 
conque que  j'ai  pu  observer  sur  l'un  des  échantillons  de  cette 
espèce.  On  sait,  en  effet,  que,  chez  Delphinula,  les  premiers  tours 
sont  presque  plans,  carénés  et  souvent  armés  d'épines,  qui  persis- 
tent parfois  jusque  sur  la  périphérie  du  dernier  (D.  Regleyi  et 
/).  calcar,  de  l'Eocène).  Dans  ces  conditions,  il  ne  paraît  pas  y  avoir 
d'hésitation  au  sujet  du  classement  générique  de  1).  Benoistt  :  c'est 
bien  un  Delphinula.  et  il  doit  en  être  de  même  de  quelques-unes 
des  espèces  voisines  de  la  nôtre,  auxquelles  je  la  compare  ci-après, 
tandis  que  celles  que  j'exclus  de  la  comparaison,  quoiqu'elles  aient 
une  ornementation  et  une  forme  analogues,  ont  l'ombilic  fermé,  et 
le  sommet  pointu. 

Rapports  et  différences.  —  Parmi  les  espèces  bathoniennes  dont 
celle-ci  se  rapproche  le  plus,  il  y  a  lieu  de  signaler  principalement: 
Turbo  planispira  Cossm.,  T.  Davousti  d'Orb.,  T.  segregatus  Héb.  et  Desl. 

Or,  D.  Benoisti  se  distingue  de  la  première  par  la  forme  un  peu 
plus  élancée  de  son  dernier  tour  disjoint,  par  son  avant-dernier  tour 
plus  développé,  par  son  diamètre  basai  moins  grand;  de  la  seconde, 
par  ses  cordonnets  plus  nombreux,  plus  serrés  sur  le  dernier  tour, 
par  sa  spire  plus  globuleuse,  par  son  sommet  plus  aplati  ;  de  la 
troisième,  qui  a  aussi  le  dernier  tour  disjoint,  par  sou  ornementa- 
tion plus  fine,  surtout  à  la  base,  par  sa  forme  moins  allongée,  par 
son  péristome,  dont  le  contour  supérieur  ne  porte  pas  une  lèvre 
aussi  développée,  au  point  où  aboutit  le  funicule  circa-ombilical  ; 
toutefois,  en  ce  qui  concerne  particulièrement  T.  segregatus,  dont 
le  type  est  du  Callovien  de  Montreuil-Bellay,  je  remarque  que  la 
forme  bathonienne  d'Hidrequent,  que  j'ai  autrefois  rapportée  à  la 
même  espèce,  pourrait  peut-être  s'en  écarter  par  plusieurs  de  ses 
caractères,  et  se  rapprocher  davantage  de  D.  Benoisti  ;  pour  être 
plus  affirmatif  sur  ce  point,  il  faudrait  comparer  de  nouveau  le 
plésiotype  du  Boulonnais  (Cont.  et.  Bath.,  p.  258,  pi.  VII,  fig.  36), 
que  je  n'ai  plus  actuellement  sous  les  yeux. 

Types.  —  PI.  XV,  lig.  12-14.  Très  commun  dans  le  Calcaire  u°  4, 
avec  les  Brachytrema. 


1899  DU    GISEMENT   BATHONIEN   DE  SAINT-GAULTIER  579 

Delphinula  ?  Buckmanni  Mon*,  et  Lyc. 

(PI.  XVII,  fig.  16-17). 

1850.   Delphinula  Buckmanni  Morr.  et  Lyc.  Moll.  gr.  Ool.,  I,  p.  71, 

pi.  V,  fig.  8. 
1855.  —  —        lMette.B.S.G.F.,2«sér„t.XII,p.llll. 

1885.   Turbo  Buckmanni  Cossin.  Contr.  et.  Bath.,  p.  265,  pi.  VII, 

lig.  50. 
1892.  Delphinula  Buckmanni  Hudl.etWils.  Cat.  of  Brit.  jur.  Gastr., 

p.  67. 
?  1894.  —  —         Hudl.  Gastr.  infer.  Ool.,  p.  364,  pi. 

XXX,  fig.  11. 

Taille  assez  petite  ;  forme  turbinée,  étagée  ;  spire  courte,  à  galbe 
conique;  cinq  tours  dont  la  hauteur  atteint  les  deux  cinquièmes  de 
la  largeur,  anguleux  vers  le  tiers  antérieur,  obliquement  déclives 
en  arrière,  séparés  par  des  sutures  très  profondes  ;  sur  la  région 
antérieure,  deux  cordons  spiraux  assez  saillants,  surtout  celui  qui 
forme  l'angle,  crénelés  par  une  quinzaine  de  costules  noduleuses  ; 
sur  la  rampe  postérieure,  les  costules  s'allongent  obliquement  et 
sont  traversées  par  quatre  cordonnets  plus  fins  que  ceux  de  la 
région  antérieure. 

Dernier  tour  supérieur  aux  deux  tiers  de  la  hauteur  totale,  un 
peu  arrondi  au-dessus  de  la  rampe,  orné  de  quatre  ou  cinq  cordons 
crénelés  par  les  côtes,  qui  cessent  sur  la  base  convexe  ;  celle-ci  est 
largement  perforée  par  un  entonnoir  ombilical,  et  ornée  de  cordon- 
nets spiraux,  qui  deviennent  saillants  et  grossièrement  granuleux 
autour  de  l'ombilic.  Ouverture  arrondie,  peu  oblique. 

Dimensions.  —  Hauteur  :  13mm  ;  diamètre  à  la  base:  14mm. 

Observations.  —  Cette  coquille  n'est  certainement  pas  plus  du 
Genre  Delphinula  qu'elle  n'appartient  au  Genre  Turbo;  son  ombilic 
est,  il  est  vrai,  circonscrit  par  des  rangées  de  grosses  granulations; 
mais,  ni  son  ornementation,  ni  sa  forme  générale,  ni  surtout  son 
sommet,  ne  ressemblent  à  ceux  des  véritables  Dauphinules.  Malheu- 
sement  jusqu'à  présent  aucun  échantillon  n'a  été  recueilli  dans  un 
état  de  conservation  qui  permette  d'étudier  les  caractères  de  l'ou- 
verture et  de  proposer  un  Genre  nouveau;  il  faut  donc  provisoire- 
ment la  laisser  dans  le  Genre  dont  elle  s'écarte  le  moins. 

Au  point  de  vue  spécifique,  il  me  parait  douteux  que  l'individu 
de  TOolite  inférieure,  figuré  par  M.  Hudleston,  appartienne  à  la 
morne  espèce  que  le  type  de  la  grande  Oolite;  il  paraît  avoir  le 


580        M.  COSSMANN.  —  NOTE  SUR  LES  GASTROPODES      4  Dec. 

dernier  tour  bianguleux,  non  arrondi  comme  celui  de  nos  échantil- 
lons ;  en  outre  ses  côtes  se  prolongent  sur  la  base,  et  l'ombilic  est 
plus  évasé. 

Plésiotype.  —  PI.  XVII,  fig.  16-17.  Trois  individus,  dans  le  Calcaire 
n°4. 

Leptomaria  Palinurus  [d'Orb.  J 

(PI.  XVII,  fig.  i). 

1848.  Pleurotomaria  Ifevis  Desl.  Mém.  Soc.  linn.  Norm.,  t.  VIII f 

p.  136,  pi.  XIV,  fig.  2  (non  M'Coy). 

1849.  —  Palinurus  d'Orb.  Prod.,  I,  p.  301. 

1854.  —  —       d'Orb.  Pal.  fr.  terr.  jur.,  II,  p.  527, 

pl.  CD VI,  fig.  4-6. 
1885.  Leptomaria  l&vis  Cossm.  Contrib.  et.  Batb.,  p.  328. 

Taille  moyenne  ;  forme  conique,  évasée  ;  spire  peu  allongée,  à 
galbe  un  peu  conoïdal;  environ  six  tours  convexes,  dont  la  hauteur 
égale  à  peu  près  le  tiers  de  la  largeur,  séparés  par  des  sutures  linéai- 
res et  peu  enfoncées;  surface  entièrement  lisse,  à  peine  marquée 
de  stries  d'accroissement  ;  bande  du  sinus  presque  invisible. 

Dernier  tour  presque  égal  aux  deux  tiers  de  la  hauteur  totale, 
quand  on  le  mesure  de  face,  jusqu'à  la  suture  inférieure,  arrondi  à 
la  périphérie  de  la  base,  qui  est  peu  convexe  et  largement ornbiliquée. 

Dimensions.  —  Hauteur  :  30mm  ;  diamètre  à  la  base  :  37mm. 

Rapports  et  différences.  —  Par  sa  surface  lisse,  cette  espèce  se 
rapproche  de  /..  keciyata,  du  Bajocien  ;  mais  ou  l'en  distingue  par 
sa  forme  plus  évasée  et  par  son  ombilic  moins  ouvert.  Les  autres 
Leptomaria  du  Bathonien  ont  une  ornementation  spirale  et  sont,  en 
général,  plus  élevés,  comme  par  exemple,  L.  obesa  Desl.;  il  n'y  a 
guère  que  L.  Brevillei  qui  soit  plus  surbaissé  que  /..  Palinurus,  mais 
son  ornementation  est  composée  de  sillons  profonds. 

Dans  mon  Mémoire  de  1885,  sur  les  Gastropodes  bathoniens,  j'ai, 
à  tort,  conservé  à  cette  espèce,  en  la  faisant  passer  dans  le  Genre 
Leptomaria^  le  nom  lœiis,  que  lui  avait  attribué  Deslongchamps  et 
qui  fait  double  emploi  avec  une  espèce  carboniférienne  de  M'Coy. 
Cette  manière  de  procéder  est  incorrecte,  au  point  de  vue  de  la 
nomenclature;  la  correction  faite  par  d'Orbigny  est  antérieure  au 
changement  de  Genre,  et,  par  conséquent,  c'est  la  dénomination 
Palinurus  qu'il  faut  adopter,  comme  dans  tous  les  cas  où  il  y  a,  à 
la  fois,  changement  de  Genre  et  substitution  de  nom  d'espèce. 

Plésiotype.  —  Pl.  XVII,  fig.  1.  Unique,  dans  le  Calcaire  u°  4. 


1899  DU  GISEMENT  BATHONIEN   DE  SAINT-GAULTIER  581 

Trochotoma  magnifica  Cossm. 

(PI.  XIV,  fig.  10-11). 

1855.   Trochotoma  globulus  Piette.  B.  S.  G.  F.,  t.  XII,  p.  H 20  (non 

Desl.) 
1885.  —         magnifica  Cossm.  Contrib.  et.  Bath.,  p.  305,  pi. 

VIII,  fig.  15-17. 

Observations.  —  Ainsi  que  je  l'ai  précédemment  indiqué,  dans 
mon  Mémoire  sur  les  Gastropodes  bathoniens,  cette  intéressante 
espèce  est  caractérisée  par  ses  gros  funicules  spiraux,  égaux  aux 
sillons  qui  les  séparent,  réguliers  et  saillants,  au  nombre  de  quatre 
au-dessus,  et  de  trois  au-dessous  de  l'angle  proéminent  qui  partage 
chaque  tour  en  deux  régions  inégales,  vers  le  tiers  inférieur  de  la 
hauteur,  qui  est  égale  aux  deux  cinquièmes  de  la  largeur  comptée 
sur  l'angle;  la  rampe  postérieure,  un  peu  excavée,  fait  un  angle  de 
100°  environ  avec  la  région  antérieure. 

Comme  pour  la  plupart  des  autres  espèces,  les  échantillon^  de 
Saint-Gaultier  sont  d'une  taille  supérieure  à  celle  des  types  du 
Boulonnais  et  de  l'Aisne  ;  mais  le  rapport  de  la  hauteur  au  diamè- 
tre est  le  même,  c'est-à-dire  que  ces  deux  dimensions  sont  égales 
entre  elles,  environ  35mm. 

Plésiotype.  —  PI.  XIV,  fig.  10-11.  Cinq  échantillons,  dont  un  dou- 
teux, à  cause  de  ses  cordonnets  plus  fins,  dans  le  Calcaire  n°  4. 

Trochotoma  imbricata  Cossm. 

(PI.  XVI,  flg.  3-5). 

1885.  Trochotoma  imbricata  Cossm.  Contrib.  et.  Bath.,  p.  308,  pi. 

VIII,  fig.  18. 

Observations.  —  L'échantillon  d'Eparcy,  que  j'ai  pris  comme  type, 
en  1885,  étant  incomplet,  montre  une  carèue  périphérique  qui 
n'existe  pas  chez  les  individus  adultes,  dont  la  base  est  arrondie  au 
pourtour  ;  hormis  cette  différence,  tous  les  autres  caractères,  et  en 
particulier  ceux  de  l'ornementation  spirale  imbriquée,  se  retrouvent 
exactement  sur  les  individus  de  Saint-Gaultier.  Je  n'ai  pas  cité, 
dans  la  synonymie,  Pleurot.  ornata  Queust.  (non  Sow.)»  à  l'instar  de 
Hébert  et  Deslongchamps,  parce  que  la  figure  donnée  par  l'auteur 
allemand  est  trop  défectueuse  pour  qu'il  soit  possible  d'affirmer 
qu'il  s'agit  bien  de  la  même  espèce.  Enfin,  dans  mon  Mémoire  de 


582        M.  COSSMANN.  —  NOTE  SUR  LES  GASTROPODES      4  Dec. 

1885,  j'ai  indiqué,  comme  synonyme,  Plenrot.  calix  d'Orb.  (non 
Solarium  calix  Phill.)  ;  mais  un  nouvel  examen  de  la  figure  de  la 
Paléontologie  française  me  donne  à  penser  que  c'est  plutôt  Trocho- 
toma  tornatilis  Phill. 

Rapports  et  différences.  —  Cette  espèce,  beaucoup  plus  surbaissée 
que  je  ne  le  croyais,  quand  je  l'ai  décrite  d'après  un  échantillon 
incomplet  d'Eparcy,  ressemble,  à  ce  point  de  vue,  à  T.  funiculosa 
(=  T.  discoidea  Morr.  et  Lyc,  non  Rœmer);  mais  elle  s'en  distingue: 
par  son  ornementation  composée  de  sillons  imbriqués,  au  lieu  de 
gros  funicules  crénelés  par  les  accroissements;  et  par  sa  périphérie 
arrondie  à  la  base,  tandis  que  l'espèce  anglaise  a  le  dernier  tour 
bianguleux.  On  ne  peut  la  confondre  avec  Pleurot.  striata  Leck. 
{non  Sow.),  du  Callovien  de  Montreuil-Bellay,  qui  est,  ainsi  que  je 
l'ai  constaté  sur  un  échantillon  de  ma  collection,  un  véritable 
Pleurotomaria. 

Neotype.  —  PI.  XVI,  fig.  3-5.  Assez  commun  dans  le  Calcaire  n°3. 

Emarginula  scalaris  Sow. 

(PI.  XVII,  fig.  22). 

1825.  E.  scalaris  Sow.  Min.  Conch.,  VI,  p.  33,  pi.  DXIX,  fig.  3. 

1842.  —  Desl.  Mém.  Soc.  linn.  Norm.,  t.  Vil,  p.  125. 

1850.  —  Morr.  et  Lyc.  Moll.  gr.  Ool.,  I,  p.  88,  pi.  VIII,  fig.  4. 

1871.  —  Terq.  et  Jourdy.  Bath.  de  la  Moss.,  p.  69. 

1885.  —  Cossm.  Contrib.  et.  Bath.,  p.  346,  pi.  XII,  fig.  39-40. 

1892.  —  Hudl.  et  Wils.  Cat.  of.  Brit.  jur.  Gastr.,  p.  70. 

1896.  —  Hudlest.  Gastr.  infer.  Ool.,  451,  pi.  XLI,  fig.  12. 

Observations.  —  L'échantillon  incomplet  et  mutilé,  que  je  rapporte 
à  cette  espèce  bien  connue  et  très  répandue,  diffère  un  peu  de  la  figure 
donnée  dans  l'ouvrage  de  Morris  et  Lycett;  mais  M.  Hudl  es  ton,  qui 
a  comparé  les  types  du  British  Muséum,  affirme  que  cette  figure  est 
une  restauration  fantaisiste.  Toutefois,  notre  individu  parait  avoir 
plus  de  dix-sept  côtes  principales,  et  à  ce  point  de  vue,  il  se  rappro- 
che plutôt  de  ceux  de  Luc.  Il  y  a  lieu  de  noter  que  E.  scalaris  de 
Deslongchamps  n'est  pas  l'espèce  de  Sowerby,  mais  une  forme 
moins  haute,  à  sommet  moins  excentre,  que  j'ai  désignée,  en  1885, 
sous  le  nom  Deslonychampsi. 

Plésiotype.  —  PI.  XVII,  fig.  22.  Unique,  dans  le  Calcaire  n°  4. 


1899  DU   GISEMENT   BATHONIEN   DE  SAINT-GAULTIER  583 

Patella  macéra  Cossm. 

(PI.  XVI,  fig.  8-9). 

1885.  P.  macéra  Cossm.  Contr.  et.  Bath.,  p.  351.  pi.  XII,  fig.  31-32. 

Taille  assez  grande  ;  forme  médiocrement  élevée,  elliptique, 
arrondie  à  ses  extrémités,  un  peu  comprimée  sur  les  flancs  ;  profil 
concave  du  côté  postérieur,  déclive  ou  légèrement  convexe  du  côté 
antérieur;  sommet  situé  presque  au  milieu,  un  peu  en  avant. 
Surface  ornée  de  rides  d'accroissement  nombreuses  et  serrées, 
subimbriquées,  et  de  quelques  côtes  rayonnantes  très  obtuses, 
généralement  effacées  sur  les  côtés,  et  seulement  visibles  sur  les 
bords  des  individus  adultes, 

Dimensions.  —  Longueur  :  18mm  ;  largeur  :  15mm  ;  hauteur  :  6mm. 
(Prises  sur  le  petit  individu,  le  plus  grand  étant  trop  déformé). 

Rapports  et  différences.  —  Striée  comme  P.  cingulata,  cette  espèce 
s'en  distingue  par  sa  forme  moins  relevée,  par  sa  base  plus  ellipti- 
que, et  par  ses  côtes  rudimentaires  qui  font  totalement  défaut  sur 
l'autre  espèce.  Notons  seulement  que  le  type  d'Aignay-le-Duc,  autre- 
fois figuré,  était  plus  costulé  que  les  individus  que  je  viens  de 
décrire,  et  dont  le  plus  petit  est  totalement  dépourvu  de  côtes;  néan- 
moins c'est  bien  la  même  espèce. 

Plésiotype.  —  PI.  XVI,  fig.  8-9.  Deux  individus,  dans  le  Calcaire  n°  4. 

Patella  raduloides  nov.  sp. 

(PI.  XVI,  fig.  6). 

Taille  moyenne;  forme  conique,  élevée,  sommet  subcentral; 
profil  à  peu  près  également  déclive,  de  part  et  d'autre  de  ce  sommet. 
Surface  ornée  de  petites  aspérités  transversales,  peu  régulièrement 
disposées  en  séries  horizontales,  à  peu  près  lisse  vers  le  sommet. 
Base  ovale,  elliptique. 

Dimensions.  —  Longueur  :  26mm  ;  largeur  probable  :  18mm  ;  hau- 
teur: 17mm. 

Rapports  et  différences.  —  On  pourrait,  au  premier  abord,  confon- 
dre cette  coquille  avec  P.  squamula  Desl.,  à  cause  de  son  ornemen- 
tation tout  à  fait  spéciale  ;  mais  elle  s'en  écarte  aisément  par  sa 
forme  moins  étroite,  plus  haute,  par  son  sommet  moins  excentré, 
par  sou  profil  non  concave  en  arrière,  par  ses  squamules  persistant 
sur  les  côtés  latéraux. 

Type.  —  PI.  XVI,  fig.  6.  Unique,  dans  le  Calcaire  n°  4. 


584  M.    COSSMANN.    —  NOTE  SUR   LES  GASTROPODES  4  Dec. 

PATFXLA   AURELIANA  DOV.  Sp. 
(PI.  XVI,  fig.  7i. 

Taille  assez  grande;  forme  capuloïde,  assez  haute;  base  ovale, 
plus  rétrécie  eu  avant  qu'en  arrière;  sommet  subcentral;  nombreu- 
ses stries  rayonnantes,  souvent  ponctuées  par  les  accroissements, 
séparant  des  costules  aplaties,  de  largeur  très  inégale. 

Dimensions.  —  Longueur:  38mm;  largeur:  30mm;  hauteur:  18mm. 

Rapports  et  différences.  —  Cette  espèce  est  beaucoup  moins  élevée 
que  P.  aubentonensis;  ses  stries  beaucoup  plus  nombreuses  séparent 
des  côtes  bien  moins  saillantes;  enfin  elle  a  le  profil  à  peu  près 
également  bombé  de  tous  les  côtés,  ce  qui  lui  donne  un  galbe  capu- 
liforme,  tandis  que  l'autre  est  plus  conique.  Si  on  la  compare  à 
P.  olinensis  nob.,  on  trouve  qu'elle  est  beaucoup  plus  haute,  que  ses 
stries  sont  plus  étroites  et  plus  nombreuses  que  les  rainures  égales 
aux  côtes  de  la  coquille  de  l'Orne.  Elle  ressemble  davantage  à  la 
coquille  de  Minchinhampton,  que  Morris  et  Lycett  ont,  à  tort,  rap- 
portée à  P.  aubentonensis,  et  qui  me  semble  bien  différente  par  son 
ornementation  et  par  sa  faible  hauteur  ;  toutefois,  je  ne  pourrais 
affirmer  l'identité  de  ces  deux  formes  d'après  une  simple  figure. 
Quant  à  P.  sulcata  Desl.,  de  l'Oolite  inférieure,  c'est  une  coquille  à 
côtes  plus  saillantes  et  bien  moins  nombreuses  que  celle  de  notre 
espèce. 

Type.  —  PI.  XVI,  fig.  7.  Unique  dans  le  Calcaire  n°  4. 


EXPLICATION  DES  PLANCHES 

(Toutes  les  figures  sont  de  grandeur  naturelle,  sauf  10  (PI.  XVI)  réduite  de  moitié, 
et  15  à  23  (PI.  XVII)  qui  sont  grossies  une  fois  et  demie). 

Planche  XIV. 

Fig.    1.  —  Amberleya  Âureliana  Cossm. 

Fig.    2-3.  —  Nerinella  fi  bu  la  [Desl.] 

Fig.    4.  —  Purpuroidea  bicincta  [Pietto]. 

Fig.    5-6.  —  Eucyclus  Camillus  [d'Orb.] 

Fig.    7-8.  —  Cirrus  Calisto  [d'Orb.] 

Fig.    9.  —  Nerinella  cf.  scalaris  [d'Orb.] 

Fig.  10-11.  —  Trochotoma  magnifica  Cossm. 

Fig.  12.  —  Phasianellaf  Grossotwrei  Cossm. 

Flg.fc13.  —  Nerinea  carinala  Piette. 


1899  DU  GISEMENT  BAT  HO  NI  EN   DE  SAINT-GAULTIER  585 


Planche  XV. 

■  • 

Flg.    1-3.    —  Brachy  tréma  Buvignieri  Morr.  et  Lyc. 

Fig.    4-5.    —  Cerithium  Dorcali  Cossm. 

Flg.    6-8.    —  Melanioptyxis  Âltararis  [Cossm.] 

Fig.    9-11.  —  Bactroplyxis  axonensis  [d'Orb.] 

Fig.  12-14.  —  Delphinula  Benoisti  Cossm. 

Fig.  1516.  —  Ochetochilus  subvaricosus  Cossm. 

Fig.  17  18.  —  Littorina  Cœneus  [d'Orb.] 

Fig.  19-20.  —  Mesospira  Leymeriei  [d'Arch.] 

Fig.  21.       —  Phasianella?  elegans  Morr.  et  Lyc. 

Fig.  22.       —  Columbellaria  bathonica  Cossm. 

Fig.  23-24.  —  Ataphrus  Labadyei  [d'Arch.] 

Flg.  25-26.  —  Ataphrus  discoideus  [Morr.  et  Lyc] 

Planche  XVI. 

Fig.    1.       —  Neritodomus  ponderosus  [Plette]. 

Ampullina  Miche  Uni  [d'Arch.] 
Trochotoma  imbricata  Cossm. 

-  Patella  raduloides  Cossm. 

-  Patella  Aureliana  Cossm. 

-  Patella  macéra  Cossm. 
Fig.  10.        —  Purpuroidea  multifilosa  Cossm. 

Planche  XVII. 

-  Leptomaria  Palinurus  [d'Orb.] 

-  Viviparus  Aurelianus  Cossm. 

-  Valvata  fCincinnaJ  Benoisti  Cossm. 

-  Ampullina  Aglaya  [d'Orb.] 

-  Chilodontoidea  trochoides  Cossm. 

-  Columbellaria  bathonica  Cossm. 

-  Phasianella  ?  Grossouvrei  Cossm. 

-  Pileolus  œquicostatus  Cossm. 

-  Delphinulda  ?  Buckmanni  Morr.  et  Lyc. 

-  Neritopsis  Benoisti  Cossm. 

-  Phasianella  î  acutiuscula  Morr.  et  Lyc. 

-  Bactroplyxis  subbruntrutana  [d'Orb.] 

-  Cerithiella  nuda  [Piette]. 

-  Emarginula  scalaris  Sow. 

M.  Munier-Chalmas  rappelle,  au  sujet  de  la  communication 
de  M.  Cossmann,  que,  dès  1889,  M.  Bigouret  signalait  dans  le 
Bulletin,  très  brièvement  d'ailleurs,  la  présence  de  fossiles  lacus- 
tres, dans  le  Bathonien  des  bords  du  Plateau  central,  à  la  même 
localité  de  Saint-Gaultier  de  Montrond. 


Fig. 

2. 

Fig. 

3-5. 

Fig. 

6. 

Flg. 

7. 

Flg. 

8-9. 

Flg. 

1. 

Flg. 

2-7. 

Flg. 

8-9. 

Flg. 

10. 

Flg. 

1112. 

Flg. 

13. 

Flg. 

14. 

Fig. 

15. 

Flg. 

16-17. 

Fig. 

18et23 

Fig. 

19. 

Fig. 

20. 

Fig. 

21. 

Fig. 

22. 

586 


Séance  du   18   Décembre   1899 

PRÉSIDENCE  DE  M.  E.  DE  MARGERIE,  PRÉSIDENT 

M.  J.  Blayac,  Secrétaire,  donne  lecture  du  procès-verbal  de  la 
dernière  séance,  dont  la  rédaction  est  adoptée. 

Le  Président  proclame  membre  de  la  Société  :  M.  Paul  Léon, 
agrégé  d'histoire  et  de  géographie,  présenté  par  MM.  de  Martonne 
et  Gentil. 

M.  L.  Gentil  signale  parmi  les  dons  reçus  de  l'Etranger  :  Un 
fascicule  de  la  Fauna  der  Gaslcohle  und  der  Kalksteine  der  Permforma- 
tion  Bôhmens  (Band  IV,  Heft.  2,  Myriapoda,  Pars  II,  Arachnoidea), 
par  le  Dr  Ant.  Fritsch,  64  p..  10  pi.  en  2  couleurs;  et,  en  hommage 
du  Musée  de  Bohème,  le  vol.  VII  du  Système  silurien  du  centre  de  la 
Bohême,  de  Joachim  Barrande  :  Classe  des  Echinodermes,  famille 
des  Crinoldes,  par  le  Prof.  Dr  W.  Waagen  et  le  Dr  J.  Jahn,  215  p., 
40  pi.,  33  fig.  dans  le  texte. 

Le  Président  fait  connaître  la  mort  de  Sir  John  William  Dawson, 
le  doyen  des  géologues  du  Canada,  et  du  Dr  Hicks,  dont  les 
savantes  recherches  sur  les  terrains  anciens  du  Pays  de  Galles  sont 
connues  de  tous  les  géologues. 

Il  annonce  ensuite  que  l'Académie  des  Sciences  vient  d'attribuer 
le  Prix  Delesse  à  M.  W.  Kilian  et  le  Prit  Fontannes  à  M.  E.  Haug. 
«  La  Société  est  justement  fière,  dit-il,  de  compter  parmi  ses  mem- 
bres les  deux  lauréats,  dont  les  travaux  parallèles  sur  les  terrains 
et  la  structure  des  Alpes  françaises  trouvent  dans  cette  récompense 
simultanée  une  si  légitime  consécration.  » 

M.  Golliez,  professeur  à  l'Université  de  Lausanne,  fait  une 
conférence  Sur  les  travaux  du  chemin  de  fer  de  la  Jungfrau. 

Cette  conférence  est  illustrée  d'un  fort  grand  nombre  de  pro- 
jections afin  de  rendre  plus  plastiques  les  descriptions  des  diverses 
régions  que  cette  ligne  hardie  va  traverser.  La  première  série  sert 
à  démontrer  le  tracé,  sa  situation  et  les  divers  terrains  qui  sont 
percés  par  le  tunnel  dont  la  longueur  prévue  est  de  10,5  kil. 
Plusieurs  concessions  ont  été  demandées,  la  première  en  date 
est  celle  de  l'ingénieur  Koechlin,  de  la  maison  Eifel,  puis  celle  des 


SÉANCE  DU    18  DÉCEMBRE  1899  587 

ingénieurs  suisses  Frautweiler  et  Locher  ;  toutes  s'élevaient  de  Lau- 
terbrunnen,  à  environ  100m  par  la  vallée  de  Stechelberg,  jusqu'au 
sommet  de  la  Jungfrau  à  4166m,  par  le  moyen  de  trois  à  quatre 
tronçons  en  tunnel  avec  forte  rampe,  les  wagons  étant  traînés  par 
des  câbles  ou  poussés  par  des  moyens  pneumatiques.  Le  Gouverne- 
ment suisse  a  accordé  la  concession  à  M.  Guyer  Zeller,  sur  un  tout 
autre  tracé  qui  part  de  la  Petite  Scheidegg  à  l'altitude  de  2064m, 
pour  s'élever  en  décrivant  une  grande  courbe  sous  l'Eiger  et  le 
Mônch  par  le  col  de  la  Jungfrau  et  l'arête  nord-est  de  la  Jungfrau 
au  sommet  à  4166m. 

Les  deux  premiers  kilomètres  sont  ù  ciel  ouvert,  après  quoi  le 
tracé  s'enfonce  en  tunnel  sur  une  longueur  de  10,5  kil.,  avec  une 
pente  maxima  de  25  %»  mini  ma  de  6,2  %,  un  système  de  crémail- 
lère et  la  traction  électrique. 

Les  problèmes  que  soulève  l'étude  de  ce  tunnel  tirent  leur  intérêt 
tout  d'abord  du  fait  que  la  région  traversée  est  de  celles  dont 
l'accès  est  très  difficile,  ensuite  du  fait  que  leur  solution  fait  prévoir 
des  conditions  de  travail  exactement  inverses  de  celles  que  l'on 
rencontre  ordinairement  dans  les  grands  souterrains,  soit  de  mines, 
soit  de  lignes  de  chemin  de  fer.  Ici  les  températures  seront,  sur  le 
plus  grand  parcours,  des  températures  négatives  allant  jusqu'à 
—  12°2  C  ;  le  roc  sera  ordinairement  gelé,  ce  qui  annonce  que  les 
venues  d'eau  n'auront  pas  lieu  ;  enfin  des  fenêtres  latérales  pouvant 
être  percées  très  fréquemment,  les  problèmes  de  l'évacuation  des 
déblais  ainsi  que  ceux  de  la  ventilation  en  sont  très  facilités,  ces 
derniers  d  autant  plus  que  la  galerie  étant  inclinée  elle  agit  comme 
une  longue  cheminée. 

Les  terrains  que  traverse  ce  long  tunnel  sont  peu  variés.  Les 
premiers,  huit  kilomètres,  sont  dans  des  calcaires  marmoréens  très 
solides  formant  de  bonnes  parois  qu'on  n'a  pas  besoin  de  revêtir  de 
maçonneries.  Les  deux  derniers  kilomètres  sont  dans  un  complexe 
de  schistes  cristallins  granitisés,  type  ordinaire  de  la  première  zone 
alpine,  où  de  très  nombreux  filons  de  granités  de  diverses  épais- 
seurs ont  formé  quelquefois  aussi  des  faux  gneiss.  Les  conditions 
du  plissement  des  couches  n'ont  pas  une  influence  très  grande  ici. 
Dans  son  ensemble  la  chaîne  du  Hochgebirgskalk  forme  un  grand 
synclinal  dont  la  charnière  est  au  sud  de  la  Chaîne  Eiger-Jungfrau, 
tandis  qu'en  avant,  au  nord,  tout  le  puissant  massif  de  Jurassique 
supérieur  et  de  Nuramulitique  s'enfonce  sous  la  grande  nappe  de 
recouvrement  des  chaînes  du  Maenlichen.  La  charnière  est  un  peu 
ondoyante,  aussi  ne  peut-on  dire  avec  beaucoup  de  certitude  si  le 


588  SÉANCE  DU  18  DÉCEMBRE  1899 

tracé  ne  sortira  pas  du  calcaire  pour  entrer  dans  les  gneiss  entre 
les  kilomètres  7  et  10. 

La  discussion  des  conditions  de  température  du  roc  a  amené  la 
nécessité  de  s'arrêter  à  un  procédé  de  calcul  dont  plusieurs  bases 
sont  hypothétiques.  Tout  d'abord  les  températures  extérieures  sont 
évaluées  par  la  loi  de  décroissance  moyenne  de  1°  par  170m  étant 
donné  comme  point  de  départ  la  température  moyenne  du  Saint- 
Bernard  à  2478m  et  qui  est  de  —  1,76  sur  une  durée  d'observation 
de  27  ans.  Quant  à  la  température  du  roc  elle  est  évaluée  par  la 
formule  de  Stapf  en  fonction  de  la  plus  courte  distance  au  sol. 
Jusqu'à  présent  on  n'a  pas  pris  une  série  des  températures  du  tunuel 
en  travail,  mais  on  a  arrêté  la  méthode  la  plus  propice.  Elle  consiste 
à  creuser  chaque  50m  un  trou  à  la  perforatrice  dans  les  pieds  droits 
du  tunnel,  à  y  introduire  un  thermomètre  à  maxima  et  miniraa 
qui  doit  y  séjourner  pendant  au  moins  six  à  dix  heures  avant 
d'avoir  pris  sa  température  constante.  Le  trou  dans  lequel  plonge 
le  thermomètre  est  protégé  contre  les  influences  extérieures  de  l'air 
du  tunnel  par  des  tampons  de  ouate.  C'est  à  partir  de  cet  hiver  que 
la  mesure  des  températures  prendra  de  l'importance,  car  le  tunnel 
s'engage  maintenant  le  long  de  la  paroi  de  l'Eiger  et  l'an  prochain 
il  traversera  cette  grande  pyramide  à  peu  près  sous  le  sommet. 

M.  Golliez  ajoute  une  foule  de  détails  sur  les  travaux  exécutés, 
sur  la  voie,  sur  le  matériel,  sur  la  traction,  en  s  appuyant  de  très 
nombreuses  illustrations. 

Le  Président,  en  remerciant  M.  le  professeur  Golliez,  s'exprime 
ainsi  : 

«  Mon  cher  Confrère,  vous  nous  avez  montré,  à  l'aide  d'un 
exemple  saisissant,  combien  il  est  profitable  pour  l'Industrie  et  pour 
la  Science,  de  marcher  toujours  de  front. 

))  Grâce  à  cette  brillante  conférence,  nous  savons  désormais  ce 
que  vous  avez  prévu  ;  dans  quelques  années,  quand  le  projet  gran- 
diose dont  vous  nous  avez  entretenu  sera  un  fait  accompli,  vous 
reviendrez  nous  dire  ce  que  vous  aurez  vu  ;  et  les  deux  images,  j'en 
ai  l'entière  conviction,  seront  identiques.  » 

Après  la  très  intéressante  conférence  de  M.  Golliez,  l'heure  se 
trouvant  très  avancée,  M.  Munier-Chalmas  remet  à  la  prochaine 
séance  la  communication  qu'il  devait  faire. 

M.  Munier-Chalmas  voulait  :  1°  faire  connaître  un  nouveau  terme 
de  la  série  bartonienne  ; 

2°  Montrer  quelles  étaient  l'étendue  et  la  direction  des  courants 


SÉANCE  DU  18  DÉCEMBRE  1899  589 

rapides  du  Bartonien  inférieur  qui  out  démantelé  la  partie  centrale 
du  Dôme  du  Pays  de  Bray  ; 

3°  Indiquer  que  les  dépôts  des  courants  rapides  peuvent  être 
synchroniques  des  calcaires  laguno-saumâtres  et  laguno  lacustres 
qui  forment  une  bordure  au  sud-est  du  Bassin  de  Paris. 

M.  Stuart-Menteath.  —  Sur  les  schistes  bistrés  de  la  Bellonyue. 

Ces  schistes,  décrits  comme  carbonifères  par  M.  Caralp  dans  le 
Bulletin  qui  vient  de  paraître  (fasc.  IV,  t.  XXV11,  novembre  1899), 
sont  indiqués  sur  mes  cartes  comme  triasiques  pour  les  raisons 
suivantes  :  leur  substratum  représenté  comme  calcaire  carbonifère 
dans  la  figure  5  du  Bulletin,  est  figuré  comme  reposant  régulière- 
ment sur  le  Trias  dans  le  panorama  de  la  page  328  de  la  tbèse  de 
M.  Caralp  (1888).  La  même  situation  est  indiquée  par  Leymerie  et 
M.  Roussel.  Ce  calcaire  est  le  prolongement  de  celui  de  Cierp  et 
Saint-Béat,  dont  j'ai  défini  l'âge  triasique  dans  ma  dernière  note. 
A  Tarascon  comme  à  Cierp  il  repose  sur  des  marnes  irisées.  A  Bor- 
dères  il  est  très  nettement  superposé  au  Trias  que  M.  Caralp  a 
représenté  comme  un  chapeau  superficiel  dans  le  H.  S.  il.  F.,  1896, 
p.  531.  De  Bordères  on  peut  le  suivre  par  Sarrencolin,  Campan, 
Ferrières  et  Geteu,  reposant  toujours  sur  le  Trias  et  toujours 
recouvert  par  des  schistes  lustrés,  qui  ont  tous  les  caractères  de  ceux 
de  la  Bel  longue,  et  qui  ont  été  classés  tantôt  dans  le  Carbonifère  et 
tantôt  dans  le  Crétacé  par  suite  de  leur  ressemblance  soit  avec  le 
Flysch  soit  avec  le  Houiller.  Les  phosphates  et  les  fossiles  cités,  se 
trouvant  dans  les  deux,  ne  prouvent  rien.  Les  coupes  de  M.  Caralp 
sont  compréhensibles  si  Ion  ajoute  que  la  schistosité  est  locale- 
ment en  travers  de  la  stratification,  et  que  des  marnes  irisées  peu- 
vent se  présenter  même  au  sommet  des  schistes  lustrés.  En  passant 
six  mois  dans  les  Pyrénées-Orientales  et  PAriège,  j'ai  pu  reconnaî- 
tre les  mêmes  schistes  sur  bien  des  points.  Leurs  caractères  habi- 
tuels les  ont  fait  prendre  pour  cambriens  et  archéeus  en  dépit  du 
fait  que  le  Cap  de  Creux  a  donné  une  bonne  faune  du  Silurien 
supérieur.  Quant  à  la  postériorité  du  granité  au  Trias  j'ai  toujours 
recueilli  de  nouvelles  preuves  depuis  1881. 


590  18  Dec. 


NOTE  SUR  L'EXISTENCE  DE  L'ÉTAGE  BARTONIEN 
DANS  LA  VALLÉE  DU  LOING,  ENTRE  NEMOURS  ET  MONTIGNY 

par  M.  Léon  JANET. 

Les  travaux,  actuellement  en  cours,  de  l'aqueduc  destiné  à  amener 
à  Paris  les  eaux  de  diverses  sources  des  vallées  du  Loing  et  du 
Lunain  m'ont  permis  de  classer  comme  bartoniens  des  calcaires 
que  Ton  considérait  habituellement,  jusqu'alors,  comme  ludiens. 

11  m'a  paru  d'autant  plus  intéressant  d'appeler  l'attention  sur 
cette  constatation,  qui  aura  pour  résultat  de  modifier  beaucoup  les 
contours  de  la  carte  géologique  de  la  région,  que  les  tranchées,  qui 
m'ont  fourni  des  échantillons  fossilifères,  sont  déjà  ou  vont  être 
comblées,  en  sorte  que  les  couches,  bien  qu'effleurant  dans  la  val- 
lée, cesseront  en  plusieurs  points  d'être  observables,  à  cause  de  la 
mince  couche  d'éboulis  qui  les  recouvre. 

De  Nemours  à  Montigny,  la  vallée  du  Loing  a  été  creusée  jusqu'à 
la  craie,  que  Ton  a  trouvée,  en  divers  points,  sous  les  alluvions, 
dans  des  forages  entrepris  pour  le  captage  des  sources  ;  mais  cette 
craie  reste  au-dessous  du  niveau  du  thalweg  actuel,  et  n'affleure 
qu'au  sud  de  Nemours.  Elle  est  recouverte  par  une  couche  peu  épaisse 
d'argile  sparnacienne,  exploitée  souterrainement  à  Ecuelles.  Au- 
dessus,  on  trouve  une  épaisseur  considérable  (plus  de  30  mètres)  de 
calcaires  siliceux,  de  consistance  irrégulière,  parfois  tendres  et  mar- 
neux, mais  le  plus  souvent  durs,  fistuleux,  d'apparence  brécholde, 
percés  de  nombreuses  cavités,  où  l'on  n'avait  pas  encore  signalé  de 
fossiles,  et  que  l'on  considérait  généralement,  à  cause  de  leur  aspect 
lithologique,  comme  représentant  le  travertin  de  Champigny  (étage 
ludîen).  Ces  calcaires  sont  surmontés,  le  plus  souvent  sans  inter- 
position de  marnes  blanches  ni  de  glaises  vertes,  d'autres  calcaires 
plus  compacts,  appartenant  à  l'horizon  de  la  Brie  (étage  sannoisien). 
dont  il  est  souvent  assez  difficile  de  les  séparer.  On  arrive  enfin 
aux  sables  de  Fontainebleau  et  aux  calcaires  de  Beauce  dont  je  ne 
m'occuperai  pas  ici. 

Une  tranchée  de  l'aqueduc  secondaire  du  Loing,  située  au  point 
kilométrique  9  kil.  6,  sur  le  territoire  de  la  commune  de  Bourron, 
a  rencontré  un  banc  de  calcaire  siliceux  laguno  lacustre  de  0m40 


1899       EXISTENCE  DE  L'ÉTAGE  BARTONIEN  DANS  LA  VALLÉE  DU  LOING       591 

d'épaisseur,  que  l'on  pouvait  suivre  sur  une  centaine  de  mètres  de 
longueur,  préseutant  de  nombreux  moules  de  limnées,  de  planorbes 
et  de  bithynelles,  et  quelques  moules  d'hélix.  M.  Munier-Chalmas, 
qui  a  bien  voulu  examiner  quelques-uns  de  mes  échantillons,  a 
reconnu  nettement  la  Limn&a  longtscata.  M.  Gustave  Dollfus  a  cons- 
taté sur  un  autre  échantillon  la  présence  de  Y  Hélix  pseudo-labyrin- 
thica.  Le  Planorbis  goniobasis  est  fréquent. 

Cette  couche  de  calcaire  siliceux  a  été  retrouvée,  avec  une  plus 
grande  épaisseur  et  les  mêmes  fossiles,  à  5  kilomètres  de  là,  dans 
la  tranchée  de  la  conduite  de  refoulement  de  l'usine  de  Sorques, 
près  Montigny,  destinée  à  relever  les  eaux  de  l'aqueduc.  La  tranchée 
a  été  faite,  à  peu  près,  suivant  la  plus  grande  pente  du  coteau, 
et  a  recoupé,  au  point  kilométrique  Okil.300,  le  banc  fossilifère, 
perpendiculairement  à  la  ligne  d'affleurement.  Mais  tandis  qu'à 
Bourron  le  banc  fossilifère  était  à  la  cote  58,  il  se  trouve  ici  à  la 
cote  67. 

En  face  de  Sorques,  sur  l'autre  rive  du  Loing,  au  lieu  dit  «  les 
Hauts  Rames  »,  commune  d'Episy,  ou  a  ouvert  au  mois  de  mars 
1899,  une  carrière  où  l'on  peut  relever  la  coupe  suivante  : 

5.  —  Terre  végétale  . 0-50 

4.  —  Blocs  de  calcaires  siliceux  englobés  dans  une  marne 

blanche  sans  consistance 2" 

3.  —  Calcaire  siliceux  très  dur,  exploité  pour  moellons,  avec 

nombreux  fossiles,  Limnma  longtscata,   Planorbis 

goniobasis 2"'2() 

2.  —  Marne  jaune 0"15 

1.  —  Calcaire  siliceux,  assez  dur,   exploité  pour  moellons, 

sans  fossiles  .      1" 

La  couche  3  renferme  encore  les  mêmes  fossiles  :  elle  se  trouve  à 
une  altitude  d'environ  75  mètres. 

On  observe  donc  une  ascensiou  lente  des  assises  lorsqu'on  se 
dirige  vers  le  nord-est,  moins  sous  l'influence  d'un  axe  anticlinal 
est  ouest,  que  d'un  relèvement  général  des  couches  vers  l'est. 

La  présence  de  la  Limnma  longiscata*  très  abondante,  indique  que 
la  couche  fossilifère  doit  probablement  être  classée  dans  le  Barto- 
nien  supérieur. 

Dès  lors  l'épaisseur  de  20  à  25  mètres  de  calcaires  marneux  et 
siliceux  se  trouvant  au-dessus  de  la  couche  à  Limnœa  longtscata 
comprendrait  à  la  fois  les  marnes  à  Pkoladomya  ludensis,  qui  ne 
paraissent  pas  fossilifères  dans  cette  région,  et  le  travertin  de  Cham- 
pigny. 

Quant  aux  calcaires  siliceux  existant  au-dessous  de  la  couche  à 


592     EXISTENCE  DE  l' ÉTAGE  BARTONIEN  DANS  LA  VALLÉE  DU  LOING    18  DéC. 

Limnœa  longiscata,  et  qui  peuveut  avoir  une  épaisseur  d'une  dizaine 
de  mètres  au  maximum,  il  n'est  pas  possible  de  dire  s'ils  appartien- 
nent encore  au  Bartonien,ou  s'ils  représentent  le  Lutétien  supérieur. 

Quoi  qu'il  en  soit,  cette  réapparition  de  l'étage  bartonien  dans  une 
région  où  il  était  inconnu  jusqu'à  présent  parait  présenter  un 
certain  intérêt. 

On  sait  que  le  Bartonien  ne  reste  visible  au  sud  de  Paris  que  sur 
quelques  kilomètres  :  à  Bicêtre,  M.  Munier-Chalmas  a  pu  retrou- 
ver, sous  une  épaisseur  réduite,  presque  toutes  les  zones  fossilifères 
établies  dans  la  région  du  nord,  puis  les  couches  plongent  rapide- 
ment et  disparaissent.  On  ne  connaît,  sur  toute  la  feuille  de  Melun, 
aucun  affleurement  de  l'étage  bartonien,  et  l'on  n'a  pu  constater 
son  existence  que  par  des  sondages.  M.  Dollfus,  dans  ses  Recherches 
sur  la  limite  Sud-Ouest  du  calcaire  grossier  dans  le  bassin  de  Paris  (1), 
cite  un  certain  nombre  de  ces  sondages  qui  ont  traversé  à  la  fois  le 
Bartonien  et  le  Lutétien.  On  remarque  que  les  éléments  arénacés 
disparaissent  de  plus  en  plus,  à  mesure  qu'on  s'avance  vers  le  sud, 
et  qu'à  partir  de  Corbeil,  l'étage  est  uniquement  représenté  par  des 
calcaires  laguno-lacustres,  qui  sont  d'ailleurs  fossilifères,  car  en 
1895,  dans  les  fondations  du  pont  sur  l'Essonne  du  chemin  de  fer  de 
Corbeil  à  Montereau,  près  de  Moulin-Galant,  j'ai  recueilli  sous  les 
alluvions  de  nombreuses  Limnœa  longiscata.  Lorsqu'on  remonte  les 
vallées  de  la  Seine  et  du  Loing,  on  voit  apparaître,  avant  Montereau 
et  Nemours,  l'argile  sparnacienne  recouverte  par  des  calcaires  sili- 
ceux ou  marneux  ayant  une  très  grande  épaisseur  :  dans  la  vallée 
du  Loing,  la  feuille  géologique  de  Fontainebleau  au  1/80.000°  indi- 
que à  tort  le  travertin  de  Champigny  comme  reposant  directement 
sur  l'argile  plastique;  dans  la  vallée  de  la  Seine,  la  feuille  de  Sens 
signale  l'existence  du  Calcaire  de  Saint-Ouen  au  voisinage  de  Monte- 
reau :  la  notice  de  cette  feuille  dit  que  l'étage  n'est  représenté  que 
par  quelques  couches  minces  de  marnes  verdâtres  sans  importance, 
et  dont  l'âge  ne  peut-être  établi  que  par  l'étude  de  la  feuille  de 
Provins,  où  l'étage  bartonien  présente,  en  effet,  un  grand  dévelop- 
pement, mais  on  est  alors  à  l'est  du  bassin  de  Paris  et  non  plus  au 
sud.  Près  de  la  Celle,  M.  Munier-Chalmas  m'a  dit  avoir  trouvé 
quelques  Limmea  arenularia  dans  les  tranchées  de  la  ligne  de 
Corbeil  à  Montereau.  11  est  donc  vraisemblable  que,  dans  les  vallées 
de  la  Seine  et  du  Loing,  les  calcaires  siliceux  et  marneux,  reposant 
sur  l'argile  sparnacienne,  représentent  le  Ludien,  le  Bartonien  et 
peut-être  aussi,  en  certains  points,  le  Lutétien  supérieur. 

(1.)  B.  S.  G.  F.,  année  1897,  tome  XXV,  3*  série,  page  597. 


SÉANCE  DU  18  DÉCEMBRE  1899  593 

M.  Munier-Chalmas  :  Par  cette  observation  intéressante, 
M.  Léon  Janet  précise  l'existence  du  Bartonien  sur  un  nouveau 
point  de  la  grande  zone  des  calcaires  laguno-lacustres  bartoniens 
qui  s'étend  en  bordure  au  sud-est  des  terrains  tertiaires  du  Bassin 
de  Paris. 

M.  Munier-Chalmas  a  déjà  indiqué  qu'il  avait  trouvé  en  1896, 
entre  Melun  et  Montereau,  dans  la  grande  falaise  qui  borde  la 
Seine  et  qui  est  constituée  par  des  calcaires  que  les  géologues 
avaient  rapportés  au  Ludien,  une  zone  renfermant  des  Mollusques 
terrestres  et  fluviatiles  caractérisant  le  Bartonien  inférieur  :  Lym- 
nœa  arenularia,  Planorb is  aff. ,  PL  goniobasis,  Paludina,  Hélix.  Au- 
dessous  de  ce  banc,  et  reposant  sur  le  Sparnacien,  il  existe  envi- 
ron 15  mètres  de  calcaires  laguno  lacustres  qu'il  lui  parait  possible 
de  rapporter  en  partie  au  Lu  té  tien  supérieur.  La  grande  masse  cal- 
caire qui  forme  ces  falaises,  se  trouve  ainsi  répartie  dans  les  étages 
Lutétien,  Bartonien  et  Ludien,  avec  cette  réserve  que  les  diverses 
assises  de  ces  étages  peuvent,  par  suite  de  leur  transgression  vers  le 
sud,  disparaître  les  unes  après  les  autres  à  partir  de  leur  base. 

M.  G.  Ramond  a  visité  en  détail  les  travaux  d'adduction  des 
sources  de  la  vallée  du  Loing  et  de  celle  du  Lunain,  et  il  a  présenté 
à  Toulouse,  au  «  Congrès  des  Sociétés  savantes  »,  une  Note  résu- 
mant les  observations  faites  au  cours  d'une  série  de  tournées  sur 
les  tracés  de  ces  nouvelles  dérivations. 

Il  a  remarqué,  notamment,  vers  la  base  de  la  conduite  de  refou- 
lement qui,  partant  de  l'usine  de  Sorques,  s'élève  jusqu'à  la  ren- 
contre de  la  nouvelle  canalisation  avec  l'aqueduc  de  la  Vanne,  les 
calcaires  laguno-lacustres,  bartoniens,  à  Lymmea  lotigiscata,  etc.,  qui 
font  l'objet  de  la  communication  de  M.  L.  Janet  et  des  observations 
complémentaires  de  M.  Munier-Chalmas.  La  présence  du  Ludien 
supérieur  dans  la  région  ne  paraît  pas  bien  certaine;  du  moins, 
M.  Ramond  n'a  pas  trouvé,  jusqu'à  présent,  de  fossiles  de  cet  âge. 


13  Mars  1900.  —  T.  XXVII.  Bail.  Soc.  Géol.  Fr.  —  38 


894  18  Dec. 


SUR  LE  GYPSE  DE  LA  BASTIDE  (VAR) 
par  M.  Adrien  GUÉBHARD. 


Lorsque  M.  Léon  Bertrand,  dans  son  étude  si  intéressante  et  si 
documentée  sur  le  Nord  des  Alpes-Maritimes,  cita  des  observations 
de  gypses  métamorphiques  cénomaniens  (1),  une  grande  perplexité 
me  prit.  Car  je  venais  d'observer  moi-même,  à  La  Bastide  (Var),  sur 
les  confins  de  la  Commune  de  Mons  (Var),  dont  je  préparais  alors  la 
carte  (2),  un  petit  pointement  de  gypse,  si  petit  qu'il  n'a  pas  été  noté 
sur  la  feuille  de  Castellane,  et  si  bien  entouré  de  Cénomanien  —  en 
apparence,  du  moins  —  qu'une  hésitation,  tout  au  moins  rétrospec- 
tive, devait  s'imposer. 

Je  dis  rétrospective,  car,  cette  hésitation,  je  ne  l'avais  nullement 
éprouvée  à  première  vue  et,  d'instinct,  j'avais  attribué  cet  accident 
curieux  à  quelqu'un  des  grands  mouvements  orotectoniques  qui,  de 
part  et  d'autre  de  l'étroite  gorge  crétacée,  ayant  porté  le  Tithonique 
à  quelque  60Qm  plus  haut,  avaient  fait  béer,  à  l'ouest,  par  le  flanc 
déchiré  de  la  montagne  de  Brouis,  tous  les  bancs  du  Jurassique 
inférieur,  jusqu'au  Bajocien,  et  pouvaient  bien,  dès  lors,  un  peu  plus 
bas,  avoir  fait  saillir,  eu  hernie,  un  peu  de  Trias. 

Ayant  voulu  en  avoir  le  cœur  net,  j'ai  profité  d'une  circonstance 
qui  m'éloignait  des  Alpes-Maritimes  et  me  rapprochait  de  ce  point, 
pour  retourner  à  loisir  sur  les  lieux,  et  en  faire  le  relevé  géologique 
non  plus  seulement  sur  les  plans  d'assemblage  du  cadastre,  au 
1/10.000,  mais  sur  les  plans  parcellaires  au  1/2.500  :  étude  qui,  tout 
en  me  révélant  des  détails  étrangers  à  la  présente  Note,  sur  lesquels 
j'aurai  à  revenir  (notamment  l'existence  de  plusieurs  niveaux 
lacustres  fossilifères  en  dessous  du  Poudingue  considéré  jusqu'à  ce 
jour  comme  éocène  inférieur  et  relevé  par  mes  constatations,  pour 
le  moins,  vers  le  milieu  du  Tongrien)  a  complètement  confirmé 
mes  impressions  du  premier  jour. 

Situé  à  peu  près  exactement  au  milieu  de  la  gorge  nord-sud  que 
suit  la  route  qui  fait  communiquer  les  larges  bassins  des  rivières 
de  la  Vieras  et  de  l'Artuby,  l'affleurement  actuel  du  gypse  de  La 

(t)  Bull.  Cart.  GéoL,  IX,  93  (1896). 

(i)  liull.  Soc.  Et.  scient,  de  Draguignan,  XX,  225-320,  i  pi.  (1896). 


f\  B  è-irtàLd   dti  ntniu 


Rg.  1.  —  Plan  géologique  de  lu  Gorge  do  La  Barttde  (Var). 


596  A.    GUÉBHARD  18  Dec 

Bastide,  mis  à  jour  par  les  afifouillements  du  Vallon  de  l'Aire,  occupe 
exactement  le  bas  des  parcelles  cadastrales  235  et  240  du  quartier 
des  Gourguettes,  en  face  de  celui  des  Gipières.  Dominé  au  nord  par 
la  butte  crétacée  de  Remeyau,  il  semble  entouré  de  tous  côtés  par 
le  Cénomanien,  sauf  au  sud,  où  vient  à  son  contact  une  argile 
rutilante,  probablement  tertiaire  (bien  distincte  des  marnes  tria- 
siques  qu'on  voit  un  peu  plus  haut,  avec  leur  lit  charbonneux), 
puis  un  banc  vertical  de  calcaire  blanc  siliceux  à  Planorbis  pseudo- 
ammonius  et  de  nombreuses  assises  redressées  du  poudingue  argilo- 
sableux  qui  remplit  toute  la  cuvette  de  La  Roque-Esclapon. 

La  carte  ci-contre  (fig.  1),  réduite  au  1/30.000°,  fait  bien  ressortir 
cette  position  extraordinaire,  mais,  en  même  temps,  en  fait  deviner 
l'explication,  en  montrant  que  la  vallée  tout  entière,  avec  son 
aspect  desimpie  coupure  transversale  d'un  vaste  anticlinal  est-ouest, 
est,  en  réalité,  polysynclinale,  avec  de  fortes  discontinuités  sur  ses 
flancs,  et  de  constitution  beaucoup  plus  complexe  qu'elle  n'en  a  l'air. 

Mais,  d'abord,  tout  en  admettant  comme  hors  de  doute  l'existence 
d'un  axe  de  soulèvement  est-ouest  commun  aux  montagnes  de 
Brou i s  et  Lachen,  peut-on  considérer  celles-ci  comme  ayant  jamais 
fait  partie  d'un  même  pli?  La  réponse,  pour  un  adepte  exclusif  de 
la  prédominance  du  type  anticlinal,  dans  ces  régions,  en  tant  qu'en- 
tité orographique,  serait  sûrement  négative,  tant  apparaissent  diffé- 
rents de  structure,  de  part  et  d'autre  de  la  coupure,  les  deux  tronçons 
que  sépare  la  vallée  de  La  Bastide. 

Tandis,  en  effet,  que  la  carcasse  jurassique  de  Brouis  montre,  au 
sud,  une  simple  paroi  fortement  relevée,  mais  n'allant  même  pas 
jusqu'à  la  verticale,  Lachen,  dans  le  prolongement,  de  l'autre  côté 
de  l'interruption,  montre  un  maximum  de  déversement  et  de 
discontinuité,  qui  incline  au-dessus  du  Crétacé  les  dolomies  batho- 
niennes  et  ne  va  s'atténuant  qu'assez  loin,  le  long  d'un  pli  synclinal 
remontant  sur  le  flanc  sud. 

Mais  si,  au  lieu  de  ne  voir,  à  l'origine  de  chaque  formation 
anticlinale,  que  la  composante  principale  de  la  striction  terrestre 
qui  a  poussé  le  pli  dans  un  sens  perpendiculaire  à  son  axe,  et  Ta 
fait  souvent  se  déverser,  l'on  songe  aussi  à  la  composante  orthogo- 
nale, trop  dédaignée,  qui,  une  fois  l'autre  satisfaite,  a  dû  forcément, 
inéluctablement  (1),  tendre  à  se  satisfaire  elle-même  en  incurvant 

(i)  De  quelque  façon  que  l'on  s'y  prenne  pour  ramener  théoriquement  à  des  com- 
posantes simples  l'action  physique  de  la  striction  terrestre  sur  un  rectangle  élé- 
mentaire de  surface  déformable,  il  semble  impossible  d'aboutir  à  autre  chose  qu'à 
deux  couples  orthogonaux  agissant  en  sens  opposés  sur  les  quatre  côtés  du  rec- 


1899  SUR  LE  GYPSE  DE  LA  BASTIDE  597 

cet  axe  verticalement  ou  horizontalement  pour  raccourcir  la  distance 
de  ses  deux  extrémités,  on  comprendra  très  facilement,  et  sans  qu'il 
soit  besoin  de  trancher  delà  simultanéité  ou  de  la  successivité  des 
deux  actions,  qu'à  l'endroit  même  où,  par  suite  d'un  point  faible, 
l'axe  anticlinal  primitif  s'est  brusquement  défléchi  en  U  vers  le 
bas,  pour  donner  passage  à  un  synclinal  perpendiculaire,  une  pro- 
jection en  avant  se  soit  faite  à  l'un  des  angles,  comme  on  le  voit  sur 
un  pli  d'étofle  qui,  d'abord  tendu  entre  deux  doigts  de  chaque  main, 
se  creuse  d'un  sillon  transversal  quand  on  rapproche  les  mains. 

U  est  vrai  que,  dans  ce  cas  expérimental,  on  voit  les  protubérances 
se  former  symétriquement  à  chacun  des  angles,  de  manière  à  donner 
finalement  deux  anticlinaux  en  T  couché,  opposés  par  leurs  barres 
supérieures,  de  part  et  d'autre  du  synclinal  dernier  venu.  Mais, 
dans  notre  cas  réel,  la  seule  dyssymétrie  primitive  du  déversement 
a  dû  supprimer,  au  nord,  la  branche  de  chaque  T  opposée  au 
sens  de  la  plus  grande  poussée,  et  si  nous  supprimons  encore  la 
branche  qui  aurait  dû  appartenir  à  la  montagne  de  Brouis  (nous 
comprendrons  de  quel  droit  tout  à  l'heure)  il  restera  exactement  le 
schéma  de  Lachen  et  du  raccordement  de  son  synclinal  de  bordure 
sud  avec  celui  qui  remonte  la  gorge  de  La  Bastide. 

D'ailleurs  celui-ci  (et  c'est  ce  qui  explique  sa  naissance  en  cette 
place),  n'est  qu'un  petit  tronçon  d'une  ligne  de  plissement  bien  plus 
longue,  arrivée  du  sud-est  à  travers  tout  le  large  bassin  de  La  Roque- 
Esclapon,  où,  recoupant,  arrêtant  peut-être  même,  les  synclinaux 
de  l'est,  il  était  venu  se  jeter,  en  dévalant  du  haut  de  la  montagne 
de  Mnlay,  à  partir  du  curieux  centre  d'étoilement  de  Saint-Mar- 
celliu  de  Mons  (Var). 

Vers  le  nord,  cette  même  ligne,  se  poursuivant,  incline  peu  à 
peu  à  l'ouest  pour  contourner  brusquement  l'angle  nord-est  de 
Brouis  et  aller  ramener  dans  la  direction  dominante  est-ouest  des 
plis  de  la  région  le  cours  de  l'Artuby,  séparé  du  pied  de  la  grande 
montagne  par  un  petit  contrefort  anticlinal  parallèle. 

Il  s'agit  donc  d'un  pli  important,  que  j'ai  pu  suivre,  à  travers  ses 
hauts  et  ses  bas  (1),  sur  plus  de  12  kilomètres  sans  perdre  sa  trace  et 

tungle  pour  on  diminuer  les  dimensions.  L'un  des  deux  couples  at-il  réussi  à  pro- 
duire un  pli  perpendiculaire  à  sa  direction?  L'autre,  pour  cela,  n'est  pas  satisfait,  et 
tend  a  raccourcir  l'axe  du  pli,  soit  par  inflexion  dans  le  sens  horizontal,  soit  en  lui 
superposant  un  autre  pli  orthogonal.  Des  exemples  frappants  de  cette  nécessité  phy- 
sique, se  révélant  a  chaque  pas  d'une  observation  géologique  tant  soit  peu  atten- 
tive, montrent  qu'il  ne  s'agit  pas  là  d'une  simple  conception  théorique.  Sans  doute 
en  signaierai-je  un  plus  spécialement  quelque  jour  en  décrivant  le  Mont  Cheiron. 
(1)  Un  des  faits  qui  m'ont  ie  plus  frappé  dès  que  j'ai  étendu  a  quelque  distance 
de  mon  clocher  mes  études  de  tectonique  locale,  c'est  la  persistante  individualité 


.    GLEBHAHD 


18  Dec. 


sans  arriver  à  son  bout.  Rien  d'étonnant,  par  conséquent,  à  la  pro- 
fondeur de  la  coupure  imposée  a  l'anticlinal  rencontré  sur  son 
chemin,  et  à  la  discontinuité  manifestée  sur  sa  bordure  est,  où  les 
bancs  du  Cénomanien,  incli- 
nés à  l'est,  viennent  buter 
contre  ceux  du  Callovien  for- 
tement relevés.  Mais,  du  coté 
opposé,  ce  ne  sont  pas  ces 
mêmes  bancs  qui  occupent  le 
fond  de  la  vallée,  où,  tout  au 
plus,  auraient-ils  expliqué, 
s'ils  avaient  formé  synclinal 
unique,  la  présence  du  Trias 
exactement  au  pied  de  la 
barre  de  Brouis.  Eo  contre- 
bas viennent  des  poudingues 
tertiaires,  dont  les  strates, 
violemment  redressées,  per- 
mettent d'analyser  les  mouve- 
ments compliqués  qu'a  subis 
ce  petit  coin  d'une  région 
partout  très  tourmentée. 
Le  schéma  (fig.  2)  nous 
montre,  venant  de  la  plaine  au  sud  de  Brouis,  trois  synclinaux 
différents  qui,  arrivés  près  du  gypse,  brusquement  s'arrêtent,  par 

qne  conservent  sur  de  très  grandes  longueurs,  quand  nu  se  donne  la  peine  de  les 
suivre  A  travers  tuas  leurs  recoupements,  les  plis  synclinaux  ou  anticlinaux,  mais 
surtout  les  premiers  dont  la  trace  est  toujours  plus  facile  ù  relever  matériellement 
sur  lu  terrain.  Aussi  n'est-ce  pas  sans  surprise  que  j'ai  vu  dans  le  précieux  ouvrage 
de  de  Margèrlu  et  lli-im,  sur  les  (Usinai  lions  de  l'Krorre  terrestre,  p.  SI,  cette  asser- 
tion de  Heim  que  «  les  plis  ne  paraissent  jamais  se  croiser  directement,  a  Ma  pra- 
tique personnelle  m'a  tellement  appris  le  contraire  que  c'est  précisément  crtte 
notion  de  la  continuité  des  plis  per  fa»  et  ueftt»  qui  me  sert  de  fil  d'Ariane  à 
travers  te  dédale  de  nos  régions  compliquées,  et  qui  m'amène,  par  monts  et  par 
vaux,  presque  sûrement,  à  îles  découvertes  prévues  d'avance,  qui,  constamment, 
justifient  «  posteriori  l'exactitude  du  principe  directeur,  émané  lui-même  d'une 
longue  suite  d'observations.  Aussi  ai-je  été  amené  à  croire  qu'il  ne  devait  s'agir 
que  d'un  différend  sur  ta  manière  d'entendre  le  terme  continuité.  Pour  moi,  par 
exemple,  quand  je  vois,  sur  une  crête  anlicllnale.  même  très  saillante,  une  dépres- 
sion en  selle,  même  très  faible,  correspondre  au  trajet  de  l'axe  d'un  synclinal 
transversc,  visible  de  part  et  d'autre,  je  considère  cet  axe,  non  pas  comme  inter- 
rompu, mais  simplement  dévié  dans  le  sens  vertical,  et  l'accident  orographique 
comme  résultant  de  l'interférence  de  deux  mouvements,  l'un  synclinal,  l'autre 
anticlinal,  et  d'ailleurs  successifs  ou  simultanés,  peu  importe,  mais  tous  deux 
continus,  tout  comme  est  l'axe  anticlinal  de  lirouis  et  Lnchcn,  malgré  la  profonde 
coupure  de  la  Vallée  de  La  Bastide. 


1899  SUR  LE  GYPSE  DE  LA  BASTIDE  599 

un  relèvement  périclinal  violent  de  leurs  strates,  presque  verti- 
cales de  Test  à  l'ouest.  Cela  est,  du  moins,  très  évident  pour  les  deux 
médians.  Quant  au  plus  rapproché  de  Brouis,  peut-être  celui-là  se 
continue-t-il  par  dessous  la  masse  des  éboulis  qui  masque,  à  cette 
place,  les  affleurements;  il  irait,  en  ce  cas,  rejoindre  un  autre  pli 
dont  l'amorce  oblique  se  voit,  vers  l'extrémité  nord  de  la  barre, 
et  qui,  remontant  par  dessus  celle-ci,  y  découpe  une  petite  gorge 
pour  le  passage  du  chemin  forestier,  puis  redescend  (1)  former  le 
lit  est-ouest  d'un  petit  affluent  parallèle  de  l'Artuby. 

Peu  importe,  d'ailleurs,  la  question,  matériellement  insoluble, 
de  la  jonction  de  ces  deux  branches-là  de  synclinal,  au  pied  de  la 
coupure  de  Brouis,  pour  faire  pendant  au  synclinal  continu  qui 
borde  la  coupure  de  Lachen,  ou  de  leur  simple  convergence  vers  le 
nœud  gypseux.  Ce  qu'il  y  a  de  certain,  c'est  qu'au  milieu  de  la 
vallée,  deux  autres  branches  intermédiaires  viennent  s'arrêter 
brusquement  contre  ce  gypse. 

Or,  plus  est  restreint  l'affleurement  de  celui-ci,  et  plus  s'impose 
une  remarque  quant  à  sa  position,  juste  à  l'intersection  de  Taxe 
principal  est-ouest  du  soulèvement  de  la  grande  chaîne  anticlinale 
rompue,  et  de  Taxe  médian  nord-sud  de  tous  les  plis  secondaires 
qui  occupent  la  rupture,  dessinant  une  sorte  de  X,  à  branches 
toutes  dédoublées.  Anticlinal  médian  qui  n'est  nullement  un  mythe, 
mais  une  réalité  nettement  accentuée,  au  sud,  par  le  petit  dôme 
cénomanien  qui  porte  l'église  de  La  Bastide  et,  au  nord  du  gypse, 
par  une  butte  cénomanienne  à  crevure  néocomienne,  continuée  par 
une  petite  chaîne  parfaitement  dessinée  orographiquement,  qui,  en 
se  contournant  à  l'ouest,  va  rejoindre  la  crête  séparative  est-ouest 
de  l'Artuby  et  de  son  affluent  du  pied  de  Brouis. 

Ainsi  donc  on  constate  visiblement  que  le  point  d'apparition  du 
gypse  au  milieu  du  Cénomanien  a  correspondu,  soit  à  un  instant 
donné,  soit  à  deux  moments  successifs,  à  un  double  eiïort  de  soulè- 
vement et  au  croisement  de  deux  ondulations  de  terrain,  l'une 

(1)  Exemple  curieux  d'un  petit  pli  synclinal  qui,  après  qu'un  autre  plus  impor- 
tant a  coupé  transversalement  un  grand  anticlinal,  remonte  très  obliquement  lt* 
liane  de  la  coupure  pour  épouser  ensuite  la  direction  même  de  l'anticlinal,  .l'ai  vu 
souvent  le  fait  se  reproduire  expérimentalement  en  essayant  de  simuler,  avec  une 
étoile  souple  posée  sur  un  substratum  pétrissable  de  sciure  ou  de  son,  tes  formes 
superficielles  des  accidents  terrestres.  Il  y  aurait  même,  en  employant  une  étoile 
quadrillée  de  rayures  inégales  dans  les  deux  sens,  à  faire  ainsi,  par  la  photographie, 
une  jolie  étude  iconographique  de  tectonique  expérimentale.  Le  défaut  de  temps 
m'a  seul  empêché  d'en  poursuivre  l'essai,  mais  je  serais  heureux  qu'entre  d'autres 
mains  l'idée  portât  fruit. 


600  a.  r.uKBHMiD  18  Dec. 

est-ouest,  l'autre  nord-sud,  que  nous  voyons  traduire  matérielle- 
ment la  décomposition  physique  naturelle  de  la  grande  force  de  con- 
tracture qui  tendaità  diminuer  superficiellement,  en  projection  hori- 
zontale, h  place  occupée  par  chaque  élément  de  la  croûte  refroidie. 

Or,  c'est  un  fait  encore  inscrit  lisiblement  dans  tous  les  phéno- 
mènes de  la  géologie,  que  cette  contracture  tendait  à  agir  de  moins 
en  motos  sur  les  couches  de  plus  en  plus  profondes*  Et  si  l'on 
considère  que,  dans  nos  régions,  la  masse  calcaire  très  régulière- 
ment feuilletée  du  Jurassique  était  séparée  du  bloc  solide  du  Trias 
inférieur  par  la  surface  glissante  et  plastique  des  argiles  de  l'Infra- 
lias,  il  n'y  a  rien  que  de  très  plausible  à  admettre  que  les  premiers 
efiorts  de  striction,  concentres  d'abord  sur  cette  croûte  superficielle, 
ont  dû  tendre  presque  toujours  a  la  décoller  d'abord  de  son  subs- 
tratum,  pour  produire  particulièrement,  dans  le  cas  qui  nous 
occupe,  sans  remuer  beaucoup  le  gypse,  la  grande  coupure  trans- 
versale A  bords  discontinus  qui  a  fait  deux  tronçons  du  grand 
anticlinal  est-ouest,  en  laissant,  au  fond  de  IX*  à  branches  séparées, 
le  Crétacé  en  contact  avec  la  masse  amorphe  résistante  du  gypse, 
après  disparition  de  tous  les  intermédiaires,  étirés  et  rétractés  de 
part  et  d'autre. 

Puis,  dans  un  second  temps  opératoire,  comme  disent  les  chirur- 
giens (mais  toujours  sans  rien  préjuger  de  la  successivité,  à  peine 
probable,  des  phénomènes  réels),  la  contracture  finissant  par  attein- 
dre le  gypse  lui-même,  localement  rapproché  du  jour  et  délivré  de 
sa  surcharge,  sous  quelle  forme  pouvait-elle  bien  se  manifester,  si 
ce  n'est  sous  celle  de  hernie,  à  travers  le  revêtement  léger  du  Cré- 
tacé, et  où  devait  forcément  se  faire  le  pointement,  si  ce  n'est  à  l'en- 
droit précis  011  concordaient  pour  s'ajouter  —  telle  l'interférence 
physique  positive  de  deux  ondes  —  la  totalité  maximale  des  forces 
de  soulèvement? 


t 

■  . 
Ktg,  :t.  —  Coupe  d  travers  le  Gypse  tic  L»  Itastldc  (Var). 

Là  seulement  où  nous  le  voyons,  pouvait  apparaître,  là  devait 
apparaître  le  gypse,  et  peu  importe  que.  dans  la  coupe  schématique 


1899  8UR  LE  GYPSE  DE  LA  BASTIDE  601 

(fig.  3),  par  deux  courbes  en  L\  nous  fusionnions  les  lignes  de  discon  • 
tinuité  alïérentes  à  cette  émergence  et  celles  de  bordure  du  grand 
synclinal  jurassique,  pour  ne  figurer  que  la  résultante  des  mouve- 
ments que  nous  avons  théoriquement  décomposés,  et  qui,  restés 
tels,  auraient  donné  des  schémas  de  discontinuité  en  lignes  brisées; 
peu  importe,  ensuite,  que  nous  considérions  comme  cause  ou 
comme  elïet  de  la  saillie  gypseuse,  les  petits  plis  qui,  de  celle-ci, 
comme  d'un  véritable  nœud  anticlinal  de  plissement,  partent  vers 
le  bas,  et  vont  se  contourner  parallèlement  au  synclinal  qui  a 
limité,  au  sud,  le  mouvement  de  Brouis....  toujours  sera-t-il  que, 
malgré  le  proche  entourage  du  Cénomanien,  malgré  le  voisinage 
de  tout  un  assortiment  de  niveaux  tertiaires  intéressants,  l'appari- 
tion, cartographiquement  inattendue;  du  gypse  eu  ce  point,  s'expli- 
que tectoniquement  de  la  manière  la  plus  simple,  la  plus  nécessaire, 
en  sorte  que,  sans  invoquer  la  conformité  d'aspect  minéralogique, 
qui  doit  être  toujours  un  argument  secondaire,  je  crois  devoir  resti- 
tuer avec  certitude  au  Trias  le  pointement  gypseux  de  La  Bastide 
(Var),  comme  tous  ceux  que  j'ai  personnellement  observés  dans  les 
Alpes-Maritimes. 


SOCIÉTÉ    GÉOLOGIQUE 


DE     FRANCE 


RÉUNION    EXTRAORDINAIRE 

SUR  LE 

VERSANT  MÉRIDIONAL  DE  LA  MONTAGNE  NOIRE 

du  Mercredi  6  Septembre  au  Vendredi  45  Septembre  4899 


Les  membres  de  la  Société  qui  ont  assisté  à  la  Réunion  extra- 
ordinaire, sont  : 


le  chanoine  Almera. 

MM.  Dop. 

Bergeron. 

FlCHEUR. 

Bertrand  (Léon). 

FOURTAU. 

Bofill. 

GUILLERMONT. 

l'abbé  Bourgeat. 

Jacquemet. 

Cannât,    Présideut   de   la 

MlQUEL. 

Société  d'étude  des  Scien- 

NlCKLÈS. 

ces  naturelles  de  Béziers. 

Pervinquière. 

Caralp. 

Reymond. 

Carez. 

Riche. 

Depéret. 

Roman. 

Dereims. 

Sayn. 

DONNKZAN. 

Vidal. 

Les  personnes  étrangères  à  la  Société  ayant  pris  part  aux  excur- 
sions, sont  : 

MM.  l'abbé  Audran.  MM.  Maurette. 

COUSTAN.  MENGAUD. 

DONNEZAN  (fils).  MlQUEL  (fils). 

ESCOT.  MOUSTELON. 


18  Août  1901.  —  T.  XX VU.  Bull.  Soc.  Géol.  Fr.  —  39 


606 


PROGRAMME     DES     EXCURSIONS 

Proposé  par  MM.  BERQERON,   DEPÉRET  et  NICKLE8 

Mercredi  6  Septembre.  —  Rendez-vous  à  Saint  Pons  (Hérault). 
—  Séance  d'ouverture  à  9  heures  du  matin,  à  la  mairie  de  Saint- 
Pons.  Après  la  séance,  excursion  sur  la  route  de  la  Salvetat  pour 
étudier  les  schistes  métamorphiques  (micaschistes  et  gneiss).  —  A 
deux  heures,  excursion  au  coi  de  Sainte-Colombe.  Dévonien  non 
fossilifère;  Ordovicien  inférieur  fossilifère;  Cambrien  supérieur 
non  fossilifère  ;  Cambrien  moyen  fossilifère  (Paradoxides  rugubsus, 
Conocephalus  coronatus);  Cambrien  inférieur  (calcaire  à  Arch&ocya- 
thus).  —  Coucher  à  Saint-Pons. 

Jeudi  7  Septembre.  —  Départ  en  voitures  à  7  heures  pour  Saint- 
Chinian.  Dévonien  non  fossilifère,  Ordovicien  inférieur,  Cambrien 
complet  (moyen  fossilifère,  supérieur  avec  traces  d'Annélides).  Série 
de  plis  dans  le  Cambrien.  Pli  en  éventail  de  Poussa rou.  Cambrien 
moyen  fossilifère.  Ordovicien  inférieur  fossilifère  (niveau  à  Eubma- 
Niobe  ou  de  Tremadoc).  —  Déjeunera  Saint-Chinian.  —  A  2 heures, 
course  à  Assignan  :  grès  de  Saint-Chinian.  Etage  de  Rognac  fossi- 
lifère. Nummulitique  marin.  Calcaires  lutétiens  à  Planorbis  pseudo- 
ammonius.  Grès  à  Lophiodon.  —  Coucher  à  Saint-Chinian. 

Vendredi  8  Septembre.  —  Départ  à  7  heures  du  matin.  Etude 
des  envirous  de  Pierrerue  et  Cazedarnes.  Double  pli  déversé  au 
nord  (plis  de  Pierrerue  et  de  Cazedarnes).  Trias  et  Infralias  chevau- 
chant sur  le  Nummulitique  marin  par  lequel  débute  une  série 
renversée  allant  jusqu'au  grès  à  Lophiodon.  —  Le  soir,  séance  à 
THÔtel-de- Ville  de  Saint-Chinian.  —  Coucher  à  Saint-Chinian. 

Samedi  9  Septembre.  —  Départ  en  voitures  à  6  heures  pour 
Roquebrun  par  le  Mont  Peyroux.  Eocène.  Carbonifère  inférieur 
(Tournaisien).  Dévonien  complet  renversé  sur  le  Carbonifère.  Anti- 
clinal formé  des  assises  suivantes  :  schistes  à  Euloma-Niobe,  grès  à 
Lingules,  Dévonien.  Déversement  des  couches  dévoniennes  et  car- 
bonifères vers  le  nord  dans  la  vallée  du  ruisseau  de  Laurenque. 
Déjeuner  à  Roquebrun.  —  Départ  à  2  heures  pour  Mons-la-Trivalle. 
Etude  de  la  dépression  de  la  vallée  de  l'Orb  :  Ordovicien,  Dévonien 


PROGRAMME  DES  EXCURSION8  607 

et  Carbonifère  renversés.— Gorges  d'Heric.  Etude  du  cône  de  déjec- 
tion du  ruisseau  d'Heric.  —  Départ  de  Mons-la-Trivalle  par  le  train 
de  5  heures  33  pour  Bédarieux.  —  Le  soir,  séance  à  l'Hôtel  Para.  — 
Coucher  à  Bédarieux. 

Dimanche  10  Septembre.  —  Matin  :  repos.  Départ  en  voiture  à 
midi  pour  Carlencas.  Etude  du  Tertiaire  et  du  basalte  du  bois  de 
Levas  et  de  la  Frégère.  Retour  à  Bédarieux  par  la  Braunhe.  Bauxite. 
Série  jurassique.  —  Coucher  à  Bédarieux. 

Lundi  11  Septembre.  —  Départ  pour  Laurens  par  le  train  de 
7  heures  32  (1).  Gare  de  Laurens.  Carbonifère  (Tournaisien  et 
Viséen)  recouvert  par  le  Silurien  et  le  Dévonien.  —  Étude  du  récif 
miocène  d'Autignac.  —  Retour  à  Gabian  par  Fouzillon.  Trias, 
Jurassique  fossilifère.  —  Déjeuner  à  Gabian.  Après  déjeuner  étude 
de  l'écaillé  de  Laurens-Gabian  en  suivant  la  route  de  Faugères  : 
Ordovicien,  Gothlandien  et  Dévonien  fossilifères,  en  concordance 
de  stratification,  reposant  sur  le  Carbonifère.  Porphyrite  traversant 
le  Carbonifère.  Permien  et  Trias  de  Gabian.  Retour  à  Bédarieux  par 
le  train  de  5  heures  33.  —  Le  soir,  séance  à  l'Hôtel  Para. 

Mardi  12  Septembre.  —  Départ  pour  Pézenas  par  le  train  de 

# 

5  heures  45.  Etude  de  l'Helvétien  de  Montagnac.  Déjeuner  à  Pézenas. 
Étude  du  Miocène  du  monticule  de  Saint-Siméon.  —  Pliocène  du 
ruisseau  du  Riège.  —  Cratère  de  Valros.  —  Dîner  à  Pézenas.  — 
Départ  de  Pézenas  à  7  heures  49  du  soir  pour  Clermont-l'Hérault. 
Arrivée  à  9  heures  7.  —  Coucher  à  Clermont-l'Hérault. 

Mercredi  13  Septembre.  —  Départ  en  voitures  à  7  heures  pour 
Cabrières.  Plaine  de  Cadenas  formée  par  le  Carbonifère  inférieur, 
recouvert  en  partie  par  le  Silurien  et  le  Dévonien.  Plateau  du 
Caragnas  (Dévonien  schisteux  et  Carbonifère  inférieur).  Massif  de 
Tourière  (écaille  de  Silurien  et  de  Dévonien  sur  les  schistes  tournai- 
siens  et  le  calcaire  viséen).  Filon  de  basalte  dans  le  calcaire  dévo- 
nien. —  Déjeuner  à  Cabrières.  —  Après-midi,  étude  de  la  Combe 
lzarne  (écailles  de  Silurien,  de  Dévonien  complet  et  de  Carboni- 
fère fossilifères).  Dîner  et  coucher  à  Clermont-l'Hérault.  Le  soir, 
séance  à  l'Hôtel  du  Commerce. 

Jeudi  14  Septembre.  —  Départ  en  voitures  à  7  heures  par  la 
route  de  Bédarieux.  Faille  de  Mourèze.  Ascension  du  Pic  de  Bissous 

(!)  Par  suite  dos  dlfli cultes  à  organiser  les  courses  en  voiture,  le  programme 
primitif  a  dû  être  modifié.  Le  présent  programme  est  celui  suivi  par  la  Société. 


608  LISTE  DBS  PRINCIPALES   PUBLICATIONS 

ou  de  Cabrières  par  sa  face  nord.  Ordovicien  puis  Dé  von  i  eu.  puis 
renversement  des  couches  vers  le  sud  de  manière  à  donner  en 
descendant  vers  Cabrières  la  série  suivante  :  Givétien  (fossilifère), 
Dévonien  supérieur  (fossilifère),  Carbonifère  inférieur.  —  Déjeuner 
à  Cabrières.  Après-midi,  étude  des  plis  de  la  colline  des  Japhet, 
basaltes  de  Lieuran-Cabrières.  —  Dîner  et  coucher  à  Germon  t- 
l'Hérault. 

Vendredi  15  Septembre.  —  Départ  en  voitures  à  7  heures  pour 
Saint-Saturnin.  Faille  inverse  de  Saint-Saturnin.  Ascension  du  Pic 
des  Deux-Vierges.  Déjeunera  Saint- Jean  de  la  Blaquière.  Retour  par 
Rabieux.  Le  soir,  séance  de  clôture  à  l'Hôtel  du  Commerce. 


LISTE   DES   PRINCIPALES   PUBLICATIONS 

RELATIVES  A   LA  RÉGION  PARCOURUE 

1833.  A.  Boué.  —  Note  sur  les  environs  de  Pézenas  (B.  S.  G.  F.,  1"  sér., 
t.  III,  p.  332). 

1847.  M.  de  Serres.  —  Découverte  du  premier  Productus  carbonifère 
(Mèm.  Ac.  Se.  et  Let.  de  Montpellier,  1. 1,  p.  63). 

1849.  Fournet  et  Oraff.  —  Note  sur  les  terrains  de  Neffîez  et  de  Roujan 
(Hérault)  appartenant  aux  formations  carbonifère,  dévonienne  et 
silurienne  (B.  S.  G.  F.,  2e  sér.,  t.  VI,  p.  625). 

—    de  Verneuil.  — -  Sur  les  fossiles  des  terrains  anciens  de  Neffiez  et 
de  Roujan  (Hérault)  (B.  S.  G.  F.,  2e  sér.,  t.  VI,  p.  627). 

1851.  de  Christol.  —  Présentation  de  fossiles  du  terrain  silurien  de 
Clermont-l'Hérault  (B.  S.  G.  F.,  2e  sér.,  t.  VIII,  p.  566). 

1854.  Fournet.  —  Lettre  à  M.  Viquesnel  sur  les  terrains  anciens  de  Neffiez 

(Languedoc)  composés  de  terrains  carbonifère,  dévonien,  silurien, 
de  schistes  argileux,  ardoisiers  non  fossilifères,  de  gneiss,  de 
micaschistes  et  de  granités  (B.  S.  G.  F.,  2e  sér.,  t.  II,  p.  169). 

1855.  M.  de  Serres.  —  De  Mourèze  et  de  ses  colonnades  de  rochers  (C.  R. 

Ac.  Se,  t.  XL,  p.  1367). 

1857.  de  Ro avilie.  —  Sur  la  série  des  terrains  entre  Saint-Affriquc 
(Aveyron)  et  Clermont-rHérault,  composée  de  Trias,  de  terrains 
liasique,  permien,  houiller  et  de  transition  (B.  S.  G.  F.,  2e  sér., 
t.  XV,  p.  69). 

1859.  Hébert.  —  Note  sur  la  limite  inférieure  du  Lias  et  sur  la  composi- 
tion du  Trias  dans  les  départements  du  Gard  et  de  l'Hérault  (B.  S. 
G.  F.,  2e  sér.,  t.  XVI,  p.  905). 

1862.  de  Rou ville.  —  Sur  l'âge  essentiellement  triasique  des  dépôts  gyp- 
seux  secondaires  du  midi  de  la  France  (B.  S.  G.  F.y  2*  sér.,  t.  XIX. 
p.  683) . 


RELATIVES  A  LA   RÉGION  PARCOURUE  609 

1866.  Id.  —  Lettre  à  M.  Élie  de  Beaumont  sur  la  constitution  géologique 

des  terrains  situés  aux  environs  de  Saint-Cbinian  (C.  R.  Ac.  Se, 
t.  LX1II,  p.  637). 

—  Leymerie.  —  Réponse  à  M.  de  Rouville  à  propos  des  argiles  rouges 

et  des  calcaires  qui  constituent  la  montagne  comprise  entre  Bize 
et  Saint-Chinian  (C.  R.  Ac.  Se,  t.  LXlll,  p.  1069). 

—  Matheron.  —  Lettre  à  M.  de  Rouville  sur  les  terrains  tertiaires  de 

Saint-Chinian  (R.  S.  G.  F.,  2«  sér.,  t.  XXIV,  p.  44). 

—  de  Rouville.  —  Réponse  à  M.  Matheron  (R.  S.  G.  F.,  2e  sér., 

t.  XXIV,  p.  49). 

1867.  Magnan.  —  Note  sur  un  chaînon  qui  réunit  les  Corbières  à  la  Mon- 

tagne Noire  {R.  S.  G.  F.,  2e  sér.,  t.  XXIV,  p.  721). 

1868.  de  Rouville.  —  Excursion  à  Roujan  et  à  Cabrières  (R.  S.  G.  F , 

2*  sér.,  t.  XXV,  p.  959). 

—  Id.  —  Compte-rendu  des  courses  faites  au  pic  de  Cabrières,  à  Mou- 

rèze,  à  Clermont  et  à  la  tuilerie  de  Lodève  {R.  S.  G.  F.,  2e  sér., 
t.  XXV,  p.  974). 

—  Id.  —  Course  de  Lodève  à  Bédarieux  (R.  S.  G.  F.,  2#  sér.,  t.  XXV, 

p.  989) . 

—  Dieulafait.  —  Comparaison  du  Trias  de  l'Hérault  avec  celui  des 

Alpes  et  surtout  aes  Alpes  de  Provence  (R.  S.  G.  F.,  2-  sér., 
t.  XXV,  p.  970). 

—  Id.  —  Note  sur  l'horizon  de  YAvicula  conforta  aux  environs  de 

Lodève  (R.  S.  G.  F.,  2*  sér.,  t.  XXV,  p.  980). 

—  Matheron.  —  Compte-rendu  de  la  course  de  Pézenas.  Observations 

de  MM.  Tournouer,  Bel  grand,  Gaudry,  de  Rouville  (R.  S.  G.  F., 
2#sér.,  t.  XXV,  p.  944). 

1869.  Dieulafait.  —  Zone  à  Avicula  conforta  et  Infralias  dans  le  midi  de 

la  France,  à  l'ouest  du  Rhône  (Ardèche,  Lozère,  Aveyron,  Hérault) 
(R.  S.  G.  F.,  2«  sér.,  t.  XXVI,  p.  398). 

—  Daubrée.  —  Sur  l'existence  de  gisements  de  bauxite  dans  les 

départements  de  l'Hérault  et  de  l'Ariège  (R.  S.  G.  F.,  2*  sér., 
t.  XXVI,  p.  915). 

1873.  Leymerie.  —  Sur  la  position  et  le  mode  de  formation  des  marbres 

dévoniens  du  Languedoc  {R.  S.  G.  F.,  3*  sér.,  t.  I,  p.  242). 

—  de  Rouville.  —  Sur  le  Permien  de  l'Hérault  (R.  S.  G.  F.,  3*  sér., 

t.  I,  p.  250). 

1874.  Oraff.  —  Notice  sur  les  terrains  paléozolques  du  département  de 

l'Hérault  (Soc.  des  Se.  industr.  de  Lyon). 

1876.  de  Rouville.  —  Introduction  à  la  description  géologique  du  dépar- 

tement de  l'Hérault.  ln-8°. 

1877.  de  Tromelin  et  de  Grasset.  —  Etude  sommaire  sur  la  faune 

paléozoïque  du  Languedoc  et  des  Basses-Pyrénées  (4.  F.  A,  S. 
Le  Havre,  p.  529). 

1879.  Ch.  Barrois.  —  Le  marbre  griotte  des  Pyrénées  {Ann.  Soc.  gèol. 
duS..  t.  VI,  p.  270). 

—  de  Tromelin.  —  Etude  sommaire  des  faunes  paléozolques  du  Bas- 

Languedoc  et  des  Pyrénées  (A.  F.  A.  S.  Montpellier,  p.  662). 

1883.  von  Rœnen.  —  Sur  le  Dévonien  supérieur  et  sur  le  Carbonifère  de 

l'Hérault  (R.  S.  G.  F.,  3e  sér.,  t.  Xii,  p.  114). 

1884.  Id.  —  Ueber  den  Marbre  griotte  der  Gegend  von  Montpellier  (N. 

Jahrb.,t.  I,  p.  203). 


610  LISTE  DES   PRINCIPALES  PUBLICATIONS 

1884.  de  Rouville.  —  Note  sur  le  Dévonien  de  l'Hérault  (B.  S.  G.  F., 

3e  sér.,  t.  XII,  p.  364). 

1885.  Ch.  Barrois.  —  Sur  le  calcaire  à  Polypiers  de  Cabrières  (Hérault) 

(Ann.  S.  G.  du  N.,  t.  XIII,  p.  74). 

1886.  de  Rouville.   —  Monographie  géologique  de   la   commune  de 

Cabrières  (Mfm.  Ac.  Se.  et  Lettres  de  Montpellier). 

—  Id.  —  L'horizon  armoricain  dans  la  région  de  Cabrières  (Hérault) 

(B.  S.  G.  F.,  3«  sér.,  t.  XV,  p.  738). 

—  Id.  —  L'horizon  de  Montauban-Luchon  à  Cabrières  (Hérault)  (C.  R. 

Ac.  Se,  séance  du  25  juillet). 

—  Id.  —  Sur  les  formations  paléozolques  de  Neffiez-Cabrières  (Hérault) 

(C.  R.Ac.  Se,  t.  Cil,  p.  780). 

—  Id.  —  Prolongement  du  massif  paléozolque  de  Cabrières  (Hérault) 

dans  la  région  occidentale  du  département  de  l'Hérault.  Silurien 
et  Dévonien  (C.  R.  Ac.  Se,  séance  du  31  octobre). 

—  Id.  —  Extension  du  terrain  carbonifère  dans  la  région  occidentale 

de  l'Hérault.  Considérations  stratigraphiques  générales  (C.  R. 
Ac  Se. y  séance  du  7  novembre). 

—  von   Rœnen.   —  Ueber  Clymenienkalk    und  Mitteldevon   resp. 

Hercynkalk  bei  Montpellier  (N.  Jahrb.,  t.  I,  p.  163). 

—  Id.  —  Ueber  neue  Cystideen  aus  den  Caradoc-Schichten  der  Gegend 

von  Montpellier  (N.  Jahrb.,  t.  II,  p.  246.  PI.  VIII  et  IX). 

1887.  Frech.  —  Die  Palaeozoischen  Bildungen  von  Cabrières  (Languedoc) 

(Zeitsch.  d.  D.  geol.  Gesellschaft,  t.  XXXIX,  p.  360). 

—  de  Rouville.  —  Les  formations  paléozolques  de  la  région  de 

Cabrières  par  le  Dr  Frech  (B.  S.  G.  F.,  3e  sér  ,  t.  XVI.  p  64). 

—  J.  Bergeron.  —  Elude  paléontologique  et  stratigraphique  des  ter- 

rains anciens  de  la  Montagne  Noire  (B.  S.  G.  F.,  3*  sér.,  t.  XV, 
p.  373). 

—  Id.  —  Note  sur  les  terrains  primitifs,  archéen,  cambrien  et  dévo- 

nien du  versant  méridional  de  la  Montagne  Noire  {B.  S.  G.  F., 
3e  sér.,  t.  XVI,  p.  210). 

1888.  de  Rouville.  —  Sur  le  Permien  de  l'Hérault  {B.  S.  G.  F,  3e  sér., 

t.  XVI,  p  350). 

—  Id.  —  Note  complémentaire  sur  le  prolongement  du  massif  paléo- 

zolque de  Cabrières  dans  la  région  occidentale  du  département  de 
l'Hérault  (C.  R.  Ac.  Se,  t.  CV1,  p.  1437). 

—  Id  —  Sur  un  horizon  à  Trinucleus  du  Glauzy  (Hérault)  (C.  R.  Ac.  Se, 

t.  CVI1,  p.  841). 

—  de  Rouville  et  Delage.  —  Pétrographie  de  l'Hérault.  Les  porphy- 

rites  de  Gabian  (C.  R.  Ac.  Se,  t.  CVII,  p.  665) 

—  Munier-Chalmas  et  J.  Bergeron.  —  Sur  fa  présence  de  la  faune 

primordiale  (Paradoxidien)  dans  les  environs  de  Ferrals-les-Mon- 
tagnes  (Hérault)  (C.  R.  Ac.  Se,  séance  du  30  janvier). 

—  J.  Bergeron.  —  Sur  la  présence  de  la  faune  primordiale  (Para- 

doxidien) dans  les  environs  de  Ferrals-Ies  Montagnes  (Hérault) 
(B.  S.  G.  F,  3'  sér.,  t.  XVI,  p.  282). 

—  Id.  —  Sur  le  Cambrien  et  sur  l'allure  des  dépôts  paléozolques  de  la 

Montagne  Noire  (C.  R.  Ac.  Se,  t.  CVII,  p.  760). 

—  Id.  -  Réponse  au  Dr  Frech.  de  Halle  (B.  S.  G.  F.,  3«  sér.,  t.  XVI, 

p.  935). 


RELATIVES  A  LA  RÉGION  PARCOURUE  611 

1889.  de  Rouville.  —  Note  sur  le  Paléozoïque  de  l'Hérault.  Lettre  à 

M.  J   Bergeron  (B.  S.  G.  F.,  3e  sér.,  t.  XVIII,  p.  8). 

—  Id.  —  Note  sur  la  présence  du  Pleurodictyum  problematicum  dans 

le  Dé  von  ion  de  Cabrières  et  sur  un  nouvel  horizon  de  Graptolites 
dans  le  Silurien  de  Cabrières  (B.  S.  G.  F.,  3*  sér.,  t.  XVIII,  p.  176). 

—  Id    —  Le  genre  Amphion  (Pander)  à  Cabrières  (Hérault)  (C.  R. 

Âc.  Se,  t.  CVIII,  p.  470). 

—  Hébert.  —  Observations  relatives  à  la  communication  précédente 

{C.  R.  Ac.  Se,  t.  CVIII,  p.  470). 

—  J.  Bergeron.  —  Etude  géologique  du  massif  ancien  situé  au  sud 

du  Plateau  Central  (Annales  des  Se.  géologiques,  t.  XXII). 

—  Id.  —  Réponse  à  la  lettre  de  M.  le  Prof,  de  Rouville  (B.  S.  G.  F., 

3*  sér.,  t.  XV1I1,  p.  13). 

—  Id.  —  Sur  la  présence  dans  le  Languedoc  de  certaines  espèces  de 

1  étage  Ei,  du  Silurien  supérieur  de  Bohême  (B.  S.  CF.,3*  sér., 
t.  XVIII,  p.  171). 

—  Id.  —  Observations  au  sujet  de  la  communication  de  M.  de  Rouville 

sur  la  présence  du  Plfurodicti/um  problematicum  dans  le  Langue- 
doc (B.  S.  G.  F.,  3e  sér.,  t.  XVIII,  p.  177). 

1890.  J.  Bergeron.  —  Sur  une  forme  nouvelle  de  Trilobitede  la  famille 

des  Cahimenidœ  (Genre  Calymenella)  (B.  S.  G.  F.,  3e  sér.,  t.  XVIII, 
p.  365)'. 

—  de  Margerie.  —  Note  sur  la  structure  des  Corbières  (Bull.  Serf). 

Carte  géol.  Fr.%  N°  17). 

1891 .  Viguier. —  Pliocène  des  environs  de  Montpellier  {A.  F.  A.  S.,  p.  413). 

1892.  Ch.  Barrois.  —  Mémoire  sur  la  distribution  des  Graptolites  en 

France  (Ann.  Soc.  géol.  du  A\,  t.  XX,  p.  89). 

—  J.  Bergeron.  —  Contributions  à  l'étude  géologique  du  Rouergue 

et  de  la  Montagne  Noire  (B.  S.  G.  F.,  3*  sér.,  t.  XX,  p.  248). 

1893.  Jean  Miquel.  —  Note  sur  la  géologie  des  terrains  primaires  du 

département  de  l'Hérault.  Saint-Chmian  à  Coulouma  {B.  Soc.  et. 
Se.  AVU.  de  Bèziers). 

—  J.  Bergeron.  —  Observations  au  sujet  de  la  note  précédente  (C.  R. 

S.  Soc.  géol.  Fr.,  séance  du  6  novembre,  p.  cvm). 

—  Id.  —  Notes  paléontologiques.  Genre  Âsaphelina  (B.  S.  G.  F.,  3-  sér., 

t.  XXI,  p.  333). 

1894.  Jean  Miquel.  —  Note  sur  la  géologie  des  terrains  primaires  du 

département  de  l'Hérault.  Le  Cambrien  et  l'Arenig  (B.  S.  et.  Se. 
i\at.  de  Bèziers). 

—  de  Rouville.  —  L'Hérault  géologique. 

—  Id.  —  Atlas  d'anatomie  stratigraphique  du  territoire  de  l'Hérault. 

—  de  Rouville,  Delage  et  Jean  Miquel.  —  Les  terrains  primaires 

de  l'arrondissement  de  Saint-Pons  (Hérault)  avec  une  carte  géolo- 
gique coloriée  au  1/^0.000*  et  une  planehcde  coupes  (Mém.  Ac.  Se. 
et  Lettres  de  Montpellier.  Section  des  Sciences,  2*  sér.,  t.  II). 

1894.  J.  Bergeron.  -  Réponse  à  MM.  de  Rouville,  Delage  et  Jean  Miquel 
(T.  R.  S.  Soc.  géol.  Fi:,  t.  XXII,  p.  xxxiv,  séance  du  19  février). 

—  Id.  —  Note  sur  l'allure  des  couches  paléozolques  dans  le  voisinage 

des  plis  tertiaires  de  Saint-Chinian  (B.  S.  G.  F.,  3e  sér.,  t.  XXII, 
p.  578). 


612  LISTE  DES  PRINCIPALES   PUBLICATIONS 

1894.  Id.  —  Montagne  Noire.  Roches  cristallines  {Bull.  Sert).  Carte  géol. 

de  Fr.,  t.  VI,  p.  61). 

—  Depéret.  —  Sur  les  plis  tertiaires  de  la  région  de  Saint-Chînian 

(Hérault)  (C.  R.  S.  S.  G.  F.,  3*  sér.,  t.  XXII,  p.  clvi). 

—  R.  Nicklôs.  —  Montagne  Noire.  Terrains  secondaires  (Bull.  Serv. 

Carte  géol.  de  Fr.,  t.  VI,  p.  65). 

1895.  Jean  Miquel.  —  Note  sur  la  géologie  des  terrains  primaires  du 

département  de  l'Hérault.  Essai  de  stratigraphie  générale  (B.  S. 
et.  Se.  Nat.  de  Béziers). 

—  Id.  —  Note  sur  la  géologie  des  terrains  secondaires  et  des  terrains 

tertiaires  du  département  de  l'Hérault  (B.  S.  et.  Se.  Nat.  de  Béziers). 

—  J.  Bergeron.  —  Remarques  relatives  à  deux  notes  de  M.  Miquel 

(B.  S.  G.  F.,  3*  sér.,  t.  XXIII,  p.  337). 

—  Id.  —  Notes  paléontologiques.  III  {B.  S.  G.  F.,  3«  sér.,  t.  XXIII,  p.  465). 

—  Id.  — Montagne  Noire  (Bull.  Serv.  Carte  géol.  de  Fr.,  t.  VII,  p.  67). 

—  Id.  —  Sur  les  calcaires  cambriens  et  sur  la  série  crystallophyl- 

lienne  de  la  Montagne  Noire  (C.  R.  S.  Soc.  géol.  Fr.,  p.  xcvii. 
Séance  du  10  juin  1895). 

—  Id.  —  Sur  le  métamorphisme  du  Gambrien  de  la  Montagne  Noire 

(C.  R.  Ac.  Se.  Séance  du  9  décembre  1895). 

—  Id.  —  Sur  le  métamorphisme  du  Cambrien  de  la  Montagne  Noire 

(C.  R.  S.  Soc.  géol.  Fr.  Séance  du  16  décembre  1895,  p.  cxcix). 

—  Depéret.  —  Languedoc.  —  Feuilles  de  Montpellier  et  de  Bédarieux . 

(Bull.  Serv.  Carte  géol  de  Fr.t  t.  VU,  p.  86). 

—  R.  Nicklôs.  —  Feuille  de  Bédarieux.  Régions  de  Saint-Chinian  et 

de  Clermont-l'Hérault  (Bull.  Serv.  Carte  géol.  Fr.9  t.  VII,  p.  69). 

1896.  Depéret.  —  Feuille  de  Bédarieux  (Bull.  Serc.  Carte  géol.   Fr., 

t.  VIII,  p.  101). 

—  J.  Bergeron.  —  Feuille  de  Bédarieux  (Bull.  Serv.  Carte  géol.  Fr., 

t.  VIII,  p.  95). 

—  R.  Nicklôs.  —  Feuille  de  Bédarieux.  Terrains  secondaires.  (Bull. 

Serv.  Carte  géol.,  t.  VIII,  p.  103). 

1897.  Depéret.  —  Sur  le  Pliocène  et  les  éruptions  basaltiques  des  vallées 

de  TOrb  et  de  l'Hérault  (B.  S.  G.  F.,  3'  sér.,  t.  XXIV,  p.  641). 

—  Id.  —  Feuille  de  Bédarieux  (Bull.  Serv.  Carte  géol.  Fr.,  t.  IX,  p.  342). 

—  J.  Bergeron.  —  Feuille  de  Bédarieux  (Roches  éruptives  tertiaires) 

(Bull.  Serv.  Carte  géol.  Fr.,  t.  IX,  p.  338). 

—  R.  Nicklôs.  —  Feuille  de  Bédarieux  (Bull.  Serv.  Carte  géol.  Fr., 

t.  IX,  p.  345). 

1898.  J.  Bergeron.  —  Etude  du  versant  méridional  de  la  Montagne  Noire 

(B.  S.  G.  F.,  3e  sér.,  t.  XXVI,  p.  472). 

—  Id.  —  Feuille  de  Bédarieux.  Extrémité  orientale  du  massif  ancien 

de  la  Montagne  Noire  (Bull.  Sert).  Carte  géol.  Fr.,  t.  IX,  p.  123). 

—  Depéret.  —  Feuille  de  Bédarieux  (Bull.  Serv.  Carte  géol.  Fr..  t.  X, 

p.  131). 

—  D.  Levât.  —  Sur  les  phosphates  noirs  des  Pyrénées  (C.  R.  Ac.  Se  , 

t.  CXXV1I,  p.  834). 

1899.  J.  Bergeron.  —  Note  sur  la  base  du  Carbonifère  dans  la  Montagne 

Noire  (B.  S.  G.  F.,  3«  sér.,  t.  XX Vil,  p.  36). 

—  Id.  —  Feuille  de  Bédarieux  (Bull.  Serc.  Carte  géol.  Fr.,  t.  X,  p  509). 


SÉANCE  DU  6  SEPTEMBRE  1899  613 

1899.  D.  Levât.  —  Mémoire  sur  les  phosphates  noirs  des  Pyrénées  (Ann. 
des  Mines,  9e  sér.,  t.  XV,  p.  26). 

—    R.  Nicklôs.   —  Sur  la  tectonique  des  terrains  secondaires  au  Sud 
de  la  Montagne  Noire  (C.  fl.  Ac.  Se.  Séance  du  31  octobre  1899), 

Cartes  géologiques 

1876.  de  Rouville.  —  Carte  géologique  du  département  de  l'Hérault.  — 

Arrondissements  de  Saint-Pons,   de  Béziers  et  de  Lodève,  au 

1/80.000". 
1888.  J.  Bergeron.  —  Carte  géologique  du  Rouergue  et  de  la  Montagne 

Noire  au  1/320.0006,  in  :  Etude  géologique  du  massif  ancien  situé 

au  sud  du  Plateau  Central. 

1894.  de  Rouville,  Delage  et  Jean  Miquel.  —  Carte  géologique  des 
terrains  primaires  de  l'arrondissement  de  Saint  Pons  au  1/80.000% 
in:  Les  terrains  primaires  de  l'arrondissement  de  Saint-Pons. 

1899.  Depéret,  Nicklôs  et  Bergeron.  —  Carte  géologique  détaillée  de 
la  France  au  1/80.000*.  —  Feuille  N°  232.  Bédarieux. 

Cartes  topographiques 

Les  excursions  se  feront  toutes  sur  la  feuille  N°  232  (Bédarieux)  de  la 
carte  de  l'Etat-Major  au  1/80.000". 


Séance  d'ouverture,  f»  Septembre  f  S99 

PRÉSIDENCE  DE  M.  DEPÉRET,  PUIS  DE  M.  BERGERON,  Président  de  la  Réunion. 

La  Société  se  réunit  à  10  h.  1/2,  à  l'Hôtel- de-Ville  de  Saint-Pons. 

M.  Depéret,  président  de  l'une  des  réunions  antérieures,  déclare 
ouverte  la  Réunion  extraordinaire  sur  le  versant  méridional  de 
la  Montagne  Noire,  et  Ton  procède  de  suite  à  la  constitution  du 
bureau. 

M.  Bergeron  est  élu  président;  il  est  assisté  de  MM.  Depéret, 
Nicklès,  Vidal,  vice-présidents  ;  Dereims,  trésorier  ;  Pervinquière, 
secrétaire. 

M.  J.  Bergeron  remercie  la  Société  de  l'honneur  qu'elle  lui  fait  ; 
en  l'appelant  à  la  présidence,  elle  s'est  conformée  aux  traditions 
par  suite  desquelles  le  président  est  choisi  parmi  ceux  des  membres 


614  SÉANCE  DU  6  SEPTEMBRE  1899 

présents  qui  se  sont  le  plus  occupés  de  la  région  que  la  Société  doit 
parcourir.  En  toute  justice,  l'honneur  de  la  présidence  devrait 
revenir  à  M.  de  Rouville  qui,  pendant  quarante  ans,  a  déployé  tant 
d'activité  dans  l'étude  de  la  géologie  de  l'Hérault;  M.  J.  Bergeron 
propose  donc  à  la  Société  de  le  nommer  président  d'honneur  de  la 
réunion  extraordinaire  de  1899. 

M.  de  Rouville  est  nommé,  par  acclamation,  président  d'hon- 
neur. 

Par  suite  des  présentations  faites  dans  la  séance  du  19  juin  1899, 
le  Président  proclame  membres  de  la  Société  géologique  de  France: 

M.  Meunier,  demeurant  à  Crépy-en-Valois  (Oise),  présenté  par 

MM.  Gosselet  et  J.  Bergeron  ; 
La  Société  d'étude  des  Sciences  naturelles  de  Béziers, 

présentée  par  MM.  de  Margerie  et  J.  Bergeron. 

Le  Président  a  le  regret  d'annoncer  la  mort  de  M.  Louis  Lartet, 
ancien  professeur  de  géologie  à  la  Faculté  des  sciences  de  Toulouse. 
11  s'était  fait  connaître  dés  ses  débuts  par  ses  importantes  explora- 
tions géologiques  de  la  région  de  la  Mer  Morte  ;  elles  constituent 
d'ailleurs  son  œuvre  principale.  La  Société  perd  en  lui  un  de  ses 
membres  les  plus  estimés. 

Le  Président  distribue  aux  membres  présents  une  brochure  qui  a 
été  envoyée  par  M.  de  Rouville  et  ayant  pour  titre  «  Vlnfracritacé 
sur  la  feuille  de  Afontpellier.  »  Il  donne  communication  d'une  lettre 
de  M.  de  Rouville  accompagnant  cet  envoi. 

Le  Président  donne  lecture  d'une  lettre  de  M.  Eugène  Mir, 
sénateur  de  l'Aude,  annonçant  le  succès  qu'il  a  obtenu  en  fonçant 
un  puits  artésien  dans  la  partie  lauraguaise  de  la  grande  plaine  de 
Bordeaux  à  Cette,  aux  Cheminières,  à  3  kil.  à  lest  deCastelnaudary, 
entre  la  ligne  des  Chemins  de  fer  du  Midi  et  le  canal  du  Languedoc. 

L'eau  artésienne  s'est  manifestée  le  28  juillet  1899  à  la  profondeur 
de  420  mètres. 

Le  1er  août  la  colonne  jaillit  à  10  mètres  au  dessus  du  sol,  avec 
un  débit  de  312  litres  par  minute,  dans  un  tubage  réduit  de  15  cen- 
timètres de  diamètre  : 

L'eau  accuse  une  température  de  30  degrés;  elle  n'est  pas  encore 
absolument  limpide  ;  elle  remonte  du  gravier  à  la  surface,  avec  une 
apparence  légèrement  laiteuse;  mais  elle  semble  avoir  un  goût 
franc,  «  cuit  rapidement  les  légumes  et  savonne  bien  ». 


SÉANCE  DU  6  SEPTEMBRE  1899  615 

Le  forage  est  poursuivi  pour  atteindre,  si  c'est  possible,  une 
nappe  plus  importante.  Le  débit  actuellement  acquis,  qui  fournit 
450  mètres  cubes  par  24  heures,  permet  l'irrigation  d'une  notable 
étendue  de  prairies  et  de  vignes. 

Dans  la  région,  il  ne  semble  pas  qu'il  ait  été  tenté  jusqu'ici  un 
forage  de  ce  genre,  du  moins  à  une  aussi  grande  profondeur. 

La  coupe  des  terrains  traversés  indique  des  bancs  argileux  et 
marneux  de  mollasse,  dite  de  Carcassonne  ou  de  Castelnaudary, 
alternant  avec  des  couches  degrés  plus  ou  moins  durs,  et  s'amalga- 
mant  le  plus  souvent  avec  elles. 

Après  la  lecture  de  la  lettre  de  M.  Mir,  M.  J.  Bergeron  donne 
les  renseignements  suivants  : 

En  1895,  M.  Mir  me  fit  l'honneur  de  me  consulter  sur  les 
chances  probables  de  succès,  d'un  puits  artésien  qu'il  projetait  de 
foncer  dans  sa  propriété  des  Cheminières,  près  Castelnaudary. 
C'est  la  mollasse  de  Carcassonne  (Eocène  supérieur)  qui  en  forme  le 
sous-sol  ;  cet  ensemble  de  grès  argileux  avec  accidents  gypseux  et 
calcaire»,  s'étend  vers  le  nord  jusqu'au  pied  de  la  Montagne  Noire  où 
il  recouvre  les  grès  et  sables  désignés  sous  le  nom  degrés  d'Issel 
(Eocène  moyen).  Ces  derniers  grès  s'élèvent  déjà  à  une  altitude 
assez  grande,  au-dessus  de  la  plaine,  sur  le  versant  méridional 
du  massif  montagneux,  pour  recevoir  les  pluies  résultant  de  la 
condensation  des  vapeurs  amenées  de  la  Méditerranée  par  les  vents 
du  sud-est.  De  plus,  ils  sont  situés  au  voisinage  de  la  ligne  de  par- 
tage des  eaux  des  bassins  méditerranéen  et  atlantique,  de  sorte 
qu'ils  reçoivent  encore  les  pluies  venant  de  l'Atlantique.  La  quan- 
tité d'eau  tombée  sur  les  affleurements  de  grès  d'Issel,  à  l'extrémité 
sud-ouest  de  la  Montagne  Noire  doit  donc  être  assez  grande. 
D'ailleurs  à  Castelnaudary  plusieurs  fontaines  reçoivent  leurs  eaux 
de  cette  région  particulièrement  humide. 

Les  grès  d'Issel  formaient  donc  le  niveau  d'eau  à  rechercher  par 
le  sondage  en  question  ;  de  plus  les  conditions  étaient  particuliè- 
rement favorables  à  la  rencontre  de  l'eau.  En  effet  la  mollasse  de 
Carcassonne  formée  par  des  grès  argileux  constitue  un  toit  imper- 
méable. Les  assises  sous-jacentes  aux  grès  sont  des  calcaires  com- 
pacts nummulitiques,  et  des  argiles  crétacées  dont  l'ensemble  est 
peu  perméable  à  l'eau.  Si  ces  grès,  comme  il  était  vraisemblable, 
se  prolongeaient  jusqu'en  dessous  des  Cheminières,  ils  devaient 
former  un  niveau  d'eau  compris  entre  deux  assises  imperméables, 
et  donner  par  suite  le  maximum  de  débit  et  peut-être  même  des 


616  SÉANCE  DU  6  SEPTEMBRE  1899 

eaux  jaillissantes.  Il  y  avait  donc  lieu  de  faire  le  sondage  en  ques- 
tion. Ce  fut  aussi  l'avis  de  plusieurs  praticiens  consultés  par  M.  Mir. 

Mais  au  cas  où  le  soudage  rencontrerait  l'eau,  serait-elle  jaillis- 
sante? Sur  cette  question  les  opinions  étaient  partagées.  La  très 
grande  majorité,  et  je  reconnais  que  j'en  étais,  pensait  qu'il  y  avait 
entre  les  Cheminières  et  les  affleurements  de  grès  une  trop  faible 
différence  d'altitude  pour  que  la  force  ascensionnelle  des  eaux  les 
fît  jaillir.  L'événement  a  prouvé  que  nous  avions  tort. 

M.  Mir  commença  le  sondage  en  question  en  septembre  1895.  En 
juin  1896  celui-ci  avait  atteint  la  profondeur  de  140  mètres  sans 
avoir  rencontré  l'eau.  Alors  M.  Mir  crut  devoir  demander  de  nou- 
veau leur  avis  aux  géologues  connaissant  la  région.  Plusieurs, 
découragés  par  l'insuccès  du  sondage,  furent  d'avis  de  l'arrêter. 
M.  Mir  voulut  bien  me  communiquer  leurs  rapports  ;  et  nous  dis- 
cutâmes sur  place  ce  qu'il  fallait  faire.  Le  sondage  étant  toujours 
resté  dans  la  mollasse  de  Carcassonne  et  n'ayant  pas  dépassé  ou 
même  atteint  les  grès  d'issel,  rien  n'était  désespéré  et  je  fus  d'avis 
de  persévérer. 

Avec  une  constance  digne  de  tous  éloges,  M.  Mir  fit  continuer  ce 
sondage,  et  le  28  juillet  1899,  à  3  heures  du  matin,  l'eau  arriva  au 
jour  d'une  profondeur  de  420  mètres  ;  de  plus  elle  était  jaillissante. 
J'ai  été  très  heureux  de  ce  résultat  qui  était  la  juste  récompense 
de  (a  ténacité  de  M.  Mir. 

M.  J.  Bergeron  résume  la  communication  suivante  : 


617 


ÉTUDE  DES  TERRAINS  PALÉOZOÏQUES 
ET  DE  LA  TECTONIQUE  DE  LA  MONTAGNE  NOIRE 

par  M.  J.  BERGERON. 


C'est  en  1883  que,  sur  le  conseil  de  mes  maîtres  MM.  Hébert  et 
Munier-Chalmas,  j'entrepris  l'étude  de  la  région  que  la  Société  va 
parcourir;  les  terrains  paléozolques  y  étaient  connus  grâce  aux 
travaux  de  MM.  Fournet,  Graff,  de  Verneuil,  de  Rouville,  de  Tro- 
melin  et  de  Grasset.  Je  croyais  n'avoir  à  y  faire  qu'un  travail  de 
coordination  qui  pourrait  me  servir  de  thèse  inaugurale.  Mais  dès 
mes  premières  courses,  je  me  rendis  compte  de  l'importance  et  de 
la  durée  de  l'étude  que  j'avais  entreprise.  J'aurais  voulu  ne  publier 
les  résultats  de  mes  recherches  que  progressivement;  mais  sur  le 
désir  de  M.  Hébert  je  dus,  en  1889,  donner  un  résumé  (1)  de  mes 
explorations  encore  trop  peu  avancées  ;  en  le  publiant  alors,  je  Je 
considérais  avec  raison  comme  devant  être  complété  par  mes  études 
ultérieures  (2).  Celles-ci,  qui  ont  duré  encore  une  dizaine  d'années, 
m'ont  amené  à  modilier  sur  bien  des  points  ma  première  manière 
de  voir. 

Ce  n'est  que  seize  ans  après  avoir  commencé  mes  études  dans  la 
Montagne  Noire  que  je  les  trouve  assez  avancées  pour  désirer  en 
montrer  les  résultats  à  la  Société  géologique. 

Pendant  mes  longs  et  nombreux  séjours  dans  le  Languedoc  j'ai 
pu  faire  quelques  réelles  amitiés.  Il  serait  trop  long  d'énumérer 
ici  toutes  les  personnes  qui  ont  cherché  à  m 'être  utiles  ou  même 
seulement  agréables;  mais  je  veux  rappeler  ici  les  noms  de  celles 
qui  sont  mortes,  quand  ce  ne  serait  que  pour  les  associer  une  der- 
nière fois  à  des  travaux  dont  elles  suivaient  les  progrès  avec  grand 
intérêt.  C'est  d'abord  M.  l'abbé  Filachou,  curé  de  Cassagnolles, 
qui  en  me  communiquant  les  échantillons  les  plus  intéressants  de 
sa  collection  (3)  m'a  permis   de  reconnaître  l'existence  dans  le 

(1)  J.  Bergeron.  Etude  géologique  du  massif  ancien  situé  au  sud  du  Plateau 
central.  Ann.  Se.  géol.,  t.  XXII. 

(2)  Op.  cit.,  p.  ii. 

(3)  Cette  collection  a  été  donnée,  sur  ma  demande,  au  Laboratoire  de  Géologie  de 
la  Sorbonne,  par  M.  Gleizes,  neveu  de  M.  Filachou. 


618     J.  BERGBR0N.  —  ÉTUDE  DES  TERRAINS  PALÉOZOÏQUES 

Languedoc  de  la  base  de  l'Ordovicien  ;  c'est  enfin  le  Dr  Grauel  de 
Saint-Pons  qui,  me  faisant  profiter  de  l'affectueuse  estime  dont  il 
jouissait  dans  le  pays,  m'a  mis  en  relation  avec  un  grand  nombre 
de  personnes  qui  m'ont  facilité  singulièrement  mes  recherches  (1). 

Au  point  de  vue  géologique  la  Montague  Noire  est  un  massif  dont 
l'axe  est  gneissique  tandis  que  la  périphérie  est  occupée  par  les 
terrains  paléozoïques.  Par  suite  de  cette  disposition,  il  semble  que 
la  série  gneissique  soit  la  plus  ancienne  et  que  les  autres  terrains 
reposent  sur  elle.  C'est  de  cette  façon  que  j'avais  interprété  les  faits 
en- 1889 (2).  Mais  en  réalité  il  n'en  est  pas  ainsi. 

Si  l'on  examine  l'allure  des  couches,  on  reconnaît  que  toutes, 
d'une  manière  générale,  sont  plissées  et  que  les  plis  sont  alignés 
suivant  la  direction  du  massif,  c'est  à-dire  N.  60°  à  70°  E.  Une 
section  normale  à  la  direction  des  plis  et  partant  de  la  région 
gneissique  pour  gagner  les  terrains  paléozoïques  les  moins  anciens, 
donne  la  succession  suivante  :  aux  gneiss  succèdent  des  mica- 
schistes, puis  des  schistes  micacés,  enfin  des  schistes  à  séricite, 
auxquels  font  suite  des  schistes  à  minéraux  et  enfin  le  Cambrien 
non  métamorphisé.  11  y  a  passage  insensible  et  graduel  de  la  roche 
non  métamorphique  à  celle  qui  Test  le  plus,  de  telle  sorte  qu'on 
peut  ainsi  suivre  pas  à  pas  les  progrès  du  métamorphisme. 
D'ailleurs  les  zones  formées  par  ces  différents  termes  sont  toujours 
peu  épaisses;  elles  ont,  dans  leur  ensemble,  quelques  centaines  de 
mètres. 

Mais  la  région  nord-est  du  massif  gneissique  (environs  de  Saint- 
Gervais-Ville  et  de  Combes),  aussi  bien  que  les  régions  où  le 
gneiss  forme  des  sortes  d'apophyses,  sur  le  versant  méridional 
de  la  Montagne  Noire  (environs  de  Labastide  et  de  Colora  bières), 
permet  de  voir  le  passage  latéral  du  Cambrien  (3)  au  gneiss.  C'est 
la  même  succession  que  celle  que  je  signalais  plus  haut,  mais 
ici,  elle  se  suit  latéralement,  parallèlement  à  la  direction  des  plis  ; 
ce  sont  les  mêmes  couches  qui  se  modifient  progressivement  à 

(1)  Depuis  la  séance  du  6  septembre  1899  la  mort  a  frappé  M.  Salles,  ancien 
instituteur  à  Ferrais,  et  M.  le  Dr  Villebrun  de  Saint-Chinian.  Je  tiens  à  dire  quel 
charmant  accueil  j'ai  toujours  reçu  de  M.  Salles  et  de  sa  famille.  Je  dois  à  M.  le 
Dr  Villebrun  la  communication  de  quelques-unes  des  belles  pièces  de  sa  collection; 
par  son  activité  à  recueillir  les  fossiles  siluriens,  il  a  rendu  de  grands  services  à 
la  Paléontologie. 

(2)  Étude  géologique  du  massif  ancien  situé  au  sud  du  Plateau  Central.  Ann. 
Sci.  geul.,  t.  XXII,  p.  14. 

(3)  Pour  la  composition  du  Cambrien  dans  la  Montagne  Noire,  v.  plus  loin,  p.  621. 


ET  DE  LA  TECTONIQUE  DE  LA  MONTAGNE  NOIRE  619 

mesure  que  Ton  se  rapproche  de  la  région  où  le  métamorphisme 
s'est  fait  sentir  avec  le  plus  d'intensité.  Ce  sont  toujours  les  schistes 
potsdamiensque  j'ai  vus  se  transformer  ainsi,  mais  il  doit  en  être 
de  même  pour  les  autres  schistes  cambriens. 

Dans  le  massif  gneissique  lui-môme,  le  métamorphisme  n'a  pas 
toujours  atteint  son  maximum,  et,  en  bien  des  points,  il  y  a  des 
bandes  de  schistes,  généralement  à  l'état  de  schistes  micacés,  qui 
témoignent  encore  de  l'origine  des  gneiss.  C'est  le  cas  pour  les 
environs  de  la  Salvetat,  ainsi  que  pour  une  bande  de  micaschistes 
qui  s'avance  de  plusieurs  kilomètres  dans  le  gneiss,  au  sud  de  Saint- 
Gervais-terres-rosis,  dans  le  massif  du  Caroux. 

11  n'y  a  qu'une  seule  bande  de  calcaire  cambrien  que  l'on  puisse 
suivre  de  la  périphérie  à  l'intérieur  de  la  région  gneissique;  elle 
passe  par  le  hameau  de  Causses  au  nord-ouest  de  Murât  (Tarn); 
elle  disparaît  vers  le  sud-ouest  en  s'engageant  dans  la  région  méta- 
morphique. C'est  grâce  à  une  érosion  profonde  de  la  vallée  du 
ruisseau  de  Viau,  qu'elle  réapparaît  un  peu  au  nord  de  Nages.  Mais 
en  plusieurs  points  du  massif  gneissique,  en  particulier  au  nord  de 
la  Salvetat,  apparaissent  des  lambeaux  calcaires  au  cœur  même  des 
roches  métamorphiques. 

Ces  calcaires  persistent  très  longtemps  au  milieu  des  micaschistes 
et  même  au  milieu  des  gneiss,  avec  les  mêmes  caractères  que  ceux 
qu'ils  possèdent  en  dehors  de  la  zone  métamorphisée.  Cepen- 
dant on  peut  y  reconnaître  des  traces  de  dissolution  :  la  masse 
présente  un  aspect  lité  très  accusé  qui  provient  de  l'alternance 
de  bancs  dans  lesquels  les  calcaires  n'ont  pas  été  attaqués  et  de 
lits  où,  au  contraire,  une  partie  du  calcaire  a  été  dissoute  et 
remplacée  par  de  la  silice.  Ces  derniers  ont  un  aspect  carié  et 
souvent  dans  les  vides  résultant  de  la  dissolution  du  calcaire  se 
sont  formés  des  cristaux  de  calcite,  de  dolomie  et  de  quartz.  Plus 
dans  l'intérieur  du  massif  gneissique,  les  calcaires  se  chargent  de 
minéraux  ;  alors  ils  sont  plus  cristallins,  et  ils  ont  une  coloration 
gris  vert  qui  provient  de  la  présence  de  silicates  ferro-maguésiens. 
Ce  sont  de 'vraies  cornes  vertes  dont  les  unes  sont  riches  en 
pyroxène,  les  autres  en  amphibole,  d'autres  enfin  en  épidote.  On 
reconnaît  au  milieu  d'une  foule  de  cristaux  de  calcite,  quelques 
cristaux  polysynthétiques  d'amphibole  et  de  pyroxène.  C'est  un 
type  comparable  à  ceux  que  M.  Michel-Levy  a  décrits  dans  le 
Beaujolais,  en  Auvergne  et  en  Normandie.  Fréquemment  dans  les 
calcaires  cariés,  les  cristaux  sont  recouverts  par  une  sorte  d'enduit 
ferrugineux  résultant  de  l'oxydation  des  sels  de  fer  qui  sont 
toujours  associés  aux  calcaires. 


620     J.  BERGKRON.  —  ÉTUDE  DES  TERRAINS  PALÉOZOÏQUES 

Etant  donnée  la  grande  fréquence  des  affleurements  de  calcaire. 
géorgien  dans  les  bandes  cambriennes  qui  entourent  le  massif 
gneissique,  on  peut  s'étonner  que  ces  mêmes  calcaires,  métamor- 
phisés  ou  non,  soient  si  rares  à  l'intérieur  de  ce  dernier.  On  en 
trouve  l'explication  dans  ce  fait  que  la  région  gneissique  repré- 
sente une  très  grande  épaisseur  de  sédiments,  puisqu'ils  ont  résisté 
davantage  aux  érosious  ;  de  plus  les  vallées  y  sont  rarement  pro- 
fondes. De  la  sorte,  les  calcaires  sont  restés  enfouis  sous  les  schistes 
métamorphiques,  sauf  dans  la  région  de  la  Salvetat  où  les  érosions 
ont  creusé  une  largo  dépression.  Les  affleurements  de  calcaire  à 
minéraux  y  sont  nombreux  ;  ils  sont  alignés  suivant  la  direction 
générale  des  plis  et  correspondent  à  des  anticlinaux. 

Malgré  toutes  mes  recherches,  ce  ne  sont  jamais  que  des  roches 
cambriennes  que  j'ai  vu  se  transformer  progressivement  en  gneiss. 
La  présence  du  Dévouien,  dans  la  région  de  Saint-Pons,  au  voisinage 
du  massif  métamorphique,  pourrait  justifier  l'hypothèse  qu'une 
partie  des  schistes  métamorphiques  appartient  au  Dévonien.  si  on 
ne  savait  que  ce  dernier  terrain  est  presque  exclusivement  calcaire 
dans  la  Montagne  Noire.  D'autre  part  les  calcaires  à  minéraux  sont 
très  éloignés  de  tout  gite  dévonien.  Pour  ces  raisons  je  suis  porté  à 
.attribuer  uniquement  au  Cambrien  toute  la  série  cristallophyl- 
lienne  (1). 

Les  phénomènes  de  métamorphisme  ne  sont  pas  cantonnés  daus 
la  région  gneissique  ni  dans  l'auréole  de  schistes  micacés  qui  l'en- 
toure. On  les  retrouve  en  dehors,  mais  principalement  suivant  la 
direction  nord-est,  dans  le  prolongement  du  massif  gneissique. 
Suivant  cette  direction  les  filonnets  de  quartz  sont  nombreux; 
quand  ils  ont  rencontré  des  calcaires  géorgiens,  il  s'est  produit  le 
type  des  calcaires  cariés  ;  mais  il  n'y  a  encore  formation  d'aucun 
silicate  ferro-magnésien. 

Suivant  la  même  direction,  les  schistes  potsdamiens  (2)  sont  éga- 

(1)  Antérieurement  a  la  séance  du  10  juin  1895,  dans  laquelle  j'exposai  pour  la 
première  fols  devant  la  Société  géologique  (B.  S.  G.  F.  (3),  XXIII,  p.  xcvii). 
les  faits  que  je  viens  de  rappeler,  la  notion  de  métamorphisme  avait  été  admise 
pour  certaines  roches  de  la  Montagne  Noire.  M.  de  Rouville  dès  1889  attribuait 
au  voisinage  des  roches  éruptives  du  massif  gnessique,  la  transformation  en 
schistes  à  séricite,  d'assises  qu'il  croyait  dévoniennes.  En  1894,  M.  Miquel  pensait 
pouvoir  reconnaître  dans  les  gneiss  toutes  les  roches  paléozolques  qui  auraient 
subi  un  puissant  métamorphisme.  Aucun  argument  n'avait  été  donné  à  l'appui 
de  ces  manières  de  voir. 

(2)  En  quelques  rares  points,  du  côté  de  Saint-Gervais-Ville,  les  calcaires  géor- 
giens affleurent  sous  les  schistes  en  question,  ce  qui  précise  l'âge  de  ces  derniers. 


ET  DE  LA  TECTONIQUE  DE  LA  MONTAGNE  NOIRE  621 

lement  traversés  de  nombreux  filonnets  de  quartz,  généralement  ali- 
gnés suivant  la  direction  des  couches;  cependant  ils  ont  souvent 
suivi  les  fractures  qui  se  sont  produites  lors  du  plissement  des 
schistes  et  on  les  retrouve  nombreux  dans  toutes  les  directions.  Les 
schistes  ont  perdu  leur  aspect  d'ardoises,  de  phyllades  ;  ils  sont 
devenus  de  vrais  schistes  à  séricite.  Quant  aux  schistes  acadiens  qui 
se  distinguaient  si  facilement  par  leur  fissilité  et  leurs  colorations 
des  autres  termes  schisteux  de  la  série,  on  ne  les  reconnaît  plus, 
soit  qu'ils  aient  disparu  par  laminage,  soit  qu'ils  aient  subi  la  même 
transformation  que  les  schistes  potsdamiens.  Les  injections  par  les 
filons  de  quartz  ayant  pu  se  produire  plus  facilement  suivant  la 
schistosité  des  lits  que  suivant  une  direction  perpendiculaire  la 
région  où  les  schistes  à  séricite  se  sont  développés,  est  étendue  vers 
le  nord-est  tandis  qu'elle  esc  très  étroite,  normalement  à  cette  direc- 
tion, sur  les  bords  nord  et  sud  du  même  massif  gneissique.  Il  en  est 
de  même  pour  les  schistes  à  minéraux  (le  plus  souvent  à  s  tau  rôti  de). 

Les  knotenschkfer  sont  relativement  peu  développés  dans  la 
Montagne  Noire.  Us  le  sont  plus,  au  nord,  dans  le  voisinage  des 
pointements  granuli tiques  de  la  région  du  Sidobre. 

La  possibilité  de  suivre  la  transformation  de  la  série  cambrienne 
en  série  cristallophyllienne,  étant  un  des  faits  géologiques  les  plus 
intéressants  de  la  Montagne  Noire,  j'ai  cru  bon  d'en  parler  avec 
quelque  développement,  bien  que  la  Société  ne  puisse,  faute  de 
temps,  vérifier  par  elle-même  les  faits  que  j'avance. 

Cambrlen  (1) 

La  série  cristallophyllienne  ne  correspondant  pas  dans  la  Monta- 
gne Noire  à  l'Archéen,  le  terrain  le  plus  ancien  qui  y  ait  été  reconnu 
est  le  Cambrien. 

Les  seules  assises  cambriennes  dont  l'âge  soit  établi  avec  certi- 
tude, appartiennent  au  Cambrien  moyen  ou  Acadien  ;  leur  faune  ne 
laisse  aucun  doute  à  cet  égard.  Mais  il  n'en  est  pas  de  môme  pour 
les  niveaux  qui  leur  sont  supérieurs  et  inférieurs.  C'est  uniquement 
pour  des  raisons  d'ordre  stratigraphique  qu'ils  ont  été  classés  dans 
le  Cambrien,  et,  si  leur  attribution  au  Géorgien  ou  Cambrien  infé- 

(1)  J'insiste  sur  les  successions  et  les  superpositions  d'étages  parce  que  depuis 
1880,  époque  a  laquelle  je  les  ai  énumérées  pour  la  première  fois,  j'ai  été  amené 
à  modifier  à  plusieurs  reprises  l'ordre  que  j'avais  donné  à  cette  époque.  11  en  est 
résulté  que  dans  deux  récents  ouvrages  de  synthèse,  U  y  a  eu  des  confusions 
dans  les  assises  paléozolques  de  la  Montagne  Noire. 

18  Août  1901.  —  T.  XXVII.  Bull.  Soc  Géol.  Fr.  —  40 


622     J.  BERGERON.  —  ÉTUDE  DES  TERRAINS  PALÉOZOÏQUES 

rieur  et  au  Potsdamien  ou  Cambrien  supérieur,  est  très  vraisem- 
blable, du  moins  elle  n'est  pas  certaine  par  suite  de  l'absence  des 
faunes  caractéristiques. 

GÉORGIEN 

Les  couches  les  plus  profondes  ou  les  plus  anciennes  qui  se 
voient  sous  l'Acadien  sont  formées  par  un  calcaire  bleu  foncé  dans 
lequel  les  lits  se  distinguent  assez  facilement  par  suite  de  légères 
différences  dans  leur  coloration  et  parfois  aussi  par  suite  d'inter- 
calations  de  parties  argileuses  n'arrivant  que  rarement  à  être  assez 
épaisses  pour  constituer  des  feuillets  ;  dans  ce  dernier  cas,  leur  pré- 
sence est  surtout  décelée  par  des  surfaces  légèrement  miroitantes 
provenant  de  la  transformation  de  l'argile  en  séricite.  Ces  calcaires 
sont  toujours  cristallins. 

Fréquemment  les  calcaires  bleus  sont  mouchetés  de  taches  d'un 
blanc  jaunâtre  ou  même  brunes  qui  sont  formées  par  la  réunion  de 
petits  cristaux  de  cal  ci  te  ou  de  dolomie  associés  à  des  cristaux  de 
sidérose.  Parfois  ces  derniers  sont  colorés  en  brun  par  suite  de  la 
peroxydation  partielle  du  protoxyde  de  fer  du  carbonate. 

Généralement  ces  calcaires  ont  été  dolomitisés  ;  mais  cette  trans- 
formation qui  a  eu  lieu  après  leur  dépôt  s'est  faite  progressivement 
en  suivant  les  lits.  On  peut  très  bien  distinguer  encore  ces  der- 
niers quand  la  dolomitisation  n'est  pas  complète.  Ils  sont  consti- 
tués par  des  grains  de  calcite  de  faibles  dimensions  et  à  contours 
irréguliers  ;  entre  ces  lits  se  voient  des  bandes  formées  de  cristaux 
déplus  grandes  dimensions,  agissant  plus  vivement  que  la  calcite 
sur  la  lumière  polarisée  ;  ils  appartiennent  à  la  dolomie  dont  la 
biréfringence  est  supérieure  (nK  —  nP  =  0,179)  à  celle  de  la  calcite 
(nK  —  nP  =  0,171).  11  y  a  d'ailleurs  encore  beaucoup  de  calcite  dans 
ces  bandes.  Les  plages  sont  orientées  de  telle  sorte  que  l'axe  optique 
est  sensiblement  normal  à  la  surface  des  lits  du  calcaire  primitif. 

Quand  la  transformation  est  plus  complète,  on  ne  retrouve  plus 
trace  des  lits  ;  il  y  a  cristallisation  confuse  de  toute  la  masse  qui 
devient  grenue.  Parfois,  très  vraisemblablement  par  suite  de  la 
dissolution  de  la  calcite  restée  au  milieu  de  la  dolomie,  celle-ci 
devient  pulvérulente  et  alors  elle  peut  être  confondue  avec  la 
dolomie  sableuse  du  Dévonien  etdu  Jurassique  moyen  de  la  région. 

Dans  ces  calcaires  bleus  se  rencontrent  parfois  des  facettes  spa- 
tbiques  présentant  une  petite  perforation  en  leur  centre.  Au  micros- 
cope, des  coupes  minces,  faites  dans  de  pareils  calcaires,  ont 
présenté  des  sections  de  tiges  d'Encrines.  11  est  excessivement  rare 


ET  DE  LA  TECTONIQUE  DE  LA  MONTAGNE  NOIRE  623 

de  pouvoir  distinguer  les  articles  de  ces  tiges  tant  elles  font  corps 
avec  la  masse  calcaire. 

A  mesure  que  les  bancs  calcaires  se  rapprochent  davantage  de 
l'Acadien,  ils  perdent  leur  coloration  foncée.  Us  deviennent  gris 
bleu  clair  et  alors  ils  renferment  des  traces  d'autres  organismes 
tous  d'ailleurs  très  mal  conservés.  Les  seuls  qu'on  puisse  déterminer 
sont  des  sections  d'Archœoqjatlius,  organismes  encore  mal  connus 
placés  souvent  dans  les  Spongiaires,  mais  qui  sont  peut-être  des 
représentants  d'un  groupe  de  Coraux  complètement  éteint  (1).  Ces 
sections  sont  comparables  à  celles  décrites  et  figurées  par  J.-G. 
Bornemann  du  Cambrien  de  la  Sardaigne  (2)  sous  les  noms  d'Ar- 
chœocyathus  et  de  Coscinoqjathus.  Mais  leur  état  de  conservation 
est  encore  bien  plus  mauvais  dans  les  échantillons  de  la  Montagne 
Noire  que  dans  ceux  de  la  Sardaigne,  et  ce  nouveau  gfte  n'a  pu 
fournir  de  documents  sérieux  pour  la  connaissance  de  ces  curieux 
organismes. 

Quelque  mal  connus  que  soient  les  Archœocyathus,  il  semble 
qu'il  faille  leur  attribuer,  à  défaut  d'autres  fossiles,  un  certain 
rôle  dans  la  classification  des  terrains.  Us  ont  été  signalés  en  effet 
dans  le  Cambrien  de  l'Amérique  du  Nord  par  Billings  (3),Walcott  (4), 
etc.;  dans  le  Cambrien  de  la  Sardaigne  par  J.-G.  Bornemann  (5)  et 
Meneghini  (6);  enfin  en  France  je  lésai  reconnus  dans  des  couches 
inférieures  à  l'Acadien  (7).  Ce  sont  donc  des  organismes  qui  parais- 
sent être  cantonnés  dans  le  Cambrien. 

Mais  peuvent-ils  non  seulement  caractériser  ce  terrain,  mais 
encore  un  de  ses  étages?  Je  crois  qu'à  défaut  de  certitude,  ils  peu- 
vent donner  des  présomptions.  En  effet  d'après  les  indications  de 
Walcott  les  espèces  américaiues  seraient  cantonnées  dans  les 
couches  à  Olenellus  Gilberti  du  Cambrien  inférieur  (8)  ou  Géorgien. 
Dans  la   Montagne  Noire,  c'est  également  sous  l'Acadien  qu'on 

(1)  Frech.  Lethœa  palœozoica,  t  II,  p.  47. 

(2)  J.-B.  Bornemann.  Die  Verstelnerungen  des  cambrischen  Schichten Systems 
der  Insel  Sardinien,  etc.  Nova  Acta  d.  k.  Leop.  Carol.  Deutsch.  Akad.  der  Natur- 
forscher,  1"  partie,  1886,  t.  LI,  n«  1.  p.  3  ?  2-  partie,  1891,  t.  LVI,  n*  3,  p.  429. 

(3)  Billings.  Patmoz.  /b**.,  II,  p.  3  et  354.' 

(4)  C.  D.  Walcott.  Second  contribution  to  tbe  studies  on  the  carabrian  Faunas 
of  North  America    Bull.  Un.  St.  geol.  Suro.,  n*  30,  p.  73. 

(5)  J.  G.  Bornemann.  Op.  cit. 

(6)  Meneghini.  Nuov.  Trtlob  ,  p.  201.  Paleontologia  dell'  Iglesiente  in  Sardegna. 
Fauna  Cambriana.  Trilobité.  Mm.  d.  B.  Corn.  Geol.  Ital.,  t.  III,  part.  2,  p.  6. 

(7)  J.  Bergeron.  Note  sur  l'allure  des  couches  paléozolques  dans  le  voisinage 
des  plis  tertiaires  de  Saint-Chinian.  B.  S.  G.  F.,  (3),  XXII,  p.  378, 1894. 

(8)  C.  D.  Walcott.  Bull.  U.  S.  GeoL  Survey,  n*  81.  Corrélation  papers,  p.  319. 


624  J.    BERGERON.    —  ÉTUDE  DES  TERRAINS    PALÉOZOÎQUES 

rencontre  les  Archxocyathus.  Il  est  vrai  qu'en  Sardaigne  ils  semblent 
apparaître  plus  haut;  mais  la  série  stratigraphique  est  assez  mal 
établie  dans  ce  dernier  pays  pour  qu'on  ne  puisse  être  allinnatif 
sur  l'âge  des  couches,  d'ailleurs  nombreuses,  où  ils  se  voient  (1). 
Dans  ces  conditions  il  me  semble  naturel  d'admettre  que  les  assises 
renfermant  les  Archxocyathus  ainsi  que  toutes  les  couches  calcaires 
qui  leur  sont  inférieures  appartiennent  au  Cambrien  inférieur  ou 
Géorgien  et  c'est  pour  cette  raison  que  j'ai  placé  la  limite  de 
cet  étage  au  dessus  des  calcaires  gris  bleu  clair. 

L'épaisseur  des  calcaires  que  j'attribue  au  Géorgien,  est  très 
difficile  à  évaluer;  partout  où  ils  affleurent,  ils  sont  affectés  de  plis 
qui  donnent  l'impression  qu'elle  doit  être  grande;  mais  je  n'ai 
aucune  donnée  qui  me  permette  de  l'indiquer  même  avec  une 
approximation  quelconque. 

Cette  série  calcaire  se  retrouve  sur  le  versant  septentrioual 
de  la  Montagne  Noire,  avec  ses  mêmes  caractères  ;  mais  ses  affleure- 
ments sont  moins  beaux  que  sur  le  versant  méridional,  ce  qui  tient 
à  ce  que  ce  flanc  nord,  qui  dépend  du  bassin  atlantique,  a  été  moins 
profondément  attaqué  par  les  érosions  que  le  versant  sud  qui  limite 
le  bassin  méditerranéen. 

Vers  la  partie  supérieure  s'intercalent  des  lits  schisteux  pouvant 
atteindre  une  épaisseur  de  0  m.  50  à  0  m.  80.  Ils  sont  jaunes  et 
offrent  le  même  aspect  que  certains  schistes  acadiens  dont  il  sera 
parlé  plus  loin.  Us  sont  d'ailleurs  surmontés  par  des  calcaires  de 
couleur  de  plus  en  plus  claire,  à  la  partie  supérieure  desquels  se 
montrera  la  faune  acadienne,  mais  il  y  a  continuité  dans  les  assises. 
Les  derniers  horizons  géorgiens  seraient  constitués  par  un  calcaire 
blanc  à  grains  fins  rappelant  les  marbres  statuaires  (2). 

Acadien 

A  partir  d'un  certain  niveau  les  calcaires  blancs  se  chargent 
d'éléments  argileux  de  couleur  rouge  lie-de-vin  ou  violacée  dont 
l'importance  augmente  rapidement.  La  roche  devient  un  vrai  cale- 
schiste.  Puis  les  parties  calcaires  ne  forment  plus  que  des  nodules, 
dont  les  dimensions  sont  sensiblement  constantes  pour  les  mêmes 

(1)  Je  reviendrai  plus  loin  sur  le  Cambrien  de  Sardaigne.  Voir  p.  631. 

(2)  En  quelques  rares  points,  comme  près  du  sommet  du  Saint- Beauzlle,  on 
y  trouve  des  parties  également  calcaires,  de  couleur  plus  foncée,  en  forme  de 
pointes  comme  des  plèvres  de  Trilobites;  je  n'ai  jamais  pu  arriver  à  les  assimiler 
à  quoi  que  ce  fût. 


ET  DE  LA  TECTONIQUE  DE   LA  MONTAGNE  NOIRE  625 

couches  (1).  Mais  ces  nodules  diminuent  en  dimensions  et  en  nom- 
bre, à  mesure  que  les  bancs  qui  les  renferment  s'éloignent  davantage 
de  la  masse  calcaire.  Très  fréquemment  ils  sont  alignés  suivant  des 
traînées  parallèles;  le  fait  est  surtout  sensible  dans  les  régions 
où  les  couches  cambriennes  ont  été  soumises  à  de  fortes  pressions. 
Je  serais  porté  à  admettre  que  c'est  sous  l'action  de  ces  efforts 
que  les  nodules  se  sont  disposés  avec  cette  régularité  frappante. 

Les  eaux  d'infiltration  les  ont  souvent  dissous,  surtout  ceux  de 
la  partie  supérieure,  et  il  en  résulte  que  la  roche  est  vacuolaire; 
c'est  ainsi  qu'aux  calcschistes  succèdent  parfois  des  schistes  troués, 
dont  les  cavités  sont  alignées  comme  l'étaient  les  nodules  avant 
leur  dissolution. 

Déjà  dans  les  calcschistes  apparaît  la  faune  acadienne  :  dans  les 
parois  schisteuses  de  certaines  vacuoles  se  reconnaissent  des 
empreintes  de  Trilobites  (2).  Celle  qui  est  la  plus  fréquente  appar- 
tient au  Conocephalus  coronatus  ;  les  autres  sont  indéterminables, 
cependant  elles  semblent  pouvoir  être  rapportées  aux  mêmes 
espèces  de  Conocephalus  qui  abondent  plus  haut.  Je  crois  donc  être 
en  droit  de  rapporter  ce  premier  niveau  fossilifère  à  l'Acadien  et 
même  à  la  zone  à  Paradoxides  rugulosus  de  l'Acadien  moyen. 

Les  schistes  troués  passent  insensiblement  à  des  schistes  de 
couleur  lie-de-vin  ou  violet,  sans  calcaire,  qui  renferment  une 
faune  acadienne.  Parfois  les  mêmes  schistes  sont  jaunes;  quelle  que 
soit  leur  coloration,  leur  faune  est  la  même  ;  ils  se  débitent  en 
fragments  peu  épais  et  de  très  faibles  dimensions.  Ce  qui  prouve 
que  les  schistes  jaunes  ne  sont  que  des  schistes  rouges  modifiés, 
c'est  qu'en  de  nombreux  points  on  peut  recueillir  des  fragments 
présentant  les  deux  colorations.  Celles-ci  sont  en  relation  avec  le 
degré  d'oxydation  et  d'hydratation  du  fer. 

La  faune  recueillie  dans  les  schistes  jaunes  ou  violets  est  la 
suivante  : 

Paradoxides  rugulosus  Corda. 
Conocephalus  coronatus  Barr. 
Conocephalus  Heberti  Mun.-Chalm.  et  J.  Berg. 
Conocephalus  LevyiMun.  Chai  m.  et  J.  Berg. 

(1)  C'est  le  premier  niveau  dans  lequel  je  signale  cette  structure  dite  Kramen- 
zelstructure  par  les  géologues  allemands  ;  elle  se  développera  beaucoup  dans  le 
Dévonien. 

(2)  La  première  note  imprimée  dans  laquelle  il  soit  question  de  ce  passage  des 
calcaires  aux  schistes  acadiens  est  due  à  M.  Miqucl  {Société  d'étude  des  sciences 
naturelle»  de  Béziers,  séance  du  28  juin  1893). 


626     J.  BERGER0N.  —  ÉTUDE  DES  TERRAINS  PALÉOZOÏQUES 

Ptyçhoparia  Ronairouxi  Mun.-Chalm.  et  J.  Berg. 

Ptychoparia  n.  sp. 

Agnostus  Sallesi  Mun.-Chalm.  et  J.  Berg. 

Dùcina  sp. 

Trochocystites  Barrandei  Mun.-Chalm.  et  J.  Berg.  . 

Puis  ces  schistes  deviennent  moins  argileux,  moins  terreux  ;  ils 
passent  à  des  schistes  verdâtres,  parfois  à  de  vrais  phyllades,  dans 
lesquels  c'est  encore  la  même  faune  que  dans  les  schistes  rouges  ou 
jaunes;  mais  les  exemplaires  sont  de  dimensions  bien  plus  grandes. 
M.  Armand  Granel  m'a  communiqué,  venant  de  ces  schistes,  un 
exemplaire  de  Paradoxides  rugulosus  assez  incomplet  qui  mesure, 
pour  quatorze  anneaux,  une  hauteur  de  11  centimètres.  La  largeur 
entre  les  bords  extrêmes  des  plèvres  du  thorax  est  de  14  cen- 
timètres. Ces  schistes  verts  et  phyllades  ont  une  grande  puissance, 
mais  les  Trilobites  ne  se  rencontrent  qu'à  leur  base,  sur  une  épais- 
seur de  quelques  mètres,  au  voisinage  des  schistes  versicolores. 

Bien  qu'il  y  ait  dans  la  série  schisteuse  que  je  viens  d'étudier, 
des  termes  différents  les  uns  des  autres  par  des  caractères  litholo- 
giques assez  nets,  je  ne  crois  pas  cependant  qu'il  y  ait  lieu  de  faire 
de  ces  termes  des  niveaux  distincts  car  les  faunes  qu'ils  renferment 
sont  sensiblement  les  mêmes.  11  est  de  plus  à  remarquer  que  les 
gites  fossilifères,  dont  le  nombre  s'est  rapidement  accru,  grâce  à 
l'ardeur  des  géologues  du  pays,  n'ont  pas  fourni  de  formes  autres 
que  celles  décrites  en  1888.  Il  semble  donc  bien  établi  que,  dans  la 
Montagne  Noire,  il  n'y  a  qu'un  niveau  caractérisé  par  les  genres 
Paradoxides  et  Conocephalus,  c'est-à-dire  appartenant  à  l'Acadien. 

Mais  il  ne  représente  pas  tout  l'étage  acadien.  En  effet  le  seul 
Paradoxide  qui  ait  été  reconnu  est  Paradoxides  rugulosus  dont  la 
place  est  bien  déterminée  dans  la  série  des  zones  acadiennes  :  il  est 
supérieur,  dans  le  nord  de  l'Europe  com  me  de  l'Amérique,  à  la  zone 
à  Par.  Tessini  ;  la  zone  qu'il  caractérise  correspond  sensiblement  à 
la  partie  moyenne  de  l'Acadien.  Elle  devrait  être  surmontée  par 
la  zone  à  Par.  Forchhammeri  et  celle  à  Agnostus  lœvigatus. 

Il  faut  donc  considérer  une  partie  de  la  série  calcaire  inférieure 
comme  appartenant  encore  à  l'Acadien  inférieur.  Comme  il  n'y  a 
aucun  moyen  de  placer  une  ligne  de  démarcation  entre  les  calcaires 
non  fossilifères  du  Géorgien  et  de  l'Acadien,  j'ai  cru  préférable, 
sur  la  feuille  de  Bédarieux,  de  grouper  ensemble  sous  la  rubrique 
de  calcaires  géorgiens  tous  les  calcaires  nou  fossilifères  inférieurs 
au  premier  niveau  à  Paradoxides. 

Les  affleurements  d'Acadien  moyen  sont  fréquents  sur  le  versant 


ET  DE  LA  TECTONIQUE  DE  LA  MONTAGNE  NOIRE  627 

méridional  de  la  Montagne  Noire  ;  ils  forment  le  plus  souvent  des 
bandes,  longues  parfois  de  plusieurs  kilomètres,  facilement  incon- 
naissables aux  schistes  terreux  et  jaunes  ou  aux  phyllades  vert 
foncé  qui  renferment  la  faune  caractéristique.  Sur  le  versant 
septentrional,  comme  à  l'extrémité  nord-est  du  massif,  on  retrouve 
au  voisinage  des  calcaires  cambriens,  les  mêmes  schistes  et  les 
mêmes  phyllades,  mais  non  fossilifères  ;  les  affleurements  y  sont 
bien  moins  nombreux  que  sur  l'autre  versant.  L'épaisseur  de  cet 
Acadien  moven  serait  d'une  trentaine  de  mètres. 

POTSDAMIEN 

L'Acadien  n'est  pas  mieux  délimité  à  sa  partie  supérieure  qu'à 
sa  partie  inférieure  :  au  dessus  du  niveau  à  Paradorides  rugulosus 
ce  sont  encore  des  phyllades  comme  ceux  de  l'Acadien  moyen, 
mais  sans  fossiles.  Ces  schistes  deviennent  très  gréseux  par  place, 
surtout  sur  le  versant  méridional.  Il  y  a  là  un  ensemble  puissant 
de  plusieurs  centaines  de  mètres.  Les  assises  supérieures  changent 
progressivement  de  nature  ;  elles  deviennent  plus  schisteuses,  plus 
voisines  des  ardoises  ;  finalement  on  y  recueille  des  fossiles  du  ni- 
veau de  Tremadoc,  c'est-à-dire  de  la  base  de  l'Ordovicien.  Cette 
puissante  série  schisteuse  et  gréseuse  dans  laquelle  il  n'a  pas  encore 
été  rencontré  de  fossile  appartenant  à  des  niveaux  déjà  connus 
ailleurs,  doit  représenter  pour  sa  partie  inférieure  les  derniers 
horizons  acadiens  et  pour  sa  partie  supérieure  tout  le  Potsdamien 
ou  Cambrien  supérieur. 

On  ne  peut  songer  à  s'appuyer  sur  des  changements  lithologiques 
pour  y  faire  des  subdivisions,  car  sur  le  versant  septentrional  de 
la  Montagne  Noire,  la  même  série,  c'est-à-dire  les  assises  com- 
prises entre  les  mêmes  horizons  bien  définis,  est  presque  unique- 
ment schisteuse,  tandis  que  sur  le  versant  méridional  une  grande 
partie  est  formée  de  grès  et  parfois  même  de  quartzites. 

Dans  cette  série  gréseuse  les  traces  d'organismes  sont  nombreuses. 
Certains  bancs  ont  leur  surface  couverte  de  pistes  de  Vers  et  de 
ripple-marks.  Ce  sont  là  des  indices  que  les  eaux  étaient  peu  pro- 
fondes et  très  vraisemblablement  ce  versant  méridional  de  la 
Montagne  Noire  correspondait  à  un  rivage;  comme  plus  au  nord 
le  faciès  est  plus  argileux,  il  faut  admettre  l'existence  vers  le  sud 
d'un  continent  ou  d'un  haut  fond  dont  nous  ne  connaissons  pas  la 
place  ;  mais  il  ne  semble  pas  avoir  persisté  jusqu'au  début  de  l'Ordo- 
vicien, ainsi  que  cela  résulte  de  la  nature  des  sédiments  apparte- 
nant à  l'étage  de  Tremadoc  et  occupant  les  deux  versants.  Peut-être 


628  J.    BERGERON.    —   ÉTUDE   DES  TERRAINS   PALÉOZOÎQUES 

à  l'époque  potsdamienne  des  Méduses  venaient-elles  s'échouer  sur 
ce  rivage.  On  trouve  en  effet  quelques  reliefs  annulaires  qui  pour- 
raient représenter  des  moulages  de  Méduses  comme  le   pense 
M.  Depéret.  Je  les  avais  assimilés  primitivement  (1)  à  des  orifices  de 
tubes  de  gigantesques  Annélides.  Aucune  des  formes  si  curieuses 
décrites  et  figurées  par  Walcott  (2)  comme  provenant  du  Cambrien 
d'Amérique  ne  s'en  rapproche;  seule  la  figure  d'une  Méduse  décrite 
et  figurée  par  Hœckel  pourrait  appartenir  au  même  groupe.  Il  In 
désigne  sous  le  nom  de  Medusites  porpitinus  (3).  Walcott  la  fait 
rentrer  dans  le  genre  Medusina  «  terme  destiné  à  renfermer  toutes 
les  espèces  de  Méduses  fossiles  dont  les  caractères  génériques  ne 
peuvent  être  déterminés  »  (4).  Dans  ces  conditions  la  forme  du 
Languedoc  peut  être  un  Medusina.  Mais  ce  n'est  pas  la  même  espèce 
que  celle  qu'Hœckel  a  décrite  du  Jurassique  :  dans  l'espèce  du  Lan- 
guedoc le  cercle  intérieur  est  relativement  au  cercle  extérieur  de 
plus  petit  diamètre  et  par  suite  l'anneau  semble  plus  large.  Je  n'ai 
vu,  sur  aucun  des  exemplaires,  trace  des  bras  oi  du  système  circu- 
latoire de  Tanimal. 

Peut-être  est-ce  encore  à  des  Méduses  qu'il  faut  attribuer  les 
nombreux  sillons  et  bourrelets  que  l'on  observe  à  la  surface  de 
certains  bancs  de  grès  du  même  étage.  Ce  serait  des  pistes  dues  au 
frottement  de  leurs  appendices. 

Par  suite  des  renversements  qui  sont  si  fréquents  dans  la  Mon- 
tagne Noire  et  dont  je  parlerai  plus  loin,  j'avais  cru  que  ces  grès 
étaient  inférieurs  à  l'Acadien  (5)  et  je  les  avais  distingués  à  tort 
des  assises  supérieures  au  niveau  à  Paradoxides.  En  1889  M.  de 
Rouville  (6)  les  rangeait  plus  haut  dans  la  série,  mais  sans  bien 
préciser,  dans  l'Ordovicien,  au  voisinage  des  calcaires  qu'il  croyait 
dévoniens.  Depuis  1894  (7)  j'ai  reconnu  la  succession  normale  et 
établi  la  continuité  des  assises,  au  moins  depuis  l'Acadien  moyen 
jusqu'au  niveau  de  Tremadoc,  telle  que  je  viens  de  l'indiquer. 

(1)  Bergeron.  Etude  géologique  du  massif  ancien  situé  au  sud  du  Plateau  central, 
p.  16,  fig.  10. 

(2)  Walcott.   Fossil  Medusae.   Monographs  of  the   vnited  st.  geol.  survey, 
vol.  XXX. 

(3)  Hœckel.  Zeitsch  fur  Wiss.  Zoologie,  t.  XIX,  p.  556,  PI.  XLII,  fig.  5.  (fide 
Walcott). 

(4)  Walcott.  Op.  cit.,  p.  49. 

(5)  Etude  géol.  du  massif  ancien,  etc.,  p.  76.  B.  S.  G.  F.  (3),  XVIII,  p.  17. 

(6)  B.  S.  G.  F.  (3),  XVIII,  p.  12. 

(7)  B.  S.  G.  F.  (3),  XXII,  p.  576. 


ET  DE  LA  TECTONIQUE  DE  LA  MONTAGNE  NOIRE  629 


Résumé  sur  le  Cambrien  de  la  Montagne  Noire 

La  région  méditerranéenne  fournit  de  nombreux  termes  de  com- 
paraison avec  la  Montagne  Noire. 

C'est  d'abord  l'Espagne  où  en  1861  l'existence  du  Cambrien  a  été 
signalée  pour  la  première  fois  par  Casiano  de  Prado,  Barrande  et 
de  Verneuil  dans  la  province  de  Léon  (1).  Depuis  ce  terrain  a  été 
retrouvé  dans  le  sud  de  l'Aragon  (2),  dans  les  Asturies  (3),  dans 
lu  Galice  (4). 

Les  analogies  avec  l'Espagne  sont  frappantes  à  tous  les  points  de 
vue,  et,  une  des  plus  remarquables  consiste  en  ce  fait  que  le  seul 
étage  cambrien  fossilifère  est  l'Acadien;  de  plus  le  seul  horizon 
fossilifère  est  celui  à  Paradoxides  rugulosus  qui  correspond  à  la 
partie  moyenne  de  l'étage. 

Si  nous  examinons  la  série  cambrienne,  au  point  de  vue  strati- 
graphique  et  lithologique,  nous  voyons  qu'au  nord  de  Sabero,  dans 
la  province  de  Léon,  les  fossiles  cambriens  se  montrent  dans  des 
calcaires  rouges  séparés  les  uns  des  autres  par  des  schistes  rouges. 
A  leur  partie  supérieure,  les  calcaires  forment  des  lentilles  alignées 
dans  des  couches  gréseuses,  argileuses,  de  couleur  rouge  ou  verte. 
A  sa  partie  inférieure  le  calcaire  fossilifère  passe  à  des  calcaires 
blancs  dolomitiques.  C'est  la  même  série  que  dans  la  Montagne 
Noire;  les  seules  différences  concernent  la  coloration  des  calcaires 
fossilifères  ;  de  plus  il  semble  qu'à  Sabero  ce  soit  le  premier  niveau 
fossilifère  du  Languedoc,  celui  de  la  partie  tout-à-fait  supérieure  de 
la  série  calcaire,  qui  soit  le  plus  riche  en  fossiles. 

Dans  la  Galice  (5)  et  les  Asturies  (6)  la  succession  est  encore  la 
même  :  la  série  cambrienne  de  la  Vega  comprend  une  assise  calcaire 
dont  tous  les  caractères  d'ailleurs  sont  ceux  des  calcaires  que  j'ai 
décrits  précédemment  ;  les  fossiles  se  rencontrent  dans  des  schistes 
argileux   verdàtres,   avec  lits  de  quartzites.  C'est  au-dessus  de 

(1)  B.  S.  G.  F   (2),  XVII,  p.  516. 

(2)  De  Verneuil  et  Lartet.  B.  S.  G.  F.  (2),  XX.  —  M.  Donayre.  Bosquejo  de 
una  descripcion  flsica  y  geologica  de  la  prov.  de  Zaragoza.  Mém.  com.  Map.  géol. 
Esp.t  t.  I.  —  A.  Dereims.  Recherches  géologiques  dans  le  sud  de  l'Aragon,  1898, 
p.  25. 

(3)  Mallada  et  Buitrago.  But.  del  Map  a  geol.  de  Esp.t  1878,  t.  V,  p.  1.  — 
Delgado.  âc.  réal  des  sciencias,  1879,  t.  V.  —  Barrois.  Recherches  sur  les  ter- 
rains anciens  des  Asturies  et  de  la  Galice,  p.  416. 

(4)  Barrois.  Op.  cit.,  p.  410. 

(5)  Barrois.  Op.  cit.,  p.  416. 

(6)  Barrois.  Op.  cit.,  p.  433. 


630  J.   BERGERON.    —    tiTUDE   DES  TERRAINS   PALÉOZOÏQUES 

ces  schistes  que  se  trouvent  des  grès  à  Scolithus  qui  correspon- 
draient à  la  base  de  POrdovicien  pour  M.  Barrois  (1)  et  qui  repré- 
senteraient le  Potsdamien  pour  M.  Dereims  (2).  Dans  ce  dernier 
cas  ce  serait  l'équivalent  des  grès  à  traces  de  Vers  et  à  Medusina. 

En  Aragon.  (3)  la  série  serait  différente  au  point  de  vue  lithologi- 
que; il  n'y  aurait  pas  de  calcaire  à  la  partie  inférieure;  tout  le 
cambrien  serait  schisteux  et  ce  ne  serait  qu'au  dessus  des  horizons 
à  faune  acadienne  que  le  calcaire  apparaîtrait  sous  forme  de  lits 
peu  épais  intercalés  au  milieu  des  schistes.  On  peut  se  demander 
s'il  n'y  aurait  pas  de  renversements,  comme  on  en  voit  si  fréquem- 
ment dans  la  Montagne  Noire.  Dans  ce  cas  la  série  serait  conforme 
à  ce  que  M.  Barrois  a  observé  dans  la  province  de  Léon,  dans  la 
Galice  et  les  Asturies. 

Quelle  que  soit  la  nature  des  sédiments  les  faunes  restent  les 
mêmes  :  à  Sabero,  Barrande  a  déterminé  les  espèces  suivantes  (4). 

Paradoxides  Pradoanus  Barr. 
Conocephalus  Sulzeri  Zenk. 
Conocephalus  coronatus  Barr. 
Ptychoparia  (Solenopleura)  Hibeiro  Barr. 
Discina  primœva  Barr. 
Trochocystites  bohémiens  Barr. 

En  Galice  et  en  Asturies,  M.  Barrois  (5)  a  reconnu  h  la  Vega  de 
Rivadeo  et  à  Pout-Radical  les  formes  suivantes  : 

Paradoxides  Pradoanus  Barr. 

—  Barrandei  Ch.  Barrois. 
Conocephalus  Sulzeri  Zenk. 

Ptychoparia  (Solenoplenra)  Castroi  Ch.  Barrois. 

— =  —  liibeiro  Barr. 

Arioncllus  ceticephalus  Barr. 
Trochocystites  bohémiens  Barr. 
En  Aragon  M.  Dereims  (6)  a  recueilli  : 
Paradoxides  rugulosns  Corda. 

—  Pradoanus  Barr. 

(1)  Barrois.  Op.  ci/.,  p.  413. 

(2)  Dereims.  Op.  et*.,  p.  35. 
(3;  Dereims.  Op.  cit.,  p.  26. 

(4)  Barrande.  11.  S.  C.  F.  (2),  XVII,  p.  516 

(5)  Barrois.  Recherches  sur  les  terrains  anciens  des  Asturies  et  de  la  Galice, 
p.  16S. 

(6)  Dereims.  Recherches  géologiques  dans  le  sud  de  l'Aragon,  p.  29. 


ET  DE  LA  TECTONIQUE   DE  LA   MONTAGNE  NOIRE  631 

Conocephalus  Sulzeri  Zenk. 

—  Heberti  Mun.-Chalm.  et  J.  Berg. 

—  coronatus  Barr. 
Ptychoparia  (Solenopleura)  Ribeiro  Barr. 

—  Rouaironxi  Mun.-Chalm.  etJ.  Berg. 

Agnottus  Sallesi  Mun.-Chalm.  et  J.  Berg. 
Discina. 

Ces  faunes  appartiennent  certainement  au  même  horizon.  La 
présence  d'espèces  communes,  telles  que  Paradoxides  Pradoanus 
Barr.,  Conocephalus  Sulzeri Zenk.,  Ptychoparia  (Solenopleura)  Ribeiro 
Barr.  dans  tous  les  gisements  ne  laisse  aucun  doute  à  cet  égard. 
Mais  de  plus  Paradoxides  Barrandei  Ch.  Barrois  qui  n'est  qu'une 
variété,  sinon  même  une  forme  représentative  du  Par.  rugulosus 
Corda,  précise  bien  la  place  de  ces  assises  dans  la  partie  moyenne 
de  TAcadien. 

D'ailleurs  ces  faunes  offrent  de  grandes  similitudes  avec  celles  de 
la  Montagne  Noire  ;  je  ne  parle  pas  des  espèces  qui  ont  pu  être 
identifiées,  mais  d'autres  telles  que  Conocephalus  Sulzeri  et  Conoc. 
Heberti  et  Levyi.  Ptychoparia  Ribeiro  eiPtych.  Rouairouxi,  Trochocys- 
tites  Bohémiens  et  Trochocystites  Rarrandei,  qui  sont  très  voisines  les 
unes  des  autres  et  que  Ton  peut  considérer  comme  des  formes 
représentatives  les  unes  des  autres. 

Jusqu'à  ces  derniers  temps,  si  Ton  s'en  rapportait  aux  descrip- 
tions données  par  Bornemann  (1)  pour  les  gttes  cambrions  de  la 
Sardaigne,  les  analogies  étaient  moindres  avec  la  Montagne  Noire. 
Mais  il  est  très  difficile  de  se  faire  une  idée  exacte  des  successions 
d'assises  et  de  faunes  d'après  la  description  de  l'auteur  ;  en  tous  cas 
il  signale  de  nombreuses  alternances  des  mêmes  couches  qui  me 
rappellent  les  plis  isoclinaux  que  j'ai  observés  dans  le  Languedoc; 
je  serais  donc  porté  à  croire  qu'en  Sardaigne  comme  dans  la  Mon- 
tagne Noire,  le  Cambrien  est  affecté  de  plis  avec  lacunes  dues  à  des 
étirements.  D'après  Frech  (2)  le  Géorgien  serait  représenté  en  Sar- 
daigne par  les  couches  à  Onelopsis,  ce  nouveau  genre  de  Bornemann 
n'étant  autre  que  le  sous-genre  Holmia  créé  par  Matthew  pour  une 
section  d'Olenellus  ;  dessus  reposerait  le  calcaire  à  Archœocyathus. 
La  série  cambrienne  serait  donc  entière,  et  ce  serait  le  Géorgien  qui 
serait  le  mieux  développé. 

(1)  J.  G.  Bornemann.  Die  Vorsteinerungen  des  cambrischen  Schlchtensystems 
der  Insel  Sardinien.  Nova  Acta  d.  k.  Leop.  Carol.  Peutsch.  Akad.  der  Natur- 
forscher.  1"  partie,  1886,  t.  LI,  n«  1,  p.  1  ;  2*  partie,  1891,  t    LVI,  n«  3,  p   . . 

(2)  F.  Frech.  Le  l  h  ma  pateozoïca,  p.  40. 


632  J.    BERGERON.    —   ÉTUDE  DES  TERRAINS   PALKOZOÏQUES 

Mais  au  mois  de  juillet  dernier,  le  Dr  Pompecki  a  eu  l'amabilité 
de  m'écrire  que  le  professeur  E.  Fraas  avait  rapporté  de  Sardaigne, 
d'une  localité  située  à  une  trentaine  de  kilomètres  de  Canal  Grande, 
des  fossiles,  qu'il  avait  déterminés  et  qu'il  avait  reconnus  être 
identiques  à  ceux  que  j'ai  figurés  :  Paradoxides  rugulosus,  Conocepha- 
lus  Heberti,  Conocephalus  Levyi,  Ptychoparia  sp.  ;  ces  fossiles  se  ren- 
contrent également  dans  des  schistes  rouge  lie-devin  et  dans  des 
schistes  jaunes.  11  y  a  donc,  en  Sardaigne,  la  même  série  que  dans  le 
Languedoc.  Mais  quelle  est  la  position  relative  des  faunes  trouvées 
par  Bornemann  et  par  E.  Fraas,  c'est  ce  que  nous  ne  savons  pas 
encore.  Les  Paradoxides  décrits  et  figurés  par  Bornemann  et  Mené* 
ghini  sont  dans  un  trop  mauvais  état  de  conservation  pour  qu'il  soit 
possible  de  les  rapprocher  d'espèces  connues.  Quant  aux  autres 
Trilobites,  ils  appartiennent  à  des  espèces  et  à  des  genres  nouveaux  ; 
il  est  donc  impossible  d'en  tirer  parti  pour  la  classification  des 
assises  qui  les  renferment. 

En  résumé,  dans  la  région  méditerranéenne,  partout  où  le  Cam- 
brien  a  été  reconnu,  il  a  présenté  la  faune  de  l'Acadien  moyen  à 
Paradoxides  rugulosus»  Ce  sont  les  mêmes  espèces  ou  des  formes 
très  voisines;  les  sédiments  qui  la  renferment,  comme  ceux  qui 
l'accompagnent,  sont  les  mêmes.  11  est  donc  certain  qu'à  l'époque 
de  l'Acadien,  il  y  a  eu  une  même  mer  recouvrant  la  Sardaigne,  le 
nord  de  l'Espagne  et  le  Languedoc. 

Mais  il  y  aurait  eu  encore  des  relations  avec  des  régions  très 
éloignées  du  bassin  méditerranéen. 

M.  Matthew  (1)  a  retrouvé  dans  lo  faune  ac^dienne  delà  Mon- 
tagne Noire,  celle  qu'il  a  étudiée  dans  l'Amérique  du  Nord. 

Il  est  incontestable  que  cette  dernière  a  de  grandes  analo- 
gies avec  celle  de  la   Montagne  Noire  (2)  ;   mais  ce    n'est  pas 

(1)  Canadian  Record,  IV,  1890,  p.  260. 

(2)  J'avais  l'intention  de  publier,  avec  cette  étude  stratigraphique,  un  mémoire 
consacré  a  la  Paléontologie  des  terrains  anciens  de  la  Montagne  Noire;  mais  dans  la 
crainte  de  retarder  davantage  la  publication  du  compte-rendu  de  la  Réunion  extra- 
ordinaire, j'ai  dû  ne  pas  attendre  que  ce  mémoire  fût  terminé.  J'aurais  voulu  par 
la  même  occasion  répondre  à  plusieurs  paléontologistes  qui  m'ont  adressé  quelques 
critiques  au  sujet  de  mes  déterminations  ;  comme  depuis  plusieurs  années,  je 
néglige  systématiquement  toute  polémique  jusqu'à  ce  que  mes  études  sur  le  ter- 
rain soient  terminées,  ils  pourraient  croire  qu'ils  m'ont  convaincu  sur  tous  les 
points.  Je  reconnais  le  bien  fondé  de  plusieurs  critiques  dont  j'ai  tenu  compte 
d'ailleurs  dans  le  présent  mémoire  ;  mais  il  en  est  d'autres,  relatives  le  plus 
souvent  aux  espèces  nouvelles,  que  je  ne  puis  admettre.  J'exposerai  bientôt 
dans  ce  travail  paléontologique,  les  raisons  pour  lesquelles  je  crois  qu'il  est  néces- 
saire de  faire  des  espèces  nouvelles  pour  des  régions  distantes  les  unes  des  antres. 


ET  DE  LA  TECTONIQUE  DE  LA  MONTAGNE    NOIRE  633 

seulement  avec  l'Amérique  qu'il  y  a  des  ressemblances,  c'est 
encore  avec  la  région  septentrionale  de  l'Europe  et  M.  Pompecki 
réclame  avec  raison  la  même  faune  (1)  comme  dépendant  de  cette 
dernière  proviuce  paléontologique. 

Il  y  a  certainement  entre  les  faunes  acadiennes  de  l'Amérique 
nord-est,  de  la  Scandinavie  et  de  l'Angleterre,  de  la  Bohème,  de 
la  Montagne  Noire,  de  l'Espagne  et  de  la  Sardaigne  des  affinités 
très  grandes  et  Ton  peut  les  opposer  aux  faunes  de  même  âge  do 
l'Asie  et  de  l'Amérique  occidentale  ;  mais,  si  c'était  le  même  océan 
qui  occupait  l'Europe  et  l'Amérique  orientale,  cependant  les  condi- 
tions biologiques  ne  devaient  pas  être  les  mêmes  partout,  puisqu'on 
constate  des  différences  dans  les  faunes  des  différents  pays. 

Certaines  espèces  pouvant  vivre  sous  toutes  les  latitudes  se 
retrouvent  constamment  :  telles  sont  Paradoiides  rugulosus  et  aff.  ; 
Conocephalus  coronatus  et  aff.;  Conocephalus  Sulzeri et  aff.;  seulement, 
suivant  les  régions,  tel  caractère  devient  prédominant,  de  là  les 
espèces  qui  ont  pu  être  faites  avec  raison  dans  l'ancien  et  dans  le 
nouveau  monde;  mais,  comme  l'admet  M.  Pompecki,  ce  sont  des 
espèces  représentatives  et  je  ne  pense  pas  qu'il  y  ait  lieu  de  les 
grouper  de  manière  à  distinguer  des  zones  multiples. 

Par  contre  je  suis  très  frappé  de  ce  fait  que  dans  la  région  nord- 
est  de  l'Amérique  septentriouale,  comme  dans  le  nord  de  l'Europe, 
le  Cambrien  présente  plusieurs  étages;  de  plus  d'après  l'état  actuel 
de  la  science  ils  seraient  les  mêmes  ;  s'il  n'y  a  pas  identité  de  faunes 
entre  ces  régions,  du  moins  elles  sont  comparables  depuis  le  Géor- 
gien jusqu'au  Potsdamien.  D'autre  part  dans  la  région  méditerra- 
néenne, il  y  a  un  ensemble  de  caractères  bien  spéciaux  et  bien  identi- 
ques à  eux-mêmes,  du  moins  en  Espagne  et  dans  le  sud  de  la  France. 
D'abord  le  Cambrien  est  sensiblement  composé  des  mêmes  termes  : 
à  la  base  ce  sont  des  calcaires  qui  peuvent  correspondre  à  des  for- 
mations de  récifs,  ou  tout  au  moins  à  des  formations  subrécifales, 
ainsi  que  le  feraient  supposer  les  débris  de  tiges  d'Encrines  et  dMr- 
chœocyathus  qui  y  ont  été  trouvés.  Puis  il  y  a  le  même  passage  de  ces 
calcaires  aux  schistes  franchement  acadiens  ;  enfin  ces  derniers  ne 
correspondent  qu'à  un  seul  horizon,  celui  à  Paradoxides  rugulosus. 
Cette  similitude  entre  les  dépôts  de  l'Espagne  et  du  sud  de  la  France 
comme,  en  partie,  entre  ceux  de  la  Sardaigne  et  des  régions  pré- 
cédentes, me  porte  à  admettre  «  la  grande  zone  méridionale  »  mais 
en  la  restreignant  au  bassin  de  la  Méditerranée,  sans  y  comprendre 

(1)  Die  Fauna  des  Cambrium  von  Tejrovic  und  skrej  in  Bôhmen.  Jarhb.  d.  k.k, 
geol.  Reichgamt.,  1895,  t.  XLV,  2e  et  3*  parties,  p.  495. 


634  J.   BERtiERON.   —  ÉTUDE  DES  TERRAINS  PALÉOZOÏQUES 

la  Bohème  comme  faisait  Barrande.  Pour  ce  dernier  pays  je  n'ose- 
rais comme  M.  Pompecki  (1),  considérer  les  assises  à  Paradoxides 
comme  correspondant  aux  zones  inférieure  et  moyenne  de  l'Aca- 
dien  du  Pays  de  Galles  ;  mais  en  tous  cas,  en  dehors  des  espèces, 
déjà  citées  comme  pouvant  se  rencontrer  à  toutes  les  latitudes,  il  y 
a  une  faune  beaucoup  plus  riche  et  plus  variée  que  celle  de  la  zone 
méridionale;  évidemment  les  conditions  biologiques  devaient  y 
être  différentes  de  ce  qu'elles  étaient  dans  le  bassin  méditerranéen 
et  je  crois  qu'il  faut  laisser  la  Bohême  distincte,  bien  que  présen- 
tant plus  d'affinités  que  toute  autre  région  avec  elle. 

Etant  donnée  la  richesse  en  fossiles  de  la  zone  septentrionale 
(c'est  la  région  où  la  faune  cambrien  ne  présente  son  maximum 
de  développement),  il  est  naturel  de  considérer  cette  faune  comme 
y  étant  autochtone.  Mais  elle  est  déjà  moins  riche  vers  le  sud,  en 
Bohème,  où  les  niveaux  sont  moins  nombreux.  Enfin  dans  la  zone 
méridionale,  le  nombre  des  espèces  est  tout- à-fait  réduit  et  ce  ne 
sont  plus  que  celles  que  l'on  trouve  partout,  c'est-à-dire  celles  qui 
se  plient  le  mieux  aux  différences  de  conditions  biologiques.  Seules, 
elles  ont  pu  s'acclimater.  11  semble  donc  qu'il  y  ait  eu  une  migration 
du  nord  vers  le  sud,  migration  qui,  durant  le  Cambrien,  aurait 
atteint  son  maximum  vers  le  milieu  de  l'Acadien. 

Frech  (2)  admet  également  à  cette  époque  un  mouvement  d'inva- 
sion de  la  mer  dans  la  région  méditerranéenne  qui  comprend  pour 
lui  le  Languedoc,  la  Sardaigne  et  le  centre  de  l'Europe.  Il  y  aurait 
eu  transgression  de  la  mer  par  rapport  aux  terrains  plus  anciens; 
mais  l'invasion  marine  serait  venue  du  sud,  par  exemple  de  la 
Sardaigne  que  la  mer  aurait  recouverte  pendant  le  Géorgien,  tandis 
que  le  centre  de  l'Europe  aurait  été  émergé.  J'ai  dit  plus  haut  com- 
ment toutes  les  assises  du  Cambrien  de  l'Espagne  et  du  Languedoc 
se  font  suite  régulièrement  ;  cette  transgression  ne  se  serait  donc 
pas  produite,  dans  le  sens  indiqué  par  Frech,  mais  il  y  aurait  eu 
arrivée  d'une  faune  venant  du  Nord. 

Le  régime  de  la  zone  méridionale,  antérieurement  à  l'Acadien 
moyen,  était  d'ailleurs  différent  de  celui  de  la  zone  septentrionale. 
Les  calcaires  y  sont  très  abondants,  très  épais.  Pouvons-nous  ratta- 
cher ce  faciès  à  d'autres  dépôts  calcaires  d'âge  acadien  et  aussi 
géorgien?  11  est  impossible  dans  l'état  actuel  de  nos  connaissances 
de  faire  une  réponse  affirmative  ;  mais  cependant  il  est  quelques 

(1)  Die  Fauna  des  Cambrium  von  Tejrovic  und  Skrej  in  Bôhmen.  Jarhb.  d.  k.  k. 
geol.  ReichsansL,  1895,  t.  XLV,  2'  et  3f  parties,  p.  601. 

(2)  Letfma  palœozoua,  I,  tueU,  t  Bd,  p.  56. 


HT  DE  LÀ  TECTONIQUE  DE  LA  MONTAGNE  NOIRE  635 

faits  très  curieux  sur  lesquels  je  crois  bon  d'appeler  l'attention. 

Le  faciès  calcaire  pour  le  Cambrien  inférieur  et  moyen  est  déve- 
loppé vers  Test.  On  le  connaît  en  Russie,  dans  le  Sud  de  la  Sibérie 
à  Krasnojarsk,  où  il  renferme  des  Archteocyathus  (1), dans  le  nord  de 
la  Chine  (2)  dans  les  Montagnes  Rocheuses  (3)  et  daus  la  partie  occi- 
dentale de  l'Amérique  du  nord.  Dans  ces  deux  dernières  régions,  la 
faune  de  l'Acadien  est  caractérisée  par  le  genre  Olendides  qui 
remplace  le  genre  Paradoxides.  Les  calcaires  de  la  Montagne  Noire 
qui  représentent  le  Géorgien  et  une  partie  de  l'Acadien  ne  renfer- 
ment pas  cette  faune,  et  je  ne  préteuds  pas  les  identifier  à  ceux  de 
l'Asie  et  de  l'Amérique  occidentale  ;  mais  cependant  je  suis  très 
frappé  de  voir  les  sédiments  calcaires  du  Géorgien  et  de  l'Acadien 
jalonner  une  zone  qui,  par  les  quelques  points  qu'on  en  connaît, 
correspondrait,  d'une  manière  approximative,  à  la  future  zone  des 
formations  zoogènes.  Y  avait-il  dès  le  Géorgien  et  l'Acadien  uue 
sorte  d'esquisse  de  celle-ci  ?  Ce  n'est  qu'une  hypothèse,  mais  elle 
m'a  paru  assez  curieuse  pour  devoir  être  signalée. 

Frech  admet  le  retrait  de  la  mer  lors  du  Cambrien  supérieur, 
dans  l'Europe  centrale.  Le  fait,  pour  la  Montagne  Noire,  me  semble 
être  infirmé  par  l'existence  d'une  série  continue,  en  concordance 
de  stratification,  depuis  l'Acadien  fossilifère  jusqu'à  l'équivalent 
de  l'étage  de  Trémadoc.  D'autre  part  en  Espagne,  sur  l'Acadien 
reposent  des  grès  à  Scolithus  et  Tig Mites,  devant  rentrer  dans  le 
Cambrien  supérieur  pour  M.  Dereims  (4),  dans  l'Ordovicien  infé- 
rieur pour  M.  Barrois  (5).  En  tous  cas  ils  sont  en  concordance  de 
stratification  sur  l'Acadien.  Quant  à  la  discordance  signalée  en 
Bohême  entre  l'Acadien  et  l'Ordovicien,  elle  est  loin  d'être  évidente, 
des  dislocations  nombreuses  avec  chevauchements  s'étant  produites 
dans  le  centre  de  la  Bohême  depuis  le  dépôt  du  Silurien.  Tout  au 
plus,  le  faciès  gréseux  de  la  partie  supérieure  du  Cambrien  pour- 
rait-il indiquer  un  changement  de  régime  par  rapport  à  celui  de 
l'Acadien. 

La  comparaison  que  j'ai  faite  entre  le  sud  de  la  France  et 
l'Espagne  en  ce  qui  concerne  le  Cambrien,  pourrait  probablement 
se  faire  aussi  en  ce  qui  concerne  la  série  cristallophyllienne  ou 

(1)  Von  Toll.  NeuesJahrbuch,  1895,  II,  p.  157  (in  de  Lapparent). 

(2)  Dames  in  China,  t.  IV,  p.  32.  —  Walcott.  Bull,  of  the  un.  st.  geol.  survey, 
n°  81,  p  377.  —  J.  Bkrgeron.  B.  S.  G.  F.,  (3),  XXVII,  p.  499. 

(3)  Walcott.  Loc.  cit.,  p.  313. 

(4)  Dereims.  Recherches  géologiques  dans  le  sud  de  l'Aragon,  1898,  p.  35. 

(5)  Barrois.  Recherches  sur  les  terrains  anciens  des  Asturies  et  de  la  Galice,  p.  413. 


636  J.    BERGERON.    —   ÉTUDE  DES  TERRAINS  PALÉOZOÏQUES 

série  cambrienne  métamorphisée.  J'ai  déjà  signalé  (1)  dans  les 
environs  de  Barcelone,  près  de  Vallcarca,  la  présence  d'un  ensemble 
de  schistes  plus  ou  moins  métamorphisés  et  de  calcaires  qui,  par 
leur  position  au-dessous  de  la  série  ordovicienne,  doivent  corres- 
pondre au  Cambrien. 

Peut-être  faudrait-il  rapporter  également  quelques-unes  des  séries 
cristallophylliennes  du  Massif  central  de  la  France  au  Cambrien 
métamorphisé.  A  ne  juger  que  des  caractères  lithologiques  et  des 
successions  d'assises  qu'on  y  observe,  il  semble  bien  que  cette 
hypothèse  soit  fondée,  mais  il  faudrait  encore  plus  d'études  que  je 
n'en  ai  faites  pour  pouvoir  être  aiïirmatif  à  cet  égard.  Théorique- 
ment rien  ne  s'oppose  à  ce  qu'il  en  soit  ainsi  ;  seules,  les  observa- 
tions sur  le  terrain  permettront  de  voir  si  cette  hypothèse  est  fondée. 

S'il  en  a  été  ainsi  à  l'époque  cambrienne,  la  mer  s'étendait  depuis 
la  Scandinavie  jusqu'à  la  Catalogne,  et  même  vraisemblablement 
au-delà,  sans  rencontrer  aucun  obstacle  dans  la  région  du  Massif 
central  qui  n'existait  pas  encore  avec  son  individualité  propre. 

Ordovicien 
Étage  de  Trémadoc 

Les  premières  couches  ordoviciennes  se  reconnaissent  à  l'appa- 
rition brusque  d'une  faune  absolument  difléreute  de  toute  faune 
cambrienne  ;  les  Trilobites  de  la  famille  des  Asaphidœ,  des  Calym- 
menidœ,  etc.,  sont  immédiatement  abondants;  il  en  est  de  même 
des  Bellerophons  ;  il  y  a  quelques  très  rares  Agnostus  et  des  Dicello- 
cephalus  douteux  qui  rappellent  le  Cambrien  ;  mais  étant  donné  le 
petit  nombre  de  ces  formes  à  affinités  canariennes,  elles  ne  peuvent 
être  considérées  comme  assez  importantes  pour  donner  l'âge  de 
cette  faune  nouvelle. 

Au  point  de  vue  lithologique,  il  n'y  a  guère  de  différence  entre 
les  dernières  couches  du  Potsdamien  et  les  premières  de  l'Ordovi- 
cien  :  ce  sont  les  mêmes  schistes  bleus,  à  surface  lustrée  avec 
taches  ferrugineuses  rouges  ou  jaunâtres.  Dès  les  premières  assises 
ordoviciennes,  apparaissent  des  nodules  noirs  siliceux  renfermant 
fréquemment  des  restes  de  fossiles,  soit  entiers,  soit  à  l'état  de 
débris.  La  matière  organique  semble  avoir  servi  de  centre  d'attrac- 
tion pour  la  silice;  mais  très  rarement  celle-ci  se  montre  avec  des 

(1)  B.  S.  G.  F.,  (3),  XXVI,  p.  868. 


Et  DE  LA  t ECTONIQUK  DÉ  LA  MONTAGNE  NOIRE  637 

formes  cristallines  à  l'intérieur  de  ces  nodules,  ainsi  que  cela 
s'observe  dans  les  silex  du  Crétacé  ou  du  Tertiaire.  Elle  forme 
parfois  une  sorte  de  croûte  tapissaut  le  moule  des  fossiles.  Le  plus 
souvent,  elle  est  associée  à  de  l'oxyde  de  fer  qui  ne  la  laisse  voir  que 
très  mal  et  elle  n'apparaît  qu'après  la  dissolution  de  cet  oxyde. 

La  première  fois  (1)  que  je  reconnus  l'existence  de  cette  faune  je 
n'hésitai  pas  à  la  rapporter  à  la  base  de  l'étage  ordovicien  ;  mais 
alors  la  valeur  de  l'étage  de  Trémadoc  était  très  discutée  ;  pour 
plusieurs  auteurs  anglais  il  devait  y  avoir  des  confusions  et  des 
mélanges  d'assises  cambriennes  et  ordoviciennes  dans  ce  soi  disant 
étage.  Pour  bien  préciser  que  cette  faune  nouvelle  devait  occuper 
la  base  de  POrdoviqjen  je  la  rapprochai  de  celle  de  l'Arenig  inférieur 
dont  l'âge  était  bien  établi,  sans  toutefois  faire  aucune  assimilation. 
Le  mérite  d'avoir  rapporté  cette  faune  à  son  vrai  niveau  revient  à 
MM.  Schmidt  (2),  Pompecki  (3),  Brôgger  (4)  qui,  ayant  pu  étudier 
par  eux-mêmes  et  dans  des  régions  où  sa  place  est  bien  définie,  la 
faune  de  Trémadoc,  l'ont  facilement  reconnue  dans  le  Languedoc. 

Les  formes  les  plus  fréquentes  sont  : 

Agnostus  Ferralsensis  Mun.-Chalm.  et  J.  Berg. 
Dicellocephalus?  Villebruni  J.  Berg. 
Euloma  Filacovi  (5)  Mun.-Chalm.  et  J.  Berg.  (spec). 
Megalaspis  Filacovi  Muu.-Chalm.  et  J.  Berg. 
Asaphelina  Barrom  Mun.-Chalm.  et  J.  Berg. 
Niobe  LigneresiJ.  Berg.  (sp.). 
Dictyocephalites  Villebruni  J.  Berg. 
Bellerophon  Œhlerti  Mun.-Chalm.  et  J.  Berg. 

Dans  des  schistes  de  même  aspect  que  les  précédents,  apparais- 
sent en  abondance  des  Orthocères,  comprimés,  écrasés,  jamais  assez 
bien  conservés  pour  pouvoir  être  déterminés.  Sur  une  même 
plaque  ou  dans  un  même  nodule,  on  trouve  associés  plusieurs 
exemplaires  d'Orthocères  ;  ils  semblent  être  cantonnés,  ainsi  dis- 

(1)  B.  S.  G.  F.,  (3),  XVI,  p.  212. 

(2;  In  lUteris,  18  février  1896. 

(3>  Ein  neuentdccktes  Vorkommen  von  Trémadoc- Fossi lien  bei  Hof  (sans  date). 

(4)  Uber  die  Verbrcitung  der  Euloma-Niobe-Fauna  (der  Ceratopygenkalkfauna) 
in  Europa.  Nyt.  Mag.  for  Naturcidmsk,  t.  XXXV,  p.  164, 1896. 

(5)  La  plupart  des  espèces  du  Languedoc  ont  été  identifiées  à  celles  des  régions 
septentrionales;  il  y  a  là  une  exagération.  H  est  certain  que  l'étage  de  Trémadoc, 
avec  tous  ses  caractères  faunistiques  et  lilhologiques,  existe  dans  le  Languedoc  ; 
mais  il  y  a  cependant  dans  le  Midi  de  la  France  des  formes  un  peu  différentes  de 
celles  du  Nord  de  l'Europe,  comme  le  fait  s'est  présenté  déjà  pour  l'Acadien. 

18  Août  1901/  —  T.  XXVII.  Bull.  Soc.  Gôol.  Fr.  -  41 


638  J.   BERGERON.    —   ÉTUDE  DES  TERRAINS   PALÉOZOlQUES 

posés,  à  un  certain  niveau,  sans  cependant  que  la  faune  qui  les 
accompagne  diffère  sensiblement  de  celle  que  je  viens  de  signaler. 

Sur  cette  série  reposent  des  schistes  bleus,  mats,  renfermant 
en  grande  abondance  Niobe  Lignerai  J.  Berg.  (sp.)  déjà  vu  plus 
bas  et  surtout  Asaphelina  Miqueli  J.  Berg.  qui  est  une  des  formes 
les  plus  facilement  reconnaissables  de  la  région.  Peut-être  est-ce 
à  ce  même  niveau  qu'il  faut  rattacher  des  schistes  de  même  couleur 
et  de  mêmes  caractères  que  les  précédents,  mais  renfermanMmpfo'on 
E&coti  J.  Berg.  ;  je  n'ai  jamais  trouvé  Asaphelina  Miqueli  J.  Berg. 
et  Âmphion  Escoti  J.  Berg.  à  côté  l'un  de  l'autre  dans  ces  couches  ; 
de  plus  les  assises  à  Asaphelina  Miqueli  sont  très  développées  dans 
les  environs  de  Saint-Chinian,  tandis  que  les  couches  à  Amphion 
Escoti  ne  sont  guère  connues  que  dans  les  écîîlles  de  Cabrières. 
Le  rapprochement  est  donc  lithologique  et  par  suite  peut  n'avoir 
aucune  valeur.  11  est  à  remarquer  que  dans  les  couches  à  Amphion 
Escoti,  les  schistes  ont  un  aspect  fibreux;  mais  cela  provient  peut- 
être  du  fait  que  les  couches  renfermant  ce  fossile  font  partie 
d'écaillés  et  par  suite  ont  subi  des  efforts  de  compression  et  de 
laminage  qui  ont  pu  en  changer  les  caractères  physiques. 

Etage  inférieur  et  moyen  de  l'Arenig 

C'est  au-dessus  que  se  place  une  puissante  série  de  schistes  ver- 
dâtres  terreux,  friables,  se  fragmentant  en  débris  de  très  petites 
dimensions  qui  donnent  au  sol  un  aspect  tout  particulier.  On  les 
désigne  dans  le  pays  sous  le  nom  de  «  cagadenier  ».  Dans  les 
écailles  de  Cabrières,  dans  la  combe  du  Moulin,  dans  le  vallat  des 
Claviers,  ils  reposent  sur  les  schistes  à  Amphion.  Leur  faune  est 
riche  ;  malheureusement,  par  suite  de  leur  friabilité,  les  fossiles  y 
sont  rarement  bien  conservés.  Il  n'y  a  pas  été  encore  reconnu 
d'horizons  différents;  mais  par  leur  position  entre  le  niveau  de 
Trémadoc  et  celui  de  l'Arenig  supérieur,  il  n'est  pas  douteux  qu'ils 
ne  représentent  l'Arenig  inférieur  et  moyen. 

Les  fossiles  les  plus  fréquents  appartiennent  aux  genres  Niobe, 
Calymmene  (groupe  des  Synhomalonotus  de  Pompecki)  Rcmopleu- 
rides,  Ampyx,  Cybele,  Agnostus,  Orthis,  LingtUa;  mais  les  espèces 
sont  nouvelles,  ce  qui  ne  permet  aucune  assimilation  certaine  avec 
les  faunes  déjà  connues.  Cependant  il  est  permis  de  dire,  d'après 
les  associations  de  genres  qui  sont  les  mêmes  que  dans  l'étage  3  de 
Suède,  que  c'est  une  faune  appartenant  à  l'Ordovicien  inférieur. 

Les  Graptolites  sont  très  abondants  dans  ces  schistes  dits  deBou- 


ET  DE  LA  TECTONIQUE  DE  LA  MONTAGNE  NOIRE  639 

toury  du  nom  de  la  première  localité  où  ils  ont  été  reconnus. 
M.  Barrois  (1)  qui  en  a  fait  une  étude  particulière  a  pu  y  recon- 
naître les  espèces  suivantes  : 

Didymograptus  haïtiens  Tullberg. 

—  Vfractus  Salter. 

—  pennatulus  Hall. 

—  nitidus  Hall. 

—  bifidus  Hall. 

—  indentus  Hall. 

—  Escoti  Barrois. 
Tetragraptus  serra  Brong. 

—         quadribrachiatus  Hall. 
Rouvillograptus  Richardsoni  Barrois. 

M.  Barrois  conclut  de  cette  faune  graptolitique  que  les  schistes 
de  Boutoury  appartiennent  à  l'étage  de  l'Arenig;  il  lui  paraît  même 
probable  qu'ils  représentent  l'Arenig  moyen. 

11  y  a  donc  une  concordance  assez  grande  entre  les  deux  faunes 
trilobitique  et  graptolitique  pour  n'avoir  aucune  hésitation  à  ranger 
ces  schistes  dans  l'Arenig  inférieur  et  moyen. 

Ce  sont  les  études  subséquentes  qui  permettront  de  distinguer 
l'un  de  l'autre  ces  deux  étages. 

Etage  supérieur  de  l'Arenig 

Dans  la  colline  de  Boutoury,  dont  les  schistes  précédents  consti- 
tuent le  substratum,  on  voit  ces  derniers  devenir  progressivement 
gréseux  ;  certains  bancs  se  couvrent  de  paillettes  de  mica.  Ce  sont 
sans  doute  d'anciennes  plages  sur  lesquelles  se  reconnaissent  des 
traces  d'Annélides  constituant  co  que  M.  de  Saporta  a  désigné 
sous  le  nom  de  Vexillum  Rouvillei  Sap.  et  Cruziana  Monspeliensis 
Sap.  Puis  les  bancs  deviennent  de  plus  en  plus  gréseux;  finalement 
ce  sont  des  bancs  de  grès  pouvant  atteindre  une  épaisseur  de  0,50 
à  0,60.  Parfois  ils  sont  feldspathiques  et  alors  ils  deviennent 
identiques  à  ceux  de  l'Ouest  de  la  France.  En  même  temps  appa- 
raissent des  Vexillum  aff.  Halli  Rou.  et  des  Cruziana  afl.  Goldfussi 
Rou.  Mais  c'est  surtout  dans  les  bancs  très  siliceux  que  se  montre 
la  faune  la  plus  intéressante  de  ce  sous-étage  :  elle  est  caractérisée 

(i)  Mémoire  sur  la  distribution  des  Graptolites  en  France.  Ann.  soc.  géoL  du  N., 
t.  XX,  1892,  p.  85.  —  Sur  le  Rouvillograptus  Richardsoni  de  Cabrières,  Ann.  soc. 
géoL  du  N.t  t.  XXI,  1893,  p.  107. 


640     J.  BERGERON.  —  ÉTUDE  DÉS  TERRAINS  PALÉ0201QUE8 

par  une  très  grande  abondance  de  Lingula  Lesueuri  Rou.  (1) 
qu'accompagnent  des  Dinobolus  Bhmonti  Rou.,  et  des  Lingules  du 
groupe  de  L.  crumena  Phill. 

C'est  la  même  faune  que  celle  de  l'Arenig  supérieur  d'Angleterre, 
de  Normandie,  de  Bretagne,  d'Espagne  et  de  Portugal. 

Etage  de  Llandeilo 

Dans  la  série  stratigraphique  doit  venir  ensuite  l'étage  de  Llan- 
deilo. En  aucun  point  dans  la  Montagne-Noire,  il  n'est  facile  de 
voir  la  superposition  directe  de  cet  étage  sur  les  grès  de  l'Arenig 
supérieur.  Il  est  formé  de  schistes  très  voisins,  comme  aspect, 
de  ceux  de  l'étage  de  Trémadoc.  Mais  ce  qui  permet  de  les 
distinguer  le  plus  souvent  les  uns  des  autres,  c'est  que  dans  les 
schistes  de  Trémadoc  les  fossiles  sont  contenus  dans  des  nodules 
noirs  siliceux,  tandis  que  dans  les  schistes  de  Llandeilo  ils  sont 
renfermés  dans  de  grandes  concrétions  schisteuses  qui  ont  reçu  de 
Linné  le  nom  de  Tuttenstein  et  que  l'on  désigne  dans  le  pays  sous 
le  nom  de  gâteaux.  Ce  sont  des  feuillets  schisteux  fortement  com- 
primés les  uns  contre  les  autres  et  par  suite  rendus  adhérents.  La 
structure  cône  in  cône  s'y  est  le  plus  souvent  développée.  La  faune 
est  très  différente  de  celle  du  niveau  de  Trémadoc.  Les  fossiles  de 
beaucoup  les  plus  fréquents  sont  des  Asaphus  de  grande  taille  (2), 
voisins  d' Asaphus  glabratus  Salter  ;  mais  le  type  de  cette  espèce  n'a 
pas  été  encore  rencontré  à  Cabrières.  De  Verneuil  a  désigné  dans 
la  collection  qu'il  a  laissée  à  l'Ecole  des  Mines  ces  grands  Asaphus 
sous  le  nom  df  Asaphus  Fourneti  Vern.  11  y  a  encore  dans  ces  mêmes 
concrétions  des  Illœnus,  des  Graptolites.  M.  Barrois  cite  (3)  de  ce 
niveau  Didymograptus  euodus  Lapw. 

C'est  le  premier  horizon  silurien  qui  ait  été  reconnu  dans  le 
Languedoc.  Depuis  sa  découverte  on  lui  a  attribué  tous  les  fossiles 
ordoviciens,  même  ceux  qui  proviennent  des  schistes  de  Boutoury 
et  des  schistes  de  Trémadoc.  C'est  en  somme  un  horizon  très  pauvre 
en  espèces.  Néanmoins  les  affinités  de  V Asaphus  Fourneti  Vern. 
avec  As.  glabratus  Salter,  permettent  de  considérer  les  schistes  à 
Tuttenstein  comme  appartenant  bien  au  niveau  de  Llandeilo.  Les 

(1)  C'est  à  M.  de  Tromelin  qu'est  duc  la  découverte  de  ce  niveau.  Voir  Davidson. 
Bulleigh-Salterton  Pebble  lied.  Palœotogr.  soc,  t.  XXXV,  p.  362. 

(2)  C'est  en  1850  que  pour  la  première  fois  Fournet  signala  (0.  S.  G.  F.,  (2), 
VIII,  p.  44)  en  son  nom  et  en  celui  de  Graff  la  découverte  de  schistes  à  grands 
Asaphus. 

('S)  Bahhois.  Op.  cil.,  p.  97. 


ET   DE  LA  TECTONIQUE  OE  LA  MONTAGNE  NOIRE  641 

grandes  formes  qu'on  y  rencontre  rappellent  par  leurs  dimensions 
celles  des  schistes  du  même  niveau  en  Bretagne. 

Cet  horizon  n'occupe  jamais  de  grandes  surfaces;  il  semble 
qu'il  soit  réduit  à  l'état  de  lambeaux  sporadiques  sur  les  horizons 
ordoviciens  qui  lui  sont  inférieurs.  Il  a  toujours  été  trouvé  dans 
des  écailles  et  jamais  en  place.  Dans  les  environs  de  Cabrières,  il 
y  a  bien  une  dizaine  de  points  où  il  est  connu  et  facilement 
reconnaissable  à  ses  Tuttenstein  ;  mais  nulle  part,  il  ne  forme 
de  bandes  continues  ainsi  que  le  font  les  autres  horizons. 

Etage  des  grès  de  May 

Le  niveau  supérieur  est  caractérisé  par  des  grès  très-siliceux, 
très-durs,  verdâtres,  de  couleur  rousse  dans  les  parties  qui  ont 
été  soumises  à  l'action  de  l'eau  et  au  contact  de  l'air.  Par  suite  de 
leur  richesse  en  sels  de  fer,  leur  coloration  change  suivant  le  degré 
d'hydratation.  La  faune  est  riche  en  Calymmenella  BoisseUJ.  Berg., 
Trinucleus  sp.,  Dalmanites  sp. 

Par  sa  position,  immédiatement  sous  les  couches  à  OrthU 
Actoniœ,  ce  niveau  est  l'équivalent  des  grès  de  May,  de  l'Ouest  de 
la  France.  La  présence  du  genre  Calymmenella  qui  est  cantonné 
dans  les  grès  de  May  et  de  St-Germain-sur-IUe,  ne  laisse  aucun 
doute  sur  l'exactitude  de  cette  assimilation. 

Son  principal  gisement,  dans  le  Languedoc,  est  au  Grand  Glauzy, 
à  l'ouest  de  Neffiez. 

Etage  de  Bala  et  de  Caradoc 

Sur  ces  grès  et  en  concordance  de  stratification  avec  eux,  repose 
un  ensemble  de  schistes  calcareux  avec  bancs  calcaires. 

Les  schistes  prédominent  à  la  base;  ils  renferment  un  grand 
nombre  d'Orthis  qui,  le  plus  souvent,  ne  se  reconnaissent  que  par 
l'empreinte  qu'ils  ont  laissée  dans  les  schistes,  leur  coquille  ayant 
été  dissoute  par  les  eaux  d'infiltration.  D'ailleurs  ces  couches  sont 
très  souvent  décalcifiées.  Les  espèces  les  plus  fréquentes  sont  : 

Orthis  Actoniœ  Sow. 

—  calligramma  Sait. 

—  vespertilio  Sow. 
— -    alternata  Sow. 

—  porcata  M'Coy. 


642     J.  BERGERON.  —  ÉTUDE  DES  TERRA1N8  PALÉOZOÏQUE8 

Dans  les  bancs  calcaires  de  la  partie  supérieure,  les  Cystidées  sont 
nombreuses  et  de  grandes  dimensions.  M.  von  Kœnen  en  a  décrit  (1) 
les  espèces  suivantes  : 

Corylocrinus  piriformis  v.  Kœnen. 
Juglandocrinus  crassus  v.  Kœnen. 
Caryocistites  Rouvillei  v.  Kœnen. 

On  y  retrouve  encore  les  mêmes  Orthis  que  dans  l'étage  précé- 
dent et  en  particulier  Orthis  Actonise  qui  y  est  abondant. 

C'est  un  niveau  qui  représente  celui  de  Bala  et  de  Caradoc  en 
Angleterre  ;  on  le  connaît  eu  Normandie  et  en  Bretagne ,  en 
Belgique,  dans  les  Pyrénées,  en  Espagne. 

Ces  assises  ne  sont  connues,  en  Languedoc,  que  dans  les  écailles 
de  Laurens-Gabian  et  du  Falgairas. 

•  Il  est  à  remarquer  combien  sont  peu  connus  les  contacts  des 
différents  horizons  ordoviciens  entre  eux.  Cela  tient  à  l'allure  des 
couches.  Il  n'y  a  que  quelques  points  sur  le  versant  méridional  de 
la  Montagne  Noire  où  les  assises  siluriennes  soient  en  place;  mais 
alors  on  ne  voit  que  les  assises  tout  à  fait  inférieures  de  l'Ordo- 
vicien,  en  superposition  les  unes  sur  les  autres,  le  reste  de  l'étage 
étant  caché  sous  le  Secondaire  et  le  Tertiaire,  comme  dans  les  envi- 
rons de  Saint-Chiaian.  Parfois  la  série  qui  est  en  place  et  semblerait 
devoir  être  complète,  a  subi  des  compressions  telles  que  certains 
horizons  sont  réduits  au  point  de  passer  inaperçus.  Enfin  dans  les 
écailles  qui  ramènent  au  jour  le  Silurien  sur  le  Carbonifère,  beau- 
coup de  niveaux  ont  disparu  par  laminage,  de  sorte  que  la  super- 
position normale  ne  se  voit  plus  et  souvent  même  certaines  assises 
sont  isolées  entre  le  Carbonifère  du  substratum  et  le  Dévonien  de  la 
partie  supérieure. 

C'est  ce  qui  explique  pourquoi  il  a  été  si  long  d'établir  la  suc- 
cession des  niveaux  siluriens  dans  le  Languedoc  :  il  n'y  avait  pas 
à  compter  avec  la  stratigraphie,  étant  données  ces  lacunes  ;  il 
fallait  trouver  des  fossiles  et,  le  plus  souvent,  ils  ne  se  rencontrent 
que  par  rares  amas  dans  lesquels,  il  est  vrai,  les  exemplaires  sont 
nombreux. 

• 

(1)  Ueber  neue  Cystideen  aus  den  Caradoc-Schichten  der  Gegend  von  Montpellier. 
Ncues  Jahrb,  1886.  Bd  II,  p.  246,  pi.  VIII,  et  IX. 


ET  DE  LA  TECTONIQUE  DE  LA  MONTAGNE  NOIRE  643 

Résumé  sur  i/Ordovicien  de  la  Montagne  Noire 

Nous  avons  vu  les  relations  qui  devaient  exister  entre  la  zone 
septentrionale  de  l'Europe  et  le  Languedoc,  à  l'époque  acadienne; 
elles  sont  tout  aussi  évidentes,  sinon  même  plus,  au  début  de 
l'époque  ordovicienne. 

M.  Brôgger  dans  son  étude  magistrale  sur  la  faune  à  Euluma- 
Niobe  (1)  a  passé  en  revue  toutes  les  régions  où  ont  été  reconnus 
les  fossiles  de  l'étage  de  Trémadoc.  Je  ne  puis  mieux  faire  que  d'y 
renvoyer  le  lecteur.  Ce  que  je  tiens  à  faire  remarquer,  c'est  que  l'on 
peut  encore, comme  à  l'époque  cambrienne, suivre  la  communication 
de  la  mer  qui  occupait  la  région  septentrionale  de  l'Europe  avec 
celle  de  la  Montagne  Noire  par  la  Bavière.  Elle  s'étendait  d'ailleurs 
jusqu'en  Catalogne  (2);  mais  cette  similitude  de  faune  ne  dure  que 
pendant  le  temps  où  se  déposaient  les  étages  de  Trémadoc,  de 
l'Arenig  inférieur  et  moyen.  Ce  sont  les  mêmes  genres  et  même 
des  espèces  très  voisines,  au  nord  comme  au  sud  ;  ce  sont  peut-être 
encore  des  espèces  représentatives  les  unes  des  autres.  En  tous  cas, 
il  n'y  a  pas  de  doute  qu'il  y  ait  eu  une  communication  facile  entre 
le  Pays  de  Galles,  la  Scandinavie  et  la  Montagne  Noire.  Mais  à  la 
fin  de  l'Arenig,  les  analogies  avec  la  province  Scandinave  n'existent 
plus  et  les  affinités  sont  plus  grandes  avec  les  dépôts  des  régions 
occidentales  de  l'Europe.  En  Normandie  et  en  Bretagne,  il  y  avait 
eu  jusqu'à  ce  moment  une  diflérence  très  nette  avec  le  Languedoc; 
le  faciès,  comme  l'allure  des  couches,  indiquait  un  régime  cotier. 
Il  semble  que  lors  du  dépôt  de  l'Arenig  supérieur  ce  régime  se  soit 
étendu  davantage  vers  l'est,  englobant  la  Montagne  Noire. 

Il  en  est  encore  ainsi  pendant  que  se  dépose  l'étage  de  Llandeilo. 
Tandis  qu'en  Scandinavie,  la  faune  encore  très  riche,  renfermait  des 
Ampyx,  des  Nileus,  des  Remopleurides,  des  Megalaspis,  etc.,  qui 
indiquent  une  faune  descendant  directement  de  celle  qui  caracté- 
rise l'étage  de  Trémadoc,  dans  le  Languedoc,  la  faune  est  différente  : 
elle  a  plus  d'affinités  avec  celle  de  l'Ouest  de  la  France,  de  l'Angle- 
terre, de  l'Espagne  et  du  Portugal. 

Cette  interruption  de  communication  directe  entre  la  Scandi- 
navie se  continue  pendant  le  dépôt  de  l'étage  de  Bala  et  de  Caradoc. 

(1)  Ueber  die  Verbrcitung  der  Euloma-Niobe-Fauna  (dcr  Oratopygenkalkfauna) 
in  Europa.  Nyt.  Hag.  for  Naturtvdedsk,  t.  XXX,  p.  164. 

(2)  M.  Barrois  a  reconnu  la  faune  à  Euloma-Niobe  aux  environs  de  Barcelone. 
B.  S.  G.  F.,  (3),  XXVI,  p.  867. 


644     J.  BERGBRON.  —  ÉTUDE  DBS  TERRAINS  PALÉOZOlQUES 

Les  grès  du  Glauzy,  qui  sont  l'équivalent  des  grès  de  May,  ainsi  que 
les  schistes  et  calcaires  à  Orthis  Actoniœ  et  à  Cystidées,  se  rappor- 
tent au  faciès  de  l'Ouest  de  la  France,  de  l'Angleterre,  des  Pyrénées, 
et  de  l'Espagne.  ' 

En  résumé  pendant  l'Ordovicien  inférieur,  les  relations  entre  la 
Scandinavie  et  le  Languedoc  étaient  restées  les  mêmes  que  pendant 
le  Cambrien  moyen  et  probablement  supérieur.  A  partirde  l'Arenig 
supérieur,  le  Languedoc  semble  faire  partie  de  la  même  province 
que  toutes  les  régions  occidentales  de  l'Europe  (Angleterre,  Bre- 
tagne et  Normandie,  Pyrénées,  Espagne  et  Portugal). 

Gothlandien 

Le  Gothlandien  est  caractérisé,  dans  la  Montagne  Noire  comme 
partout,  par  ses  schistes  ampéliteux  noirs.  Ils  reposent  en  quelques 
rares  points  sur  les  schistes  et  calcaires  du  niveau  de  Bala  et  de 
Caradoc  :  près  du  mouliu  de  Faytis  dans  la  vallée  de  la  Peyne, 
près  du  mas  de  Lauriol  dans  la  vallée  du  ruisseau  de  Pitrous.  Us 
se  rencontrent  le  plus  souvent,  dans  les  écailles,  sur  un  niveau 
quelconque  de  l'Ordovicien,  ce  qui  tient  aux  laminages  subis  par 
les  horizons  siluriens,  lors  du  charriage  des  nappes  de  recou- 
vrement. 

Ils  sont  caractérisés  par  des  Graptolites  abondants  appartenant 
au  groupe  des  Monograptus.  Dans  son  étude  sur  les  Graptolites  de 
France,  M.  Barrois  a  signalé  les  espèces  suivantes  : 

Monograptus  priodon  Bronn. 

—  Bohémiens  Barr. 

—  colonus  Barr. 

—  Rœmeri  Barr. 

—  Nilsonni  Barr. 

Cette  dernière  espèce  est  parfois  très  abondante.  Il  en  est  de 
même  pour  Cardiola  interrupta  Sow. 

Au  milieu  des  schistes,  il  y  a  des  amandes  d'un  calcaire  noir, 
riche  en  pyrite,  très  dur,  faisant  feu  au  marteau.  Elles  sout  alignées 
aux  mêmes  niveaux,  se  faisant  suite  les  unes  aux  autres  de  manière 
à  dessiner  des  horizons.  Quand  elles  ont  été  exposées  pendant  long- 
temps à  l'air,  elles  s'altèrent  à  la  surface  et  prennent  une  colora- 
tion rougeâtre  qui  provient  de  l'oxydation  de  la  pyrite  et  de  la 
formation  d'oxyde  de  fer  hydraté;  cette  oxydation  d'ailleurs  est 
toute    superficielle.    Ces   amandes,  dont  les  plus   volumineuses 


ET  DE  LA  TECTONIQUE  DE  LA   MONTAGNE  NOIRE  645 

n'atteignent  jamais  un  mètre  cube,  sont  des  concrétions  qui  se  sont 
formées  autour  d'organismes  calcaires  tels  que  Cardiola  interrupta 
ou  de  nombreux  fragments  d'Oi  thocères.  Parfois  elles  sont  criblées 
de  M.  priodon  Bronn.,  qui  se  dessinent  en  noir  dans  un  calcaire 
blanc  ou  gris  clair. 

Ces  schistes  noirs,  à  leur-partie  supérieure,  se  chargent  de  plus 
en  plus  de  calcaire.  Celui-ci  finit  par  former  des  lits  dont  l'épais- 
seur augmente  progressivement.  Finalement  ce  n'est  plus  qu'une 
formation  de  calcaire  gris  remarquable  par  la  richesse  de  sa 
faune.  Les  espèces  suivantes  y  ont  été  rencontrées  : 

Orthoceras  styloideum  Barr. 

—  severum  Barr. 

—  originale  Barr. 
Tuhina  patula  Barr. 
Cardiola  interrupta  Sow. 

—  Bohemica  Barr. 
S  lava  bohemica  Barr. 
Maminka  comata  Barr. 
Arethusina  Konincki  Barr. 
Spirifer  sulcatus  Hisi ng. 
Atrypa  Sapho  Barr. 

—  hircina  Barr. 

—  Philomela  Barr. 

—  Megœra  Barr.  (sp.). 
Strophomena,  nombreux. 

Il  est  donc  possible  dans  le  Languedoc  de  faire  deux  subdivi- 
sions dans  le  Gothlandien,  subdivisions  qui  doivent  correspondre 
à  celles  que  BaTande  a  admises  en  Bohême.  D'ailleurs  toutes  les 
espèces  reconnues  jusqu'à  présent  dans  la  division  supérieure  du 
Languedoc  existent  en  Bohême.  Il  semble  donc  qu'à  la  fin  du 
Silurien  les  relations  directes  entre  les  deux  régions  se  soient 
rétablies;  mais  les  affinités  avec  la  Scandinavie  étaient  moins 
grandes  qu'au  commencement  de  l'Ordovicien. 

Le  Gothlandien  n'est  connu  dans  la  Montagne  Noire  qu'en  un 
nombre  restreint  de  gisements:  sur  toute  la  bordure  de  l'écaillé  de 
Laurens-Gabian  ;  en  bordure  de  l'écaillé  du  Falgairas,  du  côté  de 
Cabrières  comme  du  côté  de  Vailhan.  Dans  tous  ces  gisements  on  a 
aflaire  à  des  écailles  ;  le  Gothlandien  n'a  jamais  été  trouvé  en  place 
sur  le  versant  méridional  de  la  Montagne  Noire.  Il  semble  donc  que 
là  où  il  est  connu,  il  ait  été  entraîné  de  régions  situées  plus  au  sud 
que  celles  où  il  se  rencontre  actuellement. 


646  J.   BERGER0N.   —  ÉTUDR  DES  TERRAINS  PALÉ0Z0ÎQUE8 

La  disparition  du  Gothlandien  pourrait  avoir  deux  causes  diffé- 
rentes. 

Là  où  les  couches  dévoniennes  sont  eu  place,  c'est-à-dire  le  long 
de  la  vallée  du  Jaur  et  de  l'Orb,  dans  les  anticlinaux  qui  s'étendent 
de  Faugères  à  Villeneuvette,  dans  l'anticlinal  de  Roquebrun,  elles 
reposent  directement  et  indifféremment  sur  les  schistes  du  Potsda- 
mien  et  sur  ceux  de  l'étage  de  Trémadoc.  Il  y  a  donc  indépendance 
du  Dévonien  par  rapport  à  l'Ordovicien  et  au  Cambrien.  Comme 
les  massifs  dans  lesquels  on  observe  de  pareilles  lacunes  n'ont  pas 
eu  à  subir  d'autres  efforts  que  ceux  décompression  et  que  d'autre 
part  le  Gothlandien  existe  sur  le  versant  septentrional  de  la  Mon- 
tagne Noire,  il  est  vraisemblable  que  si  la  série  silurienne  y  était 
complète,  on  en  trouverait  trace  en  un  point  quelconque;  il  faut 
donc  admettre  :  ou  que  la  série  s'est  déposée  complète,  mais  qu'elle 
a  été  enlevée  en  partie  par  érosion  avant  le  dépôt  du  Dévonien 
inférieur,  ou  que  déjà  pendant  le  Silurien,  il  s'était  produit  un 
soulèvement  par  suite  duquel  les  derniers  étages  de  ce  terrain  ne 
se  sont  pas  déposés.  De  toutes  façons,  il  est  probable  qu'il  y  a  eu  un 
mouvement  du  sol  antérieur  au  Dévonien  dans  la  région  de  la  Mon- 
tagne Noire  qui  avoisine  le  massif  gneissique  ou  qui  le  constitue. 

D'après  la  composition  des  écailles,  le  Gothlandien  s'est  déposé 
sur  la  série  ordovicienne  dans  la  région  méridionale  d'où  provient 
la  nappe  de  recouvrement;  mais  lors  du  charriage,  il  a  disparu,  en 
de  nombreux  points,  par  laminage. 

Dévonien  inférieur 

Sur  les  calcaires  gris  du  Gothlandien  supérieur  qui  se  voient  au 
fond  de  la  Combe  Izarne  près  Cabrières  et  qui  forment  le  soubas- 
sement du  plateau  du  Falgairas,  reposent  en  concordance  de  stra- 
tification, des  grès  de  couleur  légèrement  rosée  ou  brunâtre,  due 
aux  oxydes  de  fer  qu'ils  renferment.  Jusqu'à  présent  ces  grès  n'ont 
fourni  comme  fossiles  que  des  moules  de  tiges  d'Encrines  et  quel- 
quefois des  fragments  de  ces  tiges.  Leur  épaisseur  ne  dépasse  guère 
une  dizaine  de  mètres. 

La  présence  de  ces  Encrines  n'est  pas  suffisante  pour  permettre 
une  assimilation  d'âge  ;  mais  il  est  à  remarquer  que  dans  le  Hartz, 
le  Dévonien  débute  par  de  semblables  grès  à  Encrines,  correspon- 
dant au  Gedinnien.  Etant  données  les  nombreuses  analogies  qui 
existent  pour  le  Dévonien  entre  le  Languedoc  et  le  Hartz,  ainsi  que 
je  le  démontrerai  plus  loin,  il  y  a  grande  probabilité  que  les  grès 
du  Falgairas  soient  gédinniens. 


ET  DE  LA  TECTONIQUE  DE  LA  MO  NT  AG  SB  NOIRE        647 

De  semblables  grès  se  rencontrent  encore  entre  le  Gothlandien 
et  la  dolomie  dévonienne  du  côté  de  Laurens. 

Le  plus  souvent,  ils  n'existent  pas  à  la  base  du  Dévonien  qui 
débute  par  des  calcaires  dolomitiques,  finement  grenus,  de  couleur 
grise  ou  bleu  gris;  quelquefois  ils  sont  pulvérulents  et  rappellent  à 
s'y  méprendre  les  dolomies  sableuses  de  l'Infralias  et  du  Jurassique 
moyen.  On  n'y  a  jamais  trouvé  que  des  moules  de  Brachiopodes, 
absolument  indéterminables,  ainsi  que  des  tiges  d'Encrines.  Dans 
ces  conditions  il  est  impossible  de  préciser  l'âge  de  ces  dolomies. 
Mais  comme  elles  sont  immédiatement  inférieures  aux  bancs 
calcaires  renfermant  le  Spirifer  cultrijugatus  F.  Rœmer  et  supé- 
rieures aux  grès  qui  pourraient  être  gedinniens,  il  est  naturel  d'en 
faire  l'équivalent  du  Coblentzien. 

Quand  les  assises  sont  en  place,  l'épaisseur  de  la  dolomie  est  de 
100  à  200  mètres.  Mais  dans  les  écailles,  là  où  il  y  a  eu  des  com- 
pressions et  parfois  des  laminages,  cette  épaisseur  est  très  variable 
et  peut  se  réduire  à  quelques  mètres. 

Dévonien  moyen 

A  leur  partie  supérieure  ces  dolomies  passent  à  des  calcaires 
grenus,  puis  à  des  calcaires  faiblement  argileux.  Alors  la  stratifi- 
cation s'accuse  de  plus  en  plus.  Ce  sont  finalement  des  alternances 
de  bancs  calcaires  plus  ou  moins  marneux,  parfois  très  fossilifères. 
Les  Polypiers  sont  nombreux  surtout  à  la  base  des  calcaires  ;  la 
silice  s'est  souvent  concentrée  autour  d'eux  ;  de  là  leur  nom  de 
Calcaires  à  Polypiers  siliceux. 

La  faune  est  très  riche.  Les  espèces  les  plus  importantes  sont 
Spirifer  cultrijugatus  F.  Rœm.,  et  Calceola  sandalina  Lamk.,  parce 
qu'elles  permettent  de  déterminer  ces  calcaires  comme  appartenant 
à  l'Eifélien.  Mais  il  y  a  encore  abondance  de  : 

Phacops  occitanicus  Trom.  Grasset. 
Bronteus  meridionalis  Trom.  Grasset. 
Orthis  striatula  Schl. 
Strophomena  rhomboidalis  Wahl. 
Atrypa  reticularis  Lin. 

—     aspera  Schl. 
Uncinulus  Orbignyanus  Vern.  sp. 
Pentamerus  Œhlerti  Barrois  var.  Languedociana  Trom. 

Grass. 
Spirifer  cabedanus  Vern.  var. 


648     J.  BERGERON.  —  ÉTUDE  DES  TERRAINS  PALÉOZOÏQUES 

Spirifer  Gerolsteinensis  Stein. 
Heliolites  porosa  Larak. 
Amplexus  annulatus  M.  Edw.  et  H. 
Zaphrentis  gigantea  Lesueur. 
Phillipsastrea  Hennahi  M.  Edw.  et  H. 

—  cantabrica  M.  Edw.  et  H 

Cyatfwphyllum  helianthoides  Goldf. 
Favosites  Goldf  iissi  M.  Edw.  et  H. 

—       fibrosa  Goldf. 
Alvéolites  subœqualis  Mich. 

Je  n'ai  cité  dans  cette  liste  déjà  nombreuse  que  les  espèces  que 
j'ai  trouvées  moi-même  dans  ces  assises.  M.  Barrois,  qui  d'ailleurs, 
a  le  premier  précisé  l'âge  de  ces  calcaires  (1),  d'après  des  fossiles 
qui  lui  avaient  été  envoyés,  a  donné  une  liste  un  peu  différente,  par 
suite  de  confusions  de  niveaux  faites  par  l'envoyeur.  M.  Frech  (2), 
a  étudié  ce  même  horizon,  comme  d'ailleurs  tout  le  Dévonien  de 
Cabrières  avec  un  très  grand  soin  ;  mais,  même  après  avoir  examiné 
sur  place  les  niveaux  qu'il  a  cru  devoir  établir  dans  le  Dévonien 
du  Languedoc,  je  ne  puis  admettre  sa  classificaiion.  Il  voit  dans 
ces  calcaires  à  Polypiers  siliceux  trois  niveaux:  l'un  correspondant 
bien  au  niveau  à  Spir.  cultrijugatus  et  cantonné  à  la  Combe  d'Izarne  ; 
au-dessus  viendrait  le  calcaire  siliceux  de  Ballerades  ;  enfin  le  Dévo- 
nien moyen  serait  terminé  par  les  calcaires  en  dalles  de  Bataille  ou 
par  le  calcaire  ferrugineux  du  Pic  de  Bissous.  J'ai  déjà  dit  (3)  pour- 
quoi je  considère  les  calcaires  de  la  Combe  Izarne,  de  Ballerades  et 
de  Bataille  comme  de  même  âge  ;  je  n'y  reviendrai  pas.  Je  ferai 
remarquer  que  M.  Frech  lui-même  dans  son  tableau  de  la  p.  172 
de  son  dernier  travail  signale  une  dizaine  d'espèces  communes 
aux  niveaux  de  la  Combe  Izarne  et  de  Ballerades  ;  les  différences 
qui,  dans  ces  conditions,  subsistent  entre  les  deux  gisements 
sont  purement  locales.  Les  calcaires  de  Bataille  correspondraient 
aux  assises  tout  à  fait  supérieures  du  calcaire  à  Polypiers  siliceux  ; 
peut-être  même  renfermeraient-ils  déjà  quelques  espèces  du  Givé- 
tien.  Quant  aux  calcaires  ferrugineux  du  Pic  de  Cabrières,  ils  foui 
partie  du  Givétien,  ou  même  de  la  base  du  Frasnien. 

Le  «  calcaire  de  Japhet  à  Phacops  fecundus  »  que  M.  Frech  range 
avec  doute  à  la  partie  supérieure  du  Dévonien  moyen,  n'est  autre 

(1)  Ann.  Soc.  Géol.  Nord,  t.  XIII,  1885,  p.  74. 

(2)  Zeitsch.  d.  d  Géol.  Gesell.,  1887,  p.  359.  —  Lethœa  palœozoica,  1. 1,  p.  172. 

(3)  B.  S.  G.  F.,  (3),  XVI,  1888,  p.  935.  -  Étude  du  massif  ancien  situé  au  sud 
du  Plateau  central,  1889,  p.  133. 


Et  DE  LA  TECTONIQUE  DE  LA  MONTAGNE  NOIRE  649 

chose  que  le  calcaire  de  la  Combe  Izaroe  et  de  Ballerades  à  Ptiacops 
occitanicus  Trora.  Grass.  ainsi  que  je  l'ai  dit  dès  1888  (1). 

C'est  également  à  ce  même  niveau  qu'il  faut  rapporter  le  a  Cal- 
caire siliceux  de  Bissounel  à  Ph.  Escoti  »  de  M.  Frech,  ce  Phacops 
n'étant  autre  chose  que  Ph.  occitanicus  Trom.  Grasset. 

A  ce  calcaire,  toujours  un  peu  grossier,  qui  représente  l'Eifélien 
entier,  bien  que  le  niveau  supérieur  à  Spir.  concentrions  Rœra., 
n'y  ait  pas  été  encore  reconnu,  succède  un  calcaire  blanc  spathi- 
que,  très  développé  au  Pic  de  Bissous  dont  il  constitue  le  point 
culminant.  Il  est  désigné  sous  le  nom  de  «  calcaire  blanc  du  Pic  ». 
La  faune  qui  y  a  été  trouvée  est  remarquablement  riche  ;  beaucoup 
d'espèces  sont  nouvelles  ou  bien  ce  sont  des  variétés  d'espèces 
connues  déjà  dans  le  Givétien  de  la  région  rhénane;  d'autres  au 
contraire  peuvent  être  assimilées  à  des  espèces  de  cette  dernière 
région.  Telles  sont  : 

Tornoceras  simplex  v.  Buch. 
Meneceras  terebratum  Sandb. 
Rhynchonella  crenulata  Sow. 

—  ascendens  Steining. 

Spiri/er  Maureri  Holz. 
Pentamerus  globus  Schw. 

Mais  il  en  est  d'autres  qui  appartiennent  à  la  faune  de  Konieprus 
de  Bohême,  comme  Spiri/er  indifférons  Barr.,  Atrypa  philomela  Barr. 
Dans  les  deux  régions  les  Polypiers  sont  nombreux,  et  tous  de 
petite  taille.  Ils  appartiennent  aux  genres  Amplexus,  Favosites, 
Petraia,  etc. 

Les  espèces  nouvelles  déjà  décrites  sont  :  Harpes  Escoti  J.  Berg., 
Phacops  Munieri  J.  Berg.,  Ph.  Houvtllei  J.  Berg.,  Cheiwrus  Lenoiri 
J.  Berg.,  Br  ont  eus  Gouzesi  J.  Berg.,  Rhynchonella  bissounensis 
J.  Berg.,  mais  il  en  est  bien  d'autres  que  je  ferai -connaître  prochai- 
nement dans  le  mémoire  paléontologique  qui  est  en  préparation. 

La  position  de  ces  calcaires  blancs  a  été  longtemps  discutée.  Me 
basant  sur  leur  position  stratigraphique  entre  le  niveau  à  Spirifer 
cultrijugatus  et  celui  à  Gephyroceras  intumescent,  je  les  assimilais 
au  Givétien  (2);  telle  ne  fut  pas  l'opinion  de  M.  Frech,  qui  crut  y 
reconnaître  la  faune  de  l'étage  F*  de  Mnenian  en  Bohême  ;  il  les  assi- 

(1)  B.  S.  G.  F.,  (3),  XVI,  18*8.  p,  944. 

(2)  Étude  paléontologique  et  stratigraphique  des  terrains  anciens  de  la  Monta- 
gne Noire  B  S.  G.  F.,  (3;,  XV,  1887,  p.  376. 


650  J.    BERGERON.    —  ETUDE  DES  TERRAINS  PALi0Z0lQUE8 

milait  ainsi  à  la  partie  supérieure  du  Dévooieu  inférieur  (1).  La  dis- 
cussion que  nous  eûmes  relativement  à  l'âge  de  ces  calcaires, 
M.  Frech  (2)  et  moi  (3),  ne  nous  fit  rien  modifier  à  notre  manière 
de  voir  à  tous  deux.  Depuis,  M.  Holzapfel,  dans  son  beau  travail  sur 
le  Dévonien  de  la  région  rhénane  (4),  exprima,  en  1895,  l'opinion 
que  le  calcaire  du  Pic  pourrait  bien  être  l'équivalent  de  la  partie 
supérieure  du  Dévonien  moyen.  En  1897  M.  Frech  (5)  a  repris  de 
nouveau  son  opinion  de  1887  et  maintint  toujours  le  calcaire  du  Pic 
à  la  partie  supérieure  du  Dévonien  inférieur.  Il  est  certain  qu'il 
existe  entre  les  calcaires  de  Konieprus  et  ceux  dits  du  Pic  une 
identité  frappante  de  faciès.  Mais  ce  caractère  ne  suffit  pas  ;  l'étude 
des  récifs  jurassiques  a  montré  qu'un  même  faciès  pouvait  se  con- 
server sinon  identique  à  lui-même,  du  moins  très  peu  différent, 
pendant  de  longues  périodes,  alors  que  les  faunes  et  en  particulier 
la  faune  ammonitique,  en  dehors  de  la  zone  récif  aie,  étaient  suscepti- 
bles de  grands  changements.  C'est  ainsi  que  la  présence  de  quel- 
ques rares  Céphalopodes,  sur  le  bord  des  récifs  jurassiques,  a 
permis  d'y  distinguer  des  étages  qui ,  sans  cette  circonstance , 
auraient  passé  inaperçus.  Heureusement  qu'à  partir  du  Dévonien 
les  Céphalopodes  de  la  famille  des  Goniatites  vont  devenir  nom- 
breux et  leur  rencontre  permettra  de  préciser  l'âge  des  couches 
dans  lesquelles  apparaîtront  certains  genres  de  Goniatites.  Dans 
les  calcaires  blancs  du  Pic  se  voient  des  Meneceras  (6)  et  des 
Tornoceras  associés  à  la  faune  déjà  citée.  D'après  Holzapfel  (7)  ces 
deux  genres  ne  se  montrent  que  dans  le  Dévonien  moyen,  le  pre- 
mier étant  cantonné  pour  ainsi  dire  dans  la  partie  supérieure  du 
Dévonien  moyen  (Givétien).  La  présence  de  ces  genres  dans  le  cal- 
caire du  Pic,  s'il  appartenait  au  Dévonien  inférieur,  serait  tout  à  fait 
extraordinaire,  tandis  qu'elle  est  très  naturelle  s'il  est  Givétien. 
Si  la  découverte  annoncée  par  M.  de  Rou ville  (8)  du  Strïngoce- 

(1)  Die  palœozoischen  Bildungen  von  Cabrières  (Languedoc).  Zeitschd.  d.  Géol. 
Gesell.,  Jahrg,  1887,  p.  406. 

(2)  Frech.  op.  cit.,  p.  459. 

(3)  Réponse  au  Dr  Frech.  B.  S.  G.  F.,  (3),  XVI,  1888,  p.  940.  —  Étude  géolo- 
gique du  massif  ancien  situé  au  sud  du  Plateau  central,  1889,  p.  133. 

(4)  Das  obérera  Mitteldevon  im  Rheinischen   Gebirge.  —  Abhandl.  d.  k.  Pr. 
geol.  Landesanstalt,  1895,  p.  427. 

(5)  Lelhœa  palseozoica,  t.  1,  p.  197. 

(6)  Hauo  (Etude  sur  les  Goniatites.  Mém.  paléont.  Soc.  Géol.  Fr.  N*  18,  p.  56). 
cite  de  Cabrières  Meneceras  terebratum  Sandb.  et  Tornoceras  simplex  v.  Bucb. 

(7)  Op.  cit.,  p.  426. 

(8)  Âc.  Se.  et  Lettres  de  Montpellier.  Section  des  sciences.  Extrait  du  procès- 
verbal  de  la  séance  du  9  juillet  1894. 


ET  DE  LA  TECTONIQUE  DE  LA  MONTAGNE  NOIRE  651 

phalus  Burtini  dans  ces  calcaires  se  confirme,  la  question  serait 
définitivement  tranchée  conformément  à  ma  manière  de  voir. 

Très  fréquemment,  dans  ces  calcaires  blancs,  se  voient,  sur  de 
grandes  longueurs,  des  bandes  cariées,  de  coloration  rouge  ;  il  s'est 
produit  une  dissolution  du  calcaire  en  même  temps  qu'une  oxyda- 
tion et  une  hydratation  des  sels  de  fer  qu'il  contenait.  J'aurai 
occasion  de  revenir  plus  loin  sur  ces  accidents  dont  la  direction 
est  d'ailleurs  sensiblement  parallèle  à  celle  des  plis  ou  des  cassures. 

Ces  calcaires  givétiens  affleurent  dans  toutes  les  bandes  dévo- 
niennes;  mais  le  plus  souvent,  ils  ne  sont  pas  fossilifères  et  ne  se 
laissent  reconnaître  qu'à  leur  couleur  blanche  et  à  leurcristallinité 
plus  grande  que  celle  des  autres  dépôts  dévoniens.  Les  gttes  fossili- 
fères sont  abondants  autour  de  Cabrières  ;  on  en  connaît  au  Pic  de 
Bissous,  à  la  colline  de  Ballerades,  à  celles  de  Japhet  I,  deTourière, 
de  Bataille  et  de  la  Serre.  Un  gite  très  riche  se  trouve  au  Mont 
Peyroqx  au  sud-est  de  Roquebrun. 

Si  l'on  compare  les  séries  eifélienne  et  givétienne  du  Languedoc 
à  celles  de  l'Allemagne,  elles  paraissent  pouvoir  se  paralléliser  dans 
leur  ensemble  les  unes  avec  les  autres.  Je  ne  doute  pas  qu'à  la 
suite  des  études  de  détail  que  je  vais  entreprendre  maintenant,  le 
parallélisme  ne  soit  complet. 

• 

Dévonien  supérieur 

Au  Pic  de  Bissous  les  calcaires  blancs  givétiens  se  coloreot  en 
rouge  à  leur  partie  supérieure  ;  à  partir  d'un  certain  niveau  appa- 
raissent des  Goniatites  appartenant  au  genre  Gephyroceras,  C'est  lui 
qui  permet  de  reconnaître  lé  Dévonien  supérieur.  Mais  parfois  les 
calcaires  frasniens,  au  lieu  d'être  roses  ou  roiiges  sont  noirs  et 
donnent,  sous  le  marteau,  une  odeur  fétide.  Ces  calcaires  noirs 
peuvent  être  compacts  ou  schisteux.  La  faune  que  l'on  rencontre 
dans  ce  Frasnien  est  la  suivante  : 

Tornoceras  simpleœ  v.  Buch., 
Gephyroceras  intumescens  Beyrich., 
Orthoceras  en  débris, 
Cardiola  Nehdensis  Kays., 
Camarophoria  sp. 

Parfois  les  fossiles  sont  groupés  par  places  et  tout  autour  le 
calcaire  s'est  concrétiooné  de  telle  sorte  qu'il  forme  ce  que  les 
géologues  locaux  appellent  des  galettes;  elles  rappellent  à  s'y 


652  J.   BERGEKON.    —  ÉTUDE   DE8  TERRAINS  PALÉOZOÏQUES 

méprendre  les  concrétions  calcaires  du  Gothlandien;  mais  elles 
sont  bien  moins  dures,  se  fendent  suivant  le  plan  de  dépôt  des  fos- 
siles et  émettent  une  odeur  fétide,  caractères  qui  permettent  de  les 
distinguer  ;  elles  sont  toujours  très  riches  en  fossiles  ou  en  débris 
de  fossiles  :  Orthoceras,  Tornoceras  simplex  v.  Buch,  Avicules,  etc. 
Ces  calcaires  rouges  ou  noirs  sont  recouverts  par  des  calcaires 
noirs  ou  bleu  foncé,  vacuolaires,  dans  les  vacuoles  desquels  se 
voient  des  Goniatites  ferrugineuses,  toujours  de  petites  dimensions. 
Elles  sont  remarquablement  nombreuses.  Voici  la  liste  des  espèces 
qui  y  ont  été  recueillies  tant  par  M.  Frech  que  par  moi  : 

Tornoceras  simplex  v.  B., 
Gephyroceras  retrorsum  v.  B. 
Beloceras  mullilobalum  Beyr. 

—       Kayseri  Holzap. 
Chiloceras  amblylobum  Sab., 

—  subpartitum  Mstr. 

—  planilobum  Sbd., 

—  oxyacantha  Sdb., 

—  curvispina  Sdb., 

En  plus  de  ces  Céphalopodes,  il  y  a  des  Acéphales  nombreux,  tels 
que  Cardiola  Nehdensis  Kayser,  Cardiola  tenuistriata  Goldf .,  Cardiola 
retrostriata  V.  Buch.  11  est  certains  bancs  qui  sont  couverts  d'exem- 
plaires de  cette  dernière  espèce. 

Le  plus  souvent  les  fossiles  qui  primitivement  étaient  pyriteux 
sont  à  l'état  d'hydroxyde.  Ils  se  rencontrent  dégagés  dans  des 
vacuoles  comme  si  le  calcaire  avait  été  dissous  à  leur  contact. 

Il  y  a,  comme  je  l'ai  dit,  passage  insensible  des  calcaires  noirs  ou 
rouges  à  Gephyroceras  intumescens  aux  calcaires  noirs  ou  rouges  à 
Chiloceras  curvispina  Sbd.  Il  est  impossible  de  mettre  une  ligne  de 
démarcation  entre  les  deux.  Néanmoins  les  Gephyroceras  sont  plutôt 
cantonnés  à  la  base,  tandis  que  dans  les  couches  supérieures  il  y  a 
un  grand  nombre  de  Chiloceras  et  de  Tornoceras. 

Dans  les  calcaires  noirs  se  développent  parfois  des  concrétions 
siliceuses  noires  ;  leur  forme  est  irrégulière  mais  toujours  aplatie  ; 
elles  ne  forment  jamais  des  lits  continus,  et  se  distinguent  ainsi 
des  lydieunes  du  Carbonifère  inférieur  dont  il  sera  question  plus 
loin;  ce  sont  uniquement  des  accidents  siliceux,  dus  sans  doute, 
comme  ces  dernières,  à  des  dépôts  siliceux,  provenant  de  la  très 
grande  abondance  des  Radiolaires. 

La  superposition  des  couches,  telle  que  je  viens  de  l'indiquer,  est 


ET  DE  LA  TECTONIQUE  DE  LA   MONTAGNE  NOtRE  653 

parfaitement  nette  au  Pic  de  Bissous,  à  la  colline  de  Ballerades,  à 
celles  de  Tourière,  de  Japhet,  et  de  la  Serre,  dans  la  Combe  Izarne; 
il  n'y  a  pas  de  doute  relativement  à  la  superposition  de  ces  niveaux, 
M  est  nécessaire  toutefois  de  faire  remarquer  qu'en  plusieurs  points 
tels  que  le  Pic  de  Bissous,  la  colline  de  Japhet,  il  y  a  eu  des  renver- 
sements de  couches  et,  par  suite,  Tordre  de  superposition  est  inverse 
de  celui  que  je  viens  de  donner. 

Kayser  et  Frech  ont  établi  et  soutenu  à  plusieurs  reprises  l'exis- 
tence de  cette  superposition  (i);  cependant  il  y  a  peu  de  temps 
encore,  M.  Haug  (2)  a  émis  l'hypothèse  que  les  couches  à  Chiloceras 
curvispina  n'étaient  qu'un  faciès  argileux  des  calcaires  à  Clyménies. 
Mais  à  Cabrières  elles  sont  constituées  par  du  calcaire  et  le  faciès 
lithologique  est  celui  des  calcaires  à  Gcph.  intumescens. 

A  cette  série  de  calcaires  noirs  succèdent  des  calcaires  très  com- 
pacts susceptibles  de  prendre  le  poli  et  d'être  employés  comme 
marbres.  (Pour  la  succession  des  niveaux  du  Dévonien  supérieur  et 
du  Carbonifère  inférieur  voir  PI.  XVIII)  (3).  On  y  voit  en  très 
grand  nombre  des  nodules  rouges  se  détachant  sur  un  fond  rouge 
d'un  autre  ton  :  de  là  le  nom  de  marbres  griottes  (cerises).  Ces 
nodules  ne  sont  souvent  autre  chose  que  des  Goniatites  (Chiloceras). 
Les  Clyménies,  qui  apparaissent  pour  la  première  fois,  sont  moins 
nombreuses  que  les  Goniatites,  mais  elles  peuvent  atteindre  de  très 
grandes  dimensions,  jusqu'à  quinze  centimètres  de  diamètre.  Géné- 
ralement, ces  fossiles  font  corps  avec  la  roche  de  telle  sorte  qu'il 
est  très  difficile  de  les  en  détacher.  Les  espèces  les  plus  fréquentes 
sont  les  suivantes  (4)  : 

Clymenia  (Cyrtoclymenia)  angustiseptata  Mstr. 

—  —  flexuosa  Mstr. 

—  —  binodosa  Mstr. 

—  —  Dunkeri  Mstr. 

—  —  lœvigata  Mstr. 

—  (Oxyclymenia)  undulata  Mstr. 

—  —  striata  Mstr. 

—  (Gonioclymenia)  speciosa  Mstr. 

En  plus  des  Clyménies,  on  y  rencontre  des  Orthocères,  des  Gastro- 
podes indéterminables  et  des  Petraia. 

(1)  Frech  a  été  le  premier  a  la  signaler  a  Cabrières.  Loc.  cit.,  p.  442. 
(t)  Etude  sur  les  Goniatites.  Uém.  Paleont.  Soc.  Géol.  Fr.,  nu  18,  p.  59. 

(3)  Dans  cette  coupe,  donnée  par  la  vallée  du  ruisseau  de  Laurenque,  Tordre  de 
superposition  des  couches  est  inversé  par  suite  d'un  déversement  vers  le  nord. 

(4)  Frech.  Die  palcdozoischen  Bildungen  von  Cabrières,  p.  448. 

18  Août  1901.  —  T.  XXVII.  Bull.  Soc.  Géol.  Fr.  —  42 


654  J.   BERGERON.    —   ÉTUDE  DES  TERRAINS  PALÉOZOÏQUES 

A  ces  calcaires  noduleux  en  sont  associés  d'autres  de  couleurs 
variées,  renfermant  des  stromatopores  et  identiques  à  certains 
marbres  exploités  en  Belgique  à  ce  même  niveau. 

La  variété  de  marbre  dite  Campan  est  rare  dans  le  Languedoc. 

Il  arrive  fréquemment,  étant  données  les  fortes  compressions 
qu'ont  subies  les  terrains  anciens  dans  la  Montagne  Noire,  que 
certaines  parties  argileuses  intercalées  dans  les  calcaires  sont  deve- 
nues schisteuses;  dans  ces  conditions,  les  marbres  se  débitent 
d'eux-mêmes  en  fragments  de  faibles  dimensions  et  par  suite  ne 
peuvent  être  exploités  comme  pierres  d'ornementation.  Ces  acci- 
dents schisteux  sont  fréquents  dans  les  griottes  de  la  Montagne 
Noire,  aussi  les  exploitations  de  marbre  y  sont-elles  rares. 

La  série  dévonienne  se  continue  par  d'autres  calcaires  noduleux 
de  couleur  grise  :  les  nodules  sont  généralement  de  même  ton  que 
le  fond  de  la  roche.  Mais  fréquemment  des  parties  schisteuses 
jaunes  se  développent  au  milieu  de  la  masse  calcaire.  Alors  la  roche 
prend  l'aspect  du  niveau  à  Cypridines  du  Dévonien  tout-à-fait 
supérieur  du  Hartz.  L'analogie  est  encore  bien  plus  complète  dans 
les  parties  où  la  roche  est  très  riche  en  schistes  et  où  les  nodules 
calcaires  ont  disparu  par  dissolution. 

Les  fossiles  y  sont  très  rares.  J'y  ai  trouvé  des  sections  de  grands 
Orthocères,  de  Goniatites  et  de  Clyménies  indéterminables  spécifi- 
quement. Ces  calcaires  gris,  par  suite  de  leur  structure  noduleuse 
comparable  à  celle  des  griottes,  ont  reçu  dans  le  pays  le  nom  de 
«griottes  gris  ». 

Sous  l'action  des  pressions  qu'ont  subies  les  assises  dévoniennes, 
leurs  nodules  calcaires  se  sont  orientés  et  la  structure  dite  Kramen- 
zelstructure  par  les  Allemands  s'y  est  produite  (1).  Parfois  les  nodules 
calcaires  se  sont  dissous  ;  il  en  résulte  que  ces  horizons  du  Famen- 
nien  présentent  le  même  aspect  que  les  calcschistes  acadiens  décal- 
cifiés dont  j'ai  parlé  plus  haut. 

Carbonifère 

Les  calcaires  avec  schistes,  que  j'assimile  au  niveau  à  Cypridines 
de  l'Allemagne,  sont  recouverts  en  concordance  de  stratification  par 
une  masse  puissante  d'une  trentaine  de  mètres  de  schistes,  de 
lydienne,  d'adinole  (2)  et  de  calcaire.  Ces  roches  ne  forment  jamais 

(1)  Elle  a  déjà  été  signalée  par  M.  Frecb  dans  le  Languedoc.  Die  Palmozoischen 
Bildungen  von  Cabrières,  p.  466. 

(2)  D'après  Zirckel  {Lehrb.  der  Pétrographie,  t.  III,  p.  561)  il  faut  conserver 
ce  nom  à  une  sorte  de  jaspe  renfermant  jusqu'à  10  %  de  sodium  et  jamais  plus 


ET  DI  LA  TECTONIQUE  DE  LA  MONTAGNE  NOIRE  6&t 

que  des  lits  d'une  épaisseur  de  quelques  centimètres  ;  puis  des  cou- 
ches calcaires  viennent  s'intercaler  en  augmentant  d'épaisseur  à 
mesure  que  l'horizon  est  plus  élevé  dans  la  série. 

Dans  les  lydiennes,  il  s'est  formé  des  nodules  siliceux,  à  peine 
plus  épais  que  les  lits,  dans  l'intérieur  desquels  il  y  a  des  traces 
de  fossiles,  le  plus  souvent  indéterminables  :  ce  sont  des  débris 
d'Orthocères  et  de  Céphalopodes  dibranchiaux.  Dans  quelques-uns 
de  ces  nodules  j'ai  pu  reconnaître  à  la  forme  de  leurs  cloisons  des 
Glyphioceras,  genre  caractéristique  du  Carbonifère  inférieur. 

Mais  la  faune  la  plus  riche  de  ce  niveau  est  celle  des  Radiolaires. 
M.  Rûst  (1)  en  compte  vingt-cinq  espèces  dont  les  genres  ont  été 
déjà  rencontrés  dans  le  Carbonifère  d'autres  régions. 

On  doit  encore  à  M.  Rûst  la  connaissance  de  ce  fait  fort  curieux, 
que  beaucoup  de  ces  nodules,  naturellement  les  plus  riches  en 
débris  organiques,  ont  une  teneur  en  phosphate  de  chaux  qui  peut 
atteindre  jusqu'à  73,65  %. 

Les  bancs  calcaires  qui  augmentent  en  nombre  et  enépiisseur 
à  la  partie  supérieure,  sont  de  couleur  grise,  parfois  gris  bleu;  ils 
sont  comparables  comme  aspect  à  ceux  du  Viséen.  Jusqu'à  présent 
les  fossiles  qui  y  ont  été  trouvés  consistent  en  fragments  de  tiges 
d'Encrines  et  en  Céphalopodes  tellement  écrasés  qu'il  est  impos- 
sible d'avoir  aucune  idée  du  genre  auquel  ils  appartiennent. 

Au  Pic  de  Cabrières,  ces  mêmes  calcaires  forment  sur  la  face 
sud  des  abrupts,  dans  lesquels  se  dessinent  des  parties  saillantes 
en  forme  de  colonnes,  par  suite  de  l'existence  de  rigoles  profondes 
qui  ont  été  creusées  par  les  eaux  sauvages  :  de  là  le  nom  de  «  cal- 
caires à  colonnes  »  sous  lequel  ils  sont  connus  dans  la  région. 

Puis  progressivement  et  très  rapidement  les  schistes  finissent  par 
former  la  seule  roche.  Us  sont  légèrement  argileux  ;  par  laminage, 
ils  deviennent  lustrés  et  peuvent  alors  être  confondus  avec  les 
schistes  siluriens.  D'autres  fois,  ils  ont  subi  une  simple  compres- 
sion et  sont  devenus  pour  ainsi  dire  fibreux;  c'est  la  variété  dite 
schistes  xytoldes  par  M.  Rouville.  Us  sont  très  rarement  fossilifères. 
Le  principal  gisement  se  trouve  sur  la  route  de  Faugères  à  Gabian, 
au  niveau  de  Roquessels.  M.  Escot  et  moi  y  avons  recueilli  des 

de  2  %  de  potassium.  C'est  une  roche  de  précipitation  chimique.  En  France  nous 
employons  ce  nom  pour  désigner  une  roche  métamorphique  provenant  de  l'action 
des  diabases  sur  des  schistes  (de  Lapparent.  Traité  de  géologie,  4*  édition,  1900, 
p.  713).  Ici  il  ne  peut  être  question  de  métamorphisme. 

(1)  Beitrage  zur  Kenntniss  der  fossilen  Radiolarien  ausGestelnen  der  Trias  und 
der  palaeozolschen  Schichten.  PaUeontograpMca,  t.  XXXVIII,  p»  107, 1891-189Î. 


656  J.   BERGBRON.   —  ETUDE  DES  TERRAINS  PALÉ0Z0ÎQUB8 

fossiles  mal  conservés,  surtout  des  moulages,  d'après  lesquels  j'ai 
pu  reconnaître  les  espèces  suivantes  (1)  : 

Spirifer  tornacensis  de  Kon., 
Productus  semireticniatus  Mart. 
Posidonia  Becheri  Bronn. 

J'ai  recueilli  en  quelques  autres  points  des  fragments  de  Posi- 
donia, et  surtout  de  tiges  d'Encrines. 

Par  places  se  voient  des  bancs  gréseux  formés  de  la  roche  que  les 
Allemands  désignent  sous  le  nom  de  grauwacke(2).  Enfin,  au  milieu 
des  schistes,  se  suivent,  parfois  sur  de  grandes  longueurs,  des  bancs 
de  poudingues  à  petits  galets  blancs  (quartz)  et  noirs  (lydienne). 

Tout  cet  ensemble  est  identique  au  Cul  m  d'Allemague  et  en  par- 
ticulier à  celui  du  Hartz.  C'est  l'équivalent  du  Tournaisieu.  Il  pré- 
sente une  épaisseur  de  plusieurs  centaines  de  mètres  et  affleure  sur 
de  très  grandes  surfaces. 

C'est  sans  doute  encore  à  cet  étage  qu'il  faut  rattacher  des  grès  à 
Phillipsia,  avec  débris  de  végétaux  qui  terminent  cette  série  schis- 
teuse. D'après  M.  Zeiller  (3),  ces  végétaux  seraient  : 

Lepidodendron  Weltheimianum  Stem. 

—  Glineanum  Eich. 

Archseocalamites  f 

Le  Carbonifère  marin  se  termine  par  des  calcaires  gris,  parfois 
très  épais,  dans  lesquels  les  fossiles  sont  généralement  abondants 
et  incontestablement  d'âge  viséeu,  le  Productus  giganteus  Martin  se 
fait  remarquer  par  les  dimensions  et  le  grand  nombre  de  ses  exem- 
plaires. Les  autres  fossiles  sont  : 

Productus  striatus  Fisch., 

—       semireticulalm  Martin, 
Spirifer  bisulcatus  Sow., 

(1)  Étude  du  versant  méridional  de  la  Montagne  Noire.  JB.  S.  G.  F.,  (3),  XXVI, 
p.  472,  1898. 

(2)  Sous  le  nom  de  Grauwacke,  on  désigne  en  France  des  <  schistes  originaire- 
ment siliceux  et  calcaires,  mais  ultérieurement  décalcifiés  et  oxydés,  avec  cavités 
produites  par  la  disparition  du  carbonate  de  chaux  ».  (de  Lapparent.  Traité  de 
Géologie.  4*  édition,  1900,  p.  690).  La  roche,  à  laquelle  les  géologues  allemands  don- 
nent ce  même  nom,  est  un  grès  compact,  siliceux,  de  couleur  verte,  exploité  pour 
l'empierrement  des  routes.  Les  deux  roches,  bien  que  désignées  de  même,  sont 
donc  très  différentes.  11  serait  à  désirer  que  les  Congrès  internationaux  établissent 
une  nomenclature  uniforme  pour  éviter  pareille  confusion. 

(3)  In  de  Rouville.  Monographie  de  la  commune  de  Cabriôres,  p.  50. 


ET  DE  LA  TECTONIQUE  DE  LA  MONTAGNE  NOIRE  657 

Spirifer  glaber  Martin, 
Rkynchonella  angulata  Lin. 
Terêbratula  reflexa  de  Kon. 

Il  y  a  encore  en  grand  nombre  des  Loxonema,  Bellerophon,  Euom- 
phalus,  Murchisonia,  Conocardium,  Edmondia,  Aoiculopecten,  Cyatho- 
phyllum,  Lithosirotion,  Oursins. 

Je  m'arrête  ici  dans  l'étude  de  la  succession  des  étages  paléo- 
zoïques  de  la  Montagne  Noire,  quoique  la  série  comprenne  encore 
des  dépôts  houillers  de  l'âge  des  Cévennes  (bassins  houillers  de 
Neffîez  et  de  Graissessac)  et  toutes  les  assises  permiennes,  parce 
que  le  Viséen  est  le  dernier  étage  que  la  Société  ait  à  étudier  dans 
ses  excursions. 

Résumé  sur  le  Dévonien  et  le  Carbonifère  de  la  Montagne  Noire 
et  comparaison  avec  les  mêmes  terrains  dans  le  Hartz 

Ce  qui  frappe  le  plus  dans  le  Dévonien  de  la  Montagne  Noire, 
c'est  le  faciès  de  l'étage  moyen,  qui  est  connu  surtout  en  Bohême, 
et  le  faciès  à  Céphalopodes  de  l'étage  supérieur  qui  est  très  déve- 
loppé dans  la  Thuringe  et  le  Hartz.  Quant  au  Carbonifère  inférieur 
il  est  comparable  trait  pour  trait  à  celui  du  Hartz.  Dans  ces  condi- 
tions il  m'a  paru  intéressant  d'étudier  sur  place  le  Dévonien  et  le 
Carbonifère  de  cette  dernière  région.  J'y  suis  allé  à  deux  reprises 
différentes.  En  1892,  M.  le  Prof,  von  Kœnen  a  bien  voulu  m'auto- 
riser  à  suivre  l'excursion  qu'il  dirigeait  pour  montrer  à  ses  élèves 
les  principaux  gisements  paléozoïques  rendus  classiques  par  les 
travaux  de  Rœmer  et  de  Lôssen.  Mais  à  ce  moment  l'étude  stra- 
tigraphique  était  encore  incomplète  et  Ton  admettait  des  associa- 
tions de  faunes  bien  singulières.  J'avais  rapporté  de  mon  rapide 
séjour  dans  le  Hartz  l'impression,  que  j'ai  consignée  au  compte- 
rendu  sommaire  de  nos  séances  (1),  qu'il  y  avait  lieu  d'établir  dans 
la  série  paléozoïque  du  Hartz  plus  de  coupures  qu'il  n'en  avait  été 
fait  jusqu'alors. 

En  1899,  je  suis  retourné  dans  l'Unter-Hartz  ou  Hartz  oriental 
dont  les  beaux  travaux  de  MM.  Kock,  Denkmann  et  Beushausen, 
avaient  fait  connaître  la  constitution.  MM.  Kock  et  Beushausen  ont 
bien  voulu  interrompre  momentanément  leurs  travaux  pour  me 
servir  de  guides  dans  les  régions  qu'ils  avaient  étudiées  avecjant 

(1)  B.  S.  G.  F.,  (3),  XXI.  p.  i03,  189*. 


658     J.  BERGERON.  —  ÉTUDE  DES  TERRAINS  PàLÉOZOÏQUES 

de  soin.  Grâce  à  eux  j'ai  pu  faire  une  étude  comparative,  quoique 
très  rapide,  du  Hartz  et  de  la  Montagne  Noire  et  je  tiens  à  les 
remercier  ici  de  leur  accueil  qui  a  été  si  cordial. 

Sur  l'Ordovicien  et  le  Gothlandien,  qui  sont  assez  mal  repré- 
sentés dans  le  Hartz,  reposent  des  grès  avec  nombreux  débri6  de 
tiges  d*Encrines  que  Ton  range  dans  le  Gédinnien  ;  ils  sont  iden- 
tiques, à  tous  les  points  de  vue,  à  ceux  du  Falgairas  et  du  Causse 
de  Fuxian  dans  la  Montagne  Noire. 

Le  reste  du  Dévonien  inférieur  au  lieu  d'être  représenté  par  une 
dolomie  sans  fossile,  comme  je  l'ai  signalé  dans  le  midi,  est  un 
calcaire  argileux  avec  le  faciès  à  Brachiopodes.  Ce  n'est  pas  d'ailleurs 
le  faciès  hercynien  proprement  dit  qui  est  aussi  à  Brachiopodes 
mais  dans  lequel  le  calcaire  est  pur  et  cristallin;  c'est  le  faciès 
rhénan.  Ce  Dévonien  inférieur  parait  être  très  inégalement 
développé  selon  les  points  considérés. 

Dans  le  Hartz  oriental  la  base  du  Dévonien  moyen  présente  deux 
faciès  :  celui  à  Céphalopodes  est  très  développé  ;  c'est  l'équivalent 
des  schistes  de  Wissenbach.  Les  sédiments  sont  des  schistes  comme 
à  Hasselfelde  et  Elbingerode  avec  intercalations  calcaires  renfer- 
mant des  Goniatites  des  genres  Aphyllites  et  Anarcestes  ;  par  places 
lesTentaculites  sont  extrêmement  abondants.  L'autre  faciès  corres- 
pond à  des  calcaires  marneux  à  Spiri/er  cultrijugatus  et  Calceola 
sandalina.  C'est  sous  cet  aspect  que  j'ai  vu  l'Eifélien  à  Hahnenklee 
et  alors  il  est  identique  à  celui  de  la  Montagne  Noire. 

Très  fréquemment  dans  le  Hartz  oriental,  les  schistes  de  Wissen- 
bach ont  été  injectés  par  des  diabases.  En  général  elles  forment  les 
reliefs  au  milieu  des  schistes,  ce  qui  tient  à  ce  qu'elles  ont  mieux 
résisté  aux  érosions.  11  s'est  produit  au  contact  de  la  roche  éruptive 
et  de  la  roche  sédimentaire  de  nombreux  phénomènes  d'endomor- 
phisme  et  d'exomorphisme.  C'est  ainsi  que  se  rencontre  une  très 
grande  variété  de  roches  basiques.  D'autre  part  les  schistes  au 
contact  des  roches  éruptives  sont  modifiés;  ils  sont  silicifiées. 
M.  Kock  à  qui  Ton  doit  de  nombreux  travaux  sur  ces  roches  (1)  a 
eu  l'amabilité  de  me  montrer  ces  différents  types  dans  les  environs 
de  Wernigerode,  Elbingerode  et  Blankenburg.  De  plus  dans  le 
voisinage  du  massif  granitique  du  Brocken  la  même  série  est  tra- 
versée par  des  granités,  des  micro  granités  à  amphibole,  des  kersan- 
tites,  etc.,  ayant  produit  également  des  phénomènes  de  métamor- 

(1)  Voir  Jahrbuch  d.  Kôn.  Preuss.  geol.  Landesanstalt  und  Bergakad,  1896, 
p.  131  ;  1894,  p.  185  ;  1889,  p.  xxxm. 


ET  DE  LA  TECTONIQUE  DE  LA  MONTAGNE  NOIRE  659 

phisme.  Dans  la  Montagne  Noire,  le  Dévonien  n'est  percé  que  par 
des  porphyrites  micacées  et  des  porphyrites  à  pyroxène  ;  les 
diabases,  presque  toujours  ophitiques,  semblent  cantonnées  dans 
les  régions  cambriennes.  Les  éruptions  y  ont  été  beaucoup  moins 
nombreuses  et  moins  variées  que  dans  le  Hartz,  et  les  phénomènes 
de  métamorphisme  y  sont  bien  moins  intenses. 

C'est  à  partir  du  niveau  à  Stringocephalus  Burtini  que  la  ressem- 
blance entre  le  Hartz  oriental  et  la  Montagne  Noire  devient  par- 
fois une  identité.  Souvent  les  calcaires  à  Spirifer  cultrijugatus  chan- 
gent de  faune  à  leur  partie  supérieure  sans  changer  d'aspect  et  Ton 
sait  que  l'on  a  affaire  au  Givétien  par  l'apparition  du  Stringoce- 
phalus Burtini  ;  mais  parfois,  par  suite  de  la  présence  de  parties 
schisteuses  au  milieu  des  calcaires  et  sous  l'action  des  pressions 
l'ensemble  prend  la  structure  dite  Kramenzelstructure  comme  c'est 
le  cas  près  de  l'étang  moyen  de  Grumbach.  D'autres  fois,  le  niveau 
à  Stringocephalus  Burtini  est  formé  de  calcaire  gris  devenant  parfois 
blanc,  cristallin,  comme  au  Pic  de  Bissous  dans  le  Languedoc.  Ce 
faciès  est  bien  développé  au  Bûchenberg,  près  Elbingerode. 

Dans  cette  région  du  Hartz,  il  y  a  de  puissants  amas  de  fer  tou- 
jours situés  dans  les  calcaires  à  Stringocephalus  Burtini,  et  géné- 
ralement au  contact  de  parties  schisteuses.  J'ai  signalé  dans  la 
Montagne  Noire  la  présence  dans  les  calcaires  blancs  du  Givétien 
de  parties  cariées,  couvertes  d'oxyde  de  fer  rouge  ;  elles  correspon- 
dent au  passage  d'eaux  qui  ont  dissous  les  calcaires  avec  précipi- 
tation des  sels  de  fer.  Ce  ne  sont  jamais  que  des  accidents  peu 
importants  dans  le  Languedoc,  tandis  que  dans  le  Hartz  la  précipi- 
tation du  fer  a  été  telle  qu'il  s'est  formé  des  poches  de  minerai 
parfois  exploitées  très  activement.  Cette  différence  entre  la  richesse 
eu  fer  des  deux  pays  doit  être  en  relation  avec  la  différence  d'impor- 
tance des  venues  de  roches  basiques.  Il  est  à  noter  que  souvent  à  la 
base  des  calcaires  se  voient  de  vrais  tufs  de  diabases  (thonstein  des 
Allemands)  avec  fossiles  du  niveau  à  Stringocephalus  Burtini;  ces 
tufs  peuvent  être  également  très  riches  en  minerai  de  fer  que  l'on 
exploite. 

A  la  base  des  calcaires  à  Stringocephalus  Burtini  il  y  a  des  lits 
riches  en  débris  d'Encrines  :  j'ai  remarqué  la  présence  de  lits  sem- 
blables dans  la  série  des  calcaires  dévoniens  de  la  Montagne  Noire  ; 
mais  le  plus  souvent  je  n'ai  trouvé  aucun  fossile  me  permettant  de 
reconnaître  dans  les  assises  supérieures  l'équivalent  du  niveau  à 
Stringocephalus.  Dans  le  Hartz  il  y  a  encore  des  minerais  de  fer 
dans  ces  calcaires  à  Encrines. 


660     J.  BERGERON.  —  ÉTUDE  DES  TERRAINS  PALÉOZOÏQUES 

Le  Givétien  à  Stringocephalus  Burtini  peut  se  présenter  avec  un 
faciès  à  Céphalopodes  dans  lequel  les  Goniatites  sont  les  fossiles 
prédominants  ;  parmi  ces  derniers  il  faut  citer  comme  espèce  la 
plus  importante  Meneceras  terebratum,  parce  qu'elle  semble  êfre 
caractéristique;  ce  faciès  s'observe  au  Bùchenberg,  près Elbinge rode 
et  près  de  l'étang  moyen  de  Grumbach,  où  ce  niveau  n'atteint  pas 
une  épaisseur  de  dix  mètres. 

Le  Dévonien  supérieur  débute  dans  le  Hartz  oriental  par  des 
schistes  qui  se  signalent  souvent  par  la  multiplicité  de  leurs  cou- 
leurs :  ils  sont  noirs,  gris,  verts,  bleus,  bleuâtres  ;  de  là  leur  nom 
de  Bandschiefer  (schistes  ru banés).  Ce  sont  les  schistes  de  Budes- 
heim.  Pour  beaucoup  d'auteurs,  ils  sont  un  simple  faciès  de  la 
partie  inférieure  du  niveau  à  Gephyroceras  intumescent  et  non  un 
niveau  distinct.  Parfois  se  sont  développés  des  bancs  siliceux  noirs, 
de  vraie  lydienne,  comparables  à  ceux  que  j'ai  signalés  dans  les 
calcaires  de  {a  base  du  Dévonien  supérieur  du  Languedoc.  Dans 
les  schistes,  les  Tentaculites  et  les  Styliolines  peuvent  arriver  à 
former  par  leur  accumulation  de  vrais  amas  ;  près  de  Sparenberg, 
les  Styliolines  sont  en  si  grand  nombre  que  la  roche  en  est  spon- 
gieuse. Ce  faciès  schisteux  du  niveau  à  Gephyroceras  intumescent 
n'existe  pas  dans  la  Montagne  Noire  ;  mais  en  Catalogne,  dans  les 
environs  de  Barcelone,  où  le  Dévonien  est  plus  schisteux,  j'ai  ren- 
contré par  places  des  schistes  terreux  ayant  l'aspect  de  ces  amas 
de  Styliolines.  Dans  ces  schistes  de  Budesheim,où  la  pyrite  est  très 
abondante,  la  coloration  est  parfois  jaunâtre  par  suite  de  sa  trans- 
formation en  limonite. 

Les  schistes  rubanés  se  voient  avec  tous  leurs  caractères  sur  la 
rive  droite  du  Innerste  près  Lautenthal;  il  en  est  de  même  dans  le 
Hûhnenthal.  Dans  cette  dernière  région,  les  schistes  se  chargent 
rapidement  de  calcaire  et  passent  ainsi  au  calcaire  à  Gephyroceras 
intumescens.  Leur  épaisseur  est  très  variable  ;  là  où  ils  atteignent 
leur  maximum  de  puissance  ils  ont  80  mètres;  dans  le  Hùhnen- 
thal ils  n'ont  que  10  à  11  mètres. 

Les  différents  aspects  du  calcaire  à  Gephyroceras  infumeacens 
sont  sensiblement  les  mêmes  dans  le  Languedoc  et  dans  le  Hartz. 
Peut-être  cependant  est-il  plus  noir,  plus  chargé  de  matières 
organiques  dans  la  Montagne  Noire.  On  retrouve  dans  les  deux 
régions  des  bancs  couverts  presque  exclusivement  de  Cardiola 
retrostriata  ;  j'ai  pu  les  reconnaître  identiques  à  ceux  de  la  colline 
de  Japhet  I,  dans  le  chemin  de  Hûhnenthals-Kopf. 

Le  même  niveau  présente  parfois  dans  le  Hartz  un  faciès  coral- 


ET  DE  LA  TECTONIQUE  DE  LA   MONTAGNE  NOIRE  661 

lien  ;  c'est  ce  que  l'on  appelle  le  calcaire  d'Iberg  ;  les  Céphalopodes 
y  sont  abondants.  Ce  calcaire  est  cristallin  et  on  peut  le  rapprocher 
du  calcaire  rouge  du  Pic  de  Bissous  dans  lequel  se  retrouvent  Car- 
diola  retrostriata  et  Gephyroceras  intumescent.  Ce  faciès  est  très 
développé  dans  le  Hartz,  entre  Elbingerode  et  Rùbeland. 

Le  niveau  à  Chiloeeras  eurvispina  n'a  jamais  été  rencontré  dans  le 
Hartz  et  ce  sont  les  calcaires  à  Clyménies  qui  reposent  directement 
sur  ceux  à  Gephyroceras  intumescens  ;  ils  sont  bleus  et  devien- 
nent brun  clair  par  altération  des  sels  de  fer,  comme  c'est  le  cas 
au  Schulenberg,  tandis  que  dans  le  Languedoc  ce  sont  des  calcaires 
aux  couleurs  vives,  rouges  le  plus  souvent.  Mais  dans  les  deux 
régions  les  calcaires  ont  la  même  structure  noduleuse,  qui  passe 
à  la  Kramenzelstructure ;  les  faunes  sont  d'ailleurs  les  mômes.  Les 
espèces  communes,  d'après  les  listes  données  pour  le  Hartz  (1)  sont 
les  suivantes:  Clymenin  lœcigata  Mslr.,  CL  undulata  Mstr.,  CL 
speciosa  Mstr. 

Dans  le  Hartz  sur  les  calcaires  à  Clyménies  repose  une  série 
schisteuse  avec  intercalations  de  bancs  calcaires.  Fréquemment  il 
y  a  eu  dissolution  du  calcaire  et  il  ne  reste  plus  que  des  schistes  de 
couleur  jaunâtre  ou  rougeàtre.  A  la  loupe  on  peut  reconnaître  à  la 
surface  des  schistes  une  grande  abondance  de  Cypridina  seirato- 
s  triât  a,  comme  au  Bûchenberg,  près  Elbingerode.  Mais  parfois  le 
calcaire  devient  très  abondant  et  les  schistes  sont  au  contraire 
bien  plus  rares,  comme  à  Lautenthal  sur  la  rive  droite  de  l'innerste. 
Ce  faciès  est  celui  du  «  griotte  gris  »  du  Languedoc.  Dans  la  Mon* 
tagne  Noire  comme  dans  le  Hartz,  ce  niveau  a  également  la  structure 
noduleuse.  La  faune  en  est  très  pauvre  dans  le  Languedoc  et  les 
fossiles  mal  conservés  jusqu'ici  n'ont  pu  être  déterminés.  Elle 
semble  être  également  pauvre  dans  le  Hartz. 

Avec  les  schistes  et  calcaires  à  Cypridines,  se  termine  le  terrain 
dévonien.  Les  Chiloeeras,  les  Tornoceras  si  abondants  à  la  base  du 
Famennien  deviennent  rares  dans  les  assises  suivantes  et  alors  appa- 
raissent des  Céphalopodes  du  groape  des  Glyphioceras.  C'est  le 
commencement  du  Carbonifère.  Il  y  a  également  changement  dans 
les  caractères  lithologiques  :  la  série  est  formée  de  schistes  avec 
bancs  de  lydienne  et  d'adinole.  En  Allemagne  le  faciès  est  le  même 
que  dans  le  Languedoc  ;  les  lits  de  lydienne  (2)  et  d'adinole  ont  la 

(1)  Kock.  Jabrb.  d.  Kôn.  Preuss.  Geol.  Landesanst.,  1895,  p.  139. 

(2)  M.  Rûst  cite  de  ce  niveau,  dans  le  Hartz,  soixante  dix-neuf  espèces  de 
Radiolaires  sur  lesquelles  il  n'y  en  aurait  que  trois  qui  lui  seraient  communes 
avec  le  Languedoc.  Palœontographica,  t.  xxxvm,  p.  107. 


662  J.   BERGE RON.   —  ÉTUDE  DBS  TERRAINS  PALÉOZOÎQUES 

même  épaisseur,  le  même  aspect  ;  il  y  a  identité  absolue  de  faciès. 
Celle-ci  s'observe  jusque  dans  les  moindres  détails  :  à  la  base 
des  lydien oes  carbonifères  du  Hartz  comme  du  Languedoc 
il  y  a  des  schistes  noirs  ampéliteux  en  feuillets  minces  ;  le  long  des 
fissures,  par  suite  de  l'oxydation  au  contact  de  l'air,  la  matière 
organique  a  été  brûlée  et  le  schiste  est  devenu  blanc. 

L'épaisseur  du  niveau  à  lydienne  et  à  anidoleest  très  variable: 
dans  la  région  de  Schulenberg  cette  épaisseur  n'est  guère  que  de 
deux  mètres,  mais  elle  peut  atteindre  jusqu'à  une  vingtaine  de 
mètres  et  plus,  comme  près  de  Lautenthal.  Il  en  est  de  même  dans 
la  Montagne  Noire. 

La  seule  distinction  que  l'on  puisse  faire  entre  les  lydiennes  des 
deux  régions  consiste  en  ce  que  dans  le  Hartz  oriental,  je  n'ai' 
pas  trouvé  de  nodules  comme  ceux  que  j'ai  signalés  dans  le  Lan- 
guedoc ;  s'ils  y  existent,  ils  doivent  y  être  beaucoup  plus  rares. 

A  cet  horizon  de  schistes,  de  lydienne  et  d'adinole,  fait  suite,  dans 
le  Hartz,  une  série  schisteuse  avec  amandes  calcaires  qui  diminuent 
progressivement  d'importance  et  finalement  il  n'y  a  plus  que  des 
schistes.  La  (aune  de  ces  calcaires  consiste  surtout  en  Céphalopodes 
(Glyphioceras,  Pronoiites)  et  en  Phillipsia.  Dans  le  Languedoc  le 
même  niveau  est  plus  puissant;  c'est  celui  qui  est  désigné  à 
Cabrières  sous  le  nom  de  «  calcaire  à  colonnes  ».  Dans  les  deux 
régions,  les  eaux  d'infiltration  ont  fréquemment  dissous  les 
amandes  calcaires  et  les  schistes  présentent  alors  de  nombreuses 
vacuoles. 

Les  schistes  qui  viennent  ensuite  sont  argileux  :  ils  ont  pris,  par 
suite  des  compressions  qu'ils  ont  subies)  un  aspect  fibreux  aussi 
bien  en  Allemagne  qu'en  France.  Mais  dans  le  Hartz  on  y  trouve 
de  nombreux  exemplaires  de  Posidonia  Becheri  et,  dans  les  parties 
encore  riches  en  calcaire,  des  Glyphioceras  ;  dans  la  Montagne  Noire, 
les  fossiles  sont  excessivement  rares  dans  ces  schistes,  mais  cepen- 
dant la  Posidonia  Becheri  y  a  été  reconnue.  Par  places,  les  débris 
de  tiges  d'Encrines  sont  abondants  dans  les  deux  pays. 

Cette  série  inférieure  du  Carbonifère  est  surtout  bien  développée 
à  Lautenthal;  c'est  d'ailleurs  sous  le  nom  de  cette  localité  que  le 
niveau  inférieur  est  désigné  en  Allemagne.  11  repose,  comme  je  l'ai 
dit,  sur  le  Dévonien  supérieur  presque  identique  à  celui  du  Lan- 
guedoc. Aussi  est-ce  dans  cette  même  localité  de  Lauthenthal  que 
la  similitude  entre  le  Hartz  oriental  et  la  Montagne  Noire  apparaît 
le  mieux. 

Sur  ces  schistes,  épais  d'une  cinquantaine  de  mètres  environ, 


ET  DE  LA  TECTONIQUE   DE  LA  MONTAGNE  NOIRE  663 

apparaissent  les  grès  verdâtres,  durs,  que  les  Allemands  appellent 
des  grauwackes.  Ce  sont  des  bancs  d'abord  peu  épais  in  ter  stratifiés 
dans  les  schistes;  puis  ils  augmentent  d'épaisseur  tandis  que  les 
bancs  de  schistes  diminuent  ;  finalement  la  roche  n'est  plus  qu'une 
grauwacke.  A  sa  partie  inférieure  s'intercalent  des  lentilles  de 
conglomérats  formés  de  petits  cailloux  ronds  de  lydienne,  d'adi- 
nole  et  de  quartz  blanc  avec  quelques  débris  anguleux  des  schistes 
sous-jacents.  Il  y  a  identité  avec  les  poudingues  carbonifères  du 
Languedoc.  Ces  éléments  diminuent  progressivement  de  volume 
et  les  conglomérats  passent  à  des  grès  dont  les  éléments  déviennent 
latéralement  de  plus  en  plus  fins.  Dans  les  grès  apparaissent 
des  débris  de  végétaux  :  ces  conglomérats  sont  dus  sans  doute  à 
des  apports  continentaux  par  des  rivières. 

Dans  la  région  de  Lautenthal,  les  grauwackes  sont  très  épaisses. 
Elles  sont  visibles,  dans  une  carrière,  sur  une  trentaine  de  mètres, 
mais  elles  sont  encore  plus  puissantes.  On  peut  y  distinguer  un 
certain  nombre  de  bancs  séparés  les  uns  des  autres  par  quelques 
assises  schisteuses  dans  lesquelles  se  reconnaissent  des  troncs  de 
Calamités.  Il  n'en  est  pas  ainsi  partout  dans  le  Hartz  :  vers  le  N.-E., 
les  grauwackes  ne  forment  que  des  lits  relativement  minces,  dissé- 
minés dans  les  schistes.  C'est  ainsi  qu'elles  se  présentent  dans  la 
Montagne  Noire. 

Mais  tandis  que  dans  le  Languedoc,  cette  série  carbonifère 
équivalente  au  Tournaisien  du  centre  de  la  France,  est  surmontée 
par  des  calcaires  renfermant  une  riche  faune  du  Viséen.  dans  le 
Hartz,  il  n'y  a  aucun  sédiment  paléozoïque  qui  lui  soit  supérieur; 
il  est  vraisemblable  qu'il  en  est  ainsi  par  suite  d'érosion. 

C'est  postérieurement  à  l'époque  carbonifère  que  dans  le  Hartz 
se  sont  produites  les  dislocations  que  l'on  y  voit  maintenant.  Les 
failles  y  sont  très  nombreuses  ;  on  y  observe  quelques  discordances 
de  stratification,  quelques  transgressions  et  quelques  étirements  de 
plis  (1).  Je  suis  resté  trop  peu  de  temps  dans  le  Hartz  pour  pouvoir 
me  faire  quelque  idée  de  sa  tectonique  et  je  ne  puis  en  parler.  Mais 
il  est  à  remarquer  que  les  grandes  dislocations  de  la  Montagne  Noire 
sont  également  postérieures  au  Carbonifère,  et  que  les  failles  y  ont 
été  rares,  tandis  que  les  plis  et  les  chevauchements  semblent  carac- 
téristiques pour  le  Languedoc. 

(1)  Pour  se  faire  une  idée  de  ces  dislocations  lire  le  mémoire  de  M.  Kock  ayant 
pour  titre  :  Gliederuug  und  Bau  derCulm-und  Devonablagerungen  des  Harlenberg- 
Buchen  berger  Sattels  nord  lie  h  von  Elbingerode  im  Harz.  Jahrb.  d.  preuss.  geot. 
LandesaHstalt  fur  1895,  p.  131. 


664     J.  BERGERON.  —  ÉTUDE  DES  TERRAINS  PALÉOZOÏQUES 

De  ce  qui  précède  ou  peut  tirer  la  conclusion  qu'aux  époques 
dévonienne  et  carbonifère  les  régions  du  Hartz  et  de  la  Montagne 
Noire  devaient  communiquer  largement  entre  elles. 

Relations  générales  entre  les  faunes  paléozoïques 
de  la  Montagne  Noire  et  celles  des  autres  régions. 

Si  l'on  se  reporte  à  ce  qui  a  été  dit  pour  chaque  terrain,  des 
analogies  qu'il  présente  dans  la  Montagne  Noire  avec  les  dépôts 
synchroniques  d'autres  régions,  on  sera  frappé  de  voir  qu'elles  sont 
presque  toujours  les  plus  grandes  avec  les  régions  septentrionales. 
Lors  du  Cambrien  la  faune  acadienne  semble  avoir  été  en  relation 
directe  avec  celle  de  la  Scandinavie  et  de  la  Bohème.  11  en  a  été 
encore  de  môme  pendant  l'étage  de  Trémadoc,  l'Areuig  inférieur  et 
moyen.  Mais  depuis  l'Arenig  supérieur  jusqu'au  Dévonien  inférieur, 
les  analogies  sont  plus  grandes  avec  les  régions  occidentales  de 
l'Europe  telles  que  l'Angleterre,  la  Normandie,  la  Bretagne,  l'Espa- 
gne et  le  Portugal.  Lors  du  Dévonien  moyeu  et  supérieur  comme 
durant  le  Carbonifère,  la  faune  a  des  affinités  avec  celle  de  l'Alle- 
magne et  plus  particulièrement  avec  celle  du  Harlz  ;  de  plus,  les 
sédiments  sont  identiques. 

Il  semble  donc  qu'il  y  ait  eu,  presque  d'une  façon  constante, 
pendant  le  Paléozoïque,  communication  des  régions  septentrio- 
nales et  centrales  de  l'Europe  avec  le  Languedoc,  ce  qui  force  à 
admettre  l'existence  d'un  large  chenal  reliant  entre  elles  les  deux 
régions,  puisque  les  mêmes  accidents  lithologiques  se  reproduisent 
sensiblement  en  même  temps  dans  le  Harlz  et  la  Montagne  Noire. 

Mais  ce  chenal  devait  se  prolonger  encore  plus  au  sud,  jusqu'en 
Espagne,  en  passant  par  les  Corbières  (1)  pour  atteindre  la  Cata- 
logne, puisque  nous  retrouvons  dans  les  envirous  de  Barcelone  une 
faune  Scandinave  pour  l'Ordovicien  inférieur  et  le  faciès  du  Hartz 
pour  le  Dévonien  et  le  Carbonifère. 

L'identité  de  faciès  entre  les  dépôts  permiens  de  la  Saxe,  des 
vallées  de  la  Sarre  et  de  la  Nahe  et  ceux  du  Languedoc  (2)  et  des 
Pyrénées  prouve  que  cette  communication  a  persisté  entre  ces 
régions  jusqu'à  la  fin  des  temps  primaires. 

(1)  D'après  les  travaux  de  M.  Bresson  (Voir  légende  de  la  feuille  de  Carcas- 
sonne  de  la  Carte  géologique  de  la  France)  il  semble  que  la  même  série  paléo- 
zoïque se  retrouve  dans  ce  massif  montagneux. 

(2)  H.  S.  G.  F..  (3*),  XX,  p.  252. 


ET  DE  LA  TECTONIQUE  DE  LA  MONTAGNE  NOIRE  665 

Bien  que  ce  chenal  soit  jalonné  par  quelques  gisements,  il  est 
bien  difficile  de  les  raccorder  de  manière  à  préciser  son  parcours. 
Il  est  probable  qu'il  passait,  du  moins  à  l'époque  carbonifère,  sur 
remplacement  du  Massif  central,  car  on  y  connaît  les  gisements  de 
l'Ardoisière,  près  Cusset,  où  la  série  tournaisienne  est  identique  à 
celle  du  Languedoc.  11  se  prolongeait  par  les  régions  deMouthoumet 
et  des  Pyrénées  orieutales  jusqu'en  Catalogne. 

11  est  impossible  de  dire  d'après  la  nature  des  sédiments,  comme 
d'après  les  caractères  des  faunes,  quelle  était  la  distribution  des 
terres  et  des  mers  à  l'époque  du  Cambrien,  de  l'Ordovicien  et  du 
Gothlandien.  Mais  il  semble  (v.  p.  646)  qu'à  la  (in  du  Silurien  il  se 
soit  produit  un  mouvement  d'exhaussement  de  la  partie  axiale  de 
la  Montagne  Noire.  A  la  suite  de  ce  mouvement,  des  érosions  puis 
santés  ont  fait  disparaître  certains  horizons  siluriens.  Puis  il  y  a  eu 
un  mouvement  d'affaissement  à  la  suite  duquel  la  mer  dévonienne 
a  envahi  de  nouveau  toute  la  région.  C'est  ce  qui  explique  comment 
on  retrouve  le  Dévonien  inférieur  sur  le  versant  nord  de  la  Mon- 
tagne Noire. 

Sur  le  versant  méridional  la  série  est  complète,  du  moins  dans 
les  écailles  qui  viennent  du  sud  ;  mais  là  où  le  Dévonien  est  en 
place,  les  étages  moyen  et  supérieur  (sauf  les  griottes  qui  se  recon- 
naissent facilement)  sont  rarement  déterminables  par  suite  de 
l'absence  de  fossiles.  Il  est  possible  qu'il  y  ait  dans  la  Montagne 
Noire  des  transgressions  comme  celles  qui  ont  été  signalées  dans  le 
Hartz.  En  bien  des  points,  le  Carbonifère  parait  être  transgressif, 
mais  il  est  très  difficile  de  se  prononcer  à  ce  sujet  quand  il  s'agit 
d'une  région  dans  laquelle  il  y  a  eu  tant  de  plissements,  de  lami- 
nages et  de  chevauchements.  Ce  qui  parait  certain,  c'est  que  sur  le 
versant  septentrional,  le  Carbonifère  et  le  Dévonien  supérieur  font 
défaut,  tandis  que  les  mers  frasnienne  et  famennienne  se  seraient 
avancées  jusqu'à  Saint- Pons  sur  le  versant  méridional,  au  voisi- 
nage du  massif  gneissique.  Peut-être  le  Dévonien  moyen  existe-t-il 
sur  le  versant  septentrional  ;  certains  calcaires  blancs  cristallins 
rappellent  ceux  du  Pic  de  Bissous  ;  mais  il  n'y  a  jamais  été  trouvé 
de  fossile.  Il  y  aurait  donc  eu,  antérieurement  au  Dévonien  supé- 
rieur, un  nouveau  mouvement  d'exhaussement  et  la  mer  frasnienne 
et  famennienne  comme  celle  du  Carbonifère,  serait  venue  battre  le 
flanc  méridional  de  la  Montagne  Noire  qui  existait  déjà  comme  ride. 
Les  conglomérais  tournaisiens,  à  débris  de  lydienne  et  de  quartz 
blanc,  prouvent  l'existence  de  reliefs  dus  au  soulèvement  des  pre- 
mières couches  carbonifères  avant  la  fin  du  Dinantien. 


666 


J.  BERGER  ON.  —  ÉTUDE  DES  TERRAINS  PALÉOZOÏQUES 


Tectonique 

C'est  postérieurement  au  dépôt  du  Viséen  et  vraisemblable- 
ment avant  l'époque  stéphanienne,  que  les  grands  mouvements  du 
sol  se  sont  produits  en  donnant  lieu  à  une  série  de  synclinaux  et 
d'anticlinaux  intéressant  tous  les  sédiments  primaires  Pour  bien, 
comprendre  la  structure  de  la  Montagne  Noire,  il  faut  faire  abstrac- 
tion des  plis  de  second  ordre,  qui  sont  multiples  et  qui  font  perdre 
la  notion  des  grandes  lignes  qu'accusent  les  plis  de  premier  ordre. 
En  ne  tenant  compte  que  de  ces  derniers,  on  peut  dire  que  la  Mon- 
tagne Noire  est  formée  d'un  anticlinal  axial  (fig.  1, 1)  constitué  dans 
sa  partie  médiane  par  le  massif  gneissique  et  par  son  prolongement 
sous  la  région  d'effond rement  de  Bédarieux  (fig.  1,  VI).  Sur  cet  axe 


Castres 


eziers 


Fig.  1.  —  Schéma  de  la  Montagne  Noire. 

I,  Anticlinal  axial  (la  partie  gneissique  est  délimitée  par  un  trait  interrompu)  ; 
II,  Dôme  de  Pont-Guiraud  montrant  par  érosion,  dans  sa  partie  médiane,  les 
assises  cambriennes  ;  III,  Synclinal  occupé  par  des  sédiments  carbonifères  ; 
IV,  Anticlinal  de  Roquebrun:  V,  Nappe  de  recouvrement  de  Laurens  Cabriores  ; 
VI,  Région  d'effondrement  de  Bédarieux. 


gneissique,  qui  correspond  à  la  partie  profonde  de  l'anticlinal  et 
au  Cambrien  métamorphisé,  devaient  exister  le  Silurien  et  le 
Dévonien  inférieur,  peut-être  même  le  Dévonien  moyen  d'après  la 
composition  du  versant  septentrional.  Les  érosions  ont  fait  dispa- 
raître tous  ces  étages,  sauf  à  la  périphérie  du  pli,  de  telle  sorte 
qu'ils  forment  auréole  autour  de  la  région  gneissique.  Mais  sur  le 
versant  sud  la  série  est  plus  complète,  car  on  y  voit  le  Dévonien 
supérieur  et  le  Carbonifère.  Au  sud  de  l'anticlinal  axial  s'étendait 
une  vaste  région  occupée  par  ce  dernier  terrain  ;  elle  a  été  affectée 


ET  DE  LA  TECTONIQUE  DE  LA  MONTAGNE  NOIRE  667 

d'un  synclinal  qui,  théoriquement,  s'étend  de  Cabri  ères  à  Caunes 
(fig.  1,  III)  en  longeant  le  versant  méridional  de  l'anticlinal  axial. 
Mais  ce  synclinal  n'est  pas  continu  ;  il  s'est  formé  un  dôme  dans  la 
région  de  Pont-Guiraud  (fig.  1,  II);  par  suite  des  érosions  qui  l'ont 
attaqué,  ce  dôme  laisse  voir  le  Cambrien  dans  sa  partie  axiale, 
tandis  que  le  Silurien  et  le  Dévonien  lui  forment  auréoles.  De  plus  le 
dôme  est  déversé  vers  le  nord  et  il  en  résulte  que  le  synclinal  car- 
bonifère, dans  la  région  de  Caunes,  est  recouvert  par  l'Ordovicien 
déversé  appartenant  à  ce  dôme. 

Ce  syuclinal  carbonifère  est  délimité  au  sud  par  un  anticlinal 
qui  n'est  bien  esquissé  que  du  côté  de  Roquebrun  (fig.  1,  IV). 
Vers  le  sud-ouest,  il  disparait  ainsi  que  le  dôme  cambrien,  le  syn- 
clinal carbonifère  et  l'anticlinal  axial,  sous  les  sédiments  crétacés 
et  tertiaires.  Cet  anticlinal  de  Roquebrun  ne  dépasse  guère 
St  Nazaire-de-Ladarez  ;  au  nord-est  s'éteudait  une  sorte  de  plaine 
constituée  par  la  série  tournaisienne  sur  laquelle  se  trouvaient 
quelques  îlots  de  calcaire  viséen. 

C'est  sur  cette  sorte  de  plaine  que  s'est  étendue  une  nappe  de 
charriage  (fig.  1,  V)  sur  laquelle  je  vais  revenir  dans  un  moment. 

Les  grands  plis  dont  il  vient  d'être  question  ne  sont  pas  sim- 
ples; ils  sont  formés  eux-mêmes  d'une  série  de  plis  synclinaux  et 
anticlinaux.  Par  exemple,  dans  le  dôme  de  Pont-Guiraud,  il  y  a  des 
synclinaux  où  se  retrouvent  des  vestiges  d'Ordovicien,  comme  du 
côté  de  Ferrais,  et  peut-être  même  de  Dévonien  et  de  Carbonifère, 
comme  dans  la  région  de  Caunes.  11  en  est  dé  même  dans  l'anticlinal 
de  Roquebrun  dans  lequel  les  assises  des  étages  de  Trémadoc  et  de 
l'Arenig  sont  très  plissées  et  étirées  à  l'intérieur  même  du  pli. 

Tous  ces  plis,  de  quelque  ordre  qu'ils  soient,  se  sont  formés  sous 
L'action  d'une  force  venant  du  sud  est,  ainsi  qu'il  résulte  de 
leur  orientation.  Mais  en  plus,  sous  l'action  de  cette  même  force, 
ils  se  sont  déversés  vers  le  nord  ;  il  eu  résulte  que  le  plongement 
général  se  fait  vers  le  sud.  Cependant  lorsque  les  anticlinaux  sont 
limités  au  sud  par  des  dépressions,  il  y  a  déversement  vers  le 
sud  du  flanc  méridional  de  l'anticlinal.  C'est  ce  qui  a  lieu  pour 
le  flanc  méridional  du  dôme  cambrien  de  Pont-Guiraud.  Il  est 
bordé  au  sud  par  une  plaine  creusée  dans  les  schistes  ordoviciens. 
Les  assises  géorgiennes,  acadiennes  et  potsdamiennes  de  ce  même 
flanc  sont  déversées  vers  le  sud  et  ont  par  suite  un  plonge- 
ment nord,  tandis  que  le  flanc  septentrional  du  même  dôme 
présente  le  déversement  ordinaire,  c'est-à  dire  vers  le  nord.  H  en 
résulte  pour  ce  dôme  une  structure  en  éveutail  qui  est  très  nette. 


668  J.    BERGERON.    —   ÉTUDE  DES  TERRAINS  PALÉOZOÎQUES 

D'ailleurs  dans  cette  région  grâce  à  la  profonde  vallée  de  Poussarou 
(Voir  fig.  12,  p.  683)  on  peut  reconnaître  qu'il  y  a  eu  poussée  venant 
du  massif  montagneux  et  chevauchement  d'une  partie  des  couches 
les  unes  sur  les  autres  suivant  la  direction  nord-sud.  Il  y  a  eu 
également  déversement  périphérique  de  ce  dôme  vers  Test. 

Le  même  déversement  du  flanc  méridional  vers  le  sud  se  voit 
dans  l'aaticlinal  de  Roquebrun  qui  affecte  lui  aussi  la  structure  en 
éventail.  On  le  retrouve  encore  sur  la  bordure  du  massif  axial, 
bordure  formée  de  Dévonien  supérieur  et  de  Carbonifère.  Enfin  il 
est  remarquablement  net  au  Pic  de  Bissous  (Voir  pi.  XIX)  et  dans 
son  prolongement  vers  Test. 

Cette  allure  générale  s'explique  par  la  réaction  qui  a  dû  se  pro- 
duire dans  le  massif  ancien,  lors  de  la  poussée  venant  encore  du 
sud -est,  sous  laquelle  se  sont  formés  les  plis  couchés  et  les  écailles 
de  la  région  de  Saint-Chinian  et  de  ClermooM'Hérault,  à  la  fin  de 
l'Eocène. 

Vraisemblablement,  un  peu  après  la  formation  de  ces  plis,  et 
sous  l'action  prolongée  de  la  force  qui  les  avait  formés,  une 
nappe  de  recouvremeut  s'est  avancée  du  sud-est  et  a  recouvert  la 
région  carbonifère  qui  s'étendait  au  nord-est,  entre  Laurens  et 
Cabrières  (1).  D'une  manière  générale  elle  .est  composée  de 
tous  les  terrains  primaires,  depuis  le  Cambrien,  jusques  et  y 
compris  le  Visé  en.  Cependant  je  ne  connais  qu'un  seul  point  où 
l'Acadien  soit  venu  recouvrir  des  terrains  plus  récents  ;  c'est  à  l'est 
de  la  localité  de  Roquessels.  Le  plus  souvent,  pour  ne  pas  dire  tou- 
jours, la  base  de  la  nappe  est  formée  par  des  schistes  ordoviciens, 
appartenant  tantôt  à  l'étage  de  Trémadoc,  tantôt  à  celui  de  PAreuig, 
tantôt  eufin-à  celui  de  Llandeilo.  Lors  du  charriage,  il  y  a  eu  des 
laminages  et  disparition  des  niveaux  calcaires  et  gréseux  du  Silu- 
rien. Il  serait  trop  long  d'examiner  toutes  ces  dispositions  qui, 
d'ailleurs,  n'ont  qu'une  importance  très  relative,  et  qui  ont  été 
indiquées  autant  que  possible  sur  la  carte  au  1/80  000  (Feuille  de 
Bédarieux). 

Cette  nappe  dont  nous  retrouvons  la  trace  depuis  Laurens,  à 
l'ouest,  jusqu'à  Cabrières,  à  l'est,  a  été  morcelée  par  les  érosions 
tertiaires  et  pléistocènes.  Elle  est  réduite  actuellement  à  des  lam- 
beaux qui  forment  autant  d'écaillés  ;  les  principales  de  ces  écailles 
se  voient  entre  Laurens  et  Gabian,  à  l'est  de  Roquessels  entre  les 

(1)  Sur  la  figure  1,  j'ai  marqué  en  traits  pleins  les  contours  apparents  de  la 
nappe  de  charriage,  et  en  traits  interrompus  ceux  correspondant  à  l'extension 
probable  de  cette  môme  nappe. 


ET  DE  LA  TKCTONlQUE  DE  LA  MONTAGNE  MOIRE 


«9 


ruisseaux  de  Roquessels  et  de 
la  Touque  (écaille  de  Sainte- 
Cécile),  entre  la  vallée  de  la 
Touque  et  celle  de  la  Peyae, 
entre  Vailhan  et  Cabrières. 
Le  plus  souvent  elles  ont  une 
allure  régulière  et,  n'était  la 
présence  du  substratum  car- 
bonifère, il  semblerait  que 
l'ont  a  affaire  à  une  série  en 
place.  La  fig.  2  donne  une 
idée  de  la  disposition  de  ces 
écailles.  Elle  représente  la 
partie  méridionale  de  celle 
de  Cabrières.  Je  crois  inutile 
de  revenir  sur  l'étude  de  ces 
lambeaux  de  recouvrement 
que  j'ai  décrits  précédem- 
ment (1). 

Vers  l'est,  l'écaillé  comprise 
entre  Vailhan  et  Cabrières  et 
que  je  désignerai  sous  le  nom 
de  cette  dernière  localité,  a 
été  particulièrement  plissée, 
laminée,  déchirée  dans  sa 
partie  septentrionale  et  elle 
mérite  une  étude  spéciale  à 
cause  de  son  allure  anormale. 
Plusieurs  accidents  en  ont 
rendu  l'interprétation  très 
longue  et  très  difficile  ;  c'est 
ce  qui  explique  comment  sur 
la  feuille  de  Bédarieux  qui  a 
été  terminée  en  1899,  mais  n'a 
paru  qu'en  1900,  il  y  aurait 
dans  la  région  de  Cabrières 
plusieurs  corrections  à  faire. 

Pour  comprendre  ces  acci- 
dents,- il  faut  se  reporter  à  la 

(I)  8.  S.  C.  F.,  (3),  XXVI,  p.  472. 

U  Asdt  1901.  -  T.  XXVII. 


Bull.  Soc.  Géol.  Fr.  - 


670 


J.    BERGERON.   —   ETUDE  DES  TERRAINS   PALEOZOÏQUBS 


fin  de  l'époque  viséenne.  Le  sol  présentait  un  certain  nombre  de  plis 
mais  il  est  vraisemblable  que  les  érosions  les  avaient  déjà  nivelés. 
Les  synclinaux  étaient  occupés  par  les  calcaires  viséens,  tandis 
que  dans  les  anticlinaux,  ces  calcaires  avaient  disparu  par  érosion 
et  les  scbistes  du  Tournaisien  affleuraient  seuls.  Lorsque  la  nappe 
de  charriage  s'est  avancée  venant  du  sud-est,  elle  n'a  rencontré  aucun 
obstacle  jusqu'à  l'anticlinal  correspondant  au  Garagnas.  d'une  part, 
et  jusqu'à  l'anticlinal  correspondant  au  Pic  de  Bissous  d'autre  part  ; 
mais  antérieurement  à  l'arrivée  de  la  lame  de  charriage  les  dépots 
carbonifères  avaient  du  être  plissés  et  déversés  vers  le  nord,  à  moins 
que  ce  ne  soit  sous  l'action  du  frottement  du  au  glissement  de  la 
nappe  charriée,  que  les  synclinaux  de  calcaire  viséen  aient  été  sou- 
levés et  renversés.  Us  sont  le  plus  souvent  couchés,  de  manière  à 


I,  OrdoTlcien  ;  2.  DÉvonlen  Inférieur  et  E. ,  _    ..  _  , 

TOctra*  intumescent  et  calcalrea  a  Chiloeeran  curvUpina  ;  5,  Calcaire*  à  .  , 
mèniet  et  calcacbistes  a  Cypridines  ;  6,  Tournaisien  ;  7,  Viséen  ;  S,  Porpbf  rite  ; 
9,  Basalte  ;  10,  Filons  de  quartz. 


figurer,  par  suite  de  la  disparition  par  érosion  d'une  partie  des 
schistes  qui  les  entouraient,  de  véritables  vagues  calcaires,  avec 
un  abrupt  du  coté  du  massif  montagneux.  Cette  allure  est  très 
nette,  dans  la  vallée  de  la  Peyne,  aux  environs  de  Vailban. 
Maïs  parfois  sous  l'effort  qui  a  provoqué  le  renversement  et  le 


ET  DE  LA  TECTONIQUE  DE  LA  MONTAGNE  NOIRE 


671 


charriage  des  assises  secondaires  et  tertiaires,  la  nappe  de  recou- 
vrement et  son  substratum  se  sont  plissés  et  alors  les  massifs  de 
calcaire  viséen  ont  provoqué  autour  d'eux,  en  se  soulevant  et  en 
pénétrant  pour  ainsi  dire  dans  la  nappe,  des  laminages,  des  étire- 
ments,  des  ruptures  de  cette  dernière.  C'est  ainsi  que  se  sont  pro- 
duits des  accidents  que  je  vais  étudier  tout  spécialement. 

Au  sud  du  village  de  Cabrières  passe  une  sorte  de  barre  alignée 
suivant  une  direction  E.-O.  et  formée  de  massifs  portant  les 
noms  de  Tourière,  du  Château,  de  Mounio-Cabrières  et  des  Japhet 
(fig.3). 

Je  vais  étudier  successivement  ces  différents  massifs  en  commen- 
çant par  l'ouest,  c'est-à-dire  par  celui  de  Tourière;  par  leur  compa- 
raison les  faits  qui  semblent  les  plus  anormaux  pourront  s'expliquer 
aisément. 


s. 


Toar-ièrr 


Flg.  4.  —  Massif  de  Tourière.  —  Echelle  :  1/15000*  environ. 

1,  Ordovicien  ;  2,  Dévonien  inférieur  ;  3,  GivéUen  ;  4,  Calcaires  à  Gephyroceras 
intumescens  et  calcaires  à  Chiloceras  curvispina  ;  5,  Calcaires  à  Clyménieê 
et  calcschistes  à  Cypridines  ;  6,  Tournalsien  ;  7,  Viséen  ;  S,  FUon  de  quartz. 


Le  massif  de  Tourière  (fig.  4)  a  une  base  constituée  par  des 
schistes  ordoviciens  appartenant  en  partie  aux  schistes  de  l'Arenig 
(schistes  à  Didymograptus  et  Houvillograptus)  et  en  partie  aux 
schistes  de  Llandeilo  (à  débris  de  tuttenstein).  Puis  c'est  une  masse 
de  calcaires  dévoniens  dans  laquelle  manquent  les  dolomies  de  la 
base.  Sur  la  face  occidentale  du  massif  c'est  le  calcaire  à  Polypiers 
siliceux  (zone  à  Spirifer  cultrijugatus)  qui  repose  directement  sur  les 
schistes  ordoviciens.  Ces  calcaires  dévoniens  sont  surmontés  par 
les  calcaires  blancs  cristallins  du  Givétien  qui  forment  l'abrupt  de 
la  face  nord.  Puis  viennent  tous  les  niveaux  du  Dévonien  supérieur 
qui  plongent  vers  le  sud.  Ils  s'arrêtent  brusquement  de  ce  côté  en 
arrivant  au  contact  de  schistes  très  peu  épais  qui  s'appuient  sur 
une  bande  de  calcaire  viséen.  Il  est  très  difficile  de  reconnaître 


612 


J.    BERGEROK.    —   ÉTUDE  DES  TERRAINS   PALÉOZOÏQUES 


dans  les  schistes  compris  entre  les  deux  masses  calcaires  les  schistes 
ordoviciens.  Mais,  du  côté  est,  au  col  entre  le  massif  de  Tourière  et 
celui  du  Château  (1),  les  schistes  siluriens  plongent  sous  le  Dévo- 
nien;  d'autre  part  les  mêmes  schistes  reposent  du  côté  sud  sur  la 
bande  de  calcaire  viséen  ;  il  est  donc  vraisemblable  qu'ils  passent 
entre  les  deux  masses  calcaires  et  dès  lors  il  faut  interpréter 
Tourière  comme  un  synclinal  dont  le  flanc  méridional  aurait  été 
laminé  et  aurait  même  disparu  au  contact  de  la  bande  viséenne. 
Au  col  de  Tourière  on  retrouve  quelques  fragments  de  calcaire 
carbonifère  représentant  les  derniers  vestiges  d'une  bande  dont  il 
sera  parlé  plus  loin  (2). 

Le  massif  du  Château  (fig.  5)  est*  formé  tout  entier  de  calcaire 
viséen,  reposant  sur  les  schistes  tournaisiens.  C'est  un  pli  synclinal 
couché  sur  son  flanc  nord  d'après  l'allure  des  couches.  L'épaisseur 
du  calcaire  viséen  y  est  d'une  quarantaine  de  mètres.  Ce  n'est  pas 


s. 


«î.4  Rome. 


N. 


Vallée 

de 

Pitre ne 


Fig.  5.  —  Massif  du  Château.  —  Coupe  allant  de  la  vallée  de  Pitrous 

au  vallat  des  Clavies. 

Echelle  :  1/15000*.  —  Mémo  légende  que  pour  la  fig.  4. 

autre  chose  que  le  synclinal  carbonifère  qui  forme  la  limite  méri- 
dionale de  Tourière  et  dont  il  vient  d'être  question  ;  mais  au  Château 
il  a  toute  sa  puissance,  tandis  qu'il  est  très  réduit  dans  le  premier 
gîte.  La  face  méridionale  est  constituée  uniquement  par  des  schistes 
carbonifères  avec  un  synclinal  viséen  au  niveau  du  mas  de  Pitrous. 


(1)  On  donne  le  nom  de  Château  à  la  masse  de  calcaire  viséen,  d'aspect  ruini- 
forme,  située  au  nord  des  Ruines  de  Saint-Rome  (Voir  fig.  3).  Sur  la  figure  5  je 
l'ai  désigné  sous  le  nom  de  Saint-Rome  pour  éviter  toute  confusion. 

(2)  Dans  toutes  les  coupes  se  rapportant  à  la  bande  de  Tourière-Japhet,  j'ai 
désigné  par  la  lettre  A  un  même  synclinal  de  calcaire  viséen  qui  longe  la  bande 
dévonienne  au  nord  :  elle  est  désignée  dans  le  pays  sous  le  nom  d'  *  écharpe  a 
l'Espagnol.  » 


t&T  DE  LA  TECTONIQUE  DE  LA  MONTAGNE  NOIRE  673 

Les  schistes  ordoviciens  de  la  base  de  la  nappe  se  retrouvent  sur  les 
bords  du  ruisseau.  Mais  les  schistes  comme  les  calcaires  carboni- 
fères sont  bien  en  place.  Sut  la  face  nord,  il  y  a  des  lambeaux  de 
schistes  siluriens  recouvrant  les  schistes  carbonifères.  Peut-être 
quelques  morceaux  de  calcaire  dévonien  accompagnant  les  schistes 
ordoviciens  sont-ils  des  vestiges  du  pli  de  Tourière,  se  prolongeant 
vers  l'est.  Dans  le  fond  du  vallat  des  Clavies  se  retrouvent  les 
schistes  ordoviciens  au  nord  et  au  sud  de  la  bande  de  calcaire 
viséen,  constituant  V  «  écharpe  à  l'Espagnol  ». 

Dans  le  massif  de  Mounio  de  Cabrières  (fig.  6),  le  synclinal  viséen 
qui  était  si  important,  a  perdu  de  sa  puissance.  Il  forme  encore 
une  bande  mais  très  peu  épaisse  contre  laquelle  s'appuie  encore 
un  synclinal  dévonien  dont  le  flanc  méridional  a  disparu  par  lami- 
nage contre  lui.  C'est  le  même  accident  qu'à  Tourière,  seulement  le 

S.  Mounio  de   Cabrières  N. 

3, 


Fig.  6.  —  Massif  de  Mounio  de  Cabrières.  —  Coupe  allant  de  la  vallée  de  Pitrous 

au  vallat  des  Clavies. 

Echelle  :  1/15000*.  —  Même  légende  que  pour  la  fig.  4. 

pli  est  constitué  un  peu  différemment  par  suite  delà  disparition  de 
certains  horizons  et  l'apparition  de  certains  autres.  11  y  a  encore 
des  schistes  entre  les  deux  masses  calcaires;  il  n'est  pas  possible  de 
déterminer  leur  âge  ;  mais  un  peu  plus  à  l'est  les  schistes  siluriens 
à  tuttenstein  réapparaissent  entre  les  deux,  ce  qui  confirme  l'hypo- 
thèse que  la  série  dévonienne,  à  Mounio-Cabrières  comme  à  Tou- 
rière, appartient  à  la  nappe  de  recouvrement.  Mais  à  Mounio  il  y  a 
apparition,  au  sommet  du  massif,  de  schistes  ordoviciens  au  milieu 
des  calcaires  dévoniens.  Cela  tient  à  ce  que  dans  l'écaillé  il  y  a  eu 
formation  d'un  anticlinal  dont  le  Dévonien  a  été  enlevé  par  érosion 
le  long  de  l'axe  du  pli  ;  par  suite,  la  base  en  apparaît.  Vers  le  nord  la 
dolomie  du  Dévonien  inférieur  repose  sur  le  Silurien.  De  ce  même 
côté  il  y  a  encore  la  même  bande  de  calcaire  viséen,  dite  écharpe 
à  l'Espagnol,  accompagnée  de  ses  schistes  ordoviciens. 
Au  niveau  de  la  route  de  Fontes,  l'extrémité  orientaledu  massif 


674 


J.   BERGER0N.    —  ÉTUDE  DES  TERRAINS  PÀLÉ0Z0ÏQUE8 


de  Mounio  de  Cabrières  donne  la  coupe  suivante  (fig.  7)  qui  permet 
de  relier  ce  massif  à  celui  de  Japbet  I  situé  vis  à  vis  sur  la  rive  gau- 
che de  la  Boyne.  Dans  cette  coupe,  les  schistes  ordoviciens  viennent 

s'intercaler    entre    les 
••  *-*    -4-^-rr?*v»  H'       dolomies    dévoniennes 

et  les  schistes  carboni- 
fères; ceux-ci  renfer- 
ment quelques  lam- 
beaux calcaires,  der- 
nières traces  du  syncli- 
nal si  puissant  au  Châ- 
teau. Les  dolomies 
occupent  alors  toute  la  largeur  du  massif  dans  lequel  on  reconnaît 
un  synclinal,  où  les  calcaires  noirs  à  Gephyroceras  intumescens  seuls 
sont  déterminables;  les  autres  horizons  dévoniens  ont  disparu  par 
laminage  ou  n'ont  pas  été  reconnus. 

La  Boyne  coupe  la  série  de  collines  dont  l'étude  nous  occupe  en 
ce  moment;  mais,  sur  sa  rive  gauche,  s'élève  le  massif  de  Japbet  I 
(fig.  8)  qui  fait  suite  à  celui  de  Mounio  de  Cabrières.  Sa  face  nord 
correspond  au  synclinal  de  la  coupe  précédente,  mais  le  flanc  sep- 
tentrional du  pli  a  disparu  et  le  flanc  méridional  seul  repose  sur  les 


Route  de 


Fig.  7.  —  Coupe  prise  à  l'extrémité  orientale  du 
massif  de  Mounio  de  Cabrières. 

Echelle  :  1/15000*.  —  Même  légende  que  pour 

la  fig.  4. 


Pallee    du 
/^  Brorvc 


W:\>* 


Fig.  8.  —  Coupe  du  massif  de  Japhet  I. 
Echelle  :  1/15000*.  —  Même  légende  que  pour  la  fig.  4. 

• 

schistes  ordoviciens.  La  série  y  est  d'ailleurs  incomplète:  les  griottes 
rouges  et  gris  font  défaut  ;  ce  sont  les  calcaires  à  Chiloceras  curvi- 
spina  et  Goniatites  intumescens  avec  nombreuses  concrétions  sili- 
ceuses noires  qui  reposent  sur  les  schistes  ordoviciens.  Peu  à  peu 
vers  le  sud  les  couches  reprennent  une  allure  normale.  Au  niveau 
de  la  combe  du  Moulin  (1)  doit  exister  un  anticlinal,  qui  n'est  visible 
que  vers  Test  et  qui  correspond  soit  à  l'anticlinal  qui,  au  sommet 


(1)  La  combe  du  Moulin  est  située  au  sud  des  massifs  de  Japhet  I,  Japhet  III  et 
Japhet  IV  dans  les  figures  8,  9  et  10. 


ET  DE  LÀ  TECTONIQUE  DE  LA  MONTAGNE  NOIRE  675 

de  Mounio  de  Cabrières  ramenait  les  schistes  ordoviciens  de  la  base, 
soit  à  la  bande  de  calcaire  viséen  qui  limitait  vers  le  sud  les 
écailles  précédentes. 

Au  massif  de  Japhet  III  (Voir  la  PI.  XX  pour  l'étude  des  Japhet)  (1) 
le  prolongement  du  synclinal  précédent  se  montre  sous  un  nouvel 
aspect  (fig.  9).  Au  milieu  des  dolomies  du  flanc  méridional  apparaît 
le  calcaire  cristallin  blanc  du  Givétien  légèrement  déversé  vers  le 


S-  Japhet  m 

3 


Vallée   du 
Bronc 


Fig.  9.  —  Coupe  du  massif  de  Japhet  III. 
Echelle  :  1/15000*.  —  Même  légende  que  pour  la  fig*  4. 

nord  et  accompagné  des  calcaires  noirs  à  Gephyroceras  et  Chiloceras 
curvûspina  qui  recouvrent  à  leur  tour  les  dolomies  dévoniennes.  Il 
y  a  donc  eu  encore  renversement  des  couches  vers  le  nord  et 
disparition  d'une  grande  partie  du  flanc  septentrional  du  synclinal. 
Mais  vers  le  sud,  la  combe  du  Moulin  ayant  entamé  assez  profon- 
dément la  voûte  de  l'anticlinal  déjà  signalé,  les  schistes  ordoviciens 
apparaissent  dans  le  fond  du  ravin. 

6.  Japhet  IF  H. 


Vallée  du. 
Mrorus 


Fig.  10.  —  Coupe  du  massif  de  Japhet  IV. 
Echelle  :  1/15000*.  —  Même  légende  que  pour  la  fig.  4. 

Au  Japhet  IV  (fig.  10)  la  coupe  est  sensiblement  la  même  ;  mais 
vers  le  sud,  dans  le  fond  de  la  combe  du  Moulin,  le  calcaire  viséen 
apparaît  sous  le  Silurien. 

(1)  Le  point  désigné  sous  le  nom  de  Japhet  II  fait  partie  du  massif  du  Japhet  I 
et  il  n'y  a  pas  lieu  de  le  distinguer  au  point  de  vue  géologique  de  ce  dernier. 


m 


J.  BEBGERON.  —  ÉTUDE  DES  TERRAINS  PALÊOZOlQUES 


Il  est  à  remarquer  que  l'altitude  des  Japbet  va  en  croissant  ;  le  fond 
de  la  Combe  du  Moulin  a  également  une  altitude  croissante.  Le 
substratum  de  la  nappe  présente  donc  un  soulèvement  qui  va 
s'accentuant  à  mesure  que  Ton  se  rapproche  du  Japhet  IV. 

A  partir  du  Japhet  IV  le  synclinal  qui  affecte  le  Dévonien  ne 
renferme  plus  d'horizon  géologique  supérieur  à  celui  des  dolomies. 
Mais  le  ravin  de  la  combe  du  Moulin  qui  s'infléchit  vers  le  Nord, 
laisse  voir,  au  fond,  le  calcaire  carbonifère  et,  sur  les  bords,  les 
schistes  ordoviciens  recouvrant  ce  dernier.  Dans  la  PI.  XX,  j'ai 
exagéré  un  peu  l'importance  du  Silurien  et  du  calcaire  viséen 
dans  la  partie  tout  à  fait  supérieure  pour  faire  comprendre  com- 
ment ils  réapparaissent  dans  la  dépression  qui  sépare  Japhet  V  de 
Japhet  IV. 

Mais  au  Japhet  V  (fig.  11)  réapparaît  le  synclinal  déjà  étudié 
dans  les  massifs  de  Japhet  I,  Japhet  III  et  Japhet  V;  seulement  ici, 

S.  Japhet  V  «. 


Fig.  H.  —  Coupe  du  massif  de  Japhet  V. 
Echelle  :  1/15000*.  —  M£me  légende  que  pour  la  fig.  4. 


c'est  le  tlauc  septentrional  qui,  cette  fois,  est  complet.  Le  flanc 
méridional  a  disparu  par  laminage.  Par  suite,  le  Dévonien  supé- 
rieur est  au  contact  des  schistes  ordoviciens  de  la  base,  reposant 
sur  le  calcaire  viséen  qui  fait  suite  à  celui  du  fond  de  la  Combe 
du  Moulin. 

Plus  à  l'est,  descend  vers  Peret,  une  vallée  qui  montre  sous  la 
nappe  de  recouvrement,  le  prolongement  du  calcaire  viséen  et  des 
schistes  tournaisien  du  substratum. 

On  retrouve  encore  sur  le  flanc  méridional  du  massif  de  Balle- 
rades  (fig.  11)  un  exemple  de  laminage  d'un  flanc  de  synclinal  au 
voisinage  d'une  bande  de  calcaire  viséen.  L'écharpe  à  l'Espagnol 
après  avoir  suivi  la  rive  gauche  du  Bronc,  traverse  ce  ruisseau  et 
passe  sur  la  rive  droite.  Elle  est  recouverte  au  nord  par  les  schistes 


ET  DE  LA  TECTONIQUE  DE  LA  MONTAGNE  NOIRE  677 

ordovicieos  surmontés  des  dolomies  dévoniennes.  Mais  il  y  a  un 
synclinal  dont  le  flanc  nord  comprend  toute  la  série  dévonienne 
tandis  que  le  flanc  méridional  est  constitué  seulement  par  la 
dolomie  du  Dévonien  inférieur  qui  est  ainsi  en  contact  avec  les 
calcaires  à  Clyménies  et  le  niveau  à  Cypridines. 

Le  plus  souvent  les  accidents  que  je  viens  d'étudier  se  présentent 
comme  des  failles  locales;  mais  ce  qui  me  fait  les  rapporter  à  des 
étirements,  c'est  la  présence  constante,  que  j'ai  signalée,  de  schistes 
ordoviciens, entre  les  éléments  du  substratum  et  ceux  des  écailles; 
après  avoir  servi  de  matière  lubréfiante,  ceux-ci  sont  restés  comme 
témoins  des  plis  qui  se  sont  formés  immédiatement  avant  l'étiré- 
ment.  D'ailleurs,  en  bien  des  points,  l'allure  même  des  couches, 
au  voisinage  dés  accidents,  indique  quelle  est  leur  nature. 

Le  dépôt  des  assises  stéphaniennes  s'est  effectué  postérieurement 
à  l'arrivée  de  la  nappe  de  recouvrement,  très  vraisemblablement 
dans  des  dépressions  qui  sont  encore  en  relation  avec  les  efforts 
venus  du  sud-est.  A  l'époque  permienne,  les  érosions  avaient  déjà 
nivelé  les  plis  de  la  bordure  méridionale  de  la  Montagne  Noire  de 
telle  sorte  que  les  sédiments  permiens  reposent  indifféremment  sur 
tous  les  dépôts  paléozolques  plus  anciens,  qu'ils  soient  en  place  où 
qu'ils  appartiennent  à  la  nappe  de  recouvrement. 

La  Montagne  Noire  date  donc  de  la  fin  de  l'époque  primaire  et 
elle  fait  partie  des  ridements  hercyniens. 

Elle  a  subi  peu  de  modifications  depuis  sa  formation.  Elle  a  été 
recouverte  en  partie  par  les  sédiments  secondaires,  ainsi  qu'il 
résulte  de  la  présence  de  ces  derniers  au  milieu  des  plis  primaires, 
dans  la  région  d'effondrement  de  Bédarieux.  Mais  il  est  impos- 
sible de  dire  jusqu'où  se  sont  avancées  les  mers  secondaires. 
Cependant  à  la  façon  dont  se  comportent  les  sédiments  triasiques 
et  jurassiques  à  la  périphérie  de  la  Montagne  Noire,  il  est  certain 
qu'une  grande  partie  de  cette  région  a  du  rester  émergée  depuis  sa 
formation.  A  l'époque  crétacée  la  mer  n'occupait  que  le  bord  du 
versant  méridional  et  la  pointe  sud-est  du  massif  ancien.  Les 
sédiments  éocènes  sont  cantonnés  également  sur  ce  même  versant, 
mais  ils  recouvraient  l'extrémité  sud-est  du  massif,  d'après  les 
restes  reconnus  dans  les  environs  de  Bédarieux. 

La  Montagne  Noire  a  reçu  le  contre-coup  des  efforts  qui,  à  la 
fin  de  l'Eocène,  plissèrent  les  assises  secondaires  et  tertiaires,  et 
même  les  refoulèrent  vers  le  nord-ouest  dans  les  régions  de 
Glermont  et  de  St-Chinian,  ainsi  que  MM.  Depéret  et  Nicklès  le 


678  J.  BERGERON.  —  LA  MONTAGNE  NOIRE 

montreront  à  la  Société.  J'ai  dit  plus  haut  comment  la  réaction 
produite  par  le  massif  ancien  s'était  traduite  par  le  chevauchement 
vers  le  sud  des  flancs  méridionaux  renversés  de  certains  anticli- 
naux. Enfin  j'ai  décrit  les  accidents  qui  se  sont  produits  alors  dans 
la  nappe  de  recouvrement. 

Emergée  depuis  la  fin  des  temps  primaires,  la  Montagne  Noire 
a  été  soumise  à  des  érosions  longues  et  puissantes,  surtout  dans 
sa  partie  haute,  dans  la  région  gneissique  ;  aussi  celle-ci  s'est-elle 
transformée  en  pénéplaine.  Mais,  à  la  fin  des  temps  tertiaires,  la 
différence  de  niveau  entre  cette  pénéplaine  et  la  mer  Méditerranée 
s'étant  accrue,  soit  par  suite  d'un  affaissement  de  la  région  du 
Languedoc,  soit  au  contraire  par  suite  d'un  exhaussement  du 
Massif  central,  le  versant  méditerranéen  a  été  profondément  mo- 
difié par  les  érosions  pliocénes  et  pléistocènes.  A  l'époque  pliocène 
il  y  avait  de  grandes  et  profondes  vallées  dont  l'une  semble  avoir 
été  en  relation  avec  l'effondrement  de  la  région  de  Bédarieux.  Mais 
il  ne  nous  en  reste  que  des  lambeaux  insuffisants  pour  déterminer 
leur  direction. 

A  l'époque  pléistocène,  les  cours  d'eau  actuels  existaient  déjà  ; 
la  vallée  de  l'Orb  en  particulier  était  telle  qu'elle  se  voit  aujour- 
d'hui, avec  son  allure  irrégulière  qui  résulte  des  cassures  qu'elle 
suit  et  qui  est  due  à  une  série  de  captures  sur  lesquelles  je  revien- 
drai en  parlant  des  excursions  de  la  Société.  La  seule  différence 
réside  en  ce  qu'à  cette  époque  le  lit  de  l'Orb  et  du  Jaur  était  à  un 
niveau  supérieur  de  vingt  mètres  au  niveau  actuel.  Des  terrasses 
qui  bordent  ces  cours  d'eau  ainsi  que  des  cônes  de  déjection  qui 
occupent  l'embouchure  de  tous  les  ruisseaux  qui  s'y  jettent  sont 
autant  de  témoins  de  ce  changement  de  niveau  et  témoignent  de 
l'importance  beaucoup  plus  grande  de  tous  ces  cours  d'eau  à  une 
époque  ancienne. 


679 


Séance  du  8  Septembre  18»» 


PRÉSIDENCE  DE  M.  J.  BERGERON,    PRÉSIDENT 


La  séance  se  tient  dans  la  salle  de  délibération  du  Conseil 
municipal  de  la  ville  de  Saint-Chinian,  mise  gracieusement  à  la 
disposition  de  la  Société  par  la  Municipalité,  en  présence  d'un 
nombreux  public.  Le  président  a  à  sa  droite,  M.  Chama,  premier 
adjoint. 

Le  Président  remercie  les  habitants  de  Saint-Chinian  de 
l'empressement  qu'ils  ont  mis  à  se  grouper  autour  des  membres  de 
la  Société  pour  la  séance  de  ce  soir  ;  cet  empressement  témoigne  de 
leur  sympathie  pour  une  science  à  laquelle  plusieurs  d'entre  eux, 
par  leurs  découvertes,  ont  rendu  de  grands  services.  M.  J.  Bergeron 
rappelle  que  dans  les  nodules  recueillis  dans  les  schistes  de  la 
région,  il  a  trouvé  de  nombreux  fossiles  qui  ont  permis  de  recon- 
naître, par  la  similitude  des  faunes,  qu'à  l'époque  de  l'Ordovicien 
inférieur  la  mer  communiquait  entre  les  régions  Scandinaves  et  le 
Languedoc.  Il  engage  donc  les  habitants  de  la  région  à  imiter 
MM.  Miquel,  Villebrun,  Lignères  et  Donnadieu  et  à  continuer  leurs 
recherches,  car  il  y  a  encore  beaucoup  à  trouver. 

Lecture  est  ensuite  donnée  du  procès-verbal  de  la  précédente 
séance  ;  la  rédaction  de  ce  procès- verbal  est  adoptée. 


680 


COMPTE-RENDU  DE  L'EXCURSION  DU  6  SEPTEMBRE 

par  M.  J.  BER6ER0N. 

La  Société  est  partie  de  Saint-Pons  par  la  route  d'Oloazac.  Elle 
traverse  d'abord  une  bande  calcaire  sur  laquelle  est  située  la  ville 
de  Saint-Pons.  Ce  calcaire  semble  appartenir  au  terrain  dévonien. 
Les  couches  les  plus  élevées  de  la  série  ont  des  couleurs  vives  qui 
rappellent  celles  du  Dévonien  supérieur  :  ce  sont  des  marbres  qui, 
par  leur  coloration  et  leur  structure,  peuvent  être  comparés  à 
l'incarnat  et  au  griotte.  Dessous  sont  des  calcaires  de  couleur  blan- 
che ou  gris  bleu  que  l'on  pourrait  comparer  à  ceux  du  Dévonien 
moyen  et  inférieur.  Dans  toute  cette  série,  il  n'a  jamais  été  trouvé 
que  des  débris  d'Encrines. 

La  route  d'Olonzac  qui,  d'une  manière  générale,  a  une  direction 
nord-sud,  quitte  cette  bande  qui  est  orientée  nord-est-sud-ouest, 
au  niveau  de  la  métairie  du  Pont  de  Rascle,  pour  entrer  dans  des 
schistes  ordoviciens  à  Euloma-Niobe  (Etage  de  Trémadoc)  ;  ces 
schistes  forment  une  bande  très  étroite  ;  d'après  leur  allure, 
ils  ont  dû  subir  de  fortes  compressions.  Peut-être  toute  la  série 
silurienne  s'est-elle  déposée  en  ce  point  et  les  laminages,  lors  de  la 
formation  des  plis,  en  ont-ils  fait  disparaître  tous  les  autres  horizons. 

L'absence  de  certains  niveaux,  la  réduction  d'épaisseur  de  cer- 
tains autres,  sont  des  accidents  que  la  Société  retrouvera  du  côté  de 
Cabrières  dans  les  écailles  de  recouvrement,  aussi  pourrait-on  se 
demander  si  dans  la  région  de  Saint- Pons  on  n'a  pas  affaire  à  une 
pareille  nappe.  Mais  ce  sont  là  des  phénomènes  mécaniques  qui  ont 
pu  se  produire  partout  où  il  y  a  eu  de  fortes  compressions,  et  ils 
ne  sont  pas  exclusivement  caractéristiques  des  chevauchements. 
Dans  le  cas  présent,  il  semble  qu'il  y  ait  une  série  en  place,  sinon 
complète.  D'ailleurs,  la  bande  ordovicienne  du  Pont  de  Rascle  s'é- 
tend vers  Test  et  vers  l'ouest  sur  plusieurs  kilomètres  de  long. 
Vers  l'ouest  elle  atteint  le  pic  de  Saint  Bauzile  et  disparait  peu 
après;  vers  l'est  elle  suit  la  vallée  du  Jaur  :  de  ce  côté,  elle  devait 
se  relier  aux  assises  siluriennes  et  dévoniennes  qui  se  montrent 
au  sud  de  Tarasson  et  qui  font  suite  aux  massifs  de  Vieussan, 
de  Ceps  et  de  Roquebrun.  Dans  ces  conditions  la  bande  ordovi- 
cienne et  la  bande  dévonienne  de  Saint- Pons  correspondraient  à 
un  synclinal,  limité  vers  le  sud  par  un  anticlinal  dont  l'axe  serait 
jalonné  par  la  bande  de  calcaire  géorgien  de  Cavenac. 


COMPTE-RENDO   DE  L'EXCURSION   DU  è  SEPTEMBRE  68 1 

En  quittant  l'Ordovicien  du  Pont  de  Rascle,  la  Société  s'avance 
vers  Taxe  de  cet  anticlinal.  D'ailleurs,  avant  d'arriver  au  col  de 
Sainte-Colombe,  elle  aura  à  traverser  plusieurs  synclinaux  et  anti- 
clinaux intéressant  tous  le  Cambrien. 

Sur  le  versant  méridional  du  premier  anticlinal,  celui  de  Cavenac, 
se  reconnaissent  les  schistes  jaunes  de  l'Acadien  moyen,  mais  sans 
fossiles.  Us  sont  recouverts  par  une  série  très  puissante  de  phyl- 
lades  de  couleur  vert  foncé,  avec  quelques  bancs  gréseux,  passant 
parfois  à  de  vrais  quartzites.  La  route,  par  suite  d'un  coude  et  aussi 
grâce  à  la  direction  nord-est*ud-ouest  des  plis,  après  avoir  traversé 
cette  série,  principalement  potsdamieune,  normalement  à  sa  direc- 
tion, recoupe  l'anticlinal  calcaire  de  Cavenac  au  niveau  de  ce  village. 

A  Cavenac  les  membres  de  la  Société  trouvent  chez  M.  Jean  Belot 
à  acheter  de  nombreux  exemplaires  de  fossiles  cambriens  provenant 
du  gite  de  Sainte-Colombe,  but  de  l'excursion. 

A  rentrée  du  village,  sur  l'ancienne  route  d'Olargues,  à  quelque 
centaine  de  mètres  sur  ce  chemin,  se  dresse  une  sorte  de  mur  formé 
par  un  filon  de  diabase  ophitique. 

La  structure  ophitique  y  est  en  apparence,  moins  accusée  que 
dans  bien  d'autres  filons  de  la  région,  aussi  M.  Léon  Bertrand  n'y 
reconnaît  il  pas  le  type  normal  des  ophites  des  Pyrénées.  Cependant 
l'étude  microscopique  ne  laisse  aucun  doute.  Les  cristaux  de  labra- 
dor sont  allongés  suivant  l'arête  pg'  ;  tout  autour  se  voient  des 
débris  de  cristaux  de  pyroxène  qui  semblent  les  avoir  moulés. 
C'est  la  structure  ophitique  bien  caractérisée. 

La  Société,  en  revenant  sur  la  nouvelle  route  de  Sainte-Colombe, 
retrouve,  dans  les  dernières  couches  de  l'anticlinal  calcaire  de 
Cavenac,  des  filons,  peu  épais  il  est  vrai,  de  diabase  ophitique 
qui  semblent  n'être  que  des  apophyses  du  filon  précédent. 

En  continuant  à  monter  vers  Sainte-Colombe,  la  Société  traverse 
de  nouveau  la  série  potsdamienne  déjà  vue  avant  d'arriver  à 
Cavenac.  Bien  des  bancs  au  voisinage  des  calcaires  rappellent  les 
schistes  dans  lesquels  ont  été  trouvés,  plus  au  sud-ouest,  du  côté  de 
Pardailhan,  les  grands  exemplaires  de  Paradoxides  rugulosus,  mais 
jusqu'ici,  il  n'y  a  été  rencontré  aucun  fossile. 

Au  point  où  la  route  tourne  vers  l'ouest,  sur  la  rive  gauche  du 
ravin  qui  passe  au  nord  de  Sainte-Colombe,  apparait  un  anticlinal 
présentant  toutes  les  variétés  de  calcaire  cambrien;  dans  des  bancs 
gris  bleu  clair  la  Société  trouve  des  traces  organiques  (?)  absolu- 
ment indéterminables.  C'est  dans  ces  mêmes  calcaires  que  j'ai  ren- 
contré des  débris  d'Arch&ocyathus  (peut-être  du  genre  Coscynocya- 
thus  décrit  par  J.  G.  Bornemann). 


682  J.    BERGERON 

C'est  au  fond  du  ruisseau,  sur  la  plongée  méridionale  de  cet  anti- 
clinal que  la  Société  voit,  pour  la  première  fois,  les  schistes  jaunes 
et  rouges  de  l'Acadien.  Mais  comme  ils  sont  peu  fossilifères  en  ce 
point,  elle  ne  s'y  arrête  pas  et  elle  continue  son  chemin  vers  le 
sud,  à  travers  les  schistes  et  les  grès  potsdamiens,  jusqu'au  col  de 
Sainte-Colombe.  Un  peu  au  sud  de  ce  col,  passe  un  nouvel  anticlinal 
de  calcaire  géorgien,  sur  la  plongée  méridionale  duquel  les  schistes 
acadiens  fossilifères  sont  très  développés.  Les  membres  de  la  Société 
y  recueillent  en  abondance  :  Paradoxides  rugulosus  Corda,  Conoce- 
phalus  coronatus  Barr.,  Trochocystitêk  Barrandei,  Mun.-Chalm.  et 
J.  Berg.;  les  exemplaires  d'AgnostusSallesi,  Mun.  Chalm.  et  J.  Berg. 
ont  été  très  rares. 

La  Société  rentre  à  Saint-Pons  par  le  même  chemin  ;  elle  peut  se 
rendre  compte  que  les  plis  qui  intéressent  le  Cambrien  sont  nom- 
breux, alternativement  synclinaux  (bandes  schisteuses  et  gréseuses) 
et  anticlinaux  (bandes  calcaires).  Ces  plis  sont  généralement  déver- 
sés vers  le  nord  ;  exceptionnellement  ils  sont  normaux.  En  plusieurs 
points,  en  particulier  là  où  affleurent  les  bancs  gréseux,  l'allure, 
contournée  des  couches  est  très  visible. 


COMPTE-RENDU 
DE  L'EXCURSION  DU  7  SEPTEMBRE  AU  MATIN 

par  M.  J.  BERGERON. 

En  sortant  de  Saint- Pons,  la  Société  suit  en  direction  les  cal- 
caires que  j'attribue  au  Dévonien,  puis  elle  prend  la  route  de 
Saint-Chinian  qui  se  dirige  vers  le  sud  et  traverse  normalement 
le  prolongement  vers  le  nord-est  de  tous  les  plis  vus  la  veille. 

Au  niveau  de  la  métairie  de  Bégot,  les  assises  potsdamiennes 
renferment  des  bancs  de  grès,  redressés  jusqu'à  la  verticale.  La 
route  les  coupe  à  plusieurs  reprises,  sous  des  angles  très  différents, 
ce  qui  donne  l'illusion  d'une  grande  complication  d'allure,  alors 
que  leur  direction  reste  sensiblement  constante.  Le  grand  inté- 
rêt de  ces  grès,  réside  dans  l'abondance  des  pistes  qui  les  recou- 
vrent. Ce  ne  sont  pas  d'ailleurs  des  empreintes  comparables  aux 
Cruziana;  elles  sont  plus  simples.  Les  ripple-marks  y  sont  très  fré- 
quents. Enfin  il  y  a  quelques  traces  circulaires,  en  forme  d'anneaux 
aplatis,  dont  l'origine  est  fort  douteuse  :  ce  sont  ou  des  sections  de 


COMPTE-RENDU  DE  L'EXCURSION  DU  7  SEPTEMBRE  AU  MATIN  683 

tubes  d'Annelés  ou  des  empreintes  de  Méduses.  Cette  dernière  opi- 
nion a  été  celle  de  M.  Depéret. 

Avant  le  point  culminant  de  la  route  de  Saint-Chinian, 
les  schistes  acadiens  du  versant  septentrional  du  pli  anticlinal 
passant  par  le  col  de  Sainte- Colombe,  affleurent  sur  le  talus  gauche 
de  la  route;  mais  ils  sont  très  pauvres  en  fossiles. 

Au  niveau  de  Cathalo,  la  route  de  Saint-Chinian  s'engage  dans  la 
gorge  du  ruisseau  de  Nouvre  qui  traverse  un  anticlinal  cambrien, 
pli  le  plus  méridional  du  dôme  cambrien  de  Pont-Guiraud.  Tous  les 
plis  vus  précédemment  étaient  déversés  vers  le  nord,  avec 
plongement  vers  le  sud.  Les  premières  couches  rencontrées  en 
descendant  de  Cathalo  plongent  également  vers  le  sud  ;  elles  appar- 
tiennent au  Potsdamien.  Puis  viennent  des  schistes  acadiens,  très 
pauvres  en  fossiles,  que  surmontent  des  schistes  troués  qui  ne  sont 
autres  que  les  calcschistes  acadiens  décalcifiés  ;  enfin,  c'est  la  série 
calcaire  correspondant  aux  niveaux  inférieurs  de  l'Acadien  et  au 
niveau  supérieur  du  Géorgien.  Toute  cette  série  cambrienne  est 
disposée  en  ordre  inverse  de  la]  superposition  normale.  Mais  à 

Boni  de  Fouasarou 

&Chinian 


Fig.  12  —  Coupe  de  Cathalo  a  Saint-Chinian. 

1,  Calcaire  géorgien  ;  2,  Acadien  ;  3,  Potsdamien  ;  4,  Schistes  à  Euloma-Niôbe 
(Trémadoc)  ;  5,  Crétacé  supérieur  (Rognac)  ;  6,  Eocène  ;  7,  Diabase. 

Figure  extraite  du  livret-guide  des  excursions  en  France,  du  VIII'  Congrès 
géologique  international  de  1900. 

partir  d'un  point,  situé  à  2  kilomètres  environ  de  Cathalo,  les  cou- 
ches calcaires  commencent  à  se  redresser,  puis  elles  prennent  un 
plongement  nord  et  il  en  est  ainsi  jusqu'au  delà  du  moulin  de 
Poussarou,  vers  le  sud.  Les  assises  présentent  d'ailleurs,  à  partir  de 
ce  point,  la  même  superposition  inverse  déjà  signalée  du  côté  de 
Cathalo  ;  il  y  a  encore  renversement,  mais  avec  plongement  en  sens 
contraire  du  premier,  il  en  résulte  que  cet  anticlinal  méridional 
correspond  à  un  pli  en  éventail  (fig.  12). 

Dans  la  partie  axiale  du  pli,  comme  d'ailleurs  dans  presque  toute 
cette  masse  de  calcaire  cambrien,  il  s'est  produit  des  phénomènes 
de  métamorphisme.  Il  y  a  eu  dolomitisation  ou  encore  silicilication 
d'un  très  grand  nombre  de  bancs  et  la  roche  ne  présente  plus  les 
caractères  ordinaires  des  calcaires  géorgiens;  on  peut  la  confondre 
avec  un  calcaire  paléozoïque  quelconque  dolomitisé.  En  deux 


684 


1.   BERGERON 


points,  sur  la  route,  la  Société  reconnaît  de  minces  filons  de  dia- 
base  ophitique  ;  mais  ils  ne  sont  pour  rien  dans  ce  métamorphisme 
qui  eet  général  et  nullement  localisé  au  contact  de  la  roche  éruptive. 
Les  travaux  nécessités  par  la  construction  de  la  route,  ont  mis  à 
jour  dans  la  région  calcaire,  de  nombreux  canaux  souterrains  dont 
les  parois  sont  couvertes  de  stalactites  ;  au  niveau  du  pont  de  Pons- 
sarou,  dans  le  fond  du  ruisseau,  il  y  a  des  sources  vauclusîenoes 
qui  viennent  au  jour  en  suivant  de  pareils  canaux.  Ce  faitexplique 
la  présence  dans  la  région  de  plusieurs  grottes  qui  ont  servi  d'abri 
a  l'homme  primitif. 

En  plusieurs  points  de  la  gorge  que  suit  la  grande  route,  il  y  a 
des  dépots  situés  généralement  à  un  niveau  supérieur  à  celui  de  la 
route  et  formés  de  débris  de  schistes  et  de  calcaires.  Ce  sont  de 
vraies  terrasses.  Il  est  impossible  de  fixer  leur  âge  ;  mais  elles  se 
trouvent  à  une  altitude  de  10  à  15  mètres  au-dessus  du  fond  de  la 
vallée  Peut-être  sont-elles  dues  à  des  inondations  récentes:  en 
effet,  dans  ces  gorges  très  étroites  de  la  région  de  Saint-Chinian, 
les  torrents  peuvent,  en  cas  d'orage,  acquérir  très  rapidement  un 
volume  considérable  et  s'élever  d'une  quinzaine  de  mètres. 
Au  niveau  du  pont  de  Poussarou,  construit  sur  le  ruisseau  de 
Ferrières,  les  calcs- 
chistes  et  en  parti- 
culier les  bancs  vio- 
lets de  la  base  de 
l'Acadien  sont  très 
développés  (fig.  13). 
La  proportion  de 
calcaire  diminue  de 
plus  en  plus  dans 
les  calcschistes  et, 
3  par  suite,  les  vacuo- 
les correspondant 
aux  amandes  cal- 
caires dissoutes  sont 
de  moins  en  moins 
nombreuses.  Sous 
l'action  des  pres- 
sions qu'ils  avaient  subies  en  ce  point,  les  nodules  calcaires  s'étaient 
alignés  ;  par  suite,  les  vacuoles  résultant  de  leur  dissolution  le 
sont  également. 
Les  schistes  deviennent  de  vrais  phyllades  verdâtres  dans  lesquels 


Flg.  13.  —  Pont  de  Poussarou. 
I,  Calcaires  blancs  de  la  partie  supérieure  du  Géor- 
gien; 2,CalcschlBleaacadlon3;a.  Schlstea  acadiens 
de  la  zone  a  Paradoxydes  rvguio»a$. 
Figure  extraite  du  livret-guldc  îles  excursions  en  France 
du  VIII'  Congrès  géologique  international  de  1900. 


COMPTE  RENDU  DE  L'kXCURSION  DU  7  SEPTEMBRE  AU  MATIN  685 

se  rencontrent  des  débris  de  très  grands  Paradoxides,  particulière- 
ment abondants  dans  le  chemin  muletier  qui  descend  de  la  grande 
route  au  moulin.  Les  quelques  débris  de  plèvres  qui  y  ont  été  recueil- 
lis, témoignent  de  la  grandeur  des  individus  dont  ils  proviennent. 

Au  niveau  de  ce  même  moulin,  il  est  facile,  à  la  simple  vue  des 
deux  rives,  de  se  rendre  compte  de  l'allure  des  couches.  Dans  la 
partie  haute  des  flancs  du  ravin,  les  schistes  plongent  vers  le  nord, 
tandis  que  dans  la  partie  basse,  ils  s'infléchissent  de  manière  à  pren- 
dre progressivement  dans  le  fond  du  ravin  un  plongement  sud,  qui 
est  leur  plongement  primitif.  Ce  n'est  vraisemblablement  qu'à  la 
suite  d'une  poussée  venant  du  sud,  mais  produisant  une  réaction  en 
sens  contraire,  qu'il  y  a  eu  renversement  vers  le  sud.  Cette  réaction 
a  été  fournie  par  le  massif  paléozoïque  situé  plus  au  nord,  lors 
de  la  formation  des  plis  de  Saint-Chinian,  à  la  fin  de  l'Eocène. 
D'ailleurs,  elle  s'est  produite  avec  chevauchement  des  couches  ren- 
versées les  unes  sur  les  autres  ;  ce  chevauchement  est  très-net 
surtout  pour  les  assises  de  la  base  de  l'Acadien  (Voir  fig.  12,  p.  683). 

Le  temps  pressant,  la  Société  s'est  rendue  directement  à  Saint- 
Chinian.  Elle  a  pu  reconnaître,  en  passant,  la  même  série  de  phyl- 
lades  et  de  grès,  vue  la  veille  sur  la  route  de  Sainte-Colombe.  Cette 
série  est  très  plissée  et  accuse  d'abord  une  tendance  à  plonger  vers 
le  nord  par  suite  de  déversement  déjà  signalé;  elle  se  redresse  pro- 
gressivement jusqu'à  la  verticale;  enfin,  elle  prend  un  plongement 
général  vers  le  sud  ;  mais  les  assises  sont  affectées  de  nombreux 
plis,  très  irréguliers,  qui  témoignent  des  efforts  de  refoulement, 
de  froissement  qu'elles  ont  subis. 

La  série  de  sédiments  correspondant,  par  leur  position,  à  l'étage 
potsdaraien  est  toujours  sans  fossile.  Elle  est  recouverte  par  les 
schistes  bleu  foncé,  d'aspect  gras,  miroitant,  de  l'étage  de  Tréma- 
doc.  Ils  deviennent  fossilifères  à  peu  près  au  niveau  du  village  de 
Bouldou,  et  on  y  rencontre,  dans  des  nodules  noirs  siliceux  :  Belle- 
rophon  Œhlerti  Mun.-Chalm  et  J.  Berg.,  Euloma  Filacovi  Mun.-Chalm. 
et  J.  Berg.,  sp.  La  Société  n'a  malheureusement  pas  le  temps  de 
faire  de  fouilles  dans  les  gîtes  très  fossilifères  de  Sourteillo  et  de 
Saint-Cels  où  elle  aurait  trouvé  en  abondance  des  Asaphelina  Aliqueli 
J.  Berg.  et  des  ATto6e  Ligneresi  J.  Berg.  sp. 

L'Ordovicien  disparaît  vers  le  sud  au  niveau  du  Vernazobre  sous 
une  falaise  formée  par  des  écailles  superposées  de  Crétacé  et  de 
Tertiaire  que  la  Société  étudiera  dans  l'après-midi. 


24  Août  1901.   -  T.  XXVII.  BulL  Soc.  Géol.  Fr.  -  44 


APERÇU  SUR  LA  GÉOLOGIE  DU  CHAINON  DE  SAINT-CHINIAN 

par  M.  Charles  DEPÉRET 

I.  Disposition  générale  et  Tectonique 

Ou  peut,  à  la  suite  de  Magnan,  de  MM.  de  Rou  ville,  Col  lot,  de 
Margerie  et  Miquel,  désigner  sous  le  nom  de  chaînon  de  Saint-Chi- 
nian  (du  nom  de  la  petite  ville  qui  en  occupe  le  centre)  un  petit 
massif  de  collines  rocheuses  allongé  parallèlement  au  bord  méri- 
dional de  la  Montagne  Noire,  entre  le  méridien  de  la  rivière  d'Orb 
et  celui  de  la  Cesse  dans  la  région  de  Bize. 

Ce  chaînon,  localement  interposé  entre  les  terrains  paléozoïques 
de  la  Montagne  Noire  et  les  grandes  plaines  miocènes  des  bassins 
de  l'Orb  et  de  l'Aude,  est  constitué  par  un  faisceau  de  plis  d'âge 
pyrénéen  (antéoligocènes),  tous  déversés  au  nord  et  ayant  affecté 
le  Keuper,  l'Infralias,  le  Lias,  le  Bajocien,  le  Crétacé  supérieur 
fluvio-lacustre  et  l'ensemble  des  terrains  éocènes. 

Le  trajet  de  ces  plis  et  des  lignes  de  relief  qui  en  sont  la  consé- 
quence, affecte  une  direction  générale  E.N.E.  O.S.O.,  coïncidant 
avec  la  direction  des  plis  paléozoïques  de  cette  région.  Mais  aux 
deux  extrémités  du  chaînon,  au  nord-est  vers  la  vallée  de  l'Orb,  au 
sud-ouest  dans  la  région  de  Bize,  les  plis  se  dévient  suivant  une 
direction  nord-sud  presque  perpendiculaire  à  l'orientation  générale 
du  chaînon,  de  sorte  que  le  schéma  d'ensemble  des  lignes  directrices 
prend  la  forme  sinueuse  d'un  S  couché. 

J'ai  essayé  dans  la  petite  carte  ci-jointe  (fi g.  1)  de  résumer  les 
principaux  éléments  tectoniques  du  chaînon  de  Saint-Chinian.  Ces 
éléments  se  succèdent  du  nord  au  sud  dans  Tordre  suivant  : 

1°  Synclinal  éocène  du  Minervois.  —  Le  long  de  la  bordure 
du  massif  ancien,  on  observe,  directement  appuyé  avec  une  assez 
faible  inclinaison  sur  les  couches  paléozoïques,  un  plateau  régulier 
de  terrains  éocènes,  véritable  causse  calcaire  que  les  ruisseaux 
descendus  de  la  Montagne  Noire  ont  découpé  en  lambeaux  séparés 
par  de  profonds  canons  aux  parois  abruptes  de  calcaire  nummuli- 
tique.  Vers  le  sud,  ce  plateau  éocène  se  dispose  en  un  synclinal 
dont  la  relevée  est  brusque,  parfois  même  renversée  sous  Tinfluenèe 
de  l'anticlinal  nord  du  chaînon,  déversé  sur  toute  sa  longueur  sur  le 


aperçu  sur  la  géologie  du  cbaImon  DE  SAIN t-chinian         687 

synclinal  éocène.  Ce  dernier  commence  sur  les  bords  mêmes  de 
l'Orb,  au  iiord  de  Cesseoon,  suit  la  vallée  du  Vernazobre  jusqu'à 
Saint-Chinian,  mais  reste  très  étroit  jusqu'à  la  hauteur  du  village 
d'Assiguan  ;  à  partir  de  ce  point,  il  s'élargit  rapidement  eu  triangle 
vers  l'ouest  et  acquiert  dans  la  région  de  Minerve  et  d'Olonzac 
[Minervois!  une  largeur  de  plus  de  10  kilomètres,  d'où  le  nom  de 
synclinal  éocène  du  Minervois. 


Mua;  VIII,  Dôme 
du  Pech  de  Blie  ;  IX,  Dûme  de  la  Serre  d'Oupfu 

2°  Anticlinal  de  Montahut  (fig.  1,  I)  et  écaille  anticlinale  de 
Pierreruk  (fig.  1, 1,).  —  Le  pli  le  plus  septentrional  du  chaînon  est 
un  anticlinal  à  axe  danien  (grès  de  Saint-Chinian  et  calcaire  de 
Rognac),  déversé  au  nord-ouest  sur  le  synclinal  éocène  sur  tout  son 
parcours  depuis  le  roc  Notre-Dame  de  Saint-Chinian,  jusqu'à  la 
montagne  des  grottes  de  Bize,  en  passant  par  le  Pech  de  Montahut, 
point  dominant  de  tout  le  pays.  La  charnière  de  cet  anticlinal  est 
conservée  sur  une  grande  partie  de  ce  trajet  ;  on  la  voit  fort  bien 
par  exemple  au  roc  de  Notre-Dame  (fig.  2  et  planche  XXI,  fig.  1). 

Entre  ce  dernier  rocher  et  le  village  de  Pierrerue,  sur  une  lon- 
gueur de  5  kilomètres,  l'anticlinal  danien  est  éventré  et  laisse 
apercevoir  largement  son  axe  formé  par  les  grès  à  Reptiles.  Mais 


688 


GH.    DEPÉRET 


je  pense  que  Ton  doit  considérer  comme  sa  prolongation,  dans  la 
direction  de  l'ouest,  Vécaille  (avec  flanc  inverse  supprimé  par  étire- 
ment)  de  Keuper  et  d'Infralias  qui  va  de  Pierrerue  à  Cazedarnes, 


s. t. 

i 


Rs^-~" 


Notre  -DtLave 


Fig.  2.  —  Coupe  passant  par  le  rocher  Notre-Dame.  —  1/90.000* 

S,  Schistes  siluriens  ;  I,  Infralias;  G,  Grès  de  SaintChinian  ;  R\  R*,  R',  les  trois 
barres  des  calcaires  de  Rognac  ;  m,  Marnes  roses  intercalées  ;  N,  Calcaire  à 
Alvéolines;  L,  Lutétien  lacustre. 

écaille  refoulée  suivant  un  plan  peu  incliné  sur  une  série  éocène 
renversée  qui  forme  un  puissant  talus  dominant  la  vallée  du 
Vernazobre  jusqu'à  Cessenon  (fig.  3). 

Aussi  ai-je  donné  à  ces  deux  segments  d'un  même  pli  le  nom 
d'anticlinal  de  Montahut  et  de  Pierrerue. 


SX- 

Pli  de  CcLxednm<cf 


N.O. 


Pli   de  Pierrerue 


SArvc  renversée 


Vallée-     du. 
VeTTtaAobre-s 


Fig.  3.  —  Coupe  de  Pierrerue.  —  Echelle  1/20.000" 

K,  Gypse  et  marnes  du  Keuper.  —  Infralias  :  m,  Marnes  vertes  ;  p,  Calcaire  en 
plaquettes  à  Avicula  contorta;  <i,  Dolomies.  —  R,  Rauxitc  ;  G,  Grès  de  Saint- 
(  hinian  ;  N,  Calcaire  à  Alvéolines  ;  L,  Calcaire  lacustre  lutétien  ;  A,  Grès 
d'Assignan  et  marnes  jaunes  ;  a1,  Alluvions  du  Vernazobre. 


3°  Anticlinal  de  Cazedarnes  (fig.  I,  II).  —  En  arrière  du  pli  de 
Pierrerue  se  trouve  déversé  et  refoulé  au  nord  un  second  anticlinal 
à  axe  de  Keuper  et  d'Infra-lias  que  je  désignerai  sous  le  nom  de  pli 
de  Cazedarnes  :  il  est  le  plus  souvent  transformé  en  écaille,  mais 


APERÇU  SUR  LA  GÉOLOGIE  DU  CHAÎNON  DE  SAINT-CHINIAN  689 

son  flanc  inverse  infra-liasique  est  partiellement  conservé  sur 
quelques  points  de  son  trajet.  Le  pli  commence  sur  la  rive  droite 
de  l'Orb,  au  sud  de  Cessenon  ;  il  passe  au  village  de  Cazedarnes, 
rejoint  un  peu  à  l'ouest  de  ce  point  le  pli  de  Pierrerue  auquel  il 
se  superpose  directement  (Infra-lias  sur  Infra-lias  avec  lambeaux 
de  bauxite  marquant  la  séparation  des  deux  plis),  se  sépare  ensuite 
de  ce  pli  et  commence  à  s'infléchir  au  sud-ouest  en  passant  un 
peu  au  sud  de  Saint-Chinian  (fig.  4),  à  l'ouest  de  Villespassans,  et 
court  au  sud,  pour  se  terminer  aux  plâtrières  deMontplo,  sur  la 
rive  sud  du  ruisseau  de  Roquefourcade  (ruisseau  de  Cruzy),  où  il 
disparaît  sous  les  alluvions  pliocènes. 


N.O. 


Fig.  4.  —  Coupe  au  col  de  la  route  de  Cebazan  à  Saint-Chinian.  —  1/15.000*. 

K,  Argiles  bariolées  du  Keuper.  —  Infralias:  m,  Marnes  vertes  rhéUennos  ;  ;\ 
Calcaire  en  plaquettes  à  Âvicula  contorta;  d,  Dolomies  hettan^icnnes  — 
G,  Grès  de  Saint-Chinian  ;  R1,  Calcaire  de  Rognac  ;  M,  mnrncs  île  Rognac  ; 
a1,  Alluvions  du  Vernazobre. 

Anticlinaux  de  Cebazan-Cruzy  (fig.  1,  III,  IV  et  V).  —  Dans  Paugbi 
sud-ouest  du  chaînon,  on  voit  se  développer  en  arriére  du  pli  précé- 
dent, trois  autres  anticlinaux  infraliasiqnes  légèrement  déversés  au 
nord-ouest  et  séparés  par  des  bandes  synclinales  de  grès  daniens. 
Ces  plis  qui  viennent  fiuir  tous  les  Irois  vers  le  sud  à  la  traversée  du 
ruisseau  de  Roquefourcade,  n'ont  pas  uu  trajet  aussi  étendu  que  les 
précédents;  les  deux  premiers  (fig  1,  111  et  IV)  s'abaissent  complè- 
tement au  nord-est  avant  d'atteindre  le  village  de  Cebazan  en  face 
duquel  ils  présentent  une  terminaison  périclinale.  Le  troisième  ou 
pli  de  Cruzy  (fig.  1,  V),  après  un  trajet  de  2  kilomètres  disparaît  dans 
les  grès  à  Reptiles  au  col  delà  route  de  Cruzy  à  Saint-Chinian. 

4°  Anticlinal  de  Cazouls-Creissan  (fig.  l,Vl).  —  A  une  distance  de 
4  à  5  kilomètres  au  sud-est  du  faisceau  serré  des  plis  précédents, 
apparaît  à  travers  un  revêtement  plus  ou  moius  complet  de  terrains 


690  CH.    DEPÉRET 

miocènes,  un  dernier  anticlinal  à  axe  keupérien,  mais  dans  lequel 
la  série  jurassique  se  complète  par  l'adjonction  à  l'Infra-lias  du 
Lias  et  du  Bajocien.  Le  refoulement  de  ce  pli  vers  le  nord-ouest 
est  beaucoup  plus  intense  que  celui  de  tous  les  plis  précédemment 
décrits  et  a  donné  lieu  à  des  charriages  horizontaux  particulière- 
ment étudiés  par  M.  Nicklès  dans  la  région  de  Cazouls-lez-Béziers. 
Vers  le  sud,  entre  Quarante  et  Creissan,  le  pli  se  dégage  partielle- 
ment de  son  manteau  miocène  et  apparaît  sous  la  forme  d'une 
bande  de  gypse  triasique  que  surmontent  les  différents  termes  du 
Jurassique  inférieur  ci-dessus  énumérés.  Le  pli,  après  une  inter- 
ruption notable,  reparaît  plus  loin  au  nord-est  et  le  bord  externe 
de  la  nappe  charriée  sur  le  calcaire  de  Rognac  dessine  un  arc  de 
cercle  autour  de  Cazouls  comme  centre;  il  se  termine  à  la  métairie 
de  Cazal-Vieil  au-dessus  de  la  station  de  Reals,  et  dépasse  à  peine 
le  bord  de  la  rivière  d'Orb.  Dans  cette  partie  de  son  trajet,  le  pli  de 
Cazouls  éprouve  une  inflexion  brusque  vers  le  nord,  presque  à 
angle  droit  sur  sa  direction  primitive,  ce  qui  détermine  suivant  les 
intéressantes  observations  de  M.  Nicklès,  une  série  de  plis  secon- 
daires transversaux  des  plus  curieux,  donnant  lieu  à  une  véritable 
mosaïque  de  terrains  de  tous  les  niveaux. 

5°  Anticlinal  de  Mus  (fig.  1,  VII).  —  Enfin  la  direction  nord-sud 
s'accentue  tout  à  fait  dans  un  dernier  anticlinal  de  Keuper  et 
d'Infralias  déversé  à  l'ouest,  qui  traverse  l'Orb,  en  aval  de  Reals, 
non  loin  du  château  de  Mus  et  après  une  inflexion  très  curieuse 
vers  le  nord  ouest,  va  disparaître  en  s'abaissant  sous  l'Éocène  à 
une  petite  distance  du  village  de  Causses. 

Je  ne  vois  pour  le  moment  aucune  explication  rationnelle  de  ce 
changement  de  direction  vers  le  nord  des  plis  du  chaînon  qui  vont 
ainsi  buter  à  angle  droit  contre  les  bandes  paléozoïques  orientées 
sud-est  nord  ouest  du  massif  de  la  Montagne  Noire. 

6°  Dômes  du  Pech  de  Bize  (fig.  1,  VIII)  et  de  la  Serre  d'Oupia 
(fig.  1,  IX).  —  Dans  la  partie  méridionale  du  chaînon  on  a  vu  que 
les  plis  s'infléchissaient  directement  vers  le  sud,  ce  qui  permet  de 
supposer  leur  raccordement  avec  les  plis  de  la  chaîne  de  Fontfroide, 
au  sud  de  la  vallée  de  l'Aude;  mais  les  plis  des  environs  de  Cruzy 
disparaissent  avant  d'atteindre  cette  vallée  qui  se  présente  ainsi 
comme  une  dépression  naturelle  due  à  l'abaissement  des  plis  dans 
sa  traversée.  Avant  de  s'éteindre  dans  la  vallée  de  l'Aude,  l'effort 
orogénique  s'est  encore  manifesté,  en  dehors  du  chaînon  de  Saint- 
Chinian  proprement  dit,  par  deux  dômes  anticlinaux  de  calcaire 


AKBÇU  SDR  LA  GÉOLOGIE  DU  CHAÎNON  DE  SAINT-CHINIAN  691 

lacustre  lu  té  tien  allongés  du  nord-ouest  au  sud-est  :  l'un  forme  le 
Pecfi  de  Bize,  sur  la  rive  gauche  de  la  Cesse,  l'autre  la  .Serre 
d'Où  pi  a,  sur  la  rive  droite  de  la  même  rivière.  Ces  dômes  con- 
tribuent avec  les  plis  du  chaînon  à  délimiter  au  sud  le  grand 
synclinal  du  Minervois. 

II.  Stratigraphie 

Les  terrains  qui  prennent  part  à  la  constitution  du  chaînon  de 
Saint-Chinian  sont  de  bas  en  haut  : 

1°  Trias,  Lias  et  Jurassique  inférieur.  —  Mon  confrère  et  ami 
M.  Nicklès  ayant  fait  de  ces  terrains  l'objet  d'une  étude  spéciale,  je 
me  bornerai  à  renvoyer  à  la  Note  de  ce  géologue  et  à  rappeler 
simplement  que  le  Trias  supérieur  est  formé  ici  d'argiles  bariolées 
avec  amas  de  gypse,  auxquelles  succèdent  les  divers  termes  de 
Vlnfralias  :  1,  marnes  vertes  et  bariolées;  %  grès  infraliasiques  ; 
3,  calcaires  en  plaquettes  à  Avicula  conlorta;  4,  dolomies.  Le  Lias 
inférieur  ne  peut  être  caractérisé  faute  de  fossiles  ;  le  Lias  moyen 
est  calcaire  à  la  base,  marneux  en  haut  ;  le  Lias  supérieur  est 
formé  de  marnes  à  petites  Ammonites  ferrugineuses  et  le  Bajocien 
de  calcaires  compacts  souvent  dolomitisés. 

2°  Bauxite.  —  On  constate  dans  toute  la  région  une  lacune  consi- 
dérable s'étendant  depuis  le  Bajocien  jusqu'au  Danien  fluvio- 
lacustre, lacune  qui  me  parait  répondre  à  une  longue  phase 
d'émersion  continentale.  La  seule  formation  qui  correspond  à  cette 
lacune  est  un  dépôt  alumino-ferrugineux  de  bauxite  rouge  ou 
blanche,  avec  nombreux  pisolithes  d'oxyde  de  fer,  qui  repose  en 
couches  parfois  assez  épaisses  sur  le  terme  le  plus  élevé,  quel  qu'il 
soit,  des  terrains  jurassiques  de  la  région  :  à  Pierrerue,  à  Cazedar- 
nes,  à  Villespassans  sur  les  dolomies  infraliasiques  :  auprès  de 
Cazouls,  sur  les  calcaires  dolomitiques  bajociens.  La  bauxite  rem- 
plit à  sa  base  des  poches  d'érosion  creusées  à  la  surface  des  dolo- 
mies jurassiques,  disposition  qui  a  amené  quelques  géologues  à 
invoquer  pour  cette  roche  une  origine  éruptive  ou  hydro-thermale. 
J'incline  plutôt  à  la  considérer  comme  un  produit  de  décalcification 
(plus  ou  moius  modifié  par  des  réactions  chimiques  ultérieures  en 
ce  qui  concerne  la  perte  de  silice),  des  calcaires  et  des  dolomies 
jurassiques  sous  l'influence  des  actions  de  ruissellement  et  de 
dissolution  qui  se  sont  exercées  à  la  surface  de  ces  roches  pendant 
leur  très  longue  période  d'émersion  continentale.  Quoi  qu'il  en  soit 


692  CH     DEPÉRET 

de  son  origine  encore  un  peu  obscure,  la  bauxite  occupe  dans  la 
région  de  Saint-Chinian  une  place  stratigraphique  parfaitement 
déterminée  qui  se  retrouve  dans  toutes  les  coupes. 

3°  Danien  (Crétacé  fluvio-lacustre).  —  La  transgression  crétacée 
débute  ici  plus  tardivement  qu'en  Provence.  Il  n'existe  dans  toute 
l'étendue  du  Languedoc  aucune  trace  des  étages  de  Valdonne  et  de 
Fuveau  (Sénonien  supérieur). 

L'étage  de  Rognac  par  lequel  débute  la  transgression  lagu no- 
lacustre  ne  semble  même  pas  être  complet  :  le  Rognac  inférieur 
(Bégudien)  fait  défaut  et  la  série  danienne  commence  par  les  grès  de 
Saint-Chinian  qui  représentent  les  grès  à  Reptiles  du  Rognac  moyeu 
de  Provence.  On  doit  distinguer  dans  ce  Danien  les  termes  suivants 
de  bas  en  baut  : 

a  Grès  de  Saint-Chinian Rognac  moyen 

h  Marnes  rosées  et  calcaires  ....      Rognac  supérieur 
c  Argiles  rutilantes Vitrollien 

a)  Le  grès  de  Saint-Chinian  est  une  puissante  assise  (80  mètres 
environ)  de  grès  grossiers,  de  couleur  générale  lie-de-vin,  passant 
fréquemment,  surtout  dans  le  voisinage  du  massif  ancien,  à  des 
conglomérats  à  galets  peu  roulés  de  quartz  blanc,  de  lydiennes, 
de  schistes  et  de  calcaires  paléozoïques.  Des  zones  limoneuses 
rouges  ou  bariolées  s'intercalent  au  sein  des  grès  et  des  poudin- 
gues  et  sont  le  gisement  ordinaire  des  ossements  de  grands  Dino- 
sauriens  qui  sont  assez  fréquents  à  ce  niveau.  Aux  environs  de 
Saint-Chinian,  j'ai  observé  avec  M.  Nicklès,  de  grands  os  de  Rep- 
tiles près  de  la  halte  de  Pierrerue  et  au  col  de  la  route  de  Saint- 
Chinian  à  Cébazan.  Mon  ami  et  confrère  M.  Miquel  m'a  signalé 
la  présence  d'ossements  à  Balndou,  près  de  Saint-Chinian  à  l'ouest  ; 
et  surtout  à  côté  de  la  ferme  de  Castigno,  au  sud-ouest  d'Assignan, 
où  j'ai  pu  extraire  en  sa  compagnie  de  grands  os  pleins  des 
membres  et  des  vertèbres  caudales  procœliennes  d'un  Sauropode 
du  genre  Titanosaurus  Lydekker.  Plus  au  sud,  dans  la  région  de 
Cruzy  (Gabelas)  et  de  Quarante,  ce  même  horizon  a  fourni  des  pièces 
mieux  conservées  se  rapportante  deux  autres  types  de  Dinosau- 
riens  :  un  Théropode  (Carnassier  digitigrade)  de  la  famille  des 
Mégalosauridés,  appartenant  au  genre  Dryptosaurus  Marsh  du  Cré- 
tacé supérieur  du  New-Jersey  et  de  Madagascar  ;  et  uu  Orthopode 
de  la  famille  des  Cératopsidés  identique  génériquement  au  Cratœomus 
Seeley  de  la  Craie  supérieure  de  Neue  Welt,  près  de  Vienne,  et  sans 
doute  extrêmement  voisin  des  Triceratops  de  1  étage  de  Laramie. 


APERÇU  SDR  LA  GÉOLOGIE  DU  CHAÎNON  DE  SAINT-CHINIAN  693 

h)  Les  marnes  et  calcaires  de  Rognac  sont  une  puissante  assise 
composée  de  plusieurs  barres  calcaires  formant  le  plus  souvent  des 
arêtes  saillantes  dentelées,  séparées  par  des  marnes  rouges  ou 
rosées,  à  nombreuses  concrétions  pisolithiques,  et  dont  le  trajet 
dessine  de  petites  combes  longitudinales.  Les  calcaires  sont 
compacts,  blancs  ou  roses,  à  pâte  sub-lithographique,  souvent 
bréchoïdes,  identiques  de  faciès  au  calcaire  de  Rognac  de  Provence. 
Daus  la  bande  septentrionale  du  chaînon  de  Saint-Chinian,  par 
exemple  entre  cette  ville  et  Assignan,  on  peut  compter  facilement 
trois  barres  calcaires  distinctes  séparées  par  des  zones  marneuses 
(Voir  figure  2).  Plus  au  sud,  dans  la  bande  de  Reals-Cébazan- 
Cruzy,  la  distinction  des  diverses  bandes  calcaires  est  moins 
nette  et  il  semble  y  avoir  fusion  plus  ou  moins  complète  de  ces 
diverses  barres  par  atténuation  des  marnes  intermédiaires. 

Les  calcaires  de  Rognac  sont  fossilifères  en  plusieurs  points  de 
la  bande  septentrionale:  à  Test  et  au  sud-est  d'Assignan,  une  zone 
de  calcaire  marneux  grisâtre  qui  doit  occuper  à  peu  près  la 
partie  moyenne  de  l'assise  a  fourni  les  espèces  suivantes  :  Cyclo- 
phorus  helicifvrmis  Math.,  Lychnusurgonensis  Math.,  Bauxia,  Limnœa 
n.  sp.  (à  dernier  tour  très  évasé  à  la  base). 

Un  autre  gisement,  d'un  niveau  plus  élevé  que  le  précédent,  a 
été  découvert  par  M.  Miquel  dans  les  calcairesde  la  barre  supérieure 
sur  le  revers  nord  du  Pech  de  Montahut  qui  domine  toute  la  région. 
Cet  horizon,  riche  surtout  en  Bauxia  de  plusieurs  espèces,  con- 
tient en  outre  :  Cyclotus  solarium  Math.,  Palœostoa,  Auricula,  Pupa. 

c)  Les  argiles  rutilantes  vitrolliennes  forment  au-dessus  de  la 
dernière  barre  de  Rognac  une  assise  argilo-gréseuse  rouge,  de 
teintes  généralement  plus  vives  que  celle  des  marnes  de  Rognac. 
Ces  argiles  forment,  dans  le  chaînon  de  Saint-Chinian,  une  longue 
bande  qui  présente  un  premier  affleurement  près  de  Cesse d on, 
sur  la  rive  droite  de  I'Orb,  puis,  après  une  interruption  notable 
jusqu'un  peu  au  delà  de  Saint-Chinian,  recommence  auprès  du 
rocher  Notre-Dame,  et  court  presque  sans  discontinuité  sous  la 
forme  d'une  étroite  vallée  longitudinale  passant  au  sud  d'Assignan, 
puis  au  pied  du  Pech  de  Montahut  pour  aboutir  à  la  vallée  de  la 
Cesse  un  peu  au  nord  de  Bize. 

4*  Eocène  inférieur.  — Il  faut  attribuer  au  Paléocène  des  couches 
peu  épaisses  de  faciès  fluvio-lacustre,  qui  se  montrent  à  peu  près 
partout  à  la  base  du  grand  causse nummnlitique  régulièrement  étalé 
au  pied  de  la  Montagne  Noire,  et  découpé  par  les  ruisseaux  des- 


694 


CH.    DBPÉRKT 


cenrius  de  ce  versant  en  fragments  que  séparent  de  profonds 
canons  aux  parois  abruptes  de  calcaire  à  Alvéolines.  Partout  où  les 
éboulis  trop  fréquents  ne  masquent  pas  l'affleurement  des  couches, 
se  montre  directement  au  contact  des  schistes  anciens,  une  étroite 
bande  de  Paléocène  presque  toujours  entamée  par  l'érosion  en 
abris  sous  roche  que  surplombent  les  calcaires  nummulitiques. 

Les  bonnes  coupes  sont  rares  dans  ces  assises  friables.  Dans  la 
cluse  de  Barroubio,  on  observe  sur  les  schistes  un  poudingue 
grossier  surmonté  par  des  marnes  et  des  calcaires  grumeleux.  Sur 
les  bords  du  ruisseau  de  Mounio,  M.  Miquel  a  observé  une  succes- 
sion commençant  par  des  marnes  roses,  panachées  de  blanc,  avec 
rognons  calcaires  et  grains  de  quartz  ;  puis  viennent  des  grès  de 
1  m.  50  d'épaisseur  que  couronne  un  calcaire  lacustre  avec  sections 
de  coquilles  indéterminables.  Souvent  le  calcaire  supérieur  a  été 
enlevé  par  les  érosions  prénuramulitiques  de  sorte  que  le  calcaire 
à  Alvéolines  repose  alors  directement  sur  les  grès  ou  les  poudingues 
inférieurs  (Minerve)  et  parfois  même  directement  sur  les  schistes 
anciens  (Saint-Chinian). 

Par  assimilation  avec  la  coupe  de  Montoulieu  (Aude)  où  le 
calcaire  lacustre  infra-nummulitique  a  fourni  une  faune  classique 
à  Phymprisca  Noulet  (horizon  de  Saint-Marc- la-Morée  de  Provence) 
il  est  permis  d'attribuer  cet  ensemble  à  la  base  du  Paléocène. 


SX. 


Flg.  5.  —  Coupe  de  la  chapelle  Saint-Pierre.    Echelle  1/15.000' 

S,  Schistes  siluriens  ;  R3,  R2,  Barres  de  Rognac  ;  V,  Argiles  rutilantes  de  Vitrol- 
les  ;  P,  Calcaires  et  marnes  à  Physa  prisca  ;  N,  Nnmmulitique  ;  L,  Calcaires 
à  Planorbis  pseudo-am monius  ;  A,  Grès  d'Assignan. 


J'attribue  au  même  horizon  un  calcaire  lacustre  blanc  à  pâte  très 
cristalline,  avec  traces  de  coquilles,  qui  forme,  le  long  de  la  route 
de  Saint-Chinian  à  Assignan,  au-dessous  de  la  chapelle  Saint- 
Pierre,  une  étroite  bande  verticale  étirée  entre  les  argiles  dç 
Vitrolles  et  le  calcaire  nummulitique  (fig.  5  et  PI.  XXI,  2). 

Rien  n'indique  paléontologiquement  dans  toute  la  région  l'exis- 


APERÇU  SUR  LA  GÉOLOGIE  DU  CHAINON  DE  SAINT-CHIN1AN  695 

tence  des  étages  Sparnacien  et  Yprésien  signalés  plus  à  l'ouest  sous 
le  prolongement  du  plateau  nummulitique  par  MM.  Bresson  et 
Vasseur.  Il  est  vraisemblable  que  ces  couches  marneuses  ont  été 
enlevées  par  les  érosions  prénummulitiques.  On  va  voir  plus  loin 
qu'un  certain  nombre  de  géologues  pensent  au  contraire  que  ces 
étages  ou  au  moins  V  Yprésien  pourraient  être  représentés  ici  sous 
le  faciès  marin  parla  partie  inférieure  du  Nummulitique. 

5°  Nummulitique  {Lutétien  inférieur).  —  Je  n'ai  pas  en  mains  les 
matériaux  d'une  étude  complète  du  Nummulitique  du  chaînon  de 
Saint-Chinian  et  je  me  bornerai  à  une  description  stratigraphique 
sommaire,  en  renvoyant  pour  les  détails  des  gisements  au  travail 
très  consciencieux  de  M.  Miquel. 

On  distingue  facilement  dans  toute  la  région  les  trois  termes 
suivants  de  bas  en  haut. 

a)  Conglomérats  et  grès  inférieurs.  —  Sur  le  bord  du  massif 
ancien,  aux  environs  même  de  Saint-Chinian,  le  Nummulitique 
débute  directement  sur  le  Silurien  par  un  conglomérat  grossier, 
bréchoïde,  à  éléments  quartzo-schisteux  avec  débris  d'Ostrea  stricti- 
costata,  Alvéolines  et  autres  organismes.  J'ai  rencontré  ce  conglo- 
mérat grossier  en  d'autres  points,  par  exemple  à  la  montagne 
d'Agel  près  de  Bize.  Mais  souvent  (Barroubio,Pierrerue,  etc.)  le  faciès 
est  moins  grossier  et  passe  à  un  véritable  gris  nummulitique  à  élé- 
ments siliceux  avec  alvéolines  et  débris  de  fossiles  très  roulés. 

b)  Calcaires  à  Alvéolines  et  à  Nummulites.  —  L'assise  la  plus 
importante  du  Nummulitique  est  formée  d'un  calcaire  gris,  com- 
pact, à  pâte  sub-cristalline,  de  50  mètres  environ  d'épaisseur. 
Quelques  lits  plus  marneux  s'intercalent  dans  la  masse  calcaire 
presque  partout  entaillée  en  abrupts  et  en  canons  pittoresques. 

Dans  la  région  du  causse  nummulitique  (Saint-Chinian,  Barroubio, 
Minerve)  ainsi  que  dans  le  plateau  du  bois  de  Bousquet  (bande 
renversée)  près  de  Pierrerue,  la  pâte  du  calcaire,  surtout  dans  les 
bancs  supérieurs,  est  pétrie  d'Alvéolines  (Alveolina  subpyrendica, 
Leyrn.)  qui  se  détachent  en  blanc  sur  le  fond  gris  de  la  roche.  Les 
Nummulites  y  sont  rares,  fortement  empâtées  et  impossibles  ù 
extraire  ;  elles  appartiennent  d'ailleurs  à  la  même  espèce  (N.  ata- 
cica9  Leyrn.  et  Guettardi,  d'Arch.)  qui  abonde  à  l'état  libre  dans  les 
marnes  supérieures. 

Les  affleurements  les  plus  méridionaux  du  calcaire  nummuli- 
tique (montagne  de  l'Aussille,  massif  du  Cayla,  près  Agel)  ont  un 
faciès  paléontologique  tout  différent  :  les  Alvéolines  deviennent 


696  CU.    DKPÉRBT 

rares  ou  disparaissent  même  et  à  leur  place  abondent  les  Num nul- 
lités associées  ici  fréquemment  à  de  grandes  Operculines  (Oper- 
culina  ammonea  Ley m.),  à  des  Assilines,  à  des  Echinides,  à  des 
Mollusques  presque  tous  à  l'état  de  moules  internes.  On  peut 
aisément  reconnaître  de  gros  Vêlâtes  Schmideli  Lam.,  des  Turritelles 
voisines  de  Turritella  imbricataria  Lam,  les  Natica  brenispira  et  lon- 
yispira  Ley  m.,  le  Terebellopsis  Brauni,  Leym.,  des  Spondyles  et  des 
Dimyaires  variés.  L'Ostrea  stricticostata  est  commune  avec  son  test 
dans  les  délits  marneux,  plus  fréquents  et  plus  épais  que  dans  la 
région  du  Causse. 

Les  calcaires  à  Alvéolines  forment  en  résumé  une  bande  tout  à 
fait  littorale,  qui  longe  immédiatement  le  bord  du  massif  ancien  ; 
à  mesure  qu'on  s'écarte  de  l'ancien  rivage,  les  Alvéolines  sont  peu 
à  peu  remplacées  par  les  Nummulites  et  les  Operculines,  qui  affec- 
tionnaient sans  doute  des  fonds  plus  vaseux  et  moins  littoraux. 

c)  Marnes  supérieures  à  Nummulites  et  à  Operculines.  —  Le  Num- 
mulitique  se  termine  par  une  assise  marneuse  de  quelques  mètres 
seulement  d'épaisseur.  Ces  marnes,  dont  l'affleurement  est  partout 
dessiné  nettement  par  une  zone  de  culture  de  vignoble,  contiennent 
à  l'état  libre  de  nombreuses  Nummulites  atacica  Leym.  et  la  petite 
forme  qui  l'accompagne,  N.  Guettardi  d'Arch.  des  Operculina  ammo- 
nea,  des  Echinides  particuliers  (Pygorhyncus  Savini  Cott.,  Linthia 
llousseli  Cott.,  Cyphosoma  sp.),  et  des  Brachiopodes  (Terebratula 
montolearensis  Leym.,  Terebratulina  tenuistriata  Vène)  avec  de 
nombreuses  Ostrea  stricticostata  répandues  partout. 

Quel  est  l'âge  précis  du  Numrnulitique  marin  du  pied  de  la  Mon- 
tagne  Noire?  C'est  une  question  sur  laquelle  les  géologues  ont  émis 
des  avis  divers  :  les  uns  avec  Hébert  attribuent  ces  couches  au 
Lutétien  ;  d'autres  tels  que  MM.  Miquel,  Carez,  Ficheur  pour  ne 
citer  que  les  membres  ayant  pris  part  à  la  Réunion  extraordinaire, 
y  ont  vu  un  représentant  de  l'Eocèue  inférieur,  plus  particulière- 
ment de  VYprésien.  MM.  Vasseur  et  Bresson  qui  ont  étudié  le 
prolongement  de  ces  couches  sur  la  feuille  de  Carcassonne,  ont 
adopté  une  opinion  mixte  et  ont  vu  dans  cette  formation  un 
complexe  qui  embrasse  à  la  fois  l'Yprésien  et  le  Lutétien  inférieur. 

Il  faut  d'abord  remarquer  que  les  trois  assises  :  grès,  calcaires, 
marnes  que  j'ai  distinguées  plus  haut,  sont  intimement  liées  l'une 
à  l'autre  par  leur  faune  de  Foraminifères  :  Nummulites  atacica  et 
Guottardi  se  trouvent  depuis  la  base  des  calcaires  jusqu'au  sommet 
des  marnes  et  Alveolhia  subpyrcnaica  se  rencontre  depuis  les  grès 


APERÇU  SUR  LA  GÉOLOGIE  DU  CBAtNON  DE  SAINT  CHINI AN     69? 

inférieurs  jusqu'au  sommet  de  la  masse  calcaire.  On  peut  conclure 
de  ces  faits  que  cet  ensemble  ne  répond  qu'à  une  seule  zone  paléon- 
tologique  de  l'Eocène. 

Pour  pouvoir  apprécier  le  caractère  lutétien  ou  yprésien  de  ces 
faunes,  il  faudrait  s'adresser  aux  divers  ordres  d'animaux  fossiles 
contenus  dans  ces  couches.  Mais  les  comparaisons  à  distance  sont 
difficiles,  soit  parce  que  l'on  a  affaire  à  des  espèces  spéciales  à  la 
région,  comme  pour  les  Echinides,  soit  par  suite  du  mauvais  état 
de  conservation  des  fossiles,  tels  les  Mollusques,  presque  toujours 
à  l'état  de  moules  peu  déterminables.  Deux  espèces  très  abondantes» 
le  Vêlâtes  Schmideli  et  YOstrea  stricticostata,  simple  variété  de 
VOstrea  multicostata  des  sables  de  Cuise,  sont  il  est  vrai,  presque 
identiques  à  des  types  yprésiens  du  Bassin  de  Paris;  mais  on  sait  que 
ces  deux  espèces  ont  dans  l'Eocène  méditerranéen  une  très  grande 
extension  verticale  et  s'élèvent  jusque  dans  les  couches  à  Nummu- 
lites  perfarata  (Nice,  Catalogne),  c'est-à-dire  jusque  dans  le  Lutétien 
moyen.  On  ne  peut  donc  s'appuyer  sur  ces  espèces  pour  conclure  à 
l'âge  yprésien  des  couches  de  la  Montagne  Noire. 

Restent  les  Foraminifèresqui  fournissent  en  général  un  très  bon 
critérium  pour  le  parallélisme  des  assises  éocènes  des  divers  bassins. 
Notre  savant  confrère,  M.  Ficheur,  a  bien  voulu,  sur  ma  demande, 
examiner  les  Nummulites  des  diverses  localités  du  chaînon  de  Saint- 
Chinian  et  m'a  transmis  avec  la  plus  grande  obligeance  les  rensei- 
gnements suivants  :  «  Les  grandes  Nummulites  que  vous  m'avez 
«  envoyées  sont  bien  le  N.  atacica  Leym.;  les  petites  sont  les  formes 
«  à  grande  loge  de  la  même  espèce,  désignées  sous  le  nom  de 
«  N.  Guettardi  d'Archiac. 

«  Cette  espèce  a  été  réunie  à  N.  Biarritzensis  par  d'Archiac,  en 
«  sorte  que  la  désignation  de  N.  atacica  me  paraît  devoir  être  conser- 
«  vée  seulement  à  titre  de  variété  ou  de  race.  De  la  Harpe  a  égale- 
«  ment  englobé  cette  espèce  sous  le  nom  de  N.  Biarritzemis. 

«  Je  ne  puis  faire  aucune  différence  entre  vos  échantillons  et 
«  ceux  qui  sont  abondants  dans  l'Eocène  inférieur  d'Algérie  (Souk- 
«  Arhas,  Tébessa,  Boghari,  Relizane),  et  dont  ils  sont  caractéristi- 
«  ques.  On  peut  rapprocher  également  N.  atacica  de  la  variété 
((  indiquée  par  De  la  Harpe  sous  le  nom  de  AT.  Biarritzensis  var. 
«  prcecursor  qui  caractérise  l'étage  libyen  (Eocène  inf.)  de  l'Egypte. 

«  J'ajoute  cependant  que  N.  Biarritzensis  type  se  rencontre, 
((  d'après  M.  Zittel,  dans  le  Lutétien,  c'est-à-dire  dans  les  couches  à 
«  N.  Gizehensis  de  la  région  du  Caire. 

((  Le  groupe  de  N.  Biarritzensis  est  représenté  en  Algérie  dans 


698  CH.    DEPÉRET 

((  les  couches  à  N.  lœvtgata,  par  quelques  individus  d'espèce  diffé- 
((  rente,  mais  très  rares.  Pour  moi,  j'incline  toujours  pour  l'Eocène 
«  inférieur  dans  les  Corbières.  » 

Mais  pour  réunir  sous  les  yeux  du  lecteur  tous  les  éléments  de 
la  question,  je  dois  ajouter  que  M.  Munier-Chalrnas,  dans  sa  Thèse 
sur  le  Vicentin,  a  indiqué  que  N.  atacica  était  associé  à  N.  lœvigata 
dans  les  calcaires  de  la  Guichellina  et  que  la  même  espèce  était 
également  prédominante,  associée  aux  Alvéolines,  dans  les 
calcaires  de  Monte-Postale  et  de  Monte-Bolca,  dont  l'âge  lutétien 
inférieur  n'est  pas  douteux. 

Ainsi,  nous  aboutissons  à  la  conclusion  que  N.  atacica  se  trouve 
à  la  fois  dans  le  sommet  de  l'Eocène  inférieur  et  à  la  base  du 
Lutétien  et  ne  permet  pas  de  trancher  la  question  qui  nous  occupe. 

Mais  je  trouve  dans  les  études  de  M.  Bresson  (1)  pour  le  levé  de 
feuille  de  Carcasson ne,  des  raisons  stratigraphiques  qui  me  parais- 
sent en  faveur  de  l'âge  lutétien  des  couches  discutées.  Ce  géologue 
a  signalé  dans  le  centre  du  synclinal  nummulitique  des  Corbières 
entre  Rieux  et  Caunettes,  près  du  mont  Alaric,  «  un  banc  peu  épais 
<(  de  calcaire  avec  Bryozoaires,  Polypiers,  Cérithes  voisins  de 
«  Cerithium  acutum,  et  une  Turritella  allongée  comparable  à  T.  édita 
«  des  sables  de  Cuise.  Là  où  le  banc  marin  fait  défaut,  il  existe  un 
«  lit  calcaire  contenant  des  Lymnées  et  des  Physes  columnaires 
«  comme  celles  des  calcaires  de  Langesse  dans  le  bassin  d'Aix.  Ce 
«  complexe  doit  donc  correspondre  à  l'argile  plastique  et  aux  sables 
«  de  Cuise  dans  le  bassin  de  Paris  ».  C'est  seulement  au  dessus  de 
ces  couches  lagunomarines  que  se  montrent  les  calcaires  à  Alvéolines, 
identiques  à  ceux  de  la  Montagne  Noire,  quoique  plus  réduits 
d'épaisseur  (2).  11  me  semble  logique  de  conclure  de  ces  faits  intéres- 
sants que  la  transgression  marine  Eocène  a  débuté  dans  le  centre 
du  synclinal  des  Corbières  avec  le  Sparnacien  et  l'Yprésien,  mais 
qu'elle  n'a  acquis  son  extension  maximum  qu'avec  le  Lutétien 
inférieur,  époque  à  laquelle  le  rivage  nummulitique  est  venu 
baigner  momentanément  le  bord  des  terrains  anciens  de  la  Mon- 
tagne Noire.  Cette  manière  de  voir  concorde  d'ailleurs  avec  ce  que 
nous  savons  sur  l'importance  et  la  généralité  de  la  transgression 

(1)  Compte-rendu  des  collaborateurs,  campagne  de  1896,  p.  76  (Bull.  Serv.  Carte 
géol.  de  France). 

(2)  M.  Doncieux  a  observé  des  faits  analogues  dans  les  Corbières  orientales, 
près  de  Coustonge.  Des  marnes  à  Cerithium  cf.  acutum  et  autres  espèces  de 
l'horizon  de  Cuise,  c'est-à-dire  franchement  y  présiennes,  se  montrent  au-dessous 
des  calcaires  à  Alvéolines  identiques  à  ceux  de  la  Montagne  Noire. 


APERÇU  SUR  LA  GÉOLOGIE  DU  CHAINON  DE  SAINT-CHINUN  699 

lutétienne  dans  un  grand  nombre   de  points  du   bassin  de  la 
Méditerranée. 

6°  Eocène  fluvio-lacustre  (LutétienBartonien).  —  Le  régime 
marin  se  termine  avec  les  marnes  à  Operculines  et  on  voit  débuter 
au  dessus  assez  brusquement  un  régime  d'eau  douce  (alternative- 
ment lacustre  et  fluvio-terrestre)  qui  va  durer  jusqu'à  la  fin  de 
l'Eocène. 

A  la  base  de  la  série  on  retrouve  dans  toute  la  région  l'assise 
suivante  : 

I)  Calcaires  a  «  Bulimus  Hopei  »  et  «  Planorbis  pseudo-ammo- 
nius  »  avec  lignite  intercalé  à  la  partie  supérieure  (Lignites  de  la 
Caunette).  —  Ces  calcaires  blancs  compacts,  forment  au-dessus  du 
causse  nummulitique  un  gradin  très  marqué  qui  prend  à  son 
tour  l'aspect  d'un  causse  calcaire  à  surface  raboteuse.  Ce  plateau 
régulier  de  calcaire  lacustre  débute  un  peu  à  Test  d'Assignan, 
passe  au  sud  de  Barroubio,  puis  à  Gémenos,  à  Saint  Jean,  à  Caillol, 
à  Viallanove,  pour  atteindre  la  Caunette  et  Minerve  et  se  prolonger 
au  loin  sur  la  feuille  de  Carcassonne,  où  il  est  connu  depuis  les 
travaux  de  Matheron  sous  le  nom  de  calcaire  de  Ventenac. 

Du  côté  de  l'est,  dans  la  vallée  du  Vernazobre,  le  plateau 
lacustre  a  été  en  grande  partie  déblayé  par  les  érosions  ;  il  en  est 
pourtant  resté  un  témoin  près  de  Combejean  et  un  autre  lambeau 
au  Mas  Sarra,  en  face  de  Cessenon. 

Dans  l'aile  sud  du  synclinal  éocène,  le  calcaire  lacustre  prend 
part  au  pli  nord  du  chaînon  de  Saint-Chinian,  et  forme  sur  le  flanc 
du  talus  du  bois  du  Bousquet  une  bande  renversée  qui  va  du  rocher 
de  Cessenon  à  la  halte  de  Pierrerue.  On  le  revoit  ensuite  à  l'état 
de  lambeaux  étirés  le  long  du  flanc  renversé  du  pli  danien,  par 
exemple  au  sud  d'Assignan,  à  Castigno,  au  pied  du  Pech  de  Monta- 
hut.  Enfin  tout-à-fait  au  sud  de  la  région  plissée,  ce  calcaire  forme 
le  centre  des  dômes  anticlinaux  du  Pech  de  Bize  et  de  la  Serre  d'Oupia. 

Les  caractères  lithologiques  de  cette  assise  sont  très  uniformes  : 
elle  est  formée  de  gros  bancs  d'un  calcaire  à  pâte  fine,  à  cassure 
mate,  blanc  ou  bleuté,  traversé  de  veinules  ou  de  géodes  spathiques, 
et  se  débitant  en  plaques  sonores  sous  le  pied.  A  divers  niveaux, 
les  bancs  deviennent  plus  minces,  plus  marneux,  sont  remplis  de 
coquilles  écrasées  et  prennent  une  teinte  foncée,  brune  ou  noire, 
due  à  la  présence  de  matière  charbonneuse,  qui  se  concentre 
souvent  en  lits  irréguliers  de  lignite  impur.  Ces  lits  ligniteux 
peuvent  se  montrer  dans  toute  la  hauteur  de  la  formation,  mais 


700  CH.    DEPERKT 

forment  à  la  partie  tout-à-fait  supérieure  un  horizon  plus  constant 
dignités  de  la  Caunette).  Ce  niveau  charbonneux  est  peu  développé 
à  Test  dans  la  région  de  Saint-Chinian  ;  on  l'observe  cependant 
à  Pierrerue  dans  la  tranchée  du  chemin  de  fer.  Mais  c'est  dans 
la  vallée  de  la  Cesse,  aux  environs  de  la  Caunette  que  ces  lignites 
sont  mieux  développés  et  ont  donné  lieu  à  des  exploitations  aujour- 
d'hui abandonnées  ;  on  peut  suivre  aisément  encore,  grâce  aux 
déblais,  la  ligne  des  anciennes  mines  de  Viallanove  à  Babio,  à  la 
Caunette  et  à  Minerve  d'où  elle  se  prolonge  au  loin  vert  l'ouest. 

La  faune  de  ces  calcaires  est  également  très  uniforme.  Elle  com- 
prend les  espèces  suivantes  : 

Bulimus  Hopei  Marcel  de  Serres. 

Rillya  cf.  rillyensis  Boissy. 

Hélix  Marioni  Math. 

Limnœa  Michelini  Desh.  type  et  grosse  variété  (-=  L.  aquensis 

Math). 
Planorbis  pseudo-ammmius  Voltz,  type  et  variété  plus  plate, 

à  tours  plus  minces  tendant  vers  le  /'.  pseudorotundatus 

Math. 

II)  Les  termes  supérieurs  de  la  série  éocène  montrent  des  faciès 
plus  variables,  et  il  devient  nécessaire  de  décrire  à  part  la  région 
occidentale  qui  s'étend  de  Saint-Chinian  au  Minervois,  et  la  région 
orientale  comprenant  la  vallée  de  l'Orb  et  du  Vernazobre. 

■ 

A.  —  Région  occidentale.  —  Dans  toute  la  région  à  l'ouest  de 
Saint-Chinian  dominent  les  faciès  gréseux  avec  intercalation  de  faciès 
marnocalcaires. 

On  distingue  aisément  de  bas  en  haut  les  trois  assises  suivantes  : 

a)  Grès  d*Assignan.  —  La  roche  dominante  est  un  grès  grisfonc^ 
ou  jaunâtre,  à  dragées  de  quartz  blanc,  tantôt  à  grain  fin,  tantôt 
assez  grossier  pour  passer  au  poudingue.  Mais  les  bancs  gréseux 
alternent  avec  des  lits  de  marnolithes  panachés,  roses,  jaunes, 
violets,  de  faciès  continental,  qui  se  chargent  parfois  de  calcaire  au 
point  de  se  transformer  en  bancs  de  calcaires  gréseux  jaunâtres, 
avec  traces  de  coquilles  mal  conservées. 

Les  grès  d'Assignan  contiennent  quelquefois  vers  leur  base  des  lits 
liguiteux  toujours  peu  importants  :  c'est  à  ce  niveau  que  se  placent 
les  petits  affleurements  charbonneux  de  Cazelles,  des  Terres- Noires 
de  la  Roueyre,  des  Co  m  bettes,  de  Barroubio,  etc.  Il  en  est  de  môme 
beaucoup  plus  au  sud  des  lignites  autrefois  exploités  près  de  Cabezac, 


APERÇU  SUR  LA  GEOLOGIE  DU  CHAINON  DE  SA1NT-CHINIAN  701 

à  l'extrémité  sud  du  Pech  de  Bize  et  peut-être  aussi  de  ceux  qui 
affleurent  à  l'ouest  de  ce  hameau,  près  de  la  grande  route  de  Pouzols. 
Cette  assise  forme  dans  le  synclinal  éocène  une  double  bande, 
l'une  septentrionale  passant  par  Saint-Pierre  d'Assignan,  Assigoan, 
Cazelles,  Paguignau,  Babio,  la  Caunette,  puis  entre  Azillanet  et 
Minerve  d'où  elle  se  prolonge  au  loin  dans  le  Minervois  ;  l'autre 
méridionale  débutant  entre  Montouliers  et  Bize,  passant  par  Bize, 
Maillac  et  Oupia  pour  se  prolonger  jusque  non  loin  d'Olonzac. 

Les  fossiles  sont  rares  dans  cette  assise  en  grande  partie  gréseuse. 
Les  calcaires  m  a  rno  gréseux  intercalés  contiennent  parfois  des 
coquilles  d'eau  douce,  en  général  des  Limnées  peu  déterminables. 
Près  de  la  Roueyre,  M.  Miquel  m'a  montré  dans  les  grès  des  plaques 
de  Tortues  et  des  dents  de  Crocodiles;  j'ai  observé  aussi  des  débris 
des  mêmes  animaux  dans  un  banc  de  grès  qui  a  été  exploité  comme 
pierre  à  bâtir  un  peu  au  nord  de  Cazelles. 

b)  Marno- calcaires  d'Agel  avec  lignites  intercalés  (lignites  (TA gel). 
—  M.  Miquel  a  le  premier  reconnu  et  caractérisé  cette  assise  marno- 
calcaire  qui  forme  un  point  de  repère  précieux  et  constant  au 
sein  de  l'interminable  série  gréseuse  de  cet  Eocène  fluvio-lacustre. 

Elle  est  essentiellement  formée  de  bancs  peu  épais  d'un  calcaire 
lacustre  à  pâte  fine  qui  présente  en  surface  quelque  ressemblance 
avec  le  calcaire  à  Bulimus  Hopei,  mais  s'en  distingue  à  la  cassure 
par  une  teinte  plus  foncée,  une  nature  plus  marneuse  et  surtout 
par  la  présence  de  petits  grumeaux  ou  de  concrétions  traverti- 
neuses  caractéristiques.  Les  calcaires  alternent  à  la  partie  inférieure 
de  l'assise  avec  des  marnes  jaunâtres  ou  noires  et  même  avec 
quelques  bancs  de  grès  identiques  aux  grès  d'Assignan,  mais  les 
bancs  calcaires  finissent  par  dominer  à  la  partie  supérieure,  de 
telle  sorte  que  la  surface  d 'affleurement  constitue  à  son  tour  de 
Castigno  à  Agel,  â  Aigues-Vives  et  à  Azillannet%n  causse  calcaire 
moins  aride  que  le  causse  du  calcaire  à  Bulimus  Hopei,  mais 
d'aspect  assez  analogue.  Des  lits  de  lignites  parfois  assez  épais  sont 
intercalés  entre  les  bancs  calcaires  :  on  les  voit  bien  dans  la  tran- 
chée de  la  route  d'Aiguesvives  à  Paguignan,  le  long  de  la  route  de  la 
Roueyre  à  Bize,  etc.,  mais  ils  sont  surtout  bien  développés  daus  la 
vallée  de  la  Cesse  un  peu  en  aval  d'Agel,  où  ils  ont  été  ou  sont 
encore  exploités  des  deux  côtés  de  la  rivière  (lignites  d*Agel).  C'est 
à  ce  niveau  qu'appartiennent  les  lignites  autrefois  exploités  en 
divers  points  autour  de  Maillac  et  sur  la  route  de  Maillac  à  Bize, 
cest-à  dire  dans  l'aile  méridionale  du  même  synclinal. 

24  Août  1901.  —  T.  XXVII.  Bull.  Soc.  Géol.  Fr    -  45 


702  CH.    DEPÉRET 

Les  marno-calcaires  de  l'assise  d'Agel  sont  heureusement  plus 
riches  en  fossiles  que  les  assises  gréseuses  dans  lesquelles  ils 
s'intercalent.  Les  zones  marneuses  et  marno-ligniteuses  se  mon- 
trent partout  remplies  de  débris  de  carapaces  de  Tortues  (Emydes) 
de  plaques  ou  de  dents  de  Crocodiles;  l'abondance  de  ces  Reptiles 
est  telle  que  Ton  pourrait  donner  à  ces  marno-calcaires  le  nom  de 
calcaires  à  Tortues,  suivant  l'expression  proposée  par  M.  Miquel. 
Exceptionnellement  j'y  ai  observé  des  dents  de  Mammifères  du 
groupe  des  Pachynolophus. 

Les  Mollusques  se  trouvent  partout  en  abondance,  surtout  dans 
le  voisinage  des  lits  ligniteux>  où  leur  test  est  malheureusement 
toujours  écrasé.  Quelques  points  se  montrent  un  peu  plus  favo- 
rables à  la  récolte  des  fossiles  :  je  citerai  en  particulier  les  environs 
de  Maillac  et  surtout  un  petit  vallon  qui  se  trouve  au  nord  de  Bize, 
au  pied  même  des  premiers  escarpements  nummulitiques  du  Cayla. 
J'ai  recueilli  dans  ces  localités,  en  compagnie  de  M.  Miquel,  une 
faunule  intéressante,  qui  diffère  d'une  manière  très  sensible  de  la 
faune  du  calcaire  à  Bulimus  Hopei.  Cette  fauoule  mériterait  une 


6  7  8  9 

Flg.  6-9.  —6.  Bulimus  gerundensis  Vidal,  de  l'Eocène  inférieur  de  Catalogne. — 
7  Bulimus  Bopei  de  Serres,  de  l'horizon  du  Montaiguet  (Lu  té  tien  moyen)  de 
Provence  et  du  Languedoc.  —  8.  Bulimus  Cathalai  n.  sp.,  du  Lutétien  supé- 
rieur. —  9.  Bulinms  Bouvyi  Haime,  de  l'Oligocène  des  Baléares. 

étude  spéciale  complète  (1)   rendue  difficile,  il  est  vrai,  par  le 
mauvais  état  de  conservation  des  fossiles  ;  je  me  bornerai  pour  le 
moment  aux  indications  suivantes  : 
Bulimus  Cathalai  n.  sp.  (fig.  8).  —  Grande  espèce  du  groupe  du  B 

(1)  C'est  sur  le  prolongement  de  ces  marno-calcaires  que  M.  Miquel  a  décou- 
vert à  la  chapelle  de  Centeilles,  près  Siran,  dans  le  Miner  vois,  un  beau  gisement 
de  coquilles  lacustres,  parmi  lesquelles  M.  Roman  a  décrit  Limnœa  Miqueli,  forme 
véritablement  intermédiaire  entre  L.  Michelini  Dcsh.  du  Lutétien  et  L  longiscata 
Brg.  du  Bartonien  (Ann.  Université  de  Lyon,  nouv.  sér.,  (a se.  1,  pi.  II,  flg.  8-9). 


APERÇU  SUR  LA  GÉOLOGIE  DU  CHAÎNON  DE  SA1NT-CBINIAN  703 

Hopei,  mais  différent  de  cette  dernière  par  sa  spire  beaucoup  plus 
courte,  sou  dernier  tour  en  proportion  plus  élevé  (bien  plus  de  la 
moitié  de  la  hauteur  totale,  tandis  qu'il  n'atteint  pas  la  1/2  hau- 
teur dans  le  H.  Hopei,  fig.  7)  et  surtout  bien  plus  ventru  ;  par  son 
bord  buccal  notablement  plus  évasé.  Le  B.  Cathalai  se  rapproche 
par  la  hauteur  de  son  dernier  tour  du  B.Boutyi  Haime  des  Baléares, 
(fig.  9),  qui  appartient  à  un  niveau  encore  plus  élevé;  celui-ci  en 
diffère  par  sa  spire  moins  renflée,  à  profil  presque  plan  et  par 
ses  sutures  plus  superficielles. 

J'ai  cru  utile  de  reproduire  ici  (fig.  6-9)  les  dessins  au  trait,  à  demi- 
grandeur,  des  4  espèces  de  Bulimtis  de  ce  groupe,  décrites  dans  les 
différents  niveaux  de  l'Eocène. 

Clausilia  sp.  —  Petite  espèce  (hauteur  5  millim.)  remarquable 
par  ses  tours  fortement  convexes  et  ses  sutures  profondes;  la 
bouche  est  inconnue.  Cette  espèce  parait  se  rapprocher  par  sa 
forme  générale  de  Clausilia  indifferens  Sanberger  (Land.  u.  Sussioasser 
ConchyL,  pi.  XII,  fig.  14)  des  breccioles  Eocènesdu  Vicentin  (Monte 
Altissimo,  Pugnello,  etc.). 

Hélix  Marioni  Math.  —  Sujets  assez  déprimés  que  je  ne  puis  dis- 
tinguer de  l'espèce  des  calcaires  à  Bulimus  Hopei. 

Limnœa  Michelini  Desh.  var.  —  Forme  à  spire  plus  courte,  à 
dernier  tour  plus  haut  en  proportion  que  dans  lp  type  du  calcaire 
de  Longpont  et  du  causse  de  Castres  (L.  Castrensis  Noulet). 

Planorbis  pseudo-ammonius  Schl.  var.  —  Forme  plus  plate,  à 
dernier  tour  moins  élevé  et  moins  large  en  proportion  du  diamètre 
total  que  dans  le  type  de  Buschweiler,  de  Longpont  et  du  causse 
de  Castres.  Par  ces  divers  caractères,  il  tend  à  se  rapprocher  d'une 
forme  encore  plus  aplatie  que  Ton  trouve  dans  l'Eocène  supérieur 
de  Saint-Gély  (Hérault)  et  de  Sommières  (Gard) ,  où  elle  a  été 
signalée  par  M.  Roman,  mais  qui  n'a  pas  encore  été  nommée  ni 
figurée. 

Planorbis  Rouxi  Noulet,  1859  (=  PL  Chertieri  Desh.,  1864).  — 
Petite  espèce  plate,  à  spire  assez  embrassante,  à  dernier  tour  aplati 
en  une  carène  mousse,  qui  se  trouve  à  la  fois  dans  le  bassin  de 
Paris,  à  Longpont,  à  Saint-Parres,  en  Alsace  à  Buschweiler  et  dans 
le  calcaire  du  causse  de  Castres. 

Sphœrium  castrense  Noulet  var.  —  Les  sujets  des"  en  virons  de 
Bize  diffèrent  du  type  du  causse  de  Castres  par  leur  sommet  plus 
gros  et  un  peu  plus  saillant;  l'ornementation  est  identique. 

c)  Grès  et  argiles  d'Aigne.  —  Au-dessus  des  marno-calcaires 
d'Agel,  le  faciès  gréseux  recommence  sur  une  énorme  épaisseur  de 


704  CU.    DtiPÉRET 

couches  que  Ton  ne  saurait  évaluer  à  moins  de  150  mètres.  C'est 
uoe  interminable  série  de  grès  sombres,  siliceux,  plus  ou  moins 
grossiers,  alternant  avec  des  argiles  marnolithiques  moius  bariolées 
que  celles  de  l'assise  des  grès  d'Assignan  et  d'une  couleur  jaune  ou 
brune  assez  générale. 

Ces  couches  remplissent  le  centre  du  synelinal  éocène,  dont  Taxe 
constitue,  par  un  phénomène  d'inversion  de  relief  des  plus  remar- 
quables, une  arête  de  collines  continue  depuis  la  montagne  num- 
mulitique  du  Cayla  jusqu'à  la  plaine  d'Olonzac  en  passant  par  le 
signal  d'Agel,  le  village  d'Aigne  et  la  haute  colline  du  signal 
d'Aigne  entre  Azillanet  et  Beaufort. 

Sur  cette  vaste  surface  d'affleurement,  il  m'a  été  impossible  de 
découvrir  la  moindre  trace  de  fossiles  vertébrés  ni  invertébrés. 
Mais  ces  grès  et  marnes  supérieures  se  prolongent  au  loin  dans  le 
Minervois  en  passant  par  les  localités  d'Olonzac,  de  Cesseras,  de 
Pépieux,  de  la  Livinière,  où  les  grès  et  les  marnes  intercalés  {grès 
de  Cesseras)  ont  fourni  autrefois  aux  recherches  du  Dr  Pittore  et 
plus  récemment  à  celles  de  MM.  Miquel,  Bertrand,  Bousquet,  de 
remarquables  séries  de  Mammifères  fossiles.  P.  Gervais  et  M.  Filhol 
ont  déjà  décrit  (1)  de  cet  horizon  plusieurs  espèces  fort  intéres- 
santes, telles  que  le  Lophiodon  leptorhyncum  Filh.  dont  les  molaires 
inférieures  ont  leurs  crêtes  qui  se  recourbent  en  demi-croissants, 
indiquant  une  évolution  marquée  vers  le  type  des  Acerotherium  ;  le 
Cesserasicus  antiqutis,  Filh.  (qui  n'est  peut-être  qu'un  jeune  avec 

SignaLd'AjeL  Pa£uionan 

PechdmBixe  t5o     /a£.w  D  •© 

t|5       laisse  Afo\  *°3 


•        IBise 

Fig.  10.  —  Coupe  du  synclinal  éocène  du  Minervois.  —  Echelle  :  1/80.000*. 

S, Schistes  paléozolques;  1,  Eocène  inférieur;  2,  Numroulitique;  3, Calcaire  lacustre 
à  Bulimus  Bopei  ;  4,  Grès  d'Assignan  ;  5,  Marno -calcaire  à  llgnites  d'Agel  ; 
6,  GW>s  et  argiles  d'Aigne. 

dentition  de  lait,  de  l'espèce  précédente)  et  le  Pachynolophus  cesse- 
rasicus Gervais  (2),  espèce  plus  forte  que  le  P.  Duvali  Pomel  du 
calcaire  grossier  supérieur  de  Paris,  et  distinct  par  la  forme 
remarquablement  étroite  et  allongée  de  sa  dernière  molaire  infé- 

(1)  Filhol  Vertébrés  fossiles  d'Issel  {Menu  Soc.  géol.  France,  1888). 

(2)  Gervais  ZooL  et  paléont.  fr.,  1859,  pi.  18,  fig.  8. 


APERÇU  SUR  LA  GÉOLOGIE  DU  CHAÎNON  DE  SAINT-CHINIAN  705 

Heure.  Il  y  a  aussi  de  très  nombreux  fragments  d'Emydes  et  de 
Crocodiliens  dans  ces  gisements  qui  sont  loin  d'avoir  dit  leur  der- 
nier mot  au  point  de  vue  de  leurs  richesses  paléontologiques. 

La  coupe  ci-jointe  (fig.  10)  à  travers  la  vallée  de  la  Cesse  peut 
donner  une  bonne  idée  de  la  structure  de  cette  région. 

B.  Région  orientale.  —  En  allant  de  Saint-Chinian  dans  la  direc- 
tion de  Test,  le  faciès  gréseux  tend  à  s'atténuer  et  à  sa  place  on  voit 
se  développer  un  faciès  surtout  argileux  et  marnolithique. 

Je  dirai  d'abord  un  mot  de  deux  lambeaux  fossilifères  dont  la 
place  stratigraphique  exacte  est  assez  délicate  à  préciser:  on  peut 
les  indiquer  sous  le  nom  de  faciès  grumeleux  rouge  à  Bulimus  Hopei. 
Le  premier  de  ces  gisements  a  déjà  été  signalé  par  M.  Miquel  à  la 
montée  St-Laurent,  sur  la  rive  gauche  du  Vernazobre,  en  face  de 
l'abattoir  de  Saint-Chinian.  C'est  une  curieuse  formation  d'aspect 
continental,  plaquée  contre  les  schistes  siluriens  et  comprenant 
des  marnes  grumeleuses  rouges  alternant  avec  des  lits  bréchoides 
provenant  d'éboulis  de  roches  locales  ;  on  y  recueille  en  abondance, 
mais  à  l'état  de  moules  internes,  le  Bulimus  Hopei  associé  rarement 
ici  à  une  forme  sénestre,  Y  Amphidromus  gib'ms  Nicolas. 

Un  gisement  très  analogue  comme  faciès  a  été  découvert  par 
M.  Canoat  sur  la  rive  gauche  de  l'Orb  à  côté  même  du  pittoresque 
village  de  Reals;  dans  les  marnes  grumeleuses  qui  affleurent  presque 
au  niveau  de  la  rivière  abonde  VA mphidromus  gibbus  (espèce  si  rare 
partout  ailleurs)  mélangée  avec  quelques  exemplaires  du  Bulimus 
Hopei. 

Ces  deux  lambeaux  appartiennent  bien  certainementà  un  niveau 
très  bas  de  l'Eocène  fluvio-lacustre.  Je  suis  disposé  à  penser  qu'ils 
représentent  les  couches  les  plus  inférieures  de  l'assise  des  grès 
d'Assignan;  mais  il  ne  serait  pas  impossible  qu'ils  puissent  corres- 
pondre à  tout  ou  partie  de  la  grande  assise  calcaire  à  Bulimus 
Hopei,  sous  un  faciès  de  bordure  tout  à  fait  continental. 

Je  distinguerai  dans  cette  région  orientale  qui  s'étend  de  Saint- 
Chinian  à  Cessenon,  à  Reals  et  au  delà  de  l'Orb,  trois  assises  qui 
correspondent  assez  bien  aux  trois  assises  de  la  région  occidentale, 
avec  des  faciès  un  peu  différents. 

a)  Marnes  à  Melanopsis  castrensis  (=  M.  dubiosa  Math.).  —  Cette 
assise  est  essentiellement  marneuse  ou  marco-calcaire,  de  teintes 
grises,  mais  des  bancs  gréseux  s'intercalent  fréquemment  à  la 
partie  supérieure. 

Sur  la  rive  gauche  du  Vernazobre,  en  aval  de  Saint-Chinian, 


706  CH.    DEPÉRBT 

uoe  série  de  lambeaux  discontinus  de  marnes  et  calcaires  marneux 
de  cette  zone  s'appliquent  en  série  normale  contre  les  schistes  silu- 
riens. Près  du  hameau  de  Combejean,  on  y  recueille  de  bons 
exemplaires  du  Melanopsis  castrensis  Noulet. 

De  l'autre  côté  de  l'Orb,  en  face  de  Cessenon,  les  marnes  de  cette 
zone  surmontant  le  calcaire  compact  à  Planorbis  pseudo-ammonius 
du  Mas  Sarra,  forment  une  série  de  collines  qui  s'avancent  au 
nord-est  jusqu'au  pied  du  massif  dévonieu  du  Mont  Peyroux,  dont 
l'Eocène  est  séparé  par  une  faille  rectiligne  des  plus  nettes.  Le 
long  de  la  route  de  Saint  Nazaire,  avant  la  bifurcation  de  la  route 
de  Causses,  M.  Cannât  y  a  découvert  le  Melanopsis  castrensis. 

Enfin  plus  au  sud  entre  le  pli  de  Cazouls  et  le  pli  de  Mus  se  place 
un  synclinal  éocène,  dans  lequel  on  observe  au-dessus  du  faciès 
rouge  à  Amphidromus  gibbus,  les  marnes  de  cet  horizon  dans  les- 
quelles on  trouve  sur  le  flanc  d'un  ravin  qui  débouche  à  la  halte  de 
Réals,  d'abondants  exemplaires  du  Melanopsis  castrensis.  Au-dessus 
des  marnes  on  voit  une  assise  de  grès  fin,  siliceux,  très  dur,  exploité 
à  200  m.  environ  au  sud  de  la  station,  dans  d'importantes  carrières 
de  grès  à  pavé.  Ces  grès  passent  sous  les  calcaires  pisolithiques  qui 
terminent  la  formation. 

b)  Marno-calcaires  pisolithiques  avec  poupées  à  Melanopsis.  —  La 
partie  moyenne  de  la  formation  devient  calcaire  comme  dans  la 
vallée  de  la  Cesse,  mais  le  faciès  de  la  roche  est  très  différent  ; 
c'est  un  calcaire  à  gros  bancs,  souvent  bréchoïde,  de  teinte  rosée, 
imitant  à  s'y  méprendre  le  calcaire  de  Rognac,  avec  lequel  je 
l'avais  d'abord  confondu.  M.  Miquel  a  attiré  mon  attention  sur  un 
caractère  assez  constant  qui  permet  de  distinguer  le  calcaire 
éocène  :  c'est  la  présence  dans  la  pâte  de  la  roche  de  concrétions 
travertineuses,  pisolithiques,  sphériques,  cylindroïdes,  ou  aplaties, 
présentant  en  un  mot  les  formes  les  plus  variables.  Dans  les  parties 
plus  marneuses  de  l'assise,  en  particulier  sur  les  hauteurs  qui 
dominent  Cessenon,  ces  concrétions  sont  libres  et  prennent  la  forme 
de  véritables  poupées  dont  le  centre  est  occupé  par  une  coquille  de 
Melanopsis  castrensis.  Les  poupées  de  Cessenon  sont  maintenant  bien 
connues  dans  toutes  les  collections  locales.  Sur  la  rive  gauche  de 
l'Orb,  tout  le  plateau  qui  porte  le  village  de  Causses  est  formé  du 
même  calcaire  qui,  d'après  un  renseignement  de  M.  Miquel,  con- 
tient des  moules  d'un  gros  Bulime,  probablement  le  Bulirnus 
Cathalai  de  Bize. 

Le  synclinal  de  Reals  montre  également  de  beaux  affleurements 
du  môme  calcaire  à  pisolithes,  coupé  en  tranchée  par  la  route  de 


APERÇU  SUR  LA  GÉOLOGIE  DU  CHAÎNON  DE  SAINT-CHINIAN  707 

Murviel.  Ce  calcaire  traverse  l'Orb  en  face  la  halte  de  Reals  et  est 
recoupé  par  le  chemin  de  fer  à  une  petite  distance  au  sud  de  la 
station  ;  son  apparence  rognacienrie  y  est  des  plus  trompeuses. 

c)  Argiles  bariolées  et  grès  de  Cessenon.  —  A  la  base  du  grand  talus 
de  couches  éocènes  renversées  qui  domine  la  rive  droite  du  Verna- 
zobre  eu  aval  de  Saiut-Chinian,  on  voit  affleurer  sur  une  grande 
épaisseur  des  argiles  limoneuses  de  teintes  vives,  jaunes  ou  rouges, 
parfois  marnolithiques  ;  la  tranchée  du  chemin  de  fer  à  Cessenon 
en  offre  un  bon  type.  L'élément  gréseux  n'est  pas  exclu,  mais  son 
rôle  est  plus  subordonné  que  dans  la  région  d'Aigne. 

Dans  le  synclinal  de  Mus,  cette  assise  parait  avoir  été  enlevée  en 
entier  par  l'érosion. 

Age  de  la  série  éocène  fluvio-lacustre  du  chaînon  de  Saint- 
Chinian.  —  Une  dernière  question  me  reste  à  examiner,  c'est  celle 
des  comparaisons  stratigraphiques  que  l'ou  peut  établir  entre  les 
diverses  assises  fluvio-lacustres  ci-dessus  décrites  et  les  étages  classi- 
ques du  système  éocène.  Un  bon  point  de  départ  nous  est  fourni  à  la 
basepar  le  Nummulitique  marin  à  Nummulites  atacica  que  j'ai  été 
amené  plus  haut  à  rapporter  à  la  partie  tout  à  fait  inférieure  du 
Lutétien. 

Le  calcaire  compact  lacustre  à  Ëulimus  Hopei  (avec  lignite  de 
la  Caunette  à  la  partie  supérieure)  qui  succède  directement  à  l'assise 
marneuse  terminale  du  faciès  marin,  contient  une  faune  de  Mollus- 
ques fluvio-terrestres  qui  permet  un  parallélisme  précis  avec  le 
calcaire  du  Montaiguet  de  Provence  que  tous  les  géologues  depuis 
Matheron  s'accordent  à  considérer  comme  l'équivalent  du  calcaire 
grossier  proprement  dit  du  bassin  parisien,  c'est-à-dire  du  Lutétien 
moyen  (eu  Provence  peut  être  également  du  Lutétien  inférieur).  Il 
existe  entre  la  faune  de  l'horizon  provençal  et  celle  de  la  Montagne 
Noire  quelques  légères  différences  :  le  véritable  Planorbis  pseudo- 
rotundatus  avec  ses  tours  étroits  et  très  minces  n'existe  pas  dans 
la  région  de  Saint-Chinian,  tandis  qu'on  y  observe  le  P.  pseudo- 
ammonius  Schlot.,  typique,  associé  il  est  vrai  à  des  formes  de 
passage  à  l'espèce  précédente.  Cette  remarque  paléontotogique  peut 
s'interpréter,  je  crois,  en  supposant  que  le  calcaire  du  Languedoc 
est  légèrement  plus  élevé  dans  la  série  que  le  niveau  fossilifère  du 
bassin  d'Aix  (Pont  des  Trois  Sautets)  et  correspond  seulement  aux 
couches  tout-à-fait  supérieures  du  Montaiguet,  touchantau  calcaire 
deCuques.  La  vraie  faune  du  Montaiguet  à  P.  pseudo-rotundatus 
correspondrait  dans  cette  idée  au  Nummulitique  murin  de  la 
Montagne  Noire. 


708  CH.  DfcPÉRKT.  —  GÉOLOGIE  DU  CHAÎNON  DE  SA1NT-CH1NIAN 

Les  grès  d'Assignan  qui  viennent  ensuite  n'ont  point  de  faune 
déterminable  et  ne  peuvent  être  classés  que  par  les  couches  cal- 
caires qui  les  encadrent. 

Les  marno-calcaires  à  Tortues  avec  lignites  d'Agel  intercalés 
possèdent  une  faune  très  abondante,  malheureusement  en  mauvais 
état.  On  y  trouve  un  gros  Bulime  (Bulimus  Calhalai,  n.  sp.)  qui  est 
une  véritable  mutation  ascendante  du  Bulimus  Hopei  ;  mais  cette 
forme  intéressante  n'existe  ni  en  Provence  ni  dans  le  sud-ouest. 
Les  affinités  fauniques  les  plus  importantes  sont  d'une  part  avec  le 
calcaire  de  Cliques  dans  le  bassin  d'Aix,  d'autre  part  avec  le  calcaire 
du  causse  de  Castres  et  de  Labruguière  dans  le  Tarn.  Les  Limnées 
du  type  Michelini,  les  Planorbes  du  groupe  pseudo-ammonius,  le 
Melanopsis  castrensis  (=  M.  dubiosa  Math.)  sont  communs  aux  trois 
régions  et  on  trouve  en  outre  dans  les  marno  calcaires  d'Agelle 
Planorbis  Rouxi  et  le  Sphœrium  castrense  du  causse  de  Castres. 

Cependant  le  parallélisme  rigoureux  entre  les  calcaires  d'Agel, 
de  Cuques  et  de  Castres  n'est  pas  tout-à-fait  aussi  exact  que  l'on 
serait  tenté  de  le  croire  d'après  ces  analogies  fauniques.  Les  espèces 
d'Agel  sont  presque  toutes  des  variétés  ou  si  l'on  veut  des  formes 
représentatives  des  espèces  précitées  :  le  Planorbis  pseudo  ammonius 
n'est  pas  le  type  de  Buschweiler  et  de  Castres  avec  son  dernier  tour 
épais,  élevé  et  assez  embrassant  ;  c'est  une  forme  plus  plate,  à 
dernier  tour  moins  enroulé  et  en  proportion  moins  large,  qui  tend 
à  se  rapprocher  d'une  espèce  encore  non  décrite  de  l'Eocène  supé- 
rieur de  Saint-Gély  et  de  Sommières.  La  Limnœa  Michelini  n'est  pas 
non  plus  typique  ;  la  spire  est  beaucoup  plus  courte,  le  dernier  tour 
plus  important  sur  l'ensemble  de  la  spire.  Le  Sphœrium  castrense  a 
des  sommets  plus  gros  et  plus  saillants  que  le  type  de  Castres.  Enfin 
et  surtout  la  présence  dans  les  marno-calcaires  de  Sirau  (Minervois) 
de  la  Limnœa  Miqueli  Roman,  forme  qui  s'éloigne  beaucoup  de 
I.  Michelini  par  sa  spire  plus  allongée  et  ses  sutures  bien  plus 
obliques  nous  indique  un  passage  évident  vers  les  Limnées  du 
groupe  longiscata  Brg. 

En  raison  de  ces  diverses  nuances  paléontologiques,  je  suis 
disposé  à  admettre  que  les  marno-calcaires  d'Agel  occupent  un 
niveau  légèrement  plus  élevé  que  le  calcaire  de  Cuques  et  de 
Castres  et  doivent  être  considérés  comme  un  véritable  terme  de 
passage  entre  le  Lutétien  supérieur  et  le  Bartonien. 

Enfin  les  grès  et  argiles  d'Aigne  qui  terminent  la  série  sont  à 
fortiori  bartonitns  et  leur  faune  de  Mammifères  est  en  faveur  de 
cette  détermination.    Elle  comprend   un  Lophiodon  très  évolué 


EXCURSION  DU  7  SEPTEMBRE  A  ASSIGNAN  Et  BARROUBIO  709 

(L.  leptorhyncum  Filh.)  dont  les  molaires  inférieures  tournent  aux 
Acerotherium^et  un  Pachynofophus  cesserasicus  Gerv.  très  différent  du 
*\  Duvali  du  calcaire  grossier  supérieur  parisien.  Nous  avons 
l'espérance  de  pouvoir  arriver  un  jour,  par  de  nouvelles  recherches, 
à  préciser  les  caractères  de  la  faune  maminalogique  encore  si  mal 
connue  de  l'étage  Bartonien. 


COMPTE  RENDU  DE  L'EXCURSION  DU  7  SEPTEMBRE 

A  ASSIGNAN  ET  BARROUBIO 

par  M.  Cb.  DEPÉRET 

En  sortant  de  Saint-Chinian  à  l'ouest,  la  Société  a  observé  au 
quartier  de  Baladou  les  grès  de  Saint-Chinian  ou  grès  à  Reptiles  du 
Rognac  moyen,  grès  grossiers,  lie-de-vin,  qui  ont  fourni  en  ce  point 
des  ossements  de  Dinosauriens  dont  on  voit  encore  quelques  traces  ; 
vers  le  sud,  on  voit  ces  grès  surmontés  en  concordance  par  la  barre 
dentelée  des  calcaires  de  Rognac  qui  dominent  la  ville  et  donnent 
au  paysage  un  aspect  assez  pittoresque. 

Les  grès  forment  là  un  anticlinal  danien  couché  au  nord,  dont  la 
charnière  se  voit  bien  au  roc  Notre-Dame  (fig.  11).  C'est  le  début  du 
grand  pli  nord  du  chaînon  qui  se  prolonge  au  sud-ouest  saus 
interruption  jusqu'à  la  montagne  des  grottes  de  Bize. 

En  continuant  de  suivre  la  route  d'Assignan,  on  recoupe  bientôt 
les  trois  barres  renversées  des  calcaires  de  Rognac,  légèrement 
couchées  sur  un  plateau  de  terrains  éocènes. 

A  la  hauteur  du  hameau  de  Tudéry,  la  coupe  est  des  plus  nettes 
et  des  plus  complètes  (fig.  12)  :  l'anticlinal  comprend  dans  son  flanc 
inverse,  outre  les  calcaires  de  Rognac,  les  argiles  rouges  vitrol- 
liennes,  un  banc  de  calcaire  lacustre  blanc  de  l'âge  du  calcaire  de 
Montoulieu  à  Physa  prisca,  puis  la  barre  des  calcaires  à  Alvéolines 
formant  le  rocher  élevé  de  la  chapelle  Saint-Pierre  ;  enfin  les  cal- 
caires éocènes  à  Planorbis  pseudoammonius  et  les  grès  d'Assignan. 
Ces  derniers  forment  l'axe  d'un  synclinal  couché  sur  un  plateau 
très  régulier  d'éocène  lacustre  et  de  calcaire  nummulitique  qui  va 
s'appuyer  en  pente  douce  sur  les  schistes  siluriens. 


710 


CB.   DEPÉRET 


Ou  a  exploré  ensuite  plusieurs  gisements  fossilifères  :  au  col  de 
la  route  à  droite  dans  la  barre  des  calcaires  nummulitiques  ;  un 
deuxième  au  sud  de  la  route  dans  les  calcaires  marneux  de  l'étage 
de  Rognac  avec  Cyclophorus  heliciformis,  Lychnus  urgonensis,  Bauxia. 

Le  village  d'Assignan  est  assis  sur  les  grès  éocènes,  séparés  ici 
des  calcaires  blancs  à  Planorbis  pseudo-ammonius  par  une  pelite 
faille  verticale  dont  le  miroir  poli  s'observe  en  plusieurs  points  près 
de  l'entrée  du  village. 


s. s.. 


H.O. 


Fig.  11.  —  Coupe  passant  par  le  rocher  Notre-Dame.  —  1/30000" 

S,  Schistes  siluriens  ;  I,  Infralias  ;  G,  Grès  de  Saint-Chtnian  ;  R\  R',  R*.  Les  trois 
barres  des  calcaires  de  Rognac  ;  m,  Marnes  roses  intercalées  ;  N,  Calcaire  à 
Alvéolines  ;  L.  Lutétien  lacustre. 


SX. 


Route       ^N 


'tsrnm 


N.O. 


Fig.  12.  —  Coupe  do  la  chapelle  Sa int- Pierre.  — 1/15000' 

S,  Schistes  siluriens;  R3,  R-,  Barres  de  Rognac  ;  V,  Argiles  rutilantes  de  Vitrolies  ; 
P,  Calcaires  et  marnes  à  Physa  prisca  ;  N,  Nummulitique  ;  L,  Calcaire  a  Planor- 
bis pseudo-ammonius  :  A,  Grès  d'Assignan. 


Plus  à  l'ouest  la  route  descend  et  recoupe  les  grès  d'Assignan,  à 
gros  grains  de  quartz,  alternant  avec  des  marnolithes  panachés, 
de  faciès  continental.  Ces  grès  très  puissants  forment  au  sud 
un  talus  assez  raide  le  long  duquel  on  voit  l'intercalation  de 
quelques  bancs  de  calcaire  marneux  jaunâtre  qui  passent  par 
transitions  insensibles  aux  marnolithes. 

On  descend  ainsi  rapidement  vers    la   cluse   du  ruisseau  de 


EXCURSION   A  ASSIGNAN    ET  BARROUBfO  711 

Barroubio,  en  recoupant  la  faille  d'Assignan  déjà  signalée  plus  à 
Test,  et  on  atteint  le  calcaire  lacustre  blanc,  compact,  en  gros 
bancs,  dont  les  gros  blocs  détachés  à  droite  du  chemin  fournissent 
aux  recherches  des  membres  delà  Société:  Bulimus  Hopei  Marcel  de 
Serres,  liillya  cf.  rillyensis  Boissy,  Limnœa  Michelini  Desh.,  Planorbis 
pseudo-ammonius  Viltz,  Hélix  Afarûmi  Math. 

On  arrive  ainsi  à  l'entrée  du  pittoresque  canon  de  Barroubio 
découpé  dans  les  calcaires  nummulitiques;  c'est  le  plus  beau  de  la 
région,  toutefois  après  celui  de  Minerve.  Le  calcaire  est  rempli 
d'une  multitude  d'Alvéolines  surtout  dans  les  bancs  supérieurs.  Au 
dessus  de  l'entablement  calcaire,  M.  Miquel  nous  moutre  en  passant 
sur  le  chemin  de  traverse  qui  monte  au  hameau  de  Barroubio,  les 
marnes  nummulitiques  assez  fossilifères  en  ce  point;  on  recueille 
en  abondance  des  Ostrea  stricticostata  avec  leurs  deux  valves  et  des 
Echinides  parmi  lesquels  domine  Pygorynchus  Savini  Cotteau. 

A  Barroubio,  bâti  sur  un  véritable  causse  de  calcaire  numinuliti- 
que,  la  Société  trouve  le  plus  charmant  accueil  dans  la  famille  de 
notre  confrère  M.  Miquel,  dont  la  réputation  d'hospitalité  est  bien 
connue  de  tous  les  géologues  qui  ont  passé  dans  la  région.  Mais  la 
nuit  arrive.  Nous  nous  arrachons  non  sans  peine  aux  douceurs  de 
cette  hospitalité  et  à  l'examen  des  belles  collections  de  M.  Miquel 
pour  rentrer  rapidement  en  voiture  à  Saiitt-Chinian. 


712 


COMPTE-RENDU  DE  L'EXCURSION  DU  8  SEPTEMBRE 
A  PIERRERUE  ET  CAZEDARNES 

par  M.  Cbo  DEPÉRET 

Le  malin,  la  Société  est  partie  à  pied  de  Saint-Chinian  par  la 
nouvelle  route  de  Cébazan  qui  s'élève  à  travers  les  grès  à  Reptiles 
du  Rognac  moyen.  Ces  grès  plongeant  au  sud  sont  couronnés  en 
concordance  par  la  barre  inférieure  des  calcaires  de  Rognac,  de 
teintes  rosées  et  d'aspect  souvent  bréchoïde.  Au  niveau  du  col  de 
la  route,  on  voit  reposer  sur  cette  série  normale  un  anticlinal  cou- 
ché vers  le  nord,  avec  flanc  inverse  et  flanc  normal  conservés, 
constitué  par  les  dolomies  infraliasiques  entre  lesquelles  apparais- 
sent dans  le  noyau  du  pli  les  marnes  vertes  caractéristiques  de  la 
base  du  Rhétien  et  même  un  peu  d'argilekeupérienne  bariolée  (fig. 13). 

Ce  pli  couché  de  Keuper-ïnfralias  se  coutinue  d'une  part  vers  le 
sud-ouest  dans  la  direction  de  Villespassans;  d'autre  part  vers  le 
nord-est,  couroonant  directement  les  grès  à  Reptiles,  dans  la  direc- 
tion de  Cazedarnes  (pli  de  Cazedarnes). 

Après  avoir  admiré  la  netteté  de  ce  refoulement  presque  horizon- 
tal, la  Société  s'est  dirigée  sur  le  village  de  Pierrerue  à  travers  la 
vallée  creusée  dans  les  grès  de  Saint-Chinian,  où  on  a  pu  voir  en  place 
dans  les  marnolithes  un  grand  os  de  Dinosaurien,  non  loin  de  la 
halte  de  Pierrerue. 

A  Pierrerue  se  voit  un  nouveau  pli,  couché  au  nord,  plus  septen- 
trional que  celui  de  Cazedarnes  et  qui  se  place,  selon  toute  vrai- 
semblance, sur  le  prolongement  du  pli  rognacien  étudié  la  veille 
au  rocher  Notre  Dame.  Le  pli  couché  de  Pierrerue  comprend  une 
écaille  en  série  normale  (avec  flanc  inverse  supprimé  par  étirement) 
de  Keuper  gypsifère,  de  marnes  vertes  du  Rhétien,  de  grès  infralia- 
sique,  de  plaquettes  calcaires  à  Avicula  contorta  et  enfin  de  dolomies 
hettangiennes  :  cette  écaille  est  refoulée  sur  une  série  renversée 
très  épaisse  qui  comprend  les  calcaires  à  Alvéolines,  le  Lutétien 
lacustre  à  Planorbis  pseudo-ammonius  (avec  traces  de  lignite  visi- 
bles dans  la  tranchée  du  chemin  de  fer)  et  les  grès  et  marnes 
jaunes  d'Assignan.  Ces  couches  renversées  forment  entre  Pierrerue 
et  Cessenon  un  important  talus  qui  domine  la  vallée  du  Verna- 
zobre,  talus  dont  l'arête  supérieure  est  constituée  par  la  barre 
saillante  du  calcaire  oummulitiqueifig.  H).  Sur  les  dolomies  infra- 


EXCURSION   A   PIERRERUE   Et  CAZEDARNES 


713 


liasiques  de  Pierrerue  reposeot  des  couches  épaisses  de  bauxite 
rouge  ou  panachée,  recouverte  par  les  grès  de  Saint-Chinian.  Ces 
derniers  forment  un  large  synclinal  couché  au  nord,  sur  lequel  est 
refoulé  à  son  tour  l'anticlinal  couché  d'infralias  étudié  déjà  au  col 
de  la  route  de  Cebazan  (fig.  13). 


s. t. 


N.O. 


PU  de    CaJkedarnes 


Fig.  13.  —  Coupe  au  col  de  la  route  de  Cebazan  à  Saint-Chinlan.  —  1/15000°. 

K,  Argiles  bariolées  du  Keuper.  —  Infrauas  :  m,  Marnes  vertes  rhétiennes  ;  p, 
Calcaire  en  plaquettes  à  Avicula  contorta  ;  a\  Dolomics  bettangiennes.  — 
G,  Grès  de  Saint-Chinlan  ;  R1,  Calcaire  de  Rognac  ;  M,  Marnes  de  Rognac  ;  a\ 
Alluvionsdu  Vernazobre. 


s.E. 

PU  de  CajLedçrjvee 


W.O. 


PU  de  Pierreru.m 


Série  renversée 


Vallée     du 
Vernaxobres 


Fig.  14   —  Coupe  de  Pierrerue.  —  Échelle  1/20000*. 

K,  Gypse  et  marnes  du  Keuper.  —  Infralias  :  i»f  Marnes  vertes;  p,  Calcaire  en 
plaquettes  à  Avicula  contorta  ;  d,  Dolomies.  —  R,  Bauxite;  G,  Grès  de  Saint- 
Chinian;  N.  Calcaire  à  Alvéolines;  L,  Calcaire  lacustre  lutétien;  A,  Grès  d'As- 
signan  et  marnes  jaunes  ;  a1,  Alluvions  du  Vernazobre. 


Les  deux  plis  couchés  keupériens-infra-liasiques  de  Cazedarnes 
et  de  Pierrerue  convergent  vers  Test  et  se  rapprochent  au  point 
de  venir  en  contact  direct.  A  moitié  chemin  de  la  route  de  Pierrerue 
à  Cazedarnes,  la  Société  a  pu  voir  les  dolomies  des  deux  bandes 
infra-liasiques  chevaucher  Tune  sur  l'autre,  n'étant  plus  séparées 
que  par  des  lambeaux  irréguliers  de  bauxite  qui  marquent  seuls 
la  limite  des  deux  plis. 


714  CB.  DEMfcftET.  —  EXClinSlOK  A  PIERREMIK  ET  CAZEDARNES 

Près  de  ce  point  de  contact  des  plis  à  la  hauteur  du  col  de  la 
route,  en  se  dirigeant  à  une  centaine  de  mètres  vers  le  nord,  on  a 
exploré  un  gisement  assez  riche  de  plaquettes  rhétiennes  à  Avieula 
contorta,  Ottrea  tublamellosa,  écailles  de  Poissons,  etc. 

Après  le  déjeuner  qui  a  eu  lieu  à  Cazedarnes-le-Bas,  la  Société  a 
fait  à  pied  une  coupe  transverse  au  nord  de  ce  village  pour  étudier 
à  nouveau  la  série  danienne  et  éocène  renversée  déjà  entrevue  le 
matin  à  Pierrerue,  et  compliquée  ici  d'un  pli  secondaire  (fig.  15). 


Flg.  1».  —  Coupe  de  Cazedaraes-le-Bas.  —  Échelle  1/tOOOÛV 


H.  Gypse  du  Kcuper;  I,  Infraliaa:  G.  Grès  de  Salnt-Chlnlan;  H,  Calcaire  de  Rognai 
m,  Marnes  de  Rognée;  N,  Calcaire  a  Alvéolines;  L,  Calcaire  lacustre  lutélien  : 
A,.  Gréa  et  marnes  jaunes  d'Asslgnau. 

À  Cazedarnes-le-Bas  on  est  sur  les  dolomies  infraliasiques  appar- 
tenant au  flanc  normal  d'un  pli  couché  au  nord,  à  axe  de  Keuper 
(avec  gypse  exploité  dans  la  combe  au  nord  du  village);  sur  les 
dolomies  reposent  les  grès  de  Saint-Chioian  surmontés  par  la  barre 
dentelée  de  Rognac.  De  l'autre  côté  de  l'axe  keupérien  vers  le  nord, 
le  flanc  inverse  du  pli  montre  l'infralias,  puis  le  grès  de  Saint- 
Chinian  très  aminci,  ensuite  le  calcaire  rose  bréchoïde  de  Rognac, 
enfin  les  calcaires  à  Alvéolines  qui  sont  remarquablement  riches 
en  ce  point.  Mais  ensuite  intervient  un  pli  secondaire  (que  l'on  voit 
un  peu  à  l'ouest  n'être  qu'une  bifurcation  du  pli  de  Pierrerue) 
faisant  affleurer  un  petit  anticlinal  de  marnes  et  calcaires  de  Rognac, 
lesquels  reposent  à  leur  tour  sur  un  plateau  incliné  de  calcaire 
à  Alvéolines.  Ce  dernier  forme  la  lèvre  supérieure  du  grand  talus  de 
couches  éocènes  renversées  qui  domine  la  vallée  du  Vernazobre. 

La  Société  s'est  rendue  jusqu'au  bord  de  l'escarpement  d'où  l'on 
jouit  d'un  magnifique  aperçu  panoramique  sur  l'ensemble  de  la 
Montagne  Noire.  M.  J.  Bergeron  en  a  profité  pour  exposer  les  prin- 
cipaux points  géographiques  et  géologiques  de  ce  beau  paysage. 


715 


EXCURSION  DU  8  SEPTEMBRE 
AUX  ENVIRONS  DU  MAS  CAPEL  ET  DE  SAINT-BLAISE 

par  M.  René  NICKLÈS. 

L'après-midi  du  8  septembre,  la  Société  est  partie  en  voitures  de 
Cazedarnes  pour  rejoindre  la  route  de  Cessenon  à  Cazouls.  Elle  a  tra- 
versé, aux  environs  de  Belesta,  Taxe  keupérien  du  pli  couché  vers  le 
nord  situé  au  sud  de  Cessenon,  et  dont  le  flanc  renversé,  conservé  en 
partie,  avait  été  observé  vers  la  fin  de  la  matinée  aux  environs  de 
Cazedarnes  le-Bas.  Sous  les  dolomiesinfra-liasiques  on  voit  en  ellet 
le  Keuper  recouvrant  lui-même  la  bande  nord  des  dolomies  infra-lia- 
siques  qui  viennent  reposer  sur  les  calcaires  et  marnes  de  Rognac  : 
ce  pli  primitivement 
orienté  est-ouest  se 
relève  du  sud-ouest 
au  nord-est  et  vient 
se  terminer  sur  les 
hauteurs  dominant 
la  vallée    de    l'Orb 

(fig.  1). 

En  arrivant  à  cette       Flg'  *'  "  CouPe  du  PH  coucné  au  nord  de  Cazedarnes. 
...  ,    .  Échelle:  1/20.000»  environ. 

vallée  on  prend  la 

,      ,    ^.  ,     . ,  K.  Keuper;  t,  Infralias  ;  R,  Calcaires  de  Rognac. 

route  de  Cazouls-les- 

Béziers  pour  se  rendre  aux  environs  est  du  Mas  Capel.  La  colline 

qui  franchit  la  route,  et  qui  domine  l'Orb,  est  la  suite  naturelle  des 

coteaux  qui,  surmontés  par  la  barre  de  Rognac,  s'étendent  des 

environs  de  Cebazan  jusqu'au  coude  de  l'Orb  à  Réals,  formant  le 

prolongement  du  flanc  normal  supérieur  du  pli  de  Belesta  et  de 

Cazedarnes-le-Haut. 

Or,  dans  les  environs  du  point  où  la  route  de  Cessenon  à  Cazouls 
franchit  cette  barre,  les  calcaires  de  Rognac  sont  recouverts  par  nu 
nouveau  pli  couché,  venu  de  l'arrière,  du  sud,  et  qui  non  seule- 
ment se  couche  complètement  mais  plonge  même  vers  le  nord, 
dépassant  ainsi  l'horizontale  :  le  fait  frappe  d'ailleurs  les  yeux  par 
son  évidence  :  lorsqu'on  a  franchi  la  première  rampe  en  partant  de 
la  vallée  de  l'Orb,  on  voit  de  part  et  d'autre  de  la  route  le  Trias  et 
le  Jurassique  reposer  sur  les  marnes  et  les  calcaires  de  Rognac. 

Par  suite  de  l'érosion,  ce  nouveau  pli  laisse  voir,  au  milieu  des 
terrains  secondaires  inférieurs  un  affleurement  de  marnes  et  de 


716  R.    NICKLÈS 

grès  de  Rogoac  présentant  la  forme  d'une  boutonnière  que  traverse 
dans  sa  longueur  la  route  de  Cessenon  à  Cazouls.  C'est  à  l'étude  de 
cet  affleurement  anormal  de  Crétacé  supérieur,  et  à  ses  relations 
avec  le  Trias  et  le  Jurassique  qui  le  surmontent  que  la  Société  con- 
sacre une  partie  de  l'après-midi. 

Cette  boutonnière  de  marnes  et  grès  de  Rognac  présente  1  kilom. 
environ  dans  sa  longueur  (N.-S.);  sa  largeur  est  à  peu  près  la  moi- 
tié de  sa  longueur.  Sa  bordure,  sensiblement  elliptique,  est  inté- 
ressante à  étudier  dans  ses  rapports  avec  le  Trias  et  le  Jurassique. 

Au  nord,  à  Test  et  au  sud  les  marnes  et  les  grès  de  Rognac  sont 
dominés  par  le  Keuper;  au  nord -est  le  gypse  est  exploité  dans  les 
marnes  keupériennes  fortement  ridées  ;  en  suivant  la  limite  de  ces 
deux  systèmes  (Trias  et  Danien)  à  l'est  on  la  voit  bientôt  s'amincir, 
surtout  vers  le  sud  est  (au  point  où  la  route  va  rentrer  dans  la  série 
jurassique),  puis  disparaître  presque  complètement  sous  les 
éboulis  de  surface;  cet  amincissement  du  Keuper  s'explique  d'ail- 
leurs naturellement  par  la  proximité  du  faisceau  de  plis  du  Roucan 
(v.  plus  loin)  et  de  l'extrême  dislocation  des  couches  dans  le  voisi- 
nage sud  est  de  la  boutonnière.  Au  sud,  les  marnes  du  Keuper 
reparaissent  nettement  (environs  est  du  Mas  Capel);  à  l'ouest,  au 
contraire,  une  petite  faille  due  à  un  tassement  local  du  lambeau  les 
élimine  en  faisant  buter  le  Toarcien  fossilifère  surmonté  du  Bajo- 
cien  contre  les  marnes  et  grès  de  Rognac  de  la  boutonnière  :  la 
bordure  ouest  de  la  boutonnière  en  est  par  suite  rectiligne  sur  une 
partie  de  sa  longueur. 

Sur  toute  la  longueur  de  la  boutonnière,  les  couches  qui,  en  se 
renversant,  ont  dépassé  l'horizontale,  plongent  au  nord  :  à  la  limite 
sud,  à  la  hauteur  du  Mas  Capel,  un  plongement  inverse,  vers  le  sud, 
commence  à  s'accuser,  par  suite  de  la  proximité  des  racines  du  pli. 

Ridement  transversal  du  pli.  —  Les  détails  qui  précèdent  montrent 
que  cette  succession  anormale  s'explique  par  une  écaille  de  Trias  et 
Jurassique  inférieur  recouvrant  les  marnes  et  grès  de  Rognac.  Cette 
écaille  affectant  le  Trias  et  le  Jurassique  présente  une  particularité 
intéressante,  susceptible  de  déconcerter  au  premier  abord  :  celle 
de  rides  transversales  orientées  nord-sud,  et  dont  l'origine  est  due 
évidemment,  suivant  l'hypothèse  ingénieuse  de  M.  Depéret,  à  ce  que 
le  pli  tourne  dans  cette  région  de  la  direction  primitive  est-ouest 
à  la  direction  sud-ouest-nord-est. 

Les  plis  de  ce  faisceau,  difficile  à  observer  au  sud  du  ravin  du 
Roucan  y  présentent  la  disposition  de  la  fig.  2. 


EXCUR8I0N  AUX  ENV1R0N8  DU  MAS  CAPEL  ET  DE  SAINT- BL AISE        717 

Quatre  anticlinaux  faciles  à  observer  dans  le  ravin  même  du 
Roucan  se  déversent  de  plus  en  plus  vers  l'ouest  lorsqu'on  chemine 
.  de  l'est  à  l'ouest.  Ces  anticlinaux  affectent  d'abord  le  Keuper 
(marnes  bariolées  gy psi f ères)  et  l'Infralias  gréseux  et  dolomitique  ; 
puis  au  sortir  de  la  partie  où  le  ravin  du  Roucan  forme  de  véri- 
tables gorges  on  voit  le  Charmouthien  fossilifère  plongeant  sous 
l'Infralias;  au-dessous  de  lui  lé  Toarcien  puis  le  Bajocien  à  Rhyn- 
chonella  Ruthenensis  Reynès.  A  cet  anticlinal  déjà  déversé  vers 
l'ouest  succède  un  autre  anticlinal  encore  plus  déversé  à  l'ouest, 
et  présentant  une  arête  de  Charmouthien  comprise  entre  deux 
affleurements  toarciens  :  dans  l'un  de  ses  affleurements,  le  Toarcien 
est  très  réduit  par  suite  de  l'étirement,  mais  très  nettement  recon- 
naissable. 


Fig.  2.  —  Faisceau  du  Roucan.  —  Échelle  :  1/25.000"  environ. 

R,  Grès,  marnes  et  calcaires  de  Rognac ;  B,  Rajocien;  Lo,  Toarcien;  chy  Charmou- 
thien; t,  Infralias;  K,  Keuper.  (Cette  légende  s'applique  aux  autres  coupes). 


Un  dernier  anticlinal  renversé  à  l'ouest  comme  les  précédents 
vient  presque  border  la  boutonnière  :  toutes  les  couches  sont 
extrêmement  réduites  ;  cependant  l'arête  anticlinale  est  en  Char- 
mouthien bien  caractérisé  ;  le  Toarcien  très  visible  ;  seuls  le  Char- 
mouthien et  le  Keuper  du  flanc  normal  inférieur  du  synclinal, 
succédant  à  l'ouest  à  l'anticlinal  4,  sont  très  difficiles  à  discerner  par 
suite  des  éboulis  nombreux  en  ce  point  à  la  surface  :  mais  l'Infra- 
lias est  extrêmement  net  au  pont  de  la  route  situé  à  100  mètres 
environ  au  sud  du  point  où  elle  sort  des  marnes  et  grès  de  Rognac 

Tel  est  l'aspect  que  présente  ce  ridement  transversal  dans  sa 
coupe  la  plus  complète.  A  l'extrémité  ouest  ce  lambeau  ridé 
repose  pendant  plus  d'un  kilomètre  sur  les  marnes  et  grès  de 
Rognac  ;  à  l'est,  à  la  sortie  des  gorges  du  Roucan,  on  voit  pointer 
au  travers  du  Keuper  un  ilôt  assez  important  de  calcaire   de 


96  Août  1901.  —  T.  XXVII 


Bull.  Soc.  Géol.  Fr.   -  46 


718 


B.    NICKLÈ8 


Rognac.  Uo  peu  plus  au  nord,  après  avoir  traversé  la  vallée 
keupérienne  de  Thézanel,  les  mêmes  calcaires  émergent  sortant 
au-dessous  du  Keuper.  Tout  ce  lambeau  de  Trias  et  de  Jurassique 
semble  donc  bien  reposer  dans  son  ensemble  sur  l'étage  de  Rognac. 
Le  Keuper  paraît  constamment  former  la  base  de  ce  lambeau,  qu'il 
soit  très  épais  comme  à  Thézanel  ou  très  réduit  comme  aux  abords 
sud-est  de  la  boutonnière  du  Mas  Capel. 

Ainsi  que  je  l'ai  indiqué  brièvement  le  déversement  progressif 
vers  l'ouest  des  plis  transversaux  de  ce  lambeau  s'accuse  de  plus 
en  plus  lorsqu'on  se  dirige  au  nord. 

Par  suite  de  l'érosion  qui  a  enlevé  l'Infralias  aux  environs  de 
Thézanel  les  plis  de  l'est  du  Roucan  ne  peuvent  plus  être  suivis 
vers  le  nord,  le  Keuper  se  prêtant  difficilement  à  leur  observation 
en  raison  de  son  extrême  plasticité. 

Les  deux  derniers  plis  de  l'ouest  peuvent  bien  se  suivre  jusqu'à 
la  vallée  de  l'Orb.  Le  déversement  devient  de  plus  en  plus  accusé  au 
point  qu'aux  environs  de  Cazal-Vieil  les  plis  sont  couchés  presque 
horizontalement  vers  l'ouest. 

L'étirement  est  même  tellement  prononcé  qu'il  s'agit  ici  plutôt 

de  deux  petites  écailles  superposées  en  structure  imbriquée  :  je 

^ — -^  n'ai     pu     d'ailleurs 

observer     aucune 

trace  du  flanc  mé- 
c...ivua        dian    averse.     La 

coupe  ci-jointe  (fig.  3) 
montre  la  disposi- 
tion des  couches  ob- 
servées à  proximité 
de  la  ferme  de  Cazal- 
Vieil. 

Au-dessous  du  Keuper  du  lambeau  inférieur  on  retrouve  sur  les 
flancs  de  la  vallée  de  l'Orb  les  calcaires  et  marnes  de  Rognac  :  si  on 
ne  les  observe  pas  à  l'ouest  de  la  coupe,  c'est  parce  que  l'érosion 
n'a  pas  été  profonde. 

Le  lambeau  de  recouvrement  que  je  viens  d'étudier  en  détail  se 
relie  incontestablement  au  pli  couché  de  Sévignac  à  quelques  kilo- 
mètres à  Test.  Rien  que  le  programme  des  excursions  n'ait  pas 
permis  de  le  voir,  ce  pli  présente  assez  d'intérêt  pour  mériter  d'être 
mentionné  brièvement. 
Sur  le  trajet  même  de  la  voie  ferrée  de  Cazouls  à  Réals,  à  peu 


*^. 


t. 


Fig.  3.  —  Coupe  de  Cazal-Vieil. 
Echelle  :  1/20.000*  environ.  —  Môme  légende. 


■XCUR8I0N  AUX  ENVIRONS  DU  MAS  CAPEL  ET  DE  BAINT-RLAISt        719 


FIK.  4.  —  Faisceau  de  plis 

du  Roucan.    —  Echelle  :  1/50.000' 

environ. 


près  &  mi-chemin  près  de  Séviguac,  le  Keuper  est  surmonté  par  les 
dolomios  de  l'Infralias,  et  un  peu 
plus  au  nord  repose  sur  elles  en 
série  renversée  dans  le  ravin  qui 
va  du  chemin  de  fer  a  l'Orb,  ces 
dernières  reposant  en  concordance 
sur  l'étage  de  Rognac  :  on  est  en 
présence  du  flanc  normal  supérieur 
et  du  flanc  renversé  d'un  pli  cou- 
ché, les  couches  de  Rognac  formant 
le  flanc  supérieur  d'un  nouveau  pli  : 
les  couches  sont  très  faiblement 
inclinées  vers  le  sud . 

En  résumé,  on  peut  donc  obser- 
ver dans  celte  région  non  seule* 
ment  la  répétition  —  en  arrière  — 
des  plis  couchés  observés  aux  envi- 
rons de  Cazedarnes,  et  avec  une 
intensité  plus  grande,  puisquele  pli 
y  est  couché  au  point  de  dépasser 
l'horizontale  comme  le  prouve  l'observation  de  la  boutonnière  de 
grès  et  marnes  de  Rognac,  entre  le  Mas  Capel  et  Saint-Biaise,  — 
mais  aussi  des  ride- 
ments  transversaux 
qui    ont    été    eux- 
mêmes  assez  inten- 
ses pourdouner  lieu 
à  de  petits  plis  cou- 
chés transversaux  et 
presque  normaux  à 
la  grande  écaille  qui 
a'étend  du  Mas  Capel 
à  Saint-Biaise. 

Les  caractères  strati graphiques  des  diverses  assises  jurassiques 
peuvent  se  résumer  ainsi  pour  la  région  du  Mas  Capel. 

Sur  le  Keuper  constitué  comme  on  le  sait  par  les  marnes 
bariolées  gypsifères  reposent  1"  l'Infralias  (1)  :  le  Rhétien  est 
constitué  principalement  par  des  calcaires  plus  ou  moins  dolomi- 
tiquesoù  l'on  rencontre  parfois  des  écailles  de  Poissons  (Réals)  ou 
une  lumachelle  de  petits  Bivalves  très  nombreux. 

(I)  L'Infralias  du  lambeau  de  Salnt-Chlniau  a  été  l'objet  d'une  intéressante  étude 
de  H.  Hlquel  :  Note  sur  la  géologie  des  terrains  secondaires  et  des  terrains  ter- 
tiaires du  département  de  l'Hérault.  Béliers,  1868. 


720        EXCURSION  AUX  ENVIRONS  DU  MAS  CAP  EL  Et  DE  SAINT  BLAISE 

Dans  la  région  de  Saint-Chinian  ces  calcaires  offrent  en  abon- 
dance (Cebazan)  Avicula  contorta  Portl.  ;  à  Pierrerue  cette  forme 
moins  fréquente,  a  cependant  été  trouvée  par  la  Société. 

La  partie  supérieure  de  l'Infralias  ou  Hettangien,  difficile  à  déli- 
miter du  Rhétien,  est  généralement  constituée  par  des  dolomies,  le 
plus  souvent  à  teinte  presque  blanche  sur  la  cassure. 

Si  le  Sinémurien  est  encore  inconnu  dans  la  région  comme  dans 
les  diverses  parties  visitées  par  la  Société  dans  la  Montagne  Noire, 
du  moins  le  Charmouthien  est  reconnaissableà  ses  calcaires  à  chaux 
hydraulique  renfermant  des  Bélemnites  parfois  nombreuses  et  où 
M.  Collot  a  justement  signalé  prés  Cebazan  la  présence  de  Gryphea. 
Ces  calcaires  souvent  pyriteux  sont  fréquemment  dolomitiques,  et 
présentent  sur  la  cassure  une  teinte  gris  bleu  foncé. 

Le  Toarcien  parait  présenter  les  niveaux  inférieurs  à  Montmajou 
où  il  repose  sur  le  Charmouthien  qu'on  peut  facilement  étudier.  Il 
comprend  des  marnes  puissantes  avec  de  nombreuses  Ammonites 
pyriteuses  W.  bifrons,  H.  bicarinatum,  Cœloceras  crassum,  G.  mucro- 
natum,  Amm.  nautiloides.  Le  gisement  visité  par  la  Société  à  l'est 
du  Mas  Capel  (1)  parait  correspondre  à  un  niveau  supérieur  ;  il 
renferme  :  vers  le  bas,  Harpoceras  cf.  [allaciosum  et  H.  cf.  striatu- 
lum  ;  au-dessus,  presque  au  contact  avec  le  Bajocien  des  marnes 
avec  Lucina  sp.  Le  Bajocien  est  généralement  constitué  par  des 
couches  à  teinte  rose,  à  l'extérieur  du  moins.  Lorsqu'il  est  calcaire 
il  renferme  souvent  des  fossiles  en  abondance  et  particulièrement 
Rhynchonella  nitenensis  Reynès  :  à  cette  forme  si  fréquente  s'adjoi- 
gnent des  Bivalves  et  notamment  des  Goniomya. 

Cet  étage  présente  souvent  des  lits  siliceux  importants  notam- 
ment aux  environs  nord  de  Cazouls.  11  y  est  dolomitique,  et  la 
dolomie  rose  (2)  ou  rouge  foncé  à  la  surface  est  brune  sur  les  cassures 
fraîches.  Il  n'est  pas  rare  de  trouver  des  fossiles  dans  la  dolomie 
bajocienne  :  des  Térébratules  de  grande  taille  (Cazouls,  Montmajou). 
Aux  environs  de  Fontcaude,  M.  Collot  (3)  y  a  très  exactement 
indiqué  la  présence  de  radiolesde  Cidaris.  Ils  y  sont  associés  à  des 
Polypiers. 

(1)  On  trouve  cependant,  non  loin  de  là  des  schistes  marneux  avec  empreintes 
de  H.  falciferum  du  Toarcien  inférieur. 

(2)  Bien  qu'il  ne  faille  avoir  qu'une  confiance  très  limitée  dans  la  couleur  pour 
fixer  l'âge  des  couches,  j'ai  cru  cependant  devoir  indiquer  ici  la  différence  de 
coloration  des  dolomies  infraliasiques  charmouthienne  et  bajocienne  qui  paraissent 
à  ce  point  de  vue  présenter  une  constance  assez  remarquable  dans  le  lambeau  de 
Saint-Chinian. 

(3)  B.  S.  G.  F.,  (3),  111,  p.  392. 


781 


NOTE  SUR  LE  PLIOCÈNE  MARIN 
DES  BASSINS  DE  L'ÉTANG  DE  THAU,  DE  L'HÉRAULT 

DE  L'ORB  ET  DE  L'AUDE 

par  M.  E.  JACQUEHET. 

Pour  Foutannes  la  mer  pliocène  devait,  après  avoir  doublé  le 
promontoire  de  Frontignan ,  s'avancer  jusqu'aux  environs  de 
Béziers  et  de  Narbonue.  Ces  données  paraissent  devoir  être  absolu- 
ment exactes.  Depuis  longtemps  déjà  M.  Triadou  de  Pézenas,  un 
des  collaborateurs  de  M.  de  Rouville,  avait  signalé  les  marnes  à 
Potamides  Basterott  de  Bassan;  en  1897,  M.  Depéret  (1)  faisait  con- 
naître les  sables  astiens  à  Ostrea  cucullata  de  Ribaute  et  de  Cor- 
neilban.  Dans  la  région  de  Meze,  M.  Roman  (2)  iudiquait  également 
la  présence  de  ces  sables  en  ce  point  très  peu  fossilifères.  Les 
quelques  données  que  je  vais  ajouter  à  ces  découvertes  aideront  à 
délimiter  je  crois  les  rivages  de  la  mer  astienne  dans  ces  régions. 

A  Bouzigues,  tout  au  bord  de  l'étang  de  Thau,  les  roches  secon- 
daires sont  perforées  par  les  Mollusques  lithophages  et  par  dessus 
ces  perforations  ou  dans  de  petites  excavations  sont  fixés  des  valves 
d'Huîtres  peu  déterminables.  Ce  n'est  que  dans  la  région  de  Meze 
qu'on  voit  reparaître  le  Pliocène  marin  avec  les  caractères  qu'il 
affecte  aux  environs  de  Montpellier.  Vers  Loupian  ces  sables  dégra- 
dent la  mollasse  miocène  qui  servait  de  rivage.  Ils  sont  peu  fossili- 
fères et  contiennent  çà  et  là  de  rares  Ostrea  cucullata  Born.  Une  des 
localités  où  il  est  plus  facile  de  les  étudier  se  trouve  auprès  de  la 
route  d'Agde,  tout-à  côté  de  la  halte  du  chemin  de  fer,  à  Font-Mars. 

Recouverts  dans  la  région  de  Pinet  et  de  Pomerols  par  le  Pliocène 
fluvio  continental,  les  sables  marins  reparaissent  sur  une  très 
grande  étendue  vers  les  fermes  du  Barrai  et  de  Saint-Hippolyte  entre 
Florensac  et  Castelnau  de  Guers.  Us  sont  ici  très  fossilifères.  Les 
érosions  quaternaires  ont  creusé  en  ce  point  une  vaste  cuvette  aux 
dépens  du  Pliocène  marin.  De  nombreuses  sablières,  les  tranchées  de 
la  route  de  Florensac  à  Castelnau  et  de  plusieurs  chemins  avoisi- 
nants  permettent  d'étudier  leur  constitution.  A  la  base  sont  de? 

(1)  B.  S.  G.  F.,  (3),  t.  XXV,  p.  641. 

(2)  Roman.  Recherches  str.  et  pal.  dans  le  bas  Languedoc,  p.  242. 


722      SUR  LE  PLIOCÈNE  MARIN   DES   BASSINS  DE  L'ÉTANG   DE  THAU 

sables  jaunes  micacés  sans  fossiles  et  présentant  quelques  bancs 
d'un  véritable  grès  susceptible  de  servir  à  la  construction.  Bientôt 
ils  se  foncent  en  couleur,  deviennent  plus  ferrugineux  et  renfer- 
ment quelques  Ostrea  cucullata  de  très  grande  taille,  puis  enfin  à  la 
partie  supérieure  se  trouve  un  banc  extrêmement  fossilifère.  On  y 
rencontre  avec  de  nombreuses  Balanes  toutes  les  variétés  d'Ostrea 
cucullata  Born.,  0.  Perpiniana  Font.,  0.  Serresi  Tourn.  Vers  Saint- 
Hippolyte  les  calcaires  daniens  sont  perforés  par  les  Mollusques 
lithophages  et  un  peu  plus  haut  avant  d'arriver  aux  fours  à  chaux 
les  sables  dégradent  la  mollasse  miocène. 

De  l'autre  côté  de  l'Hérault,  entre  Saint-Thibéry  et  Nézignan- 
l'Evêque,  le  Pliocène  marin  érodé  par  l'Hérault  et  ses  alluvions 
quaternaires  réapparaît.  A  Sainte-Cécile  est  ouverte  une  carrière 
de  sables  blancs  fins  micacés  et  vers  Nézignan-1'Évêque  il  est  facile 
de  constater  la  présence  des  sables  jaunes  micacés  avec  débris  de 
fossiles  et  bancs  de  grès.  Ces  sables  sont  l'objet  d'une  exploitation 
assez  active.  Ils  ravinent  la  mollasse  miocène  et  au  contact  on  peut 
remarquer  de  nombreux  galets  de  rivages  et  coquilles  roulées  ainsi 
que  de  gros  blocs  arrachés  au  calcaire  moellon. 

Après  Nézignan  le  rivage  pliocène  s'infléchit  légèrement,  puis 
vient  disparaître  un  peu  avant  Montblanc  sous  le  Pliocène  fluvio- 
continental, qui  empêche  de  le  délimiter. 

A  partir  de  ce  point  il  est  impossible  de  suivre  le  rivage  astien, 
les  alluvions  considérables  du  Riege  et  du  Libron,  les  basaltes  de 
Valros  et  les  tufs  volcaniques  de  La  Roque  masquant  les  couches 
inférieures.  A  Bassan  les  marnes  astiennes  à  Potatnides  Basteroti 
M.  de  S.  et  Hydrobia  Escoffierœ  Font,  viennent  butter  contre  le 
Miocène.  A  propos  de  ces  marnes  M.  Biche,  dans  une  communica- 
tion à  la  Société  d'étude  de  Béziers  en  1892,  avait  cité  en  plus  des 
Mollusques  déjà  nommés  un  fragment  de  bois  de  Cervidé  et  une 
dent  de  Ruminant,  il  est  dommage  qu'il  n'y  ait  pas  eu  une  détermi- 
nation plus  précise,  mais  peut-être  ces  échantillons  se  trouvent-ils 
encore  dans  sa  collection  qui  est  à  Pézenas. 

M.  Depéret  a  montré  à  Ribaute  le  contact  des  sables  astiens  avec 
les  marnes  bleues  miocènes  à  0.  digitalina.  Le  massif  miocène  de 
Béziers  formait  donc  un  promontoire  que  doublait  la  mer  astienne 
pour  aller  déposer  ses  sables  à  Corneilhan  au  point  étudié  par 
cet  auteur. 

En  dedans  des  rivages  je  ne  connais  pas  de  localités  fossilifères 
mais  dans  la  vallée  du  Libron  à  Cantogal,  non  loin  du  village  de 
Boujan,  sur  la  route  de  Béziers,  on  peut  relever  une  coupe  inté- 


DE  L'HÉRAULT,   DE  L'ORB   ET  DE  L'AUDE  723 

ressante.  Oq  exploite  en  ce  lieu  an  banc  d'argile  rouge  sans  fossiles, 
immédiatement  recouvert  par  le  Pliocène  fluvio-continental  si 
bien  décrit  dans  cette  région  par  M.  Depéret.  Ce  banc  d'argile  a 
une  puissance  d'une  douzaine  de  mètres.  Lorsque  l'on  fit  il  y  a 
quelque  temps  des  fouilles  pour  forer  un  puits  on  traversa  au 
dessous  de  cet  argile  dix  mètres  environ  de  marnes  bleues  pour 
arriver  ensuite  à  un  sable  blanc  jaunâtre,  micacé  et  fin,  en  tout 
semblable  à  celui  de  Sainte-Cécile  dont  j'ai  parlé  plus  haut.  Malgré 
l'absence  de  fossiles  on  peut,  je  crois,  considérer  ces  couches 
comme  constituant  l'Astien  complet  :  à  la  base  les  sables  marins, 
puis  les  marnes  bleues  à  Potamides,  les  argiles  d'eau  douce  et  enfin 
les  sables  continentaux.  Cette  coupe  nous  montre  que  la  mer 
astienne  pénétrait  largement  dans  le  Golfe  de  Bassan.  Elle 
doublait  ensuite,  comme  je  l'ai  dit  plus  haut,  le  promontoire 
miocène  de  Béziers,  pénétrait  dans  le  profond  golfe  de  Corneilhan 
jusque  probablement  vers  Murviel  en  buttant  contre  la  falaise  mio- 
cène de  Maurassan.  À  ce  point,  l'entrée  du  golfe  devait  être  fort 
étroite.  La  nier  astienne  contournait  ensuite  les  massifs  miocène  de 
Lespignan  et  oligocène  de  Nissan,  pénétrait  par  un  large  golfe 
jusqu'à  Capestang  pour,  après  avoir  formé  un  grand  nombre  d'Iles 
vers  Ouveillan  et  laissé  de  côté  l'Ile  considérable  de  la  Clape  et  celle 
plus  petite  de  Sainte-Lucie,  venir  butter  au  promontoire  de  Leu- 
cate.  Dans  cette  région  on  ne  trouve  plus  trace  de  sables  astieus, 
mais  de  nombreux  dépôts  marins  plus  récents  à  Vend r es,  Lespi- 
gnan, Nissan,  Montels,  Capestang  attestent  que  très  probablement 
les  coutours  que  je  viens  de  déterminer  sont  exacts.  Ces  dépôts 
font,  avec  ceux  de  l'étang  de  Thau,  l'objet  d'une  étude  que  je  me 
propose  de  poursuivre. 


Séance  du   f  f    Septembre  1899 

PRÉSIDENCE    DE    M.    J.    BERGERON,    PRÉSIDENT. 

La  séance  est  tenue  dans  la  salle  à  manger  de  l'Hôtel  Para,  à 
Bédarieux. 
Le  procès-verbal  de  la  précédente  séance  est  lu  et  adopté. 


724 


COMPTE-RENDU  DE  L'EXCURSION  DU  9  SEPTEMBRE 

par  M.  J.  BERGERON. 

Après  avoir  longé  les  plis  étudiés  la  veille  entre  Saint  Chinian  et 
Cessenon,  la  Société  franchit  l'Orb  au  niveau  de  cette  deruière 
ville,  et  s'engage  sur  la  route  de  Saint  Nazaire  de  Ladarez.  Elle 
traverse  les  marnes  et  les  grès  à  Lophiodon.  Au  delà  de  la  métairie 
de  la  Fontramy,  des  bandes  de  calcaires  paléozoïques  émergent 
de  dessous  les  couches  tertiaires.  Ce  sont  des  marbres  griottes  de 
couleur  rouge,  des  calcaires  noduleux  gris  avec  schistes  jaunes  du 
niveau  à  Cypridioes,  appartenant  au  Dévonien  supérieur,  des 
lydiennes,  enfin  des  schistes  appartenant  au  Carbonifère  infé- 
rieur. Tous  ces  horizons  se  montrent  à  plusieurs  reprises,  alter- 
nant entre  eux,  allure  qui  correspond  à  celle  de  nombreux  plis 
synclinaux  et  anticlinaux.  Ces  couches  appartiennent  à  la  plongée 
méridionale  d'un  vaste  anticlinal  dont  la  voûte  a  été  enlevéo  en 
grande  partie  par  érosion  et  dont  la  Société  reverra  la  plongée 
septentrionale  à  Roquebrun.  C'est  celui  que  j'ai  désigné  sous  le 
nom  d'anticlinal  de  Roquebrun  (Voir  fig.  1,  p.  666). 

La  route  en  remontant  vers  le  nord  s'engage  dans  les  schistes 
carbonifères.  Us  sont  argileux,  à  surface  plus  ou  moins  miroitante; 
ils  sont  devenus  fibreux  par  compression  et  se  détachent  en  frag- 
ments allongés  semblables  à  des  morceaux  de  bois.  C'est  le  type 
des  schistes  à  Posidonia  Becheri  Bronn.  du  Hartz;  mais  en  cette 
région,  je  n'y  ai  jamais  trouvé  qu'un  fragmeut  très  douteux  de  cette 
dernière  espèce.  Au  milieu  des  schistes,  pointent  des  bancs  de 
conglomérat  à  galets  de  quartz  blanc  et  de  lydienne  noire  compa- 
rables à  ceux  du  Hartz. 

La  vallée  du  Landeyran  que  remonte  le  chemin,  coupe  normale- 
ment la  bande  dévonienne  delà  plongée  méridionale  de  l'anticlinal 
dont  je  viens  de  parler,  mais  la  Société  ne  s'arrête  pas  à  l'étudier, 
car  elle  doit  voir  cette  série  bien  mieux  développée  à  Roquebrun. 

La  rive  gauche  du  Landeyran  est  formée  par  le  Mont  Peyroux, 
masse  calcaire,  dans  laquelle  les  assises  du  Dévonien  moyen  et 
supérieur  sont  particul  ièrement  bien  développées.  Vers  le  sud,  ainsi 
que  la  route  de  Causses  et  Veyran  permet  de  le  constater,  les  lydien- 
nes et  les  schistes  carbonifères  réapparaissent  à  plusieurs  reprises, 


COMPTE-RBNDU  DE  L'EXCURSION   DU  9  SEPTEMBRE  725 

par  suite  de  plis,  au  milieu  des  calcaires  dévoniens.  Une  faille 
remarquablement  nette  met  cette  série  paléozolque  en  contact 
avec  la  série  tertiaire. 

Au  Mont  Peyroux,  qui  forme  le  dernier  anticlinal  du  côté  de  la 
région  tertiaire,  les  couches  sont  déversées  vers  le  sud  et,  par  suite, 
plongent  vers  le  nord,  conformément  à  ce  que  j'ai  signalé  pour 
tous  les  anticlinaux  de  la  bordure  méridionale. 

En  remontant  la  vallée  du  Landeyran  par  la  route  de  Saint- 
Nazaire-de-Ladarez ,  la  Société  constate  que  les  couches  de  la 
base  du  Dévonien  sont  redressées  à  la  verticale.  Elles  sont  limitées 
vers  le  nord  par  une  masse  de  quartz  qui  se  poursuit  sur  plusieurs 
centaines  de  mètres  de  long  entre  les  calôaires  dévoniens  et  des 
schistes  verdàtres,  argileux,  très  fragmentaires,  qui  appartiennent 
à  TOrdovicien.  Une  discussion  s'engage  sur  l'origine  de  cette  masse 
de  quartz  :  M.  Miquel  y  voit  un  horizon  sédimentaire  ;  M.  Bergeron, 
s'appuya nt  sur  la  façon  dont  elle  se  termine  vers  Test,  y  voit  plutôt 
l'apparence  d'un  filon.  Il  est  possible  que  ce  soit  un  niveau  gréseux, 
silicifié  postérieurement  à  sa  formation  par  un  filon  qui  l'aurait 
transformé  en  quartzite. 

Les  membres  de  la  Société  recherchent  des  fossiles  dans  les 
schistes  verts  ordoviciens  ;  mais  par  suite  de  leur  état  fragmen- 
taire, il  est  très  difficile  d'y  recueillir  des  fossiles  bien  conservés. 
Ils  appartiennent  aux  étages  inférieur  et  moyen  de  l'Arenig  ;  et 
sont  l'équivalent  des  schistes  de  Boutoury,  nom  d'une  localité 
où  ils  sont  recouverts  en  concordance  de  stratification  par  les  grès 
à  Lingules  de  l'Arenig  supérieur.  On  y  rencontre  un  grand  nombre 
d'Orthis,  de  Calymmene,  etc. 

Si  les  quartzites  dont  il  vient  d'être  question  correspondent  à 
un  niveau  gréseux,  ce  ne  peut  être  qu'aux  grès  à  Lingules  ou  à  un 
niveau  inférieur  du  Dévonien,  peut-être  aux  grès  du  Falgairas  ; 
mais  ils  sont  bien  plus  compacts.  De  toutes  façons  une  partie 
de  TOrdovicien  et  le  Gothlandien  font  défaut  dans  cette  région. 

En  se  rendant  au  Foulon,  sur  les  bords  de  FOrb,  la  Société  traverse 
les  grès  à  Lingules  de  l'Arenig  supérieur,  et  des  schistes  ordoviciens 
non  fossilifères,  mais  dont  le  faciès  n'est  pas  assez  franc  pour  qu'on 
puisse  les  assimiler  avec  certitude  à  d'autres  d'âge  connu.  Ces  grès 
et  ces  schistes  sont  très  plissés;  de  plus  il  y  a  eu  desétirements,  des 
compressions  qui  leur  ont  donné  une  allure  très  compliquée.  Ces 
étirements  expliqueraient  la  disparition  de  plusieurs  horizons  silu- 
riens dans  Cette  région. 

Au  Foulon  les  schistes  dits  de  Boutoury,  déjà  vus  sur  la  route 


726  J.    BERGERON 

•  -.         •  •  »  ■ 

de  Saint-Nazaire,  fournissent  de  nombreux  exemplaires  tïOrthiç 
et  de  Calymmene,  grâce  à  l'obligeance  de  M.  Moustefon,  propriétaire 
à  Roquebrun,  qui  a  fait  faire  des  fouilles  à  l'intention  de  la  Société. 
Dans  le6  grès  de  l'Arenig  supérieur,  M.  Miquel  montre  un  bloc 
couvert  d'une  couche,  épaisse  de  plusieurs  millimètres,  formée 
uniquement  de  valves  de  Lingules. 

La  Société  s'arrête  aux  sources  du  Foulon  pour  déjeuner.  M.  Mous- 
telon  avait  eu  soin  d'orner  de  ses  plus  beaux  raisins  les  arbres  sous 
lesquels  la  table  avait  été  dressée  et  il  avait  tenu  à  offrir  de  ses  meil- 
leurs vins  aux  membres  de  la  Société.  Le  Président  le  remercie  au 
nom  de  tous  de  son  accueil  si  cordial. 

Après  déjeuner,  la  Société  gagne  Roquebrun  en  voitures.  Elle  tra- 
verse à  plusieurs  reprises  des  bandes  de  grès  et  de  schistes  qui 
sont  autant  de  plis  plus  ou  moins  contournés,  couchés  et  étirés.  Tout 
cet  ensemble  correspond  à  la  partie  axiale  de  l'anticlinal  de  Roque- 
brun. Il  semble  bien  que  par  suite  des  accidents  qui  ont  intéressé 
la  série  ordovicienne,  les  couches  qui  affleurent  du  côté  de  Roque- 
brun appartiennent  à  un  niveau  plus  ancien  que  celles  des  environs 
du  Foulon,  car  il  y  a  été  trouvé  uu  Euloma  Filacovi,  c'est-à-dire  un 
fossile  caractéristique  de  l'étage  de  Trémadoc. 

A  Roquebrun  passe  la  plongée  septentrionale  du  grand  anticlinal 
du  même  nom.  Elle  est  formée  par  les  séries  dévonienne  et  carbo- 
nifère. Le  ravin  du  ruisseau  de  Laurenque  en  donne  une  coupe 
complète.  Sur  les  schistes  de  l'étage  de  Trémadoc  reposent  des 
calcaires  dolomitiques  dans  lesquels  la  stratification  a  parfois  dis- 
paru. Au  nord  de  ces  dolomies  apparaissent  des  calcaires  bien  lités 
comparables  à  ceux  du  Coblentzieo.  On  n'y  a  pas  encore  trouvé  de 
fossiles,  au  voisinage  de  Roquebrun  ;  mais  plus  à  l'est,  sur  la  route 
qui  conduit  aux  exploitations  de  marbre  de  Saint- Etienne,  ils 
renferment  des  Polypiers,  très  mal  conservés  d'ailleurs.  La  place 
qu'ils  occupent  dans  la  série  ne  laisse  aucun  doute  sur  leur  âge.  A 
ces  calcaires  font  suite  d'autres  calcaires  cristallins  blancs,  peu 
développés  le  long  de  la  route  de  Laurenque  mais  qui  augmentent 
d'épaisseur  vers  l'est  ;  ils  représentent  le  Givétien.  (Voir  PI.  XVIII). 
Puis  viennent  des  calcaires  noirs  comparables  en  tous  points  à 
ceux  du  niveau  à  Gephyroceras  intumescens  auxquels  font  suite 
d'autres  calcaires  noirs  vacuolaires  dans  lesquels  il  a  été  trouvé 
quelques  moules  de  Cardiola  Nehdensis. 

Des  marbres  aux  couleurs  vives,  le  plus  généralement  rouges, 
leur  succèdent:  ce  sont  les  griottes  avec  leurs  différentes  variétés. 
Les  sections  de  Goniatites  et  de  Clyménies  y  sont  abondantes.  On 


COMPTE-RENDU  DE  L'EXCURSION   DU  9  8BPTEMBRE  727 

a  voulu  ouvrir  des  carrières  dans  ces  marbres  ;  mais  ils  ont  subi  de 
tels  efforts  de  compression  qu'ils  sont  tout  fissurés  et  ne  peuvent  se 
débiter  en  gros  blocs.  Ils  offrent  la  structure  noduleuse  et  vacu 
laire  dite  par  les  Allemands  kramenzelstructure  ;  celle-ci  se  voit 
déjà  dans  les  calcaires  noirs  de  la  base  du  Dévonien  supérieur,  et 
elle  se  maintient  jusque  dans  des  calcaires  gris,  associés  à  des  schis- 
tes jaunes  qui  sont  l'équivalent  des  couches  à  Cypridines.  Ils 
terminent  le  Dévonien.  Ils  passent  insensiblement  à  une  série 
formée  d'alternances  nombreuses  de  lits  de  schistes,  de  lydienne 
et  d'adinole  ;  des  bancs  calcaires  s'intercalent  dans  les  dernières 
couches  de  cette  série.  Puis  les  calcaires,  les  adinoles  et  les  lydien- 
nes disparaissent  à  leur  tour  et  ce  ne  sont  plus  que  des  schistes, 
des  grès,  ces  derniers  comparables  en  tous  points  à  ce  que  les 
Allemands  appellent  la  grauwacke. 

Le  Dévonien  inférieur  à  la  sortie  de.Roquebrun  est  redressé 
jusqu'à  la  verticale  ;  mais  à  mesure  que  Ton  avance  vers  le  nord,  en 
remontant  la  vallée  du  ruisseau  de  Laurenque.  bien  que  l'on  s'élève 
dans  les  terrains  paléozolques,  on  voit  les  couches  se  déverser 
progressivement  vers  le  nord.  Les  griottes  ont  déjà  un  plongement 
sud  très  accusé;  les  lydiennes  et  les  schistes  du  Carbonifère  sont 
complètement  renversés.  Les  bancs  de  lydienne  sous  l'effort  qui  a 
amené  toutes  ces  roches  à  occuper  la  position  que  je  viens  d'indi- 
quer, se  sont  fissurés  ;  mais  les  eaux,  qui  circulent  entre  ces  roches 
siliceuses,  ont  déposé  dans  les  fissures  une  partie  de  la  silice  qu'elles 
ont  dissoute  ;  il  en  résulte  que  les  lydiennes  sont  criblées  de  petits 
filonnets  blancs  de  silice. 

En  abordant  la  plongée  méridionale  de  l'anticlinal  deRoquebrun, 
la  Société  avait  vu  les  couches  déversées  vers  sud  ;  dans  la  plongée 
septeutrionale,  les  couches  sont  déversées  vers  le  nord  ;  cet  anti- 
clinal de  Roquebruu  présente  donc  lui  aussi  la  structure  en  éven- 
tail, déjà  vue  dans  l'anticlinal  de  Poussarou.  La  Société  peut  cons- 
tater que  c'est  toujours  la  plongée  méridionale  des  anticlinaux  de 
bordure  qui  est  déversée  vers  le  sud,  tandis  que  la  plongée  nord  est 
déversée,  comme  tous  les  plis,  vers  le  nord. 

La  Société  gagne  en  voiture  la  station  deMons  la-Trivalle  où  elle 
doit  prendre  le  train  pour  Bédarieux.  Chemin  faisant,  elle  peut 
observer  quelque  faits  intéressants.  Au  niveau  de  Roquebrun,  sur 
la  rive  droite  de  l'Orb  il  y  a  une  terrasse  formée  de  gros  blocs 
roulés  de  gneiss,  de  micaschistes,  de  granulite,  de  pegmatite  qui 
proviennent  de  Taxe  gneissique  de  la  Montagne  Noire.  Elle  se 
trouve  à  dix  ou  quinze  mètres  au-dessus  du  niveau  actuel  de  l'Orb; 


728  J.   BERGERON 

On  en  connaît  beaucoup  d'autres  restes  dans  la  vallée  de  ce  fleuve; 
sa  cote  est  d'autant  plus  élevée  au-dessus  du  niveau  actuel  de  l'eau 
qu'elle  est  située  plus  haut  dans  la  montagne.  Elle  se  relie  à  des 
cônes  de  déjections  que  la  Société  verra  plus  tard  dans  la  vallée  de 
TOrb  et  qui  existent  également  dans  la  vallée  du  Jaur.  Elle  semble 
correspondre  à  la  terrasse  de  20  mètres  au-dessus  des  cours  d'eau 
actuels  signalée  par  M.  Depéret  dans  la  plaine  de  l'Hérault. 

La  route  en  quittant  Roquebrun  reste  dans  l'Ordovicien  et  dans  la 
série  dévonienne  de  la  plongée  septentrionale  de  l'anticlinal  de 
Roquebrun  ;  puis  elle  traverse  cette  dernière  et  s'avance  dans  les 
schistes  carbonifères  qui  forment  une  sorte  d'anse  entourée  par  la 
série  dévonienne  de  Roquebrun,  de  Ceps  et  de  Vieussan.  Les 
assises  dévoniennes,  ainsi  disposées  en  ceinture,  offrent  cette 
particularité  d'être  toutes  déversées  vers  la  région  occupée  par  les 
assises  carbonifères  :  à  Roquebrun  elles  sont  renversées  vers  le 
nord;  au  niveau  de  Ceps,  il  y  a  un  massif  dévonien  et  carbonifère 
avec  un  déversement  vers  l'est;  le  massif  de  Vieussan,  formé  de 
môme,  est  déversé  vers  le  sud.  Il  y  a  donc  eu  déversement  péri- 
phérique vers  l'intérieur  du  synclinal.  Là  encore  la  question  se  pose 
si  la  poussée  au  vide  seule  a  pu  produire  une  pareille  allure,  ou 
s'il  n'y  a  pas  lieu  de  faire  intervenir  des  réactions  provenant  des 
massifs  anciens  lors  des  grands  mouvements  orogéniques  de  la  fin 
de  TÉocène . 

Les  schistes  carbonifères,  au  niveau  de  Ceps,  au  lieu  d'être 
devenus  fibreux  sous  l'action  des  compressions,  ont  pris  un  éclat 
gras  et  rappellent  à  s'y  méprendre  les  schistes  à  séricite  du  Cam- 
brien  métamorphisé. 

Au  point  où  le  ruisseau  venant  du  Pin  se  jette  dans  l'Orb,  la 
route  traverse  un  dépôt  très  épais  de  tufs  calcaires  dont  l'âge  n'a 
pas  encore  été  établi;  en  tous  cas  le  ravin  qui  vient  du  Pin  l'a 
entaillé  sur  une  grande  profondeur. 

Du  point  culminant  de  ces  tufs,  la  Société  peut  voir  de  loin 
la  grande  brèche  qui  entaille  le  massif  gneissique  et  qui 
correspond  à  la  gorge  d'Héric.  Celle  ci  sépare  le  massif  gneissique 
en  deux  parties  d'importance  très  inégale:  la  partie  occidentale 
forme  en  allant  de  l'est  à  l'ouest  l'Espinouse  et  le  Saumail;  le 
Caroux  correspond  à  la  partie  orientale.  Dans  le  prolongement 
de  cette  entaille,  vers  le  sud,  s'ouvre  une  grande  dépression  qui 
traverse  les  bandes  paléozoïques  suivant  une  direction  nord -sud 
et  vient  aboutir  dans  la  vallée  du  Vernazobre  au  niveau  de 
Pierrerue.  L'Orb  actuel  utilise  une  partie  de  cette  dépression, 


COMPTE-RENDU   DE  L'EXCURSION  DU  9  SEPTEMBRE  729 

lorsqu 'après  avoir  reçu  le  Jaur,  il  passe  de  la  direction  est-ouest 
à  la  direction  nord-sud.  Cette  dépression  a  dû  se  former  à  une 
époque  fort  ancienne;  cependant  ni  M.  Depéret,  ni  M.  Nicklès 
n'ont  trouvé  dans  son  prolongement,  dans  les  dépôts  tertiaires 
et  secondaires,  trace  d'aucun  cours  d'eau.  Les  érosions  ont  dû  les 
faire  disparaître  progressivement.  Dans  cette  dépression  même  on 
ne  rencontre  également  aucun  caillou  roulé  ou  tout  autre  vestige 
d'un  ancien  cours  d'eau.  Quant  au  cours  de  l'Orb  actuel  on  peut 
expliquer  son  allure  capricieuse  de  la  façon  suivante. 

Le  ruisseau  venant  du  Pin,  après  avoir  suivi  une  direction  est- 
ouest  s'infléchit  vers  le  nord  eu  arrivant  au  niveau  des  tufs  que 
traverse  la  route  de  Vieussan.  Il  va  donc  se  jeter  dans  l'Orb  pour 
ainsi  dire  à  contre  courant.  Cette  allure  s'explique  très  bien  si  Ton 
admet  que  ce  ruisseau  se  jetait  dans  un  autre  cours  d'eau  s'écou- 
lant  vers  le  nord  et  allant  après  bien  des  détours  se  jeter  dans  la 
vallée  de  l'Orb  qui  longe  le  massif  gneissique  ;  le  cours  d'eau  de 
cette  ancienne  vallée  devait  s'écouler  vers  l'est.  D'autre  part  il  devait 
exister  un  autre  cours  d'eau  allant  du  nord  au  sud,  et  passant  par 
la  coupure  qui  se  voit  actuellement  dans  la  vallée  de  l'Orb,  un 
peu  au-dessus  de  Ceps.  Ce  dernier  cours  d'eau  a  dû  finir  par  capturer 
le  cours  d'eau  dont  il  vient  d'être  question  et  dès  lors  il  y  a  eu 
progressivement  creusement  de  la  vallée  en  remontant  du  sud  vers 
le  nord.  C'est  ainsi  que  s'est  creusé  le  lit  de  l'Orb,  antérieurement 
au  Pléistocène,  puisque  nous  savons  que  sa  vallée  existait  déjà  à 
cette  dernière  époque. 

De  ce  même  point  de  vue  la  Société  peut  se  rendre  compte  de 
la  façon  dont  le  flanc  méridional  de  la  Montagne  Noire  est  découpé. 
Le  flanc  septentrional,  qui  appartient  au  versant  atlantique,  est  à 
reliefs  très  peu  accusés.  Le  flanc  méridional  est  méditerranéen  ;  si 
les  pluies  y  sont  moins  fréquentes  que  sur  l'autre  versant,  par 
contre,  elles  sont  beaucoup  plus  violentes  et  en  ravinent  profondé- 
ment les  terrains  dénudés  ;  de  là  les  reliefs  bien  plus  accusés  de  ce 
versant  méridional  de  la  Montagne  Noire 

De  plus  le  massif  gneissique  se  présente  de  ce  point  comme  un 
plateau  à  très  faibles  ondulations  :  c'est  une  vraie  pénéplaine  dont 
la  formation  s'explique  par  la  longue  durée  de  la  période  pendant 
laquelle  cette  région  a  été  exposée  aux  érosions. 

La  Société,  en  continuant  son  chemin  vers  Mons-la-Trivallc,  tra- 
verse de  nouveau,  à  partir  du  Moulin  de  Grais,  la  série  carbonifère, 
le  Dévonien  supérieur  rendu  schisteux  par  compression,  puis,  jusqu'à 
Vieussan  et  au-delà,  une  série  très  puissante  de  dolomies  datant  au 


730     J.  BERGERON.  —  COMPTE-RENDU  DE  L*  EXCURSION  DU  9  SEPTEMBRE 

moins  du  Dévonien  inférieur.  Toutes  les  assises  du  Dévonien  supé- 
rieur et  du  Carbonifère  de  cette  bande  de  Vieussan  sont  déversées 
vers  le  sud  ainsi  que  je  l'ai  signalé-plus  haut. 

Au-delà  de  Vieussan  les  schistes  ordoviciens  réapparaissent  sous 
le  Dévonien  ;  enfin  c'est  le  Cambrien  (schistes  potsdamiens  et 
calcaires  géorgiens)  qui  se  montre  un  peu  avant  Tarassac. 

De  la  route,  au  niveau  de  ce  village,  la  Société  peut  voir  en  avant 
de  la  gorge  d'Héric  un  vrai  cône  de  déjections,  à  son  débouché  dans 
la  vallée  de  l'Orb.  11  est  parfaitement  conservé.  La  Société  devait 
en  voir  des  sections  dans  les  tranchées  du  chemin  de  fer  et  dans 
la  vallée  actuelle  du  ruisseau  d'Héric,  qui  entame  le  cône  de  déjec- 
tions dans  sa  partie  orientale.  Mais  le  temps  lui  a  manqué.  Dans 
ce  cône  de  déjections  se  rencontrent  toutes  les  roches  que  Ton 
connaît  dans  la  région  gneissique  (gneiss  œillé,  leptinite,  mica- 
schistes, granité,  granulite,  pegmatite). 

Il  existe  dans  les  vallées  du  Jaur  et  de  l'Orb  un  grand  nombre 
d'autres  cônes  de  déjections;  la  Société  les  traverse  en  se  rendant 
de  Mons-la-Trivalle  à  Bédarieux  en  chemin  de  fer.  Les  ruisseaux 
actuels,  d'ailleurs  très  peu  importants,  ont  toujours  creusé  leur  lit 
au  contact  de  ces  cônes  de  déjections  et  des  roches  en  place.  Ces 
dernières  ont  été  souvent  entaillées  à  d'assez  grandes  profondeurs, 
tantôt  sur  la  rive  droite,  tantôt  sur  la  rive  gauche  des  anciens 
cours  d'eau.  Ces  cônes  de  déjections  sont  situés  sur  la  rive  droite 
de  l'Orb  et  sur  la  rive  gauche  du  Jaur,  du  côté  du  massif  gneissique 
et  à  une  altitude  supérieure  à  celle  où  coulent  actuellement  ces 
cours  d'eau.  Ils  sont  contemporains  des  terrasses  pléistocènes. 

MM.  Depéret  et  Léon  Bertrand  reprennent  la  discussion 
sur  la  poussée  au  vide  et  demandent  quelle  est  l'importance  des 
mouvements  qui  ont  pu  être  produits  par  cette  action. 

M.  J.  Bergeron  admet  bien  que  la  poussée  au  vide  puisse 
produire  des  déversements  de  têtes  de  couches  vers  les  vallées  ; 
il  en  a  vu  de  très  beaux  exemples  dans  la  Mayenne  sous  la  conduite 
de  son  ami  M.  D.  P.  QEhlert  ;  mais  il  ne  croit  pas  qu'elle  soit  suffi- 
sante pour  donner  lieu  à  un  phénomène  de  chevauchement  comme 
celui  qui  a  été  constaté  au  niveau  du  moulin  de  Poussarou.  Il  ne 
peut  expliquer  un  pareil  déplacement  des  couches  que  sous  un 
effort  dirigé  du  nord-ouest  vers  le  sud-est  et  provenant  du  massif 
ancien.  Cette  réaction  n'a  pu  se  produire  qu'au  moment  de  la  forma- 
tion des  plis  couchés  de  Saint-Chinian,  c'est-à-dire  vers  la  fin  de 
l'Eocène. 


731 


COMPTE-RENDU 
DE  L'EXCURSION  DU  10  SEPTEMBRE  A  BÉDARIEUX 

par  M.  René  NICKLÈS. 

Dans  la  matinée  du  dimanche  10  septembre  quelques  membres 
de  la  Société  ont  bien  voulu  m'accompagner  dans  le  raviu  de 
Canalsaux  environs  immédiats  de  Bédarieux  pour  étudier  l'Infralias 
au  point  de  vue  stratigraphique.  La  région  secondaire  avoisinant 
Bédarieux  se  prête  très  bien  aux  études  de  stratigraphie  ;  toute  la 
surface  des  terrains  secondaires  ayant  Bédarieux  pour  centre 
n'est  en  effet  qu'une  aire  polygonale  affaissée  de  plusieurs  centaines 
de  mètres,  et  dont  les  couches  presque  toujours  horizontales  ou 
très  faiblement  inclinées  ne  présentent  pas  trace  de  ridement  sauf 
à  proximité  des  failles  de  bordure. 

Cette  aire  affaissée  est  limitée  au  nord-ouest  par  la  faille  allant 
de  Taussac  à  Boussagues  ;  au  nord  une  deuxième  faille  recoupant 
la  première  passe  par  le  Viaduc  de  la  Tour,  par  le  Mas  Blanc  et  se 
continue  en  se  recourbant  légèrement  vers  le  sud-est  jusqu'à  Car- 
lencas  où  elle  disparaît  sous  le  basalte. 

Au  sud  une  grande  faille  partant  de  la  Vernière  passe  au  pied 
septentrional  du  pic  de  Tantajou  et  se  dirige  vers  la  région  sud  de 
la  Braunhe  où  elle  est  masquée  par  les  épanchements  basaltiques 
et  les  dépôts  pliocènes.  A  l'est  les  massifs  primaires  qui  enserrent 
cette  aire  affaissée  se  resserrent,  et  les  strates  secondaires  com- 
mencent à  se  rider  :  ce  fait  déjà  visible  vers  le  Mas  Nouguier 
devient  remarquable  à  Salasc  et  dans  la  région  de  Mourèze,  qui 
confine  d'ailleurs  à  Glermont  l'Hérault. 

Toute  la  région  de  Bédarieux  était  autrefois  le  prolongement 
naturel  du  plateau  du  Pioch  (près  Lunas)  où  le  Rhétien  supérieur 
atteint  la  cote  560,  alors  qu'à  Bédarieux  même  il  est  à  peine  à 
195  mètres  d'altitude.  11  y  a  eu  par  conséquent  un  affaissement  d'au 
moins  300  mètres,  affaissement  qui  s'est  produit  par  le  moyen 
d'une  faille  pouvant  à  Test  dégénérer  en  flexure  monoclinale  comme 
on  le  verra  au  nord  de  Mourèze  (Pic  de  Saint-Jean  d'Aureilhan)  et 
au  Roc  des  Vierges  près  de  Saint-Saturnin. 

Le  temps  a  fait  défaut  à  la  Société  pour  étudier  le  Trias  de  La 
Malou  :  il  eût  été  intéressant  de  savoir  si  l'on  était  en  présence  du 
Trias  inférieur  ou  si,  comme  il  parait  beaucoup  plus  probable,  il 
s'agit  plutôt  de  la  partie  supérieure  du  grès  bigarré  ou  du  Muschel- 


732 


R.   NICKLÈS 


kalk  :  à  cette  question  que  Ton  n'a  pu  étudier  sur  place,  il  a  été 
néanmoins  fait  allusion  et  je  me  rattache  à  la  manière  de  voir  si 
vraisemblable  de  M.  Léon  Bertrand. 

Au-dessus  du  Keuper  gypsifère  développé  surtout  à  l'ouest  de 
Bédarieux  et  où  le  gypse  est  exploité  en  plusieurs  points,  apparaît 
le  grès  infraliasique  à  galets  de  petite  taille  très  roulés  :  c'est  dans 
un  de  ces  bancs,  à  Hérépian,  sur  la  rive  gauche  de  l'Orb,  que  j'ai  eu 
occasion  de  rencontrer  Avicula  contorta  Portl.,  qui  fixe  bien  l'âge 
de  ces  couches. 

Le  grès  assez  puissant  est  recouvert  par  des  dolomies  et  des 
calcaires  marneux  avec  géodes  de  calcite  exploités  comme  pierre 
à  chaux  hydraulique  près  de  la  gare.  Ce  sont  ces  couches  qui 
affleurent  à  la  partie  inférieure  du  ravin  de  Canals. 

La  coupe  exacte  de  l'affleurement  où  j'ai  rencontré  Avicula  con- 
torta se  présente  ainsi  :  à  la  base,  des  marnes  bariolées  (fig.  6,  1) 
formant  talus,  ainsi  que  le  reste  de  la  coupe  sur  la  route  d'Hérépian 
à  la  Vernière  ; 

Ces  marnes  présentent,  au-dessus,  des  alternances  avec  des  bancs 
de  dolomie  (fig.  6,  2)  ;  puis  les  bancs  de  dolomie  prédominent 
(fig.  6,  3)  avec  empreintes  de  Bivalves. 
Ils  sont  recouverts  par  un  poudingue  (fig.  6,  4)  qui  appartient  au 

Rhétien  puisque 
j'y  ai  rencontré 
Avicula  contorta 
Portl.,  au  contact 
d'un  mince  lit 
marneux  on  y 
recueille  aussi 
des  écailles  de 
Poissons.  Les  ga- 
lets de  ce  poudin- 
gue sont  nom- 
breux, de  petite  taille,  très  roulés,  formés  de  quartz  blanc  ou  de 
lydienne.  Au-dessus  viennent  des  grès  (fig.  6,  5)  assez  puissants 
(40  mètres  environ),  assez  constants  dans  la  région  (Villemagne, 
etc.). 

Les  couches  plus  anciennes,  auxquelles   il    vient   d'être   lait 

allusion,   n'apparaissent  pas  dans  cette  partie  des  environs  de 

Bédarieux,  par  suite  de  leur  situation  inférieure  au  niveau  du  lit 

de  l'Orb. 

Les  couches  qui  séparent  le  débouché  du  ravin  de  Canals  des 


Fig.  6.  —  Coupe  du  Rhétien  au  sud  d'Hérépian. 
Échelle:  I/10.0ÛO*. 

1,  Keuper;  2,  3,  4,  5,  Rhétien. 


EXCURSION   DU   10  SEPTEMBRE  A  BÉDARIEUX  733 

premiers  niveaux  hettaogiens  ont  une  puissance  d'environ  30 
mètres  :  ce  sont  des  calcaires  marneux,  souvent  dolomitiques, 
lités  en  minces  plaquettes  présentant  souvent  une  surface  glandu- 
leuse. En  brisaut  des  plaquettes  analogues  du  même  niveau  dans 
la  région  de  Ceilhes  Roqueredonde,  j'ai  eu  occasion  de  recueillir 
des  Bivalves  de  grande  taille,  nulle  part  aux  environs  de  Bédarieux 
je  n'ai  pu  en  voir  de  vestiges  ;  mais  il  existe  une  telle  ressem- 
blance dans  l'aspect  des  couches  qu'il  me  semble  difficile  qu'on  ne 
les  y  trouve  pas  un  jour.  Au-dessus  on  rencontre  des  bancs  avec 
Pagiophyllum  peregrinum  Sap.  Ces  empreintes  sont  fréquentes  à  ce 
niveau  dans  les  environs  de  Bédarieux  :  je  les  ai  retrouvées  bien 
conservées  au-dessus  de  la  gare,  et  assez  abondantes  à  la  carrière 
des  fours  à  chaux  situés  à  la  tête  du  grand  viaduc  sur  la  rive  droite 
de  l'Orb  :  dans  cette  dernière  localité  ils  étaient  associés  à  de 
beaux  exemplaires  de  Thinnfeldia  rhomboidalis  (1)  Ettingsh. 

Quelques  plaquettes  se  rattachant  à  cette  assise  ont  présenté  des 
empreintes  trop  mal  conservées  pour  les  déterminer  exactement 
mais  paraissant  cependant  se  rapprocher  du  genre  Cyrena. 

Les  bancs  à  empreintes  végétales  reparaissent  au  moins  à  deux 
reprises  différentes  :  d'après  les  fossiles  que  je  viens  de  citer  ils 
appartiennent  à  une  formation  d'estuaire  remarquable  par  son  épais- 
seur d'une  trentaine  de  mètres  au  moins  et  par  sa  constance  dans  la 
région  nord  de  Bédarieux  jusque  sur  la  feuille  de  Saint-Affrique. 

Hettangien.  —  Au-dessus  de  cette  formation  d'estuaire  appa- 
raissent des  lits  dolomitiques  avec  des  rangées  de  nodules  siliceux 
souvent  plus  gros  que  le  poing,  assez  abondants  et  régulièrement 
lités  : 

L'examen  en  lames  minces  de  ces  nodules  au  microscope  y 
révèle  une  structure  oolithique  que  j'avais  déjà  rencontrée  fréquem- 
ment dans  les  calcaires  bleu-noirs  du  même  niveau  aux  environs 
de  Cebazan  (près  Saint-Chinian)  ;  on  y  voit  de  plus  des  spicules 
d'Epongé  qui  montrent  qu'on  est  bien  en  présence  d'une  formation 
marine. 

Le  caractère  marin  de  ces  dépôts  se  manifeste  d'ailleurs  très  net- 
tement un  peu  plus  haut  par  l'apparition  d'une  lumachelle  en  bancs 
épais  renfermant  en  abondance  Ostrea  cf.  sublamellosa,  puis  en  lits 
extrêmement  minces  littéralement  couverts  de  fragments  de  Pen~ 
tacrinus,  Avicula  sp.,  Pecten. 

(1)  M.  Zeillcr  a  eu  l'obligeance  de  vérifier  cette  détermination  par  l'examen 
microscopique  de  la  cuticule. 

26  Août  1901.  -  T.  XXVII.  Bull.  Soc.  Géol.  Fr.  -  47 


734  R.   NICKLÈS 

L'examen  attentif  de  ces  Avicula  différentes  de  Avicula  conforta 
Portl.  montre  qu'on  n'est  plus  en  présence  du  Rhétien  :  il  faut  donc 
rattacher  ces  couches  à  l'Hettangien  qui  débuterait  avec  le  retour 
des  faciès  marins  francs,  —  les  dépôts  d'estuaire  à  Pagiophyllum  et 
Thinnfeldia  paraissant  devoir  rester  dans  le  Rhétien. 

L'Hettangien  reposerait  ainsi  en  trangression  sur  les  dépôts  rhé- 
tiens,  ce  qui  est  conforme  d'ailleurs  à  ce  que  l'on  observe  fréquem- 
ment sur  la  bordure  du  Plateau  central. 

Au-dessus  des  lumachelles  apparaissent  des  bancs  épais  de 
calcaire  dolomitique  faciles  à  observer  au  faubourg  du  Château 
(près  du  Viaduc)  à  Bédarieux  :  on  y  rencontre  parfois  des  Bivalves 
de  petite  taille  appartenant  au  genre  Lima. 

'  Puis  la  dolomie  prédomine  sur  le  calcaire,  devient  même  pulvé- 
rulente :  c'est  à  ce  niveau  que  l'on  rencontre  en  quelques  points 
(ravin  de  Canals,  faubourg  du  Château,  hauteurs  dominant  le 
faubourg  Saint-Louis),  des  Spiriferina  siliceuses  semblables  à  celles 
décrites  par  Martin  dans  l'Hettangien  de  la  Côte-d'Or.  En  d'autres 
points  la  partie  siliceuse  du  test  a  disparu,  et  la  roche  ne  conserve 
que  le  moulage  par  la  dolomie  de  ces  Spiriferines  :  le  gisement  le 
plus  remarquable  est  situé  dans  la  propriété  de  M.  Bompaire,  au 
sud  et  à  proximité  de  Bédarieux. 

Cette  intéressante  assise  à  Spiriferines  est  aussi  celle  où  se  déve- 
loppent par  places,  au-dessus  du  faubourg  Saint-Louis,  des  Ilots  de 
Polypiers  peu  importants,  il  est  vrai,  mais  présentant  des  échan- 
tillons bien  nets  de  Thecosmilia  Martini  de  From.  signalés  par 
Martin  dans  l'Hettangien  de  la  Côte-d'Or,  et  Astrocoenia. 

La  coupe  du  ravin  de  Canals  peut  se  résumer  ainsi  : 

Hettangien.  —  11.  Dolomie  pulvérulente  à  Spiriferina. 

10.  Cale,  dolomitiques  parfois  oolithiques  à  grain  fin  avec  Lima  . 

9.  Couche  marneuse  bleue  environ 1" 

8.  Plaquettes  très  minces  et  lumachellc  à  0.  cf.  sublamellosa 
Dunker,  Spiriferina,  Penlacrinus,  Avicula  sp.,  Lima,  toutes 
de  peUtè  taille 2à3- 

7.  Couches  calcaires  et  dolomitiques  à  gros  nodules  siliceux  (spi- 

cules  d'Epongé  et  oolithes  siliceuses) 8  à  10" 

6.  Calcaires  marneux  en  plaquettes  minces 

5.  Calcaires  à  nodules  siliceux 1" 

Rhétien.  —  4.  Calcaires  marneux  à  végétaux  fossiles  avec  interca- 
la tion  s  de  marnes  à  la  base  avec  Pagiophyllum  peregrinutn 
Sap 5- 

3.  Calcaire  à  cassure  concholdale  bleue  dolomitique.   ......        3" 

2.  Bancs  bleuâtres  avec  lits  marneux  renfermant  des  rognons  de 

silex  et  de  petits  fragments  charbonneux 8  à  10" 

1 .   Bancs  blancs  dolomitiques  plus  de  ... 2* 


-i-mj 


EXCURSION   DU    10   SEPTEMBRE   A    BEDARIEUX  733 

Le  point,  où  l'on  peut  le  mieux  voir  le  contact  de  l'Hellaugien  et 
du  Rbètien  est  à  l'extrémité  sud  du  grand  viaduc  auprès  de  l'an- 
cienne gare  de  Bédarieux,  on  y  observe  en  effet  la  coupe  suivante 
présentant  cette  par- 
ticularité que  le  Rbé- 
tien  lacustre,  paraît 
avoir  été  raviné  en 
ce  point,  faiblement 
il  est  vrai  par  l'Het- 
tangien  :   c'est   une 
preuve  de  plus  me 
semblant  démontrer        ;  i^SiC 

qu'on  est  bien  en  pré-        £  :2~TJ  F  i  ^  \r  T^^T  L"T~Li— * /''**"™ 
sence  de  la  limite  des 
deux  étages.  De  plus, 
la  présence  dans  cette 
coupe  des  Spiriferi- 

nes  au  dessous  de  la  lumachelle,  indique  qu'on  peut  les  rencontrer 
dans  les  coucbes  n°  7  auxquelles  elles  semblent  correspondre. 

CiiARUotiTHiEN.  —  Au-dessus  des  couches  hettangienaes  à  Spiri- 
ferirta  et  Lima  paraissent  reposer  en  transgression  les  dépôts 
charmoulhiens. 

Généralement  recouvertes  par  les  éboulis  les  couches  qui  les 
constituent  sont  difficiles  à  observer  en  place;  on  peut  cependant 
en  voir  de  nombreux  débris  grâce  à  la  culture  en  terrasses  qui 
utilise  cet  étage  et  surtout  le  Toarcien,  plus  meuble  que  l'Iiifralias. 
Ce  n'est  donc  pas  une  succession  mais  plutôt  quelques  indications 
d'ensemble  qu'on  peut  donuer  sur  cet  étage. 

Il  paraît  renfermer  à  la  base  des  blocs  arrondis  très  nombreux 
d'un  calcaire  marneux  bleu  noir  à  l'intérieur  el  jaune  vif  à  la 
surface  et  renfermant  des  Bélemnites.  Ces  Bélemniles  très 
nombreuses  par  places  sont  parfois  associées  à  des  nodules 
phosphatés  dans  des  couches  de  calcaire  pyriteux  où  l'on  recueille 
A.  margaritatus,  Lytoceras  fimbriatum,  Grypkca  cymbium  parfois  de 
très  grande  taille.  Ces  couches  de  calcaire  marneux  parfois 
dolomitique,  enduit  de  pyrite,  sont  toujours  facilement  reconnais- 
sablés  et  renferment  de  grandes  quantités  de  Bélemnites  :  ce 
calcaire  est  souvent  oolithique  ■■  la  localité  de  Boussaguea,  près  de 
Bédarieux,  est  en  quelque  sorte  typique  à  ce  point  de  vue. 

A  ces  calcaires  il  convient  de  rattacher  les  marnes  du  Bousquet 
près  Latour  el  du  Mas  Blanc  situé  à  1  kilomètre  à  peine  de  ce 


736  A.  NiCKLàs 

village.  Des  échantillons  que  j'ai  recueillis  dans  les  terres  prove- 
nant d'une  fouille  m'ont  donné  : 

Harpoceras  cf.  normannianum. 

—        nitescens  Young  et   Bird  sp.  Wright,  1883  (//. 
algovianum  Tate  et  Blake,  1876,  pro  parte). 

Toarcien.  —  Comme  le  Charmouthien,  le  Toarcien  est  très  difficile 
à  observer.  La  partie  inférieure  est  presque  partout  recouverte  par 
des  éboulis,  aussi  n'ai-je  pu  rencontrer  trace  de  la  zone  à  H.  falla- 
ciosum,  ni  des  couches  à  H.  bifrons.  Seule  la  partie  supérieure  est 
visible  dans  les  ravins  qui  ont  reçu  dans  le  pays  le  nom  de  Canals 
et  qu'on  voit  à  la  partie  supérieure  du  ravin  qui  porte  ce  nom  ainsi 
qu'en  divers  au  très  points  des  environs  est  de  Bédarieux.  Les  couches 
supérieures  du  Toarcien  y  sont  constituées  par  des  marnes  noires 
presque  sans  fossiles  ;  quelques  nodules  dans  ces  marnes  m'ont 
fourni  des  empreintes  de  Harpoceras  et  de  Fosidonies  de  très 
petite  taille. 

Bajocien.  —  Au-dessus  des  marnes  noires  (1)  profondément 
ravinées,  se  dresse  la  falaise  bajocienne  signalée  par  MM.  de  Rouville 
et  Reynès,  le  plus  souvent  inaccessible  et  dont  les  divers  niveaux 
sont  par  suite  d'une  étude  très  difficile  pour  les  géologues.  Ce  n'est 
que  dans  les  éboulis  que  l'on  peut  généralement  rencontrer  des 
fossiles,  dans  les  débris  des  assises  inférieures. 

Aux  niveaux  inférieurs  il  faut  rattacher  un  calcaire  jaune  à 
En  troques  où  l'on  rencontre  parfois,  au-dessus  du  ravin  de  Canals,  de 
nombreuses  baguettes  de  Cidaris  et  quelquefois  des  exemplaires 
trop  souvent  déformés  appartenant  à  Cidaris  cf.  Zschokkei  Cott. 
associés  à  des. Polypiers  Isastrea  Richardsoni  M.-Edw.  et  H.,  de  plus, 
des  débris  nombreux  de  Terebratula,  Lima  et  Hhynchonella  sp.  de 
grande  taille  ;  ce  calcaire  à  Entroques  d'un  jaune  orangé  est  sur- 
monté par  des  calcaires  compacts  marmoréens  avec  Hhynchonella  (2) 
sp.,  Terebralula,  ayant  une  teinte  lie-de-vin  caractéristique.  Au- 
dessus  apparaissent  les  dolomies  plus  ou  moins  friables,  quelquefois 
pulvérulentes,  donnant  lieu  à  des  roches  aux  formes  étranges  ana- 
logues à  celles  de  Mourèze  et  de  Montpellier-le-Vieux  :  on  y  trouve 
de  loin  en  loin  des  vestiges  de  fossiles  indéterminables,  le  plus 
souvent  des  Bivalves  et  des  Brachiopodes.  Cet  ensemble  très  puis- 
sant correspond  au  Bajocien  et  au  Bathonien  probablement  :  sur  la 

(1  )  Le  Toarcien  et  le  Dogger,  qui  n'avaient  été  vus  que  dans  la  course  de  l'après- 
midi  {Course  aux  sources  des  Douze  et  au  bois  de  Levas),  sont  réunis  ici  aux 
étages  qui  précèdent  pour  simplifier  le  plan  d'ensemble  de  ce  travail. 

i2)  J'en  dois  un  très  bel  exemplaire  à  l'obligeance  de  M  Cannât. 


EXCURSION   DU   10  SEPTEMBRE  A    BÉDARIEUX  ?37 

feuille  de  Montpellier,  M.  Roman  a  fixé  la  limite  supérieure  de 
dolomîes  analogues  ;  aux  environs  de  Bédarieux,  malgré  les  recher- 
ches poursuivies  dans  ce  but  je  n'ai  pu  arriver  à  préciser  exacte- 
ment leur  niveau  supérieur.  Mais,  d'une  part,  l'analogie  est  telle 
quand  on  suit  vers  Test  ce  lambeau  jusqu'aux  environs  de  la 
Vacquerie  qu'il  semble  qu'il  n'y  ait  aucun  doute  à  conserver  à  ce 
sujet  :  aux  environs  sud  de  la  Vacquerie,  en  effet,  on  voit  ces  dolo- 
mies  au-dessous  des  calcaires  en  plaquettes  du  Callovien  ;  l'assimi- 
lation avec  les  résultats  précis  auxquels  est  arrivé  M.  Roman  ne  me 
parait  donc  pas  douteuse. 

Sources.  —  Cette  masse  considérable  de  dolomies  et  de  calcaires 
dolomitiques  qui  présente  au  moins  de  60  à  80  métrés  de  hauteur 
est  très  perméable  par  sa  nature  même  dans  les  parties  dolomitiques, 
et  parles  fissures  nombreuses  qui  sillonnent  les  calcaires  compacts 
et  les  calcaires  à  Eutroques  de  la  base.  Elle  repose  d'autre  part  sur 
un  Toarcien  essentiellement  imperméable  :  on  conçoit  donc,  à  priori, 
que  lorsque  le  pendage  est  favorable  elle  puisse  fournir  des  sources 
abondantes  :  c'est  en  effet  ce  qu'on  peut  observer  en  quatre  points, 
sur  le  chemin  de  la  Braunhe,  sur  la  route  de  Carlencas  (source  dite  les 
Douze),  en  haut  du  ravin  de  Canals,  et  près  du  hameau  le  Bousquet. 


t*    C»*»rt>rjf* 


Fig.  8.  —  Vue  dos  hauteurs  jurassiques  à  l'est  de  Rédarleux. 

Echelle  :  1/60. 000*  environ. 

i,  lnfralias  ;  c/i,  Charmouthlen  ;  lo,  Toarcien;  B,  Bujocien  et  Bathonlen  ;  0,  Basalte. 

De  ces  quatre  sources,  la  source  dite  des  Douze  qui  alimente  la 
ville  de  Bédarieux  est  incontestablement  la  plus  importante  :  elle 
comprend  plus  de  vingt  orifices  de  sortie  d'un  volume  remarquable. 
Située  au  contact  du  Toarcien  et  du  Bajocien,  elle  doit  son  débit 
abondant  à  la  convergence  des  pendages  au  nord  et  au  sud  qui 
constituent  un  synclinal  à  pentes  faibles  sur  les  flancs  qui  présen- 
tent un  assez  grand  développement.  Cette  structure,  facile  à  saisir 
au  premier  coup  d'œil,  se  voit  nettement  depuis  la  route  montant 
de  Bédarieux  aux  sources. 

Après  la  visite  de  ces  sources  et  l'excursion  au  Tertiaire  du  bois 


738  CH.    DEPÉRET   ET  L.    BERTRAND 

de  Levas,  la  Société  a  remarqué  avant  de  reprendre  le  chemin  de 
Bédarieux  un  important  gisement  de  bauxite  non  exploité  situé  sur 
le  chemin  de  Bédarieux  à  la  Braunhe.  La  bauxite  est  située  sur  la 
partie  supérieure  des  dolomies  où  elle  forme  des  amas  importants  : 
ce  fait  est  général  d'ailleurs  dans  la  région  de  Bédarieux  où  elle 
existe  en  plusieurs  points.  Le  plus  important  gisement  est  situé  au 
sud  du  Courbesou  :  c'est  celui  que  visite  la  Société;  d'autres  points 
en  renferment  encore  en  quantité  importante,  entre  le  Courbesou  et 
La  Tour.  La  bauxite  y  est  presque  toujours  colorée  en  rouge  foncé 
par  l'oxyde  de  fer,  mais  au  gisement  visité  par  la  Société  on  peut 
voir  fréquemment  de  la  bauxite  presque  blanche  seulement  tachée 
de  rouge. 

La  disposition  du  gisement  indiquée  ici  est  d'ailleurs  analogue 
à  celle  que  l'on  observe  dans  le  lambeau  de  Saint-Chinian,  à  Pier- 
rerue  et  plus  fréquemment  encore  près  de  Cazouls-lès-Béziers. 

M.  Depéret  indique  et  montre  à  la  Société  la  composition  du 
curieux  lambeau  de  terrain  éocène  qui  constitue  les  sommets  du 
bois  de  Levas,  où  il  est  couronné  à  son  tour  par  les  basaltes  pliocènes. 
Ce  lambeau  atteint  l'altitude  de  491  mètres,  démontrant  ainsi 
l'amplitude  des  dénivellations  verticales  qui  se  sont  produites  dans 
la  région  postérieurement  à  la  période  éocène  et  qui  semblent  de- 
voir se  rattacher  comme  les  plis  du  chaînon  de  St-Chinian,  à 
l'époque  des  grands  mouvements  pyrénéens. 

L'Eocène  du  bois  de  Levas  comprend  à  la  base  le  calcaire  com- 
pact lutétien  assez  riche  au  premier  tournant  de  la  route  en 
Strophostoma  lapicida  Leufroy,  Planorbis  pseudoammonius  Voltz, 
Limn&a  Michelini  Desh.  Sur  le  calcaire  repose  une  sériçjJe  marnoli- 
thes  grumeleux  brunâtres  où  l'on  recueille  en  abondance  des 
moules  internes  du  Bulimus  Hopei  Marcel  de  Serres.  Ces  marnolithes 
alternent  avec  des  grès  à  grains  de  quartz  blancs  qui  représentent 
l'assise  des  grès  d'Assignan>  enfin  ces  grès  sont  dominés  à  leur  tour, 
sur  le  monticule  le  plus  élevé  (point  491)  par  une  petite  barre  de 
calcaire  jaunâtre  où  l'on  trouve  de  nombreuses  contre-empreintes 
d'un  tout  petit  Planorbe  qui  est,  je  crois,  le  Planorbis  Houvillei  de 
Matheron  (espèce  des  calcaires  supérieurs  de  Grabels,  près 
Montpellier). 

M.  Léon  Bertrand,  à  propos  de  la  communication  de 
M.  Nicklès,  sur  la  présence  de  plantes  terrestres  dans  le  Rhétien 
de  Bédarieux,  signale  à  la  Société  la  découverte  récente  de  com- 
bustible pouvant  être  considéré  comme  de  la  houille  véritable,  à 


J.    BERGERON.    —  OBSERVATIONS  739 

la  base  de  l'Infralias  des  environs  de  Monaco  et  Menton.  Ces  char- 
bons, déjà  reconnus  par  M.  de  Chambourg  dans  plusieurs  galeries 
et  puits  de  recherches  assez  distants  les  uns  des  autres,  vont  être 
prochainement  exploités  ;  dans  l'un  des  points  les  plus  voisins  de 
Monaco,  ces  couches  affleurent  à  200  mètres  d'al  titude  et  Ton  y  trouve, 
au-dessus  de  gypses  triasiques  et  au-dessous  dedolomies  probable- 
ment hettangiennes,  quatre  lits  superposés  de  chart>on  séparés  par 
des  bancs  argileux  et  dont  la  puissance  totale  est  d'environ  2  m.  40. 

M.  Léon.  Bertrand  émet  ensuite  l'opinion  que  les  grès  rouges 
et  verts  par  lesquels  débute  le  Trias  aux  environs  de  Bédarieux  ne 
représentent  pas  la  base  du  Trias.  Il  rappelle  que,  d'après  les 
recherches  de  M.  Munier-Chalmasdans  l'Ardèche  et  d'autres  obser- 
vations faites  aux  environs  d'Autun  (où  l'on  a  trouvé  les  fossiles 
de  la  Lettenkohle  au  milieu  des  grès),  la  base  de  la  série  triasique 
doit  manquer  en  beaucoup  de  points  de  la  bordure  du  Massif  cen- 
tral. Les  grès  qui  commencent  cette  série,  au  lieu  d'être  contem- 
porains des  grès  vosgiens  et  bigarrés  auxquels  on  est  porté  à  les 
paralléliser  au  premier  abord,  peuvent  ne  représenter  que  la 
partie  supérieure  du  Trias  moyen  et  même  la  base  du  Trias  supé- 
rieur, le  faciès  des  argiles  bariolées  gy psi f ères  du  Keuper  ne  com- 
mençant que  plus  haut.  Enfin,  se  basant  sur  des  caractères  pure- 
ment pétrographiques  et  sans  attacher  plus  d'importance  qu'il  ne 
convient  à  ces  caractères,  il  fait  remarquer  que  les  poudingues 
quartzeux  et  les  grès  quartzeux  compacts,  dits  quartzites,  si  déve- 
loppés à  la  base  du  Trias  dans  la  région  alpine  et  aux  environs  de 
Barcelone  (d'après  des  indications  données  par  MM.  Aimera  et 
Bnfill),  manquent  complètement  dans  la  région  parcourue  par  la 
Société,  bien  qu'on  soit  dans  des  conditions  analogues  de  substratum . 
Il  se  base  sur  tous  ces  faits  pour  penser  que  la  série  triasique  y  est 
incomplète  à  la  base,  sans  d'ailleurs  vouloir  chercher  à  préciser 
l'âge  de  ses  couches  les  plus  inférieures. 

M.J.  Bergeron  donne  quelques  renseignements  sur  les  basaltes 
qui  couvrent  les  plateaux  de  TEscandorgue  et  du  Salagou.  Le  type 
le  plus  fréquent  est  celui  du  basalte  labradorique.  Le  péridot  y  est 
parfois  très  fréquent  et  forme  des  amas  gros  comme  des  noix.  C'est 
un  type  très  basique,  qui  peut  passer  à  la  limburgite  par  dispari- 
tion des  microlithes  de  feldspath.  Cette  limburgite  n'est  connue 
qu'à  l'état  de  filons. 

Une  autre  variété  de  basalte  labradorique  est  très  pauvre  en 
péridot  et  passe  à  la  labradorite  typique.  Elle  semble  cantonnée 
dans  le  sud  et  paraît  dater  de  l'époque  de  VElephas  meridionalis. 


740  J.    BERGER ON 

Les  basaltes  occupent  une  grande  bande  orientée  suivant  la 
direction  nord-sud.  Ils  formaient  primitivement  de  vraies  nappes 
qui  recouvraient  les  plateaux  jurassiques  ;  maig  par  suite  d'érosions 
postérieures  à  leur  venue  et  très  vraisemblablement  pléistocènes, 
les  plateaux  jurassiques  et  les  basaltes  qui  leur  sont  superposés, 
ont  été  morcelés  et  forment  des  îlots,  avec  de  véritables  tables 
de  basalte.  Toutes  ces  roches  ne  sont  pas  arrivées  au  jour  par  un 
seul  orifice,  mais  par  une  multitude  de  fissures,  ainsi  qu'on  peut 
s'en  rendre  compte  par  le  très  grand  nombre  de  filons,  mis  à  jour 
par  les  érosions.  Ces  filons  occupent  d'ailleurs  un  champ  de  frac- 
tures dont  les  directions  principales  sont  sensiblement  N.  S.  et 
E.-O.  Même  là  où  le  basalte  semble  former  les  nappes  les  plus 
continues,  comme  sur  l'Escandorgue,  il  est  certain  que  le  nombre 
des  évents  volcaniques  est  très  grand,  comme  c'est  le  cas  près 
du  village  de  Dio.  Tantôt  ce  sont  des  filons  formant  murs,  tantôt 
ce  sont  de  vraies  cheminées.  Au  bois  de  Levas  il  y  a  un 
pointement  basaltique  de  quelques  mètres  carrés  au  milieu  des 
calcaires  éocènes  ;  il  correspond  vraisemblablement  à  une  chemi- 
née dont   la  partie  supérieure  a  été  enlevée  par  érosion. 

En  un  grand  nombre  de  points,  des  lits  de  scories  sont  intercalés 
entre  les  coulées  de  basalte.  11  y  a  donc  eu  des  alternances  de  pro- 
jections et  de  coulées. 

D'après  l'allure  des  coulées,  il  semble  qu'il  y  ait  eu  au  moment 
de  leur  venue,  une  dépression  dans  laquelle  elles  se  seraient 
toutes  réunies  ;  de  là  l'aspect  d'une  coulée  unique. 

L'âge  de  ces  éruptious  est  donné  par  le  fait  que  des  filons  de  basalte 
traversent  les  alluvions  pliocènes  de  l'époque  du  Mastodon  Arver- 
nensis  du  Courbesou,  ainsi  que  la  Société  peut  le  constater  sur  le 
chemin  qui  va  de  la  Frégère  à  ce  dernier  point. 

D'après  la  configuration  actuelle  du  pays,  il  semble  que  ces  allu- 
vions aient  dû  être  déposées  par  un  cours  d'eau  venant  de  la  dépres- 
sion occupée  par  la  vallée  du  Jaur  et  celle  de  l'Orb  ;  mais  la  com- 
position lithologique  des  galets  qu'on  peut  y  recueillir  ferait 
supposer  que  le  cours  d'eau  eu  question  venait  du  nord-ouest. 

Cette  longue  traînée  de  basalte  se  termine  dans  les  environs  de 
Gabian  où  les  centres  éruptifs  paraissent  avoir  été  très  nombreux  ; 
malheureusement  les  érosions  pléistocènes  n'ont  laissé  subsister 
que  des  vestiges  de  ces  appareils  volcaniques. 

Encore  plus  au  sud,  se  trouve,  toujours  suivant  la  même  direc- 
tion nord-sud,  un  centre  éruptif  bien  plus  important;  c'est  le 
massif  d'Agde,  qui  par  ses  reliefs  plus  nets,  parla  meilleure conser- 


EXCURSION  DE  LA  MATINÉE  DU  11  SEPTEMBRE  74 1 

vation  de  ses  roches,  parait  être  plus  récent  que  ceux  étudiés  par 
la  Société.  La  roche  est  une  labradqrite  très  belle. 

M.  Léon  Bertrand  signale  l'analogie  qui  existe  au  point  de 
vue  de  leur  composition  minéralogique  entre  ces  basaltes  et  ceux 
qui,  en  Auvergne,  ont  reçu  le  nom  de  basaltes  des  plateaux. 


COMPTE-RENDU 
DK  L'EXCURSION  DE  LA  MATINÉE  DU  11  SEPTEMBRE 

par  M.  J.  BERGEROHT 

Pour  la  première  fois,  à  la  gare  de  Laurens,  les  membres  de  la 
Société  peuvent  voir  les  terrains  silurien  et  dévonien,  en  concor- 
dance de  stratification,  formant  nappe  de  recouvrement  sur  les 
schistes  tournaisiens  comme  sur  les  calcaires  viséens.  L'îlot  de 
calcaire  à  Productus  giganteus  situé  près  de  la  gare  a  un  intérêt 
historique  car  c'est  le  premier  gisement  viséen  qui  ait  été 
reconnu  dans  le  Languedoc  en  1847  par  Marcel  de  Serres.  La 
ligne  du  chemin  de  fer  longe  le  bord  occidental  de  l'écaillé  de 
Laurens-Gabian  et  il  est  facile  de  voir  les  schistes  de  l'étage  de 
Llandeilo,  le  Gothlandien  et  le  Dévonien  inférieur  formant  le 
plateau  de  Fuxian  sur  le  Carbonifère. 

Les  champs  qui  longent  la  route  de  la  gare  au  village  de  Laurens 
renferment  de  petites  espèces  détachées  de  calcaires  viséens. 
M.  Cornac,  ancien  chef  de  gare  de  Laurens,  en  a  recueilli  un  très 
grand  nombre. 

Pour  aller  aux  gisements  miocènes  d'Autignac,  la  Société  traverse 
une  partie  de  la  grande  plaine  carboniférienne  qui  s'étend  entre 
Saint-Nazaire  de  Ladarez,  Fa u gères  et  Autignac.  Par  places,  se 
rencontrent  dans  les  grès,  de  nombreux  débris  de  végétaux  carbo- 
nifériens.  Cette  plaine  est  recouverte  vers  le  sud  par  les  assises  mio- 
cènes, mais  les  schistes  carbonifériens  affleurent  au  fond  des  ravins. 

En  se  rendant  d'Autignac  à  Fouzilhon  la  Société  voit  affleurer 
le  Permien  au  niveau  du  Mas  Journan.  Là,  il  repose  sur  le  Carbo- 
nifère du  substratum  de  l'écaillé  de  Laurens,  tandis  que  plus  vers 
l'est  les  mêmes  assises  permiennes  recouvrent  le  Dévonien  de  cette 
écaille.  U  n'y  a  donc  pas  de  doute  sur  l'antériorité  de  la  formation 
des  écailles  à  l'époque  permienne. 


742 


ETUDE  DES  DÉPOTS  MIOCÈNES  D'AUTIGNAC 
par  M.  Ch.    DEPÉRET 

La  Société  s'est  rendue  à  pied  de  la  gare  de  Laurens  à  la  colline 
d'Autignac  dans  le  but  d'étudier  la  composition  du  terrain  Miocène 
marin  qui  repose  directement  sur  les  schistes  et  calcaires  carboni- 
fères de  Laurens.  Nous  sommes  ici  dans  la  zone  de  transgression 
du  2e  étage  méditerranéen  (Vindobonien)  et  on  n'observe  aucune 
tracedulCT  étage  (Burdigalien).  La  mer  vindobonienne  s'est  avancée 
jusqu'au  pied  même  des  terrains  anciens  de  la  Montagne  Noire  et 
y  a  déposé  des  couches  relativement  peu  épaisses  dont  la  successioo 
est  la  suivante  :  à  la  base  sont  les  marnes  bleues  à  Pecten  Fuchsi 
Font.,  avec  Anomies,  Ostrea  digitalinaDub.  ;  ces  marnes  devien- 
nent jaunâtres  et  plus  sableuses  vers  le  haut  et  sont  recouvertes  par 
un  grand  banc  à  Polypiers  saccharoïdes  qui  représente  un  véritable 
récif  frangeant  de  la  mer  miocène. 

L'aspect  et  la  composition  paléontologique  de  ce  récif  à  Polypiers 
rappelle  étonnamment  ceux  du  récif  d'ailleurs  tout  à  fait  syn chro- 
nique, étudié  l'année  dernière  par  la  Société  en  Espagne  aux 
environs  de  San  Pau  d'Ordal,  sous  la  direction  de  notre  confrère 
M.  le  chanoine  Aimera. 

L'ensemble  des  couches  éuumér^es  ci-dessus  peut  être  attribué 
au  sous  étage  helvétien  et  on  peut  considérer  (d'une  manière  il  est 
vrai  un  peu  arbitraire)  comme  appartenant  au  Tortonien  les  couches 
supérieures  de  la  colline  d'Autignac  :  je  n'ai  point  observé  sur  ce 
point  le  calcaire  laguuo-lacustre  à  Hélix  Hebouli  si  fréquent  à  ce 
niveau  dans  le  Languedoc,  mais  on  y  observe  une  mollasse  à  grains 
de  quartz  (mollasse  à  dragées  de  M.  de Rouville)  riche  en  Turritelles. 

Des  galets  quartzeux  forment  sur  le  plateau  d'Autignac  une 
nappe  plus  ou  moins  discontinue  ;  ces  allumions  très  anciennes 
doivent  être  considérées  comme  le  produit  de  torrents  descendus 
des  pentes  schisteuses,  antérieurement  au  creusement  des  vallées 
actuelles,  c'est-à-dire  vers  la  fin  du  Pliocène. 

Du  ravin  d'Autignac  la  Société,  conduite  par  M.  Nicklès,  gagne 
rapidement  Gabian  en  passant  par  Fouzilhon,  où  elle  peut  observer 
le  Toarcien  à  Ammonites  pyriteuses  et  le  Charmouthien  fossilifère 
s'appuyant  contre  un  gisement  de  Keuper  gypsifère. 


743 


SUR  LE  LAMBEAU  SECONDAIRE  DE  FOUZILHON-GABIAN 

par  M.  René  NICKLÈS 


A 


F«vaflh«n 


Les  terrains  secondaires  sont  extrêmement  disloqués  dans  la 
région  de  Fouzilhon-Gabian  ;  aussi  n'a-t-il  pas  été  possible  de 
montrer  la  structure  du  Trias  et  du  Jurassique  dans  la  course 
rapide  pendant  laquelle  on  n'a  fait  que  les  traverser  pour  se  rendre 
d'Autignac  à  Gabian  ;  je  vais  cependant  indiquer  ce  que  j'ai  pu 
observer  sur  ce  lambeau  et  chercher  à  en  déduire  sa  structure. 

L'itinéraire  sui- 
vi par  la  Société  •• 
aborde  à  l'ouest  le 
lambeau  secon- 
daire de  Fouzi- 
lhon:  ce  lambeau, 
lorsqu'on  en  ob- 
serve la  bordure 
entre  Magalas  et 
Fouzilhon,prèsdu 
Mas  Trinchée  pré- 
sente des  traces  de 
charriage  orien- 
tées sensiblement 
S.-O.N.-E.icefait, 
bien  visible ,  ne 
peut  malheureu- 
sement être  suivi 
que  sur  quelques 
centaines  de  mè- 
tres, les  graviers 
pliocènes  mas- 
quant un  peu  plus 
au  nord  les  cou- 
ches du  Secon- 
daire :  dans  cette 
localité  qui  sem 
ble  être  la  combe 

du  Verre  citée  par  M.  de  Rouville,  et  qui  tirerait  son  nom  des  innom- 
brables cristaux  de  gypse  toarcien,  un  charriage  semble  bien  s'être 


Fig. 


9.  —  Structure  des  environs  de  Fouzilhon. 
Echelle  :  1/10.000\ 


toy  Toarcien  ;  ch,  Char  mou  thien  ;  t\  In  frai  la  s  ;  K,  Keuper  ; 

T,  Grès  triasiques. 


744  ft.    NICKLÈS 

produit  en  prenant  pour  base  non  plus  ou  non  seulement  le  Keuper, 
comme  c'est  généralement  le  cas,  mais  aussi  la  base  du  Toarcien 
constitué  par  des  marnes  très  argileuses.  Ceci  constitue  une  première 
indication. 

Si  maintenant  on  aborde  le  lambeau  à  l'ouest  de  Fouzilhon,  on  voit 
le  Toarcien  en  couches  presqu'horizontales  (fig.  9,  A)  ou  plongeant 
très  faiblement  au  nord  venir  recouvrir  les  tranches  d'un  lambeau 
de  Charmouthieu  plongeant  très  brusquement  au  nord.  Au  nord  de 
ce  lambeau,  une  plaine  de  quelques  centaines  de  mètres  couverte 
d'éboulis  de  surface  ne  permet  pas  de  voir  si,  comme  c'est  probable, 
le  Keuper  est  représenté  au-dessous  :  mais  un  peu  plus  au  nord  les 
grès  triasiques  apparaissent  avec  leur  allure  constante,  plongeant 
toujours  au  sud. 

Un  peu  plus  à  l'est,  avant  Fouzilhon,  tous  les  étages  jurassiques 
sont   représentés ,    mais   considérablement   amincis ,    fortement 

froissés,  traversés 
de  toutes  parts  par 
des  fissures  reci- 
mentées par  de  la 
calcite  ;  lorsqu'on 
arrive  à  la  base  de 
l'Infralias  qui  est 

Echelle  :  1/5.000*.  —  Même  légende  ,  , 

au  plus  de  son 
épaisseur,  on  voit  que  le  Keuper  qui  le  séparait  des  grès  triasiques 
est  tellement  aminci  qu'il  a  pour  ainsi  dire  disparu  :  ici  le  contact 
est  presque  horizontal  (Fig.  10). 

A  Fouzilhon  même  on  peut  observer  la  même  allure  que  dans 
la  coupe  précédente  ;  le  petit  synclinal  qui  précède  le  flanc  nord  du 
lambeau  jurassique  et  lui  est  sensiblement  parallèle,"~devient  plus 
brusque  et  parait  dégénérer  en  faille.  Mais  sur  le  flanc  nord  du 
lambeau  le  Keuper  a  reparu  et  les  dolomies  qui  le  surplombent  et 
qui  portent  le  village  de  Fouzilhon  plongent  au  nord,  reposant  sur 
le  Keuper,  alors  que  les  grès  triasiques  à  faible  distance  au  nord 
ont  un  pendage  en  sens  inverse  (Fig.  9). 

Lorsqu'on  arrive  à  la  source  de  Santé  on  voit  le  Toarcien  fossili- 
fère, puis  le  Charmouthien  avec  Gryphea  cymbium  et  Lytoceras,  ce 
dernier  fortement  froissé,  ridé  et  fracturé',  formant  un  petit  lam- 
beau, reposer  tous  deux  horizontalement  sur  le  Keuper. 

Mais  lorsqu'on  arrive  auprès  de  la  source  de  pétrole,  on  voit,  un 
peu  au  sud,  les  grès  triasiques  eux-mêmes,  qui  jusqu'alors  avaient 


SUR   LE  LAMBEAU   SECONDAIRE  DE  FOUZILHON-GABIAN  74$ 

paru  étrangers  aux  rideraents  des  couches  supérieures  former  un 
pli  déversé  vers  le  nord-est,  à  tel  point  que  les  grès  triasiques 
montent  sur  le  revers  ouest  de  la  colline  dominant  Cassan  au  sud, 
surplombant  les  marnes  bariolées  du  Keuper. 

Ce  déversement  semble  se  prolonger  d'ailleurs  au  nord  de  la 
coupe  précédente  (Source  de  Santé  et  Mas  Bastard)  les  cargneules 
et  les  grès  y  étant  très  fortement  redressés.  A  la  source  de  pétrole 
toutefois,  la  direction  du  déversement  semble  avoir  dévié  momen- 
tanément à  Test,  l'orientation  de  Taxe  du  pli  étant  nord-nord  ouest- 
sud-sud-est.  La  source  de  pétrole  vient  au  jour  au  contact  renversé 
des  grès  triasiques  et  du  Keuper  gypsifère  dans  le  lit  de  la  rivière 
où  Ton  est  averti  de  sa  présence  par  de  nombreuses  bulles  gazeuses 
qui  se  dégagent  dans  l'eau. 

Si  ce  charriage  a  existé,  il  a  dû  se  continuer  beaucoup  plus  à 
Test,  dans  la  région  comprise  entre  Cassan  et  Roujan  ;  l'Infralias  y 
présente  une  réduction  d'épaisseur  extraordinaire,  fait  signalé  par 
M.  de  Rouville  (1)  ;  mais  ici  les  éboulis  de  surface  sont  fréquents, 
et  le  rivage  tertiaire  rétrécit  de  plus  en  plus  les  affleurements  secon- 
daires, et  avant  Roujan  le  Secondaire  est  réduit  au  Trias,  qui  y 
renferme  de  remarquables  gisements  de  gypse  décrits  par  M.  de 
Rouville,  en  1868. 

11  semble  donc,  en  résumé,  que  si  comme  cela  parait  probable  il 
y  a  eu,  dans  la  région  de  Fouzilhon,  non  seulement  déversement  des 
couches  comme  c'est  le  cas  des  grès  triasiques,  mais  charriage  pour 
les  assises  qui  les  surmontent,  ce  charriage  aurait  eu  lieu  dans  cette 
région,  non  plus  du  sud  au  nord  comme  dans  les  autres  parties  de 
la  feuille,  mais  du  sud-ouest  au  nord-est,  suivant  presque  parallè- 
lement la  direction  de  la  limite  des  terrains  primaires  et  secon- 
daires au  nord  de  Neffiès,  direction  qui  serait  elle-même  une  con- 
séquence de  ce  charriage. 

Cette  déviation  aurait  eu  probablement  pour  cause  l'important 
massif  primaire  qui  sépare  Bédarieux  de  Gabian  et  qui  en  résistant 
à  la  marche  du  lambeau  lui  aurait  fait  modifier  momentanément 
sa  direction  première. 

L'explication  que  je  propose  ici,  non  parce  que  je  la  crois  cer- 
taine, mais  parce  qu'elle  me  parait  être  celle  qui  se  rapproche  le 
plus  de  la  réalité  ne  sera  peut-être  pas  sans  soulever  des  objec- 
tions: comme  pour  d'autres  faits  analogues  observables  plus  loin, 
on  pourra  m'objecter  qu'ici  il  n'y  a  pas  de  recouvrement  propre- 
ment dit,  puisque  ce  sont  toujours  des  couches  plus  anciennes  qui 

(i)  B.  S.  G.  F.,  RéuD.  Montpellier. 


746      N1CKLÈS.  —  SUR  LE  LAMBEAU  SECONDAIRE  DE  FOUZ1LHON-GABIAN 

sont  recouvertes  par  des  couches  plus  récentes,  seulement  avec 
suppression  d'un  ou  plusieurs  termes  de  la  série. 

Or,  tout  porte  à  croire  que  ces  termes  ont  été  tous  représentés  : 
on  peut  même  l'affirmer  :  le  Charmouthien,  par  exemple,  à  la  source 
de  Santé,  existe  à  l'état  d'îlot  isolé  entre  le  Toarcien  et  le  Keupcr 
gypsifère  ;  l'infralias  absent  dans  cette  partie  se  retrouve  dans  le 
prolongement  des  couches  de  l'autre  côté  de  la  vallée,  vers 
le  Mas  Bastard  ;  on  le  voit  encore  à  l'ouest  (Fouzilhon)  et  à 
l'est  (Cassan).  Les  étages  qui  font  défaut  par  places  devaient  donc 
exister  auparavant,  et  s'ils  ont  disparu  on  ne  peut  attribuer  leur 
disparition  qu'à  des  dislocations  violentes  dont  les  témoins  isolés 
de  ces  étages,  violemment  impressionnés,  portent  tous  la  trace. 

L'explication  la  plus  simple  me  parait  donc  celle-ci  :  dans  sa 
marche  en  avant,  la  base  de  la  lame  de  charriage  souvent  plissée 
transversalement  a  par  suite  du  frottement  sur  le  substratum  été 
violemment  rabotée,  amenant  ainsi  la  réduction  et  la  suppression 
de  certains  termes  (Rhétien  et  Keuper),  dans  la  région  de  Cassan. 

Quant  à  la  constitution  stratigraphique  des  couches,  elle  présente 
les  plus  grandes  analogies  avec  la  succession  observée  à  Bédarieux  : 
il  y  a  cependant  quelques  restrictions  et  quelques  différences  :  le 
Rhétien,  difficile  à  observer  entièrement,  est  presque  toujours  dolo- 
mitique,  et  lorsqu'il  présente  des  galets  quartzeux,  il  diffère  de  celui 
d'Hérépian  par  sa  teinte  rosée  et  ses  galets  plus  anguleux. 

Le  Toarcien  est  riche  en  Ammonites  pyriteuses  comme  dans  la 
région  sud  de  l'Aveyron,  tandis  que  à  Bédarieux  ces  fossiles 
semblent  jusqu'à  présent  faire  défaut  (1). 

Entre  Fouzilhon  et  Pouzolles  on  rencontre  en  effet  à  la  base 
Harpoceras  bifrons,  H.  bicarinatum,  Cœloceras  crassum,  C.  mucrona- 
tum,  etc..  ;  un  niveau  supérieur  affleure  à  la  source  de  Santé,  repo 
sant  par  dislocation  sur  le  gypse  triasique  :  la  Société  y  a  recueilli 
Harpoceras  fallaeiosum,  H.  discoides  à  l'état  pyriteux.  Enfin  la  partie 
supérieure  de  l'étage  est  bien  visible  à  l'ouest  de  Fouzilhon  où  l'on 
trouve  en  cassant  des  nodules  calcaires  Harpoceras  cf.  subcomptum 
Branco  forme  de  la  zone  à  H.  aalense. 

Le  Bajocien  constitué  par  des  calcaires  compacts  lie-de-vin  dans 
les  environs  de  Bédarieux  est  ici  extrêmement  siliceux  comme  aux 
environs  de  Cazouls  :  les  escarpements  sud  de  Fouzilhon  sont  à  ce 
point  de  vue  très  remarquables.  Dans  les  parties  calcaires  j'ai 
trouvé  Hhynchonella  Ruthenensis. 

(1)  Il  est  possible  toutefois  que  leur  absence  soit  due  à  Bédarieux  à  ce  que  les 
niveaux  inférieurs  sont  généralement  masques  par  les  éboulis. 


747 


EXCURSION  DE  L'APRÈS-MIDI  DU  II  SEPTEMBRE 

par  M.  J.  BER6ER0N 

L'excursion  avait  pour  but  d'étudier  en  détail  l'écaillé  de  Laurens- 
Gabiau,  sur  son  bord  oriental,  car  cet  examen  est  plus  facile  que 
sur  le  bord  occidental.  La  Société  suit  la  route  de  Gabian  à 
Faugères.  A  partir  du  pont  du  chemin  de  fer,  elle  marche  sur  les 
assises  autuniennes  qui  reposent  directement  sur  les  schistes 
carbonifères.  Ceux-ci  se  modifient  rapidement  par  suite  d'injections 
de  porphyrites,  qui,  actuellement,  sont  tout  à  fait  terreuses. 
Quelques  filons  de  porphyrite  micacée  sont  assez  bien  conservés  ; 
mais  le  plus  souvent  l'ensemble  des  schistes  et  de  la  roche 
éruptive  forme  une  masse  argileuse  de  couleur  vert  olive.  Les 
pointements  de  porphyrite  sont  remarquablement  nombreux  dans 
toute  la  région  de  Gabian;  ils  ont  traversé  le  Carbonifère  et  les 
schistes  siluriens  de  la  base  de  l'écaillé  de  Laurens-Gabian,  mais 
ils  se  sont  toujours  arrêtés  au  calcaire  dévonien  du  causse  de 
Fuxian. 

Pour  examiner  le  contact  du  Silurien  et  du  Carbonifère  du 
substratum,  la  Société  gagne  la  Grange  du  Pin  au-dessus  de  la 
ligne  de  chemin  de  fer.  En  ce  point  les  schistes  ordoviciens  et 
carbonifères  peuvent  se  distinguer  les  uns  des  autres  par  leur 
allure  et  leurs  caractères  lithologiques. 

Plus  au  nord,  l'Ordovicien  est  recouvert  par  les  schistes  noirs 
à  boules  de  calcaire  noir  pyriteux  du  Gothlandien.  Grâce  à  un  puits 
qui  a  été  creusé  dernièrement  en  vue  de  rechercher  la  houille  (1), 
il  y  a  dans  un  champ  un  très  grand  amas  de  schistes  ampéliteux 
riches  en  Monograptus  Nilsonni. 

Le  chemin  qui  surplombe  la  voie,  coupe  successivement  tous 
les  horizons  ordoviciens  et  en  particulier  le  niveau  calcaire  à 
Cai-yocystites  Roumllci  ainsi  que  les  schistes  à  Orthis  Actoniœ. 
On  peut  suivre  ainsi  le  bord  oriental  de  l'écaillé  jusqu'au  point  où 
les  lignes  de  Laurens  à  Faugères  et  de  Gabian  à  Faugères  se 
rejoignent,  c'est  à-dire  au  niveau  de  la  métairie  des  Adouzes. 

L'écaillé  de  Laurens-Gabian  se  reliait  primitivement  à  celle  de 
Sainte-Cécile  qui  se  reliait  elle-même  à  toutes  les  autres  :  de  la 
route  on  peut  se  rendre  compte  que  toutes  formaient  primitive- 


748  COLLOT.    —   SUR    UNE   DISCORDANCE  REMARQUABLE 

ment  une  seule  nappe  de  recouvrement,  réduite  actuellement  à 
des  écailles  qui  n'en  sont  que  des  lambeaux  isolés  par  érosion. 

Il  faut  rattacher  à  cette  nappe  un  lambeau  de  schistes  acadiens 
fossilifères  qui  se  trouve  à  Test  de  Roquessels  et  qui  a  été 
recouvert  par  un  anticlinal  dévonien,  déversé  vers  le  nord. 
Malheureusement,  la  Société,  pressée  par  l'heure  du  train  qui 
doit  la  ramener  à  Bédarieux,  ne  peut  aller  l'examiner. 

Dans  la  tranchée  comprise  entre  la  gare  de  Gabian  et  la  vallée 
de  la  Tongue,  les  grès  rouges  de  Permien  moyen  sont  en  contact 
par  faille  avec  un  conglomérat  qui  représente  la  base  du  Trias. 


SUR  UNE  DISCORDANCE  REMARQUABLE 

ENTRE  PERMIEN  ET  TRIAS 

DANS  LES  ENVIRONS  DE  BÉDARIEUX  (HÉRAULT), 

par  M.  COLLOT 

La  discordance  est  de  règle  entre  le  Permien  et  le  Trias  dans 
l'Hérault  comme  en  général  autour  du  Plateau  central,  notamment 
en  Bourgogne,  où  l'on  voit  le  Trias  et  le  Lias  affleurer  à  peu  près 
horizontaux,  suivant  les  courbes  de  niveau,  tandis  que  le  Permien 
souvent  fort  incliné  ne  se  coordonne  nullement  à  ces  courbes. 
Généralement  lorsqu'un  terrain  plus  récent  repose  en  discordance 
sur  un  plus  ancien  les  coupes  figurées  montrent  le  premier  moins 
incliné  que  le  second.  Les  exemples  contraires  paraissent  rares. 
J'en  ai  figuré  un  où  le  Crétacé  supérieur  d'eau  douce  incliné  repose 
sur  le  Néocomien  presque  horizontal,  à  Saint-Charles,  près  Jouques 
(Bouches  du  Rhône)  (1).  La  réunion  de  la  Société  dans  l'Hérault 
me  suggère  le  désir  de  faire  connaître  un  autre  exemple  qui,  s'il 
n'est  pas  sur  son  itinéraire,  doit  en  être  peu  éloigné. 

Le  village  de  Dio,  au  nord-est  de  Bédarieux,  repose  sur  le  grès 
bigarré  plongeant  au  nord  d'environ  20°.  Au  sud  du  village  la  pente 
du  coteau  montre  les  tranches  des  couches  successives  de  cet  étage, 
puis  un  peu  avant  d'arriver  au  fond  du  ravin,  le  Permien  qui 
supporte  le  Trias.  Or  celui-ci  plonge  de  2°  environ  dans  la  même 
direction  approximative.  La  discordance  est  très  apparente  (fig.  1). 

(I)  Description  géologique  des  environs  d'Aix-en  Provence,  1880. 


ENTRE  PBHMIEN  BT  TRIAS  DANS  LES  ENVIRONS  DR  BBDARIKOX         749 


Au  delà  du  ruisseau  de  Valguières  te  Permien  prend  une  légère 
pente  en  sens  inverse,  c'est-à-dire  vers  le  sud. 

Après  le  plissement  du  Permien  ce  terrain  a  été  soumis  à  dee 
érosions  qui  en 
ont  lait  affleurer  à 
la  surface  du  sol 
les  diverses  cou- 
ches. Cette  surface 
inclinée  a  consti- 
tué à  un  certain 
moment  une  plage 
sous- marine  sur 
laquelle  les  pre- 
miers sédiments 
triasiques  se  sont 
déposés,  recou- 
verts ensuite  en 
concordance  par 
le  reste  du  Trias 
et  par  toute  la 
série  jurassique 
Le  dépôt  sur  une 
surface  inclinée 
est  d'autant  plus  admissible  qu'il  s'agit  de  sédiments  grossiers, 
grès  et  poudingue»  qui  ont  besoin,  pour  être  déplacés,  de  courants 
violents.  D'ailleurs  rien  ue  s'oppose,  si  l'on  préfère  supposer  que 
le  grès  du  Trias  s'est  formé  horizontalement  sur  ce  point,  à  ce 
qu'on  admette  que  le  Permien  avait  à  Dio  une  pente  vers  le  sud, 
que  les  mouvements  ultérieurs  du  sol  ont  changé  le  sens  de  cette 
pente  en  même  temps  qu'ils  produisaient  ou  au  moins  accentuaient 
la  pente  vers  le  nord  des  terrains  secondaires. 

La  rareté  de  la  disposition  observée  à  Dio  m'a  fait  croire  qu'il 
était  bon  de  publier  l'observation  laite  par  moi  en  1875  et  je  serais 
satisfait  si  le  passage  de  la  Société  dans  la  région  était  une  occasion 
de  confirmer  ou  de  rectifier  ma  coupe. 


A,  Infrallas;  t,  Keuper;  A,  Alternance  d'argiles  lie-de-vin, 
de  psammltea,  de  grès  plus  ou  moins  lins,  en  nsseï 
gros  bancs;  g.  Psammlte  lie,  de  vin.  comme  e:  3";  f. 
Gros  banc  de  gréa  blond  asseï  homogène:  3";  e,  Psam- 
mltea rouge  sombre  alternant  avec  de  petits  bancs  de 
grès  plus  grossiers  termines  par  un  lit  vert;  d.  Cou- 
ches argileuses  vert  sole.  Ilede-vin  ;  c,  Psammltea  en 
lits  minces,  rouge  sombre,  avec  lits  blancs,  inclinaison 
80*  ;  h,  Gras  grossiers  roux,  avec  noyaux  de  quart* 
blanc;  quelques  lits  argileux  verdâtres;  a,  l'ermien 
rouge  argileux,  incliné  à  2*  environ. 


26  Août  1901.  —  T.  XXVII. 


Bull.  Soc.  tiéol.  Fr.  -  VA 


750 


NOTE  SUR  LES  FORMATIONS  MIOCÈNES 
DES  BASSINS  DE  L'ÉTANG  DE  THAU,  DE  L'HÉRAULT, 

DE  L'ORB  ET  DE  L'AUDE 

par  M.  E.  JACQUEMET 

Sans  parler  des  travaux  plus  anciens,  le  Miocène  de  la  partie  du 
département  de  l'Hérault  qui  est  le  sujet  de  ce  travail  a  été  pendant 
ces  dernières  années  l'objet  d'études  considérables  consignées  dans 
les  travaux  de  MM.  Depéret,  Miquel  et  Roman  pour  ne  citer  que 
les  plus  importantes.  Dans  la  présente  note,  résultat  de  deux  années 
de  recherches  journalières,  je  m'efforcerai  de  coordonner  ces  divers 
travaux  en  y  ajoutant  un  certain  nombre  de  données  et  d'appré- 
ciations nouvelles.  Elle  n'est  que  le  résumé  d'une  étude  beaucoup 
plus  étendue,  que  je  dois  publier  plus  tard,  mais  qui  n'est  pas 
encore  suffisamment  mise  au  point  en  ce  qui  concerne  la  paléonto- 
logie. 

I.    —    BURDIGALÏEN 

Le  Burdigalien,  beaucoup  moins  représenté  dans  la  zone  qui 
nous  occupe  que  dans  le  Gard  et  la  partie  est  de  l'Hérault,  n'a  été 
encore  que  trop  peu  étudié  par  moi  pour  que  je  puisse  en  donner 
une  description  sérieuse.  Je  signalerai  toutefois  l'Ile  burdiga- 
lienne  de  Sainte-Lucie,  dans  l'Aude,  et  les  couches  indiquées  par 
M.  Roman,  à  la  Bergerie  de  Perpignan,  près  de  Loupian  (Hérault). 

IL   —  VlNDOBONIEN 

A  l'exemple  de  M.  Depéret  qui  a  créé  ce  terme  et  de  MM.  Miquel  et 
Roman  qui  l'ont  adopté,  je  conserverai  ce  nom  à  l'ensemble  des 
assises  helvétiennes  et  tortoniennes.  Je  ferai  toutefois  remarquer 
que,  bien  qu'assez  difficile  au  point  de  contact,  on  pourrait  montrer 
une  différence  notable  entre  ces  deux  étages. 

A.  —  Helvétien. 

L'Helvétien  de  la  région  peut  se  diviser  en  deux  niveaux  :  les 
marnes  bleues  inférieures  et  la  mollasse  marno-sableuse. 


bassins  de  l'étang  de  thau,  de  i/hérault,  de  l'orb  et  de  l'aude    751 

I.  —  Marnes  bleues  inférieures.  —  Tout  à  fait  à  la  base  se  trou- 
vent les  marnes  bleues  hélvétiennes  peu  fossilifères  à  la  partie 
inférieure  et  le  devenant  davantage  au  sommet.  On  me  parait  avoir 
confondu  souvent  la  partie  supérieure  de  ces  marnes  avec  les 
assises  marno-sableuses  qui  les  surmontent.  Elles  sont  remarqua- 
bles par  leur  grande  homogénéité,  elles  présentent  une  sérieuse 
épaisseur  et  sont  en  maints  endroits  exploitées  pour  la  tuilerie,  on 
les  mélange  alors  avec  des  argiles  pliocènes  ou  quaternaires. 

Les  marnes  bleues  inférieures  contiennent  des  pinces  de  Crusta- 
cés, des  piquants  d'Oursins,  des  dents  de  Poissons  :  Centuna,  Pristis, 
Aetobatis,  Myliobatis,  Chrysophys,  Carcharias,  Galeus.  Hemipristis, 
Notidanus,  Odontaspis,  etc.,  de  nombreux  moules  noirs  de  Gasté- 
ropodes, des  moules  de  Bivalves  appartenant  aux  genres  Venus, 
Cypricardia,  Cytherea,  Tapes,  Tellina,  Cardium,  Cardita,  etc.,  des 
Peignes  variés  qui  mériteraient  une  véritable  monographie  telle- 
ment les  formes  en  sont  nombreuses.  Le  Pecten  Fuchsi  Font,  est 
assez  rare  et  ne  devient  commun  que  dans  les  assises  marno- 
sableuses  qui  surmontent  ces  couches.  On  y  peut  recueillir  encore 
quelques  rares  Ostrea  digitalina  Dub.  avec  d'autres  formes  dJ  Ostrea. 
L'O.  crassissima  Lam.  commence  à  se  montrer  par  bancs  à  la  partie 
supérieure  mais  sous  une  forme  plus  courte  et  moins  développée 
que  le  type. 

Les  marnes  bleues  inférieures  existent  d'une  façon  très  générale 
dans  toute  la  région.  Elles  forment  le  fond  de  toutes  les  grandes 
dépressions,  on  les  retrouve  dans  les  forages  de  puits,  mais  elles 
affleurent  en  un  petit  nombre  de  points  à  Nizas,  Caux,  Aspiran, 
Montagnac,  Béziers,  Lespignan,  Nissan,  Puisserguier,  Cazouls 
d'Hérault,  Pézenas,  Tourbes,  Nézignan  l'Evêque,  etc.  A  la  partie 
supérieure  des  marnes  bleues  se  trouve  un  niveau  assez  constant 
à  Scutelles  :  Scutella  nv.  sp.,  Amphiope  bioculata,  Ag.,  Âmphiope 
elliptica,  Desor.  Ce  niveau  est  très  riche  à  Lespignan,  à  Boujan, 
ù  Nézignan  l'Evêque,  etc. 

Dans  l'île  Sainte-Lucie  (Aude),  le  Burdigalien  qui  constitue  à 
peu  près  toute  l'Ile,  est  surmonté  d'un  grès  dur  à  Scutella,  Pecten 
Fuchsi,  Ostrea  crassissima  formant  l'équivalent  de  la  marne  bleue. 

C'est  également  une  mollasse  grise  très  dure  qui  existe  à  ce 
niveau  à  Bouzigues  et  à  Loupian  (Hérault). 

II.  Mollasses  marno-sableuses.  —  Au-dessus  de  la  marne  bleue 
inférieure  se.  trouvent  des  assises  marneuses  plus  sableuses  que 
les  précédentes  et  d'un  bleu  plus  pâle.  Elles  sont  entrecoupées 
soit  de  bancs  considérables   d' Ostrea  crassissima,    soit  de  bancs 


752      JACQUEMET.  —  FORMATIONS  MIOCÈNES  DES  BASSINS  DE  L  ÉTANG 

de  moules  de  Bivalves  ou  d'Anomies.  Les  fossiles  en  sont  en 
général  nombreux  et  les  plus  caractéristiques  sont  Pecten  Fuchsi 
Font,  et  Ostrea  digitalina  Dub.  En  certains  points  ces  espèces  se 
trouvent  avec  une  extrême  abondance.  Avec  elles  des  Gastéropodes 
ayant  parfois  conservé  leur  test,  des  Balanes  de  diverses  espèces, 
de  nombreux  Oursins  :  Cidaris,  Psammechinus  dubias,  etc.  En 
beaucoup  de  points  enfin  à  la  base  de  ces  marnes  dans  la  zone  à 
Anomia  on  trouve  çà  et  là  Pecten  subp leur onec tes  d'Orb.  (Nizas, 
Caux,   Nézignan-l'Evêque,  etc.). 

Ces  marnes  sableuses  sont  parfois  remplies  de  rognons  calcaires 
qui  ne  sont  en  général  que  des  fossiles  transformés,  elles  présen- 
tent par  places  une  coloration  ferrugineuse. 

La  partie  supérieure  de  ces  marnes  passe  à  des  sables  fins  peu 
fossilifères  à  Gastéropodes,  dents  de  Poissons  et  pinces  de  Crus- 
tacés. C'est  à  ce  niveau  que  Ton  rencontre  :  les  vertèbres  et  les 
dents  énormes  du  Carcharodon  megalodon  Ag.  ;  parmi  les  Gastéro- 
podes Nerita  Martiniana  Math.  ;  parfois  quelques  Oursins  et  une 
quantité  de  toutes  petites  Balanes  :  Balanus  stelliformis  Brocchi. 

Ces  sables  entremêlés  de  couches  de  marnes  sont,  vers  leur 
partie  supérieure,  très  fossilifères  et  entrecoupés  de  bancs  extrême- 
ment riches  en  échantillons  devenant  parfois  de  véritables  luma- 
chelles.  Malheureusement  les  Gastropodes  très  nombreux  de  ce 
niveau  sont  presque  toujours  à  l'état  de  moules  :  Tnrritella,  Cyprœa, 
Conus,  Voluta,  Pyrula,  Natica  sont  représentés  par  plusieurs  espè- 
ces. Les  Bivalves  à  l'état  de  moules  également  appartiennent  aux 
genres  déjà  signalés  dans  les  couches  inférieures.  Parmi  les  Peignes 
Pecten  Fuchsi  devient  abondant,  on  trouve  encore  P.  scabriusculus 
Math.,  P.  substriatus  d'Orb.,  P.  subbenedictus  Font,  (rare),  etc.,  des 
Ostrma  crassissima  Lamk.  de  très  grande  taille,  0.  digitalina  Dub. 
etc.,  de  grands  Balanes  à  la  partie  supérieure,  des  Bryozoaires 
très  abondants  en  certaines  localités,  des  Eponges  perforantes,  des 
Foraminifères,  etc. 

Les  couches  marno-sableuses  affleurent  en  un  grand  nombre  de 
points  de  la  région  qui  nous  occupe  et  forment  la  plupart  des  colli- 
nes miocènes  de  la  région  :  Montagnac,  Saint  Pons  de  Mauchien, 
Paulhan,  Aspiran,  Loupian,  Bouzigues,  Nizas,  Caux,  Roujan,  Péze- 
nas,  Nézignan-l'Evêque,  Adissan,  Boujan,  Béziers,  Maurassan, 
Maureilhan,  Puisserguier,  Montady,  Lespigoan,  Le  Malpas  et 
l'Anserune  à  Colombiers,  Nissan,  etc.,  dans  l'Hérault;  Moussan, 
dans  l'Aude. 

Si  les  marnes  bleues  sont  homogènes  et  paraissent  indiquer  un 


DE  THAU,    DE  L'HÉRAULT,    DE  L'OUB   ET   DE   L'AUDE  753 

dépôt  assez  lent  daos  uoe  mer  un  peu  profonde  ;  les  mollasses 
marno  sableuses,  par  suite  d'un  eusablement  encore  particulier  à 
la  région,  semblent  avoir  comblé  plus  rapidement  les  anses  et 
dépressions  de  la  mer  helvétienne.  Les  fossiles  ont  un  caractère 
plus  littoral  et  paraissent  indiquer  une  mer  moins  profonde.  On 
reconnaît  une  tendance  à  l'émersion,  par  suite  d'une  de  ces  oscilla- 
tions de  rivages  si  fréquentes  sur  ces  côtes.  A  la  fin  de  cette  période 
apparurent  les  récifs  de  Coraux  construits  sur  des  parties  un  peu 
solides  du  fond  ayant  moins  de  profondeur. 

B.   -  Tortonien 

I.  Récifs  coralliens.  —  C'est  au  début  du  Tortonien  que  les 
Polypiers  commencèrent  à  constituer  les  récifs  importants  de  la 
région  et  même  plusieurs  de  ces  récifs  appartiennent-ils  au  Torto- 
nien tout-à-fait  supérieur.  Jusqu'à  cette  époque  on  ne  trouve  dans 
les  sables  que  quelques  Polypiers  isolés.  Les  récifs  coralligènes 
paraissent  s'être  développés  suivant  deux  bassins  que  séparerait 
actuellement  le  cours  de  l'Orb.  Dans  la  partie  orientale  ce  sont  les 
récifs  frangeants  de  Fontes,  de  Neffîez  et  d'Autignac,  suivant  une 
ligne  est-ouest.  Dans  la  portion  occidentale,  les  récifs  se  sont  alignés 
plutôt  du  nord  au  sud  à  Fontanelle,  les  Uguières,  Massacats,  le 
Bosc,  Seriège,  Bellevue,  etc.,  dans  la  région  de  Quarante.  Signalons 
cependant  le  récif  frangeant  de  Puisserguier.  Les  espèces  qui  ont 
construit  ces  Polypiers  sont  fort  nombreuses  et  Ton  remarque  avec 
elles  tout  un  monde  de  fossiles,  Huttres,  Turritelles  et  Gastéropodes 
divers  et  surtout  un  grand  nombre  de  Mollusques  lithophages 
perforant  les  récifs  et  les  roches  avoisinantes.  A  signaler  aussi  un 
Oursin  régulier  extrêmement  intéressant  et  encore  inédit. 

Je  crois  que  le  début  de  l'édification  des  récifs  doit  marquer  la 
fin  de  la  période  helvétienne  dans  la  région.  En  effet,  bien  qu'il  soit 
impossible  d'indiquer  une  délimitation  très  précise,  ce  qui  a  néces- 
sité la  création  du  terme  de  Yindobonien,  à  partir  de  ce  moment, 
commence  une  nouvelle  phase,  une  période  d'émersion  qui  fera 
apparaître  successivement  des  formations  saumâtres  et  des  dépôts 
franchement  lacustres.  Le  faciès,  d'abord  général  de  la  marne  bleue 
et  moins  homogène  de  la  mollasse  marno  sableuse,  cédera  mainte- 
nant la  place  à  des  faciès  locaux.  C'est  à  cette  époque  qu'apparais- 
sent les  galets  de  quartz  qui  ont,  de  leur  aspect  particulier,  reçu 
de  M.  de  Rouville  le  nom  de  dragées  ;  la  Montagne  Noire  envoyait 
son  tribu. 


A 


754      JAOQUBMBT.  —  FORMATIONS  MIOCÈNES  DBS  BASSINS  DE  L'ÂTANG 

La  ligne  de  récifs  de  la  région  de  Quarante  qui  était  probable- 
ment presque  ininterrompue,  l'ensablement  continuel  de  la  zone 
côtière  analogue  à  ce  qui  se  produit  encore  de  nos  jours,  l'existence 
très  probable  de  dunes,  sont  avec  l'exhaussement  progressif  du  sol 
autant  de  facteurs  pour  l'établissement  d'étangs  saumâtres  comme 
il  en  existe  tant  à  notre  époque.  Je  crois  qu'il  a  dû  s'en  former 
deux,  un  oriental,  de  Saint-Guiraud  à  Pézenas,  et  l'autre,  occi- 
dental, dans  la  région  de  Quarante  et  Puysserguier  avec  un  troi- 
sième très  probablement  sur  le  territoire  actuel  de  Cruzy.  C'est  de 
cette  époque  également  que  date  le  calcaire  moellon  supérieur. 

Je  vais  étudier  successivement  toutes  les  formations. 

II.  Série  saumatre.  —  a)  Calcaire  moellon  supérieur.  —  A  Saint- 
PoDS-de  Mauchiens,  Montagnac,  Aumes,  Pézenas,  Nézignan-l'Evé- 
que,  Adissan,  Aspiran,  Paulhan,  etc.,  le  dernier  banc  de  calcaire 
gréseux  est  pétri  de  fossiles  identiques  à  ceux  de  la  mollasse 
marno-sableuse,  mais  à  faciès  plus  saumatre,  les  Gastéropodes 
abondent  et  Ton  commence  à  trouver  des  Potamides.  Ces  fossiles 
sont  à  l'état  de  moules,  mais  à  l'aide  des  contre-empreintes  il 
devient  facile  d'arriver  à  des  déterminations  précises  ;  d'ailleurs, 
en  certains  points,  les  fossiles  ont  conservé  leur  test.  Je  citerai, 
avec  des  dents  de  Poissons,  Potamides  papaveraceus  Bast,  Potamides 
lignitarum  Eich.,  Turritella  turris  Bast.,  T.  gradata  M  entre,  T.  corn- 
munis  Risso,  Cyprœa,  Tapes,  Venus,  Cardium,  Pecten,  Ostr&i,  etc. 
Souvent  les  dragées  de  quartz  commencent  à  apparaître  dans  le 
calcaire  moellon  saumatre. 

b)  Couches  saumâtres  de  Moussan  (Aude).  —  Entre  Marcorignan  et 
Moussan  (Aude),  vers  la  bergerie  du  Fresquet,  des  couches  sau- 
mâtres à  Potamides,  Turritella,  Ostrea,  Lithothamnium  se  trouvent 
immédiatement  au-dessous  des  sables  marins  à  Amphiope.  Le 
niveau  lacustre  n'est  pas  ici  représenté. 

c)  Calcaire  saumatre  de  Paviro.  —  M.  Miquel  a  parfaitement 
décrit,  à  Paviro,  près  de  Cruzy,  un  calcaire  rosé,  à  faune  d'abord 
marine,  puis  de  plus  en  plus  saumatre  avec  nombreux  fossiles  : 
Potamides  nombreux,  Cyclostomes,  Hélices  à  la  partie  supérieure, 
Murex,  Cardium  et  Turritelle  à  la  partie  inférieure. 

d)  Calcaires  saumâtres  de  Massacats.  —  C'est  encore  à  M.  Miquel 
que  nous  devons  l'étude  de  cette  couche  riche  en  petits  Gastéropodes. 
Hélices,  Cyclostomes,  dents  de  Poissons,  çtc.  Je  renvoie  à  son  étude 
du  Miocène  de  Capestang  pour  la  description. 

e)  Calcaires  et  marnes  à  Cérithes  de  Sainte- Agathe. —  M.  Miquel, 
dans  son  étude,  avait  comparé  cette  formation  aux  couches  sarma- 


D*  THAU,   DE  L'HÉRAULT,   DE  L'ORB   ET  DE  L'AUDE  755 

tiennes  de  la  Hongrie.  Je  crois  plutôt  qu'elles  doivent  rentrer  dans 
notre  série  saumâtre. 

f)  Marnes  de  la  Grenatière.  — Ces  marnes  situées  dans  la  commune 
de  Puysserguier  sont  remarquables  par  leurs  nombreux  fossiles 
saumâtres  ayant  conservé  leur  test  et  dans  un  parfait  état  de  conser- 
vation. Ces  couches  ont  été  étudiées  par  M.  Miquel.  Elles  con- 
tiennent :  Potamides  papaveraceus  Bast.,  P.  lignitarum  Eich.,  P. 
bidentatus  G  rat.,  Natica  millepunctata  Lam.,  Nassa  Dujardini  Des., 
Columbella  turunica  Maz.,  Murex  sublavata  Horn.,  M.  Basteroti 
Benoit.,  M.  coelata  Grat.,  M.  striée  for  mis,  Ostrea  crassissima  Lam. , 
Anomya,  Arca,  Corbula,  Cardita,  etc. 

g)  Manies  à  Potamides  des  Près  Dansayres.  —  Etudiées  par  M. 
Miquel,  dans  la  commune  de  Quarante,  extrêmement  riches  en 
Potamides,  Murex,  etc. 

h)  Marnes  bleues  à  Turritelles  et  à  flore  de  Pétulay.  —  Ces  marnes 
très  intéressantes  décrites  par  M.  Miquel  ont  été  placées  par  lui 
au  niveau  des  marnes  bleues  inférieures.  La  couleur  seule  pouvait 
prêter  à  confusion.  Je  suis,  pour  ma  part,  persuadé  que  leur  véri- 
table place  est  ici.  Elles  sont  fort  riches  en  Turritelles  et  présentent 
par  places,  dans  leurs  feuillets,  des  plantes  variées.  Cette  flore,  non 
encore  étudiée,  parait  devoir  être  d'un  grand  intérêt. 

i)  Calcaire  à  Turritelles  de  Gresan.  —  Situé  tout  près  du  récif 
d'Autignac,  ce  calcaire  est  rempli  ds  fossiles  ayant  plus  ou  moins 
conservé  leur  test  :  Turritella,  Conus,  etc. 

j)  Calcaire  saumâtre  de  Saint- Félix-de-Lodez.  —  Ce  calcaire  immé- 
diatement inférieur  au  calcaire  lacustre  contient  Cardium,  Turri- 
tella,  Cyclostoma,  etc. 

k)  Marnes  à  Potamides  de  Montpeyroux.  —  Non  loin  de  Saint-Félix- 
de-Lodez  des  marnes  bleues  surmontées  d'un  banc  épais  d' Ostrea 
sont  remplies  de  Gastéropodes  saumâtres  ainsi  que  de  Potamides 
lignitarum  et  P.  bidentatus.  La  faune  en  est  très  riche  mais  les 
échantillons  sont  parfois  d'une  conservation  assez  difficile. 

1)  Calcaire  saumâtre  de  Fontes.  —  Immédiatement  à  la  base  de  la 
couche  lacustre  le  calcaire  contient  des  Cardium  mêlés  aux  Cycl os- 
tomes  et  aux  Turritelles. 

III.  Calcaire  lacustre.  —  Ainsi  que  je  viens  de  le  montrer,  le 
faciès  saumâtre  est  extrêmement  répandu  dans  la  région  qui  fait 
l'objet  de  cette  étude.  Les  étangs  ayant  leurs  graus  souvent  obstrués 
par  les  sables,  n'étant  plus  en  communication  avec  la  mer  que  par 
les  gros  temps,  recevant,  d'autre  part,  les  apports  de  nombreux  ou 
de  puissants  cours  d'eau,  finirent  bientôt  par  se  transformer  en 


756      JACQUEMET.  —  FORMATIONS  MIOCÈNES  DES  BASSINS  DE  L  ÉTANG 

véritables  lacs  d'eau  douce,  qui  remplacèrent  ainsi  les-  étangs 
saumâtres  primitifs  ;  ainsi  se  constituèrent  le  lac  oriental  couvrant 
les  territoires  de  Saint-Guiraud,  Saint-Félix-de-Lodez,  Clermont- 
l'Hérault,  Nébian,  Aspiran,  Paulhan,  Adissan,  Fontes,  Caux,  Nizas, 
Pézenas,  Bassan,  Magalas,  etc.,  et  le  lac  occidental  de  la  région  de 
Quarante.  A  ceux-ci  ajoutons  le  petit  lac  de  Paviro. 

Ces  diverses  formations  ne  sont  probablement  pas  toutes  du 
même  âge,  les  phénomènes  qui  les  ont  produites  sont  si  complexes 
que  cela  se  comprend  facilement.  La  faune,  d'ailleurs,  est  loin  d'être 
partout  la  même.  Les  Hélix  apportés  parles  cours  d'eau  et  entraînés 
dans  les  crues  sont  variés  et  mériteraient  une  monographie  spéciale, 
malheureusement  ils  n'ont  pas  conservé  leur  test  et  l'étude  en  est 
dès  lors  fort  difficile.  Je  ne  connais  d'Hélix  avec  leur  test  qu'à 
Nebian  et  à  Aspiran,  mais  ils  sont  tellement  empâtés  dans  la  roche 
qu'ils  sont  fort  difficiles  à  extraire. 

IV.  Mollasse  blanche.  —  Au  niveau  des  couches  et  des  forma- 
tions saumâtres  on  rencontre  en  certains  points  des  mollasses 
blanchâtres  avec  fossiles  de  la  mollasse  marno-sableuse.  Quelques 
dragées  commencent  à  s'y  montrer  et  elles  sont  immédiatement 
recouvertes  par  la  formation  suivante. 

V.  Mollasse  a  dragées.  —  Si  dans  la  région  de  Montpellier  le 
calcaire  lacustre  semble,  d'après  M.  Roman,  terminer  l'étage 
Vindobonien,  dans  la  zone  qui  nous  occupe  la  mer  fit  une 
dernière  fois  irruption  et  ceci  coïncidant  avec  un  apport  plus 
considérable  de  galets  de  quartz,  elle  couvrit  de  la  mollasse  à 
dragées  toute  la  région  de  Pézenas  à  Fontes.  Ce  nom  de  mollasse  à 
dragées,  si  bien  donné  par  M.  de  Rouville,  caractérise  donc  un 
accident  local  d'une  réelle  importance. 

Cette  mollasse,  véritable  conglomérat  empâtant  des  fragments 
roulés  d'Ostrea  crassissima,  avec  des  morceaux  et  même  des  blocs  de 
couches  plus  anciennes  contient  une  faune  assez  importante,  mal- 
heureusement le  plus  souvent  indéterminable.  Toutefois  dans 
quelques  localités  elle  présente  un  intérêt  particulier  à  cause 
du  bon  état  de  ses  fossiles.  A  Fontes,  la  mollasse  à  dragées 
contient  une  grande  quantité  de  dents  de  Poissons  et  de  moules 
noirs  de  Gastéropodes,  à  Caux  les  fossiles  en  certains  points 
ont  conservé  leur  test.  On  y  rencontre  avec  d'énormes  Balanes,  des 
dents  de  Poissons  remarquables  par  leur  belle  conservation, 
Turritella  bicarinata  Eichw,  Nassa  miocenica  Mich.,  Spheronassa 
tnutabilis  Lin.,  Calyptrœa  deformis  Lamk.,  Arca  Breislaki  Bast., 
Tellina  planata  Linn.,  Dosinia  Adansoni  Phil.,  Cytherea  pedemontana 
Ag.,  Venus,  Léucinia}  Psammobia,  Cardium^  Donax,  etc. 


de  thau,  de  l'Hérault,  de  l'orb  et  de  l'aode  757 

VI.  Sables  a  Amphiope.  —  A  Saint-Félix  de  Lodez  et  à  Saint- 
Guiraud  (Hérault)  le  calcaire  lacustre  est  recouvert  par  des  sables 
à  dragées,  parfois  condensés  en  véritables  grès  employés  pour  la 
construction.  Ces  sables  contiennent  des  Ostrea  crassissima,  des 
Pecten,  mais  surtout  Amphiope  perspicillata  Ag.  et  une  abondance 
extraordinaire  de  Lithothamnium. 

A  la  bergerie  du  Fresquet,  entre  Moussan  et  Marcorignan  (Aude), 
des  sables  identiques  renferment  la  même  faune,  des  Amphiope 
bioculata  Ag.  et  de  nombreux  Lithothamnium  au  dessus  des  couches 
saumâtres  dont  j'ai  déjà  parlé. 

A  Paulhan  (Hérault)  des  grès  à  Lithothamnium  et  à  Ostrea 
crassissima  recouvrent  le  calcaire  lacustre. 

Je  n'hésite  pas,  bien  que  je  ne  les  ai  encore  que  peu  étudiés, 
à  placer  par  analogie  dans  le  Tortonien  supérieur  les  sables  à 
Amphiope  décrits  par  M.  Miquel  à  Cruzy  et  rangé  par  lui  dans 
l'Helvétien. 

C'est  après  cette  époque  qu'a  dû  se  placer  le  moment  du  maxi- 
mum d'émersion.  En  effet,  nous  retrouvons  les  couches  supérieures 
à  une  altitude  qui  dépasse  parfois  cent  mètres,  tandis  que  le  Pliocène 
marin  qui  vient  dégrader  le  Miocène  ne  dépasse  guère  dans 
la  région  une  altitude  de  quarante  mètres.  Cette  émersion  dont  je 
ne  puis  ici  étudier  la  cause  ne  s'est  pas  faite  sans  dénivellement 
parfois  assez  considérable  en  certains  points,  sans  failles  et  sans 
plis.  L'étude  de  la  tectonique  ne  rentrant  pas  dans  le  cadre  que  je 
me  suis  tracé,  je  ne  m'étendrai  pas  davantage  sur  ce  sujet. 

III.   —   PONTIQUE. 

Dans  toute  la  région  cet  étage  n'est  représenté  qu'à  Montredon 
sur  le  territoire  de  Montouliers  (Hérault).  Ces  couches  à  Hipparion 
gracile  et  à  Dinotherium  ont  été  trop  bien  décrites  par  M.  Depéret  et 
sont  trop  connues  pour  qu'il  soit  utile  d'y  revenir  dans  ce  travail. 

M.  Depéret  complète  la  communication  du  Dr  Jacquemet  en 
annonçant  l'existence  du  Burdigalien  supérieur  (1er  étage  méditer- 
ranéen) aux  environs  de  Béziers,  des  deux  côtés  de  l'anticlinal  oli- 
gocène de  Nissan,  au  nord  à  Brégines,  au  sud  dans  les  environs  de 
Lespignan.  Ici,  comme  aux  environs  de  Montpellier  et  dans  la 
vallée  du  Rhône,  le  Burdigalien  est  débordé  transgressivement  par 
le  2e  étage  méditerranéen  ou  Vindobonien,  qui  s'avance  beaucoup 
plus  loin  vers  le  nord  et  va  reposer  directement  sur  la  bordure 
secondaire  et  paléozoïque  de  la  Montagne  Noire. 


758  SÉANCE  DU  14  SEPTEMBRE  1899 

/ 

M.  Jacquemet  répond  que  si  dans  son  étude  il  a  évité  de 
parler  des  Brégines,  c'est  que,  frappé  de  la  grande  analogie  existant 
entre  le  Pecten  terebratuliformis  et  le  P.  TourncUi,  il  voulait  se  livrer 
à  de  nouvelles  recherches  avant  de  se  heurter  à  l'opinion  générale- 
ment admise. 

D'autre  part  il  a  trouvé  au  jardin  de  Viguier,  entre  Lespignan  et 
Vendres,  des  sables  jaunes  ferrugineux  à  Pecten  en  contact  avec  la 
mollasse  bleue  miocène  et  au  chemin  des  Tuillières,  entre  Lespi- 
gnan et  Nissan  une  mollasse  jaune  à  Pecten  en  contact  avec  des 
couches  marno-sableuses  à  Scutella  nov.  sp.  et  Amphiope  biocu- 
lata.  Jusqu'à  ces  derniers  jours  il  avait  attribué  ces  Pecten  à 
l'espèce  prsescabriusculus ,  mais  les  voyant  différents  du  type  et 
trouvant  obscurs  les  modes  de  contact  il  avait  ajourné  à  plus 
tard  leur  attribution  définitive. 

A  propos  d'une  discussion  qui  s'était  produite  à  la  précédente 
séance,  M.  Fourtau  conteste  que  la  Serpula  spirul&a  puisse  être 
caractéristique  du  Bartonien,  en  Egypte  elle  se  trouve  dans  une 
grande  partie  des  couches  éocènes.  M.  Carez  répond  que  les 
couches  de  Biarritz,  auxquelles  il  a  été  fait  allusion,  renferment  non 
seulement  cette  forme,  mais  toute  une  faune  qui  est  bien  carac- 
téristique du  Bartonien. 


Séance  du  14  Septembre  1899 

PRÉSIDENCE    DE    M.    J.    BERGERON,    PRÉSIDENT. 

La  séance  est  ouverte  à  huit  heures  et  demie,  à  l'hôtel  Lavit,  à 
Clermont-l'Hérault.  Le  procès-verbal  de  la  précédente  séance  est 
lu  et  adopté.  Le  Secrétaire  annonce  avoir  reçu,  pour  la  bibliothè- 
que de  la  Société,  deux  brochures  de  M.  Maistre  sur  Y  Algérie 
en  {899,  et  deux  autres  du  Dr  Jacquemet,  intitulées  :  Contribution 
à  Ntude  géologique  de  Vile  de  Crémieu  et  Catalogue  des  mollusques 
vivants  de  l'île  de  Crémieu. 

Au  sujet  d'une  opinion  de  M.  Berge ron,  rapportée  dans  le  procès- 
verbal,  M.  Dop  dit  que  pour  M.  Roussel  les  griottes  se  trouvent 
dans  le  Dévonien  inférieur  et  surtout  dans  le  Dévonien  supérieur. 


759 


COMPTE-RENDU  DE  L'EXCURSION  DU  12  SEPTEMBRE 
DANS  LA  RÉGION  DE  PÉZENAS  (1) 

par  M.  Ch.  DEPÉRET. 

Le  matin,  la  Société  s'est  rendue  en  voiture  à  Montagnac  pour 
observer  les  magnifiques  bancs  d'Ostrea  crassissima  qui  sont  inter- 
calés dans  les  marnes  blanches  à  Pecten  Fuchsi  de  l'étage  helvétien. 
Au-dessus  de  ce  niveau,  les  couches  deviennent  plus  sableuses, 
plus  jaunâtres  et  on  y  voit  s'intercaler  à  plusieurs  reprises  de  gros 
bancs calcaréo-gréseux  qui  sont  une  véritable  lumachelle  de  coquilles 
brisées  (calcaire  moellon).  Les  couches  plus  élevées  du  Miocène 
ont  disparu  ici  par  érosion. 

L'après-midi,  les  voilures  ont  conduit  la  Société  au  pied  du 
monticule  de  Saint-Siméon,  déjà  étudié  lors  de  la  Réunion  de  1869. 
On  y  observe  une  coupe  complète  du  Miocène  de  la  région,  com- 
prenant les  termes  suivants  de  bas  en  haut  :  1.  Marnes  bleues  à 
Pecten  Fuchsi;  2.  Mollasse  marno-gréseuse  jaune  à  moules  de 
Bivalves  ;  3.  Calcaire  laguno-lacustre  à  Hélix  Rebouli  ;  4.  Mollasse  à 
dragées  de  quartz,  avec  grosses  Ostrea  et  Cardium.  L'ensemble  de 
ces  assises  représente  tout  le  deuxième  étage  méditerranéen  ou 
Vindobonien,  dans  lequel  il  est  difficile  de  séparer  d'une  manière 
précise  les  sous-étages  helvétien  et  tortonien. 

A  la  hauteur  de  la  ferme  de  Saint-Palais,  on  a  pu  observer  que  le 
Miocène  était  profondément  raviné  suivant  une  surface  oblique  qui 
correspond  au  flanc  d'une  vallée  pliocène  creusée  jusqu'à  la  pro- 
fondeur du  thalweg  actuel  et  même  plus  bas.  Dans  cette  vallée  qui 
correspond  à  peu  près  au  ruisseau  du  Riège  actuel,  se  sont  accu- 
mulés des  limons  continentaux,  des  sables  et  des  graviers  ferru- 
gineux qui  ont  fourni  des  Mammifères  du  Pliocène  moyen  ou  de  la 
faune  de  Montpellier,  tels  que  Rhinocéros  leptorhinus,  Palœoryx 
Cordieri,  dont  la  Société  a  pu  admirer  de  magnifiques  restes  dans 
la  collection  Biche,  à  Pézenas.  M.  Laurent  Maurette  a  eu  la  chance 
de  découvrir  dans  les  limons,  sous  les  yeux  mêmes  de  la  Société, 
une  partie  de  mâchoire  de  Capreolus  australe. 

(1)  Je  donnerai  un  très  court  résumé  des  courses  aux  environs  de  Pézenas, 
parce  que  tous  les  faits  observés  par  la  Société  sont  déjà  décrits  en  détails  dans 
une  Note  récente  que  j'ai  publiée  sur  la  région  (B.  S.  G.  F.,  (3),  XXV),  note 
à  laquelle  je  renverrai  le  lecteur. 


760  J.    BERGERON.    —   EXCURSION    DU    13  SEPTEMBRE 

Ces  graviers  du  Pliocène  moyen,  couronnés  à  leur  sommet  par 
les  puissantes  nappes  de  galets  de  quartz  du  Pliocène  supérieur 
des  plateaux,  sont  à  leur  tour  profondément  ravinés,  entre  le 
château  du  Peyrat  et  Saint-Martial,  sur  la  rive  droite  du  Riège,  par 
une  nouvelle  formation  de  graviers  quartzeux  à  éléments  basal- 
tiques, alternant  avec  des  tufs  et  îles  cinérites,  et  avec  des  couches 
peu  épaisses  de  calcaire  lacustre  à  Limnées,  qui  remplissent  une 
cuvette  formée  aux  dépens  du  Pliocène  ancien,  sur  les  flancs  duquel 
les  tufs  basaltiques  s'appuient  sous  un  angle  assez  accentué.  Ces 
graviers  basaltiques  ont  fourni  aux  recherches  de  de  Grasset  et 
Biche  une  faune  pliocène  très  récente,  comprenant  Elephas  mendio- 
naiis,  Hippopotames  major,  Cervus  martialis,  Equus  sp.,  Bos  sp.  de 
l'extrême  fin  de  la  période  pliocène. 

Les  produits  de  projection  balsa  tiques  intercalés  dans  ces  couches 
proviennent  vraisemblablement  du  cratère  de  Valros,  que  la  Société 
a  visité  à  la  fin  de  la  journée.  On  y  observe  nettement  une  cheminée 
volcanique  dont  les  scories  ont  entraîné  des  fragments  volumineux 
d'argile  rouge  recuite  et  de  cailloutis  du  Pliocène  ancien,  pour 
s'épancher  au  dehors  sous  forme  d'un  basalte  scoriacé,  point  d'ori- 
gine de  la  coulée  qui  se  dirige  vers  le  sud-est  en  traversant  la 
ligne  ferrée  de  Pézenas. 


COMPTE-RENDU  DE  L'EXCURSION  DU  13  SEPTEMBRE 

par  M.  J.  BERGERON. 

La  Société  se  rend  de  Clermout-l'Hérault  à  Cabrières  en  voitures. 
Après  avoir  traversé  la  région  jurassique  qu'elle  étudiera  le  lende- 
main sous  la  conduite  de  M.  Nicklès,  elle  trouve,  au  niveau  de 
Villeneuvette,  le  Trias  typique  reposant  sur  des  couches  décolo- 
rations rouges  et  vertes  représentant  peut-être  la  partie  supérieure 
du  Rothliegende. 

Dessous  apparaissent  les  schistes  carbonifères  qui  vont  s'étendre 
jusqu'à  Cabrières  (1)  en  formant  la  plaine  de  Cadenas  sur  une  lon- 

(4)  Je  ne  puis  parler  de  Cabrières  sans  faire  une  mention  toute  spéciale  des 
longues  et  patientes  recherches  de  M .  Kscot  dans  les  terrains  paléolozoïques  de 
la  région.  C'est  grâce  à  lui  que  la  faune  des  différents  horizons  a  été  reconnue 
et  par  suite  beaucoup  des  progrès  réalisés  dans  ces  dernières  années  lui  sont 
dus.  Je  tiens  à  le  remercier  des  services  qu'il  m'a  rendus  personnellement  en 
m 'accompagnant  dans  les  nombreuses  courses  que  j'ai  faites  à  Cabrières 


EXCURSION  DU  13  SEPTEMBRE  761 

gueur  de  4  kilomètres  et  sur  une  largeur  de  1  kilomètre.  Cette 
plaine  est  bornée  au  nord  par  uo  massif  calcaire,  qui  n'est  autre 
chose  que  le  prolongement  oriental  du  Pic  de  Bissous.  Ce  dernier 
Sera  étudié  le  lendemain,  mais  on  peut  voir  déjà  que  la  crête  est 
formée  par  les  calcaires  dévoniens  redressés  à  la  verticale  et  même 
légèrement  déversés  vers  le  sud  ;  il  correspond  au  flanc  méridional 
d'un  anticlinal,  qui  comprend  tout  le  Dévonien,  les  lydiennes,  les 
calcaires  et  les  schistes  de  la  base  du  Carbonifère.  Le  tout  vient 
plonger  vers  le  sud  sous  les  schistes  carbonifères  de  la  plaine  de 
Cadenas. 

Celle-ci  est  bornée  vers  le  sud  par  un  massif  calcaire  qui  n'est 
autre  chose  qu'une  écaille  dont  la  partie  septentrionale  forme  la 
colline  de  Ballerades.  Cette  écaille  se  poursuit  vers  l'ouest  jusqu'à 
la  vallée  de  la  Boyne,  avec  une  composition  constante  :  à  la  base, 
des  schistes  ordoviciens  appartenant  à  un  horizon  quelconque 
reposant  indifféremment  sur  les  schistes  tournaisiens  ou  sur  les 
calcaires  viséens;  dessus,  les  dolomies  de  la  base  du  Dévonien; 
puis  les  couches  à  Spirifer  cultrijugatus,  les  calcaires  du  Givétien, 
enfin  le  Dévonien  supérieur  et  les  lydiennes  carbonifères  ;  mais 
ces  derniers  niveaux  sont  peu  développés. 

Le  Carbonifère  de  la  plaine  de  Cadenas  (Voir  PL  XIX)  est 
constitué  par  des  schistes  argileux,  parfois  très  plissés,  au  milieu 
desquels  se  rencontrent  des  bancs  de  grès  et  de  conglomérats  à 
éléments  noirs  et  blancs  de  lydienne  et  de  quartz.  C'est  la  même 
série  déjà  étudiée  par  la  Société  du  côté  du  Mont  Peyroux.  Par  places 
se  voient  des  Ilots  ou  plutôt  des  blocs  de  calcaire  à  Productus 
giganteus.  Us  sont  abondants  surtout  sous  les  écailles,  ce  qui 
s'explique  par  le  fait  qu'elles  les  ont  protégés  contre  les  érosions. 

Vers  l'ouest,  le  Carbonifère  de  la  plaine  de  Cadenas  s'appuie  sur 
l'extrémité  orientale  d'un  anticlinal  dit  du  Caragnas,  qui,  par  suite 
des  érosions  qu'il  a  subies,  montre  de  son  centre  à  sa  périphérie  le 
Dévonien  inférieur,  moyen,  supérieur  et  la  base  du  Carbonifère  ;  les 
schistes  tournaisiens  l'entourent  en  grande  partie.  C'est  un  anti- 
clinal en  place,  dans  lequel,  par  suite  des  compressions  qu'elles 
ont  subies,  toutes  les  assises  sont  devenues  schisteuses. 

Du  pont  de  la  Boyne,  la  société  voit  la  base  ordovicienne  de 
l'écaillé  de  Ballerades  reposant  sur  les  schistes  carbonifères  de 
l'extrémité  orientale  du  Caragnas  et  de  l'extrémité  occidentale  de 
la  plaine  de  Cadenas;  les  niveaux  supérieurs  ont  été  enlevés  par 
érosion  tout  le  long  de  la  rivière.  Vers  le  sud  se  dresse  une  série 
de  crêtes  à  flanc  septentrional  abrupt,  mais  à  flanc  méridional 


762  J.   BERGERON 

relativement  peu  incliné.  Toutes  ces  crêtes  correspondent  à  des 
accidents  que  la  société  va  étudier. 

Au  niveau  du  pont  apparaissent,  sur  les  deux  rives,  des  lambeaux 
de  calcaire  à  Produclus  giganteus;  vers  l'ouest  ils  sont  à  découvert, 
tandis  que  vers  Test  ils  disparaissent  en  partie  sous  les  schistes 
ordoviciens  de  l'écaillé  de  Ballerades. 

Sur  la  rive  droite  de  la  Boyne,  sur  le  flanc  oriental  du  Caragnas, 
se  profile  un  massif  tu  face  dit  de  l'Estabelle.  11  a  été  formé  par  une 
source  qui  vient  des  calcaires  dévoniens  du  massif  du  Caragnas, 
mais  qui  maintenant  est  intermittente;  il  doit  être  de  formation 
très  ancienne  :  M.  le  Dr  Jacquemet  y  a  trouvé  des  cavernes  avec 
restes  d'Ursus  spelœus. 

La  Société  prend  à  Cabrières  le  chemin  des  Crozes  qui  monte 
au  massif  de  Tourière  et  qui  passe  sur  le  Silurien  de  la  nappe  de 
recouvrement  jusqu'au  niveau  du  cimetière.  (Voir  fig.  3,  p.  670). 
Dessous  ce  sont  les  schistes  carbonifères.  Puis  la  route  continue 
sur  ces  derniers  avec  quelques  retours  de  schistes  siluriens,  s'appli- 
quant  contre  le  Caragnas.  Les  mêmes  schistes  siluriens  se  retrou- 
vent sur  la  rive  droite  du  Vallat  des  Clavies;  mais  au  milieu 
d'eux  émerge  une  bande  de  calcaire  à  Productus  giganteus,  dite 
écharpe  à  l'Espagnol  qui  remonte  vers  l'ouest  et  ne  disparaît  qu'au 
niveau  de  Tourière.  La  même  bande  se  poursuit  vers  Test  dans 
la  vallée  du  Bronc  (voir  Tectonique,  p.  672).  Elle  appartient  au 
substratum  carbonifère  et  n'apparaît  que  par  érosion.  Elle  fait 
d'ailleurs  saillie  par  suite  des  efforts  qui  ont  ridé  le  substratum. 

Au  col  de  Tourière  passe  un  filon  cuivreux  qui  vient  de  l'est,  du 
flanc  méridional  de  la  colline  de  Ballerades,  et  qui  se  prolonge 
encore  vers  l'ouest.  Il  est  postérieur  au  charriage  qui  nous  occupe, 
et  il  ne  semble  pas  que  la  cassure,  par  laquelle  il  est  venu,  soit  une 
faille  avec  dénivellation. 

A  ce  même  col  réapparaissent  les  schistes  siluriens;  ils  sont  de 
l'étage  de  Llandeilo  et  renferment  de  grands  tuttenstein  dans 
lesquels  les  membres  de  la  Société  n'ont  trouvé  que  quelques 
débris  informes  de  fossiles. 

En  descendant  vers  la  métairie  du  Temple,  la  Société  traverse  la 
base  de  la  nappe  de  recouvrement,  formée  de  schistes  ordoviciens 
riches  en  Didymograptus  et  en  Bouvillograptus.  C'est  dessus  que 
repose  le  massif  dévonien  de  Tourière. 

La  métairie  du  Temple  est  assise  sur  un  mamelon  qui  a  la 
composition  suivante  :  à  la  base  ce  sont  les  schistes  carbonifères 
sur  lesquels  reposent  des  calcaires  à  Pr oduc tus  giganteus  ;  cette 


EXCUR8I0N   DU   13  SEPTEMBRE  763 

série  est  en  place  et  forme  le  soubassement  de  la  colline.  Elle  est 
recouverte  par  des  schistes  ordoviciens  que  surmontent  immédia- 
tement les  dolomies  dévoniennes  qui  couronnent  le  monticule. 
C'est  un  lambeau  qui  se  rattache  à  la  grande  écaille  de  Bataille. 
Puis  la  Société  continuant  à  marcher  sur  le  substratum  carboni- 
fère, va  étudier  le  bord  septentrional  de  l'écaillé  du  Falgairas.  La 
série  silurienne  y  est  assez  complète,  ce  qui  est  rare  par  suite  des 
laminages  éprouvés  par  les  assises  constituant  les  écailles.  Vis  à 
vis  la  métairie  de  Lauriol  affleurent  les  grès  à  Lingula  Lesneuri  ; 
puis  plus  à  l'ouest,  non  loin  du  col  de  la  Gabelle,  se  voient  des 
calcaires  à  Caryocystites  Rouvillei  et  des  schistes  à  Orthis  Âctoniœ. 
La  Société  recueille  quelques  échantillons  de  plaques  de  Cystidées 
qui  ne  laissent  aucun  doute  sur  l'âge  du  dépôt. 

Le  déjeuner  est  servi  dans  un  jardin  mis  gracieusement  à  la 
disposition  de  la  Société,  par  M.  Rigaud,  propriétaire  à  Cabri  ères. 
Le  président  porte  la  santé  de  M.  Lenoir  qui,  il  y  a  trente  ans,  lors 
de  la  première  réunion  de  la  Société  à  Cabrières,  fonda  en  son 
honneur  1'  «  hôtel  des  géologues  ». 

Après  le  déjeuner,  la  Société  va  visiter  la  combe  Izarne;  la 
route  de  Fontes  qu'elle  suit  traverse  l'écharpe  à  l'Espagnol,  puis  la 
bande  de  Tourière-Japhet  (Voir  Tectonique,  p.  674).  Elle  passe 
ensuite  sur  les  schistes  carbonifères  qu'elle  ne  quittera  plus  qu'à 
l'entrée  de  la  combe  Izarne. 

Sur  la  rive  gauche  de  la  Boyne  s'étend  une  grande  plaine  carboni- 
fère en  place  ;  elle  est  bornée  vers  l'est  par  les  restes  de  l'écaillé 
de  Balader  ne  qui  n'est  autre  chose  que  le  prolongement  oriental 
de  l'écaillé  de  la  Serre. 

A  droite  de  la  route,  au-delà  du  pli  de  Tourière-Japhet,  s'étend 
la  vallée  de  Pitrous  occupée  par  le  Carbonifère  en  place  (Voir 
fig.  2,  p.  669).  Sur  la  rive  droite  du  ruisseau  de  Pitrous  affleurent 
quelques  blocs  de  calcaire  à  Productus  giganteus  pinces  dans  un 
pli  des  schistes  tournaisiens.  Au-dessus  affleurent  des  schistes  ordo- 
viciens qui  forment  la  base  du  massif  de  Bataille.  Ce  dernier  n'est 
en  réalité  qu'une  partie  de  l'écaillé  de  la  Serre,  ainsi  qu'il  sera 
démontré  plus  loin.  Sa  grande  masse  est  formée  des  dolomies  du 
Dévonien  inférieur.  Les  calcaires  givétiens  sont  redressés  à  la  ver- 
ticale et  forment  la  crête  de  la  colline.  Les  horizons  du  Dévonien 
supérieur  sont  peu  développés.  A  l'entrée  de  la  combe  Izarne,  sur 
la  rive  gauche  du  ruisseau,  il  y  a  un  gros  bloc  renfermant  les  hori- 
zons du  Dévonien  supérieur,  mais  il  ne  paraît  pas  être  en  place  ;  il 
serait  tombé  de  la  partie  supérieure.  D'ailleurs  le  flanc  oriental  du 
massif  de  Bataille  est  couvert  d'éboulis. 


764  J.  BERGEflON    —  EXCURSION  DU  13  SEPTEMBRE 

L'entrée  de  la  combe  Izarne  est  creusée  dans  les  schistes  tour- 
naisiens,  renfermant  quelques  lambeaux  de  calcaire  viséen  qui 
affleurent  au-dessus  de  la  route  de  Fontes.  C'est  à  une  altitude 
supérieure  qu'apparaissent  les  schistes  ordoviciens  de  la  base 
de  l'écaillé  de  1»  Serre.  Celle-ci  forme  le  flanc  droit  de  la  vallée 
(Voir  fig.  2,  p.  669). 

En  s'avançant  dans  la  combe,  la  route  de  Cabrières  à  Neffîez 
qui  en  suit  la  rive  droite,  s'élève  progressivement  dans  les  niveaux 
qui  forment  cette  dernière  écaille  ;  elle  passe  successivement  de 
l'Ordovicien  (étage  de  Llandeilo)  aux  dolomies  du  Dévonien  infé- 
rieur, au  calcaire  à  Spirifer  cultrijugatus  et  Calceola  sandalina, 
au  Givétien,  à  toutes  les  assises  du  Dévonien  supérieur.  Dans 
cette  région,  les  calcaires  à  Chiloceras  curvitpirui  et  à  Clyménies 
sont  particulièrement  riches  eu  fossiles.  La  rive  gauche  de  la  combe 
Izarne  n'est  pas  constituée  comme  la  rive  droite  :  elle  correspond 
à  la  plongée  méridionale  de  l'écaillé  de  Bataille  et  elle  est  formée 
par  des  calcaires  dévoniens  qui  semblent  s'enfoncer  sous  le  Car- 
bonifère et  sous  Técaille  de  la  Serre.  Mais  cette  série  dévonienne 
va  rejoindre  celle  de  la  rive  droite  vers  le  milieu  du  ravin  et  il 
est  facile  de  se  rendre  compte  que  la  Combe  Izarne  correspond  à  une 
ligne  de  rupture,  avec  affaissement  de  la  lèvre  septentrionale,  d'une 
seule  écaille  primitive  qui  comprenait  les  assises  de  la  Serre  et 
de  Bataille  ;  cette  écaille  unique  est  reconstituée  au  fond  de  la 
combe  Izarne  et,  en  la  suivant  sur  le  flanc  méridional  de  la 
colline  de  la  Serre,  on  retrouve,  sur  les  marbres  griottes  et  sur 
les  calcaires  gris  du  niveau  à  Cypridines,  les  lydiennes  et  les 
adinoles  de  la  base  du  Carbonifère,  que  surmontent  les  schistes 
tournaisiens  puis  les  calcaires  viséens. 

Une  faille  qui  passe  par  le  fond  de  la  combe  Izarne  met  en 
contact  avec  le  Carbonifère  de  la  partie  supérieure  du  massif  de  la 
Serre,  les  schistes  ordoviciens,  les  schistes  et  les  calcaires  gothlan- 
diens,  enfin  les  grès  et  les  calcaires  dévoniens  du  plateau  du  Fal. 
gairas.  Celui-ci  dépend  de  l'écaillé  de  Vailhan-Cabrières,  dont  la 
partie  orientale  faillée,  disloquée  et  érodée  constitue  les  écailles 
de  Bataille  et  de  la  Serre,  ainsi  que  les  massifs  de  Tourière  Japhet 
et  l'écaillé  de  Ba  liera  des  que  la  Société  vient  de  reconnaître. 

Du  sommet  de  la  colline  de  la  Serre  la  Société  peut  se  rendre 
compte  de  l'allure  des  couches  tertiaires  qui  forment  une  vaste 
plaine  s'appuyant  au  nord  contre  les  écailles  qui  bordent  le  massif 
paléozoïque. 


765 


COMPTE-RENDU  DE  L'EXCURSION  DU  14  SEPTEMBRE 


par  M.  J.  BERGERON. 


La  Société  se  rend  en  voitures  par  la  route  de  Clermont  à 
Bédarieux,  jusqu'au  niveau  du  Mas  du  Cantonnier,  au  nord  du  Pic 
de  Bissous.  Elle  traverse  ainsi,  à  partir  du  calvaire  de  Villeneuvette, 
dans  le  sens  de  sa  longueur,  le  flanc  méridional  de  l'anticlinal  qui 
forme  le  Pic  de  Bissous.  A  plusieurs  reprises,  la  route  coupe  les 
calcaires  à  Spirifer  cultrijugatus  ;  quant  aux  assises  supérieures, 
elles  se  trouvent  plus  au  sud,  bordant  la  plaine  de  Cadenas,  tantôt 
redressées  jusqu'à  la  verticale,  tantôt  déversées  vers  le  sud. 

Le  dévonien  ainsi  traversé  s'appuie  au  nord  sur  les  schistes 
ordoviciens  (niveaux  de  Trémadoc  et  de  l'Arenig).  Le  Gothlandien 
existerait  peut-être  à  l'état  de  lambeaux  de  faible  importance. 

L'ascension  du  flanc  septentrional  du  Pic  de  Bissous  commence 
dans  les  dolomies  du  Dévonien  inférieur.  Puis  apparaissent  les 
calcaires  blancs  cristallins  du  Givétien,  que  surmontent  des  cal- 
caires noirs  à  Gephyroceras  intumescens.  Il  y  a  un  pli  synclinal  au-delà 
duquel  réapparaît  le  calcaire  cristallin  blanc  du  Givétien,  sur  lequel 
la  Société  continuera  à  monter  jusqu'au  sommet  du  Pic.  La  strati- 
fication de  ces  calcaires  est  très  difficile  à  voir,  à  cause  de  leur  état 
cristallin  ;  de  plus  ils  se  fissurent  parallèlement  à  la  direction  géné- 
rale des  plis,  ce  qui  leur  donne  une  fausse  stratification. 

Du  sommet  du  Pic  de  Bissous  la  Société  a  sous  les  yeux  l'extré- 
mité orientale  de  la  Montagne  Noire.  Vers  le  nord  ce  sont,  au 
dernier  plan,  les  causses  jurassiques  qui  s'étendent  jusque  dans 
l'Aveyron.  Plus  près  ce  sont  les  dépôts  jurassiques  de  Mourèze.  Us 
sont  séparés  des  premiers  par  une  large  dépression,  que  l'on  pour- 
rait appeler  dépression  du  Salagou  et  qui  s'étend  des  environs  de 
Lodève  au  nord  jusqu'à  Salase  et  Liausson  au  sud.  Elle  a  été  creu- 
sée dans  les  marnes  rouges  du  Saxonien  supérieur  et  peut-être  du 
Zechstein.  Mais  les  terrains  jurassiques  se  reliaient  les  uns  aux 
autres.  Il  semble  d'ailleurs  que  la  dépression  en  question  corres- 
ponde à  une  région  particulièrement  riche  en  venues  basaltiques  ; 
elle  aurait  subi  de  nombreuses  dislocations  ayant  facilité  les 
érosions  et  c'est  après  que  celles-ci  auraient  fait  disparaître  eo 

*3  Aoûl  1901.  —  T.  XXVII.  Bull.  Soc.  Géol.  Fr.  -  49 


i766  J.    BERGERON 

partie  les  couches  jurassiques  que  les   coulées   basaltiques    se 
seraient  répandues  sur  les  marnes  permiennes. 

Vers  le  nord-ouest,  au-delà  de  la  région  jurassique  de  Bédarieux, 
ce  sont  les  plateaux  (pénéplaines)  gneissiques  du  Saumail  et  du 
Caroux  qu'entourent  les  schistes  métamorphiques.  C'est  par  suite 
d'un  effondrement  que  les  dépôts  jurassiques  se  trouvent  dans  cette 
région,  au  niveau  des  schistes  paléozoïques.  La  faille  qui   limite 
vers  le  sud  la  région  effondrée  passe  par  le  pied  du  Tantajo,  au 
sud  de  Bédarieux,  et  au  nord  de  Cabrières.  Elle  parait  avoir  inté- 
ressé un  anticlinal  paléozoïque.  Les  assises  siluriennes  qui  occu- 
pent l'axe  de  ce  pli  sont  très  plissées  et  elles  offrent  de  nom- 
breux exemples  d'étirement  et  de  disparition  d'horizons.  Les  assises 
supérieures  de  TOrdovicien  et  le  Gothlandieu  n'y  sont  pas  repré- 
sentés ;  on  n'y  connaît  que  les  schistes  de  Trémadoc,  les  schistes 
de  l'Arenig  inférieur  et  moyen  et  les  grès  de  TArenig  supérieur 
qui  constituent  le  massif  de  Boutoury.   Ils  plongent  sous  les  dolo- 
mies  du  Dévonien  inférieur,  qui,  en  se  prolongeant  vers  le  sud, 
forment  la  base  du  Pic  de  Bissous.  Celui-ci  correspond  au  flanc 
méridional  d'un  anticlinal  renversé,  ainsi  qu'il  résulte  des  super- 
positions que  la  société  est  à  même  de  constater  en  descendant 
à  Cabrières  (Voir  PI.  XIX)  :  le  Givétien,  avec  des  accidents  fer- 
rugineux qui  rappellent  ceux  du  Hartz,  repose  sur  des  calcaires 
rouges  à  Gephyroceras  intumescens  qui  recouvrent  ceux  à  Chiloceras 
curvispina.  La  série  continue  ainsi  dans  l'ordre  inverse  de  la 
superposition  normale  :  les  griottes  à  Clyménies,  les  calcaires  et 
schistes  du  niveau  à  Cypridines,  les   lydiennes  et    adinoles,   les 
calcaires  dits  calcaires  à  colonnes  et  les  schistes  tournaisiens.  Vers 
l'est  la  série  se  prolonge  assez  identique  à  elle-même,  jusqu'à 
Villeneuvette,  mais  les  couches  y  sont  moins  déversées  vers  le 
sud  qu'elles  ne  le  sont  au  Pic.  Vers  l'ouest,  au  Pic  de  Bissounel, 
les  calcaires  givétiens  sont  très  développés  ;  le  Dévonien  supérieur 
disparaît  graduellement  vers  l'ouest  sous   le  Givétien  renversé. 
Les  lydiennes  et  les  calcaires  tournaisiens  disparaissent  encore 
plus  tôt  vers  l'ouest.  Toute  la  succession  des  assises  dévoniennes 
repose  alors  sur  les  schistes  tournaisiens. 

Plus  vers  l'ouest,  au  delà  de  la  vallée  de  la  Boyne,  c'est  la  même 
série  qui  reprend,  mais  il  y  a  eu  encore  des  étirements  et  même 
des. disparitions  d'horizons. 

Au  sud  du  Pic  s'étend  la  plaine  carbonifère  de  Cadenas  qui  est 
recouverte  vers  le  sud  par  la  nappe  de  charriage  dont  les  ondula- 
tiqua  semblent  former  autant  de  vagues  qui  viennent  s'arrêter  ai| 


EXCURSION  DU   14  SEPTEMBRE  7ti? 

pied  du  Caraguas  et  du  Pic  de  Bissous.  Ainsi  que  je  l'ai  dit  plus 
haut  (p.  671),  ces  vagues  correspondent  en  réalité  à  des  plis  dans 
les  assises  carbonifères  du  substratum,  plis  qui  ont  amené  des 
étirements  dans  les  couches  de  la  nappe  qui  les  recouvre. 

Du  haut  du  Pic  on  se  rend  compte  de  la  grande  étendue  de  cette 
nappe  et  des  érosions  par  suite  desquelles  elle  est  actuellement 
morcelée  en  écailles.  On  a  la  confirmation  des  relations  énumérées 
plus  haut  entre  toutes  les  écailles. 

En  descendant  vers  Cabrières,  la  Société  recueille  sur  la  face 
méridionale  du  Pic,  des  fossiles  givétiens  et  au  col  de  l'Ane,  des 
débris  de  Glyphioceras  el  d'Orthocères  dans  les  nodules  des  lydiennes 
carbonifères.  Elle  traverse,  suivant  leur  épaisseur,  tous  les  étages 
précédemment  signalés. 

Les  schistes  tournaisiens  s'étendent  en  pente  douce  pour  former 
la  plaine  de  Cadenas  et  leur  allure  contraste  avec  celle  des  niveaux 
précédents  qui  forment  un  abrupt  vers  le  sud. 

Au  milieu  des  schistes  tournaisiens  se  trouvent  des  lambeaux  de 
grès  avec  débris  de  végétaux  et  blocs  de  calcaire  à  Productus  gigan- 
teus.  (Voir  PI.  XIX).  Tous  ces  lambeaux  correspondent  au  fond 
d'unsynclinal  pris  dans  les  plis  des  schistes  carbonifères  ;  ils  ont 
participé  au  renversement  du  Pic  vers  le  sud;  ce  sont  des  restes 
d'une  bande  plus  développée  autrefois  et  que  les  érosions  ont  fait 
disparaître  presque  en  totalité. 

Plus  bas,  toujours  sur  la  face  méridionale  du  Pic,  il  y  a  également, 
des  lambeaux  de  schistes  ordoviciens  pris  dans  les  schistes  carbo- 
nifères. Ils  appartiennent  à  la  base  de  l'écaillé  de  Ballerades,  base 
dont  la  Société  a  déjà  vu  un  lambeau  la  veille  sur  la  plaine  de 
Cadenas.  Ces  lambeaux  de  la  face  méridionale  du  Pic,  sont  à  une 
altitude  supérieure  à  celle  de  la  base  de  l'écaillé  de  Ballerades  ;  ils 
ont  été  renversés  avec  les  schistes  carbonifères  qui  les  entourent. 
Ce  fait  montre  la  postériorité  du  renversement  vers  le  sud,  des 
couches  du  Pic,  au  charriage  de  la  nappe  de  recouvrement.  J'ai 
déjà  dit  que  je  supposais  que  le  renversement  datait  de  la  fin  de 
l'Eocène. 

Par  suite  de  la  présence  de  schistes  carbonifères  autour  de 
lambeaux  ordoviciens  de  la  plaine  de  Cadenas,  plusieurs  membres 
de  la  Société  avaient  pensé  que  ces  derniers  étaient  en  place  et 
qu'il  y  avait  superposition  normale,  c'est-à-dire  que  le  Silurien 
pointait  à  travers  le  Carbonifère.  Mais  la  continuité  de  ces  schistes  ; 
ordoviciens  avec  ceux  de  récaille  de  Ballerades  ne  laisse  aucun 
doute  sur  le  recouvrement  du  Carbonifère. 


768  j.  bergeron 

Le  lambeau  ordovicien  le  plus  important  de  la  plaine  de  Cadenas 
est  traversé  par  un  filon  d'une  porphyrite  très  altérée  comparable 
à  celles  de  Gabian.  C'est  un  fait  qui  vient  confirmer  la  postériorité 
des  éruptions  de  porphyrite  aux  phénomènes  de  recouvrement. 

Après  le  déjeuner,  qui  a  encore  lieu  dans  le  jardin  mis  si  aima- 
blement  à  la  disposition  de  la  Société  par  M.  Rigaud,  la  Société 
gravit  la  colline  de  Mounio-Cabrières  (1).  Elle  franchit  la  bande  de 
calcaire  carbonifère,  dite  écharpe  à  l'Espagnol,  puis  les  schistes 
ordovfciens  de  la  base  de  l'écaillé  qui  s'étend  de  Tourière  aux 
collines  de  Japhet.  Sur  cet  Ordovicien,  reposent  les  dolomies  dévo- 
niennes.  Elles  sont  affectées  d'un  synclinal  dans  lequel   on   ne 
reconnaît  guère  que  les  calcaires  noirs  de  la  base  du  Dévonien 
supérieur.  Au  sommet  de  la  colline  de  Mounio-Cabrières  apparais- 
sent des  schistes  ordoviciens.  Us  correspondent  à  l'axe  d'un  anti- 
clinal qui  intéresse  l'écaillé  étudiée  et  l'a  soulevée  ;  c'est  par  suite 
d'érosions  dans  le  Dévonien  que  la  base  de  celle-ci  apparaît  au 
jour  (V.  p.  673). 

Dans  les  calcaires  dolomitiques  dévoniens  de  la  face  nord  de  la 
colline  de  Mounio,  il  y  a  un  filon  de  basalte  qui  «n  traversant  ces 
calcaires,  sans  doute  imprégnés  d'eau,  a  affecté  une  structure 
spéciale  :  ce  ne  sont  plus  des  cheminées  de  roche  compacte  comme 
dans  les  calcaires  jurassiques,  mais  elle  est  fragmentaire,  réduite 
pour  ainsi  dire  en  grenailles.  Au  point  de  vue  pétrographiquece 
basalte  a  les  caractères  suivants  :  le  fond  de  la  roche  est  formé  par 
un  verre  brun  avec  nombreux  cristaux  de  magnétite.  Sur  ce  fond 
se  détachent  des  cristaux  de  pyroxène  allongés  et  inaclés.  Le 
péridot  a  des  contours  assez  nets  et  il  ne  forme  pas  de  grands 
cristaux.  La  roche  appartient  au  type  des  basaltes  labradoriques 
déjà  vus  par  la  Société  ;  mais,  par  suite  d'un  refroidissement 
rapide,  les  microlites  de  feldspath  n'ont  pu  cristalliser. 

Pour  compléter  l'étudedes  plis  qui  affectent  l'écaillé  deCabrières, 
la  Société  se  rend  à  la  colline  de  Japhet  1  (Voir  PI.  XX).  Mais, 
chemin  faisant,  plusieurs  membres  de  la  Société  ayant  remarqué 
que  les  schistes  ordoviciens  formaient  une  bande  de  chaque  côté  de 
la  bande  de  calcaire  carbonifère  dite  écharpe  à  l'Espagnol,  émirent 
l'hypothèse  que  la  bande  ordovicienne  du  nord  avec  le  calcaire  à 
Productus,  formait  une  écaille,  tandis  que  la  bande  méridionale 
avec  le  Dévonien  qui  la  surmonte  en  formait  une  seconde.  Mais  ce 
calcaire  carbonifère  n'apparaît  que  par  suite  d'érosion  dans  une 

(4)  Pour  ce  qui  va  suivre  se  reporter  à  ce  qui  a  été  dit  plus  haut  de  la  barre 
calcaire  de  Tourière-Japtaet  (Voir  p.  671  et  suivantes). 


EXCURSION  DU   14  SEPTEMBRE  769 

bande  ordovicienne  unique.  Si  le  calcaire  à  Productus  fait  saillie, 
c'est  qu'il  a  été  refoulé  à  travers  l'écaillé  et  qu'il  y  a  formé  ainsi 
une  saillie  toute  préparée  à  subir  l'action  des  érosions.  Il  est 
impossible,  d'autre  part,  d'admettre  une  écaille  qui  serait  seule 
à  ne  pas  renfermer  de  Dévonien,  alors  que  c'est  l'élément  essen- 
tiel de  toutes  les  autres. 

La  colline  de  Japhet  I  (v.  p.  674),  suite  vers  l'est  du  massif  de 
Mounio,  présente  à  sa  face  nord  un  synclinal  qui  n'est  autre  que 
le  prolongement  de  celui  vu  à  Mounio.  Mais  dans  ce  synclinal  de 
Japhet,  plusieurs  termes  manquent  par  suite  de  laminage.  De  plus, 
il  y  a  renversement  des  couches  vers  le  nord.  Il  en  résulte  que  sur 
les  schistes  ordoviciens  de  la  base  de  l'écaillé,  reposent  directe- 
ment des  calcaires  noirs  qui  renferment  des  Chiloceras  curvispina 
puis  des  Geph.  intumescens.  Le  reste  du  Dévonien  est  complet.  Les 
couches  se  relèvent  peu  à  peu  et  les  calcaires  cristallins  blancs 
sont  redressés  à  la  verticale  ;  les  autres  assises  plongent  vers  le  nord. 

La  Société  a  pu  se  rendre  compte  dans  cette  dernière  excursion 
des  difficultés  d'interprétation  que  présente  l'étude  des  plis  dans 
les  écailles. 

M.  Miquel,  dont  l'opinion  diffère  de  celle  de  M.  Bergeron  sur 
divers  points,  présente  sa  manière  d'interpréter  quelques-unes  des 
coupes  que  nous  avons  pu  étudier. 

La  Société  géologique  a  vu,  dans  sa  course  du  9  Septembre,  à 
travers  la  vallée  de  l'Orb,  la  coupe  de  l'Escougoussou  et  du  Foulon. 

Cette  coupe  montre,  en  série  redressée,  avec  des  pendaisons  sud, 
régulières  pour  tous  les  étages  : 

1°  Le  grès  armoricain  à  Lingula  Lesueuri. 

2°  Des  schistes  à  Orlhis  et  Calymmene,  dit  Schistes  de  Boutoury. 

3°  Un  banc  compact  très  quartzeux. 

4°  La  série  des  dolomies  et  des  calcaires  dévoniens. 

Depuis  quelques  années  cette  coupe  m'avait  vivement  frappée, 
et  j'en  ai  publié,  dans  le  Bulletin  de  la  Société  d'Étude  des  Sciences 
naturelles  de  Béziers,  une  interprétation  nouvelle,  modifiant  les 
idées  admises  jusqu'ici  pour  la  constitution  de  la  série  silurienne 
de  la  Montagne  Noire. 

Le  banc  quartzeux  avait  été  considéré  comme  un  filon  de  quartz; 
les  schistes  de  Boutoury  avaient  été  donnés  par  tous  les  auteurs 
comme  représentant,  avec  l'Arenig  inférieur  ou  le  Trémadoc,  la 
base  de  la  géologie  de  Cabrières,  au-dessous  du  grès  armoricain. 

J'ai  publié,  il  y  a  deux  ans,  1°  que  le  banc  quartzeux  est  un  banc 


770  M1QUBL  ET  J.    BERGERON.   —  OBSERVATIONS 

degrés  sédimentaire  très  silicifié;  2°  que  les  schistes  de  Boutoury 
sont  supérieurs  au  grès  armoricain,  qu'ils  sont  ordoviciens  et  peu- 
vent être  considérés  comme  un  horizon  voisin  des  schistes  à 
Calymmene  de  Bretagne. 

La  Société  a  admis  mon  interprétation  pour  le  banc  quartzeux  ; 
mais  on  a  pensé  que  les  schistes  de  Boutoury  devaient  être  main- 
tenus dans  l'échelle  géologique  au-dessous  du  grès  armoricain. 

Malgré  ma  profonde  déférence  pour  mes  maîtres  de  la  Société 
géologique,  il  m'est  impossible  d'admettre  cette  manière  de  voir, 
qui  me  paraît  être  en  contradiction  avec  les  données  formelles  de 
la  pétrographie,  de  la  stratigraphie  et  surtout  de  la  paléontologie. 

Les  schistes  de  Boutoury  ont  des  caractères  lithologiques  très 
particuliers,  qu'il  est  impossible  de  confondre  avec  ceux  des 
assises  de  l'Arenig  inférieur  ou  Trémadoc  de  Saint-Pons,  de  Cassa- 
gnôles  ou  de  Saint-Chinian. 

La  stratigraphie  les  montre  partout  soit  dans  la  série  normale 
du  Foulon,  soit  dans  la  série  renversée  de  Boutoury  comme  supé- 
rieurs au  grès  armoricain. 

La  faune  est  encore  plus  probante,  elle  diffère  absolument  de 
celle  de  Trémadoc  et  ses  Calymmènes  ont  des  affinités  incontestables 
avec  celles  des  schistes  à  Calymmene  de  Bretagne. 

Je  maintiens  mon  interprétation  et  j'essayerai  de  la  faire  préva- 
loir dans  une  petite  note  que  j'enverrai  à  la  Société  à  ce  sujet. 

M.  J.  Bergeron  ne  peut  admettre  les  successions  signalées  par 
M.  Miquel.  Les  superpositions  observées  au  Foulon,  bien  que 
paraissant  normales,  ne  le  sont  pas;  il  y  a  en  ce  point  un  accident 
signalé  précédemment.  Au  contraire,  à  Boutoury,  les  superposi- 
tions sont  normales  et  il  ne  faut  pas,  parce  que  le  Pic  de  Cabrières 
est  situé  dans  le  voisinage  et  présente  un  renversement,  admettre 
que  toute  la  région  soit  bouleversée.  L'allure  normale  du  synclinal 
traversé  par  la  Société,  en  montant  sur  la  face  nord  du  pic,  synclinal 
qui  passe  entre  Boutoury  et  le  pic,  prouve  que  le  renversement 
des  couches  est  limité  à  une  région  étroite.  Pour  établir  l'ordre  de 
succession  stratigraphique  des  couches,  il  faut  avant  tout  tenir 
compte  des  faunes;  elles  sont  assez  bien  connues  maintenant  pour 
ne  plus  permettre  d'erreur. 


SUR  LA  TECTONIQUE  DES  TERRAINS  SECONDAIRES 
DANS   LA   RÉGION   DE  CLERMONT-L'HÉRAULT 

par  M.  René  NICKLÏiS 

Pour  bien  se  rendre  compte  de  la  structure  du  lambeau  secon- 
daire visité  sommairement  par  la  Société  au  retour  de  Cabrières, 
dans  l'a  près  midi  du  14  septembre,  il  est  nécessaire  de  se  reporter 
aux  indications  générales  qui  ont  été  données,  sur  l'allure  du  lam- 
beau de  Bédarieux  affaissé  par  rapport  au  horst  saillant  encore 
actuellement  et  comprenant  le  Piocb,  le  Saint-Amand  et  l'Escan- 
dorgue. 


^ 


HLM 

Flg.  tl.  —  Vue  de  la  région  comprise  entre  Salase  et  Mourexe. 
*t,  Bajocien  ;  /*,  Toarclen  ;  M-l,  Keuper;  t,-m.  Grès  trlasiqne  ;  r„  Permleo. 


On  a  vu  que  vers  l'est,  le  lambeau  secondaire  de  Bédarieux  à 
allure  presque  horizontale  se  ridait  en  devenant  plus  étroit  et  que 
ce  rideinent  devenait  des  plus  nets  vers  le  Mas  du  Rouet  et  Salase. 

Des  hauteurs  dominant  Salase  à  l'ouest  on  a  certainement  un  des 
plus  admirables  poiuts  de  vue  géologiques  qu'on  puisse  trouver. 
Faute  de  temps  il  n'a  pas  été  possible  a  la  Société  de  s'y  rendre. 


772       R.  NICKLÈS.  —  SUR  LA  TECTONIQUE  DES  TERRAINS  SECONDAIRES 

De  ce  point  on  a,  d'un  coup  d'œil  la  clef  du  lambeau  affaissé  et  ridé 
de  Mourèze.  La  fi  g.  11  calquée  sur  une  photographie  permet 
de  s'en  rendre  compte. 

Au  sud,  un  synclinal  assez  large,  suivi  au  nord  de  deux  anti- 
clinaux très  brusques  et  très  rapprochés  et  constitués,  ces  derniers 
par  les  dolomies  du  Dogger  ;  puis  immédiatement  une  faille  à  rejet 
considérable  les  séparant  du  Permien  et  des  conglomérats  inférieurs 
du  Trias  contre  lesquels  ils  viennent  buter.  La  partie  située  au 
nord  est  le  reste  du  horst  qui  domine  Salasc  et  qui  se  raccordait 
avec  le  mont  Saint-Amand  et  l'Escandorgue. 

En  se  rapprochant  de  Mourèze,  cette  grande  faille  qui  n'est  autre 
que  celle  qui  limite  au  nord  le  faisceau  de  Bédarieux,  dégénère  peu 
à  peu  en  flexure  monoclinale  à  pendage  sud,  et  laisse  alors  appa- 
raître successivement  les  étages  compris  entre  l'Infralias  et  le 
Bajocien  que  la  faille  avait  soustraits  à  la  surface  ;  elle  dévie  à  ce 
moment  vers  le  nord-est,  va  passer  au  col  de  Liausson  (sentier  de 
Liausson  à  Mourèze)  puis  redevient  faille,  faisant  disparaître  suc- 
cessivement les  étages  qui  s'étaient  montrés  momentanément,  au 
point  de  faire  buter  l'Infralias  contre  le  Permien  à  Liausson,  où  la 
faille  a  complètement  repris  depuis  le  col  sa  direction  ouest-est,  en 
suivant  le  pied  septentrional  de  la  montagne  de  Saint-Jean  d'Au- 
reilhan. 

Avant  Creissels  cette  faille  se  dirige  de  nouveau  au  nord-est,  sépa- 
rant la  partie  affaissée  (Bajocien  et  Toarcien)  de  l'Infralias  et  du 
Trias  qui,  bien  que  les  surplombant,  n'ont  plus  l'altitude  qu'ils 
avaient  précédemment,  et  paraissent,  par  suite,  former  un  palier 
intermédiaire  entra  le  horst  et  le  lambeau  affaissé. 

Vers  le  hameau  des  Bories  la  faille  semble  se  perdre  dans  les 
dolomies  ;  mais  à  très  peu  de  distance  latéralement  une  nouvelle 
faille  parait,  se  relevant  au  N.-N.-E.  et  jouant  le  même  rôle  que  la 
précédente,  séparant  le  Secondaire  du  Primaire. 

Cette  faille  se  poursuit  jusqu'à  la  gare  de  Rabieux  où  elle  dispa- 
raît sous  l'Infralias  en  flexure  de  Saint-Guiraud  et  de  Saint-Satur- 
nin, puis  reparaît  près  d 'Arboras  pour  se  prolonger  sur  la  feuille 
de  Saint-Affrique  et  du  Vigan,  séparant  les  hauteurs  de  Sainte- 
Baudille  et  de  la  Séranne  de  la  région  affaissée  du  sud-est. 

Cette  faille,  tantôt  faille,  tantôt  flexure  monoclinale,  a  donc  une 
grande  importance  :  elle  est  certainement  un  accident  de  premier 
ordre  dans  la  tectonique  de  la  région. 


DANS   LA  RÉGION   DE  CLfcRMONT  L'HÉRAULT  773 

Limite  méridionale  du  lambeau 

Nous  avons  vu,  d'autre  part,  que  le  lambeau  affaissé  de  Bédarieux 
était  limité  au  sud  par  une  grande  faille  qui,  partant  de  la 
Vernière,  s'infléchit  de  l'ouest  à  Test  au  pied  du  Tantajo,  pour 
disparaître  sous  les  basaltes  et  les  graviers  pliocènes  dans  la  région 
de  la  Braunhe. 

De  ce  point  jusqu'au  sud  de  Salasc  où  réapparaît  la  faille,  la 
direction  n'est  pas  sensiblement  modifiée  :  on  la  revoit  après  le 
Mas  du  Rouet,  à  l'avant-dernier  lacet  de  la  route  montant  de 
Clermont  l'Hérault  jusqu'au  sud  de  Mourèze;  sa  direction  rectiligne 
n'y  est  pas  sensiblement  modifiée:  l'observation  des  couches  permet 
d'ajouter  qu'au  synclinal  sud  du  lambeau  fortement  ridé  en  ce 
point,  venait  s'adjoindre  un  anticlinal  dont  le  flanc  sud  butait 
contre  la  faille  :  les  couches  respectées  par  l'érosion  à  l'avant- 
dernier  lacet  de  la  route  présentent  en  effet  un  plongement  au  sud 
qui  deviendra  très  brusque  en  se  rapprochant  de  Mourèze  et 
éliminera  à  l'est  immédiat  de  Mourèze  toute  trace  de  cet  anticlinal 
qui  semble  pourtant  reparaître  plus  à  Test,  au  nord  de  Clermont- 
l'Hérault. 

Mais,  à  partir  du  nord-ouest  de  Villeneuvette  la  faille  disparaît, 
et  c'est  alors  qu'apparaissent  les  écailles  de  Notre-Dame  du  Peyrou, 
que  je  vais  chercher  à  décrire. 

Ecailles  de  Glermont-l'Hérault 

1°  Lorsqu'on  se  dirige  à  quelques  centaines  de  mètres  au  nord- 
ouest  de  Notre-Dame  du  Peyrou,  près  de  ClermoDt-l'Hérault,  on  voit 
la  masse  de  dolomies  infraliasiques  formant  le  flanc  sud  de  l'anti- 
clinal du  lambeau  ridé  dont  je  viens  de  parler.  Dans  le  petit  vallon 
qui  le  précède,  au  sud,  les  marnes  bariolées  du  Keuper  reposent 
sur  l'Infralias  :  C'est  la  base  d'une  première  écaille. 

En  ce  point,  sans  doute  par  suite  de  l'élirement,  les  marnes  sont 
peu  épaisses  ;  mais  leur  épaisseur  augmente  rapidement,  ou  tout 
au  moins  leur  surface,  et  on  peut  les  retrouver  constamment  au 
pied  méridional  des  escarpements  infraliasiques  qui  séparent  le 
Peyrou  de  Creissels.  Elles  se  présentent  toujours  plus  ou  moins 
inclinées,  mais  recouvrant  toujours  l'Infralias  depuis  les  environs 
du  Peyrou  jusqu'au  col  de  la  route  de  Clermont  à  Lodève,  près  du 
hameau  des  Bories.  Les  éboulis  de  face  les  masquent  souvent  ;  mais 
partout  où  j'ai  pu  les  voir  soit  dans  des  excavations,  soit  dans  les 
ravins  qui  les  entament»  j'ai  toujours  constaté  cette  disposition. 


774       R.  NICKLÈS.  —  SUR  LA  TECTONIQUE  DES  TERRAINS  SECONDAIRES 


Elles  sont  surmontées  par  une  masse  réduite  d'épaisseur  consti- 
tuée par  de  l'Infralias  et  du  Charmouthien  et  en  certains  points  du 
Toarcien  :  c'est  la  partie  supérieure  de  cette  première  écaille. 

La  masse  rocheuse  à  laquelle  la  chapelle  du  Peyrou  est  adossée 
est  formée  d'Iofralias,  peut-être  de  Charmouthien  plongeant  faible- 
ment vers  le  sud-est  ;  plus  loin, 
au  centre  de  la  plaine,  l'Infralias 
supporte  le  Charmouthien  fossi- 
lifère très  réduit  mais  nettement 
reconnaissable  par  la  présence 
de  Harpoceras  niteseen*,  Penta- 
crinus  et  des  nombreuses  Bélem- 
nites  fréquentes  dans  cet  étage. 
Au-dessus,  à  quelque  distance, 
un  lambeau  de  Toarcien  à  Cœlo- 
ceras  crassum. 

2°  La  chapelle  du  Peyrou  est 
donc  construite  sur  l'Infralias, 
sur  le  bord  septentrional  de  la 
route  de  Villeneuvette  ;  or,  sur 
le  bord  méridional  de  la  même 
route,  —  presque  au  même  point, 
—  on  retrouve  le  Keuper  à  quel- 
ques mètres  supportant  de  nou- 
veau un  lambeau  important 
d'Infralias  et  de  Charmouthien 


x„ ^ 


Fig.  12.  — Cartedes  écailles  de  Clermont- 
l'Hérault.  -  Echelle  1/65 .000*  environ 

I,  Première  écaille;  II,  Deuxième  écaille; 
III,  Troisième  écaille;  K,  Keuper;  i, 
Iofralias;  c/i,  Cha  r  mou  tien  ;  to,  Toar- 
cien . 


surmontés  par  le  Toarcien.  C'est 
la  deuxième  écaille.  A  proximité  de  la  chapelle  l'Infralias  et  le  Char- 
mouthien sont  redressés  assez  fortement;  mais  plus  loin  ils  devien- 
nent momentanément  presque  horizontaux  et  les  tranches  de  cette 

deuxième  écaille, tra- 
versant le  sentier  qui 
ramène  à  Clermont, 
semblent  s'enfoncer 
dans  le  Keuper  sous 
la  masse  infraliasi- 
que  de  la  troisième 
écaille. 

11  semble  que  l'on 
doive  rattacher  à 
cette  deuxième  écaille,  les  lambeaux  de  Keuper  qui,  au  milieu  de 


Fig.  13.  —  Coupe  des  écailles  de  Clermont  l'Hérault 
sur  la  route  de  Lodève.  —  Echelle  1/10.000* 

Même  légende  que  pour  la  flg.  12. 


DANS  LA  RÉGION   DE  CLERMONT-l'HÉRAULT  775 

la  plaine,  à  l'ouest  de  Clermont,  recouvrent  successivement  Infra- 
lias,  Charmoutbien  et  Toarcien  (ce  dernier  visible,  notamment  au 
bord  de  la  route  de  Clermont  à  Lodève,  au  point  où  j'ai  recueilli 
Cœloceras  crassum.  En  ce  point,  la  coupe  est  la  suivante:  La 
deuxième  écaille  très  réduite  repose  sur  le  Toarcien,  et  n'est  consti- 
tuée en  ce  point  que  par  le  Keuper  et  l'Infralias  qui  porte  les  traces 
d'un  laminage  intense,  et  supporte  le  Keuper  et  l'Infralias  de  la 
troisième  écaille. 

Les  roches  calcaires  et  dolomitiques  des  deux  premières  écailles 
sont  très  fortement  impressionnées,  fissurées  et  recimentées  en 
tous  sens  :  celles  de  la  troisième  écaille  paraissent  au  contraire 
avoir  été  moins  éprouvées. 

3°  Au-dessus  de  ce  deuxième  lambeau  de  recouvrement  se  dresse 
la  masse  des  hauteurs  infraliasiques  qui  séparent  la  chapelle  du 
Peyrou  de  Nébian  :  c'est  la  troisième  et  dernière  écaille  que  je  dési- 
gnerai sous  le  nom  d'écaillé  de  Nébian.  Elle  surmonte  bien  la  pré- 
cédente, parce  qu'on  voit  le  Toarcien  de  cette  dernière  s'enfoncer 
sous  le  Keuper  et  l'Infralias  situé  au  sud  ;  parce  que  l'Infralias  du 
deuxième  lambeau  vient  en  tranches  relevées  au  travers  du  sentier 
se  noyer  dans  le  Keuper  sous  l'Infralias,  au  nord  ;  parce  qu'enfin 
sur  la  route  de  Lodève,  dans  le  prolongement  de  la  deuxième 
écaille,  on  voit  nettement  le  deuxième  lambeau  disparaître  sous  le 
troisième,  ainsi  que  l'indique  la  figure  13. 

Cette  troisième  écaille,  la  plus  étendue,  mérite  d'être  étudiée  de 
près,  dans  son  étendue  et  dans  son  allure. 

SI  IB  lLD.du  P*jr«n  NO. 


Fig.  14. —  Ecailles  de  Clermont-l'Hérault  entre  Nébian  et  Notre-Dame  du  Peyrou. 

-  Echelle  1/35.000» 

Même  légende  que  pour  la  flg.  12. 

Ecaille  de  Nébian.  —  On  a  vu  vers  le  nord-ouest,  la  masse  du 
Keuper  et  de  l'Infralias  constituant  la  troisième  écaille  reposer  en, 
série  normale  sur  la  deuxième.  Lorsqu'on  franchit  l'abrupt  qu'elle 
présente  au-dessus  de  la  chapelle  du  Peyrou,  on  chemine  pendant 
quelque  temps  sur  l'Infralias  en  couches  à  peu  près  horizontales  ;. 


776       R.  NICKLÈS.  —  SUR  LA  TECTONIQUE  DES  TERRAINS  SECONDAIRES 

puis  en  redescendant  vers  Nébian,  on  ne  tarde  pas  à  rencontrer  au- 
dessous  un  affleurement  à  peu  près  périphérique  de  Keuper.  Cet  affleu- 
rement, d'épaisseur  variable,  supporte  l'Infralias  et  repose  lui- 
même  sur  un  lambeau  d'Infralias  qui  forme  la  partie  supérieure  de 
la  deuxième  écaille. 

Du  point  où  cet  affleurement  domine  Nébian  jusqu'au  col  du 
sentier  de  Nébian  à  Villeneuvette,  on  peut  la  suivre  très  facilement  : 
la  nature  plus  meuble  du  sol  y  est  utilisée  pour  la  culture;  mais 
dans  cette  partie  le  Keuper  est  bordé  par  un  repli  transversal  du 
lambeau. 

Le  liseré  devient  beaucoup  plus  difficile  à  suivre  entre  le  point  où 
il  domine  Nébian,  et  la  propriété  de  Fontenilles  ;  il  a  été,  par  l'éti- 
rement,  considérablement  réduit  dans  son  épaisseur.  On  n'a  la 
preuve  de  son  existence  que  dans  les  cargneules  que  Ton  rencontre 
très  fréquemment  dans  cette  partie  où  la  culture  en  terrasses  vient 
encore  masquer  les  affleurements  des  coucbes.  La  teinte  rouge  de 
la' terre  dans  ces  terrasses  ne  peut  être  une  indication  suffisante, 
puisqu'on  la  retrouve  dans  les  éboulis  du  fond  des  ravins,  sur  l'In- 
fralias. 

A  la  propriété  de  Fontenilles,  le  Keuper  prend  un  développement 
considérable,  comme  si  enlevé  au  sud,  il  avait  été  accumulé  en  ce 
point  par  le  charriage,  puis  le  lambeau  triasique  vient  mourir 
contre  une  surface  verticale  portant  les  traces  d'un  frottement 
puissant,  où  les  couches  infraliasiques  sont  fortement  redressées  et 
contre  laquelle  viennent  buter,  en  la  contournant,  les  couches  hori- 
zontales de  même  âge  avec  Cypricardia  cf.  lœvigata  Terq. 

C'est,  suivant  toute  probabilité,  une  saillie  de  la  deuxième  écaille 
que  n'a  pu  abattre  la  troisième,  venue  après  ;  la  troisième  écaille  l'a 
peut-être  surmontée  et  franchie  en  passant  au-dessus  des  couches 
redressées  entre  lesquelles  est  actuellement  construit  Cleraiont- 
l'Hérault,  pour  disparaître  plus  tard  par  érosion  :  ceci  n'est  qu'une 
hypothèse,  mais  ce  qui  paraît  certain,  c'est  que  la  partie  affaissée 
seule  de  la  troisième  écaille  a  persisté  et  se  voit  encore  au  col 
entre  Clermont  et  Fontenilles.  Le  prolongement  au  nord  de  cette 
troisième  écaille  se  voit  au  nord  de  Clermont  dans  la  figure  13 
| route  de  Clermont  à  Lodève). 

L'étude  des  surfaces  de  frottement  qu'on  observe  à  la  partie 
supérieure  des  écailles  semble  indiquer,  lorsqu'on  les  compare 
entre  elles,  que  le  mouvement  général  de  progression  des  lambeaux 
a  dû  être  dirigé  du  sud  au  nord,  et  non  comme  cela  avait  été  ma 
première  impression  du  sud-est  au  nord-ouest  :  dès  lors  il  est 


DANS   LA   REGION   DE  CLBRMONT-l'hÉRAULT  77? 

facile  de  comprendre  comment  la  rencontre  de  ces  lambeaux  avec 
le  faisceau  ridé  de  Mourèze  amène  une  complication  extrême  dans 
l'allure  des  couches  au  col  des  Bories  :  c'est  une  conséquence  de 
l'obliquité  des  deux  directions,  Tune  par  rapport  à  l'autre,  la 
rencontre  ayant  dû  se  faire  sous  un  angle  d'environ  50  degrés. 

Au  col  des  Bories,  les  trois  écailles  deviennent  pour  ainsi  dire 
inextricables  par  suite  de  l'extrême  réduction  des  affleurements  ; 
cependant  près  de  Saint  Barthélémy  on  en  retrouve  encore  des 
traces  manifestes  :  l'Infralias  et  le  Charmouthien  dolomitiques 
plongent  vers  le  sud  sous  le  Keuper  recouvert  au  sud  par  l'Infralias, 
le  Charmouthien  et  le  Toarcien  (Harpoceras  faleiferum,  Cœloceras 
subai-matum  à  la  chapelle  de  Saint-Sixte). 

C'est  vers  ce  point  que  la  faille  nord  du  lambeau  de  Mourèze,  ou 
la  bordure  du  horst  qui  le  domine  au  nord,  prend  la  direction 
N.-N.-O.  :  l'action  des  lambeaux  de  recouvrement,  si  elle  a  existé 
plus  au  nord,  a  donc  été  encore  plus  oblique:  fait  de  nature  à 
expliquer  certains* contacts  anormaux  de  la  région  de  Rabieux  et 
la  faille  inverse  du  Roc  des  Vierges. 

A  ces  indications  sur  la  tectonique  de  la  région  de  Clermont- 
l'Hérault  il  convient  peut-être  d'ajouter  quelques  remarques  strati- 
graphiques  :  la  série  secondaire  est  facile  à  discerner  dans  ses 
diverses  assises  qui  présentent  le  même  aspect  que  dans  les  régions 
précédemment  décrites. 

Toutefois  le  Charmouthien  parait  avoir  un  développement  plus 
considérable,  dû  à  la  présence  de  calcaires  marneux  exploités  à 
Clermont-l'Hérault  pour  la  fabrication  de  la  chaux  hydraulique  : 
ces  calcaires,  d'après  des  échantillons  recueillis  par  M.  Cance, 
directeur  de  cette  mine,  présentent  parfois  des  Pectense  rapportant 
à  Pecten  cf.  Hehlii  d'Orb.  Ce  faciès  remarquablement  développé  à 
Clermont-l'Hérault  est  relativement  rare  dans  les  régions  étudiées 
par  la  Société  :  les  couches  à  //.  nitescens  se  retrouvent  au  contraire 
en  divers  endroits  (Bédarieux,  etc.)  à  ce  niveau  on  pourrait  ratta- 
cher les  couches  à  Gryphea  de  Mourèze. 

Quant  au  Toarcien  il  se  présente  constamment  avec  l'aspect  de 
marnes  bleuâtres  avec  Ammonites  pyriteuses. 

Le  Bajocien  est  presque  toujours  dolomitique. 


978  AJLMERA.   —  OBSERVATIONS 

M.  Aimera  fait  remarquer  l'analogie  de  constitution  surtout 
d'après  la  coupe  donnée,  par  M.  Depéret,  de  Saint  Siméon  au  vallon 
du  Riège,  du  Miocène  de  cette  région  de  l'Hérault  et  de  celui  du 
Panades  dans  son  bord  nord-ouest.  Là,  la  constitution  est  la  sui- 
vante : 

1.  Calcaire  à  Echinides  (Echinolampas  hemisphericus  Agassiz) 
surmonté  par  des  marnes  bleues  plus  ou  moins  sableuses  et  mica- 
cées devenant  jaunes  par  altération  avec  Pereirœa  Gervaisi  Véz., 
Pleurotoma  asperulata  Lk.,  Pecten  Fuchsi  Font.,  P.  subpleuronectes 
d'Orb.,  Lucina  catalaunica  A.  et  B.yTrocltocyatu$  lalerocristatus  E.  A., 
etc. 

2.  Mollasse  gréso- calcaire  passant  à  la  lumachelle,  parfois  à  un 
calcaire  cristallin  très  dur.  Il  est  rempli  de  débris  de  fossiles 
fragmentés,  de  Lithothamnium,  de  Polypiers  (Heliastrœa  Defrancei 
E.  H.,  H.  Ellisiana  Defrance)  :  elle  constitue  de  véritables  récifs 
frangeants  de  la  mer  miocène.  C'est  le  niveau  qui  renferme  Venus 
Aglaurœ  en  grande  quantité. 

3.  Calcaire  lacustre  à  Hélix.  Au-dessus  vient  une  intercalation  de 
calcaire  lacustre  qui  implique  la  retirée  momentanée  de  la  mer.  Ce 
calcaire  est  bleu,  marneux,  sableux  et  il  contient  à  la  base,  Cerithium 
bidentatum  Grat.  et  plus  haut  Melania  cf.  Toumoueri,  Micromelania? 
sp.,  Melanopsis  sp.,  Valvata  sp.,  Planorbis  sp.,  Hélix  Gualinoi  Mich., 
Hélix  sp.,  Cyclostoma  du  type  de  Tudora,  etc. 

4.  Dépôt  mollassique  caillouteux  qui  correspond  à  la  mollasse 
à  dragées.  Il  est  caractérisé  par  l'abondance  de  graviers  de  quartz 
blanc.  Il  contient  un  banc  assez  épais  de  Ostrea  crassissima,  0.  gin- 
genstSy  0.  digitalina,  Cardium  (diverses  espèces),  Turritella,  etc.,  qui 
indique  nettement  la  régression  de  la  mer  dans  le  Panades. 

5.  Dépôt  de  graviers  qui,  à  Torrellas  de  Foix,  prend  un  dévelop- 
pement extraordinaire.  Il  est  constitué  par  des  argiles  sableuses  et 
des  graviers  rougeâtres  formant  des  couches  plongeant  vers  le  nord- 
ouest  et  butant  contre  le  Trias;  dans  un  niveau  supérieur  ils  passent 
à  un  conglomérat.  Ce  dépôt  qui  présente  près  de  80  mètres  de  puis- 
sance paraît  représenter  le  Pliocène  lacustre  (Plaisancien,  A  s  tien) 
du  pays  ;  d'ailleurs  le  Pliocène  marin  est  bien  caractérisé  dans  la 
vallée  du  Llobregat,  comme  l'a  pu  remarquer  la  Société  dans  sa 
réunion  extraordinaire  de  Barcelone  Tannée  dernière. 


779 


NOTE  SUR  LES  TERRAINS  PALÉOZOÏQUES  D'ESPAGNE 

par  M.  A.  DERE1MS 

M.  Bergeron  nous  a  montré  que  le  Cambrien  et  le  Silurien  étaient 
très  développés  sur  le  versant  méridional  de  la  Montagne  Noire.  Les 
mers  cambrienne  et  silurienne  s'étendaient  plus  ou  moins  large- 
ment vers  le  sud,  recouvrant  une  partie  de  laMeseta  espagnole  où 
elles  ont  laissé  des  sédiments  très  puissants;  ces  assises  sont 
caractérisées  par  une  faune  présentant  avec  celle  de  la  Montagne  Noire 
les  plus  grandes  analogies. 

Dans  la  chaîne  ibérique,  un  peu  au  nord  de  Daroca,  à  Murero  et 
à  Romanos,  le  Cambrien  et  le  Silurien  sont  faciles  à  étudier  et  assez 
riches  en  fossiles;  ils  forment  un  anticlinal  dont  Taxe  est  occupé 
par  les  schistes  et  les  quarlzitesde  l'Acadien  ;  le  Géorgien  n'affleure 
nulle  part  dans  la  région.  La  faune  acadiennne  est  caractérisée  par 
les  Paradoxides  rugulosus  de  grande  taille  et  les  Conocoryphe  Heberti 
et  Conoc.  coronata;  d'après  M.  Bergeron,  qui  m'a  aidé  de  ses  conseils 
et  qui  a  vérifié  mes  déterminations,  cette  faune  est  identique  à  celle 
delà  Montagne  Noire. 

Sur  l'Acadien  reposent  en  concordance  des  schistes  potsdamiens 
non  fossilifères,  surmontés  par  une  série  silurienne  présentant  les 
subdivisions  suivantes  : 

1°  Schistes  arec  nodules  (non  fossilifères). 

2°  Grès  armoricains  à  Lingules. 

3°  Schistes  à  Calymmene  Tris t an t. 

4*  Quartzites  et  schistes  à  Orthis  Actonite. 

5*  Calcaire  à  Cystydés  et  schistes  à  Orthis. 

6°  Schistes  ardoisiers  avec  quelques  rares  Âcidaspis  Buchi. 

7°  Quartzites  très  puissants,  riches  en  BUobites. 
Gothlandibn   {    8°  Schistes  avec  calcaires  à  Cardin  la  in  1er  ru/ Un  et  Orlko- 

ceras. 

Dans  la  chaîne  hispanique,  sur  le  bord  oriental  de  la  Meseta,  les 
schistes  gothlandiens  sont  très  développés  et  riches  eu  Graptolites 
(Moriograptus  priodon,  Mon.  Becheria). 

Cette  série  présentedonc,  comme  M.  Bergeron  me  Ta  faitobserver 
en  1893,  les  plus  grandes  analogies  avec  celle  de  la  Montagne 
Noire  :  les  mêmes  mers  s'étendaient  certainement  sur  les  deux 
régions. 

Sur  le  flanc  oriental  de  1  anticlinal  de  Murero  et  de  Romanos- 


Ordovicien 


780  R.   N1GKLÈS.    -    EXCURSION   AU   ROC  DBS  VIERGES 

repose  le  Dévonien  inférieur  très  fossilifère,  facile  à  étudier  aux 
environs  de  Nogueras.   Le    Dévonien,    en  concordance    sur    le 
Gothlandien,  est  formé  par  des  quartzites,  des  schistes  et  des 
calcaires  riches  en  Trilobites  et  en  Brachiopodes  caractéristiques  de 
la  faune  de  Néhou.  De  Verneuil  a,  le  premier,  signalé  l'existence 
de  cette  faune  et  a  montré  les  analogies  qu'elle  présentait  avec  celle 
du  Dévonien  inférieur  de  l'Ouest  de  la  France;  les  nombreux 
fossiles  que  j'ai  recueillis  confirment  les  idées  émises  par  de  Ver- 
neuil, et  d'après  notre  savant  confrère  M.  D.-P.  GEhlert  il  y  a  identité 
de  faune  entre  ces  deux  régions  si  éloignées  :  ce  sont  les  mêmes 
espèces,  la  même  association  d'espèces,  le  même  faciès  minéralo- 
gique.  A  l'époque  du  Dévonien  inférieur,  c'était  donc  la  même 
mer  qui  recouvrait  l'Ouest  de  la  France  et  l'Est  de  la  Meseta. 

Les  dépôts  primaires  plus  récents  n'affleurent  pas  dans  le  sud  de 
l'Aragon;  le  Trias,  et  parfois  les  assises  miocènes,  reposent  en 
discordance  sur  le  Silurien  et  le  Dévonien  inférieur. 


Séance  du  I g»  Septembre  1899 

PRÉSIDENCE  DE  M.  J.  BERGERON  ,  PRÉSIDENT 

La  Société  a  tenu  sa  réunion  de  clôture  à  Saint-Jean  de  la  Bla- 
quière.  A  une  heure  le  président  déclare  la  séance  ouverte  et  donne 
la  parole  à  M.  Nicklès. 

EXCURSION   AU  ROC  DES  VIERGES 
par  M.  René  NICKLÈS 

Le  Roc  des  Vierges,  qui  s'élève  entre  Saint-Jean  de  la  Blaquière 
et  Saint-Saturnin  et  que  Ton  aperçoit  de  toute  la  région  environ- 
nante, est  particulièrement  intéressant  par  sa  situation  géologique  : 
à  l'extrême  sud  du  plateau  du*  Larzac  dont  il  semble  encore  faire 
partie,  et  à  proximité  du  prolongement  de  la  région  affaissée  qui 
vient  d'être  étudiée  depuis  Bédarieux. 

Lorsqu'on  en  fait  l'ascension  depuis  Saint-Saturnin  on  traverse 
d'abord  les  dolomies  et  calcaires  dolomitiques  roses  attribués  au 
Bajocien-Bathonien  présentant  un  plongement  très  rapide  vers 


EXCURSION    AU    HOC  DES    V1EHGE8 


781 


l'est.  C'est  d'ailleurs  l'allure  que  présentent  les  couches  secondaires 
qui  s'étendent  depuis  Arboras  jusqu'à  Rabieux  et  même  au-delà  du 
Lergue  :  la  disposition  est  tout-à-fait  celle  d'une  flexure  monocli- 
nale  :  le  pendage  très  rapide  à  l'est  où  il  disparaît  sous  le  Tertiaire, 
s'affaiblit  peu  à  peu  et  les  strates  ne  tardent  pas,  en  se  rapprochant 
de  l'ouest,  à  devenir  horizontales. 

Le  Roc  des  Vierges  situé  à  l'extrême  sud  du  Larzac  en  fait  partie, 
mais  légèrement  affaissé  par  rapport  à  lui,  constitue  une  sorte  de 
palier  limité  au  col  qui  le  sépare  du  Puech-Bouisson  dont  les 
dolomies  infraliasiques  sont  à  la  même  altitude  que  son  Bajo- 
cien  :  sa  base  constituée  par  le  Permien  (ruffe)  supporte  le  Trias 
et  le  Jurassique  inférieur  et  moyen,  depuis  les  grès  trîasiques 
jusqu'aux  roches  dolomitiques  du  Bajocien  dont  les  aspects  ruioi- 
formes  lui  ont  valu  sa  réputation. 

Ce  n'était  donc  pas  la  constitution  géologique  du  Roc  des  Vierges 
qui  attirail  la  Société  géologique,  mais  surtout  par  suite  de  sa 
situation  à  l'extrême  sud  du  Larzac,  l'étude  du  contact  du  pla- 
teau et  de  la  zone  plissée  du  sud  et  du  sud -est. 

Pour  se  rendre  compte  de  la  structure  géologique  des  environs 
du  Roc  des  Vierges,  il  est  préférable  de  partir  de  la  gare  de  Rabieux 
et  de  se  diriger  vers  cette  montagne,  en  examinant  la  structure  de 
l'arête  qui  sépare  la  vallée  de  l'Aguarel  de  la  plaine  de  Saint-Satur- 
nin. Pour  des  raisons  pratiques  il  n'a  pas  été  possible  de  faire 
suivre  à  la  Société  cet  itinéraire  trop  long  et  trop  fatigant  :  c'est 
cependant  celui  que  je  vais  adopter  ici  (lig.  1$). 


Flg.   i.'i.   —  Coupe  près  de  la   gare  de  Rabieux.  —  Echelle  1/15.000' 
r„  Permien;  T,  Grès  Musique»;  K,  Keuper;  i,  Infrallaa. 

Lorsqu'on  étudie  la  pointe  méridionale  de  l'arête  de  Rabieux,  au 
défilé  du  Lergue,  on  voit  qu'elle  est  constituée  par  une  flexure 
monoclinale  des  calcaires  de  l'Infralias.  Un  peu  au  nord,  sur  la 
rive  droite  du  Lergue.  l'Infralias  et  le  Trias  très  réduit  butent  par 
faille  presque  verticale  contre  le  Permien  :  c'est  la  continuation  de 

30  Aont  1901     -  T.   XXVII.  Bull.  Soc.  (Mol.  Kr.   -  50 


782 


R.    N1CKLÈS 


la  grande  faille  de  La  Tour  (nord  de  Bédarieux)  :  comme  précédem- 
ment le  Secondaire  au  sud-est  est  affaissé  par  rapport  au  Primaire 
au  nord-ouest. 

Du  peu  plus  au  nord,  à  300  mètres  environ  de  la  gare  de  Rabieux, 
la  faille  se  rapproche  de  l'arête  :  les  grès  triasiques  retournés  pres- 
que à  la  verticale  viennent  buter  contre  les  marnes  keupérieunes 
horizontales  et  ne  tardent  pas  à  être  recouvertes  par  elles,  surmon- 
tées par  l'Infralias  également  horizontal:  on  est  en  présence  d'un 
lambeau  de  recouvrement  qui  non  seulement  dépasse  les  grès  tria- 
siques sur  les  tranches  desquelles  il  repose,  mais  franchit  la  faille 
et  va  reposer  horizontalement  sur  le  Permien  ayant  toujours  la 
même  composition,  c'est-à-dire  le  Keuper  à  la  base,  l'Infralias  au- 
dessus,  et  plus  loin  vers  le  Haut  Mont  le  Charmouthien  au  sommet. 
Il  y  a  toutefois  cette  légère  différence,  que  le  Keuper  n'est  plus  aussi 
puissant  que  précédemment  mais  d'épaisseur  très  variable,  très 
aminci,  réduit  presque  à  rien  par  places,  plus  épais  en  d'autres  points, 
bien  que  les  éboulis  empêchent  souvent  d'apprécier  cette  épaisseur* 
Ce  contact  anormal  a  été  indiqué  sur  sa  carte  par  M.  de  Rouville, 
abstraction  faite  du  Keuper  qui  n'est  par  représenté,  fait  d'ailleurs 

parfaitementcom- 
préhensible,  puis- 
que la  représen- 
tation graphique 
exacte  du  Keuper 
sur  la  carte  d'Etat- 
Major  se  réduit 
tout  au  plus  à 
l'épaisseur  d'un 
trait  de  crayon 
sur  une  partie  des 
affleurements. 

Cette  structure 
d'un  lambeau  de 
Keuper  et  Infra- 
lias  recouvrant  le  Permien  se  poursuit  jusqu'au  pied  du  Roc  des 
Vierges,  un  peu  au  sud  «  des  Geyssières  ». 

Les  Geyssières.  —  Ici  la  structure  se  complique  :  la  coupe  ci- 
dessus  donne  une  idée  de  ce  que  l'on  voit  :  sur  le  Permien  rouge  lie- 
de-vin  qui  forme  le  fond  de  la  vallée,  reposent  presque  horizonta- 
lement des  marnes  keupériennes  gypsifères  qui  ont  été  l'objet 
d'exploitation  pour  la  fabrication  du  plâtre.  Mais,  au-dessus  de  ce 


•  •  GcyaaiAra» 


n 


Fig.  16.  —  Coupe  des  Geyssières.  —  Echelle  1/20.000*  env. 
Même  légende  que  pour  la  figure  15. 


EXCURStON  AU  ROC  DES  VIERGES  783 

gisement  qui  s'étend  sur  une  longueur  de  près  de  un  kilomètre,  on 
trouve,  non  l'Infralias,  mais  le  grès  triasique  inférieur  au  Keuper. 
Ce  grès  ne  saurait  être  confondu  avec  le  grès  infraliasique  :  sa  cou- 
leur rose,  son  aspect  scintillant,  les  bancs  de  marne  gréseuse  lie-de- 
vin intercalés  lui  donnent  un  aspect  identique  au  grès  triasique  que 
l'on  peut  observer  en  place  dans  les  environs  :  il  y  a  donc  renver- 
sement (fi  g.  16). 

Au-dessus  de  ce  grès,  en  s'avançant  vers  le  nord,  on  voit  une 
petite  dépression  couverte  d'éboulis,  s'élargissant  peu  à  peu,  et 
aboutissant  bientôt  à  un  affleurement  considérable  de  Keuper  (1) 
gypsifère  recouvert  partout  par  l'Infralias  ;  en  arrivant  sur  le  chemin 
du  Roc  des  Vierges,  au  col  qui  sépare  la  vallée  de  l'Aguarel  de  la 
vallée  d'Arboras  et  en  regardant  du  côté  de  Rabieux,  la  convergence 
des  affleurements  vers  les  Geyssières  est  frappante  ;  et  la  réduction 
progressive  du  Keuper  par  étirement,  vers  le  sud,  explique  comment 
le  Keuper  compris  entre  les  grès  et  l'Infralias  passe  inaperçu  près 
des  Geyssières,  sous  les  éboulis  à  flanc  de  coteau  par  suite  de  son 
extrême  diminution  d'épaisseur.  Le  même  fait  se  produit  d'ailleurs 
pour  les  grès  triasiques  qui  s'amincissent  vers  le  sud  et  disparaissent 
vers  le  Haut  Mont,  laissant  alors  llnfralias  reposer  sur  le  Keuper  et 
le  Permien  comme  nous  l'avons  vu  précédemment. 

Nous  avions  vu  à  Rabieux  le  Trias  gréseux,  en  tranches  presque 
verticales,  s'enfoncer  sous  le  Keuper  et  l'Infralias  horizontaux  ;  ici 
nous  voyons  réapparaître  sous 
le  même  lambeau  de  recou- 
vrement le  même  Trias  gré- 
seux mais  renversé.  La  figure 
ci-contre  donne  l'aspect  des       ^    N  ,  \   "    v    \       x  ^ 

affleurements  pris  depuis  la         v  v  »   *      <        v  -         N      ^ 
pointe  méridionale  du    Roc     Flg#  17.  __  Aspecl  de9  affleurements  des 

des  Vierges  (fig.  17).  Geyssières.  —  Echelle  1/40.000-  env. 

Les    grès  triasiques    domi-       ru  Permien  ;T,  Grès  triasiques  ;  K,  Keuper; 
Al      „         .,  A    .,  .,  i,  Infralias;  cA,  Charmouthlen. 

nant  les  Geyssières  sont  d  ail- 
leurs plus  complets  que  dans  le  lambeau  de  Rabieux  :  leur  compo- 
sition est  de  tous  points  semblable  à  celle  des  mêmes  couches  non 
disloquées  aux  abords  de  Larzac.  On  y  retrouve  les  grès  scintillants, 
les  couches  argilo-gréseuses  lie-de-vin,  les  grès  mouchetés,  les  cou- 
ches argilo-gréseuses  bariolées,  finement  litées  et  renfermant  par 
places  des  empreintes  de  cubes  de  sel  gemme  (2),  que  Ton  retrouve 

(1)  Ce  n'est  qu'après  la  clôture  de  la  Réunion  que  j'ai  pu  trouver  en  ce  point 
d'anciennes  traces  d'exploitation  de  gypse. 

(2)  Je  dois  la  connaissance  de  ce  fait  au  coup  d'œil  exercé  de  M.  Depéret. 


!••  0«j»ii>p— 


78î 


NICKLÈS 


sur  le  pourtour  méridional  du  Larzac,  au  même  niveau,  jusqu'aux 
environs  du  Vigan  et  de  Saint-Afrique  (1).  Ou  est  donc  bien  en  pré- 
sence du  Trias  gréseux,  inférieur  au  Keuper,  et  d'âge  encore  incer- 
tain comme  on  l'a  vu  précédemment  ;  à  ces  grès  viennent  s'associer, 
vers  le  milieu,  des  bancs  dolomitiques  qui  paraissent  se  rattacher 
aux  couches  analogues  de  Gabian,  classées  par  M.  de  Rouville, 
daus  le  Muschelkalk,  et  en  ayant  d'ailleurs  tout  à  (ait  l'aspect. 

Le  col  des  Geyssières.  —  Au  col  des  Geyssières  en  suivant  le  che- 
min on  passe  brus- 
quement du  Keuper 
au  Toarcien.  En  des- 
cendant dans  la  val- 
lée d'Arboras  on  voit 
qu'on    est    en    pré- 
sence d'une  faille  in- 
verse ainsi  disposée. 
Le   Keuper  vient 
buter  au  col  contre 
leToarcieo  ;  plus  bas, 
les  dolomies  et   les 
grès  de  la  partie  infé- 
rieure du  Tria?  butent  contre  le  Toarcien  d'abord,  et  plus  bas  contre 
le  Charmoulhien  (fig.  18). 
On  est  en  présence  d'une  faille  inverse  pouvant  expliquer  le  ren- 
versement des  Geyssières  :  en 
effet,  si  le  Trias  gréseux  etdolo- 
mitique  repose  aux  Geyssières 
sur  le  Keuper,  sa  succession 
y  parait  normale  et  n'est  pas 
doublée  comme  dans  un  pli 
couché  complet  ;  il  y  a  donc  là 
simplement  un  lambeau  sou- 
levé et  amené  par  faille  inverse 
liés  oblique  à  reposer  sur  le  Keuper  plus  récent  que  lui. 

Celte  faille  inverse  se  poursuit  jusque  vers  le  fond  de  la  vallée  où 
elle  est  masquée  par  les  broussailles  et  les  éboulis. 

De  l'autre  côté  de  la  vallée  elle  devient  plus  difficile  à  voir  et 
semble  se  perdre  en  faisant  buter  Infralias  cou  tre  Infralias  :  témoin 
un  point  sur  la  route  d'Arboras  à  la  Vacquerie  où  l'on  peut  voir 

(I)  Constatation  fuite,  depuis  la  Réunion. 


Flg.  49.  —  Coupe  prise  sur  la  route 

«t'Arborai    A    la    Vacquerie.    —   Echelle 

1/aQO'  environ. 


EXCURSION  AU  ROC  DES   VIRRGES  785 

(fig.  19),  riofralias  recouvrir  ses  propres  tranches,  toujours  dans 
le  prolongement  de  la  faille  inverse.  Il  se  peut  aussi  que  cette 
faille  inverse  soit  subdivisée  en  plusieurs  autres  de  rejet  moin- 
dre que  Ton  peut  observer  vers  le  fond  du  ravin  d 'Arboras,  le 
long  du  chemin  du  Bas. 

Partout,  d'ailleurs,  les  couches  à  proximité  de  cette  faille  sont 
froissées  à  un  degré  extrême,  souvent  bréchoïdes,  recimentées 
par  des  veines  irrégulières  de  calcite  les  parcourant  en  tous 
sens.  Elles  sont  devenues  dolomitiques  souvent  dans  l'Infralias, 
très  fréquemment  dans  le  Charmouthien  et  le  Bajocien.  Elles 
sont  souvent  méconnaissables  et  d'autres  fois  fragmentées  en  parai - 
lélipipèdes  dans  les  plaquettes  de  l'Infralias. 

Conclusions.  —  Malgré  les  hésitations  que  j'ai  traversées  en  cher- 
chant une  explication  rationnelle  de  ces  faits,  et  malgré  la  défiance 
que  je  me  suis  imposée  d'expliquer  les  contacts  anormaux  par  des 
lambeaux  de  recouvrement,  je  me  vois  ici  encore  obligé  d'avoir 
recours  à  cette  hypothèse.  On  a  vu,  à  Clermont-l'Hérault,  la  lame 
de  charriage  se  rapprocher  peu  à  peu  du  lambeau  ridé  de  Mourèze, 
le  joindre  au  col  des  Bories  sous  un  angle  de  50°.  A  partir  de  ce 
point  la  direction  de  la  faille  qui  le  limite  au  nord-ouest  s'infléchit 
vers  le  nord  et  prend  sensiblement  la  direction  de  N.  15°  E.  C'est 
dire  que  si  le  mouvement  de  la  lame  de  charriage  a  continué  à  être 
orienté  sud-nord  comme  tout  semble  l'indiquer,  l'attaque  de  la 
bordure  méridionale  du  horst  par  la  lame  de  charriage  a  dû  se 
faire  sous  un  angle  de  15°,  très  faible  par  conséquent  :  l'obliquité 
de  l'attaque  a  permis  plus  facilement  à  la  la  me  de  charriage  d'esca- 
lader la  bordure  du  plateau. 

A  en  juger  par  l'état  de  dislocation  des  couches  aux  environs  du 
Roc  des  Vierges  et  dans  la  partie  comprise  entre  la  faille  et  le 
Puech  Bouissou,  la  lame  de  charriage  a  dû  déborder  sur  la  région 
occupée  par  la  vallée  de  l'Aguarel  en  y  présentant  un  état  extrême 
de  dislocation  qui  a  facilité  plus  tard  son  déblayage  par  les  agents 
atmosphériques. 

A  partir  de  la  gare  de  Rabieux  jusqu'au  pied  du  Roc  des  Vierges, 
le  lambeau  de  charriage  dépasse  la  faille  et  va  reposer  sur  le  Per- 
mien  de  la  partie  exhaussée  ;  le  contact  anormal  est  horizontal  ; 
plus  loin,  aux  Geyssières,  la  faille  reparaît  au  jour  et  la  lame  de 
charriage  semble  persister  dans  la  région  nord  d 'Arboras,  n'empié- 
tant plus  alors  sur  la  partie  surélevée  dont  eile  reste  séparée  par  la 
grande  faille  qui  aboutit  au  pied  de  la  Séranne. 


786  R.   NICKLÈS 

Ainsi  donc,  depuis  la  région  de  Clermont  l'Hérault  jusqu'aux 
environs  d'Arboras  et  peut-être  plus  loin,  on  aurait,  au  pied  du 
Larzac,  limité  au  sud  par  la  grande  faille  de  Latour,  Liausson, 
Rabieux  et  le  Roc  des  Vierges,  une  lame  de  charriage,  dont  le  mou- 
vement aurait  été  orienté  sud-nord,  et  qui  aurait  par  places  empiété 
(de  Rabieux  au  Roc  des  Vierges)  sur  la  bordure  parfois  affaissée  du 
horst  comme  c'est  le  cas  pour  le  Roc  des  Vierges. 

Or  il  est  probable  que  ces  accidents  se  sont  encore  manifestés 
plus  loin,  au  nord-est.  A  Saint-Jean  de  Buëges,  en  effet,  M.  Fabre  a 
constaté  l'existence  des  marnes  irisées  du  Trias  sur  le  Toarcien  (1). 
D'autre  part  à  Brissac,  près  de  Ganges,  on  peut  voir  un  lambeau  de 
Tithonique  reposant  par  faille  inverse  sur  les  couches  de  Berrias  : 
bien  que  l'inclinaison  de  la  faille  soit  peu  accusée  il  semble  qu'on 
soit  ici  encore  comme  à  Saint-Jean  de  Buèges  en  présence  du  pro- 
longement des  accidents  étudiés  à  Clermont  l'Hérault,  au  pied  du 
Roc  des  Vierges. 

En  résumé  cette  bande  de  dislocations  internes  qui  apparaît  de 
temps  en  temps  sous  le  Tertiaire  supérieur  et  le  Pleistocène  présente 
une  extension  considérable  :  en  examinant  sur  la  carte  les  lambeaux 
disloqués  de  Saint-Chinian,  de  Fouzilhon,  de  Clermont,  de  Saint- 
Saturnin  et  de  Saint-Jean  de  Buèges  on  voit  qu'on  est  en  présence 
d'affleurements  divers  de  la  portion  septentrionale  d'un  même 
faisceau  qui  vient  montrer  au  jour  des  phénomènes  de  recouvrement 
sur  une  longueur  de  plus  de  Ï00  kilomètres  à  vol  d'oiseau. 

Si  cette  structure  d'une  extension  si  remarquable  paraît  diminuer 
et  même  disparaître  vers  Ganges,  il  se  peut  qu'il  faille  l'attribuer 
à  ce  que  la  bordure  du  Plateau  central,  du  massif  résistant,  est 
dans  cette  région  considérablement  reculée  au  nord.  Dans  ces  con- 
ditions, la  compression  latérale  ayant  pu  exercer  son  action  sur 
une  surface  peu  vaste,  se  serait  bornée  à  produire  des  plis  et  des 
failles  relativement  simples  et  n'aurait  plus  été  jusqu'à  provoquer 
la  formation  de  lambeaux  de  recouvrement. 

Mais  il  serait  également  possible  que  cette  région  qui  s'étend 
au  nord  est  de  Ganges  dans  la  direction  de  l'Ardèche  et  qui  pré- 
sente au  moins  dans  la  région  de  SaiotHippolyte  du  Fort  des 
((  Klippe  »  très  accusés,  ne  soit  que  le  prolongement  des  phéno- 
mènes de  charriage  observés  au  sud-ouest  (Clermont  l'Hérault,  etc.). 
Les  travaux  récents  de  M.  Quareau  sur  les  «  Klippe  »  d'Iberg 
(Schwyz)  permettent  en  effet  de  ne  pas  écarter  cette  hypothèse  à 
priori. 

(1)  B.  S.  G.  F.,  (3),  XI,  p.  93. 


EXCURSION  AU   ROC  DBS   VIERGES  787 

D'ailleurs,  au  col  des  Bories,  près  de  Clermont-l'Hérault,  au 
point  où  les  lambeaux  de  charriage  ont  été  fortement  pressés  par 
la  faille  de  Rabieux,  on  voit  apparaître  progressivement  des  îlots 
calcaires  à  surfaces  de  frottement  inclinées  d'abord,  puis  verti- 
cales à  mesure  qu'on  se  dirige  au  nord-est  et  finissant  par  cons- 
tituer un  ensemble  hétérogène  d'Ilots  calcaires  émergeant,  sans 
aucun  ordre  appréciable,  des  terrains  marneux  (Toarcien,  Char- 
mouthien,  Keuper)  environnants,  méritant  par  suite  l'application 
du  terme  de  «  Klippe  ». 

Si  cette  manière  de  voir  se  vérifiait  un  jour  les  phénomènes  de 
charriage  s'étendraient  beaucoup  plus  loin  vers  le  nord-est,  et 
viendraient  peut-être  se  raccorder  avec  la  région  de  l'Àrdèche  où 
M.  Munier-Chalmas,  se  basant  sur  certaines  lacunes  paléontolo- 
giques,  a  fait  entrevoir  la  possibilité  de  l'existence  de  phénomènes 
de  ce  genre. 

M.  Depéret  constate  que  les  plissements  dont  il  vient  d'être 
question  sont  antéoligocènes,  c'est-à-dire  de  même  âge  que  ceux 
des  Pyrénées. 

M.  Bergeron  ajoute  qu'il  connaît  des  plis  analogues  dans  la 
région  du  Vigan  ;  ils  sont  dans  le  prolongement  de  ceux  observés 
sur  la  feuille  de  Bédarieux;  eux  aussi  sont,  les  uns  carbonifères, 
les  autres  tertiaires. 

• 

M.  J.  Aimera,  au  sujet  du  Keuper,  fait  remarquer  à  la  Société 
combien  il  diffère  de  celui  de  la  province  de  Barcelone,  dans 
laquelle,  à  Foix,  il  est  bien  développé  en  étendue  et  en  puissance. 
Il  est  fossilifère  à  deux  niveaux  ;  dans  le  niveau  inférieur  il  renferme 
Myophoria  cf.  Goldfussi  A\b.,  M.  cf.  vulgarisStihl.,  Lingulaci.  tenuis- 
sima  Bronn.  A  Pontons,  dans  le  niveau  le  plus  élevé,  lescargneules 
gypseuses  les  plus  hautes  présentent  une  assise  de  calcaire  blanc 
parfois  plus  ou  moins  dolomitique,  pétri  de  fossiles. 

Sur  sa  demande,  MM.  Bergeron  et  Munier-Chalmas  ont  bien 
voulu  faire  l'étude  de  cette  faune.  Ils  ont  reconnu  des  Cassianella 
(C.  afif.  decussata,  C.  planidorsata)  de  Saint-Cassian  en  Tyrol. 

En  outre  elle  contient  Pecten  sp.  (très  fréquent),  Modiola  sp., 
Natica  gregarea  Schl.,  Chemnitzia  sp.,  etc.,  faune  probablement  de 
même  niveau  que  celui  de  Saint-Cassian.  Cette  découverte  vient 
confirmer  en  partie  l'idée  avancée  en  1856  par  M.  Vézian  qui  écrivait 
au  sujet  du  Trias  de  Barcelone  :  «  La  série  triasique  se  complète 


78Ô  SÉANCE  DU  15  SEPTEMBRE  1899 

par  l'addition  d'un  nouvel  étage  constitué  par  le  calcaire  de  Saiot- 
Cassian,  dans  le  Tyrol.  A  ce  calcaire  correspondent  les  dolomies  et 
les  calcaires  de  notre  quatrième  étage  triasique  (1)  ». 

M.  J.  Bergeron  est  de  l'avis  de  M.  Aimera.  LeTrias  des  euviroos 
de  Barcelone  est  plus  épais  que  celui  des  environs  de  Bédarienx 
parce  qu'il  est  plus  complet.  Ainsi  qu'il  l'a  dit  en  1892  (2)  les  grts 
bigarrés  manqueraient  dans  le  Languedoc  et  le  Trias  débuterait 
par  l'équivalent  des  couches  intermédiaires  (Zwischenschichten)  du 
Trias  de  la  vallée  delà  Moselle.  Entre  ce  niveau  et  le  Keuper  il  y  a 
des  grès  à  éléments  plus  ou  moins  fins,  bien  lités  ;  ces  couches 
peuvent  appartenir  à  la  partie  supérieure  des  grès  bigarrés  ou  au 
Muschelkalk. 

M.  Léon  Bertrand  fait  remarquer  que  la  constitution  de  la 
série  triasique  observée  le  matin  par  la  Société  justifie  la  remarque 
qu'il  a  faite  précédemment  au  sujet  de  l'absence  probable  des  termes 
inférieurs  du  Trias.  On  trouve,  en  effet,  presque  immédiatement  au- 
dessus  du  Permien  et  après  une  série  très  peu  épaisse  de  grès,  les 
premières  cargneules,  avec  lesquelles  alternent  encore  de  nombreux 
bancs  de  grès  indiquant  des  alternatives  de  faciès  de  charriage.  Ces 
cargneules,  gypsifères  à  leur  partie  supérieure,  semblent  être  du 
Keuper,  et  il  lui  parait  vraisemblable  que  le  Trias  a  dû  commencer 
en  ce  point,  sinon  avec  le  début  du  Keuper,  du  moins  peu  de  temps 
auparavant. 

M.  Nicklès  déclare  n'avoir  aucune  raison  de  considérer  comme 
Trias  inférieur  la  partie  inférieure  du  Trias  observé  sur  la  feuille 
de  Bédarieux.  Les  seuls  fossiles  qu'il  y  ait  rencontrés  sont,  soit 
des  empreintes  A'Eqvisetum,  soit  des  Bivalves  mal  conservés,  mais 
qui  cependant  sembleraient  indiquer  un  niveau  plus  élevé  :  l'assi- 
milation de  la  partie  inférieure  du  Trias  à  des  couches  comprises 
entre  le  Rôth  et  le  Lettenkohle  lui  paraît  donc  possible,  bien  qu'on 
ne  possède  pas  à  ce  sujet  de  preuves  positives  pour  la  région. 

M.  Jacquemet  appelle  dès  aujourd'hui  l'attention  de  la  Société 
sur  les  tufs  de  l1  Estnbelle,  à  Cabrières  (Hérault). 

Ces  tufs,  sur  lesquels  il  prépare  un  travail  plus  complet,  sont  très 
intéressants,  car  ils  représentent  une  suite  non  interrompue  de 

H)  Du  terrain  post- pyrénéen  des  environs  de  Barcelone,  p.  15. 
(2)  B.  S.  G.  F,  (3),  XX,  p.  258 


SÉANCE  DU  15  SEPTEMBRE  1899  78$ 

formations  depuis  le  Pliocène  jusqu'à  nos  jours.  Ils  sont  produits 
par  une  source  intermittente  d'eau  chaude  qui  sourd  de  la  roche 
tous  les  quatre  ou  cinq  ans  par  trois  ou  quatre  ouvertures  très 
rapprochées.  Elle  jaillit  brusquement  avec  un  très  fort  débit  qui  ne 
dure  que  quelques  heures;  l'eau  s'étend  sur  tout  le  petit  plateau 
tuiïeux  en  entraînant  des  végétaux, des  coquillages  et  s'écoule  assez 
lentement  vers  le  nord-ouest  en  déposant  de  nouveaux  travertins. 
Primitivement,  la  source  jaillissait  à  une  dizaine  de  mètres 
au-dessus  et  plus  à  l'ouest,  elle  a  formé  à  ce  point  une  véritable 
brèche  formée  de  fragments  anguleux  provenant  des  roches  voisines 
et  soudés  par  un  ciment  tuffeux  rouge.  Son  ouverture  s'étant  trouvée 
sans  floute  obstruée  par  ces  formations,  elle  s'est  ouvert  un  nou- 
veau passage  et  a  commencé  par  l'est  ses  nouveaux  dépôts  de  tufs. 
Dans  ces  derniers  sont  creusées  trois  grottes  qui  ont  été  habitées  ù 
l'époque  du  grand  Ours.  Les  fouilles  que  j'y  fais  pratiquer  depuis 
deux  années  m'ont  donné  une  grande  quantité  d'ossements  de 
Mammifères,  d'Oiseaux  et  de  Poissons  en  ce  moment  à  l'étude. 
J'y  ai  recueilli  également  en  abondance  des  outils  d'os,  de  silex, 
de  quartzite  et  de  basalte,  des  ornements  en  os  ou  en  coquillages, 
etc.  L'ouverture  naturelle  de  ces  grottes  de  l'époque  quaternaire 
dans  ces  tufs  déjà  consolidés  indique  leur  origine  ancienne  que 
confirme  encore  l'étude  des  végétaux  et  des  coquillages  qu'ils 
contiennent.  Si  l'on  considère  enfin  que  les  formations  bréchi- 
formes  ont  précédé  les  formations  tuffeuses,  on  peut  admettre  que 
la  source  chaude  a  dû  jaillir  la  première  fois  à  l'époque  où  les 
basaltes  des  plateaux  s'épanchaient,  c'est-à-dire  pendant  le  Pliocène 
supérieur. 

M.  Jacquemet  demande  à  M.  Depéret  s'il  a  changé  d'avis  depuis 
1883  sur  l'attribution  au  Néocomien  ou  à  l'Urgonien  des  marnes 
rouges  du  Vallon  d'Opoul  (Pyrénées-Orientales).  Pour  lui  il  croit  que 
ces  marnes  non  fossilifères  sont  d'origine  beaucoup  plus  récente 
et  que  ce  n'est  là  qu'un  dépôt  probablement  lacustre  très  posté- 
rieur à  l'époque  crétacée,  elles  ne  seraient  que  le  produit  détriti- 
que des  roches  voisines.  En  effet,  ayant  eu  l'occasion  de  descendre 
dans  un  aven  très  intéressant  de  250  mètres  de  profondeur  qui  se 
trouve  dans  la  vallée,  il  a  trouvé  le  sous-sol  entièrement  rocheux 
et  la  marne  rouge  déposée  dans  les  fentes.  La  coupe  donnée  par 
M.  Depéret  en  1885  serait  donc  inexacte  en  ce  point  seulement, 
tout  le  reste  paraissant  rigoureux. 


790  SÉANCE  DU  15  SEPTEMBRE  1899 

M.  Depéret  répond  qu'il  n'a  appelé  néocomiennes  que  les 
marnes  du  bord  de  la  plaine;  en  réalité  ces  marnes  sont  aptiennes 
et  il  y  a  eu  un  renversement.  Outre  cela,  il  y  a  la  formation  que 
signale  M.  Jacquemet. 

M.  Depéret,  au  nom  de  tous  les  membres  de  la  Société,  félicite 
vivement  M.  le  Président  de  ses  efforts  soutenus  pendant  seize  ans, 
et  qui  l'ont  amené  à  de  belles  découvertes  :  établissement  rigou- 
reux de  la  série  paléozolqne  et  explication  d'une  tectonique  com- 
pliquée dont  le  trait  caractéristique  est  la  présence  d'une  série 
d'écaillés  toutes  refoulées  du  sud  vers  le  nord.  Grâce  à  lui,  la 
Montagne  Noire  est  devenue  le  type  d'une  région  de  refoulements. 

M.  J.  Aimera  s'associe  pleinement  aux  paroles  de  M.  Depéret, 
il  constate  avec  plaisir  que  les  travaux  de  M.  Bergeron  ont  fourni 
une  foule  de  renseignements  et  de  points  de  comparaison  pour  les 
géologues  espagnols. 

M.  Jacquemet  remercie  alors  M.  le  Président,  au  nom  de  tous 
les  géologues  de  l'Hérault,  qui  tireront. grand  profit  des  remar- 
quables études  qu'il  a  faites. 

M.  Audran  offre  à  M.  le  Président  les  remerciements  de  tous 
ceux  qui,  sans  faire  des  recherches  de  science  pure,  s'intéressent 
néanmoins  à  la  géologie. 

M.  J.  Bergeron  est  particulièrement  sensible  aux  remercî- 
ments  qui  lui  sont  adressés  et  aux  paroles  de  M.  Depéret.  Si  la 
réunion  a  présenté  autant  d'intérêt,  c'est  moins  au  Paléozoïque 
qu'on  le  doit  qu'aux  faits  si  intéressants  que  nous  ont  montrés 
MM.  Depéret  et  Nicklès  dans  le  Tertiaire  et  le  Secondaire. 

Le  Président,  après  avoir  remercié  le  Secrétaire  et  le  Trésorier 
du  zèle  avec  lequel  ils  se  sont  acquittés  de  leurs  fonctions,  déclare 
close  la  réunion  extraordinaire  de  1899. 


791 


EXPLICATION    DES    PLANCHES 

Planche  XVIII 

Oontaot  du  Devonlen  et  du  Oarbonlfère  sur  la  rouie  de  Laurenque 

Par  suite  du  déversement  des  couches  vers  le  nord,  la  succession  naturelle  se 
trouve  inversée. 

Planche  XIX 

Oabrlèrea  et  le  Plo  de  Blttout 

1.  Ordovicien. 

2.  Dolomie  du  Dévonlen  inférieur. 

3.  Givétien. 

4.  Zone  à  Gephyroceras  intumescent. 

5.  Zone  à  Chiloreras  curvispina. 

6.  Calcaire  griotte  à  Clyménies. 

7.  Calcaire  et  schistes.  Niveau  à  Cypridines. 

8.  Lydiennes,  adinoles,  schistes  et  calcaires  de  la  base  du  Carbonifère. 

9.  Schistes  tournaisiens 
10    Calcaires  viséens. 

11.  Pilons  de  quartz 

12.  Tufs  calcaires  de  l' Esta  bel  le. 

Planche  XX 

Oolllnes  des  Japhet 

1.  Schistes  ordoviciens. 

t    Dolomies  du  Dévonien  inférieur. 

3    Givétien. 

4.  Calcaire  noir  k  Gephyroceras  intumescent  et  calcaire  vacuolaire  à  Chilo-. 

ce  ras  curvispina 

5.  Calcaire  griotte  à  Clyménies;  calcaire  et  schistes  du  niveau  à  Cypridines. 

6.  Schistes  tournaisiens. 

7.  Calcaire  viséen. 


792  EXPLICATION    DRS    PLANCHES 


Planche  XXI 

1.  —  Flanc  1NVEH8R  du  pu  couché  de  marnes  et  calcaires  de  Rognac  au  roc 
Notre-Dame  près  Saint-Chinian.  -  R',  R-,  R;i  sont  les  trois  barres  de  calcaire  de 
Rognac  renversées  sur  un  plateau  au b- horizontal  de  calcaire  lutétien  lacustre  (L) 
et  de  Nummulitique  marin  (N). 

i.  —  Flanc  inverse  du  mûme  pu  un  peu  plus  a  l'ouest  a  la  chapelle  Saint- 
Pierre.  —  La  série  renversée  comprend  ici  les  marnes  vitrolliennes  (V;,  le  calcaire 
paléocène  a  Phy*a  prixca  (P)  et  le  calcaire  nummulitique  à  Alvéolines  {Ni  :  le  tout 
couché  au  nord  sur  le  plateau  des  grès  d'Asstgnan  (A;  et  des  calcaires  lu  Lé  lien  s 
lacustres  (L). 

•i.  —  Talus  forme  par  l'étage  de  Rognac  au  Sud  de  la  ville  de  Saint-Chinian  : 
à  la  base  les  grès  à  Reptiles  (G),  en  haut  la  barre  dentelée  du  calcaire  de  Rognac 
(R1).  En  bas  du  talus,  la  vallée  du  Vernazobre  (a!,  Alluvions  anciennes;. 

4.  —  Érosions  dans  les  alluvions  rouges  sous-basaltiques  pliocène»  (/>x)  du 
Courresou,  près  Rédarieux. 


783 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOTES  ET  MÉMOIRES 

CONTENUS  DANS  CE  VOLUME 

(par    ordre    des    séances) 


8èanoe  du  0  Janvier  1800  : 

Proclamation  do  nouveaux  membres  :  MM.  Barthélémy,  le  Dr  Imbeaux  et 

Camillo  Crema ...  5 

Elections 5 

Composition  du  Bureau,  du  Conseil  et  des  Commissions 6 

8èanoe  du  83  Janvier  1800  : 

J.  Bergeron,  Emm.  de  Marorrie.  —  Allocutions  présidentielles 7,  8 

Proclamation  de  nouveaux  membres  :  MM.  David  Levât,  Ph.  Dautzenberg. 

l'abbé  Boone,  J.  Jean  .   .  10 

Albert  Gauurt.  —  Première  circulaire  du  Congrès  géologique  international 

do  Paris  (VIII"  session,  1900) 10 

L.  Duparg  et  Mrazeg,  G.-B  -M.   Flamand,   Bleigrer   et  Mieg,  Almera   et 

Bopill.  —  Présentations  d'ouvrages 18 

G.  Dollfus  et  P.  Gaucher  t.  —  Notes  nouvelles  sur  le  calcaire  de  Montabu- 

zard.  près  d'Orléans  (/  fig.  dans  le  texte).       21 
E.  Fojjrniir.  —  Sur  la  nappe  de  recouvrement  de  la  Basse- Provence  ...        27 
E.  de  Martonne.  —  Lapiez  dans  des  grès  crétacés  (Massif  du  Hucegiu.  Rou- 
manie) {/carte  dans  le  texte) 28 

G.  Dollfus,  Léon  Janet.  —  Observations ...        32 

Séance  du  6  FéTiier  1800  : 

Proclamation  d'un  nouveau  membre:  M.  Spiess 33 

Nécrologie  :  M.  Charles  de  Grasset 33 

D.  Levât.  —  Présentation  d'ouvrage 33 

de  La  un  at.  —  Conférence  sur  les  variations  des  filons  métallifères  en  pro- 
fondeur      34 

J.  Bergeron.—  Note  sur  la  base  du  Carbonifère  dans  la  Montagne  Noire  .  36 

D.  Levât.  —  Observations 43 

■ 

8èanoe  du  10  Février  1800  : 

Nécrologie  :  M.  le  Pr.  W.  Dames 44 

Leresconte.  —  Présentation  d'ouvrage 45 

R.  Fourtau   —  Sur  la  présence  de  fragments  d'Astéries  dans  les  couches  de 

la  base  du  Mokattam 45 

P.  Termier.—  Les  nappes  de  recouvrement  du  Rriançonnals  (17  fig.ei  i  carte 

dans  le  texte,  PI.  I) ...   .  47 

Kiuan,  Haug.  —  Observations 83,84 


794  TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOTES   ET  MÉMOIRES 

E.  Ficheur.  —  Le  Massif  du  Chettaba  et  les  Ilots  triasiques  de  la  région  de 

Constantine  (13  fig.  et  4  carte  dans  le  texte) 85 

V.  Raulin.  —  Sur  les  plissements  du  Bassin  de  l'Aquitaine  (Observations  a 

une  note  de  M.  Glangeaud)  ....-....' 414 

Séance  du  6  Mars  1899  : 

Proclamation  de  nouveaux  membres:  MM.  Lugeon,  Emile  Bôse 118 

Albert  Gaudrt.  —  Communication  sur  les  fouilles  de  M.  Le  Bel  à  Busch- 

weiller 118 

V.  Paquter.  —  Note  préliminaire  sur  la    découverte  de  Méduses   fossiles 

(2  fig.  dam  le  texte)  .  .      119 

Stuart-Mbnteath.  —  Sur  la  géologie  des  Pyrénées.  121 

Séance  du  20  Mars  1899  : 

Proclamation  d'uû  nouveau  membre  :  M.  Dbprat 122 

Nécrologie  :  M.  Nagel ISS 

Attribution  du  Prix  Fontannes  à  M.  E.  Ficheur 122 

Albert  Gaudrt.  —  La  mort  du  Professeur  Marsh 122- 

V.  Paquier.  —  Présentation  d'ouvrage 123 

M.  Boule.  —  Sur  la  géologie  des  terrains  sédimentaires  à  Madagascar.  124 

Mumer-Chalmas.  —  Observations 125 

Kilian.  —  Sur   la   découverte,   faite   par  M.  Baum berger,  d'un  deuxième 

exemplaire  de  Hoplites  Euthymi,  près  de  Bienne  (Suisse)  .   .  125 
W.  Kilian.  —  Sur  certains  points  de  la  structure  des  Alpes  françaises  (A 

propos  d'une  hypothèse  récente) 126 

Brives.  —  Sur  la  géologie  de  la  région  pétrolifère  des  environs  de  Relizane 

(Algérie) 128 

A.  de  Grossouvre.  —  Quelques  observations  sur  les  Bélemnitelles  et  en  par- 
ticulier sur  celles  des  Corbières.  129 
M.  Cossmann.  —  Sur  la  découverte  d'un  gisement  palustre  à  Paludines  dans 

le  terrain  Bathonien  de  l'Indre  (9  fig .  dans  le  texte)  .  136 

Séance  générale  annuelle  du  6  ATril  1899  : 

Proclamation  de  nouveaux  membres  :  MM.  Authelin,  Giraud. 144 

Ph.  Glangeaud.  —  Sur  la  découverte  de  Crustacés  fossiles  dans  le  Précam- 
brien de  l'EUt  de  Montana  (U.  S.  A.) .   .  144 

J.  Bbrgeron.  — Allocution  présidentielle 145 

Id.            —  Nécrologie:  MM.  Faucher,  Frbund,  Gallois,  Gouverneur, 
de  Lavrrnedb,  Meunier,  Jules   Maroou,  Htpp.  Crosse, 
Nogues.  G.  de  Mortillet,  Briart.  F.  Bernard.  .   .   .    152-158 
Pbron. — Rapport  de  la  Commission  du  Prix  Fontannes  en  1899;  attribu- 
tion du  prix  à  M    Ficheur 160 

Ficheur.  —  Remerciements 166 

Charles  Barrois.  —  Notice  sur  James  Hall ...  168 

H.  Douvillé.  —  Notice  nécrologique  sur  Maurice  Chaper 174 

Id.          —  Liste  des  travaux  publiés  par  Chaper .  188 

E.  Ficheur.  —  Notice  biographique  sur  A.  Pomel 191 

Id.        —  Bibliographie  des  travaux  scientifiques  de  A.  Pomel.   .   .   .  217 

Collot.  —  Sur 'les  Trigonies  byssiféres  (*  fig.  dans  le  texte) 224 

Stuart  Menteath   —  Sur  les  klippen  des  Basses-Pyrénées  .   .  227 

Ch.  Authelin.  —  Sur  le  Toarclen  des  environs  de  Nancy  »  »  • 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOTES  ET  MÉMOIRES  795 

Séance  du  10  Arril  1899  : 

Proclamation  d'un  nouveau  membre  :  M.  Simon 233 

D'  Labat,  Botti.  —  Présentations  d'ouvrages 236 

R.  Fourtau.  —  Sur  un  nouveau  gisement  de  Poissons  fossiles  aux  environs 

des  pyramides  de  Ghlzeh  (3  fig.  dans  le  texte) 237 

F.  Priem.  —  Sur  des  Poissons  éocènes  d'Egypte  et  de  Roumanie,  et  rectlli- 

cation  relative  a  Pseudolates  Heberti  Qervais  sp.  (PI.  Il)  .  .  241 

Ad.  Guébhard.  —  Les  accidents  frontaux  de  la   barre  de  Caussols  (Alpes-  293 

Maritimes) 253 

Séance  du  22  Arril  1899  : 

Nécrologie  :  Charles  Hrononiart 255 

Ad.  Guébhard  —Sur  la  tectonique  de  la  Collette  de  Clars  (Alpes-Maritimes)      256 
L.  J.  B.  de  Lamothe.  —  Note  sur  les  anciennes  plages  et  terrasses  du  bassin 

de  l'Isser  (dépt.  d'Alger)  et  de  quelques  autres 
bassins  de  la  côte  algérienne  (40  fig.  dans  te  texte, 

PI.  III) 257 

Edouard  Harlé.  —  Nouvelles  pièces  de  Dryopithèque  et  quelques  coquilles, 

de  Saint- Gaudens  (Haute-Garonne).  (PI.  IV) 304 

J.  Repelin.  —  Sur  le  Trias  des  environs  de  Rougiers  (Provence)  et  ses  rela- 
tions avec  la  roche  éruptive  de  cette  région  (Pi.  V)    ....      311 

P.  Flighe.  —  Note  sur  un  bois  de  vigne  des  Clnérites  du  Gantai 318 

Kilian.  —  Observations  au  sujet  d'une  note  de  M.  David  Martin  sur  les 

dépôts  glaciaires  du  bassin  de  la  Durance .-.   .      322 

6.  Fabre.  —  Sur  un  dôme  triasique  dans  les  environs  de  Relizane  (dépar- 
tement d'Oran).  . 323 

Séanoe  du  1"  Mai  1899  : 

F.  Canu.  —  Les  ovlcelles  des  Céidées  (Bryozoaires)  (PI.  VI) 326 

A.  de  Grossouvrb.  —  Sur  V Ammonites  peramptus  et  quelques  autres  fos- 
siles turoniens 328 

Hado.  —  Observations 335 

E.  Fourmibr.  —  Les  chaînes  de  la  bordure  septentrionale  du  bassin  de 

Marseille  (2  fig.  dans  le  texte) 336 

V.  Gauthier.  —  Contribution  à  l'étude  des  Echinides  fossiles  (/  fig.  dans  le 

texte) 344 

Edouard  Harlé.  —  Gros  cailloux  de  la  Garonne    en   aval  du  confluent  du 

Tarn 348 

Séanoe  du  15  Mai  1899  : 

Proclamation  de  nouveaux  membres:  MM.  Ch.  Balsan,  Dop 352 

A.  Thkvbnin.  —  Le  bassin  tertiaire  d'Asprières  (Aveyron)  (2  fig.  dans  le 

texte) 353 

A.  Gaudry,  M.  Boule.  —  Observations 359 

Bigot.  —,  Sur  les  dépôts  pléistocenes  et  actuels  de  la  Basse-Normandie  .  .  360 

M.  Boule.  —  Observations 361 

Stuart-Menteath.  —  Sur  les  failles  des  Pyrénées.  .  .       361 

J.  Repelin.  —Note  sur  l'Aptlen  supérieur  des  environs  de  Marseille  (/  fig. 

dans  le  texte)  (PI.  VII) 363 


796  TABLE   GÉNÉRALE   DES   NOTES   ET   MÉMOIRES 

Séance  du  5  Juin  1899  : 

Nécrologie  :  E.  Jannettaz  . 374 

Pallart.  —  Sur  les  faunes  fossiles  des  Mollusques  terrestres  el  d'eau  douce 

de  l'Algérie. 374 

M.  Boule.  —  Observations 366 

Bleigher.  —  Présentation  d'un  échantillon  de  Graptolites  provenant   des 

poudingues  du  Grès  vosgien .  377 

A.  de Grossouvre.  —  Sur  quelques  fossiles  crétacés  de  Madagascar.    .    .  378 

M.  Boule.  —  Observations 378 

M.  Boule.  —  Sur  la  géologie  de  Madagascar 379 

Séance  du  19  Juin  1899  : 

Proclamation  de  nouveaux  membres  :  MM.  Amiot,  Offrît,  Guillkrmond, 

Pallart 380 

Albert  Gaudrt.  — -  Présentation  d'un  ouvrage  intitulé  :  Life  and  Letters  of  Sir 

Joseph  Prestwich.  wrltten  and  edited  by  his  wife.,  1899.  381 

Ch.  Barrois,  R.  Fohrtau.  —  Présentations  d'ouvrages 38£ 

R.  Fourtau.  —  Découverte  de  nouveaux  fossiles  tertiaires  en  Egypte.   .    .   .  382 
Kerforne.  —  Présentation  de  plusieurs  notes  sur  la  géologie  de  la  pres- 
qu'île de  Crozon  (Finistère) 383 

H.  Douvillë   —  Sur  une  coupe  de  Madagascar,  dressée   par  M.   Villiaume 

(/  fig.  dans  te  texte) 385 

G.  Oollfus.  M.  Boule.  —  Observations.  395 

Emile  Hauo.  —  Sur  le  Cénomanien  de  Diego-Suarez  (Madagascar) 396 

M    Boule.s—  Observations 398 

D.-P.  OEhlert.  —  Sur  le  Silurien  des  environs  de  Chemiré-en-Charnie  (Sarlhe)  398 
P.  Termier.  —  Microgranites  de  la  vallée  de   la  Guisanne  (Bord   nord  du 

Massif  du  Pelvoux) 399 

W.  Kilian.  —  Structure  intime  des  calcaires  linéiques  du  Briançonnais.   .  409 
A.  de  Riaz.  —  Contribution  a  l'étude  du  système  crétacé  dans  les  Alpes - 

Maritimes  [4  fig.  dans  le  texte) 411 

Caralp.  —  Sur  le  Flysch  à  Fucoldes  de  la  Bel  longue  et  du  Bassin  d'Oust 

(Pyrénées)  {6  fig .  dans  te  texte) 436 

Stuart-Menteath.  —  Sur  le  Bassin  de  Saint  Jean- Pied -de- Port 443 

Abbé  Bourgeat.  —  Quelques  points  nouveaux  de  géologie  jurassienne  (6  fig. 

dans  le  texte) 445 

Séance  du  6  NoTembre  1899  : 

Nécrologie  :  M.  Paul  Camrronne 451 

K.  A.  von  Z itt kl,  A.  de  Maroerie.  —  Présentations  d'ouvrages 451 

do  Lapparent,  M.  Boule.  Sauvage,  Marcel  Bertrand,  Igino  Cocchi,  Haug, 

Zeiller.  —  Présentations  d'ouvrages 453 

de  Lapparent.  —  Sur  le  récent  Congrès  géographique  de  Berlin 455 

Ph.  Glangeaud.  —  Sur  les  plissements  du  bassin  de  l'Aquitaine,   réponse 

à  M.  Raulin 455 

C.  Schlumrergeii.  —    Note  sur  quelques  Foraminifères  nouveaux  ou  peu 

connus  du  Crétacé  d'Espagne  (PI.  VIII,  IX.  X,  XI).  456 
P.  Kliche.  —  Note  sur  quelques  fossiles  végétaux  de  l'Oligocène  dans  les 

Alpes  françaises  (Pi. XII) 466 

R.  Fourtau.  —  Observations  sur  les  terrains  éocènes  et  oligocènes  d'Egypte  480 

Stuart-Menteath.  —  Progrès  de  la  géologie  des  Pyrénées 491 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOlgS  ET  MÉMOIRES  797 

Séance  du  20  Novembre  1899  : 

Proclamation  de  nouveaux  membres  :  MM.  Otto  Jjbckel,  Jolbaud,  Pellbgrin.  493 

Blatac,  de  Margerie,  J.  Bergeron.  —  Présentations  d'ouvrages 494 

M.    Bertrand  et  Zïrcber.  —  Présentation  de  notes  sur  la   Géologie   de 

l'Isthme  de  Panama  et  les  Phénomènes 
volcaniques  et  les  tremblements  de  terre 

de  l'Amérique  centrale  .   .   .  494 

Haug,  G.  Dollfus.  —  Présentations  d'ouvrages 495 

Albert  Gaudrt.  —  Sur  le  Neomylodon  et  sur  VHelicoprion 496 

H.  Douvillé.  —  Sur  les  couches  à  Orbitoides  {  Lepidocyclina  )  du  Bassin  de 

l'Adour 497 

Id.          —  Communication  d'une  lettre  de  M.  Paquier,  sur  la  décou- 
verte de  Caprines  dans  l'Aptien  inférieur 496 

J.  Bergeron.  —  Etude  de  quelques  Trilobitcs  de  Chine  (PI.  XIII,  9  fig.  dans 

le  texte) 499 

F.  Roman.  —  Absence  du  Barrémien  sur  la  feuille  de  Montpellier  .....  517 

Séance  du  4  Décembre  1899  : 

Proclamation  de  nouveaux   membres  :    MM.   Durand,  Mbmin,  du  Passage, 

Paul  Lemoine 521 

J.  Bergeron,  Edm.  Pellat,  Labat.  —  Présentations  d'ouvrages.  522 

H.  Douvillé.  —  Sur  la  découverte  de  nouvelles  couches  à  Villerssur-Mcr.  523 

Rapport  do  la  Commission  de  Comptabilité  présenté  par  M.  H.  Douvillé.   .  524 

Marcellin  Boule.  —  Observations  sur  quelques  Équldés  fossiles 531 

L  Gentil.  —  Observations 542 

M.  Cossmann.  —  Note  sur  les  Gastropodes  du  gisement  bathonien  de  Saint- 

"  Gaultier  (Indre)  (3  fig.  dam  le  texte,  PI.  XIV-XVIIj.   .  543 

Mumer  Chalmas.  —  Observations 586 

Séance  du  18  Décembre  1899  : 

Proclamation  d'un  membre  :  M.  Paul  Léon. 586 

Golliez.  —  Conférence  sur  les  travaux  du  Chemin  de  fer  de  la  Jungfrau    .  586 

Munier-Chalmas.  —  Communication. 588 

Stuart-Menteath.  —  Sur  les  schistes  lustrés  de  la  Bel  longue 589 

Léon  Janet.  —  Note  sur  l'existence  de  l'étage  Bartonien  dans  la  vallée  du 

Loing,  entre  Nemours  et  Montigny 590 

Munier-Chalmas,  G.  Ramond.  —  Observations 593 

Adrien  G uébhard.  —  Sur  le  gypse  de  la  Bastide  (Var.) 594 

Compte-Rendu  de  la  Réunion  extraordinaire  de  la  Société  Géologique 
sur  le  versant  méridional  de  la  Montagne  Noire  en  1899. 

Liste  des  membres  ayant  pris  part  à  la  Réunion  extraordinaire  de  1899.   .  605 

Programme  de  la  Réunion  extraordinaire 606 

Bibliographie  concernant  la  Réunion  extraordinaire 608 

Séance  du  6  Septembre  1899  à  Saint- Pons  : 

Constitution  du  Bureau 613 

J.  Bergeron.  —  Allocution  présidentielle 613 

Septembre  1901.  —  T.  XXVII.  Bull.  Soc.  Géol.  Fr.  —  51 


798  TABLE  GÉNÉRALE^DES  NOTES   ET  MÉMOIRES 

Proclamation  de  nouveaux  membres  :  M.  Meunier  ;  La  Société  d'étude  des 

Sciences  naturelles  de  Béziers.  614 

Nécrologie     —  M.  Louis  Lartet 614 

E.  Mir,  J    Bergeron.  —  Forage  d'un  puits  artésien  aux  Cheminières.  près 

Castelnaudary 614 

J .  Bergkron  .  —  Étude  dos  terrains  paléozolques  et  de  la  tectonique  de  la  - 

Montagne  Noire  (//  fig.  dans  le  texte,  PI.  XVIII  XX).    .       617 

Séance  du 8  Septembre  1899  à  SaintChinian : 

J .  Bergeron  .  —  Compte-rendu  de  l'excursion  du  6  septembre  au  col  de 

Sainte-Colombe 680 

Id.  —  Compte-rendu  de  l'excursion  du  7  septembre  au  matin  de 

Saint-Pons  à  Saint-Chlnian  \%  fig.  dans  le  texte)  ....       682 
Charles  Depéret.    —   Aperçu  sur  la  géologie  du  chaînon  de  SaintChinian 

{10  fig.  dans  le  texte,  PI.  XXI) 686 

Id.  —  Compte-rendu  de    l'excursion    du  7    septembre    à 

Assignan  et  Barroubio  {2  fig.  dans  le  texte)  .   .   .       709 
In.  —    Compte  rendu  de  l'excursion  du  8  septembre  à  Pier- 

rerue  et  Cazedarnes  (3  fig .  dans  le  texte) 712 

RenéNicKLÈs.  —  Excursion  du  8  septembre  aux  environs  du  Mas-Capel  et 

de  Saint-Biaise  (5  fig.  dam  le  texte) 715 

E.  Jacquemet.   —  Note  sur  le  Pliocène  marin  des  bassins  de  l'étang  de  Thau, 

de  l'Hérault,  de  l'Orb  et  de  l'Aude 721 

Séance  du  11  Septembre  1899  à  Bédarieux  : 

J .  Bergeron.  —  Compte- rendu  de  l'excursion  du  9  septembre  à  Roquebrun.  724 

Depéret,  Léon  Bertrand    —  Observations. 790 

René  Nicklès.  —  Compte-rendu  de  l'excursion  du  10  septembre  à  Béda- 
rieux (3  fig.  dans  le  texte) 731 

Ch.  Depéret.  —  L'Eocène  du  bois  de  Levas.                                    738 

Léon  Bertrand.  —  Observations 738 

J.  Bergeron.  —  Les  basaltes  de  l'Escandorgue  et  du  Salagou.  739 

Léon  Bertrand.  —  Observations 741 

J .  Bergeron  .  —  Compte-rendu  de  l'excursion  de  la  matinée  du  1 1  septembre. 

—  Terrains  paléozolques 741 

Ch.  Depéret.  — Étude  des  dépôts  miocènes  d'Autignac 742 

René  Nicklès.  —  Sur  le  lambeau  secondaire  de  Fouzilhon-Gabian  (S  fig. 

dans  le  texte)  . 743 

J.  Bergeron.  —  Excursion  de  l'après-midi  du  11  septembre  à  Laurens  et 

Gabian 747 

Collot    —  Sur  une  discordance  remarquable  entre  Permien  et  Trias  dans 

les  environs  de  Bédarieux  {4  fig.  dans  le  texte) 748 

E.  Jacquemet.  —  Note  sur  les  formations  miocènes  des  bassins  de  l'étang  de 

Thau,  de  l'Hérault,  de  l'Orb  et  de  l'Aude 750 

Ch.  Depéret,  Fourt au,  Carez.  —  Observations. 757-758 

Séanoe  du  14  Septembre  1899  à  Clermont-l'Hérault  : 

Dop.  —  Observations 758 

Ch.  Depéret.  —  Compte-rendu  de  l'excursion  du  12    septembre  dans  la 

région  de  Pézenas 759 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOTES   ET  MÉMOIRES  799 

J.  Bbrobron.  —  Compte-rendu  de  l'excursion  du  13  septembre  à  Cabrières.  760 
Id.           —  Compte-rendu  de  l'excursion  du  14  septembre  au  Pic  de 

Bisous 765 

Miqubl.  —  Observations 769 

René  Nicklès.  —  Sur  la  tectonique  des  terrains  secondaires  dans  la  région 

de  Clermont- l'Hérault  (4 /ty.  dans  le  texte) 771 

Almera.  —  Observations  .  778 

A.  Dereims.  —  Note  sur  les  terrains  paléozolques  d'Espagne 779 

Séanoe  du  15  Septembre  1899  à  Saint- Jean  de  la  Blaquière  : 

René  Nicklès.  —  Excursion  au  roc  des  Vierges  (5  fig.  dans  le  texte).   .   .  780 

Depéret,  Berqbron,  Almera,  Léon  Bertrand.  —  Observations 787 

Jagquemet.  —  Sur  les  tufs  de  l' Esta  bel  le  à  Cabrières 788 

Depéret.  —  Observations 790 

Explications  des  Planches  relatives  à  la  Réunion  extraordinaire 791 

Tables 793 

Date  de  publication  des  fascicules  qui  composent  ce  volume.  .......  823 

Erratum  du  Tome  XXV 824 

Errata  du  Tome  XXVII 824 


FIN    DE   LA   TABLE   DES   NOTES   ET  MEMOIRES 


800 


TABLE    ALPHABÉTIQUE 

DES  MATIÈRES  ET  DES  AUTEURS 

POUR  LE  VINGT-SEPTIÈME   VOLUME 

(TROISIÈME    SÉRIE) 


Année  1899 


Actuel.  Sur  les  dépôts  pléistocènes  et 
—  s  de  la  Basse- Normandie,  par  M. 
Bigot,  360. 

Adour.  Sur  les  couches  à  Orbitoldes  du 
bassin  de  1'—,  par  M.  Douvillé,  497 . 

Allocution*.  M.  J.  Berge ron,  7, 145.  — 
M.  Albert  Gaudry,  10. 

Allocutions  présidentielles.  7,  8,  145. 

Almera.  Observations,  778,  787. 

Almera  et  Bofill.  Présentation  d'ou- 
vrage, 19. 

Algérie.  Le  massif  du  Chettaba  et  les 
îlots  triaslques  de  la  région  de  Cons 
tantine  (— ),  par  M.  E.  Ficheur,  85.  — 
Sur  la  géologie  de  la  région  pétro- 
lifère  des  environs  de  Relizane  (--), 
par  M.  Brives,  128.  —  Note  sur  les 
anciennes  plages  et  terrasses  du  bas- 
sin de  Tisser  (— )  et  de  quelques  autres 
bassins  de  la  côte  algérienne,  par  M . 
L.  J.  B.  de  Lamothe  (PI.  111),  257.  - 
Sur  un  dôme  triasique  dan-  les  envi- 
rons de  Relizane  (— ),  par  M  G.  Fabre, 
323.  —  Sur  les  faunes  fossiles  des 
mollusques  terrestres  et  d'eau  douce 
de  P-,  par  M.  Pallary,  374. 

Alpes.  Sur  certains  points  de  la  struc- 
ture des  —  françaises  (à  propos  d'une 
hypothèse  récente),  par  M.  W.  Kilian, 
126.  —  Note  sur  quelques  fossiles  végé- 
taux de  l'Oligocène  dans  les  —  fran- 
çaises, par  M.  P.  Fliche  (PI.  XII),  466. 

A  Ipes-Maritimes.  Les  accidents  frontaux 
de  la  barre  de  Caussols  (  — ),  par  M. 
Ad.  Guébhard,  253.  -  Sur  la  tecto- 
nique de  la  Collette  de  Gars  ( — ),  par 
M.  Ad.  Guébhard,  256.— Contribution 
à  l'étude  du  système  crétacé  dans  les 
—,  par  M.  A.  de  Riaz,  411. 


Ammonites.  Sur  1'—  peramplus  et  quel- 
ques autres  fossiles  turoniens,  par 
M.  A.  de  Grossouvre,  328. 

Aptien.  Note  sur  1'—  supérieur  des 
environs  de  Marseille,  par  M.  J.  Repe- 
lin(Pl.  VII),  363. 

Aquitaine.  Sur  les  plissements  du  bas- 
sin de  1'—  [ Observations  à  une  note 
de  M.  Glangeaud),  par  M.  V.  Raulin. 
114  —  Sur  les  plissements  du  bassin 
de  1'-  ,  réponse  à  M.  Raulin,  455. 

Asprières  (Aveyron).  Le  bassin  ter- 
ri'— ,  par  M.  A.  Thévenln,  353. 

Assignan.  C.-R.  de  l'excursion  du  7 
septembre  1899  à  —  et  Barroubio, 
par  M.  CU.  Depérct,  709. 

Astéries.  Sur  la  présence  de  fragments 
d'—  dans  les  couches  de  la  base  du 
Mokattam,  par  M.  R.  Fourtau,  45. 

Aude.  Note  sur  le  Pliocène  marin  des 
bassins  de  l'étang  de  Thau,  de  l'Hé- 
rault, de  l'Orb  et  de  1'— ,  par  M.  E. 
Jacquemet,  721 .  —  Note  sur  les  for- 
mations miocènes  des  bassins  de 
l'étang  de  Tbau,  de  l'Hérault,  de 
l'Orb  et  de  1' — ,  par  M.  E.  Jacque- 
met, 750. 

Aurifères.  Renseignements  géologiques 
sur  les  régions —  de  la  Guyane  fran- 
çaise, par  M.  Levât,  34. 

Authelin  (Ch.).  Sur  le  Toarcien  des 
environs  de  Nancy,  230. 

Autignac.  Etude  des  dépôts  miocènes 
d'-,  par  M.  Ch.  Depéret,  742. 

Aveyron.  Le  bassin  tertiaire  d' Asprières 
(— ),  par  M.  A.  Thevenin,  353. 


TABLE  ALPHABÉTIQUE  DES   MATIÈRES   ET   DES  AUTEURS 


801 


B 


Barré  mien  Absence  du  —  sur  la  feuille 
de  Montpellier,  par  M.  F.  Roman, 517. 

Barrois  (Charles).  Notice  sur  James 
Hall,  108  —  Présentation  d'ouvrage, 
382 

Barroubio.  C.-R.  de  l'excursion  du  7 
septembre  1899  à  Assignan  et  — ,  par 
M.  Ch.  Depéret,  709. 

Bartonien.  Note  sur  l'existence  de 
l'étage  —  dans  la  vallée  du  Lolng, 
entre  Nemours  et  Montigny,  par  M. 
Léon  Janet,  590. 

Bastide  (la)  (Var).  Sur  le  gypse  de  —, 
par  M.  Ad.  Guébhard,  594. 

Bathonien.  Sur  la  découverte  d'un 
gisement  palustre  à  Paludines  dans 
le  terrain  —  de  lindre.  par  M.  Coss- 
mann,  136.  —  Note  sur  les  Gastropo- 
des du  gisement  —  de  St- Gaultier 
(Indre),  par  M.  M.  Cossmann  (PI.  XIV- 
XVII),  543. 

Bédarieux.  C.-R.  de  la  séance  du  11 
septembre  1899  à  — .  724.  —  C.-R.  de 
l'excursion  du  10  septembre  1899  a  —, 
par  M  René  Nicklès,  731.  —  Sur  une 
discordance  remarquable  entre  Per- 
mien  et  Trias  dans  les  environs  de  — . 
par  M.  Collot,  748. 

Bélemnitplle*.  Quelques  observations 
sur  les  —  et  en  particulier  sur  celles 
des  Corbière?,  par  M.  A.  de  Grossou- 
vre,  129. 

Bellongue  (la).  Sur  le  Flysch  a  fucoïdes 
de  —  et  du  Bassin  d'Oust  (Pyrénées), 

f>ar  M  Caralp,  436.—  Sur  les  schistes 
ustrés    de  —,   par  M.   Stuart-Men- 
teath,  589. 

Bernard  (Félix).  Notice  nécrologique. 
p;ir  M.  J.  Bergeron,  158. 

Bergeron  (J.).  Allocution,  7.  —  Note 
sur  la  base  du  Carbonifère  dans  la 
Montagne  Noire,  36.  —  Allocution  à 
la  séance  générale  annuelle.  145.  — 
Notices  nécrologiques  sur  M.  Jules 
Marcou,  153,  Hippolyte  Crosse,  154, 
Noguès.  155,  Gabriel  de  Mortillet,  155. 
Briart,  156,  Félix  Bernard.  158.  — 
Etude  de  quelques  Trilobites  de 
Chine,  499.  —  Forage  d'un  puits  arté- 
sien aux  Chominières,  près  Castel- 
naudary,  614.  —  Elude  des  terrains 

Saléozoïques  et  de  la  tectonique  de  la 
lontagne  Noire  (PI.  XVIII-XX),  617. 
—  C.-R.  de  l'excursion  du  6  septem- 


bre 1899,  au  col  de  Sainte-Colombe, 
680.  —  C.-R.  de  l'excursion  du  7  sep- 
tembre 1899,  de  Saint-Pons  à  Salnt- 
Chinian,  682.  —  C.-R.  do  l'excursion 
du  9  septembre  1899,  a  Roquebrun, 
724  —  Les  basaltes  de  l'Escandorgue 
et  du  Sa  lagon,  739.  —  C.-R.  de  l'excur- 
sion du  1 1  septembre  1899  (Terrains 
paléozoTques  de  la  Montagne- Noire), 
/41.  —  Excursion  du  11  septembre 
1899,  à  Laurens  et  Gabian,  747.  — 
C.-R  do  l'excursion  du  13  septembre 
1899,  à  Cabrières,  760.  -  C.-R.  de 
l'excursion  du  14  septembre  1899,  au 
Pic  de  Bissous,  765.  —  Observations, 
787. 

Bertrand  (Léon).  Observations,  730, 
738,  741,  787. 

Bertrand  (Marcel).  Présentation  de 
notes  sur  la  géologie  de  l'Isthme  de 
Panama  et  sur  les  phénomènes  volca- 
niques de  l'Amérique  Centrale,  494. 

Bigot.  Sur  les  dépots  plelstocènes  et 
actuels  de  la   Basse- Normandie,  360. 

Bissous  (Pic  de).  C.-R.  de  l'excursion  du 
14  septembre  au  — ,  par  M.  J.  Berge- 
ron, 765. 

Bletcher.  Présentation  d'un  échantil- 
lon de  Graptolites  provenant  des 
poudingues  du  grès  vosgien,  377. 

Bofill  (Almera  et).  Présentation  d'ou- 
vrage, 19. 

Botti.  Présentation  d'ouvrage,  236. 

Boule  (M.).  Sur  la  géologie  des  terrains 
sédimentaires  de  Madagascar,  124.  — 
Notice  sur  Charles  Brongniart, 
255.  —  Observations  à  propos  de  la 
note  de  M.  Thevenin  sur  le  bassin 
tertiaire  d'As  prières,  359.  —  Obser- 
vations à  propos  de  la  communica- 
tion de  M.  Bigot  sur  les  dépôts 
pléistocènes  de  la  Basse- Normandie, 
361.  —  Observations,  376, 378.  —  Sur  la 
géologie  de  Madagascar,  379,  395,398. 
—  Présentations  d'ouvrages,  453.  — 
Observations  sur  quelques  Equidés 
fossiles,  531. 

Bouroeat  (Abbé).  Quelques  points  nou- 
veaux de  géologie  jurassienne,  4i5. 

Briançonnais.  Les  nappes  de  recou- 
vrement du  —,  par  M.  P.  Termier 
(PI.  I),  47.  —  Structure  intime  des 
calcaires  Basiques  du  —,  par  M.  W. 
Kilian,  409. 

Briart.  Notice  nécrologique,  par  J. 
Bergeron,  156. 


802 


TABLE  ALPHABÉTIQUE   DES   MATIÈRES   ET   DES   AUTEURS 


Brivbs.  Sur  la  géologie  de  la  région 
pétrollfère  des  environs  de  Relizane 
(Algérie),  128. 

Brononiart  i Charles).  Notice  nécrolo- 
gique par  M.  M.  Boule,  255. 

Bryozoaires.  Les  ovicelles  des  Géidées 
(— ).  par  M.  F.  Canu  (PI.  VI),  326. 

Bucegiu.  Lapiez  dans  des  grès  crétacés 
(Massif du  —.Roumanie),  par  M.  E. 
de  Martonne,  28. 

Bureau  de  la  Réunion  extraordinaire 
de  la  Société  géologique  en  4899. 
Composition  du  -  ,  613. 

Bureau  de  la  Société  géologique  de 
France.  Composition  du  ~,  6. 


Cabrières.  C.-R.  de  l'excursion  du  13 
septembre  à  —,  par  M  J .  Bergeron, 
760.  —  Sur  les  tufs  de  l'Estabelle  à 
—,  par  M.  E   Jacquemet,  788. 

Cambronne  (Paul).  Nécrologie,  451. 

Cantal.  Note  sur  un  bois  de  vigne  des 
Cinérites  du—,  par  M.  P.  Fliche,318. 

Canu  (F.).  Les  ovicelles  des  Céidées 
(PI.  VI).  326. 

Caprines.  Découverte  de  vraies  —  dans 
l'Aptien  inférieur  du  Rimet  (lettre 
de  M.  Pasquier),  498. 

Caralp.  Sur  le  Flysch  à  fuçoldes  de  la 
Bellongue  et  du  Bassin  d'Oust  (Pyré- 
nées), 436. 

Carbonifère.  Note  sur  la  base  du  — 
dans  la  Montagne  Noire,  par  M.  J . 
Bergeron,  36. 

Carez  (Léon).  Observations,  758. 

Caslelnaudary .  Forage  d'un  puits  arté- 
sien aux  Cheminières  près  — ,  614. 

Caussols.  Les  accidents  frontaux  de  la 
barre  de  —  (Alpes  Maritimes),  par 
M.  Ad.  Guébhard,  253. 

Cazedarnes .  C.-R.  de  l'excursion  du  8 
•  septembre  1899  à   Pierrerue  et  — , 
par  M.  Cta.  Depéret,  712. 

Céidées.  Les  ovicelles  des  —  (Bryo- 
zoaires), par  M.  F.  Canu  (PI   VI),  326. 

Cénomanien.  Sur  le  —  de  Diego-Suarez 
(Madagascar),  par  M.  Em.  Haug,  396. 

Chaper  (Maurice).  Notice  nécrologique 
sur—,  par  M.  H.  Douvillé,  174.  — 
Liste  des  travaux  publiés  par  —,  188. 


Chemiré-en-Charnie  /Sarthe).  Sur  le 
Silurien  des  environs  de  — ,  par  M. 
D.-P.  GEhlert,  398. 

Chettaba.  Le  massif  du  —  et  les  flots 
triasiques  de  la  région  de  Constan- 
tin^, par  M.  E.  Ficheur,  85. 

Chine.  Etude  de  quelques  Trilobites  de 
—,  par  M.  J.  Bergeron  (PI.  XIII),  499. 

Cinérites.  Note  sur  un  bois  de  vigne 
des  -  du  Cantal, par  M.  P.  Fliche,  318. 

Clermont-l Hérault.  C.-R.  de  la  séance 
du  14  septembre  1899  à  — ,  758.  — 
Sur  la  tectonique  des  terrains  se- 
condaires dans  la  région  de  — ,  par 
M.  R.  Nicklès,  771 

Collette  de  Clars  (la).  Sur  la  tectoni- 
que de  —  (Alpes-Maritimes),  par 
M.  A.  Guébhard,  256. 

Collot.  Sur  lesTrlgonies  byssifères,  224. 

—  Sur  une  discordance  remarquable 
entre  Permien  et  Trias  dans  les  envi- 
rons de  Bédarieux,  748. 

Comité  d'organisation  du  VI II*  con- 
grès qéologique  international.  Com- 
position du  — ,  11. 

Commission.  Rapport  de  la  — du  Prix 
Fontannesen  1899,  par  M.  Peron,  160. 

—  Rapport  de  la  —  de  comptabilité 
présenté  par  M.  Douvillé,  524. 

Commissions  diverses  de  la  Société 
géologique  de  France.  Composition 
des  —,  6. 

Conférence.  Sur  les  travaux  du  che- 
min de  fer  de  la  Jungfrau,  par 
M.  Golliez,  586. 

Congrès  géologique  international  de 
Paris.  {VIII*  session  en  4900).  Pre- 
mière circulaire  du  —,  10. 

Conseil  de  la  Société  géologique  de 
France.  Composition  du  —,  6. 

Constantine.  Le  massif  du  Chettaba  et 
les  Ilots  triasiques  de  la  région  de  — , 
par  M.  E.  Ficheur,  85. 

Corbières.  Quelques  observations  sur 
les  Belemnitelles  et  en  particulier  sur 
celles  des  —,  par  M.  A.  de  Grossouvre, 
129. 

Cossmann  (M.).  Sur  la  découverte  d'un 
gisement  palustre  à  Paludines  dans 
le  terrain  batbonien  de  l'Indre,  136. 

—  Note  sur  les  Gastropodes  du  gise- 
ment bathonien  de  St-Gaultier(  Indre) 
par  M.  -  (PI.  XIV-XVII),  543. 


TABLE  ALPHABÉTIQUE  DES  MATIÈRES   ET  DES  AUTEURS 


803 


Crétacé.  Lapiez  dans  des  grès  —s  (Mas- 
sif du  Rucegiu  ;  Roumanie),  par  M.  E 
de  Martonne, 28.  —Sur quelques  fos- 
siles —s  de  Madagascar,  par  M.  A.  de 
Grossouvre,  378.  —  Contribution  à 
l'étude  du  système  —  dans  les  Alpes- 
Maritimes,  par  M.  A.  de  Riaz.  411.  — 
Note  sur  quelques  Fora  minières 
nouveaux  ou  peu  connus  du  —  d'Es- 
pagne, par  M.  C.  Schlumberger  (PI. 
VIII-XI),  456. 

Crosse  (Hlppolyte).  Notice  nécrologique 
par  J.  Bergeron,  154. 

Crozon  (Finistère).  Présentation  de 
plusieurs  notes  sur  la  géologie  de  la 
presqu'île  de  —,    par  M.   Kerforne, 

Crustacés.  Sur  la  découverte  de  — , 
fossiles  dans  le  Précambrien  améri- 
cain, 144. 

D 

Depéret  (Charles).  Aperçu  sur  la  géolo- 
gie du  chaînon  de  Saint-Chinian  (PI. 
XXIl,  686.  —  C.-R.  de  l'excursion  du 
7  septembre  1899,  à  Assignan  et  Bar- 
roubio,  709.  —  C.-R.  de  l'excursion 
du  8  septembre  à  Pierrerue  et  Caze- 
darnes.  712.  —  Observations,  730,  757, 
787, 790.—  L'Eocône  du  bois  de  Levas, 
738  —  Etude  des  dépots  miocènes 
d'Autignac,7i2.— C.-R.  de  l'excursion 
du  12  septembre  dans  la  région  de 
Pézenas,  759. 

Dereims  (A.).  Note  sur  les  terrains 
paléozolques  d'Espagne,  779. 

Diego-Suarez (Madagascar).  Sur  le Céno- 
inanien  de  —,  par  M.  Em.  Ilaug.396. 

Dollfus  (G.)  Observation  sur  les  La- 
piez, 32.  —  Présentation  d'une  bro- 
chure sur  quelques  Coquilles  nouvel- 
les des  Faluns  de  Ton  raine,  495. 

Dollfus  (G.)  et  P.  Gauchert.  Noies 
nouvelles  sur  le  calcaire  de  Montabu- 
zard.  près  d'Orléans.  21.  —  Obser- 
vations a  propos  d'une  coup*'  de  Ma- 
dagascar, j9o. 

Dop.  Observation,  758. 

Douvillk  (H.).  Notice  nécrologique  sur 
Maurice  Chaper,  174. — Liste  des  tra- 
vaux publiés  par  M.  Chaper.  188.  — 
Sur  une  coupe  de  Madagascar,  dressée 
par  M  Vllliaume,  385.  —  Sur  les 
couches  à  Orbitoldes  du  bassin  de  l'A- 
dour,  497.  —  Sur  la  découverte 
de  nouvelles  couches  a  Villers-sur- 
Mer,  523.  —  Rapport  de  la  Commis- 
sion de  Comptabilité.  524 


Dryopithèque  Nouvelles  pièces  de—, 
et  quelques  coquilles,  de  Saint- Gau- 
dens  (Haute-Garonne)  par  M.Edouard 
Harlé(Pl.  IV),  304. 

Duparc(L.)  et  Mrazec  (L.)  Présentation 
d'ouvrage,  18. 

Durance  {Bassin  de  la).  Observation 
de  M.  Kilian  au  sujet  d'une  note  de 
M.  David  Martin  sur  les  dépôts  gla- 
ciaires du  —,  322. 


E 


Echinides.  Contribution  à  l'étude  des 

—  fossiles,  par  M.  V.  Gauthier,  3i4. 

Egypte.  Sur  la  présence  de  fragments 
d'Astéries  dans  les  couches  de  la 
base  de  Moka  t ta  m  (— ),  par  M.  R. 
Fourtau,  45.  —  Sur  des  Poissons 
fossiles  éocènes  d' —  et  de  Roumanie 
et  rectification  relative  à  Pseudolates 
Heberti  Gervais  sp.,  par  M.  F.  Priem 
(PI.) II),  241.  —  Découverte  de  nou- 
veaux fossiles  tertiaires  en  — ,  par 
M.  R.  Fourtau,  382.  —  Observations 
sur  les  terrains  éocènes  et  oligocènes 
d'-.par  M.R.  Fourtau,  480. 

Elections,  5. 

Eoc.ïne.  Sur  des  Poissons  fossiles  —s 
d'Egypte  et  de  Roumanie  et  rectifica- 
tion relative  k  Pseudolates  Heberti 
Gervais  sp.,  par  M.  F.  Priem  (PI.  II), 
241.  —  Observations  sur  les  terrains 

—  et  oligocènes  d'Egypte,  par  M.  A. 
Fourtau,  480.  —  L'—  du  bois  de  Levas 
(Montagne  Noire),  par  M.  Ch.  De- 
péret, 738. 

Equidés.  Observations  sur  quelques  — 
fossiles,  par  M.  Marcellin  Boule,  531. 

Espagne.  Note  sur  quelques  Foramtni- 
fères  nouveaux  ou  peu  connus  du 
Crétacé  d'— ,  par  M.  C.  Schlumberger 
(PI.  VIII-XI).  456.  —  Note  sur  les 
terrains  paléozolques  d' — ,  par  M .  A. 
Dereims.  779. 

Estabelle  (tufs  del').  Sur  les  —  à  Ca- 
hrières.    par  M.  E.  Jacquemet.  788. 

Excursions  Liste  provisoire  des  —  du 
VHP  Congrès  géologique  internatio- 
nal, 13.  —  Réunion  extraordinaire  de 
1899.  —  diverses,  724  a  791 . 


Fabre  (G.).  Sur  un  dôme  triasique  dans 
les  environs  de  Relizane  (dép.  d'Oran), 
323. 


TABLE   ALPHABÉTIQUE  DES    MATIERES    ET   DES   AUTEURS 


Fichicb  (E.|.  Le  massif  du  Chettaba  et 
les  Ilots  trlasiqucs  de  la  région  de 
Conslanllne  (Algérie),  85.  —  Rapport 
de  la  Commission  du  prix  Fontanne?, 
en  1893,  décerné  a  M.  —,  160.  — 
Remerciements,  166.  —  Notice  bio- 
graphique sur  A-  Pomel,  191.  —  Bi- 
bliographie dea  travaux  scientifiques 
de  A.  Pomel,  217. 

FintÊtère.  Présentation  de  plusieurs 
notes  sur  la  géologie  de  la  presqu'île 
de  Croxon  (— |,  par  M.  Kerforne,  383. 


ï'lichi  (P.).  Note  sur  un  bola  de  vigne 
des  cinérites  du  Cantal,  318.  —  Note 
sur    quelques    fossiles    végétai 


Flysch.  Sur  le  —  a  fucoides  de  la  Bel- 
longue  et  du  Bassin  d'Oust  (Pyrénées), 
par  M.  Caralp,  436 


Foramintfires.  Note  sur  quelques  — 
nouveaux  ou  peu  connus  du  Crétacé 
d'Espagne,  par  M.   C.  Schlum berger 


'Espagne,  par 
M.VIÏI-XI],  n 


Fouhnka  (E.) .  Observations  sur  la  tec- 
tonique des  environs  de  Marseille. 27. 

—  Les  chaînes  de  la  bordure  septen- 
trional du    bassin  de  Marseille,  336. 

Fourtau  iR.)  Sur  la  présence  de  frag- 
ments d'Astéries  dana  les  couches  de 
la  base  du  Mokaltam  lEgyptci,  43.  — 
Sur  un  nouveau  gisement  de  Pois- 
sons fossiles  aux  environs  des  pyra- 
mides de  Glllïch,  237.  —  Présentation 
d'ouvrages,  382  —  Découverte  de 
nouveaux  fossiles  tertiairesen  Egypte. 
382.  —  Observations  sur  les  terrains 
éocènes  cl  oligocènes  d'Egypte,   480 

—  Observations,  758. 


Fucoïdtl.  Sur  le  flysch  a  —  de  la  Bel- 
longue  et  du  liassi'ù  d'Oust  (Pyrénées). 
par  M.  Caralp,  436. 


Gabion.  Sut  le  lambeau  secondaire  de 
Fouzilhon-  -,  par  M.  R.  Ntcklès, 
743.  —  Excursion  dn  II  septembre 
1899  à  Laurens  et  —,  par  M.  J.  Ber- 


Gnslronodt* .  Note  sur  les  —  du  gise- 
meni  balhonien  de  Saint -Gaultier 
llndre...  par  11.  M.  Cossmann  (PI. 
XIV-XVIIJ,543. 

Garonne.  Nouvelles  pièces  de  Dryopi- 
theque  et  quelques  coquilles  de 
Saint-Gaudens  (Haute — i,  par  H. 
Edouard  Hurlé  (PI.  IV),  301.  —  Gros 
cailloux  de  la  —  en  aval  du  confluent 
du  Tarn,  par  M.  Ed.  Rarlé,  348. 

Gauchf.hï  (G.)  et  Dollms  lP.|.  Note* 
nouvelle*  sur  le  calcaire  de  Monta  bu- 
xard,  près  d'Orléans,  21. 

Gaudrt  (Albert).  Présentation  par  M. 
—  de  la  première  circulaire  du  Con- 
grès géologique  International  de  Paris 
(VIII-  session  -  19001.  10.  —  Présen- 
tation d'ouvrages,  45.  —  Découverte 
d'ossements  de  Mammifères  a  Kusch- 

.  weillcr,  118  —  Notice  nécrologique 
nu   Pr.  Marsh,  122.  —    Observations, 

338.  —  Présentation  d'un  ouvrage 
Intitulée  Lif  and  lellers  «f  sir  Joseph 
Prestwlch,  381.  —  Sur  le  Neomyfi- 
don  de  Patagonie,  496. 

GAUTRirn  <V.).  Contribution  a  l'étude 
dea  Ecbinldes  fossiles.  344. 

Gentil  (L.|.  Observations,  542. 

Ghiieh.  Sur  un   nouveau  gisement  de 


Gtaciairr*  (Dépôts),  Observation»  de 
M.  Killan  au  sujet  d'une  note  de 
M.  David  Martin  sur  les  —  du  bas- 
sin de  la  Durauce,  322. 

Glangeaud.  Sur  les  plissements  du 
Bassin  de  l'Aquitaine  [observations  a 
une  note  de  M.  — ).  par  M.  V.  Huulin, 
114.  —  Sur  la  découverte  de  Crusta- 
cés (ossiles  dans  le  Précambrien  amé- 
ricain, 114.  —  Sur  les  plissements 
du  Bassin  de  l'Aquitaine,  réponse  a 
M.   Ranlln,  4Si. 


IraptO. 

tlflon  de  —  provenant  des  poudingue 
du  grès  vusgien,  par  M.  Bleicher,  377. 


apiei 

slf  du  Buceglu  ;  Roumanie),  par  M. 
E.  de  Ma ilonnc,  28.  —  Présentation 
d'un  échantillon  de  Graptolites  pro- 
venant des  poudingues  de  —  vosglens, 
par  M.  Blelcber,  377. 


TABLE  ALPHABÉTIQUE   DES   MATIÈRES   ET   DES   AUTEURS 


805 


Grossouvrb  (A.  de!.  Quelques  observa- 
tions sur  les  Bélemnitclles  et  en 
particulier  sur  celles  des  Cor  bières, 
129.  —  Sur  ['Ammonite*  peramplu* 
et  quelques  autres  fossiles  turoniens, 
328.  —  Sur  quelques  fossiles  crétacés 
de  Madagascar,  378. 

GuÉBHARO(Ad.).  Les  accidents  frontaux 
de  la  barre  de  Caussols  (Alpes-Mari 
Urnes),  253.  —  Sur  la   tectonique  de 
la  Collette  de  Clars (Alpes-Maritimes), 
256.  Sur    le   gypse  de  la  Hastidr 

(Var),  59*. 

Guisanne.  Microgranites  de  la  vallée 
de  la  —  (bord  nord  du  massif  du 
Pelvoux),  par  M.  i*.  Termier,  399. 

Guyane.  Renseignements  géologiques 
sur  les  régions  aurifères  de  la  — 
française,  par  M.  Levât,  34. 

Gypse.  Sur  le  —  de  la  Rastide  (Var», 
par  M.  Ad.  Guébhard,  594. 

H 

Hall  (James).  Notice  sur—,  par  M. 
Charles  Bar  rois,  168. 

Harlé  (Edouard).  Nouvelles  pièces  de 
Dryopithèque  et  quelques  coquilles 
de  Saint-Gaudens  (Haute-Garonne) 
(PI.  IV),  304.  —  Gros  cailloux  de  la 
Garonne  en  aval  du  con Huent  du  Tarn, 
348. 

Haug  (Emile).  Observations,  84.  — 
Observations  à  la  note  de  M.  de 
Grossouvre,  intitulée  :  sur  l'Ammo- 
nite* peramplus  et  sur  quelques  au- 
tres fossiles  turoniens.  ÎJ28.  —  Sur  le 
Cénomanien  de  Diego  Suarez  (Mada- 
gascar;, 396.  —  Présentation  d'ou- 
vrages, 454. 

Hérault  Note  sur  le  Pliocène  marin 
des  bassins  de  l'étang  de  Thau,  de 
1-,  de  l'Orb  et  de  l'Aude,  par  M.  E. 
Jacquemet,  724.  —  Note  sur  les  for- 
mations miocènes  des  bassins  de 
l'étang  de  Thau,  de  1'—,  de  l'Orb  et 
de  l'Aude,  par  M.  E.  Jacquemet,  750. 

Hoplites.  Sur  la  découverte  de  — 
Eulhymi  dans  le  Jura  suisse,  par  M. 
W.  Kilian,  125. 

I 

Indre.  Sur  la  découverte  d'un  gisement 
palustre  à  Paludincs  dans  le  terrain 
bathonien  de  1'—,  par  M.  Cossmann, 
136.  —  .Note  sur  les  Gastropodes  du 
gisement  bathonien  de  Saint-Gaul- 
tier (  -),  par  M.  M.  Cossmann  (PI. 
XIVXVII),  543. 


User.  Note  sur  les  anciennes  plages  et 
terrasses  du  Bassin  de  1'—  (départe- 
ment d'Alger)  et  de  quelques  autres 
bassins  de  la  côte  algérienne,  par  M. 
i .  J.  B.  de  Lamothe  (PI.  III),  257. 


Jacquemet  (E.).  Note  sur  le  Pliocène 
marin  des  bassins  de  l'étang  de  Thau, 
de  l'Hérault,  de  l'Orb  et  de  1  Aude,  721. 

—  iNote  sur  les  formations  miocènes 
des  bassins  de  l'étang  de  Thau,  de 
l'Hérault,  de  l'Orb  et  de  l'Aude,  750. 

—  Sur  les  tufs  de  l'Estabelle  à  Ca- 
brlères,788. 

JANET(Léon).  Observation  sur  les  lapiez, 
32.  —  Note  sur  l'existence  de  l'étage 
bartonien  dans  la  vallée  du  Lolng, 
entre  Nemours  et  Montigny,  $90. 

Jungfruu.  Sur  les  travaux  du  chemin 
de  fer  de  la  — ,  par  M.  Golliez,  586. 

Jura.  Sur  la  découverte  de  Hoplites 
Eut  h  j  mi  dans  le  —  suisse,  par  M.  W. 
Kilian,  125.  —  Quelques  points  nou- 
veaux de  géologie  -ssienne,  par  M. 
l'abbé  Bourgeat,  445. 


K 


Kerfornr.  Présentation  de  plusieurs 
notes  sur  la  géologie  de  la  presqu'île 
de  Crozon  (Finistère),  383. 

Kilian  (W.).  Sur  la  découverte  de  Ho- 
plites Eulhymi  dans  le  Jura  suisse, 
125.  —  Sur  certains  points  delà  struc- 
ture des  Alpes  françaises  (à  propos 
dune  hypothèse  récente),  126.  — 
Observations  au  sujet  d'une  note  de 
M.  David  Martin  sur  les  dépots  gla- 
ciaires du  bassin  de  la  Durance,  322. 
— Structure  intime  des  calcaires  Basi- 
ques du  Briançonnais,  409 

Klippen.  Sur  les  —  des  Basses- Pyrénées, 
par  M.  Stuarl-Mcnleath,  227. 


LahilleiF.v.  Présentation  d'ouvrages, 
453. 

Lamothe  (L.  J.  B.  de).  Note  sur  les 
anciennes  plages  et  terrasses  du  bas- 
sin de  lisser  (Département  d'Alger) 
et  de  quelques  autres  bassins  de  la 
cote  Algérienne  (PI.  III),  257. 


8()6 


TABLE   ALPHABÉTIQUE   DES   MATIÈRES   ET   DES   AUTEURS 


Lapiez.  —  dans  des  grès  crétacés  (Massif 
du  Bucegiu,  Roumanie),  par  M.  E.  de 
Martonne,  28.  —  Observation  sur  les 
—,  par  M  G  Dollfus.  32—  Observa- 
tion sur  les  —,  par  M.  Léon  Janet,32. 

Lapparent  (A.  de).  Présentation  d'ou- 
vrage, 453. 

La  ht  et  (Louis).  Nécrologie,  614. 

Launat  (de).  Conférence  sur  les  varia- 
tions des  filons  métallifères  en  pro- 
fondeur, 34. 

Laurens.  Excursion  du  11  septembre 
1899  à  —  et  Gabian,  par  M.  J.  Ber- 
geron,  747 . 

Lebbsconte.  Présentation  d'ouvrage, 
45. 

Lepidocyclina .  Sur  les  couches  à  Orbi 
toldes  (— )  du  Bassin  de  l'Adour,  par 
M.  H.  Dou ville,  497. 

Levât.  Présentation  d'ouvrage,  34  — 
Observations  à  la  note  de  M.  J.Ber- 
geron  sur  la  base  de  Carbonifère 
dans  la  Montagne  NolreY  43. 

Lias.  Structure  intime  des  calcaires 
—  iques  du  Brlançonnais,  par  M.  W. 
Kilian,  409. 

Loing.  Note  sur  l'existence  de  l'étage 
Bartonien  dans  la  vallée  du  — ,  par 
M.  L.  Janet,  590. 

M 

Madagascar.  Sur  la  géologie  des  terrains 
sédimentaires de  — , parM  M.  Boule, 
124.  —  Sur  quelques  fossiles  crétacés 
de  —  ,  par  M.  A.  Grossouvre,  378.  — 
Sur  la  géologie  de  —  ,par  MM.  Boule, 
379.  —  Sur  une  coupe  de  —  dressée 
par  M.  Villiaume,  par  M.  H.  Dou- 
ville,  38o.  —  Sur  le  Cénomanien  de 
Diego-Suarez  (— ),  par  M.  bm.  Haug, 
396. 

Mammifères.  Découverte  d'ossements 
de  — ,  à  Buschweiller,  118. 

Marcou  (Jules).  Notice  nécrologique, 
par  M.  J.  Bergeron,  153. 

Margerie  (E  de).  Allocution  prés id en 
tielle,  8. 

Marseille.  Observations  sur  la  tectoni- 
que des  environs  de  — ,  par  M.  E. 
Fournier,  27.  —  Les  chaînes  de  la 
bordure  septentrional  du  bassin  de— , 

f>ar  M.  E.  Fournier,  336.  —  INote  sur 
'Aptien  supérieur  des  environs  de  —, 
par  M.  J.  Repelin(Pl.  VII»,  363. 


Marsh.  Notice  nécrologie  sur  le  Pr.  — , 
par  M.  A.Gaudry,  it£. 

Martin  (David).  Observations  de  M. 
Kilian  au  sujet  de  la  note  de  M  — 
sur  les  dépots  glaciaires  du  bassin  de 
la  Durance,  322. 

Martonne  (E.  de).  Lapiez  dans  des  grès 
crétacés  (massif  du  Bucegiu  ;  Rouma- 
nie), 28. 

M  as- Cape  L  Excursion  du  8  septembre 
1899  aux  environs  du  —  et  de  Saint- 
Biaise,  par  M.  R.  Nicklès,  715. 

Méduses  Note  préliminaire  sur  ^décou- 
verte de  —  fossiles  par  M.  V.  Paquicr, 
119. 

Microgranites.  —  de  la  vallée  de  la  Gui- 
sanne  (Bord   nord  du  massif  du  Pel 
voux),  par  M.  P.  Termier.  399. 

Miocènes.  Etude  des  dépôts  —  d'Au- 
tignac,  par  M.  Ch.  Deperet,  742.  — 
Note  sur  les  formations  —  des  bas- 
sins de  l'étang  de  Thau,  de  l'Hérault, 
de  l'Orb  et  de  l'Aude,  par  M.  E. 
Jacquemet,  750. 

Miquel.  Observations.  769. 

Mm  (E.).  Forage  d'un  puits  artésien 
aux  Cheminières  près  Castelnaudary, 
614. 

Mokaltam.  Sur  la  présence  de  fragments 
d'Astéries  dans  les  couches  de  la  base 
du  —(Egypte), par  M.  B.  Fourtau,45. 

Mollusques.  Sur  les  faunes  fossiles  des 
—  terrestres  et  d'eau  douce  de  l'Al- 
gérie, par  M.  Pallary,  374. 

Montabuzard.  Notes  nouvelles  sur  le 
ca  Icaire  de — .  près  d'Orléans,  par  M  M . 
G.  Dollfus  et  P.  Gauchery,  21. 

Montagne  Noire.  Note  sur  la  base  du 
Carbonifère  dans  la— ,  par  M.  J.  Berge- 
ron, 36.  —  Béunlon  extraordinaire  do 
la  Société  Géologique  en  1899,  sur  le 
versant  méridional  de  la  — .  605.  — 
Etude  des  terrains  paléozolques  et  de 
la  tectonique  de  la  (PI.  XVIU-XX), 
par  M.  J.  Bergeron,  617.  —  Explica- 
tion des  planches  relatives  à  la  réu- 
nion extraordinaire  de  la  — ,  791. 

Monligny.  Note  sur  l'existence  de  l'étage 
bartonien  dans  la  vallée  du  Loing, 
entre  Nemours  et  —,  par  M.L.  Janet, 

;>90. 

Montpellier .  Absence  du  Barrèmien  sur 
la  feuille  de— ,  par  M.  F.  Roman,  517. 


TABLE  ALPHAB&riQUE   DBS  MATIÈRES  ET   DES  AUTEURS 


807 


Mortillet  (Gabriel  de).  Notice  nécrolo- 
gique, par  M.  J.  Bergeron,  155. 

Mrazec(L.)  et  Duparc  (L.).    Présenta- 
tion d'ouvrage,  18. 

Munier-Chalmas.  Observations,  125,585, 
588,  593. 


N 


Nancy.  Sur  le  Toarcien  des  environs  de 
—,  par  M.  Ch.  Autbelin,  230 

Nécrologie. —  Paul  Cambronne,  451.  — 
E.  Jannettaz,  374.  —  Louis  Lartet, 
614.  —  Note  sur  Charles  de  Grasset, 
33.  —  Le  Pr.  March,  par  M.  A.  Gaudry, 
122.  —  Jules  Marcou.  153.  —  Hip- 
polyte  Crosse,  154  —  Noguès,  l.*»5. — 
Gabriel  de  Mortillet.  155.  —  Briart, 
156.  —  Félix  Bernard,  158.  —  IVotice 
sur  James  Hall,  par  M  Charles  Bar- 
rois.  160.  —  Notice  nécrologique  sur 
Maurice Chaper.  par  M.  H.  Dou ville, 
174.  —  Notice  biographique  sur  A. 
Pomel,  par  M.  E.  Ficheur,  191.  — 
Notice  nécrologique  sur  Ch.  Bron- 
gnlart,  par  M.  M.  Boule,  255. 

Nemour*.  Note  sur  l'existence  de  l'étage 
bartonien  dans  la  vallée  du  Loing, 
entre— et  Montigny,  par  M.  L.  Janet, 
590. 

Neomylodon.  Sur  le  —  de  Patagonie, 
par  M.  Alb.  Gaudry.  496. 

Nicklès  (René).  Excursion  du  8  septem- 
bie  1899,  aux  environs  du  MasCapel 
et  de  Saint-Biaise,  715.  —  C.-R.  de 
l'excursion  dn  10  septembre  1899,  à 
Bédarieux.  731.  —  Sur  le  lambeau 
secondaire  de  Fouzilhon-Gabian,  743. 
—  Sur  la  tectonique  des  terrains 
secondaires  dans  la  région  de  Cler- 
mont  l'Hérault,  771.  —  Excursion  au 
roc  des  Vierges,  780. 

Noguès.  Notice  nécrologique  par  M .  J . 
Bergeron,  155. 

Normandie.  Sur  les  dépôts  pléistocènes 
et  actuels  de  la  Basse— .par  M.  Bigot, 
360. 


0 


CEblert  (D.-P.).  Sur  le  Silurien  des 
environs  de  Chémlré  -  en  -  Charnie 
(Sarthe),  398. 


Oligocène.  Note  sur  quelques  fossiles 
végétaux  de  1'—  dans  les  Alpes  fran- 
çaises, par  M.  P.  Fliche(Pl.XlI),466. 
Observations  sur  les  terrains  éocènes 
et  —s  d'Egypte,  par  M.  R  Four  tau, 
480. 

Oran  (Dépt.  d').  Sur  un  dôme  triasique 
dans  les  environs  de  Relizane  (— ),  par 
M.  G.  Fabre,  323. 

Orb.  Note  sur  le  Pliocène  marin  des 
bassins  de  l'étang  de  Thau,  de  l'Hé- 
rault, de  1'—  et  de  l'Aude,  par  M.  E. 
Jacciuemet,  721.  —  Note  sur  les  for- 
mations miocènes  des  bassins  de 
l'étang  de  Thau.  de  l'Hérault,  de  1— 
et  de  l'Aude,  par  M .  E.  Jacquemct,  750. 

Orbitoïdes.  Sur  les  couches  à  —  du 
bassin  de  l'Adour,  par  M.  H.  Douvillé, 
497. 

Orléans.  Notes  nouvelles  sur  le  calcaire 
de  Montabuzard.  près  d'-,  par  MM. 
G.  Dollfus  et  P.  Gauchery,  21. 

Oust.  Sur  le  flysch  a  fucoldes  de  la  Bel- 
longue  et  du  bassin  d'—  (Pyrénées), 
par  M.  Caralp,  436. 


Pallart.  Sur  les  faunes  fossiles  des 
Mollusques  terrestres  et  d'eau  douce 
de  l'Algérie,  374. 

Paléozoiques  (  terrains  i .    Etude  des  — 
et  de  la  tectonique   de  la  Montagne 
Noire,  par  M .  J .  Bergeron  (  PI .  XV11I 
XX),  617.    -  C  -R.  de  l'excursion  du 
1i  septembre.  —  de  la  Montagne  Noire, 

{mr  M .  J.  Bergeron,  741 .  --  Note  sur 
es  —  d'Espagne,  par  M .  A.  Dereims, 
779. 

Paludines.  Sur  la  découverte  d'un  gise- 
ment palustre  à  —  dans  le  terrain 
batbonien  de  l'Indre,  par  M.  M .  Coss- 
mann,  136. 

Paquier  (V.).  Note  préliminaire  sur  la 
découverte  de  Méduses  fossiles,  119-. 
—  Présentation  d'ouvrage.  123.  — 
Découverte  de  vraies  Caprines  dans 
l'Aptien  inférieur  du  Rimet,  498. 

Pellat  (Edm.).  Présentation  d'une  bro- 
chure sur  le  Jurassique  supérieur  du 
Boulonnais,  522. 

Pelvoux.  Microgranites  de  la  vallée  de 
la  Guisanne  (Bord  nord  du  massif  du 
— ).  par  M.  P.  Termier,  399. 


808 


TABLE   ALPHABÉTIQUE   DES   MATIÈRES   ET   DES   AUTEURS 


Permim.  Sur  une  discordance  remar- 
quable entre  —  et  Trias  dans  les  en- 
virons de  Bédarieux,  par  M.    Collot, 

748. 

Peron.  Rapport  de  la  Commission  du 
Prix  Fontannes  en  18W  160. 

Pétrolifère.  Sur  la  géologie  de  la 
région  —  des  environs  de  Relizane 
(Algérie),  par  M.  Brives.  128. 

Pézenas  C.-R.  de  l'excursion  du  12 
septembre  dans  la  région  de  — .  par 
M.  Cl»    Depéret,  759. 

Pierrerue.  C.-R.  de  l'excursion  du  8 
septembre  1899  à  —  et  Cazedarnes, 
par  M.  Ch    Depéret,  712. 

Plages.  Note  sur  les  anciennes  —  et 
terrasses  du  bassin  de  1  Isser  (dépar 
tement  d'Alger)  et  de  quelques  autres 
bassins  de  la  côte  algérienne,  par  M. 
L   J    B.  de  Lamothe(Pl.  111),  257. 

Pléistocène,  Sur  les  dépôts— set  actuels 
de  la  Basse-Normandie,  par  M.  Bigot, 
360. 

Pliocène.  Note  sur  le  —  marin  des 
bassins  de  l'étang  de  Thau,  de  l'Hé- 
rault, de  l'Orb  et  de  l'Aude,  par  M.  E. 
.lacquemel,  721. 

Plissements.  Sur  les  —  du  bassin  de 
l'Aquitaine  (Observation  à  une  note 
de  M.  Glangeaud),  par  M.  V.  Raulin, 
114.  —  Sur  les  —  du  bassin  de  l'A- 
quitaine, réponse  à  M.  Raulin,  455. 

Poissons  fossiles.  Sur  un  nouveau  gise- 
ment de  —  aux  environs  des  Pyra- 
mides de  Ghizeh,  par  M.  R.  Fourtau, 
237.  —  Sur  des  —  éocènes  d'Egypte 
et  de  Roumanie,  et  rectification  rela- 
tive à  Pseudolates  Ueberli  Gervais 
sp.,  par  M   F.  Priem  (PI.  II).  241. 

Pomel  (A.).  Notice  biographique  sur  — , 
par  M.  E.  Ficheur,  191.  —  Bibliogra- 
phie des  travaux  scientifiques  de  —, 
217. 

Précambrien.Suv  la  découverte  de  Crus- 
tacés fossiles  dans  le  —  américain,  144. 

Prestwich  (Sir  Joseph).  Présentation 
d'un  ouvrage  intitulé  :  Life  and  Ict- 
ters  of  -,  381. 

Priem  (F.).  Sur  des  Poissons  fossiles 
éocènes  d'Egypte  et  de  Roumanie  et 
rectification  relative  à  Pseudolates 
Heberti  Gervais  sp.  (PI.  II),  241. 

Provence.  Sur  le  Trias  des  environs  de 
Rougiers  (— )  et  ses  relations  avec  la 
roche  éruptive  de  cette  région,  par 
M    J.  Repelin  (PI.  V),  311. 


Pseudolates.  Sur  des  poissons  fossiles 
éocènes  d'Egypte  et  de  Roumanie  et 
rectification  relative  à  —  Ueberli 
Gervais  sp..  par  M.  F.  Priem  (PI.  II), 
241. 

Pyrénées.  Observations  sur  la  géologie 
des  —,  par  M.  Stuart-Menteath.  la). 
—  Sur  les  Klippen  des  Basse» — ,  par 
M.  Stuart-Menteath,  227.  -  Sur  les 
failles  des  —,  par  M.  Stuart-Men- 
teath, 361 .  —  Sur  le  flysch  à  fucoides 
de  la  Bel  longue  et  du  bassin  d'Oust 
(— ).  par  M.  Caralp,  436.  —  Progrès 
de  la  géologie  des  —  par  M .  Stuart 
Mcntcath,  491. 


R 


Ramono  (G  ) .  Observations,  593. 

Rapport  de  la  Commission  de  Compta- 
bilité présenté  par  M.  H.  Douvillé,524. 

Rascles.  Lapiez  (ou  —  )  dans  des  grès 
crétacés  (Massif  du  Bucegiu;  Rouma- 
nie), par  M.  E  de  Martonne,  28. 

Raulin  (V.).  Sur  les  plissements  du 
Bassin  de  l'Aquitaine.  (Observation  a 
une  note  de  M.  Glangeaud),  114.  — 
Sur  les  plissements  du  bassin  de 
l'Aquitaine,  réponse  de  M.  Glangeaud 
à  M.  —  ,  455. 

Recouvrement.  Les  nappes  de  —  du 
Briançonnais,  par  M.  P.  Termier 
(PI.  I),  47. 

Relizane.  Sur  la  géologie  de  la  région 
pétrolifère  des  environs  de — ;  Algérie), 
par  M.  Brives,  128.  —  Sur  un  dôme 
triasique  dans  les  environs  de  — 
(département  d'Oran  ,  par  M.  G. 
Fabre,  323. 

Repelin  (J.).  Sur  le  Trias  des  environs 
de  Rougiers  et  ses  relatations  avec  la 
roche  éruptive  de  cette  région  (Pl.V), 
311. — Note  sur  l'Aptien  supérieur  des 
environs  de   Marseille  (PI.  VII),  363. 

Réunion  extraordinaire  de  la  Société 
géologique  on  1899  sur  le  versant 
méridional  de  la  Montagne  Noire, 
605.  —  Explication  des  planches. 791. 

Riaz  (A.  de).  Contribution  à  l'étude 
du  système  crétacé  dans  les  Alpes- 
Maritimes,  411 

Roman  (F.).  Absence  du  Barrémien 
sur  la  feuille  de  Montpellier,  517. 

Roquebrun.  C.  R.  de  l'excursion  du  9 
septembre  1899  à  —,  par  M.  J.  Ber- 
geron,  724. 


TABLE  ALPHABÉTIQUE  DES  MATIÈRE8  ET  DE8  AUTEURS 


809 


Rougiers.  Sur  le  Trias  des  environs  de 

—  (Provence)  et  ses  relations  avec  la 
roche  éruptive  de  cette  région,  par 
M.  J.  Repelin  (PI.  V),  311. 

Roumanie.  Lapiez  dans  des  grès  cré- 
tacés (Massif  du  Bucegiu,  — ),  par  M. 
E.  de  Martonne,  28.  —  Sur  des  Pois- 
sons fossiles  éocènes  d'Egypte  et  de 

—  et  rectification  relative  a  Pseudo- 
lates  Heberti  Gervaissp.,  par  M.  F. 
Prie  m  (PI.  II),  341. 


Saint-Biaise.  Excursion  du  8  septembre 
1899,  aux  environs  de  Mas-Capel  et  de 
—,  par  M.  René  Nicklès,  715. 

Saint- Chinian.  C.-R.  de  la  séance  du  8 
septembre  1899,  à  —,  680.  —  C.-R.  de 
l'excursion  du  7  septembre  1899,  de 
Saint- Pons  a  —,  par  M.  J.  Berge ron, 
682.  —  Aperçu  sur  la  géologie  du  chaî- 
non de  — ,  par  M.  Depéret  (PI.  XXI), 
686. 

Sainte-Colombe  (Col  dei.  C.-R.  de  l'ex- 
cursion du  6  septembre  1899,  au  —, 
par  M.  J.  Rergeron,  680. 

Saint-Gaudens  (Uaute-Garonne).  Nou- 
velles pièces  de  Dryopithèque  et 
quelques  coquilles  de  —,  par  M.  Ed. 
Harlé(Pl.  IV),  30*. 

Saint- Gaultier  (Indre)  Note  sur  les 
Gastropodes  du  gisement  bathonien 
de  —,  par  M.  M.Cossmann  (PI.  XIV- 
XVII;,  543 

Saint- Jean- de-la- Blaquière.  C.-R.  de 
la  séance  du  15  Septembre  1899,  à  —, 
780. 

Saint-Jean- Pied-de-PorL.  Sur  le  bassin 
de  —,  par  M.  Stuart-Menteath,  413. 

Saint-Pons.  C  -R.  de  la  séance  du  6  sep- 
tembre 1^99,  à  —,  613.  -  C  -R.  de 
l'excursion  du  7  septembre  1899,  de 
—  à  Saint-Chinian,  par  M.  J.  Berge- 
ron,  6*2. 

Sartne.  Sur  le  Silurien  des  environs  de 
Chemiré-en-Charnie  (— ),  par  D.  P. 
GElilert,  398. 

Sauvage   Présentation  d'ouvrage,  453. 

Schlum berger  (C).  Note  sur  quelques 
Fora  min  if  ères,  nouveaux  et  peu  con- 
nus du  Crétacé  d'Espagne  (PI.  VIII 
XI),  456. 


Secondaire.  Sur  le  lambeau  —  de  Fou- 
zilhon-Gabian,  par  M.  R.  Nickles.  743 
—  Sur  la  tectonique  des  terrains  —s 
dans  la  région  de  Clermont  l'Hérault, 
par  M.  R  Nicklès.  771. 

Silurien.  Sur  le  —  des  environs  de 
Chemiré-en-Charnie  (Sarthei,  par  M. 
D.  P.  Œhlert,  398. 

Stuart-Menteath  (P.  W.)  Observations 
sur  la  géologie  des  Pyrénées,  120.  — 
Sur  les  Klippen  des  Basses-Pyrénées, 
227.  —  Sur  les  failles  des  Pyrénées, 
361.  —  Sur  le  bassin  de  Saint -Jean- 
Pied-de-Port,  443  —  Progrès  de  la 
géologie  des  Pyrénées,  491.  —  Sur  les 
schistes  lustrés  de  Bellongue,  589. 


Tarn.  Gros  cailloux  de  la  Garonne  en 
aval  du  confluent  du  —,  par  M.  Ed. 
Harlé,  348. 

Tectonique  Sur  la  —  de  la  Collette  de 
Clars  (Alpes- Maritimes),  par  M.  A. 
Guébhard,  256.  —  Etude  des  terrains 
paléozolques  et  de  la  —  Montagne 
Noire  (Pi.  XVII1-XX),  par  M.  J.  Ber- 
geron,  617.  —  Sur  la  —  des  terrains 
secondaires  dans  la  région  de  Cler- 
inont-l'Hérault.  parM.R.  Nicklès, 771. 

Tehmibr  (P.).  Les  nappes  de  recouvre- 
ment du  Briançonnais  (PI.  I),  47  — 
Microgranites  de  la  vallée  de  la  Gui- 
sanne  (Bord  nord  du  Massif  du  Pel- 
voux),  399. 

Terrasses.  Note  sur  les  anciennes  pla- 
ges et—  du  bassin  de  Tisser  (départe- 
ment d'Alger)  et  de  quelques  autres 
bassins  de  la  côte  algérienne  (PI.  III;, 
par  M.  L.  J.  B.  de  Lamothe.  257. 

Tertiaire.  Lu  bassin  —  d'Asprièrcs 
(Aveyron),  par  M.  A.  Thévenin,  353. 
—  Découverte*  de  fossiles  —s  en 
Egypte,  par  M.    R.  Fourtau,  382. 

Thau  (Etang  de;.  Note  sur  le  Pliocène 
marin  des  bassins  de  1'—,  de  l'Hé- 
rault, de  l'Orb  et  de  l'Aude,  par  M. 
E.  Jacquemet,  721  —  Note  sur  les 
formations  miocènes  des  bassins  de 
1'-,  de  l'Hérault,  de  l'Orb  et  de 
l'Aude,  par  M.  E.  Jacquemet,  750. 

TatvENiN  (A).  Le  bassin  tertiaire  d'As- 
prières  (Aveyron),  353. 

Toarnen.  Sur  le  —  des  environs  de 
Nancy,  par  M.  Ch.  Authelin,  230. 


810 


TABLE  ALPHABÉTIQUE  DES  MATIÈRES   ET  DES   AUTEURS 


Trias.  Le  Massif  du  Chettaba  et  les  Ilots 
— Iques  de  Ja  région  de  Constantine. 
par  M.  E.  Ficheur,  86.  —  Sur  le 
— lque  des  environs  de  Rougiers  et  ses 
relations  avec  la  roche  éruptive  de 
cette  région,  par  M.  J.  Repelin  (PI. 
V).  311.  —  Sur  un  dôme  — iquc  dans 
les  environs  de  Relizane  (départe- 
ment d'Oran,  par  M.  G.  Fabre.  323. 
—  Sur  une  discordance  remarquable 
entre  Permien  et  —  dans  les  envi- 
rons de  Bédarieux,  par  M.  001101,748. 

Trigonies.  Sur  les  —  byssifères,  par 
M.  Collot,  224. 

Trilobiles.  Etude  de  quelques  —  de 
Chine,  par  M.  J.  Bergeron  (PI.  XIII), 
499. 

Turonien.  Sur  Y  Ammonites  veramplus 
et  sur  quelques  autres  fossiles  —s, 
par  M.  A.  de  Grossouvre,  328. 


Var.  Sur  le  Gypse  de  la  Bastide  (— ), 
par  M.  A.  Guébhard,  594. 

i    Vierges  (Roc  des).    Excursion  au   — , 
par  M.  R.  Nicklès.  780. 

Villers-sur-Mer.  Sur  la  découverte  de 
nouvelles  couches  à  — ,  par  M.  H. 
Douvillé,  523. 

Vilis.  Note  sur  un  bois  de  —  des  ciné- 
rites  du  Cantal,  par  M.  P.  Fliche,  318. 


Zeiller.  Présentation  d'ouvrages,  454. 

Zittkl  (K.  A.  von).  Présentation  d'ou- 
vrage, 451 . 


PIN   DE  LA  TABLE  ALPHABETIQUE   DBS  MATIÈRES  ET  DES  AUTEURS 


811 


TABLE  DES  GENRES  ET  DES  ESPÈCES 

DÉCRITS,   FIGURÉS,   DISCUTÉS   ET   DÉNOMMÉS   A  NOUVEAU 
ET  DES  SYNONYMIES  INDIQUÉES  DANS  CE  VOLUME  (1) 


Actinocamax  cf     g r an u lattis  Blainv. 

p.  130. 

—  Grogsouvrei,  p.  429. 

—  quadratus,  p.  130. 

—  Toucasi,  p.  129 

—  verus,  p.  130. 

—  Westphalicus,  130. 

A  gn  os  tus  Douvillei  Bergeron,  n.  sp., 
p.603,fig.3;pl  XIII,  fig. 3. 

Algue  indet,  p.  468, pi.  XII,  fig.  3. 

Amberleya  Aurcliana  Cossm.,  n.  sp., 
p.  561,  pi.  XIV,  fig.  1. 

Ammonites  peramplus,  p.  329. 

Ampeloxyloncineritarum  FIiche,p.321. 

Ampvllina  aglay a  (d'Orb.),  p.  566,  pi. 
XVII,  fig.  10.  —  Natica 
aglaya  d'Orb. 

-         Michelini  (d'Arch.),  p.  566, 

81.  XVI,  fig.  2.  —  Natica 
[ichelini  q'Arch. 

Archœocyathus  f  p.  623. 

Arcomy  a  Ag.,  p.  317. 

—       sp.,p.  317,  pi.  V,  fig.  9. 

Arthricocephalus  Bergeron,  n.  g.,  p.  514. 

—  Chauveaui  Bergeron, 

n.sp.,  p. 514,  fig.  9a 

Ataphrus  discoideus  (Morr.  et  Lyc), 
p.  573,  pi.  XV,  fig.  25-26- 
Cirossostoma  ?  aiscoideum 
Morr.  et  Lyc;  C.  helici- 
formi  Morr.  et  Lyc.  ;  Tro- 
chus  applanatus  Piette:  T. 
h  el  ici  for  mis   Piette  ;    Ata- 

Ehrus  ovulatus  Cossm.  ;  A. 
eliciformU  Hudl. 


Ataphrus  Labadyei  (d'Arch.),  p.  572, 
pi.  XV,  fig.  23-24.  -  Tro- 
chus  Labadyei  d'Arch.  ; 
Turbo  Labadyei  d'Orb.  ; 
Monodonta  Labadyei  Morr. 
et  Lyc. 

Bacchantes  obtus  a  lus  Sap.  ?,   p.  478, 

pi.  XII,  fig.  6 

Bactroptyxis  axonensU  (d'Orb.),  p. 548, 

pi.  XV,  fig.  9-11  — 
Nerinea  Voltzi  d'Arch.; 
Nerinea  axonensis 
d'Orb. 

—  cf.  subbrun  tr  a  ta  na  (d'Orb.) 
p.  549,  pi.  XVII,  fig.  20. 
—  Nerinea  bruntrutana 
d'Arch. 

Bancksia  Deckeana  Heer ?  p.  477,  pi.  XII 
fig.  4. 

Brachy  tréma    Buvignieri   Morris    et 

Lycett.,p.  555,  fig.  1, 
pi.  XV,  fig.  1-3. 

Brooksclla?  p    119,  fig.  1-2. 

Bulimus  Bouvyi  Haime,  p.  702,  fig.  9. 

—  Cathalai  Depéret,  n.  sp.,  p. 

702,  fig.  8. 

—  gerundensis   Vidal,    p.    702, 

fig.  6. 

—  Hopei  de  Serres,  p.  702,  fig.  7. 

Calymmene  Brong.,  p.  500.  —  Caly- 
mene  Brong. 

—  ?  sinenxis  Bergeron,  n.  sp., 

p.  500,  fig.  1-2,  pi.  XIII, 
fig.  1-2. 

Carchartas    (  Aprionodon  )   frequens 

Dames,  p.  243,  pi.   il, 
fig.  8-15. 


(1)  Les  noms  de  genres  et  d'espèces  en  caractères  romains  sont  ceux  que  les 
auteurs  placent  en  synonymie. 


812 


TABLE  DES  GENRES   ET   DES   ESPÈCES 


Car  char  ias  (Prionodon)  sp  ,  p.  245- 
246  PI.  II,  fig.  16-17. 

Cea  sp.,  p.  327,  pi.  VI,  fig.  1-2. 

—  iamellosa  d'Orb,   p.    327,  pi.  VI, 
fig.  3-6. 

Cerithulla  nuda  (Piette),  p,  544,  pi. 
XVII,  fig.  21.  -Fususnudus 
Piette  ;  Tu  M  fer  du  du  s 
Pie t te  ;  Ceritella  nuda 
Cossm. 

Cerithium  Dorvali  Cossm.,  n.sp,  p.  554, 
pi.  XV,  fig.  4  5. 

Chilodontotdea  trochoides  Cossm.  n. 

sp.,  p.  574, pi.  XVII, 
fig.  fl-12. 

Chondropsis  ?  p.  468,  pi.  XII,  fig.  I. 

Chondrusf  p.  468,  pi.  XII,  fig.  1. 

Chrysophrys,  p.  245,  pi.  II,  fig.  21-24. 

Cincinna  Benoisti  Cossm  ,  nov.  sp., 
p.  142,  fig.  5. 

Cirrus  Calisto  (d'Orb.),  p.  575,  pi.  XIV, 
fig.  7-8.  —  Turbo  Calisto 
d'Orb.  ;  Hamusina  Calisto 
Cossm . 

Clausilia  sp.,  p.  703. 

Cœlorhynchus  sp.,p   245,  pi.  Il,  fig.  20. 

Columbellaria  bathonica    Cossm.  n. 

sp.,  p.  552,  pi.  XV, 
fig.  22  et  pi.  XVII, 
fig.  13. 

Cren<uter?  p.  46. 

Crossotolepis  Fliche  n.    g.,  p.  473,  |>1. 


XII 


i  n.    g. 


—  Perroti   Fliche    n.    sp., 

p.  473,  pi.  XII,  fig.  2. 

Cuncolina  contea  d'Orb.  p.  461,  pi. 
VIII,  fig.  8  10. 

Delphinula  Benoisti  Cossm.,  n.  sp., 
p.  577, pi.  XV, fig.  12-14. 

—  ?  Buckmanni  Morr.   et 

Lyc,  p.  579,  pi.  XVII, 
fig.  16  17.  —  Turbo 
Buckmanni  Cossm. 

Desmocera»{Puzozia  Bayle)  Munieri, 
Repelin,  n.  sp.,  p.  369, 
pi.  VII,  fig.  6-9. 

?cf.  versicoslatutu   Mich., 
p.  370,  pi.  VII,  fig.  8. 

Dicellocephalus  ?  sinensis   Bergeron , 

n.    sp  ,    p     F.08. 
fig7,pl.XUI,fig.7. 


Dictyopsella  Munier  Chalmas,    n.    g., 

p.  462. 

—  Chalmasi  Schlumb.,    n. 

sp.,p.463,  pi.  VIII,  fig.  4. 

—  Kiliam  Mun.-Chalm.,  n. 

sp.,p.462,pl.  VIII,  fig. 
5-7,  pi.  XI,  fig.  20. 

Drepanura  Bergeron,  n.  g.,  p.  500. 

—         Premesnili    Bergeron,    n 
sp.,p.509,fig.8,pl.  XIII, 
«g    8. 

Dryopithecus  Fonlani  Lartet,  p.  304, 

pi.  IV,  fig.  4-7. 

Emarginula  scalaris  Sow-,  p.  582,  pi. 

XVII,  fig.  22. 

Eucyclus  Camillus  (d'Orb.),  p.  562, 
pi  XIV,  fig  5-6.  —Turbo 
Camillus  d'Orb. 

Equus,  p.  531 . 

—  asinus,  p.  532,  fig.  2. 

—  asinus  allanticus  Ph.  Thomas, 

p.  531,  fig.  4. 

-  Burchelli,  p.  532,  fig.  3, 7, 10. 13. 

—  caballus,  p.  532.  lig.  1 , 6, 9, 12, 19. 

-  robuslus,  p.  538,  lig.  18. 

-  Stenonis,  p.  532,  p.  536,  fig    5, 

15,  17,  18. 

Goniaster  ?  p.  46. 

Gonodan  ?  sp.,  indét.,  pi.  V  fig.  6. 

• 

Guettaria  pustulifera  Gauthier,  p.  346. 
—  Holaster  pustulifer 
Coquand  ;  Cardia  s  ter  pus- 
tulifer Peron  et  Gauthier. 

Hamiles  massiliensis   Repelin,   n.  sp. 
p   371,  pi.  VII,  fig.  11. 

—        tenuis  Repelin.  n .  sp  ,  p.  371, 
pi.  VU,  fig.  12. 

Uipparwn  p.  531. 

—        gracile,  p.  536.    fig.  16,  20, 
21,  22. 

Holcoslephanus,  p.  334-335. 
Hologyra  Kokcn  p.  315. 

—        Vassevri    Repelin,    n.  sp.. 
p.  315,  pi.  V,  fig.  5. 

Hoplites  sp.,  p.  368,  pi.  VII,  fig.  10. 


TABLE  DES  GENRES  ET  DES  ESPÈCES 


813 


Hoplites  itpffenm  Repelin,  n.  tp.  p.  368, 
pL  VU,  fig.  7. 

lacaxina  elongata  Munier-Chalmas, 
n.  sp.  p.  457,  pi.  VIII  fig. 
3:  pi.  X,  fig.  15-18;  pi  XI, 
fig.  19. 

Lamna   Vincenti  Wlnkler  sp  ,  p.  242, 
pi.  H,  fig.  2-4. 

Leptomaria  Palinurus  (d'Orb.),  p.  580, 
pi.  XVII,  fig.  1.-  Pleuro- 
tomaria  lœvis  Desl.;  P. 
Palinurus  d'Orb. 

littorina ?  Cœneus  (d'Orb  ),  p.  564,  pi. 
XV.  fig.  17-18.  —  Turbo 
cœneus  d'Orb. 

Lymnma  Miche  Uni  Desh.-Var.,  p.  700- 
703    —  L.  aquensis  Math . 

Lytoceraê  tenuistritum  Repelin,  n.  sp.» 
p.  367,  pi.  VII,  fig.  5. 

Marmolatella  Kittl.,  p.  316. 

—  minima  Repelin.  n.  sp., 

p.  317,  pL  V,  fig.  7. 

—  Rougieri  Repelin, n.  sp., 

p.  316,  pi.  Y,  fig.  2 

—  cf.  Rougieri  Repelin,  n. 

sp.  p.  316,  pi.  V,  fig. 
10;  p.316,pf.V,fig.  H. 

Meandropsina  Vidali  Schlumb.,  p. 463, 

pi.  Mil,  fig.  2,  pi.  IX, 
lig.  11-14. 

Medusina  Walcott?  p.  628. 

Melanioptyxis  altararis  (Cossm.).  p. 

546,  pi.  XV,  lig.  6  8. 
—  Nerlnea  voltzi 
Morr  et  Lyc.  ;  Neri- 
nea  altararis  Cossm. 

Melanopsis  castrensis  Noulet,  p.  705. 
—  M .  dublosa  Math . 

Mesospira  Cotsmann,  n.  g.,  p.  559, 

—  Ley  meriei  (d'Arch.),  p.  560, 
fig.  3,  pi.  XV,  lig.  19-20. 
—  Phasianella  Leymeriei 
d'Arch. 

Hier  aster  arenatus  Sismonda,  p.  418. 

Myliobatis  sp.,  p.  246,  pi.  Il,  fig.  25. 

Neomylodon  Listai,  p.  498. 

Neoptychiles,  p.  328. 

Nerinella  fibula  (Eud.  Desl.),  p.  547, 
pi.  XIV,  fig.  2-3.  —  Neri- 
nea  iibula  Desl. 


Septembre  1901.  -  T.  XXVII. 


Nerinella  cf.  sealaris  (d'Orb.).  p.  548, 
pi.  XIV,  fig.  9.  —  Nerlnea 
scalaris  d'Orb. 

Nerinea  carinala  Plette,p.545,pl.  XIV 
fig.  13. 

Neritodomus  ponderotus  (Piette),  p. 

569,  pi.  XVI.  fig.  1.  — 
Nerita  ponderosa  Piette 

Neritopsis  Benoisti  Cossm., n.  sp..  p. 
567,  pi.  XVII,  lig.  18,  23. 

Nontonina  crelacea  Schlumb,  n.  sp., 
p.  460,  pi.  VIII,  fig.  1, 
pi.  XI,  fig.  21-22. 

Nummulites  alacica  Ley  m,  p.  697.  — 

N  Guetta rdi  d'Arch.;  N. 
Blanitzensis. 

Ochetochilus  Cossm.,  n.  g.,  p. 556. 

subvaricosus  Cossm.,  n. 
p.  558,  fig 
Ug.  15-16. 


sp.,  p.  558,  fig.  2,  pi. 
XV,  «g.         " 


Odontaspis  Abbatei  Prlem,  n.  sp.,  p. 
246,  pi.  II,  Ug.  26. 

—         élégant,  Ag.  sp.,  p.   243, 
pl.  H,  fig.  7. 

Olcostephanu8,  p.  334-335. 

Olenoïdes  Leblanci  Bergerou,  n.  sp. 
p.  506,  fig.  5-6,  pl.  XIII, 
lig.  5-6. 

Oxyrhina  Desori  Ag.,  p.  243,  pl.  Il, 
fig.  5-6. 

Vachy disons,  p.  328. 

Paras  mi  lia  sp.,  p.  364,  pl.  VII,  fig.  4. 

Palella  Aureliana  Cossm  ,   n.  sp..  p. 
584,  pl.  XVI,  lig.  7. 

—  macéra  Cossm., p.  583,  pl. XVI, 

lig.  8-9. 

—  raduloides  Cossm.,  n.  sp.,  p. 

583,  pl.  XVI,  lig.  6. 

Pentacrinus  Legeri  Repelin,  n.  sp.,  p. 

364,  pl.  VII,  fig.  1. 

Phasianella  aculiuscu la  Morr.  et  Lyc, 

p.  571,  pl.  XVII,  lig.  19. 
—  Bourguelia  conlca 
Hudl.  et  Wils. 

—  ?  elcgans  Morr.  et  Lyc, 

p:56U,  pl.  XV,  lig.  21. 

—  ? Grossouvrei  Cossm.,  n. 

sp,  p.  570.  pl.  XIV,  Ug. 
12,  pl.  XVII,  lig.  14. 

Bull.  Soc.  Géol.  Fr.  -  52 


814 


TABLE  DES  GENRES   ET  DES   ESPÈCES 


Picea  Engelmanni  Parry  Engelmann, 
p.  475,  pi.  XII,  flg.  3. 

Pileolus  œquico*latU8  Cossm . ,  nov.  sp., 
p.  568,  pi.  XVII,  flg.  15. 

Planorbis  pseudo  -  ammoniut  Schl.- 
Var.,p.  703. 

—         Rouxi  Noulet,    p.   703.  — 
PI.  Cberlieri  Desh. 

Plesiospatangus  Cotieaui  Pomel,  p.  344, 

fig.  1  —  Euspalan- 
gus  Cotteaui  de  Lo- 
riol. 

Prolatee  Heberti  Gerv.  sp.  p.,  p.  252.— 
La  tes  Heberti  Gerv.;  Pseudo- 
la  tes  Heberti  Gerv.  sp. 

Pseudolates  Hefrerti  Gervaissp.,  p. 252. 

Purpuroidea  bicincta  (Piette),  p.  555, 

pi.  XIV,  fig.  4.—  Pur- 
para  bicincta  Piette. 

—  multi/ilosa   Cossm.,   n. 

sp  ,  p.   550,  pi    XVI, 
«g.  10. 

Pycnodus  Mokaltamensis   Priem,    p. 
241,  pi.  II,  fig.  1. 

Saurocephalus  Fajumensi*  Dames,  p. 

245,  pi.  H,  fig.  18-19. 

Scopélidé  de  genre  indéterminé,  p.  250, 
pi.  II,  fig.  31. 

Scorpœnoides  Popovidi  Priem   n.  g., 

Sphaerium  castrense  Noulet  Var.  ;  p. 
703. 

Terebratulina  Afaïrenm  Repelin  n  sp., 

p.  365,  pi.  Vil.  fig.  2. 

Trigonia  carinata  Agasslz,  p.  224,  fig. 
1  et  2.  —  T.  harpa  Leyme- 
rie. 


Trocholoma  imbricfila,  Cossm.,  p.  581 
pi.  XVI,  fig.  3-5. 

—  magnifica  Cossm,  p.  58if 
pi.  XIV,  fig.  10-11.—  T. 
globulus  Piette. 

Trochus  Marioni  Repelin,  n.  sp  ,  p.  366, 
pi.  VU,  flg.  3. 

Undularia  Koken,  p.  314. 

—  Bertrandi  Repelin,  n.  sp., 

p.  314,  pi.  V.  fig.  3. 

—  &ri0t/a  Repelin  n.sp.,  p.  315, 

pi.  V,  fig.  8. 

—  •  o  bluta  Repelin,  n.  sp.,  p. 

315,  pi.  V,  fig.  1. 

—  simple*  Repelin,  n .  sp . ,  p . 

315,  pi.  V,  fig.  4. 

Vnio  stricteplicatus  Noulet,  p.  307.  — 
U.  strictlplicatus  Noulet. 

Valvato  (Cincinna)  Benoisti  Cossmann, 
nov.  sp.,  p.  142,  fig.  5,  p. 556, 
pi.  XVII,  fig.  8-9. 

Vidalina  Schlumb.,  n.  g.,  p.  459. 

—  hispanica  Schlumb.,  n.  sp., 

p    459,  pi.  VIII,  fig.  6,  pi. 
IX.  fig.  12-13. 

Vilis  subintegra  de  Sa  porta  ?p.  319. 

Viviparus  aurelianut  Benoist,  p.  141, 
fig.  4:  p.  565,  pi.  XVII, 
fig.  2-7. 

Ziziphus  Ungeri  Heer,  p.  477,  pi  XII, 
fig.  5. 


FIN    DE  LA   TABLE   DBS   GENRES  ET  DES   ESPECES 


i 


815 


LISTE  DES  FIGURES  ET  DES  CARTES 


INTERCALEES  DANS  LE  TEXTE 


Pages 


G.  Dollfus  et  P.  Gaucher  y.  —  1.  Coupe  de  la  voie  ferrée  à  Ingré,  près 

Orléans . 

E.deMARTONNB.—  1.  Carte  donnant  la  position  des  lapiez  dans  le  Massif  du 

Buccgiu  en  Roumanie  (150  000) 

P.  Termier. —      1.  Carte  donnant  les  limites  respectives  des  4  zones  alpines 

dans  le  Briançonnais  (500.000*) 

2.  Trois  coupes  à  travers  les  lambeaux  de  la  4'  écaille 

(Lambeaux  de  l'Eycbauda  et  de  Serre-Chevalier  .   . 

3.  La  Butte  des  Galets,  vue  du  Sud   ...  * 

4.  Lame  houillère,  permienne  ou  trlasique,  a  la  base  du 

lambeau  de  Serre-Chevalier 

!>.  Retour  de  la  lame  de  quartzites  dans  le  flanc  renversé 

du  synclinal,  à  Prorel,  et  au  dessus  des  Fa ures.  .  . 
H.  Coupes  à  travers  la  chaîne  de  Montbrison  ...... 

7.  Coupe  au  voisinage  du  col  de  la  Poustcrle 

8.  Coupe  dans  la  forêt  de  Monétier 

9.  Chevauchement  de  la  3e  écaille  sur  la  2*  écaille  .   .   . 
E.  Ficbeur.  —      1.  Coupe  du  Djebel  Zouaoui  et  du  Karkara 

2.  Coupe  du  Karkara  au  Djebel  Ch  et  ta  ba 

3.  Carte  géologique  du  Chettaba   et  des  environs   de 

Constantlnc  (75.000») 

4.  Croquis  montrant  les  relations  du  Trias  et  du  Sénonien 

au  nord  du  Chettaba  .   .   . 

5.  Superposition  du  Trias  au  Sénonien,  au  N.  du  Chettaba . 

6.  Etirement  delà  bande  triasique  dans  le  Sénonien  .  . 

7.  Profil  du  Kef  Talaa,  vu  de  l'est 

8.  Coupes  parallèles  dans  le  Trias  du  Chettaba 

9.  Coupe  générale  du  Chettaba  au  Djebel  Ouach  .   . 

10.  Coupe  du  Trias  à  Ain  Goulla 

11.  Coupe  du  Koudat  el  Amra  (Oulcd  Rahmoun)  .... 
V.  Paquier.  —    1-2.  Restauration  d'une  Méduse  fossile  des  Lauzes  du  Cam- 

panien  du  Villard  de  Lans  (Isère) .   .  . 

M.  Cossmann.  —   1.  Coupe  de  Touvcnt  à  Thenay 

2.  Coupe  de  Saint-Gaultier  à  Chabenet 

3    Coupe  de  la  carrièrre  du  bourg  de  Saint-Gaultier  .   . 

4.  Viviparus  aurelianus  Cossmann 

5.  Valvata  Benoisti  Cossmann 

.1-2.  Trigonia  carinata  Ag 


21 

29 

50 

60 
62 

64 

65 
70 
71 
73 
74 
91 
92 

95 

99 
100 
101 
101 
103 
105 
108 
113 

119 
137 
138 
138 
141 
142 


COLLOT.  — 


816 


LI8TB  DES  FIGURES  ET  DES  CARTES 


R.    FODRTAU.    —       1. 


3. 


L.  J.  B.  de  Lamothk 


2. 

3. 

4. 

6. 

7. 

8. 

9. 

10. 

E.    FOURNIER. 

—    1. 

2. 

V.  Gauthier. 

—    1. 

A.  Thbvbnin. 

-    1. 

2. 

J.  Repelin.  - 

-       1. 

H.  Dou VILLE. 

—    1. 

Caralp.  — 

1. 

2. 

3. 

4. 

6. 

Bourg bat.  — 

1. 

2. 

3. 

4. 

5. 

6. 

J.  Beroeron. 

-    1. 

3. 


Croquis  topographiqae  indiquant  remplacement  de  la 

carrière  de  Kafr  el  Ahram  .       237 

Coupe  de  la  carrière  au  sud  du  cimetière  arabe  de 

Kafr  el  Ahram 238 

Coupe  au  Gebel  Glouchy  prise  sur  le  sentier  de  Sik- 

ket-el-Dabban 239 

.  —  1 .  Coupe  schématique  parallèle  à  la  côte  à  travers 

la  plage  de  53" 264 

Coupe  schématique  entre  la  ferme  Vainsonno  et  la 

mer 264 

Disposition  théorique  des  anciennes  ail uvions  de  Tisser, 

vers  l'embouchure 267 

Coupe  des  terrasses  de  Palestro  en  aval  du  village  .   .  269 
Coupe  schématique  de  la  plage  de  100"  entre  le  K\Rach- 

dia  et  lisser 274 

Coupe  schématique  entre  le  K*  Bou  Dissa  et  Tisser  .  .  274 
Coupe  schématique  entre  le  point  141  et  Tisser  au  nord 

de  la  coupe  de  la  figure  6 275 

Figure  schématique  des  déplacements  du  niveau  de 

Tisser 286 

Diagramme  des  mouvements  relatifs  du  niveau  de  la 

mer  pendant  le  Pléistocène 291 

Schéma  montrant  l'influence  des  différences  de  struc- 
ture du  sol  sur  l'épaisseur  des  nappes  alluviales  292 

Coupe  relevée  à  la  Baume  des  Onze  heures 339 

Coupe  prise  au  vallon  de  la  Vessc 339 

Appareil  apical  du  Plesiospatangus  Cotteaui  Pomel  345 

Coupe  par  Tournhac  et  Las  Cazes 357 

Coupe  par  Villeneuve  et  A  s  prières 358 

Coupe  schématique  du  versant  nord  de  l'Ile  Maire.   .  363 
Essai  d'une  coupe  transversale  de  Madagascar  entre 
Morondova  et  Janjina,  d'après  les  levés  et  les  obser- 
vations de  M.  Villiaume .   .  387 

Coupe  entre  Saint-Lary  et  Portet 440 

Coupe  d'Alas  à  la  côte  de  Coumaoury 440 

Coupe  delà  montagne  des  Ruines  à  Balagnères.   .   .  440 

Coupe  du  signal  de  Castelnerou  a  Beouech 440 

Panorama  schématique  près  du  col  d'Argent 441 

Coupe  entre  le  col  de  l'Airain  g  et  la  Bellongue.  .  .   .  441 

Coupe  du  Jurassique  sup.  entre  Baudin  et  Sellières.  447 

Coupe  du  Jurassique  entre  Vadnas  et  Saint-Pierre  .   .  447 

Coupe  du  Jurassique  supérieur  de  Cesansey 447 

Coupe  du  Jurassique  entre  Montenet  et  les  Crozets  .  .  448 

Faille  oblique  de  Chevry  à  Pont-de-Lizon 449 

Coupe  de  Rochefort  à  Avignon 449 

Fragment  de  céphalothorax  de  Calymmene  ?  sinensis 

Bergeron 501 

Fragment  de  Joue  mobile  appartenant  peut-être  a  la 

même  espèce .       501 

Céphalothorax  d' A  g  nos  tus  Douvillei  Bergeron.  .  .  503 


LISTE  DK8  FIGURES  ET  DES  CARTES 


817 


4.  Hypostome  indéterminé 504 

5.  Pygidium  d'Olenoïdes  Leblanei  Bergeron 506 

6.  Pygidium  d'un  individu  jeune  d'Olenoïdes  Leblanei.  .  506 

7.  Pygidium  de  Dicelloctphalus  ?  sinensis  Bergeron  .  .  ,'108 

8.  Pygidium  de  Drepanura  Premesnili  Bergeron.  ...  509 

9.  Arthricocephalus  Chauveaui  Bergeron 515 

F.  Roman.  —        1.  Coupe  prise  à  la  limite  nord  de  la  feuille  de  Montpel- 
lier, entre  Villetelle  et  Saturargues 518 

M.  Bouli.  —        1.  3*  molaire  de  lait  infér.  gauche  d'un  Equus  caballus.  532 

2.  Id.  d'un  Equus  asinus 532 

3.  Id.  d'un  Dauw. 532 

4.  Id.  de  l'Equidé  fossile  de  l'O.  Seguen 532 

5.  Id.  d'un  Equus  stenonis 532 

6.  3*  mol.  super,  gauche  d'un  Equus  caballus  de  Solutré  534 

7.  Id.  d'un  Dauw  (Equus  BurchelliJ 534 

8.  Molaire  supérieure  gauche  de  l'Equidé  du  lac  Karar  .  534 

9.  Dernière  mol.  sup.  gauc.  d'un  Equus  caballus  (Solutré)  535 

10.  Id.  d'un  Dauw  (d'après  Owen) 535 

11.  Id.  de  l'Equidé  du  lac  Karar 535 

12.  Molaire  infér.  gauche  d'un  Equus  caballus  de  Solutré.  536 

13.  Id.  d'un  Dauw  [Equus  Burcnelli) 536 

14.  Id.  de  l'Equidé  du  lac  de  Karar 536 

15.  Id.  d' Equus  Stenonis 536 

16.  Id.  d'Hipparion  gracile 53Ç 

17.  Molaire  sup.  gauche  de  YEquus  Stenonis 538 

18.  Id.  d'Equus  r  obus  tus  Solilhac    . 538 

19.  Id.  d'Equus  caballus 538 

20-22.  Trois  molaires  inférieures  de  lait  du  côté  gauche 

d'Hipparion  gracile 541 

M.  CossMAifr*.  —    1.  Brachytrema  Buvignieri  Morr.  et  Lyc 555 

2.  Ocneiochilus  subvaricosus  Cossmann 557 

3.  Mesotpira  Leymcriei  d'Arc  h 559 

A.  Guébbard.  —  1.  Plan  géologique  de  la  Gorge  de  La  Bastide (Var)  (30000*)  595 

2.  Schéma  des  plis  de  la  Gorge  de  La  Bastide 598 

3.  Coupe  à  travers  le  gypse  de  La  Bastide 600 

Réunion  extraordinaire  de  la  Montagne-Noire 

J.  Bergeron.  —  1.  Schéma  de  la  Montagne  Noire 666 

2.  Vue  allant  de  la  colline  de  la  Serre  au  massif  de  Mou- 

nio  de  Cabrières  et  donnant  une  partie  de  l'écaillé 

de  Cabrières  . 669 

3.  Carte  des  plis  allant  du  massif  de  Tourière  à  celui  de 

Japhet  V  (50.00(r) 670 

4.  Massif  de  Tourière 671 

5.  Massif   du   Château.    Coupe  allant   de  la   vallée   de 

Pitrous  au  vallat  des  Clavies 672 

6.  Massif  de  Mounio  de  Cabrières.    Coupe  allant  de   la 

vallée  de  Pitrous  au  vallat  des  Clavies 673 

7.  Coupe  prise  à  l'extrémité    orientale   du    massif   de 

Mounio  de  Cabrières 674 


818 


LISTE  DES   FIGURES   ET  DES  CARTES 


8.  Coupe  du  massif  de  Japhet  I 674 

9.  (  oupe  du  massif  du  Japhet  III .  675 

10.  Coupe  du  massif  du  Japhet  IV 675 

11.  Coupe  du  massif  du  Japhet  V  ....  676 

12.  Coupe  de  Cathalo  à  Saint-Chinian 683 

13.  Pont  de  Poussarou 684 

Ch.  Deperet.  —    1.  Schéma  des  plis  du  chaînon  de  Saint-Chinian  (320.000')  687 

2.  Coupe  passant  par  le  rocher  Notre-Dame 688 

3.  Coupe  au  col  de  la  route  de  Cebazan  à  Saint-Chinian.  688 

4.  Coupe  de  Picrrerue 689 

5.  Coupe  de  la  chapelle  Saint- Pierre 694 

6-9.  6.  Bvlimus  gerundensis\\da\.  —  T.BulimusHopei 

de  Serres.    —   8.  Bvlimus   Cathalai  Deperet,   n 

sp.  —  9.  Bvlimus  Bnuvyi  Haime. 702 

10.  Coupe  du  synclinal  oocène  du  Minervois 704 

11.  Coupe  passant  par  le  rocher  Notre-Dame 710 

12.  Coupe  de  la  Chapelle  Saint-Pierre 710 

13.  Coupe  au  col  de  la  route  de  Cebazan  à  Saint-Chinian.  713 

14.  Coupe  de  Picrrerue 713 

15.  Coupe  de  Cazedarnes-le-Bas .  714 

R.  Nicklks.  —      1.  Coupe  du  pli  couché  au  nord  de  Cazedarnes 715 

2.  Faisceau  du  Roucan 717 

3.  Coupe  de  Cazal-Viel 718 

4.  Faisceau  de  plis  du  Roucan.  719 

5.  Anticlinal  couché  de  Sévignac 719 

6.  Coupe  du  Rhétien  au  sud  d'Hérépian 732 

7.  Coupe  prise  près  de  l'ancienne  gare  Bédarleux.   .   .   .  735 

8.  Vue  des  hauteurs  jurassiques  à  l'est  de  Bédarieux.   .  737 

9.  Structure  des  environs  de  Fouzilhon 743 

10.  Coupe  à  l'ouest  de  Fouzilhon 744 

11.  Vue  de  la  région  comprise  entre  Salasc  et  Mourèze.  .  771 

12.  Carte  des  écailles  de  Uermont-I'Hérault  (65.000e)  .    .  774 

13.  Coupe  des  écailles  de  Clermont  l'Hérault  sur  la  route 

de  Lodève 774 

14.  Ecailles  de  Clermont-l'Iiérault  entre  Nébianet  N-D  du 

Peyrou 775 

15.  Coupe  près  de  la  gare  de  Rabieux 781 

16.  Coupe  des  Geyssières 782 

17.  Aspect  des  affleurements  des  Geyssières .   ......  783 

18.  Faille  Inverse  du  col  des  Geyssières 784 

19.  Coupe  prise  sur  la  route  d' Arbora  s  à  la  Vacquerie  .    .  784 
Collot.  —              1.  Coupe  au  village  de  Dio  près  Bédarieux 741» 


FIN    DE   LA   LISTE   DES   FIGURES   ET   DES   CARTES 


819 


LISTE     DES     PLANCHES 


PI.  1.  —  P.  Termier.  —  Esquisse  des  affleurements  actuels  des  diverses 
écailles  superposées  qui  constituent,  près  de  Briançon,  la  zone 
du  Bhian<;onnais  (topographie  de  la  carte  de  l'état-major  au  80  000^). 

PI.  11.  —  F.  Priem.  —  Poissons  fossiles  éocènes  d'Egypte  et  de  Roumanie  — 
Les  échantillons  sont  représentés  sans  retouches  et  grantieur  natu- 
relle, sauf  avis  contraire.  —  Fig.  1.  Pycnodus  mokattam  en  sis  Priem. 
Lutéticn  inférieur  du  Mokattam.  Moitié  droite  de  la  mandibule.  — 
Fig.  2-4.  —  Lamna  Vinrenti  Winkler  sp.  Lutéticn  inférieur  du  pla- 
teau des  Pyramides  de  Ghizeh  ;  fig.  2  et  3,  dents  antérieures; fig.  4, 
dent  latérale,  vues  par  la  face  interne  —Fig.  5-6.  Oxyrhina  Desori 
Agassiz.  Détritus  d'érosion  du  pied  du  Mokattam  ;  fig.  5,  dent  laté- 
rale, et  fig.  fi.  dent  antérieure,  vues  par  la  face  externe.  —  Fig.  7. 
Odontaspi*  elegans  Agassiz  sp.  Détritus  d'érosion  du  pied  du  Mokat- 
tam. Dent  antérieure  vue  par  la  face  interne.  —  Fig.  8-15.  Carcha- 
rias  (Aprionodon)  fréquent  Dames.  Lutétien  supérieur.  Gisement  de 
Kafr  el  Ahram  :  fig.  8-11,  dents  inférieures;  fig.  12  15.  dents 
supérieures,  vues  par  la  face  interne.  —  Fig.  16  Carchahas  (Prio- 
nodon)  Fp.  Dent  vue  par  la  face  interne.  Lutétien  supérieur.  Gise- 
ment de  Kafr  el  Ahram.  —Fig.  17.  Carcharias  (Prionodon)  sp. 
Dent  vue  par  la  face  interne.  Lutétien  supérieur  du  Gebel  Ghiouchy. 

—  Fig.  1819.  Saurocephalus  Fajumensis  Dames. Lutétien  supérieur. 
Gisement  de  Kafr  cl  Ahram.  —  Fig.  20  Cœlorhynchus  sp.  Lutétien 
supérieur  Gisement  de  Kafr  el  Ahram.  —  Fig.  21-24.  Chrysophrys 
sp.  Dents.  Lutéticn  supérieur.  Gisement  de  Kafr  el  Ahram  Fig.  25. 
Mylwbatix  sp.  Plaque  médiane.  Lutétien  supérieur.  Gisement  du 
Gebel  Ghiouchy.  —  Fig.  26.  OdtmtaspU  Abbatei  n.  sp.  Dent  anté- 
rieure vue  de  côté.  Lutétien  supérieur.  Gisement  du  Gebel  Ghiouchy. 

—  Fig.  27-27.  Scorpœnoidcs  Popovicii  n.  g.,  n.  sp.  Empreinte  et 
contre-empreinte.   Marnes  éocènes  de  la  Valea  Caselor  (Roumanie). 

—  rig.  29-.T0.  Les  mêmes  grossies  trois  fois.  —  Fig.  31 .  Scopélide  de 
genre  indéterminé.  Marnes  éocènes  de  la  Valea  Caselor  (Roumanie). 

PI.  III.  —  de  Lamothe.  — Carte  des  anciennes  plages  et  terrasses  du  bassin  de 
l'Isser  (Algérie)  au  50.000*,  topographie  de  la  carte  de  l'État- major 
(feuille  de  Ménerville).  —  Pour  la  clarté  et  la  simplification  de  la 
carte,  on  n'a  figuré  comme  dépôts  littoraux  que  ceux  qui  correspon- 
dent à  des  plages  bien  définies.  Pour  les  autres,  on  se  reportera  à  la 
carte  géologique  détaillée,  où  ils  sont  représentés  par  le  signe  p1 .  — 
Pour  les  mômes  motifs  on  a  supprimé  les  alluvions  récentes  et  les 
limons  du  lit  actuel,  indiqués  sur  la  carte  détaillée  par  le  signe  a-,  ainsi 
que  les  limons  situés  en  dehors  de  la  zone  des  terrasses.  —  On  a 
également  omis  les  amas  de  galets  accumulés  au  pied  des  pentes, 
notamment  dans  l'oued  Ben  Hazine  et  ses  aflluents  ;  ils  sont  récents 
ou  contemporains  des  niveaux  les  plus  bas.  —  La  cote  87  du  plateau 
des  Béni  K  sir  est  inexacte  et  a  été  remplacée  par  la  cote  78. 


820  LISTE  DES  PLANCHES 

PI.  IV.  —  Edouard  Harlé.  —  Nouvelles  pièges  de  Drtopithèque  de  Saint - 
Gaudens.  —  Fig.  1-23.  Portion  gauche  d'une  mâchoire  inférieure 
d'un  Dryopithèque ;  fig.  1,  vue  suivant  sa  face  externe;  fig.  2, 
vue  suivant  sa  face  interne;  fig.  3,  vue  en  plan,  un  peu  inclinée  vers 
l'extérieur.  C,  canine,  Pft,  P*,  prémolaires  ;  M«,  Mt,  M,,  arrière- mo- 
laire; ac,  fond  de  l'alvéole  de  la  racine  de  la  canine  droite.  —  La 
cassure  do  la  symphyse  a  été  légèrement  teintée.  La  paroi  posté- 
rieure du  menton  descendait  brusquement  jusqu'au  bas  de  la 
mâchoire  dès  l'aplomb  de  la  prémolaire  antérieure  P,  et  en 
arrière,  son  raccordement  avec  le  corps  de  la  mâchoire  s  étendait, 
tout  au  plus,  jusqu'à  l'aplomb  de  l'extrémité  antérieure  de  la 
première  arrière-molaire  M,.  —  Fig.  4  5  et  6-7.  Deux  arrière-mo- 
laires inférieures  droites  d'un  Dryopithèque;  fig.  3,  l'avant-dernière 
Ma,  vue  en  plan;  fig.  5,  la  même,  vue  suivant  sa  face  externe.  On 
remarquera  que  cette  dent  est  aussi  large  que  longue.  Fig.  6,  la 
dernière  arrière-molaire  M,,  vue  en  plan  ;  fig.  7,  la  même,  vue 
suivant  sa  face  interne. 

PI.  V.  —  J.  Repelin.  —  Fossiles  du  Trias  de  Rouoiers  (Var).  —  Fig  1.  Undu- 
laria  obtusa  Repelin.  —  Fig.  2.  Marmolatella  Rougieri  Repeiin.  — 
Fig  3.  U.  Bertrandi  Repelin.  —  Fig.  4.  U.  simplex  Repelin.  — 
Fig.   5.  Hologyra  Vasseuri  Repelin.   —  Fig.  6.  Gonodon  sp.    ind. 

—  Fig.   7.  M.    minima   Repelin.  —  Fig.  8.  U.  exigua  Repelin.   — 

Fig.  9.  Ârcomya  sp.  —  Fig.  10 et  11.  M.  cf.  Rougieri  Repelin. 

• 

PI.  VI.  —  F.  Canu.  —  Ovicelles  des  Céidêes  .  —  Fig.  1.  Cea  sp.  Ovicelles  brisés 
montrant  l'ouverture  de  la  partie  restée  tubulaire.  X  10,5.  —  Fig.  2. 
Cea  sp.  Les  deux  petits  pores  accouplés  constituent  peut  être  l'œcio- 
pore.  X  10.5.  —  Fig.  3  6.  Cea  la  me  Uo  sa  d'Orb.  x  10,5.  ;  3,5.  Pre- 
mière face  ;  4.6.  Seconde  face. 

PI.  Vil.  —  J.  Repelin.  —  Fossiles  aptiens  de  l'Ile  Maire,  près  de  Marseille.  — 
Fig.  1.  Pentacrinus  Legeri  Repelin.  —  Fig.  2.  Terebralulina  Maï- 
rensis  Repelin.  —  Fig.  3.  Trochus  Harioni  Repelin.  —  Fig.  4. 
Parasmilia  sp. .  —  Fig.  5.  Ly laceras  tenuistrilum  Repelin.  — 
Fig.  6.  Desmoceras  (Puzozia)  Munieri  Repelin.  —  Fig.  7.  Hoplites 
Apticnsis  Repelin.  —  Fig.  8.  Desmoceras?  cf.  versicostatum  Mich. 

—  Fig.  9.  Desmoceras  Munieri  ?  Repelin.  —  Fig.  10.  Hoplites  sp. 

—  Fig.  11.  Hamites  massiliensis  Rep.  —  Fig.  12.  Ham.  tennis  Rep. 

PI.  VIII.   —  C.  SCHLUMBEROER.  —   FORAMINIFÈRES  DU  CRÉTACÉ  D'ESPAGNE.  —  Fig.   1. 

Nonionina  crelacea  Schlumb.,  au  grossissement  de  25  diam.  —  Fig.  2. 
Meandropsina  Vidali  Schlumb.,  jeune,  forme  microsphérique,  au 
grossissement  de  20  diam.  —  Fig.  3.  Lacazina  elongata  Mun.-Chal., 
au  grossissement  de  5  diam.  —  Fig.  4.  Dictyopsella  Chalmasi 
Schlumb.,  au  grossissement  de  15  diam.—  Fig.  5.  D.  Kiliani  Mun.- 
Chal  ,  au  grossissement  de  20  diam.  —  Fig.  6.  Vidalina  hispanica 
Schlumb.,  au  grossissement  de  20diam.  — Fig.  7.  D.  Ktliani  M  un  - 
Chai  ,  section  longitudinale,  au  grossissement  de  25  diam.  —  Fig.  8. 
Cuneolina  conica  d'Orb.,  section  transversale,  au  grossissement  de 
25  diam.  —  Fig  9.  C.  conica  d'Orb.,  vue  extérieurement,  au  gros- 
sissement de  25  diam.  —  Fia.  10.  6.  conica  d'Orb.,  section  plane,  au 
grossissement  de  25  diam. 


U8TI  DBS  PLANCHES  821 

PI.  IX.  —  Id.  —  Flg.  11.  Meandropsina  Vidali  Schlumb.,  section  plane,  an  gros- 
sissement de  120  diam.  —  Fig  12.  Vidalina  hispanioa  Schlumb., 
section  transversale,  au  grossissement  de  45  diam.  —Fig.  13.  V.  his- 
pa  ira  Schlumb.,  section  longitudinale,  au  grossissement  de  85  diam. 

—  Fig.  14.  M.  Vidali  Schlumb.,  jeune,  de  (orme  mégasphérique,  an 
grossissement  de  35  diam. 

PI.  X.  —  Id.  —  Fig.  15  18.  Lacazina  elongata  Mun. -Chai.;  fig.  15,  Forme  micros- 
phérique,  section  longitudinale,  au  grossissement  de  17  diam.;  Hg.  16, 
Forme  mégasphérique.  section  longitudinale,  au  grossissement  de 
32  diam.;  fig.  17,Trématophoreau  grossissement  de  25  diam  ;  fig.  18, 
Forme  mlcrosphériquc,  section  transversale,  au  gross.  de  25  diam. 

PL  XI.  —  Id.  —  Fig.  19.  Lacazina  elongata  Mun. -Chai.,  (orme  mégasphérique, 
au  grossissement  de 85  diam.  —  Fig.  20  Dictyopsella  Kiliani  Mun.- 
Chal.,  section  transversale,  au  grossissement  de  50  diam.  —  Fig.  21. 
Nonionina  cretacea  Schlumb.,  section  longitudinale,  au  grossisse- 
ment de  85  diam.  —  Fig.  22.  If.  cretacea  Schlumb.,  section  trans- 
versale, au  grossissement  de  100  diam . 

PI.  XII.  —  P.  Fliche.  —  Fossiles  végétaux  de  l'Oligocène  Alpin.  —  Flg.  1, 
Algue.  —  fl,  bifurcation  du  thalle  :  6,  base  ;  c,  extrémités  de  thalles. 

—  Fig.  2.  Crossotolepis  Perrnti  n.  sp.  —  a9  sillons  de  récaille  ;  b,  6', 
(ranges  d'écaillés.  —  Fig.  3.  Picea  Engelmanni  Parry  Engelmann. — 
Fig    4.  Bancksia  DeckéanaHeerl.—  Fig.  5.  Ziziphus  LngeriHeer. 

—  Fig.  6.  Bacchantes  obLusatus  Sap.  ? 

PI  XIII .  —  J.  Bergeron.— Trilobites  de  CniNE.  —  Fig.  1.  Céphalothorax  de  Calym- 
mené  ?  sinensis  n.  sp.  —  Fig.  2.  Joue  mobile  appartenant  peut-être  à 
l'espèce  précédente  —  Fig.  3.  Céphalothorax  d'Agnostus  Douvillei 
n  sp.  —  Fig.  4.  Hypostome  indéterminé.— Fig.  5.  Pygidium  d'0/é- 
noïdes  Leblanci  n.  sp.  —  Fig.  6.  Pygidium  d'un  individu  jeune 
d'Olenoïdes  Leblanci  n  sp  —  Fig.  7.  Pygidium  de  Dicellocephalus? 
sinensis  n.  sp.  —  Fig.  8.  Pygidium  de  Drepanura  Premesnili  n. 
gn.,  n    sp. 

PI.  XIV.  —  M.  Cossmann.  —  Gastropodes  du  terrain  Bathonien  de  Saint- 
Gaultier.  —  (Toutes  les  figures  sont  de  grandeur  naturelle,  sauf  10 
(PI.  XVI)  réduite  de  moitié,  et  15  à  23  (PI.  XVII)  qui  sont  grossies 
une  fois  et  demie).  Fig.  1.  Amberleya  Aureliana  Cossm.—  Fig.  2-3. 
Nerinella  fibula  [Desl.].  —  Fig.  4.  Purpuroidea  bicincta.  [Piette]. 

—  Fig.  5  6.  Eucyclus  Camillus  [d'Orb.].  -  Fig.  7-8.  Cirrus  CalisLo 
[d'Orb.].  —  Fig.  9.  iïerinetla  cf.  scalaris  [d'Orb.  |.  —  Fig    10  11 
Trochotoma  magnifxca  Cossm.  —  Fig.  12.  Phasianella?  Grossou- 
vrei  Cossm.  —  Kerinea  carinata  Piette. 

PI.  XV.  —  Id.  —  Fig.  1-3.  Brachytrema  Buvignieri  Morr.  et  Lyc.  —  Fig.  4-5. 
Cerithium  Dorcali  Cossm  —  Fig.  6-8.  Melanwptyxis  Altararis 
[Cossm.].—  Fig.  911.  Bactroptyxis  axonensis [d'Orb.].—  Fig  12-14. 
Delphinula  Benoisti  Cossm .  —  Fig.  16.  Ochetochylus  subvarteosus 
Cossm.  —  Fig  17-18.  Ltttorina  Cœneus  [d'Orb.].  —  Flg.  19-20. 
Mesospira  Leymeriei  [d'Arch.].  —  Fig.  21.  Phasianella?  eleg ans 
Morr.  et  Lyc.  —  Fig.  22.  Collumbellaria  bathonica  Cossm.  — 
Fig.  23-24.  Ataphrus  Labadyei  [d'Arch.].  —  Fig. 25-26.  À.  discoideus 
[Morr.  et  Lyc.]. 


822  UBTE  DES  PLANCHES 

PI.  XVI.  —  Id.  Fig.  1.  Neritodomus  pondéra  sus  [Piette].  —  Fig.  2.  Ampullina 
M ichelini  [d'Arch].—  Fig.  3-5.  Trochotoma  imbricata  Gossm. — Fig.  6. 
Patella  raduloides  Cossm.  —  Fig.  7.  P.  Âureliana  Cossm.  —  Fig. 
8-9.  P.  macena  Cossm.  —  Fig.  iO.  Purpuroideamultifi losa  Cossm. 

PI.  XVII.—  Id.— Fig.  i.  Leptomaria  Palinurus [d'Orb.]  —  Fig.  2-7.  Viviparus  Aure- 
lianus  Cossm.  —  Fig.  8-9.  Valvata  (CincinnaJ  Benoisti  Cossm.  — 
Fig.  iO.  Ampullina  Âglaya  [d'Orb.].  —  Fig.  11-12.  Chitodontoidea 
trochoides  Cossm.  —  Fig.  13.  Columbellaria  bathonica  Cossm.  — 
Fig.  14.  Phasianella  ÎGrogsouvrei  Cossm.  —  Fig.  15.  Pileolus  aequi- 
costatus  Cossm.  —  Fig.  16-17.  DelpMnula  ?  Buckmanni  Moor.  et 
Lyc.  —  Fig.  18  et  23.  Neritopsis  Benoisti  Cossm.  —  Fig.  19.  Pha- 
sianella  ?  aculiuscula  Moor.  et  Lyc.  —  Fig.  20.  Baclroptyxis  sub- 
br un trutana  [d'Orb.].  —  Fig.  2\.Cerithiella  nuda  [Piette].  —  Fig. 
22.  Emarginula  scalaris  Sow. 

Pi.  XVIII.  —  J.  Bergeron.  — Contact  du  Dévonien  et  du  Carbonifère  sur  la 
route  de  Laurenque.  —  Par  suite  du  déversement  des  couches  vers 
le  nord,  la  succession  naturelle  se  trouve  inversée. 

PI.  XIX.  —  Id.  —  Cabrières  et  le  Pic  de  Bissous.  —  1.  Ordovicien .  —  2.  Dolomie 
du  Dévonien  inférieur.  —  3.  Givétien.  —  4.  Zone  à  Gephyroceras 
intumescens.  —  5.  Zone  à  Chi  lacera  s  curvispina.  —6.  Calcaire 
griotte  à  Clyménles.  —  7.  Calcaire  et  schistes.  Niveau  à  Cypridines. 

—  8.  Lydiennes,  adlnoles,  schistes  et  calcaires  à  la  base  du  Carboni- 
fère. —  9.  Schistes  tournaisiens .  —  10.  Calcaires  viséens.  —  11. 
Filons  de  quartz.  —  12.  Tufs  calcaires  de  l' Esta  bel  le. 

PI.  XX.  —  Id.  —  Collines  des  Japhet.  —  1 .  Schistes  ordoviciens.  —  2.  Dolomies 
du  Dévonien  inférieur.  —  3.  Givétien.  —  4.  Calcaire  noir  à  Gephy- 
roceras intumescens  et  calcaire  vacuolaire  à  Cfiiloceras  curvispina. 

—  5.  Calcaire  griotte  à  Clyménles;  calcaire  et  schistes  du  niveau  à 
Cypridines.  —  6.  Schistes  tournaisiens.  —  7.  Calcaire  viséen. 

PI.  XXI.  —  C.  Depéret.  —  1.  Flanc  inverse  du  pli  couché  de  marnes  et  cal- 
caires DE  ROGNAC  AU  ROC  NOTRE-DAME    PRÈS  SaINT-ChINIAN  .  —  R1,  R2 

R*  sont  les  trois  barres  de  calcaire  de  Rognac  renversées  sur  un  pla- 
teau sub-horizontal  de  calcaire  lutétien  lacustre  (L)  et  de  Nummu- 
litique marin  (N).  —  2.  Flanc  inverse  du  même  pu  un  peu  a  l'ouest 
de  la  chapelle  Saint-Pierre.  La  série  renversée  comprend  ici  les 
marnes  vitrolliennes  (V),  le  calcaire  paléocène  à  Physa  prisca  (P)  et 
le  calcaire  nummulitique  à  Alvéolines  (N)  ;  le  tout  couché  au  nord 
sur  le  plateau  des  grès  d'Assignan  (A)  et  des  calcaires  lu létiens  lacus- 
tres (L).  —3.  Talus  formé  par  l'étage  de  Rognac  au  sud  de  la 
ville  de  Saint-Chinian  :  à  la  base  les  grès  a  Reptiles  (G),  en  haut  \a 
barre  dentelée  du  calcaire  de  Rognac  (R1).  En  bas  du  talus,  la  vallée 
du  Vcrnazobre  (a1,  alluvions  anciennes).   —  4.  Érosions  dans   les 

ALLUMONS  ROUGES  SOUS-BASALTIQUES  PLÉISTOCÈNES  (p1),  DU  COURBESOU, 
PRÈS  BÉDARIEUX. 


FIN    DE   LA    LISTE   DES  PLANCHES 


m 


DATE  DE  PUBLICATION 


DES  FASCICULES  QUI  COMPOSENT  CE  VOLUME 


Fascicule  1 

—  2 

—  3 

—  4 
5 
6 


feuilles    i-7,  PI.  I),  avril  1899. 

—  8-16,  PI.  II),  juin  1899. 

—  17-22,  PI.  IIIVI),  août  1899. 

—  23-28,  Pi.  VII),  novembre  1899. 

—  29  38,  PI.  VIIIXVII),  mars  1900. 

—  39  52,  PI.  XVIII-XX1),  août  1901. 


Non  : 


ERRATUM  DU  TOME  XXV 


Page  399,  Ûg.  8.  —  La   ligne  qui   marque   le  thalweg  de  la  Moael!, 
erreur,  tracée  pan.  1161e  au  grand  cote  de  la  page,  an  lien  d'être  inclinée  de  gaucl 
à  droite  pur  rapport  a  ce  coté,  d'une  quantité  égale  à  la  pente  de  la  rivière . 
lire  lu  ligure  11  luut  donner  a  cette  ligne  l'Inclinaison  correspond  a  nu-  a  la  pente 
de  la  Moselle,  de  telle  lut-on  que  le  trait  qui  représente  le  sommet  d.    la  terrante 
Remiremont-Salnt-fiabord,  paraisse  parallèle  a  la  ligne  des  jeux,  e 
quent,  horizontal. 


ERRATA  DU  TOME  XXVII 


Liste  des  travaux  publiés  far  Ciufer  : 

Page  190,  ligne  11,  ajouter  :  IBM.  —  Voyage  à  Bornéo  {Annale»  de  Grographit 
VU,  1893-189*,  n'  11, 15  avril  1894,  p.  371-381). 


M. 


;  Lauotbe. 


Page  890.  dernière  ligne,  au  lieu  de  «  léendus  •  lire  a  étendus  » 

—  £91,  Cg.  9,  au  Heu  de  «  25>««-  »  lire  a  l3*»*  ». 

—  295,  1"  colonne,  au  lieu  de  «  émeraion  a  la  cote  SB  a,  lire  «  Émerslon  ■ 

cote  13  ». 

—  296,  1"  ligne,  an  lien  des  mois  n  plus  de  70*  »,  lire  «  près  de  90-  i 

%■  ligne,  au  lieu  de  «  25  à  30m  »,  lire  •  40*  au  moins  i. 

—  300,  ligne  18,  intercaler  le  mpt  horizontales  entre  le  mot  i  variation*  ■■  et 

les  mots  o  du  niveau  de  base  ». 

Planche  III,  légende.  Alluvlons  du  2*  niveau,  au  Heu  de  n  120  a  150*  »,  lire  a  130  * 
190*  ».  Dans  cette  planche  quelques  signes  Ai,  sont  par  erreur  munis  de 
l'exposant  2,  et  figurés  ainsi  A;.  Il  faut  supprimer  cet  exposant  2. 


Note  de  M.  C.  Schlumberger 

Bull.  Soc.  Géol.  de  France  3™  Série   T.  XXVIi.    PI    Vlli 


Note  de  M.  C.  Schlumbcrger 

Bull.  Soc.  Geol    de  France                               3mB  Série.  T.  XXVII.  PI,  IX 
(Stmca  du  8  Kov.  1399) 

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Note  de  M.  C.  Schltimberger 

Bull.  Soc.  Gôol.  de  France  ?™  Série    T.  XXVII.    PI,  X 

(Séance  du  6  Mot.   1399) 


Note  de  M.  C.  Schlumbeiyer 

Bull.  Soc.  Gtol.  de  France  3™"  Sérié    l.  XXVII.  Pi.  XI 

lf-a!    ■    Jll  i.    Nov     1839J 


Hôte  de  M.  Fliche 


p»  Série)  T.  XXVII.  PI.  XII. 
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F-i:t>r  végétaux  de  l'O'.lgOîèns  »'-P» 


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:-eo],  de  France  3e  Série  T.  XXVII, 


Soie  île  M.  ,W.  Cmumann 

Bull.  8m.  Ort»l.  do  Fran.?9  3""  Séri*.  T.  XXVII.  PI.  XIV 


■?rtciro!)i'i-:  in  T«™r.  Bath*»nwn  H^  !*t- jviltisr  (Tndr?) 


.Voft*  (te  M.  M.  Coxsmimtt 

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Xote  de  M.  M.  tUtssmann 

Bull   Soc.  Géol.  de  France  3™  Série.  T.  XXVII.  PI.  XVI 

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;  BatV-riion  d?  ~;-0.v:Hier  'Indre) 


Sote  (/<•  M.  M.  C.oxsinann 

Bull.  Soc.  Gèol.  de  francs  3-r">  Série.  T.  XXVII.  PI.  XVI! 


'tr-p-cî"-  >*.•;  "^rrnin  Evhor.i«i  ^  ~t-  jr.iltiT  (Iirir0) 


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Bull.  Soc.  Gèol.  dft  Kraiv-a  £"■«  Série.  T.  XXVII.  PI.  XVII 


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LISTE     DES    OUVRAGES 


REÇUS  EN  DON  OU  EN  ÉCHANGE 


PAIt    LA 


SOCIÉTÉ  GÉOLOGIQUE  DE  FRANCE 


Supplément  au  tome  XI Vil  du  Bulletin  de  la  Société  Géologique  de  France,    a. 


ABRÉVIATIONS 


Abh. 

—  Abhandlungen. 

Ac. 

»  Académie,  Accademia,  Akademie,  Academy,  etc. 

A  m. 

—  America,  American. 

Ann. 

»  Annales,  Annali,  Annalen,  Annuel,  Annual,  etc. 

Arch. 

«=»  Archives,  Archiv,  Archiva,  etc. 

B.  S. 

-=  Bulletin  de  la  Société,  Bollettlno  délia  Société,  etc. 

Bur. 

—  Bureau. 

CR. 

—  Compte  Rendu  (RC.  —  Rendlconti). 

D. 

-=  Deutsch. 

Eng. 

—  English. 

Erdk. 

—  Erdkunde. 

Ergh. 

-=  Ergânzunsheft. 

Fr. 

»  France,  de  France,  Français. 

Geog. 

a  Géographie,  ique,  isch,  y,  ical,  ià,  etc. 

Geol. 

—  Géologie,  ique,  ià,  isch,  y,  ical,  etc. 

Ges. 

»  Gesellschaft.                                                     . 

H.  N. 

»  Histoire  Naturelle,  Hisloria  Natural(e). 

hgg. 

—  herausgegeben. 

I. 

—  Impérial. 

Inst. 

=->  Institution }. 

II. 

—  Italià. 

Jahrb. 

—  Jahrbuch. 

Jahrber. 

—  Jahresberichl. 

Journ. 

—  Journal. 

Mag. 

«  Magazine. 

Mitt. 

—  Mitleilungen. 

Nat. 

—  Nalure(l),  Naturaliste  (N.  H.  —  Natural  History). 

Philos. 

—  Philosophical. 

Proc. 

=  Proceedings. 

R. 

—  Royal,  Régal,  Reichs,  etc. 

Rec. 

— ■  Records. 

Rep. 

«  Report. 

Se. 

«  Sciences,  tiûque,  zà,  etc. 

Schr. 

■=  Schriften. 

Sitzber. 

—  Sitzungsberichle. 

Soc. 

«-  Société,  Société,  Sociedad,  Society,  etc. 

Trans. 

-=  Transactions. 

U.  S.  Geol 

1.  Surv.  —  United  States  Geological  Survey. 

Ver. 

—  Verein. 

Ver  h. 

-=  Verhandlungen. 

Wiss. 

=  (der)  Wissenschaft(en),  wissenschaftlich. 

Zeitsch. 

—  Zeitschrift. 

Zool. 

=-  Zoology,  y,  ique,  isch,  etc. 

Exemple  : 

Philadelphie.  Journ.  Ac.  of  Natural  Se.,  (2),  XII,  1,  1898. 
Lisez  :  Journal  of  the  Academy  of  Natural  Sciences  at  Philadelphy,  2*  série, 
tome  XII,  N»  1,  1898. 


LISTE  DES   OUVRAGES 

REÇUS  EN  DON  OU  EN  ÉCHANGE  PAR  LA 

SOCIÉTÉ    GÉOLOGIQUE    DE    FRANCE 


Séances  des  9  et  &3  Janvier  1899 

1°  Non  périodiques 
Aimera  (/.)  et  Bofill.  Moluscos  fosiles  recogidos  en  los  terrenos 

plioceDOS  de  Cataluna.  Ex.  Bol.  Com.  Mapa  geol.,  8°,  224 p.,  14  pi.  Madrid,  1896. 

Bleicher.  CR.  des  excursions  de  la  Réunion  extraordinaire  de  la 
Société  géologique  de  France  dans  les  Vosges,  à  Belfort,  Porrentruy 
(Coll.  de  MM.  M.  Mieg  et  Rollier).  Ex.  b.  s.  g.  f.  (30 août-4  sept.  1897),  8». 

—  Sur  le  remplissage  des  poches  et  fissures  des  calcaires  juras- 
siques du  massif  de  Ferrelte  par  des  sables  quartzeux.  Ex.  B.  s.  G.  F., 

8%  79  p.,  1  pi.,  1898.  f 

Duparc  et  Mrazec  (L.).  Recherches  géologiques  et  pétrographiques 

Sur  le  massif  du  Mont-Blanc.  Ex.  Mém.  Soc.  Phys.  et  II.  N.  de  Genève,  XXXIII, 
1,  p.  1-227,  24  pi. 

Flamand  (G.-B.-M.).  Aperçu  général  sur  la  géologie  et  les  produc- 
tions minérales  du  bassin  de  l'Oued  Saoura  et  des  régions  limi- 
trophes. Ex.  Documents  pour  servir  à  l'étude  du  N.-W.  africain,  gr.  8°,  166  p., 
1  carte.  Alger,  1897. 

—  Notions  élémentaires  de  lithologie  et  de  géologie  appliquées 
aux  grandes  zones  culturales  de  l'Algérie  et  de  la  Tunisie.  Ex.  Manuel 

pratique  de  l'Agr.  algérien,  8°,  40  p.  Paris,  1898. 

—  De  l'Oranie  au  Gourara  (Notes  de  voyage).  8%  236  p.,  17  pi.,  i  carte. 
Jentzsch  (Alfred).  Maase  einiger  Renthierstangen  ausWiesenkalk. 

Ex.  Jahrb.  K.  Pr.  Geol.  Landesanst.,  8°,  4  p.,  1  Og.  Berlin,  1898. 

—  Chronologie  der  Eiszeiten.  Ex.  Sitzung.  d.  Physikal.  ôkonom  Gesellsch. 
zu  Kônig  in  Pr.  J.  XXXVII,  Sitz.  v.  2,  Avril  1896,  8%  2  p. 

—  Ist  weissgefleckter  Feuerstein  ein  Leitgeschiebe?  Ex.  Zeitz.  d. 

I).  Geol.  Ges.,  J.  1896,  8",  2  p. 

—  Ueber  den  ersuchten  Nachweis  des  Interglacial  durch  Bohr- 

mUScheln.  Ex.  Zcitsch.  d.  D.  Geol.  Ges.,  Dec.  1895,  8°,  2  p. 

—  Fine  Tiefbohrung  in  Graudenz.  Ex.  Schr.  der  Naturforsch.  Ges.  In 
Dantzig,  B.  IX,  H.  3  et  4,  8%  7  p.  Dantzig,  1898. 

Nicklès  (René).  La  géologie  et  ses  applications  industrielles.  Ex.  Bull. 

Soc.  lnd.  de  l'Est  de  la  France,  1898,  8°,  16  p.,  fig. 


4  DONS.  —  SEANCES  DES  9  ET  23  JANVIER  1899 

—  Sur  la  tectonique  des  terrains  secondaires  du  Sud  de  la  Mon- 
tagne Noire.  Ex.  CR.  Ac.  Se.,  31  oct.  1898,  4%  2  p. 

—  Sur  quelques  Ammonites  du  Bajocien  des  environs  de  Bel  fort. 

Ex.  B.  S.  G.  F.,  [3],  XXV,  1897,  4«,  2  p. 

—  CR.  des  Collaborateurs  du  Service  de  la  Carte  géol.  de  France. 
Feuilles  de  Metz,  Sarrebourg.  Ex.  b.  s.  g.  f.,  x,  1898-99, 8»  (2  p.  +  3  p.). 

Parandier  (A.-N.).  Application  de  la  géologie  à  la  recherche  des 
chaux  et  ciments  hydrauliques  sur  la  ligne  du  canal  de  la  Marne 

au  Rhin.  Ex.  Ann.  des  Ponts-et-Chaussées,  1"  sem.  1840,  8»,  64  p.,  1  tabl. 

—  Difficultés  d'adaptation  des  plants  exotiques  dans  les  vignobles 

du  Jura.  8°,  30  p.,  2  profils  géolog.  A r bois  (Jura),  1893. 

—  Etude  agronomique  des  sols  en  régions  montagneuses  juras- 
siennes. Ex.  Bull.  Soc.  Vitic.  d'Arbois  (Jura),  8%  7  p.  Arbois,  1897. 

—  Topographie  stratigraphique  et  prodrome  de  géologie  utili- 
taire. 4°,  60  p.,  pi.,  1  carte,  1897. 

Pervinquière  (Léon).  Sur  un  faciès  particulier  du  Sénonien  de 

Tunisie.  Ex.  CR.  Ac.  Se,  14  novembre  1898,  4°,  2  p. 

Ramsay  (Wilhem).  Uber  die  Geologische  Entwicklung  der  Halbin- 

selKola,  in  derQuartarzeit.  Ex.Fennia,8°,151p.ï5pl.,lcarte.Helsingfors,1898. 

Rothpletz  (A.).  Das  Geotektonische  Problem  der  Glarner  Alpen. 

251  p.,  atlas  in-f,  10  pi.  coloriées  +  1  carte  géol.  au  1/100.000*. 

Schardt  (IL).  Revue  géologique  suisse  pour  Tannée  1897.  Ex.  Eclogae 

Geol.  Helvetiae,  V,  n-  6,  8°,  95  p.  Genève,  1898. 

Ward  (Lester  F.).  —  Description  of  the  Species  of  Cycadoïdea,  or 
fossil  cycadean  trunck,  thus  for  détermination  from  the  Lower- 
Cretaceous  Rim  of  the  Black-Hills  (U.  S.  A.).  Ex.  Proc.  u.  S.  National 

Muséum,  vol.  XXI,  n°  1141,  1898,  8%  134  p. 

2°  PÉRIODIQUES 

France.  —  Amiens.  B.  S.  Linnéenne  du  N.  de  la  France.  XIII, 
N<*  299-300. 

Auxerre.  B.  S.  des  Se.  hist.  et  nat.  de  l'Yonne.  L,  suppl*;  LI,  1897. 

L  :  Péron  :  Les  terrains  de  transport.  —  de  St-Venant  :  La  grotte  de  «  La  Cuillère  » 
à  travers  les  âges.  —  Excursion  aux  grottes  d'Arcy  et  St-Moré.  —  LI  :  Péron  :  La 
Réunion  extr.  de  la  Soc.  géol.  de  Fr.  en  1897  dans  les  Vosges. 

La  Rochelle.  Soc.  des  Se.  nat.  de  la  Char.  Inf.  Ann.  1894,  N°*  31  32. 

Aug.  Dollot  :  Mission  d'études  dans  le  Sud  de  la  Régence  (Tunisie),  Janv.-Fév.  1894. 


DONS.  —  SÉANCES  DES  9  ET  23  JANVIER  1899  5 

Moulins.  Revue  se.  du  Bourbonnais.  XI,  N<»  132-133,  Dec.  1898- 
Janv.  1899. 

V.  Berthoumieu  :  Essai  bibliog.  sur  l'histoire  nat.  du  Bourbonnais  (I.  Géologie). 
—  L.  Levistre  :  Les  monuments  de  pierre  brute  de  la  région  de  Montoucel  (Allier)  (I). 

Paris.  Ponts-et-Chaussées.  Service  hydrométrique  du  Bassin  de 
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vosgien  »  des  env.  de  Raon-1'Etape  (Vosges).  —  Cl.  Gaillard  :  App.  de  l'Oure  dès 
l'époque  miocène.  —  P.  Lory  :  Sur  un  ensemble  de  plis  extérieurs  à  Belledonne  et 
refoulés  vers  cette  chaîne.  —  Ph.  Glangeaud  :  Les  plissements  des  terrains  crétacés 
du  bassin  de  l'Aquitaine.  —  de  Mercey  :  Sur  l'origine  du  minerai  de  fer  hydroxydé 
du  Néocomien  moyen  du  Bray  par  l'altération  superficielle  du  fer  carbonate,  etc.  — 
Obs.  de  M.  A.  de  La p parent.  —  A.  Lacroix  :  Sur  l'existence,  aux  env.  de  Corinlhe 
(Grèce),  de  lherzolites  identiques  à  celles  des  Pyrénées.  —  Fr.  Wallerant  :  Sur  une 
loi  nouvelle  relative  aux  groupements  des  cristaux. 

—  CXXVII,  Nos  1-3.  N»  1.  Kilian  et  Lugeon  :  Coupe  transversale  des  Alpes 
briançonnaises,  de  la  Gy ronde  à  la  frontière  italienne.  —  N°  2.  A.  Lacroix  :  Les 
roches  volcaniques  à  leucite  de  Trébizonde  (Asie  Mineure).  —  Fr.  Wallerant  :  Sur 
les  lois  régissant  les  macles  proprement  dites.  —  N°  3.  du  Ligoudès  :  Sur  la  varia- 
tion de  la  densité  à  l'intérieur  de  la  terre.  —  F.  Kerforne  :  Sur  l'Ordovicien  de  la 
presqu'île  de  Crozon  (Finistère).  —  Vest  :  Note  relative  à  une  aérolithe  observée  à 
Hio-de-Janeiro  le  21  décembre  1898. 

—  B.  S.  Anthropologie  de  Paris.  1898,  4. 

A.  Dubus  :  Contr.  à  l'étude  des  époques  paléolithiques  et  néolithiques  des  stations 
de  Bléville,  la  Mare-aux-Clercs  et  Frileuse  (Banlieue  du  Havre,  S.-I.).  —  A.  Rollain  : 
Sur  les  découvertes  faites  dans  les  tracés  de  rectification  des  égouts  de  la  rive 
gauche  (à  Paris). 

—  Ann.  des  Mines.  XIV,  11,  1898. 

P.  Jordan  :  Note  sur  l'industrie  minérale  au  Japon. 

—  B.  S.  française  de  Minéralogie.  XXI,  7,  Nov.  1898. 

F.  Wallerant  :  Théorie  des  anomalies  optiques. . .  déduites  des  théories  de  Mallard 
et  Sohucke.  —  G.  WyroubofT  :  Notice  sur  A.  Schrauf. 

—  Club  Alpin  Français.  N°  12,  Déc.  1898. 

E.  Brunnaire  :  Conférence  sur  le  Mont  Cervin. 

—  Journal  des  Savants.  Nov. -Dec.  1898. 

—  Feuille  des  Jeunes  Naturalistes.  (3),  29,  N°339, 1«  Janv.  1899. 

Eug.  de  Boury  :  Révision  des  Pleurotomes  du  bassin  de  Paris  (PI.).  —  J.  Deprat  : 


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Jfote  sur  le  Crétacé  des  bassins  d'effondrement  de  la  vallée  de  l'Ognon  et  de  la 
Saône  (suite). 

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N°  1336.  L.  de  Launay  :  Capta ge  des  sources  minérales  chez  les  anciens.  —  N°  1339. 
C.-G.  Guignet  :  La  montagne  de  la  Soufrière  (Guadeloupe). 

—  Le  Naturaliste.  N<*  283-285. 

N°  283.  P.  Gaubert  :  Minéraux  nouveaux.  —  N°  284.  Stanislas  Meunier  :  Expé- 
riences relatives  à  l'histoire  des  Dunes.  —  N°  285.  Bougore  :  Diminution  des  sources. 
— p  P.  Combes  :  Promenade  géol.  en  Corse. 

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Paléozoologie  générale,  par  Cossmann  ;  Poissons,  par  H.-E.  Sauvage  ;  Crustacés, 
par  G.  Ramond  ;  Paléoconchologie,  par  Cossmann  ;  Céphalopodes,  par  E.  Flaug  ; 
Rudistes,  par  H.  Dou ville  ;  Echinodermes,  par  J.  Lambert  ;  Bryozoaires,  Foramini- 
fères,  Radiolaires,  par  G.-F.  Dollfus.  —  Rectifications  de  nomenclature  et  Errata. 

Saint- Etienne.  Soc.  Industrie  minérale.  CR.  mensuels.  Dec  1898. 

Fourel  :  Lignites  de  la  Savoie. 

—  Bull.  (3),  XII,  3,  1898. 

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mittelschwedische  Eisenerzlagerstatten,  p.  1-10.  —  J.-H.-L.  Vogt  :  Ueber  die  rela- 
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Leipzig.  Zeitsch.  fur  Naturwiss.  LXXI,  3,  1898. 

Strasburt/.  Geol.  Spezialkarte  von  Elsass-Lothringen.  Abh.  (2), 
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to  Diphyphyllum  Lonsdale,  in  the  Upp.  Silurian  and  Devonian  rocks  of  New  S. 
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Tumbarumba,  p.  21-25.  —  R.  Etheridge  :  The  ahoriginal  Rock  carvings  at  the  head 
of  Bantry  Bay,  Middle  Harbour,  Port  Jackson,  p.  26-33,  pi.  2.  —  On  Dromornis 
australis  Owen,  p.  36.  —  T.-W.  Edgeworth  David  and  R.  Etheridge  :  The  raised 
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heaps  or  Kitchen-middens  accumulated  by  the  Aborigènes  of  the  S.  Coastal  District, 
p.  52-60,  pi.  4.  —  R.  Etheridge  :  On  some  beautifully  formed  Stone  Spear-heads 
from  Kimberley  N.VV.  Australia,  p.  61-65,  pi.  6.  —  G.-A.  Stomer  :  On  the  Gunnedah 
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of  some  Stone  weapons  and  implements  used  by  the  Aborigènes  of  N.  S.  Wales, 
p.  73-81.  —  R.  Etheridge  :  Description  of  Iwo  Univalves  from  the  Lower  Carboni- 
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p.  141-165,  pi.  8-10.  —  R.  Etheridge  :  Four  Madreporaria  Rugosa  Species  of  the 
gênera  Phillipsastraea,  Heliophyllum,  and  Cyathophyllum,  p.  165-174,  pi.  11-12. 

—  P.-T.  Hammond  :  The  Cave-shelters  near  Wollombi,  in  the  Hunter  River  District, 
p.  174-176,  pi.  13-14.  —  R.  Etheridge  :  Idiographic  Rock-Caroings  of  the  aborigènes 
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and  Minerai  Deposits  of  portions  of  W.  Australia,  p.  1-16.  —  G.-W.  Card  :  On  the 
Country  Rock  of  the  Kalgoorlie  Gold-lield  W.  Australia,  p.  17-42.  —  R.  Etheridge  : 
On  the  Occurrence  of  the  genus  Endophyllum  Ed.  and  H.,  in  the  lower  Palaeozoîc 
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and  a  new  Minerai,  Raspite,  from  Broken  Hill,  p.  51-61,  pi.  7.  —  R.  Etheridge  and 
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Norischen  liallstâtterkalke  von  Miihlthal  bei  Piesting,  p.  321-326.  —  W.  Salomon  : 
Ueber  das  Aller  des  Asta-Granites,  p.  327-332.  —  F.  Kerner  :  Neuer  Pllanzenfund  im 
mahrisch-schlesischen  Dachschiefergebiete,  p.  333-335.  —  Fr.  Schaflcr  :  Ueber  eine 
ne      Fundstalte  von  Badener  Tegel  bel  Stegenfeld,  p.  335-338. 


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mara-Meeres),  p.  1-26.  —  E.  Kayser  :  Devon-Fossilien  vom  Bosporus  und  von  der 
N.  Kûste  des  Marmara-Meeres,  p.  27-41,  pi.  1.  —  Aug.  Rosiwal  :  Eruptlvgesteine 
vom  Bosporus  und  von  der  Klein-Asiatischen  Seite  des  Marmara-Meeres,  p.  42-52. 

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Iddings  :  Bysmaliths,  p.  704-710.  —  E.-C.  Case  :  Studies  for  Students  :  The  Develop- 
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with  a  Synopsis  of  the  Mammalian  Fauna  of  Norlh  America,  preceeded  with  an 
introduction  on  the  Geology  of  the  Tertiary  formations  of  Dakota  and  Nebraska  by 
F.-V.  Hayden,  p.  1-472, 30  pi.,  1  carte.  —  VIII  :  Isaac  Lea  :  Description  of  fifty  two 
species  of  Unionidae,  p.  5-69,  pi.  1.  —  Joseph  Leidy  :  Description  of  Vertébrale 
Remains,  chiefly  from  the  Phosphate  Beds  of  S.  Carolina,  p.  209-261,  pi.  30-34.  — 
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mondi  in  Peru,  p.  263-336,  pi.  35-43. 


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Jalomita  et  Ilfov,  p.  5-53,  pi.  1-2.  —G.  Munteanu-MurgociQ  :  Contribution  à  l'étude 
pètrographique  des  roches  de  la  zone  centrale  des  Carpates  S.  roumaines  ;  IV,  Les 
Serpentines  d'Urde,  Muntin  et  Gâuri,  p.  55-185, 1  pi.  —  A. -F.  Marion  et  L.  Laurent  : 
Examen  d'une  collection  de  végétaux  fossiles  de  Roumanie,  p.  187-229,  2  pi. 

Russie.  —  Saint-Pétersbourg.  Soc.  I.  des  Nal.  CR.  1898,  3-4. 

—  Trav.  de  la  Section  géol.  du  Cabinet  de  Sa  Majesté.  III,  1, 1898. 

A.  Derjawine  :  Description  géol.  de  la  partie  S.-E.  de  la  feuille  13,  zone  VII,  et  de  la 
Supplément  au  tome  XXVII  du  Bulletin  de  la  Société  Géologique  de  France.    6. 


10         DONS.  —  SÉANCES  DES  6  ET  20  FÉVRIER  1899 

partie  N.-E.  de  la  f.  13,  z.  VIII,  de  la  Carte  gén.  du  Gouvernement  Tomsk,  Res.,  p.  29-30. 
—  H.  de  Peelz:  Description  géol.  de  la  partie  S.-O.  de  la  f.  13,  z.  VIII,  Hes.,p.  115  121. 

Suisse.  —  Genève.  Soc.  Physique  et  H.  N.  Mém.  XXXIII,  1. 

L  Duparc  et  L.  Mrazec  :  Recherches  géologiques  et  pétrographiques  sur  le  massif 
du  Mont-Blanc,  p.  1-227,  24  pi. 

—  Arch.  Se.  phys.  et  nat.  (4),  VI,  12,  Dec- 1898. 

81e  session  de  la  Soc.  helvétique  des  Se.  Nat.  à  Berne  (31  juill.-3  août  1898). 
Géographie  physique,  p.  604-613. 


Séances  des  6  et  20  Février  1899 

1°  Non  périodiques 
Bel  (J.-M.).  Aperçu  sur  les  gîtes  minéraux  de  l'Indo-Chine.  8%  29  p., 

1  pi.  Ex.  Bull.  Soc.  Ind.  Minérale,  '3),  XXII,  2.  Saint-Etienne. 

—  Mission  au  Laos  et  en  Annam.  Ex.  Bull.  Soc.  Geog.  (3e  trim.),  8% 

30  p.  Paris,  1898. 

Bleicher.  Contribution  à  l'étude  lithologique,  microscopique  et 
chimique  des  roches  sédimentaires,  secondaires  et  tertiaires  du 

Portugal.  Ex.  Corn.  (1.  Dir.  Trab.  gcol.  Portugal,  III  (fasc.  2),  gr.  8°,  39  p.,  7  pi. 
Lisbonne,  1898. 

—  Notes  et  souvenirs  des  excursions  de  la  Société  de  géographie 
de  l'Est,  à  Essey- la-Côte  et  à  la  Côte  de  Sion.  8°,  10  p.  Nancy. 

—  Sur  la  découverte  de  Graptolites  dans  les  poudingues  du  Grès 
vosgien  des  environs  de  Raon-1'Etape  (Vosges).  Ex.  cr.  Ac.  Se.,  4-, 

2  p.,  20  déc.  1898. 

Calderon  (Salvador).  Existenza  del  Infraliâsico  en  Espana,  y  Geol. 
fisiografica  de  la  Meseta  de  Molina  de  Aragon.  Ex.  Ann.  Soc.  Esp.  H.  n., 

8°,  29  p.,  1  pi.  Madrid. 

Chauvvt  (G.).  Silex  taillés  du  Nil  et  de  la  Charente.  Ex.  Soc.  archeoi. 

et  historique  de  la  Charente,  gr.  8°,  15  p.  Angoulême,  1898. 

Dewalque  (G.).  Les  fossiles  du  Bolderberg  et  les  fossiles  boldé- 

riens.  Ex.  Ann.  Soc.  géol.  de  Belgique,  t.  XXV  (Mémoires),  8°,  6  p.  Liège,  1898. 

Lacroix  (A.).  Minéralogie  de  la  France  et  de  ses  colonies.  8%  tome  I 

(723  p.),  tome  II  (803  p.).  Paris,  Baudry,  1893-97. 

—  Le  gypse  de  Paris  et  les  minéraux  qui  l'accompagnent.  Ex.  Nouv. 

Arch.  Muséum  (IX),  gr.  4°,  97  p.,  9  pi.  Paris. 

—  Discours  prononcé  aux  funérailles  de  L.  des  Cloizeaux,  le 
11  mai  1897.  4",  Mâcon. 


DONS.  —  SÉANCES  DES  6  ET  20  FÉVRIER  1899         11 

—  Etude  pétrographique  des  Eclogites  de  la  Loire-Inférieure. 

Ex.  B.  Soc.  Se.  Nat.  de  l'O.  de  la  Fr.,  8%  33  p.,  2  pi.  Nantes,  1891. 

—  Notes  minéralogiques.  Ex.  B.  Soc.  lr.  de  Minéralogie,  XIX,  XX,  8», 
6i  p.  Paris,  1808. 

—  Sur  la  structure  cristalline  et  les  propriétés  optiques  de  la 

magnétite.  Ex.  B.  Muséum,  8*,  3  p.,  Paris,  1896. 

—  Sur  quelques  minéraux  de  Boléo  (Basse-Californie).   Ex.  B. 

Muséum,  8*,  2  p.  Paris,  1898. 

—  Matériaux  pour  la  minéralogie  de  Madagascar.  Ex.  B.  Muséum, 

8»,  3  p.  Paris,  1898. 

—  Etude  pétrographique  des  gneiss  de  Ceylan  ot  du  district  de 
Salem  (Prov.  de  Madras).  Ex.  cr.  ac  Se,  18  février  1889. 

—  Sur  l'application  des  propriétés   optiques  des  minéraux  à 
l'étude  des  enclaves  des  roches  volcaniques,  id.,  30  mai  1892. 

—  Sur  la  dioptase  du  Congo  français,  id.,  7  juin  1892,  4°,  2  p. 

—  Sur  l'axinite  des  Pyrénées  ;  ses  formes  et  les  conditions  de 

son  gisement.  ld.,  7  novembre  1892. 

—  Sur  les  modifications  min.  effectuées  par  la  lherzolite  sur  les 
calcaires  du  Jurassique  inférieur  de  l'Ariège.  M.,  28  novembre  1892. 

—  Sur  les  phénomènes  de  contact  de  la  lherzolite  des  Pyrénées. 

Id.,  11  février  1895. 

—  Considérations  sur  le  métamorphisme  de  contact.  Id.,i8févr.i895. 

—  Sur  la  structure  et  les  propriétés  optiques  des  divers  silicates 

compacts  et  terreux,  ld.,  18  novembre  18%. 

—  Les  tufs  volcaniques  de  Ségalas  (Ariège).  Conclusion  à  tirer 
de  leur  étude  au  sujet  de  l'origine  des  ophites.  ld.,  20  janvier  1896. 

—  Sur  des  roches  basiques  à  néphéline  du  Plateau  Central  de  la 

France.  Id.,  8  mai  1896. 

— -  Sur  les  minéraux  rares  du  glacier  de  la  Meije  (Hautes-Alpes). 

Id.,  15  juin  18%. 

—  Sur  la  découverte  d'un  gisement  d'empreintes  végétales  dans 
les  cendres  volcaniques  auciennes  de  l'Ile  de  Théra  (Santorin). 

M.,  26  octobre  1896. 

—  Sur  la  formation  actuelle   de  zéolites   sous  l'influence  du 
ruissellement  superficiel.  M.,  9  novembre  i»96. 

—  Les  minéraux  néogènes  des  scories  plombeuses  athéniennes 

du  Laurium  (Grèce).  Id.,  30  novembre  1896. 

—  Sur  un  minéral  cristallisé  formé  dans  un  cercueil  de  plomb. 

Id.,  22  février  1897. 


12         DONS.  —  SÉANCES  DES  6  ET  20  FÉVRIER  1899 

—  Etude  mioéralogique  de  l'action  des  fumerolles  volcaniques 
sulfurées  sur  la  Serpentine.  id.,  8  mars  1897. 

—  Sur  la  constitution  minéralogique  de  l'île  de  Polycandra 

(Archipel).  Ici-,  22  mars  1897. 

—  Sur  la  marcasite  de  Pontpéau  et  les  groupements  réguliers  de 
marcasite,  pyrite,  galène  constituant  des  pseudomorphoses  de 
pyrrhotine.  id.,  26  juillet  1897. 

—  Sur  le  sulfate  anhydre  de  calcium  produit  par  la  déshydrata- 
tion complète  du  gypse.  Id.,  24  janvier  1898. 

—  Sur  la  formation  d'anhydrite  par  calcination  du  gypse  à  haute 

température.  Id.,  14  février  1898. 

—  Sur  la  Ktypéite,  nouvelle  forme  du  carbonate  de  calcium, 
différente  de  la  calcite  et  de  Taragonite.  id.,  21  février  1898. 

—  Les  filons  granulitiques  et  pegmati tiques  des  contacts  graniti- 
ques de  TAriège.  Id.,  17  octobre  1898. 

—  Les  roches  à  axinite  (limurites)  des  contacts  granitiques  des 
Hautes-Pyrénées.  Id.,  31  octobre  1898. 

—  Les  modifications  endomorphes  du  gabbro  du  Pallet  (Loire- 
Inférieure).  Id.,  12  décembre  1898. 

—  Sur  l'existence,  aux  environs  de  Corinthe,  de  lherzolites  iden- 
tiques à  celles  des  Pyrénées,  id.,  20  décembre  1898. 

—  Les  roches  volcaniques  à  leucite  de  Trébizonde.  id.,  9  janv.  1899. 

Lacroix  (A.)  et  Gautier  (P.).  Sur  les  minéraux  des  fumerolles 
basaltiques  de  Royat  (Puy-de-Dôme),  id.,  23  mai  1898. 

Launay  (de).  Contribution  à  l'étude  des  gîtes  métallifères.  Ex.  Ann. 

Mines,  8°,  115  p.  (en  2  parties),  août  1897.  Paris. 

Leiat  (E.-D.).  Guide  pratique  pour  la  recherche  et  l'exploitation 

de  Por  dans  la  Guyane  française   Ex.  Ann.  Mines, 8°, 243  p.,  6  pi.  Paris,  1898. 

Michel- Lévy  et  Lacroix  (A.).  Sur  un  nouveau  gisement  de  Dumor- 

Hérite.  Ex.  CR.  Ac.  Se,  18  mai  1888. 

Joh.  Japrtin  Sm.  Spolia  atlantica.  Kolossale  Blœksprut  fra  det 

Nordlige.  Ex.  P.  Kgl.  Panske  Vidensk.  Selsk.  Skrifter  V,  4°,  7  p.,  4  pi.  Copen- 
hague, 1N98. 

Sauvage  (D*  H.E.).  Le  Mammouth  dans  la  partie  sud  de  la  Mer 

du  Nord.  8°,  9  p.  Boulo^ne-sur-Mer,  1899. 

Simionescu  (Dl  loan).  Studii  geologice  ci  paleontologice  din  Car- 

parjii  Sudici.   Ex.  Academia  Romana,  N°  11  4°,  111  p.,  8  pi.  Bucarest,  1898. 


DONS.    —  SÉANCES  DES  6  ET  80  FÉVRIER   1899  13 

2°  PÉRIODIQUES 

France.  —  Amiens.  Bull.  Soc.  Linnéenne  du  N.  de  la  France. 
XIII,  No»  301-302,  Nov.-Déc.  1897. 

Arignon.  Mém.  Ac.  de  Vaucluse.  XVII,  4,  1898. 

Dunkerque.  B.  S.  pr  l'encouragement  des  Se,  Lett.  et  Arts.  2, 1898. 

Grenoble.  Travaux  du  Laborat.  de  Géol.  de  la  Fac.  Se.  IV,  2, 1898. 

Kilian,  Lory  et  Paquicr  :  Etudes  géologiques  dans  les  Alpes  françaises,  p.  99- 
122.  —  Kilian  et  Zûrcher  :  Nouvelles  observations  sur  les  Schistes  lustrés,  p.  123- 
126.  —  Kilian  et  Haug  :  Note  sur  les  environs  de  Guillestre,  p.  127-128.  —  P. 
Lory  :  Sur  le  Crétacé  inférieur  du  Dévoluy  et  des  régions  voisines,  p.  128-136.  — 
P.  Lory  :  Observations  sur  les  premières  assises  secondaires  dans  le  Massif  de  la 
Mure,  p.  136-138.  —  V.  Paquier  :  Sur  le  Lophiodon  des  sables  bigarrés  des  Echelles 
(Savoie),  p.  139-142,  1  pi.  —  W.  Kilian  :  Sur  la  découverte  de  restes  de  Lophiodoii 
dans  les  sables  siliceux  des  Echelles,  p.  143155, 1  pi.  —  V.  Paquier  :  Sur  quelques 
Dicératinés  nouveaux  du  Tithonique,  p.  157-165,  1  pi. 

Lyon.  Bull.  Soc.  d'Anthropologie  de  — .  (4),  IX,  !i,  1898. 

Piroutet  :  Station  de  Morno  ou  des  Engoulirons  (Jura),  p.  418-422.  —  Dr  Capl- 
tan  :  Présentation  d'une  série  de  pièces  provenant  de  la  ballastière  de  Chclles, 
p.  423-424.  —  G.  Fouju  :  Silex  et  poteries  des  foyers  de  Villeneuve-Saint -Georges, 
p.  434-435.  —  Emile  Collin  :  Silex  ouvrés  des  départements  de  Sa ône-et- Loire  et 
de  l'Allier,  p.  487-490.  —  A.  Laville  :  Sépultures  anciennes  d'Orly,  p.  495-506. 

Moulins.  Rev.  se.  du  Bourbonnais.  XII,  N°  134,  Févr.  1899. 
Paris.  Ac.  Se.  CR.  CXXVIII,  4-7,  Janv.-Févr.  1899. 

P.  Termier  :  Sur  la  structure  du  Briançonnais,  p.  406-469,  1  fig. 

—  Ann.  des  Mines.  (9),  XV,  1,  1899. 

David  Levât  :  Mémoire  sur  les  phosphates  noirs  des  Pyrénées,  p.  3-100,  2  pi. 

—  L'Anthropologie.  IX,  6,  1898. 

H.  Delavaud  :  Sépultures  néolithiques  dans  la  craie  de  la  Butte  de  Survlllc, 
p.  657-659. 

—  Assoc.  fr.  Avancement  des  Se.  CR.  27e  session,  1899. 

E.-A.  Martel  :  L'exploration  scientifique  des  cavernes  souterraines  de  1890a  1897, 
p.  43-63.  —  David  Levât  :  Notice  géol.  sur  les  phosphates  noirs  d'Accous,  p.  143- 
144.  —  Mahé  :  Sur  la  période  glaciaire  en  Algérie,  p.  144.  —  Tardy  :  Erratique  du 
Croisie,  p.  144.  —  Péron  :  Documents  pour  la  classification  du  Crétacé  supérieur 
d'Algérie,  p.  144-145.  —  G.  Hamoml  :  Sur  les  travaux  entrepris  par  la  Direction 
technique  de  l'assainissement  de  la  Seine,  p.  145.  —  Eludes  géol.  dans  Paris  et  sa 
banlieue,  ibid.  —  M.  Cossmann  :  Sur  quelques  coquilles  crétaciques  de  France, 
p.  146.  —  L.  Bureau  :  La  Météorite  du  château  de  Grammont,  p.  146.  —  E.  Ficheur  : 
Sur  la  constitution  géol.  du  massif  d'Arzeu,  p.  146.  —  E.  Rivière  :  Les  tulls  de  la 
source  de  la  Gaubert  (Dordogne),  p.  147.  —  Glangeauri  :  Les  dômes  de  Marouil  et 
de  Chapdcuil  (Dordogne),  p.  147-148.  —  F.  Kerforne  :  Le  niveau  a  Phacops  Pottieri 


14         DONS.  —  SÉANCES  DES  6  ET  20  FÉVRIER  1899 

(Ille-et-Vilaine),  p.  148-149.  —  A.  Guébhard  :  Sur  les  accidents  frontaux  des  anti- 
clinaux déversés  et  Essai  d'orotectonlque  graphique,  p.  149-150. 

—  Club  Alpin  Français.  Bull,  mensuel.  1,  Janv.  1899. 

—  Journ.  de  Conchyliologie.  XLVI,  2,  1898. 

—  Le  Naturaliste.  XXI,  N°*  286-287,  Févr.  1899. 

Ch.  Pékar  :  Traces  des  anciens  glaciers  d'une  période  antérieure  dans  la  Haute- 
Tatra,  p.  29-31. 

—  La  Nature.  XXVII,  N<*  1340-1343,  1899. 

—  Soc.  de  Géogr.  CR.  1898,  9  ;  Bull.  (7),  XIX,  4. 

—  Soc.  botanique  de  Fr.  Bull.  (3),  II,  10,  1895. 

—  Statistique  Ind.  miner.  1898. 

Allemagne.  —  Berlin.  Zeitschr.  f.  Praktische  Geol.  1899,  2. 

Hauchecorne  :  Die  Deutsche  Geologischc  Gesellschaft  von  1848-1898,  p.  33-37.  — 
A.  v.  Krafft  :  Mitteilungen  ûber  das  ost-bokharische  Goldgebiet,  p.  37-43.  —  A. 
Bergeat  :  Von  den  àolischen  Insein,  p.  43-47.—  P.  Krusch  :  Ueber  neuere  Aufschl fisse 
in  den  N.  Kaukasischen  Blcl-Zinkerzlagerstâtlen,  p.  47-49. 

—  Ges.  fur  Erdk.  Verh.  XXIV,  10,  1898  ;  XXV,  1,  1899. 

XXIV  :  S.  Passarge  :  Ueber  seine  Reisen  in  S.  Afrlka,  p.  513-517.  -  XXV  :  Von 
Dr  y  gai  ski  :  Ueber  die  wissenschaftlicho,  praktische,  und  nationale  Bedeutung  der 
D.  Sûdpolar-Expedition,  p.  64-78. 

—  Zeitsch.  XXXIII,  5,  1898. 

Th.Thoroddsen  :  Untersuchungcn  in  Island  in  denJahren  1895  bis  1896,  p.  283  301. 
—  F.  von  Richthofen  :  Die  neuc  (ieol.  Karte  von  Oesterrcich-Ungarn,  p.  359-366. 

—  Sitzunsgber.  K.  Preussischen  Ak.  Wiss.  Oct.-Déc.  1898,40-54. 

E.  Cohen  :  Ueber  ein  neues  Meteoreisen  von  San  Cristobal,  Antofagasta,  Chile, 
p.  607-608.  —  E.  Schellwien  :  Ergebnisse  elncr  Reise  in  die  Karnischen  Alpen  und 
die  Karawanken,  p.  093-700.  —  H.  Rosenbusch  :  Zur  Deutung  der  Glaukophan- 
gesteine,  p.  706-717.  —  J.-H.  van't  HofT  und  Percy  Williams  :  Untcrsuchungen 
ûber  die  Bildungsverhâltnisse  der  oceanischen  Salzablagerungen,  insbesondere  des 
Stassfurter  Salzlagers  [suite),  p.  808-813.  —  J.  van't  Hoil  und  W.  Meycrhoffer  : 
Untersuchungcn  etc.  Omit?),  p.  814-822. 

Calmar.  Mitt.  Naturhist.  Ges.  (2),  IV,  1897-98. 

Francfort.  Abh.  Senckenberjj;.  Naturforsch.  Ges.  XXI,  2;  XXIV, 
3,  1898.  Bericht.  1898. 

W.  Schauf  :  UVber  Srricilgneisse  Un  Taunus,  mit  besonderer  Berûcksichtigung 
der  Vorkommnisse  in  der  Soklion  Platte,  p.  3-21),  pi.  1.  —  F.  Kinkelin  :  Beltrag 
zur  Géologie  von  Syrien,  p.  147-171.  —  E.  Wittich  :  Ueber  Dreikanter  aus  der 
Umgegend  von  Frankfurt,  p.  173  189,  pi.  5-6.  —  F.  Kinkelin  :  Klcine  Notizen  aus 
der  Geolog.  palâontol.  Soktion  :  Hyaena  Spcleaa,  Cervus  europaeus,  Amphitra- 
yulus  Pomeli,  p.  190-197.  —  Eine  Tiefbohrung  im  W.  Frankfurt-a-M.,  p.  198-206. 


^■M 


DONS.  —  SÉANCES  DES  6  ET  20  FÉVRIER  1899         15 

Gotha.  Petermanns  Mitt.  XLV,  1,  1899. 

Ev.Cholnoky  :  Vorlâuflger  Bericht  ûbcr  meinc  Forschungsreisc  in  China,  p.  8-13. 
—  E.  Richter  :  Die  Arbeiten  der  internationalen  Gletscherkom mission,  p.  14-16. 

Mulhouse.  Bull.  Soc.  industrielle.  Dec.  1898. 
Munich.  Geognostische  Jahreshefte.  X,  1897. 

V.  Gûmbel  und  V.  Ammon  :  Das  Isarprofii  dure  h  die  Molasseschichten  nôrdlich 
von  Tôltz,  p.  1-23.  —  Otto  M.  Reis  :  Zur  Géologie  der  Eiscnoolithe  fûhrenden 
Eocânschichten  am  Kresscnberg  in  Bayera,  p.  23-49.  —  Adolf  Schwager  :  Hydro- 
chemische  Untcrsuchungen  oberbayerischer  Seen,  p.  50-80.  —  Otto  M.  Reis  :  Die 
Fauna  der  Hachauer  Schichten  (II.  Lamellibranchiaten),  p.  81-128. 

Stuttgard.  N.  Jahrb.  fur  Min.  Geol.  Pal.  Beilage.  Band  XII,  2, 1899. 

Fr.  Toula  :  Zwei  neue  Sâugelhiere  aus  do  m  «  krystallisirtcn  Sandstein  »  von 
Walsee  in  Nitîder-  und  Perg  in  Oborôsterreich,  p.  447-476,  pi.  11-12. 

Australie.  —  Brisbane.  Queensland  Geol.  Surv.  1898. 

Sidney  B.-J.  Skertchly  :  On  the  Geology  of  the  country  round  Stanlhorpe  and 
Warwlck.,  South  Queensland,  with  especial  référence  to  the  Tin  and  Gold  Fields 
and  the  Silver  deposits,  p.  1-98,  3  pi.,  2  cartes. 

Autriche-Hongrie.  —  Budapest.  Fôldtani  Kôzlony.  XXV11I, 
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Libollo,  p.  239-250.  —  Bleicher  :  Contribution  à  l'étude  lithologique,  microscopique 
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jirmalmerna  i  ôstra  Ural,  p.  115-134.  —  Gerhard  Holm  :  Palaeontologiska  notiser  : 
Angelins  Bronteus  ?  nudus,  p.  135-138  ;  lllœnus  punclillosus,  p.  138-143  ;  Pseudo- 
sphaerexuchm  laliceps  Linsr.,  p.  1U-146  ;  Om  fôrekomsten  af  Ceratopygekalk  vid 
Glôte  i  Herjeâdalen,  p.  146-148,  pi.  5-6  —  Fredr.  Svenonius  :  Strandlinierna  vid 
Tome  Tràsk,  p.  153-162.  —  Th.  Dahlblom  :  Ebb-  och  flodfenomenet,  jordsferoidens 
plasticitct  samtlandets  hôjning  och  sftnkning,  p.  170182.-^  P.  Dusen  :  En  ny  fynd- 
ort  for  Visingsogruppen,  p.  193-196.  —  Joh.  Chr.  Moberg  et  Hjalmar  Môller  :  Om 
Acerocarizonen,  p.  197-290,  pi.  10-14;  Supplément,  p.  314-316,  pi.  16.  —  J.  Chr. 
Moberg  :  En  trilobit  frân  Skanes  Dictyograptusskiffer,  p.  317-324,  pi.  17.  —  K.  A. 
Grônwall  :  En  ny  profil  i  Hors  sandsten,  p.  325  328.  —  G.  Holm  :  Palaeontologiska 
notizer  ;  Om  ett.  Bactritcs-ttknande  Undersiluriska  Orthocer-former,  p.  354-368, 
pi.  18-19.  —  Gérard  de  Geer  :  Om  den  senkvartara  landhojningen  Kring  Bottniska 
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Séances  des  6  et  20  Mars  1899 

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Britisk  Muséum  (.V.  H.).  List  of  the  Types  and  figured  spécimens 

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DONS.   —  SÉANCES  DES  6   ET  20'  MARS   1899  19 

Chevalier  (A.).  Exercices  de  cristallographie  (avec  préface  du  prof. 

Thoulet).  178  p.,  fig.  Paris,  Dunod,  1898. 

Chronique  scientifique  (de  Bruxelles).  Observations  nouvelles  sur 
le  gisement  et  sur  l'âge  des  «  Iguanodons  de  Bernissart  ».  Ex.  cr. 

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thropologie (de  Bruxelles),  le  30  janvier  1899,  par  MM.  le  Dr  Houzé, 
Van  den  Biœck,  etc.,  au  sujet  du  discours  de  M.  Dupont  à  l'Ac.  R. 
Se.  de  Belgique.  Ex.  n-  :»,  8%  2  p.,  4  (èvr.  1899. 

Farir  (H.).  Notices  bibliographiques.  Ex.  Ann.  Soc.  geoi.  de  Belgique, 

t.  XXII  (Bibliog.),  1895,  8»,  58  p.,  1  pi.  Liège,  1895. 

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mont  et  de  Poildrome.   Id.,  t.  XXIII  (Mémoires),  8',  20  p  ,  1  pi.  Liège,  189H. 

—  Sur  le  prolongement  occidental  du  Bassin  de  Theux  (Rectif.). 

Réponse  de  M.  Gosselet.  id.,  t  XXIV  (Bulletin),  déc.  1896,  8",  7  p.  Liège,  1896. 

—  CR.  de  la  Session  extraordinaire  de  la  Soc.  géol.  de  Belgique, 
tenue  à  Huy  (2-5  oct.  1897).  w.,  t.  xxiv  (Bull.),  1897,  8*,  57  p.,  1  gr.  pi. 

coloriée.  Liège,  1897. 

—  Quelques  mots  sur  les  dépôts  tertiaires  de  TEntre-Sambre  el- 

Meuse,  etc.  Id.,  t.  XXV  (Mém.),  1898,  8-,  17  p.  Liège,  1898. 

—  CR.  de  la  Session  extraordinaire  de  la  Soc.  géol.  de  Belgique, 
tenue  à  Beauraing  et  à  Gédinne  (17  20  sept.  1898).  Id.,  t.  xxv  (Mém.), 

12  févr.  1899,  8»,  43  p.,  1  pi.  Liège,  1899. 

Fraipont  (/.).  Analyse  d'un  travail  de  M.  Lohest  :  Poissons  du 
Famennien.  w.,  t.  xv  (Bull.),  1888, 8-,  il  p.  Liège,  1888. 

Gemmellaro  (G.-G.).  La  Fauna  dei  Calcari  con  Fusulina  délia  Valie 
del  Fiume  Soçio,  nella  provincia  di  Palermo.  Fasc.  iv.  Part,  i  (Moiius- 

coidea),  p.  231-338,  pi.  XXV-XXXVI,  4".  Païenne,  1898-99. 

Hovelacque  (Notice  nécrologique  sur  Maurice).  Discours  prononcés 
sur  sa  tombe,  par  MM.  C.-Eug.  Bertraud,  de  Margerie,  Van  den 
Brœck.  —  Son  œuvre  scientifique,  sa  vie,  par  M.  C.-Eug.  Bertrand. 

Publié  par  la  famille.  8-»  carré.  Paris,  Gauthier-Villars,  1898. 

Kilian  (W.)  et  liétil  (J.).  Description  géologique  de  la  vallée  de 
Valloire  (Savoie)  et  de  quelques  massifs  adjacents.  Ex.  B.  Sœ.  H.  N. 

de  Savoie,  8%  23  p.,  2  pi.  Chambùry,  1899. 

Koninck  (L.-G.  de)  et  Lohest  (Maximin).  Notice  sur  le  parallélisme 
entre  le  calcaire  carbonifère  du  N.  0.  de  l'Angleterre  et  celui  de  la 

Belgique.  Kx.  B.  Ac.  B.  Se.  de  Belgique,  8°,  7  p.  Bruxelles,  1886. 


20  DONS.   —  SÉANCES   DES  6   ET  20  MARS   1899 

Lebesconte  (P.\.  Périodes  géologiques  gallo  romaine  et  fraoque. 

Ex.  B.  Soc.  se.  et  médicale  de  l'Ouest,  8*,  50  p.  Rennes. 

Lohest  (Maximin).  Sur  quelques  roches  de  la  zone  métamorphique 

de  Paliseul.  Ex.  Ann.  Soc.  géol.  de  Bclg.,  t.  XII  (Bull.),  1885.  8%  3  p.  Liège,  1885. 

—  Recherches  sur  les  Poissons  des  terrains  paléozoïques  de  Bel- 
gique. 1.  Poissons  de  l'Ampélile  alunifère.  id.,  t.  xu  (Mém.)t  1885,  8% 

35  p.,  3  pi.  Liège,  1885. 

—  De  la  structure  hélicoïdale  de  certains  Anthracites  de  Visé. 

Id.,  t.  XII  (Mém.),  1885,  8»,  19  p.,  1  pi.  Liège,  1885. 

—  De  l'âge  de  certains  dépôts  de  sables  et  d'argile  plastique  des 

environs  d'ËsneuX.  Id,  t.  XIII,  1886,  8»,  4  p.  Liège,  1886. 

—  Résumé  d'une  conférence  sur  «  Quelques  conséquences  des 
mouvements  de  la  terre  autour  du  soleil  ».  8»,  8  p.  Liège,  1886. 

—  De  l'âge  et  de  l'origine  des  dépôts  d'argile  plastique  des  envi- 
rons d'Andenne.  Ex.  B.  Ac.  R.  de  Belgique  (Se),  t.  XIII,  (4),  8*.  Bruxelles,  1887. 

—  Découverte  du  plus  ancien  Amphibien  connu.  Ex.  Ann.Soc.  géol. 

de  Belgique,  t.  XV  (Bull.),  1888,  8%  10  p.  Liège,  1888. 

—  Recherches  sur  les  Poissons  paléozoïques  de  Belgique,  id.,  t.  xv 

(Mém.),  1888,  8",  87  p.,  Il  pi.  Liège,  1888. 

—  De  la  découverte  d'espèces  américaines  do  Poissons  fossiles 
dans  le  Dévonien  supérieur  de  Belgique,  id.,  t.  xvi  (Bull.),  188$),  8*,  3  p. 

Liège,  1889. 

—  De  l'origine  des  Anthracites  du  calcaire  carbonifère  de  Visé. 

Id.,  t.  XVI  (Mém.),  1880,  8»,  7  p.  Liège,  1889. 

—  De  l'âge  relatif  des  failles  du  bassin  houiller  de  Liège.  —  Sur 
le  mouvement  d'une  couche  de  houille,  entre  son  toit  et  son  mur. 

Ici.  (Mém.),  1890,  8°,  19  p.  Liège,  1890. 

—  Alluvions  anciennes  de  la  Meuse,  w  ,  t.  xvii  (Bull.),  1890,  8»,  4  p. 

Liège,  1890. 

—  Sur  la  signification  des  conglomérats  à  noyaux  schisteux  des 
Psammites  du  Coudroz.  id.,  t.  xvm,  1891,  8-,  7  p.  Liège,  1891. 

—  Visite  au  Musée  de  «  Smithsonian  Institution  »,  de  Washing- 
ton. —  Sur  un  échantillon  du  «  Musée  Columbia  »,  à  New- York. . . 

Id.,  t.  XIX  (Bull.),  1892,  8°,  lli  p.  Liège,  1892. 

—  De  l'origine  des  failles  des  terrains  secondaires  et  tertiaires  et 
de  leur  importance  dans  la  détermination  de  l'allure  souterraine 
des  terrains  primaires,  id.,  t.  XX  (Mém.),  1894,  8%  14  p.  Liège,  1894. 

—  De  la  présence  du  Calcaire  carbonifère  inférieur,  au  bord  du 
Bassin  de  Namur,  à  l'E.  de  Huy.  id.,  t.  XXI  (Mém.),  1894, 8% 7  p.  Liège,  1894. 


DONS.    —   SÉANCES    DES   6   ET  20  MARS   1899  21 

—  Sur  le  parallélisme  entre  le  Calcaire  carbonifère  des  environs 
de  Bristol  et  celui  de  la  Belgique.  —  De  l'équivalent  calcaire  des 
dolomies  de  l'Ourthe.  m.,  t.  xxn,  1895,  8»,  io  p.  Liège,  1894. 

—  Des  dépôts  tertiaires  de  l'Ardenne  et  du  Condroz.  M.,  t.  xxm 

(Mém.).  1896,  8°,  19  p.  Liège,  18%. 

—  De  la  présence  du  «  Calcaire  à  Palécbinides  »  dans  le  Carbo- 
nifère du  N.  de  la  France.  —  Examen  critique  d'un  mémoire  de 

M.  de  Dorlodot.  Id.,  t.  XXHI  (Mém.),  1896,  8°,  18  p.  Liège,  i«*i. 

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Lohest  et  Braconier.  Exploration  du  a  Trou  de  l'Abîme  »,  à  Cou- 

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Lohest  (Af.)  et  Forir.  Quelques  faits  intéressants  observés  récem- 
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2°   Cartes 

Roumanie*  —  Bucarest.  Harta  geologica  a  României.  Feuilles 
BI,  BU,  BV,  BVI. 

3°   PÉRIODIQUES 

France.  —  La  Rochelle.  Soc.  Se.  Nat.  de  la  Charente-lof.  V,  1899. 
Lille.  Soc.  Géol.  du  N.  Ann.  XXV1H,  4,  1898. 

J.  Gosselet  :  Géographie  physique  du  N.  de  la  France  et  de  la  Belgique  :  Cambré- 
sis-Vermandois,  p.  197-212.  —  Ch.  Ba trois  :  1.  L'extension  du  Silurien  supérieur 
dans  le  Pas-de-Calais,  p.  212-231.  —  2.  Des  relations  des  mers  dévoniennes  de  Bre- 
tagne avec  celles  des  Ardcnnes.  —  3.  Les  Goniatites  du  ravin  de  Cou  la  rie  (Haute- 
Garonne),  p.  260-265.  —  4.  Sur  le  gisement  des  roches  cristallines  anciennes  du 
massif  de  Paimpol,  p.  265-267.  -  E.  Ardaillon  :  Géologie  de  Java,  p.  267-272.  —  J. 
Gosselet  :  De  l'alimentation  en  eau  des  villes  et  des  industries  du  N.  de  la  France, 
p.  272-294. 

—  Journ.  de  Conchyliologie.  XLVI,  3,  1898. 

C.  Mayer-Eymar  :  Description  de  coquilles  fossiles  des  terrains  tertiaires  infé- 
rieurs (suite),  p.  225-237,  pi.  12-14. 

—  Journal  des  Savants.  Janv.-Févr.  1899. 

—  Rev.  des  Travaux  se.  XV1I1,  1011,  1898. 

—  Soc.  française  de  Minéralogie.  Bull.  XXI,  8,  Déc.  1898. 

F.  Wallerant  :  Méthode  de  détermination  rapide  des  feldspath  s  des  roches, 
p.  268-272.  —  A.  Lacroix  :  Sur  l'existence  de  la  wollastonite  comme  élément  d'un»» 
aplite,  p.  272-277.  —  Sur  le  diagnostic  de  la  prehnite  dans  les  roches. 

—  Ann.  de  Géographie.  VIII,  1899,  N°  38. 

P.  Vidal  de  la  Rlache  :  Leçon  d'ouverture  du  cours  de  géographie,  p.  97-109.  — 
o.  Barré  :  Quelques  observations  sur  la  région  parisienne  orientale,  p.  110-116.  — 
Roman  :  Structure  orographique  et  géologique  du  Bas-Languedoc  entre  l'Hérault 
et  le  Vidourle,  p.  117-126.  — J.  Blayac  :  Le  pays  des  Nemenchas  à  l'est  des  Monts 
Aurès  (Algérie),  p.  141-159,  pi.  IV. 

—  Ac.  Se.  CR.  1899,  11. 

Fourtau  :  Sur  la  provenance  des  valves  de  crustacés  ostracodes  fossiles  tombées 
à  Oullins,  prés  Lyon,  24  sept.  1898.  —  M.  Boule  :  Sur  des  fossiles  nouveaux  de 
Madagascar,  p.  624-626. 


MMMMN 


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Eugène  de  Koury  :  Révision  des  Pleurotomes  éocenes  du  Bassin  de  Paris  {suite), 
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—  Soc.  de  Géogr.  CR.  Janv.  1899. 

—  Le  Naturaliste.  (2),  XXI,  N°  288. 

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duction future  de  la  houille,  p.  54-59. 

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Olssufjew.,  p.  29-36. 

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Carte  hypsométr.,  100.000e,  2  f .  —  Carte  géol.,  2  f.,  100.000%  coupes,  1  pi. 

Leipzig.  Zeitsch.  fur  Naturwiss.  LXXI,  4-5,  Févr.  1899. 

Ewald  Wûst  :  Eine  alte  Verwitterungsdecke  im  Diluvium  der  Gegend  von 
Sonnendorf  bei  Gross-Ucringen,  p.  347-352. 

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lande  in  der  Provinz  Rom  (Italien),  p.  93-137,  pi.  4-11.  —  Eriedr.  von  Huene  :  Zur 
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24  BONS.  —  SÉANCES  DES  6  ET  20  MARS  1899 

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297-298.  —  Frederick  Wright  :  Supposed  «  Corduroy  Road  »  of  late  glacial  Age, 
at  Amboy,  Ohio,  p.  298.  —  A.  Wecder  :  Changes  in  the  Drainage  System  in  the 
vicinity  of  lake  Ontario  during  the  Glacial  Period,  p.  293.  —  Spencer  :  Another 
Episode  in  the  History  of  Niagara  River,  p.  299.—  Fr.  Wright  :  The  Age  of  Niagara 
Falls  as  indicated  by  the  Erosion  at  the  Mouth  of  the  Gorge,  p.  299-300.  -  Fr. 
Wright  :  A  Recently  discovered  Cave  of  Celestite  Crystalsat  Putin-Bay,  p.  300.  — 
Spencer  :  Evidence  of  Récent  Great  Elévation  of  New  England,  p.  301.  —  Matthew  : 
The  oldest  Paleozoic  Fauna,  p.  301-302.  —  H.  Winchell  :  The  Oldest  Known  Rock, 
p.  302-303.  —  H.  Winchell  :  The  origin  of  the  Archean  Igneous  Rock,  p.  393-304.  — 
Crosby  :  History  of  the  Blue  Hills  complex,  p.  304-303.  —  Amadeus  W.  Graban  : 
Paleontology  of  the  Camhrian  Terrasses  of  the  Boston  Basin,  p.  303-300. —  Orcutt  : 
Note  on  the  Occurence  of  Tourmalines  in  California,  p.  300-307.  —  T.  Hill  :  The 
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the  Geology  of  the  Bristol  District,  p.  862.  —  E.-B.  Wetherer  :  The  Building  of 
Clifton  Bocks,  p.  862.  —  A.  Strahan  :  On  the  Bevision  of  South  Wales  and  Mon- 
moutshire  by  the  Geological  Survey,  p.  863-867.—  Edward  Wilson  :  On  the  Explo- 
ration of  two  Caves  at  Uphill,  Weston-Sper-Mare,  containning  remains  of  Pleisto- 
cene  Mammalia,  p.  867.  -  Th.-Holland  :  The  Comparative  Actions  of  subaerial 
and  submarine  agents  in  rockdecomposition,  p.  868.  —  H.-B.  Woodward  :  On 
Arborescent  Carboniferous  Limestone  from  near  Bristol,  p.  869.  —  O.-C.  Marsh  : 
The  Comparative  Value  of  différent  kinds  of  Fossils  in  determinning  geoi.  âge, 
p. 869-872.  —  J.-F.  Blarke  :  On  aggregate  Deposits  and  their  relations  to zones,  p.  872. 

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—  Th.  Groom  :  The  Age  of  the  Malvern  and  Abberley  Banges,  p.  873-874.  — 
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Leadhillite  in  Ancient  Lead  slags  from  the  Mendip  Hills,  p.  875.  —  Spencer  : 
Supplementary  List  of  British  Minerais,  p.  875-877.  —  Al.  Somervail  :  On  the  Age 
and  Origin  of  the  Granité  of  Dartmoor,  and  ist  Belations  to  the  adjoining  s t rata, 
p.  877-878.  —  M.  Mauson  :  The  Laws  of  Climatic  Evolution,  p.  878-879.  —  Ed.  Hull  : 
On  the  sub-eoceanic  Physical  Features  of  the  North  Atlantic,  p.  879-880.  —  Hud- 
leston  :  The  E.  Margin  of  the  N.  Atlantic  Basin,  p.  881-882.  —  Lomas  :  On  VVorked 
Plints  from  Glacial  Deposits  of  Cheshire  and  the  Isle  of  Man.,  p.  882.  —  Greenly 
and  Badger  :  The  (ilacial  section  at  Moel  Trifaen,  p.  882.  —  Wheeler  :  The  action 
of  Waves  and  Tides  on  the  Movement  of  Material  on  theCoast.p.  883-884.  —  Col  1  en  : 
Further  Exploration  of  the  Newyd  Cave,  Tremelrchion,  North  Wales,  p.  884-885. 

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Modène.  Boll.  Soc.  Sismologica.  IV,  7,  1898. 

G.  Agamonnone  :  Il  Terremoto  dl  Haiti  (Antille)  nella  mattina  del  29  décembre 
1897,  p.  177-191.  —  G.  Grablovitz  :  Sulla  forma  délie  oscillazioni  lente  nei  terre- 
moli,  p.  192-201.  —  Ad.  Cancani  :  Il  terremoto  adriatico-marchigiano  del  21  sel- 
tembre  1897,  p.  202-221. 

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A.  Hcnnig  :  Huilons  kristalliniska-bcrgarter,  1  :  Dem  Prekambriska  Granitit- 
Banatit,  Hyperstliongabbro  serien,  p.  1-69,  2  pi. 

Suisse.  —  (jcnève.  Arch.  Se.  phys.  et  nat.  (4),  VU,  2,  Fevr.  1899. 
Lausanne.  Bull.  Soc.  Vaudoise  Se.  nat.  (4«),  XXXIV,  130,  1898 


MH 


DONS.  —  SÉANCES  DES  10  ET  24  AVRIL  1899         27 


Séances  des  ÎO  et  £4   Avril   f  899 

1°  Non  périodiques 

Hfinl  (/,.).  La  spécificité  cellulaire.    (Collection   «sdentia»,    Carré    et 
Naud.  édit.),  S",  100  p.  Paris,  1899. 

Barrais  (Cit.).  Légende  de  la  «  Feuille  Belle-Isle  »,  de  la  Carie 
géologique  détaillée  de  la  France.  Ex.  Ann.  Soc.  Géol.  du  Nord,  t.  xxvi, 

19  déc.  1897,  8",  23  p.  Lille,  1897. 

—  Sur  le  gisement  des  roches  cristallines  anciennes  du  Massif 
de  Paimpol  8°,  Lille,  189S.  —  2e  note  sur  le  même  sujet.  Ex.  Ann.  Soc. 

géol.  du  Nord,  t.  XXVII,  J<>  mars-10  juillet  189S,  8%  ensemble  il  p. 

—  L'extension  du    Silurien   supérieur  dans    le    Pas-de-Calais. 

Id,  t.  XXVII,  lOoct.  1898,  8%  14  p.  Lille,  1898. 

—  Les  Goniatites  du  ravin  de  Coularie  (Haute  Garonne).   i<i., 

t.  XXVII,  24  déc.  1898,  8",  (»  p.  Lille,  1898. 

—  Des  relations  des  mers  dévoniennes  de  Bretagne  et  des  Arden- 

nes.  Id.,  t.  XXVII,  24  déc.  1898,  8",  30  p.  Lille,  181)8. 

Bukowski  (Gfijza  von).  Geologische  Uebersichts-Karte  der  Insel 

Rhodus.  Ex.  Jahrb.   der   K.    K.   k«»o1.   Reichsanstalt,   Rd  48  (P.  3  4),  8",  173  p. 
Vienne  (Autriche),  1899.  (I  carte  au  1/120.000*). 

Botti  (U.).  Dei  Piani  e  Sotto-Piani  in  Geologia.  Mauuale  alfabe- 

tico-ragîoiiato.  8#,  397  p.,  1898.  Reggio,  deCalabre. 

Ferton  (Ch.).  Sur  l'histoire  de  Bonifacio  à  l'époque  néolithique. 

Ex.  R.  Actes  Soc.  linnéenne  de  Rordeaux,  t.  LUI,  H\  23  p.,  1  pi.  Rordeaux,  1898. 

Fourtau  (R.).  Sur  la  provenance  des  valves  de  Crustacés  ostra- 
codes  fossiles  tombés  à  Oullins,  près  de  Lyon,  le  24  septembre  1898. 

Ex.  CR.  Ac.  Se,  27  févr.  1899. 

Geinitz  (Dr  H.B.).  Traduction  de  /.  Fraipont.  Sur  Stercosternum 
tumidum  Cope,  du  Musée  R.  de  Minéralogie  de  Dresde,  provenant 

de  Sao-Paulo  (Brésil).  4°,  8  p.,  I  p|.  double    Liètfe,  1899. 

Harlé  (Edouard).   Catalogue    de    Paléontologie  quaternaire  des 

collections  de  Toulouse.  8°,  41  p.,  i  pi.  Toulouse,  mars  1899. 

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Kerfornc  (F.).  Sur  l'Ordovicien  de  la  presqu'île  de  Crozon  (Finis- 
tère). Ex.  CR.  Ac.  Se,  16  janvier  1899. 


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—  Le  niveau  à  Trinucleus  Bureaui  dans  le  Massif  armoricain  et, 
en  particulier,  dans  la  presqu'île  de  Crozon.  Ex.  B.  s.  se.  et  médicale  de 

l'Ouest,  t.  VI,  3-4,  8",  11  p.  Rennes,  1897. 

—  Note  préliminaire  sur  le  Système  silurien  de  la  presqu'île  de 

CrOZOn.  Id.,  t.  VII,  4,  8°,  Il  p.  Rennes,  1898. 

—  Esquisse  tectonique  de  la  région  silurienne  occidentale  de  la 
presqu'île  de  Crozon  (Finistère),  id.,  t.  vm,  1,  8°,  «  p.  Rennes,  1899. 

—  Note  sur  l'Ordovicien  de  May  sur-Orne  (Calvados).  Id.,  t.  il,  i, 

8*,  4  p.  Rennes,  1893. 

—  Remarques  sur  les  argiles  fossilifères  d'Apigné  (Hle-et-Vilaine). 

Id.,  t.  IV,  4,  8%  3  p.  Rennes,  1895. 

—  Faune  des  schistes  et  calcaires  coblentziens  de  l'Ille-et-Vilaine. 

Id.,  t.  V,  3,  8°,  32  p.  Rennes,  1896. 

—  Un  cas  de  tératologie  dans  un  Scutella  Faujasi  Defrance. 

Id.,  t.  VI,  1,  8%  3  p    Rennes,  1897. 

—  Sur  les  principaux  niveaux  du  Dévonien  de  PHle-et-Vilaine. 

Id.,  t.  VIII,  1,  8°,  2  p.  Rennes,  1899. 

Kilian  (  W.  ).  [Note  sur  Y]  Annuaire  du  Club  alpin  suisse.  Ex. T.  xxxii 

(1896-97),  8°,  4  p. 

—  Id.,     id.     Annuaire  du  Club  alpin  austro-allemand.   Ex. 

T.  XXVIII  (1897),  8<\  3  p 

Kilian  et  Ilaug.  Notice  explicative  de  la  «  Feuille  Digne  »  de  la 
Carte  géol.  détaillée  de  la  France.  8-,  22  p.  Grenoble,  1898. 

Kilian  et  Lvgcon.  Une  coupe  transversale  des  Alpes  briançon- 
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Labat  (/)r).  La  température  de  la  mer.  Ex.  R.  S.  météorologique  de 

France,  8°,  4  p.  Tours,  1899. 

Lapparent  (A.  de).  Cours  de  Minéralogie  (3e  édition,  1899).  8°,703  p., 

019  fig.  dans  le  texte,  1  pi.  chromolith.  Paris,  Masson,  édit. 

Le  Dantec.  La  sexualité.  (Collection  «  Scientia  »),  Carré  et  Naud,  édit.,  12», 

98  p.  Paris,  18W. 

Montessus  de  Ballore.  L'Amérique  Centrale  et  l'Amérique  du  Sud 

sismiques.  Ex.  Mém.  Soc.  «  Antonio  Alzate  »,  t.  XI,  8«,  12  p.,  1  carte.  Mexico,  1898. 

Morgan  (de).  Mission  scientifique  en  Perse.  T.  III  :  Etudes  géolo- 
giques; Pari  II  :  Paléontologie,  par  Cotteau,  V.  Gauthier,  H.  Domillé. 

4°,  107  p.,  16  pi.  lithog.  Paris,  1895. 

Mouret  (G.).  Remarques  sur  la  géologie  des  terrains  anciens  du 
Plateau  central  de  la  France.  Ex.  R  s.  G.  F.,  (3),  t.  XXVI  (1898),  8%  12  p., 

1  pi.  double. 


DONS.    —   SÉANCES  DBS   10  ET  24  AVRIL   1899  29 

Piette  et  Laporterie  (de).  Etudes  d'ethnographie  préhistorique. 
V,  Fouilles  à  Brassempouy,  en  1897.  Ex.  l'Anthropologie,  t.  ix,8*,  ai  p., 

avec  fig.,  1898. 

Service  géographique  de  l'Année.  La  carte  de  France  (1750-1898). 
Etude  historique,  par  M.  le  colonel  Berthaut.  Tome  I,  4%  341  p.  ;  t.  Il, 

585  p.,  avec  photog.,  modules  de  plans  et  caftes,  etc. 

2°  Cartçs 

Autriche-Hongrie.  —  Angabe  der  im  Betrieb  stehendeu  und 
ira  Aufschiusse  begriflenen  Lagerstalten  von  Edelmetallen,  Erzen, 
Eisensteinen,  Mineralkohlen  Steinsalz,  etc.,  der  Lânder  der  Ungar- 
ischenkrone  von  Joh.  Bôckh  und  Alex.  Gesell  1/900.000*. 

Roumanie»  —  Harta  geologica  a  Roraàniei,  feuilles  44-47. 

3°  PÉRIODIQUES 

France.  —  Grenoble.  Bull.  Soc.  de  statistique  Se.  Nat.  et  Arts 
industriels.  (4),  IV,  1899. 

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Sur  la  Tectonique  du  Dévolu  y  et  des  régions  voisines  à  l 'époque  crétacée,  p.  33-38. 
—  A.  Gevrey  :  Sur  un  gisement  de  Crustacés  fossiles  a  la  Voulte  (Ardèche), 
p.  39-40.  —  Kilian  :  La  Météorite  de  Laborel,  p.  135-130,  2  pi. 

Lyon.  Ann.  Soc.  Agriculture  Se.  et  Ind.  (7),  V,  1897. 
Moulins.  Rev.  se.  du  Bourbonnais.  XII,  135-136,  1899. 
Paris.  L'Anthropologie.  X,  1,  1899. 

—  Soc.  de  Géographie.  Bul.  [T)9  XX,  1,  1899. 

—  Club  alpin  Fr.  Bull,  mensuel.  3,  1899. 

—  Ann.  des  Mines.  (9%  XIV,  12,  1898;  XV,  1,  1899. 

Pomel  et  Pouyanne  :  Rapport  sur  les  travaux  du  Service  géologique  do  l'Algérie, 
p.  186-204. 

—  Soc.  de  Géogr.  CR.  1889. 

—  Soc.  Fr.  de  Minéralogie.  Bull.,  XXII,  1-2,  1899. 

Georges  Friedel  :  Nouveaux  essais  sur  les  zéolithes,  p.  5-17.  —  Ch.  FriedH  et 
L.  Cumenge  :  Sur  un  nouveau  minerai  d'urane,  p.  21-29.  —  L.  Michel  :  Sur  une 
molybdénito  bismuthifère,  p.  29-30. 

—  Ac.  Se.  CR.  CXXVIIl,  12-16,  1899. 

Stanislas  Meunier  :  Sur  l'origine  de  grains  siliceux  et  de  grains  qtiartzeux 
contenus  dans  la  craie,  p.  1013-1015. 

—  Ann.  des  Bibliothèques  et  des  Archives.  XIV,  1889. 


30         DON 8.  —  SÉANCES  DES  10  ET  24  AVRIL  1899 

—  Le  Naturaliste.  (2*),  XXI,  288,  1899. 

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Pragnes  :  Aperçu  sur  la  géologie  du  bassin  de  Paris,  p.  73-75.  —  Stanislas  Meunier  : 
Sur  une  roche  provenant  du  château  de  Basolus,  p.  89-90. 

—  A  dû.  Observatoire  Météor.  du  Mont-Blanc.  III,  1898. 

J.  Va  Ilot  :  La  Moraine  profonde  et  l'Erosion  glaciaire,  p.  153-182,  fip.  60-72.  — 
Exploration  des  moulins  de  la  mer  de  glace,  p.  183-193. 

—  La  Nature.  XXVIL  1348-1352,  1899. 

1348.  Nadaillac  :  Les  Dinosauriens,  p.  258-259. 

—  Nouvelles  Arch.  du  Muséum  H.  N.  (3),  X,  1-2. 

—  Journ.  de  Conchyliologie.  XLVI,  4,  1898. 

—  Soc.  Botanique  de  Fr.  Bull.  (3«),  V,  6-8,  1898. 

—  Feuille  des  Jeunes  Naturalistes.  $*),  XXIX,  342,  1899. 

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—  Bull.  Muséum  H.  N.  7-8,  1898;  1-2, 1899. 

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Saint- Etienne.  Atlas  de  l'Industrie  minérale.  (3),  XII,  4,  1898. 

—  Bull.  Soc.  Ind.  Minérale.  (3),  XII,  4,  1898. 

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Bonn.   Sitzungsber.  der  Niederrheinischen   Ges.  fur  Nat.   und 
Heilkunde.  1898,  1-2. 

C.  Koenen  :  Ueber  Bedeutung  und  Zeitstellung  vulkanisch  verschûtteter  Baume 
und  niedriger  Pflanzen  in  Neuwieder  Becken,  p.  4-16.  —  Rauff  :  Ueber  Drumlin- 
landschaften,  p.  10-23.  —  Philippson  :  Geographische  Reiseskizzen  aus  Russland, 
p.  23-27.  —  Kohlmann  :  Die  Minette  ablagerung  in  Lothringen,  p.  27-28.  —  Grosser  : 
Die  brgebnissc  von  Alf.  Stûbels  Vulcanforschungen,  p.  28-29.  —  Philippson  :  Reise 
durch  den  Ural,  p.  42-96.  —  Rein  :  Bestimmung  der  mittleren  Dichte  der  Erde, 
p.  97-99.  —  Kaiser  :  1.  Verwitterung  thonerdehaltiger  Silicatgesteine  in  den  Tro- 
pent  p.  102-105.  —  2.  Die  Verwandschaft  der  Nephelin-Davyn  Gruppe,  p.  105-106. 


DONS.  —  SÉANCES  DES  10  ET  24  AVRIL.  1899  31 

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westfàlischen  Steinkohlen-Bcrgbaues,  p.  63-68.  —  Hoffmann  :  Das  Vorkommen 
der  oolilhischon  Eisenorze  (Minette)  in  Luxomburg  und  Lothringon.  p.  109-133, 
pi.  3.  —  Philippson  :  Die  Enstehung  der  Flussysteme,  p.  43-62. 

Gotha.  Petermanns  Mitt.  XLV,  3,  1889. 

A.  Goedertz  :  Eine  Recognoszierungsroise  in  dor  Provinz  Schan-tung,  p.  49-57, 
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Mulhouse.  Bull.  Soc.  Industrielle.  Févr.-Mars  1899. 

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Geol.  Anstalt  fur  1897,  1899. 

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Taracz thaïes  (Kiralymczô  und  Umgebung),  p.  34-49.  —  V.  Szontagh  :  Die  geol. 
Verhâltnisse  der  Gemeinden  Miklô  Làzur,  Nyârlô,  Almamezô,  Harangmezô  und 
Magyar-Gyepes  im  Comitate  Hihar,  p.  50-54.  —  Montz  V.  Pâlfy  :  Die  geol. 
Verhâltnisse  des  W.  Theiles  des  Gyaluer  Hochgebirges,  p.  55 -66.  —  Roth  v.  Telegd  : 
Die  Randzone  des  Siebenbûrgischen  Erzgobirges  in  der  Gegend  von  Varfalva, 
Toroczkô  und  Hidas,  p.  67-103.  —  J.  Halavats  :  Das  Kreidegebiet  von  Ohaba-Ponor, 
p.  104-119.  —  Fr.  Schafarzik  :  Die  geol.  Verhâltnisse  der  Umgobung  von  Borlova 
und  Pojàna-Môrul,  p.  120-156.  —  Koloman  v.  Adda  :  Die  g«'ol.  Verhâltnisse  des 
Gebietes  zwischen  dem  Thaïe  don  Beregskô  und  dem  Bégallusse  im  Comitate 
Ternes,  p.  157-171.  — Pet.  Treitz  :  Uebor  die  Reambulation  des  Gobietes  zwischen 
Szeged  und  Kalocsa  und  ûber  die  agro-geol.  Aufnahmo  dor  Besitzung  der 
K.  Ung.  Landwistschaftliohon  Lehranstalt  zu  Keszthely,  p.  172-176.  —  H.  Horn- 
sitzky  :  Die  Agro-Geol.  Verhâltnisse  der  Gemoindon  Kobôlkut.  Bâtorkosz  und 
Duna  Mecs,  im  Comitate  Esztergom,  p.  177.  —  J.  Bôckh  :  Ueber  don  zu  St-Poters- 
burg  abgehaltenen  VrII  internationalen  (irol.  Congress.  p.  195  225.  —  Mitteilungon 
aus  dem  Chemischen  Laboratorium,  p.  226-238. 

—  A  Magyar  Kir.  Fôldtani  iutézet  Eokônyve.  1898,  5-6. 

Gesell  Sândor  :  Az  Ungvôlgyi  luh  Vidékén  clôfordulô  petroleum  geologiai 
viszonyai,  p.  281-292,  1  carte.  —  Hornsitzky  Henrik  :  Budapest  Székesfôvaros  III. 
Kerûleténck  (ô-Buda)  Agronom-Geologiai  Viszonyai  kivâlô  lekiutettel  a  Szolôkul- 
turara,  p.  294-321,  carte. 

Cracoûe.  Bull,  internat.  Ac.  Se.  GR.  Fevr.  1899. 

Vienne.  Berg  und  hiîtteninânnisches  Jahrb.  XLVII,  1,  1899. 

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1898,6;  1899,  1. 

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—  R.  Ac.  de  Ciencias  Ann.  1899. 

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Cartography  of  Maryland,  p.  213  335,  pi.  33-42,  2  cartes.  —  E.  B.  Mathews  :  The 
Maps  and  Map  ma k ers  of  Maryland,  p.  337-488,  pi.  43-48. 

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T.  W.  Turner  :  The  granitic  rocks  of  the  Sierra  Nevada,  p.  141-162.  —  E.-C.  Case  : 
Studies  for  students.  The  devclopment  and  geological  relations  of  the  vertébrales 
V,  Maramalia,  p.  161-187. 

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Camelidae  of  North  America  and  somo  associa  Uni  forms,  p.  93-142,  pi.  11.  — 
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Sonie  Rock-forming  biotites  and  amphiboles,  p.  294-298.  —  O.P.  Hay  :  On  one 
little  known  and  one  hitherto  unknown  species  of  Sauroccphalus,  p.  299-304.  — 
C.  R.  Wleland  :  A  study  of  some  American  fossils  Cycads.  Part.  II  :  The  Leaf 
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410.  Frank  Clowes  :  Déposition  of  barium  sulphate  as  a  cementing  material  of 
sandstone,  p.  374-377. 


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—  The  Geol.  Magazine.  (2  ,  VI,  4. 

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A.-M.  Davies  :  The  base  of  the  Gault  in  E.  England,  p.  159-163. 

Hollande. —  Amsterdam.  Jaarboek  van  het  Mijnwezen  in  Neder- 
landsch  Oost-Indiê.  XXII,  1898. 

R.  Gustaf  Krause  :  1.  Verzeichniss  einer  Sammlung  von  Minerallen  und  Gestei- 
nen  aus  Bunguran  (Gross  Natuna)  und  Sedepap  im  Natuna  Archipel,  p.  1-16.  — 
2.  Obsidianbomben  aus  Niederlândisch-Indien,  p.  17-32, 1  pi.—  K.  Martini  :  1.  Ueber 
den  Lias  von  Bornéo,  p.  33-.%.  —  2.  Die  Fauna  der  Melawigruppe,  p.  37  96,  2  pi. 

Indes  anglaises.  —  Calcutta.  Hec.  Geol.  Surv.  of  India.  Mém. 
(15),  13,  1897. 

Cari  Diener  :  Himalayan  fossils,  vol.  1-3  :  The  permocarboniferous  fauna  of 
Cbitichun  N*  1,  p.  1-105,  pi.  I  XIII. 

Italie.  —  Florence.  Boll.  délie  Publicaziooi  lt.  318-319,  1899. 
Modène.  Boll.  Soc.  Sismologica  lt.  IV,  8,  1898. 

Agamennone  e  Bonclti  :  Dei  diversi  metodi  per  determinare  la  posizione  dcll' 
epicentro  nei  terremotl  lontani  d'ignota  provenienza,  p.  242-253. 

Rome.  Atti  R.  Ac.  dei  Lincei.  RC.  (5*),  VIII,  5-6,  1899. 

—  Boll.  R.  Comitato  Geol.  lt.  <3C),  IX,  3,  1898. 

S.  Franchi  :  Sull'  età  mcsozoico  délia  zona  délie  piètre  verdi  nelle  Alpi  Occiden- 
tal!, p.  173-247.  —  D.  Zaccagna  :  Nuove  ossorvazioni  sui  terre  ni  costituenti  la  zona 
centrale  dell'  Appennino  adiac<»nto  air  Alpe  Apuana  (suite),  p  244-272.  —  Viola  : 
Osservazioni  geologiche  fatte  sui  Monti  sublaccusi  nei  1877,  p.  272-284. 

Russie.  —  Saint-Pétersbourtj.  Soc.  I.  des  Nat.  CR.  XXIX,  6  8, 1898. 

Travaux  Sect.  (i.olog.  et  Miner.,  XXVII,  5. 

Suisse.  —  Berne.  Matériaux  Carte  Géol.  Suisse.  1898. 

Louis  Rollier  :  Deuxième  supplément  à  la  description  géologique  de  la  partie 
jurassienne  de  la  feuille  VII.  —  Alph.  Favre  :  Texte  explicatif  de  la  Carte  du 
phénomène  erratique  et  des  anciens  glaciers  du  versant  N.  des  Alpes  suisses  et  de 
la  chaîne  du  Mont-Blanc. 

Genève.  Arch.  Se.  phys.  et  nat.  (4«),  VII,  3, 1899. 
Neufchâtel.  Bul.  Soc.  Se.  Nat.  de  — .  XXI  XXV,  1893-1897. 

XXI  :  A.  Jaccard  :  Contributions  à  la  géologie  du  Jura,  p.  51-81.  —  G.  Ritter  : 
Sur  le  relèvement  des  couches  glaciaires  au  Champ  du-Moulin,  p.  82-84.  —  Id.  : 
Sur  la  vivianite  du  Locle,  p.  84-86.  —  Id.  :  Sur  l'opale  du  Locle,  p.  86-87.  —  Id.  :  Sur 
l'hydrologie  des  sources  neocomiennes  en  général,  etc.,  p.  88.  —  L.  Favre  :  La 
houille  de  Marsens,  p.  147-149.  —  Jaccard  :  Sur  la  houille  tertiaire  de  Marsens, 
p.  150-152.  —  XXII  :  L.  du  Pasquier  :  Le  glaciaire  du  Val-de  Travers,  p.  3-32.  — 
Penck,  Brûckner  et  du  Pasquier  :  Le  système  glaciaire  des  Alpes,  p.  70-151.  — 
XXIII  :  A.  Penck  et  L.  du  Pasquier  :  Sur  le  lœss  préalpin,  p.  54-60.  —  XXIV  : 
Isely  :  Lettres  inédites  de  Louis  Agassiz,  p.  111-125. 

Supplément  au  tome  XXV  il  du  Huile  lin  de  la  Société  Géologique  de  Frame.    d. 


34  DONS.    —   SÉANCES   DES   1er   ET   15  MAI  1899 


Séances  des   Ier  et   15   Mai  1899 

1°  Non  périodiques 
Agamennone  (G.).  Sopra  un  Sistema  di  doppia  Registrazione  negli 

Strumenti    sismici.    Ex.  RC.  d.  R.  Acad.  dei  Lincei,  vol  VIII,  1er  sem  ,  srrie  5, 
fasc.  4,  8°,  8  p.  Rome,  1899. 

Angelis  (TOssat  (G.  de).  Seconda  Contribuzione  allô  studio  délia 
fauna  fossile  Paleozoica  délie  Alpi  Carniche.   Ex.  r.  ac  dei  Lincei, 

CCXCVI  (1899),  4«\  32  p. 

Cossmann  (1/.).  Essais  de  Paléoconcholo^ie  comparée.  8%  137  p.,  8  pi. 

en  photolypie.  Paris,  avril  1899  (3e  livraison  de  l'ouvrage). 

Crosse  (Hippolyte),  1826-98.  Sa  vie  et  ses  travaux.  Notice  biogra- 
phique, par  M.  C.  Poyard.  —  Discours  prononcés  sur  la  tombe  de  — , 
par  MM.  J.  Bergeron  et  Ph.  Dautzenbrrg.  —  Index  bibliographique. 

8«,  i\ï  p.  Paris,  1899  (Publia  «t  offert  par  la  famille) 

Fritsche  (Dr  H.).  Die  Elemente  des  Erdmagnetismus  fur  die 
Epochen  1600, 1650, 1700, 1780, 1842  und  1885,  und  ihre  saeculaeren 
Aenderuugen,  berechnet  mit  Hûlfe  der  aus  allen  brauchbaren 
Beobachtungen  abgeleiteten  Coeflicienten  der  Gaussischen  «  Allge- 
meinen  Théorie  des  Erdmagnetismus  ».  8%  112  p.  (autographie).  Saint- 
Pétersbourg,  1899. 

Martonnc  (E.  de).  Lapiez  dans  des  Grés  crétacés  (Massif  du  Buce- 
giu,  Roumanie).  Ex.  B.  s.  G.  F.,  [3],  XXVII,  8%  5  p.  (1899). 

Wadsicorth  (Dr  M.-E.).  The  Michigan  Collège  of  Mines.  Ex.  Trans. 

of  Ihc  Ara  Inst.  of  Mining  Engineers  ;  La  ko  supr  Meeting  ;  July,  1897.  8°,  lu*  p. 
Ilougton,  Michigan. 

—  The  Origin  and  mode  of  occurrence  of  the  Lake  supr  Copper- 
deposits.  M.,  id.,  28  p. 

—  Some  Statistics  of  Engineering  Education,  id  ,  id.,  21  p. 

—  The  Elective  system  in  Engineering  Collèges.  Ex.  Proc.  Soc.  for 

the  Promotions  of  Engineering  Education.  Kuffalo  Meeting,  1896,  8«,  351  p. 

—  Some  methods  of  determining  the  positive  or  négative  Cha- 
racter  of  Minerai  Plates  in  ronverging  polarized  light,  with  the 
pelrographical  Microscope.  Ex.  Ain.Geoiogtst,  vol.  xxi,  mars  1898,  8",  :>p. 

—  Zirkelite.  Ex.  Am.  Journ.  of  Science,  vol.  V,  fév.  1898;  8%  1  p. 

—  (Lettre  aux  éditeurs  de  «  Journ.  of  Geology  »,  au  sujet  de  la 

Zirkelite).  8%  2p-,  li  juin  1*97.  Hougton,  Michigan. 


DONS.  —  SEANCES  DES  1er  ET   15  MAI   1899  35 

2°  Cartes 

France.  —  Paris.  Carte  géologique  détaillée.  Feuilles  :  53,  Sar- 
reburg  ;  170,  Lesparre  ;  190,  Aiguilles  ;  213,  Saint-Martin  Vésubie. 

Saint-Etienne.  Atlas  Soc.  Industrie  Min.  (3),  XIII,  1, 1899. 

3°  PÉRIODIQUES 

France.  —  Amiens.  Bull.  Soc.  Linnéenne  du  N.  de  la  Fr.  XIV, 
1898,  305-307. 

Avignon.  Mém.  Ac.  de  Vaucluse.  XVIII,  1,  1899. 
liéziers.  Bull.  Soc.  d'Etude  des  Se.  Nat.  XX,  1897. 

J.  Miquel  :  Sur  la  Géologie  des  terrains  tertiaires  du  département  de  l'Hérault, 
p.  20  5N. 

Paris.  Ac.  Se.  CR.  CXXVI1I,  17  19,  1899. 

N'  18.  A.  Michel-Lévy:  Séparation  en  deux  groupes  naturels  des  épanche  monts 
volcaniques  du  Mont-Dore;  caractères  chimiques  distinctifs  de  leurs  magmas  et 
de  celui  qui  a  alimenté  les  éruptions  de  la  Chaîne  des  Puys,  p.  1 078- 1082.  —  S  tan. 
Meunier:  Chute  de  météorite  récemment  observée  en  Finlande,  p.  1130-1131.  — 
N'  19.  Marcelin  Boule  :  Sur  l'existence  d'une  faune  d'animaux  arctiques  dans  la 
Charentc-Inf"  à  l'époque  quaternaire,  p.  1188-1190. 

—  Adû.  de  Géographie.  XIII,  N°  39,  1899. 

(j.-B.  M.  Flamand:  La  traversée  de  l'Erg  Occidental  (Grandes  dunes  du  Sahara 
oranais),  p.  2U-241.  — M.  Zinunennann:  Résultats  des  missions  Hlondiaux  et  Eys- 
série  dans  le  Nord-Ouest  de  la  Cote  d'Ivoire,  p.  £>2-*lft,  pi.  Vil. 

—  Ann.  des  Mines.  XV,  3,  1899. 

—  L'Anthropologie.  X,  2,  1899. 

Aveneau  de  la  Grancière  :  Le  Bronze  dans  le  Centre  de  la  Bretagne- Armorique, 
p.  158.  —  J.  de  Baye  et  Th.  Volkov:  Le  gisement  paléoli tique  d'Aphontova-Gora 
près  de  Krasnoiarsk  (Russie  d'Asie),  p.  172-178.  —  L.  de  Laigue  :  Les  Monuments 
mégalithiques  de  la  province  de  Drcnthe  (Pays-Bas),  p.  179. 

—  Club  alpin  Fr.  Bull,  mensuel.  1899,  4. 

—  Feuille  des  Jeunes  Naturalistes.  XXIX,  N°  343,  1899. 

M.  Pirontet:  Etudes  sur  le  préhistorique  du  Jura  (fin),  p.  111-115.  —  Eugène  de 
Boury  :  Révision  des  pleurotomes  éocènesdu  bassin  de  Paris,  p.  115-123. 

—  Journ.  de  Conchyliologie.  XL1I,  1, 1899. 

—  Journal  des  Savants.  Mars-Avril  1899. 

—  Le  Naturaliste.  (2*),  292,  1899. 

St.  Meunier:  Traces  laissées  dans  une  argile  par  des  aiguilles  de  glace,  p.  101. 


36  DONS.    —  SÉANCES   DES   1er   ET   15  MAI   1899 

—  La  Nature.  XXVII,  N««  1353-1355,  1899. 

—  Rev.  critique  de  Paléozoologie.  III,  2,  1899. 

—  Soc.  de  Géogr.  CR.  3,  1899. 

Allemagne.  —  Berlin.  Zeitschr.  fur  praktische  Geol.  1899,  5. 

O.-M.  Rels:  Das  Salzlager  des  mittleren  Muschelkalks  am  Neckar,  p.  153-166. — 
F.  von  Richthofen:  Die  neue  geol.  Karte  von  Oestcrrcich,  p.  167-173,  —  G.  Gûrich  : 
Einthcllungdcr  Erzlagerstâttcn,  p.  173-176.  —  J.-H.-L.  Vogt  :  Ueber  die  Rikltinir 
des  Kongsberger  Silbers  etc.,  p.  177-181: 

—  Zeitsch.  I).  Geol.  Ges.  L,  3,  Juill.  Sept.  1898. 

E.-G.  Ilarboe  :  Voreisung  und  Vulkanismus,  p.  441-401.  —  H.  Scupin:  Ueber 
exotischo,  zur  Gruppe  der  Spirifer  primaevus  gehôrige  Formen,  p.  462-467,  pi.  17. 

—  Emil  Bôse:  Zur  Kenntniss  des  Alpinen  Trias  I  Die  Bcrchtesgadcner  Trias  und 
Ihr  Verhâltniss  zu  den  ûbrigen  Triasbezirken  dos  N.  Kalkalpen,  p.  468-586,  27  flg., 
pi.  18.  —  Ulricb  Sôhlo :  Ueber  das  Conoman  im  Schwarzraingrabcn  bei  Ohlstadt. 
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Winterfeld  :  Ueber  das  Alter  der  Lûderich-Schlchten  im  Lenneschiefer  Gebiet, 
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Keilhack  :  Ueber  die  Entwickelung  der  glacialen  Hydrographie  Nord-Deutschlands, 
p.  77-83.  —  Steinmann  :  Ueber  die  Entwickelung  des  Diluviums  in  S.  VV.  Deutsch- 
land,  p.  83-106.  —  Edm.  Naumann  :  Reise  nach  Mexico,  p.  106-109.  —  H.  Potonié  : 
Eine  Carbon-Landschaft,  p.  110-127.  —  Kosmann  :  Ueber  die  Thoneisensteinlager 
in  der  Bentheim-Ochtruper  Thonmulde,  p.  127-131.  —  Keilhack  :  Die  Luminescenz 
der  Mineralien,  p.  131-136.  —  W.  Volz  :  Trias  aus  Sumatra,  p.  137-138.  -  G.  Mùller  : 
Inoceramus  involulus  im  Quader  des  Gloisernen  Mônchs  und  der  Thekenberge 
bei  llalborstadt.  p.  181-182.  —  Keilhack:  Auftretcn  zweier  versebieden  alteriger 
Losse  in  der  Gegend  von  Allenburg  und  Meuselwitz,  p.  179-180.  —  Loretz  :  Unters- 
cheidungen  im  Lenneschiefer,  p.  183-186.  —  Zimmermann  :  Trockenrisse  und 
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Jahn  :  Ueber  das  Vorkonimen  der  Moldavito  in  don  N  Bôhmischen  Pyroponsandcn, 
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Limonit  nach  Lasur  und  Malachit  von  Chessoy,  vier  neue  Pseudomorpbosen, 
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Mitglieder  der  Kais.  Akademie  der  Wissenschaften  in  der  Angelc- 
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Piesting.  Ex.  Verh.  d.  K.  K.  geol.  Reichsanstalt,  N*  lii,  8%  li  p.  Vienne,  1K98. 

—  BeitriigezurPalaeontotogie,  insbesouderedertriasischen  Abla- 
gerungen  central-asiatischer  Horhgebirge.  Ex.  Jahrn.  d.  K.  K.  Geoi. 

Reichsanstalt,  vol  48,  piirt  3-4,  8",  30  p.,  2  pi.  Vienne,  1898. 

—  Ueber  zwei  neuu  Bracbiupoden  aus  dein  Lias  und  derGosau- 

kreide  VOn  Salzblirg.  ld.,  vol.  48,  part  l,  8",  8  p.,  I  pi.  Vienne,  1898. 

Blnm.  Vorkonunen  vou  Phosphoriten  im  Luxemburgischen  Dilu- 

viuill  bei  Bettemburg.  Ex.Mitt.desVer.  LuxemburgcrNaturfreundefFauna, 
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Fortin  (H.).  CR.  de  la  Réunion  de  la  Soc.  normande  d'Etudes  pré- 
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Amis  des  Se.  nat.  de  Rouen  (Instruments  préhistoriques).  8#,  15  p., 

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Fourtau  [H.).  Révision  des  Echinides  fossiles  de  l'Egypte.  Ex.  Mé- 
moires de  l'Institut  égyptien,  4",  I3ÏI  p.,  4  pi.  Le  Caire,  IKÏK>. 

Fritsch  (.4.).  Fauna  der  (ïaskohle  und  der  Kalksteine  der  Perni- 
formation  Bohmens.  Vol.  4,  part  1  :  Arthopoda  (Hexapoda,  Myrio- 

poda).  4°,  32  p.,  Otf.,  12  pi.  chromolith.  Prague,  1899. 

(irerey  (H^.  Sur  le  péristome  de  Œroptychns  Christoli  Beaudoin 

Sp.,  1851.  8",  (i  p.,  1  pi.  Grenoble,  1SW. 


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Kerforne  (F.).  Le  niveau  à  Phacops  Potieri  dans  FIHe-et- Vilaine. 

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Lebesconte  (P.).  Périodes  géol.  Gallo-Romaine  et  Franque.  Leurs 
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Ex.  B.  S.  se.  et  médicale  de  l'Ouest,  7«  année,  t.  VII,  N'  4,  8%  52  p.  (avec  fig.), 
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Lord  Edwin  (C.-E.).  Pétrographie  Report  on  Rocks  from  the  Uni- 
ted States.  Mexico  Boundary.  Ex.  Proc.  of  the  U.  S.  National  Muséum  (Smith- 
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Meunier  (Stanislas).  La  Géologie  expérimentale.  Bibliothèque  se.  inter- 
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Mortillet  (Adrien  de).  Vase  en  pierre  ollaire  de  l'Epoque  mérovin- 
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—  Campigny  et  «  le  Campignien  ».  id.,  8%  28  p.,  avec  fig. 

Philip  pi  (Z)r  Rodulfo-Amando).  Los  fosiles  secundarios  de  Chile 

Gr.  4«,  1"  partie,  104  p.,  42  pi.  lithog.  Santiago  de  Chile,  1899. 

Prestwich  (Sir  Joseph).  Life  and  Letters  of  —,  witten  and  edited 

by  his  wife.  8«,  444  p.,  24  pi.  et  fig.  Londres,  1899. 

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Auxerre.  —  Bull.  Soc.  Se.  Hist.  et  Nat.  de  l'Yonne.  (4*),  II,  1898. 

Lille.  Soc.  Géol.  du  N.  Ann.  XXVIII,  1,  1899. 

Hallez  :  Sur  les  fonds  du  Détroit  du  Pas-de-Calais,  p.  4-23.  —  Eg.  Bertrand  : 
Nouvelles  recherches  sur  les  charbons.  Les  charbons  humiques  et  les  charbons  de 
purins,  p.  26-47.  —  L.  Breton:  Le  sondage  de  Framzetle,  p.  47-52.  —  J.  Gosselct  : 
Sur  les  eaux  salines  des  sondages  profonds,  p.  54-64. 

Lyon.  Bull.  Soc.  d'Anthropologie  de  — .  XVII,  1898. 
Moulins.  Rev.  Se.  du  Bourbonnais.  XII,  137, 1899. 
Paris.  Ac.  Se.  CR.  CXXVI1I,  20-29,  1899. 

P.  Tcrmier  :  Sur  une  trachylite  du  fond  de  l'Atlantique  nord,  p.  1256.  —  A. 
Lacroix  :  Sur  les  rhyolites  à  œgyrine  et  riebeckitc  du  pays  des  Somalis,  p.  1353. 
Du  parc  et  Ritter  :  Sur  les  roches  éruptives  du  Cap  Blanc  (Algérie),  p.  1356.  — 
Caralp:  Le  Carbonifère  des  Pyrénées  centrales,  p.  1413.—  Lacroix:  Sur  un  gîte  de 
magnétite  en  relation  avec  le  granité  de  Querigut  (Ariège),  p.  1467. 

—  Ann.  des  Mines.  (9«),  XV,  4,  1899. 

— -  Club  Alpin  Franc.  Bull,  mensuel.  5,  1899. 


DONS.  —  SÉANCES  DES  5  ET  19  JUIN  1899  41 

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127-130.  E.  de  Boury  :  Révision  des  pleurotomes  éocènes  du  Bassin  de  Paris  (suite), 
p.  130-134. 

—  Le  Naturaliste.  (2%  XXI,  293-295,  1899. 

H.  Boursault  :  Los  falaises  du  T report,  p.  113- 114. 

—  La  Nature.  XXVII,  N"  1356-1361,  1899. 

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—  Service  de  la  carte  #éol.  de  la  Fr.  et  des  topographies  souter- 
raines. Bull.  t.  X,  64-66,  1898-99. 

Lacroix  :  Le  granité  des  Pyrénées  et  ses  phénomènes  de  contact,  p.  1-68,  pi  I-II. 
Douxami  et  Révil  :  Note  sur  les  terrains  tertiaires  du  plateau  des  Déserts,  près 
Ghamhéry  (Savoie),  p.  1-20.  —  E.  Fournier:  Le  Dôme  de  la  Grésigne,  p.  1  -11. 

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—  Soc.  Botanique  de  Fr.  Bull.  (3«),  IV,  1897. 

—  Soc.  de  Géogr.  CR.  4,  Avril  1899. 

—  Soc.  de  Spéléologie.  Spelunca.  Bull.  IV,  16, 1898;  19, 1899. 

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Sardegna,  p.  150.  —  G.  d'Achiardi  :  Studio  di  alcune  varieta  di  opale  délie  Tos- 
cane, p.  114-136.  —  Sestini  :  Azionc  Coalinizzante  délie  radici  sulle  roccie  granitiche, 
p.  138. 

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Venturino  Sabatini:  Sulle  Escursioni  ail»'  isole  Pontine,  p.  XL-LXI.  —  Alb. 
Fucini:  Sopra  alcuni  fossili  di  Cafiarcillo  nel  Chili  esistenti  nel  Musco  Paleontolo- 
gico  Pisano,  p.  1- 16,  pi.  1.  —  Enr.  Nicolis  :  Sugli  antichi  corsi  del  fi  urne  Adige,  p. 
17-75,  Carte.  —  Lorenzo:  Ancora  del  Vesuvio  di  Tenipi  di  Spartaco  e  di  Strabonc,  p. 
70-38.—  A.  Viglino  e  G.  Capeder :  Coinunieazione  prcliininarc  sul  Loess  pieinontcse, 
p.  81  84.  —  P.-H.  Ugolini:  Contribuzione  allô  Studio  del  Pliocène  di  una  parte  del 
Bacino  dell'Era,  p.  85-87.  —  Serafino  Cerulli-Irelli  et  G.  de  Angelis  d'Ossat:  I  Mol- 
luschi  fossili  plioceni  di  Paloinbara-Marcellina,  p.  88-93.  —  Aless.  Portis:  Di  alcuni 
avanzi  elefantini  fossili  scopcrli  presso  Torino,  p.  94-120,  1  pi.  —  A.  Verri  :  Osser- 
vazione  sulla  successione  délie  rocce  vulcanicbe  nella  Campagna  di  Roma,  p.  121- 
122.  —  Aless.  Portis  :  Dm»  Località  fossilifère  nelle  Alpi  inarittime,  p.  123-104.  — 
Mario  Ricciardelli  :  Sulla  costituzione  gcologica  dei  dintorni  di  Sansevcro,  p.  105- 
1G9.  — G.  de  Lorenzo:  Guida  gcologica  dei  dintorni  di  Lagonegro  in  Rasilicata,  p. 
170-19."),  Carte.  —  C.  Riva:  Kelazionc  soin  m  aria  délie  gîte  comptait*  nei  dintorni 
di  l^igonegro  in  occasione  délia  riunione  estiva  délia  S.  G.  IL,  p.  CXLII-CL.  —  P.- 
E.  Vinassa  de  Regny:  Nuovi  generi  di  radiolari  del  Miocène  di  Arcevia,  p.  197-198. 
—  G.  de  Angelis  d'Ossat  :  Nuovi  fatti  geologici  nella  provincia  Romana.  —  G. 
Taldo:  Strattia  congerie  nclle  vicinanze  diraola,  p.  200  201.  —  Torquato  Taramelli: 
Del  deposito  Lignitico  di  Lefe  in  Provincia  di  Rergamo,  p.  202-218.  —  Gustavo  Levi  : 
Sui  fossili  del  Lias  inferiore  di  Cima  alla  Foce  nell'Alpe  di  Corfino,  p.  219.  — 
Antonio  Neviani:  Rriozoi  délie  formazioui  plioceniche  e  postplioceniche  di  Palo 
Anzio  e  Nettuno,  p.  220-232.  —  P.-E.  Vinassa  de  Regny  :  I  possi  artesiaui  del 
comune  di  Cascina,  p.  233-2H.  —  Aless,  Portis  :  Di  alcune  specie  di  Mammiferi 
del  Pliocène  sup.  e  dell'  eta  del  Deposito  Lignitico  di  Letïe,  p.  244-251  1  Ciirte.  — 
Romolo  Meli  :  Fluorite  cristalizata  délia  Miniera  di  Congians  presso  Iglesias 
(Sardegna),  p  252-250.  —  G.  de  Lorenzo  :  Ancora  del  Vesuvio  ai  tempi  di  Stra- 
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Marittime  e  Cozie,  p.  201. 

Turin.  Mem.  H.  Ac.  Se.  (2«),  XLVHI.  1899. 

—  Atti.  XXXI V,  1  ;t,l 898-99. 


Séance    du    il    \ovembre    ISO 9 

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Bather  (F.-A.).  The  Gênera  and  Species  of  Blastoidea.  with  the 
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Baumann  (Dr  Oscar).  Die  Insel  Peraba  und  ihre  kleinen  Nachba 

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Bofill  y  Poch  (Don  Arturo).  Indicationes  sobre  algunos  fôsiles  de 
la  caliza  basta  blanca  de  Muro,  Isla  de  Mallorca.  Ex.  B.  e  Mem.  Real 

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Boule  (M.).  Note  sur  de  nouveaux  fossiles  secondaires  de  Mada- 
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—  Sur  la  physîographie  du  Carladez.  Ex.  Doc.  historiques  relatifs  ù  la 
Vicomte  de  Cariât  (Collections  des  Mém.  et  Doc.  publiés  par  ordre  du  Prince  A.  de 
Monaco),  4",  8  p.  Monaco,  1899. 

Boule  et  Chauvet  (G.).  Sur  l'existence  d'une  faune  d'animaux 
arctiques  dans  la  Charente  à  l'époque  quaternaire.  Ex.  en.  Ac.  Se,  8  mai 

1899,  4%  3  p. 

Boule  et  Vemière.  L'abri-sous-roche  du  Rond  (près  de  Sl-Arcons- 

d'Allier  (Haute-Loire).  Ex.  Anthropologie,  t.  X,  16  p.,  fig.  8",  1899. 

Breed  (Robert-S.).  «  The  Sunset  Trachyte  »,  from  near  Sunset, 

Boulder  County,  Colorado.  Ex.  Proc.  Colorado  Se.  Soc.,8°,  15p.  Denver,  1899. 

Calkins  (Gary-N.).  Some  hydroids  from  Puget  Sound.  Ex.  Proc.  Bos- 
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Cucchi  (lyino).  1  Denti  (Zanne)  dell'  Elefante  Africano  et  il  com- 

inercio  dell*  Ivorio.   Ex.  Nuova  Anlologia,  fasc.  1,  août  1899,  8\  10  p.  Home. 

Cort  (Hugo  de).  Quelques  observations  intéressant  la  faune  mala- 

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Flamand  (G.-B.M.).  La  traversée  de  l'Erg  occidental  (Grandes 
Dunes  du  Sahara  Oranais).  Ex.  Ann.  de  Géog.,  t.  VIII,  8°,  il  p  ,  1  pi. 

Fliche  (P.).  Sur  la  présence  du  Pin  sylvestre  (Pinus  silvestris 
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Ex.  CR.  Ac.  Se,  26  déc.  1898,  48,  2  p. 

Fortin  (IL).  Note  sur  quelques  découvertes  d'objets  des  époques 
mérovingienne  et  gallo-romaine  en  Normandie.  Ex.  B.  Soc.  normande 

d'études  préhistoriques,  t.  VI,  1898,  8%  10  p  ,  1  pi.  Louviers,  1899. 


DONS.    —   SÉANCE   DU  (5  NOVEMBRE   1899  47 

—  Sur  les  «  Véritables  instruments  usuels  de  l'âge  delà  pierre  ». 

Ex.  B.  Soc.  des  Amis  des  Se.  nat.  de  Rouen  (1"  sem.  1899),  8%  3  p.  Rouen. 

Geikie  (Sir  Archibald).  Adress  to  the  Geological  Section.  Ex.  British 

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Geinitz  (H.  B.).  Othniel  Charles  Marsh  (Notice  nécrologique). 

Ex.  Lcopoldina,  XXXV,  N»  7,  4%  3  p..  1899. 

Grabau  (Amadeus-W.).  Moniloporidœ,  a  new  Family  of  Palaeozoie 

Corals.  Ex.  Proc.  Boston  Soc.  N.  H.,  vol.  28,  N#  16, 8U,  15  p.,  4  pi.  Boston,  avril  1899. 

Haug  (E.).  Articles:  Néocomien,  Néogène  et  Permo  Carbonifère 
de  la  a  Grande  Encyclopédie  ».  2  fasc.  4%  1899. 

—  Revue  annuelle  de  Géologie  de  la  «  Revue  gén.  des  Se.  pures 
et  appliquées  »,  N°  16  de  1899.  4°,  10  p.,  2  cartes  dans  le  texte. 

Uowe  Jr  (tieyinald-Ueber).  Norlh-American  Vood  frogs.  Ex.  Proc. 

Boston  Soc.  N.  H.,  vol.  28,  N"  14,  S%  5  p.  Boston,  1899. 

H  ut  ion  (James).  Theory  of  the  Earth,  wilh  frogs  and  illustrations 

(in  four  parts).  Vol.  III,  1899.  Geol.  Soc.  London,  8'.  Londres,  1899  (Publié 
par  Sir  Archibald  Geikie). 

Kilian  (H'.).  Sur  les  brèches  éogènes  du  Briançonnais.  Ex.  cr.  Ac. 

Se.,  24  juillet  1899,4»,  4  p. 

Kilian  (W.)  et  Haug  (E.).  Sur  le  bord  externe  du  Briançonnais 
entre  Freyssinières  et  Vars.  id.,  7  août  1899,  4-,  3  p. 

Klossowsky  (A.).  Vie  physique  de  notre  planète.  Xe  Congrès  des 
Naturalistes  et  Médecins  russes,  à  Kiew.  8»,  41  p.  Odessa,  1899. 

Lahille  (Dr  F.).  Notes  :  1°  Sur  Terebratella  patagonica  Sow.;  2°  Sur 
les  dimensions  de  Stcnodelphis  Blainvillei.  Ex.  Rev.  dei  Museode  la  Piata, 

t.  IX,  p.  389  et  suiv.,  8%  12  p.,  3  pi.  La  Plata  (R.  A.),  1899. 

Lamothe  (L.-J.-H.  de).  Note  sur  les  anciennes  plages  et  terrasses 
du  Bassin  de  Tisser  (Dép1  d'Alger),  et  de  quelques  autres  bassins  de 
la  côte  algérienne.  Ex.  B.  s.  g.  f.,  [3],  t.  xxvn,  p.  2r>7,  pi.  m,  8°,  40  p.,  i  carte 

géologique,  1899. 

Lappnrent  (.4.  de).  Traité  de  Géologie  (4me  édition).  Fasc.  i  et  2,  8», 

1240  p.,  559  (fc.  dans  le  texte.  Paris,  1900). 

Mayer-Eymar  (A.).  Systemalisches  Verzeichniss  der  Fauna  des 
unteren  Saharianum  (marines  Quartaer)  der  Umgegend  von  Kairo, 
nebst  Beschreibung  der  neuen  Arten.  Ex.  Paieontograpbica,  xxx  B.,  8% 

34  pi.,  1  pi.  Stuttgard,  1898. 

Ossat  (G.  de  Angelis  d')  et  Millosetich  (F.).  Cenni  intorno  aile 
Raccolte  Geologiche  delT  ultima  spedizione  Bôttego.  Ex.Omo,8%22p., 

1  carte.  Boine,  1899. 


48  DONS.    —   SÉANCE  DU   G   NOVEMBRE   1899 

Pellat  (Ed.).  Quelques  mots  sur  le  terrain  jurassique  supérieur 
du  Boulonnais,  à  l'occasion  du  XXVIIIe  Congrès  de  TA.  F.  A.  S.,  à 

Boulogne-SUr-Mer.  8%  12  p.  Avignon,  août  1899. 

Portel  (Em.  ).  Les  origines  de  la  vie  et  la  Paléontologie.  —  P.  scien- 
tifique et  P.  philosophique).  8",  49  p.  Paris,  1898. 

Sauvage  (H.-E.).  Note  sur  les  Pachycarmidés  du  Lias  supérieur  de 

Vassy  (Yonne).  Ex.  B.  Soc.  H.  N.  d'Autun,  t.  II  (1898),  8%  8  p.,  1  pi.  double. 

Vuodman  (Edmund).  Sludies  in  the  Gold-bearing  slates  of  Nova- 

Scolia.  Ex.  Proc.  Boston  Soc.  N.  H.,  vol.  28,  n*  15,  p.  375-407, 3  pi.  8°,  Boston,  1899. 

Wilkinson  (Thomas-L.).  The  Self-Cooling  Condenser.  Ex. Proc. Colo- 
rado scientific  Soc.,  8°,  16  p.  Denver,  1899. 

Zeiller  (/?.)•  Sur  la  découverte,  par  M.  Amalitzlcy,  de  Glossopteris 
dans  le  Permien  supérieur  de  Russie.  Ex.  B.  Soc.  botanique  do  France, 

t.  XLV,  8%  5  p.,  juillet  1898. 

Zittel  (K.-A.  von).  Geschichte  der  Géologie  und  Palâontologie.  «". 

2°  Cartes 

Australie.  —  Drisbane.  Geological  map  of  Queensland,  1899, 
6  feuilles. 

Autriche-Hongrie.  —  Vienne.  Geolog.  Spécial karte  der  Oester- 
reischich  Ungarische  Monarchie,  1 /75.000e. 

Feuilles  :  41  Freudcntbal,  54  Olmûtz,  66  Boskowitz-Blansko,  67  Prossnitz-Wis- 
chau,  77  Austerlitz,  83  Eisenkappel-Kanker,  84  Prassberg  a.  d.  Sann,  85  Pragerhof- 
Wind,  86  Pettau-Vinica,  Skelett. 

Suède.  —  Stockholm.  Carte  géol.  1/100.000*. 

Feuilles  Orkeljunga  el  Ulricehamn. 

—  Carte  géol.  de  la  Suède,  1/2.000.000*. 

3°  PÉRIODIQUES 

France.  —  Amiens.  Bull.  Soc.  Linnéenne  du  N.  de  la  France. 
XIV,  309-317, 1898-99. 

Autun.  Soc.  H.  N.  Bull.  X,  2,  1897;  XI,  1,  1898. 

Marlot  :  Barytlnc  de  l'Auxois  et  du  Morvan,  p.  96-102.  —  A.  Raymond  :  Note 
sur  les  roches  de  la  montagne  de  la  Marolle  (Creusot),  p.  111-114.  —  H.  de  Chai- 
gnon  :  Sur  la  présence  d'une  lentille  de  gneiss  à  pyroxène  ;  sur  une  pegmalite 
avec  cristaux  de  chlorophyllite  ;  sur  la  présence  de  la  vaugnérite  aux  environs  de 
Montbrison  ;  sur  un  gisement  nouveau  de  gneiss  à  pyroxène,  p.  140-146.  —  A. 
Raymond  :  Note  sur  les  terrains  du  Creusot,  p.  172-175.  —  A.  Meunier  :  Excursion 


DONS.   —   SÉANCE  DU   6  NOVEMBRE    1899  49 

sous  la  direction  de  M.  — ,  p.  366-376.  —  B.  Renault  et  A.  Roche  :  Etude  sur  la 
constitution  des  lignites  et  dos  organismes  qu'ils  renferment,  p.  201-239.  —  B. 
Renault  :  Notice  sur  les  Calamariées  (suite,  3*  p.),  p.  377-436,  pi.  1XIII.  —  J.  Ca- 
musat  :  Argiles  à  silex  de  Saône-et-Loire  ;  considérations  nouvelles  sur  leur 
genèse,  p.  521. 

Belfort.  Bull.  Soc.  belfortaise  d'émulation.  XVII,  1899. 
Béziers.  Bull.  Soc.  d'étude  des  Se.  nat.  XXI,  1898. 

Jean  Miquel  :  Le  métamorphisme  dans  la  Montagne  Noire,  p.  1-16. 

Dunkerque.  Bull.  Soc.  pour  l'encouragement  des  Se,  Lettres  et 
Arts.  XXXI,  1898-99. 

Lille.  Soc.  Géol.  du  N.  Aon.  XXVIII,  2-3,  1899. 

Rabelli  :  Note  sur  les  carrières  de  Pont-à-Bucy  et  de  Nouvion-lc-Comte  (Aisne), 
p.  72-75.  —  Excursion  géologique  à  Rcugin,  du  16  avril  1899,  p.  75-79.  —  Excur- 
sion géologique  à  Saint-Momelin  et  à  Watten,  le  30  avril  1K99,  p.  79-X3.  —  II.  Ri- 
gaux  :  Les  modifications  de  la  plage  de  Wissant,  p.  84-92.  —  Leriche  :  Note  sur 
le  Crocodilus  depreasifrons  trouvé  a  Urcel  (Aisne),  p.  92-94,  pi.  I.  —  Leriche  : 
Faune  d'eau  douce  sparnacienne  de  Cuvilly  (Oise),  p  95-104,  pi.  II.  —  Leriche  : 
Excursion  géologique  dans  la  forêt  de  Saint-Gobain,  p.  105-112.  —  Excursions  des 
11  et  12  juin  à  Avesnes  et  Maubeuge,  p.  113-115.  —  Ch.  Rarrois  :  Note  sur  l'étage 
à  Anarcestes  laleseptatus  dans  l'Ille-et- Vilaine,  p.  11H-117.  —  A.  Hotte  :  La  station 
préhistorique  et  un  foyer  de  même  époque  à  Ablain-Saint-Nazaire  (P.-de-C), 
p.  118-127.  —  De  la  Vallée  Poussin  et  Renard  :  Notice  sommaire  sur  le  porphyrite 
du  Quenast,  p.  131-142.  —  Excursion  et  séance  extraordinaire  annuelle  de  la  Société 
géologique  du  Nord,  p.  142-147.  —  J.  Péroche  :  Des  marées  et  de  leur  action  éro- 
sive  sur  nos  côtes,  p.  148-155.  —  J.  (J osselet  :  Sur  le  tun  aux  environs  de  Lille, 
p.  155-159.  —  Leriche  :  Sur  la  présence  de  Sonneratia  perampla  dans  la  meule, 
p.  159-161.  —  Parent  :  Lambeaux  crétacés  sur  le  plateau  de  Gris-Nez,  p.  161-165. 

—  Parent  :  Coupe  de  la  Grande  Oolithe  «1  Le  Wast  (Roulonnais),  p.  166-169,  fig.  1. 

—  Eg.  Rertrand  :  Description  d'un  échantillon  de  charbon  papy  racé  ou  papierkohte 
trouvé  à  Prisches  en  1859,  p.  171-247.  —  J.  Gosselet  :  Note  géologique  et  géogra- 
phique sur  la  montagne  de  Noyon,  p.  247-256. 

Lyon.  Anu.  Soc.  d'Anthropologie  de  — .  XVII,  2,  1898. 

Claudius  Savoye  :  Le  Beaujolais  préhistorique,  p.  1-213,  70  fig.,  pi.  1-1 V,  1  carte. 

Moulins.  Kev.  se.  du  Bourbonnais.  XII,  138-142,  1899. 
Paris.  Anu.  des  Mines.  (9%  XV  XVI,  5-8,  1899. 

Bavard  :  Note  sur  1rs  gisements  de  minerais  de  fer  des  presqu'îles  de  Kertchet 
de  Taman  (Russie),  p.  505-522,  pi.  XV.  —  Prost  :  Note  sur  les  minerais  de  fer  des 
territoires  des  Meknas  et  dos  Nefzas,  p.  533-555,  pi.  XVH-XVIH.  —  A.  Carnot  : 
Analyses  des  eaux  minérales  françaises  exécutées  au  bureau  d'essai  de  l'Ecole 
Nationale  des  Mines,  p.  33-94.  —  de  Launay  :  Les  mouvements  des  eaux  souter- 
raines dans  la  région  de  Teplitz  et  de  Rrûx,  en  Bohême,  p.   103-136,  1  fig. 

—  Ac.  Se.  CK.  CXXIX,  t.  II,  N<»  1-20,  25-26,  1899. 

Matteuci  :  Sur  les  particularités  de  l'éruption  du  Vésuve,  p.  63-66.  —  VV.  Kilian: 
Sur  les  brèches  éogènes  du  Briançonnais  p.  240-242.  —  Kilian  et  P.  Haug  :  Sur  le 
bord  externe  du  Briançonnais  entre  Fressynières  et  Vars,  p.  351-354.  —  Jean 


50  DONS.    —    SÉANCE  DU   6  NOVEMBRE   1899 

Brunhes:  Sur  les  Marmites  des  (lots  granitiques  de  la  cataracte  d'Assaouân  lllc- 
Egypte).  p.  354-357.  —  St.  Meunier  :  Complément  d'observations  sur  le  terrain 
caillouteux  des  Préalpes  vaudoises,  p.  527-529.  —  C.  Kg.  Bertrand  :  Les  plaques 
subéreuses  calcifiées  du  terrain  hou  il  1er  d'Hardinghen  (Pas-de-Calais),  p.  619-621. 

—  J.  Thoulet  :  Lithologie  sous-marine  des  côtes  de  France,  p.  623-624.  —  St.  Meu- 
nier: Observations  relatives  au  dépôt  de  certains  travertins  calcaires,  p.  659-660. 

—  de  Lapparent  :  Sur  l'intervention  des  végétaux  dans  la  formation  des  tufs  cal- 
caires, p.  664.  —  Matteucci  :  Sur  l'état  actuel  des  volcans  de  l'Europe  méridionale, 
p.  734-737.  —  Fred  Wallerant  :  Sur  l'origine  de  la  symétrie  dans  les  corps  cristal- 
lisés et  du  polymorphisme,  p.  775  778.  —  Munier-Chalmas  :  Les  assises  supé- 
rieures du  terrain  jurassique  dans  le  Bas-Boulonnais,  p.  1532-1535. 

—  Soc.  d'Anthropologie.  Bull.  (10e),  X,  2-3,  1899. 

G.  Fouju  :  Ossements  humains  découverts  dans  une  couche  de  terre  argileuse, 
à  Aunay-sous-Crécy  (Seine-et-Oise),  p.  88-94.  —  A.  La  ville  :  Couche  infra-néolithi- 
que rue  Danton,  p.  102-103.  —  Ad.  Thieullen:  Dent  d'elephas  antiquus  découverte 
à  Paris,  p.  117-120.  —  A.  La  vil  le  :  Coupe  prise  à  coté  du  gisement  à  ossements 
humains  et  à  silex  tailiés  d'Aunay-sous-Crécy,  p.  127-128. 

—  Soc.  de  Spéléologie.  Spelunca.  Bull.  21,  Septembre  1899. 

Fournier  et  Magnin  :  Recherches  spéléologiques  dans  la  chaîne  du  Jura,  p.  289- 
358,  29  figures. 

—  Soc.  fr.  de  Minéralogie.  Bull.  XXII,  3-6,  1899. 

G.  Friedel  :  Nouveaux  essais  sur  les  Zéolites  [suite),  p.  84-91,  1  pi.  —  F.  Gon- 
nard  :  Sur  un  groupe  de  cristaux  de  quartz  de  Striégau  (Silésie),  p.  92-94.  — 
F.  Gonnard  :  Etude  cristallographique  du  quartz  des  géodes  des  marnes  oxfor- 
diennes  de  Meylan  (Isère),  p.  94-131. 

—  Journ.  de  Conchyliologie.  XLVII,  3,  1899. 

G.  Dollfus  et  Ph.  Dautzenberg  :  Sur  quelques  coquilles  fossiles  nouvelles  ou  mal 
connues  des  faluns  de  la  Touraine,  p.  198-222,  pi.  IX.  —  M.  Cossmann  :  Description 
de  quelques  coquilles  de  la  formation  santacruzienne  en  Patagonie,  p.  223-242. 
pi.  X-XI. 

—  Soc.  Botanique  de  Fr.  Bull.  (3*),  III,  10, 1896;  VI,  1-2  et  9, 1899. 

—  Service  de  la  carte  géol.  de  la  Fr.  et  des  topographies  souter- 
raines, Bull.  X,  67-69;  XI,  70,  1899. 

A.  Lacroix  :  Le  Gabbro  du  Pallet  et  ses  modifications,  52  p.,  1  pi.,  14  fig.  — 
Marcel  Bertrand  :  La  grande  nappe  du  recouvrement  de  la  Basse  Provence,  71  p. 
3  pi.  (dont  2  en  couleurs),  42  fig.  —  Comptes-rendus  des  collaborateurs  pour  la 
campagne  de  1898.  —  Ph.  Glangeaud  :  Etude  sur  les  plissements  du  Crétacé  du 
Bassin  de  l'Aquitaine,  48  p.,  2  pi.  (dont  1  en  couleurs),  22  fig. 

—  Soc.  de  Géogr.  CR.  5-6,  Mai-Juin,  1899. 

—  Bull.  Soc.  Géogr.  (7«),  XVIII  XX,  1897-1899. 

Dr  J.  Huguet:  Dans  le  Sud  Algérien,  p  285-303. 

—  Club  Alpin  Français.  Bull,  mensuel.  6-10,  Juin-Octobre  1899. 


DONS.    —   SÉANCE  DU   6   NOVEMBRE    1899  51 

—  Feuille  des  Jeunes  Naturalistes.  (3e),  XXIX,  345-349,  1899. 

J.  Deprat  :  Etude  sur  les  avant  monts  du  Jura  (fin),  p.  147-153.  —  Eug.  de  Boury: 
Révision  des  pleurotomes  éocènes  du  Bassin  de  Paris  (suite),  p.  153-160,  p.  172-174. 

—  Jouru.  des  Savants,  Mai-Octobre,  1899. 

—  La  Nature.  XXVII,  1362-1380,  1899. 

—  Le  Naturaliste.  XXI,  (2),  296-304,  1899. 

E.  Massât  :  Les  tremblements  de  terre  en  189S,  p.  140-150.  —  St.  Meunier  : 
L'Histoire  géologique  du  Bas- Boulonnais,  p.  185-180.  —  Observations  et  expérien- 
ces sur  du  sable  quartzeux  obtenu  comme  résidu  par  la  dissolution  de  la  craie, 
p.  233-235. 

—  Rev  Paléozoologie.  III,  3-4,  1899. 

—  Soc.  philomathique.  Bull.  (9*),  I,  2,  1898-99. 

Saint- Etienne.  Bull.  Soc.  Ind.  Minérale.  (3'),  Xlll,  2,  1899.  CR. 
Juin-Juillet  1899. 

Toulouse.  Soc.  Hist.  Nat.  Bull.  XXVIII,  Avril-Sept.  1899. 

Allemagne.  —  Berlin.  Zeitschr.  f.  PraklischeGeol.  Juillet-Nov. 
1899,7-11. 

J.  H.  S.  Vogt:  Das  Huelva-Kiesfeld  in  S.  Spanien  und  dem  angrenzenden  Theile 
von  Portugal,  p.  241-254,  fig.  28-33.  —  II.  Oehmichen  :  Goldhaltige  Kobaltgânge 
in  Transvaal,  p.  271-274.  —  G.  Mûller:  Verbreitung  der  Deutschen  Torfmoore,  p. 
277-287,  p.  314-321.  —  A.  Kœster:  Ueber  die  Erdrutscbe  von  Odessa,  p.  309-314.  — 
A.  Stella  :  Zur  Kenntniss  der  Art  und  Wcise  des  Grundwasseraufsteigens  im 
Schwemmgebirge,  p.  347-354,  fig.  38-40.  —  Leriche  :  Excursion  des  VIII  géol. 
Congress  in  den  Ardennen,  p.  385-389.  —  Blanekenhorn  :  Neues  zur  Géologie  und 
Paléontologie  Aegyptens,  p.  392-396. 

—  Sitzungsber.  K.  Preussischen.  Ak.  Wiss.  1899,  23-38,  Mai- 
Juillet. 

—  Ges.  fur  Erdk.  Verh.  XXVI,  5-7,  1899. 

E.  von  Cholnoky  :  Kurze  Zusammenfassung  der  wissenscbaftlicben  Ergebnisse 
seiner  Beise  in  Cbina  und  in  der  Mandschurci  in  den  Jahren  1896-98,  p.  251-261. 

—  K.  Oestreicb:  Reisen  im  Vilajet  Kosovo,  p.  305-319. 

—  Helios.  Abbandlungeii  und  Mitteilungen  aus  dem  Gesamtge- 
biete  der  Naturwissenschaften.  16e  vol.,  1899. 

—  Zeitsch.D.  Geol.  Ges.  LI,  1-2,  Janvier-Juin  1899. 

W.  Volz  :  Zur  Geol.  Kenntniss  von  N.  Sumatra,  p.  1-61,  pi.  1-5.  —  L.  Milch  : 
Ueber  Gesteine  von  der  Battak-HoebllàYhe  (Central  Sumatra),  p.  62-74  —  E.  Kraas: 
Die  Sibyllenbohle  auf  der  Teck  bei  Kircbheim,  p.  75-88.  —  O.  von  Huber  :  Zur 
Kenntniss  (1er  Kruptivgesteine  von  Predazzo  und  des  Monzoni,  p.  S9-103,  pi.  6-N. 

—  Cl.  Schluter  :  Ueber  einige  von  Goldfuss  bescbrieben  Spalangiden,  p.  104-124,  pi. 
9-10.  —  H.  VV.  Ptalï.  :  Ueber  Aenderung  der  Schwerkraft,  p.  125-150.  —  Deecke  : 
Einige  Beobachtungen  im  Bornholmer  Lias,  p.  151-155.  —  Arth.  Welss  in  VVeimar  : 
Die  Concbylienfaunu  der  Kiese  von  Sûssenborn    bei   VVeimar,  p.  156-167.  —  P. 


52  DONS.    —   SÉANCE  DU  6   NOVEMBRE  1899 

Oppenheim  :  Ueber  Miocân  (Helvétien)  in  der  unmittelbaren  Umgebung  Veronas, 
p.  168-174.  —  P.  Michsei  :   Der  alte  Ilmlauf  von  Sûssenborn  bei  Weimar  nach 
Rastenberg  an  dep  Finne.  p.  178-180.  —  E.  Philippi  :  Ueber  das  Schloss  von  Pteri- 
nea  retmflexa  Wahlenb.  sp.,  p.  181-183.  —  M.  Semper:  Das  Palaeo thermale 
Probtèm  II,  Rerichtigungcn  und  Zusâtze  ueber  die  Klimatischen  Verbà Unisse  des 
Eocan,  p.  185-206.  —  P.  Oppenheim  :  Ueber  Troclwcyalhus  sinuosus  Brongniart 
und  verwandte  Formen,  p.  207-216.  —  Korallcn  des  Venetianischen  Tertiârs.  p. 
227  226.  —  Einige Tabula ten-ahnliche  Korallen  des  Mesozoïcums,  p.  226-236,  pi.  11 
13.  —  Die  Reziehungen  von  Ub.ighasia  und  Canavaria  zu  Alcyonarien  und  Tabu- 
la ten,  p.  237-242.  -  Gûnther  Maas  :  Die   untcre  Krcide  des  subhercyn.  Quader- 
sandstein-Gebirges,  p.  243-257.  —  Otto  Jaekel  :  Ueber  die  Organisation  der  Peta- 
lodonten,  p.  258-298  pi.  14-15.  —  K.  Picard  :  Ueber  Cephalopoden  aus  dem  unter. 
Muschelkalk  bei  Sondersliausen,  p   299-309.  —  E.  Kayser  :  Zwei  neue  Fossilien  aus 
dem  Devon  der  Eifel,  p.  310  314,  pi.  17.  —  P.  Oppenheim:  Zur  Fauna  des Septarien- 
thones,  p.  315-321.  —   M.  Semper:   Remerkung  zu  Herrn  Harbœs  Aufsatz  ûber 
«  Vereisung  und  Vulkanisnius  »,  p.  322-324.  —  Joh.  Bôhm:  Ueber  Tria  s- fossilien 
von  der  Râren-Insel,  p.  325-320.  -    A.  Baltzer:  Zum  geol.  Rau  des  Glârnisch,  p. 
327-3**4.  -  G.  Boehm  :  Aptien  und  Hauterivien  im  Kleinen  Balchan,  p.  335  340. 

—  Zeitsch.  d.  Ges.  fur  Erdk.  XXXIV,  2-3,  1899. 

Dr  Chun,  Dr  Gerhard  Schott,  Walter  Schase  :  Die  Deutsche  Tiefse^- Expédition, 
p.  75-192,  pi.  3-7.  —  Max  Friederischsen  :  Morphologie  des  Tien  se  ha  n,  p.  193-271. 

Breslau.  Schlesische  Ges.  f.  vaterlàud.  Cultur  Jahrber.  LXXVI, 

1898. 

E.  Dalhe:  Remerkungen  zum  schlesisch-sudetischen  Erdbeben  vom  1IJ  uni  1895, 
p.  7-22.  —  L.  Milch  :  Ueber  Kugelbildungen  im  Granitlt  des  Riesengeblrges  p.  36. 

Gotha.  Petermanns  Mitt.  XLV,  6-10,  1899. 

L.  Gentil  Tippenhauer  :  Zur  Géologie  Haïtis,  p.  153-155,  p.  201  204,  pi.  13.—  Supan  : 
Ueberschvemmung  in  der  Sahara,  p.  174.  —  Alex.  Supan:  Die  Rodenformen  des 
Weltmeeres,  p.  177-188,  pi.  12.  —  C.  Diener  :  Grundlinien  der  Struktur  der  Ost- 
alpen,  p.  204  214.  —  P.  Kahle  :  Zur  Untersuchung  von  Mitteilungen  uber  Ver- 
schiebungen  in  der  Aussicht,  p.  218-222  —  G.  Gerland  :  Aufruf  zur  Grûndung  einer 
internationalen  seismologischen  Gesellschaft,  p.  222-223.  —  P.  Langhans:  Lécha  p- 
tois  Reisen  auf  der  Ufipahoehflâche  und  im  Rikwa-Graben,  p.  225-227. 

-—  Ergânzungsheft,  N°  129. 

Ueidelberg.  Verh.  Naturhist.  Medizinisch.  Ver.  (2),  VI,  7,  1899. 
Juillet. 

Leipzig.  Zeitsch.  fur  Naturwiss.  LXXII,  1-2,  Oct.  1899. 

W.  Ha  m  mer  :  Olivingesteinc  aus  dem  Nonsberg,  Sulzberg  und  Ultenthal,  p.  1- 
48,  pi.  1. 

—  Ver.  f.  Erdkunde  Mitt.  1898. 

—  Wissenschaftliche  Verôffentlichungen.  IV,  1899. 

P.  Wagner  :  Die  Seen  des  Rôhmerwaldes,  p.  93-194,  1  pi.  —  A.  Gukassian  : 
Ueber  den  Parallelismus  der  Gebirgsrichtungen,  p.  197-279. 

Mulhouse.  Bull.  Soc.  Industr.  Mulhouse.  Mai-Juillet  1899. 


DONS.    —  SÉANCE  DU  6   NOVEMBRE   1899  53 


Strasburg.  Abh.  zurGeol.  Spezialkarte  von  Elsass-Lothringen. 
III,  1899. 

Gottfried.  Hagmann  :  Die  Diluviale  Wirbeltierfauna  von  Vôklinshofen  (Ober 
Elsass)  I  Raubtiere  und  Wiederkâuer  mit  Ausnahme  der  Rinder,  p.  1-128,  pi.  3-8. 

Stuttgard.  N.  Jahrb.  fur  Min.  Geol.  Pal.  1899.  II,  13. 

H.  von  Thering:  Die  Gonchylien  (1er  patagonischen  Formation,  p.  1-46,  pi.  1-2.  — 
W.  Spring  :  Ueber  die  Ursache  der  Farblosigkeit  gewisser  klarer  natûrlicher 
Gewâsscr,  p.  47-54.  —  0.  Mûgge:  Ueber  neue  StructurflâYhen  in  den  Krystallen 
der  gediegenen  Metalle,  p.  55-71  —  P.  Oppenheim:  Ueber  mitteleocâne  Faunen  in 
der  Herzegowina  und  ihre  Beziehungen  zu  den  Schicthen  von  Haskowo  in  Bulga- 
rien  und  anderen  altertiâren  Faunen  des  E.  Mittelmeerbeckens,  p.  105-115.  —  E. 
À.  Wûlfing  :  Ueber  den  Tausehwert  der  Meteoriten,  p.  1 10- 110.  —  E  Koken  : 
Glacialerscbeinungen  in  Schonbucb  N.  Tubingen,  p.  120  122.  —  P.  Koken  :  Geolo- 
gische  Studien  im  frânkischen  Ries,  p.  477-534.  -  K.  Rauer  :  Beitrâge  zur  expe- 
rimentallen  Pétrographie,  p.  535-580.  —  G.  Steinmann  :  Zur  Géologie  und  Paléon- 
tologie von  Sûdamerika,  p.  581-064,  pi.  15-20. 

—  Jahreshefte  Ver.  f.  Vaterlândische  Naturkuude  un  Wûrttem- 
berg.  LV,  1899. 

E.  Fraas  :  Die  Rildung  des  germanischen  Trias,  eine  petrogenetische  Studie,  p. 
36-100  —  Engel  :  Ueber  den  Erhattungszustand  der  Ammoniten  im  schwâbischen 
Jura,  p.  101-132.  —  W.  Rranco  :  Dar  Salzlager  bei  Kochendorf,  und  die  Frage 
seiner  Bedrohung  durch  Wasser,  p.  133-231.  —  Otto  Buchner  :  Hélix  pomatia,  p. 
232-279,  4  pi.  —  J.  Probst  :  Bemerkungen  zu  Eugen  Dubois  :  Die  Klimate  der  geol. 
Vergangenheit,  p.  366-386.  —  Fr.  Hermann  :  Ceratites  nodosus  im  Encrinitenkalk, 
p  387-389.  —  Dietlen  :  Julus  clr  anliquus  und  sonstige  Funde  aus  dem  Bottinger 
Sprudclkalk,  p.  390-397.—  Ebcrhard  Frass  :  Neues  Vorkommnis  von  Basaltuff  im 
Gewand  Mollenhof  S.  E.  von  Weilheim  a.  d  Limburg,  p.  398-400.  — E.  Frass  :  Pro- 
ganache  lys  Quenstedtii  Baur  {Psammochelys  KeuperinaQu),  p.  401-424,  pi.  5-8. 

Australie.  —  Melbourne.  Geog.  Sur.  of  Victoria.  Progress  Rep. 
X,  1899  ;  XI,  1899.  —  Id.  (new  séries),  1, 1899. 

—  Ann.  Rep.  of  the  Secretary  for  mines  and  Watersupply.1899. 
Sydney.  Ass.  for  the  advancement  of  Se.  VII,  1898. 

On  Seismological  Phenomena  in  Australasia,  p.  57-70.  —  On  glacial  action  in 
central  Australia,  p.  109  127,  pi  I-Ill.  —  G.  Hogg  :  On  the  Glacial  Beds  of  Tootleen 
Coleranie  and  Wanda  Dale,  p  356-360,  pi.  XVI.  —  C.  Brittlebank,  G.  Swett,  et  E. 
David  :  Further  évidence  as  to  the  Glacial  Action  in  the  Bacchus  Marsh  District 
Victoria,  p.  361-364,  pi.  XVII-XV111.  —  J.  Milne  Curran  :  Notes  of  a  Geological 
Reconnaissance  on  the  Mount  Kosciusko,  p.  366-374,  pi.  VXIII.  —  S.  Dun  :  Notes 
on  the  Australien  Tœniopterida»,  p.  384-400.  —  S.  Hall  :  On  examination  of  the 
Tasmanian  graptolite  record,  p.  401-402. 

—  R.  Soc.  of  New  S.  Wales  Journ.  and  Proc.  XXXII,  1898. 

H.-C.  Russell  :  Water-sponts  on  the  Coast  of  new  south  Wales,  p.  132-150,  pi.  1I-IX. 

—  Rec.  Geol.  Surv.  of  New.  S.  Wales.  VI,  2-3, 1899. 

E.  David  et  E.  Pittman  :  On  the  alh'ged  évidence  of  Glacial  action  in  the  Permo- 
carboniferous  Rocks  of  the  Ashford  coalfield,  p.  1-77.  —  E.  Pittman  :  Note  on  the 


54  DONS.  —  SÉANCE  DU  6  NOVEMBRE  1899 

Geology  of  the  Hill  end  Gold-fleld,  p.  77-81.  —  1.  Alex.  Watt  :  Further  Remarks  on 
the  saddle  Reefs  of  the  Hargrave  Gold-field.  p.  83-107,  pi.  XII-XIV.  —  VV.-S.  Dun  : 
On  the  Occurrence  of  a  Cyclopteroid  Fera,  closely  al  lied  to  the  Europœan  Car- 
diopteris  polymorpha  in  the Carboniferous  of  New  South  Wales,  p.  107-111,  pi.  XV. 

—  S.-R.  Etheridge  :  On  the  Corals  of  the  Tamworth  District,  chiefly  from  the 
Moore  Creek  and  Woolomol  Limestones,  p.  16-38. 

—  An.  Rep.  of  the  Dep.  of  mines  and  agriculture,  New  South 
Wales,  1898. 

Autriche-Hongrie.—  Vienne.  Jahrb.  K.  K.  Geol.  R.  Ans- 
talt,  XLVII,  2,  1897  ;  XLVI1I,  2-4, 4898  ;  XLIX,  1, 1899. 

XLVII  :  Albr.  von  Kraflt  :  Ueber  den  Lias  des  Hagengehirges,  p.  199  224,  pi.  4. 

—  H.  Veit  Graber  :  Die  Aufbruchszone  von  Eruptiv-und  Schiefergesteinen  in  Sûd- 
kârnten,  p.  225  294,  pi.  5-7.  —  Geory  Geyer  :  Ein  Bcitrag  zur  Stratigraphie  und 
Tektonik  der  Gailthaler  Alpen  in  Kârnten,  p.  295-364.  —  Fritz  v.  Kerner  :  Die 
Karbonflora  des  Steinacherjoches,  p.  365-386,  pi.  8-10.  —  A.  Bittner  :  Rynchonelta 
Geyeri  ein  neuer  Brachiopodc  aus  den  Gailthaler  Alpen,  p.  387-392,  pi.  11-12. 
XLVIII  :  Jaroslav,  J.  Jahn  :  Die  Silurformation  ira  0.  Bôhmen,  p.  207-230  —  Max 
Ciersche  :  Beitrag  zur  Kenntniss  der  Gesteine  und  Graphitvorkommnisse  Oy- 
ions, p  231-286,  pi.  7.  —  Otto  Ampferer  und  Whil.  Hammer  :  Geol.  Beschreibung 
des  S.  Theiles  des  Karwendelgebirges,  p.  289,  pi.  8-9,  (carte).  —  C.  v.  John  :  Ueber 
die  chcmischc  Zusammenstzung  verschicdener  Minerai  wasser  Ostbôhmens,  p. 
375-388.  —  Fr.  Schafler  :  Beitrâge  zur  Paralleliesirung  der  Miocânbildungen  der 
piemontinischen  Tcrtiârs  mit  denen  des  Wiener  Beckens,  p.  389-424.  —  Fr.-E. 
Suess  :  Studien  ûber  unterirdischc  Wasserbewegung,  p.  425-516,  pi.  10  12  — 
Gejza  von  Bukowski  :  Geol.  Uebersichtkarte  der  Insel  Rhodus,  p.  517-688,  pi.  13, 
(carte).  —  A.  Bittner  :  Zur  Paléontologie  der  triadischen  Ablagerungen  centra- 
la  sialischer  Hochgebirge,  p  689-718,  pi.  14-15.  —  Jul.  Dreger  :  Zur  Erinnerung 
an  Dr.  Leopold  Tausch  von  Glockelsthurn,  p.  719-724.  —  XLIX  :  K.-A.  Redlich  : 
Geol.  Studien  imGebiete  des  Oit  und  Oltetzthales  in  Rumânien,  p.  1  27,  pi.  1-2.  — 
Fr.  Kretschmer  :  Die  Eiscnezzlagerstâtten  des  mâhrischen  Devon,  p.  29-124,  pi.  3- 
4.  —  K.  Gorjanovic  Kra  m  berger  :  Die  Fauna  der  unterpontischen  Bildungen  um 
Londjica  in  Slavonien,  p.  125  134,  pi.  5.  —  Fr.  Schafler  :  Zur  Parallelisierung  der 
Miocânbildungen  etc.,  suite,  p.  135-164.  —  K.  Oestreich  :  Ein  alpines  Lângsthal 
zur  Tertiârzeit,  p.  165-212,  pi.  6. 

—  Erlâuter.  z.  Geol.  Karte  der  Oesterr.  Ungar.  Monarchie,  1898. 

N°  41,  feuille  Freudenthal  von  E.  Tietze.  —  N«  54,  f.  Olmûtz  von  E.  Tietze.  — 
N°  66,  f.  Boskowitz-Blansko  von  L.  v.  Tausch.  —  N°  67,  f.  Prossnitz  et  Wischau 
von  L.  v.  Tausch.  —  N°  77,  f.  Austerlitz  von  Jul.  Dreger.  —  N°  83,  f.  Eisenkappel- 
Kanker  von  Fr.  Teller.  —  N°  84,  f.  Prassberg  a.  d.  Sann  von  Fr.  Teller.  —  N°85, 
f.  Pragerhof-Wind.  Faislritz  von  Fr.  Teller.  —  N°  86,  f.  Pettau-Venica  von  Jul. 
Dreger. 

—  Berg  und  hûttenmannisches  Jahrb.  XLVII,  3-4, 1899. 

Hans  Gutman  :  Reisenotizen  aus  den  Kohlenfeldern  Westdeutschlands,  Nord- 
frankreichs,  Belgiens  und  Englands,  p.  183-256. 

—  Verh.  K.  K.  Geol.  R.  Anstalt,  5-10,  1899. 

Sava  Athanasio  :  Geol.  Beobachtungen  in  den  N.  Moldauischen  09tkarpathen, 
p.  127-147.  —   K.-A.  Redlich  :  Ueber  Wirbelthierreste  au9  dem  Tertiâr  von  Neu- 


D0N8.    —   SÉANCE  DU  6  NOVEMBRE   1899  55 

feld  (Ujfalu)  bei  Ebenfurth  an  der  ôsterreischisch-ungarlschen  Grenze,  p.  147-150. 
Vorlaufige  Mitteilung  ûber  die  Kreide  von  Pinguente  in  Istrien,  p.  150-151.  —  J. 
Dreger  :  Vorlage  des  Kartenblattes  Rohitsch  und  Drachenburg  in  S.  Steiermark, 
p.  151-15.3.  —  Fr.-E.  Suess  :  Bericht  ûber  eine  geol.  Reise  in  den  W.  des  franzôsis- 
chen  Centralplateaus,  p.  154-167.  —  Fr.  Schaffer  :  Ucber  Bohrungen  auf  Kohle 
bei  Maria  thaï  und  Bisternitz  (Presburger  Comitat),  p.  109-174.  —  Mauric  Hemes  : 
Zur  Frage  der  Glicderung  des  Stramberger  Tithon,  p.  174-179.  —  C.  v.  John  : 
Ueber  die  rhemische  Zusammensetzung  der  Moldavite,  p.  179-182.  —  H.  Com- 
menda  :  Einige  Notizen  ûber  arlesische  Brunnen  in  Oberôsterreich,  p.  182-184.  — 
M.  Vacek  :  Ueber  die  geol.  Verhâltnisse  der  Umgebung  von  Roverdo,  p.  184-204. 
—  August  Rosiwal  :  Ueber  einige  neue  Ergebnisse  der  technischen  Untersuchung 
von  Steinbaumaterialien,  eine  neue  Méthode  zur  Erlangung  zahlen-massiger  VVerte 
fur  die  «  Frische  »  und  den  a  Verwitterungsgrad  »  der  Gesteine,  p.  201-225.  —  J. 
Simionescu  :  Ueber  die  ober-cretaclsche  Fauna  von  Urmôs  (Siebenbûrgen),  p.  227- 
234.  —  W.  Tesseyre  :  Eine  Bemerkung  ûber  das  Vorkommen  von  Helixschichten 
In  der  maotischen  Stufe  in  Rumânien,  p.  234-236.  —  F.  v.  Keller  :  Reisebericht  aus 
der  Gegend  von  Trau  (Dalmatien),  p.  236-246.  —  A.  Bittner  :  Neue  Daten  ûber  die 
Verbreitung  cretacischer  Ablagerungen  mit  Orbitolina  concava  Lam.  in  der 
niederôsterreichisohen  Kalkalpen,  bei  Alland  und  Sittendorf  nâchts  Wien.,  p.  253- 
255.  —  Sava  Athanasiu  :  Ueber  eine  Eocanfauna  aus  der  N.  Moldauischen  Flys- 
chzone,  p.  256-267.  —  K.  Anton  Weithofcr  :  Zur  Kenntniss  der  oberen  Horizonte 
der  oligocanen  Brackwassermolasse  Oberbayerns  und  deren  Bezlehungen  zur  mio- 
cânen  (oberen)  Meeresmolasse  im  Gebiete  zwischen  Inn  und  Lech,  p.  269-282.  — 
C.-M.  Paul  :  Die  Wienersandsteine  des  Ybbsthales  in  Niederôsterreich,  p.  282-287. 

Belgique.  —  Bruxelles.  Bull.  Soc.  belge  de  Géol.f  Pal.  et  Hydro- 
logie. XII,  I,  Janv.  1899. 

M.  Mourlon  :  Sur  les  dépôts  tertiaires  de  la  Campine  Umbourgeoise,  p.  45-65. 

Liège.  Ann.  Soc.  Geol.  de  Belgique.  XXV-XXVI,  1-2,  Fév.  1899. 

G.  Velge  et  B0Q  Van  Ertborn  :  Le  puits  artésien  de  Westerloo  (suite),  p.  3-17.  — 
G.  Dewalque  :  Les  fossiles  du  Bolderberg  et  les  fossiles  Boldériens,  p.  117-121. 

Canada.  —  Commission  Geol.  IX,  1896. 

J.-B.  Tyrrell  :  Les  Riv.  Doobaunt,  Kazan  et  Ferguson  et  la  côte  N.-W.  de  la 
Baie  d'Hudson,  p.  F.  —  R.  Bell  :  Géologie  de  la  région  couverte  par  la  feuille  de 
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til  Geologisk  Kort  over  Danemark  (i  Maalestok  1/100.000)  ;  Kortbladene  Kj0benhavn 
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Boulder  Clay,  Riverside,  Seacombe,  Cheshire,  p.  357-364.  —  G.  IL  Morton  :  Des- 
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p.  358-361. —  Forsyth  Major:  Some  Rodents  from  the  middle  Miocène  lacustrine 
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T.-S.  Hall  :  The  Graptolite  bearing  Rocks  of  Victoria,  Australia,  p.  439-451,  pi. 
XXII.  —  Edgard  D.  Wellbrun  :  On  a  new  Species  of  Lepmcanthus  from  the 
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Egypt,  p.  481-484,  pi.  XXIII.  -  Alfred  llarker  :  Notes  on  Subaêrial  Erosion  in  the 
Isle  of  Skye,  p.  485-491.  —  Forsyth  Major:  On  Fossil  Dormice,  p.  492-501.  — 
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T.-G.  Bonnet,  Edwin  Hill  :  Relations  of  the  Ghalk  and  Drift  in  Môen  and  Rûgen, 
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and  Elsewhere,  p.  327-358,  pi.  XXÏV.  —  J.-R.  Dakyns  :  The  Limestone  Knolls  below 
Skipton  and  Grassington  in  Craven,  p.  359-364.  —  Wheelton  Hind  :  On  three  new 
Species  of  Lamellibranchiata  from  the  Carboniferous  Rocks  of  Great  Britain.  p. 
365-371,  pi.  XXV.  —  C.-T.  Clough  :  On  Spinel  and  Fosterite  from  the  Glenelg 
Limestone,  p.  372-380.  —  A.  Vaughan  Jennings  :  The  Geology  of  the  Davos  District 
(Switzerland),  p.  381-412,  pi.  XXV1-XXVII.  —  H.  G.  Seeley  :  On  the  Distal  End  of 
a  Mammalian  Humérus  from  Tronbridge  (Hemionus  Major),  p.  413-418.  —  E.-T. 
Newton:  Additional  Notes  on  the  Vertebrata  Fauna  of  the  Rock-Fissure  at  Ightham 
(Kent),  p.  419-429,  pi.  XXVIII.  —  John  Parkinson  :  On  an  Intrusion  of  Granité 
into  Diabase  at  Sorel  Point  (Northern  Jersey),  p.  430-448,  pi.  XXIX-XXX.  —  J. 
Park,  F.  Rutley,  Ph  Holland  :  Notes  on  the  Rhyolites  of  the  Hauraki  Goldfields 
(New  Zealand),  p.  449,  pi.  XXXI,  1  carte.  —  J.-B.  Hill  :  On  the  Progressive  Meta- 
morphism  of  some  Dalradian  Sédiments  in  the  Région  of  Loch  Awe,  p.  470-493, 
1  carte.  —  W.  Rowe  :  An  Analysis  of  the  Genus  Micraster,  as  determined  by  rigid 
zonal  collecting  frQm  the  Zone  of  Rhinchonella  Cuvieri  to  that  of  Micraster  cor- 
anguinum,  p.  494-547,  pi.  XXXV  XXXIV.  -  Walcot  Gibson,  Wheelton  Hind,  Arnold 
Bemrose:  On  the  Agglomérâtes  and  Tuffs  in  the  Carboniferous  Limestone  Séries 
of  Congleton  Edge,  p.  548-559.  —  Maria  M.  Ogilvie  :  The  Torsion-Structure  of  the 
Dolomites,  p.  560-634,  pi.  XL.  1  carte.  —  C.-A.  Matley,  W.  Watts  :  On  the  Geology 
of  Northern  anglesey,  p.  635-680. 

—  Geol.  Surv.  Englaml  and  Wales  Mem.  107  et  329,  1898-99. 

T.-V.  Holmes  :  The  Geology  of  the  Country  around  Carlisle,  p.  1-64.  —  Clément 
Reid  :  The  Geology  of  the  Country  around  Bournemouth,  p.  112. 

—  R.  Soc.  Proc.  LXV,  416,  419,  1899. 

T.-G.  Bonney  :  The  Parent-rock  of  the  Diamond  in  South  Africa,  p.  223-236, 
Record  1897. 

—  Phil.  Trans  of  R.  Society.  CLXXXVII-CXCI,  1896-1898. 

Vol.  187.  Série  A.  1896  :  C.  Brown  et  John  Iudd  :  The  Rubies  of  Burma  and 
associated  Minerais  :  their  Mode  of  Occurrence,  Origln  and  Métamorphoses.  A 
Contribution  to  the  History  of  Corundum,  p.  151-228,  pi  1.  —  G.  Osmond  et  Ro- 
berts-Austen  :  On  the  structure  of  Metals  its  Origin  and  Changes,  p  417-432,  2 
pi.  —  Vol.  187  B.  1896  :  H.  Gadow  :  On  the  évolution  of  the  vertébral  column  of 
Amphibia  and  amnlota  fossll  Amphibia,  p.  20-23.  —  M.-M.  Ogilvie  :  Microscopic  and 
systematic  Study  of  Madrcporarian  Types  of  Corals,  p.  83-345,  pi.  1-3.  —  Vol. 
188.  A.  1897  :  A.  Rûcker  et  T.  Thorpe  :  A  Magnetic  Survey  of  the  British  Isles  for 
the  Epoch  January,  1,  1891.  On  the  relation  betwen  the  Magnetic  and  geological 
Constitution  of  the  United,  Kingdom,  pi.  1-14.  —  Vol.  188.  B.  1897.  —  Vol.  189. 
A.  1897.  —  Vol.  189.  B.  1897.  —  D.  Scoot  :  On  the  structure  and  affinities  of 
Fossil  Plants  from  the  Palœozoic  Rocks,  p.  1-34,  pi.  1-6,  et  p.  83-107,  pi.  12-15.  — 
Vol.  190.  A.  1897.  -  Vol.  190.  B.  1898.  —  Blackman  et  Murray  :  On  the  Nature  of 
the  Coccospheres  and  Rhabdospheres,  p.  427-441,  pi.  2.  —  Vol.  191.  A.  1896. 


DONS.    —   SÉANCE   DU  6  NOVEMBRE   1899  61 

Manchester.  Trans.  Geol.  Soc.  XXVI,  4  8,  1898-99. 

Marie  Stirrup  :  On  tho  value  of  tbe  Fossil  Plants  of  the  Coal  Measures  as  stra- 
tigraphie;* 1  Guides,  p.  180-192.  —  G. -H.  Morton  :  Description  of  a  new  Geological 
Map  of  Liverpool,  p.  197-205. 

Neivcastle.  Trans.  of  the  N.  Eugland  Inst.  of  Mining  and  Mechani- 
cal  Engineers.  XL  VIII,  9  4,  Dec.  1898,  Avril-Mai  1899. 

Grèce.  —  Athènes.  Ann.  Observatoire  National,  I,  1898. 

Hollande.  —  La  Haye.  Arch.  Néerlandaises  des  Se.  exactes  et 
nat.  (2e),  III,  1,  1899. 

Indes  Néerlandaises.  —  Amsterdam.  Jaarboek  van  het  Minj- 
wezen  in  Nederlandsch  Oost  Indië,  1899. 

Schroeder  van  der  Kolk  :  Mikrokopischc  Studien  ueber  Gesteine  aus  den 
Molukken,  p.  1  38, 

Italie.  —  Milan.  Boll.  délie  Publicazioni  II.  324-332,  1899. 

—  Atti  Soc.  lt.  Se.  Nat.  XXXVIII,  3,  Août  1899. 

D.-C.  Airaghi  :  Echinidi  di  Carcare,  Dego.  Cassinelle  e  dintorni,  p.  245-253.  — 
G.  de  Alessandri  :  Observazioni  geologiche  nella  creta  e  neU'eocene  délia  Lom- 
bardia,  p.  254-320,  2  pi.  —  D.-G.  de  llefano  :  Paleogeografia  post-pliocene  di  reggio 
Calabria,  p.  321-341. 

Modène.  Boll.  Soc.  Sismologica.  V,  1-3,  1899. 

G.  Mercalli  :  Notizie-Vesuviane,  p.  20-32,  1  pi. 

Palerme.  Ann.  de  Géologie  et  Paléontologie. 

24  Mars  1899:  An.  de  Gregorio:  Fossiles  nouveau  de  Ladanille  près  Bassano,  pi.  1. 
—  25  Mai  1899:  Quelques  fossiles  miocènes  de  l'horizon  à  Cardita  Jouannoti  de 
Foraborco  près  de  Bassado,  7  pi. 

Pise.  Bull,  délia  Soc.  Malacologica.  XX,  1899. 

D.  Riccardo  Ugolini:  Il  Pectunculus  Glycimeris  e  il  Pectunculus  insubricus  del 
Pliocène  i  ta  lia  no,  p.  129-146.  —  Sulla  presenza  del  Pecten  adunculus  nella  pan- 
china  pliocenica  dei  Monti  Livornesi,  p.  147-150.  —  A.  Fucini  :  Sopra  alcuni  Fossili 
oolitici  del  Monte  Similone  in  Sardegna,  p.  150-160,  1  pi.  —  R.  Ugolini  :  Mono- 
graphia  dei  pettinidi  miocenici  dell  '  Italia  centrale,  p.  161-197,  1  pi. 

Rome.  Atti  R.  Ac.  dei  Lincei.  RC.  VIII,  1-2,  1899. 

A.  Ricco  :  Riassunto  délia  sisnmgraphica  del  terremoto  del  16  nov.  1894,  p.  1-13, 
35-45.  —  C.  De  Stefani  e  Bindo  Nelli  :  Fossili  mioceni  dell  '  Appennino  Aquilano  p. 
46-50.  —  C.  De  Stefani  e  L.  Fantappii  :  I  Terreni  terziari  superiori  dei  dintorni 
di  Viterbo,  p.  91-100.  —  R.-V.  Matteuci  :  I  fenomeni  magmastatici  verificatisi  nei 
nuri  di  luglio  1899,  al  Vesuvio,  p.  167-177.  —  A.  Verri,  C.-G.  de  Angelis  d'Ossat  : 
Contributo  allô  studio  del  Miocène  nell'Umbria,  p.  543-550-  —  A.  Silvestri  :  Una 
nuova  località  di  Ellipsoidina  ellipsoïdes,  p.  590-596. 

—  Boll.  R.  Comitato  Geol.  It.  XXX.  Mars-Juin-Déc.  1899. 

I.-E.  Mattirolo  :  Relazione  sul  rilevamento  geologico  nella  valle  di  Cha  m  porcher 


62  DONS.    —   SÉANCE  DU   6  NOVEMBRE  1899 

cseguito  nel  1897,  p.  3-29.  —  V.  Sa  bâti  ni  :  Relazionc  sul  lavoro  eseguito  nel  triennio, 
1876,  7-9,  mi  volcani  dell'  Italia  centrale  c  i  loro  prodotti,  p.  30-60.  —  A.  Stella  : 
Cal  cari  fossiliferi  c  scisti  cristallini  dei  Monti  del  Saluzzcx,  nel  cosidetto  elissoide 
gneissico  Dora  Ma  ira,  p.  129-160,  1  pi.  —  V.  Sabatini:  Sopra  alcune  roccie  délia 
Colonia  Eritrea,  part  III,  p.  161-168.  —  S.  Franchi  :  Sull'eta  mesozoica  délia  zona 
délie  piètre  verdi  nellc  Alpi  occidental  i  {suite),  p.  326-482. 

Japon.  —  Tokio.  The  Journ.  of  the  Collège  of  Se.  XI,  3. 

F.  Omori  :  Horizontal  Pcndulums  for  the  Mechanical  Reglstration  of  Seismic,  p. 
121-147,  pi.  II-XII.  —  Note  on  the  preliminary  Tremor  of  Earthquake  motion, 
p.  148-158,  pi.  XIII-XVI.  —  F.  Omori  et  K  Hirata  :  Earthquake  measurcment  at 
Miyako,  p.  160-195,  pi.  XVI-XVIII.  -  Kostora  Jimbo  :  Notes  on  Ihe  Minerais  of 
Japan,  p.  213-281. 

Mexique.  —  Mexico.  Mem.  y  Rev.  Soc.  cientifica  Antonio  Alzate, 
XII,  4-5  6,  1898  99. 

Horeno-y-anda  :  Le  Climat  du  Mexique,  p.  105-180. 

République  Argentine.  —  Buenos- Aires.  An.  Museo  nacional, 
VI  (1899). 

République  Sud-Africaine.  —  Johannesburg.  Trans.  of  the 
Geol.  Society,  IV,  6. 

Rcp.  of  the  State  Geologist  of  the  S.  African  Republic  for  1897,  p.  120147,  pi.  III. 

Russie.  —  Cracovie.  Bul.  Int.  Ac.  Se.  CR.  Mai  1899. 
Saint-Pétersboury.  Soc.  I.  des  Nat.  XXVIII,  5,  1899. 

Benjamin  Sémcnow  :  Faune  des  dépots  crétacés  de  Mangychlak  et  de  quelques 
autres  localités  de  la  province  transcaspienne,  p.  1-178,  pi.  1-5  (Rés.  fr.).  —  N. 
Andrusov  :  Geologische  Untersuchungen  im  Kubanischen  Gebiet  zwische  dem  FI. 
Adagum  und  dem  Ruban'  schen  Liman,  p.  179-214  (Rés.  ail.). 

Suède.  —  Stockholm.  Meddelanden  frân  Upsala  Universitets 
Mineralogisk-geologiska  Institution,  N09  23  24. 

A. -G.  Hôgbom  :  Om  de  vid  Syenitbergarter  bundna  Jernmalmerna  I  Oestrea 
Ural,  p.  115-134.  —  Om  Urkalkstenarnas  Topografi  och  don  Glaciala  Erosionen, 
p.  189-206. 

—  Sveriges  Geologiska  Undersôkuing,  série  C,  Nos  162,  176,  178, 
179,  181,  182. 

N°  162  :  Walf r.  Petcrson  :  Geologisk  beskrifning  ôfver  Nordmarks  grufvors  odal- 
fâlt,  60  p.,  21  pi.  —  N«  176  :  G.  Holm  :  Palaeontologiska  Notiser,  51  p  ,  2  pi.  —  N» 
178  :  Gérard  de  Geer  :  Om  den  Sankvartâra  Landhôjningen  kring  Bottniska  Viken, 
27  p.,  1  pi.  —  N°  179  :  Gehr.  Holm  :  Palaeontologiska  Notiser,  83  p.,  7  pi.  —  N°  181  : 
P.-J.  Holmquist  :  Om  Rôdoomradcts  Rapakivi  och  Gângbergarter,  113  p.  Résumé 
ail  8  pi.  —  N°  182  :  A  -G.  Hogboin  :  Om  Ragandalons  Geologi,  123  p.,  28  fig.,  1  pi., 
(carte).  —  N*  177  :  Parktiskt  Geologiska  Undersôkningar  inow  Vesternorlands  lân. 
med  bidrag  of  La net s  hushâllningssâllskap  ut  fôrda  genom  sveriges  geologiska 
undersôkning  II  Berggrunden,  60  p.,  2  pi.  (carte).  —  Série  A  a  n*  114  :  Axel  Und- 


DONS.   —  SÉANCE  DU  20  NOVEMBRE   1899  63 

strôm  :  Beskrifning  till  Kartbladct  Orkelljunga,  39  p.,  1  pi.  (carte).  —  Série  A  c  : 
Ax.  Lindstrôm  :  Beskrifning  till  Kartbladcd  31.  Ulriehamn,  36  p.  —  Série  Ba  n*5  : 
Ax.  Lindstrôm  :  Nfigra  Allmnnna  Upplysningar  till  ôfversigtskarta  angifvande  do 
k va r tara  halsaflagringarnas  o m  rade  samt  Kalkstens  och  Mergelfôrekomsters 
utbrednieg  i  sverigc,  80  p. 

Suisse.  —  Chur.  Naturforsch.  Ges.  Graubûndens  Jahrber.  XLII, 
1899. 

Tarmuzzer  und  Bodmer-Bedor  :  Noue  Bcitrâge  zur  Geologio  und  Pétrographie 
des  ôst lichen  Rhâticons,  p.  37-80,  3  pi. 

Genève.  Arch.  Se.  phys.  et  nat.  C.-R.  des  travaux  présentés  à  la 
81e  session  de  la  Soc.  Helvétique  des  Se.  N.  à  Berne,  1898. 

Tobler  :  Sur  la  stratigraphie  des  klippes  du  canton  d'Unterwalden,  p.  63-65.  — 
Mûhlberg  :  Sur  les  recouvrements  de  la  chaîne  du  Lagern  et  la  formation  des 
klippes,  p.  65-66.  —  Mayer-Eymar:  Bases  de  la  terminologie  stratigraphique 
internationale,  p.  66-67.  —  Grcmaud  :  Perforations  de  galets  par  actions  mécani- 
ques, par  érosion  et  par  des  animaux,  p.  67-69.  —  Hug  :  La  faune  ammonitifère 
du  Lias  supérieur  des  Pueys  et  de  Teysachaux  (Moîéson),  p  69-70.  —  Mûhlberg  : 
Le  Dogger  du  Jura  septentrional,  p.  70-71.  —  Richter:  Traces  d'anciens  glaciers 
dans  l'intérieur  des  Alpes,  p.  72-7i.  —  Schardt  :  La  récurrence  des  glaciers  Juras- 
siens après  le  retrait  du  glacier  du  Rhône,  p.  74-77.  —  Frueh  :  Structure  écailleuse 
de  la  neige.  Galets  sculptés,  p.  76-77. 

Zurich.  Verh.  Schweiz.  Naturforsch.  Ges.  LXXX  LXXXI,  1898. 

LXXX  :  Jahresversammiung  zu  Engelberg,  13-15  Sept.  1897.  —  LXXXI  :  Jahres- 
vorsammlung  zu  Bern,  1-3  Aug.  1898. 

Uruguay.  —  Montevideo.  Ann.  del  Museo  Nacional.  H,  1,  1899. 


Séance  du  &O  Novembre  1899 

1°  Non  périodiques 

Bertrand  (M.)  et  Zurcher.  I,  Etude  géologique  sur  l'isthme  de 
Panama.  —  II,  Les  phénomènes  volcaniques  et  les  tremblements  de 
terre  de  l'Amérique  Centrale.  4-,  38  p.,  3  pi. 

Barras  de  Aragon  (D.  Francisco  de  la).  Apuntes  para  una  Descrip- 
tion Geolôgico-Mineralôgica  de  la  Provincia  de  Sevilla.  8»,  360  p. 

Palencia,  1899. 

Cossmann.  Description  de  quelques  coquilles  de  la  formation 
Santa-Cruzienne  en   Patagonie.  12*,  21  p.,  2  pi.  Paris,  1899. 

Dollfus  ((i.)  et  Dautzenberg  (Ph.).  Sur  quelques  coquilles  fossiles, 
nouvelles  ou  mal  connues,  des  Fa l uns  de  la  Touraine.  Ex.  Journ.  de 

Conchyl.,  1899,  n*  3,  H\  26  p.,  1  pi. 


64  DONS.    —  SÉANCE  DU  20  NOVEMBRE   18î>9 

Haug  (£.).  Les  Régions,  dites  «  exotiques  »,  du  versant  N.  des 

Alpes  Suisses.  Ex.  B.  S.  Vaudoise  des  Se.  nat.,  Vol.  XXXV,  n#  132,  8%  47  p. 
Lausanne,  1899. 

Jacquot  (E.)  et  Raulin  (  V.).  Statistique  géologique  et  agronomique 
du  département  des  Landes  3  fasc.  8°,  27 1  4-  228  -h  1 83  p.  Carte  gén.  au 

1/200.000*  +  2  cartes  1/80.000*.  Mon t-de- Marsan,  1874,  1888  et  1897. 

Letsch.  (Dr  Emil).  Die  Schweizerischen  Molassekohlen  ôstlich 

der  ReuSS.  Ex.  Beitr.  zur  Geol.  der  Schweiz.  4",  253  p.,  8  pi.  Berne,  1899. 

Richter(E.).  Les  Variations  périodiques  des  Glaciers.  4me  Rapport 

(1898).  Ex.  Arch.  Se.  Physiques  et  Nat.  de  Genève,  t.  VIII  (1899),  8»,  30  p. 

Roumlle  (P.-G.  de).  L'Infracrétacé  sur  la  Feuille  de  Montpellier. 

Ex.  Ac.  des  Se.  et  lettres  de  Montpellier,  2'  Série,  t.  II,  1898,  8°,  8  p.,  1  carte  (1899). 

Smith  (  W.-S.  Tangier).  Some  aspects  of  Erosion  in  Relation  to 

the  Theory  of  the  Peneplain.  Ex.  B.  Dep1  of  Geology  (University  of  Califor- 
nie). Vol.  2,  n»  6,  oct.  1899,  8*,  23  p.  Berkeley  (Callf.). 

2°  Cartes 
France.  —  Paris.  Carte  géol.  détaillée  au  1/80.000*. 

Feuilles  Digne,  Tignes,  Valence. 

3°     PÉRIODIQUES 

France.  —  Amiens.  Bull.  Soc.  Linnéenne  du  N.  de  la  Fr.  318-319, 
XIV,  1899. 

Nantes.  Association  française  pour  l'Avancement  des  Sciences,  27, 
(2*  partie),  1898. 

D.  Levât  :  Notice  géologique  sur  les  phosphates  noirs  d'Accous  (Basses-Pyrénées), 
p.  297-302.  —  G.  Ha  m  on  d  :  Observations  géol.  sur  le  chemin  de  fer  de  «  Courcelles 
au  Champs  de  Mars  »  ;  la  ligne  «  d'Issy  à  Viroflay  R.-G.  »  ;  a  le  Métropolitain  »  ; 
les  travaux  de  l'Exposition  universelle  de  1900,  p.  312-321.—  Gossmann  :  Observa- 
tions sur  quelques  espèces  crétaciques  recueillis  en  France,  p.  322-329,  1  pi.  — 
L.  Bureau  :  Météorite  du  .château  de  Grammont,  commune  de  Rocheservière 
(Vendée),  p  330-432.  —  E.  Rivière  :  Les  tufs  de  la  Gaubert  (Dordogne).  p.  332-336. 
—  A.  de  Grossouvre  :  Note  sur  les  grès  à  Sabalites,  p.  337-339.  —  F.  Kerforne  : 
Le  niveau  à  Phacops  Potieri,  dans  l'IUe-et-Vilaine,  p.  340-345.  —  B.  Renault  :  Du 
rôle  probable  des  Bactériacées  dans  la  formation  des  combustibles  fossiles,  p.  345- 
353.  —  L.  Laurent  :  Note  à  propos  des  Ficus  du  gfisement  de  Cilas,  p.  396-401.  — 
Doumergue  :  Contributions  au  préhistorique  de  la  Province  d'Oran,  p.  574-583. 

—  Le  Naturaliste.  21°  année,  N°  305,  1899. 

—  La  Nature.  27«  année,  N°»  1381-1382,  1899. 


DONS.    —  SÉANCE  DU   20  NOVEMBRE   1899  65 

—  Ann.  de  Géographie.  8°  année,  42,  15  Novembre  1899. 

W.  M.  Davis  :  La  pénéplaine  (second  article),  II)  p.  —  E.  de  Martonne  :  Une 
excursion  de  géographie  physique  dans  le  Morvan  et  l'Auxois,  22  p.,  5  pi. 

Saint-Etienne.  Société  de  l'Industrie  Minérale  (C.-R.  mensuels), 
Août  et  Septembre  1899. 

Allemagne.  --  Bonn.  Verh.  N.  H.  Vereins  des  Preussischeu 
Rheinlands.  Westfalens  und  des  Reg.  Bez.  Osuabriick.  LVI,  1. 1899. 

P.  Grosser  :  Geologische  Retrachtungen  auf  vulkanischen  Insein  p.  50-68. 

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tungfilr  die  Théorie  der  Gletscherbewegung,  13  p  -  A.  Tohler  :  Ueber  Faciesun- 
terschiede  der  unteren  Kreide  in  dcn  nord  lichen  Schweizeralpen,10  p.  —  F  Toula  : 
Die  Semmeringkalke,  10  p.  —  F.  Frech  :  Ueber  die  Entwickelung  der  silurischen 
Sedimente  in  Bôhmen  und  iui  Sûdwesten  Europas,  12  p. 

Autriche-Hongrie.  —  Prague.  K.  Bôhm.  Ges.  Wissensch.  Jah- 
resb.  fur  1898.  -  Sitzber.  fur  1898. 

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T.  C.  Chamberlin  :  An  attempt  to  frame  a  working  hypothesis  of  the  cause  of 
glacial  periods  on  an  atmospheric  basis,  40  p.  —  C.  F.  Toi  ma  n  :  The  carbon  dioxyde 
of  the  Océan  and  its  relation  to  the  carbon  dioxyde  of  the  atmospiere,  3i  p. 

Minneapolis.  The  Am.  Geologist.  1,  XXII,  1898;  6,  XXIII,  1899. 

R.  S.  Tarr  :  Wave-formed  cuspate  forelands,  16  p.  4  pi.  —  R.  Ruedemann  :  On 
the  development  of  Tetracladium  Cellulosum,  10  p  1  pi.  —  C.  L.  Herrick  :  The 
Geology  of  the  environs  of  Albuquerque,  New  Mexico,  17  p.,  1  pi.  —  Warren 
Upham  :  The  Mecklenburgor  Baltic  moraines, 6 p.— Warren  Upham  :  Kn^lacial  drift 
in  the  Mississipi  bassin,  6  p.  —  L.  C.  Glemm  :  The  Hatteras  axis  in  Triassic  and 
miocène  time,  5  p.  —  O.  H.  Hershey  :  Observations  on  dirtstorms,  3  p. 


66  DONS.    —  8ÉANCE  DU  2U  NOVEMBRE  1899. 

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Gregory  :  Andésites  of  the  Aroostooh  Volcanic  aéra  of  Maine,  10  p.  —  J.  W.  Judd 
and  W.  E.  Hidden  :  New  mode  of  occurence  of  Ruby  in  North  Caroiina,  12  p. 

New-York.  The  Amer.  Muséum  of  Nat.  Hist.  Ann.  Rep.  of  the 
Président  for  1898;  —  Memoirs  :  Anthropology,  1,  II,  1899. 

—  Ac.  of  Se.  Ann.  XII,  1,  1899. 

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Mol  lu  se  a  »,  p.  71-82, 2  pi.  —  G.  and  W.  Vaux  :  Some  observations  on  the  Ulecelle- 
waet  and  Asulkan  glaciers  of  British  Columbia,  p.  121-125,  4  pi. 

Grande-Bretagne.  —  Londres.  Quarterly  Journ.  Geol.  Soc.  220, 
LV,  November  1899. 

E.  J.  Garwood  :  On  the  glacial  phenomena  of  Spitzbergen,  il  p.,  7  pi.  —  W.-J. 
Sollas  :  On  Silurian  Echinoidea  and  Ophiuroidea  in  the  Oxford  University  Muséum, 
20  p.  —  W.-J.  Sollas  :  On  the  occurence  of  Sponge  spicules  in  the  Carboniferous 
limestone  of  Derbyshire,  2  p.  —  F.-R.-C.  Reed  :  On  the  lower  palaeozoic  bed  of 
county  Waterford,  53  p.,  1  pi. 

—  R.  Soc.  Proc.  420,  LXV,  1899. 

—  Phil.  Trans.  of  R.  Soc.  191, 192,  «899. 

D.-H.  Scott  :  On  the  structure  and  affinitles  of  fossil  plants  from  the  Palasozoic 
rocks.  On  Medullosa  Anglica,  a  new  représentative  of  the  Cycodofilices,  46  p.,  9  pi. 
—  K.  Pearson  :  Mathematical  Contributions  to  the  theory  of  évolution.  V,  On 
the  reconstruction  of  the  stature  of  prehistoric  races,  75  p.,  2  pi. 

Indes  Anglaises.  —  Calcutta.  Geol.  Surv.  of  India  (Général 
Report  on  the  work  carried  on  by  the  —  ),  1898-1899. 

Indes  Néerlandaises.  —  Batavia.  Natuurkundig  Tijdschrift 
voor  Nederlandsch-Indië,  2,  LVIII,  1898. 

Italie.  —  Florence.  Boll.  délie  Publicazioni  It.  1899. 

République- Argentine.  —  Buenos- Aires.  Comunicaciones  del 
Museo  Nacional  de  Buenos-Aires,  4, 1,  1899. 

La  Plata.  Revisla  del  Museo  de  la  Plata.  IX,  1899. 

S.  Roth  :  Apuntes  sobre  la  geologia  y  la  paleontologia  de  los  territorios  del  Rio 
Negra  y  Neuqucn,  56  p.,  6  pi.  —  C.  Burckhardt:  Rapport  préliminaire  sur  une 
expédition  géologique  dans  la  région  andine  située  entre  Las  Lajas  (Argentine) 
et  Curacautin  (Chili)  (38° -39°  lat.  sud).  20  p.,  4  pi.  —  L.  Wehrll  :  Rapport  prélimi- 
naire sur  mon  expédition  géologique  dans  la  Cordillère  argentino-chilienne  du 


DONS.  —  SÉANCE  DU  4  DÉCEMBRE  1899  67 

40°  et  41*  latitude  sud  (région  du  Nahuel-Huapi),  29  p.,  3  pi.  —  S.  Roth  :  Aviso 
preliminar  sobre  mamiferos  mesozoicos  encontrados  en  Patagonia,  8  p.  —  F. 
Lahille  :  Note  sur  Terebratella  Patagonica,  6  p.,  2  pi.  ;  H.  Hauthal,  S.  Roth  y  R. 
Lehmann-Xitsche  :  El  mamifero  misterioso  de  la  Patagonia  «  Grypotherium 
domesticum  »,  61  p.,  5  pi. 

Russie.  —  Cracovie.  Bul.  Int.  Ac.  Se.  CR.,  6  et  7, 1899. 

P.  Rudzki:  Théorie  de  l'état  physique  du  globe  terrestre,  p.  283-311.  —  P. 
Rudzki  :  Sur  la  forme  de  l'onde  élastique  dans  les  couches  terrestres.  IV.  Etude 
sur  la  théorie  des  tremblements  de  terre,  p.  373-384. 

Suisse.  —  Genève.  Arch.  Se.  phys.  et  nat.  VIII,  11,  Nov.  1899. 

Rabot  :  Les  variations  de  longueur  des  glaciers  dans  les  régions  arctiques  et 
boréales  (suite),  p.  453-468. 

Lausanne.  Bull.  Se.  Vaudoise  Se.  Nat.  XXXV,  (4«),  132,  1899. 

E.  Haug:  Les  régions  dites  exotiques  du  versant  nord  des  Alpes  suisses,  p.  114-126. 

—  Bull.  Soc.  Vaudoise  Se.  Nat.  XXXV,  132,  Juin  1899. 


Séance   du   <4    Décembre   1899 

1°  Non  périodiques 
Clayton  (H.  Helm).  Investigations  on  periodicity  in  the  Weather. 

Ex.  Proc.  of  the  Am.  Ac.  of  Se.  A  Arts,  vol.  XXXIV,  N»  22,  Mai  1899,  p.  599-618, 
8*.  Boston. 

Eakle  (Arthur  S.).  Contributions  from  the  Harvard  Mineralogical 
Muséum.  VIII.  Petrographical  Notes  on  some  Rocks  from  the  Fiji- 

Islands.  Ex.  Idem,  N°  il.  Mai  1899,  p.  531-593. 

Gaillard  (Claudius).  A  propos  de  l'Ours  miocène  de  la  Grive-Saint- 
Alban  (Isère).  8-,  lu*  p.  Lyon,  1899. 

Hinde  (Dr  George  J.).  Description  of  Fossil  Hadiolaria  from  the 
Rocks  of  Central- Bornéo,  obtained  by  Profr  Df  G. -A. -F.  Molengraaff, 
in  the  Dutch  exploring  expédition  of  1893-94.  4°,  56  p.,  4  pi.  Leyde  et 

Amsterdam,  1899. 

Jannettaz  (F.  Ed.).  Les  Roches  et  leurs  éléments  minéralogiques. 
Descriptions,  Analyses  microscopiques,  Structures,  Gisements.  Sme 

éd.  8%  704  p.,  21  pi.,  322  fig.,  2  cartes.  Paris,  1900. 

Jaelcel  (Dr  Otto).  Analyse  d'un  travail  de  E.  W.  Claypole,  Ex.  N.  Jahrb. 

fur  Minéralogie,  Bd.  II,  189i,  2  p. 

—  Ueber  Menaspis  nebst  allgemeinen  Bemerkungen  iiber  die 
Systematische  Stellungder  Elasmobranchii.  Ex.  Sitzber.  der  Ges.  nat. 

Freunde,  1891,  N»  7,  p.  115  131,  1  pi. 


68  DONS.  —  SÉANCE  DU  4  DÉCEMBRE  1899 

—  Verzeichniss  der  Selachier  des  Mainzer  Oligocàns.  Ex.  idem,  1898, 

N°  9,  p.  162-169. 

—  Ueber  die  verschiedenen  Rochentypen.  Ex.  idem,  1898,  N»5,  p.  44  53. 

—  Ueber  die  Organisation  der  Petalodoriten.  Ex.  Zeitsch.  d.  D.  geoi. 

Ges.  LI,  1899,  p.  258-298. 

—  Uber  die  Beziehungen  der  Palâontologie  zur  Zoologie.  Ex.  Verh. 

d.  D.  Zool.  Ges  ,  1893,  7  p. 

—  Ueber  das  Darmsystern  der  Pelmatozoen.  Ex.  sitzber.  der  Ges. 

nat.  Freunde,  1897,  N«  3,  p.  29-36. 

—  UeberdieStammformderWirbelthiere.  Ex.id.,t896,N»7,  p.i07-i29. 

—  Ueber  KelchdeckeD  vod  Crinoiden.  Ex.  w.,  1891,  N°  i,  p.  7-12. 

—  Vebev  Hybodus  Agassiz.  Ex.  w.,  1898,  N»  8,  p.  135-146. 

—  Ueber  Dichelodus  und  einige  Ichthyodorulithen,  eine  Entgegnung 

an  Herrn  A .  Smith  Woodward.  Ex.  N.  Jahrb.  fur  Minéralogie,  1892,  Bd.  1, 6  p. 

—  Oracanthus  Bochumensis  (n.  sp.),  ein  Trachyacanthider  des 
deutschen  Kohlengebirges.  Ex.  id.,  1890, 3  p.,  1  pi. 

—  Ueber  die  Abstammung  der  Blastoideen.  Ex.  id.,  1896,  2  p. 

—  Uber  einige  palâozoische  Gattungen  von  Crinoiden.  Ex.  Zeitsch. 

d.  D.  geol.  Ges.  1897,  4  p. 

—  Uber  neuere  Aufschlùsse  in  Rûdersdorf.  Ex.  w.,  1898,  2  p. 

—  Uber  einen  neuen  devonischen  Pentacrinoiden.  Ex  id.,  1898, 4  p. 

—  Eine  Kriechspur  von  Acanthoteutis  aus  dem  Solenhofener  Plat- 

tenkalk.  Ex.  Id.,  1899,  3  p.,  1  pi. 

—  Uber  die  ZusammensetzuDg  des  Kiefers  und  Schultergûrtel  von 
Acanthodes.  Ex.  Id.,  1899,  4  p. 

—  et  W.  Dames.  Ueber  Coccosteus.  Ex.  Zeitsch.  d.  D.  geol.  Ges.,  1890,  2  p. 

Labat  (Dr  A .  ).  Villes  d'hiver  et  Bains  de  Mer  de  la  Corniche  franco- 
italienne.  8»,  91  p.  Paris,  1898. 

Thieullen  (A.).  Lettre  à  M.  Chauvet,  Président  de  la  Soc.  histori- 
que et  anthropologique  de  la  Charente,  pour  faire  suite  aux  Véritables 
instruments  usuels  de  l'âge  dt  la  Pierre.  4»,  29  p.  Paris,  1898. 

—  Silex  anti-classiques  présentés  à  la  Soc.  normande  d'études 

préhistoriques.  Ex.  B.  S.  d'Anthropologie  de  Paris,  t.  X,  IV*  série,  8J,  14  p.,  1899. 

2°  PÉRIODIQUES 

France.  —  Paris.  Ac.  Se.  CR.  CXX1X,  N«  21-22. 

J.  Thoulet  :  Sur  une  expérience  relative  aux  courants  sous-marins.  «—  E.  de 
Ma r tonne  :  Sur  la  période  glaciaire  dans  les  Karpates  méridionales.  —  Sur  l'his- 
toire de  la  Vallée  du  Jiu  (Karpates  méridionales). 


DONS.  —  SÉANCE  DU  4  DÉCEMBRE  1899  69 

—  La  Nature.  27e  année,  1383-1384. 

—  Feuille  des  Jeunes  Naturalistes.  Décembre  1899. 

—  Soc.  Botanique  de  Fr.  Bull.  (3),  VI,  1899,  4-5. 

—  Club  Alpin  Fr.  Bull,  mensuel.  Novembre  1899. 

Allemagne.  —  Berlin.  K.PreussischeGeol.  Landesantalt.  Abh. 
25-29,  1898-1899. 

G.  Mùller  :  Die  Molluskcnfauna  des  Untersenon  von  Braunschweig  uud  llsede.  I 
Lamellibrnnchiaten  und  dlossophorcn,  142p.  avec  1  atlas  do  18pl.  —  H.  Burhenne: 
Beitrag  zur  Kenntniss  der  Fauna  der  Tentaculitenschlcfer  im  Lahngebict  mit 
besonderer  Berûcksichtigung  der  Schiefer  von  Leun  unweit  Braunfels,  56  p.,  5  pi. 

—  Sitzber.  Ges.  Nat.  freunde,  7,  1890  ;  0,  1892  ;  6,  1893  ;  5-10, 
1894;  4,  1895. 

Otto  Jaekel  :  Uber  fossile  Ichthyodorulithen,  11  p.  —  Uber  Cladodus  und  seine 
Bedcutung  fur  die  Philogenie  der  Extremitâten,  12  p.  —  K.  Môbius  :  Die  neue 
franzôsische  Austernzucht,  2  p.  —  Jaekel  :  Uber  sog.  Faltcnzâhne  und  complicir- 
terc  Zahnbildungen  ùberhaupt,  8  p.  —  Uber  die  al  teste  Kchiniden-Galtung 
Bothriocidaris,  13  p.  —  Uber   die  Organisation  der  Pleuracanthiden,  10  p. 

Gotha.  Petennanns  Mitt.  XLV,  11,  1899. 

H    Bûcking  :  Beitrâge  zur  Géologie  von  Celebes,  p.  249-261,  avec  3  cartes. 

Strasburg.  Geol.  Spezialkarte  von  Elsass-Lothringen.  IV,  3, 1889. 

Otto  Jaekel  :  Die  Selachier  ans  dem  oberen  Muschclkalk  Lothringens,  56  p.  4  pi. 

Autriche-Hongrie.  —  Vienne.  Sitzungsber.  K.  Ak.  der  Wiss. 
CVII,  6.  7,  8  bis  et  10, 1898. 

K.  A.  Redlich  :  Eine  Wirbelthierfauna  aus  dem  Tertiâr  von  Lcoben  16  p.,  2  pi. 
—  A  Pelikan  ;  Uber  die  mahrischschtcsische  Schalsteinformation,  61  p.  2  pi.  —  H. 
Rebel  :  Fossile  Lepid  opter  en  aus  der  Miocânformation  von  Gabbro,  16  p.,  1  pi. 

—  Denksch.  K.  Ak.  der  Wiss.  LXV,  LXVI  (1  et  2);  LXVII,  1898- 
1899. 

États-Unis.  —  Boston.  Am.  Ac.  Arts  and  Se.  Proceed.  XXXIV, 
23,  Juin  1899. 

A.  Hyatt:  Jules  Marcou,  Biographical  Notice. 

Minneapolis.  The  Am.  Geologist.  XXIV,  1,  1899. 

F.  B.  The  great  ice-dams  of  lakes  Maumee,  Whittlesey  and  Warren,  p.  6-38, 
2  pi.  —  O.  II.  Her8hey  :  Origin  and  âge  of  certain  gold  «  pocket  »  deposits  in 
N.  California  p.  38-44.  —  T.  Wayland  Vaughan  :  Géologie  notes  on  tbe  Wi- 
chita  mountains,  Oklahoma,  and  tbe  Arbuckle  hills,  Indian  territory,  p.  44-55. 

New-York.  Science.  X,  255-256, 1899. 

Grande  Bretagne.—  Dublin.  Proc.  R.  Irish.  Ac.  V,3,  Nov.  1899. 

J.  P.  O'Beilly  :  On  the  dates  of  volcanic  éruptions  and  their  concordance  with 
the  Sun-spot  period  41  p. 


70  DONS.   —  SÉANCE  DU  18  DÉCEMBRE   1899 

Londres.  R.  Soc.  Proc.  LXV,  421,  Nov.  1899. 
Manchester.  Geological  Society  Trans.  XXVI,  9,  1899. 

J.  Lomax  :  Récent  investigations  on  plants  of  the  coal  measures,  p.  237-262, 6  pi. 

Italie.  —  Rome.  Atti  R.  Ac.  dei  Lincei.  RC.  VIII,  9,  5  Nov.  1899. 

Camillo  Bosco  :  I  roditori  pliocenici  del  Valdarno  Superlore,  p.  261-265. 

Russie.  —  Saint-Pétersbourg.  Comité  Géol.  Mém.  IX,  4,  1895. 

Jaekel  :  Un  ter- ter  tiare  Selachleraus  Sûdrussland,35  p.  2  pl.(rés.  ail.). 


Séance  du  18  Décembre  1899 

1°  Non  périodiques 

Bittner(DT  A .).  Die  Glaubwûrdigkeit  des  Herrn  E.  von  Mojsisovics 
von  Mûnchen  aus  beleuchtet.  8*,  13  p.  Vienne,  1899. 

Collot.  Le  Corindon,  d'après  T.-H.  Holland.  Ex.  Mémoires  de  l'Ac  de 

Dijon,  t.  VII,  4*  Série.  8»,  19  p.  Dijon,  1899. 

Fritsch  (Dr  Ant.).  Fauoa  der  Gaskole  und  der Kalksteine  der  Perm- 
formation  Bôhmens,  Baud  IV,  Heft  2.  Myriapoda,  pars  II.  Arach- 

noîdea.  4»,  p.  33  64,  8  pi.  Prague,  1899. 

Pallary  (P.).  Sur  les  Hélices  bidentées  de  l'Oligocène  algérien. 

Ex.  B.  du  Muséum  H.  N.,  N°  6,  8°.  Paris,  1899. 

Waagen  (D'  W.)  et  Jahn  (D*  J.).  [Traductioo  de  A. -S.  Oudin).  Sys- 
tème Silurien  de  la  Bohême,  de  J.  Barrande.  —  lre  partie.  Recherches 
paléontologiques.  Vol.  VII.  Echinodermes.  Faux  Crinoïdes.  4»,  215  p., 

40  pi.  hors  texte,  et  33  ûg.  dans  le  texte.  Prague,  1899. 

2°   PÉRIODIQUES 

France.  —  Amiens.  Bull.  Soc.  Linnéenne  du  N.  de  la  Fr.  XIV, 
320,  Sept.-Oct.  1899. 

Moulins.  Rev.  Se.  du  Bourbonnais,  143-144,  Nov.-Déc.  1899. 

Paru.  Ac.  Se.  CR.  CXXIX,  23-24. 

Ph.  Glangeaud:  Les  minéraux  du  Crétacé  de  l'Aquitaine.  —  E.  de  Martonne  : 
Sur  l'histoire  de  la  vallée  du  Jiu  (Karpates  Méridionales).  —  H.  Revll  :  Sur  la 
tectonique  de  l'extrémité  septentrionale  du  massif  de  la  Chartreuse.  —  Ph.  Glan- 
geaud :  Les  faciès  et  les  conditions  de  dépôt  du  Turonien  de  l'Aquitaine.  —  E.  A . 
Martel  :  Sur  de  nouvelles  recherches  souterraines  en  Dévoluy  (Hautes- Alpes)  et 
sur  le  plus  profond  puits  naturel  connu  (Chourun- Martin,  310  m.).  —  d.  Thoulet  : 
Evaluation  approchée  de  la  dénudation  du  terrain  crétacé  des  côtes  Normandes. 


DONS.  —  SEANCE  DU  18  DÉCEMBRE  1899  71 

—  L'Anthropologie,  X,  5,  Sept.-Oct.  1899. 

E.  Doudou  :  Etudes  sur  les  cavernes  d'Engis,  p.  522  536.  —  M.  Boule:  Les  Mam- 
mifères quaternaires  de  l'Algérie,  d'après  les  travaux  de  Pomel,  p.  563-572. 

—  Ann.  des  Mines.  [9],  XVI,  9,  1*99. 

—  Soc.  Fr.  de  Minéralogie.  Bull.  XXII,  7,  Novembre  1899. 

—  Le  Naturaliste.  [2],  XXI,  306-307,  1899. 

L.  Massât  :  Les  races  préhistoriques. 

—  La  Nature.  XX VIII,  1385-1386,  1899. 

Ph.  Glangeaud  :  Un  chemin  de  fer  dans  un  cratère. 

Saint-Etienne.  Bull.  Soc.  Ind.  Minérale.  [3],  XIII,  3,  1899,  avec 
1  atlas  de  4  pi. 

J.  Delas  :  Notice  sur  les  lignites  du  Sarladais,  p.  717-777.  —  A  Simon  :  Note 
sur  le  prolongement  du  bassin  houiller  au  sud  de  la  concession  de  Liévin,  p. 
777-793. 

Allemagne.  —  Berlin.  Ges.  fiir  Erdk.  Verh.  XXIV,  8  9,  1899. 

F.  v.  Richthofen  :  Erôflnungsrede  des  Vorsitzendender  Gesellschaft  fur  Erdkunde, 
p.  370-387. 

—  Zeitschr.  f.  Praktische  Geol.  12,  1899,  Dezember. 

R.  Beck  :  Ncues  von  den  afrikanischen  Diamant-lagerstàtten,  p.  419  —  G. 
Ochsenius  :  Beitrâge  zur  Kenntniss  der  Art  und  Weise  des  Grundwasseraufstei- 
geus,  p.  420-422. 

—  Zeitsch.  d.  Ges.  fur  Erdk.  XXXIV,  4,  1899. 
Stuttgard.  N.  Jahrb.  fur  Min.  Geol.  Pal.  1,  1900. 

Schellwien  :  Beitrâge  zur  Systematick  der  Strophomeniden  des  oberen  Palœo- 
zoicum,  p.  1-16,  1  pi.  —  Schmidt  :  Mineralien  aus  dem  Triasdolomit  des  Balt- 
schieder thaïes  im  Wallis  p  16-22.  —  Hussnk  :  Ueber  ein  leukokrates  gemischtes 
Gangestein  aus  dem  Nephelinsyenitgebiete  der  Serra  de  Caldas,  Brasilien,  p.  22- 
29, 2  pi.  —  F.  Toula  :  Noue  geologische  Mittheilungen  aus  der  Gegend  von  Rust- 
schuk  in  Bulgarien,  p.  29-48.  —  Huene  :  Ueber  schwàbische  Aucellen  und  eine 
verwandte  Form.  p.  48-57,  1  pi. 

Australie.  —  Melbourne.  Geological  Surveyof  Victoria.  %  1899. 

Whitelaw  :  Notes  on  the  devonian  rocks  of  Gippsland,  p.  16-22,  3  pi.  —  Ferguson  : 
Report  on  an  area  of  Cambrian  rocks  at  Heathcote,  p.  23-25,  2  pi. 

Belgique.  —  Bruxelles.  Bull.  Soc.  Belge  de  Géol.,  Pal.  et  Hydro- 
logie, X,  4,  1896. 

Session  extr.  ann.  dans  le  Limbourg  belge  et  le  Li  m  bourg  hollandais. 

—  Ann.  Soc.  R.  Malacologique  de  Belgique,  XXXII,  1897. 
Liège.  Ann.  Soc.  Géol.  de  Belgique,  XXVI,  3,  1899,  Août. 

G.  César o  :  Sur  l'arrangement  cristallin  du  test  calcaire  de  la  bélemnite,  des 
oursins  et  de  la  tige  d'un  crinolde,  fossiles  du  Crétacé  de  Glons,  p.  73-109.  — 


72  DONS.  —  SÉANCE  DU  18  DÉCEMBRE  1899 

G.  Soreil  :  Relations  entre  les  bassins  houillers  belges  et  allemands,  p  1  11- 1 14. — 
G.  Dewalque  :  La  faille  eifélienne  et  son  rôle  -de  limite,  p.  114-117.  —  H.  Forir  : 
La  faille  elfelh*nne  à  Angleur,  p.  117-125.  —  II.  Forir  :  Le  relief  des  formations 
primaires  dans  la  basse  et  la  moyenne  Belgique  et  les  conséquences  que  Ton  peut 
en  déduire,  p.  130-15K,  1  pi. 

Espagne.  —  Madrid.  Act.  Soc.  Esp.  de  H.  N.,  Nov.  1891). 

États-Unis.  —  Hamilton.  Journ.  aud  Proc.  of  the  Association. 
XV,  1899. 

New-Hawn.  The  Amer.  Journ.  of  Se.  (4),  VIII,  Dec.  1899. 

Ortmann  :  Faunaofthe  Magellanian  beds  of  Punta  Arenas,  Chil<>.  p.  427-433. 

Kew-York.  Science.  X,  257-258,  1899. 

Grande-Bretagne.  —  Londres.  Proc.  Geol.  Association.  XVI, 
5,  1899,  Nov. 

Cbapman  :  The  raised  beaeh  and  rubble-drift  al  Aid  ring  ton,  p.  259-àV). 

—  The  Geol.  Magazine.  [4],  VI,  12,  1899,  Décembre. 

W.  (iregory  :  The  geology  of  Socotro  and  Abd-el-Kuri,  p.  529-333.  —  Moncklon  : 
Noie  on  some  Hardanger  Lakes,  p.  533-540.  —  Holland  :  Rock-wenth«iring  and 
serpentinization  p  540-547.  —  Forsyth  Major  :  Pliohyrax  grœcius  from  Sain  os,  p. 
547-554,  1  pi.  —  Crick  :  Note  on  Ammonites  calcary  p.  554-559  —  J.  W.  Spencer  : 
On  the  eastern  margin  of  the  North  Atlantic  basin,  p.  559-567. 

Hollande.  —  La  Haye.  Arch.  Néerlandaises  des  Se.  exactes  et 
Nat.  [2],  III,  2.  1899. 

Italie.  —  Modènc.  Boll.  Soc.  Sismologica,  V,  4,  1899-1 900. 

Matteucci  :  Sullo  stato  attuale  del  Vesuvio  c  sul  sollevamcnlo  nei  mesi  di 
febbraio-marzo  1898,  p.  1-97.  —  Sulla  attivita  dei  vulcani  Vesuvio,  Etna,  Vulcano, 
Stromboli  e  Santorino  nell'  autunno,  1898,  p.  132-145. 

Rome.  Boll.  R.  Comitato  Geol.  1t.  3«  S.  X,  3,  1899,  avec  5  pi. 

Lotti  :  Rilevamento  geologico  nei  dintorni  del  Lago  Trasimono,  di  Perugia  e 
d'Umbertide.  Relazione  sulla  campagna,  1898,  p.  21)8-218.  —  Cassetti  :  Osserva- 
zioni  geologichesu  alcuni  monti  tra  le  valli  del  Volturno  e  del  Liri,  p.  218-243,  1  pi. 

—  Atti  R.  Ac.  dei  Lincei.  RC.  VIII,  10,  1899. 

Le  Secrétaire,  L'Archiviste, 

E.  de  MARTONNE.  A   RAMOND. 


FIN  DE  LA  LISTE  DES  DONS  POUR  1899 


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